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OF 

COMPARATIVE    ZOOLOGY, 

AT  HARVARD  COLLEGE,  CAMBRIDGE,  MASS. 

.ffounïcï  I)»  prîtontc  suiiscrijjtion,  in  1861. 

Deposited  by  ALEX.  AGASSIZ. 

^V  7     No.éôJL/Cf 

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COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 
DE   L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


\x 


PARIS.    —    IMPRIMERIE   GAUTH1ER-VILLAKS    ET    FILS,    QUAI    DES    GRANDS-AUGl  STI.NS,    55. 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES   SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


PUBLIES, 


CONFORMEMENT  \  UNE  DECISION1  DE  L'ACADEMIE 

ui     t)at«    vu,    i3    rJuiifet     i835. 


"i 


PAR    MM.    LES    SECRÉTAIRES    PERPETUELS. 


TOME    CENT-DOUZIEME 

,i\\\  iij:  -  .il  i\  1891. 


PARIS, 


GAUTHIER-VILLARS  Eï  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

i  si»  a 


,  1891 

PREMIER  SEMESTRE. 

SûZ9 


COMPTES  RENDIS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

I»AK  1?IM.   DiKS  SECRÈT4IBES   PKKPÉTtEliS. 


TOME  CXII. 


N°  J  (5  Janvier  1891). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS   ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augusiins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Campus  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  dos  Comptes  rendus  a 
4tf  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  F  Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étrangerdel'Académie  comprennent 
an  plus  6  pages  par  numéro. 

Lu  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

•  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par     actuel,  et  l'extrait  est  renyoyé  au  Compte  renau 
correspondants  de  l'Académie  comprennent  au     vant,  et  mis  à  la  fin  du  cahier 
plus  1  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année.  Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches 

Dans  les  Comptes  rendus,   on  ne  reproduit  pas  les  IjC  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des 

discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de  teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappoi 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
lire  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
:  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Acadéi 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  R 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'au! 
cpie  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  Y 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  ; 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nom 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ex 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 


Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  rer 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tin 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remisa  tei 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  leComptc r 


Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 


Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administratif 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  tendus  1 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  1  Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  su 


ÉTAT  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES 

Al  1er  JANVIER  1891. 


SCIENCES  MATHEMATIQUES. 
Section  I'e.    -  Géométrie. 

Messieurs  : 

HERMITE  (Charles)  (c.  #). 
BONNET  (Pierre-Ossian)  (o.  #). 
Jordan  (Marie-Ennemond-Camille)  *. 
DARBOUX  (Jean-Gaston)  *. 
PoiNCARÉ  (Jules-Henri)  *. 
Picard  (Emile). 

Section  II.     -  Mécanique. 

Resal  (Henry-Amé)  (o.  *). 

LÉVY  (Maurice)  (o.  *). 

BOUSSINESQ  (Valentin-Joseph)  #. 

DEPREZ  (Marcel)  (o.  *). 

Sarrau  (Jacques-Rose-Ferdrnand-Émile)  (o.  *). 

LÉAUTÉ  (Henry)  *. 

Section  III.  —  Astronomie. 

Faye  (Hervé-Auguste-Etienne-Albans)  (g.  O.  #). 

JANSSEN  (Pierre-Jules-César)  (o.  *). 

Lœwï  (Maurice)  (o.  *;. 

MOUCHEZ  (Contre- Amiral  Ernest-Amédée-Barthélemv)  (c.  »). 

TISSERAND  (François-Félix)  #. 

WOLF  (Charles-Joseph-Etienne)  *. 

Section  IV.  —  Géographie  et  Navigation. 

Paris  (Vice-Amiral  François-Edmond)  (g.  c.  &). 

Jurien  DE  LA  GRAV1ÈRE  (Vice-Amiral  Jean-Pierre-Edmond)  (g.  c.  *). 

Abbadie  (Antoine-Thompson  d')  *. 

BOUQUET  DE  LA  Grye  (Jean-Jacques-Anatole)  (c.  #  ). 

Grandidier  (Alfred)  *. 

Bussy  (Marie-Anne-Louis  de)  (g.  o.  *;. 


ETAT    DE    I.  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Sectiox  V.  —  Physique  générale. 

Messieurs  : 

FlZEAU  (  Armand-Hippolyte-Louis  )  (o. 

Becquerel  (Alexandre-Edmond  )  (c. 

Cornu  (Marie- Alfred)  ». 

MASCART  (Ëleuthère-Élie-Nicolas  )  (c.  ft). 

LlPPMANN  (Gabriel)  ». 

Becquerel  (Antoine-Henri)  *. 


SCIENCES  PHYSIQUES. 

Sectiox  YI.  —  Chimie. 

Fremy  (Edmond)  (c.  *  ). 

Cahours  (Auguste-André-Thomas)  ('c.  *). 

FRIEDEL  (Charles)  (o.      |. 

TROOST  (Louis-Joseph)  (o.  s) 

SCHÙTZENBERGER  (Paul)  (o.  #  ). 

Gautier  (Émile-Justin-Armand)  ». 

Sectiox  VII.  —  Minéralogie. 

DaubrÉe' (Gabriel-Auguste)  (g.  o.      >. 

Pasteur  (Louis)  (g.  c.  *). 

Des  Cloizeaux  (Alfred-Louis-Olivier  Legrand)  o.  *. 

Fouqué  (Ferdinand-André  ) 

Gaudry  (Jean-Albert)  (o.      | . 

Mallard  (François-Ernest)  (o.      ). 

Sectiox  VIII.  —   botanique. 

DUCHARTRE  (Pierre-Étienne-Simon  )  <  O.  *). 

Naudin  (Charles-Victor)  #. 

TRÉÇUL  (  Auguste- \doIphe-Lueien  ). 

Chatin  (Gaspard-Adolphe)  (o.  a). 

VAN  TlEGHEM  (Philippe-Édouard-Léon)  *. 

Bornet  (Jean-Baptiste-Édouard  )  ft. 


ETAT    DE    L  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Section  IX.  —  Économie  rurale. 
Messieurs  : 

SCHLŒSING  (Jean-Jacques-Théophile)  (o.  #  ). 

Reiset  (Jules)  (o.  *). 

Chauveau  (Jean-Baptiste-Auguste)  (o. 

Dehérain  (Pierre-Paul)  (o.  *  i. 

DuCLAUX  (  Pierre-Emile  |  (o.       i. 

X 


Section  X.        Analomie  et  Zoologie. 

(  )i  atrefages  de  BréAU  (Jean-Louis-Armand  de).(c.  «). 
Blanchard  (Charles-Emile)  (o.  »). 
LACAZE-DUTHIERS  (  Félix-Joseph-Henri  de)  (C.  #). 
Edwards  (Alphonse  Milne-)  (o.  *  . 
Sappey  (Phibert-Constaut)  (c.  *). 
Ranvier  (Louis-Antoine)  *. 

Section   XI.  —  Médecine  et  Chirurgie. 

Make  y  (  Étienne-.lulcs  nu 

RlCHET  (  Didier-Domi nique-Alfred)  (c 

CHARCOT  (Jean-Martin)  (O.  *  ). 

Brown-Séquard  (Charles-Edouard)  *. 

BOUCHARD  (Charles-Jacques  ) 

VERNEUIL  (Aristide-Auguste-Stanislas)  (c.      i. 

SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 

BERTRAND  ( Joseph-Louis-François)  (c .  #),  pour  les  Sciences  ma- 
thématiques. 

BERTHELOT  (Marcelin-Pierre-Eugène)  (g.  o.  *),  pour  les  Sciences 
physiques. 

SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL  HONORAIRE. 

Pasteur  (Louis;  (g.  c.  *;. 


ETAT   DE    L  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ACADÉMICIENS  LIBRES. 

Messieurs  : 

Larrey  (le  Baron  Félix-Hippolyte)  (g.  o.  »). 

LESSEPS  (Ferdinr  id-Marie  DE)  (g.  c.  «). 

Favé  (Général  Idelphonse)  (g.  c    »). 

Damour  (Augustin-Alexis)  (o. 

Lalanne  (Léon-Louis  Chrétien-)  (g.  o.  :    ). 

Freycinet  (Charles-Louis  de  Saulces  de)  (o.      >. 

Hatonde  LA  Goupillière  (Julien-Napoléon)  (o.  »). 

Jonquières  (Vice-Amiral  Jean-Philippe-Ernest  DE  Fauque  de) 

(g.  o.  »). 
Cailletet  (Louis-Paul)  (o.  »   . 
BISCHOFFSHEIM  (Raphaël-Dubois)  ». 

ASSOCIÉS  ÉTRANGERS. 

OWEN  (Sir  Richard)  (o.  *),  à  Londres. 

Kummer  (Ernest-Édouard),  à  Berlin. 

Airy  (Sir  George-Biddell)  »,  à  Greenwich. 

TchÉbicheff  (Pafnutij),  à  Saint-Pétersbourg. 

Candolle  (Alphonse  DE)  »,  à  Genève. 

S.  M.  Dom  Pedro  d'Alcantara  (g.  c.     >. 

Thomson  (Sir  William)  (c.  »),  àGlascow. 

BUNSEN  (Robert-Wilhelm-Eberhard)  (o.  »),  à  Heidelberg. 


CORRESPONDANTS. 

Nota. -Le  règlement  du  6  juin  1808  donne  à  chaque  Section  le  nombre  de  Correspondants  suivant: 


SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 
Section  I,e.    —   Géométrie  (6). 
Neumann  (Franz-Ernest),  à  Kœnigsberg. 
Sylvester  (James-Joseph),  à  Baltimore. 
Weierstrass  (Charles)  »,  à  Berlin. 
Kronecker  (Léopold)  »,  à  Berlin. 
Brioschi  (François),  à  Milan. 
SALMON  (George),  à  Dublin. 


ETAT  DE   L  ACADEMIE  DES  SCIENCES.  9 

Section  II.  —  Mécanique  (6). 

Messieurs  : 

CALIGNY  (Anatole-François  HÛE,  Marquis  de)  *,  à  Versailles. 

Boileau  (Pierre-Prosper)  (o.  *),  à  Versailles. 
COLLADON  (Jean-DanU   )  *,  à  Genève. 
Beltrami  (  Eugène),  à  Pavie. 
Gilbert  (Louis-Philippe),  à  Louvain. 
N 

Section  111.  —  Astronomie  (iG;. 

HlND  (John-Russell  ),  à  Londres. 

ADAMS  (J.-C),  à  Cambridge . 

Cayley  (Arthur),  à  Londres. 

Struve  (Otto-Wilhelm)  (c.  »),  à  l'ulkowa. 

LOCKYER  (Joseph-Norman),  à  Londres. 

HUGGINS  (William),  à  Londres. 

NE WCOMB  (Simon),  à  Washington. 

Stephan  (Jean-Marie-Édouard  ),  a,  à  Marseille. 

HALL  (Asaph  ),  à  Washington. 

Gyldén  (Jean-Augnste-llugo)  ft,  à  Stockholm. 

SCHIAPARELLI  (Jcan-Virginius),  à  Milan. 

Gould  (Benjamin-Apthorp),  à  Cordoba. 

WOLF  (Rudolf),  à  Zurich. 

LAXGLEY  (Samuel),  à  Washington. 

N 

N 

Section  IV.  —  Géographie  et  Navigation  (8). 

Richards  (Contre-Amiral  George-Henry),  à  Londres. 
DAVID  (Abbé  Armand  ),  missionnaire  en  Chine. 
Lediei  (  Alfred-Constant-Hector)  (o.  *),  à  Versailles 
Nordenskiôld  (Nils-Adolf-Etïk  Baron)  (c.  #),  à  Slockho.m. 
IBANEZ  DE  IBERO,  marquis  DE  MULHACÉN  (Gal  Charles)  (G.  O.  *), 

à  Madrid. 
TEFFÉ  (le  baron  DE),  à  Rio  de  Janeiro. 

s 

N 

C.  K.,  i89.,   i"  Semestre.  (T.  C.S.1I,  N°  1.)  2 


,0  ETAT  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Section  V.  —   Physique  générale  (9). 

Messieurs  : 

Weber  (Wilhelm),  à  Gôttingue. 

HELMHOLTZ  (Heruiann-Louis-Ferdinand)  (c.  *),  à  Berlin. 

Stokes  (George-Gabriel),  à  Cambridge. 

Abria  (Jérémie-Joseph-Benoit)  (o.      ).  à  Bordeaux. 

Crova  (André-Prosper-Paul)  *,  à  Montpellier. 

Rayleigh  (John-William,  Baron),  à  Essex. 

Amagat  (Émile-Hilaire),  à  Lyon. 

RAOULï  (François-Marie)  »,  à  Grenoble. 

\ 


SCIENCES  PHYSIQUES. 

Sectiox  VI.  —  Chimie  (9). 

Hofmann  (Auguste- Wilhelm  ).  à  Berlin. 

MARIGNAC  (Jean-Charles  GALISSARD  de),  à  Genève. 

Fraxklaxd  (Edward),  àjLondres. 

WlLLIAMSON  (Alexander-William),  à  Londres. 

Lecoq  de  BOISBAUDRAN  (Paul-Émile  dit  François)  »,  à  Cognac. 

Stas  (Jean-Servais)  «,  à  Bruxelles. 

REBOUL  (Pierre-Edmond)  *,  à  Marseille. 

Baeyer  (Adolf  de),  à  Munich. 

N 

Section  Vil.    —  Minéralogie  (8). 

K.OKSCHAROYV  (Général  Nicolas  de),  à  Saint-Pétersbourg. 

Hall  (James),  à  Albanv. 

Prestyvich  (Joseph),  à  Oxford. 

Gosselet  (Jules-Auguste-Alexandre)  *,  à  Lille. 

Scacchi  (Arcangelo),  à  Naples. 

SUESS  (Edouard),  à  Vienne. 

POMEL  (Nicolas-Auguste)     ,  à  Ylger. 

N . 


ÉTAT   DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES.  I  I 

Section  VIII.  —  Botanique  (10). 

Messieurs  : 

Hooker  (Jos.  Dalton),  à  Ixew. 

Pringsheim  (Nathanael),  à  Berlin. 

SAPORTA  (Louis-Charles-Joseph-Gaston,  Marquis  de)  *,  à  Ai\. 

Clos  (Dominique),  à  Toulouse. 

Sirodot  (Simon)  *,  à  Rennes. 

Grand'Eury  (Franc;ois-C\rille)  *,  à  Saint-Etienne. 

Agardh  (Jacob-Georg),  à  Lund. 

MlLLARDET  (Alexis)  »,  à  Bordeaux. 

MASTERS  (  Maxwel-Tylden  ),  à  Londres. 

Treub  (Melchior  l,  à  Buitenzorg,  près  Batavia  (Java  i 

Sectiox  IX.  —  Économie  rurale  (io 

Mares  (Henri-Pierre-Louis)  »,  à  Montpellier. 

Lawes  (John-Bennet),  à  Rothamsted,  Saint-Albans  station  (Her- 

fortshire  i. 
Gasparin  (  Paul-Joseph  de  >    .  à  Orange. 
DEMONTZEY.  (Gabriel-Louis-Prosper)  (o.  *),  à  \i\. 
Gilbert  (Joseph-Henry  >,  à  Rothamsted,  Saint-Albans  station  (Her- 

fortshire  i. 
Corvo  (Joào  de  Andrade)  (g.  c.  *),  à  Lisbonne. 
Lechartier  (Georges-^  ital  ),  à  Rennes. 
Menabrea  l  le  comte  Louis-Frédéric  |  (c.  *),  à  Rom.-. 
HOUZEAU  (  Auguste  i      .  a  Rouen. 
ARLOING  (Saturnin  |     .  à  Lyon. 

Section  X.  —  Anatomie  et  Zoologie  (10). 

Benedex  (  Pierre-Joseph  van)  (o.  »),  à  Louvain. 
LovÉN  (  Svenon-Louis),  ;\  Stockholm. 
STEENSTRUP  (Japetus),  à  Copenhague. 
DANA  (James-Dwighl  >,  à  New-Haven. 
HUXLEY  (Thomas-Henry),  à  Londres. 
Vogt  (Cari)     .  à  Genève. 

AGASSIZ  (  Alexandre  ).  à  Cambridge  (États-Unis). 
Fabre  (Jean-Henri)  »,  à  Sérignan  (Vaucluse). 
COTTEAU  (Gustave-Honoré)     .  à  Auxerre. 
MARION  (  Antoine-Fortuné)  »,  à  Marseille. 


I  2  ETAT   DE    L  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Section  Xï.  —  Médecine  et  Chirurgie  (8). 

Messieurs  :    . 

VlRCHOW  (Rudolph  DE),  à  Berlin. 

Ollier  (Louis-Xavier-Édouard-Léopold)  (o.  *),  à  Lyon. 

Tholozan  (Joseph-Désiré)  (O.  *),  à  Téhéran. 

Palasciano  (Ferdinand-Antoine-Léopold),  à  Naples. 

HANNOVER  (Adolphe),  à  Copenhague. 

PAGET  (Sir  James),  à  Londres. 

LÉPINE  (Jacques-Raphaël)  #,  à  Lyon. 

N '.    .    . 


Commission  pour  administrer  les  propriétés  et  fonds  particuliers 

de  l' Académie. 
Fremy. 

Becquerel  (Edmond). 
Et  les  Membres  composant  le  Bureau. 


Changements  survenus  dans  le  cours  de  l'année  1890. 
{Voir  à  la  page  1 5  de  ce  Volume.) 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  JANVIER    1891, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


RENOUVELLEMENT    ANNUEL 

DU  BUREAU  ET  DE  LA  COMMISSION  ADMINISTRATIVE. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Vice-Président,  qui  doit  être  pris,  cette  année,  dans  l'une  des  Sections 
des  Sciences  physiques. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  60, 

M.  d'Abbadie  obtient 47  suffrages. 

M.  A.  Cornu         »        7  » 

M.  Lœwy  »        .....       5         » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  d'Abbadie,  avant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé Vice-Président  pour  l'année  1 89 1 . 


(  i4  ) 

L'Académie  procède  ensuite,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de 
deux  Membres,  qui  seront  appelés  à  faire  partie  de  la  Commission  centrale 
administrative  pendant  l'année  1891,  et  qui  doivent  être  pris,  l'un  dans 
les  Sections  de  Sciences  mathématiques,  l'autre  dans  les  Sections  de 
Sciences  physiques. 

MM.  Fremy  et  Edmond  Becquerel  réunissent  la  majorité  absolue  des 
suffrages  et  sont  élus  Membres  de  la  Commission. 


M.  Hermite  fait  connaître  à  l'Académie  l'état  où  se  trouve  l'impression 
des  Recueils  qu'elle  publie,  et  les  changements  survenus  parmi  les  Mem- 
bres et  les  Correspondants  pendant  le  cours  de  l'année  1890  : 

Etat  de  l'impression  des  Recueils  de  l'Académie  au  Ier janvier  1891 . 

Volumes  publiés. 

Comptes  rendus  des  séances  de  V Académie.  —  Le  TomeCVIII(ier  semestre 
1889)  et  le  Tome  CIX  (2e  semestre  1889)  ont  paru  avec  leur  Table. 

Les  numéros  de  l'année  1890  ont  été  mis  en  distribution  avec  la  régula- 
rité habituelle. 

Volumes  en  cours  de  publication. 

Mémoires  de  l'Académie.  —  Le  Tome  XLV  renferme  un  Mémoire  inti- 
tulé :  Ecrit  posthume  de  Descartes  :  De  solidorum  démentis .  Texte  latin  (ori- 
ginal et  revu)  suivi  d'une  traduction  française  avec  notes;  par  M.  de  Jon- 
quières. 

Ce  Mémoire  forme  sept  feuilles. 

Mémoires  présentés  par  divers  savants.  —  Le  Tome  XXXI  renferme  : 

i°  Un  Mémoire  de  Mme  Sophie  de  Kovalevsky,  intitulé  :  «  Sur  un  cas 
particulier  du  problème  de  la  rotation  d'un  corps  pesant  autour  d'un 
point  fixe,  où  l'intégration  s'effectue  à  l'aide  de  fonctions  ultra-elliptiques 
du  temps.  » 

Ce  Mémoire  forme  huit  feuilles. 

20  Un  Mémoire  de  M.  Ch.  Cellerier,  intitulé  :  «  Sur  les  variations  des 
excentricités  et  des  inclinaisons.  » 

Ce  Mémoire  formera  vingt-sept  feuilles,  dont  six  sont  tirées. 


(  i5  ) 

Changements  survenus  parmi  les  Membres 
depuis   le  Ier  janvier  1890. 

Membres  déi 

Section  de  Minéralogie  :  M.  Hébert,  décédé  le  4  avril. 
Section  d'Économie  rurale  :  M.  Peligot,  décédé  le  i5  avril. 

Membres  élus. 

Section  de  Mécanique  :  M.  Léauté,  le  28  avril,  en  remplacement  de 
M.  Phillips,  décédé. 

Section  de  Minéralogie  :  M.  Maixard,  le  1  5  décembre,  en  remplacement 
de  M.  Hébert,  décédé. 


(  'hangements   survenus  parmi   les  Correspondants 

depuis   le    Ier  janvier    iSgo. 

C0/1  espondants  décédés. 

Section  de  Mécanique  :  M.  DauSse,  i  Grenoble,  décédé  le  16  janvier. 

Section  île  Géographie  et  Navigation  :  M.  Tchiatchef,  à  Florence,  décédé 
le  i3  octobre. 

Section  de  Physique  gêné  mie  :  M.  Hirn,  à  Colmar,  décédé  le  i/j  janvier; 
M.  Soret,  à  Genève,  décède  le   ri  mai. 

Section  de  Chimie  :  M.  Chancel,  à  Montpellier,  décédé  le  5  août. 

Section  de  Minéralogie  :  M.  Favre,  à  Genève,  décédé  le  1 1  juillet. 

1  ' or r espondants  <  lu  >'. 

Section  de  Mécanique  :  M.  Beltrami,  à  Pavie,  le  20  janvier,  en  rempla- 
cement de  M.  Clausius,  décédé;  M.  Gilbert,  à  Louvain,  le  3  février,  en 
remplacement  de  M.  Broch,  décédé. 

Section  de  Physique  générale  :  AI.  le  baron  Rayleiuii,  à  Essew  le  10  mars . 
en  remplacement  de  M.  Rirchhoff,  décédé;  M.  Soret,  à  Genève,  le 
17  mars,  en  remplacement  de  VI,  Joule,  décédé;  M.  Amagat,  à  Lyon,  le 
5  mai,  en  remplacement  de  M.  Terquem,  décédé;  M.  Raoixt,  à  Grenoble, 
en  remplacement  de  M.  Hirn,  décédé. 


(   i6  ) 

Correspondants  à  remplacer. 

Section  de  Mécanique  :  M.  Dausse,  à  Grenoble,  décédé  le  16  jan- 
vier 1890. 

Section  d' Astronomie  :  M.  d'Oppolzer,  à  Vienne,  décédé  le  16  dé- 
cembre 1886;  M.  Warren  de  la  Rue,  à  Londres,  décédé  le  19  avril  1889. 

Section  de  Géographie  et  Navigation  :  M.  Pissis,  à  Santiago,  décédé  le 
20  janvier  1889;  M.  Tciiihatchef,  à  Florence,  décédé  le  i3  octobre  1890. 

Section  de  Physique  générale  :  M.  Soret,  à  Genève,  décédé  le  i3  mai 
1890. 

Section  de  Chimie  :  M.  Ciia.vcel,  à  Montpellier,  décédé  le  5  août  1890. 

Section  de  Minéralogie  :  M.  Favre,  à  Genève,  décédé  le  1 1  juillet  1890. 

Section  de  Médecine  et  Chirurgie  :  M.  Doxders,  à  Utrecht,  décédé  le 
24  mars  1889. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES   ET   DES  CORRESPONDANTS   DE   L'ACADEMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Ixstructiox  publique  et  des  Reaux-Arts  adresse 
une  ampliation  du  Décret  par  lequel  M.  le  Président  de  la  République  ap- 
prouve l'élection  de  M.  Mallard,  pour  remplir,  dans  la  Section  de  Minéra- 
logie, la  place  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Edmond  Hébert. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Mallard  prend  place  parmi  ses 
Confrères. 


MÉCANIQUE  chimique. —  Sur  l'onde  explosive,  sur  les  données  caractéris- 
tiques de  la  détonation  et  sa  vitesse  de  propagation  dans  les  corps  solides 
et  liquides,    et  spécialement  dans  le  nitrate  de  rnéthyle  ;    par  M.   Rer- 

TIIELOT. 

«  La  propagation  de  la  détonation  dans  les  mélanges  gazeux  obéit  à 
des  lois  très  simples  :  elle  donne  naissance  à  une  véritable  onde  explosive, 
assujettie  aux  lois  londamentales  de  la  propagation  des  phénomènes  ondu- 


(    '7  ) 
latoires,  tels  que  le  son.  C'est  ce  que  nous  avons  établi,  M.  Vieille  et  moi, 
par  une    longue  suite    d'expériences,    faites   sur  les  systèmes  gazeux  les" 
plus  divers  ('). 

»  Les  vitesses  de  détonation  observées  dans  les  systèmes  gazeux  attei- 
gnent jusqu'à  2800"1  par  seconde  :  elles  dépendent  de  la  chaleur  déve- 
loppée, et  elles  répondent  à  un  état  tel  que  la  masse  gazeuse  conserve 
pendant  la  propagation  du  mouvement  la  totalité  de  la  force  vive  produite 
par  la  réaction  chimique,  c'est-à-dire  la  totalité  de  la  chaleur  dégagée  par 
celle-ci  :  vérification  fort  importante,  car  elle  prouve  que  les  pressions 
dans  un  gaz  qui  détone  se  développent  trop  rapidement  pour  être  in- 
fluencées d'une  manière  nolable  par  les  déperditions  de  chaleur  dues  au 
rayonnement  ou  à  la  conductibilité,  et  elle  paraît  même  exclure,  dans  la 
plupart  des  cas,  l'hypothèse  d'une  dissociation  un  peu  considérable. 

»  Ces  conclusions  reposent  sur  trois  séries  d'expériences  que  je  di  - 
mande  la  permission  de  rappeler.  Par  les  unes,  nous  avons  constaté  qu  ■ 
la  vitesse  de  l'onde  explosive  dans  un  même  système  est  indépendante  de 
la  pression,  sous  des  pressions  qui  ne  surpassaient  pas  2'"".  mais  qui  on! 
varié  de  1  à  3  (2).  Elle  est  également  la  même  dans  un  tube  en  caout- 
chouc et  dans  un  tube  en  métal,  malgré  la  grande  différence  des  deux 
enveloppes,  au  point  de  vue  des  pertes  de  chaleur  par  conductibilité  <-i 
par  rayonnement.  Dans  d'autres  expériences,  nous  avons  montré  que  les 
pressions  développées  dans  un  mélange  explosif  déterminé,  brûlé  à  diffé- 
rentes températures  initiales  (dans  un  bain  d'huile),  sont  sensiblement 
proportionnelles  à  la  densité  du  système  gazeux  (3).  Enfin  la  même  con- 
clusion résulte  d'une  façon  plus  rigoureuse  encore  des  expériem  es  faites 
sur  les  mélanges  gazeux  isomères,  c'est-à-dire  fournissant  les  mêmes  produits 
de  combustion,  avec  des  dégagements  de  chaleur  qui  ont  varié  du  simple 
au  double;  les  pressions  avant  varié  précisément  dans  le  même  rapport  que 
les  quantités  de  chaleur  développées  au  sein  du  système,  et  les  mesures 
ayant  été  prises  sur  deux  systèmes  tels  que  le  temps  écoulé  jusqu'au  mo- 
ment du  maximum  de  pression  (soit  0,01  \  )  a  été  reconnu  identique  (  :. 
Résultats  d'autant  plus  décisifs  qu'ils  sont  indépendants  de  toute  hypo- 
thèse sur  les  lois  et  la  constitution  physique  des  gaz  :  il  en  est  de  même 


(')    Voir  mon  Traité  Sur  la  force  <!cs  matières  explosives,  1.  I,  p.  i33. 

(-)  Ouvrage  précédent,  t.  I,  p.  i"">. 

(3)  Ann.  de  Chimie  et  de  l'hys..  6"  série,  t.  IV,  p.   1  ■■■.. 

('')  Même  Recueil,  p.  5o. 

C.  R.,  1891,  t"  Semestre.  (T.  CXÎI,  N*  1.)  ' 


(  «») 
des  conclusions  auxquelles  ils  conduisent  sur  la  constance  des  chaleurs 
spécifiques  des  gaz  sous  diverses  pressions  et  sur  leur  variabilité,  au  con- 
traire, avec  la  température. 

»  Le  nouveau  mouvement  ondulatoire  que  nous  avons  découvert  offre 
un  caractère  fort  différent  de  celui  du  son;  car  les  ébranlements,  au  lieu 
d'y  être  extrêmement  petits,  comme  on  les  suppose  d'ordinaire  dans  l'étude 
des  phénomènes  sonores,  atteignent,  au  contraire,  une  très  grande  inten- 
sité, puisqu'ils  répondent  à  une  transformation  chimique  dans  laquelle 
la  température  s'élève  à  plusieurs  milliers  de  degrés,  les  phénomènes  qui 
se  propagent  avec  cette  vitesse  étant  à  la  fois  d'ordre  chimique  et  d'ordre 
physique  :  double  caractère  qu'il  importe  de  ne  pas  oublier,  lorsqu'on  veut 
les  comparer  avec  les  phénomènes  physiques  plus  simples  de  la  propaga- 
tion du  son. 

»  Ces  faits  étant  constatés,  il  a  paru  utile  et  nécessaire  d'en  poursuivre 
l'étude  sur  des  matières  plus  condensées  que  les  gaz  et  obéissant  à  des  lois 
physiques  très  différentes,  tels  que  les  explosifs  solides  et  liquides.  Une 
telle  étude  expérimentale  faisait  nécessairement  partie  des  travaux  de  la 
Commission  des  substances  explosives,  et  ce  sont  les  résultats  observés  par 
elle  à  cet  égard  dont  je  vais  entretenir  l'Académie. 

»  Un  certain  nombre  lui  ont'  déjà  été  communiqués,  il  y  a  quelques 
années  :  ils  sont  décrits  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique  (6e  série, 
t.  VI,  p.  556).  Je  rappellerai  qu'ils  ont  été  obtenus  avec  des  tubes  métal- 
liques, plomb  et  étain,  de  grande  longueur,  ioom  par  exemple,  et  de  faible 
diamètre.  C'est  avec  la  nitromannite  que  nous  avons  atteint  la  vitesse  maxi- 
mum, 7700™  par  seconde. 

»  Pour  pousser  plus  loin  cette  étude,  j'ai  pensé  qu'il  y  avait  lieu 
d'opérer  méthodiquement  avec  une  substance  explosive  homogène,  très 
fluide,  contenue  enfin  dans  des  tubes  de  résistance  fort  inégale,  mais 
de  masse  comparable  et,  s'il  se  pouvait,  assez  résistants  pour  ne  pas  être 
brisés  par  l'explosion.  Cependant  ce  dernier  résultat  n'a  pas  pu  être  atteint, 
les  tubes  les  plus  solides  ayant  été  brisés,  et  il  parait  même  exister,  comme 
il  sera  dit  tout  à  l'heure,  des  raisons  théoriques  qui  rendent  l'expérience 
complète  inexécutable. 

»  En  raison  de  cette  circonstance,  le  mode  de  propagation  du  phéno- 
mène explosif  est  plus  complexe,  la  masse  qui  se  transforme  ne  demeu- 
rant pas  dans  un  état  uniforme,  propagé  de  tranche  en  tranche.  Mais  l'état 
qu'elle  présente  n'en  offre  pas  moins  un  grand  intérêt,  tant  au  point  de 
vue  des  applications  qu'à  celui  de  la  théorie  pure;  car  il  manifeste  les  pro- 


(  i9) 
priétés  de  la  matière  soumise  à  la  fois  à  une  température  de  3ooo°à  4ooo° 
et  à  une  pression  de  plusieurs  milliers  d'atmosphères. 

)>  Nous  avons  choisi,  pour  exécuter  ces  nouvelles  expériences,  le  nitrate 
de  méthvle,  liquide  très  mohile,  avec  lequel  il  est  facile  de  procéder  au 
remplissage  des  tubes  ('). 

«  Définissons  d'abord  les  données  caractéristiques  de  la  détonation  du 
nitrate  de  méthyle,  conformément  à  la  méthode  générale  suivie  dans  mon 
Traité  Sur  la  force  des  matières  explosives.  Ce  sont  :  les  équations  chimiques 
de  la  décomposition  et  les  volumes  gazeux  spécifiques  correspondants; 
la  chaleur  de  formation  du  composé  par  les  éléments  et  sa  chaleur  de 
décomposition;  la  pression  développée  par  la  détonation,  sous  diverses 
densités  de  chargement;  enfin  la  vitesse  de  détonation,  observée  dans  des 
tubes  de  diverses  matières. 

»  Equation  chimique.  —  La  formule  du  nitrate  de  méthyle  étant 
G2H2(Az08H),  sa  décomposition  explosive  ne  peut  guère  donner  lieu 
qu'aux  deux  svstèmes  suivants 

CO2  H-  CO  -4-  Az  -+-  3  HO     ou  bien      i  (  X)2  -+-  Az  -+-  H  •+-  2HO, 

ou  bien  à  un  mélange  de  ces  deux  svstèmes. 

»  Volume  gazeux  spécifique.  -  Le  volume  gazeux  spécifique  produit 
par  ces  deux  svstèmes  (eau  gazeuse),  estîreprésenté  par  la  même  formule, 
soit 

66m,96(i  -f-7./),  pour  77sr(2), 

c'est-à-dire 

tt-o1"  (  1  +  xt  1.  pour  iK-  de  matière; 
ou  bien  encore 

io28Ut(  1  4-  y.t),  pour  11"  de  nitrate  de  méthvle  liquide, 
la  densité  de  ce  corps  étant  [,182  à  la  température  ordinaire. 


(')  M.  Bruneau,  Ingénieur  des  Poudres  et  Salpêtres,  doit  être  spécialement  remer- 
cié clu  concours  qu'il  a  donné  à  ces  délicates  et  dangereuses  expériences. 

(")  La  valeur  de  t  varie   suivant   l'équation    adoptée,    mais  entre   des   limites    peu 

étendue--. 


(  ™  ) 

»   Chaleurs  déformation  et  de  décomposition.  --  La  chaleur  de  formation 

du  nitrate  de  méthvle  par  ses  éléments  : 

Ca-f-H*  +  6  =  G2H2(AzO°H) 

a  été  évaluée  (Force  des  matières  explosives,  t.  If,  p.  iç/t)  à  -t-3gCal,6; 
nombre  qui  devient  -f-  39e"1, 9,  d'après  la  nouvelle  chaleur  de  combustion 
(+  94e",  3,  pour  i2°'')du  carbone,  que  nous  avons  mesurée  avec  M.  Petit. 

»  On  en  déduit  pour  la  chaleur  de  décomposition,  d'après  la  première 
équation  :  ■+-  107e'11, 7  ;  d'après  la  seconde  :  -+-ii2Cal,6,  à  pression  con- 
stante, l'eau 'étant  supposée  gazeuse  ;  soit  pour  iks  de  nitrate  de  méthyle 
i/tooCal  et  i46^CaI  respectivement.  La  moyenne,  1 43  iCal,  peut  être  appliquée 
sans  erreur  notable  au  phénomène  réel. 

»  Les  données  caractéristiques,  pour  ikg  de  la  matière  explosive,  sont 
donc 

■'     et      1431e". 

»  Voici  celles  qui  répondent  aux  matières  explosives  les  plus  éner- 
giques, l'eau  étant  supposée  gazeuse,  et  la  décomposition  taite  sous  pres- 
sion constante  : 

lil  _    Cal 

Nitroglycérine 718     el     14^9 

Nitromannite 692     et     1427 

Poudre-coton 809     et      ioro 

»  On  voit  que  le  nitrate  de  méthyle  offre  des  valeurs  voisines  et  même 
un  peu  supérieures,  par  rapporta  celles  qui  répondent  à  la  nitroglycérine 
et  à  la  nitromannite. 

»  Pressions  de  détonation.  —  Ces  pressions  ont  été  mesurées  par  M.  Vieille 
avec  des  appareils  crushersà  piston  pesant,  lourd  de  4kg,  'dln  de  prévenir 
les  à-coups  de  pression  qui  pourraient  être  enregistrés  par  des  pistons  trop 
légers.  Le  tarage  a  été  fait  par  les  méthodes  ordinaires  de  MM.  Sarrau  et 
Vieille.  Voici  les  résultats  observés  : 

Densité 
de 
chargement  Pression 

*■ 

0,1 g33 

1 •:■.  >S6ks 

»  On  déduirait  de  la  moyenne  de  ces  donnée;-.,  par  un  simple  calcul  de 
tionnalité,  une  pression  de  io36okg,  pour  la  densité  déchargement 


(  ai  ) 
égale  à  l'unité,  et  de  i2000ks  environ,  pour  le  nitrate  de  méthyle  détonant 
dans  son  propre  volume.  Mais  ce  calcul  n'est  pas  rigoureux,  parce  cpi'i! 
faut  tenir  compte  du  covolume,  ou,  plus  exactement,  du  volume  limite, 
au-dessous  duquel  les  gaz  ne  peuvent  être  comprimés  :  covolume  négli- 
geable au  voisinage  de  la  pression  ordinaire,  mais  qui  joue  un  si  grand 
rôle  dans  l'étude  du  point  critique  et  de  la  compressibilitédes  gaz.  En  fai- 
sant intervenir  cette  donnée,  et  d'après  une  notation  connue,  on  aura 

•     ,  •    i  ■              /•      P  (  '  — 
— ,         cest-a-dire        f=J —     : 

p  ■  A  sont  connus.  Pour  calculera,  nous  prenons  le  covolume  moyen  j^ 
admis  pour  les  gazCO4,  CO,  HO  et  Az,  et  le  volume  spécifique,  870'"',  qui 
répond  à  ikb'  :  ce  qui  donne  le  nombre  0,87. 

»  On  en  déduit,  d'après  la  première  expérience,  les  valeurs  suffisam- 
ment concordantes  : 

A  =  o,  I,  /=85l    : 

a  =  0,2,  /=g44i 

\!(>\fii!ii'. .  .         8o,8ok: 
ou  ()0<K>k-,  en  nombre  rond. 

»  Pour  la  densité  1,182,  on  aurait  dès  lors  io6ookg  environ,  valeur  qui 
répondrait  à  la  pression  développée  pour  le  nitrate  de  méthyle  détonant 
dans  son  propre  volume. 

»  Pour  le  fulmicoton  rapporté  à  la  densité  1,  on  a  trouvé  précédem- 
ment une  valeur  voisine  de  rooookg;  pour  la  dynamite,  1  o'>-(>ki;;  pour  la 
nitromannite,  vers  1 1  oookg,  etc. 

>>  Toutes  ces  matières,  ramenées  à  une  même  densité  de  chargement, 
fournissent  en  effet,  d'après  l'expérience,  des  pressions  voisines. 

»  Vitesse  de  détonation.  —  Les  expériences  ont  été  exécutées  par  les 
mêmes  méthodes  que  précédemment,  avec  du  nitrate  de  méthyle  contenu 
dans  une  série  de  longs  tubes  mis  bout  à  bout,  les  vitesses  étant  enre- 
gistrées à  l'aide  des  chronographes  déjà  décrits.  La  matière  des  tubes  a 
été  choisie  île  façon  à  eu  faire  varier  la  constitution  physique  et  la  résis- 
tance, dans  les  conditions  les  plus  étendues;  on  a  employé  en  effet  des 
tubes  élastiques  en  caoutchouc,  des  tubes  de  verre  de  diverses  épaisseurs, 
des  tubes  en  métal  anglais,  enfin  des  tubes  d'acier  offrant  le  maximum  de 
résistance  possible. 

»    Voici  ie  sommai       les  1  ésulta 

»    l.    Tubes  en   caoutchouc  (e/ttoiié).    —   Diamètre   intérieur   ./"'";    dia- 


(    "    ) 

mèlre  extérieur  12""".  Entre  le  premier  et  le  deuxième  interrupteurs, 
distants  de  iom,  v  =  if>i6m  par  seconde.  Au  delta,  la  propagation  s'est  faite 
irrégulièrement  et  a  donné  lieu  à  une  seconde  détonation,  circonstance 
attribuable  sans  doute  à  la  perturbation  produite  par  la  déchirure  du 
tube. 

))  Le  tube  a  été  déchiré  en  longues  lamelles  irrégulières,  dirigées  en 
général  selon  un  plan  passant  par  l'axe.  Ce  mode  de  rupture  établit  la 
presque  instantanéité  des  réactions. 

»  II.  Tubes  de  verre.  —  On  a  fait  varier  le  rapport  du  diamètre  intérieur 
à  l'épaisseur  dans  des  limites  très  considérables  :  depuis  3mm  (diamètre  inté- 
rieur) à  /jmn\5  (épaisseur),  jusqu'à  5mm  (diamètre  intérieur)  à  imm  (épais- 
seur). Au-dessous  de  cette  épaisseur  relative,  il  n'a  pas  été  possible  de 
poursuivre  les  essais,  les  tubes  étant  constamment  brisés  au  voisinage 
de  l'origine,  quels  qu'aient  été  les  artifices  mis  en  œuvre.  Les  expé- 
riences ayant  été  très  nombreuses,  nous  nous  bornerons  à  donner  ici  les 
résultats  extrêmes. 

Vitesse 
Diamètre  intérieur.  Épaisseur.  par  serondc. 

mm  mm  m 

3 4,5  24S2 

3 2  2 1 9 1 

5 1  1890 

»  Ainsi,  en  général,  la  vitesse  observée  diminue  avec  l'épaisseur  :  ce  qui 
signifie  que  la  rupture  des  tubes  ne  se  produit  qu'à  partir  d'une  certaine 
pression,  variable  avec  leur  résistance,  et  dont  l'établissement  exige  un 
temps  comparable  avec  la  vitesse  même  de  propagation  de  l'explosion. 
Rien  n'indique,  d'ailleurs,  que  cette  vitesse  ait  approché  de  sa  limite.  Le 
verre  le  plus  mince  a  résisté  plus  longtemps  que  le  caoutchouc  entoilé. 
Los  tubes,  d'ailleurs,  sont  pulvérisés. 

«  III.  Tubes  en  métal  anglais .  —  3mm  diamètre  intérieur  et  4mm,  8  épais- 
seur; vitesse  i23om. 

»  Ce  métal  offre  peu  de  résistance  et  cède  plus  vite  que  le  verre  le  plus 
mince;  plus  vite  encore  cpie  le  caoutchouc  entoilé. 

»  IV.  Tubes  d'acier.  —  Tubes  étirés  à  la  filière,  en  bouts  longs  de  5™ 
et  recuits  avec  le  plus  grand  soin,  de  façon  à  prévenir  toute  structure  cristal- 
line. 3n,m  diamètre  intérieur;  i5mm  diamètre  extérieur. 

m 

Premier  essai.  Du  premier  au  deuxième  interrupteur 2084 

Sur  201" 21 55 

Deuxième  essai 209^ 


(    23) 

»  Tous  les  tubes  s'ouvrent  pendant  l'explosion  et  sont  fendus  le  plus 
souvent  suivant  un  plan  diamétral,  en  formant  des  fragments  en  longues 
lamelles,  tout  à  fait  analogues  à  ceux  des  tubes  de  caoutchouc  :  similitude 
remarquable  qui  atteste  l'homogénéité  de  l'acier  et  définit  le  caractère 
de  son  élasticité. 

»  La  vitesse  observée  avec  l'acier  est  supérieure  à  celle  du  caoutchouc, 
sans  atteindre  tout  à  fait  celle  qui  a  été  obtenue  avec  les  tubes  de  verre  les 
plus  épais  :  circonstance  attribuable  à  la  rigidité  de  la  matière  de  ces  der- 
niers. Les  unes  et  les  autres  sont  d'ailleurs  fort  inférieures  aux  vitesses  de 
oooomà  8ooom,  observées  avec  des  matières  solides  comprimées,  telles  que 
le  coton-poudre;  ou  pulvérulentes,  telles  que  la  nitromannite  ou  l'acide  pi- 
crique.  Je  reviendrai  tout  à  l'heure  sur  ce  point. 

»  La  fracture  de  tubes  d'acier  aussi  épais  montre  qu'il  n'y  a  pas  d'espé- 
rance de  réussir  à  produire  la  détonation  d'une  matière  explosive  liquide 
dans  un  vase  métallique,  sans  le  briser,  quelle  qu'en  soit  l'épaisseur.  Les 
raisons  théoriques  de  ce  fait  méritent  d'être  développées. 

»  La  théorie  de  l'élasticité  établit  d'abord  que  la  résistance  d'un  tube 
métallique  ne  croît  pas  indéfiniment  avec  son  épaisseur.  La  résistance  tend 
vers  une  limite  déterminée,  au  delà  de  laquelle  la  paroi  métallique  se  dé- 
chire, quelle  qu'en  soit  l'épaisseur.  Or  les  matières  explosives  liquides, 
telles  que  le  nitrate  de  méthvle,  offrent  une  particularité  remarquable  : 
le  volume  défini  par  leur  densité  est  plus  petit  que  le  volume  limite,  au- 
dessous  duquel  les  gaz,  ou  les  liquides  produits  par  leur  explosion,  ne 
sont  pas  susceptibles  d'être  réduits  par  la  pression  développée,  dans  les 
limites  de  nos  expériences.  On  sait  en  effet  que  les  gaz  ne  peuvent  pas  être 
réduits  indéfiniment  par  la  compression,  leur  compressibilité  diminuant  de 
plus  en  plus,  à  partir  d'une  certaine  limite.  .4  fortiori  en  est-il  de  même 
des  liquides,  tels  que  l'eau,  et  des  solides,  que  l'on  ne  saurait  guère 
amènera  un  volume  notablement  moindre  que  celui  qu'ils  possèdent  sous 
la  pression  normale  :  c'est  ce  qui  avait  fait  croire  autrefois  que  l'eau  est 
incompressible,  et  ce  que  l'on  cherche  à  représenter  par  la  notion  du  co- 
volume  des  gaz  :  la  matière  tend  en  quelque  sorte  vers  un  état  limite,  qui 
la  rapprocherait  d'un  état  de  continuité  absolue,  les  forces  répulsives  entre 
les  particules  croissant  au  delà  de  toute  limité,  au  fur  et  à  mesure  que  le 
rapprochement  des  molécules  ultimes  devient  plus  considérable. 

»  Supposons,  pour  préciser,  cpie  les  gaz  produits  par  l'explosion  du  ni- 
trate de  méthyle  :  acide  carbonique,  oxyde  de  carbone,  azote,  eau  gazeuse, 
à  la  température  de  3ooo°  environ  développée  par  l'explosion,  tendent  vers 


(  ^4  ) 

une  densité  voisine  de  l'unité,  densité  dont  ils  paraissent  approcher  en 
effet  aux  basses  températures  de  leur  liquéfaction  :  leur  volume  possible 
demeurera  supérieur  de  près  d'un  cinquième  à  celui  du  nitrate  de  méthyle 
(densité  1,182)  :  ce  qui  signifie  qu'ils  développeront,  dans  l'espace  occupé 
par  ce  liquide,  une  pression  supérieure  à  toute  grandeur  expérimentale 
donnée.  Dès  lors  le  vase  sera  nécessairement  rompu,  avant  que  la  totalité 
de  la  matière  ait  détoné;  et  il  le  sera  à  un  moment  qui  variera  suivant  sa 
propre  résistance  instantanée;  résistance  différente  d'ailleurs  de  la  résis- 
tance statique  du  même  vase,  telle  qu'elle  est  mesurable  au  moyen -de 
la  presse  hydraulique,  comme  on  le  fait  en  général,  ou  bien  au  moyen  delà 
dilatation  d'un  liquide  par  la  chaleur,  comme  j'ai  proposé  de  le  faire  autre- 
fois. 

»  Les  considérations  que  je  viens  d'exposer,  à  l'occasion  du  nitrate  de 
méthyle,  s'appliquent  d'une  façon  générale  aux  matières  dont  on  cherche 
à  provoquer  la  décomposition  dans  leur  propre  volume.  Soit,  par  exemple, 
l'eau  oxygénée  se  décomposant  en  eau  et  oxygène.  La  densité  de  l'eau 
oxygénée  étant  1,402,  celle  de  l'eau  1,0  et  celle  de  l'oxygène  liquide  0,9, 
d'après  Wroblewsky;  le  volume  moléculaire  des  produits  sera  voisin  de 
36,  celui  du  composé  étant  23,4  :  c'est-à-dire  que  la  décomposition  donne 
lieu  à  une  dilatation  de  54  centièmes;  dilatation  qu'aucune  pression  réali- 
sable ne  saurait  compenser. 

»  Soit  encore  le  fulminate  de  mercure.  Sa  densité  étant  4>43,  son  vo- 
lume moléculaire  égale  64,1  ■  Or  le  volume  des  produits  de  sa  décomposi- 
tion (mercure  liquide,  et  oxyde  de  carbone  supposé  =  1)  serait  99  :  il  y  a 
donc  dilatation  des  55  centièmes.  C'est  cette  grande  densité  et  cette  énorme 
dilatation,  jointes  à  la  vitesse  de  détonation,  qui  expliquent  le  caractère  bri- 
sant du  fulminate  et  la  façon  dont  les  gaz  mêmes  produits  par  son  explo- 
sion laissent  sur  les  métaux  les  plus  durs  des  empreintes  tracées  comme  au 
burin.  J'ai  insisté  ailleurs  sur  ces  points  et  j'ai  montré  comment  ils  expli- 
quent les  propriétés  de  détonateur,  si  caractéristiques  dans  le  fulminate 
de  mercure  ('  ). 

»  Soit  encore  l'azotate  d'ammoniaque.  Sa  densité  étant  1,71,  son  volume 
moléculaire  sera  48cc,  2;  le  volume  des  produits  étant  80,  il  y  aurait  dila- 
tation de  65  centièmes,  au  moment  de  l'explosion. 

»  Les  relations  que  je  signale  en  ce  moment,  sont  d'autant  plus  inté- 
ressantes qu'elles  s'appliquent  à  des  composés  explosifs,  c'est-à-dire  tels 

(  ')  Sur  la  force  des  madères  explosives  (voir  VIndex). 


(    2)     ) 

que  leur  régénération  au  moyen  des  produits  de  décomposition  exige  une 
absorption  de  chaleur  considérable.  Cependant  une  semblable  formation 
endothermique  donne  lieu  à  des  contractions  de  volume  énormes  et  non 
moins  grands  que  ceux  qui  répondent  aux  combinaisons  exothermiques 
les  mieux  caractérisées.  C'est  là  un  résultat  d'une  grande  importance, 
parce  qu'il  contredit  la  généralité  des  rapports  que  l'on  a  souvent  cher- 
ché à  établir  entre  les  changements  de  volume  et  la  chaleur  dégagée 
dans  les  réactions  chimiques.  • 

»  Mais  revenons  à  l'étude  des  vitesses  inégales,  à  partir  desquelles  on 
constate  la  rupture  des  vases  remplis  de  matières  explosives  :  cette  étude 
donne  lieu  en  effet  à  des  considérations  fort  dignes  d'intérêt,  soit  pour  la 
théorie,  soit  pour  la  pratique. 

»  A  mesure  que  les  pressions  instantanées  s'accroissent  dans  nos  tubes 
d'une  façon  indéfinie,  les  vitesses  de  propagation  du  mouvement  explosif 
qui  en  dépendent  croissent  nécessairement  aussi  de  plus  en  plus;  de 
telle  sorte  que  les  tubes  les  plus  résistants  et  les  plus  rigides  sont  à  la 
fois  ceux  qui  supporteront  les  plus  grandes  pressions  instantanées  et  ceux 
qui  propageront  l'explosion  avec  la  plus  grande  vitesse,  avant  de  se 
fendre:  ce  que  l'expérience  vérifie.  Dans  des  systèmes  aussi  condensés, 
la  vitesse  de  propagation  du  mouvement  explosif  doit  devenir  comparable 
à  celle  du  son  dans  les  solides,  vitesse  qui  atteindrait  des  valeurs  voisines 
de  5ooom  par  seconde  dans  des  solides  suffisamment  rigides,  tels  que  le 
fer,  le  verre  ou  le  bois  de  sapin,  d'après  les  résultats  obtenus  par  Wer- 
theim  sur  les  vibrations  longitudinales  des  verges.  On  arrive  à  des  valeurs 
du  même  ordre  de  grandeur  d'après  la  considération  du  covolume,  ainsi 
que  le  montre  une  Note  de  M.  Vieille,  que  je  l'ai  prié  de  rédiger  et  que  je 
présente  aujourd'hui  à  l'Académie,  en  même  temps  que  le  travail  actuel. 

»  Examinons  de  plus  près  ce  qui  se  passe  dans  la  réalité,  c'est-à-dire 
lorsqu'une  matière  explosive  détone  dans  un  tube,  la  détonation  étant 
provoquée,  à  l'origine,  par  le  choc  violent  du  fulminate  de  mercure,  qui 
porte  aussitôt  à  l'extrême  la  pression  initiale,  la  chaleur  qu'elle  dégage  et 
les  réactions  chimiques,  développées  de  tranche  en  tranche,  qui  en  sont  la 
conséquence. 

»  Aucun  régime  régulier  répondant  à  l'explosion  de  la  matière  dans 
son  propre  volume  ne  saurait  s'établir,  puisque  le  tube  est  nécessairement 
rompu,  ainsi  qu'il  vient  d'être  montré.  Cependant,  si  le  tube  est  homogène, 
et  la  matière  uniformément  répandue,  et  douée  d'une  structure  telle  que 
les  pressions  et  réactions  puissent  s'y  propager  de  couche  en  couche  d'une 

C  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N»  1.)  4 


(  ^6  ) 

façon  régulière.  le  tube  se  rompra  aussi  régulièrement,  de  proche  en 
proche,  au  fur  et  à  mesure  que  la  pression  propagée  atteindra  une  cer- 
taine limite,  et  il  pourra  s'établir  ainsi  un  régime  de  détonation  spécial, 
qui  dépendra  des  conditions  réalisées  dans  le  système.  On  observera  alors 
une  vitesse  de  propagation  peu  différente  pour  chaque  système  donné, 
mais  très  variable  d'un  système  à  l'autre,  même  avec  une  matière  explosive 
déterminée. 

»  C'eSt  en  effet  ce  qu'on  reconnaît  avec  le  nitrate  de  méthyle  détonant 
dans  les  tubes  d'acier,  qui  ont  donné  des  vitesses  de  propagation  à  peu 
près  constantes,  voisines  de  2ioom,  et  doubles  environ  de  ce  qu'on  a  me- 
suré avec  un  tube  en  caoutchouc,  rempli  de  la  même  matière.  Les  tubes 
de  verre  et  le  nitrate  de  méthyle  ont  fourni  des  résultats  moins  réguliers, 
parce  que  l'élasticité  du  verre  n'entre  pas  en  jeu  de  la  même  façon,  ni  avec 
la  même  régularité  que  celle  de  l'acier  ou  du  caoutchouc;  cependant,  les 
vitesses  de  propagation  pour  une  épaisseur  donnée  tendent  aussi  yrers  cer- 
taines valeurs  moyennes,  croissantes  avec  l'épaisseur  des  tubes  de  verre. 

»  Ce  régime  de  détonation  dépend  de  la  nature  de  l'enveloppe,  comme 
le  montrent  les  faits  ci-dessus  et  ceux  dont  il  sera  question  tout  à  l'heure  ; 
mais  il  dépend  aussi  de  la  structure  propre  de  la  matière  explosive,  ainsi 
que  je  vais  le  rappeler. 

■»  En  effet,  la  nitroglycérine,  dans  des  tubes  de  plomb  de  3"""  de  dia- 
mètre intérieur,  a  donné  des  vitesses  voisines  de  i3oom;  tandis  que  la 
dynamite,  dans  des  tubes  métalliques  pareils,  atteint  i-joom.  Ces  nombres 
varient  d'ailleurs  notablement  d'un  essai  à  l'autre,  comme  on  devait  s'\ 
attendre  d'après  les  considérations  précédentes. 

«  On  remarquera  la  vitesse  beaucoup  plus  grande  atteinte  par  la  dyna- 
myte,  ce  qui  est  conforme  à  des  mesures  analogues  de  M.  Abel.  Elle  met 
en  évidence  l'influence  de  la  structure  de  la  matière  explosive  sur  la 
vitesse  de  propagation  de  l'explosion  :  la  nitroglycérine  pure,  liquide  vis- 
queux, transmettant  le  choc  qui  détermine  la  détonation  bien  plus  irrégu- 
lièrement que  la  silice  imbibée  d'une  manière  uniforme  avec  le  même 
liquide.  La  dynamite  au  mica  produit  des  effets  encore  plus  considérables, 
d'après  les  observations  :  ce  qui  pouvait  être  également  prévu,  en  raison 
de  la  structure  cristalline  du  mica,  substance  moins  déformable  que  la  si- 
lice amorphe. 

»  Cette  dernière  induction  est  confirmée  par  les  observations  faites  sur 
la  nitromannite,  substance  solide  cristallisée  :  elle  parait,  en  raison  de 
cette  circonstance,  plus  apte  à  transmettre  la  détonation  que  le  nitrate  de 


(  27  ) 
méthyle  liquide  ;  et  elle  a  donné,  en  effet,  sous  des  densités  de  chargement 
égales  à  1,9,  dans  des  tubes  de  plomb  de  im,g  de  diamètre  intérieur,  des 
vitesses  à  peu  près  régulières  de  7700111.  De  même  l'acide  picrique,  éga- 
lement cristallisé  :  65oo™.  Ce  contraste  entre  le  nitrate  de  méthyle  liquide 
et  les  composés  nitriques  cristallisés  est,  on  le  voit,  tout  à  fait  d'accord 
avec  celui  qui  a  été  observé  entre  la  nitroglycérine  et  les  dynamites. 

»  Au  contraire,  dans  certains  systèmes  pulvérulents,  rapprochés  d'une 
continuité  complète  par  une  compression  suffisante,  l'expérience  prouve 
qu'il  existe  une  limite  de  compression,  au  delà  de  laquelle  l'amorce  au  ful- 
minate ne  fait  plus  détoner  la  masse  :  c'est  là,  du  moins,  ce  qui  a  été  ob- 
servé avec  certaines  poudres  au  chlorate  de  potasse. 

»  L'influence  de  la  structure  de  la  matière  explosive  sur  le  régime  de 
détonation  étant  ainsi  mise  en  évidence,  citons  de  nouveaux  faits,  propres  à 
manifester  l'influence  propre  de  l'enveloppe.  Quelques-uns  ont  été  signalés 
plus  haut  avec  le  nitrate  de  méthyle.  En  voici  d'autres  observés  avec  la 
poudre-coton. 

»  Le  coton-poudre  comprimé,  sous  des  densités  de  chargement  telles 
que  1  et  1,27,  dans  des  tubes  de  plomb  de3mm,i5  de  diamètre  intérieur, 
a  donné  des  vitesses  de  54oom  ;  tandis  qu'à  une  densité  de  chargement  à  peu 
près  moitié  moindre  (0,7'i),  dans  un  tube  de  plomb  de  3mm, 77  de  dia- 
mètre intérieur,  on  a  observé  38<>t>"'  :  inégalité  due  évidemment  à  la 
moindre  continuité  de  la  matière.  Dans  un  cordeau  souple,  peu  résistant, 
formé  par  une  simple  tresse,  avec  une  densité  de  chargement  de  o,G5,  la 
vitesse  est  même  tombée  à  2|oo'".  Mais  la  faible  résistance  de  l'enveloppe 
peut  être  compensée  par  la  masse  de  l'explosif,  laquelle  s'oppose,  dans  la 
partie  centrale  surtout,  à  l'écoulement  instantané  des  gaz.  En  effet, 
M.  Abel,  avec  des  cartouches  de  coton  comprimé  sec,  d'un  diamètre  dé- 
cuple des  cordeaux  précédents,  placées  bout  à  bout,  à  l'air  libre,  a  observé 
des  vitesses  de  53oom  à  600:1'". 

»  Il  me  parait  inutile  de  m'étendre  davantage  sur  les  faits  exposés  dans 
cette  Note.  Us  montrent  que  l'onde  explosive  n'existe  avec  ses  caractères 
simples  et  ses  lois  définies  que  dans  la  détonation  des  gaz;  ces  lois  et  ces 
caractères  ne  subsistant  qu'en  partie  dans  la  détonation  des  liquides  et 
des  solides,  tout  en  demeurant  assujetties  aux  mêmes  notions  générales 
de  Dynamique  physico-chimique.   » 


(  28  ) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  classe  d 'équations  modulaires . 

Note  de  M.  Brioschi. 

«  1.  Dans  une  Communication  que  j'ai  présentée  à  l'Académie  des 
Sciences  au  mois  de  novembre  de  l'année  187^,  j'ai  démontré  que  la  for- 
mule de  transformation  d'ordre  n,  nombre  premier,  des  fonctions  ellip- 
tiques 

,  x  dl  dx  , 

(1)  =    ,.  =  du, 

est  la  suivante 

1  =  35» 

en  faisant 

J  =  a.'v  +  vfl.^-1  -+-  —  —  a.,a;v--^h. . .-+-  tfv 
'  2 

et 

u  =  ç(a?)  [J'2  -  JJ"j  -  i<p'(^)JJ'+  {nx  ■+-  2va,) P, 

dans  laquelle 

/     \         /     3  "  "~  '  xi        di  ,„       d2} 

»  Le  polynôme  J,  comme  l'a  démontré  Jacobi,  doit  satisfaire  à  une 
équation  différentielle  du  second  ordre 

o(a.')J"—  [2(2/1  —  3)ar 

—  t(4«  -  3)g, ] J'+  (n  -  1)  [/*#  -  3a,  |  J  =  «D(J). 

en  indiquant  avec  D  le  symbole  d'opération 

..  d         2    ,    d 

pour  laquelle 

D(g2)  =  ,ig,,         D(^,)  =  !éf5.         D(S)  =  o, 
étant 

0  —  02        -/or 

»  De  l'équation  supérieure  on  déduit  entre  les  coefficients  a,,  a.,,  ...  la 
formule  de  récursion  suivante 

(   (//  —  2$  —  i)(24-  +  3 )</„.,  —  3(«  —  ï)a,as 

(  °  )  ' 

'  4-  i*(»  +  6.s)#2a,_,  —  *(*  -  Og-3^-2  =  «D(af), 


(  »9) 
laquelle  donne 

5(«  —  3)a2  =  n  D(a.)  -+-  3(«  —  i)a\      —  £(/»  -t-  6)g-2, 

7(«  —  5)a3  =  bD(«j)  -+-  3(/»  —  i)«,fl2-  j(«  ■+■  i2)g-aa,  -t-  2^, 

9(7»  —  7)a4=  nD(a,)  +  3(n  —  i)a,a3  -  £(«  +  *-%)g*aa  ■+-  6  »',«,, 

ainsi  de  suite. 

»  Les  coefficients  <7_.,  </,,  ...  peuvent  en  conséquence  s'exprimer  en 
fonction  de  a,,  D(a,),  D2(«f), g"a,  gt. 

»   '2.  Si  l'on  pose 

V  =  ç(a?)  [U'2  -  UU"]  -  iç'(a?)UU'+  [(an  H-  i)j?  -t-  4va,]U2, 

on  déduit  de  l'équation  différentielle  (1)  qu'on  aura  identiquement 

V  —  xU-  -t-  ~-{,UP  +  y»  j4  =  "• 

»  Les  coefficients  de  x2"  ',  a-"  dans  les  premiers  membres  de  cette 
équation  sont  nuls;  ceux  de  x2"-' ,  x-"~- ,  x2"~3  donnent  les  trois  rela- 
tions 

;  y2  =  3o(/i  —  1)  [(«  —  i)à\  —  (n  —  3)a2]  —  (5/i  —  6)g"a, 
(3)  •   y3  =  —  M(n  _  i)[2(«  —  1  )2a,  —  3 (A*  —  i)(n  —  3)a,a2-t-  («  —  3)(/<  —  5)a3] 

'  +  2i(n  —  i)^2«(  —  (i4«—  i5)^3, 

,    (»  =  (n  —  iVrti'  —  2(n  —  ')2(n  ~~  3)a2a2  —  f(n  —  i)(«  —  3)2«;; 
(.4)  +^(«-i)(«  —  3)(«-5)a,a3  —  |(n-3)(n-5)(/i  —  7)0, 

(  4.2(1»  —  4  )g2[(n—i)a2  —  (n  —  3)«2J  -+-  8#3a,  —  £(#1  -  2)^. 

»  Opérant  sur  les  deux  formules  (3)  avec  le  symbole  D,  on  obtient  au 
moyen  de  la  formule  de  récursion  (2)  ce  premier  résultat 

t»D(y2)  =  I2Y3  +  8(«  —  i)ya  «, 

et,  en  substituant  dans  la  valeur  de  D(y:1)  pour  a„  la  valeur  donnée  par 
l'équation  (4),  on  arrive  à  cette  seconde  relation 

»D(T»)  =  !ï2  +  «a(/i  — i)y3a, 
et,  en  conséquence,  en  posant 

A  =  y»  -27T^ 
on  aura 

1         «       D  (  A  ) 

ai  =  — T~  ' 


(  3o) 
ou,  enfin, 


»  L'application  successive  de  l'opération  D  sur  l'équation  (4)  et  sur 
celles  qu'on  obtient  par  cette  application  conduit  aux  équations  néces- 
saires pour  la  détermination  de  a2,  a.,,  ...  en  fonction  de  a,  et  à  l'équation 
modulaire  du  degré  n  ■+- i  en  a,. 

»   3.   Les  n  -+-  i  valeurs  de 


sont,  comme  il  est  connu,  racines  d'une  équation  modulaire  que  j'ai 
nommée  jacobienne,  en  considération  de  la  propriété  caractéristique  de 
ces  racines  indiquée  par  Jacobi.  La  propriété  est  celle-ci  :  les  n  -+-  i  quan- 

1  ■    •  Il    -W    I  1        .   ■  ■  1  •  ■         •  T  A 

tites  zm,  z0,  s,,  ...,  z„_,   sont  nées  par — ;  -relations  linéaires.  La  même 

propriété  se  vérifie  pour  s*,  sjj,  z*,  . . .,  z*_( . 

»   Cela  rappelé,  on  voit  tout  de  suite  que  la  même  propriété  aura  encore 
lieu  pour 

D(v>,     D»0,),     D'(s,),     ...  ) 

d(=;,.   d.(5;).   d.W),    ...  |('  =  œ-° "->• 


»    Soit 


s3« 


on  déduit  à  cause  de  la  relation  (5) 

"■  =  3(/,  — i)D(ao)«  «D(sis)  =  ;3[3(n  -  i)fl,a,+  BD(a,)] 

et  la  formule  de  récursion  (2)  se  transformera  dans  la  suivante 
/gx  j    ("  -2*—  l)(2S  +  3)aJ+l 

.(        +  ï*(w  +  6*) «"»**-<  -  '(*—  i)^*f-2  =  nD(a;). 

»   Les  quantités  a,,  a,,  . . .,  xr  peuvent,  en  conséquence,  s'exprimer  en 
fonctions  linéaires  de  «0,  D(«0),  D2(a0),  . . .,  et  les  quantités 

n  — I 

z0,      D(a0),      ...,      D  2    (a0), 
sont  liées  entre  elles  par  une  équation  linéaire. 


(  3.   ) 
»   En  posant 

(7)  y  =  z'](x), 

l'équation  modulaire,  dont  les  racines  sont  1  : ,  y\ y\  , ,  sera  donc  une 

équation  modulaire  jacobienne. 

»    !\°  Soient  eK ,  e2,  e]t  les  racines  de  l'équation 

et  e,,  £0,  £3  celles  de  l'équation 

«'-t.*— r.=<>. 

on  démontre  facilement  que 

I  1  1 

et,  en  conséquence,  (s,  —  e3)2,  (e3 —  £,)'2,  (e,  —  e2)8  sont  racines  de  trois 
équations  modulaires  jacobiennes  qu'on  déduit  de  la  supérieure  en  y. 

»  En  multipliant  les  trois  équations  (8)  entre  elles,  on  obtient,  en  se 
rappelant  la  valeur  (5)  de  z, 


ï  *    =2"   ':C.T   e,  ).hr2  >J(e,) 


ou 


Mais  de  la  formule  d'addition  (  Halphen,  p.  3rj),  on  a 

[p(u  -  0  -  ,p("  +  «0][pO)  -  ,p((OI2  =  *>'(«)  pX**) 

et,  en  conséquence, 


et  enfin 

(-■  ~ 


n-l 


DWt)-»(t) 


(  32  ) 
laquelle  conduit  à  l'expression  déjà  donnée  par  M.  Riepert  {Journal  fur 
die  Mathematik,  Bd  87) 


n  —  1 

rv- zr~    — r, —  '1W  HT       /  Tz<o 

:  =  %>•  e    ':n  Te. 


MÉMOIRES  PRÉSENTES. 


M.  G.  Greil  adresse,  par  l'entremise  de  M.  de  Quatrefages,  une  série  de 
Mémoires  relatifs  à  la  navigation  aérienne. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

M.  Fr.  Laur  appelle  de  nouveau  l'attention  de  l'Académie  sur  les  rela- 
tions qui  lui  paraissent  exister  entre  les  variations  de  la  pression  atmo- 
sphérique et  les  explosions  de  grisou,  et  sur  la  nécessité  de  surveiller  plus 
particulièrement  le  baromètre,  dans  les  mines  à  grisou,  aux  moments  où 
des  baisses  barométriques  brusques  peuvent  se  produire. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  grisou.) 

M.  l'abbé  Fortin  adresse  une  Note,  accompagnée  de  Planches,  sur  les 
taches  solaires  d'octobre  et  novembre  1890. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée.) 

M.  J.-M.  Schnyder  adresse  une  Note  relative  à  la  maladie  de  la  vigne. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  Phylloxéra.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  Bedoin,  M.  A.  Billet,  M.  G.  Colin,  M.  C.  Dareste,  M.  Ch.  De- 
péret,  M.  L.  Favé,  M.  Gissinger,  M.  A.-ïî.  Griffitiis,  M.  F.  Guyox, 
M.  Hanriot,  M.  le  général  Ibanez,  Mme  Isambert,  M.  Jousseaume,  M.  A. 
Layet,  M.  A.  Lediei\  M.  J.  Lexoble  du  Teil,  M.  A.  Olivier,  M.  A. 
Madamet,  M.  P.  Painlevé,  M.  J.-V.  Sciiiaparelli,  M.  S.  de  Glase- 
napp,  M.  G.  Wertheimer  adressent  leurs  remerciements  à  l'Académie 
pour  les  distinctions  accordées  à  leurs  travaux  dans  la  dernière  séance 
publique. 


(  33  ) 
M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  la  vingtième  année  du  «  Journal  du  Ciel  »,  publié  par 
M.  /.  Vinot. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  de  la  Lettre  suivante,  adressée 
à  M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères  par  M.  G.  de  Vaux,  consul  général 
et  chargé  d'affaires  de  France  à  Quito,  concernant  l'état  actuel  des  pyra- 
mides élevées  en  17^0  par  de  la  Condamine,  aux  extrémités  de  la  base  bo- 
réale qui  a  servi  à  la  mesure  de  l'arc  du  Pérou,  et  divers  monuments  qui  se 
rattachent  à  l'expédition  scientifique  de  Godin,  Bouguer  et  de  la  Conda- 
mine : 

«  Quito,  le  20  octobre  1890. 
»  Monsieur  le  Ministre, 

»  M.  de  Mendeville,  consul  de  France  à  Quito,  par  ses  dépèches  des  i5  novembre 
et  i5  décembre  i836,  7  janvier  et  i5  août  1837,  a  rendu  compte  au  Déparlement  de 
Votre  Excellence  de  la  reconstruction  des  pyramides  élevées  en  174O  par  M.  de  la 
Condamine  aux  deux  extrémités  de  la  base  boréale  qui  a  servi  aux  académiciens  fran- 
çais de  point  de  départ  à  la  mesure  des  trois  premiers  degrés  du  méridien. 

»  Ces  pyramides,  démolies  peu  de  temps  après  leur  édification,  sont  restées  en 
ruine  pendant  un  siècle.  Dès  que  le  Gouvernement  indépendant  de  l'Equateur  pul 
s'en  occuper,  il  les  fit  reconstruire  par  M.  le  colonel  Soulin,  officier  distingué  de 
marine,  de  nationalité  française,  au  service  de  l'Equateur. 

»  J'ai  l'honneur  de  faire  savoir  à  Votre  Excellence  que,  au  commencement  du  mois 
dernier,  je  suis  allé  visiter  les  deux  susdites  pyramides  de  Caraburu  et  d'Oyambaro. 
J'ai  eu  la  satisfaction  de  les  trouver  en  bon  état  de  conservation,  sauf  les  sommets  qui 
sont  un  peu  détériorés.  Je  n'y  ai  remarqué  aucune  inscription.  On  m'a  dit  que,  dans 
la  cour  de  la  hacienda  de  Oyambaro,  se  trouve  abandonnée  une  [lierre  portant  une 
inscription,  mais  je  ne  l'ai  point  vue. 

»  L'inscription  que  le  président  Rocafuerte  avait  fait  demander  à  l'Académie  des 
Inscriptions  et  Belles-Lettres  de  l'Institut  de  France  a  été  envoyée  à  Quito  le 
26  juin  1841,  mais  11" \  esl  parvenue  qu'après  l'expiration  de  ses  hautes  fonctions,  et 
je  ne  sais  pour  quels  motifs  son  successeur  ne  l'a  pas  fait  mettre"  à  la  place  qui  lui 
était  destinée. 

»  Dans  son  Introduction  historique,  M.  de  la  Condamine  dit  avoir  laissé  entre  les 
mains  du  Père  Milanezio  le  marbre  qu'il  avait  apporté  de  Tarqui,  dans  lequel  il  avait 
fait  sceller  une  règle  de  bronze  marquant  la  longueur  du  pendule  à  secondes,  et  sur 
lequel  il  avait  fait  graver  une  inscription  latine  contenant  un  précis  des  diverses 
observations  de  M.  Godin,  Bouguer  et  de  la  Condamine  dans  la  province  de  Quito. 
«  Ce  marbre,  ajoute-t-il,  est  aujourd'hui  (  1 7 'i a )  placé  dans  le  collège  des  Jésuites 
»  de  Quito,  sur  la  face  extérieure  du  mur  de  leur  église,  la  plus  belle  de  la  ville  et  bâtie 
»   sur  le  modèle  de  celle  du  Jésus  à  Borne.  » 

»  Celte  pierre,  qui  est  plutôt  une  sorte  d'albâtre,  est  maintenant  scellée  au  pied  de 

CI!.,   1891,   1"  Semestre.  (T.  CX1I,  N°  1.)  ' 


(  34) 

l'escalier  de  l'observatoire  de  (^Hiito.  Son  précédent  emplacement,  sur  le  mur  nord  de 
l'église  en  question,  est  encore  très  visible. 

»  J'ai  comparé  son  inscription  avec  celle  qui  est  annexée  à  l'Ouvrage  précité  de 
M.  de  la  Condamine,  et  j'ai  relevé  plusieurs  différences  qui  doivent,  sans  doute,  pro- 
venir de  l'ignorance  du  sculpteur.  La  règle  de  bronze  est  intacte,  mais  ne  porte  aucune 
trace  de  la  ligne  droite  tirée  d'un  centre  à  l'autre  et  servant  à  déterminer  la  distance 
mutuelle  des  centres  des  deux  cercles. 

»  Sur  une  terrasse  du  collège  des  Jésuites,  il  existe  encore  deux  dalles,  dont  l'une 
est  rayée  dans  le  sens  du  méridien,  ainsi  qu'une  colonne  supportant  un  cadran  solaire 
carré  et  à  quatre  faces,  sur  le  côté  occidental  duquel  sont  gravés  ces  mots  :  Opus  A. 
P.  1766,  et  sur  le  côté  oriental,  ceux-ci  :  Bec.  P.  Miche  Manas;  en  outre,  au-dessus 
d'une  porte  de  la  même  terrasse,  l'incription  suivante  en  lettres  romaines  :  Ab  academi- 
cis parisien,  lateri  us  (sic)  inœquali  Solo  A0  1 736  superinducta  linea  meridiana  tem- 
porum  injuria,  gnomone  avulso  plane  deleta,  hanc  stratis  lapidibus  incisant 
magnetica  acu  10  gr.  ad  orientent  déclinante  XII.  kal.jan.  1  ~63;  gnome  restituto, 
produxere,  et  helihorologium  quadrifons,  i3.  m.  17.0  in  boream  inclinons,  in  hâc 
rectorali  area  VIII.  kal.  maias  1766  spirali  colurnnœ. 

»  Lapideœ  communi  studio 
»  AA.PP.  imposuere  ... 

»   Votre  Excellence  voudra  bien  apprécier  si  la  communication  de  ce  qui  précède 
aurait  quelque  intérêt  pour  l'Académie  des  Sciences. 
»  Veuillez  agréer,  etc., 

Signé  :  G.  de  Vaux.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  des  équations  différentielles  linéaires  trans- 
formables en  elles-mêmes  par  un  changement  de  fonction  et  de  variable. 
Note  de  M.  Paul  Appell,  présentée  par  M.  Hermite. 

«    1.   Soit  une  équation  différentielle  linéaire 

(0  ^+P,(,)£^'  +  ...  4- !'„(  =  )«  =o, 

telle  qu'un  certain  changement  de  fonction  et  de  variable 

la  transforme  en  elle-même,  c'est-à-dire  lui  fasse  prendre  la  forme  (1  ),  où 
u  est  remplacé  par  i>  et  s  par  t.  On  sait  que  cette  équation  admet  au  moins 
une  intégrale  F (z)  vérifiant  la  relation 

V\o(z)]=A±(z)F(z), 


I  35  ) 

où  A  désigne  une  constante  (').  Lorsque  l'ordre  n  de  l'équation  est  infé- 
rieur à  deux,  ces  fonctions  <p(z)  et  ^(s)  n'existent  que  si  les  coefficients 
vérifient  certaines  relations  qu'on  peut  former  en  se  servant  des  inva- 
riants de  l'équation;  lorsque  n  =  2,  les  fonctions  o(z)  et  à(z)  existent 
toujours,  comme  l'ont  montré  Kummer  et  M.  Brioschi  (2). 

»  2.  Les  équations  qui  font  l'objet  de  celte  Note  sont  caractérisées  par 
les  hypothèses  suivantes  sur  la  fonction  o(  z)  et  les  coefficients  P,-(z).  La 
fonction  q(z)  est  uniforme  dans  une  région  du  plan  ;  si  l'on  pose  z,  =  <p(z), 
zi+,  =  ç(s,),  les  points  zt,  z2,  . . .,  zp  sont  tous  dans  celte  région  et  con- 
vergent régulièrement  vers  une  limite  x  qui  n'est  pas  un  point  essentiel  de 
<p(s);  d'après  M.  Kœnigs  (3),  x  est  un  zéro  de  la  fonction  z  —  >?(z)  et  le 
module  de  <p'(x)  est  moindre  que  l'unité;  nous  supposons  ce  module  diffé- 
rent de  zéro.  Quant  aux  coefficients  P,(s)  de  l'équation  différentielle,  ils 
sont  supposés  holomorphes  ou  méromorphes  au  point  limite  .ce. 

»  On  peut  alors  intégrer  l'équation  à  l'aide  d'une  fonction  R(s)définie 
par  M.  Kœnigs,  fonction  qui  est  holomorphe  au  point  x,  admet  ce  point 
comme  zéro  simple  et  vérifie  l'équation 

B[?(s)]  =  <p'O)B0). 

»  On  peut  même,  par  une  substitution  dépendant  de  cette  fonction 
B(^),  ramener  l'équation  à  avoir  ses  coefficients  constants  :  il  suffit  pour 
cela  de  la  mettre  sous  la  forme  canonique  indiquée  par  Halphen  dans  son 
Mémoire  couronné.  Ce  fait  s'explique  si  l'on  remarque  que  les  écpiations 
considérées  se  transforment  en  elles-mêmes,  non  seulement  par  le  chan- 
gement de  variable  t  =  <p(.s),  mais  par  une  infinité  de  changements  de  va- 
riable obtenus  en  substituant  à  o(z)  une  quelconque  des  fonctions  con- 
duisant à  la  même  fonction  B(s)  (').  Nous  nous  bornerons,  dans  cette 
Note,  aux  équations  du  second  ordre. 

»   3.    Soit  une  équation  du  second  ordre 

,r-u  ..  . 

-^  —  «/(*)  =  <>. 

(')   Comptes  rendus,  séance  du  7  novembre  1881. 

(*)  Voir  un  résumé  de  ces  recherches  (Comptes  rendus,  t.  XCIII,  p.  o,40- 

(3)  Recherches  sur  les  intégrales  de  certaines  équations  fonctionnelles  (Annales 
de  l'École  Normale.  1 S84  et  i885). 

(4)  Kœnigs,  Nouvelles  recherches  sur  les  équations  fonctionnelles  (Annales  de 
l'École  Normale,  i885,  p.  38;). 


(  36) 
que  l'on  peut  toujours  supposer  privée  de  second  terme  par  un  change- 
ment de  fonction.  Si  l'on  fait 

«="[?Tor*.    «=?(*). 

cette  équation  se  transforme  en  une  autre  de  même  forme,  à  condition 
que  l'on  ait 

où  <p',  o",  ...  désignent  les  dérivées  de  <p(s)  par  rapport  à  z.  Lorsque  la 
fonction  f(z)  est  donnée,  la  détermination  d'une  solution  <p(s)  de  cette 
équation  est  impossible  dans  la  plupart  des  cas.  Nous  procéderons  inver- 
sement en  supposant  la  fonction  <p(s)  donnée,  et  nous  aurons  une  fonc- 
tion particulière/, (z)  holomorphe  au  point  x  et  vérifiant  la  relation  ci- 
dessus,  en  prenant  la  série 

/.(O=2[?X*)?'(*0--v(**)]M**). 

v=o 

qui  est  convergente,  puisque  le  module  de  <p'(a?)  est  moindre  que  l'unité. 
D'après  un  théorème  de  M.  Kœnigs,  la  fonction  /(z)  la  plus  générale,  ho- 
lomorphe ou  méromorphe  au  point  x  et  vérifiant  la  relation  ci-dessus,  est 


/•(*)=/<  (*)+«[ïwT 


x  désignant  une  constante  arbitraire.  La  fonction  f{z)  étant  ainsi  déter- 
minée, l'intégrale  générale  de  l'équation  du  second  ordre  est,  d'après  les 
théorèmes  de  M.  Fuchs,  régulière  dans  le  domaine  du  point  limite  x.  Les 
racines  de  l'équation  fondamentale  déterminante  étant  r,  et  r2,  on  trouve 
que  l'équation  admet  les  deux  intégrales  particulières 

B'.(s)[B'(*)B     B'.(s)[B'(i)p, 

d'où  l'on  passe  sans  difficulté  au  cas  où  r,  deviendrait  égal  à  r.2.  Ce  résultat 
montre  que  les   coefficients  de  l'équation  deviennent   constants  par  la 

substitution 

_  i 

*  =  logB(z),  u  =  i>[W(z)\~-. 

Si  l'on  substitue  une  des  deux  intégrales  particulières  dans  l'équation  diffé- 


(  37  ) 
rentielle,  on  obtient  une  identité  que  l'on  peut  vérifier  par  la  méthode  sui- 
vante. Considérons  la  fonction 

,    v        3/B"y       ■  B» 

holomorphe  au  point  #;  en  différentiant  l'équation  B  (,  c ,  )  =  o'(.x)B(z), 
on  trouve  pour  yX~-)  la  relation 

(2)  x[?(*)]  =  ^ïx(*)-*(*) 

qui,  étant  identique  à  celle  que  vérifie  la  fonction  holomorphe  fK (s), 
montre  que  fK  (z )  est  identique  à  /_(-).  C'est  ce  qu'on  peut  aussi  déduire 
de  l'expression  de/,(z)  sous  forme  de  série,  en  y  remplaçant  n(sv)  par  sa 
valeur  tirée  de  la  relation  (2). 

»   Lorsque  ®(z)  =  -      — -.■>  B(z)  est  une  fonction  de  même  forme,  et 

1        ■  N    '         cz  -+-  a 

les  équations  correspondantes  sont  celles  qui  ont  été  intégrées  par 
M.  Besge  (')  dans  le  cas  du  second  ordre,  et  par  Halphen  (2)  dans  le  cas 
général. 

»   Quelques-uns  de  ces  résultats  s'étendent  à  des  équations  différen- 
tielles non  linéaires.   » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  valeur  absolue  des  éléments  magnétiques  au 
1er  janvier  1 8g  1 .  Note  rie  M.  Tu.  Molreaux,  présentée  par  M.  Mascarl. 

«  Parc  Saînt-Maur.  —  Los  observations  magnétiques  sont  continuées 
avec  les  mêmes  appareils  et  réduites  d'après  les  mêmes  méthodes  que  les 
années  précédentes.  Le  dépouillement  des  courbes  du  magnétographe  est 
effectué  pour  toutes  les  heures  du  jour,  et  les  valeurs  correspondant  aux 
repères  sont  établies  par  des  mesures  absolues,  répétées  toutes  les  se- 
maines. La  sensibilité  des  trois  appareils  de  variations  est  vérifiée  par  de 
fréquentes  graduations. 

»  Les  valeurs  absolues  des  éléments  magnétiques  au  Ier  janvier  1891 
sont  déduites  de  la  moyenne  des  observations  horaires  relevées  pendant 
les  journées  du  3i  décembre  1890  et  du  ie'  janvier  1891.  La  variation  sé- 


(')  Journal  de  Liouville,  ire  série,  t.  IX,  p.  336. 
(2)   Comptes  rendus,  t.  XCII,  p.  779. 


(  38  ) 
culaire  des  divers  éléments  en  1890  a  été  obtenue  par  comparaison  entre 
les  valeurs  suivantes  et  celles  qui  ont  été  données  le  ier  janvier  1  890  ('  )  : 

Valeurs  absolues 

au  Variation  séculaire 

Éléments.  »"  janvier  1891.  en  1890. 

Déclinaison io°35',9  —5',  5 

Inclinaison 65°io',6  -i',6 

Composante  horizontale o,  io,554  +  o,ooo3o 

Composante  verticale 0,42272  +0,00011 

Force  totale 0,46676  -1-0 ,0002 3 

»  L'observatoire  du  parc  Saint-Maur  est  situé  par  o°9'23"  de  longitude 
est  et  48° 48' 34"  de  latitude  nord. 

»  Perpignan.  —  L'observatoire  météorologique  et  magnétique  de  Per- 
pignan, dirigé  par  M.  le  Dr  Fines,  est  situé  par  o°32'45"  de  longitude  Est 
et  par  42°42'8"  de  latitude  Nord.  Les  observations  magnétiques  y  sont 
faites  au  moyen  d'instruments  semblables  à  ceux  de  l'observatoire  du  Parc 
Saint-Maur  et  calculées  d'après  les  mêmes  méthodes. 

»  Les  valeurs  des  éléments  magnétiques  au  1er  janvier  1891,  déduites 
des  vingt-quatre  observations  horaires  relevées  au  magnétographe  et  rap- 
portées aux  mesures  absolues  faites  les  26,  28  et  3o  décembre  1890,  sont 
les  suivantes  : 

Valeurs  absolues 

au  Variation  séculaire 

1"  janvier  1S91.  en   1890. 

Déclinaison i4°24',  1  —  4'>9 

Inclinaison 6o°i6',2  — 2',  3 

Composante  horizontale 0,22242  +0,00037 

Composante  verticale 0,38947  4-  o,oooo4 

Force  totale o,4485o  +0,00021 


SPECTROSCOPIE.  --  Sur  les  spectres  a" absorption  des  solutions  d'iode.  Note 
de  M.  H.  Rigollot  (2),  présentée  par  M.  Cailletet. 

«  Je  me  suis  proposé  d'étudier  les  spectres  d'absorption  des  solutions 
d'iode  tant  au  point  de  vue  du  déplacement  de  la  bande  d'absorption  qu'au 
point  de  vue  de  la  quantité  de  lumière  transmise. 


(')   Comptes  rendus,  t.  CX,  p.  39;  1890. 

(*)  Ce  Travail  a  été  fait  au  Laboratoire  de  Physique  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
Lyon. 


(  39  ) 

»  J'ai  comparé  entre  eux  des  dissolvants  homologues  ou  des  chlorures, 
bromures,  iodures  d'un  même  radical.  L'iode  était  primitivement  dissous 
dans  le  sulfure  de  carbone  à  raison  de  3mgr, 85  par  centimètre  cube;  o,o5 
de  cette  solution  était  incorporée  aux  différents  dissolvants  et  les  liquides 
étaient  examinés  dans  des  cuves  à  faces  parallèles  sous  une  épaisseur  de 
icm.  Ces  recherches  ont  été  faites  avec  le  spectrophotomètre de  M.  Gouy; 
on  comparait  l'intensité  de  faisceaux  lumineux  traversant  la  solution  à  l'in- 
tensité du  faisceau  traversant  le  dissolvant  seul,  en  prenant  les  précautions 
ordinaires  pour  empêcher  réchauffement  des  liquides  pendant  la  durée 
tles  expériences. 

»  Les  résultats  sont  réunis  dans  le  Tableau  suivant,  et  l'on  voit  que  si, 
prenant  comme  abscisses  les  longueurs  d'onde  et  comme  ordonnées  les 
quantités  de  lumière  transmise,  en  centièmes,  on  trace  les  courbes  repré- 
sentant l'absorption  dans  un  groupe  donné,  ces  courbes  se  confondent 
plus  ou  moins  dans  la  partie  la  moins  réfrangible  du  spectre,  puis  se 
séparent,  la  quantité  de  lumière  transmise  décroissant  lorsqu'on  passe  d'un 
dissolvant  au  suivant. 

Quantité  de  lainière  transmise  en  centièmes,  pour   i"u  d'épaisseur. 

Dissolvants.  X  =  0f,580.   570.      5G0.      550.      510.      530.      520.      510.      500.      490.      480.      470 

1.  Benzine 79  70  60  5i  41  ^2  27  2^  2^  29  "  " 

Toluène 79  70  60  5i  42  34  27  20  21  29  »  » 

Métaxylène 79  70  60  5»  42  3q  25  18  18  23  »  » 

II.  Bromure  d'éthyle.  .  .  »  76  68  09  53  43  35  28  27  28  »  » 

Iodure  d'éthyle »  76  68  59  52  44  32  24  20  19  18  » 

III.  Chlorure  d'amyle  ..  .  »  71  63  55  47  41  33  3o  3i  33  »  » 
Bromure  d'amyle ..  .  »  71  64  56  49  4'  33  29  26  3o  »  » 
Iodure  d'amyle »  72  68  63  55  45  33  26  23  21  17  qp 

IV.  Chloroforme 66  58  5i  43  33  28  26  27  29  3o  a  » 

Bromoforme 74  67  39  49  3g  32  27  26  26  29  »  » 

V.  Bromure  d'éthyle ...  »  76  68  09  53  43  35  28  27  28  »  » 

Bromure  d'amyle  ..  .  »  71  64  56  49  41  33  29  26  3o  »  » 

VI.   Iodure  de  méthyle..  .  »  71  65  58  5o  40  29  22  19  20  »  » 

Iodure  d'éthyle »  76  68  59  52  44  32  24  20  19  18  » 

Iodure  d'amyle »  72  68  63  55  t\5  33  26  23  21  17  20 

VII.  Alcool  méthylique  .  .  »  »  »  7  3  69  63  56  49  41  33  24  i4 

Alcool  éthylique ...  .  »  »  »  71  60  56  5o  4<>  29  20  i4  9 

Alcool  amylique.  .. .  >>  »  »  66  58  49  4o  3i  23  16  12  7 

»   Si  maintenant  on  recherche  dans  les  six  premiers  groupes  la  position 


(  4o  ) 

et  la  valeur  du  minimum  (en  centièmes)  de  la  lumière  transmise,  on  ar- 
rive aux  résultats  suivants  : 


Minim 

un. 

Minim 

um. 

Lumière 

Lumière 

Dissolvant. 

Position. 

transmise. 

Dissolvant. 

Position. 

transmise 

I. 

X  =0^,510 

5o5 
.'jo3 

25 

'9 

'7 

IV. 
V. 

Chloroforme 

Bromure  d'éthyle  . 

À  =  oH-,520 

5oo 
5  00 

26 

Toluène 

25 

27 

IL 

Bromure  d'éthjle  . 

5  oo 

27 

Bromure  d'amyle  . 

5oo 

26 

lodure  d'éthyle  . . . 

486 

18 

VI. 

lodure  de  méthyle. 

5  00 

'9 

II. 

Chlorure  d'amyle  . 

5io 

3o 

lodure  d'éthyle  .  .  . 

486 

18 

Bromure  d'amyle. . 

5oo 

26 

lodure  d'amyle  .  .  . 

48o 

'7 

lodure  d'amyle  . . . 

48o 

•7 

»  Pour  le  septième  groupe,  le  premier  Tableau  donne  les  résultats  ob- 
tenus en  dissolvant  directement  dans  l'alcool  7mgr  d'iode  par  icc  et  mélan- 
geant un  o,o5  de  cette  solution  aux  alcools  méthyliques,  éthyliques  et  à  un 
alcool  amylique  de  fermentation.  L'examen  spectrophotométrique  de  la 
lumière  transmise  montre  que  les  courbes  des  spectres  d'absorption  s'in- 
fléchissent assez  régulièrement  du  côté  du  violet  sans  permettre  de  distin- 
guer un  minimum  d'absorption  dans  la  partie  du  spectre  où  l'on  peut  faire 
des  mesures;  mais,  pour  une  longueur  d'onde  déterminée,  on  voit  que 
l'absorption  croît  en  passant  d'un  alcool  au  suivant. 

«  Enrésumé,  pour  les  corps  homologues  ou  pour  les  composés  d'un  même 
radical  servant  de  dissolvant  à  l'iode  et  soumis  à  l'expérience,  on  constate 
que,  lorsque  le  poids  moléculaire  augmente  :  i°  la  bande  d'absorption 
s'avance  très  légèrement  vers  le  violet  du  spectre;  20  le  minimum  de  lu- 
mière transmise  diminue.  » 


PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Influence  delà  trempe  sur  la  résistance  électrique 
de  l'acier.  Note  de  M.  H.  Le  Chatelier,  présentée  par  M.  Daubrée. 

«  La  trempe  de  l'acier  est  connue  depuis  les  périodes  les  plus  reculées 
des  temps  historiques  :  elle  a  joué  un  rôle  particulièrement  important  dans 
les  progrès  métallurgiques  de  ces  vingt  dernières  années,  etpourtant  l'étude 
de  ce  phénomène  est  encore  très  peu  avancée.  On  ne  doit  pas  en  être  sur- 
pris quand  on  songe  à  la  complexité  inévitable  de  toutes  les  questions 
relatives  aux  propriétés  mécaniques  des  corps.  Celles-ci,  en  effet,  à  l'en- 


(  4i  ) 

contre  des  propriétés  physiques,  ne  sont  pas  déterminées  lorsque  Pétat 
chimique  du  corps  (composition,  état  moléculaire)  et  les  tensions  d'énergie 
(pression,  température)  sont  définies.  Une  barre  métallique  coupée  en 
morceaux  dont  les  tronçons  ont  été  rapprochés  conserve  une  densité,  une 
conductibilité  électrique  invariables,  tandis  que  la  ténacité,  la  limite  élas- 
tique tombent  à  zéro.  Sans  envisager  ce  cas  extrême,  tous  les  corps  sont 
formés  d'agrégats  de  cristaux  dont,  la  forme,  la  dimension,  l'orientation 
peuvent  varier  à  l'infini.  Ces  changements  de  structure  interne  qui  se  ma- 
nifestent dans  les  métaux  par  un  aspect  particulier,  le  grain  de  la  cassure, 
entraînent  des  variations  considérables  des  propriétés  mécaniques. 

»  La  trempe  agit  sur  l'acier  en  modifiant  à  la  fois  son  état  chimique  el 
sa  structure  interne.  Il  est  important  d'isoler  la  part  qui  revient  à  chacun 
de  ces  deux  ordres  de  phénomènes.  Cette  question  a  été  l'objet  d'études 
antérieures  de  M.  Osmond,  qui  a  mis  à  profit  les  variations  de  propriétés 
du  carbone  pour  caractériser  l'état  chimique  du  métal.  Il  semble  possible 
d'arriver  dans  la  même  voie  à  des  résultats  plus  précis  par  l'étude  d'une 
propriété  physique  du  métal  qui  se  prête  à  des  mesures  rigoureuses  :  la 
résistance  électrique. 

»  Les  expériences  ont  été  faites  sur  des  fils  de  2mm  de  diamètre  et  ioomm 
de  longueur.  Le  Tableau  suivant  donne  la  résistance  en  ohms  du  métal 
rapportée  à    ilu  de  longueur  et  imui  de  diamètre,  ainsi  que  la  teneur  en 


cai 


bone. 


Résistance oto  .  i  ■  i  o"\  >..">  o<",?.-;  ow,22 

Carbone ow,o85  ou,485  o-  ,67  o"',83 

»  Influence  de  la  température  initiale  du  chauffage.  —  L'accroissement  de 
résistance  électrique  du  métal  trempé  ne  se  produit  qu'à  partir  d'une 
certaine  température  de  chauffage  bien  définie;  il  est  brusque  et  n'aug- 
mente pas  par  une  élévation  plus  forte  de  la  température.  Le  point  de 
trempe  ainsi  défini  est  un  peu  différent  suivant  que  l'on  procède  par  échauf- 
fement  ou  refroidissement,  en  raison  du  retard  connu  des  transformations 
moléculaires  (surchauffe,  surfusion,  sursaturation).  Le  Tableau  suivant 
donne  la  moyenne  des  températures  de  trempe  obtenues  par  réchauffe- 
ment et  refroidissement,  ainsi  que  la  résistance  exprimée  en  (onction  de 
sa  valeur  initiale  avant  trempe  : 

Température...        7Jo°  74.V'  725°  7  3  r>  • 

Résistances....      i,i3  1,18  1 ,55  1,60 

G.  R..  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXH,  N"  1.)  0 


(    42    ) 

Dans  ces  expériences,  la  fragilité  s'est  développée  en  même  temps  que 
l'accroissement  de  résistance  électrique.  La  température  de  trempe  de 
l'acier  est  donc  bien  celle  de  la  transformation  du  carbone  (7300).  Ces 
résultats  confirment  les  théories  de  la  trempe  formulées  par  M.  Osmond  sur 
ce  point  capital  que  la  trempe,  dite  positive,  c'est-à-dire  accompagnée  de 
fragilité,  a  pour  effet  de  conserver  à  la  température  ordinaire  l'état  molé- 
culaire du  fer  carburé,  qui  normalement  n'est  stable  qu'au-dessus  de  73o°. 
Ils  les  infirmeraient  au  contraire  sur  ce  point  secondaire  que  la  trempe 
maintiendrait  une  partie  du  fer  à  l'état  {3,  c'est-à-dire  à  l'état  moléculaire 
stable  au-dessus  de  85o°.  S'il  en  était  ainsi,  la  trempe  devrait  donner  des 
résultats  différents  au-dessus  ou  au-dessous  de  85o°,  ce  qui  n'a  pas  lieu. 
En  outre,  les  propriétés  magnétiques  devraient  être  altérées  par  la  trempe  ; 
le  ferro-nickel  et  l'acier-manganèse  clans  lesquels  l'existence  du  fer  p 
semble  incontestable  ne  sont  nullement  magnétiques  à  froid,  comme  cela 
a  lieu  pour  le  fer  et  l'acier  ordinaires  chauffés  au-dessus  de  85o°. 

»  Ces  expériences  montrent  encore  que  dans  les  aciers  doux  la  trempe, 
bien  que  ne  produisant  pas  la  fragilité,  empêche  la  transformation  du  car- 
bone aussi  complètement  que  dans  les  aciers  durs. 

»  Recuit  de  l'acier.  —  Lorsque  l'on  réchauffe  l'acier,  la  résistance  élec- 
trique décroît  d'une  quantité  d'autant  plus  considérable  que  cette  tempé- 
rature est  plus  élevée  et  son  action  plus  prolongée.  Il  semble  à  chaque 
température  exister  un  état  limite  qui  ne  serait  atteint  qu'au  bout  d'un 
temps  infini;  mais,  pratiquement,  la  majeure  partie  du  recuit  se  produit 
au  bout  d'un  temps  très  court.  Le  Tableau  suivant  donne  la  résistance  de 
l'acier  n°  3  trempé  dans  de  l'eau  à  io°  et  recuit  pendant  une  minute  à  des 
températures  croissantes  : 

Températures io°  120"         200°         3io°         385°         45o°         55o° 

Résistances i,55         i,47         I>29         i,i5         1,10         ',07         i,o4 

»  Influence  de  la  température  du  bain  de  trempe.  —  Les  résultats  obtenus 
en  trempant  l'acier  dans  des  bains  à  température  croissante  ont  été,  au 
point  de  vue  de  la  résistance  électrique,  analogues  à  ceux  que  l'on  obtient 
en  trempant  à  basse  température  et  recuisant  à  la  température  du  bain. 
En  suivant  la  variation  de  résistance  électrique  pendant  la  trempe,  on 
constate  que  l'équilibre  de  température  s'établit  très  rapidement,  en  quel- 
ques secondes,  pour  les  fils  expérimentés  de  2mm  de  diamètre.  Puis  l'état 
du  fil  reste  stationnaire  pendant  un  temps  qui  varie  de  quelques  secondes 
à  plusieurs  minutes,    suivant  la  température  et  la  nature   de  l'acier;  le 


(43  ) 

métal  est  complètement  trempé.  Enfin  le  recuit  commence  brusquement 
et  continue  avec  une  vitesse  qui  décroît  rapidement.  Le  phénomène  est 
analogue  à  la  congélation  de  l'eau  amenée  en  surfusion  par  un  refroidis- 
sement rapide.  Le  même  retard  à  la  transformation  ne  s'observe  pas  dans 
le  recuit  ordinaire  par  rechauffage. 

»  Les  résultats  résumés  dans  le  Tableau  suivant  ont  été  obtenus  en 
trempant  l'acier  chauffé  entre  8oo°  et  9000  dans  des  bains  de  température 
variable,  le  maintenant  une  minute  dans  le  bain,  puis  le  mettant  à  l'air 
pour  terminer  son  refroidissement. 

Eau  froide,  mercure;  )  .,  ,  ._  „ 

.,  .,  •    .       ,    i,i3  1,18  i,5o  1,60 

mélange  réfrigérant  ) 

Eau  bouillante 1,06  1.09  1,09  et  1, 55  I1O9 

Azotates  alcalins  à  25o° 1  ,oS  1,1 5  1 , 55  i,4o 

»  35o° 1 ,02  1 ,07         1 ,02  et  1 ,55  1,17 

»  .)j°" 1,03  1,01  1,01  1 ,09 

/ 

«  L'acier  n°  3  a  donné,  dans  certains  cas,  des  résultats  discordants,  en 
raison  du  retard  au  recuit  signalé  plus  haut,  dont  la  durée  a  varié  d'une 
expérience  à  l'autre. 

»  L'effet  de  la  trempe  à  l'eau  bouillante  est  presque  nul.  Le  refroidis- 
sement est  assez  lent  pour  permettre  la  production  du  phénomène  de 
récalescence. 

»  Cette  première  série  d'expériences  montre  que  la  mesure  des  résis- 
tances électriques  permet  de  reconnaître  l'état  du  carbone  dans  le  fer  et 
même  de  doser,  en  quelque  sorte,  la  proportion  transformée  dans  les 
aciers  trempés.  Cette  méthode  sera  mise  à  profit  dans  des  recherches  ulté- 
rieures sur  les  propriétés  mécaniques  des  aciers.   » 


MÉCANIQUE  CHIMIQUE.  —  Influence  du  covolume  des  gaz  sur  la  vitesse 
de  propagation  des  phénomènes  explosifs;  par  M.  Vieille. 

«  La  notion  du  covolume  a  été  introduite  par  M.  Sarrau  dans  l'étude 
des  phénomènes  explosifs  et  elle  a  été  appliquée  par  MAL  Mallard  et  Le 
Chatelier  à  la  détermination  des  températures  de  réaction  et  de  la  loi  de 
variation  des  chaleurs  spécifiques  des  gaz.  Elle  joue  un  rôle  important 
dans  les  phénomènes  de  propagation  dont  les  produits  de  la  décomposition 
des  explosifs  sont  le  siège. 

»   La  vitesse  de  propagation,  dans  un  fluide  quelconque,  d'un  ébranle- 


(  44) 

meut  assez  petit  pour  qu'on  puisse  négliger  le  carré  des  dilatations,  est 
donnée  rigoureusement  par  la  formule  connue  V  =  4/  — dans  laquelle 
E  représente  l'élasticité  à  température  constante  du  milieu,  c'est-à-dire 
le  rapport  v  -~  de  l'accroissement  infiniment  petit  de  pression  à  l'accrois- 
sement relatif  de  volume  dans  une  transformation  isotherme,  p  la  densité 
du  milieu  et  y  le  rapport  de  ses  chaleurs  spécifiques  à  pression  constante 
et  à  volume  constant. 

»  Pour  les  gaz  à  grande  densité  et  à  haute  température  qui  résultent  de 
la  décomposition  des  explosifs  dans  les  conditions  ordinaires  de  leur  em- 
ploi, l'élasticité  cesse  d'être  proportionnelle  à  la  densité  ou  au  poids 
spécifique  A,  comme  cela  a  lieu  pour  les  gaz  parfaits.  On  tire,  en  effet,  de 

la  relation  p  =  — >  à  laquelle  se  réduit  la  formule  de  Clausius  pour  les 

fluides  à  haute  tempéralure, 

L-A7/A   -(,-«A)*' 

relation  qui  montre  que  E  croît  beaucoup  plus  rapidement  que  le  poids 
spécifique  du  milieu  A,  lorsque  ce  poids  spécifique  se  rapproche  de  l'in- 
verse du  covolume  oc. 

»  Il  en  résulte  que  la  vitesse  de  propagation  d'un  ébranlement  très 
petit,  telle  que  la  vitesse  du  son  dans  un  fluide  à  haute  température, 
croît  elle-même  rapidement  avec  la  condensation  gazeuse,  de  façon  à  dé- 
passer toute  limite  pour  des  valeurs  du  poids  spécifique  voisines  de  l'in- 
verse du  covolume.. 

»  Il  est  facile  de  reconnaître  que,  pour  la  plupart  des  matières  explo- 
sives puissantes,  cette  densité  limite  est  inférieure  ou  au  plus  égale  à  celle 
de  la  matière  explosive  elle-même,  et  que,  par  suite,  si  la  décomposition  de 
la  matière  s'opérait  sous  son  propre  volume,  la  vitesse  de  propagation 
dans  ce  milieu  pourrait  dépasser  toute  grandeur  imaginable.  Dans  de  telles 
matières,  les  phénomènes  seront  dès  lors  très  différents  de  ceux  qui  se 
développent  dans  les  mélanges  gazeux  explosifs  proprement  dits.  Pour  le 
coton-poudre,  par  exemple,  la  valeur  du  covolume  relative  à  l'unité  de 
poids  de  la  substance  est  voisine  de  l'unité  :  MM.  Mallard  et  Le  Chatelier 
ont  donné  le  chiffre  de  o,  87  qu'ils  ont  déduit  de  la  connaissance  des  co- 
volumes  des  divers  produits  de  la  décomposition,  et  que  M.  Sarrau  a  lui- 
même  calculés  d'après  les  expériences  de  compressibilité  de  M.  Amagat. 


(  45  ) 

»  La  mesure  directe  des  pressions  développées  en  vase  clos  par  le  coton- 
poudre  conduit  à  un  nombre  un  peu  supérieur  et  très  voisin  de  l'unité.  Il 
en  résulte  que  pour  des  densités  des  produits  de  la  combustion  comprises 
entre  i  et  i,i5,  la  vitesse  de  propagation  dépasserait  toute  grandeur  assi- 
gnable. Cette  vitesse  calculée,  qui  est  de  1 27  im  par  seconde  pour  une  den- 
sité de  0,1,  atteindrait  5700™  pour  la  densité  de  o,  8  et  1  i^oo™  pour  la  den- 
sité de  0,9. 

»  Ces  densités  sont  inférieures  à  celle  du  coton-poudre  comprimé  utilisé 
dans  les  usages  militaires,  qui  varie  de  1,00  à  1,20. 

«  On  est  naturellement  conduit  à  rapprocher  ces  nombres  des  vitesses 
énormes  de  propagation  de  l'onde  explosive  dans  !e  coton-poudre,  vitesses 
atteignant  jusqu'à  yooo"1  et  qui  ont  été  signalées  par  M.  Berthelot 
comme  résultant  des  expériences  exécutées  tant  en  France  qu'à  l'Etranger. 

»  Quelle  que  soit  l'idée  qu'on  se  fasse  du  mécanisme  intime  de  la 
propagation  de  l'explosion  d'une  tranche  à  la  tranche  voisine,  que  cette 
propagation  résulte  d'une  compression  brusque  ou  d'une  vitesse  d'écoule- 
ment des  produilsgazeu-v  à  haute  température  dans  la  portion  fie  l'explosif 
qui  n'a  pas  encore  subi  la  transformation,  il  est  évident  que  la  vitesse  de 
propagation  d'un  ébranlement  joue  un  rôle  essentiel  dans  le  phénomène. 

»  Toutes  les  formules  relatives  à  l'écouhment  permanent  des  fluides 
contiennent,  en  effet,  comme  facteur  cette  vitesse  de  propagation  :  elle 
figure  de  mémo  dans  la  valeur  limite  obtenue  par  M.  Hugoniot  pour  la 
vitesse  d'écoulement  en  régime  variable  d'une  masse  gazeuse  indéfinie. 

»  Nous  sommes  donc  amené  à  penser  que,  si  la  densité  des  produits  de 
la  décomposition  d'un  explosif,  tel  que  le  coton-poudre,  atteignait  la  den- 
sité de  l'explosif  qui  leur  a  donné  naissance,  la  vitesse  de  propagation  de 
l'explosion  atteindrait,  non  seulement  les  valeurs  considérables  déjà  signa- 
lées, mais  des  valeurs  croissant  au  delà  de  toute  limite.  Il  est  facile  de  com- 
prendre que  ce  cas  extrême  ne  saurait  être  atteint,  parce  que  les  densités 
qui  assurent  ces  vitesses  de  propagation  indéfiniment  croissantes  déter- 
minent également  des  pressions  indéfiniment  croissantes,  que  la  résis- 
tance des  enveloppes  ne  permet  pas  de  réaliser.    » 


(46) 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Sur  les  conductibilités  des  acides  organiques  isomères 
et  de  leurs  sels.  Note  de  M.  Daxiel  Berthelot,  présentée  par  M.  Lipp- 
mann. 

«.  Dans  l'étude  des  problèmes  de  Dynamique  chimique,  l'une  des  mé- 
thodes les  plus  décisives  consiste  à  comparer  les  corps  isomères,  c'est- 
à-dire  formés  par  les  mêmes  éléments,  avec  des  poids  moléculaires  iden- 
tiques. 

»  J'ai  opéré  sur  des  acides  à  fonction  simple,  tels  que  les  acides  ma- 
léique  et  fumarique  d'une  part;  itaconique,  mésaconique  et  citraconiquc 
d'autre  part;  sur  des  acides  à  fonction  complexe  présentant  les  trois  cas 
d'isomérie  ortho,  meta  et  para  caractéristiques  de  la  série  benzénique,  et 
sur  des  acides  présentant  le  type  de  l'isomérie  symétrique,  les  acides  tar- 
triques.  J'ai  étudié  les  conductibilités  des  mélanges  formés  avec  la  potasse 
soit  dans  le  rapport  exact  de  la  neutralité,  soit  avec  un  excès  d'acide,  soit 
avec  un  excès  de  base  et  j'ai  fait  varier  pour  les  cas  fondamentaux  les 
proportions  du  dissolvant. 

»  Je  donnerai  ici  les  conductibilités  obtenues  à  170  avec  des  acides  de 
même  concentration  (0,01  équivalent  par  litre,  sauf  les  acides  tartriques 
qui  sont  à  0,02  équivalents),  la  potasse  étant  aussi  à  0,01  équivalent. 


Nomb 

re  relatif 

d'équ 

ivalenls 
de  potasse. 

Acides 

oxybenzoïques 

Acide: 
ortho. 

s  amidoben: 
para. 

wïques 

d'acide. 

ortho. 

meta.          para. 

meta. 

I  ,00 

0,00 

0,701 

o,252        o,i43 

0,069 

0,070 

0,078 

0,75 

0,25 

o,48i^ 

o,233        0,19.5 

0,189 

0,191 

0>l99 

0,66 

0,33 

0,420 

0,268        o,245 

0,246 

0,246 

0,256 

+-  o,5o 

o,5o 

0,367 

0,359      o,35i 

0 ,  36 1 

0, 36o 

0,362  +  sels  neutres 

o,33 

0,66 

o,794 

o,566       0,542 

0,788 

0,792 

0,786 

o,25 

0,75 

i,o4o 

o,83o       0,787 

I  ,025 

1  ,o3i 

1,027 

0,20 

0,80 

» 

i,oi3       0,993 

» 

» 

» 

0,00 

t  ,00 

1,780 

»               » 

» 

« 

» 

Acides 

A 

,cides 

Acide 

).  Potasse. 

.    fumarique.         it 

(ïoô  niol. 

maléique 

aconique.      mésaconique. 

citraconique. 

1  ,00 

0,00 

I  ,025 

0,482 

O, 

2l3 

0 

-117 

0,767 

0,75 

0,25 

0,355 

o,3oo 

O 

,210 

0 

,266 

0,349 

0,66 

o,33 

0,274 

o,3o6 

O 

,  260 

0 

>277 

0,262 

-t-  o,5o 

o,5o 

0,440 

0,439 

O 

,423 

0 

,425 

0,424  -t-  sels  neutres 

o,33 

0,66 

o,852 

o,85i 

0. 

829 

0 

,833 

0,832 

0,25 

0,75 

1,071 

1,068 

I: 

,I98 

» 

1 ,200 

(47  ) 

Arides 


Acide 

(-riômo1-)- 

Potasse. 

tartrique  droit. 

r lique. 

inactif. 

i  ,00 

0,00 

0,74. 

0,74o 

0,587 

0,76 

o,25 

0,493 

» 

» 

0,66 

o,33 

o,446 

0,445 

o,255 

o,5o 

o,5o 

0,428 

<  • . 43 1 

0,392 

-+-  0,33 

0,66 

1  ■ ,  566 

o,565 

0,566+ sels  neutres 

0,25 

0,75 

0,816 

0,816 

0,817 

0,20 

0,80 

1  , 0  r  0 

1,00  4 

1 ,006 

«  De  ces  nombres  se  dégage  une  première  loi  indépendante  de  tout  cal- 
cul et  de  toute  hypothèse. 

»  i°  Les  conductibilités  des  acides  isomères  libres  étant  en  général  diffé- 
rentes, les  conductibilités  des  sels  neutres  sont  les  mêmes  pour  les  sels  des 
acides  à  fonction  simple,  tels  que  les  maléate  et  fumarate;  les  itaconate, 
mésaconate  et  citraconate.  Elles  sont  également  les  mômes  pour  les  divers 
tartrates,  symétriques  ou  non,  pour  les  trois  amidobenzoates.  Enfin,  elles 
sont  très  voisines  pour  les  trois  oxybenzoates.  Il  y  a  donc  là  une  relation 
fondamentale  sur  laquelle  j'appelle  l'attention. 

»  20  L'acide  tartrique  droit  et  l'acide  racémique  ont  des  conductibilités 
identiques.  L'acide  gauche  étant,  comme  on  sait,  identique  au  droit  pour 
toutes  les  propriétés  non  dyssvmétriques,  le  résultat  observé  sur  l'acide  ra- 
cémique fournit  une  nouvelle  preuve  de  la  dissociation  de  ce  dernier  dans 
ses  dissolutions,  conformément  à  ce  qu'a  montré  la  Thermochimie.  L'acide 
inactif  par  nature  a  une  conductibilité  très  différente  à  l'état  libre. 

»  3°  Si  l'on  ajoute  au  sel  neutre  un  excès  d'alcali,  l'égalité  subsiste 
pour  les  sels  des  acides  isomères  à  fonction  simple,  tels  que  les  maléate  et 
fumarate,  et  les  trois  isomères  de  l'itaconate,  ainsi  que  pour  les  sels  des 
acides  amidobenzoïques  et  tartriques  :  ce  qui  paraît  indiquer  que  les  fonc- 
tions alcooliques  de  ces  derniers  cessent  de  s'exercer  dans  les  liqueurs  très 
étendues,  conformément  à  ce  que  montre  aussi  la  Thermochimie. 

»  4°  Au  contraire,  les  acides  à  fonction  phènolique  donnent  des  sels 
neutres  dont  les  conductibilités  sont  seulement  voisines,  comme  il  a  été 
dit,  et  elles  recommencent  à  varier  si  l'on  y  ajoute  un  excès  d'alcali.  Le 
calcul  montre  que  l'acide  ortho  ne  contracte  pas  de  combinaison  stable 
plus  avancée  dans  des  solutions  étendues,  tandis  que  les  acides  para  et 
meta  fournissent,  au  contraire,  des  sels  polybasiques.  Ces  phénomènes 
sont  dus  à  la  persistance  de  la  fonction  phénol  des  deux  derniers  acides, 
persistance  établie  également  par  les  mesures  thermochimiques. 

»    Si  l'on  ajoute,  au  contraire,  à   un  sel  neutre  des  excès  croissants  de 


(  48  ) 

l'acide  qui  l'a  formé,  on  constate  les  faits  suivants,  qui  s'appliquent  d'ail- 
leurs non  seulement  aux  isomères  auxquels  je  me  limite  aujourd'hui,  mais 
aux  nombreux  acides  organiques  que  j'ai  examinés. 

»  5°  Dans  le  cas  des  acides  monobasiques,  les  liqueurs  peuvent  être  envi- 
sagées comme  de  simples  mélanges  d'acide  et  de  sel  neutre.  J'y  reviendrai  ; 
je  dirai  seulement  ici  qu'il  en  est  ainsi  pour  les  acides  oxybenzoïques.  Les 
conductibilités  calculées  d'après  la  règle  donnée  par  M.  Arrhemus  poul- 
ies liqueurs  qu'il  nomme  isohydriques ,  et  d'après  mes  expériences  spé- 
ciales sur  la  dilution  progressive  des  acides  (')  et  de  leurs  sels,  coïn- 
cident rigoureusement  avec  les  conductibilités  observées. 

»  Elles  en  diffèrent,  au  contraire,  dans  le  cas  des  acides  bibasiqu.es  et 
polybasiques,  en  raison  de  l'existence  dans  les  liqueurs  de  sels  acides  par- 
tiellement dissocies. 

»  6°  Cette  dissociation  inégale  des  sels  acides  permet  d'établir  de  nou- 
velles distinctions  entre  les  acides  isomères,  tels  que  l'acide  tartrique, 
inactif  par  nature,  et  les  trois  autres  acides  tartriques;  l'acide  maléique  et 
l'acide  fumarique;  l'acide  citraconique  et  l'acide  mésaconique,  etc. 

»  70  Les  proportions  de  sel  acide  sont  presque  identiques  pour  les 
acides  citraconique  et  maléique  d'une  part,  mésaconique  et  fumarique 
d'autre  part.  Ce  parallélisme  s'accorde  avec  les  formules  de  constitution. 

»  8°  Une  série  de  mesures  ont  eu  pour  objet  de  rechercher  l'influence 
de  la  fonction  alcaline  simultanée  des  acides  amidobenzoïques.  En  les  mé- 
langeant à  l'acide  chlorhydrique,  on  voit  que  ce  dernier  se  combine  dans 
les  dissolutions  à  doses  très  inégales  aux  trois  isomères.  Les  conductibi- 
lités des  mélanges  à  équivalents  égaux,  dans  des  conditions  de  dilution 
pareille,  sont,  par  exemple,  0,692,  o,o,Zp,  1,074»  résultat  d'autant  plus 
frappant  que  les  trois  acides  libres  ont  à  peu  près  la  même  conductibilité. 
La  fonction  alcaline  parait  donc  plus  énergique  chez  l'acide  meta  que  chez 
l'acide  para,  et  chez  ce  dernier  que  chez  l'acide  ortho.    » 


(*)  M.  Ostwald  a  publié  des  mesures  de  conductibilités  sur  un  grand  nombre 
d'acides  organiques  libres.  Ces  mesures  concordent  en  général  avec  les  miennes  poul- 
ies corps  qu'il  a  examinés. 


(  49  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  trithiënyle.  Note  de  M.  Adolphe  Resard. 

«  Ce  corps  s'obtient  en  faisant  passer  un  mélange  de  vapeurs  de  soufre 
et  de  benzine  flans  un  tube  chauffé  au  rouge  vif;  au  rouge  sombre,  la  réac- 
tion n'a  pas  lieu.  L'appareil  employé  est  celui  que  j'ai  déjà  décrit  pour 
l'étude  de  l'action  du  soufre  sur  le  toluène  (').  Pendant  l'opération,  il  se 
dégage  de  l'hydrogène  sulfuré,  mélangé  de  vapeurs  de  sulfure  de  carbone, 
et  l'on  recueille  dans  le  récipient  une  masse  solide,  formée  presque  unique- 
ment de  soufre  ayant  échappé  à  la  réaction,  et  un  liquide  brunâtre  cpii, 
soumis  à  la  distillation,  abandonne  d'abord  une  forte  proportion  de  ben- 
zine inaltérée,  puis  un  produit  jaune  qui  bientôt  se  solidifie.  Ce  produit 
dissous  dans  l'alcool  bouillant  laisse  déposer  par  le  refroidissement  le  tri- 
thiényle, qu'on  purifie  par  quelques  cristallisations  dans  l'alcool.  Quant  aux 
eaux-mères,  elles  renferment  en  dissolution  un  nouveau  dérivé  du  thio- 
phène  sur  lequel  je  me  propose  de  revenir  prochainement. 

»  Le  trithiényle  se  présente  sous  forme  d'aiguilles  jaunâtres,  fusibles  à 
1/17°  en  un  liquide  jaune.  Il  bout  à  357°.  Il  est  assez  soluble  dans  la  ben- 
zine, l'éther,  le  chloroforme;  moins  soluble  dans  l'alcool,  l'acide  acétique 
et  l'essence  de  pétrole.  L'acide  sulfurique  le  colore  à  froid,  en  rose;  à  chaud, 
il  le  dissout  en  donnant  une  liqueur  d'abord  violette,  puis  bleue;  par  ad- 
dition d'eau,  cette  liqueur  se  décolore,  et  le  trithiényle  inaltéré  se  pré- 
cipite. 

»   Les  résultats  de  son  analyse  concordent  avec  la  formule 

C'H3S-C/H2S-C*H:,S. 

»  Sa  densité  de  vapeur,  déterminée  par  la  méthode  de  Meyer  à  la  tempé- 
rature d'ébullition  du  soufre,  a  été  trouvée  égale  à  8, G  (théorie  8,G8). 

»  Le  permanganate  de  potasse,  en  solution  neutre  ou  alcaline,  est  sans 
action  sur  lui,  même  à  l'ébullition.  L'acide  nitrique  ordinaire  ne  l'attaque 
pas;  l'acide  nitrique  fumant  à  i5o°-i6o°  le  transforme  en  un  composé 
C'2H8S20',  que  l'on  obtient  également  par  l'action  de  l'acide  chromique 
sur  sa  solution  acétique  bouillante.  Le  brome  et  l'acide  sulfurique  forment 
avec  lui  des  produits  d'addition  et  de  substitution. 


(')   Comptes  rendus,  4  novembre  1889,  p.  669. 
C.  R.,  i8yi,  1"  Semestre.  (T.  CMI,  N"  1.) 


(  5o) 

»  Vhexabromure  de  trithiényle  Cl2H8S3Br6  s'obtient  par  l'action  directe  du 
brome  sur  le  trithiényle  ou  sa  solution  sulfocarbonique.  Il  se  présente  sous  forme 
d'une  poudre  noire  amorphe,  très  peu  stable,  qui,  exposée  à  l'air,  perd  peu  à  peu  sa 
couleur  noire  en  dégageant  du  brome  et  laissantcomme  résidu  du  trithiényle  inaltéré. 
L'alcool,  l'éther,  la  benzine  le  décolorent  instantanément  à  froid. 

»  Le  trithiényle  tribromé  C12H3Br;iS3  s'obtient  en  chauffant  pendant  plusieurs 
heures  au  bain-marie  une  solution  acétique  de  trithiényle  avec  un  excès  de  brome. 
Par  le  refroidissement,  le  trithiényle  tribromé  se  dépose;  on  le  lave  à  l'acide  acétique 
et  on  le  fait  cristalliser  dans  la  benzine.  Il  se  présente  sous  forme  de  fines  aiguilles 
feutrées,  fusibles  à  2820,  assez  solubles,  surtout  à  chaud,  dans  la  benzine,  le  sulfure  de 
carbone,  le  chloroforme,  peu  solubles  dans  l'acide  acétique,  insolubles  dans  l'alcool  et 
l'éther. 

»  L'acide  trithiényle-trisulfonique  C12H5(S03  H  )3S3  se  prépare  en  chauffant  à  1 15°- 
1200  du  trithiényle  avec  de  l'acide  sulfurique  fumant.  Son  sel  de  calcium 

[C12H5(S03)3S3]2Ca3 

est  incristallisable  et  se  présente  sous  forme  d'une  poudre  brune  très  soluble  dans 
l'eau. 

»  Le  composé  C1!H8S20*  s'obtient  en  chauffant  pendant  deux  heures,  en  tubes 
scellés,  à  i5o°-i6o°,  du  trithiényle  avec  de  l'acide  nitrique  fumant;  on  précipite  par 
l'eau  et  l'on  fait  cristalliser  dans  l'acide  acétique  bouillant.  On  l'obtient  également  en 
faisant  bouillir  une  solution  acétique  de  trithiényle  avec  de  l'acide  chromique  en  excès; 
après  deux  heures  d'ébullition,  on  verse  la  liqueur  dans  de  l'eau  et  l'on  recueille  le 
précipité,  que  l'on  purifie,  comme  précédemment,  par  cristallisation  dans  l'acide  acé- 
tique. Il  se  présente  sous  forme  de  paillettes  blanches,  fusibles  à  3i2°-3i3°.  A  4oo°,  il 
n'entre  pas  encore  en  ébullition.  Il  est  insoluble  dans  l'éther,  le  sulfure  de  carbone, 
l'essence  de  pétrole,  très  peu  soluble  dans  la  benzine  et  le  chloroforme,  un  peu  soluble, 
surtout  à  chaud,  dans  l'acide  acétique  et  l'alcool.  L'acide  nitrique  le  dissout  facile- 
ment ;  l'acide  sulfurique  à  ioo°  le  dissout  en  donnant  une  liqueur  incolore.  Les  alcalis 
aqueux  sont  sans  action  sur  lui.  Il  ne  donne  pas  de  coloration  caractéristique  avec 
l'acide  sulfurique  et  l'isatine  ou  le  phénanthrène-quinone. 

»   Sa  formule  peut  être  représentée  de  la  façon  suivante  : 

C4IPS-0-C4H2(02)-0-C4H3S.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  benzylate  de  soude  sur  le  camphre  cyané. 
Note  de  M.  J.  Mixguin,  présentée  par  M.  Friedel. 

«  Dans  une  Communication  à  l'Académie  (')  M.  Haller  a  montré  que 
l'alcool  éthylique   et   l'alcool   méthylique   se   soudent    intégralement  au 


(')  Comptes  rendus,  t.  CIX,  p.  28  et  68. 


(5i  ) 

camphre  cyané,  quand  on  traite  ce  corps  par  l'éthylate  ou  le  méthylate  de 
sodium, 

CHGAz  CH2CAz 

CRH,4(  +  C2H80  =  C8H'\ 

CO  xC02C2H5 

»  J'ai  essavé  de  répéter  l'expérience  avec  un  alcool  aromatique  et  j'ai 
pris  à  cet  effet  le  benzvlate  de  sodium. 

h  J'ai  chauffé  en  tubes  scellés  à  2000  pendant  vingt-quatre  heures  io61, 
de  camphre  cyané  avec  2.5CC  à  3occ  d'alcool  benzylique  tenant  en  dissolu- 
tion ogr,  5o  de  sodium.  On  peut  d'ailleurs  varier  les  proportions. 

»  En  ouvrant  les  tubes  on  ne  constate  pas  dépression.  Le  produit  de  la 
réaction  est  traité  par  l'eau,  la  masse  est  reprise  par  l'éther;  cette  solution 
éthérée  est  lavée  plusieurs  fois  avec  de  la  potasse,  desséchée  sur  du 
chlorure  de  calcium  et  finalement  distillée.  Il  reste  dans  le  ballon  un  pro- 
duit qui  se  solidifie  par  le  refroidissement.  On  le  purifie  par  des  cristalli- 
sations dans  l'éther  ou  mieux  dans  le  toluène.  Le  rendement  en  produit 
pur  a  été  de  3oR1*  pour  5oB''  de  camphre  cyané  employé. 

»  C'est  un  corps  solide  cristallisé  en  belles  lames  transparentes.  Il  fond 
à70°-7i°.  La  benzine,  le  toluène,  le  xylène  le  dissolvent  facilement  même 
à  froid.  Il  est  moins  soluble  dans  l'éther,  les  alcools  méthylique,  éthylique 
et  propvlique.  Le  pouvoir  rotatoire  pris  dans  le  toluène  est  a,,  =  -t-  'p°,8. 
L'analyse  de  ce  corps  a  montré  qu'il  répond  à  la  formule  brute  C18  H2302Az. 

CH2CAz 
On  peut  lui  attribuer  la  formule  de  constitution  C8H'  '  .  Sapo- 

Nco2c;ir 

iiilié  par  la  potasse  aqueuse  ou  l'acide  chlorhydrique  concentré,  il  donne 

CrPCOOH 
l'acide  hvdroxvcamphocarbonique  C8  H'*^ 

COOH 

CH2CAz 
»   Acide  C8H'*  .  —  Les  eaux  de  lavage  provenant  de  la  prépa- 

XCOOH 
ration  du  corps  précédent  précipitent  par  un  acide.  Ce  précipité,  repris 
par  l'éther  et  mis  à  cristalliser,  donne  des  cristaux  d'une  grande  netteté  et 
atteignant  parfois  icm  de  côté.  Cet  acide  fond  à  1640;  il  est  assez  soluble 
dans  l'éther  et  dans  l'alcool.  Son  pouvoir  rotatoire  moléculaire  dans  l'al- 
cool est  aD  =  +  64°,6i.  Il  répond  à  la  formule  brute  C"irT02Az.  Sapo- 
nifié par  la  potasse  aqueuse,  il  donne  de  l'acide  hydroxycamphocarbonique 


(  5a  ) 
avec  dégagement  d'ammoniaque.  On  peut  lui  assigner  la  formule  de  con- 

CIPCAz 
stitutionC8H,\ 

XCOOH 
»   Le  composé  qu'on  a  vu  plus  haut  peut  être  regardé  comme  l'éther 
benzylique  de  cet  acide  cyané. 

»  Le  rendement  est  de  6gr  à  8sr  pour  4ogr  de  camphre  cyané  employé. 
»   Avant  repris  l'action  de  l'éthylate  de  soude  sur  le  camphre  cyané,  j'ai 
constaté  que  l'acide  en  question  existait  également  dans  les  eaux  de  lavage, 
mais  en  quantité  beaucoup  plus  faible  :  ogr,  i  à  ogr,2  pour  iogr  de  cyano- 
camphre.  J'ai  préparé  différents  sels  de  cet  acide. 

CH2CAz 
»  Le  sel  de  soude  C8HM(^  4-^  H20  s'obtient  en  dissolvant  l'acide 

XCOONa 
dans  le  carbonate  de  soude  et  séparant  par  l'alcool.  Il  est  très  soluble 
dans  l'eau  et  dans  l'alcool.  Il  se  présente  sous  l'aspect  d'une  masse  gon> 
meuse,  blanche,  difficile  à  dessécher.  Le  sel  de  cuivre  s'obtient  par  double 
décomposition  entre  le  sel  de  soude  et  le  sulfate  de  cuivre.  Desséché  en 
présence  de  l'acide  sulfurique,  il  répond  à  la  formule 

/  CH2CAzv2 

C8H,4(  )Cu-t-H20. 

\         xco2       / 

C'est  une  poudre  d'un  beau  vert,  devenant  bleue  quand  on  la  chauffe 
à  ioo°. 

»  Le  sel  de  plomb, obtenu  également  par  double  décomposition,  desséché 

/  CH2CAz\ 

sur  l'acide  sulfurique,  répond  à  la  formule  (  C8HM(^  jPb.  Le  sel 

\         xco2      y 

de  barvte  s'obtient  en  faisant  digérer  à  ioo°  l'acide  avec  du  carbonate  de 
baryte  jusqu'à  neutralité  au  tournesol.  On  filtre,  on  évapore,  on  fait  cris- 
talliser. Ce  sel  se  présente  sous  la  forme  d'aiguilles  non  transparentes. 
Desséché  entre  des  doubles  de  papier,  on  l'obtient  cristallisé  avec  6  molé- 

/  CH2CAz    2 

cules  d'eau  (  C8  \V\  )  Ha  -f-  CH20.  En  présence  de  l'acide  sulfu- 

\  XC02         / 

rique,  il  perd  de  l'eau  et,  avec  le  temps,  l'abandonne  presque  complète- 
ment. 

»  Le  sel  d'argent  noircit  rapidement  à  la  lumière. 


(53) 

»  Si  l'on  se  reporte  aux  hydroxycamphocarbonates  obtenus  par  M.  Haller, 
on  est  frappé  de  la  grande  ressemblance  qui  existe,  au  point  de  vue  des 
propriétés  physiques,  entre  ces  sels  et  ceux  qui  viennent  d'être  pré- 
parés. 

»  Dans  une  prochaine  Communication,  je  ferai  connaître  les  résultats 
obtenus  dans  l'action  du  phénol  sodé  et  du  naphtol  sodé  sur  le  camphre 
cyané  (').    » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  une  méthode  générale  d'analyse  des  eaux- 
de-vie  et  alcools  du  commerce.  Noie  de  M.  Ed.  Mouler,  présentée  par 
M.  Troost. 

«  On  sait  doser  dans  lescaux-de-viedu  commerce  l'alcool,  l'extrait,  l'aci- 
dité et  le  furfurol.  La  méthode  que  nous  décrivons  permet,  avec  5oocc  de 
liquide,  de  déterminer,  en  outre,  les  élhers,  les  aldéhydes,  les  alcools  su- 
périeurs et  les  produits  azotés.  Ces  dosages  doivent  être  faits  sur  le  liquide 
distillé  ramené  à  la  teneur  alcoométrique  de  5o°,  excepté  pour  les  pro- 
duits azotés  qui  sont  dosés  sur  l'échantillon  même. 

»  Dosage  des  éthers.  —  On  fait  bouillir  ioo1"0  d'alcool  distillé,  additionné  de  20cc 
de  potasse  décime,  pendant  une  heure,  en  faisant  surmonter  le  ballon  d'un  réfrigé- 
rant ascendant.  On  titre  la  quantité  de  potasse  absorbée  en  tenant  compte  de  l'acidité 
de  l'alcool  et  on  calcule  les  résultats  en  acétate  d'éthyle. 

»  Aldéhydes.  —  L'intensité  de  la  coloration  violette  développée  par 
l'action  de  la  rosaniline  bisulfitée  sur  les  alcools  chargés  d'aldéhydes 
n'est  pas  proportionnelle  à  la  teneur  de  la  solution.  Pour  appliquer  ce 
réactif  au  dosage  des  aldéhydes,  il  suffît  de  le  faire  agir  sur  une  solution 
dont  la  teneur  soit  connue,  et  d'amener  par  dilution  l'alcool  à  analysera 
contenir  une  cpiantité  d'aldéhyde  égale  à  celle  du  type. 

»  A  10"  d'une  solution  d'aldéhyde  éthylique  au  10ôu0  et  à  iocc  de  l'alcool  a  analy- 
ser (tous  deux  titrant  5o°  alcoométriques)  on  ajoute  en  même  temps  4CC  de  rosaniline 
bisulfitée.  On  laisse  les  teintes  se  développer  pendant  vingt  minutes,  puis  on  compare 
leur  intensité  avec  le  colorimètre  de  Duboscq.  On  recommence  l'opération  en  diluant 


(')  Travail  fait  à  l'Institut  chimique,  laboratoire  de  M.  Haller,  à  Nancy. 


(  54  ) 

l'alcool  à  analyser  jusqu'à  ce  que  les  teintes  aient  la  même  intensité.  Si  m  représente 
cette  dilution,  le  poids  d'aldéhyde  éthylique  par  litre  sera 

M  X  o,o5o. 

»  Alcools  supérieurs.  —  L'acide  sulfurique  n'a  d'action,  dans  les  condi- 
tions où  il  est  employé,  que  sur  les  aldéhydes  et  les  alcools  supérieurs. 
Nous  retenons  les  aldéhydes  par  le  phosphate  d'aniline. 

»  A  ioocc  de  l'échantillon  distillé,  on  ajoute  icc  d'aniline  et  icc  d'acide  phosphorique 
à  45°  B.;  on  chaude  à  l'ébullition  au  réfrigérant  ascendant  pendant  une  heure,  puis 
on  distille  à  sec  au  bain  de  sel. 

»  Le  produit  distillé  est  traité  par  l'acide  sulfurique  à  66°,  suivant  la  méthode  con- 
nue, et  la  teinte  obtenue  est  examinée  comparativement,  avec  le  colorimètre,  à  celle 
qui  est  donnée  par  une  solution  alcoolique  contenant  o,25o  d'alcool  isobutylique  par 
litre. 

»  On  opère,  comme  pour  les  aldéhydes,  en  diluant  l'alcool  jusqu'à  ce  que  l'intensité 
des  teintes  soit  égale. 

»  Produits  azotés.  —  Nous  avons  déterminé  le  poids  d'ammoniaque 
correspondant  d'une  part  aux  amides  et  à  l'ammoniaque  salin,  et  d'autre 
part  aux  bases  pyridiques  et  aux  alcaloïdes,  en  soumettant  l'alcool  à  ana- 
lyser d'abord  à  l'action  du  carbonate  de  soude,  puis  à  celle  du  permanga- 
nate de  potasse  en  solution  potassique,  et  en  titrant  les  petites  quantités 
d'ammoniaque  produites  dans  l'une  et  l'autre  opération  avec  le  réactif 
de  Nessler. 

»  On  ajoute  à  ioocc  de  l'échantillon  non  distillé  2CC  d'acide  phosphorique  à  45°  B. 
et  l'on  chasse  tout  l'alcool  par  l'ébullition. 

»  La  solution  phosphorique  des  bases  est  étendue  d'environ  iUt  d'eau  distillée;  on 
ajoute  iosr  de  carbonate  de  soude  pur  et  l'on  distille  jusqu'à  ce  qu'il  ne  passe  plus 
d'ammoniaque;  puis  on  introduit  le  permanganate  et  la  potasse  et  l'on  continue  la  dis- 
tillation en  recueillant  l'eau  ammoniacale  dans  un  autre  récipient. 

»  L'ammoniaque  provenant  de  chaque  opération  est  dosée  avec  le  Nessler,  compa- 
rativement avec  une  solution  contenant  par  centimètre  cube  osr,ooooi  de  chlorhydrate 
d'ammoniaque. 

»  En  résumé,  la  méthode  que  nous  venons  de  décrire  permet,  avec  un 
volume  de  5oocc,  d'analyser  des  alcools  ne  contenant  plus  que  : 

»  îooVôô  d'acides,  ^V^d'éthers,  loo;ooo-  d'aldéhydes,  y^fastî  de  furfurol,  j^â  d'a]- 
cools  supérieurs  et  ,  u 0'u 0 0  quand  on  opère  avec  de  l'alcool  à  900;  1 0 0 „'„ 0 0 „  d'ammo- 
niaque correspondant  à  l'ammoniaque  salin  et  aux  amides;  1U|)Q100|)0-  d'ammoniaque 
correspondant  aux  alcaloïdes  et  aux  traces  pyridiques. 


(55  ) 

»  Le  Tableau  suivant  indique  la  composition  de  quelques  eaux-de-vie 
naturelles  et  artificielles  : 

»  Le  coefficient  d'impureté  d'un  alcool  est  le  rapport  multiplié  par  ioo  du  poids 
total  des  impuretés  (extrait  non  compris)  au  poids  de  l'alcool  éthylique  contenu  dans 
un  même  volume  de  l'alcool  analysé. 

Composition  en  grammes,  par  litre,  de  quelques  eaux-de-vie  naturelles  et  artificielles. 

Marc.  Cognac.  Rhum.  Kirsch. 

Nature.     Fantaisie.         Nature.     Fantaisie.         Nature.     Fantaisie.         Nature.     Fantaisie. 
BeauiH-,  Jamaïque,  Rouffach, 

1887,  18C0.  1873.  188s. 

Extrait o,  ioo  o,32o  6,64o  l\,  120  3,760  3,48o  o,  176  0,800 

Alcool 49°,3  44°, 5  18°,5  44°, 7  5o°,6  44°,6  47">'°"  43",6 

Acide  cyanhydrique »  »  »  »  »  »  o,o45  o 

Acides  en  CrP-CO'2H.  ..  .  0,216  o,252  0,600  0,072  0,960  0,060  0,120  0,084 

Éthers  en  CH3.CO"-.C-H5.  i,i35  0,281  0,422  o,i4o  i,o56  0,026  o,352  o,i58 

Aldéhydes  en  CIP-COII.  .  1 ,363  o,io5  0,106  0,027  0,120  0,026  0,008  o,oi5 

Furfurol 0,0008  0,001  o,oo65  o,ooi5  o,023  0,002  0,0008  o.ooi 

Alcools  supérieurs   en 
CH3 

GII.CH2.OH.  . .  1,600  o,i3o  0,800  0,100  o,34o  0,080  o,45o  o,o5o 
CH2/ 
Ammoniaque  et  amides  en 

Aztl3 0,001  o,oo3  o,o35  o,oo4  o,oo3  o,oo3  o,oo4  0,002 

Bases  pyridiques  et  alca- 
loïdes en  Az  H3 0,0006  0,0004  o,oo5  0,002  0,012  0,001 3  o,oo5  o,ooo5 

Total  desproduits  étrangers 
à  l'alcool  éthylique  (ex- 
trait non  compris) 4,3i64     0,7724         1 ,9745     o,,465         2,5i4       ".1983         1,0398     o,3oo5 

Coefficient     d'impureté    de 

l'alcool 1  0,2  0,49        0,093  o,58         o,o54  o,25        o,o83 

»  Le  coefficient  d'impureté  l'ait  ressortir  que  les  eaux-de-vie  artificielles 
contiennent  de  trois  à  dix  fois  moins  de  produits  étrangers  à  l'alcool  éthy- 
lique que  les  eaux-de-vie  naturelles;  car  le  bouquet  et  la  saveur  particu- 
liers à  ces  dernières  sont  évidemment  dus  à  des  produits  étrangers  à 
l'alcool  éthylique. 

»  Nous  croyons  être  autorisés  à  penser  que,  lorsqu'on  aura  fait  un  grand 
nombre  d'analyses  d'eaux-de-vie  dont  on  connaîtra  l'origine,  il  sera  pos- 
sible de  déterminer  des  limites  de  composition  au  delà  desquelles  les  eaux- 
de-vie  pourront  être  considérées  comme  falsifiées  (').  » 

(')   Laboratoire  municipal  de  Paris. 


(  56) 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  La  fonction  urinaire  s'exerce  chez  les  Mollusques 
acéphales,  par  l'organe  de  Bojanus  et  parles  glandes  de  Keber  et  de  Grobben. 
Noie  de  M.  Augustix  Letellier,  présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  J'ai  montré  en  1887  (')  que  les  Mollusques  acéphales  ont  une  fonction 
urinaire  et  que  l'organe  de  Bojanus  en  est  l'appareil  excréteur. 

»  J'ai  fait  voir,  en  effet,  que  sa  sécrétion  est  neutre,  qu'elle  renferme  de 
l'urée,  divers  phosphates,  enfin  des  corps  que  l'on  est  habitué  à  considérer 
comme  caractéristicpies  de  l'urine  des  vertébrés.  Contre  toute  attente,  je 
n'y  ai  trouvé  ni  acide  urique,  ni  acide  hippurique.  J'en  ai  conclu  que  chez 
les  Acéphales  l'urine  est  de  composition  un  peu  différente  de  celles  déjà 
connues  chez  ces  êtres.  J'aurais  dû,  avant  de  raisonner  ainsi,  m'assurer 
qu'aucune  autre  glande  n'est  chargée  de  l'élimination  des  acides.  C'est  ce 
que  Rovalevsky  a  fait  depuis;  son  Mémoire,  sur  lequel  M.  Delage  a  attiré 
mon  attention,  a  inspiré  mes  recherches  (2). 

»  Rovalevskv  a  injecté  un  grand  nombre  d'animaux  invertébrés  avec  di- 
verses matières  colorantes  dans  le  but  de  délerminer  les  glandes  par  les- 
quelles se  fait  l'excrétion, 

»  Il  a  toujours  trouvé  l'organe  de  Bojanus  des  Acéphales  neutre  aux  réac- 
tifs colorés  et  les  glandes  de  Keber  et  de  Grobben  acides.  Il  en  a  conclu 
que,  vraisemblablement,  l'organe  deBojanusdes  Mollusques  acéphales  est 
l'analogue  des  corpuscules  de  Malpighi  des  vertébrés  qui  sont,  comme  on 
sait,  neutres  ou  basiques,  et  que  les  glandes  péricardiales  sont  les  ana- 
logues des  tubuli  contorti,  lesquels  sont  acides.  Mais,  s'il  est  vrai  que  la  po- 
sition d'une  glande  n'est  pas  un  sûr  garant  de  sa  fonction,  la  coloration 
rouge  que  prend  la  teinture  de  tournesol  dans  la  glande  de  Grobben  du 
Pecten  ou  dans  l'organe  de  Keber  du  Cardium,  ne  suffit  pas  davantage  pour 
affirmer  que  ces  glandes  ont  une  fonction  urinaire.  Désormais  le  doute  ne 
sera  plus  permis:  je  vais  montrer,  en  effet,  que,  si  ces  glandes  sont  acides, 
c'est  qu'elles  sécrètent  de  l'acide  hippurique,  substance  qui  est  un  desélé- 


(')  Étude  de  la  fonction  urinaire  chez-  les  Mollusques  acéphales. Thèse  de  Paris; 
1887. 

(2)    Voir  dans  Notes  et  Revues  l'analyse  par  M.  Delage  du  Mémoire  de  Kovalevsky 
Sur  les  organes  de  l'excrétion  {Archives  de  Zoologie  expérimentale,  2°  série,  t.  VII; 

1889). 


(  57  ) 
ments  de  l'urine  des  Mammifères  et  en  particulier  des  Herbivores  :  lePeclen 
et  le  Cardium  se  nourrissent  de  diatomées. 

»  Pour  extraire  l'acide  hippurique  sécrété  par  la  glande  de  Keber  du  Cardium 
edule,  on  met  l'animal  sur  une  tôle  rouge  :  les  muscles  se  détachent  des  valves,  l'ani- 
mal vit  encore;  il  est  alors  facile  de  l'enlever  sans  l'endommager  et  de  trouver  la 
glande  péricardiale,  que  l'on  détache  avec  des  ciseaux  fins.  Après  avoir  répété  celle 
opération  sur  deux  ou  trois  cents  animaux,  on  dessèche  les  glandes  au  bain-marie, 
on  les  pulvérise,  puis,  ayant  ajouté  de  l'eau  distillée,  on  fait  bouillir  pendant  une 
demi-heure.  On  filtre,  on  évapore  à  siccité,  toujours  au  bain-marie,  le  liquide  limpide 
qui  a  passé,  et  on  épuise  le  résidu  sec  par  l'alcool  absolu  bouillant. 

»  Au  bout  d'un  temps  variable  avec  l'état  de  concentration,  l'alcool  abandonne  une 
poudre  blanche  dans  laquelle  un  bon  objectif  permet  seul  de  découvrir  un  amas  de 
fins  cristaux.  Cependant,  quand  l'éva]  oration  de  l'alcool  se  fait  avec  une  extrême  len- 
teur, on  peut  obtenir  des  maries  ayant  plus  de  imm  de  diamètre.  On  prend  cette  poudre 
avec  une  pipette  et  on  la  dépose  sur  une  lame  de  verre;  l'alcool  ne  tarde  pas  à  s'éva- 
porer, et  là  où  il  y  avait  des  amas  de  cristaux  on  voit  des  taches  huileuses  jaunes. 
Bientôt  celles-ci  disparaissent,  et  l'on  a  à  leur  place  des  cristaux  très  nets,  isolés  ou 
en  macles.  Leur  forme  est  celle  qui  est  figurée  dans  l'Atlas  de  Robin,  à  la  planche  \LIV, 
fig.  i.  Ces  cristaux  sont  solubles  dans  l'eau,  à  laquelle  ils  donnent  une  forte  réacti  n 
acide;   ils  sont  égalemci  :  ilcool,   mais   plus  difficilement  dans 

l'éther.  Lorsqu'on  chauffe  légèrement  ces  cristaux,  ils  fondent,  se  transforment  en  une 
huile  jaune  qui,  refroidie,  est  insoluble  dans  l'eau,  mais  se  dissout  très  facilement 
dans  l'ammoniaque.  A  une  température  plus  élevée,  le  liquide  devienl  rouge,  puis  se 
charbonne,  et,  sur  la  portion  froide  du  tube  à  essai,  où  se  fait  l'expérience,  on  trouve 
de  nombreux  cristaux  prismatiques  enchevêtrés  les  uns  dans  les  autres. 

»  Quoique,  à  cause  du  peu  de  matière,  il  soit  difficile  de  percevoir  nettement  l'odeur 
de  l'acide  cyanhvdrique,  on  ne  peut  admettre  que  la  substance  observée  soit  de  l'acide 
benzoïque.  En  effet,  cet  acide  cristallise  toujours  en  lamelles  dans  l'acide  chlorhy- 
drique;  l'acide  de  la  glande  de  Keber  du  cardium  cristallise  en  prismes  dans  les  mêmes 
circonstances;  enfin,  l'acide  benzoïque  se  sublime  sans  qu'il  y  ait  production  de  l'huile 
rouge  qui  s'observe  toujours  avec  de  l'acide  hippurique,  le  seul  corps  avec  lequel  on 
pourrait  le  confondre. 

»  L'acide  hippurique  est-il  libre  ou  combiné  dans  le  liquide  sécrété 
l'organe  de  Keber?  A  la  forme  des  cristaux  qui  sont  solubles  dans  l'étht  r, 
il  semble  qu'ils  sont  purs,  que  l'acide  est  libre.  Cependant,  si  l'on  prend 
une  de  ces  grosses  macles  qui  se  forment  à  la  longue  dans  les  solutions 
alcooliques  étendues,  et  si  on  la  dissout  dans  l'acide  chlorhydrique,  on  a, 
par  évaporation,  des  cristaux  prismatiques,  évidemment  formés  par  l'acide 
hippurique  et  quelques  cristaux  sans  action  sur  la  lumière  polarisée,  qui 
sont  certainement  du  chlorure  de  sodium.  On  peut  donc  admettre,  en 
attendant  des  recherches  nouvelles,  (pie  l'acide  hippurique  se  trouve  à 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T    CMI    N'    .  ° 


(  58) 
l'état  libre  et  à  l'état  d'hippurate  de  soude  dans  la  sécrétion  de  la  glande 
péricardiale  du  Cardium  edule. 

»  La  glande  de  Grobben  ou  Pecten  a  donné  à  Rovalevsky  une  réaction 
nettement  acide.  L'extrait  alcoolique  préparé  avec  la  glande  du  Pecten 
maximus  est  fortement  acide.  On  en  peut  extraire  des  cristaux  qui  fondent 
en  une  huile  jaune  quand  on  les  chauffe  légèrement  et  qui  donnent  un 
liquide  rouge  à  une  plus  haute  température  et  avant  de  se  charbonner. 
Ces  cristaux  sont  solubles  dans  l'éther  et,  par  l'évaporation  spontanée  de 
celui-ci,  ils  reprennent  la  forme  de  prismes  très  longs  et  très  fins,  terminés 
en  biseau.  Quoique  la  quantité  de  matière  que  j'ai  pu  observer  ait  été  très 
petite,  je  crois  pouvoir  dire  encore  cette  fois  que  les  cristaux  sont  de  l'acide 
hippurique. 

»  En  résumé,  et  autant  qu'il  est,  dès  à  présent,  permis  de  formuler  un 
jugement,  on  peut  dire  que  chez  les  Mollusques  acéphales  la  fonction  uri- 
naire  s'accomplit  au  moyen  de  deux  glandes.  L'une  est  au-dessous  du 
cœur  :  c'est  l'organe  de  Bojanus,  elle  élimine  l'eau  en  excès,  l'urée,  divers 
corps  neutres  azotés  et  les  phosphates;  accidentellement  elle  peut  servir 
à  l'élimination  de  l'acide  urique.  L'autre  est  au-dessus  du  cœur  ou  tapisse 
ses  oreillettes,  c'est  l'organe  de  Reber  ou  la  glande  de  Grobben;  son  rôle 
normal  est  d'extraire  du  sang  l'acide  qu'il  renferme.  Chez  les  deux  Mol- 
lusques qui  ont  servi  aux  expériences,  cet  acide  s'est  trouvé  être  de  l'acide 
hippurique;  mais  rien  ne  prouve  que  chez  d'autres  on  ne  découvrira  pas 
de  l'acide  urique  :  c'est  ce  que  des  recherches  ultérieures  me  montreront.  » 


ANATOMIE  ANIMALE.  —  Sur  le  développement  des  chromatophores  des  Cépha- 
lopodes octopodes.  Note  de  M.  L.  Joubis,  présentée  par  M.  de  Lacaze- 
Duthiers. 

«  La  structure  anatomique  des  chromatophores  des  Céphalopodes 
adultes  est  actuellement  assez  bien  connue,  et  l'opinion  qui  attribuait  à 
des  contractions  de  fibres  musculaires  les  mouvements  de  la  matière  co- 
lorée semble  définitivement  abandonnée;  mais  on  est  loin  d'être  d'accord 
sur  le  mode  de  développement  de  ces  organes.  Ayant  pu  étudier  à  Banyuls 
l'embryogénie  de  l'Argonaute  et  de  l'Octopus,  je  suis  arrivé  à  des  résultats 
qui  me  paraissent  fort  différents  de  ce  que  l'on  connaît  chez  les  Cépha- 
lopodes décapodes. 

»   Contrairement  à  l'opinion  de  M.  Girod,  pour  qui  les  chromatophores 


(  59) 
des  Décapodes  se  développent  aux  dépens  du  mésoderme,  contrairement 
aussi  à  l'opinion  de  M.  Phisalix,  pour  qui  la  cellule  colorée  de  la  Sépiole 
est  le  résultat  de  la  fusion  de  plusieurs  cellules  entre  elles,  le  chromato- 
phore  du  Céphalopode  octopode  est,  à  mon  avis,  d'origine  ectodermique 
et  ses  parties  accessoires,  seules,  d'origine  mésodermique.  C'est  assez 
comparable  à  ce  que  l'on  rencontre  dans  les  organes  des  sens. 

»  Chez  l'embryon  d'Argonaute  la  peau  se  compose  d'un  épithélium  ecto- 
dermique simple  recouvrant  un  tissu  conjonctif  lâche  mésodermique. 

)>  Dans  la  région  dorsale  comprise  entre  les  deux  veux,  on  voit,  là 
mieux  que  partout  ailleurs,  des  cellules  ectodermiques  disséminées  devenir 
plus  grosses  que  celles  qui  les  environnent;  puis,  peu  à  peu,  elles  s'en- 
foncent dans  une  sorte  de  dépression  en  forme  d'entonnoir,  entraînant  les 
cellules  voisines. 

»  Le  sommet  de  la  saillie  ainsi  formée  dans  le  mésoderme  sous-jacent 
est  formé  par  la  grosse  cellule,  destinée  à  former  la  partie  essentielle  du 
chromatophore.  S  enfonçant  toujours,  elle  finit  par  se  trouver  au  fond 
d'un  petit  puits  ectodermique,  et  commence  à  devenir  très  grosse;  son 
contenu  protoplasmique  se  divise  en  deux  couches,  l'une  plus  solide  qui  se 
condense  autour  du  noyau,  l'autre  plus  limpide  dans  laquelle  est  plongée 
la  première. 

»  Cette  cellule,  dont  la  paroi  s'est  épaissie  en  même  temps  qu'elle  s'est 
dilatée,  finit  par  ne  plus  être  rattachée  que  par  une  étroite  surface  aux 
cellules  ectodermiques  invaginées,  et  en  dernier  lieu  s'en  sépare,  deve- 
nant libre  dans  le  mésoderme  dont  quelques  cellules  se  fixent  sur  elle  pour 
la  renforcer.  Dès  lors,  elle  perd  sa  forme  sphérique  pour  devenir  à  peu 
près  semblable  à  une  lentille  biconvexe. 

»  Mais,  pendant  que  ceci  se  passait  dans  l'ectoderme,  les  cellules  mé- 
sodermiques ne  restaient  pas  inactives.  En  dessous  de  l'invagination  ecto- 
dermique, elles  se  disposent  par  cinq  ou  six,  en  cercle;  puis,  par  des  divi- 
sions radicales  successives,  elles  finissent  par  être  une  vingtaine  formant 
un  cercle  plus  grand.  Elles  ont  une  forme  ovoïde  allongée.  C'est  alors  que, 
suspendue  au-dessus  de  ce  cercle,  la  cellule  ectodermique  devient  libre  et 
s'y  trouve  naturellement  enchâssée;  elle  grandit  et  vient  en  contact  par 
son  bord  circulaire  avec  cette  couronne  de  cellules  ovoïdes.  Le  chromato- 
phore est  constitué.  Le  protoplasma  de  la  cellule  chromatique  se  colore  en 
jaune  ou  en  rose,  et  les  cellules  périphériques  s'allongent  et  se  transfor- 
ment en  fibres. 

»   Ou  a  beaucoup  discuté  sur  la  nature  musculaire  ou  conjonctive  de  ces 


(  6o  ) 

ahres  rayonnantes.  Musculaires,  c'étaient  elles  qui,  par  leur  contraction 
brusque,  auraient  amené  les  mouvements  de  la  matière  colorée;  conjonc- 
tives, elles  n'auraient  plus  eu  aucune  action  immédiate  sur  ces  mouvements. 
D'après  mes  observations,  ces  deux  opinions  sont  cependant  vraies,  mais 
successivement.  Les  fibres  périphériques  jeunes  sont  musculaires  et  ani- 
mées de  mouvements  de  contraction  des  plus  évidents,  mais  qui  n'ont 
aucune  espèce  d'aclion  sur  le  protoplasma  coloré;  cela  fait  simplement 
mouvoir  tout  l'ensemble  de  l'appareil  dans  la  direction  des  fibres  qui  se 
sont  contractées.  Ce  n'est  que  plus  tard  que  ces  fibres  perdent  leur  pro- 
priété contractile,  deviennent,  semblables  à  des  faisceaux  de  fibrilles  et 
servent  uniquement  à  tenir  fixé  l'ensemble  du  chromatophore. 

«  Le  chromatophore  me  paraît  donc  formé  d'une  partie  essentielle,  la 
cellule  ectodermique  colorée,  et  de  parties  accessoires  mésodermiques, 
ressemblant  primitivement  à  des  fibres  musculaires  et  devenant  plus  tard 
i  o  ijonctives. 

»  Quant  à  la  termin;  ison  nerveuse  propre  à  chaque  chromatophore,  on 
peut  la  mettre  en  évidence  sur  l'animal  vivant  au  moyen  d'une  préparation 
spéciale  de  bleu  de  méthylène.  On  voit  alors  avec  la  plus  grande  netteté  le 
réseau  nerveux  cutané  des  chromatophores,  dont  chaque  fibre  se  termine 
par  un  léger  renflement  appliqué  contre  la  cellule  chromatique,  mais  qui 
ne  me  paraît  point  y  pénétrer.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  /'Atlantonema  rigida  v.   Siebold,  parasite,  de  différents 
Coléoptères  coprophages.   Note  de  M.  R.  Moxiez. 

«  Leuckart  a  montré  que  les  larves  de  Y  Atlantonema  mirabile  vivent 
quelque  temps  sous  les  élytres  du  Coléoptère  qui  héberge  ce  parasite  ;  elles 
le  quittent  ensuite  pour  acquérir  leur  différenciation  sexuelle  :  tandis  que 
l'animal  parasite  était  hermaphrodite,  ses  descendants  libres  ont  les  sexes 
sépares.  «  Jamais,  dit  Leuckart,  on  ne  trouve  Y  Atlantonema  à  l'intérieur 
»  du  corps,  quand  les  Rhabditis  font  défaut  sous  les  ailes  du  Coléo- 
»  ptère.  » 

»  Mais  les  Rhabditis  de  Y  Atlantonema  mirabile  ne  sont  pas  les  seuls 
jeunes  Nématodes  que  l'on  puisse  trouver  sous  les  ailes  des  Coléoptères  : 
nous  avons  fort  souvent  observé  de  ces  animaux  sous  les  élytres  de  diffé- 
rents Géotrupes,  Nécrophores  ou  Âphodius,  cpii  n'hébergent  point  le  para- 
site si  bien  étudié  par  Leuckart;  en  revanche,  nous  avons  plusieurs  fois 


(6i  ) 

rencontré,  clans  la  cavité  du  corps  des  Aphodius,  un  autre  Nématode  que 
nous  devons  rapporter  à  Y Atlantonema  (Fi/aria)  rigida,  découvert  et  suf- 
fisamment caractérisé  par  Siebold,  espèce  que  personne  n'avait  revue 
depuis  et  que  Leuckart  a  cherchée  en  vain.  La  Fi/aria  rigida  doit  être  rap- 
portée au  genre  Atlantonema,  bien  qu'elle  reste  libre  dans  la  cavité  du 
corps  de  son  hôte  et  qu'elle  conserve,  à  l'état  adulte,  la  forme  ordinaire 
des  Nématodes.  Le  parasite  perd  la  plupart  de  ses  organes,  en  particulier 
le  tube  digestif,  pour  ne  plus  présenter  que  les  caractères  d'un  long  sac, 
rempli  d'embryons  à  tous  les  degrés  de  développement  :  ces  embryons, 
qui  finissent  par  rompre  le  corps  de  leur  mère,  se  répandent  en  énorme 
quantité  entre  les  viscères  de  l'hôte;  ils  peuvent  évoluer  sur  place,  jusqu'à 
un  certain  degré,  du  moins  on  en  trouve  de  toute  taille  et  l'on  voit,  en 
même  temps,  une  très  grande  quantité  de  larves  qui  proviennent,  à  n'en 
pas  douter,  de  ces  embryons;  on  voit,  en  outre,  déjeunes  individus,  assez 
nombreux,  qui  se  rapprochent  des  larves  par  la  taille  et  sont  dus  à  leur 
évolution.  Tandis  que  les  embryons  ont  l'extrémité  du  corps  progressive- 
ment terminée  en  pointe,  chez  les  larves  la  queue  est  très  mousse,  un 
peu  dilatée  en  bouton,  même,  et,  chez  les  jeunes  individus  dont  nous 
venons  de  parler,  cette  région  du  corps  devient  assez  brusquement  très 
pointue. 

»  Est-ce  à  ce  dernier  stade  que  s'arrête  l'évolution  de  notre  Atlantonema 
dans  le  corps  du  Coléoptère  qui  l'héberge,  et,  parvenu  à  ce  degré  de  déve- 
loppement, doit-il  passer  dans  un  autre  milieu,  vivre  en  liberté  pour  une 
ou  plusieurs  générations,  ou  émigrer  dans  un  autre  hôte?  Je  ne  puis,  jus- 
qu'ici, que  faire  des  hypothèses  à  ce  sujet  :  il  est  certain  que,  au  milieu  du 
nombre  énorme  de  parasites  à  l'état  de  larves  ou  d'embryons  dont  nous 
venons  de  parler,  on  n'en  trouve  qu'un  très  petit  nombre  dont  la  taille  et 
les  caractères  des  organes  de  reproduction  sont  ceux  d'un  animal  bien  près 
d'atteindre  l'état  adulte;  mais  proviennent-ils  du  dehors  ou  dérivent-ils 
des  larves  qu'on  trouve  avec  eux?  Leur  petit  nombre,  dans  tous  les  cas  ob- 
servés, me  ferait  pencher  pour  la  première  manière  de  voir. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  les  jeunes  femelles  à' Atlantonema  rigida,  celles  qui 
ne  contiennent  encore  que  des  oeufs,  ont  conservé  la  queue  pointue  qui 
disparait  chez  les  adultes,  bourrées  d'embryons;  mais  elles  ne  présentent 
plus  cette  espèce  d'aiguillon  pointu  de  la  partie  antérieure,  que  l'on  trouve 
chez  les  jeunes  individus  sur  lesquels  nous  avons  attiré  l'attention  plus 
haut  et  que  l'on  rencontre  aussi  sur  quelques-unes  des  larves  que  portent 
sur  leur  dos  les  Coléoptères  coprophages. 


(6a   ) 

»  Celles-ci  sont  de  deux  sortes  :  les  unes  appartiennent  au  Rhabditis 
oxyuris,  ou  à  une  forme  très  voisine,  et  le  fait  n'a  rien  de  surprenant, 
puisqu'on  trouve  souvent,  sur  les  parties  du  corps  voisines  du  dos  du  Co- 
léoptère,  des  individus  de  cette  espèce  métamorphosés  comme  nous  l'a- 
vons décrit  (voir  Comptes  rendus,  23  septembre  1889);  les  autres  Rhab- 
ditis  du  dos  des  Coprophages  me  paraissent  devoir  se  rapporter  au  Rh. 
brevispina  Biitschli  :  je  trouve,  entre  ces  larves  et  celles  qui  vivent  à  l'in- 
térieur du  corps  des  Apliodius  et  Géotrupes,  tant  de  formes  de  passage, 
que  je  me  demande  s'il  ne  s'agit  pas,  en  somme,  d'une  seule  et  même 
espèce,  qui  serait  hermaphrodite  et  protandrique  à  l'état  de  parasitisme, 
et  qui,  à  l'état  libre,  sous  forme  d'individus  aux  sexes  séparés  (An- 
guillula  brevispina  Biitschli),  vivrait  dans  les  bouses.  C'est  à  la  mort  de 
leur  hôte  sans  doute,  par  suite  de  la  destruction  de  ses  tissus,  que  les  em- 
bryons ou  larves  seraient  mis  en  liberté;  les  descendants  de  l' Anguillula 
brevispina,  gagnant  le  dos  des  Coléoptères  coprophages,  pénétreraient  dans 
leur  hôte  par  perforation,  pour  y  prendre  les  caractères  de  Y  Atlantonema 
rigida.  Ce  ne  serait  pas  un  fait  isolé.  Les  expériences  que  nous  avons  in- 
stituées nous  permettront  sans  doute  de  résoudre  bientôt  cette  question.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  la  position  de  la  craie  de  Touraine.  Note  de  M.  A.  de 
Grossouvre,  présentée  par  M.  Daubrée. 

«  A  la  suite  de  mes  études  en  Touraine,  pour  le  service  de  la  Carte  géo- 
logique détaillée  de  la  France,  j'ai  reconnu  cpie  la  craie  de  Villedieu,  telle 
que  l'a  définie  d'Orbigny,  comprend  trois  niveaux  fossilifères  caractérisés 
par  trois  faunes  d'Ammonites  : 

»  i°  A  la  base,  le  niveau  à  Am.  Haberfellneri  (petrocoriensis)  avec  Am. 
tricarinatus,  bajuvaricus,  Moureti,  etc.  ; 

»   20  Au  milieu,  le  niveau  à  Am.  Serralo- marginal  us  (Bourgeoisi,  pp)  ; 

»  3°  Au  sommet,  le  niveau  à  Am.  Syrtalis  avec  ses  variétés,  Orbignyi, 
Ribouri,  Guadaloupœ. 

»  La  comparaison  de  ces  faunes  avec  celles  de  la  Charente  montre  que 
les  deux  premiers  niveaux  correspondent  à  peu  près  à  l'étage  coniacien,  et 
le  niveau  supérieur  à  l'étage  santonien,  tels  que  ces  étages  ont  été  définis 
par  Coquand  et  précisés  par  M.  Arnaud.  Ainsi  la  carte  de  Villedieu,  avec 
sa  faible  épaisseur,  représente  tout  un  ensemble  qui  possède  dans  la  Cha- 
rente un  grand  développement,  commedepuis  longtemps  l'a  avancé  Hébert, 
à  qui  l'on  a  souvent  reproché  cette  assertion.  Mais  cette  craie  n'est  pas 


(  63  ) 

inférieure  au  M.  cortestudinarium,  ainsi  que  ce  savant  avait  cru  le  voir  aux 
environs  de  Chateaudun,  car  la  craie  à  silex  de  la  vallée  du  Loir  n'est  en 
partie  qu'un  faciès  latéral  de  la  craie  de  Villedieu. 

»  Si  l'on  compare  les  faunes  d'Ammonites  de  la  craie  de  Villedieu  avec 
celles  de  la  craie  de  Westphalie,  on  voit  que  ses  deux  niveaux  inférieurs 
correspondent  identiquement  à  Y Emscher-Mergel  et  le  niveau  supérieur  à 
YUnter-Senon.  Or,  l'Emscher-Mergel,  supérieur  aux  Cuvieri-P/ànercansidèrés 
en  général  comme  représentant  les  assises  ;'i  M.  cortestudinarium,  se  place 
sur  le  niveau  du  M.  coranguinum,  point  admis  d'ailleurs  parla  plupart  des 
géologues  (Barrois,  Hébert,  Lambert,  Pérou);  lUnter-Senon  est  l'équiva- 
lent de  la  craie  à  Marsupites.  Ainsi  la  craie  de  Villedieu,  au  lieu  d'être 
inférieure  au  M.  cortestudinarium  lui  serait  supérieure  et  représenterait  les 
assises  à  M.  coranguinum. 

»  Au-dessus  de  la  craie  de  Villedieu  vient  la  craie  à  silex  de  Chaumont 
et  de  Blois,  confondue  à  tort  avec  la  craie  à  silex  de  la  vallée  du  Loir;  d'Or- 
bigny  y  a  depuis  longtemps  signalé  le  Magas  pumilus  et  j'y  ai  recueilli  le 
M.  Brongniarti  :  la  présence  de  ces  deux  fossiles  caractéristiques  en  fait 
donc  l'équivalent  de  la  craie  à  belemnitelles  et  de  l'étage  campanien. 

»  Les  conclusions  précédentes  trouvent  une  confirmation  directe  dans 
le  bassin  de  Dieulefit  où  les  grès  verts,  avec  la  faune  d'Ammonites  des  ni- 
veaux inférieurs  de  Villedieu,  sont  superposés  à  une  craie  renfermant  le 
M.  cortestudinarium  bien  typique,  avec  toutes  les  variétés  qu'il  présente 
dans  le  bassin  de  Paris.  Elles  permettent  de  préciser  la  position  si  discutée 
des  diverses  assises  de  la  craie  du  Midi  :  la  craie  à  Micrasters  des  Charentes, 
les  grès  et  marnes  à  Micrasters,  avec  leurs  bancs  d'Olippurites,  des  Cor- 
bières  et  de  la  Provence,  se  placenta  la  base  de  la  zone  à  M.  coranguinum, 
les  couches  du  moulin  Tiffou  du  Moutier,  de  Fontainien  et  du  Castellet 
qu'on  peut  identifier  au  niveau  à  Am.  Syrtalis,  représentent  le  sommet 
de  cette  zone  et  n'appartiennent  pas  au  campanien  comme  le  pensent  la 
plupart  des  géologues.  Il  en  résulte  donc  que  le  campanien  marin  n'est  pas 
représenté  en  Provence,  conclusion  conforme  à  celle  que  M.  de  Saporta 
a  déduite  de  l'étude  de  la  flore.  » 

GÉOLOGIE.  —  Contributions  à  la  connaissance  géologique  des  chaînes  alpines 
entre  Moutiers  (Savoie)  et  Barcelonnette  (  liasses- Alpes).  Terrains  antérieurs 
au  jurassique.  Note  de  M.  W.  Kilian,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  Une  série  d'explorations  effectuées  cet  été  pour  le  compte  de  la  Carte 
géologique  de  France,  dans  la  partie  des  Alpes  françaises  comprise  entre 


(  64  ) 

la  haute  vallée  rie  l'Isère,  la  frontière  italienne  et  la  haute  vallée  de  l'Ubaye, 
portant  par  conséquent  sur  une  partie  de  la  Tarentaise,  la  Maurienne,  le 
Briançonnais  et  une  fraction  de  la  haute  Provence,  nous  a  fourni  quelques 
résultats  d'un  intérêt  général,  dont  voici  l'exposé  succinct.  Ces  résultats 
concordent  en  grande  partie  avec  les  interprétations  adoptées,  depuis 
quelques  années  déjà,  par  nos  confrères  du  Service  géologique  d'Italie, 
MM.  Zaccagna  et  Mattirolo. 

»  Schistes  gris  lustrés.  —  Les  schistes  gris  lustrés  et  les  schistes  cal- 
caréo-talqueux  du  Queyras  sont  partout  nettement  inférieurs  aux  assises 
triasiques,  et  à  Combe-Brémond  (Ubaye)  aux  argdolithes  que  nous  rappor- 
tons au  système  permien.  Entre  le  lac  Paroird  et  le  Longet,  à  Maurin 
(haute  Ubaye)  et  près  de  Chàteau-Queyras,  ils  sont  recouverts  directe- 
ment par  les  quartzites  triasiques,  mais,  dans  beaucoup  de  cas,  la  dispari- 
lion  mécanique  de  ces  derniers  a  amené  les  calcaires  triasiques  en  super- 
position immédiate  sur  les  schistes  [cimes  du  Gondran,  près  Briançon, 
Bardonnèche,  lac  Paroird,  Pcou-Roc  (haute  Ubaye)J.  Au  col  Longet 
(Basses-Alpes),  les  schistes  lustrés  passent  insensiblement,  vers  le  bas,  à 
des  schistes  micacés.  Ils  forment  l'axe  d'une  série  d'anticlinaux  coupés 
par  l'Ubaye  entre  le  col  du  Longet  et  Sérenne,  et  l'on  peut  voir  très  nette- 
ment les  synclinaux  occupés  par  les  quartzites  et  les  calcaires  triasiques 
ployés  en  "V. 

»  De  vastes  étendues  sont  occupées  par  ces  schistes  entre  Bardonnèche, 
Oulx  et  Cézanne  (Italie),  ainsi  que  dans  le  Queyras.  On  y  remarque  des 
bancs  de  calcaire  cristallin  noirâtre  et  de  nombreuses  intrusions  de  ser- 
pentine [Maurin,  col  la  Noire  (2 999m),  etc.]. 

».  Terrain  houiller.  —  Le  terrain  houiller  forme  le  grand  anticlinal  (et 
non  synclinal)  en  éventail  de  ia  troisième  zone,  à  droite  et  à  gauche  duquel 
ont  eu  lieu  des  glissements  et  des  éliremenls  de  couches,  accidents  qui  ont 
reçu  de  Lory  les  noms  de  failles  de  Saint-Michel  et  de  Modane.  Ce  terrain  se 
montre  en  outre  dans  quelques  anticlinaux  de  la  deuxième  zone  (Saint- 
Jean-de-Belleville,  Moutiers,  etc.);  il  disparaît  à  l'est  d'une  ligne,  Modane- 
Briançon-Saint-Paul,  et  cède  la  place  aux  schistes  lustrés.  Il  n'y  a  rien  de 
nouveau  à  signaler  au  point  de  vue  de  sa  composition,  sinon  qu'il  faut  en 
distraire  des  assises  bigarrées  que  Lory  v  avait  incorporées  (au  col  de  la 
Ponsonnière  notamment),  et  les  rattacher  au  permien. 

»  Permien.  ■ —  Un  certain  nombre  de  couches  peuvent,  par  suite  de  leur 
position  entre  les  quartzites  du  trias  inférieur  et  les  grès  houillers,  être 
rapportées  au  système  permien.  Ce  sont,  outre  les  phyllites  verts  à  noyaux 
feldspathiques  (anciens  gneiss  chloriteux)  des  environs  de  Modane,  dont 


(  65  ) 
l'âge  reconnu  depuis  longtemps  par  M.  Lachatz  a  été  établi  par  M.  Zacca- 
gna  et  confirmé  par  les  explorations  de  MM.  Potier,  Bertrand  et  Termier, 
nous  avons  retrouvé  ces  phvllites  dans  la  Vallée-Etroite,  aux  alentours  du 
Thabor  et  au  Plan  de  Phazy  près  de  Guillestre),  des  grès  kaolino-argileux 
à  teintes  vives  et  des  argilolithes  schisteuses  vertes  et  lie  de  vin  (Plan  de 
l'Achat,  hameau  des  Mottes,  dans  le  massif  des  Rochilles,  Grand-Galibier, 
l'Argentière,  Moutiers  en  Tarentaise),  des  conglomérats  à  galets  de  quartz 
et  ciment  argileux  lie  de  vin  (l'Argentière,  Champ-Didier,  Saint  Roeh 
près  l'Argentière)  rappelant  le  verrucano  (Sernifit)  du  canton  de  Glaris. 
L'existence  de  cet  horizon  intermédiaire  entre  les  quartzites  triasiques 
auxquels  le  rattachent  souvent  des  «  schistes  argentins  »,  talqueux  et  mi- 
cacés, et  le  terrain  houiller  ou  les  schistes  lustrés,  parait  générale  dans  les 
chaînes  Alpines. 

»  Trias.  —  Ce  terrain  semble  pouvoir  être  définitivement  considéré 
comme  formé  des  assises  suivantes  de  bas  en  haut  : 

u  a.  Quartzites  :  horizon  très  constant  et  bien  connu  depuis  les  travaux,  de  Lory.  Ces 
grès  sursiliceux,  à  grains  plus  ou  moins  nets  (Classarts,  Grésards  des  habitants  du 
pays),  sont  blancs,  parfois  teintés  de  rose  et  de  vert,  souvent  talqueux  et  argentés. 

»  b.  Cargneules  et  gypses  atteignant  un  grand  développement  dans  certaines  loca- 
lités (Ceillac),  réduits  ailleurs  (mont  Thabor,  Bocca  del  Serii,  col  TYonchet,  etc.)  à 
une  assise  de  quelques  mètres  seulement,  séparant  les  quartzites  des  calcaires  C,  et 
disparaissant  totalement  au  nord  de  l'Arc  (col  de  Varbuche,  Moutiers). 

»  Sur  les  quartzites  reposent,  en  effet,  très  nettement  [Festiva  et  Polset,  près  Mo- 
dane,  mont  Thabor,  Vallée-Etroite,  Boc  de  l'Ange-Gardien  (Chàteau-Queyras),  col 
du  Tronchet,  Ceillac,  Maurin,  Lac  Paroird,  Galibier,  etc.]  des  gypses  et  des  car- 
gneules parfois  assez  épais  (Ceillac),  souvent  aussi  réduits  à  une  mince  bande  (de 
cargneules)  jaune,  facile  à  découvrir  dans  les  cols  et  à  la  partie  moyenne  des  escarpe- 
ments dont  le  sommet  est  formé  par  les  calcaires  et  la  base  par  les  quartzites.  Dans  le 
sud  de  la  région,  on  assiste  également  à  un  amincissement  très  irrégulier  et  local 
(vallées  du  Guil  et  de  l'Ubaye)  de  cette  assise.  Au  sud  et  au  nord-ouest,  dans  certains 
points  (Varbuche,  Moutiers),  les  quartzites  supportent  directement  les  calcaires  tria- 
siques de  l'étage  suivant. 

u  c.  Calcaires  dolomitiques  (calcaires  du  Briançonnais,  Lory,  pro  parte  maximd) 
grisâtres,  généralement  saccharins,  cristallins  et  moirés,  et  calcaires  phylliteux  accom- 
pagnés souvent  de  schistes  rougeâtres  et  verdâtres.  On  y  remarque  des  bancs  bréchi- 
formes  très  caractéristiques. 

»  Les  calcaires  forment  une  bande  à  peu  près  continue  de  la  Vanoise(')  à  l'Ubaye 
en  passant  par  Briançon  [Chaberton,  mont  Thabor,  Bonnenuit,  Boc  du  Grand-Gali- 

(')  Où  ils  ont  été  étudiés  par  MM.  Bertrand  et  Termier  qui  les  rapportent  égale- 
ment au  trias. 

C.  R.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CXIt,  N"  1  )  9 


(  66  ) 

bier,  Col  des  Rochilles,  Vallée-Etroite,  Esseillon  et  Polset,  près  ^Modane,  Briançon, 
Col  de  l'Eyehanda,  Mont-Genèvre,  Sainte-Marguerite,  Peine-d'Hier,  Saint-Antoine  et 
environs  de  Maurin  (Basses-Alpes),  Ange-Gardien  (Queyras),  Chàteau-Queyras, 
Maison-du-Roi,  Plan-de-Phazy,  près  Guillestre,  et  s'atténuent  fortement  à  l'ouest,  col 
de  Varbuche(Savoie),  Plan  de  Phazy,  vallée  de  Barcelonnette.  Ilscontiennentsouventdes 
cristaux  d'albite  (environs  de  Modane,  vallée  de  l'Ubaye)  et  sont  très  pauvres  en  fos- 
siles (Entroques,  Pentacrines,  Gastropodes  indéterminables).  Ces  calcaires  triasiques, 
bien  reconnaissables,  sont  réduits  à  une  faible  épaisseur  au  Pas-du-Roc  (ici  presque 
en  contact  avec  l'infralias). 

»  Des  calcaires  phylliteux  et  schisteux  se  montrent  très  constants  (Polset,  près 
Modane,  Valloires,  massif  du  Gondran,  près  Briançon,  Maurin,  etc.),  et  accompagnent 
presque  partout  les  calcaires  triasiques  dont  ils  semblent  former  la  partie  infé- 
rieure. 

»  d.  Gypses  et  cargneules  supérieurs,  bien  développés  en  Maurienne,  immédiate- 
ment au-dessous  du  rhétien  à  Avicula  conforta  et  renfermant  des  bancs  de  schistes 
ardoisiers  lilas  et  verts.  Ces  gypses  et  ces  cargneules  se  montrent  superposés  aux  cal- 
caires C  dans  les  environs  de  Moutiers  (Savoie),  au  col  de  Varbuche  (Savoie),  à 
Valloires  et  Bonnenuit  et  dans  le  Briançonnais  (environs  du  Monétier  de  Briançon). 

»  Des  schistes  lilas  et  verdàtres  occupent  la  partie  supérieure  des  gypses  (Cham- 
pessuit,  Villarly,  col  de  Varbuche,  etc.),  en  Maurienne  et  se  retrouvent  dans  le  Brian- 
çonnais associés  et  mêlés  aux  calcaires  C  (environs  de  Saint-Martin-de-Queyrières,  de 
Vallouise,  du  col  Néal,  etc.). 

v  En  résumé,  si  l'on  tient  compte  de  ce  que  : 

»  i°  Le  gypse  et  les  calcaires  semblent  se  remplacer  mutuellement  et 
leurs  épaisseurs  paraissent  croître  aux  dépens  l'une  de  l'autre  (Maurienne 
et  Briançonnais); 

»  20  Dans  l'ouest  de  la  Maurienne  et  de  la  Tarentaise,  les  gypses,  au  lieu 
d'être  intercalés  entre  les  quartzites  et  les  calcaires,  occupent  la  partie 
supérieure  du  trias  ; 

»  3°  Au  tunnel  du  Grand-Galibier,  on  voit  les  gypses  (qui  en  profon- 
deur sont  de  Y anhydrite)  passer  latéralement,  à  des  calcaires  dolomitiques. 
A  la  montée  du  mont  Genèvre,  les  calcaires  passent  nettement  à  des  car- 
gneules; 

»  4°  Dans  les  gypses  on  remarque  fréquemment  des  blocs  anguleux 
de  calcaire  noyés  dans  la  masse  sulfatée  et  semblant,  comme  les  fragments 
analogues  contenus  dans  les  cargneules,  n'être  autre  chose  que  des  restes 
de  la  roche  primitive,  épargnés  par  la  transformation  qu'a  subie  la  masse 
entière; 

»  On  est  amené  à  conclure  que  les  gypses,  cargneules  inférieurs  et  su- 
périeurs et  calcaires  ne  sont  que  des  modifications  diverses  d'un  seul  et 
même  ensemble  ». 


(67  ) 


HYDROGRAPHIE.   —  Sondages  du  lac  Léman.  Note  de  M.  A.  Delebecque, 

présentée  par  M.  Danbrée. 

«  C'est  seulement  en  1890  que,  à  la  suite  de  sondages  exécutés  les 
années  précédentes,  la  première  Carte  hydrographique  générale  du  lac 
Léman  a  été  donnée.  L'excellente  Carte  de  M.  Pictet,  faite  en  1877,  ne 
comprenait  que  la  partie  du  lac  qui  s'étend  de  Genève  à  Hermance. 

»  La  nouvelle  Carte  est  dressée  à  l'échelle  de  25ôll0  et  par  courbes  iso- 
bathes espacées  de  ioœ.  La  partie  suisse  a  été  exécutée  par  M.  Horn- 
limann,  sous  la  direction  de  M.  le  colonel  Lochmann  ;  le  Ministère  des 
Travaux  publics  m'a  confié  la  partie  française,  et  j'ai  été  secondé  par 
MM.  Falletti,  Garcin  et  Magnin. 

»   Voici,  en  quelques  mots,  la  description  du  relief  du  lac  : 

»  Le  lac  Léman  se  compose  essentiellement  de  deux  parties,  le  grand  lac,  entre 
Nernier  et  Villeneuve,  le  petit  lac  entre  Nernier  et  Genève. 

»  Le  grand  lac  est  un  bassin  dont  la  profondeur  maximum  entre  Evian  et  Ouchy 
est  de  3iora;  le  fond  de  ce  bassin  est  une  vaste  plaine  presque  horizontale;  sur  une 
surface  d'environ  46kmi,  la  dénivellation  extrême  est  de  5m. 

»  L'inclinaison  des  talus  de  ce  bassin  est  très  faible  suivant  l'axe  longitudinal  du 
lac  (iomm  à  i5mm  par  mètre).  Transversalement,  elle  est  plus  forte  :  elle  varie  de  i° 
ou  2°  dans  les  baies  de  Rolle  et  de  Condrée,  à  3o°  près  de  Meillerie,  48°  près  de 
Saint-Gingolph  et  56°  au  pied  du  château  de  Chillon. 

i>   Les  principales  particularités  du  grand  lac  sont  : 

»  Le  ravin  sous-lacustre  du  Rhône,  décrit  et  expliqué  par  M.  le  professeur  Forel 
(Comptes  rendus,  t.  CI,  p.  -25,  et  Bulletin  de  la  Société  vaudoise  des  Sciences  na- 
turelles, t.  XXIII,  1887); 

»  Le  delta  de  la  Dranse,  type  caractéristique  des  deltas  torrentiels  (les  terrasses  de 
Thonon,  au-dessus  de  la  Dranse,  ne  sont  que  des  restes  d'anciens  deltas  de  cette  ri- 
vière) ; 

»  Quelques  accidents  orographiques,  dont  le  plus  important  est  un  monticule  im- 
mergé, en  avant  de  Cully.  La  profondeur  sur  ce  monticule  n'est  que  de  239m,  les  fonds 
voisins  ayant  25om. 

u  Le  grand  lac  est  séparé  du  petit  lac  par  la  barre  de  Nernier  ou  de  Fromenthoux, 
sur  laquelle  la  profondeur  est  de  66m.  Sur  le  versant  oriental  de  cette  barre,  on  trouve 
des  cailloux  morainiques  recouverts  de  mousse  ('). 

«  Le  petit  lac  se  compose  de  quatre  cuvettes  profondes  de  yô"1,  70'",  70"1  et  5om, 
séparées  par  des  barres  très  aplaties,  sur  lesquelles  la  profondeur  est  de  63m,  64m  et 


(')   Forel,  Comptes  rendus,  19  octobre  iS8.j. 


(  68  ) 

/i7m.  En  f;iee  de  Bellerive  et  par  des  fonds  de  25,n,  s'élève  un  monticule  important, 
sur  lequel  la  profondeur  n'est  que  de  8m.  Ce  monticule,  dit  les  Hauts-Monts,  est  con- 
stitué par  la  mollasse,  d'après  les  observations  de  Pictet. 

»   La  surface  du  lac  est  de  582kuu';  son  volume  de  89  milliards  de  mètres 
cubes;   sa  profondeur  moyenne,  quotient  du  volume  par  la  surface,  de 


i53m. 


M.  Delaueier  adresse  une  Note  intitulée  «  De  la  combinaison  de  l'azote 
avec  d'autres  éléments  chimiques,  sans  l'intervention  des  microbes  ». 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  J.  B. 


ERRATA. 


(Séance  du  22  décembre  1890.) 

Note  de  M.  A.  Rornieux,  Relations  entre  les  déformations  actuelles  de  la 
croûte  terrestre  et  les  densités  moyennes  des  terres  et  des  mers  : 

Page  994.  ligne  18,  après  qu'elle  sépare,  mettre  un  point  et  aller  à  la  ligne. 
Même  page,  lignes  19  et  ai,  au  lieu  de  immergées,  lisez  émergées. 
Page  996,  ligne  23,  au  lieu  de  M.  Subau,  lisez  M.  Supan. 
Même  page,  ligne  24,  au  lieu  de  maxima,  lisez  marines. 


(Séance  du  29  décembre   1890.) 
Prix  Serres,  page  1070,  ligne  10,  au  lieu  de  Dragon,  lisez  Dugon. 


N*  1. 

TABLE  DES  ARTICLES,    f Séance  du  S  janvier  1891.) 


Étal  de  l  académie  des  Si  ienees  au  i     janviei    i    |i 


RENOUVELLEMENT    ANNUEL 

DU    BUREAU    DE    l.\    COMMISSION   ADMINISTRATIVE. 


l 'âges. 
\l.    d'Abbadii    esl    élu   Vice-PrésidenI    pour 

l'année  [891 '  ' 

MM.   ii  1  1    sonl  1  lus 

na<  ml  le  1      Com 

mini- 1  rai  h  e  f '  1  année      91 .. '  \ 

M.  HehAite,    Président    sortant,    fail 


pas 
naître   à    I  Vcadémie    l'état   où   se  trouve 
I  impression    ries    Recui  il-  qu'elle  public, 

el    li-  nents    survenus  1 ni    les 

Mernt)  |  1  espondanl 

-    1890 


MÉMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE 


M.  le  Mrai  1     ; 

1  r  des  Ile  s.ux-  \:;  i      idresse   1 ai 

lii m  du  1 1                             I  M.  le  Pn 
de  la  République   appi  ouve    I  1  lecl  ion    de 
M.  Mallard,   dans  la   Section  de  Minéra- 
logie, en  retnpli                     M.  Edmond  Hé- 
bert  


M.  Bi  1 . 1 1  i ■  nu.       Sur  l'onde  explosive,  sui 
,,  ictéristiqu      de  la  di  tona 

lion  et  sa  \  ilc  ise  de  propa   ation  dans  les 
liquides,  el  spécialement 

de  méthyle 

M.  Bn                   Sur  une  cla:  -     d'équations 
il;  


MÉMOIRES  PRESENTES. 


M.  G.  Gnr  il  adresse  1 
rel  11  ifs  à  la  na  

M.  In.  I.  iun  appelle  de  nou  ni  ion 

de  l'Ai  adémie  sur  i'  -      lai  ion  ■  qui  lui  pa- 
raissent exister  enl  re  les  variation  - 
pre  ision   ai  mosphi  1  iq 


M.   ['al  adresse  une  Note  sur  les 

tacli  01  tobre  et  novembn 

\1.  .1.    ..  une  Note 

ie  de  la  


CORRESPON D ANC  Ë . 


M.  Bedow,  II.  \.  Billet,  M.  G.  Coi  in.  M.  C. 

|i  ,1.1  mi,  M.    Cil.    Di  Pi  Kl  T,    M.    !.. 

\l.  1 .1  .  .1  ..h  r,  M.   \.-\\.  GniFFiTii   .  M.  F. 

Guyon,  M.  Hanriot,  M.  1  11  ■  . 

M    '    Is  '.'lin  1;  I  .    M  .    .1     :  1     .  .   .    M.    \. 

Lai  i  t.  M.   \.  I.i  dieu,  M.  .1.  I  1 

Teil,  M.  A.  Olivier,  M.  \.  Madamet,  M. P. 

Painlevé,  M.  J.-V.  Mi  s. 

DE   Gt  VSEX  U'I'.    M.   G.    \\  1 

sent    leurs   remerciements    à    i  \i :s 
pour   les  distincl  ions    accor  lées    à     leurs 
travaux 

M.   le  Sei  RETAIKI                                     - 
les    pièces   imprimées    dé    la    Correspon- 
dance,  la   \  ingl  h  ne   anm  e  du  -  Journal 
du  Ciel  »  

M.  le  Secri  1  us  1.  n  i.n,  un,  donne  lecl  u 

d'uni'  Lettre  de   M.  '.'.  de   Vaux,   c u  1 

ii.nii   l'élai  di  élevée    en  17  i" 

_par  de  la  Co  u  ités  de 

la  base  bon  île  qui  .1  sen  1  i  la  me  iure  de 
l'arc  du   I 

qui  se  1 .1!  ...  hi  ni  .1  1  e  tpéd n  de  ;  • 

Bouguer  et  de  la  I  londamine 


33 


\1.  p.  V;  1  ,  ,  Sur  des  équations  différen- 

ticlli  -  transformables  en  elles 

m  1  banj     'i  il 

de  variable 

M.  Th.  Moi  m:  vus.  —  Sur  la  valeur  absolue 

de     éléments    magnél  iques     au     1  '    jan- 



M.  11.  Bigollot.  —  Sur  les  spectres  d'ab- 
sorption des  solution  

M.  u.  .,!  Ciiatkliur.  Influence  de  la  ti  empe 
sur  !  :  1  ncë  électrique  di    l'ai  ier 

VI.  Viei  i-  Influence  du  covofume  des 
-,,/  suf  1  e  de  propagi  ion  des  phé- 
nomènes explosifs 

M.   |)\  1  .         Sur  1rs  n. milieu 

.,  paniques  isomèi  1      '-1 



M.    V iM .  1  pm    Ken  \i;i>.         Sur  lé  Lrithiényle. 
M,  j.  Mi  Vction  du   ben  i)  latc    de 

s. unie  sur  le  camphre  cyané 

M.  Ed.  Sur  une  mél  liode  géné- 

rale d'an  '-      e  lux-dé-  \  ie   el  alcools 

du  r ni  1  '  ■ 

M.  Augustin  Letellier.—  La  fonction  uri- 


ifi 


IH 


'l« 


N«  1; 

SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES. 


Pages 


naire  s'exerce  chez  les  Mollusques  acé- 
phales, par  l'organe  de  Bojanus  et  par  les 
glandes  de  Keber  et  de  Grobben 

M.  L.  Joubin.       Sur    le  dé  ni   des 

chroma topl -    des    Céphalopodes   octo- 

podes 

M.  IL  Moniez.-  Sur  V Atlantonema  rigida 
v.  Siebold,  parasite  de  différents  Coléo- 
ptères coprophages 

M.  \.  de  Grossouvre.  —Sur  la  position  de 
la  craie  de  Touraine 

K.RR  VTA 


Pages. 

AI.  W.  Kilian.  —  Contributions  à  la  connais- 
sance géologique  des  chaînes  alpines  entre 
Mouticrs  (Savoie)  et  Barcelonnetle  (Bas- 
ses-Alpes).  Terrains  antérieurs  au  juras- 
sique  .'.  .    ..        63 

M.  A.  Delebecq.uk.  —  Sondages  du  lac  Lé- 
man         g_ 

M.  Delauribr  adresse  une  Noie  intitulée  : 
o  L>e  la  combinaison  de  l'azote  avec  d'au- 
tres éléments  chirniqu.es,  sans  l'interven- 
tion des  microbes  « 


68 
68 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILL  ARS   ET  FILS, 
Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 


1891 


1891 


Jrf-Ja  PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM*   *>ES  SECRÉTAIRES   PEKPÉTl'ELS. 


TOME  CXII. 


N°2  (12  Janvier  1891). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS,   IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES  RENDUS  CES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  a4  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
{'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie' 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap-< 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 
» 
Article  2 .  —  Impression  des  travaux  des  Savants 

étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  Jus  ou  présentés  par  des  personnes  1 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 1 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sonl 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rendul 


Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par     actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sue 
les   correspondants  de  l'Académie  comprennent  au      vant,  et  mis  à  la  fin  du  cahier 
plus  4  pages  par  numéro. 


Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5 . 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprèi 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  lei 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE   DU    LUNDI   12  JANVIER    1801, 
PRÉSIDENCE  UK  M.  DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS   DE  L'ACADÉMIE. 

GÉODÉSIE.   —  Sur  l'hypothèse  du  sphéroïde  et  sur  la  formation  de  la  croûte 

terrestre;  par  M.  H.  Faye. 

«  Au  siècle  dernier,  les  géomètres  et  les  astronomes  attribuaient  à  la 
surface  mathématique  de  notre  planète  la  figure  d'un  ellipsoïde  de  révolu- 
tion aplati  aux  pôles.  Tous  les  astres  du  système  solaire,  dont  les  molé- 
cules ont  joui  à  l'origine  et  jouissent  encore  en  partie  de  l'extrême  mobi- 
lité des  fluides,  ont  pris  en  effet,  sous  la  seule  influence  des  attractions 
mutuelles  de  ces  particules,  une  figure  sphérique,  comme  le  Soleil,  la 
Lune,  etc.,  et,  pour  ceux  dont  la  rotation  est  la  plus  rapide,  comme 
Jupiter  et  Saturne,  une  figure  de  révolution  dontl'ellipticité  est  manifeste. 
La  grande  Commission  du  système  métrique  est  partie  de  cette  idée. 
Quand  elle  entreprit  de  mesurer  la  Terre  avec  une  précision  inconnue 

C.  R.,  1891,  i«  Semestre.  (T.  CXII,  N»  2.)  1° 


(  7«) 
avant  elle,  elle  se  préoccupa  naturellement  des  irrégularités  de  sa  surface 
physique;  mais  il  lui  parut  suffisant  de  donner  à  ses  mesures  le  plus  d'é- 
tendue possible,  et  d'éviter  d'en  faire  aboutir  les  extrémités  au  voisinage 
des  grandes  chaînes  de  montagnes. 

»  Peu  après  l'établissement  du  svstème  métrique,  quelques  savants 
pensèrent  que  les  dislocations  de  la  croûte  terrestre  devaient  avoir 
altéré  profondément  la  surface  de  niveau  des  mers  et  l'avoir  transformée 
en  un  sphéroïde  tout  à  fait  irrégulier.  Mais,  pour  apprécier  sainement 
l'influence  de  ces  dislocations  géologiques,  il  aurait  fallu  savoir  com- 
ment elles  se  sont  produites.  Si  les  hauts  plateaux  de  l'Asie,  par  exemple, 
étaient  dus  au  transport  horizontal,  d'une  région  à  l'autre,  de  masses 
considérables  de  roches  et  de  sédiments,  il  en  serait  certainement  résulté 
une  déformation  notable  dans  la  surface  de  niveau  des  mers.  En  serait-il 
de  même  si  ces  grandes  saillies  étaient  dues  à  un  déplacement  de  maté- 
riaux dans  le  sens  vertical?  La  question  ne  fut  même  pas  posée.  L'idée 
d'un  sphéroïde  restait  donc  à  l'état  de  supposition  gratuite.  Laplace  l'a  si 
bien  compris  qu'il  a  tenté  de  s'appuyer  sur  les  mesures  mêmes  des  géodé- 
siens  et  de  prouver  qu'en  fait  la  Terre  n'était  pas  un  ellipsoïde  de  révolu- 
tion. 

»  Pour  faire  apprécier  la  démonstration  de  Laplace,  il  suffit  de  mettie 
en  regard,  dans  le  Tableau  suivant,  les  données  de  son  calcul  et  celles 
dont  la  Science  dispose  aujourd'hui. 


Données  de  Laplace. 


Données  des  calculs  actuels. 


Dates. 

1736 
1751 
1761 
1751 
1792 
1762 
1736 


Arcs 
mesurés. 


Amplitude. 


Pérou 

Gap 

Pensylvanie .... 

Italie 

France 10,7 

Autriche 3,3 

Laponie 1  ,o 


.,4 
1 ,6 


Dates. 


Arcs 
mesurés. 


1791-1862  Anglo-français.  .  . 

iSl  G-  185G  Suédo-russe 

1860  Cap 

1823-1873  Indes 

1823-1873  Parallèle  des  Indes, 

1736  Pérou 

1838  Prusse 

1838  Hanovre 

1838  Danemark 


Amplitude. 

o 
23,2 

25,3 

4,5 
21  ,5 
6,0 
3,i 
i,5 
2,0 
'À 


»  Les  immenses  travaux  de  ce  siècle,  à  quelque  époque  de  leur  déve- 
loppement que  vous  les  preniez,  ont  toujours  abouti  aux  mêmes  conclu- 
sions. Airy  en  i838,  Bessel  en  i84o,  Clarke  en  1880  ont  tous  trouvé,  non 
le  sphéroïde  de  Laplace,  mais  un  ellipsoïde  de  révolution  bien  caractérisé. 


(  V  ) 
Et  si  l'on  peut  objecter  que  les  mesures  géodésiques  sont  uniquement 
relatives  aux  continents  et  qu'elles  portent  en  grande  majorité  sur  l'hémi- 
sphère boréal,  on  répondra  que  les  mesures  contemporaines  du  pendule 
donnent  sensiblement  la  même  chose;  or  ces  mesures  ont  été  exécutées 
sur  les  d?ux  hémisphères,  aussi  bien  sur  les  mers  que  sur  les  continents. 

»  Notions  géodésiques  suri 'écorce  terrestre.  —  Dès  la  première  période  de 
la  Géodésie,  on  savait  parfaitement  tenir  compte  des  irrégularités  visibles 
de  la  croûte  terrestre.  C'est  ainsi  que  les  géodésiens  de  cette  époque  calcu- 
laient les  effets  de  l'attraction  des  montagnes  sur  le  fil  à  plomb  et  s'éton- 
naient de  trouver  qu'elle  ne  répondait  pas  à  la  quantité  de  matière  qu'elles 
représentaient  en  saillie  sur  la  surface  générale  du  globe.  Il  devait  donc 
exister,  disaient-ils,  à  l'intérieur  ou  au-dessous  du  Pichincha  en  Amérique, 
à  l'intérieur  ou  au-dessous  des  Alpes,  des  Pyrénées  ou  des  Apennins  en 
Europe,  de  vastes  cavernes  pour  compenser  cet  excédent.  Ces  cavernes 
hypothétiques  ne  devaient  guère  obtenir  l'assentiment  des  géologues;  mais 
ce  premier  aperçu,  tout  faux  qu'il  fût,  laissait  entrevoir  une  notion  impor- 
tante, celle  des  compensations  qui  devaient  exister,  dans  le  sens  vertical, 
entre  les  densités  des  couches  successives  de  l'écorce  terrestre.  Cette  notion 
a  pris  corps  à  notre  époque;  elle  a  été  nettement  formulée  par  M.  Pratt, 
lorsque  ce  savant  calculateur  des  grandes  opérations  anglaises  aux  Indes 
eut  montré  que  l'énorme  plateau  central,  sur  lequel  s'élèvent  les  cimes 
himalayennes,  n'exerce  aucune  action  appréciable  sur  le  fil  à  plomb  à 
moins  qu'on  n'en  vienne  à  la  proximité  immédiate  de  ces  cimes  elles- 
mêmes. 

»  Chose  bien  frappante  alors,  ce  fut  de  voir  que  les  observations  du  pen- 
dule dans  les  mêmes  régions  accusaient  la  même  absence  d'action,  non  plus 
sur  la  direction,  mais  sur  l'intensité  de  la  pesanteur.  C'est  ce  que  M.  Pratt 
résuma  en  disant  qu'en  dépit  de  notre  ignorance  sur  la  loi  de  la  formation 
de  l'écorce  terrestre  les  grandes  dénivellations  de  cette  écorce  devaient 
tenir  à  des  inégalités  de  contraction  que  cette  écorce  aura  subies  en  passant 
de  l'état  liquide  à  l'état  solide,  de  telle  sorte  qu'il  existerait  pour  les  con- 
tinents, et  même  en  partie  pour  les  montagnes,  une  diminution  dans  la  quan- 
tité de  matière,  à  peu  près  égale  à  l'excédent  qui  existe  au-dessus  de  la  sur- 
face des  mers.  De  même,  au-dessous  des  mers  il  se  serait  produit  un  excès 
de  densité  égal  au  défaut  de  densité  de  l'eau  qui  en  remplit  les  bassins.  De  la 
sorte  les  déformations  de  la  surface  générale  de  niveau  pourraient  être 
très  faibles,  puisque  les  transpositions  de  matière  se  seraient  effectuées  dans 
le  sens  des  rayons  du  globe. 


(  70 

»  J'ai  retrouvé  moi-même  des  effets  analogues  en  Europe,  au  Pérou,  au 
milieu  des  grands  Océans  (').  Enfin  M.  Helmert,  directeur  de  l'Institut 
géodésique  de  Berlin,  vient  d'en  signaler  des  traces  dans  les  Alpes  du  Tyrol 
et  dans  les  massifs  montagneux  du  Caucase. 

»  Ainsi  cette  mystérieuse  compensation  n'est  pas  un  fait  isolé  :  c'est 
une  loi  générale  que  les  irrégularités  visibles  se  trouvent  compensées  par 
d'autres  que  nous  ne  voyons  pas,  de  manière  à  conserver  au  globe  ter- 
restre la  figure  d'un  ellipsoïde  de  révolution.  Les  écarts  qui  subsistent 
enire  le  calcul  et  les  mesures  géodésiques  tiennent  à  d'inévitables  défauts 
dans  cette  compensation  ;  ils  ne  paraissent  suivre  aucune  loi  ;  on  est  donc  en 
droit  de  les  considérer  comme  des  écarts  accidentels.  Il  s'agit  mainte- 
nant de  faire  voir  que  cette  compensation  résulte  d'une  loi  de  la  nature 
qui  s'applique  particulièrement  à  la  Terre. 

«  Formation  de  la  croûte  terrestre.  —  La  croûte  superficielle  des  astres 
se  forme  par  leur  refroidissement  progressif.  Si  l'on  considère  ce  phéno- 
mène dans  toute  sa  simplicité,  il  n'y  a  pas  de  raison  pour  que  la  surface 
mathématique  subisse  de  vastes  déformations  par  suite  des  accidents  locaux 
d'origine  physique  ou  chimique.  Par  son  poids,  cette  croûte  reste  constam- 
ment appliquée  sur  le  noyau  fluide,  au  moyen  de  la  contraction  infinitési- 
male de  chacun  de  ses  éléments.  L'astre  reste  donc  sphérique.  Telle  est  la 
Lune,  dont  la  surface  parfaitement  ronde,  sauf  un  allongement  impercep- 
tible du  rayon  dirigé  vers  nous,  ne  présente  que  de  petits  accidents  craté- 
riformes  bien  différents  de  nos  continents  et  de  nos  longues  chaînes  de 
montagnes.  Telle  serait  la  Terre  s'il  n'y  avait  eu,  dès  l'origine,  autre  chose 
qu'un  refroidissement  uniforme.  Pour  sentir  la  force  de  cet  argument,  il 
faudrait  avoir  sous  les  yeux,  en  même  temps,  une  Carte  de  la  pleine  Lune 
et  une  mappemonde  terrestre. 

»  Je  m'occupais  de  ces  comparaisons  il  y  a  plus  de  vingt  ans,  lorsque  je 
tombai  sur  les  sondages  profonds  de  la  frégate  la  Vernis,  qui  avaient  mis  en 

(')  On  a  observé  qu'au  milieu  des  mers  le  pendule  donne  une  pesanteur  un  peu 
trop  forte.  Les  partisans  du  sphéroïde  qui  tiennent  encore  à  cette  hypothèse,  malgré  les 
immenses  mesures  de  ce  siècle  qui  en  démontrent  la  fausseté,  en  ont  déduit  que  le 
milieu  des  mers  est  profondément  déprimé  au-dessous  delà  surface  normale.  Mais  cet 
excès  de  pesanteur  tient  seulement  à  ce  qu'on  a  négligé  une  correction  indispensable, 
celle  du  support,  de  l'îlot  sur  lequel  l'observateur  a  dû  opérer.  Cet  îlot  a  en  effet  un 
excès  de  densité  sur  l'eau  ambiante.  En  en  tenant  compte  autant  que  possible,  on  re- 
trouve la  pesanteur  normale.  Ouant  à  l'Océan  lui-même,  son  défaut  de  densité  est 
compensé  par  l'excès  de  densité  de  la  croûte  terrestre  située  au-dessous. 


(  73  ) 
évidence  ce  fait  bien  frappant  :  que  la  température  décroît  verticalement 
dans  les  Océans,  tandis  qu'elle  croît  rapidement  sous  les  continents.  Elle 
tombe  même  à  — i°  ou  —  2°  dans  les  sondages  récents,  par  6ooom  ou 
7000™  de  profondeur.  J'en  conclus  la  loi  suivante  :  .4  toutes  les  époques,  le  re- 
froidissement du  globe  terrestre  va  plus  vite  et  plus  profondément  sous  les  mers 
que  sous  les  continents,  loi  que  plusieurs  géologues  ont  bien  voulu  admettre 
en  France  et  à  l'étranger  ('  ).  Dès  lors,  la  différence  d'aspect  de  la  Lune  et 
de  la  Terre  est  expliquée.  Sur  la  Terre  l'écorce  sous-marine,  en  devenant 
plus  épaisse,  pèse  davantage  sur  la  masse  interne  enfusion  :  cet  excès  dépres- 
sion sans  cesse  renouvelé  se  propage  en  tous  sens,  sous  l'écorce  continue 
du  globe,  par  suite  de  la  fluidité  de  la  masse  centrale,  et  tend  à  soulever  les 
parties  faibles  de  cette  enveloppe  solidifiée,  c'est-à-dire  la  croule  conti- 
nentale, et  à  pousser,  le  long  d'anciennes  lignes  de  fracture  de  l'écorce 
primitive,  des  masses  intérieures  sous  forme  de  chaînes  de  montagnes,  à 
mesure  que  les  bassins  des  mers  s'approfondissent  de  plus  en  plus.  LaLune, 
au  contraire,  n'a  pas  de  mers.  Les  eaux  profondes,  si  elle  en  a  jamais  eu, 
n'y  jouent  depuis  longtemps  aucun  rôle.  Il  n'est  pas  étonnant  dès  lors  que 
sa  surface,  criblée  de  cratères  petits  ou  grands,  présente  un  tout  autre  as- 
pect, et  qu'elle  n'ait   ni  chaînes  de  montagnes,  ni  grands  continents,  ni 
profondes  dépressions.  Elle  n'offre  même  aucune  trace  d'érosions  dues  à 
L'action  des  eaux;  ses  plages  obscures  sont  visiblement  dues  à  l'épanche- 
menl  de  masses  fondues  venues  de  l'intérieur,  plutôt  qu'à  l'accumulation 
de  sédiments  transportés  de  loin  par  voie  horizontale. 

»   Plus  tard,  je  m'aperçus  que  cette  loi  rendait  parfaitement  compte  de 


(')  On  a  objecté  que  cet  abaissement  considérable  de  température  observé  à  6ooom 
ou  7000™  de  profondeur,  étant  dû  aujourd'hui  à  l'afflux  des  eaux,  polaires,  le  phéno- 
mène n'a  pas  dû  exercer  d'influence  avant  l'établissement  des  saisons  sur  le  globe.  Il 
y  a  là  une  méprise  évidente.  La  loi  susdite  tient  à  cette  propriété  de  l'eau  chauffée 
en  dessous  de  transmettre  rapidement  en  haut,  par  convection,  le  moindre  afflux  de 
chaleur;  elle  a  donc  dû  exister  à  toutes  les  époques  géologiques.  On  a  objecté  encore 
que  si  l'on  entretenait,  à  la  surface  de  la  croûte:  terrestre,  une  région  limitée  à  la  tem- 
pérature de  2000  au-dessus  de  la  température  du  reste  de  la  surface,  cela  n'aurait 
aucun  effet  bien  sensible  sur  le  refroidissement  des  couches  profondes  à  cause  du 
peu  de  conductibilité  des  roches.  Là  n'est  pas  la  question.  Il  s'agirait,  dans  cette  sin- 
gulière supposition,  de  remplacer  une  couche  d'eau  épaisse  d'une  lieue  et  demie,  qui 
conduit  parfaitement  tout  afflux  de  chaleur  venant  du  bas,  par  une  couche  de  roches 
d'une  lieue  et  demie  d'épaisseur,  dont  la  conductibilité  en  tout  sens  serait  extrême- 
ment faible. 


e 


(  74  ) 
la  compensation  plus  ou  moins  complète  dont  je  viens  de  parler.  Elle  a 
pour  corollaire  et  pour  complément  le  travail  de  la  pesanteur,  des  eaux  et 
des  glaciers  sur  les  parties  émergées.  Sur  les  flancs  d'une  vaste  fracture, 
relevés  à  des  hauteurs  considérables,  les  sédiments  anciens  glissent  parfois 
ou  sont  forcés  de  se  replier;  partout  où  l'écorce  s'incline  sur  une  surface 
de  niveau,  les  eaux  entraînent  les  détritus  qui  vont  former  au  loin  des 
sédiments  nouveaux  et  modifient  ainsi  l'aspect  du  globe  terrestre.  Ce 
second  travail  ne  saurait  donner  lieu  à  une  compensation,  parce  qu'il  opère 
dans  un  sens  à  peu  près  horizontal  ;  mais  il  en  est  tout  autrement  des  ac- 
tions verticales  primordiales  qui  résultent  de  la  différence  de  refroidisse- 
ment entre  les  parties  immergées  et  les  parties  émergées.  Lorsque  la  croûte 
sous-marine  s'affaisse  par  son  excès  de  densité,  elle  rapproche  du  centre  des 
matériaux  trop  denses,  et  en  même  temps  l'eau  supérieure  remplit  la 
place  qui  lui  est  laissée  libre  au-dessus.  Tl  y  a  donc  compensation  partielle 
ou  totale.  De  même,  lorsque  la  croûte  continentale  est  peu  à  peu  ex- 
haussée par  la  poussée  verticale  de  la  masse  interne  qui  résulte  de  l'af- 
faissement susdit,  elle  est  remplacée  en  dessous  par  une  partie  de  la 
masse  liquide  non  encore  refroidie  et  cristallisée;  là  encore  il  y  a  compen- 
sation. 

»  Ce  qui  précède  explique  et  complète  la  théorie  des  soulèvements  en 
Géologie.  Ce  qui  manquait  à  Léopold  de  Buch  et  à  A.  de  Humboldt,  c'était 
de  pouvoir  assigner  la  cause  des  puissantes  impulsions  qui,  parties,  suivant 
eux,  de  l'intérieur,  allaient  çà  et  là  soulever  et  bosseler  l'écorce  terrestre. 
Notre  théorie  montre  qu'elles  sont  dues  à  la  réaction  (sur  des  points 
faibles)  d'une  masse  fluide  enfermée  dans  une  écorce  dont  une  partie  con- 
sidérable se  refroidit  plus  vite  que  l'autre  et  se  rapproche  davantage  du 
centre  par  son  excès  de  poids.  En  d'autres  termes,  il  manquait  à  la  théorie 
des  soulèvements  la  loi  précédente  du  refroidissement  pour  un  globe 
recouvert  en  grande  partie  de  mers  profondes. 

»  J'ajouterai,  pour  tâcher  de  préciser  quelque  peu  les  idées,  que  la 
masse  interne,  maintenue  depuis  des  millions  d'années  à  l'état  de  mobilité 
ignée,  n'exerce  depuis  longtemps  aucun  rôle  géologique  bien  appréciable, 
car  elle  n'est  atteinte  par  le  refroidissement  que  par  l'intermédiaire  de  ses 
couches  en  contact  avec  l'écorce  solidifiée,  où  la  marche  de  la  chaleur  est 
déjà  si  lente,  et,  dans  cette  masse  énorme  de  liquide  où  des  courants  de 
toute  sorte  peuvent  se  produire,  ces  variations  s'absorbent  dans  la  niasse 
entière,  et  ne  sauraient  affecter  indéfiniment  des  parties  isolées,  comme 
cela  arrive  dans  l'épaisseur  de  la  croûte  solide. 


(  75  ) 

»  Dans  cette  niasse  fluide,  les  couches  se  sont  rangées  de  tout  temps 
d'après  l'ordre  des  densités  des  espèces  chimiques,  lesquelles  présentent 
des  lacunes  fort  disparates,  mais  ces  couches  doivent  être  restées  homo- 
gènes. Près  de  la  croûte,  dont  l'épaisseur  varie  d'une  région  à  l'autre,  et 
dans  la  croûte  même,  la  succession  des  densités  dans  le  sens  vertical  varie 
d'un  rayon  à  l'autre.  Tl  est  difficile  d'en  apprécier  l'effet  sur  les  constantes 
mécaniques  du  globe.  Toujours  est-il  que  les  mesures  géodésiques,  indé- 
pendantes de  toute  hypothèse  sur  ces  variations,  assignent  à  la  Terre  la  fi- 
gure d'une  surface  de  révolution  on  se  retrouve  inaltéré  l'effet  de  sa  lente 
rotation,  parce  que  cet  effet  intéresse  l'énorme  masse  du  globe,  tandis 
que  les  dislocations  superficielles  n'intéressent  que  les  minces  couches 
superficielles.  De  même,  les  mesures  des  astronomes  assignent  à  la  Lune 
une  figure  analogue  (sans  aplatissement)  dans  laquelle  subsiste  le  faible 
renflement  double  que  Laplace  a  découvert  par  la  théorie  et  que  les  révo- 
lutions sélénogràphiques  n'ont  pu  altérer,  parce  que  lui  aussi  intéresse  la 
masse  entière  de  notre  satellite. 

»  En  terminant,  je  suis  heureux  de  dissiper  les  cloutes  que  des  critiques 
mai  fondées  ont  lait  planer  longtemps,  surtout  à  l'étranger,  sur  l'œuvre 
de  la  grande  Commission  du  système  métrique;  on  peut  seulement  lui 
reprocher,  s'il  est  permis  de  s'exprimer  ainsi,  d'avoir  adopté  une  vérité 
capitale  sur  do  simples  analogies,  alors  que  la  démonstration  de  cette 
vérité  ne  devait  se  compléter  qu'au  siècle  suivant.  » 


.mécanique.  —  Note  sur  les  poulies-volants  ;  par  M.  Léautë. 

«  Le  poids  des  volants  des  machines  à  vapeur,  que  l'on  fixait  ancienne- 
ment par  des  règles  purement  empiriques,  s'obtient  aujourd'hui,  grâce 
aux  travaux  de  Coriolis  et  de  Poneelet,  par  des  formules  algébriques  ou  par 
des  méthodes  graphiques  bien  connues  des  constructeurs.  On  sait  calculer 
les  dimensions  d'un  volant  pour  une  machine  destinée  à  effectuer  un  tra- 
vail déterminé  dans  îles  conditions  données  de  régularité. 

»  Il  s'est  trouvé  cependant,  et  surtout  dans  ces  dernières  années,  que 
pour  certaines  applications  spéciales,  comme,  par  exemple,  pour  l'éclai- 
rage électrique,  la  régularité  fournie  par  les  volants  ordinaires  était  insuf- 
fisante et  qu'il  y  avait  lieu  d'en  augmenter  l'énergie. 

»  Mais  l'accroissement  de  la  puissance  d'un  volant  n'est  pas  sans  pré- 
senter des  inconvénients  et  plusieurs  constructeurs,  dans  le  but  de  les 


(  76  ) 
éviter,  ont  eu  l'idée  d'utiliser  les  poulies  de  la  transmission  pour  augmenter 
la  régularité  du  mouvement. 

»  Celte  disposition  est  d'autant  plus  efficace,  dans  les  cas  dont  nous  par- 
lons, que,  les  poulies  marchant  à  une  grande  vitesse,  il  suffit  d'une 
faible  augmentation  du  poids  de  la  jante  pour  en  faire  des  volants  assez 
énergiques,  et  elle  peut  donner  d'excellents  résultats  si  elle  est  appliquée 
d'une  manière  judicieuse. 

»  Toutefois  les  constructeurs  s'attachent  généralement  à  conserver  au 
volant  de  la  machine  sa  puissance  habituelle,  et  l'on  ne  possède  pas  en- 
core de  données  pratiques  bien  précises  sur  la  diminution  de  poids  que 
l'on  pourrait  admettre  pour  cet  organe  si  essentiel. 

»  A  ce  point  de  vue,  une  expérience,  tentée  récemment  à  la  poudrerie 
de  Saint-Médard-en-Jalles  par  MM.  Lecouteux  et  Garnier,  présente  un 
intérêt  tout  particulier. 

»  Dans  l'installation  dont  il  s'agit,  ces  habiles  constructeurs  ont, 
en  effet,  adopté  précisément  la  disposition  inverse  de  celle  dont  il  vient 
d'être  question. 

»  Le  volant  de  la  machine  n'a  guère  que  le  quart  de  la  puissance  qu'il 
devrait  avoir,  d'après  les  règles  connues,  pour  fournir  la  régularité  obte- 
nue; ce  sont  lespoulies  de  la  transmission  qui  constituent,  en  réalité,  pour 
la  majeure  partie,  la  masse  régulatrice  du  mouvement  du  moteur. 

»  Quant  à  la  liaison  entre  la  machine  et  la  transmission,  elle  est  réalisée 
par  un  manchon  à  griffes,  c'est-à-dire  par  un  organe  rigide  et  non  par  un 
lien  élastique.  Ces  particularités  ont  pour  effet  d'exagérer  les  réactions 
des  divers  organes,  de  rendre  plus  sensibles  les  résultats  pratiques  de  la 
disposition  adoptée  et  de  faire  plus  décisive  cette  intéressante  expérience. 

»  Malheureusement  une  dénivellation  survenue  dans  l'installation  en 
question,  dénivellation  vraisemblablement  due  à  l'insuffisance  des  fonda- 
tions, a  interrompu  ces  essais  et  il  n'a  pas  été  possible  d'en  tirer  les  ensei- 
gnements qu'ils  comportent. 

»  Mais,  en  attendant  qu'ils  puissent  être  repris,  on  peut  aisément, 
malgré  l'absence  de  données  expérimentales,  se  rendre  un  compte  assez 
evact  des  efforts  qui  se  produisent  dans  l'ensemble  de  cette  transmis- 
sion. 

»  On  reconnaît  sans  peine,  en  effet,  que,  au  point  de  vue  mécanique, 
la  disposition  adoptée  revient  à  celle  d'une  machine  à  vapeur  ordinaire 
dont  le  volant  serait  formé  de  deux  parties  :  l'une  calée  sur  l'arbre  de 
couche,  comme  d'habitude,  et  l'autre  simplement  iïxèe  sur  cet  arbre  par 


(    77  ) 
une  clavette  sur  laquelle  elle  serait  ajustée  à  frottement  doux  et  qui  por- 
terait la  courroie  de  commande. 

»  Dès  lors  les  phénomènes  à  étudier  rentrent  dans  ceux  que  j'ai  ana- 
lysés dans  ma  Note  insérée  aux  Comptes  rendus  du  4  février  1889,  sur  les 
trépidations  qui  peuvent  se  produire  dans  l'engrenage  de  commande  d'une 
transmission  actionnée  par  une  machine  à  vapeur.  Les  procédés  de  calcul 
que  j'ai  indiqués  feront  connaître  les  conditions  à  remplir  dans  ces  sortes 
d'installations  pour  éviter  les  contre-coups  nuisibles  au  bon  fonctionne- 
ment de  l'ensemble.    » 


chimie.  —  Sur  une  réclamation  de  priorité  en  faveur  de  M.  de  Chancourtois, 

relativement    aux    relations    numériques    des  poids   atomiques.    Note    de 
MM.   Lecoq  de  Boisbaidrax  et  A.  de  Lapparext. 

«  En  1884,  M.  John  Newlands  réunissait  sous  le  titre  suivant  (  '  )  :  Sur  la 
découverte  de  la  loi  de  périodicité  et  sur  les  relations  qui  unissent  les  poids  ato- 
miques, un  certain  nombre  de  Notes,  antérieurement  publiées  par  l'auteur 
dans  les  Chemical  News  durant  les  années  [864,  iB65  et  r866. 

»  Le  butde  cette  publication  était  de  revendiquer,  en  laveur  de  M.  New- 
lands, la  priorité  de  l'énoncé  de  certaines  relations  numériques  qui 
existent  entre  les  poids  atomiques  et  qui  permettent  de  grouper  les  corps 
simples  en  familles  naturelles.  L'auteur  avait  soin  d'établir  (pie  ses  tra- 
vaux avaient  précédé  ceux  de  Mendéléieff  et  il  affirmait  avoir  été  le  pre- 
mier à  faire  paraître  (le  3o  juillet  1864 j  une  liste  où  tous  les  éléments 
connus  se  trouvaient  rangés  suivant  l'ordre  de  leurs  poids  atomiques. 

»  Notre  intention  n'est  pas  de  contester  le  mérite  des  travaux  bien  con- 
nus de  M.  Newlands.  Nous  nous  proposons  seulement  d'établir  que  la  prio- 
rité en  cette  matière  ne  saurait  lui  appartenir,  attendu  que  plusieurs  des 
idées  qu'il  croit  avoir  énoncées  le  premier,  en  1864,  avaient  été,  deux  ans 
auparavant,  formulées  par  un  savant  français  devant  l'Académie  des 
Sciences. 

»  Le  7  avril  1862,  M.  Béguyer  de  Chancourtois,  alors  ingénieur  en  chef 
et  professeur  adjoint  de  Géologie  a  l'Ecole  des  Mines,  présentait  à  I   \eadé- 

(')  On  tlie  discovery  0/  the  periodical  law,  and  on  relations  among  the  atomic 
weights.  London,  Spon,  1 884- 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  IV  2  )  '  ' 


(  7«  ) 
mie  un  travail  intitulé  :  Sur  un  classement  naturel  des  corps  simples  ou  ra- 
dicaux, appelé  vis  tellurique.  Dans  deux  Communications  subséquentes 
(21  avril  et  5  mai  1862),  l'auteur  donnait  sur  son  œuvre  des  détails  com- 
plémentaires. Le  r3  octobre  de  la  même  année,  il  faisait  hommage  à 
l'Académie  du  tableau  lithographie  qui  résumait  toutes  ses  idées.  Enfin, 
le  16  mars  1 863,  il  terminait  par  quelques  considérations  générales  sur  le 
caractère  numérique  des  corps  simples,  ainsi  que  sur  les  vérifications  que 
pourrait  fournir  l'analyse  spectrale.  Dans  cette  Note  se  rencontrait  l'affir- 
mation très  explicite  que  les  propriétés  des  corps  sont  les  propriétés  des  nombres. 

»  L'idée  fondamentale  de  la  vis  tellurique  consiste  à  porter  les  valeurs 
des  poids  atomiques  le  long  de  la  génératrice  d'un  cylindre  vertical,  dont 
la  base  circulaire  a  été  divisée  en  16  parties  égales,  16  étant  le  poids  ato- 
mique de  l'oxygène.  Si  maintenant  on  trace  sur  le  cylindre  une  hélice  in- 
clinée à  /|5°  sur  l'axe,  chaque  point  de  cette  hélice  peut  être  considéré 
comme  le  point  caractéristique  d'un  corps  simple,  dont  le  poids  atomique, 
proportionnel  à  la  longueur  correspondante  de  la  spire,  se  lira  sur  la  gé- 
nératrice qui  passe  par  ce  point.  A  chaque  tour  de  spire,  l'hélice  revient, 
sur  une  même  verticale,  à  des  distances  du  sommet  du  cylindre  qui  sont 
des  multiples  entiers  de  iG  et  marquent  les  corps  dont  les  poids  atomiques 
satisfont  à  cette  condition.  De  même,  les  divers  points  d'intersection  de 
l'hélice  avec  une  quelconque  des  seize  génératrices  principales  correspon- 
dent à  des  éléments  dont  les  poids  atomiques  diffèrent  entre  eux  de  16  ou 
d'un  multiple  de  16.  Enfin  si,  après  avoir  développé  le  cylindre  sur  un 
plan,  ce  qui  transforme  l'hélice  en  une  série  de  tronçons  droits  parallèles, 
on  joint  par  une  ligne  droite  deux  points  quelconques  pris  sur  deux 
tronçons,  après  l'enroulement  cette  droite  engendrera  une  hélice  secon- 
daire et  les  intersections  de  cette  dernière  avec  les  diverses  spires  de  l'hé- 
lice principale  marqueront  des  corps  pour  lesquels  les  différences  des 
poids  atomiques  seront  des  multiples  d'une  quantité  constante.  De  cette 
manière,  le  développement  de  la  vis  tellurique,  par  un  simple  tracé  de  lignes 
droites,  permet  de  mettre  en  évidence  bien  des  relations  numériques 
simples,  qu'il  eût  été  moins  facile  de  deviner  à  la  seule  inspection  des 
chiffres. 

»  Les  relations  ainsi  établies  entre  les  poids  atomiques  correspondent 
pour  la  plupart  à  de  réelles  analogies  dans  les  propriétés  des  éléments 
correspondants.  C'est  ce  (pie  M.  de  Chancourtois  affirmait,  dès  sa  pre- 
mière Note,  en  disant,  d'abord,  que  les  «  rapports  des  propriétés  des  corps 


(  79) 
»  sont  manifestés  par  des  rapports  simples  de  position  de  leurs  points 
»  caractéristiques  »;  ensuite  que  «  chacune  des  hélices  menées  par  deux 
»  points  caractéristiques  et  passant  par  plusieurs  autres  points,  ou  seule- 
»  ment  à  proximité  de  ces  derniers,  met  en  évidence  des  rapports  de  pro- 
»  priétés  d'un  certain  genre,  les  analogies  ou  les  oppositions  se  manifes- 
»  tent  par  certains  ordres  numériques  de  succession,  comme  la  séquence 
»    immédiate  ou  les  alternances  à  diverses  périodes  ». 

»  La  vis  telluriqite  offre  donc  à  la  fois  :  classement  des  corps  simples 
suivant  l'ordre  de  leurs  poids  atomiques  et  mise  en  évidence  d'une  pério- 
dicité véritable.  C'est  justement  ce  que  M.  New  la  nd  s  a  réclamé  comme  lui 
appartenant  en  propre.  Il  n'est  pas  jusqu'à  la  comparaison  de  la  périodi- 
cité atomique  avec  celle  de  la  gamme  musicale,  dont  on  ne  puisse  dire 
qu'elle  a  été,  sinon  proclamée,  du  moins  entrevue  par  M.  de  Chancour- 
tois;  car,  dans  sa  Note  du  5  mai  1862,  il  dit  expressément  :  «  On  ne  peut 
»  s'empêcher  de  remarquer  la  prédominance  du  nombre  7  dans  les  groupes 
»  de  types  occupant  les  spires  les  mieux  garnies —  On  arrive  facilement  «à 
»  l'idée  de  transformer  le  cylindre,  sur  lequel  est  réalisée  la  vis,  en  un  tube 
»  sonore  percé  aux  points  caractéristiques.  »  Mais  surtout  quand  il  pu- 
bliait, en  1 863,  un  Cahier  contenant,  avec  ses  Notes  à  l'Académie,  quelques 
additions  en  petits  caractères,  que  le  cadre  des  Comptes  rendus  ne  lui  avait 
pas  d'abord  permis  de  donner  in  extenso.  M.  de  Chancourtois  parlait  de  : 
«  développements  directs  du  système,  qui  font  apercevoir  en  même  temps 
»  des  rapprochements  de  la  série  actuelle  de  caractéristiques  numériques 
»  avec  la  série  des  sons  musicaux  et  avec  celle  des  bandes  et  raies  du 
»   spectre  ». 

»  Nous  sommes  loin  de  prétendre  que  la  théorie  de  la  vis  fût  exempte 
de  défauts,  ni  que  l'auteur  n'ait  pas  greffé  sur  son  œuvre  bien  des  consi- 
dérations qu'il  eût  mieux  valu  laisser  dans  l'ombre.  Plusieurs  rappro- 
chements étaient  inexacts,  ou  forcés,  et  quelques-uns  témoignaient  d'une 
part  trop  grande  accordée  à  l'imagination.  Trop  confiant  dans  la  vertu  des 
nombres  entiers  (et  même  des  nombres  premiers),  M.  de  Chancourtois 
partait  de  cette  idée,  que  dans  les  séries  naturelles  les  différences  entre 
les  poids  atomiques  doivent  être  constantes  (erreur  qu'on  retrouve  aussi, 
du  reste,  dans  les  premiers  travaux  de  M.  Newlands).  S'il  apercevait  bien 
certaines  lacunes  dans  la  série  des  éléments,  il  essayait  de  les  combler  en 
imaginant  de  nouvelles  variétés  des  corps  simples  connus  (qu'il  appelait 
caractères  secondaires),  ce  qui  souvent  le  conduisait  à  des  groupements 
très  peu  conformes  aux  analogies  naturelles. 


Esquisse  de  la  vis  tellurique. 


0        2        <f       6        8       10       12      11»       16 


(HJD)Hydrogène 
(  HO)Hjdrogène 


Lithium 
(GlO)Glucinium 


Bore 
Carbone 


A  rote 
Oxjgène 


Aluminium 
rSiû2)Silicium 


(  Si  03)  Silicium 
(Diamant)  Carbone 


NikeF 
Cobalt 


Cuivre 
(YtOmtrium 


0        2        h       6       6       10      12      11»      16 


II»      16 


Nota.  —  On  a  entouré  d'un  cercle  les  points  correspondant  aux  caractères  numériques  dits  secon 
daires. 


(')  Évidemment  par  erreur  :  ioo  pour  96  =  64  +  ':-;  nombre  d'ailleurs  encore  trop  élevé. 


(  «1  ) 

»  Néanmoins,  la  vis  tellurique  était,  pour  l'époque,  une  conception  ori- 
ginale et  même  féconde;  car  elle  avait  suffi  pour  faire  deviner  à  l'auteur 
rfue  la  formule  de  la  zircone  devait  probablement  s'écrire  ZrO-,  celle  de 
la  glucine  GlO  et  celle  de  l'yttria  Yt'-O3.  De  plus,  rien  que  la  considéra- 
tion de  son  hélice  eût  suffi  pour  suggérer  à  M.  de  Chancourtois  l'idée 
d'une  légère  correction  qu'il  convenait  d'apporter  au  poids  atomique  du 
cadmium. 

»  Comment  se  fait-il  donc  que  celte  publication,  insérée  dans  le  Recueil 
le  plus  répandu  qui  soit  au  monde,  celui  des  Comptes  rendus,  ait  échappé 
à  l'attention  de  M.  Newlamls,  dont  la  bonne  foi  ne  saurait  être  mise  en 
doute?  C'est,  croyons-nous,  parce  que  le  texte  de  M.  de  Chancourtois,  un 
peu  obscur  dans  sa  concision,  n'était  accompagné  d'aucun  dessin  et  que 
le  Mémoire  original,  distribué  par  l'auteur,  n'a  eu  qu'une  diffusion  insuffi- 
sante. Aussi  pensons-nous  bien  faire  de  joindre  à  cette  Note  (en  la  dispo- 
sant, pour  plus  de  simplicité,  sur  deux  colonnes  parallèles  qu'il  conviendrait 
d'ajouter  bout  à  bout)  une  réduction  de  la  partie  du  Tableau  graphique 
qui  va  de  l'hydrogène  au  tellure.  On  y  a  fait  figurer  l'hélice  secondaire  qui 
passe  par  le  soufre,  le  fer,  le  sélénium,  le  tellure  et  qui,  prolongée,  irait 
passer  par  l'or.  » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Chimie,  en  remplacement  de  feu  M.  Chance/. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  45, 

M.    Haller  obtienl 43  suffrages. 

M.   Cazeneuve        »      i         » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Hali.eiî,  avant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
élu. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  A.  Aigxax  adresse  un  Mémoire  intitulé  :  «  .Sur  les  prétendues  com- 
binaisons en  proportions  continuellement  variables  et  la  dissociation  par 
dissolution    ». 

(Commissaires  :  MM.  Cornu,  Troost,  Schutzenberger.) 


(    *2    ) 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel 'signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  le  Tome  111  des  «  Œuvres  complètes  de  Christiaan  Huy- 
gens,  publiées  par  la  Société  hollandaise  des  Sciences  (Correspondance, 
1660-1661)  ». 


M.  le  Président  présente  à  l'Académie  le  4e  Fascicule  des  Illuslrationes 
Florce  atlanticœ,  publiées  par  notre  regretté  Confrère  M.  Cosson. 


M.  E.-A.  Alix,  M.  E.  Cley,  M.  Cl.  Martin  adressent  leurs  remercie- 
ments à  l'Académie  pour  les  distinctions  accordées  à  leurs  travaux. 


MÉCANIQUE.  —  Sur  les  petites  oscillations  d'un  système  soumis  à  des  forces 
perturbatrices  périodiques .  Note  de  M.  E.  Vicaire,  présentée  par  M.  Dar- 
boux. 

«  Lorsqu'un  système  matériel  est  écarté  très  peu  d'une  position  d'équi- 
libre stable,  si  l'on  en  détermine  à  chaque  instant  la  position  à  l'aide  de 
n  variables  indépendantes  q,,  q2,  . . .,  choisies  de  manière  à  s'annuler  dans 
la  position  d'équilibre,  on  sait  que  la  demi-force  vive  T  et  la  fonction  des 
forces  U,  réduites  à  leurs  termes  de  moindre  dimension,  sont  représentées 
par  deux  fonctions  quadratiques  homogènes 

T  =  I  a,j  q\ q) ,  U  =  S  bu  q,  q, . 

»  La  formule  de  Lagrange  appliquée  à  ces  expressions  donne  un 
système  d'équations  différentielles  du  second  ordre  à  coefficients  con- 
stants qui  ont  pour  intégrales 

('■)  Sr<  =  2x»A*C08(rt**"'"e*)«  k—l,2,..,,n. 

AA  et  6A  sont  des  constantes  arbitraires;  les  \i.k  sont  les  racines  de  l'équa- 


(  83  ) 


tion  caractéristique 


<  f*  > 


a, ,  [j.- 


6, 


+  l>,n 


b„, 


(1,,.,'J.- 


o. 


»  .le  suppose  maintenant  qu'aux  forces  constitutives  du  système  vien- 
nent s'ajouter  des  forces  perturbatrices  très  petites,  fonctions  du  temps 
et  généralement  aussi  des  coordonnées  ou  même  de  leurs  dérivées.  Bien 
qu'elles  ne  donnent  pas  lieu  à  une  fonction  des  forces,  la  formule  de 
Lagrange  ne  cesse  pas  d'être  applicable.  Chaque  point  j-,  y,  s,  sollicité 
par  une  force  dont  les  composantes  sont  X,  Y,  Z,  donne  en  adjonction  à 

OU  .     .   -    . 
-r —  le  trinôme 
oqt 

<>'/,  tf'Ji  <Jffi 

»  Ces  forces  perturbatrices  étant  indépendantes  de  celles  qui  détermi- 
nent l'équilibre,  ne  s'annuleront  pas  en  général  dans  la  position  d'équi- 
libre, et,  par  conséquent,  la  somme  des  trinômes  ci-dessus,  développée 
suivant  les  puissances  de  g,,  q2,  ...,</',,  <y,,  ...,  contiendra  un  terme  indé- 
pendant de  ces  variables,  par  rapport  auquel  les  termes  suivants  devront 
être  considérés  comme  des  infiniment  petits  négligeables. 

»  Je  suppose  enfin  que  les  forces  perturbatrices,  qui  ne  figurent  plus 
dans  nos  équations  que  comme  des  fondions  du  temps,  soient  périodiques. 
Ces  fonctions  pourront  se  développer  en  séries  trigonométriques.  Par  la 
propriété  fondamentale  des  équations  linéaires,  la  solution  sera  la  somme 
de  celles  qu'on  obtiendra  en  réduisant  la  série  à  l'un  de  ses  termes.  Je  suis 
donc  ramené  à  considérer  le  cas  où  toutes  les  forces  perturbatrices,  ayant 
même  période  et  même  phase,  n'amèneraient  dans  chaque  équation  qu'une 
seule  fonction  circulaire  ayant  partout  le  même  argument.  C'est  ce  que 
j'appellerai  une  force  perturbatrice  simple. 

»  Au  lieu  des  équations  différentielles  sans  second  membre  de  tout  à 
l'heure,  nous  avons  maintenant  des  équations  du  type  suivant 


"h  </,  +  ai2(f.,  +. .  .  4-  ainqn  -  biK  q,  —  bi2q.,  -  ...  -  binq„ 

»    On  obtient  une  solution  particulière,  en  posant 
(2)  ?!=B,cos(co/  -hç) 


F,cos(oj/  -1-  <p). 


(  H  ) 

avec  les  équations  de  condition 

B,(aHu2+  £,,)-+-  B2(ai2<o2+  èl2)  +  . .  .4-  F,  =  o, 
B,(a2)co2+  b.ÀI)-h  B!('(!2,w:  +  b3i)-\-,  .  .-+-  F2  =  o, 

>.  Ces  n  équations  déterminent  les  n  coefficients  B  et  l'intégrale  géné- 
rale est  la  somme  des  expressions  (i)  et  (2). 

»  Théorème.  —  Chaque  force  perturbatrice  simple  introduit  dans  le 
système  une  oscillation  simple  dont  la  période  est  celle  de  la  force  et  dont  l'am- 
plitude est  déterminée  pour  chaque  point,  indépendamment  des  conditions  ini- 
tiales du  mouvement. 

»  Le  dénominateur  commun  des  coefficients  B  ne  diffère  du  détermi- 
nant caractéristique  (p.)  que  par  la  substitution  de  u  à  u.  Ces  coefficients 
deviennent  tous  infinis  si  w  est  égal  à  l'une  des  racines  de  l'équation  carac- 
téristique. On  reconnaît  aisément  qu'alors  l'intégrale  particulière  change 
de  forme  et  devient 

(3)  q,  =  Cjt  sin(  -j.t-ho). 

»  Théorème.  —  Si  la  période  de  la  force  perturbatrice  tend  vers  celle  de 
l'une  des  oscillations  simples  propres  au  système,  l'amplitude  de  la  perturba- 
tion devient  de  plus  en  plus  grande.  A  la  limite,  la  perturbation  se  confond 
avec  l'oscillation  simple  correspondante,  dont  l'amplitude  augmente  indéfini- 
ment avec  le  temps. 

a  II  faut  entendre  le  mot  indéfiniment  en  ce  sens  que  l'amplitude  sort 
des  limites  dans  lesquelles  les  équations  linéaires  restent  suffisamment  ap- 
prochées. 

»  Ce  théorème  donne  l'explication  d'un  grand  nombre  de  phénomènes, 
tels  que  la  mise  en  vibration  d'une  corde  sonore  quand  l'air  ambiant  vibre 
à  l'unisson  et  non  autrement,  l'absorplion  élective  des  ravons  de  lumière 
et  de  chaleur  par  un  milieu  capable  d'engendrer  des  rayons  de  même  lon- 
gueur d'onde,  etc. 

»  Une  application  importante  se  rencontre  dans  les  perturbations  du 
mouvement  des  locomotives.  La  masse  de  la  machine,  portée  par  des  res- 
sorts, forme  un  système  assujetti  à  des  oscillations  de  durée  déterminée. 
Les  forces  perturbatrices  produites  par  l'inertie  des  pièces  mobiles,  pis- 
tons, bielles,  manivelles,  donnent  des  sommes  de  projections  ou  de  mo- 
ments qui  ont  pour  période  principale  la  durée  d'un  tour  de  roue.  Les 


(  85  ) 

perturbations  correspondantes  doivent  donc  passer  par  un  maximum 
d'amplitude  lorsque  la  vitesse  est  telle  qu'il  se  fait  un  tour  de  roue  pendant 
la  durée  d'une  oscillation. 

»  Ainsi  paraissent  s'expliquer  certaines  observations  récentes  qui  indi- 
quent, contrairement  à  ce  qu'on  avait  toujours  admis,  l'existence  de  ce 
maximum. 

»  J'espère  pouvoir  communiquer  prochainement  à  l'Académie  un  tra- 
vail spécial  sur  cette  question.  » 


PHYSIQUE.  —  Remarques  sur  le  théorème  des  états  correspondants. 
Note  de  M.  E.  Mathias,  présentée  par  M.  Sarrau. 

«  Cette  Note  a  pour  objet  de  vérifier  par  des  résultats  expérimentaux 
la  loi  théorique  des  états  correspondants  due  à  M.  Van  der  Waals  et  suivant 
laquelle  toute  relation  physique  entre  le  volume  y,  la  pression  p  et  la  tem- 
pérature absolue  T  d'un  fluide  ne  dépend  que  des  rapports  de  ces  variables 
aux  valeurs  77,  <p,  0  qu'elles  ont  respectivement  au  point  critique. 

»  Ainsi,  par  exemple,  la  relation  entre  la  densité  de  la  vapeur  saturée  à 
et  la  température  absolue  T  est  de  la  forme 


i  =41) 


la  fonction  /  étant  la  même  pour  tous  les  corps,  et  A  étant  la  densité  cri- 
tique. Il  en  serait  de  même  pour  la  densité  du  liquide. 

»  Dans  ce  qui  suit,  je  considérerai  successivement  la  densité  du  liquide 
et  la  densité  de  la  vapeur  saturée. 

■»  I.  Densité  du  liquide.  —  Il  existe  très  peu  de  données  certaines  sur  la 
variation  de  cette  quantité  au  voisinage  de  la  température  critique.  En 
particulier,  les  expériences  de  MM.  Cailletet  et  Mathias  sur  l'acide  carbo- 
nique liquide  entre  —  34°  et  +  2i°  et  celles  de  M.  Ad.  Blùmcke  sur  le 
même  corps  entre  o°  et  +  3o°  sont  très  bien  représentées  par  la  formule 

o"  =  1,064  (m  —  0,569+  T>655  \/ 1  —  m ) , 

qui  est  la  traduction,  avec  la  notation  des  états  correspondants  ^  '  ),  de  la 

(')  M.  Van    der  Waals   pose  p  —  tr:,    c  =  «o,T  =  mS;  t  et  m  sont  évidemment 
C.  R.,   1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N-  2.)  12 


(  86) 

formule  empirique  que  M.  Cailletet  et  moi  avons  donnée  antérieurement. 
»   J'ai  reconnu  que  l'on  représente  avec  approximation  généralement 
égale   ou   supérieure  à  -^  la  densité  de  l'acide   sulfureux   liquide  entre 
+  900  et  -+-  1 56°  (  température  critique)  par  la  formule 

S' =  i,23i2(/n  —  0,5697  -+-  [,665\/i  —  m), 

que  l'on  peut  considérer  comme  identique  à  la  première  à  un  facteur  con- 
stant près,  ce  qui  justifie  le  théorème  des  états  correspondants.  Les  coeffi- 
cients 1,064  et  1,^3 12  de  ces  formules  sont  bien  proportionnels  aux  den- 
sités critiques  o,45  et  o,520,  car  on  a 

I  ,o64  -jf-,  I  ,23  12 


o,45 


=  2,364,        — *-? —  =  2,367. 
0,520  y 


»  Si,  au  lieu  de  considérer  les  formules,  on  prend  les  nombres  expéri- 
mentaux, on  constate  que  l'écart  entre  la  théorie  et  l'expérience  suit  une 
marche  régulière  et  croît  à  mesure  qu'on  s'éloigne  de  la  température  cri- 
tique. La  comparaison  des  tensions  de  vapeur  saturée  de  l'acide  sulfureux 
et  de  l'éther,  faite  par  M.  Van  der  Waals,  lui  a  fourni  le  même  résultat  ('). 

»  Pour  les  températures  très  éloignées  de  la  température  critique,  le 
théorème  n'est  plus  applicable,  sans  quoi  tous  les  corps  auraient,  comme 
l'eau,  un  maximum  de  densité  à  l'état  liquide. 

)>  II.  Densité  des  vapeurs  saturées.  —  Les  seules  qui  aient  été  étudiées 
expérimentalement  au  voisinage  de  la  température  critique  sont  celles  de 
l'acide  carbonique,  duprotoxvde  d'azote,  de  l'éthylène  et  de  l'acide  sulfu- 
reux. 

»  Les  formules  empiriques  que  M.  Cailletet  et  moi  avons  données  pour 
représenter,  dans  un  intervalle  de  6o°  environ  à  partir  du  point  critique, 
la  densité  des  trois  premiers  corps  s'écrivent,  avec  la  notation  de  M.  Van 
der  Waals  : 

CO2 S  =  i,agS   \i  —  m —  2.o,565y/i  —  «1  +  0,5994  ) 

AzO 3  =:  1,169    v1  —  "* —  2. o,5Ô2 y/ 1 — ■  m  ■+■  o,58o  ) 

C'ÏV 8=o,53o5(i—  m—  2.0,548  y/i  —  m  +o,5^)2) 


compris  entre o  et  1  ;  quant  à  n,  il  varie  entre  |  et  -+-  qo.  Entre  1  et  -Hoc,  n  se  rapporte 
à  la  vapeur  saturée;  entre  f  et  1  il  représente   l'état  liquide.    On   voit  que  la  densité 
d'un  corps  à  l'état  liquide  est  toujours  inférieure  au  triple  de  la  densité  critique.  Cette 
conséquence  est  évidente  quand  on  considère  Yisolherme  réduite. 
(')  Van  der  Waals,  Continuitât,  etc.,  trad.  Rotli,  p.  i3i  ;  1881. 


(  «7  ) 
»  Il  est  évident  que  les  parenthèses  sont  des  fonctions  identiques  de  m; 
c'est  l'expression  même  du  théorème  des  états  correspondants.  On  peut 
donc  prévoir  que  la  densité  de  vapeur  saturée  de  l'acide  sulfureux  sera 
représentée  par  une  équation  de  même  forme.  J'ai  pu,  en  effet,  la  repré- 
senter très  exactement  entre  -+-  yS0  et  +  i56°  par  la  formule 

SO2 S  =  i,4328  (1  —  «1  —  2.0,570^/1  —  rn  +  0,579  ). 

»  Les  coefficients  1,295,  1,169,  o,53o5,  i,43a8  sont  bien  proportion- 
nels aux  densités  critiques,  car  on  a 

1^  =  2)87,        i^_9  85         ^2^=2,53,        lr^  =  2,76. 

O,40  '       y'  0,4l  0,2!  0,52  ' 

«  D'une  manière  générale,  on  voit  que  la  densité  de  vapeur  saturée  est 
donnée,  au  voisinage  de  la  température  critique,  par  la  formule  empi- 
rique à  une  constante 

<5  =  â(i  —  m  —  2.o,565  y/i  —  m  -+-  0,579  ), 

abstraction  faite  de  la  très  faible  variation  des  constantes  numériques. 
Pour  déterminer  A,  il  suffit  de  connaître  la  densité  critique  du  corps  consi- 
déré ;  mais,  qnand  on  reprend  la  notation  ordinaire  des  températures,  il  faut, 
en  outre,  connaître  la  température  critique.  » 


THERMOMÉTRIE.  —  Solution  pratique  du  problême  de  la  colonne  émergente 
d'un  thermomètre,  par  l'emploi  d'une  tige  correctrice.  Note  de  M.  Ch.- 
Ed.  Guillaume,  présentée  par  M.  Cornu. 

«  L'échelle  fournie  par  un  thermomètre  à  mercure  est  définie  dans  la 
supposition  que  l'instrument  est  exposé,  au  moins  jusqu'à  l'extrémité  de 
la  colonne,  à  la  température  que  l'on  veut  mesurer;  or  il  arrive  fréquem- 
ment que  le  peu  d'espace  dont  on  dispose  oblige  à  laisser  émerger  une 
partie  de  la  colonne,  qu'il  faut  ramener,  par  une  correction,  à  la  tempéra- 
ture de  l'étuve  ou  du  bain.  Cette  correction  est  loin  d'être  négligeable;  en 
effet,  pour  des  températures  comprises  entre  3oo°  et  35o°,  telles  que  les 
chimistes  en  mesurent  journellement,  la  correction  peut  fort  bien  atteindre 
i5  à  20  degrés,  comme  on  le  verra  plus  loin. 

»    Son  expression  générale  est 

(1)  e  =  »a(T  —  t), 


(  88  ) 
n  étant  le  nombre  de  degrés  non  soumis  à  la  température  du  réservoir; 
a  le  coefficient  de  la  dilatation  relative  du  mercure  dans  le  verre; 
T  la  température  du  bain  ou  de  l'étuve  ; 

t  la  température  moyenne  de  la  colonne,  c'est-à-dire  la  quantité  -  /    t  dx, 
où  l  =/(#)  représente  la  température  au  point  d'abscisse  x. 

»  Les  circonstances  du  phénomène  sont  trop  variables  pour  qu'il  soit 
possible  de  déterminer  exactement,  d'une  manière  générale,  la  fonction/; 
c'est  pourquoi,  jusqu'ici,  on  a  cherché  empiriquement  la  forme  de  la  cor- 
rection c  pour  certains  cas  déterminés. 

»  Regnault  et  plus  tard  Kopp  substituaient  à  t  la  valeur  de  la  tempéra- 
ture ambiante;  mais  les  recherches  ultérieures  de  MM.  Mousson,  Wullner, 
Holtzmann,  Thorpe,  Mills,  Thiesen,  ont  montré  que  la  correction  ainsi 
calculée  est  trop  forte,  et  l'on  a  remplacé  successivement  n,  a,  T  —  t  par 
des  nombres  plus  petits. 

»  Au  début  de  mes  recherches  sur  cette  question,  j'ai  déterminé  de 
même  une  formule  de  correction  pour  les  thermomètres  dont  nous  nous 
servons  au  Bureau  international  des  Poids  et  Mesures;  la  correction  cher- 
chée était  suffisamment  bien  représentée  par  une  fonction  de  la  forme 

(2)  -c  =  (n^.-)(a-0(T-V), 

i,  '£  étant  de  petites  quantités,  t'  la  température  ambiante;  égalant  les 
expressions  (i)  et  (2),  on  peut  en  tirer  la  valeur  de  t,  c'est-à-dire  de 

Jf(x)dx  ;  en  variant  n,  on  peut  retourner,  pour  chaque  cas  particu- 

lier,  à  la  fonction/.  J'ai  cherché,  en  outre,  à  déterminer  cette  fonction  par 
points.  J'ai  employé,  dans  ce  but,  un  thermomètre  muni  d'une  petite  am- 
poule soufflée  sur  la  tige  ;  cette  ampoule,  véritable  réservoir  thermomé- 
trique, indique  la  température  de  la  tige  à  l'endroit  où  elle  se  trouve,  sans 
troubler  sensiblement  sa  distribution.  Le  thermomètre  étant  placé  dans 
un  appareil  à  ébullition,  horizontal  ou  vertical,  fermé  par  un  petit  obtu- 
rateur à  lame  de  caoutchouc  qui  permettait  de  définir  exactement  la 
longueur  émergente,  on  retirait,  l'instrument  de  quantités  croissantes,  et 
on  faisait  les  observations  à  des  distances  de  l'appareil  échelonnées  de  2mm 
en  2mm.  Le  résultat  le  plus  saillant  de  cet  ensemble  d'expériences  est  que, 
dans  la  détermination  du  point  100  d'un  thermomètre  à  tige  (par  opposi- 
tion à  un  thermomètre  à  chemise  ou  de  forme  allemande),' on  ne  commet 


(  »9) 
aucune  erreur  sensible  en  laissant  émerger  le  thermomètre  de  la  quantité 
strictement  nécessaire  à  la  lecture.  Mais  ces  expériences,  tout  en  fournis- 
sant des  données  utiles  pour  un  cas  particulier,  ne  conduisaient  pas 
encore  à  une  solution  générale  et  pratique  ;  je  suis  cependant  parvenu 
à  une  solution  satisfaisante,  en  abandonnant  la  recherche  de  toute  for- 
mule. 

«  Solution  pratique.  — ^Considérons  une  tige  cylindrique  contenant  du 
mercure,  autrement  dit  un  thermomètre  dont  on  aurait  coupé  le  réser- 
voir. Cette  tige,  plongeant  dans  un  bain  par  sa  partie  inférieure,  se  trou- 
vera identiquement  dans  les  mêmes  conditions  que  la  tige  d'un  thermo- 
mètre émergeant  de  la  même  quantité;  si  donc  elle  a  été  graduée  d'avance 
dans  la  supposition  qu'elle  plonge  en  entier  dans  le  bain,  la  différence 
entre  la  lecture  actuelle  et  celle  qui  correspond  à  la  température  du  bain 
donne  directement  la  correction  de  la  partie  émergente  ;  je  la  nommerai 
tige  correctrice  ('). 

»  Supposons  donc  un  thermomètre  et  une  tige  correctrice  plongeant 
côte  à  côte  dans  un  bain  et  émergeant  de  la  même  quantité.  Le  thermo- 
mètre indiquera  la  température  approximative  du  bain  ;  le  déficit  entre 
cette  température  reportée  sur  la  tige  correctrice  et  celle  qui  est  indi- 
quée sur  cette  dernière  devra  être  ajouté,  en  longueur  absolue,  à  la  lec- 
ture du  thermomètre;  en  d'autres  termes,  la  correction  est  donnée  parla 
différence  de  lecture  du  thermomètre  et  de  la  tige,  multipliée  par  le  rapport  de 
la  longueur  du  degré  sur  la  tige  et  le  thermomètre;  le  calcul  peut  être  fait  en 
deux  approximations. 

»  Il  restait  à.  montrer  que  cette  solution  est  efficace;  dans  ce  but,  j'ai 
fait  exécuter  quelques  tiges  correctrices  par  M.  Tonnelot,  l'artiste  bien 
connu,  et  j'ai  entrepris  deux  séries  d'expériences.  Dans  la  première  (me- 
sures très  précises  avec  une  faible  correction),  je  plaçais  un  thermomètre 
dans  une  auge  horizontale  remplie  d'eau,  tandis  qu'un  autre  thermomètre, 
accompagné  de  sa  tige  correctrice,  était  suspendu  de  telle  manière  que  son 
réservoir  et  quelques  degrés  seulement  fussent  plongés  dans  le  liquide; 
j'ai  fait  ainsi,  avec  l'aide  de  M.  L.  Ozenne,  cpxelques  comparaisons  entre  ces 
deux  instruments.  Dans  la  seconde  série  d'expériences,  exécutées  dans  le 
laboratoire  de  M.  G.  Vogt,  à  la  Manufacture  nationale  de  Sèvres  (correc- 
tion atteignant  i4°avec  une  précision  moindre),  un  thermomètre  était  fixé 
dans  le  col  d'un  ballon  de  verre,  dans  lequel  on  faisait  distiller  de  la 


(')   Un  artifice  analogue  a  été  employé  par  M.  Crova  dans  son  pyromètre. 


(90) 

méthyldiphénylamhie  brute;  ou  a  fait  quatre  expériences  :  i°  le  thermo- 
mètre est  entièrement  contenu  dans  le  col  du  ballon  ;  2°  le  thermomètre 
est  engagé  seulement  par  une  tubulure  latérale;  3°  le  thermomètre  est 
replacé  dans  le  col  du  ballon  qui  avait  été  coupé  à  mi-longueur;  4°  répéti- 
tion de  la  première  expérience.  Dans  les  expérienees  2  et  3,  le  thermo- 
mètre était  accompagné  de  sa  tige  correctrice.  Au  cours  de  cette  opération, 
la  température  du  liquide  s'est  élevée  peu  à  peu,  et  doit  être  interpolée 
entre  les  expériences  i  et  4-  Toutes  les  lectures  de  cette  série  ont  été  con- 
trôlées par  M.  Vogt. 

Première  série  (comparaisons). 


Correction 

Nombre 

pour  la 

de 

i  hermomètre 

colonne 

Lecture 

Thermomètre 

Différence 

degrés     Température 

vertical. 

émergente. 

corrigée. 

horizontal. 

V — H.            émergents,    ambiante. 

o 

0 

0 

0 

u 

0                    0 

25,663 

-t-0,070 

25,733 

20,741 

—  0,008 

26,4              7,8 

37,587 

0,181 

37,768 

37,762 

+0,006 

38,3           7,1 

46,194 

0,270 

46,464 

46 , 45o 

-r-0,0l4 

45,7           8,.    • 

47,208 

0,272 

47,48o 

47,478 

-(-0,002 

46,7           9,4 

Deuxième  série  (distillation). 

Correction 

Nombre 

pour  la 

Lecture 

de 

Température 

Thermomètre.      colonne 

:  émergeute. 

corrigée. 

degrés  émergents 

ambiante. 

302 

0 

,4 

0 
» 

0 
3o2  ,4 

0 

0 
» 

288. 

,5 

•  4,3 

3o2,8 

278 

ii,3 

295 

,2 

10,0 

3o5,2 

160 

12,4 

3o6 

,4 

» 

3o6,6 

» 

» 

ÉLECTRICITÉ 

.  —   Variations  de  conductibilité 

des  substances  isolantes.  Note 

de  M.  Edouard  Braxly. 

«  Dans  une  Communication  précédente  (  Comptes  rendus  du  24  no- 
vembre 1890)  j'ai  fait  connaître  l'accroissement  de  conductibilité  des  mé- 
taux en  poudre  sous  l'action  de  l'étincelle  et  des  courants.  Cet  accroisse- 
ment était  comparable  à  celui  que  produit  une  forte  compression. 

»  Les  résultats  sont  analogues  quand  on  substitue  divers  diélectriques 
à  l'air  interposé  entre  les  particules  de  la  poussière  métallique. 

»  Plusieurs  des  substances  employées  ont  une  consistance  pâteuse  :  tels 
sont  des  mélanges  d'huile  de  colza  et  de  limaille  de  fer  ou  d'antimoine, 
d'essence  de  térébenthine  et  de  limaille  de  fer;  d'autres  sont  solides. 


(  9'  ) 

»  En  composant  une  pâte  de  limaille  métallique  et  de  baume  de  Canada 
fluidifié  au  bain-marie  et  en  versant  cette  pâte  dans  une  petite  auge  d'ébo- 
nite  entre  deux  tiges  métalliques  servant  d'électrodes,  on  a  un  mélange 
qui  durcit  par  le  refroidissement.  Dans  cet  état,  comme  à  l'état  fluide,  la 
résistance  peut  s'abaisser  de  plusieurs  millions  d'ohms  à  quelques  cen- 
taines d'ohms,  et,  comme  dans  le  cas  des  poudres  métalliques  simples  ou 
des  poudres  imbibées  de  liquides  isolants,  on  revient  à  la  résistance  pri- 
mitive en  frappant  sur  la  tablette  qui  supporte  l'auge  en  ébonite. 

»  Cette  diminution  considérable  de  résistance  est  encore  réalisée  avec 
un  cravon  solide  formé  en  mélangeant  en  proportions  convenables  de  la 
fleur  de  soufre  et  de  la  limaille  d'aluminium,  que  l'on  chauffe  dans  un 
tube  de  verre  entre  deux  tiges  métalliques,  à  la  température  de  fusion  du 
soufre.  Même  résultat  avec  le  ciment  obtenu  avec  un  mélange  de  résine 
et  de  limaille  d'aluminium  versé  à  chaud  dans  un  tube  de  verre. 

i>  L'accroissement  de  conductibilité  des  substances  isolantes  peut  encore 
être  mis  en  évidence  sous  d'autres  formes. 

»  Deux  tiges  cylindriques  de  cuivre  rouge  sont  oxydées  dans  la  flamme 
d'un  bec  Bunsen,  puis  elles  sont  superposées  en  croix,  chargées  de  poids 
pour  éviter  les  variations  par  trépidations  et  reliées  respectivement  aux 
bornes  d'une  branche  d'un  pont  de  Wheatstone.  La  résistance  principale 
de  cette  branche  réside  dans  les  deux  couches  d'oxydes  en  contact.  Une 
mesure  prise  au  hasard  parmi  un  grand  nombre  accusait  une  résistance  de 
80000  ohms  avant  les  étincelles  d'une  machine  électrique  indépendante; 
cette  résistance  passait  à  7  ohms  après  les  étincelles. 

«  Un  effet  analogue  est  obtenu  en  superposant  deux  tiges  d'acier 
oxydées  ou  une  tige  d'acier  et  une  tige  de  cuivre,  toutes  deux  oxydées. 
On  peut  encore  poser,  sur  un  plan  de  cuivre  oxydé,  un  cylindre  de  cuivre 
à  tête  hémisphérique  également  oxydé  et  appliqué  par  son  poids.  Au 
lieu  d'oxyder  les  deux  surfaces  en  contact,  il  revient  au  même  de  les 
recouvrir  d'une  très  mince  couche  de  résine.  Les  couches  d'oxyde  et  de 
résine  deviennent  et  restent  conductrices. 

»  Parmi  les  diverses  dispositions  expérimentales  qui  permettent  de 
réaliser  ces  effets  d'influence  électrique,  j'en  décrirai  une  qui  me  paraît 
spécialement  intéressante. 

»  La  source  électrique  est  une  machine  de  Holtz  à  deux  plateaux 
mobiles.  Son  axe  est  animé  d'un  mouvement  de  rotation  variant  de  100 
à  Zjoo  tours  par  minute.  La  substance  sensible  est  intercalée  dans  l'une 
des  branches  d'un  pont  de  Wheatstone,  à   io"1  environ  de  la  machine  de 


(    92    ) 

Holtz  et  de  son  excitateur.  Entre  l'excitateur  et  le  pont  de  Wheatstone, 
reliés  à  l'excitateur,  courent  parallèlement  deux  tubes  cylindriques  de 
laiton  A  et  A',  isolés,  écartés  l'un  de  l'autre  de  /jocm.  Les  bouteilles  de 
Leyde  annexées  ordinairement  à  la  machine  de  Holtz  ont  été  supprimées, 
mais  la  capacité  des  tubes  de  laiton  joue  le  même  rôle  clans  une  certaine 
mesure.  Les  sphères  de  l'excitateur  sont  distantes  de  iram  ou  omm,5,  ou 
même  -—  de  millimètre.  Pendant  la  rotation  des  plateaux,  les  étincelles 
se  succèdent  très  rapidement.  Ces  étincelles,  à  la  distance  de  iom,  n'exer- 
çaient pas  d'effet  direct  ;  on  s'en  assurait  dans  un  essai  préliminaire,  en 
écartant  les  tringles  qui  établissaient  la  communication  des  conducteurs 
de  la  machine  avec  les  tubes  de  laiton  parallèles,  ou  en  éloignant  de  la 
substance  sensible  les  dernières  parties  des  tubes  de  laiton,  tout  en  les 
maintenant  reliées  à  l'excitateur,  afin  de  ne  pas  modifier  l'étincelle. 
»   Voici  une  façon  fréquemment  employée  de  conduire  l'expérience. 

»  La  substance  étudiée  est  placée  en  K  entre  les  deux,  tubes  parallèles,  ou  en  face 
de  ces  tubes,  aune  certaine  distance  des  derniers  tronçons  qu'il  a  été  commode  de  dis- 
poser verticalement.  Pour  pouvoir  mesurer  au  pont  de  Wheatstone  la  résistance  K  sans 
avoir  à  se  préoccuper  de  l'action  électrique,  et  eu  maintenant  la  régularité  du  mouve- 


iiiiiii 


liliiW 


-oso 


ment  de  rotation  de  la  machine  de  Holtz,  afin  de  rendre  les  observations  successives  à 
peu  près  comparables,  une  règle  métallique  plate  T  est  appliquée  sur  les  conducteurs 
métalliques  des  peignes  ;  cette  règle  ferme  le  circuit  et  suspend  les  étincelles  en  S  entre 
les  sphères  de  l'excitateur.  L'équilibre  une  fois  établi  au  galvanomètre  du  pont,  on 
ouvre  le  circuit  de  la  pile  et  l'on  isole  (])  momentanément  le  conducteur  K,  en  faisant 


(')  La  diminution  de  résistance  se  produit  évidemment  avec  beaucoup  plus  de  faei- 


(  93  ) 

sortir  des  godets  de  mercure  auxquels  ce  conducteur  aboutit  les  fils  de  communica- 
tions avec  le  pont. 

»  Cela  fait,  la  traverse  T  est  soulevée  et  maintenue  soulevée  dix  secondes  environ. 
Fendant  cet  intervalle  de  dix  secondes,  des  étincelles  jaillissent  en  S  entre  les  sphères 
de  l'evcitateur,  et  des  courants  de  charge  et  de  décharge  successifs  et  très  nombreux 
circuleut  dans  chacun  des  tubes  À  et  A'.  C'est  alors  que  la  diminution  de  résistance 
du  conducteur  K  a  lieu.  La  traverse  T  est  replacée,  on  rétablit  la  communication  entre 
K.  et  le  pont,  puis  on  ferme  le  circuit  de  la  pile.  L'équilibre  esl  rompu  au  galvano- 
mètre, on  mesure  la  nouvelle  résistance  du  conducteur  K. 

»  Les  deux  tubes  A  et  A'  ne  sont  pas  nécessaires,  la  diminution  de  résis- 
tance est  très  facilement  produite  quand  on  n'en  fait  agir  qu'un  seul;  il 
résulte  même  de  quelques  expériences  que  l'emploi  d'un  seul  conducteur 
est  dans  certains  cas  plus  efficace. 

»  Dans  plusieurs  essais  les  tubes  A  et  A'  ont  été  terminés  par  deux  pla- 
teaux métalliques  parallèles  figurant  un  condensateur  à  très  large  intervalle 
d'air,  dans  lequel  était  compris  le  conducteur  K. 

»  Avec  la  disposition  expérimentale  rpie  je  viensde  décrire  (machinede 
Iloltz,  excitateur  et  tubes  A,  A')  et  eu  ne  produisant  en  S  que  de  très  courtes 
étincelles,  le  phénomène  parait  montrer  beaucoup  de  fixité;  il  y  a  constam- 
ment diminution  de  résistance,  non  seulement  avec  les  plaques  isolantes 
métallisées,  plombaginées,  avec  les  tubes  à  limailles,  avec  les  crayons  so- 
lides à  ciment  isolant,  mais  aussi  avec  les  verres  platinés,  argentés  et  avec 
des  lames  de  verre  recouvertes  de  feuilles  métalliques  très  minces,  or,  alu- 
minium, argent. 

»  Les  expériences  se  font  de  la  même  façon  avec  les  tubes  A  et  A'  en 
remplaçant  la  machine  de  Holtzpar  une  petite  bobine  de  Ruhmkorffou  un 
appareil  à  chariot  dont  les  étincelles  induites,  extrêmement  courtes,  jail- 
lissent en  S,  entre  les  deux  tiges  de  l'excitateur,  lorsque  la  traverse  T  est 
soulevée.  Avec  une  bobine,  l'effet  peut  aussi  être  produit  sans  étincelles 
en  S,  mais  dans  des  conditions  moins  simples.  » 

PHYSIQUE.    —    Propriétés  physiques   et    constitution    moléculaire   des  corps 
simples  métalliques.  Note  de  M.  P.  Jouitix,  présentée  par  M.  Mascart. 

»  Pour  les  corps  qui  suivent  la  loi  de  Dulong  et  Petit,  on  peut  consi- 
dérer le  nombre  n3  île  molécules  par  unité  de  volume  comme  propor- 
tionnel au  produit  de  la  chaleur  spécifique  par  la  densité. 

lilé  en  n'isolant  pas  le  conducteur  K;   mais  cet  isolement  est  favorable  à  l'analvse  des 
conditions  du  phénomène. 

C.  K.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N»  2.)  '   > 


(  9*  ) 
»    I.   Si    l'on  prend  comme  abscisse  la  distance  movenne  -  des  molé- 

cules  d'un  métal  et  comme  ordonnée  la  résistance  spécifique  p  correspon- 
dante, on  constate  :  i°  qu'il  est  impossible  de  faire  passer  par  tous  les 
points  ainsi  déterminés  une  courbe  continue;  2°  que  deux  courbes  sim- 
ples satisfont  séparément  au  problème  pour  deux  classes  de  métaux  : 

Second  groupe. 


Bi.. 
Te. 
Se  . 
Ph. 
Sb. 
Pb. 
As. 
Sn. 
Cd. 
Zn. 
Au. 
Cu. 


remier 

groupe. 

n 

p. 

5,193 

i3o,  1 

5,17 

)) 

5,1 

» 

4,9-5 

» 

4,9° 

35,2 

4,78 

19,0 

4,7° 

)> 

4,607 

i3,o 

4,344 

5,7 

3,908 

5,6 

4,0 

2 

3,60g 

),6 

-64 

-5oo 

800 

3o 

2.5 

o 
i3 


Co 3 ,  5o3 

Ni 3,553 

Fe 3,6io 

Pt 

Al 

Ag 

Na 

K 


3,7.5 
4,o8i 

5,2 

6,54 
8,24 


» 
12,3 
9,6 
8,9 
2,9 
i,5 

» 


22 

'7 
12 

2 


»   Ces  Tableaux  conduisent  à  des  conclusions  imprévues  : 

»  i°  Le  premier  groupe  contient  tous  les  métaux  diamagnétiques  et  le 
second  tous  les  métaux  magnétiques,  à  part  l'argent.  Toutefois,  si  l'on  tient 
compte  des  analogies  de  l'argent  avec  les  métaux  alcalins,  magnétiques 
d'après  Lamy,  de  la  faiblesse  de  son  coefficient  d'aimantation,  on  pourrait 
penser  qu'il  y  a  erreur  sur  sa  polarité.  J'ai  soumis  le  fait  à  l'expérience,  en 
comparant  des  échantillons  d'argent  pur  de  mon  laboratoire  avec  des 
échantillons  de  platine  et  d'aluminium  ;  tous  les  trois  sont  atlirables  à 
l'électro-aimant,  le  platine  plus  que  l'aluminium  et  celui-ci  plus  cpie  l'ar- 
gent. Ce  dernier  devrait  donc  être  regardé  comme  magnétique.  Remarquons 
que,  pour  obtenir  les  distances  moléculaires  relatives  aux  métaux  alcalins 
et  à  l'argent,  on  n'a  pris  que  la  moitié  de  leurs  équivalents,  afin  de  satis- 
faire à  la  loi  de  Dulone  et  Petit. 

»  20  Les  métaux  du  premier  groupe  sont  rangés  de  telle  sorte  que  la 
distance  moléculaire  diminue  en  même  temps  que  la  résistance,  le  zinc 
excepté;  pour  ceux  du  second,  la  distance  moléculaire  augmente  quand 
la  résistance  diminue. 

»  Tout  semble  donc  se  passer  comme  si  les  corps  diamagnétiques  étaient 
composés  de  particules  plus  conductrices  que  le  milieu  qui  les  entoure, 


(  95  ) 
de  telle  sorte  que  plus  elles  seraient  rapprochées,  plus  la  conductibilité 
augmenterait.  Ils  auraient  une  constitution  analogue  aux  diélectriques  de 
Poisson.  Au  contraire,  les  métaux  magnétiques  paraissent  formés  de  pa- 
ticules  moins  conductrices  que  le  milieu  extérieur;  on  pourrait  peut-être 
ramener  cette  constitution  à  celle  qu'Ampère  supposait  aux  aimants. 

»  3°  On  peut  facilement  trouver  la  relation  cpii  lie  la  conductibilité  y, 
ou  l'inverse  de  la  résistance  spécifique  p,  à  la  distance  moléculaire.  En 
posant  TN  =  n3,  les  courbes  sont  bien  représentées  (le  zinc  excepté)  par 
les  équations  suivantes  : 


Premier  groupe. 


Deuxième  groupe. 


N6  =  /iT"T'-6T+r, 

,  a—  i,5, 

avec  (  b  =  0,87, 


{  c  —  1 , 0/1  ; 


/  1  \"'T'— *'Y-*-c' 


à  =  0,626, 
avec  ■  //=  0,477, 
'(•'=[  ,o3. 


»  D'ailleurs,  pour  tous  les  métaux  cités,  l'exposant  dans  les  deux  for- 
mules diffère  extrêmement  peu  de  l'unité.  De  sorte  cpie  l'on  peut  dire  : 

»  Pour  les  métaux  diamagnétiques  la  conductibilité  est  sensiblement  pro- 
portionnelle à  la  sixième  puissance  du  nombre  de  molécules  ; 

»  Pour  les  métaux  magnétiques  la  conductibilité  est  sensiblement  en  raison 
inverse  de  la  même  puissance  de  cette  dislance. 

n  Le  zinc  seul  a  une  conductibilité  qui  devrait  lui  donner  une  distance 
moléculaire  égale  à  celle  du  cadmium  dont  il  est  si  voisin. 

»  4°  Si  l'on  admet  la  proportionnalité  entre  les  conductibilités  calorifique 
et  électrique,  on  arrivera  pour  celle-là  aux  mêmes  conclusions. 

»  II.  La  comparaison  des  pouvoirs  thermo-électriques  s  conduit  aux 
mêmes  résultats.  Les  différents  points  obtenus  se  trouvent  encore  sur  deux 
courbes  distinctes,  chacune  d'elles  comprenant  exactement  les  mêmes 
métaux  que  précédemment. 

»  Pour  les  métaux  diamagnétiques  on  observe  un  maximum  considé- 
rable dans  la  réçion  des  grandes  distances  moléculaires;  pour  les  métaux 
magnétiques  un  maximum  bien  plus  faible  se  trouve  dans  la  région  des 
petites  distances.  Les  courbes  descendent  d'ailleurs  presque  verticalement 
de  chaque  côté  du  maximum;  elles  restent  ensuite  parallèles  à  l'axe  des 
abscisses,  et  très  voisines  de  cet  axe. 


(  9«  ) 
»   Les  équations  suivantes  représentent  bien  chacun  des  Tableaux  : 


Premier  groupe. 

Deuxième  groupe. 

,L(6«l8-i) 

£   =  *                        ""           sis' 

(6„8-I) 

L  fi- 2,54) 
7.'     \n            1 

(--2;34) 

x 
,  en  posant  6, 18 =  (n"'  )    et 

i 
n 

—  2,54  =  (j5î)  . 

ou 

e  =  -  ~N'°L.Y        et         e'=     -|-N"flL.N". 

»  III.  Restent  enfin  les  coefficients  d'aimantation.  Ici  encore  on  ob- 
tient deux  courbes;  l'aimantation  positive  ou  négative  n'est  sensible  que 
pour  les  très  petites  ou  les  très  grandes  distances  moléculaires.  Ces  deux 
courbes  présentent  la  même  disposition  que  celles  de  la  thermo-électricité, 
mais  pour  ainsi  dire  inverse  :  aux  grands  pouvoirs  thermo-électriques 
(Bi,  Se,  ...)  correspondent  de  faibles  aimantations  négatives;  aux  faibles 
pouvoirs  thermo-électriques  (Ni,  Fe,  . ..),  les  grandes  aimantations  posi- 
tives. L'équation  de  ces  courbes  doit  être  de  la  même  forme  que  les  pré- 
cédentes, mais  les  coefficients  sont  trop  peu  connus  pour  que  j'aie  tenté 
de  les  calculer. 

»  Quelques-uns  de  ces  résultats  (  pour  l'aimantation)  avaient  été  énoncés 
sous  forme  d'hypothèse  par  Matteucci  et  de  la  Rive;  mais  n'ayant  pas 
aperçu  la  distinction  absolument  nécessaire  entre  les  propriétés  des  deux 
classes  de  métaux,  ils  avaient  trouvé  autant  d'exceptions  que  de  confirma- 
tions à  leurs  idées,  notamment  pour  les  métaux  alcalins  qui  auraient  dû 
avoir  un  magnétisme  négatif,  et  le  cuivre  au  magnétisme  positif. 

»  En  résumé,  toutes  les  propriétés  physiques  des  métaux  d'un  même 
groupe  dépendraient  exclusivement  de  la  distance  de  leurs  molécules,  les 
deux  groupes  se  distinguant  par  la  conductibilité  relative  de  ces  molé- 
cules. » 


TÉLÉPHONIE.  —  Sur l' intensité  des  effets  téléphoniques. 
Note  de  M.  E.  Mekcadier. 

«  L'intensité  des  effets  d'un  téléphone  dépend  principalement  :  de 
l'épaisseur  du  diaphragme,  de  son  diamètre,  de  l'intensité  de  son  champ 
magnétique,  de  la  forme  de  ce  champ  et  des  bobines  induites. 


(  97  ) 

»  I.  J'ai  déjà  étudié  l'influence  de  l'épaisseur  du  diaphragme  (Comptes 
rendus,  8  et  i5  avril  1889)  et  montré  que,  pour  tout  téléphone  de  champ 
magnétique  donné,  il  y  a  une  épaisseur  du  diaphragme  qui  donne  un  maxi- 
mum d'intensité. 

»  II.  Influence  du  diamètre  du  diaphragme.  —  On  peut,  étant  connue 
l'épaisseur  du  diaphragme  qui  correspond  au  maximum  d'effet,  faire  varier 
le  diamètre. 

»  On  constate  alors  l'existence  d'un  diamètre  qui  donne  aussi  la  meil- 
leure intensité.  Ce  résultat  tient  à  deux;  causes  :  1"  le  champ  magnétique 
du  noyau  ne  produit  un  effet  sensible  que  dans  une  région  limitée  du 
diaphragme;  dès  lors,  en  augmentant  le  diamètre,  on  augmente  la  partie 
inerte  au  point  de  vue  de  l'induction  et  non  la  partie  induite;  1°  en  aug- 
mentant le  diamètre  progressivement,  on  augmente  sans  doute  sa  flexi- 
bilité et  l'on  favorise  la  production  de  ses  mouvements;  mais,  d'autre 
part,  on  augmente  aussi  la  masse,  et,  par  suite,  la  difficulté  de  produire  ces 
mouvements  pour  des  variations  nécessairement  limitées  du  champ  ma- 
gnétique. 

»  Tl  en  résulte  d'ailleurs,  et  l'expérience  le  confirme,  que  le  diamètre 
qui  produit  le  meilleur  effet  doit  être  d'autant  plus  grand  que  le  champ 
est  plus  intense.  On  explique  ainsi  comment  des  téléphones  à  grands  dia- 
mètres et  à  champs  magnétiques  relativement  intenses,  comme  les  télé- 
phones Gower,  Pollard,  etc.,  ne  produisent  pas  d'effets  plus  grands  que 
des  instruments  à  champs  plus  faibles,  mais  de  diamètres  réduits,  comme 
les  téléphones  d'Arsonval,  Ader,  Aubry,  etc. 

»  Il  y  a  donc  lieu,  si  l'on  veut  obtenir  avec  un  téléphone  le  maximum 
d'effet,  de  combiner  convenablement  l'épaisseur  et  le  diamètre  du  dia- 
phragme suivant  l'intensité  du  champ  magnétique  dont  on  dispose. 

»  III.  Influence  de  l'intensité  du  champ.  —  Cette  influence  est  loin  d'être 
aussi  grande  qu'on  pourrait  le  croire  au  premier  abord. 

»  J'ai  fait  à  ce  sujet  des  expériences  très  variées,  en  aimantant  les 
noyaux  en  fer  doux  des  bobines  induites  à  l'aide  d'un  électro-aimant,  au 
lieu  de  les  fixer,  comme  on  le  fait  d'habitude,  sur  les  pôles  d'un  aimant. 
Il  est  facile  ainsi,  en  faisant  varier  l'intensité  du  courant  qui  anime  l'électro- 
aimant,  de  produire  des  champs  magnétiques  de  grandeurs  très  diffé- 
rentes. 

»  Or,  en  opérant  ainsi  graduellement,  on  arrive  rapidement  à  une  limite 
à  partir  de  laquelle  l'effet  du  téléphone  ne  varie  plus  sensiblement. 

)>   Cela  tient  :  d'abord  à  ce  que  la  masse  de  fer  du  diaphragme  devient 


(98  ) 
rapidement  incapable  d'absorber  dans  son  intérieur  toutes  les  lignes  de 
force  du  champ,  et  une  partie  de  plus  en  plus  grande  de  celles-ci  traverse 
le  diaphragme,  ainsi  qu'on  s'en  aperçoit  en  y  jetant  de  la  limaille  de  fer  : 
dés  lors  une  portion  de  plus  en  plus  grande  du  champ  reste  sans  utilité 
pour  la  production  des  effets  téléphoniques.  En  second  lieu,  il  huit  re- 
marquer que  ces  effets  sont  dus,  en  définitive,  à  des  déformations  des 
lignes  de  force  du  champ;  que  celles-ci  résistent  d'autant  plus  à  la  défor- 
mation due  à  l'énergie  des  ondes  provenant  de  la  voix  que  le  champ  ma- 
gnétique est  plus  intense,  et  que  cette  énergie  est  nécessairement  limitée. 
Ceci  s'applique  également  bien  au  téléphone-récepteur  où  l'énergie  de  la 
voix  est  remplacée  par  celle  des  ondes  électriques  que  le  transmetteur  a 
produites. 

»  On  s'explique  ainsi  l'insuccès  de  beaucoup  de  tentatives  faites  pour 
augmenter  l'intensité  des  effets  d'un  téléphone  en  augmentant  l'énergie 
de  son  champ  magnétique,  et  comment,  en  définitive,  on  s'est  décidé,  dans 
la  pratique,  à  ne  se  servir  que  d'appareils  de  petites  dimensions  dont  les 
aimants  sont  relativement  faibles,  et  qui  sont  d'ailleurs  plus  maniables. 

»  IV.  Influence  de  la  forme  du  champ  et  des  l>obines  induites.  —  On  peut 
dire  qu'à  ce  sujet  toutes  les  formes  possibles  ont  été  essayées.  Mais  il  est 
évident  que,  théoriquement,  la  forme  dans  laquelle  les  lignes  de  force  sont 
perpendiculaires  à  la  direction  du  fit  des  bobines  est  la  meilleure,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs.  C'est  ce  que  M.  d'Arsonval  a  montré  en  le  réali- 
sant dans  son  téléphone,  et  mes  propres  expériences  à  ce  sujet  sont  con- 
formes à  ses  conclusions. 

»  De  plus,  les  variations  de  la  forme  du  champ,  source  des  effets  télé- 
phoniques, peuvent  être  facilitées  par  la  plus  ou  moins  grande  mobilité  du 
champ,  et  celle-ci  peut  être  augmentée  jusqu'à  un  certain  point  par  la  mo- 
bilité de  l'aimant  et  des  noyaux  des  bobines  :  c'est  le  résultat  obtenu  ré- 
cemment par  M.  Aubrv,  en  fixant  l'aimant  à  une  plaque  vibrante;  mais  il  y 
a  là  aussi  une  limite  qu'il  ne  faut  pas  dépasser  et  que  l'expérience  dé- 
termine. 

»  En  résumé,  il  résulte  de  ces  derniers  faits  connus  que  je  viens  d'indi- 
quer et  de  mes  propres  recherches  que,  pour  obtenir  d'un  téléphone  le 
maximum  de  rendement,  il  faut  réaliser  principalement  les  quatre  condi- 
tions suivantes  :  i°  favoriser  la  mobilité  des  lignes  de  force  du  champ; 
2°  faire  traverser  les  lignes  de  force  par  le  plus  grand  nombre  possible  des 
fils  des  bobines  et  perpendiculairement  à  leur  direction  ;  3°  diminuer  l'épais- 
seur du  diaphragme  jusqu'à  celle  qui  est  juste  suffisante  pour  absorber  le 


v  99  ) 
plus  grand  nombre  des  lignes  de  force  existant  dans  son  voisinage  ;  l\°  aug- 
menter le  rapport  du  volume  induit  du  diaphragme  au  volume  total,  ce 
qui  conduit  à  diminuer  le  diamètre  jusqu'à  une  certaine  limite.  » 


PHYSIQUE.  —  Appareil  de  projection  lumineuse,  applicable  aux  balances  de 
précision,  à  l'effet  d'obtenir  des  pesées  rapides.  Note  de  M.  A.  Collot  fils, 
présentée  par  M.  Friedel.  (Extrait.) 

«  Cet  appareil  de  projection  lumineuse,  adapté  à  une  balance  de  pré- 
cision, permet  d'obtenir  des  pesées  très  rapides  :  pour  une  même  ap- 
proximation, la  vitesse  d'oscillation  devient  cinq  ou  six  fois  plus  grande, 
et,  par  la  méthode  employée,  les  derniers  centigrammes,  les  milligrammes 


et  leurs  fractions  s'apprécient  directement,  avec  contrôle  immédiat.  Comme 
l'appareil  est  indépendant  des  organes  de  la  balance,  il  peut  se  placer  sur 
toutes  les  balances  de  précision  existant  déjà  dans  les  laboratoires. 

»  La  modification  apportée  à  la  balance  consiste  à  déplacer  le  centre  de 
gravité  du  fléau  de  façon  à  diminuer  la  sensibilité  et,  par  suite,  à  obtenir 
une  vitesse  beaucoup  plus  grande  ;  puis,  par  des  moyens  optiques,  aug- 
menter considérablement  l'amplitude  des  oscillations.  Au  lieu  d'observer 


(    IOO    ) 

les  oscillations  au  microscope,  on  les  projette  sur  un  écran  divisé,  formant 
cadran,  dont  la  division  est  vue  par  transparence. 

»  L'appareil  est  formé  par  un  petit  objectif  achromatique,  qui  termine  le 
corps  d'un  microscope  dans  lequel  se  trouve  l'écran  divisé  qui  reçoit 
l'image  amplifiée  du  réticule  fixé  sur  l'aiguille,  réticule  sur  lequel  se 
trouvent  projetés  les  rayons,  condensés  au  moyen  d'une  forte  loupe,  qui 
proviennent  d'une  source  lumineuse  placée  derrière  la  balance.  La  mise 
au  point  se  fait  au  moyen  d'un  pignon  et  d'une  crémaillère. 

»  La  source  lumineuse  actuellement  employée  est  un  bec  de  gaz  avec 
réflecteur  (');  il  est  placé  dans  une  boîte  en  noyer,  pour  éviter  toute  pro- 
jection de  chaleur  sur  la  balance  :  ce  bec,  ainsi  isolé,  n'est  allumé  que 
pendant  une  ou  deux  minutes  au  maximum,  à  la  fin  de  chaque  pesée  ; 
aussi,  en  fixant  un  thermomètre  dans  la  cage,  on  constate  qu'il  ne  se  pro- 
duit aucune  variation,  même  très  faible,  de  température. 

»  Pour  exécuter  une  pesée,  le  gaz  étant  établi  en  veilleuse, "on  procède 
comme  pour  une  balance  ordinaire,  jusqu'à  ce  que  l'extrémité  de  F  aiguille 
ne  sorte  plus  du  cadran  inférieur  :  on  compte  alors  la  différence  des 
nombres  des  divisions  faites  par  l'aiguille  à  droite  et  à  gauche  du  zéro. 
Cette  différence,  multipliée  par  la  valeur  approchée,  en  milligrammes,  de 
chaque  division  de  ce  cadran  (valeur  donnée  avec  l'instrument),  donne 
immédiatement  le  nombre  de  centigrammes  et  de  milligrammes  qu'il  faut 
ajouter  aux  poids  déjà  placés  sur  le  plateau  de  la  balance  pour  avoir 
l'équilibre,  à  une  demi-division  près  du  cadran  inférieur.  La  valeur  de 
chaque  division  de  ce  cadran  varie  de  3mgr  à  io"16'',  suivant  que  la  balance 
accuse  omgr,io  ou  o'ngr,5.  Comme  le  cadran  comprend  10  divisions  de 
chaque  côté  du  trait-miiieu,  on  apprécie  ainsi  sans  tâtonnements  les  trois 
derniers  centigrammes  ou  le  dernier  décigramme,  suivant  la  sensibilité. 

»  A  ce  moment,  on  ferme  les  portes  de  la  cage,  pour  éviter  tout  courant 
d'air,  on  ouvre  le  gaz  au  moven  d'un  robinet  régleur  et  l'on  met  la  balance 
en  marche  en  abaissant  d'abord  le  bras,  puis  l'arrêt  des  plateaux;  on  lit 
alors  la  différence  des  divisions  parcourues  à  gauche  et  à  droite, |sur  le 
cadran  lumineux,  par  l'image  du  réticule.  Sur  ce  cadran,  les  images  sont 
renversées,  mais  la  pratique  fait  rapidement  disparaître  cette  petite  diffi- 
culté. Ce  nombre  de  divisions  indique  le  nombre  de  milligrammes  et  de 
fractions  de  milligramme  dont  il  faut  déplacer  le  cavalier  sur  sa  règle, 
pour  obtenir  l'équilibre  parfait,  équilibre  que   l'on  vérifie  par  une  simple 

(V)   Le  bec  de  gaz  peut  être  remplacé  par  une  petite  lampe  électrique. 


(    ioi    ) 

lecture.  Chaque  demi-division  du  cadran  correspond,  comme  poids,  à  Ja 
sensibilité  indiquée  pour  l'instrument. 

»  Avec  un  peu  d'habitude,  une  pesée  exécutée  suivant  les  indications 
précédentes  s'effectue  en  un  temps  égal  au  £  ou  au  £  du  temps  moyen  né- 
cessaire avec  une  balance  ordinaire.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  phénol sodé et  du  naphlol sodé sur  le  camphie 
cyané.  Note  de  M.  J.  Mixglix,  présentée  par  M.  Friedel. 

«   Dans  une  Noie  publiée  récemment  aux  Comptes  rendus,  j'ai  montré 
que  le  benzvlate  de  soude,  réagissant  sur  le  camphre  cyané,  donne  nais- 

CH2CAz 
sance  au  composé  C8H14^  et  que,  dans  les  eaux  de  lavage  pro- 

xco-c7ir 

CIPCAz 
venant  de  la  préparation  de  ce  corps,  on  trouve  l'acide  C8H'*^ 

XCOOH 

»  Le  phénol  et  le  naphtol  se  comportent  d'une  façon  absolument  iden- 
tique. 

»  i°  Action  du  phénol  sodé.  —  J'ai  chauffé  en  tubes  scellés  à  20o°-220°  pendant 
vingt-quatre  heures  ioSr  de  camphre  cyané,  i5sr  d'acide  phénique,  tenant  en  dissolu- 
tion o°r,5  de  sodium.  Le  phénate  de  soude  a  été  préparé  dans  le  tube  lui-même.  On  a 
eu  soin  de  rendre  la  masse  bien  homogène  et  l'on  a  introduit  le  camphre  cyané.  Les 
tubes,  en  sortant  du  bain  d'huile,  contiennent  une  masse  excessivement  visqueuse 
qu'on"  traite  par  l'eau  chaude.  On  reprend  par  l'éther;  la  solution  éthérée  est  lavée 
plusieurs  fois  avec  de  la  potasse.  On  chasse  l'éther,  on  distille.  On  obtient  ainsi  une 
huile  très  visqueuse,  colorée  en  brun,  passant  à  la  distillation  entre  265°-270°  sous  une 
pression  de  4cm  de  mercure  en  se  décomposant  partiellement.  Son  pouvoir  rotatoire 
dans  l'alcool  est  au  =  -+-  260, 66.  Saponifié  par  la  potasse  aqueuse,  ce  corps  donne 
de  l'acide  hydroxycamphocarbonique  et  de  l'acide  phénique  avec  dégagement  d'am- 
moniaque. 

GH2CAz 

»  Par  analogie,  on  peut  lui  attribuer  la  formule  de  constitution  C8H"  , 

XC02C6IP 
CH2CAz 
ce  qui  en  fait  un  éther  phénylique  de  l'acide  C8H1V  .    Cet   acide,   d'ailleurs, 

XCOOH 
existe  dans  les  eaux  de  lavage  à  l'état  de  sel  de  soude. 

a  20  Action  du  naphtol  sodé  (3.  —  On  a  chauffé  en  tubes  scellés  à  2oo0-22o°  pen- 
dant vingt-quatre  heures  iosr  de  camjjhre  cyané,  i3srde  naphtol  ayant  dissous  osr,5  de 
sodium. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXI1,  N°  2.)  '4 


(   10a  ) 

»  On  a  fait  réagir  le  sodium  sur  le  naphtol  fondu  dans  le  tube  lui-même.  On  a  in- 
troduit le  camphre  cyané  et  Ton  a  eu  soin  de  bien  mélanger  toute  la  niasse.  En  ou- 
vrant les  tubes,  on  ne  constate  pas  de  pression. 

»  On  remarque  une  masse  vitreuse  qu'on  traite  par  une  solution  tiède  de  potasse. 
La  masse  change  d'aspect,  et  l'on  obtient  un  corps  solide  qu'on  reprend  par  l'éther. 
Cet  éther,  lavé  plusieurs  fois  avec  de  la  potasse,  abandonne  par  évapora tion  des  cris- 
taux qui  ne  deviennent  blancs  qu'après  un  certain  nombre  de  cristallisations.  Ce  corps 
fond  à  1 1 7°  ;  l'éther,  l'alcool  le  dissolvent  assez  difficilement.  Il  est  plus  soluble  dans 
la  benzine  et  le  toluène.  Le  rendement  est  faible;  j'ai  obtenu  iosr  de  ce  corps  pour 
4osr  de  camphre  cyané  employé.  Son  pouvoir  rotatoire  dans  le  toluène  est  oc0=-(-  i7°,i. 

CFPCAz 

n  L'analyse  conduit  à  la  formule  C8 H14  .    C'est   l'éther  naphtylique  de 

NCOsCVH' 
l'acide  cité  plus  haut.  La  saponification  de  ce  corps  par  la  potasse  donne  naissance  à 
un  dégagement  d'ammoniaque;  il  y  a  formation  d'acide  hydroxycamphocarbonique  et 
de  naphtol. 

»  J'espère  pouvoir  indiquer  sous  peu  les  résultats  obtenus  dans  le  trai- 
tement de  l'éther  camphocarbonique  par  l'alcool  benzylique,  le  phénol  et 
le  naphtol  sodés.   » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  la  production  des  alcools  supérieurs  pendant  la 
fermentation  alcoolique.  Note  de  M.  L.  Lindet,  présentée  par  M.  Du- 
claux. 

«  Une  des  questions  les  plus  intéressantes  que  l'on  puisse  se  poser,  dans 
l'étude  de  la  fermentation  alcoolique,  est  celle  de  l'origine  des  alcools  su- 
périeurs. Ces  alcools  se  rencontrent  dans  tous  les  liquides  fermentes  et 
l'on  est  en  droit  de  supposer  qu'ils  sont  les  produits  nécessaires  de  la  fer- 
mentation normale  et  font  partie  de  ce  que  l'on  a  appelé  l'équation  alcoo- 
lique. J'ai  voulu  vérifier  cette  hypothèse,  en  faisant  fermenter  un  moût,  et 
en  recherchant  les  alcools  supérieurs  dans  ce  moût  à  différentes  époques 
de  sa  fermentation.  Si  ces  alcools  supérieurs  se  présentent  à  tout  moment, 
par  rapport  à  l'alcool  produit,  en  proportion  constante,  c'est  qu'ils  pro- 
viennent effectivement  de  la  décomposition  du  sucre  par  la  levure,  au  mo- 
ment où  celle-ci  accomplit  sa  fonction  alcoolique;  si  la  proportion  en  varie, 
au  contraire,  du  commencement  à  la  fin  de  la  fermentation,  il  faudra  at- 
tribuer à  la  formation  de  ces  alcools  une  origine  différente.  C'est  à  oetle 
conclusion  que  semble  avoir  abouti  l'expérience  que  j'ai  l'honneur  de 
soumettre  à  l'Académie. 


(  io3  ) 

»  J'ai  choisi,  pour  faire  cette  expérience,  un  moût  de  grains  que  j'ai  préparé  moi- 
même  en  suivant  les  procédés  industriels  actuellement  en  usage  dans  les  fabriques  de 
levure;  4hlit,20o  de  moût  (dans  la  composition  duquel  entraient,  par  hectolitre,  8ks  de 
maïs,  8"s  de  seigle,  8ks  de  malt  d'orge,  soit  au  total  iooks  de  grains),  ont  été  acidulés 
(25r,6  SOlH2  par  litre),  et  mis  en  levain,  en  cuve  ouverte,  avec  75osr  de  levure  spé- 
cialement choisie  à  la  distillerie  de  Maisons-Alfort.  La  fermentation,  qui  a  duré  trente- 
huit  heures,  dont  la  température  s'est  élevée  de  200  à  270  pour  revenir  à  200,  s'est  ef- 
fectuée d'une  façon  normale. 

»  J'ai  prélevé  des  échantillons  de  moût  quatorze  heures  (i5om),  vingt  heures  (1  iolil), 
et  trente-huit  heures  (So1'1)  après  la  mise  en  levain,  et  je  les  ai  distillés  au  moyen  d'un 
alambic  brûleur  que  M.  ILgrot  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition.  J'ai  obtenu  de 
cette  façon  trois  flegmes  correspondant  à  la  composition  du  moût,  au  moment  où 
celui-ci  contenait  1 ,84 ;  3,44;  6,27  pour  100  d'alcot>l.  J'ai  cru  également  intéressant 
d'abandonner  vingt-quatre  heures  dans  la  cuve  le  reste  du  moût  dont  la  fermentation 
venait  d'être  terminée  pour  le  distiller  ensuite,  et  obtenir  ainsi  un  quatrième  flegme. 

»  Les  quatre  flegmes  ont  été  concentrés  dans  un  appareil  à  colonne  de  M.  Deroy  et 
les  alcools  ont  été  analysés  par  la  distillation  fractionnée  dans  des  tubes  Le  Bel  et 
Henninger.  En  conduisant  ces  distillations  sur  les  mêmes  quantités  d'alcool,  au  moyen 
des  mêmes  tubes,  dans  des  conditions  identiques  en  un  mot,  j'ai  pu  séparer  des  quan- 
tités d'alcools  insolubles  qui  présentent  entre  elles  des  différences  assez  grandes  pour 
qu'on  ne  puisse  les  attribuer  à  des  erreurs  d'analyse. 

Durée  Quantité  .  Alcools 

île  la  fermentation  Alcool  produit  d'alcool  Quantité  insolubles 

après  pour  100  à  ioo°  soumis  d'alcools  insolubles  par  litre 

la  mise  en  levain.  du  moût.  a  l'analyse.  obtenus.  d'alcool. 

h  lit  ce  ce 

14 1,84  2,800  10,2  3,64 

20 3,44  a,65o  11,8  4,45 

38 6,27  ?.,655  17,.  6,44 

24   après  la  fermentation.  6,55  2,63o  24,2  9,20 

»  Pour  bien  saisir  la  marche  progressive  que  la  formation  des  alcools 
supérieurs  a  suivie,  il  m'a  paru  avantageux  de  calculer  la  proportion 
d'alcools  supérieurs  produits  pendant  chaque  période  par  rapport  à  la 
quantité  d'alcool  formé  pendant  le  même  temps;  on  se  trouve  alors  en 
face  de  chiffres  qui  montrent  de  la  façon  la  plus  nette  que  la  production 
des  alcools  supérieurs  a  été  lente  au  début,  pour  devenir  des  plus  actives 
une  fois  la  fermentation  terminée. 

Alcools  supérieurs 

Alcool  formé  formés  pour  100 

dans  iooHl  dans  ioo1"  de  l'alcool 

de  moût.  de  moût.  formé, 

h           h                                                              lit  ce  ce 

De    o  à  i4 1 ,84  6,62  o,36 

De  i4   à  20 1 ,60  8,69  o,54 

De  20  à  38 2,83  25,i3  0,88 

24h  heures  après  la  fermentation .            0,28  39,82  14,07 


(  io4  ) 

»  En  face  de  ces  résultais,  il  est  impossible  de  conclure  que  les  alcools 
supérieurs  soient  uniquement  produits  par  la' fermentation  normale  du 
sucre,  et  il  faut  attribuer  à  une  autre  cause  la  formation  de  la  majeure 
partie  de  ces  alcools. 

»  Tout  d'abord  il  convient  de  ne  pas  perdre  de  vue  ce  fait,  qu'à  la  fin 
de  la  fermentation  la  vie  de  la  levure  peut  être  troublée  par  les  phéno- 
mènes d'autophagie.  Ne  trouvant  plus  de  sucre  à  sa  disposition,  elle  dé- 
compose la  réserve  hydrocarbonée,  le  glycogène  qu'elle  a  accumulé  pen- 
dant sa  vie  de  ferment,  et  il  est  possible  qu'à  ce  moment  elle  donne 
naissance  à  des  quantités  d'alcools  supérieurs  différentes  de  celles  qu'elle 
a  produites  au  cours  même  delà  fermentation. 

»  Mais  il  est  de  ces  expériences  une  interprétation  plus  probable  qui 
me  porte  à  admettre  que  les  alcools  supérieurs  sont  dus,  pour  la  plus 
grande  partie  du  moins,  au  développement  d'un  organisme  microscopique 
dont  l'action  se  trouve,  au  début  de  la  fermentation,  étouffée  par  l'action 
de  la  levure,  et  qui  reprend  son  activité  quand  celle-ci  a  terminé  son 
œuvre. 

»  On  peut,  en  se  plaçant  au  point  de  vue  industriel,  tirer  de  ce  travail 
des  conclusions  intéressantes. 

»  On  sait  que,  par  la  fermentation  dite  complémentaire,  le  vin,  le 
cidre,  la  bière,  prennent  un  bouquet  qu'ils  n'avaient  pas  aussitôt  après  la 
fermentation  tumultueuse  terminée.  Pendant  cette  fermentation  complé- 
mentaire, l'alcool  s'éthérifie  au  contact  des  acides;  mais,  en  même  temps, 
comme  je  viens  de  le  montrer,  des  alcools  supérieurs  se  forment,  alcools 
supérieurs  dont  l'odeur  est  repoussante  quand  ils  sont  isolés,  mais  qui, 
en  faible  quantité,  donnent  à  l'alcool  un  arôme  spécial,  alcools  supérieurs 
dont  les  éthers,  en  tout  cas,  auront  un  parfum  plus  accentué  que  les 
éthers  de  l'alcool  éthvlique. 

»  S'il  est  bon  d'abandonner  les  boissons  à  la  fermentation  complémen- 
taire, pour  parfaire  l'arôme  qu'elles  doivent  posséder,  il  n'en  est  pas  de 
môme  des  moûts  industriels  qui  sont  appelés  à  fournir  des  alcools  neutres. 
Plus  on  attendra  avant  de  passer  ces  moûts  à  la  colonne,  plus  on  s'exposera 
à  voir  des  alcools  supérieurs  se  former,  qui  diminueront  à  la  rectification 
le  rendement  en  alcool  bon  goût.  » 


(  io5  ) 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Nouvelle  méthode  pour  la  recherche  des  huiles 
d'olive  et  de  graines,  applicable  également  aux  beurres  naturels  et  aux 
beurres  margarines.  Note  de  M.  Raoul  Brujllé. 

«  Les  recherches  poursuivies  depuis  quelques  années,  à  la  station  agro- 
nomique de  Nice,  pour  la  découverte  d'un  procédé  permettant  de  distin- 
guer facilement  les  huiles  d'olive  des  huiles  de  graines  ou  de  leur  mélange, 
nous  amènent  à  décrire  le  mode  d'emploi  d'un  réactif  qui  nous  paraît 
appelé  à  rendre  de  réels  services.  Dans  les  Comptes  rendus  du  i5  juil- 
let 1889,  nous  avons  exposé  nos  premiers  essais  ;  nous  venons  les  com- 
pléter en  indiquant  une  modification  qui  rend  le  procédé  plus  pratique. 

«  Le  réactif  que  nous  employons  est  une  solution  de  nitrate  d'argent 
à  25  pour  iooo  dans  de  l'alcool  de  vin  à  f)5°. 

»  On  verse  clans  un  tube  d'essai  environ  I2CC  de  l'huile  à  examiner  et  5CC  de  réactif. 
On  place  ensuite  le  tube  dans  une  capsule  ou  un  vase  en  verre  de  Bohême  contenant 
de  l'eau  maintenue  à  l'ébullition.  On  observe,  à  travers  le  verre,  les  changements  de 
teinte  subis  par  les  liquides  du  tube. 

»  Il  est  essentiel  de  filtrer  l'buile,  pour  peu  qu'elle  n'offre  pas  une  limpidité  par- 
faite. 

»  Nous  avons  essayé  ce  réactif  sur  des  huiles  de  toutes  provenances. 
Les  résultats  sont  tellement  tranchés,  si  on  s'adresse  même  à  des  huiles 
d'olive  de  différentes  qualités,  que  nous  pouvons,  par  un  essai,  assigner 
à  chacune  sa  valeur  commerciale. 

»  Les  huiles  d'olive  vierges,  c'est-à-dire  de  première  foulée,  donnent,  avec  le  réac- 
tif, une  belle  teinte  vert  tendre,  bien  limpide. 

»  Les  huiles  de  qualité  inférieure,  de  deuxième  et  de  troisième  foulée,  qui  con- 
tiennent une  petite  proportion  d'huile  provenant  des  noyaux,  noircissent  légèrement 
ou  deviennent  d'un  rouge  pâle,  mais  ne  tardent  pas  à  prendre  une  teinte  verte  très 
intense. 

»  Les  huiles  d'olive,  même  fortement  colorées,  subissent  celte  réaction.  Elle  est  un 
peu  plus  lente,  demandant  un  quart  d'heure  à  vingt  minutes  d'ébullition  ;  mais  la 
teinte  finale  est  toujours  d'un  beau  vert. 

»  Si  nous  examinons  ce  qui  se  passe  avec  des  huiles  de  graines,  nous 
obtenons  des  résultats  absolument  différents. 

»   A  l'état  de  pureté,  l'huile  de  colon  soumise  à  l'essai  noircit  complètement. 
»   L'huile  d'arachide  prend  une  coloration  brun-rouge  tout  d'abord,  puis  finit  par 
verdir  en  perdant  sa  transparence. 


(  io6  ) 

»  L'huile  de  sésame  est  accusée  par  une  teinte  rouge-brun  très  foncée  et  reste  rou- 
geàtre,  tandis  que  l'huile  d'arachide  verdit. 

»  Les  huiles  de  colza  et  d'œillette  prennent  des  colorations  vert-jaune;  le  liquide 
est  trouble  et  se  distingue  très  facilement  des  réactions  de  l'huile  d'olive. 

»  Enfin,  si  l'on  a  affaire  à  un  mélange  de  ces  diverses  huiles  avec  l'huile 
d'olive,  un  peu  d'expérience  permet  de  déceler  les  mélanges,  même  dans 
les  proportions  de  5  à  10  pour  ioo. 

»  On  observe  les  teintes  en  regardant  le  liquide  suivant  la  longueur  du  tube.  Les 
colorations  caractéristiques  pour  chaque  espèce  d'huile  varient  suivant  les  propor- 
tions dans  lesquelles  ont  été  faits  les  mélanges. 

.    »  On  a  ainsi  une  échelle  de  couleurs  qu'il  est  très  facile  à  un  œil  un  peu  exercé  de 
pouvoir  distinguer,  tant  leurs  différences  sont  accentuées. 

»  En  opérant  de  la  môme  façon  pour  les  beurres,  on  parvient  à  constater, 
aussi  pratiquement  cjue  pour  les  huiles,  si  l'on  a  affaire  à  un  beurre  naturel 
ou  à  un  beurre  dans  lequel  on  a  mélangé  de  la  margarine. 

»  Traité  au  réactif,  le  beurre  naturel  conserve  sa  coloration  primitive,  tandis  qu'un 
beurre  de  margarine  pur  devient  rouge-brique;  cette  teinte,  quoique  moins  appa- 
rente, se  reconnaît  facilement  pour  l'œil  le  moins  exercé  dans  un  beurre  contenant 
moins  de  5  pour  100  de  margarine;  à*io  pour  ioo,  la  teinte  rouge  est  très  accentuée. 

»  Des  beurres  de  diverses  provenances  nous  ayant  toujours  donné  des 
réactions  très  nettes,  nous  croyons  pouvoir  affirmer  que  notre  réactif 
pourra  servir  à  déterminer  la  fraude  des  beurres  au  moyen  de  la  marga- 
rine. » 


HYGIÈNE  PUBLIQUE.  —  Note  sur  l 'intoxication  par  les  Moules. 
Note  de  M.  S.  «Jourdain. 

«  L'ingestion  des  Moules  est  quelquefois  suivie  d'accidents  qui,  sans 
mettre  en  danger,  sauf  de  très  rares  exceptions,  la  vie  de  la  personne  qui 
les  éprouve,  sont  cependant  très  pénibles  et  assez  sérieux  pour  exiger 
souvent  l'intervention  du  médecin.  Ces  accidents  ont  un  caractère  parti- 
culier, spécifique  en  quelque  sorte,  si  bien  qu'un  praticien  exercé  recon- 
naît promptement  à  quelle  cause  il  faut  les  rapporter.  Les  symptômes  ne 
sont  pas  ceux  d'une  simple  indigestion,  mais  bien  d'un  empoisonnement. 

»  Quelle  est  la  nature  du  poison  qui  a  ainsi  rendu  la  Moule  nuisible? 
Plusieurs  réponses  ont  été  faites  à  cette  question. 

»    On  a  parlé  de  Moules  détachées  du  doublage  en  cuivre  des  navires. 


(  io7  ) 
et  rendues  toxiques  par  les  sels  de  ce  métal,  comme  si  l'on  avait  jamais 
recueilli  une  Moule  fixée  de  la  sorte  et  comme  si  l'empoisonnement  par  ce 
Mollusque  ressemblait  à  celui  que  détermiuent  les  sels  de  cuivre. 

»  On  a  invoqué,  comme  cause  de  l'intoxication,  la  présence  du  frai  des 
Astéries  dans  l'intérieur  de  la  Moule.  S'il  s'agit  de  Y  Astérie  commune  de  nos 
côtes,  le  frai  en  est  mangé  impunément  par  la  Corneille  mantelée,  le  Freux 
et  divers  oiseaux  de  mer,  qui  s'en  montrent  très  friands.  D'ailleurs  a-t-on 
jamais  rencontré,  dans  une  Moule,  du  frai  d'Astérie? 

»  On  a  été  jusqu'à  mettre  en  cause  un  petit  Crustacé  décapode,  le  Pin- 
nothère,  commensal  fréquent,  mais  inoffensif,  de  la  Moule. 

»  Dans  ces  derniers  temps,  on  a  attribué,  avec  plus  de  vraisemblance,  la 
toxicité  accidentelle  delà  Moule  à  la  présence  d'une  ptomaïne,  la  mytilo- 
toxine.  Cette  ptomaïne  parait  exister  normalement  dans  le  Mollusque, 
sans  que  celui-ci  perde  son  innocuité.  Mais,  dans  certaines  conditions, 
encore  indéterminées,  la  proportion  demytilotoxine  s'exagérant,  la  Moule 
devient  toxique. 

»  Dans  un  document  officiel  paru  récemment,  il  est  dit  que  l'intoxica- 
tion mytilique  est  d'une  rareté  extrême  et,  de  plus,  que  les  Moules  nui- 
sibles ne  se  trouvent  que  parmi  celles  qui  ont  séjourné  dans  les  eaux  sta- 
gnantes et  souillées  des  ports. 

»  Mais  il  convient  de  remarquer  d'abord  que  les  accidents  n'ont  pas  la 
rareté  excessive  que  leur  attribue  ce  document.  Tous  les  médecins  qui 
exercent  dans  la  zone  littorale,  où  la  consommation  des  Moules  se  fait  sur 
une  plus  grande  échelle,  ont  été  appelés  assez  souvent  à  donner  leurs  soins 
à  des  personnes  incommodées.  Encore  l'intervention  de  l'homme  de  l'art 
est-elle  loin  d'être  réclamée  pour  tous  les  cas;  souvent  on  se  traite  soi- 
même,  ou  l'on  a  recours  à  un  pharmacien. 

«  Toutefois  les  accidents  n'ont  quelque  fréquence  qu'en  raison  du 
nombre  énorme  de  Moules  qui  entrent  dans  la  consommation.  La  propor- 
tion des  individus  devenus  toxiques  doit  être  très  faible  et,  pour  ma  part, 
je  pense  que  l'empoisonnement  est  déterminé,  la  plupart  du  temps,  par 
l'ingestion  d'un  seul  individu  nuisible.  Que  de  personnes,  en  effet,  ont 
mangé  des  Moules  par  milliers,  sans  éprouver  d'incommodité,  ou  n'ont  été 
malades  qu'après  en  avoir  usé  pendant  des  années?  D'autre  part,  je  sais 
deux  cas  dans  lesquels  l'empoisonnement  a  été  produit  par  l'ingestion  de 
moins  d'une  douzaine  de  Moules,  prélevées  parmi  d'autres  qui  se  mon- 
trèrent d'une  innocuité  complète.  Les  individus  nuisibles  étant  en  petite 


(  io8  ) 
proportion,  il  n'est  pas  probable  que,  dans  une  douzaine,  il  s'en  trouvât 
plusieurs  de  mauvaise  qualité. 

»  Est-il  vrai,  maintenant,  que  les  Moules  nuisibles  sont  celles  qui  ont 
séjourné  dans  des  eaux  stagnantes  et  souillées?  Au  contraire,  les  acci- 
dents peuvent  se  déclarer  après  l'ingestion  de  Moules  recueillies  sur  des 
rochers  baignés  parla  pleine  mer,  ou  dans  des  chenaux  où  la  marée  renou- 
velle l'eau  incessamment. 

»  Il  me  semble  donc  que,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  en 
admettant  que  la  mytilotoxine  soit  bien  la  cause  des  accidents,  nous 
sommes  dans  l'ignorance  des  conditions  qui  font  que  la  proportion  de 
cette  ptomaïne  s'exagère  au  point  de  rendre  le  Mollusque  dangereux. 

»  Le  document  dont  j'ai  parlé  n'admet  pas,  contre  l'opinion  générale- 
ment reçue,  qu'à  l'époque  du  frai  la  Moule  présente  plus  de  dangers.  Je 
me  range  volontiers  à  cet  avis  et,  toute  autre  considération  écartée,  je 
crois  qu'il  y  avait  lieu  de  rendre  libre,  en  toute  saison,  la  récolte  et  la  vente 
d'un  Mollusque  qui  constitue  pour  l'alimentation  des  populations  cotières 
un  appoint  qui  n'est  point  à  négliger. 

»  Une  ptomaïne  se  rencontre,  très  rarement  à  la  vérité,  à  dose  toxique, 
dans  l'Huître  commune  et  occasionne  des  accidents  d'une  certaine  gravité. 
Le  Mollusque  ainsi  devenu  nuisible  n'est  point  modifié  dans  son  aspect,  et 
il  ne  paraît  point  possible  de  le  distinguer  d'un  spécimen  normal  (  '  ).  On 
a  aussi  attribué  ces  accidents  à  la  présence  de  sels  de  cuivre  que,  dans  des 
conditions  tout  exceptionnelles,  les  Huîtres  peuvent  eflectivement  ab- 
sorber en  grande  quantité.  Mais  ces  Huîtres  n'entrent  guère  en  France 
dans  la  consommation,  et  leur  saveur  est  telle  que  seul  un  palais  des  plus 
grossiers  pourrait  les  tolérer. 

»  Des  traces  de  ptomaïnes  se  retrouvent  encore  dans  d'autres  bivalves 
comestibles,  mais  elles  ne  paraissent  pas  s'y  accumuler  à  dose  toxique. 
Toujours  est-il  cpie  les  troubles  qui  peuvent  survenir  après  leur  ingestion 
ont  le  caractère  d'une  simple  indigestion,  et  non  d'un  empoisonnement.  » 


(')  Je  puis  citer  le  cas  d'un  connaisseur  en  Huîtres,  lequel  se  laissa  tenter  par  la 
fraîcheur  et  la  bonne  mine  d'une  douzaine  de  ces  Mollusques,  qui  venait  d'être  ouverte 
chez  un  marchand  d'une  ville  maritime.  Ces  Huîtres  furent  trouvées  excellentes,  et 
cependant  leur  ingestion  fut  suivie  d'un  véritable  empoisonnement;  un  médecin  dut 
être  mandé,  et  le  malade  ne  se  rétablit  qu'au  bout  d'une  semaine. 


(  "".)  ) 


BOTANIQUE.  —  Contributions  à  la  physiologie  de  la  racine.  Note 
de  M.  Pierre  Lesage,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  J'ai  fait  plusieurs  séries  d'expériences  sur  la  racine,  clans  le  but  de 
continuer  une  étude  commencée  depuis  longtemps.  Me  réservant  d'en 
faire  connaître  plus  tard  les  résultats,  je  désire  seulement  présenter  aujour- 
d'hui deux  cas  particuliers,  que  j'ai  rencontrés  dans  ces  expériences. 

»  i°  Parmi  les  plantes  que  je  faisais  végéter  entièrement  dans  une 
atmosphère  humide,  se  trouvait  un  Phaseolus,  dont  une  racine  de  second 
ordre,  poussée  d'abord  dans  l'air,  était  parvenue  à  la  couche  d'eau  qui 
servait  à  entretenir  l'humidité.  Elle  s'était  développée  beaucoup  plus  en 
longueur  que  la  racine  terminale  et  présentait  extérieurement  des  diffé- 
rences frappantes. 

»  Toute  la  partie  située  au  dehors  de  l'eau  était  couverte  de  poils  radi- 
caux très  nombreux.  Au  voisinage  de  l'eau,  ces  poils  s'allongeaient,  puis, 
dans  la  partie  submergée,  se  raccourcissaient  rapidement  pour  disparaître 
tout  à  fait.  Te  dois  dire  que  les  autres  radicelles  de  cette  plante  se  trou- 
vaient abondamment  pourvues  de  ces  poils  absorbants. 

»  Le  diamètre  de  la  racine  diminuait  du  deuxième  centimètre  en  par- 
tant du  sommet  et  allant  vers  la  surface  d'émersion,  c'est-à-dire  sur  une 
longueur  d'environ  5cm.  Au  sortir  de  l'eau,  il  changeait  brusquement, 
devenait  beaucoup  plus  faible  et,  à  partir  de  là,  continuait  lentement  à 
décroître  en  remontant  vers  la  base.  C'est  ainsi  que,  à  2e1"  du  sommet,  à  6cm 
(un  peu  au-dessus  du  niveau  de  l'eau)  et  à  9e01,  les  diamètres  étaient  de  88, 
5G  et  46;  une  radicelle  du  même  âge,  mais  venue  dans  l'air  humide,  avait 
un  diamètre  de  l\o  à  2cin  du  sommet. 

»  L'écorce  et  le  cylindre  central  suivaient  les  mêmes  proportions;  les 
assises  corticales,  à  très  peu  près  en  même  nombre,  présentaient  dans 
l'air  des  éléments  plus  petits  que  dans  l'eau;  dans  le  cylindre  central,  les 
éléments,  plus  réduits  également,  n'offraient  de  différence  'sensible  que 
dans  le  bois,  où  ils  étaient  plus  tôt  différenciés  et  proportionnellement  plus 
lignifiés  quand  ils  appartenaient  à  la  région  aérienne. 

»  20  Parmi  les  plantes  dont  la  racine  était  constamment  dans  l'eau,  se 
trouvaient  des  Fèves  chez  lesquelles  je  fus  amené  à  couper  les  radicelles  à 
mesure  qu'elles  apparaissaient. 

»   La  racine  s'allongea  beaucoup.   Mais,   ce   qui    intéresse  davantage, 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre,  (T.  CXII,  N°  2  )  l5 


(  no  ) 
c'est  que  sur  toutes  les  racines  traitées  comme  je  viens  de  le  dire,  j'ai 
trouvé  des  poils  abondants.  Ils  étaient  répartis  sur  toute  la  longueur  de 
l'organe,  depuis  un  centimètre  et  demi  du  sommet  jusqu'à  la  base,  alors 
que  des  Fèves,  dont  les  racines  et  les  radicelles  se  sont  développées  libre- 
ment, ne  présentent  que  peu  ou  point  de  poils  dans  l'eau. 

»   Ainsi,  je  me  suis  trouvé  en  présence  d'un  cas  non  encore  signalé. 

»  La  racine  de  Fève,  se  développant  librement  dans  l'eau,  produit  d'or- 
dinaire de  nombreuses  radicelles  qui  augmentent  considérablement  la 
surface  d'absorption;  en  supprimant  ces  radicelles,  j'ai  mis  la  racine  ter- 
minale dans  des  conditions  nouvelles  auxquelles  elle  s'est  adaptée  pour 
suppléer  à  la  surface  disparue;  elle  s'est  couverte  de  nombreux  poils 
absorbants  dont  la  longueur  pouvait  atteindre  jusqu'à  quinze  fois  la  lar- 
geur. » 


BOTANIQUE.  — ■  Influence  de  l ' éclairement  sur  la  production  des  piquants 
des  plantes  (').  Note  de  M.  A.  Lothelier  ,  présentée  par  M.  Du- 
chartre. 

«  On  sait  que  beaucoup  d'espèces  végétales  présentent  des  organes 
appendiculaires  terminés  en  pointe  piquante.  Tantôt  ce  sont  de  simples 
protubérances  corticales  (Ribes),  tantôt  un  membre  de  la  plante  arrêté 
dans  son  développement  (Berberis).  Il  est  également  connu  que  la  cul- 
ture modifie  les  plantes  à  piquants,  soit  en  faisant  disparaître  ceux-ci 
(Rosa),  soit  en  les  transformant  en  organes  normaux  (Prunus  spinosa). 

»  Je  me  suis  proposé  de  rechercher  les  causes  qui  accélèrent  ou  retar- 
dent la  production  des  piquants.  C'est  ainsi  que,  après  avoir  étudié  l'in- 
fluence de  l'état  hygrométrique  de  l'air  (2)  sur  les  plantes  piquantes, 
j'étudie  aujourd'hui  l'influence  de  la  lumière. 

»  Berberis  vulgaris.  —  Deux  pieds  de  Berberis  ont  poussé  séparément  sous  une 
cloche.  Le  pied  a  recevait  la  lumière  de  toutes  parts,  tandis  que  le  pied  b  ne  la  rece- 
vait que  du  côté  nord.  Des  différences  extérieures  se  sont  manifestées  nettement.  Le 
pied  a,  qui  recevait  la  lumière  directe  du  soleil,   a  poussé  normalement,   c'est-à-dire 


(')  Ces  expériences  ont  été  faites  au  laboratoire  de  Biologie  végétale  de  Fontaine- 
bleau, dirigé  par  .M.  G.  Bonnier. 

(2)  Influence  de  l'état  hygrométrique  de  l'air  sur  la  production  des  piquants 
(Bulletin  dt  la  Soc.  Bot.  de  France.  1890). 


(  II.  ) 

qu'après  avoir  donné  une  rosette  de  feuilles  parenchymateuses  à  la  base  il  a  perdu 
progressivement  le  parenchyme  de  ses  feuilles,  et  celles-ci  se  sont  peu  à  peu  trouvées 
réduites  à  leurs  nervures  qui  se  sont  durcies  et  sont  devenues  piquantes.  En  outre, 
à  mesure  que  le  parenchyme  foliaire  réduit,  et  même  disparu,  ne  suffit  plus  à  assurer 
l'assimilation  chlorophyllienne,  celle-ci  s'effectue  par  des  bouquets  de  feuilles  paren- 
chymateuses naissant  très  tôt  à  l'aisselle  de  la  feuille  piquante. 

»  Le  pied  b,  au  contraire,  qui  ne  recevait  pas  la  lumière  directe  du  soleil,  a  donné 
i5  feuilles  (le  pied  a  en  avait  donné  16,  dont  -  seulement  à  parenchyme  bien  déve- 
loppé) toutes  entièrement  parenchymateuses  et  n'offrant  pas  trace  de  piquants.  II  ne 
s'est  pas  produit  de  bouquets  de  feuilles  à  l'aisselle  de  ces  dernières. 

»  Si  l'on  compare  la  lige  et  les  feuilles  inférieures  de  la  plante  ayant  poussé  au 
soleil  à  la  tige  et  aux  feuilles  de  la  plante  qui  a  poussé  à  l'ombre,  on  peut  constater 
toutes  les  différences  externes  et  internes  que  M.  Dufour  a  nettement  exposées  dans  un 
travail  récent  ('),  à  savoir  :  un  plus  grand  développement  et  une  plus  grande  dif- 
férenciation au  soleil  qu'à  l'ombre.  J'ai  pu  voir,  en  outre,  dans  ce  cas  particulier,  que 
le  piquant  médian,  par  exemple,  qui  représente  la  nervure  médiane  de  la  feuille, 
présente  sur  tout  son  pourtour  une  large  bande  de  sclérenchyme  hypodermique 
interrompu  seulement  suivant  deux  lignes  longitudinales  à  la  face  inférieure.  Ces 
deux  lignes  restées  parenchymateuses  sont  seules  munies  de  stomates,  et  le  tissu 
assimilateur  se  trouve  de  la  sorte  refoulé  vers  le  centre.  De  plus,  le  faisceau  libéro- 
ligneux  médian  du  piquant  est  noyé  dans  une  bande  de  sclérenchyme  qui  va  de  l'épi- 
derme  supérieur  à  l'épiderme  inférieur.  Dans  la  feuille  parenchymateuse  de  la  plante 
ayant  poussé  à  l'ombre,  au  contraire,  le  sclérenchyme  hypodermique  n'existe  que  sur 
les  bords  de  la  feuille,  et  la  bande  scléreuse  qui  entoure  le  faisceau  libéro-ligneux 
médian  n'atteint  pas  l'épiderme  inférieur. 

»  Robinia  pseudacacia.  —  Des  rameaux  de  Robinia  pseudacacia  exposés  respec- 
tivement à  des  intensités  lumineuses  diverses  ont  également  présenté  de  grandes  dif- 
férences. Ainsi,  tandis  que  la  longueur  moyenne  des  piquants  du  rameau  qui  a  poussé 
au  soleil  atteint  o/nra,  elle  n'est,  à  l'ombre,  que  de  i"""  seulement.  A  sa  base,  le  dia- 
mètre du  premier  piquant  est  double  de  celui  du  second.  Les  trachées  y  sont  aussi 
beaucoup  plus  nombreuses,  et  il  y  existe  souvent  un  petit  faisceau  libéro-ligneux  sup- 
plémentaire qui  ne  se  voit  pas  dans  le  second. 

»  Ulex  europœus.  —  De  même  encore,  des  rameaux  piquants  à'Ulex  europœus  ont 
atteint,  au  soleil,  une  longueur  moyenne  de  i8mm,  alors  qu'à  l'ombre  ils  n'arrivaient 
qu'à  iomm.  Les  premiers  se  distinguent  aussi  par  un  plus  grand  développement  du 
bois.  En  outre,  les  cellules  de  la  moelle  et  des  larges  rayons  médullaires  se  sont  allon- 
gées en  fibres  à  parois  fortement  épaissies  et  lignifiées,  ce  qui  donne  au  piquant  une 
plus  grande  rigidité. 

»  Cratœgus  oœyacanlha.  —  Deux  pieds  de  Cratœgus  oxyacantha  m'ont  encore 
donné  des   différences  dans  le  même  sens.  La  longueur  moyenne  du  piquant,  repré- 

(')  DuFOUit,  Influence  de  la  lumière  sur  les  feuilles  (A/in.  des  Se.  nat.,  -'  série; 

1887). 


(      U2     ) 

sentée  par  4mm  à  l'ombre,  atteint  au  soleil  iimm;  et  ici  encore  s'observe  une  prédomi- 
nance du  bois  en  faveur  de  la  plante  exposée  au  soleil*. 

»  Ribes  TJva  crispa.  —  Les  émergences  corticales  des  Ribes  présentent  elles- 
mêmes,  au  soleil,  un  plus  grand  développement  en  longueur  et  en  diamètre.  En  outre, 
ceux  de  ces  organes  qui  n'ont  pas  de  position  morphologique  fixe  et  qui  poussent  sur 
la  tige  sans  ordre  et  en  nombre  indéterminé  naissent  beaucoup  plus  nombreux  sur  la 
plante  la  plus  éclairée.  Il  peut  y  en  avoir  jusqu'à  deux  et  même  trois  fois  plus  au  so- 
leil qu'à  l'ombre. 

»  En  résumé,  on  voit,  d'après  ce  qui  précède,  qu'à  une  lumière  plus 
vive  les  piquants  des  plantes  se  forment  plus  nombreux,  plus  développés, 
plus  différenciés. 

»  Le  Berberis  vulgaris,  par  exemple,  est  une  plante  dont  l'adaptation  est 
particulièrement  facile.  Suivant  les  conditions  d'éclairement  auxquelles  on 
la  soumet,  on  peut,  à  volonté,  y  produire  des  feuilles  ordinaires  parenchy- 
mateuses,  assimilatrices,  ou  des  feuilles  réduites,  pour  ainsi  dire,  à  leurs 
nervures  et  terminées  en  pointe.  On  voit,  en  outre,  ici  que,  par  une  sorte 
de  balancement  organique,  le  rôle  assimilateur,  qui  est  très  amoindri  dans 
les  feuilles  piquantes,  se  trouve  assuré  par  le  développement  très  hàtif  d'un 
bouquet  de  feuilles  riches  en  chlorophylle  à  l'aisselle  des  piquants.    » 


PÉTROGRAPHIE.  —  Sur  des  sables  diamantifères  recueillis  par  M.  Charles  Rabot 
dans  la  Laponie  russe  {vallée  du  Pasvig).  Note  de  M.  Ch.  Vélaix,  présen- 
tée par  M.  Fouqué. 

«  Dans  ses  explorations  remarquables  de  la  Laponie  russe,  poursuivies 
à  trois  reprises  différentes  depuis  I1S84,  M.  Charles  Rabot  a  recueilli  d'im- 
portantes collections  de  roches  dont  il  a  bien  voulu  me  confier  l'examen, 
l'armi  ces  échantillons  figurent  des  sables  chargés  de  grenat,  provenant 
de  la  vallée  du  Pasvig,  et  dans  lesquels  on  pouvait  s'attendre  à  trouver 
quelques  minéraux  intéressants,  cette  rivière  traversant  une  région  gneis- 
sique  où  se  présentent,  nombreuses,  des  enclaves  de  granités  et  de  peg- 
matites.  Leur  examen  attentif  n'a  pas  trompé  cette  attente,  puisqu'il  m'a 
permis  de  reconnaître  qu'ils  renfermaient  du  diamant,  détermination  cpii 
devient  d'autant  plus  intéressante  que  la  présence  de  sables  diamantifères 
était  jusqu'alors  inconnue  en  Europe.  Aussi  j'ai  cherché  à  l'établir  sur  des 
données  précises  et  à  faire  de  ces  sables  une  analyse  aussi  complète  que 
possible. 


(   n3  ) 
»  Voici,  par  ordre  de  fréquence,  les  minéraux  qu'un  examen  microsco- 
pique, contrôlé  par  des  essais  au  chalumeau,  a  permis  d'y  reconnaître  : 

»  1.  Grenat  (almandin);  2.  Zircon;  3.  Amphiboles  brune  et  verte;  h.  Glaucophane; 
5.  Disthène;6.  Pyroxène;  7.  Quartz;  8.  Corindon;  9.  Rutile;  10.  Magnétite  ;  11.  Stau- 
rotide;  12.  Andalousite;  13.  Tourmaline;  14.  Épidote;  15.  Feldspath  (oligoclase)  ; 
10.  Diamant. 

»  Grenat.  —  Un  grenat  fusible  allribuable  à  l'almandin.  forme  la  moitié  de  ces 
sables,  où  il  se  présente  en  grains  roulés  d'un  rose  pâle,  en  petits  fragments  à  angles 
assez  vifs,  plus  rarement  en  rhombododécaèdres  bl,  nettement  terminés.  Remar- 
quablement isotropes,  ils  sont  souvent  riches  en  inclusions,  les  unes  gazeuses,  les 
autres  cristallines,  fournies  par  du  quartz,  du  mica  noir,  du  fer  oxydulé,  et  surtout  de 
fines   aiguilles  de  rutile,  disposées  symétriquement    suivant  les  côtés  de  l'hexagone. 

»  Le  zircon,  très  abondant,  se  présente  en  petits  fragments  peu  roulés,  souvent  à 
angles  vifs,  parfois  avec  quelques  rares  faces  cristallines  mb1.  Inattaquables,  infu- 
sibles, ces  cristaux,  d'un  brun  très  pâle,  perdent  leur  couleur  après  calcination;  ils 
deviennent  également  incolores,  dans  les  lames  minces,  et  présentent,  avec  des  traces 
bien  nettes  de  clivages  suivant  A1,  des  pores  à  gaz  très  fortement  estompés.  On  les 
remarque  doués  d'une  biréfringence  positive  très  énergique. 

»  L'amphibole,  également  très  répandue,  en  grains  irréguliers  de  dimension  tou- 
jours faible,  fusibles  en  verre  plus  ou  moins  coloré,  est  représentée  par  deux  variétés  : 
l'une  très  foncée  du  type  de  la  hornblende  et  douée  comme  elle  d'un  polychroïsme 
bien  marqué,  du  vert  d'herbe  foncé  au  jaune  pale  en  passant  par  le  vert  sombre; 
l'autre  verte,  de  couleur  plus  claire  et  par  suite  peu  polychroïque.  Dans  les  sections 
basiques,  les  clivages  mm  avec  l'angle  de  124°  caractéristique  sont  bien  marqués. 

»  La  glaucophane,  fréquente,  en  grains  d'un  bleu  lavande  allongés,  avec  son  poly- 
chroïsme typique,  présente  toutes  les  propriétés  optiques  de  cette  amphibole  sodifère; 
la  seule  particularité  à  noter  est  la  fréquence  des  inclusions  de  fer  oxydulé  qui  s'alignent 
dans  le  sens  de  rallongement. 

»  Le  pyroxène,  moins  abondant,  se  traduit  par  de  petits  grains  arrondis,  d'un 
vert  clair,  à  peine  polychroïques  et  facilement  fusibles  en  verre  incolore  ou  à  peine 
teinté  de  jaune.  Les  clivages  m/«— 87°,  espacés  et  bien  nets,  avec  des  traces  moins 
distinctes  de  clivage  h1  ont  pu  être  observés. 

»  Le  disthène  apparaît  en  paillettes  bleu  de  ciel  ou  en  petites  plaques  lamelleuses  à 
arêtes  vives  allongées,  marquées  dans  le  sens  de  l'allongement  par  les  traces  de  cli- 
vages faciles  h1  et  par  les  stries  fines  perpendiculaires  espacées  suivant/?,  non  moins 
caractéristiques.  Infusibles  et  inattaquables  aux  acides,  ces  cristaux  parés  de  vives 
couleurs  de  polarisation,  parfois  maclés  suivant  p\  sont  dépourvus  de  polychroïsme 
aussi  bien  que  d'inclusions. 

»  Le  corindon,  assez  répandu,  s'observe  en  petits  grains  brillants  ou  bleu  pâle,  qui 
rayent  la  topaze  et  restent  infusibles.  Simples  ou  maclés  suivant  p,  tous  paraissent 
dépourvus  de  clivages.  Ils  ont  la  réfringence  et  la  biréfringence  de  ce  minéral.  Quel- 
ques grains  d'un  bleu  d'azur  très  clair  et  polychroïques  perdent  leur  teinte  par  l'action 
de  la  chaleur;  ils  peuvent  être  attribués  au  saphir. 


(  m4  ) 

»  Le  rutile  apparaît  en  fragments  non  roulés,  d'un  noir  assez  vif,  toujours  bien  dis- 
tincts à  l'œil  nu,  grâce  à  leurs  dimensions.  Un  éclat  adamantin  presque  métallique, 
joint  à  cette  coloration  très  foncée,  l'indique  comme  devant  contenir  du  fer.  Ils  sont 
douées  d'une  très  forte  biréfringence.  On  observe  les  macles  géniculées  suivant  ô1  ca- 
ractéristiques. 

»  Après  ces  minéraux,  les  minerais  deviennent  les  éléments  les  plus  abondants.  La 
magnétite,  en  grains  roulés  très  rarement  anguleux,  de  dimensions  diverses,  n"offre 
d'autre  particularité  à  signaler  que  de  renfermer  à  l'état  d'inclusion  de  l'apatite.  Des 
grains  plus  ternes,  non  attirables  à  l'aimant,  doivent  être  probablement  attribués  à 
l'ilménite. 

»  La  staurotide,  Vandalousile,  la  tourmaline,  le  sphène,  en  petits  fragments  bru- 
nâtres, opaques,  parfois  fusiformes;  l'épidote,  en  grains  vert-bouteille  très  polychroï- 
ques,  fusibles,  après  boursouflement,  sur  les  bord  >,  en  verre  brun  foncé;  le  quartz  et 
le  feldspath,  qui  ne  figurent  ensuite  dans  ces  sables  qu'à  titre  exceptionnel,  ne  pré- 
sentent aucun  caractère  spécial.  Notons  cependant  que  le  quartz,  assez  riche  en  inclu- 
sions gazeuses  et  liquides,  est  parfois  dihexaédrique ;  que  le  feldspath,  toujours  très 
rare,  maclé  suivant  la  loi  de  l'albite,  présente  les  angles  d'extinction  de  Voligoclase. 

»  Diamant.  —  En  dernier  lieu  figurent  au  milieu  de  ces  éléments,  presque  tous 
colorés,  de  petits  fragments  incolores  anguleux,  plus  rarement  arrondis,  à  surfaces 
cannelées  dont  la  dimension,  toujours  très  faible,  ne  dépasse  guère  omm,  25;  exception- 
nellement, un  crist;il  atteignant  imm,  5  a  été  observé.  Tous  présentent  un  éclat  ada- 
mantin très  vif,  une  très  forte  réfringence,  et  se  comportent  dans  la  lumière  polarisée 
comme  une  substance  absolument  isotrope,  les  seuls  indices  de  biréfringence  faible 
présentés  devant  être  attribués  à  des  phénomènes  de  trempe. 

»  Soumis  à  l'action  des  réactifs  oxydants  (acide  azotique  avec  chlorate  de  potasse), 
ils  demeurent  intacts;  enfin  l'essai  de  la  dureté  a  permis  de  constater  que  ces  frag- 
ments infusibles  pouvaient  rayer  le  corindon.  Or  on  sait  que  tous  ces  caractères  sont 
ceux  qui  s'appliquent  spécialement  au  diamant.  Pour  plus  de  précision,  un  fragment 
a  été  brûlé  complètement  dans  un  excès  d'oxygène  et  n'a  fourni  que  de  l'acide  carbo- 
nique. Dans  ces  diamants,  qui  ont  pu  être  extraits  par  l'action  prolongée  de  l'acide 
fiuorhydrique  activée  par  l'acide  sulfurique  concentré,  la  limpidité  du  cristal  est  sin- 
gulièrement altérée  par  des  inclusions,  les  unes  très  fines,  arrondies,  à  bords  estompés 
attribuables  à  des  pores  à  gaz  identiques  à  ceux  signalés  par  Brewster;  les  autres, 
cristallines,  plus  rares,  mais  dont  les  dimensions  sont  à  ce  point  affaiblies  que  leur  dé- 
termination ne  saurait  être  faite  avec  précision. 

«  En  résumé,  les  minéraux  qui  forment  la  masse  principale  de  ces 
sables  diamantifères  ne  sont  autres  que  ceux  des  roches  éruptives  (gra- 
nités et  pegmatites)  et  des  roches  gneissiques  de  la  région:  gneiss  qui,  le 
plus  souvent  granulitiqnes,  offrent  de  belles  variétés  à  amphibole  ou  à 
pyroxène.  Ainsi  s'expliquent  les  différences  qu'ils  présentent  dans  leur 
composition  avec  les  sables  de  même  nature  de  l'Inde  et  du  Brésil,  dans 
lesquels,  à  simple  vue  ou  à  l'aide  d'une  loupe,  M.  Damour  a  pu  reconnaître 
28  espèces  distinctes,  différences  du  reste  très  faibles  qui  ne  portent  guère 


(  "5  ) 

que  sur  la  présence  de  l'épidote,  non  encore  signalée,  et  l'absence  des 
chlorophosphates  hvdratés  si  fréquents  dans  les  sables  du  Brésil.  La  plus 
grande  partie  des  éléments  des  sables  de  la  Laponie  sont  ceux  qui  for- 
ment  le  cortège  habituel  du  diamant. 

»  Quant  au  point  de  départ  de  ce  minéral,  il  est  vraisemblable  d'admettre 
qu'on  puisse  venir  le  chercher  dans  le  démantellement  des  pegmatites  de 
la  région,  surtout  si  l'on  se  rapporte  à  ce  fait  que  M.  Chape*  a  signalé  la 
présence  du  diamant,  en  place,  dans  les  pegmatites  de  l'Hindoustan  (M.  » 

M.  F.  Stôrmer  adresse  une  Note  relative  à  un  appareil  auquel  il  donne 
le  nom  d'  «  Inhalateur  norvégien  ». 

M.  Rey  de  Moraxde  adresse  une  Note  «  Sur  les  rivages  maritimes  paléo- 
zoïques   ». 

M.  E.  Delaumer  adresse  des  «  Remarques  sur  les  observations  récentes 
de  la  planète  Vénus  ». 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITE  SECRET. 

La  Section  d'Economie  rurale,  par  l'organe  de  son  doyen  M.  Sehlœsing, 
présente  la  liste  suivante  de  candidats  à  la  place  laissée  vacante  par  le 
décès  de  M.  Pe/igot  : 

En  première  ligne,  à  /'unanimité M.  Aimé  Girard. 

En  deuxième  ligne,  ex  aîquo  et  par  ordre  alpha-   \   M.  Chambrelent. 
bétique '    ...   I   M.  M^x-rz. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures.  M.  B. 


(')  Ghaper,  Sur  les  pegmatites  diamantifères  de  l'Hindoustan  {Comptes  rendus, 
14  janvier  1884). 


(   n6  ) 


ERRATA. 


(  Séance  du  5  janvier  1 89  [ .  ) 

Renouvellement  annuel  du  Bureau   : 

Page  i3,  ligne  3,  au  lieu  de  dans  l'une  des  Sections  de  Sciences  physiques,  lises 
dans  l'une  des  Sections  de  Sciences  mathématiques. 

Note  de  M.  R.  Moniez,  Sur  X Allantonema  rigida  v.  Siebold  : 
Pages  60,  61  et  62,  au  lieu  de  Atlantonema,  lisez  Allantonema. 

Note  de  M.  W.  Kilian,  Contributions  à  la  connaissance  géologique  des 
chaînes  alpines  : 

Page  64,  ligne  1,  au  lieu  de  cîmes  lisez  cime. 

Page  65,  ligne  1,  au  lieu  de  Lachatz,  Aie;  Lâchât. 

Page  65,  ligne  2,  enlevez  la  virgule. 

Page  65,  ligne  3,  au  lieu  de  nous  avons,  lisez  (nous  avons 

Page  65,  ligne  20,  au  lieu  de  Bocca  del  Serii,  lisez  Rocca  del  Sera. 

Page  66,  ligne  2,  au  lieu  de  l'Eychanda,  lisez  l'Eychauda. 

Page  66,  ligne  4i  ou  lieu  de  Guilleslre,  lisez  Guillestre]. 

Page  66,  lignes  4  et  5,  au  lieu  de  à  l'ouest,  col  de  Varbuche  (Savoie),  Plan  de  Phazy, 
vallée  de  Barcelonnette,  lisez  à  l'ouest  [col  de  Varbuche  (Savoie),  Plan  de  Phazy, 
vallée  de  Barcelonnette]. 

Page  66,  ligne  3g,  au  lieu  de  gypses,  cargneules  inférieurs,  lisez  gypses  (car- 
gneules)  inférieurs. 

Note  de  M.  .4.  Delebecque,  Sondages  du  lac  Léman  : 

Page  67,  ligne  20,  au  lieu  de  Condrée,  lises  Coudrée. 


On   souscrit    à   Paris,    chez    GAUT 
Quai  des  Grands-Augi 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le 
'ables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de 
it  part  i\u  i"  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fix 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  — 


l-VILLARS    ET    FILS, 
lus,  n°  55. 

nche.  Lis  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-.}".  Uci 
.   d'Auteurs,  terminent  chaque   volume.   L'abonnement  est  annu 

7  qu'il  suit  : 

:res  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
\gen Michel  et  Alédan. 

I  Gavault  St-Lager. 
[Iger <  Jourdan. 

|  Ruff. 
[miens Hecquet-Decobert. 

(  Germain  et  Grassin. 
°     '  !"  {  Lachèseet  Dolbeau. 

iayonne.. Jérôme. 

esançon Jacquard. 

.  Avrard. 
'ordeaux ;  Duthuff. 

'  IMuller  (G.). 
'ourges .     Renaud. 

!Lefouruier. 
F.  Robert. 
J.  liobert. 
V  Uzel  Caroiï. 

(  Baer. 

aen j  .. 

(  Massif. 

'hambéry Perri  n . 

(  Henry. 


Lorient. 


chez  Messieurs 
i  Baumal. 


Lyon. 


Montpellier 


'rest. 


Nantes 


Nice. 


'herbourg 

'lermonl-Ferr. 


Hjon. 


'ouai. 


rrenobte. 


I  Marguerie. 
<  Rousseau. 
(  Ribou-Collay. 

Lamarche. 

Hatel. 

Damidot. 
(  Lauverjat. 
(  Crépin. 
(  Drevet. 
|  Gratier. 
■a  Rochelle Robin. 

e  Havre j  Bourdignon. 

(  Dombre. 

/  Ropiteau. 
Me Lefebvre. 

(  Quarré. 


M™°  Texier. 

Beaud. 

GeOTg. 

.  Mégret. 

Palud. 

Vitte  et  Pérussel. 

Marseille Pessailhan. 

,  Calas. 

j  Coulét. 

Moulins Mai  liai  Place. 

/  Sordoillet. 

Nancy I  Grosjean-Maupin. 

(  Sidot  frères. 

j  Loiseau, 

(  M°"  Veloppé. 

j  Bai-ii i.i. 

/  Visconti  et  C". 

.Mines Thibaud. 

Orléans  ...   Luzeraj . 

.  .  (  Blanchier. 

Poitiers ;  , 

(  Drumaud. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Boucheron     Rossi  - 

\  Langlois.        [  gnol. 

'  Les!  ringant. 
Chevalier. 

|  Bastide. 

I  Rumèbci 

I  Gimet. 

'  Privât. 

ÎBoisselier. 
Péricat. 
Suppligeon. 
(  Giard. 
'  Lemattre. 


Rouen 

S'-Étienne 
Toulon .... 

Toulouse... 


Valencienncs. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsteri 

Athènes 
Barceloi 


Berlin.  . 

Berne.  . . 
Bologne . 

Bruxelles. 

Bucharest 

Budapest . 
Camb) Hd 'g 
Christianii 
Constantin 
Copenhagi 
Florence. . . 

Gand 

Gènes  .    ... 

Genève..    .. 

La  Haye. . . 
Lausanne . 


Leipzig. 


Liège. 


chez  Messieurs  : 
Robbers. 

Feikema    Caarelsen 
Beck.  [etC". 

Verdaguer. 

,  Aslier  et  C". 
|  Calvary  et  G". 
\  Friedlander   et   fils. 
'  Mayer  et  Millier. 
\  Schmid,  Pranckc  ei 

!    c. 

Zanichelli  et  C". 
,  Ramlot. 
'  Mayolez. 
'  Lcbègue  et  Cio. 

(  Mann. mu. 
'  Ranisteanu. 

Kilian. 

Deighton,  BelletC» 

i  lammermeyer. 

Otto  et  Kçil. 

Hôst  et  fils. 

I. ns,  lier  et  Sécher. 

Hoste. 

Beuf. 
i'  Çherbuliez. 

Georg. 
(  Stapelmohr. 

Belinfante  frères. 
(  Benda. 
1  Payot, 

Bar  th. 
.  Bruckhaus. 

Lurent/,. 

M.i\  liiilie. 

Twietmeyer. 

Desoer. 

Gnusé. 


Londres 

Luxembourg. 


chez  Messieurs 
(  Dulau. 


I  Nutt. 

V.  Buck. 

Librairie      Guten 

berg. 

Madrid /  Gonzalès  e  hij<>- 

Viavedra. 

F.  Fé. 

,,.,  i  Dumolard  frères. 

Milan 

(  Hœpli. 

Moscou Gautier. 

I  Furcheim. 
Naples '  Marghieri  di  Gius 

(  Pellerano. 

j.Christern. 

New-York Stechcrl . 

Westermann. 

Odessa. Rousseau . 

Oxford Parker  et  G"'. 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaès. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

(  Bocca  frères. 

j  Loescheret  C". 

Rotterdam Kranicrs  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallii 

^  Zinserling. 

/  Wolir. 
Boçca  frères. 
Brero. 

i  Clausen. 
RosenbergetSellh 

Varsovie Gebethner  et  Wol 

Vérone Drucker. 

(  Frick. 

'  Gerold  et  C". 
Zurich Meyer  et  Zeller. 


S'-Petersbourg. 


Turin . 


Vienne. 


Tomes  Ie*  à  31. 
Tomes  32  à  61. 
Tomes  62  à  91. 


VCES  : 
Prix 15  fr. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES 

(3  Août  1 835  à  3i  Décembre  iSJo.  )  Volume  in-J"; 

(Ier  Janvier  iSJi  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in  370.   Prix 15  fr. 

(1"  Janvier  1866  à   >>  Décembre  1880".  1  Volume  in-      .  1  -38<|.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIEN  S   : 

Tomel:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DERDÊset  A.-J.-J.  S(  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  h 

omètes,  par  M.  Hanses.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phéo  ijnes digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  malien 

rasses,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4°,  avec  32   planches  ;  1806 15  f 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Be.neden.  —  Essai  d'une  réponse  à  slion  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie   des  Srienc 

our  le  concours  de  i833,  et  puis  remise  pourcelui  de  1806,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribi  11  les  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  séd 

mentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  le  oarition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la   natu 

des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  AI.  I    ifesseur  Bkonn.  In-40,  avec  27  planches;  1861...        15  fi 


A  la  môme  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


TABLE  DES  ARTICLES.    (Séance   d«.  12  janvier  1891.) 


MEMOIRES;    ET   COMMUNICATIONS 

;    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADEMIE. 
Pages. 


M.  H.  Faye.  Sur  l'hypothèse  du  sphé- 
roïde et  sur  la  formation  de  la  croût|e  li  c- 
restre  

AI.    Lëaute.    —    Noie   sur    les    | lids-vo- 


lants . 


MM.  Leooq  de  Boisbaudran  et  A.  de  Lap- 
parent.  —  Sur  une  réclamation  de  prio- 
rité en  faveur  de  M.  de  Chancourtois, 
relativement  aux  relations  numériques 
des  poids  atomiques 


NOMINATIONS. 


M.   Haller    est   élu  Correspondant    pour  la 
Section   de   Chimie,  en  remplacement  de 


feu  M.  Chancel. 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  \.  \ir-\v\  adresse  un  Mémoire  intitulé: 
ci  Sur  les  prétendues  combinaisons  An  pro- 

CORRESP 

AI.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Cornes'pon- 
dance,  le  Tome  III  des  «  Œuvret  çom 
plètes  de  Christiaan  ffuygens,  publiées 
par  la  Société  hollandaise  des  Shiences 
(Correspondance,  1660-1661     » : 

AI.  le  Président  présente  à  l'Académie  le 
1'  Fascicule  des  Wustrationes  Florœ 
atlanlicce,  publiées  par  M.  Cossdn 8î 

Al.  E.-A.  Alix,  AI.  E.  Glby,  M.  Cl.  Martin 
adressent  leurs  remerciements  à  l'Acadé- 
mie pour  \c>  distinctions  accordé*  :s  à  leurs 
travaux S' 

M.  E.  Vicaire.  —  Sur  les  petite  oscilla- 
tions d'un  système  soumis  u  des  forces 
perturbatrices  périodiques '    s' 

M.  E.  Mathias.  Remarques  snr  le  théo- 
rème des  états  correspondants Kj 

AI.  Ch.-Ed.  Guillaume.  Solution  pratique 
du  problème  de  l.i  colonne  émei  gente  d'un 
thermomètre,  par  l'emploi  d'une  tige  cor- 
rectrice s- 

Al.  lu'.  Branly.        Variations  de   c lucti- 

bilité  des  substances  isolantes 90 

M.  P.  Joubin.  —  Propriétés  physrques  et 
constitution  moléculaire  des  c  ps  simples 
métalliques g3 

AI.  E.  Mercadieu.  Sur  l'i  tensité  des 
effets  téléphoniques 96 

Al.    \.  CoLLOT  lils.  —    \ppareil  t'e  projection 


portions  continuellement  variables  et  la 
dissociation  par  dissolu tio'n  > Si 

ONDANCE. 

lumineuse,  applicable  aux  balances  de  pré- 
cision, à  l'effet  d'obtenir  des  pesées  ra- 
pides        99 

M.  .1.  Minouin.  —  action  du  phénol  sodé  et 
du  naphlol  sodé  -ni-  le  camphre  cyané...     101 

AI.  L.  Lindet.  —  Sur  la  production  des 
alcools  supérieurs  pendant  la  fermenta- 
tion alcoolique 102 

M.  Raoul  Bruli  i  .  Nouvelle  méthode  pour 
la  recherche  des  huiles  d'olive  et  de 
graines,  applicable  également  aux  beurres 
naturels  et  aux  beurres  margarines ioj 

M.  S.  Jourdain.  Note  sur  l'intoxication 
par  les  Moules tofi 

M.  P.  Lesage.  —  Contributions  à  la  phy- 
siologie de  l,i  racine 10g 

M.  A.  Lothklier.  —  Influence  de  l'éclaire- 
ment  sur  la  production  des  piquants  des 
plantes 1 10 

AI.  Ch.  Vélain.  —  Sur  des  sables  diamanti- 
fères recueillis  par  M.  Charles  Rabot 
dans  la  Laponie  russe  (vallée  du  Pasvig).     111 

M.  F.  Stormer  adresse  une  Note  relative  à 
un  appareil  auquel  il  donne  le  nom 
d'  «  Inhalateur  norvégien  » ....     i  c  "> 

M.  l'.iv  de  Morand)  adresse  une  Note  «  Sur 
les  rivages  maritimes  paléozoïques  » nS 

M.  E.  Delaurier  adresse  des  0  Remarques 
sur  les  observations  récentes  de  la  planète 
Vénus  « m". 


COMITE  SECRET. 


La  Section  d'Economie  rurale  présente  la 
liste  suivante  de  candidats  à  la  place  laissée 
vacante    par    h-     déc'ès    de    Al.    Peligot  : 

Erisvta 


i°  M.  Aime  Girard; 
M.  Muntz 


M.  Chambrelent, 


nO 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLARS   ET  FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


1891 

/■  PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.   Ï,ES  SECRETAIRES   PERPETUEES. 


TOME  CXII. 


N°3  (\  9  Janvier  1891). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES   COMPTES   RENDUS    DES    SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

Quai  des  Grands-Augusiins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
{'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
„es  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  i Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l' Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  v  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 
ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sonl 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  cpii  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  ciiaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui 
vant,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  dé  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  51'.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI   lî)  JANVIER    1891, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DDCHARTRE. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  le  dosage  des  matières  minérales  contenues  dans  la 
terre  végétale  et  sur  leur  rôle  en  Agriculture;  par  MM.  Berthelot  et 
G.  André. 

«  On  sait  que  l'une  des  lois  fondamentales  de  l'Agriculture  exige  la 
restitution  au  sol  des  matières  minérales  enlevées  chaque  année  par  les 
végétaux,  comme  indispensables  à  leur  développement  et  à  leur  entretien. 
De^là  la  nécessité  d'une  analyse  exacte  des  terres  végétales,  des  récoltes, 
et  des  engrais  et  amendements.  Mais  cette  analyse  offre  dans  certains  cas, 
spécialement  en  ce  qui  touche  le  dosage  complet  des  alcalis,  des  difficul- 
tés auxquelles  les  opérateurs  ont  cherché  souvent  à  se  soustraire,  en  rem- 

C   P...  i8qi,   i"  Semestre.  (T.  CX1I,  N"  3.) 


(   "8  ) 

plaçant  l'analyse  exacte  et  complète  par  des  dosages  réputés  approximatifs, 
ou  tout  au  moins  crus  suffisants  pour  faire  connaître  les  matières  réelle- 
ment assimilables. 

«  C'est  sur  ces  points  cpxe  nous  avons  déjà  appelé  l'attention  en  mon- 
trant, par  des  expériences  numériques  précises  (  '  ),  comment  on  peut  doser 
avec  exactitude  le  phosphore,  le  soufre,  le  carbone,  sous  leurs  diversesformes, 
et  la  potasse  dans  les  terres,  terreaux  et  plantes  ;  enfin  comment  les  analyses 
opérées  par  voie  humide  et  avec  le  concours  prolongé  des  acides,  même 
énergiques  et  bouillants,  et  souvent  l'incinération  elle-même,  ne  fournis- 
sent que  des  résultats  incomplets  et  des  dosages  parfois  éloignés  de  la  réa- 
lité. Sous  ce  rapport,  nous  croyons  avoir  ajouté  quelques  résultats  dignes 
d'attention  à  ces  études,  qui  ont  fait  depuis  bien  des  années  l'objet  des  re- 
cherches de  tant  et  de  si  célèbres  expérimentateurs.  Nous  avons  depuis  lors 
poursuivi  et  développé  ces  études,  en  les  étendant  aux  principaux  éléments 
minéraux  qui  entrent  dans  la  constitution  de  la  terre  végétale,  tels  que  la 
silice,  l'alumine,  la  potasse,  la  soude,  la  chaux,  le  fer,  le  phosphore,  le 
soufre,  l'acide  carbonique;  auxquels  il  convient  de  joindre  le  carbone  or- 
ganique et  l'azote  dans  ses  différents  états  de  combinaison.  Quoique  nous 
ayons  opéré  sur  une  terre  spéciale,  l'ensemble  de  cette  recherche  constitue 
une  méthode  complète  d'analyse  de  la  terre  végétale. 

»  L'exposition  de  cette  méthode  dans  toute  son  étendue  exigerait  plus 
de  développements  que  n'en  comporte  la  Note  présente  ;  elle  a,  d'ailleurs, 
été  faite  en  partie  dans  les  Mémoires  rappelés  plus  haut;  mais  il  paraît 
utile  d'insister  aujourd'hui  sur  les  résultats  relatifs  aux  alcalis  et  oxydes, 
tant  au  point  de  vue  des  procédés  d'analyse  que  des  actions  physiologiques 
exercées  sur  la  terre  par  les  végétaux. 

»  Donnons  d'abord,  comme  point  de  départ,  la  composition  de  l'échan- 
tillon de  terre  sur  lequel  ont  porté  nos  principales  recherches.  . 

»    ioo51"  de  cette  terre,  séchée  préalablement  à  no°,  ont  fourni  : 

Carbone  organique i  ,gi 

Hydrogène  organique 0,17 

Oxygène  organique 1,19 

Azote  total o,  167 

Eau  combinée,  éliminable  au  rouge 2, 10 

(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  6e  série,  t.  XV,  p.  86  à  1 33  ;  1888.  —  Sui- 
te dosage  du  carbone  (même  Recueil),  t.  XIII,  p.  -\. 


(   "9  ) 

Acide  carbonique  des  carbonates o,56i 

Acide  silicique  (par  différence) 85 ,  i 

Phosphore  total,  calculé  comme  acide  phosphorique,  PO1.        0,292 
Soufre  total,  calculé  comme  acide  sulfurique,  SO3 0,117 

Potasse,  KO o ,  886 

Soucie,  Na  O 0,211 

Magnésie,  MgO 0,087 

Chaux,  CaO 1 ,  i65 

Alumine,  A1203 3,g5 

Oxyde  de  fer,  calculé  Fe2  O3 2,10 

(calculé  FeO,  1,91.1. 

»  Nous  avons  montré  comment  ni  le  phosphore,  ni  le  soufre  total 
ne  peuvent  être  dosés  soit  dans  une  plante,  soit  dans  un  terreau,  soit 
dans  une  terre  végétale,  tant  par  l'action  des  acides  que  par  la  simple 
incinération  ;  l'analyse  devant  être  réalisée  dans  des  conditions  telles 
qu'une  combustion  totale  soit  effectuée,  même  sur  les  matières  volatili- 
sées ('). 

i>  Sans  revenir  aujourd'hui  sur  ces  points,  la  question  principale  sur 
laquelle  nous  voulons  appeler  l'attention,  c'est  le  dosage  des  alcalis  et  des 
oxydes.  Ce  dosage  a  été  fait  en  éliminant  préalablement  la  silice,  soit  par  un 
traitement  fluorhvdrique  (fluorhydrate  d'ammoniaque  et  acide  sulfurique) 
en  ce  qui  touche  les  alcalis  proprement  dits;  soit  par  un  traitement  par  la 
potasse  fondante,  en  ce  qui  touche  l'alumine  et  l'oxyde  de  fer.  En  effet,  si 
l'on  n'élimine  d'abord  la  silice,  aucune  analyse  exacte  des  alcalis  et  oxydes 
contenus  dans  le  sol  n'est  possible.  Nous  avons  déjà  insisté  sur  ce  point, 
nous  demandons  la  permission  d'y  revenir. 

»  Voici  à  cet  égard  de  nouveaux  chiffres  comparatifs,  obtenus  en  traitant 
la  même  terre:  par  l'acide  chlorhydrique  étendu  à  froid,  par  l'acide chlor- 
hydrique  concentré  bouillant,  avec  réaction  prolongée  pendant  plusieurs 


(')  Voici  quelques  chiffres  nouveaux,  à  cet  égard,  chiffres  tirés  des  analyses  de  la 

terre  ci-dessus,  pour  iks  de  terre  : 

II  Cl  con-  Apres 

H  CI  H  Cl  con-      centré,  après  traitement 

Total                   étendu  centré         incinération  par 

(CO'NaetO).         à  froid.  bouillant.       ordinaire.  AmF,etc. 

P  (calculé  comme  PO3).     2,92                            1,09  1 ,83              1,89  2,2195 

S(calculé  comme  SO3).1'16            .    r,.„       »  o,533           0,907  » 
*•                                      |  1,199  par  Az06K  * 


(    120   ) 

heures,  enfin  par  le  même  acide  agissant  après  destruction  préalable  de  la 
matière  organique  par  incinération.  Ces  résultats  sont  rapportés  à  ilig. 

Dosage 

— ■■!          — -            m Incinération, 

par  H  Cl  puis 

par  H  Cl             concentré  H  Cl  concentré 

exact.                à  froid.              à  chaud.  bouillant. 

Potasse 8,86  0,21  1 ,  49  1 ,  76 

Soude 2,11  0,24  o,33  0,42 

Magnésie 0,87  o,33  »  0,67 

Chaux 11,6  8>79  11,20  10,6 

Alumine 3g,  5  1,02  10,09  26, 3i 

Oxyde  de  fer ... .  2 1 , 5  2,96  1 4 , o 1  16,78 

)>  L'impossibilité  de  faire  entrer  en  dissolution  la  totalité  des  oxydes  et 
alcalis,  par  l'action  même  prolongée  des  acides  bouillants,  résulte  des  ana- 
lyses. L'acide  sulfurique  irait  sans  doute  un  peu  plus  loin  que  l'acide  chlor- 
hvdrique;  mais  sans  donner  un  résultat  meilleur.  La  chaux  seule  peut  être 
dosée  exactement  dans  cette  terre  par  l'acide  chlorhydrique  bouillant;  cir- 
constance qui  paraît  due  à  ce  que  la  chaux  s'y  trouverait  entièrement  sous 
forme  de  carbonate,  sulfate,  phosphate,  ainsi  que  le  montre  le  calcul  ('); 
mais  on  n'y  peut  doser  ni  la  potasse,  ni  la  soude,  ni  la  magnésie,  ni  le  fer,  ni 
l'alumine.  Cette  impuissance  des  méthodes  ordinaires  est  attribuable  à  l'état 
de  combinaison  de  ces  bases,  formant  dans  la  terre  des  silicates  divers, 
avec  excès  d'acide  silicique.  On  admet  que  ces  silicates  se  partageraient  en 
deux  groupes  :  les  uns  hydratés  et  comparables  aux  zéolithes,  que  les 
acides  désagrégeraient  complètement,  tandis  que  les  autres  y  résisteraient. 
Le  premier  groupe,  ajoute-t-on,  céderait  de  préférence  ses  alcalis  aux  vé- 
gétaux dans  le  cours  de  la  végétation.  Mais  cette  distinction  est  arbitraire. 

»  En  fait,  il  n'est  pas  possible  de  mettre  d'un  côté  les  silicates  attaquables 
et  d'un  autre  côté  les  silicates  prétendus  inattaquables.  Cette  distinction 
ne  représente  que  les  degrés  inégaux  de  la  vitesse  de  dissociation  progres- 
sive des  divers  silicates  contenus  dans  les  roches  primitives,  par  les  agents 
atmosphériques;  la  terre  végétale  n'étant  autre  chose  qu'un  mélange  de 
ces  roches  avec  les  produits  de  la  décomposition  propre  des  végétaux. 

»  La  portion  des  silicates  dont  la  dissociation  est  moins  avancée,  à  un 
moment  quelconque,  s'attaque  plus  facilement  par  les  acides;  celle  dont 
la  dissociation  a  été  poussée  plus  loin  au  même  moment,  s'attaque  moins 

(')  D'autres  terres,  renfermant  certains  silicates  riches  en  chaux,  se  comporteraient 
sans  cloute  autrement. 


(  121  ) 

vite,  et  l'attaque,  se  ralentissant  de  plus  en  plus,  tend  à  devenir  très  faible 
pendant  un  laps  de  temps  déterminé,  de  façon  à  permettre  de  définir  cer- 
taines conditions  analytiques,  où  les  résultats  seront  à  peu  près  constants. 
Mais  il  est  évident  que  cette  définition  est  purement  conventionnelle  et 
n'offre  aucune  relation  nécessaire,  ni  même  probable,  avec  les  quantités 
d'alcali  réellement  assimilables  par  les  plantes.  Aucune  expérience,  en 
effet,  n'a  été  faite  pour  établir  qu'elle  représente  une  limite  vers  laquelle 
tendraient  les  agents  atmosphériques,  eau,  acide  carbonique,  etc.,  atta- 
quant avec  le  concours  du  carbonate  de  chaux,  de  la  lumière  et  des  ma- 
tières organiques  du  sol,  une  terre  donnée,  et  a  fortiori  une  terre  quel- 
conque, pendant  l'espace  d'une  année. 

»  Les  végétaux,  d'ailleurs,  exercent  sur  la  terre  et  sur  l'extraction  des 
alcalis  et  autres  substances  qui  y  sont  contenues,  des  réactions  chimiques 
propres,  tout  à  fait  distinctes  des  actions  lentes  des  agents  atmosphériques 
et  plus  encore  des  actions  rapides  des  acides  minéraux.  On  sait  avec 
quelle  énergie,  on  pourrait  dire  avec  quel  instinct  admirable,  —  si  ce  mot 
était  applicable  à  la  vie  végétale,  —  les  plantes  arrivent  à  tirer  du  sol  les 
moindres  traces  de  phosphore,  de  soufre,  de  potasse,  de  fer,  nécessaires 
à  leur  alimentation. 

»  Elles  les  extraient  du  sol,  le  plus  souvent  en  absorbant  pour  leur 
propre  compte,  sous  forme  de  composés  organiques  particuliers,  des  doses 
d'acide  silicique  bien  plus  considérables  que  la  dose  de  cet  acide  qui  serait 
soluble directement  dans  les  acides  minéraux  purs;  on  retrouve  ces  acides 
silico-organiques  pendant  l'évaporation  des  extraits  végétaux,  préparés 
par  l'eau  pure  ou  par  les  acides  avec  les  plantes  ou  le  terreau;  cette  silice 
s'en  sépare  jusqu'à  la  fin,  constamment  unie  avec  certaines  matières  car- 
bonées et  avec  des  alcalis,  dont  elle  ne  peut  pas  être  isolée  complètement, 
si  ce  n'est  après  une  incinération  totale.  Aussi  le  dosage  exact  des  alcalis 
dans  les  plantes,  ainsi  que  dans  le  terreau  qui  en  dérive,  ne  saurait-il  être 
elfectué  pour  la  plupart  des  cas,  sans  le  concours  de  l'acide  fluorhydrique 
et  des  fluorures. 

»  De  telles  actions  spécifiques  des  végétaux,  lentement  exercées  sur  les 
silicates  naturels  de  la  terre  dont  les  plantes  extraient  à  la  fois  la  silice  et  les 
alcalis  nécessaires  à  leur  constitution,  méritent  d'attirer  au  plus  haut  degré 
l'attention  des  analystes  et  des  agriculteurs;  leur  intervention  joue  un  grand 
rôle  dans  la  restitution  au  sol,  par  les  engrais  complémentaires,  des  éléments 
minéraux  enlevés  par  les  plantes,  et  elle  rend  indispensable,  quelles  que 
soient  d'ailleurs  les  difficultés  de  l'opération,  le  dosage  total  des  alcalis  conte- 
nus dans  le  sol,  qui  fournit  aux  plantes  les  éléments  de  leur  développement.  » 


(    122    ) 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  la  présence  et  sur  le  vole  du  soufre  dans  les  végétaux. 
Note  de  MM.  Berthelot  et  G.  Axdré. 

«  Le  soufre  est  un  élément  essentiel  des  végétaux.  Non  seulement  il 
concourt  à  la  formation  de  certaines  essences  caractéristiques,  telles  que 
les  essences  d'ail  et  de  moutarde;  mais  il  joue  un  rôle  général  dans  la 
constitution  des  principes  albuminoïdes  et  dans  celle  de  divers  composés 
très  répandus  dans  tous  les  végétaux,  comme  l'atteste  la  présence  univer- 
selle du  soufre  à  dose  notable  parmi  leurs  éléments.  Il  fait  également 
partie  du  terreau  et  de  la  terre  végétale,  substances  dérivées  de  la  décom- 
position des  végétaux  eux-mêmes.  Malgré  cette  diffusion  du  soufre  dans 
le  règne  organique,  sa  statique  chimique  est  encore  très  obscure,  et  l'on 
ne  sait  pas  bien  comment  il  se  répartit  à  partir  du  sulfate  de  chaux,  sa 
principale  origine  dans  le  règne  minéral,  et  des  composés  organiques  sul- 
furés contenus  dans  la  terre  A-égétale,  entre  les  principes  résultant  de  ses 
transformations  au  sein  des  plantes  vivantes.  C'est  cette  étude  que  nous 
avons  entreprise  :  elle  est  longue  et  difficile,  et  nous  nous  proposons  seu- 
lement de  faire  connaître  aujourd'hui  quelques  résultats  préliminaires, 
obtenus  pendant  la  campagne  de  culture  de  1890. 

»  Nos  études  ont  porté  sur  les  plantes  suivantes  :  Sinapis  alba,  Camelina 
saliva,  Allium  cepa,  Lupinus  albus,  Urtica  dioica,  Tropeolwn  mqjus,  Avena 
saliva,  choisies  dans  des  familles  différentes  et  intéressantes,  tant  au  point 
de  vue  de  la  marche  générale  delà  végétation  et  de  la  production  spéciale 
des  principes  sulfurés,  qu'à  celui  de  la  production  agricole. 

»  Nous  avons  suivi  la  végétation  de  ces  espèces  depuis  la  graine  et  la 
germination  jusqu'à  la  floraison  et  à  la  fructification,  en  dosant  le  soufre 
sous  ses  trois  formes  de  sulfates  actuels  et  de  composés  sulfurés,  ces  der- 
niers étant  distingués  dans  certains  cas  en  composés  fixes  et  volatils.  Nous 
avons  poussé  cette  étude  pour  une  espèce,  la  Sinapis  alba,  jusqu'à  l'analyse 
séparée  des  parties  principales  de  la  plante,  telles  que  racines,  tiges,  feuilles 
et  inflorescences. 

»  La  marche  de  ces  études  a  été  la  même  déjà  suivie  dans  nos  recher- 
ches précédentes  sur  la  marche  générale  de  la  végétation  sur  les  Ama- 
rantes ('  ). 

»  Les  procédés  de  dosage  du  soufre  sont  ceux  que  nous  avons  décrits 
précédemment. 


(')  Annales  de  Chimie  et  dé  Physique,  6e  série. 


u 
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(     123    ) 


en 
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93 


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O.      .=,   =  H  fc 


û.    .2,  "ce  .h  a-  £    c. 


(  1^4  ) 

»   D'après  ces  chiffres  : 

»  i°  La  plante  s'enrichit  sans  cesse  en  soufre  jusqu'à  la  floraison  ;  la 
proportion  relative  de  cet  élément  étant  d'ailleurs  plus  forte  d'un  tiers 
environ  pendant  la  première  période  de  la  végétation. 

»  2°  Le  soufre  à  l'état  de  composés  organiques  atteint  un  maximum 
pendant  la  floraison,  puis  il  décroît;  les  choses  se  passent  comme  si  les 
sulfates  empruntés  au  sol  étaient  réduits  au  début,  puis  régénérés,  après 
la  floraison,  par  suite  d'une  oxydation  interne.  Toutefois,  ceci  suppose 
que  le  soufre  est  emprunté  entièrement  au  sol  sous  forme  de  sulfates  ; 
tandis  qu'une  partie  pourrait  bien  être  empruntée  directement  aux  com- 
posés organiques  sulfurés,  que  le  sol  contient  en  abondance. 

)>  3°  Ce  qui  vient  à  l'appui  de  la  dernière  opinion,  c'est  que  le  soufre 
organique  se  trouve  en  grande  quantité  dans  les  racines,  sauf  au  début  de 
la  floraison.  Vers  la  fin  de  la  floraison,  il  abonde  à  la  fois  dans  les  racines 
et  dans  les  tiges. 

»  Dans  X'Urtica  dioica,  en  juillet,  il  n'y  avait  également  que  des  sulfates 
dans  la  tige;  tandis  que  les  racines  et  les  feuilles  contenaient  du  soufre 
organique,  à  dose  à  peu  près  égale. 

»  Dans  la  Sinapis  alba,  le  soufre  organique  est  resté  faible  dans  les 
feuilles,  à  partir  de  la  floraison;  mais  au  contraire  très  notable  dans  les 
inflorescences,  pendant  la  fructification  aussi  bien  que  pendant  la  floraison. 

j>  4°  Le  soufre,  dans  les  composés  volatils,  est  toujours  très  faible  et 
ne  se  manifeste  que  jusqu'à  la  floraison  complète.  Toutefois  cette  dose 
faible,  constatée  au  moment  de  l'analyse,  pourrait  fort  bien  répondre  à 
une  élimination  notable,  lorsqu'elle  se  poursuit  chaque  jour,  avec  le  cours 
du  temps. 

»  Nous  donnons  ces  résultats  pour  montrer  la  signification  des  chiffres 
du  Tableau  précédent  ;  mais  ils  réclament  de  nouvelles  études,  avant  qu'il 
soit  permis  de  les  généraliser.  Signalons  très  brièvement  les  résultats 
obtenus  avec  les  autres  plantes. 

»  4°  Ija  répartition  du  soufre  dans  la  graine  sous  les  deux  formes  est 
très  variable  avec  les  espèces.  Ainsi,  dans  YAvena  sativa,  presque  tout  le 
soufre  est  à  l'état  organique,  sauf  une  trace  de  sulfate;  tandis  que  dans  le 
Lupin  blanc  il  n'y  a  que  6,7  centièmes  de  soufre  organique  sur  le  soufre 
total. 

»  5°  L'existence  d'un  maximum  de  soufre  organique  au  moment  de  la 
floraison,  observée  dans  la  Sinapis  alba  (35, 6  centièmes,  puis  17  à  la  fin),  a 
été  constatée  également  dans  la  Camelina  sativa  (32  centièmes,  puis  17  à  la 


('     125     ) 

fin)  ;  dans  le  Tropwohim  majus  (  9  centièmes,  puis  2,9  à  la  fin)  ;  dans  X Allium 
cepa  (22,5  centièmes,  puis  1,8  à  la  fin);  dans  YAvena  saliva  (8,3  cen- 
tièmes, puis  i,4  à  îa  fin);  dans  le  Lupinus  albus  (9, 5  centièmes,  puis  1,0 
à  la  fin  ).  Ce  phénomène  paraît  donc  offrir  une  certaine  généralité  :  l'ap- 
pauvrissement final  de  la  plante  en  soufre  organique  paraissant  dû  à  la 
fois  à  l'élimination  d'une  partie  de  celui-ci  sous  forme  de  composés  vola- 
tils, et  à  la  réoxydation  accomplie  pendant  la  période  de  fructification.    » 


GÉOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  --  Expériences  sur  les  actions  mécaniques  exer- 
cées sur  les  roches  par  des  gaz  à  hautes  températures,  doués  de  très  fortes 
pressions  et  animés  de  mouvements  très  rapides;  par  M.  Dauiuiée. 

TROISIÈME  PARTIE.   —    Application  a  la  perforation  et  au  striage  du  roches, 

A  LEUR  CONCASSEMENT,   AU  TRANSPORT  DE  LEURS   DÉBRIS  ET  A  LEUR  APPARENTE  PLASTICITÉ. 

«  Les  perforations  si  énergiquement  ouvertes  par  les  gaz  doués  de  très 
fortes  pressions  et  animés  de  très  grandes  vitesses,  sorte  d'imitations  des 
cheminées  diamantifères  (  '  )  et  des  canaux  volcaniques  (2),  ne  sont  pas  les 
seuls  résultats  expérimentaux  qui  trouvent  à  s'appliquer  directement  à 
l'interprétation  des  phénomènes  naturels. 

»  J'ai  montré  antérieurement  comment,  en  même  temps  que  des  perfo- 
rations, se  produisent  des  cassures,  des  érosions  et  des  stries,  dont  la  res- 
semblance avec  certains  accidents  des  roches  est  évidente.  A  ce  qua- 
druple point  de  vue,  on  me  permettra  d'abord  d'ajouter  un  complément 
de  détails  qui  résultent  de  nouvelles  expériences. 

»  Erosions  et  perforations .  —  Il  n'est  pas  nécessaire  de  pressions  aussi 
élevées  que  celles  qui  avaient  été  d'abord  mises  en  jeu  pour  perforer  le 
granité  :  un  résultat  également  très  caractéristique  a  été  obtenu  avec  un 
chargement  de  coton-poudre  à  la  densité  de  0,1,  c'est-à-dire  avec  une 
pression  d'environ  1  iooatm,  comme  celle  qui  a  été  employée  dans  la  plupart 
des  autres  expériences.  Un  cylindre  de  granité,  coupé  par  un  plan  diamé- 
tral en  deux  parties  qui  avaient  été  serrées  l'une  contre  l'autre  au  moyen 
d'une  ligature  en  cuivre,  a  été  profondément  excavé  sur  toute  sa  longueur 
par  un  canal  irrégulier,  s'épanouissant  dans  le  plan  de  séparation  et  qui, 
dans  ce  sens,  a  pénétré  jusqu'à  la  surface  par  deux  ramifications;  l'orifice 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXI,  p.  767. 
(2)  Même  Volume,  p.  ^07. 

C.  R.,  1891 ,  1"  Semestre.  (T.  CXIJ,  K°  3,  1  I  7 


(  ia6) 

d'entrée  s'étend  à  peu  près  sur  tout  le  diamètre  du  cylindre  et  la  sortie  se 
rétrécit  en  se  partageant  en  trois  ramifications  distinctes,  séparées  par 
deux  espèces  de  punis.  Le  cvlindre,  qui  pesait  27^,  35,  a  perdu  6e'',  10. 

»  Il  peut  être  intéressant  d'ajouter  qu'un  autre  cylindre  de  granité 
soumis  à  la  même  épreuve  a  subi  une  perforation  tout  à  fait  semblable  à 
celle  qui  vient  d'être  décrite. 

»  En  substituant  aux  deux  cylindres  précédents,  dont  la  hauteur  excé- 
dait notablement  le  diamètre,  une  rondelle  ou  cylindre  déprimé  suivant 
son  axe,  on  voit  la  forme  de  la  perforation  se  modifier  et  tendre  vers  celle 
de  deux  cônes  réunis  par  leur  sommet. 

»  Il  en  a  été  de  même  pour  une  rondelle  taillée  dans  une  météorite  de 
la  chute  de  Pultusk. 

))  Les  gaz  ont  mordu  non  moins  énergiquement  sur  un  cylindre  égale- 
ment déprimé  de  cristal  de  roche  et  pourvu  suivant  son  axe  d'une  très 
fine  perforation;  les  gaz  ont  creusé  à  leur  sortie  un  cône  régulier  d'arra- 
chement, avant  à  sa  base  un  diamètre  de  i2mm  et  un  angle  au  sommet 
de65°(').' 

»  Pour  les  cylindres  d'acier  et  de  fonte,  et  contrairement  à  ce  qu'on 
aurait  pu  supposer,  les  érosions  n'ont  pas  été  aussi  énergiques  que  poul- 
ie granité  et  les  autres  roches  pierreuses.  Ce  fait  est  peut-être  en  relation 
avec  la  grande  conductibilité  de  ces  métaux,  qui  soutirent  beaucoup  plus 
rapidement  que  les  roches  pierreuses  la  chaleur  qui  leur  est  appliquée. 

»  Peut-être  les  formes  de  tous  les  canaux  de  perforation  que  l'on  a  obte- 
nues avec  les  explosifs  seraient-elles  plus  régulières  encore,  si  le  mouve- 
ment des  gaz  qui  les  ont  creusés  avait  été  moins  rapide  et  moins  tumul- 
tueux. 

»  Stries  et  cannelures  de  frottement  :  résultats  produits  à  des  pressions  rela- 
tivement faibles  par  la  vapeur  d'eau.  —  Comme  on  l'a  vu  antérieurement, 
quand  les  gaz,  au  lieu  de  concentrer  leur  action  en  forant  un  canal,  se 
déversent  suivant  des  surfaces  étendues,  leurs  effets  érosifs  se  traduisent 
par  des  stries  et  des  cannelures  qu'ils  creusent  énergiquement  sur  ces  sur- 
faces, avec  des  courbures  et  des  formes  qui  accusent  la  nature  de  leurs 
mouvements. 

»  Par  analogie  avec  ce  que  nous  voyons  d'ordinaire,  j'avais  d'abord 
pensé  que  les  gaz  gravent  ainsi  les  roches,  à  l'aide  des  particules  solides 
qu'ils  leur  arrachent  et  «  dont  ils  se  servent  comme  de  burins  ». 

1/)  On  a  eu  soin  de  faire  coïncider  l'axe  optique  avec  l'ax^e  du  cylindre. 


(     .27    ) 

»  Mais  un  examen  plus  complet  montre  qu'un  intermédiaire  solide  est 
loin  de  leur  être  indispensable.  En  effet,  c'est  aussitôt  leur  arrivée  sur  la 
roche  qu'ils  l'entament,  pour  y  produire  des  stries  et  des  cannelures.  Ainsi, 
pour  le  cylindre  siliceux  qui  était  coupé  en  quatre  secteurs  rectangulaires, 
chacune  des  huit  arêtes  encadrant  l'orifice  en  forme  de  croix  par  laquelle 
les  gaz  se  précipitaient,  a  été  fortement  ébréchée,  émoussée,  striée  et  can- 
nelée, dans  le  sens  même  du  courant  gazeux;  puis,  à  partir  de  ces  arêtes 
d'entrée,  chacune  des  huit  faces,  en  forme  de  rectangle  allongé,  a  été  rayée 
sur  toute  sa  longueur  par  des  stries  très  nettes,  les  unes  rectilignes,  d'autres 
infléchies,  qui  s'étendent  sur  toute  la  longueur,  mais  en  s'atténuant  gra- 
duellement. Du  côté  de  l'orifice  de  sortie,  les  arêtes  sont  restées  vives. 

»  D'après  ces  effets,  il  paraît  que,  au  point  de  vue  du  frottement,  les 
fluides  se  comportent  tout  autrement  que  les  solides  et  que  leur  vitesse  in- 
tervient d'une  manière  extrêmement  énergique. 

»  A  leur  arrivée  sur  chaque  arête,  les  gaz  agissent  non  seulement  par 
frottement,  mais  encore  et  surtoul  par  choc. 

»  La  surface- des  diamants  noirs  de  la  variété  carbonado  présente  sou- 
vent des  stries  parallèles  très  remarquables,  qui  peuvent  avoir  été  produites 
par  leur  frottement  mutuel,  ainsi  que  je  l'ai  montré  par  l'expérience  ('). 
Nous  voyons  cependant  qu'il  y  a  une  autre  origine  possible  pour  ces  stries, 
ainsi  que  pour  celles  dont  sont  burinées  les  parois  des  diatrèmes  diaman- 
tifères de  l'Afrique  du  Sud. 

»  Il  n'est  pas  besoin  de  vitesses  aussi  grandes  que  celles  qui  sont  mises 
en  jeu  au  moven  des  explosifs  pour  produire  des  érosions  considérables  : 
avec  l'aide  du  temps,  des  gaz  fonctionnant  dans  des  conditions  in- 
comparablement moins  exceptionnelles  parviennent  à  des  résultats  qui 
méritent  d'être  pris  également  en  considération  par  le  géologue.  Les  dété- 
riorations que  subissent  accidentellement  certaines  pièces  de  machines  à 
vapeur  en  offrent  des  preuves. 

»  Dans  les  chaudières,  des  fuites  rasantes  entre  les  tôles  peuvent  couper 
la  tôle  sur  toute  son  épaisseur  :  le  bronze  le  plus  sain  n'échappe  pas  lui- 
même  à  cette  action  mécanique.  Deux  papillons  en  bronze  placés  sur  un 
tuyau  d'écoulement  de  vapeur  à  7a,m  de  pression  ont  été  cannelés  et  striés 
profondément  dans  des  parties  voisines  de  l'axe,  où  la  vapeur  éprouvait 
^__ • 

(')   Comptes  rendus,  t.  LXXXÏV,  p.   1277,  1877;  Géologie  expérimentale,  p.  378; 
1877. 


(     128    ) 

beaucoup  de  difficulté  à  s'écouler  :  ce  sont  des  coupures  comparables  à  des 
coups  de  lime  ou  à  des  traits  de  scie. 

»  Un  clapet,  placé  aussi  sur  une  canalisation  de  vapeur  à  7atm  de  pression, 
a  été  également  attaqué,  dans  tous  les  points  où  la  forme  de  la  pièce  diri- 
geait de  préférence  le  courant  gazeux.  Tels  sont  :  i°  les  trois  angles  ren- 
trants formés  sur  le  corps  plat  du  clapet  par  les  trois  arêtes  qui  servaient 
de  guidage;  2°  l'extrémité  des  ailettes  sur  la  circonférence  du  clapet,  en 
trois  régions  où  la  vapeur  était  dirigée  par  les  trois  paires  d'angles  dièdres 
rentrants  dont  on  vient  de  parler  et  qui  ont  été  coupés  au  vif,  comme  à  la 
scie;  3°  la  douille  destinée  à  recevoir  la  tige  de  manœuvre  du  clapet  qui 
montre  des  érosions  plus  singulières  encore  :  en  face  des  entailles  décou- 
pées par  la  vapeur  dans  le  siège  conique  et  dans  le  même  alignement,  cette 
vapeur  s'est  ouvert  trois  issues  qui  ont  pénétré  jusqu'à  l'intérieur  de  la 
douille;  4°  le  siège  conique  qui  montre  suivant  les  génératrices  du  cône 
des  séries  de  cannelures,  si  nombreuses,  'qu'elles  rappellent  l'aspect  d'un 
cône  de  papier  qu'on  aurait  plissé  (  ').  Toutes  ces  coupures  se  sont  pro- 
duites alors  que  la  température  de  la  vapeur  était  inférieure  de  plus  de 
7000  au  point  de  fusion  du  bronze. 

»  Il  importe  de  remarquer  que,  sur  toutes  ces  entailles,  le  métal  a  ac- 
quis, par  l'influence  du  frottement,  le  même  poli  que  lui  donnerait  un 
émeri  fin,  et  auquel  est  évidemment  étrangère  toute  action  chimique. 

»  Fusion,  étonnement  et  autres  effets  de,  la  chaleur  instantanée  présentés  par 
diverses  substances,  naturelles  ou  artificielles,  telles  que  le  granité,  les  verres  et 
les  météorites.  —  Dans  les  expériences  dont  il  s'agit,  malgré  l'extrême 
rapidité  de  leur  action  sur  les  roches,  les  gaz  déterminent,  en  général,  une 
fusion  sur  les  surfaces  qu'ils  lèchent.  Il  ne  faut  pas  oublier,  en  effet,  que 
leur  température  est  d'environ  2000°  au  moment  de  l'explosion. 

»  A  la  surface  du  granité,  le  feldspath  se  fond  en  globules  blancs,  res- 
sortant en  saillie,  ainsi  que  les  lamelles  de  mica  qui  ont  été  ramollies. 
Quant  aux  grains  de  quartz  qui,  nécessairement,  ont  résisté  à  la  fusion,  ils 
paraissent  creusés,  comme  par  une  érosion,  rappelant  un  peu  celle  qu'y 
produirait  de  l'acide  fluorhydrique.  L'échauffement  brusque  de  leur  sur- 
face, en  déterminant  une  dilatation  très  inégale,  détache  des  esquilles 
comme  par  une  sorte  à' étonnement.  C'est  un  fait  analogue  à  celui  qui  s'est 

a 

(')  Je  suis  redevable  de  la  Communication  de  ces  deux  pièces  à  l'obligeance  de 
M.  Liébaut. 


(  I29  ) 
produit  dans  des  expériences  où  j'ai  perforé  le  quartzite,  à  l'aide  du  cha- 
lumeau aux  gaz  hydrogène  et  oxygène  ('). 

»  Sur  les  parois  des  fissures  de  la  fonte  cpii  donnent  passage  aux  gaz,  on 
a  obtenu  des  bourrelets  annonçant  un  ruissellement  de  la  matière  fondue, 
et  qui,  pour  ainsi  dire,  dessinent  le  trajet  du  courant  érosif.  Ce  résultat  est 
comparable  à  ceux  que  présente  la  croûte  de  beaucoup  de  météorites. 
surtout  de  celles  dont  la  masse  admet  des  feldspaths  ou  d'autres  minéraux 
fusibles. 

»  Des  gouttelettes  transparentes,  ressemblant  à  une  sorte  de  rosée 
vitreuse,  couvrent  les  surfaces  du  verre  et  du  cristal  soumis  aux  gaz  de 
l'explosion.  Cette  rosée  est  composée  de  petits  globules,  réunis  entre  eux 
par  une  substance  générale  qui  est  transparente  et  remplie  de  myriades  de 
bulles  gazeuses;  cette  sorte  d'écume  agit  faiblement,  en  quelques  parties, 
sur  la  lumière  polarisée,  sans  doute  à  la  suite  de  la  trempe  qu'a  subie  cette 
pellicule  externe. 

»  En  certaines  portions,  la  matière  vitreuse  est  striée  de  façon  remar- 
quable, parfois  avec  une  disposition  pennée,  qui  tient  au  moulage  des  sillons 
creusés  dans  le  cristal  par  le  passage  des  gaz.  Les  surfaces  d'éclatement  du 
cristal  présentent,  en  effet,  des  configurations  très  singulières  dont  une 
description  sans  figure  ne  saurait  donner  une  idée  complète.  En  quelques 
points  se  signalent  des  polygones  juxtaposés,  à  la  façon  des  cellules  d'un 
gâteau  de  miel,  dont  la  dimension  moyenne  est  de  imm,5,  polygones  se 
présentant  comme  les  bases  de  pyramides  concaves,  à  faces  courbes  et  très 
surbaissées.  A  leur  sommet  se  présente  très  fréquemment  une  sorte  d'om- 
bilic ou  cupule  hémisphérique  très  singulière. 

»  Contrairement  à  ce  qu'on  aurait  pu  supposer,  les  nombreux  fragments 
en  lesquels  ces  cylindres  de  verre  et  de  cristal  ont  été  réduits  ne  présentent 
pas  d'indice  de  double  réfraction  :  on  en  doit  conclure  qu'ils  n'ont  pas 
subi  de  trempe,  bien  qu'il  y  ait  eu  des  effets  de  fusion  superficielle  et  de- 
tonnement;  sans  doute  l'action  de  la  chaleur  a  été  trop  rapide.  C'est  peut- 
être  pour  la  même  cause  que  le  quartz  perforé  a  conservé  sa  double  ré- 
fraction normale,  d'après  l'examen  que  M.  Des  Cloizeaux  a  bien  voulu 
en  faire. 

»   Pour  les  météorites,  l'injection  des  gaz  v  a  déterminé  un  aspect  tout 


('  )  Annales  des  Mines,  5e  série,  t.  XIX,  p.  20;  1861. 


(  i3o  ; 

nouveau.  De  toutes  parts,  la  roche  s'est  noircie,  et  non  seulement  à  sa 
surface,  mais  dans  des  parties  très  profondes.  En  d'autres  termes,  il  s'v  est 
développé  des  veines  noires,  du  même  genre,  d'ailleurs,  que  celles  dont  la 
pierre  était  déjà  pourvue,  mais  bien  plus  larges  et  en  bien  plus  grand 
nombre. 

»  Des  lames  minces  coupées  en  diverses  directions  et  étudiées  au  micro- 
scope montrent  que  ce  noircissement  est  identique  à  celui  que  détermine 
l'application  de  la  chaleur  rouge  sur  la  roche  météoritique,  et  qu'on  peut 
en  résumer  tous  les  caractères  en  disant  que  la  substance,  d'abord  grise, 
qui  fait  le  fond  des  pierres  des  types  les  plus  communs,  s'est  transformée 
dans  la  substance  noire  qui  fait  le  fond  des  pierres  de  Tadjera  et.  de  Koursk, 
conformément  aux  résultats  antérieurement  signalés  par  M.  Stanislas 
Meunier. 

»  Au  point  de  vue  de  la  forme  des  zones  noires  artificiellement  pro- 
duites, l'expérience  fournit  des  documents  nouveaux. 

»  Ainsi,  chacune  des  parois  d'une  même  fissure  noircie  est  pourvue 
d'une  marge  noire,  bien  plus  nettement  délimitée  qu'on  ne  l'a  jamais  con- 
staté dans  les  météorites  naturellement  marbrées.  Cette  circonstance  vient 
sans  aucun  doute  de  ce  que  réchauffement,  lors  de  l'explosion  expéri- 
mentale, est  incomparablement  plus  subit  et  moins  prolongé  qu'il  ne  l'a  été 
dans  la   nature. 

»  Mais  cette  différence  si  sensible  pour  les  marbrures  se  change  en 
identité  pour  Técorce  externe,  et  l'on  peut  dire  avec  assurance  que  le 
cylindre  de  la  pierre  de  Pullusk  soumis  à  l'explosion  a  procuré  la  première 
reproduction  artificielle  de  la  croûte  noire  des  météorites.  Celle-ci,  comme 
on  sait,  consiste  en  matériaux  noircis,  mais  non  fondus,  tellement  que 
les  météorites  entièrement  noires,  comme  celle  de  Tadjera,  ne  possèdent 
jamais  de  croûte.  En  outre,  dans  la  météorite  naturelle,  elle  est  nettement 
limitée  à  une  profondeur  qui  témoigne  de  l'épaisseur  de  la  zone  où  la  cha- 
leur développée  pendant  le  trajet  atmosphérique  a  vaincu  le  froid  dont  la 
masse  cosmique  était  comme  imprégnée.  La  soudaineté  du  coup  de  feu 
dans  l'éprouvette  a  reproduit  des  conditions  parallèles,  et  tous  les  carac- 
tères de  la  croûte  se  trouvent  ici  exactement  imités. 

»  L'excessive  vitesse  des  filets  gazeux  subitement  engendres  par  les 
explosifs  et  leur  énorme  température  expliquent  aisément  l'énergie  des 
effets  calorifiques  produits  en  quelques  dix-millièmes  de  seconde  et  qui 
viennent  d'être  successivement  décrits  dans  ce  paragraphe. 


(  i3i  ) 
»  Formation  et  transport  de  débris  :  menus  fragments  et  poussières;  appli- 
cation aux  phénomènes  naturels  et  spécialement  à  l'histoire  des  poussières  cos- 
miques et  de  celles  qui  abondent  dans  les  régions-  abyssales  de  la  mer.  — 
Comme  contre-partie  des  érosions  et  des  perforations  qu'ils  causent,  les 
gaz  produisent  une  quantité  de  débris  qu'ils  emportent  au  dehors.  Une 
feuille  de  carton  enduite  de  vaseline,  qui  était  placée  à  im,  /jo  au-dessus  de 
l'orifice  de  sortie  de  l'éprouvette  et  maintenue  au  moyen  d'une  planche 
arc-boutée,  servait  à  recueillir  une  partie  de  ces  projections.  Celles-ci, 
suivant  leur  grosseur,  subissent  une  sorte  de  triage  qui  les  distribue  sur  la 
surface  adhésive  suivant  des  cercles  concentriques.  Les  grains  les  plus 
grossiers  perforent  le  carton  et  même  la  planche  de  support;  quant  aux 
parties  les  plus  ténues,  elles  sont  partiellement  emportées  au  loin  par  les 
gaz  qu'elles  rendent  opaques. 

»  L'examen  des  poussières  retenues  sur  la  feuille  de  carton,  que  M.  Sta- 
nislas Meunier  a  bien  voulu  faire,  mérite  d'être  résumé. 

»  Dans  la  poussière  produite  lors  delà  trituration  des  roches  par  le  vio- 
lent passage  des  explosions  gazeuses,  on  distingue  au  microscope  des 
grains  de  deux  catégories  différentes.  Les  uns  ne  sauraient  être  distingués 
de  ceux  que  donne  la  simple  pulvérisation  mécanique;  les  autres  ont  un 
caractère  spécial  qui  parait  en  rapport  intime  avec  les  conditions  particu- 
lières de  l'expérience.  Par  exemple,  dans  le  cas  du  granité,  les  trois  miné- 
raux constituants  :  quartz,  feldspath  et  mica,  se  retrouvent  avec  tous 
leurs  attributs.  Mais,  en  outre,  on  est  frappé  de  rencontrer  des  petites 
sphères  parfaites  ou  presque  parfaites,  absolument  opaques  et  noires  ou 
peu  translucides  et  brunâtres,  dont  la  surface  est  luisante  et  qui  parfois 
présentent  un  petit  goulot  bien  caractéristique  :  ce  sont,  sans  aucun 
doute,  des  produits  de  fusion. 

»  On  retrouve  des  éléments  identiques  dans  la  poussière  dérivant  de 
roches  très  diverses  soumises  à  l'expérience,  telles  que  les  calcaires,  et 
même  dans  celle  de  la  porcelaine  ou  de  la  terre  à  poteries,  mais  en  nombre 
variable  et  avec  des  dimensions  différentes  dans  chaque  cas. 

»  Cette  dernière  circonstance  montre  que  si  l'acier  de  l'éprouvette  peut 
donner  lieu  lui-même  par  combustion  à  quelques  globules,  ce  qui  est  tort 
douteux  comme  on  le  verra  plus  bas,  la  plupart  ont  réellement  pour  ori- 
gine la  roche  en  expérience. 

»  Il  est  impossible  de  contester  l'identité  de  ces  globules  avec  ceux  qui 
existent  en  si  grande  abondance  dans  les  poussières  atmosphériques,  qu'on 
a  signalés  à  tant  de  reprises  dans  les  vases  actuelles  des  mers  profondes  et 


(  i3a  ) 
qui  pullulent  clans  un  si  grand   nombre  de  sédiments  de  tous  les  âges, 
depuis  les  argiles  albiennes  du  puits  de  Grenelle  jusqu'aux  grès  paléo- 
zoïques  de  Yilledieu  ('). 

»  Jusqu'ici  l'opinion  générale,  la  seule  que  Ton  pût  avoir,  a  été  de  rat- 
tacher l'origine  de  ces  globules  à  l'arrivée  dans  l'atmosphère  de  masses 
cosmiques;  et  l'on  peut  ajouter  aujourd'hui  aux  arguments  déjà  présentés 
à  l'appui  de  cette  thèse,  les  résultats  fournis  par  la  trituration  gazeuse  des 
roches  météoritiques  :  la  poussière  qu'a  donnée  expérimentalement  un 
cylindre  de  la  pierre  tombée  du  ciel  en  1868,  à  Pultusk,  montre  en  effet 
d'innombrables  globules  associés  aux  éclats  de  péridot  et  d'enstatite,  ainsi 
qu'aux;  granules  métalliques  avant  conservé  leur  forme  ramifiée  et  même 
souvent  leur  adhérence  avec  des  minéraux  lithoïdes. 

»  Cependant,  ce  qui  précède  fait  voir  que  les  roches  terrestres,  de  même 
que  les  météorites,  et  sur  une  plus  vaste  échelle,  peuvent  engendrer  les 
globules  qui  nous  occupent. 

»  On  peut  même  pour  celles-ci  en  saisir,  pour  ainsi  dire,  l'origine  sur 
le  fait.  Sur  la  paroi  interne  des  diatrèmes  ou  canaux  ouverts  par  les  gaz 
dans  les  cylindres  de  granité,  on  voit  qu'à  côté  du  quartz  qui  a  été  écaillé 
par  décrépitation,  le  mica  et.  le  feldspath  ont  pris,  à  des  degrés  divers  et 
avec  une  intensité  inégale  suivant  les  points,  un  état  visqueux  ou  fluide 
qui  les  a  étalés  sous  forme  de  vernis.  Ce  vernis  a,  ça  et  là,  été  arraché  par 
le  courant  gazeux  en  minces  pellicules  dont  on  voit  les  attaches  et  qui 
ont  été  projetées  dans  l'air,  en  globules  fondus,  bientôt  refroidis  et  con- 
solidés. 

»  Pour  bien  élucider  la  suite  de  leur  histoire,  il  est  commode,  comme 
l'a  fait  M.  Stanislas  Meunier,  de  substituer  aux  matériaux  réfractaires  des 
roches  quelque  corps  très  fusible,  et  l'on  reconnaît  alors  que  la  capillarité 
intervient  pour  transformer,  en  effet,  les  pellicules  fondues  dont  nous  ve- 
nons de  voirie  point  de  départ  en  petits  halonnets  creux,  souvent  tubulés 
comme  les  globules  naturels. 

»  Ainsi,  en  lançant  dans  l'eau  froide  le  contenu  d'une  pipette  à  orifice 
capillaire  remplie  de  stéarine  fondue,  ou  de  cire  à  cacheter,  ou  d'un  mé- 
lange de  ces  deux  substances,  on  produit  des  mvriades  de  petites  sphé- 
rules,  avant  tous  les  caractères  de  forme  de  celles  qui  nous  occupent  et 
reproduisant  aussi,  malgré  la  différence  de  substances,   toutes  les  allures 

(')  Stanislas  Meunier  et  Gaston  Tissandier,  Comptes  rendus,  t.  LXXXVI,  p.  4~>o: 
1878. 


(  i33  ) 

des  globules  résultant  de  la  combustion  du  fer  dans  l'air  ou  du  choc  du 
silex  sur  l'acier  du  briquet.  Leur  forme  est,  en  général,  d'autant  plus 
sphérique  que  leur  diamètre  est  plus  réduit;  mais  on  peut  arriver  à  en 
produire  de  fort  grosses,  c'est-à-dire  ayant  plusieurs  millimètres  et,  dans 
ce  cas,  très  faciles  à  étudier. 

»  En  résumé,  sans  contester,  et  bien  au  contraire,  que  l'arrivée  des  mé- 
téorites dans  l'atmosphère  contribue  à  la  production  des  globules  bril- 
lants dont  abondent  les  sédiments  aériens  et  aqueux,  il  convient  de  bien 
établir  que  le  phénomène  terrestre  de  l'ouverture  des  diatrèmes  inter- 
vient très  activement  pour  sa  part.  Les  sphérules  concomitantes  à  l'érosion 
gazeuse  des  granités  et  des  autres  roches,  lancées  dans  l'atmosphère,  aux 
vertigineuses  altitudes  où  parviennent  les  fines  déjections  volcaniques, 
peuvent  être  soutenues  en  l'air  fort  longtemps  et  retomber  à  des  dis- 
tances quelconques.  A  l'appui  de  cette  opinion,  il  faut  rappeler  que,  dans 
le  bassin  des  mers,  les  corpuscules  dont  il  s'agit,  et  que  MM.  Renard 
et  Murray  n'hésitent  cependant  pas  à  rattacher  à  une  origine  extra-ter- 
restre, sont,  en  général,  toujours  associés  à  ces  produits  nettement  volca- 
niques, si  abondants  dans  le  fond  de  tous  les  océans  et  qui  semblent  être 
là  tout  exprès  pour  trahir  leur  véritable  origine. 

»  On  peut  noter  ici  que,  à  l'inverse  des  roches  précédentes,  le  quartz 
hyalin  n'a  fourni  qu'une  poussière  anguleuse,  complètement  dépourvue  de 
globules. 

»  La  poussière  impalpable  produite  par  l'érosion  gazeuse  des  cylindres 
de  fonte  et  d'acier  n'a  montré,  contrairement  à  ce  qu'il  semblait  bien 
légitime  de  supposer,  que  des  grains  très  anguleux  ou  à  peine  arrondis  et 
pas  du  tout  de  sphérules.  La  matière  est  d'ailleurs  à  peine  oxydée,  comme 
en  témoigne  son  aclion  précipitante  sur  les  sels  de  cuivre,  et  cet  état  donne 
peut-être  la  raison  de  sa  différence  de  forme  avec  les  poussières  globuli- 
îeres  atmosphériques  qui  paraissent  dériver,  au  moins  pour  une  faible 
part,  de  la  combustion  dans  l'air  de  masses  de  fer  météoritiques. 

»  L'expérience  explique  encore  que  les  formes  anguleuses  des  fragments 
de  certaines  brèches  éruptives,  telles  que  celles  des  blocs  cristallifères  si 
connus  de  la  Somma,  et  particulièrement  celles  des  lapilli,  peuvent  être 
dues,  non-seulement  à  la  friction  des  roches  solides  dans  la  cheminée  vol- 
canique, comme  on  l'a  supposé,  mais  aussi  à  la  seule  action  des  fluides 
élastiques,  dont  la  puissance  brisante  est  énorme.  Il  en  est  de  même  des 
poussières  d'une  extrême  ténuité,  que  l'on  désigne  improprement  sous  le 
nom  de  cendres  volcaniques,  par  exemple  pour  celles  que  le  Krakatau,  en 

C.  R..  1891,  1"  Semestre.  (1'-  CXII,  fv  3.)  iri 


(  i34  ) 
i88'3,  a  vomies  en  si  prodigieuse  abondance  que  l'atmosphère  terrestre 
tout  entière  en  a  été  salie  des  mois  durant.  Toutes  ces  poussières  ont  leurs 
analogues  dans  les  poudres,  absolument  impalpables,  formées  dans  ces 
expériences  par  les  explosifs,  aux  dépens  de  toute  espèce  de  roches. 

»  Il  convient  donc  de  tenir  grand  compte  en  géologie  de  cette  puissance 
de  transport  des  gaz.  Ainsi  l'arrivée  possible  vers  le  jour  de  poussières  de 
natures  diverses  émanant  des  profondeurs  peut  simuler  une  volatilisation. 

»  Broyage  et  moulage  de  la  roche  repassée  à  l'état  solide;  apparente  plas- 
ticité; applications  possibles  à  divers  effets  mécaniques  exercés  sur  les  roches, 
dans  l'épaisseur  de  l'écorce  terrestre.  —  Dans  plusieurs  cas  où  la  roche, 
gypse,  marbre,  granité  ou  météorite,  avait  été  complètement  broyée  par 
le  courant  gazeux  qui  l'avait  traversée,  la  poussière  dont  les  éléments  se 
sont  réagglutinés  s'est  exactement  moulée  dans  le  logement  où  était  placée 
la  roche,  de  façon  à  prendre  contre  l'acier  un  poli  spéculaire,  comparable 
à  celui  de  la  monnaie  qui  a  subi  le  choc  du  balancier.  La  délicatesse  de  ce 
moulage  par  pression  ressort  aussi  de  l'empreinte,  saisie  par  la  roche, 
des  stries  concentriques  que  le  travail  au  tour  avait  gravées  sur  des  ron- 
delles d'acier,  ainsi  que  des  fds  de  cuivre  qui  cerclaient  les  cylindres  de 
marbre.  En  se  régénérant,  la  roche  s'est  comportée  d'une  manière  qui 
simule  la  plasticité  de  la  glace  dans  les  expériences  de  Tyndall. 

»  Pour  le  calcaire  marbre,  le  grain  saccharoïde  s'est  sensiblement  atté- 
nué, en  même  temps  que  la  roche,  de  translucide  qu'elle  était,  est  devenue 
opaque.  Ce  que  la  simple  vue  à  la  loupe  faisait  supposer  est  confirmé  par 
l'examen  de  plaques  minces  au  microscope;  la  roche,  après  avoir  été 
broyée  en  très  menus  fragments,  a  immédiatement  repris  de  la  cohésion. 
A  la  base  d'un  cylindre  ainsi  comprimé,  on  est  frappé  par  l'éclat  spéculaire 
de  la  substance,  devenue  transparente  et  active  sur  la  lumière  polarisée  et 
qui  rappelle  un  large  clivage  cristallin. 

»  Le  granité  a  souvent  peu  perdu  de  sa  cohésion  et,  au  premier  abord, 
il  a  conservé  son  aspect.  Cependant  l'examen  microscopique  d'une  lame 
mince  montre  qu'il  a  subi  un  broyage;  ses  éléments  ont  été  réduits  en 
très  petits  fragments.  Quelques-uns  de  ceux-ci,  pulvérisés,  renferment  à 
l'état  d'inclusion  des  bulles  gazeuses  qui  sont  sans  doute  des  produits  de 
l'explosion.  D'après  l'examen  que  M.  Michel  Lévy  a  bien  voulu  en  faire, 
les  fissures  provoquées  par  l'explosion  traversent  tous  les  éléments,  mais 
se  multiplient  au  passage  du  quartz  et  des  feldspaths;  elles  ne  paraissent 
pas  très  déviées  par  les  directions  de  clivages  faciles.  Dans  les  micas,  il  y 
a  parfois  torsion  des  feuillets,  le  long  des  cassures. 


(  i35  ) 

»  De  même  que  le  granité,  la  météorite  ainsi  broyée  s'est  régénérée  et  a 
sensiblement  repris  sa  cohésion  primitive. 

»  Après  l'expérience,  le  calcaire  ainsi  moulé  présente  une  schistosité 
concentrique  à  l'axe  du  cylindre  :  il  en  est  de  même  du  granité.  Ces  résul- 
tats s'expliquent  par  les  expériences  qui  ont  imité  les  conditions  où  se  pro- 
duit la  structure  schisteuse  (').  En  effet,  c'est  seulement  par  écoulement 
que  ces  roches  ont  pu  se  mouler,  comme  nous  venons  de  le  voir. 

»  Quand  on  se  reporte  aux  énormes  pressions  que  les  roches  ont  subies 
dans  l'écorce  terrestre,  lors  des  ploiements  auxquels  elles  ont  été  si  sou- 
vent soumises,  on  doit  supposer  qu'elles  ont  été  bien  souvent  concassées 
et  ressoudées,  de  manière  à  dissimuler  une  pulvérisation,  comme  nous 
venons  de  le  dire. 

»  Pour  voir  si,  dans  ces  conditions,  c'est-à-dire  sous  le  choc  développé 
par  une  pression  de  24ooatm,  la  roche,  sans  se  pulvériser,  ne  peut  pas  se  dé- 
former par  une  sorte  de  ductibilité  comparable  à  celle  des  crusbers de  cuivre 
qui  servent  de  manomètres,  j'ai  soumis  un  cylindre  de  marbre  de  Carrare 
plein,  c'est-à-dire  sans  fissure  préalable,  à  une  charge  de  densité  de  0,2, 
par  conséquent  double  de  celles  qui  ont  été  employées  dans  la  plupart  des 
expériences.  Dans  ce  but,  des  sillons  en  croix,  d'une  profondeur  de  omm,3, 
ont  été  pratiqués  sur  l'une  des  bases,  ainsi  que  sur  le  côté  du  cylindre.  Le 
bruit  intense  qui  s'est  produit  à  la  suite  de  l'explosion  a  immédiatement 
averti  que,  malgré  le  bouchon  plein  constitué  par  la  roche,  les  gaz  s'étaient 
fait  jour  en  le  brisant.  D'ailleurs,  le  carton  adhésif  était  criblé  de  pous- 
sières et  de  grains  projetés  en  dehors,  dont  quelques-uns  l'avaient  tra- 
versé. 

«  En  effet,  le  cylindre  massif  de  marbre  avait  été  perforé  suivant  son 
axe  par  un  canal  dont  le  diamètre  moyen  se  rapprochait  de  celui  de  l'ob- 
turateur de  cuivre  et  de  l'enclume  d'acier.  En  outre,  il  s'était  exactement 
moulé  sur  les  parois  cylindriques  et  sur  les  bases  du  logement,  en  leur 
empruntant  le  poli,  l'éclat  métallique  et  les  stries  fines  provenant  du  travail 
au  tour.  Les  dimensions  du  cylindre  s'étaient  donc  considérablement  mo- 
difiées :  le  diamètre  s'était  accru  de  2iu,m,i  à  24mm,  et  la  hauteur  réduite 
de  3omm,7  à  24mm.  Les  sillons  creusés  à  l'avance  étaient  complètement 
effacés. 

»  On  a  donc  ici  un  nouvel  exemple  de  broyage  et  de  régénération  de  la 
roche  à  l'état  cohérent,  par  le  fait  d'une  apparente  plasticité.  Dans  ces 


(')  Comptes  rendus,  t.  LXXXII,  p.  710  et  798. 


(  i36  ) 
expériences,  les  conditions  sont  bien  plus  favorables  à  une  soudure  que 
lorsque  l'air  s'interpose  nécessairement  entre  les  grains  d'une  poussière; 
la  roche  se  reconstitue  instantanément,  c'est-à-dire  avant  même  que  les  gaz 
de  l'explosion  aient  toujours  le  temps  de  s'insinuer  entre  les  éléments. 
D'ailleurs  bien  que  la  chaleur  contribue  certainement  au  résultat,  on 
n'aperçoit  clans  les  éléments  réagglutinés  aucune  trace  de  fusion. 

«  Ce  qui  est  aussi  à  remarquer,  c'est  que,  lors  même  qu'une  voie  étroite 
ne  leur  a  pas  été  préparée  par  une  fissure,  les  gaz  eux-mêmes  peuvent 
perforer  un  large  canal  de  fuite,  à  travers  la  roche  qui  paraissait  devoir 
s'opposer  à  leur  passage. 

»  Observation  finale.  —  La  longue  série  des  faits  qui  viennent  d'être 
exposés,  en  témoignant  de  l'incomparable  puissance  des  gaz  à  hautes  tem- 
pératures, doués  de  très  fortes  pressions  et  de  mouvements  très  rapides, 
justifie  l'application  qu'on  en  peut  faire  à  divers  chapitres  de  l'histoire  du 
globe. 

»  L'ouverture  des  canaux  perforés  ou  diatrèmes,  qu'ils  soient  diaman- 
tifères, volcaniques  ou  autres,  le  concassement  des  roches,  leur  régéné- 
ration par  une  apparente  plasticité,  sous  l'influence  d'efforts  mécaniques, 
le  transport  de  leurs  débris,  menus  fragments  et  poussières,  ne  représen- 
tent peut-être  pas  toutes  les  directions  où  la  nouvelle  méthode  expérimen- 
tale pourra  s'appliquer,  et  ce  qui  a  été  dit  des  météorites  montre  déjà 
qu'elle  peut  s'attaquer  à  un  domaine  plus  vaste  encore  que  celui  de  la 
Terre.  » 


BOTANIQUE.  —  Contribution  à  l'histoire  botanique  de  la  Truffe.  Deuxième 
Note  :  Terfàs  ou  Truffes  d' Afrique  (et  d'Arabie),  genres  Terfezia  et  Tir- 
mania;  par  M.  Ad.  Chatin. 

«  On  sait  que  l'Algérie,  la  Tunisie  et  le  Maroc  donnent  lieu  à  une 
récolte  abondante,  surtout  dans  la  région  saharienne,  d'un  tubercule  hy- 
pogé,  sorte  de  Truffe,  connu  des  Arabes,  dont  il  alimente  les  caravanes 
pendant  de  longs  mois,  sous  le  nom  de  Terfàs  {').  C'est  aussi  un  Terfàs, 
voisin  de  ceux  d'Afrique,  qu'il  m'a  été  donné  de  reconnaître  dans  des  tu- 
bercules apportés  au  Liban  par  des  caravanes  venant  du  nord-ouest  de 

(')  On  dit  aussi  Torfaz,  Torfes,  Terfez.  J'adopte  l'orthographe  de  mon  savant  ami, 
le  voyageur  Duvevrier. 


(  i37  ) 
l'Arabie.  Nul  doute  que  ce  ne  soit  le  Terfàs  que  Pline  a  désigné  sous  le 
nom  de  Mizy,  Mison,  que  les  Romains  tiraient  fie  Cartilage  et  de  Libye, 
que  Desfontaines  a  nommé  Tuber  niveum,  et  Tulasne  d'abord  Chœromyces, 
puis  Terfezia  Leonis. 

»  Il  est  aujourd'hui  admis  qu'il  n'y  a  qu'un  Terras  et.  qu'il  est  le  produit 
du  Terfezia  Leonis.  Or  cette  étude  a  pour  objet  d'établir  qu'il  existe  au 
moins  quatre  sortes  deTerfàs,  dont  une  seule  peut  être  rapportée  au  Ter- 
fezia Leonis,  tel  qu'il  a  été  décrit  et  figuré  par  Tulasne.  1/ Afrique  compte 
plusieurs  Terfàs,  comme  nous  avons  plusieurs  Truffes  en  France. 

»  Désireux  d'étendre  au  Terfàs  les  recherches  de  Chimie  et  de  Bota- 
nique auxquelles  je  me  livrais  sur  les  Truffes  de  France,  je  priai  M.  le 
Gouverneur  général  de  l'Algérie,  que  j'avais  eu  l'honneur  de  compter 
parmi  mes  collègues  an  Comité  consultatif  d'Hygiène  publique,  où  il  re- 
présentait le  Conseil  d'Etat,  de  vouloir  bien  faire  mettre  à  ma  disposition, 
si  possible,  une  certaine  quantité  de  Terfàs.  Grâce  à  l'obligeance  de 
M.  Tirman,  je  recevais  sans  retard  du  général  de  La  Roque,  commandant 
de  la  subdivision  de  Batna,  un  important  envoi  de  Terfàs  récoltés  aux  en- 
virons de  Barika,  dans  le  Hodna  (').  Une  provision  de  la  terre  des  truf- 
fières était  jointe  aux  tubercules.  A  ceux-ci,  d'une  petitesse  tout  excep- 
tionnelle, en  raison  de  la  sécheresse  de  la  saison,  étaient  mêlés  deux 
tubercules  plus  blancs  et  plus  gros  que  les  autres. 

»  Un  peu  plus  tard,  à  la  demande  de  M.  le  professeur  Baltandier, 
d'Alger,  je  recevais  de  M.  Bou-Median-Ben-Hafiz,  pharmacien  à  Biskra, 
deux  lots  fort  différents  l'un  de  l'autre  de  Terfàs. 

»  L'un  de  ces  lots  était  composé  de  petits  tubercules  entiers,  semblables 
à  ceux  de  l'envoi  du  général  de  La  Roque,  tandis  que  l'autre  lot  consistait 
en  tubercules  coupés  en  fragments  et  desséchés,  paraissant  avoir  atteint 
le  volume  d'une  orange.  Il  me  fut  aisé  de  reconnaître  que  les  deux  gros 
tubercules  restés  d'un  blanc  jaunâtre  au  milieu  des  petits  tubercules  de- 
venus brunâtres  de  l'envoi  de  Barika  étaient  de  même  nature  que  les  gros 
fragments  de  l'un  des  lots  de  Biskra. 

»  On  comprend  que  ceux-ci,  dans  les  années  favorables  à  leur  déve- 
loppement, puissent,  suivant  la  légende  rapportée  par  M.  Duveyrier,  être 


(')  «  Le  moment  le  plus  favorable  pour  recueillir  les  Tor/ès  dans  le  Hodna  est  le 
mois  d'octobre.  C'est  à  cette  époque  qu'on  a  le  plus  de  chances  d'en  trouver  beaucoup 
et  de  grosseur  supérieure.  »  (Lettre  de  l'officier  commandant  à  Barika.)  —  Nul  doute 
que  l'espèce  d'octobre  ne  diffère  de  celle  d'avril. 


(   i38) 

assez  gros  pour  servir  à  la  fois  d'aliment  et  d'habitation  aux  Gerboises. 

»  Quoi  qu'il  en  puisse  être,  voici  les  principaux  caractères  de  ces  deux 
sortes  de  Terfâs  : 

»  1.  Petits  Terfas  (').  —  Ces  Terfàs,  qui  composaient  presque  la  tota- 
lité de  l'envoi  deBarika  et  l'un  des  lotsdeBiskra,  sont  de  forme  arrondie  ou 
ovoïde,  avec  une  sorte  de  court  prolongement  radicoïde;  la  surface  en  est 
lisse,  de  couleur  jaunâtre,  ainsi  que  la  chair,  le  tout  brunissant  par  la  des- 
siccation. Ce  Terfàs,  qui  par  la  forme  et  la  coloration  rappelle  le  Terfezia 
Leonis  de  Tulasne,  en  diffère  beaucoup  par  les  spores. 

»  Si,  en  effet,  celles-ci  sont  encore  rondes  et  au  nombre  de  huit  dans  les 
sporanges,  elles  s'en  éloignent  par  leurs  réticulations  petites  et  irrégu- 
lières, surtout  parce  que  leur  surface  n'est  relevée  que  de  courts  festons, 
au  lieu  de  porter  les  gros  appendices  en  forme  de  dents  d' engrenage  qu'a 
figurés  Tulasne.  Par  ses  reliefs  courts  et  mousses,  ce  Terfàs  a  de  l'analogie 
avec  les  Pachyphlœus  et  Hydnoiria,  mais  dans  ceux-ci  les  relèvements  de 
l'exospore  sont  encore  plus  accentués. 

»  La  structure  des  spores  éloignant  beaucoup  les  petits  tubercules  de 
Barika  du  Terfezia  Leonis,  on  est  déjà  conduit  à  admettre  que  le  Terfàs 
n'est  pas  fourni  par  une  seule  espèce  botanique,  mais  par  deux  espèces 
au  moins. 

»  L'existence  d'une  troisième  espèce,  laquelle  ne  saurait  même  être 
rattachée  au  genre  Terfezia,  va  ressortir  de  l'examen  des  gros  tubercules 
coupés  en  morceaux,  constituant  l'un  des  envois  de  Biskra  et  représentés 
par  deux  spécimens  au  milieu  des  Terfàs  de  Barika. 

»  2.  Gros  Terfas  blanc.  —  Ce  Terfàs.  qui  m'a  été  envoyé  à  l'état  sec 
et  divisé  en  morceaux  formant  l'un  des  deux  lots  de  M.  Bou-Median-Ben- 
Hafiz,  présentait  les  caractères  ci-après  : 

»  Les  tubercules,  coupés  en  plusieurs  fragments  (de  4  <l  8  ordinaire- 
ment), ont  pu  atteindre,  quelques-uns  du  moins,  au  volume  d'une  grosse 
orange.  La  forme  a  dû  en  être  arrondie  ou  ovoïde,  avec  quelques  bosselures 
et  sinus. 

»   Le  péridium,  non  relevé  en  verrues,  est  lisse  et  à  peine  teinté  de  jaune 

(')  La  petitesse  de  ces  tubercules,  comprise  entre  le  volume  d'une  noisette  et  celui 
d'une  noix,  est  due,  au  rapport  des  Arabes,  qui,  cette  année  (1890),  en  ont  pour  ce 
motif  négligé  la  récolte,  à  l'exceptionnelle  sécheresse  du  printemps  dans  la  zone  saha- 
rienne. En  certains  lieux  (Bou-Saïda,  etc.),  le  Terfâs  n'a  même  pas  apparu,  suivant 
M.  Battandier. 


(  i39  ) 
(bien  différent  en  cela  des'petits  Terfàs  qui  brunissent  par  la  dessiccation  ). 
La  chair,  comme  le  péridinm  auquel  elle  fait  suite,  est  presque  incolore. 

»  Les  sporanges,  moins  arrondies  généralement  que  celles  du  Terfezia 
et  du  Tuber,  affectent  plutôt  la  forme  de  poires,  avec  un  fort  appendice 
caudal  qui  rappelle  celui  des  Balsamia  et  Pachyphlœus. 

Les  spores,  au  nombre  de  huit  dans  les  sporanges  comme  cela  a  lieu 
pour  le  Terfezia,  se  différencient  par  ces  deux  caractères  de  grande 
valeur  :  elles  sont  oblongues  et  non  rondes  comme  dans  tous  les  Terfezia; 
elles  sont  incolores  (même  après  dessiccation),  ont  leur  surface  unie  et  lisse, 
nullement  réticulée  ni  tuberculeuse  comme  chez  ceux-ci. 

»  3.  Terfàs  d'Arabie.  —  Ayant  eu  l'occasion  d'examiner  un  tubercule 
sec  faisant  partie  de  collections  rapportées  du  Liban,  et  qui  aurait  été 
récolté  au  nord  de  l'Arabie,  vers  le  pays  des  Wahabites,  où  il  serait 
commun,  recherché  des  caravanes,  et  souvent  porté  sur  les  marchés  de 
l'Asie  Mineure  ('),  je  lui  ai  trouvé  les  caractères  ci-après  : 

»  Tubercule  brunâtre,  de  la  grosseur  d'un  petit  œuf,  avant  toute  l'appa- 
rence des  petits  Terfàs  d'Afrique. 

»  Les  sporanges  (par  suite  de  vétusté  ou  de  récolte  faite  longtemps  après 
maturation?)  étaient  ouvertes  et  réduites  à  des  débris.  Les  spores,  libres, 
rondes,  sensiblement  plus  colorées  (en  raison  de  leur  vétusté?)  que  celles 
de  Barika,  sont  un  peu  plus  grosses  et  s'en  distinguent  surtout  par  les 
reliefs  tubéroïdes  plus  nombreux,  très  pressés  les  uns  contre  les  autres, 
plus  saillants  et  à  sommet  coupé  carrément  au  lieu  d'être  arrondi  en 
feston. 

»  Par  l'ensemble  de  ses  caractères,  le  Terfàs  d'Arabie  appartient  au 
genre  Terfezia  et  ne  diffère  pas  spécifiquement  du  petit  Terfàs  d'Afrique, 
dont  il  constitue  toutefois  une  variété. 

»  On  le  voit,  le  Terfàs  des  Arabes  appartient  au  moins  à  quatre  Tubé- 
racées  bien  distinctes,  et  il  est  probable  que  de  nouvelles  recherches  vien- 
dront encore  ajouter  à  ce  nombre. 

»   Ces  Tubéracées  sont  : 

»    1.  Le  Terfezia  Leonis  de  Tulasne  (a)  ; 

(')  C'est  sans  doute  ce  Terfàs  qu'avait  en  vue  Cliabrée  assurant  qu'à  Damas,  dans  la 
saison,  il  s'en  consomme  par  jour  la  charge  de  dix  chameaux.  La  manne  des  Hébreux 
était-elle  autre  chose  que  le  Terfàs,  si  abondant  au  désert?  Poser  la  question,  c'est  la 
résoudre,  pensera-t-on ,  le  Terfàs  ayant  d'ailleurs  la  coloration  blanc-jaunâtre  de  la 
manne. 

(2)  Que  j'admets,  bien  qu'aucun  des  tubercules  que  j'ai  reçus  d'Afrique  (et  d'Arabie) 
ne  réponde  au  dessin  qu'il  a  donné  des  spores. 


(  i4o  ) 

»  2.  Les  petits  tubercules  de  Barika  et  de  Biskra,  pour  lesquels  je  pro- 
pose le  nom  de  Terfezia  Boudieri,  dédiant  l'espèce  à  mon  ancien  élève  et 
savant  collaborateur  M.  Emile  Boudier; 

»  3.  Le  Terfàs  d'Arabie,  que  je  rapporte,  comme  variété,  au  Terfezia 
Boudieri  ('  )  ; 

y  4.  Le  gros  Terfàs  blanc,  à  spores  oblongues  et  lisses,  pour  lequel  je 
propose  le  nom  générique  de  Tirmania,  en  reconnaissance  de  l'empresse- 
ment mis  par  M.  le  Gouverneur  de  l'Algérie  à  faire  recueillir  des  maté- 
riaux pour  les  présentes  études;  et,  comme  nom  d'espèce,  celui  d'af ri- 
cana, qui  rappelle  l'habitat. 

»  Nul  doute  que,  sans  parler  des  très  petites  espèces  de  Terfezia 
(T.  berberidiodora,  T.  leptudermâ,  T.  olbiensis,  T.  oligosperma)  observées 
dans  le  midi  de  la  France  et  en  Italie,  on  ne  trouve  encore  en  Afrique  et 
au  nord-ouest  de  l'Asie  d'autres  tubercules  alimentaires  aujourd'hui  con- 
fondus par  les  Arabes  de  ces  deux  régions.  Quoi  qu'il  en  soit  des  distinc- 
tions spécifiques  faites  ou  à  faire,  je  rappelle  qu'on  a  signalé  le  Terfezia 
Leonis  (?)  dans  le  sud  et  le  sud-ouest  de  la  France,  en  Espagne,  en  Italie 
vers  Terracine,  où  il  porte  le  nom  de  Tartufo  bianco,  en  Sicile,  en  Sar- 
daigne  dont  il  est  le  Tuvara  de  arena.  Par  sa  couleur  et  son  volume,  il  y 
serait  parfois  confondu  avec  la  grosse  Truffe  blanche  de  Piémont  (Tuber 
magnaturrî),  peut-être  aussi  avec  le  Tuber  Borchii. 

»  Les  centres  d'aire  des  Terfàs  sont,  d'ailleurs,  l'Afrique  septentrio- 
nale, de  Biskra  àTougourt,  dans  leM'zab,  au  sudd'El  Golea,  leHodna,  etc., 
en  Tunisie  et  au  Maroc,  dans  le  nord-ouest  de  l'Arabie,  toutes  régions  où 
ils  entrent  pour  une  part  importante  dans  l'alimentation  des  populations, 
tant  fixes  que  nomades.  Le  Tirmania  est  surtout  commun  dans  le  M'zab  et 
vers  Tougourt. 

»  Les  Phanérogames  regardées  comme  les  nourrices  des  Terfàs  ne  sont 
pas  de  grands  arbres,  chênes,  etc.,  comme  pour  nos  Truffes,  mais  d'hum- 
bles Cistes  et  Hélianthèmes,  couvrant  à  peine  le  sol,  parmi  lesquels  on 
compte,  avec  Y Helianthemum  tuberaria,  dont  le  nom  spécifique  a  voulu 
rappeler  quï/  vient  dans  les  champs  de  Truffes  (2),  les  Cislus  Iialtmifolius, 
ladaniferus  var.  halimioides,   salicifolius,    montpelliensis  et  saU-ifolius,   ces 


(')  Ce  Terfàs  a  été  vu  par  Tulasne,  qui  le  prit  à  tort  pour  le  jeune  âge  de  sou 
T.  Leonis.  On  peut  conjecturer  que  le  Terfàs  d'Arabie  se  retrouvera  en  Afrique,  et, 
réciproquement,  le  Terfàs  d'Afrique  en  Arabie. 

(2)  Proposition  à  renverser,  attendu  que  ce  sont  les  Truffes  ou  Terfàs  qui  viennent 
dans  les  champs  de  Cistes. 


(  '4*  ) 
deux  derniers  les  plus  répandus  en  Algérie,  Tunisie,  Maroc,  comme  dans 
toule  l'Europe  méridionale. 

»  Ces  diverses  Cistinées  sont  généralement  désignées  par  les  Arabes 
sous  les  noms  de  Touzzal,  Touzzala,  Haleb  et,  par  les  Kabyles,  sous  celui 
d'As-r'ar. 

»  M.  Letourneux  a  cité  spécialement  comme  plante  à  Terfâs  XHelian- 
themum  gutlatum;  mais  la  justesse  de  cette  indication  paraîtra,  jusqu'à  vé- 
rification, douteuse,  si  l'on  considère  qu'il  s'agit  ici  d'une  très  délicate 
plante  annuelle,  dont  la  végétation  n'a  qu'une  durée  de  deux  à  trois  mois 
au  plus,  ce  qui  est  peu  en  rapport  avec  le  rôle  de  nourrice  qu'on  ne  sau- 
rait refuser  aux  végétaux  des  truffières. 

»  Comme  aliments,  les  Terlàs  que  j'ai  pu  examiner  se  recommandent 
par  une  saveur  agréable  et  une  odeur  douce,  que  je  comparerais  -\olon- 
tiers  à  celles  du  Mousseron,  l'un  de  nos  meilleurs  Champignons. 

»  L'Afrique  a  de  faux  Terfàs,  comme  nous  avons  de  fausses  Truffes;  tel 
est  un  Hymenogaster  récolté  par  M.  le  professeur  Trabut,  dans  un  bois  de 
cèdres,  à  Sidi-Abdelkader,  au-dessus  de  Blidah.  Je  propose  pour  cette  Tu- 
béracée,  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  pigeon  et  bien  caractérisée  par  les 
petites  tubérosités  des  spores  disposées  en  lignes  longitudinales,  le  nom 
d' Hymenogaster  Trabuti.  » 


BOTANIQUE.  —  Description  et  emploi  des  Eucalyptus. 
Note  de  M.  Cii.  Naudix. 

«  Le  Mémoire  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  (  '  )  n'est  pas 
volumineux,  c'est  une  simple  brochure  de  moins  de  80  pages,  et  cepen- 
dant il  m'a  fallu  une  dizaine  d'années  pour  en  préparer  les  matériaux. 
Cette  lenteur  n'étonnera  pas  les  botanistes  qui  savent  combien  il  est  par- 
fois difficile  de  déterminer  les  espèces  dans  les  grands  genres,  surtout 
quand  il  s'agit  d'arbres  exotiques,  toujours  incomplètement  représentés 
par  des  échantillons  d'herbier.  Ce  qui  en  accroît  la  difficulté  pour  les  Euca- 
lyptus, c'est  l'étrange  variabilité  des  espèces,  les  entre-croisements  de 
leurs  caractères  et  les  changements  de  figure  des  individus  eux-mêmes,  à 


(')  Ciiarles  Naudin,  Description  et  emploi  des  Eucalyptus  introduits  en  Europe, 
principalement  en  France  et  en  Algérie.  Second  Mémoire.  J.  Marchand,  1890; 
br.   in-8°. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°   3.)  J9 


(    142    ) 

mesure  qu'ils  avancent  en  âge.  Il  en  est  résulté  une  extrême  confusion 
dans  les  travaux  des  eucalyptograph.es,  devenus  par  là  à  peu  près  inutiles. 
Une  seule  monographie  fait  exception  :  c'est  celle  du  baron  Ferdinand 
Mùller,  de  Melbourne,  qui,  placé  au  centre  de  la  région  des  Eucalyptus,  a 
pu  les  observer  à  loisir  dans  tout  leur  développement.  Son  travail  est 
jusqu'ici  le  seul  sérieux,  le  seul  qu'on  puisse  consulter  avec  profit. 

»  Observer  à  l'état  vivant  les,  Eucalyptus  introduits  en  Europe,  les  suivre 
depuis  la  germination  des  graines  jusqu'à  l'âge  adulte,  noter  les  variations 
qui  se  produisent  dans  le  cours  du  temps,  telle  est  la  tâche  que  j'ai  entre- 
prise. Le  climat  de  la  Provence  permettant  d'en  cultiver  un  grand  nombre 
à  l'air  libre,  j'en  ai  profité  pour  réunir  à  la  villa  Thuret,  près  d'Antibes, 
une  collection  qui  est  probablement  la  plus  vaste  de  l'Europe.  Elle  con- 
tient en  ce  moment  quatre-vingts  espèces,  ce  qui  est  à  peu  près  la  moitié 
du  nombre  total  qu'on  suppose  exister. 

»  Cette  manière  de  procéder  est  nécessairement  lente.  Il  faut  aux 
arbres  plusieurs  années  pour  croître,  fleurir,  fructifier,  devenir  adultes  en 
un  mot,  et  permettre  à  l'observateur  de  les  suivre  dans  toutes  les  phases 
de  leur  développement.  Telle  est  la  cause  qui  a  retenu  si  longtemps  la 
publication  de  ce  Mémoire,  encore  n'embrasse-t-il  pas  la  totalité  des  es- 
pèces de  notre  collection,  dont  plusieurs  ne  sont  pas  encore  en  âge  de 
fleurir  et  de  fructifier. 

»  Au  simple  point  de  vue  botanique,  les  Eucalyptus  offrent  un  grand 
intérêt,  non  seulement  par  la  structure  de  leurs  fleurs,  mais  aussi  parce 
fait,  qu'ils  appartiennent  à  peu  près  tous  au  continent  australien  et  aux  îles 
qui  s'y  rattachent  géologiquement,  comme  si  leur  création  avait  eu  lieu 
dans  cette  aire  relativement  restreinte.  Leurs  analogies,  si  frappantes 
malgré  les  diiférences  spécifiques,  suggèrent  l'idée  que  toutes  ces  formes 
sont  dérivées  d'un  prototype  unique,  postérieurement  à  la  séparation  de 
l'Australie  du  continent  asiatique.  Mais,  outre  cet  intérêt  d'ordre  spéculatif, 
les  Eucalyptus  en  ont  un  autre  qui  nous  touche  de  plus  près,  dans  les  ser- 
vices matériels  qu'ils  sont  appelés  à  nous  rendre.  La  plupart  sont  des  arbres 
forestiers  de  valeur,  dont  quelques-uns  croissent  avec  une  merveilleuse 
rapidité  et  peuvent,  dans  un  temps  relativement  fort  court,  fournir  en 
abondance  d'excellents  bois  de  construction,  en  même  temps  que  du  com- 
bustible, partout  si  nécessaire. 

»  Il  y  aurait  un  avantage  incontestable  pour  tous  les  pays  de  l'Europe 
méridionale,  si  appauvris  de  forêts  depuis  des  siècles,  d'y  faire  de  vastes 
plantations  d'Eucalyptus,  mais  cet  avantage  serait  surtout  apprécié  dans 


(  i43  ) 

notre  colonie  transméditerranéenne,  quand  il  s'agira  de  doter  de  chemins 
de  fer  le  Sahara  algérien,  en  attendant  qu'on  les  pousse  plus  loin  vers  l'in- 
térieur de  l'Afrique.  Qu'on  songe  à  l'énorme  quantité  de  bois  qu'il  faudra 
employer  en  traverses  et  en  poteaux  télégraphiques,  sans  parler  même  des 
autres  besoins  d'une  telle  exploitation!  Elle  ne  serait  possible  d'ailleurs 
qu'à  la  condition  d'avoir  en  quelque  sorte  sous  la  main,  c'est-à-dire  à 
proximité,  les  matériaux  nécessaires.  Je  ne  sais  si  je  me  fais  illusion,  mais 
il  me  semble  que  des  forêts  à' Eucalyptus,  créées  artificiellement  là  où  elles 
seraient  possibles,  en  choisissant  les  essences  les  plus  recommandables  par 
leur  célérité  à  croître  et  les  qualités  de  leur  bois,  aplaniraient  bien  des 
obstacles.  L'opération,  sans  doute,  rencontrerait  des  difficultés  de  plus 
d'une  sorte  ;  mais  quand  on  voit  les  merveilleux  résultats  qu'on  a  obtenus 
de  la  plantation  de  Pins  maritimes  dans  les  landes  de  Gascogne,  jadis  sté- 
riles et  réputées  impropres  à  toute  culture,  on  est  autorisé  à  ne  pas  déses- 
pérer du  succès.  Au  surplus,  les  reboisements  algériens  s'imposent  comme 
une  nécessité;  c'est  une  question  vitale  pour  notre  grande  colonie,  et  on 
ne  saurait  les  retarder  sans  compromettre  de  graves  intérêts.   » 

chimie  organique.  —  Influence  des  dissolvants  sur  le  pouvoir  rotatoire  des 
camphols  et  des  isocamphols.  Elude  des  bomylates  de  chloral.  Note  de 
M.  A.  H  ALLER. 

«  Dans  une  Note  antérieure  (  '),  j'ai  montré  les  variations  que  subit 
le  pouvoir  rotatoire  de  l'isocamphol  gauche  avec  la  nature  du  dissolvant. 
De  nouvelles  mesures  ont  été  faites  comparativement  avec  les  deux  cam- 
phols gauches  x  et  [3,  en  employant  d'autres  dissolvants.  Elles  ont  été  effec- 
tuées à  une  température  moyenne  de  i3-i5°et  sur  des  solutions  renfer- 
mant une  demi-molécule  de  la  substance  par  litre.  Les  nombres  trouvés 
sont  les  suivants  : 

P.  r.  m.  P.  r.  m. 

du  de 

Dissolvant?.  camphol  gauche  a.  l'isocamphol  gauche. 

Alcool  méthylique | >]D  =  -  35,g3  (-)  [a]D  =  —  33, oo 

»       éthylique  absolue.  .  .                    —  37,33  (3)  -32, 90 

»       isopropvlique 3^,23  — -33,33 

«       isobutylique .'.7, 23  —33,54 


(')   Comptes  rendus,  t.  GIX,  |>.  187. 

(2)  Moyenne  de  3  déterminations. 

(3)  Moyenne  de  2  déterminations. 


(  i44  ) 

P.  r.  m.  P.  r.  m. 

du  de 

Dissolvants.  camphol  gauche  a.  l'isocamphol  gauche. 

Acétone [a]»  = — ^7,87  [a]B  = — 22,  g4 

Ligroïne  (1  io"-i  20  ; — 37,12  — 22,72 

Elher  acétique — 37,55  •              — 22,7^ 

Benzine — 37,66  — 19,1s 

Toluène —  37,87  —  i8,g3 

Xylène —  37 ,66  —  1 8 ,  <j"> 

p.  Méthylpropylbenzine. . . .  — 37,66  — 18,95 

»   Ces  résultats  montrent  : 

»  i°  Qu'à  part  l'alcool  méthylique  dont  l'influence  est  manifeste,  tous 
les  autres  dissolvants  n'exercent  aucune  action  sur  le  pouvoir  rotatoiredu 
camphol  gauche  a  ; 

20  Que  l'action  exercée  par  les  différents  liquides  sur  l'isocamphol 
gauche  varie  avec  leur  fonction  ou  leur  constitution,  mais  qu'elle  reste  le 
même  pour  chaque  série  homologue. 

»  Ainsi,  le  p.  r.  m.  est  le  même  dans  les  quatre  premiers  termes  de  la 
série  des  alcools  saturés;  il  possède  une  autre  valeur,  qui  reste  également 
constante,  quand  on  se  sert  de  carbures  benzéniques  comme  dissol- 
vants. 

OC,0H" 

»   Bornylates  de  chloral  CCPCH  ('  .  —  La  facilité  avec  laquelle 

XOH 
les  isocamphols  se  transforment  en  camphols  7.  de  pouvoir  rotatoire  inverse 
ne  permet  pas  d'en  préparer  des  dérivés  dont  la  formation  nécessite  le 
concours  de  la  chaleur. 

»  Pour  éviter  la  production  des  mélanges,  il  convient  donc  de  chercher 
des  dérivés  qui  prennent  naissance  à  la  température  ordinaire.  Or  on 
sait  que  les  alcools  se  combinent  directement,  à  froid,  à  l'isocyanate  de 
phényle,  au  chloral  et  à  l'acide  cyanique. 

»  Les  bornylphényluréthanes,  combinaisons  des  camphols  avec  l'isocya- 
nate de  phényle,  ont  déjà  fait  l'objet  d'une  Note  communiquée  à  l'Aca- 
démie (  '  ). 

»  Les  bornylates  de  chloral  s'obtiennent  en  mélangeant  dans  un  ballon 
une  molécule  de  boraéol  avec  un  peu  plus  d'une  molécule  de  chloral 
anhydre.  La  masse  s'échauffe  un  peu  et  la  réaction  est  complète  au  bout  de 

(')  Comptes  rendus,  t.  CX,  p.  1 49- 


(  i45  ) 

quelques  minutes.  Par  refroidissement,  on  obtient  un  produit  visqueux  qui 
souvent  cristallise.  On  lave  avec  de  l'eau  froide,  pour  enlever  l'excès  de 
chloral,  et  l'on  dissout  dans  l'éther  de  pétrole.  La  solution  est  filtrée,  puis 
abandonnée  à  cristallisation. 

»  Par  évaporation  du  dissolvant,  on  obtient,  dans  le  cas  des  bornylates  x 
et  au  bout  d'un  temps  plus  ou  moins  long,  une  masse  cristalline  qu'on 
sépare  et  qu'on  dessèche  entre  des  doubles  de  papier-filtre.  Le  produit  se 
présente  sous  la  forme  de  cristaux  indistincts,  à  odeur  rappelant  à  la  fois 
celle  du  chloral  et  du  bornéol,  insolubles  dans  l'eau,  solubles  dans  l'alcool, 
l'éther,  la  benzine,  le  toluène.  Il  cristallise  au  sein  de  ces  derniers  dissol- 
vants, en  prismes  très  nets  et  durs. 

»  Avec  Pisocamphol  gauche  et  l'inactif  <x(3  (préparé  en  mélangeant  du. 
bornéol  droit  a  avec  du  bornéol  gauche  'i  ),  on  obtient  des  liquides  visqueux 
et  incristallisables  môme  à  i5°. 

/OCTi" 
»  Toutes  ces  combinaisons  répondent  à  la  formule  CCP.CH^  , 

XOH 
comme  le  démontrent  les  analyses  qui  en  ont  été  faites. 

»   L'eau  bouillante  les  décompose  en  camphols  et  hydrate  de  chloral 

OC,0H'7  OH 

CC13.CH(  -r-H2O  =  C,0H,8O  +  CCl3.CH/ 

XOH  XOH 

»  Les  pouvoirs  rotatoires  moléculaires  de  ces  combinaisons,  pris  dans 
des  relations  benzéniques  (j  molécule  =  ilu),  ainsi  que  leurs  points  de  fu- 
sion, figurent  dans  le  Tableau  suivant  : 

Poiul  Pouvoir  rotatoire 

de  fusion.  moléculaire, 

o       o  O 

1.  a-bornylate  de  chloral  droit.  Cristallise 55-56  [a]0  =  +3o,l3 

2.  a-bornylate  de  chloral  gauche.  Cristallise 55-56         [a]o  =  —  3o,  i3 

+  - 

3.  Bornylate  de  chloral  racémique  «a.  Cristallise 55-56  [a]o—         ° 

k.   p-bornylate  ou  isobornylate  de  chloral  gauche.  Incris- 

tallisable »  [>]„=  —  56, 4o 

+  -  +- 

5.   Bornylate  de  choral  a  (3  obtenu  avec  un  camphol  a(3 

inactif  en  solution  alcoolique.  Sirop  incristallisable.  »  [a]0  = —  22,  12 

»  Le  pouvoir  rotatoire  des  camphols  a  gauche  et  droit  qui  ont  servi  à 
la  préparation  de  ces  bornylates  était  de  [a]0  =  3^°  environ. 

»  Celui  de  Pisocamphol  gauche,  dans  l'alcool  absolu,  était  de 
[oc]D  =  -3i°36'. 


(  i46  ) 

»  Comme  pour  les  bornylphényluréthanes,  on  remarque  :  i°  que  les 
points  de  fusion  et  les  pouvoirs  rotatoires  moléculaires  des  a-bornylates 
de  chloral  ont  respectivement  la  même  valeur;  2°  que  le  pouvoir  rota- 
toire  du  bornylate  de  chloral-p  est  supérieur  à  celui  des  dérivés  a.  Il  pos- 
sède une  valeur  égale  à  celui  de  la  bornylphényluréthane-[3;  3°  que  la 

+  - 
combinaison  dérivée  de  l'inactif  x£3  au  lieu  d'être  inactive  est  active.  Dans 

■+-        — 
cette  combinaison,  cliacun  des  deux  bornylates  a  et  [3  qui  la  constituent 

garde  son  individualité  et  à  peu  de  chose  prés  son  pouvoir  rotatoire. 

»   Toutes  ces  particularités  montrent  que  l'orientation   des   éléments 

i 
qui  constituent  le  groupement  alcoolique  U.C. OH  par  rapport  aux  autres 

i 
éléments  de  la  molécule  camphol,  groupement  qui,  seul  dans  ces  borny- 
lates, est  affecté  par  le  chloral,   exerce  une  influence  très  notable   non 
seulement  sur  le  pouvoir  rotatoire  moléculaire  de  ces  produits  d'addition, 
mais  encore  sur  leur  état  physique. 

»  Cette  différence  des  pouvoirs  rotatoires  des  a.  et  des  (3  bornylates 
permet  de  se  rendre  très  facilement  compte  si  un  bornéol  de  pouvoir  rota- 
toire inférieur  à  -f-  370  est  un  mélange  de  camphol-a  et  de  camphol-(3.  En 
partant  d'un  camphol  artificiel  droit  |  x]n  =  -+-  4°32',  préparé  au  hydro- 
génant  du  camphre  droit,  on  obtient  un  bornylate  de  chloral  fondant  à 
46°  et  dont  le  pouvoir  rotatoire  [a]D  =  —  1/j0  i3'.  Comme  il  est  facile  de  le 
voir,  ces  données  montrent  que  le  camphol  en  question  était  constitué  par 
un  mélange  de  camphol-a  droit  et  de  camphol-(3  gauche.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.   —  Sur  la  destruction  du  sucre  dans  le  sang 
in  vitro.  Note  de  MM.  R.  Lépixe  et  Barral. 

«  Depuis  la  dernière  Note  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  soumettre  à 
l'Académie  (séance  du  23  juin),  nous  avons  continué  nos  recherches  et 
observé  plusieurs  faits  nouveaux  : 

»  i°  On  retire,  à  un  chien  bien  portant,  25occde  sang,  en  prenant  la  précaution  de  le 
recevoir  dans  une  capsule  entourée  d'eau  froide;  on  le  défibrine,  on  le  filtre  sur  un 
linge  stérilisé,  et  on  le  répartit  également  en  cinq  portions.  On  dose  aussitôt  le  sang 
de  la  première,  en  versant  le  sang  dans  du  sulfate  de  soude  à  8o°  C,  ainsi  que  nous 
l'avons  déjà  recommandé,  afin  de  détruire  immédiatement  le  ferment  gtycoljtique. 
Trois  autres  portions  sont  versées  dans  trois  ballons,  qu'on  immerge  pendant  un  temps 
donné  (une  heure)  dans  trois  bains-marie  à  température  constante,  un  à  3o,°  C,  un 


(  '47  ) 

autre  à  46°  C,  et  le  troisième  à  52°,  5  G.,  et  qu'on  agite  quelques  instants  afin  que  le 
sang  prenne  aussitôt  la  température  du  milieu.  En  même  temps,  on  verse  goutte  à 
goutte  la  dernière  portion  de  sang  dans  un  ballon  préalablement  immergé  dans  un 
bain-marie,  dont  la  température  également  constante  est  comprise  entre  54°  et  54°,  5  C, 
de  façon  à  porter  immédiatement  ce  sang  d'une  température  inférieure  à  +i5°  à  celle 
de  54°.  On  l'y  laisse  également  une  heure,  et  au  bout  de  ce  temps  on  dose  le  sucre 
dans  le  sang  des  quatre  ballons,  avec  les  mêmes  précautions  que  pour  la  première 
portion.  Voici  les  résultats  qu'on  obtient  : 

»  Dans  le  ballon  à  3g°  C,  il  y  a,  en  général,  a5  à  3o  pour  ioo  de  sucre  en  moins 
que  dans  la  première  portion;  dans  le  ballon  à  46°  C,  il  y  a  plusieurs  centièmes  de 
moins  que  dans  le  précédent;  dans  le  ballon  à  o  a",  5  C,  il  \  a  aussi  plusieurs  cen- 
tièmes de  moins  que  dans  le  précédent;  enfin,  dans  le  ballon  à  54°,5  C,  il  y  a  juste 
autant  de  sucre  que  dans  la  première  portion. 

»  Ces  faits  s'expliquent  en  admettant  que  le  ferment  glvcolytique,  dé- 
couvert par  l'un  de  nous  (Comptes  rendus,  séance  du  8  avril  1890),  est  d'au- 
tant plus  actif  que  la  température  est  plus  élevée,  jusqu'à  54°  C.  environ, 
où  son  action  cesse  brusquement.  A  cette  température,  le  sang  conserve  sa 
fluidité;  il  a  une  teinte  noirâtre,  par  suite  de  la  production  d'un  peu  de 
méthémoglobine,  reconnaissable  à  l'examen  spectroscopique;  le  plus  grand 
nombre  des  globules  rouges  est  détruit;  mais  il  en  est  à  peu  près  de  même 
à  52°-53°  C. ,  température  à  laquelle  la  destruction  du  sucre  est  beaucoup 
plus  considérable  qu'à  3o,°.  Ainsi,  sans  que  les  caractères  extérieurs  du 
sang  se  modifient  d'une  manière  bien  sensible,  le  ferment  glycolytique 
qu'il  renferme  perd  toute  son  action  si  on  le  chauffe  peu  au  delà  du  degré 
de  température  où  il  a  son  maximum  d'activité. 

»  20  Toutes  choses  égales,  le  sang  cléfibriné  du  chien,  maintenu  une 
heure  à  la  température  de  3ç)0C.,  perd  plus  de  sucre  l'hiver  que  l'été; 
il  faut  donc  admettre  que  l'hiver  le  ferment  est  plus  actif  ou  en  quantité 
plus  grande  dans  le  sang.  La  différence  est  de  10  pour  100,  au  moins. 

)>  3°  Le  sang  défibrinéde  la  veine  porte  d'un  chien  en  digestion,  main- 
tenu une  heure  à  3o,°C,  perd  beaucoup  plus  de  sucre  que  le  sang  de  la 
veine  splénique  et  que  le  sang  artériel  du  môme  chien,  placés  identiquement 
dans  les  mêmes  conditions.  La  différence  est.  au  moins  de  20  pour  100. 
Cela  prouve  que  le  ferment  sort  du  pancréas,  non  seulement  par  les  lym- 
phatiques de  cet  organe,  ainsi  que  l'un  de  nous  l'a  déjà  démontré,  mais 
aussi,  et  certainement  en  plus  grande  abondance,  vu  la  rapidité  relative  du 
cours  du  sang  veineux,  par  les  radicules  veineuses  du  pancréas. 

»  4°  Nous  avons  insisté,  dans  notre  dernière  Note,  sur  le  fait  fondamen- 
tal que  le  sang  artériel,  maintenu  une  heure  à  3o.°C.,  d'un  chien  rendu  dia- 


(  i48  ) 

bétique  par  l'ablation  du  pancréas,  perd  beaucoup  moins  de  sucre  que  le 
sang  d'un  chien  sain.  Toutefois  dans  le  sang  du  chien  privé  de  pancréas,  la 
destruction  du  sucre  n'est  pas  toujours  négligeable  :  elle  peut,  parfois,  at- 
teindre près  du  sixième  de  la  perte  du  sang  normal. 

»  Il  est  probable  qu'il  y  a  d'autres  sources  de  ferment  que  le  pancréas.  » 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Membre 
de  la  Section  d'Économie  rurale,  en  remplacement  de  feu  M.  Peligot. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  Go, 

M.  Chambraient  obtient 34  suffrages 

M.  Aimé  Girard         »        24  » 

M.  Mùntz  1  » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Cuambkelext,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  du  Président  de  la  Répu- 
blique. 

MÉMOIRES  LUS. 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Mémoire  sur  la  constitution  des  albuminoïdes. 
Note  de  M.  le  D1  H.  Arxald.  (Extrait  par  l'auteur.) 

«  Les  albuminoïdes  seraient  essentiellement  constituées  par  trois  ordres 
de  principes  immédiats  :  les  hydrocarbonés,  les  corps  gras  et  le  cyanate 
d'ammoniaque  ou  l'urée. 

)>  Les  hydrocarbonés  trouvés  dans  le  sérum  doivent  être  considérés 
comme  entrant,  en  partie  tout  au  moins,  dans  la  constitution  même  des 
albuminoïdes.  En  effet  :  i°la  quantité  qu'on  en  peut  extraire  du  sérum 
est  relativement  très  considérable;  20  leur  présence  est  constante  dans  les 
diverses  substances  albuminoïdes  du  sérum;  3°  il  est  impossible  de  re- 
cueillir en  totalité  les  hydrates  de  carbone,  sans  détruire  l'édifice  même 
des  albuminoïdes. 


(  '49  ) 

»  La  présence  du  cyanate  d'ammoniaque  dans  les  albumines  paraît  ré- 
sulter des  remarques  suivantes  :  i°  l'acide  cyanique  est  un  des  produits 
les  plus  fréquents  qui  se  forment  par  la  décomposition  des  substances  azo- 
tées (Liebig);  et,  d'autre  part,  on  sait  avec  quelle  facilité  l'ammoniaque 
se  dégage  de  ces  mêmes  substances  ;  i°  si  l'on  traite  l'albumine  par  une 
base  énergique,  et  que  l'on  porte  à  l'ébullition,  il  se  produit  du  carbonate 
d'ammoniaque,  comme  quand  on  traite  le  cyanate  d'ammoniaque  par  la 
même  base;  3°  on  trouve' constamment,  dans  le  sérum  sanguin,  une  cer- 
taine quantité  d'urée  qui  s'élimine  sans  cesse  par  le  filtre  rénal  ;  or  on  sait 
quelle  est  l'analogie,  pour  ne  pas  dire  l'identité  de  constitution,  qui  existe 
entre  l'urée  et  le  cyanate  d'ammoniaque;  4°  enfin  l'examen  attentif  de  la 
formule  des  albuminoïdes  permet  de  la  ramener  à  celle  d'un  véritable  po- 
lycyanate  d'ammoniaque  composée  ou  d'une  polyurée  composée,  dans 
laquelle  un  certain  nombre  d'équivalents  d'amidon  animal  ,  ou  d'un 
radical  amylacé,  remplaceraient  un  même  nombre  d'équivalents  d'hydro- 
gène. 

»  Il  m'a  semblé  que  l'on  devait  admettre,  en  outre,  un  ou  plusieurs  corps 
gras,  comme  principes  constituants  des  albuminoïdes.  Mais  cette  partie 
des  recherches  a  été  moins  bien  établie.  Néanmoins,  ce  qui  donne  quelque 
vraisemblance  à  cette  opinion,  c'est  que,  au  moment  de  l'absorption  intes- 
tinale, les  corps  gras  arrivent  en  abondance  dans  le  liquide  sanguin,  sans 
que  l'on  trouve  à  ce  moment,  à  l'état  libre,  dans  le  sérum  normal,  une 
quantité  de  graisse  proportionnée  à  cet  apport.  De  plus,  les  albuminoïdes 
présentent  certaines  réactions  que  l'on  ne  retrouve  ni  dans  l'urée  ni  dans 
les  hydrates  de  carbone.  Enfin,  il  est  à  remarquer  qu'à  certains  égards 
l'aspect  et  les  propriétés  des  albuminoïdes  rappellent  ceux  des  corps  gras, 
et  notamment  la  viscosité,  la  mousse  abondante  des  solutions  alcalines 
d'albumine. 

«  Je  soupçonne  enfin,  dans  l'albumine,  la  présence  d'un  autre  corps  au 
moins;  mais  je  ne  me  suis  pas  occupé  de  son  étude. 

»  Rapprochant  alors  de  cette  conception  un  certain  nombre  de  faits 
connus,  physiologiques  et  pathologiques,  je  montre  combien  leur  inter- 
prétation devient  claire  et  facile,  si  l'on  adopte  la  théorie  que  je  propose. 

»  La  seconde  partie  du  travail  est  consacrée  à  l'exposé  de  la  méthode 
générale  à  suivre,  pour  arriver  à  séparer  les  uns  des  autres  le  cyanate 
d'ammoniaque,  les  hydrocarbonés  et  les  corps  gras  qui  concourent  à  la 
constitution  des  albuminoïdes;  cette  méthode  consiste  essentiellement 
dans  le  traitement  des  albuminoïdes  par  les  bases  énergiques,  notamment 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  3.)  2t> 


(  i5o) 

par  la  baryte,  employées  à  faible  dose  (2  à  5  pour  100  de  liquide)  el  sou- 
mises à  l'ébullition  prolongée. 

»  J'arrive  enfin  aux  conclusions  suivantes,  que  je  reproduis  à  peu  près 
textuellement  : 

»  i°  Il  y  a  trois  ordres  d'aliments  irréductibles,  de  principes  immédiats 
essentiels  faisant  partie  constituante  de  la  matière  organisée  ;  ce  sont  :  les 
hyclrocarbonés,  les  corps  gras  et  le  cyanate  d'ammoniaque. 

»  20  Les  albuminoïdes  ne  sont  autre  chose  qu'une  combinaison,  dans 
des  proportions  diverses,  des  trois  principes  immédiats  que  je  viens  d'é- 
numérer;  elles  les  contiennent  tous  les  trois  en  puissance,  et  il  est  facile 
de  les  en  isoler. 

»  3°  On  peut  ainsi  considérer  les  albuminoïdes  comme  de  véritables 
polycyanates  d'ammoniaque  composée  ou,  si  l'on  veut,  des  poly urées  com- 
posées, dans  l'édifice  desquelles  figurent  essentiellement  des  radicaux 
d'hydrocarbonés  et  de  corps  gras,  remplaçant  un  même  nombre  d'équiva- 
lents d'hydrogène. 

»  Peut-être  faut-il  admettre,  en  outre,  que  les  albuminoïdes  contiennent 
dans  leur  trame  d'autres  radicaux  encore  inconnus. 

»  4°  Quand  les  matières  albuminoïdes  renferment  les  trois  aliments 
primaires  essentiels,  dans  des  proportions  convenables,  en  rapport  avec 
les  besoins  de  l'organisme,  on  peut  dire  qu'elles  constituent  l'aliment  syn- 
thétique vrai,  l'aliment  complet  par  excellence. 

»  5°  En  réalité,  les  albuminoïdes  connues  sont  très  variables  dans  leur 
constitution  et  dans  leurs  caractères  extérieurs  :  cela  s'explique  aisément 
par  des  proportions  très  diverses  dans  les  trois  principes  fondamentaux 
qui  concourent  à  les  constituer. 

»  6°  Cette  manière  d'envisager  les  choses  me  semble  apporter  plus  de 
clarté  dans  les  phénomènes  de  la  nutrition  normale,  et  faciliter  l'intelli- 
gence du  mécanisme  de  la  nutrition. 

»  70  Elle  tend  à  indiquer,  notamment,  le  mode  suivant  lequel  les  prin- 
cipes combustibles,  introduits  par  l'alimentation  dans  l'organisme,  sont 
conduits  jusqu'aux  tissus,  pour  y  subir  les  transformations  nutritives  d'où 
résultent  la  chaleur  et  le  travail  organiques. 

»  8°  Le  sérum  sanguin  est,  en  effet,  constitué  essentiellement  par  des 
albuminoïdes;  son  rôle  principal  semble  donc  être  d'apporter  aux  tissus 
les  trois  principes  immédiats  qui  constituent  ces  substances  azotées,  soit 
pour  réparer  l'usure  des  tissus,  soit  pour  leur  fournir  les  combustibles  né- 


(  i5i  ) 
cessaires,  préalablement  empruntés  à  l'alimentation  (corps  gras  et  hydro- 
carbonés). 

»  (Il  est  bien  entendu  que  le  sérum  a  aussi  pour  rôle  de  débarrasser 
les  tissus  des  matériaux  en  excès  et  des  substances  nuisibles  résultant  des 
phénomènes  nutritifs.) 

»  90  Les  conséquences  de  cette  manière  de  voir  en  Pathologie  ne  sem- 
blent pas  moins  intéressantes  :  elle  permet  d'expliquer  aisément  la  genèse 
d'un  certain  nombre  de  troubles  nutritifs,  tels  que  la  glycosurie,  l'obésité 
ou  polysarcie,  l'hyperazoturie  et  les  albuminuries  dyscrasiques. 

»  i  o°  Ces  diverses  altérations  nutritives  peuvent  être  ramenées  à  un  même 
mécanisme,  à  une  même  condition  pathogénique  générale  :  l'insuffisance, 
absolue  ou  relative,  du  pouvoir  d'assimilation  du  sérum  sanguin.  Si  cette 
insuffisance  porte  sur  les  hydrocarbonés,  il  y  a  glycosurie;  si  elle  porte  sur 
les  corps  gras,  il  y  a  polysarcie;  si  elle  porte,  sur  le  cyanate  d'ammoniaque, 
il  y  ahyperazoturie;  si  enfin  elle  porte  sur  les  albumines,  il  y  a  albumi- 
nurie dyscrasique. 

»  1 1°  On  s'explique  aussi,  par  la  théorie  proposée,  pourquoi  l'urée  est 
moins  toxique  qu'on  ne  pensait  autrefois.  On  a  en  effet  démontré  (Feltz 
et  Ritter,  Bouchard)  que,  dans  l'insuffisance  urinaire,  on  ne  meurt  pas  par 
urémie,  par  accumulation  de  l'urée  dans  le  sang,  mais  par  des  toxémiesde 
nature  toute  différente. 

»  Cela  ne  doit  plus  nous  surprendre  :  l'urée  est  un  aliment  plutôt  qu'un 
véritable  produit  d'excrétion  ;  son  excès  seul  est  éliminé  de  l'organisme 
et  peut  devenir  nuisible,  comme  d'ailleurs  l'excès  de  tout  autre  aliment, 
y  compris  l'oxygène.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

La  Commission  du  prix  Dusgate  fait  connaître  que  les  deux  Mémoires 
manuscrits  récompensés  dans  la  séance  publique  du  29  décembre  1890,  et 
portant  pour  devises,  l'un  «  Fac,  non  spera  »,  l'autre  «  l'Égalité  devant  la 
mort  »,  ont  pour  auteurs,  le  premier  M.  le  docteur  Henri  Arnaud  (de 
Saint-Gilles),  et  le  second  M.  le  docteur  Maze  (du  Havre). 

M.  Fovkvu  de  Courmelles  adresse  une  Note  de  Physiologie  intitulée 

«  Nouvelles   actions  mécaniques  des   courants  électriques;    actions   de 

transport  » . 

(Commissaires  :  MM.  Charcot,  Larrey). 


(  i5a) 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  «  OEuvres  de  Fermât,  publiées  par  les  soins  de 
MM.  Paul  Tannery  et  Charles  Henry,  sous  les  auspices  du  Ministère  de  l'In- 
struction publique;  Tome  Ier,  OEuvres  mathématiques  diverses;  Observa- 
tions sur  Diophante  ». 


M.   A.   H aller,  nommé  Correspondant   pour  la   Section   de   Chimie, 
adresse  ses  remerciements  à  l'Académie. 


M.  Gomoxt,  M.  P.  Hariot,  M.  P.  de  Lafitte  adressent  des  remercie- 
ments pour  les  distinctions  accordées  à  leurs  travaux. 


ASTRONOMIE.  —  Observation  d'une  étoile  d'un  éclat  comparable  à  celui  de 
Régulus  et  située  dans  la  même  constellation.  Extrait  d'une  Lettre  de 
M.  Edm.  Lescarbault  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel. 


«  Orgères  (Eure-et-Loir),  n  janvier  1891. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  le  résumé  de  l'observation  d'une 
étoile  comparable  à  Régulus  par  sa  grandeur  et  par  son  éclat;  elle  est  si- 
tuée dans  la  même  constellation;  je  ne  l'avais  jamais  aperçue  jusqu'à  ce 
jour.  Elle  se  trouve  au-dessous  de  6  du  Lion,  sur  le  prolongement  de  la 
ligne  qui  jointe  à  6,  à  une  distance  de  6  double  de  celle  qui  sépare  ces 
deux  étoiles  et  au-dessous  de  la  ligne  qui  va  de  <j  à  y ■,  à  peu  près  également 
éloignée  de  chacune  d'elles. 

»  Je  n'ai  pu  encore  l'observer  qu'à  l'œil  nu,  les  10  et  11  janvier,  vers 
une  heure  du  matin;  malgré  le  grand  affaiblissement  de  mes  yeux,  je  crois 
avoir  bien  vu  et  n'avoir  pas  été  victime  d'une  illusion 

»  Ce  n'est  que  par  estime  que  j'attribue  à  l'étoile,  soit  nouvelle,  soit 
temporaire,  qui  est  peut-être  une  étoile  dont  l'intensité  et  l'éclat  auraient 
presque  subitement  prodigieusement  augmenté,  les  quantités  suivantes 
pour  sa  position  : 

Ascension  droite 1 1 h  4'" 

Déclinaison  boréale 6° 


(  '53  ) 

»  Dans  le  voisinage  de  l'étoile  que  je  signale,  les  étoiles  de  quatrième 
grandeur  étaient  à  peine  perceptibles  à  l'œil  nu. 

»  Dans  les  Atlas  et  les  Cartes  du  Ciel  que  je  possède,  je  n'ai  trouvé 
aucune  étoile  au  lieu  que  je  viens  d'indiquer.  » 

ASTRONOMIE.  —  Résumé  des  observations  solaires  faites  à  l  Observatoire  royal 
du  Collège  romain  pendant  le  second  semestre  de  1890;  par  M.  P.  Tac- 

CHINI. 


«  Le  nombre  des  jours  d'observations  a  été  de  149  pour  les  taches  et 
les  facules,  savoir  :  3o  en  juillet,  3i  en  août,  28  en  septembre,  24  en  oc- 
tobre, 20  en  novembre  et  16  en  décembre.  Voici  les  résultats  : 

Fréquence  relative  Grandeur  relative 

— ^— ^m         —  -__ Nombre 

des               des  jours                     des                       des  des  groupes 

1890.                taches.           sans  taches.  taches.                 facules.  par  jour. 

Juillet 3,8o  o,4o  8,23  12, 83  0,97 

Août 3,42  o,52  15,29  JI>77  °>68 

Septembre.  5,83  0,18  23,68  22,32  i,46 

Octobre...  3,17  o,58  17 ,  33  10, 83  0,75 

Novembre..  2,45  o,5o  7,95  22,75  o,55 

Décembre..  3,38  o,38  9,25  1 7 ,  70  0,81 

»  Le  phénomène  des  taches  solaires  a  été  encore  plus  prononcé  dans  le 
troisième  trimestre.  Il  est  vrai  que  les  nombres  relatifs  au  quatrième  tri- 
mestre baissent  sensiblement,  mais  ils  sont  néanmoins  bien  supérieurs  à 
ceux  de  l'époque  que  nous  avons  indiquée  pour  le  véritable  minimum. 

»  Pour  les  protubérances  solaires,  nous  avons  obtenu  les  résultats  sui- 
vants : 

Protubérances. 

Nombre  —m~~- — ■ — ™~ ■ 

des  jours  Nombre  Hauteur  Extension 

1890.  d'observations.  moyen.  moyenne.  moyenne. 

Juillet 3o  2,07  33,8  1,4 

Août 3i  2,65  27,5  1,1 

Septembre 24  2,88  35,8  1,2 

Octobre 22  8,o5  4o,6  1,5 

Novembre 16  2,i3  28,0  i,5 

Décembre 12  3,42  4o,4  1.6 


(  t54) 

»  Le  phénomène  ries  protubérances  solaires  présente  donc  une  aug- 
mentation sensible,  avec  un  maximum  secondaire  dans  le  mois  d'octobre. 
On  pourrait  ainsi  supposer  que  tous  les  phénomènes  solaires  ont  déjà  dé- 
passé la  période  du  minimum.  » 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  des  taches  solaires  faites,  en  1890,  à 
l' équalorial  Brunner  (om,i8)  de  l'Observatoire  de  Lyon.  Note  deM.  Em. 
Marchand,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Le  Tableau  suivant  renferme  le  résumé  des  observations  de  taches 
solaires  faites  à  l'Observatoire  de  Lyon  pendant  l'année  1890;  la  première 
colonne  donne,  pour  chaque  mois,  la  proportion  (en  centièmes)  des  jours 
d'observation  où  le  disque  du  Soleil  n'a  présenté  aucune  tache;  la 
deuxième  donne  les  dates  extrêmes  d'observation  de  chaque  groupe  de 
taches;  la  troisième  et  la  quatrième  les  latitudes  moyennes  des  groupes 
observés;  la  cinquième  les  surfaces  moyennes  totales  (noyaux  et  pé- 
nombre) de  ces  groupes,  ramenées  au  centre  du  disque,  et  exprimées  en 
millionièmes  de  l'aire  de  l'hémisphère  visible. 


1890. 
Janvier. . 
» 
» 
Février . , 
Mars 
Avril 
»     .  .  . 
»     .  .  . 
Mai  .... 
»    .... 
»    .... 


» 


Juin . 
»    . 


Juillet. 

» 

» 

Août . . 

» 


o,33 


0,90 
0,78 
0,57 


0,42 


0,60 


O,20 


0,73 


9  ' 

18-21 

18 

1-2 

8-i3 

10-16 

12 

29-30 

5 

9-1/ 
16-2  4 

17-18 

3-9 
10-1 1 

4 
4-. 2 

'7 
22-24 

22-3l 
28-    2 

3o-  2 


-29 


—  T.l 


-t-23 

+26 
+24 
H-33 

+  25 

+26 

+  23 
+  21 


-20 

-  6 


—  22 
-29 

-35 


-21 


63 

o,5 
20 
5i 

5 
35 

64 

4 

42 
26 
10 

5 

3 

o,5 
n5 

5 

1 
127 

i94 
10 


1S90. 
Sept. . 


Octobre..     o,25 


» 


Nov 

» 

» 

» 
Dec 


o,25? 


o,3o 


26-  6 

+22 

660 

1-  8 

— 20 

120 

6-i3 

+22 

3o 

8-  9 

-26 

12 

10-17 

—22 

120 

16-17 

—26 

75 

26-   1 

+  21 

64 

4-  7 

-25 

I  2 

1 1 

+  16 

i5 

1 1 

— 13 

1 

14 

— 20 

3 

20-3  I 

—22 

11 20 

20-23 

-  5 

12 

12 

-24 

70 

12 

+  '9 

3 

25-2 

+21 

475 

3o 

+  i4 

1 

2-8 

-3i 

3o 

i5 

-28 

n4 

i5 

+  i5 

10 

24-27 

+20 

10 

(  i55  ) 

»  Ou  voit  que  les  taches  n'ont  manqué  cette  année  pour  aucun  mois; 
mais  que,  d'autre  part,  il  n'y  a  pas  de  mois  où  on  en  ait  vu  à  chaque  obser- 
vation, comme  cela  s'était  présenté  en  août  1889.  Les  plus  longues  séries 
de  jours  d'observations  où  les  taches  aient  manqué  complètement  sont  les 
suivantes  :  1 1  février  au  3  mars  (11  observations);  i5  mars  au  5  avril  (i3  ob- 
servations), 8  au  23  août  (8  observations);  aucune  de  ces  périodes  n'a  une 
durée  aussi  grande  que  celle  des  minima  constatés  en  1889. 

»  En  moyenne,  nous  trouvons  que  pour  1890  la  proportion  des  jours 
sans  taches  est  o,456,  tandis  qu'elle  était  o,555  en  1889.  D'autre  part, 
l'année  1889  avait  donné  seulement  29  groupes  de  taches,  présentant  une 
surface  totale  de  1890  millionièmes  de  l'hémisphère  visible,  alors  que  1890 
donne  43  groupes  avec  une  surface  totale  de  3760  ;  il  y  a  donc  certainement 
une  augmentation  sensible  de  l'activité  solaire  en  1890,  en  ce  qui  concerne 
les  taches.  Le  minimum  paraît  avoir  eu  lieu  en  novembre  1889. 

»  Le  Tableau  ci-dessus  indique  encore  que  les  deux  hémisphères  ont  été 
à  peu  près  aussi  riches  en  taches  l'un  que  l'autre;  il  y  a  cependant  encore 
une  légère  prédominance  de  l'hémisphère  sud  (23  groupes  sur  43). 

»  Enfin  on  remarque  que  les  latitudes  des  groupes  de  taches  sont  presque 
toutes  supérieures  à  200  et  atteignent  jusqu'à  35°,  les  latitudes  les  plus  fortes 
s'appliquant  surtout  à  de  très  petites  taches.  D'ailleurs,  dans  les  groupes, 
dont  nous  donnons  la  latitude  moyenne,  on  a  vu  plusieurs  fois  des  petites 
taches  à  des  latitudes  plus  grandes  cpte  3o°.  Ainsi  ce  phénomène  de  la 
production  des  taches  à  de  hautes  latitudes,  qui  a  commencé  après  le  mi- 
nimum de  mai  1889  et  s'est  accentué  après  celui  de  novembre  1 889,  a  con- 
tinué pendant  toute  l'année  1890. 

»  Il  semble  toutefois  aller  en  diminuant,  car  sur  les  9  groupes  de  taches 
dont  la  latitude  est  inférieure  à  200  en  1890,  6  se  rencontrent  de  septembre 
à  décembre.   » 


MÉCANIQUE.  —  Nouvel  appareil  gyratoire,  le   gyroscope  alternatif; 

par  M.  G.  Sire. 

M.  Resal  présente  à  l'Académie  un  nouvel  appareil  gyratoire  imaginé 
par  M.  G.  Sire  et  auquel  l'auteur  a  donné  le  nom  de  «  gyroscope  alter- 
natif ». 

«  L'appared  se  compose  d'une  poulie  très  légère,  dans  la  gorge  de  la- 
quelle s'enroule,  en  plusieurs  spires  superposées,  un  fil  dont  l'extrémité 


(  i56) 

est  fixée  à  la  gorge.  La  poulie  porte  diamétralement  les  crapaudines  de 
l'arbre  d'un  tore  auquel  on  imprime,  à  l'aide  d'un  fil  spécial,  un  mouvement 
rapide  de  rotation.  En  tenant  l'extrémité  libre  du  fil  de  la  poulie,  on  ob- 
serve d'abord  que  la  poulie  descend  lentement,  en  même  temps  qu'elle 
tourne  autour  du  fil.  Lorsque  l'axe  du  tore  devient  à  peu  près  parallèle 
au  fil,  il  se  produit  un  déroulement  brusque,  mais  peu  étendu;  puis  les 
choses  se  passent  comme  ci-dessus,  à  cette  différence  près  que  la  rotation 
autour  du  fil  a  changé  de  sens. 

»  M.  Sire  est  arrivé  à  ce  résultat  par  une  méthode  qui  lui  a  toujours 
réussi  et  qui  est  basée  sur  la  considération  des  rotations  et  des  couples. 

»  La  théorie  analytique  de  l'appareil  présente,  au  point  de  vue  de  l'in- 
tégration, des  difficultés  qui  paraissent  insurmontables.  » 


TÉLÉPHONIE.  —  Sur  la  reproduction  téléphonique  de  la  parole. 
Note  de  M.  E.  Mercadier,  présentée  par  M.  A.  Cornu. 

«  Le  but  principal  du  téléphone  est  la  reproduction  à  distance  de  la  pa- 
role avec  tous  ses  éléments  :  articulations  avec  leurs  inflexions,  voyelles  et 
diphtongues  avec  leur  accent  caractéristique,  timbre  avec  ses  délicatesses, 
et  cela  avec  une  intensité  suffisante.  Mais  les  transformations  d'énergie, 
qui  constituent  les  effets  téléphoniques,  tendent  à  altérer  les  éléments  de 
la  voix  humaine. 

)>  I.  Altération  du  timbre.  —  Elle  consiste  dans  la  production  d'un  nasil- 
lement désagréable  qui  souvent  dénature  les  mots.  J'ai  déjà  indiqué  dans 
un  travail  précédent  (voir  Comptes  rendus,  novembre  i885),  que  cette  al- 
tération du  timbre  devait  tenir  à  ce  que,  le  plus  souvent,  les  mouvements 
dus  à  la  production  du  son  fondamental  et  des  harmoniques  du  diaphragme 
du  téléphone  venaient  se  superposer  à  ceux  qui  sont  dus  à  la  voix  sans  se 
confondre  avec  eux,  d'où  une  perturbation  plus  ou  moins  grande  dans  la 
forme  des  ondes  électriques  qui  parviennent  au  téléphone  récepteur, 
dans  les  mouvements  des  molécules  de  son  diaphragme,  et  finalement 
dans  les  ondes  sonores  qui  en  résultent  et  pénètrent  dans  l'oreille  des  au- 
diteurs. 

»  S'il  en  est  réellement  ainsi,  il  doit  suffire,  pour  corriger  cette  altéra- 
tion, de  prendre  un  diaphragme  dont  le  son  fondamental  soit  supérieur  à 
la  limile  des  sons  émis  dans  la  parole  articulée,  c'est-à-dire  à  peu  près  à 
\'utt  pour  les  hommes  et  l'uts  pour  les  femmes.  Alors,  en  effet,  l'action  de 


(  «57  ) 
la  voix  ne  tendra  pas  à  produire  les  sons  fondamentaux  et  les  harmoniques 
du  diaphragme  cpii  ne  coïncident  pas  avec  ceux  qu'elle  émet,  et,  d'autre 
part,  il  faudrait  pour  les  produire,  à  cause  de  la  raideur  du  diaphragme, 
une  énergie  mécanique  supérieure  à  celle  que  peut  développer  en  parlant 
la  voix  humaine. 

»  C'est  ce  que  l'expérience  vérifie.  Pour  ne  citer  que  deux  cas  extrêmes, 
un  diaphragme  de  ioomm  de  diamètre  et  de  imm  d'épaisseur,  ou  bien  de 
3omm  de  diamètre  et  de  omm,i  d'épaisseur,  satisfont  à  la  condition  précé- 
dente; or,  ajustés  à  des  téléphones  appropriés,  ils  ne  produisent  pas  d'al- 
tération sensible  du  timbre  de  la  voix. 

»  II.  Altération  d 'articulations  et  de  voyelles.  —  Cette  altération  consiste 
d'une  part  dans  une  prédominance  exagérée  de  certaines  consonnes, 
voyelles  et  syllabes,  b,  p,  r,  k,  .  . .,  a,  o,  an,  on,  ent,  . . .,  sur  la  plus  grande 
partie  des  autres;  d'autre  part,  dans  un  affaiblissement  notable  des  /,  s,  c, 
z,  i,  e,  u.  Il  en  résulte  très  souvent  une  véritable  fatigue  à  comprendre  le 
sens  des  paroles,  à  deviner  les  mots  altérés  d'après  les  précédents  :  de  là 
une  source  permanente  d'erreurs. 

»  Cette  altération  lient  en  très  grande  partie  à  la  forme  et  à  l'ouverture 
de  la  cavité  buccale  qui  sont  différentes  quand  on  prononce  les  diverses 
articulations  ou  voyelles  précitées,  et  à  l'énergie  des  ondes  sonores  résul- 
tantes beaucoup  plus  faible  dans  le  second  cas  que  dans  le  premier;  à  ce 
point  de  vue,  l'altération  serait  inévitable;  mais  elle  tient  aussi  en  quelque 
façon  à  la  production  corrélative  des  harmoniques  du  diaphragme.  En  ef- 
fet, en  cherchant  à  atténuer  cet  inconvénient,  j'ai  trouvé  qu'on  le  dimi- 
nuait très  notablement,  précisément  par  le  moyen  indiqué  pour  supprimer 
l'altération  du  timbre,  c'est-à-dire  en  combinant  convenablement  l'épais- 
seur et  le  diamètre  du  diaphragme  pour  que  le  son  fondamental  de  celui- 
ci  soit  très  aigu. 

»  La  transmission  par  la  ligne  qui  joint  le  transmetteur  au  récepteur 
joue  d'ailleurs  ici  un  certain  rôle  qui  sera  examiné  plus  tard. 

»  III.  Résonances  diverses.  —  Un  troisième  inconvénient,  qui  se  pré- 
sente dans  un  grand  nombre  de  téléphones,  consiste  dans  la  production 
de  résonances  parasites  au  nombre  de  deux.  L'une  ne  présente  pas  beau- 
coup d'inconvénient,  car  elle  est  faible  et  n'est  sensible  qu'aux  oreilles 
exercées  :  c'est  un  grincement  métallique  qui  me  paraît  dû  à  une  sorte  de 
frottement  dans  le  sens  du  rayon  des  diaphragmes  par  suite  de  la  variation 
dans  cette  direction  de  la  forme  des  lignes  de  force;  d'autant  qu'il  dispa- 
rait dans  un  diaphragme  à  son  fondamental  élevé;  soit  parce  qu'il  est  alors 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX1I,  IM»  3.)  2  1 


(  i58  ) 

trop  aigu  pour  agir  efficacement  sur  l'oreille;  soit  qu'il  ne  se  produise  pas, 
parce  cpie  l'énergie  mécanique  nécessaire  pour  le  produire  est  alors  supé- 
rieure à  celle  que  la  voix,  humaine  peut  déployer. 

»  L'autre  espèce  de  résonance  est  beaucoup  plus  intense  et  d'une  tona- 
lité beaucoup  plus  grave  :  c'est  celle  de  la  masse  d'air  renfermée  dans  la 
boîte  même  du  téléphone.  En  effet,  pour  faire  disparaître  cette  sonorité 
vague  dans  laquelle  s'estompent  en  quelque  sorte  les  inflexions  variées  du 
timbre  des  mots,  il  suffit  de  ne  laisser  au-dessous  du  diaphragme  qu'une 
chambre  à  air  très  petite,  ce  qu'on  obtient  par  exemple  en  garnissant  de 
feutre  l'intérieur  du  téléphone. 

»  Ainsi,  à  part  ce  dernier  inconvénient  qu'on  surmonte  si  aisément,  on 
voit  que  les  causes  d'altérations  dans  la  reproduction  téléphonique  de  la 
parole  articulée  peuvent  être  considérablement  atténuées,  sinon  détruites 
complètement,  et  cela  par  un  seul  moven  très  simple,  le  même  pour  toutes, 
qui  consiste  à  n'employer  que  des  diaphragmes  à  son  fondamental  aigu, 
soit  qu'ils  aient  une  grande  épaisseur  et  un  grand  diamètre,  soit  qu'ils 
aient  un  petit  diamètre  et  une  faible  épaisseur. 

»  De  plus,  dans  ces  conditions,  en  même  temps  qu'on  obtient  beaucoup 
de  netteté  dans  la  reproduction  de  la  parole,  on  satisfait  aux  conditions 
nécessaires  pour  avoir  dans  le  téléphone  une  intensité  suffisante  ('  ),  cir- 
constance très  heureuse,  parce  que  les  deux  qualités,  netteté  et  intensité, 
sont  indispensables  à  la  fois  dans  le  téléphone,  et  qu'elle  permet  ainsi 
d'approcher  de  la  perfection  dans  la  construction  d'un  instrument  aussi 
délicat  qu'il  est  merveilleux.  » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —   Recherches  sur  l'huile  pour  rouge. 
Note  de  M.  Scheurek-Kestxer. 

«  L'huile  pour  rouge,  dérivé  sulfoné  de  l'oléine,  et  surtout  de  celle  de 
l'huile  de  ricin,  sert,  dans  la  teinture  et  l'impression  du  coton,  en  rouge 
d'alizarine,  à  aviver  les  nuances  obtenues  avec  les  sels  d'alumine. 

»  Malgré  plusieurs  Travaux  importants,  publiés  sur  sa  composition, 
celle-ci  paraît  encore  incertaine.  Des  auteurs  y  font  intervenir  la  glycé- 
rine, que  d'autres  refusent  de  considérer  comme  formant  partie  intégrante 
de  l'huile  ayant  les  propriétés  avivantes  qui  motivent  son  emploi. 


(')  Voir  Comptes  rendus,  t.  GXII,  pi  97. 


(   i59  ) 

»  D'un  autre  côté,  si  l'on  est  d'accord  pour  reconnaître  que  l'huile  ren- 
ferme principalement  un  acide  sulfoné,  on  n'est  pas  bien  fixé  sur  la  nature 
des  acides  gras  cpii  l'y  accompagnent,  et  surtout  sur  le  rôle  qu'ils  y 
jouent. 

»  Mes  recherches  ont  porté,  exclusivement,  sur  l'huile  ou  acide  sulfo- 
gras  dérivé  de  l'huile  de  ricin,  et  provenant  de  l'action  de  l'acide  sulfu- 
riquc  monohydraté  sur  elle.  Le  composé  sulfogras  obtenu  ainsi  est  d'une 
nature  assez  complexe,  mais  il  renferme  en  majeure  partie  de  l'acide 
sulforicinoléique,  dans  lequel,  comme  l'ont  montré  MM.  Benedikt  et 
Ulzer,  le  groupe  sulfoniquc  est  lié  au  noyau  par  l'oxygène,  et  non  par 
le  carbone,  suivant  l'hypothèse  de  M.  Muller  Jacobs;  mais,  à  côté  de 
l'acide  sulfoconjugué,  ïhuile  pour  rouge  renferme  des  acides  gras  prove- 
nant de  la  décomposition  ou  de  la  transformation  de  la  combinaison  sul- 
fonée,  et  se  produisant  en  plus  ou  moins  grandes  quantités,  suivant  les 
conditions  dans  lesquelles  on  a  fait  le  lavage  par  l'eau  du  produit  brut; 
c'est  ce  que  mes  recherches  actuelles  ont  établi  ;  ces  acides  gras,  non 
sulfonés  ou  désulfonés,  ont  été  décelés  par  tous  les  auteurs  qui  s'en  sont 
occupés,  mais  sans  qu'on  soit  arrivé  à  en  déterminer  exactement  la  na- 
ture, ni  le  mode  de  formation. 

»  M.  Juillard  ('),  tout  récemment,  a  reconnu,  dans  un  travail  remar- 
quable, que  ces  acides  renferment  des  corps  polymérisés  par  l'action  de 
l'acide  sulfurique.  Suivant  lui,  l' huile  pour  rouge  se  composerait  d'acide 
sulforicinoléique,  accompagné  d'acides  polyricinoléiques  dont  la  conden- 
sation pourrait  aller  jusqu'à  l'acide  pentaricinoléique. 

»  La  publication  du  Mémoire  de  M.  Juillard  est  venue  au  moment  où, 
m'occupant  de  cette  question  depuis  plus  d'une  année,  j'étais  arrivé  à  des 
conclusions  dont  certaines  concordent  avec  les  siennes,  mais  dont  d'autres 
leur  sont  étrangères. 

»  J'ai  constaté  la  présence,  dans  Y  huile  pour  rouge,  d'acides  polymé- 
risés; mais  il  ne  m'est  pas  arrivé  d'avoir  affaire  à  des  substances  aussi 
condensées  que  celles  qu'indique  M.  Juillard.  Cette  différence  est  à  attri- 
buer à  l'emploi  qu'a  fait  M.  Juillard  du  chlorure  de  sodium,  pour  obtenir 
la  séparation  du  composé  sulfogras  et  des  eaux  de  lavage;  en  présence  de 
l'acide  sulfurique  qu'elles  renferment,  il  s'est  formé  de  l'acide  chlorhy- 
drique,  dont  la  puissance  de  polymérisation  a  été  reconnue  par  M.  Juil- 
lard lui-même. 

(')  Archives  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Genève,  août  1890. 


(   i6o) 

»  J'ai  pris  le  soin  d'écarter  l'emploi  de  ce  corps,  et  je  suis  parvenu  à  le 
remplacer  avantageusement  par  le  sulfate  de  sodium,  qui  a  les  mêmes  pro- 
priétés au  point  de  vue  de  la  précipitation,  et  a  l'avantage  de  ne  pas  intro- 
duire, dans  le  système,  de  corps  étrangers  capables  d'agir  sur  la  compo- 
sition de  X huile. 

»  J'ai  évité  toute  application  de  la  chaleur,  qui  a  l'inconvénient  de 
décomposer  plus  ou  moins  ces  substances. 

»  En  résumé,  je  suis  arrivé  aux  conclusions  suivantes  :  Y  huile  pour  rouge 
est  formée  d'acide  sulforicinoléique,  composé  stable  et  régulier  à  la  tem- 
pérature ordinaire;  cet  acide  y  est  accompagné  d'acides  polyriciniques, 
dont  la  condensation  va  jusqu'à  l'acide  diricinique;  les  poids  moléculaires 
que  j'ai  trouvés,  par  la  méthode  de  M.  Raoult,  en  emplovant  la  substance 
à  l'état  de  dissolution  dans  l'acide  acétique,  indiquent  un  mélange  d'acides 
mono  et  diricinique;  le  composé  sulfogras  est  hydraté;  à  l'état  hydraté,  il 
est  stable;  il  perd  son  eau  complètement  vers  1200  et  devient  insoluble; 
il  se  dédouble  en  acide  sulfurique  hydraté  et  acide  huileux. 

»  Au  point  de  vue  tinctorial,  j'ai  reconnu  un  fait  important  :  c'est  que 
le  composé  sulfoné  donne  les  nuances  tirant  sur  le  jaune,  tandis  que  les 
acides  gras  polymérisés  donnent  la  nuance  carminée  tirant  sur  le  bleu.    » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Sur  la  production  expérimentale  de 
l'exophthalmie.  Note  de  M.  H.  Stillixg  (de  Lausanne)  ,  présentée 
par  M.  Charcot. 

«  On  a  rarement  tenté  de  se  rendre  compte,  par  voie  expérimentale,  de 
la  genèse  de  l'exophtlialmie.  Je  ne  parlerai  pas  des  expériences  peu  con- 
cluantes de  M.  Filehne  (Sitzungsber.  derphysic.  med.  Socielàl  zuErlangen, 
1879),  qui  affîme  avoir  produit  chez  le  lapin,  par  une  lésion  du  corps 
restiforme,  les  symptômes  de  la  maladie  de  Basedow;  car  les  recherches 
de  M.  Durdufi  {Deutsche  med.  Wochenschrift,  1887),  destinées  à  vérifier 
les  faits  avancés  par  l'auteur  précité,  n'ont  abouti  qu'à  des  conclusions 
peu  décisives. 

»  Les  expériences  de  M.  Boddaert  (Compte  rendu  du  Congrès  périodique 
international,  Bruxelles,  1876),  qui  avaient  précédé  les  publications  sus- 
mentionnées, n'ont  pas  fait  plus  d'impression  sur  le  public  médical. 
Vulpian  (Leçons  sur  l'appareil  vasomoleur,  t.  II,  p.  637)  les  a  sévèrement 
jugées.  En  effet,  M.  Boddaert  crée  des  conditions  par  trop  complexes.  Il 


(  i6i  ) 

lie  sur  le  lapin  les  quatre  veines  jugulaires  au  bas  du  cou  et  il  sectionne 
en  même  temps  les  deux  cordons  sympathiques  cervicaux.  Le  résultat 
obtenu  est  une  exophthalmie  double  très  marquée  qui  peut  durer  pendant 
plusieurs  jours. 

»  Ce  résultat  est  exact.  Mais  il  faut  convenir  avec  Vulpian  qu'il  n'a  pas 
de  relation  avec  la  pathogénie  de  l'exophthalmie  dans  la  maladie  de  Ba- 
sedow,  dans  laquelle  on  ne  suppose  en  effet  que  la  lésion  d'un  seul  sympa- 
thique, si  lésion  du  sympathique  il  y  a. 

»  En  la  répétant,  j'ai  donc  varié  l'expérience  en  question.  Je  me  suis 
borné  à  faire  la  ligature  des  deux  veines  jugulaires  externes,  et  je  n'ai  sec- 
tionné le  cordon  sympathique  que  d'un  seul  côté. 

»  L'opération  est  suivie  d'un  œdème  plus  ou  moins  considérable  de  la 
face.  La  muqueuse  nasale  se  tuméfie  aussi,  de  sorte  que  l'animal  soumis  à 
l'expérience  a  beaucoup  de  peine  à  respirer.  De  plus,  on  observe  presque 
toujours  du  larmoiement  des  deux  côtés  et  une  exophthalmie  double  très 
considérable.  La  troisième  paupière  fait  une  forte  saillie;  le  globe  oculaire 
est  dévié  un  peu  vers  le  haut.  La  pupille  ne  présente  rien  d'anormal  du 
côté  où  le  sympathique  est  intact. 

»  L'œdème  et  la  gêne  de  la  respiration  disparaissent  vite;  le  lendemain 
de  l'opération  on  ne  les  remarque  plus.  Mais  l'exophthalmie  persiste,  une 
semaine  en  général;  une  fois  même  elle  a  duré  dix  jours.  Puis  elle  cesse 
aussi.  Elle  reparaît  momentanément  lorsqu'on  effraye  le  lapin,  lorsqu'on 
le  prend  par  les  oreilles.  Mais  après  une  dizaine  de  jours  on  ne  remarque 
sur  les  animaux  opérés  plus  rien  d'anormal  que  les  effets  persistants  de  la 
section  du  sympathique. 

»  Le  fait  que  l'exophthalmie  est  plus  accentuée  du  côté  où  le  sym- 
pathique est  coupé  me  semble  digne  de  remarque.  Cela  s'expliquerait  fa- 
cilement par  la  paralysie  du  muscle  orbitaire  de  Millier  (causée  par  la 
section  du  sympathique),  si  la  simple  ligature  des  deux  veines  jugulaires 
externes  produisait  une  exophthalmie  quelque  peu  accentuée.  Mais  l'exo- 
phthalmie qui  suit  la  ligature  des  veines  jugulaires  est  moins  prononcée  et 
disparait  beaucoup  plus  vite  que  l'exophthalmie  produite  par  la  même  opé- 
ration compliquée  de  la  section  unilatérale  du  grand  sympathique.  Puis  il 
me  semble,  comme  M.  Boddaert  l'a  remarqué,  que  la  simple  ligature  des 
veines  ne  provoque  pas  toujours  la  saillie  de  l'œil. 

»  R.  Lovver,  qui  le  premier  a  étudié  les  suites  de  la  ligature  des  veines 
jugulaires,  aurait  certainement  parlé  de  ce  phénomène.  N'a-t-il  pas  très 


(  i6?  ) 

bien  décrit  l'œdème,  le  larmoiement  et  la  gfêne  de  la  respiration  (sym- 
ptôme qui  paraît  avoir  échappé  à  M.  Boddaert)? 

»  Il  paraît  même  que  le  rétablissement  de  la  circulation  collatérale  ren- 
contre plus  de  difficulté  chez  le  chien  (sur  lequel  Lower  fit  son  expérience) 
que  chez  le  lapin.  Car  l'animal  opéré  par  l'illustre  physiologiste  périt  au 
bout  de  deux  jours  :«  intra  duosdies  canis  quasi  angina  suffocatus  interiit  ». 
(R.  Lower,  Traclatus  de  corde,  Chap.  II.) 

»  Ce  sont  bien  la  dilatation  et  l'engorgement  des  Aeines  rétrobulbaires 
qui  poussent  le  globe  oculaire  hors  de  l'orbite.  Le  tissu  adipeux,  les  glandes 
orbitaires  ne  me  semblent  pas  altérés.  Une  fois,  après  cpie  l'cxophthalmie 
avait  duré  dix  jours,  j'ai  observé  dans  les  muscles  oculaires  des  fibres  plus 
opaques  qui  avaient  perdu  la  striation  et  qui  montraient  de  nombreuses 
granulations  fines.  Peut-être  la  stase  veineuse  quelque  peu  persistante,  en 
amenant  des  dégénérescences  dans  les  muscles,  rend-elle  l'exophthalmie 
durable. 

»  J'ajouterai  que  la  section  du  sympathique  cervical  .doit  être  pratiquée 
assez  bas.  L'extirpation  du  ganglion  cervical  supérieur  n'accentue  pas 
l'exophthalmie  causée  par  la  ligature  des  veines  jugulaires. 

»  Le  fait  que  la  section  unilatérale  du  sympathique  renforce  des  deux 
côtés  l'effet  de  la  ligature  veineuse  n'est  pas  facile  à  expliquer;  mais  ir  me 
semble  mériter  l'attention  des  pathologistes.  Le  rapport  qu'on  pourrait  y 
voir  avec  le  symptôme  si  caractéristique  de  la  maladie  de  Basedow  est  digne 
d'intérêt.  » 


ANATOMIE  ANIMALE.  —  De  la  variation  du  bassin  chez  le  Cachalot. 
Note  de  MM.  G.  Pouchet  et  H.  Beairegard. 

«  Nous  avons  profité  du  dernier  échouement  d'un  Cachalot  sur  la  côte 
française,  à  l'île  de  Ré  ('  )  (janvier  1890)  pour  étudier  sur  place  la  dispo- 
sition des  os  pelviens. 

»  Disons  de  suite  que  les  conditions  dans  lesquelles  a  été  fait  in  situ,  par 
l'un  de  nous,  le  croquis  d'après  nature  du  bassin,  ne  laissent  aucun  doute 
sur  l'orientation  des  parties  osseuses  enlevées  ensuite  et  préparées  à  loisir. 

(l)  Voir  Comptes  rendus.  3i  mars  1890,  et  Bulletin  de  la  Soc.  de  Biologie,  8  fé- 
vrier 1890. 


(   i63  ) 

Elles  se  composent,  de  chaque  coté,  d'un  ischion  volumineux,  triangulaire, 
excavéen  dehors,  légèrement  tordu  sur  lui-même  et  dont  le  bord  postérieur 
élargi  s'articule  par  synchondrose  avec  le  dernier  os  d'une  chaîne  de  deux 
os  soudés,  qui  se  place  parallèlement  à  l'axe  de  l'ischion  lui-même  devant 
l'excavation  de  sa  face  ventrale. 

»  Le  bassin  des  cétodontes  avait  été  décrit  jusqu'à  ce  jour  comme  ne 
comprenant  de  chaque  côté  qu'un  seul  os.  La  présence  de  deux  os  à  droite 
et  à  gauche  chez  le  Cachalot,  signalée  par  Wall,  demeurait  douteuse 
(Flower,  P.  Gervais)  ou  même  n'était  point  acceptée  (van  Beneden,  1888). 
Le  squelette  de  l'île  de  Ré  que  nous  avons  recueilli  pour  le  cabinet  d'Ana- 
tomie  comparée  du  Muséum  nous  présente  trois  os  de  chaque  côté,  comme 
chez  les  vraies  Baleines,  mais  avec  cette  différence  que  la  chaîne  des  deux 
os  soudés  est  appuyée  sur  le  bord  postérieur  de  l'ischion  et  non  vers  son 
extrémité  antérieure. 

»  Ces  rapports  de  position  rendent  encore  plus  incertaine  l'homologie 
de  ces  deux  derniers  os,  où  l'on  peut  voir  indifféremment  les  rudiments 
d'un  membre,  d'un  bassin  complet,  ou  même  d'os  marsupiaux.  La  phylo- 
génie  absolument  inconnue  des  Cétacés  laisse  le  champ  ouvert  à  toutes  les 
suppositions. 

»  Les  deux  ischions  de  notre  squelette  de  l'île  de  Ré  présentent  une 
asymétrie  remarquable  et  qui  pourrait  faire  douter,  en  toute  autre  circon- 
stance, qu'ils  proviennent  du  même  animal.  On  sait,  et  nous  avons  insisté 
ailleurs  sur  ce  point,  que  les  Cétacés,  même  symétriques,  comme  les  Ba- 
lsenides,  offrent  de  fréquents  exemples  de  cette  dissemblance  du  sque- 
lette d'un  côté  à  l'autre. 

»  Nous  reportant  aux  descriptions  antérieurement  données  du  bassin 
osseux  du  Cachalot,  nous  relevons  quatre  formes  très  différentes,  que  peut 
présenter  chez  cette  espèce  l'os  ischion  : 

»  i°  Forme  qu'on  pourrait  appeler  en  houlette.  C'est  celle  que  présentent  les  deux 
squelettes  de  mâle  et  de  vieille  femelle  provenant  des  Açores  et  donnés  au  Muséum 
par  le  Conseil  municipal  de  Paris.  (Voy.  JVom'.  Arch.  du  Muséum,  3G  série,  t.  I, 
PI.  V,  fig.  10  et  11.)  Donc  le  sexe  n'a  ici  aucune  influence.  On  peut,  semble-t-il,  rap- 
porter à  la  même  variété  le  bassin  de  l'animal  éclioué  dans  la  baie  de  Botany,  décrit  et 
figuré  par  Wall. 

»  20  Forme  sigmoïde  (Flower).  C'est  celle  du  bassin  de  l'individu  de  ïasmanie, 
décrit  par  l'anatomiste  anglais,  et  de  deux  autres  os  pelviens  qu'il  figure  également.  Us 
présentent  tous  vers  le  milieu  de  leur  longueur  une  apophyse  saillante. 

»  3°  Forme  arquée.  Très  nette  sur  l'os  pelvien  de  Cachalot  portant  dans  la  collée- 


(  i64  ) 

lion  huntérienne  le  n°  2460  el  dont  le  cabinet  d'Anatomie  comparée  possède  un  mou- 
lage. Apophyse  très  saillante  vers  la  moitié  de  la  longueur  de  l'os. 
»  4°  Forme  triangulaire,  offerte  par  notre  Cachalot  de  l'ile  de  Ré. 

»  Sur  un  fœtus  de  Cachalot,  long  de  im,3o,  nous  trouvons  l'ischion 
cartilagineux  servant  d'attache  à  la  fois  aux  muscles  du  bulbe  uréthral  et 
à  un  muscle  ischio-coccvgien.  Mais  nous  trouvons,  en  plus,  couché  oblique- 
ment sur  lui  ou  plutôt  sur  son  bord  externe,  un  nodule  cartilagineux 
plongé  dans  le  tissu  lamineux  et  donnant  attache  de  son  côté  à  quelques 
courtes  fibres  musculaires.  Ce  nodule,  dont  le  grand  axe  est  oblique,  occupe 
donc  une  situation  telle  que,  si  elle  avait  dû  se  maintenir  chez  l'adulte, 
elle  eût  constitué  une  cinquième  variété  à  ajouter  aux  précédentes. 

»  Depuis  longtemps,  nous  avons  à  diverses  reprises  (voy.  Ostéologie 
comparée,  introduction)  et  en  en  donnant  les  raisons,  insisté  sur  ce  qu'il  y 
a  de  vain  à  rechercher  dans  les  organes  internes  les  caractères  propres  à 
distinguer  ce  qu'on  appelle  l'espèce  zoologique.  Le  but  de  cette  Note  est 
surtout  d'appuyer  d'un  exemple  nouveau,  et  qui  nous  semble  particulière- 
ment concluant,  une  opinion  peu  en  faveur  jusqu'ici  près  des  zoologistes 
classificateurs.   » 


PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  les  caractères  de  la  faune  conchyliologie/ ue  terrestre 
et  jlunalde  récemment  éteinte  du  Sahara.  Note  de  M.  P.  Fischer,  pré- 
sentée par  M.  Albert  Gaudry. 

«  La  faune  conchyliologique  de  l'extrême  sud  de  nos  possessions  algé- 
riennes est  complètement  inconnue,  soit  parce  qu'elle  a  été  négligée  par 
les  explorateurs,  soit  à  cause  des  conditions  climatériques  de  cette  région 
et  de  l'absence  de  cours  d'eaux  ou  de  lacs  d'une  certaine  importance. 

»  M.  J.  Dybowski,  qui  a  exploré  en  1890  les  environs  d'El  Goléah  et 
principalement  la  localité  d'Ouellen  située  à  35km  au  sud  d'El  Goléah,  a 
rapporté  une  collection  de  Mollusques  terrestres  et  iluviatiles  trouvés  à 
l'état  subfossile,  à  la  surface  de  bas-fonds  aujourd'hui  desséchés. 

»  Ces  Mollusques  très  nombreux  en  individus  appartiennent  aux  es- 
pèces suivantes  : 

»  Succinea  Pfcifferi,  Rossmàssler  ;  S.  nov.  sp.,  espèce  du  groupe  du  5.  longiscata, 
Morelet  ;  Limnœa  palustris.  Millier;  L.  truncatula,  Millier  ;  L.  nov.  sp.:  Planorbis 
Metidjensis,  Forbes  ;  P.  Rollandi,  Morlet  ;  Bulinus  Brocchii,  Ehrenberg  ;  B.  con- 
tortuSj  Michaud  ;  B.  nov.  sp.;  Melania  tuberculata,  Millier. 


(  .65  ) 

»  L'ensemble  de  cette  faune  aujourd'hui  éteinte  dans  la  vallée  d'El 
Goléah  indique  qu'au  moment  où  elle  s'est  déposée  il  existait  alors  de 
vastes  étangs  ou  marécages  dans  lesquels  prospéraient  des  Mollusques 
d'eau  douce  dont  la  taille  rappelle  celle  des  plus  beaux  spécimens  des 
étangs  de  l'Europe.  Ces  étangs  sahariens  avaient  une  assez  large  disper- 
sion, d'après  la  liste  des  localités  visitées  par  M.  Dybowski. 

«  On  peut  donc  considère:-  comme  établi  par  la  Paléontologie  ce  fait 
que  le  Sahara  a  changé  d'aspect  depuis  la  période  géologique  la  plus 
récente.  Il  s'est  desséché  progressivement  et  a  perdu  une  partie  de  sa 
faune  lacustre,  puisque  trois  des  espèces  de  Mollusques  signalées  ci-dessus 
ne  sont  pas  connues  aujourd'bui  à  l'état  vivant.  J'ajouterai  que  l'examen 
de  coquilles  recueillies  dans  les  mêmes  conditions  par  le  lieutenant  L.  Say, 
près  de  Temacinin  à  environ  ioo  lieues  au  sud-est  d'El  Goléah,  conduit  ;'; 
des  conclusions  identiques  et  que  j'y  ai  trouvé  à  l'état  subfossile  uneespt 
de  Corbicula  (C.  Saharica,  Fischer),  genre  caractéristique  des  rivières  et 
des  lacs  de  l'Egypte  et  de  l'Orient. 

»  L'analyse  de  la  faune  conchyliologique  subfossile  de  la  vallée  d'El 
Goléah  montre  ses  affinités  incontestables  avec  la  faune  actuelle  do  l'Al- 
gérie et  de  la  Tunisie  à  peu  de  distance  du  littoral.  Quelques  espèces  citées 
ci-dessus  (Succinea  Pfei(feri,  Limncva  palustri^,  L.  truncatula,  Dulinus  con- 
tortus)  sont  même  européennes,  et  aucune  d'elles  n'appartient  à  un  type 
africain  proprement  dit,  c'est-à-dire  à  cette  grande  faune  étendue  depuis 
le  bassin  du  Niger  jusqu'au  voisinage  du  Cap. 

»  Par  conséquent,  la  faune  conchyliologique  terrestre  et  fluviatile  d'El 
Goléah  à  i5o  lieues  du  littoral  algérien  et  celle  de  Temacinin  à  2do  lieues 
du  même  littoral  ne  sont  qu'une  dépendance  de  la  région  zoologiqu  ■ 
circaméditerranéenne  dont  M.  E.  Blanchard  a  montré  l'autonomie. 

»  Ces  résultats,  établis  d'après  l'étude  de  matériaux  eonchyliologïques, 
n'impliquent  nullement  une  pareille  conclusion  pour  les  autres  animaux 
du  Sahara.  Nous  savons  aujourd'hui  que  les  divisions  de  géographie  zoolo- 
gique fixées  d'après  la  présence  d'animaux  sédentaires  comme  les  Mol- 
lusques ne  concordent  pas  toujours  avec  celles  qu'on  peut  proposer  en  se 
fondant  sur  l'existence  d'animaux  dont  l'aptitude  au  vol  (Oiseaux,  Insectes), 
ou  la  rapidité  de  la  locomotion  (Mammifères  ruminants  et  solipèdes)  mo- 
difient singulièrement  l'aréa  de  dispersion. 

»  Il  serait  extrêmement  important,  au  point  de  vue  de  la  géographie 
zoologique,  qu'une  exploration  scientifique  pût  être  dirigée  dans  les  mon- 
tagnes du  Hoggar  occupées  par  les  Touaregs.  C'est  là  sans  doute  que  l'on 

C.  R.,  1S91,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N«  3.)  22 


(  i66) 

trouvera  la  ligne  de  partage  de  la  faune  circaméditerranéenne  et  de  la 
faune  africaine  proprement  dite. 

»  M.  Dybowski  n'a  pas  recueilli  à  El  Goléah  même  le  Cardium  edule 
Linné,  Mollusque  d'origine  marine,  caractéristique  des  Chotts,  des  Dayas 
et  des  Sebkhas  du  sud  de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie  ;  mais  il  en  a  trouvé 
des  valves  près  de  Hassi-el-Hadjer,  à  moitié  route  entre  Ouargla  et  El 
Goléah.  Ces  valves  sont  semblables  à  celles  des  Chotts  El  Djérid,  Mel'rir 
et  des  environs  d'Ouargla  que  j'ai  examinées  d'après  les  communications 
de  Roudaire,  de  P.  Bert  et  de  G.  Rolland  ;  elles  sont  minces,  rostrées  et 
d'assez  petite  taille. 

»  Le  Cardium  edule,  qui  n'existe  plus  aujourd'hui  sur  aucun  point  de 
l'intérieur  de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie,  a  vécu  à  une  époque  relativement 
peu  ancienne  dans  des  étangs  où  il  était  associé  à  des  Mollusques  d'origine 
lacustre  ou  fluviatile  (Me/ania,  Melanopsis,  Planorbis,  Bulinus,  etc.).  Il  est 
parconséquenlcaractéristiquede  la  période  géologique  à  laquelle  C.  Mayer 
a  donné  le  nom  d'étage  saharien.  Son  existence  sur  les  points  les  plus 
éloignés  du  Sahara  et  aux  altitudes  les  plus  diverses  est  due  à  une  acclima- 
tation accidentelle  ;  et  son  extinction  provient  vraisemblablement  du  des- 
sèchement et  de  l'excès  de  salure  des  eaux  dans  lesquelles  il  a  pullulé. 
Jamais,  en  effet,  la  mer  n'a  pénétré  dans  le  Sahara  depuis  la  fin  de  la 
période  crétacée  ;  jamais  elle  n'y  a  laissé  une  coquille  franchement  marine. 

»  A  El  Goléah,  M.  J.  Dybowski  a  reconnu  des  affleurements  crétacés 
contenant  les  fossiles  suivants  :  Neolobites  Vibrayeanus  d'Orbigny;  Strombus 
aff.  inornatus  d'Orbigny  ;  Cerithium  aff.  Tenouklense  Coquand  ;  Lima  aff. 
Grenieri  Coquand  ;  Janira  aff.  phaseola  d'Orbigny  ;  Ostrea  proboscidea 
d'Archiac.  Il  y  a  là  un  mélange  de  formes  connues  dans  divers  horizons  de 
la  craie  supérieure  ;  mais  il  est  évident  que  la  craie  d'El  Goléah,  qui  a  été 
étudiée  déjà  avec  soin  par  M.  G.  Rolland,  est  le  prolongement  dans  le  sud 
du  plateau  crétacé  du  Mzab.   » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  blaslogénëse  chez  les  lan'es  r/'Astellium  spongiforme. 
Note  de  M.  A.  Pizon,  présentée  par  M.  Milne-Edwards. 

«   Les  larves  de  Diplosoma  Bayneri,  observées  par  Macdonald  ('),  ren- 
fermaient  deux   ascidiozoïdes  au  moment  de   leur  éclosion,  tandis  que 


i,1)  Trans.  of  the  Linnean  Society,  London,  i85ç). 


<  '67  ) 
celles  d' A  steltium  spon  gif orme  (Giard),  ÇDiplosoma  spongiforme,  v.  Drasche) 
en  renfermeraient  trois  d'après  M.  Giard,  et  cinq  ou  six  à  peu  près  com- 
plètement développés  quelques  heures  après  la  fixation  ('  ). 

»  Je  me  suis  demandé  si  de  telles  différences  existaient  réellement  entre 
les  diverses  espèces  de  Diplosomiens  et  j'ai  suivi  le  développement  des 
larves  d' Astellium  spongiforme  pendant  un  certain  nombre  de  jours  à  partir 
de  leur  éclosion.  Il  allait  sans  dire  que  ces  observations  de  contrôle  ne 
pourraient  avoir  de  valeur  qu'autant  que  je  m'adresserais  exactement  au 
même  Astellium  spongiforme  qu'a,  observé  M.  Giard.  J'ai  donc  apporté  le 
plus  grand  soin  â  mes  déterminations;  et,  preuve  indirecte  de  l'exactitude 
de  celles-ci,  les  larves  que  j'ai  gardées  en  observation  étaient  absolument 
identiques  à  celles  que  M.  Giard  a  représentées  Pi.  XXVI,  t.  1,  des  Archives 
de  Zoologie  expérimentale. 

»  Elles  présentaient  l'oozoïte  primitif  avec  sa  vésicule  des  sens,  le  pre- 
mier blastozoïte  et  la  masse  brunâtre  que  M.  Giard  désigne  par  P  dans  la 
figure  susmentionnée,  et  qu'il  considère  comme  l'intestin  d'un  second 
blastozoïte. 

•>  Mes  recherches  m'ont  conduit  aux  résultats  suivants  : 

»  i°  Des  larves  examinées  aussitôt  après  l'éclosion  ne  présentent  rien 
qui  puisse  être  considéré  comme  le  sac  branchial  d'un  deuxième  blas- 
tozoïte dont  I3  serait  l'intestin  primitif. 

»  2°  Si  la  masse  brune  I3  était  réellement  un  intestin  rudimentaire,  cet 
intestin  devrait  se  développer  peu  à  peu,  en  même  temps  que  le  blastozoïte 
auquel  il  appartient. 

»  Or  I3  diminue  à  mesure  que  la  larve  avance  en  âge;  les  larves  à^res 
de  vingt-quatre  heures  en  présentent  encore  quelques  traces,  chez  celles 
de  quarante-huit  heures  il  n'existe  plus  du  tout. 

»  3°  Les  larves  âgées  de  vingt-quatre  heures  ne  présentent  que  deux 
ascidiozoïdes,  le  premier  étant  l'oozoïte  dont  j'ai  suivi  la  disparition  de  la 
vésicule  des  sens  et  la  dégénérescence  de  la  queue;  le  deuxième  constitue 
le  premier  blastozoïte. 

»  4°  Les  larves  âgées  de  quatre  jours  ne  présentent  encore  que  les 
deux  mêmes  ascidiozoïdes  placés  l'un  à  côté  de  l'autre,  les  ouvertures 
branchiales  diamétralement  opposées. 

»  Comme  conclusion,  la  larve  d' Astellium  spongiforme  ne  possède  que 
deux  ascidiozoïdes  au  moment  de  son  éclosion  et  non  pas  trois.  En  cela, 

(')  Archives  Zoolog.  expérimentale,  t.  I,  p.  68o. 


(  i68  ) 

elle  ne  diffère  pas  de  celles  du  Diplosoma  Rayneri  (Macdonald)  et  du 
Diplosoma  Kœhleri  (Lahille)  ('). 

»  Les  tubes  ectodermiques  qu'aurait  chaque  ascidiozoïde  dans  le  man- 
teau commun  ne  se  transforment  jamais  en  nouveaux  individus,  comme  l'a 
avancé  M.  Giard,  et,  par  suite,  les  cinq  ou  six  blastozoïtes  presque  com- 
plètement développés  qu'il  dit  avoir  observés  chez  les  larves  fixées  depuis 
sept  ou  huit  heures,  n'existent  pas. 

»  5°  L'étude  de  larves  âgées  de  vingt-huit  heures  faite  au  moyen  de  sé- 
ries de  coupes  au  ■—  a  confirmé  mes  observations  précédentes. 

»  De  plus,  ces  coupes  m'ont  montré  chez  le  premier  blastozoïte  un  di- 
verticule  très  court  (il  ne  s'observe  que  sur  cinq  coupes  successives)  formé 
aux  dépens  de  la  membrane  péribranchiale  et  qui  part  du  fond  du  sac  bran- 
chial, près  de  la  naissance  de  l'œsophage.  Tout  près  de  ce  premier  diverti- 
cule  s'en  trouve  un  second  moins  développé  et  qui  n'est  guère  encore 
qu'un  simple  épaississement  de  la  membrane  péritonéale  :  ce  sont  les  deux 
rudiments  du  second  blastozoïte  de  la  jeune  colonie  (2).  » 

Z      LOGIE.     -Sur  deux  Sporozoaires  nouveaux,  parasites  des  muscles  des 
Poissons.  Note  de  M.  P.  Tiiéloiiax  (3),  présentée  par  M.  Ranvier. 

«  Pendant  mon  séjour  au  laboratoire  de  Concarneau  en  1889  et  1890, 
mon  attention  fut  attirée  par  la  présence,  dans  les  muscles  du  Collas  scorpw 
et  du  Collionymus  fyra,  de  petites  taches  d'un  blanc  de  lait,  de  forme 
allongée,  mesurant  en  moyenne  5mra  à  6mm  de  long  sur  imnx  ou  3mm  de 
lar^e.  L'examen  microscopique  me  montra  bientôt  qu'il  s'agissait  de  deux 
formes  nouvelles  de  sporozoaires. 

»  Si,  en  effet,  on  dilacère  une  de  ces  petites  tumeurs,  on  trouve  dans  le 
contenu  des  petits  corps  ovoïdes  très  semblables  aux  spores  du  parasite 
de  la  peau  de  l'Épinoche  signalé  par  Glugc  ;  en  1 838  et  que  l'on  rap- 
porte en  général  aux  Myxosporidies  ;  "  ).  J'ai  déjà  dans  un  travail  précé- 
dent donné  les  caractères  de  ces  dernièi 

(')  Comptes  rendus,  t.  Cil;  1886. 

(:)  Ce  travail  a  été  fait  dans  le  laboratoire  de  Malacologie  du  .Muséum. 

1  Travail  fait  au  laboratoire  de  M.  le  professeur  Balbiani  au  Collège  de  Fiance. 
(  '  )  Comptes  rendus  de  l'Académie  royale  de  Belgique;  i838. 

1  Balbiani,  Leçons  sur  les  Sporozoaires;  i884- 

)  TnÊLOuAN,   Contributions  à   l'étude  des    Vf      '•>  iri  '.';'■  "  (Annales  de  Micro- 
graphie; 1890". 


(   i*9  ) 

»  Sur  des  coupes  du  tissu  musculaire  infecté,  on  s'aperçoit  que  les  pa- 
rasites du  Coltus  et  du  Callionymm  ont  leur  siège  à  l'intérieur  même  des 
fibres  primitives,  mais  en  même  temps  on  constate  entre  eux  des  diffé- 
rences très  nettes. 

»  Chez  le  Cottus,  on  trouve  la  fibre  primitive  augmentée  de  volume,  et 
comme  bourrée  de  petits  kystes  sphériques  de  i5a  de  diamètre  environ. 
Ces  petites  sphères,  entourées  d'une  mince  enveloppe  transparente,  sont 
disposées  sans  ordre,  et  interposées  aux  fibrilles  qui  s'écartent  et  se  con- 
tournent pour  les  loger  dans  leurs  interstices,  sans  jamais  présenter 
d'altération  dans  leur  structure  et  sans  qu'on  cesse  d'observer  nettement 
leur  striation. 

»  Dans  certains  de  ces  kystes,  on  trouve  les  corpuscules  ovoïdes  ou 
spores  dont  j'ai  parlé  :  elles  mesurent  environ  3a  de  long  sur  r,5  à  2a  de 
large.  Comme  dans  celles  du  parasite  de  l'Epinoche,  on  trouve  à  leur  grosse 
extrémité  un^  partie  réfractaire  à  l'action  des  réactifs  colorants  ;  le  reste 
de  la  spore  renferme  une  petite  masse  plasmique  et  un  corps  qui  semble 
représenter  l'élément  nucléaire  delà  spore;  il  se  colore  fortement  par  les 
réactifs  et  dans  certains  cas  on  peut  le  décomposer  en  granules  dont  le 
nombre  peut  s'élever  à  quatre. 

»  Dans  d'autres  kystes,  évidemment  moins  avancés  dans  leur  évolution, 
on  observe  un  amas  de  petits  globules  plasmiques  qui  mesurent  2,5  à  3  a 
de  diamètre;  à  leur  centre  se  trouvent  un  ou  plusieurs  grains  colorés  re- 
présentant un  noyau.  Chacun  de  ces  petits  globules  est  destiné  à  former 
une  spore. 

»  Dans  les  fibres  envahies  par  le  parasite,  j'ai  observé  entre  les  fibrilles 
de  petits  corps  composés  d'une  petite  masse  de  plasma,  dépourvue 
d'enveloppe,  et  d'un  noyau.  Ils  présentent  en  moyenne  (\u.  dans  leur 
grand  diamètre  et  2,5  à  3a  de  largeur.  Il  faut,  je  crois,  les  considérer 
comme  la  première  phase  du  développement  du  parasite.  Je  n'exprime 
toutefois  cette  opinion  qu'avec  réserve,  n'ayant  pas  observé  une  série  suffi- 
sante de  transitions  entre  ces  éléments  et  les  kystes  plus  âgés  pour  être 
absolument  affirmatif.  Cependant,  j'ai  observé  de  petites  masses  plasmi- 
ques renfermant  plusieurs  noyaux,  qui  me  semblent  représenter  un  stade 
intermédiaire  entre  les  éléments  que  je  viens  de  décrire  et  la  phase  à  glo- 
bules plasmiques  dont  j'ai  parlé  plus  haut. 

»  Chez  le  Callionyme,  le  siège  du  parasite  est  encore  la  fibre  primitive, 
mais  il  se  présente  sous  un  aspect  tout  différent.  Ici,  en  effet,  on  n'a  plus 
une  série  de  petits  kystes  logés  entre  les  fibrilles,  mais  une  masse  parasi- 


(  i7°  ) 
taire  dépourvue  d'enveloppe,  et  dans  laquelle  j'ai  observé  des  spores  mûres 
et  d'autres  en  voie  de  développement. 

»  Les  spores  sont  un  peu  plus  petites  que  dans  l'espèce  précédente  et 
mesurent  2,5  à3p.  sur  ip.  à  i,5.  Leurs  caractères  sont  par  ailleurs  iden- 
tiques. A  côté  de  ces  spores  mûres,  j'ai  trouvé  une  phase  pins  jeune  sous 
forme  de  petits  globules,  avec  un  noyau  très  net,  tantôt  disposés  en  très 
grand  nombre  les  uns  contre  les  autres,  tantôt  isolés  par  groupes  de  quatre 
à  dix  ou  douze  dans  une  enveloppe  commune. 

»  Chez  le  Collus,  la  structure  des  fibrilles  reste  intacte,  comme  je  l'ai 
dit.  Ici,  au  contraire,  la  fibre  envahie  ne  tarde  pas  à  s'altérer,  son  contenu 
se  fragmente  et  tombe  bientôt  en  dégénérescence  vitreuse. 

»  En  1888,  M.  Henneguy  a  signalé  un  organisme  très  voisin  dans  les 
muscles  du  Palcemon  rectirostris  ('). 

»  A  ne  considérer  que  leur  siège,  ces  parasites  devraient  évidemment 
prendre  place  dans  l'ordre  des  Sarcosporidies;  mais  les  caractères  de 
leurs  spores  les  en  éloignent,  et  les  rapprochent  au  contraire  du  parasite 
signalé  par  M.  Henneguy  chez  le  Gobius  a/bus  (2)  et  de  celui  de  l'Epi- 
noche. 

»  Reprenant  l'étude  de  ce  dernier,  j'ai  été  assez  heureux  pour  rencon- 
trer un  kyste  en  pleine  évolution  et  pouvoir  suivre  à  peu  près  toutes  les 
phases  du  développement  des  spores  qui  n'avait  pas  encore  été  étudié.  On 
observe  dans  le  protoplasma  du  kyste  de  petits  globules  pourvus  d'un 
noyau  qui  s'entourent  d'une  mince  membrane,  se  divisent  et  finissent  par 
former  de  petites  sphères  remplies  d'éléments  arrondis  nucléés  très  nom- 
breux qui,  plus  tard,  donneront  des  spores. 

»  On  voit  que  ce  mode  de  développement  est  très  analogue  à  ce  que  j'ai 
observé  dans  les  deux  formes  que  j'ai  signalées  dans  celte  Note. 

»  Je  propose,  pour  le  parasite  de  l'Epinoche,  la  dénomination  de  Glu- 
gea  microspora  (nov.  gen.,  nov.  sp.),  rappelant  le  nom  du  savant  belge 
qui  l'a  découvert.  Autour  de  cette  espèce  se  groupent  le  parasite  du  Palce- 
mon rectirostris  de  M.  Henneguy  et  ceux  du  Cotte  et  du  Callionyme.  Ces  or- 
ganismes forment  un  petit  groupe  très  naturel,  rendu  intéressant  par  les 
affinités  multiples  qu'il  présente  avec  les  Myxosporidies,  les  Sarcospori- 
dies et  les  Microsporidies. 


(')  Henneguy,  Sur  un  parasite  des  muscles  du  Palcemon  rectirostris  (Mémoires 
du  centenaire  de  la  Société  pkilomatique,  p.  i63;  1888). 
(*)  Loc.  cit.,  p.  170. 


(  i7i  ) 
»   Je  me  propose,  d'ailleurs,  de  consacrer  à  ces  parasites  un  travail  plus 
étendu,  dans  lequel  un  exposé  plus  complet  de  mes  observations  me  per- 
mettra de  mieux  préciser  leurs  caractères  et  de  faire  ressortir  leurs  rap- 
ports avec  les  autres  Sporozoaires.  » 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  la  présence  du  nickel  natif  dans  les  sables  du  torrent 
Elvo  près  de  Biella  {Piémont).  Note  de  M.  Alfonso  Sella,  présentée  par 
M.  Daubrée. 

«  En  examinant  les  sables  aurifères  du  torrent  Elvo,  je  remarquai, 
parmi  les  produits  des  derniers  lavages  pratiqués  par  les  pécheurs  d'or, 
quelques  rares  grains  d'éclat  métallique,  ductiles  et  fortement  magné- 
tiques. Je  ne  saurais  mieux  caractériser  leur  aspect  extérieur  qu'en  les 
comparant  aux  grains  ou  aux  pépites  de  platine  natif. 

»  Ces  grains  sont  solubles  dans  l'acide  nitrique  et  chlorhydrique  dilués  (quoique 
non  trop  facilement  dans  ce  dernier)  et  donnent  lieu  à  la  formation  d'un  gaz;  dans  la 
solution  j'ai  constaté  seulement  la  présence  de  fer  et  de  nickel  (avec  cobalt).  Ils  décom- 
posent une  solution  de  chlorure  mercurique  en  laissant  un  dépôt  de  chlorure  mercu- 
reux;  ils  précipitent  l'or  des  solutions  de  chlorure  aurique,  mais  je  n'ai  pu  observer 
la  précipitation  de  cuivre  dans  une  solution  de  sulfate  de  cuivre. 

»  M'étant  procuré  par  une  recherche  extrêmement  pénible  près  d'un  décigramme 
de  substance,  je  passai  à  une  analyse  quantitative,  exécutée  grâce  à  l'obligeance  du 
directeur,  M.  Mattirolo,  dans  le  laboratoire  du  R.  Ufficio  Geologico  délie  Minière,  à 
Rome. 

»  Le  minéral  fut  dissous  dans  l'eau  régale;  la  séparation  du  fer  d'avec  le  nickel  fut 
obtenue  au  moyen  de  précipitations  répétées  par  l'ammoniaque. 

»  osr,i367  de  la  substance  fournirent  osr,o520  de  Fe203  correspondant  à  oer,o364 
de  Fe,  et  osr,i3o8  de  NiO  correspondant  à  osr,io28  de  Ni. 

»  L'oxyde  de  nickel  fut  redissous  dans  l'acide  chlorhydrique,  et  dans  la  solution  je 
pus  constater  nettement  la  présence  de  cobalt,  dont  la  détermination  quantitative  aurait 
été  certainement  possible,  si  j'avais  pu  disposer  d'une  quantité  plus  grande  de  matière 
première. 

»   Le  résultat  de  l'analyse  est  donc  : 

Nickel  contenant  du  cobalt 70,2 

Fer 26 , 6 


101,8 
»    Cette   composition    se   rapproche    beaucoup    de    celle    qui    correspond    à    l'ai- 


(  *72  ) 
liage  Ni3Fe,  qui  donne  le  70,9  pour  100  de  Ni  et  le  24,1  pour  100  de  Fe.  Il  serait 
cependant  prématuré  d'assigner  sans  autres  preuves  la  formule  Ni'Fe  au  minéral; 
car  il  y  a  raison  de  douter  que  tous  les  grains  aient  la  même  composition.  En  effet,  en 
les  examinant  avec  attention,  on  en  voit  quelques-uns  présenter  une  couleur  blanche 
d'argent  ou  jaune,  tandis  que  d'autres  tendent  au  gris  d'acier.  Lorsque  je  pourrai 
disposer  d'un  matériel  suffisant,  il  sera  possible  de  résoudre  la  question  et  même  de 
tenter  une  séparation,  en  me  servant  de  l'élégante  méthode  proposée,  dans  un  cas  ana- 
logue, par  M.  Stanislas  Meunier,  qui  consiste  à  chauffer  les  grains  à  l'air;  ceux-ci 
prennent  alors  des  couleurs  différentes,  si  leur  composition  n'est  pas  la  même. 

»   Une  détermination  approximative  de  la  densité  du  minéral  m'a  fourni  le  chifl're 
7,8.  Les  grains  possèdent  une  force  coercitive  magnétique  très  sensible. 

»  Les  sables  dans  lesquels  se  trouve  le  minéral  ont  été  recueillis  dans 
le  torrent  Elvo,  entre  Salussola,  Magnonevolo  et  Cerrione,  près  de  la 
grandiose  moraine  latérale  gauche  de  l'ancien  glacier  qui  descendait  de 
la  vallée  d'Aoste,  et  à  quelques  kilomètres  en  aval  des  célèbres  plaines  de 
la  Bessa,  où,  selon  la  tradition,  existaient  d'anciens  lavages  d'or  déjà  men- 
tionnés par  Pline. 

»  Dans  la  vallée  de  l'Elvo,  il  n'existe  nulle  part  des  officines  métallur- 
giques, et  l'on  n'y  connaît  non  plus  aucun  gîte  exploité  de  pyrrhotine 
nickélifère  qui  aurait  pu  servir  à  l'extraction  du  nickel.  D'ailleurs  on  sait 
que,  avant  1878,  le  nickel  employé  pour  les  objets  d'industrie  contenait 
de  fortes  proportions  de  cuivre,  tandis  que  je  n'ai  pu  constater  la  présence 
de  ce  dernier  corps  dans  le  minéral  en  question.  Je  crois  donc  qu'il  n'est 
pas  possible  d'admettre  que  les  paillettes  trouvées  soient  un  produit  de 
l'industrie  humaine. 

»  Cela  étant  établi,  quelle  est  alors  l'origine  de  ces  paillettes?  L'idée 
qui  se  présente  d'abord,  c'est  que  le  minéral  serait  d'origine  météoritique, 
ce  que  paraîtrait  confirmer  la  présence  observée  dans  les  mômes  sables  de 
ces  grains  magnétiques  de  forme  sphéroïdale,  auxquels  on  a  attribué  une 
origine  cosmique  (  '  ). 

»  J'ai  pensé  quelque  temps  que  cette  explication  était  la  seule  possible; 
mais,  surtout  après  quelques  observations  qui  m'ont  été  faites  à  ce  propos 
par  M.  Daubrée,  j'ai  modifié  mon  opinion  à  cet  égard. 

»  D'abord,  il  n'est  nullement  prouvé  que  ces  grains  sphéroïdaux  magné- 
tiques soient  toujours  d'origine  cosmique. 

»   D'après  la  quantité  souvent  considérable  de  fer  allié  avec  le  platine 

(')  Stanislas  Meunier,  Météorites,  p.  807  et  suiv.  (Encyclopédie  chimique  Frémy). 


(  i?3  ) 
natif  provenant  de  roches  serpentineuses,  la  présence  du  fer  natif  est  plus 
répandue  dans  les  roches  terrestres  qu'on  ne  l'admet  ordinairement  ('  ). 

»  La  présence  du  nickel  natif  dans  les  sables  de  l'Elvo  n'aurait  donc 
rien  d'étonnant;  car  ces  sables  sont  le  produit  d'un  lavage  sur  grande 
échelle  exécuté  par  le  torrent  sur  une  quantité  énorme  de  matériaux,  ainsi 
qu'il  est  démontré  par  la  présence  d'or,  de  magnétite  en  quantité  et  d'au- 
tres minéraux  pesants  (hématite,  rutile,  zircone,  etc.). 

»  Cette  découverte  du  nickel  natif  viendrait  ainsi  se  placer  à  côté  de 
celle  du  fer  natif  nickélifère  d'Ovifak,  pour  établir  un  nouveau  rappro- 
chement entre  les  roches  terrestres  et  les  masses  météoritiques,  notamment 
avec  les  holosidères  qui,  comme  ceux  d'Octibbeha  et  de  Sainte-Catherine, 
ont  une  teneur  très  élevée  en  nickel  (').  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  le  bassin  houiller  du  Boulonnais.  Note  de  M.  A.  Olry. 

«  Dans  la  région  de  leurs  affleurements,  près  de  Marquise,  les  terrains 
primaires  du  Bas-Boulonnais  sont  divisés  en  deux  parties  bien  différentes 
par  la  faille  de  Ferques,  dirigée  de  l'est-sud-ouest  à  l'ouest-nord-ouest,  avec 
forte  inclinaison  vers  le  sud.  Au  nord  et  à  proximité  de  cet  accident,  ils 
sont  régulièrement  stratifiés  et  se  développent  presque  parallèlement  à  lui; 
contre  la  faille  même,  on  a  exploité,  vers  l'ouest,  entre  Ferques  et  Leulin- 
ehen,  une  bande  houillère  très  étroite.  Au  sud,  au  contraire,  on  observe 
une  allure  ondulée  :  c'est  là  que  se  trouvent,  à  l'est,  les  exploitations  bien 
connues  d'Hardinghen,  comprises  entre  la  faille  de  Ferques  et  une  autre 
plongeant  également  vers  le  midi;  le  terrain  houiller  y  est  recouvert,  en 
totalité  ou  en  partie,  au  couchant,  par  le  calcaire  carbonifère,  dont  le  sépare 
une  troisième  faille  qui,  à  sa  rencontre  avec  les  puits  de  la  Providence, 
Renaissance  et  du  Souich,  est  inclinée  en  sens  inverse  des  précédentes. 

»  En  face  des  anciens  puits  de  Ferques  et  de  Leulinghen,  deux  sondages 
distants  de  l'jSo"1,  et  situés  l'un  à  Hidrequent  à  4oom,  l'autre  à  Blecque- 
necques  à  6oom  au  sud  de  la  faille  de  Ferques.  ont  atteint  le  terrain  houiller, 
le  premier  à  345m,  le  second  à  435m  de  profondeur,  et  ont  recoupé  plu- 
sieurs veines  de  houille.  On  a  admis  jusqu'à  présent  qu'ils  ont  traversé 
tous  deux   la   faille  de  Ferques,  et  qu'ils  ont  exploré  au-dessous  d'elle 

(')  Daubrée,  Géologie  expérimentale,  p.  546  et  suiv.;  1879. 
(2)  Lawrence  Smith,  Comptes  rendus,  t.  XCII,  p.  843. 

C.   R.,   1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  3.)  2J 


(  '?4  ) 
le  prolongement  du  gisement  dont  elle  côtoie  l'affleurement  au  sud. 
Dès  lors,  l'inclinaison  moyenne  de  la  faille  entre  cet  affleurement  et  les 
sondages  ne  serait  que  de  35°  à  l\o°,  alors  qu'elle  est  notablement  plus  forte 
au  voisinage  du  sol  ;  il  faut  donc  supposer,  en  outre,  que  cette  faille  s'aplatit 
peu  à  peu  en  profondeur,  et  qu'en  même  temps  la  puissance  de  la  bande 
houillère  devient  telle  que  la  sonde  ait  pu  s'v  enfoncer,  sans  en  sortir,  sur 
io5m  de  hauteur  verticale  à  Hidrequent  et  sur  1 1  im  à  Blecquenecques. 

»  Cette  hypothèse  nous  paraît  à  rejeter.  Si,  en  effet,  on  chemine  vers 
l'ouest  le  long  et  au  sud  de  la  faille  de  Ferques,  on  constate  que  la  profon- 
deur à  laquelle  on  rencontre  le  terrain  houiller  d'Hardinghen  augmente 
progressivement.  A  l'est,  dans  les  anciennes  fosses,  ce  terrain  affleure,  ou 
n'est  recouvert  que  par  des  couches  minces  de  jurassique  et  de  crétacé. 
Puis  on  voit  apparaître  au-dessus  de  lui  le  calcaire  carbonifère,  et  il  faut 
déjà  descendre  à  176™  pour  l'atteindre  à  la  fosse  de  la  Providence.  La 
surface  de  séparation  du  terrain  houiller  d'Hardinghen  et  du  calcaire  de 
recouvrement  s'enfonce  donc  à  mesure  qu'on  s'avance  vers  l'ouest,  et  il 
est  naturel  de  penser  que  c'est  elle  qui  a  été  atteinte  au  niveau  de  345™  à 
Hidrequent  et  au  niveau  de  435ra  à  Blecquenecques. 

»  Nous  sommes  d'avis,  en  conséquence,  que  le  gisement  reconnu  à  ces 
deux  sondages  ne  se  relie  pas  à  celui  de  Ferques,  qu'il  est  la  continuation 
de  celui  d'Hardinghen,  et  qu'il  est  situé  au  midi,  c'est-à-dire  au-dessus  de 
la  faille  de  Ferques.  D'autre  part,  vers  le  méridien  d'Hénichart,  les  assises 
primaires  présentent,  entre  la  faille  de  Ferques  et  celle  du  midi,  un  pli 
anticlinal  qui  ramène  au  jour  le  calcaire  carbonifère  constituant  le  fond  du 
bassin  et  partage  ainsi  le  terrain  houiller  en  deux  zones  distinctes.  Nous 
pensons  que  cette  allure  se  continue  lorsqu'on  se  dirige  vers  Leulinghen; 
nous  admettons  en  outre,  avec  M.  Breton,  qu'il  y  a  identité  entre  la  faille 
de  refoulement  du  midi  et  celle  qui,  aux  fosses  de  la  Providence,  Renais- 
sance et  du  Souich,  sépare  le  terrain  houiller  du  calcaire  de  recouvrement, 
cette  dernière  n'étant  autre  chose  que  la  précédente  affaissée  à  proximité 
et  le  long  de  la  faille  de  Ferques,  comme  conséquence  de  la  formation  du 
pli  que  dessinent  les  terrains  inférieurs.  Nous  sommes  ainsi  conduit  à  don- 
ner la  coupe  verticale  schématique  ci-contre  de  la  formation  houillère 
entre  Ferques  et  Hidrequent.  Nous  conservons  à  la  faille  de  Ferques,  en 
profondeur,  l'inclinaison  qu'elle  a  en  affleurement,  et  nous  relevons  la 
faille  limite  contre  elle,  en  conformité  de  ce  qui  existe,  du  côté  de  l'est, 
à  la  fosse  Espoir.  Les  sondages  d'Hidrequent  et  de  Blecquenecques  ont 
d'ailleurs  traversé  des  bancs  houilîers  plongeant  au  sud. 


(  '75  ) 
»  Cette  coupe  cadre  avec  les  résultats  du  sondage  Déferriez  qui  a  trouvé, 
à  i  ioom  au  midi  de  celui  d'Hidrequent,  un  peu  de  schistes  gris  entre  deux 
calcaires.  De  plus,  une  voie  de  fond  creusée  à  la  fosse  de  la  Providence, 
dans  la  Veine  à  bouquettes,  niveau  de  3o7m,  est  arrivée  jusqu'à  900™  envi- 
ron au  sud-est  du  sondage  d'Hidrequent,  sans  avoir  été  arrêtée  par  aucun 
accident.  La  continuité  des  gisements  d'Hardinghen  et  d'Hidrequent- 
Blecquenecques  a  été  ainsi  contrôlée  matériellement,  d'une  façon  presque 
complète,  sur  un  parcours  de  plus  de  6km,  et  il  est  permis  de  croire  que  le 
terrain  houiller  s'étend  bien  au  delà  de  Blecquenecques,  recouvert  par 
une  épaisseur  de  plus  en  plus  forte  de  calcaire,  et  peut-être  aussi  de  ter- 
rain dévonien.  Le  sondage  de  Witerthun  l'aurait  vraisemblablement  ren- 
contré,  si  on  l'avait  approfondi  jusque  vers  le  niveau  de  8oora. 


SoiuîaSc 


Sondage 
d'Hulrequent 


»  Nous  devons  encore  signaler  la  grande  ressemblance  qui  existe  entre 
la  coupe  qui  précède  et  une  coupe  transversale  du  bassin  de  Valenciennes. 
La  faille  de  Ferques  joue  le  rôle  du  cran  de  retour  d'Anzin,  reporté  vers 
le  Nord,  et  il  n'y  a  de  différence  réelle  de  l'une  à  l'autre  qu'en  ce  qui 
concerne  l'affaissement  de  la  faille  limite  vers  le  milieu  du  bassin. 

»  Cette  analogie  nous  porte  à  croire  que  le  bassin  du  Boulonnais  n'est 
autre  chose  que  le  prolongement  de  celui  du  Pas-de-Calais.  Cependant, 
les  assises  houillères  y  offrent  des  caractères  spéciaux.  En  outre,  on  a 
exploité,  aux  fosses  des  Plaines,  sous  le  grès  des  plaines,  deux  veines  de 
charbon  à  35  pour  100  de  matières  volatiles  interstratifiées  dans  le  calcaire 
carbonifère  et  inconnues  dans  le  Pas-de-Calais.  Les  sondages  dévoniens 
de  Guines  et  celui  de  Calais,  qui  a  été  arrêté  dans  un  grès  calcaire  appar- 
tenant sans  doute  à  l'étage  carbonifère,  donnent  enfin  au  silurien  de  Caf- 
fiers  l'apparence  d'une  crête  que  l'on  peut  être  tenté  d'assimiler  à  celle  du 
Condros.  En  ce  cas,  le  bassin  du  Boulonnais  appartiendrait  à  la  grande 


(  '76) 
vallée  de  Dinant,  et  il  faudrait  chercher  la  continuation  de  celle  de  Na- 
mur  vers  le  nord  ou  le  nord-est.  La  découverte  récemment  faite  au  son- 
dage de  Douvres  ne  peut  malheureusement  guère  éclairer  cette  question, 
ni  celle  de  l'extension  de  la  formation  houillère  du  Boulonnais  jusqu'en 
Angleterre,  car  ce  sondage  ne  nous  semble  avoir  recoupé  que  des  lignites 
appartenant  à  la  base  de  l'oolithe,  étage  bajocien,  pareils  à  ceux  qui 
existent  près  de  la  gare  de  Marquise,  et  à  ceux  qui  ont  été  rencontrés  vers 
3oom  au  sondage  de  Boulogne.  La  solution  du  problème  reste  donc  indé- 
cise et  appelle  de  nouvelles  recherches.  » 

M.  Cii.-V.  Zenger  adresse  une  Note  intitulée  :  «  La  période  solaire  du 
a5  novembre,  les  essaims  périodiques  du  27  au  29  novembre  1890,  et  les 
phénomènes  météorologiques  en  Bohême  »  ;  et  une  autre  Note  intitulée  : 
«   La  périodicité  des  grandes  éruptions  volcaniques.  » 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts.  J.  B. 


ERRATA. 


(  Séance  du  1 2  janvier  1891.) 

Note  de  M.  H.  Faye,  Sur  l'hypothèse  du  sphéroïde. 
Page  75,  ligne  i4,  au  Heu  de  Laplace,  lisez  Newton. 


On   souscrit   à   Paris,    chez    GAUTHIER -VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Augnstitis,  n°  55. 

[835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  lo  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-4°.  De 

ne  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque   volume.   L'abonnement  est  anm 

i"  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 

Michel  et  Médan. 
I  Gavault  St-Lager. 
/  Jourdan. 
|  Ruff. 

Hecquet-Decobert. 
l  Germain  et  Grassin. 
f  Lachèseet  Dolheau. 

Jérôme. 

Jacquard. 
;  Avrard. 

Du  Uni  il'. 
I  Muller  (G.)- 

Renaud. 

!Lefournier. 
F.  Robert. 
J.  Kobert. 
V  Uzel  Caroff. 
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(  Massif. 

Perrin. 
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(  Ribou-Collay. 
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Ratel. 
f  Damidot. 
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Robin, 
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;  Kopiteau. 
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Lorient. 


chez  Messieurs  : 

(  Baumal. 

(  M™  Texier. 
Beaud. 
Georg. 
Lyon i  Mégret. 

j  Palud. 

1  Vitte  et  Pérùssel. 
Marseille Pessailhan. 

(  Calas. 

j  Coulet. 
Martial  Place. 

/  Sordoillet. 
Nancy Grosjean-Maupin. 

(  Sidot  frères. 

(  Loiseau. 

(  M",c  Veloppé. 

\  Barma. 

'  yïseonti  et  C1". 

/Vîmes Thibaud. 

Oi'léans Luzeray. 

(  Blanchier. 

(  Druinaud. 

Hennés Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Boucheron  -  Rossi  - 

Lan^lni^.         [gnol 
Lcstringant. 
S'-Étienne Chevalier. 

(  Bastide. 

i  Rumèbe. 

y  Gimet. 

i  Privât. 

I  Boisselier. 
Tours s  Pérjcat. 

'  Suppligeon. 
i  .lard. 
Le  maître. 


Montpellier 
Moulins. . . . 


Nantes 

Nice. . . . 

Ntme 
Oi'léc 

Poitiers.. 

fieimes 
Roche/ 

Rouen. 

S'-Èlie 
Toulon  . .  . 

Toulouse.. 

Tours 

Valenciennes. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 

j  Iiobbers. 

'  Feikema    Caarelsen 

Athènes Beck.  [et  C". 

Barcelone Verdaguer. 

I  Asher  et  G". 

\  Calvary  et  C1". 

Berlin „  .  ...      ,        .... 

i  r riedlander   et   lils. 

f  Mayer  et  Muller. 

n  (  Sclimid,  Franckc  e( 


Amsterdam  . 


Bwcharest. 


Bologne Zauirhclli  et  C'". 

ÎRamlot. 
Mayolez. 
Lebègue  et  C''. 
(  Haimann. 
I  Ranisteanu. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BellelC" 

'  'hristiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  et  Keil. 

Copenhague Hiist  et  fils. 

Florence Lœseher  et  Seeber. 

Gand Hoste. 

Gênes Beuf. 

j  Chcrbuliez. 

Genève .  •  Georg. 

(  Stapelmohr. 
La   Haye Belinfante  frères. 

i  Benda. 

Lausanne ,  ^ 

'  Payot. 

I  Barth. 

I  Brockhaus. 

Leipzig '  Lorentz. 

j  Max  Rùbe. 

\  Twietmeyer. 

\  I  >ésoer. 

I  Gnusé. 


Londres 

Luxembourg 


Liège. 


chez  Messieurs  : 
|  Dulau. 
I  Nutt. 

V.  Buck. 

Librairie       Gute 
)      berg. 
Madrid Gonzalès  e  liijos. 

Yravedra. 

F.  Fé. 

,,..  i  Dumolard  frères 

M  dan „       ,. 

(  Hcepli. 

Moscou Gautier. 

i'  Furcheim. 
Naples Marghieri  di  Gin 

(  Pellerano. 

.  Christern. 
New-York ■  Stechert. 

'  Westermann. 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C". 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaès. 

Prague Rivnac. 

flio-Janeiro Garnier. 

(  Bocca  frères. 

j  Loescheret  Ci(. 

Rotterdam Kramers  et  lils. 

Stock  holm Samson  et  Walli 

i  Zinserling. 
à'-Petersbourg..  j  W(i|(r 

/  Bocca  frères. 
Brero. 
Clausen. 
[  RosenbergetSell 

Varsovie Gebetliner  et  Wc 

Vérone.... ,.     Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C". 
Zurich Meyer  et  Zeller. 


Turin. 


Vienne . 


IS  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

(3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-4°;  iS  >:>.  Prix 15  fr. 

i  i"  Janvier  i85t  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870.   Prix 15  fr. 

(  i*r  Janvier  1866  à  i\  Décembre  1880.)  Volume  in-i";  [889;  Prix 15  fr. 

■ÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 


Tomes  1er  à  31. 
Tomes  32  à  61. 
Tomes  62  à  91. 


lémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DERBEsel  A.-J.-J.  Solier.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent] 
r  M.  Hansen. —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matièi 

M.  Claude  Bernard.  Volume  in-.'|°,  avec  32  planches  ;  iS56 15 

Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Vax  Lîeneden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  iSâo  par  l'Académie  des  Scieni 
cours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sé( 
l,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nati 
rts  qui  existent  entre  l'étatactuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-'(",  avec  27  planches;  1861...        15 


ie  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires   présentés   par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


K  3. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance   du  19  janvier  1891.) 


MEMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 
Pages. 


MM.  Berthelot  et  G.  André. —  Sur  le  dosage 
des  matières  minérales  contenues  dans  la 
terre  végétale  et  sur  leur  rôle  en  Agricul- 
ture       117 

MM.  Berthelot  et  G.  André.  —  Sur  la  pré- 
sence et  sur  le  rôle  du  soufre  dans  les  vé- 
gétaux      122 

M.  Daubrée.  —  Expériences  sur  les  actions 
mécaniques  exercées  sur  les  roches  par  des 
gaz  i'i  hautes  températures,  doués  de  très 
fortes  pressions  et  animés  de  mouvements 
très  rapides ia5 


Pages- 


M.  Ad.  Ciiatin.  —  Contribution  à  l'histoire 
botanique  de  la  Truffe.  Deuxième  Note: 
Ti  fdi  11  Truffes  d'Afrique  (et  d'Arabie), 
gi  '.res    '   rfezia  et   Tirmania 

M.  in.  i"  Unix.  —  Description  et  emploi  des 
liuca'  ptus 

M.  A.  Iialler.  —  Influence  des  dissolvants 
sur  le  pouvoir  rotatoire  des  camphols  et 
des  isocamphols.  Étude  des  bornylates  de 
ch I ora 1 

MM.  ft.  Lei'ine  el  Barrai..  — -  Sur  la  destruc- 
tion du  sucre  dans  le  sang  in  vitro 


NOMINATIONS 


de  feu  M.  l'eligot. 


M.  Chambrelent  est  élu  Membre  delà  Sec- 
lion  d'Économie  rurale,  en  remplacement 

MÉMOIRES  LUS. 

M.  le  D*  II.  Arnaud.  —  Mémoire  sur  la  constitution  des  albuminoïdes. . . 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 


i.36 


(43 

146 

■48 
'48 


La  Commission  du  prix  Dusgate  fait  con- 
naître que  les  deux  Mémoires  récompensés 
dans  la  séance  du  29  décembre  1890,  et 
portant  pour  devises,  l'un  «  Fac,  non 
spera  »,  l'autre  «  l'Égalité  devant  la  mort», 
ont  pour  auteurs,  le  premier  M.  le  D'Henri 


Arnaud  (de   Saint-Gilles),  et  le   second 

M.   le  Dr  À/aze  (du  Havre  ) 

M.  Foveau  de  Courmelles  adresse  une  Note 
de  Physiologie  intitulée  «  Nouvelles  ac- 
tions mécaniques  des  courants  électriques  : 
actions  de  transport  > 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  pertétuel  signale,  prami 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspondance, 
les  «  Œuvres  de  Fermât,  publiées  par 
MM.  Paul  Tanhery  et  Charles  Henry; 
1.  I",  Œuvres  mathématiques  diverses; 
Observations  sur  Diophante  > i5i 

M.  A.  Mai.ler,  nommé  Correspondant  pour 
la  Section  de  Chimie,  adresse  ses  remer- 
ciements à  l'Académie id2 

M.  Gomont,  M.  P.  Hahiot,  M.  P.  DE  Lafitte 
adressent  des  remerciements  pour  les  dis- 
tinctions accordées  à  leurs  travaux 1J2 

M.  Edm.  Lescareault.  —  Observation  d'une 
étoile  d'un  éclat  comparable  à  celui  de  Ré- 
gulus  et  située  dans  la  même  constella- 
tion          I  02 

M.  P.  Tacciiini.  —  Résumé  des  observations 
solaires  faites  à  l'Observatoire  royal  du 
Collège  romain  pendant  le  second  semes- 
tre de    1S90 iô3 

M.  Km.  Marchand.  —  Observations  des  ta- 
ches solaires,  faites  en  1X90  à  l'équatorial 
Brunner  (o"°,iS)  de  l'observatoire  de  Lyon.     i5'| 

M.  G.  Sire.  —  .Nouvel  appareil  gyratoire, 
le  gyroscope  alternatif i5j 

M.  E.  Mercadier.  —  Sur  la  reproduction 
téléphonique  de  la  parole i5b' 

Errvta 


M.  Scheurer-Kestner.  —  Recherches  sur 
l'huile  pour  rouge   

M.  H.  Stiu.ino.  —  Sur  la  production  expé- 
rimentale de  l'exophthalmie 

MM.  G.  Pouchet  et  H.  Beaureoat.d.  —  De 
la  variation  du  bassin  chez  le  Cachalot.. 

M.  P.  Fischer.  —  Sur  les  caractères  de  la 
faune  eonchyliologique  terrestre  etfluvia- 
tile  récemment  éteinte  du  Sahara 

M.  A.  Pizon.  —  Sur  la  blastogénèse  chez,  les 
larves  A'Astellium  spongiforme 

M.  P.  Thelohan.  —  Sur  deux  sporozoaires 
nouveaux,  parasites  des  muscles  des  Pois- 
sons  

M.  Al.  Sklla.  —  Sur  la  présence  du  nickel 
natif  dans  les  sables  du  torrent  Elvo, 
près  de  Biella  (Piémont) 

M.  A.  Olry.  —  Sur  le  bassin  houiller  du 
Boulonnais 

M.  Cu.-V.  Zenuer  adresse  une  Note  intitu- 
lée :  «La  période  solaire  du  25  novembre, 
les  essaims  périodiques  du  27  au  29  no- 
vembre 1S90,  et  les  phénomènes  météoro- 
logiques en  Bohême  »,  et  une  autre  Note 
intitulée  :  «  La  périodicité  des  grandes 
éruptions  volcaniques  » 


i5i 

ijs 

i(io 
162 

i6^ 
166 

r68 

171 

173 


176 
176 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-YTLLARS  ET  FILS, 
Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 


1891 

PREMIER  SEMESTRE. 


Jow 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.  EES  SECRÉTAIRES  PERPETUEES. 


TOME  CXII. 


N°  4(26  Janvier  1891) 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS   ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

Quai  des  Grands-Augusiins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier   ou   numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  G  feuilles  en  moyenne. 
26  numéros  composent  un  volume. 
Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étrangerdel'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académi 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Raj 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autar 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pij 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ac; 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ri 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sor 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  L 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extra 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  for 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  olf 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  1 
jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  \eCompte  rend 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  su 
vant,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  € 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 
1 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fai 

un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprl 

l'impression  de  chaque  volume. . 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  le 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivanti 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  26  JANVIER   1891, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 


MÉCANIQUE.  —  Pendule  isochrone;  par  M.  Phillips  (  ' 


«  On  sait  que  le  pendule  n'est  pas  isochrone  et  que  ses  oscillations  sont 
d'autant  plus  lentes  que  leur  amplitude  est  plus  grande.  Ce  défaut  est  sans 
inconvénient  quand  le  moteur  de  l'instrument  d'horlogerie  est  un  poids, 
parce  que,  alors,  l'amplitude  des  oscillations  ne  varie  sensihlement  pas.  Il 
n'en  est  plus  de  même  quand  le  moteur  est  un  ressort  ou  quand  le  pen- 
dule doit  osciller  libre.  Aussi,  depuis  l'application  faite  par  Iluvgens  du 
pendule  aux  horloges,  de  nombreuses  mais  vaines  tentatives  ont-elles  été 
faites  pour  corriger  ce  défaut.  La  disposition  que  j'ai  l'honneur  de  faire 

(')  Cette  Note  est  extraite  d'un  Mémoire  plus  étendu,  qui  sera  publié  prochai- 
nement. 

C.  R.,  1891,  1»  Semestre.  (T.  CXII,  N°  4.)  '±\ 


(  i7»  ) 
connaître  à  l'Académie,  et  à  laquelle  j'ai  été  conduit  après  de  longues 
recherches,  réalise  l'isochronisme  du  pendule. 

»   La  disposition  dont  il  s'agit  est  indiquée  par  la  figure  ci-dessous. 

»  OG  est  à  un  instant  quelconque  l'axe  de  figure  du  pendule  dont  le 
centre  de  gravité  est  G  et  dont  l'axe  de  rotation  est  projeté  en  O. 

»  DBE  est  un  petit  ressort  que  l'on  peut  supposer  formé  d'une  lame 
prismatique  rectangulaire  en  acier,  encastrée  en  D  où  sa  tangente  est  ho- 
rizontale et  perpendiculaire  à  l'axe  O.  Son  extrémité  E  est  libre  et  dépasse 


un  peu  la  verticale  OV.  Il  est  relié  au  pendule  par  une  bielle  AB,  de  petite 
section  et  de  très  faible  masse,  articulée,  d'une  part  en  A  avec  le  pendule 
et  d'autre  part  en  B  avec  le  point  du  ressort  qui  est  sur  la  verticale  OV 
dans  la  position  d'équilibre,  et  qui  est  alors  en  C  sur  OV,  de  sorte  que 
OC  =  OA  -h  AB.  D'ailleurs  OA  =  AB  et  le  triangle  OAB  est  isoscèle. 

»  Le  mécanisme  est  disposé  de  manière  que  l'on  puisse  faire  varier, 
comme  moyen  de  réglage  de  l'isochronisme,  la  longueur  utile  du  ressort, 
c'est-à-dire  celle  comprise  entre  le  point  d'encastrement  D  et  le  point  B. 
On  peut  aussi  faire  varier  l'armure  du  ressort,  c'est-à-dire  sa  tension  dans 
la  position  d'équilibre. 

»  Je  passe  à  la  théorie  de  l'appareil,  pour  laquelle  je  supposerai  que 
l'on  puisse  négliger  le  poids  et  les  forces  d'inertie  de  la  bielle  AB  ('). 

)>    Soient 

P  le  poids  du  pendule  seul; 

<p  l'armure  du  ressort  ou  sa  tension  dans  la  position  d'équilibre; 


(')  Dans  le  Mémoire  dont  cette  Note  est  un   extrait,  j'ai  tenu  compte  du  poids  et 
des  forces  d'inertie  de  la  bielle  AB. 


(  J79  ) 
OG  =  a,   OA  =  AB^R,   VOÀ  =  OBA^a,   BAG  =  2a,   CB  =/  et   i  le 
coefficient  de  flexibilité  clu  ressort,  c'est-à-dire  sa  flexion  sons  une  charge 
égale  à  l'unité  appliquée  au  point  B. 

»   On  a 

f  —  i  R  (  i  —  cos  y.) . 

»   Soit  F  la  force  verticale  et  dirigée  de  haut  en  bas,  exercée  en  B  par  le 
ressort  sur  la  bielle  AB. 

F  =  o  -f-  ■-.■ 
i 

(1)  j  Donc 

I  •  '' 

F  =  o  +  -.-  (i  —  ces  ai. 

»    La  force  F  peut  se  décomposer  en  deux  autres  :  l'une,  horizontale  et 
qui  peut  être  négligée,  car  son  travail  virtuel  est  nul,  et  l'autre,  une  trac- 

tion,  dirigée  suivant  la  bielle  et  égale  à  — —  •  Celle-ci,  supposée  appliquée 

au  point  A,  se  décompose  en  deux  autres  :  l'une,  dirigée  suivant  OG  et 
qui  peut  être  négligée  puisque  son  moment  par  rapport  à  l'axe  O  est  nul, 
et  l'autre,  perpendiculaire  à  OG  et  égale  à 

F 


cos  a 


siii2x  =  2  F  sina. 


»   Le  moment  de  cette  dernière  par  rapport  à  l'axe  O  est  égal  à 

2FRsin  x, 
ou,  en  remplaçant  F  par  sa  valeur  (1)  et  ayant  égard  au  signe,  égal  à 

—  2R  sma    cp  -1-  — -  (1  —  cos  a) 

»   D'ailleurs  le  moment  du  poids  P  par  rapporta  l'axe  O  est  —  Pasina. 
»   Donc,  A  étant  le  moment  d'inertie  du  pendule,  l'équation  de  son  mou- 
vement est 

A-j-5  =  —  sma   Va  -r  2R0  -H  —  (i  —  cos  y.)    . 

»  Le  second  membre  de  cette  équation  est  une  fonction  impaire  de  a, 
laquelle,  par  conséquent,  étant  développée  suivant  les  puissances  crois- 
santes de  a,  n'en  contient  que  celles  de  degré  impair.  S'd  ne  s'y  trouvait 


(    i»o  ) 

que  le  terme  contenant  comme  facteur  la  première  puissance  de  a,  on 
aurait  l'isochronisme.  Or,  si  nous  convenons  de  négliger  les  termes  conte- 
nant comme  facteur  la  cinquième  puissance  et  les  puissances  supérieures 
de  x  ('),  il  suffit,  pour  obtenir  ce  résultat,  d'égaler  à  zéro  le  coefficient  du 
terme  qui  contient  a3  comme  facteur. 

»  En  négligeant  les  termes  du  cinquième  ordre  et  des  ordres  supérieurs 
en  x,  l'équation  précédente  peut  s'écrire 

(2)  A^^-fa-  JVpa+aRç-t-? 


dï2  \  6  J\  t  i 

»  Afin  d'obtenir  l'isochronisme,  j'égale  à  zéro  le  coefficient  de  a3,  ce 
qui  donne 

~  -  UPa+  2R0), 

équation  qui  détermine  le  coefficient  de  flexibilité  i  du  ressort  et  qui  se 
réduit,  avec  une  approximation  très  suffisante  dans  la  pratique,  à 

, o  n  2 R'2 Va 

»   L'équation  (2)  devient  alors 

»  On  en  conclut  que  le  pendule  s'écarte  également  de  part  et  d'autre 
de  la  verticale  et,  en  l'intégrant,  on  a,  en  désignant  par  T  la  durée  d'une 
oscillation  simple, 


(4)  T  =  Vp^' 

»   Voici  maintenant  comment,   au  moyen  de  (3),  on  peut  déterminer 
une  infinité  de  ressorts  satisfaisant  à  la  condition  de  l'isochronisme. 

»    Soient 

E  le  coefficient  d'élasticité  du  ressort  ; 
L  sa  longueur  utile  ; 
/   sa  largeur  ; 
e   son  épaisseur. 


('  )  Dans  mon  Mémoire  principal,  j'ai  montré  qu'on  peut  négliger  ces  termes. 


(  i8i    ) 
»  On  a,  en  supposant  E  =  20  x  109, 

L3 


5  X  io°/e3 
»  En  égalant  cette  valeur  de  i  à  celle  donnée  par  (3),  on  a 

[J-  L  ~"  1000  V  60/R2' 

»  Cette  formule  détermine  le  rapport  =- ,  en  supposant  qu'on  se  donne  la 
largeur  /  du  ressort  ainsi  que  R. 

»  Il  faut  en  outre  s'arranger  pour  que  l'allongement  proportionnel 
maximum  du  ressort,  pendant  le  mouvement,  ne  dépasse  pas  une  limite 
déterminée  y. 

»  Or,  en  appelant/,  la  flexion  correspondant  à  l'armure  <p  du  ressort 
et  f0  le  maximum  de /,  d'où  résulte  que  la  flexion  totale  maximum  est 
y,  -+-/„,  on  voit  facilement  que  l'allongement  proportionnel  maximum  du 
ressort,  qui  a  lieu  pour  le  maximum  a0  de  a,  est 

»   Il  faut  donc  que  l'on  ait 

n?(/.+/.)<Y. 

d'où,  en  observant  que /„  =  Rajj, 

(6)  L>^(/.  +  R«ï)r 


»   Cette  formule  fait  connaître  la  valeur  minimum  de  L  après  qu'on  a 

e 
L     " 


déterminé  le  rapport 


M.  Wolf,  en  déposant  ce  Mémoire  sur  le  Bureau  de  l'Académie,  ajoute  : 

«  Le  Mémoire  que  Mme  Phillips  a  bien  voulu  me  charger  de  présenter 
à  l'Académie  est  le  dernier  travail  de  notre  regretté  Confrère,  qui  l'a  laissé 
entièrement  rédigé  et  prêt  pour  l'impression.  Les  expériences  auxquelles 
à  donné  lieu  la  vérification  du  principe  théorique  de  l'appareil  ont  été 
faites  à  l'Observatoire,  sur  une  pendule  installée  dans  mon  cabinet  et  par 


(  18a  ) 

les  soins  de  M.  Rozé  d'abord,  puis  de  mon  assistant,  M.  Guénaire.  C'est  à 
cette  circonstance  que  je  dois  l'honneur  d'en  entretenir  aujourd'hui 
l'Académie. 

»  L'extrait  qui  précède  avait  été  préparé  par  M.  Phillips  lui-même 
pour  nos  Comptes  rendus.  Je  crois  devoir  v  ajouter  seulement  deux  des 
séries  d'expériences  sur  la  marche  de  la  pendule  avec  et  sans  l'appareil 
d'isochronisme. 

Expériences  sur  la  pendule  sans  ressort  ni  bielle. 

Marches 
Température.  Dates.  diurnes.  Moyennes. 

Expériences  aux  grands  arcs  2°. 

o  s 

6,5  i3-i4  janvier  1887 — 47  ,44  ) 

6  i4-i5  »  — 46,74   /  —  4(ib>97 

6  1 5- 1 7  «  — 46,73  ) 

Expériences  aux  petits  arcs  1  ". 

6  17-18  février  1887 — 4>,48 

6  18-19  »  —  4 1,58 

0,5  '9-20  »  —43,48  \  — 4is,65 

7  20-22  »  — 4oji8 

7  22-24  »  — 4>>55 

Retour  aux  grands  arcs. 

7  24-2,5  février  1887 — 47,39 

6,5  25-26  »  -47,86  , 

7  36-27  »  -47-77  (  ~47S'67 

7,5  27-28  »  —47,68  ) 

Expériences  faites  avec  le  ressort  de  omm,5o  d'épaisseur,  om,oo5  de  largeur 
et  om,io85  de  longueur  utile.  Température  sensiblement  constante. 

Marches 
Dates.  diurnes.  Moyennes. 

Expériences  aux  petits  arcs. 

26-28  juin  1886 — 338,3i    I 

28-29         »         — 33,6o  >  — 33s,36 

2g-3o         »         — 33,17  ) 


C  "83  ) 


Dates. 


Marches 
diurnes. 


Expériences  aux  grands  arcs. 


i-3    juill.  1886. 

3-5 

5-6  » 

6-7  » 

7-8  » 

8-9 

9-10  » 

1  o- 1 6  » 

16-17  » 

1 7-20  » 


-33,70 
-33,57 
34,36 
— 33, 7S 
-33,64 
— 33 ,53 
— 33,07 
—32,8a 
— 33, o3 
—82,90 


Moyennes. 


— 33%38 


20-21  j  mil. 
21-22  » 

22-23  » 


Retour  aux  petits  arcs. 

r886 —33,n 

— 33, 21 

-33,i8 


Moyenne  des  marches  aux  petits  arcs.  . 
Moyenne  des  marches  aux  grands  arcs 

»   L'isochronisme  est  à  peu  près  parfait.   » 


-33%.  7 

— 33s,26 
-33%38 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  — ■  Sur  la  représentation  approchée  des  fonctions. 

Note  de  M.  Emile  Picard. 

«  Dans  un  Mémoire  récent  ('),  M.  Weierstrass  s'est  occupé  de  la  re- 
présentation approchée  d'une  fonction  continue  arbitraire  d'une  variable 
réelle.  En  suivant  une  tout  autre  voie  que  l'illustre  géomètre,  on  peut  re- 
trouver d'une  manière  très  élémentaire  quelques-uns  de  ses  principaux 
résultats;  c'est  ce  que  je  me  propose  d'indiquer  dans  cet  Article. 

»    i.   Nous  partirons  de  l'intégrale  célèbre  de  Poisson 


I 


-  f    ~ 


ir  cos('i  —  o) 


-p/0r)4- 


(')  Le  Mémoire  de  M.  Weierstrass  a  été   traduit  dans  le  Journal  de  M.  Camille 
Jordan,  en  1886. 


(  i84  ) 
I  est  une  fonction  de  ret  de  o,  et  on  sait  que,  pourr<  i,  on  a  le  dévelop- 
pement 

1=  ^  +  r(a>  cos?  "+"  *<  sm<?)  +  ...  +  /''"(«„,  cosmo  +  bmsinm<?)  -+- 


»  Supposons  que  la  fonction  f(<\>)  soit  continue,  avec  la  période  2w,  et 
soit  g  le  maximum  de  ses  valeurs  absolues.  En  raisonnant  comme  le  fait 
M.  Schwarz  dans  son  Mémoire  sur  l'intégrale  de  Poisson,  on  établit  immé- 
diatement que,  étant  donné  à  l'avance  un  nombre  e  fixe,  mais  aussi  petit 
qu'on  veut,  on  peut  trouver  un  angle  suffisamment  petit  S,  tel  que 

|i-A?)|<«+  f  -r8> 

et  cela  quel  que  soit  r.  On  peut  choisir  r  suffisamment  voisin  de  un,  pour 
que 


0-('-/-2) 
/'(i  —  cosô) 


Soitr,<i  une  valeur  de  r  satisfaisant  à  cette  inégalité;  r,  étant  ainsi 
choisi  va  rester  fixe.  Nous  avons  alors,  en  désignant  par  I,  la  valeur  de  I 
pour  t  =  r, 

|I,  -/(?)(<  2S, 

quel  que  soit  o.  Or  la  série 

Ii  =  -£  +ri(«.  cos?  ■+-  h  sincp)  +  ...  +  r"'(«mcosm?  +  &,nsinmo)  +..., 

dont  les  termes  sont  des  fonctions  de  o,  est  uniformément  convergente.  Ses 
termes  sont  moindres,  en  effet,  que  ceux  de  la  série 

«  En  prenant  m  assez  grand  pour  que,  dans  cette  dernière  série,  le  reste 
correspondant  soit  moindreque  i,  le  reste  de  la  série  qui  représente  I,  sera 
moindre  que  e,  en  valeur  absolue,  quelque  soit  <p.  Choisissons  m  de  cette 
sorte,  on  aura  alors  une  suite  finie  de  Fourier 

F(o)  =  A0+  A,  C0S9  +  B,  sino  -j-  ...  +Amcos/no  -t-  Bmsin^9 


(  '85  ) 

telle  que 

|I|-F(?)|<« 
et,  par  suite, 

|/(ç)-F(?)|<3«. 

On  peut  donc  trouver  une  suite  finie  de  Fourier  F  (9),  telle  que  /(<p)  puisse 
être  représentée  par  Y  (®)  avec  V approximation  donnée  à  V avance  3e. 

»  2.  Nous  avons  supposé,  dans  ce  qui  précède,  que  la  fonction  /(ç) 
était  continue  de  o  à  2-  avec  la  période  1%.  Soit  maintenant /"(<?)  une 
fonction  déterminée  et  continue  dans  un  intervalle  («,  |î)  moindre  que  2-, 
on  pourra,  sur  la  portion  de  la  circonférence  de  rayon  «rc,  011/(9)  n'est  pas 
déterminée,  prendre  une  fonction  continue  quelconque  se  raccordant 
avec  la  première  en  a.  et  (3.  A  la  fonction  ainsi  déterminée  sur  toute  la  cir- 
conférence, on  peut  appliquer  les  considérations  précédentes,  et  notre 
fonction/^)  se  trouve  alors  représentée  par  une  suite  finie  de  Fourier 
F(cp),  avec  une  approximation  donnée  à  l'avance,  pour  toute  valeur  de  <p 
entre  a.  et  ($. 

»  De  ce  théorème  nous  pouvons  conclure  immédiatement  un  des  théo- 
rèmes de  M.  Weierstrass.  La  fonction  F(ç)  peut  être  développée  en  série 
ordonnée  suivant  les  puissances  croissantes  de  <p, 

F(o)  =  «0  +  ï,o  +  ...  +  y.„o"  -+-..., 

»  La  série  précédente  est  uniformément  convergente  dans  l'intervalle 
(  œ,  p);  on  peut  donc  prendre  n  assez  grand  pour  que,  en  posant 

P  (9  )  =  oc0  +  a,  9  ■+- . . .  +  «,,  <pB, 

on  ait,  quel  que  soit  9  en/re  7.  et  P, 

.   |F(«p)-P(?)|<e, 

et,  par  conséquent,  d'après  l'inégalité  du  paragraphe  précédent, 

|/(l0— P(?)|<4«. 

»  Ainsi,  e  étant  donné  à  V  avance,  on  peut  représenter  la  fonction  f '(9),  co/i- 
linue  dans  l'intervalle  (oc,  [3),  au  moyen  d'un  polynôme  P(<p)  avec  une  ap- 
proximation au  moins  égale  à  t\i. 

»  Je  rappelle,  sans  insister,  que  M.  Weierstrass  déduit  immédiatement 
de  la  proposition  précédente  la  possibilité  de  développer  toute  fonction 
continue /(r)  d'une  variable  réelle  entre  a  et  p  en  une  série  de  la  forme 

/oOO  +  f\  O)  +••  •+/»(*)  +•  •  •  • 
C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N-  4.)  25 


(  «86  ) 

les/"étant  des  polynômes,  cette  série  étant  uniformément  et  absolument 
convergente.  Le  développement  est  d'ailleurs  possible  d'une  infinité  de  ma- 
nières. 

»  3.  Les  considérations  précédentes  s'étendent  d'elles-mêmes  aux  fonc- 
tions d'un  nombre  quelconque  de  variables.  Bornons-nous  à  deux  va- 
riables; on  prendra  alors  l'intégrale  analogue  à  celle  de  Poisson 

i=jl  r  (**      -— —  --/(evy)sin0v/e'4\ 

où 

cosy  =  cos9  cosO'  +  sinO  sin9'cos('|  —  <j/). 

I  est  une  fonction  de  r,  0,  <l>.  On  démontrera  d'abord  que  toute  fonction 
y(0,  ^),  continue  sur  toute  la  sphère  de  rayon  un,  est  représentable  par  une 
suite  /imitée  de  fonctions  Y„  de  Laplace,  avec  une  approximation  au  moins 
égale  à  z,  et  de  là  on  conclura  que  toute  fonction  continue  des  deux  variables 
réelles  x  et  y  dans  un  certain  domaine  peut  être  représentée  par  un  polynôme 
P  (x,  y),  avec  une  approximation  au  moins  égale  à  une  quantité  d'ailleurs  quel- 
conque e. 

»  Il  en  résultera  encore  que  la  fonctionna?,  y)  peut  être  développée  en 
une  série  absolument  et  uniformément  convergente 

fa(x,y)  -+-/,  (x,y)  +  . .  .+/»(ar,^)  -K  .  • , 
les  /étant  des  polynômes  en  x  et  en  y.    » 

OPTIQUE.    —   Sur  une  expérience  récente,  déterminant  la  direction  de  la 
vibration  dans  la  lumière  polarisée.  Note  de  M.  A.  Coitxu. 

«  Le  problème  de  la  direction  des  vibrations  de  la  lumière  polarisée 
manquait,  jusqu'à  ces  derniers  temps,  d'une  solution  expérimentale  di- 
recte. Fresnel,  il  est  vrai,  avait  apporté  tant  de  considérations  décisives 
tirées  des  lois  de  la  réflexion  ou  de  la  double  réfraction  de  la  lumière  en 
faveur  de  la  normalité  de  la  vibration  au  plan  de  polarisation,  qu'aucun 
doute  à  ce  sujet  ne  subsistait  dans  l'esprit  de  la  plupart  des  physiciens. 
Toutefois  l'obtention  d'une  preuve  expérimentale  directe  était  désirable  : 
l'Académie  lavait  mise  plusieurs  fois  au  concours,  mais  aucune  réponse 
n'avait  apporté  la  solution  définitive  de  la  question. 

»   L'Académie  apprendra  sans  doute  avec  intérêt  que  cette  démonstra- 


(  i»7  ) 
tion  vient  d'être  faite  et  qu'elle  a  été  obtenue  précisément  clans  la  voie 
que  la  Commission  du  prix  Bordin  pour  1867  avait  honorée  d'une  récom- 
pense presque  égale  à  la  valeur  du  prix.  L'auteur  du  Mémoire  couronné, 
M.  W.  Zenker,  de  Berlin  ('),  avait  proposé  une  méthode  que  le  rappor- 
teur de  la  Commission,  M.  Fizeau,  résumait  ainsi  : 

«  ....  Si  l'on  suppose  que  l'on  fasse  interférer  deux  rayons  qui  se  rencontrent  sous 
un  angle  de  go°  en  les  polarisant  l'un  et  l'autre  de  la  même  manière,  soit  parallèle- 
ment  au  plan  formé  par  les  deux  rayons  qui  se  croisent,  soit  normalement  à  ce  plan, 
on  peut  prévoir  que  les  effets  d'interférence  seront  influencés  d'une  manière  décisive 
par  la  direction  réelle  des  vibrations  dans  les  rayons  polarisés. 

»  ....  Vos  Commissaires  ont  été  unanimes  à  reconnaîlre  le  mérite  distingué  du 
Mémoire  n°  1,  .  .  ..;  ils  n'auraient  pas  hésité  à  donner  le  prix  à  ce  travail,  s'il  n'était 
résulté  de  la  discussion  à  laquelle  ils  se  sont  livrés  qu'il  subsiste  encore  quelque  in- 
certitude sur  l'efficacité  des  moyens  très  habilement  combinés  par  l'auteur  pour  as- 
surer le  succès  de  son  expérience.  » 

»  Il  manquait  en  effet  un  moyen  expérimental  efficace  pour  mettre  en 
évidence  l'influence  mutuelle  des  rayons  polarisés  se  coupant  à  angle  droit, 
les  franges  d'interférence  devant  être  fort  difficiles  à  séparer  à  cause  de 
leur  extrême  finesse.  Parmi  les  moyens  suggérés  par  l'auteur  figurait 
l'emploi  de  la  Photographie;  mais  aucune  suite  ne  fut  donnée  à  ce  projet 
d'expérience  qui,  finalement,  parait  être  tombé  dans  l'oubli. 

Le  problème  expérimental  semblait  donc  insoluble  dans  cette  voie, 
lorsque  récemment  (2)  M.  O.  Wiener,  à  Strasbourg,  sans  avoir  connais- 
sance des  recherches  de  M.  Zenker,  le  reprit  sous  une  forme  légèrement 
modifiée  qui  lui  permit  d'en  obtenir  la  solution.  Une  comparaison  avec 
les  phénomènes  acoustiques  permettra  de  montrer  le  point  essentiel  de  la 
nouvelle  méthode. 

»  On  sait  que  les  mouvements  vibratoires  d'une  oncle  permanente,  ré- 
fléchis normalement  (sur  le  fond  d'un  tuyau  sonore,  par  exemple),  se 
composent  avec  ceux  de  l'onde  directe,  en  donnant  naissance  aux  nœuds  où 
les  déplacements  s'annulent  et  aux  ventres  où  ils  se  doublent. 

»  On  montre  dans  les  cours  cette  composition  des  déplacements  à  l'aide 
d'une  membrane  exploratrice,  tendue  sur  un  petit  cadre,  qu'on  introduit 
avec  un  fil  dans  le  tuyau  sonore.  La  membrane  signale  l'état  vibratoire  de 

(')   Comptes  rendus,  t.  LXVI,  p.  982  et  ia55;  t.  LXVII,  p.  11 5. 
(2)  Otto  Wiener,  Stehende  LichUvcllen  und  die  Schwingungsrichtung  polari- 
sirten  Lichtes  (Wiedemann's  Annalen,  Band  XL,  p.  2o3  ;  1890). 


(   i»8  ) 

la  tranche  mobile  où  elle  se  trouve  par  un  grincement  caractéristique, 
maximum  aux  ventres,  nul  aux  nœuds. 

»  M.  Wiener  reproduit  d'abord  cette  expérience  avec  les  ondes  lumi- 
neuses photogéniques,  en  remplaçant  la  membrane  par  une  pellicule  pho- 
tographique extrêmement  mince,  assez  transparente  pour  laisser  un  libre 
passage  aux  deux  ondes  se  croisant  à  sa  surface  et  néanmoins  assez  sen- 
sible pour  être  impressionnée  par  les  vibrations  d'amplitude  maximum. 
Avec  la  lumière,  les  plans  des  nœuds  et  des  ventres  successifs  sont  séparés 
par  un  intervalle  extrêmement  petit  (un  quart  de  longueur  d'onde,  soit 
environ  {0'ouo  de  millimètre);  mais,  en  réglant  l'inclinaison  de  la  pelli- 
cule exploratrice,  on  arrive  à  couper  très  obliquement  ces  plans,  de 
manière  à  écarter  beaucoup  la  distance  de  leurs  traces  ;  les  vibrations 
lumineuses  photogéniques  donnent  une  impression  sur  les  lignes  où  leurs 
amplitudes  s'ajoutent  et  n'altèrent  pas  la  couche  sensible  sur  les  lignes 
nodales  où  les  amplitudes  s'annulent  :  de  là  l'apparition  de  véritables 
franges  lorsqu'on  développe  la  pellicule  comme  un  cliché  photogra- 
phique. 

»  M.  "Wiener  applique  alors  cette  pellicule  exploratrice  à  l'étude  des 
mouvements  vibratoires  résultants,  existant  au  voisinage  d'une  surface  sur 
laquelle  un  large  faisceau  polarisé  se  réfléchit  sous  l'incidence  de  45°.  Les 
ondes  incidente  et  réfléchie  se  coupent  sous  un  angle  droit  comme  dans  le 
projet  deM.  Zenker;  les  vibrations  ne  peuvent  donc  ajouter  ou  retrancher 
leurs  amplitudes  que  si  leurs  directions  sont  parallèles,  ce  qui  n'aura  lieu 
que  dans  le  cas  où  les  vibrations  sont  normales  au  plan  d'incidence. 

»  L'expérience  est  très  concluante  parce  qu'elle  offre  simultanément 
et  dans  des  conditions  identiques  les  deux  cas  entre  lesquels  il  faut  tran- 
cher :  le  faisceau  incident  traverse  un  rhomboïde  de  spath  d'Islande  qui 
donne  côte  à  côte  deux  faisceaux,  l'un  polarisé  dans  le  plan  d'incidence, 
l'autre  dans  le  plan  perpendiculaire  :  la  pellicule  offre  alors  deux  plages 
contiguës,  l'une  impressionnée  d'une  manière  uniforme,  c'est-à-dire  sans 
trace  d'action  mutuelle,  l'autre  sillonnée  de  franges;  c'est  celle  qui  cor- 
respond à  la  polarisation  dans  le  plan  d'incidence  :  les  vibrations  y 
sont  donc  normales  à  ce  plan. 

»  Les  vibrations  de  la  lumière  polarisée  sont  donc  normales  au  plan  de 
polarisation. 

»  Cette  belle  expérience,  complément  longtemps  désiré  de  celle  de 
Fresnel  et  Arago,  mérite  de  faire  époque  dans  l'histoire  de  l'Optique  :  elle 
renverse  définitivement  les  théories  qui  placent  la  vibration  dans  le  plan  de 


(  i89  ) 
polarisation  de  la  lumière,  comme  celle  de  Mac-Cullagh  etNeumann;  par 
contre,  elle  confirme  d'une  manière  éclatante  les  idées  de  Fresnel  et  de  ses 
disciples,  notamment  dans  toutes  les  conséquences  relatives  à  la  double 
réfraction,  à  l'aberration,  à  la  constitution  de  l'éther  dans  les  milieux  iso- 
tropes ou  cristallisés. 

»  Elle  précise  par  un  fait  palpable  le  caractère  dynamique  de  la  vibra- 
tion lumineuse,  qui  commençait  à  passer,  dans  l'esprit  de  certains  géomè- 
tres, pour  une  conception  abstraite,  pour  une  entité  symbolique  indiffé- 
remment réductible  à  des  équivalences  cinématiques  très  diverses. 

»  En  présence  de  ce  fait,  où  l'expérimentateur  dirige  à  son  gré  l'action 
mécanique  de  la  vibration  lumineuse  comme  celle  de  la  vibration  sonore, 
on  ne  peut  plus  affirmer  que  la  vibration  optique  soit  une  simple  abstrac- 
tion géométrique  et  que  nos  connaissances  sur  sa  nature  se  réduisent  à  dire 
que  c'est  un  vecteur. 

»  On  conçoit  qu'il  puisse  rester  d'autres  interprétations  de  l'oscillation 
lumineuse,  mais  le  champ  des  équivalences  acceptables  se  trouve  mainte- 
nant singulièrement  réduit. 

»  J'ai  pensé  que  l'Académie  verrait  avec  satisfaction  la  solution  défini- 
tive d'un  problème  sur  lequel  elle  a,  à  diverses  reprises,  appelé  l'attention 
des  expérimentateurs,  et  qui  complète  d'une  manière  si  heureuse  le  cycle 
des  expériences  fondamentales  de  l'Optique  moderne.  » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —   Faits  pour  servir  à   l'histoire  des  principes    azotés 
renfermés  dans  la  terre  végétale;  par  MM.  Berthelot  et  G.  Axdré. 

«  Dans  une  étude  précédente  ('),  nous  avons  étudié  d'une  manière  gé- 
nérale la  formation  de  l'ammoniaque  par  la  terre  végétale  ordinaire,  c'est- 
à-dire  ne  renfermant  ni  terreau,  ni  matière  qui  lui  soit  assimilable  :  une 
terre  semblable  ne  contient  à  dose  sensible  ni  ammoniaque  libre,  ni  sels 
ammoniacaux;  mais  on  y  rencontre  surtout  des  principes  amidés,  dont  la 
décomposition  lente  par  les  acides  ou  les  alcalis  étendus,  froids  et  surtout 
bouillants,  et  même  par  l'eau  pure  dès  la  température  ordinaire,  est  l'ori- 
gine principale  de  l'ammoniaque  trouvée  dans  les  analyses. 

»   Celte  même  décomposition  lente  par  l'eau  et  par  les  carbonates  alca- 

')  Annales  de  Chimie  et  de  Pliysii/ue,  6e  série,  t.  IX,  p.  289;  1887. 


(   J9o  ) 

lins  et  terreux  engendre  pareillement  de  l'ammoniaque,  que  les  terres  vé- 
gétales émettent  à  froid,  et  qui  se  répand  dans  l'atmosphère  ambiante. 

»  Les  principes  amidés  qui  se  décomposent  ainsi  appartiennent  :  soit  à 
la  classe  des  amid.es  proprement  dits,  dérivés  de  l'union  des  acides  avec 
l'ammoniaque,  et  qui  régénèrent  cette  dernière  assez  facilement,  quoique 
avec  des  vitesses  inégales,  sous  l'influence  des  acides  et  des  alcalis  ;  soit  à  la 
classe  des  alcalamides,  dérivés  de  l'union  des  bases  azotées  volatiles  avec 
les  acides,  lesquels  se  comportent  à  peu  près  comme  les  amides  et  four- 
nissent des  composés  azotés  volatils;  soit  enfin  à  la  classe  des  alcalamides 
dérivés  de  l'union  des  bases  azotées  fixes,  ou  corps  congénères,  avec  les 
acides,  lesquels  se  dédoublent  en  fournissant  des  produits  azotés  non  vo- 
latils. 

»  Parmi  ces  alcalamides,  les  uns  sont  solubles  dans  l'eau,  les  autres  in- 
solubles et  le  dédoublement  de  ces  derniers,  par  les  acides  ou  par  les  alca- 
lis, peut  fournir  soit  des  dérivés  solubles,  salins  ou  acides,  soit  des  dérivés 
insolubles  dans  l'eau. 

»  Ces  distinctions  multiples  s'appliquent,  comme  nous  allons  le  montrer, 
aux  composés  azotés  de  la  terre  végétale;  elles  sont  indispensables  pour 
en  débrouiller  l'analyse  immédiate  et  la  constitution;  on  ne  saurait  dou- 
ter d'ailleurs  qu'elles  ne  jouent  un  rôle  essentiel  dans  les  conditions  qui 
président  à  l'absorption  par  les  plantes  des  matières  hydrocarbonées  et 
azotées  du  sol  et  à  la  nutrition  végétale. 

»  Voici  quelques-uns  des  résultats  de  nos  observations.  La  terre  végé- 
tale qui  en  a  été  le  sujet  était  une  terre  argileuse. 

»    ikg  de  cette  terre,  séchée  à  i  io°  contenait  : 

Carbone  organique i9sr>io 

Azote is',669 

»  Le  rapport  pondéral  du  carbone  à  l'azote  est  ii,6;i,  c'est-à-dire 
près  du  quart  du  rapport  3,  i  \  i  qui  caractérise  les  principes  albuminoïdes. 
Si  donc  l'azote  concourait  à  former  des  composés  analogues  dans  la  terre, 
celle-ci  pourrait  être  regardée  comme  contenant  i  partie  de  principes  al- 
buminoïdes, associée  avec  3  parties  de  principes  humiques  ou  autres,  dé- 
rivés spécialement  des  hydrates  de  carbone.  Cette  assimilation,  quoique 
imparfaite,  fournit  une  première  vue  sur  la  constitution  de  la  matière 
organique  qui  constituait  la  terre  soumise  à  notre  examen;  les  recherches 


(   '9'  ) 
qui  suivent,  comparées  avec  les  belles  recherches  de  M.  Schûtzenberger 
sur  les  composés  protéiques,  permettront  peut-être  d'aller  plus  loin. 

»  Pour  jeter  quelque  lumière  sur  la  nature  des  principes  azotés  que 
cette  terre  renferme,  nous  lui  avons  fait  subir  les  épreuves  suivantes  : 
traitement  par  les  acides;  traitement  par  les  alcalis;  les  uns  et  les  autres 
étant  pris  à  différents  degrés  de  concentration,  de  température,  et  em- 
ployés pendant  des  temps  différents. 

»  On  a  examiné  dans  charpie  cas  l'azote  dégagé  sous  forme  d'ammo- 
niaque (ou  d'alcali  volatil  analogue);  l'azote  renfermé  dans  les  composés 
fixes  solubles  dans  l'eau,  obtenus  avant  et  après  neutralisation;  l'azote 
renfermé  dans  les  composés  insolubles,  obtenus  avant  et  après  neutrali- 
sation; enfin  on  a  dosé,  dans  un  certain  nombre  de  cas,  le  carbone 
contenu  dans  chacun  de  ces  groupes. 

»  La  discussion  détaillée  de  ces  essais  devant  trouver  place  dans  le  Mé- 
moire développé,  nous  nous  bornerons  à  les  résumer  ici. 

I.  —   Traitements  alcalins. 

»  1.  A  froid,  avec  une  solution  concentrée  de  potasse.  —  17,4  centièmes 
d'azote  ont  été  éliminés  sous  forme  d'ammoniaque,  dont  un  quart  pendant 
les  trois  premiers  jours,  un  huitième  pendant  les  trois  jours  suivants;  puis 
l'action,  devenue  beaucoup  plus  faible,  s'est  poursuivie  pendant  les  qua- 
rante jours  suivants,  à  peu  près  proportionnellement  au  temps  :  conformé- 
ment à  la  loi  élémentaire  énoncée  il  y  a  vingt-six  ans  par  l'un  de  nous  pour 
les  réactions  simples  exercées  dans  un  système  homogène,  pendant  une 
période  assez  courte  pour  que  le  poids  absolu  de  la  matière  non  transfor- 
mée demeure  presque  constant  :  condition  où  la  marche  du  phénomène 
est  représentée  sensiblement  par  son  équation  différentielle. 

»  Il  semble,  d'après  ces  observations,  que  les  principes  amidés  de  la 
terre,  décomposables  par  la  potasse,  appartiennent  à  deux  groupes  dis- 
tincts, qui  se  détruisent  avec  des  vitesses  très  inégales. 

»  2.  A  chaud,  avec  une  solution  étendue  de  potasse.  —  La  terre  était 
chauffée  au  bain-marie,  dans  un  courant  d'hydrogène  qui  entraînait  l'am- 
moniaque et  évitait  l'oxydation.  En  six  heures,  il  s'est  formé  une  dose 
d'azote  ammoniacal  renfermant,  sur  100  parties,  11,2  de  l'azote  total; 
aucun  composé  azoté,  appartenant  à  la  classe  des  composés  neutres,  ou 
incapables  de  neutraliser  les  acides,  n'est  volatilisé  en  même  temps  :  nous 
l'avons  spécialement  vérifié. 


(     !92    ) 

Centièmes. 
L'azote  dans  la  portion  demeurée  insoluble  dans  la  potasse  s'élevait  à.      12, S 
L'azote  dosé  dans  la  partie  dissoute  par  la  potasse 74  , 1 

»  L'action  de  la  potasse  d'ailleurs  n'était  pas  épuisée. 

»   3.  Même  expérience,  prolongée  pendant  i3  heures. 

Centièmes. 

Azote  éliminé  sous  forme  d'ammoniaque 16,0 

Azote  dans  la  partie  insoluble  dans  la  potasse 10,0 

Azote  dans  la  partie  insoluble  (sels  de  potasse) 74 ,0 

»  On  a  partagé  en  deux  la  matière  insoluble  dans  la  potasse;  une  por- 
tion, ayant  été  traitée  de  nouveau  de  la  même  manière  pendant  i3  heures, 
a  fourni  : 

Azote. 

Une  fraction  insoluble  dans  la  potasse,  renfermant 6,4 

La  fraction  soluble  et  les  matières  volatiles  contenaient  donc 3,6 

10,0  cent. 

»  Ce  résultat  met  en  évidence  le  lent  et  progressif  dédoublement  des 
alcalamides,  opéré  sous  l'influence  de  l'alcali. 

»  Une  autre  portion  de  la  matière,  originellement  insoluble  dans  la  po- 
tasse, a  été  traitée  par  l'acide  chlorhydrique  étendu  au  bain-marie,  pendant 
t3  heures;  ce  qui  a  fourni  : 

Azote. 

Une  fraction  insoluble,  renfermant 4>5 

La  fraction  soluble  des  matières  volatiles 5,5 

10,0  cent. 

»  Les  composés  azotés  insolubles  de  la  terre  sont  donc  dédoublés  par 
les  acides  étendus,  aussi  bien  que  par  les  alcalis,  et  même  plus  rapidement. 
Ce  qui  montre  combien  il  serait  peu  exact  de  croire  la  réaction  des  acides 
étendus  plus  propre  que  celle  des  alcalis,  pour  déceler  ou  doser  l'ammo- 
niaque préexistante  dans  une  terre  végétale  :  nous  avons  déjà  insisté  sur 
ce  point  ('  ). 

»  4.  En  poussant  plus  loin  l'action  des  alcalis  étendus  sur  la  terre  vé- 
gétale, on  augmente  la  proportion  des  principes  azotés  insolubles  dans  la 
potasse. 

(')  Ann.  de  Cliim.  et  de  Pays.,  6e  série,  t.  XI,  p.  370. 


(  "j3  ) 
»   C'est  ce  que  paraît  indiquer  l'expérience  suivante  : 

Centièmes. 

Azote  ammoniacal 21 ,8 

Azote  de  la  partie  insoluble  dans  la  potasse i4,3 

Azote  des  acides   bruns  insolubles,   précipités  de  leur 

solution  potassique 1 7 ,  5 

Azote  des  acides  et  autres  principes  demeurés  solubles 

dans  l'eau  acidulée 44 , 3 

97^8 

»  Ainsi  le  dégagement  de  l'ammoniaque  augmentant  sans  cesse  et  étant 
porté  de  iG  à  21,8  centièmes,  l'azote  des  composés  insolubles  dans  la  po- 
tasse s'est  accru  de  10  à  i\  centièmes;  tandis  que  celui  des  composés  so- 
lubles dans  la  potasse  d'abord,  puis  dans  l'eau  acidulée,  aurait  baissé  de 
52,4  à  44,3. 

»  Plusieurs  réactions  se  poursuivent  donc  simultanément,  lorsque  la 
potasse  est  mise  en  présence  des  principes  azotés  de  la  terre  végétale. 
Certains  de  ces  principes  y  deviennent  d'abord  solubles;  mais  ils  perdent 
peu  à  peu  une  partie  de  leur  azote  sous  forme  d'ammoniaque  ou  d'alca- 
lamides  solubles,  et  ils  sont  ramenés  parla  de  nouveau  à  l'état  de  principes 
insolubles,  toujours  azotés. 

»  Ces  derniers  ne  sont  pas  non  plus  absolument  stables;  mais,  plus 
lentement  décomposables  que  les  premiers,  ils  reproduisent  des  composés 
azotés  solubles,  de  seconde  formation  en  quelque  sorte. 

»  Poussons  plus  loin  notre  étude,  en  déterminant  le  rapport  du  carbone 
à  l'azote,  dans  les  composés  azotés  divers  formés  sous  l'influence  des  alcalis 
aux  dépens  de  la  terre  végétale. 

»   Dans  son  état  initial,  cette  terre  renfermait  sur  ike  sec  : 

Carbone  organique >9>3o 

Azote 1 ,669 

Rapport  en  poids  11,  G:  1  ou  8,62  centièmes.  C'est  sensiblement  le  rapport 
brut,  en  équivalents,  G'  :  Az. 

»   Dans  l'expérience  n"  3,  la  partie  insoluble  dans  les  alcalis  contenait  : 

En  centièmes 
Poids  du 

absolu.  carbone  total. 

D'après  l'analyse  élémentaire C  =  o,653  35, 02 

La  partie  soluble,  mais  précipitable  par 

l'acide  sulfurique C  --=  o,  20-5  1 1 ,  i3 

La  partie  soluble  non  précipitable C  =.  0,9859  52,88 


1^,846/,  99,  o3 


Perte. 


0,97 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX1I,  N"  4.)  26 


(  i94  ) 

Expérience  n°  k  (poussée  plus  loin) 


Rapports 

de  l'azote 

à  ioo  parties 

de  carbone. 


Carbone  de  la  partie  insoluble  dans  la  potasse 3i  ,2  4>o 

Carbone  des  acides  bruns,  précipités  par  HC1  étendu.  .  .      27, 1  5,6 

Carbone  des  principes  demeurés  dissous 4o.o  9,7 

Perte 1,7  » 

Principes  organiques  de  la  terre  initiale 8,6 

»  Ces  nombres  et  ces  rapports  varient  évidemment  avec  les  conditions 
des  essais.  Mais  ils  suffisent  pour  montrer  que  les  composés  insolubles 
les  plus  pauvres  en  azote  sont  aussi  les  plus  condensés,  comme  poids  mo- 
léculaire; ce  qui  s'accorde  avec  tous  les  faits  connus. 

»  Les  dédoublements  opérés,  soit  par  les  alcalis,  soit  par  les  acides, 
tendent  en  général  à  abaisser  le  poids  moléculaire  des  produits  résultants  : 
ceci  fait  entrevoir  suivant  quels  mécanismes  doit  être  effectuée  l'absorp- 
tion des  matières  bumiques  et  azotées  du  sol  par  les  végétaux. 

»  En  effet,  d'après  les  données  précédentes,  l'influence  prolongée  des 
alcalis  a  rendu  solubles,  au  bout  de  26  heures  au  bain-marie,  les  93,6  cen- 
tièmes de  l'azote  organique,  contenu  à  l'origine  dans  la  terre  végétale.  Sous 
les  influences  successives  des  alcalis  et  des  acides,  on  est  parvenu  à  un 
chiffre  voisin:  o,5,5.  Dans  un  ordre  inverse,  c'est-à-dire  en  commençant  par 
l'acide  chlorhydrique  étendu,  celui-ci  a  rend  u  soluble,  au  bout  de  1 3  heures 
au  bain-marie,  les  71  centièmes  de  l'azote  (i5  centièmes  ayant  formé  de 
l'ammoniaque)  et  le  traitement  consécutif  par  la  potasse  étendue,  joint 
au  précédent,  en  a  rendu  définitivement  solubles  les  91  centièmes. 

»  Ces  essais  montrent  comment  l'azote  insoluble  contenu  dans  les  com- 
posés humiques  peut  être  graduellement  rendu  soluble  et  assimilable.  Les 
actions  des  végétaux  ne  sont  assurément  pas  identiques  à  celles  qu'exer- 
cent les  acides  et  les  alcalis,  dans  nos  expériences.  Cependant  les  unes  et 
les  autres  offrent  certains  termes  de  comparaison,  au  point  de  vue  des  mé- 
canismes chimiques  mis  en  jeu  par  les  carbonates  terreux  et  par  l'acide 
carbonique,  ainsi  que  par  les  acides  mêmes  formés  dans  les  végétaux;  les 
actions  naturelles  compensant  par  leur  durée  les  effets  plus  énergiques 
exercés  dans  un  temps  plus  court  par  les  acides  et  par  les  alcalis  miné- 
raux. » 


!().)      ; 


CHIMIE   VÉGÉTALE.  —  Nouvelles  observations  sur  les  composés  azotes  volatils 
émis  par  la  terre  végétale;  par  M.  Berthelot. 

«  J'ai  fait,  dans  le  cours  de  l'année  1890,  quelques  observations  nou- 
velles sur  l'émission  par  la  terre  de  composés  azotés  volatils,  que  j'avais 
signalés  pendant  ma  précédente  campagne  d'expériences  (')  :  le  sujet  est 
assez  intéressant,  au  point  de  vue  phvsiologique  et  agricole,  pour  qu'il 
m'ait  paru  utile  de  faire  connaître  ces  observations. 

»  Les  essais  présents  ont  été  réalisés  avec  des  sables  argileux  ou  des  ar- 
giles pauvres  en  azote,  mais  amenés  à  peu  près  à  la  limite  de  saturation  de 
la  matière  organique  qu'ils  renferment  par  cet  élément.  Ils  étaient  disposés 
dans  des  pots  de  porcelaine,  renfermant  il<s  de  matière,  et  placés  dans  de 
grandes  cloches,  de  la  capacité  de  5o',  ajustées  sur  des  capsules  de  verre, 
destinées  à  recueillir  l'eau  de  condensation  (2). 

»  Les  expériences  ont  duré  cinq  mois  et  demi,  de  mai  à  octobre. 

»  Pendant  une  première  période,  on  arrosait  de  temps  en  temps  par  la 
tubulure  supérieure,  de  façon  à  empêcher  le  sol  de  se  dessécher;  l'eau 
évaporée  se  condensait  à  mesure  sur  les  parois  de  la  cloche,  et  elle  était 
extraite  chaque  semaine  par  la  tubulure  inférieure,  puis  additionnée  d'un 
peu  d'acide  sulfurique  étendu  et  mise  à  part.  Durant  le  même  temps,  un 
petit  vase  renfermant  de  l'acide  sulfurique  étendu  était  placé  au  voisi- 
nage du  pot  qui  contenait  la  terre,  dans  l'intention  de  recueillir  séparé- 
ment, s'il  se  pouvait,  le  gaz  ammoniac  exhalé  dans  l'atmosphère  de  la 
cloche. 

»  Pendant  la  seconde  période,  de  durée  à  peu  près  égale,  on  a  cessé 
tout  arrosage,  et,  par  suite,  la  terre  s'est  séchée,  en  même  temps  que  ces- 
saient les  condensations  d'eau. 

»  A  la  fin  on  a  dosé  : 

»  i°  L'ammoniaque  condensée  directement  dans  l'acide  sulfurique 
étendu  ; 

»  20  L'ammoniaque,  déplaçable  par  la  magnésie,  telle  qu'elle  s'était 
accumulée  dans  les  eaux  de  condensation; 

»  "3°  L'azote  organique,  contenu   dans  celle-ci,   après  élimination  de 


(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  6e  série,  t.  XIX,  p.  492. 
(:)    Voir  la  figure  dans  le  Recueil  ci-dessus,  p.  494- 


(  '96  ) 
l'ammoniaque;  azote   dosable    après    neutralisation   par  un    léger   excès 

d'acide,  évaporation  à  sec  et  traitement  du  résidu  au  rouge  par  la  chaux 
sodée. 

«   Voici  les  résultats  : 

N"   115.  —  iks  sable  argileux  renfermant  :  Azote 0,090 

Azole  ammoniacal  de  l'eau  d'arrosage ....  0,000048 

»    Les  produits  exhalés  ont  fourni  : 

.  ,  .    ,     /  Azote  ammoniacal,  recueilli  dans  l'acide  sulfurique.  .  0,00012 

Première  période   I    ,  .       ,    ,  ,  .  . 

<.   Azote  ammoniacal  des  eaux  de  condensation 0,00012 

(arrosage).        1 

\  Azote  organique  des  mêmes  eaux 0,0022:1 

0,00244 

,   .    ,     /  Azole  ammoniacal,  recueilli  dans  l'acide  sulfurique.  .  0,000007 
Seconde  période   l                                     .    .                 .            , 

1  {  Azote  ammoniacal  des  eaux  de  condensation 0,000007 

(pas  d  arrosage).   /    .      ,  •  ,  .  , 

vr  \  Azote  organique  des  mêmes  eaux o, 000040 

osr,  oooo54 

N°  121.  —  ikB   sable   argileux,  avec  addition  d'une  petite  quantité  d'infu- 
sion de  terre  faite  à  froid,  le  tout  renfermant  :  Azote 0,091 

Azote  ammoniacal  de  l'eau  distillée,  arrosage o,oooo48 

.,  ,   .  /  Azote  ammoniacal  recueilli  dans  l'acide  sulfurique.     .  0,0001 5 

Première  période        ,  ,   ,  .  , 

{  Azote  ammoniacal  des  eaux  de  condensation 0,00070 

(arrosage)  ....).  ... 

[  Azote  organique  des  mêmes  eaux 0,00120 

O§'',O02OD 

!  Azote  recueilli  dans  l'acide  sulfurique 0,000007 

Azote  ammoniacal  des  eaux  de  condensation Nul 

Azole  organique  des  mêmes  eaux o,oooo4o 

os1', 000047 

N°  126.  —  iks  argile  blanche,  avec  addition  d'infusion  de  terre,  le  tout  ren- 
fermant :  Azote 0,047 

Azote  ammoniacal  de  l'eau  distillée,  arrosage o,oooo48 

,  .    ,     /  Azote  ammoniacal  recueilli  dans  l'acide  sulfurique  ..  .  0,0001 
Première  période   1 

r  {  Azote  ammoniacal  des  eaux  de  condensation o,ooo55 


( arrosage ) 


'  Azote  organique  des  mêmes  eaux 0,00076 

OSr,OOl42 


»   D'autres  essais  faits  avec  addition  de  diverses  matières  organiques, 
tels  que  mannite,  amidon,  dérivé  humique  du  sucre,  ont  fourni  des  résul- 


(  '97  ) 
tats  tout  à  faits  analogues,  mais  dont  il  paraît  inutile  de  reproduire  le  dé- 
tail, à  cause  de  la  similitude  des  nombres  et  des  conclusions. 

»  D'après  les  chiffres  qui  précèdent,  on  voit  d'abord  que  l'exhalaison 
des  produits  azotés  a  eu  lieu  avec  une  certaine  activité  relative  (2mgr  en 
deux  mois  et  demi),  tant  que  l'arrosage  a  entretenu  la  terre  humide  et 
l'évaporation  intérieure.  Avec  la  terre  non  arrosée,  le  phénomène  con- 
sécutif est  devenu  incomparablement  plus  lent;  cependant  il  a  subsisté, 
c'est-à-dire  que  le  sol  sec  a  continué  à  exhaler  des  traces  de  composés 
azotés  volatils,  pendant  la  seconde  période,  de  durée  à  peu  près  égale  à  la 
première. 

«  Le  vase  à  acide  sulfurique  étendu,  placé  à  côté  du  pot  qui  contenait 
la  terre,  n'a  guère  arrêté  que  la  moitié  de  ces  faibles  doses.de  l'ammo- 
niaque :  probablement  parce  que,  d'un  côté,  sa  surface  n'était  qu'une  très 
petite  fraction  de  la  surface  de  condensation  des  vapeurs,  et  que,  de 
l'autre,  la  tension  de  l'ammoniaque  dans  l'eau,  une  fois  condensée  et 
accumulée  dans  la  capsule  inférieure,  était  tellement  petite,  qu'elle  n'avait 
pas  le  temps  de  se  répandre  suffisamment  dans  l'atmosphère  supérieure, 
pendant  l'intervalle  des  récoltes  de  l'eau  condensée. 

»  Enfin,  et  c'est  là  le  résultat  le  plus  intéressant,  l'azote  contenu  dans 
les  composés  organiques  volatils,  émis  dans  ces  conditions  par  le  sable 
argileux,  a  toujours  été  fort  supérieur  à  l'azote  émis  sous  forme,  d'am- 
moniaque. La  terre  végétale,  20  fois  plus  riche  en  azote  que  le  sable  argi- 
leux ci-dessus,  avait  émis  également  ces  deux  ordres  de  composés,  dans 
mes  essais  précédents;  mais  l'azote  ammoniacal  y  prédominait  (')  sur 
l'azote  organique;  tout  en  lui  demeurant  comparable,  soit  avec  la  terre 
nue,  soit  en  présence  des  plantes  supérieures.  Il  est  probable  d'ailleurs 
que  ces  phénomènes  subissent,  dans  tous  les  cas,  l'influence  de  la  végéta- 
tion des  microbes  ou  plantes  inférieures,  contenus  dans  tous  les  sols,  les- 
quels fabriquent  les  traces  observées  de  matières  azotées  volatiles,  sortes  de 
ptomaïnes  végétales.  » 

(')  Mémoire  cité  plus  haut,  p.  ^gG. 


(   198  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Essai  sur  la  synthèse  des  matières  protèiq aes  ; 

par  M.  P.    SCHUTZEXBERGEIÎ. 

((  La  synthèse  des  matières  azotées,  dites  protëiques,  entrant  dans  la 
constitution  des  tissus  et  des  liquides  de  l'organisme  vivant,  est  un  problème 
trop  complexe  pour  qu'il  soit  permis  d'espérer  d'en  trouver  la  solution 
complète  par  un  seul  effort  convenablement  dirigé. 

»  Les  résultats  des  expériences  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 
démie me  semblent  de  nature  à  nous  rapprocher  du  but  et  à  fournir  une 
indication  sérieuse  sur  la  voie  qu'il  conviendra  de  suivre  pour  l'atteindre. 
A  ce  point  de  vue  ils  méritent,  pensons-nous,  d'être  signalés. 

»  Dans  une  série  étendue  de  recherches  qui  ont  fait  l'objet  de  divers 
Mémoires  présentés  à  l'Académie,  j'ai  fait  connaître  tous  les  termes  résul- 
tant de  la  décomposition  par  hydratation  des  matières  protéiques,  albu- 
minoïdes  ou  autres,  sous  l'influence  des  alcalis  (baryte).  Pour  bien  faire 
comprendre  ce  qui  suivra,  je  dois  résumer  et  rappeler  en  quelques  mots 
les  conséquences  les  plus  importantes  de  ces  travaux. 

»  i°  La  matière  protéique,  en  s'hydratant  sous  l'influence  de  la  baryte, 
à  une  température  supérieure  à  ioo°,  utilise  à  peu  de  chose  près  autant  de 
molécules  d'eau,  H20,  qu'elle  contient  d'atomes  d'azote. 

»  2°  Une  fraction  de  l'azote  total,  fraction  variant  avec  la  nature  de  la 
substance  employée  de  ~  à  i,  se  sépare  sous  forme  d'ammoniaque. 

»  On  constate  en  même  temps  la  mise  en  liberté  d'acides  oxalique  et 
carbonique  en  proportions  telles  que  pour  2  molécules,  2AzH3,  d'ammo- 
niaque libre,  on  trouve  i  molécule  d'acide  bibasique  (CO2  et  C2H20'). 

»  3°  Les  autres  termes  de  la  décomposition  sont  tous  des  corps 
amidés.  La  composition  élémentaire  de  leur  mélange  répond  assez  exacte- 
ment à  une  expression  de  la  forme  C°H2aAz204,  avec  un  léger  excès  d'oxy- 
gène. 

»  4°  Ce  mélange  est  formé  de  deux  séries  de  termes  :  les  uns,  de  la 
forme  C'H26+'Az02  (n  =  2,  3,  4.  5,  6),  sont  les  dérivés  amidés  des 
acides  gras  C"H2"02,  que  l'on  peut  obtenir  synthétiqucment  par  l'action 
des  dérivés  chlorés  des  acides  gras  sur  l'ammoniaque;  les  autres,  de  la 
forme  CcH2c_'Az02  (C  =4»  5),  peuvent  être  envisagés  comme  des  anhy- 
drides des  oxyacides  amidés  C"H2"+I  AzO3. 


(   '99  ) 

»  J'ai  réalisé,  il  y  a  quelques  années,  la  synthèse  de  composés  de  la 
forme  CH2"-'  AzO2  (leucéines),  offrant  les  mêmes  caractères  que  ceux 
obtenus  par  l'hydratation  des  matières  protéiques,  par  l'action  des  bro- 
mures éthyléniques  sur  les  combinaisons  zinciques  des  acides  gras  amidés 
C"H2"+,Az02. 

»  Une  matière  protéique,  telle  que  l'albumine,  peut  donc  être  envi- 
sagée, dans  ses  grandes  lignes,  comme  formée  de  : 

C2H20*  -,    2AzH:  -f-  3(C"iII2"M-'Az02  )  -+-  3(C"H2"-' AzO2  )       8H20 

Ac.  oxalique.  ou  OH'lAi'O"  [q  =  3(m-t-re)] 

=  C?+2H2,?-8Az808. 

»  En  posant  q  =  28,  la  formule  précédente  conduit  à  des  nombres  qui 
se  rapprochent  beaucoup  de  ceux  que  donne  l'analyse  élémentaire  de  l'al- 
bumine. 

»   Il  est  bien  entendu  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  d'une  formule  moléculaire. 

»  Après  cette  étude  d'ordre  analytique,  que  je  crois  avoir  poussée  aussi 
loin  que  possible,  se  posait  le  problème  inverse.  Peut-on  recombiner  avec 
élimination  d'eau  les  amides  et  les  composés  amidés  précédents,  de  con- 
stitution relativement  simple,  de  manière  à  former  des  corps  complexes, 
se  rapprochant  par  leur  composition  et  l'ensemble  de  leurs  caractères  chi- 
miques des  matières  protéiques?  En  d'autres  termes,  peut-on  effectuer  la 
synthèse  d'une  substance  protéique  en  partant  des  termes  simples  de  sa 
décomposition  par  hydratation? 

»  De  nombreuses  tentatives  dirigées  dans  cette  voie  étant  restées  infruc- 
tueuses, j'avais  été  amené  à  penser  et  à  craindre  que,  lors  de  la  décompo- 
sition par  hydratation  sous  l'influence  de  la  baryte,  il  se  produit  en  même 
temps  des  transpositions  intramoléculaires,  du  genre  de  celles  qu'éprouve 
la  saccharose  lorsqu'elle  se  dédouble  en  acide  lactique.  S'il  en  était  ainsi, 
le  processus  de  la  synthèse  des  matières  protéiques  serait  beaucoup  moins 
simple  et,  au  lieu  de  consister  seulement  en  une  soudure  de  plusieurs  mo- 
lécules avec  élimination  d'eau,  comme  cela  a  lieu  lors  de  la  formation  des 
éthers  composés  et  des  corps  gras  neutres,  elle  se  compliquerait  d'une 
transposition  moléculaire  inverse  de  celle  produite  parles  alcalis,  transpo- 
sition que  les  chimistes  ne  sont  pas  maîtres  de  réaliser  à  leur  gré. 

»  Mes  nouvelles  expériences  tendent  à  écarter  cette  cause  de  complica- 
tion. 

»   J'ai,  en  effet,  réussi  à  former  un  composé  azoté  qui,  par  ses  caractères, 


(     200    ) 

doit  être  rangé  dans  la  classe  des  matières  protéiques,  en  combinant  avec 
élimination  d'eau  les  produits  ultimes  et  cristallisables  provenant  de  la  dé- 
composition de  l'albumine  et  de  la  fibrine  sous  l'influence  de  la  baryte. 

»  Le  mélange  des  composés  amidés  (C"  H2m+I  AzO2  et  CnH2"-'  AzO2), 
additionné  de  10  pour  ioo  environ  d'urée,  broyé  finement  et  séché  à 
no°,  a  été  intimement  mélangé  avec  i,5  fois  son  poids  d'anhydride  phos- 
phorique.  Le  tout  a  été  chauffé  dans  un  ballon  au  bain  d'huile. 

»  Avant  120°  il  ne  se  produit  aucun  changement  et  la  masse  reste  pul- 
vérulente. Vers  125°  la  réaction  déshydratante  commence  et  se  termine  en 
quelques  instants.  L'anhydride  phosphorique  s'hydrate  brusquement  aux 
dépens  de  l'eau  dont  les  éléments  sont  empruntés  aux  composés  amidés. 
La  masse  devient  pâteuse  et  se  solidifie  en  un  produit  compact,  sans  brunir 
sensiblement. 

»  Après  refroidissement,  on  dissout  dans  une  petite  quantité  d'eau  et 
on  ajoute  à  la  solution  plusieurs  fois  son  volume  d'alcool.  On  obtient  ainsi 
un  abondant  précipité  emplastique  qui  est  lavé  à  l'alcool  et  redissous 
dans  l'eau;  la  solution  filtrée,  pour  éliminer  un  peu  de  produit  insoluble, 
est  débarassée  d'acide  phosphorique  au  moyen  d'un  léger  excès  de  baryte, 
excès  que  l'on  sépare  en  le  précipitant  par  l'acide  sulfurique  employé  en 
dose  équivalente.  Le  liquide  filtré  à  nouveau  et  concentré  au  bain-marie 
donne  un  produit  amorphe,  soluble  dans  l'eau,  précipitable  par  l'alcool 
en  grumeaux  blancs  caséeux. 

»  Le  corps  ainsi  obtenu  présente  de  grandes  analogies  de  caractères 
avec  les  peptones. 

»  Ses  solutions  aqueuses  précipitent,  par  le  tannin,  l'acide  picrique,  le 
sublimé  corrosif,  l'azotate  mercurique  acide,  le  réactif  de  Millon,  le  biio- 
dure  de  potassium,  l'iodomercurate  de  potassium,  l'acide  phosphotung- 
stique  en  présence  de  l'acide  chlorhydrique,  l'acide  phosphomolyb- 
dique,  l'acétate  et  le  sous-acétate  de  plomb.  Elles  ne  précipitent  pas,  au 
moins  à  froid,  par  le  cyanure  jaune,  en  présence  de  l'acide  acétique. 

»  Additionnée  de  potasse  caustique  et  de  quelques  gouttes  de  solution 
de  sulfate  de  cuivre,  elle  prend  une  coloration  rouge  rosé.  Cette  pseudo- 
peptone  synthétique,  chauffée  avec  de  l'acide  nitrique,  donne,  après  éva- 
poralion  de  l'excès  d'acide,  un  résidu  jaune,  qui  devient  orangé  sous 
l'influence  de  l'ammoniaque  et  qui,  sous  l'influence  de  la  chaleur,  se  dé- 
compose brusquement,  avec  production  d'un  champignon  volumineux  de 
charbon  boursouflé,  comme  cela  arrive  avec  la  gélatine. 

»   Chauffée  sur  une  lame  de  platine,  elle  se  charbonne  et  se  boursoufle 


(    201     ) 

en  dégageant  l'odeur  caractéristique  des  matières  animales  brûlées. 
»  Il  sera  intéressant  de  soumettre  isolément  à  cette  réaction  les  divers 
dérivés  amidésdes  matières protéiques,  afin  de  déterminer  quels  sont  ceux 
qui  jouent  un  rôle  indispensable  et  prépondérant  dans  la  formation  des 
molécules  protéiques  et  quels  sont  ceux;  dont  le  rôle  est  secondaire.  » 


ZOOLOGIE.  —  De  V  influence  des  grands  froids  de  L'hiver  sur  quelques-uns  des 
animaux  de  la  ménagerie  du.  Muséum  d'Histoire  naturelle;  par  M.  A. 
Milne-Edwards. 

«  La  rigueur  et  la  durée  de  l'hiver  m'ont  permis  défaire  à  la  Ménagerie 
du  Muséum  quelques  observations  qui  ne  manquent  pas  d'intérêt;  elles 
sont  relatives  à  l'influence  qu'un  froid  prolongé  peut  avoir  sur  des  ani- 
maux appartenant  à  des  pays  et  à  des  climats  très  variés.  Les  qualités  de 
résistance  qu'ils  présentent  à  cet  égard  et,  ce  que  je  pourrais  appeler  leur 
endurance  au  froid,  diffèrent  beaucoup  suivant  les  espèces,  et  l'on  ne  sau- 
rait prévoir  d'avance  comment  ils  se  comporteront  dans  telle  ou  telle  con- 
dition de  température  ou  d'humidité,  car  chacun  a,  en  quelque  sorte,  son 
coefficient  de  résistance  propre. 

»  L'installation  des  Mammifères  et  des  Oiseaux  laisse  beaucoup  à.  dé- 
sirer; les  constructions  datent  du  commencement  du  siècle  et  n'offrent 
pas  les  conditions  hygiéniques  convenables  que  l'on  applique  aujourd'hui 
dans  tous  les  jardins  zoologiques  de  l'Europe.  La  plupart  des  herbivores. 
Bœufs,  Antilopes  et  Cerfs,  sont  répartis  dans  des  parcs  entourés  d'un  gril- 
lage et  ils  n'ont  d'autre  abri  qu'une  petite  cabane,  non  chauffée,  à  parois 
peu  épaisses  où,  malgré  toutes  les  précautions,  la  température  diffère 
à  peine  de  celle  de  l'air  extérieur.  Ces  retraites,  suffisantes  en  temps  ordi- 
naire, deviennent  inhabitables  dans  les  grands  hivers.  Ainsi,  dès  le 
commencement  du  mois  de  décembre,  l'eau  des  abreuvoirs  y  était  congelée 
et  elle  est  restée  deux  mois  dans  cet  état.  Pendant  plusieurs  nuits,  le  ther- 
momètre s'y  est  abaissé  à  5°  et  même  à  70  au-dessous  de  zéro. 

»  Le  grand  bâtiment,  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  Rotonde  et  où 
sont  placés  les  gros  herbivores,  est  pourvu  de  poêles;  mais,  bien  qu'un  feu 
ardent  y  ait  été  entretenu  jour  et  nuit,  la  température  ne  s'est  pas  élevée 
pendant  près  de  deux  mois,  dans  la  partie  centrale,  au-dessus  de  -+-  70  et 
dans  les  loges  des  animaux,  où  les  surfaces  de  refroidissement  sont  consi- 
dérables, elle  est  descendue  à  -f-  20  ou  3".  C'est  là  cependant  qu'étaient 

C.  R.,  1891,  i«  Semestre.  (T.  CXII,  N°  4.)  2~J 


(    20  2    ) 

entassés,  non  seulement  les  Eléphants,  Rhinocéros,  Hippopotames,  mais 
encore  beaucoup  de  petits  Ruminants  délicats.  Il  est  facile  de  comprendre 
que  dans  de  telles  conditions  les  animaux  de  la  Ménagerie,  et  surtout 
ceux  qui  occupaient  les  parcs  extérieurs,  aient  cruellement  souffert  et 
qu'un  grand  nombre  ait  succombé  (').  Aussi  l'hiver  de  1 890-1 891  lais- 
sera-t-il  au  Muséum  une  trace  longue  à  s'effacer.  Les  gros  Pachvdermes  à 
peau  nue  se  sont  comportés  plus  vaillamment  qu'on  n'aurait  pu  s'y 
attendre;  ils  ne  sont  pas  morts,  mais  cependant  ils  sont  tous  plus  ou  moins 
atteints.  L'Eléphant  d'Afrique  souffre  d'une  affection  de  la  bouche  avant 
quelques-uns  des  caractères  du  scorbut;  le  Rhinocéros  du  Soudan,  qui  vit 
au  Muséum  depuis  1880,  a  beaucoup  maigri  et  sa  peau  est  couverte  de 
boutons  purulents;  l'Hippopotame,  donné  au  gouvernement  français 
en  i855  et  qui  depuis  36  ans  était  en  excellente  santé,  a  maintenant  la 
peau  entamée  par  des  fissures  profondes  et  des  excoriations  rappelant 
celles  qui  se  produisent  sur  les  engelures. 

»  Dans  les  parcs  se  trouvait  une  famille  nombreuse  de  superbes  Anti- 
lopes de  la  taille  d'un  petit  cheval,  les  Eobs  ou  Antilopes  onctueuses  du 
Sénégal.  Elles  provenaient  toutes  d'une  paire  de  ces  animaux  offerte  au 
Muséum  en  1880  par  le  général  Brière  de  l'isle  et,  depuis  cette  époque, 
elles  avaient  donné  naissance  à  plusieurs  générations  de  descendants;  on 
regardait  cette  espèce  comme  presque  acclimatée,  mais  elle  a  mal  résisté  à 
notre  long  hiver,  et  quatre  de  ces  beaux  Ruminants,  représentant  chacun 
une  valeur  de  plus  de  2ooofr,  sont  morts  successivement.  Les  Zèbres 
de  Burchell,  qui  viennent  de  l'Afrique  australe,  et  que  l'on  considère 
comme  peu  sensibles  au  froid,  ont  été  fort  éprouvés  par  la  rigueur  de  la 
température,  et  l'un  d'eux  est  mort. 

»  Je  n'insisterai  pas  davantage  sur  les  pertes  inévitables  qui  ont  été  la 
conséquence  de  l'hiver;  il  est  plus  intéressant  de  mentionner  les  animaux 
dont  l'endurance  a  dépassé  les  prévisions  et  qui  ont  traversé,  sans  paraître 
en  souffrir,  nos  deux  mois  de  gelées  consécutives,  tandis  qu'à  côté  d'eux 
nos  espèces  indigènes  pâtissaient  et  que  des  Cerfs  et  des  Sangliers,  placés 
dans  les  mêmes  conditions,  mouraient  de  froid. 

»  Je  signalerai  d'abord  les  Antilopes  Gnous  (Connochetes  G/tu  Lich.)  de 
l'Afrique,  si  remarquables  par  la  singularité  de  leurs  formes,  et  qui  pa- 
raissent se  plaire  sous  notre  ciel.  En  1882,  pour  la  première  fois,  un  jeune 
Gnou  naissait  au  Muséum  :  c'était  une  femelle  dont  la  croissance  fut  des 

(')  32  Mammifères  et  66  Oiseaux  sont  morts  pendant  les  deux  mois  de  froid. 


(  2o3  ) 

plus  rapides  et  qui,  quelques  années  plus  tard,  s'est  reproduite  à  son  tour. 
Aujourd'hui  la  Ménagerie  possède  cinq  de  ces  curieuses  Antilopes,  logées 
dans  une  petite  cabane  qu'il  faut  laisser  toujours  ouverte  ;  car  si  l'on  ferme 
les  portes,  celles-ci  sont  bientôt  brisées  à  coups  de  cornes.  Les  Gnous  res- 
tent dehors  pendant  les  jours  les  plus  froids  sans  que  leur  pétulance  et 
leur  gaieté  s'en  ressentent,  et  un  jeune,  âgé  de  six  mois  seulement,  a 
montré  la  même  résistance  que  ses  parents  (').  Sous  l'influence  de  notre 
climat,  le  poil  de  ces  animaux  s'est  modifié,  et  la  robe  d'hiver  est  devenue 
plus  chaude  par  le  développement,  à  la  surface  de  la  peau,  d'une  couche 
de  poils  duveteux  beaucoup  plus  épaisse  que  chez  les  Gnous  sauvages. 

»  Les  Bubales  de  l'Afrique  septentrionale  et  de  l'Afrique  orientale,  les 
Bless-bocks  du  cap  de  Bonne-Espérance  ont  bien  résisté;  les  grandes  Anti- 
lopes Nilgaut  (Portax pictus,  Pallas),  originaires  du  Bengale  et  de  quelques 
autres  parties  de  l'Inde,  sont  restées  sans  inconvénient  dans  une  cabane 
ouverte,  avec  leur  petit  qui  n'avait  pas  plus  de  quatre  mois.  Elles  ont  déjà 
supporté  le  grand  hiver  de  1879- 1880,  et  depuis  1870  nous  avons  eu  de 
nombreuses  naissances.  Ces  animaux  se  prêteraient  fort  bien,  en  France, 
à  des  essais  d'acclimatation;  le  roi  d'Italie  a  déjà  réussi  dans  des  tentatives 
du  même  genre  et  a  obtenu  un  troupeau  d'environ  3oo  têtes. 

»  Les  Antilopes  à  Bézoards  (Antilope  Cervicapra)  sont  aussi  originaires 
de  l'Inde,  mais  notre  climat  leur  convient  admirablement.  La  beauté  de 
leurs  cornes  et  de  leur  pelage,  l'élégance  de  leurs  formes,  la  grâce  de  leurs 
mouvements  doivent  les  faire  rechercher  par  tous  ceux  qui  désirent  intro- 
duire dans  nos  forêts  des  espèces  nouvelles.  Il  est  peu  d'Antilopes  plus 
agiles,  et  j'ai  vu  l'une  d'elles  franchir,  sans  effort,  une  barrière  ayant 
im,70  de  hauteur.  Aussi  faudrait-il  des  murs  très  élevés  pour  les  retenir 
dans  les  enclos.  La  Ménagerie  du  Muséum  possédait  plusieurs  de  ces  ani- 
maux sur  lesquels  le  grand  hiver  de  1879- 1880  avait  passé  sans  accidents, 
quand,  en  1884,  effrayés  par  des  chiens  qui  s'introduisirent  dans  leur  parc, 
ils  se  tuèrent  tous  en  se  heurtant  contre  les  grilles.  J'ai  pu,  de  nouveau, 
m'en  procurer  une  paire,  et,  depuis  1 885,  j'ai  obtenu  i5  jeunes  qui  se  sont 
parfaitement  développés.  Les  derniers,  dont  la  naissance  remonte  à  trois 
mois  à  peine,  sont  restés  à  côté  de  leurs  parents  dans  un  parc  dont  la  ca- 
bane est  constamment  ouverte,  et  leur  santé  ne  s'en  est  pas  ressentie. 

»  Des  Cerfs  aussi  ont  montré  une  endurance  extrême  au  froid.  Je  citerai 


(')  Des  observations  du  même  genre  ont  été  faites  par  M.  Blanuw,  qui  possède  en 
Hollande  plusieurs  Gnous  et  en  a  obtenu  la  reproduction. 


(     204    ) 

en  première  ligne  une  espèce  intermédiaire,  par  sa  taille,  au  Cerf  ordi- 
naire et  an  Chevreuil,  à  pelage  fauve  tacheté  de  blanc,  à  cornes  bien  déve- 
loppées et  à  formes  légères  :  le  Sika  du  Japon.  Une  paire  de  ces  jolis  Ru- 
minants a  été  acquise  en  1878,  et  nous  leur  devons  une  nombreuse  lignée; 
car,  depuis  cette  époque,  25  naissances  sont  inscrites  sur  les  registres  de 
la  Ménagerie,  dont  4  datant  de  l'été  dernier.  Les  jeunes  n'avaient  même 
pas  six  mois  au  commencement  de  décembre,  et  ils  sont  toujours  restés  en 
liberté  dans  leur  enclos.  Ce  serait  encore  là  un  gibier  à  introduire  dans 
nos  forêts. 

»  Les  Cerfs  porcins  de  Ceylan  et  de  l'Inde  ne  ressemblent  pas  aux  pré- 
cédents :  ils  ont  des  formes  lourdes,  des  pattes  relativement  courtes,  un 
corps  massif  mais  très  charnu,  et  leur  chair  est  supérieure  en  qualité  à 
celle  des  Cerfs  de  France.  Ils  sont  robustes,  résistent  d'une  manière  extra- 
ordinaire au  froid  et,  de  plus,  sont  peu  difficiles  sur  le  choix  de  leur  nour- 
riture. Ils  constitueraient  donc  un  remarquable  gibier,  quoiqu'ils  n'aient 
pas  assez  de  vitesse  pour  être  chassés  à  courre.  3i  naissances  se  sont  suc- 
cédé depuis  i885,  et  nous  possédons  une  petite  harde  de  ces  animaux 
qui,  jeunes  et  vieux,  ont  également  bien  supporté  l'hiver.  Ils  trouveraient, 
dans  les  buissons  et  dans  les  ronceraies  de  nos  bois,  un  abri  au  moins 
équivalent  à  celui  que  la  Ménagerie  leur  donne. 

»  Les  petits  Cerfs  Muntjac  du  sud  delà  Chine,  Cervulus  Reevesi (Ogilby), 
me  semblent  dignes  d'attirer  l'attention  de  nos  grands  propriétaires,  car 
leur  acclimatation  en  France  me  parait  maintenant  une  question  résolue. 
Ils  abondent  aux  environs  de  Canton  et  de  Ning-Po  où  ils  vivent  au  milieu 
des  broussailles;  leur  taille  est  celle  d'un  chien  ordinaire;  la  tête  des 
mâles  est  pourvue  de  courtes  cornes  et  leur  mâchoire  supérieure  porte 
de  longues  canines  qui,  se  prolongeant  au  delà  des  lèvres,  constituent  de 
véritables  défenses.  Malgré  ces  armes,  ils  sont  d'un  caractère  tranquille 
et,  contrairement  à  ce  qui  se  passe  pour  les  autres  Cerfs,  on  peut  laisser 
impunément  plusieurs  mâles  adultes  dans  un  même  enclos.  Leur  corps  est 
bien  musclé  et  leur  chair  très  savoureuse;  ils  sont  bas  sur  pattes  et  se 
dérobent  facilement  au  milieu  des  herbes.  C'est  en  1878  que  j'ai  pu  m'en 
procurer  une  paire,  et  je  compte  aujourd'hui  quarante-cinq  de  ces  petits 
quadrupèdes  nés  à  la  Ménagerie.  J'ai  pu  en  envoyer  à  différents  Jardins 
zoologiques  et  j'en  ai  conservé  un  troupeau  qui  est  aujourd'hui  en  parfait 
état. 

»  Si  l'hiver  de  1890-1891  a  lait  beaucoup  de  mal,  il  peut,  d'un  autre 
côté,  être  considéré  comme  un  temps  d'expériences  qui  a  permis  de  recon- 


(  ao5  ) 

naître  les  qualités  particulières  de  certaines  espèces  de  Ruminants.  Il  ne 
s'agit  plus  que  de  les  introduire  dans  nos  forêts,  où,  suivant  toutes  proba- 
bilités, ils  se  plairont.  M.  le  Président  de  la  République  a  bien  voulu  s'in- 
téresser à  ces  tentatives  et  il  a  autorisé  M.  Récopé,  inspecteur  des  forêts 
de  Saint-Germain  et  de  Marly,  à  installer  dans  des  réserves  encloses  de 
grillages  des  cerfs  Sika  du  Japon,  des  cerfs  Porcins  du  sud  de  l'Asie,  des 
Cervidés  de  Reeves  de  la  Chine,  et  des  Antilopes  Cervicapres  de  l'Inde 
qui,  nés  au  Muséum  et  habitués  à  notre  climat,  seront  dans  d'excellentes 
conditions  pour  apprendre  à  trouver  eux-mêmes  leur  nourriture  et  leur 
abri.  Ils  deviendront,  je  l'espère,  la  souche  d'une  descendance  nombreuse, 
qui,  peu  à  peu,  peuplera  nos  bois.  Ces  animaux  seront  l'objet  d'une  sur- 
veillance spéciale  et  j'aurai  soin  de  tenir  l'Académie  au  courant  des  ré- 
sultats qui  auront  été  obtenus.  » 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.    L.    Cormerois  adresse,   de   Nimes,   un    Mémoire  accompagné   de 
dessins,  sur  un  nouveau  système  de  ponts  suspendus  rigides. 

(Commissaires  :  MM.  Resal,  Maurice  Lévy.) 

M.    Dabaxcourt    adresse,    du    Havre,    un    Mémoire    accompagné   de 
planches,  intitulé  «  Projet  d'un  hydromoteur  aérien  ». 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Lévy,  Marcel  Deprez.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétiel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i°  Un  Volume  de  M.  Clerck  Maxwell  intitulé  :  «  La  chaleur.  Leçons 
élémentaires  sur  la  Thermométrie,  la  Calorimétrie,  la  Thermodynamique 
et  la  dissipation  de  l'énergie;  édition  française,  d'après  la  huitième  édi- 
tion anglaise,  par  M.  Georges  Mouret  ». 

i°  Un  «  Traité  pratique  de  Chimie  métallurgique,  par  le  baron  //.  Juptner 
de  Jonstorff;  traduit  de  l'allemand,  par  Ernest  Vlasto;  édition  française 
revue  et  augmentée  par  l'auteur  ». 


(     2of)    ) 

ASTRONOMIE.  —  Observations  des  comètes  Zona  et  Brooks  (1890,  II),  faites  au 
grand equatorial  de  l'Observatoire  de.  Bordeaux.  Note  de  MM.  G.  Rayet 
et  JL.  Picart,  présentée  par  M.  Lcewy. 


Comète  Zona. 

Temps  moyen  Ascension  Distance 

Dates                            de  droite  I-og.  facl.  polaire 

1S90-91.                 Bordeaux.  apparente.  parallaxe.  apparente. 

h        m       s  li        m        s  „ 

Dec.     8...       7.16.44,6  3.25.47,74  — T,555  55.39.56,9 

28...        6.4-59,6  2.r3.   8,55  — T,3i4  09. 44-53, 6 

Janv.    6...       9.28.41,0  1.54.47,66  —7,48g  61.26.. i3,i 


Log.  fact. 

parallaxe.     Étoiles.        Ubserv. 


0,42.3 

] 

L.  Picart. 

0,  ï"| 

2 

G.  Rayet. 

0,496 

3 

L.  Picart. 

Janv.    7 

9 

1  1 


Comète  Brooks  (1890,  II). 

t.45.i4,i       n. 43. 43, 79       — T,686       59.49 • i  3 ,6  — 0,721 

i.33.   6,6       i2.4'.   4>24       — 7,686       59.29.52,3  — 0,722 

1.17.53,4       12.38.17,57       — 7,687       59.10.18,7  — 0,721 

1.36.40,9       12.33.45,72       —1,687       58.39-48,3  —0,679 

1.46.17,4       12.32. 10, 5i        -7,68o       58.29.37,3  —o,658 


4 
5 

G.  Rayet. 
L.  Picart. 

6 

G.  Rayet. 

7 
8 

G.  Rayet. 
G.  Rayet. 

Ascension 

Distance 

droite 

Réduction 

polaire 

Réduction 

moyenne. 

au  jour. 

moyenne 

au  jour. 

h        m        s 
3.2.4.33,  1  1 

+3,S67 

55°.  4 1'.45 

4 

-i5",8o 

2. l4.37,52 

-i-  3,oo  " 

59.49.48 

2 

--20,68 

I .56.35,62 

—0,70 

61 .20. 19 

'. 

-  3,44 

Position  moyenne  des  étoiles  de  comparaison  pour  1890,0  et  1891,0. 


Etoiles.  Catalogue. 

1..  .     Weisse,.  H.  III,  n°  457 

2...      I  (Weisse,.  H.  II,  n°  291-292. 

—  Paris,  n°  2900) 
3..  .     Weisse2.  H.  I,  n°  i3o2 
4..  .      A(Weisse,.H.XII,n°833.  —  Armaglu, 

n°  1 48 1 . —  Leide,  zones  43  et  44)      12.42.30,96 
5. .  .      {  (Lalande  23-9.  —  Paris.  —  Leide, 

zone  i83)  12.40.   7,36 

6..  .     |(Weisse,.  H.  XII,  n°8oi.  —  Leide,, 

zone  191)  l2.4o. 11 ,01 

7...      Weisse,.  H.  XII,  n"  762  12.38.    2,12 

8  .  .      |(  Weisse2.  H.  XII,  n»  686.  —  Leide, 

zones  291  et 4o8)  12.34.16,66 


—  0,62  59.52.23,2  -+-  6,97 

— o,52  59.37.39,6  -+-  7,32 

—o,45  59.12.2.3,4  -+-  7,74 

— o,32  58.35.38,0  +■  8,28 


0,26       58.35. 


8,32 


»   Les  observations  de  la  comète  Brooks,  faites  à  70  ou  8°  au-dessous  de 
zéro,  ont  été  pénibles.  » 


(  2°7  ) 


ASTRONOMIE.  —  Sur  l'équation  personnelle  dans  les  observations  de  passages. 
Note  de  M.  F.  Gonxessiat,  présentée  par  M.  Lœwy. 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  quelques-uns  des  résul- 
tats que  m'a  fournis,  à  l'Observatoire  de  Lyon,  l'étude  de  mon  équation 
personnelle  dans  les  observations  de  passages.  Celte  étude  a  été  faite  à 
l'aide  d'un  appareil  analogue  à  celui  qui  est  en  usage  à  l'Observatoire  de 
Grcenwich,  mais  complété  de  façon  à  donner  des  vitesses  au  moins  dix 
fois  plus  faibles.  Deux  instruments  ont  été  employés  aux  observations  : 
i°  la  lunette  méridienne  Rigaud,  de  57mm  d'ouverture,  dans  la  longue 
chambre  noire  de  l'observatoire;  20  l'instrument  Eichens,  de  i35mm  d'ou- 
verture, dans  la  grande  salle  méridienne,  l'appareil  à  équation  étant  porté 
sur  le  pilier  de  la  mire  Nord  et  visé  à  travers  le  collimateur  de  cette 
mire. 

»  La  méthode  de  l'œil  et  de  l'oreille  (OE.  O.)  et  la  méthode  électrique 
(El.)  ont  été  étudiées  concurremment.  Dans  les  conditions  normales,  les 
étoiles  observées  étaient  de  5e  et  6e  grandeur. 

»  Dans  le  sens  direct  (droite  à  gauche),  et  pour  la  vitesse  équatoriale, 
la  méthode  (OE.  O.)  demande  une  eorreclion  personnelle  e  égale  à  —  os,3o, 
la  même  aux  deux  instruments  :  le  rythme  mental  accompagnant  la  seconde 
précède  donc  chez  moi  le  battement  du  compteur.  Qu'il  s'agisse  des  obser- 
vations de  jour  ou  de  nuit,  cette  valeur  est  constante  ;  elle  varie  peu  tant 
cpie  la  vitesse  reste  au-dessus  de  la  limite  à  partir  de  laquelle  on  ne  peut 
plus  apprécier  le  dixième  de  l'intervalle  parcouru  en  is,  c'est-à-dire  envi- 
ron jusqu'à  8o°  de  déclinaison  pour  le  grand  instrument,  jusqu'à  65°  pour 
le  petit.  Dans  la  direction  inverse,  e  n'est  que  —  os,  ij  ;  au  grand  instru- 
ment, elle  conserve  la  même  allure  suivant  la  déclinaison  que  dans  le 
sens  direct,  tandis  qu'au  petit  elle  varie  plus  rapidement  pour  converger 
vers  -+-  o5,o3séc8  :  cette  différence  s'explique  par  l'épaisseur  angulaire 
des  fils  qui  atteint  os,2o  dans  la  lunette  Rigaud,  au  lieu  de  os,o8  dans 
l'autre. 

»  La  méthode  (El.)  donne  pour  l'équation  personnelle  une  valeur 
moindre,  mais  accusant  une  variation  bien  marquée  suivant  que  les  obser- 
vations ont  lieu  durant  le  jour,  à  la  lumière  diffuse,  ou  la  nuit,  à  la  lumière 
artificielle:  dans  le  premier  cas,  e  =—  os,o,j;  dans  le  deuxième,  e  —  —  o\i3 
(à  l'équateur).  En  ce  qui  concerne  les  variations  avec  la  direction  et  avec 


(    208    ) 

la  déclinaison,  elles  sont  .de  même  ordre  et  de  même  sens  que  dans  la 
méthode  (OE.  O.). 

»  Les  modifications  de  l'équation  personnelle  se  présentent  dans  des 
cas  nombreux.  J'en  indique  quelques-uns  dans  le  cas  suivant,  qui  se  rap- 
porte exclusivement  à  la  vitesse  équatoriale  et  au  grand  instrument;  je 
désigne  par  Ae  la  différence  entre  la  valeur  de  e  correspondant  aux  condi- 
tions envisagées,  et  la  valeur  normale  relative  aux  étoiles  de  Ge  gran- 
deur, observées  avec  un  grossissement  de  i3o. 

le 
OE.O.  El. 

Étoiles  de   ire  grandeur +0,07  +0,07 

Etoiles  de  9e  à  9°,5  grandeur .  — 0,02  — o,o5 

Grossissement  200,  au  lieu  de  i3o — o,o5  — o,o5 

Soleil,  bord  I -t-o,o5  +0,06 

Soleil,  bord  II +0,12  +0,06 

Planètes  de  90"  à  20"  de  diamètre,  bord  I -i-0,02  -1-0,02 

Planètes  de  90"  à  20"  de  diamètre,  bord  II +0,  i3  -i-o,o5 

Planète  de  5"  de  diamètre,  centre -t-o,  10  +o,o'3 

Pic  lunaire -f-0,12  -1-0,09 

»  L'observation  des  étoiles  doubles,  des  taches  du  Soleil,  des  nébu- 
leuses, donne  lieu  à  des  variations  semblables;  je  signale  en  particulier  les 
nébuleuses  très  faibles,  observées  sur  champ  obscur  avec  fils  peu  brillants, 
pour  lesquelles  la  différence  peut  atteindre  -t-  o\  3o. 

»  La  position  de  l'observateur,  étudiée  avec  des  prismes  à  4j°  et  à  900, 
n'a  pas  d'influence  sensible. 

»  A  n'envisager  que  l'équation  personnelle  et  ses  Aariations,  on  voit  que 
les  deux  méthodes  ont  à  peu  près  même  valeur;  mais,  au  point  de  vue  de  la 
précision  des  observations,  elles  se  différencient  nettement. 

»  A  la  lunette  Rigaud,  dans  la  chambre  noire,  où  la  qualité  des  images  ne 
laisse  rien  à  désirer,  l'erreur  moyenne  d'un  passage  équatorial  a  été  trouvée 
respectivement  ±  o5,073  (OE.  O.)  et  ±  os,o/|9  (El.).  La  supériorité  de  la 
seconde  méthode  est  remarquable.  Mais  elle  diminue  avec  la  vitesse,  et  à 
partir  de  la  déclinaison  700  (séco*  =  3),  les  deux  méthodes  sont  équi- 
valentes, et  pour  chacune  l'erreur  moyenne  d'un  passage  tend  vers 
rho5,oi9  séc  o-. 

»  Au  grand  instrument,  les  conditions  expérimentales  se  rapprochent 
plus  de  la  réalité  et  sont  moins  régulières.  Dans  le  cas  d'images  notées  4 
(échelle  de   1,  mauvaises,  à  5,  très  bonnes),  on  a  trouvé  à  l'équateur, 


(  2°9  ) 
dzos,o7o(0E.  0.)et  zfco%o44(El.);  vers  ~o°,  il  y  a  égalité,  et  l'erreur  tend 
des  deux  côtés  vers  ±  o\oi8  séc  S.  On  voit  que  la  méthode  (E\.)  est  de 
beaucoup  supérieure  à  l'autre.  Toutefois  elle  est  un  peu  plus  sensible  que 
l'autre  aux  trépidations  des  images;  pour  des  images  notées  3,  on  a  en 
efle!,  vers  l'équateur,  respectivement  ±  o\o77  et  ±  os,o53;  vers  le  pôle 
=h  o,  024  séc  S  et  os,02Ô  séc  S  ;  dans  ce  cas,  l'observation  des  circumpolaires 
est  un  peu  plus  précise  par  la  méthode  (OE.  O.). 

»  Pour  les  observations  des  bords  solaires  ou  planétaires,  la  méthode 
électrique  donne  la  même  précision  que  pour  les  étoiles,  tandis  que  par 
la  méthode  (OE.  O.),  l'erreur  moyenne  d'un  passage  de  bord  solaire 
s'élève  à  ±  os,o8i,  images  4»  et  -lz  o\oo,8,  images  3. 

»  L'erreur  moyenne,  dans  la  méthode  (OE.O.  ),  croit  beaucoup  moins 
vite  que  séc  S  :  ainsi,  pour  séc  S  =  1,  s  =  rh  os,07o;  pour  séc  S  =  2, 
s  —  àz  os,  093.  On  est  dès  lors  amené  à  examiner  si  l'emploi  d'une  unité  de 
temps  plus  petite  que  is  n'améliorerait  pas  les  observations  ;  c'est,  en  effet, 
ce  qui  a  lieu.  Avec  un  pendule  faisant  une  oscillation  en  os,5'j,  j'ai  obtenu 
les  résultats  suivants  : 

Instrument.  Images.  sécô.  ;. 

s 

Rigaud 4,0  i,o  .->'i;i 

Eichens 4,o  1,0  0,0^9 

le! '[.'>  2,0  o,o6.1 

»  On  retrouve,  par  ce  procédé,  à  très  peu  près,  la  précision  donnée  par 
la  méthode  (El.).  De  plus,  la  correction  personnelle  s'abaisse  ici  à  —  os,  1 1 
au  lieu  de  — 0% 3o.  Comme  contrôle,  des  observations  faites  sur  le  ciel 
avec  un  chronomètre  battant  la  demi-seconde,  dont  on -compte  les  batte- 
ments de  o  à  120,  ont  fourni  une  erreur  moyenne  de  rhos,o5G  (images 
3,5),  tandis  qu'on  obtenait,  dans  la  même  soirée,  avec  le  compteur  à 
secondes,  ±  os,  07.3;  on  a  d'ailleurs  constaté  en  même  temps  une  variation 
de  -(- 0%  17  dans  l'équation  personnelle.   » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Théorèmes  arithmétiques.  Extrait  d'une  Lettre 
de  M.  H.  Mixkowski  à  M.  Hermite. 

«    La   méthode  géométrique  de   mon  travail    (  '  ),    traduite   en    langue 


(l  )   Ueber  die  positiven  quadratischen  Formen  und  iïber  Kettenbrachdhnlicke 
Algorithmen  (Crelle,  t.  CVIï,  p.  27S). 

C.   R.,  1S91,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N'  4.)  28 


(  21u  ) 

purement  analytique,  conduit  à  ce  théorème  susceptible  d'une  application 
très  étendue  : 

»  Soit  n  un  nombre,  plus  grand  que  i  :  soient  ç,  vj,  '(,  ...  n  formes  linéaires 
indépendantes  à  n  variables  x,  y,  z  .. .  Parmi  ces  formes,  soient  p  paires 
d'imaginaires  conjuguées  et  les  autres  n  —  2  fi  =  x  formes  réelles.  L'un  ou 
l'autre  des  nombres  a.  et  [i  peut  aussi  être  égal  à  zéro.  Soit  A  le  déterminant  des 
formes  "c,  y,,  "(,  ....  Soit  enfin  p  une  quantité  quelconque  >  i.  On  peut  toujours 
assigner  à  x,  y,  z,  . . .  des  valeurs  entières,  de  sorte  que  la  somme 

(abs.E)P-i-{abs.7))p+  (abs.  £)'-+■  ... 

soit  différente  de  zéro  et  en  même  temps  plus  petite  que  la  quantité 


\ 


n 
P 


i  8 


abs.  A 


<7«/  est  elle-même  plus  petite  que 

p 
n( 'abs.  A  I"  . 

Ici  abs.  signifie  «  valeur  absolue  de  »  et  r  désigne  la  fonction  gamma. 

»  En  suivant  une  voie  indiquée  dans  vos  admirables  lettres  à  Jacobi,  je 
tirerai  du  théorème  que  je  viens  d'exposer  plusieurs  conclusions  fonda- 
mentales sur  les  nombres  algébriques. 

»  Soit  un  corps  algébrique  quelconque,  irréductible  et  d'ordre  n,  et 
soit  ;  une  forme  qui,  pour  toutes  les  valeurs  entières  de  ses  n  variables  x, 
y,  z,  ....  représente  tous  les  entiers  algébriques  de  ce  corps;  soient,  de 
plus,  r,,  ,,  ...  les  «  —  i  formes  conjuguées  à  ç.  Le  discriminant  du  corps 
est  représenté  par  le  carré  du  déterminant  A,  et  ce  carré  est  un  entier 
rationnel  D  du  signe  ( —  i)P. 


»  En  faisant  usage  de  l'inégalité 


(abs.^.../<[i^l 


Êy  +  (abs.ï))<'4-(abs.Çy- 


et   en  remarquant  que   abs.  lr,'Ç. . .  est  un   entier  >i,    pourvu   que   x,  y, 
z,  . . .  soient  des  entiers  et  qu'Us  ne  s'évanouissent  pas  tous,  les  inégalités 


(     21.      ) 

du  théorème  énoncé  entraîneront  celles-ci  : 


.  p  n    PT{  i-f-  -  ) 

i  <    i{~)     —  \a  Pl  -  \  abs.  D  <  abs. D. 


r      [r(.+  i) 


'■"> 


»  Faisant  d'abord  abstraction  du  terme  intermédiaire,  nous  avons  ainsi 
démontré  le  postulat  profond  de  M.  Kronecker  ('  ),  que  chaque  discrimi- 
nant est  différent  de  ±i,  c'est-à-dire  que  chaque  discriminant  contient  des 
nombres  premiers  comme  fadeurs.  C'est  là  un  détail  bien  digne  d'attention. 
Tout  nombre  algébrique  irrationnel  a  ainsi  ses  nombres  premiers  critiques, 
comme  toute  fonction  algébrique  irrationnelle  a  ses  points  d'embranche- 
ment. 

»  Le  terme  dont  nous  n'avons  pas  tenu  compte  nous  fournit  pour  la 
valeur  absolue  d'un  discriminant  des  limites  inférieures  puis  complètes. 
Ces  autres  limites,  oii  figure  encore  le  nombre  (3,  s'accroissant  indéfini- 
ment avec  l'ordre  n,  il  est  évident  qu'un  nombre  donné  que/conque  ne  peut 
être  discriminant  que  pour  un  nombre  Jim  d'ordres  n. 

»  De  quelle  manière  fixera-t-on  le  mieux  la  quantité/?,  assujettie  jus- 
qu'à présent  à  la  seule  condition  de  ne  pas  être  moindre  que  l'unité?  On 
se  convaincra  aisément  que  les  limites  dont  nous  venons  de  parler  devront 
s'agrandir  aussi  longtemps  que  la  valeur  de  p  décroît.  Ce  n'est  donc  pas 
quand p  est  égal  à  2,  valeur  cpii  répond  aux  formes  quadratiques,  mais 
dans  le  cas  de  p  =  1,  que  ces  limites  seront  le  plus  avancées.  Il  en  résulte 
enfin  ce  théorème  : 

»  Le  discriminant  d'un  corps  algébrique,  faisant  partie  de  n  corps  conju- 
gués dont  2(3  sont  imaginaires  et  n  —  2(3  réels,  est  en  valeur  absolue  toujours 

plus  grand  que 

"1  ir\P       n"       Y2 
\JJ    2.3. ..n]  ' 

»  Par  exemple,  un  discriminant  de  deuxième  ordre  doit  être  ou  ">  4  ou 
<[— 2,  ...  Les  valeurs  les  plus  petites  5  et  —  3  se  trouvent  dans  les 
équations  u>2  +  o  —  1  =  o  et  co2  4  <o  +  1       o. 

»  Un  discriminant  du  troisième  ordre  doit  être  ou  >20.  .  .  ou 
<]—i2 De  la  limite  précise  du  minimum  des  formes  quadratiques 


(')  Journal  fur  Mathematik,  Bd.  92,  S.  64. 


(    212    ) 

positives  ternaires  on  aurait  tiré,  en  suivant  une  marche  tout  analogue,  les 
inégalités  D>  r3,5ou<—  i3,  5.  La  limite  que  nous  avons  trouvée  plus  haut 
n'est  donc  pas,  il  est  vrai,  une  limite  précise,  mais  malgré  cela  elle  nous 
fournit  déjà  des  résultats  que  les  formes  quadratiques  n'ont  pas  encore 
donnés.  » 


analyse  mathématique.  —  démonstration  purement  algébrique  du  théorème 
fondamental  de  la  théorie  des  équations.  Note  de  M.  E.  Amigues,  présentée 
par  M.  Henni  te. 

«  Théorème.  —  Toute  équation  algébrique  entière  à  coefficients  réels  ou 
imaginaires  admet  au  moins  une  racine  réelle  ou  imaginaire. 

»  Soit  f(z)  un  polynôme  entier  qui  ne  se  réduit  pas  à  une  constante  et 
s0  une  valeur  de  z  telle  que  le  module  de  J(z0)  soit  inférieur  ou  au  plus 
égal  à  tous  les  modules  de /(s)  quand  z  prend  toutes  les  valeurs. 

»   u  étant  une  quantité  imaginaire  quelconque,  on  a 

A  .-„  +  m)  =  <t0  ■+■  bai  +  I(ap-h  bpi)uP. 

On  n'a  pas,  pour  toutes  les  valeurs  de  p, 

ap-\-bpi-  -  o, 

soit  q  la  plus  petite  valeur  de  p  pour  laquelle  on  n'a  pas  cette  égalité.  On 
a  alors 

f(z0  -+-  u    =  aa  ■+■  V  H-  (<■'/  +  M')"'  +  ••■•■ 

»  Posons  u  =  r  -+- W  et  formons  le  carré  M2  du  module  de  f( :■„  -+-  u). 
Pour  cela,  prenons  cette  quantité,  savoir 

a0  +  bn i  -+-  (aq  H-  bqi)  {x  +  yi)'!  4- . . . 

et  la  quantité  conjuguée 

a,,  —  b0  i  H-  (aq  —  bqi)  (x  —  ri  Y'  -+- . . . 

et  formons  leur  produit.  Ce  produit  sera,  en  posant 

(  fl0  -  -  //„  i  ){aq+  bqi)  =  m  -+■  ni 
(i)     M-  =  al  +  bl-h  i[(m-hni)(oc  +yi)q-h  (m  —  ni)(x  —  v/'V] -r. . ., 

les  divers  termes  de  ce  développement  étant  homogènes  en  (x  +  yt  )  et 
(  x  —  )  i)  et  de  degrés  croissants. 


(    ai3    ; 
»  Mais  toute  quantité  imaginaire  x  4-  yi  peut  se  mettre  sous  la  forme 

i  H-  il 

pv7rT7r 

en  posant 


p  =  H-v^--i-i-  et         t  =  Z, 

pourvu  qu'on  regarde  le  radical  \J  i  -+- 11  comme  susceptible  d'un  double 
signe  ;  en  sorte  que  l'on  a  toutes  les  quantités  imaginaires  en  prenant  pour 
p  toutes  les  valeurs  positives,  pour  L  toutes  les  valeurs  réelles  et  pour 
\J  i  4-  ('-  le  double  signe. 

«   La  formule  (i)  devient,  avec  cette  nouvelle  notation, 

(2)      MP-aî  +  Wn      -     '    ''■"' ''      ""-'"'H' -'OZ  +  ,.„ 

et  la  quantité  M2  se  trouve  ainsi  ordonnée  suivant  les  puissances  crois- 
santes de  p. 

»  Je  dis  maintenant  que  le  coefficient  de  2p?  ne  peut  être  négatit  pour 
aucune  valeur  réelle  de  t.  Car  si,  pour  t  tt,  il  avait  pour  valeur  —  A. 
l'égalité  (2)  donnerait  pour  /       /, 

M2      à;  .    b\-     ikf    ■  Bp»  '+-...., 

W=r-a\-r-b\-  aAp'i  i-^P-..)- 

»  On  sait  trouver  une  quantité  a.  telle  que,  pour  p<'*,  la  parenthèse 
soit  plus  grande  que  £.  Pour  ces  valeurs  de  p,  l'égalité  peut  s'écrire 

W^a\  +  h;t    -  aAp?(^  -:    p), 

P  étant  une  quantité  positive.  Il  faudrait  alors  admettre  que,  pour  l  =  t,  et 
ç  <[  x,  le  carré  du  module  de  /(,'„  !  «)  serait  inférieur  d'une  quantité  finie 
au  carré  du  module  de  f('i0    =  a0  --  b0i,  ce  qui  est  impossible. 

»  J'ajoute  que  le  coefficient  de  if  ne  peut  être  égal  à  une  quantité  posi- 
iive  A  pour  aucune  valeur  réelle  de  /.  En  effet,  remontons  à  l'égalité  (1)  ; 
ot,  comme  x  +.yi  représente  une  quantité  arbitraire,  remplaçons-y  cette 
quantité  par  Q(x  +  yi),  en  appelant  0  une  racine  q'Kme  de  —  t,  racine  dont 
l'existence  s'établit  aisément  par  l'Algèbre  pure. 

»   L'égalité  devient  alors 

M2    ^  a20+  b;t  —  2[(//j  +  ni)  (se  H  y  if  ■'-  (m  —  nijix  —yi)1-  ■■, 


(     M     ) 

et,  en  traitant  cette  égalité  comme  on  a  fait  l'égalité  (i),  on  trouverait 
que,  pour  i  =  t,,\e  coefficient  de  -2f  serait  —  A,  ce  qui  est  impossible. 

»  Ainsi  nous  sommes  assuré  que,  dans  l'égalité  (2),  le  coefficient  de  f  est 
nul  pour  toutes  les  valeurs  réelles  de  t.  On  a  donc  l'identité 

(  m  -+-  ni  ) (  1  -+-  it)'1  -+-  (m  —  ni)  (1  —  it  )? =  o  ; 

mais  alors  cette  identité  est  aussi  vraie  pour  les  valeurs  imaginaires  de  /, 
en  particulier  pour 

it  =  1 , 
ce  qui  donne 

Il  en  résulte  que  l'on  a 

c'est-à  -dire 


m  4-  ni 


m  =  n  ==  o, 


aqaa+  l^b„  =  o, 

—  V<>  +  <V'o  =  °. 

et  comme  le  déterminant  de  ce  système,  savoir  arq  -h  /r,  n'est  pas  nul,  on 
doit  conclure  que 

^„  =  &0  ~  o, 
c'est-à-dire  que 

./(  s„  )  -  o. 

»  Remarque  l.  —  La  ilémonstralion  suppose  que  -0  est  une  quantité 
finie;  mais  cela  a  toujours  lieu,  puisque  le  module  de/(s)  devient  infini 
en  même  temps  que  z. 

»  Remarque  II.  —  Il  peut  se  faire  qu'il  n'y  ait  aucune  quantité  ^0  telle 
que  le  module  de  /(  s0)  soit  inférieur  ou  au  plus  égal  à  tous  les  modules  de 
/"(z),  quand  z  prend  toutes  les  valeurs.  Mais  il  est  facile  de  voir  que  dans 
ce  cas  on  peut  calculer  deux  nombres  positifs  différant  d'aussi  peu  qu'on 
veut  et  comprenant  entre  eux  tous  les  plus  petits  modules.  Soit  z„  l'une  des 
valeurs  de  z  correspondant  à  l'un  de  ces  plus  petils  modules.  La  démon- 
stration ci-dessus  s'applique  évidemment  à  cette  valeur  de  :0.   » 


(  ^'5  ) 


MÉCANIQUE.  —  Sur  le  mouvement  d'un  double  cône  qui  roule  sur  deux  droites. 
Note  de  M.  A.  de  Saint-Germain,  présentée  par  M.  Resal. 

«  Dans  les  Comptes  rendus  de  la  séance  du  t3  octobre  1890,  M.  Resal  a 
appelé  l'attention  sur  le  curieux  mouvement  d'un  double  cône  qui  roule 
sur  deux  droites  OG,  OG'  également  inclinées  sur  l'horizon  :  je  demande 
la  permission  d'ajouter  quelques  détails  aux  résultats  donnés  par  l'éminent 
géomètre. 

»  Le  centre  C  de  la  base  commune  aux  deux  cônes  décrit  une  droite 
faisant  avec  le  plan  OGG'  et  avec  l'horizon  des  angles  1  et  i  qu'il  est 
facile  de  calculer  :  le  cas  intéressant  est  celui  où  le  centre  G  descend 
quand  les  points  de  contact  des  cônes  avec  OC  et  OG'  s'éloignent  du 
point  O. 

»  Supposons  la  masse  de  chaque  cône  égale  à  l'unité  et  soient  a.  son 
demi-angle  au  sommet,  R  le  rayon  de  sa  base,  p  =  \/o,3  R  son  rayon  de  gy- 
ration  autour  de  l'axe  de  figure,  S  la  position  limite  de  C  quand  chaque 
cône  touche  le  guide  correspondant  en  son  sommet,  s  la  distance  SC  à  une 
époque  quelconque  du  mouvement.  Chacun  des  guides  exerce  sur  le  cône 
qui  s'appuie  sur  lui  une  réaction  T  tangente  au  parallèle  qui  contient  le  point 

de  contact  et  une  réaction  N,  éeale  à  - —  —  >  normale  au  cône.  En  introdùi- 

°  cos  a 

sant  l'angle  t,  le  chemin  s  à  parcourir  par  le  point  C  et  négligeant  la  ré- 
sistance au  roulement,  on  trouve  aisément  les  équations  du  mouvement 
sous  la  forme 

(1)  -^  --=    -gsmi  +T,  p-^^-T^tange, 

ds 
où  V  désigne  la  vitesse  -j  du  point  C,  w  la  vitesse  de  rotation  des  cônes 

autour  de  leur  axe.  Pour  que  les  points  de  contact  des  surfaces  avec  OG, 
OG'  aient  une  vitesse  nulle,  il  faut  que  l'on  ait 

(2)  V  -+-  sot  tangE  —  o. 

»  L'élimination  de  /,  T,  01  donne  entre  V2  et  s  une  équation  linéaire 
qui  a  pour  intégrale 

n\  lr->  .(a  —  s)s- 

(3)  v   =  2g"sin'^Tr— :*  ' 


(  2.6  ) 

en  supposant  qu'à  l'instant  initial  V  soit  nul,  s  égal  à  a  et  désignant  pcote 
par  u..  L'équation  (2)  donne  alors  œ  en  fonction  de  s  et  l'on  reconnaît  que 

.....  ...  j        -        .  diaçsmi  ii'        At    1  -  T 

cette  quantité  croit  de  zéro  a  —  -  quand  s  décroît  de  a  a  zéro.  La  vi- 

tesse V,  d'abord  nulle,  prend  des  valeurs  négatives  pour  revenir  à  zéro 
quand  s  lui-même  s'annulera;  mais  cela  n'arrivera  qu'au  bout  d'un  temps 
infini  et  il  sera  intéressant  de  le  constater,  autant  que  l'expérience  peut  s' 3 
prêter,  avec  l'appareil  signalé  par  M.  Resal.  Cherchons  à  quelles  condi- 
tions la  réaction  exercée  par  les  guides  sera  suffisante  pour  empêcher  le 
glissement  et  déterminer  le  mouvement  que  nous  avons  trouvé.  L'équa- 
tion (1)  donne,  dans  cette  hypothèse, 

Or,  l'équation  (3)  fait  connaître  l'accélération  du  point  G 

tf-V2 

J  = 


dt    '  ds  °  ([J.2+.s'2)2 

»  L'accélération  J,  d'abord  négative,  s'annule,  devient  positive  et  rede- 
vient nulle  quand  s  décroît  de  a  à  zéro  ;  elle  passe  par  un  maximum  quand  s 
est  égal  à  la  plus  petite  racine  positive  de  l'équation 

s3  —  3fl52  —  3(/.2s  -1-  \j.-a  =  0; 
la  valeur  correspondante  m  de—    — .  est  la  racine  positive  de  l'équation 


G/j  m"    ;    1 44 m2  ■+-  27  (  3       -  5  )  m  —  27  —:  =  o. 


»  On  voit  que,  pour  une  valeur  posithe  donnée  des,  J  croît  avec  a;  il  en 
résulte  que  le  maximum  m  sera  le  plus  grand  possihle  quand  on  donnera 
à  a  la  plus  grande  valeur  dont  il  est  susceptible,  RcoU;  alors  on  trouve  que 
la  valeur  maximum  de  J  est  o,  'jiZg&mi,  pour  s  —  o,  'iol\a.  Si  donc,  /étant 
le  coefficient  de  frottement  des  cônes  sur  les  guides,  on  a 


'  COS( 


1 ,  7  i3g  si n*' <  /—-  >        /  >  1, 7i3  tangi'cosa, 


COS'/ 


la  réaction  sera  toujours  suffisante  pour  produire  le  mouvement  que  nous 
avons  considéré.  Si  la  réaction  tangentielle  devient  insuffisante  pour  em- 
pêcher le  glissement,  elle  prendra  la  valeur/N  et  le  mouvement  de  C  de- 
viendra uniformément  varié.  » 


(   217    ) 


GÉODÉSIE.  —  Sur  la  résistance  opposée  par  l'air  au  mouvement  d'un  pendule. 
Note  de  M.  G.  Defforges,  présentée  par  M.  Cornu. 

«  JBouguer,  Borda,  Biot  et  Rater,  en  calculant  leurs  observations  de 
pendule,  se  bornèrent  à  tenir  compte,  suivant  le  principe  d'Archimède, 
de  la  perte  de  poids  subie,  du  fait  de  la  poussée  de  l'air,  par  leur  appareil 
oscillant.  Du  Buat  avait  cependant,  dès  1786,  montré  par  l'expérience 
qu'un  corps  en  mouvement  dans  un  fluide  entraîne  une  partie  du  fluide 
environnant,  de  telle  sorte  que  la  poussée  hydrostatique  semble  accrue 
pendant  le  mouvement. 

»  Bessel  et  Baily,  reprenant  les  idées  de  du  Buat,  déterminèrent  par 
l'expérience  le  facteur  de  cet  accroissement,  facteur  qu'ils  considéraient 
comme  constant  pour  un  même  corps,  quelle  que  fût  la  pression.  Les  ob- 
servations de  l'India  Survey  ont  déjà  montré  qu'il  n'en  est  rien,  et  que  ce 
coefficient  est  variable  avec  la  pression  et  même  avec  la  température. 

»  Dans  le  cours  des  mesures  de  la  gravité,  exécutées  en  divers  points 
de  la  France  et  de  l'Algérie  par  le  Service  géographique  de  l'armée,  j'ai  été 
conduit  à  déterminer,  avec  toute  la  précision  possible,  la  loi  de  variation 
de  la  durée  d'oscillation  et  de  l'amplitude  des  pendules  de  Brunner  appar- 
tenant à  ce  service,  en  fonction  de  la  pression  du  fluide  environnant.  Ces 
pendules,  du  type  réversible,  ont  la  forme  de  cylindres  terminés  par  des 
demi-sphères  de  même  rayon  (voir  Comptes  rendus,  1888,  t.  CVI,  p.  192). 

»  a.  Durée  d'oscillation.  —  Si  l'on  prend  comme  point  de  départ  la 
durée  d'oscillation  dans  le  vide  absolu  T0,  les  variations  AT  de  cette 
durée,  aux  différentes  pressions  H,  sont  très  exactement  représentées  par 
une  formule  à  deux  termes 

AT        x         8  760 


T0        /;      i  +  ai 


»+V*(-ï£)- 


»  /(  est  la  distance  du  centre  de  gravité  du  pendule  au  couteau  de  suspension,  x  et  y 
sont  deux  coefficients  numériques  qui  dépendent  de  la  forme  de  l'appareil  oscillant  et 
de  la  nature  du  fluide  considéré.  H,/,  a  et  L  ont  leurs  significations  habituelles. 

»  Il  est  à  remarquer  que  le  coefficient  x  pour  nos  pendules  est  à  peu  près  le  double 
de  ce  qu'il  serait  s'il  représentait  uniquement  l'effet  de  la  poussée  hydrostatique. 

»   L'ensemble  des  observations  comprend   23  séries  pour  le  pendule 

C.  II.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  4.)  29 


(     218    ) 

long,  23  pour  le  pendule  court,  exécutées  à  trois  époques  différentes  aux 
stations  de  Breteuil  (Bureau  international  des  Poids  et  Mesures),  Rosen- 
daël-lès-Dunkerque  et  Paris  (Observatoire),  à  des  pressions  échelonnées 
entre  la  pression  ordinaire  et  le  vide  poussé  jusqu'à  i,nm,6('),  la  plus  basse 
pression  obtenue. 

»  Les  résidus,  observation  moins  calcul,  dont  le  Tableau  est  ci-dessous, 
n'atteignent  qu'accidentellement  os,  2  par  jour.  Ils  sont  du  même  ordre 
que  les  incertitudes  de  la  marche  journalière  du  meilleur  garde-temps. 


Pendule  long  de  Drunner, 


H  = 


Premier  couteau 

Un 

■touii , 

Second  couteau 

Breteuil, 

1838. 

Paris,  1889. 

Rosendaël,  1889. 

1888. 

Rosendaël, 

1889. 

mm 
:      2      AT 

s 

=  — o,o3 

H 

m  oi 

s 
-0,09 

mm                 s 
11=     9     AT  =  — o,i'i 

II 

mm 

=  i3     AT 

s 

=  4-0,06 

II 

mm 
=    10     AT 

s 
=  — o,o( 

27 

— 0,10 

2  2f) 

~°»°4 

209                — 0,06 

5i 

— o,o3 

180 

--0,11 

su 

—0,06 

754 

ho, .4 

3fî3                    +0,rj"i 

77 

—  0  jOl 

36g 

4-0, if 

'-4 

0,11 

764              ".'■■ 

169 

4-0, o5 

766 

—  0,21 

38 1 

-i-o,t4 

260 

4-0, OS 

759 

—0,04 

7  "'  *' 

—  0 ,  1 6 

Pendule  court  de  Brunner. 

Premier 
1888. 

couh 

ïau 

Second  couteau 

Breteuil, 

Rosendaël,  1889. 

Breteuil,  1888. 

P 

aris,  1889. 

Rosendaël, 

1889. 

ni  ni 
8     AT 

s 
=:        0,00 

H 

mm 
=    i3      AT 

s 

— 0  ,o3 

mm                  s 
H  =     8     AT-^-   0,10 

II 

mm 
=     6     AT 

s 
=      0,00 

II 

mm 
=    11      AT 

s 
=  ~o,o; 

■43 

—  0,08 

iS2 

0, 10 

a4                — 0,0  3 

26 

—0,08 

'71 

4-0 ,  or 

92 

—  0,02 

365 

--0,02 

["8                — 0,11 

75 

—  0,02 

368 

— 0,11 

i85 

0,00 

7.5S 

—0,07 

■2n-             +o,o3 

233 

—  0,07 

7  '  ' 

—0,0c 

377 

— o,o3 

3-47             +0,11 

748 

0,l6 

736 

+  0,12 

~'.\'t             -f-0,07 

»  Cette  loi  parabolique  parait  convenir  à  d'autres  formes  qu'au  cylindre 
et  à  la  sphère.  De  nouveaux  pendules,  formés  de  la  combinaison  d'une 
lame  plate  et  de  deux  cylindres  terminaux,  satisfont  à  cette  formule  avec 
la  même  précision. 

»  b.  Amplitude.  —  L'action  du  fluide  environnant  sur  l'amplitude  9  est 
représentée  par  la  formule  de  Coulomb 


d(\ 
di 


B6  +  C92. 


»   Les  séries  précédentes,  effectuées  du  vide  presque  parfait  à  la  pres- 


(')  A  la  pression  de  imm,6,  le  pendule  long  a  oscillé  pendant  cinquante  heures,  de 
l'amplitude  i°  à  l'amplitude  2'. 


(  2,9  ) 
sion  ambiante,  ont  montré  une  relation   simple  entre  les  coefficients  de 
Coulomb  B  et  C  et  la  pression  H 

B  =  bs/~H,         C-    cH. 

»  Les  deux  termes  du  décroissement  élémentaire  sont  proportionnels, 
l'un  à  la  première,  l'autre  à  la  deuxième  puissance  de  9yH. 

»  Les  observations  dans  le  vide  ont  le  grand  avantage  de  séparer  l'ac- 
tion amortissante  propre  au  couteau  de  l'effet  du  fluide  environnant,  qui 
la  masque  aux  pressions  élevées.  Les  nouvelles  constantes  b  et  c  étant 
déterminées,  il  devient  possible,  en  profitant  des  séries  à  très  basses 
pressions,  d'évaluer  exactement  le  frottement  moyen  au  couteau  entre  des 
amplitudes  déterminées. 

»  Ce  frottement,  une  fois  connu,  sert  lui-même  à  calculer,  par  une 
combinaison  convenable  des  observations  de  la  durée  et  des  observations 
du  décroissement  de  l'amplitude  dans  le  vide  et  à  diverses  pressions,  l'effet 
moyen  de  la  courbure  de  l'arête  du  couteau  sur  la  durée  d'oscillation. 

»  c.  Conséquences  des  lois  précédentes.  --  Les  observations  de  la  durée, 
faites  à  une  pression  quelconque,  peuvent  donc  être  exactement  réduites 
au  vide  si  l'on  connaît  t,  H  et  y  dans  l'enceinte  où  oscille  le  pendule. 
Elles  peuvent  également  être  corrigées  de  l'effet  de  la  courbure  des  arêtes 
des  couteaux.  Les  durées  d'oscillation  T  etT',  autour  de  l'un  et  de  l'autre 
couteau,  d'un  pendule  réversible,  peuvent  être  ainsi  ramenées  à  ne  dif- 
férer que  de  l'effet  de  la  non-coïncidence,  avec  les  arêtes  des  couteaux,  des 
axes  réciproques  de  suspension  et  d'oscillation. 

»   Si 

T  -  T'  =  const. 

dans  toutes  les  stations,  ce  que  l'expérience  vérifie,  on  aura  la  certitude 
que  le  pendule  considéré  est  resté  identique  à  lui-même.  La  réduction 
au  vide  et  la  correction  relative  à  la  courbure  des  arêtes  ont  donc  ce 
caractère  précieux  de  fournir  un  critérium  certain  de  l'invariabilité  d'un 
pendule  réversible,  soit  dans  le  cours  d'une  même  station,  soit  en  passant 
d'une  station  à  un  autre.  On  obtient  ainsi  du  même  coup,  dans  un  même 
appareil,  les  avantages  inhérents  aux  deux  espèces  de  pendule,  réversible 
et  invariable.  » 


(    tl20    ) 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  le  principe  d' Buy gens. 
Note  de  M.  A.  Potier,  présentée  par  M.  Cornu. 

«  Poisson  (  '  )  a  donné  le  moyen  de  déduire  l'état  d'un  milieu  dans  lequel 
se  propage  un  ébranlement,  de  son  état  à  une  époque  antérieure  ;  il  a 
montré  que  l'ébranlement  d'un  point,  à  l'époque  t,  dépend  uniquement  de 
l'état,  à  l'époque  choisie  comme  origine,  d'une  couche  sphériqne  infini- 
ment mince  décrite  de  ce  point  comme  origine  avec  un  rayon  V  t. 

»  Von  Helmholtz  (2),  Kirchhoff  (3),  M.  Poincaré  (4)  ont  donné  le 
moyen,  dans  le  cas  des  mouvements  périodiques  seulement,  de  déduire 
l'état  vibratoire  d'un  point,  de  celui  d'une  couche  infiniment  mince,  de 
forme  quelconque,  qui  l'entoure  complètement.  Les  deux  théorèmes  sont 
des  solutions  particulières  du  problème  que  soulève  l'énoncé  du  principe 
d'Huygens  :  Rechercher  comment  doivent  être  distribuées  sur  une  surface 
enveloppant  les  centres  d'ébranlement,  les  sources  fictives  qui  leur  sont 
équivalentes  pour  les  points  extérieurs  à  cette  surface,  ainsi  que  la  nature 
du  mouvement  produit  par  chacune  de  ces  sources. 

»  Une  solution  plus  générale  paraît  utile  ;  la  considération  des  ondes 
isolées,  ou  d'ébranlements  non  périodiques,  est  d'un  usage  constant  dans 
l'étude  de  la  propagation,  et  cependant,  depuis  Fresnel,  on  a  toujours 
entouré  de  réserves,  peut-être  non  justifiées,  l'emploi  du  principe  d'Huy- 
gens à  ces  ondes,  et  considéré  comme  difficile  d'expliquer  le  repos  absolu 
auquel  le  milieu  doit  arriver  après  le  passage  de  l'onde.  Huygens  déclare 
lui-même  qu'à  ce  point  de  vue  son  principe  ne  doit  pas  être  examiné  avec 
trop  de  soin,  ni  de  subtilité  { 5). 

»  Cette  solution  repose  sur  un  théorème  dont  voici  l'énoncé  :  Soient  une  surface 
quelconque  S,  deux  points  A  et  B,  r  et  p  les  distances  de  ces  deux  points  à  un  élément 
d<s  de  la  surface,  dn  un  élément  de  la  normale  à  cette  surface,  F  une  fonction  de 
(/•  +  p)  ne  devenant  infinie  pour  aucune  valeur  de  la  variable,  l'expression 

<■>    /*[(?.-*)£-(?-')£]-    -    »*?• 

(')  Poisson,  Mémoires  de  V Académie  des  Sciences,  1S1 8. 

(2)  Von  Helmholtz,  Journal  f tir  reine  u.  angewandte  Mathematik,  Bd.  57  (1859). 

(3)  Kirchhoff,  Sitzungsberichte  {Académie  des  Sciences  de  Berlin,  1882). 
(l)  Poincaré,  Théorie  mathématique  de  la  lumière  (18S9). 

(5)  Voir  notamment  Mascakt,  Traité  d'Optique,  Chnp.  I  (18S9). 


(    221     ) 

R  désignant  la   distance  AB,  suivant  que  les  deux  points  A  et  B  sont  du  même  côté 
de  la  surface  S,  ou  sont  séparés  par  elle. 

»   Pour  le  vérifier,  il  suffit  de  remplacer  les  produits 


,    dr  ,    dp 

dv  -r-      et     au  ~ 
dn  an 


par  leurs  valeurs 


dy  dz h  dx  dz  - 1-  dx  dy  -,-  :     dy  dz  - (-.■■• 

J       an  dy  J  dz        J       dx 

»  L'intégrale  (i)  prend  la  forme 

(2)  f  P  dy  dz -1- Q  dx  dz ->r  Rdxdy, 

où  P,  Q,  R  sont  les  valeurs  que  prennent,  au  point  considéré  de  la  surface  S,  des 
fonctions  qui  satisfont  à  la  condition 

àP       ÔQ       àR 

-y-  +  "j"5  +   -ï-  =  O, 

oj;       c//        «3 
dans  tout  l'espace  excepté  au  point  A  et  B;  or  on  a  toujours 

fp  dy  dz  +  Q  rfx  rf3  +  R  dx  dy  ,=  J  (^  4-  g  ■+-  |f)  dm, 

si  (fe  est  un  élément  du  volume  limité,  par  la  surface  à  laquelle  s'étend  la  première 
intégrale. 

»  En  étendant  l'intégration  dans  le  premier  cas  à  tout  l'espace  situé  du  côté  de  la 
surface  S  qui  ne  renferme  ni  A.  ni  B,  dans  le  second  à  l'espace  situé  du  même  côté 
que  B  sauf  une  sphère  infiniment  petite  décrite  autour  de  ce  point,  on  vérifie  l'iden- 
tité annoncée. 

»  La  relation  (1)  peut  être  différentiée,  soit  par  rapport  aux  coordonnées  .r,,  yu  zt 
du  point  A,  soit  par  rapport  à  celles  .r2,  yt,  zt  du  point  B;  on  obtient  alors  deux 
nouvelles  identités  qui  permettent  de  représenter  une  fonction  de  la  forme 

(3)  *  F(R) 

dx*  dyP  dz-r     R 

par  des  intégrales  étendues  à  tous  les  éléments  de  la  surface  S.  Dans  le  premier  cas, 

dp 
pet  r-  restent  variables,  et  on  écrira  symboliquement 
an 

th     H-       d       \d  ¥<-r  +  pï~\(dr\    ôp  Ai       d       F(/'  +  p)?f/J 

J  {  P  dx*  dy\  ds[  [dr         r       \\dnj       an  dp  p  dx*  dy\ds\         r        ) 
et  dans  le  second 

J   [dn'àr  r  dx%dy\dzi         p  r  dx*dy\  dz\   à   L       P        J  \àn)  j 

»  Ceci  posé,  si  l'on  suppose  que  le  point  A  est  un  centre  d'ébranlement, 


('     222     ) 

dans  un  milieu  où  la  vitesse  de  propagation  est  V,  l'expression 

rf«+P+Y      <p(R  +  VQ 
(6)  d&-dyïdzt  R 

est  la  forme  des  composantes  du  déplacement  pour  un  type  (')  particulier 
d'ébranlement  simple;  la  forme  la  plus  générale  est  la  somme  de  termes 
analogues,  différant  par  les  valeurs  de  oc,  p,  y;  en  substituant  dans  les 
identités  (4)  et  (5)  <p(r  H-  p  —  Vt)  à  F(r+  p),  on  aura  deux  manières  de 
représenter  l'ébranlement  reçu  au  point  B,  en  le  considérant  comme  ré- 
sultat de  la  superposition  d'ébranlements  ayant  comme  centres  les  élé- 
ments de  la  surface  2,  centres  fictifs  dont  les  mouvements  seraient  en  re- 
tard du  temps  ^  sur  le  mouvement  du  centre  A.  En  adoptant  la  forme (4), 

l'ébranlement  au  point  B  résultera  d'ébranlements  du  premier  et  du  second 
type  seulement;  en  prenant  pour  surface  2  une  sphère  enveloppant  le 
point  B,  et  de  rayon  p,  on  voit  que  le  mouvement  du  point  B  ne  dépend 
que  de  la  valeur  du  déplacement  et  de  sa  vitesse,  sur  cette  sphère,  à  l'é- 
poque l  —  £ j  et  l'on  retrouve  après  quelques  transformations  simples  la 

solution  de  Poisson. 

»  En  supposant  la  surface  1  quelconque  et  la  fonction  F  sinusoïdale, 
on  retrouve  les  formules  données  par  Helmholtz  et  Kirchhoff  dans  ce  cas 
particulier.  La  seconde  forme  (5)  est  plus  expressive,  chacun  des  centres 
fictifs  produisant  deux  ébranlements,  l'un  de  même  ordre  que  l'ébranle- 
ment primitif,  l'autre  d'un  ordre  plus  élevé  d'une  unité;  elle  parait  moins 
commode  pour  les  calculs. 

»   On  pourrait  encore  prendre  pourF(R)  la  forme  plus  générale 

(7)  ^%(R-VO; 

les  formules  (4)  et  (5),  et,  par  conséquent,  le  principe  d'Huygens  dont 
elles  sont  l'expressiou  analytique,  subsisteraient  toujours.  Onpeut  donc  l'ap- 
pliquer, sans  aucune  rectriction  relative  à  la  forme  de  la  fonction  <p,  à  un 
milieu  isotrope,  absorbant,  mais  sans  dispersion.  Si  le  milieu  est  doué  de 
dispersion,  il  ne  s'applique  qu'aux  mouvements  ayant  une  vitesse  de  pro- 
pagation bien  déterminée,  tels  que  les  mouvements  de  forme  sinusoïdale. 
«   Les  formes  (4)  et  (5)  ne  sont  pas  les  seules  que  l'on  puisse  employer 


(')   Un  ébranlement  sera  dit  d'ordre/),  quand  la  somme  des  exposants  2-t- (3 +-,'=/>. 


(     22 

3  ) 

pour  représenter 

4  ™  dx*  drP  dzl e 

-KR<P(R-VO. 

R 

on  a,  en  effet, 

d 

d  '  i 

d              d 
dx*          dyi  ~ 

»  On  pourra  donc  déduire  cette  valeur  de  celle  de  (G  )  par  des  différen- 
tiations  j)ortant  indifféremment  sur  les  coordonnées  du  point  A  ou  du 
point  B. 

»  Il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  rappeler  que  lorsque  la  fonction  <p 
est  périodique  et  de  longueur  d'onde  négligeable  par  rapport  à  /•  et  p,  les 
expressions  (4  )  et  (5)  se  simplifient  notablement;  en  désignant  par  1,  [/., 
v,  X,,  u.,,  v,,  les  cosinus  directeurs  des  distances  r  et  p,  et  par  <!/  et  <},  les 
angles  de  ces  lignes,  comptées  dans  la  direction  de  la  propagation,  avec  la 
normale  à  la  surface  2,  et  enfin  par  A,  M,  N  les  cosinus  directeurs  de  R, 
l'expression  (4)  devient 

et  l'expression  (5)  prend  une  forme  semblable  où  entrent  Xit  ;;.,,  p,.  Il  ré- 
sulte de  là  que  le  déplacement  en  B  à  l'époque  t  est  complètement  déter- 
miné par  les  vitesses  seules,  en  chacun  des  points  de  la  surface  2  à  l'époque 

t  —  1^  tandis  cpie  dans  le  cas  général  les  vitesses  et  les  déplacements  in- 
terviennent à  la  fois.  » 


ÉLECTRICITÉ.  ~  Théorème  relatif  au  calcul  de  la  résistance  d' une  dérivation. 
Note  de  M.  Ch.-Ed.  Guillaume,  présentée  par  M.  Cornu. 

«  1.  Les  caisses  de  résistance  à  double  entrée  (décades  de  Carpen- 
tier)  sont  généralement  employées  pour  obtenir,  par  addition  des  bobines, 
des  multiples  exacts  de  l'unité;  cependant,  en  établissant  des  dérivations 
des  bobines  entre  elles,  on  arrive  à  des  valeurs  fractionnaires  ou  à  des 
sous-multiples  de  l'unité.  Mais  le  nombre  des  chevilles  nécessitées  pour  la 
combinaison  augmente  avec  le  nombre  des  bobines,  c'est-à-dire  en  même 
temps  que  la  résistance  du  circuit  diminue.  Si,  par  exemple,  on  groupe 
dix  bobines  de  i  ohm  en  quantité,  on  a  1 1  chevilles  dans  le  circuit,  et 
leur  résistance  est  loin  d'être  négligeable  vis-à-vis  de  oohm,i.  Lafîg.  i„, 


(     224     ) 

expliquée  par  un  diagramme  fig.  \b,  représente  une  partie  d'un  pareil  cir- 
cuit. Dès  que  l'on  dépasse  trois  ou  quatre  bobines,  le  calcul  exact,  par  les 
formules  ordinaires,  de  la  résistance  comprise  entre  A  et  B  est  extrême- 
ment laborieux.  On  peut  alors  faire  usage  d'un  procédé  détourné  qui, 
dans  ce  cas  particulier,  conduit  à  un  calcul  très  simple. 


Fie-  '»■ 


Fis 


X 


X 


X 


A*T 


»  2.  Établissons  d'abord  une  formule  générale.  Soit  un  fil  KL,  de  résis- 
tance r0,  se  prolongeant  enL  par  n  fils  de  résistances  r,,  r2,  . . .,  rn,  qui  se 
réunissent  en  un  même  point  M.  La  résistance  du  circuit  compris  entre  R 
et  M  est,  comme  on  sait, 


(0 


R  =  r0  +  - 


I 

■  — h. . 

I 

or  cette  expression  peut  être  trouvée,  en  outre  du  procédé  immédiat,  par 
les  considérations  suivantes  :  supposons  le  fil  KL  composé  d'un  faisceau 
de  n  fils  aboutissant  à  chacune  des  bobines  r,,r2,  ...  ;  si  les  résistances  de 
ces  fils  sont  proportionnelles  à  celles  des  bobines  qui  leur  correspondent, 
on  pourra  les  isoler  les  uns  des  autres,  sans  rien  modifier  à  la  distribution 
de  l'électricité  dans  le  circuit;  nous  aurons  alors  n  circuits  distincts,  par- 
tant de  K  et  aboutissant  en  M;  en  désignant  par  r\,  r.-,,  . ..,  rn  les  résis- 
tances des  fils  du  faisceau,  la  résistance  de  l'ensemble,  représentée  par 

-  )  sera  égale  à  R  si,  pour  le  fil  d'ordre  p, 

on  a 

(2) 


r-i  H-  /', 


r";>U   +  r. 


C'est  de  cette  expression  que  nous  ferons  usage. 


(     225    ) 

»   3.  Appliquons  d'abord  cette  méthode  à  un  exemple,  en  calculant  la  résistance  du 
circuit  compris  entre  A  et  D  {fig.  2a).  Nous  substituons,  à  la  dérivation  réelle,  celle  qui 


I  Fig-  a.- 


Fig.    2,,. 


est  représentée  dans  la  fig.  2/,;  les  résistances  /•,  et  i\  sont  divisées  chacune  en  deux 
autres,  mru  nrt,  prk,  qrk,  et  la  résistance  cherchée  est  donnée  par 


(3) 


R  = 


mrt  -+-rs        «/■,+  /"s -h  qru        rt-\-prk 
et  l'on  a,  pour  déterminer  ni,  n,p,  q,  les  équations 


(4) 


P  =  r.[-  + 


'S+qrJ 

n  —  i 

»         \ 

q 

nrt-hrj 

q  —  i 

»  Ces  équations  se  séparent  en  deux  groupes  de  deux  équations  du  premier  degré 
à  deux  inconnues,  qu'il  suffit  de  résoudre  pour  connaître  R. 

»  4.  Désignons,  dans  le  diagramme  explicatif  fig.  ib,  respectivement 
par  a„  a2,  ...  />,,  b2,  ...  les  résistances  partant  de  A  et  B  (les  che- 
villes), par  r, ,  ra,  . . .  les  résistances  principales  (les  bobines)  ;  nous  divisons 
chacune  des  premières  en  deux  autres,  dans  les  rapports  m,,  n,,m2,  n2,  ...  ; 
p,,  q,,p2,  q2,  ...  (dans  le  cas  actuel,  p,  =  so,  qK  =  i);  le  circuit  enchevêtré, 
compris  entre  A  et  B,  sera  ainsi  remplacé  par  les  circuits  parallèles  sui- 
vants 

m{a{  -+-r,  +      b,. 

n,a,  -h  r2-+- p2b2, 
m2a2  ■+-  r3  -+-  (]2b2. 


et  l'on  aura,  pour  déterminer  m,  n,  p,  q,  les  relations 

p2  =  (r„-4-rc,a()  (  — 


«,  — i 

çr2—  I 


C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°4.) 


3o 


(    226    ) 

La  résolution  exacte  de  systèmes,  dans  le  cas  général,  est  encore  assez  com- 
pliquée; on  peut  cependant,  à  l'inspection  du  diagramme,  faire  une  sup- 
position approchée  pour  l'une  des  valeurs  n  ou  p,  et  calculer  les  autres 
par  récurrence;  la  dernière  équation  laissera  un  résidu;  modifiant  sa  pre- 
mière supposition,  on  trouvera  un  autre  résidu,  et  on  achèvera  par  les 
méthodes  connues  d'approximation. 

»  Dans  le  cas  particulier  qui  nous  occupe,  le  calcul  se  simplifie  consi- 
dérablement; en  effet,  les  résistances  a,,  a.2,  ...,  b,,b2,  ...  sont  très 
petites  et  peuvent  être  considérées  comme  égales  entre  elles;  désignons- 
les  collectivement  par  s;  les  résistances  r,,  r2,  ...  peuvent  aussi,  dans  le 
terme  correctif,  être  considérées  comme  identiques;  les  résistances  s 
seront  donc  simplement  divisées  en  deux  parties  égales,  et  l'on  aura 


R 


iii  i 

_^ _|_ -+- ...  -] — 

/-,-+-  3s        f2-l-4£        '3  +  4*-  rn-hô£ 


»  Le  calcul  est  toujours  très  simple,  quelles  que  soient  les  valeurs  rela- 
tives des  résistances  de  chaque  groupe  a,  b  et  r,  à  la  seule  condition  que 
les  a  et  b  soient  beaucoup  plus  petits  que  les  r. 

«  La  correction  pour  les  chevilles,  comme  elle  vient  d'être  indiquée, 
améliore  sensiblement  le  résultat  lorsqu'on  met  les  bobines  de  la  décade 
en  dérivation;  cependant,  la  variabilité  des  contacts  laisse  encore  subsis- 
ter une  légère  incertitude,  et  il  est  nécessaire,  si  l'on  veut  opérer  avec  sé- 
curité, d'emplover  les  contactsà  mercure.  » 


CHIMIE.  —  Recherches  sur  l'application  de  ta  mesure  du  pouvoir  rotatoire  à  la 
détermination  de  combinaisons  formées  par  les  solutions  aqueuses  d'acide 
malique  avec  les  phosphomolybdates  alcalins  blancs.  Note  de  M.  D.  Gernez, 
présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Les  phosphomolybdates  alcalins  blancs  découverts  par  M.  Debray 
sont  des  corps  dont  la  composition  peut  être  représentée  par  la  formule 
3RO,  PhO5,  5Mo03;  ils  sont  très  solubles  dans  l'eau  et  sont  susceptibles 
de  former  avec  les  solutions  aqueuses  d'acide  malique  des  liquides  qu 
restent  pendant  un  certain  temps  incolores.  J'ai  étudié  ces  liquides  par  le 
procédé  dont  j'ai  fait  usage  dans  mes  recherches  antérieures  sur  les  com- 
binaisons des  acides  tartrique  et  malique  avec  les  molybdates  et  tungstates 


(  227  ) 
alcalins,  et  j'ai  réussi  à  mettre  en  évidence  la  production  et  la  transforma- 
tion de  combinaisons  produites   par  ces  corps   complexes  avec  l'acide 
malique. 

»  Les  expériences  ont  été  faites  avec  des  solutions  contenant  iBr,  1166 
d'acide  malique  additionné  de  quantités  de  sel  croissant  par  fractions 
égales  d'équivalent  et  de  l'eau  distillée  nécessaire  pour  amener  le  volume 
à  occuper  i2cc  à  la  température  de  i5°,  qui  était  celle  des  observations. 
Ces  solutions  étaient  contenues  dans  un  tube  de  io5mm, 7  de  longueur  et 
mesurées  par  rapport  à  la  lumière  du  sodium  avec  le  polarimètre  de 
M.  Laurent 

»   Le  Tableau  ci-après  résume  les  résultats  obtenus. 

»   L'examen  de  ces  résultats  conduit  aux  remarques  suivantes  : 

»  i.  Phosphomolybdate  de  soude  :  3NaO,  PhO5,  5Mo03.  —  i°  La  rota- 
tion initiale  de  —  o°,n  va  graduellement  en  croissant  jusqu'à  la  valeur 
maxima  —  6° 3o/  (36  fois  plus  grande  que  la  valeur  primitive)  qui  corres- 
pond à  j  d'équivalent  de  sel;  on  peut  en  conclure  qu'il  y  a  production 
d'une  combinaison  entre  4  équivalents  d'acide  malique  et  1  équivalent  de 
phosphomolybdate  de  soude.  20  Pour  des  quantités  de  sel  plus  grandes,  la 
rotation  diminue,  devient  positive,  puis  atteint  un  maximum  de  -+■  6°2o' 
(34  fois  la  rotation  initiale)  qui  correspond  à  i,5  équivalent  de  sel;  on  en 
déduit  qu'il  v  a  production  d'une  combinaison  entre  2  équivalents  d'acide 
malique  et  3  équivalents  de  phosphomolybdate  de  soude.  3°  Pour  de  nou- 
velles additions  de  sel,  la  rotation  décroît,  ce  qui  indique  que  la  combi- 
naison précédente  se  détruit  pour  donner  lieu  à  un  nouveau  groupement 
des  corps  en  contact. 

»  2.  Phosphomolybdate  d'ammoniaque  :  3AzH*0,PhOs,  5Mo03.  —  Ce 
sel  donne  lieu  à  des  phénomènes  tout  à  fait  semblables  aux  précédents  : 
i°  premier  maximum  de  —  6° 38'  presque  égal  à  celui  donné  par  le  sel  de 
soude  indiquant  aussi  une  combinaison  entre  4  équivalents  d'acide  ma- 
lique et  de  1  équivalent  de  sel;  2"  diminution  de  rotation,  changement  de 
sens  et  maximum  de  -+-  2°5'  de  valeur  moindre  que  celui  que  présente  le 
sel  de  soude,  mais  indiquant  la  production  d'une  combinaison  qui  est  ana- 
logue et  formée  de  2  équivalents  d'acide  malique  et  3  équivalents  de  phos- 
phomolybdate d'ammoniaque;  3°  enfin,  diminution  de  la  rotation  indi- 
quant la  transformation  de  cette  combinaison. 

»  3°  Phosphomolybdate  de  potasse  :  4KO,  PhO5,  5Mo03.  —  i°  Ici  encore 
la  rotation  augmente  jusqu'à  un  maximum  de  —  6°5o',  à  peu  près  de 
même  grandeur  que  pour  les  deux  sels  précédents,  mais  ce  maximum  cor- 


(    228    ) 


Phosphomolybdate 
de  soude. 


Phosphomolybdate 
d'ammoniaque. 


Phosphomolybdate 
de  potasse. 


Fractions 

d'équivalent 

de  sel  en 

n  d'éci- 

o 

o,5 

1 

2 

3 

4 

5 

6 

7 

8 

9 

10 

11 

1 2  =  |  éq . 

i3 

14 

16 

18 

20 

33 

24  =  }éq. 

26 

28 

3o 

36 

42 

48  =  1  éq. 

54 

60 

66 

72  =  ié9,5. 

78 

84 

9° 

96  =  2  éq . 
102 


Rotations 
observées. 

— O.  I  I 
— 0.4l 

—  1 . 1 5 

—  2.  i5 
— 3.  i5 
-4.  3 
-4.54 
—5.29 
—6.  o 
— 6.  i5 
— 6.21 
— 6. 29 
—6.38 
—6.3g 
— 6.37 
-6.36 
—6.35 
— 6.20 
-6.i5 
-6.2 
-5.55C) 

-5-47 

—5.29 

—  5.2 

—3.0 

-4-0.42 

+3.5o 

+5.i8 

-4-6.6 

+6.19 

-t-6.20 

+  5.48 

+5.31 

+  4-5q 

+4.36 
+4-5 


Variations 
pai- 
rs d'é1- 


» 


60 

64 
60 
60 
48 
5i 
35 


1.) 
6 

8 

9 
1 


O,0 

5 
5 

6,5 
3,5 

4 
9 

1 3 , 5 

20,3 

37 
3i,3 

.4,7 


2,2 
0,2 
5,3 
2,8 
5,3 
3,8 
5,i 


Rotations 
observées. 


I  I 

4i 


—3. 

-4- 

—  A- 


1 

55 
-5.33 
-5.58 
-6.20 
-6.29 
-6.32 
-6.36 
-6.38 
-6.38 
-6.38 
-6.38 
-6.35 
-6.35 
-6.32 
-6.24 
-6. 12 
-6.  4 
-5.52 

-4.17 
-2. 14 
-0.21 
-0.46 
-1 ,3o 
-2. 1 

-2.5 

-2.0 
- 1 .53 

» 
» 


Variations 
par 

-h  d'é<l- 

» 
60 

64 

59 

58 
55 

48 

38 

25 

22 

9 
3 

4 
+  2 
o 
o 
o 


—  I,.J 

o 


4 


10,8 

20,5 

'7.7 

11,2 

7.3 

5, 2 

-  °>7 

-  0,8 

°.7 


Rotations 
observées. 

—  O.  I  I 
-0.4l 

—  I  .  I  I 

—  2.  l5 

— 3. 10 
-3.57 

—  4.4J 

—  5.24 
-5-44 

—6.  o 
-6. .4 
— 6.21 
— 6. 25 
—6.28 
-6.3i 
—6.34 
-6.39 
6.42 
-6.45 

-6.47 
6.5o 
-6.48 

-6.47 
-6.39 

-J.40 
-4.20 

-2.38 


Variations 
par 

Ù  d'écl- 


60 
60 

64 
55 

47 
48 

39 
20 
16 
>4 


2,5 

.,5 

i,5 

1 

i,5 

1 

o,5 

4 
10 

i3 
■7 


(')  Les  expériences  suivantes  ont  été  faites  avec  des  solutions  sursaturées. 


(    229    ) 

respond  à  £  équivalent  de  sel  ajouté  à  i  équivalent  d'acide  malique.  Il  in- 
dique la  formation  d'un  composé  de  2  équivalents  d'acide  et  de  1  équiva- 
lent de  phosphomolybdate  de  potasse.  i°  Pour  de  nouvelles  additions,  la 
rotation  diminue  graduellement.  Le  phosphomolybdate  de  potasse,  bien 
que  présentant  une  composition  analogue  aux  deux  sels  précédents,  ne  se 
comporte  pas  de  la  même  manière  et  donne  lieu  avec  l'acide  malique  à 
des  combinaisons  différentes.    » 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Sur  les  conductibilités  des  acides  organiques  isomères 
et  de  leurs  sels.  Note  de  M.  Ostwald,  présentée  par  M.  Lippmann. 

c  Dans  les  Comptes  rendus  du  5  janvier  1891,  p.  46,  il  se  trouve  une 
Communication  de  M.  D.  Berthelot  qui  se  rapporte  à  une  question  dont  je 
me  suis  occupé  d'une  manière  assez  étendue  quelques  années  auparavant. 
Ainsi  j'ai  constaté,  en  1888,  que  les  sels  des  acides  isomères  ont  des  con- 
ductibilités identiques  {Zeilschr.  f.  physikalische  Chemie,  2,  848),  loi  que 
M.  D.  Berthelot  donne  comme  nouvelle.  De  la  même  manière  j'ai  trouvé 
déjà,  en  i885  {Journal  fur practische  Chemie,  t.  XXXII,  p.  34o),  que  les 
acides  tartrique  et  racémique  ont  des  conductibilités  identiques,  et  j'en  ai 
tiré  les  conséquences  concernant  la  dissociation  complète  de  l'acide  racé- 
mique en  acides  tartriques  gauche  et  droit  dans  les  dissolutions  étendues. 
J'ai  constaté  aussi  en  1889  (Zeilschr. /.  ph.  Ch.,  3,  872)  que  l'acide  gauche 
possède,  en  effet,  absolument  la  même  conductibilité  que  les  deux  autres, 
M.  D.  Berthelot  n'ayant  pas  mesuré  la  dernière. 

»  Les  mesures  de  la  conductibilité  des  acides  organiques  dans  des 
limites  très  étendues  de  dilution,  faites  par  moi  et  mes  élèves,  et  publiées 
dans  la  Zeilschr.  f.  ph.  Chemie,  ont  atteint  jusqu'à  présent  le  nombre  de 
quatre  cents  acides  environ  de  tous  les  genres.  Les  lois  unissant  cette  pro- 
priété avec  la  constitution  des  acides,  lois  qui  ont  quelque  intérêt  au 
point  de  vue  théorique  ainsi  que  pratique,  se  trouvent  détaillées  dans 
les  publications  mentionnées,  et  elles  ont  déjà  rendu  des  services  dis- 
tincts à  plusieurs  savants  pour  éclaircir  la  constitution  de  certains  acides 
nouvellement  obtenus  ou  de  vieille  date.  En  conséquence,  l'emploi  de  la 
méthode  de  la  conductibilité  électrique  pour  la  solution  de  pareils  pro- 
blèmes est  assez  répandu  en  Allemagne,  et  c'est  avec  plaisir  que  je  vois 
cette  précieuse  méthode  faire  son  tour  dans  le  monde  scientifique.    » 


(23o  ) 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Réponse  à  la  Note  de  M.  Ostwakl. 
Note  de  M.  Daniel  Bertiielot,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  L'application  des  conductibilités  électriques  à  l'étude  des  composés 
chimiques  n'est  pas  nouvelle  dans  la  Science.  MM.  Rohlrausch  et  Bouty, 
sans  remonter  plus  haut,  en  ont  montré  toute  l'importance,  et  MM.  Fousse- 
reau  et  Bouty  ont  appelé  l'attention  sur  l'application  de  ces  mesures  à 
la  connaissance  des  équilibres  chimiques  proprement  dits  :  le  premier 
dans  le  cas  des  réactions  lentes,  le  second  d'une  manière  générale.  C'est 
à  la  suite  de  M.  Bouty  et  d'après  ses  conseils  que  je  me  suis  engagé,  pour 
ma  modeste  part,  dans  cette  voie  qui  appartient  aujourd'hui  au  domaine 
général  de  la  Science,  commun  à  tous  les  savants  et  à  toutes  les  nationa- 
lités.  Je  demande  la  permission  de  repousser  la  réclamation  de  M.  Ostwald. 

«  Les  méthodes  d'expérimentation  que  j'ai  employées  ne  sont  pas  les 
siennes  :  ce  sont  celles  de  mes  maîtres  MM.  Lippmann  et  Bouty,  très 
différentes  de  celles  de  M.  Ostwald,  et  plus  sûres  d'après  l'opinion  de 
plusieurs  physiciens.  J'ai  eu  recours,  en  effet,  à  l'électromètre  capillaire  de 
M.  Lippmann,  tandis  que  M.  Ostwald  a  fait  usage  du  procédé  des  courants 
alternatifs. 

»  A  un  point  de  vue  physique  plus  général,  le  savant  allemand  s'est 
borné  à  étudier  les  conductibilités  des  électrolyles  isolés ,  tandis  que  j'ai  eu 
pour  objet  l'étude  des  équilibres  et  des  réactions  de  plusieurs  électrolyles 
en  présence.  C'est  là  une  recherche  toute  différente,  dont  le  principe  est  dû 
à  M.  Bouty,  qui  en  a  donné  plusieurs  exemples  caractéristiques,  et  dont 
M.  Chroustchoff  a  fait  depuis  d'heureuses  applications  ('). 

»  Quant  aux  problèmes  chimiques  que  j'ai  essayé  d'aborder,  tels  que 
ceux  de  la  constitution  des  acides  et  de  leurs  sels  et  de  leur  isomérie,  ce  sont 
des  problèmes  courants  en  Chimie  et  en  Thermochimie,  introduits  par  des 
maîtres  français  et  d'autres  nations,  dans  la  Science,  bien  des  années  avant 
que  M.  Ostwald  ait  eu  occasion  de  s'en  occuper.  Il  serait  injuste  d'ailleurs 
de  méconnaître  les  résultats  qu'il  a  obtenus  dans  cette  étude  et  j'ai  pris  soin 
de  rappeler  ceux  qui  intéressaient  l'objet  traité  dans  ma  Note;  mais  les 
problèmes  mêmes  sont  du  domaine  public  :  j'ai  exécuté  pour  leur  solution, 
dans  les   laboratoires  de  la  Faculté  des    Sciences,  un  grand  travail  qui 


(')   Comptes  rendus,  t.  GVIII,  p.  ioo3,  1 100,2161. 


(    23l    ) 

m'occupe  depuis  plusieurs  années,  qui  sera  prochainement  publié  en  son 
ensemble  et  dont  j'ai  seulement  détaché  jusqu'ici  quelques  résultats. 

»  Parmi  ceux-ci  deux  points  spéciaux  seulement  sont  réclamés  par 
M.  Ostwald  :  j'y  vais  répondre  en  peu  de  mots. 

»  La  dissociation  de  l'acide  racémique  dans  ses  dissolutions  est  connue 
depuis  longtemps  par  les  mesures  thermochimiques  de  MM.  Berthelot  et 
Jungfleisch  (  '  ).  Les  mesures  de  conductibilités  prises  soit  par  M.  Ostwald, 
qui  a  oublié  d'ailleurs  de  citer  ses  prédécesseurs,  soit  par  moi-même,  n'ap- 
portent donc  sur  ce  point  qu'une  confirmation,  sans  aucun  renseignement 
théorique  nouveau.  Mais  j'ai  donné,  au  contraire,  des  mesures  originales 
sur  l'acide  tartrique  inactif  par  nature,  lequel  est  précisément  parmi  les 
quatre  isomères  le  seul  qui  se  comporte  d'une  manière  spéciale  et  qui  ne 
figure  pas  parmi  les  /joo  acides  étudiés  par  le  physicien  de  Leipzig  ou  dans 
son  laboratoire. 

«  Quant  aux  sels  isomères,  ceux  que  j'ai  étudiés  sont  surtout  les  sels 
d'acides  bibasiques  :  or  aucun  de  ces  sels  ne  figure  dans  les  mesures 
de  M.  Ostwald,  qui  a  examiné  seulement  les  sels  de  quelques  acides  mo- 
nobasiques isomères.  Ce  n'est  pas  ici  une  vaine  remarque;  car  il  y  avait 
là  précisément  une  question  non  résolue  et  que  M.  Ostwald  ne  laisse  pas 
soupçonner  :  la  conclusion  de  M.  Ostwald  ne  portant  que  sur  la  valeur 
limite  des  conductibilités  moléculaires  calculée  pour  une  dilution  infinie. 
Mais  un  travail  de  M.  Walden,  élève  de  M.  Ostwald,  dans  lequel  se  trou- 
vent examinés  (2)  les  sels  magnésiens  de  quelques  acides  bibasiques  iso- 
mères, avait  montré  que  les  conductibilités  limites  pour  une  dilution 
infinie  des  sels  isomères  peuvent  tendre  vers  un  même  chiffre,  tandis  que 
les  valeurs  mesurées  réellement  à  diverses  concentrations  finies  sont  dis- 
semblables. La  question  demeurait  donc  ouverte.  Elle  exigeait  une  étude 
nouvelle  et  détaillée.  C'est  précisément  l'un  des  objets  de  ma  Note  pré- 
cédente et  je  réclame   l'originalité  de  mes  expériences.    » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Èleclromélallurgie  de  V aluminium  (3). 
Note  M.  Adolphe  Minet. 

«   De  nouvelles  recherches  sur  l'électrolyse  du  fluorure  d'aluminium  à 
l'état  fondu  m'ont  permis  d'améliorer  le  rendement  du  système  en  fonc- 


(l)  Ann.  de  Chini.  et  de  Phys.,  t.  IV,  p.  1 4 7  ;  1875. 

(-)  Zeitschrifl fiir pkysik.  Chem.,  t.  1,  p.  529. 

(3)  Comptes  rendus,  17  février,  9  juin,  27  octobre  1890. 


(     232    ) 

tion  de  la  quantité  d'électricité  mise  en  jeu,  d'abaisser  la  différence  de 
potentiel  aux  électrodes;  j'ai  pu,  par  suite,  atteindre  à  une  production  de 
32?r  de  métal  pour  une  dépense  d'une  quantité  d'énergie  équivalente  à 
i  cheval-heure. 

»  Conditions  de  l'expérience.  —  La  nature  du  bain  n'a  subi  aucun  changement, 
pas  plus  que  le  mode  d'alimentation;  les  dispositions  de  la  cuve  et  des  électrodes  dif- 
fèrent, au  contraire,  de  celles  qui  avaient  été  adoptées  dans  les  essais  précédents. 

»  La  cuve  est  en  fonte,  elle  a  conservé  sa  forme  primitive;  mais  ses  dimensions 
sont  plus  petites;  elle  est  munie  intérieurement  d'une  garniture  de  charbon  agglo- 
méré, qui  s'isole  de  l'électrolyte;  elle  sert  d'électrode  négative. 

»  L'aluminium  s'écoule  le  long  des  parois  en  charbon,  au  fur  et  à  mesure  de  sa  for- 
mation, se  rassemble  au  fond  du  creuset,  d'où  il  est  extrait  au  moyen  d'un  trou  de 
coulée.  Un  appareil  ainsi  établi  fournit  une  marche  continue  pendant  un  temps  qui 
varie  entre  20  et  3o  jours. 

»  Voici  les  points  d'expériences  relevés  pour  une  seule  cuve,  le  10  dé- 
cembre 1890;  ils  représentent  la  moyenne  des  résultats  obtenus,  pendant 
le  courant  du  même  mois,  sur  trois  appareils  semblables  établis  en  tension. 

»  Densité  du  courant  (intensité  par  centimètre  carré)  :  au  pôle  positif  0  =  oamP, 73, 
au  pôle  négatif  0  =  oamP,5.  Température  £  =  920°.  Durée  de  l'expérience  6  =  22''. 


I 


i5oo  ampères 


Intensité 

Quantité    d'électri- 
cité       (16)  =  33o  ampères-heures 

Poids  théorique.   ..      P      =r  18  x  o8r,34  =  1 12206' 


Poids  obtenu /> 

Rendement  du  sys- 
tème en  fonction 
de  la  quantité  d'é- 
lectricité      ^5 

Force  électromotrice 
minima 


=  65oosr 

=  58  pour  100 
e  =  2  volts 


Résistance  de  l'électro- 

lyte p  =  ou,ooi7 

Différence  de  potentiel 

aux  électrodes E  =  e  4-  pi  =  4Toll8>55 

Knergie  électrique  ex- 
primée en  chevaux- 
vapeur 

Quantité  totale  d'éner- 
gie dépensée  en  che- 


W=^=9*,*7 


vaux-heures. 


W0  =  2o4ch.-h 


Poids  du  métal  produit  pour  une  dépense  d'énergie  électrique,  dans 

l'électrolyte,  correspondant  à  un  cheval-heure 3iS'',p, 

Quantité  d'énergie  dépensée  en  chevaux-heures, dans  l'électrolyte,  pour 

la  production  de  iks  d'aluminium 3i  ,3  ch.-h. 

»   En  comparant  ces  résultats  avec  les  chiffres  trouvés   le  1 1   février 
1890  ('),  on  remarque  les  avantages  que  présente  la  nouvelle  disposition 


(')   Comptes  rendus,  9  juin  1890. 


(     233     ) 

de  la  cuve  sur  la  première  ;  ils  sont  de  divers  ordres;  avec  le  dernier  appa- 
reil, les  manipulations  sont  également  simplifiées. 

»  Lorsqu'on  emploie  l'alumine  du  commerce  et  qu'on  la  transforme 
directement  en  oxvfluorure  d'aluminium,  sans  purification  préalable,  pour 
l'utiliser  ensuite  à  l'alimentation  du  bain,  le  métal  obtenu  renferme  de  i 
à  3  pour  ioo  d'impuretés,  constituées  en  grande  partie  par  du  silicium; 
la  proportion  du  fer  n'est  que  de  —^  à  -^— .  Tel  quel  toutefois,  l'aluminium 
peut  aisément  se  marteler  et  se  travailler  à  froid.  Avec  des  produits 
exempts  de  silice,  la  richesse  du  métal  atteint  99  pour  100. 

»  Les  observations  qu'il  m'a  été  donné  de  faire,  dans  le  cours  de  cette 
dernière  étude,  me  font  prévoir  que  la  différence  de  potentiel  peut 
s'abaisser  encore  et  atteindre  un  minimum  de  4  volts,  et  cela  quelle  que 
soit  l'intensité  du  courant,  si  l'on  prend  des  dispositions  en  conséquence. 
Avec  cette  différence  de  potentiel,  le  chlorure  de  sodium,  qui  entre  poul- 
ies ^r  dans  la  formation  du  bain,  ne  serait  plus  décomposé,  sa  force  élec- 
tromolrice  minima  étant  de  4.35  volts,  et  le  rendement  en  fonction  de  la 
quantité  d'électricité  s'élèverait  à  70  pour  100. 

»  Les  pertes  seraient  encore  de  3o  pour  100;  nous  n'avons  pu  en  dé- 
finir complètement  la  nature.  D'après  h>s  recherches  de  M.  Hampes,  une 
de  leurs  principales  causes  résulterait  de  l'attaque  du  fluorure  en  fusion 
par  l'aluminium  à  l'étal  naissant;  il  se  formerait  alors  un  sous-fluorure 
d'aluminium.  En  fait,  le  rendement  augmente  avec  la  dilution  du  fluo- 
rure d'aluminium  dans  le   bain. 

»  Ces  pertes  sont  considérablement  diminuées,  le  rendement  est 
presque  théorique  lorsque  l'appareil  est  disposé  pour  la  formation  d'al- 
liages d'aluminium;  dans  ce  dernier  cas,  la  garniture  intérieure  est  sup- 
primée, la  cuve  est  constituée  par  un  des  métaux  qui  entrent  dans  la  for- 
mation de  l'alliage.  L'aluminium  à  l'état  naissant  se  combine  avec  le 
métal  de  la  cuve,  et  le  phénomène  dont  nous  parlons  plus  haut  se  produit 
plus  difficilement,  en  raison  de  cette  nouvelle  affinité.  » 


CALORIMÉTRIE.  —  Emploi  de  la  bombe  calorimétrique  pour  la  détermi- 
nation de  la  chaleur  de  combustion  de  la  houille.  TNote  de  M.  Scheuker- 
Kestneu. 

«   La  bombe  calorimétrique  de  M.  Berthelot  se  prête  très  bien  à  la  dé- 
termination de   la   chaleur  de  combustion  de  la  houille.    Les   avantages 
C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  4.)  Jl 


(  a34  ) 
connus  que  cet  appareil  offre  sur  celui  de  Favre  et  Silbermann  se  retrou- 
vent lorsqu'on  l'applique  aux  combustibles  minéraux. 

»  Cependant,  il  est  deux  points  qui  méritent  d'être  signalés  :  M.  Ber- 
thelot  a  introduit,  dans  les  corrections  relatives  aux  opérations  faites  avec 
sa  bombe,  la  nécessité  de  tenir  compte  d'une  certaine  quantité  d'acide  azo- 
tique qui  se  forme  toujours  pendant  la  combustion;  cet  acide  est  déterminé 
par  titration  des  eaux  de  lavage  de  l'intérieur  de  l'appareil.  Or,  la  houille 
renferme,  à  peu  près  universellement,  une  certaine  quantité  de  soufre 
qui  se  transforme  en  acide  sulfurique;  en' titrant,  après  l'opération,  il  est 
clair  que  le  titre  trouvé  se  compose  de  celui  des  deux  acides  réunis.  Il  est 
donc  indispensable  de  doser  préalablement,  ou  bien  après  l'opération,  le 
soufre  contenu  dans  la  houille,  avant  de  pouvoir  calculer  en  toute  rigueur 
le  nombre  de  calories  fournies  à  la  bombe  par  le  combustible  employé; 
cela  n'a  pas  d'inconvénient  lorsqu'on  se  livre  à  des  recherches  scienti- 
fiques ;  mais  il  en  est  autrement  lorsqu'on  veut  simplement  connaître  la 
chaleur  de  combustion  d'un  combustible  au  point  de  vue  industriel.  Mais, 
dans  ce  cas  et  pour  de  telles  applications,  on  peut  supprimer  entièrement 
ce  genre  de  corrections,  la  chaleur  due  à  la  formation  de  traces-  d'acide 
azotique  ne  surpassant  guère  un  millième  de  celle  que  produit  le  carbone, 
et  la  combustion  du  soufre  concourant  à  la  chaleur  produite  dans  nos 
fourneaux,  aussi  bien  que  dans  la  bombe  :  l'erreur  résultante  sera  dès  lors 
pratiquement  négligeable. 

»  Le  second  point  à  signaler  est  l'impossibilité  de  peser  les  cendres  du 
combustible  brûlé  dans  le  calorimètre;  il  faut  donc  opérer  sur  des  échan- 
tillons moyens,  ce  qui  diminue,  dans  une  mesure  qui  n'est  pas  bien  con- 
sidérable il  est  vrai,  l'exactitude  des  calculs.  M.  Berthelot  a  indiqué  l'em- 
ploi des  pastilles,  pour  brûler  des  substances  qu'il  est  nécessaire  de 
superposer  à  d'autres  pour  compléter  la  combustion;  l'emploi  de  pareilles 
pastilles  m'a  permis  d'obtenir  des  résultats  suffisamment  exacts,  quant  à  la 
détermination  des  cendres. 

»  La  houille,  réduite  en  poudre  fine  et  bien  mélangée,  a  été  mise  en 
pastilles  :  sur  un  certain  nombre  de  ces  pastilles  on  a  déterminé  les  cendres; 
les  limites  d'erreur  ont  été  au  maximum  de  4  millièmes;  généralement 
les  variations  ne  dépassent  pas  i  à  2  millièmes. 

»  Mais  ces  inconvénients  sont  compensés,  et  au  delà,  par  la  facilité  du 
maniement  de  la  bombe,  comparativement  avec  l'appareil  de  Favre  et 
Silbermann,  et  par  la  plus  grande  certitude  d'obtenir  des  résultats  exacts. 
Avec  la  bombe,  une  fois  que  les  conditions  particulières  à  chaque  sub- 


(  235  ) 

stance,  pour  obtenir  une  combustion  complète,  ont  été  déterminées,  lara- 
pidité  d'exécution  ainsi  que  l'exactitude  laissent  loin  derrière  elles  les 
anciens  appareils. 

»  Les  résultats  que  j'ai  obtenus  avec  la  bombe  calorimétrique  appli- 
quée aux  houilles  sont  tous  inférieurs  de  i  à  3  pour  100  à  ceux  que  nous 
avons  obtenus,  il  y  a  vingt  ans,  M.  Meunier-Dollfus  et  moi;  cette  diffé- 
rence n'est  pas  à  attribuer  uniquement  à  l'emploi  d'un  autre  appareil, 
mais  aussi  à  l'application  de  meilleures  méthodes  d'installation  des  appa- 
reils et  de  correction,  comme  les  a  fait  connaître  M.  Bertbelot,  dans  son 
Ouvrage  sur  la  Calorimétrie. 

»  Après  avoir  reconnu  ce  fait,  j'ai  repris  l'appareil  de  Favre  et  Sil- 
bermann,  afin  d'étudier  dans  quelle  mesure  l'application  des  principes 
de  M.'Berthelot  modifiait  les  données  de  notre  ancien  appareil,  et  j'ai 
prié  M.  Meunier-Dollfus  d'entreprendre  ce  travail  de  vérification  avec 
moi. 

»  Nous  avons  trouvé,  en  effet,  que  la  bombe  donnait  toujours  des  ré- 
sultats inférieurs,  non  seulement  à  ceux  que  nous  avions  obtenus  en  i86q, 
mais  encore  à  ceux  que  nous  en  obtenons  aujourd'hui  avec  le  calorimètre 
de  Favre  et  Silbermann. 

»  C'est  ainsi  qu'un  échantillon  de  houille  de  Ronchamp,  tiré  récemment 
de  la  mine,  a  pour  chaleur  de  combustion  8736  en  employant  notre  ap- 
pareil de  Favre  et  Silbermann,  et  8620  avec  la  bombe;  il  ne  nous  a 
pas  été  possible  jusqu'à  présent  de  trouver  la  cause  d'une  pareille  diffé- 
rence, due  sans  doute  aux  procédés  de  correction  mis  en  œuvre.  Elle  n'a 
pas  été  observée,  d'ailleurs,  dans  les  déterminations  des  chaleurs  de  com- 
bustion du  carbone  pur  faites  dans  la  bombe  par  MM.  Berthelot  et  Petit, 
lesquels  ont  trouvé  au  contraire  des  nombres  supérieurs  de  quelques  mil- 
lièmes à  ceux  de  Favre  et  Silbermann. 

»  Au  point  de  vue  de  la  composition,  cette  dernière  houille  est  la  plus 
pauvre  de  cette  mine,  que  nous  ayons  eue  entre  les  mains.  En  effet,  la 
houille  de  Ronchamp  la  plus  pauvre  de  18G9  a  donné  8946  et  renfer- 
mait 12,75  pour  100  de  carbone  volatil,  tandis  que  celle  d'aujourd'hui 
n'en  renferme  que  10,68  pour  roo.  Or  il  a  été  démontré  par  nos  premiers 
travaux  que,  pour  la  houille  de  Ronchamp,  la  puissance  calorifique  croît  à 
mesure  que  le  carbone  volatil  augmente.  La  plus  riche  renfermait  16,80 
pour  100  de  carbone  volatil.  Deux  houilles  du  bassin  du  Nord,  dont  j'a- 
vais, assez  récemment,  déterminé  la  chaleur  de  combustion,  m'ont  donné, 


(  236  ) 

avec  la  bombe,  une  différence  de  io6cal  sur  la  première  et  de  i45  sur  la 
seconde  : 

Houille  de  Bascoup. 

Calorimètre  Favre  et  Silbermann 8963 

Bombe 8867 

Houille  maigre  de  Douvrin. 

Favre  et  Silbermann 8545 

Bombe 8/400 

»  Enfin  du  charbon  de  bois  fortement  calciné,  qui  m'avait  donné  avec 
le  calorimètre  Favre  et  Silbermann  8000,  n'a  donné  avec  la  bombe 
que  7929;  la  différence  est  de  7ical. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  les  conclusions  que  nous  avions  tirées  de  nos  expé- 
riences antérieures,  M.  Meunier-Dollfuset  moi,  se  trouvent  modifiées  dans 
une  certaine  mesure,  en  ce  que  le  nombre  des  espèces  de  houille,  donnant 
un  chiffre  plus  élevé'que  l'addition  de  la  chaleur  de  combustion  des  élé- 
ments se  trouve  diminué,  et  que,  probablement,  il  existe  des  houilles  dont 
la  chaleur  de  combustion  est  inférieure  à  celle  que  donne  le  calcul  d'après 
la  loi  de  Dulong;  pour  ce  qui  concerne  les  chaudières  à  vapeur,  nos  con- 
clusions ne  sont  que  peu  modifiées,  car  sur  les  calories  qui  manquaient, 
et  qui  s'élevaient  à  plus  de  20  pour  100,  la  différence  ne  dépasse  pas 
3  pour  100.    » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Les  mordants  en  teinture  et  la  théorie  de  Mendèleieff. 
Note  de  M.  Prud'homme,  présentée  par  M.  Schùtzenberger. 

«  Les  mordants  employés  pour  fixer  les  matières  colorantes  sur  les 
fibres  végétales  sont  des  oxydes  métalliques,  tels  que  ceux  de  Al,  Cr,  Fe, 
Sn,  pour  ne  citer  que  les  plus  usités.  Les  oxydes  intimement  combinés  à  la 
fibre  retiennent  ou  attirent  la  matière  colorante  avec  laquelle  ils  forment 
des  laques  de  nuances  spéciales  :  par  exemple,  avec  l'alizarine  et  les  oxydes 
de  Al,  Cr,  Fe  et  Sn,  on  obtient  du  rouge,  du  grenat,  du  violet  et  de 
l'orange. 

»  En  étudiant  à  ce  point  de  vue  les  divers  oxydes  et  leur  influence  réci- 
proque par  voie  de  mélange,  je  suis  arrivé  à  établir  des  relations  entre  les 


(  237  ) 
nuances  obtenues,  en  fonction  des  poids  atomiques.  Plus  exactement,  ces 
nuances  subissent  des  variations  continues,  très  sensibles  en  adoptant 
la  division   des   éléments  de  Mendéleieff  en  groupes  naturels  et  séries 
périodiques. 

»   Les  principaux  corps  que  j'ai  étudiés  sont  : 

»  Li,  Bo,  Na,  Mg,  Al,  Si,  Ph,  Cl,  K,  Ca,  Va,  Cr,  Mn,  Fe,  Co,  Ni,  Cu, 
Zn,  As,  Br,  Sr,  Mo,  Ag,  Cd,  Sn,  Sb,  I,  Ba,  Di,  Ce,  La,  Tu,  Hg,  Pb,  Bi,  Ur. 

»  Je  n'ai  pu,  faute  de  matière  première,  étudier  Gl,  Ti,  Ga,  In,  Tl  et 
Th,  qui  combleraient  des  lacunes  importantes. 

»  On  peut  formuler  ainsi  les  résultats  de  nombreux  essais,  faits  dans 
les  conditions  les  plus  variées  : 

»  i°  Dans  chaque  groupe  de  Mendéleieff,  si  l'on  considère  les  termes 
des  périodes  de  rang  pair  ou  impair,  il  y  a  variation  continue  dans  un 
sens  déterminé,  du  bleu  au  rouge,  ou  du  rouge  au  bleu.  C'est  le  phéno- 
mène que  présentent  respectivement  Mg,  Zn,  Cd  et  Ca,  Sr,  Ba. 

»  Or  M.  Lecoq  de  Boisbaudran  a  montré  que,  pour  les  trios  tels  que 
Mg,  Zn,  Cd  —  Ca,  Sr,  Ba  —  R,  Pb,  Cs,  l'accroissement  de  longueur  d'oncle 
des  raies  correspondantes  est  proportionnel  à  l'accroissement  du  poids  ato- 
mique. Ijes  oxydes  métalliques  jouiraient  donc  de  la  propriété  de  communi- 
quer à  leurs  combinaisons  avec  les  matières  colorantes  des  vibrations 
lumineuses  en  rapport  avec  celles  de  leurs  métaux. 

»  20  Dans  chaque  période,  du  premier  au  quatrième  groupe,  il  y  a  pro- 
gression vers  le  rouge.  Du  cinquième  au  huitième,  il  y  a  décroissance  du 


rouge  au  bleu. 


»   Cette  loi  se  vérifie  facilement  pour  les  périodes  3,  5  et  1 1 . 

»  3°  Le  groupe  IV  ne  représente  pas  un  maximum  proprement  dit,  car 
les  nuances  qui  lui  correspondent  (dans  les  périodes  de  rang  impair)  ren- 
ferment un  excès  de  jaune. 

»  Avec  l'alizarine,  Sn  donne  un  orange  franc,  Cd  et  Sb  des  nuances 
rouges,  Pb  fournit  un  orange  rougeâtre,  Hg  et  Bi  des  nuances  beaucoup 
plus  rouges. 

»  Dans  la  période  IV,  le  terme  orangé  n'appartient  pas  au  groupe  IV, 
mais  est  reculé  jusqu'au  groupe  V,  où  il  est  représenté  par  le  vanadium 
avec  une  grande  netteté  qu'accentue  le  voisinage  du  chrome,  du  manga- 
nèse et  du  fer,  dont  les  combinaisons  avec  l'alizarine  sont  rouge  grenat, 
rouge  violacé  et  violet.  Cette  période  IV,  comme  la  sixième  et  la  dixième, 
renferme  plus  de  termes  que  les  autres  :  il  n'y  a  rien  d'étonnant  à  ce  que 
l'élément  orange  soit  reporté  plus  vers  la  droite  de  la  table. 


(  23S  ) 

»  L'étain,  terme  central  du  système  avec  un  poids  atomique  1 18  égal,  à 
peu  de  chose  près,  à  la  moitié  de  celui  de  l'urane  (240),  doit  être  et  est, 
en  effet,  le  représentant,  par  excellence  des  nuances  jaunes  et.  orange. 
C'est  un  fait  que  la  pratique  de  la  teinture  a  depuis  longtemps  établi. 

»  Je  constaterai,  à  titre  de  simple  remarque,  que  les  sulfures  de  Cd,  Zn, 
Sn,  Sb,  Te,  corps  appartenant  à  la  septième  période,  sont  tous  jaunes  ou 
orangés. 

»  Outre  la  méthode  de  production  des  nuances  sur  tissu,  on  peut  em- 
ployer celle  des  laques,  qui  consiste  à  précipiter  par  un  alcali  ou  un  sel 
alcalin  (borate,  silicate,  phosphate,  etc.)  les  oxydes  de  leurs  solutions 
salines,  en  présence  d'une  matière  colorante  soluble,  comme  l'alizarine,  le 
bleu  d'alizarine,  etc.  Il  y  a  souvent,  entre  les  résultats  obtenus  sur  tissu 
et  ceux  dont  les  laques  sont  la  manifestation,  interversion  totale,  c'est- 
à-dire  que  le  terme  le  plus  bleu  devient  le  plus  rouge  et  réciproquement. 

»  Les  violets  d'alizarine  au  fer,  avec  addition  de  Mg,  Zn.  Cd,  varient  du 
rouge  au  bleu;  avec  Ca,  Sr,  Ba,  du  bleu  au  rouge. 

»  Des  solutions  de  sels  de  Mg,  Zn,  Cd,  auxquelles  on  ajoute  une  solu- 
tion ammoniacale  d'alizarine,  fournissent  une  laque  bleue  pour  Mg,  rouge 
jaunâtre  pour  Zn,  violette  pour  Cd.  Avec  des  solutions  de  sels  de  Ca,  Sr,  Ba 
la  laque  la  plus  rouge  est  celle  de  Ca,  la  plus  bleue  celle  de  Ba. 

»  L'influence  des  bases  se  fait  sentir  par  la  seule  présence  de  leurs  sels  : 
des  solutions  de  sulfates  de  Li,  Na  et  K.  donnent,  avec  une  solution  ammo- 
niacale d'alizarine,  des  nuances  se  dégradant  du  violet  au  rouge.  On  pent 
admettre  que  la  base  du  sel  se  partage  entre  l'acide  et  l'alizarine,  corps  à 
fonction  acide  :  l'influence  des  bases  n'en  reste  pas  moins  nette. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  de  celle  des  acides,  bien  qu'il  me  sembla 
avoir  pu  constater  des  différences  entre  la  nuance  des  solutions  de  K.C1, 
KBretRI. 

»  L'action  de  Cl,  Br  et  I  (analogues  à  Mg,  Zn,  Cd)  se  fait  nettement 
sentir  dans  la  série  des  matières  colorantes  dérivées  de  la  fluorescéine 
(éosine,  primerose,  rouge  de  Magdala,  etc.).  Ce  sont  des  tétrachlorures, 
tétrabromures  et  tétra-iodures  de  la  fluorescéine  ou  des  composés  renfer- 
mant à  la  fois  Cl  et  Br,  Cl  et  I,  Br  et  I.  Leurs  nuances  diffèrent  sensible- 
ment. Dans  ce  cas,  le  noyau  fluorescéine  peut  être  considéré  comme  le 
mordant.  Cl,  Br  et  I  étant  la  matière  colorante. 

»  Je  ne  passerai  pas  en  revue  chacun  des  groupes,  ni  chacune  des  pé- 
riodes. J'observerai  seulement  que,  dans  les  groupes,  la  loi  de  progression 
se  continue  jusqu'au  dernier  terme.  Ph,  As,  Sb,  Bi  accentuent  la  décrois- 


(  239  ) 

sance  du  bleu  au  rouge.  Dans  le  groupe  VI,  il  en  est  de  même  :  Cr  donne 
avec  l'alizarine  un  rouge  grenat,  qui  se  transforme,  en  passant  par  Mo  et 
Tu,  jusqu'à  se  changer,  avec  Ur,  en  un  violet,  le  plus  bleu  qu'on  puisse  ob- 
tenir avec  un  seul  oxyde.    » 


MICROBIOLOGIE.  —  Recherches  expérimentales  sur  le  tétanos.  Note  de 
MM.  Yaillard  et  H.  Vincent,  présentée  par  M.  Duclaux  ('  ). 

«  Le  tétanos  a  pour  cause  un  bacille  que  Nicolaier  a  décrit,  et  dont 
Ritasato  a  prouvé  la  spécificité.  Ce  bacille  se  développe  uniquement  dans 
la  plaie  des  tétaniques,  où  il  sécrète  un  poison  ou  toxine  d'une  extrême 
activité  qui,  par  sa  diffusion,  produit  la  maladie.  Le  microbe  élabore  aussi 
sa  toxine  dans  les  milieux  de  culture  artificiels;  on  peut  l'y  déceler  et  étu- 
dier ses  propriétés,  comme  K..  Faber  l'a  fait  le  premier. 

»  Si  la  nature  parasitaire  du  tétanos  et  le  mécanisme  suivant  lequel  le 
microbe  engendre  la  maladie  se  trouvent  ainsi  définitivement  établis,  des 
faits  obscurs  ou  contradictoires  restent  encore,  aussi  bien  dans  son  histoire 
expérimentale  que  dans  son  étiologie. 

»  L'inoculation  aux  animaux  des  cultures  pures  du  bacille  tétanique 
détermine  sûrement  le  tétanos;  mais,  contrairement  à  ce  qui  s'observe  chez 
l'homme  ou  les  animaux  spontanément  atteints  de  la  maladie,  l'agent  pa- 
thogène ne  se  multiplie  pas  au  point  infecté;  il  disparaît  môme,  après 
quelques  heures,  de  la  région  où  il  a  été  introduit.  Les  accidents  tétaniques 
n'en  suivent  pas  moins  un  cours  rapide.  Cette  particularité  est  en  con- 
tradiction avec  les  données  acquises  sur  les  maladies  parasitaires,  dont 
l'évolution  est  toujours  corrélative  de  la  pullulation  du  microbe  pathogène. 
L'anomalie  s'explique  par  un  fait  qui  avait  échappé  aux  expérimentateurs  : 
les  cultures  du  bacille  tétanique  inoculées  agissent  seulement  par  la  toxine 
qu'elles  contiennent;  les  animaux  succombent  intoxiqués  par  le  poison 
que  le  bacille  a  élaboré  in  vitro,  et  non  parce  que  celui-ci  a  vécu  et  pullulé 
dans  les  tissus.  Ce  poison  est  très  actif  :  il  suffit  en  effet  de  — -  de  centi- 
mètre cube  d'une  culture  stérilisée  par  filtration  pour  donner  au  cobaye 
un  tétanos  mortel,  et  de  )ul)'uun  de  centimètre  cube  pour  tuer  une  souris. 

»  La  preuve  est  facile  à  donner  que  le  microbe  n'intervient  pour  rien 
dans  le  tétanos  expérimental.  On  peut  inoculer  à  des  animaux  très  sen- 
sibles des  doses  considérables  de  bacilles  tétaniques  purs,  soit  jeunes  et 

('  )  Ces  recherches  ont  été  effectuées  au  laboratoire  du  Val  de  Grâce. 


(    24o    ) 

en  voie  de  développement  actif,  à  un  moment  ou  la  toxine  n'est  pas  en- 
core sécrétée,  soit  pourvus  de  leur  spore,  mais  privés  par  un  lavage  de  toute 
trace  de  toxine,  sans  produire  le  tétanos  :  dans  ces  conditions  l'agent  pa- 
thogène ne  végète  pas  au  sein  des  tissus,  il  n'élabore,  par  suite,  pas  son 
poison  et  reste  incapable  de  provoquer  la  maladie. 

»  Ce  fait  explique  une  particularité  insolite  de  l'histoire  expérimentale 
du  tétanos.  Tandis  que  les  maladies  parasitaires  transmissibles  à  un  animal 
peuvent  se  communiquer  indéfiniment  d'un  sujet  à  l'autre  par  l'inoculation 
des  produits  (tissus  ou  humeurs)  recelant  l'agent  pathogène,  pour  le  téta- 
nos il  n'en  est  pas  ainsi;  les  produits  recueillis  sur  un  animal,  sensible  au 
tétanos,  infecté  au  moyen  des  cultures  pures  ne  sont  pas  inoculables.  La 
raison  en  est  que  le  microbe,  à  l'état  pur,  ne  se  multiplie  pas  dans  l'animal 
inoculé. 

»  Il  résulte  encore  de  ce  fait  qu'une  différence  profonde  existe  entre  la 
genèse  du  tétanos  inoculé  et  celle  du  tétanos  qui  survient  dans  les  conditions 
ordinaires  de  l'infection.  Dans  le  premier  cas  on  injecte,  avec  le  microbe, 
la  dose  de  toxine  suffisante  pour  donner  la  maladie.  Dans  le  second,  des 
spores  sans  toxine  déjà  préparée  souillent  une  plaie  et  doivent,  avant  de 
susciter  la  maladie,  germer  et  élaborer  le  poison  spécifique.  Les  faits  ne 
sont  pas  similaires. 

»  Ceci  nous  conduit  à  une  autre  difficulté.  Etant  données  l'ubiquité  des 
germes  du  tétanos,  leur  abondance  dans  le  sol  et  les  autres  milieux  exté- 
rieurs, la  facilité  avec  laquelle  ils  peuvent  arriver  au  contact  des  plaies,  on 
ne  concevait  pas  aisément  la  rareté  réelle  de  la  maladie.  La  raison  en  est 
peut-être  bien  simple.  Nous  venons  de  voir  que  la  pénétration  de  l'agent 
pathogène  ne  provoque  pas  fatalement  letétanos;  certaines  conditions  sont 
nécessaires  pour  qu'il  évolue  dans  les  plaies,  et  d'autres,  au  contraire, 
ne  lui  permettent  pas  d'évoluer. 

»  Les  résultats  négatifs  de  l'inoculation  aux  animaux,  même  à  dose  con- 
sidérable, de  bacilles  ou  spores  tétaniques  sans  toxine  démontrent  que  le 
microbe  seul  ne  peut  pas  produire  la  maladie.  Mais  il  la  provoque  sûre- 
ment si  on  lui  associe  un  organisme  banal,  comme  le  Microbacillus  prodi- 
giosus.  Un  moyen  non  moins  propre  à  donner  le  tétanos  sera  d'infecter 
une  plaie,  puis  de  la  laisser  ouverte  aux  souillures  extérieures.  Cette  con- 
dition est  aisément  réalisée  en  introduisant  dans  un  décollement  de  la  peau 
un  fragment  d'ouate  imprégné  de  quelques  spores  sans  toxine.  La  plaie 
béante  est  bientôt  envahie  par  des  microbes  adventices,  et  toujours  le  té- 
tanos survient. 

»   Ainsi  se  trouve  établi,  avec  le  rôle  des  associations  microbiennes  dans 


(  24i  ) 

la  pathogénie  du  tétanos,  un  fait  nouveau  dans  l'histoire  des  maladies  pa- 
rasitaires. 

«  Les  germes  pathogéniques  aetuellement  connus  agissent  d'autant 
mieux  et  plus  sûrement  chez  l'animal,  qu'ils  sont  purs  de  tout  mélange;  la 
première  condition  à  réaliser,  pour  l'étude  expérimentale  de  la  maladie 
qu'ils  provoquent,  consiste  donc  dans  l'isolement  parfait  du  virus  et  son 
inoculation  à  l'état  de  pureté  absolue.  Tel  n'est  point  le  cas  du  tétanos  :  le 
virus  pur  est  inoffensif  pour  l'animal;  le  virus  impur  est  au  contraire  très 
meurtrier.  Seul,  le  microbe  du  tétanos  est  incapable  de  végéter  dans  les 
tissus  d'un  animal  sain,  mais  il  pullule  si  l'on  fait  intervenir  simultané- 
ment d'autres  microbes  qui  peuvent  être  ou  banaux  ou  pathogènes.  Ainsi 
s'expliquent  les  propriétés  tétanigèncs  de  la  terre  si  riche  en  microbes  di- 
vers, et  l'inoculabilité  des  produits  recueillis  dans  les  plaies  des  tétaniques, 
où  le  bacille  spécifique  est  toujours  mélangé  à  des  organismes  qui  ont 
favorisé  sa  pullulation.  Mais  cette  inoculabilité  des  produits  tétaniques  a 
une  limite,  car  l'on  ne  peut  transmettre  la  maladie  en  séries  indéfinies, 
contrairement  à  ce  qui  existe  pour  les  autres  affections  parasitaires  :  c'est 
que  les  organismes  d'impureté  disparaissent  dans  les  passages  d'animal  à 
animal,  et  le  virus  épuré  devient  incapable  de  végéter. 

»  De  plus,  tous  les  microbes  ne  possèdent  pas  l'aptitude  à  faciliter  le 
développement  du  bacille  tétanique  dans  les  plaies;  c'est  seulement  le 
propre  de  quelques-uns  :  aussi  comprend-on  l'inconstance  des  effets  con- 
sécutifs à  la  souillure  des  plaies  par  la  terre. 

»  Outre  les  associations  microbiennes,  d'autres  circonstances  peuvent 
encore  favoriser  l'infection  par  le  bacille  tétanique  :  telle  est  l'action  de 
certains  agents  chimiques  sur  les  tissus  (acide  lactique,  triméthylamine), 
telle  est  aussi  la  meurtrissure  des  muscles.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Théorie  chimique  de  la  coagulation  du  sang. 
Note  de  MM.  Maurice  Arthus  et  Calixte  Pages,  présentée  par 
M.  Chameau. 

«  Les  recherches  d'Alexander  Schmidt  ont  montré  que  la  coagulation 
du  sang  est  un  phénomène  de  fermentation  chimique.  Le  fibrinogène  et 
la  substance  fibrinoplastique  pour  Schmidt,  le  fibrinogène  seul  pour  Ham- 
marsten,  sont  les  matériaux  aux  dépens  desquels  se  forme  la  fibrine;  le 
fibrinferment  est  l'agent  de  la  transformation.  Les  expériences  que  nous 

C.  R.,  189],  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  4  )  32 


(     M2    ) 

avons  failes  viennent  compléter  les  théories  de  Schmidt  etde  Hammarsten, 
en  mettant  en  évidence  le  rôle  fibrinoplastique  des  sels  de  chaux. 

»  Si  l'on  reçoit  dans  2DCC  d'une  solution  à  0,9  pour  100  d'oxalate  de  po- 
tasse 22DCC  de  sang,  ce  mélange  (contenant  oBr,ooi  d'oxalate  pour  icc  de 
sang)  ne  coagule  pas  spontanément  quelle  que  soit  la  température,  quelle 
que  soit  la  durée  de  l'observation.  On  peut  remplacer  l'oxalate  de  potasse 
par  une  même  quantité  d'oxalate  de  soude  ou  d'ammoniaque;  ou  par  un 
fluorure,  un  silicate  ou  un  savon  alcalins.  Tous  ces  corps  peuvent  être 
employés  en  solutions  concentrées,  en  solutions  étendues  ou  en  poudre 
fine.  La  non-coagulation  spontanée  d'une  quantité  déterminée  de  sang  ne 
dépend  nullement  de  la  dilution  du  mélange,  mais  seulement  de  la  quan- 
tité de  sel  employée. 

»  Ces  sels  empêchent  la  coagulation  spontanée  du  sang,  qu'ils  soient 
ajoutés  au  sang  dès  sa  sortie  du  vaisseau,  ou  à  un  moment  quelconque 
aussi  rapproché  qu'on  voudra  de  celui  où  se  serait  produite  la  coagulation 
spontanée.  Bien  plus,  ils  arrêtent  instantanément  une  coagulation  com- 
mencée. ; 

m  Ces  sels  n'agissent  pas  à  la  façon  des  sels  neutres  (sulfate  de  soude, 
sulfate  de  magnésie,  chlorure  de  sodium);  car,  non  seulement  il  suffit 
d'employer  des  doses  de  cinquante  à  cent  fois  plus  faibles,  mais  encore  la 
dilution  du  sang  oxalaté,  fluoré,  etc.,  ne  détermine  jamais  l'apparition  de 
fibrine,  tandis  que  la  dilution  suffisante  du  sang  sulfaté  ou  chloruré  est  tou- 
jours suivie  d'une  coagulation. 

»  Ce  n'est  pas  en  précipitant  ou  en  détruisant  le  fibrinogène,  la  para- 
globuline  ou  le  fibrinferment  qu'ils  empêchent  la  coagulation  spontanée 
du  sang;  car  on  peut  préparer  ces  substances  en  partant  du  sang  oxa- 
laté ou  fluoré  filtré,  et  l'on  ne  distingue  dans  ces  mélanges  aucun  précipité 
rappelant  les  précipités  de  substances  fibrinogène  ou  fibrinoplastique;  le 
fibrinferment  y  existe  aussi,  car  ces  liqueurs  déterminent  la  coagulation 
des  transsudats. 

»  C'est  la  décalcification  du  sang  qui  s'oppose  a  la  coagulation  sponta- 
née :  les  quatre  séries  de  sels  employés  précipitent,  en  effet,  complète- 
ment les  sels  de  chaux.  On  peut  rendre  au  sang  décalcifié  la  propriété  de 
coaguler  spontanément  :  il  suffit  d'ajouter  un  petit  excès  de  sel  de  chaux. 

»  A  ioooc  de  sang  oxalaté  à  o,  001,  on  ajoute  2CC  d'une  solution  de  chlo- 
rure de  calcium  (telle  que  icc  de  cette  solution  est  équivalent  à  osr,o5 
d'oxalate).  On  obtient  en  quelques  minutes  un  caillot  normal  par  son 
aspect,  sa  consistance,  sa  rétraction.  Mêmes  résultats  avec  les  autres  sangs 
décalcifiés,  oxalatés,  fluorés,  savonnés  ou  silicates. 


(  243  ) 

«  On  peut  remplacer  les  sels  de  chaux  par  les  sels  de  strontium;  mais 
les  sels  de  magnésium  et  de  baryum  ne  peuvent  pas  faire  coaguler  le  sang 
décalcifié. 

»  Ces  sels  de  chaux  interviennent  comme  générateurs  de  fibrine.  Les 
déterminations  des  chimistes  ont  montré  que  la  fibrine  donne  toujours  des 
cendres  calciques.  On  peut,  dans  certaines  conditions,  montrer,  en  par- 
tant du  sang  oxalaté,  que  la  quantité  de  fibrine  qui  s'y  forme  par  addition 
de  chlorure  de  calcium  est  proportionnelle  à  l'excès  de  sel  de  chaux. 
L'atome  de  calcium  fait  partie  intégrante  de  la  molécule  de  fibrine. 

»  De  ce  que,  dans  le  sang  oxalaté,  le  fibrinogène  ne  subit  aucune  trans- 
formation, il  n'en  faudrait  pas  conclure  que  la  présence  de  sels  de  chaux, 
qui  est  une  condition  nécessaire,  soit  une  condition  suffisante  pour  la  pro- 
duction de  la  fibrine.  Il  faut  à  la  fois  un  sel  de  chaux  et  du  fibrinferment. 
Si,  à  du  plasma  oxalaté  à  o.ooi,  on  ajoute  de  l'oxalate  ou  du  fluorure 
alcalins,  de  façon  que  le  mélange  renferme  o,  oo3  à  o,oo4  du  sel,  et  si  l'on 
précipite  ces  oxalates  ou  fluorures  par  un  excès  de  sel  de  chaux,  il  ne  se 
produit  pas  de  coagulation.  Mais  on  peut  produire  cette  coagulation  en 
ajoutant  un  peu  de  sang,  de  plasma,  de  sérum,  d'une  solution  de  fibrinfer- 
ment :  c'est  que,  par  l'abondante  précipitation  calcique  qu'on  a  produite, 
on  a  entraîné  mécaniquement  tout  le  fibrinferment.  Si  donc  le  fibrinfer- 
ment sans  sels  de  ehaux  ne  peut  pas  transformer  le  fibrinogène,  les  sels 
de  chaux  sans  fibrinferment  ne  peuvent  pas  non  plus  effectuer  cette  trans- 
formation. 

»  En  nous  appuyant  sur  les  travaux  de  Schmidt,  de  Hammarsten,  et 
sur  les  faits  ci-dessus  exposés,  nous  proposons  cette  nouvelle  théorie  de 
la  coagulation  du  sang: 

»  Sous  l'influence  du  fibrinferment,  et  en  présence  des  sels  de  chaux, 
le  fibrinogène  du  plasma  sanguin  est  décomposé  en  deux  substances  :  l'une 
(virtuelle)  donnant  un  composé  calcique  insoluble,  la  fibrine;  l'autre 
restant  en  solution  dans  le  sérum  (globuline  coagulable  à  64°). 

»  Les  faits  qne  nous  venons  d'énoncer  permettent  de  modifier  avanta- 
geusement un  grand  nombre  de  points  de  technique  physiologique.  Nous 
nous  bornons  à  indiquer  les  conséquences  suivantes  : 

»  Préparation  d'un  sang  non  spontanément  coagulable  ;  préparation  du 
plasma  sanguin,  du  fibrinogène,  de  la  plasmine  de  Denis;  préparation  de 
plasmine  non  spontanément  coagulable,  de  paraglobuline  débarrassée  de 
fibrinferment.  Possibilité  d'étudier  au  microscope  la  formation  de  la 
fibrine  en  l'absence  des  éléments  figurés.  Emploi  des  solutions  décalci- 


(  244  ) 

fiantes  comme  liquides  antihémostatiques,  utilisables  en  particulier  pour 
l'inscription  des  pressions  sanguines,  etc.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Note  à  propos  du  diabète;  par  M.  H.  Arnaud. 

«  Les  nouveaux  faits  communiqués  par  MM.  Lépine  et  Barrai  intéressent 
tous  ceux  qui  s'occupent  de  la  question  du  diabète.  On  y  trouve  une  con- 
firmation nouvelle  des  premiers  résultats  obtenus  par  ces  expérimenta- 
teurs, et  la  démonstration  définitive  de  ce  fait,  constaté  pour  la  première 
fois  par  Cl.  Bernard,  que  le  sucre  disparaît  dans  le  sang  in  vitro.  Celte 
disparition  persiste,  augmente  même  peut-être,  avec  la  température,  tant 
que  le  sang  n'a  pas  subi  une  modification  considérable,  telle  que  celle  qui 
peut  résulter  d'une  température  élevée  (54°  au  moins). 

»  Mais  M.  Lépine  ajoute  que,  dans  ce  dernier  cas,  il  y  a  destruction  d'un 
ferment  glycoly tique,  et  explique  ainsi  le  défaut  de  disparition  du  sucre 
contenu  dans  le  sang.  Je  pense,  au  contraire,  que  cette  action  des  tempé- 
ratures élevées  s'explique  par  une  atteinte  des  propriétés  vitales  du  sang, 
et  en  particulier  de  son  pouvoir  d'assimilation  et  de  transformation  en  gly- 
cogène  du  sucre  sanguin.  Ce  pouvoir  étant  anéanti,  le  sucre  persiste  sans 
modification  dans  le  sang,  tout  au  moins  jusqu'à  ce  qu'il  subisse  la  trans- 
formation lactique,  qui  n'arrive  que  lentement. 

»  Si,  dans  le  cas  de  diabète  par  ablation  du  pancréas,  le  sucre  diminue 
moins  qu'à  l'état  sain,  ainsi  que  l'affirme  M.  Lépine,  c'est  que  justement, 
dans  ce  diabète,  il  y  a  atteinte  du  pouvoir  d'assimilation  du  sang  pour  le 
glycose 

»  Si  le  sucre  était  réellement  détruit  dans  le  sang  à  son  arrivée  dans  ce 
liquide,  il  y  aurait  là  une  destruction  de  combustible  non  justifiée,  de 
l'utilité  de  laquelle  on  ne  se  rendrait  pas  compte.  C'est,  en  somme,  au  ni- 
veau des  tissus  que  se  fait  la  consommation  principale  de  combustibles,  et 
que  se  produisent  le  travail  et  la  chaleur  organiques.  Or,  comment  cette 
combustion  nutritive  serait-elle  possible,  à  ce  niveau,  si  le  sucre  était  déjà 
détruit  dans  le  sang  avant  d'être  parvenu  jusqu'aux  tissus? 

»  C'est  pourquoi  je  persiste  à  penser  que  le  sucre  disparaît  bien  dans  le 
sang  in  vitro,  en  tant  que  sucre,  mais  qu'il  n'y  est  pas  consommé,  qu'il 
s'y  retrouve  à  l'état  de  glycogène;  et  que  normalement,  quand  le  sucre  a 
pénétré  dans  le  sang  par  les  veines  sus-hépatiques,  il  disparaît  aussi  en  ap- 
parence, il  n'est  plus  à  l'état  de  liberté  dans  le  sang;  mais  il  y  est  à  l'état  de 


(  245  ) 
combinaison,  et  sous  la  forme  de  glycogène,  pour  reprendre  son  état  de 
glycose,  au  moment  où  celui-ci  doit  être  utilisé  pour  produire  chaleur  et 
travail,  c'est-à-dire  au  niveau  des  capillaires  généraux.   » 


ANATOMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  le  développement  des  fibres  musculaires.  Note 
de  M.  Louis  Roule,  présentée  par  M.  Milne-Edwards. 

«  Les  recherches  que  je  poursuis  sur  le  développement  des  feuillets 
blastodermiques  et  des  tissus  chez  les  Arthropodes  m'ont  amené  à  exami- 
ner chez  plusieurs  d'entre  eux,  et  notamment  chez  les  Crustacés  isopodes 
du  genre  Porcellio,  l'origine  première  de  leurs  fibres  musculaires  striées. 
Le  mésoderme  de  ces  êtres  s'organise  suivant  le  procédé  mésenchyma- 
teux,  et  ses  éléments,  constitués  par  une  mince  zone  de  protoplasme  fine- 
ment granuleux  entourant  un  noyau,  sont  plongés  dans  une  abondante 
substance  fondamentale.  Certains  d'entre  eux,  assemblés  en  groupes  com- 
pacts sur  les  côtés  du  corps  de  l'embryon,  constituent  les  ébauches  de  la 
musculature  somatique. 

■»  Chacune  de  ces  cellules  produit  un  faisceau  primitif.  A  cet  effet,  l'élé- 
ment rétracte  ses  expansions  pseudopodiques,  prend  une  forme  ovalaire  et 
s'accroît  par  l'addition  de  nouvelle  matière  plasmique;  celle-ci  n'est  pas 
formée  de  protoplasme  granuleux  et  semblable  aux  portions  existant  déjà, 
mais  de  substance  contractile.  Cette  dernière  se  dépose  d'abord  sur  les 
deux  extrémités  de  la  cellule,  puis  s'étend  sur  la  périphérie  entière,  le  dé- 
pôt étant  toujours  plus  abondant  vers  les  extrémités,  afin  que  l'élément 
croisse  de  préférence  suivant  son  axe  longitudinal.  Le  protoplasme  gra- 
nuleux primitif  est  ainsi  enveloppé  par  une  gaine  de  substance  contractile 
et  se  trouve  placé,  avec  le  noyau  qu'il  renferme,  vers  le  milieu  de  celle-ci; 
il  conserve  cette  situation  désormais  et  reste  central.  La  substance  muscu- 
laire produite  en  premier  lieu,  située  par  conséquent  autour  du  noyau  et 
en  dedans  des  portions  plus  récentes,  se  résout  d'abord  en  fibrilles  :  la 
différenciation  fibrillaire  commence  donc  vers  le  centre  de  la  cellule  mus- 
culaire, et  non  vers  la  périphérie;  une  coupe  transversale,  pratiquée  au 
niveau  du  noyau,  montre  ce  dernier  dans  l'axe  même  de  la  fibre,  et  ensuite 
en  allant  de  dedans  en  dehors,  le  protoplasme  granuleux,  la  substance 
contractile  profonde  divisée  en  fibrilles,  et  tout  à  l'intérieur  la  substance 
contractile  périphérique  encore  homogène.  Ce  procédé  génétique  est  sem- 
blable à  celui  présenté  par  les  fibres  musculaires  lisses  d'origine  mésenchy- 


(   246  ) 

mateuse;  la  seule  différence  porte  sur  la  modification  des  fibres  d'Arthro- 
podes, qui  deviennent  striées,  cette  modification  procédant  encore  du 
centre  de  la  périphérie. 

»  Ces  faits,  dont  plusieurs  ont  été  observés  déjà  par  divers  auteurs,  et 
notamment  par  R.  Rœhler,  sont  différents  de  ceux  offerts  par  les  fibres 
striées  des  Vertébrés.  La  substance  contractile  de  ces  dernières  finit  bien 
souvent  par  envelopper  le  noyau  primitif;  mais  elle  apparaît  d'abord  sur 
l'une  des  faces  ou  sur  deux  faces  de  l'élément  primordial,  et  non  sur  ses 
deux  extrémités;  elle  n'entoure  le  noyau  qu'à  une  période  tardive,  et  ce 
dernier  possède  fréquemment  une  situation  excentrique.  En  outre,  les 
premières  fibrilles  naissent  vers  la  périphérie  de  la  fibre,  et  non  dans  sa 
région  centrale.  Ces  dissemblances  tiennent  à  l'origine  épithéliale  des 
fibres  musculaires  somatiques  des  Vertébrés,  et  confirment,  en  les  éten- 
dant, les  opinions  exprimées  par  les  frères  Hertwig  dans  la  théorie  du 
cœlome. 

»  Aux  deux  origines,  épithéliale  et  mésenchymateuse,  du  tissu  muscu- 
laire correspondent  des  procédés  particuliers  de  développement.  Lorsque 
la  fibre  provient  d'éléments  épithéliaux,  la  substance  contractile  se  dépose 
d'abord  sur  l'une  des  faces  de  l'élément  et  y  forme  souvent  un  amas  volu- 
mineux, alors  que  les  autres  régions  conservent  leur  structure  normale; 
l'enveloppement  complet  du  protoplasme  initial  par  la  substance  muscu- 
laire se  produit  assez  tard,  et  seulement  dans  les  cas  où  cette  dernière 
prend  une  extension  considérable.  Par  contre,  lorsque  la  fibre  dérive  de 
cellules  mésenchymateuses,  la  substance  contractile  se  dépose  dès  le  début 
tout  autour  du  protoplasme,  en  commençant  par  les  extrémités  de  la  cel- 
lule, et  forme  hâtivement  une  gaine  entourant  le  noyau,  celui-ci  conservant 
sa  position  centrale.  Le  premier  type  et  le  second  s'appliquent  également 
aux  fibres  lisses  et  aux  fibres  striées  :  les  fibres  lisses  des  Némalodes,  par 
exemple,  et  les  fibres  striées  somatiques  des  Vertébrés  se  développent  sui- 
vant le  premier  mode;  les  fibres  lisses  des  Mollusques  et  les  fibres  striées 
des  Arthropodes  suivant  le  second.  Ces  considérations  concourent,  en  outre, 
à  montrer  que  la  présence  de  la  striation  est  indépendante  de  l'origine 
même  des  fibres. 

»  Dans  les  deux  cas,  tantôt  le  noyau  reste  unique,  et  il  en  est  fréquem- 
ment ainsi  pour  les  fibres  lisses,  tantôt  il  se  multiplie  et  transforme  l'élé- 
ment primordial  en  faisceau  primitif  plurinucléé.  ' 

»  J'exposerai,  dans  une  prochaine  Note,  le  mode  de  développement  des 
autres  lissus  mésodermiques  et  du  svstème  circulatoire.  » 


(  ^47  ) 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  La  vision  chez  les  Gastropodes pulmonés. 
Note  de  M.  Victor  Willem. 

«  Les  quelques  notions  que  nous  possédons  sur  la  vision  des  Gastro- 
podes pulmonés  sont  le  résultat  d'expériences  fort  incomplètes  et  peu  con- 
nues, dues  à  des  observateurs  anciens  pour  la  plupart,  comme  Lister(i694), 
Swammerdam  (1738),  Leiichs  (1820),  Steifensand  (1825),  Lespès  (i85i). 

«  Ayant  entrepris  l'étude  expérimentale  de  la  vision  chez  ces  Mol- 
lusques, j'ai  fait  de  nombreuses  observations,  et  dans  une  chambre  et  à  la 
campagne,  sur  une  série  d'individus  appartenant  à  des  espèces  variées, 
terrestres  ou  aquatiques  :  Hélix  pomatia,  L.  ;  H.  nemoralis,  L.  ;  H.  aspersa, 
Midi.;  H.  horlensis,  Mi'ill.  ;  H.  fruticum,  Midi.;  H.  lapicida,  L.  ;  H.  incar- 
nata,  Midi.;  Arion  empiricorum,  Fér.  ;  Limax  cinereo-niger,  Wolf;  L.  ci- 
nereus,  List.  ;  L.  arborum,  Bouch.  ;  L.  agrestis,  L.  ;  Hyalina  glabra,  Stud.  ; 
Succinea  putris,  L.  ;  Liinnœa  stagnalis,  L.  ;  L.  palustris,  Drap.;  Amphipeplea 
glutinosa,  Midi.;  Planorbis  corneus,  L.  ;  Physa  fontinalis ,  L, 

»  Ces  observations  me  permettent  de  formuler  les  conclusions  sui- 
vantes : 

»  i°  Les  Gastropodes  pulmonés  possèdent  une  sensibilité  tactile  fort 
développée,  leur  permettant  de  percevoir  de  faibles  secousses  du  sol  qui 
les  porte  et  de  légers  mouvements  du  milieu  ambiant. 

»  20  Les  Pulmonés  terrestres  voient  fort  mal  et  se  dirigent  principale- 
ment au  moyen  de  leurs  sensations  olfactives  et  tactiles.  Ils  perçoivent 
une  image  confuse  des  objets  volumineux,  à  une  distance  qu'on  peut  éva- 
luer à  un  centimètre  environ.  Ils  ne  distinguent  la  forme  des  objets,  d'une 
manière  passable,  qu'à  une  distance  de  un  à  deux  millimètres. 

»  3°  Les  Pulmonés  aquatiques  n'ont  de  vision  distincte  à  aucune  dis- 
tance. 

»  4°  Il  n'existe  pas,  chez  ces  Mollusques,  de  visibilité  spéciale  des  mou- 
vements, visibilité  démontrée  chez  les  Arthropodes  par  les  observations  d'une 
série  de  naturalistes  et  par  les  recherches  expérimentales  de  Jorel  et  de 
Plateau. 

»  Ayant  fait  des  séries  d'observations  en  employant,  à  l'instar  de  Graber, 
des  récipients  présentant  une  moitié  éclairée  et  une  moitié  relativement 
obscure,  j'ai  obtenu  les  résultats  suivants  : 

»    i°  En  général,  les  Pulmonés  réagissent  sous  l'action  de  la  lumière, 


(  248  ) 
d'une  manière  plus  ou  moins  énergique  suivant  les  espèces  considérées. 
Pour  une  espèce  donnée,  l'intensité  de  la  réaction  varie  dans  le  même 
sens  que  celle  de  la  lumière.  Parmi  les  espèces  étudiées  :  Hélix  aspersa, 
Mùll.  ;  Arion  empiricorum,  Fér.  ;  Limax  cinereus,  List.  ;  Limax  cinereo-mger, 
Wolf  ;  L.  variegatus,  Drap.  ;  L.  arborum,  Bouch.  ;  L.  agrestis,  L.  ;  Planorbis 
corneus,  L.  ;  P.  marginatus,  Drap.;  P.  vortex,  L.,  sont  leucophobes;  tandis 
que  Eelix  nemoralis,  L.  ;  H.  pomatia,  L.  ;  Succinea  putris,  L.  ;  Limncea  sta- 
gnalis,  L.,  sont  leucophiles. 

»  20  II  existe,  chez  les  Gastropodes  pulmonés,  des  perceptions  derma- 
toptiques  ;  elles  se  manifestent,  chez  les  différentes  espèces,  par  des  réac- 
tions d'une  intensité  fort  variable.  Ainsi,  la  réaction  provoquée  chez  des 
Hélix  aspersa  aveuglés,  en  un  laps  de  temps  de  quinze  minutes,  par  les 
sensations  dermatoptiques,  a  une  valeur'sensiblement  égale  à  la  moitié  de 
celle  que  produirait  l'ensemble  des  perceptions  lumineuses  chez  des  indi- 
vidus normaux  ;  chez  les  Hélix  nemoralis,  le  rapport  de  ces  deux  valeurs 
est  approximativement  un  huitième.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  de  quelques  causes  internes  fur  la 
présence  de  l'amidon  dans  les  feuilles.  Note  de  M.  Emile  Mer,  présentée 
par  M.  Duchartre. 

«  D'après  les  données  expérimentales  que  nous  possédons  sur  les  con- 
ditions qui  favorisent  l'amvlogénèse,  on  serait  porté  à  croire  qu'on  doit 
toujours  rencontrer  l'amidon  en  plus  grande  quantité  dans  les  feuilles  bien 
insolées,  vigoureuses,  et  principalement  dans  le  parenchyme  correspondant 
à  la  face  la  mieux  éclairée.  Il  semblerait  aussi  qu'on  dût  constamment  en 
trouver  plus  en  été  qu'en  automne  et  au  printemps;  or  les  choses  sont 
loin  de  se  passer  avec  cette  régularité.  Bien  souvent,  au  cours  de  re- 
cherches d'un  autre  ordre,  j'avais  eu  l'occasion  de  constater  à  cet  égard 
de  singulières  anomalies.  Je  me  suis  décidé  à  faire  de  cette  question  une 
étude  suivie.  Dans  ce  but,  j'ai  mis  en  observation  pendant  tout  le  cours 
d'une  période  végétative,  c'est-à-dire  du  commencement  d'avril  à  la  fin 
d'octobre,  un  certain  nombre  de  plantes  d'espèces  diverses,  placées  dans 
des  conditions  de  milieu  fort  variées  sous  le  rapport  de  la  situation  et  de 
l'éclairage.  Je  me  suis  surtout  adressé  à  des  arbres,  principalement  à  des 
Conifères  (Pins,  Sapins,  Épicéas),  qui  me  paraissent  particulièrement 
propres  à  ce  genre  de  recherches.  Pendant  la  durée  de  cette  période  j'ai  eu 


(  249  ) 
constamment  ces  sujets  sous  les  yeux;  j'ai  pu  ainsi  constater  les  moindres 
variations  qui  se  sont  produites  dans  la  teneur  des  feuilles  en  amidon.  Ces 
observations  ont  été  faites  dans  les  Vosges,  à  75oro  d'altitude.  Pour  faire 
mieux  saisir  les  différences  constatées,  je  diviserai  la  période  envisagée  en 
quatre  phases. 

»  Première  phase  :  avril  et  mai.  —  En  examinant  au  commencement  d'avril  des 
plantes  à  feuilles  persistantes  et  notamment  les  Sapins  et  Epieras,  on  voit  apparaître 
dans  la  chlorophylle,  encore  à  l'état  hivernal,  de  petits  grains  amylacés  qui  grossissent 
peu  à  peu,  arrivent  à  se  toucher  et  finissent  par  remplir  les  cellules.  On  en  trouve  dans 
les  feuilles  de  tout  âge,  même  sur  les  sujets  mal  (■claires.  C'est  certainement  l'époque 
de  l'année,  où  ces  feuilles  renferment  le  plus  d'amidon.  Pour  les  Pins,  c'est  même 
presque  la  seule  où  cette  substance  se  rencontre  en  quantité  notable.  11  est  curieux  de 
constater  une  pareille  production  d'amidon  dans  une  saison  où  la  température  est  en- 
core peu  élevée,  où  la  radiation  solaire  n'est  pas  très  vive,  où  les  journées  sont  même 
souvent  brumeuses  et  où,  dans  les  montagnes,  la  neige  couvre  parfois  encore  le  sol. 
»  Deuxième  phase  :  de  juin  à  la.  mi-août.  —  A  mesure  que  le  printemps  s'avance 
et  que  les  rameaux  se  développent,  les  grains  amylacés  diminuent  de  grosseur  en 
même  temps  qu'augmente  l'épaisseur  de  l'enveloppe  chlorophyllienne.  Quand  le 
temps  est  beau,  les  feuilles  renferment  beaucoup  d'amidon  dans  tout  le  parenchyme; 
celles  qui  sont  vieilles  ou  ombragées  en  possèdent  moins.  On  en  trouve  plus  dans  la 
flèche  que  dans  les  rameaux  supérieurs,  et  surtout  que  dans  ceux  du  bas.  Après  une 
série  de  jours  pluvieux,  cette  distribution  est  modifiée.  Les  jeunes  feuilles  contiennent 
toujours  plus  d'amidon  que  les  vieilles,  mais  cette  substance  est  presque  entièrement 
localisée  dans  la  face  la  moins  éclairée.  En  outre,  les  feuilles  ombragées  en  renfer- 
ment parfois  plus  que  celles  qui  sont  mieux  exposées  au  jour. 

»  Troisième  phase  :  de  la  mi-août  à  la  fin  de  septembre.  —  A  cette  époque,  la 
teneur  des  feuilles  en  amidon  varie  beaucoup  suivant  les  espèces.  Chez  les  unes,  on  en 
rencontre  dans  toute  l'épaisseur  du  limbe  ;  chez]d'autres,  dans  le  parenchyme  inférieur 
seulement;  d'autres  enfin  en  sont  complètement  dépourvues.  Le  caractère  dominant 
de  cette  phase  est  la  pénurie  d'amidon,  même  par  un  beau  soleil  et  une  température 
élevée  (20°  à  25").  Si  l'on  compare  cet  état  de  choses  à  celui  qui  a  été  signalé  au 
début  du  printemps,  on  ne  peut  s'empêcher  d'être  frappé  de  l'indépendance  des  con- 
ditions extérieures  qui,   à  ces  deux  époques,  caractérisent  l'amylogénèse. 

»  Quatrième  phase  :  octobre.  —  L'amidon  continue  à  être  très  rare  dans  les  feuilles. 
Toutefois,  pendant  les  belles  journées  de  ce  mois,  souvent  assez  nombreuses  en  mon- 
tagne, il  en  réapparaît  un  peu  dans  celles  d'Épicéa,  d'où  il  avait  disparu  en  septembre. 
Mais  alors,  c'est  dans  la  face  la  plus  éclairée  qu'il  se  cantonne  de  préférence.  De  plus, 
contrairement  à  ce  qui  se  passait  auparavant,  il  arrive  assez  souvent  qu'on  en  ren- 
contre dans  les  feuilles  âgées  plus  que  dans  celles  de  l'année,  dans  les  branches  basses 
plus  que  dans  la  flèche  ou  les  rameaux  supérieurs.  A  cette  époque,  la  distribution  de 
l'amidon  est  très  irrégulière,  variable  d'un  jour  à  l'autre,  d'une  feuille  à  sa  voisine. 
On  peut  en  trouver  à  la  base  d'un  de  ces  organes  sans  en  trouver  au  milieu  ni  au 
sommet,  ou  réciproquement.  Bien  plus,  dans  une  même  préparation,  il  y  a  de  notables 
différences  suivant  les  cellules. 

C.   R.,  1891,   i«  Semestre.  (T.  CX1I,  Nr  4.)  33 


(    2DO    ) 

»  Les  faits  précédents  montrent  que  le  rapport  entre  la  production  et  la 
résorption  de  la  matière  amylacée  des  feuilles  est  soumis  à  des  variations 
incessantes  dans  le  cours  d'une  période  végétative.  Au  début  du  printemps 
l'amylogénèse  est  une  des  premières  fonctions  qui  se  rétablissent  à  la  suite 
du  sommeil  hivernal;  elle  apparaît  avant  l'évolution  des  bourgeons,  avant 
le  réveil  de  l'activité  cambiale.  La  recette  l'emporte  alors  sur  la  dépense: 
d'où,  accumulation  d'amidon  dans  les  feuilles.  Plus  tard,  cette  sub- 
stance trouvant  son  emploi  dans  la  formation  des  nouveaux  tissus,  la  res- 
piration, d'autre  part,  devenant  plus  active,  les  feuilles  en  renferment 
moins,  même  quand  les  conditions  extérieures  sont  plus  favorables  à 
l'amylogénèse.  Dans  les  belles  journées,  la  recette  est  encore  supérieure 
à  la  dépense,  mais  il  n'en  est  plus  de  même  quand  le  temps  est  couvert. 
L'absence  d'amidon  du  parenchyme  supérieur,  après  quelques  jours  de 
pluie,  prouve  qu'à  cette  époque  la  formation  de  cette  substance  est  plus 
influencée  que  sa  migration  par  la  diminution  de  l'éclairage.  A  l'automne, 
recette  et  dépense  sont  très  affaiblies,  mais  la  dernière  l'est  encore  plus, 
parce  que  toute  croissance  a  cessé;  aussi  voit-on  un  regain  d'amidon  appa- 
raître par  les  beaux  jours  dans  quelques  feuilles,  notamment  dans  celles 
qui,  par  leur  âge,  sont  soumises  à  une  déperdition  aussi  réduite  que  pos- 
sible. 

»  Toutes  les  causes  cpii  entravent  la  migration  de  l'amidon  en  favo- 
risent l'accumulation  dans  les  feuilles.  Ainsi,  parmi  mes  sujets  d'étude,  se 
trouvaient  des  Épicéas  qu'on  avait  taillés  depuis  plusieurs  années  pour  en 
faire  une  haie.  J'ai  reconnu  que  leurs  feuilles  renfermaient  toujours  plus 
d'amidon  que  celles  de  leurs  voisins  non  taillés,  ce  qu'il  faut  attribuer  à  ce 
cpie  l'écoulement  en  était  plus  lent,  l'espace  consacré  à  la  réserve  amylacée 
se  trouvant  notablement  réduit  par  les  amputations  successives  de  bran- 
ches. 

»  Une  accumulation  semblable  d'amidon  se  présente  encore  assez  sou- 
vent, et  même  à  un  degré  plus  prononcé  dans  les  sujets  dont  la  crois- 
sance est  très  ralentie  pour  des  causes  diverses.  Ainsi  j'ai  vu  des  feuilles 
de  Sapin  rabougries  renfermer  des  grains  d'amidon  plus  nombreux  et  plus 
gros  que  celles  des  sujets  les  plus  vigoureux.  Il  en  est  de  même  pour  les 
jeunes  arbres  dont  la  végétation  est  languissante  à  la  suite  de  la  trans- 
plantation, pour  les  plantules  souffreteuses  quelque  temps  après  la  germi- 
nation et  parfois  même  pour  des  Épicéas  végétant  sous  un  couvert  épais. 

»  On  ne  saurait  toutefois  expliquer  la  rareté  de  l'amidon  dans  les  feuilles 
à  la  fin  d'août  et  au  mois  de  septembre,  même  pendant  les  journées 
chaudes  et  ensoleillées,  par  le  seul  rapport  entre  la  production  et  la  résorp- 


(    2DI    ) 

lion  de  cette  substance,  car  au  commencement  de  l'automne  la  dépense 
est  très  réduite,  puisque  toute  croissance  est  à  peu  près  arrêtée.  Si  l'on 
rapproche  cette  pénurie  de  l'abondance  signalée  plus  haut  au  premier 
printemps,  même  dans  des  conditions  défavorables,  on  est  forcé  de  recon- 
naître que,  sous  l'influence  de  certaines  causes  internes  encore  indéter- 
minées, l'amylogénèse  est  par  elle-même  très  variable  suivant  les  époques 
de  l'année.  C'est  à  la  suite  du  sommeil  hivernal  qu'elle  s'exerce  avec  le 
plus  d'énergie;  à  la  fin  de  l'été,  elle  semble  épuisée.  Il  y  a  là  sans  doute 
un  de  ces  phénomènes  de  périodicité  interne  comme  on  en  a  signalé  plu- 
sieurs dans  la  vie  végétale,  tels  que  le  développement  des  tubercules  et 
des  bulbes,  ainsi  que  l'acte  de  la  floraison,  lesquels,  comme  on  le  sait,  ne 
peuvent  se  produire  qu'à  des  époques  déterminées.  » 

BOTANIQUE.    —    Contribution  à   l'étude   des  Bactériacées  vertes.   Note 
de  M.  P. -A.  Dangeakd,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  Dans  le  cours  de  mes  recherches  sur  les  Algues  d'eau  douce,  j'ai  eu 
l'occasion  d'en  rencontrer  une  dont  les  allures  et  le  mode  de  sporulation 
fixèrent  particulièrement  mon  attention.  Elle  formait  des  spores  endogènes 
à  la  manière  des  Bactériacées,  bien  qu'elle  possédât  une  teinte  verte. 

»  A  la  vérité  on  a  déjà  signalé  des  Bactériacées  colorées  en  vert  par  de 
la  chlorophylle.  M.  van  Tieghem  en  a  décrit  deux  espèces  appartenant  à 
deux  genres  différents  :  Bacleriumviride,  Bacillus  virens  (');  d'après  M.  E. 
de  Wildeman  (2)  il  y  aurait  encore  une  certaine  incertitude  sur  leur  place 
dans  la  famille  des  Bactériacées  et  aussi  sur  leur  distinction  spécifique. 

»  L'autonomie  des  deux  espèces  de  Bactériacées  vertes  est  conservée 
par  M.  van  Tieghem  dans  la  nouvelle  édition  de  son  Traité  de  Botanique  : 
l'Algue  que  nous  allons  maintenant  décrire  est  destinée  à  prendre  place 
dans  le  même  groupe. 

»  Elle  tapissait  à  une  certaine  profondeur  la  paroi  de  nos  flacons  de 
culture  ;  les  filaments  très  ténus  sont  d'une  grande  longueur  et  enchevêtrés 
les  uns  dans  les  autres;  je  n'ai  aperçu  sur  les  filaments  végétatifs  ni  cloi- 


(')  Va.n  Tieghem,  Observation  sur  les  Bactériacées  vertes  (Bulletin  de  la  Société 
botanique  de  France;  1880. 

(2)  E.  de  Wildeman,  Sur  l'UIothrix  llaccida  Kutz.  et  le  Stichococcus  bacillaris 
Nacq  [Société  royale  de  botanique  de  Belgique  (Bulletin,  t.  XXVII,  2e  Partie)]. 


(  »5a  ) 
sons  ni  ramifications.  Le  contenu  du  filament  est  hyalin,  sans  aucune  gra- 
nulation; il  possède  une  légère  teinte  verte;  la  coloration  s'accuse  davan- 
tage au  moment  de  la  formation  des  spores;  il  n'existe  aucun  chloroleucite  ; 
la  chlorophylle  est  uniformément  dissoute  dans  le  protoplasma. 

»  La  formation  des  spores  communique  à  cette  Algue  des  caractères 
particuliers;  elle  se  trouve  transportée  en  cellule  humide  avec  d'autres 
Algues  que  j'avais  en  culture,  et  là  elle  développe  ses  spores  en  assez 
grand  nombre.  Le  même  filament  en  présentait  souvent  plus  d'une  dizaine  : 
les  unes  rapprochées  par  groupes  de  trois  ou  quatre,  les  autres  isolées; 
dans  les  cas  favorables,  on  pouvait  distinguer  une  cloison  séparant  chaque 
spore. 

»  Ces  spores  avaient  une  longueur  de  6|x  à  8  |x  sur  une  largeur  de  3  jj.  :  leur  forme 
était  elliptique;  à  maturité,  la  membrane  possédait  un  contour  net,  alors  que  celui 
du  filament sporifère  était  plus  ou  moins  gélifié;  leur  couleur  était  très  nettement  verte. 
Le  protoplasma  ne  conserve  pas  toujours,  pendant  la  formation  des  spores,  le  carac- 
tère hyalin  qu'il  possède  dans  les  filaments  végétatifs  :  des  granulations  réfringentes 
se  montrent  parfois  dans  les  spores;  elles  sont  au  nombre  d'une  ou  deux  en  gé- 
néral. 

»  Tandis  que  les  filaments  végétatifs  nous  ont  toujours  paru  simples,  les  filaments 
sporifères  se  sont  montrés  quelquefois  ramifiés. 

»  Si  l'on  cherche  à  se  rendre  compte  du  mode  de  développement  de  ces  spores,  on 
voit  que  les  filaments  ont  d'abord  un  diamètre  égal  dans  toutes  leurs  parties  ;  puis,  on 
les  voit  se  renfler  en  certains  points  :  ces  renflements  sont  allongés  suivant  l'axe.  On 
les  distingue  comme  de  petits  nodules  à  leur  couleur  verte  plus  foncée  que  celle  du 
filament  lui-même,  ce  qui  tient  à  ce  que  le  protoplasma  vient  s'accumuler  peu  à  peu 
dans  ces  nodules.  Entre  deux  renflements,  on  distingue  souvent  une  cloison  et  dans 
ces  renflements  une  ou  deux  granulations  réfringentes. 

»  La  formation  de  la  spore  n'a  lieu  que  lorsque  le  nodule  a  atteint  une  grosseur 
suffisante  :  il  se  produit  une  très  légère  contraction  de  la  masse  du  proloplasma  qui 
remplit  le  filament  et  cette  masse  se  recouvre  d'une  membrane  propre  pour  consti- 
tuer la  spore. 

»  Il  ne  nous  est  pas  possible  de  dire  si  tout  le  protoplasma  du  filament  est  employé 
à  la  formation  des  spores  ou  si  une  partie  reste  inutilisée  :  la  nature  hyaline  du  pro- 
toplasma rend  la  solution  de  cette  question  extrêmement  difficile. 

»  On  remarquera  que  les  spores  ne  se  forment  point  tout  à  fait  comme 
dans  les  Bactériacées  ordinaires  :  ce  n'est  pas  une  tache  sombre  qui  se  dé- 
veloppe, grossit,  se  nourrit  aux  dépens  des  réserves  de  la  cellule,  pour 
s'entourer  finalement  d'une  forte  membrane  :  c'est  la  masse  entière  du  pro- 
toplasma du  renflement  qui  se  contracte,  abandonne  la  paroi,  devient  de 
plus  en  plus  réfringente  et  s'entoure  d'une  membrane. 


(  253  ) 

»  Je  dois  ajouter  que  ce  dernier  mode  de  sporulation  a  déjà  été  observé 
par  M.  L.  Klein  sur  cinq  espèces  qu'il  rapporte  au  genre  Bacillus  (  '  );  dans 
ces  espèces,  les  spores  ont  également  nue  couleur  verdàtre,  mais  le  mycé- 
lium serait  gris  argenté. 

»  L'Algue  que  nous  venons  de  décrire  ne  peut  guère  être  placée  dans 
le  genre  Bacillus  :  son  organisation  est  déjà  plus  élevée.  En  proposant  pour 
elle  le  genre  Eubacillus,  nous  désirons  marquer  les  affinités  étroites  qu'elle 
présente  avec  les  Bacilles  ;  on  pourrait  faire  rentrer  dans  ce  nouveau  genre 
les  cinq  espèces  décrites  par  M.  L.  Klein  ;  de  cette  manière,  les  Eubacillus, 
caractérisés  par  le  mode  de  formation  des  spores  et  leur  couleur  verte, 
comprendraient  deux  sections.  Dans  l'une,  les  filaments  sporifères  peu- 
vent être  ramifiés,  ainsi  qu'il  résulte  de  notre  description  (E.  mullisporus 
sp.  nov.);  dans  l'autre,  les  filaments  sporifères  restent  simples  (B.  de  Ba- 
ryanus  L.  Klein,  B.  SolmsiiL.  Klein,  etc.). 

»  On  ne  peut  s'empêcher  de  comparer  le  mode  de  sporulation  par  con- 
densation du  protoplasma  en  spores  avec  l'enkystement  des  Flagellés;  on 
sait,  d'un  autre  côté,  que  la  sporulation  des  Leuconostoc  rappelle  étroite- 
ment celle  des  Cyanophycées. 

»  Lorsqu'on  veut  se  rendre  compte  des  affinités  des  Bactériacées,  trois 
alternatives  se  présentent  donc  : 

»  i°  Ce  groupe  dérive  directement  des  Flagellés  et  conduit  aux  Cyano- 
phycées et  peut-être  à  certaines  Chlorophycées; 

»   2°  Ce  groupe  résulte  d'une  dégradation  d'Algues  vertes  et  bleues. 

»  3°  Les  Bactériacées  n'ont  pas  la  même  origine  ;  les  unes  se  rattachent 
aux  Flagellés,  les  autres  descendent  des  Cyanophycées  et  des  Chloro- 
phycées. 

»   La  question  ne  nous  parait  pas  mûre  pour  la  solution.    » 

MINÉRALOGIE.  —  Conclusions  auxquelles  conduit  l'élude  des  enclaves 
des  trachytes  du  Mont-Dore.  Note  de  M.  A.  Lacroix,  présentée  par 
M.  Fouqué. 

«  Les  trachytes  du  Mont-Dore  renferment  (et  particulièrement  au  Ca- 
pucin et  au  Bivcau-Grand)  un  nombre  considérable  d'enclaves  de  roches 
étrangères.  Ces  enclaves  sont  intéressantes  au  double  point  de  vue  géolo- 
gique et  mincralogique. 

(')  L.  Klein,  Botanische  Baclerienstudien  (Dcuts.  bol.  Gesellschafl,  1889;  t.  VII. 


(  254  ) 

)>  Considérations  géologiques.  —  Ces  enclaves  peuvent  être  rapportées  à 
deux  groupes  : 

»  i°  Des  roches  quartzifères  (gneiss  à  cordiérite,  granités,  fragments 
de  quartz); 

»   2°  Des  roches  feldspathiques,  parmi  lesquelles  se  trouvent  : 

»  a.  Des  types  connus  dans  la  vallée  du  Mont-Dore  en  coulées  (tra- 
c/iytes  augitiques,  trachyles  augitiques  à  olivine,  andésites  augitiques,  etc., 
tous  à  hornblende  résorbée),  ou  en  filons  {andésites  amphiboliques  à  horn- 
blende intacte)  ; 

»  b.  Des  andésites  à  hornblende  (de  structure  et  composition  spéciales) 
passant  à  des  types  ophitiques  et  même  granitoïdes  analogues  à  des  dia- 
bases,  roches  inconnues  en  place  au  Mont-Dore  et  qui  doivent  être  consi- 
dérées comme  ayant  été  émises  en  masses  épaisses,  dans  lesquelles  un 
refroidissement  lent  a  permis  le  développement  des  diverses  structures 
énumérées  plus  haut.  Ces  roches  ont  leur  hornblende  résorbée  et  ne  sont 
pas  des  roches  de  profondeur;  elles  sont  au  moins  inlrusives,  puisqu'elles 
renferment  elles-mêmes  des  enclaves  de  roches  étrangères,  tout  comme  le 
trachyte  qui  les  englobe; 

»  c.  Des  roches  grenues,  d'origine  indécise  (gneiss  basiques  ou  roches 
de  prof  on  deur  ?  )  ; 

»  d.  Des  roches  véritablement  grenues  à  la  façon  de  diorites  et  diabases 
anciennes,  roches  à  amphibole  brune  toujours  intacte  qui  doivent  être 
considérées  comme  ayant  cristallisé  en  profondeur. 

»  Il  est  remarquable  de  voir  réunies  en  enclaves  dans  le  trachyte  de  la 
même  région  des  roches  de  structure,  de  composition  et  d'origine  aussi 
diverses. 

»  Dans  les  deux  gisements  du  Capucin  et  du  Riveau-Grand,  distants 
d'environ  3km,  on  voit  varier  la  nature  de  ces  enclaves.  Au  Capucin,  les 
roches  grenues  de  profondeur  sont  très  rares  ainsi  que  les  types  connus 
en  place;  les  roches  quartzifères,  au  contraire,  y  sont  fréquentes.  Au  Riveau- 
Grand,  ces  dernières  font  défaut;  les  roches  du  type  b  sont  peu  abon- 
dantes, et  ce  sont  les  roches  connues  en  place  qui  dominent.  Les  roches 
grenues  de  profondeur,  quoique  plus  abondantes  qu'au  Capucin,  n'y  sont 
pas  communes. 

»  Il  est  intéressant  de  remarquer  que  si  l'on  passe  en  revue  les  cristaux 
du  stade  intratellurique  de  toutes  ces  enclaves  microlitiques,  on  y  ob- 
serve les  silicates  suivants  :  olivine,  sphène,  pyroxène,  amphibole,  biotile, 
feldspath  triclinique  et  orlhose.  Or  les  termes  extrêmes  de  cette  série  (oli- 
vine et  orlhose)  manquent  dans  les  enclaves  grenues  de  profondeur. 


(  255  ) 

»  Considérations  minéralogiqacs.  —  Deux  faits  ressortent  tout  d'abord  : 

»  i°  Les  enclaves  sont  toujours  riches  en  minéraux  secondaires  déve- 
loppés dans  des  cavités. 

»  2°  Ces  enclaves  ont  été  le  siège  de  phénomènes  métamorphiques  va- 
riés (destructions  partielles,  épigénies,  apports). 

»  Toutes  conditions  égales  d'ailleurs,  lorsqu'une  roche  solide  est  en- 
globée dans  un  magma  volcanique,  les  modifications  qu'elle  subit  sont 
d'autant  plus  intenses  qu'il  y  a  une  plus  plus  grande  différence  entre 
l'acidité  de  la  roche  enclavée  et  celle  de  la  roche  enclavante.  En  vertu  de 
ce  principe,  ce  sont  les  roches  quartzifères  qui  sont  le  plus  modifiées. 

»  Modification  des  roches  quartzifères.  —  Les  gneiss  à  cordiérite  enclavés 
sont  constitués  par  du  quartz,  du  feldspath  et  un  certain  nombre  d'autres 
minéraux  (andalousite,  cordiérite,  sillimanite,  corindon,  grenat,  biotite).  Ces 
derniers  minéraux  ne  sont  pas  attaqués  par  le  magma  trachytique,  tandis 
que  le  quartz  et  les  feldspaths  sont  résorbés;  mais,  au  fur  et  à  mesure 
qu'ils  disparaissent,  ils  sont  remplacés  par  de  l'orthose  de  nouvelle  géné- 
ration (accompagnée  d'un  peu  de  tridymite),  de  telle  sorte  que  les  frag- 
ments de  gneiss  ne  se  déforment  pas.  Le  volume  de  l'orthose  régénérée 
n'étant  pas  en  général  égal  au  volume  quartzofeldspalhique  résorbé  à 
cause  de  la  disparition  du  quartz,  il  en  résulte  des  cavités  dans  lesquelles 
cristallisent  :  orthose,  tridymite,  hrperslhène,  magnétite,  spinelle,  oligiste. 
Les  enchevêtrements  de  cordiérite,  andalousite,  etc.,  constituent  l'ossature 
de  ces  géodes.  La  biotite  est  transformée  en  un  mélange  de  magnétite  et 
d'hypersthène. 

»  Cette  facile  résorption  du  quartz  et  du  feldspath  explique  pourquoi  on 
ne  trouve  pas  dans  le  trachyte  d'enclaves  de  gneiss  franc  et  pourquoi  les 
enclaves  de  granité  et  de  quartz  sont  rares. 

»  Modifications  des  enclaves  volcaniques.  —  Les  phénomènes  constatés 
dans  les  enclaves  volcaniques  sont  d'un  tout  autre  ordre.  Leur  composi- 
tion étant  voisine  de  celle  du  trachyte,  on  n'y  observe  pas  de  destruction 
apparente;  il  y  a  seulement  cristallisation  de  minéraux  dans  les  vacuoles. 
Il  est  probable  que  ces  enclaves  ont  été  imbibées  de  gaz  et  de  liquides 
charriant  des  principes  minéraux  qui,  une  fois  la  roche  englobée  parle 
trachyte,  se  sont  trouvés  en  quelque  sorte  en  vase  clos  et  ont  laissé  dépo- 
ser, sous  forme  de  pyroxène,  hypersthène,  etc.,  les  éléments  minéraux 
qu'ils  transportaient.  L'enclave  a  cependant  réagi  sur  les  fluides  absorbés 
en  modifiant  leur  composition,  puisque  les  minéraux  ou  les  associations 
de  minéraux  contenus  dans  les  enclaves  de  nature  différente,  englobés 


(  256  ) 

côte  à  côte  dans  le  même  bloc  de  trachyte,  ne  sont  pas  les  mêmes.  C'est 
ainsi  que  dans  les  enclaves  d'andésites  et  de  diabases  on  trouve  :  hyper- 
sthène, pyroxène,  zircon,  orthose,  tridymite;  dans  les  trachyles  augi- 
tiques  :  hornblende,  pyroxène  et  orthose;  pseudobrookite,  hypersthène; 
fayalite,  magnétite,  biotite,  hypersthène.  Lorsque  l'enclave  a  été  attaquée, 
elle  l'a  été  d'une  façon  faible  (probablement  par  agrandissement  de  cavi- 
tés préexistantes  ou  attaque  de  grands  cristaux  feldspathiques)  ou  tout  au 
moins  d'une  façon  uniforme  sur  tous  ses  éléments;  s'il  s'est  développé 
dans  sa  pâte  des  minéraux  nouveaux,  ils  sont  identiques  aux  minéraux 
anciens,  car  on  ne  peut  les  en  distinguer. 

»  Au  point  de  vue  de  la  distribution  des  minéraux  nouveaux  dans  les 
enclaves,  il  y  a  lieu  de  faire  remarquer  que  le  pyroxène  monoclinique,  la 
pseudobrookite,  la  fayalite,  la  biotite,  la  hornblende  et  le  zircon  sont  spé- 
ciaux aux  enclaves  non  quartzifères;  que  l'hypersthène,  la  tridymite  et 
l'orthose,  au  contraire,  se  trouvent  dans  toutes  les  catégories  d'enclaves. 
»  En  résumé,  les  modifications  subies  parles  enclaves  de  roches  quartzi- 
fères et  de  roches  volcaniques  sont  très  différentes.  Les  roches  quartzifères 
sont  en  partie  détruites,  leur  quartz  disparaît  et  n'est  qu'incomplètement 
remplacé  par  de  la  tridymite,  leur  feldspath  est  résorbé  et  remplacé  par 
de  l'orthose  de  nouvelle  génération,  et  dans  les  cavités  produites  par  cette 
altération  naissent  des  minéraux  n'existant  ni  dans  le  trachyte  ni  dans  la 
roche  quartzifère  avant  son  englobement.  L'enclave  fournit  en  grande 
partie  les  matériaux  des  minéraux  nouveaux.  Dans  le  cas  des  roches  vol- 
caniques, au  contraire,  l'enclave  agit  surtout  comme  absorbant  de  fluides 
dont  elle  modifie  ensuite  la  composition.  On  s'explique  dès  lors  pourquoi 
le  minéral  nouveau  qui  domine  dans  les  enclaves  acides  est  l'orthose 
(puisque  l'enclave  qui  a  fourni  en  grande  partie  la  matière  des  minéraux 
nouveaux  était  elle-même  riche  en  orthose),  tandis  que  ce  même  minéral 
ne  se  trouve  qu'en  enduit  dans  les  enclaves  volcaniques  où  il  a  été  en 
partie  apporté.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Influence  de  la  nature  du  terrain  sur  la  température 
du  sol.  Note  de  MM.  Cii.  Axdré  et  J.  Rauux,  présentée  par  M.  Mas- 
cart. 

«   Nous  donnons  ici  quelques-uns  des  résultats  déduits  d'une  série  d'ob- 
servations, faites  du   3i  mars  1888  au  3o  juin  1890  (observations  conti- 


(  a57  ) 
nuées  depuis),  au  champ  d'expériences  de   la  Station  agronomique  du 
Rhône,  en  vue  d'étudier  l'influence  de  la  nature  du  sol  sur  la  propagation 
de  la  chaleur  à  son  intérieur. 

»  Dans  ce  but,  on  a  enlevé,  sur  uae  étendue  de  5a  et  à  une  profondeur  de  om,o,o, 
la  terre  végétale  du  champ  d'expériences  de  la  Station,  et  on  lui  a  substitué,  par 
carrés  de  ia  chacun,  l'un  des  terrains,  que  nous  désignons  par  tourbe,  argile,  sable, 
calcaire,  composés  comme  suit  (le  cinquième  carré  étant  occupé  par  un  mélange  à 
volumes  égaux  des  quatre  précédents)  : 

Tourbe.  Argile.  Sable.  Calcaire. 

Humus 67,3  0,0  0,0  0,0 

Argile 0,0  a5,4  4>5  0,0 

Calcaire 20,1  0,0  20,7  61, 4 

Sable 12,6  74,4  74  >  8  38,6 

le  sous-sol  restant  formé  par  du  gravier  des  alluvions  du  Rhône. 

»  Au  milieu  de  chaque  carré  on  a  installé  deux  thermomètres  Tonnelot,  donnant  le 
^  de  degré,  dont  les  réservoirs  sont  placés  à  om,3o  et  om,5o  de  profondeur,  et  qui 
sont  protégés  par  des  cages  cubiques  de  o"',5o  en  toile  métallique  de  5mm  de  maille. 
Ces  thermomètres  ont  été  observés  chaque  jour  à  une  heure  convenable,  en  même 
temps  que  l'on  prenait,  au  moyen  d'un  thermomètre-fronde,  la  température  de  l'air 
ambiant. 

»  Ces  observations  confirment  les  résultats  généraux  déjà  connus  sur 
ces  variations  thermométriques,  et  en  particulier  ceux  que  l'on  déduit  des 
belles  recherches  de  MM.  Becquerel;  mais,  au  point  de  vue  spécial  qui 
nous  occupe,  le  fait  saillant  à  remarquer  est  la  distinction  très  nette  qui 
sépare  la  terre  de  tourbe  des  autres  terres;  les  oscillations  thermiques  y 
sont  beaucoup  moins  accentuées  et  les  variations  de  température  beaucoup 
plus  lentes.  Ainsi  : 

»  i°  A  om,  20  de  profondeur,  le  minimum  diurne  est  atteint  dans  la 
tourbe  vers  4h  du  soir,  et  le  maximum  vers  4h  du  matin  ;  dans  les  trois 
autres  terres,  ces  heures,  un  peu  différentes  pour  chacune  d'elles,  sont 
voisines  de  911  du  matin  et  de  8h  du  soir  ;  d'ailleurs,  à  cet  égard,  c'est  le 
calcaire  qui  diffère  le  moins  de  la  tourbe,  puis  l'argile  et  enfin  le  sable. 

»  Or,  la  rapidité  plus  ou  moins  grande  de  transmission  des  variations 
thermiques,  et  par  suite  la  différence  des  heures  obtenues  dans  les  diverses 
terres  doivent  surtout  tenir  aux  différences  de  leurs  pouvoirs  conduc- 
teurs ;  on  doit  en  conclure  que  l'ordre  décroissant  de  leurs  conductibilités 
est  :  sable,  argile,  calcaire,  tourbe. 

»   20  Aux  époques  de  l'année,   janvier  et  juillet,   où   la  température 

C.  R.,   1891,  1"  Semestre,  (T.  CX1I,  ,V  4.)  34 


(     2-»8    ) 

moyenne  diurne  devient  sensiblement  stationnaire,  la  température  de  la 
terre  de  tourbe  s'élève  de  plusieurs  degrés  au-dessus  de  celle  des  autres 
terres  ;  celles-ci  présentent  entre  elles  des  différences  beaucoup  moindres 
et  l'ordre  décroissant  des  températures  stationnaires  est  :  tourbe,  sable, 
argile  et  calcaire. 

»  Or,  ces  différences  de  température  tiennent  évidemment,  dans  ce 
cas,  aux  différences  des  pouvoirs  absorbants. 

»  Ceux-ci  suivent  donc  l'ordre  décroissant,  tourbe,  sable,  argile,  cal- 
caire. 

»  3°  L'amplitude  moyenne  des  oscillations  thermométriques  diurnes 
correspondant  à  une  même  oscillation  diurne  de  la  température  de  l'air, 
diffère  d'une  terre  à  l'autre;  ainsi,  à  om,  20  de  profondeur,  pour  une  oscil- 
lation atmosphérique  de  9°,4»  elle  est  à  peu  près  de  3°  pour  le  sable,  l'ar- 
gile et  le  calcaire,  tandis  qu'elle  se  réduit  à  o°,3  pour  la  tourbe.  D'ailleurs, 
les  trois  premières  terres  se  distinguent  un  peu  les  unes  des  autres,  et 
l'ordre  décroissant  de  leurs  amplitudes  est  :  sable,  argile  et  calcaire.  Poul- 
ies quatre  terrains,  l'ordre  décroissant  de  ces  amplitudes  est  aussi  :  sable, 
argile,  calcaire,  tourbe.  C'est  celui  de  leurs  pouvoirs  conducteurs  et  non 
pas  celui  de  leurs  pouvoirs  absorbants.  Par  conséquent,  l'amplitude  de 
l'oscillation  thermométrique  diurne  dans  un  terrain  déterminé  dépend, 
toutes  choses  étant  égales  d'ailleurs,  surtout  de  sa  conductibilité  pour  la 
chaleur  et  fort  peu  de  son  pouvoir  absorbant. 

»  4°  Au  point  de  vue  agronomique,  ces  résultats  ont  leur  importance. 
En  effet  : 

»  a.  D'une  part,  tout  en  admettant  qu'il  faille  un  nombre  de  degrés  dé- 
terminé pour  que  la  végétation  accomplisse  une  évolution  déterminée,  il 
paraît  cependant  probable  que  le  mode  et  l'intervalle  de  succession  des 
éléments  de  cette  somme  ont  une  certaine  influence  sur  le  résultat. 

»  b.  D'autre  part,  les  faits  qui  précèdent  montrent  que  dans  late.re 
de  tourbe  la  température  ne  descend  jamais  très  bas  lors  de  la  saison 
froide  ;  en  d'autres  termes,  la  tourbe  est  une  terre  chaude.  La  végétation 
doit  donc  y  être  favorisée;  aussi  du  mais  et  des  betteraves  semés  dans 
une  pareille  terre  ont-ils  eu  une  végétation  plus  précoce  que  dans  les  trois 
autres  terrains.  » 


(  25g  ) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  pression  barométrique  à  Naples,  à  des  alti- 
tudes différentes.  Note  de  M.  Eugène  Semmola,  présentée  par  M.  Mas- 
cart.  (Extrait.) 

«  La  différence  des  hauteurs  barométriques  entre  Naples  et  l'Observa- 
toire du  Vésuve,  dont  les  altitudes  sont  respectivement  37'"  et  63~]m, 
change  avec  les  saisons;  elle  augmente  dans  les  mois  d'hiver  pendant  le 
refroidissement  de  l'atmosphère;  au  contraire,  elle  diminue  dans  les  mois 
chauds. 

»  Pendant  l'année  1882,  la  différence  la  plus  grande  eut  lieu  pendant 
la  première  décade  de  février,  où  elle  fut  de  52mm,  02;  la  plus  petite,  dans 
la  première  décade  de  juillet,  et  fut  égale  à  46mm,8i. 

»  Ce  fait  a  été  indiqué  déjà  par  plusieurs  observateurs;  mais  je  crois 
avoir  été  le  premier  à  le  constater  dans  la  contrée  vésuvienne. 

»  On  remarque,  en  outre,  que  pendant  les  grands  mouvements  démon- 
tée ou  de  descente  du  baromètre,  les  différences  entre  les  pressions  Na- 
ples-Vésuve  varient  d'une  manière  notable,  tantôt  en  plus,  tantôt  en 
moins.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Variation  magnétique  pendant  le  tremblement  de 
terre  du  i5  janvier  en  Algérie.  Note  de  M.  Moureaux,  présentée  par 
M.  Mascart. 

«  Les  journaux  annoncent  qu'une  violente  secousse  de  tremblement  de 
terre  a  été  ressentie- le  i5  janvier,  vers  4h  du  matin,  sur  la  côte  d'Algérie, 
dans  le  voisinage  de  Cherchell.  Le  village  de  Gouraïa  est  presque  entière- 
ment détruit;  dans  les  douars  environnants,  une  ferme  et  de  nombreux 
gourbis  ont  été  renversés.  Deux  secousses  de  quelques  secondes  sont  si- 
gnalées à  Hammam-Rira  à  4hi5m. 

»  La  courbe  relevée  le  i5  janvier  au  magnétographe  de  l'observatoire 
du  Parc  Saint-Maur  porte,  à  4hi5mdu  matin,  la  trace  du  trouble  particulier 
de  l'aiguille  aimantée,  constaté  déjà  lors  des  tremblements  de  terre  de 
Nice,  de  Werny  (Asie  centrale)  et  de  Gallipoli  ;  l'oscillation  n'a  pas  dépassé 
i',5  d'amplitude.  Le  bifilaire  et  la  balance  ne  semblent  pas  avoir  participé 
au  mouvement  du  barreau  de  la  déclinaison,  et  le  bifilaire  à  barreau  de 
cuivre  est  resté,  comme  toujours,  absolument  calme.  » 


(  a6o  ) 


THERMOMÉTRIE.  —  Correction  de  la  lige  émergente  d'un  thermomètre. 
Note  de  M.  Resou,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Dans  la  séance  du  12  janvier,  M.  Guillaume  a  présenté  à  l'Académie 
une  Note  indiquant  la  manière  de  corriger  les  lectures  faites  sur  un  ther- 
momètre dont  la  partie  inférieure  seule  plonge  dans  un  milieu  dont  on 
veut  déterminer  la  température. 

»  Le  même  procédé  est  employé,  depuis  188 1,  à  l'Observatoire  du  Parc 
de  Saint-Maur,  pour  corriger  les  températures  données  par  un  thermo- 
mètre dont  le  réservoir  est  enfoncé  dans  le  sol  à  im  de  profondeur.  Il 
m'avait  été  indiqué  par  Henri  Sainte-Claire-Deville,  qui  l'avait  mis  en  pra- 
tique, en  1868,  dans  la  détermination  de  températures  très  élevées.  Je 
crois,  mais  sans  en  avoir  la  preuve,  que  c'est  lui  qui  l'avait  imaginé. 

«  J'ai  fait  connaître  ce  procédé  dans  Y  Histoire  du  thermomètre  {Annuaire 
de  la  Société  météorologique  de  France,  t.  XXIV,  p.  53  et  54)-  » 

M.  Flammarion  fait  observer  que  l'astre  signalé  le  11  janvier  par 
M.  Lescarbault  dans  la  constellation  du  Lion,  comme  une  étoile  nouvelle, 
n'est  autre  que  Saturne. 

M.  P.  Juillard  adresse  une  «  Étude  sur  la  circulation  des  éléments  et 
la  formation  des  mondes  ». 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  M.  B. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  5  janvier  1891. 

Recherches  sur  les  accélérations  en  général;  par  P 'h.  Gilbert.  Bruxelles, 
F.  Hayez,  1890;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Resal). 


(     2b!     ) 

Cours  de  Mécanique  analytique  ;  par  Pu.  Gilbert.  Partie  élémentaire. 
Troisième  édition.  Paris,  Gauthier- Yillars;  Bruxelles,  Société  belge  de 
Librairie,  1891;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Resal.) 

La  chaleur.  —  Leçons  élémentaires  sur  la  Thermométrie,  la  Calorimétrie,  la 
Thermodynamique  et  la  dissipation  de  l'énergie; par  J.  Clerk  Maxwell.  Édi- 
tion française,  d'après  la  huitième  édition  anglaise,  par  M.  Georges  Mou- 
ret.  Paris,  B.  Tignol,  1891  ;  r  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  J.  Bertrand.) 

Ventilation  des  bâtiments  et,  édifices  éclairés  par  le  gaz;  par  Alfred  V an- 
derpol.  (Extrait  du  Compte  rendu  du  dix-septième  Congrès  de  ta  Société  tech- 
nique de  l'industrie  du  gaz  en  France.  Paris  P.  Mouillot,  1890;  1  vol.  gr. 
in-8°. 

Genèse  naturelle  des  formes  animales;  par  M.  J.-P.  Durand  (de  Gros). 
Paris,  Félix  Alcan,  1888;  br.  in-8°. 

Anna/es  de  la  Société  royale  malacologique  de  Belgique.  —  Tome  XXIV 
(quatrième  série,  Tome  IV).  Année  188g.  Bruxelles,  P.  Weissenbruch; 
vol.  gr.  in-8°. 

A Imanaque  naulico  para  el  ano  1892,  calculado  de  orden  de  la  Superioridad 
en  el  instituto  y  observatorio  de  Marina  delà  ciudad  de  San  Fernando.  Madrid, 
1890;  1  vol.  in-4°. 

AUgemeine  chemische  Minéralogie;  von  Dr.  C.  Doelter.  Leipzig,  Verlag 
von  Wilhelm  Engelmann,  1890;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Présenté  parM.Fou- 
qué.) 

Researches  on  micro-organisms  ;  including  and  account  of  récent  experi- 
ments  on  the  destruction  of  microbes  in  certain  infections  diseases  :  phtisis,  etc.  ; 
by  A.-C.  Griffiths.  London,  Baillière,  Tyndall  and  Cox,  1891;  1  vol. 
in-12. 

Memoirs  of  the  geolo gical  Survey  of  India.  Palœontologia  indica.  —  Ser. 
XIII  :  Sall-Range  fossils.  Vol.  IV,  Part.  I  :  Geolo  gical  results;  by  William 
Waagen.  Calcutta,  MDCCCLXXXIX;  1  vol.  in-8°. 

Memoirs  of  the  geolo  gical  Survey  of  India.  Volume  XXIV,  Part.  II.  Cal- 
cutta, MDCCCXC  ;  1  vol.  in-/,°. 

Aslronomical  papers  prepared  for  the  use  of  the  American  Ephemeris  and 
Nautical Almanac .  Vol.  II,  Part.  V  (Discussion  of  transits  of  Venus  in  1761 
and  1769);  by  Simon  Newcomb.  —  Vol.  IV  (.4  new  Theory  of  Jupiter  and 
Saturn);  byG.  W.  Hill.  Washington,  1890;  2  vol.  gr.  in-4°. 

Journal  and  Proceedings  of  the  Royal  Society  of  New  South  Wales.  Vol.  XXII, 
1880,  Part.  II;  in-8°. 


(   at>2   ) 

The  Proceedings  of  tlie  Linnean  Society  of  New  South  Wales.  Second  séries, 
Vol.  III-IV.  Sydney;  3  vol.  in-8°. 

Proceedings  of  the  Canadian  Instilute.  Third  séries,  Vol.  VII.  Fase.  n°  J 
(deux  exemplaires).  Toronto,  1889;  in-8°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   12  janvier  1891. 

Œuvres  complètes  de  ChristiaanHuygens,  publiées  par  la  Société  hollan- 
daise des  Sciences.  Tome  troisième  :  Correspondance,  1 660-1 661.  La  Haye, 
Marti  nus  Nijhoff,  1890;  1  vol.  in-4°. 

Annuaire  de  l' Académie  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de  Bel- 
gique, 1891.  Bruxelles,  F.Hayez,  1891  ;  1  vol.  in-18. 

Sur  les  phénomènes  extraordinaires  présentés  par  la  grande  comète  de  1 882  ; 
par  Th.  Bredichin.  Saint-Pétersbourg,  1890;  br.  in-4°. 

Histoire  d'un  inventeur.  Exposé  des  découvertes  et  des  travaux  de  M.  Gus- 
tave Trouvé  dans  le  domaine  de  l'Électricité;  par  Georges  Barrai..  Paris, 
Georges  Carré,  1891;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Edmond  Bec- 
querel.) 

Mémoires  de  la  Société  géologique  de  France.  Tome  I,  fasc.  II  et  III.  Paris, 
Baudry  et  Cie,  1890;  2  br.  in-4°. 

Illuslrationes  Florœ  atlanticœ,  auctore  Cosson.  Fasc.  IV.  Parisiis,  e  Rei- 
publicœ  typographeo,  octobri  MDCCCXC;  in-f°. 

Atli  délia  Accademia  Pontaniana.  Volume  XX.  Napoli,  tipografia  délia 
regia  Università,  1890;  gr.  in-4°- 

Fenia,  1,  2,3.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  de  Finlande.  Helsing- 
fors,  1890:  3  vol.  in-8°. 

Publications  périodiques. 

Société  philomathique  de  Paris.  —  Bulletin  des  Sciences  mathématiques.  — 
Bulletin  de  la  Société  internationale  des  électriciens.  —  Journal  du  gaz  et  de 
l'Électricité.  —  Annales  industrielles.  —  Chronique  industrielle.  —  Journal  de 
l'éclairage  au  gaz.  —  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie.  —  Bulletin  de  l'A- 
cadémie de  Médecine.  —  Bulletins  et  Mémoires  de  la  Société  médicale  des  hôpi- 
taux de  Paris.  —  Marseille-médical.  —  Annales  de  la  Société  d'hydrologie  mé- 
dicale. —  Recueil  de  Médecine  vétérinaire  publié  à  V École  d'Alfort.  —  V Abeille 
médicale.  —  Revue  du  Cercle  militaire .  —  Annals  of  Mathemalics  (University 
of  Virginia) .  —  A  meiican  Journal  of  Mal  hématies  (  Johns  Hopki/is  University'). 


(  263  ) 

—  The  astronomical  Journal  (Cambridge,  Mass.).  —  Records  ofthe  geologi- 
cal Survey  of  Incita.  —  Proceedings ofthe  Academy  of  natural Sciences  of  Phi- 
ladelphia.  —  Proceedings  ofthe royal Geographical  Society  (London).  —  The 
pharmaceulical  Journal  and  Transactions.  —  Atti  délia  reale  Accademia  dei 
Lincei  (Roma).  —  Memorie  délia  Societa  clegli  spettroscopisti  t taltani  (Roma) . 

—  Roletin  de  la  Sociedad  geografîca  de  Madrid. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   19  janvier   1891. 

Œuvres  de  Fermât,  publiées  par  les  soins  de  MM.  Paul  Tannery  et  Charles 
Henry,  sous  les  auspices  du  Ministère  de  l'Instruction  publique.  Tome  Ie1': 
Œuvres  mathématiques  diverses.  —  Observations  sur  Diophante.  Paris,  Gau- 
thier-Villars  et  fils,  MDCCCXCI;  1  vol.  in-',". 

De  la  production  et  l'emploi  de  la  vapeur  considérée  comme  jorce  motrice , 
principalement  clans  les  locomotives  ;  par  MM.  A.  Lencauchez  et  L.  Durant. 
Paris,  G.  Steinheil,  1890;  br.  in-8°. 

Amendements  et  engrais;  par  A.  Renard.  Paris,  Armand  Colin  et  Cie,  1891  ; 
1  vol.  in-18.  (Présenté  par  M.  Duclaux.) 

Description  et  emploi  des  Eucalyptus  introduits  en  Europe,  principalement 
en  France  et  en  Algérie.  Second  Mémoire,  par  Charles  Naudin.  Antibes, 
J.  Marchand,  1891;  br.  in-8°. 

A.  Trousseau.  —  Leçons  pratiques  de  thérapeutique  oculaire.  Paris,  Ollier- 
Henry,  1889;  in-12.  (Envoyé  au  concours  Bellion.) 

Mémoires  de  la  Société  zoologique  de  France  pour  l' année  1890.  Tome  III, 
quatrième  Partie.  Paris,  au  siège  de  la  Société,  1890;  in-8°. 

Kocii.  —  Sa  méthode  de  guérison  de  la  tuberculose  et  les  infiniment  petits  ; 
par\eDv  Ch.-L.  Deiss.  Bàle,  Ch.-J.  Wyss,  1891;  br.  in-8°. 

Takirithmie  ou  le  calcul  rendu  plus  rapide  et  plus  sur;  par  M.  L.  de  Casa- 
major.  Paris,  Croville-Morant ;  br.  in-18.  (Deux  exemplaires.) 

Atti  ciel  reale  Istiluto  Yenelo  di  Scienze,  Letlere  ecl  Arti.  Tomo  XXXVIII; 
in-8°. 

Index-Catalogue  of  the  library  of  the  Surgeon- gênerai' s  Office,  United 
States  army.  —  Authors  and  subjects;  vol.  XL  Phœdronus-Regent.  Washing- 
ton, Government  printing  Office,  1890;  in-4°. 

Publications  périodiques. 

Bulletin  international  du  Bureau  central  météorologique .  —  Le  Magasin 
pittoresque.     —    La  Nature.    —    Revue  scientifique.    —    Revue  générale  des 


(  264  ) 
Sciences.  —  Revue  scientifique  du  Bourbonnais  et  du  Centre  de  la  France.  — 
Revue  internationale  des  falsifications.  —  Revue  géographique  internationale. 
Annales  de  la  Société  d'Agriculture,  Industrie,  etc.,  de  Saint-É tienne.  —  Jour- 
nal de  Pharmacie  et  de  Chimie.  —  Mémoires  et  Compte  rendu  des  travaux  de 
la  Société  des  ingénieurs  civils.  —  Bulletin  de  la  Société  des  amis  des  Sciences 
naturelles  de  Rouen.  —  Le  Messager  agricole  du  Midi.  —  Comptes  rendus 
hebdomadaires  des  séances  de  la  Société  de  Biologie.  —  Gazette  des  hôpitaux. 
—  L'Abeille  médicale.  —  La  Tribune  médicale. 


ERRATA. 


(  Séance  du  1 9  janvier  1891 .  ) 


Note  de  M.  A.  Pizon,  Sur  la  Blastogénèse  de  X  Astellium  spongiforme  : 

Page  168,  ligne  3,  au  lieu  de  :  «  Les  tubes  ectoderraiques  qu'aurait  chaque  ascidio- 
zoïde.  .  .  .,  lisez:  «  Les  tubes  ectodermiques  qu'envoie  chaque  ascidiozoïde.  ...» 


»88««S 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER -VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 


lis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-(".  Deux 

I  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque   volume.   L'abonnement  est  annuel 

|  lu  ier  janvier. 

Le  prix  rie  l'abonnement  est  fixé  ainsi  r/u'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :   les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
Michel  et  Médan. 

i  Gavaull  St-Lager. 
/  Jourdan. 

I  Ruff. 
Hecquet-Decobcrt. 

(  Germain  et  Grassin. 

j  Lachèse  ci  Dolbeau. 

Jérôme. 

• Jacquard. 

,  Avrard. 
r DutliulT. 

1  Bluller  (G.). 
Renaud. 

/  Lefournier. 

\  F.  Robert. 

i  .1.  Robert. 

I  V  Uzel  Carofï. 

I  liaér. 

(  Massif. 

•y Perrin. 

i  Henry. 

"g ' 

(  Marguerie. 

„  l  Rousseau. 

\l-Ferr... 

(  Rlbou-C.olluv. 

/  Lainarche. 

!  Katel. 

'  Damidot, 

(  Lauverjat. 

[  Crépin. 

\  Drevet. 

i  Gralier. 

'.Ile Robin. 

'(  Bourdignon. 

'•(  Dombre. 

i  Ropiteau. 

•  Lefcbvre. 

f  Quarré. 


chez  Messieurs  : 

(  Bautnal. 

Lorient ,,      ... 

(  M""  lexier. 

Beaud. 

Georg. 

Lyon i  Mégrel . 

i  Palud. 

!  Vitte  et  Pérussel. 

Marseille Pessailhan. 

i  Calas. 

Montpellier .    ......      .   , 

*  i  Coulet. 

Moulins Martial  l'Iace. 

/  Sbrdoillet. 
Nancy Grosjean-Maupin. 

'  Sidot  frères. 

i  Loi". Ml. 

.Vailles .,  . 

i  M \  eloppé. 

i  Barma. 

Nice ........  ,. 

(  Visconti  et  V. 

Nîmes Thibaud. 

Orléans Luzcray. 

(  Blatichier. 

roitiers r,  , 

(  Druinaud. 

Hennés Plihon  et  Hervé. 

Boche  fort Boucheron  -  Rossi 

(  Langlois.        |  gnol. 

rtouen , 

(  Lestringant. 

S'-É  tienne  ....       Ch  e\  a  I  ier. 

„     ,  i  Bastide. 

Toulon ,  , ,         . 

>  Kumebe. 

i  Giinct. 

Toulouse !  _  . 

I  Privât. 

i  Boisselier. 

Tours •  Péricat. 

'  Suppligeon. 

.,  ,       .  t  Giard. 

Valenciennes _ 

I  Lem.ulre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 

(  Robbers. 

Amsterdam •       ..  , ,         . 

(  Peikema    Caarelsen 

Athènes Beck.  [et  C'°. 

Barcelone Verdaguer. 

I  Aslier  et  G'". 

1  Calvarv  et  O. 

Berlin ,,  .    .,  '     .         ,    ... 

i  Friedlander  et  fils. 

f  Mayer  et  Millier. 

p    .  (  Schmid,  Franck.-  el 

Bologne Zauirhelli  et  C". 

Ramlot. 

Bruxelles May. .Icz. 

[  Lebègue  el  C'  . 

\  llaiinauii. 

Bucharcst ,  ., 

(  Raiiisteami. 

♦ 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletC' 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  et  Keil. 

Copenhague Hbst  et  fils. 

Florence Lœscher  et  Seeber. 

Gand Hoste. 

Gênes lient. 

/  Cherbuliez. 
Genève Georg. 

'  Stapelmohr. 

La  Haye .     Belinfante  frères. 

.  Ben. I,i. 

Lausanne , 

/  Payot. 

Barth. 

Brockbans. 

Leipzig !  Lorentz. 

Max  Rùbe. 

Twictmeyer. 

(  Desoer. 

Liège •  „ 

°  I  Gnuse. 


chez  Messieurs  : 

(  Dulau. 

Londres 

/  Nutt. 

Luxembourg....     V.  Buck. 

Librairie       Guten  - 

\     berg. 

Madrid ■  Gonzalcs  e  hijos. 

I  Yravedra. 

'  F.  Fé. 
.,.,  i  Dumolard  frères. 

,/'/"" (Hœpli. 

Moscou Gautier. 

[  Furcheim. 
Naptes '  Marghieri  .li  Gius 

(  Pellerano. 

.  Christern. 
New-York Stechert. 

'  Westermann. 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C". 

V, derme Clausen. 

Porto Magalhaès. 

Prague Rivnac. 

Bio-Janeiro Garnier. 

l  Bocca  frères. 

Borne .         ,        .  „.. 

|  Loescberet  W. 

Rotterdam   Kramers  et  lils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

i  Zinscrling. 
S'-Petersbourg. .        . 

/  Bocca  frères. 

1  Brero. 

Turin {     . 

j  Clausen. 

[  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  YVolff. 

Vérone. ........     Drucker. 

\  Frick. 

Vienne !  ,  .        _. 

i  Gerold  et  C'". 

Zurich Meyer  et  Zeller. 


ES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  Ie'  à  31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-'t°;  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.—  (  Ier  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  (865.)  Volume  in-4°;  [870.   Prix 15  fr. 

Tomes  62  a  91.—  (1"  Janvier  1866  à  Si  Décembre  1880.)  Volume  in-4°;  1889.  Prix 15  fr. 

S  PLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 

l'oni  :  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DERBEset  A.-J.-J.  Solier.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
ar  M.IUnsex.—  .Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

isc'iar  M.  Claude  Rciinarii.  Volume  in-4°,  avec  32   planches;  18Ô6 15  fr. 

tom  I  :  Mémoire  sur  les  vers  iutestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  lissai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  iS5o  par  l'Académie  des  Sciences 
"'  L  encours  de  iS5o,  et  puis  rein  i  se  pour  celui  de  iSJij,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
neni  res,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 
les  i  ports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Biionn.  In-4°,  avec  27  planches;  1861...        15  fr. 

Va  ême  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


If  4, 

TABLE  DES  ARTICLES.    (Séance   du  26  janvier  1891.) 


MEMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBKES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

Pages. 


M.  Phillips.  —  Pendule  isochrone 178 

M.   Wolf.  —    Observations   relatives    .1    la 

précédente  Note  posthume  de  M.  Phillips.  1S1 
AI.  Emile  Picard.  —   Sur  la  représentation 

approchée  des  fonctions t83 

M.  \.  Cornu.  —  Sur  une  expérience  récente, 

déterminant  la  direction  de  la  vibration 

dans  la  lumière  polarisée 1S6 

MM.  Berthelot  el  G.   \\m:i  .  —  Faits  pour 

servira  l'histoire  des  principes  azotés  ren- 


Pa< 


fermés  dans  la  terre  végétale 

M.  Berthelot.  —  Nouvelles  observations 
sur  les  composés  azotés  volatils  émis  par 
la  terre  végétale 

M.  P.  Schutzenberger.  —  Essai  sur  la  syn- 
thèse des  matières  protéiques 

M.  A.  Milne-Edwards.  -  lie  I'intUience  des 
grands  froids  de  l'hiver  snr  quelques-uns 
des  animaux  de  la  ménagerie  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle 


es. 
189 


195 

198 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  L.  CormeRûis  adresse  un  Mémoire  sur  un 
nouveau  systè de  ponts  suspendus  ri- 


I    Al.  Dabancourt  adresse  un  Mémoire  intitulé 
«  Projet  d'un  hydromoteur  aérien  » 


gides  . 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, divers  Ouvrages  de  AI.  Clerc/, 
Maxwell,  de  M.  Jiiptner  de  Jonstorjf... 

MM.  G.  Rayet  et  !..  Pic  u;d.  I  tbservations 
des  comètes  Zona  el  Brooks  (1890,  II), 
faites  au  grand  équatorial  de  l'Observa- 
toire de  Bordeaux 

M.  F.  Gonnessiat.  —  Sur  l'équation  per- 
sonnelle dans  les  observations  de  passages. 

M.  H.  Minkowskj.  —  Théorèmes  arithmé- 
tiques   

M.  E.  Amigues.  —  Démonstration  purement 
algébrique  du  théorème  fondamental  de  la 
théorie  des   équations 

Al.  A.  de  Saint-Germain.  —  Sur  le  mouve- 
ment d'un  double  cône  qui  roule  sur  deux 
droites 

M.  G.  Defforgks.  —  Sur  la  résistance  op- 
posée par  l'air  au  mouvement  d'un  pen- 
dule   

M.  A.  Potier.  —  Sur  le  principe  d'Huygens. 

M.  Ch.-Ed.  Guillaume.  —  Théorème  relatif 
au  calcul  de  la  résistance  d'une  dériva- 
tion  

Al.  1).  Cernez.  —  Recherches  sur  l'appli- 
cation de  la  mesure  du  pouvoir  rotatoire 
à  la  détermination  de  combinaisons  for- 
mées par  les  solutions  aqueuses  d'acide 
malique  avec  les  phosphomolybdates  al- 
calins blancs    

M.  Ostwald.  —  Sur  les  conductibilités  des 
acides  organiques  isomères  et  de  leurs  sels. 

Al.  Daniel  Berthelot.  —  Réponse  à  la  Note 
de  Al.  Ostwald 

M.  Adolphe  Minet.  —  Électrométallurgie  dé 
l'aluminium ^ 

M.  Scheurer-Kestner.  —  Emploi  de  la 
bombe  calorimétrique  pour  la  détermina- 

Bli.lf.tin  bibliographique 

Errata 


206 


j<») 


.1 


t3o 

23l 


tion  île  la  chaleur  de  combustion  île  la 
houille 

M.  Prud'homme.  —  Les  mordants  en  tein- 
ture et  la  théorie  de  Mendéleieff 

MM.  Vaillard  et  II.  Vincent. —  Recherches 
expérimentales  sur  le  tétanos 

MM.  M.  V.RTIIUS  et  C.  Pages.  —  Théorie 
chimique  de  la  coagulation  du  sang 

M.  H.  Arnaud.  —  Note  à  propos  du  diabète. 

AI.  L.  Houle.  —  Sur  le  développement  des 
fibres  musculaires 

AI.  V.  Willem.  —  La  vision  chez  les  Gastro- 
podes pulmooës 

Al.  En.  Mer.  —  Influence  île  quelques  causes 
internes  sur  la  présence  de  l'amidon  dans 
les  feuilles 

AI.  l'.-A.  DANOEARD.  —  Contribution  à  l'é- 
tude des  Bactériacées  vertes 

AI.  V.  Lacroix.  —  Conclusions  auxquelles 
conduit  l'élude  des  enclaves  des  trâchytes 
du  Mont-Dore 

MM.  Ch.  André  et  .!.  Raulin.  —  lulluence 
de  la  nature  dit  terrain  sur  la  tempéra- 
ture du  sol 

Al.  Eue.  Semmola.  —  Sur  la  pression  baro- 
métrique a  Naples,  à  des  altitudes  diffé- 
rentes   

Al.  MouReaux.  —  Variation  magnétique  pen- 
dant le  tremblement  de  terre  du  1 3  janvier 
en  Algérie 

AI.  Renou.  —  Correction  de  la  tige  émer- 
gente d'un  thermomètre 

AI.  Flammarion  fait  observer  que  l'astre  si- 
gnalé par  Al.  Lescarbault  dans  la  constella- 
tion du  Lion,  comme  une  étoile  nouvelle, 
n'est  autre  que  Saturne ... 

M.  P.  JuiLLARD  adresse  une  <■  Élude  sur  la 
circulation  îles  éléments  et  la  formation 
des  inondes.  » 


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236 
23g 

-  I  I 
245 

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253 


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2Ô9 
260 

260 


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260 
264 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLA.KS   ET  FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


1891 


JcM 


PREMIER  SEMESTRE. 


W 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.  EES  SECRÉTAIRES  PERPETUELS. 


TOME  CXII. 


I\°  5(2  Février  1891 


PALUS, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS,   IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES   RENDUS    DES   SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

Quai  des  Grands-Augusiins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1876. 


— *&&&' ■ 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  j       Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Acaf 


l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou   numéro  dos  Comptes  rendus  a 
4^  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 
26  numéros  composent  un  volume. 
Tl  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  Ie' .  —  Impression  des  travaux  de  i Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
oupar  un  Associé  étrangerdel'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  00  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  le: I 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu' 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séan  I 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savci 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  per:> 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui   présentent  ces  Mémoire  ( 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  reqil 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  n< 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondait  | 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  l! 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remisai 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  \eCompA 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rer.) 
vaut,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  1 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapj 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouverneme 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administra  l 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendui 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  1 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  pri  < 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  laséanceii*1 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU   LUNDI  2  FÉVRIER    1891, 

PRÉSIDENCE  DE  M.   DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Mixistre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  adresse 
l'ampliation  d'un  Décret  par  lequel  le  Président  de  la  République  ap- 
prouve l'élection  de  M.  Chambrelent,  pour  remplir  la  place  devenue  vacante 
dans  la  Section  d'Économie  rurale  par  le  décès  de  M.  Peligot. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Ciiambrelext  prend  place  parmi 
ses  Confrères. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  le  général  Ibanez,  Correspondant  de  la 
Section  de  Géographie  et  Navigation,  décédé  à  Nice  le  29  janvier  1891. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N'  5.)  35 


(  266  ) 


Notice  sur  le  général  Ibaiïez,   Correspondant  de    l' Académie; 
par  M.  J.  Bertrand. 

«  Le  général  de  division  don  Carlos  Ibanez  e  Ibanez  de  Ibero,  marquis 
de  Mulhacén,  directeur  général  de  l'Institut  géographique  et  statistique 
d'Espagne,  était  né  à  Barcelone  en  1824  ou  en  1820.  Entré  fort  jeune  en- 
core à  l'École  de  Guadalajara,  il  sortit  dans  le  corps  du  génie.  Très  ap- 
pliqué à  tous  ses  devoirs,  il  se  fit  remarquer  surtout,  dès  le  début  de  sa 
carrière,  par  son  goût  pour  la  Science  et  son  habileté  à  manier  les  instru- 
ments de  précision.  Lorsque  le  gouvernement  espagnol,  en  i852,  voulut 
entreprendre  la  construction  d'une  grande  Carte  topographique  du 
Royaume,  le  capitaine  Ibanez  fut  désigné,  en  même  temps  que  le  capitaine 
don  Carlos  Saavedra  Menesès,  pour  préparer,  sous  la  direction  du  général 
Marques  deHijosa,  la  réalisation  de  ce  vaste  projet. 

»  Les  deux  amis  ne  voulurent  pas  seulement  construire  une  bonne 
Carte  ;  leur  noble  ambition,  qu'ils  ont  su  réaliser,  était  d'associer  leur  pays 
au  mouvement  scientifique  qui,  parti,  comme  on  sait,  du  sein  de  notre 
ancienne  Académie,  avait  pour  but  l'étude  de  la  figure  de  la  Terre.  Le 
succès  dépendait  du  choix  des  instruments.  Entre  l'ancien  système  des 
règles  multiples,  mises  en  contact  bout  à  bout,  et  l'emploi  d'une  seule 
règle  à  traits,  adopté  pour  la  première  fois  en  1810,  aux  environs  de  Turin, 
par  notre  compatriote  d'Aubuisson  de  Voisins,  leur  hésitation  ne  fut  pas 
longue.  Ils  comprirent  la  supériorité  de  la  règle  unique;  ils  eurent  la 
bonne  fortune  de  s'adresser  à  Erunner  qui  construisit  pour  eux,  et  sous 
leur  direction  de  chaque  jour,  car  ils  s'étaient  installés  chez  lui,  le  chef- 
d'œuvre  devenu  célèbre  dans  les  fastes  de  la  Géodésie  sous  le  nom  de  la 
Règle  espagnole. 

»  La  publication  en  deux  forts  Volumes  des  expériences  faites  à  Paris 
et  des  résultats  obtenus  dans  la  plaine  de  la  Manche,  où  les  deux  amis 
mesurèrent  une  base  de  près  de  i5km,  fut  un  véritable  événement  scienti- 
fique. 

»  L'Espagne,  en  abordant  la  Géodésie  scientifique,  dépassait  pour  son 
coup  d'essai  la  précision  obtenue  jusqu'alors  par  les  plus  habiles  observa- 
teurs. Les  noms  d'Ibanez  et  de  Saavedra  étaient  désormais  inséparables 
dans  l'histoire  de  la  Science. 

»   Saavedra,  entraîné  par  la  politique,  devint  directeur  des  Travaux 


(   267   ) 

publics,  laissa  à  son  ami  l'honneur  d'achever  la  tâche,  et  mourut,  peut- 
être,  disait  Ibanez,  du  chagrin  de  l'avoir  abandonnée. 

»  Ibanez,  à  partir  de  1866,  resta  seul  pour  achever  l'organisation  du 
grand  service  qui  prit  le  nom  à' Institut  géographique  et  statistique  d'Espagne, 
et  qu'il  dirigea  pendant  un  quart  de  siècle. 

»  Ibanez  donnait  l'exemple.  C'est  lui  qui,  de  i865  à  1868,  exécuta 
dans  les  îles  Baléares  trois  mesures  de  bases  avec  une  nouvelle  règle  de 
fer,  construite  sur  ses  indications  par  les  fils  de  Brunner  et  au  moyen  de 
laquelle  les  opérations,  encore  très  précises,  marchaient  très  rapidement. 

»  Ibanez  traça  lui-même  le  réseau  qui  reliait  les  trois  îles  entre  elles  et 
aux  provinces  de  Castellon,  de  Valencia  et  d'Alicante. 

»  L'infatigable  géodésiste  préludait  ainsi  à  la  grande  et  célèbre  trian- 
gulation qu'il  devait  exécuter  en  1879  avcc  notre  regretté  Confrère  le 
général  Perrier,  à  cette  époque  colonel,  pour  prolonger  la  méridienne  de 
France  par-dessus  la  Méditerranée  jusqu'en  Algérie. 

«  La  description  géodésique  des  îles  Baléares  forme  un  beau  Volume,  le 
troisième  des  OEuvres  d'Ibaiïez. 

»  Ibanez  n'était  pas  moins  attentif  et  moins  habile  à  diriger  qu'à  agir. 
La  collection  des  travaux  des  collaborateurs  de  notre  Confrère  forme  sept 
beaux  Volumes  in-4°;  chaque  Mémoire  est  accompagné  d'une  Notice  dans 
laquelle  Ibanez  expose  l'état  d'avancement  du  travail  et  l'intérêt  qu'il  pré- 
sente. Le  programme  placé  en  tête  du  premier  Volume  révèle  la  préoccu- 
pation scientifique  et  patriotique  tout  ensemble  qui  dirigea  pendant  toute 
sa  carrière  les  efforts  du  général  Ibanez,  dont  elle  a  assuré  l'éclatant  succès. 

»  Le  Tableau  des  services  que  nous  embrassons,  disait-il,  est  le  suivant  : 
«  travaux  de  Géodésie  supérieure  qui,  sous  la  forme  d'un  réseau  et  cou- 
»  vrant  toute  l'étendue  de  notre  territoire  péninsulaire,  concourent,  avec 
»  ceux  des  autres  nations  de  l'Europe,  à  la  détermination  de  la  forme  et  des 
»  dimensions  de  la  Terre  et  sont  en  même  temps  le  fondement  solide  de 
»  notre  grande  Carte  nationale;  détermination  astronomique  des  latitudes 
»  géographiques,  des  différences  de  longitude,  des  azimuts;  détermination 
»  de  l'intensité  de  la  pesanteur;  triangulations  des  trois  ordres  géodésiques 
»  pour  arriver,  par  degrés  successifs,  à  une  triangulation  topographique 
»  sur  laquelle  repose  la  représentation  du  terrain;  nivellements  de  pré- 
»  cision  le  long  de  lignes  radiales  et  transversales  formant  le  réseau  alti- 
»  métrique;  étude  continue  des  marées  sur  divers  points  de  nos  côtes 
»  pour  arriver  à  la  connaissance  du  niveau  moyen  de  la  mer  comme  sur- 
»   face  de  comparaison;  tracé  et  publication  de  la  Carte  topographique 


(  268  ) 

»   d'Espagne  ;  métrologie  de  haute  précision  ;  cadastre  de  la  richesse  mo- 
»   bilière  et  statistique  générale  de  la  nation  dans  ses  différentes  branches.  » 

»  Ce  programme  si  vaste  a  été  suivi  de  point  en  point.  Les  feuilles,  déjà 
nombreuses,  de  la  belle  Carte  topographique  d'Espagne,  gravées  et  tirées 
en  couleur,  ajoutent  leur  témoignage  à  ceux  des  sept  "Volumes  de  Mé- 
moires et  du  magnifique  Ouvrage  publié  en  1888  sous  le  titre  de  Tableau 
géographique  et  statistique  de  l'Espagne. 

>/  Peu  de  pays  possèdent,  à  l'heure  actuelle,  sur  leur  territoire,  ses  res- 
sources de  toute  nature,  son  climat,  son  organisation  politique  et  sociale, 
sa  population,  son  commerce  et  son  industrie,  des  documents  statistiques 
aussi  étendus  et  aussi  détaillés  que  ceux  que  renferme  ce  Recueil  de 
1 100  pages  accompagné  d'une  très  belle  carte  spéciale  à  l'échelle  de  5UU'UUU . 

>>  Ibaiïez  ne  s'est  pas  borné  à  travailler  avec  acharnement  pour  son  pays 
et  dans  son  pays  :  il  s'est  joint,  avec  le  môme  dévouement  et  avec  le  même 
zèle,  à  ceux  qui  pressentent  et  préparent  l'avenir. 

»  L'Association  géodésique  internationale  créée  à  Berlin,  vers  1861,  par 
le  savant  général  Baeyer  ayant  fait  appel  à  tous  les  gouvernements,  Iba- 
iïez fut  désigné  parle  sien  pour  prendre  part  à  ses  travaux. 

»  Chaque  année,  à  l'automne,  il  se  rendait  dans  les  villes  où  se  tenait 
successivement  le  Congrès  de  cette  Association,  il  y  apportait  d'intéres- 
sants résultats  et  des  vues  souvent  nouvelles  sur  plusieurs  des  questions 
mises  à  l'étude.  Son  autorité  grandissait  dans  cette  savante  et  laborieuse 
compagnie,  à  laquelle  appartiennent  aujourd'hui  plusieurs  de  nos  plus  émi- 
nents  Confrères.  A  la  mort  du  général  Baeyer,  Ibanez  fut  élu  président, 
à  la  presque  unanimité  des  suffrages. 

»  Une  autre  distinction  non  moins  élevée  l'attendait  en  France  où,  depuis 
le  mois  d'août  1870,  il  était  membre  de  la  Commission  internationale  du 
mètre.  Cette  Commission,  dont  nous  n'avons  pas  à  rappeler  les  longs  et 
laborieux  travaux,  avait  à  choisir  dans  son  sein  douze  membres  pour  com- 
poser un  Comité  permanent  chargé  d'élaborer  les  différentes  questions  à 
soumettre  à  la  Commission  générale. 

«  Dès  la  seconde  session,  en  octobre  1872  (la  première  ayant  été  inter- 
rompue par  la  guerre),  Ibaiïez  était  élu  non  seulement  membre,  mais  pré- 
sident du  Comité,  et  il  a  conservé  ce  titre  et  les  fonctions  qu'il  lui  imposait 
jusqu'à  sa  mort. 

»  La  grande  expérience  du  savant  observateur,  l'aménité  de  son  carac- 
tère et  sa  grande  loyauté  ont  concilié  à  Ibaûez  plus  que  l'estime,  l'affec- 
tion de  tous  ses  collègues.  La  France  ne  saurait  oublier  les  services  rendus 


(   269  ) 

par  cet  homme  de  bien  à  l'œuvre  qu'elle  a  entreprise,  d'engager  tous  les 
pays  civilisés  à  adopter  le  système  métrique  et  de  les  doter  d'étalons  irré- 
prochables. Cette  œuvre  est,  pour  ainsi  dire,  atteinte,  et  la  coopération 
d'Ibanez  lui  a  été  des  plus  précieuses. 

»  Le  titre  de  marquis  de  Mulhacén  a  été  pour  Ibaûez  la  glorieuse  et 
juste  récompense  d'une  action  d'éclat  scientifique  dont  elle  rappelle  le 
souvenir.  La  France  l'a  nommé  Correspondant  de  notre  Académie  des 
Sciences  et  grand-officier  de  la  Légion  d'honneur.  Les  autres  grands  pays 
de  l'Europe  n'ont  pas  été  moins  reconnaissants;  il  appartenait  à  la  plupart 
des  grandes  compagnies  savantes,  et  il  avait  reçu  les  distinctions  honori- 
fiques les  plus  élevées. 

»  L'Académie  s'associera,  j'en  suis  certain,  à  l'expression  du  profond 
regret  que  nous  exprimons  à  sa  famille  et  au  noble  pays  à  l'illustration 
scientifique  duquel  ses  leçons  et  son  exemple  n'ont  pas  moins  contribué 
que  ses  excellents  et  utiles  travaux.  » 


MÉCANIQUE    CÉLESTE.    —    Sur   le  développement  approché  de  la   fonction 
perturbatrice.  Note  de  M.  11.  Poincaré. 

«  Il  arrive  souvent  que,  les  moyens  mouvements  étant  presque  com- 
mensurables,  certains  termes  de  la  fonction  perturbatrice  acquièrent, 
malgré  leur  rang  élevé,  une  importance  considérable  par  suite  de  la  pré- 
sence de  petits  diviseurs.  Il  peut  être  nécessaire  de  les  calculer  sans  con- 
naître les  termes  qui  précèdent;  mais  le  plus  souvent  on  n'a  besoin  que 
d'une  valeur  approchée,  parce  qu'il  ne  s'agit  que  de  reconnaître  si  ces 
termes  sont  négligeables. 

»  Le  calcul  de  ces  valeurs  approchées  a  déjà,  à  plusieurs  reprises,  occupé 
les  géomètres  ;  le  meilleur  et  le  plus  complet  des  travaux  publiés  dans  cet 
ordre  d'idées  est  une  Thèse  de  M.  Flamme,  où  cet  astronome  prend  pour 
point  de  départ  la  méthode  de  M.  Darboux  sur  les  fonctions  de  très  grands 
nombres. 

»  J'ai  cru  devoir  revenir  sur  cette  question  pour  la  raison  suivante. 
M.  Flamme  commence  par  développer,  par  les  procédés  ordinaires,  la 
fonction  perturbatrice  en  une  somme  de  termes  dont  chacun  est  le  produit 
de  deux  facteurs,  le  premier  dépendant  seulement  de  la  longitude  de  la 
première  planète,  et  le  second  de  la  longitude  de  la  seconde  planète.  C'est 
à  ces  deux  facteurs  qu'il  applique  la  méthode  de  M.  Darboux.  J'ai  pensé 


(  27°  ) 

qu'il  pouvait  y  avoir  intérêt  à  éviter  ce  développement  préliminaire  et  à 
appliquer  directement  cette  méthode  à  la  fonction  perturbatrice  elle- 
même. 

)>  Mais  pour  cela  il  faut  rendre  la  méthode  de  M.  Darboux  applicable 
aux  fonctions  de  deux  variables,  ce  qui  peut  se  faire  sans  rien  changer 
aux  principes  sur  lesquels  elle  est  fondée. 

»  Voici  comment  j'ai  opéré.  Soient  /  et  /'  les  deux  anomalies  moyennes, 
u  et  iï  les  deux  anomalies  excentriques,  R  la  fonction  perturbatrice  à  dé- 
velopper. 

»   Soit 

R  =2àh>"""--e 

»  Je  me  propose  de  calculer  la  valeur  approchée  de  Am,„;  en  supposant 

m,  =  an  -\- b ,  m.,  =  en  -+-  d , 

où  n  est  un  entier  très  grand,  a,  6,  c,  d  des  entiers  finis,  a  et  c  premiers 
entre  eux. 

»   Par  exemple,  pour  la  grande  inégalité  de  Pallas,  on  prendra 

a  =  2 ,  b  =  1 ,  c  =  —  1 ,  d  =  o .  rc  —  8, 

d'où 

m,  =  17  ,  m2  =  8. 

»   Posons  maintenant 

x  =  c        ,  y  =  e 

iJ^ï  r^— ï  „   -'.- 

e        =tc,         e         =razL, 

_d 

Soit  de  plus 

*(»)--sfc/F(.,o*. 

l'intégrale  étant  prise,  en  regardant  :  comme  une  constante,  le  long  du 
cercle  1 1 1  =  1 ,  il  viendra 

$(:)  =  VA,„|m,:."  (m,  --=  an  -+-  b,  m2  —  en  -+-  d). 

«  Nous  n'avons  donc  plus  à  étudier  qu'une  fonction  d'une  seule  variable 
à  laquelle  la  méthode  de  M.  Darboux  est  directement  applicable.   On  sait 


(   27 1    ) 

que  tout  dépend  de  la  valeur  et  de  la  nature  des  points  singuliers 
de  $0). 

»  Or,  pour  trouver  les  points  singuliers  de  ®(z),  il  suffit  d'exprimer 
que  z  a  une  valeur  telle  que  deux  des  points  singuliers  de  F(z,  l)  consi- 
dérée comme  fonction  de  t  viennent  à  se  confondre.  Toutes  les  valeurs 
de  z  ainsi  obtenues  ne  conviennent  pas  à  la  question  et  une  discussion  est 
nécessaire. 

»  On  trouve  ainsi  que  les  points  singuliers  de  <I>  (z)  sont  de  deux  sortes. 

»  Nous  avons  d'abord  les  quatre  points 

i  «         ' 

.t'  =  :  ou  -j         J'  =  t  ou-,  j 

en  appelant  sino  et  sin<p'  les  excentricités,  et  posant 

T  =  tang^>      T=tang^; 

:  étant,  d'autre  part,  défini  en  fonction  de  X  et  de  y  par  la  relation 

(i)  z  =  xae   2    U  'V*"1"'       ■ 

»  Nous  avons  en  second  lieu  les  points  définis  de  la  manière  suivante. 
Soit  A  le  carré  de  la  distance  des  deux  planètes  ;  nous  aurons  les  valeurs 
de  z  tirées  des  équations 

O)  A  =  SF=0' 

or  ces  équations  peuvent  être  remplacées  par  les  suivantes 

(3)  P  =  o,         Q  =  o, 

V  et  Q  étant  deux  polynômes  entiers  en  x  et  y,  le  premier  du  6e  ordre,  le 
second  du  7e  ;  quant  à  z,  il  est  toujours  défini  en  fonction  de  x  ely  par  la 
relation  (1). 

»  Si  l'on  élimine  y  entre  les  deux  équations  (3),  on  est  amené  à  une 
équation  algébrique  en  x  du  i\e  degré. 

»  Ce  degré  élevé  crée  une  première  difficulté.  Heureusement  on  pourra 
se  contenter  dans  le  calcul  des  racines  de  cette  équation  d'une  grossière 
approximation,  et  la  petitesse  des  excentricités  et  des  inclinaisons  facilitera 
ce  calcul. 

»  Si  l'on  regarde  les  excentricités  et  les  inclinaisons  comme  des  infini- 


(  272  ) 
ment  petits,  le  degré  s'abaisse  à  12;  il  est  donc  encore  très  élevé;  mais  il 
s'abaisse  beaucoup  si  l'inclinaison  est  nulle,  de  sorte  qu'on  peut  entrevoir 
qu'en  combinant  les  résultats  obtenus  par  cette  méthode  dans  le  cas  d'une 
inclinaison  nulle,  avec  les  considérations  développées  par  M.  Tisserand 
clans  le  Chapitre  XXVIII  du  Tome  1er  de  sa  Mécanique  céleste,  on  pourra 
arriver  à  un  procédé  réellement  pratique. 

»  Supposons  donc  l'inclinaison  nulle;  si  les  excentricités  sont  finies, 
l'équation  s'abaisse  au  quatrième  degré;  si  les  deux  excentricités  sont  très 
petites  et  de  même  ordre,  ou  même  si  l'une  d'elles  seulement  est  très 
petite,  elle  s'abaisse  au  troisième  degré:  si  enfin  les  deux  excentricités 
sont  très  petites  d'une  manière  absolue  et  l'une  très  petite  par  rapport  à 
l'autre,  elle  s'abaisse  au  deuxième  degré. 

»  Une  seconde  difficulté  provient  de  la  nécessité  d'une  discussion  pour 
reconnaître  quel  est  de  ces  vingt-huit  points  singuliers  celui  qui  répond  à 
la  question.  J'ai  fait  cette  discussion  dans  quelques  cas  particuliers  s'écar- 
tant  peu  de  ceux  qui  peuvent  être  réalisés  en  Astronomie  et  j'ai  trouvé  que 
c'était  un  des  vingt-quatre  points  définis  par  les  équations  (3)  qu'il  fallait 
prendre. 

»  Soit  donc  z0  le  point  singulier  qui  convient  à  la  question;  et  soient 
'ai  #"o>  J'o  'es  valeurs  correspondantes  de  t,  de  x  et  de  y.  Si  ce  point  s0  est 
un  de  ceux  qui  satisfont  aux  équations  (2)  et  (3),  la  valeur  approchée  de 


A„„m,  sera 


r^A 


( f\  '  .ad-bc-:  _ 

W  4 nir.z'i    "  "0     Ut'-  ' 

à  la  condition,  bien  entendu,  que  dans  -j-^  on  remplace  z  et  t  par  ^0  et  t0  : 
ou  bien  encore  x  et  ypar  x0  ety0  si  l'on  préfère  exprimer  -j^_  en  fonction 
de  ces  deux  variables  (  cela  est  d'ailleurs  de  beaucoup  préférable,  car  -rp? 

est  une  fonction  rationnelle  de  x  et  de  v  ) . 

»  On  trouverait  une  expression  analogue  dans  le  cas  où  le  point  singu- 
lier convenable  serait  un  des  quatre  points  de  la  première  sorte. 

»  La  même  méthode  fournirait  sans  peine^  des  expressions  plus  appro- 
prochées  que  l'expression  (4),  où  l'erreur  est  de  l'ordre  de 


»**s 


(  v:'>  ) 

»  Il  y  a  beaucoup  à  faire  pour  faciliter  et  rendre  réellement  pratique  la 
résolution  de  l'équation  algébrique  à  laquelle  on  est  conduit  et  la  discus- 
sion qui  doit  suivre.  Je  n'ai  fait,  dans  le  Mémoire  qui  sera  bientôt  publié, 
que  poser  les  principes  sur  lesquels  cette  discussion  doit  reposer  et  je  ne 
les  ai  appliqués  que  dans  quelques  cas  particuliers;  mais  il  me  semble  que 
l'importance  du  sujet  devrait  tenter  les  chercheurs  et  les  engager  à  com- 
pléter les  résultats  que  j'ai  obtenus.  Et  en  effet  je  n'ai  abordé  ce  travail 
que  dans  un  but  très  spécial  et  je  me  suis  arrêté  dès  qu'il  a  été  atteint. 

»  Dans  le  cours  de  ces  recherches  j'ai  été  conduit  à  la  remarque  sui- 
vante : 

»  Soient  r  et  r'  les  deux  rayons  vecteurs,  H  l'angle  qu'ils  tout  entre  eux  ; 
la  fonction  perturbatrice  de  la  première  planète  sera 


/•  co^n 


v/S   ' 

r' 

—  + 

/•' 

co< 
r- 

II 

1) 

/'  cos 

H 

— 

/•' 

COS 

II 

—           ,.'2 

/■2 

r'i 

-os  H 

— —  ne 

Cl 

mt 

KM 

inf 

'Ml 

et  celle  de  la  seconde 
»   La  différence  sera 


»  On  sait  que  '  °°,l  et  -  ^-^  ne  contiennent  pas  de  tenues  séculaires 
proprement  dits  et  qu'on  peut  écrire,  par  exemple, 

r  cos! I         ■*-!    .  cos  /        ,  „ . 

r,î  ^  "m,m.  gIn   V        I  i       I- 

/■'ciis  II  v^  n  COS  ,  i     ,  ,,<. 

A„,„,s  et  B^^  sont  nuls  pour  m,  =  /na  =  o;  mais  si  les  moyens  mouvements 
sont  commensurables,  si  par  exemple 

(5)  mKn  -t-/J227i'=  o, 

l'expression  jnJ^-m.J'  devient  indépendante  du  temps  et  le  terme  cor- 
respondant devient  accidentellement  séculaire. 

»  J'ai  remarqué  que  si  l'on  donne  aux  grands  axes  des  valeurs  telles 
que  la  relation  (5)  ait  lieu,  AmiBIs  devient  égal  à  B„,œi,  de  sorte  que  la  diffé- 
rence D,  qui  ne  contient  déjà  pas  de  termes  séculaires  proprement  dits,  ne 
peut  pas  contenir  non  plus  de  termes  accidentellement  séculaires. 

»   La  vérification  est  très  facile.  » 

G.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX1I.  N°  5.)  ^V> 


(  274  ) 

PHOTOGRAPHIE.  —  La  photographie  des  couleurs.  Note  de  M.  G.  Lippmann. 

«  Je  me  suis  proposé  d'obtenir  sur  une  plaque  photographique  l'image 
du  spectre  avec  ses  couleurs,  de  telle  façon  que  cette  image  demeurât 
désormais  fixée  et  pût  rester  exposée  indéfiniment  au  grand  jour  sans 
s'altérer. 

»  J'ai  pu  résoudre  ce  problème  en  opérant  avec  les  substances  sen- 
sibles, les  développateurs  et  les  fixatifs  courants  en  Photographie,  et  en 
modifiant  simplement  les  conditions  physiques  de  l'expérience.  Les  con- 
ditions essentielles  pour  obtenir  les  couleurs  en  Photographie  sont  au 
nombre  de  deux  :  i°  continuité  de  la  couche  sensible;  20  présence  d'une 
surface   réfléchissante  adossée  à  cette  couche. 

»  J'entends  par  continuité  l'absence  de  grains  :  il  faut  quel'iodure,  le  bro- 
mure d'argent,  etc.,  soient  disséminés  à  l'intérieur  d'une  lame  d'albumine, 
de  gélatine  ou  d'une  autre  matière  transparente  et  inerte,  d'une  manière 
uniforme  et  sans  former  de  grains  qui  soient  visibles  même  au  microscope; 
s'il  y  a  des  grains,  il  faut  qu'ils  soient  de  dimensions  négligeables  par 
rapport  à  la  longueur  d'onde  lumineuse. 

»  L'emploi  des  grossières  émulsions  usitées  aujourd'hui  se  trouve  par 
là  exclu.  Une  couche  continue  est  transparente,  sauf  ordinairement  une 
légère  opalescence  bleue.  J'ai  employé  comme  support  l'albumine,  le  col- 
lodion  et  la  gélatine;  comme  matières  sensibles,  l'iodure  et  le  bromure 
d'argent;  toutes  ces  combinaisons  donnent  de  bons  résultats. 

»  La  plaque,  sèche,  est  portée  par  un  châssis  creux  où  l'on  verse  du  mer- 
cure; ce  mercure  forme  une  lame  réfléchissante  en  contact  avec  la  couche 
sensible.  L'exposition,  le  développement,  le  fixage  se  font  comme  si  l'on 
voulait  obtenir  un  négatif  noir  du  spectre;  mais  le  résultat  est  différent: 
lorsque  le  cliché  est  terminé  et  séché,  les  couleurs  apparaissent. 

»  Le  cliché  obtenu  est  négatif  par  transparence,  c'est-à-dire  que  chaque 
couleur  est  représentée  par  sa  complémentaire.  Par  réflexion,  il  est  po- 
sitif, et  on  voit  la  couleur  elle-même,  qui  peut  s'obtenir  très  brillante.  Pour 
obtenir  ainsi  un  positif,  il  faut  révéler  ou  parfois  renforcer  l'image  de  façon 
que  le  dépôt  photographique  ait  une  couleur  claire,  ce  qui  s'obtient, 
comme  l'on  sait,  par  l'emploi  de  liqueurs  acides. 

»  On  fixe  à  l'hyposulfite  de  soude  suivi  de  lavages  soignés;  j'ai  vérifié 
qu'ensuite  les  couleurs  résistaient  à  la  lumière  électrique  la  plus  intense. 


(  275  ) 

»  La  théorie  de  l'expérience  est  très  simple.  La  lumière  incidente,  qui 
forme  l'image  dans  la  chambre  noire,  interfère  avec  la  lumière  réfléchie 
par  le  mercure.  Il  se  forme,  par  suite,  dans  l'intérieur  de  la  couche  sen- 
sible, un  système  de  franges,  c'est-à-dire  de  maxima  lumineux  et  de  minima 
obscurs.  Les  maxima  seuls  impressionnent  la  plaque;  à  la  suite  des  opéra- 
tions photographiques,  ces  maxima  demeurent  marqués  par  des  dépôts 
d'argent  plus  ou  moins  réfléchissants,  qui  occupent  leur  place.  La  cou- 
che sensible  se  trouve  partagée  par  ces  dépôts  en  une  série  de  lames 
minces  qui  ont  pour  épaisseur  l'intervalle  qui  séparait  deux  maxima,  c'est- 
à-dire  une  demi-longueur  d'onde  delà  lumière  incidente.  Ces  lames  minces 
ont  donc  précisément  l'épaisseur  nécessaire  pour  reproduire  par  réflexion 
la  couleur  incidente. 

»  Les  couleurs  visibles  sur  le  cliché  sont  ainsi  de  même  nature  que 
celles  des  bulles  de  savon.  Elles  sont  seulement  plus  pures  et  plus  bril- 
lantes, du  moins  quand  les  opérations  photographiques  ont  donné  un  dé- 
pôt bien  réfléchissant.  Cela  tient  à  ce  qu'il  se  forme  dans  l'épaisseur  de  la 
couche  sensible  un  très  grand  nombre  de  lames  minces  superposées  :  en- 
viron 200,  si  la  couche  a,  par  exemple,  ~  de  millimètre.  Pour  les  mêmes 
raisons,  la  couleur  réfléchie  est  d'autant  plus  pure  que  le  nombre  des 
couches  réfléchissantes  augmente.  Ces  couches  forment,  en  effet,  une  sorte 
de  réseau  en  profondeur,  et,  pour  la  même  raison  que  dans  la  théorie  des 
réseaux  par  réflexion,  la  pureté  des  couleurs  va  en  croissant  avec  le  nombre 
des  miroirs  élémentaires.    » 

PHOTOGRAPHIE.  —  Observations  de  M.  Edm.  Becquerel  sur  la  Communication 
de  M.  Lippmann  au  sujet  de  la  reproduction  photographique  des  couleurs. 

«  Je  désire  faire  remarquer  toute  la  différence  qui  existe  entre  le  procédé 
entièrement  physique  que  vient  d'exposer  M.  Lippmann  pour  reproduire 
photographiquement  les  couleurs  de  la  lumière,  et  le  procédé  photochi- 
mique que  j'ai  découvert  en  1848  pour  obtenir  les  images  colorées  du 
spectre  lumineux  ainsi  que  les  images  des  objets  avec  leurs  couleurs  pro- 
pres; c'est  à  l'aide  d'une  même  substance  chimique,  le  sous-chlorure  d'ar- 
gent, formé  à  la  surface  de  lames  d'argent,  et  dont  j'ai  indiqué  la  prépara- 
tion et  les  modifications  si  curieuses  sous  diverses  influences  et  notamment 
sous  l'action  de  la  chaleur,  que  j'ai  pu  atteindre  ce  but  ('  ). 


')  Comptes  rendus,  t.  XXVI,  p.  181,  et  t.  XXVII,  p.  483;  1848.  —  Ibid.,  Rapport 


(  27G  ) 

»  On  peut  du  reste,  lors  de  la  préparation  de  la  substance  sensible,  dé- 
terminer avec  exactitude,  comme  je  l'ai  fait  voir,  l'épaisseur  de  la  couche 
nécessaire  à  la  production  de  ces  effets  dans  les  meilleures  conditions 
possibles;  cette  épaisseur  peut  varier  entre  ^^  et  ■—  de  millimètre. 

»  Ces  images  sont  absolument  inaltérables  dans  l'obscurité  et  je  possède 
encore  les  reproductions  du  spectre  solaire  faites  il  y  a  plus  de  quarante 
ans,  ainsi  que  celles  des  images  colorées  par  la  lumière  qui  ont  servi  de 
bases  à  Regnault  pour  la  rédaction  du  Rapport  qu'il  a  présenté  à  l'Acadé- 
mie en  1849;  elles  ne  s'altèrent  que  lors  de  l'action  ultérieure  de  la  lu- 
mière, parce  que  la  substance  sensible  sur  laquelle  elles  sont  obtenues  n'est 
pas  complètement  transformée  et  peut  subir  encore  l'influence  des  diffé- 
rents ravons  colorés.  C'est  le  même  composé  dont  plus  tard,  en  i865, 
M.  Poitevin  a  fait  usage  pour  obtenir,  sur  papier,  les  images  colorées  que 
je  proidusais  surplaques  métalliques. 

»  Lorsqu'on  soumet  les  images  photographiques  ainsi  colorées  à  l'action 
réductrice  d'un  des  dissolvants  du  chlorure  d'argent,  tels  que  l'ammo- 
niaque ou  l'hyposulfite  de  soude,  les  nuances  colorées  disparaissent  et,  là 
où  les  rayons  lumineux  ont  exercé  leur  action,  il  reste  à  la  surface  des 
lames  d'argent  une  légère  trace  formée  par  une  lame  mince  d'argent  mé- 
tallique, qui,  lorsqu'elle  est  encore  humide,  manifeste  de  faibles  teintes, 
complémentaires  de  celles  qui  existaient  auparavant  aux  mêmes  places. 
Ces  effets,  dont  il  est  difficile  de  se  rendre  compte  a  priori,  montrent  que 
peut-être  les  épaisseurs  des  couches  déposées  jouent  un  rôle  dans  la  pro- 
duction des  phénomènes  de  coloration  (  '  ). 

»  Cette  matière  jouit  de  la  curieuse  propriété,  quand  elle  est  préparée 
convenablement,  non  seulement  d'être  sensible  à  l'action  des  divers  rayons 
colorés,  depuis  le  rouge  jusqu'au  violet,  en  reproduisant  leurs  teintes 
propres,  mais  encore  de  recevoir  une  impression  qui  semble  sensiblement 
proportionnelle  à  l'intensité  des  impressions  lumineuses  correspondantes 
sur  la  rétine. 

»  Je  rappellerai  encore  que  cette  substance  photochromatiquement  im- 
pressionnable donne  lieu,  au  moment  de  la  réaction  chimique  qui  la 
transforme,  à  un  courant  électrochimique  dont  l'intensité  et  la  force  élec- 


de  Regnault,  t.  XXVIII,  p.  200;  1849-  —  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  sé- 
rie, t.  XXII,  p.  45i;  i848.  —  lbid.,  t.  XXV,  p.  447.  —  Ibid.,  t.  XLII,  p.  81.  —  Edm. 
Becquerel,  La  lumière,  ses  causes  et  ses  effets,  t.  II,  p.  209. 
(')   La  lumière,  ses  causes  et  ses  effets,  t.  Il,  p.  232. 


(  277  ^ 
tromotrice  peuvent  être  mesurées  avec  l'actinomètre  électrochimique  que 
j'ai  fait  connaître  (');  ce  courant  peut  être  utilisé  pour  comparer  très 
exactement  les  intensités  des  différents  rayons  colorés  actifs,  par  exemple 
des  rayons  rouges  et  des  rayons  bleus,  alors  que  les  méthodes  optiques 
basées  sur  les  impressions  exercées  par  les  mêmes  rayons  lumineux  sur  la 
rétine  ne  permettent  de  le  faire  qu'avec  fort  peu  d'exactitude.  » 


MEMOIRES  LUS. 

GÉODÉSIE.    -  Sur  une  Table  de  logarithmes  centésimaux  à  8  décimales. 
Note  de  M.  le  général  Dekrëcagaix. 

«  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie,  au  nom  du  Ministrede  la  Guerre, 
un  Recueil  de  Tables  de  logarithmes  à  8  décimales,  que  le  Service  géogra- 
phique vient  d'éditer. 

»  Ce  Recueil,  destiné  à  remplacer  les  Tables  de  Borda,  aujourd'hui 
épuisées,  contient  les  logarithmes  des  fonctions  circulaires  dans  le  sys- 
tème de  la  division  centésimale  du  quadrant,  et  ceux  des  nombres  entiers 
de  i  à  120000. 

y>  La  publication  de  cet  Ouvrage  a  pour  objet  de  consacrer  le  maintien 
au  Service  géographique  des  méthodes  d'observation  et  de  calcul  basées 
sur  la  graduation  décimale  du  cercle.  L'échelle  décimale,  introduite  pour 
la  première  fois  par  Borda  dans  les  instruments,  employée  par  Delambre 
et  Méchain  dans  les  opérations  de  la  méridienne  de  France,  hautement 
recommandée  par  Laplace,  puis  par  Le  Verrier,  est  appliquée,  depuis  près 
d'un  siècle,  par  les  géodésiens  français.  Une  aussi  longue  expérience  a 
établi  définitivement  sa  supériorité  sur  la  division  sexagésimale,  aussi 
bien  dans  les  instruments  que  dans  la  pratique  des  calculs. 

»  Les  nouvelles  Tables  à  8  décimales  sont  un  extrait  vérifié  des  Tables 
manuscrites  du  cadastre  à  i4  décimales,  que  Prony  fit  établir  à  la  fin  du 
siècle  dernier  et  dont  il  devait  faire  le  monument  de  calcul  le  plus  vaste  et  le 
plus  imposant  qui  eût  jamais  été  exécuté  ou  même  conçu.  Malheureusement, 
l'impression  de  ce  précieux  Recueil,  interrompue  au  moment  de  la  dé- 
préciation du  papier-monnaie,  n'a  jamais  été  reprise.  Il  n'en  existe  aujour- 

(')  La  lumière,  ses  causes  et  ses  effets,  t.  11,  p.  i3i. 


(  ^7«  ) 

d'hui  que  deux  exemplaires,  l'un  à  la  bibliothèque  de  l'Institut,  l'autre  à 
l'Observatoire  de  Paris.  C'est  à  ce  dernier  que  l'extrait  a  été  emprunté. 

»  Pour  organiser  le  volume  des  nouvelles  Tables,  il  fallait,  avant  tout, 
en  établir  la  disposition.  Celle  qui  a  été  adoptée  a  paru  la  plus  rationnelle 
pour  faciliter  la  recherche  des  logarithmes,  malgré  la  dimension  du 
format. 

»  Il  fallait  ensuite  éviter  les  erreurs.  Dans  ce  but  et  malgré  la  haute 
autorité  du  manuscrit  de  Prony,  on  a  cru  devoir  soumettre  tous  ses 
nombres  à  un  contrôle  rigoureux,  qui  a  été  complété  lui-même  par  deux 
vérifications  successives.  Ces  différents  travaux  ont  permis  de  relever, 
dans  l'exemplaire  de  l'Observatoire,  un  petit  nombre  de  fautes,  qui  suffi- 
saient à  justifier  cette  revision. 

»  Enfin,  le  Service  géographique  s'est  efforcé  de  ne  rien  négliger  pour 
assurer  à  cette  œuvre  les  garanties  d'une  exactitude  absolue.  Commencée 
par  le  général  Perrier,  elle  a  été  poursuivie  et  achevée,  sous  ma  direction, 
par  le  lieutenant-colonel  Bassot,  chef  de  la  Section  de  Géodésie. 

»  Cette  publication  pourra  favoriser  et  développer  l'emploi  de  l'échelle 
décimale  dans  les  instruments  et  les  calculs  de  l'Astronomie.  Si  elle  atteint 
ce  but,  elle  aura  encore  réalisé  pour  la  Science  un  nouveau  progrès.  » 

M.  le  général  Derrécagaix  offre,  en  outre,  à  l'Académie,  au  nom  du  Mi- 
nistre de  la  Guerre,  les  Cartes  suivantes,  qui  ont  été  exécutées  dans  les 
ateliers  du  Service  géographique,  savoir  : 

i°  France  au  yôoôôô-  ~~  Feuilles  de  Lyon,  Le  Puy,  Avignon,  Longwy,  Nice,  An- 
tibes,  Tignes,  Grand-Saint-Bernard,  Gap,  Digne,  Rouen,  Marseille,  Boulogne, 
Bayonne. 

2°  Algérie  au  i0l0o-.  —  Feuilles  de  Saint-Cbarles-El-Aria,  Perregaux.,  Constantine, 
Les  Andalouses,  cap  Cigli,  El-Esman,  cap  Magrona,  Tizi-Ouzou,  Relizane,  Bouïra, 
Dra-el-Mizan,  Bosquet,  Taznialt,  Beni-Saf,  Inkerraann,  Fort  National,  Sidi-bel-Acel. 

3°  Sud  oranais  au  yjoVoô-  —   *•*  feuilles. 

4°  Afrique  au  201)'OOI).  —  Feuilles  de  Laghouat-El-Facber,  Kouka,  El-Obeïd- 
Aguadez,  Tripoli. 

5°  Tunisie  au  jôôWô*  —  2  feuilles. 


(  279  ) 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  F.  Ivisox  O'Neale  adresse  une  Note  relative  à  un  procédé  pour 
déterminer  la  présence  du  bisulfate  de  potasse  ou  de  l'acide  sulfuricpie  libre 
dans  les  vins. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  H.  Férox  adresse  une  Note  relative  à  un  procédé  pour  empêcher  les 

explosions  de  grisou. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  l'Album  de  Statistique  graphique  publié  par  le  Ministère 
des  Travaux  publics,  d'après  les  soins  personnels  de  M.  Cheysson  (présenté 
par  M.  Haton  de  la  Goupillière). 

M.  Faye  présente  à  l'Académie  les  deux  Volumes  de  la  «  Connaissance 
des  Temps  »  que  le  Bureau  des  Longitudes  vient  de  publier  coup  sur  coup, 
afin  de  prendre  une  avance  jugée  utile  pour  les  marins  et  les  voyageurs,  et 
«  l'Annuaire  pour  1 89 1  »  dont  des  exemplaires  avaient  été  distribués  aux 
Membres  de  l'Académie  dès  son  apparition,  c'est-à-dire  vers  la  fin  de  dé- 
cembre. Il  fait  remarquer  la  rapidité  avec  laquelle  l'Annuaire  s'enrichit 
d'année  en  année,  cette  dernière  année  surtout,  en  documents  utiles  au 
grand  public  scientifique. 

Il  signale  particulièrement  un  Tableau  des  orbites  des  étoiles  doubles, 
un  autre  Tableau  de  M.  Bossert  pour  les  mouvements  propres  des  étoiles, 
un  exposé  de  M.  Cornu  sur  les  spectres  des  étoiles,  une  Note  de  notre 
Confrère  M.  Sarrau  sur  les  propriétés  des  corps  au  voisinage  du  point 
critique,  un  travail  de  M.  Cornu  relatif  aux  vibrations  des  sons  de  l'échelle 
musicale,  les  résultats  que  M.  Teisserenc  a  rapportés  de  sa  récente  expé- 
dition magnétique  en  Algérie,  et  un  nouveau  travail  de  M.  Moureaux  sur 
l'anomalie  curieuse  dans  les  courbes  magnétiques  du  nord  de  la  France. 


(  28o   ) 

Notons  que  le  beau  travail  de  MM.  Lœwv  et  Schulhof  sur  les  comètes 
du  xixe  siècle  se  termine  dans  ce  Volume.  Toutes  les  parties  en  seront 
réunies  dans  un  Mémoire  d'ensemble  destiné  aux  Annales  du  Bureau. 

Nous  espérons  enfin  cpie  l'attention  de  l'Académie  se  dirigera  sur  les 
Notices  qui,  selon  l'usage,  terminent  ce  Volume,  à  savoir  l'historique  de 
l'ascension  du  mont  Blanc  exécutée,  dans  des  conditions  si  originales,  par 
notre  Confrère  M.  Janssen  qui  a  voulu  poursuivre,  jusque  sur  ces  hauteurs, 
la  solution  d'un  problème  délicat  de  Physique  astronomique;  un  véritable 
Mémoire  où  M.  Tisserand  nous  montre  l'intérêt  scientifique  qui  s'attache 
à  la  découverte  des  petites  planètes  de  la  région  comprise  entre  Mars  et 
Jupiter,  et  une  Notice  sur  le  récent  Congrès  géodésique  de  Fribourg.  Dans 
cette  Notice,  M.  Tisserand  a  fait,  ressortir,  avec  la  clarté  qui  lui  est  propre, 
le  rôle  de  plus  en  plus  important  que  la  Science  française  joue  dans  les 
entreprises  internationales.  Il  a  rendu  pleine  justice  aux  travaux  des  diffé- 
rents corps  qui  sont  représentés  dans  ces  réunions. Telles  sont  les  Commu- 
nications de  M.  Bouquet  de  la  Grye,  sur  le  choix  d'un  zéro  fondamental 
pour  les  nivellements  ;  celles  du  lieutenant-colonel  Bassot,  qui  a  pu  annoncer 
aux  savants  étrangers  l'heureuse  terminaison  des  opérations  entreprises 
par  le  Service  géodésique  de  l'armée  pour  la  mesure  de  la  nouvelle  méri- 
dienne de  France;  celle  de  M.  le  commandant  Defforges,  sur  ses  belles 
études  du  pendule;  celle  de  M.  Lallemand,  au  nom  de  la  Commission  du 
nivellement  général  de  la  France  qui  poursuit  sans  bruit,  mais  avec  une 
supériorité  reconnue  partout  aujourd'hui,  une  œuvre  qui  fait  le  plus  grand 
honneur  à  notre  pays.  Enfin  M.  Tisserand  a  eu  là  une  belle  occasion  de 
présenter  à  l'Association  géodésique  internationale  le  deuxième  Volume 
de  son  Traité  de  Mécanique  céleste,  et  de  recevoir  les  éloges  et  les  expres- 
sions de  gratitude  de  tous  les  Membres  pour  une  entreprise  dont  l'utilité 
pouvait  être  si  bien  appréciée  dans  cette  réunion. 

L'Annuaire  de  cette  année  se  termine  par  une  revendication  dont 
M.  Cornu  s'est  fait  l'organe,  au  sujet  d'une  méthode  d'observation  toute 
nouvelle  qui  a  pour  l'Astronomie  une  portée  considérable.  Le  principe  de 
cette  méthode  est  dû  à  notre  illustre  Confrère,  M.  Fizeau.  Les  astronomes, 
quand  ils  portent  leurs  efforts  sur  les  grands  problèmes  de  l'univers  stel- 
laire,  sont  arrêtés  par  une  difficulté  singulière.  Des  trois  coordonnées 
suivant  lesquelles  il  faudrait  estimer  la  vitesse  d'un  quelconque  de  ces 
astres,  deux  seulement  leur  étaient  accessibles;  la  troisième,  celle  qui 
donnerait  la  vitesse  dans  le  sens  du  rayon  visuel,  leur  échappait  complète- 
ment. M.  Fizeau  a  montré  que  cette  indispensable  composante  de  la  vi- 


(  a8i  ) 
tesse  peut  s'obtenir  avec  précision,  parla  simple  mais  délicate  observation 
du  déplacement  des  raies  du  spectre  qui  résulte  de  cette  vitesse  même  de 
l'objet  lumineux.  Il  a  ainsi  élargi  le  domaine  de  la  Science  et  ouvert  aux 
astronomes  un  champ  nouveau  d'exploration  qui  leur  semblait  à  jamais 
refusé.  Chose  singulière,  à  l'étranger,  quand  on  parle  de  cette  grande  dé- 
couverte, déjà  si  féconde  en  brillants  résultats,  on  cite  le  nom  d'un  physi- 
cien, M.  Doppler,  et  non  celui  de  M.  Fizeau.  M.  Cornu  explique  cette 
méprise  déplorable  et  rend  à  notre  Confrère  l'honneur  qui  lui  est  dû 
d'avoir  créé  de  toutes  pièces  toute  une  branche  inattendue  de  la  Science 
moderne. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  distribution  en  latitude  des  phénomènes  so- 
laires observés  ù  V Observatoire  royal  du.  Collège  romain,  pendant  le  second 
semestre  1890.  Note  de  M.  P.  Tacchixi. 

«   Voici  les  résultats  qui  se  rapportent  à  chaque  zone  de  io°,  dans  les 
deux  hémisphères  du  Soleil  : 


1890. 


Truisirinr    InilK-StlV. 


Quatrième  trimestre. 


90  -f-80 0,010 

80-4-70 o,oo5 


7°- 

60  • 

5o 

4o 

3o- 

20 

10 


60. 
5o. 
■  40. 
3o. 
20. 
10. 
o. 


o  —  10.  . 

IO  —  20.  . 

20  —  3o. . 
3o  —  4o. . 
4o  —  5o. . 
5o  —  60 . . 
60  —  70 .  , 
70  —  80. . 
80  —  90 . . 

C.  R.,  1891, 


0,024 


0 

123 

0 

IOÔ 

0 

o42 

0 

OIO 

0 

019 

0 

024 

0 

o33 

0 

o57 

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o ,  GG 1 


"■"17 
0,137 
0,078 
0,062 
0,059 
0,023 

o,o3i 
o,o55 
0,129 
o,  i48 
0,188 
o,o43 
» 


o ,  4o6 


,,..,,,  , 


Semestre.  (T.  CXII,  N°  5.) 


(    282     ) 

Facules. 

1S90.  Troisième  trimestre.  Quatrième  trimestre. 

o     o 

5o  +  4o »     \  >' 

4o -t- 3o 0,017  !  0,067 

3o  -+-  20 0,1 55  >  o,4i4  0,267  S     0,600 

20  4- 10 0,207  I  0,244 

10  .  o o,o35  /  0,022 

o — 10 0,086  \  o,o44  \ 

10  —  20 0,121  I  0,020 

20 — 3o o,i23  l  o,586  0,200    o,4°o 

3o  —  4o o ,  086  |  o ,  o44 

4o  —  5o »  0,022 

Taches. 

1S90.  Troisième  trimestre.  Quatrième  trimestre. 

0  o 

3o+20 0,292      \  0,25o      j 

20+10 0,166    I    0,458  0,376  0,626 

I O     .       O »  )  )>  ) 

o —  10 0,042     ]  0,062      J 

IO  —  20 0.o83       I  -,  0,062       f  .,     . 

„  '     „    }    0,542  r      j    0,374 

20  —  3o 0,075     l  o,25o     I 

3o — 4o 0,042     ]  » 

Éruptions. 

1890.  Troisième  trimestre.  Quatrième  trimestre, 

o  o 

3o  -+-  20 0,333      \  »  \ 

20+10 o,333      '■      0,666  »  » 

IO.O »  )  »  ) 

°-10 »  )  »  i 

10  —  20 0,333  o,333  »  '       » 

20  —  3o »  )  »  J 

»  Ces  résultats,  avec  ceux  qui  ont  été  déjà  communiqués  à  l'Académie, 
démontrent  le  fait  singulier  que,  pendant  Tannée  1890  comme  pendant 
l'année  1889,  les  protubérances  ont  été  toujours  plus  fréquentes  dans 
l'hémisphère  austral  du  Soleil,  avec  le  maximum  de  fréquence  toujours 


(  a83  ) 

dans  la  zone  ( —  4°°  —  5o°).  Quant  aux  facules,  aux  taches  et  aux:  éruptions, 
on  en  a  trouvé  un  plus  grand  nombre  dans  l'hémisphère  boréal.  Les  pro- 
tubérances se  sont  présentées  presque  dans  toutes  les  zones  et  même  près 
des  pôles  solaires,  tandis  que  les  facules  se  rencontrent  plus  près  de 
l'équateur,  et  les  taches  et  les  éruptions  à  des  latitudes  plus  basses 
encore.    » 


GÉOMÉTRIE  CINÉMATIQUE.  —  Remarques  sur  le  déplacement  d'une  figure  de 
forme  invariable  dont  tous  les  plans  passent  par  des  points  fixes.  Note  de 
M.  A.  Manxueim. 

«  La  Communication  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  à  l'Académie  dans 
la  séance  du  10  février  1890  se  terminait  par  cet  énoncé  : 

»  Si  une  figure  de  forme  invariable  se  déplace  de  façon  que  tous  ses  plans 
passent  par  des  points  Jixes,  ces  plans  enveloppent  des  cônes  de  révolution  dont 
les  axes  sont  parallèles. 

»  J'ai  donné  la  démonstration  de  cette  propriété  dans  un  Mémoire  qui 
vient  de  paraître  (  '  ). 

a  J'ai  montré  aussi  dans  le  même  travail,  comme  conséquence  de  cette 
propriété,  diverses  manières  de  déplacer  une  figure  de  grandeur  inva- 
riable pour  que  tous  les  plans  entraînés  avec  cette  figure  passent  par  des 
points  fixes. 

»  L'un  de  ces  résultats  peut  être  présenté  sous  une  forme  nouvelle  que 
je  viens,  à  cause  de  son  extrême  simplicité,  faire  connaître  aujourd'hui  : 

»  Soient  (A),  (A'),  (B),  (B'),  (C)  cinq  faces  d'un  parallélépipède.  On 
prend  respectivement  sur  chacune  de  ces  faces  les  points  a,  a',  b,  b',  c  choisis 
de  façon  que  les  droites  aa',  bb'  qui  joignent  les  points  situés  sur  deux  faces 
opposées  soient  parallèles.  Le  parallélépipède  restant  de  grandeur  invariable, 
si  on  le  déplace  de  façon  que  ses  faces  passent  toujours  par  les  points  qu'elles 
contiennent  et  qui  sont  supposés  fixes,  tout  plan  entraîné  avec  le  parallélépi- 
pède passe  aussi  par  un  point  fixe. 

»  Si,  au  lieu  d'un  plan,  on  entraîne  un  faisceau  de  plans,  j'ai  fait  voir 
que  :  Les  axes  des  cônes  enveloppes  de  ces  plans  sont  les  génératrices  d'un  cy- 
lindre de  révolution  (  -  ) . 


(')  Journal  de  l'École  Polytechnique,  LXC  Cahier;  1891. 
(2)  Loc.  cit. 


(  284  ) 

»  Je  viens  maintenant  donner  un  complément  à  cette  intéressante  pro- 
priété en  disant  que  : 

»   Les  sommets  de  ces  cônes  sont  sur  une  cubique  gauche. 

»  L'étude  du  déplacement  d'une  figure,  dont  tous  les  plans  passent  par 
des  points  fixes,  comporte  deux  ordres  de  recherches.  Il  fallait  montrer 
qu'un  tel  déplacement,  qui  au  premier  abord  paraît  impossible,  peut  s'ob- 
tenir et  comment  on  l'obtient. 

»  C'est  ce  que  j'ai  fait  dans  mon  Mémoire  déjà  cité;  ensuite  il  y  avait  à 
trouver  des  propriétés  qui  se  rapportent  aux  lignes  ou  surfaces  décrites 
pendant  ce  déplacement. 

»  J'ai  fait  connaître  quelques-unes  de  ces  propriétés,  mais  il  en  reste 
beaucoup  d'autres  à  découvrir  et  j'espère  qu'elles  donneront  lieu  à  de  nou- 
velles recherches.    » 


PHYSIQUE.  —  Note  complémentaire  sur  l'équation  caractéristique  des  gaz 
et  des  vapeurs;  par  M.  Ch.  Axtoixe. 

«  Dans  une  Note  présentée  à  l'Académie,  le  i!\  mars  1890,  j'ai  cherché 
à  établir  que  l'équation  caractéristique  des  gaz  et  des  vapeurs  est  donnée 
par  l'ensemble  des  deux  relations 

pv  =  D($  +  i)t 
{4  =  A  -  By£. 

Le  coefficient  D  reste  sensiblement  constant  lorsque  la  pression  p  n'est 
pas  très  considérable.  Il  augmente  avec  les  grandes  pressions. 

»  Les  expériences  successives  de  M.  Amagat  apportent  des  modifica- 
tions de  détail  à  la  relation  qui  donne  ce  coefficient,  mais  le  principe  reste 
le  même. 

»  Pour  les  expériences  qui  ont  été  présentées  à  l'Académie  le  8  dé- 
cembre 1890,  on  aurait  : 

p.  D. 

Hydrogène 273,0  4  1,  16  -+-  (0,0280    —  o,oooo5<)/J''0 

Air 273,6  —  dp  2,56  -+-  (0,00182  —  o,ooooo3  £)/?'•' 

Azote 273,6  — y//?  2,73  -+-  (0,00196  —  o,ooooo3é)/>1'1 


(  285  ) 

sous  la  réserve  que  les  coefficients  D  ne  descendront  pas  au-dessous  des 
valeurs  ci-après  : 

Hydrogène D  =  4i ,  19 

Air D=    2,837 

Azote D=    2,922 

»  M.  Amagat  a  donné  les  rapports  -  des  volumes  v  à  la  température  t 

et  sous  la  pression  p,  aux  volumes  eu  à  la  température  t  =  o  et  sous  la  pres- 
sion normale/?  =  1. 

»   On  a 

v_  __  pv  __  D(|3-h  t) 

oj  pu)  pu 

»  D'après  les  densités  qui  sont  admises  pour  l'hydrogène,  l'air  et  l'azote, 
les  volumes  o>  sont  : 

m 
Hydrogène 011=1219,0 

Air oj  —    773 , 4 

Azote u)  =   790 , 6 

»  Avec  les  .valeurs  de  D,  (3,  w,  on  trouve,  pour  les  rapports  -,  les  résul- 
tats ci-après  : 

Hydrogène. 


Tensions 

"  .. 

v 

en 

atmosphères. 

P. 

-  d' 

(0 

apn 

;s  M.  Amag 

at. 

-  d 

10 

api 

es  la  formu 

le 

t  =   0. 

t 

=  99,3- 

t  ■ 

=  2oo,5. 

t   =0. 

1 

'  =  100. 

t  =  300. 

100 

0,010690 

» 

» 

0,010680 

0. 

,014424 

0,0l8077 

200 

o,oo56go 

O, 

007567 

0 

,009420 

o,oo568o 

0 

,007594 

0,0094l7 

3oo 

p  i.'in 

5286 

652o 

4oi3 

53i7 

652g 

4oo 

3207 

4.47 

507a 

3i8o 

4i79 

5o87 

5oo 

2713 

3462 

4210 

2680 

3496 

421 1 

600 

2387 

3oo6 

3627 

2347 

3o4o 

3644 

700 

2149 

2680 

3212 

2109 

2715 

3226 

800 

1972 

2444 

29OO 

i93o 

2444 

2922 

900 

i832 

2244 

2607 

'79' 

2281 

2680 

1000 

1720 

2093 

» 

1680 

2i3o 

2489 

»  Le  calcul  peut  se  simplifier  pour  l'hydrogène,  en  remarquant  que, 
pour/j  =  1,  on  a 

ç>'=  cu(i  -+-  o,oo36G/); 


une 


(  286  ) 
transformation  de  la  relation  -  =  _i£-± —  donne  facilement  (') 


Pouri:=:   o -= 1-0,000680 

co     p 

»   ^=100 -  =  ( h  o,ooo559  )  i,366 

w        \p  ) 

»      (  =  200 -  =  ( 1-0,000437)1,732 


Air. 


Tensions 

en 

atmosphères. 

P. 

^d 

'après  RI.  A  ma 

gat. 

^d 

0> 

'api 

'es  la  formu 

le 

t  =  0. 

t 

=  99.4- 

t- 

—  zoo, 6. 

<=0. 

1 

t  =  100. 

1 

!  =  200. 

100 

0,009730 

O; 

oi3S5o 

» 

0,009707 

O 

, 01 3338 

O 

,017006 

200 

5o5o 

O. 

007360 

O 

,00943o 

5334 

0 

, 007 1 48 

0 

,oo8835 

3oo 

3658 

5170 

6622 

3894 

5171 

63o9 

4oo 

3o36 

4170 

5a4o 

3i78 

41S2 

5o47 

5  00 

2680 

3565 

4422 

2763 

36io 

43i3 

600 

2^5o 

3i8i 

3883 

2485 

3226 

3821 

700 

2288 

2904 

35o2 

2291 

2958 

3475 

800 

2168 

2699 

3219 

2l4l 

2753 

32l4 

900 

2070 

2544 

3  000 

2028 

2S97 

3oi4 

1000 

«992 

24l5 

2828 

!93; 

2473 

2835 

Azote. 


P. 

t  =  0. 

t  =  99,5. 

t   =  199,6. 

<=0. 

t  — 100. 

t  =  200. 

100 

0,009910 

» 

» 

0,010060 

o,oi3663 

0.017 127 

200 

5ig5 

0,007445 

0,009002 

o,oo5532 

0,007433 

0 , 009207 

3oo 

3786 

53oi 

67 1 5 

4o44 

5384 

6591 

4oo 

3i48 

4265 

533i 

3307 

4262 

5i64 

5  00 

2780 

3655 

45 1 5 

2873 

377o 

4527 

600 

2543 

3258 

397  3 

2584 

3373 

4019 

700 

2374 

2980 

358g 

2383 

3og6 

3662 

800 

2240 

2775 

,1,'nin 

2229 

2884 

33g2 

900 

2i49 

2616 

3o85 

2110 

2122 

3i85 

1000 

2068 

h 

» 

2018 

25g4 

3020 

(')   Comptes  rendus,  premier  semestre,  p.  ia53;  1890. 


(  287  ) 

PHYSICO-CHIMIE.  —  Sur  la  basicité  des  acides  organiques,  d'après  leur 
conductibilité.  Acides  monobasiques  et  bibasiques.  Note  de  M.  Daniel 
Beiitiielot,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Je  me  suis  proposé  de  caractériser  la  basicité  des  acides  organiques 
au  moyen  des  conductibilités  électriques  de  mélanges  faits  en  diverses 
proportions  de  ces  acides  avec  la  potasse  :  c'est  l'existence  des  sels  acides 
dans  les  dissolutions  qui  forme  le  nœud  du  problème,  et  c'est  la  définition 
par  cette  voie  des  caractères  propres  des  acides  organiques  qui  constitue 
la  nouveauté  de  mes  recherches. 

)>  En  effet,  si  à  une  quantité  donnée  d'acide  on  ajoute  des  quantités 
croissantes  de  potasse,  la  liqueur,  d'abord  acide,  devient,  comme  on  sait, 
neutre,  puis  alcaline;  et  l'on  peut  considérer  a  priori  les  liqueurs  acides 
soit  comme  de  simples  mélanges  de  dissolutions  d'acide  libre  et  de  sel 
neutre,  soit  comme  des  sels  acides  chimiquement  définis,  soit  comme  des 
mélanges  de  sel  acide  avec  une  certaine  dose  de  sel  neutre  et  d'acide  libre 
résultant  de  sa  dissociation.  De  même  les  liqueurs  avec  excès  d'alcali 
pourraient  être  de  simples  mélanges  de  sel  neutre  et  de  potasse,  ou  bien 
renfermer  une  certaine  dose  de  sels  basiques  définis. 

)>  Si  les  conductibilités  observées  coïncident  avec  les  conductibilités 
calculées  dans  l'hypothèse  de  simples  mélanges,  c'est  que  ni  l'excès  d'a- 
cide, ni  l'excès  d'alcali  n'ont  d'action  propre  sur  le  sel  neutre  dans 
les  dissolutions  ;  si  elles  leur  sont  inférieures,  c'est  l'indice  d'une  action 
chimique  :  les  observations  de  M.  Bouty  sur  le  sulfate  acide  de  potasse 
fournissent  un  premier  exemple  de  ce  genre  d'étude. 

»  J'exposerai  successivement  les  résultats  de  mes  observations,  d'abord 
avec  les  acides  organiques  monobasiques  à  -^  de  molécule  par  litre,  pris 
à  170,  puis  avec  les  acides  polybasiques  pour  des  dilutions  analogues,  les 
conclusions  n'étant  pas  les  mêmes  pour  ces  deux  groupes  de  corps,  et 
l'étude  des  acides  monobasiques  donnant,  par  l'opposition  de  ses  résultats, 
une  certitude  propre  à  ceux  que  l'on  observe  sur  les  acides  bibasiques. 

Acides  monobasiques 


Sel  neutre 


Nombre  relatif 
de  molécules 

form; 

ique. 

acétique. 

benzoïque. 

glycolique. 

d'acide,  de  potasse. 

Observé. 

Calculé. 

Observé.  Calculé. 

Observé. 

Calculé. 

Observé.  Calculé. 

1 , OOO      0 , OOO 

o,384 

)> 

0,116          » 

0,208 

» 

o,33i          » 

0,750     o.25o 

o,3i9 

o,332 

0,206     0,207 

0,212 

0,  210 

0,276      0,276 

o,3o4     o,3o3 

0,667     0,333 

o,347 

o,35i 

o,263     0,265 

0,255 

o,256 

o,5oo     o,5oo 

o,438 

» 

o,386         » 

0^356 

» 

0 , 385         » 

o,333     0,667 

o,83g 

0,880 

0,809     o,85o 

o,792 

o,832 

o,8o3     o,85o 

o,25o     0,750 

1  ,o65 

1,074 

1 ,o48     1 ,o5i 

1  ,o36 

1,039 

1,045     1,047 

0,000     1 ,000 

1 ,780 

» 

»              » 

» 

» 

»             » 

(  *88  ) 

»  D'après  ces  chiffres,  si  l'on  ajoute  au  sel  neutre  d'un  acide  monobasique 
un  excès,  d'acide,  les  nombres  calculés  coïncident  à  moins  de  i  pour  ioo 
près  avec  les  nombres  observés.  L'excès  d'acide  n'a  donc  pas  d'action 
sensible,  ce  cpii  est  conforme  aux  résultats  des  observations  thermochi- 
miques. Cependant,  dans  le  cas  de  l'acide  formique,  il  y  a  une  légère 
différence,  qui  paraît  impliquer  la  présence  de  quelques  centièmes  de 
formiate  acide,  conformément  aussi  aux  mesures  thermochimiques.  Les  sels 
acides  des  acides  monobasiques  n'existent  donc  pas  dans  les  dissolutions 
étendues,  ou  du  moins  il  en  subsiste  à  peine  quelques  traces. 

»  Si,  d'autre  part,  on  ajoute  au  sel  neutre  d'un  acide  gras  ou  analogue 
un  excès  d'alcali,  la  première  molécule  de  potasse  produit  un  abaissement 
de  près  de  5  pour  ioo,  attribuable  à  un  commencement  de  dissociation 
du  sel  neutre  dissous  et  analogue  au  dégagement  de  chaleur  que  l'on 
observe  dans  les  expériences  thermochimiques  en  pareil  cas.  La  deuxième 
molécule  de  potasse  n'a  plus  qu'une  action  à  peu  près  insensible. 

»  Dans  le  cas  des  acides  bibasiques,  au  contraire,  l'excès  d'acide  a  une 
influence  très  marquée  sur  le  sel  neutre  dans  les  dissolutions.  En  effet, 
les  conductibilités  que  j'ai  observées  sont  inférieures  parfois  de  5o  pour  ioo 
aux  conductibilités  calculées  (')  en  envisageant  les  liqueurs  comme  de 
simples  mélanges  d'acide  et  de  sel  neutre.  Voici,  par  exemple,  des  nom- 
bres relatifs  aux  acides  oxalique  et  succi  nique. 


Acide  oxal 

ique. 

Acide  succinique. 

Différence 

en 

Différence 

Acide. 

Potasse. 

Observ . 

Calculé. 

Écart,  centièmes. 

Observé. 

Calculé. 

Écart. 

relative. 

I  ,OO0 

0,000 

2,3go 

» 

» 

» 

0,210 

» 

» 

» 

0,760 

o,2-5o 

i,4io 

1  ,745 

o,335 

'9 

0,224 

0,262 

o,o38 

i4,5 

0,667 

0,333 

1,07s 

i,533 

o,458 

3o 

0,275 

o,3i8 

0,043 

1 3 , 5 

o,5oo 

o,5oo 

o,533 

i,o85 

0, 55a 

5i 

0,398 

o,438 

o,o4o 

9 

+0,333 

0,667 

o,633 

sel  neutre 

» 

)) 

o,563 

sel  neutre 

» 

» 

o,25o 

0,700 

0,894 

0,920 

0,026 

2,8 

0,806 

0,867 

0,061 

7 

0,200 

0,800 

1  ,o58 

1,071 

o,oi3 

1 

1 ,006 

1 ,001 

» 

» 

»  L'acide  malique  a  fourni  des  différences  de  20  à  3o  centièmes  et  l'on 
en  trouve  également  de  considérables  en  calculant  les  nombres  observés 


(')  Le  calcul  est  fait  en  prenant  pour  l'acide,  conformément  aux  résultats  d'Arrhe- 
nius  (Wicd.  Ann.,  1887),  la  limite  correspondante  à  la  mise  en  liberté  de  H  pour  une 
molécule. 


(  289  ) 
pour  les  autres  acides  bibasiques,  tels  que  les  suivants  : 

Acide.  Polasse.  Malonique.     Pyrotartrique.     Phtalique.      Campkorique. 


1 ,000 

0,000 

0,906 

o,238 

0,809 

0, 1 3 1 

0,750 

o,25o 

o,58i 

0,228 

0,517 

o,iS4 

0,667 

0,333 

o,497 

0,270 

o,436 

o,235 

o,5oo 

o,5oo 

0,417 

o,3S6 

0,387 

o,35i 

+o,333 

0,667 

o,586 

o,545 

o,54i 

o,5oa  -+-  sel  neutre 

o,25o 

0,750 

o,854 

0 ,  802 

0,819 

o,769 

0,200 

0,800 

1  ,o36 

o,996 

i  ,oi3 

0,968 

»  L'abaissement  observé  répond  à  l'existence  de  sels  acides  dans  les  dis- 
solutions, sels  probablement  identiques  aux  sels  acides  cristallisés  qui  sont 
bien  connus.  Les  conductibilités  indiquent,  en  outre,  que  de  tels  sels  acides 
ne  subsistent  pas  inaltérés  et  stables  dans  leurs  dissolutions,  mais  qu'ils 
y  sont  partiellement  dissociés  en  sels  neutres  et  acides  libres.  Ce  point 
mérite  attention;  d'après  leur  poids  moléculaire,  il  semblerait  que  les  sels 
acides  dérivés  des  acides  bibasiques  dussent  avoir,  au  même  titre  que  les 
sels  neutres,  une  existence  propre  et  une  stabilité  comparable  :  car  la  mo- 
lécule de  l'acide  libre  renferme  2  équivalents  d'hydrogène  substituables 
par  un  métal,  c'est-à-dire  qu'il  doit  exister  et  qu'il  existe  en  effet  deux 
séries  distinctes  de  sels  de  potassium,  de  sodium,  etc.,  renfermant  les  uns 
2  équivalents  de  potassium,  les  autres  1  équivalent  de  potassium  et  1  équi- 
valent d'hydrogène  ;  les  uns  et  les  autres  constituant  des  molécules  uniques 
et  définies.  Or  les  conductibilités  montrent  que  les  sels  de  la  seconde  série 
dans  les  dissolutions  n'existent  qu'à  l'état  de  dissociation  partielle  en  acide 
libre  et  sel  neutre  :  résultat  que  la  Thermochimie  d'ailleurs  avait  déjà  mis 
en  évidence.  Il  en  résulte  que,  si  on  les  additionne  de  quantités  d'eau 
croissantes,  leurs  conductibilités  moléculaires  varient  incessamment  sui- 
vant des  proportions  différentes  de  celles  des  simples  mélanges  ou  bien 
encore  de  celles  des  sels  neutres  à  molécule  stable,  et  croissent  plus  rapi- 
dement que  ces  dernières. 

»  L'une  des  conséquences  les  plus  remarquables  de  l'existence  des  sels 
acides  dissous  se  manifeste  clans  l'étude  des  conductibilités  de  tels  sels 
formés  par  les  acides  bibasiques  isomères.  Je  rappellerai  en  effet  que 
j'ai  établi  précédemment  (Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  -(6-l[S)  que,  taudis 
que  les  conductibilités  sont  les  mêmes  pour  les  sels  neutres  isomères, 
elles  varient  autrement  pour  les  sels  acides  correspondants.  » 

C.  H.,   1891,   1"  Semestre.  (T.  CXII,  M0  5.)  JO 


(  29°  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  réaction  des  dérivés  oxyalkylès  de  la  dimè- 
thylaniline.  Note  de  M.  Edouard  Grimaux,  présentée  par  M.  Schùtzen- 
berger. 

«.  On  sait  que  M.  Lauth  a,  le  premier,  préparé  la  diméthylaniline  et  l'a 
employée  dès  1862  pour  l'obtention  de  matières  colorantes.  Depuis  cette 
époque,  la  diméthylaniline  a  été  l'objet  d'un  grand  nombre  de  travaux  et 
a  pris  une  importance  scientifique  et  industrielle  considérable.  On  a  en 
outre  étudié  les  homologues  de  cette  base,  les  diméthyltoluidines  par 
exemple,  et  cherché  à  établir  l'influence  des  radicaux  alcooliques  CH3,  C2  H5 
sur  la  production  et  la  nature  des  matières  colorantes  formées. 

)>  Dans  le  présent  travail,  j'ai  essayé  d'établir  le  rôle  des  groupements 
oxyalcooliques,  comme  l'oxyméthyle  OCIP,  l'oxyéthyle  OC2 H5,  substitués 
dans  le  noyau  C°IP  de  la  diméthylaniline,  et  de  rechercher  en  même 
temps  la  différence  de  réaction  des  bases  suivant  la  place  qu'occuperaient 
ces  groupes  relativement  à  Az(CH3)2.  A  cet  effet,  j'ai  étudié  les  bases 
meta  et  ortho,  représentées  par  les  formules  suivantes,  dans  lesquelles  R 
est  du  méthyle  ou  de  l'éthyle  : 


Az(CH3)- 


OR 


Az(CH3)- 


OR 


Case  meta. 


Base  ortlio. 


»  Base  meta.  —  Comme  type  de  base  meta,  j'ai  pris  la  diméthylaniline 
oxyéthylée  ou  diméthylmétaphénétidine,  décrite  par  M.  Ph.  Wagner, 
mais  je  me  suis  assuré  que  la  base  oxyméthylée  se  comporte  de  la  même 
façon. 

»  Action  de  COCI2.  —  Quand  on  fait  réagir  sur  cette  base  le  chlorure 
de  carbonyle  en  présence  de  chlorure  d'aluminium,  il  se  forme  une  ma- 
tière colorante  d'un  beau  bleu,  tandis  que,  dans  les  mêmes  conditions,  la 
diméthylaniline  fournit  le  violet  cristallisé.  Purifiée  par  les  procédés  ordi- 
naires, cette  matière  possède  un  grand  pouvoir  tinctorial  ;  elle  teint  en 
un  bleu  très  pur  et  très  beau  la  soie,  la  laine  et  le  coton  mordancé  au 
tannin. 


(   291   ) 

»  Ce  bleu  chauffé  à  ioo°  avec  l'acide  suif  inique  se  détruit  et  se  trans- 
forme en  une  matière  rouge,  fluorescente,  présentant  peu  d'éclat  et  res- 
semblant à  la  couleur  qu'on  obtient  en  chauffant  le  diméthyle  métami- 
dophénol  avec  des  agents  déshydratants. 

»  Quoicpie  ce  bleu  n'ait  pas  été  analysé,  son  mode  de  formation,  ana- 
logue à  celui  du  violet  cristallisé,  doit  le  faire  regarder  comme  un  dérivé 
hexaméthylé  et  trioxélhylé  de  la  fuchsine,  de  la  formule 


r         \z(.cH3n 
cci  c°h3; 

L       \oc2ip    J 


»  On  voit  que  l'introduction  des  groupes  OC2 II'  dans  le  violet  hexa- 
méthylé le  fait  passer  à  la  couleur  bleue.  M.  Ilofmann  a  déjà  signalé  l'in- 
fluence de  l'introduction  de  groupes  owalcooliques  dans  les  radicaux; 
phénylés  de  la  fuchsine,  en  décrivant  la  fuchsine  hexaméthoxylée  obtenue 
au  moven  de  l'acide  eupittonique  et  qui  est  une  belle  matière  colorante 
bleue. 

»  Dérivé  nilrosé.  —  La  base  meta  fournit  un  dérivé  nitrosé  qui  se  com- 
porte dans  la  plupart  des  réactions  comme  le  nitrosodiméthylaniline.  Il 
donne  des  oxazinesavec  l'acide  gallique,  le  tannin,  le  pyrogallol,  l'orcine, 
la  résorcine,  etc.,  des  eurhodines  avec  les  méta-diamines,  un  indophénol 
avec  l'a-naphtol,  mais  il  en  diffère  en  ce  qu'il  ne  donne  pas  avec  le 
(3-naphtol  de  bleu  analogue  au  bleu  de  Meldola,  et  qu'il  ne  fournit  pas  de 
dérivé  comparable  au  bleu  de  méthylène  par  les  divers  procédés  qui  per- 
mettent d'obtenir  celui-ci  au  moyen  de  la  nitroso-diméthvlaniline. 

»  La  base  meta  a  encore  été  soumise  à  divers  réactifs  pour  la  comparer 
à  la  base  ortho  ;  elle  a  donné  les  résultats  suivants  : 

»  i°  Avec  l'anhydride  phlalique  seul,  aucune  réaction;  en  présence  de 
chlorure  de  zinc  ou  d'acide  sulfurique,  formation  d'une  couleur  rouge 
fluorescente,  qui  paraît  identique  à  la  rhodamine; 

»  Dans  cette  réaction  et  dans  quelques  autres  le  groupe  OC2 IF  de  la 
base  meta  paraît  être  transformé  en  OH  et  l'on  observe  alors  la  réaction 
du  diméthvlmétaamidophénol ; 

»  2°  Avec  l'acide  arsénique  à  17J0,  couleur  rose  qui  ne  paraît  pas  un 
produit  d'oxydation,  mais  résulte  de  la  formation,  puis  de  la  condensation 
de  diméthylamidophénol  ; 

»  3°  Avec  le  chlorure  de  phtalyle,  production  d'une  matière  verte,  res- 
semblant au  vert  phtalique  dérivé  de  la  diméthylaniline; 


(  292  ) 

»   4°  Chauffée  avec  le  chlorure  de  l'acide  diméthylmétaamidobenzoïque 
Az(CH3)a 
CH4^  ,  elle  donne  une  matière  colorante  d'un  beau  bleu  ; 

XCOCl 

»  5°  Elle  se  colore  en  rose  quand  on  la  chauffe  avec  du  chloroforme  et 
de  la  soude; 

»  G0  Chauffée  doucement  avec  le  chlorure  phénylsulfureux,  elle  donne 
lieu  à  une  réaction  violente,  avec  formation  passagère  d'un  corps  bleu 
qui  passe  rapidement  au  jaune; 

»  70  Avec  l'aldéhyde  benzoïque  et  le  chlorure  de  zinc,  avec  le  phényl- 
chloroforme  on  observe  de  même  la  formation  de  matières  colorantes. 

»  Base  ortho.  —  La  base  ortho  sur  laquelle  les  expériences  ont  été  faites 
estl'ortho-anisidine  diméthyle  bouillant  à  2io°-2i2°.  Elle  se  comporte  tout 
autrement  que  la  base  meta;  elle  ne  donne  aucune  matière  colorante  avec 
l'oxychlorure  de  carbone,  l'anhydride  phtalique,  le  chloroforme  et  la 
soude,  l'aldéhyde  benzoïque,  le  phénylchloroforme.  Avec  l'azotite  de 
soude  elle  ne  fournit  pas  de  dérivé  nitrosé,  comparable  à  la  nitrosodimé- 
thylaniline.  Par  là  elle  se  rapproche  de  la  diméthylorthotoluidine  qui  ne 
donne  pas  de  dérivé  nitrosé  et  ne  réagit  pas  avec  l'aldéhyde  benzoïque. 

»  La  base  ortho,  en  réagissant  sur  l'acide  arsénique  à  175°  ou  sur  le 
chlorure  phénylsulfureux,  donne  une  belle  couleur  bleue  qui  se  produit 
également  quand  on  chauffe  son  chlorhydrate  seul  à  i75°-i8o°.  Par  cet 
ordre  de  réactions,  elle  est  comparable  à  la  diméthvlanilinc  qui,  oxydée, 
donne  le  violet  de  Paris  ;  ici  encore  on  voit  l'influence  d'un  groupe  oxyal- 
coolique  sur  la  nature  de  la  couleur  produite. 

»  Ni  la  base  meta,  ni  la  base  ortho  ne  donnent  de  couleurs  par  le  chlo- 
rure de  cuivre,  qui  transforme  si  facilement  la  diméthylaniline  en  violet 
de  Paris. 

»  De  ces  recherches,  il  ressort  non  seulement  que  l'introduction  d'un 
groupe  OR  dans  la  diméthylaniline  modifie  ses  aptitudes  réaetionnelles  et 
influe  sur  la  nature  de  la  couleur  formée  ;  mais  encore  qu'il  y  a  une  très 
grande  différence  dans  la  façon  de  réagir  des  diméthylanilines  oxyalkyles 
suivant  que  le  groupe  OR  occupe  une  position  ortho  ou  une  position  meta 
relativement  au  groupe  Az(CII3)2. 

»  Nous  avons  commencé,  M.  Lefèvre  et  moi,  l'étude  des  dérivés  nitrés 
des  bases  ortho  et  meta;  nous  avons  obtenu  plusieurs  dérivés  nouveaux  que 
nous  aurons  l'honneur  de  faire  connaître  prochainement  à  l'Académie.  » 


(  *&  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  lévosine,  nouveau  principe  immédiat  des 
céréales.  Note  de  M.  C  Taxret. 

«  Au  cours  de  recherches  entreprises  l'été  dernier  sur  la  maturation  du 
seigle,  j'ai  réussi  à  isoler  un  des  hydrates  de  carbone  que  les  comptes 
rendus  d'analyses  englobent  sous  le  terme  générique  de  dextrines.  C'est 
un  principe  bien  défini,  que  j'ai  retrouvé  dans  l'orge  et  le  blé.  Il  tourne  à 
gauche  le  plan  de  polarisation,  d'où  le  nom  de  lévosine  que  je  propose  de 
lui  donner. 

»  Préparation.  —  Le  seigle  moulu  est  épuisé  par  de  l'alcool  à  5o°  et  la  colature 
additionnée  ensuite  de  a  volumes  d'alcool  à  0,4°,  qui  en  précipite  une  assez  grande 
quantité  de  gomme.  Après  décantation,  on  distille,  et  dans  le  résidu  de  la  distillation 
on  verse  de  l'eau  de  baryte,  jusqu'à  ce  qu'une  nouvelle  affusion  n'y  détermine  plus 
qu'un  précipité  qui  se  redissout  immédiatement.  A  ce  moment  on  filtre,  et  dans  la 
liqueur  ainsi  déféquée  on  verse  de  nouveau  un  grand  excès  d'eau  de  ba^te  concen- 
trée et  chaude,  jusqu'à  formation  d'un  précipité  stable.  Quand  la  liqueur  est  refroidie, 
on  recueille  ce  précipité,  on  le  lave  à  l'eau  de  baryte  froide,  puis  on  le  décompose  par 
l'acide  carbonique.  On  sépare  à  chaud  le  carbonate  de  baryte,  et  par  évaporation  on 
obtient  la  lévosine,  mais  contenant  de  o,5o  à  i  pour  100  de  baryte.  Pour  la  purifier, 
on  la  redissout  dans  le  moins  possible  d'alcool  à  6o°,  on  y  ajoute  de  l'acide  sulfurique 
étendu  en  quantité  strictement  nécessaire,  puis  on  la  précipite  par  un  excès  d'alcool 
à  0,5°.  Il  n'y  a  plus  qu'à  la  reprendre  par  l'eau,  filtrer  et  évaporer. 

)>  Composition.  —  La  composition  de  la  lévosine,  desséchée  à  i  io°,  peut 
être  représentée  par  les  formules  C"rL°Oi0  ou  (C,2H100'°)''.  Elle  a 
donné,  en  effet,  à  l'analyse,  les  mêmes  chiffres  que  l'amidon  et  la  dextrine, 
et,  d'autre  part,  l'application  de  la  méthode  de  Raoult  à  la  recherche  de 
son  poids  moléculaire  a  conduit,  pour  ce  dernier,  au  chiffre  652,  alors  que 
(C,2H,0O'0)4  vaut  648. 

»  Le  produit  anhydre  exposé  à  l'air  reprend  1 1  pour  ioo  de  son  poids 
d'eau,  ce  qui  donne  pour  la  lévosine  hydratée  (C,2H'°0,°,  H202)*. 

»  Propriétés  physiques.  —  La  lévosine  est  un  corps  blanc,  amorphe  et  à 
peu  près  insipide.  Elle  se  dissout  dans  l'eau  en  toutes  proportions.  Très 
soluble  dans  l'alcool  faible,  elle  ne  l'est  plus  qu'à  peine  dans  l'alcool  à  95°. 
Elle  se  ramollit  à  i45°,  mais  ne  fond  nettement  que  vers  1600.  Sa  densité 
est  de  1,62.  Elle  est  lévogvre  :  [ocu]  =  —  36°,  et  son  pouvoir  rotatoire  ne 
varie  pas  avec  la  durée  de  la  dissolution,  non  plus  que  sous  l'influence  de 
la  température. 


(  294  ) 

»  Propriétés  chimiques.  —  La  lévosine  ne  réduit  pas  la  liqueur  de  Fehling 
et  ne  fermente  pas  avec  la  levure  de  bière.  La  diastase  est  aussi  sans  action 
sur  elle.  La  lévosine  s'hydrate  sous  l'influence  des  acides  très  étendus 
avec  la  môme  rapidité  que  le  sucre  de  canne.  Il  a  môme  suffi  de  la  chauffer 
en  tube  scellé  avec  de  l'eau  distillée  à  ioo°,  pendant  quatre-vingts  heures, 
pour  obtenir  le  même  résultat.  Son  pouvoir  rotatoire  a  alors  augmenté  d'un 
peu  plus  du  double  et  il  s'est  formé  une  matière  sucrée  ([aD]=  —  7G0),  d'où, 
en  passant  par  le  lévuloside  de  chaux,  on  a  pu  retirer  du  lévulose  dans  une 
proportion  voisine  des  trois  quarts,  le  reste  du  mélange  sucré  étant  con- 
stitué par  un  glucose  très  faiblement  dextrogyre. 

»  La  lévosine  n'est  pas  attaquée  par  les  solutions  alcalines,  môme  bouil- 
lantes. Elle  forme  avec  les  bases  des  combinaisons  dont  quelques-unes  ont 
été  analvsées. 

»  Le  composé  C4fiH3CBa40''°  se  produit  quand  on  verse  dans  de  l'eau  de 
baryte  une  solution  de  lévosine.  Il  est  insoluble  dans  un  excès  d'eau  de 
baryte,  et  l'eau  pure  le  dissocie  en  un  autre  composé  peu  soluble  à  froid 
C48H38Ba20'°.  Mais  si  dans  une  solution  de  lévosine  contenant  des  sucres 
on  verse  de  l'eau  de  baryte,  le  précipité  se  redissout  tant  que  ceux-ci  n'ont 
pas  fixé  une  quantité  déterminée  de  base,  le  glucose,  par  exemple,  équi- 
valent pour  équivalent.  C'est  sur  cette  formation  du  composé  insoluble  de 
lévosine  et  de  baryte  que  repose,  on  l'a  vu,  le  mode  de  préparation  de  la 
lévosine  qui,  dans  les  céréales,  se  trouve  toujours  accompagnée  d'assez 
grandes  quantités  de  sucres. 

»  La  chaux  précipite  aussi  la  lévosine,  mais  le  composé  C*8H38Ca2Ô40 
a  été  seul  analysé.  On  l'obtient  en  dissolvant  de  la  chaux  dans  une  solution 
étendue  de  lévosine,  jusqu'à  commencement  de  trouble  stable,  puis  en 
précipitant  par  l'alcool  faible. 

»  La  lévosine  ne  précipite  ni  l'acétate  neutre  ni  l'acétate  basique  de 
plomb;  mais  en  présence  d'alcool  elle  donne  avec  ce  dernier  un  précipité 
qui  a  pour  formule  C48H30Pb4O4°.  Avec  l'acétate  de  plomb  ammoniacal, 
on  obtient  le  composé  insoluble  C48 H34  Pb60"°. 

)>  En  même  temps  que  polyglucoside,la  lévosine  est  alcool  polyatomique. 
En  effet,  chauffée  avec  de  l'acide  acétique  anhydre  et  de  l'acétate  de  soude 
bien  sec,  elle  a  donné  un  éther  triacétique  [C'2H40''(C4II''0')8]4,  très 
difficilement  saponifiable,  mais  d'où  cependant  la  lévosine  a  pu  être  retirée 
inaltérée.  Si  l'on  remplace  l'acétate  de  soude  par  le  chlorure  de  zinc,  on 
obtient  un  éther  tétracétique  [C,2H202(C4H404)']'\ 

»   Dissoute  à  froid  dans  l'acide  nitrique  fumant,  la  lévosine  a  donné  par 


(  295  ) 

précipitation  par  l'acide  sulfurique  un  produit  légèrement  explosif,  dont 
la  composition  répond  à  un  mélange  d'éthers  di  et  trinitriques. 

»  La  lévosine  ne  se  colore  pas  par  l'iode.  Autre  caractère  négatif  à 
noter,  l'acide  nitrique  la  change  en  acide  oxalique  sans  formation  intermé- 
diaire d'acide  mucique. 

»  La  lévosine  a  été  trouvée  dans  les  grains  du  seigle,  de  l'orge  et  du  blé.  Les  pre- 
miers en  ont  donné  environ  3  pour  1000  le  a5  juin,  4  le  i5  juillet  et  7  à  la  maturité 
complète,  soit  un  rendement  constant  d'un  peu  plus  de  8s1'  rapporté  à  1000  de  matière 
sèche. 

»  Du  blé  vert  examiné  le  9  juillet,  à  peu  près  dans  le  même  état  de  développement 
que  le  seigle  du  25  juin,  a  donné  la  même  quantité  de  lévosine  que  ce  dernier.  Mûr  il 
n'en  contient  plus  guère  que  as1'. 

»  Dans  Forge,  la  variation  de  la  lévosine  est  encore  plus  grande.  Ainsi,  les  grains 
verts  en  ont  donné  le  18  juillet  7  pour  1000  (équivalant  à  20  pour  1000  de  matière  sèche). 
Or,  on  n'en  retire  même  plus  1  pour  1000  des  grains  mûrs. 

»  Dans  l'avoine,  verte  ou  mûre,  on  n'a  pas  rencontré  de  lévosine.  Sa  présence  n'a 
pu  également  être  constatée  dans  le  maïs  mûr.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Sur  la  quantité  d'oxygène  contenue  dans 
le  sang  des  animaux  des  hauts  plateaux  de  l'Amérique  du  Sud.  Note  de 
M.  Viault,  présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  J'ai  montré,  dans  une  précédente  Communication,  l'influence  que  le 
séjour  dans  l'atmosphère  raréfiée  des  hautes  montagnes  exerce  sur  la 
richesse  globulaire  du  sang  de  l'homme  et  des  animaux  vivant  sur  les 
hauts  plateaux  du  Pérou,  et  j'ai  fait  voir  qu'un  des  premiers  phénomènes 
produits,  sur  l'organisme  de  l'homme  des  bas  niveaux  qui  va  vivre  aux 
grandes  altitudes,  est  une  augmentation  considérable  du  nombre  des  glo- 
bules rouges  du  sang. 

»  Je  présente,  aujourd'hui,  à  l'Académie  le  résultat  des  analyses  des  gaz 
du  sang  que  j'ai  pratiquées  sur  les  sommets  des  Andes,  au  moyen  de  la 
pompe  à  mercure  (  '  ) . 


(')  Il  n'était  pas  facile,  on  le  comprendra,  de  transporter,  à  des  milliers  de  lieues  de 
France,  à  l'altitude  de  /poom,  dans  un  pajs  sans  routes  et  à  travers  d'innombrables 
précipices,  un  appareil  aussi  encombrant  et  aussi  fragile  que  la  pompe  à  mercure  des 
physiologistes.  J'y  suis  cependant  parvenu,  grâce  à  l'ingénieuse  disposition  donnée  à 
l'appareil  par  mon  savant  collègue  le  professeur  Jolyet. 


(  a96  ) 

»  Ces  analyses  ont  été  effectuées  sur  place,  à  la  mine  de  Morococha 
(43o,2m)  et  àChicla,  localité  située  à  l'altitude  de  La  Paz  ('i'jil^1),  elles 
n'avaient  jamais,  jusqu'alors,  été  pratiquées  dans  ces  conditions. 

»  Avant  d'exposer  le  résultat  de  mes  expériences,  je  dois  rappeler  l'état 
de  la  question  sur  ce  point  de  Physiologie.  Dans  une  Note  lue  à  l'Institut  et 
à  la  Société  de  Biologie  en  1882,  P.  Bert  a  fait  connaître  le  résultat  d'ana- 
lyses pratiquées  à  Paris  sur  la  capacité  respiratoire  de  divers  échantillons 
de  sang  qui  lui  furent  envoyés  de  La  Paz.  Comparant  les  chiffres  obtenus  à 
ceux  que  fournit  l'étude  de  la  capacité  respiratoire  du  sang  des  herbivores 
de  nos  pays,  il  conclut  que  le  sang  des  animaux  vivant  sur  les  hauteurs  pos- 
sède une  capacité  respiratoire  considérable,  pouvant  s'élever  à  21  volumes 
d'oxygène  pour  100  volumes  de  sang,  tandis  que  celle  de  nos  herbivores  ne 
serait  que  de  10  à  12  pour  100.  Il  y  a  eu  évidemment  une  cause  de  varia- 
tion inexpliquée,  dans  les  expériences  qui  ont  amené  P.  Bert  à  ce  dernier 
chiffre,  car  la  capacité  respiratoire  du  sang  de  nos  herbivores  n'est  pas  de 
10  à  12,  mais  de  iG  pour  le  cochon  d'Inde,  de  iG  à  18  pour  le  mouton 
(Jolyet,  Quinquaud),  de  a3  pour  le  bœuf  et  le  cheval  (Quinquaud),  de 
29  même  pour  l'àne  (Quinquaud),  etc.  En  un  mot,  contrairement  à  ce  qui 
avait  été  avancé,  le  sang  des  animaux  des  hauts  plateaux,  examiné  au 
point  de  vue  de  sa  capacité  maxima  d'absorption  pour  l'oxygène,  ne  paraît 
pas  différer  notablement  du  sang  de  nos  animaux  des  bas  niveaux. 

»  Mais  cette  notion  de  la  quantité  maxima  d'oxygène  que  peut  absorber 
le  sang,  par  une  agitation  énergique  avec  de  l'air,  ne  préjuge  rien  pour  la 
question  des  gaz  existants  dans  le  sang  chez  l'animal  vivant,  aux  diverses 
pressions  auxquelles  cet  animal  peut  être  soumis,  puisque,  lorsqu'on 
place  l'animal  dans  les  cloches  à  décompression,  la  proportion  d'oxygène 
qui  est  de  18  pour  100  à  21  pour  100  chez  le  chien,  à  la  pression  de  76omm, 
tombe  à  12  pour  100  ou  i3  pour  100  à  la  pression  de  45omm.  Le  chien  est 
donc  ainsi  rendu  brusquement  anoxyhémique.  Si  on  le  ramène  à  la  pres- 
sion normale,  l'oxygène  revient  à  son  chiffre  primitif. 

»  Voilà  ce  qu'enseignent  les  expériences  maintes  fois  répétées  dans  les 
cloches  de  la  Sorbonne.  Mais  l'animal  des  hauteurs,  vivant  dans  une 
atmosphère  à  la  pression  de  45omm  et  acclimaté  à  ce  séjour,  se  comporte- 
t-il  comme  l'animal  des  bas  niveaux  brusquement  et  momentanément 
décomprimé,  ainsi  que  le  voudraient  à  la  fois  la  théorie  et  les  expériences 
en  cloche?  Personne  n'a  encore  répondu  à  cette  question  par  des  preuves 
expérimentales,  et  la  théorie  si  ingénieuse  et  si  séduisante  du  vénérable  et 
éminent  observateur  le  Dl  Jourdanet,   malgré  l'appui  que  paraissaient  lui 


('  297  ) 
avoir  apporté  les  recherches  de  P.  Bert,  manquait  cependant  de  certitude 
aux  yeux  de  beaucoup  de  pathologistes.  Il  n'y  avait  qu'un  moyen  de  ré- 
soudre le  problème,  c'est  de  pratiquer,  comme  je  l'ai  fait,  des  analyses 
des  gaz  avec  le  sang  pris  sur  l'animal  vivant,  aux  altitudes  mêmes  où  vit 
l'animal.  Voici  les  chiffres  fournis  par  les  expériences,  malheureusement 
peu  nombreuses,  que  j'ai  pu  faire  durant  mon  séjour  dans  la  Cordillère  : 

»  I.  Le  18  octobre,  à  la  mine  de  Morococha  (4392™;  hauteur  barométrique  =  45omm), 
l'extraction  par  la  pompe  des  gaz  contenus  dans  i5sr  de  sang  artériel  de  mouton  me 
donne  après  réduction  des  chifTres  à  o°  et  760" 


-\Uim 


A.  Oxygène i3,c,  iG  pour  100. 

»   II.   Même  date.  Le  sang  d'un  second  mouton  me  donne  : 

B.  Oxygène i3cc,3o  pour  100. 

»  La  capacité  respiratoire  maxima  de  ce  second  sang  déterminée  sur  place,  à  la 
pompe,  était  de  i-cc,o5pour  100. 

»  III.  Le  10  novembre;'!  Cliicla  (3724'";  pression  =  485mra),  l'extraction  par  la  pompe 
des  gaz  contenus  dans  i5sr  de  sang  pris  dans  l'artère  crurale  d'un  chien  me  fournit, 
après  réduction  à  o°  et  760" 


.Hun 


C.   Oxygène iSc,  26  pour  100. 

»  Les  sangs  A  et  C  recueillis  dans  des  flacons  et  analysés  à  Bordeaux,  dans  le  labo- 
ratoire du  professeur  Jolyet,  possédaient  la  capacité  respiratoire  maxima  suivante 
déterminée  par  le  dosage  du  fer  de  l'hémoglobine  : 

Le  sang  A.  Mouton iti  pour  100 

Le  sang  B.  Mouton 17  pour  100  (par  la  pompe) 

Le  sang  C.  Chien t'>  pour  100. 

0  Les  résultats  de  ces  premières  expériences  se  trouvent  confirmés  par 
des  expériences  pratiquées,  les  vacances  dernières,  à  l'Observatoire  du 
Pic  du  Midi  (2877™,  environ  l'altitude  de  Quito),  et  que  je  ferai  connaître 
ultérieurement.  Or,  tous  ces  résultats,  aussi  bien  que  ceux  de  ma  précé- 
dente Communication  sur  les  globules  du  sang,  concourent  à  démontrer 
ce  fait,  que  la  proportion  d'oxygène  contenue  dans  le  sang  des  animaux  et 
de  l'homme  vivant  clans  l'air  raréfié  des  hautes  montagnes  (qu'ils  y  soient 
indigènes  ou  simplement  acclimatés),  est  sensiblement  la  même  que  celle 
qui  est  contenue  dans  le  sang  de  l'homme  et  des  animaux  vivant  aux  bas 
niveaux  et  que  l'anoxyliémie,  au  moins  comme  état  physiologique  chro- 
nique, n'existe  pas  (  '  ). 


(')  Il  va  sans  dire  que  je  ne  nie  pas  la  possibilité  de  l'anémie  pathologique  chez  les 
C.   R.,   1891 ,  1"  Semestre.  (T.   C\II,   N°  5.)  3p, 


(  *9*  ) 
»  Ce  résultat  s'explique  sans  qu'il  soit  besoin  d'admettre  exclusivement, 
comme  on  l'avait  fait,  une  augmentation  considérable  de  la  capacité  respi- 
ratoire du  sang  pour  les  animaux  des  altitudes  et,  par  suite,  l'existence 
d'une  plus  forte  proportion  d'hémoglobine  dans  leur  sang  (augmentation 
qui  existe,  d'ailleurs,  mais  dans  des  limites  modérées,  comme  me  l'ont 
montré  les  examens  colorimétriques  du  sang  que  j'ai  pratiqués).  Ce  résultat 
s'explique,  dis-je,  par  le  fait  de  la  division  plus  grande  de  l'hémoglobine, 
répartie,  comme  je  l'ai  montré,  en  un  nombre  beaucoup  plus  considé- 
rable de  globules,  offrant  par  conséquent  une  surface  plus  grande  d'oxy- 
génation. On  comprend  ainsi  que  le  Lama,  avec  une  capacité  respiratoire 
maxima  équivalente  à  peine  à  celle  du  bœuf  ou  du  cheval,  mais  avec  une 
richesse  globulaire  de  16  millions  de  globules  par  millimètre  cube,  soit 
l'animal  par  excellence  dès  grandes  altitudes.  » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  De  l'enrichissement  du  sang  en  hémoglobine,  sui- 
vant les  conditions  d'existence.  Note  de  M.  A.  Muntz,  présentée  par 
M.  Duclaux. 

«  P.  Bert  '(')  i\  montré  que  le  pouvoir  absorbant  du  sang  pour  l'oxygène 
diminue  sous  l'influence  de  la  dépression.  Lorsqu'on  se  transporte  sur  les 
hautes  montagnes,  où  la  pression  atmosphérique  est  plus  faible,  la  combi- 
naison oxyhémoglobique  tend  donc  à  subir  une  dissociation  progressive,  et 
les  fonctions  respiratoires  ne  s'exercent  plus  avec  la  même  activité.  D'ac- 
cord avec  M.  Jourdanet,  il  a  admis  que  le  mal  de  montagnes  est  dû  à  cet 
état  du  sang  insuffisamment  oxygéné. 

»  Cependant,  le  séjour  prolongé  sur  les  hauts  lieux,  surtout  lorsque 
plusieurs  générations  successives  se  sont  écoulées,  semble  produire  une 
acclimatation  qui  fait  disparaître  les  effets  de  la  dépression  sur  l'organisme 
animal.  P.  Bert  a  attribué  cette  acclimatation  à  l'augmentation  du  pouvoir 
absorbant  du  sang  pour  l'oxygène.  Il  a,  en  effet,  constaté  que  le  sang  des 
herbivores  vivant  en  permanence  sur  les  hautes  montagnes  est  plus  riche 
en  hémoglobine  que  celui  des  espèces  similaires  habitant  les  plaines,  et  a 


habitants  des  montagnes,  ni   même  1'ex.istence  d'un  état  passager  d'anoxyhéinie  (jus- 
qu'à l'acquisition  de  l'acclimatement  par  l'hyperglobulie)  chez  les  individus,   même 
bien  portants,  brusquement  transportés  à  de  grandes  altitudes. 
(')   Comptes  rendus,  t.  XCI\  ,  p.  8o5. 


(  299  ) 
été  amené  à  conclure  à  une  modification,  que  le  sang  finit  par  éprouver 
dans  sa  constitution,  sous  l'influence  des  différences  de  la  tension  de  l'oxy- 
gène, l'enrichissement  en  hémoglobine  pouvant  ainsi  compenser  la  raré- 
faction de  l'air  et  maintenir  l'équilibre  dans  les  fonctions  respiratoires. 

»  Dans  le  but  de  contrôler  les  résultats  des  expériences  de  P.  Bert,  et 
d'examiner  si  une  longue  suite  de  générations  est  nécessaire  pour  produire 
cette  modification,  j'ai  transporté,  au  mois  d'août  i883,  sur  le  sommet  du 
Pic  du  Midi,  à  2877'"  d'altitude,  où  la  pression  barométrique  est  voisine  de 
54omm,  des  lapins  pris  clans  la  plaine  et  qui  appartenaient  au  type  vulgaire 
du  lapin  de  garenne.  Ils  ont  paru  acclimatés  dès  le  premier  jour,  cher- 
chant leur  nourriture  sur  les  maigres  gazons  de  ce  haut  sommet,  sans  s'é- 
loigner  de  plus  de  2oom  à  3oom  de  l'Observatoire,  où  ils  revenaient  géné- 
ralement le  soir,  et  où  on  leur  distribuait  un  peu  d'avoine  et  des  épluchures 
de  légumes.  Ils  se  sont  reproduits  normalement.  Au  mois  d'août  1890 
j'ai  sacrifié  les  lapins  nés  au  Pic,  après  plusieurs  générations,  des  parents 
qui  y  avaient  été  installés  sept  années  auparavant,  et  j'ai  examiné  leur  sang 
comparativement  avec  celui  des  lapins  vivant  dans  les  plaines. 

»  Quelques  modifications  s'étaient  produites  dans  les  caractères  exté- 
rieurs des  lapins  du  Pic  du  Midi.  La  taille  s'était  légèrement  rapetissée,  les 
oreilles  étaient  moins  développées,  et  la  fourrure,  de  nuance  plus  claire, 
était  extraordinairement  épaisse.  Y  a-t-il  là  des  indices  d'une  modification 
due  à  l'influence  d'un  milieu  semblable  à  celui  des  régions  polaires?  Ces' 
une  question  que  je  ne  cherche  pas  à  résoudre  ici. 

»  L'examen  du  sang,  effectué  à  Paris,  dans  les  mêmes  conditions  de 
pression  et  de  température,  a  donné  les  résultats  suivants  : 


Fer  métallique 

Ox 

ygène  absorba 

M. ii ières  fixes 

pour  ioof 

par  ioosr 

Densité. 

pour  100. 

de  sanç;. 

de  sang. 

1060, 1 

■1 1 ,  ss 

70,2 

ce 

'7,28 

io46,s 

[5,-5 

Jo,3 

9,56 

Lapins  du  Pic(moy.) 1060,  1 

Lapins  de  la  plaine  (moy.).  .  .  .      io46,2 

»  On  peut  conclure  de  ces  résultats  que,  lorsque  les  animaux  vivent  ;'; 
une  grande  altitude,  c'est-à-dire  dans  un  milieu  où  la  tension  de  l'oxygène 
est  notablement  amoindrie,  leur  sang  s'enrichit  en  hémoglobine,  comme 
le  montrent  l'augmentation  des  matières  fixes  et  surtout  celle  du  fer;  il 
acquiert  par  suite,  pour  l'oxygène,  un  plus  grand  pouvoir  absorbant,  pou- 
vant compenser  l'effet  de  la  raréfaction  de  l'air. 

»  Un  séjour  de  sept  ans,  comprenant  plusieurs  générations  de  lapins, 
a  donc  suffi  pour  effectuer  cet  enrichissement  du  sang. 


(  3oo  ) 

»  Mais  une  aussi  longue  durée  ne  paraît  pas  nécessaire  :  ce  qui  me  le 
fait  penser,  c'est  l'examen  du  sang  de  moutons  pâturant  sur  les  flancs  du 
Pic  du  Midi,  entre  23oom  et  2700"1  d'altitude,  mais  nés  dans  la  vallée  et 
transportés  sur  la  montagne  seulement  depuis  six  semaines.  Leur  sang  a 
été  comparé  à  celui  de  moutons  élevés  et  nourris  dans  la  plaine  : 


Fer  métallique 

0 

wgène  absorbé 

Matières  fixes 

pour  loof 

par  ioof 

Densité. 

pour  ioo. 

de  sang. 

de  sang. 

lo53,2 

i8,.9 

mer 
6o,4 

ce 

>7><47 

io38,o 

1 3 ,  58 

32>5 

7,32 

Moutons  de  la  montagne  (moy.).      io53,2 
Moutons  de  la  plaine  (moy.)  .  .      io3S,o 

»  L'enrichissement  du  sang,  qui  permet  aux  fonctions  respiratoires  de 
s'effectuer  avec  la  même  intensité  aux  grandes  altitudes,  où  la  tension  de 
l'oxygène  est  faible,  paraît  donc  s'accomplir  en  un  temps  très  court  et 
n'est  pas  un  phénomène  comparable  aux  modifications  lentes  que  le  séjour 
continu  dans  un  milieu  anormal  peut  déterminer,  après  des  générations 
successives,  dans  les  espèces  animales.  Des  recherches  récentes  de 
M.  Viault  (')  ont  montré  l'augmentation  du  nombre  des  globules  du 
sang  lorsqu'on  se  transporte  sur  les  hautes  montagnes  ;  elles  conduisent 
aux  mêmes  conclusions. 

»  L'aptitude  du  sang  à  se  modifier,  suivant  les  besoins  de  l'organisme 
animal,  ne  se  manifeste  pas  seulement  dans  les  conditions  où  la  tension  de 
l'oxygène  diminue,  mais  aussi  dans  celles  où  les  matériaux  alimentaires 
sont  introduits  en  excès  dans  la  circulation,  et  où,  par  suite,  une  plus  grande 
activité  respiratoire  est  nécessaire.  Tel  est  le  cas  des  animaux  soumis  à 
l'engraissement  intensif.  Les  nombreuses  observations  que  j'ai  faites  sur 
les  sujets  primés  au  Concours  général  agricole  du  Palais  de  l'Industrie 
montrent  que  leur  sang  est  beaucoup  plus  riche  en  hémoglobine,  en  sub- 
stances fixes,  en  fer,  que  celui  des  animaux  ordinaires.  M.  P.  Regnard  a, 
de  so:i  côté,  constaté  l'augmentation  de  la  capacité  respiratoire  du  sang 
des  animaux  gras  : 

Fer  métallique  Oxygène  absorbé 
Matières  fixes        pour  ioosr  par  ioo«' 

Densité.        pour  100.  de  sang.  de  sang. 

mgr  ce 

Moutons  primés  (moyenne)....      io58,o         20, 33  $7,0  16, 4 

Moutonsoidinaires  (moyenne)..      io38,o  i3,6o  33, o  7,7 

(')   Comptes  rendus,  t.  CIX,  p.  917. 


(  3oi    ) 

»  Le  sang  acquiert  une  capacité  respiratoire  plus  grande  lorsque  l'af- 
flux alimentaire  est  plus  abondant,  aussi  bien  que  lorsque  l'oxygène  est 
plus  rare;  clans  les  deux  cas,  il  se  modifie  de  manière  à  pouvoir  fournir  en 
suffisance  l'oxygène  nécessaire  à  l'accomplissement  des  fonctions  vi- 
tales.   » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  le  bourgeonnement  des  larves  c?' Astellium  spongiforme  Gel. 
et  sur  la  Pœcilogonie  chez  les  Ascidies  composées.  Note  de  M.  A.  (jiakd. 

«  Le  Diplosomien  récemment  étudié  par  A.  Pizon  ('),  à  Saint-Vaast- 
la-Hougue,  est  sans  doute  celui  que  S.  Jourdain  a  observé  antérieurement 
dans  la  même  localité  (2).  Or  il  peut  rester  quelquedoule  sur  l'identité  de 
cette  forme  avec  l'espèce  que  j'ai  rencontrée  à  Roscoff  et  à  Wimereux  et 
que  j'ai  décrite  sous  le  nom  A'  Astellium  spongiforme.  D'après  S.  Jourdain 
les  orifices  oraux  ne  seraient  pas  entiers,  mais  pourvus  de  six  dents  très 
courtes.  Sans  discuter  ici  la  valeur  du  genre  Astellium,  je  puis  affirmer  que 
VA.  spongiforme,  bien  étalé,  a  l'orifice  buccal  parfaitement  arrondi  et  en- 
tier comme  je  l'ai  dit,  et  comme  l'a  depuis  confirmé  Lahille.  A  l'état  de 
demi-contraction  ou  sur  les  individus  arracbésdu  connus,  les  bandes  mus- 
culaires longitudinales  du  siphon  buccal  peuvent  donner  l'illusion  de  six 
dents  qui,  en  réalité,  n'existent  pas. 

»  La  ressemblance  des  larves  étudiées  par  A.  Pizon  avec  celle  que  j'ai 
figurée,  ne  prouve  pas  grand'chose;  les  têtards  des  Diplosomidœ  sont  pour 
la  plupart  très  semblables  entre  eux  et  présentent  même  une  grande  ana- 
logie avec  les  embryons  de  Pyrosomes,  comme  je  l'ai  établi  dans  ma  Note 
sur  la  parenté  des  Luciœ  et  des  Diplosomidœ  (3).  D'ailleurs,  comme  je  l'ai 
rappelé  dans  cette  Note,  l'A.  spongiforme  type  existe  aussi  à  Saint- Vaast  et 
de  plus,  cette  question  de  l'identité  du  Brevislellium  de  S.  Jourdain  avec 
Y  Astellium .  n'a  qu'une  importance  secondaire  dans  le  débat  soulevé  par 
A.  Pizon. 


(')  Pizo.n,  Sur  la  blastogénèse  ehez  les  larves  cTAstellium  spongiforme  {Comptes 
rendus,  19  janvier  1891). 

(2  )  Joi'RDAi.N,  Sur  les  Ascidies  composées  de  la  tribu  des  Diplosomidœ  {Comptes 
rendus,  iâjuin  1 885 ) . 

(3)  Gurd,  Sur  l'embryogénie  des  Tuniciers  du  groupe  des  Lucice  {Comptes  ren- 
dus, 1 3  décembre  1875). 


(  3°2  ) 

»  J'ai  représenté  sur  le  têtard  à'Astellium,  récemment  éclos,  un  oozoïte 
et  un  blastozoïte  complets,  plus  un  deuxième  blastozoïte  dont  je  n'ai  pas 
figuré  la  branchie  parce  qu'elle  n'existe  qu'à  l'état  de  bourgeon  indifféren- 
cié, caché  par  le  futur  intestin,  la  masse  brunâtre  désignée  par  la  lettre  P 
dans  la  figure  citée  par  Pizon.  Cette  niasse  brunâtre,  reste  de  l'endoderme 
primitif,  a  représenté  successivement  l'intestin  primordial  de  l'oozoïte, 
puis  du. premier  blastozoïte.  Au  stade  figuré,  elle  représente  l'intestin  du 
deuxième  blastozoïte,  et  elle  représentera  plus  tard,  jusqu'à  épuisement, 
l'intestin  des  blastozoïtes  successifs;  de  même  que,  dans  tous  les  œufs  à 
embryogénie  condensée,  les  réserves  deutoplasmiques  représentent  l'ar- 
chentéron  de  l'embryon. 

»  Je  n'ai  dit  nulle  part,  comme  l'avance  Pizon,  que  les  cinq  ou  six 
blastozoïtes  presque  complètement  développés  que  j'ai  observés  chez  les 
larves  fixées  depuis  sept  ou  huit  heures  dérivaient  des  tubes  exodermi- 
ques.  Je  considérais  autrefois  ces  prolongements  comme  devant  servir  ulté- 
rieurement à  l'extension  à  distance  de  la  colonie,  et  je  leur  donnais,  pour 
ce  motif,  le  nom  de  tubes  sloloniaux.  Mais  la  colonie  étant,  dans  le  début, 
composée  d'une  chaîne,  l'animalcule  le  moins  développé  au  moment  de 
l'éclosion  était,  disais-je,  «  celui  qui  se  trouve  à  droite  et  à  la  partie  infé- 
»   Heure  du  têtard  »  dans  la  figure  discutée. 

»  Il  y  a  longtemps  que  Rrohn  et  Metschnikoff  pour  les  Botrylliens, 
Délia  Valle  pour  les  Botrylliens  et  les  Reliculatœ,  ont  relevé  l'erreur  que 
nous  avions  commise,  H.  Milne-Edwards  et  moi,  en  attribuant  aux  tubes 
exodermiques  un  rôle  immédiat  dans  la  cormogénèse.  Toutefois,  il  ne  me 
parait  pas  encore  suffisamment  établi  que  ces  organes  ne  contribuent  en 
aucun  moment  à  la  production  de  nouveaux  individus.  En  ce  qui  concerne 
les  Diplosomiens,  j'ai  signalé,  en  1872,  le  bourgeonnement  direct,  que  j'ai 
appelé  improprement  pylorique,  et  qu'il  vaut  mieux  désigner  sous  le  nom 
de  bourgeon  œsophagien.  Ce  bourgeon  correspond,  comme  je  l'ai  indiqué 
depuis  pour  Dts/aplia,  à  la  cloison  ovarienne  (tube  épicardique  E.  van  Be- 
neden)  des  Polvcliniens  (').  Pizon  est  d'accord  avec  moi  sur  ce  point, 
puisqu'il  fait  naître  le  bourgeon  œsophagien  de  la  membrane  pcribrau- 
chiale,  près  de  la  naissance  de  l'œsophage. 

»  Mais  il  est  un  fait  d'une  importance  capitale  qui  semble  avoir  complè- 
tement échappé  à  Pizon,  c'est  que  chez  les  Synascidies  la  rapidité  du  dé- 

(')  A.  Gi.uid,  Sur  deux  Synascidies  nouvelles  pour  les  côtes  de  France  (Comptes 
rendus,  26  oclobre  1886). 


(  ™3   ) 

veloppement  et  le  nombre  des  blastozoïtes  produits  par  un  même  œuf 
dépend  très  souvent,  dans  une  large  mesure,  des  conditions  éthologiques. 
J'ai  insisté  autrefois  sur  l'indépendance  relative  des  divers  rudiments  de 
l'oozoïte  et  des  blastozoïtes,  et  sur  les  variations  que  présente  l'embryo- 
génie des  Ascidies  composées  suivant  les  conditions  de  milieu  et  les  ré- 
serves nutritives  mises  à  la  disposition  de  l'embryon.  Dans  ses  très  intéres- 
santes Recherches  sur  les  Tuniciers,  Lahille  nous  donne  un  nouvel  exemple 
fort  démonstratif  de  ces  variations.  Le  Leptoclinum  Lacazii,  Giard  (Diploso- 
moides,  Lahille)  présente  des  oeufs  de  deux  sortes  qui  peuvent  se  rencon- 
trer dans  un  même  cormus.  Les  uns,  pauvres  en  vitellus  nutritif,  donnent 
de  petites  larves  dont  la  queue  se  résorbe  de  très  bonne  heure  et  qui 
n'ont  pas  encore  bourgeonné  le  troisième  jour;  les  autres,  riches  en  deu- 
toplasme,  produisent  des  larves  qui  nagent  encore  le  quatrième  jour  et 
contiennent  déjà,  à  ce  moment,  une  colonie  de  trois  individus,  dont  deux 
blastozoïtes  pourvus  de  branchies;  au  boni  d'une  douzaine  d'heures,  on  a 
une  colonie  d'une  dizaine  de  blastozoïtes. 

»  Cette  observation  de  Lahille  confirme  d'une  façon  éclatante  mes 
indications  d'il  y  a  vingt  ans.  D'ailleurs  le  cas  des  Synascidies  n'est  pas 
isolé  dans  le  règne  animal. 

»  Schneider  et  Haeckel  ont  vu  que,  suivant  les  quantités  de  réserves 
nutritives  contenues  dans  l'œuf,  le  scvphopolvpe  à' Aurélia  aurila  L.  donne 
naissance  par  bourgeonnement  à  une  série  d'Ephyra  ou  se  transforme  par 
hypogénèse  en  une  seule  Ephyra  qui,  d'abord  fixée,  devient  nageuse  en 
se  métamorphosant  en  Méduse  (Ephyra  pedunculata  Haeckel). 

»  Il  Gphioihrix  fragiles  Mùller,  ainsi  que  je  l'ai  constaté,  pond,  suivant 
les  conditions  éthologiques,  tantôt  des  œufs  qui  se  transforment  en  un 
pluteus  parfait,  tantôt  des  pluteus  imparfaits,  tels  que  ceux  étudiés  par 
Apostolides,  tantôt  même  des  embryons  incapables  de  nager,  qui  donnent 
une  Ophiure  par  développement  direct. 

»  Nous  avons  montré  presque  simultanément,  Boas  et  moi,  que  chez 
Palœmoneles  varians  Leach  la  dimension  et  le  nombre  des  œufs  ainsi  que 
la  rapidité  des  métamorphoses  varient  suivant  que  l'animal  vit  dans  les 
eaux  saumâtres  du  Nord  ou  dans  les  lacs  d'eau  douce  du  Midi. 

»  Enfin,  Portschinslù  a  découvert  que  Musca  corvina  présente  des  œufs 
et  des  larves  complètement  différents  aux  environs  de  Saint-Pétersbourg 
et  dans  le  sud  de  la  Russie. 

»  Je  propose  de  donner  le  nom  de  pœcilogonie  à  cette  particularité  que 
possèdent  certains  animaux  d'offrir  des  processus  embrvogéniques  plus  ou 


(  3o4  ) 

moins  condensés,  suivant  les  conditions  éthologiques  où  vivent  les  parents 
et  les  réserves  nutritives  accumulées  dans  l'œuf.  L'étude  des  espèces  pœci- 
logones  est  des  plus  importantes  pour  l'Embryogénie  comparée,  puis- 
qu'elle nous  permet  de  comprendre  de  quelle  façon  des  types  voisins  ont 
pu  passer  d'une  évolution  dilatée  à  un  développement  plus  ou  moins  con- 
densé. Certains  exemples,  faussement  rattachés  aux  générations  alter- 
nantes ou  à  l'hétérogonie  (développement  des  Trématodes,  de  Leptodora 
hyalina,  etc.),  reçoivent  aussi  une  vive  lumière  si  on  les  rapproche  des 
formes  pœcilogones  dont  ils  constituent  un  cas  limite  compliqué  de  pro- 


anatomie  animale.  --   Sur  L'anatomie  du  Corambe  testudinaria. 
Note  de  M.  11.  Fischer,  présentée  par  M.  Ramier. 

«  Le  Nudibranche  que  j'ai  décrit  sous  le  nom  de  Corambe  testudina- 
ria (')  est  un  mollusque  de  petite  taille  (3mm  de  long)  que  l'on  trouve  en 
abondance  dans  le  bassin  d'Arcachon,  sur  les  Zostères  incrustés  de  Mem- 
branipores;  il  paraît  très  voisin  du  Corambe  sargassicola  R.  Bergh,  delà 
mer  des  Sargasses,  et  du  Corambe  batava  Kerbert,  du  Zuyderzée.  Les  re- 
cherches anatomiques  que  j'ai  entreprises  sur  cet  animal  dans  le  but  de 
déterminer  ses  affinités  avec  les  autres  Nudibranches  m'ont  conduit  aux 
résultats  suivants  : 

m  Le  notaeum  déborde  le  pied  de  toutes  parts;  il  est  percé  de  deux  ou- 
vertures laissant  passer  les  rhinophores  rétractiles,  et  présente  en  arrière 
une  échancrure  médiane.  Les  branchies  sont  situées  dans  la  région  posté- 
rieure, à  droite  et  à  gauche,  et  attachées  sous  le  notœum. 

»  Le  tube  digestif  comprend  les  parties  suivantes  :  i°  le  bulbe  buccal 
qui  reçoit  les  canaux  d'une  paire  de  glandes  salivaires  et  contient  une  ra- 
dule  dépourvue  de  dent  centrale,  portant  de  chaque  côté  une  grande  denj 
latérale  et  quatre  petites  dents  marginales;  2"  l'œsophage;  3°  l'estomac, 
où  s'ouvre  largement  le  canal  excréteur  d'un  foie  à  lobes  non  disjoints,  ne 
se  prolongeant  pas  dans  les  branchies  ni  dans  le  notaeum;  4°  l'intestin  qui 
s'étend  en  ligne  droite  jusqu'à  l'anussitué  sur  la  ligne  médiane,  au-dessous 
du  notaeum  et  entre  les  branchies. 

»   Le  système  nerveux  n'est  pas  très  condensé  :  les  ganglions  cérébroïdes 


(')  Bulletin  de  la  Société  zoologic/uc  de  France,  t.  XIV;  1889. 


(  3o5  ) 

et  palléaux,  assez  intimement  soudés,  sont  distincts  des  ganglions  pédieux. 
Il  existe  un  ganglion  optique  uni  à  l'œil  par  un  nerf  optique  assez  long. 
Chaque  ganglion  olfactif  est  porté  sur  un  pédoncule  relativement  court. 
Les  otocystes  sessiles  sont  attachés  au-dessous  des  ganglions  cérébroïdes. 
J'ai  constaté  la  présence  de  cinq  commissures  sous-œsophagiennes  :  la 
commissure  buccale,  portant  les  ganglions  buccaux  rattachés  à  des  gan- 
glions supra-buccaux,  et  la  commissure  cérébroïde  inférieure  unissent  les 
ganglions  cérébroïdes;  la  commissure  viscérale,  présentant  du  côté  droit 
un  renflement  qui  est  le  ganglion  viscéral,  unit  les  ganglions  palléaux;  la 
commissure  pédieuse  et  la  commissure  pédieuse  postérieure  unissent  les 
ganglions  pédieux. 

»  La  glande  génitale  est  constituée  par  des  acini  mâles  et  des  acini  fe- 
melles ;  son  conduit  excréteur,  renflé  vers  le  milieu  en  forme  d'ampoule, 
donne  en  se  divisant  l'oviducte  et  le  canal  déférent.  Celui-ci  traverse  dans 
toute  sa  longueur  le  pénis,  qui  est  rétractile  dans  une  gaine.  L'oviducte  se 
réunit  à  un  petit  canal  provenant  de  la  poche  copulatrice,  puis  se  rend  dans 
la  glande  albuminipare  qui  communique  par  deux  canaux  avec  la  glande 
de  la  glaire,  laquelle  s'ouvre  à  l'extérieur  par  l'orifice  femelle. 

»  La  poche  copulatrice  unique,  arrondie,  communique  avec  le  dehors 
par  l'intermédiaire  du  canal  copulateur;  celui-ci  se  réunit  à  la  gaine  du  pé- 
nis pour  former  le  vestibule  génital  qui  s'ouvre  au-dessus  de  l'orifice  fe- 
melle. 

»  Le  rein  est  un  sac  allongé  dont  l'orifice  extérieur  se  trouve  au-dessus 
de  l'anus;  de  sa  région  antérieure  part  le  canal  réno-péricardique,  qui 
s'ouvre  par  un  entonnoir  cilié  dans  la  cavité  du  péricarde. 

«  La  circulation  se  fait  de  la  manière  suivante  :  le  sang,  lancé  par 
l'aorte  dans  les  lacunes  du  corps,  se  rassemble  entre  les  lobes  du  foie, 
passe  au-dessous  du  rein  en  subissant  la  dépuration  urinaire,  puis  s'engage 
dans  une  veine  médiane  qui  se  divise  en  deux  canaux  se  rendant  aux  bran- 
chies; le  sang  hématose  revient  à  l'oreillette  par  les  vaisseaux  efférents 
branchiaux.  Une  autre  partie  du  sang  passe  des  lacunes  dans  le  notseum, 
s'y  hématose  comme  dans  les  branchies  et  revient  à  l'oreillette  par  deux 
vaisseaux  latéraux.  Une  glande  hématique  existe  en  arrière  du  système 
nerveux. 

»  Parmi  les  faits  histologiques  qui  m'ont  semblé  intéressants,  je  citerai 
les  suivants  :  le  canal  déférent,  la  glande  albuminipare  et  la  glande  de  la 
glaire  présentent  des  exemples  d'épithélium  glandulaire  formé  par  une 
seule  couche  de  cellules  dont  les  unes  sont  simplement  ciliées,  les  autres 

C.  R.,  1S91,  1  '  Semestre.  (T.  CXII,  N'  5.)  1° 


(  3o6  ) 

caliciformes  et  sécrétrices.  J'ai  rencontré  dans  l'oreillette  et  dans  les 
muscles  de  la  radule  des  fibres  striées  transversalement.  Le  nota^um  ren- 
ferme des  cellules  conjonctives  dont  les  prolongements  ondulés  courent 
parallèlement  et  réunissent  les  deux  faces  de  cet  organe  ;  les  cellules  épi- 
théliales  sécrètent  une  cuticule  épaisse  cpii  peut  se  détacher  en  partie,  sui- 
vant un  processus  analogue  à  celui  de  la  mue.  Les  terminaisons  nerveuses 
connues  sous  le  nom  de  cellules  de  Flemming  se  rencontrent  fréquemment 
dans  le  notœum. 

»  L'embryon  présente  au  moment  de  l'éclosion  le  corps  pigmenté  décrit 
chez  la  Philine  par  de  Lacaze-Duthiers  et  Pruvot  sous  le  nom  à' œil  anal. 
J'ignore  si  cet  organe  larvaire  a  quelque  rapport  avec  une  glande  posté- 
rieure médiane  en  cul-de-sac  que  l'on  trouve  chez  l'adulte  au-dessus  du 
pore  urinaire,  c'est-à-dire  non  loin  de  l'anus  :  dans  ce  cas,  ces  deux  forma- 
tions seraient  comparables  à  l'organe  de  de  Lacaze-Duthiers  des  Pulmonés, 
car  cet  auteur  admet  que  l'œil  anal  des  Philines  en  est  l'équivalent  mor- 
phologique. 

»  Les  caractères  anatomiques  (notseum,  radule  sans  dent  médiane,  ab- 
sence de  mâchoires,  foie  compact,  anus  médian,  ganglions  olfactifs  cour- 
tement  pédoncules,  ganglion  viscéral,  glande  hématique)  éloignent  pour 
la  plupart  le  Corambe  des  Polybranches(,£'o/«)  et  le  rapprochent,  au  con- 
traire, des  Anthobranches (Boris,  Goniodoris);  toutefois  un  certain  nombre 
de  ces  caractères  appartiennent  également  aux  Phyllidudœ,  dont  les  bran- 
chies ont  une  disposition  qui  rappelle  celle  qu'on  observe  chez  le  Corambe. 
Les  autres  Inferobranches  (Pleurophyllidiidœ)  s'éloignent  beaucoup  du 
Corambe.  Un  certain  nombre  de  caractères  anatomiques  (échancrure  du 
notœum,  forme  des  branchies)  sont  spéciaux  à  ce  genre. 

»  En  résumé,  le  Corambe  doit  être  placé  dans  une  famille  spéciale  qui  a 
beaucoup  d'affinités  avec  les  Anthobranches  et  se  rapproche  aussi  des  Phyl- 
lidiidœ.  Ce  résultat,  que  R.  Bergh  avait  soupçonné  par  l'étude  des  carac- 
tères extérieurs,  se  trouve  donc  bien  établi  par  les  faits  anatomiques.  Cette 
famille  s'éloigne  complètement  des  Pleurophyllidiidœ,  des  Polybranches  et 
des  Pellibranches. 

»  A  côté  du  Corambe  il  faut  probablement  placer  dans  cette  famille  deux 
formes  qui  me  paraissent,  autant  qu'on  en  peut  juger  par  des  descriptions 
très  insuffisantes,  génériquement  très  voisines,  sinon  identiques  :  le  Dori- 
della  obscui -a  V 'errill,  long  de  7mm,  des  côtes  orientales  de  l'Amérique  du 
Nord,  et  l' Hypobranchiœa  fusca  Adains,  de  la  mer  Jaune,  atteignant  i5cm 
de  long.  Ce  dernier  genre  est  le  plus  anciennement  décrit  (1847)  et  doit 


(  3o7  ) 
donner  son  nom  à  la  famille,  ainsi  que  le  D'  P.  Fischer  l'a  déjà  proposé. 
On  voit  que  cette  famille  des  Hypobranehiwidœ  présente  une  aire  de  distri- 
bution très  vaste  (Amérique  du  Nord,  mer  des  Sargasses,  golfe  de  Gas- 
cogne, mer  du  Nord,  mer  Jaune).  » 

ZOOLOGIE.  —  Les  Acridiens  (  Acridium  peregrinum,  Oliv.)  dans  T extrême  Sud 
algérien.   Les  populations  acridophages.   Note  de  M.  J.  Kunckei.  d'Her- 

CULAIS. 

«  Les  dépèches  transmises  par  l'autorité  militaire  annoncent  que  de 
nombreux  vols  de  Criquets  nomades  ou  pèlerins  {Acridium  peregrinum, 
Oliv.)  commencent  à  envahir  l'extrême  sud  de  l'Algérie.  Du  i5  au  22  dé- 
cembre 1890,  des  vols  venant  du  sud-ouest,  c'est-à-dire  de  l'Aouguerout 
et  des  pays  voisins,  où  ils  ont  commis  de  grands  ravages,  se  sont  abattus 
sur  le  territoire  du  cercle  de  Ghardaia,  dans  la  région  du  sud-est  comprise 
entre  les  postes  d'El-Golea  et  de  Ouargla,  ainsi  qu'au  sud  de  Tougourt  et 
d'El-Oued.  Depuis  lors,  les  uns  se  sont  avancés  vers  Ouargla,  qu'ils  ont 
déjà  dépassé;  d'autres  se  sont  dirigés  vers  la  Tripolitaine.  Une  caravane 
de  Meharza  a  apporté  à  Géryville  la  nouvelle  que  toute  la  région  du  Touat 
et  du  Gourara  a  été  parcourue  par  des  vols  de  ces  Acridiens;  ceux-ci  ont 
d'abord  poussé  leurs  incursions  jusqu'à  la  lisière  nord  de  l'Areg,  qu'ils 
couvrent  entièrement;  puis  ils  se  sont  avancés  dans  la  Hamoda,  au  sud  de 
Géryville,  où  ils  occupent  actuellement  un  espace  carré  de  trois  journées 
de  marche;  ils  remontent  vers  le  nord. 

»  Ces  Criquets  sont  ordinairement  revêtus  de  teintes  jaunes,  ainsi  que 
le  rapportent  tous  les  témoins  des  invasions  et  que  le  prouvent  les  descrip- 
tions et  les  figures.  Olivier  et  Audinet-Serville  ont  signalé  une  variété 
rouge  jaunâtre;  tous  les  exemplaires  vivants,  morts  ou  préparés  que  j'ai 
entre  les  mains,  qu'ils  proviennent  de  l'extrême  Sud,  des  départements  de 
Constantine,  d'Alger  ou  d'Oran,  appartiennent  sans  exception  à  une  va- 
riété superbe  dont  toutes  les  colorations  jaunes  sont  remplacées  par  de 
belles  nuances  rouge  carminé  très  foncé,  passant  au  rose  sur  les  ailes  in- 
férieures et  les  pattes.  A  quoi  tient  cette  différence  de  coloration  des  pig- 
ments, portant  sur  des  milliers  d'individus?  Les  générations  qui  se  déve- 
loppent dans  les  régions  septentrionales  par  rapport  à  l'habitat  normal 
y  perdent-elles  leur  teinte  primiiive?  Tl  est  impossible  de  répondre  actuel- 
lement. 


(  3o8  ) 

»  Ces  Criquets  pèlerins  n'ont  causé  jusqu'ici  que  peu  de  dégâts,  les 
dattes  étant  récoltées  et  les  céréales  n'étant  pas  sorties  de  terre;  la  pépi- 
nière de  Bou-Amem  (Ouargla) seule  aurait  subi  quelques  dommages:  mais 
ils  sont  une  menace  pour  le  Tell,  qu'ils  pourraient  envahir  dès  le  premier 
printemps,  ainsi  qu'ils  l'ont  fait  en  i845,  1866,  1874,  1877.  On  aurait  alors 
à  combattre  à  la  fois  l'invasion  des  Acridium  peregrinum,  espèce  nomade 
venant  de  l'extrême  Sud,  et  celle  des  Stauronolus  Maroccanus,  espèce  au- 
tochtone évoluant  sur  les  hauts  plateaux,  ce  qui  créerait  une  situation 
difficile. 

»  Les  populations  des  douars  voisins  des  points  d'atterrissements  des 
Acridiens  ont  été  levées  immédiatement  pour  procéder  à  leur  destruction. 
Les  indigènes  se  sont  d'autant  mieux  prêtés  aux  ordres  qu'on  leur  donnait 
qu'ils  utilisent  ces  grands  Criquets  comme  aliments.  Chaque  tente,  chaque 
maison  a  fait  sa  provision,  évaluée  en  moyenne  à  une  charge  et  demie  par 
tente  ('). 

»  Il  est  intéressant  de  constater  que,  de  nos  jours,  il  subsiste  encore,  dans 
les  mêmes  pays,  une  coutume  qui  remonte  à  la  plus  haute  antiquité  et  qui 
s'est  transmise  à  travers  les  âges  chez  les  habitants  du  désert.  Strabon,  qui 
écrivait  au  commencement  de  notre  ère,  rapporte  que,  dans  les  contrées 
correspondant  à  notre  extrême  Sud  algérien  et  tunisien,  «  au  voisinage 
»  des  Strutophages,  habitent  les  Acridophages  qui  vivent  de  sauterelles 
»  que  les  vents  du  sud-ouest  et  de  l'ouest,  toujours  très  forts  au  printemps 
»  dans  ces  régions,  emportent  et  chassent  vers  leur  pays  »;  et  plus  loin  il 
ajoute  :  «  Après  qu'on  les  a  ramassés,  on  les  écrase,  on  les  pile  dans  de  la 
»  saumure,  pour  en  faire  des  espèces  de  gâteaux  qui  forment  le  fond  de  la 
»  nourriture  des  Acridophages.  »  Ne  croirait-on  pas  lire  un  passage  des 
rapports  ou  des  récits  de  nos  officiers,  témoins  des  invasions  des  Criquets 
pèlerins  dans  notre  Sahara?  Les  autruches  ayant  disparu  de  ces  régions, 


(')  Pour  les  conserver,  ils  les  font  cuire  d'abord  dans  l'eau  salée,  de  la  même  façon 
que  nous  préparons  les  Crevettes;  puis  ils  les  sèchent  au  soleil.  Ils  en  ramassent  et 
préparent  des  quantités  si  considérables  que,  non  contents  d'assurer  leurs  approvision- 
nements, ils  en  font  un  article  de  négoce;  c'est  ainsi  qu'ils  les  vendent  actuellement 
sur  les  marchés  de  Tougourt,  de  Temacin  et  des  villages  voisins.  J'ai  eu  entre  les 
mains  une  boite  de  ces  Criquets  fraîchement  préparés,  et  j'ai  pu  me  convaincre  qu'ils 
constituaient  un  mets  très  acceptable;  le  goût  de  crevette  que  lui  attribuent  les  voya- 
geurs est  assez  prononcé.  Avec  le  temps,  ils  perdent  de  leurs  qualités;  mais  n'en  se- 
rait-il pas  de  même  de  nos  Crustacés,  si  nous  les  mangions  salés  et  séchés  au  bout  de 
quelques  mois. 


(  3o9  ) 
il  n'y  a  plus  de  Strutophages;  mais  les  Acridiens  s'y  montrant  en  immenses 
légions,  il  y  a  toujours,  comme  au  temps  passé,  des  Acridophages.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  De  V influence  de  la  nature  des  terrains  sur  la  végétation. 
Note  de  M.  G.  Rauli.v,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  La  pratique  agricole  enseigne  que  les  engrais  ne  sont  pas  tout  en 
Agriculture,  et  que,  indépendamment  de  ceux-ci,  il  y  a  des  terrains  de 
valeurs  productives  très  inégales. 

»  M.  Grandean  a,  depuis  un  certain  nombre  d'années,  établi  à  Tom- 
blaine,  à  l'école  Mathieu  de  Dombasle,  des  cases  à  végétation,  dans  les- 
quelles il  a  comparé  l'influence,  sur  la  production  du  blé,  de  la  nature  du 
terrain,  de  l'espacement  des  graines,  de  la  variété  des  semences  et  des 
engrais  :  ces  expériences  ont  mis  en  évidence  l'intervention  de  la  nature 
du  sol,  indépendamment  des  autres  circonstances,  pour  faire  varier  le 
poids  des  récoltes. 

»  Il  m'a  semblé  qu'il  y  aurait  encore  actuellement  un  certain  intérêt  à 
entreprendre  des  expériences  ayant  pour  but  l'étude  spéciale  de  l'in- 
fluence des  éléments  constitutifs  des  divers  terrains  agricoles  sur  les  prin- 
cipales cultures,  afin  d'arriver,  s'il  est  possible,  à  établir  des  nombres  qui 
puissent  guider  jusqu'à  un  certain  point  la  pratique  agricole. 

»  On  a  commencé  celte  étude  par  l'expérience  suivante,  installée  au 
champ  d'expériences  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Lyon,  à  Pierre-Bénite  : 

»  On  a  enlevé  la  terre  végétale  sur  une  profondeur  de  g5cm  et  sur  une  étendue  de 
5  ares  formant  cinq  carrés  de  i  are  chacun.  Le  sous-sol  étant  argileux,  on  a  mis  au 
fond  5cm  à  6cm  de  gros  gravier  pour  former  un  drainage;  enfin  on  a  rapporté  dans 
chacun  de  ces  carrés,  savoir  : 

N°  1,  une  terre  très  riche  en  sable  siliceux.      76  p.  100  du  poids  de  la  terre  sèche 

N°  2,  une  terre  très  riche  en  argile 47  " 

N°  3,  une  terre  très  riche  en  calcaire j!\  » 

N°  4,  une  terre  très  riche  en  humus 68  p.  100  du  poids  de  la  terre  de  tourbe 

N"  5,  le  mélange  à  volumes  égaux,  des  quatre  terres  précédentes. 

»   On  a  semé  les  mêmes  engrais  chimiques  sur  ces  cinq  parcelles  : 

Par  an. 

Sulfate  d'ammoniaque  (azote) , 0,6 

Phosphate  précipité  (acide  phosphorique) 0,6 

Chlorure  de  potassium  (potasse) 0,7 

Plâtre 2,0 


(  3iô  ) 

»  Le  24  avril  1890,  on  a  semé  sur  la  moitié  de  chacun  de  ces  carrés  du  maïs  et  sur 
l'autre  moitié  des  betteraves. 

)>  Dès  les  premiers  jours,  on  a  remarqué  des  différences  fort  remar- 
quables dans  la  vigueur  de  ces  diverses  cultures  :  ces  différences  ont  con- 
servé pour  les  betteraves  des  rapports  à  peu  près  constants  pendant  toute 
la  durée  de  la  végétation,  mais  elles  se  sont  notablement  atténuées  pour 
le  maïs  à  mesure  qu'on  approchait  de  la  maturité,  sans  doute  à  cause  de 
la  multiplicité  des  radicelles  de  cette  céréale. 

»  La  récolte  a  eu  lieu  le  17  novembre.  Voici  les  résultats  : 

Betteraves.  Maïs. 

Poids 

à 

l'hectare. 

N°  1,  sable 2,o5i 

N°  2,  argile 2,254 

N°  3,  calcaire 3g, 356 

N°  4-,  terre  de  tourbe.  .  .  .  33,o4o 

IS'0  5,  mélange 59, 100 

»  On  a  dosé  le  sucre  dans  les  betteraves,  et  l'on  a  obtenu  les  nombres  suivants  : 

Sucre  compté 

à  l'état 
de  C»H"0«. 

Betteraves  du  n°  1  (sable) 6,17  pour  100 

»  2  (argile) 3,64       » 

»  3  (calcaire) 7,56       » 

»  k  (terre  de  tourbe).  .  .  .  6,3i        » 

»  5  (mélange) 7>23       » 

s  Comme  particularité,  je  citerai  le  fait  suivant  :  le  rang  de  betteraves  placé  dans 
le  calcaire  le  long  de  la  terre  naturelle  du  champ,  terre  riche  en  humus,  a  donné  des 
betteraves  pesant  i73osr  chacune,  pendant  que  chaque  betterave  de  la  terre  naturelle 
pesait  838er,  et  les  autres  betteraves  du  calcaire  989s1".  En  outre,  les  premières  avaient 
une  richesse  en  sucre  exceptionnelle  :  10, 58  pour  100. 

»  En  résumé  :  1°  le  mélange  des  quatre  terres,  sable,  argile,  calcaire, 
terre  de  tourbe,  a  donné  des  betteraves  et  des  maïs  d'un  poids  supérieur 
à  celui  des  plantes  des  terres  séparées,  et  des  betteraves  d'une  richesse 
saccharine  supérieure  à  la  moyenne; 

»  20  11  y  a  d'une  terre  à  l'aulre  des  différences  considérables  dans  le 


Poids 

Poids 

Poids 

de 

à 

de 

Nombre. 

l'unité. 

l'hectare. 

Nombre. 

l'unité. 

37 , 4oo 

kg 
o,o5ô 

kg 

87 ,600 

54,4oo 

kg 
0,691 

3o,ooo 

0,070 

1  '1,720 

3o,4oo 

1 ,5o4 

39,800 

o,989 

71 ,600 

49 . 4oo 

i,449 

3 1 , 000 

1  ,060 

54,ooo 

42,000 

1,286 

39,200 

i,5o8 

78,000 

4i,4oo 

i,884 

(  3n   ) 
poids  de  l'unité  des  maïs,  ou  de  l'unité  ou  de  la  richesse  saccharine  des 
betteraves  ; 

»  3°  Ces  trois  sortes  de  résultats  ne  sont  pas  du  tout  dans  le  même 
ordre  :  pour  le  poids  des  maïs,  le  sable  a  une  infériorité  marquée,  et  l'ar- 
gile tient  le  premier  rang  (après  le  mélange);  pour  le  poids  des  betteraves, 
le  sable  occupe  le  dernier  rang,  la  terre  de  tourbe  le  premier;  pour  la  ri- 
chesse saccharine,  l'argile  donne  le  minimum  de  sucre,  et  le  calcaire  le 
maximum;  le  mélange  même  ne  se  place  qu'après  lui. 

»  Cette  première  série  d'expériences  a  été  faite  dans  des  conditions  un 
peu  complexes  :  si  les  parcelles  ont  reçu  le  même  engrais  chimique,  les 
diverses  terres  n'étaient  pas,  par  elles-mêmes,  absolument  stériles,  et 
elles  contenaient  naturellement  des  proportions  d'azote,  d'acide  phospho- 
rique,  de  potasse  assimilables,  notablement  différentes,  qui  ont  dû  avoir 
leur  part  d'influence  sur  les  résultats.  Toutefois  ces  terres,  qui  n'avaient 
pas  reçu  d'engrais  depuis  plusieurs  années,  étaient  très  épuisées,  et  il  est 
impossible  d'expliquer  par  ces  différences  d'engrais  naturel  la  totalité  des 
différences  énormes  des  résultats  :  une  part  d'influence  considérable  re- 
vient donc  à  la  nature  des  terrains.  C'est  ce  que  je  voulais  établir  pour  le 
moment.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  respiration  des  cellules  à  l'intérieur  des 
tissus  massifs.  Note  de  M.  IIenbi  Devaux,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  Les  physiologistes  se  sont  souvent  demandé  si,  au  centre  de  certains 
tissus  d'apparence  très  compacte,  la  respiration  normale  est  possible.  Par 
exemple,  dans  une  Betterave  ou  une  Pomme  de  terre,  les  tissus  forment  une 
masse  très  dense,  dans  laquelle  il  semble  n'exister  aucun  canal  spécial, 
pouvant  amener  l'air  extérieur  jusqu'aux  parties  profondes.  Il  paraît  donc 
probable  que  l'oxygène  libre  ne  peut  pénétrer  jusque  dans  les  parties  cen- 
trales de  ces  organes,  et  que  c'est  surtout  du  gaz  carbonique  qu'on  trou- 
verait à  sa  place. 

»  S'il  en  était  ainsi,  les  cellules  externes  auraient  une  vie  aérobie,  les 
cellules  internes  une  vie  anaérobie.  Tout  se  passerait  comme  dans  le  cas 
d'une  culture  de  Bactéries  en  vase  profond  :  à  la  surface  les  êtres  aérobies 
pullulent,  saisissent  l'oxygène  au  passage  et  n'en  laissent  pas  arriver  trace 
aux  couches  profondes,  où  ne  peuvent  vivre  que  des  êtres  anaérobies. 

»   Ainsi  se  pose  la  question  suivante  :  la  vie  anaérobie  existe-t-elle,  d'une 


(    3l2    ) 

manière  normale  et  constante,  au  sein  de  certains  tissus  compacts  et  vo- 
lumineux? J'ai  fait  à  ce  sujet  des  recherches  spéciales  (  '),  et  j'ai  toujours 
trouvé  de  l'oxygène  libre  en  quantité  notable  au  centre  des  organes  étu- 
diés. Ce  fait  résout  la  question  précédente  par  la  négative.  Toutes  les  cel- 
lules des  tissus  massifs,  même  les  plus  profondes,  reçoivent  l'oxygène  libre 
et  possèdent  la  respiration  normale. 

»  Dans  la  Pomme  de  terre,  par  exemple,  l'analyse  du  mélange  gazeux  interne  a 
donné  la  composition  suivante  : 

CO* 4.74 

O i4,88 

Az 80, 38 

100,00 

»  Cette  composition  centésimale  est  peu  variable  et  se  retrouve  chez  beaucoup 
d'autres  sujets.  Dans  la  Betterave,  le  mélange  avait  une  composition  assez  voisine  de 
la  précédente  : 

CO- 4,68 

0 12,94 

Az 8a,38 

100,00 

»  Dans  les  énormes  fruits  du  Potiron,  dont  le  poids  peut  dépasser  3oks,  on  trouve 
de  l'air  presque  pur,  comme  l'indique  l'analyse  suivante  : 

CO2 2,52 

O .8,29 

Az 79.  '9 

100,00 

»  Ces  exemples  suffisent,  car  j'ai  trouvé  des  résultats  analogues  pour 
tous  les  organes  que  j'ai  eu  l'occasion  d'étudier,  fruits,  tubercules,  ra- 
cines tuberculeuses,  Champignons,  etc. 

»  On  peut  dire  que,  d'une  manière  habituelle,  la  proportion  d'oxygène 
dépasse  10  pour  100  dans  l'atmosphère  interne.  Ce  fait  nous  permet  d'af- 
firmer qu'au  centre  des  tissus  massifs  la  respiration  est  toujours  normale. 


(')  H.  Deyaux,  Méthode  nouvelle  pour  l'étude  des  atmosphères  internes  chez  les 
végétaux  {Bulletin  de  la  Société philomathique,  8e  série,  t.  II,  1890-91,  p.  110,  avec 
ligures  dans  le  texte);  Atmosphère  interne  des  tubercules  et  racines  tuberculeuses 
{Bulletin  de  la  Société  botanique,  16  décembre  1890,  et  Bulletin  de  la  Société  philo- 
mathique, 17  décembre  1890.) 


(  3.3  ) 

»  Il  reste  à  expliquer  comment  l'oxygène  peut  ainsi  pénétrer  à  l'inté- 
rieur de  masses  cellulaires  si  compactes.  J'ai  reconnu  que  la  pénétration 
se  produit  à  travers  des  espaces  très  fins,  très  ramifiés  dans  la  masse  totale, 
et  qui  rendent  celle-ci  notablement  poreuse,  malgré  son  apparence  com- 
pacte. Ces  espaces  sont  bien  visibles  au  microscope,  parce  qu'ils  sont  pleins 
d'air;  ils  représentent  des  méats  aerifères  anastomosés  entre  eux  et  for- 
mant au  sein  des  tissus  une  arborisation  étendue.  Les  gaz  peuvent  circuler 
dans  les  fins  canalicules  de  ce  système,  car  j'ai  pu  aspirer  l'air  extérieur  à 
travers  toute  une  grosse  Pomme  de  terre,  entière  et  vivante,  sans  aucune 
difficulté.  Il  suffit  même  que  l'air  contenu  dans  les  méats  soit  soumis  à  une 
dépression  manométrique  très  faible  pour  qu'aussitôt  l'air  extérieur  se 
mette  à  rentrer;  quand  le  manomètre  marque  —  imm  de  mercure,  il  v  a 
un  courant  gazeux  rentrant  sans  cesse  par  ces  canalicules. 

»  C'est  certainement  par  suite  de  cette  circulation  facile  de  l'air  dans 
les  méats  aerifères,  que  la  Pomme  de  terre  a  une  atmosphère  interne  rela- 
tivement pure.  La  même  explication  s'applique  à  tous  les  organes  étudiés, 
fruits  ou  tubercules  ,  car  tous  ont  une  porosité  plus  ou  moins  grande.  J'ai 
fait,  à  ce  sujet,  des  expériences  qui  ne  laissent  aucun  doute  ('). 

»  La  porosité  existe  dans  les  tissus  vivants  et  n'existe  pasdans  les  liquides. 
C'est  pour  cela  que  les  cellules  vivantes  d'un  tubercule  et  celles  d'une  cul- 
ture liquide  se  comportent  d'une  manière  absolument  différente  en  appa- 
rence. Dans  le  premier  cas,  l'oxygène  gazeux  peut  pénétrer  facilement 
dans  les  parties  les  plus  profondes  du  tubercule.  Dans  le  deuxième  cas, 
l'absence  de  pores  empêche  toute  pénétration  rapide,  et  les  parties 
profondes  peuvent  ne  pas  recevoir  la  moindre  trace  d'oxygène. 

»  En  résumé,  on  peut  conclure  de  ce  qui  précède  que  : 

»  i°  Les  gaz  confinés  au  milieu  des  tissus  massifs  renferment  toujours 
une  forte  proportion  d'oxygène. 

»  2°  La  respiration  des  cellules  les  plus  internes  des  fruits,  des  tuber- 
cules, etc.,  est  toujours  la  respiration  normale. 

»  3°  La  communication  est  établie,  entre  ces  cellules  intérieures  et  l'at- 
mosphère externe,  par  un  système  de  canaux  aerifères  ramifiés,  qui  per- 
met le  passage  rapide  des  gaz,  même  pour  une  faible  différence  de 
pressions  (-).  » 


(')  Voir,  par  exemple  :  H.  Devaux,  La  porosité  du  fruit  des  Cucurbitacëes 
{Revue  générale  de  Botanique),  février  1891. 

(2)  Ces  recherches  ontété  faites  dans  les  laboratoires  d'Organographie  et  de  Phy- 
siologie végétale  du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  dirigés  par  M.  Ph.  van  Tiegher 


sm. 


C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  5.)  h  ' 


(  3i4  ) 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  de  l'état  hygrométrique  de  l'air  sur  la 
position  et  les  fonctions  des  feuilles  chez  les  Mousses.  Note  de  M.  Eugèxe 
Bastit,  présentée  par  M.  Duchartre  ('). 

«  Si  l'on  compare  des  tiges  de  Pqlytrichum  vivant  dans  des  lieux  hu- 
mides aux  tiges  de  même  espèce,  mais  se  développant  dans  les  endroits 
secs,  on  observe  que,  dans  le  premier  cas,  les  feuilles  sont  largement 
épanouies  et  présentent  une  face  supérieure  convexe  et  très  inclinée  par 
rapport  à  la  tige;  dans  le  second,  elles  se  montrent  latéralement  refermées 
sur  elles-mêmes  et  rapprochées  de  l'axe  au  point  de  devenir  embras- 
santes. L'absence  ou  la  présence  de  la  vapeur  d'eau  dans  l'air  sont  les 
causes  physiologiques  de  ces  deux  positions  différentes  que  prennent  les 
feuilles  et  des  mouvements  exécutés  par  elles  pour  passer  d'une  position  à 
l'autre. 

»  Or,  des  coupes  transversales  et  longitudinales  des  feuilles  montrent 
que  la  structure  est  loin  d'être  uniforme  sur  leurs  deux  faces  :  du  coté 
supérieur  ou  interne  on  ne  trouve  que  des  tissus  purement  cellulosiques 
(épiclerme  interne  et  lames  chlorophylliennes);  du  côté  inférieur  ou  ex- 
terne on  n'observe  que  des  tissus  de  résistance  (hypoderme  interne  su- 
bérifié  médian  et  longitudinal  garnissant  le  quart  environ  de  la  largeur 
du  limbe,  hypoderme  interne  subérifié  médian  et  longitudinal,  garnissant 
les  deux  tiers  environ  de  la  largeur  du  limbe,  épidémie  externe  à  parois 
extérieures  épaisses  et  recouvertes  d'une  cuticule).  Dès  lors  les  mouve- 
ments peuvent  s'expliquer  facilement  :  dans  une  atmosphère  sèche,  la 
transpiration  devient  considérable;  de  là  une  perte  d'eau  et,  par  suite,  une 
contraction  des  tissus  cellulosiques,  c'est-à-dire  de  la  face  interne  de  la 
feuille.  Cette  contraction  produit,  autour  du  point  d'insertion,  un  mou- 
vement d'articulation  de  la  feuille,  laquelle  se  rapproche  alors  de  la  tige, 
et  en  même  temps,  sur  toute  la  longueur  de  la  feuille,  un  mouvement  de 
flexion  qui  rend  concave  sa  face  supérieure. 

«  Outre  ces  deux  mouvements  longitudinaux,  la  feuille  exécute  des 
mouvements  latéraux,  décomposables  en  mouvements  d'articulation  et  en 
mouvements  de  flexion.  Les  mouvements  d'articulation  s'effectuent  autour 
de  trois  axes  pairs,  parallèles  au  plan  de  symétrie  de  la  feuille,  et  situés  : 
le  plus  interne,  à  la  limite  latérale  de  l'hypoderme  interne  ;  le  suivant,  à  la 

(')  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  Biologie  végétale  de  Fontainebleau,  sous 
la  bienveillante  direction  de  AI,  le  Professeur  Gaston  Bonnier. 


(  3.5  ) 

limite  de  l'hypoderme  externe;  le  plus  latéral,  à  la  limite  de  l'épiderme  in- 
terne. Chaque  portion  de  la  feuille  comprise  entre  deux  axes  consécutifs 
exécute  en  même  temps  un  mouvement  de  flexion  latérale,  qui  rend  sa 
face  interne  concave  transversalement.  Les  mouvements  latéraux  ont  pour 
effet  d'augmenter  la  concavité  interne  de  la  feuille,  jusqu'à  amener  les 
deux  régions  marginales  au  contact  l'une  de  l'autre.  Ainsi,  en  même  temps 
qu'elle  entraine  la  tige,  la  feuille  se  ferme  sur  elle-même  en  canal. 

»  Quelle  peut  être  l'influence  de  l'état  d'une  tige  fermée  sur  la  respira- 
lion  et  sur  la  fonction  chlorophyllienne?  Voici  comment  j'ai  opéré  pour 
m'éclairer  à  ce  sujet  : 

»  Dix  extrémités  feuillées  de  tiges  de  Polytrichum,  pesant  ensemble  2?1'  environ, 
étaient  introduites  à  l'état  épanoui  dans  une  éprouvette  remplie  d'air  humide.  Cette 
éprouvette  était  portée  sur  le  mercure; j'y  introduisais  une  faible  quantité  d'acide  car- 
bonique, et,  après  avoir  brassé  le  contenu  gazeux,  je  faisais  une  prise  initiale.  Je 
maintenais  ensuite  l'éprouvette  à  l'obscurité  pendant  dix  heures,  temps  au  bout  duquel 
je  faisais  une  deuxième  prise  de  gaz.  L'éprouvette  était  alors  exposée  pendant  dix 
heures  à  la  lumière  diffuse  et  je  pratiquais  une  prise  finale.  L'analyse  de  chaque  prise 
donnait  la  composition  de  l'atmosphère  :  i"  au  commencement  de  l'expérience;  2°  à  la 
fin  de  l'exposition  à  l'obscurité;  3°  à  la  fin  de  l'exposition  à  la  lumière.  La  comparaison 
des  deux  premières  prises  indiquait  les  modifications  qui  se  produisaient  dans  l'atmo- 
sphère par  suite  des  échanges  respiratoires;  celles  qui  résultaient  de  la  fonction  chlo- 
rophyllienne étaient  indiquées  par  la  comparaison  des  deux  dernières  prises. 

»  Aussitôt  après  la  prise  finale,  les  tiges  étaient  placées  sur  une  coupelle  que  l'on 
maintenait  pendant  quelques  heures  sous  une  cloche  remplie  d'air  sec.  Quand  elles 
avaient  pris  la  position  fermée,  on  les  introduisait  dans  une  éprouvette  contenant  de 
l'air  sec,  sur  laquelle  on  opérait  à  l'obscurité  et  à  la  lumière  diffuse  de  la  même  ma- 
nière et  pendant  le  même  temps  que  pour  les  tiges  épanouies. 

»   Voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  : 

»  i°  Respiration.  -  ■  Dans  les  deux  positions,  les  échanges  gazeux  se 
sont  toujours  effectués  dans  le  même  sens  et  avec  la  même  régularité.  Le 
rapport  du  volume  de  l'acide  carbonique  exhalé  au  volume  d'oxygène 
absorbé,  s'est  toujours  montré  sensiblement  constant  et  très  voisin  de  l'u- 
nité, sans  jamais  la  dépasser.  D'ailleurs,  la  proportion  d'oxygène  contenue 
dans  l'atmosphère  à  la  fin  du  séjour  dans  Tobseurité  n'a  jamais  été  infé- 
rieure à  16  pour  ioo.  Ainsi,  dans  les  deux  états,  les  tiges  feuillées  des 
Mousses  rentrent  dans  le  cas  général  de  la  respiration  des  tissus  à  chloro- 
phylle, étudiée  par  MM.  Bonnier  et  Mangin(  '  ). 


(')  Annales  des  Sciences  naturelles,  Bot.,  t.  XIX,  p.  117. 


(3t6  ) 

»  Mais  si  le  rapport  des  gaz  échangés  reste  le  même,  il  n'en  est  pas  ainsi 
de  l'intensité  :  ce  rapport  est  toujours  inférieur  à  l'unité,  ce  qui  démontre 
que  la  respiration  des  tiges  à  l'état  fermé  est  toujours  fort  ralentie. 

»  2°  Fonction  chlorophyllienne.  —  Le  sens  des  échanges  gazeux  opérés 
sous  l'action  de  la  lumière  est  resté  le  même  dans  les  deux  positions  des 
tiges.  Le  rapport  du  volume  d'oxygène  dégagé  à  celui  de  l'acide  carbonique 
décomposé  est  resté,  dans  l'un  et  dans  l'autre  cas,  très  voisin  de  l'unité, 
sans  jamais  lui  être  inférieur.  Mais  les  tiges  à  l'état  fermé  décomposent 
toujours  beaucoup  moins  d'acide  carbonique  et  dégagent  beaucoup  moins 
d'oxygène  que  lorsqu'elles  sont  épanouies;  d'où  on  doit  conclure  que, 
dans  les  tiges  à  l'état  fermé,  la  fonction  chlorophyllienne  est  considéra- 
blement ralentie. 

»  En  résumé  : 

»  i°  L'absence  de  vapeur  d'eau  dans  V  atmosphère  provoque ,  sur  les  feuilles 
des  Mousses,  des  mouvements  longitudinaux  et  latéraux,  qui  ont  pour  effet  de 
refermer  chaque  feuille  sur  elle-même  et  de  la  rapprocher  de  la  tige; 

»  2°  Dans  la  position  fermée  aussi  bien  que  dans  l'état  d 'épanouissement 
des  tiges  feuillées,  la  respiration  et  la  fonction  chlorophyllienne  se  comportent 
selon  les  lois  générales  connues  chez  les  végétaux  à  chlorophylle  ; 

»  3°  Dans  la  position  fermée  des  tiges  feuillées,  la  respiration  est  considéra- 
blement ralentie  et  la  fonction  chlorophyllienne  l'est  encore  davantage. 

»  C'est  donc  pendant  l'hiver,  quand  l'atmosphère  est  le  plus  souvent 
saturée  d'humidité,  que  les  Mousses  élaborent  avec  le  plus  d'intensité  les 
principes  nutritifs,  ce  qui  peut  expliquer  la  formation,  pendant  la  saison 
froide,  de  l'œuf  et  du  sporogone.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  l'argile  à  silex  du  bassin  de  Paris.  Note 
de  M.  A.  de  Lapparent,  présentée  par  M.  Daubrée. 

«  L'argile  à  silex  est  une  des  formations  les  plus  énigmatiques  du 
bassin  de  Paris.  Bien  des  hypothèses,  dont  aucune  n'a  encore  paru  satis- 
faisante, ont  été  proposées  pour  expliquer  son  mode  de  formation.  Après 
avoir,  pour  notre  part,  consacré  de  longues  réflexions  à  l'origine  de  cette 
argile,  qu'il  nous  a  été  si  souvent  donné  d'étudier  sur  toute  la  bordure  du 
bassin,  nous  nous  permettrons  de  hasarder  l'explication  suivante. 

»  Le  trait  dominant  de  Yargile  à  silex  des  plateaux  de  Normandie  est, 
d'une  part,  sa  pénétration  dans  la  craie  en  poches  qui  ne  peuvent  avoir 


(3t7) 

été  formées  que  par  dissolution  sur  place,  de  l'autre,  la  présence  extrê- 
mement fréquente,  au  centre  des  poches,  d'amas  d'argiles,  de  sables  et 
de  grès,  dans  lesquels  il  est  aisé  de  reconnaître  les  dépôts  habituels  du 
faciès  continental  de  Y  argile  plastique.  Ces  amas  sont  disloqués,  ployés  et 
portent  l'empreinte  manifeste  d'un  lent  effondrement,  qui  les  a  fait  tomber 
peu  à  peu  dans  ces  poches,  sur  l'emplacement  desquelles  ils  préexistaient, 
recouvrant  la  craie  en  couches  sensiblement  horizontales. 

»  Le  fait  est  général  dans  toute  la  Normandie.  Il  s'accuse  aussi  bien 
aux  environs  de  Verneuil  et  de  Dreux  que  près  de  Bolbec,  de  Rouen  et 
sur  les  bords  du  pays  de  Bray.  C'est  ainsi  que  tant  de  gisements  de  grès 
éocènes,  autrefois  exploités  pour  pavés,  ont  été  conservés  à  la  surface  du 
pays  de  Caux.  C'est  ainsi  que  souvent  les  silex,  produits  de  la  dissolution 
de  la  craie,  se  trouvent  empâtés  et  recouverts  par  des  argiles  bariolées, 
aux  couleurs  extrêmement  vives,  dont  les  analogues  se  voient  en  place,  à 
un  niveau  géologique  indiscutable,  dans  quelques  localités,  comme  celle 
de  Mélamare,  près  de  Bolbec. 

»  Seulement,  à  mesure  qu'on  s'éloigne  des  collines  de  la  haute  Nor- 
mandie, où  les  affleurements  de  grès  et  schistes 'siluriens  formaient  les 
centres  de  dispersion  des  sables  et  argiles  bariolés  éocènes,  la  couleur 
des  argiles  à  silex  devient  de  moins  en  moins  rutilante  et,  dans  le  Ponthieu, 
on  ne  voit  plus  que  des  argiles  brunes,  produites  aux  dépens  de  dépôts 
dont  la  teinte  originelle  n'offrait  rien  d'exceptionnel. 

»  On  est  ainsi  amené  à  reconnaître  que  c'est  postérieurement  à  la  for- 
mation de  l'argile  plastique,  alors  que  les  dépôts  de  cet  âge  couvraient  les 
plateaux  de  l'Ouest,  que  s'est  produit  le  phénomène  qui,  en  provoquant  la 
dissolution  de  la  craie,  a  déterminé  le  creusement  des  poches,  aux  con- 
tours souvent  si  déchiquetés,  et  y  a  fait  tomber,  au  fur  et  à  mesure,  les 
dépôts  éocènes. 

»  Or  cette  action  nous  semble  très  comparable  à  celle  qui  a  engendré 
les  gîtes  calamuiaires.  On  sait  que  ces  gisements,  où  les  minerais  oxydés 
du  zinc  et  du  plomb  s'épanouissent  en  poches  irrégulières  au  milieu  de 
calcaires,  occupent  toujours  la  jonction  de  ces  calcaires  avec  des  forma- 
tions de  nature  imperméable,  telles  que  des  schistes  argileux.  On  reconnaît 
alors  qu'un  filon,  qui  traversait  une  fente  des  schistes  en  y  déposant  un 
mince  enduit  de  sulfures,  s'est  considérablement  élargi  dans  les  calcaires, 
les  eaux  thermales  métallifères  s'y  étant,  en  quelque  sorte,  dédommagées 
de  l'arrêt  qu'elles  subissaient  à  la  rencontre  du  terrain  inattaquable. 

»   De  la  même  façon  qu'on  imagine,  après  l'éocène  inférieur,  des  éma- 


(  3i8  ) 

nations  carboniques,  des  mofettes  par  exemple  (comme  celles  qui  existent 
encore  en  si  grand  nombre  dans  le  massif  de  l'Eifel),  cherchant  à  se  faire 
jour  à  travers  le  substratum  crayeux  du  bassin  de  Paris;  l'argile  plastique 
les  arrête;  alors  elles  emploient  leur  activité  à  dissoudre  la  craie  au  con- 
tact, en  suivant  de  préférence  ses  lignes  de  fissures.  Les  silex  seuls  sub- 
sistent; les  argiles,  tantôt  bariolées,  tantôt  grises  ou  noires,  qui  les  recou- 
vrent, descendent  peu  à  peu  dans  les  poches,  en  s'y  modifiant  plus  ou 
moins,  et  forment  la  gangue  des  silex.  Enfin  l'agrandissement  progressif 
des  cavités  entraîne  la  lente  descente  des  sables  et  grès  supérieurs  à  l'ar- 
gile. 

»  Plus  tard,  quand  l'érosion  prendra  possession  du  pays,  les  séries  de 
poches  les  plus  larges  et  les  plus  profondes  seront  prédestinées,  en  dessi- 
nant les  lignes  de  moindre  résistance,  à  fixer  la  position  des  vallées,  accu- 
sant les  fentes  ou  diaclases  dominantes  du  terrain.  Ainsi  se  justifierait  ce 
fait  bien  connu,  que  les  poches  d'argile  à  silex  semblent  descendre  sur  les 
flancs  des  vallées,  alors  que  pourtant  elles  sont  antérieures  au  creusement 
de  ces  dernières. 

»  Il  reste  à  expliquer  pourquoi  les  argiles  à  silex,  si  abondantes  en  Nor- 
mandie et  dans  les  parties  occidentales  de  la  Picardie,  font  défaut  sous  le 
bassin  tertiaire  parisien  proprement  dit.  La  raison  nous  semble  facile  à 
découvrir,  aujourd'hui  surtout  que  la  précieuse  Carte  souterraine  de 
M.  G.  Dollfns  (')  a  si  bien  fait  connaître  l'allure  plissée  de  ce  bassin.  Cette 
Carte  montre,  avec  la  dernière  évidence,  que  les  dépôts  marins  de  l'époque 
tertiaire  occupent  un  synclinal  rectiligne,  parallèle  au  bord  oriental  de 
l'Armorique  et  marquant  une  dépression,  par  où  la  mer  pénétrait  de  Bel- 
gique en  France. 

»  Les  lambeaux  éocènes  de  Dieppe  et  du  Ponthieu  accusent  un  autre 
synclinal  semblable,  aujourd'hui  caché  par  la  Manche;  et  toute  la  région 
comprise  entre  ces  deux  sillons  forme  un  vaste  anticlinal,  dont  le  bombe- 
ment a  dû  se  prononcer  dès  l'aurore  du  calcaire  grossier.  On  comprend 
bien  alors  pourquoi  les  fentes,  par  où  les  sources  carboniques  devaient 
tendre  à  sortir,  se  sont  localisées  sur  ce  bombement,  qui  se  disloquait  à 
mesure  de  son  exhaussement.  Cette  région  soulevée  comprend  justement 
le  Thymerais,  la  haute  Normandie,  le  Ponthieu  et  l'Artois. 

»  Des  fentes  analogues  ont  dû  s'ouvrir  sur  le  bord  sud  du  bassin  ter- 
tiaire, dans  le  pays  d'Othe  et  dans  le  Gâtinais,  où  l'argile  à  silex  est  très 

(')  Bulletin  des  services  de  la  Carte  géologique  de  France,  n°  14,  juillet  1890. 


(  3i9) 

développée,  tandis  que  la  Champagne  y  a  échappé,  d'un  côté  parce  qu'elle 
était  trop  voisine  du  synclinal  tertiaire;  de  l'autre,  peut-être,  parce  que 
l'argile  plastique  n'y  a  pas  débordé  vers  l'est.  Quanta  la  Picardie  centrale, 
non  seulement  la  craie  y  était  généralement  exempte  de  silex,  mais  les 
sables  glauconieux  suessoniens,  qui  la  recouvraient  uniformément,  n'au- 
raient pas  opposé  à  l'action  des  eaux  carboniques  l'obstacle  nécessaire 
à  la  formation  d'une  nombreuse  série  de  poches.  Aussi,  pour  trouver  avec 
abondance  le  bief  à  silex,  faut-il  aller  vers  l'ouest,  c'est-à-dire  se  rappro- 
cher de  la  région  bombée  et,  en  même  temps,  s'éloigner  des  anciennes 
plages  de  la  mer  suessonienne.  Néanmoins,  quelques  poches  se  sont  pro- 
duites en  des  points  favorables,  témoins  ces  effondrements  de  sables 
éocènes  que  nous  avons  été  le  premier  à  signaler  dans  le  Vermandois  et 
le  Cambrésis  ('). 

»  Nous  ajouterons  que  la  formation  de  mofettes  carboniques,  coïnci- 
dant avec  un  bombementdu  sol,  parait  très  naturelle  aune  époque  comme 
celle  de  l'éocène  supérieur  où,  sur  presque  toute  la  surface  du  continent 
français,  l'activité  des  sources  thermales  s'accusait  par  la  formation  des  dé- 
pôts dits  sidérolithiques. 

)>  L'explication  qui  vient  d'être  donnée  n'exclut  aucunement  l'existence, 
en  certains  points,  de  conglomérais  éocènes,  antérieurs  à  l'argile  plastique. 
Nous  croyons  seulement  qu'en  général  ces  conglomérats  nous  sont  par- 
venus, non  sous  leur  forme  originelle,  mais  après  avoir  subi,  parle  fait  des 
actions  chimiques  invoquées,  une  transformation  assez  profonde.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  La  formai ion  des  glaçons-gâteaux. 
Note  de  M.  F. -A.  Forel. 

«  Morges,  j5  janvier  1891. 

»  Par  les  grands  froids  de  la  semaine  dernière,  il  y  a  eu  des  congéla- 
tions locales  du  lac  Léman  :  la  rade  de  Genève  a  été  entièrement  prise; 
clans  le  fond  de  quelques  golfes,  nous  avons  vu  l'eau  se  cailler.  J'en  ai 
profité  pour  étudier  le  développement  des  glaçons  en  forme  de  gâteaux, 
les  pan-cakes  des  Anglais,  que  j'appellerai  les  glaçons-gâteaux. 

»  Le  lac  agité  par  le  vent  ne  se  congèle  pas  comme  une  eau  tranquille. 
Dans  celle-ci,  la  prise  a  lieu  en  masse;  les  aiguilles  de  glace  se  soudent  en 

(  '  )  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France,  3e  série,  t.  II,  p.  58. 


(    320    ) 

une  pellicule,  mince  d'abord,  qui  s'épaissit  ensuite;  les  radeaux  de  glace 
ainsi  constitués  peuvent  avoir  une  étendue  indéfinie  :  le  18  décembre  1879, 
le  lac  de  Morat  tout  entier  s'est  pris  en  une  couche  continue,  dans  l'inter- 
valle du  soir  au  matin.  Dans  un  lac  secoué  par  les  vagues,  on  voit,  au  con- 
traire, quand  la  congélation  commence,  apparaître  des  glaçons  libres,  ser- 
rés les  uns  contre  les  autres,  aplatis,  circulaires,  entourés  et  surmontés 
par  un  bourrelet  de  glace  blanche  qui  s'élève  au-dessus  de  l'eau;  de  pe- 
tites dimensions  d'abord,  de  quelques  décimètres  de  diamètre,  ils  s'agran- 
dissent progressivement  et  peuvent  atteindre  im  ou  2m  de  largeur.  Mainte- 
nus en  mouvement  par  la  houle  qui  les  bouscule  les  uns  contre  les  autres, 
ils  restent  longtemps  libres,  jusqu'à  ce  que,  comprimés  par  le  fait  de  leur 
accroissement  progressif,  ils  s'immobilisent;  ils  se  soudent  alors  aussitôt  en 
une  nappe  solide,  où  les  limites  des  gâteaux  sont  indiquées  par  les  bourre- 
lets de  glace  blanche  qui  les  surmontent. 

»  C'est  le  même  phénomène  qui  se  développe  dans  un  fleuve  qui  char- 
rie ;  les  glaçons-gâteaux,  d'abord  petits,  se  serrent  de  plus  en  plus  à  mesure 
qu'ils  augmentent  de  diamètre,  jusqu'au  moment  où  la  rivière  se  prend  en 
une  couche  continue,  immobile.  Pour  autant  que  j'en  puis  juger  par  les 
descriptions  des  voyageurs  polaires,  la  mer  se  congèle  parfois  par  un  pro- 
cédé analogue.  C'est  donc  un  phénomène  général  que  la  formation  de  gla- 
çons mobiles,  en  figures  de  gâteaux  aplatis,  discoïdes,  circulaires,  à  bour- 
relet marginal  supérieur,  qui  s'accroissent  progressivement  en  diamètre  et 
en  épaisseur.  Voici  l'explication  que  j'en  propose  : 

»  i°La  forme  circulaire  est  causée  et  maintenue  par  le  heurt  des  gla- 
çons les  uns  contre  les  autres  ;  poussés  par  les  vagues  du  lac  ou  par  les  re- 
mous du  courant  dans  un  fleuve,  ils  s'entrechoquent  sans  cesse,  leurs  par- 
lies  saillantes  sont  usées  et  leur  forme  circulaire  se  perfectionne  tant  qu'ils 
sont  libres. 

»  20  L'accroissement  en  diamètre  s'explique  par  la  formation  de  nou- 
velle glace  à  la  périphérie  de  la  partie  immergée  du  glaçon.  Dans  une  eau 
douce  à  o°,  dans  une  eau  salée  à  la  température  de  congélation,  quand 
cette  eau  perd  de  la  chaleur,  les  cristaux  de  glace  augmentent  de  volume 
aux  dépens  de  l'eau  ambiante.  Sur  tout  le  pourtour  du  glaçon  il  se  produit 
donc  de  nouvelles  couches  de  glace  :  si  le  glaçon  est  encore  irrégulier,  les 
aiguilles  de  glace  de  nouvelle  formation  sont  mieux  protégées  dans  les 
angles  rentrants  contre  le  choc  des  autres  glaçons  et  la  figure  circulaire  du 
gâteau  en  est  perfectionnée  ;  quand  le  glaçon  est  circulaire,  c'est  sur  toute 
sa  circonférence  que  la  nouvelle  couche  de  glace  se  forme  également.  De 


(  3ai   ) 

là  l'accroissement  en  diamètre  du  glaçon.  Son  accroissement  en  épaisseur 

a  lieu,  sur  sa  face  inférieure,  par  apposition  de  nouvelles  couches  horizon- 
tales. Ouand  les  çàteaux  sont  soudés  ensemble,  ce  dernier  mode  d'accrois- 
sèment  continue  seul. 

»  3°  L'établissement  du  bourrelet  marginal  est  dû  au  choc  des  glaçons 
les  uns  contre  les  autres  :  les  aiguilles  de  glace  de  nouvelle  formation  sont 
fragiles,  et  nombre  d'entre  elles  sont  brisées;  l'eau  chargée  de  ces  cris- 
taux détachés  rejaillit  entre  les  glaçons  et  est  rejetée  sur  le  bord  de  ceux-ci; 
la  poussière  de  glace  y  est  prise  par  la  gelée  et  produit  le  bourrelet  de 
glace  blanche  caractéristique. 

»  4°  Pourquoi  ce  bourrelet  de  glace  blanche  est-il  seulement  périphérique, 
et  comment  n'occupe-t-il  pas  par  des  anneaux  concentriques  toute  la  face 
supérieure  du  gâteau?  Quand  le  glaçon  était  petit,  il  avait  déjà  son  bour- 
relet; à  mesure  qu'il  a  augmenté  en  diamètre,  le  bourrelet  a  continué  à  se 
former  par  apposition  de  couches  externes.  Comment  les  bourrelets  les 
premiers  constitués  disparaissent-ils,  pour  ne  laisser  subsister  que  celui  de 
dernière  formation?  Voici  la  raison  de  ce  détail  :  le  bourrelet  de  glace 
blanche  s'élève  de  quelques  centimètres  au-dessus  de  l'eau;  il  pèse  de  tout 
son  poids  sur  le  glaçon  et  le  fait  submerger;  la  face  supérieure  du  gâteau 
s'enfonce  sous  ic,u  ou  2cm  d'eau.  Cette  eau,  emprisonnée  sur  le  gâteau 
comme  dans  une  cuvette,  est  mise  en  mouvement  par  les  oscillations  du 
glaçon  agité  par  la  houle;  il  s'y  développe  des  vagues  de  balancement,  qui 
viennent  battre  alternativement  d'un  côté  à  l'autre  le  bord  interne  du 
bourrelet,  l'attaquent  et  tendent  à  le  détruire.  Tandis  que  le  bourrelet  se 
reforme  sans  cesse  à  l'extérieur,  il  est  sans  cesse  rongé  à  l'intérieur.  Ainsi 
le  glaçon,  en  agrandissant  son  diamètre,  tend  à  reporter  à  l'extérieur  son 
bourrelet,  qui  reste  ainsi  toujours  périphérique  ou  marginal. 

»  5°  Sur  de  grands  glaçons,  j'ai  vu  des  gâteaux  de  formation  secondaire, 
au  nombre  de  4»  6  et  8,  se  développer  au  milieu  de  la  cuvette  du  glaçon 
principal;  chacun  d'eux  offrait  tous  les  caractères  qui  s'observent  dans  les 
gâteaux  isolés. 

»  6°  En  même  temps,  cette  couche  d'eau  qui  recouvre  la  face  supérieure 
du  gâteau  perd  de  la  chaleur  et,  en  se  congelant  au  fond  de  la  cuvette, 
forme  de  nouvelles  couches  de  glace  qui  augmentent  l'épaisseur  du  disque. 
Le  gâteau  est  donc,  en  définitive,  constitué  par  un  noyau  primitif  au  milieu 
de  l'épaisseur  de  la  glace;  ce  noyau  est  entouré  de  couches  concentriques 
à.la  périphérie,  et  de  couches  planes  au-dessus  de  sa  face  supérieure  et  au- 
dessous  de  sa  face  inférieure. 

C.  B.,  1891,  1"  Semestre.  (T.   CXIl,  iV  5.)  4- 


(  322  ; 

«  7°  Quant  au  noyau  qui  représente  le  centre  primitif  du  gâteau,  je  pré- 
sume que  ce  peut  être  un  morceau  de  glace  quelconque,  ou  bien  un  faisceau 
d'aiguilles  de  glace,  comme  nous  les  voyons  apparaître  dans  l'eau  en  mou- 
vement, ou  bien  une  stalactite  de  glace  détachée  du  rivage  par  les  vagues, 
ou  bien  un  paquet  de  neige  tombé  d'un  mur  ou  d'une  falaise,  ou  bien  un 
fragment  de  glace  tabulaire  amené  par  un  affluent  du  lac  ou  du  fleuve,  ou 
bien  encore  un  morceau  de  glace  de  fond,  qui  est  venu  flotter  à  la  surface. 
Si  mon  interprétation  est  juste,  il  n'y  a  pas  lieu  de  chercher  pour  la  forma- 
tion des  glaçons-gâteaux,  dans  les  lacs  et  dans  les  rivières,  une  origine 
unique  et  toujours  la  même;  les  difficultés  qui  ont  provoqué  tant  de  dis- 
cussions disparaissent.  » 


MÉTÉOROL'  G         —  Remarques  sur  la  température  à  Mais °Àlle. 
Note  de  M.  J.  Léotakd. 

«v  II  se  produit  à  Marseille  un  phénomène  thermique  qui  semble  mé- 
riter l'examen  des  météorologistes. 

»  La  température  moyenne  pendant  l'année  1890  à  Marseille  a  été  de 
i3°,6,  chiffre  inférieur  à  la  normale,  qui  égale  1 4°,  2  depuis  soixante-six 
ans.  Cette  moyenne  est  supérieure  à  celle  des  trois  années  précédentes, 
mais  inférieure  à  celle  des  années  écoulées  de  1879  à  1886  inclusivement. 

»  La  moyenne  des  minima  a  été  de  7°,86,  alors  que  sa  normale  s'élève  à 
90, 69,  tandis  que  la  moyenne  des  maxima  atteint  i9°,36,  sa  normale  n'é- 
tant que  de  180,  75. 

»  C'est  donc  l'abondance  et  l'intensité  de  basses  températures  nocturnes 
qui  causent  la  faiblesse  de  la  moyenne  générale  annuelle.  Au  contraire,  la 
température  au  milieu  du  jour  est  généralement  plus  forte  que  d'ordinaire. 
En  outre,  le  printemps  et  l'été  sont  plus  voisins  de  la  normale  que  l'au- 
tomne et  l'hiver. 

»  Déjà,  en  1889,  le  même  fait  météorologique  s'est  produit,  mais  il 
était  moins  accentué,  la  moyenne  des  minima  ayant  été  de  8°,  23.  Ce  phé- 
nomène paraît  être  assez  énigmatique,  car  la  cause  de  l'abaissement  actuel 
de  la  température  devrait,  semble-t-il,  agir  le  jour  et  la  nuit.   » 

M.  P.  Digxat  adresse  une  Note  intitulée  «  Variations  d'intensité  qu'on 
peut  observer  dans  un  même  courant  galvanique,  d'intensité  initiale 
donnée,  et  passant  dans  le  corps  vivant  à  travers  les  téguments.    » 


(  323  ) 

M.  E.  Delaurier  adresse  une  Note  intitulée  «  Les  théories  chimiques 
de  Stahl  et  de  Lavoisier   ». 


M.  E.  des  Rieux  adresse,  de  Villebourg  (Algérie),  une  Note  relative 
aux  désastres  produits  par  les  tremblements  de  terre  du  mois  de  janvier, 
dans  ce  village  et  à  Gouraya. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  J.  B. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  26  janvier  i  891 . 

Traité  pratique  de  Chimie  métallurgique;  par  le  baron  Hanns  Juptner  de 
Jonstorff.  Traduit  de  l'allemand  par  Ernest  Vlasto.  Paris,  Gauthier-Villars 
et  fils,  1891  ;  un  vol.  gr.  in-8°. 

Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles -Lettres  de  Tou- 
louse, neuvième  série,  tome  II.  Toulouse,  Douladoure-Privat,  1890;  1  vol. 
gr.  in-8°. 

La  Géologie  de  l'Andalousie  et  le  tremblement  de  terre  du  25  décembre  1884 
d'après  le  récent  Bapport  de  la  Mission  française  ;  par  M.  Emm.  de  Margerie. 
Paris,  Octave  Doin,  1890;  gr.  in-8°.  (Deux  exemplaires.) 

Guide  du  géologue  dans  le  tertiaire  parisien;  par  A.  Laville.  Paris, 
Dagincourt  et  C'e,  1890;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Gaudry.) 

Occasional papers  0/  the  California  Academy  of  Sciences.  —  I.  A  revision  of 
the  South  American  Nematognathi  or  Cal-Fishes;  &/CarlH.  Eigenmann  and 
Rosa  Smith  Eigenmann.  —  II.  Land  Birds  of  the  Pacific  district;  by  Lyman 
Belding.  San  Franscisco,  California  Academy  of  Sciences,  1890;  2  vol. 
in-8°. 

C.-G.-J.  Jacobi's  Gesammelle  Werke.  Herausgegeben  auf  veranlassung  der 
Roniglich  Preussischen  Akademie  der  Wissenschaften  ;  fùnster  Band, 
herausgegeben  von  K.  Weierstrass.  Berlin,  Druck  und  Verlag  von  Georg 
Reimer,  1890;  1  vol.  in-4°. 


(  324   ) 

Catalog  von  3g4g  Sternen  zwischen  64°  5o'  und  700  10'  nùrdlicher  Declina- 
tion  i885  fur  das Mquinoctium  1 8^5;  nach  Zonen-Beobachtungen  am  Erlels- 
schen  Meridiankreise  der  Universilat-Slernwarle  in  Christiania  in  den  Jahren 
1870  bis  1881  ;  von  C.  Fearnley  und  H.  Geelmulden.  Leipzig,  1890,  in 
Commission  bei  Wilhem  Engelmann;  br.  in-4°. 

La  topographie  crano-cérébrale.  Applications  chirurgicales;  par  Ch.  De- 
bierre  et  R.-L.  Le  Fort.  Paris,  F.  Alcan.  1890;  1  vol.  in-8°.  (Deux  exem- 
plaires.) (Envoyé  au  concours  du  prix  Lallemand.) 

De  la  tuberculose  chirurgicale;  par  le  Dr  Paul  Thiéry.  Paris,  G.  Steinheil, 
1890;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Deux  exemplaires.)  (Envoyé  au  concours  du  prix 
Barbier.) 

Essai  sur  l'état  mental  des  hystériques  ;  par  le  Dr  Henri  Colin.  Paris,  J.  RuefF 
etCie,  1890;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Envoyé  au  concours  du  prix  Lallemand.) 

Voyages  chez  les  lépreux;  par  le  Dr  Zambaco  Pacha.  Paris,  G.  Masson, 
1891;  1  vol.  in-8°.  (Envoyé au  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Publications  périodiques. 

Mémorial  de  l'Artillerie  de  la  Marine  {Ministère  de  la  Marine).  —  Biblio- 
thèque universelle  et  Revue  suisse.  —  Bulletin  officiel  de  la  propriété  indus- 
trielle et  commerciale.  —  Polybiblion,  Bévue  bibliographique  universelle.  —  An- 
nales des  maladies  de  l'oreille,  du  larynx,  du' nez  et  du  pharynx  (publiés  par 
A.  Gouguenheim.  —  Boletin  de  la  real  Academia  de  la  Historia  {Madrid). 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER -VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Graiuls-Augustins,  u°  5j. 

.  jpuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  lo  Dimanche,  lis  Forment,  a  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-  î".  1 
es,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  do  noms  d'Autours,  terminent  chaque  volume.  L'abonnemont  est  an 
irt  du  i"' janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  nu' il  suit  : 

Taris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  IV.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poslo  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
Michel  et    Médan. 

I  Gavault  Sl-Lager. 

/ Jourdan. 

|  Ruff. 
Hecquet-Decobert. 

j  Germain  et  Grassin. 

i  Lachèseet  Dolbeau. 
Jérôme. 


von Jacquard.    . 

.  Avrard. 

eaux DuthulV. 

'  Muller  (<:.). 

ges Renaud. 

Lefouriiier. 

F.  Robert. 

.1.  Robert. 

V  Uzcl  Car,. 11'. 

Baër. 

Massif. 

/  nbëiy Perrin. 

,  i  Henry. 

I  bourg „       J 

Marsuerie. 


9  nont-Ferr. 


h  i 


\  Rousseau. 
(  Ribou-Collay. 
i  Lamarche. 

Ratel. 
'  Damidot. 
(  Lauverjal. 
(  Crépin. 
j  Urevet. 
(  Gratier. 

aochelte Robin. 

(  Bourdignon. 
(  Dombre. 
:  Ropiteau. 
•  Lefebvre. 
I.Quarré. 


obte- 


e  ivre. 


Lorient. 


chez  Messieurs  : 
\  Baumal. 
j  M""  Texier. 

;  Beaud. 

\  Gcorg. 
Lyon i  Mégret. 

J  Paiud. 

I  Vitte  et  Pérussel. 

Marseille Pessailhan . 

l  Calas. 
Montpellier ....,_      ,   . 
r  i  Coulet. 

Moulins Martial  Place. 

Sordoillet. 

Nancy Grosjeaa-Maupin. 

'  Sidot  frères. 

,  Loisrau. 

(  Mm"  Veloppé. 

,  Barma. 

I  Visconti  et  C". 

/Vîmes Thibaud. 

Orléans Luzeray. 

I  Blanchier. 

j  Druinaud. 

Hennés Plihon  et  Hervé. 

Hoche/ort Boucheron  -  Rossi 

^  Langlois.        |  gnol. 

'  Lestringa  ni . 
S'-Étienne Chevalier. 

(  Bastide. 

'  Rumèbe. 

I  Gimet. 

/  Privât. 
Boisselier. 
Tours ,  Péricat. 

'  Suppligeon. 

(  Giard. 

'  Lemaitre. 


Nantes  . 

Nice .... 

\  im 
Or  le 

foitiers. 

Hennés 
Hoche/ 

Hotten . 

S'-Êtie 

Toulon . . . 

Toulouse. 

Tours 

Va/enciennes. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam  . 


chez  Messieurs 
t  Robbers. 


Berlin. 


Bucharest . 


I  Feikcma    Caarelsen 

Athènes Beck.  [et  C'". 

Barcelone Venlaguer. 

i  Asher  et  C'". 
Calvary  et  O'. 
Friedlander  et  fils. 
Mayer  el  Millier. 
~  ....-  \  Schmid,  Franckc  el 

'     C". 
Bologne . ....    .  .      Zann  hçlli  et  C". 

i  Ramlot. 

Bruxelles Mayolez. 

(  Lebègue  et  C   . 
(  II, mu, uni. 

'  Banisteanu. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BellciC0 

Christiania Can rmeyer. 

Constantinoplc.  .     Otto  et  Keil. 

Copenhague Host  et  (ils. 

Florence.... Lœscher  et  Seebcr. 

Gand Iloste. 

Gènes Beuf. 

,  Cherbuliez. 
Genève Gebrg. 

(  Stapelmiihi'. 
La  Haye Belinfante  frères. 

,  Bcnda. 

i  Payot. 
Barlh. 

l  Brockhaus. 

Leipzig i  Lorenlz. 

Max  Rilbe. 
Tw  ietmeyer. 

...  i  Desoer. 

Liège _ 

3  (  Gllll-r. 


Lausanne. 


Londres    

Luxembourg. . 


Milan . 


chez  Messieurs 
Dulau. 

Nuit. 
V.  Bock. 

Librairie       Gui 

\     berg. 
Madrid .'. .     Gonzalès  e  Iiijo 

J  Vravedra. 

'  F.  Fé. 

(  L)u lard  frère 

/  llœpli. 
Moscou Gautier. 

/  Furcheim. 
Xaples '  Marghieri  di  Gi 

(  Pellerano. 

i  Christern. 
New-York Steehert. 

'  Westermann. 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  el  C'*. 

Paterme Clausen. 

Porto Magalhaès. 

Prague Rivnac. 

Bio-Janeiro Garnier. 

j  Bocca  frères. 

(  Loescher  et  C'*. 

Rotterdam   Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wal 


S'-Petersbourg. 


Zinserling. 


Turin. 


i  Wolff. 

I  Bocca  frères. 

)  Brero. 


j  Clausen. 

(  Rosenberg  etScl 

Varsovie Gebethner  et  \V 

Vérone Drucker. 

I  Frick. 

|  Gerold  et  C'". 
Zurich Meyer  et  Zeller. 


Vienne . 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  Ie*  à  31.  —  (3  Août  i835  à  3i   Décembre  iSjo.  )  Volume  in-i°;  iSVJ.   Prix 15  IV. 

Tomes  32  à  61.— t  i"  Janvier  i85t  à  3i  Décembre  [865.)  Volume  fn-jj0;  1870.   Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91. —  (  i"  Janvier  1866  à  Ji  Décembre  iKSo.)  Volume  in-.j   ;  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  ADX  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 

»ial:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DERBEset  A.-J.-J.  Solier.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouven 
■'«îles,  par  M.  Hansen.  —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  inali 
r''S,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4",  avec  32   planches;  iSôti 1E 

1  le  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Bëneden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i83o  par  l'Académie  des  Sciei 
ouïe  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  si 

ir  itaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  na 
1  0  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Brûnn.   In-4°,  avec  27  planches;  1861...        15 


Ai  mémo  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires   présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


K  5. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance  du  2  février  1891.) 


MÉMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBUES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L  ACADEMIE. 
Pages. 


M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique 
et  des  Beaux-Arts  adresse  l'ampliation 
d'un  Décret' par  lequel  M.  le  Président  de 
la  République  approuve  l'élection,  de 
M.  Chambrelent,  dans  la  Section  d'Eco- 
nomie rurale,  en  remplacement  de  M.  Pe- 
ligot ■•••' 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  a  1  A- 
cadémie  la  perte  qu'elle  vient  de  faire  dans 
général  Ibanez,  Cor- 


>fij 


Pa; 


—  Notice  sur  le  général 


et  Navigation. 
M.  J-  Bertrand. 

Ibanez  

M.  H.   Poincaré.  —  Sur  le  développement 

approché  de  la  fonction  perturbatrice.... 
M.   G.    Lippmann,    —   La    photographie    des 

couleurs :  '  ' 

M.  Edm.  Becquerel.  —  Observations  rela- 
la   Communication   de    M.  Lipp- 


lives   a 
mann 


la  personne  de  M.  le  M 

respondant  de  la  Section  de  Géographie 

MÉMOIRES  LUS.  •       . 

raie,   au    nom  du  Ministre  de  la  Guerre, 
diverses  Cartes  exécutées  dans  les  ateliers 


du  Service  géographique. 


M.  le  général  Derrécagaix.  —  Sur  une  Table 

de  logarithmes  centésimaux  à  8  décimales.     27 
M.  le  général  DERRÉCAGAIX   offre  à  l'Acadé- 

MÉMOIRES  PRESENTES. 

M.  II.  Féron  adresse  une  Note  relative  a  un 
procédé  pour  empêcher  les  explosions  de 


M.  F.  IvisoN  O'Neale  adresse  une  Note  re- 
lative à  un  procédé  pour  déterminer  la. 
présence  du  bisulfate  de  potasse  ou  de  l'a- 
cide sulfurique  libre  dans  les  vins 2791 

CORRESPONDANCE. 

M.  le   Secrétaire  perpétuel  signale,  par- 
iraées  de  la  Correspon- 


ds. 
263 

26S 

260 


,-5 


27* 


279 


mi  les  pièces  împrn 
dance,  l'Album  de  Statistique  graphique 
publié  par  le  Ministère  des  Travaux  pu- 
blics,   d'après    les    soins    personnels    de 

M.  Cheysson /  \"  "  \' '  "  \7  ' 

M.  Faye  présente  à  l'Académie  les  deux  Vo- 
lumes de  la  «  Connaissance  des  Temps 
pour  les  années  1892  et  1893  »  et  1'  «  An- 
nuaire  du    Bureau   des   Longitudes    pour 

1891    

M.  P.  Tacciiini.  —  Sur  la  distribution  en 
latitude  des  phénomènes  solaires  observés 
à  l'Observatoire  royal  du  Collège  romain. 

pendant  le  second  semestre  1890 

M.  \.  Mannheim.  —  Remarques  sur  le  dé- 
placement d'une  figure  de  forme  invariable, 
dont  tous  les  plans  passent  par -des  points 

fixes 

M.  Cn.  Antoine.  —  Note  complémentaire 
sur  l'équation  caractéristique   des  gaz  et 

des  vapeurs 

M.  Daniel  Berthelot.  —  Sur  la  basicité 
des  acides  organiques,  d'après  leur  con- 
ductibilité. Acides  monobasiques  et  biba- 

siques ."■ 

M.  Edouard  Grimaux.  —  Sur  la  réaction 
des  dérivés  oxyalkylés  de  la  diméthylani- 

line 

M.  C.  Tanret.  —  Sur  la  lévosine,  nouveau 
principe  immédiat  des  céréales 

M.  Viaui.t.  —  Sur  la  quantité  d'oxygène 
contenue  dans  le  sang  des  animaux  des 
hauts  plateaux  de  l'Amérique  du  Sud 

M.  A.  Muntz.  —  De  l'enrichissement  du 
sang  en  hémoglobine,  suivant  les  condi- 
tions d'existence 

Bulletin  bibliographique 


!79 


'?) 


>Si 


284 

287 
290 

293 

298 


le    bourgeonnement 
arves  d'Astellium  spongiforme  Gd. 

et   sur  la   Pœcilogonie  chez  les  Ascidies 

composées •  •  ■  •  •  •  • 

M.   H.  Fischer.   —  Sur  l'anatomie  du   Lo- 

rambe  testudinaria 

M.  J.  Kunckel  d'HercUlais.  —  Les  Acridiens 
(  tcrîdium  peregrinum,  Oliv.)  dans 
l'extrême   Sud  algérien.    Les   populations 

acridophages. .  '. 

M.  G.  Baulin.  —  De  l'influence  de  la  nature 

des  terrains  sur  la  végétation 

M.  Henri  Devaux.  —  Sur  la  respiration  des 
cellules  à  l'intérieur  des  tissus  massifs... 
M.   Eue;.   BASTIT.  —  Influence  de  l'état  hy- 
grométrique de  l'air  sur  la  position  et  les 
fonctions  des  feuilles  chez  les  Mousses. . . . 
M.  A.  de  Lapparent.  —  Sur  l'argile  à  silex 

du  bassin  de  Paris 

M.  F. -A.  Forel.  —  La  formation  des  gla- 

cons-gàteaux • 

M.  J.  LeotaRD.  —  Remarques  sur  la  tempe- 
rature  à  Marseille •  •  •  •  ■     02! 

M.  P.  Dignat  adresse  une  Note  intitulée 
«  Variation  d'intensité  qu'on  peut  obser- 
ver dans  un  même  courant  galvanique, 
d'intensité  initiale  donnée,  et  passant  dans 
le  corps  vivant  à  travers  les  téguments  ...  322 
M.  E.  Delaurier  adresse  une  Note  intitulée 
«   Les   théories  chimiques  de   Slahl  et  de 

...     02J 
Lavoisier  » • 

M.  E.  des  Rieux  adresse,  de  Villebourg  (Al- 
gérie) une  Note  relative  aux  désastres  pro- 
duits par  les  tremblements  de  terre  du 
mois  de  janvier,  dans  ce  village  et  à  Gou 
'aya 


004 


3ot) 
on 

3iG 
3i  g 


323 


3a3 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLARS  ET  FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


1891 

'  PREMIER  SEMESTRE. 

W  1891 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.   LES  SECRÉTAIRES  FERPÉTl'ELS. 


TOME  CXII. 


N°  6  (9  Février  1891). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS   ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

Quai  des  Grands-Augusiins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1870. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  dos  Comptes  rendus  a 
4&  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étrangerdel' Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiques  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Acad  ne 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  i> 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ai  nt 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  ■ 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savait 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  perso 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  1 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'u 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  n 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis  I 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  non  i; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetEj  it 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  ni 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  fi* 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 


, 


Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  rei 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tar  le 
jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  te  I 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compter  n 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu 
vant,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  trais  de<u- 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapporet 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administratrttW 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  al 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  ri 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  pries 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  sui 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU   LUNDI  f)  FÉVRIER    1891, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE   MATHÉMATIQUE.  Sur  l'expérience  de  M.   Wiener. 

Note  de  M.  H.  Poixcarl. 

«  L'admirable  expérience  de  M.  Wiener,  que  M.  Cornu  a  récemment 
communiquée  à  l'Académie,  est  éminemment  propre  à  nous  faire  connaître 
la  véritable  nature  des  vibrations  lumineuses. 

»  Son  importance  m'a  déterminé  à  rechercher  quelles  sont  les  diverses 
interprétations  dont  elle  est  susceptible,  non  que  je  préfère  aucune  de 
celles  que  je  vais  proposer  à  l'interprétation  qu'a  donnée  M.  Cornu  et  qui 
se  présente  naturellement  à  l'esprit,  mais  parce  qu'on  risquerait  de  mécon- 
naître la  véritable  signification  de  cette  expérience  si  l'on  crovait  qu'elle 
n'en  comporte  pas  d'autres. 

»  Je  reconnais  très  volontiers  que  les  résultats  de  M.  Wiener,  joints  à 
ceux  de  M.  Carvallo  et  aux  phénomènes  de  l'aberration,  constituent 'en 

C.   R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX1I,  N°  6.)  4^ 


(  326  ) 

faveur  de  la  théorie  de  Fresnel  un  faisceau  de  preuves  qui  lui  donnent  un 
très  haut  degré  de  probabilité;  mais  aucune  de  ces  preuves,  pas  même 
celle  de  M.  Wiener,  ne  nous  donne  à  cet  égard  la  certitude  absolue. 

»  Qu'est-ce  en  effet  que  la  quantité  physiquement  mesurable  que  nous 
appelons  intensité  lumineuse?  On  peut  faire  à  ce  sujet  plusieurs  hypothèses; 
on  peut  supposer  que  c'est  la  force  vive  ou  énergie  cinétique  moyenne  de 
l'éther  (c'est  ce  qu'on  fait  d'ordinaire  et  c'est  ce  qu'a  fait  M.  Cornu),  mais 
on  peut  supposer  également  que  c'est  l'énergie  potentielle  moyenne,  ou 
bien  encore  l'énergie  totale  moyenne.  Ces  trois  définitions  reviennent 
l'une  à  l'autre  dans  le  cas  d'une  onde  plane  unique,  ou  dans  le  cas  de  deux 
ondes  planes  se  coupant  sous  un  angle  très  aigu;  mais  il  n'en  est  plus  de 
même  dans  le  cas  de  deux  ondes  planes  se  coupant  à  angle  droit. 

»  A  un  autre  point  de  vue,  on  peut  encore  faire  plusieurs  hypothèses  ; 
c'est  au  sujet  de  l'expression  de  l'énergie  potentielle  moyenne.  Soient  x, 
y,  z  les  coordonnées  d'une  molécule  d'éther  dans  sa  position  d'équilibre  ; 
soient  x  -+-  \,  y  -+-  r,,  z  +  £  les  coordonnées  de  cette  même  molécule,  écar- 
tée de  sa  position  d'équilibre. 

»  Posons 

H  = 
T  = 

dx        dy 

»  La  théorie  de  l'élasticité  nous  donne  pour  l'expression  de  l'énergie 
potentielle  «  localisée  »  dans  un  élément  de  volume 

«H  +  pT  +  ye2, 

a,  p  et  y  étant  des  constantes.  Cette  expression  se  réduit  à 

aH  +  pT, 

puisque  la  vibration  est  transversale  et  que  0  est  nul. 

»   Examinons  successivement  ces  diverses  hypothèses. 

»  Si  l'on  suppose  que  l'intensité  représente  l'énergie  cinétique,  l'expé- 
rience de  M.  Wiener  donne  raison  à  Fresnel  contre  Neumann. 

»  Si  l'on  admet  que  l'intensité  représente  l'énergie  potentielle,  l'expé- 
rience de  M.  Wiener  donne,  au  contraire,  raison  à  Neumann;  elle  oblige 
de  plus  à  supposer  que  le  coefficient  [2  n'est  pas  nul. 


\dx) 

-KSM2) 

'+(£)'+ 

(1)'- 

m 

-(§)■ 

-(!)" 

-i 

(dX. 
\dy 

dz)     '    \dz 

dt\*^_  /dit 
dx)         \da 

•         dy  ! 

> 

Ê.+ 

dr,      |     dl 

dx 

dy        dz' 

(  3»7  ) 

»  Si  l'on  admet  que  l'intensité  représente  l'énergie  totale,  l'expérience 
de  M.  Wiener  donne  encore  raison  à  Fresnel;  elle  oblige  de  plus  à  suppo- 
ser que  le  coefficient  S  est  nul  ;  ce  qui,  du  reste,  n'a  d'autre  inconvénient 
que  de  ne  pas  s'accorder  avec  la  théorie  électromagnétique  de  la  lu- 
mière. 

»  Après  avoir  lu  cette  discussion,  on  penchera  certainement  vers  les 
idées  de  Fresnel  ;  mais  en  se  plaçant  à  un  autre  point  de  vue,  qui  peut 
sembler  également  légitime,  on  pourrait  être  amené  à  des  conclusions 
différentes. 

»  L'intensité  que  l'on  mesure  dans  les  expériences  de  M.  Wiener,  c'est 
le  pouvoir  photochimique  des  radiations,  c'est-à-dire  la  force  qui  tend  à 
séparer  les  atomes  matériels.  Si  deux  atomes  sont  entraînés  dans  un  mou- 
vement de  translation  commun,  de  façon  que  leurs  vitesses  soient  les 
mêmes  en  grandeur  et  en  direction,  on  ne  voit  pas  bien  comment  un  pareil 
mouvement  tendrait  à  les  séparer  l'un  de  l'autre.  Il  paraît  plus  naturel  de 
supposer  que  la  tendance  à  la  séparation  dépend  des  variations  périodiques 
que  subit  la  distance  de  ces  deux  atomes;  or  il  est  aisé  de  se  rendre 
compte  de  la  grandeur  de  ces  variations. 

»  Soient  S  la  distance  de  ces  deux  atomes  dans  l'état  d'équilibre;  a,  fJ,  y  les 
cosinus  directeurs  de  la  droite  qui  les  joint;  la  distance  pendant  les  vibra- 
tions devient 

S(n-aW), 
où 

w  =  *   S  +  ?  Ty  +  f  d,  +  Pr  (a  +  Ty) 

fdl     ,    dl\  n  (d\         dïA 

»  A  vrai  dire,  ce  raisonnement  supposerait  que  l'amplitude  des  vibra- 
tions des  molécules  matérielles  est  la  même  que  celle  des  molécules  d'éther, 
ce  qui  n'est  rien  moins  que  certain.  Mais  ces  deux  amplitudes  doivent  être, 
en  tous  cas,  proportionnelles  l'une  à  l'autre;  de  sorte  qu'il  est  naturel  de 
supposer  que  l'intensité  mesurée  photographiquement  dépend  seulement 
de  l'expression  W. 

»  Considérons  un  système  S,  formé  par  l'interférence  de  deux  ondes 
dont  les  plans  sont  rectangulaires. 

»  Prenons  le  plan  des  xz  parallèle  à  l'une  des  ondes  et  le  plan  des  xy 
parallèle  à  l'autre  onde;  si  la  direction  de  la  vibration  est  la  même  pour 
les  deux  ondes,  ce  sera  celle  de  l'axe  des  x. 


(  328  ) 
«    On  aura  donc,  pour  l'un  des  rayons, 

£  =  sina(y  —  Vt),         *i  =  £  =  o, 
et,  pour  l'autre, 

ç  =  sina(z —  Vt),         v,  =  '(  =  o, 

d'où,  pour  la  vibration  résultante, 

l  =  sina(j  —  Vt)  -h  sina(=  —  Vt),  yi  =  Ç  =  o. 

»   La  différence  de  marche  entre  les  deux  rayons  est 

e  =  s  —  y . 

»  On  peut  supposer  que  l'origine  ait  été  choisie  de  telle  sorte  que,  au 
point  où  l'on  veut  mesurer  l'intensité,  on  ait 

y  =  o,  d'où  z  =  i. 

Il  viendra  alors 

W  =  a%?jCOsa\l  ■+■  aaycosa(£  —  Vt). 

»  Considérons  maintenant  un  système  S2  produit  par  l'interlérence  de 
deux  ondes  dont  les  plans  se  coupent  à  angle  droit  et  dont  les  vibrations 
sont  rectangulaires  l'une  sur  l'autre  ;  on  aura  alors 

l  =  o,  r,-~sina(z  —  Vt),         '(  =  sina(y  —  Vl), 

d'où  (en  supposant,  comme  plus  haut,  v  -=  o,  z  =  s,  au  point  où  l'on  veut 
mesurer  l'intensité) 

W  =  nfivfcosrt  Vt  -;-  cosa(t  —  Vt)]. 

»  Comparons  ces  expressions  avec  celles  que  l'on  obtiendrait  dans  le 
cas  de  l'interférence  de  deux  ondes  planes  se  coupant  sous  un  angle  très 
petit  ou  nul. 

»  Supposons  d'abord  que  ces  ondes  soient  polarisées  dans  le  même 
plan  ;  prenons  le  plan  de  l'onde  pour  plan  des  xy  et  soit  encore  e  la  dif- 
férence de  marche  des  deux  rayons.  On  aura 

\  =  o,  y)  =  sin«(s  —  V t)  +  sina(z  -+-  e  —  V t),  'Ç  =  o, 

d'où,  en  supposant  que  le  point  où  l'on  veut  mesurer  l'intensité  ait  été  pris 
pour  origine, 

W  =  a$y[cosa  Vt  -+-  cosa(s  —  V/)], 

ce  qui  est  la  même  expression  que  dans  le  cas  du  système  S2. 


(  ^9  ) 
»   Supposons  maintenant  cpie  les  deux  ondes  soient  polarisées  à  angle 
droit  ;  prenons  le  plan  de  l'onde  pour  plan  des  yz,  il  viendra 

E=o,  7,  =  sina(.r  —  Y  t),         £  =  sina(a;  -+-  e  —  Vf), 

d'où,  si  le  point  où  l'on  veut  mesurer  l'intensité  est  pris  pour  origine, 

W  =  aa$  cosaYt  +  a«ycosa(e  —  Yt), 

ce  qui  est  la  même  expression  que  dans  le  cas  du  système  S,. 

»  On  conclurait,  si  l'on  adoptait  cette  manière  de  voir,  que  c'est  le  sys- 
tème S2  et  non  le  système  S,  qui  doit  interférer,  ce  qui  donnerait  raison  à 
Neumann. 

»  Je  n'aurai  garde  de  tirer  cette  conclusion  ;  dans  l'ignorance  absolue 
où  nous  sommes  du  mécanisme  de  l'action  photographique,  il  convient  de 
s'abstenir.  Mon  seul  but  a  été  de  montrer  que  le  doute  reste  permis,  même 
après  l'expérience  de  M.  Wiener.    » 

Note  de  M.   Berthelot,    à  propos   de  la   Communication  de  M.  Poincaré. 

«  Sans  vouloir  entrer  dans  le  fond  même  de  la  discussion  intéressante 
soulevée  par  notre  Confrère,  M.  Poincaré,  il  me  semble  utile  de  présenter 
quelques  remarques  sur  le  pouvoir  photochimique  des  radiations,  envisagé 
comme  une  force  qui  tendrait  à  séparer  les  atomes  matériels.  En  fait,  le 
mécanisme  des  phénomènes  chimiques  provoqués  par  la  lumière  est  d'un 
ordre  plus  compliqué,  et  la  plupart,  sinon  tous,  sont  des  réactions  exother- 
miques ;  c'est-à-dire  dans  lesquelles  la  lumière  joue  le  rôle  d'un  simple 
excitateur,  sans  fournir  elle-même  l'énergie  mise  en  jeu.  C'est  ce  qui 
arrive  notamment  pour  la  production  des  images  photographiques  au 
moyen  des  sels  d'argent,  d'or,  de  platine,  etc.  Le  métal  qui  constitue 
l'image  n'est  pas  séparé  de  sa  combinaison  par  l'action  directe  de  la  lu- 
mière, etavec  absorption  de  chaleur;  mais,  en  général,  il  est  réduit  aux 
dépens  d'une  matière  organique,  qui  s'oxyde  soit  aux  dépens  du  sel  lui- 
même,  soit  aux  dépens  de  l'eau  décomposée  par  les  éléments  du  sel,  et 
l'ensemble  des  deux  réactions  chimiques  dégage  de  la  chaleur. 

»  Le  cas  du  chlorure  d'argent  semblerait,  à  première  vue,  d'une  autre 
nature;  et  il  en  serait  ainsi,  en  effet,  si  ce  composé  était  réellement,  séparé 
en  chlore  et  en  argent  par  l'influence  des  radiations  lumineuses,  sépara- 


(  33o  ) 

tion  qui  absorberait  —  29e31,  2.  Mais,  en  fait,  il  parait  se  former  d'abord 
un  sous-chlorure  d'argent,  ainsi  que  M.  E.  Becquerel  l'a  rappelé  :  même 
sans  invoquer  d'autre  réaction,  il  suffirait  que  la  chaleur  dégagée  dans 
la  formation  des  deux  chlorures  fût  la  même,  avec  un  poids  donné  d'ar- 
gent, pour  que  le  dédoublement  du  chlorure  ordinaire  se  fit  sans  déga- 
gement ni  absorption  de  chaleur.  Or,  on  connaît  plusieurs  cas  de  cet 
ordre  :  par  exemple,  un  même  poids  d'oxygène  dégage  sensiblement  la 
même  quantité  de  chaleur  (-i-34Cal)  en  s'unissant  à  l'étain,  soit  dans  le 
protoxyde,  soit  dans  le  bioxyde;  la  séparation  du  protoxyde  en  bioxyde  et 
étain  métallique  :  2SnG  =  Sn02H-  Sn,  répond  donc  à  un  phénomène 
thermique  à  peu  près  nul  et  dès  lors  susceptible  d'être  provoqué  par  la 
moindre  énergie  complémentaire,  telle  que  celle  mise  en  jeu  dans  l'union 
du  bioxyde  avec  un  alcali  :  la  précipitation,  si  étrange  en  apparence  de 
l'étain  métallique  dans  ces  conditions,  s'explique  donc  par  la  Thermo- 
chimie. De  même  pour  certaines  régénérations  d'argent  aux  dépens  de  son 
oxyde.  En  effet,  l'oxygène,  sous  un  poids  donné,  dégage  aussi,  d'après  mes 
recherches,  la  même  quantité  de  chaleur  (4-  3Cal,  5  pour  8gr)  en  s'unissant 
à  l'argent  pour  former  soit  l'oxyde  ordinaire,  AgO,  soit  le  sesquioxyde, 
Aga03;  aussi  conçoit-on  que  l'oxyde  ordinaire  puisse  se  décomposer  en 
sesquioxvde  et  argent  métallique  :  3AgO  =  Ag203  -+-  Ag,  sous  l'influence 
d'une  énergie  auxiliaire,  telle  que  celle  qui  résulte  de  l'intervention  de 
l'eau  oxygénée,  laquelle  s'unit  au  peroxyde  et  forme  une  combinaison 
instable,  qui  se  décompose  aussitôt  avec  mise  en  liberté  d'oxygène  et  dé- 
gagement de  chaleur  (').  Il  suffirait,  dès  lors  et  semblablement,  que 
dans  le  dédoublement  du  chlorure  d'argent  en  sous-chlorure,  le  chlore 
excédant  s'unît  avec  l'hydrogène  d'un  composé  organique,  de  façon  à 
donner  lieu  à  une  réaction  exothermique  complémentaire  bien  carac- 
térisée; dans  le  développement  simultané  de  celle-ci,  la  lumière  ne  fourni- 
rait d'autre  énergie  que  la  dose  infinitésimale  réclamée  par  son  rôle  d'agent 
excitateur. 

»  En  fait  et  dans  l'état  présent  de  la  Science,  il  n'existe  à  ma  connais- 
sance aucune  réaction  purement  chimique  où  la  lumière  fournisse  l'apport 
nécessaire  et  qui  puisse  fournir  une  mesure  proprement  dite  des  énergies 
lumineuses  :  j'ai  soulevé  cette  question  en  i865  (2),  et  les  progrès  ulté- 


(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5e  série,  t.  XXI,  p.  164. 

(2)  Voir  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  \''  série,  t.  XVIII,  p.  83. 


(  33i  ) 
rieurs  de  la  Science  n'ont  fait  que  donner  plus  de  force  à  mes  observa- 
tions. La  combinaison  du  chlore  avec  l'hydrogène,  l'oxydation  des  sels 
de  protoxyde  de  fer,  celle  de  l'acide  oxalique,  etc.,  toutes  réactions  pro- 
vocables par  la  lumière,  sont  toutes  aussi  des  réactions  exothermiques. 
J'ai  montré  récemment,  par  des  expériences  et  des  mesures  ('),  qu'il  en 
est  de  même  de  la  décomposition  de  l'eau  par  le  brome,  décomposition 
invoquée  autrefois  comme  un  exemple  de  réaction  photochimique  endo- 
thermique.  Le  seul  fait  qui  subsisterait  encore  dans  cet  ordre  serait  la  dé- 
composition de  l'acide  carbonique,  avec  mise  à  nu  d'oxygène,  par  la  ma- 
tière verte  des  végétaux  ;  mais  il  n'a  jamais  été  prouvé  qu'il  ne  se  produise 
pas  en  même  temps  dans  l'organisme  végétal  des  réactions  complémen- 
taires et  simultanées,  capables  de  fournir  l'énergie  indispensable.  Quoi 
qu'il  en  soit,  il  n'est  pas  nécessaire  d'attribuer  aux  radiations  lumineuses 
aucune  dépense  sensible  d'énergie  dans  l'accomplissement  des  phéno- 
mènes chimiques  de  la  photographie.  » 

M.  Edmond  Becquerel,  à  l'appui  de  la  Note  qu'il  a  publiée  dans  la  der- 
nière séance  sur  la  reproduction  photographique  des  couleurs,  montre 
quelques-unes  des  épreuves  du  spectre  solaire  avec  ses  couleurs  propres, 
épreuves  faites  il  y  a  plus  de  quarante  ans,  et  qui  sont  restées  intactes  en 
les  laissant  à  l'obscurité. 

On  peut  juger  de  leur  parfaite  conservation,  bien  qu'à  différentes  repri- 
ses elles  aient  été  examinées  et  étudiées  à  la  lumière  du  jour;  il  faut  un 
temps  d'exposition  prolongée  à  la  lumière  diffuse  pour  que  les  images  dis- 
paraissent. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  .ï.  Carvallo  adresse,  de  Tortosa,  un  Mémoire  portant  pour  titre  : 
«  Essai  sur  la  théorie  des  mouvements  internes  et  de  translation  des  cy- 
clones ». 

(Commissaires  :  MM.  Faye,  Mascart.) 


(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  &  série,  t.  XIX,  p.  524- 


(  332  ) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  travail  de  MM.  Cheysson  et  Toqué,  intitulé  :  «  Les 
budgets  comparés  des  cent  monographies  de  famille,  publiés  d'après  un 
cadre  uniforme  dans  les  Ouvriers  européens  et  les  Ouvriers  des  deux  Mondes  ». 
(Présenté  par  M.  Haton  de  la  Goupillière,  pour  le  concours  du  prix  de 
Statistique,  fondation  Montyon). 

M.  I'Inspecteur  général  de  la  Navigation  adresse  les  états  des  crues  et 
diminutions  de  la  Seine,  observées  chaque  jour  au  pont  Royal  et  au  pont 
de  la  ïournelle  pendant  l'année  1890. 

«  Les  plus  hautes  eaux  ont  été  observées  le  18  mai,  à  la  cote  2m,20  à  l'échelle  de  la 
Tournelle,  et  à  la  cote  3"',2oà  l'échelle  du  pont  Royal. 

Les  plus  basses  eaux  ont  été  observées  le  21  décembre,  à  la  cote  om,  16  au-dessous  de 
zéro  à  l'échelle  de  la  Tournelle,  et  à  la  cote  i"\  i5  à  l'échelle  du  pont  Royal.   « 


ASTRONOMIE.  —  Détermination  de  la  masse  de  Mars  et  de  la  masse  de  Jupiter 
par  les  observations  méridiennes  de  Y  esta.  Note  de  M.  Gustave  Le  veau, 
présentée  par  M.  Mouchez. 

«  Dans  les  Tables  de  Vesta,  construites  à  l'aide  de  la  Théorie  exposée 
dans  trois  Mémoires  publiés  dans  les  Annales  de  V Observatoire  de  Paris,  j'ai 
employé  pour  les  masses  de  Mars  et  de  Jupiter  les  valeurs  suivantes  : 

Mars m  —  - — — —  (  Hall). 

0090000 

Jupiter m  —   — =-  (Le  Verrier). 

r  1  ooo 

»  D'abord,  dans  les  équations  de  conditions  formées  pour  déterminer 
les  petites  corrections  à  apporter  aux  éléments  qui  ont  servi  de  base  à  toute 
la  Théorie  de  Vesta  de  façon  à  représenter  par  les  Tables  les  5ooo  obser- 
vations méridiennes  de  cette  planète  faites  de  1807  à  1888,  j'ai  introduit 
comme  inconnue  la  correction  à  apporter  à  la  valeur  employée  pour  la 
masse  de  Jupiter. 


(  333  ) 
»    i°  J'ai  obtenu  pour  cette  masse 


1  '         /  r\ 

,,    0  =  —Il  ■+-  0,OOD). 


»  Les  différences  entre  les  observations  et  les  positions  calculées  en 
employant  cette  masse  sont  données  dans  le  Tableau  I. 

»  2°  J'ai  ajouté  aux  équations  précédentes  un  terme  dépendant  de  la 
masse  de  Mars,  et  j'ai  obtenu  : 

Jupiter m=-     ■-=— -     = — — (i  -t- 0,0042) 

1045,6  1030 

,,  r  1  „. 

Mars m  =z    = —  (1  —  o,  160) 

5700000        iogiooo 

»  Les  différences  entre  les  observations  et  les  positions  calculées  en 
employant  ces  valeurs  des  masses  sont  données  dans  le  Tableau  II. 

»  3U  J'ai  ajouté  aux  dernières  équations  les  termes  nécessaires  pour 
tenir  compte  de  l'influence  séculaire  des  corps  autres  que  les  planètes 
principales  considérées  dans  la  Théorie,  et  j'ai  obtenu  : 

Jupiter m 

Mais m 

57OOOO1 1 

»  Les  différences  entre  les  observations  et  les  positions  calculées  en 
employant  les  valeurs  ci-dessus  sont  données  dans  le  Tableau  III. 

Observation  —  Calcul. 
Ascension  droite.  Déclinaison. 

Dates.  t.  II.  III.  I.  !!.  III. 


1 

-lio11    ""'"°4" 

1045,7 

[ 

(1    -  11,  1  05 

1807,3 

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",7 

— 

',9 

—     ',2 

— 

2,1 

— 

1,1 

-  0,9 

1808,7 

-+- 

2,4 

— 

1,0 

—    2,0 

o,7 

— 

0,3 

-  0,9 

1810,1 

-+- 

2,1 

— 

2,2 

-     ',3 

» 

1811,4 

6  ,2 

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-    0.6 

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1812,8 

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2  , 2 

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1814,1 

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1819,7 

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1,2 

-+- 

0,1 

-  0,4 

1822,5 

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1,0 

1-  o,8 

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1,1 

-r- 

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■+■    2,3 

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1,1 

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2,0 

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1 , 3 

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— 

0,6 

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-  0,1 

1826,6 

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2,7 

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2,2 

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2 ,0 

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i83o,8 

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o,3 

■+■ 

0,1 

-t-   0,1 

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3,7 

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3,6 

■+-  3,3 

l832,2 

— 

0,4 

— 

0,7 

-+-   i,3 

■+■ 

2,2 

+ 

2,0 

-+-   1,7 

C.   K.,  1 

V,  1" 

Semestre.  ( 

T.  CX11 

N°  6.) 

44 

(  334  ) 


\scens 

ion  droite. 
I.                 III. 

Décl 

înaison. 

Dates. 

I. 

I 

I. 

II. 

III. 

i833,6 

-  2,7 

— 

i",o 

— 

l',I 

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2,9 

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i835,o 

—  0,1 

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-4-   1,1 

i836,2 

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0,6 

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-+-  0,9 

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-4-   o,3 

1837,8 

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0,9 

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1840,4 

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0,2 

-t-   o,4 

1841,9 

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0,1 

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—  0,1 

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—  0,2 

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1845,9 

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i85o,i 

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-      0,1 

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-   ',5 

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0,1 

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-4- 

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1,0 

-r-    1,0 

1857,0 

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0,2 

0,0 

-1-  o,5 

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0,2 

-4-  0,2 

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h  2,8 

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o,3 

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1861,1 

+     1,2 

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1,0 

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i,3 

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-  0,1 

1862,6 

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1,1 

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— 

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o,4 

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0,4 

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1866,7 

+  0,5 

— 

1,6 

— 

o,9 

—   0,2 

— 

1,0 

—  0,7 

1868,0 

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1,2 

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— 

0,5 

-4-  0,7 

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+    0/4 

— 

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— 

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0,9 

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1870,8 

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o,5 

+  1,4 

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1872, 1 

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0,9 

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0,2 

0,0 

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+  0,4 

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1875,0 

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0,1 

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0,2 

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— 

0,8 

—    0,5 

1876,3 

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+ 

0 ,3 

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0,1 

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-+- 

0,2 

+    0,1 

,877,8 

—    2,1 

— 

2,2 

— 

i,7 

"    0,7 

— 

0,8 

-    0,4 

■879,1 

—    0,3 

4- 

0,8 

-4- 

0,2 

—  0,8 

— 

o,7 

0,5 

i88o,5 

-   3,. 

— 

i,5 

0,8 

-+-  2,0 

4- 

1,6 

+   °,9 

1881,9 

—  0,6 

+ 

0,2 

-+- 

0,2 

—    ',' 

— 

0,8 

—  0,4 

i883,2 

-  o,t 

+ 

1  , 5 

-4- 

0,6 

—  0,4 

— 

0,8 

-  0,6 

1884,7 

-s-  0,9 

-+- 

i,7 

-4- 

2,6 

0,0 

0,0 

-H   0,1 

1886,0 

—  0,9 

-4- 

1,1 

-4- 

o,5 

—  1,1 

— 

o,6 

—   0,3 

1887,3 

—  0,2 

-4- 

«,9 

■+- 

i,3 

—  0,2 

— 

1,0 

-  i,3 

1888,8 

-  0,4 

-+- 

1,0 

-+- 

i,4 

—  0,2 

-4- 

o,3 

-  0,8 

dK 


291 


73 


58 


69 


60 


57 


»  L'examen  de  ces  Tableaux  montre  que  l'introduction  de  l'influence 
séculaire  des  petites  planètes  ne  modifie  pas  suffisamment  les  résidus 
pour  en  tenir  compte  efficacement  dans  la  formation  des  Tables  de  Vesta, 


(  335.) 

mais  que  les  masses  de  Jupiter  et  de  Mars  nécessitent  une  correction 
appréciable. 

»  Les  positions  géocentriques  de  Vesta  ont  été  obtenues  par  l'emploi 
des  Tables  solaires  de  Le  Verrier.  En  tenant  compte  des  variations  appor- 
tées aux  positions  du  Soleil  par  suite  du  changement  des  masses  de  Mars 
et  Jupiter,  la  discussion  des  observations  méridiennes  de  Vesta,  faites 
pendant  près  d'un  siècle,  fournira  peut-être  quelques  renseignements  rela- 
tifs aux  éléments  de  notre  planète.  Cette  recherche  sera  l'objet  d'une 
Communication  ultérieure.  » 

PHYSICO-CHIMIE.  —  Sur  la  conductibilité  des  acides  organiques  tribasiques  ;  ca- 
ractéristique nouvelle  de  la  basicité.  Note  de  M.  Daniel  Bertuelot,  pré- 
sentée par  M.  Lippmann. 

«  J'ai  montré,  dans  une  Note  précédente,  comment  l'étude  des  conduc- 
tibilités électriques  permet  de  distinguer  les  sels  neutres  des  acides  mono- 
basiques ou  bibasiques  en  dissolution. 

«  Un  excès  d'acide  ajouté  au  sel  neutre  n'exerce  aucune  action  chi- 
mique si  l'acide  est  monobasique,  tandis  qu'il  exerce  une  action  très 
marquée  si  l'acide  est  bibasique,  par  suite  de  l'existence,  dans  ce  dernier 
cas,  d'un  sel  acide  partiellement  dissocié. 

»  A  plus  forte  raison  en  sera-t-il  de  môme  si  l'acide  est  tribasique,  et  les 
abaissements  de  conductibilité  successifs  produits  par  des  excès  croissants 
d'acide  se  prolongeront  plus  longtemps  à  cause  de  la  présence  d'un  second 
sel  acide. 

»  Mes  observations  ont  porté  sur  les  acides  carballylique,  citrique  et 

aconitique. 

icide  carballylique. 

Nombre  d'équivalents 


d'acide 

de  potasse 

Différence 

(îk  mol.). 

(rh  mo1-)- 

1  observé. 

Calculé. 

lirart. 

en  centièmes. 

I  ,  ooo 

0,000 

o,2o4 

» 

» 

)> 

o ,  900 

0,  100 

o,i54 

O,  190 

o,o4i 

■>.  1  , 0 

o,85o 

0,  i5o 

0,  i56 

O,  208 

n,o52 

2  5,o 

0,800 

0,200 

0,170 

0, 236 

o,o63 

26,7 

0,700 

o,a5o 

0 ,  202 

0,266 

<>,o64 

24,0 

0,667 

o,333 

0,267 

0,320 

o,o53 

16,5 

+o,5oo 

o,5oo 

u,. 146 

» 

» 

»    -+-  sel  neutre 

o,333 

0 ,  667 

o,843 

0,891 

o,o4S 

5,4 

0,25o 

0,760 

i,o58 

1,077 

0,019 

l>7 

0,200 

0 ,  800 

1  ,  192 

1  ,  202 

0,01 0 

0,8 

(  336  ) 


Acide  citrique. 


Acide 

Totasse 

Différence 

(rb  moléc.) 

(tïô  moléc.) 

Observé. 

Calculé. 

Ecart.' 

en  centièmes 

I  ,000 

0,000 

0,660 

» 

» 

» 

0,75o 

0,  25o 

0,432 

o,557 

0,  125 

22,4 

0,667 

0,333 

o,3go 

o,525 

0,  i35 

25,7 

o,5oo 

0 ,  5oo 

,.,384 

0,568 

0,184 

32,4 

o,333 

0 ,  667 

o,536 

0,618 

0,082 

l3,2 

Sel  neutre. . 

o,25o 

0,750 

o,648 

» 

» 

» 

0,200 

0,800 

0,826 

0,876 

o.o5o 

5,7 

0, 167 

o,833 

°,997 

0,985 

)) 

» 

Acide  aconitigue. 


Acide 

Potasse 

Différence 

(  j-^;  moléc.) 

1  ^  moléc.  | 

Observe'-. 

Calcul.-. 

Écart. 

en  centièmes 

1  ,000 

0,000 

0,8.7 

» 

» 

» 

0,750 

o,25o 

0,532 

0,676 

0,l44 

21,3 

0.667 

0,333 

.  1 .  468 

o,653 

0,1 85 

28,3 

0 ,  5oo 

o,5oo 

o,425 

0,627 

0,202 

32,2 

0, 333 

0,667 

0 ,  545 

0,628 

0 ,  093 

.4,5 

Sel  neutre. . 

o,25o 

0,750 

o,65o 

» 

» 

» 

0,200 

0 ,  Soo 

0,816 

0,876 

0 ,  060 

6,6 

0, 167 

o.833 

0 ,  960 

0,9-6 

0,011 

..3 

»    J'ai  déterminé  les  données  analogues  pour  l'acide  mellique. 

»  Si  l'on  suppose  connu  le  poids  moléculaire  de  l'acide  (par  les  densités 
de  vapeur  de  l'acide  ou  de  ses  éthers,  par  les  points  de  congélation  ou  par 
toute  autre  méthode),  on  peut,  à  l'aide  d'un  calcul  simple,  reconnaître  le 
degré  même  de  la  basicité  de  l'acide.  Il  suffit  d'ajouter  à  une  molécule 
d'acide  une,  deux,  trois,  etc.,  molécules  d'alcali  et  de  voir  après  laquelle 
de  celles-ci  s'arrête  l'influence  de  la  conductibilité,  en  se  rappelant  toute- 
fois qu'il  a  été  remarqué  plus  haut  qu'une  molécule  de  potasse  ajoutée 
après  la  saturation  produit  encore  une  faible  action  résiduelle. 

»   Avec  les  acides  monobasiques  on  aura  de  faibles  différences  : 


Deuxième  molécule  de  potasse. 


Formique.     Acétique.     Benzoïque.  C.lycolique. 
o,o4  o,o4  0,0:4  o,o5 


»   (les  différences  mesurent  l'action  résiduelle  de  la  potasse. 
»   Avec   les  acides  bibasiques  on    aura  des  différences   considérables 
pour  la  deuxième  molécule  de  potasse;  mais  la  troisième  molécule  n'exer- 


(  °>37  ) 
cera  plus  qu'une  action  résiduelle,  analogue  à  celle  de  la  deuxième  pour 
les  acides  monobasiques. 

Oxalique.  Malonique.  Sueeinique.  Pyrotartrique.  Phtalique.  Camphorique. 
Deuxième   molécule   de 

potasse o,3t  0,28               0,29               o,3i  o,3i               o,32 

Troisième  molécule..  .  .       o,o3  o,o3               0,06               o,o3  o,o3               o,o5 

»  De  même  avec  les  acides  tribasiques,  la  deuxième  et  la  troisième  mo- 
lécule exercent  une  action  considérable. 

Vnlc  riuique.  Acide  aconilique. 

Deuxième  molécule o,3i  o,33 

Troisième  molécule 0,20  ".ao 

Quatrième  molécule o,o5  o,o5 

»  Enfin  les  différences  analogues  relatives  à  la  deuxième,  troisième, 
quatrième,  cinquième  et  sixième  molécule  ajoutées  à  une  molécule  d'acide 
mellique  (acide  hexabasique),  sont  : 

o,35,     0,29,     0,28,     0,21,     0,12. 

»    Elles  répondent  aux  six  basicités  de  l'acide. 

»  La  septième  molécule  ne  produit  plus  qu'une  différence  de  conducti- 
bilité égale  à  0,02. 

»  Les  conductibilités  électriques  fournissent  donc  une  caractéristique 
nouvelle  pour  la  basicité  des  acides  dont  on  connaît  le  poids  moléculaire: 
on  peut  définir  ainsi,  par  des  procédés  purement  physiques,'  l'équivalent  et 
la  basicité  d'un  acide,  sans  en  connaître  ni  la  formule,  ni  même  la  composi- 
tion élémentaire.  » 


CHIMIE.  —  Sur  les  combinaisons  formées  par  V  ammoniaque  avec  /esc/dorures. 

Note  de  M.  Joanxis. 

«  On  connaît,  pour  la  plupart  des  métaux.,  des  combinaisons  formées 
par  le  gaz  ammoniac  avec  les  chlorures  métalliques;  cependant,  d'après 
divers  chimistes,  Rose  entre  autres,  les  chlorures  de  sodium,  de  potas- 
sium et  de  baryum  ne  se  combinent  pas  avec  l'ammoniaque. 

»  J'ai  été  amené,  en  continuant  les  recherches  que  j'ai  entreprises  sur 
le  sodammonium,  à  m'occuper  de  ces  chlorures  et  en  particulier  du  chlo- 
rure de  sodium,  corps  qui  pouvait  se  former  dans  les  réactions  du  sodam- 


(  338  ) 

monium  sur  les  chlorures  métalliques;  ces  réactions  sont  compliquées  et 
il  est  nécessaire,  pour  les  interpréter,  d'étudier  d'abord  l'action  de  l'am- 
moniaque sur  le  chlorure  de  sodium  et  celle  du  sodammonium  sur  le  chlo- 
rure de  sodium. 

»  Chlorure  de  sodium.  —  Du  chlorure  de  sodium  pur,  fondu  récemment,  était  in- 
troduit, encore  chaud,  dans  un  tube  résistant  bien  sec,  taré  au  préalable  et  pesé  de 
nouveau.  On  le  mettait  en  communication,  à  l'aide  de  tubes  de  plomb  mastiqués, 
avec  un  réservoir  en  verre  contenant  de  la  potasse  solide,  où  du  gaz  ammoniac  liquclir 
séjournait  depuis  quelque  temps;  en  refroidissant  le  tube  à  chlorure  de  sodium, 
l'ammonium  distillait  dans  le  tube  froid;  en  opérant  vers  — 10°  et  en  employant  quel- 
ques centimètres  cubes  d'ammoniaque  liquide,  on  arrivait  à  dissoudre  tout  le  chlorure 
de  sodium  employé,  et  la  tension  du  gaz  ammoniac  était  un  peu  inférieure  à  celle  de 
l'ammoniaque  liquide  à  cette  température.  Si  l'on  refroidissait  alors  davantage,  à  —  3o° 
par  exemple,  et  si  on  laissait  partir  de  l'ammoniaque  à  cette  température,  on  voyait 
bientôt  de  fines  aiguilles  blanches  apparaître  dans  le  liquide.  On  peut  ainsi  chasser 
tout  l'excès  d'ammoniaque,  et  lorsqu'il  ne  dégage  plus  aucune  bulle  de  gaz,  sous  la  pres- 
sion atmosphérique  à  —  3o°,  même  en  attendant  une  demi-heure,  on  laisse  monter 
lentement  la  température;  il  sort  alors  une  bulle  de  temps  en  temps,  provenant  de  la 
dilatation  du  gaz  contenu  dans  l'appareil.  A  partir  de  —  24°  il  commence  à  sortir  un 
peu  plus  de  gaz  que  le  calcul  ne  l'indique  d'après  les  dimensions  de  l'appareil.  A  partir 
de  ce  moment,  on  laisse  la  température  monter,  en  recueillant  tout  le  gaz  qui  se  dé- 
gage dans  de  l'acide  sulfurique  titré.  On  tient  compte  de  ce  que,  au  commencement, 
une  partie  de  l'appareil  est  pleine  d'ammoniaqueà  —  24°,  tandis  qu'à  la  fin  cette  partie 
est  pleine  de  gaz  à  o°  (on  a  mis  finalement  l'appareil  dans  de  la  glace).  Un  a  déterminé 
ainsi  directement  les  poids  d'ammoniaque  et  de  chlorure  de  sodium  qui  entrent  dans  le 
composé. 

»   Voici  les  nombres  obtenus  dans  trois  analyses  : 

..1      1     ,     ...  ,.  \?  H' 

Poids  de  \aU.  Rapport,  ^,    _,,  • 

rI         Nal.l 

1 0,6744  5,oi8 

II o,4o48  5,007 

m 0,4472  4,968 

Moyenne 4>9P/8 

»   La  formule  de  ce  composé  est  donc  NaCl  -1-  5  AzH3. 
»    Voici  les  tensions  de  dissociation  de  ce  corps  à  différentes  tempéra- 
tures. 

O  llltli 

2-+ 

—  20,8 892 

—  i7>5 '074 

—  1 5 ,  o 1 3o5 

—  I0>° '777 

—  7,0 2 1 3o 


(  339  ) 

»  Chlorure  de  potassium.  —  Je  n'ai  pas  obtenu  de  combinaison  avec  l'ammoniaque, 
même  en  opérant  à  —  720,  qui  put  être  décelée  par  une  tension  de  dissociation  propre. 
J'ai  refroidi  à  —  720  trois  tubes  contenant  du  chlorure  de  potassium  et  de  l'ammo- 
niaque liquide  en  proportions  variables  ;  ces  trois  tubes  contenaient,  pour  1  équivalent 
de  chlorure  de  potassium,  le  premier  oéi,32,  le  deuxième  1^,92  et  le  troisième 
18  équivalents  d'ammoniaque.  Ce  dernier  tube  contenait  ainsi  une  solution  saturée  soit 
de  chlorure  de  potassium,  soit  de  chlorure  ammoniacal  de  potassium.  Les  trois  tubes 
m'ont  donné  très  sensiblement  la  même  tension,  aussi  bien  à  — 72"  qu'à  des  tempéra- 
tures plus  élevées;  la  différence  de  cette  tension  et  de  celle  de  l'ammoniaque  liquide 
a  été  trouvée  constante  et  égale  à  5cm  environ,  pour  toutes  les  températures  entre  —  72° 
et  —  45°. 

»  S'il  existe,  à  ces  températures,  un  composé  de  chlorure  de  potassium 
et  d'ammoniaque,  il  a  une  tension  de  dissociation  si  voisine  de  la  tension 
de  vapeur  de  sa  solution  saturée,  qu'il  n'a  pas  été  possible  de  constater 
de  différence,  surtout  à  ces  basses  températures,  difficiles  à  maintenir 
longtemps  constantes  ;  on  n'a  pas  pu,  par  suite,  employer  la  méthode  qui 
a  réussi  avec  le  chlorure  de  sodium. 

»  Chlorure  de  baryum.  —  La  combinaison  de  ce  chlorure  avec  l'ammoniaque  est 
extrêmement  lente,  et  c'est  probablement  pour  celte  cause  qu'elle  n'a  pas  été  obtenue 
par  Rose.  Le  chlorure  de  baryum  anhydre  récemment  fondu  est  introduit,  encore 
chaud,  dans  un  tube  taré  ;  on  opèrç  comme  avec  le  chlorure  de  sodium  et  on  liquéfie 
de  l'ammoniaque  anhydre  dans  le  tube  contenant  le  chlorure.  Dans  ces  conditions,  la 
combinaison  est  assez  rapide;  on  place  ensuite  le  tube  à  chlorure  à  o°,  et,  ouvrant  un 
robinet,  on  laisse  échapper  toute  l'ammoniaque  qui  peut  partir.  On  constate  qu'il 
reste  un  composé  qui  a  pour  formule  BaCl,  ^Azll3  (AzH3,  trouvé  89,57  pour  100; 
théorie  3g, 53),  qui  possède  à  o°  une  tension  supérieure  à  la  pression  atmosphérique. 
Elle  est  de  5.4imra  à  o°  et  de  i85omm  à  28°,  4-  Si  l'on  enlève  alors  de  l'ammoniaque,  ou 
constate  que  cette  pression  persiste  jusqu'à  ce  qu'on  ait  enlevé  les  4  équivalents 
de  ce  gaz. 

»  Ainsi,  des  composés  contenant  pour  1  équivalent  de  chlorure  de  ba- 
ryum (oe<*,462),  (oé'i,  827),  (1^,817)  ou  (3é*>,  232)  d'ammoniaque,  possé- 
daient la  même  tension  de  dissociation.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  formation  des  isopurpurates. 
Note  de  M.  Raoul  Varet. 

«  Hlasiwetz  a  montré  que,  en  chauffant  l'acide  picrique  avec  du  cyanure 
de  potassium  dissous  dans  l'eau,  on  obtient  de  magnifiques  matières  colo- 


(  34o  ) 

ralliés  rouges,  duesà  la  formation  d'isopurpurate  de  potassium.  L'équation 
de  la  réaction  est  la  suivante  : 

C,2H3Az30''  +  3C2Az[v  +  3H202 

=  ClcH4AzsO,2K  +  C20''  -+-  AzH*4-  2K.HO-. 

»  Il  m'a  paru  intéressant  d'étudier  l'action  des  cyanures  métalliques 
proprement  dits  (zinc,  cuivre,  mercure,  argent)  sur  l'acide  picrique  et  les 
picrates,  afin  de  savoir  quels  sont  ceux  d'entre  eux  qui  sont  susceptibles 
d'entrer  en  réaction  et  de  déterminer  les  conditions  qui  règlent  la  forma- 
tion des  isopurpurates. 

»  [.  a.  Cyanure  de  zinc  et  acide  picrique.  —  On  projette  du  cyanure  de 
zinc,  par  petites  quantités,  dans  une  solution  aqueuse  d'acide  picrique  main- 
tenue à  l'ébullition.  Il  y  a  dégagement  d'acide  cyanhydrique  et  formation 
de  picrate  de  zinc,  sur  lequel  réagit  l'excès  de  cyanure  de  zinc.  On  chauffe 
pendant  trente-six  heures,  en  ayant  soin  d'ajouter  de  l'eau  de  temps  en 
temps,  afin  de  remplacer  celle  qui  s'évapore.  La  liqueur,  d'abord  jaune, 
prend  une  teinte  de  plus  en  plus  rouge.  On  filtre,  pour  séparer  les  pro- 
duits insolubles,  et  on  lave  à  l'eau  bouillante  le  précipité  retenu  par  le  filtre. 
La  liqueur  obtenue,  évaporée  doucement  au  bain-marie,  laisse  déposer  des 
cristaux  rouges,  formés  par  un  mélange  d'isopurpurate  de  zinc  et  d'isopur- 
purate d'ammoniaque.  Quelquefois  on  obtient  ces  deux  sels  à  l'état  de 
combinaison,  mais  ce  dernier  corps  ne  peut  pas  être  reproduit  à  volonté. 

»  La  formation  d'isopurpurate  d'ammoniaque  résulte  de  la  substitution 
de  l'ammoniaque  qui  prend  naissance  dans  la  réaction  à  l'oxyde  de  zinc 
du  picrate.  Les  quantités  respectives  du  sel  de  zinc  et  du  sel  d'ammoniaque 
formés  dépendent  du  temps  pendant  lequel  on  maintient  à  l'ébullition  le 
mélange  de  picrate  et  de  cyanure,  les  produits  secondaires  de  la  réaction 
réagissant  sur  l'isopurpurate  de  zinc  pour  le  décomposer  avec  mise  en 
liberté  d'ammoniaque. 

»  b.  Cyanure  de  zinc  et  picrate  d'ammoniaque.  —  Quand  on  maintient  à 
l'ébullition,  dans  les  conditions  précédemment  indiquées,  du  cyanure  de 
zinc  avec  une  solution  de  picrate  d'ammoniaque,  on  obtient  seulement  de 
l'isopurpurate  d'ammoniaque;  il  n'y  a  pas  formation  d'isopurpurate  de 
zinc. 

»  II.  Cyanure  de  mercure.  —  Quand  on  chauffe  du  cyanure  de  mercure 
avec  une  solution  d'acide  picrique,  on  constate  qu'il  ne  se  dégage  pas 
d'acide  cyanhydrique  et  qu'il  ne  se  forme  pas  d'isopurpurate. 

»  Il  en  est  de  même  avec  les  picrates  d'ammoniaque,  de  potassium,  de 


(  34.    ) 
baryum  et  de  strontium.  Avec  ces  derniers,  il  v  a  précipitation  de  baryte  ou 
de  strontiane  et  formation  de  combinaisons  résultant  de  l'union  dû  cyanure 
de  mercure  et  de  l'acide  picrique  avec  le  picrate  de  baryum  ou  avec  celui 
de  strontium. 

»  IH.  Cyanure  ci' argent.  --  Le  cyanure  d'argent  ne  réagit  pas  surl'aeide 
picrique  ou  le  picrate  de  potasse  pour  donner  des  isopurpurates. 

»  IV.  Cyanure  de  cuivre.  —  Le  cyanure  de  cuivre,  chauffé  avec  de  l'acide 
picrique,  ne  fournit  pas  d'isopurpurate;  il  prend  seulement  une  teinte 
verte  très  vive,  qui  disparaît  quand  on  le  lave  avec  de  l'eau.  Il  y  a  probable- 
ment formation  d'une  combinaison  très  instable. 

»    En  résumé,  on  voit  : 

»  i°  Que  les  cyanures  d'argent,  de  mercure  et  de  cuivre  ne  réagissent 
pas  sur  l'acide  picrique  ou  les  picrates  pour  donner  des  isopurpurates. 

»  20  Le  cyanure  de  zinc  au  contraire  réagit,  mais  bien  plus  lentement 
que  les  cyanures  alcalins.  Avec  le  picrate  d'ammoniaque,  il  donne  de  l'iso- 
purpurate  d'ammoniaque  ;  avec  l'acide  picrique,  il  donne  un  mélange  d'iso- 
purpurate de  zinc  et  d'isopurpurate  d'ammoniaque. 

»  L'examen  des  données  thermochimiques  montre  que  l'acide  picrique 
déplace  l'acide  cyanhvdrique  des  cyanures  susceptibles  de  donner  des  iso- 
purpurates (cyanures  alcalins,  alcalino-terreux,  cadmium,  zinc).  C'est  le 
contraire  qui  a  lieu,  d'après  ces  mêmes  données,  pour  les  cyanures  de 
cuivre,  de  mercure,  d'argent.  » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  le  mode  de  combinaison  de  l'acide  sulfurique 
dans  les  vins  plâtrés  et  sur  la  recherche  de  l'acide  sulfurique  libre.  Note  de 
M.  L.  Magmer  de  la  Source,  présentée  par  M.  Schutzenberger. 

h  Dans  une  Aote  insérée  aux  Comptes  rendus  ('),  MM.  Roos  et  Thomas 
se  refusent  à  admettre  qu'un  vin  plâtré  puisse,  à  un  moment  quelconque, 
renfermer  du  bisulfate  de  potassium.  J'ai  été  amené  à  penser,  au  contraire, 
que  ce  sel  doit  toujours  prendre  naissance  dans  un  vin  plâtré  à  fond.  J'ai 
basé  ma  démonstration  sur  les  raisonnements  suivants  : 

»  Un  vin  plâtré  à  fond  ne  renferme  aucune  réserve  de  potasse,  en  dehors 
de  celle  qui  est  nécessaire  pour  transformer  l'acide  sulfurique  en  sulfate 
neutre;  mais  un  pareil  vin  contient,   lorsqu'il  a  été  plâtré  avec  du  plâtre 


s 


(l)   Comptes  rendus,  l.  CXI,  p.  ôjô. 

C.   R.,   i8qi,   i"  Semestre.  (T.  CXII,  V  6.) 


(  342  ) 

pur,  la  même  quantité  d'acide  tartrique  qu'un  vin  non  plâtré  de  même 
origine.  Si  donc,  à  un  moment  quelconque,  il  s'y  forme  un  dépôt  détartre, 
ce  tartre  ne  pourra  avoir  pris  naissance  qu'en  enlevant  au  sulfate  neutre 
une  partie  de  la  potasse  qu'il  renferme,  c'est-à-dire  en  produisant  du  bi- 
sulfate. 

»  Le  raisonnement  de  MM.  Roos  et  Thomas  s'applique  sans  difficulté 
aux  vins  qui  sont  partiellement  plâtrés,  et  je  reconnais  volontiers  que 
presque  tous  les  vins  traités  par  le  plâtre  sont  dans  ce  cas;  mais  j'ai  prouvé 
autrefois  que  les  conditions  ci-dessus  définies  peuvent  être  réalisées  et  j'ai 
raisonné,  non  sur  les  vins  livrés  le  plus  souvent  par  le  commerce,  mais  sui- 
des vins  dont  je  donnais  l'analyse  et  dont  j'indiquais  l'origine. 

«  Les  vins  semblables  à  celui-ci  sont  rares,  mais  tous  ceux  qui  ont  fré- 
quemment l'occasion  d'analyser  des  vins  plâtrés  en  ont  rencontré  et  ont 
été  frappés  de  la  faible  différence  existant  entre  leur  poids  total  de  cendres 
et  celui  du  sulfate  de  potasse.  C'est  en  opérant  sur  des  vins  de  cette  espèce 
qu'Henninger,  M.  Ch.  Girard  et  moi-même  avons  pu  constater  la  pré- 
sence d'acide  sulfurique  soluble  dans  l'alcool  ou  dans  l'alcool  éthéré. 

»  Pour  rechercher  dans  un  vin  l'acide  sulfurique  libre,  MM.  Roos  et 
Thomas  ont  recours  à  un  procédé  détourné  qui  consiste  à  substituer  l'acide 
chlorhydrique  à  l'acide  sulfurique.  Cette  substitution  ne  me  paraît  pas 
présenter  de  grands  avantages.  Le  Comité  consultatif  d'hygiène  de  France 
partage  mon  opinion,  puisqu'il  se  borne  à  conseiller  l'analyse  complète 
des  cendres.  Dans  toute  opération  bien  conduite,  les  résultats  sont  forcé- 
ment identiques,  mais  la  recherche  directe  étant  beaucoup  plus  simple 
paraît  devoir  être  préférée. 

»  Afin  de  me  rendre  compte  de  la  sensibilité  du  procédé  indiqué  par  M.  le  Rappor- 
teur du  Comité  consultatif  d'hygiène  de  France,  j'ai  pris  un  vin  non  plâtré,  d'origine 
sûre,  renfermant  o§l',32  d'acide  sulfurique  naturel  par  litre  (calculé  en  SO*H2). 

»   Ce  vin  a  été  additionné  d'acide  sulfurique  libre  dans  les  proportions  suivantes  : 

Par  litre. 

gt 
a 4>oo     (imbuvable). 

P i  ,80     (imbuvable). 

7 1,00     (très  acide,  mais  bon  ). 

8 0,55     (saveur  des  plus  agréables). 

»  Chacun  des  mélanges  a  été  partagé  en  deux  portions  égiles  :  l'une  n'a  subi  aucun 
traitement,  l'autre  a  été  saturée  parle  carbonate  de  potasse  pur. 

»  Les  huit  échantillons  ainsi  obtenus  ont  été  évaporés  à  sec  au  bain-marie,  carbonisés 


(  343  ) 

ensuite  avec  les  précautions  ordinaires  et  finalement  chauffes  jusqu'au  rouge  pour  dé- 
truire le  charbon. 

»  Dans  la  cendre,  on  a  dosé  l'acide  sulfurique  total;  les  résultats  obtenus  sont  les 
suivants  : 

Vin  additionné 
de  WSO> 

et 
de  CO»K% 
par  litre. 

Sr 
■J.' 4  >  °  ' 


V 

in  additionné 
de  H'SO', 
par  litre. 

1,21 

1  ,20 

o,84 

P 1,21  P' 2,00 

Y i ,  20  f' i ,  3o 

S' o,86 


»  Que  conclure  de  ces  résultats,  sinon  qu'à  partir  de  igt'  d'acide  sulfu- 
rique par  litre  l'addition  ne  saurait  être  décelée  par  l'analyse  des  cen- 
dres?. . .  On  remarquera  que  cette  dose  est  précisément  la  limite  au-des- 
sous de  laquelle  la  dégustation  devient  incapable  de  reconnaître  une  saveur 
anormale,  et  cela  se  conçoit  aisément;  au-dessous  de  cette  limite,  l'acide 
sulfurique  ne  demeure  pas  à  l'état  de  liberté  dans  le  vin,  mais  emprunte 
aux  combinaisons  à  base  de  potasse  que  renferme  ce  liquide  l'alcali  néces- 
saire pour  le  transformer  en  sulfate  neutre. 

»  MM.  Roos  et  Thomas  admettent  que  toute  molécule  d'acide  tartrique 
mise  en  liberté  par  l'action  du  sulfate  de  chaux  pendant  l'opération  du 
plâtrage  se  sature  aux  dépens  des  réserves  de  potasse  que  possède  le  vin, 
comment  refuseraient-ils  à  l'acide  sulfurique  le  pouvoir  d'exercer  une 
action  analogue?  Si  donc  l'acide  sulfurique  ajouté  à  faible  dose  dans  un 
vin  non  plâtré  ('  )  cesse  d'exister  à  l'état  libre,  aucun  procédé  ne  saurait 
permettre  de  le  retrouver  sous  cette  forme,  à  moins  qu'on  ne  la  lui  restitue 
par  une  réaction  secondaire,  auquel  cas  les  résultats  obtenus  n'auraient 
plus  la  moindre  signification,  puisqu'ils  pourraient  aussi  bien  s'appliquer 
au  sulfate  de  potasse  naturel  qu'au  sulfate  de  potasse  provenant  du  plâ- 


trage. 


(')  Ce  cas  est  le  seul  qui  doive  être  examiné,  l'acidification  par  l'acide  sulfurique 
n'ayant  d'autre  objet  que  de  remplacer  le  plâtrage,  conformément  aux  indications 
données  par  M.  Armand  Gautier  dans  l'article  Vin  du  Dictionnaire  de  Chimie  pure  et 
appliquée. 


(  344  ) 


PHYSIOLOGIE  EXPERIMENTALE.   --  Olfactomètre  fondé  sur  la   diffusion 
à  travers  les  membranes  flexibles.  Note  de  M.  Charles  Hexky. 

«  Le  but  de  l'olfactomètre  est  de  déterminer  le  poids  d'odeur  par  cen- 
timètre cube  d'air  qui  correspond  au  minimum  perceptible  et  aux  divers 
degrés  de  la  sensation  olfactive. 

»  L'instrument,  construit  par  G.  Berlemont,  consiste  en  un  réservoir 
de  verre  A  traversé  par  deux  tubes  glissant  l'un  dans  l'autre  :  tu  un  tube 
de  papier  B,  bouché  par  le  bas;  2°  à  l'intérieur  de  celui-ci,  un  tube  de 
verre  gradué  en  millimètres,  qui   émerge   en  C  et  qu'on  introduit  dans 


une  des  narines,  eu  bouchant  l'autre.  Pour  les  dosages  d'intensités  plus 
fortes  que  le  minimum  perceptible,  l'instrument  est  muni  d'un  robinet 
et  d'un  tube  en  fourche  D.  On  introduit  le  liquide  odorant  en  a  dans 
le  réservoir;  une  fois  ce  réservoir  saturé,  on  enferme  le  tout  dans  une 
éprouvette  bien  close  par  le  bouchon  d.  L'opérateur  soulève  avec  la  main 
le  tube  C  d'un  mouvement  uniforme  qui  est  réalisé  très  approximativement  : 
je  m'en  suis  convaincu  en  armant  le  tube  d'un  stylet  perpendiculaire,  qu'on 
mettait  en  contact  avec  un  cylindre  enregistreur.  La  vapeur  s'écoule  du 
réservoir  dans  le  tube  de  verre.  Le  sujet  respire  normalement.  Il  serait 
facile  d'obtenir,  par  une  ceinture  inextensible  qui  ne  permettrait  qu'une 
dilatation  définie  de  la  cage  thoracique,  la  constance  d'intensité  de  l'inspi- 
ration ;  mais  cette  précaution,  suffisante  comme  on  peut  le  vérifier  par  un 


(  3/,5  ) 

pneumographe  Verdin,  détermine  une  gène,  nuisible  à  l'expérience.  Au 
moment  où  la  sensation  minima  se  produit,  l'opérateur  arrête  le  mouve- 
ment; il  note  la  hauteur  et  la  durée  de  soulèvement.  Avec  ces  deux  élé- 
ments, avec  un  nombre  dépendant  à  la  fois  de  l'expérience  et  d'une  con- 
stante de  chaque  appareil,  enfin  avec  une  constante  du  corps  odorant,  on 
obtient  le  minimum  perceptible. 

»  En  elfet,  soit  Q'  le  poids  de  la  vapeur  considérée  qui  passe  du  réservoir  saturé 
dans  le  tube  à  travers  le  papier  en  une  seconde  et  par  millimètre  carré,  soit  P  le  poids 
qui  a  passé  au  bout  du  temps  /  en  découvrant  le  tube  de  papier  de  rayon  R  sur  nue 
hauteur  ^  avec  la  vitesse  constante  de  soulèvement  <i\  à  chaque  instant,  on  a 

dP  =  Q'2-TtR  ;  dt  -,-  Q'  2  -  R  dz  dl  ; 

mais  le  deuxième  tenue  est  un  infiniment  petit  de  second  ordre  que  l'on  peut  né- 
gliger. L'expérience  et  un  calcul  simple  ont  montré  qu'on  peut  également  négliger 
les  valeurs  successives  de  la  pression  de  la  vapeur  dans  le  tube.   Puisque  ;       at.  il 

\  li'ni 

d'où,  en  intégrant  et  en  remplaçant  a  par  sa  valeur, 

P  =  Q'riRst. 

,    »  Si  l'on  appelle  V  le  volume  du  tube  de  verre,  l'espace  parfumé  est  V  -t-  -R2-  ;  le  iiii- 

P                     .             -R 
nimum  perceptible  M  est,  d'après  la  définition,  fj-  — — —  ;  le  quotient  t~, rpr~        B 

est  un  nombre  dépendant  à  la  fois  de  l'expérience  et  de  l'appareil,  de  sorte  que  l'on  a, 
en  supposant  la  vapeur  parfaitement  diffusée  dans  tout  l'espace, 

(i)  M       R^Q'. 

u  Pour  déterminer  Q' considérons  deux  surfaces  d'évaporation  égales  à  l'unité,  l'une 
à  l'air  libre,  l'autre  recouverte  du  papier  de  l'olfactomètre,  c'est-à-dire  d'un  seplum 
llexible,  au-dessus  et  au-dessous  duquel  la  pression  totale  est  la  même,  les  pressions 
partielles  de  la  vapeur  et  de  l'air  étant  différentes;  en  désignant  par  A  une  constante 
dépendant  à  la  fois  du  liquide  et  de  la  pression  atmosphérique,  on  a  pour  le  poids  q 
qui  s'évapore  à  l'air  libre,  F  étant  la  tension  maxima,  f  la  tension  de  la  vapeur  dans 
l'atmosphère  (généralement  nulle  sauf  pour  la  vapeur  d'eau), 

(2)  q  =  A(F-f). 

»  Dans  le  cas  de  la  surface  recouverte  du  papier,  la  pression  de  la  vapeur  a  immé- 
diatement au-dessus  de  la  membrane  la  même  valeur  y,  nulle  en  général;  mais,  immé- 
diatement au-dessous,  elle  a  une  valeur  tp  notablement  différente,  de  sorte  qu'il  faut 
poser,  pour  le  poids  q'  qui  s'évapore  à  travers  le  papier, 

(3)  /=A.(F-?). 


(  346  ) 

»  Des  expériences  poursuivies  avec  M.  Gustave  Robin  nous  ont  donné  ce  résultat 

remarquable  que  —  est  le  même  pour  tous  les  corps,  indépendant  de  la   température 

dans  les  limites  observées  (4-4°  à  1 4°)  et  égal,  en  moyenne,  à  o,65.  Nous  avons  trouvé, 
en  effet  :  alcool  :  o,63;  éther  :  0,67;  chloroforme  :  o,63;  vapeur  d'eau  :  0,66;  sulfure 
de  carbone  :  0,66;  benzine  :  o,65. 

»  Soit  a  ce  rapport.  Poursuivant  l'analogie  de  la  diffusion  de  la  vapeur  avec  la  dif- 
fusion de  la  chaleur,  considérons  un  coefficient  6,  qui  ne  dépend  que  du  papier  et  du 
corps,  nous  pouvons  poser 

(4)  i'  =  «(?-/); 

d'où,  eu  égalant  (3)  et  (4)  et  en  éliminant  les  tensions, 


(5) 

»   Mais,  comme  on  a  également  O'=0F,  on  obtient,  en  remarquant  (pie  dans  le  tube 
de  Polfactomètre/=o, 

(6)  Q'    ~-9~ 


»  La  surface  du  tube  de  papier  étant  collée  sur  {  environ,  il  faut  multiplier  cette 
valeur  par  le  coefficient  \\  que  l'on  a  calculé  en  dosant  les  poids  d'ammoniaque  qui. 
dans  les  mêmes  conditions  de  température,  passent  soit  à  travers  le  papier  simple,  soit 


à  travers  le  papier  collé  I =  1 ,69 

»  La  nécessité  d'opérer  très  rapidement,  à  cause  de  l'altération  facile  à  l'air  de  la 
plupart  des  essences  odorantes,  m'a  fait  recourir,  pour  obtenir  q,  à  des  aréomètres  de 
tiges  deomm,5  environ  de  diamètre,  surmontés  chacun  pour  le  liquide  d'une  coupelle 
d'argent  de  occ,574,  lesquels  se  déplacent  dans  l'alcool  le  long  d'une  règle  divisée,  et 
qu'on  maintient  dans  un  bain  à  une  température  aussi  constante  que  possible.  En 
vue  d'éviter  les  perturbations  thermo-électriques,  on  gradue  l'appareil  avant  et  après 
chaque  évaporation  en  notant  le  nombre  de  divisions  dont  se  déplace  la  tige  cylin- 
drique sous  un  poids  étalonné.  Dans  les  expériences  rapportées  ci-dessous  et  exécu- 
tées à  io°,5,  les  nombres  obtenus  avant  et  après  ont  été  trouvés  identiques.  Au  début, 
l'évapofatïon  est  en  général  intense;  elle  ne  devient  proportionnelle  au  temps  qu'au 
bout  de  quelques  minutes.  Ce  sont  ces  valeurs  permanentes  qu'on  a  choisies,  et  elles 
se  sont  montrées  pour  l'éther  remarquablement  concordantes  avec  celles  que  fournit 
l'évaporation  dans  des  tubes  cylindriques  (0,7  au  lieu  de  0,6),  l'unité  adoptée  étant  le 
millième  de  milligramme  : 

Éther 0,7  Romarin o,o446       Winter-green .  .  .     o,oi65 

Ylang-Ylang.  . .  .     0,0176       Carvie o,o3i5       Bergamotte o,o33i 

Portugal 0,0067       Menthe  anglaise.     o,o354       Lavande 0,0292 

»   Pour  l'éther,  dont  on  connaît  F,  on  a  6  =  o,oo45i. 


(  347  ) 

»   C'est  d'après  ces  nombres  qu'ont  été  calculés  par  la  formule  (i)  les  minima  pei 
ceptibles  suivants,  toujours  en  millièmes  de  milligramme  et  à  io°,  5  : 


ujets. 

Ylaiig-YIang. 

Menthe. 

Romarin. 

w 

inter-green. 

Éther. 

Portugal 

A... 

•        9,763 

i8,o83 

"4,92 

■.',8, 392 

349,83 

98,02 

B... 

■        1,546 

17,069 

3,633 

',87 

23,322 

4,3'43 

C.  . 

•      '5,9 

» 

7,oi 

9,°4 

189 

.5,5 

D..  . 

37,5 

i3o 

1S1 

i9.' 

2490 

» 

»  Ces  nombres  varient  considérablement  suivant  la  constitution  analomique  et 
physiologique  des  sujets  et  suivant  l'odeur;  en  général,  ils  paraissent  être  en  corréla- 
tion directe  avec  le  caractère  agréable  de  l'odeur  pour  chaque  sujet;  c'est  une  des  rai- 
sons pour  lesquelles  Da  pu  présenter  avec  l'éther  un  chiffre  aussi  élevé.    » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTAL!'. .  —  Action  de  certaines  substances  médica- 
menteuses, et  en  particulier  de  l'extrait  de  valériane,  sur  la  destruction  de  la 
glycose  dans  le  sang.  Note  de  M.  L.  Buttk,  présentée  par  AI.  Larrey. 

«  Claude  Bernard  a  montré  que  la  glycose  contenue  dans  le  sang,  au 
moment  de  son  extraction  des  vaisseaux,  finit  par  disparaître  complète- 
ment. J'ai  voulu  rechercher  si  certaines  substances  médicamenteuses  peu- 
vent retarder  ou  activer  cette  disparition  et  ont  pour  action  de  modifier  le 
pouvoir  qu'a  le  sang  frais  de  brûler  le  sucre  qu'il  renferme  ('). 

»  Mes  premières  expériences  avaient  été  faites  il  y  a  plusieurs  années  ; 
à  cette  époque,  j'avais  dû  me  servir  du  procédé  de  dosage  du  sucre  par- 
la liqueur  cupropotassique.  Cette  méthode,  bonne  quand  on  opère  avec 
des  solutions  pures,  n'est  qu'approximative  quand  on  analyse  des  liquides 
extraits  du  sang  et  quand  il  s'agit  de  déceler  des  différences  très  petites. 
Aussi  ces  premiers  essais  ne  m'avaient-ils  fourni  aucun  résultat  satisfaisant. 
Aujourd'hui,  grâce  aux  nouveaux  procédés  de  dosage  de  la  glycose  par 
fermentation,  à  l'aide  de  la  pompe  à  mercure,  procédé  décrit  récemment 
par  M.  Quinquaud,  en  collaboration  avec  M.  Gréhant,  j'ai  pu  reprendre 
mes  expériences  et  obtenir  des  résultats  suffisamment  exacts  et  précis. 

»   C'est  ainsi  que  j'ai  pu  constater  que  l'addition  du  bicarbonate  de  soude . 


(')  MM.  Lépine  et  Barrai  (Comptes  rendus,  19  janvier  1891)  et  M.  Arnaud 
(Comptes  rendus,  26  janvier  1891)  viennent  de  publier  les  résultats  des  recherches 
qu'ils  avaient  entreprises  sur  le  même  sujet. 


(  348  )  ■ 

de  la  morphine,  au  sang  fraîchement  recueilli,  a  pour  effet  de  ralentir  la 
destruction  de  la  glycose;  par  contre,  le  curare  active  cette  destruction. 
Je  me  bornerai  aujourd'hui  à  indiquer  les  résultais  cpie  m'a  fournis  l'étude 
de  l'extrait  de  valériane,  dont  on  a  vanté  l'heureuse  influence  dans  le 
traitement  de  certaines  formes  de  diabète  sucré. 

»  J'ai  d'abord  recherché  ce  que  devient  la  glycose  dans  le  sang  fraîche- 
ment extrait  de  l'artère  et  mis  en  contact  avec  l'extrait  de  valériane. 

»  Pour  cela,  après  avoir  défibriflé  3oosr  de  sang,  immédiatement  après  son  extraction 
de  la  carotide  d'un  chien,  j'y  ai  ajouté  3e1'  de  glycose;  je  les  ai  divisés  en  trois  parties 
égales;  j'ai  dosé  le  sucre  immédiatement  dans  la  première  et  j'ai  introduit  les  deux 
autres  dans  des  flacons  dont  l'un  contenait  Scc  d'eau  distillée  et  l'autre  8CC  de  solution 
d'extrait  de  valériane  au  TV,  soit  8rsr.  Ces  deux  flacons  ont  été  alors  placés  à  l'étuve 
à  38°. 

»   La  glvcose  ajoutée  n'avait  d'autre  but  que  de  rendre  le  phénomène  plus  net. 

»  Toutes  ces  opérations  ont  été  faites  avec  la  plus  grande  rapidité  et  n'ont  pas  duré 
plus  de  cinq  minutes  à  partir  de  l'extraction  du  sang. 

»  L'analvse  du  premier  sang  traité  immédiatement  a  donné  o'-r,g33  de  glvcose. 

»  Les  deux  autres  échantillons  laissés  à  l'étuve  pendant  vingt-quatre  heures  et 
traités  simultanément  ont  donné  : 

Le  premier,  auquel  je  n'avais  ajouté  que  de  l'eau o?r,  ioo 

Le  second,  auquel  j'avais  ajouté  la  valériane o"r,  \~>- 

»  On  voit  (pie  l'addition  d'extrait  de  valériane  au  sang  a  eu  pour  effet 
de  diminuer  considérablement  le  pouvoir  qu'a  celui-ci  de  détruire  la  gly- 
cose qu'il  contient.  En  effet,  nous  constatons  que  dans  ioogr  de  sang 
normal  ogl',933  —  o,ioo  =  ogr,  833  de  glycose  ont  disparu,  tandis  que 
dans  la  même  quantité  de  liquide  sanguin  additionné  de  substance  médi- 
camenteuse la  disparition  n'est  plus  que  de  o,g33  —  o.'py  =  0,476. 

»  Cette  expérience  montre,  en  outre,  que  le  sang  normal  fait  dispa- 
raître avec  une  très  grande  rapidité  la  glycose  qui  y  est  ajoutée,  puisque 
dans  iUt  de  sang  contenant,  tant  en  glycose  surajoutée  qu'en  glycose  fai- 
sant partie  de  sa  composition  normale,  9gr,332,  on  n'en  trouve  plus  que 
ts',oo4  après  vingt-quatre  heures  de  séjour  à  l'étuve  à  38°. 

»  Il  m'a  semblé  intéressant  de  rechercher  si  cette  action  de  la  valériane 
pouvait  également  être  observée  dans  l'économie,  et,  dans  ce  but,  j'ai  ana- 
lysé le  sang  pris  simultanément  dans  la  veine  et  dans  l'artère  d'un  chien 
avant  et  après  l'injection  d'extrait  de  valériane. 

»   Le  'i!\  novembre  à  io1'  ï"'"'-  sur  u\\  chien  de  i~>kr,  j'ai  extrait  ''.or1  de  sang  du  bout 


(  349  ) 

central  de  l'artère  fémorale  gauche,  et  2osr  du  bout  périphérique  de  la  veine  fémorale 

du  même  côté,  et  j'ai  obtenu  : 

Pour  iooo. 

Sang  artériel 1,27 

Sang  veineux 1 , 1 1 

Glycose  disparue 0,16 

»  De  1 1 h  à  1  ih  iom,  j'ai  injecté  par  le  bout  central  de  la  veine  fémorale  gauche  io8r 
d'extrait  de  la  valériane  en  solution  dans  i5occ  d'eau  distillée.  A  i2h5m  (une  heure 
après  l'injection),  j'extrais  2osr  de  sang  de  chacun  des  vaisseaux  fémoraux  du  côté 

droit,  et  j'obtiens  par  l'analyse  : 

Pour  1000. 
gr 

Sang  artériel 1 ,66 

Sang  veineux 1 ,58 

Glycose  disparue 0,08 

»  L'examen  des  chiffres  montre  en  premier  lieu  une  augmentation  de  la  quantité 
de  glycose  contenue  dans  le  sang  après  l'injection  de  la  valériane  :  isr,66  au  lieu  de 
iBr,  27;  et,  en  second  lieu,  une  diminution  de  moitié  dans  la  quantité  de  sucre  dis- 
parue au  niveau  des  capillaires  :  0,08  au  lieu  de  o,  16. 

»  La  valériane  paraîtrait  donc,  dans  l'économie  comme  in  vitro,  ralentir 
la  destruction  de  la  glycose  contenue  dans  le  sang.  Mais  ici  le  phénomène 
est  complexe  et  des  expériences  de  contrôle  sont  nécessaires,  avant  de 
conclure;  c'est  ainsi  qu'il  faut  tenir  compte  de  l'action  de  l'hémorragie. 

»  On  sait  depuis  longtemps  que  les  hémorragies  ont  pour  action  d'aug- 
menter la  teneur  du  sang  en  sucre,  et,  a  priori,  on  peut  être  tenté  d'attri- 
buer l'accroissement  observé  dans  l'expérience  précédente  à  cette  action 
bien  connue. 

»  En  me  plaçant  dans  les  mêmes  conditions,  j'ai  obtenu,  chez  un  chien,  les  chiffres 
suivants  à  Pétat  normal  et  une  heure  après  l'extraction  des  4o5r  de  sang  ayant  servi  à 
la  première  analyse  : 


État  normal 


i   sang  artériel 1.22 

(  sang  veineux 1,10 

Glycose  disparue 0,12 


Une  heure  après  la  première  extraction 


,    .    ,  «r 

sang  artériel 1 ,61 

sang  veineux 1 ,5i 

Glycose  disparue 0,10 


»  Ici  la  quantité  de  sucre  a  également  augmenté  dans  le  sang,  mais  la 

C.  R.,  i8<ji,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  6.)  4^ 


(  35o) 

destruction  de  la  glycose  au  niveau  des  capillaires  a  subi  des  modifications 
bien  peu  sensibles,  et  la  légère  diminution  observée  est  loin  d'égaler  celle 
qui  a  été  constatée  après  l'injection  de  la  valériane. 

»  Je  n'insiste  pas  plus  longtemps  aujourd'hui  sur  cette  action  que  paraît 
exercer  la  valériane,  comme  agent  de  ralentissement  de  certains  phéno- 
mènes de  nutrition  et  qui,  en  admettant  qu'elle  donne  d'heureux  résultats 
dans  le  traitement  du  diabète,  serait  une  preuve  à  l'appui  de  ceux  qui  se 
refusent  à  ranger  cette  affection  parmi  les  maladies  par  ralentissement  de 
la  nutrition.  J'y  reviendrai  dans  une  prochaine  Communication,  relative  à 
la  pathogénie  du  diabète.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  mœurs  et  métamorphoses  de  /'Emenadia  flabellata  F. 
pour  servir  à  l'histoire  biologique  des  Rhipiphorides.  Note  de  M.  A.  Cho- 
baut,  présentée  par  M.  Blanchard. 

«  Nous  n'avons  encore  que  bien  peu  de  renseignements  sur  l'histoire 
biologique  des  Rhipiphorides,  ces  singuliers  Coléoptères  que  tous  les  clas- 
sificateurs  s'accordent  à  ranger  à  la  suite  des  Vésicants. 

»  De  par  leurs  métamorphoses,  ils  méritent  bien,  en  effet,  cette  place, 
car,  ainsi  que  je  vais  définitivement  l'établir,  eux  aussi  ont  deux  formes 
larvaires  bien  distinctes  :  la  première  est  chargée  de  la  quête  des  vivres, 
la  deuxième  doit  les  consommer.  Le  Dr  Chapman  (')  a  aperçu  une  seule 
fois,  il  y  a  une  vingtaine  d'années,  le  triongulin  du  Rhipiphorus  paradoxus 
L.,  mais  sans  savoir,  sur  le  moment,  ce  que  pouvait  être  cet  étrange  petit 
pou.  M.  S. -H.  Fabre  (2)  arrive  à  démontrer,  par  le  raisonnement,  que  le 
dimorphisme  larvaire  existe  aussi  pour  le  Myoditcs  subdiptcrus  Bosc,  dont 
il  n'a  cependant  connu  que  la  deuxième  larve.  Enfin  je  vais  décrire  la 
larve  primaire  de  Y  Emenadia  flabellata  telle  que  je  l'ai  vue  sortir  des  œufs 
de  cet  insecte  :  elle  diffère  du  tout  au  tout  de  la  larve  secondaire  que  j'ai 
également  pu  observer  et  il  s'agit  bien  là  d'un  véritable  triongulin. 

»  Une  autre  particularité  biologique  extrêmement  remarquable  rattache 
les  Rhipiphorides  aux  Slrepsiptères  ou  Stylopides.  A  l'instar  de  ces  derniers 
ils  vivent  plus  ou  moins  longtemps  dans  l'intérieur  du  corps  de  leur  vic- 
time. Le  Rhipidius pectinicornis  Thunb.  passe  toute  son  existence  de  larve 


(')  Sonie  facls  towards  a  Life-History  of  Rhipiphorus  paradoxus  (Annals  and 
Magazine  of  Natural  History,  Vol.  VI,  4e  série,  1870,  p.  3i4-326,  PI.  XVI). 
(*)  Souvenirs  entomologie/ a  es,  3e  série,  1886,  p.  220-222. 


(  35i  ) 

dans  l'abdomen  des  Blattes  qui  pullulent  sur  presque  tous  les  navires  (  '  ). 

»  Le  Rhipiphorus paradoxus  n'est  parasite  interne  qu'au  début  de  son 
existence  larvaire;  il  est  parasite  externe  durant  tout  le  reste  de  cette 
existence  et  jusqu'à  l'achèvement  complet  de  sa  proie  (2).  Il  semble  en 
être  de  môme  pour  le  Myodiles  et  les  Emenadia,  en  particulier  pour 
X  Emenadia  jlabellala ,  dont  je  vais  résumer  l'histoire. 

»  En  février  1890,  je  recueillis,  dans  les  environs  d'Avignon,  un  nid 
d'Odynerus  établi  dans  la  cavité  cylindrique  d'un  roseau  de  Provence 
(Arundo  dopax).  Ce  nid  se  composait  de  trois  cellules  renfermant  cha- 
cune une  larve  de  ce  genre  d'hyménoptères.  A  quelle  espèce  d'Odynerus 
appartenaient-elles?  Je  ne  le  sais  pas  encore. 

»  Vers  le  commencement  de  juin,  mes  trois  larves  devinrent  d'un  blanc 
laiteux,  ce  qui  me  parut  présager  une  prochaine  transformation  en 
nymphe.  Or,  un  matin,  je  les  trouvai  portant  chacune  une  petite  larve 
parasite  cramponnée  à  leur  cou  et  occupée  à  pomper  les  sucs  de  leur  vic- 
time sans  trêve  ni  repos.  Au  bout  d'une  dizaine  de  jours,  il  ne  restait  plus 
des  larves  de  XOdynerus  que  la  peau  et  les  mandibules. 

»  La  larve  parasite  avait  alors  à  peu  près  le  même  volume  que  la  larve 
dévorée;  elle  était  apode,  sans  trace  d'yeux  ni  d'antennes,  avec  une 
bouche  disposée  pour  la  succion;  blanche,  elle  se  composait  de  treize  an- 
neaux, avec  quatre  tubercules  pointus  et  allongés  à  la  partie  dorsale  des 
segments  thoraciques  et  des  premiers  segments  abdominaux. 

»  Trois  ou  quatre  jours  après,  j'avais  la  nymphe.  Celle-ci  reproduisait 
très  exactement  la  forme  de  l'insecte  parfait;  elle  n'avait  ni  pointe,  ni  tu- 
bercule. 

»  Du  4  au  G  juillet,  j'obtins  trois  Emenadia  flabcllata  à  l'état  parfait.  La 
loge  antérieure  du  roseau  était  habitée  par  un  mâle,  les  deux  autres  cha- 
cune par  une  femelle. 

»  Sur  ces  entrefaites,  M.  J.-IL  F.abre,  à  qui  je  m'étais  empressé  de  com- 
muniquer le  fait,  m'engagea  vivement  à  étudier  ce  curieux  cas  de  parasi- 
tisme abovo. 

»  Je  mis  donc  mes  trois  Emenadia  en  volière.  Le  18  juillet,  j'aperçus 
une  femelle  effectuer  sa  ponte  en  terre.  Je  ne  pus  guère  m'emparer  que 
d'une  partie  delà  ponte,  soit  quarante  à  cinquante  œufs. 

»   Ces  œufs  étaient  d'un  blanc  opalescent,  allongés,  un  peu  plus  rendes 


(')  Sundeyall,    Beschreibung   einer   neueii    Gallung  von   Coleopteren,  elc.  (Isis 
von  Ocken,  i83i,  Partie  XI,  p.  1222-1228,  PI.  VIII). 
(-)  Dr  Chapmax,  loc.  cit. 


(  352  ) 

à  un  bout  qu'à  l'autre,  longs  d'un  peu  moins  de  trois  dixièmes  de  milli- 
mètre, à  peine  perceptibles  à  l'œil  nu.  Au  bout  d'une  dizaine  de  jours,  ils 
prirent  une  teinte  noirâtre. 

»  Dans  les  premiers  jours  d'août,  il  en  sortit  de  petits  pous  noirs,  à  peine 
longs  d'un  tiers  de  millimètre,  aplatis,  allongés,  à  corps  formé  de  treize 
segments,  avec  deux  longues  antennes  de  trois  articles,  six  pattes  robustes 
terminées  par  un  ongle  muni  latéralement  d'expansions  membraneuses, 
deux  soies  de  la  longueur  du  corps  sur  le  dernier  segment  abdominal  et 
deux  autres  plus  petites  sur  l'avant-dernier.  Tel  est  donc  le  triongulin  de 
YEmenadia  flabellata,  évidemment  bien  propre  à  se  faire  véhiculer  par 
un  hyménoptère  même  peu  garni  de  poils. 

»  Au  sujet  de  cecoléoptère,  nous  connaissons  donc  maintenant  par  con- 
statation directe  :  i°  la  ponte;  2°  l'œuf;  3°  la  première  larve  ou  triongulin 
que  l'on  peut  appeler  forme  cl acquisition,  car  c'est  à  elle  qu'incombe  la  mis- 
sion d'arriver  jusqu'aux  vivres;  aussi  est-elle  munie  de  pattes,  d'antennes, 
de  plaques  chitineuses  dont  elle  est  garnie  comme  d'une  cuirasse,  de  tout 
ce  qu'il  faut,  en  somme,  pour  accomplir  cette  tâche  périlleuse;  If  la  forme 
larvaire  définitive  onf  orme  de  possession,  qui  a  pour  objet  d'emmagasiner  et 
d'élaborer  les  matériaux  de  nutrition;  c'est  seulement  une  bouche  qui  as- 
pire, un  estomac  qui  digère,  un  corps  qui  assimile,  presque  sans  déchets, 
les  sucs  de  sa  victime;  aussi  a-t-elle  perdu  ses  pattes,  ses  antennes  et  ses 
plaques  cornées  protectrices;  5°  la  nymphe;  6°  l'insecte  parfait. 

»  Il  ne  nous  reste  donc  plus  à  connaître  que  la  manière  dont  le  petit  pou 
attaque  sa  victime  et  comment  il  devient  la  larve  secondaire.  Il  est  probable 
qu'il  procède  de  la  même  façon  que  le  triongulin  du  Rhipiphorus paradoxus 
et  qu'à  cette  période  de  son  existence  il  est  parasite  interne. 

«  Résumons  maintenant  l'histoire  biologique  de  YEmenadia  Jlabellala 
telle  qu'elle  nous  apparaît.  A  la  mi-juillet  la  ponte  a  lieu.  Les  œufs  sont 
déposés  dans  le  sol  et  recouverts  avec  un  peu  de  terre.  Ils  éclosent  dans 
les  premiers  jours  d'août.  C'est  l'époque  de  l'approvisionnement  des  nids 
de  l'Odynère.  Le  petit  triongulin  grimpe  dans  la  toison  de  l'hyménoptère 
et  se  fait  charrier  jusqu'à  son  nid.  Là  il  fait  choix  d'une  cellule  et  s'y  éta- 
blit. Quand  la  jeune  larve  d'Odynère  a  acquis  un  certain  développement, 
il  pénètre  sous  la  peau  et  devient  ainsi  parasite  interne.  Ce  n'est  qu'au 
commencement  de  juin  de  l'année  suivante  qu'il  apparaît  à  l'extérieur 
comme  parasite  externe.  Sous  cette  nouvelle  forme  larvaire,  il  a  bientôt 
fait  d'achever  sa  victime.  A  la  mi-juin  il  se  nymphose.  Dès  les  premiers  jours 
de  juillet  c'est  un  insecte  parfait  qui  va  s'accoupler  et  confier  à  sa  progé- 
niture le  soin  de  renouveler  le  cycle  si  curieux  de  ses  métamorphoses. 


(  353  ) 

»  Il  nous  faut  donc  désormais  tenir  pour  tout  à  fait  inexacte  l'observa- 
tion déjà  douteuse  de  Farines  ('  )  qui  prétend  que  la  larve  de  Y Emenadia 
bimaculata  F.  vit  dans  les  tiges  de  Y Eryngium  campcstre  aux  dépens  de  la 
moelle  de  cette  plante.  Mais  l'examen  attentif  de  la  Note  de  cet  auteur 
semble  prouver  qu'il  y  a  eu  confusion  de  sa  part  et  qu'au  contraire  Y  Eme- 
nadia bimaculata  est  parasite  d'un  Eumenes,  c'est-à-dire  d'une  guêpe 
solitaire,  comme  Y  Emenadia  Jlabellata. 

»  En  conséquence,  je  me  crois  autorisé  à  poser  les  deux  conclusions 
suivantes  : 

»  I.  Par  leur  dimorphisme  larvaire  et  leur  endoparasitisme  transitoire 
ou  persistant,  les  Rhipiphorides  font  le  passage  des  vésicants  aux  Strepsi- 
ptères  ou  Stvlopides. 

»  II.  Les  Emenadia  sont  parasites  des  guêpes  solitaires  (Odynerus, 
Eumenes,  etc.),  à  peu  près  de  la  même  manière  que  le  Rhipiphorus  para- 
doxus  à  l'égard  de  certaines  guêpes  sociales  (  Vespa  germanica  et  V.  vulga- 
ris).  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  le  développement  des  nageoires  paires  du  Cyclopterus 
lumpus  (2).  Note  de  M.  Frédéric  Guitel,  présentée  par  M.  de  Lacaze- 
Duthiers. 

«  L'embryon  le  plus  jeune  chez  lequel  j'ai  pu  observer  un  rudiment  de 
nageoire  paire  était  long  de  3mm,  sa  queue  était  libre  sur  une  longueur  de 
omm,8  et  le  foie  avait  déjà  omm,3;  les  cupules  olfactives  et  les  vésicules 
auditives  étaient  bien  visibles  et  l'invagination  de  l'œil  n'était  pas  encore 
complètement  terminée.  A  ce  stade,  le  rudiment  de  la  pectorale  se  présente 
comme  un  épaississement  blastodermique  situé  en  arrière  de  l'oreille,  tout 
près  de  la  paroi  latérale  du  corps  de  l'embryon.  Ce  rudiment  affecte  la 
forme  d'une  colline  limitée  par  un  contour  elliptique  à  grand  axe  dirigé 
d'avant  en  arrière,  parallèlement  à  la  ligne  médiane  dorsale,  et  la  crête  de 
cette  colline  est  située  dans  l'axe  de  l'ellipse  qui  la  limite. 

»  La  colline  élevant  de  plus  en  plus  sa  crête,  jusque-là  invisible  en 
dessus,  apparaît  nettement  sous  la  forme  d'un  arc  demi-elliptique  à  con- 


(')  Annales  des  Sciences  naturelles,  t.  VIII,  p.  244;  1826. 

(2)  Ce  travail  a  été  fait  dans  les  deux  laboratoires  maritimes  de  Roscoff  et  de 
Banyuls-sur-Mer. 


(354  } 

cavité  interne,  dont  le  grand  axe  fait,  avec  la  ligne  médiane  du  dos,  un 
angle  aigu  à  ouverture  postérieure.  A  ce  moment  la  face  interne  de  la 
colline  est  très  rapide,  tandis  que  l'externe  descend  en  pente  douce  jusqu'à 
la  surface  du  blastoderme.  Ensuite  la  crête  du  rudiment  de  la  pectorale 
acquiert  un  double  contour  formé  par  l'épiderme;  en  même  temps  elle 
s'allonge  antérieurement  et  postérieurement  :  antérieurement  en  se  re- 
courbant en  dehors  et  en  arrière,  postérieurement  en  s'allongeant  de 
dedans  en  dehors.  A  ce  stade  apparaissent  les  ventrales,  sous  la  forme  d'un 
épaississement  blastodermique  de  forme  lenticulaire,  situé  à  une  petite 
distance  en  arrière  de  la  pectorale  et  tangent  au  corps  de  l'embryon.  Il 
résulte  de  l'accroissement  du  rudiment  de  la  pectorale  dont  je  viens  de 
parler  que  bientôt  se  trouve  constitué,  à  l'extrémité  antérieure  de  celui-ci, 
un  lobule  arrondi  et  que  son  extrémité  postérieure  est  reportée  de  plus  en 
plus  en  dehors  et  en  avant.  Au  stade  suivant,  le  même  processus  d'accrois- 
sement continuant,  le  lobule  antérieur  devient  très  grand  et  l'extrémité 
postérieure  du  rudiment  très  éloignée  du  corps  de  l'embryon.  La  ligne 
qui  joint  les  deux  extrémités  de  l'arc  que  forme  la  pectorale  fait  alors  avec 
la  ligne  médiane  dorsale  un  angle  à  ouverture  postérieure  d'environ  45°. 
lia  pectorale  a  maintenant  un  limbe  libre,  tranchant,  assez  large  et  son 
cartilage  apparaît.  La  ventrale,  à  ce  moment,  est  devenue  elliptique  et  son 
grand  axe  est  perpendiculaire  à  la  ligne  d'insertion  de  la  pectorale.  Ce 
rapport  de  position  est  d'un  très  grand  intérêt,  car  il  persiste  pendant  toute 
la  durée  du  développement  et  se  retrouve  même  dans  l'adulte. 

»  Dans  la  forme  qui  fait  suite  à  la  précédente  et  que  représente  la  figure 
annexée  à  cette  Note,  la  pectorale  s'est  notablement  accrue  par  son  extré- 
mité postérieure,  et  cet  accroissement  a  été  tel  que  ladite  extrémité  est 
maintenant  beaucoup  plutôt  externe  que  postérieure,  car  la  ligne  d'inser- 
tion de  cette  nageoire  fait  maintenant  un  angle  de  plus  de  45°  avec  la  ligne 
médiane  dorsale  de  l'embryon.  Le  lobule  antérieur  devenu  interne  est 
arrondi  et  une  bonne  partie  du  limbe  de  la*  pectorale  s'étend  au-dessus  du 
corps  de  l'embryon.  A  ce  stade  la  ventrale,  plus  considérable  que  dans  le 
précédent,  présente  suivant  son  grand  axe  une  crête  saillante  perpendicu- 
laire à  la  ligne  d'insertion  de  la  pectorale.  Bientôt  le  lobule  interne  de 
cette  dernière  nageoire  disparaît,  et  son  limbe  ne  s'étend  plus  qu'en  de- 
dans et  en  arrière;  l'angle  que  fait  sa  ligne  d'insertion  avec  le  profil  dorsal 
s'agrandit  et  la  crête  de  la  ventrale  s'accentue.  A  mesure  que  la  pectorale 
augmente,  la  portion  du  blastoderme,  située  entre  le  rudiment  de  la  ven- 
trale et  le  corps  de  l'embryon,  s'élargit  à  peu  près  de  la  même  quantité  que 


(  355  ) 

la  première  de  ces  nageoires,  car  la  distance  qui  sépare  les  deux  nageoires 
ne  diminue  que  très  lentement,  tandis  que  la  pectorale  augmente  très  rapi- 
dement. 

»  Dans  le  stade  qui  vient  immédiatement  après  le  précédent,  la  ligne 
d'insertion  de  la  pectorale  est  devenue  tout  à  fait  perpendiculaire  à  la 
ligne  médiane  dorsale.  Jusqu'ici  la  ventrale  avait  deux  plans  de  symétrie, 
l'un  longitudinal,  l'autre  transversal;  à  ce  moment,  elle  n'en  a  plus  qu'un 
qui  est  transversal,  car  sa  crête  a  proliféré  vers  le  haut  et  se  trouve  reportée 
très  près  du  bord  interne  de  cette  nageoire,  de  telle  sorte  que,   vue  de 


profil,  elle  présente  une  face  interne  creusée  en  gouttière  profonde  et  une 
face  externe  plane,  en  pente  douce,  allant  se  raccorder  insensiblement 
avec  la  surface  du  blastoderme. 

»  Arrivée  à  ce  pointde  son  développement,  la  ventrale  présente  un  bord 
à  double  contour  formé  par  son  épidémie.  Dans  les  stades  suivants,  la 
pectorale,  tout  en  continuant  à  augmenter  en  dimensions,  acquiert  la  ba- 
guette d'origine  fibreuse  qui  doit  plus  tard  donner  naissance  auxossous- 
scapulaire,  scapulaire  et  humerai;  celle  qui  doit  former  le  coracoïdien  (de 
Cuvier)  n'apparaît  que  beaucoup  plus  tard.  Comme,  à  partir  du  stade  que 
je  viens  d'examiner,  tout  l'intérêt  du  développement  se  concentre  sur  la 
ventrale  et  que  l'espace  me  manque  pour  être  complet,  je  ne  m'occuperai 
plus  que  de  cette  dernière. 


(  356  ) 

»  Après  le  stade  précédent,  le  cartilage  de  la  ventrale  apparaît  sous  la 
forme  d'une  petite  baguette  qui  débute  à  l'extrémité  antérieure  de  la  ligne 
d'insertion  de  cette  nageoire.  Cette  baguette  s'allonge  d'avant  en  arrière, 
s'élargit  à  ses  deux  extrémités,  mais  surtout  à  son  extrémité  antérieure, 
tout  en  se  tordant  sur  elle-même.  En  même  temps,  le  limbe  delà  nageoire 
s'élargit  beaucoup  plus  en  arrière  qu'en  avant.  Pendant  que  tous  ces  phé- 
nomènes s'accomplissent,  les  pectorales  continuent  de  s'accroître  et  les  ven- 
trales qui,  dès  le  début  de  leur  apparition,  n'ont  pas  ces  se  d'être  pour 
ainsi  dire  poussées  en  dehors  et  en  bas  par  les  pectorales,  se  rapprochent 
constamment  l'une  de  l'autre  de  telle  sorte  que,  quand  leurs  premiers 
rayons  apparaissent  (ce  sont  les  plus  antérieurs  qui  se  montrent  les  pre- 
miers), ces  nageoires  se  trouvent  toutes  deux  sur  la  face  inférieure  du 
vitellus  et  sont  encore  séparées  l'une  de  l'autre  par  un  intervalle  plus 
large  en  arrière  qu'en  avant.  A  ce  moment  la  tête  de  leur  cartilage  touche 
l'extrémité  la  plus  inférieure  de  la  tige  fibreuse  de  la  ceinture  scapulaire. 
Quelque  temps  après,  les  ventrales  s'étant  rapprochées  encore  plus,  on 
trouve  leur  cartilage  dilaté  en  avant  et  en  arrière;  les  rayons  antérieurs 
sont  déjà  doubles  tandis  que  les  postérieurs  sont  encore  à  l'état  rudimen- 
taire.  Lorsque  tous  les  rayons  sont  doubles,  les  deux  ventrales  ont  leurs 
bords  internes  parallèles;  à  ce  moment-là,  la  région  étranglée  du  cartilage 
s'épaissit  et  finalement  donne  naissance  à  une  pointe  cartilagineuse  dirigée 
en  avant  et  en  dedans,  qui  va  au-devant  de  celle  du  cartilage  opposé. 
C'est  à  ce  stade  que  les  deux  ventrales  s'accollent  l'une  à  l'autre  pour 
former  le  disque  adhésif  ventral.  Le  bord  de  celui-ci  porte  pendant 
quelque  temps  encore  une  échancrure  antérieure  et  une  postérieure,  puis 
peu  à  peu  l'accollement  devient  plus  intime  et  les  cartilages  eux-mêmes  se 
touchent.  La  ventouse  est  alors  parfaitement  constituée  et  en  état  de  fonc- 
tionner.  » 


PALÉONTOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Nouvelle  Cycadée fossile. 
Note  de  M.  Stanislas  Meuxier. 

«  M.  Armand  Viré  a  bien  voulu  envoyer  à  la  Collection  géologique  du 
Muséum,  en  me  priant  de  le  déterminer,  un  échantillon  provenant  du  coral- 
lien supérieur  de  Verdun  (Meuse)  :  c'est  un  fragment  de  calcaire  à  grains 
assez  grossier,  à  la  surface  duquel  se  montre,  avec  une  grande  netteté, 
une  empreinte  très  singulière. 


(  357  ) 
»  L'objet  dont  il  s'agit,  de  i2~imm  de  longueur  et  de  5imm  de  largeur 
maxima,  se  présente  d'abord  avec  une  apparence  analogue  à  celle  des 
poissons  pleuronectes  plus  ou  moins  semblables  aux  Soles  et  aux  Limandes 
et  possédant,  sur  tout  son  pourtour,  des  franges  divergentes  simulant 
une  nageoire  continue.  Toutefois,  il  suffit  d'un  coup  d'œil  pour  recon- 
naître qu'il  ne  s'agit  pas  d'un  poisson,  et  que  le  vestige  provient  d'une 
plante  qui,  pour  être  nouvelle,  à  ce  qu'il  paraît,  n'est  pas  cependant  pour 
cela  privée  d'analogie  avec  des  végétaux  fossiles  déjà  connus. 

»  C'est  évidemment  un  organe  foliacé,  dont  la  consistance  devait  être 
coriace  et  dont  la  forme  générale  est  régulièrement  ovale-lancéolée.  Vers 
sa  base,  qui  manque  d'ailleurs,  on  remarque  quelques  stries  transver- 
sales, résultant  peut-être  d'un  craquèlement  ou  d'une  déchirure  des  tis- 
sus. Cette  sorte  de  feuille  se  divise  en  trois  parties,  dont  une  moyenne  et 
deux  marginales  ayant  toute  la  longueur  de  l'organe.  La  portion  médiane  a 
gram  ;(  sa  base>  ftmm  à  SOn  sommet  et  io,mm  vers  le  milieu  de  sa  longueur. 
Les  régions  marginales  consistent  en  lanières  pressées  les  unes  contre  les 
au  Ires,  un  peu  à  la  manière  des  barbes  d'une  plume,  de  part  et  d'autre  du 
rachis.  Beaucoup  de  ces  lanières  dépassent  20mmde  longueur;  leur  largeur 
moyenne  est  de  2mm  et  leur  forme  est  bien  caractéristique  :  leur  région 
médiane  est  déprimée  et  leur  pourtour  offre  un  petit  bourrelet  continu 
et  nettement  saillant.  Celles  qui  sont  terminées  montrent  le  même  bour- 
relet à  leur  extrémité,  qui  est  régulièrement  arrondie. 

»  Les  comparaisons  que  j'ai  pu  faire  au  Muséum  et  l'examen  des  plan- 
ches du  Traité  de  Paléontologie  végétale  de  Schimper,  de  celle  du  Traité  de 
Botanique  fossile  de  M.  B.  Renault  et  de  celles  de  la  Paléontologie  française 
(végétaux  jurassiques),  par  M.  le  marquis  de  Saporta,  me  conduisent  à 
considérer  le  fossile  deVerdun  comme  appartenant  au  genre  proposé  par 
le  premier  de  ces  savants,  sous  le  nom  de  Cycadospadix.  Une  lettre  que 
M.  de  Saporta  a  eu  l'extrême  bonté  de  m'écrire  tout  récemment,  en  ré- 
ponse à  l'envoi  d'un  dessin  que  j'avais  exécuté  d'après  nature,  m'engage 
à  considérer  de  plus  en  plus  cette  opinion  comme  exacte. 

»  Bien  que  provenant  des  couches  mêmes  qui  fournissent  le  Cycadospa- 
dix Moreauanus  Schimp.,  notre  échantillon  ne  peut  en  aucune  façon  être 
confondu  avec  lui.  Il  est  plusieurs  fois  plus  long  et  d'une  forme  extrême- 
ment élégante,  dont  le  type  déjà  décrit  ne  saurait  approcher.  On  ne  peut 
non  plus  le  comparer  au  C.  Hennoquei,  Schimp.,  de  l'infra-lias  d'Hettange, 
bien  que  la  forme  de  celui-ci  soit  moins  différente.  Celui-ci,  en  effet,  est 
triangulaire  et  non  ovale,  et  les  lanières,  au  lieu  d'y  affecter  une  disposi- 

C.  R.,  1891,  1"   Semestre.  (T.  CXI!,  N°6.)  4  7 


(  358  ) 

tion  pennée,  sont  presque  toutes  parallèles  entre  elles  et  à  la  longueur  de 
l'organe. 

»   Je  propose  de  cataloguer  la  nouvelle  espèce  sous  le  nom  de  Cycaclo- 
spadix  Virei.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  le  bassin  houiller  du  boulonnais.  Note  de  M.  Gosselet. 

«  La  Note  présentée  par  M.  Olry  sur  le  bassin  houiller  du  Boulonnais  et 
insérée  dans  les  Comptes  rendus  (')  est  en  contradiction  avec  la  manière 
dont  j'ai  maintes  fois  exposé  la  structure  de  ce  bassin  (2). 

«  Comme  M.  Olry  le  dit,  le  terrain  houiller  du  Boulonnais  est  divisé  en 
deux  parties  bien  différentes,  par  la  faille  de  Ferques.  Au  nord  et  à  l'est 
de  cet  accident,  sont  les  couches  de  houille  maigre  qui  ont  été  atteintes  par 
l'ancien  puits  de  Ferques;  elles  plongent  au  sud,  comme  les  terrains  sous- 
jacents.  Au  sud  et  à  l'ouest  de  la  faille  de  Ferques,  on  trouve  les  exploita- 
lions  d'IIardinghen,  avec  l'inclinaison  des  couches  vers  le  nord. 

»  Un  sondage  fait  à  Blecquenecques  a  rencontré  le  terrain  houiller  à 
435™  de  profondeur.  J'ai  supposé  que  c'étaient  les  couches  supérieures 
superposées  à  celles  du  puits  de  Ferques.  M.  Olry  croit  qu'elles  sont  le 
prolongement  des  couches  d'Hardinghen.  Au  point  de  vue  industriel, 
comme  au  point  de  vue  scientifique,  cela  est  peu  important,  et  les  tra- 
vaux d'exploitation  décideront  qui  de  nous  deux  a  raison. 

»  Aussi  je  n'aurais  pas  entretenu  l'Académie  de  cette  question,  si  M.  Olry 
ne  laissait  entendre,  à  la  fin  de  sa  Note,  que  le  bassin  houiller  du  Boulon- 
nais pourrait  bien  appartenir  au  bassin  de  Dinant  et  qu'il  faudrait  chercher 
au  nord  et  au  nord-est  le  prolongement  du  grand  bassin  houiller  du  nord 
de  la  France.  Bien  que  cette  opinion  soit  présentée  avec  un  doute  très 
sage,  il  suffit  qu'elle  émane  d'un  ingénieur  aussi  éminent  et  aussi  connu 
que  M.  Olry  pour  avoir  une  grande  importance  et  provoquer  des  recher- 
ches. Du  reste,  l'idée  circule  parmi  les  ingénieurs  de  houillères  du  Nord, 
et  la  découverte  de  la  houille  à  Douvres  a  semblé  lui  donner  raison. 

»  Or  je  suis  convaincu  que  les  sondages  que  l'on  ferait  dans  l'intention 
de  trouver  la  houille  au  nord  du  bassin  du  Boulonnais  n'aboutiraient  qu'à 
un  échec. 


(')  T.  GXII,  p.  i73. 

(2)  Voir  Esquisse  géologique  du  nord  de  la  France,  p.  i64;  V Ardenne,  p.  753. 


(  359  ) 

»  Les  terrains  dévonien  et  carbonifère,  y  compris  le  houiller,  sont  dis- 
tribués dans  le  nord  de  la  France  et  en  Belgique  en  deux  grands  bassins 
ou  grandes  vallées,  creusés  dans  les  terrains  silurien  et  cambrien.  Le 
bassin  du  sud  a  été  nommé  bassin  de  Dinant;  il  affleure  dans  l'arrondisse- 
ment d'Avesnes.  Le  bassin  du  nord,  appelé  bassin  de  Namur.  se  prolonge 
souterrainement  à  Valenciennes,  Douai,  Lens,  etc.;  c'est  lui  qui  contient 
les  importantes  couches  houillères  franco-belges,  tandis  que  le  bassin  de 
Dinant  ne  présente  que  des  veines  improductives. 

»  Dans  le  centre  de  la  Belgique,  les  deux  bassins  sont  séparés  par  une 
arête  de  terrain  silurien,  que  l'on  a  désignée  sous  le  nom  de  crête  du  Con- 
dros.  A  l'ouest  de  Charleroy,  l'arête  silurienne  cesse  et  les  deux  bassins  ne 
sont  plus  séparés  que  par  une  cassure  désignée  sous  le  nom  de  Grande 
Faille.  On  a  fait  valoir  la  ressemblance  des  schistes  à  grapholites  de  Caffiers 
avec  les  schistes  siluriens  de  l'arête  du  Condros  :  cette  ressemblance  est 
réelle,  mais  il  y  a  des  analogies  tout  aussi  grandes  entre  les  schistes  de  Caf- 
fiers et  certains  schistes  siluriens  qui  sont  au  nord  du  bassin  de  Namur. 

»  La  distinction  des  deux  bassins  n'est  pas  une  simple  conception  théo- 
rique :  ils  sont  parfaitement  caractérisés,  non  seulement  par  leur  richesse 
houillère,  mais  aussi  par  l'âge,  la  nature  et  le  faciès  des  assises  dévo- 
niennes  et  carbonifères  qui  les  remplissent. 

»  Le  bassin  de  Namur  ne  contient  que  les  séries  moyennes  et  supé- 
rieures du  terrain  silurien  ;  tandis  que,  dans  le  bassin  de  Dinant,  on  trouve 
en  outre  la  série  inférieure. 

»  Sur  le  bord  nord  du  bassin  de  Namur,  reposant  sur  le  terrain  silurien, 
on  trouve  un  ensemble  complexe  de  couches  :  poudingue,  grès,  schistes, 
calcaire,  dolomie,  qui  appartiennent  au  dévonien  moyen  et  supérieur.  Ces 
couches  peuvent  se  suivre  de  l'est  à  l'ouesl ,  depuis  Liège  jusqu'à  Ath,  près 
de  Tournai,  avec  la  plus  grande  régularité  dans  leurs  plus  petits  détails 
lithologiques,  stratigraphiques  et  paléontologiques;  on  les  retrouve  identi- 
quement avec  les  mêmes  caractères,  les  mêmes  détails,  la  même  régularité 
dans  le  Boulonnais,  reposant  sur  le  terrain  silurien  de  Caffiers.  Les  couches 
de  môme  âge,  au  nord  du  bassin  de  Dinant,  ont  des  caractères  tout  à  fait 
différents. 

»  Si  le  Boulonnais  appartenait  au  bassin  de  Dinant,  il  faudrait  supposer 
que,  dans  cette  petite  région,  non  seulement  le  bord  nord  du  bassin  a 
perdu  son  caractère  normal,  mais  encore  qu'il  a  pris  le  caractère  du  bord 
nord  du  bassin  de  Namur.  Cette  double  modification  simultanée  est  tout  à 
fait  improbable,  pour  ne  pas  dire  impossible. 


(  36o  ) 

»  Au  nord  du  bassin  de  Dinant,  on  rencontre  un  étage  dévonien  infé- 
rieur, désigné  sous  le  nom  de  gédinnien,  et  caractérisé  par  des  schistes 
compacts,  rouges,  verts  et  bigarrés.  Cet  étage  est  connu  partout  au  sud  du 
bassin  houiller  franco-belge,  non  seulement  en  Belgique,  mais  dans  les 
départements  du  Nord  et  du  Pas-de-Calais  jusqu'à  Fauquemberg.  On  le 
retrouve  en  Angleterre,  au  sud  du  bassin  houiller  du  pays  de  Galles.  Il 
forme  le  bord  nord  du  bassin  de  Dinant,  s'appuyant  sur  les  schistes  silu- 
riens de  la  crête  de  Condros.  Si  le  bassin  du  Boulonnais  appartenait  au 
bassin  de  Dinant,  on  devrait  aussi  trouver  le  gédinnien  sur  son  bord  nord, 
contre  les  schistes  de  Caffiers;  or  il  y  fait  complètement  défaut  :  c'est  une 
troisième  preuve  qui  s'ajoute  aux  deux  précédentes,  et  je  pourrais  les  mul- 
tiplier. 

»  Il  est  donc  absolument  certain  que  le. bassin  du  Boulonnais  est  le  pro- 
longement du  bassin  de  Namur,  c'est-à-dire  du  grand  bassin  houiller 
franco-belge.  Je  l'ai  prouvé  en  1860,  et  toutes  les  études  que  j'ai  faites 
depuis  cette  époque  n'ont  fait  que  me  confirmer  dans  cette  opinion. 

»  Tout  sondage  entrepris  au  nord  d'une  ligne  allant  de  Béthune  à  Caf- 
fiers ne  peut  pas  rencontrer  le  terrain  houiller. 

»  Je  réserve  provisoirement  mon  opinion  pour  les  environs  de  Calais.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  présence  du  dévonien  supérieur  dans  la  vallée  d'Ossau 
(Gêre-Bélestin,  Basses-Pyrénées).  Note  de  M.  J.  Seunes,  présentée  par 
M.  Fouqué. 

«  Entre  le  col  d'Aubisque  et  Laruns  (vallée  d'Ossau  )  on  rencontre  une 
série  de  calcschistes,  de  schistes  plus  ou  moins  ardoisiers  et  des  calcaires 
parfois  siliceux  passant  à  la  grauwacke  par  altération;  des  lits  schisteux 
avec  nodules  calcaires  s'intercalent  à  plusieurs  niveaux.  Coquand,  de  Ver- 
neuil  et  MM.  deMercey,  Hébert,  OEhlertet  Beaugey  ont  unanimement  rap- 
porté cette  formation  au  dévonien  inférieur,  dont  elle  occupe  un  niveau 
élevé,  comme  en  témoignent  les  fossiles  qu'on  y  rencontre  :  Spirifer  Pelli- 
coi,  Leptœna  Murchisoni,  Grypheus,  etc.  ('). 

»   Le  dévonien  moyen  et  le  dévonien  supérieur  paraissaient  manquer  dans 


(')  Cet  étageaété  également  signalé  par  M.  Sluart  Mentealh  dans  l'ouest  du  dépar- 
tement des  Basses-Pyrénées,  entre  Saint-Jean-Pied-de-Port  et  le  massif  cristallin  du 
Labourd. 


(  36i   ) 

la  région,  les  auteurs  rapportant  au  calcaire  carbonifère  les  calcaires  mar- 
moréens grisâtres,  zones  de  blanc  et  de  gris,  et  parfois  blancs,  qui,  au  nord 
de  Laruns  et  de  Louvie-Soubiron,  surmontent  la  formation  précédente.  Le 
classement  de  ces  calcaires,  connus  sous  le  nom  de  marbre  blanc  de  Jeteu  et 
de  Louvie-Soubiron,  a  été  basé  sur  la  présence  de  polypiers  rapportés  à  des 
espèces  carbonifères. 

»  Dans  le  Mémoire  que  j'ai  publié  sur  les  terrains  secondaires  et 
l'éocène  inférieur  de  la  plaine  sous-pyrénéenne  des  départements  des 
Basses-Pyrénées  et  des  Landes,  j'avais  indiqué  la  présence  de  goniatites 
dans  des  bancs  de  calcaires  composés  de  débris  de  fossiles  (enclines,  gonia- 
tites, orthocères,  etc.)  et  intercalés  dans  des  calcaires  cristallins,  grisâtres, 
parfois  blancs  et  entremêlés  de  parties  argileuses  rougeàtres.  Ces  couches 
recouvrent  à  leur  tour  les  calcaires  dits  carbonifères  de  Jeteu  et  se  ter- 
minent par  des  schistes  ardoisiers  brusquement  interrompus  par  l'appari- 
tion de  calcaires  et  de  schistes  à  Orbitolina. 

»  J'ai  pu  récemment  extraire  des  calcaires  à  débris  de  fossiles  quelques 
exemplaires  de  goniatites  se  rapportant  au  Tornoceras  amblylobus,  Sandber- 
ger  (groupe  des  goniatites  retrorsus)  et  permettant  de  rapporter  sûrement 
au  dévonien  supérieur  les  calcaires  cristallins  en  question. 

»  La  découverte  de  ce  gisement  indique  tout  d'abord  que,  si  le  calcaire 
dit  carbonifère  est  compris  entre  le  dévonien  inférieur  et  le  dévonien  su- 
périeur, sa  situation  est  anormale.  La  succession  des  couches,  telle  qu'elle 
a  été  relevée  par  les  observateurs  sur  les  deux  flancs  de  la  vallée  d'Ossau, 
ne  justifie  pas  cette  manière  de  voir  :  tous  s'accordent  à  dire  que  la  superpo- 
sition du  calcaire  à  polypiers  aux  couches  à  Spirifer  Pellicoi est  normale  ;  celle 
des  calcaires  cristallins  à  Tornoceras  amblylobus  ne  l'est  pas  moins.  D'autre 
part,  l'examen  attentif  des  Polypiers,  pour  lequel  M.  Douvillé  a  bien  voulu 
nous  prêter  son  bienveillant  concours,  montre  que,  si  leur  état  de  conser- 
vation permet  de  les  rattacher  aux  groupes  des  Amplexus  et  des  Zaphrentis 
déjà  apparus  dans  le  dévonien  moyen,  il  n'est  pas  suffisant  pour  hasarder 
une  détermination  spécifique. 

»  Ces  observations  indiquent  combien  il  est  douteux  que  le  calcaire  à 
Polypiers  soit  carbonifère,  et  qu'il  y  a  de  grandes  présomptions  pour  con- 
sidérer la  série  dévonienne  de  la  vallée  d'Ossau  comme  normale  et  complète. 
Ainsi  comprise,  elle  présenterait  dans  son  ensemble  une  composition  assez 
analogue  à  celle  que  M.  J.  Bergeron  a  récemment  signalée  dans  le  Rouerguc 
et  l'Hérault.  ;> 


(  362  ) 

M.  G.  Barbey  adresse,  de  Flixecourt  (Somme),  une  Note  relative  à  un 
nouveau  dérivé  de  la  résorcine. 

M.  J.   Dettweiler  adresse,  de  Milan,  une  Note  relative  à  un   appareil 
pour  utiliser  la  dilatation  de  l'air  sous  l'action  des  ravons  du  Soleil. 

La  séance  est  levée  à  4  lieures  un  quart.  M.  B. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  2  février   1891. 

Tables  des  logarithmes  à  huit  décimales  des  nombres  entiers,  de  1  à  120000, 
et  des  sinus  et  des  tangentes  de  dix  secondes  en  dix  secondes  d'arc,  dans  le  sys- 
tème de  la  division  centésimale  du  quadrant,  publiées  par  ordre  du  Ministre 
de  la  Guerre  (Service  géographique  de  l'armée).  Paris,  Imprimerie  na- 
tionale, 1891;  grand  in-40. 

Sur  les  intégrales  de  fonctions  à  multiplicateurs  et  leur  application  au  déve- 
loppement des  fonctions  abéliennes  en  séries  trigonomét  riques  ;  par  P.  Appell? 
à  Paris  (Mémoire  couronné  par  S.  M.  le  Roi  Oscar  II,  le  21  janvier  1889). 
(Extrait  des  Acta  mathematica,  t.  XIII);   1  vol.  in-/j°. 

Congrès  international  des  procédés  de  construction.  Comptes  rendus  des 
séances  et  visites  du  Congrès,  par  MM.  Auguste  Moreau  et  Georges  Petit, 
Secrétaires  du  Congrès  (Ministère  du  Commerce,  de  l'Industrie  et  des  Co- 
lonies. Exposition  universelle  internationale  de  1889).  Paris,  Baudry  et  Cie, 
1891  ;  1  vol.  in-8°. 

Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences.  Comptes  rendus  de  la 
19e  session;  première  Partie  :  Documents  officiels.  Procès-verbaux.  Paris, 
Secrétariat  de  l'Association,  1890;  1  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Dehé- 
rain.) 

Album  de  Statistique  graphique  de  1889,  publié  par  le  Ministère  des  Tra- 
vaux publics.  Paris,  Imprimerie  nationale.  iScjo;  gr.  in-4".  (Présenté  par 
M.  Haton  de  la  Coupillière.) 


(  363  ) 

Consreso  international  de  Ingenieria,  celebrado  en  Barcelona  durante 
1888.  Discursos,  Memorias  y  disertaciones.  Barcelona,  Luis  Tasson;  1890; 
1  vol.  in-8°. 

Studies  from  the  physiological  laboralory  0/  Owens  collège,  Manchester. 
Manchester,  J.  E.  Cornish,  1891  ;  1  vol.  in-8°. 

Proyecto  de  exploration  al  Polo  Norte  de  la  Terra;  por  el  capitan  Diego 
J.  Kerraro.  Mexico,  Instituto  monasterio,  1890;  br.  in-8°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  9  février   1891. 

Annuaire  statistique  de  la  France;  treizième  année;  1890.  Paris,  Impri- 
merie nationale,  MDCCCXC;  1  vol.  gr.  in-8°. 

L'Agriculture  en  France  avant  1789;  par  M.  Ch.  de  Cojiberousse.  (Ex- 
trait des  Tomes  I  et  II  des  Annales  du  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers, 
publiées  par  les  professeurs.)  Paris,  Gauthier- Villars  et  fils,  1890;  br. 
in-8°.  (Présenté  par  M.  Schlcesing.) 

Les  budgets  comparés  des  cent  monographies  de  familles  ;  par  MM .  E.  Ciieys- 
son  et  Alfred  Toqué.  Rome,  Imprimerie  héritiers  Botta,  1890;  1  vol. 
(Présenté  par  M.  Haton  de  la  Goupillière.  —  Renvoyé  au  concours  de  Sta- 
tistique.) 

Banque  de  France  .  —  Compte  rendu  au  nom  du  conseil  général  de  la  Ban- 
que et  Rapport  de  MM.  les  censeurs.  Paris,  Paul  Dupont,  1891;  br.  gr.  in-4°. 

L'horticulture  française,  ses  progrès  et  ses  conquêtes  depuis  1789;  par 
M.  Charles  Baltet.  Paris,  Imprimerie  nationale,  MDCCCXC;  br.  gr.  in-8°. 

Individualité  des  faisceaux  fibro-vasculaires  des  appendices  des  plantes  ;  par 
M.  D.  Clos;  br.  in-8°. 

Contribution  à  l'élude  de  la  Syringornyélie ;  par  le  Dl  I.  Bruhl.  Paris, 
Delahaye  et  Lecrosnier,  1890;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Envoyé  au  concours  du 
prix  Lallemand.) 

Psychologie  de  l'idiot  et  de  l'imbécile;  par  le  Dr  Paul  Sollier.  Paris,  Félix 
Alcan,  1891  ;  1  vol.  in-8°.  (Deux  exemplaires.)  (Envoyé  au  concours  du 
prix  Lallemand.) 

Réflexions  sur  la  prétendue  curabililé  de  la  tuberculose  par  la  méthode  du 
docteur  Koch;  parle  Dr  Gérard  Piogey.  Paris,  C.  Lévy,  1891  ;  br.  in-8°. 

Le  nouveau  projet  de  loi  sur  les  brevets  d'invention  et  sur  les  modèles  de  fa- 
brication en  Allemagne  ;  par  M.  C.  Pierron.  Mulhouse,  Veuve  Bader  et  Cie, 
1891;  br.  in- 8°. 

A  short  course  experiments  in  physical  measurement ;  by  Harold  Witting; 


(  364  ) 
Pari  II  :  Sound,  Dynamics,  Magnetism,  and  Electricily .  Cambridge,  John 
Wilson  and  Son,  1891;  1  vol.  in-8°. 

Die  Entwicklung  der  Elemenle.  Enlwurf  zu  einer  biogcnetischen  Grundlage 
fur  Chemie  und  Physik ;  von  Gustav  Wendt.  Berlin,  1891  ;  br.  in-8°. 

Astronomische  Arbeilen  des  K.  K.  Gradmessungs-liurcau.  Herausgegeben 
von  Prof.  Dr  Edmund  Weiss  uad  Dr  Robert  Schram;  II.  Band  :  Ldngen- 
bestimmungen.  Wien,  F.  Tempsky,  1890;  1  vol.  in-4°. 

PuBLICATIOXS  PÉRIODIQUES. 

Paléontologie  française.  —  Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse. 
—  Journal  d'Hygiène.  —  Annales  des  Conducteurs  et  Commis  des  Ponts  et 
Chaussées  et  des  Contrôleurs  des  Mines.  -  -  Mémoires  de  la  Société  d'Agricul- 
ture, Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  d'Orléans.  —  Société  d'Histoire  naturelle 
de  Toulouse.  —  Bévue  des  Sciences  naturelles  appliquées,  publiée  par  la  So- 
ciété nationale  d'acclimatation  de  France.  —  Marseille-médical.  —  Ar- 
chives italiennes  de  Biologie.    —   Bévue  maritime  et  coloniale. 


ERRATA. 


(Séance  du  8  décembre  1890.) 

Page  870,  lignes  16  et  17,  au  lieu  de   Notice  biographique  par  M.  Albert  Billet, 
lisez  Notice  biographique  par  M.  Albert  Billiet. 


On    souscrit    à   Paris,    chez    GAUTHIER  -VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Âugustins,  n"  5j. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'annéo,  deux  volumes  in-j".   Deu 

Tables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque   volume.    L'abonnement  est  annm 

et  part  du  ier  janvier. 

Le  prix  de  Vabonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  .suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
Igen Michel  et  Médan. 

i  Gavauit  St-Lager. 
Uger '  Jourdan. 

I  Huir. 

imiens Hecquet-Decobert. 

\  Germain  etGrassin. 

*ngers ,  Lachèseet  Dolbeau. 

Bayonne Jérùme. 

Besançon Jacquard. 

Avrard. 
Bordeaux DuLhufT. 

'  Muller  (G.). 
Bourges Renaud. 

,   Lcfoui  nui . 

)  F.  Robert. 

Brest ( 

i  J.  Robert. 

'  V  Uzel  CarofT. 

\  Baër. 
Cucn .  - 

(  Massif. 

Cliambcry Perrin. 

i  Henry. 

Cherbourg ., 

°  /  Marguene. 

(  _  (  Rousseau. 

Clermonl-lerr...      ,,.,  ,   ,, 

(  Ribou-Collay, 

,  Lamarche. 

Dijon :  Ratel. 

'  Damidot. 

t  Lauverjat. 

Vouai ;    , 

(  Lrepin. 

i  llrevel. 

Grenoble  

i  Gratter. 

La  Rochelle Robin. 

„  \  Bourdignon. 

Le  Havre 

|   I  ImiiiImi- 

Ropiteau. 

Lille Lclcbvre. 

'  Quarré. 


chez  Mcssieu  i  ,  : 

.  Baumal. 
Lorient ,  ,,.     . 

i  M I  exil  i . 

Beaud. 

\  Gcorg. 
Lyon <  Mégret. 

Palu.l. 

Vitle  et  Pérussel. 

Marseille Pessailhan . 

i  Calas. 
Montpellier.    ...  ]CoaUi, 

Moulins Martial  Place. 

Sordoillet. 

Nancy Grosjean.-Maupin. 

'  Snl.it  frères. 

|     [.IIJT.III. 

."\  antes ... 

i  \i""   Veloppe. 

i  Barma. 

Nice 

(  \  isconl  i  et  C". 

,\  imrs Thibaud. 

Orléans ...    Luzeraj 

(  Blanchier. 

Poitiers j  ,,  . 

/  llriiinauu. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Rochefort .......     Boucheron  -  Rossi  - 

t  Langlois.        I  enol. 

Bouen 

I  Lestringanl. 

S'-É tienne  . .    . .       Chevalier. 

|  Bastide. 

Toulon ,  ,,        . 

/  l ;  ii n i .  oc 

j  Gimet. 

Toulouse ...  ■ 

'  Privât. 

i  Boisselier. 

Tours <  Péricat. 

'  Suppligeon. 

....  (  Giard. 

(  alenciennes ,  . 

'  Lemaltre. 


On  souscrit,  à  l'Etranger, 


chiv.  Messieurs  : 

i  Robbers. 

Amsterdam ,  ,,  .,  , ,  . 

i  Feikema    Caarelsen 

Athènes Beck.  el  I  '■■■ . 

Barcelone Verdaguer. 

,   Isher  et  G1". 

1  Cah  ;u  \  el  <  ! 

.  Friedlander  et  fils. 

f  Mayer  el   Millier. 
Iierne  *  Schmid,  Francke  el 

Bologne Zanichelli  el  C 

i  Ramlot. 
Bruxelles Mayolez. 

'  Lebègue  el  C". 

\  Haimann. 

Bucharest .  .. 

|  l; îteanu. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  et  G' 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     '  mi.,  et  Keil. 

Copenhague Hosl  el   lils. 

Florence Lœschcr  el  Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

/  Chcrbulie: 
Genève Georg. 

(  Stapelmohr. 
La  Haye .     Belinfante  frères. 

y  Bcnda. 

Lausanne ! 

'  I  ,i\  ot. 

Barth. 

\  Brockhaus. 

Leipzig •  Lurent/. 

Max  RU.be. 
Twi.i yer. 

.  Desoer. 

Liège ,. 

°  /  Gnusé. 


chez  Messieurs  : 

,  i  Duhiu. 

Londres .  „ 

/  Null. 

Luxembourg....     V.  Biick. 

Librairie      Gulen 
\     berg. 
Madrid   <  Gonzalès  e  liijos. 

\  ravedra. 

F.  Fé. 

i  Duiii..l;ii .1  frères. 

Milan .  ..      ,. 

i  Hcepli. 

Moscou Gautier. 

.  Furcheim. 
Naples Marghieri  di  iim> 

(  Pellerano. 

.  Christern. 

New-  Yorl; ■  Stechert. 

\\  estermann. 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C*. 

Fait  rme I  ilausen. 

Porto Magalhaès. 

Prague Riviiac. 

Mo- Janeiro <  larnier. 

I  Bocca  frères. 
Rome r        ,       ,  r%. 

/  Lors. 'lier  .1  i .    . 

Rotterdam   Kramcrs  el  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

,  Zinserling. 

S'-Petersbourg..  {  W(|||). 

/  Bocca  frères. 

„     .  |  Brero. 

/  unit ; '     . 

Clausen. 

Rosenberg  el  Selliei 

Varsovie. ........     Gebethner  et  Wolfl 

i  e'rone. Drucker. 

i  Frick. 
I  tenne „      . ,    .  _.. 

Zurich Meyer  el  Zellei . 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

(Tomes  1er  à  31.  —  (  3  Août  i835  à  3i  Décembre  i8io.  )  Volume  in-j";  iS  35.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.—  (  i"  Janvier  18  j  i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-  i':   1870.   Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (i"r  Janvier  1866  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  in-j ";  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 

Tomel:  Mémoire  sur  quelques  points  delà  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DERBÈset  A.-J.-J.  Solier.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  le- 
Comètes,  par  M.  Hansen.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  daas  la  digestion  des  matière 
grasses,  par  M.  Claude  Bermard.  Volume  in-'i",  avec  3a   planches  ;  iS5C> 15  fr 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  l'.-.l.  Van  Brseden.  —  l-;~sai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  iS5o  par  l'Académie  des  Science 
pour  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  poureelui  de  [856,  savoir  :  «  Étudier  leslois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi 
j)  mentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée. —  Rechercher  la  natun 
»  des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bron.n.  In-4°,  avec  27  planches;  iStii...        15  fr 

A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


1Y  6. 

TABLE  DES  ARTICLES.    (Séance  du  9  février  1891.) 


MÉMOIRES    ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMItliES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


Pages. 
M.    H.    Poingaré.  Sur    l'expérience    <lc 

M.  Wiener 33.5 

M.  Berthelot.  —  Remarques  relatives  à  la 

Communication  de  RI.  Poincaré 32g 


Pages. 
M.  Etui.  Becquerei  montre  quelques  spéci- 
mens d'épreuves  du  spectre  solaire  avec 
ses  couleurs  propres,  laites  il  y  a  plus  de 
quarante  ans 33 1 


MÉMOIRES  PRESENTES. 


RI.  .1.  Càrvali.o  adresse  un  Mémoire  portant 
pour  titre  :  o  Essai  sur  la  théorie  des  mou- 


vements internes 
clones  » 


ri  de  translation  des  CV- 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, un  travail  de  MM.  Cheysson  et 
Toqué. .  : 

RI.  l'iNSPECTEUR  GÉNÉRAI  DE  LA  NAVIGATION 
adresse  les  états  des  crues  et  diminutions 
de  la  Seine,  observées  chaque  jour  an  pont 
Royal  et  au  pont  de  la  Tournelle  pendant 
l'année  1890 

RI.  Gustave  L.EVEAU.  —  Détermination  de  la 
masse  de  Mars  et  de  la  masse  de  Jupiter 
par  les  observations  méridiennes  de  Vesla. 

M.  Daniel  Berthelot.  —  Sur  la  conducti- 
bilité des  acides  organiques  tribasiques: 
caractéristique  nouvelle  de  la  basicité..    . 

RI.  Joannis.  —  Sur  les  combinaisons  formées 
par  l'ammoniaque  avec  les  chlorures 

M.  Raoul  Varet.  Sur  la  formation  des 
isopurpurates 

RI.  L.  Magnier  DE  la  Source.  —  Sur  le 
mode  de  combinaison  de  l'acide  sulfu- 
rique  dans  les  vins  plâtrés  et  sur  la  re- 
cherche de  l'acide  sulfurique  libre 

RI.  Ciiari.es  Henry.  —  Olfactomètre  fondé 


;;. 


335 


"9 


sur  la  diffusion  à  travers  les  membranes 
flexibles 

RI.  L.  Butte.  —  Action  de  certaines  sub- 
stances médicamenteuses,  et  en  particu- 
lier de  l'extrait  de  valériane,  sur  la  des- 
truction de  la  glucose  dans  le  sang 

RI.  A.  Choisaut.  —  Sur  les  moeurs  et  méta- 
morphoses de  VEmenadia  flabellata  F., 
pour  servir  à  l'histoire  biologique  des 
Hhipiphorides 

M.  Fr.  Guitel.  —  Sur  le  développement  des 
nageoires  paires  du  Cyclopterus  lumpus. 

M.  Stan.  Meunier.  —  Nouvelle  Cycadée  fos- 
sile  

M.  Gosselet.  —  Sur  le  bassin  houiller  du 
Boulonnais 

RI.  .1.  Seunes.  —  Sur  la  présence  du  dévo- 
nien  supérieur  dans  la  vallée  d'Ossau 
(  r.ère-Bélestin,  Basses-Pyrénées) 

M.  G.  BARBEY  adresse  une  Note  relative  à 
un  nouveau  dérivé  de  la  résorcine 

RI.  J.  Dettwkiler  adresse  une  Note  relative 
à  un  appareil  pour  utiliser  la  dilatation  de 
l'air  sous  l'action  des  rayons  du  Soleil... 


Bulletin  bibliographique. 
Errvta 


35o 
353 
356 
358 

36o 
36s 

362 
362 
î<>4 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLARS  ET  KILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


1891 

Jâ^J  PREMIER  SEMESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.   EES  SECRÉTAIRES   PERPETIEES. 


roaiE  CXII. 


N°  7  (16  Février  4  891 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES   COMPTES    KENDUS    DES   SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES- 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  2.1  mai  i8t5. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentes  par  îles  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier   ou   numéro  des  Comptes  rendus  a 
4u  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 
26  numéros  composent  un  volume. 
Il  v  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  v  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  <l.  ;- 
vent  rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 
ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  \eCompte rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant, et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 
Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI    16  FÉVRIER   1891. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE  mathématique.  --  Sur  les  objections  faites  à  l'interprétation 
des  expériences  de  M.  Wiener.  \Tote  de  M.  A.  Cornu. 

«  Dans  l'exposé  succinct  du  Mémoire  de  M.  Wiener  (p.  i<SG),  je  regrette 
d'avoir,  pour  abréger,  omis  une-expérience,  en  apparence  secondaire,  qui 
répond  précisément  aux  objections  que  notre  Confrère,  M.  Poincaré,  a 
exprimées  dans  la  dernière  séance  (p.  325)  sur  la  rigueur  des  conclusions 
qu'on  doit  tirer  des  résultats  expérimentaux  de  M.  Wiener.  T/importance 
de  cette  expérience  ressort  d'une  Note  que  M.  Potier  m'a  prié  de  présen- 
ter à  l'Académie  et  qu'on  lira  plus  loin  ('  ). 

»  Comme  introduction  à  cette  Note  et  aux  considérations  mathéma- 
tiques qu'elle  renferme,  il  paraît  utile  de  bien  préciser  le  caractère  géné- 

(')   Voir  à  la  Correspondance,  p.  383. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N«  7.)  4° 


(  366  ) 

rai  des  objections  qu'on  peut  opposer  à  l'interprétation  de  l'expérience 
principale  de  M.  Wiener,  en  les  dégageant  de  la  forme  purement  analy- 
tique sous  laquelle  notre  savant  Confrère  les  a  présentées.  Je  demande 
donc  à  l'Académie  la  permission  de  développer  brièvement  dans  le  langage 
des  physiciens  les  arguments  implicitement  contenus  dans  l'Analyse  de 
M.  Poincaré  :  j'espère  que  la  présente  Note  et  celle  de  M.  Potier  feront 
évanouir  dans  l'esprit  de  notre  Confrère  les  doutes  qui  pouvaient  encore 
subsister  sur  la  direction  des  vibrations  dans  la  lumière  polarisée. 

»  Dans  l'étude  des  équations  différentielles  qui  régissent  la  propagation 
d'une  onde  plane  à  vibration  transversale,  dans  un  milieu  indéfini,  on 
trouve  deux  grandeurs,  également  assimilables  à  la  vibration  lumineuse 
des  physiciens  :  l'une  est  le  déplacement  rectiligne  ou  vibration  d'un  point 
du  milieu;  l'autre  est  la  ligne  représentative  du  glissement  relatif  de  deux 
ondes  infiniment  voisines  (')  :  toutes  deux  sont  dans  le  plan  de  l'onde  et 
sont  perpendiculaires  entre  elles. 


(')  Les  trois  équations  différentielles  se  ramènent  à  la  forme  (voir  la  Théorie  ma- 
thématique de  la  lumière,  Leçons  professées  par  M.  Poincaré,  p.  56,  336  et  33g) 

dP  ~~  dx'-  ^  (Tr*  +  dz*        dx  \dx  +  dv  +  dz  )' 

dans  lesquelles  £,t,,  £  sont  les   trois  composantes  du  déplacement  vibratoire  U  situé 
dans  le  plan  de  l'onde  dont  la  normale  a  pour  cosinus  directeurs  oc,  fi,  -;. 

U'—^  +  V+Ç*,  ^  +  3r,-f-T:  =  o; 

ce  déplacement  reste  le  même  en  grandeur  et  en  direction  sur  le  plan  d'onde  mobile 

a  x  ■+-  $y  -+-  -f  z  —  p  —  V  t  —  o  ; 
d'où 

l-?,(«.ï+  ?J  +  ï=—  P  —  Vf),  1=j2,  ■••>  &  =  <?«>  

œj,  ip2,  tp3  étant   trois  fonctions  qu'on  laisse  ici  arbitraires,  mais   qui  se   réduisent,  en 
Optique,  à  des  sinus  ou  cosinus. 

U  constitue  le  premier  vecteur;  le  second   vecteur  G  a  pour  composantes  paral- 
lèles aux  axes 

fa\       a\\       (d\        dX,\       //^0_f[?Y 
\dy~~'  dz  V      \dz"7JJ-r     \  dz       dy  ) ' 

il  est  dirigé  dans  le  plan  de  l'onde  normalement  au  déplacement,  de  sorte  qu'en  appe- 
lant ot',  p',  •''  ses  cosinus  directeurs  on  a 

a*'   ,-3p'  ■--<-,<'  — o,  a'S  +  P'ï] -+-/!;  -o. 

Ce   vecteur  qui,    en   général,   représente  en   grandeur  et  en  direction   l'axe  de  rota- 


(  367  ) 

»  Ces  deux  grandeurs  dirigées  (vecteurs)  varient  périodiquement  avec 
le  temps,  mais  non  d'une  manière  concomitante,  quoique  leurs  amplitudes 
soient  proportionnelles;  l'une  est  maximum  quand  l'autre  est  nulle,  et  ré- 
ciproquement. Il  existe  donc  entre  elles  une  relation  analogue  à  celle  qui 
lie  le  déplacement  d'une  tranche  à  sa  compression  dans  la  propagation 
d'un  ébranlement  le  long  d'un  tuyau  indéfini. 

»   L'intensité  lumineuse  ou  l'énergie  transmise  par  unité  de  surface  est 


tion  de  l'élément  dxdydz  pendant  son  déplacement,  mesure  dans  le  cas  particulier 
de  ronde  plane  en  régime  permanent,  le  glissement  relatif  de  deux  plans  d'onde  infi- 
niment voisins,  qui,  à  une  époque  donnée  (t  =  const.),  sont  distants  de  l'origine  de  p  et 

[>  -\-dp.  C'est  ce  qu'on  vérifie  aisément  en  calculant  —  qui  est  évidemment  l'expres- 
sion de  ce  glissement  :  il  suffit  pour  cela  île  diUérentier  U  par  rapport  à  />, 


dV        \    d\ 

t,    dr\ 

?   d~ 

dp  ~  U  dp 

U  dp 

U  dp 

et  de  remplacer  les  termes  du  second  membre  par  leurs  expressions   en   l'onction  des 
dérivées  de  ?,  rn  Ç  par  rapport  aux  coordonnées  ;  ;.  t\,  X,  et  U  sont  donnés  par 


U 

rV-Yr1'  ~~  ï«'  — «Y'  " 

~Çp'-pÇ'~ 

i 

En  différenciant  les  valeurs  \  =  <pi)  . .  . ,  on  a   les  équations  symétriques  de  la  forme 


d\ 

i    d\         i    d-         i    de, 

dp 

a.  dx        p  dy        ■;  dz 

où  l'on  trouve  les  valeurs  des  dérivées  qui  permettent  d'éliminer  en  même  temps  u.,  jî,  y. 
Il  reste  finalement  pour  la  valeur  du  glissement  relatif 

dV_   ,fd^_dr\\  ■    8,/d5_«\.     ,(*L    _&\ 

dp  ~~"  \dy       dz)^~?  \dz       dx)       '  \dx       dy)' 

C'est  bien,  comme  on  le  voit,  la  somme  des  trois  projections  du  vecteur  G  sur  la 
direction  a',  j3',  y'  ;  par  conséquent  le  vecteur  G  défini  plus  haut  est  bien  la  mesure  du 
glissement  relatif.  Ce  glissement  étant,  comme  on  le  voit  aisément,  un  cas  particulier 
d'un  mouvement  de  rotation,  on  s'explique  pourquoi  sa  ligne  représentative  est  à 
angle  droit  du  déplacement  qui  l'occasionne. 

/Vota.  —  Il  ne  faut  pas  confondre  ce  glissement  relatif  avec  la  variation  angu- 
laire de  l'angle  droit  des  faces  de  l'élément  dxdydz  qui  est  représentée  pour  chaque 
face  par  la  somme  des  dérivées  et  non  par  leur  différence,  variation  nommée  aussi 
glissement  par  de  Saint-Venant  dans  la  théorie  de  l'élasticité. 


(  368  ) 
représentée   par   le   carré  de   l'amplitude   de    l'une    aussi   bien   que    de 
l'autre. 

»  Dans  les  ondes  à  vibrations  longitudinales  et  stationnaires  (c'est-à-dire 
formées  par  la  superposition  de  deux  ondes  identiques  se  propageant  en 
sens  inverse),  on  sait  que  les  déplacements  vibratoires  s'annulent  pério- 
diquement dans  l'espace,  suivant  des  plans  parallèles  (nœuds)  et  sont 
maxima  aux  plans  intermédiaires  (ventres).  Au  contraire,  l'amplitude  des 
compressions  s'annule  aux  ventres  et  est  maximum  aux  nœuds. 

»  Dans  les  ondes  stationnaires  à  vibrations  transversales  les  deux  élé- 
ments analogues,  déplacement  vibratoire  et  glissement  relatif,  se  retrou- 
vent :  aux  nœuds,  ou  points  de  déplacement  nul,  l'amplitude  du  glisse- 
ment atteint  son  maximum,  et  inversement  aux  ventres,  où  l'amplitude  du 
déplacement  est  maximum,  le  glissement  est  constamment  nul. 

»  Ainsi,  au  point  de  vue  analytique,  la  symétrie  alternée  de  ces  deux 
grandeurs,  dirigées  rectangulairement  dans  le  plan  d'onde,  est  complète. 

»  Au  point  de  vue  physique,  le  rayon  lumineux  polarisé  a  été  assimilé 
par  Fresnel  à  une  onde  plane  à  vibration  transversale;  l'identification  des 
deux  points  de  vue  comporte  donc  une  indétermination  :  c'est  celle  qui 
est  signalée  dans  la  dernière  Note  de  M.  Poincaré  comme  dans  ses  Leçons 
de  Physique  mathématique. 

»  La  question  est  donc  de  savoir  si  c'est  le  déplacement  qui  est  perpen- 
diculaire au  plan  de  polarisation  ou  si  c'est  l'axe  de  glissement. 

»  La  mémorable  expérience  de  Fresnel  et  Arago  laisse  la  question  indé- 
cise :  en  effet,  lorsque  deux  ondes  se  coupent  sous  un  angle  très  aigu,  les 
deux  déplacements  comme  les  deux  axes  de  glissement  sont  affectés  de  la 
même  manière  par  la  différence  de  phase;  on  peut  dire  qu'ils  interfèrent 
tous  deux  en  même  temps  si  les  directions  de  même  nom  sont  parallèles,  ou 
que  tous  deux  sont  sans  action  mutuelle  apparente  si  elles  sont  perpendicu- 
laires; l'intensité  lumineuse,  quelle  que  soit  la  définition  théorique  que 
l'on  adopte  (énergie  potentielle,  cinétique  ou  totale),  offre  les  mêmes  va- 
riations. 

»  Mais  lorsque  les  ondes  se  coupent  à  angle  droit,  les  choses  se  passent 
différemment  pour  les  déplacements  d'une  part  et  pour  les  axes  de  glisse- 
ment de  l'autre.  Si  les  deux  déplacements  vibratoires  sont  parallèles,  les 
axes  de  glissement  sont  perpendiculaires  et  inversement.  Donc,  si  les  vibra- 
tions interfèrent,  les  glissements  relatifs  conservent  une  valeur  moyenne 
constante  au  même  point  de  l'espace;  inversement,  si  les  axes  de  glisse- 


(36g) 

ment  sont  parallèles,  les  vibrations  sont  perpendiculaires  entre  elles;  il  n'y 
a  donc  pas  interférence  pour  les  déplacements,  mais  les  glissements  ont 
une  amplitude  variable  avec  la  différence  de  phase;  il  y  a  donc  pour  eux 
interférence. 

»  Telle  est  la  traduction  en  langage  ordinaire  de  l'Analyse  de  M.  Poin- 
caré;  jusqu'ici  nous  sommes  complètement  d'accord.  Voici  maintenant 
où  les  doutes  de  l'analyste  se  manifestent  : 

»  Existe-t-il  un  moyen  de  distinguer  dans  le  phénomène  optique  celle 
des  deux  grandeurs,  déplacement  ou  glissement,  qui  conserve  une  inten- 
sité constante,  de  celle  dont  l'amplitude  est  variable? 

»  Cela  est  douteux,  répond  M.  Poincaré,  car  c'est  l'action  photochi- 
mique qui  sert  à  explorer  l'espace  où  se  croisent  les  ondes  et  l'on  ne  sait 
pas  a  priori 'quelle  est  la  cause  déterminant  la  décomposition  chimique: 
si  c'est  le  déplacement  vibratoire  (énergie  cinétique)  qui  la  produit, 
comme  le  pensent  les  physiciens,  l'expérience  est  en  faveur  de  Fresnel; 
niais  si,  au  contraire,  ce  sont  les  forces  de  glissement  (énergie  potentielle), 
la  question  sera  tranchée  en  faveur  de  Mac  Cullagh  et  Neumann. 

»  Et  bien,  le  doute  n'existe  pas  :  sans  recourir  à  des  spéculations  sur 
le  mécanisme  encore  si  obscur  de  l'action  photographique  et  en  se  bor- 
nant à  des  considérations  mécaniques  familières  à  tous  les  physiciens,  on 
peut  dans  l'analyse  des  expériences  de  M.  Wiener  trouver  la  solution  du 
problème. 

»  Il  existe,  en  effet,  un  phénomène  où  l'on  connaît  a  priori  la  grandeur 
relative  du  déplacement  vibratoire;  il  correspond  à  un  cas  sur  lequel  les 
principes  de  Fresnel  et  de  Neumann  conduisent  à  des  conséquences  iden- 
tiques :  c'est  celui  d'un  corps  doué  d'un  pouvoir  réfléchissant  égala  i, 
corps  idéal,  il  est  vrai,  mais  que  l'argent  poli  représente  d'une  façon  très 
approchée;  dans  ce  cas  particulier,  sous  l'incidence  normale  le  mouvement 
transmis  au  métal  étant  rigoureusement  nul,  la  vibration  réfléchie  est 
égale  et  de  signe  contraire  à  la  vibration  incidente  :  c'est  l'analogie  com- 
plète avec  le  fond  du  tuyau  fermé  (voir  la  Note  de  M.  Potier). 

»  L'onde  stationnaire,  formée  par  la  superposition  de  fonde  incidente 
et  de  l'onde  réfléchie,  doit  donc  présenter  un  plan  nodal  sur  la  surface 
réfléchissante,  plan  qui  est  l'origine  de  la  série  des  plans  nodaux  se  succé- 
dant à  une  demi-longueur  d'onde  d'intervalle  au-dessus  de  la  surface. 
Quant  aux  glissements,  ils  s'ajoutent,  comme  les  compressions  au  fond 
d'un  tuyau  fermé,  et  leur  amplitude  est  maximum  au  plan  nodal. 


(  37o  ) 

»  Or  M.  Wiener  a  effectué  cette  expérience  ('  )  :  adoptant  le  dispositif 
ordinaire  des  anneaux  colorés  sous  l'incidence  normale,  il  s'assure  que 
les  surfaces  réfléchissantes  sont  bien  en  contact  par  la  loi  de  succession 
des  diamètres  des  anneaux;  comme  la  surface  plane  qui  livre  passage  à 
l'onde  incidente  en  même  temps  qu'à  l'onde  réfléchie  est  enduite  de  la 
pellicule  photographique,  l'action  de  la  lumière  détermine,  sous  forme 
d'anneaux  concentriques,  la  trace  d'une  série  de  plans  distants  d'une  demi- 
longueur  d'onde.  L'observation  montre  qu'au  centre  l'impression  photo- 
graphique est  nulle  :  il  n'v  a  donc  aucune  action  photographique  au  point 
où  les  deux  théories  s'accordent  pour  affirmer  l'existence  d'un  nœud. 

»  Il  en  résulte  que  la  plaque  photographique  est  affectée  exclusivement 
par  les  déplacements  vibratoires,  c'est-à-dire  par  l'énergie  cinétique  du 
milieu  vibrant,  et  non  par  les  forces  correspondant  aux  glissements  relatifs 
ou  par  l'énergie  potentielle  de  ce  milieu. 

»  L'interprétation  des  expériences  de  M.  Wiener  ne  comporte  donc 
aucune  ambiguïté,  et  la  vibration  est  bien,  comme  l'indique  la  théorie  de 
Fresnel,  perpendiculaire  au  plan  de  polarisation. 

»  Quant  à  l'indétermination  essentielle  existant  entre  les  deux  vecteurs 
considérés  dans  un  même  milieu,  on  verra  par  la  Note  de  M.  Potier 
qu'elle  disparaît  lorsqu'on  connaît  les  conditions  réelles  relatives  au  chan- 
gement de  milieu.  » 


géodésie.  —  Histoire  de  l'appareil Ibanez-Brunner. 
Note  de  M.  Rod.  Wolf. 

«  En  rappelant  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du  2  février,  les  services 
importants  que  le  général  Ibanez  a  rendus  à  la  Géodésie  moderne,  M.  Ber- 
trand a  touché  à  l'histoire  de  l'appareil  Ibanez-Brunner,  et  cela  m'engagea 
compléter  cette  histoire. 

»  L'idée  fondamentale  de  cet  appareil  ingénieux  consiste  dans  la  sub- 
stitution du  contact  optique  au  contact  réel,  et  cette  idée  a  déjà  été  réa- 
lisée dans  l'appareil  dont  Tralles,  alors  professeur  de  Mathématiques  à 


(')  C'est,  il  est  vrai,  avec  une  surface  de  verre  et  non  une  surface  d'argent  que 
l'expérience  a  été  faite;  mais  on  sait,  depuis  Arago,  que  le  caractère  delà  réflexion  est 
le  même  dans  les  deux  cas  (anneau  central  obscur). 


(  37i  ) 
Berne,  et  son  élève  Hassler,  plus  tard  superintendent  of  the  coast  survey, 
se  sont  servis,  en  1797,  pour  mesurer  la  base  d'Aarberg  en  Suisse;  car,  après 
avoir  décrit,  dans  ses  Papas  on  varions  subjecls  (Ph\h\dc\ohln,  i8?.'i  },  un 
appareil  construit  sur  le  principe  du  contact  optique,  Hassler  ajoute 
(  p.  56)  le  passage  suivant  : 

»  i  shall  howewer  insert  a  few  remarks,  winch  occurred  to  me  in  Switzerland,  when 
me  assring  witli  M.  Traites,  in  1791  and  1797,  a  base  Une  ofabout  42000  feet  in  lenght, 
and  upon  winch  the  triangulation  w  as  founded.  This  base  was  measured  twice  :  lirst. 
with  a  chain  similar  to  that  made  bv  Ramsden  for  the  english  survey,  and  secondlv 
with  an  apparatus  of  four  toise  bars,  sortie  what  similar  to  that  above  des- 
crived. 

»  Deux  ans  après  la  mesure  de  la  base  d'Aarberg,  en  1799,  Tralles  re- 
présentait l'Helvétie  dans  la  Commission  internationale  rassemblée  à  Paris 
pour  fixer  la  longueur  définitive  du  Mètre,  et  il  est  très  probable  qu'il 
communiqua  alors  à  ses  Confrères  la  méthode  employée  par  lui;  mais  sa 
priorité  ne  dépend  pas  de  cela  :  elle  est  suffisamment  établie  par  le  passage 
ci-dessus. 

»  Le  résultat  obtenu  par  Tralles  et  Hassler  en  1797  a  été  vérifié  d'abord 
par  les  ingénieurs  français,  en  déduisant  la  base  d'Aarberg  de  celle  d'Ensis- 
heim,  puis  en  1 834  Par  unc  nouvelle  mesure  exécutée  par  l'ingénieur 
Eschmann  (assisté  parWild  et  moi)  avec  l'appareil  Schumacher-Horner, 
et  encore  en  1880  par  le  général  Ibaîiez  lui-même,  lorsqu'il  eut  l'obligeance 
de  se  transporter  avec  ses  officiers  en  Suisse,  pour  initier  le  colonel 
Dumur  et  ses  collaborateurs  au  maniement  de  son  appareil,  que  l'Espagne 
nous  cédait  gracieusement  pour  nos  opérations.  Le  résultat  de  chacune  de 
ces  vérifications  si  différentes  s'accorda  de  si  près  avec  celui  de  1797,  que 
l'on  ne  peut  trop  louer  l'habileté  de  Tralles  et  de  Hassler.    » 


ASTRONOMIE   PHYSIQUE.  —  Sur  la  statistique  solaire  de  l'année  1890. 
Note  de  M.  Rod.  Wolf. 

«  Des  observations  solaires  faites  à  l'observatoire  fédéral  de  Zurich, 
complétées  pour  les  jours  pluvieux  par  des  communications  d'autres  obser- 
vateurs distribués  sur  l'Europe  et  l'Amérique,  et  des  observations  magné- 
tiques faites  à  l'observatoire  de  Milan,  je  viens  de  déduire,  pour  l'année 
dernière,  en  employant  la  méthode  établie  par  moi  il  y  a  une  longue  série 
d'années,  les  valeurs  suivantes  pour  les  moyennes  mensuelles  des  nombres 


C  372  ) 

relatifs  (/■),  pour  les  variations  en  déclinaison  (<>),  et  pour  les  accroisse- 
ments (Ar  et  Ae)  que  ces  quantités  ont  reçus  depuis  les  époques  corres- 
pondantes de  l'année  1889  : 

Zurich.  Milan. 

1890.  '■•  A''-  v.  Av. 

Janvier.    .  .  '>,3  \,  5  3, 02  1,27 

Février....  0,6  —     7,9  4>8'  0,81 

Mars 5,1  —      1,9  7,49  i>32 

Avril 1,6  2,7  8,68  —  0,17 

Mai 4,8  2,4  7,70  -o,4g 

Juin i,3  —     5,1  8,84  —  0,02 

Juillet 11.6  1,9  8,57  o,32 

Août 8,5  —  12,1  8,00  —  0,99 

Septembre.  17,2  ro-7  7.10  0,26 

Octobre...  11,2  9.1  8,72  2,62 

Novembre..  9,6  9.4  3, 10  o,5:"> 

Décembre..  7.  S  1.1  2,54  o,58 

Mnv 7.1  o,S  6,5*  o,5i 

»  Il  résulte  de  ce  Tableau  que  les  nombres  relatifs  et  les  variations  ma- 
gnétiques ont  tous  deux  commencé  à  augmenter,  et  que  le  parallélisme 
entre  ces  deux  séries  si  différentes  en  apparence  a  encore  continué  d'une 
manière  assez  remarquable. 

»  En  récapitulant  les  résultats  principaux  des  années  1888  à  1890,  et  en 
v  ajoutant  le  nombre  (m)  des  jours  sans  taches  et  les  variations  observées 
à  Christiania,  Prague  et  Vienne,  j'obtiens  le  Tableau  : 

v. 

Années.  r.  m.  Christiania.  Prague.  Vienne.  Milan. 

1888...  6,8       K  i5i        ,.  5,44        3C  6,46  .„  6,59               6,21 

,ûo„  ~   , —  5             -+-  <>i  „         —   .•>(>  „         —  48  .         —58—17 

1889...  6,3       0  212        ,  o,oS  0,98  0  6,01                6,o4        _ 

,om                   1-  8              -  /,[           '         -    19        '%+  18        '         -11        '   Z+  5i 

1890...  7,1  [71  5,27  6,16  6,12  6,5d 

cpii  confirme  encore,  de  la  manière  la  plus  positive,  que  nous  avons  passé 
le  minimum  des  taches  et  des  variations,  et  nous  montre  de  plus  que  l'é- 
poque de  ce  minimum  doit  être  placée  dans  les  derniers  mois  de  l'année 
1889  ou  dans  les  premiers  mois  de  l'année  1890.  Une  détermination  plus 
exacte  de  l'époque  n'est  pas  encore  possible;  j'aurai  à  v  revenir  l'année 
prochaine.  » 


(373  ) 


PALÉONTOLOGIE.  —  Les  Éléphants  du  mont  Dol  (Ille-et-Vilaine). 
Note  de  M.  Sikodot. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  quelques  résultats  qui  me 
paraissent  de  nature  à  l'intéresser,  en  même  temps  qu'ils  fixeront  le  carac- 
tère d'un  gisement  quaternaire  d'une  richesse  exceptionnelle. 

»  Avant  de  livrer  à  l'éditeur  le  manuscrit  des  recherches  multiples  aux- 
quelles m'a  conduit  l'exploration  du  gisement  quaternaire  du  mont  Dol 
(Ille-et-Vilaine),  je  me  suis  imposé  la  tache  de  refaire,  encore  une  fois,  le 
collationnement  aussi  complet  que  possible  des  pièces  nombreuses  appar- 
tenant aux  espèces  animales  les  plus  intéressantes.  Dans  cette  Communi- 
cation, je  me  bornerai  à  faire  ressortir  l'importance  du  groupe  des  Elé- 
phants. 

»  Toutes  les  parties  du  squelette  sont  représentées,  mais  les  pièces  en- 
tières appartiennent  exclusivement  aux  extrémités  des  membres  (carpe  et 
tarse,  métacarpe  et  métatarse,  phalanges)  et  au  système  dentaire.  Toutes 
les  autres  pièces  osseuses,  le  crâne  compris,  sont  en  fragments  plus  ou 
moins  volumineux,  mais  avec  un  certain  trait  caractéristique  indéânissable: 
sur  beaucoup  de  ces  fragments  on  reconnaît,  très  nettes,  les  traces  de  la 
pointe  de  silex  attestant  que  ces  os  ont  été  brisés  à  l'état  frais  et  par  la 
main  de  l'homme.  Si  l'on  ajoute  qu'une  série  de  ces  fragments  recueillis 
au  milieu  de  masses  de  cendres  parsemées  de  silex  offrent  tous  les  degrés 
d'une  carbonisation  plus  ou  moins  complète,  leur  accumulation  sur  un 
espace  très  limité  s'explique  assez  clairement.  Ces  Eléphants  ont  été 
mangés  et  la  masse  des  débris  accumulés  représente  des  restes  de  cuisine. 

»  La  détermination  du  nombre  des  Éléphants  sacrifiés,  de  leur  âge, 
des  espèces  ou  variétés  qu'ils  représentent,  repose  exclusivement  sur  l'exa- 
men du  système  dentaire.  Les  pièces  osseuses  des  extrémités  des  membres 
ne  peuvent  fournir  que  des  renseignements  assez  vagues  sur  l'âge  des  ani- 
maux. Je  dois  ajouter  que,  dans  l'examen  du  système  dentaire,  les  molaires 
seules  doivent  entrer  en  ligne  de  compte,  parce  que  presque  toutes  les 
défenses  sont  dans  un  mauvais  étal  de  conservation  et  que,  d'ailleurs, 
leur  nombre  n'est  pas  en  rapport  avec  celui  des  molaires. 

»  Les  molaires  ont  été  tout  d'abord  distribuées  en  groupes,  d'après  le 
rang  qu'elles  occupent  dans  les  mâchoires  inférieure  et  supérieure  :  pre- 

C  R.,  1891,  i«  Semestre.  (T.  CXII,  N°  7  )  4°, 


(  374  ) 
mières,  deuxièmes,  troisièmes,   quatrièmes,   cinquièmes  et  sixièmes.  Ce 
premier  classement  peut  être  fait  assez  facilement;  j'ai  fait  connaître, 
il  y  a  quelques  années,   l'ensemble   des   caractères   sur   lesquels    il   est 
fondé. 

»  Faire  le  compte  exact  des  molaires  de  l'un  de  ces  groupes,  lorsque 
les  pièces  sont  nombreuses,  que  beaucoup  d'entre  elles  sont  incomplètes, 
représentées  seulement  par  des  fragments,  n'était  pas  chose  très  facile  au 
premier  abord.  Il  y  avait  un  double  écueil  à  éviter  :  ne  pas  compter  comme 
pièce  entière  un  fragment  qui  en  était  le  seul  reste  possible,  ou  faire 
double  emploi.  La  méthode  suivante  a  singulièrement  atténué  les  diffi- 
cultés. 

»  Dans  chaque  groupe,  c'est-à-dire  pour  les  molaires  de  chacun  des 
ordres,  les  échantillons  ont  été  rangés  en  séries  d'après  l'étendue  et  le 
degré  de  la  surface  d'usure  ou  de  trituration,  depuis  ceux  qui  n'en  portent 
pas  encore  de  traces  jusqu'à  ceux  qui  sont  réduits  à  un  chicot  correspon- 
dant à  la  dernière  racine. 

»  En  général,  pour  les  molaires  dont  le  rang  est  supérieur  au  deuxième, 
la  dent  est  encore  incomplètement  constituée,  alors  que  la  surface  d'usure 
atteint  déjà  la  cinquième  ou  sixième  colline  ;  les  collines  postérieures 
existent,  mais  elles  ne  sont  pas  encore  reliées  aux  précédentes  par  le 
cément.  Ces  collines  postérieures  doivent  nécessairement  se  détacher  et 
disparaître  lorsque  la  maxillaire  sera  brisée  :  à  plus  forte  raison  devra-t-il 
en  être  de  même,  lorsque  les  molaires  ne  portent  pas  encore  de  traces 
d'usure  ou  qu'elles  émergent  à  peine  de  la  mâchoire.  Il  est  alors  évident 
qu'une  molaire  qui  n'est  pas  encore  atteinte  par  l'usure,  ou  n'en  porte  que 
des  traces,  ne  pourra  être  représentée  que  par  la  partie  antérieure,  souvent 
réduite  à  quelques  collines. 

»  Il  n'y  a  aucune  difficulté  pour  les  dents  fortement  usées,  elles  offrent 
une  grande  consistance  et  résistent  facilement  à  l'action  des  agents  exté- 
rieurs. 

»  Restent  les  fragments  appartenant  à  la  partie  moyenne.  La  compa- 
raison avec  les  pièces  déjà  classées,  la  mensuration  du  diamètre  transversal, 
qui  varie  peu  dans  la  région  moyenne,  suffisent  généralement  pour  décider 
si  l'échantillon  est  la  seule  pièce  appartenant  à  une  molaire  déterminée. 
Les  difficultés  ne  sont  réelles  que  pour  les  cinquièmes  et  sixièmes  molaires 
supérieures,  dont  les  collines  sont  nombreuses;  mais  encore  ici  les  mensu- 
rations du  diamètre  transversal  et  de  la  hauteur  des  collines  suffisent  à  dé- 


(  375  ) 
terminer  comme  pièce  entière  la  plupart  des  échantillons.  En  appliquant 
cette  méthode,  le  compte  des  molaires  a  donné  les  résultats  suivants  : 


Premières  molaires.. 
Deuxièmes  molaires. 
Troisièmes  molaires.  . 


Supérieure i 

Inférieure i 

Supérieures 33 

Inférieures 4^ 

Supérieures io3 

Inférieures 1 20 


._.         .,               .   .              Supérieures 107 

Ouatriemes  molaires  .{.„,.  Oo 

(    Intérieures oà 

„.                         .  .           (  Supérieures 1 33 

Cinquièmes  molaires,    j  T   ,.   . 

(   Intérieures 7  > 

j  Supérieures 3g 

j   Inférieures 18 

Total 758 


Sixièmes  molaires. . 


»  Si  l'on  fait  entrer  en  ligne  de  compte  les  échantillons  détruits  sous  la 
pioche  dans  l'exploration  du  gisement,  on  peut,  sans  aucune  exagération, 
porter  à  huit  cents  le  nombre  des  molaires  d'Éléphants  extraites  d'un  gise- 
ment dont  l'étendue  est  d'environ  i4oomq. 

»  Comme  il  y  a,  au  plus,  huit  molaires  qui  peuvent  être  représentées  à 
l'état  fossile  à  un  âge  quelconque  de  la  vie  des  Éléphants,  il  en  résulte 
que  le  nombre  des  Éléphants  dont  les  débris  ont  été  extraits  du  gisement 
n'est  pas  inférieur  à  cent. 

»  Comme  forme  typique,  c'est  Y  Elephas  primigenius  qui  domine,  mais 
avec  de  telles  variations  que  bon  nombre  d'échantillons  auraient  été  classés 
comme  Elephas  antiquus,  ou  même  comme  Elephas  indicus,  s'ils  avaient  été 
trouvés  isolément,  dans  des  gisements  particuliers.  » 


M.  E.  Levasseur,  Membre  de  l'Académie  des  Sciences  morales  et  poli- 
tiques, fait  hommage  à  l'Académie,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  du 
second  Volume  de  son  Ouvrage  «  La  population  française  »,  contenant  la 
démographie  de  la  France  comparée  à  celle  des  autres  nations  au  xixe  siècle, 
et  la  statistique  morale  de  la  population  française. 


(376) 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  D.  Monclar  adresse  une  Noie  relative  à  un  mode  de  traitement  de 

la  tuberculose. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine.) 

M.  Le.mbert-Rogulv  adresse  une  Note  relative  à  la  direction  des  aéro- 
stats. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  informe  l'Académie  de  la  perle  que  la 
Science  vient  de  faire  clans  la  personne  de  Mme  Kowalewsky,  lauréat  de 
l'Académie.  La  mort  de  Mme  Kowalewsky  est  annoncée  par  une  Lettre  de 
M.  Hugo  Gyldén,  Correspondant  de  la  Section  d'Astronomie. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  entretient  l'Académie  des  résultats  déjà  ob- 
tenus par  la  mission  Crampel,  au  Congo. 

«  M.  Paul  Crampel,  qui  est  parti  pour  explorer  la  région  comprise  entre 
la  rivière  Oubanghi,  affluent  du  Congo,  et  le  lac  Tchad,  nous  adresse  une 
Carte  résumant  ses  premiers  travaux.  Avec  le  concours  de  MM.  Lauzière, 
ingénieur,  et  Ponel,  il  a  relevé  le  cours  et  les  rives  de  la  rivière  Oubanghi, 
entre  le  dernier  poste  français  de  Banghi  et  la  rivière  Rouango,  affluent  de 
l'Oubanghi. 

»  La  mission  a  pris,  sur  ce  parcours, huit  positions  géographiques.  Le  ré- 
sultat de  ce  travail  est  assez  frappant  :  le  cours  de  l'Oubanghi  serait,  en 
effet,  d'après  M.  Crampel,  de  près  de  un  degré  plus  au  nord  que  ne  l'avait 
indiqué  le  voyageur  belge  Van  Gèle.  Cela  mérite  d'autant  plus  d'attention 
que  le  cours  de  l'Oubanghi  sert  de  limite,  d'après  des  conventions  diplo- 
matiques, entre  les  possessions  françaises  et  l'Etat  indépendant  du 
Conço.    » 


(  377 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  planète  Charlois  (Nice,  1 1  février  1891). 
faites  à  l'Observatoire  de  Paris  (équalorial de  la  tour  de  l'Est);  par  M"e  D. 
Klumpke,  présentées  par  M.  Mouchez. 


Dates 
1891. 

Fév.  i3. 

14. 


Étoiles 

de 

comparaison. 

.  .  .  .      a 

....      b 


Gr. 
9>5 


M.  Déclinaison. 

-  7=,  56        -7'  4",o 

4-58%  92         -8'  48",  2 


Nombres 

de 

compar. 

6:6 
20: 10 


Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Étoiles. 


Ascension 

droite 

moyenne  1891,0. 


Réduction 

au 

jour. 


Déclinaison 
moyenne  1891,0. 


Réduction 

au 

jour. 


u        ni       s  s  „        ,  „  „ 

(a)  21 33  h-  i5° 9.49.52,63         -1-0,81  -i5.   9.  i4,8         —2,2 

2l35BD  :.=  12204'i.1.  ■       9.5o.33,  25 

(b)  12147  %—■  19371  Lai.     9.47.52,41 


-i-0,81 

H-0,82 


ir. .  1.5.36,6 

1 5 . 1 5 .    i,3 


— 2,2 

—  2,2 


Positions  apparentes  de  la  planète. 


Dates  Temps  moyen  Asc.   droite 

1891.                            de  Paris.  apparente. 

Févr.  i3 i2h22m3os  9h49'"'i>-ss 

i4 i3h   3mi7s  9h48m52»,  i5 


Log.  fact.  Déclinaison 

paraît .  apparente. 

— 3,i35  i5"2'  8",6 

-2,972  ,  i5°6'io",9 


Autorités. 

j   Rapportée  à 
/   2i35BD-t-i5° 

Cat.  Paris 

Cat.  Paris 


Log.  fact. 
parall. 

0,6g3 
0,696 


»  Remarque.  T/étoile  21 33  4-1 5  a  été  rapportée  à  l'équatorial  à 

-6' 21",  8.   » 


21  1>  -I-  i5,  par  6.6  comparaisons.  On  a  trouvé 

*2i33^*2i35,         MR  —    -4o%62,         AcD 


ASTRONOMIE.  —  Sur  une  méthode  de  mesure  de  la  dispersion  atmosphérique. 
Note  de  M.  Prosper  Henry,  présentée  par  M.  Mouchez. 

«  Pour  mesurer  la  variation  de  la  rétraction  atmosphérique  avec  la  lon- 
gueur d'onde  lumineuse,  nous  opérons  de  la  manière  suivante  : 

»  On  place  un  réseau  perpendiculairement  à  l'axe  et  un  peu  en  avant 
de  l'objectif  d'une  lunette.  Les  lignes  du  réseau  doivent  être  parallèles  au 
plan  vertical  passant  par  l'axe  de  l'objectif.  En  examinant,  à  l'aide  de  ce 
système,  un  point  lumineux  non  affecté  par  la  réfraction  astronomique, 


(  378  ) 

on  remarque  au  foyer  de  la  lunette,  outre  l'image  centrale  du  point,  une 
double  série  de  spectres  linéaires  horizontaux  :  nous  ne  nous  occuperons 
d'ailleurs  ici  que  des  deux  spectres  de  premier  ordre. 

»  Si  nous  appelons  i  l'intervalle  d'axe  en  axe  de  deux  traits  consécutifs 
du  réseau,  chaque  radiation  de  longueur  d'onde  X  vient  se  placer  à  une 
distance  angulaire  a  de  l'image  centrale  telle  que 


X 
smfl=  -j 


ou 

(0 

lorsque  a  est  très  petit  et  exprimé  en  secondes. 

»  Mais,  si  l'on  dirige  la  lunette  vers  une  étoile  dont  la  distance  zénithale 
est  Z,  les  différentes  radiations  seront  déviées  verticalement,  suivant  la 
formule  ordinaire  de  la  réfraction,  dont  nous  ne  conserverons  que  le  pre- 
mier terme,  en  négligeaut  l'effet  de  la  température  et  de  la  pression,  d'une 
quantité 

(2)  r=AtangZ, 

où  la  valeur  de  A  varie  avec  la  longueur  d'onde.  On  obtiendra  ainsi  une 
courbe  spectrale  sur  laquelle  il  sera  facile  de  mesurer  la  variation  de  r,  et 
par  suite  celle  de  A,  pour  tout  changement  apporté  dans  la  valeur  de  X. 
Différentes  mesures  oculaires  et  photographiques  faites  dans  ces  condi- 
tions ont  montré  que  A  pouvait  être  représenté  par  la  formule 

X2 

»  Cette  formule,  qui  sera  vérifiée  plus  loin,  permet  de  simplifier  les 
mesures  en  les  rendant  plus  précises  :  en  remplaçant  A  par  sa  valeur,  on 
tire  des  équations  (1)  et  (2),  en  appelant  m  l'angle  que  fait  avec  l'hori- 
zontale la  tangente  à  la  courbe  spectrale  en  un  point  quelconque, 

dr  3DtangZ«'sini"  3D  tangZ 

Ta  =  lanZm  =  " 


2X2  2«2(i  sin  i")2 

d'où  l'on  conclut 

D  =  —  |a2(i'sini")'2  tangm  cotZ. 


(  379  ) 

»  On  peut  donc,  connaissant  la  distance  zénithale  de  l'étoile  et  la  valeur 
du  réseau,  déterminer  D  en  mesurant  la  distance  a  et  l'angle  m  corres- 
pondant. Comme  il  existe  deux  courbes  spectrales  placées  symétriquement 
à  droite  et  à  gauche  de  l'image  centrale,  on  mesure  la  direction  de  leurs 
tangentes  pour  une  même  distance  a,  et  la  différence  des  angles  de  posi- 
tion observés  donne  le  double  de  la  valeur  de  m.  De  plus,  on  doit  opérer 
dans  les  deux  positions  de  la  lunette,  afin  d'éliminer  l'effet  prismatique 
qui  pourrait  appartenir  à  la  partie  optique  de  l'instrument. 

«  La  photographie  se  prête  merveilleusement  à  cette  détermination,  en 
donnant  à  m  une  valeur  considérable;  elle  permet  de  réunir  sur  une  même 
plaque,  à  une  fraction  de  millimètre  l'une  de  l'autre,  ce  qui  rend  leur 
comparaison  plus  facile,  les  épreuves  obtenues  dans  les  positions  directe 
et  inverse  de  la  lunette. 

«  Le  réseau  qui  nous  a  servi  dans  nos  déterminations  est  à  mailles  car- 
rées ;  il  est  composé  d'un  carton  percé  très  régulièrement  sur  toute  sa  sur- 
face de  trous  disposés  en  fdes  se  croisant  à  angle  droit;  la  distance  des 
centres  de  deux  trous  voisins  est  de  imm  environ.  On  le  trouve  dans  le 
commerce  sous  le  nom  de  bristol  perforé.  Ce  carton  se  place  au  devant  de 
l'objectif,  comme  un  diaphragme,  en  observant  seulement  d'orienter  l'une 
des  séries  de  files  horizontalement,  à  2°  ou  3°  près. 

»  Nous  avons  fait  à  l'Observatoire  de  Paris,  en  opérant  comme  nous 
venons  de  l'indiquer,  un  grand  nombre  de  mesures  portant  sur  diverses 
étoiles.  On  a  trouvé  pour  la  valeur  de  D  :  par  l'observation  oculaire, 
o",  723,  et  par  la  photographie,  o",']2r);  on  peut  donc  admettre  o",72(i 
comme  valeur  la  plus  probable.  En  prenant  pour  les  radiations  lumineuses 
les  plus  intenses  A  =  58",  22,  valeur  tirée  des  Tables  ordinaires  de  réfrac- 
tion pour  une  distance  zénithale  de  45°,  et  0^,575  pour  longueur  d'onde 
des  mêmes  rayons,  on  trouve,  en  général, 

A  =56",  5 5  -h-'-7^, 
ce  qui  donne  les  valeurs  suivantes  pour  différentes  radiations  : 

Longueurs  d'onde.  A.. 

o ,  700 °7  '  79 

o ,  600 58,ii 

0,575  intensité  lumineuse  maxima 58,22 

o,5oo 58, 60 

o,43o  intensité  chimique  maxima 59,  i3 


o,4oo 


59,42 


(  38o  ) 

»  On  voit  sur  ce  Tableau  que  les  rayons  chimiques  les  plus  intenses, 
pour  lesquels  nous  avons  admis,  comme  on  le  fait  généralement,  1  =  0^,430, 
demandent  pour  A  une  valeur  supérieure  de  o",gi  à  celle  fournie  par  les 
rayons  lumineux;  il  faudra  donc,  pour  calculer  la  réfraction  photogra- 
phique en  partant  de  la  réfraction  ordinaire,  ajouter  à  cette  dernière  j^h, 
ou  o,oi56  de  sa  valeur.  Sans  cette  correction,  les  réfractions  absolues  se- 
raient erronées  de  5"  pour  Z  =  8o°.  Dans  le  cas  de  mesures  différentielles, 
cette  correction  ne  serait  pas  négligeable  pour  des  distances  angulaires 
considérables. 

»  Cette  dispersion  atmosphérique  démontre  que,  dans  un  coucher  de 
Soleil,  le  rayon  vert  doit  persister,  sous  notre  latitude,  une  seconde  envi- 
ron après  la  disparition  du  rayon  jaune.  C'est,  d'ailleurs,  à  cette  explica- 
tion du  phénomène  que  le  regretté  Thollon  s'était  arrêté.  D'après  ses 
nombreuses  observations,  faites  sous  le  climat  favorable  de  Nice,  à  l'obser- 
vatoire de  M.  Bischoffsheim,  le  dernier  rayon  visible  au  coucher  du  Soleil 
était  bleu  dans  la  plupart  des  cas  :  ce  rayon  vert  ou  bleu  est  la  limite  du 
spectre  du  Soleil  à  l'horizon,  les  rayons  plus  réfraugibles  étant  absorbés 
par  l'atmosphère  terrestre.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  résistance  de  divers  gaz  au  mouvement  d'un  pendule. 
Note  de  M.  G.  Defforges,  présentée  par  M.  Cornu. 

«  Expériences.  —  J'ai  eu  l'honneur  de  faire  connaître  à  l'Académie, 
dans  une  précédente  Communication,  la  loi  parabolique  qui,  du  fait  de 
l'accroissement  delà  poussée  hydrostatique  pendant  le  mouvement,  repré- 
sente la  variation  relative  de  la  durée  d'oscillation  d'un  pendule  en  fonc- 
tion de  la  pression  H,  et  par  conséquent  en  fonction  de  la  densité  d  de 
l'air  environnant, 

et  comme 

f/  =  DH, 

si  D  est  la  densité  de  l'air  à  la  pression  de  76omm  prise  comme  unité, 

~-==PDH  -:   RNDH, 

1  0 

»  Il  était  intéressant  de  savoir  ce  que  deviennent  les  facteurs  P  et  R 
dans  un  gaz  autre  que  l'air.  J'ai  donc  fait  osciller  le  pendule  long  de 


(  38.    ) 

Brunner  successivement  dans  l'acide  carbonique  sec,  dans  l'oxygène  sec, 
tels  qu'ils  sont  fournis  comprimés  en  tubes  par  l'industrie,  et  enfin  dans 
l'hydrogène  saturé  de  vapeur  d'eau  et  préparé  par  l'action  de  l'acide  chlor- 
hvdrique  sur  le  zinc. 

»  Dans  chacun  de  ces  trois  gaz,  les  observations  ont  été  faites  à  trois 
pressions  différentes,  voisines  de  iatm,  de  '  d'atmosphère  et  de  ^  d'atmo- 
sphère. 

»  Six  séries  dans  l'acide  carbonique,  trois  dans  l'oxygène,  trois  dans 
l'hydrogène,  mettent  hors  de  doute  ce  résultat  expérimental  que  les  coeffi- 
cients P  et  R  restent  les  mêmes  avec  le  même  pendule  pour  les  quatre  gaz 
employés,  air,  acide  carbonique,  oxygène  et  hydrogène.  Ils  dépendent  de 
la  forme  du  pendule,  mais  ne  dépendent  en  aucune  manière  de  la  nature 
du  gaz  environnant. 

»  Si  donc  la  pression  H  est  prise  comme  variable  indépendante,  les 
coefficients  des  deux  termes  de  la  formule  parabolique  sont,  pour  un  gaz 
déterminé,  proportionnels,  le  premier  à  la  densité,  le  second  à  la  racine 
carrée  de   la  densité  de  ce  gaz.  Il  en  résulte  que  les  courbes  représen- 

tatives  de  la  variation  relatives  de  la  durée  d'oscillation  du  pendule  tt- 

en  fonction  de  la  pression  II  sont  des  paraboles  transformées  les  unes  des 
autres.  On  peut  les  superposer  toutes  sur  la  courbe  de  l'air  en  multipliant, 
dans  chaque  formule,  l'abscisse  par  le  rapport  de  la  densité  de  l'air  à  celle 
du  gaz  correspondant.  C'est  ce  qui  a  été  fait  pour  les  résultats  des  douze 
séries  en  question  dans  la  courbe  ci-dessous. 


ir.o-  !  ->C0' 


»      Hydro3ene 

©      Acide  carbonique 


-'CO*  x      Oxjgène 


4. 


m  L'examen  des  résidus  (observation  moins  calcul)  obtenus  en  rédui- 
sant au  vide  les  durées  d'oscillation  observées  dans  les  trois  gaz  soumis  à 
l'expérience  à  l'aide  des  coefficients  P  et  R  fournis  par  les  observations 

C.  R.,   1891,  1"  Semestre.  (T.  CXH,  N°  7.)  5o 


(  382  ) 
dans  l'air  montre  encore  que  la  formule  est  satisfaite  dans  les  limites  des 
erreurs  du  garde-temps. 

Premier  couteau.  Second  couteau. 


Hydrogène.  Acide  carbonique.  Acide  carbonique. 


mm 


mm  s  mm 


ni  m 


■=_0  H  =  7IO       i  =  J-0,02  H  =  724  B=     -P,I2  H=7l8  S=+0,00 

,_3  +0,2.  167  —0,06  17!  -0.11  172  —0,24 

;-  m.    ,  •  II  0,00  43  +0,11  l'i  -0,01 

»>  Ces  expériences  ont  été  faites  en  collaboration  avec  M.  le  capitaine 
R.  Bourgeois. 

»  Interprétations  théoriques.  —  Navier,  Poisson,  de  Saint-Venant,  Sir 
George  Stokes,  recherchant  les  équations  générales  de  l'Hydrodynamique, 
ont  montré,  par  les  considérations  les  plus  diverses,,  qu'il  suffit  pour  les 
obtenir,  dans  le  cas  d'un  fluide  homogène  incompressible,  de  substituer  à 

dp    dp  ^  t  p    fj_ins  jes  équations  générales,  les  expressions 

dx    dy    dz  * 

dp  /d'ui         d-11         d- 11  1 

£--^{dP  +  dy-^~d^]- 

dp  (  d*v  ^r 

dj-  _  '''  \  dJi   +  df-  +    dz* 
dp  1  cPw  d*W  d*<x 

-f-  —  «•     j-t  +  ttt  -+-  ~rï 

dz  '     l    il.r-  dV  a  S* 

où  p  est  la  pression,  u,  v,  w  les  composantes  de  la  vitesse  suivant  les  axes 
de  coordonnées  en  un  point  de  la  masse  fluide  et  \j.  un  certain  coefficient 
que  Stokes  a  le  premier  dénommé  coefficient  de  frottement  intérieur. 

»  L'intégration  des  équations  différentielles  ainsi  obtenues  est  très  dif- 
ficile. Sir  George  Stokes  est  parvenu  à  l'effectuer  dans  quelques  cas 
simples  (plan,  cylindre,  sphère),  en  admettant  que  la  couche  de  fluide 
immédiatement  en  contact  avec  le  corps  oscillant  offre  une  adhérence  par- 
faite. Il  obtient  des  formules  approchées  qui,  toutes,  pour  la  durée  de  l'os- 
cillation d'un  pendule  en  mouvement  dans  un  fluide,  en  se  bornant  aux  pre- 
miers termes  des  développements,  rentrent  dans  la  forme  expérimentale 

Ç  =i>d+Rs[d. 

»   Pour  un  cylindre,  on  aurait 

P2T  T.n' 

B*      ~  i^-g' 
où  T  est  la  période,  «  le  rayon  du  cylindre  et  %  =  3, 1^16 — 


(  383  ) 

»  L'expérience  démontre  que,  pour  chacun  des  deux  pendules  de 
Brunner  (long  et  court),  P  et  R  ont  la  même  valeur  pour  tous  les  gaz. 

F'2T 
»  De  plus,  le  rapport  -^  est  le  même  pour  les  deux  pendules,  tous  deux 

de  forme  cylindrique  et  de  même  rayon,  quoique  de  longueurs  très  diffé- 
rentes. 

»  Si  donc  toute  cette  analyse  est  exacte,  c'est-à-dire  si  \i.  ne  dépend  que 
du  frottement  intérieur  et  si  l'adhérence  parfaite  de  la  couche  de  gaz  en 
contact  immédiat  avec  le  solide  en  mouvement,  adhérence  qui  est  l'hypo- 
thèse fondamentale  de  Sir  George  Stokes,  se  maintient  à  toutes  les  pres- 
sions, il  faudrait  en  conclure  que  le  coefficient  de  frottement  intérieur, 
comme  le  coefficient  de  dilatation,  comme  la  chaleur  atomique,  comme  le 
coefficient  de  compressibilité,  est  un  nombre  caractéristique  de  l'état  ga- 
zeux, indépendant  de  la  nature  chimique. 

»  Ce  résultat  est  en  contradiction  avec  les  conclusions  tirées  des  recher- 
ches anciennes  de  Graham,  de  celles,  plus  récentes,  de  Kundt  et  Warburg 
sur  l'écoulement  des  gaz  par  les  tubes  capillaires,  des  observations  de 
Maxwell,  de  Meyer,  de  Meyer  et  Springinùhl,  de  Kundt  et  Warburg  sur  la 
décroissance  des  amplitudes  de  disques  oscillants  suspendus  à  un  fil  de 
torsion. 

»  Le  coefficient  du  frottement  intérieur,  déduit  de  ces  diverses  expé- 
riences, semble  varier  avec  la  nature  du  gaz. 

»  La  question,  grosse  de  conséquences,  nous  a  paru  délicate  et  difficile 
à  trancher.  Elle  mérite  une  étude  plus  approfondie  et  de  nouvelles  expé- 
riences, en  préparation,  qui  porteront  à  la  fois  sur  la  durée  et  l'amplitude, 
nous  permettront  peut-être  d'arriver  à  une  solution  définitive.  » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  /{eman/tics  à  l'occasion  de  la  Note  de  M.  Poin- 
caré  sur  V expérience  de  M.  O.  Wiener.  Note  de  M.  A.  Potier,  présentée 
par  M.  Cornu. 

»  On  possède  en  Acoustique  deux  moyens  d'étudier  les  ondes  dites 
slalionnaires,  résultat  de  la  superposition  des  ondes  directes  et  réfléchies  : 
la  membrane  de  Savart,  qui  reste  immobile  aux  nœuds,  et  la  capsule  ma- 
nométrique  de  Kœnig  dont  la  flamme  reste  invariable  aux  ventres.  En 
Optique,  on  ignore  a  priori  auquel  des  deux  appareils  on  peut  assimiler  la 
rétine,  ou  une  plaque  sensible;  la  méthode  expérimentale  de  M.  Wiener 
donne  à  ce  sujet  une  indication.  Toutes  les  théories  de  la  réflexion  sont  en 


(  384  ) 
effet  d'accord  sur  ce  point  :  sous  l'incidence  normale,  il  y  a  continuité 
entre  les  vibrations  incidente,  réfléchie  et  réfractée;  la  dernière  est  la 
somme  des  deux  premières.  Si  une  substance  réfléchissante,  opaque,  a  un 
pouvoir  réflecteur  égal  à  l'unité,  l'énergie  absorbée  par  elle  est  nulle;  il 
semble  permis  d'en  conclure  que  le  mouvement  réfracté  est  nul  aussi  :  les 
vibrations  incidente  et  réfractée  sont  donc  égales  et  de  signe  contraire,  et 
rigoureusement  discordantes  sur  la  surface  réfléchissante.  Un  milieu  doué 
de  ce  pouvoir  réflecteur  n'existe  pas,  mais  il  paraît  légitime  d'admettre 
que  les  métaux,  et  l'argent  en  particulier,  doivent  présenter  des  propriétés 
de  plus  en  plus  voisines  de  celles  de  ce  milieu  idéal,  à  mesure  que  leur 
pouvoir  réflecteur  croît.  Pour  l'argent,  la  surface  réfléchissante  elle-même 

et  tous  les  plans  situés  à  une  distance  -  de  celle-ci  sont  donc  à  très  peu 
près  des  plans  nodaux.  M.  Wiener  a  trouvé  que  la  mince  pellicule  de  col- 
lodion,  qu'il  emploie  d'une  manière  si  ingénieuse  pour  explorer  le  voisi- 
nage de  la  surface  réfléchissante,  n'est  pas  altérée,  précisément  sur  les 
lignes  où  elle  est  rencontrée  par  ces  plans  nodaux;  on  peut  donc  conclure 
que  la  plaque  sensible  ne  subit  d'action  qu'aux  points  où  la  vibration  sta- 
tionnaire  a  une  amplitude  notable;  l'expérience  devrait  donner  un  résultat 
contraire  si  ce  que  M.  Poincaré  nomme  l'énergie  potentielle  localisée 
(dans  le  cas  actuel,  une  quantité  proportionnelle  au  carré  de  la  dérivée  de 
l'amplitude  suivant  la  normale  à  la  surface  réfléchissante)  déterminait 
l'action  photographique. 

»  Ce  point  est  capital,  car  si  on  refusait  de  l'admettre,  pour  supposer 
que  la  plaque  sensible  subit  l'impression  maximum  aux  nœuds,  les  expé- 
riences de  M.  Wiener  sous  l'incidence  de  45°  amèneraient  à  la  conclusion, 
contraire  à  celle  de  Fresnel,  que  la  vibration  est  dans  le  plan  de  polarisa- 
tion; l'expérience  sous  l'incidence  normale  prouverait  que  la  surface  re- 
fléchissante du  verre  est  un  ventre,  comme  l'exige  la  théorie  de  Neumann; 
on  pourrait  en  effet  résumer  ces  remarquables  expériences  en  disant  que 
la  vibration  doit  être  perpendiculaire  ou  parallèle  au  plan  de  polarisation, 
suivant  que  cette  surface  est  un  nœud  ou  un  ventre  et,  à  ce  titre,  comme 
M.  Poincaré  l'a  fait  remarquer,  elles  pourraient  être  considérées  comme 
confirmant  l'une  ou  l'autre  théorie. 

»  Dans  son  Traité  sur  la  Théorie  mathématique  de  la  lumière,  M.  Poin- 
caré (')  a  insisté  déjà  sur  la  difficulté  et  même  l'impossibilité  de  choisir 


(')  Poixcàré,  Théorie  mathématique  de  la  lumière.  Conclusions,  p.  098. 


(  385  ) 

entre  les  deux  hypothèses  de  Fresnel  et  de  Neumann  sur  la  direction  de 
la  vibration  de  la  lumière  polarisée;  d'après  ce  savant,  les  équations  diffé- 
rentielles qui  traduisent  les  propriétés  attribuées  à  l'éther  étant  linéaires 
et  à  coefficients  constants  sont  satisfaites  aussi  bien  par  les  valeurs  ç,  x,  'C, 
attribuées  aux  déplacements,  que  par  les  binômes  çr —  y;',.,  ..  .,  qu'on  en 
déduit  par  différentiation,  et  aucun  phénomène  ne  devrait  permettre  de 
distinguer  si  l'on  a  affaire  à  la  vibration  même  ou  à  la  quantité  dirigéedont 
ces  binômes  sont  les  composantes.  Ce  raisonnement,  inattaquable  quand 
on  étudie  un  milieu  indéfini,  cesse  de  l'être  quand  on  étudie  un  milieu  li- 
mité, ce  qui  oblige  à  introduire  des  conditions  à  la  surface,  comme  dans 
les  théories  de  la  réflexion  ou  de  la  réfraction;  suivant  les  conditions  choi- 
sies, on  est  amené  à  placer  ou  le  déplacement  lui-même  ou  la  quantité 
dirigée  définie  ci-dessus  dans  le  plan  de  polarisation,  pour  satisfaire  à  l'ex- 
périence. Mais  ces  conditions  ne  peuvent  être  absolument  arbitraires  quand 
on  veut  constituer  une  théorie  mécanique  de  la  réflexion,  en  particulier 
pour  une  surface  douée  d'un  pouvoir  réflecteur  très  voisin  de  l'unité,  cas 
que  je  vais  examiner  spécialement. 

w  La  vibration  incidente,  d'amplitude  égale  à  l'unité,  tombant  sur  la 
surface  métallique  ;  =  o,  y  produit  un  mouvement  dont  l'amplitude  dé- 
croît avec  la  profondeur,  et  représenté  par  une  formule 

Ae''-"  sin2-(  -  —  o,  ) , 
tandis  que  le  mouvement  incident  est  représenté  par  sina-  -  et  le  mouve- 


ment réfléchi  par  sinaTrf  -  -     <p2  );  l'absence  de  s,  sous  le  signe  sin  dans  le 

mouvement  réfracté,  est  nécessaire  pour  qu'il  n'y  ait  pas  d'énergie  trans- 
mise dans  le  métal  et  que  l'intensité  réfléchie  soit  égale  à  l'intensité  inci- 
dente. La  continuité  des  deux  côtés  de  la  surface,  qui  est  la  condition 
commune  à  toutes  les  théories,  donne  o.,  =  20,  et  A  =  cosircp,  ;  mais,  si  A 
existe,  on  ne  pourrait  s'expliquer  comment  il  n'y  aurait  pas  d'énergie 
absorbée  par  le  métal,  qu'on  considère  comme  un  frein  agissant  sur  le 
mouvement  de  l'éther  ;  il  faut  donc  que  A  soit  nul,  cp,  =  \  et  9,  =  ^,  ce 
que  j'ai  admis. 

»   On  arrive  au  même  résultat,  si  l'on  veut  exprimer,  comme  Cauchy, 
que  la  dérivée  des  déplacements  par  rapport  à  3  est  continue  ;  on  tire  en 

effet  de  cette  considération  la  condition  — ^  =  tang^cp,  ;  or,  pour  les  mé- 


(  386  ) 

taux  doués  d'un  grand  pouvoir  réflecteur,  tels  que  l'argent,  on  sait  que 
l'absorption  exercée  par  une  couche  dont  l'épaisseur  n'est  qu'une  fraction 
de  longueur  d'onde  est  considérable,  c'est-à-dire  que  cp,,  pour  ces  métaux 
réels,  est  très  voisine  de  \. 

»  Il  ne  semble  donc  pas  exister  d'explication  mécanique  satisfaisante 
du  grand  pouvoir  réflecteur  de  l'argent  en  dehors  des  deux  hypothèses 
fît- A  très  petit,  et  d'une  différence  de  phase  voisine  de  1800,  conditions 
que  j'ai  supposées  remplies  au  début  de  cette  Note.    » 

ACOUSTIQUE.  —  Variabilité  du  nombre  de  vibrations  des  notes  musicales, 
selon  leurs  fonctions.  Note  de  M.  Multzek. 

«  MM.  Cornu  et  Mercadier  ont  constaté  que  les  notes  musicales  n'ont 
pas  toujours  les  mêmes  nombres  de  vibrations.  En  effet,  suivant  la  manière 
dont  une  note  sera  amenée  dans  une  mélodie,  ou  accompagnée  dans  une 
suite  d'accords,  cette  note  pourra  remplir  des  fonctions  différentes  ;  elle 
fera  partie  d'accords  différents  et  pourra  être  un  peu  plus  haute  ou  un 
oeu  plus  basse  que  la  note  de  même  nom  de  la  gamme.  Ces  variations, 
quoique  peu  considérables,  suffisent  pour  simplifier  beaucoup  certains 
accords,  pour  établir  entre  leurs  notes  des  rapports  moins  compliqués, 
pour  rendre  beaucoup  plus  justes  les  sons  résultants,  et  aussi  pour  établir 
une  relation  entre  les  mouvements  des  notes  d'un  accord  allant  à  un 
autre  accord. 

»  On  peut  considérer  un  accord  quelconque  comme  formé  de  sons  pris 
dans  une  des  séries  de  sons  harmoniques  ou  partiels  des  principales  notes 
du  ton.  Ainsi, par  exemple,  la  7e  de  dominante,  la  9e  de  sensible  seront  alors 
un  peu  plus  basses  que  les  notes  de  mêmes  noms  de  la  gamme  majeure, 
tandis  que  la  9e  de  dominante  et  la  11e  de  sensible  seront  un  peu  plus 
hautes.  Dans  la  gamine  mineure,  les  quatre  notes  remplissant  ces  fonc- 
tions seront  un  peu  plus  basses  que  les  notes  de  mêmes  noms  de  la 
gamme. 

»  Les  accords,  ainsi  formés  de  sons  pris  dans  les  séries  de  sons  partiels, 
gagnent  beaucoup  en  simplicité,  en  pureté  et  en  justesse. 

»  Exemple.  —  L'accord  de  je  de  dominante  dW  majeur,  fait  avec  les  noies  de  la 
gamme,  en  prenant  ut  '=  240  vibrations,  sera 

so/36o(36),     .«'45o(45),     /e'54o(54),    /«64o(64). 
»  Sons  résultants  :  3  sol,  1  la  et  •>.  sons  faux. 


~;7  ) 

»  Les  chiffres  entre  parenthèses  sont  les  rapports  réduits  entre  les  notes. 

»  Le  même  accord,  fait  avec  les  sons  partiels  de  sol  — go  vibrations,  dominante  du 

ton  iVut,  sera 

so/36o(4),     m'45o(5),     /-e54o(6),    /«63o(7). 

»  Sons  résultants  :  5  sol  et  i  ré. 

»  Le/«63o,  qui  doit  descendre  sur  le  miôoo,  mouvement  obligé,  fera  ce  mouve- 
ment bieu  plus  facilement  que  le  /«64o. 

»   Autre  exemple.  —   L'accord  de  7e  diminuée  en  la  mineur,  fait  avec  les  notes  de 
la  gamme,  sera 

«0/9375  (225),     «45o(2-o),     /-c'533  |(32o),    /a64o(384). 

»  Sons  résultants  :  1  mi,  3  sons  fau\  et  2  sons  étrangers  au  ton. 

»  Avec  les  sons  partiels  de  /?«'3~,5  dominante  du  ton,  cet  accord  sera 

x<</:f  37:3  (10),     «45o(i2),     n: '>■'>{  \'t),    fa  63-,  j  (17). 

»  Sons  résultants  :  3 mi,  1  soin,  1  si,  et  1  ré. 

»  Dans  les  accords  en  mouvement,  celui  qui  se  meut  peut  toujours  être 
réduit  à  ses  rapports,  c'est-à-dire  au  temps  le  plus  court  pendant  lequel 
ses  notes  font  des  vibrations  entières.  Chaque  partie  de  ce  petit  accord 
devra,  ou  monter,  ou  descendre,  ou  rester  immobile.  Or  le  mouvement 
de  chacune  de  ces  parties  sera  une  fraction  de  vibration  dont  le  dénomina- 
teur sera  le  premier  terme  du  rapport  entre  les  notes  collectives  des  deux 
accords  en  présence.  J'appelle  note  collective  la  première  note  de  la  série 
des  sons  partiels  qui  contient  les  notes  d'un  accord. 

»  Exemple.  —  Soit  l'accord  de  7'  de  dominante  d'ut  majeur,  suivi  de  l'accord  par- 
fait  majeur  de  tonique  du  même  ton  (résolution  naturelle). 

1    7e  de  dominante  :  .ïo/36o  (4),  fa  63o  (7),  sol  720  (8),  5/900  (io-1. 

..  Parfait  majeur  :  ut  240(2),  ;h/6oo(5),  $0/720(6),  ut  960(8). 
Le  premier  accord  aura  pour  note  collective  :  40/90,  soit  ^-. 

»    Le  second  »  :  ut  120,  soit  ÎJ^L. 

»  sol  '.  ut  '.'.  90  :  120  ::  3  :  4;  or  voici  les  mouvements  de  l'accord  réduit  à  ses  rap- 
ports :  sol  4,  fa '7,  50/8,  5/10. 

»  sol !\  fera  —  j  de  vibration,  fa  7  fera  —  ',  sol 8  fera  o,  si  10  fera  -+-  -|. 

»  Pour  deux  accords  quelconques,  cette  règle  se  vérifiera  toujours,  si 
les  accords  sont  formés  de  sons  pris  dans  les  séries  de  sons  partiels. 

»  Lorsque  le  rapport  des  notes  collectives  est  compliqué,  la-relation 
entre  les  deux  accords  est  insaisissable  pour  notre  sens  musical,  et  leur 
succession  est  désagréable,  à  moins  que  l'enharmonie  ne  fournisse  un  ar- 
tifice pour  relier  ces  deux  accords  l'un  à  l'autre.  C'est  ce  qui  arrive,  lorsque 


(  388  ) 

le  premier  accord  légèrement  haussé  ou  baissé,  tout  d'une  pièce,  sans  dé- 
formation, peut  se  superposer  exactement  sur  un  autre  accord  très  voisin, 
ayant  une  note  collective  en  rapport  simple  avec  celle  du  deuxième  ac- 
cord . 

»  En  résumé,  un  accord  étant  formé  de  notes  prises  dans  une  série  de 
sons  partiels,  ces  notes  auront  entre  elles  une  sorte  de  parenté,  exprimée 
par  la  simplicité  de  leurs  rapports.  Deux  accords  quelconques  formés 
ainsi  auront  entre  eux  une  relation  plus  ou  moins  facile,  suivant  que  le 
rapport  de  leurs  notes  collectives  sera  plus  ou  moins  simple. 

»  Une  théorie  de  l'harmonie,  basée  sur  les  sons  partiels,  pourrait  ex- 
pliquer bien  des  phénomènes  qui  sont  absolument  incompréhensibles 
lorsqu'on  emploie,  dans  les  accords,  les  seules  notes  des  gammes  justes.   » 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Sur  la  conductibilité  des  acides  organiques  et  de  leurs 
sels.  Seconde  Note  de  M.  Ostwald,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  La  réponse  de  M.  D.  Berthelot  {Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  23o)  à  ma 
première  Note  sur  ce  sujet  {Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  229)  pourrait  faire 
naître  l'idée  que  le  but  principal  de  ma  Note  est  de  réserver  pour  moi- 
même  le  droit  exclusif  de  travailler  dans  cette  voie.  Rien  n'est  plus  loin 
de  ma  pensée  ;  je  ne  crois  pas  qu'il  se  trouve  un  seul  mot  dans  ce  sens 
dans  la  Note  citée. 

«  Ma  réclamation  ne  se  rapporte  qu'à  quelques  faits  déjà  connus. 
M.  D.  Berthelot  ne  semble  pas  nier  complètement  mes  droits,  mais  il  les 
juge  d'une  manière  qui  exige  quelques  remarques. 

»  C'est  par  erreur  que  M.  D.  Berthelot  croit  ma  loi  formulée  seule- 
ment pour  des  valeurs  limites.  J'ai  communiqué,  au  contraire,  dans  mon 
Mémoire  cité  plus  haut,  les  conductibilités  des  sels  en  question  pour  des 
dilutions  de  321H  à  io24Ut  par  équivalent,  et  ceux-ci  se  sont  trouvés  iden- 
tiques dans  toute  l'étendue  de  ces  limites.  C'est  une  conséquence  néces- 
saire d'une  autre  loi  trouvée  par  moi  :  que  l'influence  de  la  dilution  sur 
la  conductibilité  équivalente  de  sels  divers  des  métaux  monoatomiques 
dépend  seulement  de  la  basicité  de  l'acide.  J'ai  prouvé  cette  loi  non  seule- 
ment pour  les  acides  monobasiques,  mais  aussi  dans  ma  première  Commu- 
nication sur  les  acides  bibasiques  et  tribasiques  (Zeilschr.  f.  Ph.  Ch.,  I, 
100-108)  et  ensuite  (Ibid.,  II,  401)  je  l'ai  étendue  jusqu'aux  acides  penta- 
basiques.  Cette  relation  est  si  régulière  qu'elle  peut  être  utilisée  comme 


(  38g  ) 

moven  pour  déterminer  la  basicité  des  acides  dans  des  cas  douteux.  Il  ne 
reste  point  de  question  non  résolue  dans  le  cas  des  acides  bibasiques; 
les  anomalies  mentionnées  par  M.  D.  Berthelot  se  trouvent  seulement 
chez  les  sels  des  métaux  polyatomiques,  sur  lesquels  M.  D.  Berthelot  n'a 
pas  publié  de  recherches. 

m  Comme  je  n'ai  pas  publié  de  Mémoire  sur  les  sels  des  acides  biba- 
siques isomères,  je  reconnais  avec  plaisir  que  M.  D.  Berthelot,  après  avoir 
confirmé  ma  loi,  l'a  étendue  au  cas  des  acides  bibasiques;  mais  voilà  tout 
ce  qu'il  y  a  de  nouveau  sur  ce  point  dans  le  Mémoire  de  M.  D.  Berthelot. 

»  Quant  aux  acides  racémique  et  tartrique,  je  crois  que  mes  recherches 
ne  sont  pas  seulement  une  confirmation  de  ceux  de  MM.  Berthelot  et 
Jungfleisch,  car  ces  savants  s'expriment  avec  beaucoup  de  réserve  sur  la 
question  du  dédoublement  de  l'acide  racémique  (Annales  de  Chimie  et  de 
Physique,  5e  série,  t.  IV,  p.  i53).  Sans  prétendre  résoudre  complètement 
la  question,  nous  devons  dire  que  la  seconde  opinion  (à  savoir  que  l'acide 
est  décomposé)  nous  paraît  plus  conforme  à  l'expérience.  La  question 
était  donc  en  partie  ouverte  au  moment  de  mes  recherches,  et  c'était  seu- 
lement avec  le  moyen  bien  plus  délicat  de  la  conductibilité  électrique  que 
l'on  pouvait  espérer  de  trouver  des  résultats  plus  convaincants  que  ne 
les  donne  la  Thermochimie  dans  ce  cas.  C'est  une  nouvelle  preuve  de  la 
sagacité  bien  connue  de  ces  savants,  que  les  recherches  postérieures  aient 
donné  précisément  les  résultats  soupçonnés  par  eux. 

»  En  tous  cas,  quant  à  la  mesure  de  la  conductibilité  de  ces  acides, 
M.  D.  Berthelot  a  seulement  répété  mes  recherches  et  trouvé,  par  consé- 
quent, mes  résultats.  La  différence  des  méthodes  employées  est  sans  con- 
séquence, les  deux  méthodes  ayant  donné,  comme  M.  D.  Berthelot  le  dit 
lui-même,  des  résultats  concordants. 

»  Les  mesures  de  la  conductibilité  de  l'acide  tartrique  inactif  n'ont  pas 
été,  il  est  vrai,  exécutées  par  moi,  mais  par  mon  ancien  élève  M.  P.  Wal- 
deu,  dans  le  laboratoire  de  M.  Bischof  à  Riga  (Ber.,  1889,  p.  1820). 
M.  Walden  a  constaté  la  différence  entre  cet  acide  et  les  acides  tartrique 
droit  et  racémique.  Les  recherches  de  M.  D.  Berthelot  ne  sont  donc  pas 
tout  à  fait  originales  sur  ce  point.  » 


C   K.,  1891,   1"  Semestre.      I.  CX1I,  N"  7.) 


5l 


(39o  ) 

PHYSICO-CHIMIE.  —  Réponse  à  la  Note  précédente  de  M.  Ostwald; 
par  M.  Daniel  Berthelot,  présentée  par  M.  Lipprnann. 

«  Il  ne  saurait  entrer  clans  mes  intentions  de  prolonger  plus  longtemps 
la  controverse  soulevée  par  M.  Ostwald,  du  moment  où  il  déclare  ne 
pas  se  réserver  le  principe  de  la  méthode  des  conductibilités  électriques, 
ni  celui  de  ses  applications  aux  phénomènes  chimiques. 

»  Je  me  bornerai  à  constater  que  M.  Ostwald  reconnaît  en  fait  l'origi- 
nalité de  mes  travaux  sur  les  sels  des  acides  bibasiques  isomères,  objet 
essentiel  de  ma  première  Note,  la  seule  mise  en  cause  par  sa  réclamation. 
Je  ne  veux  pas  relever  la  confusion  qui  existe  à  cet  égard  dans  la  Note  de 
M.  Ostwald  entre  des  questions  distinctes  dont  les  unes  n'ont  pas  été  trai- 
tées par  moi  et  dont  les  autres  n'avaient  pas  été  abordées  par  lui  ou  ses 
élèves  :  tel  est  notamment  le  cas  des  sels  des  acides  tartriques  isomères. 
Quant  au  reste,  je  n'entrerai  pas  dans  une  discussion  nouvelle  sur  la 
plus  ou  moins  grande  exactitude  de  la  loi  admise  par  lui  pour  la  variation 
de  conductibilité  des  sels  avec  la  dilution,  des  restrictions  qu'il  s'est  cru 
obligé  d'y  apporter  lui-même  et  des  conséquences  qu'il  prétend  en  tirer. 

»  Au  surplus,  le  public  compétent  pourra  juger  du  caractère  propre 
fort  différent  de  mes  études  personnelles,  quand  il  prendra  connaissance 
du  Mémoire  complet  qui  sera  prochainement  publié.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  --  Sur  quelques  combinaisons  de  la  pyridine. 
Note  de  M.  Raoul  Vaket,  présentée  par  M.  Berthelot. 

«  I.  Bromocadmiate  de  pyridine.  —  On  projette  du  bromure  de  cadmium 
desséché  et  finement  pulvérisé  dans  de  la  pyridine  :  cette  dernière  s'échauffe 
et  l'on  obtient  une  bouillie  blanche.  On  ajoute  alors  un  excès  de  pyridine 
et  l'on  chauffe  au  bain-marie  pendant  deux  heures,  puis  on  abandonne 
dans  un  endroit  froid,  en  ayant  soin  d'agiter  de  temps  en  temps.  Le  préci- 
pité amorphe  primitivement  obtenu  devient  peu  à  peu  cristallin;  quand  la 
transformation  est  complète,  ce  qui  demande  plusieurs  jours,  on  sépare 
l'excès  de  pyridine  par  fdtration  et  l'on  sèche  très  rapidement  le  produit 
solide  entre  des  doubles  de  papier.  On  obtient  de  petits  cristaux  blancs, 
brillants,  répondant  à  la  formule 

CdBr,3C,0H5Az. 


(  3gi  ; 
C'est  un  corps  très  peu  soluble  dans  la  pvridine.  Traité  par  l'eau  bouil- 
lante, il  prend  l'aspect  d'un  précipité  cailleboté  et  se  dissout  entièrement. 
Par  refroidissement,  la  liqueur  abandonne  de  grandes  aiguilles  constituées 
par  une  combinaison  nouvelle  de  pvridine  avec  le  bromure  de  cadmium. 
Le  corps  CdBr,3C'°H3 Az  abandonne  toute  sa  pyridine  quand  on  le 
chauffe. 

»  IT.  Cyanure  argentopyridique.  —  Dans  de  la  pyridine  chauffée  vers 
8ô°,  on  dissout  du  cyanure  d'argent;  la  liqueur  filtrée  laisse  déposer,  par 
refroidissement,  des  aiguilles  prismatiques,  transparentes,  répondant  à  la 

formule 

AgC2Az,C,0H5Az. 

C'est  un  corps  peu  soluble  dans  la  pvridine,  décomposable  par  l'eau.  Ex- 
posé à  l'air,  il  devient  d'abord  opaque,  puis  brunit.  Il  perd  toute  sa  pyri- 
dine quand  on  le  chauffe  à  i  io°. 

»  III.  Cyanomereurate  de  pyridine.  -  Dans  de  la  pyridine  maintenue  à 
l'ébullition,  on  projette  du  cyanure  de  mercure  finement  pulvérisé,  jusqu'à 
ce  qu'il  cesse  de  s'y  dissoudre.  La  liqueur  filtrée  encore  chaude  laisse  dé- 
poser des  cristaux  grenus  durs,  transparents,  qui,  séchés  très  rapidement 
entre  des  doubles  de  papier,  répondent  à  la  formule 

HgC-Az,  C,0H5Az. 

»  C'est  un  corps  très  soluble  dans  la  pvridine,  surtout  à  chaud.  Il  perd 
toute  sa  pyridine  à  i  io°. 

»  IV.  Cyanocuwrile  de  pyridine.  —  Dans  de  la  pyridine  maintenue  à 
l'ébullition,  on  dissout  du  cyanure  cuivreux  bien  pur,  jusqu'à  saturation. 
La  liqueur  additionnée  d'un  peu  de  pyridine  bouillante,  et  filtrée  sur  un 
entonnoir  chaud,  abandonne,  par  refroidissement,  de  grandes  lamelles 
jaunes  répondant  à  la  formule 

Cu2C-Az,2C,0H5Az. 

»  C'est  un  corps  très  soluble  dans  la  pyridine  chaude.  A  l'air,  il  exhale 
une  forte  odeur  de  C,0II5Az.  Il  perd  toute  sa  pyridine  quand  on  le  chauffe 
à  une  température  bien  inférieure  à  celle  de  la  décomposition  du  cyanure. 

«  V.  lodocuivrile  de  pyridine.  —  Quand  on  traite  l'iodure  cuivreux  fine- 
ment pulvérisé  par  la  pyridine,  celle-ci  s'échauffe  et  prend  une  teinte  d'un 
jaune  brun  assez  prononcé,  tandis  que  l'iodure  s'agglomère  en  une  masse 
blanche.  On  porte  à  l'ébullition,  l'iodure  cuivreux  se  dissout,  on  en  ajoute 


(  fy=  ) 

oar  petites  quantités  jusqu'à  saturation  de  la  pyridine.  La  liqueur  filtrée 
sur  un  entonnoir  chaud  laisse  déposer  de  petits  cristaux  jaunes  répondant 

à  la  formule 

Cu3I,  2C,0H5Àz. 

»  C'est  un  corps  très  soluble  dans  la  pyridine,  beaucoup  plus  à  chaud 
qu'à  froid.  Agité  avec  dix  fois  son  volume  d'éther,  il  devient  blanc  comme 
de  l'iodure,  mais  ne  perd  pas  toute  sa  pyridine,  même  auboutde  plusieurs 
jours.  Quand  on  l'expose  à  l'air  imprégné  de  pyridine,  il  devient  rapide- 
ment vert,  puis  brunit.  Il  abandonne  toute  sa  pyridine  sous  l'influence  de 
la  chaleur.  » 


CHIMIE    ORGANIQUE.     -  Sur  l ' amidure  de  sodium   et   sur  un    chlorure 
de  disodammonium.  Note  de  M.  Joawis. 

«  Le  sodammonium  se  décompose  spontanément  à  la  température  ordi- 
naire, en  hydrogène  et  en  amidure  de  sodium  A.zHaNa.  Cette  décomposi- 
tion se  produit  dans  l'obscurité  et  à  la  lumière,  un  peu  plus  rapidement 
dans  ce  dernier  cas.  Elle  est  toujours  très  lente  (occ,35  environ  par  vingt- 
quatre  heures  et  par  gramme  de  sodammonium).  Elle  paraît  tendre  vers 
une  limite  à  mesure  que  la  pression  de  l'hydrogène  dégagé  augmente, 
comme  le  montre  le  Tableau  suivant  où  sont  inscrites  les  pressions  du  mé- 
lange d'ammoniac  et  d'hydrogène  mis  en  liberté. 

Nombre  de  jours o  2  5  6  27  J3  (35  96  18-  a53 

Pressions i8o«™,5      ao4™,7      22.3"°, a      28 1"™, 8      353°°,  S      4i50m,  1       tfio"°,  1       D2iom,7      56oc»,3      5g5"" 

»  En  même  temps  que  l'hydrogène  se  dégage,  on  voit  apparaître  de 
petits  cristaux  blancs,  transparents,  pouvant  avoir  imm  de  côté.  Ces  cristaux 
sont  de  L' amidure  de  sodium  AzH2Na,  d'un  aspect  bien  différent  de  celui 
que  l'on  obtient  par  la  méthode  de  Gay-Lussac  et  qui  se  présente  sous 
forme  d'une  masse  amorphe  bleue  ou  verte. 

»  L'analyse  de  ces  cristaux  a  été  faite  en  les  dissolvant  dans  l'eau  ;  il  y  a  une  réac- 
tion assez  vive,  produisant  le  bruit  d'un  fer  rouge  plongé  dans  l'eau,  mais  il  ne  se 
produit  aucun  dégagement  de  gaz;  la  solution  aqueuse  ne  contient  que  de  la  soude  et 
de  l'ammoniac.  L'absence  de  dégagement  de  gaz  ne  peut  suffire  à  faire  admettre 
l'existence  d'une  formule  de  la  forme  As^Na*-*.  Le  dosage  de  l'alcalinité  totale  de  la 
liqueur  obtenue  et  celui  du  sodium  à  l'état  de  sulfate  de  soude  (Na  trouvé,  59,33 
pour  100;  théorie,  58,97  pour  100)  a  conduit  à  la  valeur  x  =  2.  Dans  une  autre  expé- 
rience, l'hydrogène  dégagé  a  été  dosé  et  a  conduit  à  la  même  conclusion- 


(  393  ) 

»  Action  du  chlorure  de  sodium  sur  le  sodammomum.  —  Avant  d'étudier 
l'action  du  sodammoniura  sur  les  chlorures  métalliques,  il  était  indispen- 
sable d'étudier  son  action  sur  le  chlorure  de  sodium,  puisque  ce  corps 
peut  se  former  dans  ces  réductions. 

»  Le  chlorure  de  sodium  attaque  le  sodammonium,  mais  il  ne  se  produit  pas  le 
sous-chlorure  signalé  par  Rose.  Quand  on  met  en  présence,  à  o",  du  chlorure  de  so- 
dium et  du  sodammonium,  en  solution  saturée,  on  constate  que  la  tension,  qui  est 
d'abord  de  170e"1  de  mercure  (tension  de  la  solution  saturée  de  sodammoniumaà  o°) 
augmente  assez  rapidement,  parce  qu'il  se  dégage  de  l'hydrogène.  Un  assez  grand 
nombre  de  mes  appareils  ont  sauté,  avant  que  j'aie  réussi  à  mesurer  sans  perte 
l'hydrogène  dégagé  dans  la  réaction  :  j'ai  constaté  que  pour  1  équivalent  de  sodammo- 
nium employé,  il  y  avait  1  équivalent  d'hydrogène  mis  en  liberté.  Lorsque  la  pression 
n'augmente  plus,  la  liqueur  est  mordorée  ou  bleue,  si  l'on  a  mis  pour  1  équivalent  de 
chlorure  de  sodium  plus  d'un  équivalent  de  sodium,  et  elle  présente  la  couleur  des 
solutions  concentrées  ou  étendues  de  sodammonium;  s'il  y  a,  au  contraire,  un  excès 
de  chlorure  de  sodium,  la  liqueur  est  entièrement  décolorée,  et  si  on  lave  le  produit 
blanc  ainsi  obtenu  avec  du  gaz  ammoniac  liquéfié,  afin  de  dissoudre  le  chlorure  en 
excès,  on  constate  qu'après  des  lavages  suffisants  la  poudre  blanche  amorphe  qui 
reste  ne  contient  plus  de  chlore;  c'est  encore  de  l'amidure  de  sodium;  on  l'obtient 
ainsi  très  rapidement. 

»  L'action  du  chlorure  de  sodium,  qui  rend  possible  en  deux  ou  trois  jours  la  dé- 
composition d'une  quantité  de  sodammonium  qui  exigerait  sans  cela  plusieurs  mois 
pour  se  décomposer,  est  due  à  la  formation  d'un  composé  peu  stable  dont  j'ai  pu  con- 
stater l'existence  et  qui  a  pour  formule  AzH2Na!Cl. 

»  Chlorure  de  disodammonium  AzH2Na*Cl.  —  Ce  composé  s'obtient  mé- 
langé de  chlorure  de  sodium,  quand  on  traite  du  sodium  par  un  excès  de 
chlorure  de  sodium  en  présence  d'une  quantité  d'ammoniac  liquéfié  insuf- 
fisante pour  dissoudre  tout  le  chlorure  de  sodium.  Ce  composé  se  détruit 
en  effet  quand  on  le  lave  avec  de  l'ammoniac  liquéfié,  en  donnant  du  chlo- 
rure de  sodium  qui  se  dissout  et  de  l'amidure  de  sodium  AzrPNa.  L'eau 
décompose  ce  chlorure  en  ammoniac,  soude  et  chlorure  de  sodium,  sans 
dégagement  d'aucun  gaz  et  sans  produire  le  bruit  que  donne  l'amidure. 

»  Pour  établir  la  formule  de  ce  composé,  que  l'on  ne  peut  pas  isoler  de  l'excès  de 
chlorure    de  sodium  nécessaire  à   sa  conservation,  j'ai  employé  la  méthode  suivante. 

»  Un  poids  connu  de  sodium  a  été  mis  en  présence  d'un  excès  de  chlorure  de  sodium 
(environ  3éi,5  de  chlorure  pour  1  de  sodium);  le  tout  a  été  traité  par  de  l'ammoniac 
liquéfié,  qui  a  donné  du  sodammonium.  L'appareil  ayant  été  mis  dans  la  glace  et  la 
décoloration  du  sodammonium  s'étant  accomplie,  on  a  retiré  les  gaz  contenus  dans  l'ap- 
pareil (ammoniac  et  hydrogène)  en  les  dirigeant  dans  un  acide  étendu,  pour  absorber 
l'ammoniac.  Une  fois  que  l'hydrogène  a  été  entièrement  balayé  par  la  volatilisation 
de  l'ammoniac  liquide,  on  a  mesuré  la  pression  de  ce  gaz  au  fur  et  à  mesure  que  l'on 


(  394  ) 

en  enlevait;  au  début,  la  tension  était  celle  d'une  solution  saturée  de  chlorure  de  so- 
dium dans  l'ammoniaque  liquéfiée  (3i3cm,9  à  o°).  Cette  tension  s'est  maintenue  tant 
qu'il  restait  du  liquide  dans  le  tube;  puis,  le  liquide  ayant  disparu,  la  tension  a  di- 
minué constamment  sans  présenter  de  point  d'arrêt;  en  particulier,  la  pression  de 
io3cm  une  fois  atteinte  ne  s'est  pas  maintenue  quand  on  a  enlevé  du  gaz;  on  peut  en 
conclure  qu'il  ne  s'est  pas  formé,  dans  ces  expériences,  de  chlorhydrate  d'ammoniaque, 
puisqu'on  aurait  obtenu,  dans  les  conditions  où  l'on  était  placé,  le  chlorhydrate 
AzH4Cl  -+-  3AzH3,  découvert  par  M.  Troost,  et  l'on  aurait  observé  à  io3cm  une  con- 
stance de  tension  due  à  la  dissociation  de  ce  composé.  Ce  fait  constaté,  on  a  mis  de 
nouveau  de  l'ammoniac  liquide  sur  le  produit  blanc  à  analyser,  et,  au  lieu  de  main- 
tenir la  température  du  tube  à  o»,  on  l'a  maintenue  vers  —  3o°,  en  laissant  partir  tout 
l'ammoniac  qui  pouvait  se  dégager  à  cette  température.  Aucune  bulle  d'ammoniac 
ne  s'étant  dégagée  en  une  demi-heure,  on  éleva  peu  à  peu  la  température  jusqu'à 
—  24°  et  il  sortit  quelques  bulles  représentant  la  dilatation  du  gaz  contenu  dans  l'ap- 
pareil. 

»  On  reçut  ensuite  l'ammoniac  qui  se  dégagea  au-dessus  de  cette  température,  dans 
de  l'acide  sulfurique  titré.  Cet  ammoniac  provenait  de  la  dissociation  du  composé 
NaCl,  5AzH3  dont  j'ai  récemment  décrit  les  conditions  d'existence;  on  maintint  enfin 
le  tube  à  o°.  De  la  quantité  d'ammoniac  totale  mesurée  alcalimétriquement,  on  retran- 
chait ce  qui  correspondait  à  la  dilatation  du  gaz  entre  —24°  et  o°,  et  on  obtenait  ainsi 
la  quantité  d'ammoniaque  qui  avait  formé  le  corps  NaCl,  5AzH3;  on  en  déduisait  le 
poids  de  chlorure  de  sodium  mis  en  excès.  Comme  on  connaît  d'ailleurs  le  poids  du 
chlorure  de  sodium  mis  en  évidence,  on  en  déduit  par  différence  celui  qui  est  fixé  sur 
l'amidure. 

»  Voici  les  nombres  obtenusdans  une  analyse,  exprimés  en  millièmes  d'équivalent  : 

»  Na  mis  8,92  pouvant  donner  99", 5  d'hydrogène  à  o°  valant  8,92. 

»  Hydrogène  obtenu  ramené  à  o°,  g6cc  d'hydrogène  valant  8,64- 

»  NaCl  mis  3o,o6. 

»  NaCl  resté  libre  19,27,  d'où  NaCl  combiné  10,79. 

»  AzH2  trouvé  9,28  (d'après  l'augmentation  de  poids  du  tube  après  l'expérience). 

»  Des  nombres  Na  -    8,92,  NaCl=  10,79,  AzH2  —9,28,  on  déduit  les  proportions 

centésimales  suivantes  : 

Trouvé.  Calculé. 

Na 46,o3  47.17 

Cl 38,8g  36>42 

AzH2 i5,o8  16, 4i 

»  L'excès  de  chlore  doit  être  plutôt  attribué  à  un  lavage  incomplet  qu'à  la  méthode 
d'analyse  employée.    « 


(  395  ) 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Recherches  sur  /'huile  pour  rouge.  Note 
de  M.  Scheurer-Kestner  ('). 

«  La  combinaison  sulfonée  qui  se  trouve  dans  Y  huile  pour  rouge  peut 
être  isolée  en  traitant  ce  produit  par  un  mélange  approprié  d'eau  et  d'é- 
ther;  l'éther  dissout  les  acides  gras  non  sulfonés  (ou  plutôt  désulfonés 
par  l'action  de  l'eau  pendant  le  lavage  du  produit  brut  obtenu,  en  faisant 
agir  l'acide  sulfurique  sur  l'huile  de  ricin),  tandis  que  la  substance  sulfonée 
reste  en  dissolution  dans  la  partie  aqueuse,  séparée  de  la  couche  éthérée. 
Pour  l'isoler,  on  précipite  la  solution  aqueuse  par  une  dissolution  de  sulfate 
de  sodium  à  10"  Baume. 

»  En  évaporant  la  couche  éthérée,  on  obtient  les  acides  gras,  plus  ou 
moins  polymérisés,  dont  le  poids  peut  être  déterminé,  tandis  que  la  préci- 
pitation de  la  dissolution  aqueuse  permet  de  se  rendre  compte  de  la  pro- 
portion du  corps  sulfoné.  En  général,  deux  préparations  faites  dans  des 
conditions  qui  semblent  identiques  ne  donnent  pas  toujours  les  mêmes 
résultats;  Y  huile  pour  rouge  obtenue  renferme  des  proportions  variables 
des  deux  produits  principaux.  Les  acides  gras  désulfonés  par  l'action  de 
l'eau,  durant  les  lavages,  le  sont  en  (dus  ou  moins  grande  proportion,  et 
la  solubilité  de  Yhui/e  dans  l'eau  est  d'autant  plus  grande  que  ceux-ci  sont 
en  plus  petite  quantité.  En  effet  ils  n'y  sont  solubles  que  grâce  à  la  pré- 
sence du  corps  sulfoné,  et  donnent  à  la  dissolution  la  fluorescence  dont 
celle  de  Yhui/e  n'est  jamais  exempte. 

»  Quant  au  degré  de  polymérisation,  il  semble  être  plus  considérable 
dans  les  corps  retirés  par  l'éther  que  dans  le  corps  soluble.  Ainsi,  les  acides 
gras  retirés  d'une  même  préparation,  et  séparés  à  l'état  de  corps  sulfoné  et 
non  sulfoné,  ont  donné  des  poids  moléculaires  de  402  et  de  472.  (Le  poids 
moléculaire  de  l'acide  normal  est  298.) 

»  L'acide  sulforicinoléique,  précipité  de  sa  dissolution  aqueuse  par  le 
sulfate  de  sodium,  forme  un  hydrate  sirupeux,  sans  apparence  de  fluores- 
cence, lorsqu'il  a  été  débarrassé  par  l'éther  des  acides  gras  non  sulfonés. 
Il  entre  dans  la  composition  de  Y  huile  pour  rouge  la  plus  soluble  pour  4° 
à  mi  pour  100,  les  5o  à  60  autres  centièmes  étant  formés  d'acides  gras  in- 
solubles dans  l'eau:  je  fais  abstraction,  dans  ce  calcul,  de  l'eau  qui  les  ac- 
compagne. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CX1I,  p.  1 58. 


(  396  ) 
»   L'acide  sulfo-gras,  à  l'état  isolé,  a  une  composition  qui  le  rapproche 
de  l'acide  diricinosulfonique 

(C"î!"):-CO!H-  C02-0-S02,OH. 

»  Il  est  impossible  de  le  déshydrater  complètement  sans  le  décomposer 
en  acide  sulfurique  et  acide  gras;  quand  on  le  sèche  à  une  température 
qui  ne  dépasse  pas  6o°,  sa  décomposition  est  très  faible,  et  il  renferme 
alors  une  quantité  de  soufre  qui  répond  à  la  formule 

G,JH32-C02H 
CO\  +8IPO, 

C,7H32    0-S02-OH 

qui  exige  4  pour  ioo  de  soufre;  j'en  ai  trouvé  3, 9  pour  100. 

»  On  peut  se  rendre  compte  de  la  Composition  de  V huile  pour  rouge,  en 
se  servant  successivement  de  tournesol  et  de  phénol-phtaléine  comme  indi- 
cateurs. Le  tournesol  bleuit  dès  que  le  composé  sulfoné  est  saturé,  tandis 
que  la  phénol-phtaléine  ne  se  colore  que  beaucoup  plus  tard,  alors  seule- 
ment que  l'acide  gras  non  sulfoné  a  été  saturé.  J'ai  basé  sur  ces  propriétés 
un  procédé  d'analyse  qui  donne,  au  moyen  de  deux  simples  titrations  faites 
l'une  après  l'autre,  la  proportion  des  deux  éléments  principaux  de  l'huile 
pour  rouge.  La  différence  entre  les  deux  titres  obtenus  en  se  servant  d'une  li- 
queur ammoniacale  titrée  et  des  indicateurs  ci-dessus  constitue  la  quantité 
d'ammoniaque  qui  a  servi  à  la  saturation  des  acides  désullonés.  11  faut 
avoir  soin  de  se  servir  toujours  des  mêmes  quantités  d'eau,  si  l'on  veut 
avoir  des  résultats  comparables.  Cette  expérience  peut  être  utile  aussi  au 
point  de  vue  pratique,  puisque  j'ai  démontré  que  la  nuance  de  ravivage 
des  couleurs  de  l'alizarine  dépend  précisément  de  la  présence  d'une  plus 
ou  moins  grande  proportion  de  composé  sulfoné. 

»  Le  titre  trouvé  avec  le  tournesol  correspond  au  poids  de  sulfate  de 
baryum  que  donne  Yhuile  pour  longe  dont  le  sel  de  sodium  a  été  calciné. 
Il  est  aussi  facile  de  suivre  la  polymérisation  de  l'acide  ricinoléique  en  la 
mesurant  par  la  capacité  de  saturation,  en  se  servant  de  la  phénol-phta- 
léine. 

»  L'acide  ricinoléique  normal,  traité  par  l'acide  sulfurique  comme  on 
traite  l'huile  de  ricin,  donne  un  produit  pareil  à  celui  de  l'huile  de  ricin. 
En  l'analysant  au  moyen  de  la  double  trituration,  j'y  ai  trouvé  un  acide 
sulfoné  et  des  acides  gras  polymérisés,  dans  la  proportion  de  60  à  65  pour 
100  du  premier. 


(  ^97  ) 
»   Je  me  propose  de  montrer  ultérieurement  que  l'acide  ricinoléique  est 
facilement   polymérisé,   non  seulement  par  l'action  de  la  chaleur,   mais 
aussi  par  celle  de  la  vapeur  d'eau,  et  qu'on  peut  le  ramener  à  l'état  nor- 
mal par  l'action  de  la  soude  dans  des  conditions  déterminées.  » 

HYGIÈNE.  —   De  l'action  des  froids  excessifs  sur  les  animaux.  Note 
de  M.  G.  Colix,  présentée  par  M.  A.  Milne-Edwards. 

«  Les  expériences  que  j'ai  faites  depuis  vingt-cinq  ans,  pendant  les 
froids  violents  de  nos  hivers  les  plus  rigoureux,  notamment  en  1879-80, 
m'ont  permis  de  déterminer  le  degré  d'aptitude  de  chacune  de  nos  espèces 
domestiques  à  supporter,  sans  inconvénients  sérieux,  les  basses  tempé- 
ratures. 

w  Le  degré  de  résistance  au  froid  (pic  possède  chacune  de  ces  espèces 
m'a  paru  dépendre  :  i°  de  la  puissance  de  calorification  très  inégalement 
développée;  20  de  la  force  de  réaction  qui  active  la  circulation  dans  les 
parties  superficielles  du  corps  et  prévient  les  stases  sur  les  parties  pro- 
fondes de  l'organisme;  3°  de  la  faible  conductibilité  du  pelage,  des  toi- 
sons ou  fourrures,  qui  peuvent  restreindre  dans  d'énormes  proportions 
les  pertes  de  calorique  ;  4°  de  la  faible  inipressionnabilité  des  appareils 
organiques,  notamment  de  celui  de  la  respiration,  des  séreuses,  des  reins 
et  autres  viscères. 

»  La  dernière  condition  a  une  importance  capitale.  Si  l'impressionna- 
bilité  est  exagérée,  comme  sur  presque  tous  les  animaux  des  contrées 
chaudes,  les  autres,  si  bien  réalisées  qu'elles  puissent  être,  ne  réussissent 
pas,  même  ensemble,  à  conjurer  les  effets  funestes  des  basses  tempéra- 
tures de  longue  durée  survenant  sans  transition  insensible. 

»  .Chacune  des  conditions  de  résistance  au  froid  a  une  valeur  qui  peut 
être,  dans  la  pratique,  déterminée  d'une  manière  suffisamment  exacte  :  la 
puissance  de  calorification,  par  le  degré  auquel  se  maintient  la  température 
animale  de  l'ensemble  du  corps  et  par  la  somme  des  pertes  éprouvées  en 
un  temps  donné,  pertes  qui  peuvent  s'élever  du  dixième  au  quinzième  du 
poids  du  corps  par  période  de  vingt-quatre  heures  ;  la  force  de  réaction, 
par  la  température  de  la  surface  de  la  peau  et  du  tissu  cellulaire  sous-cu- 
tané, l'action  protectrice  des  plumes,  fourrure  ou  toison,  par  le  degré  de 
chaleur  conservée  dans  leurs  couches  profondes  ;  enfin  la  susceptibilité 
organique  par  la  rareté  ou  la  fréquence,  comme  par  la  gravité  des  effets 
pathologiques  attribuables  au  refroidissement. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  7.)  32 


(  39H  ) 

»  Quant  à  la  valeur  de  la  résultante  des  conditions  susdites  diversement 
combinées,  elle  ne  saurait  être  déterminée  théoriquement  avec  exac- 
titude ;  mais  elle  peut  être  mesurée  avec  assez  de  précision  à  l'aide  de 
l'observation  et  des  expériences.  Les  données  obtenues  à  cet  égard  de- 
viennent des  éléments  précieux  pour  dresser  l'échelle  de  ce  qu'on  appelle 
la  rusticité  des  animaux.  En  voici  quelques-unes. 

»  Contrairement  aux  prévisions  de  la  théorie,  le  plus  petit  de  nos  ani- 
maux domestiques,  celui  dont  la  faible  masse  parait  devoir  se  refroidir  le 
plus  vite,  le  lapin,  est  doué  au  maximum  de  la  résistance  au  froid.  Les 
adultes  de  cette  espèce  ont  pu  supporter  pendant  cinq  et  six  jours,  dans 
des  cages  de  fil  de  fer  suspendues  à  des  arbres  ou  sur  des  tas  de  neige,  des 
froids  de  —  io°  à  —  i5°,  sans  perdre  plus  de  i°  et  quelques  dixièmes  de 
leur  température  intérieure,  ni  éprouver  consécutivement  d'indisposition 
appréciable.  Ceux  que  j'ai  laissés  pendant  deux  mois  de  cet  hiver,  de  la  (in 
de  novembre  à  la  fin  de  janvier,  dans  neuf  cabanes  cubiques  complètement 
ouvertes  sur  l'une  de  leurs  faces,  donnant  accès  au  vent  et  à  la  neige,  par 
des  froids  de  —  io°  à  —  200  et  même  de  —  25°  dans  notre  région  de  l'Est, 
sont  tous  demeurés  en  parfaite  santé.  Ceux  de  ces  animaux  qui  furent 
privés  d'aliments  pendant  un  ou  deux  jours  éprouvèrent  une  perte  diurne 
oscillant  entre  le  quinzième  et  le  huitième  du  poids  du  corps.  Ceux  qui 
passèrent  un  jour  et  une  nuit  dans  des  maisonnettes  construites  avec 
d'énormes  blocs  de  glace,  touchant  le  dessous  et  les  côtés  du  corps,  y  con- 
servèrent aussi  leur  température  intérieure  à  i°  et  quelques  dixièmes 
seulement  au-dessous  de  la  normale,  quoique  les  oreilles  et  les  pieds 
éprouvassent  un  abaissement  de  120,  i5°,  même  de  200.  Dans  des  galeries 
sous  la  neige,  les  choses  se  passèrent  comme  dans  les  grottes  de  glace. 
Aucune  modification  appréciable  n'est  résultée  du  refroidissement  des 
extrémités.  Mais  là,  les  jeunes  sujets  périssaient  suivant  l'ordre  de  leur 
jeunesse,  et  si  vite  que,  vers  le  milieu  delà  nuit  ou  à  la  pointe  du  jour,  les 
liquides  de  leurs  cadavres  se  trouvaient  congelés  dans  les  voies  digestives. 

»  Le  mouton  m'a  montré  ensuite  une  résistance  au  froid  égale  à  celle 
du  lapin,  pourvu  qu'il  conservât  son  épaisse  toison  exempte  d'humidité. 
Après  les  nuits  les  plus  froides  passées  en  plein  air,  il  avait  encore  à  peu 
près  à  l'intérieur  le  degré  normal  et  à  la  surface  de  la  peau  sous  la  toison 
36°  à  37°. 

»  Le  bouc  et  le  porc,  à  peu  près  nus,  tant  leurs  soies  sont  clairsemées, 
ont  offert  presque  la  même  résistance  que  la  bête  ovine.  Leur  peau,  une 
fois  la  réaction  bien  établie,  se  maintenait  à  34°  ou  35°  C.  dans  la  plupart 
des  régions. 


(  39o  ) 

«  Dans  l'ordre  décroissant  de  l'aptitude  à  supporter  le  froid,  le  chien 
s'est  placé  à  la  suite  des  animaux  précédents.  Tenu  en  plein  air  sur  le  sol 
glacé,  ou  simplement  abrité  sous  une  niche  ouverte,  il  a  conservé,  malgré 
des  frissons  et  des  tremblements,  sa  température  intérieure  à  i°  ou  2°  près, 
sans  devenir  malade.  L'un  d'eux,  pourtant,  a  péri  après  avoir  éprouvé  une 
réfrigération  excessive. 

»  La  résistance  des  solipèdes  domestiques  au  refroidissement  m'a  paru, 
sauf  pendant  le  travail,  inférieure  à  celle  des  autres  animaux.  Aux  basses 
températures  susmentionnées,  la  chaleur  de  la  peau  a  baissé  de  6°,  8°,  io° 
s'ils  avaient  de  longs  poils,  et  de  io°  à  12°  avec  un  pelage  ras  ou  très  court. 
A  ces  basses  températures,  la  chaleur  de  la  peau  et  du  tissu  cellulaire  sous- 
cutané,  perdait  dans  les  régions  inférieures  des  membres  et  au  pied,  25° 
à  3o°. 

»  Quant  aux  oiseaux  de  basse-cour,  leur  plumage,  s'il  est  bien  fourni  et 
sec,  leur  donne  au  plus  haut  degré  l'aptitude  à  braver,  comme  on  le  sait, 
les  froids  les  plus  vifs.  Cet  hiver,  mes  poules,  coqs,  dindes,  tenus  à  dessein 
dans  un  local  dont  la  température  suivait  presque  celle  du  dehors,  se  sont 
maintenus,  sans  exception,  en  très  bon  état,  mais  leur  ponte  a  été  sus- 
pendue, même  pendant  une  ou  deux  semaines  après  les  froids  excessifs.  » 

ZOOLOGIE.  —  Observations  sur  le  bourgeonnement  de  quelques  Ascidies  com- 
posées. Note  de  M.  A.  Pizon,  présentée  par  M.  A.  Milne-Edwards. 

«  Il  est  classique  aujourd'hui  que  les  plus  ou  moins  grandes  réserves 
accumulées  dans  l'oeuf  et  les  conditions  éthologiques  des  parents  influent 
sur  la  rapidité  des  processus  embryogéniques;  on  en  possède  des  preuves 
fournies  par  des  types  appartenant  à  plusieurs  embranchements  de  la 
série  animale.  Chez  les  Ascidies  composées,  M.  Lahille  en  a  fourni  un 
exemple  remarquable  observé  chez  Diplosomoides  (Lahille),  Lcptoclinum 
Lacazii,  Giard).  Cette  forme  intéressante  donne  à  la  fois  des  petites  larves, 
pauvres  en  vitellus  nutritif,  qui  n'ont  pas  encore  bourgeonné  à  la  fin  du 
troisième  jour  et  d'autres  plus  volumineuses  qui  nagent  encore  le  qua- 
trième jour  et  renferment  déjà  une  dizaine  de  blastozoïtes  quelques  heures 
après  leur  fixation. 

»  Moi-même,  à  Saint-Vaast-la-Hougue,  pendant  la  belle  saison  der- 
nière, dans  un  bassin  renfermant  divers  Dideninum  (Did.  niveum,  Did. 
cereum  et  Did.  sargassicola),  j'ai  recueilli,  au  milieu  de  nombreuses  petites 
larves,  trois  larves  volumineuses,  avec  une  masse  considérable  de  vitellus 
et  qui,  après  s'être  fixées  le  quatrième  jour  seulement,  offrirent  une  rapi- 


(   fao  ) 

dite  blastogénétique  tout  à  fait  comparable  à  celle  des  grosses  larves  des 
Diplosomoides  de  Lahille. 

»  Frappé  de  ce  fait,  j'isolai  immédiatement  les  divers  connus  qui  avaient 
donné  ces  larves;  malheureusement  la  ponte  était  terminée;  je  ne  fus  pas 
plus  heureux  avec  les  nouvelles  colonies  que  je  recueillis  dans  la  suite  : 
nous  étions  au  mois  de  juillet  et  c'étaient  les  dernières  larves  que  produi- 
saient les  Didemnum,  dont  la  ponte  commence,  comme  on  le  sait,  dès  le 
printemps.  Mais,  bien  qu'il  m'ait  été  impossible  de  déterminer  si  ces  larves 
volumineuses  appartenaient  au  Did.  ccreum  ou  au  Did.  nîveum  ('),  leur 
présence  chez  un  genre  voisin  des  Diplosomoides  (Lahille)  n'en  est  pas 
moins  intéressante  à  constater.  Cette  observation  montre  de  plus  que  dans 
mes  recherches  sur  la  blastogénèse  de  Y Astellium  spongiforme  (Giard)  il 
ne  m'a  jamais  échappé  que  «  chez  les  Synascidies  la  rapidité  du  dévelop- 
»  pement  et  le  nombre  des  blastozoïtes  produits  par  un  même  œuf  dépend 
»  très  souvent,  dans  une  large  mesure,  des  conditions  éthologiques  »  et 
des  réserves  nutritives.  Jusqu'à  présent,  à  ma  connaissance,  les  Diploso- 
moïdes (Lahille)  et  les  Didemnum  sont  les  seuls  genres,  parmi  les  Asci- 
dies composées,  chez  lesquels  on  a  observé  de  telles  variations  dans  la  ra- 
pidité de  la  blastogénèse  résultant  d'une  plus  grande  quantité  d'éléments 
nutritifs. 

»  Chez  les  Diplosomidés  (Astellium  et  Pseudodidemnum) ,  en  particulier, 
de  semblables  observations  n'ont  jamais  été  faites  ni  par  Drasche,  qui  a 
étudié  les  Diplosomidés  de  la  baie  de  Rovigno,  ni  par  Herdmann  qui  a 
étudié  les  espèces  du  Challenger,  ni  enfin  par  Délia  Valle,  à  Naples. 

»  Plus  récemment,  M.  Lahille  a  fait  d'importantes  recherches  chez  des 
Diplosomidés  de  Banyuls,  de  Roscoff,  d'Arcachon,  de  Chausev  et  de 
Naples;  il  n'a  jamais  observé  de  variations  appréciables  dans  la  quantité 
de  vitellus  des  larves. 

»  M.  Giard  lui-même,  dont  on  connaît  les  longues  observations  sur  les 
Ascidies  composées,  a  vu  les  larves  des  Diplosomidés  présenter  une  telle 
constance  dans  leur  structure  qu'il  a  écrit  que  «  les  modifications  de  la 
»  blastogénèse  peuvent  donner  de  bons  caractères  pour  les  groupes  de 
H  second  ordre  et  surtout  de  bons  caractères  génériques  ».  Et  il  distingue 
les  embryons  d' Astellium  et  de  Pseudodidemnum  de  ceux  de  Diplosoma 
Rayneri  (iMacdonald)  «  par  un  seul  caractère  essentiel,  la  présence  de 
»   trois  animalcules,  au  lieu  de  deux,  dans  la  colonie  embryonnaire  ». 


(')  Avec  M.  Lahille,je  considère  Did.  sargassicola  (Giard)  connue  une  variétédu 
Did.  cereum.  dont  il  ne  diffère  que  par  la  coloration. 


(    ïoi    ) 

»  Enfin,  moi-même,  j'ai  poursuivi  pendant  trois  mois,  à  Saint- Vaast, 
des  recherches  sur  les  larves  d'un  Diplosomidé,  Astellium  spon  gif  orme .  Je 
dois  dire  d'abord  que  j'ai  identifié  cette  espèce  avec  le  Rrevislellium  de 
Jourdain;  j'y  ai  été  conduit  par  les  observations  de  cet  auteur,  qu'il  a 
laites  à  Saint- Vaast  même,  et  par  celles  deDrasche  qui,  lui  aussi,  a  remar- 
qué que  chez  les  Diplosomiens  «  on  observe  des  transitions  par  trop  nom- 
»  breuses  de  bouches  à  dents  émoussées,  jusqu'aux  bouches  privées  de 
»  dents  ».  M.  Lahille  a  également  assimilé  le  Brevislellium  (Jourdain)  à  l' As- 
tellium spongiforme  (Giard). 

»  Les  très  nombreuses  larves  de  celte  espèce  que  j'ai  étudiées  pendant 
mon  séjour  à  Saint-Vaast  ne  m'ont  jamais  fourni  ces  variations  dans  la 
quantité  de  réserves  nutritives  que  j'ai  observées  chez  les  Didemnum. 
Toutes  étaient  absolument  semblables  entre  elles  et  à  celle  qu'a  si  bien 
figurée  M.  Giard  dans  ses  Recherches  sur  les  Synascidies ,  avec  des  différences 
inappréciables  dans  la  quantité  de  vitellus  au  moment  de  l'éclosion.  De 
telles  différences  n'existant  pas  non  plus  chez  les  larves  observées  en  des 
points  très  différents,  à  Roscoff,  à  Banyuls,  à  Naples  et  à  Rovigno,  je  ne 
puis  croire  que  ce  soit  à  des  phénomènes  de  «  pœcilogonie  »,  que  per- 
sonne n'a  jamais  observés  chez  les  Diplosomidés,  qu'il  faille  demander 
l'explication  des  différences  entre  les  observations  de  M.  Giard  et  les 
miennes  sur  les  premiers  phénomènes  blastogénétiques  des  embryons 
d' Astellium  spongiforme.  «  L'embryon  des  Diplosomiens,  dit-il,  renferme  déjà 
»  dans  l'œuf  une  série  de  trois  blastozoïtcs  formés  par  bourgeonnement 
»  direct  et  successif,  et  de  plus  des  tubes  stoloniaux  gemmifères  qui  pro- 
»  duiront  de  nouveaux  animaux  dès  que  le  têtard  viendra  à  se  fixer  ». 

»  Pour  moi  les  tubes  exodermiques  (tubes  stoloniaux  de  Giard)  ne 
jouent  «  en  aucun  moment  »  un  rôle  dans  la  blastogénèse,  pas  plus  d'ail- 
leurs chez  les  Diplosomidés  que  chez  les  Botryllidés;  je  suis  d'accord  en 
ce  point  non  seulement  avec  Délia  Valle  et  Lahille,  mais  avec  Krohn  (') 
et  Metschnikoff  (2),  que  M.  Giard  combattit  trois  ans  après  qu'eurent  paru 
leurs  travaux  sur  les  Botryllidés. 

»  D'autre  part,  j'ai  toujours  vu  la  masse  brunâtre  I3  (Arch.  de  Zoo/, 
e.rp.,  t.  I,  pi.  26,  fig.  G)  arriver  à  épuisement  dans  les  vingt-quatre  heures 
qui  suivent  la  fixation  et  la  larve  ne  présenter  encore  à  ce  moment  qu'un 
oozoïte  et  un  blastozoite.  Les  observations  faites  simultanément  sur  des 
larves  vivantes,  sur  d'autres  préalablement  fixées  par  l'acide  acétique  et 

(M  Archiv  fur  Naturgesch.,  1869,  deux  Mémoires. 
i* l   Bulletin  Acad.  Saint-Pétersbourg,  1869,  XIII, 


(    40  2    ) 

dépigmentées  par  l'eau  oxygénée  et  enfin  sur  des  larves  débitées  en  coupes 
minces,  m'ont  donné  les  mêmes  résultats. 

«  De  son  côté,  M.  Lahille,  dans  les  très  importantes  Recherches  sur  les 
Tuniciers  qu'il  publiait  quelques  jours  après  ma  Note  à  l'Académie,  dit  : 
«  Toutes  les  larves  de  Pseudodidemnum  crislallinum,  que  j'ai  recueillies  à 
)  Roscoff,  ne  m'ont  jamais  présenté,  au  moment  de  léclosion,  que  deux 
»  individus,  et  par  suite  les  espèces  de  Macdonald  et  de  Giard  doivent  être 
»  réunies  ».  Plus  loin  il  ajoute  :  «  Los  larves  des  Diplosoma  (')  ne  m'ont 
»  jamais  présenté  au  moment  de  l'éclosion  que  deux  individus,  l'oozoïde 
u   et  le  premier  blastozoïde  ». 

»  Les  observations  de  ce  naturaliste  sont  donc  venues  confirmer  «  d'une 
»  façon  éclatante  »  ce  que  j'ai  dit  sur  la  blastogénèse  de  Y Astellium  spon- 
gi forme. 

»  Les  Astellium  et  les  Pseudodidemnum  ont  donc  des  embryons  qui,  à 
l'éclosion,  ne  diffèrent  pas  de  ceux  du  Diplosoma  Rayneri  (Macdonald),  et 
des  phénomènes  de  «  pcecilogonie  »  sont  encore  à  trouver  chez  ces  Asci- 
dies composées  (2).  » 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  J.  B. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  \6  février  i 89 1 . 

La  population  française  ;  par  E.  Levasseur.  Tome  deuxième.  Paris, 
Arthur  Rousseau,  1891;  1  vol.  gr.  in-8°. 

Les  planètes  et  leurs  satellites;  par  Amédée  Guillemin.  Paris,  Hachette  et 
Cie,  1891  ;  1  vol.  in-16. 

Les  théories  modernes  de  l'électricité.      -   Essai  d'une  théorie  nouvelle;  par 


('  )  M.  Lahille,  avec  Drasche  et  Herdmann,  a  versé  dans  le  genre  unique  Diplosoma 
les  deux  genres  Astellium  et  Pseudodidemnum  de  Giard. 

(2)  Travail  fait  au  laboratoire  maritime  de  Saint-Vaast  et  au  laboratoire  de  Mala- 
cologie du  Muséum,  dirigés  par  M.  Edmond  Perrier. 


(  4o3  ) 

O.  Lodge.  Traduit  de  l'anglais  el  annoté  par  M.  E.  Meylan.  Paris,  Gauthier- 
Villars  cl  fds,  1891  ;  i  vol.  in-8".  (Présenté  j)ar  M.  Cornu.  ) 

Le  transsaharien  transatlantique;  par  Pall  Radiot.  Paris,  Ernest  Leroux, 
1891  ;  br.  in-8°. 

L'Anthropologie,  publiée  sous  la  direction  de  MM.  Ca.rtau.hac,  Hamy, 
Topinard;  ) 89 1 .  Tome  II,  n°  I.  Paris,  G.  Masson;  1  vol.  gr.  in-8°. 

Des  kystes  pancréatiques  ;  par  le  D1  Jules  Bœckel.  Paris,  Félix  Alcan, 
1891;  1  vol.  in-8".  (Présenté par  M.  Verneuil.  —  Renvové  au  concour. 
du  prix  Barbier.) 

Dilatation  forcée  du  larynx  dans  le  croup;  par  M.  le  D'  Renou  (de  Sau- 
mur.)  Angers,  P.  Lacbèse  et  Dolbeau,  1 891  ;  br.  iu-8".  (Envoyé  au  concours 
du  prix  Barbier.) 

Fabrication  des  tubes  sans  soudure.  Procédé  Mannesmann  ;  par F.  Reuleacx. 
Paris,  Gautbier-Villars  et  fds;  br.  iu-12. 

The  teaching  and  hislory  0/ Malhernatics  in  the  United  States;  by  Floriak 
Cajori.  Washington,  Government  pr  in  tin  g  office,  rSgo;  un  vol.  in-8°. 

Ninth  annual  report  0/  the  United  States  geological  Survey  to  the  Secretary 
of  the  Interior,  1 887-1888;  by  J.-N.  Powell.  Washington,  Government 
printing  office,   1889;  1  vol.  in-'|°- 

Mono graphy oj the  United  States  geological  Survey .  Volume  I.  Washington, 
Covernment  printing  office,  1890;  1  vol.  in-4°. 

Minerai  resources  of  the  United  States.  —  (alendar  year  1888.  David  T. 
Day.  Washington,  Government  printing  office,  1890;  1  vol.  gr.  in-8°. 

Bulletin  of  the  United  States  geological Survey,  n°  58-63.  Washington,  Go- 
vernment pointing  office,  1890  ;  1  vol.  gr.  in-8°. 

The  origin  and  deve/opmenl  of  the  central  nerçous  syste/n  in  Limace 
maximus;  by  Annie  P.  Henchman.  Cambridge,  U.  S.  A.  printed  for  the  Mu- 
séum, deeember  1890;  br.  gr.  in-8°. 

Récent  reports  to  the.  scie ntific.  granls  cornmitlee  of  the  British  médical  Asso- 
ciation ;   1  vol.  in-8°. 

Eistory  of  éducation  Alabama  1 702-1 889;  by  Willis  G.  Clark.  Was- 
hington, Printing  office,  1889;  1  vol.  in-8°. 

Den  norske  nordhavs-expedition.  1876-1878.  XX  :  Zoologi.  Pycnogonidea 
ved  G.-O.  Sars.  Christiania,  Grondahl  et  Sons  Bogtrvkkeri,  1891;  in-8°. 


(  4o4  ) 


EUR  AT  A. 


(Séance  du  12  janvier  189  r .) 
Note  de  M.  É.  Mathias,  sur  le  théorème  des  états  correspondants 


Page  SG,  lieues  27,  28  et  29,  au  lieu  de  0,099.4  ,  o,58o    et  0,5-9  ,  lisez  0,679^ 

- — 2  — —2 

o, 082    et  0,0703  . 


On   souscrit    à   Paris,    chez    GAUTHIER -VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Augusiins,  n°  5j. 

jf    Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-i-    De, 
fables,     une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  do  noms  d'Autours,  terminent  chaque   volume.    L'abonnement  est  annu 
et  part  du  ier  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  -  Départements  :  30  fr.  -  Union  postale  :  34  fr.  -  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  -Messieurs  : 
mgen Michel  et  Médan. 

(  Gavault  St-Lager. 
■Alger .   .  i  Jourdan. 

!  Ruir. 

vkmiens Hecqnet-Decobert. 

I  l  Germain  etGrassin. 

Angers \ 

j  Lachèseet  Dolbeau. 

Wayonne Jérôme. 

Besançon Jacquard. 

A  via  ni. 

Bordeaux .'  Duthuff. 

'  Muller  (G.). 
Wourges Renaud. 

i  Lcfournier. 

,D      ,  \  P.  Robert. 

Brest / 

j  J.  Robert, 

!  V  Uzel  CarolT. 

„  l  Baër. 

Ccien    .  ■ 

(  Massif. 

Chambery Pcrrin. 

i,     ,  i  Henry. 

Cherbourg J 

(  Marguerie. 

/»;„  ,  r  (  Rousseau. 

tUermont-Ferr...  ' 

(  Bibou-Collay. 

/  Laniarche. 

Dijon Ratel. 

'  Damidot. 

mai...    (Lauverjàt. 

!  Crépi  n. 

m-enobte  )  DreveL 

(  Gracier. 

la  Rochelle Robin. 

&IIavre (  Bourdignon. 

(  Dombre, 

:  Ropiteau. 
r-il<e Lefebvre. 

'  Quarré. 


chez  Messieurs 

\  r     ■    m  \  Baumal. 

Lorient ; 

'  .M™"  Texier. 


(Beaud. 
Georg. 


Lyon s  Mégret. 

Palud. 


Marseille 

Montpellier . 
Moulins 


Nantes 
Nice . . . 


Vitie  et  Pérussel. 

Pessailhan. 

I  Calas. 

'  Coulet. 

Martial  Place. 

/  Sordoillet. 

Nancy Grosjean-Maupin. 

'  SilnL  frères. 

j  Loi  seau. 

/  M""  Veloppé. 

I  Barma. 

'  \  isconti  et  C'°. 

Mimes Thibaud. 

Orléans Luzeraj . 

,,  ...  (  Bianchier. 

Poitiers 

(  Druinaud. 

/tenues PJihon  et,  Hervé. 

Roche/orl Boucheron  -  Ro:   i 

Rouen j  Unglois.        [gnol 

(  Lestringant. 

S'-Étienne Chevalier. 

„     ,  (  Bastide. 

Toulon 

(  Rumebe. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


Berlin. 


Toulouse. 


\  Gimet. 

|  Privât. 

,  Boisselier. 

Tours Péricat. 

Suppligeon. 

..  ,       .  i  Giaril. 

I  alencicnnes 

I  Lemaitre. 


chez  Messieurs  : 

\  Robbers. 

'  Feikema    Caarelsen 

Athènes Beck.  [et  C". 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  G". 
Calvary  et  C'°. 
Friedlander  et  Gis. 
Mayer  et  Muller. 
Berne  ...  . .  i  Schmid,  Francke  et 

Bologne Zauichelli  et  O". 

i  Ramlot. 
Bruxelles M  a  volez. 

(  Lebègue  et  C   . 

i  Haimann. 

'  Ranisteanu. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  et  Cc 

Christiania Cammermeyer. 

Conslantinop/e.  .     Otto  et  Keil. 
Copenhague   ...  .      Ilr.-l  et   (ils. 

Florence Lœschcr  et  Seeber. 

Gand Hoste. 


Londres  .  .  . 
Luxeinboui 

Madrid 


Bucharest . 


Milan . . 
Moscou. 

Naples . 


New-York .. . 

Odessa 

Oxford 

Païenne 

Porto. 

Prague 

Rio- Janeiro . 


Gènes  . 


Genève. 


Beuf. 

|  i  Ihcrbuliez. 

Georg. 
'  Stapelmohr. 

Belinfante  frères. 


Rome . 


Rotterdam 
Stockholm... 


La  Haye 

.  i  Bcnda. 

Lausanne 

/  Payot. 

Barth. 

I  Brockhaus. 

Leipzig Lorentz. 

i  Max  RUbe. 

Twietmeyer. 
i  Desoer. 
'  Gnusé. 


S'-Pelersbouri 


Turin. 


Liège. 


Varsovie- 
Vérone.  .  . 


Vienne. 
Zurich. 


chez  .Messieurs  : 
(  Dulau. 
/  Nutt. 
V.  Bûck. 

Librairie       Guten 
1      berg. 
Gonzalés  e  hijos. 
Yravcdra. 
F.  Fé. 
(  Dumolard  frèi  es. 
(  Hœpli. 

Gautier. 
/  Furcheiin. 

Marghieri  di  <  !ius 
(  Pellerano. 
i  Christern. 
Stechcrt. 
'  Westermann. 
Rousseau.   ' 
Parker  et  C^. 
<  liausen. 
Magalhaès. 
Rivnac. 
Garnier. 
Bocca  frères. 
Loescheret  C*. 
Kiaïuers  et  lils. 
Samson  et  Wallin. 
Zinserling. 

Wollf. 

Bocca  frères; 

Brero. 

Clausen. 

Rosenberç  et  Sel  I  ier. 

Gebelhner  et  Wollî. 

Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C». 

Meyer  et  Zellcr. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1er  à  31.  _  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  iSào.  )  Volume  in-f;  (853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.  —  (  1"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.  )  Volume  in-.',";  1870.   Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (  rr  Janvier  1866  à  Ji  Décembre  t8So.)  Volume  in-.j  ";  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 

■oZl!  n!"1  M°H^qUeMUeS  POmtS  d;  'apPhySi0l0gifi  de3,Â1^eS;  ,,;"  '^  A'  DE,,,,ES  "  A-J-J-  S0UER'  -  Mém°ire  SUr  le  GalC"'  deS  Perturbations  qu'éprouvent  les 

~P      M    ctr^„!       TV"  CiV"S  'l  "i  l0  rÔ'e  ''"  SUC  Pancréal^'JC  ''"-  les  P^nomènes digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

■as.es,  pdr  M.  Claude  Beknard.  Volume  in-4°,  avec  32   planclies;   i856    .... 

ourTcoaeo^de^sT  ',?  ""  ialeStinaUX'  par  '[  ^  V^  ^"^  -  Essai  d'^  ^'e  à'.a  que^io'nde  Prixp^p^é^e'n'xSsVpar'pAcad'émie'  des  Science 
mena  re 7Z lt    ord  l  Tl     '^  "  "         ""'  SaV01''  :  "  Etudier  leslois  Je  '*  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  .es  différents  terrains  sédi- 

1        !;  leur  superpos.uon.- Douter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  -  Rechercher  la   nature 

des  rapports  qu.  ex.stent  entre  l'étatactuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  B.o».  In-4»;  avec  2,  planches;  *88,"        i  5  "r 

A  la  mémo  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 

1 


N°  7. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance  du  16  février  1891.) 


MEMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES   ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

Pages.  Pages. 

M.    S.   Cornu.   —  Sur  les  objections  faites  de  l'année  i8go... ';i 

i     l'interprétation     des     expériences     de  M.  SiroBot.  —  Les  Éléphants  du  mont  Dol 

M.  Wiener 365  (  Ille-et-Yilaine) ?>-'■ 

M.    Rod.    Wolf.    —   Histoire   de   l'appareil  M.  E.  Levasseur  fait  hommage  à  l'Académie 

Ibanez-Brunner '7"          'I"   second  Volume  de  son  Ouvrage  «  La 

M.  Rod.  Woi.f.  —  Sur  la  statistique  solaire  l        population  française  » ?>-' 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  il.  Monclar  adresse  une  Note  relative  à               M.  Lembert-Roquin  adresse  une  Note  relative 
■  in  i le  de  traitement  de  la  tuberculose,      I76  ;i  la  direction  des  aérostats '<-' 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  informe  l'A- 
cadémie de  l.i  perte  i|ue  la  Science  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M™'  Kowa- 
lewsky 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  entretient  l'A- 
cadémie des  résultats  déjà  obtenus  par  la 
mission  Crampe! ',  au  Congo 

Jil"*  D.  KLUMPKE.  —  Observations  de  la  pla- 
nète Charlois  (Nice,  ii  lévrier  iS<|i).  fanes 
à  l'Observatoire  de   Paris 

M.  Prosper  Henry.  —  Sur  une  méthode  de 
mesure  de  la  dispersion  atmosphérique... 

M.  G.  Dkfforges.  —  Sur  la  résistance  de  di- 
vers gaz  au  mouvement  d'un  pendule.,    . 

M.  A.  Potier.  Remarques  à  l'occasion  de 
la  Noie  de  M.  Poinçaré  sur  l'expérience 
de  M.  O.  Wiener 

M.   Multzer.   —   Variabilité  du   nombre   de 


vibrations  des  uotes  musicales,  selon  leurs 
fonctions 

M.  Ostwali).  —  Sur  la  conductibilité  des 
376  acides  organiques  et  de  leurs  sels 

M.  Daniel  Berthelot.  —  Réponse  à  la  Noie 
précédente  de  M.  Ostwald 

M.  Raoul  Varet.  —  Sur  quelques  combinai- 
sons de  la  pyridine 

M.  Joannis.  —  Sur  l'amidure  île  sodium  et 
sur  un  chlorure  de  disodammonium 

M.  Scheurer-Kestner.  —  Recherches  sur 
Y  huile  pour  rouge 

M.  G.  Colin.  —  De  l'action  des  froids 
excessifs  sur  les  animaux 

M.  A.  PizON.  —  Observations  sur  le  bour- 
geonnement de  quelques  Ascidies  com- 
posées 


Bulletin  bibliographique. 
Errata 


;s-, 
3<)0 

;,,', 
3o7 

""IH 

IJ02 

404 


PAJUS.  —  IMPRIMERIE  G VUTHIER-VILL.VRS  ET  FILS, 
Quai  des  Grands-.Vuguslins,  55. 


1891 

PREMIER  SEMESTRE. 


MAX 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  ITIM.   LES  SECRÉTAIRES  PERPETUELS. 


TOME  CXII. 


N°  8  (25  Février  1891). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

yuai  des  Grands-Augusiins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
['Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
.^-présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
u8  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent,  un  volume. 

Il  v  a  deux  volumes  par  année. 

Article  Ie''.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  L\  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  v  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjùdicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 
ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  F  Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  olfi- 
cielle  de  l'Académie. 

Article   3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  \eCompte  rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant, et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 


SÉANCE  DU   LUNDI  23  FÉVRIER    1891, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  E.  Fremy,  en  présentant  à  l'Académie  un  volume  qu'il  vient  de  pu- 
blier, sous  le  titre  :  Synthèse  des  rubis,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  La  première  partie  de  ces  travaux  a  été  publiée  en  collaboration  avec 
M.  Feil  et  la  seconde  avec  M.  Verneuil. 

»  Après  avoir  examiné  les  principales  méthodes  qui  peuvent  être  em- 
ployées pour  obtenir  l'alumine  à  l'état  cristallisé,  nous  avons  étudié  la 
réaction  qui  donne  le  rubis  en  masses  cristallines  résistantes  et  volumi- 
neuses. Ce  résultat  a  été  obtenu,  après  de  nombreux  essais,  en  calcinant 
pendant  plusieurs  heures,  dans  un  creuset  de  terre,  un  mélange  d'alumine, 
de  minium  et  de  bichromate  de  potasse. 

»  Ces  expériences  ont  été  décrites  précédemment  dans  plusieurs  de  nos 
publications.  Elles  ont  été  faites  réellement  en  grand,  car  il  nous  est  arrivé 

C.  H.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  C\II,  N°  S,)  5i 


(  4o6  ) 

souvent  d'obtenir,  dans  le  même  creuset,  plusieurs  kilogrammes  de  rubis 
qui  présentaient  certains  caractères  des  rubis  naturels. 

»  Ces  recherches  n'ont  pas  eu  de  suite,  parce  qu'elles  ne  produisaient 
que  des  rubis  lamelleux;  elles  ont  été  cependant  très  utiles  dans  le  travail 
que  j'ai  entrepris,  ensuite  sur  les  rubis  rhomboédriques. 

»  La  seconde  partie  de  mes  études  sur  la  synthèse  des  rubis  a  été  pu- 
bliée avec  la  collaboration  de  M.  Verneuil,  attaché  à  mon  laboratoire  du 
Muséum.  L'action  mutuelle  des  gaz  et  des  vapeurs  devait  me  donner  des 
résultats  que  les  substances  vitreuses  n'avaient  pas  présentés. 

»  Les  cristaux  de  rubis  épais  et  rhomboédriques,  offrant  toutes  les  pro- 
priétés du  rubis  naturel,  se  produisent  lorsqu'on  calcine  pendant  une 
centaine  d'heures,  à  une  température  voisine  de  i5oo°,  un  mélange  d'alu- 
mine plus  ou  moins  potassée,  de  fluorure  de  baryum  et  de  bichromate  de 
potasse.  Je  décris,  dans  ce  Mémoire,  toutes  les  précautions  à  prendre 
pour  obtenir  de  beaux  cristaux  de  rubis. 

»  Après  avoir  reconnu  que  les  cristaux  de  rubis  d'un  volume  notable 
ne  se  produisent  qu'en  employant  de  grands  creusets  et  en  prolongeant 
la  calcination  du  mélange  pendant  plusieurs  jours,  j'ai  eu  recours  à  la 
complaisance  et  à  l'habileté  de  MM.  Appert,  qui  ont  bien  voulu  mettre 
leur  belle  usine  à  notre  disposition. 

»  Pour  donner  une  idée  exacte  des  dimensions  et  de  la  netteté  de  cris- 
tallisation des  rubis  obtenus  par  la  synthèse,  j'ai  fait  exécuter  par  la  pho- 
tographie, dans  ce  travail,  un  certain  nombre  des  échantillons  produits 
dans  mon  laboratoire.    » 

M.  Ciiauveaiî,  en  présentant  à  l'Académie  un  Volume  qu'il  vient  de 
publier  sous  le  titre  :  <(  le  Travail  musculaire  et  l'énergie  qu'il  représente  » , 
s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Quelques-unes  de  mes  recherches  ont  déjà  été  communiquées  à  l'Aca- 
démie. Ce  sont  les  parties  relatives  à  la  détermination  de  la  proportion 
d'énergie  dépensée  pour  la  contraction  musculaire  considérée  en  elle- 
même,  je  veux  dire  par  la  création  de  l'état  d'élasticité  parfaite  dans  lequel 
le  muscle  est  induit  par  sa  contraction. 

»  Les  Chapitres  inédits  traitent  d'abord  des  modifications  que  le  travail 
mécanique  exécuté  par  le  muscle  en  contraction  introduit  dans  réchauffe- 
ment de  l'organe,  c'est-à-dire  dans  les  manifestations  thermiques  de 
l'énergie  qu'il  met  en  œuvre. 


(  4o7   ) 

»  Cette  étude  m'a  permis  d'exposer  ensuite  comment  il  convient  de  com- 
prendre le  rapport  du  travail  mécanique  produit  à  l'énergie  dépensée, 
autrement  dit  le  rendement  mécanique  de  cette  dépense  d'énergie. 

»  J'ai  introduit  aussi  dans  ces  Chapitres  l'examen  de  la  prétendue  apti- 
tude du  muscle  à  transformer  directement  la  chaleur  sensible  en  travail,  et 
je  montre  de  nouveau  qu'aucun  fait  ne  prouve  que  le  muscle  puisse  faire 
du  travail  autrement  qu'avec  l'énergie  qu'il  puise  dans  les  transforma- 
tions chimiques  dont  il  est  le  siège. 

»  Enfin,  parmi  les  autres  points  inédits,  je  citerai  encore  l'étude  du 
mécanisme  de  réchauffement  du  muscle  en  contraction,  chez  l'homme  ou 
l'animal  en  état  normal,  mécanisme  dans  lequel  le  rôle  principal  est  joué, 
pour  les  organes  superficiels,  par  la  suractivité  circulatoire,  exactement 
corrélative  à  la  suractivité  des  combustions  intramusculaires,  sources  de 
l'énergie  employée  par  la  contraction. 

»  J'aurais  désiré  communiquer  successivement  à  l'Académie  ces  diverses 
études  inédites,  comme  je  l'ai  fait  des  premières.  Deux  raisons  m'en  ont 
détourné  : 

«  J^a  première,  c'est  que  l'exposition  des  faits  nouveaux  que  j'avais  à 
produire  n'allait  pas  sans  une  exposition  et  une  critique  un  peu  exubé- 
rantes des  faits  anciennement  connus; 

»  Ma  seconde  raison,  c'est  que  le  morcellement  aurait  nui  à  la  clarté 
des  démonstrations  dans  une  étude  où  j'étais  forcé  de  me  mettre  systéma- 
tiquement un  peu  en  dehors  de  quelques-unes  des  conventions  générale- 
ment admises  en  Mécanique  et  en  Biologie.  Les  physiologistes,  jusqu'à 
présent,  ont  donné  presque  exclusivement  leur  attention  au  muscle  entraî- 
nant des  résistances;  moi  je  vise  surtout  le  muscle  équilibrant  ces  résis- 
tances, et  je  rattache  à  cette  étude  statique  toute  l'étude  dynamique  du 
muscle  employé  à  faire  du  travail  moteur.  Ceci  m'a  entraîné  à  donner  à 
mes  démonstrations  une  forme  particulière  qui  gagne  à  être  vue  dans  son 
ensemble.    » 

OPTIQUE.  —  Sur  les  anneaux  colores.  Note  de  M.  Mascart. 

«  La  méthode  imaginée  par  Sir  G.  Airy  pour  calculer  les  interférences 
dans  les  lames  minces,  en  tenant  compte  des  réflexions  multiples  de  la  lu- 
mière entre  les  deux  surfaces,  s'applique  sans  difficulté  au  cas  où  l'on  sup- 
pose que  chacune  des  réflexions  ou  réfractions  est  accompagnée  d'une  perte 
de  phase  sur  la  surface  correspondante. 


(  4o8  ) 

»  D'autre  part,  Sir  G.  Stokes  a  démontré,  par  le  principe  de  réversibi- 
lité, que,  pour  une  lumière  polarisée  dans  un  des  azimuts  principaux,  la 
perte  de  phase  par  réfraction  est  indépendante  du  sens  de  la  propagation 
et  que  la  somme  des  pertes  de  phase  par  réflexion,  des  deux  côtés  de  la  sur- 
face de  séparation  de  deux  milieux,  est  égale  au  double  de  la  perte  de 
phase  par  réfraction  sous  la  même  incidence,  au  moins  quand  les  couches 
sur  lesquelles  s'opère  le  phénomène  sont  assez  épaisses  pour  que  la  ré- 
flexion et  la  réfraction  définitives  soient  établies. 

»  A  l'aide  de  ce  théorème  on  trouve  aisément  que,  dans  les  anneaux 
colorés  de  réflexion  et  pour  une  lumière  polarisée  dans  l'un  des  azimuts 
principaux,  la  vibration  finale  se  réduit,  à  deux  vibrations  dont  la  différence 
de  phase  comprend  :  i°  la  perte  de  phase  S0  qui  correspond  à  deux  pas- 
sages de  la  lumière  dans  la  lame  mince;  i°  la  somme  des  perles  de  phase 
par  réflexion  intérieure  sur  les  deux  surfaces  S  et  S,  qui  limitent  cette  lame. 

»  Le  phénomène  est  surtout  intéressant  dans  la  réflexion  vitrée,  pour 
la  lumière  polarisée  perpendiculairement  au  plan  d'incidence,  au  voisi- 
nage de  l'incidence  principale  où  se  manifestent  les  effets  de  réflexion  el- 
liptique. 

»  Si  la  lame  mince  est  une  couche  d'air  comprise  entre  deux  milieux 
différents  et  que  l'on  représente  par  p  et  (3,  les  pertes  de  phase  relatives  à 
la  réflexion  intérieure  sur  la  première  et  sur  la  seconde  surface,  la  diffé- 
rence de  phase  finale  des  vibrations  qui  interfèrent  est  S0  -\-  (3  -+-  (}, .  Quand 
on  augmente  l'inclinaison  d'une  manière  continue,  les  angles  p  et  fi,  va- 
rient très  rapidement  d'une  quantité  très  petite  »'à  ±  -  —  v  au  passage  des 
incidences  principales  correspondantes  I  et  I,.  Si  la  tache  centrale  est 
noire  avant  qu'on  ait  atteint  l'incidence  I,  elle  devient  blanche  aussitôt 
après  et  cette  nouvelle  tache  blanche  provient  de  la  contraction  rapide  du 
premier  anneau  dans  le  cas  où  la  réflexion  est  positive;  c'est  au  contraire 
la  tache  noire  primitive  qui  se  dilate  pour  former  ensuite  le  premier  anneau 
si  la  réflexion  est  négative.  Cette  circonstance,  sur  laquelle  on  ne  paraît  pas 
avoir  insisté,  fournit  donc  une  méthode  qualificative  pour  déterminer 
rapidement  et  sans  aucune  mesure  le  signe  de  la  réflexion. 

»  La  déformation  continue  des  anneaux  au  passage  de  l'incidence  prin- 
cipale est  la  première  observation,  due  à  Sir  G.  Airy,  qui  ait  permis  de 
constater  sur  le  diamant  l'existence  de  la  réflexion  elliptique  généralisée 
par  les  travaux  de  M.  Jamin.  Toutefois,  une  discussion  plus  attentive  des 
formules  permet  de  prévoir  que  le  svstème  tout  entier  des  anneaux  ne 
participe  pas  à  ces  effets  de  contraction  ou  de  dilatation.  En  effet,  quand 


•      (   ioy  ) 
on  considère  l'anneau  d'ordre  m,  sous  l'incidence  /, 

la  variation  d'épaisseur,  pour  le  même  anneau,  qui  correspond  à  une  va- 
riation di  de  l'incidence,  est  déterminée  par  la  condition 

(i)  c?S0  +  d^-{-d{ii  =  o. 

»  Si  les  milieux  extrêmes  sont  très  différents  et  que  l'observation  soit 
faite  au  voisinage  de  l'incidence  principale  I,  la  variation  r/8,  est  insigni- 
fiante. On  a,  d'autre  part, 

,5.  aecos;  rf8„         ',-  .de  .     ■ 

8o=2"-,  ,/,  .    icos':77  -  csm»   . 


X  di  /  di 

»   La  condition  (  1)  devient  alors 

,    .  .de  ■     .         1    tf3 

cos?-r;  =  e siu î  —  7—  -'r.  ■ 
di  4-  di 

»   Si  la  réflexion  est  positive,  la  dérivée  -p  =  b  est  positive.  D'abord 

très  faible,  tant  qu'on  est  loin  de  l'incidence  principale,  elle  croît  ensuite 
rapidement  au  voisinage  de  cette  région,  passe  par  un  maximum  B  et  re- 
vient à  zéro. 

»  Si  le  second  membre  de  l'équation  (2)  est  positif,  l'épaisseur  e  rela- 
tive à  l'anneau  d'ordre  m  croît  avec  l'incidence,  c'est-à-dire  que  les  an- 
neaux se  dilatent,  ce  qui  correspond  à  la  marche  générale  des  phéno- 
mènes observés  par  Newton;  l'inverse  a  lieu  lorsque  le  second  membre 
est  négatif. 

»  Quand  la  dérivée  de  la  perte  de  phase  prend  une  valeur  donnée  b, 
le  diamètre  de  l'anneau  passe  par  un  maximum  ou  un  minimum  pour 
l'épaisseur 

(3)  esim         -  b. 

A  mesure  que  l'inclinaison  augmente,  les  anneaux  voisins  du  centre  se 
dilatent  d'abord,  passent  par  un  diamètre  maximum,  puis  se  contractent, 
prennent  un  diamètre  minimum  et  se  dilatent  ensuite  continûment  jus- 
qu'à l'incidence  rasante,  à  moins  qu'on  ne  rencontre  la  seconde  incidence 
principale  I,.  Les  deux  incidences  î  et  1'  relatives  à  ces  arrêts  du  diamètre 


(4io  ) 

et  les  épaisseurs  correspondantes  e  et  é  sont  liées  par  la  relation 

f?sinî  =  e'  sinj'. 

»  L'un  de  ces  anneaux  ne  change  pas  de  diamètre  au  passage  de  l'inci- 
dence principale.  L'épaisseur  E  de  la  couche  est  alors 

Esinl=  ^-B. 
»   En  supposant  I  <  I, ,  on  a  sensiblement 

EcosI  =  7—  ini-r,, 

471 

(7()  B  =  im-  tangl. 

»  L'anneau  dont  l'ordre  m  est  défini  par  cette  équation  (4)  reste  sta- 
tionnaire  au  voisinage  de  l'incidence  I;  les  anneaux  d'ordre  plus  élevé 
n'éprouvent  aucune  contraction.  Il  suffit  donc  d'observer  l'ordre  de  l'an- 
neau stationnaire  pour  en  déduire  la  valeur  maximum  de  la  dérivée  de  la 
perte  de  phase. 

»  Enfin,  si  les  milieux  extrêmes  sont  identiques,  les  angles  p  et  p,  de- 
viennent égaux.  La  tache  centrale  reste  noire,  par  contraction  du  premier 
anneau,  noir  si  la  réflexion  est  positive,  et  l'ordre  m'  de  l'anneau  station- 
naire est 

(5)  B  =  m'-  tangl. 

»  D'après  les  formules  de  Cauchy,  on  aurait,  en  appelant  n  l'indice  du 
milieu  supérieur,  r  l'angle  de  réfraction  et  1  le  coefficient  d'ellipticité, 

tangP  =  ssin?'tang(7  +  r). 

»  La  dérivée  maximum  de  la  perte  de  phase  correspond  à  i  -f-  r  =  900, 
c'est_à-dire  sensiblement  à  l'incidence  principale  définie  par  la  loi  de 
Brewster  tangl  =  n',  ce  qui  donne 

»  L'existence  d'un  anneau  stationnaire  n'est  pas  douteuse  au  point  de 
vue  expérimental.  Je  l'ai  constaté  sur  une  lame  d'air  comprise  soit  entre 
deux  flints  de  même  nature,  soit  entre  un  prisme  de  crown  et  une  surface 
de  diamant;  il  en  est  de  même  pour  le  fer  oligiste  quand  on  emploie  la  lu- 


(  4>i  ) 

mière  rouge.  J'ai  reconnu  également  que  l'ordre  de  l'anneau  stationnaire 
varie  avec  la  longueur  d'onde.  Les  résultats  sont,  au  moins  d'après  ces 
premières  observations,  conformes  à  la  formule  de  Cauchy,  mais  il  est 
assez  difficile  d'estimer  exactement  le  point  du  système  qui  reste  inva- 
riable au  passage  de  l'incidence  principale,  et  je  me  propose  de  revenir 
sur  ces  expériences.  » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  l'isolement  du  ferment  glycoly  tique  du  sang. 
Note  de  MM.  R.  Lépixe  et  Rarual. 

«  A  un  chien  bien  portant  et  en  digestion,  on  fait  une  saignée.  On  défibrine  le  sang 
et  on  le  soumet  (à  la  température  de  -+-  io°  C.)  à  l'action  d'un  puissant  appareil  cen- 
trifuge. En  une  demi-heure  environ,  on  obtient  la  séparation  de  la  plus  grande  partie 
du  sérum.  On  le  décante. 

»  Ce  sérum,  qui  est  notablement  plus  riche  en  sucre  que  le  sang  total, 
ainsi  qu'on  le  sait  depuis  les  travaux  de  M.  Ludwig  et  de  ses  élèves,  ne 
possède  pas,  en  général,  de  pouvoir  glycolvtique  bien  sensible;  c'est-à-dire 
([ue,  placé  pendant  une  heure  à  la  température  de  3o,°  C.  (voir  notre  Note 
du  26  janvier),  il  conserve  sa  teneur  en  sucre,  tandis  que  du  sang  normal, 
ainsi  que  nous  l'avons  précédemment  établi,  perd,  dans  les  mêmes  con- 
ditions, en  général,  au  moins  un  quart  de  son  sucre  et  parfois  bien  da- 
vantage. 

»  On  ajoute  alors  au\  globules  une  quantité  d'eau  salée  froide,  égale  à  la  quantité 
de  sérum  qui  a  été  enlevé;  et,  après  une  nouvelle  centrifugation,  on  obtient  un  liquide 
qui  est  un  mélange  de  l'eau  salée  introduite  et  du  sérum  restant  après  la  première 
centrifugation.  Ce  liquide  est  décanté.  Il  renferme  moins  de  aosr  d'albumine  pour 
1000,  tandis  que  le  sérum  en  contenait  au  moins  6osr,  et  une  proportion  très  faible  de 
sucre  (quelques  centigrammes).  On  l'additionne  d'une  petite  quantité  de  glucose 
pure,  de  manière  que  le  liquide  renferme  environ  2Sr  de  sucre  pour  1000,  et  on  en  dé- 
termine le  pouvoir  glycolytique  suivant  notre  méthode,  c'esi-à-dire  en  faisant  :  i°  le 
dosage  immédiat  du  sucre;  20  un  nouveau  dosage  après  une  heure  à  3g0  C.  On  trouve 
ainsi  que  ce  pouvoir  est  assez  notable. 

»  On  ajoute  de  nouveau  aux  globules  la  même  quantité  d'eau  salée  froide  et  on 
abandonne  le  mélange  plusieurs  heures  à  une  température  inférieure  à  -+-  io°C;  puis 
on  centrifuge  une  troisième  fois.  Le  liquide  ne  renferme  alors  que  peu  d'albumine  et 
seulement  des  traces  de  sucre.  Si,  comme  précédemment,  on  lui  ajoute  du  glucose 
et  qu'on  détermine  son  pouvoir  glycol>  tique,  on  le  trouve  beaucoup  plus  considérable 
que  celui  du  précédent  liquide.  Si  l'on  ajoute  de  l'eau  salée  et  sucrée  aux  globules  et 


(    /(Î.2    ) 
qu'on  détermine  leur  pouvoir  glycolytique,    on  constate  qu'il  a  diminué  corrélati- 


vement. 


»  Cette  expérience  donne  une  nouvelle  preuve  du  fait  que  le  pouvoir 
glycolytique  du  sang  ne  peut  être  considéré  comme  une  propriété  vitale 
de  l'albumine  du  sang,  ainsi  que  l'a  fait  récemment  M.  Arnaud.  On  voit, 
en  effet,  cpie  dans  la  série  des  trois  liquides  :  sérum,  première  eau  de  la- 
vage, deuxième  eau  de  lavage,  l'albumine  décroît  énormément,  tandis  que 
le  pouvoir  glycolytique  y  augmente,  en  même  temps  qu'il  diminue  dans 
les  globules.  Ce  transport  du  pouvoir  glycolytique  des  globules  dans  l'eau 
de  lavage  témoigne  en  faveur  de  l'idée  d'un  ferment  soluble.    » 

M.  Bouquet  de  la  Grve,  en  présentant  à  l'Académie  un  exposé  des  idées 
de  M.  Faye  dans  V American  Meteoro'ogical  Journal,  lit  la  Note  suivante  : 

«  M.  Faye  a  annoncé  à  l'Académie,  il  y  a  deux  ans,  que  MM.  les  édi- 
teurs de  Y  A  merican  Meleorological  Journal  (  '  )  l'avaient  engagé  à  leur  donner 
un  exposé  complet,  et  surtout  suivi,  de  ses  idées  sur  la  théoriedes  tempêtes. 
Madame  W.  Harrington,  femme  du  directeur  de  l'observatoire  astrono- 
mique d'Ann  Arbor,  avait  bien  voulu  se  charger  de  traduire  en  anglais  ce 
manuscrit.  Aujourd'hui  tout  est  terminé,  et  M.  Faye  a  l'honneur  d'otfrir  à 
l'Académie  un  ensemble  des  quatorze  numéros  où  ce  commun  travail  a  été 
publié  mois  par  mois. 

»  Il  est  divisé  en  trois  parties  :  i°  les  tempêtes  proprement  dites;  20  les 
girations  des  régions  inférieures  (trombes  et  cyclones);  3°  les  mouvements 
giratoires  des  régions  intermédiaires  qui  donnent  naissance  aux  orages  et 
aux  averses  de  pluies  ou  de  grêle.  C'est  dans  ce  travail  qu'a  paru  pour  la 
première  fois  la  représentation  géométrique  par  plan,  coupe  et  élévation 
d'une  tempête  avec  ses  limites  internes  et  externes  et  avec  les  deux  étages 
de  phénomènes  accessoires  qui  s'y  développent  sur  son  flanc  droit.  » 


(')  MM.  William  Harrington,  directeur  de  l'observatoire  astronomique  d'Ann 
Arbor,  Mich.;  .  Lawrence  Rotch,  fondateur  de  l'observatoire  météorologique  de  Rlue 
llill,  Mass.,  et  J.  llerdman,  professeur  de  Physiologie  à  l'Université  du  Michigan. 


(  4i3  ) 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix,  chargées  de  juger  les  Concours  de  l'année  1891. 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Prix  Franeœur.  —  MM.  Hcrmite,  Bertrand,  Darboux,  Jordan,  Poincaré 
réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  ob- 
tenu le  plus  de  voix  sont  MM.  Picard  et  Tisserand. 

Prix  Poncelet.  —  MM.  Hermite,  Bertrand,  Poincaré,  Darboux,  Jordan 
réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  ob- 
tenu le  plus  de  voix  sont  MM.  Bonnet  et  Picard. 

Prix  extraordinaire  de  six  mille  francs.  —  MM.  Jurien  de  la  Gravière, 
de  Bussy,  Bouquet  de  la  Grye,  l'àris,  de  Jonquières  réunissent  la  majorité 
des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix 
sont  MM.  d'Abbadie  et  Maurice  Lévy. 

Prix  Mont  y  on  (Mécanique).  —  MM.  Maurice  Lévy,  Boussinesq,  Léauté, 
Resal,  Sarrau  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après 
eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Marcel  Deprez  et  Haton  de  la 
Goupillière. 

Prix  l'/umey.  —  MM.  de  Bussy,  Paris,  Jurien  de  la  Gravière,  Maurice 
Lévy,  Bouquet  de  la  Grye  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Mem- 
bres qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  de  Jonquières  et 
Marcel  Deprez. 

MÉMOIRES  LUS. 

SPECTROSCOPIE.  —  Sur  le  spectre  de  «  Lyre. 
Note  de  M.  H.  Besi.asdues. 

«  M.  Fowler  a  annoncé  récemment  le  dédoublement  périodique  de  la 
raie  Iv  du  calcium  dans  le  spectre  de  a.  Lyre  et  en  a  conclu  le  dédouble- 
ment de  l'étoile  en  deux  composantes  qui  décriraient  chacune  en  24\G,i 
une  courbe  fermée,  avec  la  vitesse  de  1 85  milles  à  la  seconde.  Mais 
M.  Pickering,  en  discutant  ses  nombreuses  observations  antérieures  du 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXU,  N°  8.)  5  ( 


(  4*4  ) 

même  spectre,  faites,  il  est  vrai,  avec  un  appareil  tout  semblable  (un 
prisme  objectif),  a  trouvé  un  désaccord  presque  complet.  Enfin,  M.  Vogel, 
dans  une  Note  parue  la  semaine  dernière,  a  montré,  avec  les  photogra- 
phies faites  àPotsdamdans  les  trois  dernières  années,  que  les  conclusions 
de  M.  Fowler  étaient  en  grande  partie  inacceptables.  Cependant,  comme 
le  spectre  photographié  à  Potsdam  ne  s'étend  que  de  ^42°  à  ^460  et,  par 
suite,  ne  contient  pas  la  raie  R  du  calcium,  le  doute  subsiste  encore  sur 
la  réalité  du   fait  annoncé,  sinon  sur  son  interprétation. 

»  Je  trouve,  en  revenant  de  voyage,  le  débat  engagé  sur  ce  point,  et  je 
présente  aussitôt  mes  propres  observations  du  même  spectre,  qui  se  trou- 
vent par  hasard  permettre  une  conclusion  définitive. 

»  La  photographie  principale  de  M.  Fowler,  celle  qui  donne  le  dédou- 
blement maximum,  a  été  faite  le  8  octobre  1890;  or,  ce  même  jour  et  au 
même  moment,  j'ai  obtenu,  à  l'Observatoire  de  Paris,  le  spectre  de  a  Lyre, 
avec  le  sidérostat  de  Foucault,  un  objectif  de  12  pouces  et  un  spcctroscopc 
photographique  à  fente  et  prisme  de  6o°,  qui  donne  de  F  à  H  un  spectre 
de  3cm;  pose  :  1  heure,  de  8h  t  5  à  gh 15,  temps  moyen.  Cette  épreuve  offre 
la  raie  Rdu  calcium,  de  môme  que  les  photographies  de  M.  Pickering;  mais, 
comme  elle  est  obtenue  avec  une  fente,  elle  a  en  plus  l'avantage  d'être 
exempte  des  erreurs  dues  à  l'agitation  de  l'atmosphère  et  aux  variations 
de  l'objectif,  ainsi  que  M.  Vogel  le  remarque  pour  les  photographies  faites 
à  Potsdam.  Enfin  elle  présente  un  spectre  de  comparaison  qui  n'est  pas 
formé  par  la  seule  raie  Hy  de  l'hydrogène,  comme  à  Postdam,  mais  par 
les  spectres  électriques  de  l'hydrogène,  du  fer  et  du  calcium.  Les  nom- 
breuses raies  du  fer  fournissent  des  repères  excellents,  aussi  bien  pour  les 
erreurs  de  tirage  que  pour  le  déplacement  des  raies  ;  l'examen  de  ces  raies, 
sur  l'épreuve  en  question,  permet  d'affirmer  la  correction  de  la  mise  au 
point. 

»  Or  la  raie  R  du  calcium,  dans  le  spectre  de  l'étoile,  se  montre  fine, 
nette  et  manifestement  simple;  la  raie  voisine  annoncée  serait  distante 
de  ^  de  millimètre  et  donc  visible  à  l'œil  nu. 

»  Les  photographies  de  a,  Lyre,  faites  avec  le  même  appareil  le  8  sep- 
tembre et  le  22  novembre,  donnent  des  résultats  semblables;  de  même 
aussi,  plusieurs  épreuves  obtenues  avec  le  grand  télescope  de  ilu,2o  et  un 
spectroscope  de  dispersion  un  peu  moindre,  les  icr  et  iG  septembre  et  le 
3  octobre  1890.  Ces  photographies  ont  été  faites  avec  le  concours  de  M.  La- 
vollav,  mon  assistant.   » 


(  4i5  ) 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  D.-A.  Casaloxga  adresse  une  nouvelle  Note  relative  à  «  l'inexacti- 

■ 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Cornu.  ) 


tude  du  coefficient  économique  -^ —  du  rendement  de  la  chaleur  » 

l  0 


CORRESPONDxlNCE. 

L'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Re aux- Arts  de 
Belgique  informe  l'Académie  qu'elle  ouvre  une  souscription  pour  offrir 
une  médaille  d'or  à  M.  J.-S.  S/as,  le  5  mai  prochain,  à  l'occasion  de  son 
cinquantième  anniversaire  comme  membre  titulaire  de  la  classe  des 
Sciences. 


M.  leD1'  G.  Pichox  adresse  ses  remerciements  pour  la  distinction  accor- 
dée à  ses  travaux  dans  la  dernière  séance  publique. 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  deux  nouvelles planètes,  découvertes  à  l'Ob- 
servatoire de  Nice,  les  1 1  et  16  février  1891;  par  M.  Ciiarlois,  présentées 
par  M.  Bouquet  de  la  Grye. 


Ascension 

Distance 

Dates 

Temps  moyen 

droite 

Log.  fact. 

polaire 

Log.  fact. 

1891. 

de  Nice. 

ente. 

para  1 1 . 

apparente. 

parall. 

'évrier 

11.. 

i  oh  1 7"' ...; 

9u5im35s,o9 

ï ,  366,, 

->      1,      M 

0,652,, 

16.. 

i.V'35"1   7> 

9h4lm3'2s,02 

r,ô4S« 

82»57'36",  ï 

o,748„ 

»   Remarque.    —  La    première  est  de  grandeur    12,0   et  la    deuxième 
n,5.    » 


(4i6  ) 


ASTRONOMIE.  —Observations  de  la  planète  Chariots  (11  février  1891),  faites 
à  l'équatorial  Brunner  de  l'Observatoire  de  Toulouse;  par  M.  B.   Bail- 

L\UD. 


Dates 
1891. 

Étoiles                                                   Planète  - 

-  *. 

Nombre 
de 

comparaison.           Gr.               Ascension  droite. 

Déclinaison. 

compar. 

Fév.  16 

a                 7,8                       i5s,85 

49",  2 

i8:5 

•7- 

a                 7,8              —  r"43s,92 

Position  de  l'étoile  de  comparaison 
Ascension           Réduction 

+  3'27",I 

12:6 

Réduction 

droite                      au 

Déclinaison 

au 

Étoiles 

moyenne  1891,0.        jour. 

moyenne  1891,0. 

jour. 

a  2127  BD 

-m5° 

=  4218  Yarn  .. .     gh47m52s,5i       -t-os,83 

Positions  apparentes  de  la  planète 

l5°l5'l",5 

—  2",0 

Dates 

Temps  moyen          Asc.    droite         Log.  fact. 

Déclinaison 

Log.  fact. 

1891.     - 

de  Toulouse.            apparente.             parall. 

apparente. 

parall. 

Févr.  16 

i3hi9m4os       gh47m7s,49         7,176 

[5°i4'io",3 

o,636„ 

18 

i6hnmoos       9h46m9',42         T,6oi              1 

[5°i8'26",9 

0,71 2« 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  des  f acides  solaires,  faites  en  1889  et 
1890  à  l'équatorial  Brunner  (om,i8)  de  V Obseivatoire  de  Lyon.  Note  de 
M.  En.  Marchand,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Nous  avons  résumé  dans  le  Tableau  suivant  les  observations  des 
faculcs  solaires  faites  pendant  les  deux  années  1889  et  1890,  à  l'Observa- 
toire de  Lyon. 

»  Nous  avons  tenu  compte  non  seulement  des  facules  très  brillantes, 
mais  encore  de  celles  qui  étaient  simplement  plus  brillantes  que  l'ensemble 
de  la  surface  solaire  (facules  de  deuxième  espèce  du  P.  Secchi)  lorsque 
nous  avons  pu  les  observer  plusieurs  jours  et  en  déterminer  la  position  et 
la  surlace  approchée.  D'autre  part,  nous  n'avons  pas  distingué  entre  les 
facules  renfermant  des  taches  et  celles  qui  n'en  contenaient  pas;  nous 
avons  donc  cherché  à  faire  la  statistique  des  régions  d'activité  du  Soleil 
pendant  les  deux  années  considérées,  autant  du  moins  que  cela  est  possible, 
sans  tenir  compte  des  protubérances. 

»  Notre  Tableau  donne  d'abord,  pour  chaque  mois,  la  distribution  des 
groupes  de  facules  en  latitude,  par  zones  de  io°  entre  —  4o°  et  -f-  4t>°,  et 


(  4-7  ) 
dans  les  deux  calottes  polaires  s'étendant  de  ±  4°°  R  —  9°"  '•>  ^es  sixième  et 
douzième  colonnes  donnent  les  nombres  de  groupes  par  hémisphère,  la 
treizième  le  nombre  total  de  groupes  par  mois;  chaque  groupe  n'est  d'ail- 
leurs compté  qu'une  seule  fois  par  rotation  solaire.  La  dernière  colonne 
donne  les  surfaces  totales  de  tous  les  groupes,  exprimées  en  millièmes  de 
l'aire  de  l'hémisphère  visible,  et  ramenées  au  centre  du  disque  :  ces  sur- 
faces sont  celles  des  parties  brillantes  ou  relativement  brillantes  et  non 
celles  de  l'ensemble  de  l'espace  occupé  sur  le  Soleil  par  le  réseau  des 
facules. 

Sud.  Nord. 

ç)0o.    4°°-    3o°.    20°.     io".    (i°.  Som.      o°.    io°.  20°.  3o°.  '|0°.  90°.  Som.  Totaux.     Surfaces. 

Janvier  1883.  1  »  »  »  8  9  5  a  1  1  1  10  19  7,0 

Février 3  1  1  3  5  i3  »  2  2  1  1  6  19  6,1 

Mars 1  1  1  3  4  10  4  2  1  1  »  8  18  6,6 

Avril 2  »  »  4  4  lû  4  3  1  »  »  8  18  6,1 

Mai »  »  1  3  ">  9  7  1  1  »  »  9  18  6,8 

Juin 1  »  »  1  ti  8  5  3  1  »  »  9  17  7,4 

Juillet »  »  »  1  6  7  9  »  »  »  »  g  16  6,  \ 

Août »  »  2  »  ()  11  2  »  2  »  »  !\  i5  6,6 

Sept »  »  1  ')  3  9  4  5  1  »  »  10  19  5,7 

Oct 1  2  4  '  3  11  4  2  2  D  »  8  19  5,2 

Nov 2  1  3  2  4  '  '•  3  •  4  "  »  7  '9  3,6 

Dec »  »  2  1  5  8  2  4  1  '  »  8  16  5,9 

Totaux....      11       5     i.J     24     62       117  48     25     17       4       2       96  2'3  73,4 

Janvier  1890.  0  »  3       2       3  8  2       2       4        '  »  9  '7  6,6 

Février 1  1  22.!  9  0281  1  1  >  21  5, g 

Mars 2  1  6       1        2  1  >.  1        3       6       2  m  12  24  6,5 

Avril 2  1  3       2       »  8  4        '       6       1  1  i3  21  (i.'i 

Mai »  »  1       2       4  7  1       "       7       5  2  i5  22  6,6 

Juin »  »  4      2      4  10  3       1      5      3  4  16  26  7,4 

Juillet       ....  »  1  3       2       2  8  4       4       5       1  »  14  22  8,1 

Août »  1  5       2       3  11  3       2       4       1  '  'i  22  9,8 

Sept »i72»  10  i342  iii  21  11,2 

Oct »  »  4       2       3  9  1        2       4        '  !  9  18  11,9 

Nov »  1  3       1       2  7  2       3       2       1  »  8  1 5  11,6 

Dec 1  4  4       3       3  i5  1       2       2       2  »  7  22  1 1 . 3 

Totaux....       6     1 1     45     23     29       ii4  23     25     57     21      11      137  25i         io3,3 

»   L'examen  des  nombres  obtenus  dans  ces  conditions  met  en  évidence 
plusieurs  faits  intéressants. 

»    i°  Les  nombres  mensuels  de  groupes    ne  varient  pas  beaucoup  de 


(  4-8  ) 

janvier  1889  à  janvier  1890;  ils  augmentent  un  peu  à  partir  de  février 
1890,  et  l'année  1890  présente  au  total  trente-huit  groupes  de  plus  que 
1889. 

»  2°  La  surface  totale  par  mois  est  de  même  peu  variable  de  janvier  à 
août  1889;  elle  va  ensuite  en  diminuant  et  passe  en  novembre  1889  par  un 
minimum  bien  net,  puis  elle  augmente  plus  ou  moins  régulièrement  jus- 
qu'à la  fin  de  1890,  et  cette  dernière  année  présente  une  superficie  totale 
de  io3,3  au  lieu  de  73,4  que  donne  1889. 

»  Ces  faits  placent  le  minimum  d'activité  solaire  en  novembre  1889, 
comme  cela  résulte  aussi  de  l'absence  absolue  de  taches  du  10  octobre  au 
4  décembre  1889. 

«  3°  La  distribution  en  latitude  des  régions  d'activité  change  complètement 
vers  le  moment  du  minimum.  Tandis  qu'au  début  de  l'année  1889  elles 
étaient  surtout  fréquentes  dans  la  zone  de  — io°  à  -+-  io°,  elles  se  sont 
écartées  beaucoup  de  l'équateur  à  partir  du  mois  d'octobre,  et  en  1890  le 
maximum  de  fréquence  est  dans  la  zone  de  200  à  3o°  de  chaque  hémi- 
sphère. De  plus,  les  zones  de  3o°  à  4o°,  Nord  et  Sud,  qui  ne  comprenaient 
ensemble  que  9  groupes  en  1889  pour  les  deux  hémisphères,  en  renfer- 
ment 32  en  1890. 

»  4°  C'est  l'hémisphère  Sud  qui  est  le  plus  riche  en  régions  actives  jusqu'au 
minimum  (en  1889);  c'est,  au  contraire,  l'hémisphère  Nord  après  le  mini- 
mum (en  1890).  » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  le  mouvement  d'un  vortex  rectiligne  dans  un  liquide  con- 
tenu dans  un  prisme  rectangle  de  longueur  indéfinie.  Note  de  M.  Axdrade, 
présentée  par  M.  Maurice  Lévy. 

«  La  méthode  des  images  a  fourni  à  M.  le  professeur  Greenhill  une  so- 
lution très  simple  du  problème  susénoncé. 

»  Si  l'on  désigne  par  2a  et  nb  les  dimensions  transversales  du  prisme 
et  si  l'on  représente  respectivement  par  mu,  en?/,  dnw,  cotnw;  Su  m,  Cnu, 
Dn«,  Cotnw  des  fonctions  doublement  périodiques  de  modules  complé- 
mentaires k-  et  Je'-,  dont  les  demi-périodes  réelles  £1,  £ï  dérivent  des  demi- 
périodes  £2,  Q!  \j  —  1,  de  la  fonction  de  Jacobi  H(«')  et  sont  définies  par  la 
proportion 

Q  <)'  j 


(  4»9  ) 

on  aura,  pour  déterminer  en  fonction  du  temps  /  les  distances  ;rn,v„  du 
vortex  à  deux  faces  contiguës  du  prisme,  les  équations  différentielles  de 

Stdkes 

/  d,r0  __  dZ0 

\*y*  =  _  M, 

à  ■■., 


équations  dans  lesquelles  il  faudra  faire 


Zn=-^Log 


Ko  \  " 


To  \f:r~î  \ 


-  rny »   \  u  /  i/i)"l"/iiV        '    \ 


=  const. 


(2)  2*  H,  /«,    ,  H2//oV- 

1  \V  J  \    \  ■■       • 

/n  —  l'intensité  tourbillonnaire  du  vortex. 

»  La  trajectoire  décrite  par  le  centre  d'une  section  droite  du  vortex  a 
pour  équation  za  =  const.  ou,  ce  qui  revient  au  même, 

[c„t„(a)]'+|cpt„ 

»  Telle  est  la  solution  de  M.  Greenhill;  M.  Maurice  Lévy  l'exposait  ré- 
cemment à  son  cours  et  nous  engageait  à  la  discuter,  en  ayant,  s'il  y  avait 
lieu,  égard  aux  pressions  qui  se  produisent  à  chaque  instant  dans  le  fluide. 

»  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  d'abord  de  mettre  en  évidence  une 
curieuse  propriété  de  ce  vortex  confiné,  ensuite  d'étudier  le  régime  per- 
manent des  pressions  dans  le  cas  particulier  d'un  vortex  dont  l'axe  immo- 
bile coïnciderait  avec  l'axe  indéfini  du  prisme. 

»  Il  est  ici  commode  d'employer  les  fonctions  p(«)  de  M.  Weierstrass; 
je  poserai 

*  =  p(*.)=    -1T+  -i/Jty    ?  =  «#.)=,-    73T-  +  7=r* 

).  sn     |  -M  X  Sn 


(3  bis) 


vV  \A 

[  />   h q  =  F .==  const.  (F£e,  —  e,), 

1  F  W  =        ^  v/4(F  -  />)3  -  ff,  (*""  ~P)  +  #>  i   g1..  SV.  «i,  «.,.«. 

(  '.  )         ] /ayant  leur  signifi- 

j  F  *■&■  =  -  ^  V4(F       y  )»-ft(F  -  ç)  -  g3  \  cation  habituelle. 


(    420    ) 

»  Des  équations  précédentes  on  déduit  immédiatement  que  le  pied  du 
vortex  décrit  une  courbe  fermée,  et  que  la  période  T  de  la  révolution  du 
vortex  autour  de  l'axe  du  prisme  est  donnée  par  cette  intégrale  indéfinie 
ultra-elliptique, 

i*    /'h'+-"3  FVA 


; 


y i  ;v     ?1x -  ff3)  [4(F-  X)' - g,(F -.X)  -+•  g*\ 


»  Cas  d'un  vortex  presque  centra!.  —  Si  dans  l'intégrale  précédente  on 
fait  F  =  e,  —  es    I-  t,  puis  lime  ==  o,  on  trouve  sans  difficulté 


limT 


»iy/(e,  —  e-:  )\  r,       e3) 


c'est  la  durée  d'une  vibration  infiniment  petite  du  vortex. 

»  Cas  d'un  vortex  très  excentrique  :  sa  vitesse  de  circulation  est  très  grande. 
—  Supposons  que  la  constante  F  prenne  de  très  grandes  valeurs,  je  dis  que 

la  durée  T  devient  infiniment  petite  avec  =;■ 

»   En  effet,  appelons  v  la  vitesse  de  circulation  du  vortex,  les  équa- 
tions (4)  nous  donnent 

(5)  FV  =  ~  F[402  -Pr/+  f)  -g,]  : 

sur  la  trajectoire,  (p-+-  a  =  F)  la  vitesse  v  sera  donc  susceptible  d'un  mini- 
mum au  moins  égal  ^>  la  quantité  w  définie  par  l'équation  suivante 

(6)  FW  =  ^(F2-^), 

F 
que  l'on  déduit  de  (5)  en  y  faisant  p  -  --  q  =  -• 

»  J'ajoute  que,  pour  F  suffisamment  grand,  cette  valeur  w  sera  réellement 
atteinte. 

»   Mais  cette  vitesse  mitiima  w,  dont  la  valeur  asymptotique  est  —  y' F, 

sera  infinie  avec  F;  ce  que  démontre  le  résultat  annoncé,  car  la  longueur 
de  la  trajectoire  du  vortex  est  finie. 

»  Régime  du  fluide  autour  d' un  vortex  central.  —  Prenons  pour  origine 
des  coordonnées  x,  y  d'une  particule  quelconque  du  fluide  le  centre 
d'une  section  droite  du  prisme,  en  sorte  que  les  équations  de  Stokes  rela- 


(    421     ) 

tives  à  la  particule,  deviennent  ici 

^77 — ~CT\  Cn  "7?  Sn   /? Dn  "7F  "7? 3      J  i  —  en  -A  Cn  ^. 

(o)     *  /     Z  = log — 

m        Cn  V  Sn  *  dn  *     '  •  "         i  +  cn^Cn^- 


(t.: 

àZ 

,11 

dy 

dv 

dZ 

dt  - 

■  ) 

on  déduit  de  là 


en  —  Cn  -—  =  G  —  consl ., 


\A~      fi 


fe-cn2  Cn- 


»  La  vitesse  est  donc  maxima  quatre  fois,  aux  points  où  la  trajectoire 
coupe  les  axes;  elle  est  minima  en  des  points  intermédiaires  par  rapport 
aux  précédents.  Les  carrés  des  deux  vitesses  maxima  et  de  la  vitesse  mi- 
nima ont  pour  valeurs  respectives 


i         — -//2-      xW^I     *"       *,G')«      ^-Gî 


2  M' G. 


»  Pour  G  très  petit,  c'est-à-dire  pour  une  trajectoire  assez  voisine  des 
parois,  la  vitesse  minima  est  très  petite,  comme  \/G  ;  les  parties  voisines  des 
angles  ont  donc  une  vitesse  petite.  Ce  n'est  donc  pas  en  ces  points  que 
l'on  pourrait  redouter  de  grandes  vitesses,  et  par  suite  des  pressions  né- 
gatives, indices  de  formation  de  vides  au  sein  du  fluide. 

»  Les  grandes  vitesses  seraient  au  contraire  dans  le  voisinage  immédiat 
du  vortex  et  c'est  en  ces  points  qu'il  suffirait  d'exercer  une  pression,  lors 
de  la  formation  du  vortex;  celte  pression  ne  pourrait  se  calculer  qu'en 
restituant  au  vortex  ses  dimensions,  que  l'analyse  précédente  suppose  né- 
gligeables. » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  ■  Sur  la  représentation  plane  des  équations  à 
quatre  variables.  Note  de  M.  M.  d'Oc  igné,  présentée  par  M.  Maurice 
Lévv. 

«  Soit  une  équation  a  quatre  variables 

»     v  chaque  valeur  de   /   correspond   une  surface.  Cette   surface  est, 
comme  on  sait,  représentable  sur  un  plan  par  ses  courbes  de  niveau.  On 

'.:.  '!..  1891,  i"  St tire.  >!•  '  XII,  .'•    8.)  ):} 


(    422    ) 

ne  peut  songer  à  superposer  sur  un  même  plan  les  divers  systèmes  de 
courbes  de  niveau  répondant  aux  valeurs  successives  de  t.  De  là  l'impos- 
sibilité, à  moins  d'un  artifice  particulier,  de  représenter  sur  un  plan  les 
équations  à  quatre  variables.  Il  y  a  donc  intérêt  à  signaler  la  méthode 
suivante,  qui  permet  d'effectuer  la  représentation  plane  d'une  classe  très 
étendue  d'équations  de  ce  genre. 

«   Supposons  que  l'équation  (i)  puisse  se  mettre  sous  la  forme 


O) 


/,(*)  £(*)  /■,(*) 

?iO0      <p2(j)      ¥»G0 


<p 


i{(z,t)  ■    <!>,(*' 0       +,(*,*) 


très  générale  puisqu'elle  contient  six  fonctions  arbitraires,  et  considérons 
dans  un  système  de  coordonnées  parallèles  (')  les  points  dont  les  équa- 
tions sont 

(3)  uf,(as)-hvft(x)  .,<■:■)        =o, 

(4)  «ç,  (j)  H-  ('?,<  .v  •       +  ?.(.v  )        =  o, 

(5)  u^(z,l)  -h  vl,(z,  t)  4-<p,(s,  /)  =  o. 

»  L'équation  (i)  exprime  que  ces  trois  points  sont  en  ligne  droite.  De 
là,  la  méthode  que  nous  avons  en  vue. 

»  Dans  l'équation  (3)  faisons  varier  le  paramètre  x.  Nous  obtenons 
ainsi  une  suite  de  points  distribués  sur  une  certaine  courbe  X.  En  inscri- 
vant à  côté  de  chacun  de  ces  points  la  valeur  correspondante  de  x,  nous 
obtenons  la  graduation  de  la  courbe  X. 

»  De  même  l'équation  (4),  dans  laquelle  on  fera  varier  le  paramètre  y, 
fournira  une  courbe  graduée  Y;  et  l'équation  (5),  pour  chaque  valeur 
attribuée  à  l,  donnera  par  variation  de  z  une  courbe  graduée  T  qui  sera 
elle-même  désignée  par  la  valeur  correspondante  de  t.  Les  courbes  T 
forment  un  système  (T),  et  les  points  de  même  graduation  de  ces  courbes 
sont  distribués  sur  d'autres  courbes  Z  qui  ne  sont  autres  que  celles  qu'on 
obtient  au  moyen  de  (5)  par  variation  de  t  quand  on  donne  à  z  les  valeurs 
successives  qui  sont  précisément  les  cotes  du  système  (Z). 

(J)  Nous  avons  développé  dans  une  brochure  spéciale  (Gauthier-Villars,  i885)  la 
théorie  de  ces  coordonnées  qui  déterminent  une  droite  par  les  segments  qu'elle  dé- 
tache sur  deux  a\es  parallèles,  à  partir  d'origines  fixes. 


(  4^3  ) 

»  En  résumé,  la  représentation  de  l'équation  (  2)  se  composera  des  deux 
courbes  graduées  X  et  Y  et  des  deux  systèmes  de  courbes  cotées  (Z)  et 
(T). 

»  Dès  lors,  si  (x0,  y0,  s0,  t0)  est  une  solution  de  l'équation  (2),  ladroite 
joignant  le  point  x0  de  la  courbe  X  au  point y0  de  la  courbe  Y  passera  par 
le  point  de  croisement  de  la  courbe  za  du  système  (Z)  avec  la  courbe  t0 
du  système  (T). 

»  On  voit  immédiatement  à  quoi  tiendrait  l'insuccès  de  l'application  du 
même  principe  si  u  et  v  étaient  des  coordonnées  ponctuelles;  c'est  que, 
les  équations  (3),  (4),  (5)  représentant  alors  des  droites,  les  diverses 
courbes  X,  Y,  (Z),  (T)  interviendraient  non  plus  par  l'ensemble  de  leurs 
points,  mais  par  celui  de  leurs  tangentes,  en  sorte  que  la  figure  présente- 
rait une  complication  qui  rendrait  son  exécution  matériellement  impos- 
sible. 

»  La  méthode  précédente  est  susceptible  de  nombreuses  applications  au 
calcul  graphique.  Toutefois  il  faut  remarquer  qu'elle  devient  illusoire  si 
les  diverses  courbes  (Z)  et,  par  suite,  les  diverses  courbes  (T)  coïncident 
entre  elles,  sans  qu'il  en  soit  d'ailleurs  de  même  de  leurs  graduations. 
C'est  ce  qui  a  lieu  en  particulier  lorsque  l'un  quelconque  des  éléments  de 
la  dernière  ligne  du  déterminant  (2)  est  nul. 

»   Exemple  d'application.  —  Pour 

h       =«*  +  *. 

on  a  la  représentation  de 

t3  +  xt-  -1-  vt  -f-  ^    -  o, 

et,  par  suite,  un  Tableau  graphique  donnant  la  résolution  de  l'équation 
complète  du  troisième  degré  pour  toutes  valeurs  des  coefficients.  Ici,  les 
courbes  X  et  Y  se  confondent  respectivement  avec  les  axes  de  coordonnées 
parallèles  portant  leurs  graduations  naturelles;  les  courbes  (Z)  sont  des 
parallèles  à  ces  axes;  les  courbes  (T)  des  courbes  unicursales  du  troisième 
ordre  tangentes  à  la  droite  de  l'infini  et  ayant  pour  asymptotes  les  droites 
XetY.    » 


/.=  !, 

f,-    0, 

?i  z=  °i 

<p2          1, 

■^^l\ 

:,       :/, 

'  W\  ) 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  une  classe  de  surfaces  harmoniques.  Mole  de  M.  L.  Raffv, 

présentée  par  M.  Darboux. 

«  Je  me  propose  d'établir  ici  une  proposition  qui  joue  un  rôle  important 
dans  la  théorie  des  surfaces  harmoniques.  Elle  consiste  en  ce  que  toute 
surface  harmonique  dont  tes  lignes  d'égale  courbure  sont  parallèles  est  appli- 
cable sur  une  surface  de  révolution . 

»  Quand  une  surface  est  harmonique,  on  sait,  en  vertu  d'un  théorème 
fondamental  dû  à  M.  Massieu,  que  l'équation  de  Jacobi  pour  les  géodé- 
siques  de  cette  surface  admet  une  intégrale  quadratique  et  homogène.  En 
appliquant  ce  principe  au  cas  où  la  surface  est  rapportée  à  une  famille  de 
géodésiques  et  à  leurs  trajectoires  orthogonales,  on  arrive  à  la  règle  sui- 
vante qui  m'a  déjà  permis  de  trouver  (')  toutes  les  surfaces  harmoniques 
résultant  de  la  déformation  des  surfaces  réglées  : 

»   Pour  qu'un  élément  linéaire  donné  sous  la  forme 

(  i)  d-s2  ---  dir       G  dv1 

soil  réductible  à  la  forme  harmonique,  il  faut  et  il  suffit  qu  on  puisse ^en  choi- 
sissant convenablement  les  deux  fonctions  A  et  W  de  la  seule  variable  v,  satis- 
faire aux  deux  équations 

/     \  d\>-  r  ,   tir     ,      »  •  f  "lé 


dp 
dv 

=  G  (  W  - 

ô 

-3A 

2            d 

du 

G 

GdG  àf 

Or  l'élément  linéaire  (i)  conviendra  à  toutes  les  surfaces  dont  les  lignes 
d'égale  courbure  (u  =  const.)  sont  parallèles  si  l'on  y  fait 

(  I  )  G  —  -  — j-p 

»  Grâce  à  cette  expression  particulière  de  G,  les  relations  (2)  et  (3) 
permettent  de  calculer  explicitement  les  deux  dérivées  premières  de  la 
fonction  auxiliaire  [J..  Il  n'y  a  plus  qu'à  écrire  la  condition  d'iutégrabilité; 


(')  Comptes  rendus,  t.  GX,  p,  223,, 


(    4*5     ) 

on  trouve  ainsi  l'équation  fonctionnelle 

-  /i       rt\  i (u - v)2 

j  VI      ,    :i\\  l  '2       aU'O  ,V'+W")](U  -  \  ) 

-;   4  A'  C-    :  -  (3  V  W  -r-  V/ V"  -;-  A'")  U'  =  o, 

où  \  ,  est  une  fonction  inconnue  de  v,  introduite  par  l  intégration.  Si  l'on 
prend  pour  variable  U,  et  qu'on  mette  U,  à  la  place  de  l  ',  il  vient,  en  dé- 
signant par  un  accent  la  dérivée  de  U,  par  rapport  à  U, 


I    VV(  l 2  U',  -  aUU ,  )  -  (a  V  W       A   :  Ulf,  H    Vi  V  \\    ;    A')  U', 

(  2(  VW  ■+-  2A')U,  +  V,  U-  -  2    W,    h-  W')'  U  ■     p(  e 


»  Pour  établir  notre  théorème,  il  faut  montrer  que,  si  l'on  exclut  l'hy- 
pothèse \  const.  qui  donne  les  surfaces  à  courbure  variable  applicables 
sur  les  surfaces  de  révolution,  cette  équation  n'admet  pas  d'autres  solu- 
tions que  celles  qui  correspondent  aux  surfaces  à  courbure  totale  constante. 
Or  on  trouve  que  ces  surfaces  sont  caractérisées  par  U'"  =  o,  la  fonction  V 
restant  arbitraire. 

»  Tout  revient  clone  à  prouver  que  l'équation  (5)  n'admet  aucune  so- 
lution quand  on  suppose  V  ^  o  et  U'"  o.  A  cet  effet,  je  différence  son 
premier  membre  trois  lois  successivement  par  rapport  à  U,  ce  qui  donne 


(6) 


i  w  (  [pu;    auu,  )m    .  2vw  +  a')(uu;)" 

I  \  (VW  -r-  A  il  ;   ;    2(  VW  +aA')l  ;    = 


et  je  montre  que  W  doit  être  supposé  différent  de  zéro.  Je  puis  alors  divi- 
ser tous  les  termes  de  l'équation  (6)  par  le  produit  WU*  et  je  diflérentie 
une  fois  encore  par  rapport  à  U  et  une  fois  par  rapport  à  v.  Dans  l'équation 
obtenue  de  la  sorte, 

on  ne  peut  supposer  nulle,  ainsi  que  je  l'établis,  ni  la  fonction  de  l  qui 
est  au  second  membre,  ni  celle  de  v  cpii  figure  au  premier.  Divisant  alors 
par  leur  produit,  l'équation  (7)  se  sépare  en  deux,  dont  l'intégration  est 
immédiate.  On  trouve,  en  désignant  par  n,  a  et  b  trois  constantes, 

U?  a  A'  Vs  —  inV-r-b 


[)".  1    —n  \>  V—  n 


(  4s6  ) 
et,  si  l'on  substitue  ces  résultats  dans  l'équation  (6),  on  arrive  à  l'équation 
séparée 

a  £=*  +  4U  +  (a  -  0.Z!=^±i  __.  a(fl  +  2)  V  ==  o 
U  —  n  V  —  « 

qui  est  manifestement  impossible.  Ainsi  les  solutions  Y'  =  o  et  U™  =  o  sont 
les  seules  qu'admette  l'équation  (S).  L'une  comme  l'autre  ne  donne  que 
des  surfaces  applicables  sur  des  surfaces  de  révolution.  Notre  théorème  est 
donc  complètement  démontré.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  compressibilité  des  mélanges  d'air  et  d'hydrogène. 
Note  de  M.  Ulysse  Lala,  présentée  par  M.  Cailletet. 

«  L'étude  de  ces  mélanges  a  été  faite  avec  l'appareil  et  par  la  méthode 
indiquée  dans  une  précédente  Communication  (')  :  une  certaine  masse 
du  mélange  gazeux  sous  volume  i  est  amenée,  à  température  constante, 
à  occuper  le  volume  i;  les  expériences  successives  se  font  par  pressions 
décroissantes  sur  des  masses  gazeuses  de  plus  en  plus  faibles. 

»  L'hydrogène,  purifié  suivant  le  procédé  de  MM.  Eug.  Varenne  et 
Em.  Hebré(2),  est  envoyé,  après  dessiccation  complète,  dans  le  récipient 
où  s'effectue  le  mélange  de  ce  gaz  avec  l'air.  La  composition  du  mélange 
résulte  de  la  proportion  d'oxygène  qu'il  contient,  quantité  que  l'on  déter- 
mine par  absorption,  à  l'aide  de  l'hydrosulfite  de  sodium.  Les  analyses 
faites  au  début  et  à  la  fin  de  chaque  série  d'expériences  ont  établi  la  con- 
stance de  composition  des  mélanges  pendant  les  essais. 

»  Dans  la  présente  Note,  je  ne  parlerai  que  des  mélanges  contenant 
plus  de  16  pour  ioo  d'hydrogène,  me  proposant  de  faire  connaître  ulté- 
rieurement le  résultat  des  expériences,  encore  inachevées,  sur  des  mé- 
langes moins  riches  en  hydrogène. 

»  Les  mélanges  dont  je  résume  ici  l'étude  contenaient  respectivement 
i6,38,  28,12,  33,o8,  39,28,  49>$9  pour  100  d'hydrogène.  Ils  ont  été 
soumis  à  des  pressions  comprises  entre   io5cm  de  mercure,   limite  infé- 


(')  Compressibilité  des  mélanges  d'air  et  d'acide  carbonique  {Comptes  rendus, 
t.  CXI,  2e  semestre,  p.  819;  1890). 

C)  Bulletin  de  la  Société  chimique  de  Paris,  t.  JfXVHI,  2e  semestre,  p.  5a3;  1877. 


(  4^7  ) 
rieure  relative  aux  pressions  initiales  sons  volume  i,  et  i56ocm,  limite  su- 
périeure des  pressions  finales  sous  volume  ^. 

»  Pour  représenter  graphiquement  les  résultats,  j'adopte  les  coordonnées 
suivantes  :  les  abscisses  sont  les  pressions  initiales  sous  volume  i,  et  les 
coordonnées  correspondantes  les  différences  entre  le  double  de  la  pres- 
sion initiale  considérée  et  la  pression  finale  relative  au  volume  '2.  Cette 
différence,  nulle  pour  un  gaz  parfait  suivant  la  loi  de  Mariotte,  positive  si 
le  gaz  se  comprime  plus  que  ne  l'indique  la  loi,  négative  dans  le  sens 
contraire,  fait  connaître  l'écart  entre  la  compressibilité  réelle  du  gaz  et  la 
loi  de  Mariotte.  Dans  ce  mode  de  représentation,  les  résultats  donnés  par 
Regnault  pour  l'air,  l'azote,  le  gaz  carbonique  et  l'hydrogène  se  rangent 
sur  des  lignes  droites  issues  de  l'origine,  situées  au-dessus  de  l'axe  des 
abscisses  pour  les  trois  premiers  gaz,  au-dessous  pour  l'hydrogène. 

»  Ce  procédé  graphique  permet  de  déduire  immédiatement  de  mes  ex- 
périences les  conséquences  suivantes. 

»  La  compressibilité  des  mélanges  considérés  d'air  et.d'hydrogéne,  dans 
lesquels  la  proportion  de  ce  dernier  gaz  va  en  croissant  à  partir  de  i6,3i 
pour  100,  est  intermédiaire  entre  celles  de  l'air  et  de  l'hydrogène  pour 
des  pressions  initiales  faibles  qui  augmentent  avec  la  quantité  d'hydrogène 
et  peuvent  s'élever  à  17  V"1  de  mercure  environ  pour  un  mélange  à  '19,80. 
pour  100  d'hydrogène.  Mais  cette  compressibilité  s'écarte  de  la  loi  de  Ma- 
riotte dans  le  même  sens  que  celle  de  l'hydrogène. 

»  Puis,  la  pression  finale  augmentant,  l'écart  par  rapport  à  la  loi  de  Ma- 
riotte, pour  un  mélange  déterminé,  reste  de  même  sens  en  devenant  plus 
grand  pour  le  mélange  que  pour  l'hydrogène*  et  cet  écart  croit  avec  la 
pression  initiale,  de  sorte  que  la  compressibilité  du  mélange  est  alors  con- 
stamment moindre  que  celle  de  l'hydrogène. 

»  Lorsque  la  quantité  d'hydrogène  augmente,  la  compressibilité  du  mé- 
lange s'écarte  progressivement,  quoique  lentement,  de  celle  de  l'hydro- 
gène, mais  pour  une  proportion  d'hydrogène  comprise  entre  33, 08  et 
'.ii),  28  pour  100,  la  compressibilité  du  mélange  non  seulement  ne  tend  plus 
à  s'écarter  de  celle  de  l'hydrogène,  mais  au  contraire  s'en  rapproche  pour 
des  pressions  initalcs  faibles  inférieures  à  i8ocm  de  mercure  environ.  La 
proportion  d'hydrogène  continuant  à  croître,  la  compressibilité  du  mélange 
se  rapproche  de  celle  de  l'hydrogène  pour  toutes  les  expériences  de  la  série, 
c'est-à-dire  pour  une  pression  initiale  quelconque  dans  les  limites  signalées. 
L'étude  du  mélange  à  49*89  pour  100  d'hydrogène  met  nettement  ce  fait 
en  évidence  :  la  compressibilité  de  ce  mélange  est  en  effet  plus  voisine  de 


(  4^8  ) 

celle  de  l'hydrogène  que  celle  du  mélange  à  39,28.  et  elle  devient  inter- 
médiaire entre  celle  de  l'air  et  de  l'hydrogène  pour  une  pression  initiale 
plus  élevée  que  pour  les  autres  mélanges. 

»  Ainsi,  après  écart,  la  compressibililé  des  mélanges  d'air  et  d'hydrogène 
étudiés,  inférieure  à  partir  d'une  certaine  pression  initiale  à  celle  de  l'hy- 
drogène, tend  vers  celle-ci  à  mesure  que  la  quantité  de  ce  gaz  augmente. 
C'est  un  fait  analogue,  mais  de'  sens  inverse,  à  ce  qui  se  passe  pour  les 
mélanges  d'air  et  de  gaz  carbonique. 

»   Ces  résultats,  qui  indiquent  pour  la  compressibilité  des  mélanges  ga- 
zeux: une  complexité  particulière,  ont  été  contrôlés  par  une  série  de  me- 
sures faites,   par  le  même  procédé  et  avec  le  même  appareil,  sur  des 
isolés  :  air,  gaz  carbonique.  Ces  mesures  concordent  d'une  manière  très 
satisfaisante  avec  les  résultats  dus  à  Regnault  (  '  ).  » 


OPTIQUE.  —  Surla  compression  du  quartz  ( 2  ).  Note  de  M.  Moxxory, 
présentée  par  M.  Lippmann. 

«  J'ai  entrepris  des  expériences  pour  vérifier  sur  le  quartz  une  consé- 
quence importante  de  la  théorie  de  M.  Gouy  sur  les  effets  simultanés  du 
pouvoir  rotatoire  et  de  la  double  réfraction  (3). 

»  Si  l'on  fait  tomber  normalement  sur  une  hune  biréfringente  douée  de 
pouvoir  rotatoire  une  vibration  rectiligne  parallèle  à  la  section  principale 
de  la  lame,  la  vibration  émergente  est  en  général  une  ellipse  que  l'on  peul 
décomposer,  suivant  la  manière  habituelle,  en  deux  vibrations  rectiiignes 
respectivement  parallèle  et  perpendiculaire  à  la  section  principale  de  la. 
lame.  En  appliquant  la  théorie  de  M.  Gouy,  j'ai  obtenu,  par  des  calculs 
simples,  les  éléments  de  cette  ellipse,  en  fonction  de  la  différence  de  marche 
<p  produite  par  la  double  réfraction  seule  entre  les  composantes  rectiiignes 

et  de  la  différence  de  marche  -  produite  par  le  pouvoir  rotatoire  seul  enti 

les  composantes  circulaires  de  Fresnel,  et  j'ai  discuté  les  résultats 


(')  Laboratoire  de  Physique  de  M.  le  professeur  G.  Berson,  à  la  Faculté  des  Scien 
de  Toulouse. 

(!)  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  Physique  de  l'Ecole  de  Cluny. 

(3)  Journal  de  Physique,  2e  série,  t.  IV,  p.  i49!  i885. 

(4)  Ibid.,  2e  série,  t.  IX,  p.  277;  1890. 


(  4ag  ; 

»  Soit  <£  l'angle  du  grand  axe  de  la  vibration  émergente  avec  la  direction 
de  la  vibration  incidente,  la  discussion  montre  que,  si  l'on  associe  à  un 
pouvoir  rotatoire  constant  <o  une  double  réfraction  croissant  à  partir  de 
zéro,  la  rotation  oc  diminue  ou  augmente  suivant  la  valeur  du  pouvoir  ro- 
tatoire. Pour  tu  <  6i°i6'5c)",  i.  diminue  jusqu'à  zéro,  puis  oscille  asympto- 
tiquement  autour  de  cette  valeur;   «  étant  compris  entre  6i°i6'5o,"  et 

-^=(=  63°38'23"),  a  croît  d'abord  pour  diminuer  ensuite  comme  dans  le 
i/8v  ' 

-         3- 
nremier  cas;  pour  co  compris  entre  —  et  — =>  a  croit  d'abord  et  atteint  la 

1  \  *       \  s 

valeur  -,  autour  de  laquelle  il  oscille  ensuite. 

»  J'ai  commencé  la  vérification  de  ces  conséquences  de  la  théorie  en  employant  deux 
lames  de  quartz,  taillées  perpendiculairement  à  l'axe  :  l'une  (lame  n°  1)  lévogyre,  dont 
le  pouvoir  rotatoire  pour  la  lumière  jaune  du  sodium  est  égal  à  44°  'o';  l'autre  (lame 
n°  2)  dextrogyre,  ayant  un  pouvoir  rotatoire  de  65°o'.  Un  appareil  spécial,  construit 
par  M.  Bénévolo,  me  permet  de  produire  sur  ces  lames,  au  moyen  de  poids,  une  com-. 
pression  verticale,  uniforme,  croissant  à  volonté.  La  lame  est  placée  derrière  le  pola- 
riseur  de  l'appareil  de  Jamin  pour  la  réflexion  métallique,  normalement  aux  rayons 
incidents  ;  la  section  principale  du  polariseur,  éclairée  par  un  brûleur  Laurent,  est  rendue 
horizontale.  La  vibration  émergente  est  étudiée  au  moyen  du  compensateur  de  Babi- 
net  et  d'un  nicol  analyseur;  je  dé  le  nui  ne  ainsi  la  différence  de  marche  cl  de  ses  compo- 
santes rectilignes,  verticale  et  horizontale,  et  l'angle  (3  dont  il  faut  faire  tourner  la  sec- 
tion principale  de  l'analyseur,  placée  d'abord  verticalement,  pour  rendre  les  franges 
aussi  noires  que  possible  (').  11  est  aisé  de  trouver  les  relations  qui  donnent,  pour 
chaque  expérience,  la  valeur  de  a  et  celle  du  rapport  K  des  axes  de  l'ellipse  émergente. 

»  L'expérience  montre,  conformément  à  la  théorie,  que,  par  suite  de  la  compression, 
la  rotation  a  de  la  vibration  qui  sort  de  la  lame  diminue  pour  la  première  lame  et  aug- 
mente pour  la  seconde,  ainsi  que  l'indique  le  Tableau  ci-dessous.  Au  moyen  des  don- 
nées expérimentales  je  détermine,  pour  chaque  expérience,  la  différence  de  marche  tp 
due  à  la  double  réfraction  seule,  par  une  relation  facile  à  établir  (-).  La  valeur  de  9  étant 
ainsi  connue,  je  peux  ensuite  calculer  les  valeurs  théoriques  de  la  rotation  %  et  du  rap- 
port K  des  axes. 


(')  Afin  d'obtenir  une  précision  suffisante,  je  prends,  pour,  chaque  détermination, 
la  moyenne  d'un  grand  nombre  de  lectures. 

(■)  Pour  obtenir  cette  relation,  il  suffit  d'exprimer,  en  fonction  de  <p  et  de  u,  la  dif- 
férence de  marche  des  composantes  rectilignes  cl  de  l'égalera  cl.  On  trouve  l'équation 


^  tangaicd 


\A 


C.   R.,   1891,  i«  Semestre.  (T.  CXU,  N°  S.) 


>6 


(  43o  ) 
»   Les  résultats  obtenus  sont  consignés  dans  le  Tableau  suivant  : 

Pression  a  K 

kilogr.  p.  d.  f.  observé,      théorique.       observé,      théorique 


o 

44°  io 

» 

» 

44.io 

44.io 

» 

» 

|     3o 

43 

15,9 
2  3  9 

O,  106 

42.49 

42.56 

0,212 

0,211 

me  n°  1 .  . .    < 

i 

|    4» 

42 

2  1,5 
239 

0,  i45 

41.27 

41.32 

0,289 

0,289 

1 

5o 

4i.   6 

s 

26,5 
239 

0, 180 

39. 56 

4o.  3 

0,359 

0,359 

/ 

o 

65.  o 

» 

» 

65.  0 

65.  0 

» 

» 

1 

3o 

62.42 

22,  4 
2  39 

0,  io3 

65. 16 

65. 18 

0,239 

o,238 

me  n°  2. .  .    ■ 

4o 

61 .  12 

28,8 
239 

0,137 

65 .  34 

65.32 

0,320 

0,320 

I 

5o 

59.12 

35,4 

239 

0,174 

66.   5 

66.55 

o,4i3 

0,416 

[ 

7° 

54.i5 

46,4 
239" 

0,244 

67.   7 

67. 1 1 

0,612 

0,612 

La 


»  La  théorie  se  trouve  donc  confirmée  par  ces  expériences  :  une  com- 
pression qui  croît  à  partir  de  zéro  a  pour  effet  de  diminuer  ou  d'augmenter 
la  rotation  de  la  vibration  émergente,  suivant  la  valeur  de  l'épaisseur  de 
la  lame  de  quartz  soumise  à  la  compression. 

»  Le  Tableau  ci-dessus  montre  aussi  que  la  différence  de  marche  <p  due 
à  la  compression  seule  est  proportionnelle  à  cette  compression  (').  On 
voit,  de  plus,  que,  pour  une  charge  donnée,  <p  a  sensiblement  la  même 
valeur  pour  les  deux  lames;  ce  résultat  s'explique  aisément  :  les  lames 
sont  en  effet  de  même  largeur  (i3mm, 5),  et  l'on  sait  qu'alors  une  charge 
donnée  doit  produire  une  double  réfraction  constante,  indépendante  de 
l'épaisseur.  La  compression  nécessaire  pour  rendre  cp  égal  à  une  demi- 
longueur  d'onde  de  la  lumière  jaune  du  sodium,  calculée  d'après  les  expé- 
riences précédentes,  est  égale  à  io4Kg  environ  par  centimètre  carré. 

»  Je  me  propose  de  compléter  ces  résultats  en  employant  de  nouvelles 
lames  d'épaisseurs  différentes  et  de  déterminer  l'élasticité  optique  du  quartz 
taillé  perpendiculairement  à  l'axe.  » 

(')  Ce  résultat  a  déjà  été  obtenu  par  M.  Beaulard  (Comptes  rendus,  21  juillet  1890). 


(  43 1   ) 


OPTIQUE.  —  Position  de  la  vibration  lumineuse;  système  de  Frcsnel 
et  de  M.  Sarrau.  Note  de  M.  E.  Cakvallo,  présentée  par  M.  Poincaré. 

a  1.  Par  la  considération  du  ternie  de  dispersion  de  Briot,  dont  la  né- 
cessité a  été  établie  pour  la  première  fois  par  M.  Mouton  ('  ),  j'ai  démontré 
antérieurement  (2)  (sous  certaines  conditions  que  j'ai  bien  mises  en  évi- 
dence), que  la  vibration  est,  conformément  à  l'hypothèse  de  Fresnel  et 
contrairement  à  celle  de  Neumann,  dans  un  azimut  perpendiculaire  au 
plan  de  polarisation.  Les  belles  expériences  de  M.  Wiener,  qui  occupent 
l'attention  de  l'Académie,  paraissent  confirmer  ce  résultat  par  une  méthode 
plus  directe.  Pour  les  milieux  isotropes,  la  vibration  est  dans  le  plan  de 
l'onde;  mais,  pour  les  cristaux  biréfringents,  est-elle  rigoureusement  dans 
ce  plan,  comme  le  veut  Fresnel,  ou  fait-elle  avec  lui  un  petit  angle  comme 
dans  d'autres  théories?  C'est  une  question  que  j'ai  réservée  et  dont  je  veux 
indiquer  aujourd'hui  la  solution. 

»  2.  Système  de  Fresnel.  —  Si  l'on  admet,  avec  Fresnel,  que  la  vibra- 
tion est  rigoureusement  dans  le  plan  de  l'onde,  et  si  l'on  introduit  dans  les 
équations  de  la  lumière  les  termes  de  Briot,  on  trouve  que  les  lois  connues 
de  la  double  réfraction  sont  légèrement  altérées  par  ces  termes.  En  parti- 
culier, si  l'on  considère  un  cristal  à  un  axe  optique,  te!  que  le  spath  d'Is- 
lande, on  trouve  que  rien  n'est  changé  pour  le  rayon  ordinaire  :  il  continue 
à  se  propager  avec  une  vitesse  rigoureusement  constante  dans  toutes  les 
directions.  Au  contraire,  pour  l'indice  du  rayon  extraordinaire,  on  trouve 
la  formule  (3) 

(i)  —  =  (a  +  c/2)cos2o)  -i-  (a'-f-  c72)sin2co, 

dans  laquelle  n  est  l'indice  de  réfraction,  /==  -  le  quotient  par  n  de  la 

longueur  d'onde  dans  le  vide  \;  a>  est  l'angle  de  la  normale  d'onde  avec 
l'axe  optique;  a,  c,  a',  c'  sont  des  constantes.  Si  /  était  constant,  la  for- 
mule (r)  signifierait  que  la  surface  de  l'onde  pour  le  rayon  extraordinaire 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXVIII,  p.  967,  1078  et  1189;  1879. 

(2)  Thèse,  Annales  de  l'École  Normale,  supplément  pour  1890;  voir  aussi  Journal 
de  Physique,  2e  série,  t.  IX;  1890. 

(3)  Ibid.,  n°  49. 


(  43a  ) 
est  un  ellipsoïde;  mais  1=  -  est  variable  à  cause  du  dénominateur  n,  de 
là  une  déformation  de  l'ellipsoïde.  Cette  déformation,  très  faible  il  est 
vrai,  serait  cependant  sensible  à  des  expériences  bien  faites.  Nous  verrons 
qu'elle  n'existe  pas. 

»   3.   Système  de  M.  Sarrau.  --  Au  contraire,  partons  des  équations  de 
M.  Sarrau  complétées  par  les  termes  de  Briot,  savoir  ('  )  : 


et  substituons  dans  ces  équations  les  valeurs 

E  =  LsinP,         ïi==MsinP,         'C  =  NsinP, 

T  est  la  période  vibratoire;  ot,  p,  y  les  cosinus  directeurs  de  l'onde  plane. 
Nous  obtenons  ainsi  trois  équations,  dont  la  première  est 

^À  +  G.)L==^[L-*(«L*.pM  +  ïN)]. 

»  Le  même  résultat  aurait  été  obtenu  par  les  équations  de  M.  Sarrau, 
en  supprimant  dans  les  équations  (2)  les  termes  en  E,  n,  ï,  de  Briot,  et 
remplaçant  A,  B,  C  respectivement  par 

A'  =  A-£g,        B'  =  B--^H,        c=c-^k. 

»  Les  quantités  A',  B',  C  ne  dépendent  que  de  la  période  vibratoire  T 
et  nullement  des  cosinus  directeurs  <x,  [3,  y  du  plan  d'onde.  Donc  la  sur- 
face de  l'onde  change  seulement  quand  on  passe  d'une  radiation  à  une 
autre,  mais  les  lois  de  la  double  réfraction  monochromatique  ne  sont  nul- 
lement altérées  par  les  termes  de  Briot,  savoir  : 

»    i°  Absence  de  vibrations  longitudinales. 

»   20  Deux  vibrations  quasi  transversales  dont  les  vitesses  de  propaga- 


(>)  Les  notations  sont  celles  de  M.  Poincaré  (Théorie  de  la  lumière);  A,  B,  C,  G, 
H,  K  sont  des  constantes. 


i  433  ) 

tion  donnent  lieu  à  la  forme  connue,  rigoureusement  conservée,   de  la 
surface  de  l'onde. 

«  3°  Ces  vibrations  sont  perpendiculaires  aux  rayons  lumineux  corres- 
pondants ('). 

»  J'ajouterai  que,  de  tous  les  systèmes  proposés  jusqu'ici,  celui  de 
M.  Sarrau  est  le  seul  qui  jouisse  de  cette  propriété  très  remarquable  de 
n'être  troublé  en  rien  par  l'introduction  des  termes  de  Briot.  Eu  particu- 
lier, en  dehors  des  deux  systèmes  examinés  ici,  l'introduction  des  termes 
de  Briot  entraîne  généralement  des  vibrations  longitudinales. 

«  4.  Résultats  de  l'expérience.  --  Si  maintenant  on  compare  les  va- 
leurs de  n  déduites  des  deux  théories  avec  les  valeurs  observées  dans  le 
spath  à  3o°  de  l'axe  optique,  on  obtient  le  Tableau  suivant,  où  la  colonne  A 
désigne  la  radiation;  O,  S,  F  sont  les  valeurs  de  n  observées,  puis  calculées 
par  les  théories  de  M.  Sarrau  et  de  Fresnel. 

>,.  o.  s.  s  — o.       \    s  —  F. 

.  (   i,oS....        i,5854.       i,5855.       +0,0001.       -t-0,0006. 

Spectre  înfra-rouçe  j       -,  K     0  ,  2 

1  (    1,54- ...        1,5900.        1,3909.       +0,0001.        +0,0000. 

(  A 1,60299       1,60298       — 0,00001       +0,00007 

Spectre  visible  <  D 1,60990       1,60990  0,00000       +o,oooo5 

(  Il i,63o5i       i,63o5i  0,00000      -1-0,00002 

»  Les  nombres  observés  sont  d'accord  avec  le  système  de  M.  Sarrau; 
on  trouvera  peut-être  que  les  différences  entre  ces  nombres  et  ceux  qu'on 
déduit  de  l'hypothèse  de  Fresnel  sont  bien  faibles.  Néanmoins  elles  ne  sont 
pas  illusoires,  comme  on  peut  s'en  convaincre  par  les  discussions  numé- 
riques qui  figurent  dans  ma  Thèse. 

»  5.  Conclusions.—  i°  L'expérience  montre  que  les  lois  de  la  double 
réfraction  ne  sont  pas  altérées  par  la  dispersion. 

»  20  Le  calcul  montre  que  le  système  de  M.  Sarrau  jouit  de  cette  pro- 
priété que  les  termes  de  dispersion  de  Briot  n'introduisent  aucune  pertur- 
bation aux  lois  de  la  double  réfraction  monochromatique  et  il  est,  des 
systèmes  proposés,  le  seul  à  jouir  de  cette  propriété. 

»  3°  Resterait  à  prouver  analytiquement  qu'il  en  est  de  même  des 
autres  termes  de  dispersion.  Cette  difficulté,  non  abordée  jusqu'ici,  ne 
paraît  pas  insoluble.  » 


(')  On  appelle  rayon  lumineux  la  droite  qui  joint  le  centre  de  la  surface  des 
oncles  au  point  de  contact  de  cette  surface  avec  un  plan  tangent  parallèle  à  fonde 
plane  considérée. 


(  434  ) 


CHIMIE.    —   Sur  la  solubilité  du  bitarlrate  de  potassium. 
Note  de  M.  Cii.  Blarez. 

«  Le  bitartrate  de  potassium  nous  a  servi  à  faire,  depuis  très  longtemps, 
des  expériences  variées,  concernant  sa  solubilité  clans  différents  milieux  : 
eau  pure,  solutions  salines,  solutions  acides,  mélanges  hydroalcooli- 
ques,  etc.  Ce  travail  comporte  un  nombre  considérable  d'expériences 
méticuleuses;  il  n'est  point  encore  terminé.  Toutefois,  nous  croyons  ne 
pas  devoir  ajourner  plus  longtemps  la  publication  d'un  certain  nombre 
de  résultats  obtenus.  Nous  allons  donner  aujourd'hui,  d'une  façon  très 
sommaire,  les  formules  par  lesquelles  nous  représentons  quelques-uns  _ 
de  ces  phénomènes  de  solubilité. 

»  I.  Solubilité  de  la  crème  de  tartre  dans  Veau  pure.  —  Nous  avons  eu  oc- 
casion, au  cours  de  nos  recherches,  de  vérifier  les  nombres  donnés  par 
les  auteurs.  Nous  avons  seulement  trouvé  quelques  différences,  aux  tem- 
pératures voisines  de  ioo°. 

»  La  solubilité  de  la  crème  de  tartre  dans  l'eau,  qui  est  fonction  de  la 
température  6,  peut  être  calculée  par  la  formule  suivante,  indiquant  la 
quantité  de  substance  Q  dissoute  dans  ioogr  de  solution 

Q9  =  o,35i  +  o,ooi5i0  -+-  o,ooo5502. 

»  On  peut  aussi  avoir  des  résultats  suffisamment  exacts  pour  la  pratique, 
en  remplaçant  celte  formule  par  la  suivante,  plus  simple, 

Qe  =  0,369  +  o,ooo56g02. 

»  IL  Solubilité  de  la  crème  de  tartre  dans  les  solutions  de  chlorure  de  potas- 
sium. —  La  diminution  de  solubilité  de  la  crème  de  tartre,  occasionnée 
par  la  présence  du  chlorure  de  potassium,  est  un  fait  connu  et  utilisé.  En 
étudiant  complètement  ce  phénomène,  nous  avons  observé  que  la  quan- 
tité de  tartre  dissoute  est  fonction  de  la  température  et  de  la  quantité  de 
chlorure  de  potassium  ;  mais  que  le  phénomène  n'est  pas  continu. 

»  a.  Si  l'on  ajoute  de  très  faibles  quantités  du  sel  de  potassium,  on 
observe,  au  début,  qu'une  partie  équivalente  en  poids  de  bitartrate  potas- 
sique s'insolubilise  ;  de  telle  sorte  que  l'on  peut  représenter  ce  phénomène 
par  la  formule  suivante,  résultats  rapportés  à  100  parties  : 

Qe=  (0,369  +  0,0005696-)  —  chlorure  de  potassium. 


(  435  ) 

»  Cette  formule  ne  vérifie  pas  longtemps  l'expérience;  elle  a  à  peu  près 
pour  limite  l'égalité  des  quantités  entre  le  poids  de  la  crème  de  tartre 
dissoute  et  celui  du  chlorure  de  potassium  mis  en  présence. 

»  b.  Si  la  quantité  de  chlorure  de  potassium  est  supérieure  à  celle  du 
tartre  que  pourrait  dissoudre  l'eau  pure  à  même  température,  la  loi  de 
solubilité,  chose  curieuse,  peut  être  représentée  par  une  formule  qui,  tout 
en  étant  directement  fonction  de  la  température,  est  eu  raison  inverse 
de  la  racine  carrée  du  poids  du  potassium  contenu  dans  le  chlorure  ajouté 

„         0,0489  -+-  o,ooooo52i603 

Qe=-  -JE-        - 


»   Nous  avons  constaté  que  la  crème  de  tartre  est  complètement  inso- 
luble, à  la  température  ordinaire,  dans  un  mélange  formé  de  : 

Parlics. 

Alcool  à  900 IOO 

Eau 900 

Sulfate  neutre  de  potassium 1 

Aciile  tartrique 2 

tandis  que  ce  sel  se  dissout,  si  l'on  remplace  tout  ou  partie  du  sulfate 
neutre  par  du  sulfate  acide.  Nous  nous  servirons  ultérieurement  de  ce 
fait  et  d'autres  de  même  ordre,  pour  établir  synthétiquement  quelle  doit 
être  la  constitution  des  vins  plâtrés.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  transformation  de  la  fécule  en  dextrine 
par  le  ferment  butyrique.  Note  de  M.  A.  "Vii.lieks. 

«  Ayant  entrepris  l'étude  de  l'action  des  ferments  figurés  sur  les  hy- 
drates de  carbone,  dans  des  conditions  diverses,  je  donnerai  ici  les  pre- 
miers résultats  relatifs  à  l'action  du  ferment  butyrique  (Bacillus  amylobac- 
ter)  sur  la  fécule  de  pomme  de  terre. 

»  Il  est  facile  de  transformer  la  matière  amylacée  en  dextrine  sous  l'ac- 
tion de  ce  ferment. 

»  Dans  de  grands  flacons,  on  introduit  de  la  fécule  de  pomme  de  terre  et  de  l'eau 
non  distillée,  dans  la  proportion  de  5osr  de  fécule  pour  ii;t  d'eau,  la  fécule  étant  préa- 
lablement délayée  avec  soin.  Cette  dernière  est  ensuite  transformée  en  empois,  par  un 


(  436  ) 

jet  de  vapeur  d'eau  que  l'on  dirige  dans  le  fond  des  flacons,  en  les  agitant  constam- 
ment, jusqu'à  ce  que  la  température  se  soit  élevée  à  ioo°.  Les  flacons  doivent  être  à 
peu  près  remplis,  après  la  condensation  de  la  vapeur,  de  manière  qu'il  ne  reste  qu'un 
petit  volume  d'air  sur  la  surface  du  liquide. 

»  On  ensemence  alors  l'empois  formé,  avec  quelques  centimètres  cubes  d'une  cul- 
ture de  Bacillus  amylobacler.  On  bouche  les  flacons  avec  un  tampon  d'ouate  stéri- 
lisée, et  on  les  maintient  pendant  quelques  jours  dans  une  étuve  réglée  vers  ^o°.  Dans 
ces  conditions,  les  spores  du  ferment  butyrique  qui,  ainsi  que  l'a  montré  M.  \  an 
Tieghem,  résistent  facilement  à  la  température  de  ioo°,  se  développent  rapidement, 
et  l'on  évite  plus  sûrement,  en  ensemençant  l'empois  à  ioo°,  le  développement  de 
germes  étrangers.  Cet  ensemencement  devient,  du  reste,  bientôt  inutile  dans  un  labo- 
ratoire où  l'on  a  depuis  quelque  temps  desséché  et  pulvérisé  les  produits  de  la  fermen- 
tation, par  suite  de  la  diffusion  des  spores  du  bacille  dans  l'air. 

»  Au  bout  de  vingt-quatre  heures,  l'empois  est  en  général  liquéfié;  on  laisse  la  fer- 
mentation se  continuer  jusqu'à  ce  que  l'on  constate  que  le  liquide  ne  donne  plus  de 
coloration  bleue  ni  violette  par  l'eau  iodée;  ce  résultat  est  atteint  plus  ou  moins  vit-, 
après  deux,  à  quatre  jours,  quelquefois  seulement  au  bout  de  plusieurs  jours,  ce  qui 
tient  à  l'existence  de  grumeaux  formés  dans  l'empois,  difficilement  attaquables.  Il 
faut  donc  chercher,  autant  que  possible,  à  faire  un  empois  homogène. 

»  Le  bacille  se  présente,  au  début,  sous  la  forme  de  bâtonnets  rectili- 
gnes,  très  mobiles.  A  la  fin  de  la  fermentation,  il  s'est  transformé  en  bâ- 
tonnets épaissis  uniformément  à  leur  extrémité,  en  forme  caractéristique 
de  têtard  :  ils  sont  alors  complètement  immobiles.  A  partir  de  ce  moment, 
les  produits  de  la  fermentation  ne  sont  plus  modifiés. 

»  De  petites  bulles  gazeuses  se  dégagent  pendant  cette  transformation 
de  la  fécule;  mais  la  quantité  de  gaz  dégagé  est  si  faible,  qu'il  est  impos- 
sible d'en  recueillir. 

»  Le  liquide  ainsi  obtenu  est  très  légèrement  acide  et  présente  nette- 
ment l'odeur  de  l'acide  butyrique,  mais  ne  renferme  qu'une  quantité  insi- 
gnifiante de  ce  dernier  (environ  o,3  parties  pour  ioo  de  fécule). 

»  Outre  certains  corps  qui  se  forment  aussi  en  très  petite  quantité,  et 
sur  lesquels  je  reviendrai  prochainement,  les  produits  principaux  de  la 
fermentation  sont  constitués  par  des  dextrines,  non  attaquables  par  le  Ba- 
cillus amylobacler,  du  moins  en  présence  des  autres  produits  qui  sont  for- 
més simultanément. 

»  On  les  obtient  en  précipitant  par  l'alcool  les  liquides  filtrés  et  évaporés;  on  les 
purifie  par  de  nouveaux  traitements  à  l'alcool.  Les  dexlrines  ainsi  précipitées,  ajou- 
tées à  celles  qui  restent  dissoutes  dans  l'alcool,  représentent  la  majeure  partie  de  la 
fécule  employée. 

»  Desséchées,  elles  se  présentent  sous  la  forme  d'une  masse  parfaitement  blanche, 
légère,  friable,  très  avide  d'eau  qui  s'y  combine  avec  dégagement  de  chaleur,  d'une 


(  437  ) 

saveur  un  peu  sucrée,  et  qui  est  constituée  par  un  mélange  de  dextrines  différentes, 
ainsi  (pie  le  montre  la  variation  des  pouvoirs  rotatoires  correspondant  aux  produits 
d'opérations  différentes,  ou  même  de  précipitations  fractionnées  des  dextrines  prove- 
nant d'une  seule  opération;  ces  pouvoirs  ont  varié  de  +i56°  à  -+-  207°,5. 

»  Elles  se  transforment  très  difficilement  en  glucose  sous  l'action  de  l'eau  et  des 
acides.  La  transformation  sous  l'action  de  l'eau  ne  paraît  pas  se  produire  à  froid;  elle 
est  très  lente  à  iooQ,  et  à  peine  commencée  au  bout  de  quarante-huit  heures.  Sous 
l'action  de  l'acide  sulfurique  étendu,  elle  exige  environ  une  journée  à  100". 

»  L'iode  colore  en  rouge  les  dextrines  dont  le  pouvoir  rotatoire  est  le  plus  élevé  ; 
l'intensité  de  la  coloration  diminue  en  même  temps  que  le  pouvoir  rotatoire;  celles 
pour  lesquelles  il  est  le  moins  élevé  ne  sont  plus  colorées  par  l'iode. 

»  Elles  réduisent  la  liqueur  cupropotassique,  et  leur  pouvoir  réducteur  est  d'autant 
plus  grand  que  leur  pouvoir  rotatoire  est  plus  faible,  ainsi  qu'on  peut  en  juger  d'après 
les  résultats  suivants,  qui  représentent  les  poids  de  glucose  qui  réduiraient  le  même 
volume  de  réactif  que  100  parties  de  dextrinè. 

Pouvoir  rotatoire.  Pouvoir  rédacteur. 


[56 28,9 

17M "^ 

20-.5 5,o 


»  De  nouvelles  recherches  sont  nécessaires  pour  décider  si  ces  dex- 
trines sont  identiques  ou  non  à  celles  obtenues  par  l'action  des  acides,  ou 
sous  l'influence  de  la  diastase.  Mais,  quoi  qu'il  en  soit,  leur  production,  en 
l'absence  complète  de  maltose  et  de  glucose,  est  digne  de  remarque,  au 
point  de  vue  de  l'étude  de  la  constitution  de  la  matière  amylacée.  D'autre 
part,  cette  absence  de  glucose  et  de  maltose  semble  montrer  que  le  fer- 
ment butyrique  détermine  la  transformation  de  la  fécule  en  dextrinè  di- 
rectement, et  non  par  l'intermédiaire  d'une  diastase  sécrétée  par  ce 
ferment  organisé,  diastase  qui  devrait,  d'après  les  analogies  connues, 
déterminer  la  saccharification  d'une  quantité  plus  ou  moins  grande  de 
dextrinè.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  bulylamines  normales.  Note  de  M.  A.  Berg, 

présentée  par  M.  Friedel. 

«  Les  butylamines  normales  ont  été  préparées  pour  la  première  fois  par 
Lieben  etRossi,  parla  méthode  de  Wurtz,  au  moyen  du  cyanate.  Cette  mé- 
thode leur  a  fourni  surtout  la  base  primaire  et  accessoirement  une  petite 
quantité  des  bases  secondaire  et  tertiaire. 

Cit.,   1891,   1"   Semestre.  (T.  CX1I,   N"  8.)  ->7 


(  438  ) 

»  J'ai  appliqué  à  leur  préparation  la  méthode  d'Hohnann,  en  faisant 
aeir,  sur  le  chlorure  de  butyle  normal,  l'ammoniaque  en  solution  hydro- 
alcoolique. 

»  i  molécule  de  cet  éther  a  été  additionnée  de  i  molécule  d'ammoniaque  en  solu- 
tion aqueuse  saturée,  puis  d'une  quantité  d'alcool  suffisante  pour  tout  dissoudre.  Le 
mélange  a  été  chauffé  en  matras  scellés  à  1200  pendant  environ  dix  heures. 

»  Le  contenu  des  matras  est  alors  filtré  pour  séparer  une  certaine  quantité  de 
chlorhydrate  d'ammoniaque  qui  s'est  déposé,  saturé  par  un  peu  d'acide  chlorhydrique 
et  distillé.  Il  passe  de  l'alcool  ne  contenant  qu'une  très  faible  quantité  de  chlorure  de 
butyle.  L'action  est  donc  complète. 

»  Le  résidu  de  la  distillation  étant  fortement  concentré  abandonne  un  sel  facile  à 
purifier  par  cristallisation  et  que  l'analyse  indique  être  le  chlorhydrate  de  la  base 
secondaire. 

»  Les  eaux  mères  de  ce  sel  sont  traitées  par  la  soude  étendue  qui  en  sépare  une 
petite  couche  de  bases  insolubles  constituée  par  de  la  base  secondaire  mêlée  d'un  peu 
de  base  tertiaire. 

»  Après  séparation  de  la  partie  insoluble,  on  distille  la  solution  sodique  et  on  ob- 
tient ainsi  la  base  primaire  à  peu  près  pure,  en  dissolution  étendue.  La  base  quater- 
naire fait  complètement  défaut. 

»  Les  rapports  dans  lesquels  se  produisent  ces  différentes  bases  sont  sensiblement  : 
4  parties  de  base  primaire,  7  parties  de  base  secondaire  et  1  partie  de  base  tertiaire. 
Ce  procédé  permet  donc  de  préparer  facilement  les  deux  premières. 

»  Afin  d'obtenir  la  base  primaire  pure,  sa  solution  aqueuse  étendue  a  été  traitée 
par  l'oxalate  d'éthyle  employé  dans  les  proportions  voulues  pour  donner  l'oxamide. 
Il  s'est  formé  un  précipité  volumineux  de  dibutyloxamide  normale. 

»  Ce  corps  est  extrêmement  peu  soluble  dans  l'eau  même  bouillante.  Il  se  dissout 
bien  dans  l'alcool  chaud,  d'où  il  se  dépose  par  refroidissement  en  aiguilles  soyeuses. 

»  L'eau  mère  d'où  s'est  précipité  l'oxamide  étant  fortement  concentrée  et  abandon- 
née à  l'évaporation  donne  des  cristaux  ressemblant  à  la  dibutyloxamide  et  que  l'ana- 
lyse indique  comme  étant  du  butyloxamate  de  butylamine.  Ce  corps  redissous  dans 
l'eau  et  traité  parle  chlorure  de  calcium  donne  un  précipité  peu  soluble  à  froid,  mais 
soluble  à  chaud  et  qui  cristallise  par  refroidissement  en  très  fines  aiguilles  coton- 
neuses. C'est  du  butyloxamate  de  chaux  hydraté. 

»  Enfin  les  dernières  eaux  mères  du  traitement  par  l'éther  oxalique  laissent  dépo- 
ser, en  dernier  lieu,  de  l'oxalate  neutre  de  butylamine. 

»  Ainsi,  il  est  à  remarquer  que,  dans  l'action  de  l'oxalate  d'éthyle  sur 
la  solution  étendue  de  la  base  primaire,  on  obtient  l'oxamide  correspon- 
dante et  ses  deux  produits  d'hydratation,  le  butyloxamate  de  butylamine 
et  l'oxalate  neutre  de  butylamine.  J'ai  signalé  le  même  fait  dans  l'action 
de  l'éther  oxalique  sur  l'amylamine  ('),  et  je  viens  de  le  vérifier  pour  la 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXI,  p.  606. 


(  439  ) 

monoisobutylamine.  Pour  cette  dernière  base,  lorsqu'on  évapore  les  eaux 
mères  de  l'oxamide,  c'est  l'oxalate  neutre  qui  cristallise  le  premier.  Il  est 
facile  de  mettre  en  évidence  l'existence  de  l'isobutyloxamate  d'isobutyla- 
mine,  en  traitant  la  liqueur  par  le  chlorure  de  calcium.  Il  se  forme  un  pré- 
cipité formé  d'un  mélange  d'oxalate  et  d'isobutyloxamate  de  calcium.  En 
faisant  bouillir  avec  de  l'eau,  on  sépare  le  second  sel  qui  cristallise  par  re- 
froidissement. 

»  La  production  de  ces  trois  termes  dans  l'action  de  l'éther  oxalique 
paraît  être  générale. 

»  J'ai  obtenu  quelques  sels  de  la  base  secondaire,  qui  n'ont  pas  été  pré- 
parés à  ma  connaissance. 

»   Le  chlorhydrate  assez  soluble  dans  l'eau  cristallise  en  belles  écailles. 

»  Le  chloraurate  est  en  belles  aiguilles  jaunes  d'or  très  fines  et  pouvant 
atteindre  plusieurs  centimètres.  Il  est  peu  soluble  dans  l'eau  froide.  Sec,  il 
fond  vers  1700  en  une  huile  rougeàtre.  Dans  l'eau,  il  fond  avant  ioo°. 

»  Le  chlorostannate  très  soluble  se  dépose  de  sa  solution  concentrée 
bouillante  sous  la  forme  d'une  huile  incolore  qui  se  solidifie  par  refroidis- 
sement. Par  évaporation  lente,  il  cristallise  en  longues  aiguilles  groupées 
en  pinceaux. 

»  L'oxalate  acide  ressemble  au  chlorhydrate  et  n'est  pas  très  soluble 
dans  l'eau.  Il  est  cependant  beaucoup  plus  soluble  que  celui  de  diisobuty- 
lamine. 

»  Je  continue  l'étude  de  ces  bases,  ainsi  que  des  bases  dérivées  des 
alcools  butyliques  secondaire  et  tertiaire  (  '  ).    » 


ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Détermination  rationnelle  des  pièces  sternales 
chez  les  animaux  vertébrés.  Note  de  M.  Lavocat. 

«  Malgré  les  formes  si  variées  du  sternum  dans  la  série  des  animaux 
vertébrés,  les  éléments  constitutifs  de  cet  appareil  peuvent  être  distingués 
et  caractérisés  par  leurs  connexions  avec  les  arcs  qu'ils  supportent.  En 
thèse  générale,  le  sternum  cartilagineux  ou  osseux  des  Vertébrés  est  formé 
de  deux  parties  différentes  par  destination  :  le  présternum,  donnant  appui 

(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  industrielle  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
Marseille. 


(  44o  ) 

aux  coracoïdes,  ainsi  qu'aux  clavicules;  et  le  sternum  costal,  qui  porte 
les  arcs  viscéraux  du  thorax  et,  par  extension,  ceux  de  l'abdomen. 

»  Le  prëslernum,  de  forme  et  de  dimensions  variables,  est  toujours  mé- 
dian. Ordinairement  fixé  en  avant  du  sternum  costal,  il  est  situé  au-dessous 
chez  les  Poissons,  et  enclavé  entre  les  pièces  sternales  antérieures  dans 
les  Tortues.  Il  donne  appui,  en  avant,  aux  coracoïdes  et,  sur  les  côtés,  aux 
clavicules,  chez  les  Batraciens,  les  Lézards,  les  Tortues,  les  Oiseaux  et  les 
Monolrêmes.  Simplement  claviculaire  dans  les  Poissons,  les  Crocodiles  et 
les  Mammifères  clavicules,  il  disparaît  chez  les  Mammifères  peu  ou  point 
clavicules. 

»  Le  sternum  :oslal,  cartilagineux,  non  segmenté  et  thoraco-ventral, 
est  large  dans  les  Lézards  et  très  allongé  dans  les  Crocodiles.  Osseux  et 
plus  ou  moins  divisé  en  larges  plaques  latérales,  il  est  encore  thoraco-ven- 
tral dans  les  Tortues  et  les  Oiseaux.  Il  est  exclusivement  thoracique  et 
formé  de  pièces  médianes,  en  série  longitudinale,  chez  les  Poissons  et  les 
Mammifères.  Chez  les  Poissons,  le  sternum  costal  est  constitué  par  les 
pièces  basi-branchiales,  qui  donnent  appui  aux  arcs  branchiaux  représen- 
tant les  côtes  thoraciques,  restées  sous  le  crâne  par  persistance  de  l'état 
embryonnaire. 

»  Il  n'y  a  ni  côtes,  ni  sternum  costal  chez  les  Batraciens.  Le  sternum 
manque  chez  les  Ophidiens,  dont  les  côtes  sont,  nombreuses.  Les  côtes 
ventrales  n'ont  pas  de  sternum  chez  les  Poissons.  La  ligne  blanche  qui, 
chez  les  Mammifères,  représente  le  sternum  ventral,  ne  porte  pas  de 
côtes. 

»  Cette  construction  du  sternum  en  deux  sections  donne  à  chacune 
d'elles  une  signification  positive,  que  n'ont  pas  les  termes  généralement 
usités  d'épisternum  et  d' hyposternum,  de  mésosternum  et  de  pleurostei- 
num,  etc.,  qui  indiquent  seulement  la  position  relative  des  diverses  parties 
de  l'appareil  sternal.   » 


ANATOMIE  ANIMALE.   —  Structure  du  pancréas  et  pancréas  intra-hépatique 
chez  les  Poissons.  Note  de  M.  E.  Laguesse,  présentée  par  M.  Ranvier. 

«  On  a  considéré  pendant  longtemps,  et  la  majorité  des  auteurs  consi- 
dèrent encore  aujourd'hui  les  Poissons  osseux  comme  privés  d'un  véritable 
pancréas  (quelques  genres  exceptés).  Legouis  pourtant,  en  i8y3  (An- 


(  44 1  ) 

nales  des  Sciences  naturelles),  a  montré  d'après  des  dissections  l'existence 
d'un  pancréas  diffus  répandu  en  fines  traînées  dans  toute  la  cavité  abdomi- 
nale chez  la  généralité  des  Téléostéens,  mais  il  a  négligé  d'en  donner  une 
description  lustologique  suffisante,  seule  capable  d'imposer  la  conviction 
pour  un  organe  qui  échappe  presque  complètement  à  l'observation  ma- 
croscopique. 

»  Dans  une  Note  à  la  Société  de  Biologie  (24  mai  1889),  j'ai  apporté  la 
preuve  embryologique  de  son  existence,  en  suivant  son  développement  chez 
la  Truite. 

»  Depuis,  j'ai  eu  l'occasion  de  constater  la  présence  de  ce  pancréas  chez 
tous  les  animaux  où  je  l'ai  cherché.  J'ai  pu  ainsi  l'observer  chez  un  certain 
nombre  de  genres  étudiés  par  Legouis  (en  outre  chez  les  Crénilabrcs,  les 
Scorpènes,  les  Blennies,  les  Syngnathes),  et  commencer  son  étude  histo- 
logique.  Partout  on  retrouve  la  cellule  pancréatique  typique,  caractérisée 
par  un  amas  localisé  de  gouttelettes  de  matière  zymogène.  Le  pancréas  se 
présente  comme  une  glande  formée  de  longs  tubes  ramifies  et  anastomosés 
entre  eux,  offre  par  conséquent  des  caractères  différents  de  ceux  des 
glandes  salivaires  auxquelles  on  l'a  souvent  comparé.  Cette  structure  est 
très  facile  à  constater  chez  le  Gobie  et  le  Cycloptère  notamment,  où  les 
tubes  sont  répandus  en  un  élégant  réseau  à  la  surface  du  mésentère.  Il 
suffit  pour  cela  de  tendre  ce  mésentère,  et  de  le  fixer  sur  l'animal  vivant 
par  aspersion,  à  l'aide  d'une  pipette,  d'acide  osmique  au  centième.  L'acide 
picrique  donne  aussi  d'assez  bons  résultats. 

»  J'insisterai  sur  une  particularité  signalée  également  par  J^egouis  chez 
la  Carpe,  c'est  la  pénétration  du  pancréas  à  travers  le  foie,  pénétration 
que  j'ai  observée  sur  le  Crénilabre,  le  Labre,  le  Gobie,  le  Syngnathe. 

»  Le  pancréas  intra-hépatique  du  Crénilabre  (Crenilabrus  melo/>s),  très 
abondant  à  Concarneau,  est  particulièrement  intéressant.  Chez  ce  Pois- 
son, non  seulement  il  n'\  a  pas  d'estomac,  mais  encore,  comme  l'a  montre 
Pilliet  chez  le  Labre,  genre  voisin  (Bull,  de  la  Soc.  de  Zool.  de  France, 
t.  X;  i885),  il  n'y  a  pas  trace  de  glandes  gastriques  :  anatomiquement  et 
histologiquefnent  l'intestin  commence  immédiatement  en  arrière  des  dents 
pharyngiennes.  C'est  là  que  débouchent  côte  à  côte  les  canaux  cholédoque 
et  pancréatique;  le  suc  pancréatique  et  la  bile  sont  les  seuls  liquides  di- 
gestifs. Aussi  le  pancréas  est-il  très  développé  dans  toute  la  cavité  abdo- 
minale. Mais,  en  outre,  chaque  branche  de  la  veine  porte  pénétrant  dans 
le  foie  s'entoure  d'une  gaîne  de  tissu  pancréatique  qui  la  suit,  elle  et  ses 
ramifications,  jusque  vers  le  point  où  elle  se  résout  en  capillaires  (rameaux 


(  442  ) 

de  i8u  à  20 a).  Comme  beaucoup  de  ces  branches  traversent  le  foie  de 
part  en  part  et  viennent  ramper  sur  sa  face  convexe  avant  de  se  capillari- 
ser,  leur  gaine  de  pancréas,  faisant  corps  avec  elles,  les  suit  jusque  sur 
cette  face  convexe.  Elles  traversent  de  véritables  tunnels  rameux  creusés 
dans  la  substance  hépatique,  sans  qu'il  y  ait  nulle  part  contact  entre 
celle-ci  et  le  pancréas. 

»  Les  imprégnations  d'argent  montrent  en  effet  la  présence  du  revête- 
ment endothélial  péritonéal  à  la  surface  du  tunnel  hépatique  d'une  part, 
et  de  l'autre  à  la  surface  de  la  branche  contenue;  sur  les  coupes  existe 
toujours  un  espace  vide  entre  les  deux  ;  sur  l'animal  frais,  après  une  fixa- 
tion superficielle,  on  isole  très  aisément  des  troncs  veineux  ramifiés  re- 
vêtus de  leur  gaine.  Le  pancréas  forme  manchon  autour  de  chaque  veine  ; 
la  paroi  interne  du  manchon  est  représentée  par  la  mince  paroi  conjonctive 
de  la  veine,  l'externe  par  une  membrane  conjonctive  amorphe  excessive- 
ment mince,  parcourue  par  un  réseau  lâche  de  fines  fibres;  les  deux  sont 
reliées  par  quelques  tractusdemême  constitution.  Entre  elles  se  répandent 
sur  une  seule  couche,  tortueux,  serrés,  les  tubes  pancréatiques  anasto- 
mosés. Les  vides  qu'ils  laissent  sont  occupés  par  des  capillaires  sanguins  et 
de  larges  espaces  lymphatiques  irréguliers,  paraissant  dépourvus  de  paroi 
propre  et  bourrés  de  leucocytes  granuleux;  les  tubes  glandulaires  baignent 
pour  ainsi  dire  dans  la  lymphe.  En  coupe  transversale  (20  à  25[/.  de  dia- 
mètre), ils  montrent  une  très  fine  lumière  entourée  de  cellules,  à  zone 
interne  remplie  de  gouttelettes,  à  zone  externe  renfermant  le  noyau  ar- 
rondi uninucléolé,  et  formée  d'un  cytoplasme  presque  homogène  ayant  une 
grande  affinité  pour  les  colorants.  Dans  la  lumière  centrale  on  trouve 
quelques  noyaux  entourés  d'un  petit  corps  protoplasmique  généralement 
irrégulier.  Dans  chaque  gaine  intra-hépatique  pénètrent  à  la  base  une  arté- 
rioleetun  fin  canal  pancréatique  excréteur  (canal  de  Weber),  qui  s'y  rami- 
fient. 

»  Les  tissus  des  deux  glandes  n'étant  pas  au  contact,  leur  pénétration 
ne  paraît  pas  avoir  d'importance  fonctionnelle  ;  il  n'en  est  vraisemblable- 
ment pas  de  même  du  rapport  intime  du  pancréas  avec  les  branches  de  la 
veine  porte  et  surtout  avec  les  lymphatiques  (  '  ).    » 


(')  Travail  du  laboratoire  maritime  de  M.  le  professeur  Pouchet,  à  Concarneau. 


(443  ) 


ANATOMIE  ANIMALE.  —  Anatomie  du  Cerianthus  membranaceus.  Note 
de  M.  L.  Faurot,  présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  Des  deux  côtés  de  la  loge  correspondant  au  tentacule  impair  signalé 
par  J.Haime( Mémoire  sur  le  Cérianthe),  les  cloisons  mésentéroïdes,  ainsi 
que  cela  a  été  également  figuré  par  cet  auteur,  vont  graduellement  en 
diminuant  de  longueur  jusqu'au  petit  sillon  œsophagien  opposé;  mais,  en 
outre,  par  l'examen  anatomique  de  Cérianthes  non  contractés,  on  recon- 
naît que  ces  mésentéroïdes  sont  de  quatre  grandeurs  différentes,  chacun 
d'eux  se  répétant  régulièrement,  dans  le  même  ordre,  de  quatre  en  quatre, 
les  uns  à  la  suite  des  autres.  Les  mésentéroïdes  constituent  ainsi  des 
groupes  de  quatre  bien  distincts,  d'autant  plus  longs  qu'ils  sont  plus  rap- 
prochés de  la  loge  impaire. 

»  Les  quatre  premiers  mésentéroïdes  placés  de  chaque  côté  de  cette 
loge,  c'est-à-dire  les  huit  premiers  formés  font  exception  à  cette  règle,  en 
ce  que  leurs  longueurs,  bien  que  de  quatre  ordres  différents,  ne  concordent 
pas  rigoureusement  avec  celles  des  autres  groupes.  Cette  disposition  des 
cloisons  mésentéroïdes  n'a  été  rencontrée  jusqu'à  présent  chez  aucune 
autre  espèce  de  Zoanthaire  malacodermé. 

»  Ainsi  se  trouve  confirmée  l'analogie  du  Cérianthe  membraneux  avec 
les  Coralliaires  fossiles  classés  dans  les  Zoanthaires  rugueux.  Jules  Haime, 
qui  le  premier  avait  reconnu  cette  analogie,  l'avait  (Mémoire  cité)  ainsi 
formulée  :  <c  C'est  avec  ces  derniers  (rugueux)  qu'il  est  possible  de  trou- 
»  ver  quelque  ressemblance  dans  la  disposition  que  montre  ici  l'appareil 
»  radiaire,  et  cette  ressemblance  ne  s'applique  pas  seulement  au  nombre 
»  initial  des  parties,  mais  encore  s'étend  à  leur  symétrie  et  à  leur  mode  de 
»   répétition.  » 

»  Il  résulte  de  l'étude  faite  sur  onze  Cérianthes  adultes  que  la  naissance 
des  mésentéroïdes  se  fait,  ainsi  que  l'a  indiqué  M.  C.  Vogt,  entre  les  deux 
loges  les  plus  récentes,  mais  qu'ils  n'apparaissent  pas  toujours  régulière- 
ment par  deux,  comme  l'a  observé  cet  auteur  chez  les  Arachnactis.  L'en- 
droit précis  de  leur  formation  est  au  sommet  de  la  loge  dite  «  de  multipli- 
cation »,  à  la  base  des  deux  plus  jeunes  tentacules  marginaux.  Ils  s'y 
produisent  en  nombre  variable  de  i  à  5.  Les  cloisons  mésentéroïdes  des- 
tinées à  une  des  moitiés  de  l'animal  sont  souvent  en  plus  grand  nombre 


(  444  ) 

que  pour  l'autre  moitié  :  d'où  de  fréquentes  irrégularités  de  nombre  qui 
altèrent  la  symétrie  bilatérale.  Malgré  cette  irrégularité  de  développement, 
il  est  remarquable  de  voir  que  les  deux  côtés  de  l'animal  conservent  dans  la 
disposition  des  mésentéroïdes  par  groupes  de  quatre  une  parfaite  concor- 
dance. 

»  Le  groupement  par  quatre,  exceptionnel  chez  les  Actinies  adultes,  a  été 
déjà  reconnu  par  M.  Fischer  sur  les  tentacules  buccaux  du  Cérianthe  mem- 
braneux; il  est  très  probable  qu'une  semblable  disposition  existe  également 
pour  les  tentacules  marginaux.  » 


ANATOMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  ta  différenciation  du  liber  dans  la  racine. 
Note  de  M.  Pierue  Lksage,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  Au  commencement  de  1888,  en  étudiant  des  racines  à'Hyacinthus  et 
d'Allium  Cepa  poussées  dans  des  dilutions  variées  d'eau  de  mer  ('),  j'ai  été 
frappé  de  retrouver  plusieurs  fois  le  fait  suivant. 

»  Sur  des  coupes  transversales,  faites  à  des  hauteurs  différentes,  à 
partir  du  sommet,  on  trouve  un  point  où,  pour  Y Allium  Cepa,  par  exemple, 
la  différenciation  des  tissus  ne  fait  que  commencer.  La  place  que  les  fais- 
ceaux ligneux  devront  occuper  est  nettement  marquée  par  des  files  de 
grandes  cellules,  à  membranes  très  minces,  et  non  sculptées  à  ce  moment. 

»  Contre  le  péricycle  actuel,  le  liber  est,  dans  chaque  faisceau,  déjà  re- 
présenté par  une  cellule  à  paroi  fortement  épaissie  et  très  brillante,  qu'on 
pourrait  d'abord  prendre  pour  un  premier  vaisseau  du  bois  en  train  de  se 
différencier;  mais  l'erreur  est  rendue  impossible  par  les  files  radiales  de 
grandes  cellules.  Le  bois  n'apparaît  que  plus  tard. 

»  Depuis,  j'ai  eu  l'occasion  de  retrouver  ce  même  fait  et  j'ai  cherché, 
sans  résultat,  à  savoir  si  on  l'avait  déjà  signalé. 

»  Je  me  suis  demandé  si  les  deux  plantes  étudiées  présentaient  seules 
cette  particularité  intéressant  à  la  fois  l'Anatomie  et  la  Physiologie.  J'ai 
passé  en  revue  les  racines  que  j'avais  à  ma  disposition  et  j'ai  constaté  le 


(')  Dans  un  Mémoire  lu  le  1 1  août  1890  au  Congrès  de  Limoges  (Association  fran- 
çaise pour  l'avancement  des  Sciences),  j'ai  indiqué  les  quelques  résultats  qui  mont 
paru  intéressants  dans  ces  recherches  sur  la  racine  soumise  à  l'action  de  l'eau  de  mer 
diluée. 


(  445  ) 

même  phénomène  dans  seize  espèces,  an  moins,  prises  dans  divers  groupes 
de  plantes  vasculaires. 

»  Étudions,  par  exemple,  Y  Anthurium  Andreanum  (  Aroïdées).  Des 
séries  découpes  transversales,  à  partir  du  sommet,  montrent  d'abord,  dans 
la  racine,  un  cylindre  central  sans  différenciation,  puis  apparaissent  une 
ou  deux  cellules  par  faisceau  (type  8).  Sur  des  coupes  blanchies  à  l'eau 
de  Javelle,  ces  cellules  se  distinguent  :  i°  par  leur  aspect  brillant,  nacré; 
2°  par  l'épaisseur  relativement  forte  de  leur  paroi;  3°  par  la  coloration 
bleuâtre  assez  accentuée  que  prend  cette  paroi  sous  l'action  du  chlorure 
de  calcium  iodé,  coloration  qui  fait  admirablement  ressortir  ces  cellules 
sur  le  reste  du  cylindre  central.  Ces  trois  caractères  se  continuent  jusqu'à 
l'apparition  des  premiers  vaisseaux  du  bois  et  se  poursuivent  au  delà. 

»  Dans  Y Odonloglossum  citrosmum,  j'ai  retrouvé  la  même  marche  dans 
la  différenciation.  Il  faut  dire  que  chaque  espèce  présente  des  groupe- 
ments de  tissus  plus  ou  moins  caractéristiques,  que  nous  n'avons  pas  à 
considérer  dans  cette  vue  d'ensemble.  Mais  ici,  ce  qui  m'a  encore  paru 
digne  de  remarque,  c'est  que  chaque  faisceau  libérien,  disposé  en  massif, 
se  montre  avec  un  égal  développement  aussi  bien  lors  de  l'apparition  des 
premiers  vaisseaux  du  bois  que,  plus  haut,  quand  les  faisceaux  ligneux 
sont  complètement  formés  et  que  la  moelle  est  entièrement  lignifiée.  Il  \ 
a  là  une  signification  physiologique  qui  pourra  être  développée  ultérieu- 
rement. 

»  En  comparant  les  coupes  transversales  et  les  coupes  longitudinales 
radiales,  la  marche  de  la  différenciation  est  encore  mieux  rendue.  Pre- 
nons Y Athyrium  Filix-femina.  En  coupe  transversale,  chacun  des  deux 
arcs  du  liber  peut  présenter  de  dix  à  vingt  cellules  possédant  les  trois 
caractères  signalés  avant  que  le  bois  soit  représenté  par  un  seul  vaisseau. 
En  coupe  longitudinale  perpendiculaire  à  la  bande  diamétrale  ligneuse, 
on  peut  suivre  ces  cellules  libériennes  et  même  voir,  sur  la  longueur,  des 
inégalités  d'épaississemenl  que  cet  examen  rapide  ne  me  permet  pas 
d'étudier  plus  attentivement;  la  différenciation  se  reconnaît  jusqu'à  une 
faible  distance  du  sommet.  Il  faut  remarquer  que  la  distinction  que  je 
cherche  à  établir  entre  le  bois  et  le  liber  ne  porte  que  sur  la  paroi  cellu- 
laire qui  se  caractérise  plus  ou  moins  vite.  Cette  remarque  a  sa  raison 
dans  ce  que  les  grandes  cellules  de  la  bande  ligneuse  diamétrale  peuvent 
être  suivies,  grâce  à  leurs  dimensions,  jusqu'à  la  cellule  initiale  du  sommet 
végétatif. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N»  8.)  ,lS 


(  446  ) 

»   En  résumé,  j'ai  trouvé  que  le  liber  différencie  plus  Lot  que  le  bois  la 


paroi  de  ses  cellules  dans  la  racine  de 

Fougères  : 

A  ihyrium  Filix-femina, 
Polypodium  vulgare, 
Polystichum  Filix-mas, 
Asplenium  laxmn, 
Adiantum  sp., 
Nephrodium  molle, 
Pteris  cretica, 
Aspidium  aculeattim; 

Gymnospermes  : 
Thuia  orientalis : 


Monocotylédones  : 

Hyacinlhus  sp., 
Allium  Cepa, 
Odontoglos.su  m  citrosmum, 
Cattleya  Eldorado, 
Anthurium  Andreanum  ; 

Dicotylédones  : 

Faba, 
Citcurbita  Pepo. 


minéralogie.  —  Sur  l'argent  natif  et  la  dwplase  du  Congo  français.  Note 
de  M.  Edouard  Jaivnettaz,  présentée  par  M.  Des  Cloizeaux. 

«  M.  Thollon  a  rapporté  d'un  premier  voyage  au  Congo  français  une 
collection  d'échantillons  minéralogiques  très  intéressants.  On  y  remarque 
surtout  un  assez  grand  nombre  de  blocs  cristallins,  en  général  roulés,  conr 
posés  :  les  uns,  de  dioptase  d'un  beau  vert  érneraude,  associée  à  du  quartz 
incolore  et  à  de  la  chrysocole  verte  ou  d'un  bleu  clair;  les  autres,  de 
dioptase,  également  d'un  vert  émeraude,  engagée  dans  du  calcaire. 

»  Dans  les  premiers,  la  dioptase  et  le  quartz  qui  lui  sert  de  gangue  sont 
en  cristaux  plus  ou  moins  enchevêtrés  les  uns  dans  les  autres,  montrant  çà 
et  là  pourtant  quelques  pointements  ;  les  formes  y  sont  les  formes  ordi- 
naires, c'est-à-dire  un  prisme  hexagonal  à  sommet  rhomboédrique  (pd[) 
pour  la  dioptase  (');  celle  d'un  prisme  hexagonal  terminé  par  une  pyra- 
mide de  même  section  \e-pc-)  pour  le  quartz. 

»  La  chrysocole  est  compacte;  le  calcaire,  en  masses  cristallines,  à 
larges  clivages,  est  mêlé  souvent  à  de  la  malachite  fibreuse  qui  compose 
entièrement  l'un  des  échantillons. 

»  Un  des  cristaux  de  dioptase,  taillé  perpendiculairement  à  son  axe  de 


(')  M.  Des  Cloizeaux  a  cité  dans  son  Manuel  de  Minéralogie  (t.  I,  p.  121)  des 
cristaux  analogues,  que  l'on  apportait  du  Gabon  au  Havre. 


(  Vi7  ) 
figure,  montre  les  anneaux  colorés  circulaires  traversés  par  une  croix  noire 
de  signe  positif,  comme  ceux  de  l'Oural. 

»   Les  échantillons  où  la  dioptase  a  pour  gangue  le  quartz -proviennent 
du  ruisseau  de  la  mineComba;  ceux  où  elle  a  pour  gangues  des  carbonales 
ont  été  recueillis  par  M.  Thollon  auprès  de  la  mine  de  cuivre  de  Mindouli, 
à  2  lieues  environ  à  l'est  de  Comba,  entre  Bouanza  (ancien  Philippeville)  ' 
et  Brazzaville. 

»  Dans  l'un  de  ces  derniers,  où  le  calcaire  est  cristallisé  en  rhomboèdres 
primitifs  (jp)  très  nets,  on  observe,  en  plusieurs  places,  quelques  grains 
d'argent  natif,  parmi  lesquels  un  groupe  de  plusieurs  octaèdres  à  faces  très 
nettes,  empilés  les  uns  sur  les  autres  le  long  d'un  axe  quaternaire. 

»  C'est,  croyons-nous,  la  première  fois  que  de  l'argent  natif  est  cité  au 
centre  de  l'Afrique.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  répartition  du  sel  marin  suivant  les  altitudes. 
Note  de  M.  A.  Muxtz,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Le  sel  marin  parait  jouer  dans  l'organisme  animal  un  rôle  important; 
il  intervient  surtout  dans  les  phénomènes  de  la  digestion,  par  l'acide  chlor- 
hydrique  qui  se  trouve  à  l'état  libre  ou  faiblement  combiné  dans  le  suc 
gastrique.  Les  aliments  apportent  avec  eux  une  certaine  quantité  de  sel; 
mais  l'homme  et  les  animaux  domestiques  en  absorbent  encore  en  nature 
des  quantités  notables.  Les  herbivores  en  sont  particulièrement  friands  et 
paraissent  bien  se  trouver  de  celui  qu'on  leur  donne  en  plus  de  ce  qui  existe 
dans  les  fourrages.  C'est  une  pratique  rccommandablc  d'en  donner  à  l'é- 
table.  Les  animaux  de  la  ferme  mangent  le  sel  et  les  aliments  salés  avec  un 
plaisir  visible;  mais  ils  sont  loin  d'y  mettre  l'avidité  qu'on  constate  chez 
ceux  des  pâturages  alpestres.  Là,  la  distribution  du  sel  devient  une  néces- 
sité; les  bergers  de  la  montagne  en  donnent  régulièrement  à  leurs  trou- 
peaux, qui  souffrent  quand  ils  en  sont  privés  et  qu'on  a  l'habitude  de  ras- 
sembler et  de  conduire  d'un  lieu  à  un  autre  en  mettant  à  profit  leur  goût 
pour  le  sel.  Aussi  les  bergers  portent-ils  toujours  un  sachet  qui  en  est 
rempli. 

»  C'est  une  croyance  très  répandue,  que  les  animaux  des  pâturages  al- 
pestres sentent  le  sel  et  suivent  les  personnes  qui  en  ont  dans  leur  poche. 
Pour  -vérifier  si,  en  réalité,   ils  le  perçoivent  par  l'odorat,  j'ai  présenté  à 


(  44»  ) 
des  moutons  paissant  sur  les  flancs  du  Pic  du  Midi,  entre  23oom  et  2700m 
d'altitude,  des  cornets  en  papier  fermés,  remplis  les  uns  de  terre,  les  autres 
de  sel  cris.  Tous  les  moutons  sont  restés  indifférents  devant  les  cornets  de 
terre  ;  neuf  sur  quatorze  se  sont  jetés  sur  les  cornets  de  sel,  les  ont  déchirés 
et  en  ont  dévoré  le  contenu.  Il  semble  donc  qu'un  grand  nombre  de  ces 
animaux  aient  la  faculté  de  sentir  le  sel  par  l'odorat. 

»  En  examinant  les  conditions  de  milieu  dans  lesquelles  vivent  ces  ani- 
maux, j'ai  été  amené  à  rechercher  si  les  fourrages  qu'ils  consomment  et  les 
eaux  qu'ils  boivent  contiennent  une  quantité  de  sel  insuffisante  pour  les 
besoins  de  l'organisme,  ce  qui  expliquerait  leur  avidité  pour  ce  produit. 

»  Le  sel  est  apporté  aux  continents  par  les  mers;  les  poussières  d'eau 
marine,  emportées  par  les  vents,  flottent  dans  l'atmosphère;  on  en  constate 
la  présence  non  seulement  sur  le  littoral,  mais  aussi  dans  l'intérieur  des 
continents.  Les  pluies  qui  tombent  ramènent  ces  poussières  au  sol  et  sont 
la  véritable  source  à  laquelle  les  plantes  empruntent  les  chlorures  qu'elles 
renferment.  Si  les  eaux  météoriques  n'apportaient  pas  de  sel,  ce  dernier 
disparaîtrait  rapidement  du  sol  avec  les  eaux  de  drainage,  et  les  plantes  en 
seraient  dépourvues. 

»  La  proportion  de  chlore  dans  l'eau  de  pluie,  très  élevée  au  voisi- 
nage de  la  mer,  diminue  à  mesure  qu'on  s'en  éloigne,  mais  elle  reste 
plus  que  suffisante  pour  fournir  aux  récoltes  le  sel  marin  qu'elles  ren- 
ferment. 

»  Les  poussières  salines  sont-elles  uniformément  répandues  dans  l'at- 
mosphère, ou  sont-elles  concentrées  dans  les  parties  basses,  en  vertu  de 
leur  pesanteur,  comme  les  corpuscules  organisés,  les  poussières  de  nitrate 
d'ammoniaque,  etc.,  et,  par  suite,  les  eaux  qui  tombent  aux  grandes  alti- 
tudes, traversant  un  air  moins  chargé  de  ces  particules,  sont-elles  aussi 
plus  pauvres  en  chlorure? 

»   Les  chiffres  ci-dessous  répondent  à  cette  question  : 

(  lUlorure 
de  sodium 

par  litre. 

Pluies  des  hautes  montagnes  :  Pic  du  Midi  (ait.  28;7m;  (moy.) o,34 

Bergerac  (moy.) 2  ,  5o 

Joinville-le-Pont  (moy.) 7,60 


pa 


Pluies  des  régions  basses... 

»    Les  pluies  recueillies  à  une  grande  altitude  sont  donc  extrêmement 
livres  en  chlorure  de  sodium. 


(  449  ) 

»  Les  eaux  des  torrents  alpestres  en  sont,  par  suite,  presque  entière- 
ment dépourvues  : 

Chlorure  de  sodium 
par  litre. 

mur 

Eaux  de  divers  torrents  des  Pyrénées  (moyenne) 0,9 

»  Les  eaux  des  rivières  coulant  dans  les  régions  basses  en  contiennent 
des  quantités  beaucoup  plus  grandes. 

»  Les  plantes  qui  vivent  à  une  grande  altitude  n'ont  donc  à  leur  dispo- 
sition que  de  faibles  quantités  de  chlorures;  voici  quelques  chiffres  obte- 
nus par  la  comparaison  entre  les  mêmes  espèces  végétales  prises,  les  unes 
sur  la  montagne,  les  autres  dans  la  plaine,  mais  à  une  même  distance  de 
la  mer  et  sous  l'influence  des  mêmes  vents  dominants  : 

Chlorure  de  sodium 
pour  too. 

Montagne.  Vallée. 

k'r  Rr 

Foin o,254  ';Oi7 

Trèfle  blanc 0 .  •  s ;>  o,5o5 

Tl  1  \m o,i45  o,238 

Paille  de  seigle 0,o54  0,117 

»  Tous  ces  résultats  montrent  que  le  sel  marin  est  rare  sur  les  monta- 
gnes, et  expliquent  pourquoi  il  est  nécessaire  d'en  donner  aux  animaux 
qui  y  vivent.  Mais,  malgré  cette  distribution  de  sel,  on  constate  dans  les 
liquides  de  leur  organisme  une  moindre  quantité  de  chlorure  : 

Chlorure  de  sodium 
par  litre. 

Montagne.  Vallée. 

Lait  de  vaches (moyenne) ... .        i,o83  i,35o 

Sang  de  moutons  (moyenne) .        0,476  0,610 

Sang  de  lapins  (moyenne)  .  .  .       0,397  0,470 

»  L'utilité  de  l'apport  de  sel  marin,  dans  les  régions  où  celui-ci  n'est 
pas  apporté  en  abondance  par  les  pluies,  se  trouve  démontrée  par  les  ob- 
servations que  je  viens  de  résumer.    » 


(  45ô  ) 

M.  Greg.  Stefanesco,  de  Biikarest,  dans  une  Note  transmise  à  l'Aca- 
démie par  M.  Danbrée,  signale  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  l'Aca- 
démie roumaine,  où  se  trouve  la  relation  d'une  chute  de  météorites  remon- 
tant à  l'année  1774.  Elle  a  eu  lieu  près  de  Tirgoviste,  dans  le  Judetul 
Dimbovita,  et  a  présenté  les  phénomènes  habituels,  judicieusement  décrits 
par  l'observateur  anonyme. 

«  Un  matin,  avant  le  lever  du  soleil,  quand  le  ciel  était  clair  de  toutes 
parts,  il  se  montra  tout  à  coup  un  petit  nuage  éclairé,  duquel  il  commença 
d'abord  à  tonner,  puis  tout  d'un  coup  il  a  craqué,  et,  comme  de  la  pluie, 
une  multitude  de  pierres  en  sont  tombées  et  elles  ont  couvert  une  surface 
plus  grande  qu'une  verste.  Ces  pierres  étaient  noirâtres,  de  dimensions  va- 
riables, depuis  la  grosseur  du  poing  et  au-dessous,  et  de  forme  fragmen- 
taire, comme  si  elles  avaient  élé  détachées  d'un  même  bloc;  les  plus  grosses 
se  sont  enfoncées  dans  la  terre,  les  petites  restèrent  à  la  surface  comme 
une  grêle.  Elles  répandaient  une  odeur  de  boue  croupie  et  légèrement 
sulfureuse.   » 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  M.  B. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  23  février  1891. 

Congrès  international  de  Mécanique  appliquée  tenu  à  Paris  du  1 G  au  1 1  sep- 
tembre 1889,  sous  la  présidence  de  M.  Phillips,  membre  de  l'Institut.  Paris, 
E.  Bernard  et  C'e,  1890-1  891  ;  4  vol.  gr.  in-8°  et  Atlas. 

Cours  d'Algèbre;  parG.  Niewengloyvski.  2e  édition.  Paris,  Armand  Colin 
et  Cie,  1891  ;  2  vol.  in-8".  (Présenté  par  M.  Picard.) 

Synthèse  du  rubis;  parE.  Fremy,  1877-1890.  Paris,  VveCh.  Dunod,  1891  ; 
gr.  in-'[°. 

-Conférences  faites  au  laboratoire  de  M.  Friedel  (1888- 1889).  Premier 
fascicule  :  Conférences  de  MM .  Bouveault,  Maquenne,  Arnaud,  Bkhal,  Saint- 


(  45.  ; 

Pierre,  Fauconnier,  Etard.  —  Second  fascicule:  Conférences  &  MM.  Cha- 
brié,  Patein,  Auger,  Béhal,  Combes.  Paris,  Georges  Carré,  1891  ;  gr.  in-8°. 
(Présenté  par  M.  Friedel.) 

Traité  d'analyse  chimique  de  R..-D.  Silva,  publié  par  M.  R.  Engel. Paris, 
G.  Masson,  1891;  1  vol.in-8°.  (Présenté  par  M.  Friedel.  ) 

Etudes  sur  le  terrain  houiller  de  Commentry.  Livre  deuxième  (fin)  :  Flore 
fossile;  par  M.  B.  Renault  et  M.  R.  Zeiller.  Saint-Etienne,  au  siège  de 
la  Société  de  l'industrie  minérale,  1890;  iu-8°. 

Le  travail  musculaire  et  l'énergie  qu'il  représente;  par  A.  Chauveau, 
membre  de  l'Institut.  Paris,  Asselin  et  Houzeau,  1891  ;  1  vol.  in-8°. 

La  folie  à  Paris.  Étude  statistique,  clinique  et  médico-légale  ;  parleD1'  Paul 
Garnier.  Paris,  J.-B.  Baillièrc  et  fils,  1890;  1  vol.  in-16.  (Deux  exem- 
plaires.) (Envoyé  au  concours  Mont) on,  Médecine  et  Chirurgie.) 

La  fabrication  de  l'alcool  de  grains.  Ses  difficultés  dans  les  pays  chauds; 
par  Jules  Simian;  br.  in-8°.  (Extrait  de  l'Annuaire  de  la  distillerie,  an- 
née 1891.) 

American  meleorological  Journal,  November  1889-January  1891;  14  br. 
er.  in-8°. 

Publications  of  the  Washburn  observatory  of  the  University  of  Wisconsin, 
vol.  VII,  Part  I  :  Meleorological  observations,  1887-88-89.  Madison, 
Wis. ,  1890;  br.  in-/j°. 

The  american  Ephemeris  and  nautical  Almanac  for  the  year  1893.  Was- 
hington, bureau  of  Equipment,  1890;  1  vol.  in-4°. 

Die  electrischen  Verbrauchsmesser,  von  Etienne  de  Fodor.  Wien,  A.  Hart- 
leben's  Verlag,  1891;  in-16. 


ERRATA. 

(Séance  du  16  février  1.891.) 

Noie  de  M"e  D.  Klump&e,  Observations  de  la  comète  Charlois  : 

Page  377,  aux  positions  apparentes  de  la  planète,  les  logarithmes  de  parallaxe  (en 
ascension  droite)  doivent  être  précédés  du  signe  -H,  au  lieu  du  signe  — . 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER- VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

Kuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.   [ls  forment,  à  la  fin  die  l'année,   deux  volumes  in-4°.   Doux 
>les,  l'une  p»r  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque   volume.    L'abonnement  est  annuel 

Mit  du  ier  jtnvier. 

Le  prix  de  Vabonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  IV.  —  Départements  :  30  (Y.  —  Union  postale  :  34  IV.  —  Autres  pays  :  les  Irais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


er .  . 

ieus. 
rers.. 


■on  ne.. 
mcon 


maux. 


■nibcr)  .. 
nourg.. 

•monl-Ft 


noble 
Hochet  le 
'iavre.  .  . 


chez  Messieurs  : 

Michel  et  Médan. 
i  Gavault  St-Lager. 
<  Jourdan. 
|  RuIF. 

Hecquet-Decoberl 
^  Germain  et  Grassin. 
r  Lachèsc  el  Dolbeau. 

Jérôme. 

Jacquard. 
,  A.vrard. 

Dulhuff. 
I  Muller  (GO- 

Renaud. 

Lefoumier. 

F.  Robert. 
i  .1.  Robert. 
'  V  Uzel  CarofT. 
,  Baër. 
I  Massif. 

Perrin; 
,  Henry. 
I  Marguerie. 
t_  Rousseau. 
/  Ribou-Collay. 

Lamarche. 
'  Ratel. 
'  Damidot. 
i  Lauverjal 
'  Crépin. 
j  Drevel. 
/  Gratier. 

Robin. 

\  Bourdigi 

'  Dombrc. 
,  Ropiteau. 
■  Lefebvre. 
'  (  juarré. 


Carient. 


Lyon.  . 


chez  Messieurs  : 
(  Baumal. 
/  M"    rexier. 

Beaud. 

i  leorg. 
.  Mégret. 
J  Palud. 
I  Vitle  et  Pcrusscl. 

Marseille.. Pessailhan. 

i  Calas. 
Montpellier .    ■■■,,.      ,   . 
'  i  Coulet. 

Moulins Martial  Place. 

Sordoillet. 
Nancy Grosjean-Maupin. 

'  Sidot  frères. 

^  Loiseau. 

i  m      \  eloppé. 

(  Barma. 

i  \  isi  onti  el  l  ', 

\  inies Thibaud. 

Orléans Luzeray. 

i  Blanchier. 

foitiers .,  . 

'  Druinaud. 

Rennes Plihon  et  Hev\  i 

fiochefort Boucheron  -  Kossi 

,  Langloi  -  |  gnol. 

'   I  ,esl  ring. lut. 

i  ii  \ alief. 

!  i;,.    Mlle. 

I  Rumèbe. 

t  Gimet. 

j  Privât. 

Boisselier. 

Tours Péricat. 

'  Suppligc 

\  Giard. 
'  Li niai tre. 


Imsterdam  .  . 


Athènes. . . 
Barcelone. 


Berlin. 


lieme  ■  ■  ■ 
Bologne  ■ 


Bruxelles. 


Buc/iarest. 


X an  les 
ViCi  .  .  . 


/iouen 

S'-Étienne 
Toulon 

Toulouse..  , 


Valenciennes. 


Budapest 

Cambridge 

l 'hristiahia 

Constantinople. 
Copenhague. . . . 

Florence 

Gand 

Gènes 


Genève..    ■ 

La   Haye 
Lausanne. 


Leipzig 


f.iè'e. 


:hez  Messieurs  : 
Robbers. 

Feikema    Caareisen 
Beck.  et  C 

\  erdaguer. 
\>Ii.t  el  C". 
<  '.M  v. m  \  el  C  " 
Friedlander  el  (ils-. 
tfaver  el   Millier. 
Schmid,  Franckc  el 

Zanichelli  el  I  ■  '. 
Ramlot. 
Mayolez. 
Lebègue  el  i  ]'•. 

ll.ilili.  uni. 

Ranisteanu. 

kili.i  ri. 

Deigh Bellel  '. 

i  :,iiniiii ■  1 1 1 1 ■  \  ei . 
Otto  el  K  cil. 

IImsI   ,i    lils. 

Lœsi  lier  el  Seebci 

Hoste. 

Beuf. 

Cherbuliez 

Georg. 

Stapelmolir. 

Bclinfante   fi-ères. 

Benda . 

Payot. 

Barlh. 

Brockhaus. 

Lorentz. 

M,ix  Rilbe. 

Twietmeyer. 

I  lesoer. 

Gnusé. 


I .■nulles  .  .  . 

Luxemboui 


chez  Messieurs  : 
j  Dulafl. 


Madrid 


Milan  . 


'  /  Nutt. 
.      V.  Bilck. 

Librairie      Gutcn 
\     berg. 
.     Gonzalès  e  hijos. 
I  Vrayedri. 
'  F.  Fé. 

(  Dumolard  frères. 
"  j  Hœpli. 

Moscou Gâul  ici\ 

Furcheim. 

Vaples Marghieri  < t ■  i lins 

'  Pellerano. 
Chrislern. 

Vew  York  Slechcrl  . 

\\  estermann. 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C". 

Haterme i  llau  sen 

Porto Magalhai  s. 

Prague Rivnac. 

Rio  Janeiro (Jarnii-r. 

,  Bocca  frères. 

Ilmue 

i  Loesclier  el  < ." . 

Rotterdam   Krauicrs  el  Mis. 

Stockholm.. . . 


v  Pétersbourg. 


Samson  i  t  Y\  allin.. 
j  Zinserling. 


Turin 


Vienne . 


I  WolIT. 
Bocca  frères. 
Bi-ero. 
<  llausen. 
Rosenberg  et  Sellier. 

Varsovit <  iebethner  et  WolIT. 

Vérone. .     Drucker. 

j,  l'riek. 

(  Gerold  et  C". 
j  Zurich Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1er  à  31.  —  (  3  Août  ià3  J  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in-i°;  l853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.  —  (  î"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-i":   [870.   Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.  —  (i'r  Janvier  1866  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  in-  j   :  [889.  Prix 15  IV. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 
omel:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  \.  Herbes  et  A.-J.-J.  Solier.—  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
nètes,  par  M.Hansen.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  sue,  pancréatique  dans  [es  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

sses,  par  M.  Claude  Bersaru.  Volume  in-4°,  avec  32  planches-;   r856 15  fr. 

ome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beseden.  —  Essai  d'une  réponse  à  laquestioude  Prix  proposée  en  iS5o  par  l'Académie  des  Sciences 
r  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  1806,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
îentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.—  Rechercher  la  nature 
es  rapports  qui  existent  entre  l'étatactuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-'.°,  avec  27  planches;  1861 ...        15  IV. 


la  mémo'  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


K  8. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance  du  25  février  1891.) 


MÉMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


Pi.lZL-S. 


M.  Ë.  Km  my  présente  à  l'Académie  du  Volume 
qui]  vieni  de  publier  sous  le  titre  :ccSyn 
thèse  des  rubis 

M.  Chauveau  présente  à  l'Académie  un  Ou- 
vrage qu'il  vieut  'le  publier  sons  le  titre  : 
o  Le  travail  musculaire  et  l'énergie  qu'il 
^représente  » 


Pages- 


M.  Mascart.  —  Sur  les  anneaux  colorés... 

MM.  P..  1-fi'Im:  el  BARB  W..  —  Sur  l'isolement 

•   du  ferment  glycolytique  du  sang 

M.  Bouquet  de  LA  Grye  présente  à l'Acadé- 
mil-  un  exposé  des  idées  de  M.  Faye  sur 
la  théorie  des  tempêtes  dans  VAmerican 
Meteorolosical  Journal . 


NOMINATIONS. 


i  loi issiou  chargée  de  juger  le  concours  du 

prix  Francœur  de  l'année  i  Si, i  :  MM.  Her- 
mite,  Bertrand,  Darboux,  Jordan,  Poin- 
care 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du 
prix  Poncelel  de  l'année  r8ai  :  MM.  Hêr- 
mite,  Bertrand,  Pointure.  Darboux,  Jor- 
dan   

i  lommission  chargée  de  juger  le-  concours  du 
prix  extraordinaire  de  six  mille  francs,  de 
l'année  1891  :  MM.  Jurien.de  la  Gravière, 


de  Bussy,   Bouquet  il'-  la    Grye,   Paris, 

de  Jonguières 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du 
prix  Montyon  (  Mécanique  1  de  l'année  1891  : 
MM.  Muni  in-  Lévy,  Boussinesg,  l.ruute. 
Besal,    Sarrau 

Commission  chargée  déjuger  le  concours  du 
prix  Plumey  de  l'année  1891  :  MM.  de 
Bussy,  Pdris,  Jurien  de  lu  Gravière, 
Maurice  Lévy,  Bouquet  </<•  la  Grye 


,10 


'n! 


MEMOIRES  LUS. 


M.    H.    DKSLANDRES.     -   Sur    le   spectre    de    a  Lyi 


MEMOIRES  PRESENTES 


M.    D.-\.   CASALONGA   adresse    une    nouvelle 

Note  relative  à  «  l'inexactitude  du  coefli- 

T  —  T 
eient    économique  -^ —  du    rendemcnl 


de  la  chaleur 


',,:: 


,1 .1 


r 


L'Académie  royale  des  Sciences,  i>es  Ret- 
ires 11  des  Beaux-Arts  i>e  Belgique  in- 
forme l'Académie  qu'elle  ouvre  une  sou- 
scription pour-  offrir  une  médaille  d'or  a 
M.  ./.-.s.  Stas,  à  l'occasion  de  son  nu 
quantième  anniversaire  comme  membre 
titulaire  de  la  classe  des  Sciences 

M.  le  Dr  PlCHON  adresse  ses  remerciements 
pour  la  distinction  accordée  à  ses  travaux 
dans  la  dernière  séance  publique 

M.  Charlois.  Observations  île  deux  nou- 
velles planètes,  découvertes  à  l'observatoire 
de  Nice,  les  11  et  16  février  1891 

M.  B.  Baillaud.  Observations  de  la  pla- 
nète Charlois  (11  février  1801),  faite-  a 
l'équatorial  Brunner  de  l'observatoire  de 
Toulouse 

M.  Em.  Marchand.  —  Observations  des  fa- 
cules  solaires,  faites  en  1889  et  1890,  à 
l'équatorial  Brunner  (om,iS)  de  l'observa- 
toire de  Lyon. . .    

M.  Vndrade.  —  Sur  le  mouvement  d'un  vor- 
lex  rectiligne  dans  un  liquide  contenu 
dans  un  prisme  rectangle  de  longueur 
indéfinie. . .    .  • 

M.  M.  d'Ocaqne.  —  Sur  la  représentation 
plane  des  équations  à  quatre  variables... 

M.  L.  li.u-i'Y.  —  Sur  une  classe  de  surfaces 
harmoniques 

Bulletin  bibliographique 

Ekr\ta 


I' 


CORRESPONDANCE. 

M.  I  i.yssi.  Lai. a.  —  Sur  la  compressibilité 
des  mélanges  d'air  et  d'hydrogène 

M.  M  on  nok  y.  — Sur  la  compression  du  quartz. 

M.  I-:.  Carvallo.  —  Position  de  la  vibration 
lumineuse;  systèmes  de  Fresnel 

M.  Cil.  BLAREZ.  —  Sur  l,i  solubilité-  du  b'i- 
tartrate  de  potassium 

M.  \.  Villiers.  —  Sur  la  transformation 
de  la  fécule  en  dextrine  par  le  ferment 
butyrique 

M.  A.  Rehg.  —  Sur  les  hulylamines  nor- 
males  

M.  Lavocat.  —  Détermination  rationnelle 
des  pièces  sternales  chez  les  animaux  ver- 
tébrés   

M.  E.  Lagwesse.  —  Structure  du  pancréas 
ei  pancréas  intra-hépatique  chez  les  Pois- 
sons   

M.  L.  Faurot.  —  Anaiomie  du  Cerianthus 
membranaceus 

M.  Pierre  Lesage.  —  Sur  la  différenciation 
du  liber  dans  la  racine 

M.  Édoi  \iai  Jannettaz.  -  Sur  l'argent  natif 
ei  la  dioptasc  du  Congo  français 

M.  A.  MUNTZ.  —  Sur  la  répartition  du  sel 
manu   suivant  les  allitudes 

M.  Greg.  Stefanesco  signale  la  relation 
d'une  chute  de  météorites  remontant  à 
l'année  1 7  7  'j 


;  16 
428 

13. 


135 


ï-; 


'!■"» 


443 

444 
546 

m; 

ij" 
45o 
45i 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILL.VRS  ET  FILS, 
Quai  des  Grands-.\ugustins,  55. 


1891 

PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SEANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.   LES  SECRÉTAIRES  PERPETUELS. 


TOME  CXII. 


N°  9  (2  Mars  1891), 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augusiins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopte  dans  les  séances  des  2.3  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 

l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de      sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Ra 


ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  v  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étrangerdel'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 


ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autaî 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pi 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persona 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aci 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré 
suiné  qui  ne  dépasse  pas  3  pages 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  fonl 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  olfi- 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temp 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  \eCompte  ren 


Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par  1  actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  su 
les   correspondants  de  l'Académie  comprennent  au      vaut,  et  mis  à  la  fin  du  cahier, 
plus  4  pages  par  numéro. 


Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 
Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  afl 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  lait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  le* 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5h.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU   LUNDI  2  MARS   1891, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET   DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  C.  Wolf,  en  présentant  à  l'Académie,  au  nom  de  la  Société  française 
de  Physique  et  des  éditeurs,  MM.  Gauthier- Villars,  le  deuxième  Tome  des 
«  Mémoires  sur  le  pendule  »  dont  il  a  entrepris  la  publication,  s'exprime 
comme  il  suit  : 

«  Ce  Volume  est  le  cinquième  de  la  collection  des  Mémoires  relatifs  à  la 
Physique  que  publie  la  Société.  Il  contient  les  traductions  de  la  fin  du  Mé- 
moire de  Bessel  sur  la  longueur  du  pendule  simple  à  Kœnigsberg;  le  très 
important  travail  du  même  auteur  sur  la  force  avec  laquelle  la  Terre  attire 
les  corps  de  différente  nature,  Mémoire  qui  n'est  guère  connu  que  par  l'ex- 
trait  qu'en   a  donné   Bessel  dans   les  Astronomische  Nachrichten  ('),   et 

(')  L'édition  des  Mémoires  de  Bessel  par  Engelmann  ne  donne  que  cet  extrait. 
C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX.II,  N°  9.)  5o, 


(454  ) 

la  Note  de  Bessel  sur  la  construction  du  pendule  symétrique  à  axes  réci- 
proques, qui  a  été  l'origine  de  l'appareil  aujourd'hui  universellement  em- 
ployé pour  la  mesure  de  l'intensité  de  la  pesanteur.  Les  autres  Mémoires 
sont  relatifs  à  la  question  de  la  résistance  du  milieu,  sur  laquelle  les  belles 
expériences  de  M.  le  commandant  Defforges  viennent  de  donner  des  lu- 
mières inattendues.  M.  Wolf  exprime  l'espoir  que  les  physiciens  lui  sau- 
ront quelque  gré  de  leur  avoir  facilité  la  lecture  du  grand  Mémoire  de 
M.  Stokes  sur  cette  question,  qui  a  pour  la  première  fois  défini  d'une 
manière  précise  la  cause  du  fait  observé  par  Du  Buat  et  par  Bessel,  et  inau- 
guré l'ère  nouvelle  des  expériences  modernes  sur  le  pendule.    » 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  petites  planètes,  faites  au  grand  instrument, 
méridien  de  V Observatoire  de  Paris  pendant  le  deuxième  trimestre  de  Van- 
née 1890.  Communiquées  par  M.  Mouchez. 


Correction 

Correction 

Dates. 

Temps  moyen 

Ascension 

, 

de 

Distance 

de 

1890. 

de  Paris. 

droite. 

l'éphémér. 

polaue. 

l'éphémér. 

(fâj   Palu 

.S. 

Il            Ul         .5 

Ii      m       s 

S 

0       '      h 

II 

i5. 11 . 19,32 

— 

1,04 

64. 16. 56, 3 

— 

1,6 

ao. .  .  . 

I I . 12.22 

l5.    6.33,OI 

— 

°>97 

63.54.28,7 

— 

1,5 

I 1 .   7 . 4o 

1 5 .    5.47,35 

— 

o,94 

63.52.    1,6 

— 

■>9 

11.   3.   0 

■5.   5.   2 ,33 

— 

°>99 

63 . 4g . 58 , 2 

— 

o,3 

24.... 

10.53.40 

i5.   3.34,91 

— 

°.79 

63.46.52, 1 

— 

1,1 

28 

I0.35. 12 

i5.  0.49,88 

— 

0,96 

63. 44 -5°, 3 

— 

>.4 

3i 

10.21 .3i 

i4-58.56, 19 

— 

1,18 

63 .46.49,0 

— 

0,4 

14.57. i2,53 

— 

o,9[ 

63. 5i .35 ,0 

— 

0,6 

9.... 

9.41.28 

i4.54. i5, 81 

— 

0,82 

64.   8.56,5 

— 

0, 2 

16. 

9. II. 27 

1 4  -  5 1 .45,8o 

— 

0,91 

64.4o. 56, 6 

— 

1 ,0 

19.... 

8.58.55 

i4- 5i .    1 ,23 

— 

0,73 

64.58.    4.7 

— 

0,1 

8.54.4; 

14.50.48,79 

— 

0,90 

65 .   4.11,2 

— 

n 
0,0 

24.... 

8.38.28 

i4-5o. i3,35 

(T)  Cérè 

s. 

0,55 

65.3o.3i ,2 

-r- 

0,6 

11.42.41 

i5.4o.53,29 

+ 

i,39 

102.47.  4>° 

+ 

8,4 

22..  . 

11.37.49 

15.39.57,27 

+ 

1 ,3o 

102 .47.44,0 

+ 

8,7 

23 

1 1 .32.57 

15.39.    l  >68 

+ 

i,33 

102.48.28,7 

+  10,0 

24.... 

11.28.   6 

i5.38.   6,43 

+ 

1 ,35 

102.49.14,2 

+ 

8,4 

28 

11.   8.47 

1 5. 34.30,09 

_1_ 

.,34 

102 .53.    1,2 

+ 

8,7 

3i 

10.54.24 

i5.3i .54,29 

4- 

1 ,  26 

io2.56.33,3 

-t- 

8.5 

(  455  ) 


Dates.  Temps  moyen 

1890.  de  Paris, 
fa       m     s 

Juin    3 io.4o.   8 

g IO.  12 .    2 

'9 9.26.46 

20 9.22.22 

24 9.5.0 

a5 9.  o.43 

27 8.52. i3 

Mai    21 r-2.   8.26 

22 12.    3.4o 

23 u.58. 54 

24 11.54.  9 

28 1 1 .35.   2 

Juin     9 io.38.28 

10 io.33.5i 

Mai    21 12 .3i  .23 

22 12.26.38 

23 12.21 .53 

24 12.17.   7 

28 u.58.   3 

Juin     7 1  1  .  10.  29 

9 11.    1.    2 

10 10. 56. 19 

19 10.  l4-22 

20 IO.     9.47 

24 g.5i .32 

25 9.  '17.    I 


Correction 

Correction 

Ascension 

1e 

Distance 

de 

droite. 

l'cphémér. 

polaire. 

l'éphémér 

h        m       s 
l5.2g.25,74 

+ 

1,38 

0      ' 

io3.   o.44 

3 

+  9>° 

1 5. 24 -54, 20 

+ 

1,32 

io3. 11.   3 

9 

-t-  8,6 

i5. 18. 56, 81 

+ 

1,37 

io3. 34.3o 

1 

+  9.° 

.5.18.28,18 

+ 

1  ,o5 

103.37. 16 

7 

-+-  8,8 

i5 . 16.49,61 

+ 

1,22 

io3.4g. 11 

5 

-+-  9.4 

1 5. 16.28,61 

+ 

I  ,  23 

io3 .52 . ni 

5 

+  7.' 

1 5 . 1 5.5o,79 

+ 

0,98 

io3.58.55 

5 

+  8,9 

,i,      Mélétê. 


16.   6.43,27 

— 

5.99 

99.34.48,4 

—  23,6 

16.   5.53,o'| 

— 

5,86 

» 

» 

16.  5.  2,44 

— 

5,88 

99.21.31,5 

— 22, 1 

» 

» 

99 . 1 5 .  3,3 

— 22,2 

16.  0.48,95 

— 

5,g4 

98.5o.36,o 

— 19. 6 

1 5. 5 1 .  ■>.  \  ,98 

— 

5.97 

97.53.29,1 

-,8,7 

1 5. 5o.43, 61 

— 

5,94 

97-49-59>5 

—  19.0 

J  t:\ON. 

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93.44.54,7 

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16.28.54,99 

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93,4i.3o.2 

-+-  5,o 

16.28.    4,98 

+ 

4,i3 

93. 38.   6,6 

-f-   2,3 

1  (i. 27.  i5,oi 

+ 

4,09 

93.34.54,4 

-H   4,2 

i6.23.54, 1 1 

-l- 

4, .5 

g3.23.   8,0 

+  3,3 

16. i5.38, 19 

-+- 

4,i6 

93.   2.38,o 

■+■  3,  i 

1 6 .  1  î .   ■<.  ,49 

+ 

3,g3 

93.   0.   9,3 

4-  3,8 

16. i3. i5,7" 

+ 

4,i5 

92.59.   6,9 

4-  3,6 

îfi.   6. io,g5 

+ 

4,o4 

92.56.    2,1 

-t-  2,6 

16.   6.   0,86 

-+- 

3,98 

92.56.24,4 

H-   3,7 

16.   3.29,89 

+ 

I,i4 

92,59.12,3 

+  5,4 

16.    2.54,24 

3,87 

93.   0. 11  ,9 

-+-  3,5 

»   Les  observations  ont  été  faites  par  M.  Callandreau. 

»  Les  comparaisons  de  Pallas,  Gérés  et  Junon  se  rapportent  aux  éphé- 
mérides  du  Nantical  Alrnanac;  celles  de  Mélété  à  l'éphéméride  publiée 
dans  le  Bulletin  astronomique,  t.  VII,  p.  io.|.  » 


(  456  ) 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  réflexion  métallique. 
Note  de  M.  H.  Poixcaré. 

«  Je  crois  devoir  expliquer  en  quelques  mots  pour  quelles  raisons, 
malgré  les  Notes  récentes  de  M.  Cornu  et  de  M.  Potier,  je  persiste  dans 
mon  scepticisme  sur  le  caractère  décisif  de  la  remarquable  expérience  de 
M.  Wiener.  La  question  est  maintenant  circonscrite  de  la  façon  suivante  : 
est-il  certain  que,  sous  l'incidence  normale,  tout  plan  réfléchissant  soit 
un  plan  nodal?  Dans  le  cas  de  la  réflexion  vitreuse, -il  est  aisé  de  voir 
que,  sur  la  surface  réfléchissante,  on  a  un  nœud  avec  la  théorie  de  Fresnel 
et  un  ventre  avec  celle  de  Neumann;  mais  M.  Potier  croit  pouvoir  démon- 
trer que,  dans  le  cas  de  la  réflexion  métallique,  et  particulièrement  dans 
le  cas  des  métaux  dont  le  pouvoir  réflecteur  est  très  considérable,  les 
deux  théories  seraient  d'accord  pour  exiger  la  présence  d'un  nœud  à  la 
surface  réfléchissante. 

»  L'expérience  montre  que,  sous  l'incidence  normale,  le  pouvoir  réflec- 
teur de  l'argent  est  très  voisin  de  i;  nous  ne  nous  écarterons  donc  pas 
beaucoup  de  la  réalité,  dit  M.  Potier,  en  lui  attribuant  un  pouvoir  réflec- 
teur rigoureusement  égal  à  i.  Cette  sorte  de  passage  à  la  limite  serait 
légitime  dans  tout  raisonnement  où  l'on  n'appliquerait  pas  le  principe  de 
continuité,  fondement  commun  des  théories  de  Fresnel  et  de  Neumann  ; 
mais  il  cesse  de  l'être  dès  que  ce  principe  joue  un  rôle,  parce  que  la  limite 
d'une  fonction  continue  peut  très  bien  être  une  fonction  discontinue;  il  en 
résulte  que  telle  loi  de  réflexion,  compatible  avec  le  principe  de  continuité 
quand  le  pouvoir  réflecteur  est  extrêmement  voisin  de  i,  cesse  de  l'être 
quand  ce  pouvoir  devient  rigoureusement  égal  à  i. 

»  Il  est  donc  nécessaire  de  faire  le  calcul  complètement,  et  ce  calcul 
complet  m'a  conduit  à  des  résultats  opposés  à  ceux  de  M.  Potier.  On  ne 
s'en  étonnera  pas;  car  il  serait  singulier  que  la  réflexion  métallique,  phé- 
nomène complexe  et  mal  connu,  nous  permît  de  conclure  là  où  la  réflexion 
vitreuse,  que  nous  connaissons  beaucoup  mieux,  nous  aurait  laissés  dans 
le  doute. 

»  Bornons-nous  au  cas  de  l'incidence  normale.  L'équation  du  mouve- 
ment, réduite  à  ses  termes  principaux,  s'écrit,  dans  la  théorie  de  Fresnel, 

/  \  d'2l    ,    /  &       ** 

(0  adFtbdi  =  dë 


(457  ) 
et,  dans  celle  de  Neumann, 

(  \  ^  —  Afiï'fi  _&L 

\2)  dt*  ~  dz  \    dz  "''  V dzdt 

a,  b,  ce  et  (3  sont  des  fonctions  de  z  constantes  dans  chacun  des  deux 
milieux,  air  et  métal,  et  variant  très  rapidement  dans  la  couche  de  passage 
qui  les  sépare. 

»  Nous  pourrons  écrire 

ç  =  partie  réelle  de  £0e'1" ', 

p  étant  un  nombre  dépendant  de  la  période  et  égal  ta  —  et  ç0  une  fonction 

imaginaire  de  z.  Dans  l'air,  où  l'on  aJ=o  (ou  (3  =  o  dans  la  théorie  de 
Neumann),  nous  poserons 

■K  =  pfa         (ou     l  =  fy- 
Dans  le  métal,  nous  poserons 


V=S-af+bip         (ou      ,,=  y/-— |- 

en  choisissant  le  signe  du  radical  de   façon  que  la  partie  réelle  de  [j.  soit 
négative. 

»   On  aura,  dans  l'air, 

(3)  ^r'k4-Be+,'-: 

et,  dans  le  métal, 

»  Le  premier  terme  du  second  membre  de  (3)  correspond  au  rayon  in- 
cident et  le  second  au  rayon  réfléchi.  Le  nombre  B  est  un  nombre  imagi- 
naire dont  le  carré  du  module  représente  le  pouvoir  réflecteur  et  dont 
l'argument  représente  la  différence  de  phase  due  à  la  réflexion. 

»   Le  calcul  montre  que,  dans  la  théorie  de  Fresnel, 


et,  dans  celle  de  Neumann, 
doivent  être  continus. 


P       et    * 
->o      eL      J„ 


\«     et     («  +  P$0§ 


(  4*8  ) 

»   On  en  déduit 

« h    K-  +  *'*  . 

a  —  ?.> 

le  signe  -+-  correspond  à  la  théorie  de  Fresnel  et  le  signe  —  à  celle  de 
Neumann. 

«  Les  coefficients  a,  b,  -/,  [3  étant  positifs,  le  point  B  sera,  dans  l'un  et 
l'autre  cas,  contenu  à  l'intérieur  d'un  segment  limité  par  une  droite  et  par 
un  arc  de  cercle  ayant  pour  extrémités  communes  les  points  ±  i  et  se 
coupant  à  45°. 

»  Pour  que  le  pouvoir  réflecteur  devienne  égal  à  i,   il  faut  que  j  B  |  =  i 

et,  par  conséquent,  que 

B  =  ±  t. 

»  On  obtiendra  ces  deux  points  en  faisant  >j.  =  o  ou  y.  =  —  oo;  la  pre- 
mière de  ces  deux  hypothèses  devant  évidemment  être  rejetée,  nous 
ferons  [j.  =  —  co.  En  effet,  le  cas  [a  =  o  serait  celui  d'un  milieu  transparent 
dont  l'indice  de  réfraction  serait  nul;  le  cas  [/.  =  — oo  serait  celui  d'un  mi- 
lieu absolument  opaque. 

»  Or,  si  l'on  fait  \j.  =  —  oo,  on  trouve  B  =  —  i  dans  la  théorie  de  Fresnel 
(ce  qui  est  conforme  au  résultat  de  M.  Potier)  et  B  =  i  dans  celle  de 
Neumann  (ce  qui  donnerait  une  différence  de  phase  égale  à  o,  c'est-à-dire 
un  ventre). 

»   Dans  la  théorie  de  Neumann  on  a,  dans  l'air, 

1-  n-  (*•-!-  l'X        f., 

1  [1.  —  L  A 

et,  dans  le  métal, 

»  lia  fonction  ia  est  donc  continue,  quelque  grand  que  soit  —  jt;  mais 
si  l'on  fait  p.  =   -  oo,  il  vient,  dans  l'air, 

limç0  =  2COS7..S 
et,  dans  le  métal, 

limç,,  =  o, 

et  la  fonction  limE0  est  discontinue;  ce  qui  met  en  évidence  le  point  faible 
du  raisonnement  de  M.  Potier. 

»  Quelle  est  maintenant  la  signification  physique  des  équations  (  i  ) 
et  (2). 


(  459  ) 

»   L'équation  (i)  correspond  aux  hypothèses  suivantes  : 

■■:    i°  La  vibration  est  perpendiculaire  au  plan  de  polarisation  ; 

»    20  L'élasticité  de  l'éther  est  constante; 

a  3°  L'absorption  de  la  lumière  par  le  métal  est  due  à  une  résistance 
proportionnelle  à  la  vitesse  des  molécules  d'éther. 

»   L'équation  (2)  correspond  aux  hypothèses  suivantes  : 

»    i°  La  vibration  est  parallèle  au  plan  de  polarisation  ; 

»   20  La  densité  de  l'éther  est  constante  ; 

»  3°  L'absorption  de  la  lumière  serait  due  à  une  résistance  qui  suivrait 
les  mêmes  lois  que  le  frottement  intérieur  des  liquides  et  qui  dépendrait, 
par  conséquent,  non  de  la  vitesse  absolue  des  molécules  d'éther  (ou  de 
leur  vitesse  relative  par  rapport  aux  molécules  matérielles  supposées  sen- 
siblement fixes  ),  mais  de  la  vitesse  relative  des  molécules  d'éther  les  unes 
par  l'apport  aux  autres. 

»  Cette  hypothèse  est  plus  compliquée  que  la  précédente,  et  c'est  là 
un  argument  des  plus  sérieux  en  faveur  de  la  théorie  de  Fresnel,  argu- 
ment complètement  indépendant  d'ailleurs  de  l'expérience  de  M.  Wiener. 
Mais  il  perd  une  partie  de  sa  valeur  si  l'on  réfléchit  à  ce  qui  suit  : 

»  Les  deux  systèmes  d'hypothèses  que  je  viens  d'énoncer  rendent  éga- 
lement compte  des  phénomènes  de  la  réflexion  métallique,  même  sous  in- 
cidence oblique,  mais  seulement  pour  une  lumière  homogène.  Si  l'on  veut 
expliquer  la  manière  dont  les  constantes  dépendent  de  la  longueur  d'onde, 
il  faut  recourir  à  des  hypothèses  beaucoup  plus  compliquées  encore  et  l'on 
est  moins  frappé  alors  de  la  simplicité  du  système  de  Fresnel. 

»  Je  termine  en  rappelant  que  mon  scepticisme  est  tout  relatif,  ainsi 
que  je  l'ai  expliqué  dans  ma  première  Note.  Si  je  ne  crois  pas  que  la  ques- 
tion puisse  être  tranchée  avec  la  même  netteté,  par  exemple,  que  celle  de 
la  transversalité  des  vibrations,  si  je  considère  comme  trompeuses  les  es- 
pérances que  l'expérience  de  M.  Wiener  avait  pu  faire  concevoir  à  cet 
égard,  j'estime  qu'il  peut  y  avoir  des  raisons  qui  tendent  à  faire  pencher  la 
balance  dans  un  sens  ou  dans  l'autre;  il  est  remarquable  que  toutes  ces 
raisons  concourent  à  faire  adopter  les  vues  de  Fresnel. 

»  Je  viens  de  donner  moi-même,  quelques  lignes  plus  haut,  un  argu- 
ment nouveau  en  faveur  de  la  théorie  de  Fresnel;  la  Note  de  M.  Carvallo, 
que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  lundi  dernier  à  l'Académie,  en  contenait 
un  autre.  Mais  le  plus  sérieux  de  tous  reste  celui  qui  est  tiré  du  phénomène 
de  l'aberration  et  de  l'expérience  célèbre  de  M.  Fizeau.   » 


(  46o  ) 

ZOOLOGIE.  —  Sur  un  essai  d'ostréiculture  dans  le  vivier  d  expérience 
du  laboratoire  de  Roscoff.  Note  de  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  J'ai  l'honneur  de  rappeler  à  l'Académie  que,  dans  l'une  de  ses  séances 
du  mois  de  juin  dernier  ('),  je  plaçais  sous  ses  yeux  déjeunes  huîtres  éle- 
vées dans  le  vivier  de  Zoologie  expérimentale  de  Roscoff;  que  je  faisais  déjà 
remarquer  alors  combien  l'accroissement  du  Mollusque  avait  été  grand 
pendant  l'espace  de  temps  très  court  de  deux  mois,  puisque  les  huîtres 
avaient  été  placées  dans  le  vivier  à  l'état  de  naissain  dans  le  mois  d'avril  (2) 
précédent;  enfin,  j'ajoutais  que  la  Communication  que  j'avais  l'honneur  de 
faire  avait  pour  but  de  prendre  date  et  que  plus  tard  j'apporterais  les  ré- 
sultats définitifs,  bons  ou  mauvais,  de  l'expérience. 

»   Ce  sont  ces  résultats  que  je  présente  aujourd'hui. 

»  Le  naissain  placé  en  avril  1890  dans  des  caisses  à  parois  de  toile  mé- 
tallique a  été  surveillé  et  soigné  avec  la  plus  grande  attention  par  le  gar- 
dien dévoué  de  mon  laboratoire,  Charles  Marty,  et  les  résultats  acquis 
sont  fort  remarquables. 

»  On  sait  que  l'hiver  est  une  période  de  l'année  très  dure  à  passer  pour 
les  huîtres  élevées  en  parc,  car  les  temps  froids  agissant  pendant  les 
marées  basses  peuvent  causer  une  grande  mortalité.  Cette  année,  les 
gelées  ont  été  exceptionnellement  redoutables,  même  à  Roscoff,  qui  jouit 
habituellement  d'une  température  douce  en  hiver  et  où  les  Camélias  et  les 
Mesembryanlheum  vivent  en  pleine  terre.  Comme  il  y  a  eu  de  grands  dé- 
gâts dans  la  culture  maraîchère  si  remarquable  du  pays,  il  était  nécessaire 
d'attendre  la  fin  de  la  mauvaise  saison  pour  présenter  les  résultats  obtenus. 

»  Je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  échantillons  :  i°  du  naissain 
placé  dans  ce  vivier  en  avril  1890;  20  des  individus  pris  au  mois  de  juin  ; 
3°  des  individus  pris  en  septembre  dernier  et  enfin  4°  des  individus  qui 
viennent  d'arriver. 

»  Voici  les  grandeurs  les  plus  considérables  de  chacun  d'eux  : 


s 


CCI 


Naissain,  avril  1890 1,5  à  2 

Le  même  en  juin  1890 5 

Le  même  en  septembre  1890 7,0  à  7,5 

Le  même  en  mars  1891 8 


(')  Comptes  rendus,  t.  CX,  p.  1 355,  26  juin  1890. 
(-)  Ibid.,  t.  CX,  24  avril  1890. 


(  46i 

»  Le  naissain,  en  général,  prend  un  premier  et  grand  accroissement 
pendant  la  belle  saison  qui  suit  celle  de  sa  naissance.  Celui  qui  a  été  mis 
en  expérience  à  Roscoff  était  né  dans  l'été  de  1889  dans  les  parcs  de  M.  Jar- 
din, à  Auray,  et  avait  pris  la  taille  de  icm,5  à  2cm,o  pendant  la  fin  de  l'été 
et  l'automne  de  1889. 

»  La  différence  de  la  taille  des  huîtres  ne  frappe  pas  quand  on  en  donne 
la  mesure  en  indiquant  simplement  les  plus  grands  diamètres,  autant  que 
lorsqu'on  voit  les  échantillons  ou  les  figures  qui  les  représentent.  Aussi 
m'a-t-il  paru  utile  de  donner  ici  quelques  dessins  calqués  sur  les  contours 
des  coquilles  mômes. 

»  Il  est  à  peine  besoin  d'ajouter  que  les  plus  belles  tailles  ont  été  choi- 
sies, afin  de  montrer  le  summum  d'accroissement  acquis  depuis  le  com- 
mencement de  l'expérience. 

»  En  voyant  ces  dessins,  on  peut  affirmer  qu'en  moins  d'une  année  le 
naissain  élevé  dans  le  vivier  de  Roscoff  a  acquis  la  taille  marchande. 

»  Cet  accroissement  rapide  a  beaucoup  étonné  des  personnes  habit  mer. 
aux  études  d'ostréiculture.  Elles  auraient  peut-être  mis  en  doute  l'origine 
de  ces  huîtres,  si  elles  ne  portaient  leur  marque  de  fabrique.  Le  naissain, 
quand  on  le  détache  des  appareils  collecteurs,  ou,  pour  employer  l'ex- 
pression consacrée,  quand  ou  le  dêtroque,  emporte  avec  lui  une  partie  de 
la  couche  de  chaux  dont  on  a  enduit  les  briques  et  tuiles  pour  faciliter  le 
dëtrocage;  ainsi  la  marque  certaine  de  l'origine  se  trouve  sur  la  coquille. 

»  Les  85oo  petites  huîtres  que  j'avais  placées  dans  le  vivier  sont-elle^ 
toutes  arrivées  à  cette  taille  remarquable?  Voici  comment,  après  un  triage 
attentif,  on  peut,  au  1e1  mars  1891,  répartir  les  huîtres  ayant  servi  à  l'expé- 
rience : 

33oo  ont  acquis  la  taille  d'un  peu  plus  de  6cm;  le  plus  grand  nombre  a  8rm  dans 

le  plus  grand  diamètre. 
2700  ont  de  4cm  à  6rm  dans  leur  plus  grand  diamètre. 
1900  sont  petites,  c'est-à-dire  ont  de  3cm  à  4e'"- 
33o  sont  restées  à  l'état  de  naissain,  ayant  à  peine  commencé  à  pousser  la  barbe 

au  bord  de  leur  coquille. 
160  avant  l'hiver  étaient  mortes  dans  la  saison  d'été  et  d'automne  1S90. 
5o  ont  péri  pendant  l'hiver  qui  finit. 

36  m'ont  été  envoyées  à  plusieurs  reprises  pour  suivre  l'expérience. 
24  ont  été  ouvertes  sur  les  lieux  pour  les  besoins  de  l'observation. 

Total  8000 

»   Quelques  remarques  doivent  être  faites  : 

»  D'abord  les  pertes,  210  sur  85oo,  sont  pour  ainsi  dire  insignifiantes; 

C.  H.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX1I,  N°  9.)  Oo 


\^  v\.'.  -,l'A  s. 

»  s 

v/  /  1 

^1 


(  463  ) 

ensuite  la  proportion  des  jeunes,  33o,  qui  ne  sont  pas  encore  développées 
est  très  faible.  Voilà  pour  les  résultats  relatifs  à  l'accroissement  et  à  la  vita- 
lité. 

»  Reste  une  autre  question  qui  a  bien  son  importance  et  qui  ne  pourra 
être  jugée  qu'après  un  nouveau  temps  de  séjour  dans  le  vivier.  Il  s'agit  de 
la  qualité  au  point  de  vue  de  la  saveur  de  l'huître.  Après  une  première 
année  qui  semble  avoir  été  employée  par  l'animal  a  étendre  les  proportions 
de  sa  taille,  le  Mollusque  doit,  suivant  l'expression  des  ostréiculteurs, 
s'engraisser,  prendre  du  corps.  Il  faut  attendre  encore  pour  se  prononcer 
sur  cette  qualité;  pour  le  moment  on  peut  dire  que  les  huîtres  élevées  à 
Roscoff  ont  une  saveur  fine  et  délicate,  mais  qu'elles  ne  sont  pas  encore 
complètement  grasses. 

<>  Elles  se  présententd'a il  leurs  dans  d'excellentes  conditions,  faisant  bien 
espérer  pour  l'avenir.  En  effet,  malgré  leur  croissance  très  rapide,  leur 
coquille  est  très  saine  et  ne  présente  aucune  des  défectuosités  nuisant  à 
la  qualité. 

»  On  sait  qu'il  arrive  souvent  que  le  fond  du  creux  de  la  coquille  offre 
des  couches  non  exactement  superposées,  accolées  les  unes  sur  les  autres 
et  laissant  entre  elles  des  espaces  remplis  d'une  eau  saturée  d'acide  sulf- 
hvdrique,  nuisant  beaucoup  à  la  dégustation  lorsqu'on  brise  ces  pellicules 
minces  en  détachant  le  Mollusque  de  son  test. 

»   Cette  condition  des  plus  fâcheuses  ne  se  rencontre  pas  chez  elles. 

»  Une  autre  condition  non  moins  défavorable  est  celle  qui  se  présente 
lorsque  le  test  est  habité  par  des  éponges  parasites  perforantes,  lesquelles 
répandent  une  odeur  phosphorée  fort  désagréable  pour  le  consommateur. 
Jusqu'ici  nous  n'avons  point  trouvé  de  coquilles  des  élèves  du  vivier  de 
Roscoff  attaquées  par  l'éponge  parasite. 

»  Il  faut  remarquer  aussi  combien  la  mortalité,  5o,  pendant  le  dernier 
hiver  a  été  faible.  La  cause  doit,  je  pense,  en  être  trouvée  dans  ce  fait 
que  jamais  le  vivier  n'a  été  complètement  vidé  aux  marées  basses  pendant 
les  gelées. 

»  L'eau  se  renouvelait  durant  les  hautes  mers,  elle  pouvait  entrer, 
mais  les  vannes  n'étaient  pas  ouvertes  à  la  marée  descendante;  le  gardien, 
pour  soigner  les  élèves,  tirait  hors  de  l'eau  les  caisses  toujours  amarrées 
aux  parois  du  vivier  et  les  immergeait  très  rapidement  après  les  soins  de 
nettoyage. 

»  Il  importe  d'insister  sur  l'enseignement  qui  ressort  de  cette  mor- 
talité   insignifiante   pendant  un  hiver  fort  rude.  Il   est   évident,  et  cela 


(  464  ) 

est  du  reste  bien  connu,  que  les  soins  régulièrement  donnés  assurent 
la  vie  des  animaux.  Il  est  certain  que  sur  des  surfaces  très  considé- 
rables émergeant  à  marée  basse,  des  soins  semblables  à  ceux  qui  ont  été 
pris  dans  le  cas  actuel  seraient  difficilement  pratiques.  Mais  c'est  une 
chose  utile  à  répéter  et  à  montrer  par  l'expérience  même,  que  les  soins 
sont  pour  beaucoup  dans  la  réussite  de  l'ostréiculture. 

»  Dans  un  laboratoire  comme  celui  de  Roscoff,  consacré  aux  études  de 
science  pure,  il  ne  peut  être  question  d'un  élevage  considérable  et  d'une 
sorte  d'industrie;  mais  nous  pouvons  et  même  nous  devons  v  montrer  des 
faits  probants  destinés  à  servir  d'exemples  et  permettant  à  l'industrie  de 
s'appuyer  sur  eux  pour  entreprendre  des  essais  sur  une  plus  grande  échelle 
et  devant  donner  des  produits  rémunérateurs,  car  elle  n'aura  pas  d'expé- 
riences à  tenter,  n'ayant  qu'à  imiter. 

»  Il  existe  à  Roscoff  un  grand  vivier  où  l'on  a  réuni  et  conservé  jus- 
qu'à trente  mille  homards  ou  langoustes.  Ce  vivier  est  placé  dans  des  con- 
ditions maritimes  bien  plus  favorables  que  le  vivier  de  mon  laboratoire. 
On  m'affirme  qu'après  avoir  constaté  de  visu  les  résultats  dont  je  viens  de 
rendre  compte,  le  possesseur  du  vivier  à  homard  veut  cette  année  même 
tenter  de  son  côté  un  élevage  et  qu'il  a  déjà  arrêté  du  naissain.  Si  les 
renseignements  qu'on  me  transmet  se  réalisent,  ce  que  je  désire  beaucoup, 
j'avouerai  que  je  ne  m'attendais  pas  à  voir  l'exemple  donné  par  la  station 
aussi  promptement  suivi  et  des  essais  tentés  sur  la  foi  des  expériences 
faites  au  laboratoire.  Le  but  que  je  m'étais  proposé  serait  ainsi  rapidement 
atteint. 

»  Beaucoup  trop  souvent  on  fait  en  pisciculture  et  ostréiculture  des 
expériences  sans  s'être  d'abord  suffisamment  renseigné  sur  les  conditions 
biologiques  nécessaires  au  développement  des  animaux  qu'on  ensemence, 
et  l'on  s'expose  ainsi  à  de  bien  graves  mécomptes.  Aussi,  dans  le  cas  actuel, 
je  puis  le  dire  aujourd'hui,  je  comptais  absolument  sur  une  réusite  cer- 
taine, sans  toutefois  compter  sur  un  accroissement  aussi  rapide:  la  raison 
en  est  dans  la  connaissance  des  conditions  biologiques  existant  sur  les 
grèves  de  Roscoff  où,  rencontrant  tout  près  du  vivier  à  chaque  instant  des 
huîtres,  je  n'avais  aucun  doute  sur  l'existence  des  bonnes  conditions  indis- 
pensables à  la  vitalité  des  Mollusques  que  j'y  apportais  à  l'état  jeune. 

»  Il  est  permis  aujourd'hui  d'aller  plus  loin  et  de  penser  qu'on  trou- 
vera sur  des  parties  des  grèves  du  canal  abrité  par  l'ile  de  Batz,  entre  cette 
île  et  Roscoff,  des  espaces  inoccupés  ne  donnant  aucun  produit,  où  il  serait 
possible  d'aménager  des  parcs  producteurs  importants,  en  y  élevant  d'à- 


(  465  ) 

bord  des  naissains  produits  et  acquis  ailleurs,  puis  en  y  établissant  des 
appareils  collecteurs.  A  Arcachon,  à  Auray,  dans  tout  le  Morbihan,  on 
trouve  d'immenses  étendues  de  grèves  qui  sont  utilisées  et  qui  produi- 
sent de  fort  beaux  revenus  à  ceux  qui  les  mettent  à  profit  pour  l'élevage 
des  huîtres. 

»  Il  serait  heureux  que  de  nouvelles  expériences  étendues  et  poursui- 
vies, comme  je  vais  le  faire  dans  la  campagne  prochaine  en  dehors  du 
vivier  môme,  puissent  déterminer  les  pêcheurs  de  Roscoff  et  de  l'île  de 
Batz  à  entreprendre  des  essais  qui,  plus  tard,  pourraient  devenir  pour  eux 
et  la  contrée  une  source  de  produits  rémunérateurs,  comme  cela  est  ar- 
rivé dans  une  foule  de  localités  de  notre  littoral  océanien.    » 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  la  composition  des  eaux  de  drainage. 
Note  de  M.  P. -P.  Deiiéraix. 

«  J'ai  déjà  eu  l'honneur,  l'été  dernier  ('  ,,  d'entretenir  l'Académie  des 
résultats  que  m'ont  fourni  les  analyses  des  eaux  de  drainage  écoulées  de 
diverses  terres  du  domaine  de  Grignon;  j'ai  cru  devoir  continuer  ces  ob- 
servations, car  la  quantité  de  nitrates  que  contiennent  les  eaux  de  drai- 
nage variant  avec  la  température  à  laquelle  le  sol  est  soumis,  avec  l'humi- 
dité qu'il  retient,  est  très  différente  d'une  année  à  l'autre. 

»  Cette  quantité  varie  également  avec  la  composition  du  sol;  aussi  ai-je 
mis  en  expériences,  cette  année,  plusieurs  terres  très  différentes  de  celles 
qui  avaient  été  étudiées  en  1889.  Ces  terres  m'ont  été  envoyées  de  deux 
régions  de  la  France  très  éloignées  l'une  de  l'autre  :  deux  d'entre  elles 
ont  été  prises  dans  le  Nord  et  le  Pas-de-Calais,  à  Wardrecques  et  à  Bla- 
ringhem,  sur  les  domaines  où  ont  été  exécutées  de  t 885  à  1889  les  cul- 
tures expérimentales  dont  j'ai  présenté  les  résultats  à  l'Académie  à  diverses 
reprises;  les  deux  autres  proviennent  de  la  Limagne  d'Auvergne  et  ont 
été  prélevées  sur  les  domaines  dépendant  des  sucreries  de  Bourdon. 

»  Les  quantités  d'azote  nitrique  dosées  dans  les  eaux  de  drainage,  s'écou- 
lant  de  grands  pots  de  grès  contenant  5okg  de  terre,  varient  dans  d'énormes 
proportions  d'un  sol  à  l'autre. 


(')   Comptes:  rendus,  t.  CXI.  p.  2.33. 


(  466  ) 
»   En  ramenant  les  chiffres  à  l'hectare  ('  ),  on  a  trouvé  : 

Azote  nitrique  contenu  dans  les  eaux  de  drainage  de  la  terre  d'un  hectare 

de  mars  à  novembre  1890. 

Wardrecques  (Pas-de-Calais) i5a,4 

Blaringhem  (Nord) 128,1 

Marmilhat  (Puy-de-Dôme1) 62,5 

Palbost        (            Id.           ) 45,2 

»  Les  deux  terres  du  Nord,  qui  donnent  beaucoup  plus  de  nitrates  que 
les  terres  de  la  Limagne,  sont  cependant  beaucoup  moins  riches  en  azote  ; 
il  n'v  a  pas  non  plus  de  rapports  simples  entre  les  quantités  de  nitrates 
formés  et  les  quantités  d'eau  retenues,  si  en  effet  le  sol  de  Wardrecques, 
qui  nitrifie  le  plus  énergiquement,  est  aussi  celui  qui  retient  l'eau  le  plus 
aisément,  le  rapport  de  la  pluie  au  drainage  étant  de  3,  7,  si  la  terre  de 
Palbost,  qui  a  donné  le  moins  de  nitrate,  est  aussi  celle  qui  se  dessèche  le 
plus  vite,  le  rapport  de  la  pluie  au  drainage  y  étant  de  2,3;  les  deux  terres 
de  Blaringhem  et  de  Marmilhat,  qui  donnent  des  quantités  de  nitrate  va- 
riant de  1  à  1,  retiennent  l'eau  de  la  même  façon  :  le  rapport  de  la  pluie 
au  drainage  est  pour  l'une  et  l'autre  2,9. 

»  Si  l'on  cherche  à  pénétrer  la  cause  des  différences  énormes  que  nous 
venons  de  signaler,  il  convient  de  rappeler  que  les  terres  noires  de  la 
Limagne  sont  beaucoup  plus  chargées  de  matières  organiques  que  les 
sols  brun-clair  du  Nord  et  que  les  recherches  de  M.  Warington,  celles  de 
M.  Winogradski  ont  montré  que  l'abondance  des  matières  organiques 
dans  un  milieu  retardait  la  nitrification. 

»  Les  terres  du  Nord  ne  conservent  leur  fertilité  que  par  l'apport  in- 
cessant des  engrais;  aussitôt  qu'on  en  diminue  la  quantité,  les  récoltes 
baissent  ;  et,  en  voyant  combien  est  grande  la  perte  par  le  drainage,  on  n'est 
pas  étonné  que  les  engrais  soient  nécessaires  pour  conserver  au  sol  sa  ri- 
chesse Il  en  est  tout  autrement  dans  la  Limagne,  les  engrais  n'y  pro- 
duisent pas  grand  effet,  et  la  fertilité  se  maintient  sans  qu'on  soit  obligé  d'y 
veiller  attentivement. 

»   La  formation  des  nitrates  est  avantageuse  ou"  nuisible,  suivant  l'époque 

(')  Le  détail  des  observations  se  trouve  dans  le  Mémoire  in  extenso  {Annales 
agronomiques,  n°  de  février  1891,  t.  \\  11  1. 


(  46?  ) 

à  laquelle  elle  se  produit;  en  général,  elle  est  insuffisante  au  printemps  :  de 
là  la  nécessité  où  sont  les  cultivateurs  d'ajouter  à  leurs  terres  une  certaine 
quantité  de  nitrate  de  soude  qui  vient  compléter  la  nourriture  azotée  de 
quelques-unes  des  plantes  les  plus  répandues. 

»  Quand  la  nitrification  est  abondante  à  l'arrière -saison,  après  la 
moisson,  elle  occasionne  des  pertes  considérables  signalées  depuis  long- 
temps par  MM.  Lawes  et  Gilbert;  au  mois  d'octobre  1889,  les  terres  de 
Grignon  ont  perdu  la  valeur  de  72^,2  d'azote  nitrique  à  l'hectare,  et  on 
conçoit  combien  il  importe  de  se  mettre  à  l'abri  d'une  pareille  déperdition. 

»  J'ai  proposé,  pour  l'atténuer,  de  procéder  immédiatement  après  la 
moisson  à  un  léger  labour  de  décliaumage,  puis  de  semer  une  graine  à 
végétation  rapide,  telle  que  celle  de  moutarde,  de  navette  et  de  colza,  es- 
pérant que  les  cultures  dérobées  retiendraient  bien  les  nitrates  et  qu'en- 
fouies soit  à  l'automne,  soit  au  printemps,  elles  restitueraient  au  sol  l'azote 
qui,  sans  elles,  aurait  été  perdu  et  fourniraient,  en  outre,  une  bonne  fu- 
mure organique,  très  favorable  au  développement  de  certaines  espèces. 

»  J'ai  réalisé  ce  programme  à  l'automne  de  1890;  plusieurs  parcellesdu 
champ  d'expériences  ont  été  ensemencées;  on  a  également  semé  du  colza 
ou  de  la  navette  dans  les  grands  vases  destinés  à  recueillir  les  eaux  de  drai- 
nage.  La  saison  malheureusement  n'a  pas  été  favorable  à  ces  essais  :  les  mois 
d'août,  de  septembre  et  d'octobre  ont  été  relativement  secs  et  la  végétation 
d'arrière-saison  n'a  pas  été  vigoureuse  comme  elle  le  fût  devenue,  si  les 
pluies  avaient  été  abondantes  comme  l'an  dernier.  Malgré  ce  contre-temps, 
l'expérience  est  très  nette,  les  cultures  dérobées  ont  absolument  empêché 
la  déperdition  des  nitrates. 

»  En  1890,  le  mois  de  juillet,  a  donné  des  quantités  notables  d'eau  de 
drainage,  mais  l'automne  n'en  a  pas  fourni  et  c'est  seulement  eu  novembre 
que  les  drains  ont  recommencé  à  couler;  cette  sécheresse  prolongée  a  sin- 
gulièrement amoindri  la  nitrification  et  les  terres  nues  ont  perdu  infini- 
ment moins  que  l'an  dernier,  ainsi  que  le  montrent  les  nombres  suivants  : 

Azote  nitrique  contenu  dans  les  eaux  de  drainage  d'un  hectare  de  terres  nues 

du  1"  au  -  novembre  1890. 

kg 

Après  betteraves  récoltées  en  octobre ",D 

Après  maïs  récolté  en  août i-'i  ,5 

Après  chanvre  récolté  en  août 10, 5 

»   Les  pertes  sont  donc  minimes  ;  quoi  qu'il  en  soit,  si  l'on  compare  les 


(  468  ) 

nombres  précédents  à  ceux  qu'on  a  recueillis  des  terres  portant  des  cul- 
tures dérobées,  on  reconnaît  qu'elles  sont  absolument  efficaces. 

Azote  nitrique  contenu  dans  les  eaux  de  drainage  d'un  hectare 
portant  des  cultures  dérobées. 

Après  avoine.  —  Culture  de  colza 0,87 

Après  pois.  —  Culture  de  navette o,5i 

»  La  perte  est  donc  devenue  tout  à  fait  insignifiante,  et  je  crois  qu'elle 
le  serait  encore,  quand  bien  même  des  pluies  d'automne  abondantes 
eussent  activé  la  nitrifîcation,  car,  du  même  coup,  les  plantes  fussent,  deve- 
nues très  vigoureuses  et  auraient  retenu  les  nitrates  au  moins  avec  autant 
de  facilité  que  les  végétaux  rudimentaires  de  1890. 

»  Il  est  donc  démonlrè  que  les  cultures  dérobées  pour  engrais  sont  très 
efficaces  pour  retenir  les  nitrates  habituellement  entraînés  par  les  grandes 
pluies  d'automne. 

»   J'en  ai  eu  une  nouvelle  preuve  très  inattendue  cet  hiver. 

»  Le  froid  est  arrivé  si  rapidement  à  la  fin  de  novembre,  qu'il  a  surpris 
les  plantes  sur  pied  avant  qu'elles  eussent  été  enfouies  par  les  labours  ; 
celles  qui  garnissaient  les  vases  d'expérience  ont  péri.  Or  quand  le  dégel 
est  arrivé,  à  la  fin  de  janvier,  et  que  les  eaux  de  drainage  ont  commencé  à 
couler  de  nouveau,  on  les  a  trouvées  beaucoup  plus  chargées  de  nitrates 
que  ne  l'étaient  celles  qui  avaient  été  recueillies  à  la  fin  de  novembre, 
quand  les  cultures  dérobées  étaient  encore  vivantes. 

Eaux  de  drainage  et  azote  nitrique  qu'elles  renferment. 

28  novembre.  Fin  janvier  iSgi. 

Les  cultures  dérobées  Les  cultures  dérobées 

sont  vivantes.  sont  mortes. 

Eau                    Azote  Eau  Azote 

recueillie  nitrique  recueillie  nitrique 

en                        en  en  en 

cent,  cubes.  milligr.  cent,  cubes.  milligr. 

Culture  dérobée  de  colza 2000  1  2860  25 

Culture  dérobée  de  navette    .  i4oo  7  3o45  35 

Pas  de  culture  dérobée 2098  79  3420  53 

Id.        2198  55  3 1 44  49 

Id.        i454  34  2952  33 

»   Quand  il  n'y  a  pas  eu  de  culture  dérobée  à  la  fin  de  novembre,  la 


(  469  ) 

moyenne  de  l'azote  nitrique  recueillie  est  de  3kg,  36  à  l'hectare,  avec  les 
cultures  dérobées  oks, il\;  à  la  fin  de  janvier,  les  nombres,  si  différents  à  la 
période  précédente,  se  rapprochent  :  les  deux  premières  terres  auraient 
donné  à  l'hectare  ikg,8  et  celles  qui  ne  portaient  pas  de  culture  dérobée 
2ke,5. 

»  Quand  les  cultures  dérobées  pour  engrais  périssent  par  la  gelée,  leur 
effet  utile  disparaît  ;  ces  gelées  hâtives  et  violentes  sont  rares  sous  le  climat 
de  Paris,  et  très  habituellement  le  colza  passe  l'hiver  sans  dommage.  En 
voyant,  au  reste,  combien  sont  faibles  les  pertes  qu'occasionnent  les  drai- 
nages d'hiver,  on  n'hésitera  pas  à  enfouir  les  cultures  dérobées  en  no- 
vembre, si  le  climat  sous  lequel  on  opère  est  rigoureux.  Je  ne  crois  donc 
pas  que  la  crainte  de  voir  disparaître  ces  cultures  par  la  gelée  doive  dé- 
tourner de  les  établir. 

»  Il  reste  toutefois  un  dernier  point  à  élucider:  en  1889,  la  perted'azote 
nitrique  avait  été  considérable;  elle  s'était  élevée,  ainsi  qu'il  a  été  dit,  à 
72kgpour  le  mois  d'octobre,  représentant  environ  45okg  de  nitrate  de  soude, 
valant  une  centaine  de  francs,  somme  suffisante  pour  compenser  les  frais 
qu'occasionne  l'établissement  de  la  culture  dérobée;  le  labour  de  déchau- 
mage,  étant  toujours  donné,  ne  doit  pas  être  compté;  mais,  en  revanche, 
il  faudra  acheter  la  semence  et  la  faire  répandre. 

»  Or,  si  minimes  que  soient  ces  dépenses,  elles  peuvent  n'être  pas  cou- 
vertes, si,  ainsi  qu'il  est  arrivé  en  i8(jo,  les  pertes  d'azote  nitrique  sont 
très  faibles,  et,  par  suite,  on  peut  se  demander  si,  en  réalité,  la  pratique  des 
cultures  dérobées  est  à  recommander. 

»  Je  crois  absolument  pouvoir  les  conseiller;  mais,  pour  qu'elles  soient 
utiles,  même  si  les  pertes  de  nitrates  sont  faibles,  je  pense  qu'au  lieu  de 
semer  exclusivement  des  Crucifères,  comme  je  l'ai  fait  cette  année,  il  con- 
vient de  semer  en  outre  une  Légumineuse,  de  la  vesce  par  exemple, 
comme  on  le  fait,  au  reste,  depuis  longtemps  dans  la  Limagne  d'Auvergne. 
Ce  sera  donc  un  mélange  de  vesce  et  de  colza  que  j'emploierai  cet  automne 
après  la  moisson,  et  j'aurai  l'honneur,  l'hiver  prochain,  d'indiquer  à  l'Aca- 
démie les  résultats  que  fourniront  ces  essais.  » 


C.   H.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX1I,  N°  9.)  <JI 


(  Mo  ) 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Minéralogie,  en  remplacement  de  feu  M.  Al- 
phonse Favre. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  54, 

M.  Geikie         obtient 45  suffrages. 

M.  Vézian  »      6        » 

M.  de  Richthofen   »       2        » 

M.   Tschermak       »       i         » 

M.  Geikie,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
élu. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix,  chargées  de  juger  les  Concours  de  l'année  1 891 . 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Prix  Dalmont.  —  MM.  Maurice  Lévy,  Haton  de  la  Goupillière,  Sarrau, 
Resal,  Léauté  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après 
eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont,  MM.  Chambrelent  et  Marcel  Deprez. 

Prix  Fourneyron  {Perfectionner  la  théorie  des  machines  à  vapeur,  en  tenant 
compte  des  échanges  de  chaleur  entre  le  fluide  et  les  parois  des  cylindres  et  con- 
duits de  vapeur).  --  MM.  Maurice  Lévy,  Sarrau,  MarcelDeprez,  de  Bussy, 
Resal  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux, 
ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Léauté  et  Haton  de  la  Goupillière. 

Prix  Damoiseau  {Perfectionner  la  théorie  des  inégalités  à  longues  périodes 
causées  par  les  planètes  dans  le  mouvement  de  la  Lune).  —  MM.  Faye,  Tisse- 
rand, Lœwy,  Wolf,  Janssen  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les 
Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Poincaré 
et  Mouchez. 

Prix  Lalande.  —  MM.  Faye,  Tisserand,  Lœwy,  Janssen,  Wolf  réunissent 
la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus 
de  voix  sont  MM.  Mouchez  et  Poincaré. 


(47'  ) 
Prix  Vafc.  —  MM.  Faye,  Loewy,  Tisserand,  Janssen,  Wolf  réunissent  la 
majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de 
voix  sont  MM.  Mouchez  et  Poincaré. 

Prix  Janssen  —  MM.  Janssen,  Faye,  Tisserand,  Wolf,  Loewy  réunissent 
la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus 
de  voix  sont  MM.  Cornu  et  Fizeau. 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  .imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i°  Une  Note  de  M.  Georges Dumesnil  «  Sur  la  forme  des  chiffres  usuels  ». 
(Extrait  de  la  Revue  archéologique.  ) 

2°  Une  Brochure  de  M.  II'.  Nicati,  intitulée  «  La  glande  de  l'humeur 
aqueuse».  (Présentée  par  M.  Ranvier.)  (  Extrait  des  Archives  d'Ophtalmo- 
logie. ) 

ASTRONOMIE.  —  Sur  une  nébuleuse  variable.  Note  de  M.  G.  Bigourdan, 
communiquée  par  M.  Mouchez. 

«  Le  nombre  de  nébuleuses  dont  la  variabilité  peut  être  considérée 
comme  certaine  est  excessivement  restreint;  peut-être  même  cette  variabi- 
lité n'est  bien  établie  que  pour  une  seule  nébuleuse,  celle  qui  fut  découverte 
le  ii  octobre  1832  par  M.  Hind  dans  le  Taureau  (i555  New  Gen.  Cat.), 
qui  fut  observée  quatre  fois  par  d'Arrest  à  Leipzig  en  1 855  et  1 856,  mais 
qui  depuis  a  été  cherchée  en  vain  par  un  grand  nombre  d'astronomes. 

»  Celle  dont  il  va  être  question  (1 186  New  Gen.  Cal.)  est  voisine  d'Algol 
et  a  été  découverte  en  1783  par  W.  Herschel;  son  fils  l'a  revue  en  i83i; 
mais  elle  a  été  cherchée  vainement  par  les  astronomes  de  Birr  Castle  en 
i85/j  et  1864  et  par  d'Arrest  en  i863.  Or  aujourd'hui  cette  nébuleuse  est 
visible  à  la  place  indiquée  par  les  deux  Herschel,  ainsi  que  je  l'ai  constaté 
à  deux  reprises  différentes,  le  3i  janvier  et  le  26  février  de  cette  année. 

»  Comme  la  position  boréale  de  cet  astre  permet  de  l'observer  encore 
dans  de  bonnes  conditions,  il  serait  intéressant  que  sa  visibilité  fut  con- 
statée par  d'autres  observateurs  et  même  qu'il  en  fût  fait  des  photo- 
graphies. 


(  472  ) 

»  Cette  nébuleuse  étant  faible,  avant  de  discuter  le  plus  ou  moins  de  cer- 
titude que  présente  sa  variabilité,  je  vais  rapporter  d'abord  le  petit  nombre 
d'observations  qui  en  ont  été  faites  jusqu'ici  : 

»  Elle  fut  découverte  le  1 7  octobre  1 78a  avec  un  télescope  de  2 1  pieds  ( (  ) 
de  long  et  18  ^  pouces  d'ouverture  par  W.  Herschel,  qui  lui  donna  le  nu- 
méro IV  43  et  qui  détermina  deux  fois  sa  position  par  rapport  à  Algol;  il 
la  décrit  ainsi  :  A  pretty  bright  star  with  2  faint  branches  (Philosophical 
Transactions,  vol.  79;  1789,  p.  247). 

»  Le  23  décembre  i83i  (Sweep  389),  elle  fut  revue  par  J.  Herschel  avec 
son  télescope  de  20  pieds  de  long  et  18  pouces  d'ouverture  libre;  il  la  décrit 
ainsi  :  A  stari^  magnitude  with  some  kincl  0/ faint  nebulons  appendage  (Phd. 
Trans.,  i833,  p.  376,  n°281). 

»  Plus  tard  cette  nébuleuse  fut  cherchée  en  vain  et  à  deux  reprises  dif- 
férentes par  les  astronomes  de  Lord  Rosse,  avec  le  grand  télescope  de 
6  pieds  d'ouverture  :  Looked  for  twice  (i854  and  1 86/f  ),  not  found  (Phil. 
Trans.,  1861,  Part  III,  p.  745,  et  Scientific  Trans.  of  the  fi.  Dublin  Soc, 
2e  série,  vol.  II,  p.  34  du  tirage  à  part). 

»  Le  8  novembre  i863,  avec  sa  lunette  de  11  pouces,  d'Arrest  la  cher- 
cha vainement  avec  le  plus  grand  soin  et  par  un  très  beau  ciel  :  In  banc 
nebulosam  diu  ac  multum  inquisivi,  frustra  tamen.  Nostra  œtate  in  hac  regïone 
taie  quidnon  exstat  in  cœlo.  Nox  \[\i  (apprime  serenum).  (Siderum  neb., 
p.  56).  C'est  d'Arrest  qui  souligne  le  passage  où  il  dit  qu'un  tel  objet  ne  se 
trouve  pas  dans  le  ciel. 

»  Voici  enfin  les  deux  observations  que  je  viens  de  faire  avec  l'équato- 
rial  de  la  tour  de  l'Ouest  de  l'Observatoire  de  Paris,  de  5™, 20  de  long  et 
o'n,3i  d'ouverture  : 

»  1891  janvier  3i.  Ciel  assez  beau.  Cet  objet  est  une  étoile  de  12e  grandeur,  accom- 
pagnée de  nébulosité  qui  a  été  aperçue  immédiatement  sans  cacher  l'étoile.  Cette  né- 
bulosité forme  un  large  éventail  dont  l'étoile  occupe  le  sommet  et  dont  la  partie  la  plus 
brillante  paraît  être  vers  5o°  d'angle  de  position,  l'étoile  étant  au  centre. 

»  1891  février  26.  Ciel  très  beau.  Cette  étoile,  de  grandeur  12, 5,  est  certainement 
accompagnée  de  nébulosité  que  l'on  aperçoit  sans  cacher  l'étoile  et  que  l'on  voit  d'une 
façon  absolument  certaine  quand  on  cache  l'étoile  par  un  fil.  Cette  nébulosité  s'aper- 
çoit sur  une  étendue  d'environ  4o";  elle  forme  une  sorte  d'éventail  dont  l'étoile  occupe 


(')  Je  rapporte  les  longueurs  et  les  ouvertures  des  instruments  exactement  telles 
que  les  donne  chaque  auteur:  tous  les  pieds  et  pouces  dont  il  s'agit  ici  sont  ceux  des 
mesures  anglaises. 


(  4:3  ) 

Je  sommet  et  est  comprise  entre  les  angles  de  position  de  25°  et  de  no°;  la  partie  la 
plus  intense  est  vers  p  =  5o°  :  c'est  celle  que  l'on  aperçoit  sans  cacher  l'étoile. 

»  Toutes  ces  observations  paraissent  inconciliables  si  l'on  n'admet  pas  la 
variabilité  de  cette  nébuleuse.  Sa  position  est,  en  effet,  bien  indiquée  par 
W.  Herschel  et  par  J.  Herschel,  dont  les  positions  pour  i83o,o  sont  les 
suivantes  : 

Ascension  droite.  Déclinaison, 

h        m     s  o       , 

W.  Herschel 2.54.22,0  -+-  42.  12       (Réduction  de  M.  Auwers.) 

J.  Herschel 2.54-22,3  -+-   42 .    9 

Position] actuelle 2.54.20,0  -+-  42.10       (en  partant  de  694  BD  -+-  42°-) 

»  Etant  données  la  puissance  du  télescope  de  Lord  Rosse,  sa  grande  ex- 
périence et  celle  de  ses  astronomes  en  fait  de  nébuleuses,  enfin  l'habileté 
si  connue  de  d'Arrest,  jointe  à  son  affirmation  si  positive  qu'au  point  indi- 
qué du  ciel  il  n'y  a  pas  de  nébuleuse,  il  est  bien  difficile  d'admettre  que  cet 
objet  fût  visible  en  i854,  1 863  et  1864*,  car  il  faut  ajouter  que  ces  astro- 
nomes, connaissant  la  concordance  des  observations  des  deux  Herschel, 
ont  dû  redoubler  de  soins  en  la  cherchant. 

»  Cependant,  si  l'étoile  était  variable  et  si  son  éclat  avait  alors  été  plus 
grand,  il  aurait  pu  éclipser  la  nébulosité.  Il  est  vrai  que  ni  d'Arrest,  ni  les 
astronomes  de  Birr  Castle  n'indiquent  sa  grandeur,  mais  cela  même  prouve 
qu'ils  ne  l'ont  pas  trouvée  sensiblement  différente  de  celle  qu'indique  J. 
Herschel.  D'ailleurs,  on  peut  assurer  (pie  cette  étoile  a  aujourd'hui  le 
même  éclat  que  lors  de  l'observation  de  i83i.  Si,  en  effet,  on  relève  los 
éclats  notés  par  J.  Herschel  pour  les  étoiles  qui  accompagnent  certaines  né- 
buleuses, et  qu'on  les  compare  à  ceux  que  j'ai  notés  récemment  pour  les 
mêmes  étoiles,  on  trouve  qu'en  moyenne  la  grandeur  que  j'appelle  i2.(> 
est  notée  par  J.  Herschel  i3,8.  Or  l'éclat  attribué  par  .T.  Herschel  à  l'étoile 
considérée  est  \!\  en  nombre  rond  :  il  ne  diffère  donc  pas  sensiblement  de 
l'éclat  12-12,5  que  je  note  aujourd'hui. 

»  Il  est  donc  très  probable  que  cette  nébuleuse  présente  de  réelles  va. 
riations  d'éclat,  et  elle  mérite  une  étude  attentive.  La  région  où  elle  se 
trouve  est  d'ailleurs  bien  facile  à  reconnaître,  car  l'étoile  6p/[  BD  -t-  l\i° 
dont  elle  est  voisine  est  une  étoile  double  écartée  (grandeurs  10  et  n, 
p= '5-2.0°,  d  = 9")  qui  porte  le  n°  1123  dans  le  Catalogue  général  d'étoiles 
doubles  de  J.  Herschel  (Mem.  of  the  fi.  Aslr.  Soc,  vol.  XL). 

»  D'après  B.D.,  la  position  de  cette  étoile  pour  1891 ,0  est  : 

M 2h58mos  <B -+-  420 29' 


(  474  ) 
la  nébuleuse  passe  18  secondes  après  cette  étoile  double  et  est  plus  australe 

de  4'. 

»  Remarque.  —  Le  26  février,  par  un  ciel  très  beau,  je  n'ai  pu  aperce- 
voir la  nébuleuse  1174  N.G.C.,  voisine  de  la  nébuleuse  variable  dont  il 
vient  d'être  question.  » 

GÉODÉSIE.  —  Histoire  des  appareils  à  mesurer  les  bases. 
!STote  de  M.  A.  Laussedat. 

«  A  propos  de  l'histoire  des  règles  géodésiques  et  de  la  mesure  des  bases, 
dont  M.  Bertrand  avait  dit  quelques  mots  dans  sa  Notice  sur  le  général 
Ibailez,  M.  le  Dr  Rod.  WolF  a  rappelé  que  deux  de  ses  compatriotes,  Tralles 
et  Hassler,  avaient  eu  l'heureuse  idée  de  substituer,  dès  1797,  le  contact 
optique  au  contact  réel  des  règles  portées  bout  à  bout. 

»  M.  Rod.  Wolf  ajoute,  dans  sa  Note  publiée  le  16  février,  que  la  préci- 
sion de  la  base  d'Aarberg  mesurée  avec  un  appareil  composé  de  quatre 
rè°les  d'une  toise  (with  an  apparalus  of  four  toise  bars),  a  été  constatée  à 
plusieurs  reprises,  notamment  en  1880  parle  général  Ibaîiez,  à  l'aide  de 
l'appareil  construit  par  Brunner. 

»  Hassler  a  continué,  aux  États-Unis,  à  appliquer  le  principe  du  contact 
optique  et  a  publié  en  1824,  à  Philadelphie,  une  description  de  l'appareil 
dont  il  s'est  servi  à  cette  époque. 

»  Tout  cela  est  très  intéressant,  à  coup  sûr,  mais  ne  diminue  en  rien  le 
mérite  de  l'ingénieur  des  mines  français  d'Aubuisson  de  Voisins,  qui  parait 
bien  avoir  été  le  premier  à  employer  une  règle  unique  à  traits,  transportée 
successivement  entre  des  repères  disposés  à  l'avance  sur  l'alignement  de 
la  base  à  mesurer. 

»  Je  ne  saurais  mieux  faire,  pour  édifier  ceux  qui  s'intéressent  à  cette 
question,  que  de  les  renvoyer  à  la  Note  que  j'ai  adressée  àM.  le  Secrétaire 
perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences  et  qui  a  été  insérée  dans  les  Comptes 
rendus,  séance  du  6  décembre  1880,  t.  XCI,  p.  922. 

»  J'ai  eu  soin,  en  effet,  de  faire  ressortir  dans  cette  Note  les  avantages 
qui  résultent  de  la  substitution  d'une  règle  unique  au  système  des  quatre 
règles  employées  auparavant,  et  formant  ce  que  les  géodésiens  appelaient 
une  portée,  et  j'y  ai  reproduit  in  extenso  la  description  donnée  par  d'Au- 
buisson de  l'appareil  qu'il  avait  fait  construire  à  Turin,  pour  mesurer,  en 
18 10,  une  base  de  670™  dans  la  plaine  du  Piémont,  à  l'entrée  de  la  vallée 
d'Aoste.    » 


(  475  ) 


GÉOMÉTRIE  CINÉMATIQUE.  —  Transformation  de  démonstration. 
Noie  de  M.  A.  Maxxheim. 

«  Dans  la  première  édition  de  son  Traité  de  Géométrie  supérieure,  parue 
en  1802,  Chasles  a  dit  (p.  436)  à  propos  d'une  propriété  des  coniques 
obtenue  par  Ja  méthode  des  figures  corrélatives  appliquée  à  un  théorème 
sur  le  cercle  :  «  Assurément,  le  théorème  sur  le  cercle  et  sa  démonstration 
»  tout  intuitive  ne  donnent  aucune  ouverture  sur  la  manière  dont  cette 
»   propriété  des  coniques  se  pourra  démontrer  directement.   » 

»  Contrairement  à  cette  idée,  j'ai  montré  en  1837  (')  qu'on  pouvait 
effectuer  la  transformation  d'une  démonstration  géométrique  ou  analy- 
tique d'un  théorème  pour  obtenir  la  démonstration  directe  de  ce  théorème 
transformé. 

»  Chasles  adopta  complètement  ma  manière  de  voir  et,  dans  la  deuxième 
édition  de  son  Livre  (p.  402),  il  modifia  dans  ce  sens  le  passage  précé- 
demment cité. 

»  Je  viens  de  nouveau  appeler  l'attention  sur  la  transformation  de  dé- 
monstration à  propos  du  mode  de  transformation  en  Géométrie  cinématique 
que  j'ai  fait  connaître  (2). 

»  Démontrons  d'abord  un  théorème  que  je  prends  comme  exemple  et 
ensuite  je  transformerai  cette  démonstration. 

«   On  sait  que  : 

»  Théorème  I.  -  -  Les  plans  normaux  aux  trajectoires  des  points  d'une 
droite  se  coupent  suivant  une  même  droite  (Ch.vsles). 

»  Ces  plans  normaux  constituent  un  faisceau.  Après  un  déplacement  infiniment 
petit  de  la  droite  mobile,  on  a  un  deuxième  faisceau  analogue  à  celui-ci  et  qui  lui  est 
homogrophique.  Après  un  nouveau  déplacement  infiniment  petit,  on  a  un  troisième 
faisceau  homographique  aux  premiers.  Les  plans  correspondants  de  ces  trois  faisceaux 
se  coupent  en  des  points  qui  appartiennent  à  une  cubique  gauche.  Ces  points  sont  les 
centres  des  sphères  osculatrices  des  trajectoires  des  points  de  la  droite  mobile;  donc  : 

»  Théorème  11.  ■  -  Les  centres  des  sphères  osculatrices  des  trajectoires  des 
points  d'une  droite  mobile  sont  sur  une  cubique  gauche  (Haag). 

»  Un  plan  arbitraire  coupe  cette  courbe  en  trois  points  et,  s'il  la  rencontre  en  plus 
de  trois  points,  il  en  contient  une  infinité.  Cette  circonstance  se  présente  constamment 

(')  Voir  ma  Brochure  sur  la  Transformation  des  propriétés  métriques  des  Jigures 
à  l'aide  de  la  théorie  des  polaires  réciproques. 

(2)  Voir  Comptes  rendus,  séances  des  3,  10  et  il\  février  1890. 


(  W  ) 

lorsque  quatre  points  d'une  droite  mobile  restent  sur  quatre  sphères  fixes  dont  les 
centres  sont  sur  un  même  plan.  Le  centre  de  la  sphère  osculatrice  de  la  trajectoire 
d'un  point  quelconque  de  cette  droite  mobile  doit  être  alors  toujours  sur  ce  plan,  et 
comme  le  lieu  des  centres  des  sphères  osculatrices  relatives  aux  points  d'une  courbe 
ne  peut  être  une  courbe  plane,  nous  devons  conclure  que  ce  centre  est  fixe,  ou  sur 
une  droite,  pendant  le  déplacement;  donc  : 

»  Théorème  III.  —  Lorsque  quatre  points  d'une  droite  mobile  restent  sur 
des  sphères  fixes  dont  les  centres  sont  dans  un  même  plan,  un  point  quelconque 
de  la  droite  décrit  une  ligne  qui  appartient  à  une  sphère  dont  le  centre  est  sur  le 
plan  des  centres  des  quatre  sphères  fixes  (  '  ) . 

»  Ce  théorème  nouveau  comprend  comme  cas  particulier  ce  théorème 
qui  a  été  très  remarqué  :  Lorsque  quatre  points  d'une  droite  mobile  restent 
sur  quatre  plans  fixes,  un  point  quelconque  de  la  droite  décrit  une  ligne 
plane  (-). 

»  Faisant  usage  du  mode  de  transformation  qui  consiste  à  remplacer 
d'abord  la  droite  mobile  par  une  fde  de  sphères  (3),  je  vais  transformer  la 
démonstration  que  je  viens  de  donner  du  théorème  III. 

»  En  transformant  le  théorème  I,  on  obtient  le  théorème  suivant,  dont 
on  connaît  la  démonstration  directe  : 

»  Théorème  I'.  —  Les  plans  normaux  aux  plans  d'un  faisceau  mobile  de 
grandeur  invariable  menés,  pour  une  position  du  faisceau,  respectivement  par- 
les caractéristiques  de  ces  plans  se  coupent  suivant  une  même  droite. 

»  Ces  plans  normaux  constituent  un  faisceau.  Après  un  déplacement  inliniment 
petit  de  la  figure  mobile,  on  a  un  deuxième  faisceau,  analogue  à  celui-ci  et  qui  lui 
est  homographique.  Après  un  nouveau  déplacement  infiniment  petit,  on  a  un  troi- 
sième faisceau  homographique  au  premier. 

»  Les  plans  correspondants  de  ces  trois  faisceaux  se  coupent  en  des  points  qui  ap- 
partiennent à  une  cubique  gauche.  Ces  points  sont  les  centres  des  sphères  osculatrices 
des  lignes  de  courbure  des  surfaces  enveloppes  des  plans  du  faisceau  mobile;  donc  : 

(')  J'ai  dit  que  le  lieu  des  centres  des  sphères  osculatrices  d'une  courbe  ne  peut 
être  plan.  En  effet,  ce  lieu  est  l'arête  de  rebroussement  de  la  surface  enveloppe  des 
plans  normaux  à  cette  courbe.  Ces  plans  normaux  sont  les  plans  osculateurs  de  cette 
arête  de  rebroussement  et  seraient  alors  réduits  à  un  seul  plan  si  cette  arête  était  une 
ligne  plane. 

Faisons  remarquer  aussi  que  si  ce  lieu  était  une  droite,  tous  les  plans  normaux  pas- 
sant par  cette  droite,  la  courbe  serait  une  circonférence  de  cercle,  c'est-à-dire  aussi 
une  ligne  sphérique. 

On  peut  ajouter  à  l'énoncé  du  théorème  III  que  les  centres  des  sphères  qui  con- 
tiennent les  lignes  décrites  appartiennent  à  une  conique. 

(2)  J'ai  fait  connaître  ce  théorème  dans  la  séance  du  10  mars  1873. 

(3)  Voir  Comptes  rendus,  séances  des  3  et  10  février  1890. 


(477  ) 
»   Théorème  II'.  —  Les  centres  des  sphères  osculatrices  des  lignes  de  cour- 
bure des  surfaces  enveloppes  des  plans  d'un  faisceau  mobile,  de  grandeur  inva- 
riable, correspondant  aux  points  où  ces  lignes  rencontrent  les  caractéristiques 
de  ces  de've/oppables,  sont  sur  une  cubique  gauche. 

»  Un  plan  arbitraire  coupe  cette  courbe  en  trois  points,  et  s'il  la  rencontre  en  plus 
de  trois  points  il  en  contient  une  infinité.  Celte  circonstance  se  présente  constamment 
lorsque  quatre  plans  du  faisceau  mobile  restent  tangents  à  quatre  sphères  fixes  dont 
les  centres  sont  sur  un  même  plan.  Le  centre  de  la  sphère  osculatrice  d'une  quel- 
conque des  lignes  de  courbure  de  la  surface  enveloppe  d'un  plan  quelconque  du  fai- 
sceau mobile  doit  être  alors  toujours  sur  ce  plan,  et,  comme  le  lieu  des  centres  des 
sphères  osculatrices  relatives  aux  points  d'une  courbe  ne  peut  être  une  courbe  plane, 
nous  devons  conclure  que  ce  centre  est  fixe,  ou  sur  une  droite,  pendant  le  déplace- 
ment; donc,  par  suite  : 

»  Théorème  III'.  —  Lorsque  quatre  plans  d' un  faisceau  mobile  touchent 
respectivement  quatre  sphères  fixes  dont  les  centres  sont  dans  un  même  plan, 
un  plan  quelconque  du  faisceau  reste  tangent  à  une  sphère  dont  le  centre  est 
un  point  du  plan  des  centres  des  sphères  fixes  ('  ). 

»  On  voit  que  les  théorèmes  I',  II,  III  sont  liés  entre  eux  par  des  rai- 
sonnements tout  à  fait  analogues  aux  raisonnements  qui  lient  les  théorèmes 
dont  ils  sont  les  transformés,  et,  comme,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  dit,  on  con- 
naît la  transformation  directe  du  théorème  I',  nous  avons  alors  le  théorème 
nouveau  HT  et  sa  démonstration  directe  qui  est  la  transformée  de  celle  du 
théorème  III. 

»  Faisons  remarquer,  en  terminant,  que  la  simplicité  de  cette  démonstra- 
tion est  due  à  l'emploi  des  lignes  de  courbure  des  surfaces  enveloppes  des 
plans  du  faisceau  mobile. 

»  Dans  la  recherche  d'une  démonstration  directe  du  théorème  III',  on 
n'aurait  peut-être  pas  songé  tout  de  suite  à  faire  usage  de  ces  lignes  de 
courbure  que  la  transformation  de  la  démonstration  du  théorème  III  a  in- 
troduites si  naturellement. 

«  L'emploi  systématique  de  la  transformation  de  démonstration  pourra 
conduire  ainsi,  dans  bien  des  cas,  à  des  démonstrations  simples,  mais  en 
quelque  sorte  cachées.    » 

(')  On  peut  encore  ajouter  ici  que  les  sphères  auxquelles  les  plans  des  faisceaux 
mobiles  sont  tangents  ont  leurs  centres  sur  une  conique. 

Je  ne  développe  pas  aujourd'hui  les  cas  particuliers  des  théorèmes  III  et  III'  ni  les 
cas  particuliers  des  théorèmes  relatifs  aux  files  de  sphères;  j'y  reviendrai  en  donnant 
de  nouvelles  démonstrations  des  théorèmes  III  et  III'. 

C.  R.,  1S91,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  9.)  <>?/ 


(47«  ) 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  surfaces  minima  limitées  par  quatre  arêtes  d'un 
quadrilatère  gauche.  Note  de  M.  Schœnflies,  présentée  par  M.  Dar- 
boux. 

a  Dans  une  Note  insérée  dans  ces  Comptes  rendus,  M.  H. -A.  Schwarz  a 
énoncé  le  théorème  ('  )  que,  parmi  les  surfaces  minima  limitées  par  quatre 
arêtes  d'un  tétraèdre  (2),  il  y  en  a  cinq  qui  sont  périodiques  ;  cela  veutdire 
que,  dans  une  portion  limitée  de  l'espace,  il  ne  passe  qu'un  nombre  fini  de 
répétitions  symétriques  de  la  portion  primitive  de  la  surface.  Toutes  ces 
surfaces  possèdent  la  symétrie  de  l'octaèdre;  mais  il  paraît  que  ce  résultat 
n'est  pas  complet  :  en  effet,  je  ferai  voir  que  le  nombre  de  ces  surfaces 
minima  périodiques  est  de  six. 

»  La  méthode  dont  je  ferai  usage  est  bien  simple;  elle  s'appuie  sur 
V application  des  groupes  de  transformations  de  l 'espace aux  surfaces  minima. 
Dans  ce  dernier  temps,  je  me  suis  occupé  plus  profondément  des  problèmes 
de  cette  espèce  ;  pour  ce  moment,  je  demande  la  permission  de  communi- 
quer préalablement  la  Note  suivante. 

»  Il  est  évident  qu'une  surface  minima  limitée  par  les  arêtes  d'un  poly- 
gone gauche  est  périodique ,  si  toutes  les  arêtes  appartiennent  aux  axes  de 
symétrie  d'un  groupe  de  mouvements,  ou  plutôt  aux  axes  binaires,  quater- 
naires, ou  senaires  d'un  tel  groupe.  Cette  condition  est  nécessaire  et  suffi- 
sante. Imaginons  maintenant  un  cube  quelconque  :  il  y  a  un  groupe  de 
mouvements,  tel  que  toutes  les  arêtes  du  cube  et  les  diagonales  de  ses  faces 
appartiennent  aux  axes  de  symétrie  du  groupe;  et  il  en  est  de  même  pour 
toute  subdivision  de  l'espace  dont  le  cube' forme  le  polyèdre  générateur. 
Voilà  le  simple  et  seul  fait  dont  nous  avons  besoin.  En  effet,  il  s'ensuit 
immédiatement  que  tout  quadrilatère  gauche  formé  par  des  arêtes  ou  des 
diagonales  des  cubes  nommés  nous  fournit  une  surface  minima  périodique. 

»  J'ajoute  que  le  groupe  cité  s'obtient  comme  produit  du  groupe  ordi- 
naire de  l'octaèdre  et  d'une  translation  parallèle  à  un  axe  principal  de  l'oc- 
taèdre (3). 


(')    Voir  t.  XCXVI,  p.  ion. 

(2)  Il  va  sans  dire  que  les  surfaces  dont  il  est  ici  question  suffisent,  à  la  condition 
de  ne  présenter  aucun  point  singulier  dans  l'intérieur,  etc. 

(3)  C'est  le  groupe  que  j'ai  désigné  par  0*jVoir  Veber  Gruppen  von  Bewegungen 
{Math.  Annal.,  t.  XXIX,  p.  77). 


(479) 
»   Pour  obtenir  tous  les  quadrilatères  de  l'espèce  considérée,  on  peut 
procéder  comme  il  suit.   Concevons  un  système  d'axes  de  coordonnées  pa- 
rallèles aux  arêtes  du  cube.  La  longueur  d'un  côté  du  quadrilatère  s'exprime 
géométriquement  par  une  des  neuf  expressions  suivantes 

xx,  $y,  ys, 

*i(y  +  *)»     p,(*-r-a?),     it(as+y), 

y., (y  —  s),    p2(-s  —  «0,    Y2O  —  y ). 

où  les  coefficients  x,-,  (î,-,  7,  sont  des  nombres  entiers. 

»  Maintenant,  comme  la  somme  géométrique  des  quatre  droites  du  qua- 
drilatère est  zéro,  la  somme  arithmétique  correspondante  s'évanouit  identi- 
quement. Tout  revient  donc  à  chercher  des  sommes  formées  par  quatre  de 
ces  expressions  qui  s'évanouissent  identiquement. 

»  Cela  se  fait  facilement.  D'abord  il  est  évident  que  tout  au  plus  deux 
des  nombres  x,  (3,  y  sont  différents  de  zéro.  Supposons  que  ce  soient  x  et  p. 
En  considérant  que  :  doit  être  contenu  dans  les  deux  autres  expressions, 
on  prouve  aisément  que  tous  les  quatre  coefficients,  abstraction  faite  du 
signe,  sont  égaux. 

»  Il  y  a  trois  quadrilatères  correspondants.  Voilà  les  expressions  géomé- 
triques de  leurs  côtés,  où  l'ordre  de  ces  expressions  suit  l'ordre  des  arêtes 
du  quadrilatère 

(0 

(2) 

(3) 

»  Dans  les  deux  premiers  quadrilatères  les  arêtes  x  et  y  sont  des  arêtes 
contiguës,  tandis  que,  pour  le  troisième,  elles  sont  opposées. 

»  Si  un  seul  des  nombres  x,  |3,  y  est  différent  de  zéro,  fixons  que  ce 
soit  oc.  Maintenant,  pour  les  quadrilatères  correspondants,  il  y  a  une  ou 
deux  autres  expressions  qui  contiennent  a\  Dans  le  premier  cas  nous  avons 
deux  quadrilatères,  dont  les  côtés  ont  les  valeurs  suivantes 

(4)  ix,      z—x,      —  i(x-\-z),  J-+-". 

(5)  2X,     y  +  z,  z-y,  _2<>  +  s). 

De  même,  il  y  a  deux  quadrilatères  appartenant  au  second  cas  ;  les  côtés 


•< , 

y, 

Z  —  X, 

-0-r-z), 

x, 

y, 

z-y> 

—  (ar-bs), 

x, 

z  — 

X, 

—  y, 

(r-*). 

IX, 

z-y> 

—  (x-hz), 

y  —  x, 

IX, 

S  —  X, 

—  (y-hz), 

y  —  x. 

(  4Ho  ) 
sont 

(6) 

(7) 

»  Si  tous  les  coefficients  a,  [i,  y  sont  égaux  à  zéro,  toutes  les  arêtes  du 
quadrilatère  ont  la  direction  des  diagonales.  Il  y  a  deux  quadrilatères  de 
cette  espèce,  exprimés  comme  il  suit 

(8)  x  +  \,     -(y  +  z),    s -y,         y-x, 

(9)  *- +  4,  z-y,      y-x,       -(y  +  z). 

»  En  tout  nous  avons  donc  neuf  quadrilatères  différents,  qui  donnent  nais- 
sance a  une  surface  minima  périodique  de  la  symétrie  de  l'octaèdre.  Mais  ces 
surfaces  ne  sont  pas  toutes  différentes  entre  elles.  Comme  M.  Schwarz  l'a 
démontré,  pour  un  quadrilatère  donné,  il  y  a  une  seule  surface  minima 
limitée  par  les  arêtes  du  quadrilatère  ('  ).  Par  suite,  si  le  quadrilatère  pos- 
sède des  axes  de  symétrie  binaires,  la  surface  passant  par  ses  arêtes  of- 
frira la  même  symétrie,  et  les  axes  de  symétrie  seront  situés  sur  la  sur- 
face. Il  en  résulte  que  le  nombre  des  surfaces  différentes  se  réduit  à  six. 
En  effet,  le  quadrilatère  (9)  est  formé  par  quatre  arêtes  d'un  tétraèdre  ré- 
gulier; il  est  donc  composé  symétriquement  de  quatre  quadrilatères  (1). 
De  même,  le  quadrilatère  (4)  possède  un  axe  de  symétrie  binaire;  donc  il 
se  compose  de  deux  quadrilatères  (1).  Enfin  le  quadrilatère  (7)  possède, 
lui  aussi,  un  axe  de  symétrie  binaire;  il  se  compose  de  deux  quadrila- 
tères (5).  Donc  : 

»  Il  y  a  six  surfaces  minima  périodiques,  limitées  par  les  arêtes  d'un  quadri- 
latère gauche. 

»  Je  remarque  encore  que  les  quadrilatères  (1)  et  (8)  donnent  la  sur- 
face de  M.  Schwarz  et  la  surface  adjointe.  La  surface  limitée  par  le  quadri- 
latère (2)  est  celle  qui  a  été  étudiée  par  M.  Neovius(-).  Les  autres  surfaces 
ne  sont  pas  encore  étudiées. 

»  Les  surfaces  dérivées  de  (5)  et  (6)  par  le  prolongement  analytique 
de  la  portion  primitive  contiennent  tout  à  fait  les  mêmes  droites.  » 


(')  Voir  Bestiinmitng  einer  speciellen  Minimal/lâche.  Berlin,  1871,  page  98. 
(2)  Voir  Bestimmung  zweier  speciellen  periodischen   Minimaljlâchen.  Helsing- 
fors,  i883. 


(  48 1   ) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Résultats  des  observations  aclinométriques 
faites  à  Kief  (Russie)  en  1890.  Note  de  M.  Savélief,  présentée 
par  M.  Janssen  (  '  ). 

«  Ces  observations  ont  été  faites  au  moyen  de  l'actinomètre  enregistreur 
de  M.  Crova  (-).  L'étalonnage  des  ordonnées  de  ces  courbes  a  été  fait  au 
moyen  d'un  actinomètre  de  M.  Crova,  dont  ce  physicien  a  bien  voulu 
déterminer  avec  soin  la  constante. 

»  Voici  les  principaux  résultats  obtenus,  du  commencement  de  juin  à  la 
fin  de  novembre  1 890  : 

»  i°  En  été  et  en  automne,  la  valeur  réelle  de  l'intensité  calorifique 
absolue  de  la  radiation  solaire,  par  un  ciel  en  apparence  bien  pur,  atteint 
sa  valeur  maxima  vers  ioh  du  matin  ;  un  maximum  secondaire  se  produit 
vers  ih  à  211  de  l'après-midi;  entre  ces  deux  maxima,  on  observe  un  mini- 
mum assez  net  à  midi. 

»  En  automne,  l'intensité  calorifique  de  la  radiation  solaire  est  entre 
911  du  matin  et  2h  après  midi  ;  plus  forte  qu'en  été. 

»  20  En  été,  la  moyenne  horaire  des  intensités  absolues,  c'est-à-dire  la 
quantité  de  chaleur  reçue  normalement  sur  une  surface  de  1e'1  pendant 
une  heure  et  divisée  par  Go,  abstraction  faite  de  la  durée  d'insolation  pen- 
dant ce  temps,  atteint  son  maximum  absolu  vers  ioh  du  malin  et  un 
maximum  secondaire  à  5h  de  l'après-midi. 

»  En  automne,  les  courbes  sont  plus  régulières  qu'en  été  et  ne  présen- 
tent qu'un  seul  maximum,  vers  nb  du  matin. 

»  3°  La  durée  totale  de  l'insolation  a  été  le  quart  de  ce  qu'elle  aurait  été 
par  un  ciel  constamment  serein;  cette  même  durée  pendant  les  trois  mois 
d'été  est  relativement  plus  grande  et  atteint  les  f  de  ce  même  nombre. 
En  calculant  la  durée  horaire  de  l'insolation,  on  voit  qu'elle  atteint  un 
maximum  absolu  vers  midi  et  qu'elle  présente  un  maximum  secondaire 
à  5h  après  midi;  en  automne,  cette  durée  horaire  présente  un  seul  maxi- 
mum, un  peu  avant  midi. 

»  4°  La  quantité  totale  de  chaleur  reçue  sur  l'unité  de  surface  horizon- 
tale du  sol  pendant  les  plus  belles  journées  est  identique  (avec  une  ap- 


(')   Comptes  rendus,  t.  CVIII,  p.  287;  1889. 
(2)  Ibid.,  t.  CI,  p.  4i8;  i885. 


(  48a  ) 
proximation  de   +ioCal)  à  celle  qui  résulte  de   mes  observations  anté- 
rieures (  '  )  ;  mais  ces  journées  sont  assez  rares. 

»    5°  En  moyenne,  la  quantité  totale  de  chaleur  reçue  dans  une  journée 
sur  ic<1  de  surface  horizontale  a  été  : 


cal 


cal 


En  juin 199  En  septembre 127 

En  juillet 345  En  octobre 45 

En  août 296  En  novembre 4 

»  6°  Pendant  ces  six  mois,  je  n'ai  pu  obtenir  une  seule  courbe  tout  à 
fait  symétrique  et  calculable. 

»  J'ajouterai  que  l'erreur  probable  que  l'on  peut  commettre  en  évaluant 
en  calories  la  valeur  d'une  ordonnée  de  l'actinographe  est  égale,  d'après 
mes  déterminations,  à  ±ocal,oi.  Une  pareille  concordance  entre  deux 
instruments  (actinomètre  et  actinographe)  dont  la  construction  est  basée 
sur  des  principes  complètement  différents  donne  une  idée  exacte  de  la 
précision  des  déterminations  dont  je  viens  de  résumer  les  principaux  ré- 
sultats. » 


Remarques  sur  la  Communication  de  M.  Savélief;  par  M.  A.  Crova. 

«  Les  résultats  obtenus  par  M.  Savélief  confirment  ceux  auxquels  j'étais 
arrivé  par  l'emploi  de  mon  actinomètre  enregistreur,  notamment  les  varia- 
tions de  la  dépression  de  midi,  et  l'extrême  irrégularité  des  courbes  d'été. 
Les  observations  que  je  poursuis  à  Montpellier,  au  moyen  de  mon  actino- 
mètre enregistreur,  me  conduisent  à  conclure  à  la  permanence  des  varia- 
tions que  j'avais  déjà  indiquées;  l'hiver  et  le  commencement  du  printemps 
sont  les  saisons  pendant  lesquelles  on  obtient  les  courbes  les  plus  régu- 
lières et  qui  approchent  le  plus  d'une  symétrie  complète  de  part  et  d'autre 
de  l'ordonnée  de  midi.  Il  doit  en  être  de  même  à  Rief,  où  M.  Savélief  a 
déjà  obtenu  en  hiver,  sans  le  secours  de  l'enregistrement,  une  courbe 
remarquablement  symétrique,  dont  le  calcul  a  donné  pour  la  constante 
solaire  la  valeur  moyenne  très  élevée  de  2cal,8G.  La  discussion  des  courbes 
comprenant  une  année  entière  d'enregistrement  montrera  dans  quelle 
mesure  la  variation  de  la  latitude  et  les  circonstances  locales  influent  sur  la 
marche  annuelle  de  la  radiation  solaire  à  Rief.    » 

(')   Comptes  rendus,  t.  CVIII,  p.  287;  1889. 


(  483  ) 


ACOUSTIQUE.  —  Sur  les  anches  métalliques  doubles  en  dehors.  Note 
de  M.  A.  Imbert,  présentée  par  M.  Cornu. 

«  Un  tuyau  cylindrique  en  cuivre,  de  om,o25  de  diamètre  et  de  oœ,25 
de  longueur,  ayant  été  sectionné  par  un  plan  parallèle  à  son  axe,  l'ouver- 
ture ainsi  obtenue,  longue  deom,i2,  large  de  om,oi2,  a  été  obturée  au 
moyen  de  deux  anches  en  cuivre  d'une  épaisseur  de  om,ooo5.  Afin  de 
pouvoir  faire  varier  à  volonté  la  longueur  des  anches,  celles-ci  étaient 
fixées  à  l'une  de  leurs  extrémités  au  moyen  d'une  pince  à  vis.  Le  tuyau 
pouvait  être  monté  sur  une  soufflerie,  de  manière  que  les  anches  fonction- 
nassent comme  anches  en  dehors. 

»  En  donnant  aux  anches  des  longueurs  égales,  elles  entrent  facile- 
ment en  vibration.  Si  l'on  fait  en  sorte  que,  dans  leur  position  de  repos, 
leurs  extrémités  libres  et  voisines  fassent  un  peu  saillie  en  avant  des  bords 
de  l'ouverture  du  tuyau,  puis  que  ces  mêmes  extrémités  libres,  et  toujours 
dans  la  position  de  repos  des  anches,  soient  un  peu  en  arrière  de  ces 
mêmes  bords,  le  son  rendu  dans  le  premier  cas  est  notablement  plus  élevé, 
mais  beaucoup  moins  intense  que  le  son  obtenu  dans  la  seconde  position 
des  anches. 

»  Il  est  très  difficile  de  faire  vibrer  les  anches  lorsque,  dans  leur  posi- 
tion de  repos,  elles  sont  exactement  au  niveau  des  bords  de  l'ouverture 
du  tuyau. 

»  L'intensité  du  son  est  maxima  lorsque,  au  repos,  l'une  des  anches 
fait  saillie,  tandis  que  l'autre  est  en  retrait  par  rapport  aux  bords  de  l'ou- 
verture du  tube.  Les  tracés  obtenus  au  moyen  d'aiguilles  en  aluminium, 
fixées  sur  les  anches  et  inscrivant  sur  du  papier  enfumé,  montrent  que 
les  déplacements  des  anches,  lorsqu'elles  vibrent,  sont  alors  inverses  l'un 
de  l'autre. 

»  Si  l'on  donne  aux  anches  des  longueurs  inégales,  il  est  toujours  facile 
de  les  faire  vibrer  simultanément,  en  plaçant  l'une  d'elles  un  peu  en  saillie, 
l'autre  un  peu  en  retrait  par  rapport  aux  bords  de  l'ouverture.  Les  tracés 
montrent  que  les  anches  vibrent  alors  synchroniquement,  mais  la  hauteur 
du  son  rendu  est  réglée  par  la  longueur  de  l'anche  qui  fait  saillie  au  repos. 
En  donnant  aux  anches  une  différence  de  longueur  de  om,o2  (om,o5o  de 
longueur  pour  l'une,  om,070  pour  l'autre),  j'ai  obtenu  successivement  deux 
sons  dont  l'intervalle  était  sensiblement  d'une  quinte,  suivant  que  je  pla- 


(  484  ) 

çais  en  saillie  l'anche  la  plus  courte  ou  l'anche  la  plus  longue;  l'anche  en 
retrait  exécutait  toujours  le  même  nombre  de  vibrations  par  seconde  que 
l'anche  placée  en  saillie. 

»  Il  existe  pour  les  anches  des  longueurs  relatives  et  des  positions  de 
repos  telles  que,  en  vibrant  simultanément,  chacune  d'elles  exécute  par 
seconde  un  nombre  de  vibrations  en  rapport  avec  sa  longueur  propre. 

»  J'ai  obtenu  cette  émission  simultanée  de  deux  sons  de  hauteur  diffé- 
rente lorsque  les  longueurs  respectives  des  anches  étaient  5omm  et  yo™111, 
53mm  et  67mm,  55mm  et  65mm,  57mm  et  63mm. 

»  Les  tracés  graphiques  montrent  que  l'intervalle  des  deux  sons  simul- 
tanés est  d'une  quinte  dans  le  premier  cas,  d'une  quarte  dans  le  second, 
d'une  tierce  majeure  dans  le  troisième,  d'une  tierce  mineure  dans  le  qua- 
trième. 

«  Pour  des  longueurs  relatives  comprises  entre  celles  que  je  viens  de 
citer,  il  m'a  été  impossible  d'obtenir  l'émission  simultanée  de  deux  sons 
de  hauteur  différente;  il  en  a  été  de  même  lorsque  la  différence  de  lon- 
gueur des  anches  était  inférieure  à  6mm. 

»  Il  me  paraît  intéressant  de  faire  remarquer  que  ces  derniers  faits  con- 
stituent la  reproduction,  au  moyen  d'anches  métalliques,  de  la  voix  bito- 
nale  que  l'on  a  signalée  comme  l'un  des  symptômes  caractéristique,  quoique 
non  constant,  de  l'anévrysme  de  l'aorte.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  quelques  dérivés  alcalis  de  l'érythrite. 
Note  de  M.  de  Forcis ajvd. 

«  I.  J'ai  publié  précédemment  un  procédé  de  préparation  de  l'érythrate 
monosodique  C8H93Na08  et  j'ai  fait  connaître  sa  chaleur  de  formation  ('). 
Je  l'obtenais  par  déplacement  de  l'nlcool  mélhyllque  au  moyen  de  l'éry- 
thrate dans  le  méthylate  de  sodium  O'H'NaO2,  procédé  qui  m'avait  égale- 
ment bien  réussi  pour  la  préparation  des  dérivés  sodiques  du  glycol  et  de 
la  glycérine.  Tous  ces  alcools  polyatomiques  déplacent  les  alcools  mono- 
atomiques dans  les  alcoolates,  comme  un  acide  fort  déplace  un  acide  faible 
dans  un  sel.  Il  en  résulte,  en  général,  des  combinaisons  cristallisées  d'al- 
cool monoatomique  et  de  l'alcoolate  qu'on  veut  obtenir,  par  exemple 
C8H9Na08,  C^tPO2;  puis,  vers  ii5°,  ces  composés  perdent  i  molécule 
d'alcool  et  donnent  l'alcoolate  C8H0NaO8. 

(')   Comptes  rendus,  t.  GX,  p.  85g;  1890. 


(  485  ) 

»  On  sait, d'autre  part,  que  l'eau  II2 O2  donne,  avec  les  métaux  alcalins, 
des  combinaisons  tout  à  fait  comparables  aux  alcoolates  des  alcools  mono- 
atomiques, la  réaction 

Hs02liq.  +  Nasbl.  =  Hgaz-hHNaOaso] -+-33,3o 

dégageant  la  même  quantité  de  chaleur  que 

I  :il10i  liq.  -+-  Na  sol.  =  II  gaz  +  C2H3  Va  O2  sol 1-33, 19 

et  que  cette  analogie  se  retrouve  dans  les  hydrates  secondaires  de  Na  et  K  , 
comparés  aux  méthylatès  méthyliques,  aux  éthylates  éthyliques,  etc. 

»  Si  donc  l'érythrate  déplace  ces  alcools  dans  les  alcoolates,  la  même 
réaction  doit  avoir  lieu  avec  les  hydrates,  et  l'on  doit  obtenir  des  érythrates 
alcalins  cristallisés,  anhydres  ou  hydratés,  en  faisant  agir  l'érvthrite  sur 
des  solutions  aqueuses  de  soude  ou  de  potasse,  absolument  comme  on 
obtient  les  sels  de  ces  bases,  anhydres  ou  hydratés,  en  ajoutant  un  acide  à 
leur  solution  aqueuse. 

»  (l'est  ce  que  l'expérience  vérifie.  On  peut  ainsi  préparer  directement 
des  érythrates  alcalins  hydratés  et  cristallisés;  puis,  par  l'action  de  la 
chaleur,  ces  composés  fournissent  les  érythrates  anhydres. 

»  II.  Pour  obtenir  les  dérivés  sodiques,  on  fait  deux  dissolutions  concentrées  d'éry- 
thrite  (1  >.'."'  dans  i5occ  d'eau)  et  de  soude  (3isr  de  NaO  dans  70™),  et  on  les  mélange 
à  froid  soit  à  équivalents  égaux,  soit  dans  le  rapport  de  1  équivalent  d'érvlhrile  pour 
a  équivalents  de  soude.  Dans  ces  limites,  on  obtient  les  mêmes  combinaisons.  Le 
liquide  est  placé  sous  une  cloche  en  présence  d'acide  phosphorique  anhydre.  Après 
quelques  jours,  des  cristaux  très  nets  se  déposent.  On  les  recueille  rapidement,  avant 
que  toute  la  niasse  soit  solidifiée,  et  on  les  prive  de  leur  eau  mère  en  les  étalant  sui- 
des plaques  de  porcelaine  poreuse  pendant  vingt-quatre  heures. 

»  L'analyse  de  ces  cristaux  a  donné  : 

Calculé 
pour 
C'H>»Os,NaO,3HO 
ou 
Trouvé.  C» H" NaO», 4  HO. 

Na 12  ,7 1  12,78 

G 26,5i  26,66 

Il 7-7"  7>22 

»  Les  résultats  s'accordent  avec  l'une  et  l'autre  formule,  mais  ne  permettent  pas 
de  décider  entre  elles. 


»  Ce  corps  est  très  altérable  dans  l'air  humide,  et  déliquescent  comme  tous  les 


al- 


coolates alcalins.  Il  ne  se  déshydrate  pas  à  ioo° 
*9 


C.  11.,  <Syi,  1"  Semestre.  (T.  CX.II,  N  t>3 


(  486  ) 

»  III.  Mais  entre  no°  et  n5n,  dans  un  courant  d'hydrogène  sec  maintenu  pendant 
plusieurs  heures,  il  perd  3  équivalents  d'eau.  La  perte  de  poids  devenue  constante  est 
de  i5,  i5  pour  ioo  (calculée  pour  3HO  :  f^,^5). 

»  Le  résidu,  dont  la  formule  est  C8H'°08,NaO,  ou  bien  C8H9Na08,HO,  est  blanc, 
cristallin  et  déliquescent. 

»  IV.  Enfin,  si  l'on  élève  la  température  à  i35°  et  qu'on  la  maintienne  pendant 
douze  heures  environ,  la  perte  de  poids  totale  et  constante  devient  19, 65  pour  100 
(calculé  pour  4HO  :  20,00  pour  100).  C'est  l'érythrate  C'H'NaO8.  II  contient  toutle 
sodium  à  l'état  d'alcoolate,  comme  l'indique  le  titrage  alcalimétrique  (16,92  pour  100 
de  Na,  au  lieu  de  i5,97  calculé  pour  C8H9Na08).  Pendant  cette  dernière  opération, 
la  masse  a  fondu  au  début,  puis  est  redevenue  solide.  Ce  composé  est  identique  à 
l'érythrate  que  j'avais  obtenu  par  l'action  de  la  chaleur  sur  le  dérivé  méthybque 

C8H9Na08,C2H402. 

n  On  a  donc  isolé  trois  combinaisons  : 

CsH10O8NaO,3HO    ou     C8H9Na08,4HO, 

C8H10O8,NaO  ou     C8H9Na08,HO. 

C8H9NaOs, 

les  deux  premières  hydratées  et  nouvelles. 

»  V.  L'érythrite  se  combine  de  la  même  manière  avec  la  potasse.  Les  deux  disso- 
lutions contiennent  :  celle  d'érythrite,  i22Sr  dans  i5occ;  celle  de  potasse,  1  équivalent 
dans  8occ.  On  les  mélange,  soit  à  équivalents  égaux,  soit  dans  le  rapport  de  1  équiva- 
lent d'érythrite  pour  2  de  potasse.  Le  liquide  est  abandonné  à  lui-même  en  présence 
d'acide  phosphorique  anhydre.  La  cristallisation  est  un  peu  plus  lente  que  dans  le  cas 
précédent.  Les  cristaux  desséchés  sur  des  plaques  poreuses,  à  l'abri  de  l'air  humide, 
contiennent  23,  i3  pour  100  de  potassium,  ce  qui  correspond  exactement  aux  formules 

C»H">08,KO    ou     C8H9K08,HO. 

»  VI.  Ce  composé  peut  être  déshydraté  dans  un  courant  d'hydrogène  sec,  mais  plus 
difficilement  que  les  précédents;  il  faut  maintenir  la  température  entre  i4o°  et 
i5o°  pendant  vingt  heures  environ,  et  dessécher  soigneusement  l'hydrogène  avec  de 
l'acide  phosphorique  anhydre.  La  perle  de  poids  devenue  constante  est  de  4,7'  Pour 
100  (calculé  pour  1  équivalent  d'eau  éliminée  :  5, 02).  Le  résidu  donne  à  l'analyse  : 

Calculé 
Trouvé.  pourC'H'KC". 

i   Par  l'alcalimètre 24,20  24,42 

j  Dosé  à  l'état  de  sulfate.  ..  .      24,'j'i  » 

Le  potassium  est  donc  complètement  à  l'état  d'alcoolate. 

»  Je  n'ai  pas  encore  reproduit  de  dérivés  disodiques  et  dipotassiques  analogues  au 
corps  C8HsK-Os.  signalé  par  M.  Colson. 


(  4*7  ) 

»  En  résumé,  j'ai  obtenu  un  érythrate  de  potassium  anhydre  et  trois  hy- 
drates nouveaux,  ainsi  qu'un  érythrate  île  sodium  anhydre  que  l'on  peut 
aussi  préparer  par  l'action  de  l'érythrate  sur  le  méthvlate  de  sodium. 

»  Les  formules  des  corps  hydratés  sont  encore  indéterminées,  l'analyse 
ne  permettant  pas  de  décider  entre 

C8H,0O8fMO,raHO 
et 

C8H9M08,(/*+  DlIO; 

j'ai  pu  cependant  établir  qu'ils  correspondent  à  cette  dernière  formule,  en 
faisant  l'étude  thermique  de  ces  composés,  comme  je  le  montrerai  dans 
une  prochaine  Communication.    » 


CHIMIE   INDUSTRIELLE.    —    La  teinture  du  colon. 
Note  de  M.  Léo  Vigxox. 

«  J'ai  montré  que  si  l'on  immerge  la  soie,  la  laine  et  le  coton  dans  des 
liqueurs  acides,  alcalines  ou  salines,  de  composition  connue,  placées  dans 
le  calorimètre,  on  constate  qu'il  se  produit  des  phénomènes  thermiques 
nets,  constants  et  mesurables  (Comptes  rendus,  10  février  et  28  avril  180,0). 

»  En  ce  qui  concerne  le  coton,  les  mesures  thermochimiques  effectuées 
prouvent  que  ce  textile  n'accuse  que  des  fonctions  chimiques  très  faibles, 
comparativement  à  celles  des  fibres  animales.  L'inertie  chimique  du  co- 
ton, qui  coïncide  avec  le  peu  d'aptitude  que  possède  cette  matière  de  fixer 
les  substances  colorantes,  présente- t-elle  avec  ce  phénomène  un  rapport 
de  cause  à  effet?  Dans  le  but  d'élucider  cette  question,  j'ai  tenté  de  modi- 
fier la  molécule  du  coton  en  lui  conférant  des  fonctions  chimiques  déter- 
minées; puis,  ce  point  obtenu,  j'ai  recherché  clans  quelle  mesure  les  pro- 
priétés tinctoriales  se  trouvaient  changées. 

»  Si  l'on  chauffe  en  tubes  scellés,  à  des  températures  comprises  entre  100°  et  2000, 
1  partie  de  coton  avec  _'|  parties  de  chlorure  de  calcium  ammoniacal,  ou  4  parties  d'am- 
moniaque aqueuse  à  220,  on  constate  qu'une  réaction  se  produit  entre  les  substances 
en  contact.  Au  bout  d'un  certain  temps,  qui  peut  varier  de  quelques  heures  à 
plusieurs  jours  suivant  les  conditions  de  l'expérience,  la  fibre  textile  soumise  à  l'action 
de  l'ammoniaque  donne  naissance  à  un  composé  qui  présente  des  propriétés  chimiques 
nouvelles,  sans  avoir  perdu  les  principales  qualités  techniques  du  coton. 

»  La  fixation  de  l'azote  sur  le  coton,  dans  ces  expériences,  est  mise  hors  de  doute 
par  l'analyse.   Les  échantillons  de  coton   soumis  à  l'action  de  l'ammoniaque  ont  été, 


(  488  ) 

en  effet,  lavés  à  l'eau,  mis  à  macérer  dans  un  peu  d'eau  acidulée  au  y^ïïû  Par  l'acide 
chlorhydrique,  rincés  jusqu'à  neutralisation  complète  dans  l'eau  distillée,  et  finale- 
ment sécliés  à  no".  Le  dosage  de  l'azote,  en  opérant  sur  osr,5  de  matière,  a  donné  les 

résultats  suivants  : 

Azote  pour  ion. 

Premier  échantillon i  ,o5 

Deuxième         »         2,38 

Troisième         »  2 ,  86 

»   Les  quantités  d'azote  fixé  varient  suivant  les  conditions  de  l'expérience. 

»  Ces  résultats  sont  en  concordance  avec  les  recherches  de  MM.  Schiit- 
zenberger  et  Thenard.  Ces  savants  ont  montré  en  effet  qu'un  grand  nombre 
de  substances  organiques,  sucre,  amidon,  dextrine,  gomme,  cellulose, 
sont  capables  de  fixer  de  l'azote  sous  une  autre  forme  qu'à  l'état  de  sel  am- 
moniacal, lorsqu'on  les  chauffe  pendant  un  temps  plus  ou  moins  long  en 
présence  d'une  solution  aqueuse  et  concentrée  d'ammoniaque. 

»  La  fixation  de  l'azote  sur  le  coton  ayant  été  obtenue,  j'ai  cherché  à 
déterminer  :  i°  quels  changements  le  coton  avait  subi  dans  ses  fondions 
chimiques;  2°  si  les  propriétés  absorbantes  du  coton  pour  les  matières  co- 
lorantes avaient  été  modifiées. 

»  Le  coton  ammoniacal,  immergé  dans  5oocc  d'acide  sulfurique  normal  placé  dans 
le  calorimètre,  a  dégagé  vers  ii°-12°,  pour  iooS'  de  coton  supposé  sec, 

oCa',9o. 

»  Dans  des  recherches  précédentes  j'avais  obtenu,  en  opérant  dans  les  mêmes  con- 
ditions: 

Pour  le  coton  blanchi oCal,  38 

Pour  le  coton  non  blanchi.    oCal,36 

»  Le  coton  ammoniacal  a  donc  acquis,  en  fixant  de  l'azote,  des  propriétés  basiques 
très  nettes. 

»  J'ai  recherché  ensuite  comment  se  comportait  le  coton  ammoniacal 
vis-à-vis  des  matières  colorantes  à  caractère  acide,  en  opérant  comparative- 
ment avec  le  coton  ordinaire. 

»  Deux  séries  formées  d'échantillons  de  2Sr  de  coton  ammoniacal  et  de  coton  ordi- 
naire, de  même  provenance  initiale,  ont  été  teintes  comparativement,  pendant  trente 
minutes,  à  90o-95o  C.  dans  des  bains  formés  de  : 

»   jocc  matière  colorante  à  isr  par  litre; 

»  25™  solution  aqueuse  d'acide  sulfurique  à  i8r  par  litre; 

»  iooorceau. 


(  4«9  ) 

»  Les  matières  colorantes  employées  ont  été  l'orangé,  la  roccelline,  différents  bleus 
solubles  de  rosaniline  et  le  noir  naphtol. 

»  Les  teintures  étant  terminées,  les  échantillon»  ont  été  rincés  dans  un  courant 
d'eau  froide,  puis  séchés  dans  des  doubles  de  papier  buvard. 

»  En  comparant  entre  eux,  après  teinture,  les  échantillons  de  coton  or- 
dinaire et  de  coton  ammoniacal,  on  constate  que  les  premiers  sont  faible- 
ment teintés,  tandis  que  le  coton  ammoniacal  a  absorbé  en  proportions 
considérables  les  matières  colorantes  acides  sur  lesquelles  on  a  expéri- 
menté. » 


chimie  végétale.  —  Sur  une  hé  mâtine  végétale  :  l'aspergilline,  pigment  des 
spores  de  /'Aspergillus  niger.  Note  de  M.  Georges  Lixossier,  présentée 
par  M.  Chauveau. 

«  I^e  pigment  noir,  auquel  ['Aspergillus  niger  doit  son  nom,  peut  être 
extrait  en  assez  grande  quantité  des  spores  de  cette  moisissure  par  une  di- 
gestion prolongée  avec  de  l'eau  légèrement  ammoniacale.  En  ajoutant  à  la 
dissolution,  fortement  colorée,  un  faible  excès  d'acide  chlorhydrique,  on 
précipite  intégralement  la  matière  colorante  en  flocons  amorphes,  volu- 
mineux. 

»  Ce  qui  donne  un  intérêt  tout  particulier  à  l'étude  de  la  substance 
ainsi  obtenue,  c'est  sa  remarquable  analogie  avec  le  pigment  le  plus  impor- 
tant des  animaux  vertébrés,  l'hématine  du  sang,  analogie  que  mettra  en 
lumière  l'exposé  succinct  de  ses  propriétés. 

»  L'aspergilline,  c'est  le  nom  que  je  propose  pour  ce  pigment,  desséchée 
à  la  température  ordinaire  en  présence  de  l'acide  sulfurique  et  pulvérisée, 
se  présente  comme  l'hématine  sous  l'aspect  d'une  poudre  noire.  Elle  est  à 
peu  près  insoluble  dans  l'eau,  l'alcool  et  les  dissolvants  neutres  en  général  ; 
elle  est  insoluble  dans  les  acides  minéraux  dilués,  mais  se  dissout  un  peu 
dans  l'alcool  additionné  d'acide  acétique.  Elle  est  facilement  dissoute  par 
les  alcalis  caustiques,  même  très  dilués,  les  carbonates  alcalins,  et  cer- 
tains sels  à  réaction  alcaline,  tels  que  le  borax,  le  phosphate  de  soude  or- 
dinaire, etc.  La  solution  ammoniacale  (l'aspergilline  est  précipitée  par 
l'eau  de  baryte  comme  la  solution  ammoniacale  d'hématine. 

»  Ces  caractères  de  solubilité  sont  ceux  de  l'aspergilline  desséchée  à  la 
température  ordinaire.  L'action  de  la  chaleur  diminue  sa  solubilité  dans 
les  différents  véhicules.  Ainsi,  maintenue  quelques  heures  à   1800,  elle 


(  490  ) 
devient  insoluble  dans  les  lessives  alcalines,  sans  qu'il  se  soit  d'ailleurs  pro- 
duit de  décomposition  apparente.  Par  contre,  au  moment  de  sa  précipita- 
tion, et  avant  toute  dessiccation,  elle  donne  avec  l'eau  une  sorte  de  demi- 
dissolution  colloïde  que  les  acides  et  les  sels  neutres  (chlorure  de  sodium) 
précipitent,  et  qu'une  trace  d'un  alcali  transforme  en  une  dissolution  vé- 
ritable, capable  de  traverser  les  filtres  de  porcelaine. 

»  Les  solutions  acides  sont  brunes,  vertes  en  couche  mince;  les  solu- 
tions alcalines  sont  d'un  brun  rouge.  L'intensité  de  la  coloration  est  suffi- 
sante pour  qu'une  solution  à  un  millionième  présente  sous  une  épaisseur 
deo'",i8uue  teinte  sensible.  Examinée  au  spectrophotomètre  de  Gang, 
une  solution  alcoolique  acide  a  laissé  passer  dans  les  diverses  régions  du 
spectre  les  fractions  suivantes  de  la  lumière  incidente  : 

Longueurs  Lumière  Longueurs  Lumière  Longueurs  Lumière 

d'onde.  transmise.  d'onde.  transmise.  d'onde.  transmise. 

u.  [1  \>. 

o , 692 0,84  o , 602 O ,  '| 7  o, 547 0,44 

0,664 0,80  0,697 0,48  o,53g 0,89 

0,647 0,70  o,5go o,45  o,53i 0,39 

o,632 0,66  o,585 o,44  o,524 0,39 

0,621 0,49  0,575 o,4i  0,017 O..H) 

0,608 0,49  0,565 o,4o  o,5i2 0,39 

o,6o5 0,48  o,546 o,4o  0,487 0,27 

0,467 0,28 

»  On  voit  que  l'aspergillinc  absorbe  toutes  les  radiations  lumineuses, 
mais  inégalement,  et  que  l'absorption  croit  du  rouge  au  violet.  On  peut 
schématiquement  concevoir  le  spectre  comme  divisé  en  trois  plages,  dans 
chacune  desquelles  l'absorption  croît  lentement,  et  aux  confins  desquelles 
elle  augmente  brusquement.  La  première  s'étendrait  jusque  vers  la  lon- 
gueur d'onde  o>\63o,  la  seconde  entre  o^.GSo  et  r>t\  5io,  la  troisième  oc- 
cuperait toute  la  partie  la  plus  réfrangible  du  spectre.  L'accroissement  de 
l'absorption  est  interrompu  par  deux  diminutions  qui  se  traduisent  à  l'exa- 
men spectroscopique  par  des  bandes  claires,  l'une  un  peu  avant  la  raie  D  ; 
l'autre,  plus  marquée,  entre  D  et  E. 

»  Au  contact  de  l'air,  l'aspergillinc  brûle  en  répandant  une  odeur  de 
corne  brûlée,  et  laisse,  comme  l'hématine,  un  résidu  rouge  d'oxyde  de 
fer. 

»  La  solution  ammoniacale  d'aspergilline  ne  semble  pas  altérée  par  une 
exposition  de  plusieurs  heures  à  la  lumière  solaire. 

»   Les  dissolutions  d'aspergilline  sont  réduites  par  l'hydrosulfite  de  so- 


(  'I9i  ) 
dium;  le  produit  de  la  réduction  exposé  à  l'air  en  absorbe  très  énergique- 
ment  l'oxygène,  et  la  dissolution,  qui  sous  l'influence  de  l'hydrosulfite 
avait  viré  au  jaune  d'or,  reprend  très  rapidement  la  teinte  brune  de  l'as- 
pergilline. Cette  réduction  ne  peut  être  réalisée,  non  plus  que  pour  l'hé- 
matine,  ni  par  le  vide,  ni  par  la  putréfaction. 

»   Ces  constatations  sont  importantes  à  plus  d'un  titre  : 

»  i"  Il  est  intéressant  de  trouver  dans  une  moisissure  une  substance 
aussi  complètement  analogue  à  l'bématine  du  sang  que  l'est  l'aspergilline; 
car,  quelques  différences  que  puisse  dévoiler  entre  les  deux  pigments  une 
étude  chimique  plus  approfondie,  il  n'en  subsistera  pas  moins  entre  eux 
des  ressemblances  frappantes  :  analogie  dans  les  caractères  physiques; 
présence  dans  les  deux  molécules  d'une  quantité  notable  d'un  même  métal, 
le  fer;  enfin  propriété  commune  de  fournir  par  l'action  d'un  réducteur 
énergique,  mais  non  parle  vide,  ni  la  putréfaction,  un  produit  de  réduction 
oxydable  au  contact  de  l'air,  et  régénérant  dans  cette  oxydation  la  sub- 
stance primitive.  Ce  sont  là  des  ressemblances  suffisantes  pour  justifier  le 
nom  (V/iématine  végétale  que  j'ai  attribué  à  l'aspergilline  dans  le  titre  de 
cette  Note. 

»  2°  Il  est  vraisemblable  que  l'analogie  de  propriétés  doit  être  corré- 
lative d'une  analogie  de  fonctions  :  les  caractères  que  j'ai  mis  en  lumière 
dans  l'aspergilline,  et  notamment  sa  propriété  de  fixer  l'oxygène  de  l'air 
pour  le  céder  aux  substances  réductrices,  autorisent  à  lui  supposer,  dans 
l'organisme  végétal,  une  fonction  respiratoire.  Cette  déduction,  même  avec 
les  réserves  dont  je  suis  encore  obligé  de  l'accompagner,  a  d'autant  plus 
d'importance  que  nos  connaissances  sur  le  rôle  des  pigments  dans  les 
Champignons  inférieurs  sont  à  peu  près  nulles. 

»  3°  M.  Raulin,  dans  son  remarquable  travail  sur  Y  Aspergillus  niger, 
avait  constaté  que  la  suppression  du  fer  dans  le  liquide  nutritif  dont  il  a 
donné  la  formule,  non  seulement  diminue  le  poids  de  la  récolte,  mais, 
contrairement  à  ce  qui  se  passe  quand  on  retranche  du  milieu  nutritif  un 
autre  élément  utile  à  la  plante,  apporte  un  obstacle  à  la  formation  des 
spores. 

»  J'apporte  l'interprétation  de  ce  [fait  :  c'est  que,  en  l'absence  du  fer 
qui  entre  dans  sa  constitution,  le  pigment  des  spores  ne  peut  se  former. 

»  En  réalité,  il  est  difficile  d'entraver  entièrement  sa  formation,  parce 
qu'il  est  difficile  de  priver  entièrement  de  fer  le  liquide  nutritif,  mais  plus 
on  se  rapproche  de  ce  résultat,  moins  la  culture  se  colore. 


(  492  ) 
»  Je  poursuis  l'étude  des  propriétés   chimiques  et  physiologiques  de 
l'aspergilline.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Idiosyncrasie  de  certaines  espèces  animales 
pour  l'acide  phénique.  Note  de  M.  Zwaardemaker. 

«  A  propos  d'une  récente  Note  de  M.  Guinard  (  '),  j'ai  l'honneur  de 
communiquer  à  l'Académie  une  observation  que  j'ai  faite,  il  y  a  quelques 
années,  sur  l'idiosyncrasie  des  chats  et  des  rats  pour  l'acide  phénique. 

»  Intoxiqués  par  cette  substance,  à  doses  tellement  petites  que  des 
chiens  et  des  lapins  ne  subissent  point  de  troubles  quelconques,  les  chats 
et  les  rats  périrent  sans  exception.  La  mort  fut  précédée  de  convulsions 
tout  à  fait  semblables  à  celles  qui  ont  été  observées  par  M.  Guinard.  Ces 
convulsions  continuèrent  pendant  des  heures  entières,  jusqu'au  moment  de 
la  mort,  qui  survint  par  paralysie  respiratoire,  après  une  agonie  longue  et 
pénible. 

»  On  peut  adoucir  les  angoisses  de  l'animal,  qui  reste  en  pleine  pos- 
session de  sa  connaissance  et  de  son  irritabilité  réflexe,  par  le  sommeil 
chloroformique.  Celui-ci  fait  cesser  les  convulsions  immédiatement,  pourvu 
que  l'anesthésie  soit  assez  profonde.  L'asphyxie  par  occlusion  trachéale 
n'augmente  ni  ne  diminue  l'intensité  des  secousses. 

»  Les  convulsions  ont  le  caractère  clonique,  et  portent  sur  les  muscles 
des  extrémités,  du  tronc  et  de  la  tête.  Les  fléchisseurs  et  les  extenseurs 
entrent  alternativement  en  jeu. 

»  J'ai  administré  l'acide  phénique  par  voie  dermique,  par  voie  hypodermique  et  par 
injection  intraveineuse.  La  dernière  méthode  se  prête  merveilleusement  à  un  dosage 
précis.  L'acide  phénique  était  mêlé,  à  la  dose  deo,5  pour  ioo,  avec  une  solution  phy- 
siologique de  sel  marin.  On  injectait  le  mélange  dans  la  veine, en  se  servant  d'une  bu- 
rette qui  était  munie  d'un  dispositif  de  réchauffement. 

»  Dans  une  première  expérience,  chez  un  chat  de  3ks,5,  une  dose  de  ioomS'',  c'est- 
à-dire  de  43™s''  par  kilogramme  d'animal,  causa  des  convulsions  très  marquées. 

»  Dans  une  seconde  expérience,  une  chatte  adulte  de  4ks,5  éprouva  des  convulsions 
légères  pour  une  dose  intraveineuse  de  5omsv,  ou  de  i  imsr  par  kilogramme  d'animal. 

»  Dans  une  troisième  expérience,  un  chat  jeune  de  iks,5  souffrit  de  secousses  très 
violentes,  pour  une  dose  de  3omsr  ou  de  20msr  par  kilogramme  d'animal. 

(')  Comptes  rendus,  séance  du  22  décembre  1890. 


(  493  ) 

»   Enfin  un  petit  chat  de  14  jours,  pesant  okV>-,   fat  intoxiqué  profondément  par 
iom5r,  c'est-à-dire  37mSl'  par  kilogramme  d'animal. 

»  Ces  nombres  sont  des  plus  frappants,  si  on  les  compare  aux  doses 
toxiques  chez  les  animaux  ordinaires  de  nos  laboratoires.  Des  chiens  et  des 
lapins  qui  me  servirent  à  des  expériences  de  contrôle  exigèrent,  pour  des 
effets  toxiques  moins  prononcés,  des  doses  de  6mgl',5  à  25ms',7  par  kilo- 
gramme d'animal.  Les  chats  possèdent  donc  une  sensibilité  extrême  pour 
l'acide  phénique;  chez  les  rats,  cette  propriété  est  non  moins  accusée. 
Il  n'est  pas  possible  qu'une  excrétion  plus  restreinte  de  l'acide  phénique 
soit  la  cause  de  cette  particularité.  Je  m'en  suis  assuré  par  quelques  expé- 
riences sur  des  lapins,  où  la  ligature  des  artères  rénales  ne  produit  nulle- 
ment une  telle  idiosvncrasie  (Neder/andsch  Tidschrift  voor  Gèneesmunde, 
9  juillet  1887).  Il  est  plus  probable  qu'une  certaine  irritabilité  des  centres 
nerveux,  comme  dans  l'intoxication  de  morphine  (Guinard  ),  rend  ces 
animaux  (chats  ou  rats)  plus  accessibles  aux  convulsions  phéniques.   » 


ANATOMIE.  —  Sur  l ' épithëlium  hépatique  de  la  Testace.Ue.  Note  de  M.  Joannes 
Ciiatix,  présentée  par  M.  Milne-Edwards. 

«  Les  nombreux  travaux  consacrés,  durant  ces  dernières  années,  à 
l'auatomie  des  Gastéropodes  n'ont  pas  manqué  d'accorder  une  mention 
spéciale  au  «  foie  »  ou  plutôt  à  la  glande  digestive  de  ces  animaux.  Cepen- 
dant nous  ne  possédons  que  de  vagues  notions  sur  son  épithélium,  dans 
lequel  on  se  borne  surtout  à  indiquer  des  produits  diversement  colorés. 

»  Ceux-ci  se  forment,  en  effet,  très  promptement  et  très  abondamment 
chez  les  types  auxquels  ont  été  presque  toujours  limitées  les  recherches 
(Hélix,  Zonites,  Cyclostoma,  etc.);  la  structure  de  l'élément  s'y  trouve 
ainsi  masquée  et  ne  peut  être  que  rarement  appréciée  avec  exactitude. 
Elle  est  plus  facile  à  observer  chez,  d'autres  espèces  qui  sont  particulière- 
ment favorables  à  de  telles  études.  La  Testacelle  (Teslacel/a  haliotidea 
Drap.)  en  est  un  excellent  exemple. 

»  Les  tubes  hépatiques  s'y  montrent  tapissés  de  cellules  larges  et  dépri- 
mées, tenant  le  milieu  entre  l' épithélium  cubique  et  l'épithélium  pavinien- 
teux,  si  tant  est  que  ces  termes  puissent  être  employés  avec  quelque 
rigueur  chez  les  Invertébrés. 

»  De  taille  variable,  ces  cellules  ne  possèdent  pas  de  membrane  propre. 
A  peine  peut-on  distinguer,  à  leur  périphérie,  une  légère  différenciation 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  9.)  <U 


(  4&4  ) 
du  protoplasma  somatique.  Celui-ci  offre  une  constitution  fort  intéres- 
sante qui  doit  être  examinée  arec  un  objectif  à  immersion  homogène. 
Considéré  dans  son  ensemble,  le  protoplasma  présente  un  aspect  réticulé 
ou  spongieux:  des  trabécules  y  dessinent  un  système  de  mailles  inégale- 
ment entrecroisées.  Entre  ces  mailles  se  trouve  une  substance  fluide, 
moins  réfringente  et  mêlée  de  granulations.  Parmi  ces  granulations,  les 
unes  sont  brillantes  et  incolores,  les  autres  jaunâtres  ou  brunâtres. 

»  J'ai  rarement  rencontré  des  éléments  permettant  aussi  nettement  de 
différencier  les  produits  de  la  cellule  de  sa  partie  somatique,  puis  de  dis- 
tinguer dans  celle-ci  le  paraplasma  de  l'hyaloplasma.  Le  noyau  est  arrondi  ; 
une  enveloppe  réfringente  le  limite,  la  substance  chromatique  s'y  trouve 
disposée  en  cordons  irréguliers.  On  observe  un  ou  deux  nucléoles. 

»  Entre  les  cellules  qui  viennent  d'être  décrites,  on  en  découvre  d'autres 
qui  sont  plus  petites.  Leur  noyau  est  volumineux,  leur  protoplasma  assez 
homogène.  Il  est  présumable  que  ce  sont  des  éléments  jeunes  ou  de  rem- 
placement :  leur  taille,  les  dimensions  respectives  de  leur  noyau  et  de  leur 
corps  proloplasmique,  tout  semble  leur  attribuer  cette  signification.  Je  ne 
pense  pas  qu'on  puisse  y  voir  des  cellules  glandulaires  adultes  et  à  l'état 
de  repos  fonctionnel. 

»  Lorsqu'on  étudie  comparativement  les  diverses  parties  de  la  glande, 
on  constate  que  c'est  presque  toujours  par  une  progression  insensible 
qu'on  passe  de  l'épithélium  qui  revêt  la  portion  sécrétante  à  celui  qui 
borde  les  conduits  excréteurs.  Il  sutfit  de  rapprocher  les  prises  et  les 
coupes,  pour  voir  se  succéder  la  série  des  états  intermédiaires  entre  les 
cellules  aplaties  des  ccecums  et  les  cellules  allongées  des  canaux.  Le  foie  de 
la  Testacelle  peut  donc  être  cité  comme  offrant  toutes  les  formes  de  passage 
entre  l'épithélium  en  mosaïque  et  l'épithélium  en  palissade,  sans  cesse  re- 
présentés comme  profondément  dissemblables. 

«  Ces  résultats  montrent,  une  fois  de  plus,  tout  l'intérêt  qui  s'attache 
aux  recherches  d'Histologie  zoologique  :  en  se  multipliant,  elles  nous  font 
mieux  connaître  les  éléments  anatomiques  et  nous  révèlent  entre  eux  les 
liens  d'une  parenté  plus  étroite  qu'on  ne  l'admet  généralement  ». 

GÉOLOGIE.  —  Sur  le  conglomérat  à  ossements  de  Gourbesville  (Manche). 
Note  de  M.  A.  de  Lapparext. 

«  On  sait  qu'un  des  traits  caractéristiques  de  la  géologie  du  Cotentin 
est  l'existence,  sur  le  territoire  aujourd'hui  occupé  par  les  estuaires  de  la 


(  4g5  ) 

Douve,  de  la  Sèves  et  de  la  Tante,  d'un  golfe  dans  lequel,  depuis  le  début 
des  temps  infraliasiques,  la  mer  a  l'ait  des  apparitions  multipliées,  sans  que 
d'ailleurs,  d'une  époque  à  l'autre,  son  niveau  parût  subir  des  variations 
très  notables. 

»  Au  nombre  des  traces  que  les  mers  tertiaires  ont  laissées  sur  les  bords 
de  ce  golfe,  figure  un  conglomérat  avec  ossements  de  Lamantins,  queM.de 
Gerville  avait  signalé  à  l'attention  de  Desnoyers,  et  que  ce  dernier,  avec  sa 
sagacité  habituelle,  décrivait  en  i8a5  comme  un  dépôt  marin  plus  récent 
que  les  faluns  éocèhes  de  la  région.  Cependant  Bonissent  en  1870,  et 
M.  G.  Dollfus  en  187'),  crurent  devoir  rattacher  ce  cailloutis  au  quater- 
naire. Mais  en  1881  M.  G.  Vasseur,  qui  avait  eu  la  bonne  fortune  de  visiter 
la  localité  de  Gourbesvillc  au  moment  où  une  rectification  de  chemin  vi- 
cinal venait  d'entamer  le  terrain  sur  (ioo™  de  long,  s'assurait  que  le  con- 
glomérat était  régulièrement  recouvert  par  des  sables  pliocènes  à  Nassa 
prismatica,  et  reposait  lui-même  sur  le  calcaire  lacustre  éocène,  perforé  par 
des  lilhophages. 

»  Depuis  quelque  temps,  le  gisement  de  Gourbesville  est  l'objet  d'une 
exploration  approfondie  de  la  part  de  M.  Merle,  l'ingénieur  qui  partage 
avec  M.  Poncin  le  mérite  d'avoir  découvert  la  grande  richesse  en  acide 
phosphorique  et  provoqué  La  mise  en  exploitation  du  gisement  désormais 
célèbre  de  Beauval,  dans  la  Somme,  ce  gisement  où  Buteux,  dès  1862,  et 
M.  de  Mercey,  quelques  années  plus  tard,  avaient  reconnu  la  présence  de 
la  craie  phosphatée.  Appelé  tout  récemment  à  prendre  acte  du  résultat  des 
fouilles  de  M. Merle,  nous  avons  constaté  sur  le  terrain  un  certain  nombre 
de  faits,  qu'il  nous  parait  intéressant  de  signaler. 

Tout  d'abord,  l'examen  des  gisements  de  Gourbesville  et  d'Orglandes 
confirme  absolument  la  détermination  stratigraphique  de  M.  Vasseur.  Par- 
tout les  sables  pliocènes  à  Nassa,  avec  petites  couches  d'Ostrea  echilis  à  la 
base,  recouvrent  le  dépôt  ossifère. 

»  De  plus,  le  triage  et  le  lavage  du  conglomérat  nous  ont  mis  à  même 
d'y  recueillir,  avec  YOslrea  edulis,  plusieurs  exemplaires  de  Terebratula 
grandis,  dont  un  bivalve,  avec  serpules  et  balanes  adhérentes  au  test.  Il 
s'agit  donc  bien  d'une  plage  pliocène,  sur  laquelle  la  mer  rejetait  ces  co- 
quilles, en  même  temps  que  des  cailloux  provenant  des  roches  primaires 
du  Cotentin. 

»  Quant  aux  ossements,  pour  la  détermination  desquels  M.  Gaudrv  a 
bien  voulu  nous  accorder  son  précieux  secours,  la  majorité  appartient, 
comme  l'avait  dit  M.  \  asseur,  et  comme  les  anciens  géologues  de  la  ré- 


(  496  ) 
gion  l'avaient  eux-mêmes  reconnu,  au  genre  Halitherium.  Avec  d'énormes 
côtes,  dont  une,  sans  être  tout  à  fait  complète,  mesure  plus  de  om,6o  de 
long,  nous  avons  recueilli,  entre  autres  pièces,  une  tête  d'humérus  et  un 
:irc  neural  bien  caractérisés.  La  grande  dimension  des  côtes  et  leur  apla- 
tissement marqué  semblent  indiquer  avec  certitude  Y  Halitherium  fossile 
desfaluns  de  l'Anjou. 

»  L'état  extraordinairement  roulé  des  ossements  et  leur  fossilisation 
très  avancée,  qu'accuse  une  extrême  compacité,  contrastent  d'une  ma- 
nière tranchée  avec  la  fraîcheur  des  valves  délicates  de  la  Terebralula 
grandis;  et  comme,  dans  les  faluns  de  la  France  occidentale,  la  présence 
Je  Y  Halitherium,  et  spécialement  de  H.  fossile,  caractérise  l'étage  de  la 
mollasse  miocène  à  Ostrea  crassissima,  on  est  tenté  de  penser  que  les  Laman- 
tins du  conglomérat  ossifère  doivent  s'y  trouver  en  qualité  de  produits  de 
remaniement. 

»  En  faveur  de  cette  hypothèse,  on  peut  encore  invoquer  l'extrême 
usure  et  la  grande  dimension  des  assez  nombreuses  dents  de  Squales  (Lamna, 
Oxyrhina  plicatilis,  etc.),  qu'on  recueille  en  lavant  le  dépôt.  Nous  ajou- 
terons que  nous  y  avons  ramassé  nous-même  un  fragment  d'Ammonite  du 
lias,  transformé  en  phosphorite  brune.  Donc  des  dépôts  anciens,  jusque  et 
y  compris  le  lias,  ont  dû  être  remaniés  et  détruits  par  la  mer  du  conglo- 
mérat. Mais  l'argument  le  plus  décisif  est  une  très  belle  dent  de  Probosci- 
dien,  découverte  deux  jours  après  notre  passage,  et  où  M.  Gaudrj  a 
reconnu  sans  hésitation  une  prémolaire  supérieure  d'un  assez  grand  Duw- 
t  lie  ri  u  m. 

»  Il  nous  parait  donc  démontré  que  la  série,  déjà  si  riche  quoique  si  frag- 
mentaire, des  épisodes  géologiques  du  Cotentin,  doit  s'enrichir  d'un  terme 
nouveau.  Desfaluns  helvéliens,  semblables  à  ceux  de  l'Anjou  et  du  bassin 
de  la  Rance,  se  sont  autrefois  déposés  dans  la  partie  septentrionale  du 
golfe  de  Valognes  et  de  Carentan;  mais  la  mer  pliocène  les  a  détruits,  leur 
faisant  subir  une  véritable  préparation  mécanique  et  isolant,  grâce  à  leur 
densité,  les  ossements  déjà  fossilisés  des  Siréniens,  pour  les  étaler  sur  la 
plage,  au  prix  d'une  forte  usure,  avec  les  dents  de  Squales  et  les  molaires 
de  Proboscidiens  empruntées  aux  mêmes  dépôts. 

»  Parmi  les  petites  pièces  que  nous  avons  pu  recueillir  en  moins  de  deux 
journées  d'eKploration,  figurent  deux  plaques  palatales  de  Poissons,  appar- 
tenant, l'une  à  un  Sélacien,  l'autre  à  un  Acanthoptérygien  du  genre  Pharyn- 
godopilus.  De  plus,  outre  les  ossements  proprement  dits,  on  trouve  avec 
les  galets  de  nombreuses  concrétions  plus  ou  moins  phosphatées,  remplies 


(  497  ) 
de  trous  irréguliers  ainsi  que  de  perforations  de  Pholades,  et  dont  le  mode 
de  formation  a  dû  être  tout  à  fait  analogue  à  celui  des  nodules  du  grès 
vert  ardennais. 

»  Enfin,  dans  les  points  où  le  conglomérat  peut  affleurer,  par  suite  de 
l'érosion,  sans  recouvrement  pliocène,  on  y  trouve  parfois  des  dents  de 
Bœuf  fossile.  Ainsi  s'explique  comment  quelques  observateurs  ont  pu  être 
trompés  et  croire  que  ce  remaniement  quaternaire  était  la  forme  normale 
d'un  dépôt  qu'aucune  fouille  n'avait  encore  entamé. 

»  En  somme,  ce  premier  aperçu  permet  d'espérer  que  la  continuation 
des  travaux,  poursuivis  par  M.  Merle  avec  le  concours  de  M.  M.  Dior,  pro- 
duira des  résultats  très  fructueux  pour  la  connaissance  géologique  du 
golfe  du  Cotentin,  pays  où  le  faible  relief  du  sol  et  la  grande  épaisseur  du 
limon  superficiel  avaient  rendu  jusqu'à  présent  l'observation  si  difficile.   » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  l'âge  des  couches  traversées  par  le  canal  de  Panama. 
Note  de  M.  H.  Douvillé,  présentée  par  M.  Albert  Gaudry. 

«  M.  Canelle,  ingénieur  de  la  Compagnie  du  canal,  a  bien  voulu  me 
soumettre  une  série  d'échantillons  fossilifères  qu'il  avait  recueillis  dans  les 
travaux  de  l'isthme;  leur  examen,  joint  à  l'étude  des  divers  documents 
déjà  publiés,  nous  a  montré  que  les  couches  qui  affleurent  entre  Colon  et 
Panama  peuvent  être  assimilées  aux  divers  étages  qui  constituent  le  ter- 
rain tertiaire  dans  la  région  des  Antilles, 

»  Abstraction  faite  de  quelques  accidents  locaux  et  des  dislocations 
produites  par  l'intrusion  des  roches  éruptives,  les  couches  sont  toujours 
presque  horizontales  et  se  succèdent  régulièrement  du  nord  au  sud,  les 
plus  récentes  affleurant  près  de  Colon  et  les  plus  anciennes  près  de  Pa- 
nama. 

»  Premier  groupe.  —  Les  fossiles  suivants  ont  été  recueillis  dans  les 
tranchées  de  Monkey-Hill  (kil.  i)  et  de  Mindi  (kil.  G)  : 

»  Pleurotoma  Barreti,  Terebra  sulcifera,  Cancellaria  opistomifera,  C.  Barreti,  Go- 
lumbella  gradata,  Dolium  camura,  Cassis  reclusa,  Gassidaria  lœvigata,  Oliva  cylin- 
drica,  Conus  gracilissimus,  C.  planilyratus,  C.  stenostoma,  Solarium  qwadriseriatum, 
Natica  cf,  sulcata,  Sigaretus  excentricus,  Denlalium  dissimile,  Cardium  lingua-leonis, 
Leda  acuta. 

»  Tous  ces  fossiles  sont  signalés  dans  les  couches  les  plus  élevées  du 
terrain   tertiaire  à  la  Jamaïque,  à  Haïti  et  dans  diverses  îles  des  Antilles; 


(  49«  ) 
ces  couches  ont  été  attribuées  par  Gabb  au  miocène  supérieur.  L'analogie 
des  couches  de  Colon  avec  celles  de  la  Jamaïque  avait,  du  reste,  été  signa- 
lée dès  i853  par  Carrick-Moore,  d'après  quelques  fossiles  recueillis  sur  le 
(racé  du  chemin  de  1er. 

»  A  Gatun  (kil.  10),  M.  Canelle  a  recueilli  la  T unité  lia  gradata,  fossile 
également  caractéristique  du  miocène  des  Antilles. 

»  Deuxième  groupe.  --  Il  est  constitué  par  des  couches  riches  en  Nulli- 
pores  (Litholhamiiium)  et  en  Foraminifères,  qui  affleurent  auprès  de  Pena 
Blanca  et  de  Bohio  Soldado;  nous  citerons  les  échantillons  suivants  : 

»  I.   Pena  Blanca,  calcaire  dur  à  Nullipores. 

»  II.  Kil.  22,6,  calcaire  gris-verdàtre  pétri  de  petits  Orbitoïdes,  de  la  forme  et  de 
la  grosseur  d'une  lentille. 

»  III.  Au  même  point,  à  la  profondeur  de  iom,  grès  tendre  gris-verdàtre  avec 
grandes  Hétérostégines  jilates,  dont  la  section  équatoriale  rappelle  celle  d'une  Orbi- 
toïde. 

»  IV.   Même  roche  rencontrée  dans  le  sondage  du  kil.  a3,56o. 

»  V.  Le  sondage  du  kil.  a4,36o  a  rencontré  à  une  vingtaine  de  mètres  de  profon- 
deur un  conglomérat  verdâtre  à  petits  éléments,  formé  de  fragments  de  roche  andési- 
tique  associés  àdes  fragments  de  feldspath plagioclase,  de  pyroxène  plus  ou  moins  al- 
teréet  dechlorite;  ces  éléments  rappellent  toutà  fait  ceux  de  la  «  roche  de  Gamboa  » 
étudiée  par  M.Fouqué.Ce  conglomérat  renfermede  nombreuses  petites  Nummulites, 
associées  à  des  Orbiloïdes. 

»  Les  calcaires  à  Nullipores,  Hétérostégines  et  Orbiloïdes  ont  été  reconnus 
à  San  Juan,  sur  le  Haut-Chagres. 

»  Troisième  groupe.  —  Depuis  cette  dernière  localité  jusqu'à  Matachin, 
la  vallée  du  Chagres  est  constituée  par  des  couches  horizontales  en  gros 
bancs  de  2m  à  3m  d'épaisseur  qui  forment  par  places  de  hautes  falaises. 

»  Les  échantillons  recueillis  représentent  les  uns  une  molasse  fine,  calcarifère,  de 
couleur  grise,  avec  empreintes  de  fossiles  marins  (Cardium,  Ficula,  Terebra)  et  des 
fragments  de  Pcclcn:  les  autres  une  lumachelle  calcaire  dure,  de  couleur  nankin, 
{l'ccten,  Polypiers,  Bivalves).  Ces  lumachelles  affleurent  au  sud  jusqu'aux  stations  de 
Las  Cascadas  et  d'Emperador,  où  elles  surmontent  une  molasse  fine,  tendre,  avec 
Pecten  et  empreintes  de  feuilles. 

»  Les  documents  paléonlologiques  sont  insuffisants  pour  préciser  l'âge 
de  ces  couches  :  certaines  empreintes  rappellent  des  formes  du  premier 
groupe;  l'absence  de  Foraminifères  (au  moins  dans  les  échantillons  exa- 
minés) différencie  ce  groupe  du  second,  tandis  que  la  nature  minéralo- 
gique  le  rapproche  du  suivant.  Des  fragments  d'un  gros  Clypeasicr  ont  été 
recueillis  sur  les  bords  du  Chagres,  mais  pas  en  place. 


(  499  ) 
»    Quatrième  groupe.  —  Il  est  représenté  par  les  grès  et  schistes  ligni- 
tifères  qui  constituent  la  partie  sud  de  la  grande  tranchée  (Culehra)  et 
dont  les  affleurements  ont  été  constatés  jusqu'à  la  hase  du  versant  vers  le 
Pacifique. 

»  Les  échantillons  recueillis  au  pied  du  Gerro  Paraiso  (kil.  39,34)  se  présentent 
sous  forme  d'une  lumachelle  noir-verdâtré  avec    Irca,  Peclen,  Ostrea. 

»  En  résumé,  le  premier  groupe  peut-être  assimilé  au  miocène  supé- 
rieur des  Antilles;  le  second  groupe,  si  nettement  caractérisé  par  l'abon- 
dance  des  Orbitoides  et  la  présence  des  Numm'.dites,  représente  le  prolon- 
gement d'un  horizon  bien  connu  à  la  Jamaïque,  à  Antigua,  à  la  Trinité,  etc., 
et  qui  se  retrouve  au  nord  du  golfe  du  Mexique  (groupe  de  Wickshurg); 
les  géologues  américains  le  placent  au  niveau  de  l'oligocène.  Enfin,  le 
quatrième  groupe  présente  une  analogie  frappante  avec  le  système  ligni- 
tifère  qui,  dans  toute  cette  région,  représente  l'éocène. 

»  Le  second  groupe,  si  facile  à  reconnaître,  paraît  avoir  une  extension  con- 
sidérable dans  l'isthme  de  Panama,  et  il  a  été  reconnu  par  M.  Canelle  à  une 
grande  distance  à  l'ouest  et  à  l'est  du  canal;  il  est  représenté  aux  environs 
de  Chiriqui  (35ok,u  à  l'Ouest)  par  des  grès  vcrdàtres  renfermant  avec  les 
Orbitoides  du  kil.  22, (*>  quelques  empreintes  de  plantes;  d'autres  échantil- 
lons de  la  même  localité  renferment  Oliva  cylindrica,  Solecurtus,  Dentalium, 
Ficula,  Cardium.  Du  côté  opposé,  une  exploration  de  l'isthme  de  Darien 
(3ooUm  à  l'Est)  a  fourni  des  échantillons  analogues;  des  grès  verdàtres 
très  durs,  à  grains  grossiers  et  éléments  pyroxéniques,  avec  TurrileUa  tor- 
nata  et  Columbella  gradata,  ont  été  recueillis  sur  la  rive  gauche  du  Rio 
Thuyra,  en  amont  du  Rio  Capiti;  sur  la  rive  droite,  des  grès  analogues 
affleurent  en  aval  du  confluent  du  Puero.  Ces  grès  alternent  avec  des  mo- 
lasses tendres  à  grains  fins  et  fossiles  marins,  rappelant  les  roches  du  troi- 
sième groupe.  Dans  le  haut  Puero,  le  même  observateur  a  recueilli  un  grès 
verdâtre  dur  rempli  de  petites  Orbitoides,  identiques  à  celles  du  kil.  22,6. 
»  On  voit  donc  que  depuis  Chiriqui  jusqu'à  la  vallée  de  la  Thuyra,  c'est- 
à-dire  sur  65okm  de  longueur,  la  constitution  de  l'isthme  parait  présenter 
une  grande  uniformité.  Ces  couches  tertiaires  viennent  s'appuyer  à  l'Est 
sur  le  massif  crétacé  de  la  Sierra  Nevada  et  se  prolongent  bien  plus  au  Sud 
jusqu'à  la  République  de  l'Equateur,  où  l'on  vient  de  signaler  la  présence 
de  Nummulites.  » 


(   5oo   ) 


PHYSIQUE    DU  GLOBE.  —  Sur  la  répartition  saisonnière  des  séismes. 
Note  de  M.  de  Moxtessus,  présentée  par  M.  Cornu. 

«  Après  de  nombreuses  et  anciennes  affirmations  de  lois  saisonnières, 
et  à  la  suite  de  ses  propres  travaux,  Perrey  a  énoncé  cette  relation,  qu'il 
tremble  plus  en  hiver  qu'en  été.  Ce  fait,  s'il  était  exact,  prouverait  que  les 
séismes  sont  des  phénomènes  météorologiques.  J'expose  ici  les  résultats 
d'une  statistique  saisonnière  portant  sur  63  555  séismes,  correspondant  à 
43  o54  jours  de  secousses,  et  se  rapportant  à  3oo,  séries  ou  régions  indé- 
pendantes et  bien  délimitées,  géographiquement  toujours,  géologique- 
ment  souvent. 

»  Quel  fait  élémentaire  faut-il  soumettre  à  la  statistique?  La  secousse, 
le  jour  où  il  a  tremblé  en  un  lieu,  ou,  d'après  les  sismologues  suisses,  l'en- 
semble des  chocs  accompagnant  une  secousse,  dite  principale,  en  un  temps 
plus  ou  moins  long,  et  pouvant  se  réduire  à  un  seul  choc.  Le  choix  de  la 
•secousse  apporte  d'intolérables  à-coups;  tels  jours,  avec  5o,  100  chocs  et 
plus,  en  des  lieux  d'ailleurs  peu  sujets  aux  tremblements  de  terre,  créent 
de  toutes  pièces  des  maxima  mensuels  anormaux.  Il  est  difficile  de  fixer 
sans  arbitraire  le  commencement  et  la  fin  du  tremblement  de  terre  défini 
comme  l'ont  fait  les  savants  suisses.  J'ai  adopté  le  jour  où  il  a  tremblé 
dans  le  lieu  considéré. 

»  Il  a  fallu  éliminer  les  séries  trop  pauvres,  pour  lesquelles  le  hasard 
des  observations  ne  peut  laisser  se  manifester  aucune  loi,  puis  celles  n'em- 
brassant pas  une  année.  Dans  les  séries  d'observateurs  isolés,  on  n'a  tenu 
compte  que  des  années  complètes.  Les  mois  ont  été  réduits  à  un  nombre 
uniforme  de  3o  jours.  Restent  iG5  séries  avec  38967  jours. 

»  On  ne  s'occupera  ici  que  des  saisons  astronomiques,  avec  inversion  de 
six  mois  de  chaque  côté  de  l'équateur  par  conséquent. 

»  Un  examen  superficiel  des  Tableaux  détaillés  montre  qu'il  faut 
étendre  les  termes  de  l'énoncé  de  Perrey,  en  disant  qu'il  semble  trembler 
plus  en  automne  et  hiver  que  dans  les  autres  saisons.  85  séries  avec 
20  258  jours  suivent  la  loi,  et  80  avec  18709  jours  non;  c'est  presque 
l'égalité,  ce  qui  suffirait  à  la  faire  rejeter.  Mais  il  y  a  plus.  Soient  M  et  m  le 
maximum  et  le  minimum  des  nombres  de  jours  de  séismes  par  saison,  et  T 
leur  total  pour  chacune  des  85  séries  conformes  à  la  loi,  les  rapports  de  M 


(  r»oi   ) 

à  m,  et  de  M  —  m  à  T  tendent,  à  mesure  que  T  croît,  vers  i  et  o  respecti- 
vement. C'est  la  condamnation  de  la  loi. 

»  On  peut  faire  intervenir  le  poids  des  observations,  en  classant  les 
séries  comme  il  suit  :  i°  séries  d'observations  indépendantes  ;  2°  séries  mé- 
téorologiques, résultant  du  dépouillement  des  Recueils  météorologiques  ; 
3°  séries  d'observateurs  isolés;  4°  séries  sismologiques  dans  les  pays  où 
les  séismes  sont  l'objet  d'études  suivies;  5°  séries  des  observatoires  géody- 
namiques; 0°  et  70  séries  de  microséismes,  ou  secousses  sensibles  seule- 
ment aux  instruments,  par  régions  ou  par  observatoires.  S'il  n'v  a  pas  de 
loi  saisonnière,  la  répartition  sera  d'autant  plus  uniforme  qu'on  s'occupera 
de  classes  d'un  poids  scientifique  plus  élevé. 

»  i°  Pour  les  séries  d'observations  indépendantes,  5g  avec  1 2012  jours 
suivent  la  loi,  52  avec  9,328  jours  non.  20  Aucune  des  séries  météorolo- 
giques (8  avec  4353  jours)  n'y  satisfait,  quoique  celles  du  Chili  et  des 
Indes  néerlandaises,  par  le  nombre  d'années  qu'elles  embrassent,  et  le 
soin  avec  lequel  elles  ont  été  faites,  soient  comparables  avec  les  séries  sis- 
mologiques. 3°  9  séries  d'observateurs  avec  2947  jours  s'y  conforment, 
3  avec  1 544  non.  4°  La  magnifique  série  sismologique  du  Japon  avec 
1 197  jours,  et  celles  de  Suisse  suivent  la  loi,  celles  d'Italie  et  de  l'Insulide 
non.  5°,  6°,  70  les  séries  des  observatoires  géodynamiques  donnent  un  ré- 
sultat en  faveur  de  la  loi,  mais  extrêmement  peu  accusé,  et,  de  même,  les 
séries  de  microséismes,  soit  par  régions,  soit  par  des  observatoires. 

»  Si  donc  les  séries  de  ces  groupes  de  grands  poids  varient  ainsi  dans 
leur  plus  ou  moins  de  concordance  avec  la  relation  incriminée,  c'est  qu'il 
faut  la  rejeter,  ainsi  que  toutes  celles  analogues  si  souvent  énoncées  pour 
tel  ou  tel  pays.  Ce  sont  de  simples  accidents  de  statistiques  insuffisantes, 
non  des  lois  naturelles. 

»  Comme  les  saisons  astronomiques  ne  délimitent  nettement  les  climats 
qu'en  dehors  des  tropiques,  on  a  cherché  comment  les  diverses  zones  de 
latitude  se  comportent  avec  la  loi  de  Perrey.  Classant  les  séries  par  inter- 
valles de  io°,  et  portant  en  ordonnées  les  nombres  de  jours  de  séismes,  on 
obtient  une  courbe  qui  présente  un  grand  maximum  de  35°  à  45°  lat.  N., 
et  s'abaisse  assez  régulièrement  jusqu'à  700  lat.  N.  et  5o°  lat.  S.  Cette 
forme  était  à  prévoir,  car  la  zone  boréale  tempérée  correspond  aux  régions 
où  le  rapport  des  surfaces  terrestres  aux  surfaces  océaniques  est  le  plus 
grand,  et  se  réduit,  à  une  très  faible  valeur  en  marchant  vers  le  sud.  En 
outre  l'Europe  et  l'Asie  comprennent  les  régions  pour  lesquelles  abondent 
les  documents.  Or,  si  l'on  construit  de  io°  en  io°  la  courbe  du  rapport  du 

C.  R.,  1801,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N»  9.)  05 


(  5o2  ; 

nombre  de  jours  de  séismes  se  conformant  à  la  loi  à  celui  de  ceux  ne  s'y 
conformant  pas,  il  se  présente  une  singularité  remarquable.  Supposant  la 
loi  exacte,  cette  seconde  courbe  se  rapprochera  de  celle  qu'on  obtiendrait 
par  réduction  des  ordonnées  de  la  précédente  en  fonction  des  limites  que 
cette  exactitude  imposerait  aux  rapports  de  M  à  m,el  de  M  —  m  à  T.  Sinon 
elle  se  rapprochera  d'une  parallèle  à  l'axe  de  latitudes,  et  à  la  distance  i, 
car  alors  le  hasard  présidera  seul  à  la  distribution  des  séries  conformes  et 
non  conformes,  et  l'égalité  des  nombres  de  jours  correspondants  sera  pour 
chaque  zone  l'hypothèse  la  plus  probable,  si  toutefois  les  nombres  y  sont 
assez  grands.  Or  cette  condition  n'est  pas  remplie,  ce  qui  explique  la 
forme  inattendue  de  cette  seconde  courbe,  analogue  à  la  première,  mais 
avec  un  maximum  boréal  beaucoup  plus  marqué  encore.  Il  faudrait  admettre 
que  la  loi  de  Perrev,  vraie  pour  la  zone  boréale  tempérée,  devient  de  plus 
en  plus  fausse  à  mesure  qu'on  s'avance  vers  les  pôles.  Mais  dans  l'hémi- 
sphère austral  les  séries  sont  rares  et  riches  en  séismes.  Elles  imposent  ainsi 
chacune  leur  propre  répartition  saisonnière  à  la  zone  dont  elles  font  partie. 
Ainsi  s'explique  ce  grand  maximum;  de  nombreuses  et  riches  séries  se 
neutralisent  entre  elles  entre  35°  et  45°  lat.  N.  et  laissent  le  massif  des 
Alpes  (35  séries  et  3 1 S  i  jours)  et  la  Californie  (901  jours)  entraîner  pour 
cette  zone  une  caractéristique  saisonnière  en  faveur  de  la  loi. 

»  De  toutes  ces  considérations  concordantes  résulte  que  les  saisons  astro- 
nomiques n'ont  aucune  relation  avec  les  séismes.  En  est-il  de  même  pour  les 
saisons  météorologiques,  avec  leurs  phénomènes  de  température,  pression, 
hauteur  de  pluies,  etc.,  variables  avec  les  conditions  géographiques?  Je  le 
crois,  mais  c'est  à  voir  de  plus  près.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  De  l'action   de  l'eau   en  mouvement  sur  quelques 
minéraux.   Note  de  M.  J.   Thoulet.  (Extrait.) 

«  Les  expériences  ont  été  effectuées  sur  trois  fragments  de  marbre, 
trois  fragments  d'orthose  et  trois  fragments  d'un  calcaire  lithographique. 
Elles  ont  duré  333  jours;  les  minéraux  ont  été  baignés  par  ii5mo  d'eau. 
On  a  obtenu  les  résultats  suivants  : 

»  Les  minéraux  éprouvent  une  perte  de  poids  plus  considérable  dans 
l'eau  en  mouvement  que  dans  l'eau  immobile. 

»  Le  dépôt  ocreux  apporté  par  l'eau  est  d'autant  plus  abondant  qu'il 
s'est  effectué  à  la  surface  d'un  corps  de  texture  plus  compacte,  et,  pour 


(  5o3   ) 

une  même  nature  de  corps,  dans  les  endroits  où  la  colonne  d'eau  ayant  été 
brisée,  une  plus  grande  surface  de  liquide  a  été  en  contact  avec  une  sur- 
face égale  de  solide. 

»  La  vitesse  du  courant  n'a  par  elle-même  qu'une  faible  influence; 
cependant,  si  la  vitesse  du  courant  est  nulle,  le  dépôt  cesse  presque  com- 
plètement par  manque  de  matière,  le  renouvellement  de  celle-ci  au  sein 
du  liquide  ne  se  faisant  plus  que  par  les  phénomènes  de  la  diffusion. 

»  ...  On  croyait  devoir  expliquer  l'absence  de  calcaire  dans  les  abîmes 
de  la  mer,  en  admettant  que  les  foraminifères  tombés  de  la  surface  au- 
dessus  de  ces  points  disparaissaient  avant  d'atteindre  le  fond,  par  disso- 
lution dans  l'eau,  et  que  cet  effet  était  notablement  augmenté  par  la  vitesse 
de  chute.  J'ai  constaté  ailleurs  que  la  solubilité  du  calcaire  dans  l'Océan 
est  faible;  d'autre  part,  les  expériences  actuelles  montrent  que  l'excès 
d'usure  dû  au  mouvement  n'a  pas  une  grande  importance;  enfin,  d'autres 
expériences  me  permettent  de  limiter  à  vingt-cinq  ou  trente  heures  le 
temps  nécessaire  aux  globigérines  pour  descendre  à  2000"'.  Tout  s'ac- 
corde donc  pour  contredire  la  théorie  énoncée  et  pour  appuyer  la  théorie 
chimique  de  Mohr  et  la  théorie  plus  récente  de  MM.  John  Murray  et 
Irvine.  » 

M.  Rey  de  Moraxde  adresse  une  Note  intitulée  «  Les  variations  du  ni- 
veau de  la  mer  pendant  les  temps  géologiques  ». 

M.  l'abbé  Tondini,  dans  une  Note  transmise  par  M.  Janssen,  annonce 
que  l'Académie  des  Sciences  de  Bologne  a  été  informée  par  le  gouvernement 
italien  de  l'adhésion  de  plusieurs  puissances  (États-Unis,  Brésil,  Allemagne, 
Suède,  . . .)  au  projet  d'une  Conférence  internationale  pour  régler  la  ques- 
tion de  l'heure  universelle. 

M.  E.  Serrant  adresse  une  Note  intitulée  «  La  nitrocrésoline,  ou  acide 
trinitrocrésylique,  et  les  trinitrocrésylatcs.  » 

M.  Larrey,  en  présentant  à  l'Académie,  de  la  part  de  Sir  James  Paget, 
l'un  de  ses  Correspondants,  un  livre  anglais  intitulé  «  Études  de  vieux  ca- 
hiers d'observations  »,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Cet  Ouvrage  est  un  mémorial  de  l'auteur,  remontant  à  une  trentaine 
d'années  de  sa  pratique.  Il  explique  dans  la  préface,  avec  loyauté,  pour- 


{   ''04   ) 

quoi,  parmi  plusieurs  milliers  de  faits  recueillis,  peu  de  ces  faits  sont 
utiles  à  d'autres  observateurs.  Voilà  pourquoi  il  condense  dans  un  seul 
livre,  peu  volumineux,  un  choix  d'observations  rattachées  à  la  chirurgie 
pratique. 

»  Un  seul  sujet  se  trouve  excepté  de  ceux-là  :  c'est  une  Conférence  faite 
autrefois  par  l'auteur,  à  la  Société  Royale  de  Londres,  sur  la  chronométrie  de 
la  vie.  Il  s'en  sert,  aujourd'hui,  pour  expliquer  l'influence  exercée  par  des 
erreurs  de  chronométrie  sur  les  causes  et  les  modifications  des  maladies. 

»  Le  livre  de  Sir  James  Pagetest  l'œuvre  d'un  éminent  praticien  et  d'un 
juge  impartial  de  ses  propres  travaux.  » 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  J.  B. 


ERRATA. 


(  Séance  du  23  février  1891 .) 

Note  de  M.  d'Ocagne,  Sur  la  représentation  plane  des  équations  à  quatre 
variables  : 

Page  4s3,  dernière  ligne,  au  lieu  de  tangentes  à  la  droite  de  l'infini  et  ayant  pour 
asymptotes  les  droites  X  et  Y,  lisez  ayant  pour  asymptotes  les  droites  X  et  Y  et  une 
transversale  à  celles-ci. 


Note  de  M.  Monnory,  Sur  la  compression  du  quartz  : 

Page  43o,  au  Tableau  des   résultats,    lame  n°  2,  pression  5oks,    lisez  valeur  de  a 
théorique  65°55',  au  lieu  de  66°55'. 


On    souscrit    à   Pans,    chez    GAUTHIER -VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  u"  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  [ls  forment,  à  la  fin  do  l'aimée,  deux  volumes  in-4°. 
Tables,  l'une  par  ordre  alphabétique  do  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  ri  ■  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque   volume.   L'abonnement  est  an 
et  part  du  ier  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  IV.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poslc  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


iflgers. 


'ires/. 


liez  Messieurs  : 

Agen Michel  et  Médan. 

Gavault  St-Lager. 

Alger <  Jourdan. 

Ruff. 

Amiens Hecquet-Decobert. 

^  Germain  et  Grassin. 
>Lachcseel  Dolbeau. 

lia)  '•une Jérôme. 

Besançon Jacquard. 

.  Avrard. 

Ijordenux DulhuiT. 

I  Muller  (G.). 

Hoin  ^es Renaud. 

Lcfouruier. 
F.  Robert. 
.1.  Robert. 
!  V  l  /.<■!  Caroff. 
,  Baër. 
i  Massif. 

Shambery Perrin. 

(  Henry. 
i  Marguerie. 
j  Rousseau. 
'  Ribou-Collaj . 
,  La  marche. 
'  Ratel. 
i  Damidot. 
t  Lanverjat. 
(  Crépin. 
i  Drevet. 
(  Gratier. 
Robin. 


Lorient. 


lie/.  Messieurs  : 

Baumal. 

M™"  Te> 

Beaud. 

i  ,i  org. 

Lyon i  Mégret. 

I  Palud. 

I  Ville  et  Pérussel. 

Marseille Pessailhan 

,  Calas. 


Montpélliei 
Moulins. . . 


\  antes 
Vice  ■  ■  ■ 


Weerbourg 

Zlermont-Ferr.. 

'Jij'un 

'louai.  .  .  - 

ïrciiolne 

'm  Rochelle 


•    ,,  i  Bourdienon. 

-e  Havre 

(  Dombi  e 
Ropiteau. 

'■ille )  Lefebvre. 

'  Quarré. 


'  (  loulet. 
Martial  Place. 
Sordoillet. 

Nancy !  Grosjean-Maupin. 

'  SitlnL  frères. 
\  Loiseau. 

Velopp 
(  Barma. 
|  \  isconl  i  el  i  !'  . 

Mmes Thibaud. 

Orléans Luzeraj  - 

.  .  (  Blanchier. 

Poitiers .  . 

'  I  iruinaud. 

fie/mes Piihoa  et  Hervé. 

Rochefort Boucheron 

\  Langlois.        I  gnol. 

Rouen ,     , 

i  Lestringant. 

S'-Étiennc  ....       Chevalier. 

4  Bastide. 

/  Rumèbe. 

i  Gimet. 

(  Privât. 

,  Boisseiier. 
Tuais Péricat. 

'  Suppligeon. 

\  Giard. 

/  Lemattre. 


Foulon . . . 
Toulouse. 


Valenciennes. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


chez  Messi 
i  Robbers. 


'  Feikema    i  laarelsen 

Athènes Beck  .  et  C  ". 

Barcelone Verdaguer. 


Londres 

Luxembourg. 


lier  tin. 


.    Ysher  et  C". 

\  Calvary  el  <>. 

,  Friedlander  '-t.  fils. 

'  Mayer  et  Millier. 
Berne  *  Schmid,  Francke  el 

I 

Bologne Zanichelli  et  C". 

Ramlot. 
Bruxi  II.  : Mayolez. 

I  Lebègue  el  C". 

t  Haimann. 

Bûchai  '  i 

i  Ramsteanu. 

Budapest Kiiian. 

Cambridge Deighton,  BelletC" 

Christi  mi Cammerno 

Constantinople.  .     Otto  et  Keil. 

Copenhague Hosl  et  lils. 

Florence Lœscher  et  s 

Gand Hoste. 

Beuf. 

.  Clierbuliez. 
Genève Georg. 

'  Stapelmohr. 
La  Haye Belinfante  frères. 

(  Benda. 
"  '  Payot. 
Barth. 

I  Brockhaus. 
Leipzig Lorentz. 

J  Max  Rubc. 

',  Twietmeyer. 

t  Desoer. 
' .'  (  Gn  u 


chez  Messieurs 

s  Dulau. 

I  Nuit. 
V.  Bûck. 
Librairie      Gui 

\     berg. 
Madrid Gonzalès  e  hijo 

j  Yravedra. 

'  F.  Fé. 

\  Dumolard  frère 

i  Hœpli. 
Moscou Gautier. 

j  Fureheim. 
Naples Marghieri  di  Gi 

'  Pellerano. 


Milan . 


New-  i'nrl. . 


i  Ihristcrn. 
Stei  !  i  ■  •  1 1 . 
Westermann. 
Rousseau , 
Parker  et  C '. 
<  îlausen. 
Magalhaès. 


Odessa . 
d. 

l'.derme 

Porto 

Prague Rivnac, 

Rio-Janeiro . .    .  ■     Garnier. 

,  Bocca  ti  i 

Rome ,  ,         . 

'  Loeschei 

Rotterdam       .    .     Kramcrs  et  fils. 

Stockholm Samson  el  Wall 

y  Zinserling. 


Lausanne. 


S'-Pétersbourg . 


Turin. 


I  YVollV. 

B i  frères 

Brero. 

iCIauscn, 
Rosenbergel  Se 


Liège. 


Il 

Varsovie Gebethner  el  Wi 

Vérone Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C'". 
Zurich Meyer  et  Zeller. 


Vienne . 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1er  à  31.  —  (3  Août  1 835  à  3 1  Décembre  1 8 5o.  )  Volume  in-  J";  [853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.—  (i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4a;  1870.   Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (1™  Janvier  1866  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  iu-4  ",  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 

Tomel:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  \.  DEniitset  A.-J.-J.  Sûlier.—  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent 
Comètes,  par  M.  Hansen.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  d.iu^  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  d^esiiou  des  matiè 
.rasses,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4°,  avec    I2    planches;   i856   15 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  iutestinaux,  par  M.  l'.-J.  Van  Beseden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  l'rix  proposée  en  iS5o  par  l'Académie  des  Scien 
'our  le  concours  de  iS53,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  «  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  séi 

mentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la   natt 

des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bnoxx.  In-4°,  avec  27  planches;  iStii ...        15 


A  la  môme  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N°  9. 

TABLE  DES  ARTICLES.    (Séance  du  2  mars  1891.) 


MEMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADEMIE. 


Pages. 

M.  C.  Wolf.  —  Présentation  du  deuxième 
Tome  des  «  Mémoires  sur  le  pendule  ». . . . 

M.  Mouchez.  --  Observations  de  petites 
planètes,  faites  au  grand  instrument  méri- 
dien de  l'observatoire  de  Paris  pendant  le 
deuxième  trimestre  de  l'année  1890 

M.    PoiNCARÉ,    —    Sur    la    réflexion    métal- 


i.53 


Ht 


Pages. 

lique 45° 

M.   de   Lacaze-Dutbiers.    —   Sur    un    essai 

d'ostréiculture  dans  le  vivier  d'expérience 

du  laboratoire  de  Roscoff 460 

M.  P. -P.  Dehehain.   —  Sur  la   composition 

des  eaux  de  drainage }65 


NOMINATIONS. 


M.  Geikik  est  élu  Correspondant  pour  la 
Section  de  Minéralogie,  en  remplacement 
de  feu  M.  Favre 47° 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Malmont  de  l'année  1891  :  Mil.  Mau- 
rice Lcvr,  Halon  de/a  Goupillière,  Sar- 
rau, Resal,  Léauté 47° 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Fourneyron  (  Perfectionner  la 
théorie  des  machines  à  vapeur,  en  tenant 
compte  des  échanges  de  chaleur  entre  le 
fluide  et  les  parois  des  cylindres  et  con- 
duits devapeur)  clel'annéc  1S91  :  MM. Mau- 
rice Le'vy,  Sarrau,  Marcel  De/irez,  de 
Bussy,  Resal 47" 


Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Damoiseau  (Perfectionner  la 
théorie  des  inégalités  à  longues  périodes 
causées  par  les  planètes  dans  le  mouve- 
ment de  la  Lune)  de  l'année  1S91  :  MM. 
Faye,  Tisserand,  Lœwy,  Wolf,  Janssen. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  La  la  iule  de  l'année  1891  :  MM.  Faye, 
Tisserand,  Lœwy,  Janssen,  Wolf 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du 
prix  Valz  de  l'année  1891  :  MM.  Faye, 
Lœwy,   Tisserand,  Janssen,   Wolf 471 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du 
prix  Janssen  de  l'année  1891  :  MM.  Jans- 
sen, Faye,  Tisserand,  Wolf ,  Lœwy (71 


'17" 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  delà  Correspondance, 
divers  ouvrages  de  Al.  Georges  Dumesnil, 
de  M.  W.  Nicati 

M.  G.  Bigourdan.  —  Sur  une  nébuleuse 
variable 

M.  \.  Laussedat.  —  Histoire  des  appareils 
à   mesurer  les  bases 

M.  A.  Mannheim.  —  Transformation  de  dé- 
monstration  

M.  Schœnflies.  —  Sur  les  surfaces  minima 
limitées  par  quatre  arêtes  d'un  quadrila- 
tère  gauche 

M.  Savélief.  —  Résultats  des  observations 
aclinométriques  faites  à  Kief  (Russie)  en 
1890 

M.  A.  Crova.  —  Remarques  sur  la  Commu- 
nication de  M.  Savélief 

M.  A.  Imbert.  —  Sur  les  anches  métalliques 
doubles   en  dehors 

M.  de  Forcrand.  —  Sur  quelques  dérivés 
alcalins  de  l'érythrite 

M.  Léo  Vignon.  —  La  teinture  du  coton... 

M.  Georges  Linossier.  —  Sur  une  héma- 
tine  végétale  :  Vaspergilline,  pigment  des 
spores  de  VAspergillus  niger 

M.  ZwAARDEMAKER.  —  Idiosyncrasie  de  cer- 

Errvta 


17' 
47' 
171 
47' 

478 

58l 

i83 

187 
J89 


taines  espèces  animales  pour  l'acide  phé- 
nique 

M.  Joannes  Chatin.  —  Sur  l'épithélium  hé- 
patique de  la  Testacelle 

M.  A.  de  Lapparent.  —  Sur  le  conglomérat 
à  ossements  de  Gourbesville  (Manche).. 

M.  H.  Douvillé.  —  Sur  l'âge  des  couches 
traversées  par  le  canal  de  Panama 

M.  de  Montessus.  —  Sur  la  répartition  sai- 
sonnière des  séismes 

M.  J.  Tiioulet.  —  De  l'action  de  l'eau  en 
mouvement  sur  quelques  minéraux 

M.  Rey  de  Morande  adresse  une  Note  intitu- 
lée a  Les  variations  du  niveau  de  la  mer 
pendant  les  temps  géologiques  » 

M.  l'abbé  Tondini  annonce  l'adhésion  de 
plusieurs  puissances  au  projet  d'une  Con- 
férence internationale  pour  régler  la  ques- 
tion de  l'heure  universelle 

M.  E.  Serrant  adresse  une  Note  intitulée 
«  La  nitrocrésoline,  ou  acide  trinitrocré- 
sylique,  et  les  trinitrocresylates  > 

M.  Larrey  présentée  l'Académie,  de  la  part 
de  Sir  James  Paget,  un  livre  anglais  in- 
titulé «  Etudes  de  vieux  cahiers  d'obser- 
tions  » 


492 
Ï93 

191 


5n3 


5o3 

',n4 


IMPRIMERIE  GAUTHTER-VILLA.RS  ET  FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


3 o&oi  ■  1891 

PREMIER  SEMESTRE. 


r 


MA  1801 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

•     DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.  JLES  SECRÉTAIRES  PERPETUEES. 


TOME  CXII. 


N°J0(9  Mars  1891 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES   COMPTES   RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

Quai  des  Graads-Augustins,  55, 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  2.3  juin  i8'6a  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
['Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou   numéro  des  Comptes  rendus  a 
f\'A  pages  ou  (>  feuilles  en  moyenne. 
26  numéros  composent  un  volume. 
Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  Ie'.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  parmi  Associé  étrangerdel'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  30  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Acadé 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ai 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persor 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  \'l 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'ur 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nom: 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ex(j 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  I 
cielle  de  l'Académie. 

Article   3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remi 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard^- 
jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  ter» 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  \eCompterer> 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  s 
vant,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4 .  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  de» 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapporfl 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement.' 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative! 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  apS 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du«fj 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  |aire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  At 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suiva 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  9  MARS   1891, 
PRÉSIDENCE  DE  M.   DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  que  le  lorae  CX  des 
Comptes  rendus  (1er  semestre  1890)  est  en  distribution  au  Secrétariat. 


HYDRAULIQUE.  —  Sur  quelques  expériences  faites  en   1890  à  l'écluse 
de  ï  Aubois;  par  M.  Anatole  de  Caligîîy. 

«  Une  nouvelle  série  d'expériences  a  été  faite  à  l'écluse  de  l'Aubois 
après  le  dernier  chômage.  11  a  été  officiellement  constaté  qu'un  seul  homme 
exécutait  sans  fatigue  toutes  les  opérations  de  remplissage  et  de  vidange, 
au  moyen  de  l'appareil  de  mon  invention,  qui  y  est  installé.  Il  y  avait  ce- 
pendant toujours  dans  le  sas  un. grand  bateau  chargé,  et  il  n'en  est  résulté 

C.  R.,  1891,  1*'  Semestre.  (T.  CXII,  N°  10.)  66 


(  5o6  ) 

aucun  inconvénient.  La  manœuvre  de  vidange  a  été  entièrement  automa- 
tique. Il  a  suffi  de  lever  une  première  fois  le  tube  dit  d'aval. 

»  Il  n'a  pas  été  possible,  à  cause  des  difficultés  locales,  de  donner  autant 
de  diamètre  qu'on  l'aurait  désiré  aux  pièces  centrales  fixes  disposées  dans 
les  deux  tubes  mobiles,  ainsi  que  cela  est  expliqué  dans  les  Comptes  rendus 
du  3o  juin  1890.  p.  i35o,;  mais  on  a  pu  constater  qu'il  en  résultait  une  di- 
minution dans  la  durée  des  manœuvres  et  une  augmentation  dans  le  ren- 
dement :  la  force  qui  ramenait  alternativement  le  tube  sur  son  siège  était 
plus  grande. 

»  Quant  au  remplissage  de  l'écluse,  la  marche  était  entièrement  auto- 
matique pour  la  moitié  environ  des  périodes.  On  s'est  aperçu  qu'il  se  pro- 
duisait un  tourbillon  extérieur  quand  il  y  avait  encore  une  grande  différence 
de  niveaux  entre  le  bief  d'amont  et  l'écluse.  Mais  ce  tourbillon  n'avait  pas 
été  remarqué  avant  la  pose  de  la  pièce  fixe  dans  le  tube  dit  d'amont.  Il 
pouvait  exister  d'une  manière  moins  sensible  sans  nuire  à  la  marche  de 
l'appareil. 

»  Ce  tube  est  guidé  extérieurement  par  des  lames  verticales  en  fer,  mo- 
biles avec  lui  et  contre  lesquelles  agissait  le  tourbillon;  de  sorte  qu'il 
vaudrait  mieux  guider  ce  tube  par  des  tringles  fixes  passant  dans  son 
anneau  extérieur.  Il  y  a  d'ailleurs  des  moyens  qu'on  pourra  essayer  au 
prochain  chômage  pour  atténuer  cet  inconvénient,  sans  être  obligé  de  mo- 
difier les  pièces  existantes. 

»  Ainsi  que  je  l'ai  expliqué  dans  ma  Note  précitée,  je  préfère  en  géné- 
ral employer  des  tubes  verticaux  fixes,  ayant  à  leurs  extrémités  inférieures 
des  soupapes  annulaires  à  double  siège,  ce  qui  permettra  de  régler  les 
dimensions  des.  colonnes  liquides  et  les  rapports  de  leurs  sections,  sans 
employer  des  pièces  centrales  fixes.  Il  est  donc  bien  entendu  qu'on  n'a 
exécuté  celles-ci  que  pour  utiliser  des  constructions  déjà  anciennes,  qui 
ne  pouvaient  être  modifiées  à  cause  de  leur  état  de  vétusté,  afin  de  pouvoir 
étudier  les  effets  de  la  marche  des  oscillations  résultant  de  la  manière  dont 
on  peut  régler  les  sections  dans  les  tubes  verticaux. 

»  Il  était  d'ailleurs  essentiel  de  profiter  de  l'état  d'oxydation  très  avancé 
des  tubes  mobiles  pour  constater  un  fait  capital,  qui  n'a  pas  été  assez  gé- 
néralement compris.  Il  met  aujourd'hui  hors  de  doute  le  point  le  plus 
important  de  la  théorie  de  ce  nouveau  système,  d'autant  plus  que  ces  tubes 
ont  été  construits  en  tôle  de  très  peu  d'épaisseur. 

»  Quand  celui  d'aval  redescend  sur  son  siège  pendant  la  vidange  de 
l'écluse,  il  faut  que  la  longue  colonne  liquide  du  tuyau  de  conduite  en- 


(  5o7  ) 
gendre,  dans  un  temps  assez  court,  les  vitesses  nécessaires  pour  débiter  la 
quantité  d'eau  qui  passe  dans  cette  conduite.  Tout  dépend  donc,  quant  à 
l'influence  de  ce  changement  de  vitesses  sur  la  solidité  de  l'appareil,  de  la 
réaction  de  la  quantité  d'eau  contenue  dans  ce  qu'on  peut  appeler  la  tête 
de  la  machine. 

»  Or,  à  cause  des  vitesses  engendrées  dans  les  tubes  mobiles  pendant 
un  temps  assez  court,  et  d'ailleurs  diverses  expériences  ayant  été  faites 
sans  ménagement,  ces  tubes  seraient  certainement  déchirés  s'il  y  avait  eu 
des  coups  de  bélier  dangereux,  rendus  impossibles  parce  que  les  sections 
transversales  ne  sont  jamais  bouchées. 

»  Quand  cette  construction  a  été  faite,- les  principes  au  moyen  desquels 
on  peut  obtenir  facilement  la  marche  automatique  n'étaient  pas  trouvés; 
aussi,  dans  une  autre  localité,  il  sera  convenable  de  faire  ^quelques  modi- 
fications. 

»  Les  dimensions  du  réservoir  communiquant  avec  le  bief  supérieur 
avaient  été  calculées,  ainsi  que  cela  est  indiqué  dans  le  Rapport  fait  à 
l'Académie  des  Sciences  le  18  janvier  1869,  par  M.  de  Saint-Venant,  en 
son  nom  et  en  ceux  de  MM.  Combes  et  Phillips,  de  manière  à  pouvoir 
obtenir,  dans  de  bonnes  conditions,  de  grandes  oscillations  initiales  et 
finales,  tandis  qu'on  peut  réaliser  toute  la  manœuvre  sans  celles-ci. 

»  Par  cette  raison,  les  dimensions  de  ce  réservoir  pouvant  être  aug- 
mentées ainsi  que  celles  de  son  orifice  de  communication  avec  le  biet 
supérieur,  un  appareil  de  même  grandeur  pourra  débiter  beaucoup  plus 
d'eau,  surtout  pendant  le  remplissage  de  l'écluse,  époque  à  laquelle  la 
baisse,  dans  l'état  actuel  de  ce  réservoir,  empêche  que  l'écoulement  soit 
aussi  convenable  qu'il  pourrait  l'être. 

»  D'ailleurs,  pendant  la  vidange,  l'eau  s'y  relève  plus  haut  que  cela  ne 
doit  être  pour  le  maximum  d'effet. 

»  Avant  la  pose  de  la  bifurcation  décrite  dans  les  Comptes  rendus  (séance 
du  25  novembre  1889,  p.  788  à  790),  qui  a  permis  d'établir  le  calme  dans 
l'écluse,  j'avais  réalisé  une  manœuvre  qu'il  est  intéressant  de  pouvoir 
reproduire  dans  une  autre  localité,  mais  qui  ne  pourrait  plus  l'être  à  l'é- 
cluse de  l'Aubois,  sans  des  modifications,  parce  que  les  effets  de  l'inertie 
de  l'eau  sont  changés. 

»  Pendant  le  remplissage  du  sas,  on  avait  rendu  entièrement  automa- 
tique le  tube  d'aval,  quand  on  renonçait  d'abord  à  faire  fonctionner  de 
lui-même  celui  d'amont.  Je  suppose  l'écluse  au  niveau  du  bief  inférieur 
et  le  tube  d'aval  levé.  Pour  le  faire  baisser  de  lui-même,  il  suffisait  de 


(  5o8  ) 

lever  le  tube  d'amont.  Une  bouffée  d'eau  se  précipitait  sous  celui  d'aval 
et  occasionnait  un  effet  de  succion  qui  le  ramenait  sur  son  siège. 

«  Cette  quantité  d'eau  tombée  en  aval  était  relativement  petite,  parce 
que  les  deux  tubes  verticaux  étant  assez  près  l'un  de  l'autre,  l'inertie  de 
la  colonne  d'eau  contenue  entre  eux  n'empêchait  pas  une  petite  quantité 
tombée  ainsi  du  bief  d'amont  d'acquérir  assez  de  vitesse  pour  produire 
une  force  de  succion  suffisante.  Le  liquide  remplissait  bientôt  les  deux 
tubes  et  l'écoulement  se  dirigeait  vers  l'écluse,  jusqu'à  ce  que  celui 
d'amont  fût  baissé.  Alors  l'eau  descendait  dans  ces  tubes  et  celui  d'aval 
se  levait  de  lui-même  en  temps  utile. 

»  Dans  l'état  actuel  des  choses,  on  peut  encore  faire  baisser  celui  d'aval 
au  moyen  de  cette  manœuvre,  mais  il  ne  reste  plus  le  temps  nécessaire 
sur  son  siège,  pendant  les  deux  ou  trois  premières  périodes,  s'il  n'y  est  pas 
maintenu,  par  exemple  avec  un  enclicjuetage. 

»  Pour  une  autre  application  où  l'on  ne  sera  pas  gêné  par  une  rivière, 
il  sera  facile  de  prolonger  le  tuyau  de  conduite  de  manière  à  obtenir  les 
effets  de  l'inertie  nécessaires  pour  maintenir,  comme  précédemment,  le 
tube  d'aval  sur  son  siège  sans  autres  complications. 

»  On  pourrait  aussi,  sans  prolonger  le  tuyau  de  conduite,  employer  un 
principe  décrit  à  la  fin  de  ma  Note  précitée  du  3o  juin  1890.  Il  suffirait  de 
donner  de  plus  grands  diamètres  au  tube  d'aval  pour  avoir  plus  de  pres- 
sion sur  son  anneau  inférieur. 

»  Mais  il  ne  faut  pas  se  dissimuler  que,  pour  une  première  levée  de  ce 
tube  dans  l'opération  de  vidange,  il  serait  convenable,  afin  d'éviter  un  trop 
grand  effort,  d'ajouter  une  complication  telle  que  la  suivante. 

»  Il  suffirait  de  pouvoir  le  vider  assez  rapidement  pour  qu'il  fût  levé  pat- 
son  contrepoids. 

»  Or,  si  le  tuyau  de  conduite  est  assrz  long,  l'inertie  de  la  colonne 
d'eau  qu'il  contient  permettra  au  tube  de  se  vider  assez  bas  pour  que  son 
anneau  inférieur  soit  convenablement  abandonné.  Cet  effet  peut  être 
obtenu  au  moyen  d'un  orifice  latéral,  d'une  section,  en  général  bien 
moindre  que  celle  de  la  conduite.  On  n'entrera  pas  ici  dans  le  détail  de 
cette  disposition,  le  but  de  cette  Note  étant  surtout  d'exposer  des  prin- 
cipes, conséquences  des  derniers  faits  observés.  » 


(  5o9  ) 


NOMINATIONS 

I /Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Mécanique,  en  remplacement  de  feu  M.  Hausse. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  46, 

M.   Sire  obtient 4°  suffrages. 

M.   Considère  »      °>         » 

Il  y  a  trois  bulletins  blancs  ou  nuls. 

M.  Sire,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
élu. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix,  chargées  de  juger  les  Concours  de  l'année  1891. 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Prix  Montyon  (Statistique  ).    —  MM.   Haton  de  la  Goupillière,  de  Jon 
quières,  Larrey,  Favé,  Bertrand  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les 
Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Lalanne  et 
Bouquet  de  la  Grye. 

Prix  L.  La  Caze  (Physique).  —  MM.  Berthelot,  Bertrand,  Cailletct 
réunissent  la  majorité  des  suffrages  et  seront  adjoints  aux  Membres  de 
la  Section  de  Physique  pour  constituer  la  Commission.  Les  Membres  qui, 
après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Poincaré  et  Sarrau. 

Prix  L.  La  Caze  (Chimie).  —  MM.  Berthelot,  Schlœsing,  Duclaux  réu- 
nissent la  majorité  des  suffrages  et  seront  adjoints  aux  Membres  de  la 
Section  de  Chimie  pour  constituer  la  Commission.  Les  Membres  qui,  après 
eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Pasteur  et  Cailletet. 

Prix  Delesse.  —  MM.  Fouqué,  Daubrée,  Des  Cloizeaux,  Mallard,  Gaudrv 
réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  ob- 
tenu le  plus  de  voix  sont  MM.  Pasteur  et  Damour. 

Prix  Barbier.  —  MM.  Bouchard,  Chatin,  Verneuil,  Charcot,  Larrey 
réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  ob- 
tenu le  plus  de  voix  sont  MM.  Duchartre  et  Van  Tieghem. 


(  5  io  ) 


MEMOIRES  PRESENTES. 


Mme  A. -M.  Ai-bkiît  adresse  un  Mémoire  sur  la  construction  de  Tables 
numériques,  destinées  à  fournir  les  résultats  de  divers  calculs  d'Arithmé 
tique. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 


CORRESPONDANCE. 

M.    Geikie,   nommé  Correspondant   [jour   la   Section  de   Minéralogie, 
adresse  ses  remercîments  à  l'Académie. 


ASTRONOMIE.  —  Observation  de  la  nouvelle  p  anèle   (Sôs),  découverte  à  l'Ob- 
servatoire de  Nice,  le  5  mars  1891.  Note  de  M.  Chakloië,  présentée  par 


M.  Fave. 

Date 

1891. 

Mars  5 8h46m45 

»    La  sdanète  est  de  grandeur  i3fo 


Temps  moyen 
de  Nice. 


Ascension 

droite 
apparente. 

io''i"' 26%  i3 


Log.  fact. 
parall. 

ï>4'9« 


Dislance 

polaire 

apparente. 

70°i7'5o",4 


Log.  fact. 
parall. 

^,598,, 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  planète  Millosevich  (1891 ,  mars  1),  /ailes 
à  F  Observatoire  de  Toulouse  (éaualorial  Brunner)  par  MM.  B.  BAiLLAUDet 
E.  Cosserat,  et  de.  la  planète  Charlois  {mars  5)  {au  grand  télescope)  par 
M.  Andoyek.  Note  présentée  par  M.  Tisserand. 


Étoiles 

Planète 

—  *. 

Nombre 

Dates 

de 

.        • 

. ..— _ 

de 

1891. 

Planètes. 

comparaison. 

Gr. 

ai. 

Déclinaison. 

compar. 

Obseï 

s  3.. 

.       M 

a  2267  BD  -+-  12 

9>5 

m        s 
—  0.l4,90 

-   0.49,2 

36: 18 

C 

ô  .    . 

M 

b  2269  BD  -+-  12 

8,2 

—  0.37,44 

-    3.19,8 

20  :  20 

G 

3.. 

.       M 

«2267  BD  +  12 

9>5 

— O. 17,30 

-    0.28,7 

12:   6 

G 

r 

A  ■  ■ 

M 

c  2265  BD  -+-  12 

8,7 

-0.11,73 

+■    1.42,3 

1  :  :  1 2 

C 

M 

d  2262  BD  h-  12 

9>5 

— 0. 1 1 , 16 

+  4-34,4 

12:12 

C 

6.. 

M 

e  2257  BD  4-  12 

9>2 

+0.26,09 

—  11. 36, 6 

20: 10 

C 

6. . 

.       C 

/  i2i5W.  H.    9 

8,0 

+1 .25,78 

1 1  .35,3 

20: 16 

A 

1  ■■ 

M 

e  2257  BD  -+-  12 

9)2 

— 0.36,21 

-  3.36,2 

6:  4 

B 

(  5 1 1   ) 

Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Etoiles 

Réduction 

Réduction 

Dates 

de 

Ascension 

au 

Déclinaison 

au 

1891. 

coinpar. 

droite. 

jour. 

moyenne  1891,0 

jour. 

Autorités. 

Mars  3  . 

.    .        a 

Il         m        s 

10.40.54,60 

1-0,92 

0       »        'i 
1 I . 52 . 22, 5 

—3,9 

Rapportée  à  b 

3... 

b 

10.46. 1 5,5i 

-+-0,92 

1 1 . 56 . 1 3 , 3 

-3,9 

8o3W,  H.  10 

O  .   .   . 

a 

1 0.45. 54,66 

+0,92 

ri .52.22,5 

—3,9 

Rapportée  à  b 

4... 

10.44.59,69 

■+-0,92 

1 1 . 58. 27 ,0 

—3,9 

769  W,  H.  10 

5... 

d 

io.43.5g, 10 

4-0,92 

12.  4- 1 3,5 

-3,9 

Rapportée  à  c 

6.      , 

10.42. 27 ,73 

4-0,94 

1 2 .  27 .  5g ,  3 

-3,8 

716  W,  H.  10 

6.  .  .. 

1 

9.59.n,o3 

4-0,95 

[9.57.59,0 

l  '7 

i(i2i5-+-  1216)  W.H.  9 

1  ■■■ 

10.42.27,73 

+-0,g4 

12.27.59,3 

-3,8 

716 W,  11.  10 

Positions  apparentes  des  planètes. 

Temps  moyen 

Dates                                                            de                    Asc.   droite  Log.  facl.  Déclinaison  Log.  fact. 

1891.                               Planètes.      Toulouse.               apparente.  paraît.  apparente.  parall. 

Il         tu       s                  h        m       s  „       ,         , 

Mars  3 M         10.24.   5         10. 45. 4o, 68  r,->5o„  11.52.29,4  0,675 

3 M         11.  7.39         io.45.38,99  2,992,,  11.52.49,6  0,667 

3 M         11.26.33         io.45.38,28  2,796,,  11.52.49,9  o,665 

4 M          8.46.3a         10. 44. 48, i  T,5o6„  12.0.5,',  0,702 

5 M         10. 36. a5         io.43.48,86  T,i42„  12.  8.46,0  0,669 

6 M           9.24.   2         10.42.54,76  T,'|o'i„  12.16.18,9  0,682 

6 C         10.45.37         10.  0.37,76  2,.54o„  19.46.22,0  o,55i 

7 M                 9. 3  !  .     O              M).  '|  I  .5  2,  '|<>  1,119»  12.24.19,3  0,669 

»   L'observation  de  la  planète  Millosevich  du  7  mars  a  été  très  difficile, 
la  planète  étant  presque  invisible  à  cane  de  la  brume.  » 


astronomie.  —  Observations  delà  planète  Millosevich  (Rome,  18,91,  mars  1), 
faites  à  l'Observatoire  de  Paris  (crptalotial  de  la  tour  de  l'Est);  par 
M"e  Klumpre,  présentées  par  M.  Mouchez. 


Etoil 

es 

Dates 

de 

1891. 

compara 

ison. 

Grandeur. 

Vlars  3.    .  . 

« 

8 

5.... 

b 

9,5 

5.... 

b 

9-5 

6     . 

c 

9 

Planète  —  *  . 

Nombre 

— »»_  -  — =— - 

de 

at.                i©. 

comparaisons 

s                                      ,            „ 

-3-, 01      —  3.25,;) 

8:6 

■4,93      —  9.49,  ' 

6:4 

-18,22     —  9.22 ,6 

6:4 

-18, 1 3      — 10.   5,3 

6:4 

(    5l2     ) 

Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Réduction 

Réduction 

Asc.  droite 

au 

Déclinaison 

au 

moy.  i8gr,n. 

jour. 

moy.  1891,0. 

jour.     Autorités. 

h        ni 

[0.46. i5,4 \ 

+  0,92 

-Mi".5(i.i3. 

r 

1 

—  3,9    Weisse 

10.44.  1,96 

-HO,93 

12. l8.45 : 

I 

-3,g     B.t.VI 

10.42.27,00 

+  0,94 

12.27,5g, 

4 

—3,8     Weisse 

*. 

a  —  2269  BD  +  12°---  8o3  W. 

è  =  2263BD  +  i2° 

c  =  225-  BD  4-12°—  716  W. 

Positions  apparentes  de  la  planète. 

Ascension 
Dates  Temps  moyen  droite  Log.  fact.  Déclinaison  Log.fact. 

1891.  de  Taris.  apparente.  paraît.  apparente.  parall. 

h         in        s  11  ni       *  „         , 

Mars  3.    ...      11.   3.23  10. 45. 3g, 35  2.990/).  + 1  f  .  V> .  ]  3  ,6  o,-3o 

5 1  < > . 4  't - 1-4  io.43.47)96  r, 067/2  ta.   8.52.1  0,72g 

1 '.'.  .19.    ■:>.  10.4S.44  > 67  2,702  12.    g.  18,6  0,725 

6  .    ..      14.12.   2  10.42.46,07  7,383  12.17.50,3  0,743 

»   Remarque.  —  5  mars,  ciel  brumeux.    >. 


GÉODÉSIE.  —  Delà  mesure  du  52e  parallèle  en  Europe.  Note  de  M.  "Véxukoff, 

présentée  par  M.  Janssen. 

«  La  mesure  du  52e  parallèle  en  Europe,  entre  Valencia,  en  Irlande,  et 
Orsk,  en  Russie,  sur  les  confins  de  l'Asie,  a  été  proposée,  en  1861,  parWill. 
Struve  et  Baeyer,  et  appuyée  par  les  astronomes  et  géodésiens  belges  et 
anglais.  De  tous  les  arcs  parallèles  à  l'équateur  et  traversant  notre  partie 
du  monde,  c'est  certainement  le  plus  long  (69°^);  mais,  par  une  heu- 
reuse exception,  il  est  assez  facile  à  mesurer,  car  il  passe  par  des  contrées 
qui  ne  présentent  presque  pas  de  montagnes.  Cependant,  pour  terminer 
cet  immense  travail,  il  a  fallu,  non  seulement  exécuter  de  longs  calculs  des 
réseaux  trigonométriques  qui  existaient  déjà  en  1861,  mais  entreprendre 
plusieurs  nouvelles  triangulations  et,  enfin,  établir  solidement  l'accord 
entre  elles  et  celles  qui  avaient  été  faites  précédemment,  d'après  des  mé- 
thodes qui  n'étaient  pas  toujours  identiques.  La  plus  grande  partie  de  ce 
pénible  travail  a  incombé  aux  géodésiens  russes,  qui  l'ont  enfin  terminé, 


(  5r3  ) 

en  publiant,  tout  récemnienl,  en  deux  volumes  in-4°('),  le  Rapport  dé- 
taillé sur  les  opérations  géodésiques  et  les  calculs  exécutés  par  eux,  pour 
la  mesure  de  la  partie  russe  (3c)047')  de  l'arc.  En  présentant  à  l'Académie 
cet  Ouvrage  et  la  Carte  générale  des  triangulations  qui  existent  entre  Va- 
lencia  et  Orsk,  j'ai  l'honneur  de  les  accompagner  des  remarques  sui- 
vantes : 

»  1.  La  Carte  représente,  comme  je  l'ai  dit,  toutes  les  triangulations  qui 
existent  aux  abords  du  52e  parallèle,  en  Europe,  et  qui  ont  servi  de  base 
aux  calculs  de  la  longueur  de  l'arc  mesuré.  Mais  ces  calculs  ne  commencent 
à  l'ouest  que  sous  le  méridien  de  Haverfortwest,  au  pays  des  Galles,  pour 
s'arrêter  à  Nieuport,  dans  la  Belgique,  et  ils  ne  se  renouvellent  que  sous 
le  méridien  de  Tchenstokhov,  en  Pologne,  pour  être  continués  au  delà  de 
cette  ville,  jusqu'à  Orsk,  sans  interruption.  Il  y  a  donc  deux  lacunes  à 
combler  dans  cet  immense  travail  international  :  d'abord,  à  l'ouest  de 
Haverfortwest  jusqu'à  Valencia  ;  ensuite,  entre  Nieuport  et  Tchenstokhov. 
La  longueur  astronomique  (en  degrés),  définitivement  mesurée,  n'atteint 
pas  encore  6q°r,,  mais  seulement  4;"  \(rj°7,  dans  la  partie  anglaise  et3ç)°~ 
dans  la  partie  russe);  22°  restent  à  mesurer. 

»  2.  Les  résultats  des  travaux  anglais  exécutés  entre  Haverfortwest  et 
Nieuport  sont  déjà  publiés  depuis  longtemps  (1867)  parle  capitaine  Clarkc; 
mais  le  réseau  irlandais,  jusqu'à  Valencia,  dans  l'ouest  du  pays,  reste  à 
calculer. 

»  3.  Le  réseau  allemand  et  belge,  et  les  calculs  qui  s'y  rapportent,  ne 
sont  pas  encore  décrits,  caries  géodésiens allemands  tiennent  à  les  publier 
dans  la  langue  allemande,  ce  qui  se  fera  sous  la  direction  de  M.  Hel- 
mert. 

»  4.  La  partie  russe  du  52e  parallèle,  dont  la  longueur,  à  l'est  de 
Tchenstokhov,  est  définitivement  établie,  contient  3g" 24'  de  longitude,  et 
n'a  pas  d'interruption.  Pour  en  déterminer  la  longueur  en  mètres,  on  a  cal- 
culé 364  triangles  spbériques,  dont  ri4  appartenant  à  une  triangulation 
de  contrôle  faite  par  M.  Jilinsky. 

»  5.  Les  résultats  numériques  delà  mesure  de  l'arc  russe  (Tchenstokhov- 
Orsk)  et  de  l'arc  anglo-belge  (Haverfortwest-Nieuport)  sont  réunis  dans 
le  Tableau  suivant  : 


(')  Mémoires  de  la  Section  topographique  de  l'étal-major  général  russe,  vo- 
lumes M>  et  47,  publiés  sous  la  direction  du  général  Stebnitzkv  ;  S;ùnt-Pétersbourg, 
1891. 

C.  R.,  1891,   l"  Semestre.  (T.  CXII,  N"  10.)  Oy 


(  5i4  ) 

L,  différence  /,  différence  Longueur 

Stations  finales  des  réseauj.  géodésique  astronomique  de  l'arc 

et  des  arcs.  des  longitudes.         des  longitudes.  I  —  L.  en  mètres. 

A.  —  En  Russie. 

1.  Tchenstokhov-Varsovie .  1.53.57,77  1 . 54-   8,45  4-11,08  i3t854,i 

2.  Varsovie-Grodno 2.48.10,12  2.48.    3,45  —6,67  192501,4 

3.  Grodno-Bobrouisk 5.23.38,38  5.33.46,5  +18,12  37o462,i 

k.  Bobrouisk-Orel 6. 5o. 14,77  6.50.23,70  -h  8,92  46g6o5,g 

5.  Orel-Lipetzk 3.22.24,02  3.22. 18, i5  -5,27  243027,2 

6.  Lipetzk-Saratov 6.26.12,99  6.26.25,35  -f- 1 3 , 36  44igo6,5 

7.  Saratov-Samara 4-    2.34,g4  4-    2.21,60  — 13,34  277521,1 

8.  Samara-Orenbourg 5.    1.27,02  5.    1 . 35,85  -+-  8,83  344917,6 

9.  Orenbourg-Orsk 3.37.23,22  3.26.47,70  —35,52  237290,8 

Total  pour  la  Russie 39.28.03, 23       39.a5.5-i,i5  2709132,8 

B.  —  En  Angleterre. 

1.    Nieuporl-Greenwich  .  .  .        2.45.30,71  2. 45. 25, 20       —  5, 01  189460,1 

2.Greenwich-Haverfortwest       4-57-44, 33         4.57.48,60       +4.27  340819,4 

Total  pour  l'Angleterre..        7.43.10,04         7. 43.  i3, 80  530279,5 

»  Ces  chiffres  donnent,  pour  longueur  moyenne  d'un  degré  de  longi- 
tude, sous  le  5ae  parallèle  : 

En  Russie 68km,64i2 

En  Angleterre 68km,688o 

ce  qui  prouve  que  cette  longueur  n'est  pas  la  même  dans  toute  l'Europe. 
Nous  arrivons  à  la  même  conclusion  en  prenant  en  considération  diverses 
parties  de  l'arc  russe  seul;  par  exemple  : 

Entre  Varsovie  et  Grodno,  i° 68km,  7662 

Entre  Samara  et  Orenbourg 68km,  6556 

»  D'où  résulte  que  le  J2e  parallèle,  en  Europe,  n'est  pas  un  cercle, 
mais  une  courbe  assez  accidentée,  s'approchant  d'ailleurs  du  cercle;  en 
d'autres  mots  :  la  surface  terrestre,  sous  le  02e  degré  de  latitude,  dans  notre 
partie  du  monde,  n'est  pas  celle  d'un  ellipsoïde  de  révolution. 

»  Cette  conclusion  est  absolument  correcte,  si  les  chiffres  que  j'ai  cités 
plus  haut  sont  exacts.  Or  leur  exactitude  paraît  être  incontestable,  car  : 

»  a.  La  détermination  de  la  position  géographique  des  points  fondamen- 
taux de  chaque  réseau  trigonométrique  a  toujours  été  faite,  au  moins  en 


(  5i5  ) 

Russie,  à  l'aide  de  bons  instruments  et  d'après  des  observations  répétées 
six  fois;  les  longitudes  étaient  déterminées  par  le  télégraphe. 

»  b.  Pour  s'assurer  de  l'exactitude  des  opérations  géodésiques,  on  a  pro- 
cédé, dans  la  Russie  orientale,  à  une  mesure  de  contrôle,  confiée  à  une  seule 
personne  qui  ne  participait  pas  aux  travaux  antérieurs. 

»  Il  faut  donc  admettre  que  le  %ie  parallèle  n'est  pas  un  cercle. 

»  Je  me  permets  d'ailleurs  de  rappeler  que  la  mesure  du  l\ie  parallèle 
aux  Etats-Unis  de  l'Amérique  a  abouti  à  un  résultat  semblable.  Par  consé- 
quent, la  Terre  n'est  pas  un  sphéroïde  parfait.   » 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  équations  de  deux  surfaces  minima  périodiques,  possé- 
dant la  symétrie  de  l'octaèdre.  Note  de  M.  A.  Sciiœxfues,  présentée  par 
M.  Darboux. 

«  Les  surfaces  minima  périodiques  sur  lesquelles  je  présente  ici  quel- 
ques remarques  sont  celles  qui  ont  été  discutées  profondément  par 
M.  H.  A.  Schwarz  dans  le  célèbre  Mémoire  couronné  par  l'Académie  de 
Berlin  (').  L'une  d'elles  est  la  surface  limitée  par  quatre  arêtes  d'un 
tétraèdre  régulier  avec  ses  prolongements  analytiques  et  l'autre  est  la  sur- 
face adjointe.  Ce  sont  les  seules  surfaces  possédant  la  symétrie  de  l'oc- 
taèdre dont  nous  connaissons  les  équations  explicites. 

«   M.  Schwarz  a  donné,  pour  la  première  surface,  l'équation 

(l)  [AV  -f-  VA  -+-  \[J.  -f-  I  —  O, 

où  1,  ;x,  v  sont  les  mêmes  fonctions  elliptiques  de  .r,  y,  s,  et  >.  est  déter- 
miné par 


En  substituant 


.  z    \  2  cosani»  Aiim //  ,  i  /,x 

l(u)  =  —  —  >  A-  -—  -  (2). 

1/3        sinamu  2  N   / 

1  +  X1  1  -+-  ;a,  1  +v, 


-A, 


nous  obtenons 

(2)  À|(A,VJ  =   1, 

comme  équation  seconde  de  la  surface  (3).  On  en  dérive  les  équations 
de  la  surface  adjointe,  en  posant  ix,  iy,  iz  à  la  place  de  x,  y,  z. 


(')   Bestimmung  einer speciellen Minimal/lâche.  Berlin,  1871. 
(  =  )   Voir  p.  80. 

(3)  Voir  H.    A.   Schwarz,    For/gesetzte    Untersuchungen    iïber  Minimalflâchen 
(Ber.  d.  Ber.  Ak.,  1872,  p.  i5). 


(  5.6  ) 

»  Je  me  suis  proposé  de  meure  les  équations  des  surf  aces  nommées  sous  une 
forme  telle  qu'on  puisse  reconnaître  immédiatement  toute  la  symétrie  de  la  sur- 
face. Voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus. 

»  Concevons  une  subdivision  de  l'espace  dont  le  polyèdre  générateur 
est  un  ciibe.  Les  faces  des  cubes  seront  des  plans  de  symétrie  pour  les 
surfaces,  et  les  sommets  des  cubes,  et  les  milieux  de  ces  solides  seront  des 
points  où  passent  les  axes  de  symétrie  des  surfaces. 

»  Pour  la  première  surface,  le  milieu  des  cubes  est  un  point  vers  lequel  la 
surface  admet  les  axes  de  symétrie  d'une  pyramide  double  a  axe  ternaire, 
et  en  outre  trois  plans  de  symétrie  passant  par  l'axe  ternaire  et  normaux 
aux  faces  de  la  pyramide.  En  prenant  ce  point  pour  origine  des  coordon- 
nées, la  symétrie  exige  que  la  surface  revienne  snr  elle-même  pour  toutes 
les  permutations  de  ce,  y,  z  et  par  la  substitution  —  x,  —  y,  —  s  au  lieu 
de  x,  y,  z.  Cela  peut  se  mettre  en  évidence  par  l'équation 

(3)  [jy  -+-  va  -+-  X[*  -i   i  =  o, 

en  supposant  que  a  soit  une  fonction  impaire. 

»  La  fonction  donnée  par  M.  Schwarz  est  de  cette  espèce.  Mais  je  re- 
marque qu'on  peut  faire  usage  d'une  fonction  plus  simple  :  c'est  la  fonction 

■,U)^^U)  >■->/* 


■Ji(«)  V   9 

où  5,,  2r2  sont  les  transcendantes  de  Jacobi. 

»  Prenons  maintenant  comme  origine  des  coordonnées  un  sommet  du 
cube  par  lequel  passe  l'axe  tertiaire.  Vers  ce  point,  la  surface  admet  tous 
les  axes  de  symétrie  d'un  tétraèdre  et  comme  plans  de  symétrie  les  plans 
passant  par  les  arêtes  opposées  du  cube.  L'équation  de  la  surface  mettra 
immédiatement  ces  propriétés  en  évidence  si  on  la  prend,  par  exemple, 
sous  la  forme 

(4)  tyv  =  i, 

où  1  est  une  fonction  impaire.  En  posant 

w„\       5|(//)5:,[  u)  ,  _  , 

\    '       3(1,)  ï,{tn 

l'équation  (4)  deviendra  une  équation  de  la  surface  du  caractère  demandé. 

»  Je  remarque  expressément  que  l'équation  (2)  donnée  par  M.  Schwarz 
n'est  pas  de  ce  caractère,  parce  qu'elle  se  rattache  au  centre  du  cube 
comme  origine  des  coordonnées. 

»   La  symétrie  de  la  surface  adjointe  vers  le  centre  d'un  cube  est  tout 


(  5r7   ) 
analogue  à  celle  de  la  surface  précédente.  Pour  obtenir  l'équation  corres- 
pondante, on  fera  la  substitution  citée  plus  haut;  ainsi  l'on  obtient  l'équa- 
tion 

(  ')  )  pi  -h  va  -h  'l'J-  —  I  =  O, 

cm  il  faut  poser 

-  /    \       ''in)  /       i 

>•(")=  ^ÔT)'        *  =  *• 

et  a  est  une  {"onction  impaire  comme  il  est  nécessaire. 

»  La  symétrie  de  cette  surface  vers  les  sommets  des  cubes  par  lesquels 
passent  les  axes  ternaires  se  met  directement  en  évidence  par  l'équation 

(  (')  )  p  -f-  v~k  -+-  lu.  —  const.  =  o, 

en  prenant  pour  a  une  fonction  paire.  Une  telle  fonction  est 

la  valeur  de  la  constante  est  le  quotient  k  ;  k  . 

»  On  voit  immédiatement  que  les  équations  précédentes  représentent 
des  surfaces  réelles  contenant  les  droites  caractéristiques  (').  Mais  il 
faut  encore  prouver  qu'elles  remplissent  la  condition  relative  à  la  cour- 
bure moyenne  nulle.  Cela  se  fait  aisément,  par  exemple,  de  la  manière 
suivie  par  M.  Schwarz  à  l'endroit  cité. 

»   Nous  avons  vu  que  l'équation  (G)  est  celle  d'une  surface  minima,  si  X 

a  les  valeurs 

r-,  (  h  )       Sri»        s-i» 
*,(«)'      Va)'      S2(«)' 

et  si  le  module  a  une  valeur  convenable.  Cela  nous  conduit  à  examiner  si 
peut-être  chaque  quotient  de  deux  fonctions  j  substitué  au  lieu  de  \  suffit 
analytiquement  à  la  condition  de  courbure  moyenne  nulle  pour  certaines  va- 
leurs du  module.  C'est  ce  qui  a  lieu  en  effet.  Cependant  les  équations 
correspondantes  ne  fournissent  pas  de  surfaces  réelles  nouvelles.  En  effet, 
on  sait  bien  que  les  deux  surfaces  considérées  sont  les  seules  surfaces  mi- 


(')  A  ce  qu'il  parait,  on  n'a  pas  encore  remarqué  que  la  surface  adjointe  de  la  sur- 
face discutée  par  M.  Neovius  (Helsingfors,  i883)  contient  les  mêmes  droites  que  la 
surface  adjointe  de  la  surface  de  M.  Schwarz.  Mais  la  surface  adjointe  de  M.  Neovius 
ne  s'exprime  pas  par  une  équation  du  premier  degré  en  ).,  (*.,  v;  par  conséquent,  les 
équations  données  sont  véritablement  les  équations  des  surfaces  considérées. 


(  5.8  ) 
nima  réelles  possédant  la  symétrie  de  l'octaèdre,  dont  l'équation  soit  du 
premier  ordre  en  "X,  a,  v;  donc  les  équations  en  question  fournissent  les 
mêmes  surfaces  ou  des  surfaces  imaginaires. 
»   Enfin,  j'ajoute  qu'en  posant 

l(u)=  s-V-T'         k=-,         const.  = — -r' 

l'équation  (6)  donne  deux  surfaces  comme  la  première,  situées  symétri- 
quement par  rapport  aux  plans  des  cubes.  Cette  valeur  de  1  correspond  à 
la  forme  spéciale  de  la  différentielle  elliptique  donnée  par  M.  Cayley  ('  ).  » 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  spirales  harmoniques.  Note  de  M.  L.  Raffy, 
présentée  par  M.  Darboux. 

« 

«  Nous  nous  proposons  de  déterminer  tous  les  éléments  linéaires  qui 
conviennent  à  la  fois  à  des  surfaces  spirales  et  à  des  surfaces  harmoniques. 
Tel  est,  par  exemple,  celui-ci 

(  i  )  ds-  =  (au'"  -  bvm  )  ( du'  -+-  do2  ) . 

»  En  effet,  M.  Maurice  Levy  a  établi  (Comptes  rendus,  t.  LXXXVII, 
p.  788)  cette  proposition  importante  :  Tout  élément  linéaire  homogène,  de 
de o-ré  autre  que  —  2,  appartient  à  une  infinité  de  spirales.  Du  précédent  on 
déduit,  en  faisant  croître  ou  décroître  m  indéfiniment,  ces  deux  autres  élé- 
ments linéaires 

(II)  ds-  =  (e"u  -  e6'1)  (du2  -t-  do3), 

(III)  ds2  =  (\ogau  —  logbv) (du?  ■+■  dv2), 

qui  conviennent  aussi  à  des  spirales  harmoniques.  Mais  on  ne  peut  affir- 
mer d'avance  qu'il  n'y  en  ait  pas  d'autres.  J'ai  recherché  ces  éléments 
linéaires  par  une  méthode  propre  à  les  donner  tous,  et  à  distinguer  ceux 
qui  sont  doublement  harmoniques  de  ceux  qui  ne  le  sont  pas. 

»  À  cet  effet,  je  résous  complètement,  pour  le  cas  des  spirales,  l'équa- 
tion différentielle  indéterminée  qui  exprime  que  l'élément  linéaire  ë*dxdy 
acquiert  la  forme  harmonique  par  le  changement  de  variables 

,  ,       dx  ,  ,       dy 

dx=w    y  =  w 


(')  Voir  Quarterly  Journ.  0/  Math.,  t.  XIV.  p.  190. 


(  5,9  ) 
»   Cette  équation,  qui  a  été  donnée  par  M.  Darboux  {Théorie  des  sur- 
faces, t.  II,  p.  209),  peut  s'écrire  ainsi 

(1)    FsE2X(Vl,+  cJ;2)-2Y(co;!+(o;i)  +  3X'u>;-3Y'(o;+x"- y*=  0. 

»   Nous  lui  adjoignons  l'équation  dérivée 

(2M  +  x'(4<4«v+  5*Cy)  -  Y'(4u>^+  5  «.>;,,)  =  0, 

qui  ne  se  réduit  à  une  identité  que  quand  u^=  o  (surfaces  développables). 
Cette  équation  ne  se  confond  avec  la  première  que  quand  les  surfaces  con- 
sidérées ont  leur  courbure  totale  constante.  Ces  cas  particuliers  exclus, 
on  peut  éliminer  X"—  Y"  entre  les  équations  (i)  et  (2);  d'où  une  équa- 
tion 

(3)  AX  -  BY  +  CX'-  DY'=  o, 

qu'on  différenlie  par  rapport  à  x  et  à  y.  Entre  les  deux  relations  ainsi  ob- 
tenues et  l'équation  (  i),  éliminons  X"  et  Y";  nous  trouvons  un  résultat  de 
la  forme 

(4)  A^-BiY-l-C.X'— D,Y'=o. 

»  Le  système  (3)  et  (4)  fait  connaître  X'  et  Y',  quand  son  déterminant 
n'est  pas  nul.  La  condition  CD,  —  DC,  =  o  exprime  que  les  surfaces  d'élé- 
ment linéaire  ewdxdy  ont  leurs  lignes  d'égale  courbure  parallèles;  or  j'ai 
établi,  dans  une  Note  récente  (p.  4^4  de  ce  Volume),  que  toute  surface  har- 
monique, dont  les  lignes  d'égale  courbure  sont  parallèles,  est  applicable  sur  une 
surface  de  révolution. 

»  L'analyse  que  je  viens  de  résumer  est  générale  et  convient  à  tout  élé- 
ment linéaire  é*dxdy. 

»   Donnons  maintenant  à  co  la  forme  propre  aux  spirales 

<x>  =  —  i(x—  y)  -hfT(t)dt,         t  =  x-hy. 

»  La  courbure  totale  ne  pourra  être  constante  sans  être  nulle.  Laissant 
donc  les  développables  de  côté,  nous  pouvons  former  les  équations  (3) 
et  (4);  elles  seront  résolubles  si  les  spirales  ne  sont  pas  applicables  sui- 
des surfaces  de  révolution.  Or  l'élément  linéaire  des  spirales  jouissant  de 
cette  propriété  a  été  déterminé  par  M.  S.  Lie  {Malhetn.  Annakn,  t.  XX)  ; 
il  rentre  dans  le  type  (I)  pour  b  =  o,  m  -+■  2  -  o,  et  n'est  doublement  har- 
monique que  quand  m  =  1 . 


(    520    ) 

»  Remarquons  que,  en  raison  de  la  forme  de  u>,  tons  les  coefficients  de 
l'équation  (i)  et  des  suivantes  dépendent  seulement  de  t;  du  système  (3) 
et  (4)  nous  tirerons 

(5)  X'=T(X4-T,Y,  Y'=T3X4-T4Y, 

les  quatre  fonctions  T,  ne  dépendant  que  de  /.  Ces  deux  équations  indéter- 
minées admettent  deux  systèmes  de  solutions  communes  et  deux  seule- 
ment, savoir  : 

(6)  \  T,-c  T,  T3  T4+c  i 


(7) 


AB  A.-ecl        We-Ct  AB  AB*4-Ap4-Ba' 

X  =  le-rx  4-  A  e-hr,  Y  =  mr!rj  -t-  B e~-h\ 

AT,  =  Blre""^  -  kmhe-W,       AT:!  =  -  Bm(r  -  h)e-(r+h]\ 
AT2  =  -  A/(r -  h)  ê'^c,  AT,  =— tolhér-h)C 4- kmrê-r-h\ 

A  =  B/t"-/')f—  Ame-f-*'', 


où  toutes  les  lettres  désignent  des  constantes  arbitraires  (/  —  /«f=o).  Il 
reste  à  substituer  ces  expressions  de  X  et  de  Y  dans  l'équation  (i),  qui, 
pour  les  spirales,  s'écrit 

2(X  —  Y)T'  4-  aX(T  -  if  -  2Y(T  4-  if 
4-  3X'(T  -  ï)  -  3Y'(T  4-  i)  4-  X"  —  Y"=  o. 

On  reconnaît  ainsi  que  les  solutions  (6)  ne  conviennent  que  dans  deux 
cas:  i°  quand  X  el  Y  sont  constants,  ce  qui  conduit  à  l'élément  linéaire  (II); 
2°  quand  X  =  e-'"x,  Y  =  e~2"'y,  d'où  l'équation  de  Riccati 

T'4-T24-(3n  -  2)Tcotnt  —  (n  -  i)(îb-  i)=  o, 


qui  admet  la  solution  T  =  (i  —  /«)cot —   Elle  donne,  quand  n  —  i  est 

différent  de  zéro,  l'élément  linéaire  (I);  quand  n  est  égal  à  i,  l'élément 
linéaire  (III). 

»   Quant  aux  solutions  (7),  j'ai  pu  démontrer  qu'elles  ne  conviennent 
que  quand  on  prend  X  =  e3'x4-  A,  Y  =  9A,  ce  qui  donne  l'élément  linéaire 

dsi  =  e~'^x~y)e    *  *   3  cos        ,   -     dx  dy, 

4  J 

qui  rentre  dans  le  type  (II).  Étant  le  seul  qui  acquière  la  forme  harmo- 


(    321     ) 

nique  par  deux  transformations  différentes,  il  est  le  seul  qui  soit  double- 
ment harmonique. 

«   Ainsi  les  formules  (i),  (2),  (3)  fournissent  tous  les  éléments  linéaires 
répondant  à  notre  question.    » 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Compatibilité  des  lois  de  la  dispersion  et  de  la 
double  réfraction.  Note  deM.E.  Cakvallo,  présentée  par  M.  Poincaré. 

«  1.  Dans  un  Mémoire  récent  (')  j'ai  discuté  l'excellente  théorie  de 
M.  Poincaré  pour  la  réflexion  de  la  lumière  sur  les  corps  transparents. 
Cette  théorie  me  paraît  irréprochable,  parce  qu'elle  ne  renferme  aucune 
hypothèse  arbitraire.  Elle  m'a  fourni,  en  faveur  du  système  découvert  par 
M.  Sarrau,  un  argument  qu'il  me  parait  difficile  de  refuser.  D'autre  part, 
dans  une  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  (-),  je  suis 
arrivé  à  cette  conclusion  que  tous  les  systèmes  proposés  jusqu'ici,  sauf  celui 
de  M.  Sarrau,  conduisent  à  des  incompatibilités  entre  les  lois  de  la  double  ré- 
fraction et  celles  de  la  dispersion.  Mais  j'ai  considéré  seulement  les  termes 
de  dispersion  de  Briot.  Il  importe  de  montrer  que  les  autres  termes  aussi 
n'apportent  aucune  perturbation  aux  lois  de  la  double  réfraction  mono- 
chromatique dans  l'unique  système  non  rejeté  encore,  autrement  on 
pourrait  craindre  qu'il  doive  être  rejeté  à  son  tour.  Cela  conduirait  à 
chercher  une  nouvelle  théorie  des  phénomènes  lumineux. 

»  Ce  problème,  que  j'ai  posé  à  la  fin  de  ma  précédente  Note,  est  diffici- 
lement abordable  dans  la  théorie  de  M.  Sarrau  ;  mais  cette  théorie  est  équi- 
valente, comme  on  va  le  voir,  à  celle  qu'on  peut  déduire  de  la  théorie 
de  Helmholtz  sur  la  dispersion  anomale  des  milieux  isotropes  (3). 

»  2.  Pour  simplifier  les  écritures,  je  suppose  d'abord  que  le  milieu  est 
pourvu  de  trois  plans  de  symétrie  que  je  prends  pour  plans  coordonnés; 
de  (dus  je  me  borne  aux  équations  de  Helmholtz  simplifiées  cpie  M.  Poin- 
caré a  adoptées  (  *)  dans  une  de  ses  expositions  de  la  théorie  de  M.  Boussi- 
nesq.  Les  termes  conservés  représentent  justement  la  partie  de  la  disper- 


(')  Journal  de  Physique,  2e  série,  t.  X;  février  1891. 

(■)   Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  43i;  '891. 

(3)  .4/;.  Pog.,  Bel.  15i;  1876.  —  Journal  <!<•  Physique,  t.  IV,  p.  216. 

(;)  Poincaré,   Théorie  mathématique  de  la  lumière,  p.  211.  —  Notations  :  t  est  le 

G.  R.,  1891,   1»  Semestre.  (T.  CXII,  N°  10.)  68 


(     522    ) 

sion  négligée  clans  ma  précédente  Note.  J'expliquerai  ensuite  pourquoi 
ces  deux  restrictions  ne  sont  pas  nécessaires  à  la  conclusion.  Les  équa- 
tions qui  régissent  les  vibrations  simultanées  de  l'éther  et  de  la  matière 
pondérale  sont 


(0 


?dï  =  A* -S -+-«(*.- S). 


de       ,  ,  . 

—  ■4-6(^-71), 


d^y  ,y  g    V 


d- 1] 
I      dK 

?dF 


d-rn 


=  Al 


de 

7k 


°tf,  -  0- 


?i  dt- 


»   Une  intégrale  particulière  de  ces  équations  est  donnée  par  les  for- 
mules 


E  =  LsinP,  ^--^L.sinP, 

(2)      J7i=.MsinP,         n,  =  M,  sinP,        P 
Ç  =  NsinP,  -,    =  N,sinP, 


fax-+-  Pj+  Y5  t 

~t~  ~  T 


»  Elle  représente  un  mouvement  vibratoire  de  période  T,  qui  se  pro- 
page par  ondes  planes,  dont  les  cosinus  directeurs  sont  oc,  [ï,  y.  En  portant 
ces  valeurs  dans  les  équations  (1),  on  obtient  deux  groupes  de  trois  équa- 
tions. J'écris  seulement  celles  qui  proviennent  de  la  première  ligne  des 
équations  (1),  savoir 

(3)  -^pL    =    -^-[L  — a(aL  +  pM  +  YN)]+flr(L,  -  L), 

(4)  -^p.L^aCL-L,). 

»  Je  porte  dans  l'équation  (3)  la  valeur  de  I,,  tirée  de  l'équation  (4); 
puis,  dans  l'équation  obtenue,  j'isole  le  terme  en  -p-  Il  vient 


4-- 


(5)        -  ^ 


apt 


Ti 


4it 


L  =      -  y  [L  -  oc(aL  +  fi  M  -f-  yN)]. 


»   La  deuxième  et  la  troisième  ligne  des  équations  (i)  donnent  de  même 

temps;  Ç,  tj,  Ç  l'élongation  de  la  molécule  d'ëther;  £,,  t,,,  t,  celle  de  la  molécule  pon- 
dérale au  point  x,  y,  z;  a,  b,  c  sont  des  constantes. 


A=: 


dx* 


e)y-       a-s" 


6>£         ()r)  dÇ 

dz-        ()>■        f)s 


(  5  a3  ) 

deux  autres  équations  de  condition  qui  lient  les  inconnues  L,  M,  N,  /  aux 
données  a,  (î,  y  variables  avec  la  direction  de  l'onde  plane.  Les  coelficients 

(G)     A  =  P+        ";_.     ,         B=P+        %     ,         C  = 


<*  — -frPi  °  —  ;j-  Pi 

qui  figurent  aux  premiers  membres  du  groupe  (5),  ne  dépendent  que  de  la 
période  T  ;  ils  sont  constants  pour  une  raie  spectrale  donnée. 

»  On  reconnaît  alors  le  système  d'équations  de  M.  Sarrau.  Ainsi,  la  dis- 
persion n'apporte  aucun  trouble  aux  lois  de  la  double  réfraction  monochroma- 
tique. 

»  3.  Levons  maintenant  les  restrictions  du  calcul.  Si,  avec  Helmholtz, 
on  introduit  dans  les  trois  lignes  du  second  groupe  des  équations  (i)  res- 
pectivement des  termes  en  £,,  r,,,  'C,,  rien  n'est  changé  au  mode  de  calcul. 
Il  en  est  de  même  si  l'on  ajoute  dans  les  deux  groupes  des  termes  qui  con- 
tiennent \,  Y],  C.  \\i  i\\->  Ci  et  les  dérivées  paires  de  ces  quantités  par  rap- 
port à  t.  Ces  changements  n'ont  pour  effet  que  de  changer  les  expres- 
sions (0)  de  A,  B,  C  en  fonction  de  T.  Si  maintenant  on  cesse  de  supposer 
que  le  milieu  est  doué  de  trois  plans  de  symétrie,  le  calcul  n'est  guère 
abordable  que  par  les  quaternions.  On  arrive  à  la  même  conclusion.  Seu- 
lement, les  fonctions  linéaires  qui  figurent  dans  les  équations  (i)  complé- 
tées n'ont  plus  nécessairement  les  mêmes  axes.  Quand  on  résout  par  rap- 
port au  vecteur  qui  contient  en  facteur  ^?  pour  avoir  l'équation  vectorielle 

correspondante  à  l'équation  (5),  ces  fonctions  linéaires  se  combinent  dans 
le  premier  membre.  Les  coefficients  de  ces  combinaisons  dépendant  de  T, 
la  fonction  résultante  aura  ses  aies  variables  avec  T.  Cela  explique  le  phé- 
nomène appelé  dispersion  des  axes  d'élasticité  optique. 

»  Le  problème  de  la  compatibilité  des  lois  de  la  dispersion  et  de  la 
double  réfraction  est  entièrement  résolu  par  la  théorie  que  je  viens  d'ex- 
poser. » 

PHYSIQUE.  —  Aimantations  longitudinales  et  transversales  superposées . 
Note  de  M.  C.  Decharme. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  d'ajouter  quelques  lignes  à  la 
Communication  que  j'ai  eu  l'honneur  de  lui  adresser  sur  l'aimantation 
transversale  (  '). 

^')  Comptes  rendus,  séance  du  i8  août  1890,  t.  CXI,  p.  34o. 


(  524  ) 

»  M.  Jamin  a  constaté  expérimentalement  que  deux  aimantations  (lon- 
gitudinales) de  polarités  inverses  pouvaient  se  superposer  sur  la  même 
lame  d'acier,  se  neutraliser,  se  dominer,  sans  se  détruire.  Après  avoir 
constaté  qu'un  phénomène  semblable  a  lieu  pour  deux  aimantations  trans- 
versales de  polarités  contraires,  j'ai  cherché  sous  quelle  forme  se  présente- 
rait le  spectre  magnétique  de  deux  aimantations  longitudinale  et  transversale, 
pratiquées  successivement  sur  la  même  lame  d'acier.  Ici  la  neutralisation 
proprement  dite  n'est  pas  possible,  les  forces  agissantes  n'étant  plus  directe- 
ment opposées,  mais  perpendiculaires  l'une  à  l'autre. 

»  Après  avoir  aimanté  longiludinalement  une  lame  d'acier  (de  ioomm  de 
longueur,  de  28mmde  largeur  et  3mm  d'épaisseur)  et  obtenu  son  spectre 
ordinaire  bien  connu,  si  l'on  aimante  cette  même  pièce  transversalement, 
par  l'une  des  méthodes  que  j'ai  indiquées  dans  une  Note  précédente,  il 
pourra  arriver,  selon  l'énergie  relative  des  forces  inductivcs  et  le  nombre 
des  passes,  que  les  deux  aimantations  se  montrent  simultanément,  plus  ou 
moins  complètes,  dans  le  spectre  mixte  que  donne  cette  double  opération, 
ou  que  l'aimantation  première  longitudinale  disparaisse,  pour  laisser 
place  entière  à  l'aimantation  transversale,  dernière  venue.  Dans  ce  cas,  il 
y  a  simplement  superposition  des  deux  aimantations;  car,  en  pratiquant 
quelques  passes  longitudinales,  on  fait  réapparaître  le  spectre  primitif  :  le 
magnétisme  longitudinal  développé  en  second  lieu,  venant  s'ajouter  à  celui 
qui  a  été  produit  d'abord,  forme  une  somme  supérieure  au  magnétisme 
transversal,  qui  se  trouve  ainsi  éclipsé. 

»  On  peut  de  même,  par  quelques  nouvelles  passes  d'aimantation  trans- 
versale, faire  dominer  celle-ci  à  son  tour  dans  le  spectre  mixte  et  continuer 
ainsi  alternativement.  Mais,  à  mesure  que  ces  alternances  se  multiplient, 
les  couches  magnétiques  s'accroissent  de  plus  en  plus  et  tendent  vers  la 
saturation.  C'est  alors  qu'il  suffit  d'une  faible  passe  de  l'une  des  aimanta- 
tions, pour  faire  prédominer  son  spectre.  Il  y  a  là  une  sorte  d'équilibre  in- 
stable, que  la  moindre  force  additionnelle  vient  troubler.  C'est  comme  un 
point  critique,  en  deçà  et  au  delà  duquel  toute  passe  nouvelle  de  l'une  des 
deux  aimantations  entraîne  la  prédominance  du  spectre  correspondant 
avec  sa  forme  caractéristique.  C'est  pour  cette  raison  qu'il  est  difficile  de 
réaliser  un  spectre  mixte  où  les  deux  sortes  d'aimantations  se  montrent 
avec  une  égale  intensité.  On  y  parvient  cependant,  avec  quelques  soins, 
comme  le  montrent  les  deux  figures  que  j'ai  l'honneur  d'adresser  à  l'Aca- 
démie. 

»  On  pourrait  de  même  faire  intervenir,  dans  le  phénomène  de  super- 
position, d'autres  modes  d'aimantation,  comme  celui  aue  ;'ai  désigné  sous 


(  5a5  ) 

le  nom  ^aimantation  circulaire,  ou  celui  qu'on  pourrait  appeler  aimantation 
hélicoïdale,  puis  combiner  ces  aimantations  2  à  2,  3  à  3  et  l'on  obtiendrait 
encore  des  spectes  mixtes,  accusant  la  présence  de  ces  aimantations  super- 
posées.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —   Sur  les  mangamtes  de  soude  hydratés.  Note 
de  M.  G.  Rousseau,  présentée  par  M.  Troost. 

«  J'ai  montré,  il  y  a  quelques  années,  que  le  manganate  de  soude, 
chauffé  en  présence  du  chlorure  de  sodium,  donne  naissance  à  des  man- 
ganites  divers,  et  notamment  au  composé  iuMuO^NaO  ('  ).  Je  signalais, 
en  outre,  la  formation  d'autres  produits  moins  riches  en  manganèse  et 
d'une  composition  variable.  A  la  suite  de  mes  travaux  postérieurs  sur  les 
ferrites  et  les  platinates  alcalins  hydratés,  j'ai  été  conduit  à  soupçonner  la 
présence  d'une  certaine  quantité  d'eau  de  cristallisation  dans  ces  manga- 
nites.  De  nouvelles  recherches  ont  confirmé  cette  supposition.  J'ai  con- 
staté ainsi  que  ces  composés  perdent  presque  toute  leur  eau  de  cristallisa- 
tion au-dessous  de  2000,  sans  décomposition  apparente.  De  là  les  divergences 
entre  les  analyses,  suivant  les  températures  différentes  auxquelles  ces 
hydrates  avaient  été  desséchés.  A  la  suite  de  ces  observations,  j'ai  repris 
l'étude  de  la  dissociation  du  manganate  de  soude,  à  laquelle  je  joins  aujour- 
d'hui mes  expériences  relatives  à  la  décomposition  du  permanganate  de 
soude  à  basse  température. 

»  Décomposition  du  permanganate  de  soude.  —  Le  permanganate  de  potasse, 
chauffé  à  2000,  se  dédouble  d'abord  en  manganate  alcalin  et  en  bioxyde  de  manga- 
nèse. Sous  L'action  prolongée  de  la  chaleur,  l'acide  manganeux  formé  réagit  à  son  tour 
sur  le  manganate  qu'il  transforme  en  manganite  de  potasse  et  alcali  libre  (-).  La  dé- 
composition du  permanganate  de  soude  s'accomplit  suivant  un  mécanisme  pareil,  à  la 
température  d'environ  3oo°.  Elle  est  complète  après  six  heures  de  chauffe.  L'eau  bouil- 
lante sépare  de  la  masse,  fortement  alcaline,  une  matière  brune  amorphe  qui  corres- 
pond probablement  au  bioxyde  de  manganèse  colloïdal  de  M.  Gorgeu.  On  obtient 
finalement,  après  des  lixiviations  répétées,  de  petits  cristaux  microscopiques  noirs,  du 
manganite  de  soude  hydraté  SMnO2,  NaO,  5HO. 

»  Ce  composé  perd  4  équivalents  d'eau  entre  i5o"  et  180°,  et  le  dernier  équivalent 
vers  25o°.  Ainsi  déshydraté,  il  reste  inaltéré  a  \\o"  dans  le  bain  de  soufre.  Au  rouge 
sombre  il  commence  à  se  polymériser  en  perdant  de  la  soude. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CIII,  p.  261. 

(2)  G.  Rousseau,  Comptes  rendus,  t.  CIV,  p.  786. 


(  5?.6  ) 

»  Dissociation  du  manganate  de  soude.  —  Dans  mes  premières  expériences,  j'avais 
préparé  le  manganate  de  soude  en  chauffant  au  rouge  le  bioxyde  de  manganèse  avec 
de  la  soude  et  de  l'azotate  de  soude.  J'ai  préféré,  depuis,  former  le  manganate  alcalin 
en  chauffant  avec  précaution,  dans  un  creuset  de  platine,  3s1'  de  permanganate  de  soude 
cristallisé  avec  4sr  de  soude  caustique  additionnée  d'une  petite  quantité  d'eau.  Dès  que 
l'effervescence,  due  au  dégagement  de  l'oxygène,  avait  cessé,  on  incorporait  à  la  masse 
une  quantité  déterminée  de  chlorure  de  sodium,  et  on  chauffait  le  tout,  dans  le  creu- 
set découvert,  à  des  températures  qu'on  a  fait  varier  systématiquement  depuis  le  rouge 
sombre  jusqu'au  rouge  blanc. 

»  Les  analyses  ont  porté  sur  33  échantillons  distincts,  obtenus  dans  tout  l'intervalle 
compris  entre  ces  deux  limites. 

»  i°  La  masse  manganique,  additionnée  de  5sr  de  sel  marin,  a  été  d'abord  chauffée 
au  bec  Bunsen,  dont  on  augmentait  progressivement  la  flamme  d'une  expérience  à 
l'autre.  Au  rouge  très  sombre  il  s'est  formé  des  composés  renfermant  8,7/4  et  8,09  pour 
100  d'eau.  Ce  sont  là  des  mélanges,  car  leur  teneur  en  eau  varie  rapidement  à  mesure 
que  la  température  s'élève;  on  a  obtenu  ainsi  successivement  des  composés  renfermant 
7,61,  6,96,  6,07,  6,43,  6,29  pour  100  d'eau,  et  tendant  vers  une  limite  fixe  correspon- 
dant à  un  minimum  voisin  de  6  pour  100. 

»  On  réalise  à  coup  sûr  la  formation  de  ce  nouvel  hydrate,  en  maintenant  le  creusei 
pendant  quatre  ou  cinq  heures  à  la  température  la  plus  élevée  du  bec  Bunsen.  La  ma- 
tière se  transporte  vers  la  moitié  supérieure  du  creuset  où  elle  forme  un  anneau  ne 
renfermant  presque  plus  trace  de  manganate.  La  masse  reprise  par  l'eau  donne  de 
belles  aiguilles  noires  soyeuses  de  l'hydrate   i2MnOs, NaO,  4HO. 

»  Cet  hydrate  perd  toute  son  eau  entre  i3o°  et  170".  Chauffé  pendant  quatre  heures 
au  rouge  orange  il  se  condense  graduellement  avec  séparation  de  la  majeure  partie  de 
la  soude;  mais  il  ne  se  transforme  pas  en  oxyde  salin  comme  les  manganites  de  po- 
tasse. Le  produit  renferme  6g, 33  pour  100  de  Mn  au  lieu  de  72,05  pour  100,  comme 
l'exige  la  formule  Mn30'. 

»  20  On  a  ensuite  porté  la  masse  manganique,  additionnée  de  ioer  de  NaGl,  sur  le 
four  Forquignon  (dispositif  n°  2).  Le  creuset  reposait  sur  l'anneau  de  platine,  mais 
on  réglait  les  orifices  d'admission  de  l'air  et  du  gaz  de  façon  à  ne  pas  dépasser  le  rouge 
cerise  clair.  On  obtient  ainsi,  vers  la  température  de  fusion  du  cuivre,  un  anneau  qui 
cède  à  l'eau  des  lamelles rhomboïdales  d'un  nouvel  hydrate  i6MnO'2,  NaO,  8HO. 

»  Ce  composé  perd  7  équivalents  d'eau  entre  ioo°  et  1800,  et  le  dernier  équivalent 
vers  20OcaI.  L'analyse   du   produit   déshydraté  confirme  la  formule  précédente. 

»  3°  En  chauffant  le  mélange  précédent  au  même  dispositif,  avec  une  flamme  courte, 
mais  de  façon  à  atteindre  le  rouge  orange,  on  obtient  en  une  heure  un  anneau  qui  se 
rassemble  vers  le  bord  supérieur  du  creuset.  Le  manganite  formé  dans  ces  conditions 
cristallise  en  petits  prismes  courts,  dont  la  composition  est  exactement  la  même  que 
celle  du  produit  de  la  calcinalion  du  permanganate  à  3oocal. 

»  4°  Enfin,  si  l'on  chauffe  le  creuset  au  dispositif  n°  1  du  four  Forquignon,  de 
façon  à  le  porter  rapidement  au  rouge  blanc,  on  recueille  des  aiguilles  noires  de 
12M11  O2,  NaO,  4110,  identiques  comme  aspect  et  comme  composition  chimique  avec 
celles  qu'on  obtient  au  bec  Bunsen  vers  800°. 

»   En  résumé,  quand  on  chauffe  le  manganate  de  soude  depuis  3oo° 


(  527  ) 
jusqu'au  rouge  blanc,  il  subit  une  série  de  curieuses  métamorphoses.  C'est 
d'abord  l'hydrate  8Mu02,NaO,  5HO  qui  prend  naissance.  A  partir  d'en- 
viron 5oo°,  ce  produit  tend  à  se  polymériser,  et  à  8oo°  il  se  change  en 
l'hydrate  1 2Mn02,NaO,4HO.  Versiooo0,  on  voit  apparaître  un  composé 
encore  plus  complexe  i(5Mn02NaO,8HO;  puis,  entre  12000  et  i3oo°,  on 
retombe  sur  le  manganite  8MnOa,NaO,5HO  primitivement  formé  à  3oo°. 
Enfin,  au  rouge  blanc,  c'est  l'hydrate  i2MnOaMnO*4HO  qui  reparaît, 
comme  s'il  tendait  à  se  reproduire  un  nouveau  cycle  parallèle  au  précé- 
dent (').  J'avais  déjà  signalé  des  variations  analogues  dans  la  condensation 
de  la  molécule  des  manganites  alcalino-terreux  ;  mais  ces  composés  étaient 
anhydres.  D'autre  part,  les  ferrites  et  les  platinates  alcalins  hydratés  que 
j'ai  découverts  ne  forment  pas  de  cycles  dans  leurs  changements  succes- 
sifs. La  réunion  de  ces  deux  ordres  de  phénomènes  dans  un  même  groupe 
de  composés  constitue  un  fait  nouveau,  sur  lequel  je  prends  la  liberté 
d'attirer  l'attention  des  chimistes.  » 

CHIMIE   MINÉRALE.    —   Sur  la  transformation  du  pyrophosphite    de  soude 
en  phosphite  acide  (2).  Note  de  M.  L.  Amat,  présentée  par  M.  Troost. 

»  Dans  une  Note  précédente  (s  ),  on  a  montré  que  les  dissolutions  de 
pyrophosphite  de  soude  ne  se  conservent  pas  indéfiniment,  car,  dans  ces 
conditions,  le  pyrophosphite  s'hydrate  et  donne  du  phosphite  acide  de  soude 

H2P205Na2  +  H20    -  2(HP03NaH). 

»  Le  présent  travail  a  pour  but  l'étude  des  lois  qui  régissent  cette  trans- 
formation. 

»  Si  l'on  veut  avoir,  à  un  moment  donné,  la  composition  d'une  dissolution  de  pyro- 
phosphite de  soude  en  voie  de  transformation,  il  suffit  de  verser  dans  un  volume  donné  de 
la  dissolution  un  volume  <p  de  soude  capable  de  produire  la  neutralité  à  la  phlaléine  et  de 
calculer  ou  de  déterminer  la  valeur  limite  de  <p  =  l  qui  correspondrait  à  une  trans- 
formation complète.  Le  liquide  contient  une  quantité  de  phosphite  acide  de  soude 
équivalente  à  tp  et  une  quantité  de  pyrophosphite  équivalente  à  /  —  <p. 

»  On  peut  calculer  /  connaissant  le  poids  de  pyrophosphite  contenu  dans  la  disso- 
lution primitive,  ou  bien  déterminer  expérimentalement  cette  quantité  en  provoquant, 
par  un  acide  et  à  l'ébullition,  la  transformation  complète  du  pyrophosphite. 

(')  En  réalité,  il  s'agit  là  de  la  température  du  bain  liquide,  où  le  manganate  de 
soude  reste  indécomposé.  L'anneau  où  se  forme  le  manganite  est  situé  dans  des  régions 
plus  froides  dont  il  est  difficile  d'évaluer  exactement  la  température. 

C)  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  Chimie  de  l'Ecole  Normale  supérieure. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  CV11I,  p.  1066, 


l-v. 

^'°ë 

/  —  a 

,_-  =  A- loge. 

9  calculé. 

ce 

ig,65 

» 

[o*4] 

i8,55 

o,ooo35o 

1,45 

17,20 

o,ooo35o 

2,75 

i5,3o 

o,ooo333 

4,75 

i3,a5 

0,000327 

6.90 

11,10 

o,ooo334 

[8,95] 

8,80 

o,ooo364 

io,55 

8,10 

o,ooo363 

1 1 ,35 

6,55 

0,000369 

12,80 

(  528  ) 

Transformation  en  liqueur  neutre  au  méthylorange. 

»  I.  Influence  du  temps.  —  Dans  chaque  expérience  on  a  opéré  sur  20cc  d'une  dis- 
solution contenant  95sr,  283  de  pyrophosphite  de  soude  par  litre. 

»  Température  :  o°. 

»  x  =  durée  de  l'expérience  en  heures. 

»  <p  volume  en  centimètres  cubes  de  soude  à  1  molécule  (NaOH)  par  litre,  pour 
atteindre  la  neutralité  à  la  phtaléine. 

«   /  =  limite  de  <p  =  20", o5. 

x.  tp  trouvé. 

O o,4 

7!>5 ',5o 

166  2,85 

326  4,75 

524  6,80 

744  8,95 

g58  1 1 ,25 

1060  1 1 ,95 

1294  i3,5o 

»  Si  l'on  admet  que  la  vitesse  de  transformation  est  à  chaque  instant 
proportionnelle  à  la  quantité  de  matière  transformable  ('),  qu'elle  est 
indépendante  de  l'état  de  dilution  de  la  liqueur  et  que  les  produits 
formés  (ici  le  phosphite  acide  de  soude)  n'interviennent  pas  dans  cette 
transformation,  on  trouve,  <pu  étant  la  valeur  de  o  au  commencement  de 
l'expérience, 

loe-j — -  =  kx\os,e. 

°  t  —  o  ° 

doit  donc  être  une  constante. 

■<P 

»  Dans  Pavant-dernière  colonne  du  Tableau  précédent,  on  a  calculé, 
pour  chaque  expérience,  la  valeur  de  /Hoge  correspondante  ;  la  dernière 
colonne  donne  les  valeurs  de  cp  en  admettant  que  k  soit  une  constante.  On 
voit  d'après  cela  que  la  loi  précédente,  que  l'on  rencontre  aussi  dans 
l'étude  de  l'hydratation  de  l'acide  métaphosphorique  (2),  représente  les 
faits  d'une  manière  suffisamment  approchée. 

»  II.  Influence  de  la  dilution.  Dans  chaque  expérience  on  a  opéré  sur  20cc  d'une 


(')  Berthelot,  Revue  scientifique,   i865. 

(*)  Sabatier,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  6*  série,  t.  XVIII. 


(     ">29    ) 

dissolution  de  pyrophosphite  de  soude  contenant  g5sr,283  de  sel  par  litre.  Ces  20" 
ont  été  additionnés  d'eau  de  manière  à  obtenir  un  volume  total  V. 

Durée  de  l'expérience 526h 

Température o" 

l  =  limite  de  ip  =  20cc,o5  de  soude  à  i  molécule  par  litre. 
ts„  =  valeur  de  o  au  commencement  de  l'expérience  =  occ,4. 

'  -  o. 

V.  9.  I  —  ?.  los-, -■ 

l  —  » 

ce  ce  ce 

20 6,8o  [3,25  0,171 

4o 4,85  i5,ao  0,111 

80 3,3o  1 6, 70  0,071 

160 2,60  17,45  o,o52 

320 1,95  18,10  o,o36 

640 i,45  18,60  0,024 

»  Ce  Tableau  montre  donc  que  la  Iransformation  est  d'autant  plus  ra- 
pide que  la  dissolution  est  plus  concentrée. 

»  Il  semble,  d'après  cela,  que  dans  la  première  série  d'expériences,  on 
aurait  dû  constater,  dans  la  vitesse  de  transformation,  un  ralentissement 
manifesté  par  une  diminution  de  la  valeur  de  k,  la  dissolution  devenant 
avec  le  temps  de  moins  en  moins  concentrée  en  pyrophosphite. 

»  L'expérience,  an  contraire,  indique  que  la  vitesse  de  transformation 
est  telle  que  k  est  une  constante.  Le  phosphite  acide  qui  prend  naissance 
dans  la  dissolution,  produit  une  action  accélératrice  qui  compense  le  ra- 
lentissement dû  à  la  dilution.  On  peut  constater,  en  effet,  que  l'addition 
de  phosphite  acide  de  soude  à  une  dissolution  de  pyrophosphite  accélère 
l'hydratation  de  ce  dernier  corps. 

»  Transformation  du  pyrophosphite  de  soude  sous  l'influence  d'un  acide 
(liqueur  acide  au  méthylorange).  Sous  l'influence  d'un  acide  la  transforma- 
tion du  pvrophosphite  de  soude  est  considérablement  accélérée,  car  cet 
acide  tend  à  mettre  en  liberté  l'acide  pyrophosphoreux  qui  se  transforme 
rapidement  en  acide  phosphoreux. 

j>  I.  Influence  du  temps.  —  i°  Dans  chaque  expérience,  on  a  opéré  sur  20e?  d'une 
dissolution  contenant  94s'',"5  par  litre,  additionnés  île  20(C  d'acide  sulfurique  à  2J5-  de 
molécule  par  litre;  20™  d'acide  sulfurique  =0", 9  de  soude  à  om°1,564  (NaOH)  par 
litre. 

„  (,  4- occ,q  ;=  volume  de  soude  employé  pour  atteindre  la  neutralité  à  la  phtaléine. 

»  Température  :  o°. 

»   1  =  limite  de  o  =  35cc,  35. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  10.)  D9 


(  53o  ) 

»  x  =  durée  de  l'expérience  en  heures. 

li                                                             ce  ce 

0,0 3,6  3i,75                            » 

28,5 6,55  28,8  o, 001^9 

55,5 8,g5  26,4  o,ooi44 

96,5 12, o5  23,3  o,ooi45 

196,5 17,5  17,85  0,00127 

262,5 20,2  i5,i5  0,00122 


15 


»  20  Dans  chaque  expérience,  on  a  opéré  sur  20tC' d'une  dissolution  contenant  9 
de  pyrophosphite  par  litre;  ces  20cc  ont  été  additionnés  de  iocc  d'acide  sulfurique, 
équivalant  à  iorc,7  de  soude  à  omol,44i5  par  litre. 

»  <p +  10,7 —volume  de  soude  (omol,44'5)  pour  atteindre  la  neutralité  à  la  phta- 
léine. 

»  Température:  210. 

»  /  =  limite  de  5=  44CS  4- 

»  1  =  durée  de  l'expérience  eu  minutes. 

x.  ?.  /-<?.  Mogj^  =  A- loge. 

ce  ce  ce 

0 2,1  42,3  » 

10 12,7  3i,7  o,oi25 

17 16,9  27,5  0,0110 

28 21,85  22,55  0,0098 

5o 28,2  16,2  o,oo83 

80 33,7  I0>7  0,0075 

i55 3g,2  5,2  0,0059 

»  La  dernière  colonne  des  Tableaux  précédents  montre  que  A"  diminue 
d'une  manière  continue,  et  que  la  formule  log y^°  =  kxloge  ne  peut 
représenter  que  grossièrement  les  résultats,  et  cela  d'autant  plus  que  la 
quantité  d'acide  est  plus  grande.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  Sur  le  silicibromo forme.   Note  de  M.   A.  Bessox, 

présentée  par  M.  Troost. 

«  On  sait  que  l'acide  bromhydrique  exerce  sur  le  silicium  une  action 
parallèle  a  celle  qu'exerce  l'acide  chlorhydrique;  mais  le  silicibromoforme 
n'avait  pas  été  isolé  à  l'état  de  pureté  :  c'est  ce  corps  que  je  me  suis  pro- 
posé d'isoler. 

»   J'ai  fait  réagir  HBr  bien  sec  sur  le  silicium  cristallisé  à  une  tempéra- 


(  53i  ) 

ture inférieure  au  rouge,  et  j'ai  séparé  par  fractionnement,  du  produit  brut 
de  la  réaction,  formé  en  majeure  partie  de  bromure  de  silicium  bouillant 
à  i.53°,  un  liquide  distillant  de  iof)°-i  r  i°.  Sa  composition  répond  à  la  for- 
mule Si2HBr3  ;  l'hydrogène  a  été  dosé  à  l'état  gazeux,  par  la  décomposition 
au  contact  de  la  potasse,  qui  fournit  un  volume  d'hydrogène  double  de 
celui  renfermé,  d'après  l'équation 

Si2HBra  h-  5RO.HO  =  Si20\  2RO  -h  3KBr  -4-  4HO  +  2H. 

»  La  quantité  de  silicibromoforme  obtenue  ne  dépasse  pas  5  pour  100  du 
produit  brut  de  la  réaction,  même  dans  les  conditions  les  plus  favorables, 
température  la  plus  basse  possible  et  courant  gazeux  rapide. 

»  Dans  les  résidus  d'une  préparation  qui,  ayant  duré  plusieurs  jours,  a 
nécessité  la  suspension  de  l'opération  et  la  rentrée  de  l'air  dans  l'appareil, 
j'ai  constaté  l'existence  d'un  corps  solide,  cristallisé  en  paillettes  jaunes, 
volatil  au  rouge  vif  dans  un  courant  d'azote,  décomposable  par  l'eau  avec 
formation  d'HBr  et  de  silice;  je  considère  ce  corps  comme  un  oxybromure 
de  Si.  Je  me  propose  d'en  reprendre  l'étude. 

«  Le  silicibromoforme  est  un  liquide  incolore  distillant,  sans  décompo- 
sition, de  1090 —  1 1 1°  dans  un  gaz  inerte;  il  ne  se  solidifie  pas  à  —  60".  Il 
est  très  difficile  à  manier,  car  il  fume  abondamment,  puis  s'enflamme 
spontanément  à  l'air;  la  vapeur  forme  avec  l'air  des  mélanges  détonants  : 
aussi  faut-il  le  distiller  dans  un  gaz  inerte;  il  est  décomposable  par  l'eau, 
par  les  alcalis  avec  violence. 

»  Le  gaz  ammoniac  sec  réagit  très  énergiquement  sur  le  silicibromo- 
forme et,  si  l'on  ne  modère  pas  la  réaction,  le  dégagement  de  chaleur  est 
accompagné  d'un  phénomène  lumineux.  Le  produit  blanc  ainsi  obtenu 
renferme  du  silicium,  de  l'hydrogène,  du  brome  et  de  l'ammoniaque, 
mais  ne  présente  pas  de  composition  définie,  même  si  l'on  opère  à  basse 
température;  il  semble  être  le  mélange  d'un  composé  défini  avec  les  pro- 
duits en  quantité  variable  de  sa  décomposition.  Je  ferai  la  même  remarque 
sur  l'action  du  gaz  ammoniac,  sur  le  silicichloroforme  Si2HCl3  qui  ne  m'a 
pas  fourni  de  produit  défini. 

»  L'hydrogène  phosphore  PH3  ne  se  combine  pas  avec  le  silicibromo- 
forme sous  l'action  du  froid  jusqu'à  —  4°°?  mais  si  I'011  comprime  dans  le 
tube  de  l'appareil  Cailletet  PH3  en  présence  d'une  petite  quantité  de 
SiMIBr3,  on  voit  celui-ci  se  transformer  à  1-  i5°,  et  sous  une  pression  voi- 
sine de  25atm,  en  un  corps  solide  blanc  qui  persiste  quelque  temps  quand 
la  compression  cesse;  si  on  enlève  le  tube,  on   constate  une   diminution 


(  53a  ) 

notable  du  volume  gazeux,  et  si  on  l'ouvre  rapidement  et  qu'on  en  chasse 
le  gaz  par  un  courant  d'acide  carbonique  sec,  on  constate  que  le  corps 
solide  disparaît  peu  à  peu  en  même  temps  qu'il  y  a  mise  en  liberté  d'hydro- 
gène phosphore. 

«  Si  l'on  comprime  de  même  PrP  en  présence  d'une  petite  quantité  de 
silicichloroforme,  on  voit  apparaître  à  -4-i5°,  sous  une  pression  de  4oatm, 
des  cristaux  isolés  qui  grossissent  rapidement,  si  l'on  maintient  la  pression  ; 
mais  ils  disparaissent  rapidement  dès  que  la  pression  diminue  à  la  même 
température;  à  o°  ils  se  forment  sous  25a,m;  enfin,  à  —  12°,  ils  apparaissent 
sous  ooatra  de  pression  et  ne  tardent  pas  à  envahir  la  majeure  partie  du  li- 
quide; mais,  même  à  cette  température,  la  pression  est  nécessaire  pour  les 
conserver.  Le  silicichloroforme  dont  j'ai  fait  usage  est  un  liquide  bouillant 
rigoureusement  à  +■  34°  et  ne  se  solidifiant  pas  à  —  Go°.  » 


THERMOCHIMIE.  —  Elude  thermique  de  quelques  dérivés  alcalins 
de  l'érythrite.  Note  de  M.  de  Forcraxd. 

«   Dans  une  précédente  Communication  j'ai  fait  connaître  trois  éry  thrates 
alcalins  hydratés,  et  deux  érvthrates  anhydres,  dont  les  formules  sont 

CH'oO8,  NaO,3HÔ     ou     C8H9NaOs,4HO 
C»H10O8,  NaO  ou     CIDNaO8,  HO 

C8H10O8,KO  ou     C8H9K08,  HO 

C8H9Na08 
C8H9K08 

»   La  chaleur  de  dissolution  de  ces  composés  dans  4U|  d'eau,  entre  8°  et 
io°,  est 

Cal 

Pour  le  premier — 6,57 

Pour  le  deuxième —  1 ,06 

Pour  le  troisième — 4  )  35 

Pour  le  quatrième +o,53 

Pour  le  cinquième —  1 ,  23 

»   D'autre  part,  on  a,  pour  la  neutralisation  à  équivalents  égaux, 

De  l'érythrite  par  la  soude  (4Ut) -J-oCal,6g 

De  l'érvthrite  par  la  potasse  (4Ht) +oCal,  708 

»   Connaissant  en  outre  les  chaleurs  de  dissolution  de  l'érythrite,  de  la 


(  533  ) 

soucie  et  de  la  potasse  anhydres  et  hydratées,  et  la  chaleur  de  fusion  de 
l'eau,  on  peut  déduire  des  nombres  précédents  la  valeur  thermique  des 
réactions  suivantes  : 

Cal 

CsHl0O8  sol.-t-  NaO  sol.  =  CH'NaO8  sol.  + 110  sol +23,  a55 

G8H10O8sol.+  NaHO2sol.  =  C8H9NaO8sol.-+-H2O2sol +  6,25 

C8H9Na08sol.H-H20'-Iiq.  =  C8Hltl08sol.  +  NaH02sol -  4,82 

C8TI'°08  sol.  +  NaO  sol.  =  C8H9Na08,  HO  sol +24, i3 

G8 H9 Na O8,  110  sol.  +  4 HO  liq.  =  C8 H9 NaO8,  4 HO  sol +  5,5i 

G8H9Na08, HOsol. +  3IIOsol.  =  C8H9Na08,4HOsol +  3,365 

C8H9Na08  sol.  +  HO  liq.  =  C8H9  NaO8,  HOsol +  i,5g 

C8H9Na08sol.+  HOsol.:=C8H9NaO,H08sol +  o,875 

C8  H'Na O8  sol.  -h  4 HO  liq.  =  <  :s  1 1 "  Na  O8,  4 HO  sol +7,10 

C8H9Na08  sol.  -t-  4H0  sol.  =  G8 11°  NaO8,  ',  110  sol +  4  .  "■  i 

C8H'»08  sol.  -h  Na  sol.  =  C8H9Na08  sol.  -+- H  gaz +38,  j  4 

G8H'»Os  sol.  +  KO  sol.  =  C8H9K08  sol.+  HO  sol -i-3i,235 

C'H'-'O8  sol.  +  KIIO2  sol.  =  C8H9K08  sol.  +  H202  sol +10,71 

C8H9K08  sol.  +  H202  liq.  =  C8H'"08  sol.  +  IvH02sol -  9,28 

G8H'»08  sol.  +  KO  sol.  =  C8H9K08,  HO  sol +33,6', 

G8  H9  KO8  sol.  -t-  HO  liq.  =C8  H9  KO8,  HOsol +  3, 12 

C8 H9 KO8  sol.  +  HO  sol.  =:C8 H9 KO8,  HO  sol +  2,4o5 

G8H'°Ossol.-)-Ksol.  =  G8H9K08sol.+  ngnz +44, 62 

»  Enfin,  on  peut  calculer  la  chaleur  de  formation  des  deux  érythrate^ 
anhydres  à  partir  des  éléments,  celle  de  l'érythrite  étant  connue  depuis 
les  déterminations  de  MM.  Berthelot  et  Matignon  (')  (+■  219e*1, 6).  On 
trouve  ainsi 

C8  diam.  -h  H9  gaz  +  Na  sol.  +  O8  gaz  =  C8H'Na08  sol +257°", 67 

G8  diam.  -t-  H9  gaz  -t-  K  sol.  +  O8  gaz  =  G8  H9  KO8  sol -Ha64Cal,  22 

»  Ces  valeurs  permettent  notamment  de  fixer  la  formule  des  érythrates 
hydratés. 

»  En  effet,  la  réaction 

G8HI0O8sol.T-NaOsol.  =  C8H9NaO8,HOsol.ouG8Hl0O8,NaOsol.  dégage  +24Cal,i3. 

»  Ce  nombre  est  beaucoup  trop  élevé  pour  une  simple  addition  de 
C8H,0O8  et  NaO.  On  connaît  quelques  composés  d'addition  de  ce  genre, 
par  exemple,  2C2H402,  3BaO,  qui  se  forme  avec  un  dégagement  de  cha- 
leur de  +  ioCal,42  seulement  pour  1  équivalent  de  BaO,  et  les  propriétés 
de  ce  corps  font  penser  qu'il  est  exceptionnellement  élevé  et  qu'il  ne  peut 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXI,  p.   11;  1890. 


(  534  ) 

être  dépassé.  Le  nombre  -1-  2.4, i3  correspond  donc  à  une  réaction  plus 

profonde 

C8H10O*sol.  +  NaOsol.  =  C8II9Na08,  HO  sol. 

c'est-à-dire  à  une  substitution  du  sodium  à  l'hydrogène,  une  élimination 
de  1  équivalent  d'eau,  qui  peut,  suivant  la  température,  ou  être  séparé  ou 
former  un  hydrate. 

»   De  même,  la  réaction 

C8H2Na08,  HOsol.     ou     CsH10O8,  NaOsol. 

_  HO  sol.  H-C8H9Na08sol.  absorbe  seulement. . .        -oral,S7:, 

quantité  tout  à  fait  comparable  à  celle  qui  correspond  à  la  déshydratation 
d'un  grand  nombre  de  sels  monohydratés.  Si  la  formule  du  composé  pri- 
mitif était  C8H'°08,  NaO,  cette  réaction,  d'après  les  analogies,  devrait  dé- 
gager de  la  chaleur. 

»  Enfin,  de  même  que  la  fixation  de  HO  sol.  sur  C8H9Na08  dégage 
-f-oCa,,875,  l'addition  de  4 HO  sol.  à  C8H9Na08  dégage  4-4Ca,,24,  soit 
+  iCa,,o6  par  équivalent  d'eau,  nombre  très  voisin  de  4-0,875,  comme 
il  arrive  pour  les  degrés  successifs  d'hydratation  d'un  grand  nombre  de 
sels. 

»  Le  même  raisonnement  montre  que  l'action  de  C8  H  '"  O8  sol .  sur  KO  sol. 
donne  bien  le  composé  C8H9K08,  HOsol.  et  non  pas  C8H,0O8,  KO  sol.  ; 
cette  réaction  dégage  +  33Ca,j64. 

»   De  même  : 

C8H9K08,  HO  sol.  =  HO  sol. -t- CsH9K08  sol.  absorbe -  2c»1,4o5; 

elle  serait  exothermique  à  partir  du  G3  H10  ObKO. 

»   Les  formules  des  trois  çrythrates  hydratés  sont  donc 

C8H9Na08,4HO;         C8HJOs,HO;         C8H9KO\HO; 

et  non  pas 

C8H'°08,  NaO,  3HO;         C8H,0O\NaO;         C8H,0O8,  KO. 

»  Remarquons  encore  qu'à  partir  des  éléments  les  chaleurs  de  formation 
des  alcoolates  augmentent  régulièrement  avec  le  degré  d'atomicité.  On  a, 
pour  les  dérivés  sodiques, 

Cal 

C2H3Na02 -+-    95>22 

C*H5NaOl ■+•  160,82 

G6H"NaO° -h  209,^1 

C8H9NaOs -h  207,67 


(  535  ) 

»   Pour  les  dérivés  du  potassium,  les  nombres  correspondants  sont  con- 
stamment plus  élevés  et  augmentent  de  la  même  manière.  » 


CHIMIE.  —  Sur  quelques  combinaisons  ammoniacales  du  cyanure  de  mercure. 

Note  de  M.  Raoul  Varet. 

«  I.  Bromocyanure  de  mercure  et  de  cuivre.  —  Dans  une  solution  aqueuse  de  bro- 
mure cuivrique,  on  fait  passer  un  courant  de  gaz  ammoniac;  il  y  a  d'abord  formation 
d'un  précipité  vert  qui  se  redissout,  puis  précipitation  de  cristaux  bleus  :  c'est  du  bro- 
mure de  cuivre  ammoniacal.  Ces  cristaux  et  leur  eau-mère  sont  ajoutés  à  une  solution 
de  cyanure  de  mercure  dans  l'ammoniaque,  que  l'on  chauffe  vers  3o°,  en  agitant  jus- 
qu'à ce  que  la  dissolution  soit  complète.  La  liqueur  obtenue,  filtrée  et  abandonnée 
dans  un  endroit  froid,  laisse  déposer  de  petits  cristaux  bleus,  brillants,  durs,  qui,  séchés 
entre  des  doubles  de  papier,  répondent  à  la  formule 

iig-c;\-.<:ui;r,  .AziK 

»  C'est  un  coi'ps  peu  altérable  à  l'air.  Feu  soluble  dans  l'ammoniaque,  décomposable 
par  l'eau.  On  peut  le  chauffer  quelques  heuresà  ioo",  sans  qu'il  s'altère  notablement. 
On  voit  que  l'action  du  bromure  cuivrique  sur  le  cyanure  de  mercure  dissous  dans 
l'ammoniaque  est  bien  différente  de  celle  qu'il  exerce  sur  le  cyanure  dissous  dans  l'eau 
seulement.  Dans  ce  dernier  cas,  si  la  température  est  supérieure  à  200,  il  y  a,  comme 
je  l'ai  montré  (Comptes  rendus,  t.  ÇX,  p.  1/17)  mise  en  liberté  de  cyanogène  et  for- 
mation du  corps  Ilg2Cy2.Cu2Cv  .  llg  Br  ;  à  une  température  voisine  de  o°,  on  obtient 
des  hydrates  des  composés  Hg2Cy2.  Cu  BrelIIg2C\2Cu2Br2.  En  présence  d'ammoniaque, 
même  à  3o°,  il  n'y  a  pas  mise  en  liberté  de  cyanogène,  ni  par  conséquent  formation  de 
dérivés  ammoniacaux  du  corps  Hg2Cy2.CusCy.HgBr.  Je  n'ai  pas  réussi  non  plus  à 
obtenir  de  combinaisons  ammoniacales  du  corps  Hg2CyîCu2Bra. 

»  II.  Bromocyanures  de  mercure  et  de  cadmium.  —  On  projette  par  petites  quan- 
tités le  composé  Hg2Cy2.  Cd2Br2. 3  HO  finement  pulvérisé,  dans  de  l'ammoniaque 
aqueuse  chauffée  vers  4o°  dans  un  vase  très  résistant  et  bouchant  parfaitement.  La  dis- 
solution est  assez  lente,  aussi  faut-il  agiter  fortement.  Quand  la  liqueur  est  saturée,  on 
la  filtre  encore  chaude,  et  on  l'abandonne  dans  un  androit  dont  la  température  doit  être 
inférieure  à  io°.  On  obtient  des  petit--  cristaux  blancs  qui,  séchés  entre  des  doubles  de 
papier,  répondent  à  la  formule 

Hg2Cy!.CdBr.2AzH3.aHO. 

»  C'est  un  corps  peu  soluble  dans  l'ammoniaque,  décomposable  par  l'eau  ;  il  s'effleu- 
rit  à  l'air.  Chauffé  à  100°,  il  se  déshydrate  complètement  sans  perdre  d'ammoniaque, 
en  donnant  une  poudre  blanche  qui  répond  à  la  formule 

Hg2Cy2.CdBr.aAzH3. 

»  On  voit  que,  sous  l'influence  de  l'ammoniaque,  le  composé  Hg2Cy2.CdsBrs.3HO 
a  perdu  la  moitié  de  son  bromure  de  cadmium. 


(  536  ') 

»  III.  lodocyanure  de  mercure  et  de  cadmium.  —  De  l'iodure  de  cadmium  esi 
traité  par  de  l'ammoniaque  aqueuse,  en  quantité  insuffisante  pour  le  dissoudre.  La 
liouillie  blanche  ainsi  obtenue  est  ajoutée  par  petites  quantités  à  une  solution  ammo- 
niacale de  cyanure  de  mercure  chauffée  vers  4°°>  jusc[u  à  cessation  de  la  dissolution. 
La  liqueur  filtrée  abandonne,  par  refroidissement,  de  petits  cristaux  blancs  que  l'on 
sèche  très  rapidement  entre  des  doubles  de  papier.  Ils  répondent  à  la  formule 

HgCy.CdCy.HgI.2AzH3. 

»  C'est  un  corps  très  altérable  à  l'air.  Traité  par  l'acide  chlorhyd-rique,  il  est  décom- 
posé ;  il  y  a  dégagement  d'acide  cyanbydrique,  précipitation  d'iodure  mercurique,  et 
il  reste  dans  la  liqueur  du  chlorure  de  cadmium,  du  cyanure  de  mercure  et  du  chlor- 
hydrate d'ammoniaque.  Chauffé  dans  un  petit  tube  à  une  température  bien  inférieure 
à  celle  de  la  décomposition  du  cyanure  de  mercure,  il  dégage  de  l'ammoniaque  et  il 
y  a  sublimation  de  Hgl. 

»  IV.  Chlorocyanure  de  mercure  et  de  cadmium.  —  Il  existe  des  combinaisons 
ammoniacales  du  cyanure  de  mercure  avec  le  chlorure  de  cadmium,  mais  je  n'ai  pas 
réussi  à  déterminer  les  conditions  dans  lesquelles  ces  corps  prennent  naissance  sans 
être  mêlés  à  d'autres  produits. 

»  V.  Chlorocyanure  de  mercure  et  de  nickel.  —  11  ne  paraît  pas  exister  de 
combinaisons  ammoniacales  du  cyanure  de  mercure  avec  le  chlorure  de  nickel.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  la  fermentation  de  la  fécule  par  l'action 
du  ferment  butyrique.  Noie  de  M.  A.  Yilliers. 

«  J'ai  montré  dernièrement  (Comptes  rendus,  février  1891,  p.  435)  que 
la  fécule  de  pomme  de  terre  peut,  dans  des  conditions  déterminées,  fer- 
menter sous  l'action  du  Bacillus  amylobacter,  les  produits  principaux  de 
cette  fermentation  étant  constitués  par  des  dextrines. 

»  Il  se  forme  en  même  temps,  mais  en  très  petite  quantité,  soit  environ 
3gr  pour  1000  de  fécule,  un  hydrate  de  carbone  qui  se  sépare  en  beaux 
cristaux  radiés,  au  bout  de  quelques  semaines,  dans  l'alcool  ayant  servi  à 
la  précipitation  des  dextrines.  Ces  cristaux  renferment  de  l'eau  et  de  l'al- 
cool de  cristallisation,  la  proportion  de  ce  dernier  étant  très  faible,  environ 
4  pour  100.  Au  contact  de  l'air,  ils  deviennent  opaques,  en  perdant  de 
l'alcool  et  absorbant  de  l'eau,  sans  que  leur  poids  varie  d'une  manière  no- 
table. En  les  dissolvant  dans  une  assez  grande  quantité  d'eau  chaude,  on 
obtient,  par  refroidissement,  de  petits  cristaux  brillants,  inaltérables  à  l'air, 
dont  la  composition  est  représentée  par  un  multiple  de  la  formule 

C<*H,0O40-r-3HO. 


(537  ) 

La  substance  desséchée  est  très  avide  d'eau,  et  reprend  au  contact  de 
l'air  ses  trois  équivalents,  l'absorption  étant  terminée  au  bout  de  un  à  deux 
jours,  et  le  poids  restant  alors  invariable.  Cette  hvdratation  est  assez 
rapide  pour  cpi'on  ne  puisse  peser  la  substance  sèche  au  contact  de  l'air. 

»  Quant  aux  cristaux  formés  dans  l'alcool,  leur  composition  répond  à  la 
formule 

(C,2H,00,0)°.C4H602.ioçHO. 

»  Je  donnerai  ultérieurement  les  propriétés  de  ce  nouvel  hydrate  de 
carbone,  que  je  propose  de  désigner  sous  le  nom  de  cellulosine ,  propriétés 
qui  le  différencient  très  nettement  des  diverses  saccharines.  J'indiquerai 
seulement  aujourd'hui  les  caractères  suivants  : 

»  Cristaux  blancs,  d'une  saveur  à  peine  sucrée. 

»  La  solubilité  dans  l'eau  à  la  température  ordinaire  est  très  faible,  ce  qui  ne  m'a 
pas  permis  de  déterminer  le  poids  moléculaire  par  la  méthode  cryoscopique  (ioocf 
d'eau  à  i5°  ne  dissolvent  que  isr,  3  de  matière  sèche).  Cette  solubilité  augmente  avec 
la  température  (à  700,  ioocr  dissolvent  1  5  à  i6sr). 

»  Son  pouvoir  rolatoire  est  fort  élevé  ;  il  est  même  supérieur  à  celui  de  certaines 
dextrines  qui  se  forment  sous  l'action  du  ferment  butyrique.  Rapporté  à  la  matière 
déshydratée,  il  est  égal  à 

aD  =  4-i5o,°,42, 

valeur  qu'il  acquiert  aussitôt  après  la  dissolution. 

»  Soumis  à  l'action  de  la  chaleur,  il  résiste  sans  fondre  aux  températures  comprises 
dans  l'échelle  thermométrique.  Si  l'on  continue  à  le  chauffer,  il  noircit  en  se  boursou- 
flant. 

»  Il  n'est  pas  fermentescible  et  ne  réduit  pas  la  liqueur  cupropotassique. 

»  Les  acides  minéraux  dilués  le  transforment  complètement,  à  l'ébullition,  en  glu- 
cose. Cette  transformation  est  très  lente,  et  exige,  pour  être  complète,  environ  vingt- 
quatre  heures  d'ébullition,  c'est-à-dire  un  temps  beaucoup  plus  considérable  que  la 
fécule  et  les  dextrines. 

»  Il  est  sans  action  sur  la  phénylhydrazine. 

»  Je  me  suis  assuré  qu'il  ne  préexiste  pas  clans  la  fécule,  et  constitue  bien,  avec 
l'acide  butyrique,  un  des  produits  secondaires  de  la  fermentation  de  cette  dernière, 
sous  l'action  du  ferment  butyrique. 

»  Je  signalerai  enfin  un  dernier  produit  secondaire,  qui  se  forme  simul- 
tanément. La  fermentation  de  la  fécule  étant  terminée,  il  reste  un  résidu 
insoluble,  dont  la  proportion  n'est  pas  constante  (en  moyenne  5  pour  100 
de  fécule),  formé  de  flocons  blancs,  amorphes,  volumineux,  qui,  après 
dessiccation,  s'agglutinent  entre  eux.  Ce  résidu  a  la  composition  de  la  cel- 
lulose, ainsi  que  j'ai  pu  le  constater  par  sa  combustion,  après  l'avoir  dc- 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXTJt,  N»  10.)  70 


(  538  ) 

barrasse,  par  un  lavage  à  l'eau  acidulée,  des  dextrines  et  des  sels  contenus 
dans  l'eau.  Il  est  transformé  en  glucose  par  les  acides  minéraux  étendus 
bouillants;  mais  cette  transformation  ne  se  produit  qu'avec  une  lenteur 
extrême. 

»  De  même  que  la  fécule  de  pomme  de  terre,  les  divers  amidons  et 
fécules  fermentent,  dans  les  mêmes  conditions,  sous  l'action  du  ferment 
butyrique.  Les  produits  résultants  ne  paraissent  pas  toujours  identiques; 
avec  un  de  ces  amidons,  j'ai  pu  obtenir  deux  cellulosines  cristallisées  dis- 
tinctes; les  dextrines  ne  sont  pas  non  plus  semblables  dans  tous  les  cas. 
Mais  je  me  réserve  de  donner  ultérieurement  les  résultats  de  cette  étude, 
ceux  que  j'ai  déjà  obtenus  indiquant  la  non-identité  de  la  matière  amylacée 
des  divers  amidons  et  des  diverses  fécules.  « 


ANATOMIE  PATHOLOGIQUE.  —  Les  lésions  histologiqucs  de  la  peau  dans  la 
rougeole.  Note  de  M.  Catrin,  présentée  par  M.  Larrey. 

«  Je  ne  connais  sur  ce  sujet  qu'un  Mémoire,  celui  de  Neumann,  paru 
en  1882.  La  faible  léthalité  de  la  rougeole,  et  l'époque  tardive  à  laquelle 
ont  lieu  les  décès,  dus  le  plus  ordinairement  à  des  complications,  expliquent 
cette  pénurie  des  recherches. 

»  J'ai  pu  observer  un  homme  mort  au  troisième  jour,  d'une  rougeole 
boutonneuse,  ce  qui  m'a  permis  de  constater  des  lésions  spéciales  non 
encore  décrites. 

»  La  lésion  principale  consiste  en  des  phlyetènes  d'un  ordre  spécial.  En 
outre,  on  constate  une  accumulation  de  boules  de  substance  colloïde  dans 
la  zone  périnucléaire  ou  endoplastique  des  cellules  du  corps  de  Malpighi. 
Enfin  autour  des  phlyetènes,  au-dessous  d'elles,  à  la  périphérie  des  vais- 
seaux de  distribution,  des  canaux  des  glandes  sudoripares,  des  glandes 
elles-mêmes  et  des  follicules  pileux,  existe  une  infiltration  lymphatique 
plus  ou  moins  abondante. 

»  De  la  combinaison  des  lésions  hyperémiques  et  diapédétiques  du 
derme,  et  de  la  formation  des  boules  colloïdes,  résulte  la  production  des 
phlyetènes.  Il  faut  donc  étudier  :  i°  la  formation  des  boules  colloïdes; 
20  celle  des  lignes  de  nécrose  par  coagulation  ;  3°  les  phlyetènes  elles- 
mêmes. 

w    t°  Formation  des  boules.  —  Cà  et  là.  et  d'une  façon  plus  ou  moins  dis- 


(539) 

crête  ou  confluente,  on  trouve  des  cellules  du  corps  de  Malpighi,  présen- 
tant dans  leur  zone  endoplastique,  non  pas  un  liquide  se  colorant  en  bleu 
pale,  mais  un  globe  d'une  substance  réfringente  à  éclat  gras.  Ce  globe 
refoule  le  noyau  ou  parfois  l'entoure.  Dans  d'autres  cellules,  on  trouve  plu- 
sieurs de  ces  boules,  constituant  des  masses  mûriformes,  refoulant  à  leur 
périphérie  l'exoplasme  et  ne  tardant  pas  à  le  rompre. 

»  2°  Lignes  de  nécrose  par  coagulation .  —  Soit  en  plein  corps  muqueux, 
soit  au  voisinage  du  derme,  on  trouve  des  lignes  qu'occupe  un  magma 
constitué  par  un  mélange  de  boules  colloïdes,  de  globules  blancs,  de  cel- 
lules du  corps  de  Malpighi  plus  ou  moins  altérées,  et  enfin  de  fdaments 
de  fibrine  donnant  à  ce  magma  l'aspect  fibrillaire.  Selon  que  ce  magma 
est  plus  ou  moins  profondément  situé,  il  donne  lieu  à  une  phlyetène  su- 
perficielle ou  profonde. 

»  3°  Étude  des  phlyetènes.  —  La  lésion  que  nous  désignons  sous  ce  nom 
est  absolument  différente  de  ce  qu'on  entend  par  ce  terme  en  dermato- 
logie. Il  y  a,  comme  dans  les  phlyetènes  vraies,  clivement  de  l'ectoderme; 
mais  le  contenu  de  la  phlyetène  est,  non  plus  liquide,  mais  solide,  ou,  tout 
au  plus,  mou,  constitué  par  le  magma  décrit  dans  les  lignes  de  nécrose 
par  coagulation.  L'espace  développé  est  tantôt  complètement  rempli  par 
le  magma,  ou  bien,  au-dessus  et  au-dessous  de  lui,  on  voit  une  zone  claire 
occupée  probablement  pendant  la  vie  par  du  liquide  et  des  globules  blancs. 
L'infiltration  lymphatique  est  surtout  abondante  au  pourtour  de  la  phlye- 
tène, bien  plus  qu'au-dessus  et  au-dessus  d'elle.  La  plupart  du  temps,  au 
dessus  d'une  phlyetène  profonde,  il  existe  un  décollement  des  couches  épi- 
dermiques  sur  les  limites  du  corps  de  Malpighi. 

»  Cette  altération  de  l'épidémie  constituera,  on  le  comprend,  à  la  fin  du 
processus,  la  production  d'une  série  de  points  faibles  au  niveau  de  l'ecto- 
derme, ce  qui  explique  les  deux  modes  de  desquamation  de  la  rougeole 
par  furfurs,  s'il  v  a  peu  de  phlyetènes,  par  lambeaux  s'il  y  en  a  beaucoup. 

»  La  conjugaison  des  lésions  hyperémiques  et  de  l'altération  colloïde 
des  celludes  constitue  les  lésions  typiques  du  tégument  dans  la  rougeole 
boutonneuse.    » 

BOTANIQUE.   —  Sur  l'existence  des   «  sphères  attractives  »    dans  les  cellules 
végétales.  Note  de  M.  Léon  Guignard,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  En  étudiant  chez  les  Animaux  les  phénomènes  de  division  nucléaire 
qui  se  manifestent  dans  l'œuf  au  moment  de  la  fécondation  et  plus  tard 


(  54o  ) 

dans  les  tissus  embryonnaires,  on  a  remarqué  dans  la  cellule,  en  dehors 
du  noyau,  un  élément  spécial,  différencié  dans  le  protoplasme  sous  la  forme 
d'une  petite  masse  sphéroïdale  à  structure  radiaire,  qu'on  désigne  sous  le 
nom  de  sphère  attractive.  Le  centre  de  cette  figure  radiaire  est  occupé  par 
un  corpuscule  particulier  ou  centrosome,  plus  colorable  que  le  reste  du 
protoplasme.  Pendant  les  diverses  phases  de  la  division  du  noyau,  on  ob- 
serve deux  sphères  attractives,  qui  deviennent  les  centres  de  formation 
des  asters  apparaissant  aux  deux  pôles  du  fuseau  nucléaire.  En  même 
temps  que  deux  nouveaux  noyaux  prennent  naissance,  la  sphère  attractive 
qui  correspond  à  chacun  d'eux  se  dédouble  en  deux  nouvelles  sphères, 
dont  le  rôle  ultérieur  sera  le  même. 

»  Ces  faits,  aperçus  en  partie  par  les  premiers  auteurs  qui  se  sont  oc- 
cupés de  la  division  cellulaire,  ont  reçu  leur  interprétation  exacte  à  la  suite 
des  recherches  de  M.  E.  Van  Beneden  et  de  M.  Boveri  sur  l'Ascaris  mega- 
lucephala.  D'autres  observateurs,  et  en  particulier  MM.  Vialleton,  Gar- 
nault,  Vejdowski,  ont  constaté  des  faits  analogues  chez  divers  Invertébrés. 
L'an  dernier,  M.  Henneguy  a  reconnu,  dans  les  cellules  embryonnaires 
de  la  Truite,  la  présence  de  deux  sphères  attractives  pourvues  de  leur 
centrosome,  au  voisinage  de  chaque  noyau  à  l'état  de  repos. 

»  Toutefois,  dans  les  cellules  animales  autres  que  celles  dont  il  vient 
d'être  question,  et  en  dehors  des  phases  de  la  division  cellulaire,  les  sphères 
attractives  n'avaient  pas  encore  été  mises  nettement  en  évidence  avant  les 
récentes  observations  de  M.  Flemming.  Ce  savant  vient  de  les  trouver  {  '  ), 
avec  leur  centrosome,  dans  les  cellules  au  repos  de  l'épithélium  pulmo- 
naire et  de  l'endothélium  péritonéal  des  larves  de  Salamandre;  mais, 
comme  il  n'en  a  vu  le  plus  souvent  qu'une  seule  dans  les  leucocytes  du 
même  animal,  où  leur  recherche  est  beaucoup  plus  facile,  il  est  porté  à 
croire  que,  dans  la  période  de  repos  complet,  il  peut  n'exister  dans  la 
cellule  qu'une  seule  sphère  attractive,  dont  le  dédoublement  n'aurait  lieu 
qu'au  moment  de  la  division  du  noyau. 

»  Ces  observations  m'engagent  à  ne  pas  différer  plus  longtemps  la  pu- 
blication des  résultats  qui  m'ont  été  fournis  par  les  plantes,  à  l'aide  d'une 
technique  qui  sera  exposée  dans  un  travail  plus  détaillé. 

»  Jusqu'ici,  en  effet,  la  présence  des  sphères  attractives  dans  les  cellules 
végétales  a  complètement  échappé  à  l'observation.  M.  Strasburger  a  bien 

(')  W.  Flemming,  Attraktionssphàren  und  Centralkorper  in  Géwebszellen   und 
Wunderzellen  (Anat.  Anzeiger,  i.',  février  1891). 


(  54i  ) 
aperçu,  au  début  de  la  division,  chez  le  Galanthus  nivalis,  des  stries  pro- 
toplasmiqùes  se  dirigeant  vers  le  noyau  encore  pourvu  de  sa  membrane 
d'enveloppe  et  partant  de  deux  points  opposés  correspondant  aux  deux 
pôles  du  fuseau  futur;  mais  il  n'a  rien  vu  de  comparable  aux  sphères  at- 
tractives. En  1884  eti  885,  j'ai  de  même  indiqué  et  représenté,  dans  ie 
sac  embryonnaire  des  Liliurn,  les  figures  radiaires  que  j'avais  observées 
aux  pôles  du  fuseau  nucléaire,  sans  avoir  pu,  toutefois,  mettre  en  évidence 
les  sphères  attractives  avec  leur  centrosome. 

»  J'ai  réussi  depuis  à  en  constater  la  présence,  aussi  bien  pendant  la  di- 
vision que  pendant  l'état  de  repos  complet,  dans  les  cellules  mères  pri- 
mordiales et  définitives  du  pollen  (Liliurn,  Fiitillaria,  Listera,  Najas);  dans 
la  cellule  mère  du  sac  embryonnaire,  dont  le  noyau  reste  pendant  un 
temps  relativement  assez  long  à  l'état  de  repos;  dans  les  cellules  de  l'ap- 
pareil sexuel  femelle  dérivé  de  ce  noyau;  dans  l'albumen  de  diverses 
plantes;  dans  le  microsporange  de  Y fsoetes  et  le  sporange  des  Fougères 
(Polypodium,  Asplenium),  avant  et  pendant  la  formation  des  spores. 

»  Les  phénomènes  sont  partout  essentiellement  les  mêmes.  Quand  le 
noyau  est  à  l'état  de  repos,  on  aperçoit  à  son  contact,  et  très  rapprochées 
l'une  de  l'autre,  deux  très  petites  sphères  formées  d'un  centrosome  en- 
touré d'une  aréole  transparente  autour  de  laquelle  se  trouve  un  cercle 
granuleux.  Les  stries  radiaires  n'apparaissent  nettement  qu'au  moment  où 
le  noyau  commence  à  entrer  en  division.  Les  deux  sphères  s'éloignent 
alors  l'une  de  l'autre  pour  aller  se  placer  en  deux  points  opposés,  corres- 
pondant aux  pôles  du  fuseau  futur.  Puis,  des  stries  plus  marquées  s'avan- 
cent de  ces  points  vers  le  noyau  encore  pourvu  de  son  enveloppe,  ce  qui 
montre,  conformément  à  l'opinion  soutenue  par.  M.  Strasburger  et  par 
moi,  que  le  fuseau  a  son  origine  dans  le  protoplasme. 

»  Lorsque  les  deux  moitiés  de  la  plaque  nucléaire  se  sont  séparées  à 
l'équateur  du  fuseau  et  qu'elles  se  transportent  aux  pôles,  le  centrosome 
se  dédouble  dans  chaque  sphère  en  deux  nouveaux  centrosomes,  qui  sont 
l'origine,  à  chaque  pôle,  de  deux  nouvelles  sphères  attractives,  lesquelles 
occupent  la  dépression  qu'on  remarque  souvent  sur  la  face  externe  des 
nouveaux  noyaux.  Parfois  même  il  existe  une  légère  dépression  correspon- 
dant à  chaque  sphère.  Les  deux  sphères  se  forment  ainsi  à  chacun  des 
pôles,  avant  que  les  jeunes  noyaux  ne  soient  pourvus  de  leur  membrane. 

»  Après  que  le  noyau  est  entré  dans  l'état  de  repos,  les  deux  sphères 
avec  leur  centrosome  restent  situées  côte  à  côte,  soit  au  contact,  soit  à  une 
faible  distance  du  noyau,  jusqu'à  ce  qu'une  nouvelle  division  commence 


(  542  ) 
à   se  manifester  clans  la  cellule.  Par  suite,  l'existence  de  deux  sphères 
attractives,  même  dans  l'état  de  repos   complet,  me  paraît  être  un  fait 
général. 

»  Quant  à  leur  origine  dans  l'œuf,  les  zoologistes  n  ont  pas  encore  pu 
la  préciser.  M.  E.  van  Beneden  les  voit  apparaître  simultanément,  sans  sa- 
voir d'où  elles  proviennent;  pour  M.  Boveri,  il  est  probable  que,  chez 
l'Ascaris,  c'est  le  spermatozoïde  qui  apporte  dans  l'œuf  un  centrosome  qui 
se  diviserait  pour  donner  les  deux  sphères  attractives;  M.  Vejdowski  croit 
même  avoir  constaté  le  fait  dans  le  Rynchelmis. 

»  A  en  juger  parce  qui  se  passe  chez  les  plantes,  il  semble  qu'il  doive 
en  être  autrement.  En  effet,  avant  la  pénétration  du  noyau  mâle,  j'ai  ob- 
servé les  deux  petites  sphères  au  contact  du  noyau  de  l'oosphère,  qui  pro- 
vient, comme  on  sait,  du  noyau  primitif  du  sac  embryonnaire.  La  faculté 
de  division  de  l'œuf  n'est  donc  pas  subordonnée,  sous  ce  rapport,  à  la  pré- 
sence du  noyau  mâle;  l'œuf  peut  d'ailleurs  se  diviser,  dans  certains  cas, 
sans  fécondation. 

»  En  résumé,  les  corps  en  question  qui  mériteraient  plutôt  le  nom  de 
sphères  directrices,  puisqu'ils  gouvernent  la  division  du  noyau,  se  transmet- 
tent sans  discontinuité  d'une  cellule  à  l'autre  pendant  toute  la  vie  de  la 
plante.  » 

BOTANIQUE.  —   Sur  la  classification  et  l'histoire  des  Clusia. 
Note  de  M.  J.  Vesque,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  Mes  recherches  sur  l'emploi  des  caractères  anatomiques  en  Taxinomie 
végétale  m'ont  déterminé  à  entreprendre  l'élude  monographique  d'une 
famille,  tant  au  point  de  vue  de  l'Histologie  qu'à  celui  de  la  Morphologie. 
Je  voulais  être  en  mesure  de  peser  exactement  la  valeur  de  tous  ces  carac- 
tères, et  de  déduire  de  leur  enchevêtrement  les  véritables  affinités  et  l'his- 
toire chronologique  des  espèces  dans  le  genre  et  des  genres  dans  la  famille. 
C'est  ainsi  qu'est  née  la  monographie  des  Guttifères,  dont  j'ai  provisoire- 
ment consigné  les  résultats  dans  deux  Volumes  de  Planches,  de  Tableaux 
et  de  Cartes. 

»  J'exposerai  ici  ceux  des  résultats  qui  me  semblent  présenter  un  intérêt 
plus  général,  et  je  tâcherai  de  faire  bien  comprendre  la  nature  et  la  portée 
des  changements  que  l'emploi  du  microscope  va  introduire  dans  la  Bota- 
nique systématique  et  descriptive. 


(  543  ) 

»  Je  divise  le  genre  Clusia  en  quatre  sous-genres,  comprenant  9  sections 
et  88  espèces  : 

»  I.  Tiiysanoclusia.  —  Etamines  à  connectif  étroit,  à  loges  allongées,  s'ouvrant  par 
une  fente  longitudinale,  rarement  pseudo-poricides.  Sections  :  1.  Anandrogyne. 
2.  Criuva  (Clusiastrum,  Criuva  et  Criucopsis  Planch.  et  Triana).  3.  Stauroclusia. 
4.  Phloianthera'Phloianthera  Planch.  et  Triana,  et  Androstylium  Planch.  elTriana, 
sub  titulo  generis).  0.  Euclusia. 

»  II.  Cordyloclusia. —  Etamines  à  filet  prolongé  en  un  connectif  épais,  à  deux  loges 
adnées  extérieurement  au  sommet  du  connectif.  Sections  :  6.  Cordylandra.  7.  lieti- 
nostemon. 

j)  III.  Omphaloclusia.  --  Loge  de  l'anthère  en  forme  de  sac  ou  de  tore  (anneau) 
plongé  dans  le  sommet  du  connectif.  Section  8.  Gomphanthcra  (Omphalanthera  et 
Gomphanthera  Planch.  et  Triana). 

»  IV.  Polythecandra  {Polythecandra  Planch.  et  Triana,  sub  titulo  generis).  — 
Sacs  polliniqu.es  de  l'anthère  nombreux,  indépendants  les  uns  des  autres,  sacciformes, 
insérés  au  sommet  du  connectif  creusé  en  coupe.  Section  9.  Polythecandra. 

»  Cette  classification  est  très  différente  de  celle  de  Planchon  et  Triana, 
quoique  la  plupart  des  sections  de  ces  auteurs  y  soient  conservées;  elle 
s'écarte  davantage  encore  de  celle  qui  a  été  adoptée  par  Bentham  et  Hooker. 
Ce  désaccord  provient  de  ce  que  ces  auteurs  ignoraient  la  structure  de 
l'androcée  de  la  section  Phloianthera,  faute  de  l'avoir  examinée  au  micro- 
scope. 

»  Quant  à  M.  Engler  {Flora  brasiliensis,  Cil),  sa  classification  n'est  pas 
très  éloignée  de  celle  que  j'adopte. 

»  Malgré  d'énormes  différences  morphologiques,  il  règne  chez  toutes 
ces  plantes  une  uniformité  surprenante  dans  la  structure  du  membre  va- 
riable entre  tous,  la  feuille.  Il  est  vrai  qu'on  peut  fort  bien  distinguer  les 
espèces  les  unes  des  autres,  mais  les  caractères  sur  lesquels  on  base  ce  dia- 
gnostic ne  sont  pas  propres  à  faire  partie  de  la  définition  scientifique  des  sec- 
tions et  des  sous-familles  et,  à  une  seule  exception  près,  ne  peuvent  même 
pas  séparer  le  genre  Clusia  des  autres  genres  de  la  famille  des  Guttifères. 
Ceci  ne  veut  pas  dire  qu'on  ne  puisse  pas  distinguer  pratiquement  un 
Clusia  parmi  les  autres  représentants  de  la  famille. 

»   Voici  les  caractères  communs  du  genre  Clusia  : 

»  Stomates  accompagnés  de  deux  cellules  accessoires  parallèles  àl'ostiole.  Cristaux 
d'oxalate  de  chaux  en  oursins,  dans  le  mésophvlle  et  le  parenchyme  du  pétiole.  Glandes 
canaliformes  (')  dans  le  mésophvlle  et  formant  un  angle  aigu  avec  les  nervures  laté- 
rales, dans  le  mésophvlle  et  dans  le  parenchyme  des  nervures  et  du  pétiole. 

(')  Je  suis  obligé  de  renoncer  au  terme  canaux  sécréteurs  qui  est  plus  usité,   et 


(  544  ) 

»  Voici  maintenant  les  caractères  qui  expriment  l'adaptation  au  milieu 
physique,  ou  caractères  épharmoniques. 

Poils  nuls,  stomates  nuls  à  la  face  supérieure  des  feuilles.  Hypoderme  de  une  à  plu- 
sieurs assises  de  cellules,  rarement  nul  au  sommet  de  la  feuille.  Réservoirs  vasiformes 
médiocrement  développée. 

»  Je  sépare  ces  derniers  caractères  des  premiers  parce  qu'ils  ne  sont 
pas  constants  dans  tous  les  genres,  mes  études  antérieures  m'ayant  démon- 
tré qu'il  existe  sous  ce  rapport  trois  cas  différents  :  i°  Dans  le  même  genre 
les  caractères  épharmoniques  sont  variables  d'une  espèce  à  l'autre  ou  se 
trouvent  attachés  aux  subdivisions  naturelles  du  genre  :  exemple  Capparis. 
2°  Les  espèces  d'un  même  genre  s'adaptent  toutes  de  la  même  façon  à  la 
sécheresse,  à  l'éclairage,  etc.,  mais  certaines  d'entre  elles  ne  s'adaptent 
pas  du  tout  à  ces  conditions,  faute  d'occasion;  elles  sont  négatives  : 
exemple  Garcinia.  3°  Les  caractères  épharmoniques  sont  de  même  nature 
et  complètement  développés  chez  toutes  les  espèces  du  genre. 

»   C'est  à  la  troisième  catégorie  qu'appartient  le  genre  Clusia. 

»  Nous  sommes  donc  actuellement  en  présence  des  faits  suivants  : 
i°  Tous  les  Clusia  offrent  un  certain  nombre  de  caractères  anatomiques 
communs,  étrangers  à  l'épharmonisme,  et  qui  doivent  purement  et  sim- 
plement figurer  dans  la  définition  du  genre.  2°  Par  des  caractères  emprun- 
tés surtout  à  l'androcée,  les  Clusia  se  partagent  en  quatre  sous-genres  et 
neuf  sections.  3°  Tous  les  Clusia  sont  adaptés  qualitativement  de  la  même 
manière  à  la  sécheresse  et  à  l'éclairage  (pour  ne  citer  que  ces  deux  fac- 
teurs) et  les  caractères  épharmoniques  qui  en  résultent  ont  partout  trouvé 
leur  expression  anatomique. 

»   De  ces  observations,  je  déduis  les  conclusions  suivantes  : 

»  i°  A  côté  des  caractères  morphologiques,  les  ancêtres  des  Clusia 
actuels  possédaient  déjà  un  certain  nombre  de  caractères  anatomiques 
qu'ils  ont  transmis  à  leurs  descendants,  puisque  toutes  les  espèces,  malgré 
leur  grande  diversité  morphologique,  présentent  ces  caractères  intacts. 
2°  Ces  ancêtres  avaient  déjà  acquis  les  caractères  épharmoniques  que  nous 
enregistrons  aujourd'hui  et  les  ont  transmis  à  leur  descendance,  sinon  tels 
que,  du  moins  potentiellement.  La  réserve  que  j'observe  ici,  m'est  dictée, 
d'abord  par  ce  cas  isolé  d'un  Clusia  dont  l'hypoderme  n'existe  pas  partout, 

qui  me  paraît  une  traduction  vicieuse  de  l'allemand  Sekrctgànge,  parce  que  ce  qui 
est  générique  y  est  devenu  spécifique  et  inversement,  et  qu'il  n'est  pas  traduisible  en 
latin. 


(  545  ) 

et  plus  encore,  par  les  autres,  très  nombreux,  même  chez  les  Guttifères, 
où  certaines  espèces  seules  sont  pourvues  de  ce  tissu.  Il  paraît  donc  clair 
que  ce  qui  est  transmis  par  hérédité  est  moins  le  caractère  épharmonique 
lui-même  que  la  tendance  à  le  développer  lorsque  le  milieu  l'exige.  Il  en 
résulte,  pour  le  genre  tout  entier,  des  allures épharmoniques  qui  peuvent  le 
faire  reconnaître  sans  entrer  rationnellement  dans  sa  définition.  3°  Les 
descendants  de  la  souche  Clusia  ont  subi  des  différenciations  morpholo 
piques  évidemment  postérieures  à  l'acquisition  des  autres  caractères  et 
qui  n'ont  pas  été  accompagnées  de  nouvelles  différenciations  épharmo- 
niques, car  on  ne  peut  définir  anatomiquement  ni  les  sous-genres,  ni  les 
sections. 

»  A  partir  de  ce  moment,  chaque  section  a  son  histoire  propre  qui 
doit  être  étudiée  séparément.  Je  me  propose  de  montrer  prochainement, 
par  un  exemple,  combien  cette  étude  est  féconde  et  quel  progrès  il  en 
résulte  pour  la  phytographie.    » 


GÉOLOGIE.  —  La  craie  à  baculites  du  Coten/in,  la  craie  blanche  de  Meudon  et 
le  luffeau  de  Maestricht.  Note  de  M.  A.  de  Grossouvre,  présentée  par 
M.  Daubrée. 

«  L'ensemble  de  la  faune  du  calcaire  à  baculites  du  Cotentin  indique 
de  grandes  analogies  avec  la  craie  blanche  de  Meudon  et  le  tuffeau  de 
Maestricht;  si  on  laisse  de  coté  les  bryozoaires,  on  trouve  que  la  propor- 
tion des  espèces  communes  est  plus  considérable  avec  Maestricht  qu'avec 
Meudon.  On  en  a  conclu  que  le  calcaire  à  baculites  du  Cotentin  était  plus 
récent  que  la  craie  de  Meudon  et  devait  être  classé  dans  le  sous-étage 
maestrichtien.  L'exactitude  de  ce  résultat  est  contestable;  car,  au  poinl 
de  vue  stratigraphique,  il  est  impossible  de  rien  conclure  de  la  compa- 
raison des  faunes  d'assises  de  faciès  différents  :  il  faut  dans  ce  cas  avoii 
recours  à  des  considérations  d'un  autre  ordre. 

»  L'extension  progressive  et  continue  des  mers  crétacées  a  persisté 
dans  l'Europe  septentrionale  jusque  vers  la  fin  de  l'époque  sénonienne,  et 
c'est  seulement  un  peu  avant  le  début  de  la  période  éocène  qu'a  commencé 
à  se  produire,  dans  cette  région,  un  mouvement  d'émersion.  Cette  tran- 
exessivité  des  derniers  sédiments  crétacés  s'observe  dans  la  Scandinavie 
et  plus  près  du  Cotentin;  la  craie  d'Irlande  en  offre  un  autre  exemple. 
Le  petit  lambeau  du  calcaire  à  baculites  du  Cotentin  est  donc  un  témoin 

C.  R.,  1891,  i«  Semestre.  (T.  CXII,  N°  10.)  7> 


(  546  ) 

de  cette  ancienne  extension  de  la  mer  crétacée,  et  comme  il  se  présente 
avec  les  caractères  d'un  dépôt  sublittoral,  on  doit  en  conclure  qu'il  cor- 
respond au  maximum  de  l'invasion  marine  de  ce  côté. 

»  Il  en  résulte  que  la  craie  à  baculites  du  Cotentin  est  un  sédiment 
sublittoral,  laissé  par  la  mer  au  centre  de  laquelle  se  déposait  la  craie 
blanche  de  Meudon  :  en  d'autres  termes,  ce  sont  deux  formations  contem- 
poraines de  faciès  différents. 

»  À  Maestricht,  au-dessus  de  la  craie  blanche  à  B.  mucronata  vient  le 
tuffeau  maestrichtien,  dont  le  faciès  indique  un  dépôt  formé  sous  des  eaux 
relativement  peu  profondes  et  à  une  distance  assez  faible  des  rivages;  sa 
faune  présente  un  caractère  tout  spécial  et  ne  renferme  que  peu  d'espèces 
communes  avec  la  craie  blanche  sous-jacente. 

»  Si  celle-ci  peut  être  placée  sur  le  niveau  de  la  craie  de  Meudon,  cepen- 
dant on  ne  peut  pas  affirmer  qu'elle  corresponde  bien  à  toute  l'épaisseur 
de  cette  dernière;  car  Maestricht  se  trouvait  bien  plus  près  que  Paris  des 
rivages  de  la  mer  crétacée  et,  dès  lors,  il  est  tout  naturel  que  vers  la  fin  de 
la  période  crétacée  la  craie  blanche  ait  cessé  plus  tôt  de  s'y  former,  quand 
le  mouvement  final  d'émersion  a  commencé  à  se  produire  :  il  est  donc 
fort  probable  que  le  tuffeau  de  Maestricht  correspond,  au  moins  en  partie, 
au  sommet  de  la  craie  blanche  de  Meudon. 

»  Il  semble  donc  qu'il  y  a  lieu  de  supprimer  de  la  nomenclature  l'étage 
maestrichtien,  qui  est  seulement  un  faciès  particulier  des  assises  supé- 
rieures dusénonien,  et  qu'il  convient  de  ramener  l'étage  danien  aux  limites 
fixées  en  1846  par  Desor,  qui  avait  pris  pour  type  les  calcaires  de  Faxoe  et 
Saltholin  et  le  calcaire  pisolithique  de  Laversine  et  Vigny.    » 


ANTHROPOLOGIE  PRÉHISTORIQUE.  —  Crâne  d'un  ours  des  cavernes,  portant 
les  traces  dune  blessure  faite  par  une  hache  en  silex.  Extrait  d'une  Lettre 
de  M.  Waszel  à  M.  de  Quatrefages. 

«  1.  Mon  opinion  est  que  l'endroit  anormal  sur  la  crista  est  le  produit, 
la  suite  d'un  trauma  cicatrisé. 

»  2.  Que  ce  trauma  a  été  fait  par  la  main  de  l'homme,  avec  une  hache 
en  silex  qui  frappa  le  crâne  de  droite  à  gauche,  atteignit  le  côté  droit  et  inté- 
rieur de  la  crista,  le  fendit  et  refoula  les  osselets  brisés  un  peu  au  dehors 
du  rebord.  La  plaie  guérit,  un  calus  se  fit  à  cet  endroit,  tandis  que  la  crête 
gauche  de  la  crista  resta  presque  intacte. 


(  547  ) 

h  .3.  Que  deux  morceaux  se  détachèrent  de  la  hache,  morceaux  qui 
avaient  été  déjà  entamés  par  un  coup  antérieur,  porté  contre  un  objet  plus 
dur  que  le  crâne  velu  d'un  ours.  Ce  n'est  qu'au  coup  porté  contre  ce  crâne 
que  ces  deux  éclats  entamés  finirent  par  se  détacher  complètement.  Le 
plus  petit  resta  engagé  dans  la  plaie,  tomba  après  la  mort  de  l'individu  e! 
se  perdit.  Le  plus  grand  éclat  resta  aussi  dans  la  plaie,  fut  retenu  par  un 
calus  et  par  des  formations  fibreuses,  tomba  aussi  après  la  mort,  mais  fut 
retrouvé  par  les  mineurs  Prokop  et  Norotry(qui  travaillaient  aux  fouilles) 
à  coté  du  crâne  même. 

»  4.  Il  faut  remarquer  que,  parmi  les  milliers  d'ossements  de  l'ours  des 
cavernes,  pas  une  seule  autre  trace  de  silex  ne  fut  trouvée  dans  la  même 
couche.  Des  haches  de  silex  semblables  ont  bien  été  trouvées  ailleurs,  en 
Moravie,  par  exemple  dans  les  gisements  de  Predmost,  sur  les  hauteurs  de 
Blausko,  où  cette  même  espèce  de  silex  est  bien  connue  des  gens  du  pays, 
qui  l'appellent  cornaline. 

»  5.  Ce  morceau  fut  donc  trouvé  tout  près  du  crâne  et  s'adaptait  par- 
faitement dans  le  trou  de  la  plaie. 

»  6.  Si  les  deux  éclats  n'avaient  pas  été  fendus  à  demi  par  un  coup 
antérieur,  le  coup  sur  le  crâne  aurait  produit  plus  de  ravages,  mais  l'os  du 
crâne  n'aurait  jamais  pu  faire  éclater  une  hache  en  silex  intacte. 

»  7.  Même  quand  ce  morceau  dé  silex  n'aurait  pas  été  retrouvé,  je  suis 
de  l'avis  que  la  cicatrice  seule  prouverait  que  la  plaie  provient  d'une  hache 
dont  le  tranchant  est  droit  mais  court.  tJn  simple  chute  sur  une  pierre 
aiguë,  sur  un  corps  dur  est  hors  de  cause,  car,  dans  ce  cas,  les  deux  côtés 
de  la  crista  auraient  été  atteints  et  pas  seulement  le  côté  gauche;  il  n'y 
aurait  pas  non  plus  de  trou  où  le  silex  restât  engagé. 

»  8.  Un  corps  étranger  s'est  encastré  dans  la  plaie;  c'est  évident, 
autrement  elle  se  serait  fermée  et  remplie  d'un  calus. 

»  9.  Un  trauma,  une  fracture  dont  les  fragments  furent  refoulés  en 
dehors  eut  lieu;  la  cassure  qui  n'est  pas  complètement  guérie  le  prouve 
assez. 

»  10.  Je  pense  aussi  qu'une  sorte  d'exostose  ou  défaut  de  croissance  est 
inadmissible.  » 


M.  Fn.  Witz  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Attraction,  force  centrifuge, 
par  l'Electrodynamique.  » 


(  548  ) 
M.  G.  Barbey  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Deux  nouveaux  dérivés  de 
la  résorcine  :  la  camphorésorcine  et  Feucalyptorésorcine.    » 

M.  Willot  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Maladie  de  la  betterave;  des- 
truction de  Y Heterodera  Schachtii.  » 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart.  M.  b. 


ERRATA. 


(Séance  du  i  mars  1891.) 

Note  de  M.  Schœnflies,  Sur  les  surfaces  minima  : 

Page  48o,  équations  (8)  et  (9),  au  lieu  de  x  -h  4>  Usez  x  -+-  y. 

Note  de  M.  Georges  Linossier,  Sur  une  hématine  végétale  : 

Page  4go,  ligne  10,  au  lieu  de  om,  18,  lisez  om,  10,  et  au  lieu  de  Gang,  lisez  Gouy. 
Même  page,  ligne  11  en  remontant,  au  lieu  de  5^,510,  lisez  oe-,5io. 


On    souscrit    ;'i   Paris,    chez    GAUTHIER -VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grandà-Augustins,  n"  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  do  l'année,  deux  volumes  in-  î". 
Tables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque   volume.    L'abonnement  est  ar 

et  part  du  1er  janvier. 

Le  prix  de  ^abonnement  est  fixé  ainsi  r/iiil  suit  : 

Taris  :  20  IV.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  IV.  —  Autre-;  pays  :   les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


Agen.. 


ingers. 


.liez  Messieurs  : 
Michel  et  Médan. 
i  Gavault  St-Lager. 
Alger '  Jourdan. 

Ruir. 

Amiens Hecquet-Decohert. 

i  i . i  i  ii i .i i ii  etGrassin. 

i  Lachèse  .-t  Dolbeau, 

Bai  on/ie.. Jérôme. 

Besançon lacquard. 

Evrard. 
Hordeaux '  Dulhud". 

'  Millier  (G.). 
Bourges Renaud. 

,  Lefournier. 

\  I  .  Robert. 

i  J.  Robert. 

!  V"  Uzel  Caroff. 

,  Baër. 

'  Massif. 
Pcrrin. 

(  Henry. 

'  Marguérie. 

i  Rousseau. 


Lorient. 


lires  I 

Caen 

Chambery 
Cherbourg 


Clei  ntniit-Ferr. 


Ribou-Collay . 

Lamarche. 

Ratel. 
'  Damidot. 
(  Lauverjat. 
!  Crépin. 

r>        ■..  \  Drevet. 

hrenobte 

I  Gratter. 

La  Hochelle Robin. 

t  Bourdignon. 

I  I  lombre. 
Ropiteau. 
tille Lefebvre. 

'  Quarré. 


Dijon . 


Douai. . 


Le  Havre. 


chez  Messieurs  : 
,  Baumal. 
I  M»'  Texicr. 

Beaud. 

Georg. 
Lyon ■  Mégret. 

Palud. 

Vilte  et  Pérussel. 

Marseille Pessailhan . 

i  Calas. 
Montpellier .    ....  „      .   . 
'  '  Goulet. 

Moulins, Martial  Place. 

Sordoillet. 

Grosjean  Maupin. 

Sidot  frères. 

(  Loiscau. 

(M1     \  eloppé. 

i  Barma. 

'  \  isconti  el  C'°. 

\  tmes Thibaud. 

Orléans Luzeray . 

i  Blanchier. 

Poitiers ,.  , 

I  Druinaud. 

prunes 1*1  i  h.  >  ii  el  Hervé. 

Boucher,  m     R.  issi  - 

ï  Langliois.         |  gnol. 

i  Lestringanl 
S'-Élienne  . .    ..      Chevalier. 

i  Basl  ide. 

i  Rumèbe. 


Natu  i 

Nantes 
Nice. . . 


Hoehefort . 
Rouen 


Toulpn..  . 

Toulouse 


i,  Gimet. 
>  Privât. 


Boisselier 

Tours Pérical. 

'  Suppligeon. 


VaXenciennes.. 


y  Giard. 
'  Lemaltre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam 


Athènes.  . . 
Barcelone.. 


lier  Un. 


Heine  .  .  . 
Bologne 


Bruxelles. 


Bucharest . 


Budapest 

Cambridge 

(  luistr.-ni  i  . . . . 
Constantinople. 
Copenhague. 

/■/mener     

Gand 

Gènes 


Genève.  . 
La   Haye. 


Lausanne. 


Leipzig. 


Liège. 


lie/.  Messieurs  : 

Robbers. 

Feikema    (  laarelsen 

Bcck.  [et  C". 

Yerdagaer. 

Vshcr  et   <  '.    . 

.h  .iiv    .'1    C". 

i  1 1  idlander  et  lils. 
Mayer  el  Millier. 
Schmid,  Francke  el 

C". 
Zanichelli  et  C''. 
ltaiul.it. 
Mayolez. 

Lebèg 'i  C". 

llaimauli. 

I  tanisteanu. 

K 1 1 1 ,.  1 1 . 

Deighton,  BelletC". 

Cammermeyer. 

i  itiu  (-i  Keil. 

Ho  i  el   lil-. 

Lcescher  et  Secber. 

Hoste. 

Beuf. 

i  iherbuliez. 

i  teorg. 

Stapelmohr. 

Belinfante  frères. 

Bcnda . 

Payot. 

Barth. 

Brockhaûs. 

Lorent/.. 

Max  Rilbe. 

Twietmeyer. 

I  lesoer. 

Gnusé. 


I. maires 

Luxembourg . 


chez  Messieurs 

i  Uni, m 


(  Nuit. 

V.  Bûck. 
,  Librairie       Gu 
\     berg. 

Madrid Gonzalès  e  liiji 

j  Vr.ivedra. 
!  F.  Fé. 

„..  .  Dumolard  frér 

Milan „      .. 

Moscou Gautier. 

/  Kurcheim. 
Waples Marghieri  .li  G 

(  Pellerano. 

.  Cliristern. 
Vtw-Tork Stechcrt. 

'  Westermann. 

Odessa.    Rousseau. 

Oxford Parker  et  C  '". 

Païenne Clausen. 

Porto  .    Magalhaès. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Canner. 

,  Bocca  frères. 

Home T  .  _,, 

'  Loescher  cl  I  .'•. 

Rotterdam Kramers  cl   fil 

Stockholm Samson  et  Wa 

,  Zinserling. 

('Wolff. 

1  Bocca  frères. 
Brero. 
i  Clausen. 
Rosenbergel  Se 

Varsovie Cebethner  et  Y 

Vérone Drucker. 

t  Frick. 

Vienne !  .  .       _. 

I  Gerold  et  C". 

Zurich Mcyer  et  /.ellei 


S'-Pétersbourg . 


Turin . 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1er  à  31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i83o.  )  Volume  in-4°;  iSVÎ.   Prix 15  IV. 

Tomes  32  à  61.  —  t  i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-i';  (870.  Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (1"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  [880.)  Volume  in-4";  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 

Tome  I:  .Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DERBEset  A.-J.-J.  Soluîb.—  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouve 
Comètes,  par  M.  Hanses.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rùle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digesli.ui  des  mal 
grasses,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-'(°,  avec  02   planches;  1806 '> 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  réponses  laquestioude  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sci 
pour  le  concours  de  1800,  et  puis  remise  pour  celui  de  iS56,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribulii  m  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains 

»  mentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  questi le  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.—  Rechercher  la   n 

»  des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-i'i",  avec  27  planches;  1861...        1 


A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N   10. 

TABLE  DES  ARTICLES.    (Séance  du  9  mars  1891.) 


MÉMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


Page* 
M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'A- 
cadémie que  le  tome  CX  des. Comptes  ren- 
dus i  r    semestre  1890  >  esl  en  distribution 


Pas 

M.  Anatole  de  Caligny.  Sur  quelques 
expériences  faites  en  1890  à  l'écluse  de 
l'Aubois 


NOMINATIONS 


M.  G.  Sire  esl  élu  Correspondant,  pour  la 
Section  de  Mécanique,  en  remplacement  de 
feu  M.  Dausse 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du 
prix Montyon  (Statistique  nie  l'année  1891: 
MM.  Haton  de  la  Goupillière,  de  Jon- 
quières,  Larrey,  Favé,  Bertrand 

Commission  chargée  de  juger  le  coucours  du 
prix  L.  La  Caze  |  Physique)  de  l'année  1891  : 
MM.  Berti  <  U  and,  Cailletet  et  les 
Membres  de  la  Section  de  Physique 

Commission  chargée  déjuger  le  concours  du 


prix  L.  La  1  ;aze  (Chimie)  de  l'a Se  1891  : 

MM.  Berthelot.Schlœsing,  Duclauxel  les 
Membres  de  la  Section  de  Chimie 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du 
prix  Delessede  l'année  1891  MM.Fouqué, 
Daubrée,  Des  Cloizeaux,  'Mallard,  Gau- 
i/ry 

Commission  chargée  de  juger  le  coni  ours  du 
prix  Barbier  de  l'année  ts<ii  :  MM.  Bou- 
chard, C/ialin,  Verneuih  C/iarcot,  Lar- 
rey  


MEMOIRES  PRESENTES 


M       \.-M.    Vlbert  adresse  un   Mémoire  sur 
la  construction  de  Tables  numériques,  des- 


tinées à  fournir  les  résultats  de  divers  cal- 
culs d'Arithmétique  


CORRESPONDANCE. 


M.  Geikie,  nommé  Correspondant  pour  la 
Section  de  Minéralogie,  adresse  ses  remer- 
clments  à  l'Académie 

M.  Charlois.  Observation  de  la  nouvelle 
planète     ;;i:s'  •  découverte  à  l'observatoire 

de  Niée,  le  5  mu r~  1891 

MM.  B.  Baillaud,  !..  Cosserat  et  V.ndoyi  . 
—  Observations  de  la  planète  Millosevicli 
[  1S91 .  mars  1  1,  faites  à  I  observ  atoire  de 
Toulouse  (équatorial  Brnnner),  et  de  la 
planète  Charlois  (  mars  5)  (au  grand  téle~- 
cope ) 

M"-  Klumpke.  —  Observations  de  la  pla- 
nète Millosevich  (Home,  1891,  mars  1) 
faites  à  l'observatoire  de  Paris  (équatorial 
de  la  tour  de  l'Est  1 

M.  Vênukoi'F.  De  la  mesure  du  53*  paral- 
lèle en  Europe 

M.  A.  Schœnflies.  —  Sur  les  équations  de 
deux  surfaces  minima  périodiques,  possé- 
dant la  symétrie  de  l'oetaédre 

M.  L.  Iîafi'y.  —  Sur  les  spirales  harmoniques. 

M.  E.  C  irvallo.  —  Compatibilité  des  lois  de 
la  dispersion  et  de  la  double  réfraction.. 

H.  C.  Décharné.  —  Aimantations  longitu- 
dinales et  transversales  superposées 

M.  G.  Rousseau.  —  Sur  les  manganites  de 
soude  li  >  dratés 

M.  L.  Amat.  —  Sur  la  transformation  du  py- 
ropliospliitc  de  soude  en  phosphite  acide  . 

Ehr\TA 


1 1 ,) 
5 1 8 


M.    \.  Bkssox.  —  Sur  le  silicibr forme.  . 

\I.  m;  Forcrand.  —  Étude  thermique  de 
quelques  dérivés  alcalins  de  l'érythrite. . . 

Mi  Raoul  Varet.  —  Sur  quelques  combi- 
naisons ammoniacales  du  cyanure  de  mer- 
cure  

M.  A.  VlLLIERS.  —  Sur  la  fermentation  de  la 
fécule  par  l'action  du  ferment  butyrique. 

M.  Cathin.  —  Les  lésions  histologiques  de  I . ■ 
peau  dans  la  rougeole 

M.  Léon  Guignard.  —  Sur  l'existence  des 
sphères  attractives  dans  les  cellules  végé- 
tales   

M.  J.  Vksque.  —  Sur  la  classification  ei 
l'histoire  des  Clusia 

M.  \.  Grossouvre.  —  La  craie  à  baculites 
du  Cotentin,  la  craie  blanche  de  Mcudon 
et  le  tulleau  de  Maestricht 

M.  Wanzel.  —  Crâne  d'un  ours  des  cavernes, 
portant  les  traces  d'une  blessure  faite  par 
une  hache  en  silex 

M.  Fr.  Witz  adresse  une  Note  intitulée  : 
..  Attraction,  force  centrifuge,  par  l'Élec- 
trodynamique   

M.  c.  Barbet  adresse  une  Note  intitulée  : 
«  Deux  nouveaux  dérivés  de  la  résorcine  : 
la  camphorésorcine  et  l'eucalyptorésor- 
cine  » 

M.  Wm.i.ot  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Ma- 
ladie de  la  betterave;  destruction  de  Vl/e- 
terodera  Schachtii  » 


5  ;ii 
538 

"'  ■'"! 
"'I  ' 


'I   ' 

5'i: 

5^8 

3 1  s 
>48 


PAK1S.  —  IMPRIMERIE  GAUTHTER-VILLARS  ET  FILS, 
Quai  des  Grands-Auguslins,   55 


1891 

J  PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPETREES. 


TOME  CXII. 


N°ll  (16  Mais  1891). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augusiins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  9.3  juin  1862  et  24  mai  1876. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  j       Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académ 
['Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de  j  sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Raj 


ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  dos  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  v  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  v  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicic  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autai 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pi 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants; 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  1' 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  cpii   présentent  ces  Mémoires  si 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nom: 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ext; 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  fi 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 

Article   3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  1 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temp 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  \eCompte  rena 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  su 
vaut,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  e 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  apr 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré] 
sent  Rè"lement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM,  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  le 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5h.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivant; 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI   16  MARS    1891, 
PRÉSIDENCE  DE  M.   DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  Détermination,  de  la  constante  de  l'aberration  ; 
par  MM.  Lœwy  et  Puiseux. 

«  Dans  diverses  Communications  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  faire 
à  l'Académie,  nous  avons  étudié  les  propriétés  importantes  d'un  appareil 
imaginé  par  M.  Lœwy,  se  composant  d'un  double  miroir  plan,  taillé  sur  un 
même  bloc  de  verre  en  forme  de  prisme.  A  l'aide  de  cet  instrument,  qui 
constitue  une  sorte  de  compas  d'ouverture  constante,  les  variations  de 
distance  d'étoiles  séparées  par  un  arc  étendu  sur  la  sphère  céleste  peuvent 
être  désormais  évaluées  avec  la  même  précision  que  les  petits  arcs  compris 
dans  le  champ  d'une  lunette  et  accessibles  aux  mesures  micrométriques 
ordinaires. 

C.  R.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CXII,  N'  11.)  72 


(  55o  ) 

»  Grâce  aux  fonds  que  l'Académie  a  bien  voulu  nous  accorder,  nous 
avons  pu  faire  construire  le  nouvel  appareil.  Confié,  pour  la  partie  optique, 
à  MM.  Henry  et,  pour  la  partie  mécanique,  à  M.  Gautier,  il  a  promptement 
justifié  les  espérances  qu'il  avait  fait  concevoir.  Depuis  quelque  temps  déjà 
nous  aurions  pu  appliquer  ce  puissant  moyen  d'investigation  à  des  pro- 
blèmes qui  offrent  un  haut  intérêt  pour  l'Astronomie  ;  mais  il  nous  a  paru 
préférable  d'établir  d'abord  en  toute  rigueur  les  conditions  générales 
auxquelles  il  faut  avoir  égard  dans  l'usage  de  l'appareil,  et  de  soumettre 
les  règles  trouvées  au  contrôle  de  l'expérience.  Nous  croyons  avoir  dé- 
montré, dans  les  Notes  que  nous  avons  publiées  sur  ce  sujet,  que  les  me- 
sures différentielles  obtenues  à  l'aide  du  nouvel  instrument  peuvent  être 
indépendantes  de  toute  constante  instrumentale  autre  que  la  valeur  du 
tour  de  vis. 

»  Le  terrain  étant  ainsi  préparé,  nous  avons  entrepris  d'aborder  par 
cette  voie  une  recherche  dont  tous  les  astronomes  sont  unanimes  à  recon- 
naître l'importance,  celle  de  la  constante  de  l'aberration. 

»  On  sait  que  les  rayons  de  lumière  émis  par  les  étoiles  éprouvent  en 
nous  parvenant  une  déviation  dont  la  grandeur  et  la  direction  dépendent 
du  mouvement  annuel  et  diurne  de  la  Terre,  du  mouvement  du  système 
solaire  par  rapport  aux  étoiles  fixes,  et  du  mouvement  d'ensemble  des 
étoiles  composant  avec  le  Soleil  le  système  de  la  voie  lactée. 

»  Le  dernier  élément  est  demeuré  jusqu'à  présent  inaccessible  aux 
recherches  des  astronomes,  mais  on  peut  en  éliminer  l'influence  en  suppo- 
sant qu'elle  existe.  Il  est  possible  de  tenir  compte  séparément  du  mouve- 
ment d'ensemble  du  système  solaire  et  du  mouvement  diurne.  Reste 
l'aberration  annuelle  ;  on  démontre  facilement  que  son  effet  sur  les  coor- 
données de  chaque  étoile  dépend  d'un  facteur  constant,  égal  au  quotient 
du  demi  grand  axe  de  l'orbite  terrestre  par  la  vitesse  de  propagation  des 
ondes  lumineuses.  Or  l'évaluation  de  ces  deux  grandeurs  est  particulière- 
ment délicate  et  ne  saurait  encore,  à  l'heure  actuelle,  être  regardée  comme 
définitive. 

»  La  vitesse  de  la  lumière  à  la  surface  de  la  Terre  est,  il  est  vrai,  connue 
d'après  les  expériences  des  physiciens  avec  une  précision  assez  grande  ; 
mais  on  ne  saurait  affirmer  que  la  valeur  ainsi  déterminée  convienne,  sans 
changement  aucun,  à  la  transmission  de  la  lumière  à  travers  les  espaces 
célestes.  D'autre  part,  l'incertitude  relative  qui  subsiste  sur  le  demi  grand 
axe  de  l'orbite  terrestre  ou,  ce  qui  revient  au  même,  sur  la  parallaxe  du 
Soleil,  est  des  plus  sensibles.  Il  y  a  trente  ans,  on  admettait  encore  pour 


C  55 1  ) 

cet  élément  une  valeur  erronée  de  ^  environ  de  sa  valeur.  Depuis, 
malgré  les  travaux  de  Hansen,  de  Le  Verrier,  et  les  nombreuses  expédi- 
tions scientifiques  entreprises  par  toutes  les  nations  civilisées,  l'accord  est 
loin  de  s'être  établi,  et  l'ignorance  où  nous  sommes  de  la  véritable  paral- 
laxe du  Soleil  constitue  un  obstacle  permanent  au  progrès  de  l'Astronomie. 
M.  Tisserand  a  donné  un  intéressant  résumé  des  valeurs  obtenues  jus- 
qu'en 1 88 1  dans  un  travail  inséré  au  iGe  Volume  des  Annales  de  l'Obser- 
vatoire de  Paris.  Notre  Confrère  arrive  à  cette  conclusion,  que  la  voie  indi- 
recte, c'est-à-dire  la  combinaison  des  valeurs  trouvées  pour  la  vitesse  de 
la  lumière  et  la  constante  de  l'aberration,  parait  encore  êlre  le  moyen  le 
plus  sûr  de  déterminer  la  parallaxe.  Il  ne  nous  semble  pas  que  les  travaux 
parus  ultérieurement  puissent  infirmer  en  rien  cette  conclusion.  Nous 
croyons,  il  est  vrai,  qu'un  critique  sévère  montrera  qu'il  subsiste  sur  la 
constante  de  l'aberration  une  incertitude  plus  grande  que  celle  qui  est  gé- 
néralement admise.  Toutefois  cet  élément,  aussi  bien  que  la  vitesse  de  la 
lumière,  est  susceptible  d'être  déterminé  avec  plus  d'exactitude  que  la 
parallaxe.  Chaque  détermination  précise  des  effets  de  l'aberration  annuelle 
fournit  par  conséquent  une  relation  importante  pour  la  recherche  des  deux 
autres  grandeurs  fondamentales  :  la  vitesse  de  propagation  de  la  lumière, 
et  l'échelle  vraie  des  dimensions  du  système  solaire. 

»  Jusqu'à  quel  point  est-il  permis,  à  l'heure  actuelle,  de  regarder  la  con- 
stante de  l'aberration  comme  bien  connue?  Il  est  nécessaire,  pour  s'en  faire 
une  idée  exacte,  d'entrer  dans  quelques  détails  historiques. 

»  Jusqu'en  1828  on  voit  les  astronomes  s'arrêter  à  divers  chiffres  com- 
pris entre  20",  255  et  20",  708,  valeurs  proposées  respectivement  par  De- 
lambreet  Bessel.  A  cette  époque,  Richardson  joignit  aux  éléments  mis  en 
œuvre  par  ses  prédécesseurs  4000  observations  faites  aux  cercles  muraux 
de  Greenwich.  Il  trouva  comme  résultat  d'ensemble  20", 44^- 

»  En  i843,  W.  Struve  proposa  une  valeur  presque  identique,  20",  445, 
fondée  sur  des  observations  moins  nombreuses,  mais  d'une  précision  très 
supérieure,  faites  dans  le  premier  vertical.  Il  estime  l'erreur  probable  du 
résultat  à  o", ou.  «  Je  suis  persuadé,  disait-il,  que  jusqu'à  ce  jour  aucun 
»  élément  astronomique  n'a  été  déterminé  avec  une  précision  égale.  »  Le 
travail  de  Struve  fut  accueilli  avec  la  plus  grande  faveur  et  parut  devoir 
rendre  inutile,  pour  bien  des  années,  toute  recherche  sur  le  même  sujet. 

»  Toutefois,  dans  les  années  qui  suivirent,  trois  de  ses  collaborateurs, 
Peters,LundhaletLindhagen,  soumirent  à  une  discussion  minutieuse  toutes 
les  observations  méridiennes  d'étoiles  circumpolaires,  faites  à  Dorpatetà 


(  55*  ) 

Pulkova.  De  leurs  recherches  se  dégage  une  valeur  un  peu  plus  forte  que 
la  précédente.  Néanmoins,  ces  résultats,  joints  aux  déterminations  anté- 
rieures les  plus  dignes  de  confiance,  conduisant  respectivement  aux  valeurs 
moyennes  de  20",  45  et  20",  46,  sont  considérés  par  eux  comme  venant  à 
l'appui  du  chiffre  de  VV.  Struve. 

»  De  son  côté,  le  célèbre  astronome  russe  avait  continué  ses  observa- 
tions dans  le  premier  vertical,  en  vue  de  réunir  des  matériaux  pour  l'étude 
de  la  nutation.  Son  travail,  demeuré  incomplet,  a  été  poursuivi  sur  le 
même  plan  par  Oom  jusqu'en  1862.  La  discussion  de  ces  mesures,  faite 
par  M.  Nyren,  conduit  à  une  valeur  un  peu  plus  faible  20"',  43. 

»  Il  convient  d'ajouter  qu'en  i853  W.  Struve  lui-même  a  proposé  de 
porter  son  nombre  à  20", 463  et  d'en  évaluer  l'erreur  probable  à  o",oi7. 
Les  raisons  qu'il  a  données,  pour  justifier  ce  changement,  n'ont  pas,  en 
général,  paru  concluantes.  Il  est  permis  de  croire  que  des  considérations 
étrangères  ont  influé  sur  le  jugement  de  W.  Struve  et  que  la  concordance 
des  valeurs  plus  fortes  données  par  Peters  et  Lindhagen  a  ébranlé  la  con- 
fiance que  lui  inspirait  son  premier  travail.  Les  observations  de  circum- 
polaires faites  ultérieurement  à  Pulkova,  par  MM.  Gyldén,  Wagner  et 
Nyren  tendent  aussi  à  donner  pour  la  constante  de  l'aberration  une  valeur 
plus  élevée,  20", 4g  environ. 

»  Plus  tard,  de  1879  a  1882,  M.  Nyren  a  fait  une  nouvelle  application 
de  la  méthode  de  W.  Struve,  en  s' entourant  de  toutes  les  précautions 
possibles  et  faisant  usage  d'un  plus  grand  nombre  d'étoiles.  Il  a  trouvé 
ainsi  2o",54o  ou  0.0", 5iy,  suivant  le  mode  de  groupement  adopté.  Malheu- 
reusement, en  dépit  des  soins  qui  ont  été  pris,  les  résultats  partiels  accu- 
sent, au  témoignage  de  l'auteur  lui-même,  l'influence  d'une  cause  d'erreur 
systématique,  variable  avec  la  saison. 

»  Plus  récemment,  en  i885,  M.  Rùstner,  à  l'Observatoire  de  Berlin,  a 
trouvé  2o",3i3  par  la  méthode  de  Horrebow  et  Talcott. 

»  Entre  ces  deux  derniers  nombres,  qui  représentent  l'un  et  l'autre  un 
travail  considérable,  exécuté  avec  beaucoup  de  soin,  l'écart  est  supérieur 
à  o",  2,  soit  près  de  vingt  fois  l'erreur  probable  annoncée  par  Struve 
en  1843.  Il  semble  donc  que,  depuis  cette  époque,  la  question  a  plutôt  fait 
un  pas  en  arrière.  Sans  entrer  dans  l'énumération  des  travaux  faits  sur  le 
même  sujet  à  Greenwich,  au  Cap,  à  Washington  et  dans  d'autres  établis- 
sements, nous  croyons  que,  de  l'ensemble,  une  remarque  générale  se 
dégage  : 

»   Chaque  observateur  estime,  d'après  l'accord  de  ses  résultats  partiels, 


(  553  ) 

que  sa  moyenne  finale  est  affectée  d'une  erreur  probable  comprise  entre 
o",oi  et  o",02.  Mais,  si  l'on  compare  entre  eux  des  résultats  de  source  dif- 
férente, que  l'on  ait  changé  la  méthode,  l'instrument  ou  seulement  l'ob- 
servateur, on  voit  apparaître  des  discordances  sept  à  huit  fois  plus  fortes. 

»  Cette  circonstance  n'a  pas  échappé  à  MM.  Nyren  et  Rûstner,  et  il  est 
impossible  de  n'en  pas  conclure  avec  eux  que  certaines  causes  d'erreurs 
systématiques  altèrent  encore  les  résultats. 

»  Quelles  peuvent  être  ces  influences  nuisibles?  On  a  successivement 
accusé  une  détermination  imparfaite  de  l'état  des  instruments,  certaines 
lacunes  dans  la  théorie  du  mouvement  de  la  Terre  autour  de  son  centre 
de  gravité,  une  variation  possible  dans  les  latitudes  géographiques. 

»  Toutes  ces  critiques  peuvent  être  fondées  dans  une  certaine  mesure; 
mais  il  ne  suffit  pas,  pour  v  échapper,  d'être  mis  en  garde  contre  elles. 
Leur  source  réside,  en  effet,  dans  une  imperfection  réelle  et  jusqu'il  pré- 
sent inévitable,  soit  de  nos  connaissances  théoriques,  soit  des  moyens 
matériels  mis  à  notre  disposition.  Quelque  soin  que  l'on  apporte  dans  l'in- 
stallation et  l'emploi  d'une  lunette  astronomique,  on  ne  pourra  jamais 
affirmer  que  les  valeurs  déduites  pour  les  constantes  instrumentales  sont 
rigoureusement  exactes  pour  le  moment  de  l'observation.  L'ignorance  où 
nous  serons  toujours  de  la  constitution  intérieure  de  la  Terre  ne  permet 
pas  d'établir  une  théorie  parfaite  de  son  mouvement  autour  de  son  centre 
de  gravité.  Depuis  assez  longtemps  déjà  la  possibilité  de  changements 
dans  la  position  de  la  verticale  a  préoccupé  les  physiciens.  On  connaît  les 
intéressantes  expériences  poursuivies  sur  ce  sujet  par  M.  Antoine  d'Abba- 
die  et  d'autres  savants.  En  présence  du  caractère  un  peu  confus  et  incer- 
tain des  variations  trouvées,  les  astronomes  avaient  considéré  comme  plus 
sûr  de  n'y  pas  avoir  égard,  et  leur  réalité  avait  été  tenue  pour  douteuse. 
Mais  aujourd'hui  cette  attitude  d'abstention  systématique  n'est  plus 
permise.  C'est  à  une  époque  toute  récente,  précisément  à  la  suite  d'une 
tentative  faite  à  l'Observatoire  de  Berlin  pour  déterminer  à  nouveau  la 
constante  de  l'aberration,  que  la  variabilité  des  latitudes  a  paru  s'affirmer 
d'une  manière  plus  positive,  et  a  pris  aux  yeux  d'un  certain  nombre 
d'astronomes  le  caractère  d'une  vérité  démontrée.  Tous  les  travaux  an- 
ciens, où  l'on  a  traité  les  latitudes  comme  constantes,  deviennent  par  là 
sujets  à  revision,  mais  toute  tentative  pour  les  corriger  de  cette  cause 
d'erreur  serait  prématurée.  On  peut  dire  que  les  applications  nouvelles 
des  anciennes  méthodes,  faites  par  MM.  Nyren  et  Kùstner,  avec  un  soin 
auquel  il  est  juste  de  rendre  hommage,  ont  eu  pour  résultat  moins  d'ajou- 


(  554  ) 

ter  à  nos  connaissances  positives  que  d'ébranler  la  confiance  qu'inspi- 
raient aux  astronomes  les  recherches  antérieures.  Heureusement  aucun  de 
ces  problèmes,  dont  la  solution  nous  échappe  encore,  n'est  lié  d'une 
manière  nécessaire  à  la  recherche  des  effets  de  l'aberration.  Cette  con- 
nexion si  dangereuse  n'est  qu'une  conséquence  du  mode  d'opération 
adopté  dans  le  passé.  Au  contraire,  la  méthode  nouvelle  dont  nous  avons 
déjà  eu  l'honneur  d'entretenir  l'Académie  n'est  pas  seulement  affranchie 
de  toute  erreur  instrumentale,  elle  est  absolument  indépendante  de  toute 
hypothèse  que  l'on  voudra  faire  concernant  la  situation  de  l'axe  du  monde 
dans  l'espace  et  celle  de  la  verticale  d'un  lieu  relativement  à  l'axe  du 
monde.  Ainsi  disparaît  tout  le  cortège  des  constantes  instrumentales  ou 
théoriques  que  les  autres  méthodes  traînent  après  elles,  et  qu'elles  sont 
obligées  ou  de  supposer  connues,  ou  de  déterminer  en  même  temps  que 
l'inconnue  principale,  au  grand  détriment  de  la  précision. 

»  Les  recherches  les  plus  récentes  ont  donc  eu  pour  résultat  de  mettre 
en  lumière  les  avantages  de  la  nouvelle  méthode  et  de  rendre  une  appli- 
cation pratique  plus  désirable.  A  un  point  de  vue  plus  général,  on  peut 
dire  que  tous  les  procédés  employés  jusqu'à  ce  jour  pour  la  recherche  de 
la  constante  de  l'aberration  présentent  entre  eux  une  certaine  affinité.  Il 
était  important  de  s'assurer  si,  par  un  changement  complet  d'instruments 
et  de  méthodes,  on  serait  conduit  à  modifier,  d'une  manière  notable,  la 
valeur  numérique  précédemment  admise. 

»  Enfin  la  marche  suivie  pouvait  encore  jeter  quelque  lumière  sur  une 
question  intéressante  de  Physique  céleste.  On  admet  généralement  que  la 
loi  de  la  propagation  de  la  lumière  est  indépendante  du  mouvement  de  la 
source  lumineuse.  Les  lois  de  la  réflexion  restent-elles  aussi  les  mêmes 
quand  la  surface  réfléchissante  est  animée  d'un  mouvement  rapide?  En 
d'autres  termes,  un  observateur  placé  à  la  surface  de  la  Terre  trouvera-t-il 
la  même  aberration  pour  la  lumière  réfléchie  et  pour  la  lumière  directe?  Il 
doit  en  être  ainsi,  en  vertu  de  considérations  développées  par  notre  Con- 
frère M.  Fizeau.  A  l'appui  de  cette  déduction  théorique,  nous  pouvons 
apporter  aujourd'hui  le  témoignage  de  l'expérience.  Nos  observations, 
faites  sur  des  rayons  triplement  réfléchis,  donnent  pour  la  constante  de 
l'aberration  une  valeur  égale  à  celle  que  l'on  déduit  d'expériences  directes. 

»  Le  programme  d'observations  que  nous  avions  arrêté,  et  qui  s'étend 
sur  environ  dix  mois,  est  aujourd'hui  rempli  presque  en  entier.  Nous  ne 
nous  attendions  pas  à  obtenir  par  cette  première  épreuve  un  résultat  défi- 
nitif, jouissant  de  toute  l'exactitude  dont  la  méthode  est  susceptible.  Fixer 


(  555  ) 

dans  tous  ses  détails  la  marche  à  suivre  pour  l'application  pratique  du 
nouveau  procédé,  soumettre  à  l'épreuve  de  l'expérience  la  démonstration 
de  M.  Fizeau,  reconnaître  si  la  variabilité  des  latitudes,  ou  toute  autre  cause 
d'erreur  systématique,  entache  d'une  manière  grave  les  déterminations 
anciennes,  pouvaient  paraître  un  programme  suffisant  pour  une  première 
année  de  travail.  Une  seconde  détermination,  faite  dans  des  conditions 
plus  rigoureuses,  en  mettant  à  profit  l'expérience  acquise,  mènerait  sans 
aucun  doute  à  des  conclusions  plus  précises. 

»  Cette  réserve  nous  était,  d'ailleurs,  inspirée  par  l'exemple  de  nos  de- 
vanciers. Toutes  les  méthodes  dont  les  astronomes  font  usage  ont  déjà 
bien  des  années  d'existence  et  ne  se  sont  perfectionnées  que  par  une  pra- 
tique assidue.  Bien  que  le  nouveau  procédé  se  recommandât  par  un  carac- 
tère particulièrement  simple  et  direct,  rien  n'autorisait  à  penser  qu'il  dût 
faire  exception  d'une  manière  complète  à  cette  règle  générale.  Quoique  à 
l'heure  actuelle  la  discussion  de  nos  résultats  ne  soit  pas  encore  terminée, 
nous  croyons  pouvoir  dire  qu'ils  ont  surpassé  notre  attente.  L'examen 
spécial  auquel  nous  avons  soumis  les  observations  de  quatre  couples  d'é- 
toiles sur  dix-huit  permet  d'énoncer  les  conclusions  suivantes,  qui  ne 
seront  sans  doute  pas  modifiées  par  une  analvse  plus  complète  : 

»  i°  Le  chiffre  20",  445  proposé  par  Struve  est  très  rapproché  de  la 
vérité.  Il  serait  encore  prématuré,  à  notre  avis,  de  vouloir  le  modifier; 

»  2°  Ainsi  que  l'a  prévu  M.  Fizeau,  les  rayons  réfléchis  se  comportent, 
au  point  de  vue  de  l'aberration,  comme  les  rayons  directs  ; 

»  3°  La  méthode  nouvelle  pour  la  recherche  de  l'aberration  peut  être 
regardée  comme  éprouvée  et  définitive  ; 

»  Dans  une  prochaine  Communication  nous  donnerons  quelques  dé- 
tails sur  le  procédé  suivi,  les  observations  effectuées  sur  quatre  couples 
d'étoiles  et  la  valeur  numérique  qui  en  résulte  pour  la  constante.  » 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  --  Sur  l' équilibre  des  diélectriques  fluides 
dans  un  champ  électrique.  Note  de  M.  H.  Poino.aré. 

«  D'après  la  théorie  de  M.  von  Helmholtz  (Annales  de  Wiedemann, 
t.  XIH),  lorsqu'un  fluide  diélectrique  est  placé  dans  un  champ  électrique, 
il  faut  dans  les  équations  de  l'Hydrostatique  introduire  des  termes  complé- 
mentaires pour  tenir  compte  de  l'action  de  ce  champ. 


(  556  ) 

»    Soient 

p  la  pression  du  fluide; 

v  son  volume  spécifique; 

R  son  pouvoir  inducteur  spécifique: 

F  l'intensité  du  champ. 

»  Supposons  que  les  forces  extérieures  (autres  que  celles  qui  sont  dues 
à  l'action  du  champ)  se  réduisent  à  la  pesanteur;  les  équations  de  Helm- 
holtz  s'écriront 

»  Il  suit  de  là  que 

^dJL-gzd 

doit  être  une  différentielle  exacte.  Cette  différentielle  doit  être  considérée 
comme  nulle  dans  l'intérieur  d'un  même  fluide  et  si  la  température  est 

constante.  En  effet,  un  liquide  est  incompressible  et,  par  conséquent,  - 
et  K  sont  des  constantes,  car  K.  ne  peut  dépendre  que  de  v. 

»  S'il  s'agit  d'un  gaz,  -  peut  être  regardé  comme  nul,  et  K  étant  sensible- 
ment égal  au  pouvoir  inducteur  du  vide  peut  être  regardé  comme  con- 
stant. 

»  Mais  si  l'on  a  plusieurs  fluides  chimiquement  différents,  notre  diffé- 
rentielle sera,  au  contraire,  très  grande  dans  la  couche  de  passage  qui  les 
sépare.  Cela  nous  permet  d'écrire  l'équation  de  la  surface  de  séparation 
de  deux  fluides  diélectriques  quelconques. 

»  Soient  v ,  et  r,  les  volumes  spécifiques  des  deux  fluides,  K,  et  R2  leurs 
pouvoirs  inducteurs. 

»  La  force  électrique  F  n'est  pas  continue  et  subit  un  saut  brusque  quand 
on  franchit  la  surface  de  séparation.  Soient  N,  la  composante  normale  etT, 
la  composante  tangentielle  de  cette  force  dans  le  voisinage  de  la  surface 
de  séparation  et  dans  le  premier  fluide.  Soient  N2  et  T.  les  mêmes  compo- 
santes dans  le  voisinage  de  la  surface  de  séparation  et  dans  le  second 
fluide.  On  aura,  d'après  la  théorie  classique  des  diélectriques. 

Ï\  =  T.,         R,N.  =  R„N.,. 


(  557   ) 
»   Alors  l'équation  de  la  surface  de  séparation  devient 

5-1  (  K,  —  K.,  ;  -H  -^-L    v-    -  r-    —  ff-s -=  const. 

»  Il  serait  curieux  de  comparer  cette  forme  de  l'équation  de  Helmhollz 
avec  certaines  expériences  de  M.  Quincke,  qui  pourraient,  sans  doute,  s'ex- 
pliquer ainsi  sans  qu'on  ait  à  faire  intervenir,  comme  l'on  a  cherché  à  le 
faire,  les  tensions  qui,  selon  Maxwell,  régneraient  dans  le  sens  des  lignes 
de  force  et  les  pressions  qui  existeraient  perpendiculairement  à  ces  lignes; 
ces  expériences  ne  pourraient  plus  alors  être  regardées  comme  la  démons- 
tration de  l'existence  réelle  de  ces  tensions  et  de  ces  pressions. 

»  Cette  théorie  est  d'ailleurs  incomplète,  car  il  existe  peut-être  à  la 
surface  de  séparation  de  deux  diélectriques  une  différence  de  potentiel 
dont  il  faudrait  tenir  compte.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  différentes  manifestations  de  la  phosphorescence  des  mi- 
néraux sous  l'influence  de  la  lumière  ou  de  la  chaleur.  Mémoire  de  M.  Henri 
Becquerel.  (Extrait.) 

«  Dans  le  cours  des  recherches  que  je  poursuis  depuis  plusieurs  années 
sur  la  phosphorescence,  j'ai  été  conduit  à  examiner  les  particularités  que 
présente  ce  phénomène  lorsqu'il  est  excité  soit  par  la  lumière,  soit  par  la 
chaleur,  et  à  comparer  les  spectres  d'émission  des  corps  sous  ces  diverses 
influences. 

»  Les  corps  qui  se  prêtent  à  ces  comparaisons  sont  peu  nombreux;  ils 
doivent  être  à  la  fois  lumineux  dans  le  phosphoroscope  et  phosphorescents 
par  la  chaleur.  Divers  échantillons  de  spath  fluor  et  de  leucophane  ont 
rempli  ces  conditions.  L'éclat,  généralement  très  faible,  des  lueurs  phos- 
phorescentes n'a  pas  permis  d'employer  une  grande  dispersion.  Les  obser- 
vations ont  été  faites  avec  un  spectroscope  à  un  seul  prisme  de  flint.  Les 
positions  des  bandes  lumineuses  des  spectres,  rapportées  à  l'échelle  du 
spectroscope,  ont  élé  évaluées  en  longueurs  d'onde,  par  comparaison  avec 
les  positions  des  principales  raies  du  spectre  solaire.  Pour  l'observation 
des  spectres  d'émission  avec  le  phosphoroscope,  on  amenait  simplement  la 
fente  du  spectroscope  près  de  l'ouverture  de  l'appareil.  Four  les  autres 
observations,  on  disposait  le  corps  à  étudier  très  près  de  la  fente  du  spec- 
troscope. S'il  s'agissait  de  l'illuminer  par  une  étincelle  électrique,  on  dis- 

C.   R.,   i8ot,  i"  Semestre.  (T.  CXII,   N«  11.)  7^ 


C  558  ) 

posait  deux  pointes  d'aluminium,  de  sorte  que  l'étincelle  éclatât  sur  le 
corps  lui-même.  Si  l'on  se  proposait  d'échauffer  le  cristal,  on  le  plaçait  au 
fond  d'un  petit  tube  en  verre,  fermé  à  la  lampe,  maintenu  verticalement 
près  de  la  fente  et  au-dessus  d'un  petit  brûleur  à  gaz. 

»  Tous  les  relevés  des  spectres  étaient  comparables  entre  eux;  cepen- 
dant, pour  contrôler  certaines  comparaisons  délicates,  on  a  fait  usage  du 
prisme  réflecteur  placé  en  avant  de  la  fente,  et  l'on  a  superposé  dans  l'ap- 
pareil deux  des  spectres  à  comparer. 

i)  Le  Tableau  ci-joint  donne  le  relevé  des  bandes  lumineuses  observées, 
avec  quelques-uns  des  cristaux  étudiés. 

Spectres  de  phosphorescence  (longueurs  d'onde  approchées,  exprimées 
en  millionièmes  de  millimètre. 


Chlorophane  verte 
n°  T 

Fluorine  de  Titlis. 

] 

Fluorine 

Chlorophane 

viol  f*f  t p 

Phospho- 
roscope. 

Chaleur. 

verte  (a). 
Chaleur. 

violette. 
Chaleur. 

bleue. 
Chaleur. 

Phosphoroscope. 

Chaleur. 

v iuiç ttc • 

Chaleur. 

643  trace 

643 

trace 

643   forte 

643  forte 

606  faible 

606 

forte 

607   forte 

608  forte 

6o5 

» 

607 

092 

592 

592 

59o   ) 

592    ) 

592    ) 

de  5go   j 

» 

» 

» 

" 

583  j 

583  \ 

à      > 

573  trace 

573 

>   forte 

:'7  1 

072   ) 

572 

574 

568   ) 

564  trace 

564 

062 

562 

557  forte 

007 

".5- 

» 

557 

552  forte 

de  552 

\   lueur 

549  forte 

à 

>  faible 

549   \ 

546  tr.  faible 

546 

)  tr.  forte 

546  forte 

546  forte 

546 

J 

542   tr.  forte 

0  4  2 

542  forte 

542 

542  F 

526  trace 

026  tr.forti 

:    Ô2(i    tr.   fo 

rte 

V  faibl. 

5 10  trace 

L 

497 

497    j 

497    ) 

497 

497  j 

] 

492  forte 

492 

forte 

à     .■ 

à     > 

à 

à 

490  / 

478 

478 
472 
407 

forte 

faible 

faible 

478  ) 

478  ) 

478 

478  J 

481. 

»  Parmi  ces  corps,  un  des  plus  intéressants  est  une  variété  de  spath 
fluor,  appelée  chlorophane,  dont  le  spectre  d'émission  au  phosphoroscope 
avait  été  autrefois  étudié  par  mon  père  (').  En  tournant  les  disques  du 
phosphoroscope  avec  des  vitesses  progressivement  croissantes,  cette  sub- 

(')  E.  Becqleiiel,  la  Lumière,  ses  causes  et  ses  effets,  p.  334  et  suivantes. 


(  559  ) 

stance  émet  des  lueurs  de  teintes  différentes;  elle  est  d'abord  bleu  ver- 
dàtre  pour  une  rotation  1res  lente,  puis  devient  jaune  orangé,  et  enfin 
vert  clair  pour  une  rotation  rapide  des  disques  du  phosphoroscope.  Ces 
teintes  correspondent  à  l'apparition,  dans  le  spectre  d'émission,  de  bandes 
lumineuses  ayant  des  réfrangibilités  différentes,  et  pour  lesquelles  ce 
corps  a  des  durées  de  persistance  inégales.  Ainsi,  pour  un  mouvement 
très  lent  des  disques,  on  observe  d'abord,  au  spectroscope,  une  lueur 
continue  verte  et  bleue,  dont  les  longueurs  d'onde  limites  sont  environ 
543  et  478.  Le  maximum  est  compris  entre  1  =  53 1  et  1  =  497-  Cette 
lueur  disparait  pour  des  rotations  rapides.  On  voit  ensuite  apparaître  les 
bandes  557,  5q2  et  606,  492-478,  puis,  la  vitesse  de  rotation  augmentant, 
apparaît  une  bande  X=  542,  qui  devient  bientôt  la  plus  brillante  de 
toutes,  ainsi  cpie  492-478,  qui  remplace  la  bande  primitive  53 1-497-  P°ur 
un  mouvement  très  rapide  des  disques,  on  voit  toutes  les  bandes  inscrites 
dans  le  tableau,  puis  celles-ci  s'étalent  et  on  aperçoit,  en  outre,  une 
lueur  continue  très  faible,  de  542  à  5 10,  où  elle  est  brusquement  limitée. 
Les  effets  observés  au  phosphoroscope  sont  les  mêmes  lorsque  le  cristal 
est  naturel  ou  lorsqu'il  a  été  préalablement  calciné,  et  n'est  plus  phospho- 
rescent par  la  chaleur. 

»  On  retrouve  les  mêmes  caractères  dans  l'émission  de  lumière  obte- 
nue en  échauffant  ce  corps,  lorsqu'il  n'a  pas  encore  été  calciné.  Il  prend 
des  teintes  diverses  à  mesure  que  la  température  s'élève;  ces  lueurs,  exa- 
minées au  spectroscope,  donnent  des  spectres  de  bandes  presque  iden- 
tiques à  ceux  qu'on  observe  au  phosphoroscope.  Dans  les  premiers  mo- 
ments de  réchauffement  du  cristal,  on  voit  d'abord  apparaître  des  traces 
des  bandes  573  et  478,  puis  la  lueur  verte  53 1-497,  qui  se  superpose  à  ces 
bandes  et  disparaît  bientôt,  puis,  pour  une  température  convenable, 
toutes  les  bandes  rapportées  plus  haut  sont  visibles.  Enfin,  lorsque  le 
spectre  s'évanouit,  les  bandes  573  et  478  sont  les  dernières  dont  on 
puisse  suivre  le  plus  longtemps  la  trace.  En  comparant  ce  spectre  à 
celui  qu'on  obtient  au  phosphoroscope,  on  reconnaît,  d'une  manière  gé- 
nérale, que  les  groupes  de  bandes  coïncident,  mais  l'intensité  relative  des 
bandes  n'est  pas  la  même.  Ainsi  la  bande  542  du  spectre  au  phosphoro- 
scope n'est  pas  visible  dans  le  spectre  par  la  chaleur;  c'est  la  bande  voi- 
sine 546,  ainsi  que  573,  qui  sont  les  plus  intenses. 

»  Lorsqu'on  soumet  à  l'action  lumineuse  d'une  étincelle  électrique  un 
fragment  de  cette  chlorophane  déjà  calciné  et  qu'on  l'examine  aussitôt 
après  l'étincelle,  on  observe  les  mêmes  bandes  et  surtout  la  lueur  verte 
53 1-497  tr^s  intense. 


(  56o  ) 

»  Le  cristal  calciné  était  devenu  inactit;  l'illumination  par  l'étincelle  l'a 
rendu  de  nouveau  phosphorescent  par  la  chaleur.  Si  l'on  élève  alors  la  tem- 
pérature, il  devient  beaucoup  plus  bleu  que  quand  on  chauffe  un  cristal 
naturel,  et  émet,  avec  une  vive  intensité,  la  lueur  verte  53 1-478,  ainsi  que 
546-542.  La  lueur  continue  présente  deux  maxima,  l'un  de  53o-5io, 
l'autre  de  488  à  480.  —  Lorsque  la  température  s'élève,  le  cristal  devient 
blanc  jaunâtre  et  le  spectre  présente  les  bandes  546.  573,  592-600  ainsi 
que  492-478.  Au  lieu  de  chauffer  le  cristal  immédiatement  après  l'action 
de  l'étincelle,  on  peut  attendre  plusieurs  jours,  l'effet  est  le  même.  La 
faculté  d'être  phosphorescent  par  la  chaleur  a  été  restituée  d'une  manière 
permanente. 

»  Les  divers  échantillons  de  spath  fluor  étudiés  n'ont  pas  tous  pu  être 
observés  au  phosphnroscope.  On  a  donné  leur  spectre  d'émission  de  phos- 
phorescence par  la  chaleur.  Les  résultats  sont  analogues  à  ceux  qui 
viennent  d'être  décrits;  des  bandes  très  intenses  avec  certaines  sub- 
stances sont  invisibles  avec  d'autres.  Telle  est  la  bande  526.  On  jugera 
de  ces  variations  en  jetant  un  coup  d'ceil  sur  le  Tableau  qui  précède. 

»  Sans  décrire  ici  avec  détail  les  apparences  des  divers  spectres  ob- 
servés, j'indiquerai  seulement,  pour  quelques  échantillons  intéressants, 
l'ordre  d'apparition  des  bandes,  lorsqu'on  échauffe  progressivement  les 
cristaux. 

»  Avec  un  échantillon  de  fluorine  verte  provenant  de  Titlis,  près  En- 
gelberg  (Saint-Gotbard),  les  bandes  526  et  497-478  se  montrent  les  pre- 
mières, puis  la  bande  643  devient  très  forte,  ainsi  que  607,  574,  546.  Ce 
spectre  disparaît  rapidement  et  il  reste  deux  bandes,  592  et  562,  sans 
doute  masquées  par  les  autres  au  moment  du  plus  vif  éclat,  et  qui  per- 
sistent encore  pendant  longtemps.  La  même  substance,  sous  l'illumination 
de  l'étincelle,  donne  le  même  spectre  qu'au  phosphoroscope,  les  bandes 
542  et  557,  ainsi  que  des  traces  de  592-074  et  497-478. 

»  La  succession  des  bandes  différentes,  lorsque  la  température  s'élève 
régulièrement,  s'observe  encore  plus  nettement  avec  un  échantillon  de 
spath  fluor  violet,  de  provenance  inconnue.  Quand  on  le  chauffe  on  voit 
d'abord  les  bandes  5q2  et  497-478,  puis  ces  bandes  disparaissent  et  font 
place  à  un  nouveau  spectre,  6o5,  572  et  562.  Comme  fait  caractéristique, 
on  doit  citer  l'absence  des  bandes  entre  les  longueurs  d'onde  557  et  ^26, 
que  présentent  tous  les  autres  échantillons. 

«  Une  chlorophane  légèrement  violette  donne  des  résultats  de  même 
nature  :  on  observe  d'abord,  en  l'échauffant,  deux  bandes  diffuses  590-568 
et  490  481,  puis  une  lueur  verte  très   intense  se  manifeste  donnant   un 


(  56 1  ) 

spectre  continu  5/19-490;  cette  lueur  disparaît  ensuite,  laissant  apercevoir 
la  bande  étroite  542  qui  apparaît  faiblement. 

»  Sans  multiplier  ici  ces  exemples,  j'ajouterai  que  l'échantillon  de  leu- 
cophane  de  Brewig  (Suède)  a  donné  au  phosphoroscope  une  lueur  entre 
6i5-56o,  et  parla  chaleur,  un  spectre  formé  par  deux  régions  lumineuses, 
de  649  à  5ia  et  de  l\S8  à  4i5.  Le  phénomène  est  le  même  qu'avec  la  fluo- 
rine. 

»  Les  comparaisons  qui  précèdent,  bien  que  s'appliquant  à  un  corps 
particulier,  la  fluorine,  permettent  de  formuler  les  considérations  sui- 
vantes, dont  la  portée  est  plus  générale. 

»  i°  Au  phosphoroscope,  on  reconnaît,  comme  l'avait  observé  mon 
père,  qu'un  même  corps  peut  émettre  plusieurs  spectres  différents;  ces 
spectres  se  distinguent  entre  eux  par  la  durée  de  la  persistance  de  l'émis- 
sion lumineuse.  Les  recherches  que  j'ai  publiées  il  y  a  plusieurs  années, 
sur  les  variations  des  spectres  d'absorption  et  sur  leurs  relations  avec 
les  spectres  de  phosphorescence,  permettent  de  conclure  que  les  divers 
spectres  d'un  même  corps  sont  dus  à  la  présence  dans  ce  corps  de  sub- 
stances différentes,   ou  de   composés  différents  d'une  même  substance. 

»  20  La  lumière  de  l'étincelle  électrique  éclatant  près  des  corps  pro- 
voque la  phosphorescence  comme  la  lumière  solaire,  et  les  spectres 
d'émission  sont  les  mêmes.  Dans  ce  cas  la  durée  de  la  phosphorescence 
est  considérablement  augmentée,  sans  doute  en  raison  de  l'intensité  des 
rayons  actifs  et,  peut-être,  de  la  présence  de  radiations  très  réfrangibles. 
La  phosphorescence  initiale  est  plus  vive,  de  sorte  que  la  lueur  émise 
par  le  corps  qui  s'éteint  met  plus  longtemps  à  atteindre  la  limite  inférieure 
d'intensité  pour  laquelle  l'œil  perçoit  encore  une  impression  lumineuse. 

»  3"  La  chaleur  fait  rendre  aux  corps,  sous  forme  lumineuse,  une  quan- 
tilé  limitée  d'énergie.  Lorsque  cette  quantité  est  épuisée,  les  corps  ne  sont 
plus  phosphorescents  par  la  chaleur.  Si,  par  l'action  d'une  étincelle  élec- 
trique ou  par  une  exposition  à  la  lumière,  on  leur  redonne  l'énergie  néces- 
saire, ils  peuvent  la  rendre  de  nouveau  lorsqu'on  les  échauffe.  A  partir 
du  moment  où  ils  ont  été  soumis  à  l'action  excitatrice  de  la  lumière,  les 
corps  phosphorescents,  maintenus  à  une  température  constante,  émettent 
de  la  lumière  qui  cesse  d'être  perceptible  au  bout  d'un  temps  plus  ou 
moins  long,  variant  d'une  petite  fraction  de  seconde  à  plusieurs  jours, 
puis  le  corps  s'éteint.  Si  l'on  élève  alors  la  température  à  un  degré  qu'on 
maintient  de  nouveau  constant,  le  corps  devient  lumineux,  puis  s'éteint 
de  nouveau;  en  élevant  encore  la  température  à  un  degré  supérieur,  on 


(  "M  ) 

d'ajouterà  l'eau  des  substances  destinées  à  éviter  l'attaque  du  verre.  Ce 
n'est  donc  pas  sur  de  l'eau  pure  qu'il  a  opéré.  D'ailleurs  la  disposition 
même  de  son  expérience  ne  lui  permettait  qu'une  évaluation  très  incom- 
plète de  la  pression  critique.  Nous  avons  repris  nous-mêmes  ces  essais  sans 
plus  de  succès,  l'explosion  des  tubes  ayant  toujours  mis  fin  à  l'expérience 
avant  que  la  température  nécessaire  ait  pu  être  atteinte. 

»  Les  recherches  que  nous  avons  publiées  précédemment  sur  l'État  de 
la  matière  au  voisinage  du  point  critique  (')  nous  ont  permis  d'aborder  la 
question  par  une  autre  méthode,  qui  permet  d'opérer  sans  voir  le  liquide 
et  qui  donne,  par  suite,  la  possibilité  de  l'enfermer  clans  des  tubes  métal- 
liques très  résistants. 

»  Ces  expériences  ont  montré  que  si  l'on  introduit,  dans  un  tube  de 
capacité  connue,  un  poids  de  liquide  variable,  suffisant  pour  pouvoir 
fournir  de  la  vapeur  saturée  jusqu'au  point  critique,  mais  insuffisant  pour 
remplir  totalement,  par  sa  dilatation,  l'espace  qui  le  contient,  on  constate 
que  la  courbe  des  tensions  de  la  vapeur  saturée  est  toujours  la  même,  jus- 
qu'à la  température  criticpie,  quels  que  soient  les  poids  du  liquide  em- 
ployés. Mais,  au-dessus  de  cette  température,  une  courbe  particulière 
correspond  à  chaque  poids  de  matière  emprisonné  dans  le  tube. 

»  Supposons  donc  qu'on  enferme  des  poids  variables  du  liquide  en  ex- 
périence dans  un  tube  métallique,  de  capacité  déterminée,  relié  à  un  ma- 
nomètre. Chauffons  ce  liquide;  notons  pour  chaque  température,  la  pres- 
sion correspondante,  et  figurons  dans  chaque  cas  le  résultat  par  une 
courbe,  en  prenant  pour  abscisses  les  températures,  et  pour  ordonnées  les 
pressions.  Toutes  ces  courbes  coïncideront  jusqu'à  un  certain  point  où  cha- 
cune d'elles  prendra  une  direction  cpii  dépendra  du  poids  de  liquide  sur 
lequel  on  a  opéré.  L'abscisse  de  ce  point  ne  sera,  comme  on  le  voit, 
autre  chose  que  la  température  critique. 

»  Cette  méthode  a  l'avantage  de  donner,  en  même  temps,  non  seule- 
ment la  pression  criticpie,  mais  la  courbe  des  tensions  de  la  vapeur  saturée 
du  liquide  jusqu'au  point  critique. 

»  Nous  avons  appliqué,  en  particulier,  cette  méthode  à  la  détermina- 
tion des  éléments  critiques  de  l'eau  et  à  la  mesure  des  tensions  de  la  vapeur 
d'eau  saturée. 

»  Nous  avons  mesuré  ces  tensions  élevées  au  moyen  d'un  manomètre 
à  hydrogène  comprimé  loat  la  graduation  théorique  laisse  toujours  quel- 
le) Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  6e  série,  t.  XVIII,  octobre  1889. 


(  565  ) 

ques  incertitudes.  Nous  croyons  devoir  attendre,  pour  publier  les  déiails 
de  nos  appareils  et  les  résultats  numériques  de  nos  recherches,  terminées 
depuis  longtemps  déjà,  qu'une  vérification  directe  de  ce  manomètre  à 
hvdrogène  ait  pu  être  faite  au  moyen  du  manomètre  à  air  libre  de  la  tour 
Eiffel.  Ce  manomètre,  dont  la  construction  est  à  peu  près  complète  et  cpii 
est  installé  dans  les  meilleures  conditions,  permettra  de  mesurer  avec  une 
grande  précision  des  pressions  pouvant  atteindre  4oo  atmosphères.  » 


PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  les  fossiles  trouvés  à  Gourbesville  par  M .  de  Lapparent. 

Note  de  INI.  Albekt  Gaudry. 

«  J'ai  présenté  dernièrement  à  l'Académie  une  Note  de  M.  de  Lapparent 
sur  le  conglomérat  à  ossements  de  Gourbesville,  dans  la  Manche.  Parmi 
les  ossements  les  moins  roulés  qui  m'avaient  été  communiqués,  j'avais  re- 
marqué des  débris  de  Y  Tlalilhcrium  fossile,  commun  dans  les  faluns  helvé- 
tiens,  et  du  Dinotkerium  Cuvieri,  des  sables  de  l'Orléanais. 

»  Depuis  que  cette  Note  a  été  présentée,  j'ai  vu  de  nouvelles  pièces. 
Les  os  bien  reconnaissables  d: ' Halilherium  abondent.  Un  morceau  de  mo- 
laire de  Mastodon  angustidens  vient  confirmer  l'indication  fournie  par  le 
Dinotkerium,  en  même  temps  que  de  grandes  dents  très  usées  de  Carclta- 
rodon  complètent  la  similitude  du  falun  remanié  avec  ceux  de  l'Anjou  et 
de  la  Rance.  Mais  ce  qui  est  très  intéressant,  et  tout  d'abord  m'a  fort 
surpris,  c'est  une  dent  molaire  que  j'ai  reconnue  comme  appartenant  au 
Palœotherium  magnum,  caractéristique  du  gypse  parisien.  Le  cailloutis  à 
ossements  renferme  des  morceaux  roulés  d'un  calcaire  lacustre  qu'on 
avait  d'abord  rapporté  à  l'étage  du  calcaire  de  Beauce,  mais  que  M.  Vas- 
seur  avait  supposé  pouvoir  être  un  équivalent  du  gypse  parisien.  M.  de 
Lapparent  pense  que  la  dent  de  Palœotherium  magnum  vient  de  ce  calcaire 
lacustre;  elle  confirmerait  ainsi  l'opinion  de  M.  Vasseur.    » 


zoologie.  —  Effet  du  froid  sur  les  poissons  marins.  Note 
de  YL  A. -F.  Mariox. 

«   Les  froids    exceptionnels   qui  ont  régné  en  Provence,   au  mois   de 
janvier,  m'ont  fait  connaître  quelques  particularités  intéressantes  au  sujet 
Cl;.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX1I,  !V°  11.)  7't 


(  566  ) 

de  la  sensibilité  ou  de  la  résistance  de  certaines  espèces  de  poissons  marins. 
Mes  observations  constituent  deux  catégories  bien  distinctes  :  les  unes  ont 
porté  sur  des  animaux  gardés  en  captivité,  les  autres  se  rattachent  à  des 
phénomènes  qui  se  sont  produits  en  pleine  nature,  dans  l'étang  saumàtre 
de  Berre. 

»  Au  laboratoire  maritime  d'Endoume  (Marseille),  plusieurs  bacs  de 
8o.6lit,  absolument  isolés,  établis  dans  une  vaste  salle  au  rez-de-chaussée, 
non  chauffée,  étaient  peuplés  depuis  plusieurs  mois  de  divers  poissons,  la 
plupart  adultes,  quelques-uns  encore  à  l'état  d'alevins  et  en  voie  de 
croissance,  tous  bien  adaptés  au  milieu  et  prenant  la  nourriture  qui  leur 
était  régulièrement  distribuée.  Il  s'agit  donc  d'individus  en  parfait  état  de 
vigueur.  Cette  collection  ichthyologique  comprenait  les  espèces  suivantes  : 

Hippocampus  guttulatus  Cuv.  Blennius  pavo  Risso. 

Blennius tentaculaiis  Brun.  Gobius  capito  Val. 

Sargus  vulgaris  S.  S'  H.  Sargus  Rondeletii  C.  et  V.    (adultes  et 

BoxsalpaL.  alevins). 

Pagellus  bogaraveo  Brun.  Oblada  melanura  L.  (jeunes). 

Crenilabrus  massa  Risso  (et  Var.).  Smaris  vulgaris  Cuv.  et  Val. 

Julis  Giofrcdi  Risso.  Julis  vulgaris  Cuv.  et  Val. 

Motella  fusca  Risso,  Mugil  auratus  R.  (jeunes). 

»  Peu  de  temps  après  les  premières  gelées  de  décembre,  la  température 
des  bacs  descendit  à  +  8°C.  Ce  refroidissement,  qui  ne  me  semblait  pas 
encore  devoir  être  bien  grave,  fut  cependant  immédiatement  ressenti  à  des 
degrés  divers  par  nos  poissons.  Tous  devinrent  moins  actifs  et  refusèrent 
la  pâture  d'amphipodes  vivants  sur  laquelle  ils  se  jetaient  auparavant  avec 
avidité.  Les  Girelles  ne  lardèrent  pas  à  manifester  un  malaise  plus  accentué. 
Au  bout  de  deux  jours,  durant  lesquels  la  température  de  +8°  s'était  main- 
tenue, elles  moururent,  à  l'exception  d'une  seule,  d'assez  forte  taille,  qui 
avait  déjà  résisté  à  des  blessures  provenant  de  morsures  des  Oblades  et  qui 
ne  périt  que  plus  tard,  à  -t-  4°C. 

»  Après  quelques  journées  d'accalmie,  le  froid  s'établit  d'une  manière 
persistante  et  progressive  à  partir  du  6  janvier  jusqu'au  23,  atteignant,  le 
18,  au  jour,  en  dehors  du  laboratoire,  —  9°, 5.  A  l'intérieur,  l'eau  de  nos 
bacs,  qui,  à  dessein,  ne  fut  plus  renouvelée,  descendait  progressivement, 
d'abord  à  -+-  5  le  io  janvier,  puis  à  ■+-  3  le  17,  à  +  2  les  20,  21  et  22, 
pour  remonter,  à  partir  du  l'i  jusqu'au  3i,  d'abord  à  -1-4»  Plus  a  +  D' 
-+-  8  et  à  -f-  9  le  26,  moment  où  s'est  arrêtée  la  mortalité  de  nos  poissons. 
Tous  résistaient  encore,  à  l'exception  des  Girelles,  du  10  au  12  janvier,  et 


(  567  ) 

subissaient  la  température  de  -+- 1\.  Bientôt,  cependant,  on  en  voyait  quel- 
ques-uns nager  avec  affolement,  puis  perdre  l'équilibre  de  leur  altitude 
habituelle  et  arriver  le  ventre  en  l'air  à  la  surface,  s'agitant  encore  lente- 
ment un  jour  ou  deux  lorsqu'on  les  excitait,  montrant  de  véritables  con- 
testions dans  les  orbites  et  au  voisinage  des  ouïes,  et  finissant  par  périr, 
alors  même  qu'on  les  plaçait  à  ce  moment  dans  de  l'eau  plus  chaude.  Les 
Box  salpa,  les  Oblada  melanura,  les  Page/lus  bogaraveo,  les  Smaris  vulga- 
ris,  les  Sargus  vulgaris,  les  Sargus  Rondeletii  ont  été  frappés  successivement, 
montrant  plus  ou  moins  de  résistance  individuelle,  après  avoir  été  exposés 
durant  quatre  jours  à  la  température  de  +  4°-  Tjes  individus  les  plus  en- 
durants de  ces  espèces  s'éteignaient  quelques  jours  plus  tard,  lorsqu'ils 
avaient  subi  l'abaissement  à  -+-  3  et  à  +  i.  Ace  moment,  les  alevins  de 
Sargus  Rondeletii  ont  manifesté  à  leur  tour  du  malaise  et  ont  succombé  au 
bout  de  trois  jours,  en  même  temps  que  l'Hippocampe,  les  Blennies,  l'un 
des  petits  Mugils  et  quelques  Crénilabres. 

»  Il  ne  survivait,  le  26  janvier,  quand  l'eau  des  bacs  était  remontée  à 
4-  90,  que  les  deux  tiers  de  nos  Crénilabres,  un  Mugil  auratus  jeune,  les 
Motella  fusca  et  tous  les  Gobius  capito.  On  remarquera  que  ces  poissons 
vivent  d'ordinaire  dans  la  zone  littorale,  où  ils  doivent  être  exposés  plus 
que  tous  les  autres  aux  oscillations  thermiques.  Ils  n'auraient  pas  été  sou- 
mis d'ailleurs,  en  liberté,  à  de  si  rudes  épreuves.  En  effet,  tandis  que  la 
neige  couvrait  le  rivage,  avec  un  froid  de  —  70  à  —  90,  les  eaux  de  la  mer, 
à  la  côte,  dans  l'anse  des  Cuivres,  n'étaient  pas  descendues  au-dessous  de 
-+-  io°.  Toutes  nos  bêtes,  sans  excepter  les  Girelles,  auraient  donc  pu  tra- 
verser cette  période  critique  sans  se  réfugier  dans  les  zones  plus  pro- 
fondes. 

»  Les  conditions  favorables  de  la  pleine  mer  ne  se  maintiennent  pas, 
on  le  comprend  aisément,  dans  nos  lagunes  et  aux  embouchures  du  Rhône, 
ni  même  dans  le  grand  étang  saumàtre  de  Berre,  qui  a  éprouvé  cette  année 
une  dépopulation  extraordinaire,  du  moins  en  ce  qui  concerne  sa  faune 
ichthyologique  adventice.  Je  rappelle  que  l'étang  de  Berre  est  une  petite 
mer  intérieure,  de  plus  de  i5ooo  hectares  de  superficie,  mais  dont  la  pro- 
fondeur maximum  ne  dépasse  pas  8m  à  1  om.  La  salure  des  eaux  varie,  suivant 
les  points  et  les  circonstances,  entre  o°, 5  B.  et  2°,5;  tandis  qu'au 
même  densimètre  et  à  la  même  température  la  mer,  au  large  du  labora- 
toire de  Marseille,  accuse  4°  B.  Presque  chaque  année  le  froid  tue  ou  en- 
dommage dans  l'étang  une  certaine  quantité  de  poissons.  Ce  phénomène 
est  connu  sous  le  nom  de  marlegado.  Les  sardines  sont  frappées  les  pre- 


(  568  ) 

mières,  en  décembre;  au  contraire,  les  Melettes  (Me/etta  phalerica) ,  les 
Esprots  méditerranéens,  résistent  aux  plus  basses  températures.  Toutefois 
les  eaux  ne  cèlent  qu'exceptionnellement.  Cette  année,  la  surface  totale 
de  l'étang  a  été  couverte  de  glaçons  qui,  chassés  par  le  vent  de  nord- 
ouest,  se  sont  entassés  vers  la  rive  sud  et  y  ont  persisté  plusieurs  semaines.  Il 
résulte  des  observations  faites  par  M.  le  commissaire  fie  la  marine  Dangi- 
beaud  que,  du  18  au  24  janvier,  dans  les  canaux  secondaires  de  Mar- 
tiques,  la  température  était  descendue,  jusqu'à  un  mètre  sous  la  glace,  à  o° 
et  même  à  —  i°;  et  que  le  maximum  dans  le  Canal  maritime,  à  6m  de 
profondeur,  même  avec  les  courants  d'entrée  amenant  de  la  «  Grande 
Mer  »  une  eau  plus  chaude,  n'avait  pas  dépassé  -l\°,  ^5°,  H-  6°,  et 
n'était  que  de  •+-  i°  le  22  janvier,  au  moment  de  la  sortie  des  eaux  de 
l'étang  vers  la  mer. 

»  Les  Muges  (Mugil  chelo,  cephalus,  capito,  auratus)  et  les  Loups  (La- 
brax  lupus),  qui  sont  les  espèces  nomades  les  plus  importantes,  ont  été 
absolument  anéantis.  Les  Anguilles  ont  été  aussi  fortement  atteintes,  à 
l'exception  de  celles  qui,  dans  les  endroits  les  plus  profonds,  ont  pu  s'en- 
vaser au  début  du  froid.  On  aura  une  idée  exacte  de  ce  dommage  par  les 
chiffres  suivants,  représentant  les  quantités  de  poissons  de  cette  catégorie 
péchés  dans  l'étang  en  1889. 


kg 


Muges 148679 

Loups 39012 

Anguilles :,<,:,-:, 

»  Il  était  important  de  constater  l'état  de  la  faune  sédentaire  dont  les 
espèces  doivent  nécessairement  posséder  plus  de  rusticité.  Cette  popu- 
lation spéciale  comprend  les  animaux  suivants  : 

»  Hippocampus  guttulatus,  Siphonosloma  argentatum,  Syngnalhus  buccu- 
lentus,  Nerophis  ophidion,  Gobius  lola,  Gobius  jozo,  Blennius  pavo,  Crenila- 
brus  massa  oarietas,  Flessus  passer,  Atherina  mochon. 

h  J'ai  reconnu  les  23  et  24  février,  en  exécutant  et  en  suivant  les  pêches 
usuelles,  que  si  un  certain  nombre  d'individus  de  ces  espèces  avaient 
succombé,  saisis  par  le  froid  dans  les  parties  côtières  peu  profondes,  il  en 
persistait  du  moins  de  grandes  quantités  en  parfait  état,  dans  les  fonds 
de  6,u  à  iom.  Les  eaux  de  l'étang  n'étaient  encore,  le  24  février,  à  im, 
qu'à  -I-  5°C.  Les  Melettes,  les  Atherina  hepselus ,  les  Anchois  et  les 
petits  Gobius  minutus  commençaient  cependant  déjà  leur  mouvement 
d'entrée.  Les  Aiguilles  (fielone  acus)  qui  se  présentaient  avec  eux  étaient, 


(  569  ) 
par  contre,   fâcheusement  impressionnées    par   ces    eaux    Ironies  ;   leurs 
bandes  rebroussaient   chemin  et  quelques-unes  se  laissaient  prendre    à 
demi  mortes. 

»  J'ai  noté  ces  remarques,  que  je  ne  puis  exposer  plus  longuement  ici, 
parce  qu'elles  me  semblaient  avoir  quelque  importance  au  point  de  vue 
de  la  distribution  géographique  des  espèces.    » 

M.  H.  Poixcaré  présente  à  l'Académie  un  Ouvrage  qu'il  vient  île  publier 
sous  le  titre  :  «  Électricité  et  Optique;  Tome  II  :  Les  Théories  de  Helm- 
holtz  et  les  expériences  de  Hertz  >■. 

M.  A.  Geikie,  Correspondant  pour  la  Section  de  Minéralogie,  t'ait  hom- 
mage à  l'Académie  de  quinze  Brochures  qu'il  a  publiées  sur  différentes 
questions  de  Géologie. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix,  chargées  de  juger  les  Concours  de  l'année  1891 . 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Prix  Desmazières.  —  MM.  Duchartre,  Bornet,  Van  Tieghem,  Chatin, 
Trécul  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux, 
ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Duclaux  et  Blanchard. 

Prix  Bordin  (Étudier  les  phénomènes  intimes  de  la  fécondation  chez  les 
plantes  phanérogames,  en  se  plaçant  particulièrement  au  point  de  vue  de  la 
division  et  du  transport  du  noyau  cellulaire.  Indiquer  les  rapports  qui  existent 
entre  ces  phénomènes  et  ceux  qu'on  observe  dans  le  règne  animal).  —  MM.  Du- 
chartre, Van  Tieghem,  Bornet,  Trécul  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 
Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Ramier 
et  Naudin. 

Prix  T/tore.  —  MM.  Duchartre,  Van  Tieghem,  Blanchard,  Bornet, 
Chatin  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux, 
ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Trécul  et  A.  Mil  ne-Edwards. 


(  57o  ) 
Grand  Prix  des  Sciences  physiques  (  Des  organes  des  sens  chez  les  Invertébrés 
au  point,  de  vue  anatomique  et  physiologique.  Le  prix  pourra  être  donné  à  un 
travail  complet  sur  l'un  des  organes  des  sens,  dans  un  groupe  d'Invertébrés) .  — 
MM.  Blanchard,  A.  Milne-Edwards,  de  Lacaze-Duthiers,  de  Quatrefages, 
Ranvier  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux. 
ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Sappey  et  Brown-Séquard. 

Prix  Bordin  {Étude  comparative  de  V appareil  auditif  chez  les  animaux 
vertébrés  à  sang  chaud,  Mammifères  et  Oiseaux).  —  MM.  A.  Milne-Edwards, 
de  Quatrefages,  Blanchard,  de  Lacaze-Duthiers,  Ranvier  réunissent  la  ma- 
jorité des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de 
voix  sont  MM.  Sappey  et  Marey. 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  P.  Berger  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  relative  à 
une  «  Machine  fondée  sur  le  même  principe  que  la  presse  hydraulique   ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Resa!.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  Sire,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  de  Mécanique,  adresse 
ses  remerciements  à  l'Académie. 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.    —  Sur  une  application  des  groupes  de  M.  Lie. 
Note  de  M.  L.  Autgnxe,  présentée  par  M.  Picard. 

«   Soit  une  équation  différentielle  du  premier  ordre 

f{t,y,7i  )=  o,  y,  =  -g, 

sur  un  certain  plan  E,  lieu  des  points  <;  et  r,.  Dans  un  Mémoire  présenté 
à  l'Académie  (mention  honorable  au  concours  pour  le  grand  prix  des 
Sciences  mathématiques,  en  1890),  j'ai  développé  une  méthode  pour  re- 
présenter birationnellement  tout  élément  (E,  r,,-/)')  du  plan  E  par  un  point 


(  57i  ) 

(oc, y,  z)  dans  un  espace  R.  L'équation  différentielle  se  représente  par  une 
certaine  surface  /  de  l'espace  R  et  les  intégrales  par  des  courbes  inté- 
grantes tracées  sur  /"et  ayant  leurs  tangentes  situées  sur  un  complexe  li- 
néaire, toujours  le  môme.  Les  intégrantes  sont  définies  par  la  relation  in- 
finitésimale 

dz  —  y  dx  -+-  x  dy  =  o , 

laquelle  représente  dans  l'espace  R  la  relation  d-i\  —  r'  di  =  o  du  plan  E. 

»  La  recherche  des  intégrales  de  l'équation  /  —  o  se  confond  ainsi  avec 
le  problème  des  intégrantes  sur  la  surface/;  c'est  ainsi  que  je  l'ai  traitée 
dans  le  Mémoire  précité. 

»  Actuellement,  je  me  propose  de  signaler  quelques  résultats  obtenus 
par  l'introduction  dans  ma  théorie  de  la  notion  si  importante  de  groupes 
continus  de  transformations  due  a  M.  Lie. 

»   Soient  P  et  R  deux  fonctions  de  x,y  et  z  liées  par  L'identité 


P*     P, 

R,     R, 


•     L>  JP  D 

OU    Pr  =    —,    •  •  -,    R.: 

dx 


vz 

P 

Pr 

.rPx-f-yl\ 

R.- 

R 

K 

rRr+jR> 

dK 
dx 

— 

=  o, 


»   Grâce  aux  principes  généraux  posés  par  M.  Lie,  on  s'assure  aisément 
des  faits  suivants  : 

»   Les  deux  transformations  infinitésimales 


>.'jj- 


=  *P,-P,, 


si 

28  Y 

0 

•20; 


■i  0  r 
~Jt 


XR;~         R}, 


engendrent  un  groupe  fini  continu  G  à  deux  paramètres.  Chaque  trans- 
formation finie  ou  infinitésimale  de  G  :  i°  change  toute  courbe  intégrante 
de  l'espace  en  une  autre  intégrante;  2"  transforme  en  elle-même  toute-sur- 
face du  faisceau  r, 

otP  -+-  p  R  =  o,  *,  (i  =  const. 

Les  transformations  de  G  représentent  dans  l'espace  R  des  transformations 
de  contact  du  plan  E. 

»   Cela  posé,  une  marche  analogue  à  celle  de  M.  Em.  Picard,  dans  son 


(  572  ) 
Mémoire  couronné  de  1888  (Chap.  III),  m'a  permis  de  résoudre  le  pro- 
blème des  intégrantes  sur  une  surface  quelconque /du  faisceau  I\  définie 
par  l'équation 

H  =  P0R-R„P  =  o,  P„     et     R„=const. 

»  Désignons,  en  effet,  par  Q  la  valeur  commune  sur/des  deux  expres- 
sions P  :  P0  et  R:  R„;  x,y,z  étant  liées  par  la  relation  H  =  o,  les  deux 
expressions 

^        Rz(«fo  —  ydx-hxdy)  —  R„rfQ  /„         dK    v     _  dH \ 

2(^)11-  \    z        dz  oz  J 

,      _  P.(dz  —  y  rf.r  +  ^rfr)-  Pq  dQ 
~     V'  ~~  ~  2QHC 

sont  des  différentielles  totales;  les  coordonnées  d'un  point  sur/sont  fonc- 
tions des  deux  variations  1  et  (/.,  et  les  intégrantes  sont  données  par  l'équa- 
tion 

_   .        „  fdz  —  y  dx -h  x  dy  ,  . 

PnA  -f-  n0a  =  / — -r ~  =  const.  arbilr. 

La  quantité  sous  le  signe/ est  évidemment  une  différentielle  totale,  etQ-1 
joue  le  rôle  d'un  véritable  facteur  d'intégrabilité. 

»  On  est  ainsi  ramené  à  des  intégrales  des  différentielles  totales  sur  une 
surface;  si  P  et  R  sont  rationnelles  en  x,  y  et  s,  les  intégrales  \  et  f/.  peu- 
vent être  traitées  par  des  méthodes  générales  dues  à  M.  Ém.  Picard.  C'est 
ce  que  je  me  propose  de  faire  dans  une  Communication  ultérieure. 

»  Il  y  a  enfin  un  cas  où  l'on  est  dispensé  de  toute  quadrature.  Si  H  est 
en  z  de  degré  zéro  ou  un,  et  fonction  entière  en  z,  les  intégrantes  sont  dé- 
coupées sur  y*  par  le  faisceau  de  surfaces 

G-=  const.  arbitr., 

G  =  o  étant  une  surface  quelconque  du  faisceau  T. 

»  Les  résultats  précédents  sont  à  rapprocher  d'un  théorème  bien  connu 
dû  à  M.  Lie  : 

»  Si  l'on  a  une  équation  différentielle  du  premier  ordre  résolue  par  rapport 
à  la  dérivée 

\  (  Ê,  7)  )  de,  —  Y  (  ; ,  y]  )  dl  =  o 
et  une  transformation  infinitésimale  (ponctuelle  ou  de  contact)  qui  transforme 


(  ^  ) 

l'équation  en  elle-même,  la  connaissance  de  cette  transformation  (?)  permet 
de  construire  un  facteur  d'intégrabililè,  et  ion  est  ramené  aux  quadratures. 
»    La  transformation  infinitésimale 

M  !  =  '*■     l  =  ?Y 

possède  bien  la  propriété  requise,  mais  ne  sert  à  rien  pour  l'intégration. 
Les  deux  transformations  infinitésimales  (c)  et  (t)  n'engendrent  pas,  en 
général,  un  groupe  fini  continu  à  deux  paramètres.  J'ai  donc  restreint, 
dans  l'analyse  résumée  dans  la  présente  Note,  la  généralité  des  hypothèses 
initiales  de  M.  Lie.   » 


PHYSIQUE.  —  Méthode  graphique  pour  déterminer  les  valeurs  relatives  de  la 
gravité  en  différents  lieux.  Note  de  M.  Alphonse  Berget,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

«  Je  me  suis  proposé,  dans  la  méthode  qui  va  suivre,  d'enregistrer  gra- 
phiquement les  oscillations  d'un  pendule  pendant  une  durée  déterminée, 
sans  imposer  à  ce  pendule  le  moindre  organe  qui  pût  entraver  la  liberté 
absolue  de  ses  oscdlations. 

«  L'enregistrement  électrique  se  trouve  par  cela  même  éliminé,  et  j'ai 
eu  recours  à  l'enregistrement  photographique.  Deux  dispositifs  ont  été 
successivement  employés  à  cet  elfet. 

»  Dans  le  premier,  le  pendule  est  muni  à  sa  partie  inférieure  d'une 
lame  percée  d'une  fente  dont  la  direction  coïncide  avec  l'axe  de  symétrie 
de  l'appareil  sur  cette  fente;  quand  le  pendule  est  au  repos  se  produit 
l'image  réelle  d'une  fente  fixe  éclairée  fortement;  cette  image  est  fournie 
par  une  lentille  cylindrique.  Une  lentille  ordinaire  placée  de  l'autre  côté 
de  la  fente  portée  par  le  pendule  produit  sur  une  bande  mobile  de  pellicule 
Eastman  un  trait  lumineux  très  fin,  qui,  dès  que  le  pendule  oscille,  n'ap- 
paraît que  par  intermittence  chaque  fois  que  le  pendule  passe  par  la  ver- 
ticale. On  aura  donc,  à  l'aide  de  ce  procédé,  un  enregistrement  de  toutes 
les  oscillations  si  la  bande  se  déroule  d'un  mouvement  continu. 

»  Le  second  dispositif  me  semble  préférable.  Il  consiste  à  enregistrer, 
non  pas  les  passages  dans  la  verticale,  mais  l'oscillation  tout  entière,  sous 
forme  de  sinusoïde.  A  cet  effet,  le  pendule  porte,  non  plus  une  fente,  mais 
une  petite    lentille    qui  donne  sur  la   bande  visible  un   point  lumineux, 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N-  11.)  7J 


(  $74  ) 
image  très  fine  d'un  petit  trou  vivement  éclairé  par  une  lampe  à  pétrole. 
On  a  ainsi  une  courbe  continue  qui  permet  de  suivre,  à  chaque  instant» 
l'oscillation  du  pendule  et  d'en  connaître  l'amplitude,  dont  la  trace  est 
ainsi  conservée. 

»  Cette  méthode  est  si  simple  et  si  précise  que  j'ai  pensé  l'employer  à 
la  mesure  de  l'accélération  de  la  pesanteur.  Remarquons  d'abord  qu'elle 
peut  s'appliquer  à  toute  espèce  de  pendule  :  de  Borda  ou  de  Rater.  Toute- 
fois, voici  la  façon  dont  je  propose  de  disposer  l'expérience. 

»  Supposons  que  l'on  connaisse  la  valeur  absolue  de  g  en  un  lieu  déter- 
miné, à  Paris,  par  exemple.  Nous  prenons  un  pendule  invariable,  terminé 
par  une  masse  très  lourde,  et  nous  le  faisons  osciller  à  Paris  pendant  un 
temps  déterminé,  puis  à  un  autre  endroit,  dans  les  mêmes  conditions  et 
pendant  le  même  temps.  /,  longueur  du  pendule  simple  synchrone,  n'ayant 
pas  varié,  on  pourra  déduire  le  rapport  des  accélérations  de  la  pesanteur 
aux  deux  endroits  de  la  connaissance  des  nombres  respectifs  d'oscillations 
aux  deux  stations  pendant  le  même  temps. 

»  Pour  réaliser  des  temps  rigoureusement  égaux,  je  propose  de  sup- 
primer l'horloge  de  comparaison  et  d'employer  l'étalon  de  temps  qui  est 
le  jour  sidéral.  Pour  cela  il  suffit  de  commencer  à  compter  les  oscillations 
du  pendule  au  moment  du  passage  d'un  astre  au  méridien  et  d'arrêter 
la  numération  au  moment  du  passage  suivant  vingt-quatre  heures  après. 
Il  faut  pour  cela  être  sûr  que  le  pendule  effectuera  pendant  un  jour  des 
oscillations  d'une  amplitude  assez  grandes  pour  pouvoir  être  enregistrées. 
J'ai  installé  au  laboratoire  des  recherches  un  pendule  lourd,  dont  la  masse 
pèse  i9kg,8oo;  il  a  oscillé  pendant  cinquante-deux  heures,  et  j'ai  fait  de 
bonnes  expériences  d'enregistrement  trente-six  heures  après  sa  mise  en 
oscillation.  Toute  difficulté  de  ce  chef  me  semble  donc  levée. 

»  Il  est  possible  d'obtenir,  sur  les  graphiques  mêmes  qui  enregistrent 
les  oscillations,  la  trace  du  commencement  et  de  la  fin  d'une  expérience. 
Ces  deux  époques  sont  déterminées  par  des  passages  méridiens,  observés 
naturellement  à  l'aide  d'une  lunette  méridienne  dont  le  réticule  porte  plu- 
sieurs fils,  cinq  par  exemple  à  chaque  passage  de  l'astre  choisi  devant  un 
des  fils,  un  déclenchement  amenant  un  petit  obturateur  qui  intercepte  le 
rayon  lumineux  :  la  sinusoïde  présentera  donc,  vers  son  début,  cinq  inter- 
ruptions, qui  marqueront  les  cinq  passages  aux  fils  du  réticule.  Cinq  inter- 
ruptions semblables  seront  la  trace  matérielle  de  la  fin  de  l'expérience. 
Dans  le  cas  de  l'enregistrement  des  passages  par  la  verticale,  on  démas- 
quera une  partie  supplémentaire  de  la  fente  fixe  :  on  aura  alors  cinq  traits 


(  5?5  ) 

qui  feront  vernier  avec  les  traits  d'oscillations.  De  toute  façon,  l'enregis- 
trement de  l'origine  et  de  la  fin  de  l'expérience  se  fait  avec  facilité  et  pré- 
cision :  des  expériences  préalables  m'ont  permis  de  le  vérifier. 

«  Je  propose  enfin  de  faire  osciller  le  pendule  invariable  dans  le  vide  et 
à  zéro  :  on  écrit  ainsi  toutes  corrections  plus  ou  moins  incertaines.  Je 
pense  que,  ainsi  réalisée,  la  détermination  de  la  gravité  en  différents  lieux 
serait  chose  facile  et  précise;  le  jour  sidéral  s'appréciant  à  os, i  près,  la 
mesure  du  temps  se  ferait  sensiblement  au  millionième;  un  avantage  pré- 
cieux est  qu'il  reste  un  témoin  inscrit  de  l'expérience,  conservant  indéfini- 
ment la  trace  du  nombre  et  de  l'amplitude  des  oscillations.  On  pourrait 
donc  faire  par  cette  méthode  des  mesures  très  exactes  de  la  gravité  en 
fonction  de  sa  valeur  à  Paris,  valeur  que  l'on  peut  considérer  comme  défi- 
nitive depuis  les  belles  déterminations  du  commandant  Defforges  ('  ).  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  le  degré   de  complexité   des  molécules  gazeuses. 
Note  de  M.  Marcel  Brili.ouiiv,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  I.  Le  spectre  des  gaz  et  des  vapeurs  incandescents  est  composé  d'un 
grand  nombre  de  raies  dont  la  période  parait  invariable  pour  de  très 
grandes  variations  de  température  et  de  pression,  sauf  l'élargissement  des 
raies  les  plus  intenses.  Diverses  particularités  physiques  caractérisent  des 
groupes  qui  présentent  une  ressemblance  très  grande  pour  des  vapeurs 
différentes,  et  dont  les  caractères  suivants  méritent  une  mention  spéciale  : 
la  période  d'une  raie  de  rang  n  décroit  quand  le  rang  de  la  raie  augmente, 
mais  en  tendant  vers  une  limite  finie  très  différente  de  zéro  (longueurs 
d'onde  dans  l'air  en  millièmes  de  millimètre  [x,  o*\3645,  0^,200,  0^,200 
environ  pour  la  limite  des  groupes  de  l'hydrogène,  de  l'aluminium  et  du 
thallium,  comparés  par  M.  Cornu,  1 886).  Les  périodes  des  raies  d'un  même 
groupe  ne  sont  pas  commensurables.  (Le  groupe  de  l'hydrogène  a  ses 
périodes  données  très  exactement  en  fonction  du  rang  par  la  formule 

("~2)î  ,,  Balmer,  1886.) 

(«  —  ■!■)-—  4 

»  IL  On  peut  faire  trois  hypothèses  principales  sur  la  constitution  de  la 
molécule  gazeuse  et  ses  relations  avec  l'élher,  pour  expliquer  ce  grand 
nombre  de  périodes  distinctes. 

(')  Ce  travail  a  été  fait  au  Laboratoire  fies  recherches  (Physique)  de  la  Sorbonue. 


(576) 

a.  Les  périodes  résultent  de  mouvements  internes  des  parties  consti- 
tuantes de  la  molécule  et  se  communiquent  sans  altération  à  l'éther.  On 
compare  la  molécule  à  un  corps  sonore  vibrant,  et  les  périodes  de  son 
mouvement  aux  périodes  du  corps  sonore,  déterminées  en  fonction  d'un 
ou  plusieurs  nombres  entiers  par  une  équation  généralement  transcen- 
dante qui  dépend  de  la  forme  du  corps.  Les  conséquences  sont  les  sui- 
vantes :  les  périodes  tendent  vers  zéro,  en  même  temps  que  le  nombre  de 
subdivisions  augmente  indéfiniment,  et  nous  ne  trouvons  de  limite  infé- 
rieure des  périodes  qu'en  supposant  aussi  une  limite  au  nombre  de  subdi- 
visions possibles  du  corps,  c'est-à-dire,  une  constitution  par  grains  indivi- 
sibles, se  mouvant  toujours  comme  un  bloc,  de  véritables  atomes.  L'atome 
chimique  d'un  corps  simple  devrait  être  considéré  comme  une  aggloméra- 
tion d'un  nombre  extrêmement  grand,  mais  limité,  d'atomes  distincts 
d'une  autre  matière.  Dans  le  corps  ainsi  constitué,  chaque  période  corres- 
pond à  un  mouvement  simple  qui  peut  exister  seul,  indépendamment  de 
tons  les  autres;  à  chaque  raie  correspondrait  une  déformation  indépen- 
dante dans  la  molécule;  autant  de  raies,  autant  de  variables  géométriques 
dont  il  faudrait  donner  la  grandeur  pour  fixer  la  forme  de  la  molécule  : 
quelques  centaines  pour  le  fer. 

»  C'est  une  bien  grande  complexité  pour  un  gaz  simple,  et  il  semblera 
bien  étonnant  que  l'aspect  du  spectre  d'un  même  gaz  pur  change  si  peu, 
que  l'ordre  d'apparition  et  les  intensités  relatives  des  différentes  raies 
soient  toujours  les  mêmes,  si  chacune  de  ces  périodes  correspond  à  un  mou- 
vement que  la  constitution  de  la  molécule  laisse  indépendant  et  dont  l'am- 
plitude n'est  déterminée  que  par  l'état  initial. 

»  b.  On  est  ainsi  conduit  à  une  autre  comparaison  plus  satisfaisante. 
La  molécule  est  constituée  par  un  très  petit  nombre  d'éléments  distincts 
dont  la  position  relative  est  définie  par  très  peu  de  variables  indépendantes, 
une  par  exemple.  Les  équations  du  mouvement,  au  lieu  d'être,  comme 
dans  le  cas  précédent,  des  équations  linéaires  (aux  dérivées  partielles,  ou 
différentielles  ordinaires  en  très  grand  nombre),  sont  des  équations  diffé- 
rentielles ordinaires,  en  très  petit  nombre,  mais  non  linéaires:  les  mêmes 
que  celles  du  pendule,  ou  mieux  d'un  cylindre  pesant,  de  section  quel- 
conque roulant  sur  un  plan,  lorsque  la  molécule  est  formée  de  deux  atomes 
seulement.  Le  mouvement  peut  être  exprimé  en  fonction  du  temps  par 
une  série  de  termes  sinusoïdaux,  dont  les  amplitudes  et  les  phases,  loin 
d'être  indépendantes,  sont  déterminées  par  la  valeur  d'une  seule  quan- 
tité, l'amplitude  de  l'écart  initial.  La  loi  des  périodes,  celle  des  amplitudes 


(  577  ) 
et  celle  des  phases  définissent  la  loi  d'action  des  deux  atomes  constituants 
de  cette  molécule,  en  fonction  de  leur  distance. 

»  On  concilie  ainsi  une  constitution  extrêmement  simple  de  la  molé- 
cule avec  l'existence  d'un  nombre  considérable  de  périodes  différentes, 
le  nombre  de  variables  nécessaires  pour  définir  la  forme  de  la  molécule 
étant  égal,  non  plus  au  nombre  de  raies,  mais  seulement  au  nombre  de 
groupes  distincts.  Ces  variables,  les  distances  mutuelles  des  atomes,  sont 

respectivement  au  nombre  de  o,  i,  3,  6,  9 3(/?  —  2)  indépendantes, 

suivant  que  la  molécule  est  formée  de   1,2,  3,  4.  5,  ..   ,  n  atomes  iso- 
tropes. 

«  c.  Enfin  une  troisième  hypothèse  est  compatible  avec  une  constitu- 
tion plus  simple  encore  de  la  molécule  gazeuse,  cpii  pourrait  se  réduire  à 
un  seul  atome  indéformable.  La  lumière  émise  résulte  des  vibrations  exci- 
tées dans  l'éther  par  la  translation  rapide  des  molécules  gazeuses.  Dans  les 
gaz,  la  molécule  serait  comparable  à  une  baguette  qu'on  déplace  rapide- 
ment à  travers  l'air;  dans  les  solides,  à  une  lame  vibrante.  Les  faits 
observés  exigeraient  que  les  molécules  et  l'éther  satisfassent  aux  conditions 
suivantes,  nullement  inadmissibles  ;  les  périodes  des  rides  excitées  dans 
l'éther  sont  indépendantes  de  la  vitesse  de  translation  de  la  molécule,  et 
ne  dépendent  que  de  sa  forme  et  de  ses  dimensions;  ces  périodes  dépen- 
dent des  propriétés  de  l'éther,  quand  sa  déformation  devient  trop  grande 
pour  que  les  équations  de  son  mouvement  restent  linéaires.  Rien  d'éton- 
nant dans  ce  cas  à  ce  que  les  spectres  d'un  grand  nombre  de  vapeurs  pré- 
sentent des  groupes  semblables;  rien  d'étonnant  à  ce  qu'une  vapeur  d'un 
composé,  même  sans  se  dissocier,  montre  les  rides  produites  par  certains 
de  ses  atomes  composants,  particulièrement  actifs.  Le  nombre  de  groupes 
de  raies  correspondrait  alors  au  nombre  d'espèces  d'atomes,  au  nombre 
de  corps  simples  différents,  qui  composent  la  molécule. 

»  III.  Il  me  semble  qu'il  v  a,  dès  à  présent,  de  fortes  raisons  de  rejeter 
la  première  hypothèse;  pour  être  affirmatif,  il  faudrait  savoir  s'il  est  pos- 
sible d'obtenir  des  variations  notables  de  distribution  de  la  lumière  entre 
les  raies  d'un  même  groupe,  en  corrigeant,  bien  entendu,  de  l'inégale  ab- 
sorption par  tous  les  milieux  interposés,  depuis  le  gaz  jusqu'à  l'appareil  de 
mesure.  Quant  aux  deux  autres  hypothèses,  je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  à 
choisir  l'une  à  l'exclusion  de  l'autre,  mais  plutôt  à  chercher  quels  groupes 
dans  les  spectres  divers  doivent  être  rapportés  à  l'une  ou  à  l'autre  cause. 

»  J'examinerai  prochainement  à  un  point  de  vue  analogue  les  phéno- 
mènes d'absorption.  » 


(578  ) 


CHIMIE.  —   Sur  les  transformations  qui  accompagnent  la  carburation  du  fer 
par  le  diamant.  Note  de  M.  F.  Ossio.vd,  présentée  par  M.  Troost. 

«  La  carburation  du  fer  par  le  diamant  a  été  maintes  fois  réalisée,  no- 
tamment par  Clouet,  Guyton  de  Morveau,  Pepys,  Margueritte,  Hempel, 
mais  toujours  au  sein  d'une  atmosphère  gazeuse;  on  pouvait  donc  se  de- 
mander si  les  gaz  n'avaient  pas  servi  de  véhicule  au  carbone. 

»  M.  W.-C.  Roberts-Austen  ('),  en  répétant  la  même  expérience  dans 
le  vide,  après  extraction  préalable  des  gaz  occlus,  parait  avoir  démontré 
d'une  façon  définitive  la  carburation  directe  du  fer  par  le  diamant.  Je  con- 
sidérerai donc  la  question  comme  résolue  et  ne  m'occuperai  ici  que  du 
mécanisme  de  la  cémentation  et  de  la  température  à  laquelle  elle  se  pro- 
duit. 

»  Tous  mes  essais  ont  été  faits  dans  une  atmosphère  d'hydrogène  pur. 
Le  fer  employé  était  du  fer  électroly tique;  les  diamants  étaient  en  petits 
fragments  de  la  catégorie  nommée  uitschot  et  avaient  été  libéralement 
fournis  par  M.  Jacobs.  Je  les  ai  purifiés  par  calcination  au  rouge  sombre 
et  digestion  dans  l'acide  fluorhydrique  chauffé  au  bain-marie. 

»  Expérience  I.  —  Un  morceau  de  fer  pesant  osr,  o,3o  a  été  chauffé  pendant  une 
heure  avec  de  petits  diamants  posés  sur  sa  surface  et  pesant  ensemble  4om°,5.  La  tem- 
pérature a  été  maintenue  presque  constamment  entre  io35°  et  io55°,  et  n'a  pas  dé- 
passé io65°;  c'est-à-dire  qu'elle  est  restée  inférieure  au  point  de  fusion  delà  fonte 
blanche  pure  (io85°).  Après  refroidissement,  les  diamants  paraissaient  intacts,  mais 
ils  avaient  perdu  2,5  pour  ioo  de  leur  poids,  adhéraient  au  fer  et  étaient  devenus 
noirs  au  point  de  contact.  La  surface  du  métal,  polie  et  légèrement  attaquée  par  l'a- 
cide nitrique,  montra  une  petite  tache  noire  en  chacun  des  points  où  elle  avait  été 
touchée  par  un  diamant.  Ces  taches  elles-mêmes,  examinées  au  microscope  en  lumière 
verticale,  se  décomposaient  en  une  partie  centrale  plus  foncée,  recoupée  par  un  réseau 
polygonal  brillant  et  une  zone  périphérique  homogène  d'un  noir  moins  franc  et  plus 
terne.  La  coupe  du  fer  par  le  travers  d'une  tache  a  montré  que  le  carbone  avait  pé- 
nétré de  omm,  2  à  omm,3.  La  cémentation,  à  la  température  indiquée,  est  donc  incon- 
testable, mais  lente. 

»  Expérience  II.  —  Même  essai  que  le  précédent;  on  a  seulement  maintenu  la 
température  un  peu  plus  haute,  entre  io85°  et  £125",  c'est-à-dire  un  peu  au-dessus  du 
point  de  fusion  de  la  fonte  blanche;  on  a  obtenu  un  culot  de  fonte  blanche;  tous  les 
diamants  avaient  été  dissous,  sauf  un  qui  était  devenu  noir. 


(')  Journal  of  the  Iron  and  Steel  Inst.,  p.  8i;  1890. 


(  579  ) 

»  Expérience  III.  —  Même  essai  que  le  précédent,  mais  en  doublant  la  proportion 
du  diamant  par  rapport  au  fer  (8  pour  ioo  au  lieu  de  4  pour  ioo);  on  avait  ainsi  deux 
fois  plus  de  diamant  qu'il  n'en  fallait  pour  saturer  le  fer  de  carbone.  La  température  a 
été  maintenue  entre  io85°  et  n35°  pendant  trois  quarts  d'heure;  on  a  obtenu  un  culot 
de  fonte  grise  bien  fondue,  quoique  la  température  fût  restée  inférieure  au  point  de 
fusion  de  la  fonte  grise  :  le  fer  a  donc  servi  d'intermédiaire  pour  la  transformation  du 
diamant  en  graphite.  Trois  fragments  de  diamant  noircis  adhéraient  à  la  surface  du 
culot. 

»  Ou  voit  que  la  cémentation  devient  rapide  et  complète  dès  qu'on  dé- 
passe le  point  de  fusion  de  la  fonte  blanche. 

«  Ces  essais  définissent  aussi  les  conditions  d'incompatibilité  entre  le 
fer  et  le  diamant,  ce  qui  peut  offrir  un  certain  intérêt  pour  l'étude  des 
fers  météoriques,  où  la  présence  du  diamant  a  été  indiquée. 

»  Les  diamants  noircis,  obtenus  dans  les  expériences  ci-dessus  et  quel- 
ques autres  analogues,  ont  fait  l'objet  d'un  examen  spécial.  L'enduit  noir 
tache  les  doigts  et  le  papier  à  la  manière  de  la  plombagine  ;  traité  par  l'a- 
cide chlorhydrique,  il  lui  cède  du  fer  avec  dégagement  d'hydrogène;  mais 
il  garde  encore  un  peu  de  fer,  même  après  ce  traitement  prolongé,  car  il 
laisse,  après  combustion  dans  l'air  au  rouge  un  peu  sombre,  une  pellicule 
rougeàtre  de  peroxyde  de  fer  à  la  surface  du  diamant.  Après  dissolution 
de  l'oxyde  dans  l'acide  chlorhydrique,  le  diamant  redevient  incolore,  mais 
il  reste  dépoli  (  '). 

»   Il  résulte  de  là  : 

»  i°  Que  le  diamant  lui-même  ne  cémente  pas  le  fer,  mais  subit  d'abord, 
au  contact  de  ce  métal,  une  transformation  moléculaire  qui  le  rend  apte  à 
la  cémentation; 

»  2°  Que  la  diffusion  du  carbone  dans  le  fera  pour  corollaire  unediffu- 
sion  du  fer  dans  le  diamant  transformé  (2). 

»  J'ai  encore  utilisé  le  diamant  qui  avait  été  mis  à  ma  disposition  pour 
suivre  le  refroidissement  de  ce  corps  avec  le  couple  de  M.  Le  Chatelier. 
Entre  12000  et  6oo°,  le  refroidissement  dans  l'hydrogène  n'a  montré  ni 
dégagement  ni  absorption  anormale  de  chaleur.  Il  n'en  est  peut-être  pas  de 
même  pour  toutes  les  variétés  de  carbone.  Le  refroidissement  du  graphite 
des  cornues  semble  présenter  un  faible  ralentissement  entre  725°  et  685°, 
et  celui  du  charbon  de  sucre  un  ralentissement  un  peu  plus  marqué  dans 


(1)  M.  Roberts-Auslen   a   aussi  constaté   la    présence  de  diamants  noircis  (  black- 
coated)  dans  son  expérience  sur  la  cémentation  dans  le  vide. 

(2)  Cf.  Colson,  Comptes  rendus,  t.  XC111,  p.  io~4- 


(  5Ho  ) 

le  même  intervalle.  Mais  ces  ralentissements  se  rapprochent  trop  de  la 
limite  des  erreurs  possibles  pour  ne  pas  rester  douteux.  Si  je  les  signale, 
c'est  que  la  température  7 25°-685°  se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  la 
recalescence  des  aciers,  ce  qui  n'est  peut-être  pas  une  coïncidence  fortuite, 
et  aussi  pour  appeler  l'attention  des  savants  qui  auraient  l'occasion  d'exa- 
miner les  propriétés  des  divers  carbones  aux  températures  élevées  (').    » 


CHIMIE.  —  Sur  la  formation  des  laques  colorées.  Note  de  M.  Léo  Vignon. 

«  On  sait  que  certains  oxydes  métalliques,  obtenus  avec  l'étain,  le 
plomb,  l'aluminium,  possèdent  la  propriété  de  fixer  les  matières  colo- 
rantes en  formant  des  laques:  c'est  là  un  phénomène  analogue  à  la  tein- 
ture des  textiles. 

>»  Comme  suite  aux  recherches  que  j'ai  entreprises  sur  l'étude  thermo- 
chimique des  textiles  et  la  teinture  du  coton  (Comptes  rendus,  10  février, 
28  avril  et  2  mars  1891  ),  j'ai  déterminé  s'il  existait  un  rapport  entre  la 
présence  de  la  fonction  acide  ou  basique  dans  les  oxydes  métalliques  et  la 
fixation  des  matières  colorantes. 

»  A  ce  point  de  vue,  j'ai  étudié  la  formation  des  laques  colorées  obte- 
nues avec  l'oxyde  stannique  possédant  un  caractère  acide  très  net  et  la 
safranine,  matière  colorante  basique.  L'oxyde  stannique  offre  cette  parti- 
cularité remarquable  que,  par  les  polymérisations  successives,  il  est  ca- 
pable de  subir  une  série  de  condensations  en  fournissant  des  corps  dont 
les  fonctions  acides  sont  décroissantes. 

»  J'ai  étudié  en  détail  ces  polymérisations  (Comptes  rendus,  20  mai  1 889) 
et  montré  qu'elles  correspondent  à  une  série 

SnO'H2,      Sn205H2,H20,      ...,     Sn"(J2"+l  H2(H20)"-'. 

»  Il  était  intéressant  de  rechercher  commentsecomporteraient,  vis-à-vis 
des  matières  colorantes  basiques,  ces  oxydes  dont  la  fonction  acide  diffère. 

»  Je  me  suis  adressé  à  l'acide  stannique  soluble  et  à  l'acide  métastan- 
nique,  les  fonctions  acides  de  ces  deux  corps  étant  caractérisées  et  mesu- 
rées par  leur  chaleur  de  dégagement  avec  la  soude. 

»   Ces  acides  dégageaient,  pour  un  même  poids  d'anhydride  Sn02con- 


(')  Ce  travail  a  été  fait  au  Laboratoire  des  Hautes  Etudes,  à  la  Sorbonne. 


(  58 1   ) 
tenu  dans  leur  molécule  et  pour  la  réaction  SnOs  étendu  -t-  4  K.  OH  dissous, 

L'acide  stannique 3aCal,7 

L'acide  métastannique 20al,  3 

»   Le  rapport  — '■--  peut  être  pris  comme  mesure  des  intensités  relatives 

des  lonctions  acides  particulières  à  ces  deux  oxydes. 

>!  J'ai  préparé  deux  bains  spéciaux,  A  etB,  pour  la  formation  de  laques 
colorées  avec  ces  deux  acides  stanniques  : 

»  A.    Acide  stannique  correspondant  à  i6r  SnOs  : 

5oc'    solution  de  sulfate  de  sodium    ;i  io  pour    ioo, 
5occ  solution  de  safranine  à  i?r  par  Litre. 

»  B.    Acide  métastannique  séché  à  l'air  correspondant  à  i"1"  SnO2  : 

5oM  solution  de  sulfate  de  sodium  à  io  pour  ioo, 
Jo,r  solution  de  safranine  à  is1  par  litre. 

»  La  safranine  employée  était  de  la  phénosafranine  pure 

CGH4.      |    )C°H3,NH2 

XAz( 

|   XC°H\NIF 
Cl 

»  On  a  fait  bouillir  chacun  de  ces  bains  pendant  un  quart  d'heure,  puis 
on  a  filtré  pour  recueillir  les  précipités:  ceux-ci  ont  été  lavés  jusqu'à  ce 
que  les  eaux  de  lavage  ne  soient  plus  colorées. 

»  La  liqueur  filtrée  et  les  eaux  de  lavage  provenant  de  la  filtration  de 
chaque  bain  ont  été  mélangées  et  amenées,  avec  de  l'eau  distillée,  à  un 
volume  de  5oocc;  on  a  comparé  entre  eux  les  précipités  :  la  laque  obtenue 
avec  l'acide  stannique  était  fortement  colorée  en  rouge;  la  laque  provenant  de 
l'acide  métastannique  était  blanche,  à  peine  teintée  de  rose. 

»  D'autre  part,  on  a  évalué  la  quantité  de  safranine  restant  dans  les 
eaux  provenant  de  chaque  bain,  en  procédant  par  comparaison  calorimé- 
trique avec  une  solution  type  T  formée  de 

5occ  safranine  à  isi  par  titre, 
5occ  solution  sulfate  de  sodium  à  io  pour  ioo, 
4oorc  eau  distillée  ; 

C.  K.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  M-  11.)  76 


(  582  ) 
on  a  trouvé  les  équivalences  suivantes  : 

5occ  A  =  i8cc  T  amenés  à  5occ  avec  de  l'eau  distillée, 
5o«  B  —  5o«  T. 

»  Ainsi  donc,  le  ain  B  renferme  sensiblement  toute  la  safranine  initiale, 
tandis  que  le  bain  A  n'en  contient  plus  que  36  pour  ioo.  Nous  sommes 
donc  en  droit  de  dire  que  l'acide  stannique  s'est  combiné  à  64  pour  ioo 
de  la  safranine  dissoute  dans  le  bain,  tandis  que  l'acide  métastannique  n'en 
a  fixé  aucune  partie. 

»  Ces  expériences  montrent  l'absorption  d'une  matière  colorante  basi- 
que coïncidant  avec  l'existence,  dans  la  substance  absorbante,  de  proprié- 
tés acides  intenses;  quand  celles-ci  s'atténuent,  le  pouvoir  absorbant 
s'affaiblit  et  disparaît.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  (a  dispersion  dans  les  composés  orga- 
niques (élhers).  Note  de  MM.  Pu.  Barbier  et  L.  Roux,  présentée  par 
M.  Friedel. 

«  Nous  avons  donné  dans  une  précédente  Note  (Bull.  Soc.  chim., 
3e  série,  t.  IV,  p.  6i4)  les  pouvoirs  dispersifs  des  éthers  oxydes,  et  nous 
avons  mis  en  évidence  les  relations  qui  existent  entre  la  dispersion  de  ces 
composés  et  celles  de  leurs  composants.  Pour  compléter  ces  recher- 
ches, nous  publions  aujourd'hui  les  résultats  relatifs  aux  éthers  propre- 
ment dits. 

»  Notre  étude  a  porté  : 

»    i°  Sur  les  éthers  éthyliques  des  principaux  acides  gras; 

»  2°  Sur  les  éthers  acétiques  des  principaux  alcools  :  alcools  formé- 
niques,  allylique  et  benzylique. 

I.  —  Éthers  éthyliques. 

Éthers. 

Formiate  d'éthyle. . .  i6,4 

Acétate 17,1 

Propionate 17, 3 

lButyrate 16, 5 

Isobutyrate i3,6 

isovalérate '3,7 


";,• 

»,- 

li. 

B 

cl' 

Observé. 

5  M. 

ci 

Calculé. 

1,3689 

1 ,3598 

o,3656 

0,3976 

29,42 

3o,o5 

1,3802 

1 ,3710 

0,3724 

0,4114 

36,2i 

36,55 

'-3919 

i,3825 

o,38o5 

0,4255 

43,4o 

44,  o5 

1,8996 

1,3899 

0,3897 

0,4420 

51,27 

52,25 

•>3977 

1 ,388i 

o,3857 

0,4407 

5i ,  12 

5i,45 

1 ,4067 

1 , 3g68 

o,3988 

0,4554 

59,21 

5g,25 

(  583  ) 

»   L'ensemble  des  résultats  contenus  dans  ce  Tableau  montre  : 

»  i°  Que,  dans  cette  série  d'éthers,  les  pouvoirs  dispersifs  spécifiques 
vont  en  croissant  en  même  temps  que  la  condensation  moléculaire; 

»  2°  Que  la  moyenne  des  différences  entre  deux  valeurs  consécutives  des 
pouvoirs  dispersifs  moléculaires  est  sensiblement  constante  et  égale  à  7, 5  ; 

»  3°  Que  dans  ce  cas,  comme  dans  celui  des  éthers-oxydes,  le  pouvoir 
dispersif  moléculaire  de  l'éther  est  égal  à  la  somme  algébrique  des  pou- 
voirs dispersifs  moléculaires  des  composants  (acide  -:-  alcool  --  eau).  C'est 
ce  qui  résulte  de  l'examen  de  la  dernière  colonne  du  Tableau  précédent. 


II.  —  Éthers  acétiques. 


Éthers,  /'.  n...  n.  B. 


B  d 

d  observé.  calculé. 


Acétate  de  méthyle..  1 5 , 3  1,3710  1,3620  0,3599  o,3843  28, 44  28,75 

»  d'éthyle....  17,1  1,3802  1,3710  0,3724  0,4127  36, 21  36,55 

»  depropyle..  1 5 , 9  i,3g38  i,384a  o,3857  o,433i  44, '8  44, 5i 

»  d'isobutyle .  16,0  1,3988  i,38io  o,3g58  o,4533  52,5g  52, 10 

»  d'isoamyle..  12,2  1,4122  1,4020  o,4ïi5  0,4722  61,39  60, 2.5 

»  d'allyle i3,6  1,4169  i,4o45  0,4976  o,53ig  53, 19  52,55 

»  debenzyle..  1 3 , 7  1,4722  1 , 44§9  o,g38i  o,885o  122,12  120,79 

»  Les  mêmes  remarques  que  précédemment  s'appliquent  aux  nombres 
ci-dessus. 

»  Nous  ferons  observer  toutefois  que,  si  l'on  compare  entre  eux  les  iso- 
mères, par  compensation,  contenus  dans  les  deux  Tableaux  précédents,  et 
tels,  par  exemple,  que  le  formiate  d'éthyle  et  l'acétate  de  méthyle,  le  pro- 
pionate  d'éthyle  et  l'acétate  de  propyle,  etc.,  on  obtient  des  valeurs  diffé- 
rentes pour  les  pouvoirs  dispersifs  de  ces  isomères: 

B. 

Formiate  d'éthyle o,36j6 

Acétate  de  méthyle 0,3099 

Propionate  d'éthyle o,38o5 

Acétate  de  propyle o,38"i- 

Isobutyrate  d'éthyle o,3857 

Acétate  d'isobutyle 0,3958 

Isovalérate  d'éthyle 0,3988 

Acétate  d'isoamyle o,4n5 


il' 

> 

0,3976 

29,42 

o,3843 

28,44 

o,4255 

43, 4o 

o,433i 

44,  »8 

0,4407 

5i  ,  12 

o,4533 

52,59 

o,4554 

5g,  21 

0,4722 

61, 3g 

(  584  ) 

leurs  de 
pour  les  alcools  à  chaînes  les  plus  longues  (').    » 


R     R 
»   On  remarquera  que  les  valeurs  de  B,  ~,  —.  M  sont  les   plus   élevées 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  ptomaïnes.  Note 

de   M.   OECHSNER  DE  Co\IXCK. 

b  J'ai  terminé  l'étude  chimique  de  la  ptomaïne  en  C,0H,5Az,  en  déter- 
minant la  composition  du  hromhydrate,  du  sel  modifié  de  platine  et  du 
chloraurate,  et  en  fixant  les  réactions  colorées  de  l'iodométhvlate.  Dans 
une  Communication  antérieure  (séance  du  a3  juin  1890),  j'ai  décrit  le 
chlorhydrate  et  j'ai  publié  l'analyse  complète  du  chloroplatinate. 

»  Bromhydrate  C,0H,5Az,  HBr.  —  La  préparation  de  ce  sel  exige  les 
mêmes  précautions  cpie  celle  du  chlorhydrate;  il  cristallise  en  un  lacis 
d'aiguilles  blanches,  se  colorant  en  rose  au  contact  de  l'air;  il  est  déli- 
quescent, très  soluble  dans  l'eau,  moins  soluble  dans  l'alcool  concentré, 
presque  insoluble  dans  l'éther  pur. 

Analyse. 

Calcule-.  Trouvé. 

Br,  pour  ioo 34,78  34, 5o 

»  Sel  modifié  ( C"  H' \\z  )2  -+-  PtCl'.  —  J'ai  déjà  donné  quelques  indica- 
tions relatives  à  la  préparation  de  ce  sel  (/oc.  cil.)  qui  demande  du  temps. 
L'emploi  de  l'eau  tiède,  préalablement  bouillie,  est  nécessaire,  si  l'on  veut 
obtenir  un  rendement  satisfaisant. 

»  Le  sel  modifié  est  en  paillettes  d'un  brun  clair;  insoluble  dans  l'eau 
froide,  il  se  dissout  dans  l'eau  bouillante,  mais  ne  tarde  pas  à  être  décom- 
posé, si  l'on  prolonge  l'ébullition;  il  fond  vers  2060,  il  est  stable  a  l'air 
humide,  différant  en  cela  du  chloroplatinate. 

tnalyse. 
»   J'ai  dosé  le  platine  et  le  chlore  : 

Pt,  pour  100 

Cl,  pour  100 


Calculé. 

Trouvé. 

30,9?. 

3o,63 

22,29 

21,95 

(')  Faculté  des  Sciences  de  Lyon.  Laboratoire  de  Chimie  générale. 


(  585  ) 

»  Chloraurate  (CI0H15 Az,  HCl)  +  AuCl3.  —  Ce  sel  constitue  un  pré- 
cipité jaune  clair,  insoluble  dans  l'eau  froide,  se  dissolvant  dans  l'eau 
tiède,  décomposable  par  l'eau  bouillante;  il  est  assez  stable  en  présence 
de  l'air  humide. 

Analyse. 

»  J'ai  dosé  l'or  et  le  chlore  : 

Calculé.  Trouvé. 

Au,  pour  ioo 4o,28       39,94 

Cl,  pour  100 39,03       28,82 

»  Réactions  colorées.  —  L'iodométhylate  de  la  ptomaïne,  C'°H15  Az,  Cil3 1, 
a  été  dissous  dans  l'alcool  absolu;  la  solution  encore  chaude  a  été  addi- 
tionnée d'une  seule  goutte  de  lessive  de  potasse  concentrée;  une  belle 
coloration  d'un  rouge  vif  s'est  aussitôt  développée,  mais  elle  n'a  pas  tardé 
à  virer  au  brun;  la  liqueur  foncée  présentait,  au  bout  d'une  heure  environ, 
une  fluorescence  bleu  Aerdàtre  qui  a  persisté  longtemps.  La  rapidité  avec 
laquelle  la  coloration  rouge  vif,  observée  au  début  de  l'expérience,  a  dis- 
paru, doit  être  attribuée  à  l'extrême  oxvdabilité  de  la  ptomaïne. 

»  C'est  cette  oxvdabilité  qui  a  rendu  si  difficile  la  préparation  à  l'état  de 
pureté  des  sels  que  j'ai  étudiés  et  de  l'iodométhylate. 

»  En  résumé,  les  deux  ptomaïnes  (C8HMAz  et  C'°H'5Az),  dont  j'ai 
communiqué  la  découverte  et  présenté  l'étude  chimique  à  l'Académie, 
appartiennent  bien  à  la  série  pvridique;  elles  se  distinguent  des  ptomaïnes 
obtenues  par  différents  auteurs,  en  ce  qu'elles  ne  constituent  pas  des 
hydrures  de  cette  série.  Cependant,  il  importe  de  reconnaître  que  leurs 
sels  doubles  sont  moins  stables,  en  général,  que  ceux  des  alcaloïdes  pvri- 
diques. 

»  Il  me  reste  à  faire  connaître  quelques-unes  de  leurs  actions  physiolo- 
giques; cette  étude  fera  l'objet  de  nouvelles  Communications.  » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Influence  exercée  par  les  matières  e.vlractives  sur  le 
titre  alcoolique  réel  des  spiritueux.   Note  de  M.  Ch.  Blarez. 

«  I.  Les  eaux-de-vie  et  les  rhums  renferment  toujours  naturellement 
une  petite  quantité  de  matières  extractives  diverses,  provenant,  la  plupart 
du  temps,  des  matières  solubles  des  fûts  dans  lesquels  ils  ont  séjourné  ou 
vieilli.  Ces  matières  astringentes  et  colorées  n'excèdent  généralement  pas 


(  586  ) 

la  proportion  de  2gr  à  3gr  par  litre,  et  elles  n'influent  sur  le  titre  alcoolique 
réel  que  d'une  manière  négligeable.  Il  n'en  est  plus  de  même  lorsqu'on 
ajoute  directement  au  liquide  alcoolique  du  sucre  cristallisable,  de  la 
glucose  ou  de  la  glycérine,  dans  le  but,  soit  de  modifier  sa  saveur  en  le  ren- 
dant plus  agréable  au  palais,  soit  dans  celui  de  fournir  un  titre  apparent 
notablement  inférieur  au  titre  réel  :  d'où  la  nécessité  de  procéder  à  une 
distillation  lorsqu'on  veut  connaître  ce  dernier.  Cette  distillation,  facile  à 
conduire  lorsqu'il  s'agit  de  liquides  pesant  moins  de5o°,  devient  très  diffi- 
cultueuse,  lorsqu'on  est  en  présence  de  spiritueux  à  titres  élevés,  si  l'on  ne 
veut  pas  avoir  de  pertes.  L'opération,  qui  consiste  à  réduire  le  titre  al- 
coolique par  dilution  préalable,  entraîne  très  souvent  des  erreurs  que  l'on 
multiplie  ensuite. 

»  Le  but  de  cette  Note  est  d'indiquer  un  procédé  opératoire  permettant, 
dans  tous  les  cas,  une  vérification  de  la  distillation  et  souvent  d'y  suppléer. 

»  2.  Un  liquide  alcoolique  étant  donné,  son  titre  alcoolique  apparent, 
son  titre  réel  et  sa  teneur  en  matières  extractives,  sont  trois  cboses  reliées 
entre  elles  par  une  relation  que  nous  avons  étudiée. 

»  Nous  avons  eu  occasion  d'analyser,  à  ce  point  de  vue,  un  grand  nombre 
d'eaux-de-vie,  de  rhums  et  de  tafias  :  la  force  de  ces  liquides  a  varié  de  280 
à  760,  en  même  temps  que  nous  y  avons  trouvé  des  matières  extractives 
oscillant  entre  ogr  et  /jogr  par  litre.  Cette  matière  extractive,  à  part  une  ou 
deux  exceptions,  était  formée  en  presque  totalité  de  sucre. 

»  Les  résultats  de  ces  expériences,  faites  avec  des  produits  industriels  et 
commerciaux,  nous  ont  montré  qu'il  était  possible  de  passer  par  le  calcul 
du  titre  apparent  au  titre  réel,  en  ajoutant  au  premier  un  nombre  de  degrés 
obtenu  en  multipliant  le  nombre  de  grammes  de  matières  extractives  par 
litre  par  un  certain  coefficient.  Nous  avons  trouvé,  en  outre,  que  ce  coef- 
ficient variait  avec  la  force  alcoolique  réelle  du  liquide  analysé. 

»  En  inscrivant  sur  un  papier  quadrillé  les  différentes  valeurs  observées 
se  rapportant  à  des  titres  alcooliques  divers  et  en  réunissant  par  une  ligne 
les  points  ainsi  marqués,  nous  avons  obtenu  une  parabole  assez  régulière. 

»  3.  Pour  éviter  autant  que  possible  les  causes  d'erreurs  et  en  tenant 
compte  de  ce  que,  presque  toujours,  le  sucre  constitue  la  majeure  partie  de 
l'extractif,  nous  avons  fait  en  même  temps  des  expériences  sur  des  liquides 
synthétiques  obtenus  avec  de  l'alcool,  de  l'eau  et  du  sucre,  en  faisant  va- 
rier les  proportions  de  ce  dernier  de  5gr  à  4ogr  par  litre. 

»   Les  résultats  moyens  de  tous  ces  essais  nous  ont  servi  à  obtenir  la 


(  587  ) 

formule  suivante,  donnant  le  coefficient  à  employer  en  fonction  du  titre 
alcoolique  réel  S  : 

coefficient  =  o,58  —  0,01088  -t-  o,ooooo648J. 

»  La  Table  suivante  représente,  dans  la  colonne  A,  les  coefficients  cal- 
culés pour  un  certain  nombre  de  titres  alcooliques  réels  : 

a.  b.  c. 

Pour  un  titre  réel  tle  25 o,35  o,3g3  o,233 

»                  3o o,3o  o,36o  0,21 5 

«                   35 0,28  0,307  0,186 

»                   4o o,25  0,269  0,164 

»                   45 0,223                     »  » 

»                   5o 0,20  0,218  <  > ,  1 3  7 

»                  55 °>  '79                   "  " 

»                  60 0,16  0,194  0,126 

»                  -o o,i5i  "''77  0,118 

»                  80 0,125                   .  »  » 

»  4.  Pour  appliquer  ces  données,  il  faut  :  iu  déterminer  exactement  le 
titre  alcoolique  apparent  du  spiritueux  à  i5°;  20  évaluer  la  teneur  en 
matières  extractives,  en  grammes  et  par  litre,  par  évaporation  de  20°°  du 
liquide;  3°  faire  un  premier  calcul  en  employant  le  coefficient  applicable 
au  titre  apparent  trouvé,  et  ajouter  le  produit  obtenu  à  ce  titre  apparent  : 
on  se  rapprocbe  ainsi  du  titre  réel.  Mais,  pour  avoir  ce  dernier,  il  faut 
faire  un  second  calcul,  en  utilisant,  cette  fois-ci,  le  coefficient  correspon- 
dant au  titre  réel  approximatif;  car  ce  coefficient  est  calculé  en  fonction, 
non  pas  du  titre  apparent,  mais  bien  du  titre  réel. 

»   C'est  ce  dernier  produit  qui  doit  être  ajouté  au  titre  apparent. 

»  Si  la  matière  extractive  est  faible,  4S'  à  5gl'  par  litre,  un  seul  calcul  est 
suffisant.  Si  elle  est  plus  considérable,  non  seulement  il  faut  les  deux  calculs 
successifs,  mais  on  doit  encore  en  examiner  la  nature.  Si  l'on  avait  affaire 
à  un  alcool  glycérine,  il  faudrait  employer  les  coefficients  inscrits  dans  la 
colonne  G.  Si  la  matière  extractive  était  formée  de  glycérine  et  de  sucre, 
on  pourrait  prendre  un  coefficient  intermédiaire. 

»  5.  On  peut  aussi  calculer  empiriquement  ces  coefficients,  en  admet- 
tant que  la  matière  extractive  soit  uniquement  formée  de  sucre,  et  que  ce 
dernier  corps  se  dissout  dans  le  liquide  alcoolique  sans  changement  de 
densité  (1,6). 


(  588  ) 
»   Un  exemple  suffira  à  montrer  la  marche  à  suivre  : 

iHt  d'alcool,  à  5o°  centésimaux  et  à  i5°,  pèse 934sr,8oo 

Si  l'on  enlève  2occ  du  liquide,  il  en  restera 9i6?1',  io4 

Si   on  les  remplace   par  20cc   de  sucre  pur  (dont  le  poids  sera  de 

326'),  on  aura 948sr,  1Q4 

L'augmentation  de  poids  résultant  de  cette  substitution  est  donc  de.  13°'',  004 
rapportable  à  32Sr  de  sucre  par  litre,   soit  o§'', 4*57  par  gramme   de 

sucre,  c'est-à-dire  que  la  densité  est  modifiée  de -+-  0,0004107 

»   D'un  autre  côté  : 

La  densité,  à  i5°,  de  l'alcool  à  5o°  C.  étant 0,9348 

»  à  i5°,  »  49°  ''     °  19367 

On  voit  que  la  différence,  pour  i°  d'alcool,  est  de 0,0019 

Si  cette  différence  0,0019  se  rapporte  à  i°,  celle  de  0,0004107  devra  s'appliquer  à 
o°,2i8.  Ce  nombre  est  très  voisin  de  o°,2o,  fourni  par  l'expérimentation  directe. 

»  C'est  ainsi  que  nous  avons  calculé  certains  coefficients  qui  se  trouvent 
inscrits  dans  la  Table  précédente  à  la  colonne  B. 

»  6.  En  appliquant  les  raisonnements  ci-dessus  à  des  alcools  glycérines  et 
en  admettant  encore  ici  que,  dans  ces  mélanges,  la  glycérine  ne  change 
pas  de  densité  (1,26),  on  peut  calculer  les  coefficients  relatifs  à  la  pré- 
sence de  ce  corps  dans  les  spiritueux.  Nous  avons  donné  ces  coefficients 
dans  la  colonne  C. 

»   Voici  maintenant  quelques  résultats  de  contrôle  : 

Force  alcoolique  réelle.  j.">  ,.x.  39°, 6.  42",4-  H*>°>'-  62°, i. 

Coefficient  expérimental. .  .      0,227  0,162  o,i56  o,i33  0,126 

»  calculé 0,228  0,1 65  0,160  0,101  0,124 

»  En  moyenne,  le  coefficient  se  rapportant  au  sucre  est  1,6  fois  celui 
qui  s'applique  à  la  glycérine. 

»  7.  Avec  la  glucose,  dont  la  densité  est  égale  à  1 ,  55,  les  résultats  sont 
presque  identiques  à  ceux  cpie  donne  la  saccharose.  On  doit  toutefois  em- 
ployer les  coefficients  de  la  colonne  A.  » 


(  589  ï 


PATHOLOGIE  expérimentale.  •  De  la  toxicité  des  produits  solubles  des 
cultures  tuberculeuses.  Note  de  MM.  J.  Héricourt  et  Charles  Riciiet, 
présentée  par  M.  Verneuil  ('). 

«  Nous  avons  étudié  la  toxicité  des  produits  solubles  des  cultures  tuber- 
culeuses préparées  de  la  manière  suivante  : 

»  Soient  des  cultures  de  tuberculose  aviaire  en  milieu  liquide,  d'après 
la  formule  de  MM.  Nocard  et  Roux;  au  bout  d'un  mois,  ces  cultures,  très 
chargées  de  microbes,  sont  exposées  à  une  température  de  65°  pendant 
dix  jours,  et  évaporées  jusqu'à  consistance  sirupeuse.  La  masse  est  alors 
mise  en  digestion  avec  l'alcool  à  900,  pendant  quarante-huit  heures.  Le 
précipité  insoluble  estformépar  la  peptone,  les  bacilles  tuberculeux  morts, 
et  d'autres  produits  insolubles  dans  l'alcool,  lequel  a  dissous  la  glycérine 
et  divers  produits  extractifs. 

»  Cet  extrait  insoluble  dans  l'alcool  peut  être  dissous  dans  l'eau  et  in- 
jecté à  des  lapins,  de  manière  à  déterminer  sa  puissance  toxique  (2). 

»  Cette  étude  est  fort  difficile;  car,  contrairement  à  ce  qui  existe  pour 
la  plupart  des  substances  toxiques,  il  y  a  des  morts  tardives,  à  cinq,  dix, 
huit,  même  quinze  jours  de  distance.  Cette  mortalité  tardive  nous  a  paru 
très  irrégulière,  pour  des  causes  que  nous  ne  connaissons  pas  encore. 

»  Aussi,  pour  simplifier,  ne  traiterons-nous  pas  de  ces  actions  toxiques 
à  longue  échéance,  mais  seulement  des  intoxications  immédiates,  c'est- 
à-dire  survenant  vingt-quatre  ou  au  plus  tard  quarante-huit  heures  après 
l'injection. 


(  '  )  Bien  qu'au  point  de  vue  pratique  le  procès  de  la  lymphe  du  professeur  h.och  soit 
jugé  sans  appel  possible,  il  n'est  pas  sans  intérêt,  au  point  de  vue  scientifique,  de  faire 
connaître  les  résultats  de  recherches  expérimentales  sérieusement  faites  sur  la  pro- 
priété des  cultures  tuberculeuses. 

Ces  recherches,  faites  par  MM.  Héricourt  et  Ch.  Richet,  confirment  en  partie  les 
faits  annoncés  par  le  professeur  de  Berlin,  et  montrent  en  même  temps  combien  il  eût 
été  nécessaire  d'étudier  ces  dangereuses  cultures  avant  d'en  faire  imprudemment  l'em- 
ploi chez  l'homme  malade.  (Note  de  M.  Verneuil.) 

(2)  Les  cultures  tuberculeuses  en  milieux  liquides  deviennent  de  moins  en  moins 
virulentes  par  leurs  passages  successifs  de  milieu  liquide  à  milieu  liquide. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N- 11.)  77 


(  59o  ) 

»   Voici  le  résume  de  trente-six  expériences,  faites  sur  des  lapins  nor- 
maux, pesa  ni  à  peu  près  2kg  : 

Quantités  injectées. 


3 

Vie 

Inj. 

périton. 

2 

Mort  prompte 

Id. 

1  ,  5o 

Vie 

Id. 

I  ,  20 

Vie 

Inj.  vein. 

I  ,oo 

Vie 

Inj 

.  périton. 

o,75 

Vie 

I 

nj.  vein. 

V     expériences.  .  . 

o,5o 

Vie 

Id. 

o,4o 

Vie 

Id. 

o,3o 

Vie 

Id. 

XV  expériences.  .  . 

0,25 

Vie 

Id. 

O,  22 

Mort 

Id. 

III  expériences.  .  . 

0,20 

Vie 

kl. 

II     expériences.  .  . 

O,  IO 

Vie 

Id. 

o,o5 

Vie 

Id. 

o,o3 

Vie 

Id. 

»  Nous  pouvons  donc  éliminer,  comme  tout  à  fait  exceptionnelle, 
l'expérience  dans  laquelle  o%r,  22  ont  déterminé  la  mort,  et  considérer  que 
la  dose  toxique  est  voisine  de  2gr. 

»  Mais,  sur  des  lapins  tuberculeux,  et  restant,  malgré  leur  tuberculose, 
en  bon  état  de  santé  (quelque  paradoxale  que  puisse  paraître  cette 
expression),  la  dose  toxique  est  tout  à  fait  différente,  comme  l'indi- 
quent les  expériences  suivantes,  faites  avec  les  mêmes  extraits,  dans  des 
conditions  tout  à  fait  comparables  : 

Quantités  injectées. 


o,4o 

mort 

0,35 

mort 

o,3o 

mort  (tardive,  le  neuvième  jour 

o,25 

mort 

0,25 

mort 

o,2.5 

mort 

o,25 

mort  (tardive,  le  sixième  jour) 

o,25 

vie 

o,2.5 

vie 

o,2.5 

vie 

o,a5 

vie 

»   Donc,  chez  les  lapins  tuberculeux  à  des  degrés  divers,  et  qui  auraient 


(  59T  ) 
sans  doute  vécu  plusieurs  semaines  ou  plusieurs  mois  s'ils  n'avaient  pas 
reçu  cette  injection  d'extrait  tuberculeux,  la  dose  toxique  est  très  voisine 
de  o,25,  c'est-à-dire  huit  fois  plus  faible  que  la  dose  toxique  chez  les  lapins 
non  tuberculeux. 

»  L'explication  de  ces  résultats  remarquables  est  évidemment  difficile; 
aussi  est-ce  à  la  constatation  des  faits  que  nous  avons  donné  toute  notre 
attention,  sans  nous  attacher  à  en  tirer  une  déduction  théorique  ou  théra- 
peutique (').  M 

M.  Darboux,  en  présentant  le  premier  numéro  de  la  «  Revue  bourgui- 
gnonne de  l'Enseignement  supérieur  »,  s'exprime  en  ces  termes  : 

«  Les  professeurs  des  Facultés  et  de  l'Ecole  de  Médecine  et  de  Phar- 
macie de  Dijon  ont  suivi  l'exemple  qui  leur  était  donné  dans  d'autres 
centres  universitaires.  Le  nouveau  Recueil,  que  je  me  permets  de  recom- 
mander à  toute  la  bienveillance  de  l'Académie,  est  destiné  à  faire  connaître 
leurs  travaux,  qui  se  rattachent  aux  quatre  branches  de  l'Enseignement 
supérieur,  droit,  sciences,  lettres,  médecine.  On  comprendra  que  je 
signale  plus  particulièrement  ici  un  article  de  M.  Mérav  Sur  la  théorie  des 
radicaux,  qui  sera  lu  avec  intérêt  par  les  géomètres.  » 

M.  G.  Barbier  adresse  une  Note  sur  les  «  Combinaisons  des  phénols 
avec  la  diméthyloxyquinizine  ». 

M.  J.-P.  Metzler  adresse  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  La  Terre, 
sa  formation  et  celle  de  ses  êtres  » . 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart.  J.  B. 

* 

(')  Travail  du  laboratoire  de  Physiologie  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris. 


(  592  ) 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  ■>,   mars  1891. 

Collections  de  Mémoires  relatifs  à  la  Physique,  publiés  par  la  Société  fran- 
çaise de  Physique.  —  Tome  V  :  Mémoires  sur  le  pendule,  seconde  Partie. 
Paris,  Gauthier-Villars  et  fils,  1891  ;  un  vol.  gr.  in-8°.  (Présenté  par 
M.Wolf.) 

Échinides  éocénes  de  la  province  d'Alicante;  par  M.  G.  Cotteau.  IIe  fasc, 
Pi.  IX-XVI  (Mémoires  de  la  Société  géologique  de  France).  Paris,  au  siège 
de  la  Société,  1891  ;  in-f°. 

Traité  de  Zootechnie  générale;  par  Cn.  Corisevin.  Paris,  J.-B.  Baillière  et 
fds,  1891  ;  un  vol.  gr.  in  -8°.  (Présenté  par  M.  Chauveau.  —  Renvoyé  au 
concours  Montyon,  Physiologie  expérimentale.) 

Dépôts  carbonifères  et  puits  artésiens  dans  la  région  de  Moscou.  —  Carte 
géologique  générale  de  la  Russie,  feuille  57;  par  S.  Nikitin.  Saint-Péters- 
bourg, Eggers  et  Cie,  1890;  2  vol.  in-f°.  (Présenté  par  M.  Albert  Gaudry.) 

Mémoires  de  la  Société  nationale  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  d' Angers. 
Tome  quatrième  (année  1890).  Angers,  Lachèse  etDolbeau,  1891;  in-8°. 

Origine  des  forces  de  la  nature.  Nouvelle  théorie  remplaçant  celle  de  l'at- 
traction ;  par  Guillaume  Poche.  Paris,  G.  Masson;  1  vol.  in-18. 

Studies  of  old  case-books  ;  by  Sir  James  Page  t.  London,  Longtnans,Green. 
and  Co,  1891  ;  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  baron  Larrey.) 

Catalogue  of  the  Crawford  library  of  the  royal  Observatory  Edinburgh . 
Edinburgh,  published  by  autorityofHerMajest's  Government,  MDCCCXC; 
gr.  in-4°. 

«    The  electrician  »,  electrical  t rades' direc tory  and  handbooek  for  1891 
London,  1891  ;  gr.  in-8°. 


On   souscrit    à   Paris,    chez    GAUTHIER -VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n"  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Us  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  m- i°.  D 
blés,  l'une  par  ordgj  alphabétique  do  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  do  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  ann 
pari  du  icr  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  Jîxé  ainsi  qu'il  .suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
en Michel  et  Médan. 

(  Gavault  Sl-Lager. 
°er J  Jourdan. 

|  Ruff. 
liens Hecquet-Decobert. 


gers 


i  Germain  et  Grassin. 


?  Lachèseet  Dolbeau. 

yonne Jérôme. 

anço/i Jacquard. 

;  Àvrard. 

deaux !  Duthuff. 

'  Muller  (G.). 

irges Renaud. 

Lefoux'uier. 

F.  Robert. 

J.  Robert. 

V  Uzel  Carofl". 

i  Baër. 

I  .Massif. 

imber) Pcrrin. 

,  i  Henry. 

'/■bourg ,, 

°  '  Marguerie. 


st.. 


rmont-Ferr. 


i  Rousseau. 
/  Ribou-Collay. 
i  Lamarche. 

Ratel. 
'  Damidot. 
(  Lauverjat. 
'  Crépin. 
\  Drevet. 
(  G ia lier. 
liochelle liubin. 

■lavre \  B"liriliSnon. 

Donibrc. 

Ropiteau. 

Lefebvre. 

Quarré. 


noble. 


chez  Messieui     : 

,  Baumal. 

Lonent . 

(  M""  Texier. 

(Beâud. 
i leorg. 

Lyon <  Mégret. 

Palud. 

Vitte  et  Péi  iissel. 
Marseille . .      Pessailhan  . 

\  Calas. 
Montpellier.    ■  •  •  )  C,H1,,, 

Moulins Martial  Place. 

/  Sordoillet. 
Nancy ■  •     Grosjean-Maupin. 

|  Sidot  i  rères. 

i  Loiseau. 
I\  anles  ........  J  «._.  „  i 

I  M""  \  elopp 

t  Barma. 

Nice ..    .  „.. 

'  \  isconti  et  (." . 

.\  (mes Thibaud. 

Orléans  ■  .  ■    Luzeray. 

.  .  (  Blanchier. 

Poitiers ,, 

i  I  >i  uni. nul. 

Hennés Plihon  et  Hervé. 

Oockeforl Boucheron  -  Rossi  - 

i  Langlôis.         !  gnol. 

Ilouen ,     ,  ■         , 

(  Lestringant. 

S'-Êtienne Chevalier. 

i  Bastide. 

Toulon . 

(  Rumebe. 

(  Giinet. 

Toulouse „  . 

'  Privât. 

.  Boisselier. 

Tours •.  Péricat. 

'  Suppligeon. 

,,  ,  \  Giard. 

I  alenciennes , 

'  Lcraaitre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 

,  i  .      ,  \  Robbers. 

Amsterdam J  _  .,  _         , 

/  Feikema    Caarelsen 

Athènes Beck.  et  <  '. 

Barcelone Verdaguer. 

.  Asher  et  C'°. 

'  Calvary  et  C;". 

i  Friedlander   et   fils. 

'  Mayer  et  Muller. 
oei.ne  \  Schraid,  Francke  el 

(      ' 
Bologne .  .     Zanichelli  et  C". 

i  Ramlot. 

Bruxelles Mayolez. 

I  Lebégue  el  C'". 

i  Haimanu. 

Hachai-est ,  . 

'  Kamsteanu. 

Budapest Kilian. 

;  idge Deighton,  Bell 

Christiania Cammermeyer. 

Consiantinople.  .     Otto  et  Keil. 

( 'àpenhague. .     .     Hôsi  el   lil>. 

Florence Lœscher  et  Seeber. 

Gand Hoste. 

Gènes lîeuf. 

Cherbuliez. 

Genèvi Georg. 

(  StapeLmohr. 

La  Haye Belinfante  frères. 

,  Benda. 

Lausanne! ,  , 

I  I  .i\  ni. 

Barth. 

I  Brockhaus. 

Leipzig '  Lorentz. 

Max  RUbe. 

Twietmeyer. 

,  I  lesoer. 

Liège _ 

I  Gnuse. 


chez  Messieurs  : 

,  i  Dulau. 

Londres 

(  Nutt. 

Luxembourg ... .     V.  I!iick. 

Librairie      Guie 
\     berg. 
Madrid Gonzalés  e  hijos. 

Yravedra. 

F.  Fé. 

,,.,  I  Duiuolard  frères. 

Milan 

'  llœpli. 

Moscou Gautier. 

/  Furcheim. 
Naples |  Marghieri  ih  Giu 

'  Pellerano. 

.  Christern. 
New-York ■  Stechert. 

'  Westermanri. 

.a Rousseau. 

Oxford Parker  el  O. 

fulerme Clausen. 

Porto Magalhaès. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

(  Bocca  frère 

Home •il  i 

'  Locscnerel 

Rotterdam   Kramers  et  lils. 

Stockholm Samson  et  Wallit) 

.       .  .  Zinserling. 

!,'  Petersbourg.  ■     ...  .„. 

(  VVolll. 

1  Bocca  frères. 
Brero. 
j  G I  a  u 
[  RosenbergetSellie 

Varsovie Gebethner  et  YVol 

Vérone Drucker. 

1  Frick. 

i  tenue J  .  . 

I  Gerokl  et  ( .". 

Zurich Meyer  et  Zeller. 


Tomes  1«  à  31.  - 
Tomes  32  à  61. 
Tomes  62  à  91. 


15  fr. 
15  fr. 
15  fr. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

(3  Août  i835  à  3i  Décembre  1 8  Jo.  )  Volume  in-i";  :tr>i-  Prix 

(  ier  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870.   Prix 

(i™  Janvier  1866  à  ii  Décembre  1880.)  Volume  in-j ";  1889.  Prix 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 

me  I:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  .Y.  DERBÊset  A.-J.-ï.  Solier.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  le 

êtes,  par  M.IIansen.  —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matière 

ses,  par  M.  Claude  LSerjurd.  Volume  in-4°,  avec  02  planches  ;  1SJ6 15  fi 

me  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  iS5o  par  l'Académie  des  Science 

le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  1806,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi 

intaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la   natur 

s  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-'|°,  avec  27  planches;  1861...        15  fi- 


la même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N°  11. 

TABLE  DES  ARTICLES.    (Séance  du  16  mars  1891.) 


MÉMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADEMIE. 


Pages.    I 

MM.  Lœwy  et  Poiseux.  —  Détermination 
de  la  constante  de  l'aberration 549 

M.  H.  Poincaré,  -  Sur  l'équilibre  des  dié- 
lecti  iques  fluides  dans  un  champ  électrique.      >  i5 

M.  Henri  Becquerel.  —  Sur  les  différentes 
manifestations  de  la  phosphorescence  des 
minéraux  sous  l'influence  de  la  lumière 
ou  de  la  chaleur 5 ">~ 

MAI.  L.  Caii.lktet  et  E.  Colardeac.  —  Sur 
une  nouvelle  méthode  de  détermination 
«les  températures  et  pressions  critiques  et. 
en  particulier,  de  relies  de  l'eau 563 


Pages. 

M.  Albert  Gaudry.  —  Sur  les  fossiles  trou- 
vés à  Gourbesville  par  M.  de  Lap parent.     565 

M.  A. -F.  Marion.  —  Effet  du  froid  sur  les 
poissons  marins 565 

M.  II.  Poincaré  présente  à  l'Académie  un 
Ouvrage  qu'il  vient  de  publier  sous  le 
litre  :  «  Electricité  et  Optique.  Tome  II  : 
Les  Théories  de  Helmholtz  et  les  expé- 
riences de   Hertz  » 56g 

M.  \.  Geikie  lait  hommage  à  l'Académie  de 
quinze  brochures  qu'il  a  publiées  sur  dif- 
férentes questions  de  Géologie 56g 


NOMINATIONS. 


Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Desroazières  de  l'année  1891  :  MM. 
Duchartre,  Bornet,  Van  Tieghem,  ('bu- 
tin.  T recul 56g 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Bord  in  (Étudier  les  phénomènes 
intimes  de  la  fécondation  chez  les  plantes 
phanérogames,  en  se  plaçant  particulière- 
ment au  point  de  vue  de  la  division  et  du 
transport  du  noyau  cellulaire.  Indiquer 
les  rapports  qui  existent  entre  ces  phéno- 
mènes et  ceux  qu'on  observe  dans  le  règne 
animal)  de  l'année  1891  :  MM.  Duchartre, 
Van  Tieghem,  Bornet,   Trécul   56g 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Thore  de  l'année  in<h  :  MM.  Du- 
chartre, Van  Tieghem,  Blanchard,  Bor- 
ne/,  Chatin 56q 


Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  Grand  Prix  des  Sciences  physiques 
(  Des  organes  des  sens  chez  les  Invertébrés 
au  point  de  vue  anatomique  et  physiolo- 
gique. Le  prix  pourra  être  donné  à  un  tra- 
vail complet  sur  l'un  des  organes  des  sens, 
dans  un  groupe  d'Invertébrés)  de  l'an- 
née 1S1, 1  :  MM.  Blanchard,  A.  Milne-Ed- 
wards,  de  Lacaze-Duthiers,  île  Quatre- 
fages,  Banvier 570 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Bordin  (Étude  comparative  de 
l'appareil  auditif  chez  les  animaux  ver- 
tébrés à  sang  chaud,  Mammifères  et  Oi- 
seaux) de  l'année  1891  :  MM.  A.  Milne- 
Edwards,  de  Quatre/âges,  Blanchard, 
de  Lacaze-Duthiers,  Banvier 370 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  P.  Berger  soumet  au   jugemenl   de  l'A- 
cadémie  nue   Note   relative   à   une   «   .Ma- 


chine fondée  sur  le  même  principe  que  la 
presse  hydraulique  » 


CORRESPONDANCE . 


M.  Sire,  nommé  Correspondant  pour  la  Sec- 
lion  de  Mécanique,  adresse  ses  remercie- 
ments à  l'Académie 

M.  L.  AiTONNE.  —  Sur  une  application  des 
groupes  de  M.  Lie 

M.  Alphonse  Berget.  Méthode  graphique 
pour  déterminer  les  valeurs  relatives  de 
la  gravité  en  différents   lieux 

M.  Marcel  Brillouin.  —  Sur  le  degré  de 
complexité  des  molécules  gazeuses 

M.  F.  Osmond.  —  Sur  les  transformations 
qui  accompagnent  la  carburation  du  1er 
par  le  diamant 

M.  Léo  Yioxon.  —  Sur  la  formation  des 
laques  colorées 

MM.  l'n.  Barbier  et  L.  Houx.  —  Recher- 
ches sur  la  dispersion  dans  les  composés 
organiques  (éthers) 

Bulletin  bibliographique 


5i3 


a8o 


58a 


M.  OEchsner  DE  CoNlNCK.  —  Sur  les  pto- 
maïnes 

M.  Cu.  Blarez.  —  Influence  exercée  par  les 
matières  extractives  sur  le  titre  alcoolique 
réel  des  spiritueux 

MM.  J.  Hericourt  et  Charles  Richet.  — 
De  la  toxicité  des  produits  solubles  des 
cultures  tuberculeuses 

M.  Darboux  présente  le  premier  numéro  de 
la  «  Rexue  bourguignonne  de  l'Enseigne- 
ment supérieur.  » 

M.  G.  Barbier  adresse  une  Note  sur  les 
«  Combinaisons  des  phénols  avec  la  dimé- 
thyloxyquinizine  » 

M.  J. -P.  Metzi.eu  adresse  un  Mémoire  ayant 
pour  titre  :  «  La  Terre,  sa  formation  et 
celle  de  ses  êtres.   » 


584 

585 

58g 

agi 

agi 

;„,i 
5ga 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLA.RS  ET  FILS, 
Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 


1891 

PREMIER  SEMESTRE. 

M/ 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  ITIM.  EES  SECRÉTAIRES  PERPETUELS. 


TOME  CXII. 


N°12(23  Mars  1891). 


. ■»»»' 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS   ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augusiins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

ADQPTL   DANS  LES  SÉANCES   DES   23  JUIN    l8'62   ET   2^.   MAI    I  876. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
['Académie  se  ((imposent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
l\6  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

11  v  a  deux  volumes  par  année. 


Article 


Impression  des  travaux  de  l'Académie. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académi 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autan 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2 .  —  Impression  des  travaux  des  SavanuM 
étrangers  ci  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ac;  ; 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  nu  d'un  rc 


Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  del'Académie  comprennent     SUmé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages 
au  plus  (3  pages  par  numéro.  Leg  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  s 

Un  Membre   de  l'Académie  ne  peut  donner  aux  |  temis  ,]c  jes  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  I, 


Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 


Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomme 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extra 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  for 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  oiï 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  1 


Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou-  jeudi  à  i  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  tempi 

vernement  sont  imprimés  en  entier.  le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rend 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par  actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui 

les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au  vaut,  et  mis  à  la  fin  du  cahier 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on   ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui   s'élèvent  dans   le  sein   de  ! 
l'Académie;   cependant,   si  les  Membres   qui  y  ont  j 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,   séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  > 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie   avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Noies  ne 


Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 
Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  e 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement.  I 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fai 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprè 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de  j  l'impression  de  chaque  volume, 
lire,  dans  les  séances   suivantes,  des  Notes  ou  Me-  Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré 

moires  sur  l'objet  de  leur  discussion.  sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  le 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 


■«asaaaag 


SÉANCE  DU  LUNDI  25  MARS  1891, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  que,  en  raison  des  fêtes  de 
Pâques,  la  séance  de  lundi  prochain  sera  remise  au  lendemain,  mardi 
3i  mars. 


M.  le  Président,  en  annonçant  à  l'Académie  la  perte  douloureuse  qu'elle 
a  faite  dans  la  personne  de  M.  Cahours,  Membre  de  la  Section  de  Chimie, 
décédé  le  17  mars,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  L'Académie  vient  d'éprouver  une  grande  perte  par  le  décès  de  M.  Ca- 
hours, survenu  mardi  dernier,  17  de  ce  mois,  non  à  la  suite  d'une  maladie 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  12.)  7'^ 


(  5&4  ) 

aiguë,  mais  par  l'effet  d'un  affaiblissement  dont  nous  avions  tous  pu  con- 
stater, depuis  plus  d'une  année,  les  visibles  et  incessants  progrès.  En  lui, 
la  science  perd  l'un  des  hommes  qui,  depuis  près  d'un  demi-siècle,  ont  le 
plus  contribué  à  étendre  son  domaine,  et  nous,  nous  perdons,  les  uns  un 
cher  et  excellent  ami,  les  autres  un  aimable  et  toujours  bienveillant  Con- 
frère. 

»  Je  ne  saurais,  faute  d'une  compétence  suffisante,  faire  ressortir  comme 
il  conviendrait  toute  l'importance  des  travaux  dont  M.  Cahours  a  doté  la 
Chimie  et  la  Physique;  je  puis  dire  toutefois  que  la  grande  valeur  de  la 
plupart  d'entre  ceux  qu'on  lui  doit  avait  été  déjà  reconnue  et  proclamée, 
dès  1868,  par  l'Académie  lorsqu'elle  l'appela,  dans  la  Section  de  Chimie, 
à  remplacer  l'illustre  Dumas  qui  venait  d'être  élu  par  elle  Secrétaire  per- 
pétuel; je  dois  ajouter  que,  depuis  cette  époque,  notre  laborieux  Confrère 
avait  su  se  créer  de  nouveaux  titres  à  la  hante  estime  du  monde  savant.  Au 
mérite  supérieur  qui  le  distinguait  comme  homme  de  Science,  ceux  qui 
l'ont  vu  de  près  savent  qu'il  joignait  les  plus  rares  qualités  de  l'esprit  et  du 
cœur;  aussi  sa  mort  cause-t-elle,  à  ces  divers  points  de  vue,  de  profonds 
et  durables  regrets.  » 


CHIMIE.  —  Action  de  la  chaleur  sur  l'oxyde  de  carbone;  par  M.  Berthelot. 

«  L'oxyde  de  carbone  subsiste  jusqu'aux  températures  les  plus  élevées, 
et  sa  densité  gazeuse  demeure  constante,  c'est-à-dire  sensiblement  iden- 
tique à  celle  de  l'azote,  jusque  vers  4ooo°,  d'après  les  expériences  sur  les 
mélanges  gazeux  explosifs.  Cependant,  ce  composé  si  stable  donne  lieu  à 
des  indices  de  décomposition,  avec  production  de  traces  de  charbon  et 
d'acide  carbonique,  à  des  températures  beaucoup  plus  basses,  telles  que  le 
rouge  vif,  d'après  H.  Sainte-Claire  Deville,  et  même  le  rouge  sombre, 
suivant  mes  anciennes  observations.  Ces  phénomènes  sont-ils  dus  à  une 
dissociation  véritable,  comme  on  l'a  pensé  jusqu'ici,  une  quantité  con- 
stante d'oxygène  étant  unie  au  carbone  en  deux  proportions  différentes  et 
tendant  à  se  séparer  successivement,  suivant  l'équation  de  dissociation 

02C2  =  02C  +  C? 

»  Mais  il  paraît  difficile  de  comprendre  comment  une  semblable  tension 
de  dissociation,  déjà  sensible  vers  6oo°  à  700",  au  lieu  de  s'accroître  rapide- 


(  595  ) 

ment  avec  la  température,  suivant  la  loi  générale  de  cet  ordre  de  phéno- 
mènes, demeurerait  toujours  excessivement  faible,  jusque  vers  3ooo°  ou 
4ooo". 

»  L'apparition  directe  du  charbon  dans  une  dissociation  supposée  ac- 
complie à  une  température  relativement  peu  élevée  doit  augmenter  encore 
les  doutes,  si  l'on  se  rappelle  que  le  charbon  n'est  point  le  véritable  élé- 
ment carbone,  mais  seulement  un  polymère  plus  ou  moins  élevé  de  cet 
élément,  ainsi  que  je  l'ai  montré  d'ailleurs  (')  :  aussi  le  charbon  n'appa- 
raît-il jamais  comme  produit  direct  des  décompositions  accomplies  à  basse 
température. 

»  Ce  sont  là  des  questions  fort  importantes  pour  la  discussion  des  théo- 
ries thermodynamiques  de  la  Chimie. 

»  Aussi  ces  faits  et  ces  considérations  m'ont-ils  engagé  à  étudier  de 
plus  près  l'action  de  la  chaleur  sur  l'oxyde  de  carbone.  J'ai  reconnu  que 
si  l'on  soumet  ce  gaz  à  des  températures  de  plus  en  plus  abaissées,  il  arrive 
un  degré  tel  que  l'acide  carbonique  continue  à  se  manifester,  précisément 
comme  aune  température  plus  haute,  mais  sans  qu'il  apparaisse  la  moindre 
trace  de  charbon.  Le  phénomène  est  très  sensible  dans  des  tubes  de  verre 
desséchés  rigoureusement,  remplis  d'oxyde  de  carbone  tout  à  fait  pur, 
scellés  à  la  lampe,  puis  maintenus  pendant  une  heure  ou  deux  à  une  tem- 
pérature voisine  de  ooo°  à  55o°,  voisine  de  celle  du  ramollissement  du 
verre.  J'ai  répété  un  grand  nombre  de  fois  l'expérience  avec  des  soins 
minutieux,  afin  d'exclure  absolument  la  moindre  trace  d'air  et  d'humi- 
dité. L'oxyde  de  carbone  était  tiré  par  ébullition  d'une  solution  saturée  de 
ce  gaz  dans  le  chlorure  cuivreux  acide,  solution  préparée  elle-même  au 
moyen  d'un  gaz  déjà  dissous  dans  une  première  solution  semblable; 
l'oxyde  de  carbone  était  d'ailleurs  purifié  d'abord  par  la  potasse  liquide, 
puis  par  la  potasse  solide,  lavé  dans  le  protochlorure  de  chrome,  pour 
éviter  toute  trace  d'oxygène,  enfin  desséché  rigoureusement,  au  moyen  de 
l'acide  sulfurique  et  de  la  potasse  fondue.  Dans  ces  conditions,  j'ai  con- 
stamment obtenu  de  l'acide  carbonique  :  la  dose  formée  est  faible,  3  à 
4  millièmes  environ;  mais  elle  est,  sinon  identique,  du  moins  comparable 
à  celle  que  l'on  obtient  en  faisant  passer  très  lentement  l'oxyde  de  carbone 
dans  des  tubes  de  porcelaine  chauffés  au  rouge.  A  ce  point  de  vue,  la  réac- 

(')  Essai  de  Mécanique  chimique,  t.  Il,  p.  \Z~.  —  Annales  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique, !\a  série,  t.  IX,  p.  4y6;  1866. 


(«96) 

tion,  je  le  répète,  est  la  même  ;  la  proportion  d'oxyde  de  carbone  décom- 
posée variant  peu,  soit  vers  5oo°,  soit  au  rouge  sombre,  soit  au  rouge  vif. 
Mais  voici  la  différence  :  au  rouge  vif,  et  même  au  rouge  modéré,  il  se  dé- 
pose vers  les  extrémités  des  tubes  deux  anneaux  de  charbon  très  visibles; 
tandis  que  vers  5oo°  à  55o°,  avec  une  dose  comparable  d'acide  carbonique 
formé,  il  a  été  impossible  d'observer  la  moindre  trace  de  charbon  ('). 

»  C'est  là  une  circonstance  fondamentale.  En  effet,  elle  exclut  l'idée 
d'une  dissociation  directe  de  l'oxyde  de  carbone.  L'acide  carbonique  ne 
saurait  résulter  ici  que  d'une  décomposition  proprement  dite,  c'est-à-dire 
d'une  condensation  moléculaire,  avec  formation  d'un  produit  complémen- 
taire, stable  vers  5oo°,  mais  qui  se  décompose  au  rouge  en  déposant  du 
charbon.  C'est  en  vertu  du  même  mécanisme  que  l'acide  carbonique  est 
formé  aux  dépens  de  l'oxyde  de  carbone  par  l'action  de  l'effluve,  action 
comparable  sous  bien  des  rapports  à  celle  de  la  chaleur,  dont  elle  se  dis- 
tingue surtout  par  sa  durée  excessivement  courte.  Or  l'effluve  condense 
plusieurs  molécules  d'oxyde  de  carbone,  en  donnant  lieu  à  la  fois  à  de 
l'acide  carbonique  et  à  des  sous-oxydes,  par  exemple 

5C202  =  C808+C20\ 

»  Ces  sous-oxydes  dérivent  sans  doute  d'une  polymérisation  initiale  de 
l'oxyde  de  carbone,  qui  est  un  anhydride  formique,  composé  incomplet  et 
dès  lors  très  apte  à  éprouver  de  semblables  condensations  (2). 

»  En  opérant  par  la  chaleur,  vers  5oo°  à  55o°,  la  dose  d'acide  carbo- 
nique est  faible  et  il  ne  m'a  pas  été  possible  d'isoler  soit  en  refroidissant 
les  pointes  des  tubes,  soit  autrement,  le  sous-oxyde  complémentaire; 
sans  doute  parce  qu'il  se  trouve,  à  l'état  de  gaz  ou  de  vapeur,  noyé  dans 
l'excès  d'oxyde  de  carbone. 

»  Mais  l'apparition  même  de  l'acide  carbonique,  à  dose  comparable, 
soit  au  rouge,  soit  à  55o°,  tantôt  avec  production  de  charbon,  tantôt  sans 
dépôt  de  cet  élément,  ne  laisse  guère  de  doute  sur  le  mécanisme  même  de 
la  décomposition.  Ce  n'est  pas  une  dissociation  simple;  mais  la  décompo- 
sition doit  être  précédée  par  une  polymérisation,  le  produit  condensé  se 
séparant  aussitôt  en  acide  carbonique  et  sous-oxydes  :  entre  ces  composés, 

(')  Le  verre,  d'ailleurs,  n'est  pas  attaqué  à  l'intérieur  des  tubes. 
(2)  Voir  à  cet  égard  dans  ma  Leçon  sur  l'isomérië,  professée  devant  la   Société 
chimique  de  Paris  le  27  avril  i863,  p.  19,  la  Théorie  de  la  polymérte. 


(  597  ) 
on  conçoit  d'ailleurs  l'existence  d'une  dissociation  complexe,  oii  inter- 
vient l'oxyde  de  carbone  et  qui  limite  la  transformation  (').  Le  méca- 
nisme de  cette  transformation  singulière  rentrerait,  dès  lors,  dans  les 
mêmes  lois  que  les  polymérisations  et  décompositions  pyrogénées  des  car- 
bures d'hydrogène  (-).  » 


CHIMIE.  —  Sur  une  réaction  de  l'oxyde  de  carbone;  par  M.  Iîeuthelot. 

«  Dans  le  cours  des  recherches  précédentes,  j'ai  observé  une  réaction 
caractéristique  de  l'oxyde  de  carbone  et  qu'il  me  parait  utile  tle  signaler  . 
ce  gaz  réduit  l'azotate  d'argent  ammoniacal.  On  prépare  le  réactif  en  ajou- 
tant à  une  solution  étendue  d'azotate  d'argent  de  l'ammoniaquediluée 
goutte  à  goutte,  jusqu'à  la  limite  où  le  précipité  formé  d'abord  se  redissout 
entièrement,  mais  sans  aller  plus  loin.  Si  l'on  fait  passer  dans  cette  liqueur 
quelques  bulles  d'oxyde  de  carbone,  elle  ne  tarde  pas  à  brunir,  même  à 
froid;  à  l'ébullition,  elle  donne  lieu  aussitôt  à  un  très  abondant  précipité 
noir.  La  réaction  a  lieu  également  avec  une  solution  aqueuse  d'oxyde  de 
carbone.  Elle  est  extrêmement  sensible  et  s'effectue  même  en  présence 
d'une  grande  quantité  d'air.  Elle  pourra  dès  lors  servir  à  reconnaître  la 
présence  d'une  trace  d'oxyde  de  carbone  dans  une  atmosphère  gazeuse, 
pourvu  qu'il  n'y  ait  point  d'autre  substance  réductrice.  La  réaction  est 
d'autantplusdigned'intérêlquelesformiatesalcalins  ne  réduisent  pas  l'azo- 
tate d'argent  ammoniacal  et  que  l'hydrogène  pur  ne  le  réduit  pas  davan- 
tage; du  moins  lorsqu'il  a  été  lavé  avec  soin  dans  une  solution  de  perman- 
ganate de  potasse,  afin  de  le  débarrasser  de  toute  trace  de  gaz  réducteurs. 

»  Cette  réaction  fournit  un  nouveau  rapprochement  entre  l'oxyde  de 
carbone  et  les  aldéhydes,  composés  incomplets,  du  même  ordre  à  certains 
égards.   » 


(')  On  aurait  en  général 

/iC202  =  C2"02", 

C2"  02«  =  C2"-202"-''  +  C20''. 

Le  plus  simple  de  ces  sous-oxydes  répondrait  à  l'acétylène,  soit  C402  ou  G20-  en 
atomes,  et  serait  probablement  gazeux. 

(-)  Essai  du  Mécanique  chimique,  t.  II,  p.  i32. 


(  59«  ) 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  l 'odeur  propre  de  la  terre; 
par  MM.  Berthelot  et  G.  Axdré. 

«  On  connaît  l'odeur  spéciale  et  qui  n'est  pas  sans  agrément,  émise  par 
la  terre  végétale  récemment  mouillée,  après  une  courte  pluie  par  exemple. 
Nous  avons  fait  quelques  essais  pour  en  rechercher  l'origine.  Ces  essais 
tendent  à  établir  que  le  principe  essentiel  de  cette  odeur  réside,  dans  un 
composé  organique,  neutre,  de  la  famille  aromatique,  et  qui  est  en- 
traîné par  la  vapeur  d'eau,  à  la  façon  des  corps  possédant  une  très  faible 
tension.  L'odeur  en  est  pénétrante,  presque  piquante,  analogue  à  celle 
des  matières  camphrées,  distincte  d'ailleurs  de  celle  des  nombreuses  sub- 
stances connues  de  nous.  Quant  à  la  proportion,  elle  est  extrêmement 
faible  et  peut  être  regardée  comme  voisine  de  quelques  millionièmes. 

»  Ce  nouveau  principe  n'est  ni  un  acide,  ni  un  alcali,  ni  même  un 
aldéhyde  normal  ;  ses  solutions  aqueuses  concentrées  sont  précipitables 
par  le  carbonate  de  potasse,  avec  production  d'un  anneau  résineux. 
Chauffées  avec  la  potasse,  elles  développent  une  odeur  acre,  analogue  à 
la  résine  d'aldéhyde.  Elles  ne  réduisent  pas  le  nitrate  d'argent  ammo- 
niacal. Enfin  elles  donnent  lieu,  dans  les  conditions  connues,  c'est-à-dire 
par  l'emploi  de  la  potasse  et  de  l'iode,  à  une  abondante  formation  d'iodo- 
forme  ('  ),  propriété  commune  d'ailleurs  à  un  grand  nombre  de  substances. 

»  Voici  comment  nous  avons  constaté  ce  principe.  On  a  pris  3kg  de 
terre  végétale,  mélange  de  sable  argileux  faiblement  calcaire  et  de  matière 
humique  qui  constitue  le  sol  des  prairies  de  la  Station  de  Chimie  végétale 
de  Meudon.  Après  l'avoir  minutieusement  débarrassée  de  tous  débris  orga- 
nique visible,  on  l'a  placée  dans  un  alambic  de  verre,  en  s'arrangeant  pour 
que  la  matière  contint  10  à  12  centièmes  d'eau  au  moins.  L'alambic  a  été 
plongé  dans  un bain-marie  et  maintenu,  vers6o°,  pendant  plusieurs  heures. 
L'eau  condensée  s'écoulait  à  mesure  par  le  bec  de  l'alambic.  On  en  a  re- 
cueilli 1 75cc,  doués  de  l'odeur  spécifique.  Cette  eau  distillée  a  été  rectifiée 


(')  Cependant  nous. n'avons  rencontré  dans  les  produits  volatils  émis  par  la  terre 
végétale  que  nous  étudiions  ni  furfurol,  ni  acétone,  non  plus  que  l'alcool  ordinaire, 
signalé  par  M.  Muntz  dans  certaines  terres,  où  son  existence  est  d'ailleurs  facile 
à  expliquer.  Mais  elle  ne  paraît  pas  constituer  un  fait  général. 


(  599  ) 
de  nouveau,  de  façon  à  obtenir  seulement  20"'.  L'odeur  s'exalte  dans  le 
produit  volatilisé,  sans  cependant  disparaître  entièrement  dans  le  résidu 
non  évaporé  :  ce  cpii  atteste  la  faible  tension  de  vapeur  du  produit,  assimi- 
lable sous  ce  rapport  au  camphre  ou  au  menthol.  Ce  liquide  offre  une 
réaction  alcaline;  il  contient  de  l'ammoniaque  et  réduit  le  nitrate  d'argent 
ammoniacal;  dernière  réaction  due  à  quelque  alcali  pyridique  ou  analo- 
gue, car  il  suffit  de  distiller  de  nouveau  avec  une  trace  d'acide  sulfurique 
étendu  pour  obtenir  un  liquide  neutre,  privé  d'action  réductrice,  et  qui 
cependant  conserve  toujours  son  odeur  propre.  L'addition  d'un  alcali  à  la 
liqueur  ne  fait  pas  davantage  disparaître  l'odeur,  du  moins  immédiate- 
ment. 

»  Les  20cc  ont  été  réduits  par  deux  nouvelles  distillations  à  icc.  L'odeur 
s'exalte  de  plus  en  plus.  A  ce  centimètre  cube  on  a  ajouté  du  carbonate  de 
potasse  pur  et  cristallisé  :  la  liqueur  s'est  troublée  aussitôt;  il  a  fallu  quel- 
ques heurespour  l'éclaircir  et  il  s'est  formé  à  sa  surface  un  anneau  résineux, 
presque  insensible,  représentant  tout  au  plus  1  à  2  centigrammes  d'une 
matière  que  nous  n'avons  réussi  à  identifier  avec  aucun  principe  connu; 
mais  les  réactions  décrites  plus  haut  permettent  au  moins  d'en  assigner  le 
caractère  général. 

»  La  distillation  de  la  terre  chauffée  au  bain-marie,  après  mélange  avec 
un  peu  de  chaux  éteinte,  a  formé  un  liquide  plus  riche  en  alcalis  volatils, 
comme  on  devait  s'y  attendre;  mais  le  principe  neutre  et  aromatique  s'y 
trouvait  également,  sans  cpie  la  proportion  en  parût  augmentée.  » 


BOTANIQUE.   —  Contribution  à  la  biologie  des  plantes  parasites; 
par  M.  A.  Chatis 

«  L'idée  que  les  plantes  parasites  puisent  une  nourriture  qu'elles  n'au- 
raient presque  plus  à  modifier  a  été  formulée  par  le  grand  botaniste 
Pyrame  de  Candolle  en  ces  termes  : 

))  Les  plantes  parasites  dépourvues  de  feuilles  tirent  d'autres  plantes  feuillées  un 
suc  déjà  élaboré,  et  ensuite  porté  dans  les  tleurs  et  les  fruits  (  '  ). 

)>  Après  avoir  énoncé  le  fait  de  la  non-élaboration  de  la  sève  par  les 
parasites  privés  de  matière  verte,  de  Candolle  l'explique  par  l'absence, 


(')  D.  C,  Physiologie,  p.  208. 


(  600  ) 

dans  ces  plantes,  de  stomates  et  de  vaisseaux  spiraux  ('),  ce  qu'appuyait 
un  certain  nombre  d'observations  anatomiques  de  son  temps,  signalant 
l'absence  de  stomates  dans  la  Cuscute,  le  Cytinus  et  le  Rafjlesia,  auxquels 
on  peut  en  ajouter  quelques  autres,  tels  que  l'Orobanche  du  Chanvre  et  le 
Lathrœa  Squammaria. 

»  Mais  des  stomates  ont  été  vus  par  M.  Duchartre  dans  la  Clandestine, 
par  Vaucher  dans  une  Orobanche,  par  moi-même  dans  le  discuta  Epithy- 
mum  (rare),  les  Cassytha,  qui  les  ont  nombreux  et  transverses,  les  Oro- 
banche atrorubens,  Epithymum,  Eryngii,  Galii,  les  Phelipea  cœrulea  et  are- 
naria,  Y Anoplanthus ,  YEpiphegus,  le  Conopholis,  WEginetia,  le  Bosniakia, 
YEyobanche. 

)>  Quant  aux  trachées,  si  elles  manquent  au  Clandestina  et  au  Lathrœa,  je 
les  ai  trouvées,  souvent  même  assez  déroulables,  chez  les  Cytinus,  Hydnora, 
Cynomorium,  Balanophora,  Helosis,  et  dans  toutes  les  Orobanchées. 

»  A  noter  que  souvent  les  vaisseaux,  courts  et  simplement  ponctués  ou 
rayés  dans  le  suçoir  et  la  tige  des  parasites,  s'allongent  et  passent  à  la 
trachée  dans  les  écailles  des  mêmes  espèces. 

»  On  put  regarder,  comme  témoignant  de  la  non-élaboration  par  les 
parasites,  le  Gui  du  Chêne,  plus  riche  en  tanin  et  doué,  disait-on,  de  plus 
de  vertus  médicales  que  celui  des  autres  arbres  et,  surtout,  la  présence  de 
la  strychnine  chez  des  Loranthus  venus  sur  le  Slrychnos  Nux-vomica. 

»  On  verra  ce  que  valent  ces  prétendues  preuves;  mais  nous  ferons 
tout  d'abord  remarquer  que  l'opinion  suivant  laquelle  les  parasites  n'éla- 
boreraient pas,  ou  peu,  la  sève  puisée  dans  leurs  nourrices,  ne  tient  pas 
devant  celte  simple  considération  :  qu'elles  forment  elles-mêmes  leurs 
tissus,  la  charpente  de  tous  leurs  organes,  dont  les  aliments  n'ont  pu  leur 
arriver  qu'à  l'état  de  dissolution. 

»  J'ajoute  que,  d'après  mes  recherches,  le  Gui,  quelle  que  soit  sa  prove- 
nance, qu'il  ait  vécu  sur  le  Chêne  ou  le  Pommier,  le  Peuplier  ou  le  Ro- 
binier, etc.,  ne  renferme  pas  le  tanin  bleu  du  Chêne,  mais  uniquement  le 
tanin  vert. 

»  Quant  au  Loranthus  du  Slrychnos,  je  peux  affirmer  qu'il  ne  contient 
aucune  trace  de  strychnine  ni  de  brucine,  alcaloïdes  que  j'ai  inutilement 
recherchés,  il  y  a  bientôt  vingt  ans,  dans  un  assez  gros  lot  de  ce  Loran- 
thus. L'extrait  de  cette  plante  n'avait  d'ailleurs  aucune  action  toxique  sur 
de  petits  oiseaux  et  les  souris;  des  résultats  analogues  ont  été  fournis  par 


(,  '  )  De  Candolle,  Physiologie  végétale,  t.  III,  p.  i4o5 


(  6oi   ) 

des  Balanophora  qui,  développés  sur  le  Ginchona  Calisaya,  no  renfermaient 
aucun  des  alcaloïdes  du  Quinquina. 

«   Des  faits  qui  précèdent,  je  rapprocherai  les  suivants  : 

»  Les  Loranlhus  venus  sur  des  Orangers  ne  participent  pas  à  la  colora- 
tion jaune  du  bois  de  ceux-ci  ; 

»    L'Orobanche  du  Chanvre  n'a  rien  de  son  odeur  vireuse: 

»  L  Hydnora  a/ricana  si  recherché,  comme  aliment,  par  les  Hottentots 
et  les  habitants  du  Cap,  qui  le  nomment  Knnimp,  Kanip,  croît  sur  une 
Euphorbe  acre  et  môme  vésicante. 

»  A  la  suite  des  faits  établissant  que  les  plantes  parasites  élaborent,  au 
point  de  les  faire  disparaître,  certains  principes  de  leurs  nourrices,  s'en 
placent  beaucoup  d'autres  démontrant  qu'elles  peuvent  créer,  avec  les 
éléments  absorbés,  des  produits  nouveaux-. 

»  Et  tout  d'abord  la  glu,  cette  substance  si  abondante  dans  le  Gui  de 
toute  origine,  manque  à  ses  nourrices  :   donc  la  glu  est  formée  par  le  Gui. 

»  Ees  granules  rësinoïdes  que  contiennent  les  utrieules  du  Cytinus  et  du 
Cynomorium  ne  se  retrouvent  pas  dans  les  Cistes,  etc.,  sur  lesquels  vivent 
ces  parasites  ;  il  en  est  de  même  de  l'huile  que  l'on  trouve  formant  de  nom- 
breuses et  grosses  gouttelettes  dans  les  cellules  des  Balanophora,  Brus,- 
mansia,  Langsdorfia  et  Ombrophytum. 

T, a  fécule  abonde  dans  le  parenchyme  et,  parfois  ( Lepidoceras),  jusque 
dans  les  fibres  du  bois,  d'un  grand  nombre  de  plantes  parasites  chez  les- 
quelles elle  s'est  nécessairement  organisée.  (Cytinus,  Hydnora,  Balano- 
phora, Hclosis,  Lophophytum,  Ombrophytum,  Brugmansia,  Langsdorfia,  Raf- 
flesia,  Frostia,  Apodanthes,  discuta,  Cassylha,  Orobanche,  Byobanche, 
Viscum,  Loranthus,  Misodendron,  etc.). 

»  Cette  abondance  de  fécule,  qui  fait  de  quelques  espèces  parasites 
aphylles  et  charnues  des  sortes  de  tubercules  amylacés,  explique  leur 
emploi  dans  l'alimentation  de  certains  pays. 

•>  Des  liquides  de  couleur  bleue,  jaune,  ronge,  etc.,  manquant  aux  nour- 
rices, sont  contenus  dans  les  cellules  épidermiques,  et  parfois,  dans  le  pa- 
renchyme des  Phelipœa  cœru/ea  et  arenaria,  Orobanche  attirai  et  cruenla, 
Cuscuta  Epithymum,  densijlora  et  major,  Cytinus  et  Cynomorium,  Pedicularis 
palus  tris  elsilvatica,  Melampyrumarven.se,  cristatum,  nemorosumetsilvaticum, 
pour  ne  citer  que  des  espèces  très  répandues  (  '  ). 


(1)  Je  cite  ces   Rhinanthacées,  comprises  dans  cette  étude,  comme  le  Gui  et  le  Lo- 
runthus,  quoique  pourvues  de  chlorophylle. 

C.   K.,  1891.  f'Semestre.  (T.  Ci.ll,  N°  12.)  79 


(    G02    ) 

»  On  pourrait  multiplier,  par  une  analyse  moins. sommaire,  les  exemples 
de  produits  existant  dans  les  parasites,  à  l'exclusion  des  espèces  nourri- 
cières, mais  je  ne  citerai  plus  que  le  fait  suivant,  qui  intéresse  à  la  fois 
les  agriculteurs  et  les  botanistes  : 

»  Les  propriétaires  de  prairies  ne  le  savent  que  trop,  et  aussi  les  pré- 
parateurs d'herbiers,  sans  que  ni  les  uns  ni  les  autres  n'aient  trouvé  encore 
un  moyen  satisfaisant  de  s'y  opposer,  toutes  les  Rhinanthacées  vraies,  et. 
en  particulier  les  Rhinanthus  glabra  et  hirsuta,  fort  répandus  dans  les 
prés  secs,  le  Melampyrum  arvense,  qui  envahit  les  luzernes  de  nouvelle 
création,  succédant  aux  blés,  le  Pedicidaris  paltistris  des  prairies  basses, 
déprécient  les  fourrages  par  la  coloration  noire  qu'ils  prennent  en  sé- 
chant; quant  aux  botanistes,  ils  ont  le  chagrin  de  ne  plus  avoir  en  her- 
bier que  des  herbes  noircies,  au  lieu  de  Rhinanthacées  {Melampyrum  ar- 
vense, cristatum  ,  nemorosurn ,  Pedicidaris  palustris,  gyrqflexa,  incarnata, 
rosea,  rubens,  versicolor,  etc.),  aux  teintes  si  brillantes  au  moment  où  ils 
les  cueillaient.  Or  cette  matière,  incolore  et  inaltérable  dans  les  sucs 
végétaux,  tant  qu'elle  y  est  protégée  par  la  vie,  et  qui  noircit  dans  la 
plante  morte  en  donnant  naissance,  ainsi  que  je  l'ai  constaté  dans  les 
essais  auxquels  je  me  suis  livré  à  l'effet  de.  conserver  leur  coloration 
naturelle  aux  échantillons  d'herbier,  à  de  l'acide  carbonique  avec  I  oxy- 
gène de  l'atmosphère  ambiante  (phénomène  qui  s'accélère  au  contact  des 
alcalis,  se  ralentit  sous  l'influence  des  acides),  n'existe  chez  aucune  des 
espèces  nourricières,  lesquelles  appartiennent,  du  reste,  pour  la  plupart, 
à  la  famille  des  Graminées  ('  ). 

»  Or  on  ne  saurait  refuser  aux  Rhinanthacées  d'élaborer,  de  former 
elles-mêmes  ce  principe  spécial,  noircissant  à  l'air,  qui  n'existe  pas 
chez  leurs  nourrices. 

»  Peut-être  voudra-t-on,  comparant  les  suçoirs  des  parasites  aux 
racines  des  autres  végétaux,  ne  voir  en  eux  que  les  représentants  de  celles- 
ci;  mais  cet  aperçu,  juste  à  plusieurs  égards,  ne  saurait  être  poussé  trop 
loin,  tant,  au  point  de  vue  de  l'anatomie  qu'à  celui  de  la  physiologie  : 

»  i"  Parce  que,  le  suçoir  n'ayant  pas  de piléorhize  (organe  découvert 
dans  les  racines  et  dénommé  par  M.  Trécul)  absorbe  par  sa  pointe  même, 
ce  qui  n'a  pas  lieu  pour  la  racine; 

»   20  Parce  que  cette  pointe  du  suçoir  (que  j'ai  appelée  cône  perforant), 


(')  J'ai  observé  une  fois  le  Pedicidaris  palustris  fixé  sur  les  racines  du  Valeriana 
dioïca  ! 


(  6o3  ) 

que  forme  un  tissu  utriculaire  fort  délicat,  au  lieu  de  s'avancer  sans 
rencontrer  de  résistance,  comme  la  racine  le  fait  dans  le  sol,  pénétre,  il 
est  vrai,  dans  les  bois  les  plus  durs,  mais  par  une  action  toute  spéciale, 
ramollissant  et  dissolvant,  au  point  de  contact,  les  tissus  qui  font  obstacle 
à  sa  marche; 

»  3°  Parce  que  les  plantes  à  suçoirs  sont  loin  d'avoir,  pour  le  choix  du 
substratum,  la  même  indépendance  que  les  plantes  à  racines. 

»  En  effet,  tandis  que  celles-ci  ne  forment,  à  ce  point  de  vue,  que  trois 
catégories  :  les  calcicoles,  les  silicicoles  ou  calcifuges  et  les  indifférentes, 
les  espèces  parasites  sont,  pour  un  grand  nombre  d'entre  elles,  limitées 
dans  leur  possibilité  de  vivre  à  une  seule  plante  nourricière  :  telles  sont 
les  Orobanches  du  Lierre,  du  Chanvre,  de  la  Mille-feuille,  de  l'Armoise 
champêtre,  àel'Eryngium,  du  Caille-lait,  la  Cuscute  du  Lin  et  celle  de  la 
Vigne,  le  Cylinus  des  Cistes,  le  Rafflesia  des  L'issus,  Y Hydnora  de  YEuphorbia 
obtusifolia,  espèces  qu'on  peut  comprendre  sous  les  noms  de  parasites 
monophyles  ou  imicolcs. 

»  Toutefois,  un  certain  nombre  d'autres  parasites  que  nous  appellerons 
polyphytes  ou  phincoles  ont,  relativement  aux  précédentes,  une  certaine 
indépendance  dans  le  choix  des  nourrices  :  tels  le  Gui,  qui  croît  sur  un 
grand  nombre  d'arbres  (de  Candolle  en  comptait  déjà  vingt-quatre  il  y  a 
soixante  ans);  le  Loranthus  europœus,  trouvé  sur  quatre  espèces  de  Chênes, 
le  Châtaignier  et  l'Oranger;  (elle  surtout  la  Cuscute  commune  (discuta 
Epylhymum),  cette  terrible  ennemie  des  Luzernes,  etc.,  que  de  Candolle 
a  vue  se  fixer,  par  suite  de  la  chute  d'une  charretée  de  Trèfle  cuscute  près 
la  porte  du  Jardin  botanique  de  M.  d'IIauteviile,  à  Vevey,  surdes  plantes 
appartenant  à  trente  familles  différentes! 

»  Sous  ce  rapport,  on  peut  faire  la  remarque  que  les  parasites  fixées 
sur  racines  ou radicicoles (Cylinus,  Orobanche,  Latlnœa,  Rafflesia,  etc.)  ne 
vivent  que  sur  une  seule  plante  ou  un  petit  nombre  d'espèces  ordinaire- 
ment voisines  entre  elles,  contrairement  aux  parasites  caulicoles  (Cuscute, 
Gui,  Loranthus),  lesquelles  prennent  avec  une  sorte  d'indifférence  les 
nourrices  les  plus  diverses. 

»  Cependant  les  espèces  de  cette  dernière  catégorie  ont  encore  des  pré- 
férences marquées  :  le  Gui  est  commun  sur  le  Pommier,  dont  il  va  jusqu'à 
atrophier  les  branches;  encore  assez  commun  sur  le  Peuplier  et  le  faux 
Acacia,  rare  sur  le  Poirier,  le  Chêne  et  l'Aubépine. 

»  Au  résumé,  de  tout  ceci  il  ressort  que,  s'il  faut  aux  espèces  parasites 
une  nourriture  déjà  élaborée  et  spéciale,  celles-ci  procèdent  à  une  élabo- 


(  M  ) 

ration  nouvelle  et  complémentaire,  déterminant  :  d'une  part,  la  transfor- 
mation de  certains  principes;  d'autre  part,  la  création  de  substances  nou- 
velles. 

»  Ce  pouvoir  d'élaboration,  varié  comme  en  témoignent  ses  produits, 
sera  d'autant  plus  remarqué,  surtout  dans  les  parasites  aphvlles  et 
arhizes  (Cvtinus,  Rqfflesia,  Baîanophora,  discuta,  etc.  )  que,  comme  je  l'ai 
constaté  pour  le  Cytinus  et  après  M.  •  Lory  pour  les  Orobanches,  ces 
végétaux  privés  de  fonctions  chlorophylliennes,  sont  réduits,  comme  les 
animaux,  à  la  faculté  de  former  de  l'acide  carbonique  aux  dépens  de  leur 
propre  carbone,  emprunté  tout  entier  à  Ja  sève  des  espèces  nourricières. 

»  L'action  des  parasites  aphylles  sur  l'atmosphère  ne  diffère  pas, 
d'ailleurs,  de  celle  des  fleurs,  bien  connue  depuis  Théodore  de  Saussure  ('), 
physiologiquement  véritables  parasites  appelant  à  elles,  pour  en  formel- 
les couleurs  les  plus  brillantes  et  les  arômes  les  plus  divers,  la  sève 
qu'elles  tirent  des  rameaux  feuilles  qui  les  portent.   » 

chimie   physiologique.  —  Sur  le  pouvoir  glycofyiique  du  sang 
chez  l'homme;  par  MM.  R.  LÉpine  et  Barrai,. 

k  On  sait  que  nous  appelons  pouvoir  glycolytique  du  sang  la  perte  pour 
iou  de  sucre  que  ce  sang  subit  s'il  est  maintenu  une  heure  dans  un  bain- 
marie  à  38°-3c)0  C.  Avant  eu  l'occasion  de  saigner  quelques  malades,  nous 
avons  pu  déterminer  le  pouvoir  glycolytique  de  leur  sang,  d'après  la  mé- 
thode que  nous  avons  précédemment  indiquée.  Voici  les  chiffres  obtenus  : 

Quantité  en  grammes 
de  sucre  pour  1000 

-™»- — mnm Perle  pour  ioo 

immédia-  après  Perle  (pouvoir 

lement.  une  heure  à   !a°.  absolue.         glycolytique). 

1er  pneumonique 1,20  0,78  0,42  35 

■i"  pneumonique i,o4  0.78  0,26  25 

Urémique 1,0  "-77  o,23  20 

Obèse 1,17  °>§9  0,28  24 

Ier  diabétique &J07  4>9  0,17  3,3 

2e  diabétique 4.5-'i  i>47  °)°7  1 ,6 

3e   diabétique .'!.'|^  3,23  0,25  7 

4°  diabétique 2,17  2,o5  0,12  5,5 

5e   diabétique 3,38  3,3  0,08  2,1 


(  '  )  L'é minent  naturaliste  dont  j'avais  l'honneur  d'inaugurer  naguère,  comme  délégué 
de  l'Académie -des  Sciences,  la  statue  à  Ghamonix. 


(  6o5  ) 

»  Les  cas  précédents  sont  tous  pathologiques;  mais,  si  l'on  tient  compte 
de  nos  résultats  antérieurs  avec  le  sang  de  chien  et  de  quelques-uns  des 
chiffres  précédents,  notamment  de  ceux  se  rapportant  aux  malades  uré- 
miqueet  obèse,  qui  certainement  ne  jouissaient  pas  d'un  pouvoir  glycoly- 
tique  normal,  on  peut  estimer  que,  chez  l'homme  sain,  ce  pouvoir  est 
notablement  supérieur  à  2.5. 

»  Cela  étant,  on  remarquera  qu'il  tombe  très  bas  chez  les  diabétiques 
(parfois  au-dessous  de  2).  On  notera  surtout  que  la  perte  absolue  est  très 
faible  chez  la  plupart  d'entre  eux.  Ce  fait  est  d'autant  plus  important 
qu'une  forte  proportion  de  sucre,  pour  une  même  quantité  de  ferment,  est 
une  condition  favorable  à  l'augmentation  de  la  perte  absolue,  ainsi  que 
le  démontrent  des  expériences  sur  lesquelles  nous  reviendrons  ultérieure- 
ment,   u 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  a  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix,  chargées  de  juger  les  Concours  de  l'année  1891. 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultais  suivants  : 

Prix  Savigny  (fonde  par  Mtle  Letvilier).  —  MM.  de  Quatrefages, 
A.  Milne-Edwards,  Blanchard,  de  Lacaze-Duthiers,  Grandidier  réunissent 
la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus 
de  voix  sont  MM.  Sappey  et  d'Abbadie. 

Prix  Da  Gaina  Mâcha  10.  —  MM.  A.  Milne-Edwards,  Blanchard,  de  Qua- 
trefages, de  Lacaze-Duthiers,  Ranvier  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 
Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Sappej 
et  Brown-Séquard. 

Prix  Monlyon  {Médecine  et  Chirurgie  ).  --  MM.  Bouchard,  Marev,  Ver- 
neuil,  Kichet,  Charcot,  Brown-Séquard,  Larrey,  Sappey,  Ranvier  réunis- 
sent la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le 
plus  de  voix  sont  MM.  Pasteur  et  Chauveau. 

Prix  Godard.  —  MM.  Bouchard,  Verneuil,  Brown-Séquard,  Bichet, 
Charcot  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux, 
ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Larrey  et  Sappey. 


(  606  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

M.  J.  Pakaire  adresse  une  Note  «  Sur  le  maximum  de  rendement  delà 
machine  à  vapeur  ». 

(Commissaires  :  MM.  Cornu,  Sarrau.) 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  planète  Millosevich  m'; ,  faites  à  l'  Obser- 
vatoire de  Paris  (Équalorial  de  la  tour  de  l'Est);  par  M"e  D.  Klumpke, 
présentées  par  M.  Mouchez. 


Etoiles 

Dates 

de 

1801.. 

comparaison. 

Grandeur 

aïs   i3.. . 

a 

8,2 

i3... 

b 

9'5 

17... 

c 

9>5 

Planète 

—  *. 

Nombre 
de 

M. 

48^61 
22,90 
11,67 

J3. 

-e^;  i 
4-5.42, 1 
4-3.2  1  ,0 

comparaisons 

3:4 
6:4 
6:4 

Positions  des  étoiles  de  comparaison. 

Asc.  droite 

*•.  moy.  1891,0. 

1 

b        ai       s 

a  =  2108  BD  4- 17°  =  5g5  W.     9.30.17,52 

6  =  2107  BD  4- 170 9.29.50,39     4-0, 83 

c  =  2101  BD  4-  170 9  27.45,13 

Positions  apparentes  de  la  planète. 


Réduction 

Réduction 

au 

Déclinaison 

au 

jour. 

moy.  i8gi,o. 

jour.     xVutorités. 

4-0, 83 

4-17.43.  4,2 

—0,7     Weisse 

4-o,83 

17.30.47,2 

— 0,7     Bap. à  a 

4-0,80 

17.32.45,9 

—o,5     BDt.VI 

Ascension 

Dates 

Temps  moyen 

droite 

Log.  fact. 

Déclinaison 

Log.  fact 

1891. 

de  Paris, 
h       m       s 

apparente. 

Il          m      s 

parall. 

apparente. 

parall. 

Mars   i3. .  . 

i4.3g.52 

9.29.29,74 

1,585 

4-17 . 36. 2  1 

1 

°>759 

i3... 

1 5. 26. 27 

9.29.28,32 

T ,  609 

17.36.28 

6 

0,784 

17... 

•      10.27.49 

9.27.34,36 

2,865 

17-36.    6 

4 

0,666 

»  Remarques.    —    La   planète  est  de  grandeur   12, 8-1 3.   Les   observa- 
tions ont  été  faites  par  angles  de  position  et  distances;  celle  du  i3  mars 


(  6o7  ) 

(i4h 39™)  présentait  plus  de  difficultés  que  les  deux  autres,  à  cause  de  la 
grande  distance  des  astres,  planète  et  étoile. 

»   L'étoile  b  a  été  rapportée  à  l'étoile  a  par  3:3  comparaisons  d'angle 
de  position  et  de  distance.  On  a  trouvé 

*  b  —  *  a,        a  R  =  —  27s,i3,        i(D  =  —  12'  17",  o.   » 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.   --  Sur  fa  théorie  des  surfaces  applicables. 
Extrait  d'une  Lettre  de  M.  J.  Weingarten  à  M.  Darboux. 

«  L'étude  de  vos  Leçons  sur  la  théorie  des  surfaces  me  conduit  à  vous 
présenter  une  remarque  que  j'ai  faite,  il  y  a  quelques  années,  concernant 
les  surfaces,  dont  le  carré  de  l'élément  linéaire  possède  la  forme 

ds2  =  du'-  -;-  (h  -f-  av )  dv"1, 

contenue  dans  les  équations  (27),  page  234  de  la  TIF  Partie  des  Leçons. 

»  En  déterminant  la  situation  d'un  point  P  d'une  surface  par  sa  distance 
à  l'origine  des  coordonnées  rectilignes  a-,  y,  z,  et  parla  longueur  de  la 
normale  abaissée  de  cette  origine  sur  le  plan  tangent  au  point  P,  c'est- 
à-dire  en  introduisant  les  paramètres 

<jr  =  -    — ■—-     —■>         p  =  xc -\-yc  +  zc  , 

et  conservant  vos  notations,  on  trouvera  les  relations 

,  ,  dx  ,  de  (lr        (1c        ,  ,    de 

(0  iîp-1   _p?^'      dj==dï  +  (?  +  ?)àj' 

et  les  quatre  analogues  qui  en  découlent  si  l'on  remplace  x,  c  par  y,  c  et 
z,  c".  les  lettres  p,  p'  désignent  les  rayons  de  courbure  principaux  de  la 
surface. 

»  Supposons  que  cette  surface  appartienne  à  la  famille  déterminée  par 
l'équation  aux  dérivées  partielles  du  second  ordre 

(>)  ^  -+-  <  ?  -^  P  )  7^77  "^  ??  d^  =  °' 

dans  laquelle  <p  représente  une  fonction  donnée  des  variables/),  q. 


»   Alors  je  ri is  que,  pour  tous  les  individus  do  cette  famille,  on  aura  les 
équations 


(3) 


i         i  ~  -\-  cd  ^  =    ':. 

0<7  0/' 

7   </C  ,       /  0  S                    7 

V<7   ,-'-  -)-  r  i7^4  =  <-/•/-, 


r/E,  r/rM  rf'C  étant  des  différentielles  exactes. 

»   En  effet,   donnons  à  de,  la  forme  ;,  ^  -+-  E2  r/17,  on  trouve,  en  faisant 
usage  des  équations  (1), 


dl        di.        Oc 


<)■ 


d1®  .    <r--, 

-~  -t-(?  +  p   ) 'r-  H-  ; 

Oij         dp        O'i  L'7'"  op  dq  <)'/- 


=  o, 


à  cause  de  l'équation  (  2),  supposée  remplie. 

»  Le  carré  de  l'élément  linéaire  des  surfaces  dont  les  points  Q  sont 
déterminés  par  les  coordonnées  ;,  -r\,  Z  correspondantes  aux  individus  tic 
l'ensemble  des  surfaces  définies  par  l'équation  (2)  sera  donné  par  la 
formule 

17,  ,     .,  ,y,,  (    ,  <?<o\2  7  ()'J      7da  (    1dl>\° 

dt-  -+-  drr  -H  dC-  =  2(7  \d-~)    H-  L'/)rf -—  r/  ■-  -  -+-    rf-^      , 
'\    dq)  '       dq      dp         \     dq) 

qui  démontre  que  toutes  ces  surfaces  sont  applicables  les  unes  sur  les 
autres,  au  moins  dans  celles  de  leurs  parties  qui  correspondent  au  même 
domaine  des  variables  p.  q. 

»    Déterminons  la  fonction  <p  par  l'équation 


(4) 


?=--P9-P*ï    -y- 


»   Le  carré  de  l'élément  linéaire  des  surfaces  (3)  correspondantes  de- 
viendra 

de2  +  drr  4-  r/'C"  =  27  dp-  4-  2/J  r//;  c/(  q  —  p/i  —  />=  )  4-  [d(q  —  fi/j  -  p1  )  |2 


(iq-p"-)dp- 


7  -  P/>  -  Ç 


»   La  substitution 


=  .'/ 


P/»  H"  Ç 


lui  donne  la  forme 

r/r2  +  ^/r.5  +  f/i:2  =  r///2  4-  a  («-H  Vp)dp*, 


(  6d9  ) 
laquelle,  après  la  substitution 

p  —  -^  ;         p  =  a  N/a , 
\  -' 

ne  diffère  plus  de  la  vôtre  ci-dessus  mentionnée. 

»   Du  reste,  toute  la  famille  de  surfaces  définie  par  l'équation 

?  -+-  ?'  =  -/'  ■+■  ? 

doit  être  regardée  comme  connue.  Car  cette  équation  a"x  différences  par- 
tielles s'intègre  aisément.  Dans  le  cas  où  (3  =  o,  cette  famille  coïncide  avec 
celle  qui  a  été  étudiée  par  M.  Appell.  Les  surfaces  (3)  relatives  à  ce  cas 
sont  les  surfaces  des  centres  de  courbure  des  surfaces  minima  que  j'ai  si- 
gnalées depuis  trente  ans. 

»  Mais,  dans  le  cas  où  (3  ne  s'évanouit  pas,  en  rejetant  un  facteur  con- 
stant de  l'élément  linéaire  on  peut  faire  p  =  i.  L'équation 

ils'-  =  du2  ■+■  2 (m  -I-  v )  dv1 

se  change  par  une  simple  transformation  en 

ds-  =  l1  dr  +- (J2  —  i)dl-  —  dl-  +  dr?  -f-  ^'C2- 

»  En  conséquence,  la  famille  de  surfaces  applicable  sur  la  surface  de 
révolution 

X  =  a/cos     ,         Y  =  y-l  sin     ,         Z  =•  /  Jt~  —  a?  -^  i  f// 

7.  X  t/     * 

est  déterminable  par  quadratures. 

»  Par  un  théorème  que  j'ai  donné,  il  y  a  trente  ans,  dans  le  Journal  de 
Creile,  il  est  aisé  de  voir  que  l'on  déterminera  aussi  par  des  quadratures 
les  surfaces  vérifiant  l'équation 

a(p'— p)=s(2P  +  2?')> 

eG  _  e-C. 

S(G)  désignant  la  quantité 

»  Introduisant  les  paramètres  des  lignes  de  courbure  de  ces  dernières 
surfaces,  on  donnera  de  la  manière  la  plus  générale  au  carré  de  l'élément 
linéaire  de  la  sphère  de  rayon  i  la  forme 

,  .,  '/il'  f/''2 

as2  = 1 7— 

C.  R.,   1891,  1»  Semestre.  (T.  CXU,  N°  12.)  OO 


(  6io  ) 
S  et  C  désignant  les  sinus  et  cosinus  hyperboliques.  Ces  relations  se  rat- 
tachent d'une  manière  curieuse  à  celles  que  j'ai  données  autrefois.  » 

MÉCANIQUE  MOLÉCULAIRE.  —  Des  déformations  que  présente  après  l irnbibi- 
tion  un  système  formé  par  la  supeiposition  de  deux  lames  hygroscopiques, 
minces  et  homogènes,  à  propriétés  différentes.  Note  de  M.  J.  Verschaffelt. 

«  La  dilatation  que  subit  une  lame  mince  homogène,  par  suite  de  l'im- 
bibition,  peut  être  la  même  dans  toutes  les  directions,  et,  dans  ce  cas,  la 
lame  est  dite  isotrope;  ou  bien  la  dilatation  est  inégale,  et  alors  la  lame  est 
anisotrope.  Les  mêmes  cas  peuvent  se  présenter  pour  une  contraction  due 
à  la  dessiccation;  nous  considérerons  une  contraction  comme  une  dilata- 
tion à  coefficient  négatif. 

»  Lorsqu'une  lame  mince  anisotrope  se  dilate,  on  observe  toujours  qu'il 
y  a  dans  son  plan  deux  directions  perpendiculaires  entre  elles,  telles  que 
la  dilatation  est  maxima  suivant  une  de  ces  directions,  et  minima  suivant 
l'autre;  la  dilatation  totale  d'une  telle  lame  peut  être  considérée  comme 
la  résultante  de  deux  dilatations  anisolropes  simples,  dont  les  directions 
sont  celles  des  dilatations  maxima  et  minima  ;  j'appelle  dilatation  anisotrope. 
simple  une  dilatation  qui  consiste  en  ce  que,  dans  le  système,  toutes  les 
lignes  parallèles  à  une  certaine  direction  ne  subissent  aucun  allongement 
et  s'écartent  les  unes  des  autres  d'une  quantité  proportionnelle  à  la  distance 
qui  les  sépare. 

»  On  peut  démontrer  le  théorème  suivant  :  Tout  système  de  dilatations 
anisotropes  simples  et  isotropes  se  compose  en  un  système  de  deux  dilatations 
anisolropes  simples,  perpendiculaires  entre  elles.  Ce  théorème  s'applique 
aussi  bien  à  des  dilatations  à  coefficient  négatif  qu'à  des  dilatations  à  coef- 
ficient positif. 

»  Ces  généralités  permettent  de  trouver  toutes  les  formes  que  peut 
affecter,  après  l'imbibition  (ou  la  dessiccation),  le  système  en  question. 
Remarquons  d'abord  que  la  déformation  produite  par  la  dilatation  d'une 
des  lames  est  la  même  que  celle  à  laquelle  donnerait  lieu  une  contraction 
équivalente  de  l'autre.  Cette  remarque  nous  permet  de  considérer  une  des 
lames  comme  seule  active;  et  si  au  système  de  dilatations  théoriques  et 
réelles,  subies  par  celle-ci,  on  applique  le  théorème  énoncé  plus  haut, 
on  voit  qu'on  peut  considérer  cette  lame  comme  subissant  théoriquement 
deux  dilatations  anisotropes  simples,  perpendiculaires  entre  elles;  l'autre 
lame  est  considérée  comme  inerte. 


(  6.i   ) 

»  On  peut  faire  voir  que  chacune  de  ces  dilatations  tend  à  produire  une 
déformation  cylindrique  du  système,  qui,  par  la  combinaison  de  ces  deux 
actions,  se  courbe  dans  les  deux  directions  de  ces  dilatations,  en  présentant 
dans  chacune  de  ces  directions  une  courbure  proportionnelle  à  la  dilata- 
tion correspondante. 

»  D'après  cela,  on  peut  classer  toutes  les  formes  que  peut  affecter  le 
système  en  deux  groupes  :  au  premier  se  rattachent  toutes  les  formes  pré- 
sentant des  courbures  principales  de  même  signe;  on  les  obtient  lorsque 
les  deux  dilatations  ont  le  même  signe;  au  second  se  rattachent  toutes  les 
formes  présentant  des  courbures  principales  de  signe  contraire;  dans  ce 
cas,  les  dilatations  ont  un  signe  différent.  Le  cylindre,  qui  correspond  au 
cas  où  une  des  dilatations  est  nulle,  peut  être  considéré  comme  une  forme 
de  transition,  et  la  sphère  (deux  dilatations  égales  et  de  même  signe)  est 
un  cas  particulier  du  premier  groupe. 

»  Pour  obtenir  ces  diverses  formes,  j'ai  soumis  à  l'imbibition  des  figures 
(carrés,  cercles,  etc.)  découpées  dans  une  lame  formée  de  deux  feuilles 
de  papier  collées  l'une  sur  l'autre,  au  moyen  de  gélatine  ou  d'une  solu- 
tion de  caoutchouc  dans  la  benzine.  Le  papier  est  anisotrope,  et  les 
coefficients  de  dilatation  maxima  et  minima  varient  d'une  espèce  à  l'autre. 
On  conçoit  que,  par  des  combinaisons  convenables  de  feuilles  à  coeffi- 
cients connus,  il  soit  possible  de  donner  aux  dilatations  théoriques  d'une 
de  ces  feuilles  les  valeurs  nécessaires  pour  obtenir  une  forme  déterminée. 
Toutefois,  je  n'ai  pu  réaliser  le  cylindre  et  la  sphère  que  d'une  manière 
approchée. 

»  On  peut  également  obtenir  ces  formes  par  la  dessiccation,  et  alors  elles 
ont  l'avantage  de  pouvoir  être  conservées.  » 


CHIMIE.  —  Sur  l'action  de  l'acide  iodhydrique  sur  le  chlorure  de  silicium. 
Note  de  M.  A.  Bessox,  présentée  par  M.  Troosl. 

«  L'acide  iodhydrique  sec  est  sans  action  sur  le  chlorure  de  silicium  à  la 
température  ordinaire;  mais,  à  température  élevée,  on  obtient  des  produits 
de  substitution  partielle,  grâce  à  la  différence  de  chaleur  de  formation  de 
l'acide  chlorhydrique  résultant  et  de  l'acide  iodhydrique  employé  et  de  la 
dissociation  partielle  de  ce  dernier  à  cette  température. 

»  La  théorie  permet  de  prévoir  l'existence  de  trois  chloroiodures  de  Si  : 
Si2 Cl3 1,  Si2Cl2P,  Si2Cll3;  les  deux   premiers  ont  été  obtenus  par  cette 


(    6l3    ) 

méthode  à  l'état  de  pureté;  le  dernier,  en  très  petite  quantité,  n'a  pu  être 
isolé  complètement  pur  ;  enfin  le  dernier  terme  de  l'ioduration  Sri4  n'a 
pas  été  atteint. 

»  On  dirige,  à  travers  un  tube  de  verre  vert  chauffé  au  rouge,  un  cou- 
rant de  gaz  iodhydriqne  sec  entraînant  des  vapeurs  de  chlorure  de  Si  ; 
pour  qu'il  y  ait  réaction  sensible,  il  faut  que  le  courant  gazeux  soit  rapide 
et  la  température  élevée  et,  malgré  ces  conditions  optima  et  en  présence 
d'un  excès  de  HI,  la  quantité  de  chlorure  de  Si,  qui  a  réagi  après  un  pre- 
mier passage,  ne  dépasse  pas  ~;  on  recommence  la  même  opération  à 
plusieurs  reprises  avec  les  parties  les  plus  volatiles  formées  de  chlorure 
de  Si  et,  finalement,  le  liquide  fortement  coloré  par  de  l'iode  est  mis  à 
digérer  avec  du  mercure  pour  détruire  l'iode  libre,  puis  soumis  à  une  série 
de  distillations  fractionnées  qui  ont  permis  d'en  séparer  : 

»  i°  Un  liquide  incolore  distillant  de  i  i3°-i  i4°,  ne  se  solidifiant  pas  à 
—  Go°,  qui  correspond  à  la  composition  de  Si^CPl,  comme  le  vérifient  les 
analyses  suivantes  : 

Poids  Cl 

delà  S  I 

substance.  pour  ioo.  Pour  3AgCI  -H  Agi. 

Pour  ioo. 

o,648 253)77  j  j01;     fc>®  \  z  88,68 

0,718 25i,82  j?1-     S'3?  | 


Poids 

delà 

substance. 

Si 
pour ioo 

0,818  

io,6i 

i       i  I 

Théorie  pour 
Si!Cl3I... 

10,70 

I..  48,23  J 

Cl.  4o,3o 

I..  48, o5 

Théorie  pour  _.  , 

Si*CPI...     254,49  jT.;  H%  \     2  =  89,28 

»  Ce  chloroiodure  s'obtient  encore  dans  l'action  de  l'iode  sur  le  silici- 
chloroforme  en  tube  scellé  à  2oo°-20o°  avec  départ  de  HI  : 

Si2HCP  -+-  2I  =  Si2Cl3I+  HI. 

»  Ce  liquide  se  colore  rapidement  à  l'air  par  mise  en  liberté  d'iode  ;  la 
lumière  active  cette  décomposition,  mais  ne  suffit  pas  à  la  produire,  car 
si  l'on  expose  à  la  lumière  solaire  le  chloroiodure  en  tube  scellé  avec  un 
peu  de  mercure,  cpii  permet  de  détruire  l'iode  mis  en  liberté  par  l'agi- 
tation, on  constate  qu'au  bout  de  peu  de  temps  la  décomposition  cesse 
quand  tout  l'air  du  tube  a  été  détruit.  Il  fume  à  l'air,  décomposable  par 
l'eau. 

»  Ce  chloroiodure  se  combine  directement  avec  le  gaz  ammoniac  el  donne 


(  G. 3  ) 
unecombinaison  présentant  la  composition  2  Si2CPl,  1 1  AzH3  ;  corps  solide 
blanc  amorphe  décomposable  par  l'eau  avec  production  d'une  liqueur 
légèrement  alcaline.  Il  ne  donne  pas  de  combinaison  avec  PU1,  même 
sous  l'action  simultanée  du  froid  et  de  la  pression  ;  si  l'on  comprime  dans 
le  tube  Cailletet  PH\  en  présence  d'une  petite  quantité  de  Si2Cl3I,  on 
voit  deux  couches  liquides  distinctes  qui  persistent  même  quand  on  re- 
froidit à  —  22°. 

»  2"  Un  liquide  qui  se  colore  rapidement  par  mise  en  liberté  d'iode 
qui  distille  à  17a0  et  ne  se  solidifie  pas  à  —  6o°;  sa  composition  correspond 
à  Si2Cl2I2. 

Poids  Poids  CI 

delà  Si  delà  gI 

substance.  pour substance.  pour  100.  Pour  sAgCl  -+- 1  Agi. 

Pour  100, 

0,843 8,52         0,534 2i2,,,*      if1;  ll\f2\  —92,4s 

o,955 7,42  0,678 2,4,60  jjL     jllU]     S  =  93,21 

Théorie  pour  Théorie  pour  [  fl        a  ) 

Si'Cl'F...       7.93  Si2Cl2F...     224,64  ,    '         '   -        2  =  92,06 

f    1  .  .       7  I  ,  9,J    ; 

»  Ce  second  chloroiodure  se  trouve  en  petite  quantité  dans  le  produit 
de  la  réaction  précédente  ;  on  en  obtient  aussi  en  chauffant  le  premier 
chloroiodure  Si2Cl3I  en  présence  de  HI  sous  pression;  à  cet  effet,  on  le 
sature  de  ce  gaz  à  —  220,  température  à  laquelle  il  en  dissout  de  grandes 
quantités,  on  scelle  le  tube  et  on  le  chauffe  pendant  vingt-quatre  heures 
à  2  5o°. 

»  Il  fume  à  l'air,  décomposable  par  l'eau  ;  sa  vapeur  est  combustible 
avec  mise  en  liberté  d'iode. 

»  Il  se  combine  directement  avec  AzH3  et,  pour  éviter  une  trop  forte 
élévation  de  température,  il  est  utile  de  prendre  un  dissolvant,  le  tétra- 
chlorure de  carbone  par  exemple  ;  la  combinaison  présente  la  composition 

Si2Cl2I2,  5AzH\ 

corps  solide  blanc  amorphe  décomposable  par  l'eau. 

»  3°  Quelques  gouttes  d'un  liquide  distillant  vers  2200,  dont  la  compo- 
sition se  rapproche  de  Si2ClI3  ;  il  se  solidifie  à  basse  température  en  pré- 
sentant une  surfusion  marquée  que  l'on  fait  cesser  par  l'agitation  ;  le 
corps  solide  blanc  obtenu  fond  vers  —  3o°. 


(  M  ) 

»  Liquide  incolore  fumant  à  l'air,  se  colore  rapidement  en  rouge;  sa 
Aapeur  est  combustible,  donne  une  combinaison  avec  le  gaz  ammoniac.    » 

CHIMIE.  —  Transformation  du  pyrophosphitc  de  soude  en  phosphite. 
Note  de  M.  L.  Amat,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Dans  une  Note  précédente  (  '  ),  on  a  montré  que  les  acides  accélèrent 
considérablement  la  transformation  du  pyrophosphite  de  soude  en  phos- 
phite. 

»  Influence  de  la  dilution.  —  Dans  chaque  expérience  on  a  opéré  sur  20cc  d'une 
dissolution  contenant  92s1', 6  de  pyrophosphite  de  soude  par  litre;  à  ces  2occ  on  a 
ajouté  io«  d'acide  sulfurique  équivalant  à  10^,7  de  soude  à  omol,44i5  par  litre,  puis 
de  l'eau,  de  manière  à  faire  un  volume  total  V  : 

Température 2I° 

Durée  de  l'expérience ih 

<p  _j_, 0,7  =  volume  de  soude  (omol,44i5)  Pour  atteindre  la  neutralité  à  la  phtaléine 

/  —  44",  o,         ç„=2",i5. 

\.  .;.  I  —  o.      log- — £°  =  Kloge. 

/  —  ? 

ce  cc  cc 

3o  33,55  io,45  o , 6o3 

5o 3o,5  i3,5  0,491 

60 29,o5  14,95  o,447 

80 26,9  17,1  0,389 

120 26,8  17,2  o,386 

»  Ces  expériences  montrent  donc  que  :  i°  la  transformation  est  d'autant 
plus  rapide  que  les  dissolutions  sont  plus  concentrées;  i°  la  dilution  prend 
une  influence  de  moins  en  moins  grande  à  mesure  que  les  liqueurs  sont 
plus  étendues. 

»  Influence  de  la  quantité  d'acide.  —  Dans  chaque  expérience  on  a  opéré  sur 
20cc  d'une  dilution  contenant  g5sr  de  pyrophosphite  de  soude  par  litre;  à  ces  20cc  on  a 
ajouté  un  volume  v  d'acide  sufurique  à  2V  de  molécule  par  litre,  puis  de  l'eau  de  ma- 
nière à  obtenir  un  volume  total  toujours  égal  à  6occ  : 

Température 1 4°, 2 

/  =  limite  de  <p 36cc,  1 

<?o 'c°>6 

Durée  de  l'expérience 7'1 40'" 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  527. 


(  6i5  ) 

Soude  totale  ,       / — '9.  1  .      / —  ? 

(o-.584).         f-         losr=r     -,,og7^- 

ce  ce  ce 

2,5 6,7  6,25  o,o63  0,0264 

5 ii,25  io,35  0,127  0,0261 

10 19,3  17,5  0,268  0,0268 

20 29,3  25,75  o.523  0,0254 

4o 4o,2  33,i  i,o55  0,0202 

»  La  dernière  colonne  du  Tableau  précédent  montre  que   -  log  .— 

est  une  constante  et  que,  par  suite,  les  dissolutions  étant  assez  étendues 
pour  que  la  dilution  ait  peu  d'influence,  la  vitesse  de  transformation  est 
proportionnelle  à  la  quantité  d'acide. 

»  Influence  de  la  nature  de  l'acide.  —  Dans  chaque  expérience  on  a  opéré  sui-20cc 
d'une  dissolution  contenant  93sr,4de  pyrophosphite  par  litre;  à  ces  2occon  a  ajouté  5occ 
d'une  dissolution  acide  (acide  sulfurique,  azotique,  etc.).  Ces  5occ  d'acide  étaient  neu- 
tralisés, vis-à-vis  de  la  phtaléine,  par  8cr,9  de  soude  à  omol,564  par  litre. 

Température i8°,5 

Durée  de  l'expérience  ....        ih 

<?o=icc,7- 
/  =  limite  de  œ  —  34cc,  9 

/  —  » 
Soude  totale.  a.  —  o.     log, &=klnge 

ce  ce  ce 

Acide  chlorhvdrique  ...  .  33, o  >4-'  10>8  o,4g 

Acide  azotique 32,9  24,0  10,9  o,48 

Acide  sulfurique 3o.7<  21, 85  i3,o5  o,4i 

Acide  phosphoreux  (l).  .  38,4  2<>>6  i4>3  °>37 

Acide  acétique ii,4  2,6  32,3  0,01 

»  Les  acides  qui  ont  servi  à  ces  expériences  doivent  donc  se  placer,  au 
point  de  vue  de  leur  action  sur  le  pyrophosphite  de  soude,  dans  l'ordre 
suivant  : 

1»  Acide  chlorhvdrique  j   ^  c  rlenl  sensibiement  de  la  même  manière. 

2°  Acide  azotique  ) 

3°  Acide  sulfurique. 

4°  Acide  phosphoreux. 

5°  Acide  acétique,  ce  dernier  acide  agissant  le  moins  énergiquement. 


(')  A  cause  des  propriétés  particulières  de  l'acide  phosphoreux  vis-à-vis  de  la  phta- 
léine, la  soucie  totale  a  dû  être  diminuée  de  2  x  8,9  =  17,8. 


(616  ) 

»  Action  des  alcalis  sur  le  pyrophosphite  de  soude  {liqueur  alcaline  à  la 
phtalèine).  —  Cette  action  est  soumise  à  des  lois  semblables  à  celles  que 
nous  avons  rencontrées. 

»  Si  l'on  admet  que  la  vitesse  de  transformation  est  à  chaque  instant 
proportionnelle  :  i°  à  la  quantité  de  pyrophosphite;  2°  à  la  quantité  de 

soude  libre,  on  trouve  que  -  los  P r->  doit  être  une  constante.  Dans 

1       x      8  (<y  -\-a)h 

cette  formule  q  représente  la  quantité  de  soude  libre;  h  la  valeur  de  q  au 
commencement  de  l'expérience;  ce  le  temps;  a  la  quantité  de  soude  ca- 
pable de  transformer  en  phosphite  neutre  le  pyrophosphite  restant  lors- 
que q  =  o. 

»  Dans  chaque  expérience  on  a  opéré  sur  5occ  d'une  dissolution  contenant  1  isr,  ia 
de  pyrophosphite  par  litre.  A  ces  5occ  on  ajoule  iocc  de  soude  à  omol,564  par  litre. 

Température.  ,.   18°. 

a ûrc,3 

h 9CC,5 

x  i  q{h  +  a) 

eu  minutes.  x  {q  +  a)h 

ce 

o 9,5  » 

5 4 ,25  0,024 

9,5 2;95  0,023 

i5 1  ,t)  o,o25 

20 i,5  0,025 

3o .  1,0  0,026 

4o 0,8  0,024 

80 0 .  '1  0,022 

»  Les  nombres  de  la  dernière  colonne  du  Tableau  précédent  sont  sen- 
siblement les  mêmes;  ce  qui  démontre  que  la  vitesse  de  transformation 
est  à  chaque  instant  proportionnelle,  non  seulement  à  la  quantité  de  py- 
rophosphite qui  se  trouve  dans  la  dissolution,  mais  encore  à  la  quantité  de 
soude  qui  provoque  cette  transformation.  » 


CHIMIE    MINÉRALE.   —  Sur  les  sels  bromoazotés   du  platine   (').   Note   de 
M.  M.  Yèzes,  présenlée  par  M.  Troosl. 

«    I.   Lorsqu'on  fait  agir  le  brome  sur  une  solution  concentrée  de  plato- 
nitrite  de  potassium,  en  chauffant  très  légèrement  pour  activer  la  réaction, 


(  ')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  de  l'École  Normale  supérieure. 


(  6i7  ) 
on  obtient  un  dépôt  abondant  d'une  poudre  cristalline  jaune  vif.  L'examen 
microscopique  de  cette  poudre  montre  qu'elle  est  constituée  par  de  petits 
cristaux  prismatiques  jaunes,  agissant  fortement  sur  la  lumière  polarisée. 
»  D'après  l'analyse  elle  renferme,  pour  i  atome  de  platine,  2  atomes 
de  potassium,  2  de  brome  et  4  d'azote.  Du  reste,  sa  formation  n'est  accom- 
pagnée d'aucun  dégagement  gazeux,  et  elle  ne  perd  rien  à  ioo°-no°.  On 
est  donc  conduit  à  admettre  pour  ce  composé  la  formule 

Pt.4AzÔ2.K2.Br2, 

que  justifient  d'ailleurs  pleinement  les  nombres  trouvés.  Ce  corps  est  donc 
un  produit  d'addition  du  platonitrite  Pi.  '|Az02.K2,  et  il  semble  naturel 
de  lui  donner  le  nom  de  platibromonitnte  de  potassium. 

»  Ce  sel  est  très  peu  soluble  dans  l'eau  froide,  assez  soluble  dans  l'eau 
chaude.  Par  refroidissement,  sa  solution  saturée  à  chaud  l'abandonne  en 
beaux  cristaux  jaune  orangé,  pourvu  qu'elle  n'ait  pas  été  maintenue  trop 
longtemps  à  une  température  voisine  de  8o°. 

»  II.  Si  en  effet  on  fait  subira  cette  solution,  ou  à  l'eau-mère  de  la  pré- 
paration du  sel,  une  longue  digestion  au  voisinage  de  cette  température, 
on  constate  un  dégagement  de  vapeurs  nitreuses,  et  la  liqueur  passe  du 
jaune  ou  du  jaune  orangé  au  rouge  vif.  Concentrée  à  une  douce  chaleur 
ou  dans  le  vide  sec,  elle  laisse  alors  déposer  une  nouvelle  combinaison 
sous  forme  de  beaux  cristaux  rouges,  lixaminé  au  microscope,  ce  corps 
se  distingue  du  bromoplatinate  de  potassium,  avec  lequel  sa  couleur  per- 
mettra de  le  confondre,  de  même  que  sa  forme  prismatique  ou  tabulaire 
et  son  action  sur  la  lumière  polarisée. 

»  Ces  cristaux  restent  inaltérés  à  ioo"-i  10".  [j'analyse  conduit  à  leur 
assigner  la  formule 

Pt.Br'.AzO.a  V/.O'.K-. 

Les  dosages  du  platine,  du  potassium,  de  l'azote  donnent,  en  effet,  des 
nombres  qui  sont  en  parfait  accord  avec  cette  formule;  quant  au  brome, 
il  n'a  pu  jusqu'ici  être  dosé  avec  certitude,  sa  détermination  présentant 
des  difficultés  toutes  particulières,  sans  doute  à  cause  de  son  association 
avec  l'acide  azoteux. 

»  Ce  sel  (platibromonitrosonitrite  de  polassium)  est  beaucoup  plus 
soluble  dans  l'eau  que  le  platibromonitrite,  surtout  à  chaud.  Mais,  comme 
lui,  il  est  détruit  par  une  digestion  trop  prolongée  au  voisinage  de  l'ébul- 
lition;  il  se  produit  alors  un  nouveau  dégagement  de  vapeurs  nitreuses, 

C.  H.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  12.)  8l 


(  6i8  ) 

et  la  liqueur  laisse  déposer,  par  refroidissement,  des  octaèdres  réguliers 
rouge  foncé,  à  reflets  bleuâtres,  de  bromoplatinate  de  potassium. 

»  III.  Dans  la  préparation  des  deux  sels  que  je  viens  de  décrire,  on 
peut  remplacer  le  brome  par  l'acide  bromhydrique;  mais  la  réaction  est 
alors  plus  difficile  à  régler.  Si  l'on  fait  passer,  en  effet,  dans  une  solution 
concentrée  de  platonitrite  de  potassium,  un  courant  lent  de  gaz  bromhy- 
drique, la  liqueur,  d'abord  jaune  pâle,  passe  à  l'orangé,  puis  au  vert. 
Bientôt  se  dégagent  des  vapeurs  nitreuses,  en  même  temps  qu'il  se  forme 
un  dépôt  jaune  de  platibromonitrite.  Ce  dépôt  contient  déjà  quelques 
cristaux  rouges  de  platibromonitrosonitrite,  et,  à  mesure  que  la  réaction 
se  prolonge,  la  proportion  du  sel  rouge  formé  va  en  augmentant.  Cette 
méthode  donne  donc  un  mélange  des  deux  sels;  mais  on  peut,  par  des 
lavages  à  l'eau  chaude,  séparer  la  totalité  du  sel  rouge  tout  en  ne  dissol- 
vant qu'une  faible  proportion  de  sel  jaune. 

»  IV.  On  voit  donc  que  l'action,  soit  du  brome,  soit  de  l'acide  bromhy- 
drique, sur  le  platonitrite  de  potassium,  ne  produit  sa  transformation  com- 
plète en  bromoplatinate,  avec  élimination  totale  de  l'azote,  qu'après  avoir 
donné  naissance  à  des  produits  bromoazolés  intermédiaires.  Inversement, 
si  l'on  chauffe  avec  un  excès  d'azotite  de  potassium  une  solution  de  bro- 
moplatinate ou  de  l'un  des  sels  bromoazotés,  on  élimine  la  totalité  du 
brome,  et  la  liqueur  décolorée  donne,  par  refroidissement,  une  cristalli- 
sation de  platonitrite.  La  série  des  sels  bromoazotés  est  constituée  de  la 
façon  suivante  : 

Platonitrite Pt.4AzO-.k2, 

Platibronionitrite Pt.4  Az02.K2.Br2, 

Platibromonitrosonitrite.  .  .  .  Pt.Br3. AzO.2 Az02.K2, 

Bromoplatinate Pt  Br4 .  K2  Br2. 

»  Je  n'ai  pu  réussir  jusqu'ici  à  préparer  le  bromoplatinate  nitrosé 
Pt.Br3.  AzO.K2Br2,  analogue  au  chloroplatinate  nitrosé  Pt. Cl3. AzO.K2Cl-, 
que  j'ai  décrit  antérieurement  (Comptes  rendus,  t.  CX,  p.  757). 

»  Rapprochons  de  cette  série  de  sels  bromoazotés  celle  des  composés 
chloroazotés  intermédiaires  entre  le  platonitrite  et  le  chloroplatinate  :  elle 
comprend,  outre  le  chloroplatinate  nitrosé,  facile  à  obtenir  à  l'état  de  pu- 
reté par  le  platonitrite  et  le  gaz  chlorhydrique;  le  platichloronitrite 
Pt.4AzO-.K2.Cl2,  analogue  au  platibromonitrite,  comme  lui  déjà  signalé 
par  Blomstrand  (Journal  fur  praktische  Cliemie,  (2),  t.  III,  p.  214),  et  dont 
j'ai  vérifié  la  composition  par  plusieurs  analyses  concordantes.  Quanta  la 


(  6ig  ) 
série  iodoazotée  correspondante,  elle  ne  comprend  encore  qu'un  seul 
terme  bien  connu,  le  platoiodonitrite  Pt.2 Az02.K2.I2  décrit  par  Nilson 
(Journal  fur  praktisehe  Chemie,  (2),  t.  XXI,  p.  172).  On  voit  donc  qu'en 
désignant  par  X  l'atome  d'un  élément  halogène  quelconque,  les  composés 
actuellement  connus  qui  servent  d'intermédiaires  entre  le  platonitrite  et  le 
sel  haloïdc  saturé  constituent  la  série  suivante  : 

Pt.4Az02.K2, 

Pt.4Az02.R2.X2, 

Pt.2Az02.R2.X2, 

Pt.X3.Az0.2Az02.K-, 

Pt.X3.AzO.K2X2, 

PtX4.K2X2, 

série  dont  certains  termes  peuvent  taire  défaut  dans  l'une  ou  l'autre  des 
trois  séries  chlorée,  bromée  ou  iodée.  » 


MÉCANIQUE  CHIMIQUE.  -     Sur  la  désagrégation  par  l'eau  de  sels  neutres 
d'aminés  de  la  série  grasse.  Note  de  M.  Albert  Colson. 

«  Un  sel  formé  d'une  base  forte  et  d'un  acide  faible,  ou  inversement,  se 
dissocie  dès  qu'on  le  met  au  contact  de  l'eau.  M.  Berthelot,  qui  a  établi  ce 
fait,  en  a  aussi  déterminé  les  lois  :  il  a  constaté  que  la  dissociation  de  ces 
sels  varie  avec  la  température,  la  concentration  des  liqueurs  et  la  présence 
d'un  excès  d'acide  ou  d'un  excès  de  base,  et  montré  que  ce  genre  de  dis- 
sociation doit  être  rapproché  des  réactions  limitées  telles  que  l'éthérifica- 
tion.  Je  vais  établir  expérimentalement  que  des  sels  constitués  par  la  com- 
binaison d'un  acide  fort  avec  une  base  forte  se  comportent,  au  contact  de 
l'eau,  comme  les  sels  étudiés  par  M.  Berthelot.  Je  comparerai,  en  outre,  à 
son  origine,  la  désagrégation  par  l'eau  de  deux  bases  de  même  ordre. 

»  .l'admets  avec  ce  savant  que,  si  un  chlorhydrate  d'aminé  est  dissocié 
par  l'eau,  l'acide  devenu  libre  formera  une  combinaison  stable  avec  l'eau, 
tandis  que  l'aminé  libre,  au  moins  pour  la  portion  exempte  d'affinité  chi- 
mique à  l'égard  du  liquide,  tendra  à  se  dissoudre  à  la  façon  d'un  gaz  et 
possédera,  par  conséquent,  une  tension  fixe  à  une  température  donnée. 
En  faisant  barboter  lentement  de  l'air  dans  la  solution,  cet  air  saturé  de 
vapeur  d'eau  formera  un  volume  gazeux  où  l'aminé  possédera  une  tension 


(    C)20    ) 

proportionnelle  à  sa  tension  dans  le  liquide.  Comme  contrôle  de  cette 
première  série  d'essai,  j'ai  utilisé  un  fait  connu,  la  décomposition  des  sels 
d'aminés  par  concentration. 

»  J'ai  comparé  les  chlorhydrates  de  diisobutylamine  et  de  triéthylamine, 
bases  de  même  ordre,  dont  la  dissolution  dans  l'eau  est  accompagnée  d'un 
grand  dégagement  de  chaleur  et  qui  sont  plus  solubles  à  froid  qu'à 
chaud  (').  Des  solutions  chlorhydriques  neutres  de  ces  bases,  renfermant 
une  molécule  par  litre,  sont  placées  dans  des  appareils  identiques.  L'as- 
piration d'air,  étant  réglée  de  la  même  façon  à  ^  près,  permet  de  faire  passer 
7lir  d'air  en  six  heures.  Au  bout  de  ce  temps,  on  dose,  par  liqueur  titrée, 
l'acidité  de  la  dissolution  finale.  On  trouve  que,  à  10 

Le  chlorhydrate  fie  diisobutylamine  a  perdu 2Ddlv 

»  triéthylamine  »        i3div 

»  En  valeur  absolue  (2)  ces  nombres  correspondent  à  une  tension  de 
vapeur  de  ^  et  j^. 

;>  Comme  contrôle,  j'ai  évaporé  des  solutions  identiques,  de  façon 
qu'elles  perdent  le  même  volume  d'eau  dans  le  même  temps.  J'ai  trouvé, 
comme  perte  en  alcali. 

Deuxième  expérience. 

Pour  le  chlorhydrate  de  dibutylamine ioo  ioo 

»  triéthylamine 4°  7° 

m  On  voit  que  les  valeurs  relatives  sont  sensiblement  celles  qui  ont  été 
trouvées  dans  la  précédente  expérience. 

»  Influence  de  la  température.  —  Dans  des  solutions  à  i  molécule  par 
litre  maintenues  pendant  six  heures  entre  56°  et  58°,  j'ai  fait  barboter  des 
quantités  d'air  sensiblement  égales  : 


Le  sel  de  diisobutylamine  a  perdu. 


-div 


/ 


»         triéthylamine  a  perdu 3dlv 

»   Les  tensions  sont  moindres,  mais  sensibles,  et  leur  rapport  est  encore 
voisin  de  2. 

i   Influence  de  la  concentration .  —  Faisons  barboter  une  même  quantité 


(')  D'après  M.  Le  Chatelier,  les  deux  phénomènes  sont  corrélatifs  (Annales  des 
Mines,  i888).  La  moindre  élévation  de  température  trouille  la  solution  de  dibutyla- 
mine. 

('-)  Ces  nombres  ont  été  trouvés  en  taisant  usage  des  barboteurs  en  usage  pour 
recueillir  l'acide  carbonique  dans  les  analyses  organiques. 


(  fol  ) 

d'air  pendant  cinq  à  six:  heures,  dans  des  solutions  à  1  molécule  et  à  |  mo- 
lécule par  litre,  à  ioo°  : 


Première  expérience 
Seconde  expérience 

Perle  en  a 

à  i  mol  - 
i  i 

leal 

id 

ans  la  sol.  : 

à  i  mol. 

8,5 
1 1 

5 

i: 

apport. 
i  .  3 

i  ,36 

Contrôle  par  évapora 

ti 

on. . 

7 

'.4 

Si  l'on  compare  la  perte  en  alcali  produite  par  évaporation  d'une  so- 
lution à  i  molécule  et  d'une  solution  à  -j-  de  molécule,  on  trouve,  dans  le 
premier  cas,  i7'liv;  dans  le  second  cas,  i2div.  Rapport  :  i,\. 

»  Ces  résultats  tendraient  à  prouver  que  la  tension  de  la  désagrégation 
actuelle  diminue  notablement  quand  on  dilue  les  liqueurs. 

-  Influence  d'un  excès  d'acide.  --  L'addition  d'un  faible  excès  d'acide 
(tïïô  ('c  l'acide  contenu  dans  le  sel)  suffit  pour  empêcher  un  entraînement 
sensible  d'alcali  par  de  l'air  barbotant  pendant  six  heures,  à  ioo°. 

»  En  résumé,  les  sels  constitués  par  des  aminés  capables  de  ramener  au 
bleu  le  tournesol  rougi  par  l'acide  minéral  auquel  elles  sont  combinées 
sont  sensiblement  dissociées  par  l'eau,  même  vers  5o°,  et  leur  désagréga- 
tion est  réglée  par  les  lois  que  M.  Bertbelot  a  établies  si  nettement  poul- 
ies sels  faibles,  dans  l'Essai  de  Mécanique  chimique. 

»  La  méthode  que  nous  avons  employée  ne  s'applique  pas  aux  alcali; 
fixes,  potasse,  chaux,  etc.,.  qui  donnent  des  combinaisons  stables  avec 
l'eau. 

»  M.  Berthelot  a  insisté  sur  ce  point,  que  l'action  d'une  base  sur  un 
sel  est  fonction  de  la  dissociation  des  sels  par  l'eau.  Ce  genre  de  dissocia- 
tion étant  régi  par  les  lois  des  réactions  limitées  et  réversibles  qui,  d'après 
une  théorie  de  M.  Lemoine,  sont  à  peu  près  indépendantes  des  chaleurs 
de  formation  des  sels,  on  comprend  que  la  décomposition  d'un  sel  par 
une  base  puisse  se  faire  avec  absorption  de  chaleur,  la  base  s'emparant 
d'abord  de  la  portion  d'acide  rendue  libre  par  la  dissociation  du  sel  initial, 
et  celle-ci  se  reproduisant  incessamment,  comme  il  arrive  dans  la  trans- 
formation du  carbonate  de  soude  par  le  chlorhydrate  d'ammoniaque.  Tel 
est,  en  particulier,  le  cas  des  bases  que  nous  venons  d'étudier  :  la  diiso- 
butylamine  est  chassée  de  son  chlorhydrate,  malgré  une  absorption  de 
chaleur  de  —  ioca,,G  par  molécule  de  dibutylamine  sortie  du  liquide  à 
l'état  insoluble  vers  io°.  Or,  nous  venons  de  voir  que  ces  chlorhvdrates 


(  622  ; 

sont  notablement  dissociés  par  l'eau,  et  que  le  sel  de  butylamine  est  deux 
fois  plus  dissocié  que  l'autre,  malgré  la  faible  volatilité  de  la  dibutyla- 
mine  (').    » 


CHIMIE   ORGANIQUE.    —    Nouvelles  combinaisons  de  la  pyridine. 
Note   de  M.  Raoul   Yauet. 

«  1.  Bromozincate  de  pyridine.  —  Dans  de  la  pyridine  chauffée  vers  4°°>  on  dis- 
sout du  bromure  de  zinc  sec,  jusqu'à  saturation;  il  se  passe  une  réaction  assez  vive 
et  la  pyridine  entre  en  ébullition.  La  liqueur,  par  refroidissement,  se  prend  en  une 
belle  masse  cristalline,  constituée  par  de   fines  aiguilles  prismastiques  qui  répondent 

à  la  formule 

ZnBr.C">H5Az. 

»  C'est  un  corps  très  peu  altérable,  on  peut  le  chauffer  à  i  io°  sans  qu'il  perde  de 
pyridine.  11  est  très  soluble  dans  l'eau  et  dans  la  pyridine. 

»  II.  Bromonicklate  de  pyridine.  —  Quand  on  maintient  à  l'ébullition,  pendant 
une  heure,  de  la  pyridine  tenant  en  suspension  du  bromure  de  nickel  anhydre  fine- 
ment pulvérisé,  ce  dernier  perd  sa  couleur  jaune  et  se  transforme  en  une  poudre 
verte  qui,  séchée  très  rapidement,  entre  des  doubles  de  papier,  répond  à  la  formule 

NiBr.2C10H5Az. 

»  C'est  un  corps  altérable  à  l'air;  quand  on  le  chauffe,  il  perd  de  la  pyridine  et 
devient  jaune;  il  est  très  soluble  dans  la  pyridine. 

»  III.  Bromocuivrate  de  pyridine.  —  On  projette  du  bromure  de  cuivre  anhydre, 
et  finement  pulvérisé,  dans  de  la  pyridine  chauffée  au  bain-marie;  une  réaction  très 
vive  se  produit,  la  pyridine  entre  en  ébullition,  tandis  que  le  bromure  de  cuivre  aug- 
mente considérablement  de  volume  et  forme  une  bouillie  verte.  On  ajoute  alors  un 
petit  excès  de  pyridine  et  l'on  chauffe  au  bain-marie  pendant  une  heure,  en  agitant 
continuellement.  La  liqueur  refroidie  est  filtrée  pour  séparer  l'excès  de  pyridine,  et 
le  produit  solide,  non  dissous,  est  séché  très  rapidement  entre  des  doubles  de  papier  : 
ce  sont  de  petits  cristaux  durs,  d'un  beau  vert  foncé  et  qui  répondent  à  la  formule 

CuBr.3Cl0H5Az. 

»  C'est  un  corps  très  altérable,  il  exhale  une  forte  odeur  de  pyridine.  Quand  on  le 
chauffe  ou  quand  on  l'expose  à  l'air,  il  perd  de  la  pyridine  en  changeant  de  couleur, 
il  devient  vert  vil.  Il  est  soluble  dans  l'eau  et  dans  la  pyridine. 

(•)  Dans  une  Note  précédente  {Comptes  rendus,  décembre  1S90),  j'ai  cité  à  tort, 
parmi  les  exemples  de  réactions  à  la  fois  endothermiques  et  contraires  au  maximum 
thermique,  la  décomposition  de  l'oxalate  de  diisobutylamine  par  la  triéthylamine.  En 
continuant  l'étude  de  ce  sel,  j'ai  constaté  que  c'est  un  oxalate  acide,  tandis  que  j'avais 
admis,  dans  mes  calculs,  que  ce  sel  était  neutre. 


(  623  ) 

»  IV.  Argentoiodure  de pyridine.  —  Dans  un  petit  ballon  muni  d'un  réfrigérant 
ascendant,  on  maintient  à  l'ébullition,  pendant  deux  heures  environ,  de  la  pyridine 
additionnée  d'iodure  d'argent  bien  sec.  La  pyridine  se  colore  légèrement  en  brun;  on 
liltre  pour  séparer  l'iodure  non  dissous  et  on  l'abandonne  dans  un  endroit  froid,  à 
l'abri  de  la  lumière.  On  obtient  tantôt  de  fines  lamelles,  tantôt  des  aiguilles  prisma- 
tiques, groupées  en  petits  mamelons.  Ces  cristaux  séchés  entre  des  doubles  de  papier 

répondent  à  la  formule 

\.gI.C10A3Az. 

»  C'est  un  corps  altérable  à  l'air;  assez  soluble  dans  la  pyridine,  surtout  à  chaud. 
Traité  par  l'eau  chaude,  il  est  décomposé  instantanément;  l'eau  froide  le  décompose 
aussi,  mais  moins  rapidement.  Il  perd  toute  sa  pyridine  quand  on  le  chauffe  à  i  io°. 

»  V.  Argentobromure  de  pyridine.  —  La  pyridine  chaude  ne  dissout  pas  le  bro- 
mure d'argent  et  ne  se  combine  pas  avec  lui;  mais  si  l'on  abandonne  un  mélange  de 
ces  deux  corps  à  l'abri  de  la  lumière,  le  premier  étant  en  excès,  il  y  a  combinaison  ;  le 
bromure  d'argent  se  décolore  et  se  transforme  en  grandes  aiguilles  prismatiques 
blanches,  à  reflets  nacrés.  Ces  aiguilles,  séchées  très  rapidement  entre  des  doubles  de 
papier,  répondent  à  la  formule 

\.gBr.C'°H5Az. 

»  C'est  un  corps  très  instable;  soluble  dans  la  pyridine  froide,  insoluble  dans  l'eau 
qui  le  décompose.  Il  perd  toute  sa  pyridine  à  ioo°. 

»  VI.  Argentochlorure  de  pyridine.  —  Je  n'ai  pas  réussi  à  obtenir  une  combi- 
naison de  pyridine  avec  le  chlorure  d'argent;  si  un  tel  composé  existe,  il  n'est  pas  stable 
à  la  température  ordinaire.  La  pyridine  froide  dissout  le  chlorure  d'argent,  mais,  dès 
qu'on  chauffe  celte  solution  ou  qu'on  y  ajoute  de  l'éther,  il  y  a  précipitation  de  AgCl. 
On  voit  que  L'affinité  des  sels  halogènes  d'argent  pour  la  pyridine  va  en  décroissant  de 
l'iodure  au  bromure  et  au  chlorure;  c'est  l'inverse  qui  a  lieu  avec  l'ammoniaque.  » 


chimie  organique.  —  Sur  la  théorie  des  phénomènes  de.teinture. 
Note  de  M.  Léo  Vignon. 

«  Dans  plusieurs  Communications  {Comptes  rendus,  10  février, 
28  avril  1890,  2  et  6  mars  1891),  j'ai  présenté  des  expériences  dont  je 
demande  à  synthétiser  les  résultats.  Ils  peuvent,  en  effet,  apporter  quelque 
éclaircissement  à  la  théorie  des  phénomènes  de  teinture. 

»  i°  J'ai  montré,  par  la  méthode  thermochimique,  que  les  fibres  textiles 
animales,  se  teignant  facilement,  possèdent  les  fonctions  basiques  ou 
acides,  tandis  que  les  fibres  végétales,  ayant  peu  d'aptitude  pour  la  tein- 
ture, manifestent  des  fonctions  chimiques  très  faibles,  et  notamment  pas 
de  fonctions  basiques. 

»    20  Le  coton  soumis  à  l'action  de  l'ammoniaque,  fixe  de  l'azote,  ac- 


(  6*4  ) 
quiert  des  fonctions  basiques  et  devient  apte  à  absorber  en  bain  acide  des 
matières  colorantes  acides. 

»  3°  L'acide  stannique  fixe  les  matières  colorantes  basiques,  telles  que 
la  safranine,  tandis  que  l'acide  métastannique,  qui  n'est  autre  chose  que 
de  l'acide  stannique  polymérisé,  ayant  subi  une  grande  atténuation  dans 
ses  fonctions  acides,  n'exerce  aucun  pouvoir  absorbant  sur  la  safra- 
nine. 

»  On  sait,  d'autre  part,  que  tous  les  mordants  employés  dans  la  tein- 
ture du  coton,  acide  tannique,  oxydes  métalliques,  etc.,  sont  capables  de 
donner  des  sels. 

»  Mais  ces  faits  sont  relatifs  aux  substances  absorbantes  textiles, 
oxydes  métalliques,  mordants;  voyons  les  indications  qui  se  dégagent  de 
la  constitution  chimique  des  corps  absorbés,- c'est-à-dire  des  matières  co- 
lorantes. 

»  On  trouve  que  toutes  les  matières  colorantes  solubles,  artificielles  ou 
naturelles,  renferment  ou  bien  un  groupe  OH  salifiable,  ou  des  groupes 
basiques  AzR2,  ou  des  radicaux  acides  AzO2.  On  ne  connaît  aucune  matière 
colorante,  constituée  seulement  par  un  carbure  ou  ne  possédant  d'autres 
fonctions  chimiques  que  les  fonctions  d'alcool,  d'acétone  ou  d'aldéhyde. 

»  Il  n'existe,  en  somme,  aucune  matière  colorante  proprement  dite  qui 
ne  possède  des  fonctions  basiques  ou  acides,  ou  les  deux  fonctions  réunies. 

>-  La  conséquence  de  ces  faits,  c'est  que  tous  les  phénomènes  de  tein- 
ture, obtenus  avec  les  matières  colorantes  solubles,  qu'ils  se  manifestent 
avec  les  textiles  ou  avec  les  oxydes  métalliques  nécessitent  deux  condi- 
tions essentielles  : 

»    i°  La  présence  de  fonctions  acides  ou  basiques  dans  les  absorbants; 

»    2°  La  présence  de  ces  mêmes  fonctions  dans  les  matières  colorantes. 

»  La  seule  exception  qui  existe  à  cette  règle  est  celle  des  matières  colo- 
rantes tétrazoïques,  à  la  vérité  basiques  ou  acides,  mais  que  le  coton  ab- 
sorbe sans  mordant,  dans  un  bain  alcalin. 

»  Si  on  laisse  provisoirement  de  côté  ce  cas,  qui  nécessiterait  une  étude 
spéciale,  on  est  en  droit  de  dire  que  les  phénomènes  de  teinture  obtenus 
avec  les  matières  colorantes  solubles  sont  d'ordre  purement  chimique,  et 
que  les  règles  de  l'action  chimique  suffisent  à  les  expliquer.  » 


(  6a5   ) 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Méthode  pour  enregistrer  simultanément,  l'onde 
électrique  d'excitation  et  la  contraction  musculaire  résultante  (  ■  ).  Note  de 
M.  A.  d'Arsoxvai.. 

«  Les  courants  brefs  (décharges  de  condensateur,  courants  d'induc- 
tion, etc.),  sont  constamment  employés  en  Physiologie  et  en  Médecine  pour 
exciter  les  nerfs  et  les  muscles. 

»  Les  réactions  qui  résultent  de  ces  excitations  sont  liées  étroitement  à 
la  forme  de  l'onde  émanant  de  l'appareil  électrique,  ainsi  que  je  l'ai  mon- 
tré par  de  nombreuses  expériences,  depuis  188  i ,  dans  mes  cours  du  Collège 
de  France.  Il  est  donc  extrêmement  important  de  pouvoir  :  t°  connaître 
la  forme  de  celte  onde,  que  j'ai  appelée  caractéristique  de  l'excitation,  et  2" 
d'avoir  la  possibilité  de  faire  varier  celle  forme  à  volonté. 

»  La  courbe  qui  représente  la  caractéristique  à" excitation  est  fonction  de 
trois  variables  qui  sont  :  i°  le  potentiel  maximum  de  la  décharge;  i"  le  temps 
de  variation  du.  potentiel;  3°  la  quantité  d'électricité  traversant  l'organe 
excité.  Chacun  de  ces  trois  facteurs  modifie  l'excitation,  dans  des  propor- 
tions qu'il  est  indispensable  d'étudier  séparément  pour  chacun  d'eux. 

»  La  méthode  que  je  vais  décrire  permet  de  faire  varier  isolément  chacun 
des  trois  facteurs  d'une  façon  continue  et  de  combiner  de  plus  ces  varia- 
tions deux  à  deux  ou  trois  à  trois.  C'est  donc  une  méthode  générale  à  l'aide 
de  laquelle  on  peut  inscrire  directement  sur  un  cylindre  enregistreur  la 
courbe  de  l'onde  électrique,  et,  immédiatement  au-dessous,  la  courbe  de 
la  secousse  musculaire  provoquée  par  cette  excitation.  La  comparaison 
entre  la  cause  et  l'effet  est  rendue  de  la  sorte  extrêmement  simple.  Le 
schéma  ci-joint  est  destiné  à  faciliter  l'intelligence  de  la  description. 

»  Soit  P  une  source  constante  d'électricité  (accumulateurs  )  dont  le  cir- 
cuit est  fermé  au  travers  d'une  colonne  verticale  de  mercure  contenu  dans 
un  tube  de  verre.  Le  courant  entre  par  le  haut  et  ressort  par  le  bas  du  tube 
au  moyen  de  contacts  appropriés  en  cuivre  nickelé.  Le  pôle  négatif  de  la 
pile  et  le  fond  du  tube  sont  reliés  à  la  terre,  et,  par  suite,  au  potentiel 
zéro.  La  partie  supérieure  de  la  colonne  de  mercure  est,  au  contraire,  à 
un  potentiel  positif  de  10  volts,  par  exemple.  Le  potentiel  décroît  réguliè- 


(')  Voir  Comptes  rendus  de  In  Société  de  Biologie,  séance  du  rer avril  1883.  Cette 
méthode  a  été  imaginée  à  la  fin  du  Congrès  de  1881. 

C.  R.,  1891,  r"  Semestre.  (T.  CXIT,  N°  12.)  "2 


(  6?.6  ) 

remenl  de  +  10  volts  à  zéro  le  long  de  la  colonne  de  mercure,  d'après 
une  loi  bien  connue.  Supposons  qu'un  fil  métallique  P',  isolé  jusqu'à  sa 
pointe  inférieure,  puisse  monter  et  descendre  le  long  de  la  colonne  de 
mercure.  Si  nous  supposons  la  pointe  au  fond  du  tube,  son  potentiel  est 
zéro;  mais,  en  relevant  le  fil,  son  potentiel  va  croître  régulièrement  de  zéro 


à  _|_  10  volts.  Attachons  rigidement  ce  fil  à  l'extrémité  d'un  levier  mobile 
autour  du  point  L,  l'autre  extrémité  se  déplaçant  le  long  d'un  cylindre  en- 
fumé F.  Il  est  facile  de  voir  que  les  déplacements  de  la  pointe  du  levier  L 
sur  le  cylindre  F  inscriront  les  phases  et  les  grandeurs  de  la  variation  du 
potentiel  du  fil  plongeur  P'. 

»  Pour  avoir  une  courbe  déterminée  à  l'avance,  je  fais  osciller  le  levier  L 
par  la  rotation  d'un  excentrique  E,  dont  on  taille  le  profil  en  conséquence. 
En  pratique,  j'attache  le  fil  P'  soit  à  une  tige  vibrante,  soit  à  un  pendule, 
qui  me  donnent  une  variation  sinusoïdale  du  potentiel.  J'obtiens  toute 
autre  forme  et  toute  vitesse  en  attachant  ce  fil  P'  à  un  ressort  plus  ou  moins 
tendu  (fil  de  caoutchouc),  que  je  déclenche  mécaniquement  pour  produire 
l'excitation.  Si  le  fil  P'  était  mis  simplement  en  rapport  avec  le  nerf  N, 
communiquant  à  la  terre,  cet  organe  serait  constamment  traversé  par  un 
courant  dérivé  qui  en  altérerait  l'excitabilité;  de  plus,  on  n'aurait  aucun 
moyen  de  graduer  la  quantité  d'électricité  qui  le  traverse.  J'évite  cet  in- 
convénient en  faisant  passer  le  courant  dans  le  fil  primaire  d'une  bobine 
d'induction  de  du  Bois-Revmond,  ou  encore,  comme  cela  est  représenté 
dans  la  figure,  en  interposant  un  condensateur  étalonné  en  C.  De  cette 
manière,  aucun  courant  dérivé  ne  traverse  le  nerf  tant  que  le  plongeur  P' 
est  au  repos.  De  plus,  pour  un  même  déplacement  de  P',  c'est-à-dire  pour 
une  même  variation  du  potentiel,  la  quantité  d'électricité  qui  traverse  le 
nerf  N  est  rigoureusement  la  même  et  connue  d'avance. 

»  Le  muscle  M,  animé  par  le  nerf  N,  est  attaché  au  levier  myogra- 
phique  L',  qui  trace  la  courbe  de  la  secousse  musculaire  immédiatement 


(  627   )• 

au-dessous  de  la  caractéristique  d'excitation,  tracée  par  le  premier  levier  L. 

»  La  courbe  inscrite  par  le  levier  I,  donne  donc  bien  :  i°  la  quantité 
d'électricité  traversant  le  nerf  à  chaque  excitation;  2"  la  variation  du 
potentiel;  3°  les  phases  de  cette  variation;  4°  et  enfin  sa  durée. 

»  De  plus,  on  fait  varier  chacun  de  ces  facteurs  d'une  manière  indé- 
pendante, savoir  :  1"  la  quantité,  en  modifiant  la  surface  du  condensa- 
teur G;  20  le  potentiel,  en  modifiant  soit  la  course  du  levier  L,  soit  le 
nombre  d'éléments  de  la  pile  P;  3°  les  phases  de  la  variation  du  potentiel, 
en  changeant  le  profil  de  l'excentrique  E;  4°  enfin  le  temps  de  la  variation, 
en  modifiant  la  rapidité  d'oscillation  du  levier  L. 

»  Le  uerf est  traversé  par  des  courants  de  sens  inverse,  correspondant 
à  la  charge  et  à  la  décharge  alternatives  du  condensateur;  il  ne  peut  donc 
se  polariser.  Dans  le  cas  d'une  excitation  unique,  j'évite  la  polarisation  en 
déchargeant  le  condensateur  C  dans  le  fil  primaire  d'une  bobine  d'induc- 
tion, d'après  la  méthode  que  j'ai  signalée  antérieurement  à  l'Académie  ('). 

»  Dans  une  prochaine  Communication,  je  ferai  connaître  les  résultats 
obtenus  à  l'aide  de  cette  méthode  (2) 


PHYSIOLOGIE  EXPÉBIMENTALE.  -  -  De  l'action  de  L'acide  phénique  sur  les 
animaux  (').  Note  de  MM.  Simox  Dcplay  et  Maurice  Cazi.v,  présentée 
par  M.  A.  Milne-Edwards. 

«  La  Communication  que  M.  Zwaardeniaker  a  adressée  récemment  à 
l'Académie,  sur  les  effets  produits  par  l'acide  phénique  chez  le  chat,  nous 
donne  l'occasion  de  rapprocher  des  résultats  de  ce  travail  ceux,  que  nous  a 
fournis  récemment  une  série  d'expériences  nombreuses,  faites  accessoire- 
ment au  cours  de  recherches  dirigées  dans  un  autre  but. 

«   C'est  en  effet  en  étudiant  sur  des  animaux  sains  l'action  du  liquide  de 

(')  Voir  Comptes  rendus,  27  juin  1881. 

(2)  Conformément  aux  idées  échangées  au  Congrès  international  des  Électriciens  de 
1881  (Commission  d'électrophysiologie,  séance  du  22  septembre  1S81),  entre 
MM.  Helmholtz,  Marey,  Joubert,  d'Arsonval,  du  Bois-Reymond,  Lippmann,  etc.,  j'ai 
d'abord  essayé  d'obtenir  l'onde  électrique  en  faisant  tourner  une  bobine  dans  un 
champ  magnétique,  ou  inversement.  Je  n'ai  pas  tardé  à  renoncer  à  ce  procédé  qui 
présente  de  grosses  difficultés  et  des  causes  d'erreur  que  je  ne  peux  développer  ici. 

(')  Travail  du  Laboratoire  de  Clinique  chirurgicale  de  la  Charité. 


•(  628  ) 

Koch,  que  nous  avons  été  frappés  des  phénomènes  convulsifs,  plus  ou 
moins  marqués,  que  produit  chez  certains  animaux,  et  notamment  chez 
les  souris,  les  rats  et  les  cobayes,  l'injection  de  lymphe  diluée,  suivant  la 
technique  employée  en  Allemagne,  dans  une  solution  d'acide  phénique  à 
5  pour  1000. 

»  Chez  les  souris,  l'injection  de  isr  d'une  solution  phéniquée  à  5  pour  iooo,  renfer- 
mant ims''  de  lymphe  de  Koch,  déterminait  presque  instantanément  l'apparition  de 
convulsions  cloniques  généralisées,  suivies  de  mort  après  un  temps  variant  entre 
trois  et  quatre  heures. 

»  L'injection  de  i-'  de  la  même  solution  chez  des  rats,  et  de  2s1'  ou  3°''  chez  des 
cobayes,  produisait  seulement  quelques  secousses  convulsives. 

«  .N'ayant  obtenu  aucun  trouble  analogue,  même  avec  des  doses  de 
lymphe  de  Koch  relativement  plus  fortes,  chez  les  animaux  de  plus  grande 
taille  (lapins,  poules,  chiens),  pour  lesquels  la  quantité  de  liquide  ser- 
vant de  véhicule  à  la  lymphe  était,  proportionnellement  à  leur  poids, 
beaucoup  plus  faible,  nous  avons  été  conduits  à  penser  que  les  troubles 
obtenus  chez  les  souris,  les  rats  et  les  cobayes  devaient  être  imputables 
à  l'action  propre  de  l'acide  phénique  en  solution  dans  le  liquide  injecté; 
les  symptômes  observés  étaient,  en  effet,  ceux  qui  ont  été  particulièrement 
bien  décrits  par  P.  Bert  et  Jolyet  dans  l'intoxication  du  chien  et  du  lapin 
par  l'acide  phénique,  et  nous  rappelaient  des  accidents  convulsils  analo- 
gues que  nous  avions  eu  l'occasion  d'observer  sur  de  petits  animaux,  tels 
que  des  rats  ou  des  chats  de  quelques  semaines,  dans  des  expériences  de 
laboratoire  où  des  solutions  phéniquées  fortes  avaient  été  employées. 

»  Différentes  doses  d'acide  phénique  furent  alors  injectées  sous  la  peau  de  neuf  sou- 
ris, d'un  poids  variant  entre  j»1'  et  i8sr.  5msr  d'acide  phénique  en  solution  dans  iS1' 
d'eau,  comme  dans  notre  dilution  de  lymphe  au  millième,  suffisaient  à  déterminer  la 
mort  après  deux  heures  de  convulsions  cloniques  généralisées;  la  plus  petite  dose 
injectée,  qui  comportait  osr,ooo3  d'acide  phénique,  produisait  seulement  quelques 
secousses  convulsives  qui  disparaissaient  rapidement;  la  plus  forte  dose,  comportant 
o8r,025  d'acide  phénique,  en  solution  dans  os1',  5  d'eau,  déterminait  la  mort  en  quelques 
minutes. 

»  Les  mêmes  expériences  ont  été  répétées,  avec  des  doses  variables 
d'acide  phénique,  chez  une  vingtaine  d'autres  animaux  (rats,  cobayes,  la- 
pins et  chiens).  Nous  n'énumérerons  pas  le  détail  de  ces  expériences  et 
nous  nous  contenterons  d'en  rapporter  les  résultats  comparatifs,  établis 
proportionnellement  aux  poids  des  différents  animaux  employés. 


(  6ag  ) 

»  Les  doses  d'acide  phénique  avec  lesquelles  nous  avons  constamment, 
au  moyen  d'injections  sous-cutanées,  déterminé  la  mort  en  quelques  heures, 
représentaient,  pour  un  kilogramme  d'animal,  un  poids  d'acide  phénique  de 
ogl,  296  pour  les  souris,  de  ogr,  657  Pour  'es  rats>  ('e  ogr,G8o  pour  les  cobayes, 
de  ogr,  5i4  pour  les  lapins. 

»  D'autre  part,  nous  avons  pu  atteindre,  sans  déterminer  la  mort  et  en 
provoquant  seulement  des  troubles  convulsifs,  très  accentués  chez  la  sou- 
ris, le  rat  et  le  cobaye,  et  très  peu  accentués  chez  le  chien,  des  doses  d'a- 
cide phénique  représentant,  pour  un  kilogramme  d'animal,  un  poids  de 
oer,i25  chez  la  souris,  de  0^,217  chez  le  rat,  de  oB'',  V'p  chez  le  cobaye  et 
de  og,',266  chez  le  chien. 

»  Enfin  les  effets  ont  été  nuls  ou  presque  nuls  avec  des  doses  représen- 
tant, pour  iKr  d'animal,  un  poids  d'acide  phénique  de  oK'',o43  chez  la 
souris,  de  0^,077  chez  le  rat,  de  os',o88  chez  le  cobaye,  de  ogl,  i3g  chez  le 
lapin,  et  de  ogl',  10G  chez  le  chien. 

»  Nous  n'avons  pas  étudié  spécialement  les  elïets  de  l'acide  phénique 
sur  le  chat,  chez  lequel  M.  Zwaardemaker  signale  une  sensibilité  extrême 
pour  l'acide  phénique,  et  nous  ne  pouvons  pas  comparer  avec  nos  résul- 
tats, d'une  façon  suffisamment  précise,  les  doses  toxiques  qu'il  indique 
dans  sa  Communication,  attendu  que  les  chiffres  qu'il  donne  se  rapportent 
à  des  injections  intraveineuses,  tandis  que  les  nôtres  se  rapportent  à  des 
injections  sous-cutanées;  mais,  d'après  les  quelques  faits  que  nous  avons 
observés  dans  le  cours  d'expériences  de  laboratoire,  nous  croyons  volon- 
tiers, comme  M.  Zwaardemaker,  que  le  chat  est  plus  sensible  à  l'action  de 
l'acide  phénique  que  le  chien,  le  lapin,  le  cobaye  et  le  rat. 

»  Comme  le  montrent  les  exemples  que  nous  venons  d'énumérer,  les 
effets  toxiques  de  l'acide  phénique  n'apparaissent,  en  général,  chez  les 
animaux  qui  ont  servi  à  nos  expériences,  qu'à  des  doses  relativement  très 
élevées,  doses  qui  se  trouvaient  réalisées  pour  les  petits  animaux  avec 
l'emploi  de  dilutions  de  lymphe  de  Roch  dans  une  solution  phéniquée  à  5 
pour  1000;  les  accidents  obtenus  chez  ces  animaux  à  la  suite  des  injec- 
tions de  lymphe  provenaient  donc  uniquement  de  l'action  de  l'acide  phé- 
nique, et  ils  ne  se  sont  jamais  reproduits  avec  l'emploi  de  dilutions  de 
lymphe  dans  de  l'eau  bouillie. 

»  En  comparant  entre  eux  les  chiffres  cités  plus  haut,  on  voit  que  l'ac- 
tion de  l'acide  phénique  s'exerce  dans  des  proportions  très  inégales  chez 
les  différentes  espèces  animales,  et  que  la  souris  notamment  est  évidem- 


(  63o  ) 

ment  beaucoup  plus  sensible  à  l'action  de  l'acide  phénique  que  le  rat,  le 
cobaye,  le  lapin  et  le  chien,  puisque,  pour  un  même  poids  d'animal,  des 
doses  qui  produisent  des  troubles  très  accentués  chez  la  souris  ne  don- 
nent aucun  résultat  appréciable  chez  le  lapin  et  le  chien,  de  même  que  des 
doses  qui  sont  mortelles  pour  la  souris  provoquent  seulement  des  phéno- 
mènes convulsifs  d'une  durée  plus  ou  moins  longue,  et  non  suivis  de 
mort,  chez  le  rat  et  le  cobaye,  et  déterminent  à  peine  quelques  troubles 
chez  le  chien.    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Observations  aclinomêtriaues  faites  à  i Observatoire 
de  l'Académie  Petrowsky,  près  de  Moscou.  Noie  de  MM.  R.  Colley, 
N.  Michkine  et  M.  Kazixe,  transmise  par  M.  Crova. 

«  Le  but  principal  que  nous  nous  sommes  proposé  était  de  déterminer 
l'intensité  totale  des  radiations  émises  par  le  Soleil  et  de  celles  qui  sont 
diffusées  par  toute  l'étendue  du  Ciel,  sur  l'unité  de  surface  horizontale  du 
sol.  La  détermination  de  cet  élément  a  une  importance  de  premier  ordre 
pour  la  Météorologie,  puisque  c'est  de  lui  que  dépendent  tous  les  autres, 
et  pour  l'Agriculture,  en  raison  de  son  influence  prépondérante  sur  la 
fonction  chlorophyllienne  et  sur  la  nutrition  des  plantes. 

»  Ces  observations  ont  été  commencées  le  Ier  juin  1889  et  ont  été  con- 
tinuées sans  interruption  jusqu'au  23  octobre,  l'actinomètre  que  nous 
avons  employé  ayant  cessé  de  fonctionner  régulièrement  quand  la  tempé- 
rature de  l'air  s'abaissait  au-dessous  de  —  io°. 

»  Nous  nous  sommes  servis  de  l'actinographe  de  MM.  Richard  frères, 
et  nous  avons  réduit  ses  indications  en  mesures  absolues,  c'est-à-dire  en 

- 

calories  (gramme-degré)  reçues  sur  un  centimètre  carré  de  la  surface 
horizontale  du  sol.  Cette  réduction  a  été  faite  au  moyen  du  pyrhéliomètre 
de  M.  Crova,  qui  a  été  observé  comparativement  aux  indications  de 
l'actinographe. 

»  Ce  dernier  appareil,  totalisant  la  radiation  directe  du  Soleil  et  celle 
du  Ciel,  les  comparaisons  avec  le  pyrhéliomètre  ont  été  faites  par  de  très 
belles  journées,  pendant  lesquelles,  à  cause  de  la  pureté  du  Ciel,  sa 
radiation  était  négligeable,  en  présence  de  celle  du  Soleil,  ce  qui  nous  a 
permis  d'évaluer,  avec  une  grande  approximation,  le  coefficient  de  pro- 
portionnalité des  deux  instruments. 


(  63 1   ; 

»  L'actinographe  recevant  les  radiations  sur  une  surface  constante  qui 
est  égale  pour  toutes,  quelle  qu'en  soit  la  source,  à  la  section  diamétrale 
de  la  boule  qui  reçoit  la  radiation,  il  était  nécessaire,  pour  la  ramener  à 
celle  qui  est  reçue  sur  l'unité  de  surface  horizontale,  de  calculer  un  coeffi- 
cient de  réduction,  fonction  de  la  latitude  et  de  la  déclinaison  du  Soleil  à 
midi.  Ce  calcul  est  facile,  et  notre  Mémoire  contient  la  Table  des  valeurs 
de  ce  coefficient  pour  tous  les  jours  de  l'année. 

»   Voici  les  principaux  résultats  de  nos  observations  : 

»  La  marche  diurne  de  la  radiation,  par  des  journées  très  sereines,  pré- 
sente, à  Moscou,  les  mômes  caractères  typiques,  qui  ont  été  trouvés  par 
M.  Crova  à  Montpellier;  ainsi  : 

»  i°  La  courbe  de  la  marche  diurne  n'est  pas  symétrique  par  rapport 
à  l'ordonnée  de  midi. 

»  2°  Les  maxima  principaux  ont  lieu,  en  été,  vers  ioh  du  matin  et  a  3h 
après  midi  ;  ils  sont  séparés  par  un  minimum  secondaire.  En  automne,  les 
deux  maxima  se  rapprochent  île  l'heure  de  midi. 

i>  Notre  Mémoire  contient  23  Tableaux,  donnant,  pour  tous  les  jours  de 
chaque  mois,  la  radiation  totale  reçue  sur  l'unité  de  surface  horizontale  et 
la  comparaison  des  résultats  obtenus  avec  ceux  de  l'actinomètre  Arago. 
L'un  des  deux  instruments  de  ce  genre  que  possède  l'Observatoire  donnait 
des  indications  plus  ou  moins  proportionnelles  à  celles  de  l'actinographe 
Richard  et  du  pyrhéliomètre ;  le  second  était  en  discordance  complète 
avec  les  autres. 

»  Nous  donnons  aussi,  dans  notre  Mémoire,  le  calcul  des  degrés  de  pré- 
cision que  l'on  peut  atteindre  dans  ces  observations. 

«   Voici  un  Tableau  résumé  de  l'ensemble  de  nos  observations  : 

Nombre  de  jours  par  mois  pour'  lesquels  V  intensité  totale  de  la  radiation  a  été 

Inférieure        Comprise  entre     Supérieure 
;i  5oo"'.  '  et  iooo"1.        a  1000™'. 

Juin ro  19  1 

Juillet 5  28  3 

Août m  20  i> 

Septembre 28  2  o 

»  On  voit  que  l'insolation  est  plus  intense  pendant  le  mois  de  juillet 
que  pendant  les  mois  de  juin  et  d'août,  tandis  que,  théoriquement,  elle 
devrait  être  la  plus  forte  en  juin;  la  transparence  atmosphérique  est  donc 


(  632  ) 

plus  faible  pendant  le  mois  de  juin  que  pendant  les  deux  mois  suivants, 
et  cependant  la  durée  totale  de  l'insolation  est  plus  grande  en  juin  qu'en 
juillet,  comme  le  montre  le  Tableau  suivant  : 

Durée  totale  de  1  insolation . 

Juin [72,12 

Juillet ifi6,25 

Aoù  t 1 90 , 33 

Septembre 32,70 


Remarques  sur  les  Observations  de  MM.  R.  Colley.  TI.  Michkine  et  M.  Razine: 

par  M.  A.  Crova. 

»  Ces  observations  ne  sont  pas  directement  comparables  à  celles  que 
j'ai  faites  à  Montpellier  et  à  celles  de  M.  Savélief  à  Rief,  car  elles  donnent 
les  radiations  totalisées  du  Soleil  et  du  Ciel,  tandis  que  les  précédentes 
donnent  seulement  celles  du  Soleil;  déplus,  l'actinographe  employé  est 
influencé  par  diverses  causes,  et  principalement  par  l'action  du  vent,  qui 
tend  à  diminuer  la  différence  de  température  des  deux  boules  d'autant 
plus  qu'il  est  plus  violent. 

»  Néanmoins,  il  est  intéressant  de  constater  que  la  dépression  de  midi  a 
été  observée  à  Moscou,  comme  à  Rief  et  à  Montpellier;  celle-ci  est  donc 
due  à  une  cause  générale  indépendante  des  circonstances  locales  ;  le  rap- 
prochement des  deux  maxima  secondaires  en  automne  a  été  aussi  constaté 
dans  ces  trois  stations;  enfin  la  dépression  de  la  radiation  au  mois  de  juin 
est  un  caractère  commun  aux  trois  stations.  Une  série  d'observations  em- 
brassant la  durée  totale  de  Tannée  aurait  probablement  mis  en  évidence 
des  coïncidences  plus  étendues. 

»  Il  était  important  de  comparer  l'intensité  et  la  durée  de  l'insolation 
à  Montpellier  et  à  Moscou.  Les  observations  de  ce  genre,  publiées  réguliè- 
rement depuis  quelques  années  dans  le  Bulletin  météorologique  de  l'Hérault, 
rendent  cette  comparaison  facile  : 

»  J'avais  donné,  il  y  a  quelque  temps  ('),  une  méthode  d'évaluation  de 
la  quantité  totale  de  chaleur  reçue  sur  l'unité  de  surface  horizontale  du 
sol;   dans   un  travail  publié  dans  le  Bulletin   météorologique  de  l'Hérault 

(')  An na les  (le  Chimie  et  de  Physique,  5e  série,  t.  Xl\,  p.  \(\~. 


(  633  ) 

(année  1889-),  M.  Houdaille  (  ')  s"cst  préoccupé  d'évaluer  cette  quantité, 
en  se  basant  sur  les  observations  faites  à  Montpellier  et  sur  les  Tableaux 
calculés  par  M.  Angot  (2).  En  appliquant  sa  méthode  aux  observations 
laites  pendant  les  mois  de  juin,  juillet,  août,  septembre  et  octobre  1889, 
M.  Houdaille  a  dressé  le  Tableau  suivant  : 

Moyenne  diurne  des  calories 
Nombre  mensuel  reçues  sur  rci  de 

d'heures  d'insolation  surface  horizontale  du  sol 

1889.  à  Moscou,      à  Montpellier.  à  Moscou,     à  Montpellier.  ItilTérence. 

Ii  h  cal  cal 

Juin 172  232  38o  262  —118 

Juillet 166  27.5  \>.n  307  — 1 1 3 

Août 190  289  320  34o  -+-  20 

Septembre.  ..  .  52  207  123  236  +ii3 

Octobre 1  i(i  110  1  1 2  m'i  —     8 

»  On  voit  que,  quoique,  en  raison  de  sa  latitude  plus  élevée,  le  nombre 
d'heures  d'insolation  dût  être  supérieur  à  Moscou,  pour  l'intervalle  com- 
pris entre  le  Ie'  juin  et  le  21  septembre,  cette  somme  est  cependant  infé- 
rieure à  ce  qu'elleest  à  Montpellier,  le  mois  d'octobre  lui  est  un  peu  supé- 
rieur, ce  qui  s'explique  par  les  circonstances  météorologiques  du  mois 
d'octobre  1889  à  Montpellier;  en  été,  le  nombre  d'heures  d'insolation  a 
donc  été  moindre  à  Moscou  qu'à  Montpellier. 

»  Quoique  la  comparaison  du  nombre  des  calories  ne  soit  pas  rigoureu- 
sement légitime  entre  les  deux  stations,  vu  la  dillérence  entre  la  nature  des 
phénomènes  observés,  on  voit  cependant  que  l'excès  de  l'intensité  de  la 
radiation  observée  à  Moscou  est  si  considérable  pendant  les  mois  de  juin 
et  de  juillet,  qu'il  peut  être  attribué  à  l'excès  dû  à  la  radiation  diffusée  par 
le  ciel,  et  cependant  la  hauteur  du  Soleil  était  moindre  à  Moscou.  On  peut 
donc  conclure  de  cette  comparaison  que  la  transparence  atmosphérique  a 
été,  pendant  ces  deux  mois,  plus  grande  à  Moscou  qu'à  Montpellier.  Cette 
conclusion  est  confirmée  par  les  valeurs  très  élevées  de  la  radiation  obser- 
vées pendant  certaines  journées  à  Moscou,  et  qui  sont  de  beaucoup  supé- 
rieures à  celles  que  nous  avons  obtenues  à  Montpellier.  Si  nous  rappro- 
chons ces  résultats  de  ceux  qu'a  obtenus  M.  Savébef,  à  Rief  (3),  pendant 
l'hiver,  et  qui  donnent,  malgré  la  moindre  hauteur  du  Soleil  à  Rief,  d«js 

(')  Annales  du  Bureau  central  météorologique,  i883. 
(-)  Bulletin  météorologique  de  V Hérault,  année  1889. 
(3)   Comptes  rendus,  t.  CV1II,  p.  287;   1889,  et  t.  GXII,  p.  481  ;  1891. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N»  12.)  83 


(  634   l 

valeurs  plus  élevées  qu'à  Montpellier  à  la  même  époque,  nous  pouvons 
conclure  que  la  situation  continentale  des  deux  stations  russes  donne  à 
leur  atmosphère  une  transparence  calorifique  plus  grande  qu'à  Montpel- 
lier, dont  la  situation,  plus  méridionale  et  au  bord  de  la  mer,  augmente  la 
masse  des  A'apeurs  absorbantes  de  son  atmosphère.  Quoique  le  Soleil  y 
brille  plus  souvent,  la  transparence  atmosphérique  y  est  moindre.   » 

M.  J.  Dettweileb  adresse  une  îNote  relative  à  un  projet  d'utilisation, 
comme  force  motrice,  de  la  déviation  du  mouvement  d'un  pendule  par  la 
rotation  de  la  Terre. 

M.  Déclat  adresse  une  Note  tendant  à  établir  qu'il  a,  le  premier,  fait 
usage  d'injections  hypodermiques  antiseptiques,  dans  le  traitement  de  la 
tuberculose.  Les  premières  injections  ont  été  faites  avec  une  solution 
d'acide  phénique  à  2^  pour  ioo. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts.  M.  B. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  9  mars  1891. 

Georges  Sire.  Mémoire  sur  le  polytrope  et  quelques  autres  appareils  servant  à 
V  élude  des  mouvements  de  rotation  (  1862);  br.  in-8°.  —  Etude  sur  la  forme 
globulaire  des  liquides  (i863);  br.  in-4°.  —  Nouvelle  disposition  de  l'hygro- 
mètre à  cheveu  (1872);  in-8°.  —  Sur  un  nouveau  voluménome'tre  (1871): 
br.  in-8°.  —  Démonstration  nouvelle  du  principe.  d'Archiméde  (1873);  br. 
in-8".  —  Trois  types  nouveaux  d'hygromètres  à  condensation  (i885);  br. 
in-8°.  —  Le  dévioscope  (1881);  br.  in-8°.  —  Pipette  à  capacité  variable, 
pour  l'essai  des  matières  d'argent  par  la  voie  humide  (1872);  br.  in-8°.  —  Sur 
un  appareil  à  niveau  constant,  pour  l'essai  des  matières  d'argent  par  la  voie 
humide  (1872);  br.  in-8°.  —  Observations  sur  la  prise  d'essai  pour  la  déter- 
mination du  titre  des  ouvrages  d'argent  (1877);  br.  in-8". 


(  635  ) 

Giorgio  Sire.  La  Meccanica  délie  rotazioni.  Traduzione  dal  francese  di 
Ugo  Bagnoli.  Siena,  Enrico  Torrini,  editore,  1889;  br.  in-8". 

Annuaire  de  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles;  par  F.  Folie.  Bruxelles, 
F.  Hayer,  1891  ;  1  vol.  in-16. 

Résumé  des  observations  météorologiques  faites  par  M.  Hervé  Mangon  à 
Brécourt  {Manche),  de  1868  à  1889;  par  M.  Th.  Moureaux.  Paris,  Gauthier- 
Villars  et  fils,  1891  ;  br.  gr.  in-4". 

L'année  scientifique  et  industrielle;  par  Louis  Figuier.  Paris,  Hacbette 
et  C'e,  1891  ;  1  vol.  in-16.  (Présenté  par  M.  Bouquet  de  la  Grye.) 

Note  sur  la  forme  des  chiffres  usuels;  par  Georges  Dumesnil.  (Extrait  de 
la  Revue  archéologique.)  Paris,  Ernest  Leroux,  1890;  br.  in-8°.  (Deux 
exemplaires.) 

W.  Nicati.  La  glande  de  l'humeur  aqueuse.  Analomie,  Physiologie,  Patho- 
logie. Paris,  G.  Steinheil,  1891  ;  br.  in*8°.  (Présenté  par  M.  Banvier.) 

Recherches  nouvelles  sur  la  fièvre  scarlatine  ;  par  les  Drs  Fox  sart  et  Ehrmann  . 
Compiègne,  Henry  Lefebvre,  1890;  br.  in-8".  (Renvoyé  au  concours  Mon- 
tyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Traité  pratique  du  pied  bot;  par  E.  Duval.  Paris,  J.-B.  Baillière  et  fils, 
1891;  1  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  de  Quatrefages.) 

Expériences  sur  l'influence  de  l'électricité  sur  les  végétaux;  par  Selim 
Lemstrom.  Helsingfors,  J.-C.  Frenckell  et  fils,  1890;  br.  in-4°.  (Présenté 
par  M.  Mascart.) 

Recherches  sur  le  développement  et  la  classification  de  quelques  algues  vertes  ; 
par  François  Gay.  Paris,  Paul  Klincksieck,  1891  ;  br.  in-8". 

Les  virus;  par  le  Dr  S.  Arloixg.  Paris,  Félix  Alcan,  1891;  1  vol.  in-8°. 
(Présenté  par  M.  Chauveau.) 

Le  Nématode  de  la  betterave  à  sucre;  par  Georges  Dureau.  Paris,  Bureau 
du  Journal  des  Fabricants  de  sucre,  1889;  br.  1:1-12. 

Revista  argentina  de  Eistoria  natural,  dirijida  por  Florentino  Ameghino. 
Febrero  i°  1891;  Torao  I,  entrega  I".  Buenos-Aires,  Jacobo  Penser,  1891  ; 
br.  £T.  in-8°. 

Astronomical  and  magnelical  and  meteomlostical '  obser  valions  made  at  the 
Royal  Observatory,  Greenwich,  in  the  y  car  1888,  under  the  direction  of 
W.-H.-M.  Christie.  London,  printed  for  Her  Majesty's  stationery  office, 
1891);  1  vol.  gr.  in-4°. 

Greenwich  spectroscopic  and  photographie  results,  1888  and  1889;  2  br. 
gr.  in-4°. 


(  H36  ) 

Transactions  of  the  Connecticut  Academy  of  Arts  and  Sciences;  Vol.  VIII, 
Part  I.  New  Haven,  published  by  the  Academy,  1890;  1  vol.  in-8°. 

Proceedings  of  the  Academy  of  natural Sciences  of  Philadelphia.  Part.  III, 
october-december  1890.  Philadelphia,  Academy  of  natural  Sciences,  1891; 
1  vol.  in-8°. 

Ueber  Tundren  und  Sleppen  der  Jelzl-und  Vorzeit,  mit  besonderer  Beruck- 
sichtigung  ihrer  Fauna;  rorc  Dr  Alfred  Nehring.  Berlin,  Ferd.  Dummlers, 
1890;   1  vol.  in-8°. 


ERRATA. 


(  Séance  du  16  mars  1 891.) 

Page  56g,  Prix  Bordin  (Etudier  les  phénomènes  intimes  de  la  fécondation  chez  les 
plantes  phanérogames,  etc.),  ajouter  le  nom  de  M.  Chatin  à  la  liste  des  commissaires 
(MM.  Duchartre,  Chatin,  Van  Tieghem,  Bornet,  Trécul). 

Page  591,  ligne  6  en  remontant,  au  lieu  de  G.  Barbier,  lisez  G.  Barbey. 


On   souscrit    à   Paris,    chez    GAUTHIER  -  VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  u"  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  [ls  forment,  à  la  lin  de  l'année,  deux  volumes  in-4°.  Dei 
ibîes,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Autours,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annu 
part  du  ier  janvier. 

Le  prix  de  ^abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  l'r.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 
■en Michel  et  Médan. 

1  Gavaull  St-Lagcr. 
»ec '  Jciunlan. 

I  Ruff. 
liens Ilecquct-Decobert. 

j  Germain  etGrassin. 

>  Lachèse  et  Dolbeau. 

yoniie Jérôme. 

ançon lacqnard. 

,  Avrard. 
■deaux DuLliull'. 

'  Millier  (C). 
wges Renaud. 

/  Lefouriiier. 

\  F.  Robert. 

>st.  ■ .  < 

i  J.  Robert. 

I  V  Ùzel  Caroff. 

t  Baër. 

(  Massif. 

ambei) l'errin. 

,  1  Henry. 

entoure , , 

"  (  Marguene. 

,  _,  i  Rousseau. 

'.rmont-Ferr... 

(  Ribou-Collay. 

,  Lamarche. 

o/l liatel. 

'  Damidot. 
\  Lauvcrjat. 

nu .  .  ' 

!  Crépiii. 

,    .,/  i  Drevet. 

'.nome- 

(  Gratter. 

Rochelle Robin. 

Havre (  Uourdignon. 

|  I  (ombre. 

,  Ropiteau. 
e ■  Lefebvre. 

'  Quarré. 


riiez  Messieurs 

,.   ' .  i  Baurnal. 

Lorient J 

(  jM"°  lexier. 

(Beaud. 
Georg. 
Lyon ,  Megrct. 


Marseille. 
Montpellier 


I  Palu.l. 

1  Vitte  et  Pérussel. 
Pessailhan . 

(  Calas. 
I  Coulet. 


Nantes 
Nice 


Moulins Martial  Plai  e 

/  Sonlolllrl. 

\  Nancy Grosjean-Maupin. 

'  Sidot  frères. 

(  Loiseau. 

|  \i      \  elopp 

ma. 

'  \  isconti  '■!  i  !  . 

Nîmes Thibâud. 

Orléans  ...    Luzeray. 

.  .  i  Blanchicr. 

Poitiers ,  , 

'  I  iruinaud. 

Rennes Plîhon  et  Hervé. 

RoChefort Boucheron  -  Rossi 

I  Langlois.         I  gnol. 

Rouen , 

'  Lestnngant. 

S'-Êtienne  ......     Chevalier. 

(  Bastide. 
(  Rumèbe, 
\  Gimet. 
(  Privât. 
i  Boisseher. 

I  Tours Péricat. 

'  Suppligeon, 
j  Giard. 
I  Lemaitre. 


Toulon 
Toulouse... 


Valenciennes. 


chez  Messieurs  : 

,  ,  |  Robbcrs. 

Amsterdam ,,  .,  „         . 

'  Feikema    Caarelsco 

Athènes Beck.  [et  O. 

Barcelone. Verdaguer. 

i   ^sher  et  G". 

„  ii  lalvârj  et  C 

Berlin •,.-,,       i 

I  l' riedlander  et  Ris. 

'  Mayer  ci   Millier. 

/,.,.,.„,. \  Schmid,  FràncUe  el 

Bologne Zanichelli  et  C'\ 

i  Ramlot. 
Bruxelles Mayolez. 

I  Lcbègue  el  C'*. 

_     ,  s  Haimann. 

Bucharest ,  ,, 

'  Ramsteanu. 

Budapest Kilian. 

Cambridge.  Deighton,  BelletC0 

Christiania.  ■    '        Cainmenneyer. 

Constantinople.  .     Otto  ci  Keil. 

Copenhague Hiist  el   fils. 

Florence Lœscher  el  Seebi 

Gand Hoste. 

Gênes Beuf. 

I  Cherbuliez. 
Gt  ii'  ce <  ieorg. 

'  Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frères. 

,  Bcnda. 

Lausanne ,  , 

(  Payot. 

Barth. 

Brockhaus. 

Leipzig.. .  - I  Lorentz. 

J  Max  Rube. 
'  Twietmeyer. 

1  Desoer. 

Liège. 

3  '   GnUSe. 


Londres 

nbourg 

Madrid 


chez  Messieurs  : 
\  Dulau. 
I  Nuit. 

V.  Bttck. 

Librairie      Gutcn 
\      berg. 

i  îonzalès  c  liijos. 

>  ravedra: 

F.  Fé. 

.,..  i  Dumolard  frères. 

Milan 

'  Hœpli. 

Moscou •     Gain  ier. 

[  Furcheim. 

\  aptes Marghieri  di  Gius 

(  Pellerano. 

,  Chris  ter  n. 

\ew-  York  .  .     Stechert . 

'  Westerinann. 

Odessa  . ..'.       Rousseau. 

Oxford.  Parker  et  C'". 

p. derme       Clausen. 

Porto Magalhaès 

Prague ■     RiN  nac. 

Rio  Janeiro Garnier. 

I  Bocca  frères. 

'  Loescheret  C1'. 

Rotterdam   Krainers  et  fils. 

iiolm Sainson  et  Wallin. 

i  Zinserling. 

/  Wollf. 

h'iri-j  frères. 

lirero. 

(  llausen. 

RoscnbergetSellïei 

Varsovie. .         ...     Gebethner  et  VVolfl 

Vérone Drucker. 

\  Frick. 

I  Gerold  et  C*. 

Zurich Meyer  et  Zeller. 


Rome. 


S'  Pétersbourg. 


Turin . 


Vienne . 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1er  à  31.  —  (3  Août  i835  à  3i   Décembre  i85o.  )  Volume  in-i°;  (853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.—  (  i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870.   Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91. —  (  i'' Janvier  18G6  à  3i  Décembre  1S80.)  Volume  in-4°;i88g.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 

Mnel:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Vignes,  par  M\I.  V.  Herbes  et  A.-J.-J.  Souer.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  le: 
s  îetes,  par  M.  Hanses. —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matière 
S'ses,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-$°,  avec  01   planches;  iS56   15  fr 

ome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Vas  Besedes.  —  Essai  d'une  réponse  a  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Science 
Jr  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  1806,  savoir  :  .1  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
•  entaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.—  Rechercher  la  naturi 
"  ;s  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  régne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  AI.  le  Professeur  BbonN.  In-4°,  avec  27  planches;  1861 ...        15  fr 

.  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N°  12. 

TABLE  DES  ARTICLES.    (Séance  du  23  mars  1891. 


MEMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 


Pag 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  que, 
en,  raison  des  fêtes  de  l'àques.  la  séance 
de  lundi  prochain  sera  remise  au  lende- 
main mardi,    ii  mars 

M.  le  Président  annonce  a  l'Académie  la 
perle  douloureuse  qu'elle  a  faite  dans  la 
personne  de  M.  Cahours 

M.  Berthelot.  —  Action  de  la  chaleur  sur 
l'oxyde  de  carbone 


Pages- 

M.  Berthelot.  -  Sur  une  réaction  de  l'oxyde 
de  carbone ~nt- 

MM.  Berthelot  et  G.  André.  —  Sur  l'odeur 
propre  de  la  terre »,s 

M.  A.  Chatin.  -  Contribution  à  la  Biologie 
des  plantes  parasites 5ag 

MM.  H.  LÉPINE  ht  BarRAL.  —  Sur  le  pou- 
voir glycolytique  du  sang  chez   l'homme.     6o:j 


NOMINATIONS 


Commission  chargée  déjuger  le  concours  du 
prix  Savigny  (fondé  par  M11'  Letellier)  de 
i'année  i^')i  :  MAI.  de  Quatrefages,  I. 
Milne-Edwards,  Blanchard,  île  Lacase- 
Duthiers,  Grandidier 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du 
prix  Da  Gama  Machado  de  l'année  1891  : 
MM.  I.  Milne-Edwards,  Blanchard,  de 
Quatrefages,  de  Lacaze-Duthiers,  Ron- 
cier  


Commission  chargée  de  juger  le  concours  des 
prix  Monlyon  (Médecine  et  Chirurgiejde 
l'année  t8gi  :  MM.  Bouchard,  Marey, 
Verneuil,  Bichet,  Charcot,  Brown-Se- 
quard,  Larrey,  Sappey,  Banvier 

Cotninissi.in  chargée  déjuger  le  concours  du 
prix  Godard  de  l'année  1891  :  MM.  Bou- 
chard, Verneuil,  Brown-Séquard,  Bi- 
che 1,  Charcot 


6o5 


6o5 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  .1.   Paraire   adresse   une  Note  «Sur  le  maximum  de  rendement  de  la  vapeur 

CORRESPONDANCE. 


M""  H.  Klumpee.  —  Observations  de  la  pla- 
nète Millosevieli  (xiy^. ,  faites  à  l'Observa- 
toire de  Paris  (équatorial  de  la  tour  de 
l'Est) 

M.  J.  Weingahten.  —  Sur  la  théorie  des 
surfaces  applicables 

M.  .1.  Verschaffelt.  —  Des  déformations 
que  présente  après  l'imbibition  un  système 
forme-  par  la  superposition  de  deux  lames 
hygroscopiques,  minces  et  homogènes,  à 
propriétés  différentes 

M.  A.  Besson.  —  Sur  l'action  de  l'aride 
iodhydrique  sur  le  chlorure  de  silicium.. 

M.  L.  Amat.  —  Transformation  du  pyro- 
phosphite  de  soude  en  phosphite 

M.  M.  Vèzes.  —  Sur  les  sels  bromoazotés 
du  platine 

M.  A.  Colson.  —  Sur  la  désagrégation  par 
l'eau  des  sels  neutres  d'aminés  de  la  série 
grasse 

M.  Raoul  Varet.  —  Nouvelles  combinaisons 
de   la  pyridine 

Bulletin  bibliographique 

Errvta 


I106 
6o7 

610 

lui 

'"i 

616 

liig 


M.  Léo  Yic.MiN.  —  Sur  la  théorie  des  phéno- 
mènes de  teinture 

M.  A.  d'Arsonval.  —  Méthode  pour  enre- 
gistrer simultanément  l'onde  électrique 
d'excitation  et  la  contraction  musculaire 
résultante 

MM.  S.  Dt.ri.AY  et  M.  Cazin.  —  De  l'action 
de   l'acide   phénique  sur  les  animaux.... 

MM.  R.  Colley,  N.  Michkine  et  M.  Kazine. 
—  Observations  actinométriques  faites  a 
l'Observatoire  de  l'Académie  Petrowski, 
près  de  Moscou 

M.  A.  CltovA.  —  Remarques  sur  les  Obser- 
vations de  MM.  B.  Coller.  M.  Michkine 
et  M.  Kazine 

M.  J.  Dettweiler  adresse  une  Note  rela- 
tive à  'in  projet  d'utilisation,  comme  force 
motrice,  de  la  déviation  du  mouvement 
d'un  pendule  par  la  rotation  de  la  Terre. 

M.  DÉCLAT  adresse  une  Note  tendant  à  éta- 
blir qu'il  a,  le  premier,  fait  usage  d'injec- 
tions hypodermiques  antiseptiques,  dans 
le  traitement  de  la  tuberculose 


Ra3 


li.'m 

63a 


liV, 


634 
836 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILL\RS   ET  FILS, 
Quai  des  Grands-.Augustins.   55 


3âô9  1891 

PREMIER  SEMESTRE. 


'1 


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COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPETREES. 


TOME  CXII. 


N°15  (3J  Mars  1891 


PARIS, 

GAUTHIEft-VILLARS   ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES   DE   L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

U«ai  des  Grands-Augustins,   Sj. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  h3  juin  1862  et  2<4  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou   numéro  dos  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 
26  numéros  composent  un  volume. 
Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
oupar  un  Associé  étrangerdel'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académù 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autan 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  son 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  L> 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrai 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  fon 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi 
cielle  de  l'Académie. 


1 


Article  .3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  ; 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  li 
jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  leCompte  rendi 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui 
vant,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 


Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fail 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 


sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DD  MARDI  51  MARS  1891, 

PRÉSIDENCE   DE  M.   DUCHARTRK. 


MEVIOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

ASTRONOMIE.   —  Troisième  réunion  du  Comité  international  permanent 
pour  l'exécution  photographique  de  la  Carte  du  Ciel.  Note  de  M.  Mouchez. 

«  J'ai  l'honneur  de  faire  connaître  à  l'Académie  que  le  Comité  interna- 
tional de  la  Carte  du  Ciel  vient  de  se  réunir  pour  la  troisième  fois  à  l'Ob- 
servatoire de  Paris  et  qu'il  a  tenu  ce  matin  sa  première  séance.  Vingt  de 
nos  Collègues  étrangers  ont  eu  la  courtoisie  de  répondre  encore  une 
fois  à  notre  appel.  Ils  représentent,  à  deux;  ou  trois  exceptions  près,  tous 
les  observatoires  engagés  dans  celte  œuvre. 

»  Nous  allons  étudier  dans  cette  troisième  réunion  les  dernières  ques- 
tions restées  encore  indécises;  elles  seront  certainement  résolues  avec  la 

C  R.,  1891,  t"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  13.)  84 


(  638  ) 

même  cordiale  et  parfaite  entente  qui  a  présidé  jusqu'ici  à  nos  précédentes 
conférences. 

»  Bientôt  après  notre  séparation,  nous  allons  pouvoir  entreprendre  si- 
multanément notre  grand  travail  dans  les  dix-huit  observatoires  qui  y 
prennent  part  et  qui,  presque  tous,  ont,  depuis  quelque  temps,  ter- 
miné leurs  préparatifs.  Les  deux  seuls  qui  soient  en  retard  sont  :  celui 
de  Rio-de- Janeiro,  parce  qu'on  s'occupe  depuis  un  an  de  son  transfert  à  6km 
ou  8kmhors  de  la  ville,  et  celui  de  Santiago,  à  cause  des  récents  événements 
politiques  du  Chili. 

»  Au  nom  de  notre  Comité,  je  remercie  de  nouveau  l'Académie  d'avoir 
bien  voulu  prendre  notre  œuvre  sous  son  haut  patronage  et  d'en  avoir  fa- 
cilité les  débuts  par  la  publication  de  notre  Bulletin  international,  dont 
j'ai  l'honneur  de  lui  présenter  le  sixième  fascicule.  » 


MÉCANIQUE.  —  Nouvel  appareil  gyroscopiqup. 
Note  de  M.  G.  Sire. 

«  Lorsqu'un  tore  en  rotation  est  assujetti  à  tourner  autour  de  deux  axes 
rectangulaires  entre  eux,  si  l'on  veut  réaliser  une  rotation  alternative 
autour  de  l'un  de  ces  axes,  on  n'y  parvient  qu'autant  que  l'axe  du  tore 
s'oriente  parallèlement  à  cet  axe  et  de  façon  que  les  deux  rotations  aient 
lieu  dans  le  même  sens. 

«  Pour  mettre  en  évidence  ce  genre  d'orientation,  on  a  déjà  imaginé 
divers  petits  appareils  gyroscopiques,  continus  ou  discontinus,  dans  les- 
quels l'inversion  de  l'une  des  rotations  est  produite  soit  à  la  main,  soit  par 
la  réaction  élastique  d'une  lanière  de  caoutchouc.  Quand  on  opère  à  la 
main,  on  éprouve  une  très  grande  résistance,  dont  l'opérateur  a  seul  con- 
science. Si  l'on  emploie  une  lanière  de  caoutchouc,  comme  la  tension 
élastique  de  cette  substance  croît  très  rapidement  quand  on  l'étiré,  il  en 
résulte  que  l'action  de  cette  lanière  sur  l'un  des  axes  s'éteint  très  vite;  par 
suite,  les  inversions  de  l'axe  du  tore  qu'il  s'agit  d'observer  ont  très  peu  de 
durée.  D'autre  part,  il  importe  de  montrer  que  les  effets  de  l'inversion 
des  rotations  sont  réciproques,  ce  que  les  appareils  jusqu'ici  connus  ne 
démontrent  pas. 

»  L'instrument  que  j'ai  l'honneur  de  placer  sous  les  veux  de  l'Aca- 
démie réalise  ces  effets  d'une  façon  très  simple,  tout  en  leur  donnant  une 
persistance  assez  grande. 


(  639  ) 

»  Il  se  compose  d'un  tore  mobile  à  l'intérieur  d'une  chape  susceptible 
de  tourner  autour  des  deux  axes  AB,  CD,  rectangulaires  entre  eux.  Sili- 
ces deux  axes,  peuvent  agir  successivement  ou  simultanément  deux  res- 
sorts emmagasinés  dans  les  petits  barillets  R,  R'.  Dans  ce  but,  une  petite 
corde  à  boyau  s'enroule  sur  le  tambour  de  chaque  barillet  et  vient  se  fixer 
à  volonté  sur  l'axe  qu'elle  doit  actionner.  Comme  le  diamètre  de  l'axe  est 
environ  le  tiers  de  celui  du  tambour,  on  peut  facilement  enrouler  huit  à 


^ 


dix  tours  de  corde  sans  déterminer  une  réaction  trop  intense  du  ressort; 
enfin  tout  ce  système  est  mobile  autour  de  l'axe  vertical  AB,  tournant  sur 
un  pied  massif  P,  P  ayant  une  stabilité  suffisante. 

»  Voici  les  différentes  manières  d'opérer  avec  cet  instrument  : 
»  Premier  cas.  —  Tout  d'abord  la  poulie,  sur  laquelle  s'enroule  Ta  corde 
du  barillet  R',  est  enlevée  de  l'axe  CD  et  placée  sur  une  pièce  indépen- 
dante E,  ce  qui  donne  à  cet  axe  une  entière  liberté;  puis  on  fait  tourner 
à  la  main  tout  le  système  autour  de  AB,  de  façon  à  enrouler  sur  cet  axe 
huit  à  dix  tours  de  la  corde  du  barillet  R,  et  l'on  abandonne  l'instrument 
à  lui-même.  Comme  le  tore  ne  tourne  pas,  le  ressort  réagit  sur  l'axe,  dé- 
roule rapidement  la  corde  en  faisant  tourner  le  système  en  sens  contraire 
dont  la  position  d'équilibre  est  dépassée,  en  vertu  de  la  vitesse  acquise,  jus- 


(  64o  ) 
qu'à  ce  que  la  réaction  du  ressort  ait  annulé  cette  vitesse.  A  ce  moment,  le 
système  tourne  de  nouveau  en  sens  contraire,  en  vertu  des  mêmes  causes, 
et  ainsi  de  suite;  en  d'autres  termes,  le  système  est  animé  d'un  mouve- 
ment circulaire  alternatif. 

»  Il  en  est  tout  autrement  si  le  tore  est  en  rotation.  Cette  dernière  est 
produite  par  une  cordelette  de  soie  préalablement  enroulée  sur  l'axe  du 
tore  et  que  Ton  déroule  plus  ou  moins  énergiquement. 

»  On  observe  alors  que  le  système  n'obéit  à  l'action  du  ressort  R,  qu'au- 
tant que  l'axe  du  tore  coïncide  avec  AB,  et  que  les  deux  rotations  tendent 
à  se  faire  dans  le  même  sens.  Dans  ces  conditions,  les  deux  rotations  s'a- 
joutent :  il  en  résulte  un  enroulement  rapide  et  énergique  de  la  corde 
sur  AB  jusqu'à  ce  que  la  réaction  du  ressort  ait  annulé  la  vitesse  acquise. 
A  ce  moment,  le  ressort  tend  à  faire  tourner  tout  le  système  en  sens  con- 
traire ;  mais  cela  ne  se  produit  pas,  car  seule  la  rotation  autour  de  AB  a 
changé  de  sens,  et,  pour  que  l'entraînement  du  système  ait  lieu,  il  est  né- 
cessaire que  la  rotation  du  tore  change  aussi,  ce  qui  ne  peut  se  faire  que 
par  un  retournement  de  son  axe.  Aussi  voit-on  le  tore  tourner  lentement 
de  i8o°  autour  de  CD  pendant  que  la  chape  extérieure  acquiert  une  fixité 
complète;  mais  sitôt  que  l'axe  du  tore  coïncide  de  nouveau  avec  AB,  tout 
le  système  est  entraîné  dans  le  sens  de  l'action  du  ressort.  Cet  entraîne- 
ment est  suivi  d'un  nouvel  arrêt,  pendant  lequel  un  nouveau  retourne- 
ment de  l'axe  du  tore  se  produit,  et  ainsi  de  suite. 

»  Ces  curieux  effets  de  la  tendance  des  rotations  au  parallélisme  pro- 
duisent des  alternances  d'autant  plus  nombreuses  que  la  tension  du  res- 
sort et  la  rotation  initiale  du  tore  sont  plus  grandes. 

»  Deuxième  cas.  —  Les  rotations  alternatives  transmises  à  l'axe  AB  dé- 
terminant des  alternances  autour  de  CD,  réciproquement  celles-ci  donnent 
naissance  aux  premières.  On  le  démontre  en  disposant  l'appareil  de  la 
façon  suivante. 

On  supprime  l'action  du  ressort  R  sur  l'axe  AB,  mais  on  fait  agir  le  res- 
sort R'  sur  CD,  en  fixant  sur  cet  axe  la  poulie  sur  laquelle  s'enroule  la 
corde  du  barillet  R'.  On  fait  tourner  la  chape  intérieure  autour  de  CD  de 
façon  à  enrouler  huit  à  dix  tours  de  corde  sur  la  poulie,  on  met  le  tore  en 
rotation  comme  précédemment  et  on  abandonne  le  système  à  lui-même. 

»  De  suite,  on  observe  un  mouvement  de  précession  autour  de  AB,  dont 
le  sens  dépend  de  la  rotation  propre  du  tore  et  de  celle  autour  de  CD, 
mouvement  qui  se  continue  jusqu'à  ce  que  l'axe  du  tore  coïncide  avec  AB. 
A  cet  instant,  le  mouvement  de  précession  se  fait  en  sens  inverse,  et  ainsi 


(  64i  ) 
chaque  fois  que  l'action  du  ressort  R'  produit  le  retournement  de  l'axe  du 
tore  :  comme  cet  axe  exécute  une  série  de  bascules  dans  un  plan    passant 
par  AB,  il  y  a  inversion  du  mouvement  de  précession,  toutes  les  fois  qu'il 
V  a  coïncidence  entre  ces  deux  axes. 

»  Les  bascules  de  l'axe  du  tore  sont  lentes  si  la  rotation  autour  de  AB 
est  très  libre;  elles  sont  plus  fréquentes,  si  cette  rotation  est  retardée 
par  une  pression  exercée  à  l'aide  de  la  vis  située  à  la  partie  supérieure  de 
l'instrument. 

»  Troisième  cas.  —  Enfin,  voici  ce  qu'on  observe  quand  on  tait  agir  si- 
multanément les  ressorts  R,  R'  sur  leurs  axes  respectifs.  Après  avoir  enroulé 
huit  à  dix  tours  de  corde  sur  chacun  de  ces  axes  et  avoir  mis  le  tore  en 
relation  rapide,  on  ne  tarde  pas  à  reconnaître  une  partie  des  particularités 
observées  dans  le  premier  cas,  à  l'exception  de  l'immobilité  de  la  chape 
extérieure  qui  ne  se  produit  plus  pendant  le  retournement  de  l'axe  du  tore. 
Lorsque  la  vitesse  acquise  autour  de  AB  est  annulée  par  la  réaction  du 
ressort  R,  l'intervention  du  ressort  R'  fait  continuer  l'enroulement  de  la 
corde  sur  AB,  pendant  que  se  fait  la  bascule  du  tore  ;  mais,  dès  que  les  axes 
coïncident,  tout  le  système  est  entraîné  en  sens  contraire.  Il  résulte  de 
cette  particularité  que  la  durée  des  alternances  est  notablement  augmentée, 
toutes  choses  égales  d'ailleurs. 

»  En  raison  de  la  réciprocité  des  effets  qui  se  produisent  autour  des  axes 
AB  et  CD,  il  y  a  lieu  de  désigner  l'instrument  ci-dessus  représenté  sous  le 
nom  de  gyroscope  alternatif  à  mouvements  réciproques.    » 

ZOOLOGIE.  --  Nouvelles  observations  sur  la  Sardine  de  Marseille. 
Note  de  M.  A.-F.Marion. 

«  La  pêche  de  la  Sardine  a  été  assez  fructueuse  durant  la  campagne  1 890 
(372i65kg),  bien  que  les  mauvais  temps  l'aient  fréquemment  contrariée 
au  début  et  qu'elle  ait  été  entravée,  au  milieu  de  la  saison,  par  l'arrivée 
de  bandes  considérables  de  Dauphins,  coïncidant  avec  celle  de  nombreux 
bancs  de  Thons  et  de  Scombresox  Rondelctii  (Caslendeu  des  pêcheurs  pro- 
vençaux). 

»  Il  est  digne  de  remarque  que  les  grosses  Sardines  adultes,  longues 
de  i.5cm  à  i8cm,  n'ont  pas  discontinué  de  se  montrer  dans  notre  golfe  pen- 
dant tous  les  mois  de  l'année.  Les  pêcheurs  affirment  que  ce  phénomène 
est  déjà  ancien  et  remonte  à  plus  de  quinze  ans.  Auparavant,  la  Sardine 
était  notablement  plus  petite,  et  les  bandes  de  gros  poissons  n'apparais- 


(  642  ) 
saient  qu'en  mars,  passaient  au  large  et  ne  s'engageaient  dans  le  golfe  que 
pour  peu  de  temps.  Leur  marche  semblait  dirigée  vers  les  embouchures  du 
Rhône,  et  il  est  admissible  que  ces  changements  dans  leurs  allures  résultent 
des  modifications  apportées  aux  bouches  de  l'Ouest  par  la  fermeture  des 
Graux. 

»  Le  développement  des  organes  reproducteurs  a  donné  lieu  à  des  con- 
statations semblables  à  celles  de  la  précédente  campagne.  Je  ne  puis  ad- 
mettre que  la  ponte  de  la  Sardine  s'effectue  en  toute  saison.  La  durée  de 
la  maturité  sexuelle  est,  d'ailleurs,  assez  longue  et  peut  être  fixée,  sur  nos 
côtes,  du  milieu  de  novembre  au  milieu  de  mai.  Il  y  a  des  bandes  à  matu- 
rité précoce,  d'autres  à  maturité  tardive.  J'ai  constaté  cette  année  l'exis- 
tence d'œufs  bien  formés  et  à  la  veille  d'être  rejetés,  dans  de  grosses  Sar- 
dines de  i7c,u,5,  qui,  du  ioau  i5  mai,  fréquentaient  le  voisinage  des  ports. 
Par  contre,  durant  les  mois  de  juin,  juillet,  août  et  septembre,  toutes  les 
grosses  Sardines  étaient  vides.  L'irrégularité  de  l'état  sexuel,  déterminant 
des  pontes  successives,  explique  l'inégalité  des  alevins  et  leur  apparition 
à  diverses  époques.  Les  premières  Pontifies  se  sont  montrées,  en  1890, 
pendant  la  première  quinzaine  de  mars. 

«  Les  Poulines  nues,  de  2cm  à  3cm,  étaient  associées  à  des  bandes  de  Pon- 
tifies vêtues,  longues  déjà  de  4cm  à  4cm,5.  Ces  pontines  allaient  grandissant 
et  devenaient  des  Polailles,  de  6cm  à  7e"1,  en  avril,  tandis  que  de  nouvelles 
émissions  de  Pontines  nues  se  produisaient  le  25  avril,  et  plus  tard  encore 
à  deux  autres  reprises,  le  8  mai  et  enfin  le  9  juin.  Ces  derniers  alevins 
correspondaient  évidemment  aux  pontes  tardives  du  mois  de  mai.  Comme 
à  l'ordinaire,  les  sennes,  appelées  Issango,  ont  capturé  les  Sardinettes  de 
l'année,  arrivées  à  l'état  de  Polailles  (6cm  à  8cm,  et  plus  tard,  à  la  fin  de  la  sai- 
son, iocm  à  iicm).  Les  premières  bandes  de  Polailles  furent  capturées  par 
ces  filets  le  3o  mai,  à  l'entrée  du  golfe,  au  poste  de  Tiboulen  de  Maïré. 
C'étaient  des  poissons  déjà  assez  forts  pour  l'époque  et  que  les  pêcheurs 
distinguaient  des  Polailles  natives  du  golfe  de  Marseille,  toujours  plus 
nourries  et  colorées  d'une  manière  plus  intense.  Les  bandes  de  Sardines 
de  l'année,  produites  dans  le  golfe,  s'augmentent  donc  de  celles  des  Sar- 
dines les  plus  précoces,  qui  se  déplacent  déjà  le  long  de  la  côte  de  Pro- 
vence. Je  n'ai  rien  à  ajouter  à  ce  que  j'ai  signalé  déjà  quant  à  la  croissance 
de  ces  Sardinettes  dont  la  taille,  à  la  fin  de  la  saison,  reste  cependant 
encore  assez  sensiblement  inégale,  ainsi  qu'il  fallait  s'y  attendre,  en  con- 
statant l'apparition  successive  des  Pontines  nues  depuis  le  mois  de  mars 
jusqu'au  mois  de  juin. 


(643  ) 

»  Je  me  suis  occupé  spécialement  de  la  recherche  de  l'œuf  libre  attri- 
buable  à  la  Sardine,  et  mes  observations  me  confirment  absolument  dans 
l'opinion  déjà  acceptée  par  moi  et  d'après  laquelle  l'œuf  pondu  flotterait 
à  la  surface.  J'ai  vu,  comme  d'autres  naturalistes,  que  les  œufs  retirés  du 
corps  de  la  Sardine  tombent  au  fond  des  vases;  mais,  ces  œufs  morts,  lors- 
qu'ils sont  assez  avancés,  laissent  déjà  leur  capsule  (qui  est  un  chorion  et 
non  une  membrane  vitelline)  se  gonfler  et  produire  le  grand  espace  péri- 
vitellin  si  caractéristique,  que  l'on  reconnaît  dans  les  œufs  flottants  ob- 
servés par  Raffaële,  à  Naples,  et  que  j'ai  retrouvés  en  abondance,  cette 
année,  dans  le  fond  du  golfe,  en  opérant  en  février  des  pêches  au  filet  fin. 
Les  alevins  sortis  de  ces  œufs  flottants,  longs  de  5mm,  ont  une  physionomie 
particulière.  La  position  reculée  de  l'anus  les  fait  reconnaître  pour  des 
Chipes.  Ce  caractère  n'existe  que  chez  les  alevins  de  l'Anchois,  du  Hareng, 
de  la  Melette  et  dans  ceux  que  nous  attribuons  à  la  Sardine.  Les  alevins 
éclos  au  laboratoire  ont  vécu  huit  jours  en  captivité.  Leur  sac  vitellin  était 
déjà  presque  complètement  résorbé,  le  corps  avait  pris  une  forme  svelte  : 
il  était  long  de  r]mm,  l'œil  avait  déjà  sa  teinte  bleu  irisé,  et  il  ne  fallait 
plus  que  de  légères  modifications  dans  les  nageoires  pour  réaliser  l'aspect 
des  plus  petites  Ponlines  nues. 

»  Je  remarque  que  les  constatations  que  je  viens  de  faire,  identiques  à 
celles  de  Raffaële,  reproduisent  aussi,  trait  pour  trait,  les  observations  de 
Cunningham,  à  Plymouth.  Elles  seront  exposées  d'une  manière  plus  dé- 
monstrative, avec  dessins  à  l'appui,  dans  un  fascicule  des  Annales  du  labo- 
ratoire d'Endoume,  que  j'aurai  l'honneur  de  présenter  sous  peu  à  l'Aca- 
démie. » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Les  tremblements  de  terre  du  i5  et  du  iG  janvier 
en  Algérie.  Note  de  M.  A.  Pomel. 

«  Le  1 5  janvier,  vers  4'1  du  matin,  une  violente  secousse  séismique  ef- 
frayait la  population  algérienne,  et  la  presse  annonçait  que  l'on  avait  à  dé- 
plorer des  victimes  et  des  ruines.  Deux  villages  de  colons,  Gouraya  et 
Villebourg,  à  l'ouest  deCherchell,  ont  été  les  plus  éprouvés  et  peuvent  être 
considérés  comme  détruits.  Des  hameaux  indigènes  du  voisinage  ont  éga- 
lement beaucoup  souffert.  L'aspect  des  ruines  est  navrant,  et  le  désordre 
est  tel  que  l'on  ne  comprend  pas  qu'il  n'y  ait  pas  eu  plus  de  victimes. 

»    Des  pans  de  mur  et  des  cloisons  se  sont  effondrés  dans  toutes  les  directions  ;    ici, 


(  644  ) 

vers  l'est  ou  vers  l'ouest;  là,  vers  le  sud  ou  vers  le  nord;  d'autres,  restés  debout,  sont 
craquelés  et  comme  émieltés  et  sans  cohésion.  Certains  angles  se  sont  disloqués  en 
forme  de  pyramide  droite;  d'autres,  plus  rares,  en  pyramide  renversée.  Des  masses 
lourdes  et  volumineuses  ont  été  projetées  à  plusieurs  mètres.  Des  toitures  se  sont  ef- 
fondrées, contribuant  par  leur  poussée  au  renversement  des  murailles.  Des  hangars  sur 
piliers  en  briques  sont  restés  debout,  bien  que  ces  piliers  aient  été  disjoints  près  de 
leur  base,  tout  en  étant  restés  en  place.  Des  pièces  de  bois  ont  été  chassées  hors  des 
encastrements  de  leur  support. 

»  Quelques-uns  de  ces  faits  et  d'autres  encore,  que  je  ne  puis  détailler, 
ne  peuvent  être  expliqués  que  par  une  violente  poussée  verticale.  Les  sinis- 
trés ont,  en  effet,  éprouvé,  à  la  première  secousse,  la  sensation  d'un  choc 
terrible  et  brusque,  comme  une  sorte  de  soulèvement  que  certains  ont 
estimé  supérieur  à  un  demi-mètre  (').  Les  oscillations  et  les  trépidations 
qui  ont  suivi  sont  venues  de  l'ouest  pour  les  uns,  du  nord  pour  les 
autres,  probablement  à  des  instants  différents;  elles  ont  achevé  la  disloca- 
tion des  assises  et  déterminé  les  écroulements  des  constructions,  sur  les- 
quelles elles  ont  dû  agir  avec  une  grande  énergie. 

m  II  ne  parait  pas  y  avoir  eu  de  déformation  du  sol.  Quelques  falaises 
démolies,  quelques  roches  surplombantes  éboulées,  dont  une  a  effondré 
une  habitation  kabvle  et  écrasé  les  gens  qu'elle  contenait.  Les  fissures 
signalées  à  Villebourg  sont  des  fentes  préexistantes,  et  un  peu  amplifiées, 
d'un  cône  argileux  d'éboulement.  La  ligne  blanche  des  Algues  calcifères 
qui,  d'habitude,  avoisine  le  niveau  de  la  mer,  est  relevée  à  plus  de  3ocm. 
Mais  une  pareille  dénivellation  se  produit  sous  les  fortes  pressions  et 
aurait  besoin  d'une  vérification.  Il  n'est  resté  aucune  trace  de  raz  de  marée, 
s'il  s'en  est  produit. 

»  Les  secousses  d'intensité  variable,  souvent  répétées  dans  la  journée 
du  i5  et  plusieurs  autres  à  la  suite,  se  sont  répercutées  jusqu'à  Cherchell 
à  3okm  vers  l'est,  sans  dégâts  sérieux.  A  Alger,  les  secousses  se  sont  pro- 
duites à  4h>  4h45m,  5h3om,  6h45m  très  approximativement.  La  première  a 
été  la  plus  forte  et  a  vivement  émotionné  la  population.  Le  choc  vertical  a 
été  enregistré  par  le  baromètre  à  mercure  enregistreur  sous  forme  d'un 
trait  vertical  de  près  de  2mm  de  long,  dont  les  f  au-dessous  de  la  ligne  de 
pression  qui  s'est  continuée  sans  à-coup  ni  déviation  au  delà,  comme  s'il 

(')  A  Villebourg,  on  prétend  avoir  vu  des  lueurs  assez  intenses  et  l'un  des  sinistrés 
affirme  qu'elles  lui  ont  permis  de  se  diriger  vers  un  escalier  pour  son  sauvetage.  Il  est 
très  probable  que  ces  lueurs  étaient,  en  réalité,  des  éclairs,  car,  à  ce  moment,  la 
tempête  était  déchaînée. 


(  645  ) 

n'y  avait  eu  aucun  trouble.  Les  enregistreurs  anéroïdes  n'ont  pas  été 
influencés.  Il  est  bien  à  regretter  que  le  séismographe  Angot,  de  l'Ecole 
des  Sciences,  ait  été  alors  en  réparation.  Un  séismographe  à  boulet,  au 
service  météorologique,  a  donné  sur  un  papier  fixe  une  figure  indéchif- 
frable, formée  de  petits  ronds  et  de  traces  enchevêtrées,  dont  l'ensemble 
indique  un  mouvement  du  traceur  vers  l'est  de  3mm  et  un  autre  vers  le 
nord  de  même  grandeur. 

»  J'ai  pensé  qu'il  y  aurait  intérêt  à  déterminer  le  périmètre  de  la  zone 
ébranlée,  et  à  être  renseigné  sur  des  faits  de  détail.  Dans  ce  but  j'ai,  sous 
le  couvert  de  M.  le  Recteur  de  l'Académie,  adressé  un  questionnaire  aux 
fonctionnaires  de  l'enseignement  primaire,  qui  m'ont  fait  parvenir  trois 
cent  quatre-vingts  informations  utiles. 

«  Je  constate  d'abord  que  le  sud  des  hauts  plateaux  et  le  Sahara  ont  complètement 
échappé  au  mouvement  séisrnique.  Aïn-Sefra,  Géryville,  Aïn-Madi,  Laghouat,  Bou- 
Saada,  Biskra,  Gardaïa,  Touggourt  et  El  Oued  du  Souf  n'ont  fourni  que  des  renseigne- 
ments négatifs. 

»  Dans  le  Tell,  on  délimite  une  zone  principale  continue  de  400km,  depuis  Mira 
(20  long.  E.)  jusqu'à  Perrégaux  (20  i5'  long.  O.).  Assez  étroite  vers  l'est  et  ne  sortant 
pas  du  bassin  inférieur  du  Sebaou,  elle  évite  le  massif  du  Djurdjura;  puis  elle  le  con- 
tourne à  l'ouest  pour  s'élargir  jusqu'à  Aïn-Bessem,  sans  toucher  à  B ouïra  ni  à  Aumale. 
Elle  comprend  tout  le  Sahel  d'Alger  et  le  massif  littoral  entre  la  mer  et  le  Chellif. 
C'est  en  son  milieu  que  se  trouvent  Gouraya  et  Villebourg.  Tous  les  centres  de  popu- 
lation de  la  rive  gauche  du  Chellif  ont  été  ébranlés.  Dans  les  gorges  du  bas  Chellif,  il 
y  a  interruption  depuis  Bosquet  jusqu'à  Tourrin,  et  la  secousse  ressentie  à  Moslaganem 
a  dû  lui  arriver  de  l'Hilhil  par  Bouguirat. 

»  Boghar  et  Boghari,  Teniet-el-Hâd,  Tiarel,  Saïda  avec  Aïn-el-IIadjar,  jalonnant 
le  bord  des  hauts  plateaux,  ont  ressenti  les  secousses  principales  et  semblent  fournir 
avec  Aïn-Bessem  une  limite  méridionale,  uniquement  peut-être  parce  que  les  infor- 
mations sont  rares  au  delà.  En  efTet,  s'il  n'y  a  rien  eu  à  Charef  et  à  Zenina,  Chellala 
et  Djelfa  ont  été  légèrement  secouées. 

»  Vers  l'ouest,  le  bassin  del'IIabra  n'a  pas  été  franchi,  il  n'est  même  touché  qu'en 
deux  points  extrêmes,  Perrégaux  et  Saïda.  Les  ébranlements  paraissent  être  arrivés  à 
ce  dernier  point  de  la  vallée  du  Chellif  par  Cacherou,  Fortassa  et  Zemmora,  évitant 
ainsi  le  massif  des  Béni-Ghougran,  qui  est  en  totalité  resté  en  dehors.  Mes  informa- 
tions ne  sont  pas  tout  à  fait  d'accord  sur  le  nombre  et  l'importance  des  secousses 
secondaires;  ce  qui  prouve  qu'elles  ont  varié  suivant  les  lieux,  et  elles  étaient  parfois 
tellement  affaiblies  qu'on  les  confondait  avec  celles  de  la  tempête. 

»  En  dehors  de  cette  grande  zone  et  à  d'assez  grandes  distances,  on  a  perçu  des 
ébranlements  qui  paraissent  dépendre  de  la  même  crise  séisrnique.  Vers  l'ouest,  à 
Bou-Tlélis,  le  choc  s'est  produit  à  ç/So1"  du  matin.  A  Tamzoura,  au  pied  du  Tessala, 
c'est  à  8h  du  soir.  Le  défaut  de  coïncidence  pourrait,  à  la  vérité,  faire  douter  de  cette 
relation. 

C.   K.,  1891,   1»  Semestre.  (T.  CX1I,  IV  13.)  85 


(  646  ) 

»  Mais  vers  l'est  il  n'y  a  plus  à  en  douter.  Kirata,  à  iookm  de  Mira,  est  assez  forte- 
ment secoué  à  7h  du  matin;  plus  loin,  Saint-Arnaud  l'est  plusieurs  fois  entre  3h  et  5h 
du  matin;  Aïn-Melouk,  près  Châteaudun  du  Rhumal,  à  6h3om;  Ahmed-ben-Àli,  près 
Jemmapes,  deux  fois  entre  5h  et  6h  du  matin. 

»  De  Jemmapes  à  Bou-Tlélis,  il  y  a  plus  de  8°  de  longitude  et  une  dis- 
tance de  72okm.  Entre  Tenès  et  Tiaret,  il  y  a  I25kro,  qui  mesurent  la  grande 
largeur  de  la  zone. 

»  C'est  donc  sur  une  surface  de  c)oookm'1  que  le  mouvement  séismique  a 
exercé  son  action.  Une  pareille  étendue  et  surtout  sa  forme  ne  sont  pas 
compatibles  avec  une  origine  dans  des  points  voisins  de  la  surface. 

»  La  secousse  du  16,  à  ah  i5m  du  matin,  à  Alger  n'a  pas  eu  d'influence  sur  le  baro- 
mètre enregistreur  à  mercure.  Elle  a  été  à  peine  perçue  clans  la  région  de  l'ouest,  si 
ce  n'est  dans  le  Sahel  et  dans  la  région  de  Cherchell.  Mais  elle  a  pris  vers  l'est  une 
assez  grande  intensité  en  se  propageant  sur  des  lieux  épargnés  la  veille  :  massif  du 
Djurdjura,  Haussonvillers,  Fréha,  Aït-Lazis,  Oued  Amizour.  Au  delà,  par  Kérata, 
Oued  Seguin,  elle  s'est  étendue  jusqu'à  Jemmapes.  Ce  n'est  évidemment  qu'une  des 
phases  particulières  du  même  grand  phénomène  dû  à  l'action  des  forces  internes. 

»  Mes  informations  tendent  à  établir  que  pour  la  grande  commotion  du 
i5,  il  y  a  eu  presque  simultanéité  de  production  dans  la  zone  principale  de 
l'ouest  à  l'est;  l'effort  a  dû  se  produire  normalement  à  cette  direction;  je 
n'ai  pas  les  éléments  pour  en  déterminer  la  vitesse  de  propagation.  Toute- 
fois on  peut  remarquer  que  l'influence  de  l'ébranlement  ne  s'est  manifesté 
sur  les  appareils  magnétiques  du  Parc  Saint-Maur  qu'avec  un  retard  de  dix 
minutes  au  moins. 

»  Il  n'y  a  pas  de  relation  apparente  entre  le  mouvement  séismique  ei  la 
structure  géologique  de  détail.  Il  y  en  a  un  plus  manifeste  avec  la  structure 
orographique  et  on  ne  peut  méconnaître  l'influence  des  deux  systèmes  du 
Tatra  et  des  Baléares,  prédominant  dans  la  région  ébranlée.    » 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix,  chargées  déjuger  les  Concours  de  l'année  189,1. 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Prix  Lallemand.  —  MM.  Charcot,  Sappey,  Ranvier,  Brown-Séquard, 
Bouchard  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après 
e:ix,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Marcv  et  A.  Mil  ne-Edwards. 


(  <%  ) 
Prix  Chaussier.  —  MM.  Bouchard,  Charcot,  Verneuil,  Brown-Séquard, 
Larrey  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux, 
ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Marey  et  Richet. 

Prix  Bellion  (fonde  par  Mtle  Foe/ir).  —  MM.  Bouchard,  Charcot,  Ver- 
neuil, Brown-Séquard,  Marey  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les 
Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Larrey  et 
Bichet. 

Prix  Mêge.  —  MM.  Bouchard,  Charcot,  Marey,  Verneuil,  Brown- 
Séquard  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux, 
ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Bichet  et  Larrey. 

Prix  Montyon  (Physiologie  expérimentale).  —  MM.  Marey,  Brown- 
Séquard,  Bouchard,  Charcot,  Ranvier  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 
Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Ver- 
neuil et  Chauveau 

Prix  L.  La  Gaze  (Physiologie  ).  --  MM.  Banvier,  Chauveau,  Larrey  réu- 
nissent la  majorité  des  suffrages  et  seront  adjoints  aux  Memhres  de  la 
Section  de  Médecine  et  Chirurgie  pour  constituer  la  Commission.  Les 
Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Sappey  et 
A.  Milne-Edwards. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  le  4e  fascicule  de  la  «  Bibliotheca  mathematica,  Journal 
d'Histoire  des  Mathématiques  »,  publié  à  Stockholm,  par  M.  Guslaf 
Enestrôm.  (Présenté  par  M.  de  Jonquières.) 

M.  Paul  Camboué  adresse,  de  Madagascar,  ses  remerciements  pour  le 
prix  Savigny  qui  lui  a  été  décerné. 


ASTRONOMIE.  —  Nébuleuses  nouvelles,  découvertes  à  ï Observatoire  de  Paris  ; 
par  M.  G.  Rigourdan.  Note  communiquée  par  M.  Mouchez. 

«   Comme  les  nébuleuses  nouvelles  dont  on  a  déjà  donné  les  positions 
(Comptes  rendus,  t.  CV,  p.  926  et  1 1 16),  les  suivantes  ont  été  découvertes 


(  648  ) 

avec  l'équatorial  de  la  tour  de  l'Ouest,  de  o"\  3  i  d'ouverture;  elles  ont  été 
trouvées  principalement  dans  les  années  1887  à  1890. 

»  Pour  la  notation  des  grandeurs,  j'appelle  i3,5  l'éclat  des  objets  qui, 
dans  cet  instrument,  sont  à  l'extrême  limite  de  visibilité.  Par  suite,  il  peut 
y  avoir  doute,  sinon  sur  l'existence,  du  moins  sur  le  caractère  nébuleux 
des  objets  dont  la  grandeur  indiquée  est  i3,5;  il  en  est  de  même  pour  les 
amas  très  faibles,  parfois  pour  les  nébulosités  qui  accompagnent  certaines 
étoiles,  etc.  Dans  ces  conditions,  on  aurait  pu  ne  pas  publier  les  positions 
de  ces  objets,  et  c'est  même  pour  ces  raisons  que,  en  1887,  quelques-uns 
avaient  été  laissés  de  côté.  Mais  il  semble  aujourd'hui  que  cette  publica- 
tion est  sans  inconvénient,  puisque  chaque  objet  est  accompagné  d'une 
description  sommaire,  et  qu'elle  présente  divers  avantages,  entre  autres, 
celui  d'appeler  l'attention  des  observateurs  qui  examinent  les  nébuleuses 
voisines,  car  la  plupart  des  objets  suivants  ont  été  trouvés  en  étudiant  des 
nébuleuses  déjà  connues. 

»    Voici  la  signification  des  principales  abréviations  employées  : 

N.  G.  C.  =z  New  gênerai  Cat.  of  Nebulœ,  . . . ,  par  J.-L.-E.  Dreyer. 

p  =  angle  de  position,  compté  comme  pour  les  étoiles  doubles. 

d  =  distance. 
Gr.  est  l'abréviation  de  grandeur. 

Ascension        Distance 
droite.  polaire. 


1860,0. 


N" 

- — -~ 

103... 

b       m     s 
O.     I  .  1 5 

104... 

O.  )5. 22 

105... 

o.23.5i 

100... 

.    0.34.52 

107.. 

o.35. 12 

108... 

0.52.56 

109. .. 

o.53.  i4 

110... 

.     o.53.i8 

111... 

0 . 5  '| .  1 1 

Description. 

63.  4  Etoile  double  (Gr.  :  1 3,3  et  i3,4)  dont  la  composante 
1 3,4  ne  paraît  pas  bien  stellaire;  parfois  l'ensemble 
a  paru  accompagné  de  nébulosité. 

80. 18  Objet  nébuleux  soupçonné  seulement,  à  cause  de  son 
extrême  faiblesse. 

5g. 56  Petit  amas  de  3o"  à  4o"  de  diamètre  et  peut-être  en- 
tremêlé de  nébulosité. 

61.  7  Gr.  :  i3,4-i3,5;  diffuse,  46"  de  diamètre,  avec  con- 
densation un  peu  stellaire,  et  qui  paraît  légèrement 
excentrique. 

61.   6     Objet  nébuleux,  soupçonné  seulement. 

5g. 58  Gr.  :  i3,4-i3,5;  peut-être  irrégulière,  25"  d'étendue, 
sans  noyau. 

97.40     Gr.  :  1 3,5  ;  soupçonnée  seulement. 

97.42     Gr.  :  1 3,5 ;  soupçonnée  seulement. 

97.32     Gr.  :  i3,5;  soupçonnée  seulement. 


(  649  ) 


Ascension 
droite. 


Distance 
polaire. 


N-. 
112 

113. 
114. 

115. 
116. 

117. 
118. 
11!). 

120. 
121. 

122. 

123. 

124. 

125. 

126. 
127. 

128. 
129. 

130. 
131. 

132. 

133. 
134. 


1860,0 


li    m   ^ 

0.54.28 

O    1 

97 . 3 1 

..  4.37 

9 1 . 1 3 

1.  7.19 

57. 23 

I  -.19.  4 

57.59 

1 . 1 2 . 1 7 

58.  2 

1 . 1 2 .  35 

75.53 

1 .  17 .25 

92 .  1  1 

1.17  33 

92.19 

1.18.  3 

57.i4 

1.18.  5 

57 .  i5 

I .20.22 

5g. 58 

I .25.23 

59-47 

I .25.24 

5g .  5o 

1.25.33 

5g.  5o 

1.25.33 

60.18 

1.25.34 

60.  i5 

1.25.44 

60.1 3 

1 .25.5o 

60.  i5 

I .25.52 

60. 1 4 

1.26.  7 

5g.  58 

.26.18 


59.57 


43.23  68.4g 

2.    1.   8  84.18 


Description. 

Néb.  que  le  voisinage  de  i5g  BD —  70  empêche  de  bien 
voir.  Cette  étoile  est  àp  =  1680,  d  =  2'. 

Gr.  :  i3,5;   traces  de  nébulosité  près  de  i56BD  —  1°. 

Gr.  :  i3,4;  ronde,  3o"  de  diamètre,  avec  noyau  assez 
stellaire. 

Gr.  :  1 3,5  ;  tout  à  fait  insaisissable. 

Etoile  i3,3-i3,4  qui  paraît  accompagnée  d'un  peu  de 
nébulosité. 

Gr.  :  i3,5;  d'aspect  assez  stellaire. 

Gr.  :  1 3 ,3-i  3, "5  ;  d'aspect  stellaire. 

Gr.  :  i3,3;  assez  diffuse,  ronde,  25"  de  diamètre,  avec- 
noyau  assez  diffus. 

Gr.  :  i3,.">;  assez  nettement  nébuleuse. 

Etoile  i3,'i  qui  paraît  accompagnée  d'un  peu  de  né- 
bulosité. 

Gr.  :  i3,ô;  faible  nébulosité  voisine  d'une  étoile 
1 3,3-i 3 , 4  qui  gène  pour  l'apercevoir. 

Gr.  :  1 3,4  ;  difficile  à  voir  à  cause  du  voisinage  d'une 
étoile  double  (Gr.  :  i3,o  et  i3,o). 

Gr.  :  i3,4-i3,5;  très  diffuse,  3o"  d'étendue,  avec  très 
faible  condensation  australe. 

Gr.  :  i3,5;  soupçonnée  seulement  près  de  24oBD-r-3o°, 
à  p  —  170°,  d  =  3'. 

Gr.  :  i3.5. 

Gr.  :  1 3,4-i 3,5  ;  difficile  à  voir;  une  étoile  10  est  voi- 
sine à  p  =  33o°,  d  -—  V . 

Gr.  :  1 3,4- 1 3,5  ;  très  diffuse  et  assez  étendue. 

Très  faible  et  très  diffuse,  légèrement  plus  brillante 
vers  le  centre,  sans  noyau. 

Gr.  :  1 3 , 4  ;  diffuse. 

Gr.  :  1 3,4  ;  d'aspect  assez  stellaire  ;  elle  paraît  formée 
par  une  étoile  1 3,4  accompagnée  de  nébulosité  de  3o" 
étendue. 

Gr.  :  i3,4  ;  très  diffuse,  3o"  d'étendue.  Une  étoile  i3,i 
très  voisine  (à p  =  no",  rf=  °'>6),  gêne  beaucoup 
pour  l'apercevoir. 

Gr.  :  1 3,4—  1 3,5  ;  presque  insaisissable.  Une  étoile  10, 5 
est  kp  =  358°,  f/=4'- 

Gr.  :  i3,4-i3,5;  très  diffuse,  1'  à  i',5  d'étendue,  sans 
nova  11 . 


Ascension         Distance 
droite.  polaire. 


(  65o  ) 


N". 

135... 

1860,0. 

h   m   s         „ 
2.15.32     II 1.23 

136... 
137... 

2.3o. II 

a.3o.4i 

48.53 

88.17 

138... 

2.46. 1 1 

77.43 

139... 
140... 

2.57.53 
.  3.  n.  45 

97-  2 
92.29 

ni... 

142... 

.  3.i4-i3 
3 . 20 . 1 6 

49.  6 
1 1 1 . 5 1 

143... 

3.27.  6 

g5.35 

144... 

.  4.i3.56 

70.52 

145 . . . 

.  4.23.  3 

go.52 

140... 

.  4.42.  2 

96.32 

147... 

6.42.23 

106.45 

148... 

.  6.42.54 

io6.53 

149... 

7.10.52 

102.55 

150 . . . 

•  7-59-  7 

88.34 

151... 

.  8.29.5i 

88. 5o 

15-2. . 

.  9.12.29 

1 06 . 1 0 

Description. 

Gr.  :  i3,4  ;  assez  diffuse,  3o"  de  diamètre,  avec  noyau 

assez  stellaire  et  très  faible. 
Gr.  :  1 3,3  ;  35"  à  4o"  de  diamètre. 
Gr.  :  i3,3  ;  ronde,  35"  à  4°"  de  diamètre,  avec  noyau 

stellaire  qui  ressort  fortement. 
Gr.  :  1 3,4  ;  ties  diffuse,   1'  à   i',5  de  diamètre;  passe 

ios  après   11 34  NGC,  et  est  plus  australe  de  8'. 
Gr.  :  i3,5  ;  sans  détail  perceptible. 
Étoile  i3,o,  un  peu  diffuse  et  entourée  de  nébulosité, 

très  faible,  de  3o"  de  diamètre. 
Gr.  :  i3,4  ;  fortement  stellaire. 
Gr.  :  1 3,4  ;  diffuse,  4o"  de  diamètre,  avec  noyau  assez 

diffus . 
Excessivement  faible,  insaisissable;  l'étoile  687 BD-5°, 

est  à/>  =  4o°,  c/=  4'- 
Étoile  i3,4-i3,5  qui  paraît  accompagnée  d'un  peu  de 

nébulosité. 
Objet  stellaire  qui   parait  être  une  petite  nébuleuse 

de  5"  de  diamètre. 
Gr.  :  i3,5  ;   très   diffuse,   formée  peut-être  par  quel- 
ques étoiles  i3,5  peu  serrées. 
Étoile  12,8  qui  paraît  entourée  de  nébulosité  de  25" 

à  3o"  d'étendue. 
Étoile  i3,4-i3,5  qui  paraît  accompagnée  d'un  peu  de 

nébulosité  ;  pourrait  être   un  petit  amas  de    2    ou 

3  étoiles  très  voisines  et  inégales. 
Trace  de  nébulosité  dans  laquelle  on  soupçonne  2  ou 

3  étoiles  i3,5. 
Gr.  :  i3,4,  4o"  à  5o"  de  diamètre,  avec  petit  noyau  qui 

ressort  légèrement. 
Objet   nébuleux    1 3,5  formé  peut-être  par  plusieurs 

étoiles  assez  voisines. 
Nébuleuse  brillante,  allongée  vers  p  =  970,  de  i',5  de 
long  sur  3o"  à  4o"  de  large,  plus  brillante  dans  la 
partie  moyenne,  sans  noyau. 


(  65.  ) 

ASTRONOMIE.   —  Sur  les  variations  obserx'ëes  de  la  latitude  d'un  même  heu. 
Note  de  M.  A.  Gaillot,  communiquée  par  M.  Mouchez. 

«  A  la  suite  d'une  étude  sommaire  faite  en  1866,  nous  avons  trouvé  que 
la  latitude  de  l'Observatoire  de  Paris  (centre  du  cercle  de  Gambey)  pa- 
raissait éprouver  une  variation  annuelle  de  faible  amplitude.  Nous  avions 
alors  attribué  une  médiocre  importance  à  ce  résultat,  convaincu  qu'il  avait 
son  origine,  non  dans  un  changement  réel  de  la  latitude,  mais  dans  des 
modifications  périodiques  de  la  disposition  des  couches  atmosphériques, 
ou  bien  dans  une  erreur  systématique  des  déclinaisons  des  étoiles  obser- 
vées, erreur  variable  avec  l'ascension  droite  des  divers  groupes  de  ces 
étoiles. 

»  Les  observations  faites  récemment  à  Berlin,  Polsdam  et  Prague,  pa- 
raissant confirmer  l'existence  d'une  variation  annuelle  des  latitudes,  nous 
avons  cru  devoir  reprendre  à  nouveau,  et  d'une  manière  plus  complète, 
l'étude  de  cette  intéressante  question,  à  l'aide  des  documents  que  pou- 
vaient nous  fournir  les  Annales  de  l'Observatoire  de  Paris. 

»  Nous  avons  trouvé,  dans  l'ensemble  des  observations  faites  au  cercle 
de  Gambey,  une  série  suffisamment  longue,  août  i854  à  septembre  1 85y, 
présentant  un  concours  de  circonstances  particulièrement  favorables  pour 
l'étude  que  nous  avions  en  vue  :  observations  nombreuses  du  nadir  et 
d'étoiles  culminant  près  du  zénith,  lectures  constamment  faites  sur  les 
mêmes  traits  pour  toutes  les  observations  similaires,  soirées  d'observa- 
tions presque  toujours  commencées  et  terminées  par  un  nadir.  Cette  der- 
nière circonstance  nous  a  permis  de  déterminer  avec  une  grande  précision 
la  variation  de  la  lecture  aux  microscopes  en  fonction  de  la  température 
du  cercle.  Nous  avons  trouvé  que,  la  lunette  étant  constamment  dirigée 
sur  le  même  point  fixe,  la  lecture  diminuait  de  o",43  pour  un  accroisse- 
ment de  i°  dans  la  température  du  cercle,  quels  que  fussent  d'ailleurs  la 
valeur  absolue  de  cette  dernière  quantité,  l'amplitude  de  sa  variation  et 
l'intervalle  de  temps  compris  entre  les  deux  observations  du  nadir  faites 
dans  une  même  soirée.  Nous  avons  tenu  compte  de  cette  variation  dans 
tous  les  cas. 

»  Les  étoiles  dont  nous  avons  discuté  les  observations  sont  :  x  Cassiopée, 
a  Persée,  a.  Cocber,  -.,  a,  y  et  vi  Grande  Ourse,  [3  et  y  Dragon,  a  et  (3  Lyre, 
a  Cygne  et  a  Céphée.  Toutes  passent  au  méridien,  soit  au  sud,  soit  au  nord, 
à  moins  de  160  du  zénith. 


(  65a  ) 

»  Les  équations  personnelles  relatives  aux  divers  observateurs  ont  été 
déduites  de  l'ensemble  des  relations  que  nous  avons  pu  former,  en  com- 
parant la  movenne  des  résultats  obtenus  par  deux  observateurs  différents, 
ayant  observé  le  nadir  et  une  même  étoile  dans  le  courant  du  même 
mois. 

»  Ensuite,  tenant  compte  de  la  valeur  de  ces  équations  personnelles, 
nous  avons  encore  comparé  la  moyenne  des  résultais  fournis,  sans  distinc- 
tion d'observateur,  mais  toujours  dans  le  même  mois,  par  deux  étoiles  dif- 
férentes. Nous  avons  formé  ainsi  un  nouveau  système  d'équations,  dont 
nous  avons  déduit  la  correction,  constante  pour  chaque  étoile,  à  appliquer 
aux  latitudes  observées,  pour  éliminer  les  erreurs  dues  à  toutes  les  causes 
qui  avaient  pu  affecter  d'une  manière  invariable  les  résultats  fournis  par 
cette  étoile,  telles  que  l'erreur  de  la  déclinaison  moyenne  adoptée,  l'erreur 
des  traits  du  cercle,  l'influence  de  la  flexion. 

»  Nous  devons  faire  remarquer  qu'ayant  pour  but  de  déterminer,  non 
la  latitude  elle-même,  mais  seulement  ses  variations,  nous  n'avions  nulle- 
ment besoin  de  connaître  la  valeur  absolue  de  la  correction  précédente, 
ni  celle  de  l'équation  personnelle,  mais  seulement  les  différences  des  va- 
leurs correspondant  aux  diverses  étoiles  et  aux  divers  observateurs;  l'une 
de  ces  valeurs,  dans  chaque  détermination ,  pouvant  être  fixée  arbitrai- 
rement. 

»  Si,  dans  les  deux  recherches  précédentes,  nous  nous  sommes  tou- 
jours astreint  à  ne  comparer  que  les  observations  faites  dans  le  même 
mois  ,  c'est  que  nous  voulions  rendre  les  résultats  obtenus  à  peu  près 
indépendants  de  l'influence  éventuelle  d'une  variation  annuelle  de  la 
latitude. 

»  Les  résultats  primitifs  ayant  reçu  les  deux  corrections  précédemment 
indiquées,  nous  avons  pu  comparer  toutes  les  latitudes  définitivement 
conclues,  sans  distinction  d'origine. 

»  Cette  comparaison  est  présentée  dans  le  Tableau  suivant,  sur  la  dispo- 
sition duquel  nous  n'avons  qu'une  remarque  à  faire,  c'est  que  les  saisons 
que  nous  avons  considérées  ne  correspondent  pas  aux  saisons  réelles  du 
calendrier,  leurs  limites  étant  à  égale  distance  des  solstices  et  des  équi- 
noxes. 


(  653  ) 

Résultats  moyens  des  observations  de  la  latitude  faites  au  cekci.e  de  Gamgey  (i854-i857). 
Latitude  observée.  Poids. 

astronomique.       Hiver.        Print.  Eté.  Aut.         Année.  Hiver.       Print.        Eté.  Aut.        Année. 

I.  —  Observations  faites  dans  la  journée. 
48"  5o'     48°  5o'     48- ôo'     48"  5o'     48°  5o' 


Avant  •!  i 

'3,97 

11,85 

1 1 ,  33 

11,96 

h, 91 

°,9 

50,9 

29>7 

10,8 

92,3 

De  211'  ;i  o1'. 

12,00 

11,27 

M.i)i 

11.    3 

n,58 

7>° 

12,4 

12,6 

12,8 

44,8 

Deo1'  à  3'\. 

11,38 

10, 38 

...'..', 

n,84 

n,46 

10,1 

3 ,8 

4,6 

18,6 

37,1 

Après  31' .  .  . 

1 1 ,06 

n,74 

■ 

I2,3o 

n,64 

10, 7 

8,0 

31,7 

i4,4 

64,8 

11. 

—   Observations 

faites  dai 

is  la  soirée. 

■ 

De  5h  à  71'. . 

11,98 

11,90 

» 

» 

i'>97 

8,9 

1,0 

» 

» 

9,9 

De  71'  à  gh. . 

1 1 ,66 

1  r,5g 

» 

11,45 

1 1 ,5i 

i.,5 

28,3 

» 

73,0 

112,8 

De  gh  à  ii1'. 

.i,39 

n,33 

11 ,49 

II  ,07 

11,42 

.8,1 

46,6 

93»1 

4.,i 

198,9 

Den'-àiS1'. 

11,70 

.1,82 

..,61 

11,45 

n,65 

n,5 

2i,3 

57,4 

6,1 

96,3 

Dei3hà  i5h. 

12,12 

n,83 

n,94 

» 

11,93 

2, 2 

6,1 

24,1 

» 

32,4 

Moy.  gén. 

I  I  ,  5g 

11,5g 

11 ,62 

11,56 

1 1 ,60 

80,9 

178,4 

2j3,2 

176,8 

689,3 

»  On  voit,  par  l'inspection  des  nombres  de  la  dernière  ligne  que  les 
observations  étudiées  par  nous  n'accusent  aucune  variation  annuelle  sen- 
sible de  la  latitude. 

»  Nous  avons  présenté  les  moyennes  correspondant  aux  observations 
faites  clans  la  journée,  pour  ne  rien  omettre  des  résultats  obtenus;  mais 
ces  observations  étant  généralement  assez  peu  concordantes,  nous  nous 
abstiendrons,  au  moins  provisoirement,  d'en  rien  conclure. 

»  En  ce  qui  concerne  les  observations  faites  dans  la  soirée,  l'existence 
d'un  minimum,  vers  les  neuf  heures,  paraît  bien  établie  :  les  résultats  ob- 
tenus dans  chaque  saison  étant  absolument  concordants  à  cet  égard. 

»  Nous  croyons  que  toute  hypothèse  relative  à  la  cause  du  phénomène 
serait  prématurée.  Il  importe  avant  tout  d'en  vérifier  l'existence  réelle  par 
des  observations  faites  spécialement  dans  ce  but;  ce  à  quoi  on  arrivera 
facilement  en  modifia  ut  légèrement  le  plan  du  travail  adopté  pour  les 
recherches  relatives  à  la  variation  annuelle.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —    Sur  la  théorie  de  la  représentation  conforme. 
Note  de  M.  I*aul  Paînlevé,  présentée  par  M.  Picard. 

«  Je  me  propose  d'indiquer,  dans  cette  Note,  un  moyen  rigoureux  et 
simple  de  lever  l'objection  de  Harnack  relative  à  la  théorie  de  la  repré- 

C.  R.,  iSgt,  ["  Semestre.  (T.  CXII,  ,\"  13.)  86 


(  65/,  ) 

sentation  conforme.  Soit  S  une  aire  fermée  du  plan  des  (oc,  y)  de  contours, 
et  '(  =  c,  ■+-  it)  une  fonction  analytique  de  z  =  x  -h  iy,  qui  représente  l'aire 
S  sur  le  cercle  T  de  rayon  i,  dont  le  centre  u  (origine  des  axes  '(,  •/))  cor- 
respond au  point  O,  origine  des  axes  x,  y.  Si  l'on  pose  '(  =  zek{z)  =  zes+,,!, 
la  fonction  g(x,  y)  est  la  fonction  de  Green  relative  à  l'aire  S  et  au  point  O. 
Cette  condition  remplie,  la  fonction  '(  =  zes+,/'  est  telle  qu'à  tout  point  z 
de  S  correspond  un  point  £  de  T  et  un  seul,  et  réciproquement.  Quand  z 
tend  vers  un  point  z0  de  s,  'Ç,  tend  vers  la  circonférence  y  de  r,  mais  il 
n'est  pas  certain  (et  c'est  là  l'objection  de  Harnack  dans  son  livre  sur  le 
potentiel  logarithmique)  que  '(  tende  vers  un  point  déterminé  de  y.  Nous 
allons  montrer  qu'il  en  est  toujours  ainsi,  pourvu  seulement  que  la  tangente 
le  long  de  s  varie  avec  l'arc  d'une  manière  continue,  sauf  en  un  nombre  fini  de 
points  anguleux. 

»   Supposons  d'abord  que  s  soit  une  courbe  convexe  le  long  de  laquelle 
la  tangente  varie  avec  l'arc  d'une  manière  continue.  Posons 

l  =  zes+ih=ze'^~\ 

g(x,y)  désignant  la  fonction  de  Green  relative  à  l'aire  S  et  au  point  O. 
Appelons  r  et  6  les  coordonnées  polaires  d'un  point  s,  p  et  9  celles  d'un 
point  '(.  Aux  courbes  p  =  p0(o  <  p0<[  1)  du  plan  des  (£,  yi),  correspondent 
les  courbes  C  ou  g-f-Lr  =  Lp0  du  plan  des  (x,  y),  qui  tendent  vers  s 
quand  p0  tend  vers  1 .  Soit  M  un  point  de  S,  et  w  l'angle  que  fait  avec  OM  la 
tangente  MT  à  la  courbe  G  qui  passe  par  M  (menée  dans  le  sens  des  an- 
gles 9  croissants).  En  chaque  point  (x,  ,y)'de  S,  w  a  pour  valeur 


£l(x,  y)  =  arc  tang 


dg         dg 

dx      •   <) y 

àg  dg 

Y  -r-  —  x  1- 


Q.  est  une  fonction  de  x,  y  harmonique  et  régulière  dans  S,  car  c'est  la 
partie  réelle  de  la  fonction  iLii  --  -+-  t  j.  Le  long  de  s,  l'angle  a>  prend  des 


valeurs  0/(5)  qui  varient  avec  l'arc  s  d'une  manière  continue  et  restent 
comprises  entre  des  limites  essentiellement  positives  a  et  p;  mais  la  fonc- 
tion £i(x,  y)  tend-elle  vers  la  valeur  w'(a;0,  y0)  quand  (x,  y)  tend  vers  le 
point  (x0,  y0)  de  st  Pour  qu'il  en  soit  ainsi,  il  faut  et  il  suffit  que  la  fonc- 
tion V(r,  y),  harmonique  et  régulière  dans  S,  qui  prend  sur  s  les  valeurs 
u\s),  coïncide  avec  (2  (x,y)  :  c'est  ce  que  nous  allons  établir. 

»   A  cet  effet,  considérons  un  polygone  convexe  pn  de  n  côtés  inscrit 
dans  s,  et  la  fonction  K„(z)  =  zes»+ih«  —  zek"{z),  où  gn  désigne  la  fonction 


(  655  ) 

de  Green  relative  à  l'aire  P„  (qu'enferme  P„)  et  au  point  0  :  Ç(s)  repré- 
sente P„  sur  le  cercler.  Soit  ln  la  longueur  du  plus  grand  côté  de/v  Quand 
on  fait  croître  n  indéfiniment  (^tendant  vers  zéro),  gn{x,y~)  tend  vers 

g  (x,y);  la  fonction  Sln(x,  y)  =  arc  tang  -    -p —       ^-    -  tend  donc  vers 

*  dx  dy 

£l(x,y)  pour  tout  point  (x,y)  de  l'aire  S.  Il  nous  suffit  de  prouver  que 
Y(x,y)  est  également  la  limite  de  Çln(x,y). 

»  Étudions  les  valeurs  de  £in  le  long  de  pa.  Soit  M0  un  des  points  de 
l'arc  de  s  sous-tendu  par  le  côté  A,Af+,  de  pn,  M0T  la  tangente  a  s,  <5  le 
plus  petit  angle  (en  valeur  absolue)  de  M0T  et  de  A,  A;+l .  Quand  M0  décrit 
la  courbe  s,  (5  varie  avec  M0  et  est  discontinu  à  chaque  sommet  A,-.  On  peut 
trouver  une  longueur  /  assez  petite  pour  que,  ln  étant  inférieur  à  /,  |  S  |  soit 
inférieur  à  e,  quel  que  soit  M0  (s  est  un  nombre  positif  aussi  petit  qu'on 
veut).  Ceci  posé,  le  long  de  chaque  côté  A,-A,+1J  la  fonction  £„+Q  est 
régulière  et  constante  [égale  à  l'angle  <p,-  de  A,A(+I  avecO*];  mais  elle 
admet  les  points  A,-  comme  points  critiques.  Si  de  A,  comme  centre  on  dé- 
crit, entre  les  deux  côtés  adjacents,  un  arc  de  cercle  c  de  rayon  très  petit, 
Ï2rt+  0  varie  le  long  de  c  de  9,  à  <p,-H ,  en  prenant  une  seule  fois  les  valeurs 
intermédiaires.  Désignons  par  p'n  le  contour  de  l'aire  P'fl  intérieure  au 
polygone  et  extérieure  aux  cerclesc  :  dans  P^  et  sur p'n,  la  fonction  Qu  (x,y) 
est  régulière,  et  si  M0  et  M'  sont  deux  points  de  s  et  de  p'n  qui  corres- 
pondent à  la  même  valeur  de  0,  on  a,  quel  que  soit  9, 

|  Qa(oc',y)  -  co'(.r0,  r0)  |  <  e 

(pourvu  (pie  ln  soit  inférieur  à  /). 

»  D'autre  part,  on  peut  tracer  une  courbe  s'  intérieure  à  s,  sans  point 
commun  avec  s,  et  telle  qu'on  ait  pour  tout  point  (x',yr),  intérieure  à  s  et 

extérieure  à  s', 

\y(x',y)  -  u>'(xt,ya)  |  <  s, 

M0  et  M'  étant  sur  le  même  rayon  vecteur.  Si  donc  on  a  choisi  /assez  petit 
pour  c[ue  pn  soit  compris  entre  s  et  s',  on  aura 

\V(x'.,y)  ■  -  il,    x',y  ij    \o.i 
pour  tout  point  (x',y' )  Je  p'n,  par  suite,  pour  tout  point  (x,y)  de  P),,  c'est- 
à-dire  que  Qn(x,y)  tend  vers  Y(x,  y)  quand  1„  tend  vers  o.  Les  fonc- 
tions V  et  Q,  coïncident. 

»  Q(x,  y)  prend  donc  sur  le  contour*  les  valeurs  0/(5),  et  varie,  par 
suite,  dans  S,  entre  les -limites  positives  a.  et  (3.  Faisons  tendre  le  point  M 


(  656  ) 

de  S  vers  le  point  M0  de  s  sur  le  rayon  vecteur  OM0,  et  considérons  la 
courbe  A  ou  m  =  f(o)  que  décrit  le  point  X,  correspondant.  Tout  d'abord, 
M  ne  rencontre  qu'une  fois  chaque  courbe  C  (ou  g--f-Lr  =  Lp0);  cm-,  si 
les  points  M'  et  M"  de  OM„  appartenaient  à  la  même  courbe  C,  9.  s'annule- 
rait entre  M'  et  M",  ce  qui  est  impossible.  Quand  M  tend  vers  M„ ,  p  croit 
donc  constnmmenf  et  tend  vers  i;  à  chaque  valeur  de  p  correspond  un 
point  M  bien  déterminé  de  OM0,  par  suite,  une  valeur  déterminée  de  i2. 
Si  l'on  pose  cot&  =  <Kp)<  'a  col""he  A,  qui  coupe  chaque  cercle  p  =  p0  sous 

l'angle  Q.,  satisfait  à  l'équation  différentielle  (h  =  ï-L-,  <J,(p)  restant  fini, 

continu  et  tendant  vers  cotw'  quand  p  tend  vers  i .  De  là  résulte  immédia 
tement(')  :  i°  que  (p  tend  vers  une  limite  <p0  quand  M  tend  vers  M0  sur  05  „, 
et  tend  uniformément  vers  cette  limite  quand  M0  (ou  z0)  parcourts;  2°  que 
le  point  C0  =  cos<p0  -+-  isin<p0  varie  avec  r-0  d'une  manière  continue  et  par- 
court une  fois  la  circonférence  quand  z0  parcourt  s;  3°  que  '(  tend  vers  '(0 
quand  z  tend  vers  z0  sur  un  chemin  quelconque  et  réciproquement.  De  plus, 
les  angles  sous  lesquels  les  chemins  décrits  par  z  et  par  'C  coupent  respec- 
tivement s  et  y  sont  égaux.  La  correspondance  entre  z  et  C  est  donc  encore 
biuniforme  et  conforme  sur  la  périphérie  des  aires  S  et  T. 

»  Il  est  facile,  dès  lors,  de  démontrer  la  proposition  suivante,  qui  com- 
prend le  théorème  énoncé  plus  haut  sur  la  représentation  conforme  : 
Soient  AB  un  arc  de  courbe  le  long  duquel  la  tangente  varie  d'une  manière  con- 
tinu* (sauf  en  un  nombre  fini  de  points  anguleux),  2  une  aire  que  AB  limite 
partiellement,  Z(s)  =  X  -+-  i  Y  une  fonction  holomorphe  dans  1.  Si  X(x,y) 
prend  sur  AB  une  valeur  constante,  Y  prend  une  suite  continue  de  valeurs  le 
long  de  tout  fragment  A'B'  de  AB.  De  plus,  l'angle  a  de  deux  courbes  z  qui  se 
coupent  au  point  z0  de  A'B'  est  égal  à  l'angle  A  des  deux  courbes  Z  correspon- 
dantes. Si,  toutefois,  s0  est  un  point  anguleux  de  A'B',  a.  désignant  l'angle 

des  deux  tangentes  en  ce  point,  on  a  A  =  a  —  • 

»  Ce  théorème  admis,  une  méthode  que  j'ai  indiquée  dans  le  Mémoire 
déjà  cité  (p.  96-101)  permet  de  démontrer  cette  proposition  plus  générale  : 
Soient  AB  un  arc  de  courbe  tel  qw  les  fondions  x(s),  )'(s)  admettent  une  dé- 
rivée continue  d'ordre  (p  ■+-  2),  et  Z(s)  =  X  -+-  /Y  une  fonction  de  z  holo- 
morphe dans  l'aire  2  attenante  à  AB.  Si  X(x,  y)  prend  sur  AB  des  valeurs 

X,  (s),  qui  admettent  une  dérivée  d'ordre  (q  -+-  1)  intégrable  -.^i,  '  ;  Z(c  )   et 

(')  Voir,  à  ce  sujet,  mon  Mémoire  :  Sur  les  lignes  singulières  des  fonctions  in    If- 
tiques,  p.  19-25. 


(  657  ) 

ses  dérivées,  jusqu'à  V ordre n  inclusivement . prennent ,  lelongde  tout  fragment 
A'B'  de  AB,  des  valeurs  continues  :  n  désigne  le  plus  petit  des  nombres  p  et  </.  » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  pressions  à  l'intérieur  des  milieux 
magnétiques  ou  diélectriques.  Note  de  M.  P.  Duhem,  présentée  par 
M.  Darboux. 

«  Dans  une  Communication  récente,  M.  H.  Poincaré  a  appelé  l'attention 
de  l'Académie  sur  la  théorie,  donnée  par  M.  H.  von  Helmholtz,  des  pres- 
sions au  sein  des  milieux  magnétiques;  j'ai  repris  cette  théorie  dans  deux 
récents  Mémoires  (  '  )  et  l'ai  développée  dans  un  Ouvrage  actuellement  en 
cours  de  publication.  Te  demande  à  l'Académie  la  permission  de  résumer 
très  brièvement  ceux  des  résultats  contenus  dans  cet  Ouvrage  qui  sont 
encore  inédits  : 

»  i°  L'étude  complète  de  l'équilibre  des  fluides  magnétiques  m'a 
montré  que,  contrairement  à  l'idée  de  Maxwell,  la  pression  à  l'intérieur  de 
ces  fluides  était  constamment  normale  à  l'élément  sur  lequel  elle  agit, 
et  indépendante  en  grandeur  de  l'orientation  de  cet  élément.  La  densité 
n'est  pas  liée  à  cette  pression  par  la  loi  de  compressibilité  qui  régit  les  mi- 
lieux non  aimantés,  mais  par  une  relation  qui  dépend  du  coefficient  d'ai- 
mantation. Cette  relation  rend  compte  des  expériences  par  lesquelles  on 
avait  cru  démontrer  l'exactitude  des  vues  de  Maxwell.  Une  discussion 
approfondie  de  la  théorie  de  Maxwell  m'a  permis  de  mettre  en  évidence 
l'erreur  analytique  sur  laquelle  elle  reposait. 

»   Mon  analyse  s'étend  aussi  aux  corps  solides  aimantés. 

»  2°  La  théorie  thermodynamique  de  l'aimantation  s'étend  sans  peine 
aux  corps  diélectriques  amorphes  ou  cristallisés. 

»  Dans  un  cristal  diélectrique  dépourvu  décentre,  le  potentiel  thermo- 
dynamique interne  renferme  un  terme  linéaire  par  rapport  aux  compo- 
santes de  l'aimantation.  L'étude  de  ce  terme  rend  compte  de  toutes  les 
propriétés  des  corps  pyro -électriques  et  piézo-électriques,  dont  la  théorie 
rentre  ainsi  dans  la  théorie  générale  des  corps  diélectriques. 

»  3°  L'étude  des  pressions  à  l'intérieur  des  corps  diélectriques  cris- 
tallisés peut  être  abordée  en  suivant  les  méthodes  générales  que  j'ai  em- 
ployées dans  l'étude  des  corps  amorphes;  les  lois  des  déformations  de  ces 


('  )  Sur  les  propriétés  diélectriques  {Travaux  et  Mémoires  des  Facultés  de  Lille, 
n°  2).  —  [Sur  les  propriétés  d'un  sel  magnétique  en  dissolution  {Annales  de  l'Ecole 
Normale  supérieure,  1890). 


(  658  ) 

corps  renferment  un  terme  qui  disparaît  dans  les  cristaux  non  piézoélec- 
triques et  dont  la  présence  rend  compte  des  déformations  des  cristaux 
piézo-électriques  étudiées  par  MM.  Curie. 

»  4°  J'ai  abordé  l'étude  des  fluides  incompressibles  aimantés  doués 
de  force  coercitive.  Lorsqu'un  semblable  fluide  est  en  équilibre,  l'aiman- 
tation y  est  distribuée  comme  sur  un  corps  parfaitement  doux;  mais  la 
fonction  cpii  joue  le  rôle  de  la  fonction  magnétisante  ne  dépend  pas  seule- 
ment de  la  nature  du  fluide  et  de  son  aimantation;  elle  peut  dépendre  de 
la  manière  dont  l'équilibre  du  fluide  s'est  établi. 

»  Les  curieuses  expériences  de  M.  P.  Joubin  sur  les  corps  diamagné- 
tiques  s'expliqueraient  en  supposant  que  l'éther  est  un  fluide  magnétique 
doué  de  force  coercitive. 

»  5°  Enfin,  j'ai  donné  une  série  de  propositions  sur  les  actions  mutuelles 
des  corps  plongés  dans  un  milieu  magnétique  ou  diélectrique;  parmi  ces 
propositions,  je  mentionnerai  seulement  la  suivante  :  la  présence  d'un 
milieu  diélectrique,  qui  laisse,  aux  actions  entre  corps  conducteurs,  la 
forme  donnée  par  les  lois  de  Coulomb,  mais  en  modifie  seulement  la  gran- 
deur, modifie  plus  profondément  les  lois  des  actions  en  Ire  corps  mauvais 
conducteurs.  Si  l'on  veut  regarder  comme  sensiblement  exactes  les  lois 
classiques  des  actions  électriques  non  seulement  pour  les  corps  bons  con- 
ducteurs, mais  encore  pour  les  corps  isolants,  on  est  conduit  à  attribuer 
à  l'éther  un  pouvoir  inducteur  spécifique  très  voisin  de  l'unité. 

»  Les  indications  que  je  viens  de  donner  sur  les  principaux  résultats 
nouveaux  auxquels  je  suis  parvenu  dans  mon  Ouvrage  sont  si  brèves 
qu'elles  ne  sauraient,  dès  maintenant,  entraîner  l'assentiment  des  physi- 
ciens ;  mais  j'espère  que  les  démonstrations  complètes  des  résultats  ici 
énoncés  ne  tarderont  guère  à  être  publiées.  » 

ÉLECTRICITÉ.  —Propagation  de  F  ondulation  électrique  hertzienne  dans  l'air. 
Note  de  MM.  Édouakd  Sarasi\  et  Lucie.v  de  la  Puve,  présentée  par 
M.  A.  Cornu. 

«  Nous  avons  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  premiers 
résultats  que  nous  avons  obtenus  en  répétant  les  belles  expériences  de 
M.  Hertz  sur  les  oscillations  électriques  rapides  (  '  ).  Nous  nous  étions  alors 
bornés  au  cas  où  l'ondulation  électrique  se  transmet  le  long  d'un  fil  con- 


(•)    Comptes  rendus,  séance  du  i3  janvier  1890;  Archives  des  Sciences  phy s.  et 
nat.,  1890,  t.  XXVIII,  p.   n3. 


(  659  ) 
ducteur  :  depuis  nous  avons  répété  une  autre  des  expériences  de  M.  Hertz, 
celle  qui  consiste  à  suivre  la  propagation  de  l'induction  électrique  à  travers 
l'air  en  l'absence  de  tout  conducteur  métallique.  L'excitateur  primaire 
est  placé  en  avant  d'une  grande  paroi  métallique  plane  et  parallèlement  à 
celle-ci.  Les  ondulations  électriques  qui  en  émanent  se  propagent  à  tra- 
vers l'air,  arrivent  à  la  paroi  métallique,  faisant  pour  elles  officede  miroir, 
les  ondes  réfléchies  formant  alors,  avec  les  ondes  directes,  un  système 
d'ondes  stationnaires,  dont  le  premier  nœud  est  au  miroir. 

»  Pour  étudier  le  système  de  concamérations  qui  s'établit  en  avant  du 
miroir,  on  y  promène  le  résonateur  circulaire  dans  deux  positions  princi- 
pales différentes  :  i°  en  le  maintenant  constamment  parallèle  au  miroir  et 
au  primaire,  c'est-à-dire  dans  le  plan  de  l'onde;  2°  en  le  déplaçant  dans  le 
plan  mené  normalement  au  miroir  par  l'axe  du  primaire,  plan  de  vibra- 
lion.  Dans  les  deux  cas,  les  résultats  sont  absolument  concordants  quant 
à  la  position  des  maxima  et  minima  équidistants  de  force  électromotrice. 
Outre  ces  deux  procédés  opératoires,  M.  Hertz  en  a  employé  un  troisième 
qui  consiste  à  faire  interférer  entre  elles  sur  un  même  résonateur  les  ondes 
lui  arrivant  d'un  même  excitateur,  soit  directement  à  travers  l'air,  soit  par 
un  fil  conducteur.  De  ces  expériences,  il  conclut,  par  les  grandes  lon- 
gueurs d'onde  du  miroir,  que  la  vitesse  de  propagation  à  travers  l'air  en  l'ab- 
sence de  tout  fil  conducteur  est  presque  le  double  de  celle  que  l'on  observe 
le  long  d'un  fil,  que  ces  deux  vitesses  sont  l'une  par  rapport  à  l'autre 
environ  comme  7  :  \,  contrairement  à  la  théorie  de  Maxwell,  qui  voudrait 
que  ces  deux  vitesses  fussent  égales. 

»  Vu  son  importance  au  point  de  vue  théorique,  nous  nous  sommes  particulièrement 
appliqués  à  la  vérification  de  ce  point  spécial.  Ayant  reconnu,  par  nos  expériences  an- 
térieures le  long  des  fils,  la  constance  de  la  période  ondulatoire  d'un  résonateur  circu- 
laire donné  quel  que  soit  l'excitateur  primaire  par  l'action  duquel  il  est  mis  en  jeu,  un 
même  excitateur  permettant  au  contraire  l'observation  d'autant  de  longueurs  d'onde 
qu'on  dispose  de  cercles  de  grandeurs  différentes,  nous  nous  sommes  attachés  à  com- 
parer la  longueur  d'onde  donnée  par  un  même  'résonateur  circulaire  le  long  des  fils 
avec  celle  qu'il  donne  dans  l'air  en  l'absence  de  fils. 

»  Comme  surface  réfléchissante,  nous  nous  sommes  servis  d'un  grand  rideau  de 
feuille  de  plomb  de  2m,8o  de  hauteur  sur  3™ de  largeur,  maintenu  plan  et  vertical  par 
son  propre  poids.  Les  excitateurs  primaires  et  la  grande  bobine  d'induction  de  Ruhm- 
korff  étaient  les  mêmes  que  ceux  que  nous  avons  employés  dans  nos  précédentes  re- 
cherches. L'excitateur  était  placé  en  avant  du  miroir  avec  son  axe  horizontal  et  son 
interruption  sur  la  normale  au  centre  de  la  paroi  métallique.  Sa  distance  à  celle-ci  a 
varié  entre  4ra  et  'O"1.  Le  résonateur  circulaire  était  fixé  sur  un  chariot  glissant  le 
long  d'un  grand  banc  d'optique  en  bois  déjà  décrit. 


(  66o  ) 

»  Nous  avons  beaucoup  varié  les  concluions  de  l'expérience  et  répété  les  observations 
un  grand  nombre  de  fois. 

»  Nous  résumons,  dans  le  Tableau  qui  suit,  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  avec 
dix.  cercles  différents  (')  : 

1»  0-,75       O-.ôO       0»,35       0»,35        0",25       0-,25       0»,20       0°,20       0»,  10 

Diamètre  gros  fil.     gros  fil.     gros  fil.     gros  fil.      fil  fin.      gros  fil.      fil  fin.      gros  fil.      fil  fin.     gros  fil. 

du  cercle  D.  icm  d.  Qmm  d. 

ior  ventre. ..  .  2,11  1,60  1,11  0,76  o,jô  o,46  o,54  0,39  0,42  0,21 

icr  nœud  ...  .  4>'4  3,oi          0  i)49  'i^1  0,94  1,17  0,80  0,93  o ,  '1 1 

2e  ventre ...  .        »  »  2,00  2,37  i,63  1,89  1,24  1 ,  55  0,69 

2e  nœud »  »  3,o4  3, 10  2 , 1 5  2,40  1,^9  2,o5  0,79 

3e  ventre ...  .        »  »              »  »              »  2,71  2,94  »  2,46  0,96 

3e  nœud 0  »              »  »              »  3,i4?       »              *  »  » 

{X  air 2,o3  1,4.1  i,i'  0,76  0,80  o,Go  o,43  o,5i  0,19 

{X  fil i>9?-  r)48  0,98  0,73         »             d  o,5G         »  0,4-5  » 

2D 2,00  i,5o  1,00  0,70  0,70  »  o,5o  o,4o  o,4o  0,20 

»  Nous  donnons,  dans  ce  Tableau,  les  moyennes  des  mesures  obtenues  avec  chaque 
cercle  et,  pour  abréger,  nous  n'avons  pas  séparé  les  unes  des  autres,  celles  exécutées 
avec  des  excitateurs  primaires  de  dimensions  différentes,  ces  mesures  ne  présentant 
pas  entre  elles  de  différence  systématique.  Dans  ces  dernières  expériences  dans  l'air, 
comme  dans  nos  recherches  antérieures  le  long  des  fils,  nous  avons,  en  effet,  constaté 
qu'««  résonateur  circulaire  donne  toujours  la  même  longueur  d'onde,  quand 
même  on  fait  varier  les  dimensions  du  primaire  entre  certaines  limites  (2).  Ainsi 
donc,  ici  encore,  on  observe  ce  que  nous  avons  appelé  la  résonance  multiple. 

»  Dans  le  cas  des  grandes  longueurs  d'onde,  cercles  de  ira  et  de  om,75,  qui  portent 
très  vite  fort  loin  du  miroir  en  rapprochant  autant  de  l'action  directe  du  primaire,  on 
ne  peut  guère  constater  d'une  manière  un  peu  précise  qu'un  ventre  et  un  nœud,  outre 
le  nœud  qui  se  trouve  au  miroir  même.  Avec  les  plus  petits  cercles,  pour  lesquels  les 
dimensions  du  miroir  sont  aussi  plus  favorables,  on  peut  facilement  déterminer  trois 
ventres  et  trois  nœuds,  y  compris  celui  du  miroir.  L'équidistance  des  ventres  et  des 
nœuds  est,  on  le  voit,  assez  satisfaisante  (3). 

(')  La  sensibilité  de  la  vis  micrométrique  est  un  élément  très  important  pour  ce 
genre  de  recherches,  surtout  avec  les  petits  cercles  qui  ne  donnent  que  des  étincelles 
très  faibles.  En  dernier  lieu,  nous  avons  employé  une  vis  donnant  le  ^  de  millimètre. 

(■*)  L'intensité  de  l'étincelle  du  résonateur  étant  plus  faible  dans  cette  expérience 
que  dans  celle  des  fils  et  diminuant,  en  outre,  beaucoup  plus  rapidement  à  mesure  qu'on 
s'éloigne  du  primaire,  l'observation  est  en  tout  moins  nette  qu'avec  les  fils.  Pour 
opérer  dans  de  bonnes  conditions,  il  importe  donc  de  donner  au  primaire  des  dimen- 
sions à  peu  près  appropriées  au  diamètre  du  résonateur.  Les  limites  entre  lesquelles 
on  peut  observer  convenablement  ici  la  résonance  multiple  sont  moins  étendues  que 
dans  le  cas  des  fils,  mais  varient  facilement  du  simple  au  double  ou  même  plus. 

(3)  M.  Hertz  place  le  premier  nœud  à  une  certaine  distance  en  arrière  du  miroir; 
cette  perturbation  à  l'extrémité  ne  paraît  pas  ressortir  de  nos  expériences.  Comme  on 


(  66i  ) 
»  Le  résultat  le  plus  important  de  notre  travail  ressort  de  la  compa- 
raison des  chiffres  des  trois  dernières  lignes  du  Tableau,  qui  montrent  cpie 
la  longueur  d'onde  obtenue,  pour  chaque  cercle  dans  le  cas  de  la  propa- 
gation à  travers  l'air,  est  très  sensiblement  égale  à  celle  que  ce  même 
cercle  donne  le  long  des  fils,  le  quart  de  l'une  et  de  l'autre  étant  lui-même 
à  très  peu  près  égal  au  double  du  diamètre  du  cercle  correspondant.  D'où 
il  suit  que  ta  vitesse  de  propagation  des  ondulations  électriques  hertziennes  à 
travers  l'air  est  très  sensiblement  la  même  (pie  celle  avec  laquelle  elles  se  trans- 
mettent le  long  d'un  fil  conducteur  (  '  ).    » 


SPECTROSCOPIE.  —  Méthode  nouvelle  pour  la  recherche  des  bandes  faibles 
dans  les  spectres  de  bandes.  Application  au  spectre  des  hydrocarbure*. 
Note  de  M.  H.  Deslaxdres. 

«  Le  spectre  de  bandes  attribué  aux  hydrocarbures  ou  au  carbone  seul, 
suivant  les  auteurs,  est  fourni  par  les  sources  de  lumière  le  plus  fréquem- 
ment employées  (gaz  de  l'éclairage,  arc  électrique);  il  se  retrouve  dans  le 
spectre  solaire  et  constitue,  en  grande  partie,  le  spectre  des  comètes  et 
d'une  classe  particulière  d'étoiles.  Son  importance  est  donc  très  grande. 

»  j'ai  étudié  ce  spectre  par  une  nouvelle  méthode,  qui  m'a  permis  de 
le  compléter  et  de  lui  adjoindre  sûrement  trois  bandes  nouvelles,  à  savoir  : 
1  438,  19,  >437, i3,  1436,5.  Ces  bandes  ne  sont  pas  données  par  la  com- 
bustion des  hydrocarbures,  mais  elles  se  présentent  avec  les  bandes  ordi- 
naires des  hydrocarbures  et  du  cyanogène  dans  l'arc  électrique  et  dans  la 
combustion  du  cyanogène.  Aussi  les  a-t-on,  au  début,  attribuées  à  ce  der- 
nier gaz  (2). 

le  voit,  par  le  Tableau,  le  premier  quart  de  longueur  d'onde  ne  présente  pas  une  dif- 
férence systématique  sensible  avec  les  autres. 

(')  Nous  avions  déjà  donné  cet  énoncé  dans  une  Communication  préliminaire  faite 
sur  ce  sujet  à  la  Société  de  Physique  et  d'Histoire  naturelle  de  Genève,  dans  sa  séance 
du  Ier  mai  1890  (Archives  des  Sciences  phys.  et  nat.,  t.  XXIII,  p.  557);  mais  nous 
avons  complètement  repris  depuis  lors  ces  recherches  en  variant  de  quantité  de  ma- 
nières les  conditions  de  l'expérience,  et  c'est  ce  dernier  travail  que  nous  résumons  ici. 
De  son  côté  M.  Lecker,  de  Vienne,  a  trouvé,  par  une  méthode  toute  nouvelle,  que  la 
vitesse  de  l'ondulation  électrique  le  long  d'un  fil  est  égale  à  celle  de  la  lumière. 

(2)  MM.  Liveing  et  Dewar,  dans  leurs  belles  recherches  sur  les  spectres  du  car- 
bone, après  avoir  rapporté  ces  trois  bandes  au  cyanogène,  ont  montré  ensuite  l'inexac- 
titude de  cette  première  assertion  ;  mais  comme,  dans  certaines  expériences,  ils  les  ont 
obtenues  à  l'exclusion  des  bandes  ordinaires  des  hydrocarbures,  ils  n'ont  pu,  avec  le 

C.  R.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CXU,  N°   13.)  °7 


(  662  ) 

»  Or  l'application  de  la  loi  générale  de  répartition  des  bandes  que  j'ai 
posée  (Comptes  rendus,  1887)  pour  les  spectres  de  bandes  permet  de  con- 
clure que  les  bandes  en  question  appartiennent  sûrement  au  groupe  des 
hydrocarbures.  Cette  application  est  résumée  dans  le  Tableau  suivant,  qui 
offre  ces  trois  bandes  et  les  seize  bandes  connues  des  hydrocarbures,  ran- 
gées en  cinq  séries,  dans  lesquelles  les  intervalles  des  bandes,  d'après  la 
loi,  croissent  en  proportion  arithmétique,  les  séries  étant  d'ailleurs  su- 
perposables.  Les  bandes,  exprimées  en  nombres  de  vibrations,  sont  dispo- 
sées dans  les  cinq  séries  verticales,  de  manière  que  les  intervalles  égaux 
des  séries  soient  sur  une  même  ligne  horizontale.  Aux  points  des  séries 
où  manque  une  bande,  l'intervalle  est  égal  à  la  somme  des  intervalles  cor- 
respondants des  autres  séries. 

Spectre  des  hydrocarbures  en  nombres  de  vibrations  ('  ). 

Série  I.  Série  II.  Série  III.  .Série  IV. 

N.  Intervalles.  N.  I.  N.  I.  N. 


i63,39* 


Série 

m. 

N. 

i65 

°9* 

180 

18 

196 

i5* 

212 

08 

228 

21 

.66, 61* 


10,39 


Série  V. 

1. 

N. 

1. 

'67>94* 
182,91 

'4,97 

1 5 , 1 7 

3o,54 

,;i  ,09 

21 3, 45 

16, 64 

15,89 

229,09 

i5,64  -.'    K*     13,67 

l6l»3f         .5,8,,  I7?'°,       ^'92       196'll       '5,92       2I82'8^ 

W'f  '6.2  '94'95       .6.4       2,r8       .6,i3 

193,60  211,09  228,21 

»  D'après  ce  Tableau,  on  peut,  avec  les  seize  bandes  connues,  en  par- 
tant de  sept  de  ces  bandes,  retrouver  par  le  calcul  exactement  les  neuf 
autres;  or,  en  prolongeant  le  calcul  clans  les  mêmes  conditions,  on  obtient 
les  trois  bandes  en  question,  qui,  en  nombres  de  vibrations,  sont  représen- 
tées par  N  228, 21,  N  228, 76,  N  229,09.  Donc  ces  trois  bandes  appartien- 
nent au  groupe  des  hydrocarbures. 

»  On  peut  même,  en  poussant  plus  loin  encore  le  calcul,  obtenir  la  po- 
sition de  bandes  encore  plus  réfrangibles ,  par  exemple  les  bandes 
1  =  4o8,35  et  1  =  408,17.  Mais,  d'après  toutes  les  analogies,  ces  bandes 

procédé  employé,  les  ramener  sûrement  à  ce  dernier  groupe.  M.  H.-W.  Vogel,  d'autre 
part,  les  attribue  toujours  au  cyanogène. 

(')  Les  nombres  de  ce  Tableau  sont  ceux  de  MM.  Kayser  et  Runge  (Annales  de 
Wiedemann,  1889),  dont  les  mesures  faites  avec  un  apppareil  très  puissant  sont  ac- 
tuellement les  plus  précises.  Pour  les  nombres  non  déterminés  par  eux.  et  marqués 
d'un  astérisque,  j'ai  adopté  les  nombres  d'Angstrom  et  de  Thalen,  ramenés  à  la  base 
du  professeur  Rowland  choisie  par  MM.  Kayser  et  Runge,  soit  D,=  589,608. 


(  663  ) 

seraient  très  faibles  et  d'ailleurs  noyées  dans  les  bandes  très  fortes  du 
groupe  du  cyanogène. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  par  l'adjonction  des  trois  bandes  nouvelles,  le  groupe 
des  hydrocarbures,  considéré  dans  son  ensemble,  prend  une  forme  plus 
symétrique,  plus  régulière,  et  se  rapproche  plus  encore  des  spectres  de 
bandes  de  l'azote,  qui  sont  les  seuls  étudiés  jusqu'à  présent  d'une  manière 
complète  (').  Ces  spectres  divers,  à  mesure  que  leur  étude  est  poussée 
assez  loin,  se  rapprochent  d'un  type  commun,  uniforme,  dont  la  constance 
est  due  à  des  variations  semblables  des  nombres  entiers  qui  les  ré- 
gissent. • 

m  Cette  application  de  la  loi  de  répartition  des  bandes  constitue  une 
méthode  nouvelle  (3)  pour  la  recherche  des  bandes  faibles  qui  sont  noyées 
dans  un  mélange  de  groupes  de  bandes  différents.  Elle  est  le  premier 
exemple  de  la  découverte  par  le  calcul  de  bandes  nouvelles  dans  les 
spectres  de  bandes,  la  première  découverte  analogue  pour  les  spectres  de 
lignes,  ayant  été  faite,  comme  on  sait,  par  M.  Lecoq  de  Boisbaudran.  » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  l'origine  des  alcools  supérieurs  contenus  dans 
les  flegmes  industriels.  Note  de  M.  L.  Lindet,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (!),  j'ai  montré  que  les  alcools 
supérieurs,  dont  la  proportion  augmente  régulièrement  du  commence- 
ment à  la  fin  de  la  fermentation,  prennent  surtout  naissance  quand  la  fer- 
mentation est  terminée  et  que  le  moût  se  trouve  abandonné  à  lui-même. 
J'ai,  pour  expliquer  ce  fait,  émis  l'hypothèse  que  les  alcools  supérieurs 
sont,  pour  la  plus  grande  partie  du  moins,  les  produits  d'une  fermentation 
secondaire,  qui  se  trouve,  au  début  des  opérations,  étouffée  par  la  fermen- 


(')  La  bande  A43i,9,  que  donne  aussi  la  combustion  des  hydrocarbures,  d'après 
les  calculs  précédents,  n'appartiendrait  pas  au  même  groupe  que  les  autres  bandes 
moins  réfrangibles.  Ce  résultat,  qui  a  été  soutenu  par  M.  N.  Lockyer  est  confirmé  par 
l'examen  des  bandes  résolues  en  raies  fines. 

(2)  MM.  Kayser  et  Runge,  dont  j'ai  adopté  les  mesures,  ont  cherché  aussi,  avec  la 
loi  de  répartition,  à  retrouver  les  bandes  X  =  438;  mais  l'application  de  la  loi  a  été  in- 
correcte; ils  n'ont  pas  placé  les  bandes  dans  les  séries  convenables,  et  ils  sont  arrivés 
au  nombre  X  =  43-4?9?  très  différent  du  nombre  observé;  lorsque  le  calcul  est  fait 
exactement  comme  dans  le  Tableau  annexe,  l'accord  est  complet. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  CXII,  p 


(  664  ) 
tation  alcoolique  normale.  Les  expériences  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre 
à  l'Académie  viennent  confirmer  cette  conclusion. 

»  I.  Si  les  organismes  étrangers  à  la  levure  et  qui  produisent  ces  alcools 
sont  en  réalité  gênés  dans  leur  développement  par  la  levure  elle-même, 
ils  doivent  l'être  d'autant  plus  que  la  quantité  de  levure  employée  pour 
ensemencer  la  cuve  aura  été  plus  considérable,  et  que  la  fermentation 
proprement  dite  aura  été  pins  active;  on  doit  donc  obtenir,  en  employant 
une  grande  quantité  de  levure,  un  flegme  plus  pur  en  alcools  supérieurs 
qu'en  faisant  usage  d'une  quantité  de  levure  plus  faible.  C'est  ce  qui  a  eu 
lieu  en  effet  dans  les  deux  séries  d'expériences  que  j'ai  entreprises. 

»  Deux  solutions  de  sucre  (saccharose),  de  densité  égale,  ont  été  mises 
en  présence,  l'une  d'une  quantité  d'une  levure  industrielle,  qui  représen- 
tait (à  l'état  pressé)  80  pour  100  du  sucre,  l'autre  d'une  quantité  qui  n'en 
représentait  que  20  pour  100.  Les  deux  liquides  ont  été  distillés  et  les 
flegme<,  soumis  à  la  distillation  fractionnée,  dans  des  conditions  absolu- 
ment comparables,  ont  fourni  des  quantités  d'alcools  supérieurs  insolubles, 
qui  sont  inscrites  dans  le  Tableau  ci-dessous. 

«  La  même  expérience  a  été  faite  non  plus  avec  du  sucre  pur,  mais  avec 
un  produit  commercial  désigné  sous  le  nom  de  maltose  et  qui,  provenant 
de  la  saccharificationdu  mais  par  le  malt  d'orge,  contient,  en  même  temps 
que  du  sucre  fermentescible,  des  matières  azotées  et  des  matières  minérales, 
et  dont  la  dissolution  constitue  par  conséquent  un  véritable  moût  indus- 
triel. Chacune  des  fermentations  représentait  un  hectolitre  et  demi.  Dans 
un  cas,  le  mallose  a  été  mis  en  contact  de  35  pour  100  de  son  poids  de 
levure  pressée,  dans  un  autre  de  2  pour  100  seulement.  Les  liquides  alcoo- 
liques obtenus  par  la  distillation  de  ces  moûts  ont  été  traités  comme  pré- 
cédemment et  ont  fourni  également  des  quantités  d'alcools  supérieurs 
assez  différentes  les  unes  des  autres  pour  confirmer  l'exactitude  de  l'hypo- 
thèse qui  m'avait  servi  de  point  de  départ. 

Première  série.  Deuxième  série. 

Moût  de  sucre  pur.  Moût  de  maltose. 

Alcools  supérieurs  Alcools  supérieurs 

extraits  extraits 
de  ilil,8oo  par  litre                            de  2lil,70o                 par  litre 
d'alcool  pur.  d'alcool  pur.                      d'alcool  pur.           d'alcool  pur. 
Fermentation  avec  beau- 
coup de  levure 2CC,65  icc,47                           'ooc,  7                 3,c,96 

Fermentation    avec  peu 

de  levure 4rc,  '  5  2",  3o                            i  4m,  3                 5re,  29 


(  665  ) 

»  Les  fermentations  faites  avec  beaucoup  de  levure  ont  été  nécessaire- 
ment plus  actives,  et  ont  donné  à  la  distillation  un  rendement  en  alcool 
brut  plus  élevé  que  celles  où  figuraient  des  proportions  plus  faibles  de  le- 
vure. 

»  II.  En  donnant  à  une  fermentation  une  activité  spéciale,  on  doit  obte- 
nir un  moût  plus  pauvre  en  alcools  supérieurs  cpie  dans  le  cas  où  l'on 
abandonne  la  fermentation  à  elle-même.  Cette  activité,  je  l'ai  produite  ar- 
tificiellement en  ajoutant  au  moût  une  certaine  quantité  de  drèche  de  bras- 
serie, préalablement  stérilisée.  M.  Delbrùck  a  montré,  en  effet,  que  les 
moûts  qui  contiennent  de  la  drèche  fermentent  plus  vivement  et  donnent 
plus  d'alcool  que  les  moûts  clairs,  et  il  attribue  ce  fait  à  ce  que  la  drèche, 
soulevée  par  l'acide  carbonique  qui  se  dégage  de  la  fermentation,  produit 
un  brassage  incessant  de  la  cuve  et  amène  continuellement  à  la  surface,  à 
l'air  par  conséquent,  la  levure  qu'elle  entraine.  J'ai  donc,  parallèlement  au 
second  moût  de  la  deuxième  série,  ensemencé  un  moût  de  maltose  qui  s'est 
trouvé  dans  des  conditions  de  concentration,  d'acidité,  de  température, 
identiques  au  précédent.  La  seule  différence  venait  de  ce  qu'il  contenait  de 
la  drèche,  tandis  que  l'autre  n'en  contenait  pas.  La  distillation  fractionnée 
des  flegmes  qu'ont  fournis  l'un  et  l'autre  moût  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Alcools  supérieurs 

Alcool  produit  extraits 

pour  100  de  21'1, 700  par  litre 

du  maltose.  d'alcool  pur.  d'alcool  pur. 

ce  ce. 

Fermentation  avec  drèche 3o,g  12,7  '1,70 

Fermentation  sans  drèche 28,2  1  ^  , 3  5, 29 

»  Les  écarts  que  l'on  constate  dans  les  rendements  d'alcools  supérieurs 
tiennent  encore  à  ce  fait  :  que  la  fermentation  du  moût  pâteux  a  été  plus 
active  que  celle  du  moût  clair. 

»  III.  Je  me  permettrai  enfin  de  rappeler  une  série  d'expériences  que 
j'ai  publiée  autrefois  (')  et  qui  montre  encore  le  rôle  que  peuvent  exercer 
les  fermentations  étrangères  à  la  levure.  La  température  de  fermentation 
influe  sur  le  rendement  en  alcools  supérieurs.  Au  fur  et  à  mesure  que  la 
température  s'abaisse,  que  les  rendements  en  alcool  total  augmentent, 
et  que,  par  conséquent,  la  fermentation  se  fait  dans  des  conditions  de 
pureté  plus  grande,  on  voit  la  proportion  des  alcools  supérieurs  diminuer. 

(')   Comptes  rendus,  t.  CVII,  p.  182. 


(  666  ) 

Température  Alcool  total  Alcools  supérieurs 

de  pour  ioo  par  litre 

fermentation.  du  moût.  d'alcool. 

ce  ce 

25-2-°C 5,82  5,9 

18-210 5,93  5,4 

8-100 6,32  5,2 

»  De  ces  expériences,  il  convient  de  conclure  que  les  alcools  supérieurs 
ne  sont  pas,  pour  la  plus  grande  partie,  les  produits  normaux  de  la  fermen- 
tation alcoolique,  mais  sont  ceux  de  la  vie  d'êtres  microscopiques,  qu'il 
s'aeit  maintenant  de  déterminer.  Il  résulte  également  de  ces  expériences 


'& 


que  l'on  obtiendra  toujours  les  flegmes  les  plus  purs,  chaque  fois  que  l'on 
réalisera  les  conditions  d'une  fermentation  active  et  exempte  d'organismes 
étrangers.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'hématine  végétale.  Note-de  M.  T.-L.  Phipson. 

«  En  1879,  ma  Note  sur  la  palrnelline  a  paru  dans  les  Comptes  rendus 
et  dans  plusieurs  journaux  de  Chimie.  Cette  substance,  que  j'avais  ex- 
traite de  l'algue  Palmella  cruenta  et  qui  présente  dans  sa  composition 
le  fer,  donne,  déplus,  un  spectre  d'absorption  semblable  à  celui  qui  est 
donné  par  le  sang.  Il  est  évident,  d'après  la  Note  publiée  par  M.  Georges 
Linossier,  Sur  une  hèrnatine  végétale  (Comptes  rendus,  2  mars  189 1), 
dans  laquelle  ce  chimiste  décrit  une  matière  colorante  extraite  des  spores 
de  l' Aspergillus  niger,  que  la  substance  en  question  est  identique  avec  la 
palrnelline  que  j'ai  découverte  il  y  a  plus  de  douze  ans,  et  qu'en  consé- 
quence le  nom  donné  en  premier  lieu  à  cette  substance  curieuse  doit 
être  retenu,  jusqu'à  ce  que  l'on  ait  prouvé  qu'elle  est  identique  avec  l'hé- 
matine  du  sang. 

»  Je  saisis  cette  occasion  pour  attirer  l'attention  sur  un  rapport  intéres- 
sant entre  la  matière  colorante  du  sang  et  la  chlorophylle  des  végétaux. 
Depuis  les  expériences  faites  dans  mon  laboratoire,  à  Londres,  sur  la  pal- 
rnelline, j'ai  observé  que,  dans  nos  environs,  la  Palmella  cruenta,  algue 
qui,  du  temps  de  Linné,  fut  appelée  Chaos  sanguinea,  est  quelquefois 
complètement  verte  et  devient  ensuite  rouge  de  sang  en  achevant  sa  végé- 
tation. On  sait  que  la  chlorophylle  donne  aussi  un  spectre  d'absorption, 
et  que  la  biliverdine  (dérivé  du  sang)  est  d'une  couleur  verte  très  sem- 
blable à  celle  de  la  chlorophylle,  et  avant  aussi  un  spectre  d'absorption 


(  667  ) 

particulier.  Il  est  probable  que  l'on  trouvera  la  palmelline  dans  plusieurs 
autres  espèces  de  végétaux.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  Emploi  de  l'acide  carbonique  liquéfié  pour  la  filtration 

et  la  stérilisation  rapides  des  liquides  organiques.  Note  de  M.  A.  u'Ab- 

SOXVAI,  (  '  ). 

«  Les  remarquables  effets  produits  par  l'injection  sous-cutanée  d'extraits 
provenant  des  différents  tissus  de  l'organisme,  suivant  la  méthode  de 
M.  Brown-Séquard,  nous  ont  conduit  à  étudier,  au  laboratoire  de  Médecine 
du  Collège  de  France,  un  procédé  rapide  et  sûr  pour  stériliser  à  froid  les 
liquides  renfermant  des  substances  albumineuses  ou  colloïdes. 

»  La  filtration  à  travers  la  porcelaine  par  le  procédé  Pasteur-Chamber- 
land  se  fait  trop  lentement  dans  ce  cas,  et,  de  plus,  la  bougie  retient  une 
grande  partie  des  colloïdes  aux  pressions,  relativement  faibles  (5atm  à  6atm 
d'air),  qu'on  emploie  d'ordinaire.  La  méthode  que  je  vais  décrire  stérilise 
doublement  ces  liquides  :  i°  par  filtration  à  travers  la  porcelaine,  et  20  par 
l'action  spéciale  bactéricide  qu'exerce  la  pression  du  gaz  employé  (acide 
carbonique  liquéfié).  L'acide  carbonique  est  le  gaz  qui  est  normalement 
en  contact  avec  les  tissus,  puisque  les  éléments  anatomiques  vivent  dans 
la  lymphe  qui  en  est  saturée  ;  il  ne  peut  donc  en  altérer  la  composition  d'une 
manière  notable.  Le  liquide  à  filtrer  est  mis  en  présence  du  gaz  carbonique 
liquéfié  à  une  pression  moyenne  de  45atm,  pression  qui  agit  d'abord  pour 
stériliser  directement  le  liquide  et  ensuite  le  forcer  à  filtrer  rapidement  à 
travers  la  bougie. 

»   L'appareil  instrumental  figuré  ci-contre  est  des  plus  simples. 

»  Une  bouteille  en  fer  forgé  B,  placée  verticalement  sur  un  support  S,  contient 
environ  5ooSr  de  gaz  carbonique  liquéfié  que  l'industrie  livre  couramment  aujourd'hui 
à  très  bas  prix.  Cette  bouteille  est  munie  à  sa  partie  supérieure  d'un  robinet  à  pointe 
d'acier  et  d'un  ajutage  P,  sur  lequel  vient  se  monter  le  tube  KK'  qui  constitue  l'ap- 
pareil à  filtration  et  à  stérilisation. 

»  Ce  tube  (en  cuivre  ou  en  acier)  est  sans  soudure  et  peut  résister  à  des  pressions 
de  20oatm;  sa  capacité  intérieure  est  d'environ  3ooc0  dans  le  modèle  courant  de  mon 
appareil.  C'est  la  forme  qui,  à  égalité  de  poids  et  de  capacité  intérieure,  résiste  le 
mieux  à  la  pression.  Ce  tube  est  fermé  à  la  partie  supérieure  par  un  bouchon  mobile  K 

(')  Le  principe  de  cette  méthode  a  été  communiqué  à  la  Société  de  Biologie,  en 
décembre  1890. 


(  668  ) 

qui  sert  à  introduire  le  liquide  à  filtrer,  bouchon  qui  reçoit  également  dans  certains 
cas  un  manomètre  gradué  jusqu'à  iooatm.  Le  bouchon  inférieur  K'  est  également  mo- 
bile et  reçoit  la  bougie  de  porcelaine  F,  qui  s'y  adapte  d'une  façon  très  simple  par  un 
dispositif  figuré  à  part  à  une  échelle  plus  grande. 


»  La  bougie  F  est  cylindrique;  elle  pénètre  dans  un  petit  tube  métallique  faisant 
corps  avec  le  bouchon  K'.  On  chausse  un  bout  de  tube  de  caoutchouc  C  à  la  fois  sur 
cette  bague  et  sur  la  bougie.  La  pression  du  gaz  applique  énergiquement  le  caoutchouc 
contre  ses  deux  supports  et  la  fermeture  est  d'autant  plus  étanche  que  la  pression  est 
plus  forte. 

»  Il  est  extrêmement  facile,  comme  on  le  voit,  d'enlever  la  bougie  pour  la  remplacer 
ou  la  revivifier  en  la  portant  au  rouge  sur  un  bec  de  gaz.  Le  tout  est  placé  sur  le  re- 
bord d'une  table  et  une  éprouvette  stérilisée  E  reçoit  le  liquide  filtré.  Si  l'on  veut  sou- 
mettre le  liquide  à  la  pression  du  gaz  sans  le  filtrer,  on  remplace  la  bougie  F  par  une 
tige  pleine  de  même  diamètre.  Le  maniement  de  l'instrument  est  des  plus  simples  et 
l'on  exerce  ainsi  de  très  fortes  pressions  sans  la  moindre  fatigue.  L'appareil  est  peu 
encombrant,  facilement  transportable  et  ne  présente  absolument  aucun  danger,  grâce 
au  soin  tout  particulier  apporté  à  sa  fabrication  par  M.  Ducretet. 

»  La  pâte  des  bougies  doit  subir  également  des  modifications  dans  sa  composition, 
suivant  la  consistance  du  liquide  à  filtrer  et  les  pressions  employées. 

»   L'acide  carbonique,  à  ces  hautes  pressions,  devient  un  agent  bactéri- 
cide extrêmement  puissant.  Il  peut  suffire,  à  lui  seul,  pour  stériliser  une 


(66g) 

solution  comme  le  ferait  l'autoclave  dans  beaucoup  de  cas.  La  résistance 
des  microbes  à  son  action  est  très  inégale,  suivant  leur  nature,  comme 
on  devait  s'y  attendre.  En  prolongeant  la  pression  et  surtout  en  l'augmen- 
tant par  l'intervention  d'une  température  de  /jo0,  incapable  de  coaguler 
les  albuminoïdes,  il  n'est  pas  d'être  vivant  cpii  puisse  résister.  Je  revien- 
drai, en  détail,  sur  ce  point  dans  une  prochaine  Communication.  En  gra- 
duant convenablement  ces  deux  facteurs,  le  temps  et  la  pression,  on  peut 
atténuer  certaines  cultures,  retarder  leur  développement,  etc.  Ces  diffé- 
rents points  étant  encore  à  l'étude,  je  ne  peux  que  les  signaler. 

»  Enfin,  si  l'on  fait  intervenir  la  filtration  et  la  pression,  j'ai  remarqué 
que  la  richesse  en  substances  colloïdes  du  liquide  filtré  était  en  relation 
intime  avec  la  pression  exercée  sur  le  liquide.  Dans  un  mélange  de  pep- 
tone  et  d'albumine  d'œuf,  par  exemple,  on  peut  graduer  la  pression  de 
façon  que  la  peptone  passe  d'abord  presque  seule;  mais,  à  5oatm  ou  6oatm 
de  pression,  avec  des  pâtes  convenables,  tout  passe,  excepté  les  corps 
figurés. 

«  Avec  des  liquides  contenant  un  mélange  de  ferments  divers,  comme 
le  liquide  pancréatique,  on  arrive,  en  graduant  la  pression,  à  avoir  des 
liquides  dont  l'action  est  très  différente,  certains  ferments  passant  à  l'ex- 
clusion ou  tout  au  moins  beaucoup  plus  rapidement  que  d'autres. 

»  Par  une  étude  minutieuse  de  toutes  ces  conditions,  étude  que  je  pour- 
suis actuellement,  ce  procédé  pourra  devenir  une  méthode  d'analyse  phy- 
sique précieuse  pour  la  Physiologie  et  la  Chimie  organique. 

»  Dès  à  présent,  l'appareil  que  je  viens  de  décrire  est  susceptible  de 
rendre  les  plus  grands  services  pour  la  stérilisation  à  froid  des  liquides 
organiques  destinés  aux  injections  sous-cutanées,  et  est  constamment 
employé  dans  ce  but,  depuis  trois  mois,  avec  le  plus  grand  succès,  au 
laboratoire  de  Médecine  du  Collège  de  Fiance.  » 


ZOOLOGIE.  --  Les  mâles  chez  (es  Ostracodes  d'eau  douce. 
Note  de  M.  R.  Momez. 

«  Les  Ostracodes  d'eau  douce  sont  habituellement  cités  parmi  les  ani- 
maux chez  lesquels  les  mâles  sont  le  plus  rares  et  où  intervient  le  plus 
souvent  la  parthénogenèse  ;  toutefois,  chez  un  certain  nombre  de  genres, 
presque  tous  très  peu  nombreux  en  espèces  et  peu  répandus,  les  deux 
sexes  sont  connus  et  la  reproduction  est  sexuelle. 

C.  K.,  1891,  1"  Semestre.  (T.   CXI1,  N°  13.)  °° 


(  «70  ) 

»  Le  genre  Cypris,  tel  qu'il  est  maintenant  compris,  très  riche  en  es- 
pèces dont  la  plupart  sont  fort  communes,  malgré  les  nombreuses  recher- 
ches dont  il  a  été  l'objet  à  ce  point  de  vue,  était  considéré  comme  ne 
présentant  pas  de  mâles,  à  tel  point  que  Sars  (')  donne  la  reproduction 
exclusivement parthéno génétique  comme  un  de  ses  caractères  ;  on  peut  dire 
la  même  chose  pour  plusieurs  genres  de  beaucoup  moindre  importance  et 
moins  souvent  observés,  parmi  les  Ostracodes. 

»  En  dehors  de  la  répugnance  que  l'on  peut  avoir  à  admettre  la  loi 
d'exception  suivant  laquelle  des  animaux  se  reproduiraient  d'une  manière 
exclusivement  asexuée,  certains  faits,  comme  l'existence,  chez  les  femelles, 
d'un  receptaculum  seminis  et  d'un  appareil  destiné  à  la  copulation,  sem- 
blaient cependant  autoriser  à  croire  que  les  màle.s  apparaissaient  à  cer- 
taines époques,  au  moins,  ou  dans  des  conditions  à  déterminer,  comme 
cela  se  passe  chez  plusieurs  autres  formes  de  Crustacés,  par  exemple. 

»  Déjà  plusieurs  auteurs,  dont  les  indications  avaient  passé  inaperçues, 
avaient  trouvé  des  mâles  chez  plusieurs  espèces  du  genre  Cypris  (s.  str.)  : 
Fischer  (2)  les  mentionne  à  propos  des  C.  prasina,  C.  (?)  exserla  et  ma- 
reotica,  récoltés  à  Palerme  et  en  Egypte,  et  Herrick  (3)  les  a  rencontrés 
chez  la  C.  modesta  et  chez  une  deuxième  espèce  qu'il  appelle,  à  tort, 
C.  virens. 

»  Les  observations  que  j'ai  pu  faire  sur  les  Ostracodes  rapportés  par 
différents  vovageurs  qui  ont  bien  voulu  m'en  confier  l'étude  me  permet- 
tent d'augmenter,  d'une  façon  très  sensible,  le  nombre  des  formes  chez 
lesquelles  les  mâles  sont  connus  et  me  portent  à  croire  que  tous  ces  ani- 
maux, quand  on  les  connaîtra  suffisamment,  rentreront  dans  la  règle  gé- 
nérale. 

»  C'est  ainsi  que  j'ai  trouvé  en  abondance  le  mâle  des  Cypris  suivantes  : 
C.  incongrucns  Ramd.,  Algérie,  Tunisie;  C.  virens  Jurine,  Algérie; 
C.  Blanchardi,  nov.  sp.;  C.  ungulata,  nov.  sp.;  C.  mareolica  Fischer;  C.  bal- 
nearia,  nov.  sp. 

D'autre  part,  le  genre  Erpetocypris,  qui  compte  une  dizaine  d'espèces, 
n'avait  pas  jusqu'ici  fourni  de  mâles  (*)  et  Sars,  dans   la  diagnose  du 

(')  G.-O.  Sars,  On  somc  Freshwater  Ostracoda  and  Copepoda  raised  front 
dried  australian  Mud  (Christiania  Videnskabs-Selsk.  Forliandl.,  1889). 

(2)  S.  Fischer,  Beitrag  z.  Kentniss d.  Ostracoden,  i855. 

(3)  C.-L.  Herrick,  List  ofthe  Freshwater  and  marine  Crustacea  of  Alabama,  etc. 

(Geolog.  Siin'ey  of  Alabama,  1887). 

(;)   L'/T.  spinosa  se  reconnaît,  à  première  vue,  aux  épines  tronquées,  portant  une 


(  671  ) 
genre,   mentionne  également  que  la  reproduction  en  est  exclusivement 
parthénôgénétique ;  j'ai  trouvé,  dans  les  matériaux  rapportés  d'Asie  par 
M.  Barrois,  une  forme  nouvelle  (E.  spinosa  Mz.)  récoltée  en  avril,  et  repré- 
sentée par  des  individus  des  deux  sexes  (  '  ). 

»  Les  mâles  n'étaient  pas  connus  davantage  dans  le  genre  Cyprirlopsis, 
bien  que  certaines  espèces  puissent  s'observer  parfois  en  très  grande  abon- 
dance. J'ai  observé  des  individus  nombreux  de  ce  sexe,  chez  les  C.  vil/osa, 
récoltés  en  Tunisie  par  M.  Letourneux  et  en  Algérie  par  M.  Blanchard. 

»  Il  faut  noter  que  ces  diverses  espèces,  sauf  une,  le  C.  spinosa  d'Asie, 
ont  été  rencontrées  sous  les  deux  sexes,  en  Afrique,  et  que  toutes  ont  été 
récoltées  vers  la  même  époque,  soit  entre  mars  et  avril. 

»  Sous  quelle  influence  apparaissent  ces  mâles?  11  n'est  pas  impos- 
sible, jusqu'ici,  de  tirer  de  conclusions,  et  l'on  ne  peut  qu'appeler  l'atten- 
tion des  zoologistes  sur  cette  intéressante  question.  On  ne  peut  invoquer 
l'époque  de  l'année  ni  le  climat,  car,  d'une  part,  Barrois  en  Asie,  Blan- 
chard en  Amérique,  se  sont  livrés  à  leurs  recherches  à  peu  près  à  la  même 
époque  de  l'année,  et  nous  n'avons  trouvé  qu'une  seule  espèce  pourvue 
de  mâles  dans  les  récoltes  du  premier,  tandis  que  celles  du  second  en 
comprennent  sept,  qui  sont  représentées  par  les  deux  sexes;  d'autre 
part,  nous  n'avons  vu  aucun  mâle  parmi  les  très  nombreux  individus  de 
différents  Cypris  ou  Cypridopsis  des  Açores,  récoltés  à  différentes  époques 
de  l'année,  par  MM.  Barrois,  Chaves  ou  de  Guerne.  Il  n'en  existe  pas 
davantage  au  milieu  des  sept  espèces  représentées,  il  est  vrai,  par  peu 
d'individus,  recueillies  dans  les  Indes  néerlandaises  par  M.  Max  Weber, 
et  il  s'en  faut  que  toutes  les  espèces  rapportées  par  M.  Letourneux  soient 
représentées  par  les  deux  sexes.  Ajoutons  que  nous  n'avons  pas,  jus- 
qu'ici, trouvé  de  mâles  dans  les  Ostracodes  récoltés  en  Chine  par 
M.  Schmacker,  non  plus  d'ailleurs  que  parmi  les  espèces  collectionnées 
à  différentes  époques  de  l'année,  en  plusieurs  points  de  l'Espagne,  par 
M.  Bolivar.  En  France,  nous  n'avons  encore  rencontré  de  mâles  d'Ostra- 
codes  que  chez  les  genres  ou  sous-genres  qui  les  présentent  habituelle- 
ment. 


longue  soie,  qui  recouvrent  les  valves  et  au  réseau,  extrêmement  serré,  qui  orne  toute 
la  surface  de  la  coquille. 

(')  Fischer  (  Ub.  dus  Genus  Cypris)  parle  bien  de  l'existence  de  mâles  chez  sa 
C.  fasciata  (Erpet.  Fischeri  Lillj.),  mais  ce  qu'il  figure  comme  le  testicule  n'est 
autre  chose  que  le  canal  enroulé  du  receptaculum  seminis  d'une  femelle. 


(672) 

»  La  salure  des  eaux  n'est  pas  non  plus  un  facteur,  constant  du  moins, 
de  l'apparition  des  mâles  ;  si,  d'un  côté,  la  plupart  des  espèces  rapportées 
par  Blanchard  ont  été  pêchées  dans  des  eaux  d'une  richesse  en  chlorure 
supérieure  à  la  moyenne,  les  Ostracodes  trouvées  par  Barrois  dans  les 
mêmes  conditions  n'ont  présenté  aucun  mâle,  et  YErpet.  spinosa,  comme 
le  C.  balnearia,  vit  dans  l'eau  douce.  D'autre  part,  les  Cyprides  de  diffé- 
rentes eaux  saumàtres  d'Europe  ne  nous  ont  montré  que  le  sexe  femelle, 
absolument  comme  lorsqu'elles  se  trouvent  dans  l'eau  douce.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  de  la  salure  sur  la  formation  de  l'ami- 
don dans  les  organes  végétatifs  chlorophylliens .  Note  de  M.  Pierre  Lesage, 
présentée  par  M.  Duchartre. 

«  Dans  le  but  de  continuer  avec  plus  de  fruit  mes  recherches  sur  la 
biologie  des  plantes  du  littoral,  j'ai  étudié,  entre  autres,  le  travail  de 
M.  Brick  (')  pour  comparer  ses  résultats  à  ceux  que  j'ai  donnés  en 
188g  (2).  Je  compte  présenter  bientôt  la  discussion  des  faits  principaux; 
aujourd'hui,  je  désire  seulement  m'arrêter  sur  un  point  qui  me  paraît  très 
intéressant  et  que  mes  cultures  permettent  de  mettre  un  peu  plus  en 
lumière  que  les  quelques  lignes  que  lui  consacre  M.  Brick. 

»  Sur  six  plantes  étudiées,  l'auteur  constate  dans  trois  que  l'amidon  se 
décèle  plus  ou  moins  facilement  dans  les  grains  de  chlorophylle  et,  clans 
le  résumé  qu'il  présente  à  la  fin  de  son  travail,  il  arrive  à  dire  que  la 
formation  de  l'amidon  est  fortement  empêchée  chez  les  halophytes 
«  vraisemblablement  par  HCl  ».  Il  se  base  sur  les  propriétés  des  chloru- 
res et  la  théorie  de  M.  Schimper  (3)  :  «  en  général,  dans  le  processus 
»  de  l'assimilation,  il  se  forme  du  glucose  et  l'amidon  naît  de  ce  glucose 
»  quand  la  quantité  de  celui-ci  a  dépassé,  dans  la  cellule,  un  maximum 
»   déterminé,  variable  selon  l'espèce.  » 

»   J'ai  revu,  à  ce  sujet,  les  échantillons  que  je  conserve  dans  l'alcool. 

(')C.  Brick,  Beitrâge  zur  Biologie  und  vergleichenden  Anatomie  der  baltischen 
Strandpflansen  (Schriftend.  naturforchenden  Gesellschaft  su  Danzig,  t.  V,  1888) 
(voir  aussi  :  Botanisches  Centralblatt,  t.  XXXLX,  1889). 

(2)  Pierre  Lesage,  Influence  du  bord  de  la  mer  sur  la  structure  des  feuilles 
(Comptes  rendus,  séance  du  29  juillet  1889). 

(:i)  A.-F.-W.  Schimper,  Ueber  Bildung  und  Wanderung der  Kohlehydrate  in  den 
Laubblàttern  (Bot.  Ztg.,  i885,  p.  787). 


(673) 

J'ai  constaté  qu'il  n'y  a  pas  d'amidon  dans  les  feuilles  du  Zoslera  marina 
(Saint-Servan).  Les  feuilles  de  l'Aster  Tripolium  n'ont  montré  que  des 
traces  d'amidon  au  voisinage  des  nervures  principales  dans  les  échan- 
tillons cpie  la  mer  n'atteint  que  très  rarement;  rien  sur  des  pieds  inondés 
à  chaque  marée  (Quelmer). 

»  Le  Salicornia  herbacea  du  Vivier  présente  à  la  partie  inférieure  de 
chaque  entre-nœud,  dans  les  échantillons  les  plus  avancés  sur  les  vases, 
une  région  palissadique  plus  développée  que  sur  les  pieds  ayant  poussé 
près  de  la  digue;  dans  les  premiers,  l'amidon  était  en  moindre  quan- 
tité que  dans  les  seconds.  La  tige  des  Polvgonum  aviculare  et  maritirnum 
présente  des  bandes  palissadiques  longitudinales  chlorophylliennes.  Sur 
la  coupe  transversale,  ces  bandes  vont  en  augmentant  d'épaisseur  et  les 
palissades  s'y  développent  davantage  en  passant  du  Polygonurn  aviculare 
de  Rennes  à  celui  du  bord  de  la  mer  (Saint-Enogat)  et  au  Polvgonum 
maritirnum  de  Saint-Malo;  au  contraire,  l'amidon  décroît. 

»  Dans  les  cultures  expérimentales  que  j'ai  instituées  en  1888  ('),  j'ai 
revu  des  feuilles  du  Lepidium  sativum  récoltées  le  28  juin.  L'amidon  est 
nul  dans  les  feuilles  de*  échantillons  les  plus  salés  :  arrosages  à  l'eau  de 
mer  pure,  à  l'eau  de  mer  diluée  à  ;',  ;  arrosages  aux  solutions  de  chlorure 
de  sodium  dans  les  proportions  de  2.5gl'  et  126',  5  par  litre;  mélanges  ter- 
reau et  sel  où  celui-ci  entre  pour  j,  ~.  Il  apparaît  dans  la  région  moyenne 
de  la  feuille,  autour  des  nervures  :  mélange  de  terreau  et  sel  dans  les  pro- 
portions ~,  ~  de  NaCl. 

»  Enfin  il  envahit  toute  la  feuille  avec  des  variations  plus  ou  moins  pro- 
noncées. Je  ne  l'ai  pourtant  pas  vu  dans  les  grains  de  chlorophylle  des 
cellules  stomatiques. 

»  La  conclusion  qui  découle  de  ces  faits  est  que  la  salure  a  certaine- 
ment de  l'influence  sur  la  formation  de  l'amidon  dans  les  organes  végétatifs 
chlorophylliens.  Dans  les  cas  extrêmes,  elle  empêche  la  formation  de  cet 
amidon.  Il  en  résulterait  un  ralentissement  dans  les  phénomènes  de  l'assi- 
milation du  carbone.  Si  je  rappelle  que  j'ai  montré  déjà  qu'une  forte  salure 
est  accompagnée  d'une  diminution  de  la  chlorophylle,  ce  ralentissement 
est  confirmé  ou  trouve  son  explication  dans  cette  diminution.  Je  me  con- 
tenterai, pour  le  moment,  de  signaler  ces  faits.   » 

(')  Pierre  Lesage,  voir  Revue  générale  de  Botanique,  1890,  et  Influence  du  bord 
de  la  mer  sur  la  structure  des  feuilles  (Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris, 
1890). 


(  674  ) 


physiologie  végétale.  —  Note  sur  le  dégagement  simultané  d'oxj -gène  et 
d'acide  carbonique  chez  les  Cactées.  Note  de  M.  E.  Aubert,  présentée  par 
M.  Duchartre. 

«  De  Saussure  (')  a  remarqué  que  le  Cactus  Opuntia  dégage,  à  la  lu- 
mière, une  quantité  notable  d'oxygène.  Cet  oxygène  provient  de  la  dé- 
composition de  l'acide  malique,  comme  l'a  établi  Mayer  (2)  dans  ses  re- 
cherches sur  les  Crassulacées.  Mayer  a  signalé  ce  dégagement  d'oxygène, 
même  quand  l'atmosphère  est  dépourvu  d'acide  carbonique. 

»   Ainsi  les  plantes  grasses  peuvent  perdre  de  l'oxygène  à  la  lumière. 

»  J'ai  constaté  un  autre  fait  :  c'est  que,  dans  certains  cas,  les  Cactées 
peuvent,  à  la  lumière,  donner  un  dégagement  simultané d' oxygène  et  d'acide 
carbonique;  la  plante  perd  en  même  temps  carbone  et  oxygène. 

»  Expériences.  —  1/Opuntia  tomenlosa  et  le  Mamillaria  e/ephantidens,  l'un 
en  forme  de  raquettes  allongées,  l'autre  cylindrique,  ont  été  étudiés  de  la 
manière  suivante  : 

»  Deux  plantes  identiques  ont  été  renfermées  dans  des  éprouvettes  sur  le  mercure  et 
exposées,  l'une  à  la  lumière,  l'autre  à  l'obscurité,  dans  une  étuve  à  35°.  (Le  ciel  était 
nuageux  et  le  gaz  primitif  était  formé  de  20,61  d'oxygène  et  79,39  d'azote.) 

»  i°  Opuntia  tomentosa.—  Lumière.  Résultante  de  l'assimilation  et  de  la  respira- 
tion. —  Une  raquette  pesant  igsr,o3o,  renfermée  dans  i32cc  d'air,  adonné  à  la  lumière, 
après  huit  heures,  un  gaz  dont  la  composition  a  été  déduite  des  nombres  suivants  : 

Volume  primitif 472    I   sok  ao.  d'acjde  carbonique. 

Volume  après  traitement  par  la  potasse 462    '        .       ;" 

1   soit         d  oxv°*éne. 
Vol.  après  traitement  parle  pyrogallale  de  potasse.     364    ) 

»  Calculant  la  proportion  pour  100  de  l'oxygène  et  de  l'acide  carbonique  et  ramenant 
à  79,39  d'azote,  on  trouve,  pour  le  gaz  final,  la  composition  suivante  : 

CO-  =    2,18,         d'où         Acide  carbonique  dégagé  —  2, 18; 

0:=2i,i5,         d'où         Oxygène  dégagé  =  21 ,  i5  —  20,61=0,54. 

1S1'  de  poids  frais  de  la  plante  étudiée  a,  en  une  heure, 

(0 


Dégagé i8""DC,9  d'acide  carbonique. 

Dégagé 4™n">68  d'oxygène. 


»   Obscurité.  Respiration  seule.  —  Une  seconde  raquette  pesant  25s'',993,  placée 
dans  i93cc, 8  d'air,  a  donné,  à  l'obscurité,  après  huit  heures  dix  un  gaz  dont  la  com- 

(')  De  Saussure,  Recherches  chimiques  sur  la  végétation.  Paris,  1804. 
C2)  Mayer,  Ueber  die  Sauerstojfauscheidung  einiger  Crassulaceen  {Landwirth- 
schaftl.  Versuchs-Stationen,  t.  XXI,  p.  277;  1880.) 


(*) 


(675  ) 

position,  déduite  des  nombres  4~6,  457,  378,2,  déterminés  comme  plus  haut,  est 

0=  i6,53,         d'où         Acide  carbonique  dégagé  =  4; 

C02  =    4»  d'où         Oxygène  absorbé = 20,61 —  i6,53  =  4>°8: 

CO2 
Rapport  -j=r-  3=0,98. 

»  i"v  de  poids  frais  de  la  plante  étudiée  a,  en  une  heure, 

Dégagé 36mmc,47  d'acide  carbonique 

Absorbé 3-""ac,ri  d'oxygène 

»  Les  nombres  (2)  expriment  les  échanges  gazeux  résultant  de  la  respiration  seule 
et  les  nombres  (1)  représentent  les  échanges  résultant  de  l'assimilation  et  de  la  respi- 
ration superposées. 

»  L' assimilation  d'Opuntia  lomentosa  est  donnée  par  la  comparaison  des  nombres  (1) 
et  (2).  On  en  déduit,  en  effet, 

Oxygène  dégagé 4 1 68  4-  37 ,  20  =  4  ' ,  88 

Acide  carbonique  absorbé 36,47 —  1 8 , go  =  17,  ~>- 

Oxygène  dégagé  _  4r,88  =  2  3g 
CÔ2  absorbé  17, 57 

»  20  Mamillaria  elephantidens.  —  Lumière.  —  Une  tige  de  3sr,i20,  placée  dans 
a6cc  d'air,  a  donné, .après  huit  heures  dix  à  la  lumière,  un  gaz  renfermant  : 

C0*=    i,45,         d'où         Acide  carbonique  dégagé=  1 ,45; 
0  =  21,  d'où  Oxygène  dégagé  =  21  —  20,61=0,39. 

iS''  de  poids  frais,  en  une  heure,  a 

Dégagé i4mmc,77  d'acide  carbonique 

Dégagé 4mmc>o8  d'oxygène 

»  Obscurité.  —  Une  tige  de  2s1', 719,  placée  à  l'obscurité  dans  igcc,6  d'air,  adonné, 
au  bout  de  huit  heures  vingt,  un  gaz  contenant 

C02  =    3,78,  d'où  Acide  carbonique  dégagé  =  3,78; 

0=  i6,33,  d'où  Oxygène  absorbé   —  20,61  —  i6,33  =  4>28: 

CO>__3,78 

~ô  -4^8 

i?r  de  poids  frais,  en  une  heure,  a 

Dégagé 32mmc,78  d'acide  carbonique 


(3) 


j  Absorbé 37mmc,o4  d'oxygène 

»  h'assimilalion  de  Mamillaria  elephantidens  est  indiquée  par  le  rapport 

O  dégagé     _  4 ,08  +  37,04  _  4i,i2  _  ^    „ 
CO2  absorbé  —  02,78  —  i4j77        18,01 

»   Les  expériences  classiques  de  Boussingault  l'avaient  amené  à  envisa- 

CO2 
ger,  comme  égal  à  l'unité,  le  rapport  -„—  de  l'acide  carbonique  absorbé  à 

l'oxygène  dégagé  par  la  résultante  de  l'assimilation  et  de  la  respiration  chez 


(676) 

les  végétaux.  Cette  conclusion  n'est  pas  applicable  pour  les  Cactées  pré- 

CO2 
cédentes;  le  rapport  — —  ne  peut  même  pas  être  évalué,  puisque  la  super- 
position des  deux  phénomènes  produit  un  dégagement  simultané  des  deux 
gaz  O  et  CO2.  Comme,  d'autre  part,  la  respiration  est  exprimée  par  les 

rapports  -jr  =  0,98  {Opuntia)  et  0,88  (Mami/laria),  nombres  très  voisins 

de  l'unité  comme  pour  la  plupart  des  plantes  ordinaires,  c'est  l'assimila- 
lion  seule  qui  diffère,  exprimée  d'ailleurs  par  des  nombres  à  peu  près  iden- 
tiques 2,38  et  2,28. 

»  L'identité  presque  absolue  des  nombres  obtenus  dans  les  recherches 
concernant  les  genres  Opuntia  et  Mamillària  permet  d'envisager  le  phéno- 
mène du  dégagement  simultané  d'oxygène  et  d'acide  carbonique  à  une  lu- 
mière d'intensité  moyenne  et  à  une  température  de  35°  comme  susceptible 
d'une  certaine  généralisation  chez  les  Cactées. 

»  Interprétation  du  phénomène.  —  La  cause  de  ce  double  dégagement 
paraît  facile  à  trouver.  L'analyse  d'un  Opuntia maxima  m'a  donné  ogr,oo2 
d'acide  malique  par  gramme.  Les  Cactées  possèdent  un  parenchyme  pro- 
fond incolore  et  un  tissu  superficiel  avec  chlorophylle.  Ces  deux  couches 
respirent  nuit  et  jour,  dégageant  une  assez  forte  proportion  d'acide  car- 
bonique, que  le  tissu  superficiel,  seul  capable  d'assimiler  à  la  lumière,  peut 
ne  pas  décomposer  entièrement.  D'où  dégagement  d'acide  carbonique 
(que  l'on  ne  constate  plus  d'ailleurs  quand  on  diminue  l'activité  respira- 
toire par  un  abaissement  de  température  vers  io°ou  i5°,  ou  quand  l'in- 
tensité lumineuse  est  notablement  accrue).  L'oxygène  dégagé  provient 
peut-être  de  l'acide  malique  détruit  à  la  lumière. 

»  Conclusion.  —  Les  Cactées,  soumises  à  une  température  élevée  (35°)  et  à 
une  lumière  de  moyenne  intensité,  dégagent  simultanément  de  l'oxygène  et  de 
l'acide  carbonique. 

»  Les  Cactées  perdent,  à  la  fois,  dans  ces  conditions,  du  carbone  et  de 
l'oxygène  pendant  le  jour,  du  carbone  seul  pendant  la  nuit.  Pour  éviter 
leur  dépérissement  pendant  la  mauvaise  saison  dans  nos  contrées,  il  faut 
les  conserver  dans  des  serres  à  la  température  de  io°  à  i.5°.  La  lumière 
très  vive  des  régions  voisines  de  l'équateur  détermine  la  décomposition  de 
l'acide  carbonique  qu'elles  produisent  pendant  le  jour,  de  sortequ'elles  ne 
perdent  du  carbone  que  pendant  la  nuit  dans  les  pays  chauds  (').  » 

(')  Ces  recherches  ont  été  faites  au  Laboratoire  Je  Botanique  de  la  Sorbonne,  sous 
la  bienveillante  direction  de  M.  Gaston  Bonnier. 


(677  ) 


minéralogie.   —    Reproduction   artificielle  de   l'amphibole.  Note 
de  M.  K.  de  Kroustchoff,  présentée  par  M.  Fonqué. 

«  Presque  tous  les  minéraux  entrant  dans  la  composition  des  roches 
terrestres  ont  été,  dans  ces  derniers  temps,  reproduits  artificiellement  par 
divers  savants  et  diverses  méthodes  :  soit  par  voie  sèche,  soit  par  voie  hu- 
mide. Mais  deux  minéraux,  l'hornblende  et  la  tourmaline,  jouant  un  rôle 
si  important  dans  l'évolution  de  certaines  associations  minérales,  se  sont 
jusqu'à  présent  absolument  soustraits  à  toutes  les  tentatives  de  reproduc- 
tion artificielle.  Dans  le  but  de  combler  cette  lacune,  j'ai,  depuis  sept  ans, 
entrepris  toute  une  série  d'expériences  Les  plus  diverses,  mais  toujours 
infructueuses,  de  sorte  qu'un  certain  découragement  m'envahissait  déjà. 
Enfin,  aujourd'hui,  j'ai  l'honneur  d'annoncer  à  l'Académie  cpie  la  synthèse 
de  l'amphibole  par  voie  humide  m'a  récemment  réussi  de  la  manière  la 
plus  satisfaisante.  Le  mode  opératoire  adopté  celte  fois  est  identique  à 
celui  que  j'ai  déjà  décrit  pour  mes  synthèses  de  quartz. 

»  Pour  mes  synthèses  en  vase  clos,  j'emploie  toujours  de  petits  ballons 
allongés  piriformes  (en  verre  vert,  facilement  fusible),  ayant  un  col  étranglé 
d'avance  et  muni  d'un  petit  entonnoir,  pour  faciliter  le  remplissage.  Un 
fourneau  cylindrique  en  tôle  renferme  plusieurs  étuis  pareillement  en  tôle, 
dont  chacun  contient  un  petit  ballon  scellé.  Dans  les  ballons,  on  introduit 
successivement  les  substances  suivantes  : 

»  I.  Une  solution  aqueuse  de  silice  dialysée  contenant  environ  3  pour  ioo  de  silice 
anhydre. 

u  II.  Une  solution  d'alumine  aqueuse;  on  dissout  de  l'alumine  hydratée  dans  une 
solution  aqueuse  de  chlorhydrate  d'alumine  et  l'on  soumet  ensuite  cette  liqueur  à  la 
dialyse. 

»  III.  Solution  aqueuse  d'oxyde  ferrique  hydraté;  on  ajoute  à  une  solution  aqueuse 
de  sesquichlorure  de  fer  du  carbonate  d'ammoniaque,  jusqu'à  ce  que  le  précipité  se 
dissolve  encore,  et  l'on  dialyse  la  liqueur  rouge. 

»  IV.  Hydrate  d'oxyde  ferreux,  préparé  avec  beaucoup  de  précaution  (presque 
blanc). 

»   V.   Eau  de  chaux. 

VI.   Hydrate  de  magnésie  fraîchement  préparé,  en  suspension  dans  l'eau. 

»   VII.  Quelques  gouttes  de  lessive  sodicopotassique. 

»   Ces  matières  deviennent,  en  se  mélangeant,  une  espèce  de  boue  géla- 
latineuse;  ensuite  on  fait  le  vide  dans  les  ballons  avec  un  appareil  à  mer- 
C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  13.)  89 


(678  ) 

cure  de  Sprengel  et  on  les  scelle  au  chalumeau.  Plusieurs  ballons  ainsi 
préparés  ont  été  soumis  pendant  trois  mois,  dans  mon  fourneau,  à  une 
température  voisine  de  55o°C.  Les  parois  intérieures  des  ballons  ont  été 
fortement  attaquées,  et  leur  contenu  avait  pris  l'aspect  d'une  espèce  de 
boue  d'une  couleur  sale,  dans  laquelle  on  a  pu  aisément  reconnaître  à  l'œil 
nu  de  petits  cristaux  prismatiques  aplatis,  très  brillants,  presque  noirs,  me- 
surables. 

»  Sous  le  microscope,  ils  présentent  une  couleur  jaune  verdàtre  et  une 
forme  prismatique  aplatie;  fréquemment,  on  y  peut  distinguer  les  faces 
suivantes  :  ^'(oio)  prédominant,  m m(i  i  o)  souvent  bien  développée, 
quelquefois  A'  (  i  oo),  e1  (01  i),  parfois  très  nettement  visible. 

»  L'angle  (iio):(iio)  n'a  pu  être  mesuré  qu'approximativement, 
tandis  que  l'angle  (o  i  i): (on)  est  égal  à  i48°28'.  Le  clivage  mm  très  im- 
parfait : 

Extinction  p(oo  i):  »'(oio) i-°56' 

»   Le  signe  optique  est  négatif;  le  polychroïsme  n'est  pas  intense  : 

ng vert  bleuâtre 

nm vert  jaunâtre 

np vert  jaunâtre  (plus  pâle) 

»  L'absorption  est  ng  =  nm^>  np;  l'indice  de  réfraction  moyen  i,65; 
n-g—  np=  0,020;  dispersion  p]>v;   2v  environ  820. 

»   L'analyse  chimique  m'a  donné  la  proportion  suivante  : 

Densité  à  i5°C 3, 2402 

Oxygène. 

SiO2.             42,35  22,586 

A1*03 8,11  3,779  )     -     ~ 

Fe203 7,9i  2.373  S     °''D2 

FeO 10,11  2,246  ] 

MgO i4,33  5,732       11,752  j 

GaO i3,2i  3,774  * 

Na20 2,18  o,562  ) 

K20 1,87  o,3i8  ) 

(H20)  Perte  au  feu.         0,01     rp  ,  ,   ~,      : 
v  '  'g       lotal.  41,070 

Total 100,98 

Oxygène  de  la  silice 22,586 

»         des  sesquioxvdes 6,  i52 

des  monoxvdes 12.632 


■     J2,632 

0,880  ) 


(  679  ) 
Rapports  de  l'oxygène  .  .  .      22,586;  i  2,63a  ;6,i52 

12.632  -t-  6,102 

22,586 
Quotient  de  l'oxygène  (de  M.  Roth) o,83i 


Relation  atomique. 

0,2062 


Si ig ,  763  ==  0,7058 

Al 4»33o  =  o,r574 

Fe" 5,537  =  0,0988  j 

Fe 7 ,  863  —  o ,  1404 

Mg 8,598  =  o,3582  '  0,7345   1 

Ca Q,436  =  o,2359  ) 

Na .,6.7  =  0,0352  l         KK     \  °'^ 

'  o,oo;)2    ' 

h. 1 ,  552  =  o , 0200   ) 

0 4  !  ^70  =  2,3356 

1, 9327  : 2,3356  =  ^fSi  =■  o,83G. 

»  En  même  temps  que  la  hornblende,  j'ai  constate  la  formation  des  mi- 
néraux suivants  : 

»  I.  De  petits  cristaux  prismatiques,  vert  pâle,  appartiennent  évidemment  au  sys- 
tème monosymétrique  ;  on  y  reconnaît  (1  1  o),  (1  00),  plus  rarement  (o  1  o)  et  enfin  quel- 
quefois des  faces  terminales  domatiques.  Ils  s'éteignent  suivant  leur  position,  tantôt 
parallèlement  à  l'axe  prismatique,  tantôt  sous  un  angle  maximum  de  370  à  partir  de 
cette  direction;  l'indice  est  voisin  de  1 ,65  ;  «^  —  «^  =  0,27;  signe  optique  positif; 
ce  minéral  semble  être  de  nature  pyroxénique. 

»  II.  Des  grains  incolores,  isotropes,  arrondis  ou  montrant  çà  et  là  quelques  facettes 
probablement  suivant  (100);  ils  sont  de  nature  zéolitique. 

»  III.  De  petits  cristaux  limpides,  parfaitement  nets  de  quartz  suivant  (ioTi), 
(oïi  1),  (10T0),  contenant  quelquefois  des  inclusions  liquides  à  bulles. 

»  IV.  Minces  lamelles  incolores  rhombiques  offrant  les  caractères  optiques  de  l'or- 
those  adulaire  ('  ). 

«  Cette  association  constitue  par  elle-même  un  fait  bien  remarquable, 
et  je  me  propose  d'en  discuter  ultérieurement  les  conséquences.  » 


(')  Absolument   identiques  avec   les   produits   de   M.   le   professeur   Friedel  et  les 

miens. 


(  68o  ) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.    —   Grandes  anomalies  magnétiques  au  centre   de  la 
Russie  d'Europe.  Note  de  M.  le  général  Alexis  de  Tîls.o. 

«  La  Société  Impériale  russe  de  Géographie  a  fait  explorer,  en  1889, 
sous  ma  direction,  la  région  comprise  entre  les  villes  de  Charkov  et  de 
Roursk,  au  point  de  vue  de  distribution  des  éléments  mngnétiques.Pour  la 
ville  de  Bjelgorod,  feu  J.  Smirnoff  avait  déjà  constaté  une  anomalie  ma- 
gnétique exceptionnellement  grande.  Les  opérations  détaillées  sur  plus  de 
cent  points  ont  conduit  à  la  découverte  de  tout  un  nombre  de  centres 
très  intenses,  qui  troublent  profondément  la  régularité  des  phénomènes 
magnétiques.  Toute  la  région  explorée  n'a  que  35km  de  longueur  du  Nord 
au  Sud  et  25km  de  largeur  de  l'Est  à  l'Ouest,  et  pourtant,  sur  cette  étendue, 
voici  les  éléments  magnétiques  dans  les  centres  principaux  : 

(Unité 
Intensité         électrique) 
Déclinaison.  Inclinaison.       horizontale.  totale. 

Nepchœvo  village -+-  48  Ouest  -t-81  0,11  0,84 

Yisloje  village —33  Est  -4-  5a  o,4o  o,65 

Kisselevo  village —38  Est  -t-  63  o,33  0,72 

Sobinino  village -+-  3o  Ouest  -+-  60  o,38  0,75 

Petropaoloka  village —  20  Est  -1-76  o,  19  0,80 

»  La  plus  grande  distance  entre  les  points  susnommés  n'est  que  de  1 2k"\ 
et  pourtant  la  déclinaison  change  de  86°,  l'inclinaison  de  290. 

»  Pour  donner  une  idée  précise  de  la  grandeur  de  ces  perturbations,  je 
n'ai  qu'à  ajouter  que  les  valeurs  normales  pour  la  région  explorée  sont  les 
suivantes  :  pour  la  déclinaison  magnétique  —  i°  (Est),  pour  l'inclinaison 
-4-64°,  pour  l'intensité  horizontale  o,  21  et  totale  o,  48  en  unités  élec- 
triques. 

»   On  voit  que  les  centres  sont  tantôt  attractifs,  tantôt  répulsifs. 

»  Quoique  j'aie  dressé  des  Cartes  détaillées  des  lignes  isogoniques, 
isocliniques  et  isodynaniiques  de  cette  région,  il  me  reste  à  déterminer  les 
limites  de  la  zone  d'anomalie,  ce  qui  sera  exécuté  cette  année-ci. 

»  La  constitution  géologique  du  sol,  autant  qu'elle  est  connue,  ne  permet 
pas  d'expliquer  cette  anomalie,  tout  à  fait  extraordinaire.  Des  études  com- 
plémentaires sont  absolument  nécessaires  pour  mettre  en  évidence  ce 
phénomène,  dont  la  portée  pour  la  science  du  Magnétisme  terrestre  est 
considérable.  » 


(  68.    ) 


GÉOGRAPHIE.  —  Dépression  constatée  au  centre  du  continent  asiatique. 
Note  de  M.  le  général  x\lexis  de  Th.lo. 

«  Un  fait  d'une  portée  exceptionnelle  vient  d'être  constaté  par  les  frères 
Groum-Grzimailo,  pendant  leur  recentvoyage.au  Tibet,  exécuté  en  1889 
et  1890.  Aux  pieds  du  Tian-Shan,  dans  le  ïourfan,  à  un  endroit  nommé 
Loukshine-Kyr,  la  pression  barométrique  (en  prenant  en  considération  la 
correction  de  l'instrument)  a  été,  le  13/27  octobre  1889,  77 1""",  7,  la 
température  de  l'air  étant  —  20  Celsius.  En  admettant  que,  pour  ce  jour, 
la  pression  barométrique  au  lieu  indiqué  fût,  au  niveau  de  la  mer,  égale 
à  ']Ç>r]mm,o,  conformément  aux  Cartes  isobariques  de  l'Asie  publiées  par 
moi,  j'ai  calculé  que  Loukshine-Kyr  se  trouve  à  5om  au-dessous  du  niveau 
de  l'Océan,  avec  une  erreur  probable  de  1;  2jm. 

»  En  combinant  de  différentes  manières  les  observations  effectuées  à 
la  même  date  à  Barnaoul,  Irkoutsk,  Vernoje,  Pékin,  etc.,  je  suis  arrivé  à 
des  résultats  qui  confirment  que,  au  sud  de  la  ville  de  Tourfan,  au  centre 
même  du  continent  de  l'Asie,  se  trouve  une  dépression  de  jo'"  au-dessous  du 
niveau  de  l'Océan. 

M.  Pf.li.erin  adresse  une  Noie  sur  la  réduction  de  la  résine  commune 
par  l'hydrogène  naissant. 

M.  A. -15.  Mac  Do.vall  adresse  un  relevé  des  quantités  de  pluie  tombées 
à  Paris  pendant  sept  années  consécutives,  de  1870  à  1876. 

La  séance  est  levée  à  4  heures.  J.  13. 


lil   II  !    I  l\      Itllil  llll,l;  VIMIIOI  l:. 


OuYItAGES    KEÇUS    DANS    LA   SÉANCE    DU     l6    MARS     1 89 1  . 

ïraité  de  Thérapeutique  et  de  Pharmacologie  ;  par  Henri  Soulieh;  Tome  L 
Paris,  F.  Savy,  1891  ;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Charcot  et  en- 
voyé au  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 


(  682  ) 

Traité  clinique  et  pratique  des  maladies  des  enfants;  par  E.  Barthez  et 
A.  Sanné.  Tome III.  Paris,  Félix  Alcan,  1 891  ;  1  vol.  gr.  in  8°.  (Présenté  par 
M.  Charcol  et  envoyé  au  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Étude  sur  la  grippe  [dans  la  i5e  région  de  corps  d'armée;  par  le  Dr  P. -A. 
Cassederat.  Marseille,  Barlatier  et  Barthelet,  1891  ;  br.  in-8°.  (Envoyé  au 
concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Bactéries  et  ptomaïnes  des  viandes  de  conserve,  par  M.  Cassedebat.  Paris, 
G-.  Masson,  1890;  in-8°.  (Envoyé  au  concours  Bellion.) 

Étude  sur  le  bacille  typhique  et  les  bacilles  pseudo-typhiques  ;  par  M.  le  D' 
Cassedebat;  3  br.  in-8°.  (Envoyé  au  concours  Montagne.) 

Affections  congénitales;  par\e  Professeur  Eannelongue  et  le  D1'  V.  Ménard. 
—  I.  Tête  et  cou.  Paris,  Asselin  et  Houzeau,  1891  ;  1  vol.  in-8°.  (Présenté 
par  M.  Verneuil.) 

Bystèropexie  abdominale  antérieure  et  opérations  sus-pubiennes  dans  les  ré- 
trodéviations  de  l'utérus;  par  Marcel  Baudoin.  Paris,  Lecrosnier  et  Babé, 
1890;  i  vol.  in-8°.  (Deux  exemplaires.)  (Envoyé  au  concours  du  prix 
Godard.) 

Exposition  universelle  internationale  de  1889  a  Paris.  Classes  1  et  2.  Peinture 
à  l'huile.  —  Peintures  diverses  et  dessins.  —  Rapport  du  jury  international; 
par  M.  Geobges  Lafenestre.  Paris,  Imprimerie  nationale,  MDCCCXC; 
1  vol.  gr.  in-8°. 

Mémorial  des  fêles  d'A/ais,  octobre  1889.  Érection  de  la  statue  de  Jean-Bap- 
tiste Dumas.  —  Inauguration  du  lycée.  —  Inauguration  du  buste  du  M's  de 
la  Vare-Alais.  Alais,  J.  Martin,  1890;  1  vol.  gr.  in-8°. 

Bulletin  de  l'Institut  des  actuaires  français.  Paris,  E.  Warnier,  1891  ;  br. 
in-8°. 

Considérations  sur  le  polymorphisme  de  quelques  espèces  du  genre  Bupleu- 
rum  ;  par  le  D1  Saint-Eager.  Paris,  J.-B.  Baillière  et  fils,  1891  ;  br.  in-8°. 

Note  sur  la  machine  à  vapeur;  par  M.  Aug.  Normand.  (Extrait  des  Mé- 
moires de  la  Société  des  ingénieurs  civils.)  Paris,  1891  ;  br.  in-8°. 

Revue  bourguignonne,  de  l'enseignement  supérieur,  publiée  par  les  profes- 
seurs des  Facultés  et  de  l'École  de  Médecine  et  de  Pharmacie  de  Dijon; 
Tome  I,  n°  I.  Dijon,  Eamarche  et  Damidot,  1891;  1  vol.  in-8°.  (Pré- 
senté par  M.  Darboux.) 

Cours  de  Physique  mathématique.  —  Electricité  et  Optique.  II.  Les  théories 
de  Helmholtz  et  les  expériences  de  Hertz.  Leçons  prof essées pendant  le  second 
semestre  1889-90  par  H.  Poincaré;  rédigées  par  Bernard  Brvnhes.  Paris, 
Georges  Carré,  1891  ;  1  vol.  gr.  in-8°. 


(  683  ) 

Memorie  délia  reale  Accademia  délie  Scienze  di  Torino;  série  seconda, 
Tomo  XL.  Torino,  Carlo  Clausen,  MDCCCXC;  i  vol.  gr.  in-4°. 

The  hislory  of  volcanic  action  during  the  lertiary  period  in  the  british  isles; 
by  Arciiibald  Geikie.  Edinburgh,  published  by  Robert  Granl  and  son, 
1888;  in-4°. 

On  carboniferous  volcanic  rocks  ofthc  basin  of  the  firth  of Forth;  by  Arciii- 
bald Geikie.  Edinburg,  MDCCCLXXIX;  br.  in-l°. 

Handbuch  der  Astronomie,  ihrer  Geschichte  und  Litleralur;  von  Dr.  Rudolf 
Wolf.  In  zwei  Bânders,  zweiter  Hajbband.  Zurich,  Druck  und  Verlag  von 

F.  Schulthess,  1 89 1  ;  in-8° 

OUVRAGES  REÇUS  IIAJÎS  LA  SÉANCE  DU    23  MA11S    1  89  I . 

Traite,  élémentaire  d'Electricité;  par  J.  Joubert;  deuxième  édition.  Paris, 

G.  Masson,  1891  ;  1  vol.  in-8".  (Présenté  par  M.  Mascart.) 

Traité  de  l'acide  phènique  appliqué  à  la  médecine  ;  par  le  D'  Déclat.  Paris, 
Lemerre,  1874;  1  vol.  in- 18. 

Manuel  de  médecine  antiseptique.  —  Applications  de  l'acide  phènique  et  de. 
ses  composés  ;  par  le  D1'  Déclat.  Paris,  O.  Doin,  i8qo;  1  vol.  in- 1 8. 

Mollusques  recueillis  au  Congo,  par  M.  E.  Dupont,  entre  l'embouchure  du 
fleuve  et  le  confluent  du  Kassai ;  par  Pu.  Dautzenberg.  Bruxelles,  F.  Hayez, 
1890;  br.  in-8°. 

Le  cardinal  Haynald,  archevêque  de  Kalocsa,  considéré  comme  botaniste  ;  par 
Auguste  Danitz.  Traduit  par  Edouard  Martens.  Gand,  A.  Siffer,  1  890;  br. 
in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  d'émulation  de  Montbéliard;  X.\le  volume,  ^'fas- 
cicule, 1890.  Montbéliard,  Victor  Barbier;  br.  in-8". 

Annales  de  la  Société  académique  de  Nantes  et  du  département  de  la 
Loire-Inférieure;  volume  I  de  la  7e  série,  1890,  deuxième  semestre.  Nantes, 
L.  Mellinet  et  Cie;  in-8°. 

Di  un  codicc  archelipo  sconosciulo  dell'  Opéra  di  Giorgio  Paehimere  (De 
quatuor  mathematicis).  Nota  del  Socio  Enrico  Narducci.  (Bendiconti  délia 
R.  Accademia  dei  Lincei.)  Roma,  1891;  br.  in-4°. 

Giornale  di  Scienze  naturali  ed  economiche ,  pubblicato  percura  délia  Societa 
di  Scienze  naturali  ed  economiche  di  Palermo  ;  vol.  XX  (anno  1890).  Pa- 
lermo,  Michèle  Ameuta,  1890;  1  vol.  in-f°. 


(  684  ) 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  3i  mars  1891. 

Bulletin  du  Comité  international  permanent  pour  l'exécution  photogra- 
phique de  la  Carte  du  Ciel,  sixième  fascicule.  Paris,  Gauthier-Villars  et  fils, 
1891  ;  in-4°.  (Présenté  par  M.  Mouchez.) 

Mélanges  scientifiques  et  littéraires;  par  Louis  Passy.  2e  série.  Paris, 
Guillaumin  et  G.  Masson,  1891  ;  in-8°.  (Présenté  par  M.  Duchartre.  ) 

Transactions  0/  the  canadian  Institute,  n°  L,  october  1890;  vol.  I,  Part  1. 
Toronto,  the  Copp,  Clark  Company,  1890:  gr.  in-8°. 

Proceedings  of  the  canadian  Institute.  Toronto,  april  1890;  br.  in-8°. 

Animal  report  of  the  canadian  Institute,  session  1888-89.  Toronto,  War- 
wick  et  Sons,  1889;  br.  gr.  in-8°. 

Annalen  der  Schweizerischen  meleorologischen  Central- Anstalt  1888.  (Dcr 
Sch  weizerischen  meteorologischen  Heobachlungen  ) .  F  iï  11  fundzwa  nzigster 
Jahrgang.  Zurich,  Druck  von  Zûrcher  und  Furrer;  in  4°- 


EU  RAT  A. 


(Séance  du  22  décembre  1890.) 

NotedeMM.  A.  Delebecque  elL.  Legay,  Sur  les  soudages  du  lacd'Annecv  : 

Page  1000,  ligne  3  en  remontant,  après  alpins,  aller  à  la  ligne,  et  au  lieu  de  seuls, 
lisez  principaux. 


On   souscrit    à   Paris,    chez    GAUTHIER -VILLAKS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Ausjustins,  n"  5.5. 

1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  lo  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  ih-4°.  Deux 
'nue  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  voluino.  L'abonnement  est  annuel 
la  ier  janvier. 

Le  prix  de  V  abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 
Michel  et  Médan. 

(  Gavault  St-Lager. 
i  Jourdan. 

I  Ruff. 
Hecquet-Deeobert. 

i  Germain  etGrassin. 

r  Lachèse  et  Dolbeau. 

Jérôme. 

Jacquard. 

\vranl. 
v Duthufi. 

'  Mnller  (G.). 
I Renaud. 

/  Lefouruier. 

\  F.  Robert. 

j  J.  Robert. 

I  V  Uzel  Caroiï. 

i  Baër. 

(  Massif. 
•y Perrin. 

,  Henry. 

/  Marguerie. 

\  Rousseau. 

(  Ribou-Collay. 

,  Lamarche. 
S !  Ratel. 

'  Damidot. 

\  Lauverjat. 

(  Crépin. 

\  Drevet. 

'  Gratier. 
Me Robin. 

(  Bourdignon. 

(  Dombre. 

,  Ropiteau. 
Lefebvre. 

I  Quarre. 


Lorien  t . 


"g 

t-Ferr. 


chez  Messieurs  : 
(  Baurnal. 
/  M™  Tcxn-r. 
Beaud. 
Georg. 

Lyon <  Mégret. 

JPalud. 

(  Vitle  et  Pérussel. 
Marseille Pessailhan . 

...  i  Calas. 

Montpellier  ....:_      , 
r  I  Coulet. 

Moulins Maniai  Place. 

/  Sordoillet. 
Nancy -,  Grosjean-Maupin. 

'  Sidot  frères. 

(  Loiseau. 

/  M"*  Veloppé. 

t  Barma. 

|  Visconti  el  O 

Nîmes Tbibaud. 

Orléans Luzeraj , 

Blanchier. 
Druinaud. 

Hennés Plihoa  et  Hervé. 

Ilocheforl Boucheron  -  Kossi  - 

(  Langlois.  [gnol. 

\  Lestringant. 
S'-Etienne Chevalier. 

\  Bastide. 

/  Rumèbe. 

^  Gimet. 

j  Privât. 

/  Boisselier. 
Tours j  Péricat. 

(  Suppligeon. 

j  Giard. 

(  Lemaitre. 


Nantes 

I  Nice. . . 

Nim 
Orlé 

Poitiers. 

Hennés 
/loche/ 

Rouen. 

S'-Êtie 

Toulon . . . 

Toulouse. 

Tours 

Valencienn.es. 


Amsterdam 


Berlin. 


chez  Messieurs  : 

\  Robbers. 

(  Feikcma    Caarelsen 

Athènes Beck.  [et  0°. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C'". 
Calvary  et  C18. 
Friedlander   et   lîls. 
f  Mayer  et  Millier. 

perne  l  Scbmid,  Franckc  el 

/      C'". 

Bologne Zauichclli  et  C". 

i  Ramlot. 
Bruxelles Mayolez. 

(  Lcbègiie  et  C '. 

,  llaimann. 

Bueharest ... 

'  Ranisteanu. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  et  C". 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  et  Keil. 

Copenhague Ilôst  et   lils. 

Florence. Lœscher  et  Seeber. 

Gand Hoste. 

Gênes Beuf. 

iCherbuliez. 
Georg. 
Stapelmohr. 
Bel  in  fa  n  te  frères. 
^  Benda. 
/  Payot. 
Barth. 
Brockhaus. 

Leipzig )  Lorentz. 

j  Max  Riibe. 

Twietmeyer. 
(  Desoer. 
/  Gnusé. 


Londres 

Luxembourg. 


chez  Messieurs  : 
\  Dulau. 
/  Nuit. 

V.  Biick. 
/  Librairie      Guten  - 
I      herg. 

Madrid Gonzalès  e  bijos. 

I  Yravedra. 
'  F.  Fé. 

,,.,  i  Dumolard  frères. 

Milan ., 

(  Hœpli. 

Moscou Gautier. 

/  Furcheim. 
Naples Margbieri  di  '  ;  i  u  s 

'  Pellerano. 
Christern. 


Genève. .    . 

La  Haye . 
Lausanne. 


Liège. 


Borne . 


New-Yovh Stecnert. 

'  Westermann. 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C". 

Paterme Clausen. 

Porto Magalhaès. 

Prague Bivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

\  Bocca  frères. 

(  Loescher  et  C". 

Rotterdam   Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

„.  „  .        ,  i  Zinserling. 

S'-Petersbourg..\Wom 

Bocca  frères. 
Brero. 

Clausen. 
Rosenberg  et  Sellier. 

Varsovie Gebelhner  et  Wollf. 

Vérone........    .     Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C". 
Zurich Meyer  et  Zeller. 


Turin  . 


Vienne. 


\  Clai 
[  Ros 


LES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1«»  à  31.  —  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i83o.  )  Volume  in-p;  iSM.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.—  (  i"  Janvier  i85i  à  3t  Décembre  1 8 1 > > .  )  Volume  in-4";  1870.   Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (1"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  1880. )  Volume  in-4°;iS8o,.  Prix 15  fr. 

PLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 

:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DcRDEset  A.-J.-J.  Solier.—  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
par  M.  Hansen. —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

ar  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4",  avec  32   planches;  iS56 15  fr. 

I  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Brneden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  iSôo  par  l'Académie  des  Sciences 
oncours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  iS5i>,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
res,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nature 
iports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-4°,  avec  27  planches;  1861...        15  fr. 


ême  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N°  13. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance  du  31  mars  1891.) 


ME3IOIRES    ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBItES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADEMIE. 


Pages. 

M.  MOUCHEZ.  —  Troisième  réunion  du  Co- 
mité international  permanent  pour  l'i  \<- 
cution  photographique  delà  Carte  du  Ciel,     6S7 

M. 'G.  Sire.  —  Nouvel  appareil  gyroscopique.     638 


Page- 
M.  A.-F.  MarioN.  —  Nouvelles  observations 

sur  la  S%rdi  ne  de  Marseille 6  j  i 

M.  A.  Pomel.  —  Les  tremblements  de  terre 

du   i5  et  du  16  janvier  en  Algérie 643 


NOMINATIONS 


Commission  chargée  déjuger  le  concours  du 
prix  Lallcmand  de  l'année  1891  :  MM.  (  'kar- 
cot,  Sappev,  Banvier,  Brown-Séquard, 
Bouchard 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Chaussier  de  l'année  1891  :  MM. 
Bouchard,  Charcot,  Verneuil,  Broivn- 
Séquard,  Larrey 

Commission  chargée  déjuger  le  concours  du 

prix  Bell  ion   (f lé  par   M"1    Foehr)  de 

l'année  1891  :  MM.  Bouchard,  Charcot. 
Verneuil,  Brown-Séquard,  Marey 

Commission  chargée  déjuger  le  concours  du 


647 


prix  Mège  de  l'année  1891  :  MM-  Bouchard, 
Charcot,  Marey,  Verneuil,  Brown-Sé- 
quard      647 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Mon ty on  (Physiologie expérimen- 
tale) de  l'année  1891  :  MM.  Marey,  Brown- 
Séquard.  Bouchard,  Charcot,  Banvier.  647 
'Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  L.  La  Caze  (Physiologie)  de  l'an- 
née 1891  :  MM.  Banvier.  Chauveau,  Lar- 
rey et  les  Membres  de  la  Section  de  Mé- 
decine et   Chirurgie G4t 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspondance, 
le  4e  fascicule  de  la  «  Bibliotheca  mathe- 
matica,  Journal  d'Histoire  des  Mathéma- 
tiques »,  publié  à  Stockholm  par  M.  Gus- 
taf  EnestrSm 

M.  l'Ail.  Camboué  adresse  ses  remerciements 
pour  le  prix  Savigny  qui  lui  a  été  déi 

M.  G.  Bigourdan.  Nébuleuses  nouvelles. 
découvertes  à  l'Observatoire  de  Paris 

M.  A.  Caillot.  —  Sur  les  variations  obser- 
ïées  de  la   latitude  d'un  même  lieu 

M.  Paul  Painlevb.  —  Sur  la  théorie  de  la 
représentation  conforme 

M.  P.  Duheji.  —  Sur  les  pressions  à  l'inté- 
rieur des  milieux  magnétiques  ou  diélec- 
triques   

MM.  E.  Sarasih  et  L.  de  la  Rive.  —  Propa- 
gation de  l'ondulation  électrique  hert- 
zienne dans  l'air 

M.  H.  Deslandp.es.  —  Méthode  nouvelle 
pour  la  recherche  des  bandes  faibles  dans 
les  spectres  de  bandes.  Application  au 
spectre  des  hydrocarbures 

M.  L.  Lindet.  —  Sur  l'origine  des  alcools 
supérieurs  contenus  dans  les  ûegmes  in- 
dustriels   

Bulletin  BiBnoGnAPuiotE 

Erh  via 


"17 

.7 

647 

li'll 

657 
658 

66i 
663 


M.  T.-L.  Phipson.  — -  Sur  l'hématine  végé- 
tale   

M.  A.  d'Arsonval.  —Emploi  de  l'acide  car- 
bonique liquéfié  pour  la  filtration  et  la 
stérilisation  rapides  des  liquides  organi- 
ques      

M.  R.  Moniez.  —  Les  mâles  chez  les  Ostra- 
codes  d'eau  douce 

M.  P.  Lesage.  —  Influence  de  la  salure 
sur  la  formation  de  l'amidon  dans  les  or- 
ganes végétatifs  chlorophylliens 

M.  E.  Aubert.  —  Note  sur  le  dégagement 
simultané  d'oxygène  et  d'acide  carbonique 
chez  les  Cactées 

M.  K.  de  Kroustchofp.  —  Reproduction  ar- 
tificielle  de  l'amphibole 

M.  A.  de  Tillo.  —  Grandes  anomalies  ma- 
gnétiques au  centre  de  la  Russie  d'Europe. 

M.  A.  de  Tillo.  —  Dépression  constatée  au 
centre  du  continent  asiatique 

M.  PELLERIN  adresse  une  Note  sur  la  réduc- 
tion de  la  résine  commune  par  l'hydro- 
gène naissant 

M.  A.-B.  Mac  Donall  adresse  un  relevé  des 
quanlités  de  pluie  tombées  à  Paris  pendant 
sept  années  consécutives,  de  1870  à  1876.  - 


C66 

667 

669 

673 

677 
GSo 
6S1 

681 

681 

68 1 
684 


PUilS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-V1LL  X.IÎS   ET  FILS, 

Quai  de«  Grands-Augustins.  55 


PREMIER  SEMESTRE. 


A/l 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  mm.  LES  SECRÉTAIRES  PERPETUELS. 


TOME  CXII. 


N°  U  (6  Avril  1891). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS   ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES   RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Ouai  des  Graads-Augusiins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  a3  juin  1862  et  24  mai  1875. 


' 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  dos  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

I!  v  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits' des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 
ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré-   ; 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  tont 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remisa  1 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  leCompte rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant, et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  tait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Lés  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5h.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  G  AVRIL  1891, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRIi. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  un  système  d'équations  aux  dérivées 
partielles.  Note  de  M.  Emile  Picard. 

«   Dans  diverses  Communications  à  l'Académie,  je  me  suis  déjà  occupé 
de  la  théorie  des  équations  aux  dérivées  partielles  (').  J'ai  établi  réeem- 


(')  Ma  première  Communication  sur  les  équations  linéaires  générales  aux  dérivées 
partielles  remonte  au  10  décembre  1888  (t.  CVI1  des  Comptes  rendus);  j'ai  établi 
dans  cette  Note  que,  pour  une  équation  du  type  elliptique,  une  intégrale  continue  est 
déterminée  par  ses  valeurs  le  long  d'un  contour  fermé,  pourvu  qu'il  soit  suffisamment 
petit,  et  montré  de  plus  comment  on  peut  trouver  cette  intégrale.  Dans  les  Rendi- 
conti  délia  R.  Accad.  dei  Lincei  (1889),  M.  Bianchi  a  démontré  de  son  côté,  par  une 
autre  méthode  que  la  mienne,  qu'il  ne  pouvait  y  avoir  deux  intégrales  continues  pre- 
nant les  mêmes  valeurs  le  long  d'un  contour  suffisamment  petit. 

C.  R.,  1801,  ."  Semestre.  (T.  CXII,  N°  14.)  9° 


(  (iS6  ) 

ment  {Journal de V École  Polytechnique,  1890). une  proposition  relative  aux 
équations  linéaires 

,  d'2  u  .,     (V 11  „  d- u        ~  du        „  du        „ 

A  ^— ;    +  2  B  -r 5-    +C-T-; ;    +  D  -^    +  E  ^-   +  F«  =  O, 

dx*  ox  oy  dy  ox  ôy 

011  les  coefficients  sont  supposés  des  fonctions  analytiques  des  deux  va- 
riables réelles  ce  ety.  Dans  la  région  du  plan  où 

B2  -  AC  <  o, 

toute  intégrale  de  cette  équation,  continue  ainsi  que  ses  dérivées  partielles 
des  deux  premiers  ordres,  est  une  fonction  analytique  des  variables.  Ce 
théorème  fondamental  permet  d'espérer  cpie,  dans  des  cas  étendus,  les 
équations  aux  dérivées  partielles  pourront  servir  à  l'étude  des  classes  par- 
faitement définies  de  fonctions.  La  nature  analytique  des  solutions  étant 
ainsi  précisée,  on  a  pour  cette  étude  une  base  que  ne  donnait  pas  l'idée 
vague  de  solution  de  l'équation  aux  dérivées  partielles.  Je  voudrais  simple- 
ment indiquer  aujourd'hui  un  système  particulier  où  ces  vues  générales 
trouveront  leur  application. 

»    1.  Prenons  les  deux  équations  en  u  et  v 

dv  du  ,  du 

Ox  0-r  oy 

<)r  du  -.du 

dy  ox  dy 

où  a,  b,  c,  d  sont  des  fonctions  analytiques  de  oc  et  y.  Si  l'on  considère  une 
région  du  plan  où  ces  coefficients  sont  continus  et  où 

(a  —  d)2  -h  [\bc  <[  o, 

»(ouc)  sera  déterminée  par  les  valeurs  qu'elle  prend  sur  un  contour 
fermé,  en  supposant,  bien  entendu,  qu'elle  reste  continue  à  l'intérieur. 
Nous  pouvons  donc  dire  que,  pour  ces  équations,  qui  comprennent  visible- 
ment les  équations  classiques  dans  la  théorie  des  fonctions  d'une  variable 
complexe,  le  principe  de  Dirichlet  subsiste.  Il  en  est  de  même  du  théorème 
de  Cauchy  relatif  au  nombre  des  racines  contenues  dans  un  contour  :  je 
veux  dire  qu'on  peut  exprimer  par  une  intégrale  définie  le  nombre  des 
racines  communes  aux  deux  équations 

u(cc,  y)  =  m„. 
v(x,y)  =  v„ 


(  687  ) 

contenues  dans  un  contour  fermé.  La  raison  en  est  que  le  déterminant  fonc- 
tionnel 

du  Ou 

dx  dy 

eh>  dv 

dx  dy 

garde  un  signe  invariable,  ce  qui  est  la  véritable  origine  du  théorème  de 
Cauchy. 

2.  Nous  considérons  toujours  l'ensemble  des  deux  fonctions  u  et  v,  que 
nous  pouvons  appeler  la  fonction  (u,  c).  De  même  que,  dans  la  théorie 
des  fonctions  uniformes  d'une  variable  complexe,  on  a  étudié  comme  pre- 
mière singularité  les  pôles,  il  importe  de  définir  les  points  singuliers 
(x0,  y0)  qui  doivent  jouer  un  rôle  analogue  au  pôle  dans  l'élude  d'une 
fonction  uniforme  («,  c).  Bornons-nous  au  pôle  simple  :  dans  le  voisi- 
nage d'un  tel  point  que  j'appellerai  encore  un  pôle,  u  et  v  seront  de  la 
forme 


K(-r,j) 


Q(x,  y)logR(.r,iy); 


P,  Q,  R  sont  trois  fonctions  analytiques  de  x  et  y  dans  le  voisinage  de 
(xa,y0^.  Écrivant  les  termes  de  moindre  degré  dans  le  développement 
de  P  et  de  R,  on  a 


P(x,y)  =  x(x  -  x0)  -+-  (3(j  -  y0)  4-  .  .  ., 
B.(x,  j)  =  A.(x  —  x0')2-+-  2.B(x  —  x0)(y  —  y0) 

(B2  —  AC<<.). 


CCr-Jo)2 


L'ensemble  (x,  (ï)  joue  un  rôle  analogue  au  résidu  dans  la  théorie  des 
fonctions  d'une  variable  complexe. 

3.  Si  l'on  veut  étudier  les  fonctions  à  l'infini,  il  faut  évidemment  consi- 
dérer des  systèmes  jouissant  de  quelques  propriétés  spéciales  quand  x  et  y 
augmentent  indéfiniment.  Nous  supposerons  que  a,  b,  c,  cl  restent  finies 
quels  que  soient  x  et  y,  et  tendent  vers  des  valeurs  déterminées  quand  le 
point  (x,  y)  s'éloigne  indéfiniment;  de  plus,  l'inégalité 

(a-  J)2+46c<o 

est  vérifiée  pour  toute  valeur  de  x  et  y. 


X 


(  688  ) 
On  emploiera  alors  une  certaine  transformation  quadratique 

zrnrzr,'      J  =  p^.Ah^v^w       (H- -  GK < o) 


Ga:'sH-2Ha;'/+Ky2  ^        Gj'!+  2H  jc'y-f-  K/ 


pour  ramener  à  l'origine  le  point  à  l'infini,  et  nous  supposons  que,  dans 
le  système  transformé,  les  nouveaux  coefficients  sont  des  fonctions  analy- 
tiques de  x'  et  y  dans  le  voisinage  de  x'  —  o,y'  =  o.  Tel  sera,  pour  don- 
ner un  exemple  très  simple,  le  système 


dv  _ 
dx 

\l       ^-t-y  +  i/  dy 

dv 

ày  = 

/                  1         \  du 

*~  y  +  i!+v!+i/^ 

Dans  ces  conditions,  on  peut  étudier  la  nature  des  intégrales  pour  le  point 
à  l'infini. 

»  Une  classe  intéressante  de  fonctions  («,*')  est  formée  des  fonctions 
uniformes  qui  n'ont  dans  tout  le  plan  que  des  pôles,  même  à  l'infini.  Ce 
sont  les  analogues  des  fonctions  rationnelles.  Je  considère  deux  de  ces 
fonctions  pseudo-rationnelles  (u,v)  et  («,,»>,);  à  une  valeur  de  la  fonc- 
tion (m,  (>)  correspondra  un  nombre  limité  de  valeurs  de  la  fonction  (u, ,  v,  ) 
et  inversement.  On  n'en  peut  pas  conclure,  bien  évidemment,  qu'il  existe 
entre  elles  une  relation  algébrique. 

»  Je  développerai  ailleurs  la  théorie  dont  je  viens  d'indiquer  le  point  de 
départ.  J'ai  seulement  voulu  montrer  ici  comment  certaines  équations  aux 
dérivées  partielles  peuvent  servir  à  définir  des  fonctions  jouissant  de  pro- 
priétés analytiques  déterminées.  » 


HISTOLOGIE.  —   Transformation  in  vitro  des  cellules  lymphatiques 
en  clasmatocytes  ;  par  M.  L.  Raxvier. 

«  Les  cellules  lymphatiques  du  sang,  sorties  des  vaisseaux  par  le  méca- 
nisme de  la  diapédèse,  voyagent  dans  les  tissus,  comme  cela  a  été  décou- 
vert et  établi  par  von  Recklinghausen  il  y  a  plus  de  vingt  ans,  Les  cellules 
migratrices  ont  été  distinguées,  par  cet  auteur,  des  cellules  proprement 
dites  du  tissu  conjonctif,  qui  dès  lors  ont  été  appelées  cellules  fixes. 

»  J'ai  montré,  dans  une  Communication  antérieure,  qu'après  avoir  che- 
miné dans  les  mailles  du  tissu  conjonctif,  les  cellules  migratrices  pouvaient 


(  689  ) 

perdre  leur  activité  amiboïde,  se  fixer,  devenir  immobiles  et  acquérir  de 
nouvelles  propriétés.  Ce  sont  les  cellules  migratrices  ainsi  modifiées  que 
j'ai  désignées  sous  le  nom  de  clasmatocyles,  pour  les  distinguer  des  cellules 
conjonctives  avec  lesquelles  on  les  avait  confondues.  Elles  en  diffèrent 
cependant  par  leur  origine,  leur  forme,  leurs  rapports  et  leur  rôle  physio- 
logique et  pathologique. 

»  L'observation  sur  laquelle  je  m'étais  appuyé  pour  admettre  l'origine 
lymphatique  des  clasmatocytes  avait  porté  sur  la  comparaison  des  formes 
intermédiaires;  mais  je  n'avais  pas  assisté  à  la  transformation  des  cellules 
lymphatiques  en  clasmatocytes. 

»  Après  de  nombreuses  recherches,  je  suis  arrivé  à  être  témoin  de  cette 
transformation  et  même  à  la  produire  en  vase  clos  dans  la  lymphe  périto- 
néale  extraite  du  corps.  Voici  l'expérience  : 

»  On  dépose,  au  milieu  d'une  cellule  de  verre,  une  goutte  de  lymphe 
péritonéale  de  la  grenouille  (R.  esculenta  ou  tcmporaria),  recueillie  au 
moyen  d'une  pipette  stérilisée  par  le  flambage.  Celte  goutte  ne  doit  pas 
remplir  entièrement  la  cavité  de  la  cellule  de  verre,  et,  lorsque  la  lamelle 
à  recouvrir  est  ajoutée,  il  faut  qu'il  reste  une  couronne  d'air  autour  de  la 
lymphe.  On  borde  à  la  paraffine,  puis  on  examine  la  préparation  au  micro- 
scope. On  y  reconnaît,  ainsi  cpie  je  l'ai  dit  dans  une  Note  antérieure,  des 
globules  rouges  du  sang,  des  cellules  incolores,  sphériques  et  immobiles, 
et  des  cellules  lymphatiques  amiboïdes.  Ces  dernières,  si  l'examen  est  fait 
à  la  température  de  1 5°  C,  ont  des  mouvements  très  vifs.  Elles  présentent 
les  diverses  transformations  que  j'ai  décrites  ailleurs  (  Tr.  tech.  d'hisl.).  Les 
plus  nombreuses,  en  vertu  de  leur  densité  supérieure  à  celle  du  sérum, 
gagnent  le  fond  de  la  cellule,  s'attachent  à  la  surface  de  la  lame  de  verre, 
s'y  étalent  et  deviennent  si  minces  qu'elles  disparaissent  pour  l'observa- 
teur qui  ne  les  a  pas  suivies  dans  leur  transformation.  A  cet  état,  elles  sont 
très  actives.  J'en  ai  vu  se  multiplier  deux  fois  dans  l'espace  d'une  heure, 
par  le  mécanisme  de  la  division  directe;  six  cellules  lymphatiques  groupées 
dans  le  champ  du  microscope,  après  s'être  divisées,  ont  fourni,  au  bout 
de  quarante-cinq  minutes,  un  ensemble  de  onze  cellules.  Mais  toujours 
dans  ces  conditions,  c'est-à-dire  à  i5°,  les  cellules  lymphatiques  ont  pré- 
senté des  mouvements  amiboïdes. 

»  Si  l'on  veut  les  voir  s'immobiliser  en  revêtant  les  formes  complexes 
qui  caractérisent  les  clasmatocytes,  il  faut  élever  un  peu  la  température 
et  la  porter  à  25°  C.  Après  avoir  mis  la  lymphe  dans  la  cellule  de  verre  et 


(  69o  ) 

l'y  avoir  enfermée,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  on  la  place  sur  une  plaque 
métallique,  maintenue  à  25°,  et  on  l'y  laisse  pendant  une  heure. 

»  Au  bout  de  ce  temps,  on  trouve  toujours  dans  la  préparation  quelques 
cellules  lymphatiques  qui,  après  avoir  émis  des  prolongements  arborisés 
d'une  longueur  et  d'une  complexité  plus  ou  moins  grandes,  sont  devenues 
immobiles,  figées,  pour  ainsi  dire,  dans  leur  nouvelle  forme.  Tout  à  côté, 
se  montrent  des  cellules  lymphatiques  qui  sont  encore  en  pleine  activité 
amiboïde.  Enfin,  il  s'en  trouve  d'autres  qui  sont  munies  de  longs  prolon- 
gements arborisés  et  qui  présentent  encore  des  mouvements  partiels, 
d'une  grande  lenteur,  et  des  modifications  de  forme  peu  marquées  que 
l'on  ne  saurait  reconnaître  sans  le  secours  du  dessin.  Ces  modifications 
consistent  surtout  dans  l'apparition  ou  le  retrait  de  petites  excroissances 
ou  dans  le  déplacement  de  granulations  intraprotoplasmiques. 

»  Pour  observer  les  détails  de  structure  des  clasmatocytes  résultant  de 
la  transformation  in  vitro  des  cellules  lymphatiques,  j'ai  fait  usage  de  deux 
procédés  différents.  Le  premier  consiste  à  fixer  les  éléments  à  l'aide  de  l'a- 
cide osmique  et  à  les  colorer  ensuite  par  le  violet  5B  ou  le  violet  hexa- 
éthylé.  Dans  le  second,  on  fixe  par  l'acide  picrique  et  on  colore  ensuite 
successivement  par  l'hématoxyline  et  l'éosine. 

»  C'est  seulement  dans  les  préparations  où  les  cellules  sont  fixées  et 
colorées  que  l'on  peut  bien  apprécier  les  formes  variées,  compliquées, 
souvent  étranges  des  clasmatocytes  produits  artificiellement.  Il  est  à  noter 
que  les  prolongements  de  ces  éléments,  pas  plus  que  ceux  des  clasmato- 
cytes normaux  du  tissu  conjonctif,  quelle  que  soit  leur  complexité,  ne  s'a- 
nastomosent jamais  entre  eux.  » 


PATHOLOGIE   EXPÉRIMENTALE.  —  Essai  de  vaccination  par  des  doses 
minimes  de  matière  vaccinante  ;  par  M.  Ch.  Bouchard. 

«  J'ai  démontré  dans  une  Note  à  l'Académie  (  '  )  et  dans  mes  Leçons  (2) 
que,  comme  les  matières  bactériennes  toxiques,  les  matières  vaccinantes 
sécrétées  par  les  microbes  dans  le  corps  de  l'individu  malade  s'éliminent 
par  les  urines.  Avec  les  urines  stérilisées  de  lapins  atteints  de  la  maladie 

(')   Comptes  rendus,  4  juin  1888. 

(-)   Thérapeutique  des  maladies  infectieuses.  ]>.  140  à   i4<3-  Paris,  1889. 


(  <»9i  ) 
pyocyanique,  j'avais  pu  vacciner  d'autres  lapins  en  injectant  des  quantités 
qui  ont  oscillé  entre  i45ocet  iocc.  A  i45cc  se  produisaient  des  accidents 
toxiques,  bien  que  cette  quantité  fût  introduite  par  closes  fragmentées. 
A  8occ  je  n'ai  pas  constaté  de  symptômes  d'intoxication.  A  ioec,  avec  une 
dose  huit  fois  plus  faible  que  celle  qui  n'était  pas  toxique,  j'obtenais  en- 
core l'immunité,  ce  qui  m'a  donné  à  penser  que  l'immunité  n'était  pas 
due  aux  matières  toxiques. 

»  J'ai  cherché  à  isoler  ou  plutôt  à  séparer  la  matière  vaccinante  d'un 
certain  nombre  des  autres  substances  avec  lesquelles  elle  se  trouve  mé- 
langée dans  les  urines  des  animaux  infectés,  et  j'ai  utilisé  ces  nouvelles 
expériences  pour  déterminer  la  dose  la  plus  faible,  qui  est  encore  vacci- 
nante. 

»  Expérience  I.  —  Des  lapins,  inoculés  par  voie  intra-veineuse  avec  la  culture  viru- 
lente du  bacille  pyocyanique  et  qui  sont  tous  morts  du  fait  de  cette  inoculation,  ont 
excrété  ensemble  o,4o''c  d'urine. 

»  Ces  urines,  évaporées  dans  le  vide  à  35°,  sont  ramenées  à  iSocr.  On  ajoute  au 
liquide  ainsi  concentré  un  litre  d'alcool  absolu.  Il  se  forme  un  abondant  précipité 
qu'on  lave  à  l'alcool  à  8o0.  On  le  redissout  dans  l'eau;  on  précipite  une  seconde  fois 
par  quatre  fois  le  volume  d'alcool  absolu  et,  après  un  nouveau  lavage  par  l'alcool  à  8o°, 
on  redissout  dans  l'eau  saturée  de  naphtol-[3.  On  obtient  22cc  de  solution.  Avec  cette 
liqueur  on  prépare  des  dilutions  aqueuses  à  4  pour  100,  à  2  pour  100  et  à  1  pour  100. 

Le  2  mars  1891,  on  injecte  à  un  lapin  du  poids  de  i87osr,  o/c,  35  de  la  dilution  à 
4  pour  100,  ce  qui  représente,  par  kilogramme  d'animal,  les  matières  précipitables 
par  l'alcool  de  8CC,  89  d'urine. 

Le  même  jour,  on  injecte  à  un  second  lapin,  du  poids  de  2o5oSr,  iocc  de  la  dilution  à 
2  pour  100,  ce  qui  représente,  par  kilogramme  d'animal,  les  matières  précipitables  par 
l'alcool  de  4CC,  28  d'urine. 

»  Le  même  jour  enfin,  on  injecte  à  un  troisième  lapin,  du  poids  de  2470°r,  i2c'',35de 
la  dilution  à  1  pour  100,  ce  qui  représente  par  kilogramme,  d'animal,  les  matières  pré- 
cipitables par  l'alcool  de  2CC,  i4  d'urine. 

»  Le  21  mars,  dix-neuf  jours  après  les  injections,  on  inocule  par  voie  intra-veineuse, 
à  chacun  de  ces  trois  lapins  et  à  deux  témoins  deux  tiers  de  centimètre  cube  de  cul- 
ture pyocyanique  virulente. 

»   Le  23  mars,  les  deux  témoins  sont  morts. 

»  Le  24,  le  premier  lapin  succombe. 

»   Le  28,  le  troisième  meurt. 

»  Le  3 1,  le  deuxième  meurt. 

»  La  mort  a  été  retardée  de  un  à  huit  jours.  Il  y  a  donc  eu  immunité 
relative  conférée  par  l'injection  des  matières  précipitables  par  l'alcool  de 
2cc,i4  à  8CC,  89  d'urine.  Mais  je  n'ai  pas,  avec  ces  très  faibles  doses,  obtenu 
l'immunité  absolue. 


(  692  ) 

)>  Cette  expérience  prouve  encore  que  les  matières  vaccinantes  appar- 
tiennent au  groupe  des  substances  que  l'alcool  précipite. 

»  Ces  résultats  m'ont  engagé  à  rechercher  quelle  serait  la  dose  la  plus 
faible  de  culture  pyocyanique  qui  se  montrerait  encore  vaccinante. 

»  Expérience  II.  —  Un  lapin,  du  poids  de  1920s',  reçoit  tous  les  jours,  sous  la 
peau,  du  11  février  1891  au  20  février  inclusivement,  ^  d'une  culture  pyocyanique 
stérilisée  par  la  chaleur  et  diluée  dans  de  l'eau  également  stérilisée;  la  dilution  est 
au  _i_;  elle  est  faite  à  raison  de  icc  de  culture  pour  199™  d'eau. 

»  Le  23  février  1891,  on  inocule  deux  tiers  de  centimètre  cube  de  culture  pyocya- 
nique virulente  dans  les  veines  de  l'oreille  du  lapin  ainsi  injecté  et  dans  celles  de 
deux  lapins  témoins. 

»  Les  deux  témoins  meurent  le  i!\  février.  Le  lapin  qui  a  reçu  la  culture  diluée 
succombe  le  i5  mars  1891. 

»  Cette  immunité  très  nette,  puisque  le  vacciné  a  survécu  vingt  jours, 
tandis  que  les  témoins  sont  morts  en  vingt-quatre  heures,  a  été  obtenue  par 
l'injection  totale  de  occ,io4  de  culture  stérilisée  par  kilogramme  d'animal. 

»  Expérience  III.  —  Un  lapin,  du  poids  de  1770?',  reçoit  tous  les  jours,  sous  la 
peau,  du  11  février  1891  au  20  février  inclusivement,  1"  de  la  dilution  à  ^  de  cul- 
ture pyocyanique  stérilisée  par  la  chaleur.  C'est  la  dilution  qui  a  servi  à  l'expérience 
précédente. 

»  Le  23  février  1891,  on  inocule  deux  tiers  de  centimètre  cube  de  culture  pyocya- 
nique virulente  dans  les  veines  de  l'oreille  du  lapin  ainsi  injecté  et  dans  celles  de  deux 
lapins  témoins.  Ce  sont  les  témoins  de  l'expérience  IL 

»   Les  deux  témoins  meurent  le  24  février. 

»  Le  23  mars,  le  lapin  qui  a  reçu  la  culture  diluée  est  vivant;  il  a  maigri,  il  pèse 
i5g5s'.  Il  est  bien  portant  le  6  avril. 

»  Les  témoins  étant  morts  en  vingt-quatre  heures,  le  vacciné,  bien  que 
devenu  malade,  est  vivant  et  bien  portant,  après  quarante-deux  jours.  Ce 
résultat  a  été  obtenu  par  l'injection  totale  de  occ,o28  de  culture  stérilisée 
par  kilogramme  d'animal. 

»  Expérience  IV.  —  Un  lapin,  du  poids  de  iS3osr,  reçoit  tous  les  jours,  sous  la 
peau,  du  28  février  au  6  mars  1891,  deux  tiers  de  centimètre  cube  d'une  dilution  au 
~ô  d'une  culture  pyocyanique  faite  comme  celle  qui  a  servi  aux  précédentes  expé- 
riences. Le  7  mars,  le  lapin  reçoit  1"  de  la  même  dilution. 

»  Le  12  mars,  on  inocule  un  demi-centimètre  cube  de  culture  pyocyanique  viru- 
lente dans  les  veines  du  lapin  ainsi  injecté  et  dans  celles  de  deux  témoins. 

»   Un  des  témoins  succombe  le  i3  mars,  le  second  le  i5  mars. 

»   Le  23  mars  1891,  le  lapin  qui  a  reçu  la  culture  diluée  est  vivant.  11  vit  encore. 

»   Les  témoins  étant  morts  en  un  temps  qui  a  varié  de  vingt-quatre  à 


(  693  ) 

soixante-douze  heures,  le  vacciné  ne  parait  pas  malade  au  bout  de  vingt- 
cinq  jours.  Ce  résultat  a  été  obtenu  par  l'injection  totale  de  occ,oi5  de  cul- 
ture stérilisée  par  kilogramme  d'animal. 

»  Expérience  IV.  —  On  prépare  avec  une  culture  pyocyanique  stérilisée  des  dilu- 
tions au  jyj,  au  yj-ô,  au  FoT,  au  yôwô>  au  TôTô")  ?u  îoooo- 

»   De  chacune  de  ces  six  dilutions,  on  injecte  iooc  par  kilogramme  à  six  lapins,  de 

telle  sorte  que  ces  animaux  ont  reçu,  par  kilogramme,  dans  une  même  quantité  d'eau. 

les  quantités  suivantes  de  la  culture  stérilisée  : 

ce 
Lapin    \ 0,001 

»       B o ,  oo5 

»  C O ,  O I 

»       D 0,02 

»       E o,o5 

»       F 0,1 

»  Ces  injections  ont  été  faites  le  16  mars  i8ç)i.  Le  21  mars,  on  inocule  ces  -i\ 
lapins  ainsi  que  deux  témoins;  on  injecte  à  chacun  dans  les  veines  o", -5  d'une  culture 
virulente  de  bacille  pyocyanique. 

»  Le  20  mars,  on  constate  que  les  témoins  sont  morts,  ainsi  que  le  lapin  D 

»  Le  lapin  B  est  trouvé  mort  le  %l\  mars. 

a   Le  lapin  C  est  trouvé  mort  le  20  mars 

a  Le  lapin  F  meurt  Le  28  mars. 

»  Le  lapin  A  meurt  le  1e1'  avril. 

»  Le  lapin  E  vit  encore  le  6  avril. 

»  Il  y  a  eu  immunité  absolue  chez  un  des  vaccinés,  immunité  relative 
chez  quatre,  absence  totale  d'immunité  chez  un. 

n  J'ai  voulu  savoir  si  le  milieu  nutritif  artificiel  préparé  avec  l'asparagine 
et  quelques  sels  minéraux,  dont  font  usage  MM.  Arnaud  et  Charrin,  donne- 
rait des  cultures  contenant  comme  les  autres  les  matières  vaccinantes. 

»  Expérience  VI.  —  Un  lapin,  du  poids  de  i54osr,  reçoit  sous  la  peau,  du  20  au 
27  mars  1891  inclusivement,  icc  chaque  jour  d'une  dilution  à  1  pour  200  de  culture 
pyocyanique  faite  dans  une  solution  d'asparagine  à  5  pour  1000.  La  dilution  a  été  sté- 
rilisée par  la  chaleur. 

»  Le  2  avril  on  inocule  par  voie  intraveineuse,  à  ce  lapin  et  à  un  témoin,  f  de  cen 
timètre  cube  de  culture  pyocyanique  virulente. 

»  Le  3  avril,  le  témoin  est  mort. 

»  Le  6  avril,  le  lapin  qui  a  reçu  la  culture  diluée  et  stérilisée  parait  bien  portant. 

»  Dans  cette  expérience,  une  immunité,  dont  on  ne  peut  pas  encore  ap- 
précier le  degré,  a  été  obtenue  par  l'injection  totale  de  occ,o2G  de  culture 
stérilisée  par  kilogramme  d'animal. 

C.  R.,  1891,  i«  Semestre.  (T.  CXII,  N°  14.)  ')  I 


(  M  ) 

»  Si  l'on  considère  que  oc,c,ooi  de  culture  n'est  pas  inactif  et  que  les 
cultures  dans  la  solution  d'asparagine  ne  renferment  pas  plus  de  5  pour 
iooo  de  matières  bactériennes,  dont  les  \  sont  de  l'ammoniaque  qui  n'est 
pas  vaccinante,  on  devra  conclure  que  les  matières  dites  vaccinantes  peu- 
vent agir  efficacement  à  des  doses  qui  ne  sont  qu'une  minime  fraction  de 
milligramme.  » 


COSMOLOGIE.   -  -  Interprétation  du  globe  de  feu  peint  par  Raphaël  dans  son 
Tableau  de  la  «  Madone  de  Foligno  »  ;  par  M.  Daubrée. 

«  La  Madone  de  Foligno  se  distingue  par  une  particularité  unique. 

»  Commandé  à  Raphaël  par  Sigismond  de  Conti,  comte  de  Foligno. 
secrétaire  particulier  du  pape  Jules  II,  ce  tableau,  aujourd'hui  dans  la 
galerie  du  Vatican,  fut  probablement  destiné  à  un  ex-voto.  Il  paraît  avoir 
été  exécuté  vers  i5ia  ('). 

»  Dans  le  ciel,  au-dessous  des  pieds  de  la  Vierge,  figure  un  globe  de  feu, 
ayant  sans  doute,  comme  l'arc-en-ciel  dont  il  est  voisin,  une  signification 
allégorique. 

»  Les  uns  ont  vu  dans  ce  corps  enflammé  le  souvenir  d'une  bombe  qui 
serait  tombée  auprès  du  comte  Sigismond,  pendant  le  siège  de  Foligno,  sa 
ville  natale  (2).  D'autres  y  ont  trouvé  une  allusion  au  danger  qu'aurait  fait 
courir  au  même  personnage  la  chute  de  la  foudre  sur  sa  maison  de  cam- 
pagne '     i. 

»  Une  troisième  interprétation,  d'une  nature  toute  différente,  vient 
d'être  proposée  par  M.  Holden,  directeur  de  l'Observatoire  de  Lick,aux 
États-Unis,  et  appuyée  par  M.  Newton,  professeur  à  New-Haven  en  Con- 
necticut  (').  Elle  est  fondée  sur  le  rapprochement  entre  l'époque  de  l'exé- 
cution du  tableau  et  la  date  d'une  chute  ou  pluie  de  pierres  météoritiques 
qui  eut  lieu  le  4  septembre  i5i  i,  à  quelques  lieues  au  sud-est  de  Milan,  à 
Crema,  sur  les  bords  de  l'Adda.  Ce  phénomène  frappa  fortement  l'atten- 
tion de  tous,  comme  en  témoigne  une  chronique  conservée  à  Milan,  dans 
la  bibliothèque  ambrosienne. 

(')  Passavant,  Raphaël,  t.  II,  p.  110.  —  Le  comte  Sigismond  mourut  le  23  février 

1D12. 

(-)  Eug.  Montz,  Raphaël,  p.  3g6. 

(;)    Vasari,  seconde  édition,  t.  IV,  p.  'i!\i. 

I    )  American  Journal  of  Sciences,  t.  XLI,  mars   1 891 . 


(  695  ) 

»  Cette  dernière  supposition  me  parait  être  incomparablement  mieux 
motivée  que  les  autres. 

»  Le  globe  de  feu,  à  raison  de  sa  petitesse  et  de  sa  signification  hypo- 
thétique, ne  figure  pas  sur  la  plupart  des  gravures  qui  représentent  cette 
belle  œuvre.  Mais  heureusement  nous  en  possédons  à  Paris,  à  l'École  des 
Beaux-Arts,  une  excellente  copie  à  l'huile,  exécutée  à  la  dimension  de 
l'original.  Afin  de  chercher  à  comprendre  quelle  a  pu  être  l'intention  de 
Raphaël,  je  l'ai  examinée  de  la  manière  la  plus  attentive,  avec  l'obligeant 
concours  de  M.  Schommer,  l'artiste  distingué  qui  en  est  l'auteur. 

»  La  forme  du  corps  lumineux  rappelle  celle  d'une  goutte  de  matière 
enflammée  tombant  vers  le  sol  et  laissant  derrière  elle  une  traînée  égale- 
ment lumineuse.  Il  importe  d'ajouter  qu'aucune  fumée  ne  se  montre  parmi 
les  nuages,  au  voisinage  de  la  masse  incandescente. 

»  On  voit  avant  tout  qu'il  n'y  a  ici  rien  de  commun  avec  un  coup  de 
foudre,  que  l'on  représente  d'ordinaire  sous  la  forme  d'une  ligne  de  feu 
en  zigzag. 

»  Une  bombe,  au  moment  où  elle  éclate  et  moins  encore  dans  son 
trajet,  ne  présente  non  plus  aucune  analogie  avec  ce  corps,  entièrement 
lumineux,  sans  cpi'on  y  distingue  quoi  que  ce  soit  ressemblant  à  du  fer,  en 
boule  ou  en  fragments  (  '  ). 

»  D'ailleurs,  par  sa  nature  entièrement  lumineuse  et  par  sa  position, 
qui  se  rapproche  de  la  verticale,  rien  qui  puisse  rappeler  un  boulet. 

»  Au  contraire,  la  ressemblance  est  manifeste  avec  un  bolide  qui  par- 
court sa  trajectoire.  L'imitation  est  même  si  parfaite  qu'on  peut  s'étonner 
d'une  représentation  comparable,  pour  l'exactitude,  avec  celle  donnée 
par  des  savants  qui  se  sont  fait  une  spécialité  du  sujet 


(')  Les  bombes,  c'est-à-dire  des  globes  creux  remplis  de  poudre  qu'on  lance  avec 
un  mortier  et  qui  éclatent  ensuite,  au  moyen  d'une  fusée,  étaient  déjà  inventées  à 
l'époque  dont  il  s'agit,  mais  encore  peu  employées.  Elles  ne  paraissent  en  France 
qu'en  iSai,  au  siège  de  Mézières  par  Charles-Quint. 

(-)  Voir  notamment  les  figures  données  par  Haidinger  :  Der  Meteorsteinfall  am 
9  Juni  1866  bei  Knyahinya  {Sitzungsberichte  der  K.  Acad.  der  Wissenschaften 
Mien,  1866,  p.  1,  planche  UT.) 

Quant  aux  substances  incendiaires  qu'on  lançait  avec  des  bombardes,  dès  le 
xv°  siècle,  elles  étaient  destinées  à  mettre  le  feu  à  des  constructions  et  n'étaient  pas 
une  cause  de  danger  pour  les  personnes.  C'est  bien  plus  tard  qu'on  a  associé  ces 
corps  incendiaires  à  des  projectiles  (balles  à  feu  V 


(  696  ; 

»  L'auteur  de  la  chronique  dite  Istoria  di  Milano  (  '  ),  qui  s'était  fait  un 
devoir  d'enregistrer  journellement  tous  les  faits  dignes  d'intérêt  et  mérite 
toute  confiance,  dit  :  «  Le  4  septembre,  à  2  heures  de  la  nuit,  il  apparut 
»  (i5ii)  à  Milan  et  dans  toute  la  région,  clans  l'atmosphère,  à  la  surprise 
»  et  à  la  terreur  de  tous,  une  grosse  tête  (una  gran  lesta)  d'une  telle 
»  splendeur,  qu'elle  parut  rallumer  le  jour  ».  A  la  suite  de  ce  phénomène, 
on  recueillit  près  de  Crenia  beaucoup  de  pierres;  le  nombre  en  fut  évalué 
à  environ  1200.  L'une  pesait  120  livres,  une  autre  Go  et  les  autres  moins. 
Elles  tombèrent  avec  sifflement,  comme  d'un  tourbillon  enflammé.  Des 
oiseaux  furent  tués  en  l'air  et  des  brebis  dans  les  champs  (2).  L'une  des 
météorites  fut  apportée  à  Milan  et  une  autre  à  la  cour  de  France  (3). 
Quoique  nous  possédions  des  échantillons  de  plus  anciennes,  notamment 
de  celle  d'Ensisheim,  de  1492,  nous  devons  regretter  que  ces  dernières 
aient  disparu. 

»  D'un  autre  côté,  on  sait  qu'à  cette  époque  des  guerres  acharnées  et 
sanglantes  désolaient  le  nord  de  l'Italie. 

»  Pendant  l'été  de  i5i  1,  les  Français  avec  leursalliés,  qui  luttaient  avec 
le  pape  Jules  II,  étaient  en  possession  de  Gènes,  de  Ferrare,  de  Milan  et 
d'une  partie  de  la  Lombardie,  c'est-à-dire  d'une  région  où  le  bolide  appa- 
rut avec  tout  son  éclat;  Crema,  lieu  où  tomba  l'averse  de  météorites 
que  ce  bolide  apportait,  était  aussi  entre  leurs  mains.  Mais,  à  la  suite  de  la 
bataille  meurtrière  de  Ravenne,  qui  eut  lieu  le  11  avril  i5i2,  et  malgré 
leur  victoire  qui  coûta  la  vie  à  Gaston  de  Foix,  duc  de  Nemours,  ils  ne 
tardèrent  pas  à  être  expulsés  de  l'Italie. 

»  Or,  comme,  dans  les  siècles  les  plus  reculés,  les  phénomènes  astrono- 
miques et  météorologiques  étaient,  au  moyen  âge  et  même  plus  tard  en- 
core, considérés  comme  des  présages,  comme  tels,  ils  devaient  provoquer 
des  interprétations  relativement  aux   événements   contemporains.  Il   en 

(1)  Commencée  par  le  cordonnier  Giovanni  Andréa  del  Prato,  homme  distingué  et 
en  rapport  avec  beaucoup  de  personnes  notables,  elle  fut  continuée,  de  1499  à  ia  19, 
par  Bernardino  Gorto. 

Le  récit  de  la  chute  de  météorites  dont  il  s'agit  a  été,  depuis  lors,  reproduit  maintes 
fois,  entre  autres  par  Carlo  Amoretti,  le  Père  Bonaventure  et  par  Chladni,  dans  son 
mémorable  ouvrage  Ueber  Feuer-Meteore,  Vienne,  1819. 

(2)  Bigot  de  Morogues,  Mémoire  sur  les  chutes  de  pierres  tombées  à  la  surface  de 
la  terre,  181 2. 

I   Mercati,  Metallotheca  Vaticaha. 


(  «97  ) 
était  tout  particulièrement  ainsi  de  l'apparition  des  bolides  et  de  la  chute 
des  météorites.  L'antiquité  nous  en  fournit  bien  des  exemples.  Dans  plu- 
sieurs lieux,  des  météorites,  dont  l'arrivée  sur  notre  globe  avait' été 
sûrement  constatée,  avaient  un  temple  et  recevaient  un  culte.  Une  autre 
preuve  manifeste  et  nouvellement  signalée  nous  montre  combien  l'arrivée 
de  ces  corps  extra-terrestres  frappait  profondément  les  esprits.  En  effet, 
un  grand  nombre  de  médailles  romaines  appartenant  à  divers  règnes  :  à 
ceux  d'Auguste,  de  Caracalla,  de  Trajan,  de  Vespasien,  d'Héliogabale  et 
d'autres,  représentent  le  corps  céleste;  souvent  c'est  une  pierre  de  forme 
conique  avec  une  étoile  (bolide)  au-dessus;  quelquefois  cette  pierre  co- 
nique, sur  laquelle  est  figuré  un  aigle,  repose  sur  un  quadrige. 

»  A  l'époque  qui  nous  occupe,  l'un  des  principaux  acteurs  dans  les 
guerres  d'Italie,  Fempereur  Maximilieu,  avait  lui-même  donné  une  preuve 
de  sa  superstition  à  l'égard  d'une  chute  de  météorites  dont  il  fut  témoin 
oculaire  dix-huit  ans  auparavant. 

»  Le  7  septembre  1492,  étant  encore  roi  des  Romains,  et  se  trouvant 
en  Alsace,  à  Ensisheim,  il  y  vit  tomber  une  météorite,  qu'il  donna  à  son 
armée  comme  un  présage  de  la  victoire  qu'il  allait  remporter  (').  Après 
avoir  fait  transporter  dans  l'église  du  village,  comme  un  objet  miracu- 
leux, la  pierre  qui  était  tombée  du  ciel  avec  tant  de  fracas,  Maximilieu 
défendit  d'en  enlever  aucun  morceau,  sauf  deux,  dont  il  garda  l'un  et  en- 
vova  l'autre  au  duc  Siçismond  d'Autriche. 

»  On  ne  saurait  donc  s'étonner  qu'un  phénomène  aussi  extraordinaire, 
qui  eut  lieu  à  proximité  (2)  du  théâtre  de  luttes  aussi  prolongées  et  où 
venaient  de  se  répandre  des  flots  de  sang,  ait  été  considéré  par  chacune 
des  parties  en  présence  comme  le  signe  d'une  intervention  divine.  Il  n'est 
pas  surprenant  non  plus  que  Raphaël,  domicilié  depuis  plusieurs  années  à 
Rome,  auprès  du  pape-guerrier  Jules  II,  l'un  des  deux  principaux  belligé- 
rants, ait  fait  allusion  à  une  telle  croyance,  au  moment  d'ailleurs  où  ap- 
paraissait comme  prochaine  une  solution,  objet  sans  doute  de  bien  vifs 
désirs. 

»  Ainsi,  en  dehors  de  l'importance  que  les  météorites  ont  acquise  au 
point  de  vue  de  la  constitution  des  corps  célestes  et  de  celle  de  notre  propre 
globe,  l'intérêt  de  ces  corps  se  manifeste  dans  l'art,  après  avoir  été  signalé 
dans  l'histoire  et  la  numismatique.  » 


(')  Bigot  de  Morogues,  Ouvrage  précité,  p.  56. 

(-)  Crema  est  à  moins  de  70^'"  de  Folignn  et  plus  rapproché  encore  de  Milan. 


(  698  ) 

M.  Mascart,  en  présentant  à  l'Académie  les  tomes  II  et  III  des  «  Annales 
du  Bureau  central  météorologique  »  pour  1889,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Le  premier  volume  (t.  II)  renferme  le  détail  des  observations  météo- 
rologiques faites  en  France  dans  17  stations  de  premier  ou  de  second 
ordre,  dans  10  stations  en  Algérie  et  14  dans  les  colonies  ou  les  postes  con- 
sulaires à  l'étranger.  On  y  a  ajouté  les  résumés  mensuels  et  annuels  rela- 
tifs à  110  stations  en  France  et  3o,  en  Algérie. 

»  Je  signalerai  en  particulier,  comme  renseignements  nouveaux,  la  pu- 
blication des  observations  au  sommet  de  la  tour  Eiffel  et  celle  des  docu- 
ments que  nous  devons  au  P.  Colin  sur  les  stations  de  Tananarive  et 
Tamatave  à  Madagascar. 

»  Le  tome  III  (Pluies  en  France)  renferme  le  détail  journalier  de  la 
pluie  recueillie  en  France  dans  1959  stations,  avec  une  discussion  des  ré- 
sultats et  une  série  de  cartes  qui  traduisent  graphiquement  la  distribution 
annuelle  et  mensuelle  des  pluies  dans  toute  l'étendue  du  pays. 

»  Je  me  fais  aussi  un  devoir  de  signaler  la  perfection  apportée  par 
MM.  Gauthier- Vil lar s  dans  l'impression  si  difficile  de  ces  Tableaux  numé- 
riques.   » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix,  chargées  déjuger  les  Concours  de  l'année  1891. 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Prix  Martin- Damourette.  —  MM.  Bouchard,  Charcot,  Brown-Séquard, 
Marey,  Verneuil  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui, 
après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Chauveau  et  Ranvier. 

Prix  Pourat  (Fondions  du  corps  thyroïde).  —  MM.  Bouchard,  Ranvier, 
Verneuil,  Sappey,  Brown-Séquard  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 
Les  Membres  qui,  après  eux, ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Charcot 
et  Chauveau, 

Prix  Gay  (Des  lacs  de  nouvelle  formation  et  de  leur  mode  de  peuplement) . 
—  MM.  A.  Mil  ne-Edwards,  Blanchard,  de  Lacaze-Duthiers,  Daubrée,  de 
Quatrefages  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après 
eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Gaudry  et  Grandidier. 


(  fo>9  J 
Prix  Montyon  (Arts  insalubres).   --  MM.  Armand  Gautier,    Schlœsing, 
Schiïtzenberger,  Larrey,  Duclaux  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les 
Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Fremy  et 
Friedel. 

Prix  Trémont.  —  MM.  Bertrand,  Berthelot,  Faye,  Marcel  Deprez,  de 
Qualrefages  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après 
eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Resal  et  Léauté. 

Prix  Gegner.  —  MM.  Bertrand,  Berthelot,  de  Quatrefages,  Hermite, 
Fremy  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux, 
ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Faye  et  Darboux. 


ME3IOIRES  PRESENTES. 

MM.  Badi\  et  Escoffier  adressent  les  résultats  de  leurs  recherches  sur 
le  cuvage  des  vins  à  vase  complètement  clos. 

(Commissaires  :  MM.  Schlœsing  etDehérain.) 

M.  P.  Lagrange  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  ayant 
pour  titre  :  «  Méthodes  de  dosage  des  matières  organiques  dans  les  jus  de 
betteraves,  les  sucres  et  les  mélasses  ». 

(Commissaires  :  MM.  Schlœsing  et  Dehérain.  ) 

M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères  transmet  une  Note  accompa- 
gnée d'une  épreuve  photographique  sur  un  système  de  frein  pour  wagons 
de  chemins  de  fer,  adressée  par  M.  Arnaldi,  de  Palerme. 

Cette  Note  est  renvoyée  à  l'examen  de  la  Section  de  Mécanique. 


CORRESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance  : 

i°  Un  volume  des  Acla  mathematica,  rédigés  par  M.  Mittag-Leffler,  con- 
tenant le  Mémoire  de  M.  H.  Poincarê  sur  le  Problème  des  trois  corps  et  le 


(  7°°  ) 
Mémoire  de  M.  P.  Appell  sur  les  intégrales  de  fonctions  à  multiplicateurs, 
Mémoires  couronnés  par  S.  M.  le  roi  Oscar  II,  le  21  janvier  1889. 

20  Une  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  G.  Chancel,  par  M.  R.  de  F01- 
crand. 


M.  E.  Colix  adresse,  de  Madagascar,  ses  remerciements  pour  le  prix 
Jérôme  Ponti  qui  lui  a  été  décerné. 


ASTRONOMIE.  —  Loi  suivant  laquelle  la  somme  des  distances  de  la  Lune  à  deux 
étoiles  quelconques  varie  en  fonction  du  temps.  Note  de  M.  L.  Cruls, 
présentée  par  M.  Faye. 

«  En  recherchant  une  méthode  nouvelle  pour  la  détermination  des 
longitudes,  basée  sur  la  détermination  de  l'instant  où  la  Lune  coupe  l'arc 
de  grand  cercle  passant  par  deux  étoiles,  et  la  mesure,  à  ce  même  instant, 
de  la  distance  de  l'une  de  celles-ci  à  la  Lune,  méthode  que  j'espère  être 
bientôt  en  mesure  d'essayer,  une  fois  que  j'aurai  à  ma  disposition  le  sextant 
convenablement  modifié  (  ')  dans  ce  but,  j'ai  été  conduit  à  discuter  le 
problème  suivant  : 

»  Déterminer  la  loi  suivant  laquelle  la  somme  des  distances  de  la  Lune  à 
deux  étoiles  quelconques  varie  en  fonction  du  temps. 

»  Nous  adopterons  pour  plan  de  projection  le  plan  tangent  à  la  sphère 
au  point  milieu  de  l'arc  de  grand  cercle  qui  joint  les  deux  étoiles.  Nous 
supposerons,  en  outre,  pour  simplifier,  que  la  Lune  se  déplace  en  projec- 
tion sur  ce  plan  d'un  mouvement  rectiligne  et  uniforme.  En  réalité,  il 
n'en  est  pas  ainsi,  puiscpie  les  effets  réunis  de  la  parallaxe  et  de  la  réfrac- 
tion altèrent  à  chaque  instant  l'uniformité  de  ce  mouvement,  lequel,  en 
outre,  est  angulaire,  au  lieu  de  s'effectuer,  comme  nous  le  supposons, 
suivant  la  tangente  à  l'orbite.  Mais  si  l'on  n'a  en  vue  que  l'application  des 
conséquences  du  problème,  dans  les  limites  assez  rapprochées  assignées 


(')  Le  grand  miroir  de  ce  sextant  se  composera,  en  réalité,  de  deux  miroirs  pou- 
vant se  déplacer  l'un  par  rapport  à  l'autre,  de  façon  à  pouvoir  amener  simultanément 
dans  le  champ  de  la  lunette  les  images  de  trois  astres,  situés  dans  un  même  plan. 
M.  Hurlimann,  l'habile  constructeur  bien  connu,  a  été  chargé  de  réaliser  cette  modi- 
fication. 


(  7°l   ) 
par  la  pratique,  nous  sommes  parfaitement  en  droit  de  faire  l'hypothèse 
en  question. 

»  Ceci  posé,  il  est  aisé  de  démontrer  que,  à  chaque  instant,  la  somme 
des  distances  LP,  LO  (voir  figure  ci-dessous)  de  la  Lune  aux  deux  étoiles 
considérées  est  égale  à  la  somme  des  ordonnées  y  =  Lm,  y'  =  Ln,  ayant 
même  abscisse  commune  x  =  RL,  de  deux  branches  d'hyperboles  équi- 


latères  A,  B  ayant  :  i"  leurs  sommets  aux  deux  étoiles  P,  Q;  2°  pour  axe 
imaginaire  commun  la  trajectoire  de  la  Lune,  et  3°  leurs  axes  transverses 
parallèles  et  situés  à  une  distance  RS,  que  nous  représenterons  par  à 
(voir  figure  ci-dessus,  qui  ne  comprend  qu'une  des  branches  de  chaque 
hyperbole). 

»  En  adoptant  pour  axe  des  x  l'axe  imaginaire  commun,  et  pour  celui 
des  y  l'axe  transverse  de  l'hyperbole  A,  les  équations  des  hyperboles  A 
et  B  seront 

y-  —  x1  -\-cr, 

Y'1  =  (A  —  x'f  4-  b1. 

»  En  cherchant,  par  l'analyse,  la  valeur  de  l'abscisse  commune  a;,  qui 
rend  minimum  la  somme  des  ordonnées  y  -+-  y',  on  trouve 


x  = 


a  -+-  b 
C.  K.,  1891,  i"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  14.) 


A, 


92 


(  7°2  ) 
c'est-à-dire  celle  qui  correspond  au  point  I,  pour  lequel  on  a,  en  effet, 

NI  =  IQ         et         MI  =  PI, 
d'où 

MN  =  PQ, 

et  où,  en  d'autres  termes,  la  somme  des  distances  de  la  Lune  aux  deux 
étoiles  passe  par  sa  valeur  minimum. 

»  Afin  de  nous  rendre  compte  des  conditions  les  plus  favorables  à  l'ap- 
plication de  la  nouvelle  méthode,  nous  avons  cherché  l'expression  du 
rayon  de  courbure  aux  points  M  et  N  des  deux  hyperboles.  On  obtient 
ainsi 


P 

a" 

i 

P' 

- — ■ 

— 

[a(A- 

oo'-y 

4- 

6»]' 

h* 

»  Mais,  au  lieu  d'exprimer  p  et  p'  en  fonction  des  demi-axes  transverses 
a  et  b  et  de  A,  il  est  plus  simple  de  le  faire  en  fonction  de  l'angle  a  que 
font  les  droites  RS  et  PQ,  c'est-à-dire  l'angle  de  la  trajectoire  lunaire  avec 
le  grand  cercle  passant  par  les  étoiles;  on  trouve  ainsi 


P 

= 

-a( 

2  -1-  tang'a 
tan  g2  a 

?' 

— 

-b 

2  -+-  tang2a 

»  On  en  conclut  que,  pour  une  même  valeur  de  a  et  b,  les  rayons  de 
courbure  diminuent  lorsque  a  augmente;  en  d'antres  termes,  les  condi- 
tions du  problème  seront  d'autant  plus  favorables,  que  les  ascensions 
droites  des  étoiles  différeront  moins  entre  elles,  et  seront  situées  à  de 
faibles  distances  de  part  et  d'autre  de  l'orbite  lunaire. 

»  Pour  a.  =  go°,  c'est-à-dire  lorsque  les  deux  étoiles  ont  la  même  ascen- 
sion droite,  on  trouve 

p  =  «, 

valeur  minimum  du  rayon  de  courbure.  Pour  a.  =  45°,  on  a 

p  =  5 ,  i  a . 


;   7° 3   ) 

Presque  toutes  ces  conséquences,  d'ailleurs  fort  simples,  étaient  aisées 
à  déduire  par  des  considérations  purement  géométriques;  il  m'a  paru, 
néanmoins,  assez  intéressant  de  le  faire  par  l'analyse.  » 

ASTRONOMIE.  —  Nébuleuses  nouvelles,  découvertes  à  l' Observatoire  de  Paris  | 
par  M.  G.  Bigourdan.  Note  communiquée  par  M.  Mouchez. 

Ascension  Distance 

droite.  polaire. 

1860,0. 

V".  ,. —       i    — — Description. 

li        m      s  n 

153....        g.i3.i5  io4-   6     Objet    de    grandeur  1 3 , 5  ;  un  peu  nébuleux  et  qui 

ne  paraît  pas  être  2846  N.  G.  C. 

154. .. .       9.19.18  66.23     Étoile   i3,2,  qui  paraît  entourée  de  nébulosité  très 

faible.  Ne  paraît  pas  être  2885  N.  G.  C. 

155....        9.24.29         io4-io     Gr.  :  i3,2;  allongée  vers />=  100°,  de  80"  de  long 

sur  4o"  de  large,  diffuse,  sans  noyau.  Elle  est  dis- 
tincte de  2902  N.  G.  G. 

156.  .  .  9.42.57  76.02     Gr.  :  i3,4-i3,o;  soupçonnée  près  de  3024  N.  G.  C 

àp  =  5o°,  d  =  2'. 

157.  .  9.52. 11  76.19     Etoile  i3,4,   accompagnée  de  nébulosité  excessive- 

ment faible  et  de  3o"  de  diamètre. 

158.  io.3o.28  ii6.5o     Gr.  :  i3,  3- 1 3, 4;  très  diffuse,  dans  laquelle  on  soup- 

çonne au  moins  deux  étoiles.  Pourrait  être  un 
amas. 

159.  io.38.56  54.3i     Gr.  :  1 3, 3;  diffuse,  allongée  vers/?  =  104°,  de  80"  de 

long  sur  35"  de  large.  Pourrait  être  une  nébuleuse 
double. 

160.  .  .  .  10.39.57  54.36  Gr.  :  i3,4;  très  diffuse,  1'  de  diamètre,  sans  noyau. 
161....      10.47.40  7J'39     Petit  amas  de  25"  de  diamètre,  entremêlé  peut-être 

de  nébulosité. 

162.  ...      11. 14. 19  86.28     Objet  de  grandeur  1 3, 5,  et  d'aspect  nébuleux. 

163.  .  .  .      11. 14.22  86.24     Petite  nébuleuse  que  le  voisinage  d'une  étoile  12,8 

(située  à/>=;2i4°,  oï=o',5)  empêche    de    bien 

apercevoir. 
164....      11.27.28  72.23     Objet     excessivement     faible     soupçonné     près    de 

2374  BD--17,  à/;  =  10°,  d  =  3'. 
165....      ii.38.44  68.47     Gr*  :  i3,5;  excessivement  diffuse,  avec  deux  points 

un  peu  plus  brillants. 
166...        i  i.56. 17  36.34     Traces  de  nébulosité,  soupçonnées  à  côté  d'une  étoile 

de  grandeur  12. 

(')    Voir  p.  647  de  ce  Volume. 


176. 


Ascension  Distance 

droite.  polaire. 

1860,0 


N". 

- -  i      -^_ 

167... 

h   ni   s 

.   H.58.  o 

68°  58 

168... 

12.  3.23 

73.  5 

169. .. 

12.  5.  I  I 

60.  1 

170. . . 

.    12.  8. II 

65.i4 

171... 

12. I I .45 

76.20 

172... 

12 . 12.56 

74.i5 

173... 

•  12.19.29 

80.12 

174. . . 

12. 3o.28 

14. 56 

175... 

.   i2.34.58 

69.17 

12.37.31  99.26 


177... 

1 2 . 4o . 58 

62.  2 

178. . . 

12.45.  7 

io4.46 

179..  . 

1 2 . 5 1 . 3 1 

61.  6 

180. . . 

13.27.12 

71 .35 

181... 

i3.53.23 

92.16 

182... 

13.59. I0 

94-49 

183... 

i3.5g.i5 

94.51 

184-... 

i4- io.  6 

49.33 

18o... 

14.27.37 

39.28 

186... 

.  i5.  o.38 

46-47 

187... 

i5.  0.39 

roo.36 

188... 

.  i5.  2.36 

33. 5i 

189... 

i5.  2.53  • 

107.58 

(  704  ) 


Description. 

Assez  brillante,  allongée  vers  p  =  980,  de  90"  de  long 
sur  4o"  de  large,  sans  noyau. 

Gr.  :  i3,5;  soupçonnée  près  de  4i52  N.  G.  C-,  à 
p  =  347°,  d  —  6'. 

Très  faible;  se  distingue  difficilement  de  4 169  N.G.  G. 
dont  elle  est  très  voisine. 

Gr.  :  1 3 , 4 ;  petite,  12"  à  iV  de  diamètre,  d'aspect 
fortement  stellaire. 

Gr.  :  1 3 , 3-i  3 , 4;  3o"  de  diamètre,  avec  noyau  stellaire 
qui  se  détache  vivement. 

Gr.  :  i3,4;  très  diffuse,  3o"  d'étendue,  sans  noyau. 

Gr.  :  10,4;  10"  de  diamètre,  très  voisine  de  44io  N. 
G.  C. 

Gr.  :  1 3, 3-i 3, 4;  3o"  de  diamètre,  d'aspect  fortement 
stellaire. 

Petit  amas  un  peu  nébuleux  de  3o"  de  diamètre,  dans 
lequel  on  distingue  deux  ou  trois  étoiles  très 
faibles. 

Etoile  1 3, 2-1 3, 3,  un  peu  nébuleuse  et  entourée  de 
nébulosité  de  10"  de  diamètre.  Est  distincte  de 
4658  N.  G.  C. 

Soupçonnée  près  de  4692N.G.C.  à  p=22o°,  d=  i',5. 

Étoile  i3,4  entourée  de  nébulosité  excessivement 
faible  de  3o"  à  4o"  d'étendue.  Est  distincte  de  4756 
N.  G.  C. 

Gr.  :  i3,5;  petite  d'aspect  stellaire. 

Gr.  :  1 3 , 5  ;  située  près  de  5217  N.  G.  C.,  àp  =  io5°, 
r/  =  3'5. 

Gr.  :  1 3, 4-i 3, 5;  de  10"  de  diamètre  et  d'aspect  stel- 
laire. 

Gr.  :  1 3, 4-i 3, 5;  d'aspect  assez  stellaire. 

Objet  un  peu  nébuleux  situé  près  de  5465  N.  G.  C., 
à />  =  io5°,  rf  =  i'8. 

Gr.  :  1 3, 4-i 3, 5;  très  diffuse  de  3o"  à  4o"  de  diamètre. 

Gr.  :  i3,o;  assez  petite,  un  peu  allongée,  i5"  d'éten- 
due, avec  noyau  demi-stellaire. 

Objet  excessivement  faible  et  qui  paraît  nébuleux. 

Gr.  :  i3,4-i3,5;  diffuse,  4o"  de  diamètre  sans  noyau. 

Gr.  :  i3,4-i3,5;  pourrait  être  une  simple  étoile. 

Gr.  :  1 3,4;  de  25"  à  3o"  d'étendue,  avec  faible  con- 
densation un  peu  stellaire. 


N". 

190. 
191. 


192. 


Ascension  Distance 

droite.  polaire. 

1800,0 

h        m       s  o        ' 

5.   5.29  94-33 


5 . 1 3 . 1 3 


5.22.32 


l4-      2 


81.53 


193 . . 

i5.24-  3 

46.38 

194 . . . 

i5.28.  4 

84.32 

195.. 

1 5 . 3  j .20 

72.18 

196. 

i5.42.52 

70.30 

197.. 

i5.55 .34 

ig.  1 

198.. 

i5.58.33 

71.39 

199.  . 

i5.58.4a 

71.45 

200.  . 

i5.5g.  1 

71.29 

201 .  . 

1 5 . 5g.  5 

71.18 

202.  .  . 

15.5g.  9 

7 1 .  3o 

203 ..  . 

15.59.19 

71 .5i 

204 .  . 

i5.5g.25 

7'-49 

205... 

1 5. 5g. 26 

71.54 

206 ..  . 

i5.5g.34 

.9.  3 

207 ..  . 

16.  7.34 

20.  1 

208... 

16.  8.37 

78.21 

(  705  ) 


Description. 

Gr.  :  1 3 , 5  ;  sans  détail  perceptible  à  cause  de  son  ex- 
trême faiblesse. 

Gr.  :  i3,4-i3,5,  et  qui,  par  un  ciel  assez  beau,  a  pré- 
senté un  aspect  nébuleux;  revu  par  un  beau  ciel, 
il  a  paru  douteux  que  cet  objet  fût  réellement  né- 
buleux. 

Gr.  :  i3,5;  de  3o"  à  4o"  d'étendue,  avec  noyau  stel- 
laire  excessivement  faible. 

Gr.  :  i3,4;  de  10"  d'étendue,  assez  stellaire. 

Étoile  i3,o;  près  de  laquelle  on  soupçonne  quelques 
traces  de  nébulosité. 

Gr.  :  i3,5  voisine  de  3388  BD  +  17°.  Tout  près  à 
/)  =  220°,  c/  =  i',5  à  2'  on  soupçonne  un  autre  objet 
nébuleux  plus  faible  encore. 

Gr.  :  i3,4-i3,5;  paraît  être  un  petit  amas;  il  est 
situé  près  de  3o2i  BD  -t-  ig°,  à  p  =  1200,  <-Z  =  t',3. 

Etoile  i3,3  qui  paraît  accompagnée  d'une  trace  de 
nébulosité. 

Etoile  autour  de  laquelle  on  soupçonne  un  peu  de  né- 
bulosité. 

Gr.  :  i3,4;  diffuse,  25"  de  diamètre,  avec  noyau  stel- 
laire. 

Objet  d'aspect  un  peu  nébuleux,  et  qui,  par  rapport 
à  6o55  N.  G.  C.  est  à/?  =275°,  d  =  i',5. 

Gr.  :  i3, 5;  situé  pires  de  3m  BD  +  i8°,  àp  —  345°, 
rf=4'. 

Petite  étoile  qui  paraît  accompagnée  d'un  peu  de  né- 
bulosité ;  elle  est  voisine  de  6o55N.G.C.,  àp=  2200, 
rf=i/,3. 

Gr.  :  1 3,4-i 3,5;  de  i5"  de  diamètre,  fortement  stel- 
laire. Une  étoile  10,7  est  à  p  =  2400,  d  =  1'. 

Étoile  1 3, 3  qui  paraît  accompagnée  de  quelques 
traces  de  nébulosité. 

Étoile  1 3 , 3  accompagnée  de  nébulosité  de  20"  d'é- 
tendue. 

Étoile  i3,4-i3,5  accompagnée  de  nébulosité. 

Gr.  :  1 3, [\-i 3, 5;  20"  de  diamètre,  avec  noyau  stel- 
laire. Une  étoile  1 1  est  à  p  =  ioo°,  <j?=  3'. 

Excessivement  faible  (  trouvée  en  cherchant  la  comète 
de  d'Arrest,  le  28  juin  1890).  Parait  être  identique 
à  81  Swift,. 


Nombre 

de 

Log.  fact. 

Log.  fact. 

comp. 

m  app. 

parall. 

^  app. 

parall. 

* 

(  706  I 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  planète  /m) ,  découverte  à  l'Observatoire 
de  Marseille,    èqaalorial  Eichens   (ouverture   :   om,258);   par   M.    Bor- 

RELLY. 

Temps  moyen 
Dates  de 

1891.  Marseille.  AjR.  &®. 

h      m      s  m      s  '       '/  h       m     s  0       '       » 

Mars   3i.  11.  0.22  --1.12,75  +5.47,4  4:4  i2.24.48,i3  -2,960  9i.55.3i,5  — 0,785  1 

3i.      .  ii.53.53  -;-i. 11,06  :-5.34,3  5;5  12. 24-46, 44  1-3,900  91.55.18,4  — 0,800  1 

Avril     t....  9.  3.3o  h-o.3o,i5  — 0.17,7  5;5  12.24.  5,53  — ï,449  9i-49-26,4  — °>797  ' 

4 ...  9.20.2g  — 2. 5g, 80  -i-8.57,6  5;5  12.21.45,43  — 7,368  91.29.25,7  —0,796  2 

Positions  des  étoiles  de  comparaison. 

Réduction  Réduction 

Asc.  droite  au  CS  au 

*.  Gr.       moy.pouri8gi,o.         jour.  moy.  pour  1891 ,0.      jour.  Autorités. 

!]        m       s  s  „         ,  „  ,, 

1 7-8       12.23.34,37       +1,01       91. 4g. 37,1       -1-7,0       362  Weisse  (a.c)  H. XII 

2 g       12.24.44,20       4-i,o3       g  1.20. 2 1,1        -1-7,0       376 Weisse  (a.c)  H. XII 

»    La  planète  est  de  11e  grandeur.  » 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  la  théorie  des  surfaces  applicables  sur 
une  surface  donnée.  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  J.  Weingarten  à 
M.  Darboux. 

«   Permettez-moi  devons  donner  une  application  nouvelle  et  d'un  in- 
térêt particulier  de  la  formule  (2)  de  ma  Lettre  précédente  (     l 
»   Choisissant  pour  <p  la  forme 

9  ==  pq  +  P, 
où  P  désigne  une  fonction  de  la  seule  variable/»,  on  aura 

d\-  ■+-  dif  +  dZ,2  =  du-  -:-  2(11  —  n)  dp", 
où 

n  =  p'-+-/;2. 


(  '  )  Voir  Comptes  rendus,  p.  607  de  ce  Volume. 


(  7°7  ) 
Cherchons  quelle  doit  être  l'expression  de  II  pour  que  cet  élément  linéaire 
puisse  se  ramener  à  la/orme  de  Liouville 

(A  -B)  (do.2  +  . dp2). 

Avec  les  moyens  que  vous  avez  donnés,  il  n'est  pas  difficile  de  répondre  à 
cette  question. 

»   On  trouve,  en  négligeant  des  constantes  qui  n'altèrent  pas  la  généra- 
lité de  l'application, 

P'+/>!=-  ïP +  &(*'-*)> 

b  étant  une  constante. 

»   Mais  c'est  un  résultat  bien  inattendu  que  l'équation 

p-!-p'+P"=0 

devient  aisément  intégrable  et  même  par  l'équation 

du  ôv 
de  Liouville. 

»   En  conséquence,  on  peut  signaler  une  nouvelle  classe  de  surlaces 

applicables  les  unes  sur  les  autres  dont  l'élément  linéaire  prend  la  forme 

de  Liouville 

A»  =  («_P)[£('«  -  2)  -   *£(?  -  2)], 

et  dont  les  individus  sont  déterminables  par  de  simples  quadratures. 

»   Les  surfaces  que  j'ai  données  autrefois  (Gôttinger  Nachrichten;  1887  I 
et  dont  l'élément  linéaire  a  pour  expression 


ds2  =  {z3-hp)(d«.2+-d$2) 
correspondent  à  II  =  p2  ou  à  b  =  o,  cas  limite.    » 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  la  théorie  des  surfaces  applicables. 
Note  de  M.  E.  Goursat,  présentée  par  M.  Darboux. 

«   Le  théorème  donné  récemment  par  M.  Weingarten  (Comptes  rendus. 
t.  CXII,  p.  607),  concernant  les  surfaces  dont  le  carré  de  l'élément  linéaire 


a 


(  708  ) 

possède  la  forme  (  '  ) 

dsi  =  du-  +  (h  +  w>)  dvi 

peut  être  généralisé.  Conservant  les  notations  de  ce  géomètre,  désignons 
par  oc, y,  z  les  coordonnées  d'un  point  M  d'une  surface  S,  par  c,  c',  c"  les 
cosinus  directeurs  de  la  normale  à  la  surface,  par  q  la  moitié  du  carré  de 
la  distance  du  point  M  à  l'origine,  par  p  la  distance  de  l'origine  au  plan 
tangent,  par  p  et  p'  les  rayons  de  courbure  principaux,  et  supposons  que  1 
surface  S  vérifie  l'équation  aux  dérivées  partielles  du  second  ordre 

où  <p  est  une  fonction  donnée  de  p,  q.  Alors,  d'après  la  proposition  de 
M.  Weingarten,  on  pourra  poser 

(2)  *d%+ed%=*> 

et  deux  équations  analogues;  si  l'on  considère  l,  r,,  l  comme  les  coordon- 
nées d'un  point  d'une  surface  2,  le  carré  de  l'élément  linéaire  de  cette  sur- 
face sera  donné  par  la  formule 

(3)  A.=,,(4^^g4;+(;,g)'. 

Inversement,  si  l'on  connaît  une  surface  I  admettant  cet  élément  linéaire, 
les  formules  (2)  feront  connaître  une  surface  S  satisfaisant  à  l'équa- 
tion (1). 

»  Cela  posé,  je  prends  pour  ?(/?,  q)  la  fonction 

(A)  9=M-P 'î-*T' 

un  peu  plus  générale  que  celle  de  M.  Weingarten.  L'équation  (  1)  prend 
la  forme 

(5)  p  +  p'=2ayo+  p. 

(')  Il  me  paraît  utile  de  rappeler  que  cette  forme  caractérise  les  surfaces  applica- 
bles sur  le  paraboloïde  de  révolution.  Ces  surfaces  ont  été  déterminées  dans  le  2e  fas- 
cicule du  t.  III  des  Leçons  sur  la  théorie  des  surfaces  de  M.  Darboux. 


(  7°9  ; 

Quant  à  l'élément  linéaire  (3),  il  s'écrit,  en  posant 

r,  (  2  a  —  i  )     , 

9  =  Vp  +  -7— V-î-". 

r/.r  =  cfrr  +-  [2H  +  2 (a—  i)/r  +  2[ï/>]  r//r 

ou,  après  la  substitution 

c 

P  =  l=  ' 

Va 

(f,)         r/i2    -  t/u2  -+-  (11   .   /h  :      A>)  dv\  k-    —^,         lr=-^F 


1 


»  Laissons  de  côté  le  cas  où  a  1,  qui  a  été  traité  par  M.  Weingarlen; 
on  peut,  sans  diminuer  la  généralité,  supposer  fi  =  o,  car  cela  revient  à 
remplacer  les  surfaces  S  par  des  surfaces  parallèles.  La  détermination  des 
surfaces  qui  admettent  l'élément  linéaire  donné  par  la  formule  (6)  se  ra- 
mène donc  à  l'intégration  de  l'équation  aux  dérivées  partielles 

p  -I-  p'=  2  a/), 

c'est-à-dire  à  la  recherche  des  surfaces  pour  lesquelles  la  somme  des 
rayons  de  courbure  principaux  est  proportionnelle  à  la  distance  d'un  point 
fixe  au  plan  tangent.  Or,  dans  un  Mémoire  inséré  au  Tome  X  de  Y  Ameri- 
can Journal  0/  Mathematics,  j'ai  montré  que  la  recherche  de  ces  surfaces  se 
ramène  à  l'intégration  d'une  équation  de  la  forme  E(jî,  [3)  [voir  Darboux, 
Leçons  sur  la  théorie  des  surfaces,  t.  II,  p.  54],  dont  l'intégrale  générale 
peut  être  obtenue  sous  forme  finie  pour  une  infinité  de  valeurs  de  la  con- 
stante «.  En  rapprochant  ce  résultat  de  ce  qui  précède,  on  voit  donc  qu'il 
existe  une  infinité  de  valeurs  de  la  constante  k  pour  lesquelles  on  peut  détermi- 
ner, par  des  quadratures,  toutes  les  surfaces  qui  admettent  i élément  linéaire 
donné  par  la  formule 

ds-     ■.  du* -\- {u  +  kv2-\-U')dva\ 

si  le  est  quelconque,  la  détermination  de  ces  surfaces  se  ramène  à  r  intégration 
d'une  équation  E(P,  (3). 

»  Les  lignes  géodésiques  sont  représentées,  si  /•  n'est  pas  nul,  par  le 
système  des  deux  équations 


„2 


ikv  -h  /  =  (p'(«),        «  =  ,  zrti  +  -çr  ' 

C.  K.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  14.)  fP 


(  7'°  ) 
où  /  désigne  une  variable  auxiliaire,  o(t)  l'intégrale  générale  de  l'équation 
linéaire  du  second  ordre 

(i-!»)f£  =  4*ç. 

qui  se  ramène  à  l'équation  de  la  série  hypergéométrique.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  un  problème  d'Analyse  qui  se  rattache 
aux  équations  de  la  Dynamique.  Note  de  M.  R.  Liouville,  présentée 
par  M.  Darboux. 

«  Quand  le  mouvement  d'un  point  ou  d'un  système  matériel  dépend 
seulement  de  deux  variables,  on  sait  obtenir  tous  les  cas  où  il  existe,  avec 
l'intégrale  des  forces  vives,  une  autre  intégrale  du  second  degré  à  l'égard 
des  vitesses.  Si  le  mouvement  dépend  de  trois  paramètres,  la  question 
présente  plus  de  difficultés  et  l'on  rencontre  des  résultats  bien  diffé- 
rents. 

»  En  profitant  d'une  remarque  faite  par  M.  Darboux,  il  est  permis  de 
supposer  que  la  fonction  des  forces  est  réduite  à  une  constante.  Soit 
alors 

*  =  *(%}+?($)'+?($)''. 

la  force  vive  du  système  matériel,  rapporté  à  des  coordonnées  convenables, 
et  cherchons  à  choisir  pour  les  fonctions  a,  (3,  y  des  expressions  telles  que 
les  équations  différentielles  du  mouvement  puissent  être  déduites,  soit  de 
la  forme  quadratique  précédente,  soit  d'une  seconde  forme,  où  entrent  en 

général  les  produits  — -  ~^-,  •  ■  • 

»  Ce  problème  diffère  en  un  point  essentiel  de  celui  qui  se  présenterait 
si  les  paramètres  x  n'étaient  qu'au  nombre  de  deux.  Dans  ce  cas,  en  effet, 
l'équation  différentielle  des  trajectoires  est  aussi  celle  des  lignes  géodési- 
ques  sur  les  surfaces  qui  admettent  un  élément  linéaire  commun 

(  2  )  e  dx\  -+-  ij  dx,  dx2  -+-  g  dxi . 

»  Cela  étant,  je  représente  par  à2  le  déterminant  eg  -/',  par  A(s), 
A  (s),   A  (s)  trois  expressions  linéaires   et  du   second  ordre  en  s,   qui 


(  711   / 
dépendent   uniquement  de  l'équation    des   trajectoires  (').  Pourvu  que 
l'élément  (2)  ne  soit  point  celui  d'une  sphère,  la  mesure  k  de  la  courbure 
en  un  point  des  surfaces  auxquelles  il  appartient  est  donnée  par  l'une 
quelconque  des  formules 

(3)  à(s~*) =-«**"*,     a'(jt *)=/**"*,     A"($r*)=-gk?rji 

ou  par  celle-ci 

(6)  A  (  8~*)  A"(?P j  -  A'2 (&"*)  =  *»**, 

qui  en  est  une  conséquence  évidente.  Il  suffit  donc  de  connaître  S  pour 
déterminer  k  et,  par  ce  moyen,  e,  /,  g,  quand  l'équation  des  géodésiques 
est  donnée.  L'exception  signalée  pour  les  surfaces  à  courbure  constante  a 
lieu  quand  A,  A',  A"  s'évanouissent  à  la  fois. 

»  Il  en  est  autrement  quand  les  paramètres;»  sont  au  nombre  de  trois  : 
outre  une  exception  semblable  à  la  précédente  et  que  l'on  rencontre  si 
l'expression  y  x-f/.e',  4-  ^ dx\  -;-  y2 dx\  représente  la  distance  des  points 
infiniment  voisins  dans  l'espace  rapporté  à  des  coordonnées  orthogonales, 
il  existe  des  cas  où,  les  équations  des  trajectoires  étant  données,  il  ne  suf- 
fit pas  de  connaître  le  discriminant  <52  de  la  forme  (1)  pour  en  conclure 
cette  forme  même.  C'est  dire  que  l'on  peut  choisir  a,  (3,  y  de  telle  manière 
qu'une  seconde  forme,  de  même  discriminant,  corresponde  aux  mêmes 
trajectoires. 

»  Tous  les  cas  de  cette  espèce  sont  donnés  par  les  relations 

.  w,  d$  do  dy  d<?  d$  dy 

y  dx3        dxî  '         p  àx»  ~         dx3  '         dxx        dxx 

jointes  à  l'une  des  suivantes 

/  dy.  .  da 

l   cos<p  -Q-, —  —  sincp  — ; —  —  o, 

)  r  ?dx,  ryd.r3 

j       .  dy.  dy 

I   sincp  F—, —  .  -  coso — : —  =  o. 
T   [idx2  '  ydx3 

»   L'expression  de  T  est  alors  réductible  à  lune  de  celles-ci,  par  un  choix 
('  )  Joui  nal  de  l'École  Polytechnique,  LIXC  Cahier,  p.  i^. 


-'  7"  ) 
approprié  des  variables 

(7)  2T 4P  =[$!>,, ¥ '('X3)    -i/(Xî)]<&;?+rfX2rfX,}. 

»   Il  n'y  a  aucune  difficulté  à  calculer  la  seconde  forme  quadrique  T,, 
associée  à  T,  et  il  est  clair  que  l'équation 

T 

— •  =  const. 

est  toujours  une  intégrale  des  équations  différentielles  des  trajectoires.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE .  —  Sur  (es /raclions  continues  régulières  relatives  à  ex. 
Note  de  M.  II.  Padé,  présentée  par  M.  Picard. 

«  Le  Tableau  (')  des  fractions  rationnelles  approchées  de  la  fonction ex 
est  uniquement  composé  de  fractions  normales.  Comme  cas  particulier 
des  belles  formules  données  par  M.  Hermite,  dans  les  premières  pages  de 
son  profond  Mémoire  Sur  la  fonction  exponentielle,  il  est  aisé  d'obtenir 
toutes  les  fractions  continues  régulières  qui  correspondent  à  ex.  Chacun 
des  deux  types  de  fractions  continues  de  la  première  sorte  est  représenté 
par  une  infinité  de  fractions  continues,  comme  cela  résulte  d'ailleurs  de  la 
théorie  générale.  Parmi  les  fractions  continues  de  la  deuxième  sorte,  la  pre- 
mière et  la  deuxième  famille  sont  seules  représentées.  Il  y  a  une  infinité 
de  fractions  continues  de  la  première  famille  qui  appartiennent  au  pre- 
mier type;  deux  seulement  appartiennent  au  second  type;  la  deuxième 
famille  ne  renferme  que  deux  fractions  continues. 

»  Voici  le  Tableau  complet  de  ces  fractions  continues.  Pour  les  écrire 

nous  faisons  usage  des  symboles  +,  —  définis  par  les  formules 

a    ■  a  a    ■  a 

T  +  c  —   u >  û  ~  c  —    i. 

b  ii  +  c  0  b  —  c 


»  Dans  les  formules  (1)  à  (6),  il  faut  donner  à  n  successivement  les 
valeurs  o,  i ,  2,  3,   .... 


Voir  Comptes  rendus,  séance  du  10  novembre  1890. 


(  7'3   i 

I.    —    Fractions  continues  régulières  de  la  première  sorte. 

Premier  type. 


x        x*  x" 

(  i  )        I  --! 1 1-  . .  •  H r  - 

>■   /  i  1.2  n  ! 


(■>) 


n  -+-  i  —  oc        «  +  2  —  x       n  4-  3  —  3;        /i  -h  4  —  a? 
1  •  //  !      •  jr  2  a;  •  3  x 


a;        a:2  (—  i  )" a."  «  -!-  i  -+-  a;  «  +  2  -+-  «        71  -j-  3  +  x        »  -+-  4  -i-  a; 

1 1 . .  ■  — . 

1        1.2  ni 

Second  type. 

I              X     ,      x2  x"  x" ■  '         •     (/l  -t-  I     '' 

I      '      1.2  '  '  '         n\  («  -hl)!              71-1-2 

x        ■  (n  -+-  i)x    •  2x       ■    (n  +  3)x    •       3 x 

n  -H  3  «  -H  4  n  -h  5            «  -t-  6            n    ,    - 

(      i)">x'"'     ■    (n-i-i)x 


(3) 


; 


a;        a--  ( — i)"a;B  1)!  « -f- 2 

— h . .  .  -1 

(  'l  /        <  1         1.2  n  ! 

/         •       x        ■    ( «  -f-  2 ) a;    ■       2 a;       ■    (/i'+3)œ    •       3  .r 

/«   :-  3  «1    '1  n    i-  5  «  -,   6  "7 


II.      -  Fractions  continues  régulières  de  la  seconde  sorte. 

PREMIÈRE     FAMILLE. 


Premier  type. 

x  x'1  xn  n  +-  2)  xn+l 

I  -i-    -  H-  -        -f- .  .  .  +-  - 


1  1.2  /(  !     '    (  «  -  i  -  2  )!—(«[-  1  )  !  .r 


(«  +  3)(«-r3)         •    («_  h-3)(n  j-  4)!("  +5)        •    (n-+-5)(n  -1-  6)2 {n  +  7) 

//  /                                              «.r  «.r 

I  —  .—    —r-, n  1  —  .—  —tt-, —ït  I 


(rt-i-2)(rt-t-4)  («+4)('»  +  6)  (»-h'6)(/H-8) 

1  ^   (— i)"+'(w  +  2)a:"    ' 

.r        ^Z2  ~  (-    I  )"./■"  '     (7H-2)!  -t-(rt-hl)!  x 

11.2  «  ! 

(6)        {  i(n+i)  ,  2jn       2)  2  3i/(       3) 


•    (w  +  2)(/t  +  3)         ;    (B  +  3)(«-i-ff(fl  +  5)         •_  (/i  +  5)(«  +  6),(ra-;-7)' 


1  -H  t w 7T  !  +  7 rr-^-  — et  '  H 


(«■+a)(n  +  4)  (/»  H-  4)  («  -î-  6)  '    (« -t-6)(«-i-8) 


Second  type 

(7) 

ix  ■  i  .2  x-  •  2.3  a;5 
1  H    2-x    '      3.4       '       5.6 

(8) 

I      •         2X           '       I.2I!      •      2.3  ./  " 

i        2  -\-  x          3.4             5.0 

(,  7'4  ) 

3.4  x* 
3.4a;2 

SECONDE    FAMILLE    (  '  ). 


X*  I  X* 


,    N  12a;  •        3.5   4         "      5.72.q  42       '     q.ii2.i3  42 

v  12  —  6  +  r- 


1     a;-                     1       a;-  1        x- 

1  +  „—  1  -h  ■  H =  — 

i.72                       7. 112  11.13     2 

1     ./                       1        ./  '  la;4 


(10)    7 


12a;  •        3.5   4         "      5 . 72. ç)  42       •     9. 1 12. 1 3  42 


12  ■i-6x+Xi  I      a;2  1       x%  1        ,r2 

3.72  7. 112  II. 10     2 


»  Parmi  toutes  ces  fractions  continues,  les  seules  qui  avaient  été  obte- 
nues jusqu'ici  sont  au  nombre  de  cinq.  Elles  se  déduisent  des  précédentes 
en  faisant  n  =  o  dans  les  formules  (2),  (3  ),  (4),  n  =  i  dans  (  5),  enfin  la 
dernière,  est  la  fraction  (7)  elle-même. 

»  Le  Tableau  précédent  renferme  toutes  les  fractions  continues  régu- 
lières relatives  à  ev.  Toutes  ces  fractions  sont  convergentes  et  ont  pour  limite  er, 
dans  tout  le  plan.  Si  l'on  considère  la  suite  des  réduites  de  la  fraction  (1), 
les  numérateurs  tendent  vers  l'unité,  et  les  dénominateurs  vers  e~x  ;  pour 
la  fraction  (2),  au  contraire,  les  numérateurs  tendent  vers  ex  et  les  déno- 
minateurs vers  l'unité  ;  enfin,  pour  l'une  quelconque  des  autres  fractions, 

les  numérateurs  tendent  vers  e2  et  les  dénominateurs  vers  e   "  :  dans  tous 
les  cas,  la  limite  du  quotient  est  donc  bien  e' .  » 


(')  Nous  avons  reconnu  que,  dans  une  fraction  continue  régulière  de  la  deuxième 
sorte,  le  degré  commun  aux.  dénominateurs  partiels  ne  peut  dépasser  la  moitié  du 
degré  communaux  numérateurs  partiels;  la  seconde  famille  ne  peut  donc  renfermer 
que  trois  types  et  non  pas  quatre,  comme  nous  l'avons  dit  autrefois,  la  troisième  fa- 
mille quatre  types  et  non  pas  six,  ....  Les  deux  fractions  continues  (9)  et  (10)  doivent 
donc  être  regardées  comme  appartenant  au  premier  type  de  la  famille,  et  non  pas  au 
second. 


(  7'5  ) 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Surlemode.de  vibration  des  membranes  et  le  rôle 
du  muscle  thyro-aryténoïdien.  Note  de  M.  A.  Hubert,  présentée  par 
M.  A.  Cornu. 

«  Les  membranes  sur  lesquelles  j'ai  opéré  constituaient  la  paroi  supé- 
rieure d'une  série  de  petites  caisses  métalliques  à  section  droite  carrée 
qui  pouvaient  être  montées  sur  une  soufflerie;  le  côté  de  la  section  droite 
carrée  et  par  conséquent  de  la  partie  vibrante  de  la  membrane,  variable 
d'une  caisse  à  l'autre,  a  été  successivement  de  3ein,5,  6™,  f)cm,  i5cm.  L'un 
des  bords  de  la  membrane,  amené  tout  près  de  l'une  des  arêtes  horizon- 
tales supérieures  de  la  caisse,  ménageait  un  orifice  de  sortie  à  l'air  de  la 
soufflerie  et  pouvait  entrer  en  vibration.  Les  bords  de  la  membrane,  per- 
pendiculaires au  bord  vibrant,  étaient  saisis  entre  des  pinces  au  moyen  des- 
quelles on  pouvait  exercer  une  traction  parallèle  à  ce  bord  vibrant.  Dans 
l'intérieur  de  chaque  caisse,  et  à  3  '"  environ  au-dessous  de  la  membrane, 
était  fixée  une  plaque  métallique  percée  d'un  assez  grand  nombre  de 
petites  ouvertures,  afin  de  répartir  aussi  uniformément  que  possible 
l'action  de  l'air  de  la  soufflerie  et  de  diminuer  tout  au  moins  les  effets 
possibles  de  résonance. 

>  Des  lignes  équidistantes,  tracées  à  l'encre  à  la  surface  de  la  membrane, 
les  unes  parallèles,  les  autres  perpendiculaires  au  bord  vibrant,  donnaient 
à  chaque  instant  la  topographie  exacte  et  complète  de  la  membrane  en 
vibration. 

i)  La  membrane,  soumise  ainsi  seulement  à  une  tension  parallèle  à  son 
bord  libre,  se  subdivise,  lorsqu'elle  est  mise  en  vibration  par  l'air  de  la 
soufflerie,  en  quatre  parties  limitées  par  trois  lignes  nodales  à  peu  près 
rectilignes  et  parallèles  au  bord  vibrant. 

»  Ce  mode  de  subdivision  se  produit  quelles  que  soient  les  dimensions 
de  la  caisse  et  par  suite  de  la  partie  vibrante  de  la  membrane. 

»  Les  distances  du  milieu  des  lignes  nodales  au  bord  libre  sont  sensible- 
ment entre  elles  comme  les  nombres  i,  3,  6,  et  sensiblement  proportion- 
nelles, pour  des  nodales  de  même  ordre,  au  côté  du  carré  qui  constitue  la 
partie  vibrante. 

»  Par  contre,  ces  distances  sont  à  peu  près  indépendantes  de  l'épaisseur 
de  la  membrane;  elles  sont  sensiblement  les  mêmes,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  pour  une  membrane  en  caoutchouc  et  une  membrane  en  cuir. 


(  7*6  ) 

«  Les  lignes  nodales  ne  se  déplacent  pas  sensiblement  lorsqu'on  fait 
varier  la  traction  exercée  parallèlement  an  bord  vibrant. 

»  Si  l'on  exerce,  en  outre,  une  traction  croissante  perpendiculairement 
au  bord  vibrant,  les  lignes  nodales  se  rapprochent  de  ce  bord  et  la  hauteur 
du  son  s'élève.  Pour  une  traction  convenable  les  deux  lignes  nodales 
extrêmes  disparaissent,  la  ligne  nodale  intermédiaire  subsiste  seule  et  la 
hauteur  du  son  s'abaisse  brusquement.  Si  la  traction  perpendiculaire  au 
bord  vibrant  augmente  encore,  le  son  s'élève  encore  progressivement  jus- 
qu'au moment  où  survient  une  nouvelle  chute  brusque  de  hauteur  corres- 
pondant à  la  disparition  de  la  dernière  ligne  nodale.  Toutefois,  je  n'ai 
observé  ce  dernier  fait  que  sur  les  membranes  dont  la  partie  vibrante  avait 
3C'",5  de  côté;  pour  des  dimensions  plus  grandes  le  bord  vibrant  devient, 
en  effet,  rapidement  concave  et  la  membrane  demeure  immobile. 

»  Les  mêmes  phénomènes  de  subdivision  se  produisent  si  la  membrane 
est  soumise  à  une  traction  encore  parallèle  au  bord  vibrant,  mais  exercée 
seulement  dans  le  voisinage  de  celui-ci.  L'état  de  tension  de  la  membrane 

u 

est  alors  tout  à  fait  analogue  à  celui  de  la  muqueuse  du  larynx,  le  bord 
vibrant  représentant  l'une  des  cordes  vocales. 

»  Dans  ces  conditions,  si  l'on  supprime  en  quelque  sorte  des  portions 
de  plus  en  plus  grandes  de  la  région  postérieure  de  la  membrane  en  appli- 
quant sur  celle-ci  une  plaque  rigide,  l'intensité  du  son  rendu  augmente 
d'une  façon  notable.  Un  corps  pesant,  simplement  posé  sur  la  membrane, 
produit  un  effet  analogue.  Lorsqu'un  changement  de  hauteur  accompagne 
l'augmentation  d'intensité  il  se  forme  un  nouveau  système  de  lignes  no- 
dales; la  même  hauteur  de  son  peut  alors  être  obtenue  en  déterminant  le 
même  système  de  nodales  au  moyen  de  fds  rigides  appliqués  sur  la  mem- 
brane et  ne  la  surchargeant  pas. 

«  Il  semble  difficile,  d'après  ces  faits,  de  conserver  au  muscle  thyro- 
aryténoïdien  le  rôle  qu'on  lui  a  attribué  dans  la  production  de  la  voix  de 
poitrine  et  de  la  voix  de  fausset. 

»  Le  rôle  du  faisceau  interne  de  ce  muscle  doit  être,  d'après  les  faits 
énoncés  plus  haut,  de  supprimer,  en  quelque  sorte,  la  partie  de  la  mu- 
queuse laryngienne,  c'est-à-dire  de  la  membrane  vibrante,  dans  la  région 
immédiatement  sous-glottique  où  elle  n'est  soumise  à  aucune  tension,  et 
d'accroître  ainsi  l'intensité  du  son  rendu.  Le  même  rôle  paraît,  d'ailleurs, 
dévolu,  quoique  à  un  degré  moindre,  au  muscle  crico-aryténoïdien  latéral 
dans  le  voisinage  de  son  insertion  cricoïdienne,  ainsi  qu'au  cartilage  cri- 
coïde. 


(  7'7  ) 
»  Les  variations  de  hauteur,  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  et  que  l'on  con- 
state lorscpie  l'on  exerce  une  légère  traction  perpendiculairement  au  bord 
vibrant,  démontrent  l'utilité  des  mouvements  d'élévation  et  d'abaissement 
du  larynx,  dont  on  n'avait  pas  encore  expliqué  les  effets,  mouvements  que 
l'on  observe  chez  les  chanteurs  aux  limites  supérieure  et  inférieure  de  la 
voix  chantée.  Par  ces  mouvements,  en  effet,  le  chanteur  provoque  un  léger 
degré  de  tension  ou  de  relâchement  de  la  muqueuse  des  cordes  vocales 
dans  une  direction  perpendiculaire  au  bord  vibrant,  ce  qui  entraîne  une 
augmentation  ou  une  diminution  de  la  hauteur  du  son.  » 


CHIMIE.  —  Préparation  et  proprié  lé  s  du  triiodure  de  bore. 
Note  de  M.  Henri  Moissan. 

«  On  sait  que  le  chlorure  de  bore  préparé  par  Dumas  à  l'état  gazeux;  a 
été  étudié  et  obtenu  pur  par  Henri  Sainte-Claire  Deville  et  Wœhler.  C'est 
un  liquide  bouillant  à  i8°,3.  Le  bromure  de  bore,  découvert  par  Poggiale, 
a  été  de  même  préparé  en  notable  quantité  par  Deville  et  Wœhler.  Les 
efforts  tentés  pour  préparer  l'iodure  de  bore  ont  été  infructueux  jusqu'ici. 

»  Nous  avons  pu  préparer  le  triiodure  de  bore  : 

»  i°  Par  l'action  de  l'acide  iodhydrique  gazeux  sur  la  vapeur  de  chlorure 
de  bore  à  haute  température;  ce  mélange  était  entraîné  dans  un  tube  de 
porcelaine  porté  au  rouge; 

»    20  Par  l'action  de  l'iode  sur  le  bore  à  une  température  de  700"  à  8oo°; 

»  3°  En  faisant  réagir  le  gaz  acide  iodhydrique  sur  le  bore  amorphe  de 
Deville  et  Wœhler. 

»  Cette  dernière  réaction  est  celle  qui  nous  a  fourni  le  meilleur  procédé 
de  préparation,  procédé  que  nous  allons  décrire  rapidement. 

»  Préparation.  —  Le  bore  amorphe,  préparé  exactement  comme  l'ont 
indiqué  Deville  et  Wœhler,  est  séché  à  2000  au  bain  d'huile  dans  un  cou- 
rant d'hydrogène.  Lorsqu'il  est  bien  refroidi,  on  le  place  dans  un  tube 
de  verre  de  Bohème  que  l'on  fait  traverser  ensuite  par  un  courant  de  gaz 
acide  iodhydrique  séché  avec  soin  sur  l'iodure  de  calcium  poreux.  Le  tube 
de  verre,  disposé  sur  une  grille  à  analyse,  est  maintenu  à  une  tempéra- 
ture voisine  de  son  point  de  ramollissemciil. 

»  Au  début  de  l'expérience  il  se  produit  une  petite  quantité  de  vapeurs 
d'iode  qu'on  laisse  perdre,  puis,  dans  une  allonge  bien  sèche,  disposée  à 
l'extrémité  du  tube,  on  recueille  bientôt  un  produit  de  couleur  plus  ou 
moins  foncée,  cristallisé  en  grandes  lamelles.  Au  moment  où  la  réaction 

C    R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX1I,  N°  14.)  94 


(  7'»  ) 
devient  énergique,  il  se  dégage  de  l'hydrogène  à  peu  près  pur,  ne  contenant 
plus  que  des  traces  d'acide  iodhydrique. 

»  Le  corps  ainsi  préparé  possède  une  belle  couleur  rouge  pourpre. 
Cette  coloration  tient  à  une  petite  quantité  d'iode;  car,  si  l'on  reprend  ces 
cristaux  par  le  sulfure  de  carbone  dans  lequel  ils  sont  solubles,  on  obtient 
un  liquide  qui,  après  agitation  avec  du  mercure,  est  tout  à  fait  incolore.  Ce 
sulfure  de  carbone,  rapidement  évaporé  dans  un  tube  de  verre,  fournit  des 
lamelles  nacrées,  transparentes  et  bien  cristallisées. 

»  Propriétés  physiques.  —  Le  triiodure  de  bore  se  présente  donc  en  cris- 
taux incolores,  très  facilement  altérables  par  Faction  de  la  lumière.  La  so- 
lution sulfocarbonique  incolore,  dont  nous  venons  de  parler,  abandonnée 
pendant  une  demi-heure  à  la  lumière  diffuse,  prend  la  teinte  rouge  des 
solutions  d'iode  dans  le  sulfure  de  carbone. 

»  Le  triiodure  de  bore  est  un  corps  éminemment  hygroscopique.  Il  est 
impossible  de  le  manier  en  présence  de  l'air;  il  attire  l'humidité  avec  une 
grande  énergie  en  se  décomposant  aussitôt. 

»  Il  fond  à  la  température  de  43°;  parle  refroidissement  il  se  contracte 
et  cristallise  avec  la  plus  grande  facilité.  Il  entre  en  ébullition  à  2100  sans 
décomposition  et  sans  production  de  vapeurs  d'iode.  Porté  au  rouge,  dans 
un  tube  de  verre,  il  brûle  au  contact  de  l'air  en  produisant  une  flamme 
fortement  colorée  par  la  vapeur  d'iode. 

»  Il  nous  a  été  impossible  de  prendre  la  densité  de  ce  composé  solide 
par  la  méthode  du  flacon,  car  nous  n'avons  pu  trouver  aucun  corps  liquide 
qui  ne  s'y  combine  pas  ou  qui  ne  le  dissolve  en  petite  quantité.  La 
densité  du   triiodure   de  bore  liquide  est  environ  3,3  à  5o°. 

»  Ce  nouveau  composé  est  très  solubledans  le  sulfure  de  carbone,  dans 
le  tétrachlorure  de  carbone,  dans  la  benzine;  il  l'est  aussi,  mais  à  une  dose 
plus  faible,  dans  le  trichlorure  de  phosphore,  dans  letrichlorure  d'arsenic 
et  dans  un  grand  nombre  de  liquides  organiques. 

»  Un  courant  de  5o  volts  ne  traverse  pas  le  triiodure  liquide,  les  élec- 
trodes étant  placées  à  i""u  de  distance. 

»  Propriétés  chimiques.  —  Le  triiodure  de  bore  fournit  des  réactions  très 
énergiques. 

»  Au  contact  de  l'eau,  il  est  de  suite  décomposé  en  acide  borique  et  en 
acide  iodhydrique 

13oP  +  6HO  =  BoO\3HO  +  3HI. 

»  Cette  décomposition  se  fait  d'une  façon  très  nette,  et  lorsque  l'on  part 
d'un  iodure  bien  blanc,  la  solution  d'acide  borique  et  d'acide  iodhydrique 


(  7'9  ) 
obtenue  est  tout  à  fait  incolore  ;  il  n'y  a  donc  pas  de  mise  en  liberté  d'iode. 

»   L'hydrogène  ne  réagit  pas  au  rouge-cerise  sur  l'iodure  de  bore. 

»  Chauffé  dans  l'oxygène,  le  triiodure  de  bore  brûle  facilement  avec  une 
flamme  éclairante  en  fournissant  de  l'iode  et  de  l'anhydrique  borique.  Le 
soufre  fondu  attaque  l'iodure  de  bore  avec  énergie;  il  se  volatilise  de  l'iode 
et,  en  reprenant  ensuite  le  résidu  par  l'eau,  on  obtient  un  dépôt  de  soufre 
et  un  léger  dégagement  d'hydrogène  sulfuré. 

»  Le  phosphore  réagit  à  froid  sur  l'iodure  de  bore.  Aussitôt  qu'il  y  a 
contact  entre  les  deux  corps  il  se  produit  une  violente  incandescence. 

»   Le  silicium  n'est  pas  attaqué  au  rouge  sombre. 

»  Le  sodium  ne  réagit  pas  sur  ce  composé  à  la  température  de  5o"  ;  on 
peut  même  le  distiller  sur  le  métal  alcalin.  Au  rouge,  réaction  avec  incan- 
descence. 

»  Le  magnésium  l'attaque  à  5oo°  avec  incandescence,  l'aluminium  ne 
réagit  pas. 

»  L'argent  est  sans  action  sur  l'iodure  de  bore  fondu  à  une  température 
de  5oo°.  Le  fluorure  d'argent  réagit  à  froid  avec  incandescence  sur  cet 
iodure;  il  se  produit  de  l'iodure  d'argent  et  un  violent  dégagement  de  fluo- 
rure de  bore. 

»  L'oxychlorure  de  phosphore  est  attaqué  énergiquement  par  le  triio- 
dure de  bore.  La  masse  s'échauffe  et  il  se  dépose  une  combinaison  bien 
cristallisée.  Le  chloroforme,  la  plupart  des  étherset  des  carbures  d'hydro- 
gène, les  ammoniaques  composées  réagissent  aussi  avec  énergie  sur  cet 
iodure  de  bore. 

»  L'alcool  éthylique  anhydre  est  de  suite  attaqué  par  l'iodure  de  bore; 
la  température  du  mélange  s'élève  beaucoup,  et  il  se  forme  un  magma  d'où, 
par  distillation,  on  sépare  un  liquide  bouillant  à  720  et  présentant  toutes 
les  propriétés  de  l'iodure  d'éthyle.  Le  corps  solide  restant  comme  résidu 
est  l'acide  borique  trihvdraté. 

»   Cette  réaction  peut  être  représentée  par  la  formule 

3C4H6024-  BoP=Bo*3HO  +  3C"H'I. 

»  L'éther  ordinaire  réagit  aussi  avec  un  grand  dégagement  de  chaleur; 
il  se  produit  de  suite  un  liquide  brun  qui,  repris  par  l'eau,  donne  de  l'iodure 
d'éthyle,  de  l'acide  borique  et  de  l'alcool  que  l'on  peut  caractériser  par 
l'iodoforme.  En  résumé,  il  se  fait  d'abord  de  l'iodure  d'éthyle  et  de  l'éther 
borique  et  une  petite  quantité  d'eau  détruit  ce  dernier  composé 

6C"H50  4-  Bol3  =  3C4H5I  4-  Bo03,3C4H50. 


(  72°  ) 
»  Analyse.  —  L'analyse  cl u  triiodure  de  bore  a  été  faite  sur  des  échan- 
tillons incolores  et  très  bien  cristallisés.  Un  poids  donné  du  corps  était 
repris  par  un  grand  excès  d'eau,  et  dans  un  volume  déterminé  de  ce  liquide 
on  dosait  l'iode  à  l'état  d'iodure  d'argent  et  le  bore  à  l'état  de  borate  de 
chaux  ('  ). 


Trouvé. 


1. 

2. 

3. 

Théorie. 

Iode . 
Bore.    . 

•     96.7 
.       3,, 

97,3 

96,7 
3,o 

97>2 
2,8 

»  Ce  premier  travail  fait  partie  d'un  ensemble  de  recherches  sur  le  bore 
et  ses  composés,  recherches  que  nous  aurons  l'honneur  de  soumettre 
bientôt  à  l'Académie  des  Sciences.   » 


CHIMIE.  —  Sur  un  nouveau  composé  oxygène  du  molybdène. 
Note  de  M.  E.  Péchard  (2). 

«  L'addition  de  quelques  gouttes  d'eau  oxygénée  à  une  dissolution 
d'un  molvbdate  alcalin  produit  une  coloration  orangée  qui  persiste  même 
quand  on  porte  le  mélange  à  l'ébullition. 

»  Cette  intéressante  réaction,  déjà  signalée  par  Schcene  (3),  est  telle- 
ment sensible  qu'elle  a  été  indiquée  par  M.  Denigès('')  comme  pouvant 
caractériser  des  traces  d'eau  oxygénée;  mais  ces  savants  n'ont  pas  poussé 
plus  loin  l'étude  de  cette  réaction. 

»  L'hydrate  molybdique  jaune  M0O3,  2HO,  insoluble  dans  l'eau  et  dans 
les  acides,  se  dissout  rapidement  dans  l'eau  oxygénée,  sous  l'influence 
d'une  douce  chaleur,  en  donnant  un  liquide  jaune. 

»  Les  liqueurs  colorées  obtenues  ainsi  par  l'action  de  l'eau  oxygénée 
sur  les  molybdates  alcalins  ou  sur  l'hydrate  molybdique  ne  présentent 
plus  la  propriété  caractéristique  des  liqueurs  molybdiques,  de  donner  en 
liqueur  acide  un  précipité  de  phosphomolybdate  d'ammoniaque. 

»  L'eau  oxygénée  a  aussi  une  action  sur  les  tungstates  alcalins.  Du  pa- 
ratungstate  d'ammoniaque,  peu  soluble  dans  l'eau,  se  dissout  rapidement 
dans  l'eau  oxygénée  en  donnant  une  dissolution  jaune  pâle. 

('  )   Nous  donnerons  ultérieurement  les  détails  de  ce  procédé  analytique. 
(- )  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  de  l'Ecole  Normale  supérieure. 

(3)  Scboene,  Zeitsclirift  anal.  Chemie,  t.  IX,  p.  4';  1870. 

(4)  Dexigès,  Comptes  rendus,  t.  CX,  p.  1007;  1890. 


(  721   ) 

»  Une  dissolution  incolore  de  paratungstate  de  soude  jaunit  également 
sous  l'influence  de  ce  réactif,  et  dans  les  dissolutions  ainsi  obtenues  les 
acides  forts  ne  peuvent  plus,  même  à  chaud,  mettre  en  liberté  l'acide 
tungstique.  J'ai  commencé  une  étude  approfondie  de  ces  réactions  et  cette 
étude  est  assez  avancée  pour  que  je  puisse  donner  ici  les  premiers  résultats 
obtenus  avec  les  molybdates. 

»  I.  Action  de  l'eau  oxygénée  sur  le  trimolybdate  de  potasse.  —  Le  trimo- 
lybdate  de  potasse  obtenu  par  voie  sèche  se  dissout  difficilement  dans 
l'eau;  en  présence  de  l'eau  oxygénée  la  dissolution  se  fait  rapidement  et 
la  liqueur  qui  en  résulte  est  jaune  orangé.  Cette  dissolution,  concentrée 
à  une  douce  chaleur,  laisse  déposer  de  beaux  cristaux  jaunes  par  refroi- 
dissement. 

»  Chauffés  doucement  dans  le  vide,  ces  cristaux  abandonnent  de 
l'eau,  puis  de  l'oxygène  et  laissent  un  résidu  blanc  d'un  molybdate  acide 
de  potasse.  Ils  ont  une  composition  qui  correspond  à  la  formule 

RO,4HO,Mo207. 

Calculé.  Trouvé. 

47  ao                    » 

4110 36  i5,4  i6,5 

MO'-O6 iVi  6i,3  60,2 

O s               3,3                3.i 

a35  100,0 

»   Ces  cristaux  paraissent  appartenir  au  système  triclinique. 

»  Ce  sel  de  potasse  est  soluble  dans  l'eau,  à  chaud,  et  peu  soluble  dans 
'alcool,  qui  le  précipite  de  ses  dissolutions  aqueuses. 

»  II.  Action  de  l'eau  oxygénée  sur  le  molybdate  d'ammoniaque.  —  En 
soumettant  à  l'évaporation  à  ioo°  un  mélange  d'eau  oxygénée  et  de  mo- 
lybdate d'ammoniaque  ordinaire,  j'ai  pu  préparer  un  sel  ammoniacal  ana- 
logue au  sel  de  potasse.' 

»  L'évaporation  dans  le  vide  sec  de  la  liqueur  précédente  ainsi  concen- 
trée donne  de  beaux  cristaux  jaunes,  qui  sont  très  solubles  dans  l'eau  et 
insolubles  dans  l'alcool.  Chauffés  modérément  dans  le  vide,  ces  cristaux 
foisonnent  et  laissent  dégager  un  mélange  d'ammoniaque,  d'eau  et  d'azote. 
Le  résidu  est  de  l'acide  molybdique. 

»  En  supposant  pour  ce  sel  une  composition  analogue  à  celle  du  sel  de 
potasse  et  représentée  par  la  formule  AzH'O,  4 HO, Mo2 O',  j'ai  trouvé  pour 


(  722  ) 
le  poids  d'acide  molybdique 

Calculé 28% 1 15  Trouvé 2?',  127 

»  Les  cristaux  ainsi  obtenus  paraissent  clinorhombiqu.es. 

»  III.  Action  de  l'eau  oxygénée  sur  l'hydrate  molybdique.  —  La  dissolu- 
tion d'hydrate  molybdique  dans  l'eau  oxygénée,  évaporée  dans  le  vide 
sec,  laisse  un  résidu  jaune  rougeàtre,  non  cristallisé  et  insoluble  dans 
l'eau.  , 

»  Les  deux  sels  alcalins  que  je  viens  de  décrire  suffisent  pour  caractéri- 
ser un  composé  suroxygéné  du  molybdène.  J'indiquerai  encore  quelques 
réactions  qui  confirment  l'existence  de  ce  composé  par  sa  décomposition 
en  présence  de  certains  réactifs  : 

»  i°  Les  alcalis  détruisent  les  sels  que  je  viens  de  décrire  avec  dégage- 
ment d'oxygène.  C'est  pourquoi,  dans  leur  préparation,  il  est  nécessaire 
d'employer  des  molybdates  acides. 

»  i>°  L'acide  chlorhydrique  est  décomposé  à  chaud  par  une  dissolution 
de  ces  sels  avec  dégagement  de  chlore.  L'iodure  de  potassium  brunit  rapi- 
dement dans  les  mêmes  conditions  par  suite  de  la  mise  en  liberté  de 
l'iode. 

»  Les  réactions  si  nettes  que  présentent  les  nouveaux  sels  de  potasse  et 
d'ammoniaque  que  je  viens  de  décrire  et  leur  grande  stabilité  permettent 
donc  d'affirmer  l'existence  d'un  acide  suroxygéné  du  molybdène,  l'acide 
hypermolybdique  Mo207,  Aq,  dont  je  poursuis  l'étude.    » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  un  nouveau  mode  de  séparation  du  fer  d'avec  le 
cobalt  et  le  nickel.  Note  de  M.  G. -A.  Le  Roy,  présentée  par  M.  P.  Schùt- 
zenberger. 

«  On  sait  que  l'une  des  meilleures  méthodes  analytiques  pour  doser  le 
cobalt  ou  le  nickel  consiste  à  électrolyser  la  dissolution  saline  de  ces  mé- 
taux en  un  milieu  alcalin  ou  neutre,  ou  même  légèrement  acide. 

»  On  sait  que  pour  ce  dosage  électrolytique  le  manganèse,  qui  peut  se 
trouver  mélangé  au  cobalt  ou  au  nickel,  ne  gêne  pas,  puisqu'il  se  dépose 
au  pôle  positif,  sous  forme  d'hydrate  de  peroxyde,  sans  entraîner  de 
cobalt  ;  mais  qu'il  n'en  est  pas  de  même  du  fer,  que  l'on  doit  au  préalable 
séparer  par  l'une  des  méthodes  ordinaires  de  précipitation.  Or  les  méthodes 
de  séparation  du  fer  d'avec  le  cobalt  ou  le  nickel  sont  longues  et  ennuyeuses, 
les  séparations  devant  être  répétées  plusieurs  fois. 


(  7*3  ) 

»  J'ai  cherché  une  méthode  qui  permît  d'effectuer  la  séparation  du  fer 
par  l'action  du  courant  voltaïque.  C'est  cette  méthode  que  j'ai  l'honneur 
de  présenter  à  l'Académie. 

»  Les  métaux  cobalt  ou  nickel,  manganèse  et  fer  (au  maximum  d'oxy- 
dation), sont  mis  en  solution  sulfurique.  On  additionne  la  liqueur  d'une 
quantité  aussi  faible  que  possible  d'un  acide  organique  non  volatil  (j'ai  de 
préférence  employé  jusqu'ici  l'acide  citrique).  On  ajoute  ensuite  un  large 
excès  d'une  solution  concentrée  de  sulfate  d'ammonium  rendue  très  forte- 
ment ammoniacale.  Dans  ces  conditions,  en  présence  de  l'acide  citrique, 
le  peroxyde  de  fer  ne  se  précipite  pas. 

»  On  immerge  dans  la  solution  ammoniacale  des  sulfates  métalliques 
les  électrodes  en  platine  d'un  appareil  électrolyseur  quelconque.  Puis  on 
laisse  agir  le  courant  de  deux  éléments  Bunsen  ou  Poggendorff  (  =  3oocc  de 
gaz  tonnant  à  l'heure).  Le  manganèse  se  dépose  au  pôle  (+);  le  nickel  ou 
le  cobalt  se  déposent  avec  le  fer  au  pôle  (— ). 

»  Après  dépôt  complet  des  métaux  on  interrompt  le  courant.  On  en- 
lève l'électrode  négative,  on  lave  rapidement  cette  électrode  à  l'eau  distil- 
lée bouillante,  puis  on  la  porte  dans  une  solution  concentrée  de  sulfate 
d'ammonium  pur  sursaturé  par  l'ammoniaque  caustique;  on  la  relie,  cette 
fois,  au  pôle  (+)  de  la  batterie.  Dans  la  solution  ammoniacale  on  plonge 
une  seconde  électrode  en  platine,  préalablement  tarée,  que  l'on  met  en 
communication  avec  le  pôle  ( — ).  On  laisse  de  nouveau  agir  le  courant 
voltaïcjue  (=  ioocc  de  gaz  tonnant  à  l'heure).  Dans  ces  conditions  l'élec- 
trode, où  sont  déposés  Co,  Ni  et  Fe,  joue  le  rôle  d'électrode  soluble;  sous 
l'influence  du  courant  les  métaux  s'oxvdent;  mais,  tandis  que  l'oxyde  de 
cobalt  et  de  nickel  se  dissolvent  dans  la  liqueur  ammoniacale  et  Aont  se 
déposer  à  l'état  métallique  sur  l'électrode  négative,  le  fer,  transformé  en 
hydrate  ferrique  insoluble  dans  la  liqueur  ammoniacale,  reste  en  partie 
sur  l'électrode  négative,  et  flotte  en  partie  dans  la  liqueur  électrolytique.  Le 
précipité  d'hydrate  ferrique,  formé  dans  ces  conditions,  n'entraîne  pas  de 
traces  appréciables  de  cobalt  ou  de  nickel,  et  ces  métaux  se  déposent  en 
totalité  au  pôle  négatif.  » 


(  'M  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  dyssymétrie  et  la  création  du  pouvoir  rolaloire 
dans  les  dérivés  alcooliques  du  chlorure  d'ammonium.  Note  de  M.  J.-A. 
Le  Bel,  présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

«  Lorsque  l'on  substitue  à  l'hydrogène  dans  le  chlorure  ammonique 
AzH^Cl  un  nombre  de  radicaux  alcooliques  inférieur  à  quatre,  on  n'ob- 
serve pas  d'isoméries.  Or  il  semble  évident  que,  dans  ce  cas,  si  les  cinq 
radicaux  unis  à  l'azote  (lé  chlore  et  l'hydrogène  étant  comptés  comme 
radicaux)  occupaient  dans  l'espace  des  positions  fixes,  ces  positions  ne 
pouvant  être  distribuées  régulièrement  par  rapport  à  l'azote,  il  devrait 
exister  plusieurs  isomères  de  ces  corps  substitués.  Ce  n'est  là  toutefois 
qu'une  conséquence  géométrique,  et,  pour  qu'un  isomère  soit  réalisé,  il 
faut  qu'il  satisfasse  aux  conditions  dynamiques  de  l'équilibre. 

»  Dans  le  cas  de  trois  radicaux  alcooliques  substitués,  pour  s'expliquer 
l'absence  des  isomères  on  peut  faire  deux  hypothèses  :  ou  qu'un  seul  des 
isomères  prévus  géométriquement  soit  stable  et  possède  une  forme  inva- 
riable; ou  qu'il  puisse  se  faire  des  permutations  entre  quelques-uns  des 
radicaux  unis  à  l'azote,  l'effet  de  ces  permutations  réciproques  et  conti- 
nuelles étant  évidemment  de  faire  disparaître  toute  isomérie  expérimen- 
talement réalisable. 

»  Pour  trancher  la  question,  j'ai  fait  agir  les  moisissures  sur  le  chlorhy- 
drate de  méthyléthylpropylamine,  qui,  si  les  radicaux  sont  fixes,  devrait 
être  dédoublable  en  deux  isomères  doués  du  pouvoir  rotatoire  d'après  les 
considérations  que  j'ai  présentées  autrefois  sur  la  dyssymétrie  moléculaire. 
Deux  cultures,  faites  sur  des  cpiantités  importantes,  ne  m'ont  pas  donné  le 
pouvoir  rotatoire  que  je  cherchais.  Il  résulte  de  là  qu'il  y  a  lieu  d'ad- 
mettre que,  dans  ce  cas,  certains  radicaux  permutent  entre  eux,  chose  qui 
se  réalise  même  dans  la  série  grasse,  par  exemple  quand  on  chauffe  vers 
3oo°  l'amylate  de  sodium  pour  le  rendre  inactif. 

»  J'ai  établi,  dans  un  Mémoire  inséré  au  Bulletin  de  la  Société  chimique, 
t.  II,  p.  788  (1890),  que,  lorsque  la  molécule  possède  une  forme  géomé- 
trique invariable,  cela  est  dû  aux  répulsions  qui  s'exercent  entre  ses  par- 
ties constituantes,  ces  forces  répulsives  étant  les  mêmes  que  celles  qui 
empêchent  les  gaz  sous  haute  pression  de  se  comprimer  suivant  la  loi  de 
Mariottc.  Ces  nouvelles  considérations  font  prévoir  que  les  chqses  vont 
changer  de  face  dans  le  chlorure  ammonique,  lorsqu'on  y  substituera  des 
radicaux  plus  élevés  de  la  série  alcoolique,  parce  que  les  sphères  répul- 


(  725  ) 
sives  de  plus  en  plus  grandes  arriveront  à  se  toucher.  A  ce  moment,  les 
sphères  de  ces  radicaux  venant  pour  ainsi  dire  à  se  coller  entre  elles,  les 
permutations  deviendront  difficiles  ou  impossibles  et  la  forme  géométrique 
acquerra  sa  fixité. 

»  Cette  conséquence  théorique  paraît  réalisée  dans  le  chlorure  de  tri- 
méthylisobutylammonium,  qui  présente,  en  effet,  deux  isomères,  ainsi  que 
je  l'ai  annoncé  l'année  dernière  dans  ce  Recueil.  L'existence  de  ces  deux 
isomères  prouve  que  la  molécule  possède  dans  ce  cas  une  forme  géomé- 
trique fixe;  mais  nous  avons  vu  plus  haut  que  la  réciproque  n'est  pas 
exacte  et  qu'il  n'est  pas  forcé  que  les  isomères  existent  tous  à  l'état  stable. 
Nous  n'avons  d'ailleurs  aucun  procédé  certain  de  les  préparer. 

»  Pour  établir  ces  conséquences  de  la  théorie  par  de  nouvelles  preuves, 
au  lieu  de  chercher  au  hasard  à  préparer  d'autres  isomères  avec  les  termes 
suivants  de  la  série,  j'ai  préféré  vérifier  l'absence  de  permutations  en  dé- 
montrant que  ces  corps  peuvent  être  rendus  actifs;  le  pouvoir  rotatoire 
devait,  en  effet,  s'observer  sur  un  corps  à  quatre  radicaux  différents,  à  la 
condition  qu'on  choisisse  ces  radicaux  plus  élevés  dans  la  série  cpie  ceux 
du  triméthylisobulylammonium. 

»  Ayant  préparé  le  chlorure  d'isobutylpropyléthylmélhylammonium 
'  les  radicaux  sont  ici  nommés  dans  l'ordre  de  leur  introduction  dans  la 
molécule),  j'ai  obtenu,  en  effet,  par  les  moisissures,  deux  préparations 
qui,  telles  quelles,  avaient  déjà  des  pouvoirs  de  —  3o'  et  —  2.5'  et  dont 
le  pouvoir  rotatoire  spécifique,  déduit  des  observations  sur  des  solutions 
concentrées,  dépasse  —  70  et  —  8°.  Ces  chiffres  considérables  ne  laissent 
aucun  doute  sur  l'activité  du  sel,  dont,  après  l'action  des  moisissures,  on 
a  analysé  le  chloroplatinate  et  le  chloraurate.  De  plus,  les  impuretés,  ou 
les  produits  d'altération  par  le  microbe,  ne  pouraient  être  que  des  corps 
à  deux  radicaux  égaux  qui  sont  inactifs,  comme  on  le  verra  plus  loin. 

»  Il  était  à  prévoir  que  la  stabilité  de  ce  corps  actif  serait  seulement  un 
peu  plus  grande  que  celle  des  deux  isomères  triméthylisobutyliques,  puis- 
qu'elle dépend  de  la  grandeur  des  radicaux  et  que  le  corps  actif  n'en  ren- 
ferme que  deux  plus  grands  (i'éthyle  et  le  propyle  qui  remplacent  deux 
méthyles).  C'est  ce  que  l'on  observe  en  effet  :  le  sel  actif  se  conserve  bien, 
il  supporte  la  dessiccation  et  une  certaine  température  à  condition  d'être 
neutre.  On  a  pu  le  transformer  en  acétate  actif  par  l'acétate  d'argent, 
mais  pas  en  sulfate  actif.  Je  n'ai  pas  non  plus  réussi  à  préparer  le  sulfate 
actif  parles  moisissures.  Le  pouvoir  disparaît  encore  quand  on  traite  le 
chloromercurate  et  le  chloroplatinate  par  l'hydrogène  sulfuré,  pour  régé- 
C.  R..  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N    14.;  Ç)5 


(  7?6  ) 
nérer  le  chlorure  de  la  base;  avec  le  chloraurate,  il  reste  un  pouvoir  très 
faible.  Ces  faits  s'expliquent  par  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  mis  en 
liberté,  qui  suffit  pour  altérer  le  pouvoir  rotatoire,  ainsi  que  je  m'en  suis 
assuré  directement. 

»  J'ajoute  que,  dans  la  dernière  condition  il  apparaissait  un  pouvoir 
dextrogyre  assez  notable,  peut-être  dû  à  l'existence  d'un  second  isomère 
actif,  chimiquement  distinct  du  premier.  La  théorie  géométrique  prévoit 
en  effet,  au  moins,  quatre  de  ces  isomères  l 

»  Enfin,  lorsque  deux  radicaux  deviennent  égaux,  la  théorie  géométrique 
indique  l'existence  d'isomères  actifs  et  celle  d'isomères  inactifs.  J'ai  pré- 
paré et  fait  moisir  les  solutions  des  quatre  sels  suivants  :  le  chlorure 
d'éthylpropyldiméthylammonium,  celui  d'éthyldipropylméthylammonium, 
celui  d  éthyldipropylisobutylammonium  et  d'éthylpropyldiisobutylammo- 
nium;  tous  sont  restés  inactifs,  ou  bien  ont  donné  des  chiffres  très  faibles. 
Ici  on  pourrait  avoir  comme  impuretés  des  corps  actifs  à  quatre  radicaux 
différents,  on  ne  peut  donc  affirmer  la  présence  des  isomères  actifs;  en 
tout  cas,  ils  ne  forment,  s'ils  existent,  qu'une  faible  fraction  de  la  masse  du 
produit. 

»  En  résumé,  quand  on  substitue  dans  le  chlorure  d'ammonium  quatre 
radicaux  alcooliques  suffisamment  élevés  dans  la  série,  la  molécule  parait 
atteindre  une  forme  géométrique  invariable,  qui  se  traduit  expérimentale- 
ment par  l'existence  de  plusieurs  isomères  et  l'apparition  du  pouvoir  rota- 
toire lorsque  ces  quatre  radicaux  sont  différents.  Quant  aux  dérivés  ren- 
fermant deux  radicaux  égaux,  ils  nous  paraissent  prendre  la  forme  de 
l'isomère  inactif  indédoublable  (-).  » 


(')  L'une  des  formules  possibles  du  chlorure  aminonique  est  AzH(H3Cl),  l'autre 
est  ÀzH2(H-Cl),  formules  où  les  atomes  d'hydrogène  groupés  seraient  chimiquement 
équivalents;  elles  conduisent  pour  quatre  radicaux  différents  l'une  à  quatre,  l'autre  à 
six  isomères  actifs;  l'expérience  tranchera  un  jour  entre  les  deux.  Pour  le  moment 
nous  savons  seulement  qu'il  faut  rejeter  la  formule  de  M.  Ladenburg,  AzH3(HCl).  qui 
conduit  à  des  conséquences  inexactes. 

i  :  )  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  M.  A.  Gautier,  à  l'iicole  de  Médecine. 


(  727  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  dérivés  nitrés  de  l 'ortho-anisidine  dirnéthylée. 
Note  de  MM.  E.  Grimaux  et  L.  Lefèvke,  présentée  par  M.  Armand 
Gautier. 

«  Dans  une  Communication  récente  à  l'Académie,  l'un  de  nous  (')  a 
montré  la  différence  de  réactions  cpie  présentent  l' ortho-anisidine  dirné- 
thylée et  son  isomère,  la  méta-anisidine  dirnéthylée  au  point  de  vue  de  la 
formation  des  matières  colorantes,  et  indiqué  ainsi  l'influence  de  la  position 
des  groupes  oxyalcoylés  sur  les  propriétés  des  deux  bases  isomériques 
Âz(CH:!)2 

XOCH3 
»   Il  nous  a  paru  intéressant  d'étudier  ces  deux  bases  au  point  île  vue  de 
la  formation  des  dérivés  nitrés.  Ce  premier  travail  comprend  la  descrip- 
tion de  quelques  dérivés  nitrés  de  l'ortho-anisidine  dirnéthylée. 

Az(CH3)2 

»  Dérivé mononilrè  C°H:)- AzO2         f(AzCH»)3,  AzO2,  OCII\  i,  4, 6].- 

xOCH3 
On  l'obtient  dans  diverses  circonstances.  Quand  on  ajoute,  peu  à  peu. 
i  partie  de  la  base  à  G  parties  d'acide  azotique  fumant,  placé  dans  un  mé- 
lange réfrigérant  et  qu'on  précipite  après  une  demi-heure  par  l'eau  glacée, 
on  sépare  d'abord  un  corps  jaune  rougeàtrc  fondant  vers  1700,  qui  parait 
être  un  dérivé  dinitré,  mais  qui  n'a  pas  été  encore  obtenu  à  l'état  de 
pureté  absolue;  puis,  en  neutralisant  les  eaux  mères  par  le  carbonate  de 
soude,  on  obtient  un  précipité  que  l'on  sépare  par  agitation  avec  l'éther. 
Celui-ci  abandonne  un  liquide  huileux,  qui  se  solidifie  après  vingt- 
quatre  heures,  et  qu'on  purifie  par  cristallisation  dans  l'alcool  bouillant. 
Mais  le  meilleur  procédé  pour  obtenir  ce  corps  consiste  à  traiter  la  base 
en  solution  sulfurique  par  l'azotite  de  sodium  en  excès.  On  dissout 
1  partie  de  la  base  dans  2  parties  d'acide  sulfurique  étendu  de  10  parties 
d'eau,  et  l'on  ajoute,  peu  à  peu,  3, 2  parties  d'azotite  de  sodium  dans 
60  parties  d'eau.  Le  liquide  se  remplit  d'une  masse  de  petits  cristaux 
jaunes  que  l'on  purifie  par  cristallisation  dans  l'alcool  bouillant. 

»  Le  dérivé  mononitré  se  présente  sous  l'aspect  de  longues  aiguilles 
très  fines,  d'un  jaune  citron,  fusibles  à  990  ;  il  est  facilement  soluble  dans 
l'alcool  bouillant,  très  peu  soluble  dans  l'alcool  froid. 


(  '  )   Comptes  rendus,  janvier  1S91. 


,/CH» 


(  728   ) 

»  Par  réduction  au  moyen  du  zinc  et  de  l'acide  chlorhydrique,  il  donne 
une  base  cristallisable,  en  fines  aiguilles  incolores,  se  colorant  rapide- 
ment à  l'air  en  rose,  fondant  à  83°,  et  sur  laquelle  nous  reviendrons 
dans  une  prochaine  Communication. 

»  Chauffé  pendant  cinq  minutes  à  l'ébullition  avec  20  pour  100  de  son 
poids  d'acide  nitrique  ordinaire,  il  donne  un  corps  fusible  à  118-119,  qui 
constitue  une  nitrosamine  nitréede  l'ortho-anisidine  diméthylée  que  nous 
décrivons  plus  loin. 

/ '  kz' 

\CH2  (AzO2) 

»  Dérivé  trinitré  Ce H2 {         AzO-  -  La  constitution  de  ce 

X  AzO2 
\OCH3 
corps  est  indiquée  par  ses  dédoublements.  On  l'obtient  en  chauffant  l'or- 
tho-anisidine diméthylé  avec  de  l'acide  azotique  ordinaire,  jusqu'à  appa- 
rition de  vapeurs  nitreuses,  et  précipitant  immédiatement  par  l'eau.  Pu- 
rifié par  des  recristallisations  dans  l'alcool  bouillant,  il  se  sépare  sous 
la  forme  de  prismes  groupés  en  feuilles  de  fougère,  assez  volumineux, 
incolores,  fusibles  à  i35°,  solubles  dans  l'alcool  bouillant,  peu  solubles 
dans  l'alcool  froid.  Les  analyses  conduisent  à  la  formule  d'un  dérivé 
trinitré;  mais  l'action  de  la  potasse  prouve  que  deux  groupes  AzO2  seule- 
ment se  trouvent  dans  le  noyau  benzénique.  En  effet,  quand  on  le  fait 
bouillir  une  heure  ou  deux  heures  avec  une  solution  aqueuse  de  potasse  à 
10  pour  100,  il  dégage  des  vapeurs  alcalines  et  il  se  fait  du  dinitrogaïacol 
C°H2(OCH3)(OH)(Az02)2,  fusible  à  i2T°-i22°. 

»  Ce  dédoublement  indique  en  même  temps  la  position  des  groupes 
AzO2  dans  le  noyau;  M.  von  Romburgh  ayant  montré,  en  effet,  que  les 
dérivés  di-ortho  ou  ortho  et  para  des  acides  aromatiques  sont  les  seuls  qui 
se  transforment  en  phénols  par  l'action  de  la  potasse,  nous  devons  admettre 
pour  le  dérivé  trinitré  de  l'ortho-anisidine  diméthylée  la  formule  de  con- 
stitution suivante  : 

CH3 
\ 


kz{ 


GH2(Az02) 
CH*0/\  Az02 


\ 


V 

AzO- 


»   Dérivé  trinitré  de  l'ortho-anisidine  monomèthylèe  C6  H2 


(   729  ) 

»  Si  l'on  iait  bouillir  ce  dérivé  avec  île  l'acide  azotique  ordinaire  jusqu'à 
cessation  de  vapeurs  nitreuses,  on  le  transforme  en  dérivé  trinitré  de 
l'ortho-anisidine  monomèthylèe. 

\Azcr 

AzO2  . 
AzO2 
\OCH3 

—  C'est  le  dérivé  ultime  de  l'orthoanisidine  diméthylée  par  l'action  de 
l'acide  azotique.  On  l'obtient  en  faisant  bouillir  avec  l'acide  azotique  ordi- 
naire (  1 5  à  20  parties),  jusqu'à  cessation  de  vapeurs  nitreuses,  soit 
l'ortho-anisidine  diméthylée,  soit  le  dérivé  mononitré  fusible  à  9g0,  soit  le 
dérivé  trinitré  fusible  à  i35°.  Il  se  produit  également  quand  on  laisse  en 
contact,  à  o",  l'orthoanisidine  diméthylée  pendant  plusieurs  heures  avec 
l'acide  azotique  fumant.  On  précipite  par  l'eau  et  on  lave  le  précipité  avec 
un  peu  d'éther,  dans  lequel  il  est  très  peu  soluble;  on  le  fait  recristalli- 
ser  dans  10  fois  son  poids  d'alcool  bouillant.  Il  forme  des  lamelles  inco- 
lores ou  un  peu  ambrées,  fusibles  à  Ii8°-ii9°.  Peu  soluble  dans  l'éther  et 
dans  l'alcool  froid,  soluble  dans  environ  8  fois  son  poids  d'alcool  bouillant, 
il  est  très  soluble  dans  l'acétone,  qui,  par  évaporation  lente,  l'abandonne 
sous  forme  de  tables  rhomboédriques  assez  volumineuses. 

»  Chauffé  pendant  deux  ou  trois  heures  avec  une  solution  à  10  pour  100 
de  potasse,  il  dégage  des  vapeurs  alcalines  et  se  convertit  quantitativement 
en  dinitrogaïacol,  fusible  à  I2i°-i22°. 

»   L'analyse  et  le  dédoublement  de  ce  corps  lui  assignent  la  formule 

CH3 


Az 


/ 


OCII 


^AzO- 


\Az02 


AzO2 


c'est-à-dire  en  font  une  uitramine  diuitrée  de  l'ortho-anisidine  monomè- 
thylèe; comme  ce  corps  se  produit  aussi  avec  le  dérivé  mononitré  de  l'or- 
tho-anisidine  diméthylée,  la  constitution  de  ce  dérivé  mononitré  se  trouve 
établie,  ainsi  que  la  constitution  encore  inconnue  du  dinitrogaïacol. 

»   Ces  recherches  prouvent  en  même  temps  que.  dans  l'action  de  l'acide 


(  73o  ) 
azotique  sur  l'ortho-anisidine  diméthvlée,  c'est  le  groupe  Az(CH3)2  qui 
influe  sur  la  position  des  groupes  AzO2,  qui  se  placent  en  ortho  et  en  para 
comme  dans  les  dérivés  nitrés  de  la  diméthvlaniline.  » 


chimie  organique.  — ■  Sur  la  transformation  pyro gênée  des  camphosulfo- 
phénols  en  homologues  du  phénol  ordinaire.  Note  de  M.  P.  Cazeneuve, 
présentée  par  M.  Friedeî. 

«  Nous  avons  démontré,  dans  les  camphosull'ophénols,  l'existence  des 
groupes  S03H,  puis  SOa  et,  enfin,  des  groupes  OH  phénoliques  (').  En 
traitant  ces  corps  en  solution  sulfurique  lors  de  leur  préparation  par  le  car- 
bonate de  baryte,  on  ne  sature  que  les  groupes  S03H;  on  laisse  libres 
les  groupes  phénoliques. 

«  Ce  sont  ces  sels  de  baryte  que  nous  avons  soumis  à  la  distillation  sèche, 
en  opérant  sur  le  mélange  des  cinq  corps  précédemment  isolés  et  dé- 
crits (2  ).  Il  se  dégage  des  gaz,  de  l'eau,  du  soufre,  quelques  hydrocarbures 
et,  enfin,  une  forte  proportion  d'homologues  du  phénol  ordinaire. 

»  Nous  avons  caractérisé  parmi  lez  gaz  :  l'hydrogène  sulfuré,  l'acide  sul- 
fureux, l'acide  carbonique,  le  méthane  et  probablement  le  propylène  ou  le 
propane. 

»  Le  liquide  distillé  a  été  traité  par  la  soude  pour  séparer  les  phénols 
des  hydrocarbures  condensés,  parmi  lesquels  nous  avons  constaté,  en  pe- 
tite quantité,  un  corps  présentant  absolument  l'odeur  du  paracymène. 

w   Ces  hydrocarbures  sont  en  très  faibles  proportions. 

»  Le  liquide  sodique,  traité  par  le  noir  animal,  filtré,  puis  précipité  par 
l'acide  sulfurique,  a  été  agité  avec  de  l'éther.  Ce  dernier,  évaporé  douce- 
ment, a  abandonné  les  phénols  que  nous  avons  soumis  à  la  distillation  frac- 
tionnée. Le  rendement  est  élevé  :  nous  avons  opéré  sur  une  centaine  de 
grammes  de  produit  provenant  de  4oos'  environ  de  camphosulfophénol  ba- 
ry  tique. 

»  La  distillation  a  commencé  à  1900.  Nous  avons  recueilli  les  produits 
de  >"  en  5°  jusqu'à  235°,  point  où  le  thermomètre  s'arrête  brusquement. 
Tl  reste  un  faible  résidu  visqueux,  bouillant  de  2 5o°-3oo°. 

«  Les  parties  bouillant  de  io,o0-2io°,  soumises  à  un  froid  de  ■ —  1 5°,  don- 
nent une  cristallisation  abondante.  Le  corps,  purifié  par  expression  et  nou- 

(  '  )  Bulletin  de  la  Société  chimique,  3°  série,  t.  IV,  p.  715. 
(-)   Loc.  cit. 


(  7^1  ) 
velle  cristallisation,  fond  exactement  à  3i°  et  bout  à   1860.  Il   présente 
tons  les  caractères  de  l'orthocrésol.  Le  point  de  fusion  exact  cpie  nous  avons 
obtenu  éloigne  toute  idée  de  mélange  avec  le  paracrésol  cjui  fond  à  36°. 

»  La  partie  liquide,  séparée  par  une  aire  en  plâtre  des  cristaux  d'ortho- 
crésol,  puis  isolée  du  plâtre  par  l'éther,  bout  à  20o°-2o5°.  C'est  là  du  mé- 
lacrésol  légèrement  impur,  lequel  fond  à  20 1°.  L'analyse  élémentaire 
donne  des  chiffres  sensiblement  satisfaisants. 

»  Les  crésols  obtenus  colorent  en  violet  le  perchlorure  de  fer;  mais  la 
teinte  se  modifie  peu  à  peu  et  tourne  au  vert  sale.  Une  impureté,  .peut- 
être  de  nature  thionique,  que  nous  n'avons  pas  pu  préciser,  faute  de  ma- 
tière, est  sans  doute  cause  de  cette  réaction  secondaire. 

»  Ajoutons  que,  dans  ces  premières  portions,  nous  n'avons  pas  constaté 
traces  de  phénol  ordinaire.  Les  portions  bouillant  de  2io°-235°  n'ont  pu 
être  solidifiées  à  —  i5°,  puis  à  —  400. 

»  L'analyse  élémentaire  de  ces  portions  concorde  avec  un  mélange  de 
crésols  et  de  propylphénols,  puis  de  propylphénols  et  de  cymophénols. 
Ces  produits  augmentent  de  viscosité  à  mesure  que  le  point  d'ébullition 
s'élève.  Rectifiés,  ils  sont  sensiblement  incolores  et  peu  altérables  a  l'air 
et  à  la  lumière.  Le  perchlorure  de  fer  les  colore  légèrement  en  vert. 

»  Faute  de  matière,  nous  n'avons  pu  caractériser  davantage  ces  corps 
par  l'étude  des  dérivés.  Nous  ne  croyons  toutefois  à  la  présence  ni  du 
thymol,  ni  du  carvacrol,  ni  du  carvol.  Nous  n'avons  pu  obtenir  la  combi- 
naison sulfhydrique  de  ce  dernier,  cependant  assez  caractéristique. 

»  La  théorie  prévoit  dix  cas  d'isomérie  pour  les  cymophénols  et  autant 
pour  les  isocymophénols.  Les  considérations  de  stéréochimie  en  admet- 
traient bien  davantage.  Sans  aucun  doute,  les  corps  obtenus  constituent 
quelques-uns  de  ces  isomères,  dont  l'étude,  aussi  ardue  que  celle  des  com- 
posés de  la  créosote,  nécessiterait  beaucoup  de  matière. 

«  L'acide  chlorhvdrique  concentré,  chauffé  pendant  quatre  heures,  à 
i3o°,  avec  ces  phénols,  n'a  pas  donné  traces  de  chlorure  de  méthvle  ou 
autres  chlorures  alcooliques.  Il  n'y  a  pas  lieu  de  soupçonner  dans  ces  phé- 
nols des  éthers  méthyliques  ou  autres. 

»  Soit  l'analyse  élémentaire,  soit  le  peu  d'altération  de  ces  corps  à  l'air 
et  à  la  lumière  de  ces  phénols  pvrogénés  éloignent  l'hypothèse  de  poly- 
|)hénols.  Ce  fait  a  son  importance  au  point  de  vue  de  la  constitution  des 
ramphosulfopliénols. 

»  Ce  passage  des  phénols  de  la  série  camphénique  à  la  série  aromatique 
proprement  dite,    bien   qu'effectué    dans  une  réaction  pyrogénée,  nous 


7^2    ) 

semble  avoir  un  réel  intérêt.  La  forte  proportion  de  phénols  obtenus,  sois 
7.5  pour  ioo  environ,  est  en  relation  avec  un  mode  de  décomposition  rela- 
tivement simple  et  des  modifications  moléculaires  peu  profondes.  Il  ne  faut 

—  SO\ 

pas  oublier    que  les  )Ba  restés  comme  résidu  à  l'état  de  SO*Ba 

-  SOa/ 

représentaient  un  poids  notable  de  la  matière  chauffée. 

»  Les  hydrogènes  en  excès  du  noyau  camphénique  ont  donné  de  l'hy- 
drogène sulfuré  et  de  l'eau  aux  dépens  de  SO2  et  du  CO  du  camphre.  Des 
équations  simples  peuvent,  en  somme,  exprimer  la  transformation.  » 


chimie  organique.  —  Sur  le  térébenthine.  Note  de  M.  Raoul  Varet. 

«  Gustavson  a  montré  que  le  brome  en  excès  agissant  sur  le  cymène  à  o° 
et  en  présence  du  bromure  d'aluminium  le  décompose  quantitativement 
en  toluène  pentabromé  et  en  bromure  d'isopropyle.  Il  m'a  semblé  inté- 
ressant de  rechercher  si  le  térébenthène,  que  l'on  regarde  quelquefois 
comme  un  hydrocymène,  serait  dédoublé  de  la  môme  manière  avec  mise 
en  liberté  de  bromure  d'isopropyle.  J'ai  d'abord  étudié  l'action  du  chlorure 
d'aluminium  sur  l'essence  de  térébenthine  soigneusement  rectifiée,  afin  de 
déterminer  les  modifications  que  ce  réactif  pouvait  faire  subir  à  cet  hydro- 
carbure. 

»  I.  Action  du  chlorure  d'aluminium  sur  le  térébenthène.  —  a.  Quand  on 
projette  du  chlorure  d'aluminium  anhydre  dans  de  l'essence  de  térében- 
thine froide,  on  constate  simplement  une  légère  élévation  de  température, 
sans  autre  réaction  apparente,  même  après  deux  heures  de  contact.  Mais  si 
l'on  chauffe  légèrement  ce  mélange  ou  qu'on  y  ajoute  quelques  gouttes  de 
benzine,  une  réaction  très  violente  se  produit,  et  le  térébenthène  est  trans- 
formé en  produits  goudronneux.  J'ai  pu  en  extraire  du  cymène  et  du  to- 
luène. D'autres  carbures  benzéniques  prennent  aussi  naissance,  mais  en 
petite  quantité. 

»  b.  Ces  résultats  étant  peu  satisfaisants,  j'ai  alors  dissous  le  térében- 
thène dans  le  sulfure  de  carbone,  comme  le  recommandent  MM.  Friedel  et 
Craft,  pour  les  cas  où  le  chlorure  d'aluminium  exerce  une  action  trop 
énergique  sur -les  produits  en  présence. 

»  On  introduit  par  petites  portions  le  réactif,  le  carbure  dissous,  dans 
trois  fois  son  volume  de  sulfure  de  carbone  et  l'on  aeite  vivement  le  mé- 


(  733  ) 

lange.  On  observe  une  réaction  énergique,  accompagnée  d'un  dégage- 
ment de  chaleur  considérable.  On  la  conduit  modérément  par  des  additions 
successives  de  chlorure  d'aluminium  et  en  ayant  soin  de  refroidir,  afin 
d'éviter  que  le  sulfure  de  carbone  distille.  On  constate  bientôt  que,  par  de 
nouvelles  additions  de  chlorure,  le  liquide  ne  s'échauffe  plus  que  faible- 
ment et  qu'il  s'est  formé  au  fond  du  ballon  un  amas  solide,  rouge-sang.  On 
arrête  l'opération. 

»  Les  produits  de  la  réaction  sont  traités  par  l'eau,  afin  d'éliminer  le 
chlorure  d'aluminium;  l'eau  est  décantée  et  le  liquide  huileux  est  lavé  avec 
une  lessive  de  soude,  puis  agité  avec  de  l'eau.  On  le  soumet  ensuite  à  des 
distillations  fractionnées,  après  avoir  éliminé  le  sulfure  de  carbone.  On 
obtient  comme  produits  principaux  : 

»   Un  liquide,  le  métatérébenthène  de  M.  Berthelot  ; 

»   Un  solide,  le  tétratérébenthène  de  M.  Riban. 

»  Il  se  forme  aussi  ducymène,  du  colonhène  et  d'autres  carbures,  mais 
en  quantités  moindres. 

»  On  voit  que  le  chlorure  d'aluminium  polymérise  l'essence  de  térében- 
thine ;  il  y  a  en  même  temps  formation  de  cymène  et  de  divers  autres  hydro- 
carbures. La  réaction  est  du  reste  identique  à  celle  observée  par  M.  Riban 
avec  le  chlorure  d'antimoine. 

»  II.  Action  du  brome  en  présence  du  chlorure  d'aluminium  sur  le  tërêben- 
thène.  —  Dans  une  solution  de  brome  dans  le  sulfure  de  carbone  (i  vol.  de 
Br  pour  3  vol.  CS2)  refroidie  au-dessous  de  o°  et  tenant  en  suspension  du 
chlorure  d'aluminium  anhydre,  on  fait  tomber  goutte  à  goutte  de  l'essence 
de  térébenthine.  Il  y  a  une  réaction  énergique  et  dégagement  d'acide  brom- 
hydrique.  On  ajoute  ainsi  i36gr  de  C20  H'°  pour  8ooSr  de  Br,  puis  on  laisse 
en  contact  jusqu'à  cessation  du  dégagement  de  HBr,  ce  qui  exige  plusieurs 
heures.  Les  produits  de  la  réaction  sont  traités  par  l'eau,  puis  par  une  les- 
sive de  soude,  et  distillés  après  un  nouveau  lavage  à  l'eau  et  élimination  du 
sulfure  de  carbone.  On  obtient  une  petite  quantité  de  bromure  d'isopro- 
pyle,  variable  suivant  les  expériences,  et  une  huile  bromée,  lourde,  à  l'as- 
pect goudronneux,  se  décomposant  en  dégageant  de  l'acide  bromhydrique 
quand  on  veut  la  distiller  :  c'est  un  mélange  de  divers  corps  résultant  de 
l'action  du  brome  sur  les  polymères  du  térébenthène. 

«  Le  térébenthène,  sous  l'influence  du  brome  et  du  chlorure  d'alumi- 
nium, n'a  pas  été  dédoublé  en  bromure  d'isopropyle  et  en  un  dérivé  brome 
du  toluène.  Si  ce  dédoublement  avait  eu  lieu,  on  aurait  obtenu  i23gr  de 
C°  H7  Br  au  lieu  de  3gl .    Le  bromure  d'isopropyle  formé  provient  de  l'action 

(J.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX1I,  N°  14.)  9" 


(  734  ) 
du  brome  et  du  chlorure  d'aluminium  sur  le  cymène  qui  a  pris  naissance 
pendant  la  transformation  du  lérébenthène  en  polymères.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  malonate  d'éthyle  et  le  malonate  double  d'éthyle 
et  de  potassium  i  !  ;.  Note  de  M.  G.  Massol. 

«  Hoff(#e/\,  t.  VII,  p.  1.571)  et  Freund(5e/\,  t.  XVII,  p.  780)  signalent 
l'étlrylmalonate  de  potasse  obtenu  par  la  saponification  du  malonate  neutre 
d'éthyle  avec  la  potasse  en  solution  alcoolique,  mais  aucun  d'eux  ne  parle 
de  l'acide  correspondant. 

»  Aussi  instable  que  son  homologue,  l'acide  éthyloxalique,  le  malonate 
acide  d'éthyle  se  saponifie  avec  la  plus  grande  facilité,  notamment  sans  la 
plus  légère  élévation  de  température;  aussi  est-il  impossible  d'évaporer  au 
bain-marie  les  solutions  aqueuses  de  cet  acide  éther. 

»  J'ai  pu  l'isoler  en  traitant  la  solution  aqueuse  du  sel  potassique  par  la 
quantité  d'acide  sulfurique  exactement  nécessaire,  évaporant  dans  le  vide 
à  la  température  ordinaire  en  présence  d'acide  sulfurique  et  épuisant  le 
résidu  par  l'éther. 

»  La  solution  éthérée  est  d'abord  distillée,  puis  abandonnée  à  l'évapo 
ration  spontanée;  il  se  sépare  quelques  cristaux  d'acide  malonique  prove- 
nant d'une  saponification  partielle;  je  les  sépare  par  décantation  et  le  pro- 
duit est  finalement  abandonné  quelque  temps  sous  cloche  en  présence 
d'acide  sulfurique. 

»  J'obtiens  ainsi  un  liquide  légèrement  sirupeux,  d'une  odeur  faible  et 
aromatique,  très  soluble  dans  les  dissolvants  ordinaires. 

«   L'analyse  a  donné  les  résultats  suivants  : 

»   I.  Acidité  évaluée  en  acide  malonique  : 

Calculé 
pour 
Trouvé.  l'acide  anhydre. 

38,85  39)3 

»    IL  Analyse  élémentaire  : 

Trouve.  Calculé. 

Carbone '15,80  15,45 

Hydrogène 6,12  6,06 


(')  j'emploie  de  préférence  la  dénomination  de  malonate  acide  d'éthyle  pour  dési- 
gner le  produit  CO.OH-CH2-CO  OC'2H5  et  le  différencier  de  son  isomère  l'acide 
éthvlmalonique  GO  OH-CH(C2rF)-CO  OH. 


(  7^5  ) 

»   La  densité  à  o°  est  de  i  ,20 1 . 

»  L'indice  de  réfraction  à  220  est  pour  la  lumière  blanche  1 ,333  et  pour 
la  lumière  jaune  du  sodium  1,337. 

»  La  dissolution  dans  l'eau  s'accompagne  d'un  léger  dégagement  de 
chaleur  : 

C3H3(C2H3)Ov(pur  =  6,il)-r  Aq.  =  acide  diss +  0e"1, 60 

»   La  neutralisation  par  la  potasse  dégage  -hi3Cal,45  : 

C3H3(C!Hs)Ot(pur  =  6'i')4-KOH(pur  =  2llt)  =C3HsK(G2H5)0*diss.     -+-i3c»»,45 

quantité  qui  diffère  peu  de  celle  fournie  parla  neutralisation  du  malonate 
acide  de  potasse 

C3H3K04(pur  =  6Ut)+-KOH(pur  —  21"  :    -  C31I2K204  diss -+-i3Cal,95 

»  III.  On  obtient  le  malonate  d'éthyle  et  de  potassium  en  évaporant  la 
solution  de  malonate  acide  d'éthvle  exactement  neutralisée  par  la  potasse. 
Le  sel  cristallise  en  belles  lames  incolores,  anhydres. 

Trouvé  Calculé  pour 

mu;.  .  .le  ',  échanl .  C"  H'  K  (C>  H)  0*. 

Potasse 28,1  S  27,64 

»  Il  est  très  soluble  dans  l'eau  ;  sa  chaleur  de  dissolution  (pur,  dans  81") 
est  de  —  oCal,G5,  très  différente  de  celles  du  malonate  acide  de  potasse 
anhydre  (  —  5Cal,  1  r)  et  du  malonate  de  potasse  neutre  anhydre  (+  2CaI,  1 

Ces  diverses  données  ont  permis  de  calculer  la  chaleur  de  formation  à 
partir  de  l'acide  anhydre  (liquide)  et  de  la  base  hydratée  solide 

C3H3  (C2H5)  O4  liq  -4-  KOH  sol  =  G3  H*K  (C'H5)  0'  sol  -+-  H20  sol 4-  28e»1, 6 

nombre  peu  différent  de  celui  que  j'ai  déjà  publié  pour  la  chaleur  de  for- 
mation du  malonate  acide  de  potasse, 

C3  H4  O4  s,. 1  4- KO  H  sol  =  C3  H3  KO4  sol  -j-H2Qsol -t-27Cal,5 

mais  notablement  supérieur  à  la  chaleur  de  formation  du  malonate  neutre 
de  potasse,  à  partir  du  malonate  acide  anhydre 

C3H3K04sol-+-KOHsol  =  C3H2K2Ovsol  +  H2Osoi +2oCal,7 


(  736  ) 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Des  micro-organismes  que  /' on  rencontre  sur  les  rai- 
sins mûrs  et  de  leur  développement  pendant  la  fermentation.  Note  de 
MM.  V.  Martixasd  et  M.  Rietscii. 

«  Pour  nous  rendre  compte  de  la  nature  et  du  nombre  des  micro-orga- 
nismes à  la  surface  des  raisins,  nous  avons  d'abord,  suivant  le  procédé 
employé  par  Pasteur  (  '  ),  introduit  des  grains  isolés  dans  des  tubes  à  essai 
contenant  un  liquide  sucré,  stérilisé,  et  nous  avons  observé  pendant  plu- 
sieurs jours  : 

»  Pour  les  raisins  de  Fleurie,  Pouilly  blanc,  Volney,  Montrachet,  Aloxe, 
Corton,  Clos-Vougeot,  Chambertin,  Folle  blancbe  de  Saujon  et  une  espèce 
commune  du  Midi,  tous  les  tubes  se  sont  remplis  de  moisissures  sans  fer- 
menter. Pour  trois  espèces  communes  (sur  10)  du  midi  de  la  France  et  de 
l'Algérie,  trois  lots  des  Côtes  rôties,  la  Chapelle  de  Guinchay,  Chenas, 
Thorins,  Bordeaux,  Cabernet-Sauvignon,  tous  les  tubes  au  contraire  ont 
fermenté.  Pour  d'autres  lots  les  tubes  à  moisissures  seulement  et  sans 
fermentation  ont  varié  dans  la  proportion  de  20  à  80  pour  100,  tandis  cpie 
le  reste  des  tubes  fermentait.  Enfin  dans  l'ensemble  de  nos  essais  les 
6  centièmes  des  tubes  sont  restés  simplement  limpides  (2  ). 

v  Le  liquide  sucré  en  fermentation  a  été  ensemencé  sur  plaques  dans  un 
certain  nombre  de  cas;  pour  chaque  cas  plusieurs  colonies  prélevées 
méthodiquement  ont  été  transportées  sur  agar  et  soumises  à  une  étude 
ultérieure.  On  a  constaté  ainsi  que  5  tubes  ensemencés  avec  des  raisins 
communs  (sur8  examinés)  ne  contenaient  guère  à  ce  moment  que  des 
Saccharomyces  apiculatus ;  même  résultat  pour  les  tubes  de  Côtes  rôties, 
d'Aloxe  et  de  Bordeaux  soumis  à  ce  contrôle.  Trois  tubes  de  raisins  com- 
muns n'ont  donné  que  20  pour  100  environ  de  S.  ellipsoideus,  le  reste 
étant  formé  surtout  par  des  mycodermes  et  des  S.  apiculatus. 

»  Nous  avons  cherché  à  déterminer  approximativement  le  nombre  des 
micro-organismes  existant  sur  la  pellicule  des  raisins  et  susceptibles  de  se 
développer  en  milieu  acide.  Pour  cela  une  fraction  de  grappe  exactement 
pesée  a  été  lavée  à  plusieurs  reprises  avec  de  l'eau  et  un  pinceau  stérilisés; 
icm  ou  quelques  centimètres  cubes  des  eaux  de  lavage  diluées  sont  ense- 

(  ')  Études  sur  ta  bière. 

{ -  )  Voir  les  résultats  obtenus  par  Pasteur  dans  Études  sur  la  bière. 


(  73;  ) 
mencées  sur  plaques  clans  du  malt  gélatinisé;  on  compte  les  colonies  et 
l'on  rapporte  leur  nombre  à  igl'  de  raisin.  On  a  trouvé,  pour  un  raisin 
d'Algérie,  4320000  colonies;  toutes  celles  examinées  étaient  dues  à  \' api- 
culatus; point  de  moisissures.  Un  raisin  des  Côtes  rôties  a  donné  280000 
colonies  de  moisissures  et  192000  d'apiculatus ;  le  pouilly  i3oo  moisissures 
et  170  autres  colonies  diverses;  le  corton-bressende  640000  moisissures  et 
i44°oo°  diverses;  le  bordeaux  90000  moisissures  et  20000  diverses;  un 
raisin  du  marché  de  Marseille  4  000  moisissures  et  190000  de  levures  et 
mycodermes;  un  autre  de  même  provenance  68000  moisissures  et  seule- 
ment 200  autres  colonies;  la  folle-blanche  128000  moisissures  et  pas  d'au- 
tres colonies. 

»  Nous  avons  encore  abandonné  à  la  fermentation  divers  lots  de  raisins 
écrasés;  après  vingt-cpiatre  heures,  le  liquide  a  été  ensemencé  sur  plaques. 
Pour  vingt  lots  de  divers  crus  du  Beaujolais,  de  la  Bourgogne,  du  Borde- 
lais, de  la  Charente,  des  Côles  rôties,  les  colonies  en  gélatine  n'étaient 
guère  formées  que  par  des  moisissures  et  des  apiculatus;  ce  n'est  qu'à 
l'aide  d'ensemencements  répétés  que  l'on  réussissait  à  trouver  quelques 
colonies  de  S.  ellipsoideus. 

»  Nous  avons  alors  sur  4  lots  suivi  la  marche  de  la  fermentation  pen- 
dantplusieurs  jours,  en  faisant  toutes  les  vingt-quatre  heures  un  ensemence- 
ment sur  plaques.  Après  soixante-douze  heures,  le  meursault  n'a  donné  que 
des  apiculalus;  après  quatre-vingt-seize  heures,  un  mycoderme  particulier 
tient  presque  toute  la  place;  après  cent  vingt  heures,  ce  sont  de  nouveau 
les  apiculatus  qui  prédominent;  après  cent  quarante-quatre  et  cent  soixante- 
huit  heures,  les  S.  cllipsoideus  se  montrent  enfin  en  majorité.  Pour  la  ro- 
manée-conti  le  début  est  le  même;  après  soixante-douze  heures  seulement, 
les  S.  ellipsoideus  se  montrent  à  côté  des  upiculatus ;  mais  ceux-ci  persistent 
nombreux  jusqu'à  la  fin  de  la  fermentation  (cent  soixante-huit  heures).  Un 
lot  de  Belmont  (Ain)  ne  donne,  après  soixante-douze  heures,  que  des  api- 
culatus qui  se  maintiennent  encore  jusqu'à  la  fin;  les  ellipsoidcus  apparais- 
sent seulement  au  bout  de  quatre-vingt-seize  heures.  Le  quatrième  lot  du 
marché  de  Marseille  n'a  fourni  que  des  apiculatus  pendant  toute  la  fermen- 
tation et  même  après  un  mois  (vin  très  doux  et  peu  alcoolique). 

»  Le  même  procédé  a  été  employé  encore  pour  des  lies  quarante  à  cin- 
quante jours  après  la  fermentation.  Les  plaques  de  la  Chapelle  de  Guin- 
chay  ont  été  envahies  par  les  moisissures  ;  de  même  celles  de  Pierry  (Cham- 
pagne) qui  prirent  de  plus  une  forte  odeur  acétique.  Même  odeur  poul- 
ies plaques  de  Verrenay  et  Romont  (Champagne)  et  de  Moulin-à-Vent; 


(  738  ) 

l'absence  de  moisissures  permet  ici  de  distinguer  de  nombreuses  colonies 
bacillaires.  Dans  les  plaques  de  Vollraths,  de  Markobrunn  (Rhin),  80  pour 
100  au  moins  des  colonies  sout  dues  à  Y apiculatus ;  dans  celles  de  Johan- 
nisbcrg  25  pour  100.  î  1 apiculatus  se  retrouve  encore  dans  des  proportions 
un  peu  moindres  sur  les  plaques  de  Moussy,  Bouzy,  Chouilly,  Ay,  Haute- 
vil  liers  (Champagne  ). 

»  Les  lies  que  nous  avons  examinées  après  deux  mois  ont  montré  une 
meilleure  composition  ;  les  moisissures,  les  ferments  acétiques,  les  apicula- 
tus tenaient  moins  de  place  dans  les  lies  des  Charentes,  de  Ribeauvillé 
(Alsace)  et  des  crus  du  Rhin  précités.  Deux  lies  de  Bourgogne  (Volnay  et 
Santenay)  de  1889,  examinées  neuf  mois  après  les  vendanges,  n'ont  donné 
qu'un  nombre  relativement  faible  de  microbes  vivants,  constitués  surtout 
par  des  S.  elHpsoideus,  avec  une  quantité  non  négligeable  de  ferment  acé- 
tique; une  macération  stérilisée  de  raisins  secs  ensemencés  directement 
avec  ces  lies  s'est  transformée  en  vinaigre  dans  un  quart  des  matras. 

»  En  résumé,  les  microbes  susceptibles  de  se  développer  en  milieu  acide 
(les  seuls  qui  soient  intéressants  au  point  de  vue  de  la  vinification)  existent 
en  nombre  très  variable  à  la  surface  des  raisins.  Les  moisissures  et  les 
S.  apiculatus  sont  bien  plus  répandus  que  les  S.  elHpsoideus  ;  les  bacilles  fa- 
briquant des  acides  et  des  mycodermes  ne  sont  pas  rares.  La  fermentation 
spontanée  des  raisins  est  ordinairement  produite  pendant  les  quarante- 
huit  premières  heures  par  les  S.  apiculatus  ('),  qui  cèdent  ensuite  succes- 
sivement la  place  aux  elHpsoideus,  sans  cependant  disparaître  complète- 
ment. Les  bactéries  et  les  mycodermes  se  rencontrent  non  seulement  au 
début  de  la  fermentation,  mais  encore  dans  les  lies,  ce  qui  porte  à  croire 
cpi'il  y  a  lieu  de  chercher,  souvent  au  moins,  l'origine  des  maladies  du 
vin  sur  la  pellicule  des  raisins  plutôt  que  dans  une  contamination  ulté- 
rieure par  l'air  ou  par  les  récipients.  » 

CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Contributions  à  l'élude  de  la  théorie  du  blan- 
chiment à  l'air.  Note  de  MM.  A.  et  P.  B  usine,  présentée  par  M.  Du- 
claux. 

«  Beaucoup  de  produits  organiques  naturels  sont,  à  l'état  brut,  plus 
ou  moins  colorés;  telles  sont,  par  exemple,  les  fibres  textiles,  les  matières 
grasses,  etc. 

(  ')  Ce  fait  avait  déjà  été  entrevu  par  Ress  (Alkoholgâhrungspilze,  1870.) 


(  739  ) 

»  Les  matières  colorantes  n'existent  souvent  dans  ces  produits  qu'à 
l'état  de  traces;  on  n'a  pas  pu  jusqu'à  présent  les  isoler  à  l'état  de  pureté 
et  leur  composition  n'est  pas  connue  ;  on  sait  cependant  que  généralement 
elles  sont  assez  fugaces  et  facilement  détruites  par  une  simple  exposition  à 
l'air  et  à  la  lumière.  On  profite  de  cette  propriété  pour  décolorer  certains 
produits  organiques  :  le  lin,  la  cire,  etc. 

»  Nous  avons  eu  l'occasion  d'étudier  le  blanchiment  à  l'air  de  la  cire 
des  abeilles  et  nous  avons  observé  certains  faits  qui  pourront  contribuer 
à  l'établissement  de  la  théorie  du  phénomène;  c'est  pourquoi  nous  croyons 
devoir  les  signaler. 

»  La  cire  des  abeilles  est  décolorée  comme  on  blanchissait  autrefois  les 
toiles  sur  le  pré;  on  la  coule  en  copeaux  et  ceux-ci  sont  exposés  à  l'air,  sui- 
des claies,  à  la  campagne,  et  autant  que  possible  au  soleil. 

«  Pour  que  la  décoloration  se  fasse  rapidement,  il  faut  à  la  fois  l'action 
de  l'air  et  de  la  lumière;  c'est  sous  l'influence  directe  des  rayons  du  soleil 
que  le  blanchiment  se  fait  le  mieux.  L'opération  nécessite,  en  tout  cas,  la 
lumière.  Si,  en  effet,  on  place  de  la  cire  jaune  en  copeaux  dans  un  flacon 
tenu  à  l'obscurité,  dans  lequel  circule  de  l'air,  la  cire  ne  se  décolore  pas. 
Il  en  est  de  même  si  l'on  remplace  l'air  par  un  courant  d'oxygène  pur: 
même  après  plusieurs  mois,  on  n'observe  aucun  changement  dans  la  teinte 
du  produit.  Mais,  si  l'on  fait  intervenir  la  lumière,  et  principalement  les 
rayons  directs  du  soleil,  le  blanchiment  se  fait  très  rapidement,  surtout 
dans  l'oxygène. 

»  Dans  le  blanchiment  des  toiles  sur  le  pré  on  attribue  généralement  le 
principal  rôle  à  l'ozone;  on  admet  qu'il  est  l'agent  actif  du  blanchiment  et 
que,  sous  son  influence,  les  matières  colorantes  subissent  une  combustion 
totale,  tandis  que  le  produit  qu'elles  souillent,  toujours  beaucoup  plus 
stable,  reste  intact  dans  ces  conditions.  Nous  avons  voulu  vérifier  le  fait 

sur  la  cire. 

»  Pour  cela,  nous  avons  fait  passer  un  courant  d'oxygène  fortement 
ozone,  tel  qu'on  l'obtient  par  l'appareil  à  effluves  de  M.  Berthelot,  dans  un 
flacon  tubulé,  contenant  de  la  cire  jaune  coulée  en  copeaux,  avec  toutes 
les  précautions  nécessaires  pour  éviter  la  décomposition  de  l'ozone  avant 
son  arrivée  sur  la  cire.  Dans  l'obscurité,  il  n'y  a  pas  destruction  de  la  ma- 
tière colorante,  même  après  un  contact  prolonge  de  la  cire  avec  l'oxygène 
ozone;  mais,  si  l'on  vient  à  mettre  le  flacon  au  soleil,  la  réaction  est  très 
rapide  et  le  blanchiment  est  obtenu  en  quelques  heures. 

»   Ce  n'est  donc  pas,  comme  on  l'admettait  jusqu'à  présent,  simplement 


(  74<>  ) 
l'ozone  qui  effectue  la  combustion  de  la  matière  colorante;  de  même  que 
l'oxygène  pur  ou  l'oxygène  de  l'air,  il  ne  devient  actif,  c'est-à-dire  apte  à 
produire  cette  combustion  qu'en  présence  des  rayons  solaires. 

»  Pour  que  la  décoloration  se  fasse  rapidement,  il  faut  à  la  fois  l'oxy- 
gène de  l'air  et  le  soleil;  mais  l'air  n'est  pas  absolument  nécessaire  :  le 
phénomène  peut  s'accomplir  sans  qu'il  intervienne. 

»  Bien  exposée  à  l'action  des  rayons  solaires,  la  cire,  en  effet,  se  déco- 
lore, beaucoup  plus  lentement,  il  est  vrai,  dans  le  vide  et  aussi  dans 
l'acide  carbonique  et  l'azote. 

»  Si  l'on  détermine  comparativement  la  composition  d'une  cire  brute  et 
celle  de  la  même  cire  blanche  à  l'air  et  à  la  lumière,  on  constate,  outre  la 
disparition  des  matières  colorantes,  certaines  modifications  dans  la  com- 
position du  produit.  Les  matières  colorantes  ne  sont  donc  pas  seules  atta- 
quées et  détruites.  Dans  la  cire  blanchie,  les  acides  libres  n'augmentent 
que  très  peu;  mais  une  forte  proportion  des  acides  non  saturés  de  la  série 
oléique  et  des  hydrocarbures  non  saturés  que  renferme  la  cire  brute  dis- 
paraît. 

»  Il  en  résulte  que,  dans  le  blanchiment  à  l'air,  outre  la  matière  colo- 
rante qui  subit  une  combustion  totale,  les  principes  non  saturés  de  la  cire, 
les  acides  de  la  série  oléique  et  les  hydrocarbures  fixent  de  l'oxygène  pour 
donner  des  composés  saturés.  Ce  sont,  du  reste,  ces  produits  qui,  on  va  le 
voir,  en  s' oxydant  entraînent  la  combustion  de  la  matière  colorante. 

»  On  observe  les  mêmes  modifications  sur  toutes  les  matières  grasses 
exposées  à  l'air;  ce  sont  d'abord  les  principes  colorants  et  odorants,  c'est- 
à-dire  les  composés  les  plus  fugaces,  qui  disparaissent  en  même  temps 
qu'une  forte  proportion  de  l'acide  oléique  qu'ils  renferment;  celui-ci 
passe  à  l'état  d'acide  oxystéarique. 

»  Dans  la  pratique  on  blanchit  rarement  la  cire  jaune  pure.  Avant  de  la 
couler  en  copeaux  on  ajoute  au  produit  une  petite  quantité  de  suif,  i  à  5 
pour  ioo.  Dans  ces  conditions,  le  blanchiment,  cela  a  été  constaté  depuis 
longtemps,  est  beaucoup  plus  rapide,  mais  le  rôle  du  suif  était  resté  inex- 
'pliqué. 

»  On  comprend,  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  le  mode  d'action 
du  suif;  il  agit  surtout  par  l'acide  oléique  qu'il  renferme,  il  apporte  l'élé- 
ment combustible  dont  la  combustion  entraîne  celle  de  la  matière  colo- 
rante. L'acide  oléique  ainsi  introduit  disparaît,  du  reste,  en  grande  partie 
en  même  temps  que  celui  de  la  cire. 

»   Il  en  résulte  que,  plus  il  y  aura  dans  la  cire  de  composés  susceptibles  de 


(  74i  ) 
s'oxydera  l'air,  plus  le  blanchiment  devra  être  rapide;  c'est,  en  effet,  ce 
qu'on  observe.  D'autres  produits,  ajoutés  en  petite  quantité  à  la  cire,  se 
comportent  comme  le  suif  dans  l'opération  du  blanchiment;  telle  est,  par 
exemple,  l'essence  de  térébenthine.  Elle  agit,  dans  ce  cas,  comme  l'acide 
oléique,  s'oxyde  à  l'air  sous  l'influence  de  la  lumière  et  son  oxydation  faci- 
lite celle  de  la  matière  colorante;  elle  disparaît,  d'ailleurs,  complètement; 
le  blanchiment  effectué,  on  n'en  retrouve  plus  trace. 

»  Ce  résultat  est  dû  probablement  à  l'ozone  dont  on  a  constaté  la  for- 
mation sur  l'essence  de  térébenthine  exposée  à  l'air  et  à  la  lumière.  L'ex- 
plication pourrait,  du  reste,  s'appliquer  au  suif  qui,  pendant  le  rancisse- 
ment, présente  une  odeur  franche  d'ozone. 

»  En  résumé,  ces  produits,  ajoutés  à  la  cire,  activent  le  blanchiment, 
parce  cpie,  en  s'oxydant  à  la  lumière,  ils  donnent  naissance  à  de  l'ozone, 
lequel  agit  alors  sous  l'influence  des  rayons  solaires  sur  les  matières. colo- 
rantes et  les  brûle.  « 

ANATOMIE   COMPARÉE.   —   Loi  de  la  position  des  centres  nerveux. 
Note  de  M.  Alexis  Jclîev,  présentée  par  M.  de  Quatrefages. 

<c  Trois  types  de  centres  nerveux.  —  Les  centres  nerveux  sont  ventraux 
chez  les  Rayonnes,  dorso-ventraux  chez  les  Annelés  et  les  Mollusques, 
dorsaux  chez  les  Vertébrés.  On  peut  donc  dire  que  ces  centres  se  rédui- 
sent à  trois  types  bien  distincts  :  ventral,  dorso-ventral  et  dorsal.  Mais  ne  se- 
rait-il pas  possible  de  découvrir  un  caractère  commun  permettant  de  les 
embrasser  tous  les  trois  dans  une  même  formule? 

»  Énoncé  de  la  loi.  —  En  les  comparant  attentivement,  j'ai  été  amené  à 
trouver  une  loi  biologique  générale,  que  j'appellerai  loi  de  la  position  des 
centres  nerveux  et  que  je  formulerai  ainsi  :  Il  y  a  un  rapport  constant  entre  la 
position  des  principaux  centres  nerveux  et  celle  des  principaux  organes  senso- 
riels et  locomoteurs. 

»  Un  exemple  emprunté  à  chacun  des  trois  types  offerts  par  les  centres 
nerveux  me  permettra  de  démontrer  cette  loi. 

»  Rayonnes.  —  Le  système  locomoteur  (système  ambulacraire)  des  As- 
térides  àcinq  rayons  est  formé  par  un  canal  circulaire  (canal  circum-buccal) 
placé  autour  de  la  bouche,  et  donnant  naissance  à  cinq  canaux  (canaux  am- 
bulacraires)  situés  sur  la  face  ventrale  des  cinq  rayons.  Chacun  de  ces  ca- 
naux porte  des  organes  tactiles  et  se  termine  assez  souvent  par  un  organe 
visuel. 

C.  K.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  14.)  97 


(  742  ) 

»  Le  canal  circum-buccal  est  en  rapport  avec  un  anneau  nerveux  (an- 
neau circum-buccal),  muni  de  renflements  ganglionnaires,  et  donnant  nais- 
sance à  cinq  troncs  nerveux  (troncs  ambulacraires).  Chacun  de  ces  troncs, 
pourvu  d'un  renflement  ganglionnaire,  se  termine  dans  l'œil  placé  à  l'extré- 
mité des  rayons. 

»  Les  principaux  centres  nerveux  des  Rayonnes  sont  doue  ventraux 
comme  leurs  principaux  organes  sensoriels  et  locomoteurs. 

»  Annelés.  —  Chez  les  Annélides,  les  principaux  organes  sensorieis 
(visuel,  auditif)  sont  logés  sur  la  face  dorsale  de  la  tête  :  les  centres  ner- 
veux de  la  tête  (ganglions  céphaliques  ou  cérébroïdes)  sont  aussi  dorsaux; 
ils  répondent  à  la  face  dorsale  du  tube  digestif. 

»  Les  principales  masses  musculaires  du  tronc  sont,  au  contraire,  ven- 
trales :  les  centres  nerveux  du  tronc  sont  également  ventraux;  ils  répon- 
dent à  la  face  ventrale  du  tube  digestif. 

»  Les  principaux  centres  nerveux  des  Annelés  sont  donc  dorsaux  comme 
leurs  principaux  organes  sensoriels,  et  ventraux  comme  leurs  principaux 
organes  locomoteurs  :  d'où  le  type  dorso-ventral  affecté  par  ces  centres  : 
d'où  aussi  le  collier  œsophagien  qui  est  mi-dorsal  et  mi-ventral  (l'anneau 
circum-buccal  des  Rayonnes  est  entièrement  ventral ). 

»  Mollusques.  —  Les  principaux  centres  nerveux  des  Mollusques,  qui 
affectent  aussi  le  type  dorso-ventral,  sont  également  dorsaux  comme  leurs 
principaux  organes  sensoriels,  et  ventraux  comme  leurs  principaux  organes 
locomoteurs. 

»  Vertébrés.  —  Comme  ceux  des  Annelés  et  des  Mollusques,  les  princi- 
paux organes  sensoriels  (olfactif,  visuel,  auditif)  des  Poissons  sont  placés 
sur  la  face  dorsale  de  la  tête  :  les  centres  nerveux  de  la  tête  (encéphale) 
sont  également  dorsaux. 

»  Au  niveau  du  segment  caudal  du  tronc,  les  muscles  sont  à  peu  près 
également  répartis  sur  les  faces  dorsale  et  ventrale.  Mais,  entre  la  tête  el 
la  queue,  c'est-à-dire  au  niveau  du  segment  viscéral  du  tronc,  les  muscles 
dorsaux  ont  un  rôle  locomoteur  beaucoup  plus  important  que  celui  des 
muscles  ventraux;  car  ceux-ci  servent  surtout  à  former  les  parois  de  sou- 
tènement de  la  cavité  viscérale.  En  somme,  les  principales  masses  muscu- 
laires du  tronc  sont  dorsales:  les  centres  nerveux  du  tronc  (moelle  épi- 
nière)  sont  dorsaux  comme  elles. 

»  Les  principaux  centres  nerveux  desVertébrès  sont  donc  dorsaux  comme 
leurs  principaux  organes  sensoriels  et  locomoteurs  ;  ils  sont  placés  tout  en- 
tiers sur  la  face  dorsale  du  tube  digestif. 


(  743  ) 

»    Résumé.  —  En  résumé  : 

»  i°  Chez  les  Rayonnes,  les  principaux  centres  nerveux  sont  ventraux 
comme  les  principaux  organes  sensoriels  et  locomoteurs. 

»  2°  Chez  les  Annelés  et  les  Mollusques,  les  principaux  centres  nerveux 
sont  dorsaux,  comme  les  principaux  organes  sensoriels,  et  ventraux  comme 
les  principaux  organes  locomoteurs. 

»  3°  Chez  les  Vertébrés,  les  principaux  centres  nerveux  sont  dorsaux 
comme  les  principaux  organes  sensoriels  et  locomoteurs. 

»  Conclusion.  —  J'ai  donc  le  droit  de  conclure  :  Il  y  a  un  rapport  constant 
entre  la  position  des  principaux  centres  nerveux  et  celle  des  principaux  organes 
sensoriels  et  locomoteurs. 

»  Explication  physiologique  de  la  loi  anatomique.  —  La  caractéristique 
de  l'Animal  est  constituée  par  la  sensibilité  et  la  motricité. 

»  A  la  sensibilité  correspond  l'appareil  indicateur,  nu  système  cutanéo- 
sensoriel,  qui  comprend  la  peau  et  les  organes  sensoriels. 

»  A  la  motricité  correspond  l'appareil  locomoteur,  qui  comprend  les  sys- 
tèmes squelettique  (organes  passifs)  et  ambulacraire ou  musculaire  (organes 
actifs). 

»  Au  point  de  vue  fonctionnel,  les  appareils  indicateur  et  locomoteur 
sont  intimement  liés  au  système  nerveux  qui  les  tient  sous  sa  dépendance. 
Le  système  nerveux  constitue,  en  effet,  l'appareil  récepteur  des  impressions 
subies  par  la  peau  et  les  organes  sensoriels,  et  l'appareil  excitateur  des  mou- 
vements; il  sert  à  la  régulation  et  à  l'harmonisation  de  la  sensibilité  et  de 
la  motricité. 

»  N'est-il  pas  rationnel  qu'un  rapport  anatomique  constant  lie  des  ap- 
pareils si  étroitement  unis  au  point  de  vue  physiologique? 

»  Corollaire  delà  loi.  —  Contrairement  à  l'opinion  d' Ampère  et  d' Etienne 
Geoffroy  Saint-Hi/uirc,  le  Vertébré  n'est  donc  pas  plus  un  Annelé  retourné  que 
l  Annelé  n'est  un  Vertébré  retourné. 

»  Le  Vertébré  est  un  Animal  dont  les  principaux  organes  sensoriels  et 
locomoteurs,  et  partant  les  principaux  centres  nerveux,  sont  dorsaux. 

»  L'Annelé  est  un  Animal  dont  les  principaux  organes  sensoriels  sont 
dorsaux,  tandis  que  ses  principaux  organes  locomoteurs  sont  ventraux:  par 
suite,  ses  principaux  centres  nerveux  sont  en  partie  dorsaux  et  en  partie 
ventraux.   » 


(  744  ) 


ZOOLOGIE.   —  Nouvelles  observations  sur  la  Sardine  océanique. 
Note  de  M.  G.  Pouchet  (  '  ). 

«  La  Note  présentée  dans  la  dernière  séance  par  M.  le  professeur  Marion 
sur  la  Sardine  de  la  Méditerranée  m'engage  à  faire  connaître,  de  mon  côté, 
le  résultat  de  mes  recherches  sur  la  Sardine  océanique  et,  en  particulier, 
les  points  par  lesquels  elle  semble  notablement  différer  de  la  variété  médi 
terranéenne. 

»  1.  M.  le  professeur  Marion  attribue  à  la  Sardine  adulte  de  la  Médi- 
terranée la  taille  de  i.5cm  à  i8cm.  La  Sardine  de  l'Océan,  parvenue  à  toute 
sa  taille,  atteint  environ  et  dépasse  même  parfois  2jcm. 

»  2.  M.  Marion  fixe  pour  la  Sardine  méditerranéenne  la  durée  de  la 
maturité  sexuelle  du  milieu  de  novembre  au  milieu  de  mai.  Une  série  de 
plus  de  trois  cents  observations  (  voir  Rapport  sur  le  fonctionnement  du  labo- 
ratoire de  Concarneau  en  1889  et  sur  la  Sa/rline)  réparties  sur  cinquante-six 
journées,  du  7  novembre  1889  au  3  mai  1890,  et  sur  tous  les  points  de  la 
côte,  des  Sables-d'Olonne  à  Douarnenez,  ne  nous  ont  laissé  voir  de  no- 
vembre au  commencement  d'avril  que  des  organes  génitaux  encore  très 
loin  de  l'état  de  maturité.  A  deux  reprises  seulement  en  trois  ans,  bien 
que  mon  attention  se  soit  portée  spécialement  de  ce  côté,  le  29  mai  1888 
et  le  3  avril  1890,  j'ai  pu  observer  des  femelles,  prêtes  à  pondre,  avant  le 
ventre  gonflé  et  dont  les  œufs  déjà  détachés  de  l'ovaire  tombaient  seuls  de 
l'orifice  génital;  mais,  les  deux  bancs  qui  ont  offert  cette  apparence  n'ont 
fait  que  passer,  comme  c'est  toujours  le  cas.  J'ai  démontré  que  les  très  rares 
bancs  de  Sardines  prêtes  à  pondre,  amenés  par  les  hasards  de  leur  course 
dans  les  eaux  françaises,  n'y  séjournent  pas  plus  que  les  bancs  de  la  jeune 
Sardine  qu'on  pêche  à  la  rogue,  les  uns  et  les  autres  étant  en  continuel 
déplacement. 

»  3.  L'étude  des  œufs  mûrs  recueillis  dans  les  deux  circonstances  qui 
viennent  d'être  indiquées  a  été  faite  par  moi-même  et  reprise  par  mon 
assistant,  M.  Biétrix  (voir  Rapports  pour  1888  et  pour  1889).  Nous  avons 
constaté  qu'ils  sont,  en  tous  cas  avant  la  fécondation  que  nul  ne  connaît 
encore,  plus  denses  cpie  l'eau  de  la  mer;  ils  mesurent  1123  à  i25o  y.  de 
diamètre.  Enfin,  nous  avons  minutieusement  décrit  l'apparence  de  la  mem- 

(')  Voir  Comptes  rendus  des  iir,  ia  et  29  juillet  j 88g. 


(  745  ) 
brane  vitelline  qui,  avec  ses  autres  caractères  morphologiques,  permettra 
toujours  de  reconnaître  cet  œuf. 

»  Or  la  pêche  au  filet  fin,  pratiquée  tous  les  jours  depuis  trois  ans  à  la 
surface  de  la  mer  en  baie  de  Concarneau,  nous  a  bien  offert  au  printemps 
un  œuf  actuellement  étudié  par  M.  Biétrix,  mais  qui  n'est  en  aucune  façon 
un  œuf  de  Sardine.  Jamais  celui-ci  ne  s'est  présenté  à  nous. 

»  4.  Jamais  on  ne  voit  et  l'on  ne  pêche  sur  la  côte  océanique  de  Sardines 
mesurant  moins  de  6cm  environ,  c'est-à-dire  ayant  les  dimensions  de  la  Pa- 
laille  méditerranéenne.  S'il  en  était  autrement,  les  pêcheurs  particulière- 
ment intéressés  n'auraient  pas  manqué  de  le  remarquer.  La  jeune  Sardine 
océanique  ne  visite  donc  que  très  tard  la  côte.  Nous  pouvons  ajouter  que 
la  plus  jeune  que  l'on  puisse  observer  chaque  année  ne  se  montre  jamais 
au  début  de  la  saison  et  n'apparaît  en  général  qu'au  mois  de  juillet  et 
plus  souvent  encore  aux  mois  d'août  ou  de  septembre. 

»  5.  En  prenant  pour  loi  de  croissance  de  la  Sardine  océanique  les 
chiffres  donnés  par  M.  Marion  pour  la  Sardine  stationnaire  du  golfe  de 
Marseille,  chiffres  auxquels,  de  mon  côté,  je  m'étais  arrêté  a  priori  d'après 
ce  que  l'on  sait  du  Hareng,  il  est  facile  de  s'assurer,  par  l'étude  des  nom- 
breux tableaux  que  nous  avons  publiés  jusqu'à  ce  jour  du  régime  de  la  Sar- 
dine sur  la  côte  de  l'Océan,  qu'il  est  impossible  de  fixer  pour  cette  Sardine 
océanique  une  période  de  frai  répartie,  même  comme  l'admet  M.  Marion, 
sur  la  moitié  entière  de  l'année. 

»  Je  me  permets  de  rappeler  une  fois  de  plus,  en  terminant,  que  c'est 
grâce  au  concours  toujours  bienveillant  et  toujours  empressé  de  la  Marine 
que  j'ai  pu,  depuis  plusieurs  années,  poursuivre  une  étude  dont  la  diffi- 
culté n'a  d'égale  que  son  importance  au  point  de  vue  des  intérêts  mari- 
times et  industriels  de  nos  départements  de  l'Ouest.   » 

ANTHROPOLOGIE.  —  Sur  le  prétendu  ci  âne  de  Moctezuma  II.  Note 
de  M.  E.-T.  Hamy,  présentée  par  M.  de  Quatrefages. 

«  Il  existe,  dans  les  galeries  d'Anthropologie  du  Muséum  d'Histoire 
naturelle  de  Paris,  sous  le  n°  1243,  une  pièce  anatomique  qui  a  longtemps 
excité  l'admiration  des  visiteurs  à  cause  de  son  étiquette.  On  lisait,  en 
effet,  imprimés  sur  une  planchette  fixée  au-dessous  de  cette  pièce,  ces 
mots  qui  attiraient  les  regards  Crâne  de  l'empereur  Moclezuma.  Don  de  M.  le 
Dr  Ghiesbrechl,  28  avril  i854  (')• 

(')  Sur  le  crâne  est  en  outre  écrit,  en  grosses  lettres  cursives,  Emper1'  Moctesuma. 


(  746  ) 

»  Augustin  Ghiesbrecht,  qui  vivait  encore,  il  y  a  quelques  années,  à 
San  Cristobal  de  Chiapas  où  il  s'est  retiré,  après  une  longue  carrière  d'ex- 
plorations scientifiques  ('),  s'était  procuré  ce  crâne,  soi-disant  impérial,  à 
Mexico,  pendant  qu'il  exerçait,  dans  cette  capitale,  les  fonctions  de 
médecin  attaché  à  la  résidence  de  Belgique,  et  il  avait  envoyé  à  Serres  ce 
qu'il  considérait  comme  un  document  de  la  plus  haute  importance  pour 
l'Anthropologie  mexicaine. 

»  Ce  crâne  sans  face  porte,  au  sommet  du  front,  une  blessure  béante, 
irrégulièrement  ovale,  un  peu  déchiquetée  sur  ses  bords  et  mesurant  i"jmm 
sur  19™™;  des  deux  extrémités  de  l'ovale  partent  deux  sillons  profonds, 
qui  gagnent  par  un  trajet  contourné  les  bords  des  orbites. 

»  Ghiesbrecht  avait  lu  Prescott  et  connaissait  la  fin  tragique  du  faible  et 
malheureux  Moctézuma.  Il  savait  notamment  que,  tentant  d'arrêter  l'as- 
saut furieux  que  ses  sujets  donnaient  à  la  forteresse  où  il  était  enfermé 
avec  les  Espagnols,  l'infortuné  monarque  avait  reçu  au  front  une  pierre 
lancée  avec  tant  de  violence  qu'il  était  tombé  inanimé  sur  le  sol.  Le  crâne 
ancien,  découvert  à  Mexico,  portait  une  profonde  blessure  au  front;  il 
n'en  fallut  pas  davantage  pour  qu'on  en  fit  la  tête  de  Moctézuma. 

»  Mais,  l'empereur  est  mort  trois  jours  seulement  (2)  après  avoir  été 
frappé  (27-30  juin  iSai),  tandis  que  le  crâne  que  lui  attribuait  Ghies- 
brecht porte  une  blessure  guérie  à  la  suite  d'une  lente  cicatrisation.  Les 
bords  externes  de  l'ouverture  sont  épaissis  et  mousses,  des  stalactites 
osseuses  hérissent  les  bords  internes.  A  la  face  profonde  du  frontal,  toute 
la  région  entre  le  trou  et  les  sinus  est  couverte  de  boursouflures  irrégu- 
lières. 

»  Il  est,  d'ailleurs,  bien  manifeste  que  ce  n'est  pas  une  blessure  con- 
tondante, et  surtout  un  enfoncement  tel  que  le  produirait  une  pierre,  qui 
a  ainsi  mutilé  le  crâne  du  soi-disant  Moctézuma.  Les  deux  sillons,  dont 
nous  avons  parlé,  ne  sont  autres  que  les  lèvres  rapprochées  et  cicatrisées 
d'une  incision,  oblique  de  haut  en  bas  et  d'arrière  en  avant,  qui  avait  dé- 
coupé une  énorme  tranche  du  frontal,  comme  l'aurait  pu  faire  un  coup  de 
sabre  ou  un  coup  de  hache,  très  vigoureusement  asséné.  Enfin,  la  pièce  est 
moderne,  les  os  ont  un  aspect  récent,  et  les  mesures  qu'on  y  peut  prendre 
sont  presque  identiques  à  celles  que  donne  un  métis  de  Puebla,  mort  à  Vera 


(')  Cf.  T.  Maler,  Mémoires  sur  l'État  de  Chiapas  {Revue  d?  Ethnographie,  l.  III, 
p.  3i3;  i884). 

(2)  Cf.  Orozco  y  Bebra,  Historia  antig.  y  de  la  conquista  de  Mexico,  I.  IV, 
p.  424-439.  Mexico,  1880;  in-8". 


'    ■> 


(  747  ) 
Gruz  pendant  l'occupation  française,  et  autopsié  par  le  Dr  Fuzier.  Les  dia 
mètres  égalent   chez  l'un    i68mm,    i/]Omm  et  i36mm;  chez  l'autre,   i66min 
i39mm  et  i34mm  et  les  indices  du  premier  étant  83mm,3,  79'um,7,  9Dmm,  7 
ceux  du    second  sont   83mra,  7,  8omm,  7,  9(5mm,4-  La  courbe  horizontale 
atteint  493"""  sur  le  premier,  494mm  sur  le  second  et  la  transverse  totale, 
qui  présente  les  écarts  les  plus  considérables  que  nous  ayons  trouvés  entre 
les  deux  pièces,  varie  seulementde  5mm  (44§mm  au  heu  de  443œm). 

»  Nous  nous  bornerons  à  relever  ces  quelques  chiffres  à  titre  d'exem- 
ples, et  nous  terminerons  cette  courte  Note  en  faisant  observer  que  le 
maxillaire  inférieur  du  crâne  pseudo-impérial,  envoyé  à  Serres  par 
M.  Ghiesbrecht,  provient  d'un  autre  sujet  que  le  crâne  auquel  il  est  at- 
taché et  manifeste,  par  ses  formes  et  ses  proportions,  une  origine  incon- 
testablement européenne.  » 


GÉOLOGIE.   —  Sur  l'existence  de  tufs  d'andésite  dans  le  flysch  de  La  Clusaz 
^Haute-Savoie).  Note  de  M.  P.  Tekmier,  présentée  par  M.  Mallard. 

«  Au  cours  d'une  excursion  géologique,  faite  au  mois  de  juillet  dernier, 
par  l'École  des  Mines  de  Saint-Etienne,  j'ai  eu  l'occasion  d'étudier,  à  La 
Clusaz  (Haute-Savoie),  la  puissante  formation  des  poudingues,  grès  et 
schistes  du  flysch  qui  surmonte  immédiatement  les  calcaires  nummuli- 
tiques.  Entre  La  Clusaz  et  le  hameau  de  Gotty,  à  quelques  centaines  de 
mètres  de  La  Clusaz,  en  suivant  la  route  qui  monte  au  col  des  Aravis,  mon 
attention  fut  appelée  sur  le  faciès  particulier  d'un  poudingue  que  l'on  voit 
affleurer  dans  les  champs  qui  dominent  le  chemin. 

»  Ce  poudingue  montre  à  l'œil  nu  des  galets  peu  volumineux  de  quartz 
et  de  roches  variées,  englobés  dans  un  ciment  gris  verdâtre.  En  observant 
le  ciment  avec  un  peu  d'attention,  on  y  découvre  de  nombreux  cristaux  de 
feldspath,  généralement  très  allongés,  et  des  grains  noirs,  plus  rares  et  de 
moindre  dimension,  semblables  à  des  grains  d'augite.  Dans  certaines 
régions,  le  ciment  entoure  des  enclaves  plus  compactes  et  de  couleur  plus 
sombre  :  ces  enclaves,  examinées  à  la  loupe,  semblent  formées  d'une 
roche  homogène  analogue  aux  andésites  et  aux  labradorites  du  Plateau 
central. 

»  L'examen  micrographique  a  confirmé  ce  diagnostic.  Le  poudingue  en 
question  n'est  autre  chose  qu'un  tuf  d'andésite  à  labrador  et  pyroxène, 
contenant  de  nombreux  débris  roulés   de  la   roche  éruptive  franche,  et 


(  748  ) 
mélangé  à  un   sédiment  argilo-sableux.  Les  matériaux  éruptifs  forment 
environ  les  quatre  cinquièmes  de  la  masse. 

»  Les  débris  de  roche  éruptive  franche  montrent  la  composition  sui- 
vante : 

•»  I.  Fer  oxydulé,  fer  titane,  olivine  rare,  augite,  labrador. 
»  IL  Pâte  très  fluidale  composée  de  microlitesd'oligoclase  et  de  micro- 
btes  d'augite. 

»  IIL  Matière  serpentineuse  d'un  vert  jaunâtre,  tantôt  isotrope,  tantôt 
chargée  de  fibres  biréfringentes;  cette  matière  provient  probablement  de 
la  résorption  des  microlites  magnésiens  (augite  et  olivine);  elle  remplit 
aussi  quelques  sections  à  contours  vaguement  géométriques  qui  ont  peut- 
être  appartenu  à  l'olivine  de,  première  consolidation.  Calcite. 

»  L'aueite,  d'un  noir  brillant  à  l'œil  nu,  est  incolore  en  lames  minces. 
Les  cristaux  ont  fréquemment  un  demi-millimètre  de  longueur.  Ils  sont 
souvent  maclés. 

»  Les  grands  cristaux  de  labrador  sont  extrêmement  nombreux  et,  pres- 
que toujours,  d'une  admirable  fraîcheur.  Ils  sont  généralement  très  allongés 
parallèlement  à  p-g* .  La  plupart  sont  maclés  suivant  la  loi  de  l'albite; 
quelques-uns  présentent  en  outre  la  macle  du  péricline;  quelques-uns  ne 
présentent  aucune  macle,  mais  une  disposition  zonaire  très  marquée.  Le 
diagnostic  du  minéral  est  facile,  car  on  trouve  aisément  des  sections  per- 
pendiculaires à  g'.  Dans  ces  sections,  l'extinction  des  lamelles  hémi- 
tropes,  symétrique  par  rapport  à  ta  trace  de  g' ,  est  presque  toujours  très 
oblique  (jusqu'à  32°). 

»  Ce  labrador  contient  d'assez  nombreuses  inclusions  vitreuses.  Les 
cristaux  ne  sont  point  roulés.  Ils  sont  orientés  dans  le  sens  général  de  la 
fluidalité. 

»  Les  microlites  feldspathiques  sont,  pour  la  plupart,  à  lamelles  mul- 
tiples. Presque  tous  éteignent  sensiblement  à  zéro  leurs  deux  systèmes  de 
lamelles.  Ils  semblent  donc  appartenir,  au  moins  en  grande  partie,  à  l'oli- 
goclase.  On  voit  aussi  quelques  microlites  rectangulaires,  non  maclés, 
s'éteignant  à  zéro  :  ils  sont  peut-être  formés  d'orthose. 

»  Les  microlites  d'augite  sont  très  petits  et  très  nombreux. 

»  On  remarquera  l'absence  du  sphène ,  si  abondant  dans  les  roches 
acides,  si  rare,  au  contraire,  dans  les  andésites  et  les  labradorites. 

»  La  roche  éruptive  franche  est  donc  une  andésite  augitique  à  labrador 
et  pyroxène. 

»  Le  tuf  est  formé  d'une  argile  vert  jaunâtre,  en  grande  partie  isotrope, 


(  749  ) 
contenant  en  très  grande  abondance  les  cristaux  de  première  consolida- 
tion de  la  roche  éruptive.  Ces  cristaux  sont  disposés  confusément  et  non 
pas  orientés  comme  dans  la  roche  franche.  Les  feldspaths  sont  roulés, 
souvent  brisés;  ils  ont  éprouvé,  pour  la  plupart,  un  commencement  de 
kaolinisation. 

»  Au  sein  de  ce  chaos  de  cristaux  charriés  apparaissent  les  matériaux 
sédimentaires.  Ce  sont  des  grains  de  quartz  ou  de  quartzite,  de  granulite 
à  microcline,  de  schistes  quartzeux  micacés  et  amphiboliques,  de  calcaire 
compact  avec  traces  de  polypiers,  enfin  quelques  galets  d'une  magnifique, 
diorite  ophitique.  Aucun  de  ces  matériaux  ne  paraît  avoir  subi  d'altéra- 
tion par  suite  de  l'irruption  du  tuf. 

»  La  roche  présente  de  nombreuses  amygdales,  parfois  remplies  de  cal- 
cite  cristallisée,  parfois  tapissées  de  produits  serpentiheux  verdâtres. 

»  En  résumé,  la  formation  arénacée  du  flyscb  de  la  Haute-Savoie  con- 
tient, à  La  Clusaz,  des  nappes  interstratiliées  d'un  véritable  tuf  volca- 
nique, dans  lequel  les  matériaux  éruptifs  sont  beaucoup  plus  abondants 
que  les  matériaux  sédimentaires. 

»  On  a  donc  la  preuve  formelle  de  la  venue,  dans  cette  région  des 
Préalpes,  à  l'époque  éocène,  c'est-à-dire  longtemps  avant  le  plissement 
des  chaînes  subalpines,  d'andésites  à  labrador  etpyroxène,  fort  semblables 
à  celles  qui  ont  surgi  plus  tard,  à  l'époque  pliocène,  en  de  nombreux  points 
du  Plateau  central. 

»  Ce  fait  est  à  rapprocher  de  ceux  déjà  signalés  par  M.  Potier  ('),  dans 
les  Alpes-Maritimes.  Les  poudingues  éocènes  de  l'Estéron  contiennent  des 
galets  de  la  dacite  d'Agay  (porphyre  bleu  de  Saint-Raphaël).  De  même, 
les  labradorites  d'Antibes,  de  Biot,  du  Cap-d'Ail  semblent  devoir  être  rap- 
portées à  l'éocène. 

»  Cette  série  microlitique  serait  contemporaine  de  celle  du  Vicentin  et 
de  la  série  granitoïde  et  basique  de  la  Moravie  (Teschen),  de  la  Bosnie  et 
de  la  Serbie.  Elle  correspondrait  (2),  comme  la  venue  serpentineuse  et 
euphotidique  de  la  Toscane,  aux  premiers  mouvements  alpins.  » 


(')   Légende  de  la  feuille  d'Antibes,  de  la  Carte  géologique  détaillée. 
(2)  Marcel  Bertrand,   Bulletin    de    la    Société  géologique  de  France,  3e  série, 
t.  XVI,  p.  606. 


C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  14.) 


(  75o  ) 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  les  phénomènes  consécutifs  à  l'altéra- 
tion du  pancréas  déterminée  expérimentalement  par  une  injection  de  paraf- 
fine dans  le  canal  de  Wirsung.  Note  de  M.  E.  Hédox,  présentée  par 
M.  Bouchard. 

«  Après  avoir  étudié  les  résultats  de  l'extirpation  du  pancréas  (produc- 
tion du  diabète  sucré)  ( '),  j'ai  cherché  à  savoir  si  l'on  ne  pourrait  pas 
obtenir  les  mêmes  phénomènes,  en  provoquant  une  altération  de  la 
glande  par  une  injection  de  paraffine  dans  ses  canaux.  La  méthode  n'était 
pas  nouvelle,  Cl.  Bernard  injectait  de  la  graisse,  mais  ses  animaux  mou- 
raient presque  tous  de  péritonite.  Schiff  proposa  d'injecter  de  la  paraffine, 
modification  heureuse,  car  les  animaux  survivent  alors  très  bien.  Ainsi, 
sur  trente  opérations  que  j'ai  faites,  quatre  chiens  seulement  sont  morts. 
Immédiatement  après  l'injection  de  paraffine  dans  le  canal  de  Wirsung,  je 
pratiquais  l'extirpation  de  la  portion  verticale  de  la  glande.  On  diminuait 
ainsi  la  fonction  pancréatique  encore  plus  que  ne  l'aurait  fait  une  simple 
injection  de  paraffine  et  tel  était  le  but  que  l'on  se  proposait.  Le  tissu  de 
la  portion  horizontale  présentait,  au  bout  de  quelques  jours,  de  profondes 
modifications  (sclérose  et  altérations  des  acini);  mais  la  paraffine  ne  se 
retrouvait  plus  dans  les  canaux;  elle  était  en  effet  promptement  éliminée 
dans  l'intestin,  malgré  la  ligature  du  canal  de  Wirsung. 

»  Contrairement  aux  résultats  de  Schifî,  les  animaux  opérés  présentèrent  des  trou- 
bles profonds  de  la  nutrition  :  troubles  digestifs  passagers  (décrits  par  Cl.  Bernard), 
polyphagie,  amaigrissement  considérable,  polyurie,  azoturie  et,  dans  quelques  cas, 
glycosurie  passagère. 

»  La  glycosurie  se  montrait  huit  à  dix  jours  après  l'opération;  elle  était  peu  impor- 
tante (maximum  iasr  de  sucre  pour  iooo)  et  très  fugitive  (maximum  pendant  quatre 
jours).  Après  sa  cessation,  on  ne  pouvait  plus  la  constater,  aussi  longtemps  qu'on 
prolongeât  l'observation. 

»  La  perte  de  poids  était  très  rapide  et  atteignait,  dans  certains  cas,  2ks  en  moins 
de  i5  jours,  malgré  la  grande  voracité  des  animaux  et  la  nourriture  abondante  qu'ils 
ingéraient. 

»  Tous  ces  symptômes  pouvaient  être  mis  sur  le  compte  des  troubles  digestifs  ré- 
sultant de  l'absence  du  suc  pancréatique  dans  l'intestin,  car  ils  se  montraient  avec 
intensité,  précisément  dans  le  temps  que  le  suc  digestif  ne  pouvait  arriver  dans  le 


(,')   Noir  Archives  de  Médecine  expérimentale,  janvier  :Sg i . 


(  75i  ) 

duodénum  et  s'amendaient  singulièrement  lorsque  les  matières  fécales  reprenaient 
leur  aspect  normal.  Il  fut  néanmoins  possible  de  constater  qu'il  y  avait  une  certaine 
indépendance  entre  les  troubles  digestifs  et  les  altérations  de  la  nutrition,  et  de  rat- 
tacher ces  dernières  à  une  autre  cause  qu'au  défaut  de  sécrétion  du  suc  pancréatique 
dans  l'intestin.  Sur  un  chien  du  poids  de  igks,  tous  les  symptômes  que  j'ai  énumérés 
se  sont  montrés  persistants  malgré  la  cessation  des  troubles  digestifs,  sauf  la  glyco- 
surie qui  ne  dura  que  trois  jours.  Le  vingt-huitième  jour  après  l'opération,  l'animal 
ne  pesait  plus  que  i5ks,55o;  il  était  d'une  maigreur  squelettique  et  d'une  voracité 
incroyable,  et  telle  que  je  n'en  ai  point  encore  observé  de  plus  grande,  même  chez 
les  chiens,  qui  avaient  subi  l'extirpation  totale  du  pancréas.  En  lui  donnant  iks  de 
viande  et  ik°  de  pain  par  jour,  on  parvint  à  le  faire  un  peu  augmenter  de  poids.  La 
perturbation  profonde  de  la  nutrition  causée  par  la  lésion  du  pancréas  chez  cet 
animal  ne  paraissait  point  due  à  des  troubles  digestifs.  Depuis  longtemps,  les  ma- 
tières fécales  avaient  repris  leurs  caractères  normaux.  On  s'était  assuré,  en  faisant 
ingérer  à  l'animal  une  forte  quantité  de  graisses  et  de  féculents,  que  ces  substances 
n'apparaissaient  pas  dans  les  fœces.  Le  quarante-cinquième  jour,  on  fit  l'expérience 
suivante,  pour  savoir  comment  l'azote  des  aliments  était  utilisé.  Pendant  plusieurs 
jours,  on  dosa  l'azote  total  dans  les  aliments,  dans  les  matières  fécales  et  dans  l'urine, 
par  la  méthode  de  Kjeldahl.  Résultats  comme  moyenne  de  sept  jours  : 

Aliments. 

iks  de  viande  Urine. 

(muscledecheval)-f-  — ^ — — — — ^»- 

3oo&r  de  pain  Azote 

contiennent  Fœces.  Quantité.        Urée.  total. 

Azote  par  jour,  en  grammes 38s1'  [8r,52  84occ       628r,23       3oE,,,i8 

»  La  digestion  des  matériaux  azotés  se  faisait  donc  très  bien,  puisque  l'azote  était 
résorbé  dans  l'intestin  en  moyenne  pour  96  pour  100.  Mais  la  forte  azoturie  parais- 
sait être  l'expression  d'un  trouble  dans  l'utilisation  de  l'azote  par  les  tissus.  La  faible 
différence  qu'il  y  avait,  entre  la  quantité  d'azote  des  excrétions,  est  du  reste  en  partie 
couverte  par  les  erreurs  d'expérience,  car  on  était  bien  sûr  de  doser  tout  l'azote  des 
aliments,  mais  non  de  recueillir  rigoureusement  tout  l'azote  des  excrétions.  En  fait, 
le  poids  de  l'animal  ne  variait  pas  sensiblement  pendant  toute  la  durée  de  l'expérience. 
La  forte  quantité  de  nourriture  qu'on  lui  donnait  équivalait  pour  lui  à  la  ration  d'en- 
tretien. 

»  En  présence  de  ces  faits,  je  pense  que  l'on  est  en  droit  de  rapprocher 
les  symptômes  observés  chez  cet  animal  de  ceux  qui  se  montrent  dans  le 
diabète  insipide  azottirique,  à  forme  consomptive. 

»  Toutefois,  il  reste  un  point  à  élucider.  Une  azoturie  considérable  se 
montre  dans  l'expérience  précédente  comme  une  conséquence  de  la  poly- 
pbagie  et  d'une  alimentation  très  riche  en  azote. 

»  Or,  si  l'on  diminuait  la  ration  alimentaire,  la  quantité  d'urée  baissait 
dans  l'urine,  mais  la  consomption  se  produisait. 


(    7^2    ) 

»  Eu  tenant  compte  des  travaux  de  M.  le  Professeur  Bouchard  sur  l'azo- 
lurie  dans  le  diabète,  je  cherchai  à  établir  les  rapports  qui  devaient  exister 
entre  la  consomption  et  l'azoturie  par  l'expérience  suivante: 

»  Un  chien  après  l'injection  de  paraffine  dans  le  canal  pancréatique  lut 
soumis  au  jeune  peendant  douze  jours,  après  qu'il  fut  complètement 
remis  du  traumatisme  opératoire.  Les  chiffres  suivants  expriment  les 
résultats  inovens  de  cette  expérience,  à  partir  du  quatrième  jour  de 
jeûne  (poids  de  l'animal  i8kg,  800).  La  perte  de  poids  par  jour  fut  en 
movenne  de  32gr,  33  par  kilogramme  d'animal.  La  quantité  d'urée  excrétée 
journellement  de  27s1',  6;  chose  remarquable,  elle  augmenta  beaucoup 
du  septième  au  dixième  jour  et  atteignit  un  chiffre  véritablement  très 
élevé  pour  un  chien  maintenu  au  jeûne  absolu  (pendant  cette  dernière 
partie  de  l'expérience,  on  ne  donnait  pas  d'eau  à  boire  à  l'animal). 
Le  maximum  fut  atteint  le  huitième  jour  (3-]sr,2  d'urée  pour  vingt- 
quatre  heures)  ;  le  neuvième  el  le  dixième  jour,  l'azoturie  se  maintint  à  3 7 , 1 
et  35,  1  d'urée.  Le  chiffre  de  l'urée  était  encore  de  i8gr  le  onzième  jour. 
Il  tomba  brusquement  à  is'",3  le  douzième  jour;  mais  alors  l'animal  était 
complètement  usé  par  la  consomption.  Il  survécut  cependant  encore  cinq 
jours;  chez  un  chien  normal  du  poids  de  i5''%4oo,  qu'on  soumettait  égale- 
ment au  jeûne  dans  le  même  temps,  la  perte  de  poids  était  en  moyenne 
de  26gr,3i  par  kilogramme  d'animal;  la  quantité  d'urée  excrétée  baissait 
rapidement;  le  huitième  jour,  elle  n'était  que  de  5gr,8;  elle  ne  fut  en 
movenne  que  de  5sr,o,  en  vingt-quatre  heures  ». 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  les  troubles  consécutifs  à  la  destruction 
du  vancréas.  Note  de  M.  E.  Glev,  présentée  par  M.  Bouchard. 

»  Les  expériences  de  von  Mering  et  de  Minkowski  ('  )  ont  montré  que 
l'extirpation  complète  du  pancréas  détermine  toujours  le  diabète  chez  le 
chien.  Ce  diabète  n'est  pas  attribuable  à  la  suppression  du  pancréas  en 
tant  qu'organe  servant  à  la  digestion;  car  la  ligature  des  canaux  pancréa- 
tiques n'amène  pas  un  trouble  profond  de  la  nutrition.  C'est  que  le  pan- 
créas n'est  pas  seulement  une  glande  qui  élabore  des  ferments  digestifs 
bien  connus,  mais  aussi  un  organe  qui  peut  être  considéré  comme  une 

(')  Diabètes  inellitus  nach  Pancreasextirpation   (Arch.  f.  exper.   Pathol.  und 
Pharmak.,  Bel.  26,  p.  'i-i  ;  janvier  1890). 


(  753  ) 

glande  vasculaire  sanguine,  apportant  par  conséquent  dans  le  sang  des 
produits  susceptibles  de  transformer  les  matériaux  sucrés  de  l'économie. 

»  Cependant  rien  ne  prouve  jusqu'à  présent,  d'une  façon  directe,  que 
le  pancréas  joue  effectivement  ce  rôle  de  glande  vasculaire  sanguine  ('). 
Or,  j'ai  pu  obtenir  le  passage  du  sucre  dans  les  urines,  chez  le  chien,  après 
la  ligature  des  veines  pancréatiques. 

»  L'opération  n'est  pas  facile  à  bien  réaliser.  Le  plus  simple  est  de  lier 
la  veine  splénique  à  son  embouchure  dans  la  veine  porte  et,  en  outre,  les 
quelques  petites  veines  du  pancréas  qui  s'anastomosent  avec  des  veinules 
du  mésentère  ou  avec  des  veines  de  l'estomac  ;  on  peut  aussi,  après  avoir 
lié  ces  dernières,  disséquer  toutes  les  veines  pancréatiques  l'une  après 
l'autre  et  les  lier  à  l'endroit  où  elles  se  jettent  dans  la  veine  splénique. 
Dans  le  premier  cas,  oïi  risque  presque  à  coup  sur  de  perdre  très  vite 
l'animal  expérimenté,  à  cause  du  trouble  profond  apporté  à  la  circulation 
du  duodénum.  Dans  le  second  cas,  outre  que  l'opération  est  très  labo- 
rieuse, il  est  extrêmement  difficile  de  s'assurer  que  l'on  a  bien  là  toutes 
les  veines  qui  sortent  du  pancréas.  De  quelque  façon  que  l'on  procède, 
d'ailleurs,  il  faut  s'attendre,  c'est  ce  que  l'expérience  m'a  montré,  à  ne 
pas  obtenir  sur  tous  les  animaux  le  résultat  cherché,  parce  qu'on  n'est 
jamais  sûr  d'avoir  supprimé  toutes  les  voies  veineuses. 

»  De  fait,  sur  les  chiens  que  j'ai  opérés  dans  le  but  indiqué,  depuis  le 
mois  de  mai  1890,  sur  sept  de  ces  animaux  je  n'ai  vu  que  trois  fois  le  sucre 
passer  dans  les  urines  à  la  suite  de  l'opération.  Dans  un  cas  cette  glyco- 
surie n'a  duré  que  vingt-quatre  heures  ;  dans  les  deux  autres  cas,  l'animal 
est  mort  le  lendemain  de  l'opération;  dans  un  cas  la  quantité  de  glucose 
éliminée  s'est  élevée  à  i2gr  pour  1000. 

«  Ces  faits  semblent  néanmoins  suffisants  pour  admettre  que,  normale- 
ment, il  est  nécessaire  que  la  circulation  veineuse  du  pancréas  ne  soil. 
pas  complètement  supprimée  pour  que  l'organe  puisse  agir  sur  les  matières 
sucrées  de  l'économie. 

»  Dans  d'autres  expériences,  j'ai  cherché  à  détruire  le  pancréas  autre- 
ment que  par  l'extirpation.  Cette  opération  est  en  effet  des  plus  laborieuses 
et,  à  cause  de  sa  longueur  et  de  l'épuisement  nerveux  qu'elle  amène  et  des 
hémorragies   qu'elle  entraine  très  souvent,  elle  est  fréquemment  suivie 

(')  Il  faut  noter  cependant  que  M.  Lépine,  constatant  que  le  sang  de  la  veine  porte 
perd  plus  de  sucre  in  vitro  que  le  sang  artériel  {Comptes  rendus,  19  janvier  1891),  a 
admis  cette  opinion. 


(  754  ) 
de  la  mort  de  l'animal.   A  la  vérité,  M.  Hédon  (de  Montpellier)  a  fait 
récemment  connaître  un  bon  procédé  d'extirpation  (Arch.  de  Mèd.  expèr., 
Ier  janvier  1 891  ).  Le  procédé  que  j'emploie  offre,  outre  sa  commodité, 
un  intérêt  historique. 

»  On  sait  que  Claude  Bernard  a  tenté  l'ablation  du  pancréas  (Leç.  de 
Physiol.  expér.,  t.  II,  1886);  ayant  renoncé  à  l'opération  comme  étant 
toujours  fatale,  il  songea  à  détruire  la  glande  par  des  injections  de  sub- 
stances étrangères  dans  le  canal  de  Wirsung.  Quand  on  lit  avec  soin  les 
pages  que  Claude  Bernard  a  consacrées  à  l'exposé  des  résultats  qu'il  a 
ainsi  obtenus,  on  ne  peut  être  que  très  frappé  de  la  concordance  qui 
existe  entre  certains  de  ces  résultats  et  ceux  des  expériences  de  von 
Mering  et  Minkowski  :  plusieurs  des  chiens  opérés  ont  présenté  tous  les 
symptômes  du  diabète,  à  l'exception  de  la  glycosurie,  que  Bernard  mal- 
heureusement n'a  pas  recherchée. 

»  J'ai  repris  systématiquement  ces  anciennes  expériences  de  Cl.  Ber- 
nard et  me  suis  servi,  pour  arriver  à  détruire  la  glande,  d'injections  dans 
le  canal  de  Wirsung,  après  ligature  préalable  du  conduit  accessoire,  faites 
avec  un  mélange  d'huile  d'olive  et  de  glycérine,  par  parties  égales,  ou  un 
mélange  de  carbonate  de  soude  et  de  glycérine,  ou  avec  de  la  gélatine  ou 
encore  avec  du  suif  fondu  à  4o°.  Mais  on  n'est  pas  sûr,  par  ce  procédé,  de 
détruire  toute  la  glande,  parce  qu'on  ne  voit  pas  si  la  matière  injectée  pé- 
nètre partout.  Pour  parer  à  cet  inconvénient,  j'emploie  de  la  gélatine  colorée 
par  le  bleu  C4B  ou  du  suif  coloré  par  le  violet  5B.  Par  cet  artifice  très 
simple,  on  voit  immédiatement  si  toute  la  glande  s'injecte.  Il  arrive  souvent 
qu'en  raison  de  dispositions  spéciales  des  canaux  excréteurs  (je  ne  puis 
entrer  ici  dans  des  détails  anatomiques)  une  portion  plus  ou  moins  grande 
de  l'organe  échappe  à  l'injection;  rien  de  plus  facile  alors  que  de  détruire 
cette  portion  avec  le  thermo-cautère. 

»  Dans  tous  les  cas  où  l'injection  de  gélatine  bleue  ou  de  suif  violet  a  été 
complète,  j'ai  vu  la  glycosurie  survenir  le  lendemain  de  l'opération.  Les 
quantités  de  glucose  éliminée  ont  varié  entre  20  et  35  pour  1000.  Cepen- 
dant cette  glycosurie  n'a  été  que  transitoire  durant  un  très  petit  nombre 
de  jours.  Pour  des  raisons  dans  le  détail  desquelles  je  neveux  pas  entrer, 
mes  expériences  sur  ce  point  n'étant  pas  terminées,  je  crois  néanmoins  que, 
par  ce  procédé,  on  peut,  comme  par  l'extirpation,  arriver  à  obtenir  une 
glycosurie  permanente.  Les  résultats  actuellement  acquis  ne  peuvent  tou- 
tefois pas  manquer  d'accroître  l'intérêt  des  anciennes  expériences  de 
Cl.  Bernard.  De  plus,  ils  ajoutent  un  argument  à  ceux  qui  ont  été  déjà  pro- 


(  755  ) 

diiits  contre  l'hypothèse  que  le  diabète  par  extirpation  du  pancréas  pouvait 
être  dû  à  des  lésions  nerveuses  concomitantes. 

»  D'autre  part,  j'ai  vu,  ainsi  que  Bernard  l'avait  bien  montré,  que  les 
animaux  ainsi  traités  présentent  des  troubles  profonds  de  la  nutrition.  Par 
exemple,  un  chien  vigoureux,  pesant  i4kg,  dont  la  plaie  était  guérie  au  bout 
de  huit  jours  par  première  intention,  a  énormément  maigri  en  deux  mois  : 
son  poids  a  diminué  de  2kg,  700;  cependant  il  mange  avec  voracité,  soit  ikg 
de  viande  maigre  par  jour,  ou  bien  6oogr  de  viande  et  25osr  de  pain  avec 
un  peu  de  graisse.  Cette  dénutrition  doit  être  évidemment  en  partie  attri- 
buée à  la  suppression  des  fonctions  digestives  du  pancréas,  mais  elle  pré- 
sente aussi  quelque  chose  de  particulier.  En  effet,  voici  un  chien  qui,  au 
moment  de  l'opération,  pesait  iokg;  il  est  guéri  par  première  intention; 
pas  de  glycosurie;  cinquante  et  un  jours  après,  malgré  la  suralimentation, 
il  ne  oèse  toujours  que  iokg;  depuis  longtemps  les  fèces  étaient  redevenues 
normales.  On  le  sacrifie  et,  à  l'autopsie,  on  constate  que  la  perméabilité 
des  deux  conduits  pancréatiques  est  rétablie.  Dans  ce  cas,  les  fonctions 
digestives  du  pancréas  s'étaient  donc,  au  moins  en  grande  partie,  rétablies 
et  cependant,  quoique  l'animal  n'eût  pas  été  glycosurique,  la  nutrition 
était  restée  troublée. 

»  Ainsi  l'opération  décrite  ci-dessus  amène  des  troubles  graves,  parmi 
lesquels  la  glycosurie.  Bien  que  mes  expériences  ne  soient  pas  terminées, 
ces  résultats  peuvent  paraître  sûrs,  puisque  M.  Hédon,  qui  n'avait  pas  re- 
marqué ces  phénomènes  dans  sa  première  série  de  recherches  (voir  Mé- 
moire cité),  les. annonce  aujourd'hui  même  à  l'Académie.  » 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Recherches  chimiques  sur  les  sécrétions  microbiennes. 
Transformation  et  élimination  de  la  matière  organique  azotée  par  le  bacille 
pyocy unique  dans  un  milieu  de  culture  déterminée.  Note  de  MM.  A.  Ar- 
naud et  A.  Charrix. 

«  La  pyocyanine,  cette  matière  colorante  si  caractéristique  de  la  cul- 
ture du  bacille  pyocyanique,  est-elle  en  rapport  direct,  comme  quantité, 
avec  l'activité  fonctionnelle  du  bacille?  Telle  est  la  première  question  qui 
se  présente  à  l'esprit  quand  on  cherche  à  se  rendre  compte  de  l'utilisation 
et  des  transformations  que  subit  la  matière  organique  introduite  comme 
aliment  dans  une  culture. 

»   Les  analyses  montrent  que  la  formation  de  la  pyocyanine  (')  est  très 

(')  Dans  d'autres  milieux,  on  peut,  dit-on,  augmenter  la  production  de  la  pyocyanine. 


(  756  ) 

secondaire,  sa  proportion  varie  dans  de  faibles  limites,  de  3mgr  à  6mgr  par 
litre,  même  dans  les  cultures  relativement  assez  colorées;  inversement, 
dans  telle  culture  prescpie  incolore,  on  peut  constater  qu'une  quantité 
considérable  de  matière  organique  azotée  a  été  transformée  par  le  bacille 
en  produits  presque  élémentaires. 

w  Les  produits  principaux  qui  prennent  naissance  sont  l'ammoniaque  et 
l'acide  carbonique,  nous  avons  cherché  à  suivre  les  phases  et  les  étapes  de 
ces  transformations,  à  en  étudier  le  mécanisme. 

»  Nos  premiers  essais  avaient  pour  point  de  départ  le  bouillon  de  bœuf 
additionné  de  sels  nutritifs;  mais,  dans  ce  milieu  trop  complexe,  il  est 
fort  difficile  de  suivre  les  modifications  de  la  matière  organique,  aussi 
avons-nous  eu  recours  ultérieurement  à  un  liquide  de  culture  artificiel  et 
de  composition  chimique  déterminée,  afin  de  restreindre  le  champ  des 
recherches. 

»  Le  milieu  suivant  est  tout  particulièrement  favorable  au  développe- 
ment du  bacille  : 

POKH2 oTioo 

PONa2H  +  i2Aq o,  ioo 

C03KH o,i34 

CaCl2 , o,o5o 

MgS04+7Àq o,o5o 

Asparagine  cristallisée 5,ooo 

lïau,  quantité  suffisante  pour  faire  un  litre. 

»  Vingt-quatre  heures  après  l'ensemencement  de  ce  liquide,  la  tempéra- 
ture étant  maintenue  entre  25°  et  3o°,  la  coloration  vert  bleu  se  manifeste 
nettement,  elle  va  en  s'accentuant  jusqu'au  sixième  ou  septième  jour. 

«  Par  des  dosages  précis,  on  a  suivi,  pour  ainsi  dire  d'heure  en  heure, 
les  progrès  de  l'assimilation  de  l'asparagine. 

»  On  constate  ainsi  que  la  proportion  d'azote  ammoniacal  capable  d'être 
mis  en  liberté  par  MgO,  nulle  au  début,  va  sans  cesse  en  augmentant  jus- 
qu'au quinzième  ou  seizième  jour,  époque  où  la  culture  s'arrête  faute 
d'aliments. 

»  L'asparagine  décroît  très  rapidement  :  soixante  heures  après  le  départ 
de  la  culture  il  n'est  déjà  plus  possible  d'en  déceler  la  présence;  pat- 
contre,  dès  le  début,  on  peut  constater  la  formation  d'acide  asparlique  ('  ) 

(')  L'assimilation  de  l'acide  aspartique  paraît  être  un  phénomène  essentiellement 
vital,  propre  au  bacille  pjocyanique;  nous  n'avons  pas  pu  constater  la  présence  de 
produits  intermédiaires  entre  lui  et  l'ammoniaque. 


(  ih  ) 

combiné  à  l'ammoniaque;  cet  acide  est  du  reste  assimilé  au  fur  et  à  mesure 
de  sa  production  :  il  disparaît  vers  la  soixante-douzième  heure;  à  ce 
moment,  l'examen  des  courbes  du  diagramme  ci-dessous  indique,  en  effet, 
que  presque  tout  l'azote  est  déjà  passé  à  l'état  d'ammoniaque,  sauf,  bien 
entendu,  ce  qui  a  concouru  à  la  formation  du  protoplasma  du  bacille.  Il 
faut  tenir  compte  aussi  d'une  faible  proportion  d'azote  qui  est  entré  dans 
des  combinaisons  non  encore  définies,  probablement  fort  intéressantes  au 
point  de  vue  physiologique  et  dont  nous  ne  nous  occuperons  aujourd'hui 
que  pour  en  déterminer  la  quantité  relative.  Le  diagramme  et  le  Tableau 
qui  suivent  donneront  une  idée  des  résultats  obtenus. 


Phases  des  transformations  de  la  matière  azotée. 


mon 

M  f 

r  Ai 

tsn 

son 

l 

6  50 

\- 

800 
750 

-4 

__/ 

zo 

f 

A  m 

mç 

700 

%\ 

fcsn 

*  1 

600 

550 

son 

G 

tsn 

< 

a  \ 

ton 

isn 

.100 

?Sl> 

/- 

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4\ 

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cm 

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e 

__. 









— , 

. 

;_ 

--. 

— 

0h*une  J2    2<f    36    *8    60     72     8t     96 


120    132   t¥>    156    168  180    192  2»    216   228  2»0  252  26k    276   283  300    312   32t   336    3W  360  372 


Quantité  respective  des  substances  élaborées  aux  dépens   de  la   matière   azotée. 

gr 

Azole  contenu  dans  les  5?r  d  asparagine  de  ilu  de  culture.  .      o,()33 

Azote  éliminé  à  l'état  d'ammoniaque  (A)  par  hydratation 

de  l'asparagine    sous   l'influence  de  la  diastase  pyocya-  Pour  >oo. 

nique o,4665         5o,o 

Azote  éliminé  à  l'état  d'ammoniaque  par  l'action  vitale  pro- 
prement dite  du  bacille  sur  l'acide  aspartique,  formé  par 
la  diastase 0,3835         L\i  ,  i 

Azote  retrouvé  clans  le  protoplasma  du  bacille  (le  poids  de 

celui-ci  étant  de  o8r,4io)  (Bj o,o435  4,66 

Azote  entré  dans  les  combinaisons  organiques  non  encore 

déterminées  (D) o,o385  4>°4 

Azote  de  la  pyoevanine.  Perte o,ooo3 

0,933 
G.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  14.)  9D 


(  7*8   > 

»  Observations.  —  A.  Les  bases  volatiles  sont  constituées  par  l'ammoniaque  :  on 
a  analysé  les  sels  cristallisés,  oxalate  et  chloroplatinate;  il  se  forme  cependant  une 
trace  de  méthylamine  dont  on  a  pu  déceler  la  présence  par  le  traitement  approprié 
d'une  grande  quantité  d'oxalate  des  bases  volatiles  totales. 

»  B.  Le  poids  des  microbes  varie  avec  l'âge  de  la  culture  :  il  peut  atteindre  0^,670 
vers  le  sixième  ou  septième  jour. 

»  C.  En  faisant  varier  le  poids  de  Fasparagine  (nous  avons  employé  2osr  de  cette 
substance  par  litre)  ou  obtient  dans  le  même  temps  et  absolument  en  quantité  pro- 
portionnelle les  mêmes  produits  ;  nous  donnerons  plus  tard  les  changements  qui  se 
produisent  quand  on  fait  varier  le  milieu  de  culture,  en  employant  par  exemple  la 
gélatine  à  la  place  d'asparagine. 

»  D.  Le  poids  de  ces  substances  peut  être  évalué  à  osr,  3oo,  par  la  différence  de  poids 
des  extraits  de  la  culture  filtrée  à  la  bougie  ou  non  filtrée  et  l'évaluation  des  matières 
minérales. 

»  Ajoutons  que,  d'après  les  expériences  suivantes,  le  bacille  dédouble 
l'asparagine  par  hydratation  au  moyen  d'une  diastase  ;  en  effet,  si  le  liquide 
de  culture  filtrée  à  la  bougie  n'a  presque  pas  d'action  sur  l'asparagine  in 
vitro,  les  bacilles  recueillis  sur  la  bougie,  lavés  et  délayés  dans  une  solution 
d'asparagine  contenant  du  chloroforme  (  '  )  pour  empêcher  toute  action 
vitale,  dédoublent  celle-ci  suivant  l'équation  connue 

CO.AzH2-CH.  AzH2-CH2-C02H  +  H20  =  C02AzIT-CH.  AzHa-CH2-CO*H. 

»  On  s'explique  facilement  pourquoi  cette  diastase  reste  fixée  en  majeure 
partie  sur  le  protoplasma  microbien  plutôt  que  de  passer  dans  le  liquide 
filtré,  par  les  belles  expériences  de  Wurtz  (•)  sur  la  fixation  de  la  pa- 
païne  (3)  sur  la  fibrine.  Dans  une  autre  Note,  nous  donnerons  les  résultats 
se  rapportant  à  l'assimilation  du  carbone  de  la  matière  organique  dans  la 
même  culture  et  nous  mettrons  en  évidence  le  rôle  prépondérant  de  l'oxy- 
gène dans  la  vie  du  bacille  pyocyanique.  » 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts.  M.  B. 


(')  Ce  liquide  reste  acide,  contrairement  à  ce  qui  se  passe  dans  la  culture  où  le 
microbe  évolue. 

(2)  Wurtz,  Comptes  rendus,  t.  XC,  p.  1379,  t.  XC1,  p.  787. 

(3)  La  bougie  ne  retient  pas,  croyons-nous,  les  vraies   diastases  étendues.   Expé- 
riences inédites. 


(  75g  ) 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du    6  avril  1891. 

Acta  mathematica,  journal  rédigé/wwG.  Mittag-Leffler.  i3.  Stockholm, 
F.  et  G.  Beijer,  1890;  1  vol.  in-4°. 

Annales  du  Bureau  central  météorologique  de  France,  publiées  par  M.  E. 
Mascart;  année  188g.  11.  Observations.  [IL  Pluies  en  France.  Paris,  Gau- 
thier-Villarset  fils,  1 891  ;  2  in-4°.  (Présenté  par  M.  Mascart.) 

Reconnaissance  hydrographique  des  côtes  de  Tunisie  (1 882-1 88G).  Exposé 
des  opérations;  par  MM.  L.  Manen  et  G.  Héraud.  Triangulation;  par  M.  F. 
Hanusse.  Paris,  Imprimerie  nationale,  MDCCCXC;  in-4°.  (Présenté  par 
M.  Bouquet  de  la  Grye.) 

Instructions  nautiques  sur  les  côtes  du  Brésil  (du  cap  San  Boque  au  Rio  de  la 
Plata)  et  le  Rio  de  la  Plata, :  par  M.  le  contre-amiral  Mouchez.  3e  édition, 
revue  et  complétée  par  M.  de  Roquemaurel.  Paris,  Imprimerie  nationale, 
MDCCCXC;  gr.  in-8°. 

Travaux  et  Mémoires  des  Facultés  de  Lille.  Tome  I.  Mémoire  n°  4,  A.  et  P. 
Buisine  :  la  Cire  des  abeilles  (Analyse  et  falsifications).  Lille,  au  siège  des 
Facultés,  1891  ;  gr.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Duclaux.) 

Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de  M.  G.  Chancel;  par  M.  R.  de  Forcrand. 
Paris,  G.  Masson,  1891  ;  br.  in-8°. 

Conférence  sur  la  Science  et  l'Art  industriel,  année  1890  (Bibliothèque 
Forney).  Paris,  J.  Michelet.  1  vol.  in-18. 

Harmonies  de  formes  et  de  couleurs  ;  par  M.  Charles  Henry.  Paris,  A.  Her- 
mann,  i8gi;br.  in- 16. 

Les  régicides  dans  l'histoire  et  dans  le  présent;  par  le  Dr  Emmanuel  Régis. 
Lyon,  A.  Storck  et  Paris,  E.  Masson,  1890  ;  br.  in-8°.  (Envoyé  au  concours 
du  prix  Chaussier.  ) 

La  pathogénie  dans  les  milieux  militaires  ;  par  M.  Kelch.  Paris,  Vve  Rozier, 
1891  ;  br.  gr.  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  baron  Larrey.  ) 

Annales  de  T Institut  de  pathologie  et  de  bactériologie  de  Bucarest,  publiées 
par  Victor  Babes.  XIe  année,  1888-89;  lre  Partie.  Bucuresci,  Imprimerie 
Statului,  1890;  gr.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Bouchard.) 

La  grande  chirurgie  de  Gvy  de  Chavliac,  composée  en  l'an  i363,  revue 


(  ?6o  ) 
et  collectionnée  sur  les  manuscrits  et  imprimés  latins  et  français,  ornée 
de  gravures  avec  des  Notes,  etc.  ;  par  E.  Nicaise.  Paris,  Félix  Alcan,  1890  : 
1  vol.  gr.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Bouchard.) 

Recherches  sur  les  tubercules  du  Rupia  rostellata  et  du  Zanichillia  polycarpa, 
provoqués  par  le  Tetramyxa  parasitica;  par  Edouard  Hisinger.  I.  Notice  pré- 
liminaire; Helsingfors  Simelius,  i887;br.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Statistique  des  Sciences  naturelles  et  des  Arts  indus- 
triels du  département  de  l'Isère;  3e  série.  Tomes  XIII  et  XIV.  Grenoble, 
Breynatet  Cie,  1884-90;  2  in-8°. 

Anna/es  de  la  Société  géologique  de  Belgique.  Tome  XVI,  2e  livraison.  — 
Tome  XVII,  4e  livraison.  Liège,  H.  Vaillant-Carmanne,  1890;  2  in-8°. 


ERRA  TA . 

(Séance  du  3i  mars  1890.) 

Note  de  M.  G.  Sire,  Sur  un  nouvel  appareil  gyroscopique,  page  639  : 

La  figure  qui  aurait  dû  être  annexée  à  la  description   du   gyroscope   alternatif  de 
M.  Sire,  page  1 55,  a  été  reportée  à  la  page  63g. 

Note  de  M.  A. -F.  Marion,  Nouvelles  observations   sur  la  Sardine  de 
Marseille  : 

Pages  64i,  642  et  64'!,  au  lieu  de  Poulines,  Polailles,  Issango,  lisez  partout  Pou- 
lines, Palailles,  Issaugo. 

Note  de  M.  R.  Moniez,  Les  mâles  chez  les  Ostracodes  d'eau  douce  : 

Page  670,  le  renvoi  (4)  doit  être  remplacé  par  le  renvoi  (')  de  la  page  671,  et  réci- 
proquement. 

Page  671,  ligne  12,  au  lieu  de  impossible,  lisez  possible. 
Page  671,  ligne  16,  au  lieu  de  Amérique,  lisez  Afrique. 
Page  672,  ligne  3,  au  lieu  de  chlorure,  lisez  chlorures. 


K  14. 

TABLE  DES  ARTICLES.    (Séance  du  G  avril  1891.) 


MEMOIRES    ET   C03IMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADEMIE. 


Pages 
M.  Emile  Picard.  —  Sur  un  système  d'équa- 
tions aux  dérivées  partielles 

M.  !..  Rànvier.     -  Transformation  in  uitro 
des    cellules    lymphatiques  en    clasmato- 

cytes 

VI.  Cu.  Bouchard.  —  Essai  de  vaccination 
par  des  doses  minimes  de  matière  vacci- 


Pages, 


"an  le 

68j  M.  Daubrée.  —  Interprétation  du  globe  de 
feu  peint  par  Raphaël  dans  son  Tableau 
de  la  ..  Madone  de  Foligno  » 

688  M.  Mascart  présente  les  Tomes  11  et  III  des 
h  Vnnales  du  Bureau  central  météorolo- 
gique "  pour  i88g 


mi 


NOMINATIONS . 


Commission  chargée  de  juger  le  concours  du 
prix  Martin-Damourette  de  l'année  1891  : 
MM.    Bouchard,    Charcot,    Brosvn-Sé 
quard,  Marey,  I  erneu.il 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du 
prix  Pourat  (Ponctions  du  corps  thyroïde) 
de  l'année  1891  :  MM.  Bouchard,  Ranyier, 
Vemeuil,  Sappey,  Brown-Séquard 

Commission  chargée  déjuger  le  concours  du 
prix  Gaj  (Des  lacs  de  nouvelle  formation 
et  de  leur  mode  de  peuplement  )  de  l'an- 
née 1891  :  MM.  A.  Milne-TSdwards,  Blan- 
chard, de  Lacaze-Dutkiers,  Daubrée,  de 


Quatrefages 

Commission  chargée  de  juger  le  concours  du 

prix    Môntyon  (  \ri~  insalubres)  de  l'an- 

698  née  isi|i  :  MM.  Armand  Gautier,  Schlœ- 

sing,  Schufzenberger,  Larrej  .  Duclaux.. 

Commission  chargée  d-'  juger  le  concours  du 
prix  Trémont  de  l'année  1891  :  MM.  Ber- 
698  trand,  Berthelot,  Faye,  Warcel  Deprez, 
de  Quatrefages 

Commission  chargée  déjuger  le  concours  du 
prix  Gegner  île  l'a ie  1891  :  MM.  Ber- 
trand, Berthelot,  de  Quatrefages,  Her- 
mite,  Fremy 


MEMOIRES  PRESENTES. 


MM.  Badin  et  Escoffier  adressent  les  résnl 
tats  de  leurs  recherches  sur  le  cuvage  des 
vins  à  vase  complètement  clos 69g 

M.  P.  Lagrange  adresse  un  Mémoire  ayant 
pour  titre  :  «  Méthodes  de  dosage  des  ma- 
tières organiques  dans  les    jus  de    bette- 


COHKESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpéti  1.1.  signale,  parmi 
les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance :  1"  un  volume  des  Actamathema 
tica;  2°  une  Notice  sur  la  vie  et  les  tra- 
vaux de  G.  Chancel,  par  M.  fi.  <!<■  For- 
crand ...    

M.  E.  Colin  adresse,  de  Madagascar,  ses  re- 
merciements pour  le  prix  Jérôme  Ponti 
qui  lui  a  été  décerné 

M.  L.  Cruls.  —  Loi  suivant  laquelle  la 
somme  des  distances  de  la  Lune  à  deux 
étoiles  quelconques  varie  en  fonction  du 
temps 

M.  G.  Bigourdan.  -  Nébuleuses  nouvelles, 
découvertes  à  l'Observatoire  de  Paris 

M.  IioiiREELY.  —  Observations  de  la  planète 
(309!  1  découverte  à  l'Observatoire  de  Mar- 
seille, équatorial  Eichens  (ouverture  : 
o-,258) 

M.  J.  Weingarten.  -  Sur  la  théorie  des 
surfaces  applicables  sur  une  surface  don- 
née   

M.  E.  Goursat.  -  Sur  la  théorie  des  sur- 
faces applicables 


69g 


M.  R.  Liocville.  —  Sur  un  problème  d'Ana- 
lyse qui  se  rattache  aux  équations  de  la 
Dynamique 

M.  II.  Padë.  —  Sur  les  fractions  continues 
régulières  relatives  a  <■■ 

M.  V.  Hubert.  —  Sur  le  mode  de  vibration 
des  membranes  et  le  rôle  du  muscle  thyro- 
aryténoïdien  

M.  Henri  Mqissan.  —  Préparation  ei  pro- 
priétés du  triiodure  de  bure 

\l.  K.  Péchard.  — Sur  un  nouveau  e posé 

oxygéné  du  molybdène 

VI.  G.-A.  LEROY.  —  Sur  nu  nouveau  mode 
de  séparation  du  1er  d'avec  le  cobalt  et  le 
nickel 

M.  J.-A.  Le  Bel.  Sur  la  dyssymétrie  et 
la  création  du  pouvoir  rotatoire  clans  les 
dérivés  alcooliques  du  chlorure  d'ammo- 
nium        

MM.  L.  G-rimaux  et  L.  Lefèvre.  —  Sur  les 
dérivés  mirés  de  l'ortho-anisidine  dimé- 
llivlée 

.M.  P.  Cazëneuve.  —  Sur  la  transformation 
pyrogénée  des  camphosulfophénols  en  ho- 
mologues du  phénol  ordinaire 


'il 


lu, S 


raves,  les  sucres  et  les  mélasses.  » 

M.  le  Ministre  ues  Affaires  étrangères 
transmet  une  Note  sur  un  système  de  frein 
pour  wagons  de  chemins  de  fer,  adressée 
par  M.    Irnaldi,  de  Palerme 


"i'i 


lioo 


09g 


bgg 


bgg 


T'I 


N°  14. 

SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES. 


Pages. 

M.  Raoul  Varet.  —  Sur  le  térébentbène.  .  .     7  I la 

M.  G.  Massol.  —  Sur  le  malonate  d'éthyle 
et  le  malonate  double  d'éthyle  et  de  po- 
tassium      734 

MM.  V.  MartiiCand  el  M.  Rietsch.  —  Des 
micro-organismes  que  l'on  rencontre  sur 
les  raisins  murs  et  de  leur  développement 
pendant  la  fermentation 786 

MM.  A.  et  P.  Buisine.  —  Contributions  i 
l'étude  de  la  théorie  du  blanchiment  à 
l'air 708 

M.  Alexis  Julien.  —  Loi  de  la  position  des 
centres  nerveux 7^1 

M.  G.  PoDCHET.  —  Nouvelles  observations 
sur  la  Sardine  océanique 744 

M.  15. -T.  Mamv.  —  Sur  le  prétendu  crâne  de 

Bulletin  bibliographique 

Errata 


Pai 
Moctézuma  II 

M.  P.  Termier.  —  Sur  l'existence  de  tufs 
d'andésite  dans  le  fiysch  de  La  Clusaz 
(  Haute-Savoie  ) 

M.  E.  Hêdon.  —  Sur  les  phénomènes  consé- 
cutifs à  l'altération  du  pancréas  détermi- 
née expérimentalement  par  une  injection 
de  paraffine  dans  le  canal  de  Wirsung... 

M.  E.  Gi.ey.  Sur  les  troubles  consécutifs 
à  la  destruction  du  pancréas 

MM.  A.  Arnaud  el  A.  Charrin.  —  Recher- 
ches chimiques  sur  les  sécrétions  micro- 
biennes. Transformation  et  élimination 
de  la  matière  organique  azotée  par  le  ba- 
cille pyocyanique  dans  un  milieu  de  cul- 
ture dé  ter  minée 


7  17 


7  >-' 

760 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLARS  ET  KILS, 
Quai  des  Grands-Ausustins.  55 


3â& 


1891 

PREMIER  SEMESTRE. 


or  1891 


COMPTES  REINDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.  LES  SECRETAIRES  PERPETUELS. 


TOME  CXII. 


N°15  (15  Avril  1891 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS  et  fils,  imprimeurs-libraires 

DES  COMPTES  KENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

(Juai  des  Graads-Augusiins,  55, 

1891 


REGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  1(1.  mai  i 8t5. 


-■^-■' ' 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
ï  Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier   ou   numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 
26  numéros  composent  un  volume. 
Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  Ie' .  —  Impression  des  travaux  de  i Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 

ou  par  un  Associé  étranger  del'Académie  comprennent 

au  plus  6  pages  par  numéro. 

1  101  j  es  Membres  qui   présentent  ces  Mémoires  s! 

Un  Membre   de  l'Académie  ne  peut  donner  aux  j  tenus  de  ]es  ré(iuire  au  nombre  de  pages  requis.  J 

Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année.  I  Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomil 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées  mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extn 

dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction  autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  fo 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académ 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Ra 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'auta 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  p 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personn 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ac 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un| 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 


: 


écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie   avant  de  les 


pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  of 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 
jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temp 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rem 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  su 
vant,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  ( 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 
Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative fail 


remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne  i  im  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprè 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de  I  l'impression  de  chaque  volume. 


lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré 


sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  \( 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivanti 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  13  AVRIL   1891, 

PRÉSIDENCE  DE  M.   DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE, 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  l'intégration  algébrique  des  équations 
différentielles.  Note  de  M.  II.  Poixcaré. 

«  La  question  de  l'intégration  algébrique  des  équations  différentielles 
du  premier  ordre  et  du  premier  degré  n'a  pas  attiré  l'attention  des  géo- 
mètres autant  qu'elle  le  méritait.  La  voie  a  été  ouverte,  il  y  a  vingt  ans, 
par  un  admirable  travail  de  M.  Darboux;  mais  les  analystes  ont  été  fort 
longtemps  sans  s'y  engager,  et  ce  n'est  que  tout  récemment  que  le  pro- 
blème a  été  repris  par  MM.  Painlevé  et  Autonne,  dans  deux  Mémoires  que 
l'Académie  vient  de  récompenser.  L'importance  du  sujet  me  décide  à  pu- 
blier quelques  résultats  qui  s'y  rapportent,  bien  qu'ils  soient  fort  in- 
complets. 

G.  R.,  1891,  ■"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  15.)  IO° 


(  762  ) 

»   J'écrirai  l'équation  différentielle  sous  la  forme  suivante 

dx     dy     dz 
x       y       z      =  o, 
I,       M      N 

L,  M,  N  étant  trois  polynômes  entiers,  homogènes  et  de  degré  m  en  r,  y 
et  z.  Le  nombre  m  s'appellera  la  dimension  de  l'équation. 
»   Si  l'intégrale  générale  est  algébrique,  elle  s'écrira 

/-+-  C<p  =  o, 

C  étant  une  constante  arbitraire,  et  /  et  <p  étant  deux:  polynômes  homo- 
gènes d'ordre  p  en  x,  y  et  z.  J'appellerai  remarquables  les  valeurs  de  C  pour 
lesquelles  le  polynôme  /+  Crp  n'est  pas  irréductible.  Si  l'intégrale  géné- 
rale algébrique  a  été  mise  sous  sa  forme  la  plus  simple,  ce  que  nous  sup- 
poserons, le  nombre  des  valeurs  remarquables  est  fini. 

»  Le  problème  de  l'intégration  algébrique  des  équations  différentielles 
serait  résolu  si  l'on  avait,  dans  tous  les  cas,  une  limite  supérieure  du 
nombre  p. 

»   Les  points  singuliers  de  l'équation  différentielle  sont  donnés  par  les 

équations 

L  _  M  __  N 
x~  y  "  n 

Ils  sont  au  nombre  de  m2  -+-  m  -t- 1  ;  nous  les  supposerons  tous  distincts. 

»  Soient  alors  x0,  y0,  z0  un  de  ces  points  singuliers;  dans  le  voisinage  de 
ce  point,  l'intégrale  générale  peut  se  mettre  sous  la  forme 

X^X^const., 

S  étant  une  constante,  et  X,  et  X2  étant  deux  séries  ordonnées  suivant  les 
puissances  de ~r>  ~r ~  et  «annulant  au  point  singulier. 

»  Il  v  a  quelques  cas  d'exception;  s'ils  se  présentaient,  on  serait  cer- 
tain que  l'équation  n'est  pas  intégrable  algébriquement;  on  en  serait  cer- 
tain également  si,  pour  un  des  points  singuliers,  l'exposant  S  n'était  pas 
réel  et  commensurable. 

»  Supposons  donc  que  S  soit  réel  et  commensurable;  nous  appellerons 
nœuds  les  points  pour  lesquels  cet  exposant  est  positif,  cols  ceux  pour  les- 
quels il  est  négatif. 


(  7°3  ) 

»   Nous  poserons  S  =  -  pour  les  nœuds,  S  =  —  -  pour  les  cols,  [j.  et  v 

étant  deux  entiers  premiers  entre  eux. 

»   J'envisage  un  nœud  et  je  suppose  que  la  courbe 

/+C?  =  o 

ait  en  ce  nœud  X  branches  distinctes;  ce  nœud  sera  d'ailleurs,  en  général, 
un  point  singulier  pour  chacune  de  ces  branches. 
»  Je  démontre  que  l'on  a 

p-  =  s  X2 p,  (m  -t-  i)p  =  S  X([a  -+-  v ), 

les  sommations  du  second  membre  devant  être  étendues  à  tous  les  nœuds. 

»  M.  Painlevé  a  posé  le  problème  suivant  :  Reconnaître  si  l'intégrale  gé- 
nérale de  l'équation  différentielle  est  une  courbe  algébrique  de  genre  donné. 
et  il  a  énoncé  un  certain  nombre  de  remarquables  propositions  qui  peu- 
vent aider  à  trouver  la  solution,  au  moins  dans  certains  cas  particuliers. 

»   Je  trouve,  en  appelant  q  le  genre, 


=  1  +  S  -    ( u.  H-  v) ■ 1    ; 


cette  formule  contient  la  solution  du  problème  de  M.  Painlevé  toutes  les 
fois  que  m  >■  l\. 

»  Considérons  une  valeur  remarquable  de  C  et  supposons  que/+  Csp 
ne  se  réduise  pas  à  une  puissance  d'un  polynôme  irréductible;  je  démontre 
que  la  courbe/-!-  Cep  =  o  va  alors  passer  par  un  col. 

»  Je  montre  encore  que  le  nombre  total  des  valeurs  remarquables  ne 
peut  dépasser  le  nombre  des  cols  de  plus  de  deux  unités. 

»    Voici  quelques  autres  résultats  : 

»   Si  tous  les  nœuds  ont  pour  exposant  S  =  +  1 ,  le  nombre  de  ces  nœuds 

.       ,    ,    (  m  -I-  2  )2 
est  au  moins  ceal  a -. 

&  4 

»    Si  S  =  -+-  1  pour  tous  les  nœuds  et  que  S  =  —  1  pour  tous  les  cols,  le 

,    .    ,                     1  .   (m  -t-  2)2 
nombre  des  nœuds  est  précisément  égal  a 7 

»   Si,  pour  tous  les  cols,  on  a  S  =  —  1,  on  a  la  formule 
a.,x.2(m  -+-  2)  =p(<x-,  +  «2). 
a,  et  a2  étant  deux  entiers  premiers  entre  eux. 


(  7^4) 

»  Cette  formule  limite  le  nombre  p  et,  par  conséquent,  résout  complè- 
tement le  problème  dans  ce  cas  particulier. 

»  Le  principe  qui  m'a  conduit  à  ce  résultat  est  peut-être  susceptible 
d'être  étendu  à  des  cas  plus  généraux;  j'espère  que  plus  d'un  cbercheur 
s'y  efforcera  dès  que  mes  démonstrations  seront  publiées.    » 


PHYSIQUE.  —  Description  du  manomètre  à  air  libre  de  3oo  mètres  établi 
à  la  tour  Eiffel;  par  M.  L.   Cailletet. 

«  On  sait  que  la  mesure  des  pressions  des  gaz  ou  des  liquides  ne  peut 
être  pratiquement  obtenue,  d'une  façon  précise  et  avec  une  approximation 
constante,  qu'à  l'aide  de  manomètres  à  air  libre;  c'est  pour  cette  raison  que, 
dans  des  expériences  antérieures,  j'avais  installé,  d'abord  sur  le  flanc 
d'un  coteau,  puis  plus  tard,  dans  le  puits  artésien  de  la  Butte-aux-Cailles, 
un  manomètre  à  air  libre  de  grande  dimension.  Cette  disposition  a  été 
reproduite  depuis  par  divers  physiciens;  mais  les  difficultés  de  manœuvre 
et  d'observation  d'un  instrument  installé  dans  ces  conditions  en  limitent 
l'emploi  et  laissent  subsister  des  incertitudes  sur  la  précision  des  résultats. 

»  La  construction  de  la  tour  Eiffel  offrait  des  conditions  exceptionnel- 
lement avantageuses  pour  l'installation  d'un  manomètre  à  air  libre  de  3oom, 
dont  tous  les  organes,  liés  d'une  façon  invariable  à  la  tour  elle-même, 
fussent  rendus  accessibles  à  l'observateur  sur  toute  son  étendue. 

»  La  pression  de  4°°  atmosphères,  que  mesure  un  pareil  manomètre 
ne  pouvant  être  maintenue  dans  un  tube  de  verre,  on  a  dû  recourir  à  un 
tube  d'acier  doux,  de  4,um>5  de  diamètre  intérieur,  relié  par  sa  base  à  un 
récipient  de  mercure.  En  comprimant  à  l'aide  d'une  pompe,  d'après  le  dis- 
positif bien  connu,  de  l'eau  sur  le  mercure,  on  peut  l'élever  graduel- 
lement jusqu'au  sommet  de  la  tour. 

»  L'opacité  du  tube  d'acier  s'opposant  à  la  lecture  directe  du  niveau  du 
mercure,  on  a  disposé  de  3m  en  3m,  sur  le  trajet  de  ce  tube,  des  robinets 
à  vis  conique,  dont  chacun  communique  avec  un  tube  de  verre  vertical, 
d'un  peu  plus  de  3m  de  hauteur. 

»  Lorsqu'on  ouvre  un  de  ces  robinets,  on  met  l'intérieur  du  tube  d'acier 
en  communication  avec  le  tube  de  verre  dans  lequel  peut  alors  pénétrer  le 
mercure.  La  position  du  niveau  est  donnée  par  une  échelle  graduée  placée 
derrière  ce  tube.  On  a  adopté  pour  la  confection  de  ces  échelles  le  bois 
verni,  de  préférence  aux  métaux.  On  sait,  en  effet,  que  le  bois  n'éprouve 


(  765  ) 
que  des  variations  insignifiantes  dans  le  sens  de  ses  fibres,  même  sous  des 
influences  atmosphériques  très  différentes.  Afin  d'assurer  la  stabilité  de 
ces  règles  graduées,  on  les  a  fixées  solidement,  dans  une  position  bien  ver- 
ticale, contre  des  supports  de  bois,  boulonnés  eux-mêmes  sur  les  pièces 
métalliques  de  la  tour. 

»  Pour  réaliser,  à  un  moment  donné,  une  pression  déterminée,  il  suffit 
d'ouvrir  le  robinet  qui  porte  la  division  correspondant  à  la  pression.  On 
fait  agir  la  pompe  hydraulique,  et,  quand  le  mercure  arrive  au  robinet,  il 
s'élève  en  même  temps  dans  le  tube  de  verre  et  clans  le  tube  d'acier. 

»  On  l'amène  alors  exactement  à  la  division  voulue  en  agissant  très 
lentement  sur  la  pompe  hydraulique;  si,  en  opérant  ainsi,  on  a  dépassé  le 
niveau  cherché,  on  laisse  échapper  une  certaine  quantité  d'eau  par  un  ro- 
binet de  décharge  placé  dans  le  voisinage  de  la  pompe.  Le  liquide  qui 
s'échappe  pénètre  clans  un  tuhe  de  verre  gradué,  placé  verticalement  et 
son  élévation  indique  l'abaissement  correspondant  de  la  colonne  de  mer- 
cure. Cette  manœuvre,  qui  se  fait  dans  le  laboratoire  installé  à  la  base  de 
l'appareil,  est  rendue  très  simple  au  moyen  d'un  téléphone,  que  l'obser- 
vateur emporte  avec  lui  et  qui,  à  chaque  robinet,  peut  être  mis  en  relation 
avec  le  poste  inférieur. 

»  Auprès  de  la  pompe  hydraulique,  se  trouve  un  manomètre  métallique, 
de  grande  dimension,  communiquant  avec  le  liquide  comprimé.  Ce  mano- 
mètre porte  une  première  graduation  en  atmosphères;  une  seconde  gra- 
duation correspond  aux  numéros  d'ordre  des  divers  robinets  :  on  sait  ainsi 
immédiatement  et  par  avance,  dans  quel  tube  de  verre  devra  s'élever  le 
mercure  sous  une  pression  donnée,  ce  qui  permet  de  trouver  sans  hésitation 
le  robinet  à  ouvrir. 

»  Si,  pour  une  cause  quelconque,  le  mercure  vient  à  dépasser  le  sommet 
de  l'un  de  ces  tubes  de  verre,  il  se  déversera  dans  un  tube  de  retour  en 
fer  destiné  à  le  ramener  au  pied  de  l'appareil. 

»  La  direction  inclinée  des  piliers  de  la  tour  ne  permettait  pas  l'installa- 
tion du  tube  d'acier  dans  une  direction  toujours  verticale.  De  la  base  de  la 
tour  à  la  première  plate-forme,  c'est-à-dire  jusqu'à  une  hauteur  de  6om 
environ,  ce  tube  est  fixé  contre  le  plan  incliné  d'un  des  rails  de  l'ascenseur  ; 
un  escalier  en  fer  le  suit  clans  toute  sa  longueur. 

»  Entre  la  première  et  la  deuxième  plate-forme,  c'est-à-dire  sur  une 
hauteur  à  peu  près  égale  à  la  précédente,  l'appareil  manométrique  est  in- 
stallé contre  l'escalier  hélicoïdal.  Celui-ci  se  divisant  en  plusieurs  tronçons 
verticaux,  non  superposés  à  cause  de  l'obliquité  du  pilier,  il  eu  est  de 


(  JM  ) 

même  du  tube  manométrique  qui  s'incline  pour  passer  d'un  de  ces  escaliers 
à  l'autre,  en  conservant  une  pente  assez  grande  pour  assurer  la  descente 
du  mercure  au  retour. 

»  Enfin,  de  la  deuxième  plate-forme  au  sommet,  le  tube  est  disposé  de 
la  même  manière  contre  les  escaliers  verticaux  en  hélice. 

»  L'observation  facile  est  donc  assurée,  comme  on  le  voit,  de  la  base  au 
sommet.  Les  échelles  graduées  qui  accompagnent  chaque  tube  de  verre 
n'étant  pas  superposées  verticalement,  on  a  opéré  de  la  manière  suivante 
pour  raccorder  leurs  graduations  : 

»  On  a  fixé  d'abord,  sur  le  trajet  du  tube  manométrique,  un  certain 
nombre  de  points  de  repère.  A  l'aide  d'un  niveau  à  lunette  employé  dans 
les  nivellements  géodésiques,  on  a  relevé  leur  altitude  au-dessus  d'un  trait 
fixe  gravé  à  la  base  du  récipient  de  mercure.  Pour  le  raccordement  de  deux 
règles  graduées  consécutives,  on  s'est  servi  de  deux  vases  communicants 
remplis  d'eau  et  réunis  par  un  tube  en  caoutchouc.  Les  deux  niveaux 
étant  dans  un  même  plan  horizontal,  c'est  dans  ce  plan  amené  à  coïncider 
avec  le  sommet  de  l'une  des  échelles  que  l'on  a  fixé  la  base  de  l'échelle 
suivante. 

»  Comme  la  précision  des  mesures  fournies  par  l'appareil  dépend  en 
grande  partie  de  l'exactitude  de  ce  nivellement,  on  a  contrôlé  l'opération 
précédente  à  l'aide  d'une  règle  d'acier  s'appuyant  sur  la  base  et  le  sommet 
de  deux  échelles  consécutives.  Un  niveau  à  bulle  d'air  constatait  la  par- 
faite horizontalité  de  la  ligne  de  raccordement  ;  d'ailleurs,  les  points  de 
repère  dont  on  a  parlé  plus  haut  ont  servi  eux-mêmes  successivement  de 
contrôle,  à  mesure  qu'on  s'élevait  dans  l'installation  des  échelles.  Enfin, 
pour  éliminer  toute  incertitude,  une  dernière  vérification  de  cette  gradua- 
tion sera  faite  prochainement  par  un  procédé  trigonométrique. 

»  Le  calcul  de  la  valeur  exacte  de  la  pression,  d'après  la  mesure  de  la 
colonne  de  mercure  soulevée,  nécessite,  pour  chaque  expérience,  un  cer- 
tain nombre  de  corrections  qui  dépendent  de  la  connaissance  de  plusieurs 
éléments. 

»  La  température  modifie  la  densité  du  mercure  et  fait  varier  la  hauteur 
de  la  tour  et,  par  conséquent,  du  tube  manométrique.  Un  calcul  simple 
montre  qu'un  écart  de  température  de  3o°  ne  fait  guère  varier  cette  hau- 
teur que  de  i  décimètre,  soit  j^-a  de  sa  valeur.  La  correction  due  à  la  den- 
sité variable  du  mercure  est  plus  importante  :  elle  serait  d'environ  -^  pour 
le  même  écart  de  3o°. 

»   La  mesure  de  la  température  moyenne  nécessaire  à  cette  double  cor- 


(  7«7  ) 
rection  est  obtenue  par  la  variation  de  la  résistance  électrique  qu'elle 
communique  au  fil  téléphonique  qui  suit  la  colonne  mercurielle  sur  tout 
son  parcours.  Des  thermomètres  enregistreurs,  installés  à  chaque  plate- 
forme, donnent  d'ailleurs  pour  chaque  expérience  une  indication  souvent 
suffisante. 

»  Les  autres  principaux  éléments  qui  interviennent  dans  les  corrections 
sont  :  la  compressibilité  du  mercure,  la  diminution  de  la  pression  atmo- 
sphérique à  mesure  que  la  colonne  s'élève  dans  le  tube  manométrique,  la 
variation  du  niveau  du  mercure  dans  le  réservoir  inférieur,  etc. 

»  Le  laboratoire  qui  contient  tous  les  accessoires  du  manomètre  est 
installé  dans  le  pilier  ouest  de  la  tour,  où  des  recherches  sur  la  tension 
des  vapeurs  et  la  compressibilité  des  gaz  sont  actuellement  en  voie  d'exé- 
cution. 

»  M.  Eiffel,  en  se  chargeant  de  toutes  les  dépenses  et  en  mettant  à  ma 
disposition  le  personnel  nécessaire  à  la  construction,  a  tenu  à  montrer  une 
fois  de  plus  l'intérêt  dévoué  qu'il  porte  à  la  Science.  J'espère  donc  que 
l'Académie  tiendra  à  s'associer  aux  sentiments  de  reconnaissance  que  je 
suis  heureux  d'adresser  ici  à  M.  Eiffel.    » 


M.  Tisserand  présente  à  l'Académie  le  tome  VIII  des  «  OEuvres  de 
Laplace  »  ;  c'est,  après  la  Mécanique  céleste  et  le  Calcul  des  probabilités, 
le  premier  volume  des  Mémoires  de  Laplace. 

M.  Haton  de  la  Gol'pillière  fait  hommage  à  l'Académie  de  son  «  Traité 
des  machines  à  vapeur  » .  Cet  Ouvrage,  qui  fait  suite  à  la  Thermodynamique 
du  même  auteur,  forme  le  premier  fascicule  du  tome  second  de  son  Cours 
de  Maclùncs. 


M.  H.  Resai.  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  volume  qu'il  vient  de  pu- 
blier, sous  le  litre  :  «  Exposition  de  la  théorie  des  surfaces  ». 


(  7^8  ) 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions, chargées  de  juger  les  Concours  de  l'année  1891  ou  de  présenter 
des  cpiestions  de  prix. 

Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Prix  Petit  d'Ormoy  (Sri  nces  mathématiques).  —  MM.  Hermite,  Picard, 
Darboux,  Foincaré,  Bertrand  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les 
Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Jordan  et 
Ossian  Bonnet. 

Prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences  nature/les).  —  MM.  de  Quatrefages,  A. 
Mil  ne-Edwards,  Duchartre,  Blanchard,  Daubrée  réunissent  la  majorité  des 
suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont 
MM.  de  Lacaze-Duthiers  et  Van  Tieghem. 

Prix  Cuvier.  —  MM.  Daubrée,  Gaudrv,  Fouqué,  de  Quatrefages,  A. 
Milne-Edwards  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui, 
après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Blanchard  et  de  Lacaze- 
Duthiers. 

Prix  Jean  Reynaud.  —  MM.  Bertrand,  Hermite,  Darboux,  de  Quatre- 
fages, Fremy  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après 
eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Berthelot  et  Fizeau. 

Commission  chargée  de  présenter  une  question  de  Prix  Bordin  (Sciences 
physiques)  pour  l'année  i8g3.  —  MM.  Daubrée,  de  Quatrefages,  Fizeau, 
Duchartre,  Fremy  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui, 
après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Cornu  et  Schlœsing. 

Commission  chargée  de  présenter  une  question  de  Prix Fourneyron  pour 
l'année  i8<)3.  —  MM.  Maurice  Lévy,  Boussinesq,  Sarrau,  Léauté,  Resal 
réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont 
obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Marcel  Deprez  et  Haton  de  la  Goupil- 
lière. 


(  7«%  ) 


RAPPORTS. 

MÉCANIQUE.  -    Rapport  sur  un  Mémoire  de  M.  de  Sparre,  ayant  pour  titre  : 
«  Sur  le  pendule  de  Foucault  » . 

(Commissaires  :  MM.  Hermite,  Sarrau,  Léauté,  etResal,  rapporteur.) 

«  L'auteur  a  pour  objet  de  traiter  la  question,  quelle  que  soit  la  gran- 
deur de  l'écart  initial  du  pendule  par  rapport  à  la  verticale  de  suspension. 

»  A  la  suite  d'une  discussion  à  laquelle  nous  ne  croyons  pas  devoir 
nous  arrêter,  M.  de  Sparre  estime  que,  tout  en  ne  tenant  compte,  finale- 
ment, que  de  la  première  puissance  de  la  rotation  diurne,  il  convient,  au 
point  de  vue  de  la  rigueur,  d'avoir  égard  à  certains  ternies  de  l'ordre  du 
carré  de  cette  rotation,  auxquels  il  assimile  les  effets  de  causes  secon- 
daires. Il  établit,  en  conséquence,  les  équations  du  mouvement  du  pendule 
en  affectant  de  coefficients,  fonctions  du  temps,  et  sous  une  forme  géné- 
rale, les  termes  dépendant  du  carré  de  la  rotation  diurne,  termes  qui  dis- 
paraissent plus  tard. 

»  Nous  arrivons  maintenant  à  la  parlie  principale  du  Mémoire.  L'auteur 
a  eu  l'ingénieuse  idée  de  substituer  au  pendule  sa  projection  sur  ce  qu'il 
appelle  le  plan  d'oscillation.  Il  remplace  ainsi  l'écart  du  pendule  par  une 
quantité  angulaire  algébrique.  Sa  méthode, couronnée  d'un  grand  succès, 
consiste  à  introduire  dans  son  analyse  les  intégrales  auxquelles  Cauchy  a 
donné  le  nom  d'intégrales  singulières.  Des  études  récentes  sur  la  considé- 
ration, due  à  Riemann,  des  discontinuités  appelées  coupures,  ont  rappelé 
l'attention  sur  les  intégrales  de  Cauchy. 

»•  C'est  en  suivant  cette  voie  que  M.  de  Sparre  est  parvenu  à  ramener  la 
solution  du  problème  du  pendule  de  Foucault  à  deux  quadratures,  qu'il 
développe  en  série. 

»  En  résumé,  M.  de  Sparre  a  fait  une  application  très  intéressante  de  la 
méthode  des  intégrales  singulières  de  Cauchy  à  un  problème  dont  les 
équations  différentielles  ne  paraissent  pas  pouvoir  s'intégrer  par  les  procé- 
dés ordinaires. 

»  En  conséquence,  la  Commission  propose  à  l'Académie  d'ordonner  l'in- 
sertion du  Mémoire  de  M.  de  Sparre  au  Recueil  des  Savants  étrangers.  <> 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  mises  aux  voies  et  adoptées. 

C    R.,  1891,  (••  Semestre.  (T.  CXII,  N°  15.)  ,01 


(  77°  ) 


MEMOIRES  LUS. 

GÉODÉSIE.  —  Sur  la  mesure  d'une  nouvelle  base  de  la  triangulation  française. 
Note  de  M.  le  général  Derrécagaix. 

«  Le  Service  géographique  a  procédé,  pendant  l'été  de  1890,  à  la  me- 
sure d'une  base  fondamentale  de  la  triangulation  française. 

»  La  constitution  de  la  Commission  internationale  des  poids  et  mesures 
et  la  nouvelle  définition  du  mètre  avaient,  en  effet,  rendu  indispensable 
une  nouvelle  détermination  du  rapport  de  l'unité  fondamentale  de  mesure 
et  du  côté  de  départ  de  nos  triangulations  primordiales. 

»  Choix  de  la  base.  —  L'impossibilité  de  reprendre  l'ancienne  base  de 
Delambre,  entre  Melun  et  Lieusaint,  étant  bien  établie,  la  base  actuelle  a 
été  choisie  sur  l'emplacement  de  l'ancienne  base  de  Picard,  c'est-à-dire  sur 
l'accotement  est  de  la  route  de  Paris  à  Fontainebleau,  entre  Aillejuif  et 
Juvisy.  Il  n'a  pas  été  possible,  cependant,  d'utiliser  les  termes  de  Picard, 
marqués  par  deux  belles  pyramides  qui  sont  la  propriété  de  l'Académie. 
L'une  de  ces  pyramides,  en  effet,  se  trouve  aujourd'hui,  par  suite  de  l'ex- 
tension du  village  de  Villejuif,  englobée  dans  les  habitations  et  est  devenue, 
au  point  de  vue  d'une  mesure  régulière,  entièrement  inabordable. 

»  Les  termes  de  la  nouvelle  base  ont  été  établis  :  le  terme  nord  à  200'° 
au  nord  de  l'intersection  de  la  route  de  Fontainebleau  et  de  la  route  de 
Versailles  à  Choisy-le-Roi  ;  le  terme  sud,  au  nord  du  hameau  de  Fromen- 
teau,  à  l'intersection  de  la  route  de  Fontainebleau  avec  le  chemin  de  Fro- 
menteau  à  Athis. 

»  Ces  termes  consistent  dans  une  chambre  souterraine  en  pierre  dure  de 
Lorraine,  fondée  sur  un  fort  massif  de  béton  et  recouverte  d'une  dalle  affleu- 
rant le  sol.  Un  pilier  indépendant,  enchâssé  dans  le  béton,  porte  un  repère 
cylindrique  en  platine,  dont  l'axe  définit  l'extrémité  de  la  ligne  mesurée. 

»   La  dalle  supérieure,  mobile,  permet  de  découvrir  le  repère. 

»  Après  la  mesure,  les  dalles,  remises  en  place,  ont  été  recouvertes 
d'une  pyramide  surbaissée  en  granit,  de  im,4°  de  hauteur,  destinée  à  pro- 
téger les  termes  et  à  en  marquer  l'emplacement. 

»  La  base  est  brisée  aux  f  de  sa  longueur  à  partir  du  terme  sud.  L'angle 
des  deux  segments  est  de  i4'  centésimales.  Un  terme  intermédiaire,  de 
dimensions  plus  restreintes,  a  été  établi  au  sommet  de  la  brisure. 

»  Appareil  employé.  —  L'appareil  employé  à  la  mesure  est  l'appareil 
bimétallique  ( cuivre  et  platine),  construit  par  Brunner  frères   pour  le 


(  7/1  ) 
Service  géographique;  il  peut  être  considéré  comme  un  modèle  de  con- 
struction contemporaine. 


»  Les  règles  ont  été  étalonnées  par  rapport  au  mètre  international  et 
les  coefficients  de  dilatation  mesurés  à  Breteuil,  au  Bureau  international 
des  Poids  et  Mesures,  par  MM.  Benoit,  Directeur  actuel  du  Bureau,  le 
lieutenant-colonel  Bassot,  le  commandant  Defforges  et  le  capitaine  Tracou. 

»  On  a  ainsi  obtenu  pour  les  deux  règles  les  équations  suivantes  : 


P 

L(f) 


w  =  4ooo32<f4-  (34<\463  -+-  0^,006760?. 


40007351*+  (72^,333  -t-  oi\o2628;)/. 


»  Une  nouvelle  détermination  directe  de  la  longueur  des  deux  règles, 
exécutée  après  la  mesure  au  Bureau  international,  a  donné  des  résultats 
qu'on  peut  considérer  comme  identiques  aux  précédents. 

»  Pendant  la  mesure,  les  portées  successives  sont  définies  parles  axes 
optiques  de  microscopes  verticaux  fermement  établis  sur  l'alignement  de 
la  base.  La  lecture  des  deux  règles  fournit,  par  la  différence  de  leurs  lon- 
gueurs, leur  température  commune  et,  par  conséquent,  la  distance  exacte 
des  deux  repères  (traits  o  et  4000)  de  la  règle  de  platine. 

)>  Dans  le  but  d'égaliser  autant  que  possible  la  température,  les  deux 
règles  ont  été  enveloppées,  pendant  les  opérations,  d'une  étoffe  de  laine 
épaisse  laissant  librement  circuler  l'air. 

»  Résultats  de  la  mesure.  —  La  mesure  a  été  exécutée  pendant  les  mois 
de  juin,  juillet  et  août  1890,  sous  la  direction  de  M.  le  lieutenant-colonel 
Bassot  et  de  M.  le  commandant  Defforges,  par  les  officiers  de  la  section  de 
géodésie,  MM.  les  capitaines  Brullard,  Couderc  de  Foulonque,  Guéneau 
de  Mussy,  Bourgeois,  Barisien,  Dumay,  Dumézil,  répartis  en  deux  brigades 
de  quatre  officiers  chacune,  qui  se  relevaient  toutes  les  semaines.  Ils  étaient 
assistés  d'un  personnel  auxiliaire  s'élevânt  à  cinquante-sept  hommes,  sous- 
officiers,  secrétaires  et  soldats. 


(  77^  ) 

»  Par  une  application  minutieuse  de  la  division  du  travail,  la  vitesse 
maximum  a  pu  être  portée  jusqu'à  cent  trente  portées  par  jour,  la  portée 
étant  exécutée  en  moins  de  deux  minutes.  La  vitesse  normale,  avec  le  per- 
sonnel indiqué,  serait  de  cent  portées  par  jour. 

»   La  base  a  été  mesurée  deux  fois  : 

»   La  première  mesure  a  duré  vingt-cinq  jours; 

»  La  seconde  mesure  a  duré  dix-huit  jours. 

»  La  base  a  été  fractionnée  en  segments  par  des  dalles  solidement  fon- 
dées et  scellées  dans  le  sol,  munies  de  plaques  de  cuivre  enchâssées,  por- 
tant sur  leur  surface  polie  un  repère  délié. 

»  Le  Tableau  ci-dessous  contient  la  longueur  obtenue  pour  chaque 
segment  dans  les  deux  mesures. 


Numéros 

des 
repères. 


Longueurs  totales 

Nombre  entre    les  repères.  Différences  : 

dc  __ ■ i"  mesure, 

portées.  i"  mesure.  2e  mesure.  2*  mesure. 

Premier  ses  ment. 


Terme  sud,  repère  n°    1 20 

Repère  n°    1,  repère  n°    2 52 

Repère  n°    2,  repère  n°    3 76 

Repère  n°    3,  repère  n°    k 80 

Repère  n°    4-,  repère  n°    5 4° 

Repère  n°    5,  repère  n°    6 72 

Repère  n°    6,  repère  n°    7 72 

Repère  n°    7,  repère  n°    8 68 

Repère  n°    8,  repère  n°    9 80 

Repère  n°    9,  repère  n°  10 80 

Repère  n°  10,  repère  n°  11 80 

Repère  n°  11,  terme  inte 4a 

Longueur  du  premier  segment. 

Second 

Terme  int,e,  repère  n°  13 80 

Repère  n°  13,  repère  n°  li 80 

Repère  n°  Ik,  repère  n°  15 80 

Repère  n°  15,  repère  n°  10 92 

Repère  11°  16,  repère  n°  17 72 

Repère  n°  17,  repère  n°  18 80 

Repère  n°  18,  repère  n°  19 84 

Repère  n°  19,  repère  n°  20 84 

Repère  n°  20,  repère  n°  21 92 

Repère  n°  21,  repère  n°  22 100 

Repère  n°  22,  repère  n°  23 100 

Repère  n°  23,  terme  nord 100 

Longueur  du  second  segment.  .  . 

Somme  des  deux  segments 

Réduction  à  la  ligne  droite 

Longueur  totale  de  la  base 


m         mm 

m         moi 

mm 

80.019,2 

8o.Ol8,2 

+ 

1,0 

208.049,4 

2o8.o49,3 

+ 

0,1 

304.077,6 

3o4.077,3 

-t- 

0,3 

320.080, I 

320.o8l ,0 

— 

0,9 

i6o.o35,2 

i6o.o35,2 

0 

288.064,3 

288.064,8 

— 

o,5 

288.074,4 

288.075,0 

— 

0,6 

272.077,5 

272.077,2 

+ 

o,3 

320. 100,4 

320.099,5 

-t- 

0,9 

320.o-j,q 

320.075,9 

0 

320.069,0 

320.068,3 

■+- 

0,7 

i68.6i5,6 

l68.6l4,9 

■+- 

°>7 

3o49- 338,6 

3o49-336,6 

2,0 

egment. 

m           u)m 

iu         mm 

mm 

320.o56,4 

32o.o55,9 

-+- 

0,5 

320.o52,8 

320.o53,6 

— 

0,8 

320.057 ,2 

320.(1.")",  .  - 

■,5 

368.0-  1  .ci 

368.073,6 

— 

2,6 

288.o46,3 

288:046,4 

— 

0,1 

32o. 0J7 ,4 

320. o58, 1 

0,7 

336.o56,g 

336.o55,7 

-F 

r,4 

336.069,9 

336.071 ,3 

— 

1,4 

368. 080, 6 

368. 082, 5 

— 

1,9 

4oo.o63,2 

4oo . o65 , 2 

— 

2 ,0 

4oo.o65, 1 

4oo . 067 , ô 

— 

2,4 

400.876,4 

400.878,6 
4177.064,1 

— 

2 ,2 

4177.553,    ! 

— 

•  0,9 

7226. S91 ,8 

7226.900,7 

4,o 

4 . 0 

7226,887,8 

7226.896,7 

— 

8,9 

(773) 
»  Eu  tenant  compte  de  la  réduction  au  niveau  de  la  mer,  —  om.  ogg""11, 8, 
la  longueur  de  la  base  est  à  ig°,26  du  thermomètre  centigrade 

7226m,792, 

avec  une   erreur  qui  ne  paraît  pas  dépasser  le  centimètre. 

»  Si  l'on  calcule,  par  l'enchaînement  de  la  nouvelle  Méridienne,  la 
valeur  du  côté  Melun-Lieu saint  à  partir  de  la  nouvelle  base,  on  trouve  : 

m 

Melun-Lieusaint  (nouvelle  base) 11842,  i4 

»  (Delambre) 11842, i5 

Différence —  0,01 

»  Il  y  aurait  donc,  au  point  de  vue  géodésique,  identité  absolue  entre  la 
base  de  Delambre,  telle  qu'elle  a  été  mesurée  avec  les  règles  de  Borda,  et 
la  nouvelle  valeur  déduite  d'une  opération  faite  avec  un  appareil  dérivant 
du  nouveau  mètre  international.  Il  faut  remarquer,  cependant,  qu'une 
concordance  aussi  parfaite,  des  deux  valeurs  du  côté  Melun-Lieusaint  doit 
provenir  d'une  heureuse  compensation  d'erreurs.  L'incertitude  introduite 
sur  la  première  parla  triangulation  de  raccordement  peut  être  en  effet  éva- 
luée à  un  demi-décimètre  (au  maximum). 

»  Mais  si  l'on  calcule,  à  partir  de  la  nouvelle  base,  les  côtés  de  jonction 
de  la  nouvelle  méridienne  avec  les  triangulations  anglaise,  belge,  italienne 
et  espagnole,  on  trouve  les  discordances  systématiques  suivantes  : 

Valeurs  Différences 

étrangères.  françaises.  absolues.  relatives. 


Avec  l'Espagne  (côté  Forceral-Canigou  ) .  3o  1 4  ' ,  «  5  3oi4i,5o,  —  o,44 

Avec  la  Belgique  (côté  kriiuiiel-Cassel).  22981,49  22981,80  —  o,3i 

Avec  l'Angleterre  (côté  Harlettes-Cassel) .  3745g, 64  37460,32  —0,68 

Avec  l'Italie  (côté  Mounier-Tournairet).  26009,80  26010, 3i  —  o,46 


1 

1.  8000 

1 

74000 

1 
55000 

1 
57000 


»  D'après  ces  différences,  avec  la  nouvelle  définition  du  mètre,  le  rap- 
port au  mètre  international  des  différents  étalons  géodésiques  étrangers 
(toise  de  Bessel,  toise  de  Struve,  règle  espagnole  de  4m),  tel  qu'il  résulte 
des  comparaisons  anciennes,  parait  systématiquement  trop  faible.  Il  ap- 
partient aux  métrologistes  d'en  donner  la  raison.  Il  serait,  en  tous  cas,  du 
plus  haut  intérêt  de  comparer  à  nouveau,  avec  toute  la  précision  des  mé- 
thodes modernes,  les  divers  appareils  de  base  au  mètre  international  et 
peut-être  aussi  de  remesurer  quelques-unes  des  bases  fondamentales  de 
l'Europe,  pour  en  raccorder  scientifiquement  les  triangulations.  » 


(  774  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Transformation  de  la  cupréine  en  quinine. 
Note  de  MM.  E.  Grimaux  et  A.  Arxaud. 

«  La  cupréine,  extraite  du  Quina  caprea  ou  Remijia  peduneulata,  par 
MM.  Paul  et  Cownley,  est  une  base  soluble  dans  les  alcalis,  se  colorant 
par  le  perchlorure  de  fer  et  qui  paraît  avoir  un  caractère  phénolique.  Si 
l'on  compare  sa  formule  C,9H22Az202  à  cellede  la  quinine  C20!^  Az202, 
ces  deux  corps  paraissent  avoir  la  même  relation  que  le  phénol  CcH60  et 
son  éther  méthylique  C7H80. 

»  La  cupréine  étant  un  corps  de  fonction  mixte,  moitié  base,  moitié 
phénol,  la  quinine  en  serait  l'éther  méthylique  (').  Les  expériences  sui- 
vantes ont  complètement  confirmé  cette  prévision. 

»  La  cupréine  qui  a  servi  à  nos  essais  a  été  purifiée  avec  soin  et  débar- 
rassée de  toute  trace  de  quinine.  Sa  pureté  absolue  a  été  démontrée  par  sa 
solubilité  dans  les  alcalis,  son  caractère  cristallin,  son  pouvoir  rotatoire, 
l'absence  de  fluorescence  de  son  sulfate  acide. 

»  La  cupréine  additionnée  d'une  quantité  théorique  de  sodium,  en  solution  dans  l'al- 
cool méthylique,  a  été  chauffée  au  réfrigérant  ascendant  pendant  quelques  heures  avec 
un  excès  d'iodure  de  méthyle.  Dans  ces  conditions,  il  se  forme  de  la  quinine  ou  méthyl- 
cupréine;  mais  le  phénomène  se  complique  d'une  réaction  secondaire:  l'iodure  de  mé- 
thyle se  fixe  sur  l'azote  pour  donner  des  iodométhylates  de  quinine,  que  l'on  sépare 
par  des  cristallisations  dans  l'eau  et  dans  l'alcool.  On  sépare  ainsi  le  monoiodométhylate 
en  fines  aiguilles  blanches  et  le  diiodométhylate  en  prismes  jaunes  :  ces  deux  corps  se 
confondent  parleurs  caractères  et  leurs  points  de  fusion  avec  les  deux  iodométhylates 
que  fournit  la  quinine  naturelle. 

»  Si  l'on  opère  en  vase  clos,  avec  l'iodure  de  méthyle  en  excès  et  la  cupréine  sodée, 
on  obtient  seulement  le  diiodométhylate  de  méthylcupréine  dont  les  propriétés  sont 
identiques  avec  celles  du  diiodométhylate  de  quinine  naturelle,  comme  le  montrent 
les  points  de  fusion,  les  pouvoirs  rotatoires  et  la  teneur  en  iode. 

Diiodométhylate  de  quinine 


synthétique.  naturelle. 

Point  de  fusion  avec  décomposition  partielle...  .  i67°-i68°  i67°-i68° 

Pouvoir  rotatoire (a)<tf—  —  i5o°,8       {a)d  —  —  i5t°,6 

Iode  pour  ioo 1 1  .  3^  41  ?  77 

('  )  M.  Hesse  avait  déjà  émis  cette  opinion,  et  avait  essayé  de  la  vérifier,  mais  ses 
expériences  l'avaient  conduit  à  une  conclusion  contraire.  Ce  n'est  pas  la  première  er- 
reur de  ce  genre  qu'il  ait  commise  :  quand  l'un  de  nous  eut  annoncé  la  transforma- 
tion de  la  morphine  en  codéine,  M.  Hesse  commença  par  nier  la  vérité  de  ce  fait  en 
opposant  ses  propres  expériences;  ce  n'est  que  plus  tard  qu'il  reconnut  son  erreur. 
(Voir  E.  Grimaux,  Bulletin  de  la  Société  chimique,  t.  XLV,  p.  i5.) 


(  775  ) 

»  De  plus,  les  iodométliylates  des  deux  origines  ont  la  propriété  de  se  dissoudre 
avec  une  fluorescence  d'un  beau  bleu  dans  l'acide  sulfurique  étendu  ('). 

«  En  remplaçant  dans  l'expérience  précédente  l'iodure  par  le  chlorure  de  méthyle, 
on  obtient  la  quinine  libre.  On  chauffe  à  ioo°  en  tubes  scellés,  pendant  douze  heures, 
un  mélange  d'une  molécule  de  cupréine,  un  atome  de  sodium,  une  molécule  de  chlo- 
rure de  méthvle,  le  tout  dissous  dans  l'alcool  méthylique.  On  évapore  à  sec  le  produit 
de  la  réaction,  on  traite  par  la  soude  faible  pour  enlever  la  cupréine  qui  n'aurait  pas 
réagi  et  l'on  agite  avec  de  l'éther  qui  s'empare  de  la  quinine.  Celle-ci  est  transformée 
en  sulfate  par  les  procédés  ordinaires  (2). 

»  Le  sel  ainsi  obtenu  présente  les  caractères  du  sulfate  de  quinine;  il  est  en  fines  ai- 
guilles légères,  groupées  en  faisceaux,  d'une  saveur  fortement  amère,  soluble  avec 
une  fluorescence  bleue  dans  l'eau  acidulée  d'acide  sulfurique.  La  solution,  additionnée 
de  potasse,  donne  un  précipité  blanc,  amorphe,  soluble  dans  l'éther. 

»  Les  expériences  précédentes  prouvent  que  la  cupréine,  étant  un  corps 
à  fonction  phénolique,  la  quinine  en  constitue  l'éther  méthylique.  Il  y  a 
lieu  de  remarquer  que  les  produits  naturels  extraits  des  végétaux  renfer- 
ment souvent  le  groupe  méthylique  et  jamais  le  groupe  éthylique;  ainsi 
l'alcali  de  la  ciguë  est  un  mélange  de  cicutine  et  de  méthylcicutine,  la  mor- 
phine est  accompagnée  dans  l'opium  de  méthylmorphine  ou  codéine,  la 
quinine  est  une  méthylcupréine,  l'eugénol,  l'essence  de  Gaultheria,  l'es- 
sence d'anis,  etc.,  sont  des  éthers  méthyliques  de  corps  phénoliques.  La 
raison  de  ce  fait  paraît  devoir  se  trouver  dans  le  mode  de  nutrition  des  vé- 
gétaux qui,  absorbant  l'acide  carbonique,  le  transforment,  par  un  acte  de 
réduction,  en  aldéhyde  méthylique,  puis  en  alcool  méthylique. 

»  La  transformation  de  la  cupréine  en  quinine  ne  fournit  qu'un  faible 
appoint  à  l'établissement  de  la  formule  de  constitution  de  la  quinine;  elle 
démontre  cependant  par  voie  synthétique  l'existence  dans  la  quinine  d'un 
groupe  OCH3.  Mais  elle  présente  un  intérêt  d'un  autre  ordre  :  elle  per- 
mettra d'obtenir  une  foule  de  bases  nouvelles  analogues  à  la  quinine,  con- 
stituant comme  elle  des  éthers  de  la  cupréine.  Ces  bases,  dont  il  faudra 
étudier  l'action  physiologique,  fourniront  peut-être  de  nouvelles  res- 
sources à  la  thérapeutique. 

»  Nous  continuons  l'étude  des  éthers  de  la  cupréine.   » 

(')  Nous  avons  aussi  préparé  le  diiodométhylate  de  cupréine  pour  le  comparer  au 
diiodométhylate  de  quinine.  Son  point  de  fusion  beaucoup  plus  élevé  est  de  235°  287°. 
(-)  C19H21Az20,  ONa  +  CH3C1  =  NaCl  +  C19H21AzjO,  OCH3. 

Cupréine  sodée.  Méthylcupréine  (quinine). 


(  77^  ) 
M.  de  Hacker  donne  lecture  d'un  Mémoire  «  Sur  les  vaccinations  anti- 
tuberculeuses en  général  et  sur  le  remède  du  Dr  Koch  en  particulier.    » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Jules  Gernaert  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire 
ayant  pour  titre  :  «  Conservation  des  bois,  créosotage  des  traverses  de 
cliemins  de  fer  ». 

(Commissaires  :  MM.  Van  Tieghem,  Schlœsing,  Bouquet  de  la  Grye, 
de  Bussy,  Chambrelent.) 

M.  P.  Mauvexu  adresse  la  description  d'un  «  Système  d'arrêt  des  stea- 
mers, permettant  d'éviter  les  collisions  en  mer  ». 

(Commissaires  :  MM.  Paris,  Jurien  de  la  Gravière,  de  Bussy.) 

CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  Barnard- Denning  et  des  nou- 
velles planètes  Borrelly  et  Palisa,  faites  à  l Observatoire  d'Alger,  au  téles- 
cope de  om,  5o  ;  par  MM.  Rambaud  et  St.  Note  présentée  par  M.  Lcewy. 


Étoiles 

Nombre 

Dates 

de 

de 

1891. 

Planètes 

comparaison. 

Gr. 

A«. 

AtO. 

compar. 

Obs 

Comète  Barnard-Den.mnt,. 

B.B.  t.  M  4-38°,  n°249 

9,3 

m        s 
— O.54,o8 

-+- 

o.5o,5 

8:8 

B 

4... 

» 

)> 

—0.53,43 

-+- 

0. 20,2 

6:6 

S 

5 

b 

W2'ih,  n°373 

9 

-i.i9,48 

■+- 

o.25,6 

10: 10 

S 

6 

c 

B.  B.  t.  VI  +  36°,  n°  253 

7>D 

-ho.   5,52 

— 

6. i3,o 

20: 10 

B 

6 

c 

» 

» 

H-o.   ;,3i 

— 

6.48,4 

20: 10 

S 

!■■ 

d 

W,  ih,  n°  488 

9 

—  1 . 3  r , 90 

r- 

7-3i,4 

10: 10 

B 

Planète 

BoRItEIXY. 

Avril  4  ■  ■ 

e 

W,  iah,  n°  285 

9>5 

-Hi .48,5o 

-r- 

3.   7,1 

10: 10 

B 

4-. 

» 

» 

-t-i.47>7a 

+ 

3. i3, 1 

10: 10 

S 

6 

•••     / 

W,  \i^,  n°  3oo 

9.° 

—0.42,97 

+ 

0.09,9 

12:12 

B 

6 

...      / 

» 

» 

— 0.43,52 

+ 

1.   4,o 

•  4:<4 

S 

Dates 
1891. 


(    777     ) 


Htoiles 

de 

Planètes.            comparaison. 

Gr. 

A. 11. 

Planète 

PALIS 

m 

g       Lamonl.  -  -  6°,  ii " 

i44a 

IO 

-f-0.48,  i5 

g 

10 

4-0.47,27 

40 


•10.  i  1 ,  a 


\  >iiihre 

de 
com])ar.     0>: 


\o\  10 


Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Dates 
1891. 

Avril  4 

(i 


a 
b 
c 
à 
c 
I 


Ascension 
droile 
moyenne  1891,0. 
Il       m      s 

i.i6. 58,63 

'■'9-47,79 

1 .2o.3g,44 

t.  24. 26, 71 

12.19.54,71 

I2.20.53, io 

12 .3g. 30,98 


Réduction 

au 

jour. 

—  2,0D 

— 2,01 

-•,98 

—  1 ,  94 
-i-1 ,02 
-t-i,o3 

-+- 1 


I  déclinaison 
moyenne  iSgi,o. 

+38°.  54.23",i 
+37.51 .22,0 
4-36.55.43,2 
4-35.28.28,8 

—  1.32.19,4 

—  1 .  17  .  0,8 

—  6.21. 3o , 5 


Réduction 

au 

jour. 

Il 

-5,4 

—  5,5 
-5,7 
— 5,6 

-7,o 
-7,o 

-7,5 


Autorités. 

B.  B.,  t.  V 

Weisse2 

B.  B.,  t.  V 

Weisse2 

Weissej 

Weissej 

Laniont 


Positions  apparentes  de  lu  comète  et  des  planètes. 


Dates 

Temps  moyen 

Asc.   droite 

1         faci 

Déclinaison 

Log.  fuel 

1891. 

d'Alger. 

apparente. 

parall. 

apparente. 

parall . 

Comète  Barnard-Denning. 


Avril  .' 


7 

35 

i5 

1.16.   2,5o 

■'>7<M 

-^38.55.   8,2 

o,44o 

7 

46 

1 

1 . 1  (3 .   3 , 1 5 

1 ,756 

4-38.54.37,9 

,,.  ',, ,7 

7 

•47 

1 

1 . i8.26,3o 

1,748 

4-37.51 .42,  1 

0 ,  \  1 6 

7 

.36 

58 

1  .20.42,;   i 

T,748 

4-36.49.24,5 

0,400 

7 

.52 

/ 

1.20.44,77 

1  .737 

4-36.48.49," 

0,4l0 

7 

42 

38 

1 .22.52,87 

1 ,7;!; 

4-35.45.54,6 

0,  1  Jg 

Avril  4 g .  4° .  37 

4 '»•   4-57 

6 10.3- . 1 1 

6 io.52 .5o 


Planète  Borrelly. 

12  .  21 .44,23  T,338;; 

12.21 . 43 1 45  7,23ù„ 

12.20.11,16  5,95o„ 

12.20.10,61  2,756,, 


1.29.19,3 
1 .29. 1 3, 3 
1.16.  7, g 
1.16.   3,8 


0,736 

o,-.î6 
0,705 
0,735 


Planète  Palisa. 

Avril  7 ii.23.i4  12.40.20,16  2,444« 

7 ii.36.3g         12.40.19,28         4,62g 

C.   K.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CXVI,  K°  15.) 


6.11.16,7        0,77g 
6.11 .20,2        0,77g 

U)2 


I    77*    I 


analyse  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équations  différentielles  linéaires. 
Note  de  M.  E.  Vessiot,  présentée  par  M.  Picard. 

«  Dans  une  Note  des  Comptes  rendus  (i883)  cl.  dans  un  Mémoire  des 
Annales  de  Toulouse  (1887  ),  M.  Picard  a  établi,  à  l'égard  des  équations 
différentielles  linéaires,  un  théorème  analogue  au  théorème  fondamental 
de  Galois  sur  les  équations  algébriques.  Cette  proposition  peut  être  com- 
plétée et  servir  ainsi  de  fondement  à  une  théorie  de  l'intégration  des  équa- 
tions linéaires  semblable  à  la  théorie  de  Galois. 

»  Soient  x..  x2,  ..  xn  des  fonctions  indéterminées  d'une  variable  /; 
elles  forment  un  système  fondamental  d'intégrales  d'une  équation  linéaire 

d" ./'  d"-'.r 

(0  dF+P'Hï^-  -Pn*=0. 

Nous  désignons,  pour  abréger,  par  R  (  r  ,  . . .,  xn)  une  fonction  rationnelle 
de  t,  de  x. ,  .  .,  xn  et  leurs  dérivées,  et  nous  considérons  les  diverses 
fonctions  qui  s'en  déduisent  par  les  transformations  linéaires'  et  homo- 
gènes enx, .r„. 

»   On  sait,  d'après  un  théorème  de  M.  Appell,  cpie  si  R  admet  toutes  ces 

transformations,  elle  s'exprime  rationnellement  au  moyen  de  /,  de  », , p„ 

et  leurs  dérivées.  En  général,  R  admet  seulement  un  certain  groupe  (algé- 
brique) de  ces  transformations  ayant,  par  exemple,  p  =  n~  —  s  paramètres, 
c'est-à-dire  admet  un  groupe  de  p  transformations  infinitésimales  linéaires 
et  homogènes.  Alors  R  est  intégrale  d'une  équation  différentielle  algébrique 
d'ordre  s,  à  coefficients  rationnels  en  t,  en  /;,.  . ..,  pn  et  leurs  dérivées. 
Cela  résulte  du  théorème  suivant,  qui  se  déduit  facilement  de  la  théorie  des 
groupes  de  M.  Lie. 

»   Théorème  I.   —    ,SÏ  l'on  effectue  dans  une  fonction  $(.r, xn)  la 

transformation  générale  d'un  groupe  à  r  paramètres  en  x, ,  . .  . ,  xn,  /u  fonction 
obtenue  dépend  de  r  —  p  paramètres  essentiels,  si  $  admet  précisément  p  trans- 
formations infinitésimales  du  groupe. 

»  Soit  maintenant  S(x{,  . . .,  xn)  une  autre  fonction  de  la  même  nature 
que  R.  La  théorie  de  M.  Lie  sur  les  invariants  différentiels  conduit  à  un 
théorème  cjui  correspond  au  théorème  de  Lagrange,  dans  la  théorie  des 
substitutions. 

»  Théorème  II.  —  Si  S  admet  toutes  les  transformations  infinitésimales  de 


(  779  ) 
R ,  elle  s'exprime  algébriquement  au  moyen  de  t,  de  pt,  . .  . ,  p„,  R  et  de  feu/s 
dérivées. 

»  On  peul  aussi  établir  une  autre  proposition,  qui  complète  la  précé- 
dente : 

»  Théorème  II  bis.  —  Si  S  admet  toutes  les  transformations  finies  (linéaires 
et  homogènes')  que  R  admet,  elle  s'exprime  rationnellement  au  moyen  de 
de  p,  . . . ,  pn,  Re/  de  leurs  dérivées. 

»  Enfin,  si  S  admet  seulement  p'  des  transformations  infinitésimales 
de  R,  elle  dépend,  en  vertu  du  théorème  I,  d'une  équation  différentielle 
algébrique  d'ordre  p  —  p',  dont  les  coefficients  sont  rationnels  en  /, 
pt,  ...,  pn,  R  et  leurs  dérivées.  Le  cas  où  les  transformations  infinitési- 
males de  R  que  S  admet  sont  au  nombre  de  p  —  i  et  forment  un  sous- 
groupe  invariant  du  groupe  de  R  offre,  pour  la  suite,  un  intérêt  spécial. 
L'équation  précédente  est  alors  du  premier  ordre  et  s'intègre  par  qua- 
dratures. 

»  Supposons  maintenant  que  l'équation  (i  )  soit  une  équation  particu- 
lière donnée;  alors  les  théorèmes  II  et  II  bis  conduisent  aux  deux  théorèmes 
suivants,  analogues  au  théorème  fondamental  de  la  théorie  de  Galois. 

»  Théorème  III.  —  A  toute  équation  linéaire  (  i  )  correspond  un  groupe  T  de 
transformations  infinitésimales  linéaires  et  homogènes,  tels  que  :  i°  toute 
/onction  R  qui  s'exprime  algébriquement  au  moyen  de  t,  de pK,  . . .,  pn  (des 
fondions  adjointes,  s'il  y  en  a  )  et  de  leurs  dérivées,  admet  le  groupe  Y  ; 
2°  toute  fonction  R  qui  admet  ce  groupe  s' exprime  algébriquement  en  fonction 
des  mêmes  cléments. 

»  Théorème  III  bis.  —  A  toute  équation  linéaire  (i)  correspond  un  groupe  G 
de  transformations  finies  linéaires  et  homogènes,  tels  que  :  i°  toute  fonction  R 
qui  s'exprime  rationnellement  (toujours  au  moyen  des  éléments  précédents 
admet  le  groupe  G  ;  2°  toute  fonction  R  admettant  le  groupe  G  s'exprime  ra- 
tionnellement (en  fonction  des  mêmes  éléments). 

»  Le  groupe  G  est  celui  que  M.  Picard  a  nommé  le  groupe  de  transfor- 
ions de  l'équation,  T  est  le  plus  grand  groupe  de  transformations  infi- 
nitésimales contenu  dans  G.  M.  Picard  avait  déjà  démontré  la  première 
partie  du  théorème  précédent. 

»   Les  théorèmes  sur  la  réduction  du  groupe  T  ou  G  par  l'adjonction 
d'intégrales  d'équations  auxiliaires  sont  analogues  aux  théorèmes  connus 
de  la  théorie  de  Galois.  Combinés  avec  les  remarques  précédentes,  ils 
duisent  aux  résultats  suivants  : 

)   Théorème  IV.  -  Pour  que  l'équation  (  i  ;  soit  intégrable  par  quadratures, 


(  7»o  ) 
il  faut  et  il  suffit  que  le  groupe  Y  soit  un  groupe  intégrable,  c'est-à-dire  con- 
ti  une  un  sous-groupe  invariant  à  un  paramètre  de  miins,  celui-ci  de  même,  et 

ainsi  de  suite. 

»   Corollaire.  —  Une  équation  linéaire  d'ordre  supérieur  au  premier  n'est 

pas  en  général  intégrable  par  quadratures. 

»  On  peut  donner  à  l'énoncé  précédent  une  autre  forme,  analogue  à 
un  théorème  de  Galois  sur  les  équations  algébriques  de  degré  premier. 

»   Théorème  VI.  —  il  étant  un  invariant  rationnel  du  groupe 

df  df  df  df  df  df     v    df  df 

pour  que  l'équation  (  ;  )  soit  intégrable  par  quadratures,  il  faut  et  il  suffit  que 
l'équation  d'ordre  —     —  —  dont  dépend  il  ait  une  intégrale  rationnelle. 

»  Dans  le  cas  du  deuxième  ordre  il  —  -~  et  on  retombe  sur  un  théo- 
rème connu  de  Liouville. 

»  Plus  généralement,  la  connaissance  du  groupe  Y  ou  G  permet  de 
réduire  l'intégration  de  l'équation  (i)  à  celle  d'une  suite  d'équations  plus 
simples. 

»   Ajoutons  enfin  que   la  théorie  précédente  s'étend,   dans   ses  points 

;entiels,  à  toutes  les  équations  différentielles  qui  jouissent,. comme  les 
é  -nations  linéaires,  de  cette  propriété  que  leur  intégrale  générale  s'ex- 
prime, par  une  formule  connue,  en  fonction  d'un  certain  nombre  d'inté- 
grales particulières.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une   classe  de  nombres  complexes.   Noie 
de  M.  André  Markoff.  Extrait  d'une  Lettre  adressée  à  M.  Hermite. 

«  Je  considère  les  nombres  entiers  algébriques  qui  dépendent  de  y/A, 
A  étant  un  nombre  entier  ordinaire. 

»  Par  les  théories  de  MM.  Dedekind  et  Zolotareff,  la  décomposition  en 
facteurs  des  nombres  entiers  qui  dépendent  de  la  racine  d'une  équation 
algébrique  se  réduit  à  celle  des  nombres  entiers  premiers  ordinaires. 

»  En  supposant  A  =  a2  b,  où  le  produit  ab  n'est  divisible  par  aucun 
carré,  et  en  décomposant  en  facteurs  premiers  idéaux  (ou  existants)  a, 
p,  y  les  nombres  p  premiers  ordinaires,  je  parviens  aux  résultats  suivants  : 

»    i"  d  est  un  diviseur  de  b  :  n  =  a3,  où  a  est  le  facteur  commun  de  pet 

de  vÂ; 


(  78'    ) 

»   2° p  est  un  diviseur  de  a  :  p=  a3,  où  a.  est  le  facteur  commun  de  p  et 

,    (A ;        n  — ■ 
de  —  -  =  <Jau-  ; 

(Y  V 

»   3°  p  =  3k  —  i  ne  divise  pas  A  :  p  =  «p. 

»  Dans  ce  cas,  a  est  le  facteur  commun  de  p  et  de  a?  —  y/A  et  p  le  fac- 
teur commun  de/;  et  de  xz  +  x  y/ A  4-  y/A2 ,  où  a?  est  un  nombre  entier  ordi- 
naire, pour  qui  a3  —  A  est  divisible  par  p  et  n'est  pas  divisible  par/)2. 

»  4°  />=  3/5-  +  i  est  un  nombre  algébrique  premier,  si  A  n'est  pas  un 
résidu  cubique  de/J. 

»  5°  p  =  3k  -f-  i  —  oepy,  si  A  =  2,  4,  J,  7  (mod  9),  3  est  cube  d'un  divi- 
seur de  1  zc  y/A. 

»  f>°  /;  =  3,  .4  =  2,  4,  5,  7  (mod  9).  On  a,  3  =  a3,  x  étant  le  diviseur 

commun  de  3  et  de  y/A2  —  1 . 

»   70  p  =  3,  A  =  iog-,  19^  (mod  27  i,£==±i.  Dans  ce  cas/)  =  3  =  a2(ï, 

où  a  est  le  facteur  commun  de  Z  et  de  -     ^4 V—  et  (3  est   le  facteur 

commun  de  3  et  de  —    q-2--  ■ 

»  8°  p  —  3,  A  e= g  (mod  27  ; .  g'  =  ±  î.  Dans  ce  cas  p  =  3  =  y.2  [i,  ou  a 
est  le  facteur  commun  de  3  et  de  -  :L^—  et  (3  est  le  facteur  com- 

mun  de  3  et  de  — 

,j 

»  Je  parviens  à  ces  résultats  en  suivant  les  idées  de  Zolotareff. 
»  Quant  à  la  forme  des  nombres  entiers,  qui  dépendent  de  y/A  =  y  a3  />. 
elle  est 

Z  H-  Y  sjdÀb  -+-  Z\iaù'- , 


si  a2/>      2,  3,  4i  >.  "'•  ;    mod 9  |  et 

_.  1       h  \la%b  -+-  a  Jab"-        v  •  —77-        ^  */"" r^ 

si  crb".—    mod 9),  X,  Y,  Z  étant  des  nombres  entiers  ordinaires. 

»  Je  remarque  encore  que,  dans  le  domaine  des  nombres  algébriques 
qui  dépendent  de  y/3  et  de  y/10,  tous  les  facteurs  idéaux  se  réduisent  aux 
nombres  existai! '.   . 


(    7«2   ; 
»   On  a,  en  effet, 

2  =  (3y/3  -  ^(l/y  +  lfi-i-,  , 

3  =  (y3)s, 

5  =  (_3v/3  +  2)(v^-4-2v/34-    |    . 

7  =  nombre  premier, 
r  t  =  (ï/3  +  2)(N/3Ï_  2 y/3  +.  4), 
i3  =  nombre  premier, 

i7  =  (83/'3T  +  i23y3  +  i7)(8v/3*  -  i23v/3  +  i), 
19  =  nombre  premier, 

23  =  (43v/^  ■+-  5  3y/Z  -h  8)  (-  7  v''3^  +  8^/3  -+-  4) ■ 

67  =  (v/3  +  4)  (4\/3  -f-  5)  (3  V/3Ï+  4  \/3  +  1  . 

»   J'indique  ensuite  ces  exemples  numériques  pour  les  nombres  com- 
plexes qui  dépendent  de  y^io. 

2  =  (y/io  —  s)3 (181  +  84v/'°  ^:    39\/iooj  l'unité  complexe, 

.,  /  1  +  y/io  h-  y/ioo  V  (\/io  —  1) 


3 

3/ 


5=(5  +  2yio  -f-y/ioo)3  (1  -+-  Gy'io  —  3  y  roo)  l'unité  complexe, 
y  =  nombre  premier, 


37  —  (3  -+-  ^io)  (i3  +  6\'  10-1-  3  y  100)  (3  +  3^/io —  2  y'ioo), 
.     __  i3  -+-  7v/io  ■+-  4^/100        —37  +  23^/70  —  ^/100 

q  I  —  -,  X  5  > 


»  La  théorie  de  la  décomposition  des  nombres  entiers,  qi:i  dépendent 
d'une  racine  cubique  y  A,  en  facteurs  premiers,  peut  être  exposée  d'une 
manière  très  simple  et  expéditive,  en  suivant  les  idées. de  Zololareff.  » 


783    i 


ÉLECTRICITÉ.  —  Rapport  entre  l'unité  électromagnétique  et  l'unité  électrosta- 
tique d'électricité.  Note  de  M.  H.  Pellat,  présentée  par  M.  Cornu. 

«  Le  rapport  qui  existe  entre  l'unité  électromagnétique  et  l'unité  élec- 
trostatique d'électricité  est  le  même,  comme  il  est  facile  de  le  voir,  que  le 
rapport  du  nombre  qui  exprime  en  unités  électromagnétiques  une  diffé- 
rence de  potentiel  à  celui  qui  exprime  cette  même  différence  en  unités 
électrostatiques.  C'est  ce  dernier  rapport  que  j'ai  mesuré. 

»  En  vertu  de  la  relation  d'Ohm  (e  '/•),  la  mesure  absolue  en  unités 
électromagnétiques  a  été  ramenée  à  la  mesure  absolue  d'une  résistance  (r) 
et  à  celle  d'un  courant  (i);  cette  dernière  mesure  a  été  obtenue  au  moyen 
de  mon  électrodynamomètre  absolu  ('  |.  Pour  la  mesure  de  résistance  j'ai 
admis  que  l'ohm  vrai  était  les  i|^  de  l'ohm  légal.  Enfin  la  mesure  en 
unités  électrostatiques  a  été  faite  avec  l'électromètre  absolu  rie  Sir  W. 
Thomson.  Voici  la  description  de  la  méthode  employée. 

»  Le  courant  fourni  par  une  pile  (A)  de  plusieurs  centaines  de  petits 
éléments  passe  dans  une  grande  résistance  (R)  composée  de  n  résistances 
égales  (R'  =  ioo  ooo'").  La  différence  de  potentiel  aux  extrémités  d'une  de 
ces  résistances  R'  était  opposée  à  la  force  électromotrice  d'une  pile  (B)  de 
treize  éléments  Latimer  Clark.  La  compensation,  observée  au  moyen  d'un 
électromètre  capillaire,  était  produite  et  maintenue  exactement  en  ajou- 
tant ou  retranchant,  à  l'aide  d'un  commutateur  convenable,  soit  quelqui 
éléments,  soit  une  fraction  d'élément  à  la  pile  A.  Cette  opération,  dont  un 
aide  était  chargé,  assurait  la  constance  du  courant  de  la  pile  A  pendant  les 
mesures;  la  différence  de  potentiel  aux  extrémités  de  la  résistance  R,  qui 
était  mesurée  à  l'électromètre  Thomson,  valait  ainsi  exactement  n  fois  la 
force  électromotrice  (E)  de  la  pile  B.  Pour  obtenir  E,  on  comparait  par 
opposition  chacun  clés  treize  éléments  de  B,  avec  un  latimer-clark  étalon 
(T)  pourvu  d'un  thermomètre,  en  complétant  la  légère  différence  par  une 
dérivation  prise  sur  un  courant  et  en  se  servant  d'un  éleclromètre  capil- 
laire très  sensible.  Enfin  la  force  électromotrice  de  l'élément  T,  donnée 
d'après  sa  température  dans  chaque  expérience,  était  déterminée  en  valeur 
absolue  de  temps  en  temps  (tous  les  trois  mois  environ)  de  la  manière 
suivante.  L'élément  T  était  opposé  à  la  différence  de  potentiel  produite 

(')   Comptes  rendus,  t.  CM,  p.   n!Sy;  i'sS<'. 


7^-1  ) 
aux  extrémités  d'une  résistance  (r)par  le  passage  d'un  courant  (i),  mesuré 
au  moyen  de  l'électrodynamomètre  absolu;  la  compensation  observée  au 
moyen  d'un  électromètre  capillaire  très  sensible  était  obtenue  et  maintenue 
à  l'aide  d'un  rhéostat  placé  dans  le  circuit  du  courant  (i);  cette  opération, 
dont  un  aide  était  chargé,  assurait  l'invariabilité  du  courant  (i)  pendant 
la  mesure  à  l'électrodynamomètre.  La  résistance  (/■),  en  fil  nu,  était  placée 
dans  un  bain  de  pétrole  dont  la  température,  rendue  uniforme  par  l'agita- 
tion, était  mesurée;  cette  résistance  a  été,  à  plusieurs  reprises,  comparée 
aux  étalons  mercnriels  de  M.  Benoit.  La  relation  e  =  //fournissait  la  force 
électromotrice  (e)  de  l'élément  T. 

»  La  mesure  à  l'électromètre  absolu  se  faisait  en  alternant,  à  l'aide 
d'un  commutateur  soigneusement  isolé,  les  communications  entre  les  ex- 
trémités de  la  résistance  R  et  soit  le  plateau  attractif  soit  l'armature  exté 
rieure  de  la  bouteille  de  Leyde  de  l'électromètre.  De  cette  façon,  le 
déplacement  du  plateau  attractif  mesurait  le  double  de  la  force  électro- 
motrice (/*E)  existant  aux  extrémités  de  la  résistance  R.  En  croisant  ainsi 
les  expériences  à  des  intervalles  égaux  (3o  secondes),  on  éliminait  l'erreur 
due  à  la  déperdition,  très  faible  du  reste,  de  la  bouteille  de  Leyde.  Chaque 
détermination  comprenait  de  dix  à  vingt  expériences  croisées. 

i)  Après  une  étude  de  la  disposition  expérimentale,  qui  a  duré  plus  de 
trois  ans,  deux  séries  définitives  d'expériences  ont  été  effectuées.  La  pre- 
mière (mai-juin  1890),  comprenant  vingt  déterminations,  a  été  faite  en 
employant  une  résistance  R  d'un  mégohm,  aux  extrémités  de  laquelle  se 
trouvait  une  différence  de  potentiels  de  189  volts;  elle  a  donné  comme 
résultat  v  =  3,0098  X  1010.  La  seconde  (octobre-décembre),  comprenant 
trente-trois  déterminations,  a  été  faite  en  employant  comme  résistance  R 
deux  mégohms,  aux  extrémités  de  laquelle  se  trouvait  une  différence  de 
potentiel  double  de  la  précédente  (378  volts);  elle  a  donné  sensiblement 
le  même  résultat  (f  =  3,0091  X  io'     . 

»  Ce  nombre  3,009  X  io10  ne  diffère  que  de  ~  du  nombre  trouvé  par 
M.  Cornu  pour  la  vitesse  de  la  lumière  (3,oo4  X  io10);  or,  l'électromètre 
Thomson,  tel  qu'il  est  construit,  ne  permet  pas  une  précision  absolue  su- 
périeure à  jjg  (les  autres  causes  d'erreurs  sont  à  peu  près  négligeables  vis- 
à-vis  des  erreurs  de  la  mesure  éleclrométrique). 

»  Dans  un  prochain  Mémoire,  je  donnerai  les  détails  nécessaires  sur  la 
manière  d'obtenir  la  tare  de  l'électromètre,  sur  les  corrections  que  com- 
porte cet  instrument,  sur  la  mesure  du  pas  de  la  vis,  etc. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  à  l'Ecole  Polytechnique,  dans  le  labo- 


(  7«5  ) 
ratoire  de  M.  Potier.   Qu'il  me  soit  permis  de  remercier  bien  vivement 
M.  Potier  pour  l'intérêt  qu'il  n'a  cessé  de  porter  à  mon  travail  et  pour  son 
aimable  hospitalité.   » 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  variation  du  point  de  fusion  avec  la  pression.  Note 
de  M.  B.-C.  Damiex,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  L'appareil  employé  diffère  peu  de  celui  que  j'ai  décrit  dans  une  Com- 
munication antérieure  (voir  Comptes  rendus,  3  juin  1889).  Les  pressions 
sont  mesurées  par  un  manomètre  étalonné  de  M.  Cailletet.  J'ai  pu  obtenir 
des  pressions  voisines  de  2ooatm  au  moyen  d'une  pompe  de  Natterer  où  les 
soupapes  en  ébonite,  qui  sont  brûlées  par  de  l'air  comprimé,  ont  été  rem- 
placées par  des  soupapes  en  aluminium.  L'appareil  à  fusion  peut  être  isolé 
de  la  pompe  par  un  robinet  spécial  et  la  pression  peut  y  être  maintenue 
aussi  longtemps  qu'on  le  veut.  Une  demi-heure  suffit  d'ailleurs  pour  faire 
un  grand  nombre  de  mesures  par  le  simple  jeu  de  robinets;  chaque  tem- 
pérature de  fusion,  sous  une  pression  donnée,  est  la  moyenne  de  dix  déter- 
minations. 

»  I.  Les  substances  étudiées,  toutes  fusibles  à  une  température  infé- 
rieure à  100",  sont  :  le  blanc  de  baleine,  la  paraffine,  la  cire,  la  naphtaline, 
la  mononitronaphlaline,  la  paratoluidine,  la  diphénylamine  et  la  naphtyla- 
mine.  La  plupart  d'entre  elles  ont  été  déjà  étudiées  par  M.  Batelli,  mais 
sous  de  faibles  pressions,  inférieures  à  i6atm. 

»  Les  résultats  des  expériences  peuvent  se  représenter  par  la  formule 

(i)  t  =  ta-ha(p  -0  —  h(p  —  1)2, 

où  t0  et  t  sont  les  températures  de  fusion  sous  les  pressions  iatm  et  />atm. 

»  Le  Tableau  suivant  donne  les  résultats  obtenus  avec  le  blanc  de 
baleine  et  la  comparaison  des  mesures  directes  avec  les  nombres  calculés 
par  la  formule 


2 


/  =  480, 10  +-  o,o22o34(/J  —  1)  —  o,ooooi66(/j  —  1) 

Températures  de  fusion 

Pressions.  observées.         calculées  Différences, 

alm  o  o 

11 48;33o  48 , 3 1 8  +-0,012 

20 4^,644  48,5i2  h  o,  182 

29 48,680  48,699  -  0,019 

C    R.,  i8yi,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  IS    15.)  "  !  ■ '» 


(  786  ) 


Températures  de  fusion 
Pressions.  observées.  caleulées.  Différences. 


attii 


43 48,87i     48,996        -  o,i25 

56 49,363    49>|6a        -+-  0,201 

73 4g,5i8    49,600       -0,082 

96 5o,ioo  5o,o43  -t-  0,057 

m 5o,  141  5o,323  -  o,  182 

i4i 5o,goo  5o,859  •+-  o,o4i 

164 5i,343  5 i,25i  -+-  0,092 

182 5i  ,382  5 1,544  —  o,  162 

»  Pour  les  autres  corps  on  a  eu,  pour  les  coefficients  a  et  h  de  la  for- 
mule générale  : 

a.  b. 

Paraffine 0,029776  o,oooo523 

Cire  o,o2o523  o,ooooi3o 

Naphtaline o,o3584o  0,00001 55 

Mononitronaplitaline o,02io56  0,0000610 

Paratoluidine O,oi42i5  o,oooo43o 

Diphénylamine 0,0241 56  o,oooo85o 

Naplitvlamine 0,017012  o,oooio3o 

»   II.   La  forme  parabolique  de  l'équation  (1)  conduit  à  des  conséquences 
importantes,  vérifiables  en  partie  par  l'expérience. 
«   On  a,  en  effet, 

*=a-26(/»-i); 

par  conséquent,  pour  une  pression pc  donnée  par  l'équation 

dt       .        . 
-t  est  nul. 
dp 

»   Si  l'on   considère,  en  outre,  la  formule  de  James  Thomson,  on  voit 

que  : 

dt. 

»  iu  Pour  des  pressions  inférieures  à  pc,  -j-  est  positif;  le  volume  spé- 
cifique du  solide  est  plus  petit  que  celui  du  liquide,  la  pression  accroît  le 
poids  de  fusion  :  c'est  le  type  paraffine,  blanc  de  baleine,  etc.  ; 

»   20  A  la  pression  pc,  -j-  =  o,  les  volumes  spécifiques  sont  les  mêmes  à 


l'état  solide  et  à  l'état  liquide; 


(  7«7  ) 
»   3°  Pour  des  pressions  supérieures  à  pe,  -r-  est  négatif;  le  corps  diminue 

de  volume  en  fondant,  la  pression  abaisse  le  point  de  fusion  :  c'est  le  cas 
de  la  glace. 

»  En  résumé,  suivant  la  partie  de  la  courbe  considérée,  un  même  corps 
peut  présenter  les  deux  types,  blanc  de  baleine  et  glace,  que  l'on  regardait 
comme  distincts. 

»  Pour  les  quatre  premiers  corps,  la  vérification  des  conséquences  pré- 
cédentes est  impossible  :  pc  est  donnée  par  une  extrapolation  complète- 
ment en  dehors  des  limites  de  l'expérience.  On  a,  en  effet, 

atm 

Blanc  de  baleine 664,6 

Paraffine 285,6 

Cire 79°i  3 

Naphtaline 1 1 67  ,  i 

»  Pour  les  trois  suivants,  on  obtient,  pour/?,.,  i75atm,  i66atm  et  i43atm; 
les  mesures  ayant  été  faites  jusqu'à  près  de  ic)oa,m,  la  vérification  était 
facile  et  elle  est  aussi  satisfaisante  que  possible. 

»   La  naphtylamine  permet  une  vérification  plus  complète  encore. 

•»   La  formule  générale  donne  t  =  t„,  pour  p'  =  -=■  -+- 1;  alors  le  point  de 

fusion  est  le  même  qu'à  la  pression  atmosphérique.  Au  delà,  la  tempéra- 
ture de  fusion  est  inférieure  à  /0.  On  a  ici,  d'après  la  formule, 

/>e^83atm,5         et        //  =  i66atiu. 

»   On  a  trouvé  : 

t 

p.  calculé.  observé. 

0  o 

1 »  49>75 

62 5o,4o4  50,487 

81 5o,45i  5o,543 

g3 5o,443  5o,32g 

i43 5o,o33  5o,oi2 

166 49,752  49-834 

173 49,629  49,646 

»  III.  J'ai  également  étudié  quelques  alliages  fusibles  au-dessous  de 
ioo°,  notamment  ceux  de  Lipowitz 

(BinPb6Sn5Cd<) 
et  de  Wood 

(Bi*PbCd2Sn2). 


)ilïér 

0 

ences 

» 

+0. 

,083 

+o; 

092 

— o, 

1 1 4 

— 0 

,026 

+o: 

,082 

-4-0. 

017 

(  7»8  ) 
Malheureusement  la  liquation  empêche  les  fusions  successives  et  les  expé- 
riences manquent  de  précision.  » 


CHIMIE.  —  Sur  l'action  de  l'acide  bromhydrique  sur  le  chlorure  de  silicium, 
Note  de  M.  A.  Bessox,  présentée  par  M.  Troost. 

«  La  théorie  permet  de  prévoir  l'existence  de  trois  chlorobrom lires  de 
silicium  Si2Cl3Br,  Si2Cl2Br2,  Si2ClBr3;  les  deux  premiers  ont  été  obtenus 
par  M.  Friedel  dans  l'action  à  ioo°  en  tube  scellé  du  brome  sur  le  silici- 
chloroforme;  le  premier,  résultat  de  substitution  du  brome  à  l'hydrogène 
Si-HCI3+  2Br  =  Si2Cl3Br  -4-  HBr,  le  second  résultant  de  l'action  de  l'a- 
cide bromhydrique  ainsi  formé  sur  ce  chlorobromure 

Si2Cl3Br  +  II Br  =  Si2 Cl2Br2  -+-  HCl. 

»  Les  trois  chlorobromures  m'ont  été  tous  trois  fournis  par  l'action  de 
HBr  sur  Si2 Cl4. 

»  L'acide  bromhydrique  sec  est  sans  action  à  la  température  ordinaire 
sur  Si2 Cl4  ;  mais  la  substitution  partielle  du  brome  au  chlore  s'obtient  à 
température  élevée,  grâce  à  la  différence  des  chaleurs  de  formation  des 
acides  chlorhydrique  et  bromhydrique  et  de  la  dissociation  partielle  de  ce 
dernier  à  la  température  où  l'on  opère. 

»  On  dirige  à  travers  un  tube  de  porcelaine  chauffé  au  rouge  un  cou- 
rant de  HBr  entraînant  des  vapeurs  de  Si2Cl4;  le  produit,  légèrement  co- 
loré par  du  brome,  est  formé  en  majeure  partie  de  Si2 Cl"  que  l'on  soumet 
à  un  nouveau  traitement  semblable  et  ainsi  de  suite  :  le  produit  brut  est 
mis  à  digérer  avec  du  mercure,  puis  soumis  à  des  distillations  fractionnées 
répétées  qui  permettent  d'en  séparer  Si2  Cl4,  le  reste  étant  formé  en  ma- 
jeure partie  du  premier  chlorobromure  Si2Cl3Br,  et,  pour  obtenir  les  chlo- 
robromures suivants  en  quantité  notable,  il  est  utile  d'isoler  complète- 
ment ce  premier  chlorobromure  et  d'opérer  sur  lui  comme  on  l'a  fait 
précédemment  sur  Si2 Cl4. 

»  On  sépare  assez  aisément  par  des  distillations  fractionnées  le  chloro- 
bromure Si2Cl3Br,  qui  bout  à  +  8o°  de  Si2 Cl4  bouillant  à  +  5o,°;  ce  chlo- 
robromure ne  se  solidifie  pas  à  —  6o°. 

»  Le  chlorobromure  Si2  Cl2  Br2  a  été  indiqué  comme  bouillant  vers  ioo°; 
je  crois  pouvoir  fixer  son  point  d'ébullition  comme  compris  entre  io3°  et 
io5°;  il  ne  se  solidifie  pas  à  —  6o°. 


(  7*9) 

»  Il  m'a  été  impossible  de  séparer  le  dernier  chlorobromure  Si2ClBr3, 
du  précédent  par  des  distillations  fractionnées,  les  portions  successives 
distillant  toujours  dans  des  conditions  à  peu  près  identiques  malgré  la 
multiplicité  des  distillations. 

»  J'ai  profité  alors  de  ce  que,  refroidissant  énergiquement  le  liquide  qui 
avait  distillé  de  T20°-i3o°,  il  se  prenait  en  masse,  tandis  que  Si2  Cl2  Br2  ne  se 
solidifie  pas  à  —  6o°,  et,  rejetant  la  tête  et  la  queue  de  solidification,  j'ai 
séparé  de  la  portion  intermédiaire  par  une  distillation  un  liquide  distillant 
de  i26°-i28°,  se  solidifiant  sous  l'action  du  froid  en  présentant  un  phéno- 
mène de  surfusion  marqué;  on  peut  le  refroidir  à  —  5o°  sans  qu'il  se  soli- 
difie ;  mais,  à  cette  température,  la.moindre  agitation  le  fait  prendre  en  masse 
solide  blanche  cristalline,  en  même  temps  que  le  thermomètre  remonte  à 
—  3p/\  qui  est  la  température  de  fusion  de  ce  chlorobromure. 

»  Sa  composition  est  représentée  par  Si2ClBr3,  comme  le  montrent  les  analyses  : 


Poids 
de  subsl. 

Si 

ASC1 

PrAgCl-t-3AgBr 

pour  100. 

pour  100. 

pour  100. 

I  ,  1 1 4 

9,2i 

» 

» 

0,744 

» 

237, 23 

(Cl. 
IBr. 

•••       11,9°)                   -. 

Q    ;     £  =  92,37 

...     8o,47|        y      J 

1,092 

» 

236, 10 

(CI. 
JBr. 

(Cl. 
(Br. 

\  E  =  9 1  ,  o3 

. . .     80,09  )        v    ^ 

» 

9,22 

233, 10 

...     1 1 , 69  ) 

3   £  =  00,76 

...   79-07)     y  ; 

Théorie  pour  Si2  Cl  Br3. 

»  Le  résidu  de  l'opération  est  formé,  en  majeure  partie,  d'oxychlorure  de  Si  dont  la 
formation  est  inévitable  dans  la  préperatiou  précédente. 

u  Le  chlorobromure  Si2Cl3Br  donne  une  combinaison  directe  avec  le  gaz  ammoniac 
sec;  elle  a  pour  composition  2Si2Cl3Br,  11  AzH3,  corps  solide  blanc  amorphe  décom- 
posé par  l'eau  : 


AzH> 

Si 

4    cl 
AeBr 

PrSAgCl+AgBr 

pour  100. 

pour  100. 

pour  100. 

pour 

I0O. 

3o,o4 

9>°7 

193,88 

(Cl... 
(Br... 

33,38 
25,07 

3o,55 

8,92 
9>°9 

190,92 

(CI... 
(Br... 

(Cl... 
{Br... 

32,87 
24,69 

3o,35 

» 

34,57 
25,97 

Théorie  pour  2  Si2  Cl3  Br,  1 1  Az  H3 . 

»  Il  donne  une  combinaison  avec  l'hydrogène  phosphore  sous  pression  dans  le  tube 
Cailletet;  à  o°,  sous  25atm  ou  à  ■ — 220  sous  i7atm  de  pression,  tout  le  liquide  se  trans- 


(  79°  ) 

forme  en  un  corps  solide  blanc  qui  persiste  quand  on   cesse  la  compression,  mais  se 
résout  en  ses  éléments  si  l'on  vient  à  chauffer  légèrement  le  tube. 
»   Le  chlorobromure  Si2Cl2Br2  donne  une  combinaison  ammoniacale 

Si2Cl2Br2,  5AzH3  : 


AzH> 

Si 

A       C1 

A*Br 

PrîAgCl 

+2AgBr 

pour  ioo. 

pour  100. 

pour  100. 

pour 

100. 

24,43 

7>92 

192,06 

(CI... 
j  Br... 

20, 56 
46,35 

23,83 

7,82 

182 

(Cl... 
JBr... 

ICI... 
Br,.. 

i9>49 
43,92 

24,70 

8,i3 

20,63 
46, 5i 

Théorie  pour  Si*Cl*Br?,  5AzH3 24,70 

corps  solide  blanc  amorphe  décomposable  par  l'eau. 

»   Le  chlorobromure  Si2ClBr3  donne  une  combinaison  ammoniacale 


2Si2ClBr3,  nAzH3  : 

Azll=  Si  Aggr 

pour  100.     pour  100.  pour  100. 

23,19  7,35  175,75 

23,45  7,79  176,80 


PrAg 

Cl+3AgBr 

po 

ur  100. 

Cl. 

.         8,81 

Br. 

•       59,6l 

Cl. 

■       8,87 

Br. 

•     59,97 

Cl. 

8,92 

Br. 

6o,45 

Théorie  pour  2Si2ClBr3,  11  AzH3....      23,35         7,o5  » 

corps  solide  blanc  amorphe  décomposable  par  l'eau. 

»  Poursuivant  l'étude  de  l'action  des  acides  bromhydrique  et  iodhy- 
drique  sur  les  chlorures  et  bromures  de  métalloïdes,  j'ai  été  amené  à  tenter 
d'obtenir,  avec  le  chlorure  de  bore,  des  composés  analogues  à  ceux  que 
j'ai  obtenus  avec  le  chlorure  de  silicium;  mais  BoCl3  se  prête  mal  à  ces 
phénomènes  de  substitution  à  cause  de  sa  stabilité;  avec  l'acide  bromhy- 
drique, et  même  au  rouge  vif,  je  n'ai  obtenu  aucun  produit  de  substitu- 
tion; avec  l'acide  iodhydrique  au  rouge,  j'ai  séparé,  par  distillation,  de 
l'excès  de  chlorure  de  bore,  une  petite  quantité  d'un  liquide  coloré  qui 
semble  être  un  chloroiodure  de  bore.  L'acide  iodhydrique  réagit  beaucoup 
plus  aisément  sur  le  bromure  de  bore  et  donne  des  produits  de  substitu- 
tion qui  seront  décrits  prochainement  en  même  temps  que  ceux  obtenus 
avec  le  bromure  de  silicium.  La  substitution,  qui  est  partielle  avec  les  com- 
posés du  bore  et  du  silicium,  est  totale  avec  ceux  du  phosphore  et  de  l'ar- 


(  791  ) 
senic.  Enfin,  les  combinaisons  du  gaz  ammoniac  et  de  l'hydrogène  phos- 
phore avec  le  bromure  de  bore  sont  à  l'étude.    » 

CHIMIE.  —  Étude  calorimétrique  du  chlorure platinique  et  de  ses  combinaisons. 
Note  de  M.  L.  Pigeon,  présentée  par  M.  Troost  ('  ). 

«  I.  Lorsqu'on  projette  dans  l'eau  le  chlorure  platinique  anhydre,  la 
dissolution  se  produit  d'une  façon  très  rapide,  avec  un  vif  dégagement  de 
chaleur.  La  chaleur  dégagée,  à  i8°,  dans  la  dissolution  d'une  molécule  de 
chlorure  platinique  est  égale  à  igcal,  58  :  moyenne  de  deux  déterminations 
qui  ont  donné  19, 41  et  '9>76.  Ces  deux  expériences  ont  été  faites  avec 
des  échantillons  de  chlorure  platinique  obtenus  par  des  méthodes  entière- 
ment distinctes  :  le  premier  résultait  de  la  calcination  de  l'acide  chloropla- 
tinique  PtCl\  2HCI,  6H20,  dans  une  atmosphère  de  chlore,  à  36o°;  le 
second  avait  été  préparé  en  desséchant  dans  le  vide,  à  i5o°,  l'hydrate 
PtCI\4H2C)-  Il  est  à  remarquer  que,  lorsqu'on  fait  cette  dissolution,  la 
liqueur  n'est  pas  entièrement  limpide  :  il  s'y  forme  un  louche  qui  provient 
sans  doute  de  la  formation  d'une  trace  d'oxychlorure.  L'addition  d'une 
très  petite  quantité  d'acide  fait  disparaître  le  trouble;  la  liqueur  redevient 
aussi  tout  à  fait  limpide  lorsqu'on  la  chauffe  légèrement  ou  qu'on  l'aban- 
donne à  elle-même  pendant  quelques  heures.  En  résumé,  on  a 

BtCl*  +  Aq  =  PtCP  dissous +   igcal,58 

»  IL  On  peut  conclure  de  ce  nombre  celui  qui  correspond  à  la  forma- 
tion du  chlorure  dissous  à  partir  des  éléments.  J'ai  fait  voir  (Comptes  rendus, 
t.  CX,  p.  77)  que  Ton  a 

Pt  +  CP  =  PtCP  solide +  5g"1, 82 

»   On  a  donc 

Pt  -t-  CP  -+-  Aq  —  PtCP  dissous +  79e»1, 4© 

»  Cette  dernière  réaction  a  été  soumise  à  une  vérification  directe,  ser- 
vant de  contrôle  pour  les  opérations  précédentes.  La  réduction  de  la 
liqueur  aqueuse  par  le  cobalt  a  dégagé,  vers  180,  109e31, 98.  Ce  nombre 
est  la  moyenne  de  deux  déterminations,  qui  ont  donné  109,68  et  1 10,  28. 
Or,  d'après  Thomsen,  la  formation  du  chlorure  de  cobalt  dissous,  à  partir 


(')  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  Chimie  de  l'Ecole  Normale  supérieure. 


(  792  ) 
du  métal,  du  chlore  et  de  l'eau,  correspond,  pour  2  molécules,  à  i8o,cal,64 
dégagées.  On  trouve  ainsi  que 

Pt  -+-  Cl1 4-  Aq  =  PtCl4  dissous +79cal,  66 

résultat  qui  est  d'accord  avec  le  précédent. 

»  III.  Il  existe,  comme  l'a  montré  Norton  en  1870  (Journal fur praklische 
Chemie,  t.  II,  p.  469),  un  hydrate  cristallisé  de  chlorure  platinique.  Il 
répond  à  la  formule  PtCl*,4H20.  On  l'obtient  en  faisant  réagir  sur  une 
molécule  d'acide  chloroplatinique  deux  molécules  de  nitrate  d'argent  en 
liqueur  aqueuse.  Ces  cristaux  se  dissolvent  dans  l'eau  avec  une  faible 
absorption  de  chaleur.  On  a 

PtCIS4H20+Aq=PtCl4dissous —  ica,,74 

»  En  comparant  ce  nombre  avec  celui  que  donne  la  dissolution  du  chlo- 
rure anhydre,  on  trouve 

PtCP  solide  -l-  4H20  liquide  =  PtCl\4H20  solide.      +21,32 

»  IV.  Lorsque  l'on  fait  réagir  une  molécule  de  chlorure  platinique  sur 
deux  molécules  d'acide  chlorhydrique  ou  d'un  chlorure  alcalin  dissous,  le 
produit  de  la  réaction  étant  également  dissous,  on  doit  obtenir,  d'après 
Thomsen,  le  même  dégagement  de  chaleur.  Ce  résultat  a  été  établi  par 
l'auteur,  non  par  une  expérience,  puisque  le  chlorure  platinique  n'était 
pas  connu  de  lui  à  l'état  libre,  mais  par  un  raisonnement  que  l'on  peut 
résumer  comme  il  suit.  L'acide  chloroplatinique  Pt  Cl4, 2 II CI,  6H20  exige 
pour  sa  saturation  deux  molécules  de  soucie,  comme  l'acide  chlorhydrique 
qu'il  contient.  La  chaleur  dégagée  est  aussi  la  même  dans  les  deux  cas, 
l'expérience  ayant  fourni  les  nombres  27,2  et  27,4.  Supposons  alorsformés 
les  deux  cycles  suivants  : 

1   PtCl4+2HCl  dissous Q 

|   PtCl6H2dissousH-2NaOH  dissous Q' 

(   2  H  Cl  dissous  -+-  2  Na  OH  dissous Q, 

i  PtCP+  2NaCldissous Q', 

»  On  vient  de  voir  que  Q'  =  Q,  ;  donc  Q  =  Qj . 

»  On  peut  vérifier  directement,  au  calorimètre,  que  la  chaleur  dégagée 
est  sensiblement  la  même  lorsqu'on  réduit  par  le  cobalt,  le  chloroplati- 


(  79^  ) 
nate  de  soude  et  celui  de  potasse.  Ce  dernier  corps  est  assez  soluble  dans 
l'eau  pour  que  l'opération  réussisse.  On  trouve  ainsi 

PH-CI'-H  aNaCl  dissous  =  PtCl4,  aNaCl  dissous 4-  83,09 

Pt-h  Cl*  4-  2  KC1  dissous    =  PtCl4,  2 KC1  dissous +83,33 

et,  par  conséquent, 

PtCl4  4-  2Ï\TaCl  dissous  =  PtCl1,  2i\aCl  dissous 4-25,29 

PtCl44-  2KCI  dissous  =  PtCl4,  2KCI  dissous 4-  23,53 

On  a  d'ailleurs 

PtCP+aHCl  dissous  =  PtCl1,  2HCI  dissous 4-2^,8 

»  V.  Lorsqu'on  prépare  l'hydrate  de  chlorure  platinique  par  la  mé- 
thode de  Norton,  la  liqueur  qui  provient  du  mélange  est  d'abord  inco- 
lore et  exempte  à  la  fois  de  platine  et  d'argent;  elle  contient  un  précipité 
jaune  que  l'on  doit  regarder  comme  du  chloroplatinate  d'argent.  Cette 
réaction,  opérée  au  calorimètre,  dégage  1 4ral,33.  On  en  conclut  que  l'union 
du  chlorure  platinique  avec  le  chlorure  d'argent  dégagerait  7™',  V2- 

»  Ce  premier  état  de  la  liqueur  se  modifie  par  la  suite.  A  la  longue,  sur- 
tout si  l'on  chauffé,  le  précipité  jaune  devient  plus  clair  en  môme  temps 
que  la  liqueur  incolore  devient  jaune.  On  s'explique  cette  curieuse  réac- 
tion si  l'on  remarque  que  l'union  du  chlorure  platinique  avec  l'eau  dégage 
une  quantité  de  chaleur  très  considérable,  de  sorte  que  l'on  a 

PtCl1,  2ÀgCl  + Aq=r  PtCl4,  Aq +  2  AgCI 4-  I2cal,i6 

réaction  qui  est,  comme  on  le  voit,  fortement  exothermique.  » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  le  dosage  du  rhodium  par  voie  électroly tique. 
Note  de  MM.  A.  Joly  et  E.  Leidu':,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Le  rhodium  peut  être  dosé  avec  une  très  grande  précision  dans  les  com- 
binaisons qui  ne  renferment  pas  d'autres  métaux  que  les  métaux  alcalins, 
par  voie  d'électrolyse.  Examinons  tout  d'abord  le  cas  du  sesquichlorure 
ou  de  ses  combinaisons  avec  les  chlorures  alcalins. 

»  La  dissolution  aqueuse  est  acidulée  légèrement  par  l'acide  chlorhy- 
drique;  pour  que  le  dépôt  métallique,  formé  au  pôle  négatif,  soit  bien 
cohérent,  il  ne  faut  pas  que  la  concentration  dépasse  /jsr  de  métal  par  litre  ; 
au  début  de  l' électroly  se,  la  température  a  été  portée  à  'io°-6o°,  et  l'in- 

C.  R.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CXII,  N'    15.)  '°4 


(  794  ) 
tensité  du  courant  a  été  de  oanip,o5;  puis  l'opération  a  été  terminée  à  la 
température  ordinaire  et  l'intensité  du  courant  portée  à  oamp,i. 

Electrolyse  du  chlorure  double  RhCl3,  2 KO. 
Volume.  Rh  calculé.  Rh  trouvé. 

ce  gr  gr 

5o o,o544  o,o543 

5o o , 0660  o , 0660 

60 o , o6o3  o , 060 1 

60 0,209,3  0,2091 

60 o , 2093  o , 2090 

»  Soit  encore  l'analyse  du  chlorure  RhCl3,  3KC1  +  ^H20  : 

Poids  du  sel  hydraté 0,2412  0,2928 

Rhodium  déposé o,o543         22, 5i  p.  100         o,o665         22,71p.  100 

Chlorure  de  potassium 0,1168         48,42  » 

Poids  du  sel  desséché  à  1100.       o,2oi3         23,99  m 

Rhodium  déposé o,o6o3  »  » 

»  Calculé  :  sel  hydraté  Rh  =  22,3g;  K Cl  =48, 58;  sel  anhydre 
Rh=  23,78. 

»  Le  chlorure  alcalin  est  dosé  par  évaporation  de  la  liqueur  électrolysée 
et  l'on  peut,  par  l'examen  du  résidu  salin,  s'assurer  que  la  séparation  du 
métal  a  été  complète. 

»  L'électrolvse  réussit  tout  aussi  bien  avec  les  chlorures  doubles  formés, 
avec  le  chlorure  de  sodium  et  le  chlorure  d'ammonium. 

»  Lorsqu'on  se  propose  non  plus  de  doser,  mais  de  séparer  le  métal  d'un 
de  ses  chlorures  doubles,  on  peut,  sans  inconvénient,  opérer  en  liqueur 
plus  concentrée;  le  dépôt  est  alors  plus  cristallin,  mais  moins  adhérent. 

»  Un  grand  nombre  de  combinaisons  du  rhodium  pouvant  être  ramenées 
à  l'état  de  chlorure  ou  de  chlorure  double  alcalin,  les  opérations  précé- 
dentes s'appliquent  au  dosage  du  rhodium  dans  bien  des  cas.  C'est  ainsi 
que  pour  l'analyse  des  azotites  doubles  alcalins  dont  l'un  de  nous  a  fait 
l'étude,  le  dosage  électrolytique  du  rhodium  a  été  employé  avec  la  plus 
grande  rigueur. 

lïli  trouvé.  lili  calculé. 

...  |   0,2078  0,2093 

Azotite  potassique •,  J „ 

(  0,2101  0,2093 

...  I  o,238a  o,23o6 

Azolite  ammoiuque „__  „   „ 

1  /  o,2388  o,23gb 

....  (    0,23)2  0,23l6 

Azotile  sodique {  „. 

1  (0,2014  o,23 16 

....  (   o, 1789  o, 1776 

Azotite  barytique '  ,. 

\   0,1770  0,1776 


(  795  ) 

»  Ce  dosage  du  rhodium  en  liqueur  chlorhydrique,  est  analogue  au  do- 
sage du  platine  qui  peut  être  réalisé  dans  des  conditions  presque  iden- 
tiques. Depuis  plus  d'une  année,  tous  les  dosages  de  platine  et  de  rhodium 
effectués  au  laboratoire  de  Chimie  de  l'École  Normale,  l'ont  été  par  cette 
méthode. 

»  Le  rhodium  peut  aussi  s'électrolyser  en  liqueur-  sulfurique;  et  ce  fait 
présente  quelque  intérêt  en  raison  du  mode  même  de  séparation  du  rho- 
dium des  autres  métaux  du  platine,  à  l'aide  du  bisulfate  de  potasse.  Le 
seul  inconvénient  que  présente  la  méthode  électrolytique,  c'est  que  le  sul- 
fate de  rhodium  n'est  stable  qu'en  présence  d'un  grand  excès  d'acide  libre, 
et  que  le  dépôt  manque  quelquefois  d'adhérence.  On  obtient  cependant 
de  bons  résultats  en  opérant  très  lentement  le  dépôt.  L'électrolyse  d'une 
dissolution  renfermant,  sous  le  volume  de  6occ,  ogr,2356  de  rhodium  et 
3sr,6  de  SCVH2  total,  a  exigé  quarante-huit  heures. 

'  »   En  liqueur  azotique,  suivant  la  concentration,  on  peut  obtenir  ou  non 
une  électrolyse. 

»  Si  la  liqueur  renferme  plus  de  20  pour  100  d'acide  libre  (25  pour  100 
dans  le  cas  où  l'on  a  expérimenté),  le  dépôt  de  rhodium  est  nul. 

»  La  proportion  d'acide  dépassant  10  pour  100,  le  dépôt  métallique  se 
fait  difficilement;  en  vingt-quatre  heures  on  a  déposé,  avec  une  intensité  de 

CV""P,2, 

08r,ooi4   rhodium  en    présence  de   ii,a5  pour   100  Az03H  )  Volume  éleclrolvsc 
osr,ooi3  »  [5,84  »  ('  6occ. 

au  lieu  de  o»r,25oo. 

»  En  trente-six  heures,  on  a  déposé  (oamP,  2), 

os'',o4o,8  rhodium  en   présence  de     3,53  pour  100  Az03H  )  Volume  électrolvsé 
0g.-0'r,s  »  6,a5  »  )  60^. 

au  lieu  de  OF,  2000. 

»   Dans  le  cas  des  fortes  acidités,  la  liqueur  prend  une  couleur  verte 

intense. 

»  Si  le  rhodium  se  trouve  engagé  dans  une  combinaison  avec  l'acide 
oxalique,  le  dépôt  du  métal  au  pôle  négatif  est  nul;  mais  la  liqueur  verdit 
et  l'on  recueille  au  pôle  positif  un  dépôt  vert  foncé  qui  se  dissout  dans 
l'acide  chlorhydrique  avec  dégagement  de  chlore,  et,  par  conséquent,  est 
un  peroxyde  de  rhodium. 


(  796) 

»  En  résumé,  c'est  sons  la  forme  de  chlorure  et  de  sulfate  que  doivent 
se  présenter  les  dissolutions  du  rhodium  pour  être  utilisées  au  dosage 
électrol)  tique.  Dans  ce  cas,  un  excès  d'acide  retarde,  sans  l'empêcher,  le 
dépôt  du  métal,  et  la  décomposition  s'effectue  sans  donner  autre  chose  que 
du  métal  au  pôle  négatif  et  les  produits  de  décomposition  de  l'acide  au 
pôle  positif. 

»  Cette  étude  sur  la  séparation  électrolylique  du  rhodium  est  la  pre- 
mière phase  d'un  travail  très  étendu  que  nous  avons  entrepris  sur  la  sépa- 
ration des  métaux  du  platine  entre  eux  ou  avec  les  métaux  communs  qui 
les  accompagnent  dans  leurs  minerais  ou  que  l'on  introduit  dans  le  cours  de 
leur  préparation,  tels  que  cuivre,  plomb,  fer,  bismuth,  zinc.  Nous  montre- 
rons dès  maintenant  comment,  par  l'emploi  simultané  de  la  méthode  élec- 
trolytique  ou  de  réactions  chimiques  simples,  l'analyse  d'un  mélange  ou  la 
préparation  industrielle  des  métaux;  du  platine  peut  être  réalisée.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  un  amidoisoxazol.  Note  de  M.  Hanriot, 
présentée  par  M.  Friedel. 

«  Dans  des  Communications  antérieures,  nous  avons  fait  connaître, 
M.  Bouveault  et  moi,  les  propriétés  du  propionylpropionitrile,  et  princi- 
palement sa  condensation  avec  diverses  aminés.  L'action  de  l'hydroxyl- 
amine  sur  ce  même  corps  m'a  fourni  des  résultats  intéressants  que  je 
résume  dans  la  Note  actuelle. 

»  Si  l'on  dissout  le  propionylpropionitrile  dans  la  potasse  concentrée  et 
que  l'on  ajoute  à  la  solution  du  chlorhydrate  d'hydroxylamiiie,  le  liquide 
s'échauffe  fortement  et  il  se  sépare  une  couche  huileuse  que  l'on  décante. 
Le  liquide,  épuisé  à  l'éther,  lui  cède  encore  une  petite  quantité  du  même 
composé.  Pour  le  purifier,  on  fait,  passer  dans  la  solution  éthérée  un  cou- 
rant de  gaz  chlorhydrique  qui  précipite  son  chlorhydrate  à  l'état  de  pu- 
reté; celui-ci,  décomposé  par  la  potasse,  régénère  le  produit  de  conden- 
sation à  l'état  de  pureté. 

»  Il  cristallise  en  longues  aiguilles,  restant  aisément  en  surfusion,  fon- 
dant à  44°  et  bouillant  à  1800  sous  une  pression  de  2oomm  de  mercure.  Il 
est  un  peu  soluble  dans  l'eau,  très  solnble  dans  l'alcool,  l'éther,  le  chloro- 
forme, insoluble  dans  le  pétrole.  Sa  composition  répond  à  la  formule 

C6H,0Az2O 


(  797  ) 
ayant  fourni  à  l'analyse  les  chiffres  suivants  : 

Théorie. 

C 37,39  5j,  i4 

H 8,3'  7,93 

Az 22  ,  37  22,25 

»  Cette  formule  est  celle  de  la  monoxime  du  propionylpropionitrile 

C2H5-C(AzOH)-CH(CH3)-CAz. 

J'indiquerai  plus  loin  les  raisons  qui  m'empêchent  d'admettre  cette  con- 
stitution. Ce  corps  forme  un  chlorhydrate  bien  cristallisé  renfermant  2 1 ,43 
de  chlore  (la  théorie  pour  CuH,0Az2O,  H  Cl  indique  21,60)  et  un  chloro- 
platinate  peu  soluble  dans  l'eau,  cristallisé  en  octaèdres  orangés.  Le  chlor- 
hydrate et  le  chloroplatinate  sont  peu  stables  en  solution;  au  bout  de 
quelque  temps  la  solution  brunit  et  le  corps  primitif  s'est  dédoublé.  Ce 
dédoublement  s'obtient  plus  aisément  en  chauffant  l'oxime  avec  de  l'acide 
chlorhydrique  à  1200;  il  se  forme  du  chlorure  d'ammonium,  de  la  diéthyl- 
cétone  et  du  chlorhydrate  d'hydroxylamine. 

»  Le  chlorure  d'acétyle  se  fixe  sur  l'oxime  en  solution  éthérée;  il  se  pré- 
cipite un  corps  fusible  à  i6o°-i62°,  peu  soluble  dans  l'eau,  l'éther  et  le 
chloroforme,  très  soluble  dans  l'alcool  et  dans  l'acétone  dont  il  se  dépose 
bien  cristallisé.  Un  dosage  d'acide  acétique  dans  ce  corps  a  fourni  39,04, 
la  théorie  pour  CBH9Az20(C2H30)  exigeant  35,71. 

»  L'acide  nitreux  réagit  énergiquement  sur  l'oxime  en  solution  dans 
l'acide  chlorhydrique  étendu;  il  se  sépare  un  corps  en  lamelles  jaunes 
fusibles  à  65°,  détonant  violemment  au-dessus  de  ioo°  et  ne  pouvant  être 
distillé  même  dans  le  vide.  L'analyse  a  fourni  pour  ce  composé  les  chiffres 
suivants  : 

Théorie 

pour 

C"H'6Az<0'. 

c 54,41  54,54 

H 6,08  6,06 

Az 21,27  21,21 

»  Ce  composé  se  dissout  dans  les  alcalis  avec  une  coloration  rouge  et  en 
est  précipité  par  les  acides;  les  divers  réactifs  que  l'on  fait  agir  sur  ce  com- 
posé le  résinifient,  et  nous  n'avons  pu  établir  sa  constitution. 

»  L'oxime  en  solution  dans  l'éther  anhydre  fixe  1  molécule  de  brome 
et  laisse  déposer  un  dibromure,  sur  lequel  nous  revenons  plus  loin. 


(  79«  ) 
»  La  plupart  des  réactions  ci-dessus  ne  s'accordent  pas  avec  la  consti- 
tution de  la  monoxime  du  propionylpropionitrile.  Un  tel  composé  devrait, 
en  effet,  se  combiner  avec  la  potasse  comme  toutes  les  oximes;  il  ne  devrait 
pas  être  basique;  enfin,  ce  corps  étant  saturé  ne  devrait  pouvoir  fixer  de 
brome.  Ces  diverses  réactions  s'expliquent,  au  contraire,  aisément  de  la 
façon  suivante.  La  monoxime  qui  prend  d'abord  naissance  fixe  i  molécule 

d'eau 

C2H5-C(AzOH)-CH(CH3)-CAz  +■  H20 

=  C2H5-C(AzOH)-CH(CH3)-COAzH2 

et  le  corps  ainsi  formé  perd  i  molécule  d'eau  sous  l'action  de  la  chaleur 
ou  de  la  potasse  concentrée 

Œ'-C=  <A,H' 

C2Hs-C(AzOH)-CH(ÇH3)-COAzH2=:  C2HS  _£  _  ^  po       . 

»  Ce  corps,  isomère  de  l'oxime  primitive,  serait  le  méthyléthylamido- 
isoxazol  et  posséderait  bien  les  propriétés  que  nous  avons  constatées  chez 
le  produit  de  la  réaction;  il  n'offre  pas  de  propriétés  acides,  possède  un 
groupe  AzH2  faiblement  acide  à  cause  du  voisinage  de  l'oxygène;  enfin  il 
peut  fixer  deux  atomes  de  brome,  toutes  propriétés  que  nous  avons  con- 
statées. 

»  Le  corps  qui  résulte  de  l'action  du  brome  sur  l'amido-isoxazol  est 
amorphe;  si  on  le  traite  par  l'eau  froide,  il  se  dédouble  quantitativement 
d'après  l'équation 

C°H<0BrîAz2O  +  H20  =  AzH'Br  +  CrFBrAzO2: 

le  corps  qui  se  forme  a  donné  à  l'analyse 

Calculé. 

C 34 ,  90  35,o8 

Az 6,r3  6,79 

Br 38,85  38,83 

c'est  donc  la  bromométhyléthyloxazolone 

CH3-GBr-CO\ 
C2H5-C=Az        / 

Elle  cristallise  en  octaèdres  volumineux,  très  réfringents,  insolubles  dans 
l'eau,  très  solublesdans  l'alcool,  l'éther  et  le  chloroforme,  fusibles  à  'n" 


(  799  ) 
et  se  décomposant  avant  de  distiller,  même  dans  le  vide.  Elle  se  dissont 
dans  les  bisulfites  alcalins  et  donne  un  composé  cristallisé  avec  le  chlor- 
hydrate d'hydroxylamine.  L'amalgame  de  sodium  lui  enlève  tout  son 
brome  et  fournit  deux  composés  cristallisés  dont  je  poursuis  actuellement 
l'étude.  » 


chimie  organique.   —  Sur  V emploi  de  la  phénylhydrazine  à  la  détermina- 
tion des  sucres.  Note  de  M.  Maquenne,  présentée  par  M.  Berthelot. 

«  1 /action  de  la  phénylhydrazine  sur  les  sucres  réducteurs,  découverte 
il  y  a  quelques  années  à  peine  par  M.  Fischer,  et  devenue  aujourd'hui  clas- 
sique, offre  le  seul  moyen  connu  de  précipiter  ces  corps,  sous  une  forme 
définie,  des  solutions  où  ils  se  trouvent  mélangés  à  d'autres  substances. 
Les  osazones  que  l'on  obtient  ainsi  sont  ordinairement  peu  solubles  dans 
les  réactifs  usuels,  en  sorte  qu'il  est  facile  de  les  obtenir  pures  lorsqu'on 
dispose  d'une  quantité  de  matière  suffisante;  mais,  si  le  sucre  à  étudier 
est  rare,  s'il  renferme  surtout  plusieurs  corps  réducteurs  distincts,  la  re- 
cherche est  plus  délicate;  on  peut  alors  confondre  plusieurs  osazones  à 
point  de  fusion  voisin,  par  exemple  la  glucosazone  avec  la  galactosazone; 
il  devient  enfin  impossible,  par  le  seul  emploi  de  la  phénylhydrazine,  de 
distinguer  la  glucose  ou  la  mannose  d'avec  la  lévulose,  seule  ou  mélangée 
à  ses  isomères;  on  sait,  en  effet,  que  ces  trois  sucres  donnent,  avec  l'acé- 
tate de  phéuvlhydrazine,  la  même  phénylglucosazone  fusible  vers  201°. 

»  J'ai  reconnu  que  le  poids  des  osazones  qui  se  précipitent,  lorsqu'on 
chauffe  pendant  le  même  temps  un  poids  donné  de  différents  sucres  ré- 
ducteurs avec  la  même  quantité  de  réactif  hydrazinique,  varie  de  l'un  à 
l'autre  entre  des  limites  extrêmement  étendues,  tout  en  restant  constant 
pour  chacun  d'eux  si  l'on  opère  dans  des  conditions  rigoureusement  iden- 
tiques. 

»  On  a  donc,  dans  la  pesée  des  osazones  produites,  un  nouveau  carac- 
tère particulièrement  net  et  surtout  comparatif  des  divers  sucres  à  fonc- 
tion d'aldéhyde  ou  d'acétone;  les  chiffres  suivants  ont  été  obtenus  en 
chauffant  pendant  une  heure,  à  ioo°,  igr  de  sucre  avec  ioocc  d'eau  et  5CC 
d'une  dissolution  renfermant  4ogl  de  phénylhydrazine  et  4°6'  d'acide 
acétique  cristallisable  pour  ioocc. 

»  Après  refroidissement  du  liquide,  les  osazones  ont  été  recueillies  sur 


(  Soo  ) 

un  filtre  taré,  lavées  toutes  avec  ioocc  d'eau,  enfin  séchées  à   uo°  et 
pesées  : 

Poids 
Nature  des  sucres.  des  osazones.  Observations. 

Kl" 

Sorbine  crist.   (') 0,82  Trouble  après  12  min. 

Lévulose  crist.  (2) 0,70  Précipité  après  5  min. 

Xylose  crist.  (3) o,4o  »  i3  min. 

Glucose  anhydre  (3) o,32  »  8  min. 

Arabinose  crist.  (3) 0,27  Trouble  après  3o  min. 

Galactose  crist.  (3) o,23  Précipité  après  3o  min. 

Rbamnose  crist.  (-) o,  i5  »  25  min. 

Lactose  crist o,  1 1  Ne  précipite  qu'à  froid. 

Maltose  crist.  ( ') o,ii  » 

»  Avec  des  solutions  deux  fois  plus  étendues,  les  différences  relatives 
sont  encore  plus  sensibles  et  les  différents  sucres  viennent  se  rang*  r  à  peu 
près  dans  le  même  ordre,  sauf  la  lévulose  qui  l'emporte  alors  d'une  petite 
quantité  sur  la  sorbine  et  vient  ainsi  prendre  le  premier  rang. 

»  Il  résulte  de  ces  observations  que  la  sorbine  et  la  lévulose  donnent 
infiniment  plus  d'osazones,  pendant  le  même  temps,  que  les  autres  sucres 
réducteurs;  il  sera  donc  facile  de  les  caractériser  de  cette  manière  et  de 
reconnaître  leur  présence  ainsi,  même  dans  des  mélanges  fort  complexes 
où  l'examen  polarimétriquc  seul  ne  pourrait  fournir  que  des  indications 
incertaines. 

»  Il  est  remarquable  que  ces  deux  sucres  soient  précisément  les  seuls, 
parmi  les  isomères  ou  les  homologues  de  la  glucose  actuellement  connus, 
qui  possèdent  la  fonction  d'acétone;  il  n'y  a  pas  lieu  d'ailleurs  de  les  con- 
fondre, car  laglucosazone  forme  de  belles  aiguilles  ordinairement  visibles 
à  l'œil  nu,  tandis  que  la  sorbinazone,  huileuse  à  chaud,  ne  donne  jamais 
que  des  cristaux  indistincts. 

»  La  même  méthode  permettra  également  de  distinguer  la  glucose  de  la 
galactose,  dont  l'osazone  est  aussi  bien  cristallisée  et  fond  presque  à  la 
même  température  que  la  phénylglucosazone;  enfin  on  observera  que  les 
saccharoses  réductrices  donnent  moins  d'osazones  que  les  sucres  non 
hydrolysables,  et  par  conséquent  que  leurs  produits  d'interversion. 

(1)  Fournis  par  la  maison  Schuchardt. 

(2)  Fournis  par  la  maison  Billault. 

(3)  Préparés  au  laboratoire  de  M.  Dehérain. 


(  8oi   ) 

»  C'est  surtout  dans  cette  étude  îles  polvglucoses  (bioses  ou  Irioses  de 
Seheibler)  que  ce  nouveau  mode  d'emploi  de  la  phénylhydrazine  nous 
paraît  avantageux  :  il  suffit  en  effet  de  comparer  le  poids  des  osazones 
fournies  par  leurs  produits  de  dédoublement  à  celui  que  donne  dans  les 
mêmes  conditions  un  mélange  de  glucoses  connues  pour  avoir  une  vérifi- 
cation très  sûre  des  probabilités  résultant  de  l'examen  chimique  et  optique 
du  mélange  que  l'on  étudie. 

»  Toutes  les  polvglucoses  que  j'ai  examinées  à  ce  point  de  vue  donnent 
des  résultats  fort  nets  :  les  nombres  qui  suivent  sont  relatifs  à  igr  de  sucre, 
complètement  interverti  par  l'acide  sulfurique  étendu,  dissous  dans  ioocc 
d'eau  et  additionné  de  26r  de  phénylhydrazine,  autant  d'acide  acétique,  et 
581*  d'acétate  de  sodium  cristallisé. 

.  »  Toutes  ces  dissolutions  ont  été  comparées  à  des  mélanges  artificiels  des 
glucoses  correspondantes  avec  les  mêmes  quantités  des  mêmes  réactifs; 
les  osazones  ont  été,  comme  précédemment,  recueillies  après  une  heure 
de  chauffe  à  ioo°  et  pesées  après  lavage  et  dessiccation. 

Nature  des  sucres.  Poids  des  osazones. 

gr 

i  Saccharose  ordinaire °i7' 

(  Glucose  et  lévulose  (o«',5  ><>  chacun) <J;73 

i  Maltose o,55 

1T 

(  Glucose  (isp, o52 ) o, 58 

(   Raffinose  cristallisée  (  '  ! o,  48 

III.  • 

l   Lévulose,  glucose  et  galactose  (osr,3o3  chacun") o,53 

1   Lactose  cristallisée o,38 

IV.  ' 

I  Glucose  et  galactose  (o'»',5oo  chacun) o,  !<) 

»  On  voit  que  l'accord  est,  pour  chaque  saccharose,  aussi  satisfaisant 
que  possible;  les  nombres  obtenus  avec  les  produits  d'interversion  sont 
toujours  un  peu  faibles,  à  cause  de  l'action  destructive  que  l'acide  sulfu- 
rique exerce  sur  les  sels  réducteurs,  et  en  particulier  sur  la  lévulose;  les 
différences  sont  surtout  sensibles  lorsque  le  produit  doit  être  chauffé  long- 
temps avec  l'acide  sulfurique  pour  s'intervertir  d'une  manière  complète; 
mais  on  peut  toujours  remédier  en  grande  partie  à  ce  léger  défaut  de  la 
méthode  en  amenant  les  liqueurs  à  comparer,  par  des  additions  convena- 
bles d'eau,  au  même  pouvoir  réducteur. 

«   En  étudiant  ainsi  la  mélézitose,  dont  l'interversion,  très  lente,  donne 

(')  Échantillon  gracieusement  offert  par  M.  Lindet. 

C  R.,  1891,   1"  Semestre    (T.  CXII,  N»  15.)  IO:* 


(    802    ) 

toujours  naissance  à  des  produits  colorés,  on  a  reconnu  que  deux  solutions 
également  réductrices  et  renfermant,  l'une  de  la  mélézitose  intervertie, 
l'autre  de  la  glucose  pure  (environ  oSr,i5  pour  20cc),  donnent  en  une  demi- 
heure  des  poids  de  glucosazone  égaux  respectivement  à  os',oG6  et  ogr,o64- 
»  La  mélézitoze  donne  donc  uniquement  de  la  glucose  à  l'interversion 
forte,  ce  qui  est  conforme  aux  conclusions  déjà  formulées  par  M.  Alek- 
hine  ('  )  ». 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Nouvelles  combinaisons  obtenues  avec  certains 
sulfites  métalliques  et  l'aniline.  Note  de  M.  G.  Denigès. 

«  Dans  le  cours  de  recherches  entreprises  sur  l'action  des  réducteurs 
sur  diverses  matières  colorantes  dérivées  de  l'aniline,  j'ai  observé  la  for- 
mation d'une  combinaison  de  sulfite  de  zinc  et  d'aniline  remarquable  par 
la  facilité  de  sa  préparation  et  sa  cristallisation  en  belles  lamelles  hexago- 
nales, malgré  sa  grande  insolubilité  et  la  rapidité  de  sa  précipitation  dans 
les  milieux  où  elle  prend  naissance. 

»  Généralisant  ce  fait  avec  d'autres  sulfites  métalliques  et  les  homo- 
logues de  l'aniline  et  l'étendant  aussi  à  d'autres  sels  d'acides  polybasiques 
et  à  d'autres  aminés  aromatiques  secondaires  et  tertiaires,  je  suis  arrivé  à 
obtenir  toute  une  série  de  nouvelles  combinaisons  du  même  ordre. 

»  Dans  la  présente  Note,  je  m'occuperai  seulement  des  composés  formés 
par  l'aniline  et  les  sulfites  de  cuprosum,  cadmium,  zinc,  manganèse,  fer- 
rosum,  cobalt,  nickel  et  mercuricum. 

»  Sauf  le  sulfite  de  zinc,  les  sulfites  neutres  des  autres  métaux  que  je 
viens  de  citer  ne  contractent  pas  de  combinaison  avec  l'aniline. 

»  Les  bisulfites,  au  contraire,  s'y  combinent  aisément  en  fixant  deux 
molécules  d'aniline  pour  une  molécule  de  bisulfite,  excepté  le  sel  mercu- 
rique  qui  n'en  fixe  qu'une. 

»  Ces  combinaisons,  au  point  de  vue  des  résultats  immédiats  fournis 
par  leur  analyse  et  leur  mode  de  formation,  peuvent  être  représentées  par 
la  formule  générale 

(S03)2M"H2,  2    Az— H         . 
f      \H        \ 


(')   Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  Ge  série,  t.  XVII,  p.  532. 


(  8o3  ) 

»  On  les  obtient  aisément  en  traitant,  par  une  solution  aqueuse  d'ani- 
line, les  bisulfites  des  métaux  cités;  mais  on  les  obtient  aussi  facilement  et 
plus  commodément,  à  cause  des  matières  premières  mises  en  œuvre,  en 
traitant,  par  de  l'eau  d'aniline,  un  mélange  de  bisulfite  de  soude  et  d'un 
sel  soluble  du  métal  que  l'on  veut  unir  à  la  base  aromatique  ou  encore  en 
saturant  d'acide  sulfureux  la  solution  de  ce  sel  et  ajoutant  une  quantité 
suffisante  d'eau  d'aniline. 

»  Les  corps  obtenus  se  présentent  tous  en  lamelles  hexagonales  très 
nettes,  ils  sont  très  peu  solubles  clans  l'eau,  l'alcool  et  tous  les  dissolvants 
neutres  que  j'ai  essayés.  Seules  l'aldéhyde  et  l'acétone  paraissent  dissoudre 
certains  d'entre  eux,  mais  en  contractant  une  combinaison,  et  ne  peuvent 
les  abandonner  en  nature  par  évaporation. 

»  Après  lavage,  on  peut  les  essorer,  mais  il  est  préférable  de  les  dessé- 
cher sur  des  plaques  poreuses.  Secs,  ils  sont  très  stables  à  la  température 
ordinaire  ;  la  chaleur  les  dissocie. 

(      /™) 
»   Bisulfite  de  cuprosum  et  d'aniline  :  (  SO'  ,JCirH2,  2    Az—  H         .   —  On 

(  \H  ) 
mélange  25occ  d'une  solution  bouillante  de  sulfate  de  cuivre  à  10  pour  100, 
acidulée  de  21  pour  100  d'acide  sulfurique,  avec  4oocc  d'eau  d'aniline  égale- 
ment très  chaude,  à  i-  pour  100  de  base,  enfin  on  ajoute  4occ  de  bisulfite 
de  soude  (de  densité  i,38)  étendus  avec  2oocc  d'eau  froide;  il  se  forme 
aussitôt  des  lamelles  hexagonales  soyeuses  blanc  jaunâtre  qu'on  ne  filtre  et 
qu'on  ne  lave  que  lorsque  le  mélange  est  tout  à  fait  froid  ;  le  précipité  lavé 
est  desséché  rapidement  en  l'appliquant  en  coijches  minces  sur  des  plaques 
poreuses.  Le  sel  sec  est,  chose  remarquable,  inaltérable  à  l'air  et  à  la  lu- 
mière; il  se  dissout  dans  l'ammoniaque  et  l'acide  chlorhydrique. 

Composition. 

Trouvé. 

I.                   II.  Calculé. 

SO2  26,95        26,3o  26, i5 

CuO 33, 4o        33,35  33,33 

H 3,5o          3,43  3,37 

C  3o,2o        30,09  3o,32 

»    Bisulfite  de  cadmium  cl  d'aniline  :  (  SO 3 )-  Cd H2 ,  2   Az  —  H         .   —  1 2e1 

\H        ) 


de  sulfate  de  cadmium  ont  été  dissous  dans  20occ  d'eau,  la  solution  froide 


(  M  ) 

est  saturée  de  gaz  sulfureux,  puis  additionnée  de  i,u,  5  d'eau  et  d'une  solu- 
tion aqueuse  d'aniline  à  20gr  par  litre  jusqu'à  cessation  du  précipité  (il  en 
a  fallu  environ  iUt). 

»   Il  se  précipite  aussitôt  des  lamelles  hexagonales  blanches,  qui  ont  donné 
à  l'analyse  : 

Trouvé. 
I.  II.  Calculé. 

SO2 27,84        27,52  27,82 

SO'Cd 45  45,o5  45,22 

Aniline 4o,64  »  40,87 

.         /C6HS, 
»    Bisulfite  de  zinc  cl  d'aniline  :  (S03)2ZnH2,  2    Az      H  .  --  Il  s'ob- 

(      \H        ) 
tient  comme  le  sel  de  cadmium,  auquel  il  ressemble  fortement. 

Inal/se. 
Trouvé. 

I.  II.  Calcule. 

SO2 00,72         30,99  00,97 

z"0 19,90         19,50  19,67 

Aniline 44j5o  44>72  45 

»   Le  bisulfite  de  manganèse   et  d'aniline  est  en  lamelles  hexagonales 
blanches,  faiblement  teintées  de  rose;  il  a  pour  composition 

\  (;C[15/ 

(SO*)»MnH*,2    Az-H         . 

/  SI         \ 

("6  Ui 
\  '  / 

»    Le  bisulfite  de  cobalt  et  d'aniline  (SO,)2CoHa,  2    Az— H  est  d'un 

/  II        \ 

beau  rose. 

rôtis 

\  I 

»   Le  bisulfite  de  ferrosum  et   d'aniline  (S0')sFeH2,2  j  Az  —  H  est 

(  H        ) 

jaune  et  ressemble  un  peu  à  l'oxalale  ferreux. 

»   Le  bisulfite  de  nickel  et  d'aniline  (S03)2NiH-,2   Az  -H  se  pré- 

(  H        ) 

sente  en  croûtes  cristallines  d'une  couleur  jaune  verdâtre. 


(  8o5  ) 

«  Ces  quatre  sels  se  préparent  en  traitant  directement  la  solution  éten- 
due de  leur  sulfate  ou  de  leur  azotate  par  l'eau  d'aniline  et  le  bisulfite  de 
soude.  Leur  analyse  correspond  rigoureusement  à  la  composition  indiquée. 

/C°H5 
»   Bisulfite  de  mercuricum  et  d'aniline  :  (  SO')2HgïI2,  Az — H        -+-  Aq.   - 

\H 
Il  se  distingue  des  sels  précédents  en  ce  qu'il  ne  contient  qu'une  molécule 
d'aniline,  mais  renferme  une  molécule  d'eau  de  cristallisation. 

»  Il  se  présente  sous  forme  de  lamelles  cristallines  blanches  obtenues 
en  ajoutant  5occ  de  bisulfite  de  soude  à  une  dissolution  de  i5gr  de  bichlo- 
rure  de  mercure  dans  i1'1  à  i1",  5  d'eau,  puis  immédiatement  après  5oocc 
d'eau  tenant  en  dissolution  iogr  d'aniline.  Au  bout  de  très  peu  de  temps  il 
se  forme  un  précipité  volumineux  en  belles  lamelles  hexagonales,  ayant 
donné  à  l'analyse  : 

Trouvé.  Calculé. 

S<  >J 27,06  27,06 

11- *3,54  43,28' 

Aniline iy,8o  '9,66 

»  Dans  une  prochaine  Communication,  je  décrirai  les  composés  paral- 
lèles avec  les  toluidines  et  la  métaxylidine.  » 


CHIMIE   ORGANIQUE.    —    Sur  une   matière   colorante    violette   dérivée   de  la 
morphine.  Note  de  M.  P.  Cazexeuve,  présentée  par  M.  Friedel. 

«  L'action  de  la  paranitrosodiméthylaniline  soit  sur  les  phénols,  soit  sur 
les  aminés  aromatiques,  qui  aboutit,  comme  on  le  sait,  à  la  formation  des 
indophénols  et  des  safranines,  méritait  d'être  expérimentée  sur  la  mor- 
phine. La  fonction  phénolique  bien  démontrée  de  cette  dernière,  d'autre 
part  la  facilité  avec  laquelle  elle  s'oxyde  sont  autant  de  circonstances  ren- 
dant intéressante  l'intervention  de  la  paranitrosodiméthylaniline. 

»  La  réaction  précisément  n'aboutit  à  la  formation  ni  d'un  corps  ana- 
logue aux  indophénols,  ni  d'une  safranine,  mais  bien  à  celle  d'une  azine 
ou  d'une  indamine.  Nous  ne  sommes  pas  encore  fixé  sur  ce  dernier  point, 
bien  que  la  production  d'une  indamine  nous  paraisse  plus  probable. 

»  Ajoutons  que  la  nature  de  la  pseudomorphine,  qui  a  été  l'objet  de 
nombreuses  controverses,  est  particulièrement  éclairée  par  la  composition 


(  8of 

de  cette  indamine,  qui  est  une  belle  matière  colorante  violette  répondant 
à  une  formule  nettement  définie. 

»  Les  conditions  les  plus  favorables  à  la  production  de  cette  matière 
colorante  sont  les  suivantes  :  on  fait  bouillir  pendant  cent  heures  au  réfri- 
gérant ascendant,  au  sein  de  5oogr  alcool  méthylique  ou  éthylique,  7gr  de 
morphine  avec  5B''  chlorhydrate  de  paranitrosodimélhvlaniline,  soit  poids 
moléculaire  pour  poids  moléculaire. 

»  La  solution  a  pris  une  teinte  rouge.  Il  s'est  formé  un  dépôt  cristallin, 
offrant  tous  les  caractères  et  la  composition  du  tétraméthyldiamidoazo- 
benzol  signalé  déjà  par  MM.  Barbier  et  Vignon,  en  faisant  réagir  l'aniline 
sur  la  paranitrosodiméthylaniline  pour  la  production  de  la  phénosafra- 
nine  (').  Le  liquide  alcoolique  isolé  de  l'azoïque  par  filtration  est  évaporé 
à  siccité.  On  reprend  par  l'eau  bouillante,  qui  laisse  un  résidu  insoluble; 
on  fdtre  pour  évaporer  de  nouveau  à  siccité  et  reprendre  par  de  l'acide 
çhlorhydrique  pur  étendu  de  deux  fois  son  volume  d'eau.  La  solution, 
d'un  beau  violet,  est  additionnée  d'un  excès  de  soude,  qui  précipite  la 
matière  colorante,  peu  soluble  dans  le  chlorure  de  sodium  formé.  On 
lave  à  l'eau  alcaline  pour  enlever  la  morphine  libre,  puis  à  l'eau  distillée. 
On  sèche  et  on  épuise  par  l'alcool  amylique,  qui  laisse  une  matière  colo- 
rante bleue  insoluble,  et  dissout  la  matière  colorante  violette.  Évaporé,  il 
abandonne  cette  dernière  à  l'état  pur.  En  additionnant  cette  solution  amy- 
lique de  son  volume  d'alcool  à  q3°,  puis  d'élher  et  enfin  d'une  solution 
alcoolique  de  chlorure  de  platine,  on  précipite  le  chloroplatinate  de  la 
matière  colorante.  A  l'analvse,  nous  avons  obtenu  : 

Matière 0,4209 

P  t o ,  096 1 

Soit  pour  100 22,83 

La   formule  PtClv(aHCl,  Az  (.    ^...u\„  a     ru         e\iye  Pt  pour  100.      23,02 

»  Cette  matière  colorante  nous  paraît  comparable  à  la  diméthylamido- 
diphénylimide  ou  vert  de  Bindschedler.  De  toute  façon,  il  ne  se  forme  pas 
de  safranine,  c'est-à-dire  que  deux  molécules  de  morphine  n'intervien- 
nent pas  dans  la  réaction  pour  donner  deux  groupements  de  morphine 
unis  au  résidu  delà  paranitrosodiméthylaniline.  D'un  autre  côté,  la  sou- 
dure n'a  pas  lieu  par  l'oxygène  du  groupe  OH  phénolique,  comme  dans 

(')  Voir  Bulletin  de  la  Soc.  Ciiim.,  t.  \LYU1,  p.  636;  1887. 


(    -So7   ) 

les  indophénols,  car  la  codéine,  on  él  fier  méthvlique  du  groupement  phé- 
nolique  de  la  morphine,  donne  une  matière  colorante  analogue  que  nous 
décrirons  prochainement  et  dans  laquelle  le  méthyle  greffé  sur  l'oxygène 
empêche  d'admettre  la  soudure  de  ce  dernier  avec  l'azote.  Par  analogie  il 
doit  en  être  de  même  pour  le   violet  de  morphine. 

»  Il  est  logique  d'admettre  que  cette  matière  colorante  se  forme  çràce 
à  la  tendance  de  la  morphine  à  donner  une  oxymorphine  (Schiïtzenberger), 
fait  que  Hesse  interprète  en  démontrant  que  la  morphine,  en  s'oxydant, 
perd  en  réalité  deux  atomes  d'hydrogène  pour  faire  de  l'eau  qu'elle  retient 
énergiquement  jusqu'à  i3o°  de  température. 

»  La  composition  de  ce  violet  de  morphine  infirme,  dans  tous  les 
cas,  l'idée  de  Polstorff  regardant  la  pseudomorphine  comme  deux  molé- 
cules de  morphine  soudées  avec  perte  de  deux  atomes  d'hydrogène 
(CI7H18  AzO:!)2.  Si  telle  était  la  composition  de  la  pseudomorphine,  la 
paranitrosodiméthylaniline  aurait  dû  donner  une  safranine  avec  la  mor- 
phine et  non  une  indamine. 

»  Ce  violet  de  morphine  est  amorphe,  un  peu  soluble  dans  l'eau,  pré- 
cipitable,  comme  beaucoup  de  colorants,  par  les  solutions  concentrées  de 
sel  marin.  Il  est  très  soluble  dans  les  alcools  méthvlique,  éthylique  et  amy- 
lique  au  sein  desquels  il  revêt  une  teinte  dichroïque  très  marquée.  Rouge 
par  réflexion,  il  est  violet  par  transmission.  Il  teint  directement  la  laine, 
la  soie,  le  fulmi-coton.  La  teinte,  qui  est  d'un  beau  violet  très  franc,  est 
altérable  à  la  lumière. 

»  Ce  violet  nous  paraît  être  la  première  couleur  dérivée  d'un  alcaloïde 
naturel  (' ). 

»  On  peut  l'envisager,  en  outre,  comme  une  matière  colorante  dérivée 
du  phénanthrène,  puisque  la  morphine  paraît  construite  sur  le  noyau 
phénanthrénique.  La  formation  de  ce  violet  de  morphine  a  donc  à  ces 
points  de  vue  un  nouvel  intérêt. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  une  hématine, végétale,  iaspergilline.   Note  de 
M.  Georges  Lixossier,  présentée  par  M.  A.  Chauveau. 

»  A  propos  de  ma  récente  Communication  sur  Yaspergilline,  pigment 
des  spores  de  l' Aspergillus  niger  (Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  489),  M.  Phip- 


(')  Le  bleu  de  morphine  de  MM.  Chastaing  et  Barillot  {Comptes  rendus,  t.  CV, 
p.  1012)  ne  paraît  pas  être  une  matière  colorante  proprement  dite. 


(  8o8  ) 

son  rappelle  qu'il  a  décrit  en  1879,  S0l,s  'e  nom  ('e  pàlmelline,  un  pig- 
ment de  L'algue  Palmella  cruenla,  et  ajoute  qu'  «  il  est  évident  que 
l'aspergilline  est  identique  avec  la  pàlmelline,  et  qu'en  conséquence  le 
nom  donné  en  premier  lieu  à  cette  substance  curieuse  doit  être  maintenu  » . 

«  Or  la  pàlmelline,  d'après  M.  Phipson,  est  rouge  rose,  d'aspect  cristal- 
lisé au  microscope,  soluble  dans  l'eau.  Sa  solution,  d'un  rouge  rose 
magnifique  par  transmission,  jaune  orangé  par  réflexion,  se  coagide  par 
la  chaleur,  par  l'alcool,  l'ammoniaque  et  la  potasse,  mais  non  par  l'acide 
ehlorhydrique.  Brûlée,  elle  laisse,  comme  les  tissus  végétaux  en  général, 
des  cendres  complexes  dans  lesquelles  on  reconnaît  aisément  de  la  chaux, 
du  chlore  et  du  fer.  L'auteur  ne  fait  allusion  à  aucune  action  parti- 
culière des  agents  réducteurs. 

»  L'aspergilline,  comme  l'hématine  du  sang,  est  noire,  amorphe,  inso- 
luble dans  l'eau.  L'ammoniaque  et  la  potasse  la  dissolvent,  et  les  dissolu- 
tions, qui  sont  brunes,  ne  sont  coagulées  ni  par  la  chaleur,  ni  par  l'alcool. 
L'acide  ehlorhydrique  les  précipite.  Brûlée,  elle  laisse  des  cendres  con- 
stituées par  l'oxyde  de  fer.  Elle  est  réduite  par  l'kydrosulfite  de  soude,  et 
le  produit  de  la  réduction  absorbe  énergiquement  l'oxygène  de  l'air. 

»  Il  ressort  de  ce  parallèle  que  la  pàlmelline  de  M.  Phipson,  bien  loin 
d'être  identique  à  l'aspergilline,  ne  présente  avec  cette  substance,  pas 
plus  cpi'avec  l'hématine  du  sang,  aucune  analogie.  » 

CHIMIE.  —  Influence  exercée  par  la  présence  des  sels  minéraux  neutres 
de  potassium  sur  la  solubilité  du  bitarlrate  de  potassium.  Note  de  M.  Ch. 
Blarez. 

«  Nous  avons,  dans  une  précédente  Communication,  représenté  l'action 
exercée  par  le  chlorure  de  potassium  sur  la  solubilité  de  la  crème  de  tartre 
par  deux  formules  :  l'une  relative  à  de  très  petites  quantités  de  ce  sel,  et 
l'autre  à  des  proportions  plus  fortes.  Cette  dernière  peut  être  écrite,  sans 
grand  changement,  sous  la  forme 

/   x  ~  o,o5 -4- o,ooooo563 

(,)  Qd  =  ^     w 

»  Pour  l'obtenir,  nous  avons  établi,  en  premier  lieu,  des  séries  d'expé- 
riences à  température  constante,  en  faisant  varier  la  proportion  de  chlo- 
rure de  potassium.  L'examen  des  résultats  nous  a  montré  : 

»    i°  Que  si  l'on  multipliait  la  quantité  de  crème  de  tartre  dissoute  par 


(   8o9  ) 
la  racine  carrée  dujjpoids  du  potassium  combiné  clans  le  chlorure,  on  obte- 
nait un  produit  constant,  d'où  cette  première  expression 

crème  de  tartre  X  yK  =  const. 

»  2°  Que  cette  constante  variait  et  augmentait  avec  la  température  de 
laquelle  elle  dépendait.  Cette  dernière  remarque  nous  a  obligé  d'étudier 
la  courbe  de  solubilité  de  la  crème  de  tartre  dans  une  solution  à  titre 
connu  (5  pour  ioo)  de  chlorure  de  potassium.  La  courbe  obtenue  peut 
se  calculer  avec  la  formule  approchée  que  voici 

Q9  =  o,o3  4-  o,ooooo3203. 

»  En  tenant  compte  de  ce  que  la  quantité  de  potassium  contenue  dans 
:')fir  de  chlorure  est  de  2er,6i5,  dont  la  racine  carrée  est  i,63,  nous  avons 
pu  avoir  la  formule  de  notre  constante  en  fonction  de  la  température.  En 
effet,  dans  ces  expériences,  la  crème  de  tartre  dissoute  à  0°  étant  égale  à 
(o,<>3  +  o,ooooo32f)3 ');  et,  d'un  autre  côté,  la  constante  à  0°  étant  égale 
nu  produit  du  bitartratre  potassique  par  la  racine  carrée  du  potassium, 
nous  avons  eu,  en  remplaçant  ces  deux  quantités  par  leurs  valeurs, 
l'expression  complète  nous  permettant  d'établir  la  formule  indiquée  clans 
notre  précédente  Note. 

»  Ces  deux  formules,  par  lesquelles  nous  représentons  ces  phénomènes, 
ne  peuvent  être  qu'approchées  seulement,  car  elles  représentent  des  lois 
d'ordres  distincts  qui  s'enchevêtrent  mutuellement. 

o  Toutefois,  le  fait  essentiel  de  ce  qui  précède,  c'est  que  les  phéno- 
mènes de  solubilité  cpii  répondent  à  la  seconde  formule  dépendent  unique- 
ment de  la  température  et  du  potassium.  L'élément  électronégatif  qui  lui 
est  adjoint  (le  chlore,  clans  le  cas  actuel)  ne  parait  pas  exercer  une  action 
manifeste.  En  conséquence,  on  pourrait  établir  a  priori  que,  quel  que  soit 
le  sel  de  potassium  ajouté  dans  les  solutions,  les  résultats  généraux  seront 
les  mêmes,  et  que  la  solubilité  sera  modifiée  également,  si  l'on  ajoute  des 
poids  de  sels  divers  renfermant  la  même  quantité  de  potassium,  c'est-à-dire 
des  quantités  proportionnelles  aux  équivalents  de  ces  corps.  C'est,  en  réalité, 
ce  qui  arrive. 

»  Nous  avons  étudié,  à  ce  point  de  vue,  l'action  exercée  par  quelques 
sels  de  potassium  neutres.  De  minimes  quantités  de  l'un  quelconque  d'entre 
ceux  dont  nous  allons  parler  ont  pour  effet  d'insolubiliser  un  poids  égal  de 
crème  de  tartre,  comme  nous  l'avons  dit  à  propos  de  l'action  du  chlorure 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.   (T.  CXII,  N'  15.)  '  °t> 


:      8  I O 


de  potassium.  Des  quantités  plus  importantes  produisent  des  actions  c;  I- 
culables  par  ia  formule  I 

»  Voici,  ci-dessous,  les  résultats  de  quelques  expériences  de  contrôle  : 


Quantité 
de  sel  pour  xoo. 


o,488. 
i . 525  . 

2 ,000  . 

2 , j  35  . , 

3,o5o  . 


î'   lassium 
a  ridant. 

A. 

■  e  ■ 
o,  iGo 

o,3oo 

. . '  o, 5oo 

0,654 

.  700 


4,000 


1,004 

2,o85 

2,  128 

3,447 
4,256 


I   ,000 

i,575 
3,ooo 
3,i4i 


I,295 

2,090 
3,ooo 
4,000 


/'- 

1 ,  00b 

1 ,3oo 

B. 

gr 

o,25o 

0,490 

0,000 

0,810 

1,000 


l/s. 


o ,  400 

■ 
0,810 
o,835 
1 ,000 
i,i4o 


0,000 
0,700 
0,706 
0,900 
1 ,000 


Trouvé 

Calculé 

Température. 

pour  100. 

pour  100 

e  de  potassium. 

0 

1 

gr 

o,3io 

0,3l2 

i 

0,222 

O,  223 

0 .17-1 

°.'77 

1 3 , 5 

0,076 

0,076 

■>  i 

0,129 

0,1 3g 

1 5 ,  25 

0.068 

0,067 

•  4 

o,o">  3 

o.o55 

de  potassium. 

0 
i5, 2.5 

gr 
o,i48 

g1' 
0,  i35 

i5 

0,099 

0,095 

i5,25 

0,094 

0,095 

i5 

0,075 

0,074 

» 

0,067 

0 ,  066 

C.  —  Avec  le  chlorate  de  potassium. 

gr  o  1 

o,320  0,570  17  0  ,  !  ':'' 

o , 5oo  o , 706  6,5  o , 064 
0,960  0,980  17  0,081 
1 ,000      1 ,000       9       o,o5i 


D.  - 

o,5oo 

!.,  OOO 

I 


ivec  l'azotate  de  potassium. 

o 

i5,4 

9 
i4,5 


"■ 

0 

,706 

I 

000 

J 
I 

,080 

47 

0,114 

0,04s 

o,o65 
o,o63 


o .  1 3o 
0,061 
0,076 
o,o52 


0,114 

0,002 
0,060 
o ,  009 


»  Toutes  ces  expériences  ont  été  faites  en  agitant  pendant  quarante-huit 
:res  consécutives,  dans  une  enceinte  fermée,  à  température  constante, 
les  solutions  salines  avec  un  excès  de  tartre  pulvérisé.  Nous  aurions  pu 
joindre  à  ces  Tableaux  beaucoup  d'autres  nombres  obtenus  par  le  même 
mode  opératoire  ou  bien  par  la  méthode  de  cristallisation  par  refroidisse- 
ment; mais,  dans  ce  cas,  les  résultats  sont  beaucoup  plus  variables.  Quels 
que  soient,  au  reste,  les  soins  qu'on  apporte  dans  ces  déterminations,  il  y 


a  presque  toujours  entre  deux  expériences  consécutives  de  légères  varia- 
tions, et  ce  n'est  que  d'après  un  grand  ensemble  de  résultais  que  l'on  peut 
arriver  à  voir  la  marche  du  phénomène. 

•»   En  examinant  attentivement  !  ci-dessus,  on  peut  constater 

que  le  chlorure,  le  bromure,  l'iodure,  le  chlorate  et  l'azotate  de  potassium, 
qui  contiennent  loi;sdes  radicaux  monobasiques,  produisent  des  effets  qui 
répondent  bien  à  la  loi  que  l'étude  faite  avec  le  chlorure  de  potassium  dans 
son  action  sur  la  solubilité  du  tartre  nous  a  fait  énoncer.  En  résumé,  pour 
ces  sels,  une  même  influence  exercée  sur  la  solubilité  du  bitartratc  potas- 
sique, toutes  autres  choses  étant  égales,  est  produite  par  des  quantités  de 
sels  proportionnelles  à  leurs  poids  moléculaires.  Ces  phénomènes  de.  solu- 
bilité se  rattachent  donc,  comme  beaucoup  d'autres  d'ordre  tout  différent, 
aux  grandes  lois  générales  qui  régissent  les  équivalents,  et  il  est  plus  que 
probable  que  ceci  ne  s'applique  pas  uniquement  à  la  solubilité  du  bitar- 
tratc de  potasse.  C'est  ce  que,  au  reste,  nous  pourrons  démontrer  pro- 
chainement.   » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  la  caractéristique  du  vin  de  figue. 
Note  de  M.  P.  Carles. 

«   A  côté  des  raisins  secs,  qui  pendant  plusieurs  années  ont  servi  à  la 

ude  des  vins  français,  se  trouvent  les  s,  que  l'on  emploie  en  ah 

dance,  en  Algérie  surtout,  soit  dans  le  même  but,  soit  pour  écouler  de  l'a! 

il  en  franchise  de  droits. 

o   Ces    figues   croissent   en    abondance    dans  les  contrées  méditerra- 
nnes,  mais  on  préfère  celles  de  l'Asie  Mineure  qui  sont  plus  communes 
encore  et  d'un  prix  plus  modique  par  rapport  à  leur  richesse  saccliari, 

»  Lorsqu'on  arrose  ces  fruits  avec  une  quantité  convenable'd'eau  tiède 
acidulée  d'acide  tartrique,  ils  entrent  rapidement  en  fermentation  et  four- 
nissent vite  une  boisson  vineuse  de  8°  environ,  si  neutre  et  si  peu  coûteuse 
qu'elle  défie  toute  concurrence  viticole,  algérienne  ou  autre.  Si  on  ta 
soumet  à  une  analyse,  même  détaillée,  on  trouve  qu'elle  contient  bien  tous 

s  éléments  constituants  du  vin   et  que  les  légères  différences  que  l'on 
relève  dans  leur  proportionne  permettent  de  suspecter  aucune  fraude. 

•■>  T/i  dégustation  est  aussi  impuissante  à  affirmer  son  origine,  surtout 
lorsque  la  vinosité  du  liquide  a  été  relevée  à  l'aide  d'un  peu  de  vin  normal. 
O.-,  an  dire  du  président  du  comice  agricole  d'Alger,  à  l'instigation  de  qui 


(  Si  a   ) 
celle  élude  a  été  faite,  c'est  là  ce  que  savent  et  pratiquent  un  grand  nombre 
de  viticulteurs  sans  vignes,  au  détriment  des  vrais  colons  algériens. 

»  La  production  du  vin  de  figue  est  encore  préjudiciable  aux  intérêts 
du  Trésor.  Les  Algériens,  en  effet,  ayant  la  faculté  de  viner  leur  récolte 
à  i5°,  présentent  ce  vin  factice  en  autorisation  de  vinage,  non  seulement 
une  fois,  mais  plusieurs  fois  de  suite,  après  l'avoir  dédoublé  par  mouillage, 
ce  qui  leur  permet  d'écouler  facilement  de  l'alcool  en  franchise  de  droits. 

»  La  Chimie  montre  cependant  que  la  caractérisation  du  vin  de  figue 
n'est  pas  impossible  et  voici  comment.  Lorsqu'on  évapore  ioocc  de  cette 
liqueur  en  consistance  de  sirop  et  qu'on  l'abandonne  en  lieu  frais  et  sec,  le 
résidu,  au  lieu  de  rester  liquide,  non  seulement  se  prend  en  masse  dans  les 
vingt-quatre  heures,  mais  il  présente  encore  la  particularité  de  se  diviser 
en  îlots  cristallins  indépendants.  Si,  après  avoir  lavé  ces  cristaux  à  l'alcool 
froid  à  85°,  de  façon  à  enlever  la  glycérine,  un  peu  de  sucre  et  les  acides 
organiques,  on  épuise  le  résidu,  mélangé  de  noir,  par  le  même  alcool  bouil- 
lant, on  en  sépare,  après  évaporation  de  ce  dissolvant,  une  substance  cris- 
tallisable  que  ses  propriétés  organoleptiques,  physiques  et  chimiques  dé- 
noncent comme  formée  de  marmite  pure. 

»  Depuis  que  M.  Bourquelot  a  démontré  le  mode  et  l'époque  de  la  pro- 
duction de  ce  sucre  dans  les  champignons,  il  n'était  pas  difficile  de  prévoir 
que  pareils  phénomènes  devaient  se  produire  dans  les  figues,  non  seule- 
ment après  leur  cueillette,  mais  même  déjà  sur  l'arbre,  à  partir  du  moment 
de  leur  maturité,  et  l'on  pensait  qu'une  transformation  analogue  des  gly- 
coses  doit  avoir  lieu  dans  d'autres  fruits  indigènes  ou  tropicaux,  surtout 
dans  ceux  qui  se  conservent  longtemps  à  l'état  de  fraîcheur  dans  les  frui- 
tiers. 

»  Mais,  à  cause  de  cela  même,  peut-on  considérer  cette  mannite  comme 
caractéristique  du  vin  de  figue?  On  l'a  retrouvée,  il  est  vrai,  dans  certains 
vins  et  nous  l'avons  extraite  nous-même  de  quelques  vins  blancs  giron- 
dins; mais,  ici,  comme  dans  les  vins  de  raisins  secs  ou  quelques  autres  vins 
normaux,  ce  n'a  jamais  été  qu'exceptionnellement  et  à  la  dose  de  quel- 
ques décigrammes  par  litre,  tandis  que  les  vins  de  figue  en  contiennent  de 
6gr  à  8sr  par  litre.  Bien  mieux,  à  l'aide  d'expériences  synthétiques,  nous 
avons  pu  nous  assurer  que  le  dosage  de  cette  mannite  peut  servir  à  déceler 
un  coupage  de  vin  normal  algérien,  avec  moitié  et  même  un  quart  de  vin 


(  8i3   ) 


CHIMIE  industrielle.  —  Sur  un  moyen  de  reconnaître  la  margarine  mêlée 
au  beurre.  Note  de  M.  R.  Lézé,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Nous  avons  donné,  il  y  a  quelque  temps  déjà,  le  résultat  des  recherches 
entreprises  pour  découvrir  les  fraudes  des  beurres. 

«  Nous  avons  montré  qu'en  turbinant  les  beurres  à  la  température  de  leur 
fusion,  à  la  vitesse  de  6om  environ  par  seconde  et  cela  pendant  une  heure, 
on  séparait  la  matière  alimentaire  en  trois  constituants  :  l'eau  à  la  partie 
inférieure,  une  émulsion  blanchâtre  et  enfin,  au-dessus,  la  matière  grasse 
purifiée.  Nous  avons  montré  que  l'émulsion  blanchâtre  était  maxima  dans 
les  beurres  purs,  nulle  dans  les  margarines. 

»  Depuis  notre  Communication  nous  avons  souvent  vérifié  l'exactitude 
de  nos  conclusions  premières;  mais  il  n'y  avait  pqs  à  se  dissimuler  que  la 
réalisation  de  ces  expériences  était  difficile,  puisqu'il  faut  posséder  une 
écrémeuse  à  vapeur  et  un  pasteurisateur. 

»  Nous  nous  sommes  préoccupés  de  simplifier  ce  matériel  coûteux  et 
île  diminuer  le  temps  de  l'opération. 

»  L'examen  microscopique  des  margarines  de  commerce  montre  que 
ces  graisses,  qui  sont  préparées  à  la  baratte,  contiennent  de  fortes  pro- 
portions d'air  émulsionnées  dans  la  masse  et  ces  petites  bulles  d'air  empri- 
sonné donnent  un  aspect  laiteux  à  la  margarine  récemment  fondue;  peu 
à  peu,  à  la  chaleur,  l'air  se  dégage  et  la  margarine  prend  l'aspect  d'une 
huile. 

»  Pour  mettre  mieux  ce  phénomène  en  évidence,  nous  avons  eu  l'idée 
d'ajouter  à  la  graisse  fondue  une  substance  assez  avide  d'eau  pour  hâter  la 
séparation  de  l'eau  que  contiennent  toujours  les  graisses  alimentaires,  dans 
la  proportion  de  10  à  12  pour  1 00  en  moyenne  ;  il  fallait  trouver  une  matière 
n'ayant,  dans  les  circonstances  de  l'essai,  aucune  action  désorganisatrice  : 
le  sirop  de  sucre,  remplit  très  bien  les  conditions  requises;  il  était  à  pré- 
voir que  le  sirop  de  sucre,  en  hâtant  la  séparation  de  l'eau  et  en  donnant 
avec  elle  une  dissolution  de  densité  assez  forte,  séparerait  plus  nettement 
l'émulsion  blanchâtre  dont  nous  avons  parlé. 

»  L'action  du  sirop  de  sucre  est,  en  effet,  remarquable  et  des  plus 
promptes. 

«   L'expérience  nous  a  montré  qu'on  obtenait  les  réactions  les  puis  nettes 


avec  du  sirop  de  sucre  bien  saturé  et  employé  dans  la  proportion  d'un 
sixième  environ  du  volume  du  beurre  en  expérience. 

»  On  verse  icc,o  du  sirop  concentré  dans  un  tube  de  verre  bouché  et 
portant  un  trait  à  iocc,  on  place  ce  tube  dans  un  bain-marie  tiè  !c  et  l'on 
ajoute  par  petites  portions  le  beurre  à  essayer,  jusqu'à  ce  que  le  niveau  at- 
teigne le  repère  10;  le  beurre  fondant  à  mesure,  ce  point  est  très  facile  à 
observer. 

»  On  bouche  et  l'on  agite  légèrement  le  tube  chaud  ;  puis,  en  l'attachant 
avec  une  ficelle,  on  le  fait  tourner  quelques  instants  en  fronde.  Cette  der- 
nière opération  est  quelquefois  même  inutile. 

»  Le  beurre  pur  se  reconnaît  aussitôt  ;  la  matière  grasse  est  transparente 
et  limpide,  l'émulsion  blanchâtre  est  volumineuse,  bien  rassemblée  si  l'on 
fait  tourner  suffisamment  le  tube. 

»  Dans  les  beurres  margarines,  la  matière  grasse  reste  soluble  et  lai 
teuse  :  cette  réaction  est,nette  et  sensible;  nous  n'avons,  jusqu'à  présent, 
pas  éprouvé  la  moindre  incertitude  à  condamner  comme  fraudés  des 
beurres  contenant  20  pour  100  et  même  i5  pour  100  de  margarine  et  nous 
avons  répété  ces  essais  sur  des  beurres  et  des  margarines  d'origines  très 
diverses.  Les  beurres  salés  donnent  les  mêmes  réactions  que  les  beurres 
frais.  L'aspect  de  la  matière  grasse  fondue  est  caractéristique,  mais  il  y  a  plus. 

»  On  sait  que  les  oléo  et  les  margarines  du  commerce  présentent  nor- 
malement le  phénomène  de   la  surfusion;  elles  communiquent  cette  cu- 
rieuse propriété  aux  graisses  et  l'on  remarque  très  bien,  lorsque  L'on  fait 
des  études  comparatives,   que  des  tubes  préparés  ensemble,  fondus  en 
semble,  se  figent  à  des  moments  différents. 

»  Les  beurres,  en  se  refroidissant,   deviennent  pâteux  et  se  troublent, 

c'est  eux  qui  deviennent  opaques  alors  que  les  mélanges  conservent  une 
demi-transparence  et  leur  aspect  de  matières  fondues. 

»  De  légers  chocs  imprimés  de  temps  à  autre  à  tous  ces  tubes  montrent 
que  les  tubes  à  beurre  sont  pris,  tandis  que  les  graisses  contenant  de  l'oléo 
sont  encore  à  l'état  liquide. 

«  Pour  la  facilité  de  ces  expériences,  nous  avons  fait  construite  des 
tubes  bouchés  composés  de  deux  parties  cylindriques  de  diamètres  diffé- 
rents, mais  de  même  longueur,  5cm.  La  partie  inférieure  est  étroite,  elle 
comporte  3CC  divisés  en  dixièmes;  c'est  au  moyen  de  cette  graduation  que 
l'on  mesure  le  sirop  de  sucre;  la  partie  supérieure,  plus  large,  est  simple- 
ment divisée  en  centimètres  cubes  jusqu'à  12. 


(  8 1  \ 

»  Nous  avons  fut  également  disposer  des  tubes  do  bois  qui  servent  à 
recevoir  ces  tubes  de  verre  que  l'on  doit  faire  tourner. 

»  Une  forte  ficelle  tenue  à  la  main  permet  de  communiquer  au  tube  une 
vitesse  de  3m  à  4™  par  seconde,  bien  suffisante  dans  ce  cas. 

»  Nous  avons  indiqué  la  marche  des  opérations  fournissant  les  meil- 
leurs résultats,  mais  les  chiffres  et  proportions  peuvent  être  variés  sans 
grand  inconvénient,  pourvu  que  l'on  fasse  agir  du  sirop  de  sucre  sur  la 
matière  fondue  ;  la  réaction  est  toujours  rapide  et  nette,  elle  peut  se  faire 
dans  un  verre  ou  même  dans  une  assiette  chauffée. 

»  Nous  ne  pouvons  affirmer  que  ce  procédé  soit  infaillible,  mais  noir; 
pensons  qu'un  beurre  ne  se  clarifiant  pas  doit  être  considéré.comme  sus- 
pect, et  comme  tel  examiné  plus  à  fond  à  l'analyse  ou  à  l'oléoréfracto- 
mètre.  » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  l'épuration  d'un  flegme  d'alcool  de  mélasse 
pendant  le  travail  de  la  rectification.  Note  de  Ed.  Mouler,  présentée  par 
M.  Troost. 

«  Nous  avons  appliqué,  à  la  détermination  de  la  marche  qui  suit  l'épu- 
ration d'un  flegme  d'industrie  pendant  le  travail  de  la  rectification,  la  mé- 
thode d'analyse  des  alcools  présentée  à  l'Académie  dans  sa  séance  du 
5  janvier  1891. 

»   Pour  cela,  nous  avons  chargé  la  chaudière  de  l'appareil  à  rectifier  (système  Sa- 
valle)  avec  une  quantité  de  flegmes  représentant  la  valeur  de  ioohlit  d'alcool  à  100", 
et,  après  les  avoir  neutralisés  par  addition  de  lessive  de  soude,  nous  les  avons  étendu 
d'eau  jusqu'à  production  d'un  volume  total  de  3oohlit. 

»  Le  tout  a  été  soumis  à  la  distillation;  cette  opération  a  duré  cinquante-trois 
heures,  et  l'alcool  recueilli  correspondant  aux  sept  qualités  que  l'on  appelle  dans  l'in- 
dustrie mauvais  goûts  de  tête,  moyens  goûts  de  tête,  surfin  de  tête,  extra-fin,  sur- 
fin de  queue,  moyens  goûts  de  queue  elmauvais  goûts  de  queue,  mis  à  part  chacun 
dans  un  broc  spécial,  dont  on  préleva  21U  qui  fuient  soumis  à  l'analyse. 

»   Le  résultat  de  ces  analyses,  exprimé  en  grammes  par  hectolitre  d'r 
;  à  ioo°,  est  consigné  dans  le  Tableau  suivan!  : 


(  Si6  ) 


III 


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»  Il  ressort  de  ce  Tableau  que  les  alcools  bon  goût  (surfins  et  extrafins),  conslituenl 
80  pour  100  du  volume  total  du  flegme  soumis  à  la  rectification  et  peuvent  être  con- 
sidérés comme  presque  chimiquement  purs,  puisqu'ils  ne  contiennent  qu'une  propor 
lion  d'impureté  variant  de  70  à  i8g,nïr  par  litre; 

»  Que  les  mauvais  goûts  de  tète  ne  renferment  pour  ainsi  dire  que  des  éthers  et  de-< 
aldéhydes  et  sont  plus  de  dix  fois  moins  impurs  que  les  mauvais  goûts  de  queue,  qui 
contiennent  une  très  grande  quantité  d'alcools  supérieurs,  principalement  de  l'alcool 
amylique,  et  une  petite  quantité  d'éthers  et  d'aldéhydes  à  point  d'ébullition  élevé. 

»  Si  l'on  se  reporte  à  l'analyse  du  flegme,  on  constate  que,  d'une  part,  lefurfurol  et  le- 
bases  étant  en  quantité  négligeable  et,  d'autre  part,  les  acides  libres  très  facilement 
enlevés  par  saturation  à  la  soude,  il  ne  reste  plus,  comme  élément  important,  que  les 
alcools  supérieurs  qui  viennent  en  première  ligne,  puis  les  éthers  et  enfin  les  aldé- 
hydes. L'analyse  des  alcools  passés  à  la  distillation  fait  ressortir  que  le  surfin  de  tète 
etl'extrafin  sont  exempts  d'alcools  supérieurs,  que  le  surfin  de  queue,  seul  en  contient 
une  petite  quantité,  tandis  que  la  presque  totalité  a  passé  sous  le  petit  volume 
de  7hIit,43  de  moyens  et  mauvais  goûts  de  queue. 

»  Il  en  résulte  que  l'importance  de  la  proportion  des  alcools  supérieurs,  tout  en 
étant  quantitativement  très  grande,  est  cependant  secondaire  au  point  de  vue  de  la  rec- 
tification, puisque  ces  produits  sont  aussi  facilement  éliminables  de  l'alcool. 

»  11  en  est  de  même  pour  les  aldéhydes,  dont  la  presque  totalité  se  concentre  dans 
les  iohlit,l8  de  mauvais  et  moyens  goûts  de  tête. 

»  Quant  aux  éthers,  ce  sont  les  produits  qui  paraissent  être  les  plus  difficiles  à 
séparer  de  l'alcool  par  la  rectification,  puisqu'il  eux  seuls  ils  constituent  les  70,74 
et  65  pour  100  des  impuretés  passées  dans  les  alcools  bons  goûts. 

»  Si  maintenant  on  considère  la  totalité  des  impuretés  passées  à  la  distillation,  on 
remarque  qu'elle  constitue  les  66,65  pour  100  de  la  totalité  des  impuretés  contenues 
dans  le  flegme. 

»  Parmi  ces  66,65  pour  100  d'impuretés,  1,91  pour  100  seulement  se  retrouvent 
dans  les  8ohlit  d'alcools  bons  goûts  produits  pendant  la  rectification,  tandis  que  la 
presque  totalité,  64,74  pour  100,  a  passé  dans  les  i  7,lUt,  61  d'alcools  mauvais  goûts. 

»  Les  33,35  pour  100  d'impuretés  restant  se  retrouvent  partiellement  dans  les  eaux 
résiduaires  restées  dans  la  chaudière,  le  reste  constitue  la  perte  et  les  erreurs  d'a- 
nalyse. 

»  Ces  eaux  résiduaires  contiennent,  à  l'état  de  sels  de  soude,  la  presque  totalité  des 
acides,  et  39,1  pour  100  du  poids  total  des  éthers;  elles  renferment  en  outre  18,  >. 
pour  ioo  des  éthers  à  l'état  libre  et  75,6  pour  100  du  poids  total  des  vases. 

»  Ces  3g,  1  pour  100  d'éthers  contenus  dans  les  eaux  résiduaires  à  l'état  de  sels  de 
soude,  proviennent  de  l'action  du  carbonate  de  soude  formé  pendant  la  neutralisation 
du  flegme  sur  les  éthers  qui  y  sont  contenus. 

»  Si  l'on  prend  l'acidité  du  flegme  en  présence  et  en  l'absence  d'acide  carbonique, 
la  différence  donne  la  quantité  de  soude  qui,  à  l'état  de  carbonate,  a  saponifié  une 
partie  des  éthers. 

»   En  résumé,  il  résulte  de  ce  travail  que  la  rectification  des  flegmes 
donne  des  alcools  bons  goûts  presque  entièrement  purs,  dont  la  toxicitc, 

C.   K.,   1891,  1"  Semestre.  (T.  CXIl,  N°  15.)  1(>7 


(  8i 8  ) 
attribuable  aux  produits  étrangers  à  l'alcool  éthvlique,  peut  être  consi- 
dérée comme  nulle; 

»  Qu'au  contraire  les  alcools  mauvais  goûts  contiennent  une  très 
grande  proportion  de  produits  nocifs,  étrangers  à  l'alcool  éthvlique; 

»  Que  si  les  premiers  étaient  seuls  livrés  au  commerce,  ils  constitue- 
raient un  danger  moindre  pour  la  santé  publique,  et  qu'il  existe  une  mé- 
thode analytique  capable  de  reconnaître  facilement  la  pureté  des  uns  et 
l'impureté  des  autres.  » 

MINÉRALOGIE.  —  Reproduction  artificielle  de  la  daubreelite. 
Note  de  M.  Stanislas  Meuxier. 

«  Parmi  les  sulfures  météoritiques,  le  plus  caractéristique,  parce  qu'il 
ne  fait  pas  partie,  au  moins  jusqu'ici,  de  la  minéralogie  terrestre,  est  sans 
doute  la  daubreelite.  C'est  un  composé  où  le  fer  et  le  chrome  sont  com- 
binés au  soufre  et  qui,  entrevu  par  Shepard  qui  l'appelait  Schreibersite, 
puis  par  de  Haidinger  qui  l'appelait  Shcpardite,  a  été  bien  étudiée  par 
Lawrence  Smith.  Sa  constitution  est  celle  du  fer  chromé  où  le  soufre 
remplacerait  l'oxygène. 

»  La  synthèse  expérimentale  de  ce  composé  intéressant  avait,  à  mes 
■veux,  d'autant  plus  d'importance,  que  son  association  avec  les  alliages  de 
fer  nickelé  et  avec  la  pyrrhotine  indiquait  l'intervention,  lors  de  sa  pro- 
duction naturelle,  d'un  ensemble  de  réactions  compatibles  avec  celles  qui 
ont  produit  ces  autres  substances.  Le  succès  que  j'ai  obtenu  paraît  con- 
firmer l'opinion  déjà  exprimée,  que  la  fusion  sèche  n'est  pas  la  voie  par 
laquelle  ont  pris  naissance  les  holosidères  types,  reconnaissables  à  la 
beauté  des  figures  de  Widmannstai'tten  que  dessinent  les  acides  sur  des 
surfaces  polies.  En  d'autres  termes,  c'est  par  le  moyen  de  réactions  ga- 
zeuses que  la  daubreelite  se  produit  artificiellement  avec  toutes  ses  pro- 
priétés naturelles. 

»  J'ai  obtenu  la  daubreelite  en  traitant  au  rouge  par  l'hvdrogène  sul- 
furé :  i°  un  mélange  en  proportion  favorable  de  protochlorure  de  fer  et 
de  sesquichlorure  de  chrome  ;  1°  le  fer  chromé  naturel  très  finement  pul- 
vérisé ;  3°  un  alliage  convenable  de  fer  et  de  chrome.  C'est  cette  dernière 
méthode  qui  fournit  le  résultat  le  plus  satisfaisant. 

><   Déjà  j'ai  eu  l'occasion  de  décrire  l'alliage  métallique  dont  il  s'agit  (  '  ) 


(')    Comptas  rendus,  t.  CX,  p.  424i  1890. 


(  8.9  ) 
et  de  signaler  la  grande  facilité  avec  laquelle  il  procure,  par  simple  oxyda- 
tion dans  la  vapeur  d'eau  à  la  température  rouge,  la  synthèse  complète  du 
fer  chromé.  J'ai  opéré  sur  des  feuilles  métalliques  très  souples  et  très 
cohérentes  produites  sur  les  parois  internes  des  tubes  de  porcelaine  par  la 
réduction ,  à  l'hydrogène  pur,  du  mélange  des  chlorures  de  fer  et  de  chrome. 
L'alliage  est  mélangé  d'un  excès  de  fer  métallique,  qu'on  aurait  pu  enlever 
à  l'aide  d'un  acide,  mais  dont  la  présence  n'avait  ici  aucun  inconvénient. 

»  Après  l'expérience,  les  feuilles  métalliques  n'ont  pas  perdu  leur 
forme,  mais  elles  sont  devenues  plus  foncées  en  couleur  et  sont  extrême- 
ment fragiles.  A  la  loupe,  et  mieux  au  microscope,  on  v  reconnaît  une 
structure  entièrement  cristalline  et  la  coexistence  de  deux  substances  que 
leurs  nuances  distinguent  aisément  l'une  de  l'autre.  L'une  est  à  reflets 
bronzés  et  présente  en  divers  points  des  contours  hexagonaux  très  nets  ; 
c'est  de  la  pyrrhotine  (troïlite);  l'autre  est  en  grains  plus  petits  et  parfai- 
tement noirs.  Ce  mélange,  soumis  à  l'acide  chlorhydrique  chaud,  fournit 
un  abondant  dégagement  d'hydrogène  sulfuré  et  toute  la  pyrrhotine  est 
bientôt  dissoute  ;  il  est  remarquable  que  la  liqueur  contient  une  propor- 
tion sensible  de  chrome.  Le  résidu  consiste  en  une  fine  poussière  entière- 
ment cristalline,  noire,  qui  renferme  peut-être  un  peu  de  sesquisulfure 
de  chrome,  mais  qui  est,  avant  tout,  formée  parla  daubréelite  cherchée. 

»  J'ai  pu  sans  difficulté  réunir  plusieurs  grammes  de  ce  composé  et  en 
faire  l'étude.  Il  présente  tous  les  caractères  de  la  daubréelite  naturelle, 
provenant  du  fer  météorique  de  Cohahuila  et  donnée  au  Muséum  par 
Lawrence  Smith.  Sauf  une  couleur  plus  foncée,  due  sans  doute  à  une  plus 
grande  ténuité  de  la  poussière,  l'aspect  est  le  même;  la  densité  est  sensi- 
blement égale  à  5.  Au  chalumeau,  il  est  facile  de  reconnaître  la  présence 
simultanée  du  chrome,  du  fer  et  du  soufre  :  une  perle  de  sel  de  phosphore 
se  colore  en  vert  intense;  après  calcination,  la  matière  devient  sensible- 
ment magnétique;  enfin,  sur  le  charbon,  l'odeur  de  l'acide  sulfureux  est 
très  nette.  La  solution  dans  l'acide  azotique  a  permis  le  dosage  du  soufre 
sous  la  forme  de  sulfate  de  baryte  et  du  fer  sous  celle  de  sesquioxvde  :  le 
chrome  a  été  évalué  par  différence.  Les  résultats  sont  tout  à  fait  voisins  de 
ceux  que  réclame  la  formule  FeS,  Cr'-S3  : 

Calculé. 

Soufre 45  ,  o  i  44  >  29 

Fer 19,99  '9>38 

Chrome 35, 00  36,33 


!  "i  .  ,  OO  I  OO  ,  01  > 


(    820    ) 

»  Au  microscope,  l'aspect  de  la  substance  est  remarquablement  iden- 
tique à  celui  de  la  tlaubréelite  météoritique;  c'est  une  poussière  dont  les 
grains  anguleux,  mais  irréguliers,  ne  présentent  qu'exceptionnellement 
des  indices  de  formes  cristallines.  On  voit  des  clivages  très  nets  et  très 
brillants. 

»  Il  y  a  lieu  d'insister  sur  l'association  de  ce  sulfure  avec  la  pyrrhotine, 
qui  est  son  compagnon  fidèle  dans  les  fers  météoriques.  Dans  le  fer  de 
Cohahuila  un  même  rognon  sulfuré  est  moitié  de  pyrrhotine  et  moitié  de 
daubréelite.  D'un  autre  côté,  on  remarquera  qu'un  fer  à  rognon  sulfuré, 
s'il  était  soumis  à  la  fusion,  perdrait  tous  ses  caractères,  et  à  supposer 
(ce  qui  est  contraire  aux  faits)  qu'on  arrive,  par  un  refroidissement  lent,  à 
provoquer  le  départ  par  liquation  des  alliages  associés,  toujours  reste-t-il 
manifeste  que  les  sulfures,  très  fusibles  et  relativement  peu  denses,  se  sé- 
pareraient du  métal,  formeraient  un  enduit  à  la  surface  du  culot  et  dans 
aucun  cas  ne  se  réuniraient  en  nodules  dans  ses  parties  centrales.  Au  con- 
traire, une  émanation  gazeuse  convenable  se  faisant  jour  dans  un  fer  déjà 
constitué,  fissuré  et  chauffé  bien  au-dessous  de  son  point  de  fusion,  pro- 
duirait la  cristallisation  des  sulfures.  J'ai,  à  cet  égard,  de  nouveaux  résul- 
tats positifs  qui  seront  publiés.  Pour  le  moment,  il  suffit  de  constater  que 
les  faits  précédents  s'ajoutent  à  ceux  qui  concernent  l'histoire  des  alliages 
de  fer  nickelé,  celle  du  fer  chromé  et  celle  du  platine  ferrifère,  pour  per- 
mettre d'affirmer  l'existence  d'une  catégorie  nombreuse  de  roches  de  con- 
crétion et  non  de  fusion,  représentée  à  la  fois  dans  la  série  des  météorites 
et  dans  l'épaisseur  de  la  croûte  terrestre.  » 

BOTANIQUE.  —  Sur  les  Clusia  Je  la  section  Anandrogyne.  Note  de 
M.  J.  Vesque,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  La  plupart  des  espèces  ont  les  loges  de  l'ovaire  multiovulées;  quel- 
ques-unes seulement  ne  renferment  que  deux  ovules  par  loge,  et  les 
loges  peuvent  même  devenir  monospermes  par  avortement.  Deux  de  ces 
dernières,  les  Cl.  Ducu  Bnth.  (Colombie)  et  trochiformis  Yesque  (Pérou, 
Toi'omita  Spruceana  Engl.),  ne  semblent  différer  que  par  le  nombre  des  brac- 
téoles,  l'épharmonie  étant  essentiellement  la  même,  et  trahissant  une 
adaptation  à  des  conditions  moyennes  :  hypoderme  de  3  à  4  assises, 
mésophylle  environ  12-sérié,  à  2-3  rangées  de  cellules  en  palissades 
décroissantes,   stomates   à   peine    plus    grands  que   les   cellules    épider- 


(    82J     ) 

iniques,  pétiole  grêle,  ni  ailé,  ni  marginé.  Le  Cl.  Pseudo-Havetia  Pi.  et  Tr. 
(Pérou)  s'en  distingue  par  la  multiplication  extraordinaire  des  assises  cel- 
lulaires du  mésophylle  (plus  de  20),  par  son  hvpoderme  de  6-7  assises,  et 
par  un  tissu  aquifère  qui  occupe  le  tiers  inférieur  du  mésophylle.  Le 
Cl.  sphœrocarpa  Pi.  et  Tr.  (Pérou)  ressemble  beaucoup  plus  au  Cl.  Ducn  ; 
mais  son  inflorescence  est  plus  pauvre,  et  les  stomates  sont  sensiblement 
plus  grands  que  les  cellules  épidermiques.  Les  deux  dernières  piaules  se 
rattachent  évidemment  d'une  manière  indépendante  au  groupe  Ducu-trochi- 
formis  qui  occupe  dans  l'ensemble  une  position  centrale  et  en  représente  le 
«  groupe  nodal  ».  A  ces  espèces  viennent  s'en  rattacher  deux  autres, 
malheureusement  moins  bien  connues,  le  Cl.  havelioules  Pi.  et  Tr.  (Ja- 
maïque) à  anthères  arrondies,  comme  chez  le  Cl.  Ducu  (non  linéaires) 
à  pétiole  un  peu  dilaté;  sa  structure  anatomique  est  peu  différente  de 
celle  de  cette  dernière  espèce.  La  position  du  CL  popayanensis,  que  je  ne 
connais  que  par  la  description  de  Planchon  et  Triana,  est  beaucoup  moins 
certaine;  il  partage  néanmoins  avec  le  Cl.  Ducu  un  caractère  très  rare  chez 
les  Anandrogyne,  4  bractéoles  calycinales  au  lieu  de  deux,  et  me  parait,  par 
conséquent,  ne  pas  s'en  éloigner  beaucoup. 

»  Les  cas  incertains  étant  comptés,  nous  voyons  donc  partir  du  groupe 
nodal  en  question  quatre  branches  indépendantes  et  monotypes. 

»  Si  nous  passons  maintenant  aux  espèces  à  loges  ovariennes  multiovu- 
lées  et  à  pétiole  dilaté  ou  même  entièrement  supprimé,  nous  trouvons  un 
groupe  nodal  de  3  espèces  adaptées  à  des  conditions  moyennes  :  les  Cl. 
tkurifera  Pi.  et  Tr.  (Pérou),  tatipes  Pi.  et  Tr.  (Colombie)  et  Mangle  L.  C. 
Rich.  (Guadeloupe),  différant  entre  elles  par  la  forme  de  la  feuille  et  sur- 
tout par  le  raccourcissement  graduel  du  pétiole;  le  Cl.  latipes  a  en  outre 
des  graines  ascendantes,  ce  qui  est  rare  chez  les  Clusia.  Trois  branches 
partent  de  ce  groupe  nodal  :  i°  le  Cl.  cassinoi'les  Pi.  et  Tr.  (Pérou  ).  de 
même  épharmonieque  le  CL  thuri/era,  mais  à  pétiole  non  marginé,  à  cuti- 
cule ornée  de  perles  irrégulières  et  à  stomates  plutôt  circulaires,  non 
elliptiques;  il  constitue  l'intermédiaire  entre  les  groupes  nodaux  thurifera 
et  Ducu;  20  le  CL  clliptica  H.  B.  K..  (Pérou),  à  pétiole  court,  ailé,  de  même 
épharmonie,  mais  un  peu  plus  xérophile  que  le  groupe  nodal,  à  inflores- 
cences 3-flores,  à  stomates  plus  grands  que  les  cellules  environnantes,  à 
cuticule  striée  en  dessus,  perlée  en  dessous;  3°  le  (7.  Pseudo-Mangle  PI.  et 
Tr.  (Pérou),  à  stomates  beaucoup  plus  grands  que  les  cellules  épider- 
miques, à  feuilles  semblables  à  celles  du  Cl.  Mangle,  mais  de  structure  très 
différente  :  hvpoderme  de  j  assises,  mésophylle  de  25-3o  assises,  dont  les 


(    822    ) 

4  supérieures  en  palissades.  Cette  lignée  hélio-xérophile  se  continue  par 
le  Cl.  mu/tifloraH.  B.  K.  (Quindiù),  chez  lequel  ces  caractères  sont  encore 
exagérés,  jusqu'au  Cl.  atataVl.  et  Tr.  (Colombie).  Chez  ces  deux  dernières 
espèces,  les  cellules  de  l'épiderme  supérieur  sont  divisées  verticalement 
par  une  multitude  de  cloisons  parallèles,  orientées  de  manière  à  laisser  ap- 
paraître le  contour  des  cellules  primordiales  (simple  exagération  de  ce 
qui  existe  à  l'état  d'ébauche  chez  d'autres  Clusia). 

»  Le  même  caractère  se  retrouve  chez  le  Cl.  Pavonii  Pi.  et  Tr.  (Pérou), 
dont  le  mésophylle  est  beaucoup  moins  développé,  mais  macrocvte,  à  2  as- 
sises de  palissades.  Le  Cl.  volubilis  H.  B.  K.  (Colombie),  assez  semblable 
au  précédent,  à  hypoderme  de  4  assises,  à  subdivisions  épidermiques  moins 
fréquentes,  s'en  distingue  surtout  par  des  cellules  scléreuses  disséminées 
au  milieu  du  parenchyme  spongieux  de  la  feuille. 

»  En  résumé,  malgré  les  lacunes  que  même  nos  grandes  collections  ne 
m'ont  pas  permis  de  combler,  l'image  qui  résulte  de  cette  étude  est  assez 
nette  et  contraste,  me  semble-t-il,  d'une  manière  frappante  avec  la  pau- 
vreté des  indications  taxinomiques  antérieures.  En  effet,  jusqu'à  présent, 
les  auteurs  s'étaient  bornés  à  juxtaposer  les  espèces,  sans  même  essayer  de 
les  classer.  C'est  d'ailleurs  tout  ce  qu'on  pouvait  faire  sans  les  caractères 
épharmoniques  et  l'idée  des  groupes  nodaux. 

»  Il  y  a  donc,  dans  la  section  Anandrogyne,  deux  groupes  nodaux,  un 
pour  les  espèces  à  loges  2-ovulées  (Ducu-trochi/ormis),  portant  les  deux 
branches  monotypes  sphœrocarpa  et  Pseudo-Havetia,  et  probablement  en- 
core deux  autres,  également  monotypes,  havectioides  et  popayanensis,  qui 
conduisent,  par  l'intermédiaire  du  Cl.  cassinoides,  au  groupe  nodal  des 
espèces  à  loges  multiovulées  thurifera-Mangle-ladpes;  peut-être  le  Cl.  Pen- 
tarhyncha  (PI.  et  Tr.),  mal  connu,  se  rattache-t-il  au  Cl.  lalipes;  mais  nous 
voyons  surtout  deux  branches,  l'une  conduisant  au  Cl.  elliplica,  l'autre 
aboutissant  à  un  groupe  secondaire  xérophile  et'  hélioohile  d'espèces 
affines  Pseudo-Mangle-mulliJlora-alata,  qui  est  au  second  groupe  nodal  ce 
que  le  Cl.  Pseudo-Havetia  est  au  premier,  grâce  à  un  cas  remarquable 
d'épharmonies  convergentes. 

»  La  distribution  géographique  des  Clusia  de  la  section  Anandrogyne  est 
assez  curieuse.  Tandis  que  le  genre  Clusia,  pris  dans  son  ensemble,  occupe 
tout  l'espace  situé  au  nord-ouest  d'une  ligne  allant  du  Pérou  à  Rio-de- 
Janerio,  jusqu'aux  Antilles  et  au  Mexique  méridional,  nous  vovons  les 
Anandrogyne  échelonnés  suivant  une  bande  allant  du  Pérou,  par  la  Co- 
lombie, jusqu'à  la  Jamaïque  et  la  Guadeloupe.  Le  grand  axe  de  l'aire  oc- 


(  8  a3  ) 

cupée  par  ces  plantes  est  presque  perpendiculaire  au  grand  axe  de  celle 
des  Clusia  en  général,  qui  semblent  se  ressentir  davantage  de  la  marche 
des  isothermes  dans  cette  région  du  globe.  » 

BOTANIQUE.   —  Sur  V existence  du  liber  médullaire  dans  la  racine. 
Note  de  M.  J.  Hérail,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  On  sait  aujourd'hui,  à  la  suite  de  travaux  nombreux,  que  certaines 
espèces  de  plantes,  appartenant  surtout  au  groupe  des  Gamopétales,  pos- 
sèdent du  liber  à  la  partie  interne  de  leurs  faisceaux  conducteurs.  Ces 
faisceaux,  ainsi  pourvus  d'un  double  liber,  ont  reçu  de  du  Bary,  le  nom  de 
faisceaux  bicollatêraux,  et  l'exactitude  de  cette  dénomination  semblait  de- 
voir être  entièrement  confirmée  par  les  recherches  ultérieures  de  M.  Pe- 
tersen.  Pour  cet  auteur,  en  effet,  le  liber  interne  procède  comme  le 
liber  externe  du  procambium  aux  dépens  duquel  s'est  différencié  le  lai- 
sceau  conducteur  tout  entier;  il  serait  donc  d'origine  procambiale  au 
même  titre  que  le  liber  externe.  Or  j'ai  montré  le  premier,  dans  mon 
étude  sur  les  anomalies  de  la  tige  ('),  que  le  liber  interne  était  une  for- 
mation anormale  due  à  une  évolution  spéciale  de  quelques  cellules  paren- 
chymateuses  de  la  moelle  et  indépendante  de  la  formation  du  faisceau 
libéro-ligneux  auquel  il  est  adjoint.  Aussi,  afin  d'éviter  toute  fausse  inter- 
prétation d'origine,  ai-je  proposé  de  donner  au  liber  interne  la  dénomma 
tion  de  liber  médullaire.  Un  tout  récent  travail  de  M.  Lamounette  con- 
firme pleinement  ma  manière  de  voir  et  la  généralise  dans  la  plus  large 
mesure  possible. 

»  Cette  formation  anormale  est  donc  fort  bien  connue  au  point  de  vue 
de  sa  manière  d'être  et  de  son  origine,  et  cependant  il  y  a  lieu  de  s'étonner 
qu'elle  ait  été  signalée  dans  tous  les  organes  des  plantes,  excepté  dans  la 
racine.  Il  semblerait,  en  effet,  si  l'on  en  juge  par  la  lecture  des  Mémoires 
spéciaux,  que  cet  organe  est,  dans  tous  les  cas,  dépourvu  de  liber  interne. 
Cependant,  dans  son  Mémoire  remarquable  sur  la  racine  (2),  M.  Van 
Tieghem  a  entrevu  cette  formation  dans  les  racines  adventives  du  Cucur- 
bita  maxima,  et  il  s'exprime  à  ce  sujet  en  ces  termes  : 

»  Après  ([ue  les  faisceaux  secondaires  sont  déjà  bien  formés,  on  voit  les  cellules 


(')  Hérail,  Recherches  sur  l'anatomie  comparée  de  la  tige  des  Dicotylédones 
(   \rui.  des  Sciences  nat.,  7e  série,  t.  Il;  1 8S5). 

(-)  Ann.  des  Sciences  nat.,  Bot.,  5"  série,  t.  Mil  ;  1870. 


(    82',    ) 

conjonctives  qui  se  trouvent  eu  dedans  des  lames  vasculaires  primitives,  et  celles  qui 
sont  en  dedans  du  bois  des  faisceaux  secondaires  se  diviser  et  se  transformer  de  dedans 
en  dehors  en  cellules  libériennes  larges,  grillagées.  Il  se  forme  donc  ici,  en  dedans  de 
chaque  groupe  vasculaire  primitif  ou  secondaire,  un  faisceau  libérien  secondaire  à 
accroissement  centrifuge,  et  ce  caractère  est  assez  rare  en  dehors  de  la  famille  des 
Cucurbi lacées  pour  mériter  une  attention  spéciale. 

»  C'est,  à  ma  connaissance,  la  seule  mention  qui  ait  été  faite  de  la  pré- 
sence du  liber  médullaire  dans  la  racine;  aussi  ai-je  entrepris  de  recher- 
cher et  d'étudier  cette  formation  dans  les  racines  des  plantes  chez  lesquelles 
on  a  signalé  du  liber  médullaire  dans  les  autres  organes.  Ce  sont  les  pre- 
miers résultats  de  ces  recherches  que  je  tiens  à  exposer  ici  pour  prendre 
date. 

»  Il  convient,  avant  toutes  choses,  de  se  demander  quelles  sont  les  con- 
ditions essentielles  que  doit  réaliser  une  racine  pour  qu'il  lui  soit  possible 
de  former  du  liber  médullaire.  Ces  conditions  se  réduisent  à  deux  :  i°  il 
faut  que  les  lames  vasculaires  ne  se  rejoignent  pas  au  centre,  en  un  mot, 
qu'il  y  ait  une  moelle;  2°  il  est  nécessaire  que  cette  moelle  demeure  paren- 
chymateuse  et  ne  se  sclérifie  pas  de  bonne  heure.  On  aura  donc  peu  de 
chances  de  rencontrer  du  liber  médullaire  dans  le  pivot  de  la  plante  ou 
dans  les  radicelles  que  porte  ce  pivot,  car  on  sait  que,  chez  les  Dicotylé- 
dones tout  au  moins,  il  est  le  plus  souvent  dépourvu  de  moelle. 

»  On  devra  donc  s'adresser  surtout  aux  racines  adventives  qui  ont  un 
cylindre  central  relativement  large  et  qui,  dans  bien  des  cas,  offrent  une 
moelle  plus  ou  moins  développée;  c'est  sur  elles  qu'ont  principalement 
porté  mes  recherches. 

»  Une  jeune  racine  adventive  de  Vinca  major  montre,  en  coupe  transver- 
sale, la  structure  normale  de  la  racine  ;  le  nombre  des  formations  primaires, 
ligneuses  et  libériennes,  varie  de  5  à  8  suivant  la  racine  considérée;  elles 
entourent  une  moelle  assez  large.  Sur  une  racine  un  peu  plus  âgée,  on  voit 
nettement  que  chacune  des  cellules  de  la  moelle,  située  en  dedans  de 
chaque  lame  vasculaire,  se  divise  d'abord  par  une  cloison  tangcntielle, 
puis  par  des  cloisons  obliques,  pour  donner  naissance  à  un  amas  libérien. 
Plus  tard,  ces  cloisonnements  ont  leur  siège  dans  certaines  cellules,  situées 
entre  les  lames  vasculaires  et  en  dedans  des  vaisseaux  du  bois  secondaire. 
Enfin,  dans  une  racine  âgée,  on  trouve  un  cercle  à  peu  près  complet  de 
liber  médullaire,  situé  en  dedans  de  l'anneau  ligneux  et  appliqué  contre 
lui. 

»   Dans  les  racines  adventives  du  Vinca  média,  on  observe  encore  une 


(  825  ) 

formation  de  liber  médullaire;  mais  elle  est  beaucoup  plus  tardive  que 
dans  l'espèce  précédente.  Les  cloisonnements  des  cellules  de  la  moelle  ne 
commencent  à  se  produire  que  lorsque  les  formations  secondaires  sont 
déjà  très  développées. 

»  Dans  les  racines  du  Vinca  ininor,  on  trouve  encore  une  moelle,  qu'en- 
tourent de  trois  à  six  formations  primaires;  mais  cette  moelle  se  sclérifie 
en  totalité  de  très  bonne  heure  et  avant  que  le  liber  ait  pu  commencer  à  se 
former.  Il  en  résulte  que  cette  espèce  est  dépourvue  de  liber  médullaire. 

»  Des  recherches  sur  un  certain  nombre  d'espèces  de  Solanées  m'ont 
donné  des  résultats  négatifs,  soit  parce  que  les  racines  étaient  dépourvues 
de  moelle,  soit  parce  que  celle-ci  avait  subi  une  sclérification  hâtive. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  quelques  observations  préliminaires  montrent 
qu'il  n'est  pas  exact  de  supposer  que  la  racine  soit  le  seul  organe  de  la 
plante  dépourvu  de  liber  médullaire.  Il  y  a,  au  contraire,  tout  lieu  de  pen- 
ser cpie  cet  organe,  étudié  dans  les  plantes  pourvues  de  liber  médullaire, 
présentera  cette  formation  s'il  réalise  les  deux  conditions  indispensables 
déjà  énoncées.  C'est  ce  que  démontreront,  sans  nul  doute,  les  recherches 
que  je  poursuis  en  ce  moment  sur  ce  sujet.  » 

M.  Ellixger  adresse,  de  Copenhague,  les  résultats  des  expériences  qu'd 
a  faites  au  moyen  de  l'oléoréfractomètre  de  MM.  Jean  et  Amagal  sur  l'in- 
dice de  réfraction  du  beurre. 

L'auteur  classe  les  observations  relatives  à  5io  échantillons  de  beurre 
danois  et  insiste  spécialement  sur  les  grandes  variations  dues  à  la  saison, 
l'indice  du  beurre  pur  augmentant  en  automne  et  diminuant  beaucoup  pen- 
dant les  derniers  mois  de  l'année,  particulièrement  en  décembre. 

M.  Ch.-L.  Deiss,  à  propos  des  récentes  Communications  de  M.  Bouchard 
et  de  MM.  Arnaud  et  Charrin,  rappelle  que,  dans  une  brochure  sur  la  mé- 
thode de  Roch  et  les  infiniment  petits,  qu'il  a  publiée  en  janvier  dernier, 
il  a  émis  l'idée  «  que  les  produits  de  sécrétion  des  microbes  sont  suscep- 
tibles d'agir  comme  des  ferments  et  de  produire  directement  comme  les 
diastases  des  dédoublements  ». 


M.  Ern.  Aubert  adresse  un  projet  d'appareil  pour  arrêter  les  chevaux 
emportés. 

C.  H.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  15.)  I  08 


(  826  ) 
A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  J.  B. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du    6  avril  iSgi. 
(Suite.  ) 

Mittheilungen  aus  der  medicinischen  Facultàt  der  kaiserlich-japanischen  Uni- 
versitdt.  Band.  T,  n°  4.  Tokyo,  Japan,  1890;  in-4°. 

L.  Kronecker,  Zur  Théorie  der  elliptischen  Functionen.  —  Ueber  die  arith- 
metischen  Sâtze,  welche  Lcjeune-Dirichlet  in  seiner  Breslauer  Habilita- 
tionsschriftenwickelt  hat.  —  Demerkungen  ïtber  Dirichlet's  letzte  Arbeiten.  — 
Zur  Théorie  der  elliptischen  Functionen.  —  Zur  Théorie  der  elliptischen  Func- 
tionen (Art.  XIV-XXI).  —  Die  Décomposition  der  Système  von  n%  Grôssen 
und  ihre  Anwendung  au/  die  Théorie  der  Invarianlen.  —  Ueber  orthogonale 
Système.  —  Ueber  die  Composition  der  Système  von  n-  Grôssen  mit  sich  selbst. 

—  Algebraische  Réduction  derSchaaren  bilinearer  Formen.  —  Algebraische  Ré- 
duction der  Schaaren  quadratischer  Formen.  Berlin  (Sitzungsbcrichte  der  Ko 
niglich preussischen  Akademie  der  Wissenschaften.)  1888-91  ;  7  br.  in-8°. 

Première  partie  du  Chapitre  XIII  de  la  Note  sur  la  théorie  des  résidus  qua- 
dratiques; par  Angelo  Genocchi.  —  Beweis  des  Reciprocitàtsgesetzes  fur  die 
quadratischen  Reste;  von  L.  Kronecker.  —  Paul  du  Bois-Reymond.  Bemer- 
kungen  uber  die  Darstellung  vonReihen  durch  Intégrale;  von  L.  Kronecker. 

—  Bemerkungen  ùber  die  Jacobischen  Thetaformeln  ;  von  h.  Kronecker.  — 
Fin  Fundamentalsatz  der  allgemeinen  Arithmetik;  von  h.  Kronecker.  — 
Ueber  den  Zahlbegriff;  von  L.  Kronecker;  5  br.  in-4°.  —  Ueber  die  Dirich- 
letsche  Méthode  der  Werlbestimmung  der  Gausschen  Reihen;  von  L.  Kronec 
ker;  br.  in-8°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  i3  avril  1891. 

Œuvres  complètes  de  Laplace,  publiées  sous  les  auspices  de  l'Académie  des 
Sciences,    par  MM.  \\es   Secrétaires   perpétuels.  Tome  huitième.   Paris, 


(  »27  ; 

Gauthier-Villars  et  fils,  MDCCCXCI;  i  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Tisse- 
rand.) 

Exposition  de  la  théorie  des  surfaces;  par  M.  H.  Resal.  Paris,  Gauthier- 
Villars  et  fils,  1891  ;  1  vol.  in-8°. 

Cours  de  machines  ;  par  M.  Haton  de  la  Goupillière.  Tome  second,  pre- 
mier fascicule  :  Machines  à  vapeur.  Paris,  Vve  Ch.  Dunod,  i8gr;  1  vol. 
in-8°. 

Acla  mathematica.  Journal  rédigé  par  G.  Mittag-Leffler.  14  :  3.  Stock- 
holm, F.  et  G.  Beijer,  1891;  br.  in-4°. 

Des  cartes  topo  graphiques  européennes;  par  le  général  Derrécagaix.  Paris, 
Bibliothèque  des  Annales  économiques,  1 891  ;  br.  gr.  in-8°. 

H.  Hermite.  Géologie.  Principes.  Explication  de  l'époque  quaternaire  sans 
hypothèses.  Neuchâtel,  Attinger  frères,  1891;  1  vol.  in-8°.  (Deux  exem- 
plaires.) 

L'enseignement  de  l'Agriculture  dans  les  Ecoles  normales  et  primaires  en 
France.  —  Notes  sur  l'enseignement  du  travail  manuel;  par  Edouard  de  Kova- 
levsky.  Saint-Pétersbourg,  1891  ;  br.  in-/j°. 

Ivrognerie.  Ses  causes  et  son  traitement;  parP.-J.  Kovalevsky,  traduit  en 
français  par  Woldemar  de  Holstein.  Kharkoff,  M. -F.  Sylberberg,  1889; 
br.  in-16. 

Hygiène  et  traitement  des  maladies  mentales  et  nerveuses;  par  P.-J .  Kova- 
levsky. Traduit  en  français  par  Woldemar  de  Holstein.  Paris,  Félix  Alcan, 
1890;  1  vol.  in-8°. 

Recueil  d'Hygiène  et  de  Médecine  vétérinaires  militaires;  ie  série,  tome 
quatorzième.  Paris,  L.  Baudoin  et  Cie,  1890;  1  vol.  gr.  in-8°. 

Traité  de  l'hygiène  publique  d'après  ses  applications  dans  différents  pays 
d'Europe  ;  par 'le  Dl"  Albert  Palmberg.  Traduit  du  suédois  sous  la  direction 
de  M.  A.  Hamon.  Paris,  Octave  Doin,  1891;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Présenté 
par  M.  Arm.  Gautier  et  renvoyé  au  concours  du  prix  Bellion.) 

Du  paludisme  et  de  son  hématozoaire;  par  A.  Laveran.  Paris,  G.  Mason, 
1891  ;  1  vol.  gr.  in-8°. 

L'oreille  et  le  bruit,  ou  traumatisme  de  l'organe  par  vibrations  violentes; 
par  Et.  Ferrand.  Lyon,  Association  typographique,  1890;  br.  gr.  in-8°. 

Lannelongue.  Traité  de  U ostéomyélite  aiguë.  —  Traité  de  V ostéomyé- 
lite chonique  ou  prolongée .  —  Abcès  froids  et  tuberculose  osseuse.  —  Coxotu- 
berculose.  —  Traité  des  kystes  congénitaux.  —  Tuberculose  vertébrale.  — 
Traité  des  affections  congénitales.  7  vol.  in-8°.  (Envoyé  au  concours  Mon- 
tyon,  Médecine  et  Chirurgie.  ) 


(    828    ) 

Traité  clinique  des  maladies  du  cœur;  par  le  Dr  P.  Duroziez.  Paris, 
G.  Steinheil,  1891  ;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Renvoyé  au  concours  Montyon,  Mé- 
decine et  Chirurgie.) 

Carta  geologica  délia  Liguria  e  territori  confinanli ;  di  A.  Isselc  S.  Squi- 
nabol.  ,00'00u  con  note  esplicatwe.  Genova,  H.  Donath;  Parigi,  Baudry  et  C,e, 
1891. 

Proceedings  of  the  royal  institution  of  Great  Britain;  vol.  XIII,  Part.  I, 
n°84;  in-8°. 

The  Proceedings  of  the  linnean  Society  qf  New  South  Wales;  vol.  V,  Part 
the  first.  Sydney,  F.  Cunninghamand  C°,  1890;  in-8°.  (Deux  exemplaires.  | 

Annals  of  the  astronomical  Obseivatory  of  Harvard  Collège,  vol.  XXIII  : 
Part.  I,  vol.  XXVII  ;  2  vol.  in-4°. 

Minutes  of  proceedings  of  the  Institution  of  civil  engineers,  vol.  CIII. 
London,  1891;  1  vol.  in-8°. 


EBRATA. 


(  Séance  du  6  avril  1 89 1 .  ) 
Page  715,  ligne  2,  au  lieu  de  M.  A.  Hubert,  lisez  M.  À.  Lmbert. 

Note  de  M.  E.  Gley,  Sur  les  troubles  consécutifs  à  la  destruction  du  pan- 
créas : 

Page  75^,  ligne  5,  en  remontant  au  lieu  de  un,  lisez  ce. 
Page  753,  ligne  16,  au  lieu  de  là,  lisez  lié. 
Page  754,  ligne  6,  au  lieu  de  1886,  lisez  i856. 


N°  15. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance  du  13  avril  1891.) 


MEMOIRES    ET  C03IMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADEMIE. 


Pages. 


M.  H.   PoiNCARÉ.  —  Sur  l'intégrati Igé- 

brique  des  équations  différentielles 

M.  L.  Cailletet.  —  Description  du  mano- 
mètre à  air  libre  de  3oo™  établi  à  l.i  tour 
Eiffel 

M.  Tisserand  présente  à  l'Académie  le 
tome  VIII  îles  «.  Œuvres  de  Laplace  »... 


M.    ll.YTON  DE    LA  GOUPILLIÈHE    fait    hoillIIKIv,c 

à  l'Académie  de  son  «  Traité  des  machines 

à  vapeur  » 

M.  11.  Resal  fait  hommage  a  l'Académie 
d'un  volume  qu'il  vient  de  publier  sous 
le  titre  :  «  Exposition  de  la  théorie  des 
s  a  ti'a  ces  » 


NOMINATIONS. 


Commission    chargée   de  juger  le   concours 

du  prix  Petit  d'Or y  (Sciences  mathé 

matiques)  de  l'année  i*qi  :  MM.  /Termite, 
Picard,  Darboux,  Poincaré,  Bertrand.. 

Commission  chargée  de  juger  le  concours 
du  prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences  natu- 
relles) de  l'aune, ■  1891  :  MM.  de  Quatre- 
fages,  A.  Milne-Edwards,  Duchartre, 
Blanchard,  Daubrc'e 

Commissi chargée  de  juger  le  c jours  du 

prix  Cuvicr  de  l'année'  1891  :  MM,  llaii- 
brée,  Gaudry,  Fouqué,  de  Quatrefages, 
A .  Milne-  Edwards 


Commission  chargée  de  juger  le  concours 
ilu  prix  Jean  Reynaud  de  l'année  1891  : 
MM.  Bertrand,  Hermite,  Darboux,  de 
Quatrefages,  Fremy 

Commission  chargée  de  présenter  une  ques- 
tion de  prix  Bordin  (Sciences  physiques) 
pour  l'année  1893  :  MM.  Daubre'e,  deQua- 
trefages,  Fiseau,  Duchartre,  Fremy... 

Commission  chargée  de  présenter  une  ques- 
tion do  prix  Ko  11  nie v ion  pour  l'année  i8g3  : 
MM.  Maurice  Lévy,  Boussinesq,  Sarrau, 
I. came,  Resal 


7''7 


7"7 


7C8 


RAPPORTS. 


M.   Resal.  —  Rapport  sur  un  Mémoire  de 
.M.  de  Sparre%  ayant  pour  titre  :  «  Sur  le 


pendule  de   Foucault 


nf)8 


T'"» 


MEMOIRES  LUS. 


M.   le  généra!   DERRÉCAGAIX.  —   Sur  la   

sure  d'une   nouvelle  base  de  la  triangula- 
tion  liane. lise 

MM.  B.   Grimai  x  ci    \.  A.rnaud.       Trans- 
formation de  la  cupréine  en  quinine 


M.  de  Backer  donne  lecture  d'un  Mémoire 
■  Sur  les  vaccinations  antituberculeuses 
en  général   et  sur  le  remèdi    du  Dr  ICoch 

en  particulier      770 


MEMOIRES  PRESENTES 


M.  Jules  Gernai  ci  soumet  au  jugement  de 
l'Académie  un  Mémoire  ayant  pour  titre  : 

«  Conservation    des    bois,   créosotage  des 
traverses  de  cliemius  de  fer 


M.  P.  \Iac\i;m    adresse  la  description  d'un 

«  Systèi l'arrèl  des  steamers, permettant 

d  1  \  iter  les  1  ollis s  en   mer  1 


CORRESPONDANT! 


MM.  Rambaud  ci  s,.  Observations  de  là 
comète  Barnard-Denning  et  des  nouvelles 

planètes  liorrclly  et  t'alisa,   laites  à  l'Ob 
servatuire  d'Alger,  au  télescope  de  o,n,5o.      '-/■ 

M.  E.  Vessiot.  —  Sur  les  équations  diffé- 
rentielles linéaires --'■■ 

M.  André  Markoff.  —  Sur  une  classe  Je 
nombres  complexes 780 

M.  H.  Peli.at.  —  Rapport  entre  l'unité  élec 
tromagnétique  ci  l'unité  électrostatique 
d'électricité 7  s. 

M.  B.-C.  Damiex.  —  Sur  la  variation  du 
point  de  fusion  avec  la    pression 78Ô 

.M.  A.  Besson.  —  Surl'actionde  l'acidebrom- 


hydrique  sur  le  chlorure  de  silicium 

M.  I-.  Pigeon.         Étude  calorimétrique  du 

-chlorure  platiniquc  ci  de  ses  combinaisons. 

MM.  A.  Joi.v  et  E.  Lf.idie.  —  Sur  le  dosage 
du  rhodium  par  voie  électrolytique 

M.  Hanriot.       Suc  un  amidoisoxazol 

M.  Maquenne.  —  Sur  l'emploi  de  la  phényl- 
hydrazine  a  la  détermination  des  sucres. 

M.  ('■.  Denigès.   —  Nouvelles  1 binaisons 

obtenues  avec  ceci. uns  suintes  métalliques 
et  l'aniline 

M.  I'.  Cv/.i,M  rvi:.  —  Sur  une  matière  colo- 
rante violette  dérivée  de  la  morphine.... 

M.  Georges  Linossier.  --  Sur  unehématine 


-s.s 

79' 
793 

;,,!, 

799 

s,, . 
8o5 


K  15. 

SUITE  DE   LA  TARLE  DES   ARTICLES. 


Pages. 
végétale,  l'aspergilline 807 

M.  Ch.  Blakez.  —  Influence  exercée  par  la 
présence  des  sels  minéraux  neutres  de  po- 
tassium  sur  la  solubilité  du  bitartrate  de 
potassium *os 

M.  P.  Cables.  —  Sur  la  caractéristique  du 
vin  de  ligue '.  .      8îi 

M.  FI.  LÉzÉ.  —  Sur  un  moyen  de  reconnaître 
la   margarine  mêlée  au  beurre 8i3 

M.  Ed.  Mouler.  —  Sur  l'épuration  d'un 
flegme  d'alcool  de  mélasse  pendant  le  tra- 
vail de  la  rectification 8i5 

M.  Stanislas  Meunier.  —  Reproduction  ar- 
tificielle de  la  daubréelite 818 

M.  J.  Vesque.  —  Sur  les  Clusia  de  la  sec- 
tion Anandrogyne s" 

Bulletin  bibliographique 

Errata 


Paj 

M.  .1.  IIlk.ul.  —  Sur  l'existence  du  liber 
médullaire  dans  la  racine 

M.  Ellinger  adresse  les  résultats  des  expé- 
riences qu'il  a  faites  au  moyen  de  l'oléo- 
réfractométre  de  MM.  Jean  h  Amagat 
sur  l'indice  de  réfraction  du  beurre 

M.  Cu.-L.  Deiss,  a  propos  des  récentes  Com- 
munications de  iM.  Bouchard  et  de  MM. 
Arnaud  et  Charrin,  rappelle  qu'il  a  déjà 
émis  l'idée  «  que  les  produits  de  sécrétion 
des  microbes  sont  susceptibles  d'à  211 
comme  des  ferments  et  de  produire  direc- 
tement comme  les  diastases  des  dédouble- 
ments ■>..., 

M.  IÎRN.  Aubert  adresse  un  projet  d'appa- 
reil pour  arrêter  les  chevaux  emportés... 


es. 

-  •  ; 


-    !   1 

s  .5 
826 
828 


P\RIS.  —  IMPRIMERIE  GXUTHIER-VILIARS  ET  FILS, 
Quai  des  Grands-Xususiins,  55 


1891 

PREMIER  SEMESTRE. 

_ 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  ITOI.  LES  SECRÉTAIRES   PERPÉTUELS. 


TOME  CXII. 


I\°  16  (20  Avril  1891). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS,   IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES   RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 

Ouai  des  Grands-Augusiins,   55. 

&»  1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  da^s  les  séances  des  23  juin  1862  et  2^  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  d';s  Comptes  rendus  a 
jS  p»g  53  ou  G  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

l!  v  a  deux  volumes  par  année. 


Article 


Impression  des  travaux  de  ï  Académie . 


Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  del'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier v 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par  !  actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  si 
les   correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Acadér 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Ra^ 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autat 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pi 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persona 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'A 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  n 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui   présentent  ces  Mémoires  so 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomrd 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extr 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  f< 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  o 
ciclle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remij 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 
jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  terni 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  leCompte  rei, 


Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


vaut,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  el 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fai 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprè 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  le; 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5h.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  20  AVRIL    1891, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

THERMOCHIMIE.  —  Sur  quelques  données  calorimétriques. 
Note  de  M.  Berthelot. 

I.  _  Sur  l'acide  aspartique  et  sa  fonction  mixte. 
«   L'acide  aspartique  est  le  dérivé  alcalin  de  l'acide  malique,  acide  à 
fonction  mixte,  deux  fois  acide  et  une  fois  alcool, 

C»H"O'0  =  C8H*(H2O2)(O«)2. 

„    La  fonction  alcoolique  déterminant  la  formation  d'un  alcali  par  sub- 
stitution des  éléments  de  l'eau,  par  ceux  de  l'ammoniaque 

C8rT(AzH3)(0')2. 

C.   R.,  189.,  i«  Semestre.  (T.  CS.II,  N"  16.) 


(  83o  ) 

ou,  ce  qui  revient  au  même,  de  I'hydroxyle  par  l'amidc  :  HO2  par  AzH2,  le 
corps  résultant  doit  être  à  la  fois  un  acide  bibasique  et  un  alcali. 

»  Il  existe  un  corps  isomère,  l'acide  malamique,  véritable  amide,  dérivé 
du  bimalate  d'ammoniaque  par  perte  d'eau,  mais  qui  se  distingue  parce 
qu'il  doit  jouer  le  rôle  d'un  acide  monobasique,  joint  à  celui  d'un  alcool. 

»  L'acide  malamique,  porté  à  l'ébullition  avec  une  base  forte,  telle  que 
la  potasse,  dégagera  rapidement  tout  son  azote,  sous  forme  d'ammoniaque; 
tandis  que  l'acide  aspartique  ne  se  dédouble  pas  de  la  même  manière,  à 
ioo°  du  moins. 

»  Telles  sont  les  prévisions  de  la  théorie,  prévisions  vérifiées  d'ailleurs 
par  l'expérience.  Maison  peut  se  demander  si,  l'acide  aspartique  réunissant 
en  théorie  la  double  fonction  d'acide  bibasique  et  d'alcali,  ces  deux  fonc- 
tions ne  sont  pas  influencées  l'une  par  l'autre  dans  l'intérieur  même  de 
la  molécule.  En  d'autres  termes,  avons-nous  affaire  à  un  acide  bibasique 
véritable,  comparable  de  tous  points  à  l'acide  succinique  par  son  aptitude 
à  saturer  les  bases? 

»  Les  expériences  faites  par  mon  fds  Daniel  sur  la  conductibilité  élec- 
trique de  dissolutions  de  l'acide  aspartique  et  de  ses  sels  tendent  en  effet 
à  établir  que  ce  n'est  pas  un  acide  bibasique  véritable,  bien  qu'il  manifeste 
réellement  deux  basicités  successives,  même  dans  des  solutions  très  éten- 
dues; mais  le  caractère  en  est  différent  et  assez  analogue  à  celui  des  sels 
formés  par  les  acides  phénols,  ou  bien  encore  à  celui  des  phosphates 
polybasiques.  Il  m'a  paru  intéressant  de  contrôler  ce  résultat  par  des  me- 
sures calorimétriques. 

»  J'ai  dissous  is*', 33  d'acide  aspartique  pur  (')  dans  5oocc  d'eau,  à  i6°, 
ce  qui  a  absorbé 

C8H7A7.0s(r33"'')-t-  r>olu(eau) —  -^\->.j 

»   J'ai  ajouté 

NaHO'-(i''i=:  a1'*),  ce  qui  a  dégagé +-  .3Cal,o 

Un  second  équivalent,  NaH02(i*i=  a1")  .  .      h-  3Cal,5 
Un  troisième  équivalent Résultat  nul 


(')  Pour  purifier  l'acide  du  commerce,  il  faut  le  dissoudre  et  le  faire  bouillir  pen- 
dant quelques  minutes  dans  la  potasse,  ce  qui  détruit  les  petites  quantités  d'asparagine 
qui  y  subsistaient  encore.  On  reprécipite  par  l'acide  chlorlivdrique,  après  refroidisse- 
ment. On  recueille  l'acide  aspartique,  très  peu  soluble  à  froid,  on  le  lave  avec  de 
petites  quantités  d'eau  froide  et  on  le  fait  recristalliser  dans  l'eau  bouillante. 


(  83i  ) 

»  Comme  contrôle,  j'ai  dissous  i3gr,3o  d'acide  aspartique  cristallisé 
dans  4oocc  de  soude  (i  équivalent  =  4'")»  à  i5°,4i  ce  fIm  a  dégagé 
+  6Cal,o6,  répondant  à  i  molécule  dans  4ht-  L'addition  de  200cc  de  soude 
(i  équivalent  =  2llt)  :  -I-  3Cal,C)r. 

»  Si  l'on  admet,  pour  la  neutralisation  de  l'acide  aspartique  dissous,  le 
chiffre  -t-  i3Cal,o,  sa  dissolution  même  aurait  dû  absorber  —  7Cal,o  :  chiffre 
concordant  avec  le  précédent,  dans  les  limites  d'erreurs  et  de  variations 
attribuables  à  des  solutions  si  étendues.  —  L'action  du  deuxième  équiva- 
lent de  soude  dégage  en  solution  concentrée  -(-  3Cal,9;  en  solution  étendue, 
— I—  3CaI,  5  ;  la  différence  étant  attribuable  à  l'inégale  dilution. 

»  Il  résulte  de  ces  mesures  que  la  seconde  basicité  de  l'acide  aspartique 
n'est  pas  équivalente  à  la  première,  ni,  par  conséquent,  à  celle  des  acides 
bibasiques  à  fonction  simple.  Le  même  fait  existe  d'ailleurs  pour  les  acides 
alcalis  monobasiques,  tels  que  l'acide  oxyacétaniique  (glvcollamine  ou 
acide  amidoacétique),  dont  la  chaleur  de  neutralisation  -+-  2Cal,g  est  même 
fort  voisine  du  nombre  relatif  à  la  seconde  basicité  de  l'acide  aspartique. 
La  complexité  de  la  fonction  influe  donc  sur  la  nature  de  la  manifestation 
delà  fonction  acide  du  composé.  lien  est  de  même  dans  un  grand  nombre 
d'autres  circonstances,  et  on  peut  même  tirer  de  là  de  nouvelles  caracté- 
ristiques des  acides,  tant  organiques  que  minéraux. 

II.   —  Sur  le  chlorure  malonique. 

»  M.  V.  Auger  ayant  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition  une  certaine 
quantité  de  chlorure  malonique  pur,  préparé  avec  grand  soin,  j'en  ai  dé- 
terminé la  chaleur  déformation,  en  dissolvant  ce  composé  dans  l'eau  et 
dans  la  potasse  étendue.  L'opération  s'effectue  aisément  et  la  décomposi- 
tion est  très  rapide,  par  suite  d'une  agitation  convenable.  J'ai  opéré  sui- 
des poids  voisins  de  5e',  5,  renfermés  dans  des  ampoules  de  verre,  mis  en 
présence  de  4oocc  d'eau,  en  suivant  ma  marche  ordinaire.  J'ai  obtenu, 
à  ii°  : 

CeH204Cr2H-2H-2Oï+Eaur=C6H408étendu-h2HClét.,dég.:-i- 44e"1, 26  et +  44^,80. 

Moyenne  -+-  44Cal>5. 

CcH204Cl!!  +  4(NaO,HO)  étendue  =  C6HaNa208  étendu  -+-2NaCl  étendu  4-2  H2  Os 
dégage +  99e'1,  7. 

»  En  retranchant  la  chaleur  de  neutralisation  de-,  acides  malonique 
(  +  2'7Cal>i)  et  chlorhydrique  (h- 28Cal,4)  <l  cette   température,  il  reste 


(  832  ) 

-i-  44e'1?  '->  valeur  concordante  avec  la  précédente  :  ce  qui  prouve  que  la 
réaction  de  l'eau  sur  le  chlorure  malonique  est  immédiate. 

»  Le  chiffre  relatif  au  chlorure  malonique  est  sensiblement  double  de 
celui  qui  répond  à  la  décomposition  du  chlorure  acétique  par  l'eau,  soit 
-+-  23Cal,3  vers  200,  d'après  les  expériences  que  j'ai  faites  avec  M.  Lougui- 
nine.  Le  chlorure  butyrique  a  donné  à  M.  Louguinine  -f-  2iCal,  7,  tous  nom- 
bres fort  voisins  pour  la  même  réaction. 

»   On  déduit  encore  de  ces  chiffres  : 

C6H2Cl204liq.   ,-  2H!02liq.=  C6H*08crist.-l-2HClgaz -+-i4Cal,2 


»  Les  considérations  de  Mécanique  chimique  qui  découlent  de  ces 
nombres  sont  les  mêmes  que  pour  le  chlorure  acétique  (Ann.  de  Ch.  et  de 
Phys.,  5e  série,  t.  VI,  p.  298),  à  cela  près  qu'une  molécule  malonique  se 
comporte  comme  deux  molécules  acétiques  juxtaposées,  conformément  à 
la  théorie  générale. 

III.  —  Sur  la  formation  comparée  des  tartrates  isomères  solubles  et  insolubles. 

»  Voici  quelques  expériences  nouvelles  sur  cette  question,  qui  n'est  pas 
sans  intérêt  pour  l'étude  de  l'isomérie  symétrique. 

»  1.  Lorsqu'on  mélange  une  solution  de  tartrate  droit  (ordinaire)  de 
soude  neutre  avec  une  solution  de  chlorure  de  calcium,  il  ne  se  forme  pas 
immédiatement  de  précipité,  et  cependant  il  se  produit  un  dégagement  de 
chaleur,  qui  atteste  un  certain  échange  initial  des  bases  dans  le  milieu  li- 
quide. Puis,  auboutde  quelques  minutes,  la  précipitation  se  produit,  avec 
un  nouveau  et  plus  considérable  dégagement  de  chaleur  :  on  peut  rendre 
immédiate  cette  précipitation  à  l'aide  de  quelques  cristaux  de  tartrate 
déjà  formés.  J'ai  insisté  ailleurs  (')  sur  la  mesure  calorimétrique  de  ces 
phénomènes.  V  oici  de  nouvelles  mesures  : 

C8H*Na20,2<  1  molécule  =  i2Ut)  +  2CaCl(i  équivalent  =  aUt)  à  iou,4. 

Effet  immédiat,  sans  précipitation -+-  oCa',g8 

Précipitation  consécutive,  avec  formation  d'un  tartrate  de  chaux 

insoluble  hydraté,  nouvel  eflét -+-   2Cal,68 

»   2.   Le  tartrate  gauche  donne  lieu  exactement  aux  mêmes  effets,  avec 
(')  Ann.  de  Chim.  et  <lc  Phys.,  5"  série,  t.  IV,  p.  1 63. 


(  833  ) 

des  dégagements  de  chaleur  qui  peuvent  être  regardés  comme  identiques, 
soit 

Mélange,  sans  précipitation -+-  oCal,o,2 

Précipitation  consécutive -+-   2e"1, 60 

C'est  un  fait  fort  intéressant  que  l'échange  initial  des  bases  avec  dégage- 
ment de  chaleur  dans  un  milieu  liquide  et  avant  toute  précipitation  :  il 
montre,  par  un  nouvel  exemple,  l'inexactitude  des  anciens  principes  de  la 
thermoneutralité  saline  et  des  constantes  ou  modules  de  substitution, 
d'après  lesquels  l'échange  des  acides  et  des  bases  dans  une  liqueur  neutre, 
sans  précipitation,  ne  devrait  donner  lieu  à  aucun  phénomène  thermique. 
»  3.  Si  l'on  mélange  d'abord  les  dissolutions  des  deux  tartrates  neu- 
tres de  soude,  droit  et  gauche,  à  poids  moléculaire  égal,  opération  qui  ne 
donne  lieu  qu'à  un  effet  thermique  insensible,  puis  qu'on  y  verse  la  solu- 
tion équivalente  de  chlorure  de  calcium,  la  précipitation  du  paratartrate 
commence  aussitôt;  mais  la  totalité  de  la  chaleur  ne  se  dégage  pas  instan- 
tanément. La  chaleur  observée  dans  les  premiers  moments  (pour  aCaCl) 
était  de  +2Cal,20  et  s'élevait  au  bout  de  quelques  minutes  à  -f-6Cal,3; 
sans  qu'il  y  ait  d'ailleurs  d'arrêt,  soit  initial  soit  intercurrent,  dans  le  déga- 
gement de  chaleur. 

»  4.  La  chaleur  de  neutralisation  par  la  soude  des  quatre  acides  tar- 
triques  isomères  a  été  trouvée  sensiblement  la  même,  H-  1 2Cal ,  7  pour 
1  équivalent  de  soude,  dans  des  conditions  pareilles  de  température  et  de 
concentration.. 

»  5.  D'autre  part,  la  solution  faite  directement  avec  le  sel  de  soude 
de  l'acide  paratartrique,  puis  précipitée  par  le  chlorure  de  calcium,  a 
donné  lieu  au  même  résultat  total,  -)-6Cal,2  (');  cette  valeur,  rapprochée 
de  la  précédente,  fournit  une  nouvelle  preuve  de  L'identité  des  deux  solu- 
tions, obtenues  l'une  avec  le  paratartrate  de  soude,  l'autre  avec  le  mélange 
des  deux  sels  droit  et  gauche. 

»  6.  L'acide  tartrique  inactif  véritable,  c'est-à-dire  son  sel  de  soude,  a 
fourni  tout  d'abord,  dans  les  mêmes  conditions,  un  tartrate  de  chaux  inso- 
luble, en  dégageant  seulement  -f-3Cal,o. 

»   7.  Ces  expériences  ont  été  répétées  en  précipitant  les  divers  tartrates 

(')  Ces  nombres  se  rapportent  à  un  paratartrate  renfermant  2  équivalents  (4°sr) 
de  calcium  ;  mais,  eu  réalité,  ils  doivent  être  doublés,  pour  répondre  à  la  véritable  mo- 
lécule des  paratartrates  et  de  l'acide  paratartrique. 


(  834  ) 

de  soude  neutres  par  l'azotate  d'argent,  en  proportion  équivalente.  Avec 
les  tartrates  droit  et  gauche,  la  précipitation  donne  lieu  également  à  des 
dégagements  de  chaleur  successifs,  mais  entre  lesquels  il  n'a  pas  été  pos- 
sible de  marquer  une  ligue  de  démarcation  précise.  Soit  : 

Pour  C8H4Ag2012  droit,  de -H  iCa,,i   à  -t-4Cal,5     (total) 

»  gauche,  de -+-  iCa',5  à  -t-  40al>6     (total) 

Avec  le  mélange  des  deux  sels  de  soude  (pour  Ag-).  .      -+-  5Cal,8  )    ,       .       .        ... 

,    ,             .     „.1  ~r  i  r  \  reaction  immédiate. 

Avec  le  paratartrate  de  soude  (pour  Ag-) -+-  jta,,o  ) 

»  Ainsi  dans  tous  les  cas  la  chaleur  de  formation  du  paratartrate  inso- 
luble surpasse  notablement  celle  de  tous  les  autres  sels  isomères  :  précisé- 
ment comme  nous  l'avons  observé,  M.  Jungfleisch  etmoi((),  pour  l'acide 
paratartrique  solide,  formé  avec  dégagement  de  chaleur,  -f-  4CaI?4 f  »  cn  Par" 
tant  d'une  molécule  de  chacun  des  acides  droit  et  gauche  solides  (2).  » 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  la  forme  cristalline  et  sur  les  propriétés  optiques  de  la 
nouvelle  variété  cristallisée  de  soufre  de  M.   Engel  (*).  Note  de  M.  C. 

FlUEDEL. 

«  Les  cristaux  de  soufre  obtenus  par  M.  Engel  en  agitant  avec  le  chlo- 
roforme une  solution  d'hyposulfite  de  sodium  traitée  par  l'acide  chlorhy- 
drique  concentré,  et  en  laissant  évaporer  la  liqueur  chloroformique,  se 
présentent  habituellement  en  petits  prismes,  sans  modifications,  qui  tantôt 
sont  allongés  parallèlement  à  l'une  de  leurs  arêtes,  tantôt  montrent  trois 
arêtes  égales  et  un  aspect  rhomboédrique. 

»  Tls  appartiennent  bien  réellement  au  type  rhomboédrique;  en  effet,  au 
microscope  polarisant  en  lumière  convergente,  on  peut  y  voir,  pour  les 
cristaux  qui  ont  cristallisé,  dans  le  verre  de  montre  ou  dans  le  petit  cris- 
tallisoir,  de  manière  à  se  présenter  dans  une  direction  convenable,  la 
croix  et  les  anneaux  des  substances  biréfringentes  à  un  axe.  La  substance 
est  négative. 

»   Lorsque  le  cristal  se  trouve  placé  sur  un  des  sommets  du  rhomboèdre, 


(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5e  série,  t.  IV,  p.  i5i. 

(2)  L'acide  cristallisé  renferme  en  plus  une  double  molécule  d'eau,  dont  la  fixation 
accroît  de  +iCal,5  x  2  la  chaleur  dégagée. 

(3)  Voir  plus  loin,  page  866. 


(  835  ) 

on  peut  apercevoir  simultanément,  sur  les  bords  du  champ,  trois  systèmes 
de  croix  et  d'anneaux,  correspondant  aux  trois  faces  du  rhomboèdre. 

»  Ce  qui  permet  d'obtenir  ainsi  les  anneaux,  même  sans  un  dispositif 
spécial,  c'est  que  le  rhomboèdre  est  très  aplati.  On  peut  s'en  assurer  sur 
ceux  qui  se  présentent  par  les  arêtes  latérales  et  encore  mieux  par  la  me- 
sure des  angles,  qui  peuvent  être  faites  malgré  la  très  faible  dimension  des 
cristaux,  lorsque  ceux-ci  sont  fraîchement  préparés,  grâce  à  la  netteté  de 
leurs  faces. 

»  On  a  trouvé,  comme  moyenne  d'une  quinzaine  de  mesures  faites  sur 
plusieurs  cristaux  et,  pour  quelques-uns,  sur  deux  arêtes  différentes, 

pp  (  normales  )  =  40"  5o'. 

»  Il  reste,  dans  cette  détermination,  une  incertitude  que  j'estime  pouvoir 
monter  à  une  dizaine  de  minutes. 

»  Elle  suffit  pour  montrer  que  le  soufre  de  M.  Engel,  indépendamment 
de  ses  propriétés  physiques  et  chimiques,  se  différencie  complètement,  par 
sa  forme  cristalline,  de  toutes  les  variétés  de  soufre  cristallisées  connues. 

»  On  en  connaît  actuellement  quatre,  dont  une  orthorhombique  et  trois 
clinorhombiques  :  la  variété  de  Mitscherlich,  celle  de  M.  Gernez,  dont  la 
forme  a  été  déterminée  par  M.  Muthmann  (')  et  une  dernière  découverte 
par  ce  savant.  Elle  se  produit  en  même  temps  que  la  précédente  lorsqu'on 
abandonne  une  solution  de  soufre  dans  le  sulfure  d'ammonium  alcoolique. 

»  Les  angles  indiqués  plus  haut  ne  se  rapprochent  pas  de  ceux  don- 
nés par  M.  Muthmann,  sauf  peut-être  d'un  biseau  appartenant  à  la  troisième 
modification,  dont  l'angle  est  de  3o,°  6'  (Muthmann),  de  l\o" il\  (Bruhns). 

»  Ce  qui  mérite  d'être  rappelé,  c'est  que  le  tellure  cristallise  dans  le 
type  rhomboédrique,  et  que  M.  Muthmann  a  découvert  une  variété  du 
sélénium  à  aspect  métallique,  qui  est  rhomboédrique  et  formée  d'un  prisme 
hexagonal  surmonté  d'un  rhomboèdre.  Celui-ci  n'a  pas  pu  être  mesuré 
directement,  mais  ses  angles  plans  ont  des  valeurs  voisines  de  celles  cor- 
respondantes du  tellure.  Ce  fait  me  semble  donner  plus  d'intérêt  encore  à 
la  découverte  d'une  nouvelle  variété  du  soufre  appartenant  au  même  type 
cristallin.  » 

(')  Zeitschrift  fur  Krystallbgraphie,  1.  XVII,  p.  336. 


(  836  ) 


ZOOLOGIE.    -  Une  excursion  au  laboratoire  Arago  et  à  Rosas  (Espagne). 
Note  de  M.  de  Lacaze-Dutiiieks. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  l'entretenir  quelques  in- 
stants d'une  excursion  que,  pendant  les  dernières  vacances  de  Pâques,  je 
viens  de  faire  au  laboratoire  Arago  et  en  Espagne. 

»  Le  mercredi  20  du  mois  dernier,  vingt-six  étudiants  de  l'École  des 
Hautes  Études,  ayant  suivi  mes  Cours  pendant  le  semestre  d'hiver,  par- 
taient de  Paris  et  arrivaient  à  Banyuls  le  lendemain,  jeudi  soir. 

y,  M.  Blagé,  directeur  de  la  Compagnie  du  Midi,  avait  bien  voulu,  sur  ma 
demande,  accorder  demi-place  et  écrire  aux  Compagnies  d'Orléans  et  de 
Paris-Lyon-Méditerranée,  pour  que  le  train  direct  de  Paris  à  Cerbère  prît 
les  excursionnistes  aux  mêmes  conditions. 

»>  Je  tiens  à  remercier  M.  A.  d'Eichthal,  président  de  la  Compagnie,  et 
M.  Blagé,  directeur,  de  l'empressement  qu'ils  ont  mis  à  favoriser  l'excur- 
sion que  j'avais  organisée. 

»   Voici  l'emploi  du  temps  : 

»  Vendredi  27.  —  L'aquarium  étant  richement  peuplé,  toute  la  matinée 
s'est  passée  en  causeries  devant  les  bacs,  où  les  animaux  vivants  et  épanouis 
se  présentaient,  on  peut  dire,  à  l'état  naturel. 

»  Le  bac  des  Alcyonaires  était  particulièrement  beau,  et  l'on  y  pouvait 
étudier  comparativement  quelques  types  des  plus  intéressants,  tels  que  Gor- 
gones de  plusieurs  espèces  (Gorgonel/a  sarmentosa,  Gorgoma  graminea, 
G.  subti/is,  G.verrucosa,  Muricea  violacea,  Sympodium  coralloïiles)  variant  du 
rouge  au  blanc,  au  jaune,  au  violet;  des  Alcyons  (Alcyonium  palmatum)  at- 
teignant, dans  leur  épanouissement,  la  taille  d'un  pied  et  formant  de  véri- 
tables bouquets  épanouis  où  les  caractères  étaient  aussi  faciles  à  recon- 
naître qu'à  dessiner  en  les  opposant  à  ceux  du  Paralcyonium  elegans,  P. 
Edwarsii. 

»  Dans  ce  bac  vivaient  aussi  des  Zoanthaires  à  polypiers  dans  un  état  d'é- 
panouissement dont  ne  donnent  aucune  idée  les  figures  des  Ouvrages.  On- 
avait  sous  les  yeux,  réunis  côte  à  côte,  des  Balanophyllies  et  des  Dendro- 
phyllies,  genres  à  polypiers  poreux,  dont  il  était  facile  d'apprécier  la 
caractéristique  des  animaux  en  les  comparant  aux  Caryophyllies  et  aux 
Flabellum,  Zoanthaires  à  polypiers  compacts. 

»  Parmi  les  Zoanthaires  sans  polypiers,  les  Ilyanthes,  vivant  depuis  plus 


(  837  ) 
d'un  an,  et  des  Palythoa  axine/lœ,  type  jadis  rare  et  aujourd'hui  commun 
dans  l'aquarium  de  Banyuls,  ainsi  que  de  nombreuses  espèces  d'Actinies, 
offraient  un  sujet  fort  intéressant  d'observation  pour  l'étude  delà  symétrie 
radiaire  de  ces  animaux. 

»  En  plus  d'une  occasion,  j'ai  dit  combien  étaient  bonnes  les  conditions 
de  vitalité  présentées  par  l'aquarium  Arago;  on  a  pu  constater  le  fait  une 
fois  de  plus  en  voyant  d'innombrables  animaux  nés  dans  les  bacs  et  en 
particulier  des  Botrilles  ayant  produit  des  plaques  grandes  comme  la  main, 
des  Bonellies  vertes  s'allongeant  de  près  d'un  mètre,  des  Filigranes  encom- 
brantes par  leur  multiplication,  etc.,  etc.;  tous  ayant  été  portés  à  l'état 
d'embryons  avec  l'eau  puisée  par  la  pompe  dans  la  mer. 

»  Pendant  que  l'on  étudiait  ainsi  les  animaux  vivants  dans  l'aquarium, 
le  bateau  du  laboratoire  sortait  et  ramenait  bientôt  son  chalut  rempli 
d'animaux  et  de  débris  sous-marins  de  toute  sorte.  Alors,  sur  le  pont,  aidés 
par  les  marins  et  guidés  par  le  personnel  du  laboratoire,  les  excursion- 
nistes ont  retiré  du  filet,  au  milieu  de  la  vase,  des  poissons  variés,  des  As- 
cidies (Cynthiadés,  Molgulidés,  Phallusiadés)en  nombre  considérable,  des 
Étoiles  de  mer,  des  Ophiures,  des  Comatules,  des  Holothuries,  des  Alcyons, 
des  Vérétilles,  des  Pennatules,  des  Caryophyllies,  des  Hydraires,  des  Mol- 
lusques gastéropodes  et  acéphales,  aussi  nombreux  que  variés. 

»  Après  cette  triaille,  chacun  a  pu  porter  les  sujets  choisis  sur  sa  table 
de  travail,  les  déterminer,  les  étudier,  en  prendre  des  dessins  et  constater 
la  richesse  de  la  faune  dans  les  environs  du  laboratoire. 

»  On  peut  l'affirmer,  pour  un  zoologiste,  il  n'est  pas  un  exercice  plus 
instructif  que  celui  de  la  recherche  des  animaux  dans  le  sac  d'un  chalut 
traîné  quelque  temps  sur  un  fond  aussi  riche  que  celui  de  la  mer  de 
Banyuls. 

»  Dans  la  soirée  du  vendredi,  les  observations  ont  été  continuées  dans 
l'aquarium  à  la  lumière  électrique.  Les  Vérétilles,  les  Pennatules,  les  Ser- 
puliens  péchés  le  matin,  causaient,  par  leur  épanouissement,  leurs  belles 
couleurs  comme  par  leur  délicatesse,  l'admiration  des  visiteurs.  Les  Véré- 
tilles surtout,  plantées  dans  le  sable  du  fond  des  bacs  par  la  partie  de  leur 
zoanthodème  dépourvu  de  polypes  s'élevaient  comme  des  colonnes  de 
3ocm  et  4ocm,  couvertes  de  fleurs  dont  la  transparence  permettait,  à  l'aide 
de  l'éclairage  intense  d'une  lampe  à  arc,  de  découvrir  les  moindres  détails 
de  leur  organisation  ;  elles  faisaient  un  singulier  contraste  avec  les  figures 
ridicules  données  dans  certains  livres  sur  la  mer,  faits,  on  le  pense  bien, 
dans  le  cabinet  et  non  en  face  de  la  nature. 

C.  R.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  16.)  '  Iu 


(  838  ) 

»  Samedi  28  mars.  —  Au  point  du  jour,  ij  excursionnistes  s'embar- 
quaient à  bord  du  bateau  du  laboratoire  et,  ayant  bon  vent  arrière,  se  ren- 
flaient dans  les  eaux  du  cap  l'Abeille  pour  pêcher  avec  la  drague  et  l'engin 
des  corailleurs. 

»  Les  résultats  de  cette  sortie  ont  été  heureux  :  du  Corail,  des  Bra- 
chiopodes  (Cranie,  Argiope)  et  de  nombreux  Amphioxus  ont  été  apportés 
par  les  engins  de  pêche. 

»  N'est-il  pas  intéressant  de  constater  que  nos  élèves  des  Hautes  Etudes 
ont  fait  eux-mêmes  la  pêche  du  Corail  et  de  quelques  animaux  réputés 
aussi  rares  que  curieux? 

»  Une  remarque  se  présente  ici  très  naturellement  :  dans  ces  parages, 
où  les  conditions  orographiques  causent  de  si  brusques  modifications  du 
temps,  les  vents  contraires  auraient  pu  se  lever  et  contrarier  beaucoup  la 
réussite  de  l'excursion.  C'était  à  redouter  ;  aussi  la  nécessité  d'une  embar- 
cation à  vapeur  se  fait-elle  vivement  sentir.  Aujourd'hui,  on  peut  le  dire, 
cette  amélioration  s'impose  comme  conséquence  du  développement  pris 
par  le  laboratoire  Ara  go. 

»  Dimanche  29.  —  Journée  libre.  Quelques-uns  travaillent  à  la  bi- 
bliothèque; d'autres,  par  un  temps  superbe,  font  des  excursions  dans  la 
montagne,  à  la  tour  de  Madeloc,  d'où  un  admirable  panorama  se  déroule. 

»  Lundi  3o  mars.  —  Visite  des  ports  de  Collioure  et  de  Port-Vendres. 
Dans  ce  dernier,  le  long  du  quai,  j'ai  fait  recueillir  des  pontes  de  Mol- 
lusques, des  Vermets,  des  Tarets,  des  Comatules,  des  Spirographis,  des 
Bulles,  des  Cérithes,  des  Oursins,  etc. 

»  Six  personnes  sont  descendues  en  scaphandre  et  ont  rapporté  des  ani- 
maux variés. 

«  Mardi  3i.  —  Dans  la  matinée,  conférence  et  exercices  pratiques,  par 
M.  le  D1  Prouho,  sur  les  Bryozoaires  vivant  dans  les  bacs  et  péchés  pen- 
dant les  sorties  du  bateau. 

»  Dans  la  soirée,  conférence  sur  les  poissons  de  la  localité,  par  M.  le 
D1  Guitel. 

»  Promenade  sur  les  rochers  voisins  du  laboratoire,  conduite  par  le 
Directeur,  où  l'on  a  recueilli  des  Oursins,  des  Actinies  et  où  l'on  a  appris 
à  trouver  le  Gadinia  Garnolii  siphonaire,  qui  vit,  avec  beaucoup  d'autres 
animaux,  dans  les  trottoirs  formés  à  la  limite  des  eaux  par  une  algue  s'in- 
crustant  de  calcaire. 

»   Mercredi  ier  et  jeudi  2  avril.  —  Excursion  en  Espagne,  à  Rosas. 

»   Départie   Ie' ,  à  G1'  du  matin;   passage  à  Figueras,  où  nous  sommes 


(  839) 
reçus  très  chaleureusement;  arrivée  le  soir  à  Rosas,  où  déjà  le  bateau  du 
laboratoire  était  au  mouillage. 

»  Je  dois  remercier  M.  le  consul  d'Espagne  à  Perpignan,  qui  avait  mis  le 
plus  grand  empressement  à  faire  disparaître  toutes  les  causes  de  retards 
que  les  formalités  administratives  auraient  pu  nous  susciter. 

»  A  Rosas,  nous  avons  dû  renoncer  à  visiter  la  madrague  pour  la  pêche 
du  thon,  un  bateau  à  vapeur  l'ayant  fort  endommagée.  Je  l'ai  regretté,  car 
c'était  l'une  des  visites  les  plus  intéressantes  de  cette  partie  de  l'excursion. 

»  Le  temps,  devenu  pluvieux,  et  le  vent  trop  faible  ne  permirent  pas 
d'effectuer  les  dragages  que  je  tenais  cependant  beaucoup  à  faire  exécuter  ; 
toutefois  nous  avons  pu  visiter  l'établissement  d'ostréiculture  de  Ro- 
damar  et  nous  rendre  compte  de  la  faune  des  lieux. 

»  En  suivant  la  grève  pour  arriver  à  l'établissement,  on  a  fait  de  bonnes 
récoltes,  car  on  a  rencontré  des  objets  fort  intéressants.  En  effet,  on  a 
trouvé  rejetés  par  la  lame  des  coquilles  d'Acéphales,  de  nombreuses  es- 
pèces de  Gastéropodes,  des  tests  d'Amphidetus  (Echinocardium  mediter- 
raneum),  une  Tethys léporine  vivante,  des  Bryozoaires,  des  Ascidies,  toutes 
ces  choses  montrant  et  la  nature  et  la  richesse  du  fond  de  Rosas. 

»  L'établissement  d'ostréiculture  est  situé  à  l'embouchure  de  la  petite 
rivière  appelée  Lloregat.  L'établissement  est  formé  de  bassins  assez  élevés 
pour  être  à  l'abri  des  fortes  crues  de  la  rivière  et  des  grosses  lames  de  la 
mer.  Il  est  alimenté  d'eau  de  mer  par  un  moulin  automoteur  actionnant 

une  pompe. 

»  Les  huîtres  y  sont  placées  sur  des  cadres  grillagés  de  fil  de  fer  et  peu- 
vent être  visitées  facilement. 

»  Leur  origine  est  française.  Une  première  fois,  du  naissain  a  été  apporté 
d'Arcachon  à  Rodamar  (c'est  le  nom  de  l'établissement)  et  s'y  est  bien 
développé;  mais  un  envoi  fait  cette  année  même  a  été  saisi  à  la  frontière 
par  la  douane  française  sous  le  prétexte  que  les  huîtres  n'avaient  pas  la 
taille  marchande. 

»  A  un  certain  point  de  vue  la  chose  est  fâcheuse.  En  effet,  la  vente  du 
naissain  peut  être  une  source  de  revenu  fort  rémunérateur  pour  les  éleveurs 
placés  dans  des  conditions  favorables  à  la  reproduction  de  l'huître.  Il  arri- 
vera certainement  un  moment  où  l'élevage,  d'une  part  des  huîtres  pour  la 
consommation  et  d'autre  part  pour  la  production  du  naissain,  constituera 
deux  branches  distinctes  de  l'ostréiculture;  cette  division  du  travail 
existe  déjà  dans  quelques  localités.  Pourquoi  entraver  cette  industrie  sous 


(  84o  ) 
le  prétexte  que  les  huîtres,  petites,  à  l'état  de  naissain,  ne  sont  pas  mar- 
chandes? 

»  Le  propriétaire  de  Rodamar  a,  dans  ce  moment-ci,  de  bonnes  et  belles 
huîtres  qu'il  se  propose  de  conserver  et  d'utiliser  pour  la  production  du 
naissain;  il  a  préparé  ses  collecteurs  :  s'il  réussit,  il  a  devant  lui  un  bel 
avenir. 

»  Dans  le  lit  de  la  rivière,  des  pilotis  nombreux  ont  été  implantés;  et, 
suivant  la  méthode  usitée  dans  les  baies  de  Charrons  et  de  l'Aiguillon,  on 
cultive  les  moules,  qui  prennent  une  belle  taille. 

»  Vendredi  3.  --  A  notre  retour  d'Espagne,  nous  avons  trouvé  mon 
excellent  collègue  et  ami,  M.  le  professeur  Flahault,  qui  doit  au  mois  de 
mai  prochain  guider  la  Société  de  Botanique  dans  les  Albères,  et  qui  était 
venu  pour  se  rendre  compte  de  l'état  de  la  végétation.  Il  a  passé  quelque 
temps  à  Banyuls,  ce  qui  a  été  une  bonne  fortune  pour  les  excursionnistes, 
car  sous  les  murs  mêmes  du  laboratoire  il  a  fait  une  herborisation  des 
plus  instructives,  pendant  laquelle  il  a  fait  recueillir  de  nombreuses 
espèces  d'algues  en  donnant  sur  elles  les  renseignements  les  plus  détaillés. 

»   Mon  cher  collègue  de  Montpellier  a  droit  à  tous  nos  remerciements. 

»  Deux  observations  particulièrement  importantes  pour  les  étudiants 
ont  été  faites  pendant  l'excursion  :  on  sait  que  la  reproduction  des  Cépha- 
lopodes a  vivement  intrigué  les  zoologistes.  Ces  animaux,  pour  vivre  en 
captivité,  doivent  être  dans  un  milieu  parfaitement  approprié  à  leur  mode 
d'existence.  Dans  le  bassin  à  jet  d'eau  du  milieu  de  l'aquarium,  tous  les 
excursionnistes  ont  pu,  à  loisir,  voir  une  belle  Sépia  entourant  une  tige 
dénudée  de  zoster  avec  la  pointe  de  ses  bras,  pour  déposer  ses  œufs  et 
former  peu  à  peu  un  groupe  de  raisins  de  mer,  comme  disent  les  marins. 
La  ponte,  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie,  a  été  faite  en  un  jour 
et  avait  commencé  la  veille,  le  soir,  à  la  lumière  électrique. 

»  Mais,  ce  qui  surtout  a  beaucoup  été  remarqué,  c'est  la  ponte  et  le 
développement  des  Comatules.  Le  bac  où  se  trouvaient  ces  animaux  était 
l'objet  de  l'admiration  de  tous  les  visiteurs.  La  ponte  a  eu  lieu  au  commen- 
cement d'avril  ;  en  peu  de  temps,  les  glaces  et  les  pierres  du  bac,  les  tiges 
d'épongés  (Axinella)  ont  été  couvertes  d'innombrables  embryons  à  tous 
les  états  de  développement.  Après  deux  jours,  les  pentacrines  étaient 
formés  et  l'on  pouvait,  à  la  loupe,  contre  les  parois  des  glaces,  observer 
leurs  bras  et  leurs  pinnules. 

»  A  Roscoff,  c'est  surtout  dans  le  mois  de  juillet,  fin  juin  et  au  commen- 


(  84i  ) 

cément  d'août  que  la  ponte  s'accomplit.  Il  me  souvient,  d'antre  part, 
d'avoir  trouvé  des  tapis  de  pentacrines  sous  les  pierres  de  la  jetée  de 
Frontignan  à  Cette  en  août  et  septembre.  En  rapprochant  ces  observa- 
tions, on  serait  tenté  de  conclure  que,  dans  la  Méditerranée,  la  période  de 
reproduction  des  Comatules  est  plus  longue  que  dans  la  Manche.  J'ai  retenu 
longtemps  les  excursionnistes  devant  ce  bac,  et,  dans  des  entretiens  fami- 
liers, qui  ne  sont  pas  les  moins  instructifs,  j'ai  insisté  sur  l'importance 
des  faits  qui  se  passaient  sous  leurs  veux.  Ils  ont  tous,  en  effet,  pu  vérifier 
cette  observation,  l'une  des  plus  curieuses  et  des  plus  importantes  de  la 
Zoologie  moderne,  faite  par  Wywilhe  Thompson  et  Carpenter,  à  savoir 
que  la  forme  pentacrine  est  la  forme  larvaire  et  embrvonnaire  pour  les 
Comatules  vivantes  de  nos  parages.  De  ce  qu'ils  constataient  de  visu. 
ils  ont  pu  tirer  cet  enseignement  précieux,  que  l'étude  de  l'évolution  des 
êtres  est,  sous  peine  d'erreur,  inséparable  de  l'histoire  des  animaux. 

»  L'excursion  s'est  terminée  le  5  avril,  après  une  conférence  du  Dr  Pru- 
vot. 

»  Un  jour,  nous  avons  été  quarante-cinq  personnes  au  laboratoire. 
MM.  le  professeur  Geddes,  de  Dundee,  accompagné  de  deux  élèves;  le 
professeur  Yung,  de  Genève;  le  professeur  Flahault,  suivi  par  un  natura- 
liste de  Schaffhouse,  et  un  étudiant  américain,  s'étaient  joints  à  nous;  deux 
Russes,  un  Roumain  et  un  docteur  belge  avaient  tait  aussi  partie  de  l'ex- 
cursion, ainsi  qu'un  étudiant  de  la  Faculté  de  Clermont. 

»  Je  ne  puis  taire  combien  j'ai  été  heureux  de  voir  un  aussi  grand 
concours  de  naturalistes  venir  d'aussi  loin  au  laboratoire  Arago. 

»  C'est  la  seconde  fois  que  j'organise  une  telle  excursion  :  la  première, 
en  1890,  fut  modeste;  celle  de  cette  année  a  pris  de  plus  grandes  propor- 
tions; aussi,  m'appuyant  sur  cette  liberté  et  cette  indépendance  d'action 
qui  caractérise  l'École  des  Hautes  Etudes,  prenant  encore  pour  base 
d'opérations  le  laboratoire  Arago,  puis-je  espérer  l'année  prochaine  de 
pousser  plus  loin  les  excursions  secondaires  et  de  revoir  peut-être  les  îles 
Baléares,  où  nos  moissons  seront  non  moins  riches  et  présenteront  l'attrait 
d'un  pavs  fort  curieux  et  peu   exploré.  » 


(  842  ) 


ANATOMIE  GÉNÉRALE.  —  De  V endot hélium  du  péritoine  et  des  modifications 
qu'il  subit  dans  l'inflammation  expérimentale  ;  comment  il  faut  comprendre 
la  guérison  des  plaies  par  réunion  immédiate;  par  M.  L.  Ra.wier. 

«  On  observe  facilement,  chez  le  cochon  d'Inde,  la  structure  de  l'endo- 
thélium  du  péritoine,  que  je  vais  décrire.  Il  convient  de  choisir  un  animal 
jeune.  Après  l'avoir  sacrifié,  on  ouvre  la  cavité  péritonéale,  on  détache  le 
grand  épiploon.  La  membrane  étant  ensuite  étendue  sur  une  lame  de  verre, 
on  laisse  tomber  à  sa  surface  quelques  gouttes  d'une  solution  d'acide  os- 
mique  à  i  pour  ioo.  Une  minute  et  demie  après,  montre  en  main,  on  lave 
et  on  colore  par  le  violet  de  méthyle  5B,  5R  ou  hexaéthylé,  en  solution 
aqueuse.  La  coloration  se  fait  rapidement.  Lorsqu'elle  est  produite,  on 
recouvre  d'une  lamelle  et  l'on  examine  au  microscope,  à  une  bonne  lu- 
mière et  à  un  grossissement  de  3oo  à  l\oo  diamètres. 

»  L'endothélium  qui  recouvre  la  surface  de  la  membrane  se  reconnaît 
de  suite  à  ses  noyaux,  qui  sont  bien  colorés,  superficiels,  ovalaires  et  aplatis. 
Chacun  de  ces  noyaux  est  entouré  d'une  couche  de  protoplasma  granuleux, 
de  laquelle  partent  en  rayonnant  des  travées  protoplasmiques  qui  s'anasto- 
mosent entre  elles  et  avec  les  travées  de  même  nature,  émises  par  les  cel- 
lules endothéliales  voisines.  La  masse  protoplasmique  qui  entoure  les 
noyaux  et  les  travées  qui  en  partent,  étant  assez  vivement  colorées  par  les 
violets  de  méthyle,  se  montrent  nettement. 

»  Si  l'on  combine  ces  notions  nouvelles  avec  celles  que  l'on  possédait 
déjà  sur  la  constitution  des  endothéliums,  on  arrive  à  la  conception  mor- 
phologique suivante  :  chaque  cellule  endothéliale  contient  un  noyau  et  se 
limite  à  la  surface  par  une  plaque  très  mince,  constituée  par  du  proto- 
plasma condensé.  Cette  plaque,  plaque  endothéliale,  forme  le  champ  de 
la  cellule,  qui  se  montre  si  nettement  circonscrit  dans  les  imprégnations 
d'argent.  Le  protoplasma  situé  au-dessous  de  la  plaque,  et  dans  lequel  le 
noyau  de  la  cellule  est  compris,  n'est  pas  individualisé  ;  son  réticulum  se 
poursuit  sans  discontinuité  de  cellule  à  cellule.  Il  en  résulte  qu'un  revê- 
tement endothélial  constitue  une  colonie  dont  les  éléments,  quoique  dis- 
tincts, n'en  sont  pas  moins  étroitement  liés  entre  eux. 

»  Cette  manière  de  comprendre  les  endothéliums  est  confirmée  par 
des  recherches  d'histologie  pathologique  expérimentale  que  j'ai  faites  ré- 


(  843  ) 

cemment  sur  le  grand  épiploon  de  quelques  mammifères.  Ces  recherches 
complètent  et  étendent  celles  qui  sont  déjà  consignées  dans  la  ire  édition 
(1869)  de  notre  Manuel  d'Histologie  pathologique,  en  collaboration  avec 
M.  V.  Corail. 

»  Mes  expériences  nouvelles  ont  porté  sur  le  lapin,  le  cochon  d'Inde  et  le 
rat.  On  a  provoqué  chez  ces  animaux  une  péritonite  légère,  en  injectant  dans 
la  cavité  péritonéale,  au  moyen  d'une  seringue  hypodermique,  six  gouttes 
d'une  solution  de  nitrate  d'argent  à  trois  pour  mille.  Les  animaux  ont  été 
sacrifiés  un,  deux,  trois,  six  et  neuf  jours  après  l'injection  de  la  substance 
irritante.  J'ai  fait  l'étude  du  grand  épiploon  enflammé  en  suivant  exacte- 
ment la  méthode  indiquée  plus  haut. 

»  Au  bout  de  vingt-quatre  heures,  on  constate  que  les  régions  de  la 
membrane  qui  ont  été  atteintes  le  plus  fortement  par  la  solution  caustique 
sont  entièrement  dénudées;  leurs  cellules  endothéliales  ont  été  nécrosées 
et  éliminées,  ou  bien,  après  s'être  gonflées,  elles  sont  tombées  dans  la 
cavité  péritonéale.  Sur  d'autres  points  où  l'action  du  nitrate  d'argent  a  été 
plus  faible,  l'endothélium  est  encore  en  place;  mais  il  a  subi  des  modifica- 
tions importantes.  La  plaque  endothéliale  a  disparu  ;  le  noyau  est  légère- 
ment gonflé  et  le  protoplasma  qui  l'entoure  a  pris  une  forme  nouvelle; 
certaines  travées  du  réticulum  protoplasmique  ont  disparu,  tandis  que  les 
autres  ont  subi  une  hypertrophie  notable.  Il  en  résulte  que  le  pavé-endo- 
thélial  est  transformé  en  un  réseau  de  cellules  étoilées,  ramifiées  et  ana- 
stomosées les  unes  avec  les  autres  par  leurs  prolongements.  Ces  cellules 
sont  semblables  aux  cellules  conjonctives,  ou  plutôt  ce  sont  des  cellules 
conjonctives. 

«  Chez  les  animaux  sacrifiés  trois  jours  après  l'injection  intrapérito- 
néale  de  nitrate  d'argent,  surtout  chez  le  rat  et  le  cochon  d'Inde,  j'ai 
constaté  que  les  cellules  étoilées  qui  recouvrent  les  travées  du  grand  épi- 
ploon ont  pris  un  développement  considérable.  Certaines  ont  émis  des 
prolongements  d'une  grande  longueur  qui  s'entre-croisentou  se  fusionnent 
avec  les  prolongements  des  cellules  voisines.  En  quelques  points,  surtout 
dans  le  voisinage  des  travées  vasculaires,  ces  cellules,  dont  quelques-unes 
ont  plus  de  100  pi  de  diamètre,  s'étendent  par-dessus  les  mailles  du  réseau 
épiploïque  et  les  bouchent.  Une  observation  un  peu  attentive  conduit  à  re- 
connaître qu'elles  sont  fixées  à  des  filaments  de  fibrine  qui  leur  servent  de 
supports.  Je  m'explique  :  dans  les  premières  phases  du  processus  inflam- 
matoire, c'est-à-dire  dans  les  deux  premiers  jours,  le  liquide  péritonéal  est 
devenu  plus  abondant  et  présente  tons  les  caractères  d'un  exsudât  inflam- 


(  844  ) 

matoire.  Il  donne  naissance  à  de  nombreux  filaments  de  fibrine  qui  se  fixent 
à  la  surface  des  travées  épiploïques  et  couvrent  les  mailles  du  grand  épi- 
ploon  comme  d'une  toile  d'araignée.  Les  cellules  conjonctives,  nées  des 
cellules  endothéliales,  ont  la  propriété  de  se  fixer  aux  surfaces  et  de  s'y 
étaler;  elles  s'étendent  aussi  bien  sur  la  fibrine  que  sur  les  faisceaux  de 
tissu  conjonctif;  on  en  voit  dont  les  prolongements  s'appliquent  sur  des 
fdaments  fibrineux  et  les  accompagnent  sur  un  trajet  de  plusieurs  dixièmes 
de  millimètre.  La  fibrine  forme  donc  une  sorte  de  charpente  qui  sert  de 
support  à  un  nouvel  édifice  constitué  par  des  cellules  ramifiées  et  anasto- 
mosées. 

»  Tout  cela  peut  se  produire  avant  qu'il  y  ait  de  multiplication  cellu- 
laire. Celle-ci  ne  commence  pour  les  cellules  endothéliales  et  conjonctives 
qu'à  la  fin  du  deuxième  jour.  Elle  se  fait  par  le  mécanisme  de  la  division 
indirecte  ou  karyokinèse,  ainsi  que  cela  a  été  observé  par  M.  Toupet  ('). 

»  Je  laisse  de  côté  tout  ce  qui,  dans  le  processus  inflammatoire,  est 
relatif  aux  cellules  lymphatiques  et  aux  clasmatocytes,  me  proposantd'en 
faire,  à  cause  de  son  importance,  le  sujet  d'une  Communication  spéciale. 

»  A  partir  du  quatrième  jour,  la  réparation  des  tissus  se  produit  rapide- 
ment, dans  les  conditions  expérimentales  où  je  me  suis  placé.  Les  cellules 
conjonctives  redeviennent  peu  à  peu  des  cellules  endothéliales,  tout  en 
continuant  de  se  multiplier  activement  par  le  mécanisme  de  la  division 
indirecte.  Elles  arrivent  même  à  être  plus  nombreuses  qu'il  n'est  néces- 
saire pour  garnir  toute  la  surface  de  la  membrane.  Quelques-unes  d'entre 
elles,  ne  trouvant  plus  qu'une  place  restreinte  sur  les  travées  de  l'épiploon, 
y  sont  fixées  seulement  par  une  sorte  de  pied  auquel  leur  corps,  libre  dans 
la  cavité  péritonéale,  est  relié  par  un  pédicule  plus  ou  moins  long.  Ces 
cellules  deviennent  souvent  vésiculeuses  et  revêtent  alors  les  formes  sin- 
gulières des  cellules  du  cancer  colloïde  du  péritoine.  J'ai  vu  leur  pédicule 
canalisé. 

»  En  général,  vers  le  neuvième  jour,  l'endothéliiun  est  complètement 
reconstitué,  mais  les  cellules  qui  le  composent  n'ont  pas  encore  repris  leur 
disposition  normale.  Leur  protoplasma  réticulé  est  formé  de  travées  plus 
grosses,  moins  nombreuses  et  plus  granuleuses  que  chez  l'animal  adulte  et 
même  chez  le  jeune.  Aussi  ces  cellules  sont-elles  plus  épaisses  et  forment- 
elles  de  légères  saillies.  Il  en  résulte  que  les  travées  épiploïques,  au  lieu 
d'être  régulières,  paraissent  mamelonnées. 

(')  Toupet,  Modif.  cell.  dans  l'infl.  simple  du  péritoine,  th.  1887. 


(  845  ) 

»  Je  pense  que  les  faits  exposés  dans  cette  Note  jettent  une  certaine  lu- 
mière sur  une  question  fie  Pathologie  générale  importante  et  encore  fort 
obscure.  Comment  se  fait  la  guérison  des  plaies  par  réunion  immédiate? 

»  Il  est  clair  que  l'on  ne  saurait  plus  admettre  aujourd'hui  la  théorie  de 
J.  Hunter,  théorie  d'après  laquelle  il  transsuderait  des  lèvres  de  la  plaie 
une  lymphe  plastique  qui  s'organiserait  par  la  suite.  Il  est  établi,  en  effet, 
que  les  cellules  ne  se  forment  pas  plus  aux  dépens  d'un  blastèmc  que  les 
microbes  dans  un  bouillon  de  culture  stérilisé. 

»  La  théorie  de  Virchow  et  de  Billroth,  qui  admet  l'édification  d'un  tissu 
cicatriciel  dont  les  éléments  seraient  fournis  par  les  cellules  du  tissu  con- 
jonctif  proliféré,  n'est  pas  soutenable  en  ce  qui  regarde  la  réunion  immé- 
diate, puisque  la  multiplication  des  éléments  cellulaires  du  tissu  conjonctif 
par  division  indirecte  ne  commence  que  \  ers  la  fin  du  troisièmejour  et  qu'à 
cette  époque  la  réunion  immédiate  est  déjà  produite. 

»  Nous  avons  vu  que  la  multiplication  des  cellules  connectives  est  pré- 
cédée de  leur  hypertrophie  et  que,  sous  l'influence  du  mouvement  nutritif 
intense  résultant  de  l'irritation,  ces  cellules  émettent  des  prolongements 
d'une  grande  longueur  qui  s'appliquent  sur  les  filaments  de  fibrine  de 
l'exsudat  inflammatoire,  les  suivent  dans  leur  trajet,  rencontrent  des  pro- 
longements de  même  nature  émanés  des  cellules  voisines  et  se  fondent 
avec  eux. 

»  Il  se  produit  probablement,  je  pourrais  presque  dire  certainement, 
des  phénomènes  analogues  dans  la  réunion  immédiate  des  plaies.  Il  se  fait 
d'abord  un  exsudât  plus  ou  moins  hémorragique  duquel  se  séparent  des 
filaments  fibrineux  qui  se  fixent  aux  faisceaux  de  tissu  conjonctif  et  consti- 
tuent une  première  charpente  entre  les  deux  lèvres  de  la  plaie.  Bientôt,  à 
la  suite  de  l'irritation,  les  cellules  de  tissu  conjonctif  grossissent,  leurs  pro- 
longements divisés  s'accroissent,  il  s'en  fait  de  nouveaux. 

»  Ces  prolongements  s'accolent  aux  filaments  de  la  charpente  fibrineuse, 
les  suivent,  se  soudent  les  uns  aux  autres  et  forment  ainsi  une  seconde 
charpente  plus  solide  que  la  première,  plus  vivante  et  qui  va  bientôt  tra- 
vailler à  l'édification  définitive  de  la  cicatrice  par  le  développement  de 
faisceaux  conjonctifs  et  de  fibres  élastiques. 

»  Il  n'est  pas  nécessaire  d'insister  sur  la  différence  de  cette  théorie  avec 
les  théories  anciennes.  Elle  seule  peut  expliquer  la  réunion  si  rapide  des 
plaies  par  première  intention,  réunion  qui  se  produit  avant  que  les  cel- 
lules de  tissu  conjonctif  aient  pu  se  multiplier  par  division  et  qui  cepen- 
dant s'effectue  sous  l'influence  de  ces  cellules.    » 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N»  16.)  l  i  l 


(  846  ) 
M.  le  Paësidevt  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  a  faite  dans  la 
personne  de  M.  Ledieu,  Correspondant  pour  la  Section  de  Géographie  et 
Navigation,  décédé  à  Toulon  le  17  avril  1891. 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  en  remplacement  de 
feu  M.  Pissis. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  48, 

M.  de  Serpa  Pinto  obtient 4  2  suffrages 

M.  le  Prince  de  Monaco  obtient 5  » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  de  Serpa  Pixto,  ayant  obtenu  la  majorité  des  suffrages,  est  élu 
Correspondant  de  l'Académie. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions, chargées  de  présenter  des  questions  de  prix. 

Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Commission  chargée  de  présenter  une  question  de  Prix  Gay  {Géogra- 
phie physique)  pour  l'année  i8g3.  —  MM.  Grandidier,  Bouquet  de  la 
Grye,  d'Abbadie,  A.  Milne-Edwards,  Jurien  de  la  Gravière  réunissent  la 
majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus 
de  voix  sont  MM.  Daubrée  et  Paris. 

Commission  chargée  de  présenter  une  question  de  Prix  Pourat  {Physio- 
logie) pour  l'année  i8o,3.  —  MM.  Bouchard,  Marey,  Ranvier,  Brown- 
Séquard,  Chauveau  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres 
qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  A.  Milne-Edwards 
et  de  Quatrefages. 

Commission  chargée  de  présenter  une  question  de  Grand  prix  des 
Sciences  physiques  pour  l'année  i8q3.  —  MM.  de  Quatrefages,  Duchartre, 
Daubrée,  Fizeau,  Fremy  réunissent  la  majorité  des  suffrages.  Les  Mem- 
bres qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  MM.  Blanchard  et 
Marey. 


(  «47  ) 

Commission  chargée  de  présenter  une  question  de  Prix  Damoiseau  pour 
l'année  1894.  —  MM.  Faye,  Tisserand,  Wolf,  Lœwy,  Janssen  réunissent 
la  majorité  des  suffrages.  Les  Membres  qui,  après  eux,  ont  obtenu  le  plus 
de  voix  sont  MAI.  Mouchez  et  Poincaré. 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  Folie  adresse  un  travail  ayant  pour  titre  :  «  Note  sur  la  nutation  ini- 
tiale de  l'axe  du  inonde  et  résumé  des  déterminations  obtenues  jusqu'ici.  » 

(Commissaires  :  MM.  Fave,  Lœwy,  Tisserand.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  le  premier  volume  des  «  Leçons 
sur  les  métaux  »  publiées  par  M.  Ditle  et  appelle  l'attention  de  l'Académie 
sur  l'intérêt  que  présente  cet  Ouvrage  pour  l'exposition  des  idées  et  des 
méthodes  de  la  Mécanique  chimique. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i°  Le  premier  numéro  pour  1891  du  «Journal  d'Histoire  des  Mathéma- 
tiques», publié  à  Stockolm  par  M.  G.  Enestrôm.  (Présenté  par  M.  Hermite.) 

i°  Trois  volumes  sur  le  terrain  houiller  de  Commentry,  ayant  pour 
titres:  m  Lithologie  et  stratigraphie»;  par  MM.  de  Lau/iav  et  Stanislas 
Meunier.  «  Flore  fossile  »  ;  par  MM.  />'.  Renault  et  R.  Zeiller.  «  Faunes  ichtvo- 
logique  et  entomologique  »  ;  par  MM.  Charles  Brongniart  et  Emile  Sauvage. 
(  Présentés  par  M.  Daubrée.) 

Le  Comité  hongrois  du  second  Congrès  orxithologique  international 

informe  l'Académie  que  le  Congrès  se  réunira  à  Budapest  le  17  mai  prochain. 

M.  le  Maire  de  la  ville  de  Dax  invite  l'Académie  à  se  taire  représentera 
l'inauguration  de  la  statue  de  Borda  qui  aura  lieu  le  il\  mai  prochain. 


(  8^8  ) 


ASTRONOMIE.  —  Nébuleuses  nouvelles,  découvertes  à  T  Observatoire  de  Pans  Q); 
par  M.  G.  Bigourdas.  Note  communiquée  par  M.  Mouchez. 


Ascension 
droite. 


1860,0. 


N-. 

— — — 

209.. 

h         m 

.      i6.3i.36 

210.. . 

16.37.45 

211... 

16. 5o. 17 

212. . . 

i6.5o.49 

213... 

iG. 54.5i 

214...  . 

.      16.S9.19 

215... 

.      17.   8.  i3 

216... 

.      17.   8.3i 

217. . . 

17.13. 26 

218. . . 

17.59.11 

219... 

17.59.20 

220... 

18.   4.56 

221.    . 

.      18.   5.ii 

222. . . 

.      18.   6.38 

223. . . 

.      18.   8.   6 

224... 

18.10.26 

225... 

.      19. 11. 16 

226. . . 

20.IO.3o 

Distance 
polaire. 

Description. 

O  ' 

53. 3 1     Gr.  :  i3,4;  ronde,  20"  de  diamètre,  avec  noyau  stel- 

1  aire  excessivement  faible. 
3i.    7     Gr.  :  1 3 , 3  ;  ronde,  25"  de  diamètre,  avec  noyau  stel- 

laire  et  accompagnée  de  quatre  étoiles  voisines. 

32.52  Gr.  :  i3,5;  parait  formée  par  plusieurs  étoiles,  avec 

un  peu  de  nébulosité. 

26.39  Gr.  :  i3,4-i3,5;  dilTuse,  40"  à  5o"  d'étendue.  L'étoile 
1 3  1  o  BD  -+-  63"  est  à  p  =  53°,  d  =  3',5. 

66-46     Gr.  :  i3,4;  avec  noyau  stellaire  excessivement  faible. 

28.45  Trace  de  nébulosité,  soupçonnée  près  de  i63iBD-+-6i°, 
À  p  =  60°,  </  =  3'. 

69.36     Gr.  :  1 3 , 5 ;  d'aspect  un  peu  nébuleux.  Une  étoile  de 

10e  grandeur  est  k  p  =  35o°,  d  =  i',3. 
102.38     Objet  fortement  stellaire,  accompagné  d'un  peu  de 
nébulosité.  L'étoile  4698  BD  —  12°  est  à  p  =  2080, 
d  =  o',j. 

02.28  Gr.  :  i3,4-i3,5;  de  4o"  d'étendue  et  située  contre 
une  étoile  12, 5  qui  gêne  fortement  pour  l'aper- 
cevoir. 

64-  55     Petit  amas. 

64-53  Gr.  :  i3,4;  paraît  être  un  amas  entremêlé  de  nébu- 
losité. Une  étoile  10  est  à  p  =  870,  d  =  3'. 

5g.    2     Petit  amas. 

58.53  Gr.  :  i3,4;  de  i5"  de  diamètre;  on  v  soupçonne  plu- 

sieurs étoiles. 

64.22     Etoile  i3,4  qui  n'est  pas  nettement  stellaire. 

68.56  Gr.  :  i3,5;  on  y  soupçonne  deux  ou  trois  étoiles  très 
faibles. 

64  .57     Petit  amas. 

91 .52  Paraît  être  un  amas  "de  25"  à  3o"  de  diamètre,  et  voi- 
sine de  6778  N.  G.  C.,  qui  est  à  p  =  2700,  d  =  3'. 

72.24     Gr.  :  i3,4-i3,5;  très  diffuse,  de  i',5  à  2'  d'étendue. 


(')   Voir  p.  647  et  7o3  de  ce  Volume. 


(  «49  ) 


Ascension 

Distance 

droite. 

polaire. 

V". 

1860,0. 

227.. . 

h        m        9 
aO.II.43 

0       ' 
59.45 

228... 

20. i5.33 

83.55 

229... 

2 1 . 5 1 . 36 

89-'9 

230. .. 

21 .52.26 

89. .3 

231... 

.     ai. 56. 18 

79-29 

232. 
233. 

234-. 

235. 
236. 

237. 

238. 
239. 

240. 

241. 
24-2. 
24.3. 

244. 


2 1.09. 09 
22.  9.10 

22. 3 i .34 

22.3g.  2 

22.48.  8 

22.D1 .34 


8o.35 


5b.ii 

79.53 

96.  iS 

82  .  2  I 


22 

55 

.59 

_  / 

,  1 

10 

23 

1 1 

10 

80 

27 

23 

1 1 

56 

79 

26 

23 

16 

49 

8. 

/ 

23 

24 

20 

78 

29 

23 

43 

55 

63 

42 

2  3 

43 

56 

63 

44 

Description. 

Étoile  1 3, 2-1 3, 3  qui  paraît  accompagnée  de  nébu- 
losité excessivement  faible. 

Trace  excessivement  faible  de  nébulosité,  soupçonnée 
seulement. 

Trace  excessivement  faible  de  nébulosité,  située  près 
de  4802  BD  -+-  o°  qui  est  à  p  =  3o8°,  d  =  8'. 

Trace  excessivement  faible  de  nébulosité. 

Gr.  :  1 3, 4-i 3, 5;  i5"  de  diamètre,  très  difficile  à  dis- 
tinguer de  7190  N.  G.  C,  par  rapport  à  laquelle 
elle  se  trouve  à  la  position  p  =  1010,  d=i'.  Elle  ne 
parait  pas  se  trouver  dans  les  listes  de  M.  Stéphan, 
qui  a  découvert  7190  N.  G.  C. 

Nébuleuse  soupçonnée  près  d'une  étoile  de  gr.  1  1. 

Nébuleuse  excessivement  faible  de  20"  de  diamètre 
avec  petit  noyau  stellaire. 

Gr.  :  1 3, 3-i 3, 4;  de  10"  de  diamètre  et  d'aspect  stel- 
laire. 

Gr.  :  i3,4;  très  petite,  d'aspect  fortement  stellaire. 

Gr.  :  1 3 , 5  ;  parait  être  une  nébuleuse  voisine  de 
6097  BD  —  6°  qui  est  à  p  =  i4o°,  d  =1'. 

Gr.  :  i3,4;  de  5"  à  6"  de  diamètre.  Pourrait  être  une 
simple  étoile. 

Gr.  :  1 3, 3-i 3, 4;  parait  être  un  petit  amas. 

Gr.  :  1 3,  4-i  3. 5;  très  diffuse,  3o"  de  diamètre,  sans 
noyau. 

Petit  amas  de  20"  de  diamètre,  accompagné  peut-être 
d'un  peu  de  nébulosité. 

Gr.  :  i3,2-i3,3;  de  i5"  de  diamètre,  sans  noyau. 

Gr.  :  1 3  , 5  ;  soupçonnée  seulement. 

Gr.  :  i3,4;  soupçonnée  près  d'une  étoile  de  gran- 
deur 12,5. 

Étoile  i3,2  qui  paraît  accompagnée  de  nébulosité. 


v. 

71 

114 

147-148 


Rectifications  et  remarques. 

Pour  la  distance  polaire,  au  lieu  de  68°4i',  lisez  Ç>ç)°o'. 

Cette  nébuleuse  déjà  indiquée  en  1887  (Remarques),  est  re- 
produite ici  parce  qu'elle  n'avait  pas  reçu  de  numéro. 

Trouvées  en  cherchant  2296  N.  G.  C  que  j'ai  pu  apercevoir  à 
sa  place. 


(  85o  ) 

N". 

817  N.  G.  G.  1889  oct.      3o       Non  trouvée  à  la  position  de  N.  G.  C,  mais 

26"  après. 
992  N.  G.  C.  1889  oct.       3i       Elle  passe  ;s  avant  ia  position  de  N.  G.  C. 

2618  N.  G.  C.  1890  mars     i5       Trouvée  i2s  après  la  position  de  N.  G.  C. 

4572  N.  G.  C.  1887  juillet  12       Trouvée  34s  après  la  position  de  N.  G.  C. 

5863  N.  G.  C.  1889  avril     3o       Non  vue  à  la  position  de  N.  G.  C.  ;  mais  à  la 

position  yR=i5h2m53s,  T=  i07°.">8\  j'ai 
aperçu  une  nébuleuse  de  grandeur  i3,4 
(n°  189)  qui,  d'ailleurs,  ne  répond  pas  à  la 
description  de  N.  G.  C. 

5941  et  5942  N.  G.  C.      1890  juin       10       La  première  de  ces  deux  nébuleuses  est  la 

plus  australe,  tandis  que,  d'après  le  N.G.C., 
elle  serait  la  plus  boréale. 

6059  N.  G.  C.  1890  juin       19       Je    l'ai     trouvée    n5    après    la    position    de 

N.  G.  G. 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  la  déformation  des  surfaces  spirales. 
Note  de  M.  L.  Raffy,  présentée  par  M.  Darboux. 

«  En  vue  d'étudier  certains  problèmes  relatifs  à  l'importante  classe  des 
spirales,  j'ai  cherché  à  caractériser  les  surfaces  qui  résultent  de  leur  dé- 
formation. Le  problème  se  pose  en  ces  termes  : 

»  Étant  donné  un  élément  linéaire,  exprimé  au  moyen  de  variables  quel- 
conques, reconnaître  s'il  existe  des  spirales  admettant  cet  élément  linéaire. 

»  Nous  supposerons  l'élément  linéaire  donné  sous  la  forme  Idxdy. 
Mais,  comme  la  solution  de  ce  cas  ne  comportera  que  des  opérations  à 
effectuer  sur  des  paramètres  différentiels,  elle  sera  valable  dans  tous  les 
svstèmes  de  coordonnées. 

»  Pour  qu'un  élément  linéaire  idxdy  convienne  à  des  spirales,  il  faut 
et  il  suffit  que,  par  un  changement  de  variables 

,  dx  ,  dy 

du  =  -zr-, — ; ,         av  — 


la  fonction  ï&i\  prenne  la  forme  é-^a~v)  $(h  +  r),  ce  qui  s'exprime  par  la 
relation 

(1)  (£'  —  r,'  4-  2i)\  +  ;"a',.  -  rik'j  -  o. 

Dans  l'énoncé  des  conditions  que  cette  identité  entraîne,  je  représenterai 


(  85i  ) 
la  courbure  totale  par  —  -iê  et  j'emploierai  pour  les  paramètres  différen- 
tiels les  notations  qu'on  trouvera  définies  dans  la  Théorie  des  surfaces  de 
M.  Darboux  (Livre  VII,  Chap.  I). 

»  Quand  l'invariant  e~°A0  ne  se  réduit  pas  à  une  constante,  on  déduit 
de  l'équation  (i)  que  les  deux  invariants 

e(<?-9A6,  G)  (e-flA6) 

A(e-f)A0)   '  A(e-»A6) 

sont  des  fonctions  de  e_6A9,  et  que  ces  conditions  sont  suffisantes. 

»  Quand  l'invariant  e_0  A9  se  réduit  à  une  constante,  on  déduit  de  l'équa- 
tion (i)  que  les  deux  invariants 

e(e-°  A.,o,m         A,(e-eA2e) 

A(e-°A20)  i((r°l28) 

doivent  être  des  fonctions  de  e_0  A20,  si  toutefois  cette  expression  n'est  pas 
une  constante. 

»  Pour  réduire  le  nombre  de  ces  conditions  et  traiter  le  cas  exceptionnel 
où  les  deux  invariants  e~9A6,  e_9A28  sont  constants,  je  prends  l'élément 
linéaire 

ds'-  =  du'1  -+■ pr; rff a 

des  surfaces  à  lignes  d'égale  courbure  parallèles,  et  je  détermine  la  fonc- 
tion U  par  la  condition  e-9A9  =  const.  Je  forme  ensuite  l'invariant  e~8  A2Ô 
et  je  montre  que,  s'il  est  constant,  les  surfaces  correspondantes,  qui  sont 
applicables  sur  des  surfaces  de  révolution,  sont  applicables  aussi  sur  des 
spirales.  Supposant  enfin  que  c_JA_.0  n'est  pas  une  constante,  je  calcule 
l'invariant  0(e-6  A20,  0  )  :  A(e  fJ  A20)  et  je  prouve  que,  s'il  est  fonction  de 
e~e  A29,  les  surfaces  sont  toujours  applicables  sur  des  spirales,  ce  qui  montre 
que  la  troisième  condition  obtenue  d'abord  peut  être  laissée  de  côté.  J'ar- 
rive ainsi  à  ces  conclusions  : 

»  Pour  reconnaître  si  un  élément  linéaire,  donné  sous  une  forme  quelconque, 
convient  à  des  spirales,  on  calculera  la  courbure  totale  —  iê  (qui  ne  peut  être 
constante  sans  être  nulle),  et  l'on  formera  l'invariant  e~°  A9. 

»  S'il  ne  se  réduit  pas  à  une  constante,  on  formera  les  deux  invariants 

e(e-6A0,O)  A2(e-6A9) 

A(e-OAO)    '  A(e-6A6)  ' 

et  l'on  devra  vérifier  que  chacun  d'eux  est  une  fonction  de  e~''  A9. 


(  852  ) 

»  Si e~°AO  est  une  constante,  on  calculera  l'invariant  e~9A29.  Si  ce  dernier 
est  constant  aussi,  l'élément  linéaire  donné  convient  à  des  spirales  en  même 
temps  qu'à  des  surfaces  de  révolution.  Si  e-5A20  n'est  pas  une  constante,  on 
formera 

A(e-6AS8)   ' 

et  ce  nouvel  invariant  devra  être  une  fonction  de  e"°A29. 

»  Remarquons  qu'en  égalant  à  zéro  les  deux  invariants  0(  e^ÀÔ,  0)  et 
0(e-9A29,  6),  on  aurait  les  caractères  spécifiques  des  surfaces  applicables 
sur  les  surfaces  de  révolution. 

»  Les  conditions  à  la  fois  nécessaires  et  suffisantes  que  nous  venons 
d'énoncer  et  qui  résolvent,  dans  tous  les  cas,  le  problème  proposé,  per- 
mettent encore  de  déterminer  des  fonctions  inconnues  d'une  variable, 
figurant  dans  un  élément  linéaire,  parla  condition  cpie  cet  élément  linéaire 
convienne  à  des  spirales.  Soit  par  leur  emploi,  soit  au  moyen  de  considé- 
rations directes,  on  peut  établir  les  théorèmes  suivants  : 

»  Les  éléments  linéaires  qui  conviennent  à  la  fois  à  des  spirales  et  à  des  sur- 
faces moulures  sont  tous  compris  dans  les  formules 

ds2  =  du2  +  a2  (um  -  v7^')  dv2,         ds2  =  du2  +  a2(log«  —  loge )2 dv2, 

où  a  et  m  sont  des  constantes  arbitraires. 

»  Les  éléments  linéaires  qui  conviennent  à  la  fois  à  des  spirales  et  à  des  sur- 
faces réglées  sont  tous  compris  dans  la  formule 

ds2  =  du2  -+-  (a  ^  -+-  b  -  -+-  c )  dv2, 

où  a,  b,  c  sont  trois  constantes  arbitraires. 
L'hypothèse  a  =  o,  qui  donne 

ds2  =  du2-+-(b--+-  c)  dv2  =  {J  +  p3  )(dx-  4-  dV), 


doit  être  signalée.  En  effet,  M.  Weingarten  a  récemment  déterminé 
(p.  7o5  de  ce  Volume)  toutes  les  surfaces  applicables  sur  les  paraboloïdes 
cjui  ont  un  plan  directeur  tangent  au  cercle  de  l'infini.  (Voir  à  ce  sujet  la 
fin  d'une  Note  insérée  aux  Comptes  rendus,  t.  CX,  p.  223.)  On  peut  donc, 
en  particulier,  trouver  toutes  les  surfaces  dont  l'élément  linéaire  a  la  forme 
ci-dessus.    » 


(  853  ) 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.   —  Sur  la  théorie  de  la  lumière. 
Note  de  M.  C.  Raveau,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Maxwell  a  montré  que  les  composantes  du  potentiel  vecteur  dans  un 
milieu  isotrope  satisfont  aux  mêmes  équations  différentielles  du  second 
ordre  que  les  composantes  de  l'élongalion  dans  la  théorie  de  l'élasticité; 
il  a  étendu  ensuite  sa  théorie  au  cas  des  milieux  homogènes  cristallisés  et 
retrouvé  l'équation  aux  vitesses  de  Fresnel.  Depuis,  plusieurs  auteurs  ont 
établi  des  relations  entre  les  différents  vecteurs  qui  s'introduisent  dans  la 
théorie  électromagnétique  de  la  lumière  et  dans  les  diverses  théories  élas- 
tiques, mais  ils  se  sont  bornés  à  la  considération  des  équations  linéaires 
et  au  cas  des  ondes  planes.  Il  m'a  semblé  intéressant  de  serrer  de  plus 
près  les  analogies  en  considérant  les  diverses  expressions  de  l'énergie. 

»  Je  me  bornerai  dans  celte  première  Note  à  l'étude  d'un  milieu  homo- 
gène possédant  une  perméabilité  magnétique  sensiblement  constante  dans 
toutes  les  directions,  ce  qui  est  à  peu  près  vrai  pour  la  plupart  des  cris- 
taux, et  je  prendrai  pour  axes  de  coordonnées  les  trois  axes  de  l'ellipsoïde 
d'induction  électrostatique. 

»   L'énergie  par  unité  de  volume  est,  avec  les  notations  de  Maxwell, 

W=^(K,P2-+-K2Q2-r-K3R2)  +  J-(^  +  ;^  +  ^); 

il  s'agit  de  mettre  une  partie  de  cette  expression  sous  la  forme  d'une 
énergie  cinétique,  et  l'autre  sous  la  forme  d'une  énergie  potentielle  élas- 
tique, c'est-à-dire  sous  la  forme  d'une  fonction  quadratique  des  dérivées 
des  composantes  de  l'élongation  par  rapport  à  l'espace. 

»   Ou  peut  y  arriver  de  deux  façons  : 

»  i°  En  exprimant  les  composantes  des  forces  électrique  et  magnétique 
en  fonction  du  moment  électromagnétique;  des  relations  connues  on 
déduit  pour  l'expression  de  l'énergie 


W<  =  i 


K<U)  +M777)  +Mdï 


87: 


En  écrivant  que  la  variation  par  rapport  au  temps  de  l'intégrale  de 

C.  R.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CXII,  N"  16.)  '  12 


(  85/,  ) 

cette  expression  prise  dans  tout  l'espace  est  nulle,  on  obtiendra,  par  la 
méthode  de  Lagrange,  des  équations  identiques  à  celles  qu'a  données 
M.  Glazebrook,  et  qu'on  déduit  de  la  théorie  de  M.  Sarrau.  La  considéra- 
tion de  ces  équations  seules  n'aurait  pas  permis  d'identifier  le  vecteur  de 
M.  Glazebrook  plutôt  avec  le  moment  électromagnétique  qu'avec  la  force 
électrique  par  exemple,  puisque  ces  équations  ne  sont  pas  modifiées  quand 
on  différencie  un  nombre  quelconque  de  fois  par  rapport  au  temps. 

»   2°  On  peut  introduire  un  autre  vecteur  X,  id>,  S,  que  Maxwell  n'a  pas 
considéré  et  cpie  je  définirai  par  les  équations 


d  i. 

il  y 

dwh 

a="777' 

dz 

a                 M 

-K,Q  =  £ 

de 

dx 

de 
"  -     ~~dï' 

-  *.«  =  £ 

dx, 

Or 

dans  lesquelles  le  sens  de  rotation  positif  est  celui  qu'adopte  Maxwell. 
»   L'expression  de  l'énergie  devient 

v>2—  8*  [Kl  \djr         dz  !  ^  K,\  dz 


i 

8^ 


dx  I         K3  \  dx         ôy 
fdS 


V.  I    — 77-    )      ■+-   <J- 


(Il 


l'expression  qu'avait  donnée  Mac  Cullagh  en  fonction  des  composantes  de 
l'élongation  est  identique  à  celle-là,  sauf,  bien  entendu,  la  signification 
physique  des  constantes.  On  pourrait  également  en  déduire  les  équations 
de  Lamé.  Ainsi,  la  force  magnétique  ne  correspond  pas,  comme  on  le  dit 
souvent,  au  vecteur  de  Mac  Cullagh,  mais  à  la  dérivée  de  ce  vecteur  par 
rapport  au  temps. 

«  On  remarquera  que  l'énergie  magnétique,  que  Maxwell  considérait 
comme  cinétique,  correspond  à  l'énergie  cinétique  de  Mac  Cullagh;  elle 
correspond,  au  contraire,  à  l'énergie  potentielle  dans  la  théorie  de 
Sir  William  Thomson  et  de  M.  Glazebrook,  dans  lesquelles  la  vibration 
est  perpendiculaire  au  plan  de  polarisation.  Toutefois,  on  peut  faire  un 
rapprochement  entre  les  idées  de  Fresnel  et  celles  de  Maxwell.  Pour  l'un, 
la  force  électrique  est  fonction  linéaire  des  composantes  du  déplacement 
électrique;   pour  l'autre,  la  force  élastique  est  fonction  linéaire  des  corn- 


(  855  ) 

posantes  de  l'elongation  ;  l'énergie  électrostatique  d'une  pari,   l'énergie 
potentielle  de  l'autre,  auront  des  expressions  semblables. 

»  Il  n'en  est  plus  de  même  pour  l'énergie  cinétique.  Pour  Fresnel,  cette 
énergie  était  la  force  vive,  proportionnelle  au  carré  de  la  dérivée  de 
l'elongation  par  rapport  au  temps;  pour  Maxwell,  au  contraire,  elle  n'est 
autre  que  le  potentiel  électrodvnamique  des  courants  de  déplacement, 
dont  l'expression  en  fonction  des  composantes  du  déplacement  est  tout 
autre  que  celle  d'une  force  vive.  Or,  la  somme  des  deux  énergies  est  con- 
stante, par  hypothèse,  dans  la  théorie  de  Maxwell;  donc  la  théorie  de 
Fresnel,  dans  laquelle  cette  somme  est  différente,  ne  satisfait  pas  au  prin- 
cipe de  la  conservation  de  l'énergie.  On  constate  ainsi,  par  une  voie  nou- 
velle, le  manque  de  rigueur  de  la  théorie  de  Fresnel.    » 


CHIMIE.  —  Dissociation  du  bromhydrate  d'amylêne  sous  de  faibles  pressions. 
Note  de  M.  Georges  Le.moi.xe. 

«  L'influence  de  la  pression  sur  la  limite  de  la  dissociation  est  l'une  des 
questions  les  plus  intéressantes  soulevées  par  nos  théories  d'équilibres  chi- 
miques. J'ai  pris  comme  sujet  d'expériences  le  bromhydrate  d'amylène, 
déjà  étudié  par  M.  Wurtz,  mais  seulement  à  la  pression  ordinaire.  Sa  va- 
peur se  dissocie  progressivement  entre  i5o°et  36o°  en  donnant  un  sys- 
tème homogène  où  la  décomposition  totale  correspondrait  à  un  volume 
double  de  celui  de  la  combinaison. 

»  Analyses.  —  Le  bromhydrate,  préparé  comme  d'habitude,  était  pu- 
rifié par  six  ou  sept  rectifications  dans  le  vide,  avec  un  appareil  à  quatre 
boules. 

Composition 
d.  b.  c.  <!■         Lhéoriquc. 

Point  d'ébullition  de  l'amylène  primitif. .  .        37-40  33-42  33-36  34-42 

Point  d'ébullition  du  bromhydrate 103-107       107-110        106-108        io5   106 

Brome  (méthode  de  Carius) 53,2  62,7  52 1 3  5^8  53'° 

Hydrogène 7>5  7.4  j       '     j  "  7>:l 

.  ,,         .,  i    4'  !°    |  ■> 

Carbone 4?, 6  •>9>J  39,3  "  9'y 


(  35fi  ) 

»    Températures  d  èbullilion  à  de  basses  pressions  (appareil  de  M.  Berthelot). 


mm  mm 


Pressions 764         4">'2         238         121  43         3 

Température  d'ébullition  (écliantillon  a) to5  90  71  55         34 

»    Poids  spécifiques  (échantillon  a  bouillant  à  io5°). 

Températures o°,  1  7°,2         1  S",  6  38"  Gi°  900  97" 

Poids  spécifiques....        1,224       1 , a  1 5       1,200       i,i7<3       1  , 1  J6       r , io'6       1,100 
D,  =  D„(i  —  0,00102/  —  o,  0000004  L-)  ■ 

»   Chaleurs  spécifiques  (en  commun  avec  M.  Albert  Colson)  déterminées 
avec  le  calorimètre  et  par  les  méthodes  de  M.  Berthelot  : 

Intervalles  de  température 

de  Ô2°  à  i5°.     de  58°  à  16°.      de  87°  à  17°. 
Chaleurs  spécifiques  (écliantillon  a)...        o,3'24  0,325  o,33o 

»  Dissociation  à  la  pression  ordinaire.  —  Les  mesures  de  densité  de  va- 
peur étaient  faites  par  la  méthode   de  Dumas  avec  des  ballons  de  très 


s 


ande  capacité. 


»  Wurtz  a  donné  (Comptes  rendus,  t.  LX,  p.  729)  21  densités,  dont 
17  se  placent  assez  bien  sur  une  courbe  régulière,  mais  il  avait  dit  déjà 
que  la  durée  de  l'expérience  «  n'est  pas  sans  influence  sur  les  nombres 
»  obtenus  ».  Mes  déterminations  indiquent  une  décomposition  plus 
avancée  que  les  siennes,  car  on  voit  dans  le  Tableau  ci-après  (p.  858)  qu'il 
faut  aller  au  delà  de  la  durée  habituelle  d'une  densité  de  vapeur. 

»  Diverses  expériences  ont  été  prolongées  plusieurs  heures,  grâce  à 
l'emploi  de  régulateurs  de  température,  afin  d'atteindre  la  limite  de  dé- 
composition. Vers  i5o°,  c'est-à-dire  un  peu  au-dessus  du  point  d'ébullition 
(to5°),  la  densité  reste  la  même  quelle  que  soit  la  durée  de  l'expérience; 
ainsi  vers  1  5o°  le  bromhvdrale  d'amylène  existe  bien  à  l'état  de  combi- 
naison moléculaire  :  quelques  fumées  blanches  (HBr)  indiquent  seule- 
ment déjà  une  trace  de  décomposition. 

»  Un  caractère  très  saillant  du  phénomène  est  la  variation  énorme  que 
subit  la  densité  entre  1  7  V'  vl  1900. 

»  Dissociation  à  de  faibles  pressions,  £  et  ~  d'atmosphère.  —  Je  me  suis  at- 
taché surtout  à  l'étude  des  plus  faibles  pressions,  car  c'est  pour  elles  que 
les  différences  des  résultats  sont  les  plus  marqués.  Les  densités  de  vapeur 
obtenues  sont  notablement  inférieures  à  celles  qu'on  a  pour  la  pression 
ordinaire.  Cette  différence  se  constate  dès  i5o°;  elle  semble  même  appa- 


(  «57  ) 

raître  dès  ioo°,  car,  avec  un  vide  partiel,  on  peut  descendre  jusqu'à  cette 
température  à  cause  de  l'abaissement  du  point  d'ébullition.  Les  nombres 
obtenus  seraient  d'ailleurs  des  maxima  si,  malgré  mes  efforts,  la  température 
n'avait  pas  été  assez  prolongée  pour  atteindre  la  limite  de  la  dissociation  : 
on  sait,  en  effet,  que  celle-ci  s'établit  toujours  plus  lentement  dans  les  gaz 
très  dilués,  comme  je  l'ai  montré  pour  l'acide  iodhydrique. 

»  Conclusion.  —  En  restant  uniquement  ici  sur  le  terrain  de  l'expérience, 
on  voit  que  pour  le  bromhydrate  d'amylène,  formé  avec  condensation,  la 
dissociation  est  facilitée  par  une  diminution  de  pression.  En  discutant  sur  un 
tracé  graphique  l'ensemble  des  déterminations  dont  une  partie  seulement 
est  donnée  ci-dessous,  j'admets  approximativement  les  nombres  suivants  : 


Température  : 
Densités  de  vapeur  à  inlm.. 


_!_atni 
10 


100°. 

150". 

175". 

185°. 

200°. 

225°. 

300°. 

» 

5,2 

5,o 

4,« 

3,5 

3,o 

2,6 

),0 

4,6 

4.i 

3.4 

3,i 

,,8? 

2,6 

d'où,  par  un  calcul  facile 


Fraction  de  la  masse  décomposée  à  ia 

»  »  « 


1    :itm 

l  « 


<->,  I    1 


0,OD 


0,28 


°>: 


0,28       o,5'i       0,69       0,87' 


«  M.  Calvet  et  M.  Ferrières  m'ont  prêté  successivement  dans  ces  re- 
cherches leur  meilleur  concours  :  je  les  prie  de  recevoir  tous  mes  remer- 
ciements. 

Dissociation  du  bromhydrate  d'amylène  à  différentes  pressions. 


Températures. 
(Yoir  le  Tableau  ci-après.) 


(  858  ) 


1  lurée 

Désignation 

de 

des 

Tem- 

l'expé- 

Pres- 

échantillons. 

pérature. 

rience. 

sion. 

Excès  de  poids 

Haro-    Volume  Densité 

mètre        «  I  <  ■  Air  de 

à  o.      ballon,    restant,     vapeur. 


Pression  atm osphériq u e . 


»  Les  expériences   faites  vers  une  même  température  sont  rangées  d'après  leur  durée,  pour  mon- 
trer que  celles  qui  sont  trop  courtes,  dans  la  période  de  dissociation,  donnent  des  densités  trop  fortes. 

La  combinaison  totale  correspond  à  la  densité 5,24 

La  décomposition  totale  correspond  à  la  densité 2.62 

o  in  î  II                                   gl'                           <i                           [Il  m              ce              rc 

C 125  46            " 

// /    1 56  io         » 

b |  i54  So         » 

c <  i54  180        » 

c /   1 54  36o         » 

c \    1 53  36o         » 

a 160  7         » 

a 173  11         » 

a 1'    i86,3  9         » 

a ,    i83  52         » 

a |    i84  5i 

a /  208  4          " 

ci <   200  34          » 

C '    200  180            )> 

a /  227,5  6         » 

cl ]  229,5  3o         » 

a (224,5  43         »> 

Pression  de  -^  d'atmosphère. 

o  min             mm             gr                         o                        mm             ce             ce 

a 98  22       237       +0,070  à     8,6       7.50       4 1 7         0,6       4,75 

d i83  44       236       — o,i65  à  12, 3       -43       4!8         0,1       3,4 

a 228  io       242       —0,194  à   io,5       709       3n         0,8       2,8 


1 ,535 

à 

10,4 

760 

436 

2,0 

5 ,  1 

',649 

à 

11,2 

743 

52q 

6,3 

5,4 

i,4o4 

à 

17,0 

749 

447 

5,8 

5,4 

i,453 

à 

12,0 

769 

467 

5,o 

5,3 

1,788 

à 

17,0 

761 

544 

M 

5,5 

1 ,457 

à 

9,8 

762 

453 

1 , 5 

5,4 

1,287 

à 

.7,5 

75 1 

421 

5,2 

5,3 

!'°77 

à 

i5,3 

754 

392 

4,2 

5,i 

0,872 

à 

i3,3 

753 

406 

4,2 

4,5 

o,836 

à 

10,9 

757 

45 1 

0,4 

4,i 

0,982 

à 

10, 1 

761 

49° 

1.3 

4,2 

0,812 

à 

ii,i 

753 

525 

7>2 

3,9 

o,5i3 

à 

12,1 

755 

4io 

3, 2 

3,4 

o,848 

à 

12,0 

745 

583 

10, 2 

3,7? 

o,449 

à 

'7,1 

7.53 

386 

2>7 

3 , 4 

o,336 

à 

8,0 

758 

44'2 

5,o 

2,9 

o,368 

à 

">7 

76. 

434 

o,3 

2,9 

Pression  de  £$  d'atmosphère. 


mm  gl'  o  in  m 


cl \     99  64  77  — 0,402  à  11,6  761  5i8  o,3  4,85 

d I   100  120  80  — 0,424  à  1 3 , 3  731  599  0,7  5,i 

d I  i52  4o  81  — o,333  à  11, 4  748  4'3  1,0  4,8 

d j  1 49 , 5  92  78  — o,488  à  i3,o  761  56g  1,1  4,6 

d '79,5  64  76  — o,54o  à  18,0  761  606  o,4  4,1 

a 184  118  76  — 0,532  à  ii,3  763  0,4  0,9  3,i 

a 20i,5  82  77  — o,563  à  12,8  762  556  1,1  3,i 


(  859  ) 


chimie.  —  Sur  la  préparation  et  la  réaction  des  chlorures  ammoniacaux 
de  mercure.  Note  de  M.  G.  André. 

«  La  dissolution  de  l'oxyde  jaune  de  mercure  (2osr)  dans  une  solution 
bouillante  de  sel  ammoniac  (ioog,'dans  35oer  d'eau)  fournit,  par  refroidisse- 
ment, un  précipité  cristallin  peu  abondant  dont  la  composition  n'est 
pas  constante.  Cette  composition  se  rapproche  de  celle  du  chlorure 
HgCla.  2AzH3  plus  ou  moins  hydraté.  L'étude  de  l'action  de  l'ammoniaque 
sur  l'eau  mère  de  ce  produit  conduit  à  plusieurs  remarques  importantes 
relatives  à  la  production  du  chlorure  ammoniacal  de  mercure.  Elle  conduit 
aussi,  ainsi  que  je  vais  le  dire,  dans  certains  cas,  à  la  préparation  du  chlor- 
amidure  et  du  chlorure  d'oxydimercuriammonium,  et  cela  conformément 
aux  vues  que  j'ai  émises  antérieurement  ('). 

»  I.  La  dissolution  de  l'oxyde  jaune  dans  le  sel  ammoniac  étant  effec- 
tuée comme  plus  haut  et  la  solution  froide  étant  séparée  du  précipité  cris- 
tallin, on  traite  cette  dissolution  par  de  l'ammoniaque  du  commerce  étendue 
de  son  volume  d'eau,  jusqu'à  odeur  fortement  ammoniacale.  Le  précipité 
blanc,  caséeux,  qui  prend  naissance,  est  lavé  rapidement  par  décantation 
jusqu'à  disparition  d'odeur,  puis  séché  à  too°.  Un  premier  produit  ainsi 
préparé  fondait  dans  un  petit  tube  sans  donner  d'eau;  il  avait  une  appa- 
rence cristalline  et  répondait  à  la  combinaison  d'un  chlorure  ammoniacal 
avec  le  chloramidure  HgCl2.  2  AzH3+ HgCl  AzH2  (2).  En  effet,  la  réac- 
tion 

HgCl2,2AzIP  =  HgCl,  \/.IIa  + AzH'Cl 

se  produit  très  vite  au  contact  de  l'eau.  Mais,  si  le  corps  que  je  viens  de 
décrire  est'  lavé  avec  le  moins  d'eau  possible,  le  sel  ammoniac  en  excès  dans 
la  dissolution  empêche  le  chloramidure  d'être  décomposé  plus  avant  par 
l'eau.  Ce  composé  me  paraît  donc  contenir  du  chloramidure.  En  opérant  de 
la  même  façon,  mais  en  tube  scellé  vers  2000,  et  en  présence  seulement 
d'une  petite  quantité  d'ammoniaque,  j'ai  obtenu  des  corps  analogues. 
»   Dans  deux  autres  expériences  dans  lesquelles  le  précipité  caséeux  a 


('  )   Voir  Comptes  rendus,  t.  CVIII,  p.  a33  et  290. 
,}  Calculé...        Gl=  19,  i3'       Hg  =  7.,87         Az'^7,54 

Trouvé...        CI  =19,20  Hg  =  72,36         Az  =  ;,i6 


(  86o  ; 

été  longuement  lavé,  on  a  obtenu  un  composé  qui,  ainsi  qu'on  pouvait  le 
prévoir,  ne  renferme  plus  de  chlorure  ammoniacal,  mais  bien  une  combi- 
naison de  chloramidure  et  du  chlorure  AzH2(Hg,  0,Hg)Cl.  Un  lavage  en- 
core plus  prolongé  ne  laisse  que  ce  dernier  corps. 

»  Un  lavage  peu  prolongé  et  rapidement  conduit  fournit  le  chloramidure 
lui-même  très  pur,  ainsi  que  je  l'ai  vérifié.  Mais  on  peut  facilement  dépas- 
ser la  limite  et  obtenir  une  série  de  combinaisons  de  chloramidure  et  de 
chlorure  d'oxydimercuriammonium. 

»  II.  Si  le  précipité  caséeux  produit  par  la  réaction  de  l'ammoniaque 
sur  la  dissolution  d'oxyde  jaune  dans  AzH'1  Cl  est  chauffé  en  présence  d'un 
excès  d'ammoniaque  en  tube  scellé,  vers  2000,  il  fournit,  par  refroidisse- 
ment, un  corps  cristallin  qui,  lavé  avec  très  peu  d'eau  froide,  répond  à  la 
formule  du  chlorure  ammoniacal  bien  connu  HgCl2 .  2  AzH3.  On  peut  en- 
core préparer  ce  chlorure,  ou  un  hydrate,  en  ajoutant  peu  à  peu  à  froid  de 
l'ammoniaque  à  la  dissolution  d'oxvde  jaune  tant  que  le  précipité,  d'abord 
formé,  se  redissout.  Le  liquide,  exposé  sur  de  la  chaux  vive  pendant  plu- 
sieurs semaines,  abandonne  peu  à  peu  le  chlorure  ammoniacal  bien  cris- 
tallisé. On  peut  également,  ou  bien  ajouter  à  de  l'ammoniaque  légèrement 
tiède  la  dissolution  d'oxyde  jaune,  ou  bien  faire  passer  pendant  longtemps 
un  courant  de  gaz  ammoniac  dans  la  dissolution  d'oxvde  jaune  chaulfée 
doucement.  Le  précipité  caséeux  d'abord  formé  se  redissout  partiellement 
et,  après  filtration  et  refroidissement,  on  obtient  le  chlorure 

HgCl2.2AzH34H20  (.<). 

»  III.  Débarrassée  des  cristaux  du  chlorure  ammoniacal,  l'eau  mère 
précipite  en  blanc  par  un  grand  excès  d'eau.  Lavé  et  séché  à  ioo°,  ce  corps 
amorphe  n'est  autre  que  le  chlorure  d'oxydimercuriammonium 

AzH2(Hg.O.Hg)CI. 

Il  existe,  en  effet,  en  dissolution,  du  chlorure  ammoniacal;  celui-ci  s'est 
décomposé  sous  l'influence  d'un  excès  d'eau.  Les  équations  suivantes  tra- 
duisent ces  diverses  réactions  : 

2A/.H"Cl  -+-  HgO  =  HgCI2,2AzII3  +  HH), 
2(HgCl2.2ÀzH3)  +  ll20  =  AzII2(Ilg.O.IIg)Cl  i-  3AzHlCl, 

OU  ne  se  forme,  dans  aucun  cas,  un  composé  tel  que  Hg  Cl2. 5  AzH3,  si  facile  à  ob- 
tenir dans  de  semblables  conditions  avec  le  chlorure  de  zinc. 


(  86i   ) 

et,  enfin, 

AzH4Cl  4-  2HgO,=  AzHa(Hg.O.Hg)Cl  -f-H30. 

»  IV.  On  sait  que  le  chlorure  ammoniacal  cristallisé  IlgCl2.  2  AzII3,  dont 
il  vient  d'être  question,  a  été  préparé  d'abord  par  Mitscherlich  en  ajoutant, 
peu  à  peu  et  jusqu'à  commencement  de  trouble  persistant,  une  solution 
de  sublimé  dans  une  liqueur  bouillante  contenant  un  mélange  de  sel  am- 
moniac et  d'ammoniaque.  Or,  la  même  opération,  faite  en  ajoutant  un 
excès  de  sublimé,  conduit  à  un  autre  composé.  En  effet,  si,  dans  une  solu- 
tion de  sel  ammoniac  additionnée  d'ammoniaque,  on  ajoute  peu  à  peu,  sans 
chauffer,  une  solution  de  chlorure  mercurique,  il  y  a  d'abord  dissolution, 
puis,  si  on  dépasse  ce  terme,  formation  d'un  précipité  caséeux.  Ce  préci- 
pité, lavé  par  décantation  à  l'eau  froide  jusqu'à  perte  d'odeur  ammonia- 
cale, puis  séché  à  ioo°,  répond  à  la  combinaison  d'un  chlorure  ammoniacal 
contenant  molécules  égales  de  chlorure  et  d'ammoniaque  •  HgCl2.  AzII3  ('). 
Si  la  même  opération  est  effectuée  à  l'ébullition,  comme  pour  préparer  le 
chlorure  de  Mitscherlich,  mais  en  ajoutant  un  excès  de  chlorure  mercu- 
rique, on  obtient  encore  le  corps  HgCl2.  AzII3,  sous  forme  d'un  précipité 
caséeux.  Ces  deux  précipités  lavés  à  l'eau  froide,  en  évitant  qu'une  action 
trop  prolongée  ne  les  jaunisse,  sont  décomposés  et  fournissent  du  chlora- 
midure,  car 

2HgCl2.AzHs       AzHa.HgCl  -h  AzrPCLHgCP.    » 


CHIMIE.  —  Sur  les  sels  de  sous-oxyde  d'argent.  Note  de  M.  Gu.vtz. 

«  La  question  de  l'existence  des  sels  de  sous-oxyde  d'argent  a  été  très 
discutée.  Les  résultats  de  Wohler  qui  semblaient  établir  leur  existence  ont 
été  contestés,  et  la  majorité  des  chimistes  semble  nier  leur  existence. 

.  J'ai  montré  dernièrement  l'existence  d'un  sel  de  sous-oxyde  d'argent 
parfaitement  défini  et  cristallisé,  le  sous-fluorure  d'argent  Ag2F.  En  par- 
tant de  ce  produit,  il  est  facile  d'obtenir  les  autres  sels  de  sous-oxyde 
d'argent. 

»   Lorsqu'on  fait  arriver  un  courant  de  HCl  sec  sur  du  sous-fluorure 


(■)  Calculé Hg  =  69,4'i;  Cl  =  a4,65;  Az  =  4,86. 

_,         .      |(i)     Hg  =  69,91 -70,02;  Clc=24,3o;  Az  =  4-84. 
(  (2)     Hg  =  69,95;  Cl  =23,74;  Az  =4,79- 

C.   R.,  1891.  1"  Semestre.  (T.  CX1I,  N°  16.)  '  '    ' 


(  862  ) 

d'argent,  il  se  colore  immédiatement  et  prend  une  teinte  violette.  Si  l'on 
dose  H  Cl  absorbé,  on  trouve  que  l'absorption  de  H  Cl  est  assez  faible.  Si  l'on 
prend  la  substance  ainsi  obtenue,  elle  paraît  homogène;  mais  si,  après 
l'avoir  broyée  on  la  regarde  à  la  loupe,  on  voit  nettement  une  grande  quan- 
tité de  points  jaunes  qui  sont  encore  du  sous-fluorure  d'argent  non  atta- 
qué. Au  lieu  d'employer  HCl  gazeux,  il  est  plus  facile  d'employer  un  autre 
chlorure;  les  chlorures  de  carbone,  de  silicium,  de  phosphore,  etc.,  don- 
nent tous  le  fluorure  correspondant  et  le  sous-chlorure  d'argent. 
»   J'ai  trouvé  ainsi,  suivant  les  préparations  : 

1  84, 08  ) 
As {  J     au  lieu  de  85,88  pour  100 

b  /  83,35  )  ' 

m  *    '^'r9  )  r       a      k 

CI >     au  heu  de  1 5, 12  pour  100 

»  Ces  analyses  indiquent  toutes  dans  le  produit  un  peu  de  AgCl  dont  la 
présence  n'a  rien  d'anormal. 

»  J'ai  préparé  de  même  Ag2I  en  faisant  passer  un  courant  de  HI  sur 
Hg2F,  la  réaction  a  lieu  avec  un  très  grand  dégagement  de  chaleur;  le 
sous-sulfure  d'argent  Ag4S  par  l'action  de  H2 S  sur  Ag2F.  Le  sous-sulfure 
obtenu  contenait  92,37  d'argent,  la  théorie  exige  93,08;  le  sous-oxyde 
d'argent  se  produit  par  l'action  de  la  vapeur  d'eau  à  160°  sur  Ag2F. 

»  Je  me  propose  de  déterminer  la  chaleur  de  formation  du  sous-chlo- 
rure d'argent  et  de  vérifier  son  identité  avec  le  produit  d'altération  par  la 
lumière  du  chlorure  d'argent.  » 

CHIMIE.  —  Sur  le  sulfure  de  bore.  Note  de  M.  Paul  Sabatier. 

«  J'ai  préparé  le  sulfure  de  bore  par  l'action  de  l'hydrogène  sulfuré  sec 
sur  le  bore  amorphe  chauffé  au  rouge  (méthode  Sainte-Claire  Deville  et 
Wœhler).  La  réaction  ne  commence  qu'au  rouge,  tout  près  de  la  tempé- 
rature de  ramollissement  du  verre.  L'attaque  du  bore  est  lente  et  n'est 
jamais  complète. 

»  Les  gaz  entraînent  du  sulfure  borique  sous  forme  d'une  poudre  blanche 
cristalline  très  ténue,  qui  se  dépose  très  difficilement  et  peut  obstruer  les 
tubes  abducteurs.  La  majeure  partie  du  sulfure  se  condense  dans  les  par- 
ties du  tube  voisines  de  la  portion  chauffée  au  rouge  :  c'est  d'abord  une 
masse  fondue,  transparente,  opaline  après  refroidissement;  au  delà,  on 


(  863  ) 

voit  un  dépôt  de  matière  opaque,  porcelanique,  d'aspect  un  peu  nacré, 
se  détachant  assez  aisément  en  éclats  conchoïd es  ;  plus  loin  encore,  se  forme 
un  anneau  de  belles  aiguilles  brillantes  très  légères,  semblables  à  celles 
qu'on  obtient  dans  le  procédé  de  M.  Fremv. 

»  Les  aiguilles  sont  constituées  par  du  sulfure  pur  :  la  matière  vitreuse 
contient  toujours  un  excès  de  soufre,  dû  sans  doute  à  la  dissociation  que 
l'acide  sulfhydrique  éprouve  pour  son  compte  à  la  température  de  forma- 
tion du  sulfure.  Cet  excès  de  soufre  est  de  11  à  17  pour  100  selon  les 
échantillons. 

»  Ces  diverses  variétés  de  sulfure  sont  attaquées  par  l'eau  avec  une 
violence  extrême.  Néanmoins  je  suis  parvenu  à  mesurer  la  chaleur  que 
dégage  cette  réaction,  en  me  servant  du  dispositif  que  j'avais  imaginé,  en 
1880,  pour  les  sulfures  de  silicium  et  d'aluminium  (').  Le  sulfure  est  en- 
fermé dans  un  tube  de  verre  mince  immereié  dans  l'eau  du  calorimètre; 
une  ampoule  à  robinet  permet  d'y  introduire  un  volume  connu  d'eau,  suf- 
fisant pour  dissoudre  tout  l'acide  borique  formé.  Le  gaz  sulfhydrique,  qui 
se  dégage  très  brusquement,  circule  dans  un  serpentin  noyé  dans  le  calo- 
rimètre, puis  est  absorbé  par  un  volume  connu  de  liqueur  titrée  d'iode. 
Un  deuxième  flacon,  placé  au  delà,  contient  de  l'iode  dont  le  titre  doit 
demeurer  invariable.  A  la  fin  de  l'expérience,  on  balaye  rapidement  le  gaz 
par  un  courant  d'hydrogène  :  la  variation  du  titre  de  l'iode  indique  le  poids 
de  sulfure  détruit.  On  tient  compte  d'ailleurs  du  poids  de  gaz  sulfhydrique 
qui  demeure  dissous  dans  l'eau  du  petit  tuhe. 

»   On  a  trouvé  ainsi  que  la  réaction 

Bo2S3  -+-  3H20liq.  =  2Bo(OH)3  diss.  -+-  3R2S  diss. 
dégage,  pour  Bo2  S*  =  1 188'', 

Sulfure  aciculaire 58Cal 

Sulfure  vitreux 56Cal 

»  Moyenne  :  57e3'  (vers  120). 

»  D'autres  essais  thermiques  ont  été  effectués  en  dissolvant  directement 
le  sulfure  dans  une  solution  titrée  d'iode  employée  comme  liquide  calori- 
métrique et  renfermée,  à  cet  effet,  dans  une  fiole  mince  fermée.  Le  sul- 
fure pesé  était  scellé  dans  une  ampoule  convenablement  Ieslée  par  une 
lame  de  platine.  La  rupture  de  l'ampoule  étant  déterminée  par  une  se- 


(')  Ann.  de  Chim.  et  de  P/ijs.,  5e  série,  t.  XXII,  i> 


(  »^4  ) 

cousse  brusque,  la  réaction  se  produit  très  rapidement  sans  aucune  perte 
de  gaz.  La  chaleur  dégagée  dans  celte  réaction  a  été  trouvée  de 

I24Cal,6. 

»  Si  nous  retranchons  de  cette  valeur  la  chaleur  dégagée  par  l'action 
de  l'iode  dissous  sur  l'acide  sulfhydrique  gazeux,  soit  22Cal  x  3,  ou  66Ca\ 
nous  devons  retrouver  la  chaleur  relative  à  l'action  de  l'eau  sur  le  sulfure. 
On  trouve  ainsi 

58Cal,6, 

valeur  sensiblement  identique  à  celle  obtenue  par  la  mesure  directe.  Nous 
adopterons,  comme  moyenne, 

57Cal,8. 

»  Les  résultats  thermiques  déjà  acquis  permettent  de  déduire  aisément 
de  ce  nombre  la  chaleur  de  formation  du  sulfure  borique  à  partir  des 
éléments  ;  il  suffit  de  considérer  les  deux  cvcles  de  réactions  qui  suivent  : 

i"   Bo2  amorphe  -+-  S3  sol.  —  Bo2S'  sol.,  dégage x 

6H  +  30  — 3H-01iq 69  x  3 

Bo2S3  sol.  +  3H20  liq.  =  2Bo(OH)3  diss.  +  3H2S  diss  . .        67,8 

20   Bo'2  amorphe  -1-  O3  —  Bo203 3 12, 6 

Bo203+  Aq.  =  2Bo(OH)3diss 7,2 

6  H  -1-  3  S  sol .  =:  3  H2  S  disso  us 9 ,  ax3 

»   On  en  tire 

x—  82°*',  6. 

valeur  bien  inférieure  à  la  chaleur  dégagée  par  la  formation  de  l'oxyde, 
et  même  de  la  dose  équivalente  de  chlorure.  Les  analogies  indiquent 
qu'elle  doit  aussi  être  inférieure  à  celle  de  l'iodure.  Aussi  j'ai  tenté  défaire 
agir  l'iode  sur  le  sulfure  borique  :  l'action  est  nulle  à  basse  température  ; 
mais,  au  rouge  sombre,  le  passage  lent  de  la  vapeur  d'iode  détermine  la 
destruction  du  sulfure,  et  la  formation  de  lamelles  brunes  moins  volatiles 
que  l'iode  qui,  au  contact  de  l'eau,  donnent  de  l'acide  iodhydrique  et  de 
l'acide  borique.  C'est  de  l'iodure  de  bore  semblable  à  celui  que  M.  Moissan 
vient  de  préparer  par  action  directe.   » 


(  865  ) 


chimie.  —  Sur  l'hydrogène  bord.  Note  de  M.  Paul  Sabatieu. 

<(  On  est  mal  fixé  sur  l'existence  réelle  de  l'hydrure  de  bore.  Jones  se- 
rait parvenu  à  l'obtenir,  mélangé  d'hydrogène,  en  attaquant  par  l'acide 
chlorhvdrique  le  borure  de  magnésium. 

w  Pour  contrôler  cette  assertion,  j'ai  préparé  le  borure  de  magnésium  en  chauffant 
au  rouge  vif,  dans  des  nacelles  de  fer,  au  sein  d'une  atmosphère  d'hydrogène,  un  mé- 
lange de  10  parties  d'anhydride  borique  et  de  i[\  parties  de  magnésium  en  poudre.  On 
obtient  une  masse  brune  qui,  attaquée  par  l'acide  chlorhvdrique  pur,  donne  une  ef- 
fervescence très  vive.  Après  l'attaque,  il  reste  un  résidu  noirâtre,  constitué  par  du  bore 
amorphe  qui  retient  un  peu  de  magnésium,  même  après  un  contact  prolongé  avec  un 
excès  d'acide  ('). 

»  Le  gaz  qui  se  dégage  (l'hvdrogène  bore  de  Jones)  possède  une  odeur 
infecte,  et  brûle  avec  une  très  belle  flamme  verte.  Il  fournit  avec  le  nitrate 
d'argent  un  précipité  brunâtre,  soluble  dans  l'acide  nitrique.  Dirigé  au 
travers  d'un  tube  de  verre  chauffé  au  rouge  sombre,  il  perd  immédiate- 
ment ses  caractères,  et  sort  à  l'état  d'hydrogène  pur  inodore,  en  même 
temps  qu'un  anneau  de  bore  très  divisé  se  dépose  dans  la  partie  la  plus 
chaude. 

»  La  potasse  le  ramène  immédiatement  à  l'état  d'hydrogène  inodore, 
brûlant  avec  une  flamme  invisible,  et  on  observe  une  faible  augmentation 
du  volume  gazeux  (-^  environ).  L'eau  ne  l'altère  qu'à  la  longue.  Le  gaz 
se  conserve  bien  sur  le  mercure  pendant  plusieurs  jours;  néanmoins,  le 
mercure  est  attaqué  et  se  recouvre  d'une  légère  couche  brune.  Les  étin- 
celles électriques  le  ramènent  promptement  à  la  forme  d'hydrogène. 

»  Ces  divers  résultats  montrent  que  le  gaz  de  Jones  est  constitué  par  de 
l'hydrogène  renfermant  une  très  petite  quantité  d'hydrure  de  bore.  Ce 
dernier  est  visiblement  un  gaz  extrêmement  fétide,  brûlant  avec  une  ma- 
gnifique flamme  verte,  détruit  en  ses  éléments  par  la  chaleur  rouge  et  par 
les  étincelles  électriques,  attaquant  le  mercure,  et  immédiatement  décom- 
posé par  la  potasse  avec  accroissement  de  volume  (qui  devient  sans  doute 
triple).  » 

(')  En  opérant  sur  divers  mélanges  plus  riches  en  anhydride  borique,  on  obtient 
une  matière  plus  dure,  d'où  l'acide  chlorhvdrique  dégage  un  gaz  de  caractères  iden- 
tiques; mais  le  résidu  de  bore  amorphe  est  plus  abondant. 


(  866  ) 


CHIMIE  MINÉRALE.   —  Sur  deux  nouveaux  états  du  soufre. 
Note  de  M.  Engel,  présentée  par  M.  Friedel. 

«  On  sait  que  M.  Berthelot  a  distingué  deux  étals  essentiels  du  soufre, 
limites  stables  auxquelles  tous  les  autres  états  peuvent  être  réduits,  à 
savoir  :  le  soufre  octaédrique  et  le  soufre  insoluble  dans  les  dissolvants 
proprement  dits. 

»  Au  soufre  octaédrique  se  rattachent  le  soufre  prismatique  et  le  soufre 
mou  émulsionnable  des  polysulfures,  tous  deux  transformables  en  soufre 
octaédrique  sous  la  seule  influence  du  temps. 

»  Le  soufre  insoluble  comprend  plusieurs  variétés  distinctes,  parmi  les- 
quelles le  soufre  mou  des  hyposulfiles.  Une  fois  ramenées  à  l'état  solide, 
ces  variétés  possèdent  deux  caractères  communs  :  l'absence  de  toute  forme 
cristalline  et  l'insolubilité  dans  le  sulfure  de  carbone. 

»  I.  J'ai  pu  préparer  un  soufre  cristallisé  qui  se  rattache  à  ce  deuxième 
état  limite,  c'est-à-dire  qui  se  transforme  sous  la  seule  influence  du  temps, 
non  plus  en  soufre  octaédrique  comme  toutes  les  variétés  cristallisées 
actuellement  connues,  mais  en  soufre  amorphe  et  insoluble.  La  formation 
de  ce  nouveau  soufre  a  été  observée  au  cours  d'une  étude  sur  la  stabilité 
différente  de  l'acide  hyposulfureux  en  présence  de  quantités  variables 
d'acide  chlorhydrique.  Voici  comment  on  le  prépare  : 

»  On  verse,  en  agitant,  dans  deux  volumes  d'une  solution  d'acide  chlor- 
hydrique, saturée  à  ib"  ou  3o°  et  refroidie  à  io°  environ,  un  volume  d'une 
solution  également  saturée  à  la  température  ordinaire  d'hyposulfite  de 
soude.  Il  se  précipite  du  chlorure  de  sodium  et  l'acide  hyposulfureux  mis 
en  liberté  possède,  dans  ces  conditions,  une  stabilité  suffisante  pour  cpi'il 
soit  possible  de  filtrer  le  liquide  qui  passe  incolore  au  début  de  la  filtra- 
tion.  Peu  à  peu  le  liquide  filtré  jaunit  et  l'intensité  de  la  coloration  aug- 
mente, comme  si  un  soufre  soluble  faisait  équilibre  à  la  décomposition  de 
l'acide  hyposulfureux;  en  même  temps,  de  l'acide  sulfureux  se  dégage. 
Lorsque  la  teinte  jaune  est  devenue  très  prononcée  et  avant  que  le  li- 
quide se  trouble  par  la  précipitation  de  soufre,  on  agite  la  solution 
filtrée  avec  son  volume  de  chloroforme.  Celui-ci  se  colore  fortement  en 
jaune  en  diminuant  la  teinte  de  la  portion  aqueuse.  On  sépare  le  chlo- 
roforme  à  l'aide  d'un  entonnoir  à  robinet,  on  filtre  et  on  abandonne  à 


(  867  ) 

cristallisation.  On  obtient  ainsi  très  rapidement  de  petits  cristaux  de 
soufre  cpii  diffèrent  absolument  du  soufre  octaédrique. 

»  Ces  cristaux,  dont  M.  Friedel  a  bien  voulu  faire  l'examen  cristallogra- 
phique  ('),  sont  plus  denses  que  le  soufre  octaédrique.  Densité  =  2,1 35. 
Au  moment  de  leur  préparation,  ils  sont  transparents.  Après  trois  ou  quatre 
heures,  ils  commencent  à  s'altérer,  augmentent  de  volume  et  passent  peu 
à  peu  à  l'état  de  soufre  insoluble.  Us  fondent  au-dessous  de  ioo°  et  le 
soufre  est  alors  devenu  analogue  au  soufre  mou  des  hyposulfites  récem- 
ment préparé,  c'est-à-dire  qu'il  présente  encore  une  solubilité  partielle 
dans  le  sulfure  de  carbone.  Après  évaporation  de  la  solution  dans  le  sul- 
fure de  carbone,  une  nouvelle  portion  devient  insoluble  et  ainsi  de  suite 
jusqu'à  ce  que  toute  la  masse  soit  devenue  insoluble.  La  coloration  de  ces 
cristaux  est  jaune  orangé  et  non  jaune  citron,  comme  celle  du  soufre 
octaédrique.  Leur  analyse  a  montré  qu'ils  ne  sont  formés  que  de  soufre. 
Lorsqu'on  les  volatilise  dans  une  cloche  courbe  en  présence  d'un  gaz 
inerte  ou  d'air,  le  volume  gazeux  reste  rigoureusement  le  même  avant  et 
après  l'opération,  ce  qui  exclut  la  présence  même  de  traces  d'hydrogène. 

»  II.  La  solution  d'acide  hyposulfureux  dans  l'acide  chlorhydrique, 
préparée  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  donne,  lorsqu'on  l'abandonne  à 
elle-même,  un  précipité  de  soufre  qui  ne  tarde  pas  à  se  réunir  en  flocons 
jaunes.  Dans  cet  état,  le  soufre  est  entièrement  soluble  dans  l'eau.  Non 
seulement  il  se  redissout  lorsqu'on  ajoute  de  l'eau  au  liquide  qui  le  tient 
en' suspension,  mais  il  peut  être  séparé  par  décantation  de  la  majeure 
partie  du  liquide,  puis  jeté  rapidement  sur  un  filtre,  tout  en  conservant  sa 
solubilité  dans  l'eau.  La  solution  obtenue  est  jaune  et  se  décompose  très 
rapidement  en  donnant  le  soufre  mou  ordinaire  des  hyposulfites.  Ces  flo- 
cons de  soufre  soluble  dans  l'eau,  ne  tardent  pas  à  s'agglomérer  en  se  trans- 
formant en  soufre  mou.  Ils  ont  alors  perdu  leur  solubilité  dans  l'eau.  Cette 
transformation  s'effectue  sans  qu'il  .--oit  possible  de  saisir  un  dégagement 
d'hydrogène  sulfuré.  Ce  fait  exclut  l'idée  que  ce  corps  pourrait  être  un 
polysulfure  d'hydrogène.  Ces  polysultures  sont  d'ailleurs  insolubles  dans 
l'eau  et  donnent  en  se  décomposant  du  soufre  octaédrique. 

»  III.  L'interprétation  de  ces  faits  me  paraît  être  la  suivante  :  l'acide 
hyposulfureux,  dans  les  conditions  où  il  a  été  préparé,  subit  une  décom- 
position progressive  en  eau,  acide  sulfureux  et  soufre.  Ce  soufre  est  à 
l'état  atomique  ou,  du  moins,  à  un  état  peu  avancé  de  condensation  et 


(')    Voir  plus  haut,  p.  834- 


(  868  ) 

limite  la  décomposition  de  l'acide  hyposulfureux.  Peu  à  peu  le  soufre  se  con- 
dense. Cette  condensation  se  fait  de  deux  manières  différentes,  suivant  que 
le  soufre  a  été  isolé  ou  non  du  liquide  générateur  par  le  chloroforme. 
Dans  le  premier  cas,  le  soufre  passe  d'abord  par  l'état  cristallisé  qui  a  été 
décrit  plus  haut  ;  dans  le  second  cas,  il  se  transforme  en  soufre  amorphe, 
solide,  soluble  dans  l'eau  avant  d'atteindre  la  condensation  limite  qui 
répond  à  l'état  du  soufre  amorphe  et  insoluble  de  M.  Berthelot. 

»  Des  expériences  préliminaires  me  font  espérer  cpi'il  sera  possible  de 
fixer  la  grandeur  moléculaire  du  nouveau  soufre  cristallisé  ou  tout  au 
moins  de  la  limiter  entre  deux  valeurs  très  voisines.  J'aurai  l'honneur  de 
communiquer  à  l'Académie  les  résultats  de  ces  recherches.    » 


CHIMIE    ORGANIQUE.  —  Action  de  l'urée  sur  l'acide  sulfanilique . 
Note  de  M.  J.  Ville,  présentée  par  M.  Friedel. 

«  Désirant  étudier  l'action  physiologique  de  l'acide  sulfanilique  et 
rechercher  si  cette  aminé  acide  s'élimine  à  l'état  d'acide  uramique,  j'ai 
voulu  d'abord  essayer  d'obtenir  svnthétiquement  ce  dernier  composé,  en 
faisant  agir  l'acide  sulfanilique  sur  l'urée  (*). 

»  Le  mélange  intime  de  ces  deux  corps  finement  pulvérisés  dans  les 
proportions  de  i  molécule  d'acide  sulfanilique  anhydre  pour  i,5  molécule 
d'urée,  devient  pâteux  à  io5°  et  commence  à  fondre  vers  iio°.  La  masse 
demi-fluide  ainsi  obtenue  perd  sa  fluidité  de  n5°à  1200  et  se  solidifie  en  un 
corps  blanchâtre  très  consistant.  On  porte  à  12  V'  et  on  maintient  pendant 
trois  ou  quatre  heures  à  cette  température.  Dans  cette  réaction,  il  v  a  déga» 
gement  d'ammoniaque.  Après  refroidissement,  on  dissout  dans  l'eau,  et  la 
solution  aqueuse,  additionnée  d'un  excès  d'hydrate  de  baryte,  est  placée 
pendant  quarante-huit  heures  dans  le  vide  au-dessus  de  l'acide  sulfurique. 
On  décompose  ainsi  le  sel  ammonique  provenant  de  la  neutralisation  par- 
tielle, par  l'ammoniaque,  du  produit  acide  qui  se  forme  pendant  la  réac- 
tion, et  l'on  transforme  en  sel  de  baryum  ce  produit  acide. 

»    La  liqueur  filtrée,  débarrassée  de  l'excès  de  baryte  par  un  courant 


(')  MM.  G.  Pellizzari  et  V.  Matteucci  (Giornale  VOrosi,  mai  1888)  ont  obtenu  le 
carbamidophényl-sulfate  de  potassium  CO(AzH2)  ( AzHC6H\  S03K)  en  faisant 
bouillir  un  mélange  d'une  solution  aqueuse  de  eyanate  de  potassium  et  d'acide  sulfa- 
nilique, et  en  évaporant  à  siccité. 


(  8<>9  ) 
de  gaz  carbonique  et  concentrée  par  évaporation  au  bain-marie,  donne, 
par  addition  d'alcool  absolu,  un  abondant  précipité  blanc  de  selbarytique. 
Pour  assurer  la  purification  du  produit,  il  est  bon  de  procédera  plusieurs 
précipitations  successives  de  sa  solution  aqueuse  par  l'alcool  absolu.  Ce 
sel  de  baryum,  bien  lavé  à  l'alcool  à  900  pour  enlever  toutes  les  traces 
d'urée  en  excès,  est  dissous  dans  l'eau  et  l'on  précipite  le  baryum  par  une 
quantité  exactement  calculée  d'acide  sulfurique.  La  liqueur  séparée  par 
Pdtration  est  concentrée  au  bain-marie  et  placée  dans  le  vide  sec. 

»  On  obtient  ainsi  un  produit  cristallisé  en  lamelles  microscopiques 
penniformes. 

»  Ce  corps,  très  soluble  dans  l'eau,  se  dissout  assez  facilement  dans 
l'alcool  absolu;  il  est  complètement  insoluble  dans  l'éther,  le  chloroforme 
et  la  benzine. 

»  [1  présente  une  réaction  fortement  acide,  décompose  les  carbonates 
et  donne  avec  les  bases  des  sels  cristallisés. 

»  L'analyse  montre  que  ce  corps  répond,  par  sa  composition,  au  pro- 
duit formé  par  la  combinaison  d'une  molécule  d'acide  sulfanilique  et  d'une 
molécule  d'urée  avec  perte  d'une  molécule  d'ammoniaque  : 


1  lalculé  pour 
VI.  C'H'Az'SO'. 

C 38,4'       38,5g  »  »  »  »  38,8g 

H 4 >  1 2         4  1  °-  "  "  »  "  '  ■  7 '  ' 

Àz »  »  [2,84  12,55  »  ))  I   !  ,  96 

S »  »  »  »>  1  î .  7 ■>       1  i  •  '  Ç  l 4 ,  82 

O »  »  »  "  »  »  29,63 

»  Le  sel  de  baryum  cristallise  en  prismes  clinorhombiqu.es  solubles 
dans  l'eau,  insolubles  dans  l'alcool.  Il  renferme  3  molécules  d'eau  de  cris- 
tallisation, qu'il  perd  quand  on  le  chauffe,  vers  o,5°,  dans  un  courant  d'air 
sec  (H2(J  trouvé,  en  centièmes,  8,71;  théorie,  S, 6g).  Le  sel  anhydre  a 
donné,  en  centièmes,  les  nombres  suivants  à  l'analyse  : 


Tro 

nvé 

en 

enl  ièmes. 

I. 

II. 

III. 

IV. 

V. 

38,4. 

38,5g 

» 

» 

)) 

4,12 

4 ,  02 

» 

» 

» 

By. 

S.. 
Az. 


Calcule- 

pour 

rrouvé. 

(C'H'Az"SO*)!Ba. 

2  i ,  08 

24,l6 

1  1  .  >;  '1 

11,29 

1 1 . 1  i  1 

9,88 

»    L'action   des  agents   d'hydratation,  venant  confirmer   les   données 

C    R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  16.)  I  '  I 


(87o  ) 

fournies  par  l'analyse,  montre  que  l'acide  obtenu  est  un  acide  uramique. 
»   Quand  on  le  chauffe  en  vase  clos,  vers  i3o°,  avec  un  excès  d'eau  de 
baryte,  il  se  dédouble  en  ammoniaque,  acide  carbonique  et  acide  sulfani- 
lique,  ces  deux  derniers  se  transformant  en  sels  de  baryum  : 

C7H8Az-S04  +  H20  =  AzH3  +  CO-  +  C6H4.AzH2.S03H. 

Le  précipité  blanc  formé  dans  cette  réaction,  recueilli  sur  un  filtre  et 
lavé,  se  dissout  complètement,  avec  effervescence,  dans  l'acide  chlorhy- 
drique  étendu.  La  licjueur,  séparée  par  iiltration  du  précipité  de  carbo- 
nate de  baryte,  donne,  par  addition  d'acide  chlorhydrique,  des  lamelles 
rhumbiques  brillantes  d'acide  sulfanilique. 

»  Si  l'on  rapproche  de  ce  fait  le  dégagement  d'ammoniaque  observé 
pendant  la  réaction  de  l'acide  sulfanilique  sur  l'urée,  on  voit  que  la  for- 
malion  de  l'acide  qui  nous  occupe  répond  à  l'équation  suivante 

AzIL.C'rL.SO'H-r  COAz2H'  =  AzfP  4-  (AzH2.CO-AzH.C°H\S03H), 

et  que  la  constitution  de  ce  corps,  qui  peut  être  désigné  sous  le  nom 
d'acide  sulfanilocarbamique,  est  exprimée  par  la  formule 

/AzH-CO.AzH2 
C  H  \S03H 

»  Je  me  propose  de  rechercher  si  l'acide  sulfanilique,  introduit  dans 
l'économie,  s'élimine  sous  la  forme  de  cet  acide  uramique  dont  je  viens  de 
faire  l'étude.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Nouvelles  combinaisons  obtenues  avec  les  sulfites 
métalliques  et  les  aminés  aromatiques.  Note  de  M.  G.  Dexigès. 

«  Les  combinaisons  fournies  par  les  bisulfites  de  cadmium,  cuprosum, 
manganèse,  nickel,  cobalt,  fer  et  mercuricum  avec  l'orthotoluidine,  la  pa- 
ratoluidine  et  l'a-métaxylidine,  sont  de  tout  point  comparables,  comme  com- 
position et  comme  caractères,  aux  dérivés  correspondants  de  l'aniline 
décrits  dans  ma  précédente  Note;  seul,  le  bisulfite  de  nickel,  et d'orthotolui- 
dine  n'a  pu  être  obtenu.  Quant  au  bisulfite  de  zinc,  il  se  comporte,  vis-à-vis 
de  ces  aminés  aromatiques,  d'une  manière  toute  spéciale. 


(  87i  ) 

»  Les  combinaisons  du  cadmium,  manganèse,  fer,  cobalt  et  nickel  ont 
été  préparées  en  mélangeant  à  une  solution  bouillante  de  iog1'  de  l'azotate 
ou  du  sulfate  de  ces  métaux  une  solution  également  bouillante  de  iogrde 
l'aminé  à  combiner  dans  ioccà  i5cc  d'acide  acétique  ou  mieux  chlorhy- 
drique  et  200cc  d'eau,  et,  versant  dans  la  liqueur  très  cbaude  5occ  à  6occau 
moins  de  bisulfite  de  soude  (de  D  =  i,38),  il  se  forme  bien  vite  un  préci- 
pité blanc  avec  les  sels  de  cadmium  et  de  manganèse  (ces  derniers  sont, 
en  effet,  à  peine  teintés  de  rose),  jaune  chamois  avec  le  fer,  rose  avec  le 
cobalt  et  jaune  clair  avec  le  nickel.  Ces  précipités  consistent  en  lamelles 
hexagonales  ou  en  sphérules  cristallines;  les  cristaux  sont  plus  petits  et 
plus  grenus  dans  les  dérivés  xylidiques  que  dans  ceux  obtenus  avec  les  to- 
luîdines. 

»  Avec  le  cobalt  et  la  paratoluidine,  on  obtient,  au  bout  de  vingt-quatre 
heures,  de  grosses  granulations  d'un  rose  très  vif,  formées  de  lamelles 
cristallines  enchevêtrées  et  très  adhérentes  aux  parois  des  vases,  si,  avant 
l'addition  du  bisulfite  de  soude,  on  a  eu  soin  de  diluer  à  i'",  j  environ  le 
mélange  de  nitrate  de  cobalt  et  de  paratoluidine,  et  de  le  porter  à  l'ébulli- 
tion. 

»    Les  divers  composés  ainsi  obtenus  répondent  à  la  formule  générale 

(SG3)2M"ir-,2   Az— H  , 

'     \h) 

dans  laquelle  M"  est  un  des  métaux  bivalents  cités,  et  X  un  noyau  aroma- 
tique. 

»   Les  analyses  effectuées  concordent  très  bien  avec  cette  formule. 

»  Combinaisons  du  cuprosum.  —  Ces  composés,  qui  se  forment  avec  la 
plus  grande  facilité,  se  préparent  en  ajoutant  4ooc  de  bisulfite  de  soude 
(D  =  i,38)  dilués  avec  ioocc  d'eau  dans  un  mélange  chaud  d'une  solution 
bouillante  de  25gr  de  sulfate  de  cuivre  dans  25occ  d'eau  et  d'une  solution 
de  iogr  d'aminé  aromatique  dans  3oocc  d'eau  et  ioccà  i2,c  d'acide  acétique. 

»  Dans  le  cas  de  la  paratoluidine  il  se  produit  en  effectuant  ce  premier 
mélange  un  sulfate  double  de  cuivre  et  de  l'aminé  aromatique,  et  c'est 
seulement  après  filtration  que  la  liqueur  doit  être  traitée  par  le  bisulfite  de 
soude.  Il  se  forme  très  vite  des  cristaux  lamellaires  hexagonaux  blanc  jau- 
nâtre, qui,  lavés  à  l'eau  froide  puis  rapidement  desséchés  sur  des  plaques 
poreuses,  se  conservent  à  l'air  et  à  la  lumière. 


(87a) 

»  Par  calcination  ces  produits  laissent  aisément  de  l'oxyde  cuivrique  pur, 

qui  permet  de  doser  aisément  le  cuivre  qu'ils  renferment. 

h   J'ai  ainsi  obtenu  : 

/      /OH'.CHM 

»  Le  bisulfite  de  cuprosuœ  et  d'o.-tolùidine  (SO*)sCuïH!,2     Az — H  >. 

'       \H(i,2)      ) 

Calcul.-.  Trouvé. 

CuO 3 1  . 6 1  3i  ,5o 

/       /C6H4.CH3) 
»  Le  bisulfite  de  cuprosum  et  de  p.-toluidine  i  >i  > ;  i-Cu2II2,  2  •'  Az — H  >. 

'       \H(i,4)      ) 
Calculé.  Trouvé. 

CuO 3i,6i  3t,6o 

«   Le  bisulfite  de  cuprosum  et  de  m.-*ylidine( SO!)sCusH2, 2  jAz — H  ,'. 

'      \H(i,3,4)    ' 
Calculé.  Trouvé. 

CuO 29,94  29,80 

»  Combinaisons  mercuriques.  --  Elles  s'obtiennent  comme  les  composés 
correspondants  de  l'aniline,  en  ajoutant  à  20occ  d'une  solution  saturée  à 
froid  de  bichlorure  de  mercure  5occ  de  bisulfite  de  soude  (deD=  r,38) 
et  immédiatement  après  i1'',  5o  à  2Ut  d'eau,  dans  laquelle  on  a  dissous  par 
agitation  iogrde  base  aromatique. 

«  Avec  la  paratoluidine  qui  est  solide,  il  faut,  pour  effectuer  la  dissolu- 
tion, chauffer  légèrement  le  mélange  d'eau  et  d  aminé  pour  amener  la  fu- 
sion de  cette  dernière,  bien  agiter  jusqu'à  obtention  d'un  mélange  homo- 
gène et  laisser  refroidir  avant  d'ajouter  la  liqueur  au  bichlorure  de 
mercure  et  au  bisulfite. 

>  Au  bout  de  peu  de  temps  après  le  mélange,  il  se  précipite  abondam- 
ment des  lamelles  hexagonales  renfermant  les  éléments  d'une  molécule  de 
bisulfite  de  mercure,  une  molécule  d'aminé  aromatique  et  une  molécule 

d'eau  : 

/CCH\CH3 
„  Bisulfite  de  mercure  et  d'o.-toluidine  (S03)2Hy  li-,  Az— H  +  H20. 

\H(.,2) 
Calculé,  Trouvé. 

Hg 41,07  4o,88 

SO2 26, 28  26,04 

H 2,67  2.82 


(  «73  ) 

/C6hSçh3 

»  Bisulfite  de  mercure  el  de  p.-toluidine  (S03)2HgH*    \z— H  -+-  H-<  >. 

\H(i,4) 

Calculé.  Trouvé. 

Hg 41,07  4',00 

SO2 36,28  25,90 

H 2,67  ■■-- 

/C   H  XCH:i 

»  Bisulfite  de  mercure  et  de  m.-xylidine  (S03)2HgH!,  Az<  —  II  +H»0. 

\H  (i,3,4) 

Calcule  Trouve. 

Hg 39 ,  92  3g ,  60 

SO2 25,55  20,60 

H 2 ,  99  3,io 

»   Je  communiquerai  prochainement  les  composés  zinciques  et  les  re- 
cherches que  j'ai  faites  à  propos  de  la  constitution  de  ces  divers  sulfites.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Dosage  de  V acétone  dans  des  alcools  dénaturés. 

Note  de  M.  Lko  Vigbtojt. 

«  J'ai  étudié  et  décrit  dans  quelles  conditions  la  réaction  de  Lieben 
pouvait  être  mise  en  œuvre  pour  le  dosage  de  l'acétone  dans  les  méthy- 
lènes de  dénaturation  (Comptes  rendus,  t.  CX,  p.  534;  T8f)o). 

»  La  méthode  que  j'ai  formulée  à  celle  occasion  n'est  pas  applicable,  a 
priori,  en  présence  de  l'alcool  éthylique.  Toutefois,  une  nouvelle  étude  m'a 
montré,  qu'en  prenant  certaines  précautions,  l'acétone  pouvait  être  dosée 
dans  les  alcools  dénaturés,  par  transformation  en  iodoforme.  Voici  les 
expériences  qui  ont  servi  de  hase  à  la  méthode  nouvelle  : 

»  I.  Si  l'on  fait  agir  l'iodeet  la  soude  sur  l'acétone  en  présence  de  l'eau, 
deux  réactions  distinctes  (a)  et  (M  se  manifestent 

(a)     (CHs)2CO  +  6I  +  4NaOH=:CH3-COONa  +  CHI3  +  3NaI  +  3H20, 

(6)  6l4-6NaOH  =  .'5NaI  +  NaI03--r-3H20. 

Suivant  les  milieux,  l'une  de  ces  réactions  prédomine  plus  ou  moins.  Dans 
le  cas  le  plus  favorable,  en  supposant  que  la  réaction  {  b)  soit  sensiblement 


(  «74  ) 
nulle,  on  trouve  que,  pour  transformer  en  iodoforme  i  molécule  d'acé- 
tone (58),  il  faut  6  atomes  d'iode  (6  X  127  =  762),  soit 

Acétone i6r 

Iode i3sr 

Mais  cette  condition  ne  se  rencontre  pas  dans  la  pratique.  Les  réactions 

(a)  et  (b)  coexistent  toujours,  et  parfois  la  réaction  (b)  prédomine,  à  tel 

point  que,  pour  transformer  tout  l'acétone  en  iodoforme,  il  faut  employer 

jusqu'à  i45  atomes  d'iode,  ou  24  fois  la  quantité  théorique. 

»   II.   En  présence  de  l'alcool  méthvlique  en  excès,  avec  des  mélanges 

renfermant  de  20  à  25  pour  100  d'acétone,  pour  transformer  1  molécule 

d'acétone  en  iodoforme,  il  est  nécessaire  de  mettre  en  œuvre  i3a.  7  d'iode, 

soit 

Acétone iP 

Iode 3oe' 

»  III.  L'alcool  éthvlique  exerce  sur  le  sens  de  la  réaction  une  influence 
remarquable  : 

»  Seul,  il  ne  donne  pas  a" iodoforme;  mélange  à  l'acétone,  il  s'oppose  à  la 
formation  de  V  iodoforme  et  tend  à  faire  prédominer  la  réaction  (b). 

»  En  effet,  5CC  d'une  liqueur  formée  d'acétone  et  d'eau  distillée,  traitée 
par  l'iode  et  la  soude,  ont  donné  une  quantité  d'iodoforme  correspondant  à 

Acétone  pour  ioorc 55sr,34 

En  additionnant  préalablement  l'acétone  de  son  volume  d'alcool  absolu, 
toutes  choses  étant  égales,  on  trouve 

Acétone  pour  ioocr 2S?r, 04 

»  IV.  L'aldéhyde  favorise  la  formation  de  l' iodoforme.  L'acétone  em- 
ployée dans  les  essais  précédents,  additionnée  de  son  volume  d'aldéhyde, 
puis  traitée  par  l'iode  et  la  soude,  accuse  une  teneur  de 

Acétone  pour  ioocc q5sr, p,3 

»  V.  Un  mélange  M,  formé  en  majeure  partie  d'alcool  éthvlique, 
exempt  d'aldéhyde,  renfermant  5  pour  roo  en  volume  d'acétone  pure,  a 
servi  à  préparer  avec  l'eau  distillée  trois  liqueurs  A,  B,  C,  renfermant  5°°, 
iocc,  25cc  de  mélange  M  dans  25occ.  Après  avoir  traité  5CC  de  chaque  li- 


(  875  ) 

queurpar  iocc  NaOH  binormale,  5CC  iode  binormal,  l'iodoforme  étant  pesé, 
on  a  obtenu  les  résultats  suivants  : 

Quantités  de  M        Acétone  Théorie 

employées.  trouvée.  pour  ioo. 

ce  ce  ce 

A o ,  i  3 ,  92  4  •  07 

B 0,2  3,62  4,07 

C o,5  3,02  4  >  07 

»  Pour  transformer  complètement  (liqueur  A)  — — ;  -  =  0,004  d'acé- 
tone en  iodoforme,  on  a  dû  employer  5CC  d'iode  binormal  ou  ioc,  27  iode 
libre,  soit  pour 

Acétone  (1  molécule) isr 

Iode  (i45  atomes) oi;-1' 

»  Il  est  donc  indispensable  d'employer  l'iode  en  très  grand  excès  pour 
doser  l'acétone,  par  transformation  en  iodoforme,  dans  les  alcools  déna- 
turés. 

»  L'alcool  à  examiner,  étant  préalablement  privé  d'aldéhyde  si  c'est  né- 
cessaire, suivant  les  indications  de  M.  Bardy,  on  prendra,  par  exemple,  5CC 
de  cet  alcool  et  l'on  étendra  à  25occ  avec  de  l'eau  distillée.  Puis  on  fera 
agir  sur  5CC  de  ce  mélange  (correspondant  à  occ,i  d'alcool)  iocc  de  soude 
binormale,  puis  5CC  d'iode  binormal.  On  effectuera  un  second  essai  avec 
2occ  de  soude  et  10e0  d'iode.  Ce  n'est  que  lorsque  deux  essais  consécutifs, 
avec  les  quantités  diode  double  l'une  de  l'autre,  auront  donné  le  même 
résultat  qn'on  pourra  considérer  le  dosage  comme  définitif. 

»  Tous  les  détails  de  l'opération  sont  indiqués  dans  ma  Communication 
précédemment  citée.  » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.    —  Sur  l'épuration  des  eaux  industrielles  et  des  eaux 
d'égout.  Note  de  MM.  A.  et  P.  Buisine. 

«  Le  sulfate  ferrique  n'a  guère  été  utilisé,  jusqu'à  présent,  pour  l'épu- 
ration des  eaux,  faute  d'un  moyen  économique  pour  le  fabriquer. 

»  Nous  sommes  parvenus  à  le  préparer  au  moyen  de  la  pyrite  grillée, 
résidu  des  usines  de  produits  chimiques,  qu'on  peut  se  procurer  abondam- 
ment à  très  bas  prix. 

»   Si  l'on  arrose  de  la  pyrite  grillée  avec  de  l'acide  sulfurique  à  66°  B., 


(876) 

de  façon  à  faire  une  bouillie  épaisse,  et  si  l'on  maintient  la  masse,  en  re- 
muant, à  ioo-i5o°,  pendant  quelques  heures,  la  pyrite  se  couvre  d'une 
couche  blanchâtre  de  sulfate  ferrique.  Quand  la  masse  est  redevenue 
sèche  et  pulvérulente,  l'acide  est  à  [jeu  près  complètement  saturé.  Il  suffit 
alors  de  la  traiter  par  de  l'eau,  en  quantité  convenable,  pour  avoir  une 
solution  de  sulfate  ferrique  au  degré  voulu. 

»  En  opérant  méthodiquement,  on  arrive  à  dissoudre  la  totalité  de  la 
pyrite  grillée,  sous  forme  de  sulfate  ferrique. 

»  La  solution  de  sulfate  ferrique  ainsi  obtenue  constitue  un  excellent 
réactif  pour  l'épuration  des  eaux  industrielles  et  des  eauxd'égout;  son  prix 
de  revient  rend  possible  son  emploi  pour  l'épuration  de  grands  volumes 
d'eau. 

»  Nous  avons  essavé  son  action  comparativement  à  celle  des  différents 
réactifs  proposés  pour  l'épuration  chimique  de  ces  eaux.  Nous  avons  sur- 
tout opéré  sur  des  eaux  très  impures,  les  eaux  de  la  Deule,  rivière  qui 
raçoit  le  produit  des  égouts  de  Lille,  les  eaux  d'amidonnerie,  les  eaux  de 
lavage  des  laines  et  les  eaux  de  l'Espierre,  petit  ruisseau  dans  lequel  ar- 
rivent les  eaux  résiduaires  du  centre  industriel,  formé  par  les  villes  de 
Roubaix  et  Tourcoing,  où  se  trouvent  des  teintureries,  de  nombreux  la- 
vages de  laines,  etc.  Cette  dernière  eau,  qui  renferme  les  matières  grasses 
et  autres  enlevées  à  la  laine  en  suint,  est  une  des  plus  difficiles  à  épurer. 

»  Pour  les  eaux  de  l'Espierre,  en  particulier,  nous  avons  constaté,  par 
l'emploi  du  sulfate  ferrique,  les  avantages  suivants  : 

»  Le  sulfate  ferrique,  qui  est  soluble,  produit  une  épuration  plus  com- 
plète que  l'addition  de  lait  de  chaux,  procédé  suivi  actuellement  pour 
l'épuration  de  ces  eaux,  et  le  prix  du  réactif  nécessaire  pour  amener  la 
précipitation  complète  de  l'eau  ne  dépasse  pas  celui  de  la  chaux  em- 
ployée. En  outre,  l'eau  épurée  parle  sulfate  ferrique  est  parfaitement  claire, 
décolorée,  dépourvue  d'odeur,  neutre  ou  très  légèrement  acide,  tandis 
que,  par  l'emploi  de  la  chaux,  l'eau  est  alcaline,  reste  colorée,  conserve 
une  odeur  désagréable,  et,  comme  elle  retient  une  forte  quantité  de  ma- 
tières organiques  en  dissolution,  elle  devient  rapidement  le  siège  d'une 
fermentation  putride. 

»  Le  précipité  produit  parle  sulfate  ferrique  se  dépose  très  rapidement 
et  ne  présente  pas  à  un  haut  degré  l'inconvénient  du  dépôt  calcaire,  qui 
entre  rapidement  en  putréfaction  dès  que  la  température  s'élève.  De  plus, 
par  un  lavage  au  sulfure  de  carbone,  après  dessiccation,  on  peut  enlever 
la  graisse  qu'il  renferme  ;  la  matière  grasse,  en  effet,  à  cause  de  la  petite 


(  «77  ) 
quantité  d'acide  libre  que  contient  le  réactil,  existe,  dans  ces  dépôts,  à 
l'état  de  liberté.  » 


PHYSIOLOGIE.  —   Contribution  à  l'histoire  de  la  fécondation. 
Note  de  M.  Hermann  Fol,  présentée  par  M.  Ranvter. 

«  En  1873,  décrivant  pour  la  première  fois  les  figures  étoilées  qui  se  montrent  au\ 
extrémités  d'un  noyau  de  cellule  en  voie  de  division,  je  leur  attribuai  le  rôle  de 
centres  d'attraction  indépendants  du  noyau.  C'était,  du  premier  coup,  l'ébauche  de 
la  théorie  centrocinétique. 

»  En  1877  et  en  1879,  j'apportai  de  nouveaux  faits  à  l'appui  de  cette  théorie,  mais 
sans  réussir  à  la  faire  prévaloir.  Ant.  Schneider  (1873),  Butschli  (187^),  O.  Ilertwig 
(187a)  et  beaucoup  d'autres  soutenaient,  au  contraire,  que  le  noyau  s'allonge  et  se 
partage  de  son  propre  mouvement.  Cette  théorie  caryocinétique  avait  fait  oublier  la 
théorie  centrocinétique  à  laquelle  on  revient  maintenant  de  toutes  parts.  Il  ne  me 
parait  pas  inutile  de  rappeler  quel  en  fut  l'auteur. 

»  La  vogue  nouvelle  de  la  théorie  centrocinétique  date  de  la  découverte  faite  par 
E.  van  Beneden  et  par  Boveri  de  la  persistance  des  centres  cinétiques  et  de  leur  par- 
tage comme  point  de  départ  de  la  division  cellulaire. 

»  Nous  ne  savons  pas  quelle  est  l'origine  première  de  ces  centres.  J'ai  bien  montré, 
en  187g,  que  le  pronucléus  ovaire,  après  la  sortie  des  cellules  polaires,  s'enfonce  dans 
le  vilellus  précédé  d'un  centre  (Recherches  sur  la  fécondation,  PL  VIII,  fig.  10  et 
16,  a)  que  j'appellerai  Vovocentre,  et  que  le  pronucléus  spermatique  est  précédé  aussi 
d'un  centre  (PL  X,  fig.  6)  qui  sera  notre  spermocentre.  Mais  les  recherches  récentes 
n'ont  fait  que  confirmer  ces  résultats,  sans  les  étendre. 

u  Pour  élucider  cette  question,  je  me  suis  adressé  surtout  à  l'œuf  d'oursin,  niais  en 
faisant  usage  d'une  méthode  qui  ne  lui  a  pas  encore  été  appliquée,  celle  des  coupes 
minces. 

»  Le  zoosperme,  cinq  minutes  après  la  fécondation,  est  encore  conique 
{fig.  1);  de  sa  pointe  se  détache   un   pelit  corpuscule,  le  spermocentre 

(fig-  2)- 


Fis-  i-  F'S- 


»  Le  pronucléus  spermatique  se  gonfle  ensuite  et  atteint  le  voisinage  du 
pronucléus  ovaire,  toujours  avec  son  spermocentre  en  avant  (fig.  3). 

»  Le  pronucléus  ovaire  est  muni  de  son  ovocentre  qui  est  situé  (le  tait 
est  visible  chez  l'Astérie)  au  côté  opposé  à  celui  qui  a  donné  naissance  aux 

C.   R.,   1891.   1"  Semestre.  (T.  CXI1,  N°  16.)  '  lD 


(  878  ) 

globules  polaires.  Le  spermocentre  se  place  à  côté  de  lui,  c'est-à-dire  au 
côté  polaire  du  pronucléus  ovaire  (fig.  /|);  le  pronucléus  spermatique 
s'applique  contre  une  face  latérale  de  ce  dernier  (fig.  5). 

»  Il  survient  maintenant  deux  phases  prolongées  :  la  phase  solaire  et 
celle  de  l'auréole,  que  je  nomme  ainsi  d'après  la  forme  de  la  tache  claire 
qui  entoure  les  pronucléus  réunis.  Ces  phases,  que  j'ai  décrites  en  1879, 
ont  été  négligées  ou  mal  comprises,  non  seulement  par  mes  prédécesseurs, 
mais  aussi  par  les  auteurs  postérieurs  à  mon  Mémoire. 


Fig.  4- 


Fig.  5. 


«  Au  début  de  la  phase  solaire,  le  spermocentre  et  l'ovocentre  sont  sub- 
divisés en  forme  d'haltères  qui  ne  sont  pas  placées  dans  un  même  plan. 
A  la  fin  de  cette  phase,  les  haltères  sont  parallèles  et  situées  dans  un  plan 
qui  sera  celui  de  l'auréole  {fig.  6). 


Fis.  s. 


SÊÊ 


»  Pendant  la  phase  de  l'auréole,  le  spermocentre  et  l'ovocentre  achè- 
vent de  se  diviser  et  les  moitiés,  parcourant  en  sens  inverses  {fig.  7)  le 
quart  de  la  circonférence  du  noyau  combiné,  vont  se  rencontrer  à  angle 
droit  de  leur  position  première  (fig.  8).  C'est  la  marche  du  quadrille. 


(879) 

»   Au  moment  où  les  demi-spermocentres  sont  sur  le  point  de  toucher 

les  demi-ovocentres,  l'auréole  disparait  rapidement,  et  l'on  voit  apparaître 

des  asters  véritables,  composés  de  fibrilles  parfaitement  nettes  et  isolables 

(/?£"•  9)»  différentes  des  simples  radiations  plasmiques  visibles  jusqu'alors. 


F'g-  9- 


Fis.  10. 


Les  demi-centres  s'unissent  et  se  confondent  pour  devenir  les  premiers 
aslrocentres,  tandis  que  le  premier  amphiaster  achève  de  se  constituer 
(fig.  10). 

»   Je  conclus  de  là  que  : 

»  La  fécondation  consiste,  non  seulement  dans  l'addition  de  deux  demi- 
noyaux  provenant  d'individus  de  sexes  différents,  mais  encore  dans  la  réunion 
de  deux  demi-spermocentres  avec  deux  moitiés  d'ovocenlres  pour  constituer  les 
deux  premiers  aslrocentres. 

»  Tous  les  astroci  ntres  du  descendant,  étant  dérivés  par  divisions  successives 
des  aslrocentres  primitifs,  se  trouvent  provenir,  par  parties  égales,  du  père  et  de 
la  mère.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  organes  gustatifs  de  la  Baudroie  [L.  piscatorius  (')]. 
Note  de  M.  Fiîkdkric  Guitei.,  présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  Quand  on  examine  les  replis  cutanés  qui  accompagnent  les  diverses 
rangées  de  dents  de  la  Baudroie  on  remarque  qu'ils  portent  de  place  en 
place  de  petites  taches  d'un  blanc  brillant  souvent  situées  au  sommet  d'un 
mamelon  peu  élevé.  Ces  taches,  qui  atteignent  omm,  5  et  plus  de  diamètre, 
ont  généralement  le  centre  d'un  gris  uniforme  et  sont  des  groupes  de  ter- 


(')  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  A.rago|  Banj  uls-sur-Mer  1  Pyrénées-Orientales)  |. 


(  88p  ) 

minaisons  nerveuses  que  tout  porte  à  considérer  comme  des  organes  du 
«oût.  Le  but  de  cette  Note  est  d'examiner  successivement  la  distribution 
topographique,  l'innervation  et  l'histologie  de  ces  amas  de  corpuscules 
gustatifs. 

»  i°  Parmi  tous  les  organes  dont  il  est  question  ici,  ceux  qui  sont  le  plus 
développés  et  qui  attirent  immédiatement  l'attention  sont  ceux  qui  accom- 
pagnent les  dents  pharyngiennes. 

»  Les  os  pharyngiens  inférieurs  portent  chacun  une  rangée  de  dents 
affectant  la  forme  d'une  demi-ellipse  à  convexité  antérieure.  Un  bourrelet 
cutané  assez  saillant  borde  en  dehors  cette  rangée  de  dents  et  se  relève  de 
place  en  placée  pour  former  de  petits  mamelons  terminés  chacun  par  une 
papille  gustative.  Ces  papilles  reçoivent  des  nerfs  issus  de  la  branche  du 
pneumogastrique  destinée  au  quatrième  arc  branchial. 

»  Les  pharyngiens  supérieurs,  qui  appartiennent  respectivement  aux 
deuxième,  troisième  et  quatrième  arcs  branchiaux,  portent  chacun  un 
groupe  de  dents  à  pointe  recourbée  en  arrière.  En  avant  de  chacun  de  ces 
groupes  de  dents  se  trouve  un  bourrelet  cutané  recouvert  de  papilles  gusta- 
tives  disposées  sur  plusieurs  rangs  et  innervées  respectivement  pour  chaque 
bourrelet  par  des  rameaux  des  branches  du  pneumogastrique  destinées 
aux  deuxième,  troisième  et  quatrième  arcs  branchiaux. 

»  2°  Chaque  os  intermaxillaire  est  muni  de  deux  rangées  de  dents  :  l'une 
s'étend  sur  toute  la  longueur  de  son  bord  supérieur,  l'autre  n'occupe  que 
la  moitié  interne  de  son  bord  inférieur.  Une  série  d'organes  gustatifs,  dis- 
posée sur  un  bourrelet  cutané  peu  saillant,  court  au-dessus  de  la  rangée  de 
dents  supérieure  ;  une  deuxième  série  est  située  au-dessous  et  enfin  une 
troisième,  de  moitié  plus  courte  que  les  deux  précédentes,  se  trouve  au- 
dessous  de  la  rangée  inférieure;  de  plus,  au  niveau  de  la  symphyse  des 
deux  intermaxillaires,  on  observe  un  mamelon  porteur  d'un  petit  groupe 
de  papilles.  Tous  ces  organites  satellites  des  dents  des  intermaxillaires  sont 
animés  par  des  nerfs  issus  des  branches  maxillaire  supérieure  et  palatine  du 
trijumeau. 

»  3°  Le  palatin  est  garni  sur  son  bord  antérieur  d'une  rangée  de  fortes 
dents  qui  est  longée  en  arrière  par  une  série  de  papilles  gustatives  absolu- 
ment semblables  à  celles  dont  nous  avons  déjà  constaté  la  présence  ailleurs. 
Ces  papilles  reçoivent  des  fdets  nerveux  provenant  de  la  branche  palatine 
du  trijumeau. 

»  4°  Le  vomer  porte  toujours  quelques  dents,  formant  de  chaque  côté 
un  petit  groupe  entouré  d'un  léger  bourrelet  muni  de  plusieurs  papilles 


(    88i    ) 

gustatives  innervées,  comme  celles  des  dents  palatines,  par  des  ramuscules 
issus  de  la  branche  postérieure  du  trijumeau. 

»  5°  La  longue  rangée  de  dents  implantées  dans  les  deux  os  dentaires 
est  bordée  en  dehors  par  un  bourrelet  saillant  qui,  de  chaque  côté,  con- 
tourne en  arrière  la  dent  la  plus  postérieure  et  se  continue  avec  un  large 
repli  labial  horizontal  situé  dans  la  concavité  de  la  mâchoire  inférieure, 
en  arrière  de  la  rangée  de  dents  de  celte  dernière.  Cette  sorte  de  voile, 
très  large  au  niveau  de  la  symphyse,  diminue  progressivement  jusqu'au 
point  où  il  contourne  la  dernière  dent  pour  se  continuer  avec  le  bourrelet 
cutané  externe,  dont  il  a  été  question  plus  haut.  Une  série  d'organes  gus- 
tatifs  se  trouve  située  sur  le  bourrelet  cutané  externe  et  dans  cette  série 
les  papilles  sontd'autanl  plus  rapprochées  qu'elles  sont  plus  postérieures. 
D'autres  papilles  très  aplaties  se  trouvent  dispersées  sans  ordre  à  la  face 
supérieure  du  voile  labial  interne. 

»  Je  n'ai  pas  disséqué  les  fins  ramuscules  nerveux  qui  se  rendent  aux 
organites  satellites  des  dents  de  la  mâchoire  inférieure,  car,  dans  un  travail 
qui  paraîtra  prochainement  dans  les  Archives  de  Zoologie  expérimentale  de 
M.  de  Lacaze-Duthiers,  je  montrerai  que  la  mâchoire  inférieure  de  la  Bau- 
droie est  exclusivement  innervée  par  un  plexus  que  forment  le  nerf  maxil- 
laire inférieur  du  trijumeau  et  le  nerf  mandibulaire  du  facial. 

»  Il  n'est  donc  pas  douteux  que  les  papilles  gustatives  de  la  mâchoire 
inférieure  ne  reçoivent  leurs  nerfs  de  ce  plexus. 

»  6°  Enfin,  dans  certains  individus,  on  observe  des  papilles  gustatives 
sur  la  face  supérieure  des  arcs  branchiaux  et  sur  la  partie  de  la  muqueuse 
buccale  située  en  avant  des  pharyngiens  inférieurs  et  des  fentes  bran- 
chiales. 

«  Les  coupes  faites  dans  les  bourrelets  cutanés  pourvus  de  papilles 
gustatives  montrent  que  les  terminaisons  nerveuses  qu'elles  renferment 
sont  des  organes  cyathiformes  (Cecherfurmige  Organe,  Leydig,  Schulze; 
Corps  ovoïdes,  Jobert,  Jourdan;  Endknospen,  Merkel),  qui  tantôt  sont  dis- 
persés sur  toute  l'étendue  de  la  face  supérieure  de  ces  papilles,  tantôt  y 
forment  seulement  une  couronne.  Dans  ce  dernier  cas,  la  partie  centrale 
de  la  couronne  est  occupée  par  de  l'épiderme  normal.  Quel  que  soit  le 
mode  de  répartition  des  organes  cyathiformes  au  sommet  des  papilles,  ils 
sont  dans  la  grande  majorité  des  cas  séparés  par  des  cellules  muqueuses 
volumineuses  absolument  semblables  à  celles  qui  constituent  l'assise  supé- 
rieure de  l'épiderme. 

»   En  résumé,  la  Baudroie  possède  un  très  grand  nombre  d'organes 


(  882  ) 

cyathiformes  buccaux  réunis  par  petits  groupes,  eux-mêmes  disposés  en 
séries  clans  le  voisinage  immédiat  de  ses  nombreuses  rangées  de  dents. 
Ces  organes,  qu'il  y  a  tout  lieu  de  considérer  comme  des  organes  gus- 
tatifs,  sont  innervés  par  le  pneumogastrique,  le  facial  et  le  trijumeau.  » 


ANATOMlE   COMPARÉE.   —    L'innervation  de  la  trompe  des  Glycêres.   Note 
de  M.  Et.  Jourdax,  présentée  par  M.  A.  Milne-Edwards. 

«  Le  pharynx  des  Annélides  est  généralement  considéré,  à  cause  de  sa 
structure  musculaire  et  des  pièces  chitineuses  dont  il  est  armé,  comme  un 
organe  de  préhension  des  aliments  et  de  défense.  Je  ne  connais  aucune 
description  cpii  permette  de  considérer  cette  partie  antérieure  du  tube 
digestif  de  ces  animaux  comme  susceptible  de  se  transformer  en  un  organe 
de  sensibilité  tactile.  L'étude  du  pharynx  protactile  des  Annélides  du 
genre  Glycera  ou  Rhynchobolus  m'a  révélé  plusieurs  faits  nouveaux,  ca- 
pables de  modifier  les  idées  des  zoologistes  à  cet  égard  et  que  je  crois 
devoir  faire  connaître. 

»  La  trompe  des  Glvcères  est  remarquable  par  son  volume,  par  la  ra- 
pidité avec  laquelle  elle  peut  être  projetée.  Lorsqu'on  étudie  sa  structure, 
on  voit  qu'elle  est  surtout  constituée  par  des  couches  musculaires  dont  je 
néglige  ici  la  disposition.  Cette  gaine  musculaire  est  recouverte  par  une 
formation  épithéliale  dont  j'ai  fait  connaître,  dans  une  Note  précédente, 
les  éléments  constitutifs  essentiels. 

»  Au-dessus  de  la  gaine  musculaire,  on  remarque  des  filets  nerveux  au 
nombre  de  dix-huit,  ainsi  qu'il  est  possible  île  le  constater  sur  les  coupes 
transversales.  Ces  petits  nerfs  vont  aboutir  à  un  collier  disposé  autour  de 
l'ouverture  de  la  trompe,  qui  renferme  de  nombreuses  cellules  nerveuses 
et  constitue  là  une  sorte  à' anneau  nerveux  proboscidien. 

»  Les  fibres  formant  les  nerfs  qui  montent  dans  l'épaisseur  de  la  trompe 
se  séparent  à  des  hauteurs  différentes,  pénètrent  dans  la  couche  épithé- 
liale et  vont  se  distribuer  dans  les  papilles  fort  curieuses  que  l'on  re- 
marque à  la  surface  de  cet  organe.  A  l'extrémité  de  la  trompe,  les  élé- 
ments nerveux  entrent  en  relation  avec  un  bourrelet  épithélial  disposé  en 
couronne  en  arrière  des  crochets. 

»  Les  papilles  de  la  trompe  des  Glvcères  sont  de  deux  types  :  les  unes 
sont  cylindroconiques,  les  autres,  irrégulièrement  sphériques,  sont  ana- 
logues à  nos  papilles  fungiformes.  Elles  ne  possèdent  pas  des  structures 


(  883  ) 

différentes.  La  cuticule  qui  les  recouvre  est  très  mince  et  percée  d'un  trou 
en  un  point  qui  correspond  au  sommet  de  ces  petits  organes.  Le  corps  de 
chacune  de  ces  papilles  est  constitué  par  un  protoplasma  pigmenté  qu'il 
est  impossible  d'isoler  en  plusieurs  corps  cellulaires.  Ce  protoplasma 
contient  le  plus  souvent  un  noyau  sphérique,  quelquefois  cependant 
on  en  remarque  deux.  Ce  noyau  et  ce  protoplasma  correspondent  à 
la  cellule  qui  a  édifié  la  papille.  Mais  celle-ci  contient  dans  son  sein 
d'autres  éléments  cellulaires  qui  paraissent  avoir  une  tout  autre  fonction. 
Les  coloranis  nucléaires  purs  nous  révèlent,  en  effet,  l'existence,  au  mi- 
lieu de  la  papille,  de  trois  ou  quatre  noyaux  qui  diffèrent  complètement 
des  précédents  par  leur  forme  ovoïde  et  par  la  coloration  intense  qu'ils 
peuvent  prendre.  En  combinant  ces  colorants  nucléaires  à  l'action  de 
l'acide  osmique  et  d'un  agent  capable  de  colorer  le  protoplasma,  tel  que 
l'éosine,  on  voit  que  ces  noyaux  appartiennent  à  des  cellules  fusiformes 
groupées  en  faisceau  et  traversant  la  papille  suivant  sa  longueur.  Ces  cel- 
lules, par  leur  extrémité  périphérique,  se  mettent  en  relation  avec  le  pore 
dont  la  papille  est  percée  à  son  sommet;  elles  ont  des  prolongements  basi- 
laires  filiformes  qui  vont  se  perdre  dans  la  couche  fibrillaire  sous-jacente, 
et  il  n'est  pas  douteux  qu'elles  ne  soient  ainsi  en  rapport  de  continuité 
avec  les  fibres  nerveuses. 

»  Le  bourrelet  annulaire,  situé  en  arrière  des  crochets  et  que  j'ai  signalé 
comme  étant  le  point  de  terminaison  d'une  partie  des  fibres  nerveuses  de 
la  trompe,  représente  une  région  dans  laquelle  les  éléments  sensitifs  des 
papilles  se  sont  groupés  en  un  organe  plus  volumineux  et  ayant  une  autre 
apparence  morphologique.  Ce  bourrelet  est  donc  entièrement  formé 
de  cellules  fusiformes  sensitives,  mélangées  à  quelques  éléments  cylin- 
driques, et  il  est  situé  lui-même  dans  une  zone  où  les  cellules  épidermiques 
sont  devenues  vibratiles. 

»  Il  nous  a  semblé  qu'une  pareille  structure  était  assez  intéressante 
pour  être  signalée,  et  que  l'existence  d'éléments  nerveux  et  de  cellules 
sensitives,  dans  un  pharynx  déjà  bien  transformé  dans  son  aspect  morpho- 
logique, devait  donner,  à  cette  partie  du  tube  digestif,  une  sensibilité  tac- 
tile des  plus  délicates,  ainsi  que  le  démontre,  d'ailleurs,  l'observation  de 
ces  animaux.  » 


(  *84  ) 


ANATOMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  une  mélanine  artificielle.  Note 
de  M.  Georges  Pocchet. 

«  J'appelle  ainsi  un  corps  ayant  les  propriétés  générales  ries  mélanines, 
qu'on  peut  rencontrer  dans  d'anciennes  préparations  anatomiques  con- 
servées dans  l'alcool  (fœtus  d'éléphant),  et  auquel  on  donne  naissance  en 
traitant  le  sang  frais  par  l'alcool  et  le  bichlorure  de  mercure  (chien  nou- 
veau-né, cheval). 

»  L'apparition  de  cette  mélanine  dépend  de  circonstances  que  je  n'ai 
pu  encore  rigoureusement  définir.  Dans  les  cas  les  plus  favorables  et  alors 
qu'il  n'existait  rien  de  semblable,  soit  dans  le  sang  normal,  soit  dans  le  sang 
simplement  traité  par  l'alcool,  j'ai  obtenu,  par  l'alcool  et  le  bichlorure  de 
mercure,  cette  mélanine  en  abondance,  sous  forme  de  grains  absolument 
noirs,  mesurant  environ  de  iou.à  4of-  et  même  5o[x.,  à  contours  nets,  mêlés 
aux  hématies,  tantôt  isolés,  tantôt  rapprochés  et  groupés  en  amas  irré- 
guliers. 

»  Ces  grains  de  pigment  sont  insolubles  dans  l'alcool,  l'étber,  le  sulfure 
de  carbone  et  dans  l'acide  chlorhydrique,  tandis  que  toutes  les  autres 
matières  du  sang  sont  dissoutes  par  ce  dernier  réactif.  Ceci  permet  d'isoler 
les  grains  par  des  lavages  et  des  décantations  successives  dans  l'acide  de 
plus  en  plus  étendu  et  de  les  obtenir  finalement  sous  forme  d'une  poussière 
noire  dans  l'eau. 

»  Les  grains  sont  immédiatement  dissous  par  une  solution  de  potasse 
à  2  pour  ioo.  La  solution,  traitée  de  nouveau  par  l'acide  chlorhydrique, 
fournit  un  dépôt  floconneux  de  matière  brunâtre. 

»  L'acide  azotique  gonfle  et  désagrège  les  grains  en  les  réduisant  eh 
particules  vaguement  anguleuses  qui  laissent  transparaître  une  nuance 
brun  roux. 

»  Ils  sont  immédiatement  solubles  dans  l'acide  sulturique  où  ils  forment 
d'abord  un  nuage  lie  de  vin  sale.  Si  l'acide  est  très  légèrement  étendu,  ils 
se  gonflent  et  laissent  transparaître  une  nuance  ponceau  foncé. 

»  Ils  se  décolorent  rapidement,  de  la  périphérie  au  centre,  dans  l'eau 
oxygénée  et  la  solution  de  chlore.  Décolorés,  ils  paraissent  formés  de 
plusieurs  masses  séparées  par  des  plans  rayonnants;  sur  les  plus  gros 
grains  le  centre  semble  granuleux,  moins  homogène  que  la  périphérie. 

»  En  contact  avec  l'acide  chlorhydrique  et  le  ferrocyanure  de  potas- 
sium, ces  grains  ne  présentent  point  la  coloration  bleue. 


(  885  ) 

»  Historique.  —  J'ai  annoncé,  en  1880  (Soc.  de  BioL),  la  possibilité  de 
produire,  en  partant  du  sang  normal,  une  substance  ayant  toutes  les  appa- 
rences des  pigments  de  la  choroïde,  des  tumeurs  mélaniques,  etc.  Une 
nouvelle  observation  me  permettait,  en  1887  (ibid.),  de  renouveler  mon 
affirmation.  Je  n'ai  rien  trouvé,  dans  les  recherches  récentes  de  J.-S.  Abel, 
M.-B.  Schmidt,  E.  Hirschfeld  sur  les  mélanines,  qui  se  rapportât  aux 
faits  que  je  signale.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Recherches  nouvelles  d'olfaclométrie. 
Note  de  M.  Charles  Hexry. 

«  Dans  une  précédente  Communication  {Comptes  rendus,  9  février),  j'ai 
considéré  le  minimum  perceptible  de  l'odeur  comme  le  poids  de  vapeur 
odorante  qui  a  passé  successivement  du  réservoir  dans  le  tube  de  l'olfac- 
tomètre  divisé  par  le  volume  total  parfumé.  Les  nombres  ainsi  calculés 
étaient  évidemment  trop  grands,  car  la  vapeur  odorante  n'est  jamais  en- 
tièrement absorbée  par  les  narines.  Comment  déterminer  le  poids  de  va- 
peur restant  dans  l'instrument?  C'est  le  problème  qu'il  importait  de  ré- 
soudre pour  resserrer  entre  des  limites  plus  étroites  et  plus  approchées  de 
la  vérité  l'évaluation,  nécessairement  toujours  trop  forte  avec  les  moyens 
expérimentaux  actuellement  possibles,  des  minima  perceptibles. 

»  Considérons,  dans  un  tube  V0  de  la  forme  et  de  la  capacité  du  tube  de 
l'olfactomètre,  un  mélange  d'air  et  d'un  gaz,  comme  l'acide  carbonique, 
qu'il  est  facile  de  doser,  et  dont  la  densité,  comme  celle  de  la  majeure 
partie  des  vapeurs  odorantes,  est  supérieure  à  celle  de  l'air;  soit  vu  le  vo- 
lume d'air  et  d'acide  carbonicpie  absorbé  à  chaque  inspiration;  il  s'agit  de 

déterminer  le  rapport^»  évidemment  indépendant  de  la  nature  du  gaz. 

Soient  Va  le  volume  de  l'air  introduit  dans  le  tube,  VY  le  volume  de  CO2 
ajouté;  V^ le  volume  de  l'air,  Vy  le  volume  de  CO2,  qui  restent  dans  le  tube 
après  les  inspirations;  on  a 

v0  =  v8+vT=v'a-t-v;. 

Si  ev  désigne  le  volume  de  CO2  enlevé  à  chaque  inspiration,  n  le  nombre 
des  inspirations,  on  peut  poser  avec  une  approximation  permise,  car  l'ex- 
périence a  démontré  que  VY  change  très  peu  à  chaque  inspiration, 

m'ï  =  Vf  ~  Vy'  ; 

C.   R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  16.)  1  l<> 


(  886  ) 
pour  la  même  raison   on  peut  adopter,   pour  le  rapport—,  la   moyenne 

j-0_    _    2(VT  —  Vy) 

V0  -  «(VY+VT)" 

Pour  V0  =  5icc,VY=  19e0,  n  —  9,  l'expérience  adonné  VY=  i6cc (moyenne); 
si  l'on  admet  que  le  volume  v  absorbé  à  chaque  inspiration  est  dans  les  li- 
mites très  étroites  de  l'accroissement  de  volume  du  tube  de  l'olfactomètre 

proportionnel  à  l'espace  parfumé  V,  on  obtient  ainsi  t?  =  *r  =  0,0173. 

»  Connaissant,  par  le  pneumographe,  l'intensité  de  l'inspiration  du 
sujet  dans  l'expérience  précédente,  il  est  facile  de  calculer  v  pour  tout 
autre  sujet  dont  on  connaîtrait  par  le  même  instrument  l'intensité  d'inspi- 
ration. Soient 

v  la  valeur  de  v  pour  ce  second  sujet; 

R'  son  rayon  thoracique; 

oc'  l'arc  décrit  dans  ce  cas  par  le  stylet  inscripteur; 

R  le  rayon  thoracique  du  premier  sujet; 

y.  l'arc  décrit  pour  ce  sujet  par  le  stylet  inscripteur.  Un  calcul  simple  montre 

qu'on  a 

,        R'a'e 


Ra 


»  Le  même  calcul  s'applique  évidemment  aux  inspirations  différentes 
déterminées  chez  un  même  sujet  par  l'olfaction  des  différentes  odeurs 
(comme  on  pouvait  s'y  attendre,  les  odeurs  les  plus  agréables  augmentent 
l'amplitude  des  inspirations). 

»   Soient 

P0  le  poids  de  vapeur  odorante  qui  a  passé  du  réservoir   dans  le  tube  de 

l'olfactomètre; 
p  le  poids  de  vapeur  absorbé  à  chaque  inspiration  ; 
P  le  poids  de  parfum  restant  dans  l'appareil; 

on  a,  en  appelant 

R  le  rayon  du  tube  de  papier  ; 

Q'  le  poids  de  vapeur  qui  passe  par  unité  de  surface  dans  l'unité  de  temps 
du  réservoir  dans  le  tube; 


(  ««7  ) 

;  la  hauteur  découverte; 

a  la  vitesse  constante  de  soulèvement  ; 

t  le  temps, 

rfp=„RQ'g</f 

a  ' 

mais,  si  r  désigne  le  rapport  0,01  73  ci-dessus  défini,  on  a 

p  =  P0r. 

En  appelant  -  la  durée  totale  d'une  inspiration  et  d'une  expiration  con- 
sécutives, on  peut  poser 

dp  _  dt 

d'où 

'  <(- 

et  par  conséquent 

,  2-nRQ'zdz  iVrf- 

a  ai 

»   dette  équation,  qu'on  sait  intégrer  rigoureusement,  peut  s'intégrer 
avec  une  approximation  suffisante  en  intégrant  le  premier  terme  : 

en  substituant  cette  valeur  dans  le  second  : 

,  2T.TiQ'zdz        KRQ'r&dz 


aL- 


en  intégrant  successivement  les  deux  termes 


0) 

P  = 

itRQ's1         t.RQ'/z' 

a                    ici-- 

d'où,  comme  /  =  n-. 

(3) 

P„nr 

»   Les  équations  (1),  (2)  et  (3)  résolvent  le  problème. 

»  C'est  par  cette  dernière  formule  que  j'ai  calculé  sur  moi-même  les 
minima  perceptibles  suivants  en  millièmes  de  milligrammes  :  Ylang- 
Ylang,  o,33i;  Wintergreen,  12,22;  Menthe,  37,9;  Lavande,  i3'i3,i  .  » 


(  888  ) 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —   L'assimilation  chez  les  Lichens  (').  Note  de 
M.  Hexrï  Jumelle,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  L'union  de  l'Algue  et  du  Champignon  qui,  comme  on  sait,  constitue 
le  Lichen,  est  généralement  considérée  comme  une  sorte  d'association  à 
bénéfice  réciproque,  où  l'Algue  fournit  les  principes  hydrocarbonés  que 
tout  organe  vert  est  apte  à  produire,  par  la  décomposition  de  l'acide  car- 
bonique de  l'air  sous  l'influence  de  la  lumière. 

»  Il  importe  toutefois  de  remarquer  que,  chez  la  plupart  des  Lichens, 
la  masse  du  Champignon  prédomine  de  beaucoup  sur  l'ensemble  des 
Algues  et  on  est  alors  amené  à  se  demander  si  la  respiration  du  Champi- 
gnon ne  l'emporte  pas  toujours,  même  à  la  lumière,  sur  l'assimilation  de 
l'Algue.  Dans  le  cas  où  cette  prédominance  aurait  constamment  lieu,  le 
Lichen  devrait  donc  emprunter  à  une  source  autre  que  l'air  le  carbone 
qui  lui  est  nécessaire.  Une  Note  de  MM.  Bonnier  et  Mangin  (2)  avait  déjà, 
pour  certains  cas,  résolu  la  question  en  ce  sens. 

»  Cependant,  au  coursd'un  précédent  travail  (3),  nous  avons  eu,  inci- 
demment, l'occasion  de  constater  que  cette  prédominance  de  la  respiration 
sur  l'assimilation  n'est  pas  générale,  et  que  la  prédominance  contraire  peut 
également  être  observée.  Mais  il  eût  été  imprudent  d'étendre  aussitôt  à 
l'ensemble  des  Lichens  les  conclusions  fournies  pour  quelques-uns. 

■»  On  sait,  en  effet,  combien  varie,  avec  les  espèces,  la  couleur  du  thalle 
et  combien  l'assimilation  elle-même  varie  avec  la  coloration.  La  question 
nous  a  semblé  mériter  une  étude  plus  complète;  nous  résumons  ici  les  ré- 
sultats obtenus  avec  le  plus  grand  nombre  d'espèces  possibles,  présentant 
les  couleurs  et  les  formes  les  plus  variées. 

»  Les  expériences  qui  vont  suivre  ont  été  faites  à  plusieurs  reprises,  de 
novembre  à  avril.  L'air  des  éprouvettes  dans  lesquelles  ont  été  placés  les 
Lichens  a  été  analysé  avant  et  après  l'exposition  à  la  lumière.  Afin  de  dé- 
crire plus  rapidement  ces  expériences,  nous  ne  donnerons  que  la  propor- 

(')  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  Biologie  végétale  de  Fontainebleau,  dirigé 
par  M.  Gaston  Bonnier. 

(2)  Bonnier  et  Mangin,  Sur  les  échanges  gazeux  entre  tes  Lichens  et  l'atmosphère 
(Bulletin  de  la  Société  botanique,  mars  188/4). 

(3)  Henri  Jumelle,  L,a  vie  des  Lichens  pendant  l'hiver  (Mémoires  de  la  Société  de 
Biologie,  décembre  1890). 


(  889  ) 

tion,  pour  ioo,  de  l'acide  carbonique  disparu  et  de  l'oxygène  rejeté.  Pour 
la  question  qui  nous  préoccupe  ici,  il  nous  suffira,  en  effet,  de  constater 
si,  dans  des  conditions  données,  il  y  a  eu  décomposition  d'acide  carbo- 
nique et  rejet  d'oxygène,  ou.  inversement,  absorption  d'oxygène  et  exha- 
lation d'acide  carbonique. 

»  Nous  distinguerons  dans  ces  expériences  trois  séries  : 

»  La  première  comprend  les  Lichens  dont  le  thalle,  bien  développé,  en 
touffes  ou  en  plaques,  est  vert  ou  verdâtre.  La  prédominance  de  l'assimi- 
lation chez  ces  Lichens  n'a  rien  qui  doive  particulièrement  étonner. 

»  Dans  la  seconde  série,  nous  ferons  rentrer  les  Lichens  dont  le  thalle 
est  encore  bien  développé,  mais  prend  des  teintes  variées  où  la  couleur  de 
la  chlorophylle  disparaît  plus  ou  moins  complètement.  Le  fait  de  l'assimi- 
lation devient  ici  bien  moins  évident. 

»  Enfin  la  troisième  et  dernière  série  sera  composée  de  Lichens  dont  la 
plupart  appartiennent  au  type  dit  crustacé.  Le  thalle  de  ces  Lichens  s'ap- 
plique étroitement,  comme  on  sait,  sur  les  pierres  et  sur  les  écorces,  dont 
il  serait  souvent  impossible  de  les  détacher.  Il  devient  ici  bien  difficile 
d'affirmer,  en  dehors  de  toute  expérience,  la  prédominance  et  l'assimila- 
tion de  tels  Lichens  formant  le  plus  souvent  de  simples  taches  blanches, 
noirâtres  ou  jaunâtres. 

»  Nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  avec  ces  différents  Lichens  : 

»  Les  Lichens  de  la  première  série,  exposés  à  la  lumière  diffuse,  ont  ainsi  modifié 
l'atmosphère  : 

Acide  carbonique 

absorbé  Oxygène  dégagé 

pour  ioo.  pour  100. 

Peltigera  canina .  i  ,j3  i  ,[\o 

Pli  yscia  ciliaris 3,45  4  >  '  6 

Parmelia  acetabulum 3,76  4>97 

Ramalina  fraxinea 3, 00  3,88 

Ramalina  farinacea 3 ,  i5  3 , 65 

Cladonia  rangijerina 0,42  o,58 

Cladonia  furcata 1 ,32  1  ,86 

Evernia  Prunastri 4j23  5, 00 

Usnea  bar  bâta 1  ,  00  1,20 

»  Mêmes  résultats  ont  été  obtenus  avec  le  Cladonia  çervicomis,  le  Cladonia  endi- 
i'icefolia  et  le  Physcia  stellaris.  Pour  tous,  nous  avons  constaté  une  fixation  de 
carbone. 


(  «90  ) 

»  Les  Lichens  de  la  deuxième  série  ont  été  également  e\.|josés  à  la  lumière  difluse. 
Le  milieu  s'est  trouvé  ainsi  modifié  : 

CO  absorbé       Oxygène  dégagé 
pour  i'oo.  pour  ioo. 

Umbilicaria  pustulata  (thalle  vert  jaunâtre). ..  .  2,28  2,60 

Parmelia  caperatq  (thalle  jaune) 1 , 37  1 ,57 

Physcia  parletina  (thalle  jaune) 1  ,27  1  ,43 

Physcia  aipolia  (thalle  vert  bleuâtre) 2,22  2,58 

Parmelia perlata  (thalle  vert  pâle) 1 ,5o  1 , 75 

»   Il  en  est  de  même  pour  le  Parmelia  o/ivacea  et  le  Parmelia  omphalodes. 
»  Pour  la  dernière  série  de  Lichens,  nous  avons  opéré,  non  plus  comme  précédem- 
ment à  la  lumière  diffuse,  mais  à  la  lumière  solaire  directe.  L'atmosphère  a  été  alors 

ainsi  modifiée  : 

CO2  absorbé  O  dégagé 

pour  ioo.  pour  100. 

Lecanora  hœmatomma  (thalle  verdâtre) 3,  1  1  3,55 

Lecanora  subfusca  (thalle  blanchâtre) 1,7»  2,81 

Pertusaria  commuais  (thalle  blanchâtre).  ...  0,78  1  ,3i 

Pertusaria  amara  (thalle  blanchâtre) o,5->.  1 ,58 

Lecidea  sy.pera.ns  (thalle  noirâtre) 1 ,00  1  .  J4 

Opegrapha  notha 1 ,  00  1  ,  5o 

Lecidea  atroalba o,3o  0,60 

«  Nous  avons  fait  remarquer  que  les  expériences  sur  cette  dernière  série  de  Lichens 
ont  été  faites  à  la  lumière  solaire  directe.  Répétées  à  la  lumière  difluse,  elles  ont 
donné  îles  résultats  tout  autres.  Sauf  pour  le  Pertusaria  commuais,  nous  avons  tou- 
jours vu  alors  la  respiration  l'emporter  sur  l'assimilation. 

»  Un  Lecanora  hœmatomma,  par  exemple,  a,  dans  ces  conditions,  modifié  ainsi 
l'atmosphère  : 

CO2  dégagé 1  ,27  Oxygène  absorbé 1,81 

»  Il  en  est  de  même  pour  les  Lecidea,  Pertusaria  et  Opegrapha  cités  plus  haut. 
Tous  sont  aptes  à  fixer  du  carbone,  mais  exigent  une  lumière  intense. 

»  Les  expériences  précédentes  nous  permettent  d'énoncer  les  conclu- 
sions suivantes  : 

«  Lorsque  certaines  conditions  favorables  de  lumière,  d'humidité  et  de  saison 
sont  réalisées,  tous  les  Lichens  sont  capables  de  décomposer  l'acide  carbonique 
de  l'air  assez-  ènergiquement  pour  que  cette  décomposition  l'emporte  sur  le  dé- 
gagement d'acide  carbonique  dû  à  la  respiration.  Jl  y  a  alors  gain  de  carbone 
pour  le.  Lichen. 

»   Cette  intensité  assimilatrice  du  Lichen  varie  toutefois  énormément 


(  89'  ) 
avec  l'espèce  considérée;  relativement  forte  dans  les  Lichens  fruticuleux. 
ou  foliacés,  comme  les  Cladonia,  les  Parmelia,  etc.,  elle  peut  devenir  dans 
d'autres  cas  si  faible,  que  la  décomposition  de  l'acide  carbonique  n'est 
plus  observable  qu'à  un  fort  éclairement.  C'est  ce  qui  a  lieu  pour  la  plupart 
de  ces  Lichens  dits  crustacés,  qui,  comme  les  Lecidea,  forment  souvent,  sur 
les  arbres  ou  sur  les  rochers,  de  simples  taches,  aux  couleurs  variées. 

»  Les  recherches  faites  sur  les  Lichens  de  la  dernière  série  montrent, 
en  outre,  qu'il  nry  a  pas  pour  les  Lichens  d'optimum  d éclairement.  Toutes  les 
autres  conditions  restant  les  mêmes,  la  lumière,  solaire  directe  est  préférable  à 
la  lumière  diffuse.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  de  la  salure  sur  la  quantité  de  l'amidon 
contenu  dans  les  organes  tiégélatifs  du  Lepidium  sativum.  Note  de 
M.  Pierre  Lesage,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  J'ai  montré  tout  dernièrement  (  '  )  que  la  salure  a  une  influence  réelle 
sur  la  formation  de  l'amidon  dans  les  organes  végétatifs  chlorophylliens; 
je  désire  augmenter,  à  ce  sujet,  les  faits  acquis  par  les  cultures  expérimen- 
tales du  Lepidium  sativum. 

»  J'ai  cherché,  dans  la  tige  et  la  racine  de  cette  plante,  et  sur  des  points 
aussi  homologues  que  possible  d'échantillons  provenant  de  cultures  diffé- 
rentes, la  quantité  d'amidon  qu'elles  contiennent  à  un  moment  donné. 

»  Dans  la  tige,  l'écorce,  composée  de  l'endoderme  et  de  trois  ou  quatre 
assises  parenchymateuses,  renferme  des  grains  de  chlorophylle  plus  ou 
moins  abondants  et,  suivant  les  cas,  amylifères. 

»  Dans  la  racine,  j'ai  fait  des  coupes  à  des  hauteurs  différentes.  Dans 
chaque  cas  examiné,  la  section  peut  se  diviser  en  deux  régions  :  l'une  qui 
est  formée  par  un  cordon  axile  lignifié,  à  part  quelques  rares  cellules  mé- 
dullaires; l'autre,  par  un  manchon  externe  comprenant  le  cambium,  le 
liber  secondaire  et  les  restes  de  l'écorce  secondaire.  C'est  dans  ce  man- 
chon, surtout  dans  sa  partie  interne,  que  se  trouve  l'amidon. 

»  Comme  pour  la  feuille  ('),  cet  amidon  fait  complètement  défaut  dans 
la  tige  et  la  racine  quand  la  salure  est  très  forte. 

»   Quand  il  y  a  de  l'amidon,  il  devient  assez  difficile  d'en  mesurer  exac- 

(')  Voir  Pierre  Lesage,  Influence  de  la  saluresur  la  formation  de  l'amidon  dans 
les  organes  végétatifs  chlorophylliens  {Comptes  rendus,  séance  du  3i  mars  1891). 


(  892  ) 

tement  la  quantité  pour  arriver  à  dire  sûrement  que  tel  échantillon  en  ren- 
ferme plus  que  tel  autre.  D'autre  part,  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  que  cette 
quantité  varie  pour  une  même  plante,  pour  un  même  organe,  selon  l'époque 
de  la  récolte  et  même  l'heure  de  la  journée (').  Cependant,  comme  les 
échantillons  étudiés  ont  été  recueillis  à  peu  prés  à  la  même  heure  et  se  sont 
trouvés  soumis  aux  mêmes  conditions  de  milieu,  la  salure  des  arrosages 
étant  seule  exceptée,  ils  sont  vraiment  comparables.  Je  puis  donc  présen- 
ter les  différences  reconnues,  plus  ou  moins  approximativement,  dans  les 
Tableaux  qui  suivent  et  où  les  termes  de  comparaison  sont  figurés  :  pas  d'a- 
midon, par  O;  traces,  T;  très  peu,  TP;  peu,  P;  beaucoup,  B. 

»  Les  plantes  étudiées  ont  poussé  sur  du  terreau  arrosé  avec  de  l'eau  de 
la  Vilaine,  ou  i°  avec  des  solutions  contenant  igl",  igr,66,  2gr,5,  5gr,  i2gr,5, 
25grde  NaCl  par  litre,  ou  2°  avec  des  dilutions  renfermant  —,  yg,  yj,  g,  t,  i 
d'eau  de  mer  (2).  Je  donne  les  résultats  pour  la  feuille,  la  tige  à  icm  au-des- 
sus de  cette  feuille,  et  la  racine  à  deux  hauteurs  différentes. 

i°  Quantité  d'amidon  correspondant  aux  arrosages  avec  des  solutions  de  NaCl. 

Eau  de 
Vilaine.         i^'.  i«r,  66.  v,j.  5sc.         i2sr,5.         25sr. 

Feuille B.  B.  P.             B.             B.  O.  O. 

Tige B.  B.  B.  B.             P.  T.  O. 

Bacine,  en  haut.  .  B.  B.  P.  B.  T.  P.  T.  O. 

Bacine,  plus  bas..  B.  B.  B.  T.  P.          P.  T.  O. 

2°  Quantité  d'amidon  correspondant  aux  arrosages  avec  des  dilutions 

d'eau  de  mer. 


Eau  de 

Vilaine. 

t 

S5 

i 

"i  h 

i 

1  0 

s 

a 

Pure 

Feuille 

B. 

B. 

P. 

B. 

B. 

0. 

0. 

Tige  .  . 

B. 

B. 

T.  P. 

P. 

T.  P. 

0. 

» 

Bacine, 

en 

haut.  . 

B. 

B. 

T.  P. 

P. 

P. 

0. 

M 

Bacine, 

plus  bas. . 

B. 

B. 

B. 

B. 

T. 

T.  P. 

)> 

»   Ces  Tableaux  indiquent   nettement  qu'acec  des  arrosages  contenant 
12  à  i5gr  de  sel  par  litre,  l'amidon  disparaît  complètement. 

(')  Voir  A.-F.-W.  Scuimper,  Ueber  Bildung  und  Wanderung  der  Kohlehydrate 

m  den  Laubblàttern  {Bot.  Ztg.;  i885). 

(2)  Voir  Pierre  Lesage,  Revue  générale  de  Botanique,  1890,  et  Influence  du  bord 
de  la  mer  sur  la  structure  des  feuilles.  IP  Partie,  Étude  expérimentale,  p.  81  (Thèse 
de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris). 


(  «93  ) 

»  le  veux  insister  sur  une  autre  conclusion  :  la  diminution  de  l'amidon 
ne  se  fait  pas  proportionnellement  à  l'augmentation  de  la  salure.  C'est  ce 
qu'on  verrait  immédiatement  si,  à  ces  Tableaux,  je  substituais  des  courbes 
construites  en  prenant  pour  abscisses  les  quantités  de  sel  et,  pour  ordon- 
nées, les  quantités  d'amidon. 

»  Je  dois  dire  que  ces  courbes  seraient  très  comparables  à  celles  que 
j'ai  représentées  ailleurs  (');  en  particulier,  elles  seraient  sensiblement 
parallèles  à  la  courbe  des  surfaces  des  feuilles  dans  les  mêmes  échantillons 
de  cette  plante. 

»  En  étudiant  ces  mêmes  courbes,  on  s'assurerait  que  la  quantité  d'ami- 
don, avant  une  certaine  valeur  dans  les  arrosages  à  l'eau  de  Vilaine,  passe, 
le  plus  souvent,  par  un  minimum  au  voisinage  de  igl',66  et  de  -^  dans  les 
deux  groupes  de  séries,  puis  se  relève  pour  atteindre  un  maximum  aux 
environs  de  2S'',3  à  5Br  et  de  -^  à  *-  et,  enfin,  dans  les  cas  considérés,  s'in- 
cline définitivement  pour  atteindre  le  zéro  vers  i  2sr,.>  et  '-,.  Cette  inflexion 
vers  i,66  et  -^  est  intéressante  à  considérer;  elle  impose  la  comparaison  du 
maximum  suivant  à  la  quantité  d'amidon  de  l'arrosage  avec  l'eau  de  Vilaine. 
En  effet,  dans  les  huit  séries,  il  en  est  au  moins  trois  où.  avant  et  après  le 
minimum,  l'amidon  est  représenté  de  la  même  manière,  B,  ce  qui  amène 
à  se  demander  si,  en  ayant  à  ma  disposition  des  moyens  de  mesurer  plus 
précis,  je  ne  pourrais  pas  reconnaître  au  maximum  intermédiaire  une 
valeur  égale  ou  plus  grande  que  celle  d'un  premier  maximum  qui  se 
trouve  quelque  part  entre  l'arrosage  à  l'eau  pure  et  l'arrosage  à  is',66 
ou  ~^.  La  solution  de  cette  question  pourrait  être  immédiatement  utili- 
sable dans  la  pratique;  c'est  ce  qui  donne  de  l'intérêt  au  problème  et 
m'engage  à  faire  ressortir  ce  point  particulier,  de  même  qu'à  présenter  les 
Tableaux  précédents  qui,  quoique  approximatifs,  n'en  fournissent  pas 
moins  des  repères  que  l'expérimentateur  est  toujours  heureux  déposséder. 

»  D'autres  considérations  plus  générales  pourraient  encore  se  tirer  de 
ces  mêmes  Tableaux,  par  exemple  pour  ce  qui  concerne  les  rapports  de  la 
racine  à  la  tige  et  à  la  feuille;  mais  l'occasion  d'y  revenir  ne  peut 
manquer.    » 

(  '  )  Noir  PiEîiRs  Lksa  ..  ,  Thèse,  p.  95. 


C.   R.,  1891,   i«  Semestre.  (T.  CXU,  N°  16.  Il 


(  «94  ) 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Le  Seigle  enivrant .  Note  de  M.  Priixieux, 
présentée  par  M.  Duchartre. 

«  Dans  quelques  communes  situées  dans  le  département  de  la  Dordogne, 
près  des  limites  de  la  Haute-Vienne,  particulièrement  sur  les  territoires 
de  Firbeix,  de  Mialet  et  de  Saint-Saud,  le  Seigle  de  la  récolte  de  l'an  der- 
nier a  présenté  des  propriétés  toxiques  singulières  et  très  nettement  mar- 
quées. 

»  Dans  un  village  près  de  Mialet,  un  des  colons  du  Dr  Millet,  conseiller 
général  de  la  Dordogne,  à  qui  je  dois  la  connaissance  de  ces  faits,  s'était 
empressé  de  faire  moudre  un  sac  de  Seigle  aussitôt  après  la  récolte  et  d'en 
fabriquer  du  pain.  Ce  pain  a  rendu  toutes  les  personnes  de  la  maison  ma- 
lades environ  deux  heures  après  leur  repas.  Elles  ont  été  atteintes  d'un  en- 
gourdissement général  et  se  sont  trouvées,  pendant  vingt-quatre  heures, 
dans  l'impossibilité  de  se  livrer  à  un  travail  quelconque;  elles  ont  même 
été  obligées  de  se  coucher.  Dans  plusieurs  villages  voisins  aussi,  toutes  les 
personnes  qui  ont  mangé  du  pain  fait  avec  les  Seigles  de  la  même  récolte 
ont  été  malades.  Des  hommes  qui  étaient  allés  travailler  dans  les  champs 
après  le  repas  du  matin  se  sont  trouvés  dans  un  état  de  torpeur  et  de  ma- 
laise tel  qu'on  a  dû  les  aller  chercher  pour  les  ramener  chez  eux;  ils 
étaient  incapables  de  revenir  seuls. 

»  Les  animaux,  chiens,  porcs  et  volailles  auxquels  on  a  donné  de 
ce  même  pain  sont  devenus  mornes,  engourdis,  et  ont  refusé  de  manger 
et  de  boire  pendant  vingt-quatre  heures. 

»  Les  effets  produits  par  ce  Seigle  vénéneux  ne  ressemblent  pas  à  ceux 
que  cause  l'ergot,  mais  plutôt  à  ceux  de  l'Ivraie  avec  une  action  plus  in- 
tense et  plus  rapide. 

»  Des  faits  fort  semblables  à  ceux  qui  viennent  de  se  produire  dans  la 
Dordogne  ont  été  récemment  constatés  à  l'autre  bout  du  monde,  à  l'ex- 
trémité de  l'empire  russe,  au  delà  de  la  Mandchourie,  dans  l'Oussourie 
méridionale,  auprès  de  Vladivostok.  M.  Woronine  a  reçu  de  ce  pays  des 
échantillons  du  Seigle  signalé  comme  présentant  de  même  des  propriétés 
stupéfiantes  et  enivrantes  et  il  les  a  étudiés.  Il  a  reconnu  qu'ils  étaient  en- 
vahis par  un  grand  nombre  de  Champignons  de  diverses  sortes  qu'il  a  énu- 
mérés;  mais,  comme  il  a  constaté  en  même  temps  que  plusieurs  grains 
avaient  commencé  à  germer,  il  a  regardé  l'altération  comme  due  auxmau- 


(  8<P  ) 
vaises  conditions  dans  lesquelles  la  moisson  avait  été  faite.  Néanmoins, 
c'est  à  la  végétation  cryptogamique  qui  s'est  développée  alors  que  M.  Wo- 
ronine  attribue  les  propriétés  toxiques  signalées,  sans  pouvoir  déterminer 
à  quelle  espèce  elles  sont  dues;  il  a  cependant  indiqué  spécialement  quatre 
formes  :  Fusarium  roseum,  Giberella  Saubinetii,  Hetmintosponum  sp.  et  Cla- 
dosporium  herbarum,  comme  devant  être  soupçonnées  d'avoir  produit  les 
accidents. 

»  L'étude  des  grains  du  Seigle  enivrant,  que  j'ai  reçus  de  M.  le  D1'  Mil- 
let, m'a  permis  de  reconnaître  qu'aucune  des  espèces  incriminées  parle 
savant  russe  n'est  la  cause  des  effets  toxiques  constatés.  Ces  grains  sont 
de  fort  médiocre  apparence,  petits,  légers  et  resserrés,  comme  sont  tou- 
jours ceux  qui,  pour  une  cause  quelconque,  se  dessèchent,  sans  être  par- 
venus à  leur  développement  complet;  mais  ils  ne  présentent  pas  à  leur 
surface  ces  nombreuses  espèces  de  Champignons  saprophytes  qu'a  obser- 
vées M.  Woronine  sur  les  Seigles  de  l'Oussourie.  C'est  à  leur  intérieur  que 
l'examen  microscopique  fait  reconnaître  l'existence  d'un  Champignon, 
toujours  le  même,  et  dont  le  mycélium  envahit  la  couche  externe  de  l'al- 
bumen. 

»  On  sait  que  cette  couche  se  distingue  nettement,  sur  une  coupe  trans- 
versale, par  la  forme  carrée  de  ses  cellules  et  leur  contenu,  constitué  seu- 
lement de  fins  granules  protéiques.  Dans  les  grains  de  Seigle  enivrant, 
cette  couche  est  à  peine  reconnaissable  sur  quelques  points;  elle  est  en- 
vahie par  de  nombreux  filaments  de  Champignon  entrelacés,  de  façon  à 
former  une  lame  de  stroma  plus  ou  moins  épaisse  en  dedans  des  tégu- 
ments et  autour  de  l'albumen.  Dans  les  cellules  qui  contiennent  le  gluten 
et  les  grains  d'amidon,  ceux-ci  présentent  à  leur  surface  une  corrosion 
bien  visible,  qui  est  due  sans  doute  à  l'action  d'une  diastase  sécrétée  Ital- 
ie Champignon. 

»  Ça  et  là  des  filaments  s'échappent  de  la  surface  extérieure  du  stroma 
et  pénètrent  dans  les  téguments  du  grain.  Espérant  voir  ce  Champignon 
se  développer  hors  du  grain  et  y  fructifier,  j'ai  mis  des  grains  de  Seigle 
enivrant,  à  l'intérieur  desquels  j'avais  constaté  l'existence  du  stroma,  dans 
l'air  saturé  d'humidité  d'un  germoir  de  terre  poreuse  dont  le  fond  plongeait 
dans  l'eau.  Au  bout  d'une  quinzaine  de  jours,  par  une  température  variant 
entre  i5°  et  i8°,  il  s'était  développé  à  la  surface  de  ces  grains  de  petits 
coussinets  de  couleur  blanchâtre,  arrondis  et  un  peu  déprimés  au  sommet. 
Une  coupe  transversale  m'a  montré  qu'ils  ne  sont  rien  autre  chose  que  l'é- 
panouissement au  dehors  du  stroma  intérieur  du  grain.  Ils  sont  formés  de 


(896) 

touffes  pressées  de  filaments  ramifiés  dont  les  rameaux,  aboutissant  à  la 
surface  du  coussinet,  produisent  des  spores  à  leur  extrémité. 

»  Il  semble  que  cette  organisation  réponde  à  celle  du  genre  Dendrodo- 
chium  de  Bonorden,  mais  le  Champignon  du  seigle  enivrant  présente,  dans 
la  formation  de  ses  spores,  une  disposition  fort  particulière  qui  n'a  été  ob- 
servée dans  aucun  Dendrodochium  et  dont  on  ne  connaît  que  de  très  rares 
exemples.  Elle  est  analogue  à  celle  qu'a  décrite  M.  de  Sevnes  dans  une 
moisissure  de  l'Ananas  qu'il  a  nommée  Sporochisma  paradoxum.  Les  spores 
sont  produites,  non  pas  comme  d'ordinaire  extérieurement  au  bout  des 
rameaux  fructifères,  mais  dans  l'intérieur  de  ces  rameaux  eux-mêmes.  Le 
plasma  qui  remplit  le  dernier  article  du  rameau  se  différencie  à  son  extré- 
mité et  s'organise  en  une  spore  qui  s'isole  complètement,  puis  sort  par  une 
ouverture  qui  se  fait  au  sommet  du  tube  qui  la  contenait.  Celui-ci  reste 
ouvert  et  béant  après  la  sortie  de  la  spore;  on  distingue  sa  paroi  hyaline 
au  delà  du  point  où  est  le  plasma.  Ce  dernier  continue  à  produire  succes- 
sivement à  son  extrémité,  au  fond  du  petit  cylindre  ouvert,  une  nouvelle 
spore  qui  se  détache  et  est  expulsée  au  dehors  comme  la  précédente.  Il 
s'en  forme  ainsi  successivement  au  moins  trois  ou  quatre. 

»  Cette  organisation  très  singulière  paraîtra  sans  doute  justifier  la  créa- 
tion d'un  genre  nouveau.    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  découverte  d'une  source  au  fond  du  lac 
d'Annecy.  Note  de  MM.  A.  Delebecqie  et  L.  Légat,  présentée  par 
M.  Daubrée. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (t.  CXI,  p.  iooo),  nous  avons 
parlé  d'un  entonnoir,  dit  le  Boubioz,  qui  s'ouvre  sur  le  talus  du  lac 
d'Annecy,  par  des  profondeurs  de  25m  à  3om,  suivant  une  ellipse  ayant  pour 
longueurs  d'axes  2oom  et  25om;  entonnoir  dont  les  parois,  vaseuses,  ont 
une  inclinaison  variant  entre  200  et  4o°  et  dont  le  fond,  rocheux,  se  trouve 
à  8om,Go  au-dessous  du  niveau  de  l'eau,  soit  i6m  plus  bas  que  le  plafond 
du  lac.  Nous  avons  signalé  la  singularité  de  cet  accident  que  l'on  n'avait 
jamais  rencontré  dans  les  lacs  alpins,  dont  les  talus  présentent  quelquefois 
des  monticules,  mais  jamais  de  trous. 

»  Ayant  trouvé  à  diverses  reprises  une  température  sensiblement  uni- 
forme dans  toute  l'étendue  de  cet  entonnoir,  nous  disions  qu'il  servait 
probablement  d'émissaire  aux  eaux  du  lac,  dont  une  partie  se  serait  ainsi 


(  «97  ) 
écoulée  souterrainement.  Mais  à  cause  de  la  mobilité  du  bateau  et  de  la 
difficulté  de  nous  repérer,  nous  n'avions  jamais  pu,  dans  nos  sondages 
thermométriques,  atteindre  exactement  le  sommet  de  l'entonnoir.  Notre 
supposition  était  erronée. 

»  Une  circonstance  exceptionnelle,  la  congélation  du  lac  d'Annecy,  qui 
s'est  produite  en  février  dernier,  nous  a  permis  d'exécuter  nos  son- 
dages dans  des  conditions  particulièrement  favorables.  En  perçant  des 
trous  dans  la  glace,  nous  sommes  arrivés  par  des  tâtonnements  méthodiques 
à  trouver  le  sommet  cherché  et  nous  avons  mesuré  au  fond  du  Boubioz, 
avec  le  thermomètre  à  renversement  de  Negretti  et  Zambra,  une  tempé- 
rature de  n°,  8,  tandis  que  nous  ne  trouvions  que  3°,  8  sur  le  plafond  du 
lac,  à  Ja  profondeur  de  65m.  Cet  écart  ne  peut  être  attribué  qu'à  une 
source  sous-lacustre.  Cette  source,  au  point  où  elle  jaillit,  empêche  le  dépôt 
de  la  vase  qui,  tout  autour,  s'éboule  en  forme  d'entonnoir. 

»  La  température  de  cette  source  est  peut-être  notablement  supérieure 
à  1 1°,  8;  car  nous  ne  pouvions  prendre  que  la  température  d'un  mélange 
de  l'eau  de  la  source  avec  celle  du  lac. 

»  L'existence  de  sources  au  fond  du  lac  d'Annecy  avait,  d'ailleurs,  élé 
pressentie  dès  1870  par  M.  Carnot,  Président  de  la  République,  alors 
ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées  à  Annecy.  Remarquant,  dans  ses  études 
relatives  à  la  régularisation  du  niveau  du  lac  d'Annecy,  que  le  débit  des 
émissaires  est  considérable  relativement  à  la  quantité  de  pluie  tombée  sur 
le  bassin  du  lac,  il  était  arrivé  à  la  conclusion  que  des  sources  sous-la- 
custres amènent  de  l'eau  provenant  de  bassins  supérieurs  situés  en  dehors 
du  périmètre  apparent  de  celui  du  lac. 

»  La  présence  d'une  source  est,  d'autre  part,  pleinement  confirmée  par 
une  analyse  faite  par  M.  Duparc,  professeur  à  l'Université  de  Genève. 
L'eau  que  nous  avons  recueillie  au  fond  du  Boubioz  contient,  en  effet, 
ogr,i73  de  résidu  fixe  par  litre,  tandis  que  l'eau  prise  au  milieu  du  lac  n'en 
contient  que  oêr,i5i. 

»  L'eau  de  cette  source  se  diffuse  très  rapidement  dans  celle  du  lac. 
Ainsi,  à  5m  au-dessus  du  fond,  la  température  n'est  plus  que  de  4°>4-  Néan- 
moins l'influence  réchauffante  de  la  source  se  fait  sentir  dans  toute  l'éten- 
due du  trou.  Le  28  février,  à  3om  de  profondeur,  la  température  était 
encore  de  4°,  2  sur  l'axe  de  l'entonnoir,  tandis  qu'elle  n'était  que  de  3°, 4 
au  milieu  du  lac.  Dans  les  couches  supérieures,  à  moins  de  25m  de  pro- 
fondeur, toute  différence  disparaissait  et,  à  la  surface,  la  glace  avait  o'u,i6 
a  < >'",  1 8  d'épaisseur,  à  peu  près  autant  que  partout  ailleurs. 


(  «9«  ) 

»  En  supposant  que  cette  source,  par  analogie  avec  celles  que  nous 
voyons  sur  les  pentes  des  montagnes  voisines,  ne  produise  pas  d'effondre- 
ment sensible  dans  le  talus  primitif  du  lac  et  constitue  seulement  un 
obstacle  au  dépôt  de  la  vase,  nous  pouvons,  ce  qui  est  d'une  grande  im- 
portance pour  l'étude  des  lacs,  avoir  une  idée  assez  exacte  de  l'épaisseur 
de  cette  vase.  Il  suffit  de  prendre  la  différence  de  niveau  entre  l'ouverture 
et  le  fond  de  l'entonnoir;  nous  trouvons  ainsi  une  épaisseur  de  5om  à  55"'. 

»  Quelques  autres  petites  sources  chaudes  jaillissent  encore  sous  l'eau 
non  loin  du  Boubioz,  près  de  la  rive  occidentale  du  lac,  mais  par  des 
profondeurs  ne  dépassant  pas  -i'"  ou  3m.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  sondages  exécutés  dans  le  Pas-de-Calais  en  1890.  Note 
de  M.  J.  Rexaud,  présentée  par  M.  Bouquet  de  la  Grye. 

«  Les  sondages  que  j'ai  exécutés,  l'an  dernier,  dans  la  Manche,  avec  la 
collaboration  de  M.  Hersent,  avaient  pour  but  de  rechercher  la  nature 
géologique  des  fonds  sous-marins  du  détroit,  entre  le  cap  Gris-Nez  et  Fol- 
kestone,  et  l'épaisseur  des  sables  et  des  alluvions  qui  les  couvrent.  Cela 
nécessitait  des  forages  de  plusieurs  mètres,  par  des  fonds  de  55m  à  6om,  et 
la  difficulté  était  accrue  par  la  violence  des  courants  et  par  l'agitation 
presque  constante  de  la  mer. 

»  Aussi  était-il  nécessaire  de  modifier  les  méthodes  habituelles  des 
forages.  Il  était  d'abord  impossible  d'utiliser  le  svstème  de  vissage  usité  à 
terre;  quant  au  procédé  imaginé  par  M.  Bouquet  de  la  Grye  lors  d'une 
mission  à  la  Rochelle  et  qui  consistait  à  faire  agir  sous  l'eau  un  mouton 
sur  une  lance,  il  fallait,  de  toute  nécessité,  le  modifier,  la  profondeur  delà 
Manche  étant  dix  fois  plus  grande. 

»  Dans  les  parties  où  la  roche  était  dénudée  ou  recouverte  d'une  mince 
couche  d'alluvions,  nous  nous  sommes  bornés  à  envoyer  de  haut  en  bas 
une  tige  de  fer  (lestée  de  fortes  rondelles  de  plomb)  qui,  arrivant  sur  le 
sol  avec  une  grande  vitesse,  en  raison  de  sa  forme  effilée,  y  pénétrait  suf- 
fisamment. A  l'extrémité  inférieure  de  la  tige  étaient  fixés  des  tubes 
munis  de  clapets  dont  les  dispositions  variaient  selon  la  nature  des  ter- 
rains rencontrés. 

»  Le  deuxième  appareil  était  descendu  lentement  au  fond  de  la  mer  ;  la 
tige  était  maintenue  verticale  par  un  trépied  et  enfoncée  à  coups  de  mou- 
ton  dans   le   sol;  les  tubes  et   les  clapets  du  bas  de  la  tige  étaient  les 


(  «99  ) 
mêmes  que  ceux  du  premier  appareil.  Ces  deux  instruments  ont  donné 
d'excellents  résultats. 

»  Le  troisième  appareil  servait  à  mesurer  l'épaisseur  des  alluvions  dé- 
posées au-dessus  du  terrain  en  place;  il  était  formé  d'un  tube  bien  lesté,  à 
l'intérieur  duquel  on  injectait  de  l'eau,  et  qui  descendait  tant  que  l'eau 
injectée  mettait  en  mouvement  et  refoulait  les  alluvions  à  la  partie  infé- 
rieure du  tube. 

»  Pendant  la  campagne,  il  a  été  fait  environ  2700  sondages  et  4«o  fo- 
rages. Ces  opérations  ont  permis  de  déterminer  exactement  le  relief  sous- 
marin  du  Pas-de-Calais,  d'étudier  le  mode  de  distribution  des  alluvions 
dans  ces  parages,  et  enfin  de  dresser  une  Carte  géologique  du  détroit 
faisant  suiteàcelle  qui  avait  été  levée  plus  au  nord,  en  1876,  par  MM.  La- 
rousse, de  Lapparent  et  Potier. 

»   Cette  Carte,  que  nous  reproduisons  ici,  permet  de  suivre,  au  fond  de 


la  mer,  la  continuation  des  affleurements  des  étages  jurassiques  du  Boulon- 
nais dans  la  partie  sud-est  du  détroit;  elle  montre  le  soulèvement  du  Port- 
landien  qui  a  donné  naissance  aux  deux  bancs  du  Varne  et  du  Colbert,  et 
elle  délimite,  dans  l'ouest  du  Pas-de-Calais,  les  prolongements  sous-marins 
des  assises  du  Wéaldien  et  des  sables  verts  qui  forment  les  terrains  du 
comté  de  Kent  en  Angleterre. 

»   Les  courants  sous-marins  du  détroit  ont  été  aussi  l'objet  de  fréquentes 
observations  pendant  la  campagne  ;  il  a  été  reconnu  qu'ils  sont  les  mêmes 


(    <)°°    ) 

au  fond  qu'à  la  surface,  en  vitesse  et  en  direction,  et  que  l'étalé  se  produit 
en  même  temps  dans  toute  la  masse  d'eau.    » 


GÉOLOGIE.   —  Sur  les  terrains  métamorphiques  des  Alpes  de  Savoie. 
Note  de  M.  P.  Termier,  présentée  par  M.  Mallard. 

«  Dans  le  courant  de  l'été  de  1890,  nous  avons  exploré,  pour  le  service 
de  la  Carte  géologique  détaillée,  le  pays  de  hautes  montagnes  compris 
entre  Modane  et  lignes  (massif  de  la  Vanoise).  On  y  rencontre  quatre  ter- 
rains :  les  Schistes  lustrés,  le  Houiller,  le  Permien  et  le  Trias.  Le  plisse- 
ment a  été,  dans  toute  la  région,  d'une  intensité  exceptionnelle  :  les  plis 
sont  fréquemment  renversés  et  écrasés;  les  couches  se  suppriment,  par 
étirement,  sur  des  centaines  de  mètres  d'épaisseur.  En  même  temps,  les 
dépôts  sont  profondément  métamorphiques  :  beaucoup  ne  montrent  plus 
aucune  apparence  détritique.  Il  nous  a  semblé  intéressant  de  résumer  ici 
les  résultats  de  l'étude  microscopique  de  ces  divers  terrains. 

»  Schistes  lustrés.  —  On  sait  que  ces  Schistes  sont  rattachés  au  Prépa- 
léozoïqueparM.  Zaccagna.  Les  travaux  de  MM.  Potier,  Bertrand  et  Kilian 
ont  clairement  démontré  qu'ils  sont  antérieurs  au  Houiller.  Nous  ne  les 
avons  étudiés  qu'au  nord-est  de  la  Vanoise  (chaîne  de  la  Sana),  où  ils  sont 
en  recouvrement  sur  le  Trias. 

»  A.  Faciès  habituel.  Schiste  gris  à  séricite  avec  lits  alternants  de  quartz  et  de  cal- 
cite  cristallisée  (ou  de  dolomie  ferrifère).  Ilménite  et  rutile,  oligisle ;  anthracite. 
A  la  séricite  s'associe  habituellement  la  chlorite,  plus  rarement  le  mica  noir.  Pas 
d'éléments  détritiques.  Quart;-  fin,  en  mosaïque,  généralement  antérieur  aux  phyllites. 

»  B.  Schiste  vert  sans  carbonates.  Pyrite.  Rutile  très  abondant  en  aiguilles  excessi- 
vement fines.  Tourmaline.  Séricite  et  chlorite:  quartz.  —  G.  Roches  vertes  variées, 
peut-être  intrusives  :  amphibolites  et  pyroxénites  à  grenat  et  sphène,  chargées  d'épidote 
et  de  serpentine.  Feldspath  rare. 

»  Boitiller.  —  Ce  terrain  est  bien  connu  entre  Saint-Michel  en  Mau- 
rienne  et  Bozel  ;  il  reparaît  à  l'est  de  Champagny,  sous  le  Permien. 

Le  métamorphisme  est  peu  intense  à  l'ouest  du  méridien  de  Bozel  :  bien  que  la 
plupart  des  couches  contiennent  delà  séricite  de  métamorphisme,  elles  montrent  en- 
core, au  moins  au  microscope,  de  nombreux  galets  détritiques.  Le  Houiller  de  Cham- 
pagny est  beaucoup  plus  cristallin.  Schistes  plus  ou  moins  quartzeux,  gris  ou  noirs. 
luisants  et  satinés,  à  clivage  plissoté.  Pyrite,  ilménite,  anthracite,  rutile,  séricite  et 
quartz.  Vers  le  sommet  de  l'étage,  les  phyllades  deviennent  plus  homogènes  :  la  chlo- 
rite, la  tourmaline,  les feldspaths  (ortkose  et  albite)  apparaissent. 


(    f)OI      ) 

»  Permien.  —  Nous  rattachons  au  Permien  les  phyllades  intercalés,  sans 
aucune  discordance  de  stratification,  entre  le  terrain  à  anthracite  et  le 
Trias.  Il  est  possible  qu'une  forte  partie  de  ces  phyllades  appartienne  au 
Houiller  supérieur. 

»  Les  Schistes  cristallins  permiens  ont  été  rapportés  par  Lory  au  Primitif.  M.  La- 
chat  a  depuis  longtemps  proposé  d'attribuer  au  Houiller  les  chloritoschistes  à  noyaux 
feldspathiques  de  Modane  et  de  Bozel.  Les  mêmes  assises  sont  signalées  comme  per- 
miennes  par  M.  Zaccagna.  En  réalité,  l'extension  du  Permien  est  énorme  dans  toute  la 
région  On  le  suit  de  Modane  à  Bozel,  par  Polset,  le  glacier  de  Gébroulaz,  le  col  du 
Fruit,  la  vallée  de  Saint-Bon.  Il  forme,  à  l'est  de  Bozel,  le  massif  de  la  Becca-Motta, 
et,  plus  au  Nord  ('),  le  massif  du  Mont-Pourri.  On  le  suit  également  de  Modane  à 
Entre-deux-Eaux,  par  la  Pointe-de-1'ÉchelIe,  le  Dôme  de  Chasseforêt,  les  gorges  du 
Doron.  Le  métamorphisme  est  intense,  surtout  à  l'est  du  méridien  de  Pralognan.  Dans 
la  région  d'Entre-deux-Eaux,  la  cristallinité  est  comparable  à  celle  du  Primitif,  mais 
les  minéraux  de  métamorphisme  sont  les  mêmes  de  pari  et  d'autre  dudit  méridien;  la 
continuité  des  assises  permiennes,  évidente  stratigraphiquement,  est  pétrographique- 
ment  palpable. 

»  A.  Quartzites  fins,  à  zones  phylliteuses.  l'as  d'éléments  détritiques.  Zircon, 
rutile,  tourmaline,  sphène,  un  peu  ftilménite  et  d'oligisle.  Chlorite  et  séricilc. 
Quartz  fin.  Orlhose  et  albite  rares. 

»  B.  Schistes  gris  ou  violets,  luisants  cl  satinés.  Galets  de  quartz  ou  de  quarl- 
zite,  plus  ou  moins  recristallisés  sur  les  bords.  .Mêmes  minéraux  que  ci-dessus.  Noyaux 
feldspathiques  abondants,  développés  après  les  phyllites,  souvent  transversalement  à 
la  schistosité.  Calcite  et  sir/érose  fréquentes. 

»  G.  Chloritoschistes  verts,  souvent  feldspathiques.  Structure  plus  homogène. 
Pas  d'éléments  détritiques.  Beaucoup  de  rutile  ou  de  sphène.  Tourmaline,  parfois 
visible  à  l'œil  nu.  Noyaux  feldspathiques,  nés  nombreux,  englobant  ou  repoussant  les 
phyllites,  déviant  les  files  d'ilménite,  de  rutile  ou  de  sphène.  Parfois,  un  peu  de  glau- 
cophane.  Calcite  et  sidérose  fréquentes. 

»  D.  Schistes  moins  luisants.  Inthracite.  Sphène  nés  abondant.  Epidote  et 
zoïsite.  Chlorite,  sérieite  et  quartz. 

»  E.  Amphibolites  à  glaucophane.  Glaucophane,  généralement  visible  à  l'oeil  nu. 
Sphène,  chlorite.  épidole  el  zotzite.  l/bite  en  grandes  plages  englobant  tous  les 
autres  minéraux. 

»  On  observe  des  passages  entre  ces  cinq  types.  Le  grenat  et  la  magnétite,  si  abon- 
dants dans  le  primitif,  sont  ici  fort  rares.  Le  sphène  et  le  rutile  ne  vont  généralement 
pas  ensemble.  Le  zircon  est  très  fréquent,  mais  toujours  en  cristaux  isolés.  L'ilmé- 
nite,  l'oligisle,  le  rutile  sont  les  minéraux  les  plus  anciens.  La  tourmaline,  qui  leur  est 
postérieure,  est  antérieure  aux  phyllites.  Les  feldspath  sont  postérieurs  à  tous  les  mi- 
néraux, sauf  les  carbonates.  Le  quartz  contient  des  inclusions  de  rutile  et  quelques 
inclusions  liquides,  parfois  à  bulle  mobile.  L'absence  du  mica  noir,   l'extrême  ténuité 

(')  D'après  M.  Marcel  Bertrand. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N«  16.)  l  '^ 


(  9°2  ) 

du  rutile,  l'enveloppement  par  les  phyllites  d'une  grande  partie  du  quartz,  la  disposi- 
tion du  feldspath  en  noyaux,  chargés  d'inclusions,  le  remplacement  de  l'oligoclase  par 
l'albite,  un  aspect  toujours  un  peu  hétérogène,  distinguent  les  phyllades  permiens  de 
ceux  du  primitif  ('  ). 

»  Trias.  —  Le  Trias  comprend  deux  termes  fort  différents  :  les  quartzites 
et  les  calcaires. 

»  Les  quartzites  sont  des  grès  métamorphiques  à  galets  détritiques  rares.  Quartz 
fin  avec  séricite,  plus  rarement  chlorite,  englobant  ilménite,  oligiste,  rutile,  zircon, 
tourmaline.  Presque  toujours  un  peu  d'orthose  ou  d'albite.  En  somme,  même  com- 
position que  les  quartzites  permiens. 

»  A  la  base  des  calcaires,  on  observe  une  alternance  des  marbres  phylliteux  et  de 
schistes  noirs,  gris  ou  verts.  Les  marbres  contiennent  :  ilménite,  oligiste  (jusqu'à 
20  pour  ioo),  rutile,  tourmaline,  quartz-,  chlorite,  séricite,  calcite  et  dolomie.  Les 
Schistes  sont  identiques  aux  phyllades  à  rutile  et  tourmaline  du  Permien  ou  des 
Schistes  lustrés.  Marbres  et  Schistes  contiennent  de  Vorthose  et  de  Yalbite.  Exception- 
nellement, on  y  observe  de  beaux  cristaux  de  chloritoïde,  parfois  visibles  à  l'œil  nu. 
Puis  viennent  des  calcaires  siliceux  et  cristallins,  peu  phylliteux,  et  enfin  une  énorme 
série  de  calcaires  gris.  Tous  ces  calcaires  contiennent  de  Vorthose,  de  ïalbite  et  du 
quartz.  Dans  les  régions  les  plus  plissées  (Grande-Casse),  ils  deviennent  tous  un  peu 
sériciteux.  Des  cargneules  et  des  gypses  apparaissent  çà  et  là,  surtout  à  la  base  des 
calcaires.  Ils  sont  dus  à  des  transformations  chimiques  tout  à  fait  indépendantes  du 
métamorphisme  dont  nous  parlons. 

»  Résumé  et  conclusions.  —  Les  divers  terrains  d'âge  fort  différent,  dont 
se  composent  les  montagnes  de  la  Vanoise,  semblent  avoir  été  soumis  à  la 
même  cause  de  métamorphisme.  Partout  où  cette  cause  a  agi  sur  des  dépôts 
identiques,  de  quelque  âge  qu'ils  fussent,  elle  a  produit  les  mêmes  trans- 
formations. Les  différences  de  faciès,  dans  une  même  région,  s'expliquent 
aisément  par  la  diversité  originelle  de  composition  des  sédiments.  Si  le 
Permien  est,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  plus  métamorphique  que  les 
autres  terrains,  c'est  qu'il  était  plus  riche  en  magnésie,  soude  et  potasse. 
Les  différences  de  métamorphisme  d'une  région  à  l'autre  semblent  liées 
aux  différences  dans  l'intensité  des  efforts  orogéniques.  Le  maximum  de 
cristallinité  s'observe  sur  les  points  où  l'étirement  a  été  le  plus  intense 
(  Enlre-deux-Eaux). 

»   Nous  concluons  de  là  que  le  métamorphisme  est  dû  à  la  chaleur  dé- 


(')  D'après  leurs  caractères  micrographiques,  nous  n'hésiterions  pas  à  attribuer  au 
permien  les  Schistes  cristallins  de  Plumet  (Savoie),  rapportés  jusqu'ici  au  Primitif.  Ces 
Schistes  nous  ont  d'ailleurs  paru  concordants  avec  le   Trias. 


(  9°3  ) 

gagée  par  le  plissement.  Cette  chaleur  semble  s'être  produite  lentement 
(température  peu  élevée);  mais  elle  n'a  pu  se  dissiper  que  très  lentement 
aussi,  à  cause  de  la  faible  conductibilité  des  roches.  L'action,  prolongée 
pendant  une  longue  suite  d'années,  d'une  température  de  2000  ou  a5o°  ('), 
suffit  probablement  pour  recuire  les  sédiments  et  provoquer  une  recristal- 
lisation complète  des  éléments  qui  les  composent.  La  même  action,  pro- 
longée plus  longtemps  encore,  produirait  des  assises  sans  doute  identiques 
à  celles  que  nous  appelons  primitives,  à  la  différence  près  qui  tient  aux  deux 
agents  transformateurs  de  la  plus  grande  partie  des  terrains  primitifs,  le 


granité  et  la  granuhte. 


ÉCONOMIE  RURALE.  —  Contribution  à  l étude  de  la  culture  du  Colza.  Mémoire 
de  MM.  E.  Louise  et  E.  Picard,  présenté  par  M.  P. -P.  Dehérain. 
(Extrait  par  les  Auteurs.) 

«  Dans  un  Travail  communiqué  à  l'Institut  (2),  M.  S.  Pierre  rechercha, 
aux  diverses  époques  du  développement  du  Colza,  la  production  et  la 
répartition,  dans  ses  différentes  parties,  de  la  matière  organique,  des  sub- 
stances azotées  et  des  principaux  éléments  minéraux.  Le  savant  agronome 
arriva  à  conclure  que  : 

»  i°  Le  poids  total  de  la  matière  verte  atteint  son  maximum  à  l'époque 
de  la  formation  de  la  graine  ; 

»  2°  Qu'il  y  a  transport  continu  de  l'azote  et  des  autres  éléments  miné- 
raux fertilisants  de  la  partie  inférieure  de  la  plante  vers  l'extrémité  des 
rameaux; 

»  3°  Que  ce  transport  atteint  son  maximum  d'activité  lors  de  l'appari- 
tion de  la  graine. 

»  Plus  récemment  M.  Miïntz,  en  étudiant  la  maturation  des  graines  en 
général  et  de  celle  du  Colza  en  particulier  ('),  est  arrivé  à  un  résultat  du 
même  ordre  en  constatant  que  les  hydrates  de  carbone,  aux  dépens  des- 
quels se  forme  la  matière  grasse  de  la  graine,  s'accumulent  dans  la  silique, 


(')  Les  récentes  découvertes  de  la  Chimie  et  de  la  Métallurgie  semblent  indiquer 
que  cette  température  de  2000  à  25o°  agit  d'une  façon  remarquable  sur  la  plupart  des 
corps. 

(2)  5  mars  1S60. 

(3)  Annales  des  Sciences  naturelles  (Botanique),  7'  série,  t.  III,  p.  65. 


(  «jo4  ) 

d'où  ils  passent  progressivement  dans  la  graine,  à  mesure  que  la  maturité 
s'avance. 

»  La  production  du  Colza  intéresse  tout  particulièrement  le  départe- 
ment du  Calvados,  non  seulement  à  cause  des  bénéfices  qu'elle  procure, 
mais  encore  par  l'heureuse  influence  qu'elle  exerce  sur  le  rendement  des 
céréales;  nous  avons  donc  cherché  à  compléter  les  importants  travaux  de 
Physiologie  végétale  que  nous  venons  de  citer  par  une  étude  de  la  culture 
rationnelle  de  cette  plante. 

»  Notre  travail  se  divise  en  deux  parties  :  la  première  comprend  l'étude 
des  exigences  élémentaires  de  la  plante  croissant  dans  un  terrain  ordinaire  ; 
la  deuxième  l'étude  des  engrais  les  plus  favorables  à  sa  végétation  et  les 
plus  capables  d'en  augmenter  les  rendements  en  produits  utiles.  Nous  ne 
communiquerons  ici  que  le  résumé  de  la  première  partie  dont  les  détails 
sont  publiés  ailleurs  (  '  ). 

»  Le  premier  point  à  établir  était  l'appauvrissement  du  sol  pour  une  ré- 
colte ordinaire. 

»  Nous  avons  choisi  une  graine  de  Colza  type  appartenant  à  la  variété 
la  plus  répandue  dans  le  Calvados.  Cette  graine  a  été  analysée,  puis  semée 
dans  un  terrain  de  composition  connue. 

»  Dès  le  mois  de  février,  la  plante  commençant  à  végéter,  nous  préle- 
vâmes de  mois  en  mois  un  échantillon  dont  la  composition  chimique  fut 
déterminée  par  l'analyse  particulière  des  racines,  des  tiges  et  des  feuilles. 

»  L'examen  de  la  composition  centésimale  des  différentes  parties  du 
Colza  permet  de  conclure  cpie,  pendant  la  période  de  végétation  comprise 
entre  le  commencement  de  février  et  le  28  juin,  maturité  complète  : 

»  i°  La  quantité  d'azote  pour  100  décroît  d'une  manière  continue  dans 
les  racines  et  les  tiges,  tandis  qu'elle  augmente  dans  les  feuilles; 

»  20  L'acide  phosphorique  va  également  en  décroissant  d'une  manière 
continue  dans  les  racines  et  les  tiges,  tandis  que,  dans  les  feuilles,  il  passe 
par  son  maximum  vers  le  8  juin  ; 

»  3°  La  potasse,  qui  va  sans  cesse  en  diminuant  dans  les  racines  et  les 
feuilles,  reste,  au  contraire,  presque  stationnairedans  la  tige; 

»  4°  Ija  chaux  va  constamment  en  augmentant  dans  chacune  des  parties 
de  la  plante  jusqu'au  8  juin,  époque  à  laquelle  elle  passe  par  son  maximum; 

»  5°  La  magnésie,  comme  la  chaux,  augmente  d'une  façon  continue 
dans  chaque  partie  de  la  plante. 

(')   Annales  agronomiques. 


(  9°5  ) 

«  Ces  conclusions  sont  conformes  à  celles  que  M.  Is.  Pierre  avait  dé- 
duites de  son  travail;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  pour  les  nombres  qui 
diffèrent  sensiblement.  Ce  fait  s'explique  aisément  par  le  perfectionnement 
des  procédés  de  culture  et  par  la  différence  des  conditions  climatériques. 

»  En  même  temps  que  la  composition  centésimale  des  diverses  parties 
de  la  plante,  nous  avons  déterminé  la  quantité  de  substance  sèche  que 
chacune  d'elles  fournit  ;  nous  avons  obtenu  ainsi  les  éléments  nécessaires 
au  calcul  des  quantités  de  matières  fertilisantes  enlevées  à  l'hectare. 

»  On  trouve  ainsi  que,  si  la  quantité  centésimale  de  ces  matières  va 
constamment  en  diminuant  dans  la  plante,  du  i3  février  au  28  juin,  la 
quantité  totale  enlevée  à  l'hectare  par  la  récolte,  va  sans  cesse  en  crois- 
sant. Les  courbes  représentatives  de  ces  résultats  ne  laissent  aucun  doute 
à  cet  égard,  et  nous  permettent  encore  de  constater  que,  par  ordre  dé- 
croissant d'importance,  le  colza  prélève  sur  le  sol  :  la  chaux,  la  potasse, 
l'azote,  l'acide  phosphorique,  la  magnésie. 

»   L'appauvrissement  du  sol,  néanmoins,  ne  suit  pas  le  même  ordre  ;  il 

résulte  nécessairement  du  rapport  qui  existe  entre  la  quantité  d'éléments 

fertilisants  enlevés  par  l'exportation  des  produits  de  la  récolte  et  la  quan- 

•  lité  de  ces  mêmes  éléments,  contenus  dans  le  sol  avant  qu'on  lui  confie  la 

plante. 

»  Dans  notre  région,  toute  la  récolte,  sauf  les  feuilles,  est  exportée  du 
domaine.  Or,  notre  échantillon  du  28  juin  étant  entièrement  dépouillé  de 
ses  feuilles,  on  peut  donc  admettre  qu'il  représente  la  somme  des  élé- 
ments fertilisants  exportés. 

»  En  rapportant  ces  quantités  à  celles  que  contenait  le  sol,  on  trouve 
que  le  colza  a  enlevé  : 

Acide  phosphorique  primitivement  contenu  dans  le  so.  .  .1.  -^ 

Azote  »  .  js 

Potasse  »  .  Jg 

Magnésie  »  .  ■£, 

Chau\  »  .  j-|y 

»  Il  résulte  des  observations  précédentes  que  le  colza  appauvrit  surtout 
le  sol  en  acide  phosphorique,  azote,  potasse. 

»  Nous  ne  sommes  pas  surpris  de  voir  l'acide  phosphorique  occuper  le 
premier  rang  dans  ce  calcul,  car  cet  élément  fertilisant  est  exporté  en 
quantité  considérable  avec  le  squelette  des  nombreux  animaux  que  nourrit 
la  plaine  de  Caen. 


(  9°6  ) 
»   On  peut  donc,  sans  anticiper  sur  nos  recherches  ultérieures,  attribuer 
à  l'acide  phosphorique  une  importance  considérable  dans  la  composition 
des  engrais  destinés  à  la  culture  du  colza  dans  le  département  du  Cal- 


vados.    » 


M.  J.-P.  Metzler  adresse  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  la  Lumière; 
le  Soleil  ». 

M.  E.  François  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Boussole  cadran  solaire  ». 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts.  M.  B. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  keçus  dans  la  séance  du  20  avril  1891. 

Leçons  sur  les  métaur professées  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris;  par 
Alfred  Ditte.  Premier  fascicule.   Paris,  Vve    Ch.    Dunod,   MDCCCXCI; 

1  vol.  in-4°- 

Paléontologie  française.  2e  série.  Végétaux.  Terrain  jurassique.  Livraisons 
45  et  46.  Types  proangiospermiques  et  supplément  final;  par  M.  le  marquis 
de  Saporta. 

Études  sur  le  terrain  houiller  de  Commentry.  Livre  premier  :  Lithologie  et 
stratigraphie.  Quatrième  partie;  par  MM.  de  Labnay  et  Stanislas  Meunier. 
Livre  deuxième.  Flore  fossile;  par  MM.  B.  Renault  et  R.  Zeiller.  Livre 
troisième  :  Faunes  ichtyologique  et  entomologique  ;  par  M.  Charles  Bron- 
gniart  et  M.  Emile  Sauvage.  Saint-Etienne,  Théolier  et  Cie,  1888-1890; 
3  vol.  gr.  in-8°  et  un  atlas.  (Présenté  par  M.  Daubrée.) 

Précis  d'hygiène  publique  ;  parle  Dr  Bedoin.  Paris,  J.-B.  Baillière  et  fils, 
1891;  1  vol.  in-16.  (Présenté  par  M.  le  baron  Larrey  et  renvoyé  au  con- 
cours Montyon,  Arts  insalubres.) 


(  9°7  ) 

Traite  pratique  du  pied  bot;  par  E.  Duval.  Paris,  J.-B.  Baillière  et  fils, 
1891  ;  1  vol.  in-8°.  (Renvoyé  au  concours  du  prix  Barbier.) 

Statistique  des  vaccinations  au  moyen  de  la  culture  atténuée  du  microbe  de 
la  fièvre  jaune,  pendant  le  paroxysme  épidémique  de  1889- 1890.  Cinquième 
statistique;  par  le  Dr  Domingos  Freire.  Berlin,  Druck  und  Verlag  von 
Imberg  und  Lefson,  1891  ;  br.  in-8°.  (Deux  exemplaires.) 

Recueil  zoologique  suisse;  publié  sous  la  direction  du  Dr  Hermann  Fol. 
Tome  cinquième  et  dernier.  N°  3,  sorti  de  presse  le  i5  décembre  1890.  Ge- 
nève-Bàle,  H.  Georg;  1  vol.  in-8°. 

La  réforme  monétaire  universelle  ;  par L.  Baillv.  Paris,  Gauthier-Villarset 
fils,  1890;  br.  in-8°. 

R.  Ufficio  geologico.  —  Memorie  descrittive  délia  carta  geologica  d'Italia. 
Vol.  VI  :  Osservationi  fatle  nella  colonia  Eritrea;  da  L.  Baldacci.  Roma,  Tipo- 
grafia  nazionale,  1891  ;  br.  gr.  in-8°. 

R.  Osservalorio  astronomico  di  Rrera  in  Milano.  —  Osservaziom  meteorolo- 
giche  eseguite  neU'anno  1890  col  riassunto  composto  sulle  medesime ;  da  E. 
Pini  ;  br.  in-4°- 

Die  Erndhrung  des  Menschen  und  seine  Nahrungs  und  Genussmittel ;  von 
Friedrich  Strohmer.  Wien,  1889,  Verlag  von  Cari  Graeser;  1  vol.  in-8°. 
(Présenté  par  M.  Dehérain.) 


ERRATA. 


(Séance  du  i3  avril  1891.) 

Note  de  M.  Ch.  Rlarez,  Influence  exercée  par  la  présence  des  sels  miné- 
raux neutres  de  potassium  : 

Page  810,  ligne  5,  au  lieu  de  fk,  lisez  yTv. 


N"  16. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance  du  20  avril  1891.) 


MEMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DÉS    MEMBHES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L' ACADÉMIE. 


Sur  quelque 


Pages, 
tonnées  ca- 


Pages. 


M.  Berthklot 
lorimétrique 

M.  L.  Friedel.  Sut  la  forme  cristalline 
et  sur  les  propriétés  optiques  de  la  nou- 
velle variété  cristallisée  de  soufre  de  M.  Kn 

?ei 

M.  de  Laçazé-Duthiehs.         Une  excursion 

.m  laboratoire  Vrago  et  à  Rosas  (Espagne). 

M.  !..  Ranvier.        De  l'endothélium  du  pé- 


830' 


i-itoine  ci  îles  modifications  qu'il  subit  dans 
l'inflammation  expérimentale j  comment  il 
faul  comprendre  la  guérison  des  plaies  par 

réunion  immédiate 

M.   le   Président  an ice  à   l'Académie  la 

perle  qu'elle  a  faite  dans  la  personn     di 

M.  Ledieu,  Corresj lant  | ■  la  Section 

<lr  Géographie  cl  de  Navigation,  décédé  à 
Toulon  le  17  avril   1X1)1 


NOMINATIONS. 


\i.  dr  Serpa  I'im'i  es(  élu  Correspondanï 
pour  la  Section  de  Géographie  el  Naviga- 
tion, en  remplacemenl    de  feu   M.  Pissis,     Kijh' 

Commission  chargée  de  présenter  une  ques 
tion  de  prix  Gaj  (Géographie  physique) 
pour  l'année  rSo3  :  MM.  Grandidier,  !:<>t< 
guet  de  la  Grye,  d'  Xbbadie^  A.  Milne- 
Edwnnîs,  Juj'ien  de  la  Grctvîère 

Commission  chargi  e  de  présenter  une  ques- 
tion 1I0  prix  Pourai  (Physiologie)  pour  l'an- 


née 1S93  :   MM.  Bouchard,    Wun  1  .   Hun- 
1  /  r,  Brown.~Sèquardi  Cliauveau 

Commissi îhargée  de  présenter  une  ques- 
tion de  Grand  prix  des  Sciences  physiques 
pour  l'année  1893  :  MM.  de  Quatrefages 
DucJiarire,  Daubrée,  Fiseau,  Fremy.. 

Commission  chargée  de  présenter  une  ques 
lion  de  prix  Damoiseau  pour  l'année  189.I 
MM.  Fu\c,  Tissi  rand,  II"//.  Lœwj  tJans- 
sen 


,S,h 


MEMOIRES  PRESENTES 


.M.  Folie  adresse  une  ■■  Note  sur  la  nutation 
initiale  de  Taxe  du  monde  et  un  résumé  des 


déterminations  obtenues  jusqu'ici 


COIUlESI>Oi\l>AXCE. 


M.  le  Secrétaire  pi  rpi  ruEi  présente  le  pre- 
mier volume  des  »  Leçons  sur  les  métaux 

publiées  par  M.  Ditte v'i7 

M.  le  SecrétaiRi  perpétuel  signale,  par- 
mi les  pièces  imprimées  de  ta  Correspon- 
dance, le  premier  numéro  pour  iNiii  du 
«  Journal  d'Histoire  des  Mathématiques 
publié  à  Stockholm,  par  M.  A'.  Enestrôm, 
et  trois  volumes  soi  le  terrain  houillcr 
de  1  lommentry *Î7 

Le  Comité  hongrois  du  second  Congrès  or- 
nithologique  international  informe  l'Aca- 
démie qne  le  Congrès  se  réunira  à  Buda- 
pest le  17  mai  prochain 847 

M.  le  Maire  de  la  ville  de  Dax  invile  l'A- 
cadémie à  se  faire  représenter  à  l'inaugu- 
ration de  la  stator  de  Borda,  ijiii  aura  lien 
le  >'|  mai 847 

M.  G.  ISigoukdan.  -  Nébuleuses  nouvelles 
découvertes  à  l'Observatoire  de-  Paris  .  ...     848 

M.  L.  Raffy.  Sur  la  déformation  des  sur- 
faces spirales 85o 

M.  Rave.ui.  —  Sur  la  théorie  de  la  lumière,     s  i3 

M.    Georges    Lemoine.     -    Dissociati lu 

bromhydrate    d'amylène   sous   de   faihles 
pressions 55  ï 

M.  G.  André.  —  Sur  la  préparation  el  la 
réaction  des  chlorures  ammoniacaux  de 
mercure - 85q 


M.  Guntz.  —  Sur  les  sels  de  sous-oxyde  d'ar- 
gent    

M.   Paul   Sabatiek.         Sur   le   sulfure  de 

bore 

VI.  Paul  s  lis  un  ti.       Sur  l'hj  drogéne  bore 
VI.  Ensel.  —  Sur  deux   nouveaux  états  du 

soufre 

VI.   I.  \  11.1.1:.  —    Vction  <!<■  l'urée  soi    l'acide 

siilfanilique 

M.  O.  Denioès.   —  Nouvelles  combinaisons 

obtenues  avec  les  sulfites   métalliques  el 

les  a  mi  mis  aromatiques ' 

M.  Léo  Vibnon.        Dosage  de-  l'acétone  dans 

des  ah  <"ds  dénaturés 

MM.  \.ct  P:  Buisine.       Sur  l'épuration  des 

eaux  industrielles     1  des  eaux  d'égout... 
M.  Hermann  Fol.  —  Contribution  à  l'étude 

de  la  fécondation 

M.  Frédéric  Guitel.       Sur  les  organes  gus- 

tatifs  de  la  Baudroie  1  A.  piscatorius). .. 
M.    Et.    Jqurdan.  L'innervation    de    la 

trompe  des  1  ilycères      

M.  Georges  Pouchet.       Sur  une  mélanine 

artificielle 

M.  Charles  Henri.       Recherches  nouvelles 

d'olfaeloméli  ic 

M.   Henri   Jumelle.    —   L'assimilation   chez 

les  Lichens 

M.  Pierre  Lesage.  —  Influence  de  la  salure 


N-.i 
S-- 

8/9 

88  ■ 

ss; 

sss 


iY  16. 

SUITE  DE   LA  TABLE   DES  ARTICLES. 


Pages. 

sur  la  quantité  de  l'amidon  contenu  dans 
les  organes  végétatifs  du  Lepidium  sati- 
vum 8gj 

M.  Prillieux. —  Le  seigle  enivrant 8tf^ 

MM.  A.  r> i: i  Bi  i  'i  i  el  !..  Li  say.  —  Sur  la 
découverte  dune  source  au  fond  du  lac 
d1  Annecy S07 

M.  J.  Renaud.  —  Sur  les  sondages  exécutée 
dans  le  Pas-de-Calais  en  1890 8g8 

Bulletin  bibliogimphioi'e 


l'age- 


M.  P.  Termier.  —  Sur  les  terrains  méta- 
morphiques des  Alpes  de  Savoie 

MM.  E.  Louise  et  E.  Picard.  —  Contribu- 
tion à  l'élude  de  la  culture  du  colza 

M.  J.-P.  Metzler  adresse  un  Mémoire  ayanl 
pour  titre  :  «  la  Lumière;  le  Soleil  » 

M.  E.  François  adresse  une  Note  intitulée  : 
«  Boussole  cadran  solaire  •■ 




(,0fi 

I  II  16 

006 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLARS  ET  FILS, 
Quai  des  Grands-Xugusiins,  55. 


1891 

$A1Q  PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES  ,q,-n 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.  EES  SECRÉTAIRES  PERPETUELS. 


TOME  CXII. 


N°17  (27  Avril  1891 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS    UT  FILS,  IMPRIMEUKS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Oiai  des  Grands-Augustins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopte  dans  les  séances  des  2.3  juin  1862  et  a4  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
[Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 
ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca-. 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  XeCompte  rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant, et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 
Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  27  AVRIL    1891. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  de  l'extrait  suivant  du  testa- 
ment de  M.  Cahours. 

«  J'ai  fréquemment  eu  l'occasion  de  constater,  dans  le  cours  de  ma 
carrière  scientifique,  que  des  jeunes  gens  fort  distingués  et  doués  d'une 
vocation  réelle  pour  les  Sciences  se  voyaient  obligés  de  les  abandonner, 
faute  d'avoir  trouvé,  à  leur  début,  un  secours  efficace  qui  leur  eût  permis 
de  subvenir  aux  premières  nécessités  de  la  vie  et  de  pouvoir  s'adonner  ex- 
clusivement aux  études  scientifiques. 

»  Dans  le  but  d'encourager  de  jeunes  travailleurs  qui,  faute  de  res- 
sources suffisantes,  se  trouvent  dans  l'impuissance  de  terminer  des  travaux 
en  cours  d'exécution  et  en  souvenir  de  mes  bien-aimés  enfants  qui,  eux 

C.  R.,  1S91,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  17.)  1  I<) 


(  9IQ  ) 
aussi,  entraient  dans  la  voie  scientifique  au  moment  où  la  mort  est  venue 
me  les  prendre,  je  lègue  à  l'Académie  des  Sciences,  qui  m'a  fait  l'honneur 
de  m'admettre  dans  son  sein,  une  somme  de  cent  mille  francs. 

»  Je  désire  que  les  intérêts  de  cette  somme  soient  distribués  chaque 
année  à  titre  d'encouragement  à  des  jeunes  gens  qui  se  seront  déjà  fait 
connaître  par  quelques  travaux  intéressants,  et  plus  particulièrement  par 
des  recherches  de  Chimie. 

»  Pour  assurer  cette  préférence,  indépendamment  de  la  recommanda- 
tion expresse  que  j'en  fais  ici  à  mes  successeurs,  je  veux  que,  pendant  au 
moins  vingt-cinq  ans  après  l'entrée  en  jouissance  de  l'Académie,  trois 
membres  au  moins  de  la  Section  de  Chimie  fassent  partie,  chaque  année, 
d'une  Commission  de  cinq  membres  chargés  par  l'Académie  de  distribuer  le 
prix.  J'exprime  en  outre  ici  le  désir  formel  que  ce  choix  porte,  autant  que 
possible,  sur  des  jeunes  gens  sans  fortune  n'ayant  pas  de  places  salariées 
et  qui,  faute  d'une  situation  suffisante,  se  trouveraient  hors  d'étatde  pour- 
suivre leurs  recherches. 

»  Ces  encouragements  pécuniaires  pourront  être  donnés  pendant  plu- 
sieurs années  aux  mêmes  jeunes  gens,  si  la  Commission  reconnaît  que  leurs 
productions  aient  une  valeur  qui  leur  permette  d'obtenir  cette  faveur. 

»  Néanmoins,  pour  faire  participer  le  plus  grand  nombre  de  jeunes  tra- 
vailleurs au  legs  que  j'institue,  je  désire  que  les  encouragements  cessent  à 
partir  du  jour  où  les  jeunes  savants  qui  en  ont  joui  obtiendraient  des  posi- 
tions suffisamment  rémunérées.  » 


Remarques  à  l'occasion  du  legs  de  M.  Cahours;  par  M.  J.  Janssen. 

ce  Le  legs  qui  vient  d'être  fait  à  l'Académie,  par  notre  si  éminent  et  si 
regretté  Confrère,  me  paraît  avoir  une  portée  considérable,  non  seule- 
ment par  son  importance,  mais  surtout  par  la  voie  qu'il  ouvre  et  l'exemple 
qu'il  donne  à  tous  ceux  qui  désormais  voudront  encourager  les  Sciences 
par  leurs  libéralités. 

»  M.  Cahours,  qu'un  jugement  sûr  et  une  longue  expérience  avaient  mis 
à  même  de  connaître  les  plus  urgentes  nécessités  de  la  Science,  était 
arrivé,  comme  la  plupart  d'entre  nous,  à  sentir  la  nécessité  d'introduire 
une  forme  nouvelle  dans  l'institution  des  récompenses  scientifiques. 

»  Nos  prix  continueront  toujours  à  répondre  à  un  grand  et  noble  be- 
soin; leur  valeur,  la  difficulté  de  les  obtenir,  l'éclat  qu'ils  tirent  de  l'illus" 


(  9"   ) 
tration  du  corps  qui  les  décerne  en  fei-ont  toujours  les  plus  hautes  et  les 
plus  enviées  des  récompenses. 

»  Mais  la  valeur  même  des  travaux  qu'il  faut  produire  pour  y  prétendre 
en  interdit  la  recherche  aux  débutants.  C'est  un  tournoi  qui  n'est  acces- 
sible qu'aux  talents  mûris  et  formes. 

»  Or,  derrière  ces  savants  qui  ont  déjà  le  pied  assuré  dans  la  carrière, 
il  y  a  tous  les  jeunes  gens  doués  de  précieuses  aptitudes,  poussés  par  leur 
goût  pour  la  Science  pure,  mais  détournés  trop  souvent  de  cette  carrière 
enviée  par  les  difficultés  de  l'existence  et  prenant  à  regret  une  direction 
donnant  des  résultats  plus  immédiats.  Et  cependant,  parmi  eux,  combien 
de  talents  en  germes  qui,  bien  cultivés,  eussent  fait  l'honneur  et  la  force 
de  la  Science  ! 

»  Il  faut  bien  le  dire,  c'est  au  sortir  des  études  que  se  trouvent  les  plus 
difficiles  épreuves  pour  ceux  qui  veulent  se  vouer  à  la  Science  pure,  et  ces 
difficultés  augmentent  tous  les  jours  par  la  marche  si  rapidement  ascen- 
dante des  exigences  de  la  vie. 

»  Il  faut  porter  un  prompt  remède  à  cet  état  de  choses,  si  l'on  ne  veut 
voir  tarir,  dans  ses  sources  mêmes,  le  recrutement  delà  haute  Science. 

»  Cette  vérité,  du  reste,  commence  à  être  généralement  sentie.  Le  Gou- 
vernement a  déjà  créé  des  institutions,  des  bourses,  des  encouragements, 
qui  répondent  en  partie  à  ce  besoin.  De  généreux  donateurs  sont  en- 
trés également  dans  cette  voie.  Je  citerai  notamment  la  noble  fondation 
de"M"e  Dosne  qui  fait  élever  en  ce  moment  un  hôtel  où  des  jeunes  gens, 
ayant  montré  des  aptitudes  distinguées  pour  la  haute  Administration,  le 
Barreau,  l'Histoire,  recevront,  pendant  trois  années,  tous  les  moyens  de 
poursuivre  de  hautes  et  paisibles  études. 

»  Disons  donc  bien  haut,  et,  en  parlant  ainsi,  nous  ne  sommes  que  le 
faible  écho  des  plus  illustres  Membres  de  l'Académie,  disons  que  c'est  en 
suivant  la  voie  si  noblement  ouverte  par  Cahours  qu'on  servira  le  plus 
efficacement  les  intérêts  et  l'avenir  de  la  Science.  » 


PHYSIQUE   MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  expressions  des  pressions  clans  un  corps 
élastique  homogène;  par  M.  H.  Resal. 

«  Je  rappellerai  que,  en  1832,  Lamé  est  parvenu,  par  une  notion  pré- 
maturée sur  la  traction  et  la  torsion  et  par  une  transformation  de  coor- 
données, à  réduire  de  3G  à  1  le  nombre  des  coefficients  qui  entrentdans  les 


(  gi2  ) 
expressions  dont  il  s'agit.   En  i85G,  de  Saint-Venant  est  arrivé  au  même 
résultat  d'une  manière  plus  simple,  par  la  considération  des  plans  et  axes 
d'élasticité. 

»   Je  propose  de  substituer  à  l'une  ou  l'autre  de  ces  méthodes  la  sui- 
vante, qui  me  parait  plus  courte  et  plus  satisfaisante. 

»  Soient  mx,  my,  mz-  trois  axes  rectangulaires  quelconques  partant  d'un 
point  d'un  corps  élastique  à  l'état  naturel  : 

(  i  )  pxz  =  A  \  4-  B  o,  -t-  C  %z  4-  D  yEy  4-  E  Tx3  +  F  y,y , 

Pxy=  A'BZ+  B'^-f-C'^  +  D'yzy  +  E'ïxz  +  F'ïxr 

Comme  mx,  my,  mz  sont  des  axes  de  symétrie  moléculaire,  on  obtient,  par 
des  permutations  de  lettres,  en  remarquant  que  y.-  =  o, 

(V)  Pn  =  B&Œ  4-  A\  4-  Clz  4-  Ey„  H-  DTxz  4-  Fy.r, 

pxz  =  A.%  4-  C%  4-  B%  4-  F'yxz  H-  E'y,,v, 
pMJ  =  G  K  +  K%  +  i%  -h  F'y,,  4-  D'y.o . 
»   Si  l'on  remonte  maintenant  àe  px:,  p:,  3Lpxr,  on  trouve 
pXi  =  h.%  4-  B%  4-  CL  4-  E'Tm  +  F'y^, 

Pxy  = +  D1V  +•  F'ï*r 

»   De  la  comparaison  entre  les  trois  expressions  ci-dessus  de  pxy,  on 
conclut  que  D'  =  o,  E'  =  o,  et  alors  on  a  simplement 

I  Pxy  -  A%  4-  B'o,  +  C'K  +  F'y^-, 

(2)  UI2=A'UC'^  +  B\  +  F'ÏW) 

(  ^  =  C'S,  4-  A'^  4-  B'&_-  4-  F'y,s. 

»   Soit  mx'  une  droite   quelconque  tracée  dans   le  plan  xmy,  faisant 
l'angle  a  avec  mx;  on  sait  que 

(  /?xV  =  /«.r*cos2oi  +-p}.3  sia-y.  +  pX)  sin2x, 
(a)  !  ^,r  =  i  (/>„■  -  /»«,)  sin  2  y.  4-  /^  cos  2  *, 

|  ^.,_  =^r;:cosa  4-/>,-sina. 

0,.    =  B^cos2*  4-  8rsin2a  4-  ^y^  sin  2a, 
By    =  Sx  sin2  «  +  5,  cos2  a  —  ^yXJ  sin  2  a, 
(2>)  |  y^y  =  (h  ~  K)  sin  2  a  +  Y**  cos  2a, 

Y«'«  =       yj:cos«4-y/:sina, 

-y.  =  —  yr.  sin  a  4-  y_,s  cos  a. 


(  9*3  ) 
»   Comme  mx'  est  un  axe  de  symétrie,  la  pression  pxxdoil  s'exprimer  au 
moyen  de  l'équation  (i)  en  accentuant  x,  y,  puis  remplaçant  les  dilata- 
tions et  glissements  par  leurs  valeurs  (b).  Si  l'on  identifie  l'expression 
ainsi  obtenue  à  celle  des  formules  (a),  on  aura,  en  ayant  égard  à  (i), 

A(<\,.  cos2?.  -t-  $y  sin2  a.  +  ~  •;.,.,.  sin  2a) 

-I-  B  (ùx  sin2  a  -f-  ôj,  cos2  a  —  ~  yxy  sin  2  x)  -t-  C  8- 
-f-  D(—  yxs  sina  +  7^  COSa) 

-4-  E(yr-cosa  +  y,;siny.)-+-F[(<\,  —  §x)  sin 2a  -t-  yXJ  cos 2 a] 
=  (A  cos2  a.  -I-  Bsin2a)  S, 

-4-  (B  cos2 a  -+-  A  sin2  se)  Sv  -f-  C  &,+  (D  cos2a  -H  E  sin2x)y,.z 

-I-  (  E  cos2  a.  ■+•  D  sin*  a  )  y ,  3 

-    F  y.o  +  (  V  ï-r  ■+"  B'  *..  +  C'  ^  "  F'  T-  ) sin  2  *■ 

»   Si  l'on  identifie  les  coefficients  des  dilatations  et  glissements  sembla 
blés,  quel  que  soit  a,  on  obtient 

(        A  =  B  +  2F\  D  =  o,         E  =  o. 

(C) 

I  F  =  o,  A'=o,  B  =0,         C  =0. 

»   En  ayant  égard  à  ces  valeurs,  les  conditions  relatives  à  pxy,  pxz  de- 
viennent des  identités.  On  a  donc 

Pxy  =  F"Y*J  -  #w  =  F'y**'  />.vz  =  F'ï^  • 

»   Si  dans  les  deux  premières  de  ces  expressions,  on  change  respective- 
ment x,  y  en  z,  et  qu'on  identifie  les  deux  valeurs  obtenues  pour  pzz  on 

obtient 

C  =  B. 

En  faisant  A  =  èx-+-  S, -4-  \,  B  =  —  a,  F'  =  -  [a,  on  retrouve  les  formules 
connues 

'    l'ry  —         \J-  ixy 

»   On  peut  s'assurer,  ainsi  qu'il  suit,  que  ces  formules   sont  indépen- 


(  9i4  ) 
dantes  de  l'orientation  des  axes  coordonnés.  Soient  en  effet  mx' ,  my' ' , 
mz'  trois  nouveaux  axes  rectangulaires.  D'après  notre  manière  d'opérer, 
on  peut  amener  le  plan  zmx,  en  le  faisant  tourner  autour  de  mz,  à  coïn- 
cider avec  le  plan  zmx' .  En  faisant  tourner  le  plan  ymx  autour  du  nouvel 
axe  my,  on  fera  coïncider  mx  avec  mx  .  Enfin  un  déplacement  rotatoire 
autour  de  mx'  ramènera  l'axe  my  à  coïncider  avec  my.  » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  théorie  de  l'élasticité. 
Note  de  M.  H.  Poixcaré. 

«  Dans  le  tome  XIII  du  Bulletin  des  Sciences  mathématiques,  M.  Brillouin 
a  rendu  compte  de  mon  ouvrage  sur  la  Théorie  mathématique  de  la  lumière; 
dans  cette  analyse,  d'ailleurs  très  bienveillante  et  dont  je  le  remercie, 
il  m'adresse  quelques  critiques  de  détail  auxquelles  je  désirerais  répon 
dre.  Je  ne  l'ai  pas  fait  plus  tôt,  parce  qu'elles  méritaient  un  examen  ap- 
profondi et  que  j'étais  distrait  par  d'autres  travaux.  La  plus  importante 
de  ces  critiques  se  trouve  à  la  page  196  du  Bulletin  et  se  rapporte  à  ce  que 
j'ai  dit  de  la  polarisation  par  diffraction.  Je  n'y  reviendrai  pas,  parce  qu'il 
me  semble  que  mes  Notes  récentes  sur  les  expériences  de  M.  Wiener 
ont  suffisamment  éclairci  le  malentendu  sur  lequel  elle  repose  et  que  la 
concision  de  ma  première  rédaction  avait  pu  faire  naître. 

»  Mais  il  est  une  autre  critique  que  je  ne  puis  laisser  sans  réponse.  Pour 
faire  rentrer  certaines  théories  optiques  de  la  double  réfraction,  telles  que 
celles  de  Cauchy  et  de  Fresnel,  dans  les  cadres  de  la  théorie  générale  de 
l'élasticité,  j'ai  dû  élargir  un  peu  ces  cadres  et  généraliser  les  conceptions 
de  Lamé.  J'ai  écrit  la  fonction  fondamentale  qui  définit  l'élasticité  d'un 
corps  et  que  j'ai  désignée  par  W2  avec  27  coefficients  arbitraires  au  lieu 
de  21.  M.  Brillouin  conteste  la  légitimité  de  cette  extension  (notes  des 
p.  176  et  189),  parce  que  la  pression  Pry  ne  serait  plus  égale  à  la  pression 
Vyx,  ce  qui  rendrait  impossible  l'équilibre  du  corps  élastique. 

»  C'est  là  une  erreur  que  j'ai  quelque  temps  partagée,  mais  qu'il  est 
aisé  de  rectifier.  J'adopterai  les  notations  que  j'ai  employées  dans  ma 
Théorie  mathématique  de  la  lumière  et  qu'il  est  inutile  de  rappeler  ici,  puis- 
que aussi  bien  la  présente  Note  ne  pourra  intéresser  que  les  personnes  qui 
ont  lu  cet  ouvrage  et  l'analyse  de  M.  Brillouin. 

»   On  peut  être  tenté  de  croire  que 

cPN  ,  r/W  j  dW  , 

—   -  ,r.    i/o),       —   -j—rdiù,       —   -=7-  diù 
d{c  d^  dlx 


(  9l5  ) 
sont  les  trois  composantes  de  la  pression  qui  s'exerce  sur  un  élément  de 
surface  rfto  orienté  perpendiculairement  à  l'axe  des  x.  Ce  sont,  en  réalité, 
les  trois  composantes  de  la  pression  qui  s'exerce  sur  un  élément  de  surface 
qui,  avant  la  déformation,  avait  pour  aire  do,  et  était  perpendiculaire  à  l'axe 
des  x.  Cet  élément,  quand  la  déformation  a  eu  lieu,  ne  conserve  pas  son 
aire  et  son  orientation,  et  ses  projections  sur  les  trois  axes  deviennent  (en 
négligeant,  bien  entendu,  les  carrés  de  l,  •/),  '() 


(/u(i  +  m'  -4-  Q,      —  dtù\' ,      —  dt 


coE: 


Si  donc  nous  appelons 


¥xxdu,     PVJ,rAo,     Pza!d< 


or 


les  trois  composantes  de  la  pression  qui  s'exerce  sur  un  élément  qui,  après 
la  déformation,  se  trouve  avoir  pour  aire  du,  et  être  orienté  normalement 
à  l'axe  des  x,  on  devra  avoir 


m-  =  -  p„(i  h-  „;+£)  +  p^+p«ç;. 


(') 


(g  =  -prœ(i  +  v,;+Q  +  py^;+p^: 


et  non  pas  ^7-  =  —  P*.,. 


»   Il  est  aisé  de  calculer  les  valeurs  de  -wr,  -r-r,  ...  et  celles  de  Pxx, 

'l-.r         <<',  , 
P 

»  On  voit  alors  que  les  conditions  (i)  sont  remplies  en  négligeant  les 
carrés  des  ç,  et  que  l'on  a 

P     —  P 

»  L'objection  de  M.  Brillouin  se  trouve  ainsi  écartée.  J'ai  cependant  un 
mot  à  ajouter  :  M.  Brillouin  fait  observer  que  les  termes  additionnels  que 
j'introduis  devraient  exercer  une  influence  sur  la  stabilité  de  l'équilibre, 
et  que  cependant  ils  disparaissent  des  équations  définitives  du  mouvement. 
Cela  n'est  pas  tout  à  fait  exact.  La  condition  nécessaire  et  suffisante  de  la 
stabilité  n'est  pas  que  la  forme  quadratique  W2  soit  définie  et  négative.  Il 
faut,  en  effet,  dans  la  recherche  de  cette  condition,  tenir  compte  du  tra- 
vail des  pressions  extérieures;  on  voit  ainsi  que,  au  moins  pour  les  corps 
isotropes,  nos  termes  additionnels  ne  doivent  pas  intervenir.    » 


(  9'6  ) 


CHIMIE  VÉGÉTALE.   —    Recherches  sur  les  substances  humiques, 
par  MM.  Berthelot  et  G.  André. 

«  La  terre  végétale  est  constituée  par  l'association  de  divers  composés 
minéraux,  tels  que  silicates,  sels  d'alumine,  carbonate  de  chaux,  etc., 
avec  des  composés  organiques  bruns,  appartenant  à  la  famille  des  corps 
humiques,  et  qui  jouent  un  rôle  essentiel  dans  la  fertilité  du  sol  et  dans  la 
végétation.  Toutefois  ce  rôle  a  été  jusqu'ici  plutôt  constaté  par  l'observa- 
tion des  praticiens  que  défini  et  analysé  par  l'expérimentation  des  savants: 
c'est  une  des  grandes  inconnues  de  l'agriculture. 

»  Non  seulement  ces  composés,  ou  plutôt  les  produits  de  leur  transfor- 
mation, jouent  un  rôle  essentiel  dans  la  nutrition  des  plantes  et  spéciale- 
ment dans  la  circulation  des  produits  azotés;  mais  ils  concourent  dans  une 
certaine  mesure  à  l'aptitude  du  sol  à  retenir  certains  sels  minéraux  et  à 
les  conserver  en  réserve,  malgré  l'action  dissolvante  de  l'eau  qui  traverse 
les  terrains  :  aptitude  résumée  par  le  mot  mal  défini  de  pouvoir  absor- 
bant ('). 

»  Quel  que  soit  l'intérêt  agricole  que  présentent  les  matières  humiques, 
les  chimistes  paraissent  avoir  été  rebutés  par  leur  fixité,  leur  insolubilité, 
leur  nature  incristallisable.  Il  n'est  guère  possible,  dans  l'état  présent  de 
nos  connaissances,  de  les  représenter  par  ces  formules  de  constitution  qui 
préoccupent  tant  les  savants  livrés  à  la  Chimie  organique.  Cependant,  leur 
étude  présente  des  problèmes  non  moins  intéressants  au  point  de  vue 
général  de  la  végétation  et  de  la  Mécanique  chimique,  en  raison  des  phé- 
nomènes d'hydratation  et  de  déshydratation,  de  condensation  moléculaire, 
de  transformation  de  corps  colloïdaux,  qui  s'y  présentent.  On  aperçoit 
même  dans  ces  transformations,  ainsi  qu'il  sera  dit  ultérieurement,  quel- 
ques-uns des  mécanismes  physiologiques,  en  vertu  desquels  peut  se  pro- 
duire l'emmagasinement  des  énergies  extérieures  qui  préside  à  la  vie 
végétale. 

»  Telles  sont  les  raisons  qui  nous  ont  engagés  à  entreprendre  l'étude 
méthodique  des  matières  humiques,  dérivées  des  hydrates  de  carbone. 


(')  Ce  pouvoir  dépend  aussi  des  silicates  basiques,  étudiés  surtout  par  M.  van  Beni- 
melen,  dans  des  travaux  très  bien  faits,  publiés  de  1877  à  188S  dans  les  handw. 
Versuch.  Stationen,   et  qui  paraissent  presque  inconnus  en  France. 


(  9[7  ) 
Nous  avions  examine  d'abord  celles  qui  sont  contenues  dans  la  terre 
végétale;  mais  elles  sont  complexes,  azotées,  d'origine  incertaine,  et  il 
nous  a  paru  opportun  de  nous  attacher  d'abord  à  des  matières  humiques 
formées  artificiellement  au  moyen  de  principes  bien  définis,  par  des  pro- 
cédés connus,  et  renfermant  seulement  du  carbone,  de  l'hydrogène  et  de 


oxygène. 


»  Nous  parlerons  seulement  aujourd'hui  de  la  matière  obtenue  au  moyen 
du  sucre  de  canne  et  désignée  sous  les  noms  d'ulmine  et  d'acide  ulmique. 
Elle  a  été  étudiée  successivement  par  Boullay,  par  Malaguti  et  par  Mulder. 
Mais  la  formation  de  sels  de  potasse  insolubles  parait  avoir  été  méconnue 
dans  certains  cas,  ces  sels  étant  pris  par  erreur  dans  les  analyses  pour  des 
principes  neutres  exempts  d'alcali,  qui  auraient  été  séparés  par  la  potasse 
de  principes  acides,  solubles  dans  cet  alcali.  Les  phénomènes  que  nous 
avons  observés  nous  paraissent  susceptibles  d'une  interprétation  toute 
différente  et  que  nous  croyons  utile  de  présenter  d'abord,  pour  plus  de 
clarté. 

»  Le  composé  brun  et  insoluble,  formé  par  l'action  de  l'acide  chlorhv- 
drique  sur  le  sucre,  doit  être  regardé  comme  un  anhydride  condensé  (ou 
un  mélange  de  plusieurs  anhydrides),  dérivé  de  certains  acides  qui  résul- 
tent de  la  métamorphose  du  sucre.  Sous  l'influence  des  alcalis  étendus,  cet 
anhydride  se  gonfle  à  la  façon  des  colloïdes,  et  il  s'établit  un  équilibre, 
donnant  lieu  à  la  fois  à  une  faible  quantité  de  sels  basiques  solubles,  et 
même  à  des  sels  dérivés  d'acides  plus  hydratés  que  le  corps  primitif,  et  à 
des  sels  insolubles  qui  forment  le  produit  principal.  L'insolubilité  de 
ces  derniers  est  telle  qu'ils  peuvent  enlever  à  l'eau  la  potasse  ou  la 
soude  qu'elle  renferme,  presque  en  totalité.  Il  existe  deux  séries  de  sels 
de  cette  espèce  :  les  uns,  formés  dans  les  liqueurs  alcalines  concentrées, 
contiennent  une  dose  équivalente"  d'alcali  sensiblement  triple  du  sel  qui 
résiste  aux  lavages  et  demeure  définitivement. 

»  Ce  dernier  sel  insoluble  est  décomposé  complètement  par  l'acide 
chlorhydrique  étendu  en  excès,  qui  lui  enlève  la  totalité  de  sa  potasse. 
Cependant,  si  l'on  met  l'anhydride  brun  initial  en  présence  d'une  solution 
de  chlorure  de  potassium,  il  décompose  une  trace  de  ce  sel,  en  déplaçant 
de  l'acide  chlorhydrique,  qui  rend  les  liqueurs  acides.  Avec  roo^1'  d'anhy- 
dride humique  et  une  solution  contenant  4  centièmes  de  chlorure  de  po- 
tassium, on  a  trouvé,  après  quatre  jours  de  contact  à  froid,  o&,  \l\  d'acide 
chlorhydrique  libre;  à  100"  :  oe',32. 

»  La  soude,  la  baryte,  la  chaux  se  comportent  à   peu  près  comme  la 

G.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXU,  N°   17.)  I  20 


(9'»  ) 
potasse.  Quant  à  l'ammoniaque,  elle  forme  des  sels  amidés,  conformément 
à  son  action  connue  sur  les  anhydrides  d'acides  polybasiques. 

»  Entrons  maintenant  dans  le  détail  des  faits,  ou  plus  exactement  ré- 
sumons les  plus  importants. 

»  1.  i  5oogr  de  sucre  de  canne,  dissous  dans  l'eau  et  portés  à  l'ébulli- 
tion  avec  de  l'acide  chlorhydrique  pur  et  concentré,  ont  fourni,  après  la- 
vages prolongés  à  l'eau  bouillante,  236gr  de  matière.  Cette  matière,  séchée 
à  ioo°,  renfermait  : 

C 66,4: 

H 4,5; 

0 29,02 

ni  cendres  ni  chlore  retenus. 

»  Dans  une  autre  préparation  séchée  à  1000,  on  a  obtenu  C  =  63, 91, 
H  =  4,58,  0  =  3i,5i. 

»  La  composition  n'est  pas  fixe,  parce  que  le  degré  de  déshydratation  du 
composé  varie  avec  l'intensité  de  l'action  de  l'acide  chlorhydrique.  Les 
premiers  chiffres  conduiraient  à  la  formule  C31' H' '  O12;  les  seconds  à  la 
même  formule  augmentée  d'une  certaine  dose  d'eau  un  peu  inférieure  à 
1  molécule  :  soit  C36H,C0'4.  C'est  à  cette  dernière  formule  que  répond 
aussi  l'acide  brun,  tel  qu'on  l'obtient  ensuite  en  le  séparant  de  ses  sels 
alcalins  à  froid,  par  l'action  d'un  excès  d'acide  chlorhydrique.  L'équiva- 
lent de  ces  corps  est  déterminé,  comme  il  va  être  dit,  par  l'analyse  de 
leurs  sels.  Nous  appellerons  le  premier  composé  anhydride  humique;  le 
second  représentant  l'acide  proprement  dit,  lequel  est  susceptible  d'une 
hydratation  encore  plus  avancée  sous  l'influence  prolongée  des  alcalis. 

»  2.  L'anhydride,  ou  l'acide  humique,  mis  en  contact  avec  l'eau,  s'y  gonfle 
peu  à  peu  et  finit  par  acquérir  une  consistance  gélatineuse;  il  se  comporte 
comme  un  colloïde. 

»  3.  ioog1'  d'anhydride  humique  ont  été  mis  en  contact  à  froid  pendant 
deux  jours  avec  2  litres  de  potasse  au  dixième;  au  bout  de  ce  temps,  on  a 
filtré  et  lessivé  la  partie  insoluble  à  l'eau  froide  (8  litres),  jusqu'à  absence 
de  réaction  alcaline. 

»  La  matière  ainsi  obtenue  renfermait  les  quatre  cinquièmes  en  poids 
du  composé  initial. 

»  Elle  contenait  :  C  =  53,8,  H  =  3,9,  KO  =  9,95;  O  excédant  =  33,7- 

»   La  formule  C36 H'5 KO'1  exigerait  C  =  53, 2,  H  =  3,  7,  KO  =  9,62. 

»   Ce  composé  parait  identique  avec  la  prétendue  ulmine  de  Malaguti, 


(  9'9  ) 
qui  a  méconnu  la  présence  de  la  potasse.  La  formation  de  ce  sel  de  potasse 
résulte  de  l'hydratation  de  l'anhydride  humique. 

»  Un  cinquième  de  la  matière  initiale  environ  est  changé  tout  d'abord 
en  un  sel  basique  soluble;  l'acide  sulfurique  étendu  en  précipite  un  acide 
brun,  de  même  composition  que  le  précédent,  d'après  l'analyse.  Par  une 
digestion  prolongée  avec  les  alcalis,  on  parvient  à  des  acides  plus  hydra- 
tés encore  et  qui  finissent  par  devenir  définitivement  solubles  à  la  façon  des 
acides  lévulique,  dextronique,  gluconique  et  congénères,  à  la  famille  des- 
quels ils  se  rattachent  évidemment. 

»  Nous  nous  attacherons  surtout  aujourd'hui  au  sel  insoluble  de  potasse. 
sel  qui  mérite  une  attention  particulière,  en  raison  de  son  rôle  clans  l'ex- 
plication du  pouvoir  absorbant  des  corps  humiques. 

»  Ce  sel  résiste  avec  une  certaine  énergie  à  l'action  dissolvante  de  l'eau. 
En  effet,  nous  l'avons  lessivé  de  nouveau  à  froid  avec  4  litres  d'eau  : 
il  renfermait,  après  cette  opération,  9,71  centièmes  de  potasse,  chiffre  sen- 
siblement identique  au  précédent.  On  l'a  fait  ensuite  bouillir,  pendant  une 
heure,  avec  120  fois  son  poids  d'eau.  Après  filtration,  la  matière  avait  perdu 
un  sixième  de  son  poids.  Elle  renfermait  encore  8,4  de  potasse.  Le  sixième 
dissous  dans  l'eau  contenait,  d'après  dosage,  17  centièmes  de  potasse.  Ce 
sel  est  donc  légèrement  dissocié  par  l'eau,  mais  avec  une  extrême  difficulté. 
L'acide  chlorhydrique  en  excès  lui  enlève  au  contraire,  même  à  froid, 
la  totalité  de  la  potasse.  Le  composé  humique  qui  reste  renfermait 
C  =  63,  5  :  H  =  4»  5,  c'est-à-dire  qu'il  avait  fixé  presque  1  molécule  d'eau, 
et  répondait  à  la  composition  du  sel  potassique. 

»  Un  courant  d'acide  carbonique  n'exerce  à  froid  qu'une  action  peu 
sensible  sur  le  sel  de  potasse. 

»  La  formation  de  ce  composé  a  lieu  même  avec  de  la  potasse  (en  excès) 
dissoute  dans  cent  vingt  fois  son  poids  d'eau,  l'anhydride  humique  enlevant 
à  l'eau  la  dose  d'alcali  nécessaire  pour  constituer  le  sel  insoluble.  On  peut 
même  dépouiller  ainsi  presque  entièrement  de  potasse  une  solution 
aqueuse,  fût-elle  très  étendue. 

»  Ainsi,  par  exemple,  5gr  d'anhvdridc  humique,  et  6occ  d'une  solution 
contenant  oB'\  565  de  potasse  (KO  =  47,1)  ayant  été  agités  ensemble  pen- 
dant quatre  jours  à  froid,  100  parties  de  la  matière  initiale,  après  lavages 
prolongés,  ont  conservé  10,7  centièmes  d'alcali.  D'après  l'analyse,  en  effet, 
le  produit  insoluble  contenait  ogr,  536  de  potasse,  soit.  9,7  centièmes  de 
son  poids;  tandis  que  la  liqueur  retenait  en  dissolution  seulement  0^,029 
de  potasse. 


(    92°    ) 

»  4.  Le  composé  insoluble  qui  vient  d'être  décrit  s'obtient  par  un  la- 
vage prolongé.  Mais  si  l'on  examine  la  potasse  fixée  du  premier  coup, 
toujours  à  l'état  insoluble,  mais  sans  aucun  lavage,  sur  l'anhydride  hu- 
mique,  cette  dose  (obtenue  en  présence  d'un  excès  d'alcali)  est  triple  de 
la  précédente.  En  présence  de  la  potasse  au  dixième,  employée  sous  un 
poids  de  potasse  (KO)  égal  à  celui  de  l'anhydride,  ce  dernier  se  gonfle 
extrêmement.  Cependant  on  peut  arriver  à  isoler  par  filtration  une  partie 
du  liquide,  et  l'analyse  montre  que  la  matière  humique  initiale  a  fixé 
3o  centièmes  de  son  poids  de  potasse.  L'expérience  a  été  répétée  avec  les 
mêmes  proportions  relatives  d'anhydride  et  d'alcali,  mais,  en  dissolvant 
ce  dernier  dans  cent  vingt  fois  son  poids  d'eau,  ce  qui  a  fourni,  après 
quatre  jours  de  contact  à  froid,  toujours  sans  lavages,  une  dose  de  potasse 
fixée,  égale  aux  3i,4  centièmes  du  poids  de  l'anhydride  primitif. 

»  Ainsi,  il  se  forme  par  réaction  directe,  en  présence  d'un  excès  d'alcali, 
un  sel  de  potasse  tribasique,  insoluble,  colloïdal,  que  les  lavages  prolongés 
à  froid  décomposent,  en  lui  enlevant  les  deux  tiers  de  l'alcali  qu'il  ren- 
ferme. Ce  sel  répond  à  la  formule  C3GH,3K.30M  +  «H202. 

»  Enfin  il  existe  un  dernier  sel,  celui-ci  soluble  dans  l'eau,  qui  répon- 
drait, d'après  l'analvse  des  liqueurs,  à  un  sel  sébasique, 

C=>°H,0K.6OM  +  mHH)8. 

Mais,  comme  H  n'a  pas  été  isolé,  sa  composition  est  moins  bien  établie. 

5.  En  opérant  avec  l'anhydride  humique  et  la  soude,  on  a  obtenu  des 
résultats  tout  à  fait  analogues.  En  effet,  le  produit  a  conservé,  après  la- 
vages prolongés,  7  centièmes  de  soude  (NaO  =  3i)  fixée,  en  formant  un 
sel  de  soude  insoluble,  voisin  de  la  formule  C36H,5NaO<4. 

»  La  soude,  fixée  sans  lavages,  au  moyen  d'une  solution  à  6,2  cen- 
tièmes d'alcali,  employée  en  excès,  s'élevait  à  17,9  centièmes  du  poids 
initial  de  l'anhydride  humique  :  ce  qui  ne  fait  pas  tout  à  fait  une  dose  triple 
de  la  précédente.  Avec  une  solution  dix  fois  plus  étendue,  on  a  trouvé 
18  centièmes.  Mais  les  lavages  prolongés  à  froid  ont  ramené  cette  dose 
dans  le  précipité  à  NaO  =  7,1,  comme  plus  haut. 

»  6.  L'eau  de  baryte  en  excès,  agissant  à  froid,  a  donné  lieu  à  une  fixa- 
tion de  66  centièmes  du  poids  initial  de  l'anhydride.  Mais  les  lavages  ont 
enlevé  les  deux  tiers  de  la  baryte,  et  fourni  un  produit  final  contenant  18  à 
20  centièmes  decetalcali.  L'eau  de  chaux  a  fourni  des  résultats  analogues, 
la  dose  fixée  tout  d'abord  étant  à  peu  près  triple  de  celle  qui  demeure 
dans  le  corps  insoluble,  après  des  lavages  prolongés. 


(   !)21    ) 

»  7.  Venons  à  l'action  de  l'ammoniaque.  Nous  l'avons  étudiée  à  froid 
et  à  chaud. 

»  A  froid,  par  une  digestion  de  4  jours,  en  vase  clos,  de  5ogr  d'anhy- 
dride humique  avec  un  excès  d'ammoniaque  étendue  (33gr  au  litre),  on  a 
obtenu  une  matière  gélatineuse  insoluble.  D'après  le  titre  de  la  liqueur 
filtrée,  l'anhydride  humique  avait  fixé,  sans  lavage,  iog',i,  c'est-à-dire 
20  centièmes  d'ammoniaque  (AzH3=i7)à  l'état  insoluble,  soit  environ 
4AzH\ 

»  On  a  lavé  cette  matière  à  l'eau  froide  jusqu'à  réaction  neutre,  et  on 
l'a  séchée,  à  4o°,  dans  un  courant  d'hydrogène  :  opération  qui  ne  lui  a  pas 
enlevé  d'ammoniaque  en  dose  sensible;  puis  on  l'a  portée  à  ioo°,  toujours 
dans  le  courant  d'hydrogène,  ce  qui  lui  a  enlevé,  en  18  heures,  ogr,  283  d'am- 
moniaque, soit  0,62  centièmes  d'azote. 

»  On  a  fait  bouillir  le  résidu  avec  de  l'eau  et  de  la  magnésie,  ce  qui  a 
dégagé  encore  Az  =  0,76  centièmes.  La  chaux  sodée,  au  rouge,  a  déplacé 
ensuite  2,07  centièmes  d'azote.  Le  carbone  et  l'hydrogène  ont  été  dosés. 
Les  nombres  obtenus  s'écartent  peu  de  la  formule  C'2H33Az021',  qui 
serait  celle  d'un  acide  amidé,  formé  aux  dépens  de  2  molécules  d'anhy- 
dride humique  ;  acide  résistant  à  la  magnésie  et  comparable  à  l'acide  aspar- 
tique. 

»  On  voit  que  cet  acide  forme  un  sel  ammoniacal  peu  stable,  lequel 
perd  déjà  une  partie  de  son  ammoniaque  pendant  les  lavages  et  la  dessic- 
cation. 

»  En  chauffant  l'anhydride  humique  avec  une  solution  d'ammoniaque 
de  même  titre  que  la  précédente,  à  100",  en  tubes  scellés,  pendant  deux 
heures,  on  a  trouvé  que  l'ammoniaque  fixée  à  l'état  insoluble  (par  simple 
fillration  et  sans  lavages)  s'élevait  à  o,  centièmes  seulement.  Le  produit, 
lavé  et  séché  à  1000,  a  fourni,  par  la  magnésie,  à  l'ébullition:  Az  ammo- 
niacal =  o, 32;  puis  par  la  chaux  sodée  :  azote  amidé  =  3,54  centièmes, 
dose  presque  double  de  l'azote  fixé  à  froid  sous  la  même  forme.  En  em- 
ployant une  liqueur  ammoniacale  dix  fois  (dus  étendue,  sous  le  même  vo- 
lume, l'azote  amidé  fixé  a  été  moindre  et  précisément  le  même  qu'à  froid 
(2,08  centièmes). 

»  On  voit- que  l'ammoniaque  se  fixe  sur  l'anhydride  humique,  en  four- 
nissant les  sels  ammoniacaux  d'acides  amidés  d'un  caractère  spécial  et  qui 
se  rapprochent  par  leur  stabilité  des  acides  dérivés  de  la  fonction  alcoo- 
lique. 

»   D'après  l'ensemble  de  ces  observations,  l'anhydride  humique  participe 


(    922    ) 

à  la  fois  des  propriétés  des  anhydrides  acides  et  des  anhydrides  alcooliques 
et  il  est  comparable  à  certains  égards  aux  lactones.  Il  tend  donc  à  rentrer 
dans  les  cadres  connus  de  la  Chimie  organique.  C'est  d'ailleurs  ce  que 
son  origine,  en  tant  que  dérivé  des  glucoses,  aldéhydes-alcools  polyato- 
miques,  permettait  de  prévoir.  En  tous  cas,  le  rôle  des  matières  humiques 
dans  la  végétation  pour  la  fixation  de  l'azote,  aussi  bien  que  pour  la  fixa- 
tion des  alcalis,  tire  des  expériences  actuelles  une  nouvelle  lumière.  » 


ANATOMIE  GÉNÉRALE.  —   De  l'origine  des  cellules  du  pus  et  du  rôle  de  ces 
éléments  dans  les  tissus  enflammés  ;  par  M.  lu.  Ranvier. 

«  L'étude  histologique  du  grand  épiploon  normal  ou  expérimentalement 
enflammé  (voir  Comptes  rendus,  20  avril  189 r)  m'a  conduit  à  rechercher 
l'origine  et  la  signification  physiologique  des  cellules  du  pus. 

n  A  l'époque  où  l'on  croyait  que  toutes  les  cellules  se  formaient  dans  un 
blastème,  comme  des  cristaux  dans  une  solution  saturée,  on  admettait  ce 
mode  de  formation  pour  les  cellules  du  pus  aussi  bien  que  pour  les  autres 
cellules. 

»  Plus  tard,  lorsque  Virchow,  probablement  inspiré  par  Bichat,  fit 
dériver  toutes  les  néoformations  pathologiques  du  tissu  conjonctit,  on 
crut  que  les  cellules  du  pus  provenaient  des  cellules  conjonctives  proli- 
férées. 

»  Il  y  a  vingt-cinq  ans  à  peu  près,  Cohnheim,  ayant  repris  les  observa- 
tions de  Dutrochet  et  de  Waller  sur  le  passage  des  globules  sanguins  à 
travers  la  paroi  vasculaire  et  ayant  donné  beaucoup  d'éclat  et  une  grande 
publicité  à  ses  recherches,  fit  admettre  à  tous  les  histologistes  que  les  cel- 
lules du  pus  ne  sont  autre  chose  que  des  globules  blancs  du  sang,  sortis 
des  vaisseaux  au  moment  même  où  se  produit  la  suppuration. 

»  Aujourd'hui,  ce  mécanisme  de  la  formation  du  pus,  connu  sous  le  nom 
de  diapédése,  est  généralement  accepté.  Il  est  cependant  difficile  de  croire 
qu'il  puisse  sortir  du  sang,  en  un  temps  relativement  court,  cette  quan- 
tité énorme  de  pus  que  l'on  observe  dans  certaines  maladies  infectieuses, 
l'infection  purulente  des  blessés  et  des  opérés,  par  exemple. 

»  La  diapédése  est  un  phénomène  réel.  Personne  ne  peut  songer  à  la 
mettre  en  doute.  Elle  se  produit  à  l'état  normal.  Elle  est  plus  abondante 
dans  certains  états  pathologiques  qui  ne  relèvent  pas  de  l'inflammation, 
par  exemple  dans  l'œdème  déterminé  par  la  ligature  des  veines  et  la  section 


(  9^  ) 
des  nerfs  (').  Dans  le  processus  inflammatoire,  elle  est  encore  plus  accu- 
sée. Mais,  de  ce  que  les  cellules  lymphatiques  peuvent  sortir  du  sang  pour 
constituer  des  cellules  de  pus,  il  n'en  résulte  pas  que  toutes  les  cellules  du 
pus  proviennent  de  la  diapédèse. 

»  Le  but  de  cette  Communication  est  précisément  de  montrer  qu'elles 


ont  une  autre  origine. 


»  Dans  le  grand  épiploon  de  divers  Mammifères  :  Chien,  Chat,  Lapin, 
Cochon  d'Inde,  Rat,  préparé  par  l'application  méthodique  de  l'acide 
osmique  et  des  violets  de  méthyle  (Comptes  rendus,  20  avril  1891),  on  ob- 
serve, dans  la  charpente  conjonctive  de  la  membrane,  des  cellules  migra- 
trices et  des  clasmatocytes.  Ces  derniers  éléments  dérivent  des  cellules 
migratrices  qui  ont  perdu  leur  activité  amiboïde  et  se  sont  fixées,  ainsi  que 
je  l'ai  dit  dans  une  Note  antérieure. 

»  Les  clasmatocytes  des  Mammifères,  comme  ceux  des  Batraciens,  ont 
des  prolongements  qui  ne  s'anastomosent  pas  entre  eux  et  qui  se  terminent 
par  des  extrémités  mousses;  mais,  sous  l'influence  du  violet  5 B  ou  du 
violet  hexaéthylé,  ils  ne  prennent  pas  une  teinte  aussi  caractéristique, 
bien  qu'ils  se  colorent  fortement  (2). 

»  Vingt-quatre  heures  après  avoir  pratiqué  une  injection  intra-périto- 
néale  de  nitrate  d'argent  à  3  pour  1000,  on  constate,  dans  le  grand 
épiploon,  préparé  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  que  les  clasmatocytes  ont 
presque  entièrement  disparu  et  qu'ils  sont  remplacés  par  un  grand  nombre 
de  cellules  lymphatiques.  Entre  les  cellules  qui  ont  conservé  l'appa- 
rence des  clasmatocytes  et  les  cellules  lymphatiques,  on  observe  facilement, 
surtout  dans  les  points  où  l'irritation  n'a  pas  été  trop  forte,  toutes  les 
formes  intermédiaires.  Les  clasmatocytes  irrités  sont  redevenus  embryon- 
naires, ils  se  sont  transformés  en  leucocytes,  puis  ceux-ci  se  sont  multi- 
pliés par  le  mécanisme  de  la  division  directe. 

»  Cette  proposition  est  confirmée  par  des  expériences  simples  que  j'ai 
faites  chez  la  grenouille.  Après  avoir  ouvert  largement  la  bouche  de  l'ani- 

(')   Comptes  rendus,  20  décembre  1869. 

(2)  On  observe  chez  le  Rat,  dans  les  mailles  du  tissu  conjonctif,  principalement 
dans  le  voisinage  des  vaisseaux,  des  cellules  arrondies,  granuleuses,  qui  rentrent 
dans  le  type  créé  par  Ehrlich,  sous  le  nom  de  Mastzellen.  Il  existe  des  cellules  analo- 
gues à  l'état  de  liberté  dans  la  sérosité  péritonéale  du  même  animal,  ainsi  que  je  l'ai 
montré  dans  une  Communication  antérieure.  Elles  manquent,  aussi  bien  dans  le  tissu 
conjonctif  que  dans  la  cavité  du  péritoine,  chez  les  autres  Mammifères  sur  lesquels  j'ai 
fait  des  expériences,  c'est-à-dire  :  le  Chien,  le  Chat,  le  Lapin  et  le  Cochon  d'Inde. 


(  9^4  ) 
mal,  j'introduis  dans  l'estomac  un  crochet  mousse,  et  au  moyen  de  trac- 
tions ménagées  j'amène  l'oesophage  dans  la  cavité  buccale.  Alors,  de  deux 
choses  l'une  :  ou  je  pratique  une  cautérisation  ponctuée  de  l'œsophage 
avec  un  fer  rouge,  ou  j'injecte,  dans  le  sac  périœsophagien,  une  goutte 
d'une  solution  de  nitrate  d'argent  à  3  pour  1000.  La  grenouille  est  sacri- 
fiée vingt-quatre  heures  après  et  la  membrane  périœsophagienne  est  exa- 
minée. Dans  le  premier  cas,  je  constate  que  les  clasmatocytes  ont  disparu 
en  presque  totalité  dans  le  voisinage  du  point  cautérisé;  dans  le  second, 
que  ces  éléments  sont  remplacés  presque  partout  dans  la  membrane  par 
des  cellules  lymphatiques  ordinaires. 

»  Ces  expériences,  comme  celles  que  j'ai  pratiquées  chez  les  Mammi- 
fères, montrent  que  les  clasmatocytes  sont  des  éléments  qui  réagissent 
vivement  et  rapidement  sous  l'influence  de  l'irritation,  et  qu'ils  se  trans- 
forment en  cellules  lymphatiques  avec  la  plus  grande  facilité.  Or  nous 
savons  que  les  cellules  lymphatiques,  sous  les  mêmes  influences,  se  mul- 
tiplient par  division  en  très  peu  de  temps.  Chez  les  Batraciens,  j'ai  vu 
cette  multiplication  se  produire  en  moins  d'une  heure.  Chez  les  animaux  à 
sang  chaud,  il  faut  encore  beaucoup  moins  de  temps;  quelques  minutes  suf- 
fisent. J'ai  fait  ces  dernières  expériences  au  moyen  de  la  méthode  du  bain 
chaud,  que  j'ai  imaginée  l'année  dernière,  et  j'en  ai  rendu  témoins  plu- 
sieurs personnes,  entre  autres  le  professeur  Stirling,  de  Manchester,  phy- 
siologiste bien  connu. 

»  Je  reviens  à  la  péritonite  expérimentale  produite  chez  les  Mammifères 
par  l'injection  de  nitrate  d'argent.  Un  jour  après  l'injection,  le  liquide 
péritonéal  est  abondant,  louche,  purulent  et  coloré  en  rose  par  des  glo- 
bules rouges  du  sang;  il  se  coagule  rapidement.  Il  n'y  a  là  rien  d'absolu- 
ment différent  de  l'état  physiologique,  puisque  la  sérosité  normale  du 
péritoine  contient  des  cellules  lymphatiques,  des  globules  sanguins  et  de 
la  fibrine;  mais  tous  ces  éléments  sont  en  plus  grande  abondance,  et  c'est 
ce  qui  donne  à  l'exsudat  inflammatoire  son  aspect  particulier. 

»  Je  ne  veux  pas  nier  qu'une  partie  des  cellules  lymphatiques  ou  cel- 
lules du  pus,  que  l'on  trouve  dans  la  sérosité  purulente  du  péritoine  et 
dans  les  interstices  de  l'épiploon,  provient  directement  des  vaisseaux 
par  diapédèse;  mais  il  me  paraît  hors  de  doute  qu'il  en  vient  aussi  beau- 
coup, peut-être  davantage,  des  clasmatocytes  qui,  sous  l'influence  de  l'ir- 
ritation, reviennent  à  l'état  embryonnaire  et  prolifèrent.  Je  suis  convaincu 
que  tous  ceux  qui  répéteront  mes  expériences  seront  de  cet  avis. 


(  925  ) 

«  Je  passe  maintenant  à  la  seconde  question  que  je  me  propose  de  trai- 
ter aujourd'hui  :  quel  est  le  rôle  des  cellules  du  pus? 

»  Dans  les  nombreuses  expériences  que  j'ai  faites  sur  l'inflammation  du 
grand  épiploon,  j'en  relève  deux  qui  sont  fort  instructives. 

»  Chez  deux  rats,  j'ai  injecté  dans  la  cavité  péritonéale  six  gouttes 
d'une  solution  de  nitrate  d'argent  à  3  pour  iooo.  Ces  animaux  ont 
été  sacrifiés,  l'un  au  bout  de  vingt-quatre  heures,  l'autre  au  bout  de  trois 
jours.  Chez  le  premier,  il  y  avait  une  grande  quantité  de  sérosité  puru- 
lente dans  la  cavité  du  péritoine  ;  chez  le  second,  il  n'y  en  avait  pas,  à  tel 
point  qu'il  m'a  été  impossible  d'en  recueillir  une  goutte  pour  l'examiner  au 
microscope. 

»  Donc  les  cellules  de  pus,  une  fois  produites,  doivent  être  résorbées, 
s'il  ne  se  forme  pas  d'abcès,  et,  à  une  certaine  période  de  l'inflammation, 
qui  coïncide  avec  la  réparation,  il  se  peut  que,  dans  les  mailles  des  tissus, 
il  y  ait  moins  de  cellules  lymphatiques  et  moins  de  plasma  qu'il  n'y  en  a  à 
l'état  physiologique. 

»  L'observation  microscopique  de  la  sérosité  péritonéale  du  premier 
rat,  celui  qui  a  été  sacrifié  au  bout  de  vingt-quatre  heures,  conduit  à  com- 
prendre quel  est  le  rôle  des  cellules  de  pus  dans  les  premières  phases  du 
processus  inflammatoire.  L'injection  d'une  solution  de  nitrate  d'argent, 
liquide  caustique,  a  déterminé  la  nécrose  d'un  grand  nombre  d'éléments 
cellulaires.  Les  éléments  frappés  de  mort  doivent  être  éliminés  et  le  ter- 
rain nettoyé,  pour  que  la  réparation  des  tissus  puisse  s'effectuer  utilement. 
Les  cellules  de  pus  paraissent  destinées  à  jouer  ce  rôle  éminemment  utile. 

»  Déjà,  dans  mes  recherches  sur  la  dégénération  et  la  régénération  des 
nerfs  sectionnés,  j'ai  montré  que  les  cellules  lymphatiques  font  disparaître 
la  myéline  de  l'extrémité  du  segment  central  du  nerf  et  préparent  ainsi  le 
travail  de  régénération. 

»  Ces  dernières  années,  M.  Metchnikoff  a  beaucoup  insisté,  avec  juste 
raison,  j'en  suis  convaincu,  sur  l'importance  des  cellules  lymphatiques 
dans  le  combat  de  l'organisme  contre  les  microbes.  Dans  l'inflammation 
simple,  déterminée  par  les  agents  caustiques  ou  irritants,  leur  rôle  n'est 
pas  moindre.  Il  se  traduit,  dans  l'expérience  que  j'analyse  en  ce  moment, 
par  un  phénomène  qui  frappera  tout  observateur,  alors  même  qu'il  sera 
prévenu  par  les  considérations  que  je  viens  de  formuler  :  la  plupart  des 
cellules  lymphatiques  qui  sont  à  l'état  de  liberté  dans  la  sérosité  périto- 
néale, ou  sont  maintenues  à  la  surface  du  grand  épiploon  par  des  filaments 
de  fibrine,  sont  chargées  de  débris  de  forme  et  de  grandeurs  variées.  On  y 

C    R.,  1S91,   1"  Semestre.  (T.  CXII,  N"  17.)  121 


(  926  ) 
observe  aussi  des  globules  rouges,  des  granulations  graisseuses,  des  grains 
d'albuminate  d'argent,  etc.  Je  crois  inutile  de  développer  davantage  les 
idées  générales  qui  découlent  des  faits  exposés  dans  cette  Note.  Tous  les 
histologistes  comprendront.  » 


MÉCANIQUE  NAVALE.  —  Sur  le  rendement  des  machines  mannes  et  celui  des 
hélices.  Méthode  géométrique  pour  calculer  le  premier  de  ces  rendements 
sans  dynamomètre.  Note  de  M.  A.  Ledieu  ('  ). 

«  I.  On  se  préoccupe  depuis  quelques  années  de  raffiner  de  plus  en 
plus,  comme  du  reste  dans  les  autres  branches  de  la  Mécanique  appliquée, 
l'appréciation  de  tous  les  éléments  de  fonctionnement  des  machines  à  va- 
peur et  les  moyens  de  les  améliorer, 

»  Ainsi,  surtout  aux  Etats-Unis,  sous  l'impulsion  de  M.  Thurston  ('), 
directeur  du  remarquable  laboratoire  du  Sibley  Collège,  à  Ithaque,  les  expé- 
riences suivantes  sont  devenues  d'un  usage  courant  : 

»  i°  Détermination  directe  de  la  chaleur  de  combustion  rejetée  dans 
l'atmosphère  par  la  cheminée. 

»   2°  Calcul  du  calorique  utilisé,  d'après  la  quantité  d'eau  vaporisée. 

»  3°  Appréciation  de  l'intervention  calorifique  des  parois  des  cylindres, 
à  l'aide  des  diagrammes  d'indicateur.  De  là  et  de  2°  on  déduit  unecorro- 
boration  du  rendement  du  combustible  déjà  obtenu  par  la  méthode  i°, 
puis  le  rendement  calorifique  de  la  machine,  en  même  temps  que  l'on  se 
rend  compte  de  l'influence  de  ladite  intervention  suivant  le  système  de  la 
machine. 

»  4°  Mesure  du  travail  sur  les  pistons  à  l'aide  d'indicateurs  délicats,  et 
sur  l'arbre  de  couche  au  moyen  de  dynamomètres  de  rotation  ou  de  freins 
de  Pronv  perfectionnés,  capables  d'absorber  jusqu'à  6oo  chevaux. 

»  5°  Evaluation  des  vitesses  des  pièces  au  moyen  d'indicateurs  dunombre 
de  tours,  de  takvmètres  à  lecture  instantanée,  et  enfin  de  chromographes 
inscripteurs,  disposés  pour  s'atteler  aussi  aux  tiges  des  pistons  et  donner 
la  loi  de  leurs  allées  et  venues. 

»   C'est  au  moyen  des  relevés  obtenus  avec  les  appareils  de  mesure  in- 


(')  Cette  Note  avait  été  envoyée  à  l'Académie  par  M.  Ledieu  quelques  jours  avant 
son  décès. 

(2)   Voir  l'Ouvrage  de  cet  auteur,  Engine  and  Boilez  Trials.  New- York;  1890. 


(  927  ) 
cliques  en  4°  et  5°,  qu'on  détermine  le  rendement  organique  des  machines 
de  terre. 

»  II.  En  marine,  rien  ne  s'oppose  aux  expériences  suspécifiées  pour 
trouver  aussi  le  rendement  du  combustible  ainsi  que  l'influence  thermique 
des  parois  des  cylindres;  et  plusieurs  essais  de  l'espèce  ont  été  exécutés. 
Mais  les  freins  Prony  étant  inapplicables  à  bord,  et  d'ailleurs  se  trouvant, 
en  général,  de  puissance  trop  limitée,  il  n'y  a  moyen  d'obtenir  le  rende- 
ment organique  qu'à  l'aide  de  dynamomètres  de  rotation  du  type  Taurines, 
expressément  à  ressorts;  car  les  systèmes  hydrauliques  ne  donnent  rien 
de  bon  pour  les  rotations.  Malheureusement,  les  meilleurs  fabricants  ne 
sauraient  construire  de  tels  instruments  pour  des  forces  de  plus  de 
iooo  chevaux  indiqués  (c'est-à-dire  de  yS^"1  à  l'indicateur).  Or  la  plupart 
des  appareils  marins  actuels  dépassent  ce  chiffre  et  même  considérable- 
ment sur  les  derniers  gros  cuirassés,  les  grands  croiseurs  et  les  paquebots 
extra-rapides.  A  bord  de  ces  bâtiments,  la  force  totale  atteint  jusqu'à 
18000  à  20000  chevaux  avec  hélices  jumelles,  ce  qui  donne  9000  à 
10  000  chevaux  par  machine  simple,  chiffre  qui,  du  reste,  n'a  pas  été  dé- 
passé avec  les  hélices  uniques.  Donc,  en  principe,  les  dynamomètres  de 
rotation  sont  insuffisants  aujourd'hui  pour  la  mesure  de  la  puissance  sur 
l'arbre  de  couche  de  la  plupart  des  machines  marines. 

»  Si  le  travail  des  résistances  passives  et  des  pompes  auxiliaires  était  con- 
stant et  indépendant  de  la  grandeur  de  la  résistance  utile,  au  moins  pour 
chaque  marche,  on  pourrait,  en  débrayant  l'hélice  et  en  réduisant  l'intro- 
duction de  vapeur,  faire  fonctionner  la  machine  à  l'allure  considérée,  et 
obtenir  le  travail  en  vue  au  moyen  de  l'indicateur.  De  là  on  tirerait  facile- 
ment le  rendement  organique  de  la  machine  correspondant  à  cette  allure. 

»  III.  M.  Thurston,  d'après  de  nombreux  essais,  a  pu  établir  que  l'hy- 
pothèse précédente  était  acceptable  pour  de  petites  machines  à  diverses 
pressions  et  de  différents  systèmes,  mais  dont  aucune  ne  dépassait  100  che- 
vaux ('). 

»  Mais  il  n'en  est  plus  de  même  pour  les  machines  marines.  Aussi  n'est-il 
pas  licite  d'admettre  que  leur  rendement  organique  r  peut  se  calculer 
comme  il  vient  d'être  indiqué. 

»  Cependant  la  détermination  de  cet  élément  r  serait  précieuse  en  y 


(')  Etudes  sur  le  frottement  et  le  graissage  des  machines,  réparties  dans  une  tra- 
duction (Bernard;  1887),  dans  le  Journal  0/  the  Franklin  Institute  (1886-88)  et 
dans  le  Scientijic  American  (1888). 


(  9^8  ) 
joignant  le  rendement  r'  des  hélices,  déduit  de  leur  poussée  d'après  un 
bon  dynamomètre,  qui  ici  pouvant  être  du  système  hydraulique  serait  aussi 
puissant  qu'il  serait  nécessaire.  Les  documents  en  question  permettraient 
d'estimer  simultanément  la  valeur  du  propulseur  et  du  moteur;  puis  la 
poussée  servirait  encore  à  calculer  le  coefficient  de  résistance  R  de  la  ca- 
rène. 

»  La  connaissance  de  toutes  ces  données,  du  reste  sensiblement  va- 
riables avec  le  sillage,  devient  de  plus  en  plus  désirable  pour  apprécier  la 
performance  des  navires,  c'est-à-dire  l'ensemble  de  leurs  qualités  nautiques, 
principalement  au  point  de  vue  propulsif,  eu  égard  à  la  force  développée. 

»  IV.  En  l'état  actuel  des  choses,  les  ingénieurs  n'ont  à  leur  disposition, 
pour  l'étude  des  trois  coefficients  r,  r'  et  K,  que  la  relation  évidente 

(t)  Fxrxr  = -g , 

où  F  est  la  force  indiquée,  B2  la  surface  immergée  du  maître  couple  en 
mètres  carrés,  et  V  la  vitesse  en  nœuds. 

»   On  tire  de  là  un  élément  complexe,  appelé  l'utilisation  du  navire, 

»  Ce  coefficient  a  été  choisi  comme  se  prêtant  commodément  à  la  pré- 
vision de  la  vitesse  d'un  bâtiment  en  projet  d'après  des  navires  similaires 
déjà  construits  et  expérimentés,  et  comme  facilitant  la  comparaison  des 
navires  entre  eux  pour  leur  performance. 

»  V.  Au  besoin,  on  peut  recourir  à  une  méthode  graphique  pour  trouver, 
sans  instrument,  une  valeur  plus  ou  moins  approchée  du  rendement  r  du 
moteur  et  de  la  poussée  réelle/?  de  l'hélice. 

»  Désignons  par  cr  le  pas  de  l'hélice,  p  son  recul,  N  son  nombre  de 
tours  à  la  minute,  et  par  v  la  vitesse  du  navire  en  mè/res  à  la  seconde.  Con- 
servons d'ailleurs  aux  au  très  lettres  les  mêmes  significations  que  ci-dessus. 
On  a  la  série  de  relations  suivantes  : 


(3)      F  X  75  X  60  X  rx  r'  —  p  X  v=p  X  N  X  a(i  —  p)=  K.B2r\ 

:  75  x  60  x  /■ 

M  x  ra  (  1  —  p  ; 


.,.  F  x  75  x  60  x  /•  x  /•'       „m   , 

(4) 


_             F  x  -5  x  60       ,,  .u ,  ,,  , 

»   Posons  — ^ =  P.    quantité  que   nous   appellerons   la  poussée. 


(  929  ) 
indiquée.  I/équation  (4)  deviendra 

(5)  Pxr  =  P-P(i-r)  =  RB8- 


«  On  est  libre  de  tirer  de  cette  égalité  l'équation  d'une  parabole,  à 
savoir 

(G)  Y-V,(i-r,)=Ltx*. 

avec  L,  -  —>  et  K.,,  p,,  r\,  P,  et  r,  correspondant  à  l'expérience 

'  i 

où  l'on  aura  relevé  F, ,  N,  et  v , . 

»  Chaque  allure  essayée  de  la  machine  fournira  une  pareille  parabole. 
Eu  égard  à  la  très  faible  variation  de  L,  et  de  P,  (i  —  /•,)  avec  les  change- 
ments de  vitesse,  l'enveloppe  de  toutes  ces  paraboles  pourra  être  regardée 
comme  se  confondant  avec  la  courbe  qui  se  tracera  à  la  main  en  déter- 
minant un  certain  nombre  de  points,  dont  les  abscisses  seront  les  vitesses 
v  des  diverses  allures,  et  les  ordonnées,  les  poussées  indiquées  P  corres- 
pondantes. 

»  Cela  posé,  menons  graphiquement  par  le  point  (P,,  c,),  par  exemple, 
une  droite  tangente  à  cette  dernière  courbe.  Celte  droite  sera  aussi  une 
tangente  à  la  parabole  (6);  et  nous  servira,  sans  qu'il  soit  besoin  de  tracer 
celle-ci,  à  déterminer  graphiquement  aussi  la  quantité  P,  (i  —  r,  ),  incluse 
dans  son  équation.  Cette  quantité  est,  en  effet,  l'ordonnée  du  sommet  de 
la  parabole  située  d'ailleurs  sur  l'axe  des  y.  Or,  comme  il  est  facile  de  le 
démontrer,  la  tangente  horizontale  menée  par  ce  sommet  rencontre,  en 
principe,  la  première  tangente  en  un  point  qui  a  pour  abscisse  la  moitié  de 
l'abscisse  du  point  de  contact  (P,,  «',  ),  et  d'où  il  suffira,  par  conséquent, 
de  mener  une  parallèle  à  l'axe  des  x  pour  avoir  ladite  horizontale.  Il  im- 
porte de  noter  qu'en  général  les  sommets  des  diverses  paraboles  instanta- 
nées seront  distincts,  et  échelonnés  le  long  des  axes  des  y,  tout  en  ne 
pouvant  être  parfois  très  rapprochés.  Il  va  de  soi  que,  pour  obtenir  une 
certaine  exactitude  dans  les  résultats,  il  faudra  exécuter  les  tracés  à 
grande  échelle. 

»  Une  fois  P,(i  —  r,)  connu,  on  en  tirera  le  rendement  r,  de  la  ma- 
chine propre  à  la  marche  considérée;  et  l'on  opérera  de  même  pour 
chaque  allure.  Quant  au  rendement  r\  du  propulseur,  il  restera  engagé 
dans  la  relation 

/  Q  \  l'i  X  rl  X   ''i     ,, 


(9^  ) 
et  l'on  ne  pourra  l'obtenir.  Toutefois,  il  sera  possible  de  tirer  de  là  une 
valeur   approchée   de  p{,    en   supposant   que,   d'une  manière  générale, 

'"'     =  i,  ce  qui  revient  à  admettre  que  le  frottement  de  l'eau  contre  les 

i  — P 

ailes  de  l'hélice  est  négligeable. 

»  La  méthode  géométrique  que  nous  venons  d'exposer  (')  ne  saurait 
jamais  donner,  même  pour  r,  que  des  valeurs  peu  rigoureuses;  car  ces 
valeurs  sont  notablement  affectées  par  les  erreurs  inévitables  sur  le  tracé 
graphique  des  tangentes  employées.  » 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  en  remplacement  de 
feu  M.  de  Tclahatchef. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  5a, 

M.   le  Prince  Albert  de  Monaco  obtient.  .  38  suffrages. 

M.   le  général  de  ïillo 9        » 

M.  Fridtjof  Nansen 2         » 

M.  Schweinfurth 1         " 


Il  v  a  deux;  bulletins  blancs. 

M.  le  Prince  Albert  de  Monaco,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des 
suffrages,  est  élu  Correspondant  de  l'Académie. 


(•)  Froude,  en  Angleterre,  avait  proposé  une  méthode  analogue.  Mais  son  exposé 
est  incomplet,  obscur  et  inexact.  Ainsi  il  n'a  pas  tenu  compte  de  la  variabilité  de  K 
et,  dès  lors,  de  la  nécessité  de  considérer  des  paraboles  instantanées,  au  lieu  de  re- 
garder la  courbe  tracée  à  la  main  comme  une  parabole  rigoureuse  et  unique.  Or  ceci 
suppose  implicitement  que,  même  dans  le  cas  où  K  serait  réellement  constant,  toutes 
les  paraboles  instantanées  n'en  feraient  qu'une,  ce  qui  est  faux,  et  revient  à  admettre 
gratuitement,  que  (1—  /•)  est  une  quantité  fixe  pour  toutes  les  marches.  De  plus,  au 
lieu  d'employer  les  9  pour  abscisses,  Froude  a  pris  les  X,  ce  qui  est  la  conséquence 
d'une  mauvaise  interprétation  du  rendement  de  l'hélice. 


(  93i   ) 


CORRESPONDANCE. 

ÉLECTRICITÉ.  —  Constante  diélectrique  du  mica.  Note  de  M.  E.  Routy, 
présentée  par  M.  Lippmann. 

«  En  opérant  sur  des  condensateurs  en  mica  de  bonne  construction 
(microfarad  Carpentier),  j'ai  prouvé  (')  que  la  capacité  de  ces  étalons 
varie  peu  avec  la  durée  de  charge,  même  quand  on  réduit  celle-ci  à  ■—  de 
seconde,  par  exemple.  J'ai  d'ailleurs  indiqué  une  formule  qui  permet  de 
calculer  ces  variations  ou  résidus  à  l'aide  de  deux  observations  sur  chacune 
des  capacités  à  utiliser. 

»  M.  Carpentier  ayant  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition  les  lames  de 
mica  qu'il  emploie,  j'ai  cherché  s'il  est  possible  de  caraclériser  complèle- 
menl  leurs  propriétés  diélectriques  à  l'aide  d'une  ou  de  plusieurs  con- 
stantes. L'étude  des  étalons  avait  établi  que  la  variation  de  capacité  entre 
o",  i  et  i"  est,  en  général,  inférieure  à  ~;  il  y  avait  lieu  de  chercher  si, 
dans  les  mêmes  limites  et  au  même  degré  d'approximation,  on  peut  attri- 
buer au  mica  une  constante  diélectrique  invariable,  c'est-à-dire  si  la  capa- 
cité de  lames  de  surface  utile  S  et  d'épaisseur  e  quelconques  sont  fidèle- 
ment représentées  par  la  formule 

(i)  c=  , — , 

i  ~'' 

avec  une  valeur  constante  de  k. 

»  L'épaisseur  e  était  toujours  inférieure  à  ocm,oi,  S  supérieur  à  5ocq.  Au 
degré  d'approximation  accessible,  il  était  donc  superflu  de  recourir  à  l'ar- 
tifice de  l'anneau  de  garde,  et  l'on  avait  le  droit  d'appliquer  la  formule  (i) 
en  prenant  pour  S  la  totalité  de  la  surface  armée.  Les  mesures  ont  été  effec- 
tuées par  une  méthode  très  simple,  fondée  sur  l'emploi  de  l' électromètre 
capillaire  de  M.  Lippmann  et  d'un  microfarad  auxiliaire  :  elle  dérive  immé- 
diatement de  celles  que  j'ai  appliquées  à  la  mesure  des  résidus. 

»  Les  lames  à  étudier  étaient  d'abord  argentées  par  le  procédé  Martin  ; 
on  enlevait  l'argent  sur  les  bords  à  l'aide  d'acide  azotique,  et.  par  des  la- 
vages et  des  dessiccations  répétées,  on  débarrassait  le  plus  possible  leur 

\l )   Comptes  rendus,  t.  C\,  p.  i362. 


(    9^    ) 

surface  libre  de  toute  trace  d'électrolytes.  Enfin,  on  vernissait  les  bords  à 
la  gomme  laque  et  l'on  desséchait  à  i4o°.  Voici  les  valeurs  de  k  obtenues  : 

S.  e.  /.. 

cq  V- 

4g, 5o i4>7J  7>9' 

65,34 29,09  )  g     q 

65,n.. 34,88   ) 

66, 4i 5o,75  7,91 

64,  i5 89,00  8,09 

Moyennes 7>98 

»  Dans  une  direction  normale  aux  plans  de  clivage,  le  mica  possède  donc 
une  constante  diélectrique  bien  déterminée ,  pour  laquelle  nous  adopterons  le 
nombre  8.  On  remarquera  que  ce  nombre  est  plus  de  trois  fois  supérieur 
au  carré  de  l'indice  moyen  du  mica  et  que,  d'après  ce  qui  précède,  l'écart 
diminuerait  peu  si  l'on  abaissait  la  durée  de  charge  à  j~  de  seconde. 

»  Si  l'on  cherche  à  déterminer  la  constante  diélectrique  du  mica  à  l'aide 
de  lames  étamées,  on  obtient  des  valeurs  de  /•  très  discordantes  et  beau- 
coup trop  faibles.  De  plus,  toutes  ces  lames  augmentent  de  capacité  dans 
un  rapport  considérable  quand  on  les  charge  de  poids.  Ces  effets  sont  dus 
à  l'interposition  d'une  couche  d'air  irrégulière  entre  l'étain  et  le  mica. 
Admettons  pour  cette  double  couche  une  épaisseur  moyenne  de  5,J"  seule- 
ment; elle  équivaut  à  une  épaisseur  de  mica  huit  fois  plus  forte  (')  et 
:;a  présence  réduira  à  moitié  la  constante  diélectrique  apparente  d'une 
lame  de  mica  d'épaisseur  égale  à  40^.  Il  suffit  de  rétablir  la  continuité 
entre  le  mica  et  l'étain  par  l'interposition  d'une  goutte  d'eau  distillée  ou 
d'alcool  absolu  (2)  pour  retrouver  la  constante  diélectrique  normale.  On 
retrouve  la  même  constante  en  faisant  flotter  sur  du  mercure  bien  sec  une 
cuvette  de  paraffine  remplie  de  mercure  et  fermée  à  sa  base  par  une  laine 
de  mica  préalablement  bien  desséchée. 

»   En  ce  qui  concerne  les  résidus,  il  ne  semble  pas  y  avoir  entre  les 
diverses  lames  que  j'ai  étudiées  de  différence  spécifique.  Mais,  pour  une 


(')  11  suit  de  là  que  dans  la  construction  des  étalons  montés  à  l'étain,  on  emploie 
beaucoup  plus  de  mica  qu'il  n'est  nécessaire,  ce  qui  augmente,  sans  profit,  leur  volume 
et  leur  poids. 

('-)  Cette  expérience  de  démonstration  exige  des  précautions  spéciales  pour  éviter 
que  l'électrolj  le  introduit  n'atteigne  les  bords  :  elle  ne  se  prèle  pas  à  des  mesures  pré- 
cises. 


(  9"  ) 
même  lame  argentée,  le  résidu  varie  dans  des  proportions  si  énormes  avec 
l'état  de  la  couche  superficielle  de  mica  non  armé,  qu'il  est  impossible 
d'être  absolument  affirmatif  à  cet  égard.  Ainsi,  il  suffit  parfois  d'un  simple 
lavage  à  grande  eau,  suivi  d'une  dessiccation  de  dix  minutes  à  i/(00,  pour 
réduire  au  quart  le  résidu  d'une  lame  déjà  portée  pendant  plusieurs  heures 
à  la  même  température.  L'origine  incontestable  des  grands  résidus  est  l'élec- 
trolyse  de  traces  de  substances  étrangères  localisées  dans  la  couche  superficielle. 
»  Par  des  tâtonnements  répétés,  je  suis  toujours  arrivé  à  réduire  le 
résidu  formé  entre  deux  secondes  et  cinq  minutes  de  charge  à  des  valeurs 
variant  de  ~  à  ■—  de  la  charge  principale;  c'est  à  peu  près  la  moitié  du 
résidu  fourni  par  les  diverses  subdivisions  du  microfarad  Carpentier  que 
j'avais  étudié  précédemment.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  un  moteur  à  courants  aller  natifs.  Note  de  MM.  Maurice 
Hutix  et  Maurice  Leblanc,  présentée  par  M.  A.  Cornu. 

«  Nous  sommes  parvenus  à  constituer  un  moteur  pour  courants  alter- 
natifs qui,  bien  que  dépourvu  de  tout  commutateur,  est  susceptible  d'uti- 
liser un  courant  alternatif  ordinaire  débité  par  une  ligne  unique,  et  dans 
lequel  le  couple  développé  est  indépendant  de  la  vitesse  de  rotation, 
comme  cela  a  lieu  pour  les  machines  à  courants  continus  munis  de  collec- 
teurs. 

»  Il  se  compose  de  deux  anneaux  :  l'un  fixe  et  l'autre  mobile.  Chacun 
est  recouvert  de  deux  circuits  distincts,  comportant  in  bobines.  L'enrou- 
lement est  fait  de  telle  manière  qu'un  courant  lancé  dans  chaque  circuit 
y  développe  in  pôles  alternativement  positifs  et  négatifs.  Les  deux  circuits 
de  chaque  anneau  sont  disposés  symétriquement  l'un  par  rapport  à  l'autre. 
Les  deux  circuits  mobiles  peuvent  être  fermés  individuellement  sur  deux 
résistances  sans  self-induction,  variables  à  volonté.  Les  deux  circuits  fixes 
sont  montés  en  dérivation  entre  les  bornes  d'arrivée  et  de  départ  du  cou- 
rant alternatif  que  l'on  veut  utiliser.  Les  conducteurs  enroulés  sur  chacun 
d'eux  n'ont  pas  la  même  section;  enfin,  l'un  d'eux  est  coupé  par  un  con- 
densateur. 

»  Nous  allons  démontrer  qu'en  disposant  convenablement  du  rapport  des  sections 
des  fds  enroulés  sur  les  deux  circuits  fixes,  de  la  capacité  du  condensateur  et  en  fai- 
sant varier,  suivant  une  certaine  loi,  les  résistances  sur  lesquelles  sont  fermés  les  cir- 
cuits mobiles,  on  développera  sur  l'axe  de  la  machine  un  couple  moteur  dont  l'inten- 
sité sera  indépendante  de  sa  vitesse.  Nous  appellerons  : 

G.  K.,  1S91,  i"  Semestre.  (T,  CXII,  iV  17.)  122 


(  934  ) 

M,,  Mi,  M',,  M,  les  coefficients  d'induction  mutuelle  des  quatre  circuits;  L,  L'  les 
coefficients  de  self-induction  des  circuits  fixes;  A  celui  de  chaque  circuit  mobile;  R, 
R'  les  résistances  des  circuits  fixes;  p  celle  de  chaque  circuit  mobile;  I,  1',  J,  J'  les 
intensités  des  courants  dans  les  circuits  fixes  et  mobiles;  in  le  nombre  des  pôles  de 
chacun  des  circuits;  Q.  la  vitesse  de  rotation  et  T  la  période  du  courant  utilisé. 

»  Nous  supposerons  d'abord  que  les  conducteurs  enroulés  sur  les  deux  circuits 
fixes  aient  même  section.  Nous  aurons  alors  R—  R',  L:  L',  et,  en  désignant  par  jjl 
une  constante, 

M,  =  u.sin2-(/i<2)<,     M2=:;xcos2-(rtQ)«,     M',—  \xcos ir^{nQ.)t,     Mo—  —  |isin  2-(nii)t. 

»  Intensités  1  et  V .  —  Nous  supposerons  que,  par  un  procédé  quelconque,  on  ait 
établi  une  différence  de  phases  de  \  d'onde  entre  les  variations  de  ces  deux  intensités, 
que  ces  variations  aient  même  amplitude  A  et  que  l'on  puisse  écrire 


1  =  Asin2ir:  ç, 


I'=A  COS21 


»  Intensités  J  et  J'.  —  Nous  aurons  à  chaque  instant 

°  =  ?J  +  A  §  +  ^[m,i  +  m;i'],       o  =  ?j'+  a  d±  +  ^pw+Mii'], 


d'où,   en   posant   J0 


^^-(«lîl^xA 


J  =  J0sin2T: 


T-( 


nû)lf  —  <p  ,  J'  =  — J0cos2tc||^  — (nû 


rHr 


t  —  (S 


a   Travailla  développé  par-  la  machine  (par  seconde).  —  Nous  aurons 


de 


c/M, 
dt 


d\l\ 
dt 


] 


.1 


,/M, 

~77T 


dM', 
~dt 


Ws(«û) 


d'où 


-(««>) 


■(»Û) 


pu." 


A-. 


»  Ce  travail  sera  maximum  si  nous  faisons  p  =  a- 


T-(«û) 


A.  Nous  aurons  alors 


S  =  u(«Q)^A*. 

»  Forces  électromotrices  nécessaires  pour  déterminer   le  passage  des  courants 
d'intensités  I  et  I'.  —  Nous  aurons,  en  faisant  p 

or-      u2 

R 


T-(«U)|A, 


RI-uL^-1  +  ^[M.J  +M,J'l 
dt         d. 


b-=ri'h-l^  +  ^[m;j  +  m;j']= 


T    aA 
1    2  A 


.  t        a»f 

Acosa^-^-- 


!■()-.  '•>.    ~ 


Asiuar  =  ■ 


(  935  ) 

»  Posons,  pour  simplifier  l'écriture, 

E=  «Asin2-  -  -+-  ç'Acos2tc  -,  E'  =  «Acos2tt  =  —  v Asin2it  =• 

»   Les  quantités  u  et  v  sont  indépendantes  de  la  vitesse  12. 

»  Supposons  maintenant  que,  tout  en  enroulant  le  même  poids  de  cuivre  sur  cha- 
cun des  deux  circuits  fixes  et  faisant  en  sorte  que  la  densité  des  courants  soit  la  même 
dans  les  deux  conducteurs,  on  donne  une  section  k  fois  plus  grande  au  conducteur  du 
premier  circuit  fixe  qu'à  celui  du  second,  et  que  l'on  coupe  le  second  circuit  fixe  par 
un  condensateur  de  capacité  c. 

»  Faisons  passer  un  courant  d'intensité  1  =:  AsinaTt  ^  dans  le  premier  circuit  fixe, 
et  un  courant  d'intensité I'=  -=_  C0S2t;  =,  dans  le  second  circuit  fixe,  nous  aurons 


E  —  u  A  sin2  7ï  —  4-  i'A  COS2  7I  —,  E'  —  ku  A  cos2t;  ,= 


T    1       .  t 

/ v Asin2T;— • 

aitcAJ  1 


»   Pour  que  le  courant  qui  alimente  la  machine  se  décompose  naturellement  en  deux 

courants  d'intensités  convenables  dans  chacun  de  ses  circuits  fixes,  il  faut  et  il  suffit 

que  l'on  ait 

T-         EV  1,    •  I  ''  T    «2  i    . 

E  =  E',  don  K        -,  c: 


u  2it    r    «--t-  r- 

»  Force  clectromotrice  nécessaire  aux  bornes  de  la  machine  et  effets  de  self- 
induction.     -  La  force  électromotrice  nécessaire  aux  bornes  de  la  machine  a  pour 

expression  E  -.—  uA  sin  2tc  m -H  f'A  cos2tc  =  -  L'intensité   X  du  courant   débité   par  la 

ligne  est  X  —A  I  sin2rc  —  -)-  -00527:=  I-  Désignons  par  r  la  résistance  effective  de  la 
machine  et  par  /  son  coefficient  de  self-induction  apparent,  nous  aurons 

E  —  rX-hl-j-,         d'où  r=u-        -,         _/=_>__       '. 

»  On    pourra    annuler   complètement  les  effets   de  self-induction    en   intercalant, 
dans    la    ligne    qui    alimente  la    machine,    un    deuxième    condensateur   de    capacité 
T       ,r\-v- 

2-    V  (,!'■-■    U'  ) 

»  Il  suffit  de  régler  une  fois  pour  toutes  les  valeurs  du  coefficient  k  et 
de  la  capacité  c.  Pour  mettre  la  machine  en  marche,  il  faut  introduire  des 
résistances  convenables  dans  chacun  des  circuits  mobiles  et  les  diminuer 
successivement,  au  fur  et  à  mesure  que  la  vitesse  augmente. 

»  Si,  pendant  ce  temps-là,  on  maintient  une  différence  de  potentiels 
constante  entre  les  bornes  de  la  machine,  le  couple  moteur  développé  sur 
son  axe  est  aussi  constant.  Lorsque  toutes  les  résistances  ont  été  suppri- 


(  936  ) 
mées,  la  vitesse  continue  à  augmenter,  mais  le  couple  moteur  décroît  très 
rapidement.  Alors,  pourvu  que  le  couple  résistant  opposé  au  mouvement 
de  la  machine  ait  une  valeur  plus  petite  que  celle  donnée  par  l'expression 

77  (n)  —  A2,  le  fonctionnement  de  la  machine  doit  être  parfaitement  stable. 

»  Un  moteur  de  ce  système  a  été  construit  et  l'expérience  a  complète- 
ment justifié  la  théorie  précédente.  Ce  moteur  démarre  en  charge  avec  la 
plus  grande  facilité  et,  une  fois  mis  en  vitesse,  fonctionne  avec  une  régu- 
larité parfaite  tant  que  le  couple  résistant  opposé  à  son  mouvement  n'est 
pas  supérieur  aux  |  de  la  valeur  maxima  donnée  par  le  calcul  pour  son 
couple  moteur. 

»  Ce  moteur  avait  été  étudié  pour  fonctionner  avec  un  courant  de 
120  périodes  par  seconde,  et  devait  faire,  dans  ces  conditions,  20  chevaux 
avec  un  rendement  de  88  pour  100.  Nous  n'avons  pu  nous  procurer  de 
génératrice  fournissant  un  courant  de  plus  de  70  périodes  par  seconde  : 
le  moteur  a  fourni  avec  ce  courant  environ  1 1  chevaux  avec  un  rendement 
de  78  pour  100.  Il  convient,  avec  ce  système,  d'employer  des  courants 
alternatifs  de  grande  fréquence.    » 


CHIMIE.  —  Études  quantitatives  sur  l'action  chimique  de  la  lumière.  Première 
partie  :  Mesure  de  V absorption  physique.  Note  de  M.  Georges  Lemoixe. 

«  J'ai  étudié  numériquement,  dans  des  conditions  très  variées,  l'action 
chimique  de  la  lumière  et  établi  des  lois  de  coordination  entre  mes  diffé- 
rentes expériences.  Le  réactif  employé  est  le  mélange  de  chlorure  fer- 
rique  et  d'acide  oxalique 

2Fe2Cl3  +  C*H208=  (FeCl  +  2HCI  +  4CO2. 

»  La  première  difficulté  pour  une  étude  approfondie  est  l'absorption 
physique  que  subit  la  lumière  en  traversant  ce  réactif.  Il  est  jaune  rou- 
geàtre.  Au  spectroscope,  il  laisse  passer  le  rouge  et  le  jaune,  mais  il 
absorbe,  progressivement  avec  l'épaisseur,  le  bleu  et  même  le  vert. 

»  Méthode  chimique  pour  mesurer  les  absorptions.  -  -  Deux  cuves  à  faces 
parallèles,  identiques,  contenant  le  réactif,  reçoivent  respectivement  la 
lumière  solaire,  directe  ou  ayant  traversé  le  milieu  quelconque  dont  on 
cherche  l'absorption.  On  compare  les  deux  décompositions. 

»   Pour  doser  dans  iocc  le  chlorure  ferreux   formé,  on  traite  une  heure  par  2?r  de 


(  937  ) 
carbonate  de  chaux  précipité  qui  retient  G4H208  et  Fe203  :  on  filtre  rapidement,    on 
lave  à  l'eau  bouillie,  on  verse  du  permanganate  de  potasse  titré. 

»  Distinction  entre  les  transmissions  réelle  et  apparente.—  Cette  expérience 
donnerait  immédiatement  l'absorption  si  la  lumière  était  homogène,  011  si, 
avec  une  lumière  complexe,  le  réactif  servant  de  témoin  n'avait  qu'une 
épaisseur  infiniment  mince.  On  se  rapproche  de  cette  dernière  condition 
avec  un  mélange  très  dilué  (liquides  T'-  normaux  dans  les  cuves  de  imm ): 
seulement  la  sensibilité  des  mesures  est  alors  très  restreinte. 

»  Dans  le  cas  général,  les  différentes  radiations  agissent  très  inégale- 
ment sur  notre  réactif  coloré.  Le  jaune  impressionne  les  dernières  couches 
presque  autant  que  les  premières: avec  le  bleu,  l'action,  quoique  très  éner- 
gique, est  presque  limitée  aux  premières  couches.  L'ensemble  des  réactions 
ne  donne  donc  qu'une  transmission  apparente.  On  va  voir  que  le  calcul  peut 
ramener  ce  casa  celui  d'une  cuve  infiniment  mince,  et  réciproquement. 

»  Comme  définition  de  l'intensité  lumineuse,  je  prends  la  décomposi- 
tion de  l'unité  de  poids  du  mélange  actif,  en  choisissant  cette  unité  assez 
petite  pour  que,  quelle  que  soitla  concentration  de  sa  dissolution,  l'absorp- 
tion physique  rie  la  lumière  la  traversant  soit  négligeable  :  ce  sera,  par 
exemple,  un  millionième  de  milligramme. 

»  Calcul  des  transmissions.  —  Soit  une  lumière  composée  d'une  série  de  radiations 
d'intensités  n,  n' ,  n",  ...  et  soit  I  la  somme  de  ces  intensités.  Un  milieu  absorbant 
quelconque  d'épaisseur  /  réduira  chaque  radiation  n  à  na'.  Les  intensités  totales,  à 
lentrée  et  à  la  sortie,  seront  donc 

(i)                                                 1         /;    -!-     /('     -;-     n"    +..., 
I  2)  i      na'  ;   n'a"-\   n" a":  -t- 


'    ,.  ,  .       /         i 


La  transmission  réelle  est  ,  >  l'absornti 


ion      i  ■ 


1  \  ' 

»  Dans  une  première  série  d'expériences,  nous  comparons  ces  intensités  i  et  I  par 

leurs  actions  chimiques  sur  notre  réactif  très  dilué  placé  dans  des  cuves  très  minces. 
Ln  faisant  des  mesures  pour  un  nombre  suffisant  de  valeurs  de  /,  nous  pourrons  déter- 
miner approximativement  /(,  n' ,  .    .  correspondant  à  a,  a' Ce  sera  une  première 

valeur  provisoire  de  la  transmission. 

»  Faisons  maintenant  passer  les  lumières  1  et  i  dans  le  réactif  contenu  dans  deux 
rectangles  d'épaisseur  quelconque  X.  Ce  réactif,  dont  nous  négligions  tout  à  l'heure 
l'absorption,  en  exerce  une,  pour  chaque  radiation,  d'après  une  loi  particulière  a'-. 
Cette  radiation  d'intensité  n  y  décompose  n  rt"k  dans  la  première  couche,   na)-  d\  dans 

la  dernière  :    pour  l'ensemble    de    toute   l'épaisseur   À,    la    décomposition   totale   est 
,) 

/;  /     v  (//..  Chacune  des  radiations  agit  suivant  la  loi  qui  lui  est  propre.  Dès  lors,  les 


(  93S  ) 

décompositions  effectuées  par  les  lumières  I  et  i  seront  respectivement 

Je                      r'~ 
ci '(/'/,   4     ,■/'  I    ■/>  d\    -+- 
«                        "-Ai 

(  ', )  s  =  lia'  I     y.1  cil  -  -  n'a'1  l    y.'1  dX  + 

•A)  •'o 

qui  se  réduisent  à  1  et  i  si  À  =  o. 

.    .  s 

»   La  transmission  apparente  est  ^» 

»  Bornons-nous  enfin  au  cas  spécial  où  le  milieu,  dont  on  mesure  l'absorption,  est 
le  chlorure  ferrique.  Si  sa  concentration  est  telle  qu'il  ait  la  même  transparence  que 
le  mélange  de  chlorure  ferrique  et  d'acide  oxalique  pris  comme  témoin  ('),  on  a 


n  Si  le  mélange  actif  employé  est  plus  dilué  que  le  précédent,  on  remarque  qu'une 
même  absorption  correspond  à  une  épaisseur  proportionnelle  à  la  dilution  :  ainsi, 
avec  des  liquides  dix  fois  plus  dilués,  a1"'-  devra  remplacer  a'  dans  la  formule  pour 
que  les  effets  soient  les  mêmes. 

»  On  voit  qu'on  peut  maintenant  calculer  la  transmission  apparente  correspondant 
à  la  seconde  série  d'expériences  (3)  et  (4),  d'après  la  transmission  réelle  correspon- 
dant à  (i)  et  (2).  S'il  y  a  identité  avec  l'observation,  c'est  que  les  formules  primitives 
(1)  et  (3)  sont  exactes.  S'il  y  a  une  différence,  on  en  retouchera  les  constantes  pour  . 
faire  un  calcul  de  seconde  approximation,  et  ainsi  de  suite.  La  formule,  une  fois 
établie  doit  vérifier  toutes  les  autres  expériences  faites  pour  un  même  état  de  l'at- 
mosphère. 

»   En  pratique,  une  formule  de  coordination  à  4  termes  est  suffisante.  Les  intégra- 

rl  -, ,-     «x 

tions  se  t'ont  facilement,  car    /     a1  a  h  — j — 

*•  0 
»  Dans   la  plupart  des  expériences,  j'ai   pris   pour  témoin  le  mélange  de  liquides 
actifs  !  normaux  dans  des  cuves  de  4nl  :  'es  expériences  avec  les  liquides  -^  normaux, 
dans  des  cuves  de  lm,  n'ont  fait  que  diriger  les  calculs. 

»  Résultais  des  expériences  faites  sur  le  chlorure  ferrique  avec  la  lumière  du 
solei(,  —  Les  absorptions  varient  avec  l'état  de  l'atmosphère,  mais  assez 
peu  lorsqu'on  est  dans  la  belle  saison,  avec  un  ciel  bien  pur,  entre  io1'  et  31'. 
Voici  quelques  spécimens  de  mes  expériences  :  je  les  rapproche  des  résul- 
tats d'une  formule  de  coordination  approchée,  se  rapportant  au  chlorure 


(')  L'expérience  montre  que  l'acide  oxalique  en  dissolution  a  ici  la  même  transpa- 
rence que  l'eau,  de  sorte  que  le  mélange  de  Fe-Cl3  et  de  CV1L208  normaux  équivaut 
optiquement  à  Fe2C.l3^  normal. 


(  9*9  ) 
fenique  ™  normal 

i=  0,01(0,986)'+  0,07(0,40)'+  o,  t3(o,  ioY  +  0,79(10"'"/. 

Epaisseurs  /  : 

Transmissions  pour  100  île  lumière  incidente.  1.  4.  10.  25. 

i  élémentaires,  avec  cuves  infiniment  minces  :  théorie.  5,i  1,1  0,9  0,7 

avec  cuves  de  im  et  liquides  ,'„ -normaux  :  théorie   9,6  2,2  1,7  1,4 

(10  3  2 

Fe'Cl'  >>  EXPERIENCE..  _  „   „ 

,  6  5  2  0,8 

normal        1  ,,,--,,  ... 

avec  cuves  de  4™  et  liquides  ;  normaux  :  théorie 28,6         1 1 , 1  g, 3  7,5 

i  24  11  6 

EXPERIENCE..       >    33 ?  „  g 

j  élémentaires,  avec  cuves  infiniment  minces  :  théorie.  25,6  n.o  5,i  1,7 

avec  cuves  de  im  et  liquides  -,j„  normaux  :  théorie 38,7  '8>4  '>•''  Vt 

Fe'Cl"         1                                    »                                    expérience.  38  22  9  3,5 

normal      j  avec  cuves  de  4°  et  liquides  }  normaux  :  théorie 72,2  4g,  •  38,6  10,8 

(  77  55  37  ? 

EXPERIENCE,       jgg  M  35 

_    „,  /  i  élémentaires,  avec  cuves  infiniment  minces  :  théorie.  0,0  o,0'  o,3  0,1 

Fe'Cl'         \ 

,)  avec  cuves  de  4m  et  liquides  v  normaux  :  théorie 0,6  6,8  3,5  0,7 

uuadrinormal  /  ,„  _  ,  _ 

(  »  EXPERIENCE.  .10  5  4  3 

»  Expériences  avec  des  lumières  colorées.  —  Voici,  à  titre  de  comparaison, 
les  formules  semblables  correspondant  aux  lumières  bleue  et  jaune  : 

Bleu  (eau  céleste),     i  =  0,002(0,986)'+  o,o33(o, 4o)'-t-  0,075(0, io)'  +  o,89(io-10)' 
Jaune  (KO,  CrO3).     î'  =  o,85  (0,986)'+ o,  i5  (o,4o)'. 

»  Notre  réactif  impressionnable  équivaut,  comme  transparence,  à  du 
chlorure  ferrique  dilué  :  ces  mesures  nous  permettront  donc  de  calculer 
l'absorption  physique  qu'il  fait  subir  à  la  lumière  et  de  ramener  l'action 
chimique  à  une  épaisseur  infiniment  mince.    » 


0,4 

0,8 

0,7 

'l,3 


0,9 
1,8 
0,7 

6 


CHIMIE.  —    Action  exercée  par  la  présence  des  sels  haloïdes  de  potassium  sur 
la  solubilité  du  sulfate  neutre  de  potassium.  Note  de  M.  Ch.  I»i  vit  1:/. 


«  1.  La  solubilité  du  sulfate  neutre  de  potassium  dans  l'eau  croit  à  peu 
près  comme  la  température.  On  peut,  dans  des  limites  comprises  entre  o° 
et  3o°,  représenter  la  quantité  dissoute  dans  100  parties  par  la  formule 


(0 


Q0  =  8,5  +  0,126. 


»  2.  Lorsqu'on  ajoute,  à  une  solution  saturée  de  ce  sel,  une  très  petite 
quantité  d'un  sel  haloïde  de  potassium,  il  v  a  une  certaine  quantité  de 


(  f)4"  ) 

sulfate  insolubilisée,  inférieure  toutefois  à  la  quantité  pondérale  du  sel  de 
potassium  ajouté  à  la  solution. 
»   Exemples  : 


gr 


ioocc  d'eau  à  i4°  ont  dissous 10, 1G  de  S04K- 

»  additionnés  de  o8r, 20  de  KO  ont  dissous.      .      10,02 

»  »  o?r,  4o  »  ....       9 ,  S  '| 

))  »  Oôr,  60  »  ...  9 ,  ^O  » 

»  !)  OS1',  80  »  ....9,58  )) 

»  En  augmentant  la  dose  de  chlorure,  la  somme  des  sels  dissous  aug- 
mente continuellement  jusqu'au  moment  où  une  action  inverse  se  produit, 
c'est-à-dire  lorsque  le  sulfate  commence  à  agir  sur  la  solubilité  du  chlo- 
rure de  façon  à  l'insolubiliser  en  partie.  Le  bromure  et  l'iodure  de  potas- 
sium agissent  de  la  même  manière. 

»  Il  n'y  a  pas  une  relation  simple  entre  la  quantité  de  sulfate  restée  dis- 
soute et  le  poids  total  du  sel  de  potassium  ajouté  ;  mais  cette  relation  simple 
existe  si  l'on  fait  intervenir  une  fraction  seulement  du  poids  du  sel 
étranger:  la  moitié  environ  lorsqu'il  s'agit  du  chlorure,  le  tiers  pour  le 
bromure  et  le  quart  pour  l'iodure.  Ce  sont,  au  reste,  Là  les  proportions 
approximatives  de  potassium  contenues  dans  chacun  de  ces  composés. 

»  3.  Les  expériences  suivantes  ont  été  faites  à  la  température  de  r4° 
avec  des  quantités  croissantes  de  bromure  de  potassium;  elles  vont  mon- 
trer que  la  somme  du  sulfate  de  potassium  resté  en  dissolution  et  du  potas- 
sium du  bromure  ajouté  est  à  peu  près  constante. 

KBr  K  SO«K2  Somme 

pour  100.  correspondant.  dissous  pour  100.  SO*K'  +  K. 

1 •  0.327  9>43  9,76 

2 o,654  9>  10  9 .  ;J 

3 0,980  8,34  9,32 

4 1 ,3o8  8,14  9.4a 

6 i,96°  7>5a  9>48 

8 2,616  6,56  9,10 

12 3,924  5,62  9,54 

Moyenne 9;  49 

»   Donc  on  peut  dire 

(2)  S04K2  dissous  =  constante  —  Rde  sel  ajouté. 

»  4.  Ce  nombre  constant  varie  avec  la  température.  Pour  étudier  ces 
variations,  nous  avons  cherché  la  combe  de  solubilité  du  sulfate  de  po- 


(  94i  ) 

tassium  dans  une  solution  à  (>"',  10  pour  ioo  de  bromure  de  potassium, 
c'est-à-dire  la  quantité  de  ce  sel  renfermant  2e1'  de  potassium. 

»  Entre  o°  et  3o°,  cette  courbe  est  à  peu  près  une  ligne  droite  calcu- 
lable par  la  formule  très  simple  et  très  approchée  que  voici  : 

(3)  Qe-5,5   h  0,1415 

»  En  ajoutant  à  cette  expression  le  nombre  2  qui  correspond  à  la  pro- 
portion de  potassium  contenu  dans  les  Ggr,  10  de  bromure,  nous  avons  la 
valeur  de  notre  constante  pour  toutes  les  températures  comprises  entre  o" 
et  3o°  : 

(4)  constante  à  8°=  7,6  -t-  0,1417^. 

«   En  portant  cette  valeur  dans  la  formule  (2),  nous  avons 
1  5  )  SO"  K2  dissous  à  6  —  7,.^  +  o,  14176  —  K  du  sel  ajouté. 

»  5.  Si  la  formule  ci-dessus  est  fonction  de  la  température  et  du  po- 
tassium du  sel  ajouté,  nous  pourrons  calculer  l'action  exercée  pour  n'im- 
porte quel  sel  haloïde  de  potassium. 

»  Voici  une  série  d'expériences  de  contrôle  établies  à  cet  effet,  faites 
avec  le  chlorure,  le  bromure  et  l'iodure  de  potassium  en  proportions  va- 
riables et  à  diverses  températures  : 

Sulfate   de   potasse 
dissous  pour  ioo. 

Quantité  K  Tempe-  — —       — 

Sel  ajouté.  pour  100.     correspondant.      rature.  Trouvé.  Calculé. 

KCI 1,91  l  12,5  8,34  8,27 

KG! 3,82  2  »  7,17  7,27 

KCI 3,82  2  26  8,95  9,18 

KG! 5,73  3  12,5  5,98  6,27 

KCI 5,73  3  26  S, 27  8,18 

KB: 3,o5i  1  i2,5  8,45  8,27 

KBr 6,102  2  »  7,24  7>27 

KBi 6,102  2  14  7,39  7,48 

KBr 6,102  2  29  9,57  9,60 

KBr g,i53  3  12,5  5,93  6,27 

Kl 4,256  r  »  8,27  8,27 

Kl 8,5i2  2  »  7,o5  ;.  >- 

K! 12,768  3  »  5,79  6,27 

»   Les  nombres  trouvés  et  calculés,  qui  sont  inscrits  dans  le  Tableau 

C.  R.,  1891,  1"  Semeitrr.   (T.  CXII,  N'  17.)  I2^ 


(  9^  ) 
ci-dessus,  ne  sont  pas  absolument  identiques;  mais  il  faut  faire  la  part  des 
erreurs  inhérentes  à  ces  expériences  très  délicates;  il  faut  tenir  compte,  en 
outre,  de  ce  fait  que  la  formule  qui  sert  à  faire  le  calcul  n'est  qu'approchée, 
et  enfin  qu'il  y  a  d'autres  causes  perturbatrices  qui  agissent.  Toutefois  ces 
résultats  sont  assez  nets  pour  bien  montrer  que,  comme  pour  les  solutions 
de  bitartrate  de  potassium,  l'action  précipitante  des  sels  haloïdes  de  potas- 
sium sur  des  solutions  saturées  de  sulfate  neutre  de  potasse  est  proportion- 
nelle à  /'équivalent  du  sel  ajouté.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —    Sur  /' isocinchonine.  Note  de  MM.  E.  Jungfleiscii 

et  E.  Léger. 

«  Dans  un  Mémoire  récent  (  '  ),  M.  Hesse  exprime  l'opinion  que  la  sub- 
stance qu'il  a  désignée  en  1887  sous  le  nom  à' isocinchonine  est  identique 
avec  la  cinchonigine,  l'une  des  bases  que  nous  avons  obtenues  par  modi- 
fication de  la  cinchonine  (-),  et  il  revendique  la  découverte  de  ce  dernier 
composé.  Nous  nous  proposons  de  montrer  que  cette  opinion  n'est  pas 
conforme  aux  faits;  nous  dirons  aussi  quelques  mots  de  la  revendication, 
bien  qu'elle  présente  un  très  faible  intérêt,  la  cinchonigine  ayant  été 
aperçue  à  peu  près  simultanément  par  trois  groupes  de  chimistes  travail- 
lant dans  des  directions  très  diverses,  MM.  Comstock  et  Kcenigs,  MM.  Ca- 
ventou  et  Ch.  Girard,  et  nous-mêmes. 

)>  En  1887,  dans  une  première  publication,  M.  Hesse  a  consacré  trois 
pages  environ  à  l'action  exercée  par  l'acide  sulfurique  sur  plusieurs  alcalis 
des  quinquinas.  Faisant  agir  à  froid  10  parties  d'acide  concentré  sur  1  partie 
de  sulfate  d'alcaloïde,  il  obtenait  un  produit  qu'il  considérait,  sans  publier 
d'analyse,  il  est  vrai,  comme  un  isomère  de  l'alcaloïde  original  et  qu'il 
distinguait  de  celui-ci  par  le  préfixe  iso.  Ce  que  M.  Hesse  écrivait  alors  de 
l'isocinchonine  est  assez  court  pour  être  traduit  littéralement  et  complète- 
ment. «  L'isocinchonine  enfin,  disait-il,  se  dissout  très  facilement  dans 
»  l'éther.  Par  évaporation  de  sa  solution  éthérée,  il  reste  un  résidu 
»  amorphe,  qui  cependant  se  prend,  après  un  temps  court,  en  une  masse 
»   cristalline  etrayonnée.  »  Ainsi  donc,  à  cette  époque,  la  matière  soluble 


(')  Annalen  der  C hernie,  t.  CCLX,  p.  21 3. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  GVI,  p.  357. 

(3)  Annalen  der  Chemie,  t.  GCXLIII,  p.  i3i. 


(  943  ) 
dans  l'éther,  que  fournit  la  cinchonine  traitée  par  l'acide  sulfurique,  était 
pour  M.  Hesse  un  principe  défini,   l'isocinchonine.  C'est  précisément  la 
relation  existant  entre  cette  isocinchonine  et  la  base  que  nous  avons  étu- 
diée sous  le  nom  de  cinchonigine  que  nous  avons  à  établir. 

»  L'action  de  l'acide  sulfurique  sur  la  cinchonine  nous  a  donné  trois 
alcalis  solubles  dans  l'éther  :  la  cinchonigine,  la  cinchoniline  (' )  et  une 
base  non  dénommée,  dont  nous  possédons  une  grande  quantité,  mais  que 
nous  n'avons  pas  encore  décrite  parce  qu'elle  est  incristallisable,  ainsi  que 
ses  sels.  En  modifiant  de  manières  assez  diverses  le  traitement  qui  produit 
ces  composés,  nous  avons  constaté  qu'on  change  surtout  leurs  proportions 
respectives.  Malgré  quelques  particularités  dans  sa  production,  l'isocin- 
chonine, telle  qu'elle  a  été  définie  dans  la  publication  de  M.  Hesse  anté- 
rieure aux  nôtres,  était  donc  pour  nous  très  vraisemblablement  un  mélange 
des  trois  alcaloïdes  précités.  La  conclusion  contraire  du  récent  travail  du 
même  chimiste  nous  a  conduits  à  vérifier  notre  hypothèse  en  reproduisant 
exactement  les  circonstances  expérimentales,  d'ailleurs  assez  variées,  indi- 
quées par  M.  Hesse.  D'une  manière  constante,  nous  avons  pu  isoler  dans 
le  produit  soluble  à  l'éther  les  trois  bases  dont  il  s'agit.  Nous  préciserons 
par  un  exemple. 

»  On  a  dissous  à  froid  6ogr  de  sulfate  de  cinchonine  pur,  préalablement 
pulvérisé,  dans  36oB'  d'acide  sulfurique  pur  et  concentré.  Le  mélange,  qui 
s'est  d'abord  échauffé  spontanément,  a  été  abandonné  pendant  vingt-quatre 
heures  dans  une  pièce  à  170,  puis  versé  dans  l'eau  froide.  Après  sursatu- 
ration par  la  soude  et  refroidissement,  on  a  épuisé  la  masse  par  des  agi- 
tations répétées  avec  l'éther.  Après  distillation,  celui-ci  a  laissé  l'isocin- 
chonine de  M.  Hesse.  Ce  produit,  dissous  à  chaud  dans  l'acide  chlorhydrique 
dilué,  a  donné,  après  neutralisation  et  refroidissement,  du  chlorhydrate  de 
cinchonigine;  la  liqueur,  évaporée,  a  fourni  de  nouveau  quelques  cristaux 
du  même  sel.  L'eau-mère  sirupeuse  contenait  encore  des  alcalis  en  abon- 
dance; ceux-ci  ont  été  mis  en  liberté  par  la  soude,  repris  par  l'éther  et 
neutralisés  par  l'acide  iodhydrique  incolore;  la  liqueur,  additionnée  d'une 
nouvelle  quantité  du  même  acide  un  peu  supérieure  à  celle  exigée  pour  la 
neutralisation,  a  produit  une  abondante  cristallisation  d'iodhydrate  neutre 
de  cinchoniline,  en  cristaux  d'un  jaune  vif.  En  répétant  sur  les  bases  de 
l' eau-mère  iodhydrique  les  deux  traitements  successifs  à  l'acide  chlorhy- 
drique et  à  l'acide  iodhydrique,  on  a  séparé  les  petites  quantités  de  cincho- 

(')  Comptes  rendus,  l.  CVI,  p.  607. 


(  944  ) 
nigine  et  de  ciuchoniline  ayant  échappé  au  premier  traitement.  Le  résidu 
contenait  la  base  incristallisable. 

»  Les  6ogr  de  sulfate  de  cinchonine,  contenant  un  peu  plus  de  ^8er  de 
cinchonine,  nous  ont  donné  ainsi  t4gr  de  chlorhydrate  de  cinchonigine, 
soit  nsr,8  de  cinchonigine  et  24g1'  d'iodhvdrate  neutre  de  cinchoniline, 
soit  i2gv,7  de- cinchoniline.  Quant  à  la  base  incristallisable,  elle  était, 
comme  d'ordinaire,  notablement  moins  abondante. 

»  La  matière  à  laquelle  M.  Hesse  a  donné  le  nom  à'isocinchonine,  dans 
la  publication  citée  plus  haut  intégralement,  la  seule  qui  ait  précédé  les 
nôtres,  est  donc  un  mélange  dont  la  cinchonigine  forme  beaucoup  moins 
de  la  moitié.  Elle  ne  constitue  nullement  un  principe  défini.  Dans  son 
nouveau  Mémoire,  publié  plus  de  dix-huit  mois  après  notre  étude  de  la 
cinchonigine,  M.  Hesse,  employant  le.  même  traitement  que  nous,  sépare  à 
l'état  de  chlorhydrate  la  cinchonigine  dans  son  isocinchonine,  et  il  l'iden- 
tifie avec  cette  dernière  :  il  prend  évidemment  la  partie  pour  le  tout.  Or, 
la  question  d'antériorité  qu'il  pose  en  même  temps  ne  saurait,  sans  cette 
identité,  se  juger  conformément  au  désir  de  M.  Hesse.  Quoi  qu'il  en  soit, 
nous  attachons  beaucoup  moins  d'intérêt  à  cette  question  qu'à  l'utilité  de 
ne  pas  laisser  s'établir  certaines  confusions  dans  un  sujet  déjà  dif- 
ficile. 

»  La  nouvelle  étude  de  la  cinchonigine  ne  diffère  de  la  nôtre  que  par 
quelques  détails  sans  importance,  dont  la  discussion  ne  saurait  trouver 
place  ici.  Les  divergences  entre  les  résultats  de  M.  Hesse  et  les  nôtres 
sont  plus  accentuées  en  ce  qui  concerne  les  bases  de  même  origine,  inso- 
lubles dans  l'éthcr;  nous  les  examinerons  ultérieurement.  Dès  maintenant, 
cependant,  nous  dirons  que  nous  ne  pouvons  admettre  l'hypothèse  au 
moyen  de  laquelle  notre  savant  contradicteur  les  explique;  il  suppose  gra- 
tuitement que  notre  matière  première  est  le  sulfate  de  cinchonine  ordi- 
naire du  commerce,  qu'elle  contient  de  l'hydrocinchonine  et  que  cette 
dernière  est  l'origine  de  tel  de  nos  produits  qu'il  n'a  pas  réussi  à  isoler. 
Dès  le  début  de  nos  recherches,  la  pureté  de  la  cinchonine  traitée  a  été  re- 
connue indispensable;  dès  notre  première  Note,  nous  l'avons  affirmée  par 
une  mention  en  italiques.  D'ailleurs,  comment  pourrait-on  attribuer  avec 
vraisemblance  à  une  base  relativement  abondante  l'origine  de  principes 
que  nous  obtenons  avec  des  rendements  élevés  et  dont  nous  détruisons 
des  quantités  assez  considérables  dans  des  recherches  poursuivies  actuel- 
lement? » 


(  945  ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  un  carbure  de.  la  série  terpénique  contenu  dans 
les  huiles  du  gaz  comprime.  Note  de  MM.  A.  Etard  et  P.  Lambert,  pré- 
sentée par  M.  Schiïtzenberger. 

«  L'industrie  du  gaz  comprimé,  dit  gaz  portatif,  met  surtout  en  œuvre, 
comme  matière  première,  les  huiles  lourdes  à  paraffines  des  schistes  bitu- 
mineux de  la  région  d'Autun,  plus  rarement  les  produits  analogues  du  bog- 
head  d'Ecosse.  Ces  carbures  sont  pyrogénés  au  rouge-cerise  dans  de  longs 
tubes  en  fonte  et  le  gaz  résultant  comprimé  dans  des  cylindres.  Il  se  con- 
dense dans  celte  opération  des  liquides  très  légers  tenant  en  dissolution 
des  gaz  tels  que  les  butylènes,  l'éthylène,  l'érythrène,  etc.  Il  nous  a  paru 
intéressant  de  rechercher  si,  dans  les  liquides  précités,  la  partie  bouillant 
au-dessus  de  ioo°,  et  qui  n'a  été  encore  que  très  peu  étudiée,  ne  contien- 
drait pas,  elle  aussi,  des  carbures  incomplets. 

m  Nos  expériences  ont  porté  sur  deux  échantillons  de  6oUl  chacun,  pro- 
venant l'un  des  paraffines  d'Autun,  l'autre  des  bog-head.  Les  substances 
obtenues  dans  les  deux  cas  sont  identiques;  seule  leur  odeur  peut  être 
modifiée  par  des  traces  de  mercaptans  ou  de  carbylamines.  Les  carbures 
du  gaz  comprimé  entrent  en  ébullition  de  -+-  200  à  -f-  36o°  et  il  reste  en- 
core tles  coudrons. 

»  Par  un  premier  fonctionnement,  on  sépare  environ  60  pour  100  de 
benzine,  10  pour  100  de  toluène,  6  pour  100  de  carbures  non  saturés  lé- 
gers, et  enfin  10  pour  100  d'huiles  précédant  immédiatement  les  résidus 
goudronneux  et  passant  entre  1 4o°  et  1900. 

»  En  poursuivant  l'étude  de  la  fraction  i4o°-i9o°,  qui  fait  le  principal 
objet  de  cette  Note,  on  remarque  l'impossibilité  d'obtenir  un  point  d'ébul- 
lition  fixe,  en  même  temps  on  voit  le  produit  principal  diminuer  à  chaque 
tour  de  fractionnement  et  s'accumuler  dans  les  «  têtes  »  si  le  serpentin  est 
bien  refroidi.  Dans  cette  distillation,  le  thermomètre  se  fixe  le  plus  long- 
temps aux  environs  de  167".  Là  se  place,  non  un  point  d'ébulhtion  véri- 
table, mais  une  décomposition  ou  dissociation  lente.  Si  l'on  fractionne 
plusieurs  fois,  le  jour  même,  les  huiles  légères  formées,  on  isole  un  carbure 
CMI"  bouillant  à  4a°,  5.  Densité  :  o,8o3. 

Théorie. 

G 9°>8     9°>4     9°>8       9°>9 

H 9-3      9>6      9>2       9-' 

Densité  de  vapeur  :  2,4e»;  théorie  :  2,35. 


(  946  ) 
»   En    raison   de    son    origine,  nous  appellerons  ce    carbure  pyropen- 
I y  le  ne. 

»  Ce  pyropentylène  de  gaz  comprimé  a  la  curieuse  propriété  de  se  poly- 
mèriserà  froid.  Deux  de  ses  molécules  se  transforment  en  une  seule  de  di- 
pyropentylène, 

2C5H6  =  C,0H12. 

Ce  dernier  est  un  carbure  solide  fusible  à  4-  8°.  D  =  ioo3°.  Il  a  les  proprié- 
tés principales  des  terpènes. 

»  La  polymérisation  est  mise  en  évidence  surtout  par  la  variation  des 
densités  en  fonction  du  temps,  variation  que  l'on  peut  représenter  d'une 
façon  très  satisfaisante  par  une  branche  d'hyperbole.  Voici  d'ailleurs  les 
nombres  portés  sur  un  graphique. 

.  ...  Câ28     035J.    CS84.        0371  OSW  83»        0&35        0S87         P990 I 


0803 


15  38  63         120         18*     232  310  381  *53  525  537 


»  Il  s'agit  ici,  comme  le  montre  la  figure,  d'une  action  régulière.  On  en 
pourra  sans  doute  tirer  parti  en  Chimie  générale  pour  étudier  les  vitesses 
de  réaction  sous  diverses  influences,  d'autant  mieux  que,  circonstance  rare, 
la  transformation  peut  se  faire  à  température  constante,  dans  un  milieu 
absolument  homogène  physiquement  et  chimiquement,  ce  qui  ne  paraît  pas 
s'être  rencontré  jusqu'à  présent. 

»  Les  carbures  non  saturés  de  ces  séries  sont  formés,  comme  l'a  montré 
ML  Berthelot,  avec  absorption  de  chaleur,  et  il  n'est  pas  douteux,  d'après 
les  circonstances  de  sa  préparation,  que  le  pyropentylène  Cs  11°  ait  pris 
naissance  dans  une  décomposition  endothermique.  La  chaleur  qu'il  a  ab- 
sorbée se  dissipe  spontanément  pendant  la  formation  du  dipyropentvlène, 
de  sorte  que  ce  dernier  semble  se  produire  uniquement  sous  l'influence 
du  temps.  La  transformation  est  facilement  réversible  et,  en  chauffant  de 
nouveau  le  dipyropentvlène,  on  remonte  en  quelque  sorte  la  réaction  pour 
refaire  du  pyropentylène.  On  conçoit  que  C5 H"  n'existe  pas  libre  dans  les 
huiles  légères  de  gaz,  il  y  est  au  bout  de  peu  de  temps  sous  la  forme  stable 
C,0H'-  dont  nous  ferons  ultérieurement  une  étude  spéciale.  Le  carbure 


(  947  ) 
C5H"  du  gaz  comprimé  a  une  saveur  poivrée  1res  vive  et  une  odeur  spé- 
ciale. 

»  Les  sels  ammoniacaux  d'argent  et  de  cuprosum  qui,  comme  on  sait, 
précipitent  les  carbures  acétyléniques,  sont  sans  action  sur  lui.  Toutefois 
les  solutions  aqueuses  concentrées  d'azotale  d'argent  produisent  rapide- 
ment un  précipité  blanc  aciculaire.  Les  solutions  ammoniopotassiques 
d'argent,  en  présence  d'une  goutte  de  C5II°  argentent  le  verre  en  miroir. 

»  Voici  une  réaction  nouvelle  qui  pourra  peut-être  servir  pour  carac- 
tériser d'autres  carbures  incomplets  :  C5 11°  agité  avec  une  solution  aqueuse 
d'acide  sulfureux  s'v  combine  directement  comme  le  ferait  un  aldéhyde 
avec  un  bisulfite;  il  se  forme  bientôt  des  cristaux  blancs  d'un  produit  d'ad- 
dition sulfureux  C"  H12,  2  SO'H2. 

Théorie. 

G 4°>8  4'ï  2  4o,5 

H 5,5  5,6  ."..  i 

»  Ce  dérivé  blanc  est  insoluble  dans  presque  tous  les  réactifs,  sauf  les 
alcalis.  Il  a  une  tendance  remarquable  à  retenir  les  petites  quantités  de  fer 
contenues  dans  les  réactifs.  L'échantillon  analysé  ci-dessus  en  avait  pris 
1 ,5  pour  100. 

»  Il  est  impossible  de  combiner  le  pyropentylène  :  avec  les  acides  halo- 
géniques,  il  y  a  résinification  rapide  ou  explosion.  Les  agents  d'oxydation, 
même  étendus,  provoquent  une  destruction  complète.  Le  brome  donne 
uniquement  des  dérivés  liquides. 

»  Le  pyropentylène  n'est  identique  ni  avec  le  valylène  (E~6o°),  ni 
avec  le  piry!ène(E  =  70°),  qui  appartiennent  aussi  numériquement  à  la  sé- 
rie terpénique.  C'est  un  isomère  qui  possède  en  réalité,  comme  nous  le 
montrerons  prochainement,  des  relations  de  propriétés  avec  lesterpèues.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  la  tréhalose.  Note  de  M.  Maquenne, 

présentée  par  M.  Dehérain. 

«  On  sait,  d'après  M.  Mûntz,  que  la  mvcose  de  Wiggers  et  de  Mitscher- 
lich,  primitivement  extraite  du  seigle  ergoté,  est  identique  à  la  tréhalose  de 
M.  Berthelot.  M.  Rourquelot,  étudiant  plus  tard  sa  distribution  dans  diffé- 
rentes espèces  de  champignons,  a  reconnu  que  cette  substance  .se  trans- 
lorme  rapidement  en  mannite  dans  le  tissu  même  des  végétaux  qui  la 
contiennent. 


(  9'»8  ) 

»  Cette  circonstance  montre  une  relation  évidente  entre  la  tréhalose  et 
la  mannite  ou  ses  dérivés;  d'autre  part,  M.  Berlhelot  a  obtenu,  par  l'inter- 
version de  la  tréhalose,  un  liquide  qui  présentait  sensiblement  le  pouvoir 
rotatoire  de  la  glucose  ordinaire;  le  même  auteur  a  reconnu  que  la  tréha- 
lose peut  s'éthérifier  comme  les  autres  sucres  lorsqu'on  la  chauffe  avec 
certains  acides  organiques,  mais  il  règne  encore  une  certaine  obscurité 
sur  sa  constitution  et  même  sur  sa  véritable  formule,  que  l'on  n'a  jusqu'à 
présent  écrite  en  C<2  que  par  analogie  avec  la  saccharose. 

»  J'ai  repris  l'étude  de  ce  corps  en  partant  d'un  échantillon  de  tréhalose 
que  j'ai  extraite  moi-même,  au  moyen  de  l'alcool,  du  tréhala  de  la  Perse. 

»  65oS''  de  coques,  séparées  des  insectes  qu'elles  renferment,  m'ont  ainsi 
donné  i35gr  de  tréhalose  pure,  ce  qui  correspond  à  un  rendement  de  20, 8 
pour  100;  le  résidu  est  une  sorte  d'amidon,  transformable  par  les  acides 
en  glucose  ordinaire. 

»  L'analyse  du  produit  cristallisé  confirme  exactement  la  formule 
C'2H220"  -+-  2H20  que  l'on  admet  d'ordinaire  pour  la  tréhalose. 

Trouve  Calculé. 

Carbone 38,  oç)  38,09 

Hydrogène 6,80  6,88 

»  Poids  moléculaire.  —  Deux  dissolutions  renfermant  iGgI'  et  8gl'  de  tré- 
halose cristallisée  pour  100  d'eau  se  sont  congelées  respectivement  à 
—  o°,  895  et  —  o°,  43;  il  en  résulte,  d'après  la  formule  de  M.  Raoult,  une 
valeur  de  35o  environ  pour  le  poids  moléculaire  de  la  tréhalose. 

»  Ce  nombre,  sensiblement  inférieur  au  chiffre  théorique  3^8,  ne  nous 
autorise  pas  à  adopter  définitivement  la  formule  des  auteurs,  mais  il  nous 
permet  d'écarter  sûrement  la  tréhalose  de  la  classe  des  trioses,  dont  le  poids 
moléculaire  est  beaucoup  plus  élevé. 

Interversion.  —  On  sait  que  l'interversion  de  la  tréhalose  est  fort  pé- 
nible :  ce  corps  ne  peut  être  entièrement  dédoublé  que  par  deux  heures 
de  chauffe  à  1  io°,  en  présence  d'acide  sulfurique  à  5  pour  100;  les  produits 
obtenus  sont  alors  colorés  et  l'examen  polarimélrique  reste  indécis.  S'il 
est  vrai,  d'autre  part,  que  le  liquide  cristallise  aisément  après  qu'on  l'a  neu- 
tralisé et  amené  par  évaporation  à  consistance  sirupeuse,  il  a  été  impos- 
sible, à  cause  des  pertes  qu'entraînent  les  cristallisations  successives  et 
les  traitements  au  noir,  d'obtenir  ainsi  une  proportion  de  glucose  pure  égale 
seulement  à  la  moitié  du  poids  de  la  tréhalose  intervertie;  on  ne  saurait 
donc  encore  affirmer  que  cette  substance  est  une  vraie  diglucose. 


(  949  ) 

»  J'ai  alors  songé  à  appliquer  à  la  tréhalose  la  méthode  que  j'ai  fail 
connaître  dans  une  Communication  antérieure  (H  )  et  qui  consiste  à  compa- 
rer les  liquides  intervertis  à  une  solution  équivalente  de  glucoses  connues, 
au  point  de  vue  de  leur  action  sur  la  phénvlhydrazine. 

»  ogr,  5oo  de  tréhalose,  complètement  intervertie  par  l'acide  sulfurique, 
mélangés  à  2gr,5  de  phénvlhydrazine,  autant  d'acide  acétique  et  5^  d'acé- 
tate de  sodium,  ont  ainsi  donné  en  une  heure,  à  ioo°,  ogr,4od'un  produit  qui 
présentait  tous  les  caractères  de  la  phénvlglucosazone;  un  égal  volume 
d'une  solution  de  glucose  ordinaire,  étendue  de  façon  à  présenter  exacte- 
ment le  même  pouvoir  réducteur,  a  donné,  dans  les  mêmes  conditions,  le 
même  poids  d'osazone.  Les  deux  liqueurs  renfermaient  donc  la  même  es- 
pèce de  sucre  réducteur,  et  nous  pouvons  conclure  de  cette  comparaison 
que  la  tréhalose  se  transforme  uniquement  en  glucose  par  hydratation  ;  il  en 
résulte  que  sa  formule  est  hien  en  C12. 

»  Acêtine  de  la  tréhalose  C,2HMOn(C2H30)8.  —  Aucun  éther  de  la  tré- 
halose n'a  pu  être  jusqu'ici  obtenu  à  l'état  de  pureté,  en  sorte  que  la  va- 
lence de  cet  alcool  est  encore  indécise;  j'ai  réussi  à  préparer  i'acétine  de 
la  tréhalose  en  chauffant  ce  corps  à  l'ébullition,  avec  un  excès  d'anhydride 
acétique  et  un  fragment  de  chlorure  de  zinc;  après  refroidissementdu  mé- 
lange, l'eau  précipite  une  huile  épaisse  qui  se  concrète  peu  à  peu  en  une 
masse  cristalline.  Ce  produit,  purifié  par  une  nouvelle  cristallisation  dans 
l'alcool,  fond  à  97°-o,80,  à  peu  près  à  la  même  température  que  l'hexacétine 
de  la  sorbite;  sensiblement  volatil,  il  brûle  à  l'air  avec  une  belle  flamme 
blanche;  la  baryte,  à  ioo°,  le  saponifie  rapidement  et  régénère  la  tréhalose 
primitive. 

»  L'analyse  montre  que  cet  éther  renferme  8  molécules  d'acide  acétique 
et  qu'il  est.  par  conséquent,  isomère  des  acétines  déjà  connues  de  la  saccha- 
rose, de  la  maltose  et  de  la  lactose. 

Trouvé.  Calcule. 

Carbone  total ',(,,07  4g, 56 

Carbone  acétique 28,  1.!  28,3a 

Hydrogène 5,5?  5, 61 

«  En  résumé,  la  tréhalose  anhydre  est  un  alcool  octoatomique,  isomère 
des  saccharoses  proprement  dites  et  très  voisin  de  la  maltose  par  sa  con- 
stitution moléculaire,  puisque,  comme  cette  dernière  substance,  il  ne 
donne  que  de  la  glucose  à  l'interversion;  il  en  diffère  essentiellement  en  ce 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  799. 

C.  K.,   1891,   1"  Semestre    (T.  C\II,N°  17.)  I  ?4 


(  9>  ) 
qu'il  ne  renferme  plus  de  fonction  d'aldéhyde  et  doit  être  rapproché  sous 
ce  rapport  de  la  saccharose  ordinaire.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  De  l'action  des  composés  oxyhydrocarbonés  sur  les 
azotures  et  les  hydroazotures.  Note  de  M.  Raymond  Yidal,  présentée 
par  M.  Friedel. 

«  J'ai  été  amené,  en  cherchant  une  méthode  simple  pour  la  préparation 
des  aminés,  à  étudier  l'action  des  azotures  sur  les  alcools.  J'ai  d'abord 
essayé  les  azotures  métalliques.  La  réaction  ne  m'a  fourni  que  de  l'ammo- 
niaque et  des  hydrocarbures  éthyléniques;  mais  les  azotures  métalloïdiques 
m'ont  donné  de  meilleurs  résultats. 

»  Mes  premiers  essais  ont  porté  sur  le  phospham  PAz2H.  En  faisant 
arriver  des  vapeurs  d'alcool,  soil  mélhylique,  soit  éthylique,  sur  ce  com- 
posé, préalablement  chauffé  entre  ido°  et  2000,  il  se  forme  du  métaphos- 
phate  de  monamine  primaire,  pendant  qu'il  distille  de  l'alcool,  présentant 
une  forte  odeur  ammoniacale,  due  à  la  présence  d'une  aminé  secondaire. 

»  Le  métaphosphate  de  monamine  primaire  se  présente  sous  la  forme 
d'une  masse  pâteuse,  durcissant  par  le  refroidissement,  contenant  de 
l'acide  métaphosphorique  libre  et  des  parcelles  de  phospham  non  attaqué. 
Ce  produit  est  déliquescent,  et  sa  dissolution,  chauffée  avec  les  alcalis, 
dégage  un  gaz  présentant  tous  les  caractères  de  la  méthylamine  ou  de 
l'éthylamine,  suivant  l'alcool  employé. 

»  La  solution  alcoolique,  saturée  par  un  acide,  laisse  par  évaporation 
un  résidu  cristallin.  Celui-ci,  traité  à  chaud  par  la  soude  caustique,  fournit 
des  vapeurs  constituées  par  une  aminé  secondaire  avec  traces  d'aminé  pri- 
maire. 

)>  Si,  au  lieu  d'opérer  à  la  pression  ordinaire,  on  agit  en  vase  clos,  la  réac- 
tion est  plus  nette  :  tout  le  phospham  disparaît.  Après  distillation  des  com- 
posés volatils,  il  reste  du  métaphosphate  d'aminé  primaire  cristallisé,  tandis 
que  les  produits  condensés  ne  renferment  plus  qu'une  aminé  secondaire. 
Il  est  nécessaire  d'employer  un  excès  d'alcool,  cpii  sert  à  dissoudre  l'aminé 
secondaire  libre. 

»   On  peut  exprimer  l'action  de  l'alcool  sur  le  phospham  par  l'équation 

suivante 

PAz2H  -4-  4ROH  =  PO'(AzH-Fr-)2. 

»   Mais  le  phosphate  d'ammoniaque  ainsi  obtenu  perd,  sous  l'influence 


(    931     ) 

de  la  chaleur,  une  molécule  d'alcool   et  donne   naissance  à  une  ammo- 
niaque secondaire,  qui  distille,  et  à  un  métaphosphate  d'aminé  primaire. 

PO*H(AzH2R2)2  =  ROH  -+-  P03AzH3R-r-  AzHR-. 

»  En  remplaçant,  dans  l'opération  précédente,  l'alcool  par  l'oxyde 
d'éthyle  et  opérant  toujours  en  vase  clos,  on  obtient  les  mêmes  produits 
qu'avec  l'alcool.  Ce  fait  paraît  dû  au  dédoublement  de  l'éther  en  alcool  et 
éthylène.  L'aldéhyde,  réagissant  sur  le  phospham  sous  pression,  donne 
naissance  à  des  produits  résineux  et  ammoniacaux,  dont  je  n'ai  pas  encore 
déterminé  la  nature. 

»  L'action  des  alcools  méthyliques  et  éthyliques  sur  le  phospham 
permet  d'admettre  que  des  réactions  de  même  ordre  se  passent  avec  les 
alcools  supérieurs,  les  phénols,  les  alcools  polyatomiques  et  les  mélanges 
d'alcools  différents.  Je  me  réserve  d'en  entreprendre  l'étude. 

»  Enfin  je  me  suis  assuré  que  la  réaction  du  phospham  sur  les  hydrates 
alcooliques  n'est  point  un  fait  isolé.  Une  réaction  semblable  a  lieu  avec 
différents  azotures,  tels  que  l'azoture  de  bore,  etc.  Je  ferai  prochainement 
connaître  les  résultats  que  j'ai  obtenus  avec  ce  dernier  composé.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  constant  ion  des  dissolutions  aqueuses 
d'acide  tartrique.  Note  de  M.  Aigx.vx. 

«  Considérons  une  dissolution  d'acide  tartrique  (N  =  i5o)  de  den- 
sité S  et  de  concentration  s.  I^es  expériences  de  Biot  (')  sur  le  pouvoir 
rotatoire  peuvent  s'expliquer,  en  admettant  soit  que  l'acide  tartrique  dis- 
sous forme  avec  l'eau,  en  proportions  définies,  un  hydrate  partiellement  dis- 
socié, soit  que  l'acide  tartrique,  se  combinant  à  lui-môme,  possède  une 
molécule  physique  double  de  sa  molèciue  chimique,  cette  molécule  physique 
étant  partiellement  dissociée  par  la  dissolution  : 

»  i°  Si  nous  admettons  que  l'acide  tartrique  forme  avec  l'eau  un  hydrate 
C''H°0°  -+-  rcrFO  partiellement  dissocié  par  dissolution,  la  discussion  des 
résultats  trouvés  par  Biot  conduit  à  énoncer  la  loi  suivante  : 

»  La  proportion  d'acide  tartrique  qui  se  combine  dans  un  rapport  fixe 
avec  n  molécules  d'eau,  à  l'état  d'hydrate  non  dissocié,  est  égale  à  la  propor- 
tion d'eau  dans  la  dissolution. 


(')  Mémoires  de  l'Institut  de  France,  I.  XV. 


(  95a  ) 

»  Et,  dans  ce  cas,  ou  trouve  que  la  dissolution  considérée  doit  avoir 
pour  pression  osmotique 

-,  =  rt4-é; 

ioo 

»  2U  Si  l'on  suppose,  au  contraire,  que  la  dissolution  d'acide  tartrique 
contient  le  polymère  (C4H606)2  partiellement  dissocié,  les  résultats  expé- 
rimentaux de  Biot  permettent  d'énoncer  la  loi  suivante  : 

»  La  proportion  de  composé  (C*  rFO6)'2  dissocié  par  dissolution  est  égale  à 
la  proportion  de  dissolvant  dans  la  liqueur  examinée. 

»   Ou  encore  : 

»  Le  poids  de  composé  actif  (  C*  HB  0°  )2  dissocié  par  dissolution  est  égal  au 
produit  du  poids  du  dissolvant  par  la  concentration  t  de  la  dissolution. 

»  Et,  dans  ce  cas,  la  pression  osmotique  de  la  dissolution  considérée 
prend  la  valeur 

^  =  RT  4-  ( s  - 
ioo  V 

»  La  détermination  de  la  pression  osmotique  de  la  dissolution  d'acide 
tartrique  permet  donc  de  choisir  entre  les  deux  hypothèses. 

»  Il  serait  difficile  de  mesurer  directement  par  la  méthode  de  Pfeffer  la 
pression  osmotique  d'une  dissolution  d'acide  tartrique,  mais  il  est  beau- 
coup plus  facile  de  comparer  une  semblable  dissolution  à  une  liqueur 
titrée  de  sucre  dans  l'eau  distillée. 

»  L'une  des  liqueurs  à  comparer  étant  mise  dans  un  osmomètre  et 
l'autre  dans  le  vase  où  plonge  l'osmomètre,  le  sens  du  mouvement  du 
liquide  dans  la  tige  de  l'osmomètre  doit  faire  connaître  quelle  est  la  li- 
queur dont  la  pression  osmotique  l'emporte.  Si  le  niveau  du  liquide  reste 
absolument  invariable  dans  la  tige  de  l'osmomètre,  on  peut  conclure  que 
les  deux  liqueurs  sont  isotoniques. 

»  J'ai  préparé  une  dissolution  (D)  d'acide  tartrique  contenant,  par  kilo- 
gramme, 49e1',  47  d'acide  pur  et  ayant  pour  densité  S  =  1,02241.  Si  l'acide 
est  simplement  dissous  ou  combiné  à  l'état  d'hydrate  avec  une  certaine 
quantité  d'eau,  la  pression  osmotique  de  cette  dissolution  sera 

-,  =  RT  x  —=-  s  =  RT  :     <>,ooo':S:>7i<i, 
100  •    •' 

et  la  dissolution  acide  doit  être  isotonique  avec  une  liqueur  titrée  de  sucre 
contenant  ii5er,32  de  sucre  pur  par  litre.  Soit  (A)  cette  dissolution  de 
sucre. 


(  953  ) 
»   Dans  le  cas  où  l'acide  tartrique  formerait  eu  dissolution  dans  l'eau  un 
polymère  partiellement  dissocié,  la  pression  osmotique  de  la  dissolution 
(D)  doit  être 

Wl=  RT  >    4-  (i  -    -)  =  RTX  o, 0003288- 

1 00  \         2  / 

et,  dans  ce  cas,  la  dissolution  doit  être  isotonique  avec  une  liqueur  sucrée 
contenant,  par  litre,  1 1  2gr,  47  de  sucre.  Soit(B)  cette  dernière  dissolution. 

»  Outre  ces  dissolutions  (A)  et  (B),  j'en  ai  préparé  une  troisième  (C), 
qui  contenait  1  op/1', 55  de  sucre  par  litre,  et  dont  la  pression  osmotique 
était  par  suite  inférieure  à  t..,. 

»  La  comparaison  de  la  liqueur  acide  (D)  aux;  trois  liqueurs  sucrées 
(A),  (B),  (C)  a  montré: 

»  i°  Que  la  pression  osmotique  de  (D)  est  inférieure  à  eelle  de  (A)  et  supé- 
rieure à  celle  de  (C); 

»    20  Que  les  deux  liqueurs  (D)  et  (B)  sont  isotoniques. 

»  Conclusion.  —  L'acide  tartrique  en  dissolution  dans  l'eau  existe  à  l'état 
de  polymère  (C4H0O0)2  partiellement  dissocié  suivant  la  loi  que  nous 
indique  la  discussion  des  expériences  de  Biot.  Cette  composition  de  l'acide 
tartrique  est  conforme  aux  indications  qu'on  peut  tirer  des  diverses  expé- 
riences de  MM.  Berthelot,  Raoult,  Ostwald  sur  les  différents  acides  tar- 
triques  et  de  M.  Ludeking  sur  les  acides  de  la  série  grasse.  » 

CHIMIE  MINÉRALOGIQUE.    —  Recherches  sur  la  production  artificielle   de 
l'hyalile  à  la  température  ordinaire.  Note  de  M.  Stanislas  Meunier. 

«  Un  grand  nombre  d'expérimentateurs  ont  étudié  déjà  les  propriétés 
de  la  silice  extraite  des  silicates  alcalins  par  les  acides,  et  tout  le  monde 
s'accorde  pour  admettre  qu'on  ne  produit  ainsi  que  déshydrates  amorphes 
plus  ou  moins  analogues  à  l'opale,  devenant  opaques  par  la  calcination  et 
pouvant  reprendre  de  la  transparence  au  contact  de  l'eau.  Le  plus  souvent 
on  s'est  préoccupé  de  réaliser  la  décomposition  très  lentement  et  l'on  a  fait 
usage  de  dissolutions  très  étendues. 

»  Je  demande  à  appeler  l'attention  sur  les  résultats  que  m'a  fournis 
le  même  ordre  de  phénomènes  dans  des  conditions  qui  me  paraissent 
nouvelles.  L'expérience  consiste  à  immerger  dans  du  silicate  de  soude 
sirupeux  un  vase  poreux  de  pile  électrique,  rempli  d'acide  sulfurique 
fumant  dit  de  Nordhausen. 


(954) 

»  En  moins  de  quarante-huit  heures  tout  le  silicate  alcalin  est  remplacé 
par  une  matière  grenue,  hyaline,  incolore  et  fragile. 

»  Après  une  ébullition  prolongée  dans  l'acide  sulfurique  ordinaire 
renouvelé  plusieurs  fois,  on  constate  que  tout  le  sulfate  de  soude  a  été 
extrait,  et  la  substance  ne  contient  plus  que  de  la  silice  avec  une  petite 
quantité  d'eau. 

»  J'ai  d'abord  extrait  l'acide  sulfurique  interposé  en  soumettant  la  ma- 
tière à  un  courant  de  gaz  inerte  (hydrogène)  dans  un  tube  chauffé  à 
no°;  ensuite  j'ai  constaté  qu'on  peut,  sans  inconvénient,  faire  tous  les 
lavages  à  l'eau  distillée  bouillante  sans  modifier  le  produit. 

»  Le  dosage  de  l'eau  a  donné,  comme  moyenne  de  trois  opérations, 
5,69  pour  100,  ce  qui  est  inférieur  à  ce  que  donnent  la  plupart  des  silices 
précipitées.  Mais  il  faut  ajouter  que  tous  les  grains  ne  sont  évidemment 
pas  hydratés  au  même  degré.  En  effet,  le  résultat  de  la  calcination  montre 
des  parties  qui  sont  devenues  opalines  et  opaques  tandis  que  d'autres,  très 
nombreuses,  sont  restées  absolument  hyalines  et  transparentes.  Ces  der- 
nières, bien  qu'elles  soient  solubles  dans  les  lessives  alcalines  concentrées, 
se  montrent  extrêmement  actives  sur  la  lumière  polarisée.  On  n'y  voit  pas 
de  formes  cristallisées,  mais  des  cassures  planes  qui  rappellent  des  clivages 
et  qui  donnent  aux  fragments  anguleux  des  formes  allongées;  l'extinction 
se  fait  suivant  l'allongement.  Beaucoup  de  cassures  sont  conchoïdales.  On 
retrouve  tous  ces  caractères  dans  l'opale  de  Pont-du-Chàteau. 

»  Parmi  les  portions  qui  ne  se  modifient  aucunement  par  la  calcination 
au  rouge  blanc  dans  le  creuset  de  platine,  il  faut  mentionner  des  pla- 
quettes minces  à  surfaces  parallèles,  souvent  larges  de  plus  d'un  centimètre 
et  dont  l'aspect  simule  à  s'y  méprendre  celui  de  lamelles  de  verre.  Elles 
donnent  en  une  foule  de  points,  entre  les  niçois  croisés,  des  croix  noires 
comme  celle  de  l'opale  sphérulitique. 

»  Je  poursuis  l'étude  de  ce  produit.    » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  digestion  stomacale  de  la  grenouille. 
Note  de  M.    Ch.  Co.ntejeax,   présentée  par  M.  A.  Chauveau. 

»  Les  glandes  de  l'estomac  des  Mammifères  sont  constituées  par  deux 
sortes  de  cellules  :  les  unes,  à  contenu  clair  (cellules principales  de  Heiden- 
hain,  cellules  adélornorphes  de  Rollett),  entourent  la  lumière  des  acini;  les 
autres,  à  contenu  trouble  et  granuleux  (cellules  de  bordure  ou  cellules  dé- 


(  955  ) 

lomorphes),  occupent  une  situation  excentrique  par  rapport  aux  premières. 

»  D'après  Heidenhain,  l'élaboration  des  ferments  digestifs  est  exclusi- 
vement dévolue  aux  cellules  principales,  tandis  que  la  sécrétion  des  acides 
reviendrait  aux  cellules  de  bordure.  Parmi  les  nombreux  arguments  que 
lui  et  ses  disciples  apportent  à  l'appui  de  cette  opinion,  l'un  des  plus  im- 
portants est  le  suivant  :  chez  la  grenouille,  ces  deux  sortes  de  cellules  ne 
sont  plus  réunies  dans  une  même  glande;  les  cellules  principales  forment 
des  amas  glandulaires  en  grappe  dans  les  parois  de  l'œsophage,  et  les 
glandes  en  cul-de-sac  de  la  muqueuse  stomacale  sont  uniquement  con- 
stituées par  des  cellules  identiques  aux  cellules  de  bordure.  D'après  les 
recherches  de  H.  von  Swieciçki  (PJlugers  Archiv,  1876),  confirmées  par 
C.  Partsch  (Arch.  f.  mikr.  Anat.,  1877),  chez  cet  animal,  la  pepsine  est 
fabriquée  en  totalité  dans  les  glandes  œsophagiennes,  les  acides,  dans  les 
glandes  stomacales.  Les  faibles  quantités  de  pepsine  que  les  digestions  ar- 
tificielles révèlent  dans  la  muqueuse  de  l'estomac  proviennent,  dans  leur 
opinion,  des  glandes  de  l'œsophage  et  ont  été  entraînées  par  déglutition. 
Grùtzner  {PJlugers  Arc/u'v,  1878),  lui  aussi,  n'a  trouvé  du  lab-ferment  que 
dans  les  glandes  de  l'œsophage. 

»  Dans  le  but  de  contrôler  ces  faits,  j'ai  exécuté  les  expériences  sui- 
vantes : 

»  Sur  une  série  de  grenouilles  l'œsophage  est  ligaturé  au-dessus  du  cardia.  Le 
cul-de-sac  œsophagien  ainsi  formé  est  lavé  par  plusieurs  injections  d'eau  salée  à 
7  pour  1000,  pratiquées  par  la  bouche.  Les  jouis  suivants,  on  s'assure  que  la  sécrétion 
de  l'œsophage  est  bien  alcaline  au  tournesol.  De  la  viande  introduite  dans  ces  culs- 
de-sac  œsophagiens  est  restée  indéfiniment  sans  se  digérer,  mais  s'est  complètement 
dissoute  dans  de  l'acide  chlorhydrique  à  Toâû-  Après  avoir  précipité  dans  les  liqueurs 
ainsi  obtenues  les  matières  albuminoïdes  autres  que  les  peptones  par  la  méthode  de 
Hofmeister,  et  après  filtration,  la  présence  des  peptones  a  été  constatée  par  différentes 
réactions  (réaction  de  Milton,  r.  du  biuret,  r,  xanthoprotéique).  Si  la  viande  avait 
été  préalablement  imbibée  d'acide  à  -j-L,  elle  se  dissolvait  totalement  dans  l'œsophage 
en  un  ou  deux  jours.  Les  bouches  des  grenouilles  ayant  servi  à  ces  dernières  expé- 
riences avaient  été  cousues,  pour  empêcher  le  vomissement  possible. 

»  Sur  une  deuxième  série  de  grenouilles,  on  lave  l'estomac  en  injectant  lentement 
200§r  d'eau  salée  par  une  canule  liée  sur  le  pylore;  le  liquide  en  excès  s'écoule  par  la 
bouche.  On  constate  ensuite  qu'un  papier  de  tournesol  bleu  ne  rougit  plus  au  contact 
de  la  muqueuse  stomacale;  alors,  on  place  une  ligature  serrée  en  dessous  du  cardia,  on 
introduit  dans  l'estomac,  par  l'orifice  pylorique,  un  morceau  d'albumine  coagulée,  et 
on  lie  le  pylore. 

»  Quatre  ou  cinq  jours  après,  la  digestion  est  complète,  l'estomac,  qui  ne  contient 
pas  de  gaz,  est  distendu  par  un  liquide  fortement  acide,  limpide,  et  ne  répandant  au- 
cune odeur  de  putréfaction. 


(<p6  ) 

»  Ces  expériences  montrent  que  les  glandes  de  l'œsophage  sécrètent  ef- 
fectivement de  la  pepsine,  mais  que,  contrairement  à  l'opinion  courante, 
les  glandes  stomacales,  tout  en  sécrétant  des  acides,  fabriquent  aussi  de  la 
pepsine. 

»  Quant  au  lab-ferment,  d'après  une  expérience  de  Grùtzner,  les  glandes 
œsophagiennes  seules  le  produiraient  chez  la  grenouille. 

»  .T'ai  préparé,  par  digestion  dans  l'acide  chlorhydrique  au  millième,  des 
extraits  de  muqueuses  œsophagiennes  et  de  muqueuses  stomacales;  ni  les 
uns,  ni  les  autres,  neutralisés  ou  non,  n'ont  coagulé  le  lait,  même  après  un 
séjour  de  vingt-quatre  heures  dans  l'étuve  à  3o°. 

»  J'ai  constaté  aussi  que  les  glandes  œsophagiennes  et  stomacales  ne  sé- 
crètent pas  de  ferment  saccharifiant  l'amidon. 

»  J'ai  cherché  ensuite,  au  moyen  de  digestions  artificielles,  à  établir  le 
rapport  des  quantités  de  pepsine  élaborées  dans  l'œsophage  et  dans  l'esto- 
mac, et  à  me  rendre  compte  de  leur  mode  d'action  sur  les  matières  albumi- 
noïdes.  Je  citerai  une  expérience  entre  toutes  : 

»  La  partie  antérieure  du  tube  digestif  d'une  grenouille  à  jeun  depuis  plusieurs 
mois  est  fendue  longitudinalement  et  étalée  sur  une  plaque  de  liège.  Elle  est  placée 
sous  un  robinet  d'eau  pendant  un  quart  d'heure,  puis  la  zone  cardiaque  est  réséquée. 
L'estomac  et  l'œsophage  sont  séparément  placés  dans  deux  flacons  d'Erlenmeyer,  con- 
tenant chacun  iocc  d'acide  chlorhydrique  à  2  pour  1000.  Après  un  séjour  de  dix-huit 
heures  dans  l'étuve  à  3o°,  90e0  d'eau  acidulée  à  2  pour  1000  et  un  morceau  d'albumine 
coagulée  pesant  2Sr,5  environ,  sont  ajoutés  à  chacun  de  ces  flacons.  Vingt-quatre 
heures  après,  les  flacons  sont  retirés  de  l'étuve.  La  digestion  est  plus  avancée  dans 
celui  qui  contient  l'extrait  œsophagien.  Les  deux  liqueurs  filtrées  sont  très  limpides; 
neutralisées  exactement,  elles  présentent  une  légère  opalescence;  elles  sont  ensuite 
saturées  de  chlorure  de  sodium  et  portées  à  l'ébullition  ;  il  se  forme  de  part  et  d'autre 
un  précipité  de  syntonine  que  l'on  sépare  sur  des  filtres  tarés.  Ces  précipités  sont 
lavés,  séchés  à  l'étuve  et  pesés.  On  trouve  ainsi,  entre  les  poids  de  syntonine  fabri- 
qués par  la  digestion  stomacale  et  par  la  digestion  œsophagienne,  le  rapport  f^. 

»  Les  liqueurs  filtrées  et  limpides  sont  divisées  en  deux  portions  égales.  Les  pre- 
mières portions  ne  font  que  louchir  légèrement  quand  on  y  ajoute  de  l'acide  acétique 
et  du  ferrocyanure  de  potassium.  Comme  des  solutions  de  syntonine  de  l'œuf  dans 
de  l'acide  chlorhydrique  à  2  pour  1000,  traitées  de  la  même  manière  que  les  digestions 
artificielles,  donnent  le  même  trouble  avec  ces  réactifs,  on  peut  conclure  à  l'absence 
totale  de  propeptone  dans  ces  digestions. 

«  Dans  les  deuxièmes  portions,  on  dose  les  matières  organiques  par  le  permanga- 
nate de  potasse  au  j^j.  On  retranche  des  nombres  obtenus  le  nombre  fourni  par  le 
dosage  des  matières  organiques  dans  un  même  volume  de  liquide  provenant  d'un 
flacon  témoin  contenant  primitivement  2?r,  5  d'albumine  coagulée  dans  ioocc  d'eau  aci- 
dulée, mis   vingt-quatre  heures  à  l'étuve,  et  ayant  subi  les  mêmes  manipulations  que 


(  957   ) 

les  digestions  artificielles.  Les  nombres  ainsi  corrigés  sont  proportionnels  aux  quan- 
tités de  peptones  produites  dans  ces  digestions.  On  trouve  ainsi  entre  les  chiffres  ob- 
tenus pour  l'estomac  et  pour  l'œsophage  le  rapport -fâ.  D'autres  expériences  ont  fourni 
un  rapport  encore  plus  voisin  de  l'unité. 

»  En  résumé,  cette  expérience  montre  :  iu  que  la  pepsine  sécrétée  par 
l'œsophage  est  plus  abondante  ou  plus  active  que  celle  de  l'estomac; 
2°  que  les  pepsines  œsophagienne  et  stomacale  transforment  l'albumine 
coagulée  en  syntonine,  puis  en  peptone,  sans  passer  par  le  stade  de  pro- 
peptone;  3°  que  la  prédominance  d'action  delà  pepsine  œsophagienne  sur 
la  pepsine  stomacale  se  traduit  surtout  par  la  quantité  plus  grande  de  syn- 
tonine qu'elle  produit  (  ').  » 


ZOOLOGIE.   —   Sur  /'évolution  sexuelle  des  Truites  des  Pyrénées. 
Note  de  M.  A.  Cannieu,  présentée  par  M.  A.  Milne-Edwards. 

><  Les  Saumons,  ainsi  que  nous  l'ont  appris  les  découvertes  de  Runstler, 
ne  se  reproduisent  qu'après  être  arrivés  à  un  état  spécial,  bien  différent  île 
celui  qui  les  caractérise  à  leur  venue  de  la  mer. 

»  L'influence  des  chaleurs  estivales,  l'action  débilitante  des  eaux  douces, 
et  enfin  l'évolution  sexuelle,  entraînant  avec  elle  des  changements  physio- 
logiques, ont  été  invoquées  tour  à  tourou  môme  à  la  fois,  sans  que  l'on  ait 
pu  accorder  à  l'un  de  ces  trois  facteurs  une  prédominance  justifiée  dans  ces 
phénomènes. 

»  De  nos  recherches  sur  la  Truite  des  Pyrénées  il  ressort  que  ces  ani- 
maux subissent  une  transformation  analogue  à  celle  du  Saumon,  s'el'fec- 
tuant  d'une  façon  lente  et  progressive,  dans  laquelle  l'évolution  sexuelle 
joue  le  rôle  de  facteur  principal. 

»  Nos  observations,  en  effet,  ont  porté  sur  deux  espèces  de  Truites  et 
concordent  dans  les  deux  cas.  Ces  animaux  se  trouvent  dans  le  lac  d'OEstu 
et  d'Eslaès  Amsique,  dans  le  gave  de  la  vallée  d'Aspe.  Pendant  lotit  l'été 
ils  conservent  leur  aspect  normal  :  le  dos  est  vert  noirâtre  et  le  reste  du 
corps  blanc  argenté,  ponctué  ça  et  là  de  taches  d'un  rouge  sombre.  Vers 
le  mois  de  septembre,  un  changement  sensible  apparaît  dans  leur  aspect 
extérieur.  Ces  animaux  sont  alors  d'une  teinte  légèrement  cuivrée,  deve- 
nant de  plus  en  plus  marquée  et  rappelant  celle  du  Hareng  fumé.  Cette 

(')  Travail  du  laboratoire  de  M.  Cliauveau. 

C.  K.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  17  )  l  2a 


(  9*8  ) 
coloration  devient  de  plus  en  plus  foncée,  pour  faire  bientôt  place,  vers  le 
mois  d'octobre,  à  une  teinte  grisâtre  assez  pâle  en  commençant,  mais  s'ac- 
centuant  davantage  à  mesure  que  ces  poissons  approchent  de  l'époque  du 
frai.  Les  taches  rouges  sont  alors  à  peine  apparentes,  le  maxillaire  infé- 
rieur se  déforme  et  présente  en  son  milieu  un  crochet,  sorte  de  petit 
tubercule  noirâtre;  le  corps  de  l'animal,  qui  a  beaucoup  maigri,  paraît 
s'allonger;  sa  chair  perd  sa  saveur  et  devient  fade.  Vers  la  seconde  moitié 
d'octobre,  les  mâles  laissent  abondamment  couler  leur  laitance;  les  œufs 
ne  sont  plus  petits  comme  chez  les  formes  blanches,  mais  ont  atteint  à 
cette  épocpie  la  grosseur  normale. 

»  Si  pour  le  Saumon  on  peut  vraisemblablement  invoquer  l'action  des 
eaux  douces,  l'influence  du  milieu,  sur  sa  transformation,  si  l'on  peut  com- 
prendre que  des  conditions  d'existence  absolument  différentes  doivent 
entrer  en  ligne  de  compte  pour  expliquer  les  changements  sensibles  dans 
la  couleur  et  l'amaigrissement  de  ce  poisson.il  est  incontestable  que  l'exa- 
men le  plus  superficiel  des  mœurs  de  la  Truite  ne  nous  permet  pas  de 
chercher  dans  cette  cause  l'explication  de  sa  métamorphose.  Son  aspect, 
en  effet,  est  le  même  durant  la  plus  grande  partie  de  l'année;  vers  la  fin 
de  l'année  seulement  elle  change  d'aspect  sans  avoir  jamais  abandonné  le 
milieu  qu'elle  continue  à  habiter. 

»  L'action  de  la  chaleur  semblerait  tout  d'abord  d'une  probabilité  plus 
grande.  Cependant  le  peu  d'intervalle  du  frai  chez  les  Saumons  du  nord 
et  du  midi  de  l'Europe  diminue  beaucoup  la  valeur  de  cette  explica- 
tion (').  Du  reste,  nous  ne  croyons  pas  que  l'on  puisse  considérer  l'in- 
fluence des  chaleurs  estivales  comme  la  cause  dominatrice  de  ces  change- 
ments pour  les  Truites  du  lac  d'Estaès,  qui  n'en  subissent  pas  moins  les 
transformations  dont  nous  avons  parlé.  En  effet,  les  eaux  de  ce  lac,  dont 
le  trop-plein  se  déverse  exclusivement  par  infiltration,  restent  toujours  à 
une  température  fort  basse,  vu  l'altitude  élevée  de  ces  régions  (i8oom) 
et  leur  alimentation  constante  par  la  fonte  des  neiges. 

»  Quant  à  l'évolution  sexuelle,  elle  semble,  au  contraire,  jouer  ici  le 
rôle  le  plus  important.  Ce  n'est  pas  un  phénomène  isolé  dans  le  règne  ani- 
mal que  ces  changements  profonds  et  physiologiques  qui  apparaissent 
concurremment  avec  le  développement  des  produits  sexuels.  Les  auteurs 
qui  accordent  au  Saumon  en  état  de  reproduction  les  couleurs  brillantes, 
qui  constituent  ce  qu'ils  appellent  improprement  la  parure  de  noce  de  ces 


(M  Kunstlek,  Comptes  rendus,  séance  du  10  novembre   1890. 


(  959  ) 
poissons,  reconnaissent  par  cela  même,  et  tout  en  avançant  une  interpré- 
tation non  fondée,  l'existence  de  leur  transformation.  Du  reste,  l'impor- 
tance de  cette  cause,  pour  ces  derniers  animaux,  est  démontrée  par  la 
constatation  que  les  jeunes  individus,  qui  remontent  bien  après  les  grands, 
arrivent  à  la  maturité  sexuelle  à  peu  près  à  la  même  époque  ('). 

»  En  résumé,  nous  pensons  que,  si  l'influence  des  eaux  douces  est  pro- 
blématique, celle  de  la  chaleur  doit  seulement  être  considérée  comme 
secondaire;  son  action  ne  parait  qu'indirecte  et  s'exerce  comme  cause  accé- 
lératrice de  l'évolution  sexuelle,  tandis  que  celle-ci  est  le  facteur  principal 
des  métamorphoses  citées  plus  haut. 

»  La  Truite  est  carnassière  ;  on  la  pêche  à  la  ligne  et  au  filet.  On  a  affirmé 
que  le  Saumon  ne  mangeait  pas  dans  l'eau  douce,  en  se  fondant  sur  ce  fait 
que  les  intestins  sont  vides  lorsqu'on  les  capture.  Nos  expériences  de  labo- 
ratoire nous  ont  démontré  que  ces  animaux  ne  sortent  de  leur  refuge  que 
lorsque  leur  digestion  est  achevée;  dès  qu'ils  ont  saisi  une  proie,  ils  se 
cachent  et  vont  digérer  tranquillement,  an  fond  des  eaux,  de  telle  sorte 
qu'on  ne  saurait  capturer  que  des  animaux  à  jeun  :  d'ailleurs,  ces  poissons 
se  pèchent  à  la  ligne  et  ce  que  nous  savons  des  mœurs  de  la  Truite  à  ce 
sujet  concorde  parfaitement  avec  ces  données.    » 


EMBRYOLOGIE.  --  La  métamérie  de  l'endoderme  et  du  système  circulatoire 
primitif  dans  la  région  post branchiale  du  corps  des  Vertébrés.  Note  de  M.  F. 
Houssay,  présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

c  Les  faits  que  j'ai  recueillis  sur  des  embryons  d'Axolotl  me  portent  à 
admettre  une  métamérie  complète  pour  l'endoderme  et  les  vaisseaux  san- 
guins jusqu'au  delà  de  l'anus  (Endodermérie,  Angiomérie). 

»  I.  Endodermérie.  —  Peu  de  temps  avant  l'apparition  des  bourgeons 
destinés  à  former  les  branchies  externes,  on  voit  que  l'endoderme  pousse, 
entre  les  myotomes,  deux  séries  de  diverticules  latéraux  que  l'on  peut  suivre 
depuis  la  fin  de  la  région  branchiale  jusqu'au  delà  de  l'anus.  L'intestin 
pénètre  dans  ces  diverticules  et  présente  Y  aspect  d'un  inleslin  d'Amphioxus 
à  un  certain  stade.  Les  deux  stades,  néanmoins,  n'ont  de  comparable  que 
leur  métamérie.  En  effet,  les  poches  latérales  de  l'Amphioxus  sont  des  en- 
térocèles  destinés  à  former  les  somites  mésoblastiques;  chez  l'Axolotl,  au 

(')  Kunstler  (J.),  Notice  sur  le  Saumon  de  la  Dordogne,  octobre  1890. 


(  9Go  ) 
moment  dont  je  parle,  lessomites  mésoblastiqiies  sont  formés  depuis  long- 
temps par  schizocêlie  (abréviation  du  processus  précédent).  La  disposition 
que  je  signale  n'est  donc  comparable  ni  à  l'une  ni  à  l'autre  des  deux  pré- 
cédentes, elle  leur  est  consécutive  et  reproduit,  dans  tous  les  métamèresdu 
corps,  l'état  initial  des  fentes  branchiales  de  la  région  antérieure. 

»  Rappelons,  en  effet,  que  celles-ci  débutent  par  des  évaginations  en- 
dodermiques  qui  s'avancent  entre  les  myotomes  (head-cavilies).  lue  déve- 
loppement maximum  des  divertïcules  du  tronc  précède  de  peu  la  sortie 
des  bourgeons  branchiaux  externes;  à  mesure  que  ceux-ci  s'allongent,  on 
voit  régresser  les  poches  intestinales,  mais  on  retrouve  encore  longtemps 
leurs  traces. 

»  Ces  poches  intestinales  ne  disparaissent  pas  toutes  :  quelques-unes  per- 
sistent et  changent  de  fonction. 

»  Ainsi,  l'ébauche  du  foie  (sinon  double,  du  moins  bilobée)  est  le  pro- 
longement ventral  de  la  première  paire  de  ces  poches  intestinales,  en  sorte 
que  le  foie  serait  comme  un  agrandissement  et  une  hypertrophie  d'une 
paire  de  poches  primitivement  respiratoires  et  qui  ont  perdu  cette  fonc- 
tion. C'est  dans  cette  mesure  que  j'admettrais  l'hypothèse  bien  connue  de 
Dohrn  relativement  à  la  thyroïde;  celte  glande  et  le  foie  me  semblent  deux 
productions  homodynames. 

»  D'autre  part,  une  paire  de  ces  poches  intestinales  se  trouve  juste  en 
face  de  l'anus.  Chez  les  Batraciens,  l'anus  est  l'ancien  blastopore,  la  paire 
de  diverticules  en  question  formera  le  cloaque;  mais,  chez  les  autres  Ver- 
tébrés où  le  blastopore  se  ferme,  l'anus  secondaire  est  vraisemblablement 
produit  par  l'ouverture  et  la  soudure  de  ces  deux  poches  latérales.  Cette 
hypothèse,  émise  par  Dohrn  et  considérée  par  beaucoup  d'embryologistes 
comme  paradoxale,  serait  donc  l'expression  d'un  phénomène  réel. 

»  II.  Angiomërie.  —  Les  connexions  du  système  vasculaire  primitif 
avec  ces  diverticules  latéraux  de  l'intestin  précisent  encore  leur  significa- 
tion de  fentes  branchiales  rudimentaires.  Par  système  vasculaire  primitif 
j'entends,  avec  Balfour  et  P.  Mayer,  l'ensemble  formé  par  l'aorte  et  la  veine 
subintestinale  (avan!  l'apparition  des  veines  cardinales).  P.  Mayer  (Milth. 
Zool.  St.Neap.,  1887)  a  reconnu  que,  chez  les  Sélaciens,  la  veine  subintesli- 
nale  est  primitivement  double  et  réunie  par  des  anastomoses  transversales 
avec  l'aorte.  Chez  l'Axolotl,  il  en  est  de  même:  deux  veines  subintestinales 
prolongent  le  cœur  en  arrière  et  sont  réunies  avec  l'aorte  par  des  vais- 
seaux transversaux,  mélamériques,  alternes  avec  les  diverticules  latéraux  de 
l'intestin. 


(  96i   ) 

»  En  résumé  :  i°  un  système  longitudinal  dorsal  :  carotides  et  aortes 
(Dohrn);  2°  un  second  système  ventral  :  bulbe  artériel,  cœur,  veines  sub- 
intestinales. En  négligeant  pour  l'instant  la  lète  préorale,  nous  voyons  que, 
depuis  la  bouche  jusqu'au  delà  de  l'anus,  ces  deux  systèmes  sont  réunis 
par  des  vaisseaux  transversaux  métamériquement  alternes  avec  les  diverti- 
cules  de  l'intestin,  que  ces  diverticules  atteignent  l'ectoderme  ou  non. 

»  Ces  vaisseaux  transversaux  forment  une  seule  série  morphologique, 
mais  pliysiologiquement  ils  en  forment  deux.  Dans  les  premiers  (vaisseaux 
branchiaux),  le  sang  court  du  ventre  vers  le  dos;  dans  les  suivants,  au 
contraire,  du  dos  vers  le  ventre  pour  revenir  au  cœur  parles  veines  subin- 
testinales. 

'i  Si  les  poches  intestinales  postérieures  étaient  aussi  développées  que 
les  antérieures,  il  n'y  aurait  aucune  raison  pour  que  le  cours  du  sang  ne  fût 
pas  le  même  dans  tous  lesvaisseaux  métamériques.  Il  y  aurait  alors  simple 
balancement  du  sang  produit  par  les  contractions  du  système  cardio- 
subintestinal  (la  veine  subintestinale  présente  encore  des  contractions 
chez  les  embryons  de  ïéléostéens,  Balfour,  Comp.  Emb.)\  et  ce  stade  de 
simple  balancement  nous  a  été  conservé  par  les  Ascidies. 

»  Le  cours  du  sang  s'est  renversé  dans  les  vaisseau  s  postérieurs  à  la 
suite  des  deux  faits  suivants,  d'ailleurs  liés  entre  eux  : 

»  i°  Localisation  de  la  fonction  respiratoire  dans  quelques-uns  des  di- 
verticules endodermiques  (Fentes  branchiales); 

a  2U  Localisation  de  la  fonction  de  contraction  rythmique  à  la  partie 
du  système  vasculaire  ventral,  voisine  de  la  région  respiratoire  (Cœur).  » 


HISTOLOGIE.    -  Contribution  à  l'élude  du  mécanisme  de  la  sécrétion  urinaire. 
Note  de  M.  O.  Van  dek  Strïcht. 

«  Malgré  des  recherches  très  nombreuses,  la  Physiologie  ne  possède 
que  peu  de  données  sur  les  phénomènes  intimes  de  la  sécrétion  urinaire. 
Heidenhain  nous  a  fait  connaître  une  disposition  protoplasmique  toute  spé- 
ciale au  niveau  de  la  zone  périphérique  des  cellules  sécrétantes.  Klein. 
Marchand,  Lebedeff,  Cornil  et  Brault,  Langhans,  Lorenz,  Nussbaum, 
Tornieront  signalé  la  présence  d'une  bordure  particulière,  tapissant  l'extré- 
mité interne  de  ces  cellules.  Ils  l'interprètent  de  façons  très  diverses. 

»  Jusqu'ici  on  n'a  point  découvert  des  détails  de  texture  propres  à  nous 
renseigner  sur  la  manière  dont  ces  cellules  fonctionnent. 


(  9^  ) 

»  Nous  avons  fixé  des  reins  d'homme,  de  chien,  de  lapin,  de  chauve- 
souris,  par  la  liqueur  de  Hermann,  et  nous  avons  coloré  les  coupes  à  l'aide 
de  la  safranine.  Sous  l'influence  de  ces  réactifs,  le  protoplasme  des  cellules 
tapissant  les  canaux  excréteurs  reste  clair  et  pâle.  Les  cellules  sécrétantes, 
au  contraire,  prennent  une  coloration  brun  noirâtre  et  un  aspect  beaucoup 
plus  compact.  Examinées  à  l'aide  d'un  objectif  apochromatique  Zeiss  ocu- 
laire 8,  elles  présentent,  du  côté  périphérique,  le  strié  caractéristique  de 
Heidenhain.  Du  côté  interne  elles  sont  munies  d'un  plateau  épais  et  compact, 
véritable  production  cuticulaire.  Celle-ci  est  tantôt  homogène  dans  toute 
son  étendue;  d'autres  fois  elle  montre  quelques  rares  stries  claires,  reliant 
le  corps  cellulaire  à  la  lumière  du  canalicule.  Quand  les  stries  sont  plus 
nombreuses,  le  plateau  paraît  comme  décomposé  en  disques  ou  en  cils. 

»  Le  protoplasme  cellulaire  est  formé  d'un  réticulum,  circonscrivant 
des  mailles  plus  ou  moins  larges,  occupées  par  un  liquide  clair.  Dans  ces 
espaces  et  sur  le  trajet  des  trabécules  protoplasmiques,  se  trouvent  des  gra- 
nulations nombreuses.  Elles  sont  très  volumineuses  dans  le  rein  d'embryon 
de  chien  à  terme  et  y  occupent  surtout  la  périphérie  cellulaire.  Déjà,  à  cette 
époque  de  la  vie,  mais  principalement  après  la  naissance,  les  trabécules 
s'allongent  au  niveau  de  l'extrémité  externe  de  l'épithélium.  Les  granula- 
tions situées  sur  leur  parcours  se  serrent  les  unes  contre  les  autres  et 
donnent  ainsi  naissance  au  strié  de  Heidenhain.  Dans  le  voisinage  de  la 
cuticule,  entre  celle-ci  et  le  novau,  existe  souvent  une  zone  plus  claire, 
grâce  à  l'abondance  du  liquide  compris  dans  les  mailles  du  réticulum. 

»  Sous  le  plateau  interne  on  voit  apparaître,  dans  les  mailles  du  réticu- 
lum, des  productions  spéciales,  formées  par  une  accumulation  de  liquide. 
Ce  sont  de  simples  stries  parallèles  à  l'axe  de  la  cellule,  ou  bien  des 
vacuoles  ou  des  vésicules  fusiformes  ou  pyriformes,  prenant  leur  point  de 
départ  entre  les  bâtonnets  périphériques  pour  aboutir  à  l'extrémité  interne 
de  la  cellule.  Elles  sont  caractérisées  par  leur  aspect  clair,  homogène, 
hyalin,  tranchant  sur  la  teinte  foncée  du  protoplasme  environnant  et  ana- 
logue au  liquide  renfermé  à  l'intérieur  des  canalicules  contournés.  Tantôt 
on  n'observe  qu'une  seule  vésicule  dans  une  cellule.  Dans  ce  cas  elle  peut 
atteindre  un  volume  considérable  et  remplir  la  plus  grande  partie  du  corps 
protoplasmique.  D'autres  fois  on  y  rencontre  deux  ou  plusieurs  stries  ou 
vacuoles  plus  petites.  Le  noyau  cellulaire  occupe  parfois  le  milieu  d'une 
vésicule  hyaline  très  volumineuse. 

»  Les  stries  et  les  vacuoles  hyalines  présentent  souvent  des  rapports  avec 
la  lumière  des  canalicules.  Dans  ce  cas,  le  plateau  est  divisé  par  un  ou  plu- 


(  963  ) 

sieurs  interstices  en  deux  ou  plusieurs  fragments,  entre  lesquels  on  aperçoit 
des  lignes  claires,  signalées  plus  haut.  Ce  sont  des  prolongements  plus  ou 
moins  volumineux  des  accumulations  liquides. 

»  Enfin  on  trouve  des  cellules  épithéliales  dont  le  plateau  est  traversé  par 
une  ou  plusieurs  boules  claires,  sur  le  point  de  passer  à  l'intérieur  du  cana- 
licule  contourné.  Des  fragments  de  la  cuticule  sont  alors  souvent  soulevés 
et  nagent  librement  dans  le  liquide  ambiant.  Quelques  cellules  sont  même 
totalement  privées  de  cette  bordure  caractéristique. 

»  Tous  ces  détails  de  texture  histologique  doivent  être  rapprochés  de 
ceux,  mis  en  lumière  par  Van  Schuchten  dans  sa  très  intéressante  étude 
sur  la  sécrétion  intestinale  chez  la  larve  du  Ptychoptera  contaminata.  Nous 
leur  attribuons  une  importance  physiologique  analogue  dans  la  sécrétion 
urinaire.  De  ce  qui  précède  nous  croyons  pouvoir  tirer  les  conclusions 
suivantes  : 

»  i°  Le  plateau  qui  recouvre  la  surface  interne  des  cellules  sécrétantes 
du  rein  doit  être  considéré  comme  un  véritable  organe  de  protection,  des- 
tiné à  écarter  du  corps  protoplasmique  toutes  les  substances  capables 
d'entraver  leurs  fonctions.  Lorenz  a  émis  le  premier  cette  idée. 

»  2°  La  structure  de  cette  cuticule  varie  beaucoup  d'après  le  fonctionne- 
ment des  cellules  épithéliales.  A  l'état  de  repos  complet,  elle  est  homogène 
(rein  de  chauve-souris  après  hibernation).  A  l'état  d'activité  elle  est  tra- 
versée par  une  ou  plusieurs  stries  claires.  Quand  celles-ci  sont  très  nom- 
breuses, elle  peut  paraître  constituée  par  l'agrégation  d'un  grand  nombre 
de  petits  bâtonnets,  séparés  par  un  suc  intermédiaire  clair.  Souvent  aussi 
le  plateau  est  divisé  en  plusieurs  fragments,  soulevés  par  le  liquide  accu- 
mulé à  l'intérieur  du  protoplasme.  Enfin,  à  la  suite  d'une  activité  exagérée, 
la  cuticule  peut  être  détachée  et  entraînée  avec  l'urine. 

»  3°  Les  produits  de  la  sécrétion  rénale  s'accumulent  à  l'intérieur  des 
cellules  épithéliales  sous  forme  d'amas  liquides,  présentant  l'aspect  de 
stries,  de  boules  ou  de  vésicules  de  volume  très  variable,  d'une  apparence 
homogène,  hyaline,  analogue  au  contenu  des  canalicules  contournés.  Ils 
sont  déversés  à  l'intérieur  de  ces  derniers  par  des  interstices  plus  ou  moins 
larges  du  plateau. 

4°  Des  amas  liquides  volumineux  font  souvent  irruption  à  travers  la 
cuticule  de  revêtement  à  l'intérieur  des  canalicules.  Ils  la  soulèvent  et 
l'entraînent  quelquefois  à  leur  suite.  » 


(  y64  ) 


physiologie   VEGÉTALK.    —    Répartition   hivernale  de   l'amidon    dans  les 
plantes  ligneuses.  Note  de  M.  Emile  Mer,  présentée  par  M.  Ducharlre. 

«  On  croit  généralement  qu'après  la  chute  des  feuilles  les  tissus  de  ré- 
serve des  plantes  ligneuses  restent  remplis  d'amidon  jusqu'au  printemps, 
époque  où  cette  substance  émigré  pour  servir  à  l'évolution  des  bourgeons, 
au  développement  des  racines  et  à  la  formation  d'une  nouvelle  couche  de 
bois.  La  période  hivernale  est,  par  suite,  considérée  comme  celle  où  la  ré- 
serve amylacée  est  la  plus  abondante.  Il  résulte  de  mes  recherches  qu'il 
n'en  est  point  ainsi.  Du  mois  d'octobre  au  mois  d'avril,  j'ai  étudié  la  ré- 
partition de  l'amidon  dans  nos  principaux  arbres  et  arbustes  indigènes,  à 
feuilles  caduques  ou  persistantes,  et  j'ai  constaté  qu'elle  est  loin  de  rester 
constante  dans  le  cours  de  cette  période.  C'est  ce  qui  ressort  des  observa- 
tions suivantes  : 

»  Vers  le  milieu  d'octobre,  l'écorce,  le  liber  et  le  bois  de  tous  les  organes  sont  en 
général  remplis  d'amidon.  Mais,  un  mois  plus  tard,  il  s'est  déjà  opéré  un  grand  change- 
ment; cette  substance  a  disparu  presque  entièrement  de  l'écorce  et  du  liber,  du  moins 
dans  les  branches,  ainsi  que  dans  les  parties  moyenne  et  supérieure  du  tronc.  Quant 
au  bois,  la  réserve  amylacée  varie  beaucoup  avec  les  essences.  Tandis  qu'elle  est  encore 
abondante,  moins  toutefois  qu'en  été,  dans  les  arbres  à  bois  dur,  elle  a  notablement 
diminué  dans  ceux  dits  à  bois  blanc;  enfin  les  plantes  à  feuilles  persistantes  n'en  con- 
tiennent presque  plus,  sauf  à  la  base  du  tronc,  ainsi  que  dans  les  brandies  de  l'année, 
principalement  au  niveau  des  bourgeons.  Un  mois  plus  tard  la  résorption  de  l'amidon 
s'est  encore  accentuée. 

m  Cette  résorption  est  graduelle  et  s'opère  à  peu  près  dans  l'ordre  suivant  :  l'amidon 
passe  du  bois  dans  le  liber;  ce  sont  les  rayons  médullaires  qui  se  vident  les  premiers, 
et,  parmi  ceux-ci,  les  petits  avant  les  gros,  puis  le  parenchyme  ligneux,  enfin  les  cel- 
lules de  la  moelle  annulaire  et  de  la  moelle,  quand  celle-ci  est  amylifère.  Dès  qu'elle  est 
achevée  dans  le  bois,  la  résorption  s'effectue  dans  le  tissu  cortico-libérien  ;  c'est  dans 
les  rayons  du  jeune  liber  qu'on  rencontre  l'amidon  en  dernier  lieu. 

»  Cet  état  reste  stationnaire  jusqu'au  commencement  de  mars.  A  cette  époque,  sur- 
tout si  le  temps  est  doux  et  si  le  soleil  brille,  on  voit  réapparaître  des  graines  amyla- 
cées dans  l'écorce  verte  des  rameaux,  puis  dans  le  liber.  Cet  amidon  se  répand  peu  à 
peu  dans  le  bois  des  parties  supérieures,  puis  dans  le  liber  et  le  bois  des  parties  basses, 
enfin  dans  les  racines.  La  réapparition  est  graduelle  comme  l'a  été  la  disparition,  mais 
suivant  un  ordre  à  peu  près  inverse.  C'est  dans  la  moelle  annulaire  que  l'amidon  se  dé- 
pose en  premier  lieu,  puis  dans  le  parenchyme  ligneux,  enfin  dans  les  gros  et  les  petits 
rayons.  Le  corps  du  végétal  se  remplit  ainsi  plus  ou  moins  rapidement,  suivant  l'espèce 
et  les  conditions  extérieures.  En  général,  vers  la  fin  d'avril,  époque  oii  commence  l'é- 


(  9<55  ) 

volution  des  bourgeons,  la  réserve  amylacée  est  à  peu  près  redevenue  ce  qu'elle  était 
au  mois  de  septembre. 

»  La  résorption  d'amidon  semble  devoir  être  attribuée  à  la  combustion 
respiratoire  exercée  par  les  tissus  ligneux  et  libérien  depuis  le  moment  où 
les  feuilles  ont  perdu  leur  activité  assimilatrice  jusqu'au  début  du  sommeil 
hivernal.  Cette  opinion  s'appuie  sur  les  expériences  suivantes  : 

»  a.  Des  Hêtres  furent  dépouillés,  au  mois  d'août,  de  leurs  brandies  et  de  leurs 
racines,  et  leurs  troncs  furent  abandonnés  sur  le  sol.  Au  mois  d'octobre  l'amidon 
avait  complètement  disparu.  Des  rondelles  de  Sapin,  placées  dans  une  chambre,  per- 
dirent, en  deux  mois,  la  totalité  de  l'amidon  qu'elles  contenaient,  sauf  sur  les  surfaces 
de  section  où  le  bois  s'était  desséché  rapidement. 

»  b.  Au  mois  de  juin,  des  Chênes,  Hêtres,  Sapins,  Épicéas,  Pins,  furent  décortiqués 
aunulairement  à  8m  du  sol;  l'amidon  disparut  île  tous  les  tissus  situés  au-dessous  de  la 
décorlication,  avec  plus  ou  moins  de  rapidité,  selon  les  essences  ('). 

»  c.  Des  fragments  déjeunes  branches  (Chêne  et  Hêtre)  privés  de  leurs  bourgeons 
et  de  leurs  feuilles,  ayant  été,  à  l'abri  de  la  lumière,  maintenus  immergés  dans  l'eau, 
avaient  perdu  leur  amidon  après  deux  mois  pour  la  première  essence,  après  trois  ou 
quatre  pour  la  seconde. 

»  Tant  cpie  persiste  un  certain  degré  d'humidité  dans  les  tissus,  même 
isolés,  la  vie  s'y  maintient  et  il  peut  arriver  que  la  réserve  amylacée  soit 
entièrement  résorbée.  De  même,  après  la  chute  des  feuilles,  les  plantes 
ligneuses  conlinuent  encore  un  certain  temps  à  végéter  et  à  respirer; 
c'est  dans  le  liber  que  cette  fonction  parait  être  le  plus  active  et  le  plus 
persistante. 

»  Ce  n'est  pas  seulement  une  résorption  plus  ou  moins  complète  de  la 
réserve  amylacée  qui  se  produit  à  l'automne;  il  s'opère  encore  dans  sa 
répartition  un  changement  profond,  du  à  ce  que  les  foyers  d'attraction  se 
sont  déplacés.  On  sait  en  effet  que  cette  substance  se  porte  toujours  sur  les 
points  où  la  vitalité  est  le  plus  développée.  Or,  en  cette  saison,  les  seules 
régions  où  persiste  encore  un  reste  d'activité  végétative  sont,  d'une  part, 
les  bourgeons  que  portent  les  jeunes  branches,  d'autre  part  les  racines, 
dont  la  végétation  se  prolonge  un  certain  temps  après  celle  des  organes 
aériens  exposés  aux  premiers  froids. 

»   A  mesure  que  la  saison  avance,  la  combustion  respiratoire  se  ralentit. 


(*)  Cette  expérience  montre  en  outre  que  l'amidon  ne  chemine  pas  verticalement 
dans  le  bois,  puisqu'il  ne  peut  passer  de  la  région  située  au-dessus  de  la  décorlication 
dans  celle  qui  est  placée  au-dessous. 

C.  R.,  .891,  1"  Semestre.  (T    CXII,  N«  17.)  I-l() 


(  9^6  ) 
et,  à  partir  du  moment  où  le  végétal  entre  clans  la  période  de  vie  latente, 
la  distribution  de  l'amidon  reste  stationnaire  pendant  près  de  trois  mois. 
Dans  les  espèces  à  réserve  amylacée  abondante,  ce  moment  arrive  avant 
qu'elle  soit  entièrement  épuisée  :  aussi  leur  bois  reste-t-il  en  hiver  assez 
pourvu  d'amidon.  Dans  les  arbres  à  faible  réserve,  celle-ci  est  résorbée  en 
grande  partie  dès  la  fin  de  l'automne.  Enfin,  s'il  ne  subsiste  que  des  traces 
d'amidon  dans  les  plantes  à  feuilles  persistantes,  c'est  d'abord  parce  que 
ces  plantes  en  renferment  peu ,  même  en  été ,  et  aussi  parce  que  les 
feuilles  continuent  à  l'utiliser  pour  leur  respiration  jusqu'à  l'entrée  de 
l'hiver. 

»  Au  printemps,  le  phénomène  inverse  se  produit.  Les  tissus  verts 
(feuilles  persistantes  et  jeunes  écorces)  qui,  en  automne,  ont  contribué 
dans  une  large  mesure  à  épuiser  la  réserve  amylacée,  cherchent  à  la  re- 
constituer avec  une  rapidité  remarquable,  dès  que  les  grands  froids  ont 
disparu.  Le  préjudice  causé  à  la  plante  par  la  prolongation  de  la  vie  active  à 
l'arrière-automne  se  trouve  ainsi  réparé  dès  que  le  moment  est  arrivé  pour 
les  bourgeons  de  se  développer.  Afin  de  bien  établir  que  cet  amidon  pro- 
vient de  la  chlorophylle  de  l'écorce,  j'ai  eu  recours  à  plusieurs  expériences. 
J'ai  pratiqué  à  la  fin  de  février  sur  de  jeunes  rameaux  des  décortications 
annulaires  pour  les  isoler  des  autres  sources  d'amidon  qui  pouvaient  se 
trouver  dans  la  plante.  J'en  ai  sectionné  d'autres,  dont  l'extrémité  fut 
maintenue  immergée  à  la  lumière.  Au  début  de  l'expérience,  tous  ces  ra- 
meaux isolés  ne  renfermaient  presque  pas  d'amidon.  Quinze  jours  après, 
ils  en  étaient  remplis. 

»  Il  résulte  de  ces  recherches  qu'il  se  produit  dans  la  végétation  des 
plantes  ligneuses  deux  actes  qui,  jusqu'à  présent,  avaient  passé  inaperçus: 
l'un  de  résorption  d'amidon  à  la  fin  de  l'automne,  l'autre  de  genèse  au 
commencement  du  printemps,  chacun  d'eux  ayant  à  peu  près  une  durée  de 
six  semaines  à  deux  mois.  Il  en  résulte  que  l'hiver,  loin  d'être  la  saison 
pendant  laquelle  la  réserve  amylacée  est  le  plus  considérable,  ainsi  qu'on 
le  croyait,  est  précisément  celle  où  elle  l'est  le  moins.    » 


(  967  ) 


BOTANIQUE.  —  Sur  quelques  points  de  l'analomie  des  organes  végétatifs  des 
Opliioglossëes.  Note  de  M.  Georges  Poirault  (').  présentée  par  M.  Du- 
chartre. 

«  Au  cours  d'observations  sur  les  Ophioglossées,  j'ai  été  amené  à  con- 
stater un  certain  nombre  de  faits  qui  avaient  échappé  aux  précédents 
auteurs  et  que  je  résumerai  rapidement.  La  plus  grande  partie  des  mem- 
branes cellulaires  des  Ophioglossées  que  j'ai  pu  étudier  (Ophiog/ossum  vul- 
gatuin  et  lusilanicum  ;  Botrychium Lunaria)  est  constituée  par  une  cellulose 
présentant  des  réactions  assez  spéciales;  traitées  par  la  potasse  faible  et 
lavées  à  l'eau,  ces  membranes  se  colorent  en  bleu  pâle  par  les  solutions 
iodées.  Cette  coloration  est  particulièrement  nette  dans  le  parenchyme 
cortical  et  les  tubes  criblés  de  la  racine  du  Botrychium  et  de  V Ophioglossum 
vulgatum. 

»  M.  Van  Tieghem  a  fait  connaître,  en  1870,  la  singulière  anomalie  de 
la  racine  de  nos  Ophioglosses  indigènes  et  de  quelques  autres  espèces.  Il 
a  montré  que,  dans  la  racine  binaire  de  ces  plantes,  l'un  des  faisceaux  libé- 
riens se  développe  seul  et  que  l'autre  avorte  complètement.  Au  milieu  des 
racines  anomales  qui  sont  de  beaucoup  les  plus  nombreuses,  j'ai  trouvé 
des  racines  dans  lesquelles  le  deuxième  liber  s'était  normalement  déve- 
loppé, et  je  me  suis  assuré  qu'en  pareil  cas  le  mode  d'insertion  des  racines 
sur  la  tige  et  la  disposition  des  faisceaux  caulinaires  ne  différaient  en  rien 
de  ce  qu'on  observe  dans  le  cas  des  racines  anomales.  Dans  la  racine  du 
Botrychium  Lunaria  il  y  a  un  péricycle  distinct;  toutefois  il  se  développe 
par  places  un  tube  criblé  dans  ce  péricycle.  Ce  fait  n'est  d'ailleurs  pas 
isolé  et  se  retrouve  dans  les  racines  de  beaucoup  de  Mouocotylédons  aqua- 
tiques, comme  l'a  montré  M.  Sauvageau. 

»  Les  tubes  criblés  des  Ophioglossées  sont  dépourvus  de  cals,  différant 
en  cela  de  ceux  de  beaucoup  de  Fougères,  dans  lesquelles  j'ai  pu  mettre 
les  cals  en  évidence,  même  dans  les  tubes  criblés  des  racines.  J'aurai  occa- 
sion de  revenir  ailleurs  sur  ce  sujet  intéressant. 

»  Dans  les  Ophioglosses,  la  racine  s'édifie  par  les  cloisonnements  d'une 
seule  cellule  tétraédrique  et  l'on  observe,  comme  dans  les  Fougères,  le  dé- 
doublement des  calottes  de  coiffe  signalé  par  M.  Van  Tieghem.  Le  segment 

(')  Travail  du  laboratoire  fie  M.  le  professeur  Van  Tieghem. 


(  9*>8  ) . 
détaché  de  la  cellule  terminale  et  qui  contribuera  à  former  le  corps  même 
de  la  racine  se  divise  à  l'origine  en  deux  initiales,  l'une  pour  l'écorce 
externe,  l'autre  pour  l'écorce  interne  et  le  cylindre  central.  Les  choses 
se  passent  donc,  sous  ce  rapport,  comme  dans  le  Mursilia  et  les  Polypo- 
diacées. 

»  Le  principal  intérêt  que  nous  offrent  ces  racines  réside  dans  leur  pou- 
voir gemmipare,  et  ce  mode  de  multiplication  est,  à  mon  avis,  le  seul  que 
présente  Y Ophioglossum  vu/gatum,  chez  lequel  on  ne  trouve  jamais  de 
prolhalles.  Le  bourgeon,  né  sur  une  racine,  ne  résulte  pas  de  la  transforma- 
tion du  sommet  végétatif  de  la  racine,  comme  c'est  le  cas  pour  les  Platy- 
ceriurn  ou  certains  Diplazium,  dans  lesquels  la  cellule  mère  produit  directe- 
ment une  tige.  Dans  l'Ophioglosse,  la  cellule  mère  se  conserve,  et  l'on  voit 
apparaître,  très  près  du  sommet,  dans  la  partie  externe  de  l'un  des  seg- 
ments, une  cellule  tétraédrique  qui,  par  ses  cloisonnements  répétés,  don- 
nera naissance  à  un  jeune  bourgeon.  Chaque  segment,  détaché  de  la  cel- 
lule initiale,  isole  d'abord  une  cellule  interne  qui  donnera  la  moelle  (écorce 
incluse),  puis  une  cellule  moyenne  qui  donnera  le  faisceau;  la  cellule 
externe,  qui  se  dédouble  en  deux  étages  superposés,  donnera  naissance  à 
l'écorce.  C'est  cette  même  cellule  externe  qui,  dans  certains  cas,  produira 
la  feuille,  laquelle  s'accroît  par  une  cellule  unique.  Cette  feuille  demeure, 
comme  on  sait,  enfermée  dans  une  sorte  de  sac,  qui  est  de  nature  stipulaire. 

»  Si  l'on  fait  une  coupe  longitudinale  passant  par  l'axe  de  la  racine 
mère  et  le  bourgeon  complètement  développé,  on  voit  que  l'endoderme  de 
la  racine  est  brusquement  interrompu  à  la  base  du  pédicule  gemmaire.  Il 
est  donc  inexact  qu'il  y  ait,  même  à  la  base  de  la  tige  des  Ophioglosses, 
un  endoderme  externe  caractérisé.  Quant  à  l'endoderme  interne  des  Bu- 
trychium,  que  j'ai  vu  pour  la  première  fois  il  y  a  quelques  mois  ('),  il  se 
pourrait  bien  qu'on  ne  le  rencontre  que  dans  les  plantules  de  germination 
et  qu'il  manque  aux  tiges  développées  sur  des  racines.  Je  reviendrai  sur  ce 
point  en  décrivant  la  genèse  des  bourgeons  dans  le  Botrychium  Lunaria   » 

(')  Ph.  Van  Tieghem,  Sur  la  structure  de  la  tige  des  Ophioglossées  (Journal  de 
Botanique,  p.  4t>5;  1890). 


(  9<>9  ) 

GÉOLOGIE.  —  De  l'existence  des  Diatomées,  dans  le  landénien  inférieur 
du  nord  de  la  France  et  de  la  Belgique.  Note  de  M.  L.  Cayeux,  présentée 
par  M.  Fouqué. 

«  Le  tuffeau  à  Cypiina  planata  (landénien  inférieur)  du  nord  de  la 
France  et  de  la  Belgique  constitue  un  gisement  important  de  Diatomées, 
dont  on  constate  l'existence  en  une  foule  de  points  de  la  région  et  que 
décèle  l'examen  micrographique. 

»  Comme  ces  Algues  ont  joué  un  rôle,  parfois  considérable,  dans  la 
constitution  des  sédiments  anciens  et  récents,  et  qu'elles  sont  jusqu'à  pré- 
sent inconnues  dans  le  bassin  de  Paris,  je  crois  utile  de  signaler  cette  dé- 
couverte. 

»  Le  tuffeau  à  Cyprina  planata  résulte  de  l'agglutination  des  sables  du 
même  niveau,  par  un  ciment  de  silice  colloïde  ou  calcédouieuse.  Les  pro- 
portions relatives  du  ciment  et  des  éléments  du  sable  sont  extrêmement 
variables  :  tantôt  les  grains  sont  presque  juxtaposés,  la  place  réservée  au 
ciment  étant  très  faible,  tantôt  le  ciment  est  très  prépondérant. 

»  C'est  au  sein  de  ce  dernier  que  se  trouvent  réunies  les  Diatomées. 
Plusieurs  genres  sont  représentés;  parmi  les  plus  répandus,  se  trouvent 
Synedra,  Triceratium  et  Coscinodiscus. 

»  Tous  les  tuffeaux  à  C.  planata  que  j'ai  examinés,  jusqu'à  ce  jour,  en 
renferment.  Lille,  en  particulier,  Baisieux  (Nord)  et  les  environs  de  Pé- 
ronne  (Somme),  en  France;  Tournay  et  Angre,  en  Belgique,  sont  les  lo- 
calités où  le  tulïeau  en  est  le  mieux  pourvu.    » 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Sur  l' hydratation  des  blés.  Note  de  M.  Balland. 

«  On  sait  que  les  blés,  suivant  les  climats,  mûrissent  plus  ou  moins  vite 
et  renferment  plus  ou  moins  d'eau  au  moment  de  leur  récolte.  C'est  ainsi 
que  j'ai  constaté  à  Orléansville,  un  des  centres  les  plus  chauds  de  l'Algé- 
rie, que  les  blés  de  la  plaine  du  Chéliff  contiennent  moins  d'eau  que  les 
blés  de  France,  et  qu'ils  peuvent  atteindre  leur  maturité  en  180  jours, 
alors  qu'il  en  faut  en  moyenne  270  en  Normandie  (  '  ). 

»  Il  était  intéressant  de  suivre,  dans  nos  magasins  de  France,  ces  blés  ré- 
coltés dans  des  conditions  de  chaleur  exceptionnelle,  et  le  Comité  de  l'In- 

(')  De  l'influence  des  climats  sur  la  maturation  des  blés  {Comptes  rendus, 
1880). 


(  97°  ) 
tendance  a  pensé  qu'il  pourrait  y  avoir  quelque  utilité  pour  l'administra- 
tion de  la  guerre  à  entreprendre  cette  étude  au  point  de  vue  spécial  de 
l'hydratation.  Sur  la  proposition  du  Comité,  une  décision  ministérielle 
prescrivait,  le  18  juillet  dernier,  une  série  d'expériences  sur  les  blés  et  les 
farines  de  la  plaine  du  Chéliff.  Ces  expériences  devaient  être  faites,  suivant 
un  programme  arrêté,  à  Orléansville,  parle  pharmacien-major  de  l'hôpi- 
tal militaire,  et  à  Paris,  par  le  laboratoire  des  Invalides. 

»  Les  trois  blés  examinés,  d'essence  dure,  ont  été  récoltés  :  l'un  au  nord 
de  la  plaine,  l'autre  au  midi,  le  troisième  au  centre. 

»  Les  trois  échantillons  de  farine,  de  même  essence,  ont  été  prélevés  : 
l'un  dans  une  boulangerie  de  la  ville,  et  les  deux  autres  à  la  Manutention 

militaire. 

»  Le  dosage  de  l'eau  dans  les  farines  a  été  pratiqué  avec  les  soins  habi- 
tuels en  chauffant  progressivement  l'étuve  à  ioo°  et  en  maintenant  cette 
température  jusqu'à  poids  constant.  On  a  opéré  de  même  sur  les  blés, 
préalablement  amenés  à  l'état  de  poudre  grossière  à  l'aide  d'un  moulin  à 
café  ordinaire. 

»   L'eau  a  été  ainsi  déterminée  à  sept  reprises  différentes  : 

»    i°  A  Orléansville,  le  4  août,  sur  les  produits  récemment  récoltés; 

»   2°  A  Paris,  le  20  août,  sur  les  mêmes  produits  expédiés  dans  des  sacs 

en  toile; 

»   3°  Le  i5  octobre,  sur  les  mêmes  produits,  déposés,  depuis  le  20  août, 

dans  un  local  très  sec  ; 

»  4°  Le  24  novembre,  sur  les  mêmes  produits,  placés,  depuis  le  id  oc- 
tobre, dans  un  local  ayant  libre  accès  avec  l'air  extérieur; 

»  5°  et  6°  Les  6  et  3i  décembre,  après  un  séjour  dans  une  pièce  hu- 
mide remontant  au  24  novembre. 

»  70  Enfin,  le  i3  février,  sur  les  produits  retirés  de  la  pièce  précédente 
le  3i  décembre  et  remis  dans  un  lieu  sec  modérément  chauffé. 

»   Le  Tableau  suivant  donne  l'ensemble  des  résultats  obtenus  : 

Eau  pour  100  parties. 

4  août.  20  août.  i5  oct.  24  nov.  6  déc.  3i  déc.  i3févr. 

1    Blé  du  Nord  (récolte  de  1890) 9,o3  11,26  n, 5o  i5,o5  i5,io  i5,4o  12,60 

II!  Blé  du  Sud                 »                8>83  ll>°°  ' '>5°  '4,58  "+-7°  ,6>4<>  12, 5o 

IIL  Blé  du  Centre            »               9>83  "'6o  "'9°  "4,28  1/4,80  15,90  12, 4o 

IV.  Farine n°l  (Manutention  militaire).  io,6o(')  1  1 ,48  12, 3o  14,08  16,00  16,70  i3,8o 

Y.'  Farine  n°2              »                    »  10,70  11,68  12, 3o  i4,i8  i5,4o  iy,5o  i3,oo 

VI.   Farine  n°  3  (boulangerie  civile) 10,20  12, 34  12, 4o  )4,io  15,70  16,60  i3,20 

(  ')   Les  blés  ont  été  mouillés  au  moment  de  la  mouture;   de  là  une  quantité  d'eau  plus  élevée 
dans  les  farines. 


(  971  ) 

»  Voici,  d'autre  part,  une  série  d'expériences  sur  les  mêmes  blés  en 
grains  conservés  sous  une  cloche  reposant  sur  une  terrine  contenant  de 
l'eau,  de  façon  à  se  trouver  dans  une  atmosphère  saturée  d'humidité,  mais 
sans  contact  direct  avec  l'eau. 

»  La  mise  sous  cloche  a  commencé  le  3i  décembre,  dans  un  local  dont 
la  température  maxima  n'a  pas  dépassé  8°  à  io°  ;  les  expériences  ont  été 
arrêtées  le  8  février.  A  ce  moment  le  blé  présentait  quelques  moisissures. 

Eau   pour  100  parties. 

3i  déc.       10  janv.       18  janv.       a5janv.       1"  févr.  8  févr. 

1.  Blé  du  Nord i5,4o       r6,o5       16,67        '7>10       '7j4°  17,60 

II.   Blé  du  Sud 16,40       16,91        17,44       17,80       18,07  18 , 3^ 

III.   Blé  du  Centre i5,ç)0        16,02        17,39        17,98        18,17  '8. •>' 

»  Les  farines  placées  dans  les  mêmes  conditions  renfermaient,  après 
six  jours,  18  pour  ioo  d'eau,  et,  après  dix  jours,  20  à  21  pour  100  d'eau. 
C'est  un  maximum  qui  n'a  pas  été  dépassé. 

»  Il  résulte  de  ces  dosages,  tous  effectués  dans  les  mêmes  conditions, 
que  les  céréales  d'un  climat  chaud  et  sec  contenant  15  à  9  pour  100  d'eau 
au  moment  de  leur  récolte  peuvent,  par  le  fait  de  leur  séjour  en  d'autres 
régions  ou  dans  des  locaux  plus  ou  moins  humides,  comme  les  entrepôts 
qui  avoisinent  la  plupart  des  ports,  prendre  facilement  14,  16  et  même 
18  pour  100  d'eau,  c'est-à-dire  une  augmentation  de  poids  de  6  à  10 
pour  100. 

»  H  y  a  donc  intérêt  pour  l'Administration  de  la  guerre,  qui  dispose  de 
moyens  de  transport  spéciaux,  à  acheter  en  particulier  les  blés  de  la  plaine 
du  Cliéliff  immédiatement  après  la  moisson.  Ces  blés,  très  lourds  sous  un 
petit  volume,  sont  susceptibles  d'une  longue  conservation;  ils  sont  très 
riches  en  gluten,  et  leur  mélange  avec  les  blés  de  France  relèverait  la  va- 
leur alimentaire  du  pain  de  munition,  qui  reste  sensiblement  amoindrie 
depuis  que  l'on  écarte  de  nos  établissements  militaires  les  blés  étrangers, 
généralement  beaucoup  plus  azotés  que  nos  blés  indigènes.   » 

VITICULTURE.  —  Sur  le  traitement  des  vignes  phyUo.rerées  par  le  sulfure 
de  carbone  mélangé  de  vaselines.  INote  de  M.  P.  Cazexeuve,  présentée 
par  M.  P. -P.  Dehérain. 

«  La  reconstitution  du  vignoble  français  par  les  plants  américains  gref- 
fés n'a  point  paralysé  les  efforts  tentés  pour  la  conservation  des  vignes 
Irançaises  phylloxérées,  à  l'aide  des  insecticides. 


(  972  ) 

»  Le  sulfure  de  carbone,  soit  pur,  soit  dissous  dans  l'eau,  les  sulfocar- 
honates,  la  submersion,  continuent  à  être  employés,  avec  des  succès  va- 
riables, tenant  à  la  nature  du  terrain,  aux  soins  concomitants  dont  on  en- 
toure la  vigne  et  à  la  vigueur  spécifique  de  tel  ou  tel  plant. 

»  Ces  divers  moyens  ne  sont  pas  tous  d'une  application  générale  :  la 
submersion  est  forcément  limitée  à  certaines  régions;  les  sulfocarbonates 
exigent  aussi  de  l'eau  et  des  manipulations  coûteuses  qui  ne  sont  pas  à  la 
portée  de  tous  les  viticulteurs;  le  sulfure  de  carbone,  dissous  dans  l'eau, 
demande  également  un  outillage,  dont  la  grande  propriété  seule  peut  faire 
les  frais. 

»  Le  sulfure  de  carbone  pur,  en  fin  décompte,  est  l'insecticide  qui  a 
donné,  ces  dernières  années,  les  résultats  les  plus  sûrs,  et  qui  a  permis  de 
sauver  une  grande  partie  du  vignoble  français. 

»  La  pratique  démontre,  toutefois,  que,  dans  les  terrains  forts,  très 
argileux  ou  dans  les  terrains  très  caillouteux,  le  sulfure  de  carbone  a 
donné  des  résultats  moins  probants.  Difficilement  diffusible  dans  les  pre- 
miers terrains,  vapc;  isé  trop  rapidement  dans  les  autres,  le  sulfure  exerce, 
dans  ces  conditions,  une  action  insecticide  moins  certaine.  C'est  ainsi  que 
delà  pratique  des  sulfurages  est  ressortie  cette  opinion  courante,  que  le  sul- 
fure de  carbone  convient  à  certains  terrains  et  ne  convient  pas  à  d'autres. 

»  Dès  1887  M.  le  Dr  Albin  Meunier,  propriétaire  dans  le  Bugey  (Ain), 
a  cherché  à  régulariser  cette  action  du  sulfure  de  carbone,  à  en  assurer 
la  diffusion  dans  les  terrains  forts,  à  en  retarder  l'évaporation  dans  les 
terrains  trop  légers,  enfin  à  éviter  cette  action  sidérante  sur  la  vigne,  par 
le  fait  d'une  vaporisation  en  masse  dans  des  sols  réchauffés  par  le  soleil 
d'été. 

»  Il  a  mélangé  le  sulfure  de  carbone  avec  les  portions  des  pétroles 
bouillant  de  3oo°-35o°  (vaselines),  d'une  densité  de  o,85o  à  0,910,  les- 
quelles n'ont  aucune  action  malfaisante  sur  la  végétation,  même  à  haute 
dose.  De  nombreuses  expériences  directes  ont  été  faites  sur  la  vigne  avec 
ces  hydrocarbures. 

»  Ces  corps,  à  point  d'ébullition  élevée,  jouissent  d'une  propriété  phy- 
sique facile  à  contrôler.  Ils  ralentissent  l'évaporation  du  sulfure  de  carbone, 
en  contractant  sans  doute  avec  lui  une  combinaison  moléculaire  qu'on  re- 
trouve pour  de  nombreux  mélanges  de  liquides  organiques.  Le  sulfure  de 
carbone  est  ainsi  difficilement  sépara ble  de  l'alcool  ordinaire  par  distilla- 
tion fractionnée  (Berthelot).  L'alcool  méthylique  et  l'acétone,  la  benzine 
et  le  toluène  sont  des  exemples  à  citer  au  milieu  de  tant  d'autres. 

»   Si  la  distillation  fractionnée  permet  de  séparer  le  sulfure  de  carbone 


(973) 
des  vaselines,  vu  la  différence  notable  des  points  d'ébullition,  du  moins  à  la 
température  ordinaire,  la  vaporisation  du  sulfure  de  carbone  est  considé- 
rablement ralentie  par  les  vaselines,  qui  en  retiennent  des  quantités 
notables  pendant  de  longs  jours,  malgré  une  surface  d'évaporation  consi- 
dérable. 

»  Dans  les  terrains  très  légers  et  caillouteux,  le  rôle  des  vaselines  devait 
être  a  priori  favorable.  D'autre  part,  ces  vaselines,  d'une  nature  physique 
comparable  à  celle  des  corps  gras,  pénètrent  facilement  dans  l'argile.  Leur 
intervention  dans  les  terrains  forts  (argileux  et  argileux-siliceux)  était 
théoriquement  avantageux. 

»  L'expérience  seule  pouvait  justifier  ou  infirmer  ces  conceptions  théo- 
riques. 

»  Dès  1887,  j'ai  encouragé  de  nombreuses  recherches  expérimentales 
dans  cette  voie. 

»  5700^  de  sulfure  de  carbone,  mélangé  soit  par  moitié,  soit  par  deux 
tiers,  avec  les  vaselines,  ont  été  expérimentés  dans  le  département  du 
Rhône,  sur  divers  points,  à  Vaugneray,  Saint-Étienne-la-Varenne,  Villié- 
Morgon,  etc. 

»  En  1888,  25oookg  étaient  fournis  aux  divers  propriétaires  de  la  région 
du  Rhône  qui  obtinrent  des  résultats  tels,  que,  en  1889,  89.5856g  et,  en  1890, 
2^2>92kg  ont  été  utilisés  par  un  grand  nombre  de  viticulteurs  dans  les  dé- 
partements suivants  :  le  Rhône,  l'Isère,  l'Ain,  la  Saône-et-Loire,  la  Côte- 
d'Or,  la  Loire,  l'Ardèche,  la  Drôme. 

»  La  campagne  de  printemps  1891  s'est  effectuée  dans  des  conditions 
telles,  que  l'on  peut  estimer  à  plus  de  5oooooks  la  quantité  de  sulfure  de 
carbone  mélangée  de  vaseline,  qui  sera  employée  dans  l'année  totale. 

»  L'application  du  sulfure  vaseline  se  fait  avec  le  pal  ordinaire  comme 
pour  le  sulfure  pur.  La  pratique  enseigne  que  l'efficacité  augmente  en  don- 
nant un  coup  de  pal  à  iocm  ou  i5cm  du  pied  du  cep  et  en  répartissant  le 
reste  de  la  dose  sur  la  surface  d'un  hectare.  Actuellement  2000  à  2000  hec- 
tares de  vigne  sont  en  cours  de  traitement  par  le  sulfure  vaseline. 

»  Cette  consommation  croissante  a  pour  cause  unique  la  constatation 
évidente  du  relèvement  des  vignes  malades  et  la  conviction  faite  dans  l'es- 
prit des  observateurs. 

»  Depuis  quatre  ans  j'emploie  le  sulfure  de  carbone  vaseline  sur  mes 
propriétés,  d'une  étendue  de  quinze  à  vingt  hectares,  sises  à  Saint-Etienne- 
la-Varenne  (Rhône).  Cette  propriété  était  maintenue  en  production 
moyenne;  avec  le  sulfure  de  carbone  pur,  la  production  a  été  triplée  par 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  17.  I27 


(  974  ) 
le  nouveau  traitement.  On  ne  constate  pas  de  Phylloxéra  sur  les  racines  ; 
la  végétation  est  luxuriante;  de  nombreuses  radicelles  de  néoformation 
ont  apparu,  indice  d'un  accroissement  certain  de  vitalité. 

»  La  fumure,  depuis  dix  ans,  n'a  pas  varié  ;  on  ne  peut  rapporter  cette 
amélioration  qu'à  l'emploi  d'un  insecticide  plus  rationnel. 

»  Ces  résultats  nous  engagent  à  rappeler  l'opinion  de  M.  Balbiani,  émise 
dans  ses  Mémoires  de  1876  sur  le  Phylloxéra  : 

«  Le  germe  ou  l'embryon  est  bien  moins  sûrement  atteint  par  des  doses  élevées 
d'une  vapeur  toxique,  agissant  pendant  un  court  espace  de  temps  que  par  des  quan- 
tités quelquefois  très  faibles,  mais  dont  l'action  est  lente  et  durable.  » 

»  Le  sulfure  de  carbone  mélangé  de  vaseline  répondait  théorique- 
ment à  ce  desideratum.  Un  ensemble  de  faits  absolument  importants,  dont 
nous  n'avons  esquissé  que  les  grandes  lignes,  ne  permettent  plus  de  douter 
de  l'efficacité,  comme  insecticide,  contre  le  Phylloxéra,  de  ce  mélange  sul- 
focarboné,  sur  lequel  nous  avons  l'honneur  d'appeler  la  bienveillante 
attention  de  l'Académie.  » 


M.  Daubrée  présente,  au  nom  de  M.  Federigo  de  Botella,  une  «  Carte 
hypsométrique  de  l'Espagne  et  du  Portugal  »  à  l'échelle  de  30(,Ô00U-  Au 
moyen  de  courbes  de  niveau,  tracées  de  ioom  en  ioom  pour  les  altitudes 
inférieures  à  i5ooin,  et  de  5oom  en  5oom  pour  des  altitudes  supérieures,  et 
grâce  à  des  couleurs  conventionnelles,  cette  Carte  représente  d'une  ma- 
nière très  claire  la  répartition  des  divers  massifs  montagneux  de  la  Pénin- 
sule. En  outre,  le  relief  sous-marin,  figuré  par  des  courbes  tracées 
d'après  des  sondages  de  la  marine  espagnole  et  des  marines  étrangères, 
complète  la  physionomie  caractéristique  de  cette  extrémité  du  Continent 
européen  ainsi  que  sa  connexion  avec  l'Afrique. 

M.  Toxdini  adresse  un  projet  d'adaptation  du  système  américain  des 
vingt-quatre  fuseaux  horaires  au  méridien  chronologique  international  de 
Jérusalem-Nyanza.  Ce  projet  permettrait  de  garder  exactement  les  mêmes 
fuseaux  que  dans  le  système  américain  et  de  constater  immédiatement  soit 
l'heure,  soit  la  date  universelles. 


M.  G.  Dexigès  adresse  une  Note  «  Sur  les  combinaisons  obtenues  avec 
le  sulfite  neutre  de  zinc  et  les  aminés  aromatiques  ». 


(  975  ) 
M.  Delaurier  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Des  causes  probables 
de  la  discordance  de  la  radiation  solaire  trouvée  à  Montpellier  et  à  Moscou  » . 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  J.  B. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  27  avril   1891. 

Dix  années  de  voyages  clans  l'Asie  centrale  et  l'Afrique  équatoriale  ;  par  le 
Dr  Potagos.  Traduction  de  MM.  Adolphe  Mayer,  Jules  Blancard,  Laur, 
Labadie.  Avec  des  notes  et  des  observations  par  M.  Emile  Burnouf.  Tome 
premier,  Paris,  Fischbacher,  i885;  1  vol.gr.  in-8°.  (Deux  exemplaires.  ) 

Canal  interocéanique  de  Panama.  —  Mission  de  1890-91  en  Colombie.  — 
Rapport  général;  par  Lucien  N.-B.  Wyse.  Paris,  Achille  Heymann,  1891  ; 
1  vol,  in-4° 

Revue  des  institutions  de  prévoyance  ;  sous  la  direction  de  M.  Hippolyte 
Maze.  4e  année,  1890.  Paris,  Berger-Levrault  et  Cie;  1  vol.  gr.  in-8°. 

Albert  Poisson.  Théories  et  symboles  des  alchimistes.  Le  grand  œuvre. 
Bibliothèque  Chacornac,  1891  ;  1  vol.  pet.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Armand 
Gautier.  ) 

Notice  sur  une  nouvelle  carte  géologique  des  environs  de  Paris;  par  Gustave 
F.  Dollfus.  (Extrait  du  compte  rendu  de  la  3e  session  du  Congrès  géolo- 
gique international.)  Berlin,  1 885,  L.  Schade;  1  vol.  in-4°. 

Coquilles  nouvelles  ou  mal  connues  du  terrain  tertiaire  du  Sud-Ouest  ;  par 
Gustave  F.  Dollfus;  2  br.  in-8°. 

Ribliographie  de  la  conchyliologie  du  terrain  tertiaire  parisien;  par  G.  Doll- 
fus et  G.  Ramond.  Typographie  Obertbur,  Rennes-Paris,   1886;  br.  in-8°. 

G.  Lionnet.  Excursions  à  Tancaiville,  Lillebonnc,  Rolbec,  Mirville,  Fécamp. 
—  Contribution  à  l'étude  des  roches  erratiques  du  terrain  crétacé  inférieur  de  la 
Héve.  Havre,  E.  Hustin,  1884-86;  3  br.  in-8°. 

Quelques  faits  relatifs  à  la  formation  du  terrain  des  Landes  de  Gascogne;  par 
Georges  Beaurain.  Paris,  Ch.  Delagrave,  1891;  br.  in-8°.  (Deux  exem- 
plaires. ) 


(97M 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou;  publié  sous  la 
rédaction  du  Prof.  Dr  M.  Menzbier.  Année  1890,  n°  2.  Moscou,  imprimerie 
de  l'Université  impériale,  1890;  1  vol.  gr.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  zoologique  de  France  pour  l'année  1890.  Tome  III, 
cinquième  Partie,  feuilles  26  à  35,  planches  IX  à  XII.  Paris,  au  siège  de  la 
Société  zoologique  de  France,  1890;  1  vol.  gr.  in-8°. 

Les  parcs  à  huîtres  de  Saint-Vaast-La-Hougue  (Manche)  ;parM.  S.  Jourdain, 
au  siège  social  de  la  Société  nationale  d'Acclimatation  de  France,  1891; 
br.  in-8°. 

Laboratoire  d'études  de  la  soie  fondé  par  la  Chambre  du  commerce  de  Lyon. 
—  Rapport  présenté  à  la  Chambre  de  commerce  de  Lyon  par  la  Commission 
administrative,  1 887-1 888.  Lyon,  Pitrat  aîné,  1889;  1  vol.  in-4°- 

Sobre  lacarpocapsa  saltitans y  la  grapholita  motrice  ;pore[lL)r  Carlos  Berg. 
Buenos-Aires,  Pablo  e  Coni  e  hijos,  1890;  br.  in-8°. 

Examen  quimico  y  bacteriologico  de  las  a guas potables;  porA.-E.  Salazar 
y  C.  Newman,  con  un  capitula  del  Dr  Rafaël  Blanchard,  sobre  los  animales 
parasitos  introducidos  por  el  agua  en  elorganismo.  Londres,  Burns  Oates, 
1890;  1  vol.  in-8°. 


ERRATA. 


(Séance  du  i3  avril  1891.) 

Note  de  M.  G.  Denigès,  Nouvelles  combinaisons  obtenues  avec  certains 
sulfites  métalliques  et  l'aniline  : 

Page  8o3,  ligne  18,  au  lieu  de  21  pour  100,  lisez  2  pour  100. 


(Séance  du  20  avril  1891 . ) 

Note  de  M.  L.  Raffy,  Sur  la  déformation  des  surfaces  spirales  : 

Page  852,  ligne  5,  au  lieu  de  0(e-°AO,  6),  lisez  0(e-9A26,  0). 

Même  page,  ligne  8  en  remontant,  au  lieu  de  a  =  o,  lisez  a  =  c  —  2&2=  o. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER -VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  u"  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  iii-4°.  Deux 
Tables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
et  part  du  \"  janvier. 

Le  prix  île  r abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  l'r.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  -f-  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 

Igen Michel  et  Médan. 

I  Gavaull  St-Lager. 

llger '  Jourdan. 

I  Ru IV. 

[miens Hecquel-Decobert. 

\  Germain  etGrassin. 

°       "'  '.'.  i  Lachèseel  Dolbeau. 

laponne Jérôme. 

esançon. Jacquard. 

,  Avrard. 

'ordeaux Duthull. 

.    '  Muller  (Ci.). 

ourges Renaud. 

/  Lefoumicr. 

)  F.  Robert. 

J.  Robert. 

V  Uzel  Carofl 

i  Baër. 

/  Massif. 

Perrin. 

(  Henry. 

/  Marguerie. 

j  Rousseau. 

(  Ribou-Collay. 

.  Lamarclie. 

ijon >  Ratel. 

'  Damidot. 

\  Lauverjal 

->•«" )  r-    ■    ■ 

(  Crepin. 

,,  i  Drevel. 

renoble   ' 

(  Gratier, 

i  Rochelle Robin. 

(  Bourdignon. 

(  Dombre. 
Ropiteau. 
Ile Lei'ebvre. 

'  Quarré. 


hambery 

Iterbourg... . 

lermont-Feri 


Havre. 


chez  Messieurs  : 

i  Baumal. 

Lorient '  _, 

/  M"*  lexier. 

'  Beaud. 

\  Georg. 
Lyon <  Mégret. 

J  Palud. 

'  Vitte  et  Pérussel. 

Marseille Pessailhau . 

i  Calas. 

Montpellier 

'  I  Cotilet. 

Moulins Martial  Place. 

i  Sordoillct. 
Nancy Grosjean-Maupin. 

I  Siilot  frères. 

j  Loiseau. 

'  M"  Veloppé. 

i  B.inua. 

'  Visconti  i  I   i  : 

Nîmes Tbibaud. 

Orléans Luzeray. 

I  Blanchier. 

(  Druinaud. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

floche  fort Boucheron  -  Rossi 

(  Langlois.         [gnol. 

I  Lestringant. 
Chevalier. 

\  Bastide. 

/  Rumèbe. 

\  C.iiuct. 

'  Privât. 

i  Boisselier. 
Tours i  Péricat. 

'  Suppligeoh. 


Nantes 
Nice . . . 


Poitiers.. 


Rouen 

S'-Étienne 

Toulon.  . .  ■ 

Toulouse... 


l 'alenciennes. 


\  Giard. 
'  Lemaltre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


Berlin. 


Bucharest . 


chez  Messieurs  : 

(  Robbers. 

(  Feikema    Caarelsen 

Athènes Beck .  [et  G". 

Barcelone Verdaguer. 

i  Asher  et  G". 

'  Calvary  et  G". 

i  Friëdlander  et  fils. 

I  Mayer  et  Millier, 
o    7  (  Schmid,  Francke  et 

Bologne Zanichelli  et  Cle. 

Ramlot. 
Bruxelles '  Mayolez. 

'  Lebègue  et  C'". 

I  Haiinann. 

'  Ranisteanu. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  et  C° 

Christiania Cammermeyer. 

Constanlinople.  .     Qtto  et  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Lœscher  et  Sécher. 

Gond Hostc. 

Gènes Beuf. 

Cherhuliez. 
Genève j  Georg. 

(  Stapelmohr. 
La  Haye Bel  in  fa  nie  frères. 

(  Benda. 

'  Payot. 
Barth. 
Brockhaus. 
Leipzig -  Lorentz. 


Lausanne . 


j  M;<\  Rttbe. 

'  Tvvietmeye 


neyer. 


Liège. 


\  1  lesoer. 
'  Gnusé. 


Londres 

Luxembourg. 


Milan . 


chez  Messieurs  : 

\  Dulau. 

I  Nutt. 
V.  BUck. 

/  Librairie       Guten  ■ 
berg. 
Madrid ,  Gonzalès  e  hijos. 

/  Vravedra. 

'  F.  Fé. 

^  Dumolard  frères. 

(  Hcepli. 
Moscou Gautier. 

I  Furcheim. 
Naples Marghieri  di  Gius 

I  Pellerano. 

/  Christcrn. 
New-York j  Stechert. 

'  Westeruianii. 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  G*. 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaès. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

i  Bocca  frères. 

Rome 

'  Loescher  et  C1'. 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Sa  oison  et  Wallin. 

Zinserling. 

Wolff. 

Bocca  frères. 

Brero. 


S'-Pètersboun 


Turin . 


\  Clausen. 

'  Rosenberg 


et  Sel  lier. 

Varsovie Gebethner  et  Wollf. 

Vérone. Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  G'. 
Zurich Meyer  et  Zeller. 


Vienne. 


Tomes  1er  à  31.  - 
Tomes  32  à  61. 
Tomes  62  à  91. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

(3  Août  i835  à  3i   Décembre  i85o.  )  Volume  in-4";  18  53.  Prix 15  fr. 

(  ier  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-.'(°;  1870.  Prix 15  fr. 

•  (1™  Janvier  i8<><>  à  îi  Décembre  t88o.),Volume  in-40;  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 
l'orne  I:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  DERDÈset  A.-J.-J.  Souer.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
mètes,  par  M.  Haxsen.  —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  râle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 

isses,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4",  avec  32   planches  ;  iS56 15  fr. 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 
ht  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pourcelui  de  i856,  savoir  :  «  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  sédi- 
nentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée. —  Rechercher  la  nature 
les  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-4°,  avec  27  planches;  1861...        15  fr. 


V  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N°  17. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance  du  27  avril  1891.) 


MÉMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADEMIE. 


Pages. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture 
de  I  'extrail  du  testa ni  <lc  .M.  Cahours.    90g 

M.  ,1.  Janssen.  —  Remarques  à  l'occasion 
du  legs  de  M.  Cahours 910 

M.  II.  Resal.  —  Sur  les  expressions  des  pres- 
sions dans  un  corps  élastique  homogène.     911 

AI.  H.  PoiNCARÉ.  .Sur  la  théorie  de  l'élas- 
ticité '  1  ■  1 

MM.  Berthelot  et  G.  André.  —  Recherches 


Pages. 
sur  les  substances  humiques 91'' 

M.  L.  Ranvier.  De  l'origine  des  cellules 
du  pus  ci  du  rôle  île  ces  éléments  dans  les 
tjssus  enflammes 

M.  A.  Ledieu.  —  Sur  le  rendement  des 
machines  marines  et  celui  des  hélices.  Mé- 
thode géométrique  pour  calculer  le  pre- 
mier île  ces  rendements  sans  dynamo- 
mètre   


NOMINATIONS 


M.  le  Prince  Vibert  de  Monaco  est  élu  Cor- 
respondant de  l'Académie  pour  la  Section 


de  1  "" 


grapl 


el  Navigation. 


CORRESPONDANCE. 


M.  E.  BoUTY.  —  Constante  diélectrique  du 
mica 9" 

MM.  Maurice  Hutin  et  Maurice  Leblanc. 
—  Sur  un  moteur  à  courants  alternatifs..     g33 

M.  Georoes  Lemoine.  —  Études  quantita- 
tives sur  l'action  chimique  de  la  lumière. 
Première  partie  :  Mesure  de  l'absorption 
physique 936 

M.  C11.  Blarez.  —  action  exercée  par  la  pré- 
sence des  sels  ha  huiles  de  potassium  sur  la 
solubilité  du  sulfate  neutre  de  potassium.     939 

MM.  E.  JuNGFLElSCH  el  E.  Liai:R.  —  Sur 
l'isocinchonine g'i  ' 

MM.  A.  Etard  et  P.  Lambert.  —  Sur  un 
carbure  il'-  la  série  terpénique  contenu 
dans  les   huiles  du  gaz  comprimé 91  5 

M.  Maquenne.  —  Recherches  sur  la  tréha- 
lose 9 '17 

M.  Raymond  Vidal.  —  Me  l'action  des  com- 
posés  oxyhydrocarbonés  sur  les  azotures 
et  les  hydroazolures 95 

M.  Aionan:  —  Sur  la  constitution  des  disso- 
lutions  aqueuses  d'acide  tartrique gji 

M.  Stanislas  Meunier.  —  Recherches  sur 
la  production  artificielle  de  l'hyalile  à 
la  température  ordinaire g53 

.M.  Cn.  Contejean.  —  Sur  la  digestion  sto- 
macale de  la  grenouille n5.'( 

M.  \.  Cannieu.  —  Sur  l'évolution  sexuelle 
des  Truites  des  Pyrénées gSn 

M.  I".  Houssay.  —  La  métamérie  de  l'endo- 
derme el  du  système  circulatoire  primitif 

Bulletin  bibliographique 

EliR  VTA 


dans  la  région  postbranchiale  du  corps  des 
Vertébrés 

M.  O.  V\\  mi;  Stricht.  —  Contribution  à 
l'étude  du  mécanisme  de  la  sécrétion  uri- 
nairc 

M.  Emile  Mer.  —  Répartition  hivernale  de 
l'amidon  dans  les  piaules  ligneuses 

M.  Georges  Poirault.  —  Sur  quelques 
points  de  l'anatomie  des  organes  végéta- 
tifs des  1  iphioglossécs 

M.  L.  Cayelx.  —  De  l'existence  des  Diato- 
mées, dans  le  landénien  inférieur  du  nord 
de  la  France  et  de  la  Belgique 

M.  Balland.    -   Sur  l'hydratation  des  blés. . 

M.  I'.  CAZENEUVE.  —  Sur  le  traitement  des 
vignes  phylloxérées  par  le  sulfure  de  car- 
bone  roi  langé-  île    vaselines 

M.  Daubrée  présente,  au  nom  de  M.  Fede- 
rigo  de  Botella,  une  ..  Carte  bvpsométrique 
de  l'Espagne  et  du  Portugal  »  à  l'échelle 
de '    - 

M.Tondini  présente  un  projet  d'adaptation  du 
système  américain  desvingt-qnatrefuseaux 
horaires  .m  méridien  chronologique  inter- 
national de  Jérusalem-Nyanza 

M.  G.  DenigÈs  adresse  une  Note  «  Sur  les 
combinaisons  obtenues  avec  lèsulfi  te  neutre 
de  zinc  et,  les  aminés  aromatiques  >> 

M.  Delaurieh  adresse  une  Note  ayant  pour 
titre  :  k  Des  causes  probables  de  la  discor- 
dance de  l.i  radiation  solaire  trouvée  à 
Montpellier  ci  a  Moscou  •• 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHTËR-VILLARS  ET  FILS, 
Quai  des  Grands-\ueustins,   55. 


I  ! 


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9/5 

97« 


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i 


1891 


PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  PENDUS 

HEBDOMADAIKS 

DES    SÉAICES 

DE  L'ACADÉMIE  DîS  SCIENCES, 

PAR  M.  LES  SECRÉT.UBS   PEBPÉllELS 


TOME  CX, 


N°  18  (4  Mai  1891 


RIMËURS-LIBRAIRES 


PARIS 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS.   PI 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    D  [.ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Uuai  des  Giaods-Augins,  5S. 


1891 


RÈGLEMENT  REL/TIF  ALI  COMPTES  RENDLS, 

Adopté  dans  les  séaces  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  sinces  de  |        Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  tivaux  de  j  sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rad 


ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  1  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Acadnie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  indus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Aclémie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  embre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l'Académie  compnnent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  don;r  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentinnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  naction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  liante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  linême 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  p  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Mebre. 


ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autan 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sonl 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  L 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrai 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  fonl 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 


Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  S 

l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  lard,  le 

Les  Rapports  et  [nslructions  demandés  par  Gou-     jeu(ji  ;',  m  heures  du  matin;  faute  d'être  remisa  tempsB 

vernement  sont  imprimés  en  entier.  \e  tjtre  sei,i  ,in  Mémoire  est  inséré  dans  leCompte  renduk 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communies  par     actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui-â 

les   correspondants  de  l'Académie  comprenmt  au     vant,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

plus  4  pages  par  numéro. 

Article  4 .  —  Planches  et  tirage  a  part. 
Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peutmner 
plus  de  32  pages  par  année.  Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  is  les  I  Le  liraSc  'l  Part  des  articles  est  aux  frais  des  au« 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  m  de  teurs;  U  "')'  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  ejj 
l'Académie;   cependant,   si  les  Membres   qir  ont     les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 


pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  somiires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avance  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Nos  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membs  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  1  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Article  5 . 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait] 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  psenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qu'Précède   séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  4  MAI  1891. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  la  durée  de  l'cvaporation  dans  les  générateurs  ; 
par  M.  Hatox  de  la  Goupillière. 

«  1 .  L'une  des  causes  les  plusgravesetlesplusfréquentesd'explosion  pour 
les  générateurs  consiste  dans  l'abaissement  du  plan  d'eau  au-dessous  de  la 
ligne  des  carneaux,  si  le  chauffeur  cesse  d'alimenter  en  temps  utile.  En  sup- 
posant que  la  consommation  de  vapeur  par  le  moteur  se  continue  de  manière 
que  la  pression  conserve  sa  valeur,  il  peut  être  utile  de  déterminer  la  plus 
ou  moins  grande  rapidité  de  cet  abaissement,  soit  pour  une  étude  a  priori, 
soit  en  vue  d'apporter,  le  cas  échéant,  avec  toute  la  prudence  nécessaire  en 
aussi  grave  matière,  un  élément  d'appréciation  à  l'instruction  qui  suit  un 
accident.  M.  Guchez,  ingénieur  au  Corps  des  Mines  de  Belgique,  a  traité 

C.  P..,  1891.  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N"  18.)  Ia" 


(  978  ) 
ce  problème  dans  une  brochure  intéressante  (')  en  ce  qui  concerne  un 
corps  cylindrique  horizontal.  Il  m'a  semblé  utile  d'élargir  le  sujet  en  l'éten- 
dant à  des  formes  quelconques  de  chaudières,  et  le  complotant,  pour  la 
question  même  qu'a  envisagée  l'auteur,  par  la  prise  en  considération  d'ef- 
fets complémentaires  dont  le  desideratum  avait  été  signalé  par  ce  dernier. 
Tel  est  l'objet  de  la  présente  Note. 

»  On  doit  ici  distinguer  deux  cas,  suivant  que  l'amplitude  d'abaissement 
soumise  au  calcul  se  trouve  comprise  au-dessus  ou  au-dessous  de  la  ligne 
des  carneaux.  Si  elle  passe  d'un  côté  à  l'autre,  on  envisagera  séparément 
chacune  de  ses  deux  parties.  La  première  question  ne  donne  lieu  à  aucune 
difficulté.  Il  suffit  de  cuber,  par  les  moyens  que  fournit  le  Calcul  intégral, 
le  volume  disparu,  et  de  le  diviser  par  le  produit  de  la  surface  invariable  de 
chauffe  et  ducoefficient  spécifique  d'évaporation  rapporté  au  mètre  carré. 

«  Le  second  cas  nécessite  au  contraire  une  recherche  spéciale,  la  sur- 
face de  contact  du  métal  avec  le  liquide  variant  incessamment  pendant  l'a- 
baissement du  plan  d'eau.  Nous  supposerons  que  l'on  parte  pour  cela  de 
la  ligne  des  carneaux  ;  d'un  côté  parce  que  c'est  en  effet  ainsi  que  les  choses 
se  passent  dans  la  réalité,  et  que  d'ailleurs  la  considération  d'un  intervalle 
quelconque  résulterait  de  la  différence  de  deux  semblables  évaluations. 

»  2.  L'équation  de  la  surface  du  générateur  est  rapportée  à  trois  axes 
rectangulaires  oc,  y,  z.  A  une  altitude  fixe  z0  se  trouve  le  plan  horizontal 
de  la  ligne  des  carneaux,  au-dessous  duquel  s'étend  la  surface  totale  de 
chauffe  S0.  Quand  le  niveau  s'abaisse  à  une  hauteur  z,  celte  superficie  se 
réduit  à  S,  et  au-dessus  d'elle  règne  une  zone  surchauffée  S0  —  S.  Le  gé- 
nérateur se  termine  à  sa  partie  inférieure  par  un  ou  plusieurs  points  mi- 
nima  situés  à  une  hauteur  z,,  parfois  par  une  ligne  horizontale  (s),  autre- 
fois même  par  un  fond  plat. 

»  Nous  appellerons  v  le  volume  d'eau  en  mètres  cubes  que  vaporise  par 

seconde  le  mètre  carré  de  surface  métallique.  Sa  valeur  change  d'un  cas  à 

l'autre,  d'après  la  plus  ou  moins  grande  efficacité  du  système  de  construction 

de  la  chaudière.  Pour  fixer  les  idées,  nous  admettrons  dans  cette  étude  une 

évaporation  de  36kg  à  l'heure;  résultat  qui  s'observe  fréquemment  pour 

des  générateurs  d'une  certaine  vivacité,  et  qui  présente  l'avantage  de  nous 

.   .      ,  .        ,  ,      .       .  o,o36  i 

conduire  a  la  valeur  très  simple  :  v  =  , — -  =        • 

"  oo  .<  bo        i  o' 


(')  F.  Glxuez,  Note  sur  un  problème  relatif  à  l' évaporation  de  l'eau  dans  les  chau- 
dières cylindriques  simples.  In-S°  de  i3  pages;  1881   (chez  Callevaert,  à  Bruxelles). 
(2)  Sauf  une  légère  inclinaison  que  nous  négligerons  dans  cette  recherche. 


(  979  ) 

»  La  conductibilité  directe  qui  s'opère  à  travers  la  surface  S  avec  l'acti- 
vité v  constitue  le  facteur  prépondérant  du  phénomène,  mais  non  le  seul. 
Une  certaine  conductibilité  indirecte  s'effectue  entre  le  métal  rousn  et  la 
zone  adjacente  de  tôle  mouillée.  Nous  admettrons  de  ce  chef  un  supplé- 
ment d'efficacité  w  par  mètre  courant  du  périmètre  n  du  plan  d'eau. 

«  Enfin  la  surface  échauffée  exerce  par  son  rayonnement  sur  le  bain 
liquide  s  une  action  spéciale  u  que  nous  rapportons  en  bloc,  comme  les 
précédentes,  au  mètre  carré  de  la  superficie  S0  —  S.  On  peut  considérer  ce 
troisième  élément  comme  résumant  en  même  temps  dans  son  influence 
l'accroissement  d'activité  que  devrait  convenablement  subir  le  coefficient 
v  lorsque,  par  l'abaissement  du  niveau,  son  application  se  concentre  sur  des 
portions  attaquées  de  plus  en  plus  directement  par  les  flammes. 

»  Les  expressions  de  S,  s,  n  se  déduiront  de  l'équation  proposée  à  l'aide 
des  méthodes  que  fournit  le  Calcul  intégral.  Quant  aux  coefficients  u,  w. 
ils  ne  paraissent  pas  avoir  été  encore  pris  en  considération,  et  il  serait  sans 
doute  prématuré  de  leur  attribuer  ici  des  valeurs  numériques  déterminées. 
La  plupart  du  temps  on  se  contentera  de  les  annuler.  Cependant  il  serait 
désirable  de  voir  l'attention  des  praticiens  se  porter  sur  cette  lacune. 

»  3.  Il  nous  est  maintenant  facile  de  former  l'équation  différentielle  du 
phénomène.  La  valeur  absolue  —  sdz  de  la  tranche  qui  disparaît  dans  un 
temps  dt  représente  le  total  des  trois  influences  précédentes  : 

-  s dz  =  [t'S  +  w<s  -hu(S0—  S)]  dt, 

dt  =  — 


.v  f/z 


■=/ 


(  ('  —  u  )  S  -h  w 
s  dz 


(i>  —  a)  S  --■  u'<j  -h  mS0 

expression  dans  laquelle  u,  v,  w  représentent,  ainsi  que  S„,  des  constantes 
numériques;  S,  s,  <s  des  fonctions  déterminées  de  z. 

f>  \.  Envisageons,  comme  première  application,  une  chaudière  verti- 
cale, constituée  à  l'aide  d'un  cylindre  de  forme  quelconque,  qui  est  foncé 
à  sa  partie  inférieure  par  une  surface  arbitraire. 

»  Les  chaudières  métallurgiques,  les  types  Field,  Thirion,  Decoster- 
Rikken,  etc.  rentrent  dans  cette  donnée.  La  chaudière  à  lombeau-de  Watt 
ne  s'en  écartait  pas  beaucoup.  Le  périmètre  n  et  l'aire  s  de  la  section 
droite  restent  constants,  si  nous  supposons  que  l'abaissement  se  main- 
tienne dans  le  corps  cylindrique  sans  atteindre  la  fonçure.  On  a,  en  outre, 

S„  -  S  =  g(z0  -z),  S  =  (S0-  m0)  -+-  *z. 


(   ()8o  ) 
Il  vient,  dans  ces  conditions, 

dz 


t  — 


»'S0-H  ws     I  (V—  u)a 

T.,7.  '  z        zo> 


»'S0-I-  W 

et  en  intégrant  avec  un  logarithme  népérien 

«  =     : r      L       I   +   -g— -        -   (Z  —  Z„)      . 

(M—  <>)a  L  cSo  +  WO  0/J 

»  5.  Supposons,  en  particulier,  un  cylindre  circulaire  de  hauteur  H,  de 
rayon  R,  de  périmètre  cr  =  2ttR,  de  section  s  =  7rR2,  foncé  à  l'aide  d'un 
hémisphère,  de  telle  sorte  que  S0  =  2tcR2  :  2-RH.  On  trouve,  dans  ce 
cas,  pour  un  ahaissement  :  r0  —  3  =  h, 

»  Nous  aurons  avec  l'hypothèse  simplifiée  u  —  o,  w  =  o, 

R  T  /  A 


2c      \  R+H 

Admettons,  par  exemple,  cpie  l'évaporation  s'effectue  sur  toute  la  hauteur 
H,  supposée  égale  au  diamètre.  Il  vient  alors 

T       —  L3  =  -.  io5.  2,3026. los3  =  5/in3oR, 

et  pour  un  diamètre  égal  à  im, 

T  ^27465s=.7"37"'45s. 

»  Si  l'on  calculait  directement  en  supposant  constante  la  surface  de 
chauffe,  on  obtiendrait  un  résultat  trop  faihle  dans  le  rapport  0,9102. 
Pour  le  diamètre  de  im,  l'erreur  absolue  en  moins  serait  4im5s.  Si,  pour 
essayer  de  tenir  grossièrement  compte  de  la  variation  de  S  par  un  procédé 
élémentaire,  on  adoptait  pour  son  évaluation  fixe  la  moyenne  arithmé- 
tique entre  ses  valeurs  initiale  et  finale,  on  trouverait  un  chiffre  1,2137  fois 
trop  fort;  et  l'erreur  en  plus  serait,  pour  l'exemple  précédent,  ih37m49s. 

»  Ces'écarts  sont  importants,  mais  nous  en  rencontrerons  de  bien  plus 
considérables  encore,  qui  arrivent  à  dénaturer  totalement  les  résultats, 
mettant  par  là  en  évidence  la  nécessité  d'employer  des  formules  plus 
exactes. 

»   6.  Considérons,  en  second  lieu,  une  surface  de  révolution  quelconque, 


(  9«>    .) 
représentée  par  l'équation  de  sa  méridienne  entre  x  et  z.  On  aura  alors 


2  77.T,  S  =  T.X-,  S  =  T.   f       xdz  i       T   +   (  ' ,  '   ) 


f/.-y  ' 


(0   <  = 


('-">X^vM£)'--i'.W'  ■(£)' 

»  7.  Envisageons,  par  exemple,  la  forme  sphérique  qui  était  usitée 
avant  Watt,  soit  par  elle-même  dans  la  chaudière  de  Savery,  soit  dans 
celle  de  Papin  avec  un  fond  plat,  pour  lequel  le  calcul  se  ferait  sans  dif- 
ficulté. On  aura,  en  plaçant  l'origine  au  pôle  inférieur 

;r2    -3(2R       s),  S  =  2tîEs; 

Z  (  2  li        ;  )  dz 


l  — 


\r 


w\  z(aR-  z)  -f-  (v  -  -  u)Rz-\-  uRz0 


expression  intégrable  en  termes  finis  par  les  méthodes  ordinaires. 
»   Quand  on  annule  u  et  v,  il  vient  simplement 

(4R-*.-*)(*i-«) 


^ïW  <»»-«>*  L4- 


4cR 

Si  l'on  place  la  ligne  des  carneaux  dans  le  plan  de  l'équateur, 

(3R-*)(R-*) 


t  — 


4  c  H 


Pour  vider,  par  exemple,  l'hémisphère  entier,  nous  ferons  z  =  o,  ce  qui 

donne  T  =  -7- ,  et  avec  i  m  de  ravon 

4  c 

T=  75ooos-    2o''5om. 

»  En  calculant  avec  la  surface  initiale,  on  trouverait  un  chiffre  o,4444 
fois  trop  faible,  déterminant,  pour  un  rayon  de  im,  une  erreur  en  moins 
de  iih35m,  plus  considérable  que  le  nombre  obtenu  lui-même,  ce  qui 
constitue  un  résultat  véritablement  absurde.  Avec  la  moyenne  arithmé- 
tique, il  serait  encore  o,8888  fois  trop  huble,  donnant,  pour  le  problème 
précédent,  une  erreur  en  moins  de2h20m. 

»  8.  En  quittant  pour  un  instant  le  domaine  de  la  pratique,  nous  ren- 
verserons les  termes  du  problème,  et  nous  nous  proposerons  de  déter- 
miner le  profil  que  devrait  présenter  la  méridienne  pour  réaliser  une  loi 
d'abaissement  assignée  a  priori.  Il  faut  alors  se  donner  directement,  dans 


(  9«s  ) 
l'équation  différentielle  (i),  l'expression  de  la  vitesse  —  -*-•  Le  plus  na- 
turel serait  de  la  représenter  par  une  fonction  de  z.  Mais  la  relation  reste 
alors  rebelle  à  l'intégration  (').  Elle  se  ramène,  au  contraire,  à  une  qua- 
drature, si  l'on  formule  la  vitesse  d'abaissement  en  fonction  de  la  surface 

d'évaporation,  ou  du  rayon  x,  sous  la  forme  —  -5-  =  F(x).  Nous  aurons 
ainsi 


.,  dz 

X'-TT  =  1WX 

dt 


H-  u  S0  -+-  (y  —  u)  f    x  dx  y  i  •+-  (  -7-  )  > 
xdx  i  ,   i  -f-  (  -j—)  =  x2  F(x')  —  iwx  —  /iS0, 

et  en  différenciant 

(v  —  u)x  t  /  n-  (-r- )  —  #2  F'(a?)  -4-  2.x  F  (x)  —  iw. 
En  élevant  au  carré,  et  résolvant  par  rapport  à  dz,  on  obtient 


/ 


-7=5-     — J        '• 


»  Cherchons,  par  exemple,  le  profil  qui  procurerait  une  vitesse  constante 
d'abaissement  V.  Il  vient,  à  cet  effet, 


I  /v-ïN 


\  *Vï=:/--'- 


expression   immédiatement  intégrable  par  les  méthodes  connues.  Si,  en 
particulier,  on  suppose  m  =  o,  w  =  o,  le  calcul  indique  un  cône  de  révo 
lution  ;  forme  d'ailleurs  inadmissible. 

»   9.   On  peut  effectuer  la  même  recherche  en  se  donnant  directement, 


(')  Sauf  le  cas  particulier  où,  en  négligeant  la  conductibilité  indirecte  w  o,  l'on 
admettrait  l'égalité  fortuite  «  =  v  de  la  conductibilité  directe  et  du  rayonnement. 
Alors  la  relation  (i)  fournit  immédiatement  l'équation  du  profil  cherché 


*»=-   "S° 


dz 

'tll 


(  983  ) 
au  lieu  de  l'abaissement  linéaire  ~    -j->  Pévaporation  en  volume 

.,  ClZ  s      v 

'T"x'dl  =TC?(aî)- 

Il  suffit  pour  cela  de  faire,  dans  le  calcul  précédent, 
ce  qui  donne 

»  Si,  par  exemple,  on  a  en  vue  l'évaporation  proportionnelle  au  temps, 
on  obtient  une  courbe  assez  compliquée,  ayant  pour  ordonnée  la  somme 
de  celles  d'un  cercle  et  d'une  ligne  dont  les  abscisses  seraient  réciproques 
de  celles  d'une  chaînette. 

»   10.   L'hypothèse  simplifiée  u  =    o.  w  =  o  nous  donne 


-f**\  Pï 


-  I, 


expression  qui  s'intègre  notamment  pour  une  loi  d'évaporation  propor- 
tionnelle à  une  puissance  absolument  que/conque  de  la  surface  ou  du  rayon 
du  plan  d'eau 

<f(x)  =  kœm. 
»   On  trouve  alors 


fer%=\/,-^^2m-:-L(V' 


»" 


m2X- 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  le  Prince  Nicolas  de  Tourquistanoff  soumet  au  jugement  de  l'Aca- 
démie un  «  Calendrier  vérificateur  ». 

(  Renvoi  à  l'examen  de  M.  Wolf.  ) 


(  9^4  ) 


CORRESPONDANCE . 

M.  de  Serpa    Pinto,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  de  Géogra- 
phie et  Navigation,  adresse  ses  remerciements  à  l'Académie. 

M.  le  Prince  Albert  de  Monaco,  nommé  Correspondant  pour  la  Section 
de  Géographie  et  Navigation,  adresse  ses  remerciements  à  l'Académie. 


GÉOMÉTRIE.  -  -  Théorème  de  Géométrie.  Note  de  M.  Tarry, 
présentée  par  M.  Hermite. 

<>  Si  deux  points  A  et  B  d'une  figure  de  similitude  constante  parcourent 
deux  droites  fixes  qui  se  coupent  en  un  point/?  : 

»  i°  Il  existe  sur  la  figure  semblablement  variable  un  coude  dont  chaque 
point  décrit  une  ligne  droite  passant  par  le  point  p. 

»   Ce  cercle  passe  constamment  par  le  point  p. 

»  2°  Tous  les  autres  points  de  la  figure  dérivent  des  courbes  du  même 
ordre. 

»  3°  Le  nombre  de  ces  courbes  est  égal  à  la  classe  de  la  courbe  inverse, 
par  rapport  à  l'origine p  de  l'enveloppe  des  cercles  PAB. 

>.'  Dans  le  cas  particulier  où  le  point  O  est  à  l'infini,  l'ordre  des  courbes 
est  égal  à  la  classe  de  l'enveloppe  de  la  droite  AB. 

»  Démonstration.  -  i°  Sur  la  figure  sensiblement  variable  considérons 
un  point  C,  situé  sur  le  cercle  circonscrit  au  triangle  PAB. 

»   L'angle  APB  est  égal  à  l'angle  constant  ACB  ou  en  diffère  de  :     -. 

»   Par  conséquent,  la  droite  PB  a  une  position  fixe. 

»  2°  Soient  D  et  E  deux  points  de  la  figure  mobile,  non  situés  sur  le 
cercle  PAB.  En  vertu  d'un  théorème  connu,  si  l'un  des  points  D  ou  E  décrit 
une  droite,  l'autre  point  décrit  aussi  une  droite. 

»  On  déduit  de  là  immédiatement  que  les  points  D  et  E  décrivent  des 
courbes  du  même  ordre. 

»  Le  centre  O  du  cercle  PAB  est  évidemment  l'un  des  points  de  la  figure 
sensiblement  variable. 

i>   3°  L'ordre  de  ces  courbes  est  le  même  que  celui  de  la  courbe  décrite 


(9»5  ) 

par  le  point  O  et,  par  suite,  par  le  point  Q,  diamétralement  opposé  au 
point  P  dans  le  cercle  PAB. 

»  Construisons  la  polaire  réciproque  de  la  figure  par  rapport  à  un  cercle 
de  centre  P. 

»  On  voit  aisément  que  les  polaires  du  point  Q  sont  des  tangentes  à  la 
courbe  inverse,  par  rapport  à  l'origine  P,  de  l'enveloppe  des  cercles  OAB, 
ce  qui  démontre  le  théorème. 

»  La  démonstration  relative  au  cas  particulier  où  le  point  O  est  à  l'infini 
a  été  donnée  par  M.  d'Ocagne,  à  qui  j'avais  communiqué  l'énoncé  (Nou- 
vclles  Annales  de  Mathématiques,  septembre  1890).  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  classe  d'équations  différentielles 
linéaires  ordinaires.  Note  de  M.  Jules  Cels,  présentée  par  M.  Dar- 
boux. 

«   J'applique  la  méthode  que  j'ai  indiquée  (  '  )  à  l'équation 

ri'1-  ri11—'1-  r/"--~  ri- 

(E)     .r"~'  ^4  +  ace"-*  5—^  +  bx»"3  ~~  -f-. ..+  hx  ^  +  x"^  z  =  o, 

x      '  cLv"  il.r"'  '  dX"     -  tir 

oii  a,  b,  . ..,  h  sont  des  constantes. 
Soit  donc  la  suite 

Xj_  2(1    •     •      •     L* |      Lj1j|      1      .     .     Ujni      .     .    1 

»   Toutes  les  équations  de  la  suite  sont  du  même  type  que  l'équation  E 
et  on  a  les  formules  de  récurrence 

—  j"~l  dx  x"~l        dx     -'"  —  •?  J  •••  J  --îgUX, 

le  nombre  de  dérivations  étant/;,  le  nombre  d'intégrations  q. 

»   L'intégration  de  l'équation  E  se  fait  très  facilement  lorsque  dans  la 
suite  qui  lui  correspond  se  trouve  l'équation 

(0  xn~'ë  +  x"~,z  =  °' 

c'est-à-dire 

d"  ; 

—, h  S  =  O, 

dx"  ' 


(l)  Voir  Comptes  rendus,  1 5  juillet  1890. 

C.   K.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CMI,  N'  18.)  I  29 


(  9»6  ) 


ou 


(2)  .r-'  DZ  4-  np.r"^  J^  +  <*-<  =  =  o; 


c'est-à-dire 


pétant  un  nombre  entier.  L'équation  (i)  s'intègre  de  suite.  Pour  l'inté- 
gration de  l'équation  (2)  on  pose  z  =yéKx.  On  trouve  alors  l'équation 


(3) 


i       _|_  ïnV'-'.r  -+-n(n  —  1)  pV1"*]  ^  4-  [cc(V  +  1)  +  rap\]  v  =  o. 

»  Si  l'on  se  rapporte  à  une  précédente  Communication  (  '),  on  voit  que, 
si  l'on  détermine  1  par  l'équation  V  -+-  1  =  o,  p  étant  un  nombre  positif, 
l'équation  (3)  a  comme  solution  particulière  un  polynôme  de  degré  p, 
soit  P.  L'équation  (2)  aura  alors  comme  solution  particulière  Pe)x;  sip  était 
un  nombre  négatif,  l'adjointe  de  Lagrange  de  l'équation  (3)  admettrait, 
comme  solution  particulière,  un  polynôme  Q  de  degré  p  —  j  et,  comme  il 
serait  facile  de  le  voir,  l'adjointe  de  Lagrange  de  l'équation  (2)  aurait  la 
solution  Qe~lx.  Puisque  1  prend  n  valeurs,  il  suit  de  là  que,  dans  les  deux 
cas,  on  a  l'intégrale  générale  de  l'équation  (2). 

»  Il  reste  à  donner  un  moyen  de  voir  sur  l'équation  E  les  cas  où  ces 
intégrations  sont  possibles.  J'établis  les  propositions  suivantes  : 

»  Quand  on  passe  d'une  équation  E  à  son  adjointe  de  Lagrange,  les  racines 
de  l'équation  déterminante  du  point  critique  o  sont  changées  de  signe;  quand 
un  passe  de  l'équation  E  à  l'équation  correspondant  à  la  première  ligne  de  son 
déterminant  fondamental,  les  racines  de  /'  équation  déterminante  du  point  cri- 
tique o  (la  racine  o  exceptée)  sont  changées  de  signe  et  augmentées  de  n. 

»   L'application  répétée  de  ces  résultats  conduit  à  ceux-ci  : 

»  Quand  on  passe  de  l'équation  E  à  l'équation  E2 .,  les  racines  de  l'équation 
déterminante  du  point  o  (la  racine  o  exceptée)  augmentent  de  pn  ;  quand  on 
passe  de  l'équation  E  à  l'équation  E_2?,  elles  diminuent  de  qn. 

»  Cela  posé,  les  racines  de  l'équation  déterminante  de  l'équation  (1) 
étant  o,  1,  2,  ...,  n  — i,on  voit  que  : 

»    1.    Quand  les  racines  de  l'équation  déterminante  du  point  critique  o  pour 

(')  Voir  Comptes  rendus,  8  décembre  1890. 


(  9«7  ) 
une  équation  E  sont 

o,      t  —  pn,      i  —  pn,      . .  .,     (n  —  i)  —  /?/?  : 

»    i°  Si  p  est  un  nombre  positif,  les  solutions  de  l'équation  E  sont  données 

par 

i       d       i  d     „_ 

"  "     ..-  '     '   ,Zr  ,.   '-'         <&:         ' 

le  nombre  des  dérivations  étant  p,  et  a.  étant  racine  de  V  équation  r"+i  =  o. 
»    2°  Si  p  est  un  nombre  négatif,  elles  sont  données  par 

z  =-  /..■"   '  dxfx"   '  <l.v...féXTd.\\ 

le  nombre  d'intégrations  étant  p. 

»  Dans  le  second  cas,  on  peut  éviter  les  quadratures  par  l'emploi  de 
l'adjointe  de  Engrange  de  l'équation  E.  Son  équation  déterminante  aurait 

les  racines 

o,      (n-f)-hpn,     (n—2)-\-pn,      i  +/w, 

et  l'on  serait  dans  le  premier  cas. 

»  L'équation  E  pour  le  second  ordre  est  l'équation  de  Bessel  et  le  ré- 
sultat précédent  l'intègre,  comme  c'est  bien  connu,  quand  l'intégrale  gé- 
nérale est  uniforme  autour  du  point  critique  o. 

»   On  arrive  de  la  même  façon  au  résultat. 

»  2.  Pour  qu'une  équation  ait  dans  la  suite  qui  lui  correspond  une  équa- 
tion du  type  (i),  il  faut  et  il  suffit  que  les  racines  de  l'équation  déterminante 
du  point  critique  o  soient 


ou 


o,      î  —  pn,     2  —  pn,     (  n  —  2)  —  pn,     (n  —  1)—  qn, 
u,      («—1)  —  pn,     (n—2)—-pn,     (i)  —  p,      1  —  qn, 


0  et  q  étant  des  entiers. 

»  Les  résultats  1  et  2  intègrent  l'équation  du  troisième  ordre,  dans 
tous  les  cas  où  l'intégrale  générale  est  uniforme  autour  du  point  critique  o. 
11  n'en  est  pas  de  même  quand  il  s'agit  dune  équation  d'ordre  n.  Il  est  en 
effet  facile  d'établir  : 

»  3.  Pour  que  l'équation  E  ait  son  intégrale  générale  uniforme  dans  tout 
le  plan,  il  faut  et  il  suffit  que  les  racines  de  l'équation  déterminante  du  point 
critique  o  (excepté  la  racine  o)  soient  respectivement  1,  2,  .  .  ..  (n  —  1)  à  un 
multiple  de  n  près,  qui  n'est  pas  le  même  pour  toutes  ces  racines. 


(9«8  ) 
»  Je  termine  en  indiquant  la  formule 

-  -  A _i_ L_  ***    .  $(g  +  /»)  ^+2» 

/(Ê  +  «)  fH+  »)/(*  +  a») 

, E(Ç-H/i)(g  +  2tt)  £+3„ 

où 

f(r)=  —  /■(/•  —  i).  ..(/■  —  n-f-  i)  —  ,/•'. . . (r—  «  +  2). ..  —  fts, 

qui  représente  le  développement  d'une  intégrale  autour  du  point  cri- 
tique o,  \  étant  racine  simple  de  l'équation  déterminante  et  étant  telle 
que  sa  différence  avec  l'une  quelconque  des  autres  racines  ne  soit  pas  un 
nombre  entier.  » 


ANALYSE    MATHÉMATIQUE.  —   Sur  la  convergence  des  fractions  continues 
simples.  Note  de  M.  H.  Padé,  présentée  par  M.  Picard. 

«  Les  fractions  qui  ont  pour  numérateurs  des  monômes  en  x  à  coeffi- 
cients et  exposants  différents  de  zéro,  et  pour  dénominateurs  partiels  des 
polynômes  en  x  à  terme  constant  différent  de  zéro,  jouent,  dans  l'étude 
des  fractions  continues,  le  même  rôle  que  les  séries  entières  dans  l'étude 
des  séries;  nous  les  noramons/racto/iî  continues  simples. 

»  Soit 


sont  des  fractions  ration- 


(0 

a. -h — 

-h  —  +. 
«3 

•    •    » 

une 

telle 

fraction  ; 

ses 

■A     ■♦        U' 

réduites  y- 

U,    u, 
'  v7'  v;' 

sont 

nelles  irréductibles 

et  1 

'on  a,  pour 

q>p> 

(2) 

uf_ 

_u„     (- 

i)''+1 

aia.3...ap+l    | 

»  /J4-1 

2<*3- 

■  *a  p  »-  2 

■  v„  + 

v. 

V 

2 

(  —  i)'iy-2y.,...i„ 
'  V       Y 

»   Par  cette  formule,  l'étude  de  la  convergence  de  la  fraction  continue 
est  ramenée  à  celle  de  la  série  illimitée, 

,cx  (-0"'-' ».*.,- ••«„+.    ,    (-i)p+i *!*,...*„+*    , 

\^  '  V    V  V        V  ■-!-.... 

»   Soit  (C)  le  cercle  de  convergence  de  la  série  entière 

(S')  aa  —  a, a,  +  ct2xixA  —  . . .  +  ( —  l)"a2a3. . .  x„  -t-.  . .  , 


<  9«9  ) 
et  considérons  un  ensemble  (E)  de  points  du  plan,  tels  que,  pour  chacun 
d'eux  et  pour  toutes  les  valeurs  de  l'entier  i,  supérieures  à  un  nombre  posi- 
tif fixe  N,  on  ait 

a  <  |  V,-  !  <  A, 

a  et  A  désignant  deux  nombres  positifs  fixes.  Pour  chacun  des  points  de 
l'ensemble  (E),  la  série  (S),  où  l'on  suppose/?  plus  grand  que  N,  et  la  sé- 
rie (S')  sont  convergentes  et  divergentes  en  même  temps.  Ainsi,  en  se  bor- 
nant aux  points  de  l ensemble  (E),  on  peut  parler  du  centre  de  convergence  (C) 
de  la  fraction  continue. 

»  Supposons  que  tous  les  points  d'une  partie  (y)  du  plan  intérieur  au 
cercle  (C)  appartiennent  à  l'ensemble  (E);  dans  le  champ  (y)  la  fraction 
continue  définit  une  fonction  analytique  continue  uniforme  de  x. 

»  La  principale  difficulté  de  l'étude  de  la  convergence  se  trouve  dans  la 
détermination  de  l'ensemble  (E).  Un  cas  où  il  est  particulièrement  facile 
de  déterminer  quels  sont  ceux  des  points  d'une  partie  donnée  (A  )  du  plan 
qui  appartiennent  à  cet  ensemble  est  celui  où,  dans  celte  partie  (A),  la 
suite  illimitée  V, ,  V2,  V.,, ....  tend  uniformément  vers  une  fonction  continue. 
Dans  ce  cas,  tous  les  points  de  (A),  sauf  ceux  qui  correspondent  à  des  ra- 
cines de  la  fonction  continue,  sont  des  points  de  l'ensemble  (E).  En  parti- 
culier, pour  la  fraction  continue  d'Euler,  tous  les  polynômes  V,,  V2, 
sont  des  constantes  égales,  si  l'on  veut,  à  l'unité;  cette  fraction  est  donc 
convergente  dans  le  cercle  (C)  et  divergente  en  dehors,  ce  qui  s'accorde 
avec'le  théorème  d'Abel  sur  les  séries  entières. 

»  Les  fractions  rationnelles  approchées  d'une  fonction  forment  une 
suite  infinie  à  double  entrée,  d'où  l'on  peut,  d'une  infinité  de  manières, 
extraire  des  suites  illimitées,  à  simple  entrée,  de  fractions  rationnelles  qui 
soient  les  réduites  successives  d'une  fraction  continue  simple;  le  choix  de 
ces  fractions  peut  être  fait  de  telle  sorte  que  les  éléments  de  la  fraction 
continue  suivent  une  loi  régulière  ;  il  en  sera  alors  de  même  des  dénomina- 
teurs V,,  V2,  V3, . . .;  c'est  donc  pour  ces  fractions  continues  simples  parti- 
culières que  l'étude  de  la  convergence  présentera  le  plus  de  facilités,  et 
les  fractions  appartenant  à  un  même  type  régulier  se  diviseront  en  général 
en  fractions  toutes  convergentes  ou  divergentes  en  même  temps. 

»  Ainsi  toutes  les  fractions  continues  simples  régulières  relatives  à  ex  sont 
convergentes  dans  tout  le  plan  ;  pour  chacune  d'elles  le  rayon  du  cercle  (C) 
est  infini,  tandis  que  les  dénominateurs  des  réduites  tendent  uniformément 

soit  vers  i,  soit  vers  e  ~,  soit  vers  e~j:,  fonctions  continues  qui  n'ont  aucun 
zéro  à  distance  finie. 


(  99°  ) 
»   Considérons  encore  la  fonction 


\        ^-  «J  *.'  *.' 

-  I  +  5  -H  —  H !- 


2  y/5  '  —  \/s  "  3    '     5 

et  l'une  quelconque  des  fractions  continues  simples  régulières,  qui  ont 
pour  réduites  successives  des  fractions  rationnelles  approchées  dont  les 
dénominateurs  soient  d'un  même  degré  g,  tandis  que  les  degrés  des  numé- 
rateurs sont  o,  i,  2,  3,  ...  ;  pour  une  telle  fraction  continue,  le  rayon  du 
cercle  (C)  est  égal  à  l'unité,  tandis  que  le  dénominateur  de  la  réduite  tend 
uniformément  vers  (i  —  xf .  La  seule  racine  de  cette  fonction  est  x  =  t , 
donc  l'ensemble  (E)  se  compose  de  tous  les  points  du  plan,  hormis  le 
point  i.  Toutes  les  fractions  continues  considérées  convergent  donc  dans 
le  cercle  (C)  et  divergent  en  dehors  de  ce. cercle.    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  un  inclinateur  à  induction.  Note  de  M.  H.  Wild, 
présentée  par  M.  Mascart. 

«  Dans  un  article  inséré  au  Bulletin  de  l'Académie  impériale  des  Sciences 
de  Saint-Pétersbourg  (t.  XXVII,  mai  1881),  j'ai  brièvement  décrit  une 
nouvelle  méthode  de  détermination  de  l'inclinaison  magnétique  avec  la 
boussole  à  induction  de  Weber,  méthode  qui  élimine  expérimentalement 
l'erreur  provenant  de  ce  que  la  sensibilité  des  galvanomètres  employés.varie 
avec  l'angle  de  déviation  de  l'aimant.  J'ai  décrit  la  méthode  et  les  résulttats 
obtenus  avec  un  instrument  provisoire  dans  un  article  inséré  aux  Comptes 
rendus  de  i88/j,  t.  XCVIII,  p.  91.  Convaincu  que  la  boussole  à  induction 
convenablement  construite  permettrait  de  déterminer  enfin  l'inclinaison 
absolue  avec  la  même  exactitude  que  la  déclinaison  absolue,  j'ai  fait  con- 
struire, dans  l'atelier  de  l'Observatoire  physique  central,  une  boussole  à 
induction  de  grande  précision.  Elle  a  été  établie,  au  printemps  de  1890, 
à  l'Observatoire  magnétique  de  Pawlowsk  et  je  l'ai  décrite,  ainsi  que  les 
nombreuses  expériences  qui  ont  été  faites  de  juin  à  décembre  de  l'année 
dernière  par  trois  personnes  différentes,  dans  le  Mémoire  présenté.  Il  ré- 
sulte de  ces  expériences  cpie  l'inclinaison  absolue  peut  être  déterminée, 
avec  la  nouvelle  boussole  et  par  ma  méthode,  à  l'aide  d'une  seule  ob- 
servation, avec  une  erreur  moyenne  de  ±  !{ ,  5.  Dans  le  commencement  de 
l'année  1891,  grâce  à  l'habileté  de  nos  observateurs,  cette  erreur  estmême 
devenue  rfc  2",  5.  Ainsi  se  trouve  résolu  le  problème  de  déterminer  l'incli- 
naison, au  moins  avec  la  même  exactitude  que  la  déclinaison.  » 


(  99*  ) 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  un  procédé  de  construction  des  vis  de  haute 
précision  pour  les  appareils  de  mesure  de  la  Carte  du  Ciel.  Note  de  M.  P. 
Gautier,  présentée  par  M.  Mouchez. 

«  Les  vis  employées  jusqu'à  présent  dans  les  appareils  de  mesure  étaient 
simplement  filetées  avec  soin  ;  on  avait  à  compter  avec  des  erreurs  prove- 
nant de  la  vis  conductrice  et  de  l'outil  qui  s'usait  plus  ou  moins  suivant  le 
nombre  de  filets  à  couper;  il  en  résultait  la  nécessité  de  faire  de  la  vis  une 
longue  et  pénible  étude  pour  trouver  les  corrections  à  lui  appliquer. 

»  J'ai  pensé  qu'il  était  possible  de  pousser  beaucoup  plus  loin  la  préci- 
sion dans  la  construction  d'une  vis.  Supposons,  en  effet,  une  vis  filetée 
dans  les  conditions  ordinaires;  si,  après  avoir  insufflé  sur  elle  une  pous- 
sière très  fine  d'émeri,  nous  la  faisons  passer  dans  un  écrou  en  cuivre 
d'égale  longueur,  il  y  aura  modification  de  l'écrou  par  la  vis  et  récipro- 
quement de  la  vis  par  l'écrou.  Ccite  modification  mutuelle  de  la  vis  et  de 
l'écrou  s'opère  ainsi  par  un  véritable  rodage;  il  en  résultera  nécessaire- 
ment une  amélioration  successive  de  l'une  et  de  l'autre,  et  le  degré  de 
précision  qui  pourra  être  atteint  dépendra  à  la  fois  des  précautions  de  di- 
verses natures  prises  dans  le  rodage  et  du  temps  qu'on  y  aura  consacré. 

»  J'ai  appliqué  ce  procédé  à  la  construction  d'une  vis  de  om,  26  de  lon- 
gueur et  de  om,oi3  de  diamètre.  Il  y  avait  une  difficulté  considérable  à 
obtenir  un  écrou  d'une  (elle  longueur  parfaitement  rectiligne,  d'un  écar- 
tement  de  filets  et  d'une  dilatation  identiques  à  ceux  de  la  vis.  Pour  tour- 
ner cette  difficulté,  j'ai  employé  l'artifice  suivant  :  j'ai  formé  un  écrou  par 
la  réunion,  sur  une  même  base  d'acier,  de  10  petits  écrous  de  forme 
cubique  de  om,02ode  côté,  séparés  l'un  de  l'autre  par  un  intervalle 
de  om,oo5. 

»  Ces  écrous  étaient  fendus  suivant  leur  axe,  de  manière  à  permettre 
de  faire  varier  à  volonté  au  moyen  d'une  vis  de  pression  l'ouverture  de 
leur  trou;  j'ai  vissé  ces  écrous  partiels  sur  la  vis  que  je  me  proposais  de 
corriger  et,  avant  de  les  fixer  à  la  base  d'acier,  j'ai  rodé  ensemble  les  sur- 
faces des  écrous  qui  doivent  s'appuyer  sur  cette  base. 

»  Ayant  ainsi  composé  mon  écrou,  j'ai  fait  passer  la  vis  d'un  bout  à 
l'autre  un  très  grand  nombre  de  fois,  en  la  retournant  à  chaque  nouveau 
passage,  bout  pour  bout. 

»  La  vis  corrigée  par  le  procédé  qui  vient  d'être  décrit  est  actuelle- 
ment montée  sur  une  machine  à  diviser  qui  sert  au  tracé  des  réseaux  sur 
verre  argenté,  destinés  à  la  Carte  photographique  du  Ciel. 


(  992  ) 
»   D'après  les   mesures  faites  avec  des  microscopes  sur  l'une  de  ces 
plaques  à  réseaux  par  MM.  Trépied  et  Henry,  il  a  été  constaté  que  l'erreur 
maximum  ne  dépassait  pas  omm,ooo6.  » 


CHIMIE.  —  Études  quantitatives  sur  l'action  chimique  de  la  lumière.  Deuxième 
partie  :  Réactions  sous  différentes  épaisseurs  et  avec  différentes  formes  de 
vases.  Note  de  M.  Georges  Lemoine. 

«  Lorsque  la  lumière  décompose  un  mélange  d'acide  oxalique  et  de 
chlorure  ferrique,  elle  subit  en  le  traversant  une  absorption  qu'on  peut 
admettre  être  la  même  que  si  l'eau  remplaçait  l'acide  oxalique.  En  effet, 
devant  deux  vases  identiques  contenant  le  réactif,  plaçons  deux  cuves  de 
25°"",  l'une  avec  de  l'eau,  l'autre  avec  de  l'acide  oxalique  :  les  décompo- 
sitions seront  les  mêmes.  Il  suffit  donc  de  mesurer  les  absorptions  du  chlo- 
rure ferrique. 


)>  Calcul  des  quantités  de  réactif  décomposées  pour  différentes  épaisseurs.  — 
Soit  une  courbe  i=f{l)  donnant  les  proportions  de  lumière  transmises 
pour  différentes  épaisseurs  /.  Dans  une  couche  très  mince  dl,  le  poids  de 
réactif  décomposé  est  proportionnel  à  l'intensité  lumineuse  i  :  il  peut 
donc  se  représenter  par  un  petit  rectangle  mm'nn'  dont  la  surface  est  idl. 
On  voit  ainsi  que  le  poids  total  de  réactif  décomposé  dans  un  rectangle 
d'épaisseur  /  pendant  un  temps  très  court  est  proportionnel  à  la  surface  de 
la  courbe  i  =  /(/).  En  d'autres  termes,  on  l'obtiendra  par  une  intégration. 

»  On  n'a  ainsi  qu'une  première  approximation  pour  deux  raisons  qu'on  trouvera 
discutées  dans  mon  Mémoire  et  qui,  en  fait,  n'ont  pour  les  résultats  qu'une  importance 
secondaire.  D'abord,  dans  notre  mélange  il  peut  y  avoir  partage  des  deux  acides,  et 
l'on  suppose  implicitement  que  le  chlorure  ferrique  et  l'oxalate  ferrique  (qui  ont  la 
même  teinte)  ont  le  même  pouvoir  absorbant.  D'autre  part,  outre  l'absorption  phy- 
sique, il  peut  y  avoir  une  autre  absorption  correspondant  au  travail  moléculaire  de 
décomposition  que  produit  ou  excite  la  lumière  :  il  faudrait  alors,  au  lieu  de  la 
courbe  i,  prendre  une  autre  courbe,  un  peu  au-dessous,  exprimant  l'absorption  totale. 
Mais  la  différence  est  faible.  On  va  voir  en  effet  que  les  décompositions  observées  sont 
à  peu  près  égales  aux  décompositions  calculées  sans  attribuer  aux  radiations  lumi- 
neuses aucune  dépense  spéciale  d'énergie  en  dehors  de  l'absorption  physique. 


(  993  ) 
»  Résultats  des  expériences  dans  les  premiers  temps  de  la  réaction.  — 
I.  Pour  les  cuves  rectangulaires  on  part  des  formules  de  transmission 
du  chlorure  ferriqne  |  normal  avec  un  ciel  bien  pur  dans  la  belle  saison 
(Comptes  rendus,  27  avril  1891,  p.  939).  La  décomposition  du  mélange 
optiquement  équivalent,  de  chlorure  normal  et  d'acide  oxalique  normal, 
en  sera  l'intégrale,  d'après  les  relations 

jt  _l_   nl  sè'I  _4_ 


1  =  nal  -+-  n  a 
al         n'a'l 


La' 


n 
\Ta 


11 
La1 


»  II.  Les  tubes  circulaires  peuvent  être  décomposés  en  petits  rectangles 
à  chacun  desquels  s'applique  le  calcul  précédent  :  cela  revient  à  une  inté- 
grale double. 

»  L'expérience  ne  peut  donner  que  des  mesures  comparatives  :  nous 
devrons  donc  considérer  comme  égale  à  l'unité  là  décomposition  effectuée 
pour  l'une  des  épaisseurs  considérées.  Voici  quelques  spécimens  : 


Épaisseur 

des  rectangles 

ou  diamètre 

des  cercles. 


Décomposition 
totale 
./ 
S  =  /     i  ill 


Décomposition 
moyenne 
pour  imn"i 


Rapports 

entre  les 

décompositions 

moyennes. 


f   i  dl.       s=  l-    f 

'  0  '  t  0 


idl.        Théorie.        Expérience. 


o , 1 4o8 


Rectangles  :  lumière  blanche. 

t  Dix  expériences 

0,1/408  2,76  2,8  donnent  de 

2,68  à  3,00 


4 

0,204l 

o,o5io                i 

1 

65 

0,5925 

0,0091                0,18 
Rectangles  :  lumière  bleue, 

0,15 

1 

0,09l5 

0 , 09 1 5               3,2i 

"j  3,44  j 
i  3,32  ) 

Réaction 
très  rapide 

-1 

o,u4i 

0,0285                1 
Rectangles  :  lumière  jaune 

1 

1 

°>94'7 

0,9417                1,09 

(  116  ) 
1,12 

(  1,08  ) 

Réaction 
très  lente 

4 

3,473o 

o,8658               1 
Cercles  :  lumière  blanche. 

1 

6 

1,246 

o,o44i                ',82 

j  1,56 
I  1,85 

■  4 

3,732 

0,0242                1 

i 

27 

9,368 

0,0164               0,68 

j  0,80 
!  0.67 

C    P.., 

1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  18.) 

i3o 

(  994  ) 

»  III.  Les  différences  pour  les  deux  extrémités  du  spectre  se  conçoivent 
très  bien.  Avec  le  jaune,  qui  est  la  couleur  de  notre  réactif,  l'absorption 
est  presque  nulle  :  le  rapport  entre  les  décompositions  moyennes  est  donc 
très  rapproché  de  i.  Avec  le  bleu,  l'absorption  se  fait  dès  les  premières 
couches,  qui  seules  sont  décomposées  énergiquement  :  dès  lors,  si  d'une 
cuve  de  im  on  passe  à  une  cuve  de  4m>  l'épaisseur  ajoutée  n'accroîtra 
presque  en  rien  la  décomposition  totale  :  donc  le  rapport  des  décomposi- 
tions moyennes  se  rapprochera  de  l\. 

»  Vitesse  de  la  réaction  :  théorie  et  expériences.  —  A  mesure  que  la  dé- 
composition s'avance,  sa  vitesse  varie  pour  deux  causes  agissant  en  sens 
inverse  :  i°  la  diminution  de  la  teneur  en  matière  décomposable;  2°  le 
changeaient  de  transparence  qui  en  résulte,  puisque  le  chlorure  ferrique, 
coloré,  est  remplacé  par  du  chlorure  ferreux  presque  incolore.  Si  ce  chan- 
gement physique  n'avait  pas  lieu,  la  décomposition  dy,  dans  le  temps  dt, 
serait  proportionnelle  au  poids  (p  —  y)  de  matière  décomposable  existant 
actuellement  et  à  l'intensité  moyenne  s  de  la  lumière  dans  le  vase  consi- 
déré, soit,  en  appelant  R'  une  constante, 

(0  %  =  v>(p-y)' 

»  Pour  apprécier  le  changement  de  transparence,  représentons  graphi- 
quement les  valeurs  de  s  (toutes  connues  par  nos  formules)  pour  les  dif- 
férentes dilutions  de  notre  réactif  :  s  =  <p(/>).  A  mesure  que  p  se  change 
en  (p  —  y),  il  faut,  dans  (i),  prendre  pour  s  une  valeur  nouvelle.  En  pra- 
tique, on  peut,  dans  un  certain  intervalle,  remplacer  la  courbe  s  =  <?(/>) 

par  un  arc  d'hyperbole,  tel  nue  -, — r>  d'où  la  formule  suivante,  qui 

i  ji  i      h  _(_  (p  _  ,  )  i 

peut  s'intégrer  par  décomposition  en  fractions  rationnelles 
dy „,  y  v  a  rr        p — y 

777  =-  lv  KP—y)b  +  (p_y)  —  v77^:(y0_7)' 

»  Comme  tout  est  comparatif,  on  se  donne  la  durée  t  de  l'une  des  obser- 
vations, et  l'on  y  rapporte  les  autres.  Voici  quelques  spécimens  pour  la 
lumière  blanche  et  les  liquides  normaux,  pendant  de  belles  journées  : 

Rectangle  de  im Kt^z    5, 3g6    0,8802: Iog f  1  —  —  J    , 

Rectangle  de  4m Kt=.    8,4i5  |"i  ,8.958  £  —  logfi-  |jl, 

Cercle  de  i4m Kt=2i,i5j     1  ,6190  2-  —  log  (  1  —  =-  j    • 


(  995  ) 


Rectangle 

de  1™. 

Rectangle 

de  4». 

Dosage  de 

FeCl. 

Dosage  de 

FeCl. 

y. 

p      Expérience. 

Théorie. 

y 

p' 

Expérience. 

Théorie. 

min 
0,452    1  =  12       1 

min 
!  =  IO,5 

0 

,22 

ni  in 

<  =  20 

min 
t  =21 

o,744        20 

20  donnée 

0 

,32 

31 

3i  donnée 

0,935        30 

3a 

0 

,4o 

40 

4o 

»               » 

» 

0 

,  5o 

50 

5o,5 

»               » 

» 

0, 

66 

69 

69 

Cercle  de  i4°°. 
Mesure  du  gaz  dégagé  :  p  =  a3g". 


(gaz)     Expérience. 


Théorie. 


63  t—    48  *  =    46 

82  60               61 

1 10  84                 84  donnée 

r  20  91                  93 

142  113               112 


CHIMIE.    —   Sur  quelques  composés  formés  par  le  chlorure  mercurique. 
Note  de  M.  G.  André. 

«  Je  réunis  dans  cette  Note  l'étude  d'un  nouveau  sel  double  formé  par 
le  chlorure  mercurique  et  celle  des  combinaisons  de  ce  même  chlorure 
avec  l'aniline  et  la  benzylamine. 

»  I.  J'ai  réussi  à  préparer  certains  chlorures  doubles  ammoniacaux  de 
zinc  et  de  mercure  en  dissolvant  dans  le  chlorure  d'ammonium,  soit  les 
deux  oxydes,  soit  un  oxyde  et  un  chlorure. 

»  Je  dissous  à  chaud  de  l'oxyde  de  zinc  dans  une  solution  concentrée 
de  sel  ammoniac,  et  j'ajoute  peu  à  peu  à  l'ébullition  du  chlorure  mercu- 
rique à  refus.  Après  refroidissement,  la  masse  cristalline  est  égouttée  sur 
du  papier.  Elle  représente  un  chlorure  double  ammoniacal  de  zinc  et  de 
mercure,  de  composition  assez  constante  : 

4ZnCl2.HgCl-.ioAzH3+2H20  ('). 

Il  semble  que  chaque  chlorure  ait  conservé  dans  le  sel  double  son  type 
primitif  de  chlorure  ammoniacal.  En  effet,  le  chlorure  de  zinc  ammoniacal 
qu'on  obtient  par  dissolution  de  l'oxyde  dans  le  sel  ammoniac,  ou  celui 
qu'on  prépare  par  dissolution  du  chlorure  de  zinc  dans  l'ammoniaque, 
contiennent,  tous  deux,  pour  une  molécule  de  chlorure,  deux  molécules 
d'ammoniaque.  H  en  est  de  même  du  chlorure  ammoniacal  de  mercure, 
dont  j'ai  parlé  dans  une  Note  précédente  et  dont  la  formule  est 

HgCP.aAzIP. 


(  ')  Calculé. 
Trouvé. 


Cl  =  34,77; 

Cl  =  34,59; 


Zn  =  25,46;  Hg=[g.58;     Az  =  13,71 

711  =  24,70-24,92;      Hg  =  i9,28;     Az=i3,9i 


(996) 

Dans  le  sel  double  que  je  viens  de  décrire,  il  existe  bien  10  molécules 
d'ammoniaque  pour  5  molécules  des  chlorures.  Ce  sel,  chauffé  dans  un  petit 
tube,  dégage  de  l'eau,  fond  et  donne  un  sublimé  blanc  avec  dégagement 
d'ammoniaque.  L'eau  bouillante  ne  le  dissout  pas,  mais  le  décompose  en 
donnant  un  corps  amorphe,  mélange  d'oxychlorure  de  zinc  et  de  chlorure 
d'oxvdimercuriammonium.  Il  se  dissout  aisément  dans  l'acide  chlor- 
hydrique. 

»  II.  On  obtient  un  chlorure  double,  de  formule  analogue,  en  dissolvant 
simultanément  20gr  d'oxyde  de  zinc  et  20gr  d'oxyde  jaune  de  mercure  dans 
une  solution  bouillante  contenant  ioogr  de  sel  ammoniac.  La  dissolution  de 
ce  dernier  oxyde  est  assez  lente  et  exige  une  bonne  ébullition.  Le  com- 
posé cristallin  déposé  par  refroidissement  est  séché  sur  du  papier.  Il  ré- 
pond à  la  formule  2ZnCl2.HgCI2.  6AzII3  -h  ^H20  (').  Il  se  conduit 
comme  le  précédent  dont  il  possède,  comme  on  voit,  le  même  type  de 
formule. 

»  III.  L'aniline  agit  sur  le  chlorure  mercurique  en  donnant,  comme 
l'ammoniaque,  deux  sortes  de  composés  :  i°  un  composé  d'addition  bien 
connu  :  (C°H5  AzH2)2.HgCl2,  et  2°  un  composé  de  substitution 

C8H5AzH.HgCl 

décrit  par  Forster  (Berichte,  t.  VII,  p.  294).  On  peut  facilement  préparer 
un  autre  composé  d'addition  en  agitant  à  froid  imo1  de  sublimé  dissous 
dans  l'eau  avec  2mo1  d'aniline.  On  filtre,  on  lave  le  précipité  blanc  et  on  le 
sècheà  1  io°.  Sa  formule  est  CfPAzH2.  HgCl2  (2).  Si  l'on  mélange  à  froid 
des  solutions  aqueuses  de  sublimé  et  d'aniline  avec  excès  d'aniline,  il  se 
précipite,  par  un  contact  prolongé,  des  corps  qui,  lavés  à  l'eau  et  séchés 
à  1100,  donnent  à  l'analyse  un  excès  de  mercure  par  rapport  au  chlore, 
excès  dû  probablement  à  de  l'oxyde.  Car  ces  composés,  chauffés  dans  un 
petit  tube,  dégagent  un  peu  d'eau.  On  n'arrive  pas  à  un  meilleur  résultat 
avec  des  solutions  alcooliques  bouillantes. 

»  J'ai  préparé  un  composé  de  substitution,  différent  de  celui  signalé 
plus  haut,  en  versant  peu  à  peu  dans  une  solution  bouillante  d'aniline 
(8  molécules)  1  molécule  de  sublimé.  Le  corps  jaunâtre  qui  se  précipite 

(')  Calculé.. .  Cl  =  32,56;  Hg  =  3o,58;  Zn  =  19,87  ;  Az  =  12,84 

Trouvé...  Cl ==  32,42;  Hg  =  3o,i2;   Zn  =  2o,3o;  Az=  12,70 

(-)  Calculé. ..  C  =  19,79;  H  =    1 ,92  ;  Cl  =  19,50;  Hg  =  54, g4 ;    Az  =  3,85 

Trouvé.  .  .  C  =  19,24;  H  =    2,07  ;  CI  =  19, 34;  Hg  rr  55,  i5  ;    Az  =  3,5o 


(  997  ) 
a  été  lavé  et  séché  à  i  io°;  il  répond  à  la  formule 

5C6H5.AzH.HgCl4-2HgCl2      ('). 

Ce  corps  qui  représente  une  combinaison  de  chlorure  mercurique  avec  le 
corps  substitué  est  l'analogue  du  composé  Az  II2.  HgCl  -f-  HgCl2  obtenu  par 
Millon  dans  l'action  de  l'ammoniaque  sur  un  grand  excès  de  sublimé.  Il 
est  très  stable;  en  effet,  chauffé  avec  de  l'alcool  ou  avec  de  l'eau  pen- 
dant plusieurs  heures,  il  n'abandonne  pas  de  chlorure  mercurique,  mais 
se  transforme  seulement  dans  le  composé 

3CnH5AzH.HgCl  +  2HgCl2     (.*). 

Je  n'ai  pas  réussi  à  préparer  uniquement  un  composé  de  substitution  tel 
que  celui  indiqué  par  Forster,  et  j'ai  toujours  obtenu,  dans  les  différentes 
opérations  que  j'ai  effectuées,  les  deux  composés  susindiqués. 

»  IV.  Avec  la  benzylamine  les  résultats  sont  plus  nets;  la  présence  de 
AzH2  dans  la  chaîne  latérale  rapprochant  ce  corps  de  l'ammoniaque  ou 
des  aminés  grasses,  lesquelles  donnent  si  facilement,  avec  HgCl2,  des 
composés  d'addition  et  de  substitution. 

»  On  obtient  un  composé  d'addition  en  faisant  bouillir  un  excès  de 
sublimé  (4  molécules)  et  ajoutant  peu  à  peu  i  molécule  de  benzylamine 
dissoute.  Le  précipité  blanc  formé  a  été  chauffé  avec  de  l'eau  plusieurs  fois 
et  finalement  séché  à  i  io°.  Il  répond  à  la  formule 

CIP.CH2.  AzH2.  HgCl2     (3). 

On  obtient  encore  ce  même  composé  en  chauffant  à  l'ébullition  i  molé- 
cule de  sublimé  avec  i  molécules  de  benzylamine,  les  deux  corps  étant  en 
solution  alcoolique. 

»  Quant  au  composé  de  substitution,  on  le  prépare  en  versant  dans 
4  molécules  de  benzylamine,  en  solution  aqueuse  bouillante,  i  molécule  de 
chlorure  mercurique.  Il  faut  ensuite  faire  bouillir  pendant  longtemps  le 
précipité  blanc  avec  de  l'alcool,  puis  le  sécher  à  i  io°.  Sans  cette  précau- 


(')  Calculé  . 

Trouvé  . 
(2)  Calculé  . 

Trouvé  . 
(!)  Calcul 


C  —  i6,5i;  H  =  i,38;  Cl=i4,66;  Hg  =  64,24;  Az  =    3, 21 

C  =  i6,3i;  H=i,47;  C1=j5,o5;  Hg  — 64,38;  Az=2,64 

C  =  14,17;  H  =  1,18;  Az  =   2,75;  Hg  =  65,6o;  Cl=i6,3o 

Cr=i4,33;  H  =  i,38;  Az=2,74;  Hg  =  65,3i;  Cl  =16,47 

C=22,22;  H  =  2,39;  Az  =   3,70;  Hg  =  52,o,i;  0  =  18,78 

Trouvé..       C=22,o5;  11=2,45;  Az  =   3,88;  Hg  =  53,36;  CI  =  i8,43 


e  . 


(  99»  ) 
tion,   le  composé  renfermerait  un  excès  de  mercure,  peut-être  à  l'état 
d'oxyde  combiné.  Sa  formule  est 

CcrF.CH2.AzH.HgCl     ('). 

Il  est  insoluble  dans  l'eau  bouillante,  tandis  que  le  composé  d'addition  s'y 
dissout  bien.   » 

CHIMIE.  —  Énoncé  d'une  loi  générale  déterminant,  en  fonction  simple  de  la 
constitution  chimique  des  corps,  les  températures  de  leurs  changements  d'état 
sous  toutes  les  pressions.  Note  de  M.  G.  Hixrichs. 

«  Les  composés  linéaires  normaux,  comme  les  paraffines,  les  alcools,  les 
acides,  ont  une  forme  atomique  à  peu  près  prismatique.  Tous  les  autres 
composés  sont  référables  à  ceux-là,  ou  par  substitution  ou  par  isomérie. 
Il  v  a  une  vingtaine  d'années  déjà,  j'ai  montré  comment  les  changements 
d'état  des  composés  isomériques  et  de  substitution  sont  déterminés  en 
mécanique  moléculaire  (Comptes  rendus  de  1873  et  de  1873).  Reste  donc 
à  trouver  les  lois  fondamentales  pour  les  composés  prismatiques. 

»  La  température  t  d'ébullition  d'un  composé  prismatique  est  une 
somme  de  deux  fonctions  distinctes 

(1)  t=yA-+-'y2 
où 

(2)  y,  =  kt(\oga  -loga,) 
et 

(3)  v2=X-2(loga,  —  logrt)2. 

»  Les  a,  et  a2  représentent  des  valeurs  définies  du  poids  atomique  a, 
kt  et  X2  sont  des  constantes. 

»  Pour  toute  valeur  du  poids  atomique  a  excédant  oc2,  (1)  se  réduit  à 
t  =  y,,  dont  l'expression  (2)  détermine  en  fonction  de  ac  =  loga  la  ligne 
droite  dey,  que  j'appelle  la  limite  logarithmique.  Pour  toute  valeur  inférieure 


(')  Calculé...     C  =  24,6o;     H  =  2,35;     Az  =  4,io;     Hg  =  58,56;     Cl  =  io,3o, 
Trouvé...     C  =  24,32;     H  =  2,5o;     Az  =  4,o8;     He;  =  58,9o;     Cl  =  io,23 


(  999  ) 
à  a2  il  faut  ajouter  à  la  valeur  y,  l'ordonnée  parabolique  y.,  déterminée  par 
(3).  La  courbe  des  points  d'ébullition  pour  une  série  homologue  de  forme 
atomique  prismatique  se  compose  donc  d'un  arc  parabolique  (3)  tangent 
à  la  limite  logarithmique  (2)  au  point  déterminé  par  a  =  oca.  La  valeur  kt 
détermine  l'inclinaison  de  la  limite  logarithmique  et  j'appelle  k2  le  paramètre 
de  l'arc  parabolique. 

»  Tous  les  composés  dérivables  par  substitution  terminale  des  paraf- 
fines normales  n'ont  qu'une  seule  limite  logarithmique  donnée  par 

/ï-,  =  583°,75         et         a,  =  72, 78, 

la  pression  étant  760°"".  De  plus,  chaque  série  homologue  comprise  dans 
ce  grand  nombre  de  composés  est  complètement  représentée  par  les  va- 
leurs spéciales  des  deux  constantes  a2  et  k2.  Par  exemple,  les  trente-cinq 
paraffines  normales  C„H2n+2  sont  représentées  par  a2  =  20 1°  et  k2  =  2000. 
Pour  les  monamines,  on  trouve  toutes  les  valeurs  2780  et  225°,  et  ainsi  de 
suite.  De  plus,  ces  constantes  sont  fonction  de  l'atome  ou  du  radical  for- 
mant la  tête  substituante  de  l'atome  prismatique  général. 

»  Si  l'on  adopte  un  troisième  axe  de  coordonnées  pour  logp  =  :■,  où  p 
est  la  pression  des  vapeurs  saturées,  les  valeurs  des  constantes  citées  de 
(1)  à  (3)  appartiennent  au  plan  XY  déterminé  par  la  valeur  z  =  log7Ôo. 
Pour  le  plan  XY  passant  par  z  =  logi5,  la  limite  logarithmique  (1)  est 
déterminée  par  k{  =  5i7°,o  et  a,  =  1 13°,  81.  On  voit  qu'elle  fait  un  angle 
moins  grand  avec  l'axe  des  X  et  s'est  déplacée  du  côté  droit.  La  surface 
limite  logarithmique  de  tous  ces  composés  pour  toutes  pressions  est  le  para- 
boloïde  hyperbolique  déterminé  par  les  limites  dans  les  plans  de  i5mm 
et  760™'". 

»  Pour  un  liquide  quelconque,  la  température  absolue  T  d'ébullition 
sous  pression  p  (en  atmosphères)  est  déterminée  par  la  même  loi  générale 
un  peu  spécialisée,  comme  il  suit  : 

(4)  T  =  Y,+  Y2, 
où 

(5)  Y<  =  K1(i,4  +  log/») 
et 

(6)  Y2  =  K2(logu  —  logpy. 


(      IOOO    ) 

»  Les  limites  logarithmiques  (5)  de  tous  les  liquides  passent  par  le 
même  point  de  zéro  absolu,  déterminé  par 

ï  =  o  =  — 273         et  \ogp  =  —  1,4. 

Pour  chaque  liquide,  cette  limite  s'étend  supérieurement  jusqu'au  point 
critique  p  =  t.  et  T  =  0.  Pour  beaucoup  de  composés,  ce  point  peut  se 
calculer  d'après  la  composition  chimique,  ainsi  que  la  valeur  du  para- 
mètre K2.  On  comprend  que  la  courbe  parabolique  est  tangente  à  la  limite 
logarithmique  au  point  critique. 

»  Il  va  sans  dire  que  la  même  loi  est  applicable  aux  tensions  de  disso- 
ciation et  même  à  la  solubilité  des  solides  dans  les  liquides. 

»  Les  températures  de  fusion  s'obtiennent  simplement  en  changeant  un 
signe  dans  (1),  ou 

(7)  t=y,-y*> 

ce  qui  place  la  courbe  parabolique  au-dessous  de  la  limite  logarithmique. 

)>  Un  des  résultats  les  plus  remarquables  de  cette  recherche  est  la  dé- 
termination mécanique  de  la  position  vraie  des  atomes  de  carbone  dans  les 
séries  organiques  et  l'explication  complète  de  la  différence  du  point  de 
fusion  des  composés  contenant  un  nombre  pair  ou  impair  de  carbone. 

»  En  posant  loga  =  x,  log/>  =  z  et,  de  même,  logoc  =  \  et  logir  =  L,,  les 
formules  (1)  à  (7)  deviennent 

y.,  =  /c.2(l2  —  x)2, 
Y,  =  K,  (£  —  *)*. 

Ces  formules  font  voir  toute  la  simplicité  des  lois  énoncées,  et  aussi  déter- 
minent les  surfaces  résultantes  par  les  coordonnées  x,  z  et  y  =  t  =  T  en 
général.  » 


chimie.  —  Sur  le  sëléniure  de  bore.  Note  de  M.  Paul  Sabatier. 

«  On  n'avait  jamais,  jusqu'à^  présent,  obtenu  de  combinaison  du  sélénium 
avec  le  bore.  Je  suis  parvenu  à  préparer  le  séléniure  de  bore  en  faisant 
arriver  des  vapeurs  de  sélénium  sur  le  bore  amorphe  chauffé  au  rouge.  On 
opère  plus  régulièrement  en  se  servant  d'un  courant  d'hydrogène  sélénié 


(8) 

t  =  y<±  j2. 

J« 

=  kt{œ-l), 

(9) 

T  =  Y,  +  Y2, 

Y, 

=  K,  (*-£.). 

(    IOOI    ) 

bien  sec,  qu'on  dirige  lentement  sur  le  bore  maintenu  au  bon  rouge  dans 
un  tube  en  verre  de  Bohème. 

»  Le  bore  brun  noirâtre  est  entièrement  transformé  en  séléniure  gris 
jaunâtre  ne  présentant  aucune  trace  de  fusion  (').  Au  delà  de  la  nacelle 
qui  contient  la  matière,  les  parois  du  tube  sont  tapissées  d'un  mince  dépôt 
pulvérulent  de  séléniure  borique  jaune  clair  où  apparaissent,  un  peu  plus 
loin,  de  fines  gouttelettes  de  sélénium  vitreux,  puis  du  sélénium  rouge 
écarlate  pulvérulent. 

»  Le  séléniure  de  bore  est  donc  moins  fusible  et  moins  volatil  que  le 
sulfure. 

»  Au  contact  de  l'eau,  il  réagit  vivement  en  donnant  un  dégagement 
tumultueux  d'hydrogène  sélénié;  il  apparaît  en  môme  temps  une  certaine 
dose  de  sélénium  rouge  pulvérulent,  mis  en  liberté. 

»  Le  séléniure  jaune,  condensé  sur  les  parois  du  tube,  est  détruit  par 
l'eau  sans  dépôt  de  sélénium,  et  donne  seulement  de  l'acide  borique  et  de 
l'hydrogène  sélénié,  dont  la  dissolution,  d'abord  limpide  et  incolore,  ne 
tarde  pas  à  s'oxyder  en  se  remplissant  de  sélénium  rouge. 

»  Le  séléniure  de  bore  dégage  une  odeur  extrêmement  irritante  et 
pénible,  due  visiblement  à  l'acide  sélénhvdrique  que  l'humidité  de  l'air 
fait  apparaître. 

»  L'action  de  l'eau  sur  le  séléniure  jaune  montre  que  sa  composition 
est  comparable  à  celle  du  sulfure  ou  de  l'anhvdride  borique,  et  se  trouve 
représentée  par  la  formule  B2Se3.  Une  analyse  rapide  de  la  matière  grise 
m'a  conduit  à  un  résultat  semblable.  Je  poursuis  en  ce  moment  des  re- 
cherches sur  la  chaleur  de  formation  de  ce  composé,  ainsi  que  sur  le  tel- 
lurure  de  bore.  » 


CHIMIE.   —  Sur  l'action  de  l 'acide  iodhydrique  sur  le  bromure  de  bore. 
Note  de  M.  A.  Bessox,  présentée  par  M.  Troost. 

«  L'acide  iodhydrique  sec  sans  action  sur  le  bromure  de  bore  BBi :t  à 
la  température  ordinaire  donne,  à  une  température  plus  élevée,  trois  pro- 
duits de  substitution  : 

BBr-I,  BBrP,  BP. 

('  )  Cette  absence  de  fusion  favorise  la  transformation  totale  de  la  matière  ;  on  a  vu. 
dans  ma  précédente  Communication  (même  Tome,  p.  862),  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  poul- 
ie sulfure. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX1I,  N°  18.)  l3t 


(    1002    ) 

»  On  dirige  à  travers  un  tube  de  verre  chauffé  à  une  température  voisine 
de  3oo°-4oo°  un  courant  de  gaz  iodhydrique  entraînant  des  vapeurs  de 
bromure  de  bore  et  l'on  répète  cette  opération  à  plusieurs  reprises  avec  les 
parties  les  plus  volatiles  du  produit  recueilli.  Le  liquide  obtenu,  fortement 
coloré  par  de  l'iode,  est  mis  à  digérer  avec  du  mercure,  puis  Ton  sépare 
par  des  distillations  le  bromure  inaltéré  qui  se  trouve  en  majeure  partie. 

»  Le  rendement  est  très  mauvais  et,  malgré  plusieurs  opérations  suc- 
cessives, qui  ont  porté  sur  près  de  Soo61,  de  bromure  de  bore,  la  quantité  de 
produit  substitué  a  été  si  petite  qu'il  n'a  pu  être  soumis  qu'à  deux  frac- 
tionnements, ce  qui  n'a  pas  permis  d'isoler  les  bromoiodures  à  l'état  de 
pureté  complète;  l'iodure  de  bore  se  sépare  facilement  des  produits  qui 
précèdent.  Les  essais  tentés  pour  obtenir  un  meilleur  rendement  ont  été 
nombreux;  au  rouge  vif  la  substitution  est  nulle. 

»  Les  bromoiodures,  comme  l'iodure  de  bore,  se  colorent  rapidement  à 
l'air  et  à  la  lumière  par  mise  en  liberté  d'iode;  la  lumière  seule  semble 
incapable  de  produire  cette  décomposition.  Le  mécanisme  de  cette  décom- 
position paraît  être  le  suivant  :  l'humidité  de  l'air  met  en  liberté  de  l'acide 
iodhydrique  qui,  en  présence  de  la  lumière  et  de  l'oxygène  de  l'air,  est 
décomposé  avec  mise  en  liberté  d'iode.  Ils  sont  décomposés  par  l'eau  avec 
violence. 

»   Le  bromoiodure  BBr2I  est  un  liquide  incolore,  qui  distille  vers  125°. 

»  Voici  une  analyse  de  ce  corps  :  le  bore  a  été  dosé  à  l'état  d'acide  bo- 
rique B03,3HO  en  évaporant  à  une  douce  chaleur  (5o°-6o°),  dans  un 
courant  d'air,  le  produit  de  la  décomposition  par  l'eau. 


Théorie  pour  BBr2l. , 


Théorie  pour  BBrI2. . 


Poids 
de 

Bo 

A»Br 

A"  I 

Pour  2AgBr  +  AgI 

substance. 

pour  100 

pour  100. 

pour  100. 

0,6g4 

4,26 

n 

» 

0,55a 

» 

210, i5 

(  Br...      55, o3  ) 

|I....     43,68  |S  =  98'7' 

» 

3,73 

» 

jf'--     f'6fi9U  =  96,3o 

/  I 42,61  ) 

iBBrl2, 

liquide 

incolore. 

distille  vers  1800  : 

Poids 

,     Br 

de 

Bo 

Ag    , 

Pour  Ag  Br  +  2  Ag  I 

substance. 

pour  100. 

pour  too. 

pour  100. 

l,o38 

3,  12 

» 

» 

0,711 

» 

3,01 

192,40 

!  ?.':::  S  !  ■=«•« 

» 

» 

!,Br:::  £2.1*=** 

(    ioo3  ) 
»    Enfin  l'iodure  de  bore  a  donné  à  l'analyse  : 

Poids 

de  B                   I 

substance,  pourioo.     pour  100. 

i  ,  i  If)  2,53                » 

0,996  »                98, 20 

Théorie  pour  HP.  ..  .        »  2,81          97 ,  19 


CHIMIE.  —  Sur  les  chromites  basiques  de  magnésie  et  de  zinc  et  sur  le  chromite 
neutre  de  cadmium.  Note  de  M.  G.  Viakd,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Bien  qu'on  n'ait  obtenu,  par  voie  sèche,  que  des  chromites  neutres 
MO,  Cr2  O3,  il  est  facile  de  préparer  des  chromites  basiques  de  magnésium 
et  de  zinc,  tandis  que  le  cadmium,  dans  des  conditions  semblables,  ne 
fournit  qu'un  chromite  neutre.  Les  principales  circonstances  de  formation 
de  ces  composés  sont  :  la  calcination  du  chroma  te,  l'action,  au  rouge 
sombre,  du  bichromate  de  potasse  sur  l'oxyde,  l'action  du  chromate  ou  du 
bichromate  de  potasse  sur  le  chlorure. 

»  Quel  que  soit  le  mode  de  préparation,  il  faut  toujours  les  traiter  par 
l'acide  chlorhydrique  bouillant  pour  enlever  l'oxyde  non  combiné  qui  se 
trouve  mélangé  au  chromite  inattaquable  par  les  acides;  on  doit  ensuite 
laver  et  recueillir  ces  composés  par  décantation,  parce  qu'ils  passent  à  tra- 
vers les  filtres  lorsqu'ils  sont  bien  lavés. 

»  Les  analyses  ont  été  faites,  soit  en  les  fondant  avec  un  mélange  de 
carbonate  de  soude  et  de  chlorate  de  potasse,  soit  en  les  attaquant  par  un 
mélange  d'acide  nitrique  et  de  chlorate  de  potasse. 

»  Curojhtes  de  magnésie.  —  i°  Calcination  du  chromate  de  magnésie. —  La  calci- 
nation du  chromate  de  magnésie  au  rouge  naissant  fournit  une  poudre  brun  clair,  cor- 
respondant à  la  formule  2MgO,  Crs03  : 

Calculé 
Trouvé.  pour  aMgO,  Cr'O'. 

MgO 34,53  34,33 

Cr203 65,62  65,67 

»  Si  l'on  opère  la  calcination  à  des  températures  de  plus  en  plus  élevées,  des  quan- 
tités croissantes  de  magnésie  se  séparent  de  la  combinaison  avec  l'oxyde  de  chrome, 
jusqu'à  une  limite  5MgO,  4Cr203,  que  l'on  atteint  un  peu  au-dessus  de  la  fusion  de 
l'argent  et  qui  ne  se  modifie  pas  quand  on  élève  la  température  jusqu'au  rouge  blanc; 
la  teinte  seule  varie,  et,  de  gris  jaune  vers  la  fusion  de  l'argent,  elle  passe  à  très  haute 


Calculé 

pour 

II. 

5MgO,4Cr20>. 

■24  ,  53 

24,63 

75,42 

75,37 

(   ioo4  ) 

température  au  vert  grisâtre.  Voici  les  analyses  de  deux  produits  obtenus  à  ces  deux 
températures  : 

I. 

MgO 24,52 

Cr203 75,72 

«  Ce  composé  5MgO,4Cr203  prend  encore  naissance  quand  on  chauffe  fortement 
un  mélange  de  chromate  neutre  de  potasse,  de  sulfate  de  magnésie  déshydraté  et  de 
sulfate  de  potasse  :  deux  préparations  ont  donné  des  produits  renfermant  respective- 
ment 24,44  et  24, 5o  pour  100  de  magnésie. 

»  La  calcinalion  du  chromate  double  de  magnésie  et  de  potasse  fournit  exacte- 
ment les  mêmes  produits  que  celle  du  chromate  simple  dans  les  mêmes  conditions. 

»  20  Action  du  bichromate  de  potasse  sur  la  magnésie.  —  Elle  permet  d'obtenir 
un  composé  intermédiaire  entre  les  deux  précédents.  En  chauffant  au  rouge  sombre 
un  mélange  de  magnésie  et  de  bichromate  de  potasse,  il  se  dégage  de  l'oxygène  et  il  se 
forme  une  poudre  brune  d'un  chromite  de  magnésie,  qui  a  pour  formule 

3MgO,2Cr203, 

quelles  que  soient  les  proportions  de  bichromate  et  de  magnésie  employées. 

»  Voici  les  analyses  des  trois  produits  obtenus  en  chauffant  respectivement  1  équi- 
valent de  magnésie  avec  1,  4  et  6  équivalents  de  bichromate  : 


Calculé 

pour 

1. 

11. 

m. 

Moyenne. 

3MgO,2Cr:0 

MgO 

....     28,43 

28,  i5 

28,16 

28,25 

28,17 

Cr203 

71,25 

7i»84 

71,82 

71, 63 

7i,83 

»  3°  Action  des  chromâtes  alcalins  sur  le  chlorure  de  magnésium.  —  Bien  qu'en 
traitant  au  rouge  sombre  le  chlorure  de  magnésium,  soit  par  le  chromate  neutre,  soit 
par  le  bichromate  de  potasse,  on  obtienne  des  produits  voisins  de  3Mg0,2Cr203  et 
de  5MgO,4Cr203,  je  ne  crois  pas  cette  réaction  susceptible  de  fournir  des  composés 
bien  purs,  à  cause  de  la  facilité  avec  laquelle  l'oxygène  mis  en  liberté  attaque  le  chlo- 
rure de  magnésium.  Or  M.  Fremy  ayant  montré  que  le  chlore,  agissant  au  rouge  sur 
les  chromâtes  alcalins,  fournit  Cr203,  on  doit  craindre,  dans  ces  conditions,  d'obtenir 
un  chromite  de  magnésie  plus  ou  moins  mélangé  d'oxjde  de  chrome.  C'est,  du  reste, 
ainsi  que,  en  faisant  passer  de  la  vapeur  de  MgCl  sur  du  chromate  neutre  de  potasse 
fortement  chauffé,  on  obtient  un  produit  cristallisé  que  l'examen  microscopique 
reconnaît  être  un  mélange  de  lamelles  d'oxyde  de  chrome  et  d'octaèdres  de  chromite 
de  magnésie. 

»  Curomites  dis  zinc.  —  i°  Calcination  du  chromate  de  zinc.  —  Le  chromate  de 
zinc  se  décompose  déjà,  quoique  lentement,  à  44o°,  en  fournissant  une  poudre  d'un 
noir  violacé  correspondant  à  la  formule  3ZnO,  2  Cr203. 

Calculé 
Trouvé.  pour  3ZnO,  2  CraO. 

ZnO 44, o3  44,35 

Cr203.. 55,g5  55,65 


(   ipo.5  ) 

»  Si  l'on  effectue  cette  calcination  à  des  températures  de  plus  eu  plus  élevées,  des 
quantités  croissantes  de  ZnO  se  séparent  de  la  combinaison  avec  l'oxyde  de  chrome  ; 
mais,  tant  que  la  température  n'est  pas  très  élevée,  ce  dédoublement  ne  se  fait  que 
lentement.  A  très  haute  température,  on  obtient  des  produits  dont  la  composition  se 
rapproche  de  plus  en  plus  de  celle  du  chromite  neutre  ZnO,Cr203,  mais  sans  arriver 
à  concorder  exactement  avec  elle  :  ainsi,  après  plusieurs  heures  de  chauffe  au  rouge 
blanc,  la  teneur  en  ZnO  était  de  36, 3o,  soit  i  ,60  de  plus  que  ne  le  comporte  la  for- 
mule ZnO,Cr203.  Ces  produits  présentent  un  changement  de  teinte  analogue  à  celui 
qu'on  observe  dans  le  cas  de  la  magnésie  :  du  gris  violacé,  ils  passent  au  vert  sale 
quand  la  température  de  la  calcination  atteint  le  rouge  blanc. 

»  2°  Action  du  bichromate  de  potasse  sur  l'oxyde  de  zinc. — ■  En  chauffant  au  rouge 
sombre  un  mélange  d'oxyde  de  zinc  et  de  bichromate,  on  obtient  une  poudre  d'un 
brun  rougeâtre  ayant  pour  composition  6ZnO,  5Cr203,  quelles  que  soient  les  propor- 
tions respectives  d'oxyde  et  de  bichromate.  Voici  les  analyses  des  produits  obtenus 
en  chauffant  1  équivalent  de  ZnO  avec  0,8,  1 ,  2  et  4  équivalents  de  bichromate. 

Calculé 
1.  11.  111.  IV.  Moyenne,  pour 6ZnO,5Cr'0J. 

ZnO 38,65         39, 42         38,6;         3g,  09  38, 96  38  ,g4 

Cr203 6i  ,56         60,57         fi  1 . 77         60,80  61,17  61,06 

»  3°  Action  du  chromate  neutre  de  potasse  sur  le  chlorure  de  zinc.  —  L'action 
du  chromate  neutre  sur  le  chlorure  de  zinc,  au-dessous  du  rouge,  fournit  des  produits 
dont  la  composition  dépend  de  la  proportion  des  réactifs  employés  tant  que  l'un  d'eux 
n'est  pas  en  notable  excès  par  rapport  à  l'autre.  Suivant  que  c'est  le  chromate  ou  le 
chlorure  qui  domine,  on  obtient  soit  6ZnO,  5Cr203,  soit  3ZnO,  aCr203;  avec  des 
proportions  intermédiaires,  on  obtient  des  produits  qui  doivent  être  considérés  comme 
des  mélanges  des  deux  chromites  précédents.  Il  en  est  du  moins  ainsi  quand  on  effec- 
tue cette  réaction  au-dessous  du  rouge;  car,  lorsqu'on  fait  passer  le  chlorure  en  vapeur 
sur  le  chromate  chauffé  au  rouge  blanc,  on  obtient,  comme  je  l'ai  indiqué  {Comptes 
rendus,  t.  CIX),  le  chromite  neutre  en  octaèdres  réguliers. 

»  4°  Action  du  bichromate  de  potasse  sur  le  chlorure  de  zinc.  —  Cette  action, 
effectuée  au-dessous  du  rouge,  fournit  des  produits  dont  la  teneur  en  oxyde  de  zinc 
oscille  entre  43, 4o  et  36,23.  On  doit  donc  les  regarder  comme  des  mélanges  de  chro- 
mite neutre  avec  les  deux  chromites  basiques  précédents. 

»  La  calcination  au  rouge  d'un  mélange  de  chlorure  de  zinc  et  de  bichromate,  indi- 
quée, en  1877,  par  M.  Gerber  comme  fournissant  le  chromite  neutre,  peut  donner,  en 
effet,  ce  composé,  mais  seulement  à  la  condition  que  le  bichromate  soit  employé  en 
très  notable  excès  (5  équivalents  de  bichromate  pour  i  équivalent  de  chlorure). 

»  Chromite  neutre  de  cadmium.  —  Le  cadmium  présente  des  résultats 
bien  moins  complexes  que  le  magnésium  et  le  zinc;  il  ne  fournit  qu'une 
seule  combinaison,  le  chromite  neutre  CdO,Cr203. 

»  i°  Calcination  du  chromate  de  cadmium.  —  Le  chromate  de  cadmium,  beau 
coup  plus  stable  que  celui  de  zinc,  n'éprouve  aucune  décomposition  à  44o°;  il  faut  le 


(  iooG  ) 

chauffer  au  rouge  pour  le  décomposer,  el  il  fournit  alors  une  poudre  verte  de  chro- 

mite  neutre  : 

Calculé 

Trouvé.  pour  CdOCr'O'. 

CdO 4-5,46  4-5,56 

Cr-O3 54,20  54,44 

»  20  Action  du  bichromate  de  potasse  sur  l'oxyde  de  cadmium.  —  En  chauffant 
au  rouge  un  mélange  de  bichromate  et  d'oxyde,  soit  au-dessous,  soit  au-dessus  de  la 
fusion  de  l'argent,  on  obtient  le  même  composé.  Voici  les  analyses  de  deux  produits 
obtenus,  l'un  au-dessous,  l'autre  au-dessus  de  la  fusion  de  l'argent  : 

CdO 46,2o  45,io 

Cr-O3 53,85  54,27 

»  3°  Action  des  chromâtes  alcalins  sur  le  chlorure  de  cadmium.  —  Ce  n'est 
qu'en  faisant  passer  le  chlorure  en  vapeurs  sur  le  chromate  neutre  fortement  chauflé 
qu'on  obtient  {Comptes  rendus,  t.  CIX)  le  chromite  neutre  cristallisé.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Préparation  de  l'éry limite  disodique. 
Note  de  M.  de  Fokcrand. 

«  J'ai  décrit  récemment  (')  des  érythrates  de  potassium  et  de  sodium 
hydratés  et  monobasiques  qui  se  forment  à  froid  par  l'action  de  1  équiva- 
lent d'érvthrite  sur  1  ou  2  équivalents  de  potasse  ou  de  soude,  en  dissolu- 
tion concentrée.  L'action  de  la  chaleur  change  ces  corps  en  érythrates 
anhydres  C8H9R08  et  C8H9Na08. 

»  Dans  la  préparation  de  l'érythrate  de  potassium,  j'ai  toujours  obtenu 
le  même  composé  en  augmentant  les  proportions  de  potasse,  de  2  à 
25  équivalents.  Au  contraire,  avec  la  soude,  j'ai  pu  préparer  plusieurs  éry- 
thrates nouveaux  et  polybasiques  en  employant  une  quantité  de  cette  base 
supérieure  à  2  équivalents. 

»  I.  Èrythrate  disodique.  —  Il  suffit,  pour  l'isoler,  d'abandonner  pen- 
dant deux  ou  trois  jours,  à  l'abri  de  l'air  extérieur  et  en  présence  d'acide 
phosphorique  anhydre ,  un  mélange  de  1  équivalent  d'érythrite  et  de 
3  équivalents  de  soude,  l'une  et  l'autre  en  dissolution  aqueuse  concentrée. 
On  peut  aussi  dissoudre  directement  l'érythrite  pulvérisée  dans  une  disso- 
lution de  soude  au  maximum  de  concentration  (ogl',425  de  Na  par  centi- 

('  )  Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  4§4  et  532. 


(   !OQ7  ) 

mètre  cube)  et  légèrement  chauffée.  Il  se  dépose  peu  à  peu,  et  plus  rapi- 
dement dans  le  second  cas,  des  cristaux  groupés  en  étoiles.  On  les 
recueille  avant  qu'ils  aient  envahi  toute  la  masse,  et  on  les  prive  de  l'eau- 
mère  au  moyen  de  plaques  poreuses  de  porcelaine.  Ils  contiennent  : 

.,  l   dosé  alcalimétriquement. .      iq.aS 

Na  pour  100  •    .      ,  ,  ,,,        ,        ,,  , 

(  dose  a  I  état  de  sulfate  ...      19,24 

u   La  formule  C"H8Na208,  8HO  correspond  à  19,33. 

»   Ce  composé  est  donc  un  érythrate  disodique  hydraté. 

«  Il  perd  exactement  8  équivalents  d'eau  (3o,25  pour  100  de  son  poids) 
lorsqu'on  le  chauffe  entre  i35°  et  i/jo0  dans  un  courant  d'hydrogène.  Le 
résidu  blanc,  amorphe,  poreux,  très  hygroscopique,  est  formé  par  de  l'é- 
rvthrate  disodique  parfaitement  pur  :  C8H8Na208. 

»  L'analyse  a  donné  : 

,,  l   dosé  alcalimétriquement. .      37,57 

Na  pour  100       ,,.,,.        ,        ,•  - 

/  dose  a  1  état  de  suliate  .  . .      27,52 

»   La  formule  C8H8jNa208  exige  27,71  pour  100. 

»  Ce  corps  est  le  premier  alcoolate  disodique  que  l'on  ait  préparé  à  l'état 
de  pureté;  car  j'ai  montré  précédemment  que  ni  le  composé  décrit  autre- 
fois par  Wurtz  sous  le  nom  de  glycolalcoolate  disodique,  ni  le  glycérinate 
disodique  que  j'ai  obtenu  moi-même  n'ont  exactement  la  composition  d'al- 
coolates  bibasiques. 

«  IL  Érythrate  disodique  combiné  à  l'hydrate  de  soude.  —  Si,  dans  l'expé- 
rience précédente,  on  augmente  encore  l'excès  de  soude  jusqu'à  5  équi- 
valents, on  n'obtient  pas  une  substitution  plus  complète  du  sodium  à  l'hy- 
drogène de  l'érythrite.  Les  cristaux,  recueillis  et  desséchés  comme  les 
précédents,  donnent  à  l'analyse  les  nombres  suivants  : 

l  dosé  alcalimétriquement.  ..  .      22,25 
Na  pour  100      ,      ,  .  .,,        .        ,, 

r  (  dose  a  1  état  de  sullate 22,07 

C  pour  100 1 1  ,  48 

H  pour  100 6,g3 

Ces  résultats  correspondent  exactement  à  la  formule 

C8H8Na208+2NaH02  +  i9HO 
qui  exige 

Na 22,06  C 11, 5i  H 6,95 


(  ioo8  ) 

C'est  donc  un  érythrate  disodiquc  combiné  à  2  équivalents  d'hydrate  de 
soude  et  à  19  équivalents  d'eau.  La  soude  n'y  est  pas  simplement  mélangée, 
ainsi  que  je  m'en  suis  assuré  en  faisant  l'étude  thermique  de  ce  corps. 

»  Ce  composé,  chauffé  à  i35°-i4o°  dans  un  courant  d'hydrogène  sec, 
entre  en  fusion  et  perd  beaucoup  d'eau.  Lorsque  le  poids  est  devenu  con- 
stant, la  matière  est  de  nouveau  solide  et  la  diminution  du  poids  est  de 
40,96  pour  100,  ce  qui  correspond  exactement  à  19  équivalents  d'eau 
(4i,oi  pour  100). 

»  Le  résidu  blanc,  amorphe,  est  donc  formé  par  le  corps 

C8H8Na208,  2NaH02. 

Son  poids  reste  ensuite  constant,  même  à  ido°  et  1G00;  à  une  température 
plus  élevée,  il  se  colore  et  se  décompose  profondément. 

»  Les  quatre  érythrates  nouveaux  dont  je  viens  d'indiquer  la  préparation 
ont  donc  pour  formules 

C8H8Na208, 
C8H8Na208,8HO, 
C8H8Na208,2NaH02, 
C8H8Na208,2NaH02,i9HO. 

»  L'analyse  du  premier  ne  peut  conduire  à  une  autre  formule;  quant 
aux  trois  autres,  je  me  suis  assuré,  en  en  faisant  l'étude  thermique,  que  ce 
sont  bien  aussi  des  érythrates  disodiques  et  que  leur  constitution  est  celle 
qu'indiquent  les  formules  que  je  propose. 

»  III.  Il  résulte  de  ces  recherches  que,  tandis  qu'on  peut  remplacer  fa- 
cilement le  premier  et  le  second  équivalent  d'hydrogène  alcoolique  de 
l'érythrite  par  le  sodium,  les  deux  autres  résistent  à  cette  action,  même  en 
présence  d'un  excès  de  soude,  etne  se  prêtent  pas  à  une  substitution  dans  les 
mêmes  conditions.  L'excès  de  base  s'ajoute  simplement  à  F  érythrate  diso- 
dique  et  refuse  d'entrer  dans  la  molécule.  Ce  fait  a  une  certaine  impor- 
tance en  raison  de  la  constitution  des  alcools  polyatomiques  supérieurs  au 
glycol  et,  en  particulier,  de  l'érythrite,  où  se  trouvent  réunies  quatre 
fonctions  alcooliques  dont  deux  sont  primaires  et  deux  secondaires.  Déjà, 
en  étudiant  les  glycérinates  polybasiques,  j'avais  isolé  un  corps  ayant  à  peu 
près  la  composition  du  glycérinate  disodique,  mais  je  n'avais  pas  pu  ob- 
tenir la  troisième  substitution  qui  correspondrait  à  la  fonction  d'alcool  se- 
condaire. On  est  donc  conduit  à  se  demander  si  les  alcools  secondaires 


(     IOOÇ)    ) 

peuvent  former  de  véritables  alcoolates  et  dans  quelles  conditions.  On  sait 
déjà  que  les  aldéhydes  secondaires  ne  se  comportent  pas  vis-à-vis  des  bases 
comme  les  aldéhydes  primaires.  Il  y  aurait  intérêt  à  rechercher  si  ces  dif- 
férences sont  du  même  ordre  et  quelle  est  exactement  leur  nature.  J'ai  en- 
I repris  dans  ce  but  des  expériences  encore  inachevées  sur  l'alcool  isopro- 
pylique.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Discussion  des  expériences  de  Biot  relatives  aux  dis- 
solutions dans  l'eau  de  l'acide  tartrique  en  présence  de  la  potasse  ou  de  la 
soude.  Note  de  M.  Aignan. 

«  Pour  étudier  à  l'aide  du  polarimètre  les  combinaisons  susceptibles  de 
se  former  dans  les  dissolutions  de  substances  actives,  Biot  déduisait,  de 
l'observation  de  la  rotation  <u  imprimée  au  plan  de  polarisation  d'un  rayon 
lumineux  par  une  colonne  de  liquide  de  longueur  /,  la  quantité 

(      s.  M  eu 

(«->)=  PT8' 

M  désignant  la  masse  de  dissolution  contenant  un  poids  P  de  corps  actif 
et  S  étant  le  poids  spécifique  de  la  dissolution.  Ayant  représenté  graphi- 
quement les  résultats  de  ses  mesures,  il  trouva  que  la  ligne  représentative 
des  valeurs  de  (o>)  pour  les  dissolutions  d'acide  tartrique  dans  l'eau,  au 
lieu  de  deux  droites  se  coupant  que  l'on  pouvait  attendre  a  priori,  repré- 
sentait une  hyperbole  équilatère.  Ce  résultat  conduisit  Biot  à  admettre 
qu'il  se  formait,  dans  la  dissolution  examinée,  des  combinaisons  en  pro- 
portion continûment  variables.  Je  crois  pouvoir  établir  qu'on  peut  donner, 
de  ce  résultat  et  des  résultats  analogues  que  peuvent  présenter  les  autres 
dissolutions,  une  interprétation  différente  en  admettant  que  les  dissolu- 
tions sont  le  siège  de  phénomènes  de  dissociation. 

»  Biot  examina  ensuite  les  dissolutions  de  l'acide  tartrique  dans  l'eau, 
en  présence  de  la  potasse  ou  de  la  soude  (  ').  En  appliquant  ma  théorie  au 
cas  présenté  par  ces  dernières  dissolutions,  je  trouve  que  la  ligne  repré- 
sentative des  valeurs  de  (w)  doit,  ainsi  d'ailleurs  que  celle  de  w,  pré- 
senter, au  lieu  des  deux  droites  qu'indique  la  théorie  de  Biot,  des  arcs  de 
courbe  se  coupant  en  des  points  anguleux.  Biot,  qui  avait  multiplié  les 


(')  Mémoires  de  l'Institut  de  France,  t.  W  i. 

C.  H.    1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  18.)  1^2 


(     I.OIO    ) 

mesures  quand  il  s'agissait  de  la  dissolution  de  l'acide  tartrique  dans  l'eau 
ou  dans  l'alcool,  en  fit  seulement  un  petit  nombre  pour  les  dissolutions 
d'une  même  série  dans  ce  nouveau  travail.  Persuadé,  sans  doute,  que  les 
phénomènes  devaient  être  analogues  dans  les  deux  cas,  il  ne  détermina, 

dans  chaque  série  d'expériences,  les  valeurs  de  (w)  =  -r^  que  pour  cinq 

ou  six  liqueurs  au  plus;  et,  comme  les  nombres  obtenus  variaient  régu- 
lièrement, il  en  conclut  que,  cette  fois  encore,  il  se  produisait,  dans  la 
dissolution,  des  combinaisons  en  proportions  continûment  variables. 

»  Pour  me  permettre  de  vérifier  mes  conjectures  à  ce  sujet,  les  résultats 
de  Biot  n'étaient  pas  suffisamment  nombreux  et  je  me  suis  proposé  de 
les  compléter.  Cette  étude  était  particulièrement  intéressante,  car  je  pou- 
vais soupçonner  d'avance  la  position  d'au  moins  deux  points  anguleux. 
Comme  l'acide  tartrique  forme,  avec  la  potasse  et  la  soude  :  i°  un  bitar- 
trate;  20  un  tartrate  neutre,  on  prévoit,  en  effet,  que  les  dissolutions  qui, 
pour  un  poids  invariable  (i.5ogr=  1  équivalent)  d'acide  tartrique,  contien- 
dront des  poids  de  soude  graduellement  croissants  à  partir  de  zéro,  pré- 
senteront des  points  anguleux  correspondant  :  i°  à  1  équivalent;  20  à 
2  équivalents  de  soude. 

»  Les  dissolutions  que  j'ai  préparées  contenaient  toutes,  pour  une 
masse  M  =  4ooogr,  1  équivalent  =  i5og''  d'acide  tartrique  et  des  poids  de 
soude  variant  de  o  à  "  d'équivalent.  Ces  dissolutions  ont  été  examinées  à 
la  température  de  i4°,  dans  un  tube  ayant  une  longueur  de  om,  5o,  et  elles 
m'ont  fourni  les  résultats  suivants  : 


Quantité 

Q 

uantitc 

de 

Rotation 

Densité 

,,1      Mu 

de 

Rotation 

Densité 

r     1          Ml 

soude. 

wD- 

S. 

M-PÏS- 

soude. 

»i. 

S. 

M  =  F7 

O 

+2^  36' 

1,0172 

i3,66 

1 1 

d'éq... 

--7°,43' 

i ,o36i 

39>69 

{d'éq.... 

3,4 

l ,0189 

i6,o5 

12 
5 

»           .    . 

7,42 

1 ,o38o 

39,66 

»      ... 

» 

» 

» 

1 3 

»           .    . 

7.4a 

1 , 0406 

39,46 

!»    ... 

4,4 

I ,0221 

21  .22 

14 

»           .    . 

7.4i 

1,0428 

39,3o 

t   »    ••• 

4,3; 

1,0237 

24,02 

1  5 

3  éq. 

7;  42 

1 ,o45o 

3g,  3o 

1   --  1  éq. 

0,12 

1,02 O4 

27,05 

1  r. 
5 

» 

;  i  i 

1,0472 

3g,  38 

!      »    ■ 

5,4i 

1,0271 

29,51 

» 

)i 

)) 

)) 

s          »       ■ 

6,9 

1,0288 

3i,88 

18 
5 

)) 

7,4. 

1 , oô 1 6 

38,  g7 

!      »    • 

6,37 

1 ,o3o5 

34,24 

}> 

)> 

» 

» 

I      »    . 

7,4 

I ,0322 

36, 5 1 

20 
5 

=  4éq. 

7,4' 

1 ,o55g 

38, 81 

V  =2éi- 

7,3o 

1 ,o33g 

39,20 

» 

» 

» 

» 

iV»     »    - 

7,4o 

1 ,o35o 

39 , 5 1 

2  2 
5 

)) 

7,42 

1  ...;„,,, 

38, 75 

(    'on    ) 

»  Sur  la  représentation  graphique  de  ces  résultats,  on  peut  faire  les 
remarques  suivantes  : 

»  i°  Pour  des  poids  de  soude  variant  de  o  à  i  équivalent,  (w)  est  repré- 
senté par  un  arc  de  courbe  s'écartant  peu  d'une  droite  ;  cette  courbe  tourne 
sa  convexité  vers  l'axe  des  x  (sur  lequel  sont  portés  en  abscisses  les  poids 
de  soude) ; 

»  20  Pour  des  quantités  de  soude  comprises  entre  i  et  2  équivalents, 
(w)  est  représenté  par  une  droite.  Cette  droite  coupe  le  premier  arc  de 
courbe  sous  un  angle  très  ouvert;  cependant,  pour  faire  disparaître  cet 
angle,  il  faudrait  admettre,  pour  la  valeur  de  (10)  qui  correspond  au  som- 
met, une  erreur  de  —,  qui  n'a  pu  être  commise.  Ce  point  anguleux  indique 
la  formation  du  bitartrate  de  soude. 

»  3°  De  2  équivalents  à  3  équivalents  de  soude,  l'allure  de  la  courbe 
est  toute  différente.  Le  nouvel  arc  coupe  nettement  le  précédent,  ainsi  que 
le  faisait  prévoir  ma  théorie,  au  point  qui  correspond  «à  la  formation  dutar- 
trate  neutre.  De  plus,  cet  arc  montre  que  (10)  atteint  une  valeur  maximum 
pour  "  d'équivalent  de  soude  environ,  puis  (w)  décroît  lentement. 

»  4°  Enfin,  pour  3  équivalents  de  soucie,  on  trouve  un  nouveau  point 
anguleux,  ce  qui  indiquerait  la  combinaison  d'un  troisième  équivalent  de 
soude  à  1  équivalent  d'acide  tartrique.  A  partir  de  là,  après  avoir  augmenté 
de  nouveau  légèrement,  (w)  décroît  lentement  et  paraît  tendre  vers  une 
valeur  limite,  au  moins  dans  les  conditions  de  dilution  et  de  température 
où  je  me  suis  placé. 

«  L'existence  de  cette  troisième  combinaison  pouvait  être  prévue.  En 
effet,  M.  Berthelot  a  trouvé  que  l'addition  à  l'acide  tartrique  dissous  d'un 
troisième  équivalent  de  soude  dégageait  oCal,3.  On  pouvait  admettre  qu'il 
se  formait  ainsi  un  véritable  alcoolate,  la  soude  s'unissant  à  un  groupe  al- 
cool de  l'acide  tartrique.  Il  résulte  de  mes  observations  que  ce  composé 
serait  partiellement  dissocié  en  dissolution. 

»  Une  interprétation  identique  à  celle  que  je  viens  de  donner  des  expé- 
riences de  Biot  peut  s'appliquera  la  belle  série  d'observations  dont  M.  Cer- 
nez a  enrichi  l'étude  des  dissolutions  de  substances  actives  et  elle  conduit 
à  des  résultats  analogues.   » 


(     IOI2    ) 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Formation  d'acide  diméthylacrylique  dans  la  prépa- 
ration des  acides  amidés  de  l'acide  isovalérique.  Note  de  M.  E.  Duvii.lieiî, 
présentée  par  M.  Friedel. 

«  Dans  le  cours  de  mes  recherches  sur  les  acides  amidés,  l'acide  isova- 
lérique  m'a  toujours  donné  des  rendements  moins  satisfaisants  que  les 
acides  acétique,  propionique,  butyrique  normal  et  caproïque  normal.  Ayant 
constaté  la  formation  d'une  très  notable  quantité  d'acide  diméthylacry- 
lique (')  dans  l'action  de  la  triméthy  lamine  sur  l'éther  bromoisovalérique, 
j'ai  pensé  cpie  les  rendements  plus  faibles,  que  j'avais  obtenus  en  préparant 
les  acides  amidés  de  l'acide  isovalérique,  devaient  tenir  à  la  formation  si- 
multanée d'acide  diméthylacrylique,  qui  avait  échappé  jusque-là,  sans 
doute  à  cause  de  la  volatilité  de  cet  acide. 

»  Pour  préparer  les  acides  amidés  de  l'acide  isovalérique,  j'ai  suivi  la 
méthode  ordinaire,  qui  consiste  à  faire  réagir  l'acide  bromoisovalérique  sur 
une  ammoniaque.  Mais,  après  avoir  décomposé  par  la  baryte  les  sels  ammo- 
niacaux, chassé  l'ammoniaque  par  l'ébullition  et  précipité  la  baryte  par 
l'acide  sulfurique,  au  lieu  dé  mettre  l'acide  amidé  en  liberté,  par  l'oxyde 
d'argent,  j'ai  soumis  au  préalable  le  liquide  à  la  distillation.  J'ai  recueilli  un 
produit  acide,  qui,  après  saturation  par  la  soucie,  évaporation  à  sec  et 
traitement  par  l'acide  sulfurique,  fournit,  en  quantité  notable,  un  acide 
huileux,  très  peu  soluble  dans  l'eau,  distillant  de  17.5°  à  193°,  absorbant 
le  brome  et  l'iode,  et  cristallisant  en  partie. 

»  Les  cristaux  ont  la  composition  et  les  propriétés  de  l'acide  diméthyl- 
acrylique. 

»  J'ajouterai  que,  dans  les  mêmes  conditions,  l'action  des  ammoniaques 
sur  les  acides  y.-bromés  normaux  ne  m'a  pas  fourni  d'acides  non  saturés, 
ou  du  moins,  s'il  s'en  est  formé,  il  ne  s'en  est  formé  que  des  traces. 

»  La  formation  d'acide  diméthylacrylique  comme  produit  secondaire  des 
acides  amidés  de  l'acide  isovalérique  doit  tenir  à  la  nature  même  de  l'acide 
isovalérique,  car  nous  venons  de  constater,  M.  Chancel  et  moi,  que  l'ac- 
tion de  l'ammoniaque  sur  l'acide  bromoisobutyrique,  qui  a  une  constitution 
analogue  à  celle  de  l'acide  bromoisovalérique,  donne  aussi  un  acide  non 

(')   Bulletin  de  la  Société  chimique  de  Paris,  3e  série,  t.  III,  p.  5o- ;  1890. 


(  roi3  ) 

saturé,  très  probablement  l'acide  méthacrylique.  Nous  poursuivons  cette 
étude.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Méthylcyanosuccinate  de  méthyle :  èther  méthylélhè- 
nyltricarbo  nique.  Note  de  M.  L.  Bakthe,  présentée  par  M.  Friedel. 

«  Dans  une  Communication  antérieure  ('),  j'ai  montré  qu'en  traitant  du 
sodocyanacétate  de  méthyle  par  du  monocbloracétate  de  méthyle,  on  ob- 
tient du  cyanosuccinate  de  méthyle  et,  par  réaction  secondaire,  du  cyano- 
tricarballylate  de  méthyle,  ce  dernier  en  magnifiques  cristaux. 

»   Comme  son  homologue  supérieur,  l'éther  éthylique,  le  cyanosuccinate 

de  méthyle  se  prête  aux  substitutions  et  m'a  permis  de  préparer  un  certain 

nombre  de  dérivés  alcoylés. 

/CAz 

»  Méthylrvanosuvcnile  de  mc(/iv/e  CH3  .C — C02CH3  .  —  A  2oer  de  cyano- 

i 
Cf]2.C02CH3 

succinate  de  méthyle  dissous  dans  6oS'  d'alcool  méthyliquc,  on  ajoute  une 
solution  de  281',  38  de  sodium  dans  ioos'  d'alcool  méthylique.  Le  mélange, 
additionné  de  i6g,',6o  d'iodure  de  méthyle  rectifié  à  t\'i°,  est  chauffé  au 
bain-marie  dans  un  ballon  muni  d'un  réfrigérant  ascendant,  pendant 
cinq  heures.  La  température  ne  doit  pas  dépasser  'jo°-']50.  La  réaction  du 
mélange  étant  neutre  au  tournesol,  on  filtre  pour  séparer  l'iodure  de  so- 
dium qui  s'est  précipité,  et  on  distille  l'alcool.  Le  résidu,  additionné  d'eau, 
a  laissé  déposer  une  huile  rougeàtre  qui  a  été  reprise  par  l'éther.  La 
solution  éthérée,  mise  à  digérer  sur  du  chlorure  de  calcium,  a  été  ensuite 
distillée  au  bain-marie  d'abord,  et  ensuite  au  bain  d'huile  dans  le  vide  re- 
latif. Sous  une  pression  de  om,o6,  de  195°- 2000,  on  a  recueilli  un  liquide 
huileux,  incolore,  homogène,  qui,  rectifié  et  soumis  à  l'analyse,  a  donné  des 
chiffres  qui  conduisent  à  la  formule  C8  H''  AzO\  Ce  composé  est  le  méthyl- 
cyanosuccinate  de  méthyle,  qui  se  forme  en  vertu  delà  réaction  suivante  : 

/CAz  /CAz 

CNa— COaCH3  +  Cil3 1  =  C1L,.C— C02CÏI3  4-  NaL 

1  1 

CH2.CG2CH3  CH2.C02CH;' 


(M   Comptes  rendus,  t.  CXI,  p.  342-343. 


(  io.4  ) 

»  J'ai  déjà  obtenu  le  même  produit  en  cherchant  à  préparer,  dans  des 
conditions  particulières,  le  méthylcyanosuccinate  d'éthyle 

/Ckz 

CH3.C— C02C2H5  . 

i 

cir-.co2c2H5. 

En  effet,  si  l'on  vient  à  produire  du  cyanosuccinate  d'éthyle  sodé,  en 
mélangeant  de  l'éther  cyanosuccinique  à  du  sodium  dissous  dans  de  l'al- 
cool métbylique,  et  si  l'on  vient  à  faire  agir,  comme  dans  la  préparation 
précédente,  de  l'iodure  de  méthyle,  on  obtient  du  méthylcyanosuccinate 
de  méthyle. 

»  Ce  déplacement  de  l'alcool  éthylique  par  l'alcool  métbylique  ou  par 
un  autre  alcool  quelconque  a  été  déjà  signalé  par  M.  Purdie  (')  à  diffé- 
rentes reprises,  par  Peters  (2),  Haller  et  Held  (3)  et  plus  anciennement 
par  M.  Fricdel  et  Crafts  (*).  Nous  allons  en  rapporter  de  nouveaux 
exemples. 

»   J'ai  en  effet  cherché  à  préparer  le  cyanosuccinate  de  métbvle-éthvle. 
/CAz 
CH — C02CH3  par  l'action  des  monocbloroacétates  de  méthyle  ou  d'éthyle 

CH2.C02G2H5 

sur  les  cyanacétates  d'éthyle  ou  de  méthyle  sodés.  Dans  ces  conditions,  en 
opérant  sur  les  quantités  théoriques  de  ces  corps  mis  en  présence,  je  n'ai 
pu  obtenir  que  des  cyanosuccinates  de  méthyle  ou  d'éthyle,  suivant  qu'on 
opérait  au  sein  de  l'alcool  méthylique  ou  éthylique.  J'aurai  d'ailleurs  l'oc- 
casion de  donner  plus  de  détails  sur  ces  diverses  réactions. 

C02CH3 

»  Ether  méthylèthényltncarbonique  :  CH3 ,C  —  C02CH3.  —  La  fonction 

i 
CH\C02CH3 

nitrile  du  méthylcyanosuccinate  de  méthyle  a  été  saponifiée  au  moyen  de 
l'alcool  méthylique  saturé  d'acide  chlorhydrique.  A  froid,  par  simple  con- 
tact, la  saponification  ne  s'opère  pas,  même  au  bout  d'un  temps  très  long. 

(')  Berichte,  t.  XX,  p.  i555. 
{-)  IbicL,  p.  33 1 8. 

(3)  Bulletin  de  la  Société  chimique,  t.  XLIX,  p.  247.  et  Annales  de  Chimie  et  de 
Physique,  6e  série,  t.  XVII,  p.  226 

(4)  Comptes  rendus,  t.  LVII.  p.  877  et  986. 


(     IOID    ) 

Il  faut  opérer  en  tubes  scellés  à  la  température  de  y5°  environ,  pendant 
une  ou  deux  heures  seulement.  Il  se  dépose  du  chlorhydrate  d'ammoniaque. 
»  On  évapore  le  liquide  au  bain-marie,  et  on  lave  le  résidu  avec  une  so- 
lution de  carbonate  de  soude.  Il  se  précipite  une  huile  qui  est  reprise  par 
de  l'éther.  Cette  solution,  desséchée  sur  du  chlorure  de  calcium,  est  distillée 
dans  le  vide  partiel;  sous  une  pression  deoatm,o5,  3217°  environ,  la  majeure 
partie  du  produit  distille.  L'analyse  de  ce  liquide  rectifié  a  donné  des  chiffres 
qui  correspondent  à  ceux  de  l'éther  méthvléthényltricarboniquc,  formé  en 
vertu  de  l'équation  suivante 

/CAz  /COaCH3 

CH3,C  -  C02CH3-i-  2CH3,OH  +  2HCI  =  CH3,C  —  C02CH3  -f-  AzH'Cl  -+-  CH3 
1  1 

CH2,COCH3  CH2,C02CHs 

»  Le  cyanosuccinate  de  méthyle,  de  même  que  ses  dérivés  substitués, 
participe  donc  des  propriétés  du  cyanosuccinate  d'éthvle  et  des  composés 
qui  en  dérivent.  Dans  une  prochaine  Communication,  je  ferai  connaître 
des  composés  nouveaux,  obtenus  avec  l'éther  cyanacétique  et  l'éther  cya- 
nosuccinique  (  '  )• 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  dextrorsitê de  certains  Gastropodes  dits  «  sénestres  »  (La- 
nistes,  Peraclis,  Limacina,  larves  des  Cymbuliidae).  Note  de  M.  Paul 
Pelseneer. 

«  I.  M.  Bouvier  a  montré,  dans  le  présent  Recueil  (2),  que  les  Ampul- 
laria  à  enroulement  sénestre  (Lanùles)  sont  dextres  par  leur  organisation 
anatomique. 

»  De  mon  côté,  j'ai  fait  voir  ( 3  )  que,  chez  les  «  Ptéropodes  »  à  coquille 
enroulée  (Limacinidœ,  Cymbuliidœ  à  l'état  larvaire),  malgré  la  sinistror- 
sité  de  la  coquille,  l'organisation  de  l'animal  est  absolument  dextre,  c'est- 
à-dire  que  l'anus,  l'orifice  génital,  le  pénis  et  le  plus  gros  ganglion  viscéral 
se  trouvent  à  droite. 


(')  Travail  fait  au  laboratoire  des  travaux  de  Chimie  et  de  Pharmacie  de  la  Faculté 
de  Médecine  de  Bordeaux. 

(2)  Bouvier.  Comptes  rendus,  t.  CIII,  p.  1276;  1886. 

(3)  Pelseneer,  Zool.  Challenger  Exped.,  Part  LXVI,  p.  6  à  12;  1888. 


(  ioi6  ) 
»   II.  Cette  anomalie  apparente  restait  sans  explication,  jusqu'à  ce  que 
Simroth  (')  et  von  Jhering  (2)  aient  émis,   indépendamment,  une  hypo- 
thèse qui  permettrait  d'en  rendre  compte,  et  dont  voici  le  résumé  : 

»  Chez  les  Gastropodes  où  la  coquille  enroulée  en  spirale  est  formée  de  tours  peu 
saillants,  la  «  spire  »,  en  s'aplatissant  davantage,  a  pu  finalement  devenir  rentrante 
et  se  transformer  en  un  faux  ombilic. 

»  Mais  cette  explication  très  plausible  n'était  pas  appuyée  d'une  preuve 
démonstrative. 

»  III.   Celle-ci  peut  se  trouver  dans  la  conformation  de  l'opercule. 

»  On  sait,  en  effet,  que,  si  ce  dernier  est  spirale,  il  possède  une  spire  in- 
verse de  celle  de  la  coquille  (sënestre  chez  les  Gastropodes  à  coquille 
dextre;  dextre chez  ceux  à  enroulement  sénestre  :  Trifons,  Lœocochlis,  etc.). 

»  Si  donc  les  formes  dont  il  est  question  ici  ont  un  faux  enroulement 
sénestre,  comme  le  suggèrent  Simroth  et  von  Jhering,  leur  opercule  (s'il 
est  spirale),  doit  être  à  spire  sënestre,  lorsqu'il  est  observé  en  place. 

»  L'opercule  de  Lanistes  n'est  pas  spirale,  mais  il  l'est  dans  tous  les 
Ptéropodes  à  coquille  enroulée.  Or  sa  spire  est  sénestre  : 

»  i°  Chez Peraclis  ( 3);  20  Chez  les  larves  des  Cymbuliidœ  ('');  3°  chez 
Limacina  (Spirialis)  retroversa,  Flemming(==  balea,  Môller),  que  je  viens 
d'examiner  spécialement  à  ce  point  de  vue  (°)  ; 

»  Déplus,  dans  tous  les  Gastropodes  enroulés  (qu'ils  soient  réellement 
dextres  ou  réellement  sénestres),  la  partie  initiale  de  l'opercule  spirale  se 
trouve  dirigée  vers  le  côté  ombilical  de  la  coquille.  Or,  dans  les  trois  cas 
ci-dessus,  cette  spire  est  dirigée  vers  la  «  spire  »  de  la  coquille. 

«  Il  est  donc  certain  que  la  spire  des  Ptéropodes  enroulés  correspond 
à  l'ombilic  des  Bullidés  et  des  autres  Gastéropodes, 

»  C'est,  par  conséquent,  au  processus  indiqué  plus  haut,  d'après  Sim- 
roth   et    von    Jhering,  qu'est  due  l'acquisition   de  la   sinistrosilé   de    la 


(')  Simroth,  Zeit.se/ir.  f.  Nalurwiss.  {Halle),  Bd.  LXX1L  p.  88;  1889. 

(2)  Von  Jhering,  Bull.  Scienlif.  Fiance  et  Belgique,  t.  XXIII,  p.  180. 

(3)  Pelseneer,  Zool.  Challenger  Expedit.,  Pari  LXV,  PI.  1,  fig.  8;  Part  LXVI, 
p.  3i. 

{»)  Ibid.,  Part  LXV,  PI.  II,  fig.  i4- 

(>)  Les  auteurs  qui  ont  figuré  des  opercules  de  Limacina  {ou  Spirialis)  (Souleyet, 
Sars),  les  ont  représentés  comme  dextres,  mais  alors  séparé?  du  corps  de  l'animal  ; 
dans  le  cas  où  l'on  en  voit  au  contraire  in  situ  (Soulejel,  Bonite,  PI.  XIII,  fig.  36, 
«  Spirialis  »  bulimoides),  la  spire  y  est  sénestre. 


(    ioi7  ) 
coquille,  dans  le  cas  spécial  où  celte  sinistrosité  laisse  inaltérable  la  dextro- 
sité  de  l'organisation,  ou  vice  versa,  comme  c'est  probablement  le  cas  chez 
Choanomphahis  et  Pompholyx. 

»  IV.  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  Lanistes,  les  Limacinulœ  et  les 
larves  des  Cymbu/iidœ  sont  ultra-dextres  et  qu'il  n'y  a  de  réellement 
sénestres  que  les  Gastropodes  chez  lesquels  il  y  a  situs  inversus  complet, 
normal  (Triforis,  Physa,  etc.),  ou  tératologique  [Buccinum  (von  Jhering), 
Hélix,  Limnœa,  etc.].  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  structure  de  f  œil  composé  des  Crustacés  macroures. 
Note  de  M.  H.  Viali.axes,  présentée  par  M.  Milne-Edwards. 

«  Dans  le  travail  d'ensemble  que  M.  Grenadier  a  publié,  sur  les  organes 
visuels  des  Arthropodes,  ce  savant  est  arrivé,  quant  à  la  constitution  géné- 
rale de  l'œil  composé  des  Crustacés  supérieurs,  aux  conclusions  suivantes. 
L'œil  composé,  limité  en  dehors  par  la  cornée  à  facettes,  en  dedans  par 
la  membrane  basale,  est  formé  par  la  réunion  d'un  grand  nombre  d'yeux 
élémentaires  ou  ommatidies .  Chaque  ommatidie  comprend,  comme  parties 
principales,  i°  le  cône  cristalloïde,  formé  de  quatre  segments  accolés  sui- 
vant l'axe;  20  la  rétinule,  située  entre  l'extrémité  du  cône  et  la  membrane 
basale.  La  rétinule  est  formée  par  sept  bâtonnets  ou  rhabdomères  soudés 
ensemble  suivant  la  ligne  axiale  pour  former  un  corps  désigné  sous  le  nom 
de  rhabdome.  La  surface  libre  de  chaque  rhabdomère  est  revêtue  par  une 
cellule  fortement  pigmentée,  désignée  sous  le  nom  de  cellule  rétinienne  et 
qui  sécréterait  pour  ainsi  dire  celui-ci.  Des  recherches  plus  récentes  dues 
à  M.  Patten  (')  tendent  à  infirmer  ces  conclusions  et  à  prouver  que  le 
rhabdome  ne  dépend  point  des  cellules  rétiniennes,  mais  bien  du  cône 
avec  la  substance  duquel  il  se  continuerait. 

»  Les  recherches  que  je  viens  d'entreprendre  sur  la  Langouste  m'ont 
permis  de  constater  des  particularités  qui  avaient  échappé  à  l'un  et  à 
l'autre  des  auteurs  que  je  viens  de  citer.  Le  cône  ne  se  termine  pas  au 
niveau  de  l'extrémité  externe  du  rhabdome,  comme  le  pense  M.  Grenacher; 
il  ne  se  continue  pas  non  plus  avec  la  substance  de  celui-ci,  comme  le  vou- 
drait M.  Paten.  Mes  préparations  montrent,  en  effet,  que  chacun  des 
quatre  segments  constitutifs  du  cône  se  termine  par  un  filament  extrème- 

(')  Eyes  of  Molluscs  and  Arthropods  (Mitiheil.  Zool.  Stat.  Napol.,  1886). 

C.   K.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CXII,  N*  18.)  '  ^3 


(   ioi8  ) 

ment  lénu  qui  chemine  le  long  du  rhabdome,  entre  les  cellules  réti- 
niennes, pour  aller  s'attacher  à  la  membrane  basalc. 

»  Quelles  parties  de  l'ommatidie  s'unissent  et  comment  s'unissent-elles 
avec  les  tubes  nerveux,  dits  fibres  post-rétiniennes,  chargés  de  transmettre 
aux  centres  les  impressions  lumineuses?  C'est  un  point  capital  à  élucider 
si  l'on  veut  déterminer  le  rôle  physiologique  des  diverses  pièces  qui  con- 
stituent l'ommatidie.  M.  Grenadier  n'a  point  abordé  cette  difficile  re- 
cherche; M.  Patten,  qui  s'en  est  occupé,  ne  me  parait  pas  avoir  été  heu- 
reux dans  ses  résultats,  en  raison  sans  doute  du  mauvais  choix  des  types 
zoologiques  auxquels  il  s'est  adressé.  Je  ne  puis  aujourd'hui  entrer  dans 
aucune  discussion  à  ce  sujet.  Je  me  contenterai  d'attirer  l'attention  de 
l'Académie  sur  les  conclusions  auxquelles  m'ont  conduit  les  recherches 
que  j'ai  entreprises  sur  la  Langouste,  type  éminemment  favorable  à  la 
solution  du  problème  que  je  signalais  plus  haut. 

»  Le  rhabdome  de  la  Langouste  est  un  corps  allongé,  terminé  à  son 
extrémité  externe  par  une  pointe  effilée;  sa  surface  est  pourvue  de  sept 
côtes  longitudinales  très  saillantes,  répondant  aux  sept  rhabdomères  qui 
se  soudent  pour  le  former.  Vers  l'extrémité  interne  du  rhabdome,  les  sept 
rhabdomères  se  séparent.  Une  coupe  transversale  pratiquée  à  ce  niveau 
nous  montre  ceux-ci  symétriquement  disposés  en  cercle  autour  d'un  point 
qui  répondrait  à  l'axe  de  l'ommatidie.  Plus  près  de  la  membrane  basale, 
la  symétrie,  de  radiale  qu'elle  était,  devient  bilatérale;  six  des  rhabdo- 
mères se  disposent  symétriquement  par  rapport  à  un  plan  qui  passerait 
par  le  septième.  Nous  pouvons  donc  distinguer  à  ce  niveau  un  rhabdomère 
asymétrique  (que  nous  appellerons  antérieur)  et  six  rhabdomères  disposés 
par  paires  en  arrière  de  celui-ci.  Les  rhabdomères  de  la  première  paire 
sont  très  écartés  de  ceux  de  la  deuxième;  ceux  de  la  deuxième  paire  sont, 
au  contraire,  très  rapprochés  de  ceux  de  la  troisième. 

»  Chacun  des  sept  rhabdomères,  après  s'être  ainsi  disposé,  se  continue 
directement  avec  le  contenu  protoplasmique  (ou  cylindre-axe)  d'un  tube 
nerveux  qui  se  revêt  de  sa  graisse  propre  en  traversant  la  membrane  ba- 
sale  pour  aller  (sous  le  nom  de  fibre  post-rétinienne)  gagner  le  ganglion  op- 
tique. 

»  La  membrane  basale  est  percée  de  trous  pour  livrer  passage  aux  sept 
tubes  nerveux  qui  se  rendent  à  chaque  ommatidie.  Ces  trous  sont  dispo- 
sés avec  une  symétrie  très  grande,  mais  entièrement  différente  de  la  sy- 
métrie heptagonale  des  rhabdomes.  Afin  de  faire  comprendre  cet  arrange- 
ment nous  distinguerons  les  ommatidies  voisines  par  les  lettres  A,  B,C,  . . . . 


(  IOI9  ) 
Autour  du  point  qui  répond  à  l'axe  de  l'onimatidie  A,  la  basale  est  percée 
de  cinq  trous  disposés  en  pentagone  allongé.  Un  des  trous  est  impair,  les 
quatre  autres  sont  symétriquement  disposés  en  deux  paires. 

»  Le  trou  impair  donne  seulement  passage  au  tube  nerveux  venant  du 
rhabdomère  impair  del'ommatidie  A. 

»  Le  trou  de  la  première  paire  donne  passage  a  trois  tnbes  qui  viennent  : 
l'un  du  rhabdomère  de  la  première  paire  de  l'ommatidie  A,  les  deux  autres 
des  rhabdomères  de  la  deuxième  et  de  la  troisième  paire  d'une  ommatidie 
voisine  B. 

»  Le  trou  de  la  deuxième  paire  donne  passage  à  trois  tubes  qui  vien- 
nent :  l'un  du  rhabdomère  de  la  première  paire  d'une  ommatidie  C,  les 
deux  autres  des  rhabdomères  de  la  deuxième  et  de  la  troisième  paire  de 
l'ommatidie  A. 

»  Sans  insister  davantage  sur  ces  curieuses  dispositions,  je  résumerai 
brièvement  ceux  des  résultats  auxquels  je  suis  arrivé  et  qui  me  semblent 
avoir  le  plus  d'importance. 

»  i°Les  théories  morphologiques  et  physiologiques  auxquelles  M.  Patten 
a  voulu  donner  un  caractère  si  général  ne  peuvent  se  soutenir  en  pré- 
sence de  ce  fait  que  chacun  des  segments  du  cône,  loin  de  se  continuer 
avec  le  rhabdome,  se  termine,  ainsi  que  je  l'ai  montré  plus  haut,  en  un 
filament  qui  va  s'attacher  à  la  membrane  basale.  Il  faut  donc,  à  l'encontre 
du  naturaliste  américain,  voir  dans  le  cùne  seulement  un  organe  de  ré- 
fraction. 

»  20  Les  plus  nerveuses  ne  se  terminent  pas  dans  le  protoplasma  des 
cellules  rétiniennes,  comme  le  voulait  ce  même  auteur,  mais  s'unissent 
directement  avec  le  rhabdome. 

»  3°  Chacun  des  sept  rhabdomères  s'unit  à  un  tube  nerveux  spécial  ; 
il  est  donc  infiniment  probable  que  chaque  ommatidie  peut  être  le  point 
de  départ  d'au  moins  sept  sensations  lumineuses  distinctes  ('  ).  » 

(')  Ce  travail  a  été  fait  à  la  station  zoologique  d'Arcachon. 


(     1020    ) 


BOTANIQUE.  —  Structure  comparée  des  racines  renflées  de  certaines  Om- 
belliféres  (').  Note  de  M.  Géxeau  de  Lamarlière  ,  présentée  par 
M.  Duchartre. 

a  Les  racines  adventives  renflées  en  tubercules  des  OEnanthe  présen- 
tent, d'après  M.  Courchet  (2)  et  M.  Gérard  (a),  une  structure  anormale. 
En  reprenant  cette  étude  et  en  l'étendant  à  d'autres  genres  d'Ombellifères 
qui  présentent  aussi  des  racines  renflées  (Caru/n,  Cicuta  et  Sium),  j'ai 
trouvé  une  série  de  transitions  entre  le  type  anormal  des  OEnanthe  et  la 
structure  normale  présentée  par  le  pivot  ou  les  racines  latérales  des  autres 
espèces  de  la  même  famille. 

»  On  sait,  en  effet,  que  la  partie  mince  de  la  racine  d'un  Daucus  Carota 
comporte  deux  faisceaux  ligneux  primaires,  alternant  avec  deux  faisceaux 
libériens;  mais,  dans  la  partie  épaissie  de  cette  racine,  les  faisceaux  du  bois 
primaire  montrent  leurs  vaisseaux  dissociés  et  dispersés  au  milieu  d'un 
parenchyme  abondant  et  non  lignifié.  Chacun  de  ces  vaisseaux  ainsi  isolés 
est  bordé  d'un  cercle  de  cellules  parenchymateuses  disposées  en  rayon- 
nant tout  autour. 

»  Cette  structure  est  fréquente  dans  les  tubercules,  et  je  l'ai  observée 
dans  les  racines  de  YApium  graveolens,  de  Y Angelica  silvestris,  de  YAn- 
thriscus  silvestris  et  du  Chœrophyllum  bulbosum.  Il  n'est  pas  rare  de  rencon- 
trer, dans  ces  mêmes  espèces,  des  groupes  de  plusieurs  vaisseaux  accolés  et 
entourés  de  parenchyme  rayonnant. 

»  Enfin  tout  un  faisceau  du  bois  primaire  peut  présenter  la  même  parti- 
cularité, et  c'est  le  cas  des  racines  adventives  des  OEnanthe,  du  Carum  ver- 
licillatum,  du  Sium  latifolium  et  du  Cicuta  virosa. 

»  Dans  Y  OEnanthe  pimpinelloides,  il  y  a  trois  faisceaux  primaires  qui 
tantôt  se  rejoignent  au  centre,   tantôt  sont  un   peu  écartés  les  uns  des 


(')  Ce  travail  a  été  fait  au  Laboratoire  de  Biologie  végétale  de  Fontainebleau,  sous 
la  bienveillante  direction  de  M.  Gaston  Bonnier. 

(-)  Courchet,  Etude  anatomique  sur  les  Ombellifères  et  leurs  principales  ano- 
malies (A/ni.  des  Se.  nat.,  Bot.,  6e  série;  1 884 ) - 

(3)  R.  Gérakd,  Structure  de  l'axe  des  OEnanthe  et  considérations  sur  les  forma- 
tions anomales  {Comptes  rendus,  novembre  i883,  et  Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  Fr.. 
2e  série,  t.  V;  i883). 


(      102  1     ) 

antres,  surtout  dans  la  partie  renflée  de  la  racine.  Sur  sa  face  externe  et 
sur  ses  faces  latérales,  chacun  de  ces  faisceaux  est  entouré  d'une  couche 
génératrice  secondaire.  La  même  disposition  se  rencontre  chez  le  Sium 
latifolium.  La  couche  génératrice  peut  même  parfois  s'étendre  sur  la  face 
interne  du  faisceau  :  c'est  ce  qu'on  observe  chez  le  Cicuta  virosa. 

»  Dans  YOEnanthe  Lachenalii,  l'écartement  des  faisceaux  est  bien  plus 
accentué,  l'assise  génératrice  étant  beaucoup  plus  active  sur  la  face  interne 
que  dans  les  espèces  précédentes.  Cet  écartement  est  porté  à  l'extrême 
dans  Y  OEnanthe  peucedanijolia,  YOE.  crocata  et  le  Carurn  verticillalum. 

»  Comment  se  comportent  le  bois  et  le  liber  secondaires  dans  ces 
racines  anormales?  Dans  le  Daucus,  Y Apium,  etc.,  la  couche  génératrice 
ne  produit  d'éléments  lignifiés  que  sur  les  faces  latérales  des  faisceaux  du 
bois  primaire;  sur  la  face  externe,  il  ne  naît  que  du  parenchyme  non  li- 
gnifié. Sur  une  coupe  transversale,  l'ensemble  du  bois  secondaire  prend 
l'aspect  d'une  ramification  dichotomique,  par  suite  de  la  formation  de 
rayons  médullaires  larges  qui  se  terminent  vers  l'intérieur  à  des  distances 
inégales  du  centre. 

«  Dans  les  racines  adventives  du  Cicuta  virosa,  les  formations  secon- 
daires présentent  la  même  disposition.  Cependant,  la  couche  génératrice 
fonctionne  moins  activement  en  face  des  rayons  médullaires  que  dans  ses 
autres  points. 

»  Chez  le  Sium  latifolium  et  l' OEnanthe  pimpinelloid.es,  le  bois  secondaire 
est  moins  abondant  et  ne  présente  plus  l'aspect  d'une  ramification  dicho- 
tomique. Ce.bors  est  produit  sur  les  faces  latérales  des  faisceaux  ligneux 
primaires,  et  quelquefois  aussi  sur  la  face  dorsale,  comme  c'est  le  cas  du 
Sium  latifolium. 

»  Ces  formations  secondaires  internes  à  la  zone  génératrice  sont  moins 
abondantes  encore  dans  YOEnanthe  peucedanijolia  et  le  Carurn  verticillalum. 
Chez  cette  dernière  espèce,  il  n'y  a  plus  que  quelques  vaisseaux  entremêlés 
à  un  petit  nombre  de  cellules  parenchymateuses  sur  les  faces  latérales  des 
faisceaux  du  bois  primaire. 

»  Quant  à  ce  qui  représente  le  liber  secondaire  dans  ces  racines  ren- 
flées, c'est  dans  tous  les  cas  un  parenchyme  très  développé  même  lorsque 
le  bois  secondaire  est  presque  nul;  c'est  dans  ce  tissu  du  liber  secondaire 
que  s'accumule  la  majeure  partie  des  réserves. 

»  Conclusion.  —  L'anomalie  qu'on  observe  chez  les  racines  latérales  ren- 
flées de  certaines  Ombellif  ères  (OEnanthe,  Carurn),  est  plutôt  apparente  que 
réelle.  On  peut  trouver,  dans  les  plantes  de  la  même  famille,  une  série  d'inlermé- 


(    I«)22    ) 

diaires  entre,  cette  structure  dite  anormale  et  la  structure  d'une  racine  renflée 
normale  (Daucus,  Apium)  ». 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  structure  microscopique  des  roches  phosphatées  du  Dekma 
(département  de  Constantine).  Note  de  M.  Bleicher,  présentée  par 
M.  Albert  Gaudry. 

«  Dans  une  première  Note  du  9  juin  1889,  Sur  la  nature  des  massifs  de 
Dekma  (département  de  Constantine),  nous  présentions  l'étude  de  quel- 
ques roches  phosphatées  de  ce  gisement,  provenant  d'un  envoi  fait,  par 
M.  Vetterlé,  de  Souk-ArrasàM.  Thomas,  vétérinaire  en  1e1' au  10e  hussards- 
auteur  de  la  découverte  des  phosphates  en  Tunisie.  De  nouveaux  envois 
d'échantillons  de  même  provenance,  augmentés  de  ceux  que  M.  G.  Le 
Mesle  a  recueillis  sur  les  flancs  du  Dekma,  permettent  de  compléter  ces 
recherches  par  des  observations  microscopiques  plus  précises  et  plus  nom- 
breuses. 

»  La  caractéristique  des  roches  phosphatées  du  Dekma,  qu'elles  provien- 
nent des  flancs  du  massif  ou  du  sommet,  consiste  dans  l'abondance  plus  on 
moins  grande  de  débris  osseux  visibles  extérieurement  ou  incorporés  à  la 
masse,  de  nodules  généralement  petits,  marno-calcaires,  pénétrés  de  phos- 
phate, d'une  matière  minérale  verte,  écailleuse  ou  terreuse,  de  grains 
quartzeux,  même  de  quartz  bipyramidé. 

»  C'est  dans  les  parties  les  plus  riches  en  grains  quartzeux,  en  matière 
minérale  verte  et  aussi  en  fer  que  les  débris  osseux  dominent. 

»  Une  roche  notée  n°  0  dans  la  collection  envoyée  par  M.  Vetterlé  à 
M.  Thomas,  présente  ces  caractères  au  plus  haut  degré.  Elle  provient  des 
flancs  du  Dekma,  non  loin  de  Tarja,  des  couches  supérieures  au  gypse.  La 
coupe,  qui  a  pu  être  photographiée,  montre,  au  milieu  d'un  ciment  calcaréo- 
ferrugineux  peu  abondant,  des  grains  quartzeux,  des  ébauches  de  quartz 
bipyramidé,  des  grains  ou  écailles  de  cette  substance  verte  dont  nous  avons 
parlé  plus  haut,  à  différents  degrés  de  décomposition  qui  révèlent  sa 
richesse  en  fer,  des  débris  nombreux  d'os  et  d'émail. 

»  Les  débris  d'os,  grâce  à  la  conservation  de  leurs  ostéoplastes,  sont 
faciles  à  reconnaître;  ils  paraissent  souvent  arrondis  sur  leurs  bords,  di- 
visés en  fragments  réguliers  circonscrivant  des  îlots  osseux.  Il  n'en  est  pas 
de  même  des  fragments  d'émail,  qui  se  présentent  avec  une  teinte  jaune 
d'ambre  et  n'ont,  pour  les  caractériser,  au  point  de  vue  histologique,  que 


(     1023    ) 

des  stries  plus  ou  moins  parallèles  ou  un  pointillé  très  fin,  suivant  le  sens 
de  la  section.  Des  préparations  faites  sur  des  dents  revêtues  de  leur 
émail  permettent  de  déterminer  la  nature  de  ces  débris  animaux  par  com- 
paraison, et  de  constater  que,  dans  certaines  roches  du  Dekma,  les  dents, 
et  peut-être  les  écailles  émaillées  de  certains  poissons  ont  été  macérées  et 
dissociées  au  point  que  l'émail  en  menus  fragments  détachés  de  la  partie 
osseuse  a  pu  rester  seul  témoin  de  leur  existence.  Nous  avons  pu  constater 
le  même  fait  dans  les  roches  de  calcaire  rubané,  riche  en  débris  de  pois- 
sons, du  muschelkalk  supérieur  des  environs  de  Lunéville. 

»  Tout  autre  en  apparence  est  une  roche  phosphatée  jaunâtre,  nodu- 
leuse,  de  la  partie  supérieure  du  nummulitique  du  Dekma,  provenant  d'un 
envoi  fait  par  M.  Vetterlé.  L'élément  calcaire  y  domine,  mais  il  s'y  pré- 
sente sous  forme  de  ciment  et  de  nodules  pénétrés  de  phosphate.  Les 
dents  et  les  os,  assez  abondants,  sont  faciles  à  dégager  par  simple  dissocia- 
tion dans  l'eau;  quant  aux  écailles  de  matière  minérale  verte  et  aux  grains 
de  quartz,  ils  sont  en  faibles  proportions. 

»  A  côté  de  ces  deux  catégories  de  roches  phosphatées  que  nous  avons 
choisies  comme  les  deux  extrêmes  de  la  série  riche  en  débris  animaux,  il 
convient  d'en  signaler  d'autres  qui,  dans  les  échantillons  soumis  à  nos  re- 
cherches, n'en  contiennent  pas  de  traces. 

»  Ce  sont  alors  les  foraminifères  surtout  qui  paraissent  avoir  concentré 
le  phosphate  dans  leur  test.  Deux  cas  se  présentent  ici.  Une  roche  calcaire 
jaunâtre  assez  dure,  tachée  de  points  verts,  provenant  du  massif  du 
Dekma,  se  montre  uniquement  formée,  d'après  une  coupe,  de  nummulites 
noyées  dans  un  ciment  calcaire  peu  abondant.  Elle  paraît  assez  riche  en 
phosphates  d'après  l'essai  qualitatif,  et  l'on  peut  admettre  (la  roche  étant 
trop  compacte  pour  qu'on  puisse  dégager  ces  foraminifères  et  les  étudier 
directement)  que  ce  minéral  est  contenu  dans  leur  test. 

»  M.  G.  Le  Mesle  a  recueilli  dans  un  petit  affleurement,  entre  la  route  et 
le  Dekma,  à  nkm  de  Souk-Arras,  une  roche  marno-calcaire  finement  gre- 
nue, se  débitant  facilement  en  grains  qui,  par  simple  lavage,  peuvent  être 
facilement  caractérisés  comme  foraminifères. 

»  Quoiqu'elle  contienne  aussi  de  petits  moules  de  coquilles  bivalves  et 
gastropodes  et  d'autres  organismes  d'interprétation  difficile,  les  foramini- 
fères nous  ont  paru  plus  intéressants  à  étudier  au  point  de  vue  de  ce  qu'on 
pourrait  appeler  la  localisation  du  phosphate. 

»  Ces  organismes  microscopiques  sont  entourés  d'une  coque  calcaire 
dont  on  peut  se  débarrasser,  en  partie  au  moins,  par  l'acide  acétique.  Les 


(     I02/4    ) 

foraminifères  les  plus  petits,  qui  ont  été  soumis  à  cette  action  préalable, 
donnent,  par  l'action  de  l'acide  nitrique  étendu,  suivie  d'addition  de  mo- 
lybdate  d'ammoniaque,  la  réaction  des  phosphates  avec  un  résidu  siliceux. 
En  coupe,  ces  foraminifères  montrent  leur  test  bien  conservé  et,  dans  les 
préparations  obtenues  après  action  de  l'acide  acétique,  les  détails  de  struc- 
ture deviennent  visibles.  Notons  que  la  matière  minérale  verte  qui  accom- 
pagne partout  les  phosphates  est  représentée  également  ici. 

»  En  résumé,  il  résulte  de  nos  observations  que  les  roches  phosphatées 
du  Dekma  ont  une  composition  assez  uniforme,  quel  que  soit  leur  niveau 
géologique,  et  que  les  débris  organiques  de  toute  nature  qu'on  v  ren- 
contre peuvent  servir  à  expliquer  la  richesse  de  ce  massif  en  phosphate  de 
calcium.  » 

PALÉONTOLOGIE.  —  Note  sur  les  gisements  quaternaires  d'Èragny 
et  de  Cergy  (Seine-et-Oise);  par  M.  E.  Rivière. 

«  A  plusieurs  reprises  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le 
résultat  de  mes  recherches  paléontologiques  et  anthropologiques  dans  les 
sablières  quaternaires  du  bassin  parisien,  et  notamment  dans  celles  du 
département  de  la  Seine,  telles  que  Billancourt,  le  Ferreux,  Nogent-sur- 
Marne,  Neuilly-sur-Marne,  etc.,  où  j'ai  trouvé  et  étudié  une  faune  inté- 
ressante par  les  Vertébrés  quaternaires  plus  ou  moins  nombreux  qu'elles 
renfermaient. 

»  Aujourd'hui,  les  recherches  qui  font  l'objet  de  cette  Note  sont  relatives 
à  des  carrières  beaucoup  plus  éloignées  de  Paris,  mais  également  qua- 
ternaires, qui  m'ont  été  signalées  par  M.  P.  Toussaint,  dans  le  départe- 
ment de  Seine-et-Oise,  à  peu  de  distance  de  Pontoise,  et  situées  les  unes 
sur  la  rive  gauche  de  l'Oise,  les  autres  sur  sa  rive  droite. 

»  I.  Sablières  d'Èragny.  —  Le  premier  gisement  se  trouve  sur  le  territoire 
de  la  commune  d'Èragny,  entre  Conflans-Sainte-Honorine  et  Saint-Ouen- 
l'Aumùne.  Il  est  représenté  par  trois  sablières  presque  contiguës,  dont 
l'une,  abandonnée  déjà  depuis  quelque  temps,  ne  m'a  fourni  aucun  élé- 
ment d'étude  et  sur  laquelle  je  n'ai  pu  avoir  aucun  renseignement. 

»  Les  deux  autres,  la  sablière  Plaudet  et  la  sablière  Leveau,  sont  en 
pleine  exploitation.  Elles  sont  situées  à  un  demi-kilomètre  environ  des 
bords  de  l'Oise,  sur  sa  rive  gauche,  entre  le  chemin  vicinal  d'Èragny  à 
Saint-Ouen-1'Aumône  et  la  voie  ferrée,  qu'elles  côtoient  dans  toute  leur 
longueur. 


(     1025    ) 

»  Ces  deux  carrières  sont  exploitées  et  pour  le  sable  fin  et  pour  le  gros 
caillou  qu'elles  renferment,  jusqu'à  la  profondeur  de  5m  environ,  pro- 
fondeur au-dessous  de  laquelle  j'ai  rencontré  une  nappe  d'eau  correspon- 
dant au  niveau  de  l'Oise,  s'élevant  avec  celui-ci  dans  toutes  ses  crues, 
s'abaissant,  au  contraire,  en  même  temps  que  ses  propres  eaux  à  certaines 
époques  de  l'année. 

»  Les  lits  de  sable,  de  gravier  et  de  gros  cailloux  sont  surmontés  d'une 
couche  de  terre  végétale  qui  varie  entre  6ocm  et  90e"1  d'épaisseur.  Les  os- 
sements d'animaux,  ainsi  que  les  silex  taillés  qui  y  ont  été  trouvés  gisaient 
dans  une  couche  de  moyens  graviers  mêlés  de  sable,  située  à  3m,4ode 
profondeur  et  de  60e"1  à  70e"1  d'épaisseur. 

»  Les  animaux,  dont  les  restes  y  ont  été  découverts  et  recueillis  pour 
la  plupart  par  un  ouvrier  carrier  de  Pontoise,  chez  lequel  j'ai  pu  les  exa- 
miner, sont  : 

»  i°  \J  Elephas  primigenius,  représenté  par  deux  dents  molaires  presque 
entières  et  par  une  série  de  lames  brisées  et  détachées  les  unes  des  autres 
provenant  d'une  troisième  dent; 

»  20  Un  Équidé  de  grande  taille,  très  probablement  YEquus  caballus 
fossilis,  représenté  aussi  :  (a)  par  des  dents  molaires  supérieures  et  infé- 
rieures, et  par  plusieurs  incisives,  les  unes  entières,  les  autres  brisées; 
(è)  par  un  métacarpien  entier  et  bien  conservé. 

»  3°  Le  Bos primigenius  caractérisé  :  (a)  par  un  certain  nombre  de  dents 
molaires  supérieures  et  inférieures,  les  unes  entières  et  bien  conservées, 
les  autres  brisées;  (è)  par  un  astragale  de  fortes  dimensions. 

»  J'ai  trouvé  aussi  moi-même,  en  place,  dans  la  sablière  Plaudet,  deux 
fragments  de  molaires  d'Equidé,  dont  un  roulé,  presque  méconnaissable, 
ainsi  qu'une  dent  molaire  inférieure  de  Bovidé. 

»  De  plus,  un  certain  nombre  de  diaphvses  d'os  longs  fendus  et  brisés, 
absolument  indéterminables,  au  point  de  vue  non  seulement  de  l'animal 
dont  elles  proviennent,  mais  encore  de  la  nature  de  l'os  lui-même,  ont  été 
mises  à  découvert  dans  ces  mêmes  sablières  et  recueillies  par  les  ouvriers. 
Mais  jusqu'à  présent  le  Khinocéros  et  le  Renne,  que  j'avais  trouvés  dans 
les  sablières  des  environs  de  Paris,  notamment  à  Billancourt  et  à  Mon  treuil, 
font  complètement  défaut  dans  les  carrières  de  sable  d'Éragny,  ou  plutôt 
je  n'en  ai  pas  vu  la  moindre  trace;  il  en  est  de  même  des  animaux  carni- 
vores dont  je  n'ai  trouvé  ni  dents,  ni  ossements. 

»  Par  contre,  les  échantillons  de  bois  fossiles  plus  ou  moins  roulés  sont 
très  nombreux.  Je  me  propose  d'en  faire  ultérieurement  une  étude  ana- 

C.  R.,  1891,  i«  Semestre.  (T.  CX1I,  N»  18.)  l  ^4 


(     IO20    ) 

logue  à  celle  que  j'ai  faite  des  bois  trouvés  dans  les  sablières  de  Billan- 
court et  du  Perreux. 

«  Quant  à  l'industrie  de  l'homme  quaternaire,  les  ouvriers  des  sablières 
d'Éragny  ne  sachant  pas  ce  que  c'est  qu'un  silex  taillé,  n'en  ont  jamais  re- 
cueilli un  seul.  J'ai  eu,  au  contraire,  la  bonne  fortune  d'en  trouver 
quelques-uns,  non  pas  en  place,  mais  en  explorant  les  tas  de  cailloux  de  la 
carrière  Plaudet.  Je  citerai  notamment  :  i°  une  sorte  de  disque  irrégulier 
pourvu  de  son  bulbe  de  percussion  à  la  face  inférieure;  2°  une  petite  lame 
triangulaire  en  silex  blanc:  3° un  nucléus  long  deom,o89,  large  de  om,o27 
et  épais  de  om,024-  D'autre  part,  M.  Toussaint  m'a  annoncé,  il  y  a  quatre 
jours,  la  découverte,  dans  la  carrière  Leveau,  avec  quelques  dents  d'E- 
quidé  :  i°  de  deux  silex  taillés,  l'un  en  forme  de  couteau  long  de  oin,oo,8, 
l'autre  en  forme,  dit-il,  de  lame-racloir,  dont  les  dimensions  sont  de 
om,o85  sur  om,074î  2°  d'une  lame 'en  grès,  taillée,  longue  de  om,095,  qui 
reposait  sous  une  couche  de  sable  fin. 

»  II.  Sablière  de  Cergy.  —  Cette  sablière,  qui  appartient  à  un  entrepre- 
neur de  Paris,  se  trouve  au  milieu  d'un  petit  bois  situé  un  peu  au  delà  du 
village  de  Cergy  et  à  un  quart  d'heure  de  marche  environ  de  la  rive  droite 
de  l'Oise. 

»  La  hauteur  des  couches  exploitées  est  la  même  qu'à  Eragny  et  c'est 
dans  le  même  milieu  de  sable  et  de  gravier  qu'un  assez  grand  nombre  d'os- 
sements y  ont  été  trouvés;  malheureusement  tous  ont  disparu,  soit  qu'ils 
aient  été  jetés  de  côté  et  brisés  comme  pièces  de  nulle  valeur,  soit  qu'ils 
aient  été  vendus  par  les  ouvriers  de  la  carrière,  à  l'exception  des  pièces 
suivantes  recueillies  avec  des  silex  taillés  par  M.  Toussaint,  qui  a  bien 
voulu  me  les  communiquer  pour  les  déterminer  : 

»  a.  Ecjuus  eaballus  fossilis,  deux  dents,  une  incisive  et  une  molaire  inférieure; 
»  b.  Bos primigenius,  un  astragale  et  une  dent  molaire  supérieure; 
»   c.   Cervus.  ....  un  fragment  de  scapulum  d'un  ruminant  du  genre  Cerf; 
»   cl.  Enfin  de  nombreux  morceaux  de  diaphyse  d'os  longs  fendus  et  brisés  comme 
dans  les  sablières  d'Eragny. 

»  Les  silex  taillés  trouvés  dans  la  carrière  de  Cergy  sont  au  nombre  de 
treize.  Ce  sont  :  (a)  des  lames  dont  la  plus  longue  mesure  o^io  de  lon- 
gueur, et  la  plus  petite,  oni,o34;  (b)  des  pointes  du  type  moustérien,  mesu- 
rant, la  plus  grande,  o'",o4  de  longueur,  la  plus  petite,  om,o34;  (c)  un 
disque  peu  épais,  tranchant  et  retaillé  sur  ses  bords,  mesurant  om,oG  dans 
son  plus  grand  diamètre. 

»   Telles  sont  les  principales  pièces  paheoethnologiques  trouvées  jusqu'à 


(     '027    ) 

présent  clans  les  sablières  d'Eragny  et  de  Cergy,  dont  je  poursuis  l'étude 
et  dont  M.  P.  Toussaint  veut  bien  me  faire  réserver  toutes  les  trouvailles, 
avec  une  note  précise  sur  le  milieu  dans  lequel  elles  ont  lieu,  afin  d'en 
publier,  à  un  moment  ilonné,  les  résultats.    » 


PATHOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  --  Sur  la  production  de  la  glycosurie  et  de 
Uazolurie,  après  V extirpation  totale  du  pancréas.  Note  de  M.  E.  Hédon, 
présentée  par  M.  Bouchard. 

«  La  glycosurie  se  montre  toujours  chez  le  chien,  à  la  suite  de  l'extirpa- 
tion totale  du  pancréas.  Il  n'y  a  pas  d'exceptions.  Mes  expériences  confir- 
ment entièrement  sur  ce  point  la  découverte  de  von  Mering  et  Minkowski. 
Mais  j'ai  observé  de  plus  que,  dans  quelques  cas,  la  glycosurie  peut  dispa- 
raître complètement,  sans  que  pour  cela  l'animal  cesse  d'être  diabétique 
(jusqu'à  présent  ce  phénomène  n'a  été  noté  que  chez  des  chiens  qui  avaient 
subi  l'extirpation  du  pancréas  longtemps  après  l'injection  de  paraffine  dans 
les  conduits  de  la  glande). 

»  L'étude  des  courbes  de  la  glycosurie  et  de  l'azoturie  que  j'ai  dressées 
pour  toutes  mes  expériences  permet  de  distinguer  deux  formes  à  la  maladie 
créée  par  l'extirpation  du  pancréas. 

»  A.  Une  forme  de  diabète  à  marche  rapide,  dans  laquelle  l'élimination 
du  sucre  et  de  l'azote  est  excessive  et  amène  promptement  une  cachexie 
profonde  et  la  mort  au  bout  de  quinze  à  trente  jours.  La  courbe  de  l'azo- 
turie est  parallèle  à  la  courbe  de  la  glycosurie,  mais  lui  est  inférieure  et  la 
glycosurie  est  le  symptôme  dominant.  Ces  courbes  présentent  deux  pé- 
riodes assez  régulières,  l'une  d'ascension,  l'autre  de  descente. 

»  B.  Une  forme  de  diabète  à  marche  lente.  L'animal  ne  succombe  qu'au 
bout  de  plusieurs  mois  à  la  cachexie.  La  glycosurie  est  intermittente; 
quand  sa  courbe  s'abaisse,  on  peut  voir  parfois  la  courbe  de  l'azoturie 
s'élever  beaucoup.  La  glycosurie  peuL  manquer  totalement,  pendant  de 
longues  périodes  de  la  maladie;  mais  l'élimination  de  l'azote  est  toujours 
considérable,  et  dans  cette  forme  c'est  l'azoturie  qui  est  le  symptôme  domi- 
nant de  l'affection.  Tous  les  symptômes  diabétiques  persistent  malgré  l'ab- 
sence de  la  glycosurie;  la  polydipsie  et  la  polyurie  en  particulier  sont  très 
accentuées.  Les  chiffres  suivants  donneront  une  idée  de  l'état  de  la  nutri- 
tion azotée  chez  un  chien  le  soixante-quatrième  jour  après  l'extirpation. 


(    1028    ) 

alors  que  la  glycosurie  a  complètement  cessé  depuis  quelque  temps.  Poids 
de  l'animal  i3kg,4oo.  Pour  une  alimentation  exclusive  de  viande  (par  jour 
ikg  de  muscles  de  cheval,  renfermant  35gr  d'azote),  l'animal  rend  : 

Matières  fécales.  Urine. 

Vzote  Quantité  Urée 

en  en  de  la  totalité 

Jours.  Poids.         grammes.  cent,  cubes.       Densité.       de  l'urine. 

i" o  o  9.30  10/40  5i,3 

2e 280  8,1  n5o  io35  56,i 

3e o  o  io3o  io4i  54,3 

^ 117  3,25  i45o  io4o  76,5 

5" 118  3,52  800  io5o  72,8 

6e o  o  n5o  io^o  62,4 

»  La  digestion  des  matières  albuminoïdes  n'est  pas  très  troublée  ;  l'azote 
est  résorbé  dans  l'intestin  en  moyenne  pour  92,9  pour  100;  mais  l'azoturine 
est  considérable.  L'urine  ne  renferme  pas  seulement  une  forte,  quantité 
d'urée,  mais  les  autres  principes  solides  s'y  trouvent  aussi  dans  une  pro- 
portion exagérée  (en  particulier  les  phosphates). 

»  Il  faut  noter  que,  chez  l'animal  en  expérience,  la  cessation  de  la  gly- 
cosurie était  complètement  indépendante  des  variations  apportées  dans  le 
réeime  alimentaire. 

»  Pour  savoir  comment  le  sucre  absorbé  par  la  voie  intestinale  serait 
utilisé,  on  mélangea  un  jour  aux  aliments  3ogr  de  glycose  chimiquement 
pur.  Le  lendemain,  l'urine  contenait  nSI',  2  de  sucre,  mais  elle  n'en  ren- 
fermait plus  le  surlendemain,  ni  les  jours  suivants.  La  consommation  du 
sucre  se  faisait  donc  bien  mieux  que  chez  les  chiens  glycosuriques;  car, 
chez  ces  derniers,  tout  le  sucre  ingéré  apparaissait  dans  l'urine. 

»  Pour  interpréter  les  résultats  de  cette  expérience,  en  s' appuyant  sur 
la  théorie  de  M.  le  professeur  Lépine,  on  admettra  que  le  sang  de  l'animal 
avait  conservé  en  grande  partie  son  pouvoir  glycolytique,  malgré  l'extir- 
pation totale  du  pancréas. 

»  Conclusions.  —  Voici  ce  qui  me  paraît  résulter  des  faits  que  j'ai 
exposés  dans  cette  Note  et  dans  ma  précédente  Communication  à  l'Aca- 
démie (6  avril  1H91)  : 

»  i°  Le  pancréas  a  une  action  très  importante,  comme  glande  vascu- 
laire  sanguine,  sur  les  échanges  nutritifs. 

»   20  A  la  suite  des  lésions  provoquées  ou  de   l'extirpation  de    cette 


(  Ioa9  ) 
glande,  il  se  produit  une  dénutrition  considérable  qui  ne  doit  pas  être 
exclusivement  attribuée  aux  troubles  digestifs. 

»  3°  La  glycosurie  et  l'azoturie  sont  les  deux  symptômes  principaux  que 
Ton  observe  après  l'extirpation  totale  du  pancréas. 

»  La  glycosurie  apparaît  toujours,  et  étalement  à  la  suite  de  cette  opé- 
ration; mais  elle  peut  être  intermittente  et  cesser  complètement  pendant 
de  longues  périodes  de  la  maladie;  dans  ce  cas  l'azoturie  devient  le  sym- 
ptôme prédominant  de  l'affection,  ainsi  que  cela  se  trouve  quand  on  se 
borne  à  provoquer  la  sclérose  du  pancréas,  au  moyen  d'une  injection  de 
paraffine  dans  ses  canaux.  Par  conséquent,  la  forme  diabète  insipide  peut 
alterner  avec  la  forme  diabète  sucré  lorsque  la  maladie  a  une  marche 
lente. 

»  4°  Pendant  la  période  où  la  glycosurie  fait  défaut,  le  sucre  absorbé 
avec  les  aliments  est  utilisé  en  grande  partie.  Pour  ce  motif,  je  pense  qu'il 
y  a  lieu  de  rechercher  s'il  se  peut  que  le  pancréas  soit  à  la  longue  suppléé 
par  d'autres  organes.  » 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Observations  météorologiques  sur  les  Pamirs. 
Note  de  M.  Guillaume  Capus,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Ces  observations  ont  été  faites  pendant  une  traversée  du  massif  pami- 
rien,  du  nord  au  sud,  en  1887,  de  la  chaîne  de  l'Alaïà  celle  de  l'Hindou- 
Rouch.  La  période  envisagée  va  du  i3  mars  au  19  avril.  Il  convient  de 
faire  remarquer  que  la  région  alaïenne,  quoique  faisant  partie  du  système 
orographique  pamirien,  s'en  distingue  par  quelques  conditions  météoro- 
logiques et  notamment  la  quantité  de  météores  aqueux  qui  s'y  accumulent 
en  hiver.  L'Alaï  n'est  séparé  de  la  grande  dépression  turkestanienne  que 
par  une  chaîne  bordière.  La  large  vallée  alaïenne  n'atteint  au  thalweg  que 
3ioom  d'altitude,  tandis  que  les  vallées  moins  régulières,  en  général,  des 
Pamirs,  ont  une  altitude  de  425o"'  au  Mouss-K.oul,  de  3io,7m  au  lac  Grand 
Kara-Roul,  de  4o25m  au  lac  Rang-Roul,  de  4i3omau  petit  Pamir,  etc.  Le 
Trans-Àlaï,  chaîne  de  premier  ordre,  mitoyenne  entre  l'Alaï  et  les  Pamirs, 
s'épointe  en  pics  qui  atteignent  jusqu'à  7000""  d'élévation. 

»  Un  premier  fait  général,  accusé  par  nos  chiffres  d'observation  du  ther- 
momètre, est  la  non-constance  des  grands  froids,  contrairement  à  la  pré- 
vision. Si  le  point  de  congélation  du  mercure  est  quelquefois  atteint  à  cette 


(  io3o  ) 

époque  pendant  la  nuit,  les  journées  rehaussent  souvent  la  température 
jusque  dans  le  voisinage  de  o°  C.  et  dépassent  même  ce  point. 

»  Toutes  conditions  égales  d'ailleurs,  le  maximum  de  la  journée  semble 
tomber  entre  midi  et  ih.  Le  chiffre  de  ce  maximum  est  influencé  surtout  à 
l'ombre  par  l'état  du  ciel,  étant  notablement  plus  élevé  par  un  ciel  cou- 
vert. Nous  l'avons  vu  atteindre  jusqu'à  H-i°,  2  C.  à  Palpoukh  (Alaï),  le 
i^mars  à  iah3om;  +i°,8  C,  au  Rang-Koul  (Pamir),  le  3o  mars  à  ih3om; 
-+- 1°  C.  à  Djal  (Pamir),  à  ih3om  le  7  avril,  et  jusqu'à  -M 3°  C.  le  12  avril  à 
midi  sur  le  petit  Pamir. 

»  D'ordinaire,  ce  maximum  de  la  journée  restait  de  quelques  degrés 
au-dessous  de  zéro,  et  le  plus  faible  maximum  du  milieu  de  la  journée, 
constaté  entre  midi  et  21',  a  été  de  —  1 1°,  5  C.  le  3i  mars  à  ih  s.,  au  Ranç- 
Roul,  par  un  ciel  libre.  Suivant  l'état  du  ciel,  le  maximum  de  la  journée 
est  parfois  reporté  plus  tard  dans  l'après-midi,  et  jamais  avant  midi. 

»  Les  nuits  sont,  en  général,  excessivement  froides,  mais  variables.  Le 
minimum  semble  coïncider,  toutes  conditions  égales,  avec  le  lever  du  so- 
leil. La  température  nocturne  est  fortement  influencée  par  l'état  du  ciel, 
c'est-à-dire  le  rayonnement.  Sur  l'Alaï,  tandis  que  le  ciel  est  couvert,  le 
thermomètre  marque  —  i3°  C.  le  18  mars  à  6h  m.,  et  —  2.5°, 5  C.  le  lende- 
main par  un  ciel  pur.  Le  minimum  nocturne  a  été  constaté,  dans  la  nuit 
du  3o  au  3i  mars,  au  lac  Rang-Koul,  où  le  mercure  était  à  l'état  solide. 
D'après  le  temps  qu'il  a  mis  à  dégeler,  après  le  lever  du  soleil,  j'estime  le 
minimum  de  la  nuit  à  —  44°  C.  Ce  chiffre  n'est  certainement  pas  l'expres- 
sion de  la  plus  basse  température  sur  le  Pamir. 

»  Le  thermomètre  accuse  une  marche  rapidement  ascendante  et  des- 
cendante, notamment  en  présence  d'un  ciel  découvert. 

»  Ex.  :  .Ifarkane-Sou  (Pamir),  23  mars,  71'  m.,  -  24°,  2  C;  qh  m., 
—  200,  5  ;  midi,  —  20  C. 

»  Palpoukh  (Alaï),  18  mars,  5h  iom  s..  —  1 1°,  5  C.  ;  6h20m  s.,  —  160,  5  C.  ; 
7h45m  s..  —  20°C. 

»  Le  24  mars,  au  bord  du  lac  Grand  Kara-Koul,  la  température  est 
tombée,  en  cinq  heures  (de  41,20m  s.  à  9h20m  s.),  de  -t-  i°  C.  à  —  io,°,2  C. 

»  C'est  là  une  des  particularités  caractéristiques  du  climat  pamirien. 
Nous  avons  constaté  une  amplitude  extrême  de  6i°  entre  le  minimum  et  le 
maximum  absolus,  et  de  4i°  entre  le  minimum  et  le  maximum  à  l'ombre 
dans  la  même  journée.  Les  écarts  journaliers,  du  lever  du  soleil  au  maxi- 
mum de  la  journée  et  de  ce  maximum  au  coucher,  sont  également  consi- 


(   io3i  ) 

dérables  et  atleignent  plus  de  25°  C.  ;  ex.  :  Alaï,  17  mars,  thermomètre  à 
l'ombre,  6h  m.,  -i9°,5  C,  et  2h  s.,  -I- 70, 5  C.  ;  Rang-Koul,  3o  mars, 
ih3ora  s.,  +  i°,8  C.  et  7"  s.,  -  160  C. 

»  Les  chiffres  obtenus  au  soleil  sont  influencés  fortement  par  l'exposi- 
tion et  la  réverbération  variable,  selon  la  couverture  et  la  nature  du  sol. 
Les  plus  grands  écarts  dans  nos  chiffres  entre  les  températures  prises  au 
même  moment  à  l'ombre  et  au  soleil,  ont  été  :  Alaï,  21  mars,  à  ih45m  s., 

—  4°C.  et  +34°, 5C;  Markhanesou,  23marsàmidi,  —  2°C.  et  -t-3o°C; 
Kara-Koul,  àc;hi5,n  m.,  --  i5°C.  et  -4-23°,5C;  Rang-Koul,  3i  mars,  à 
iohi5m  m.,      ■  i9°C.    et  +  i6°C;  Rang-Koul,   Ier  avril,  à    ioh35m   m., 

—  70,  5C.  et  -+-  29°('.;  soit  un  écart  maximum  observé  de  38°, 5  C.  Le  fdet 
d'eau  de  neige  fondue  au  contact  d'un  objet  de  couleur  sombre  regèle  de 
suite,  dès  qu'il  arrive  à  l'ombre  de  ce  même  objet. 

»  Cet  écart,  déjà  considérable,  le  devient  davantage  en  été  et  Ssévertzow 
cite  les  chiffres  de  —  io°C.  à  l'ombre  et  de  -f-  70°C.  au  soleil.  En  prenant 
le  chiffre  de  -h  70°C.  et  celui  de  —  5o°C.  (probablement  dépassé  en  hiver), 
l'amplitude  extrême  annuelle  est  au  moins  de  1200. 

»  En  résumé,  la  marche  des  thermomètres  sur  le  grand  massif  pamirien 
en  hiver  se  distingue  par  des  amplitudes  considérables.  Cette  marche  est 
rapidement  ascendante  et  descendante  avec  la  hauteur  du  soleil.  Les  plus 
basses  températures  sont  accompagnées  d'accalmies  de  vent  et  un  ciel  libre. 
Alors  les  effets  du  rayonnement  se  font  sentir  avec  force,  tandis  que  le  ciel 
couvert  amène  des  températures  plus  élevées.  En  comparant  les  oscilla- 
tions des  températures  sur  les  Pamirs  à  celles  des  dépressions  adjacentes, 
du  Turkcstan  par  exemple,  on  voit  que  les  effets  de  la  situation  géogra- 
phique continentale,  déjà  bien  prononcés  dans  la  dépression,  sont  exagérés 
dans  une  mesure  exceptionnelle  sur  les  Pamirs. 

»  Cependant  les  grands  froids  y  sont  moins  fréquents  et  persistants  à 
l'époque  de  l'année  envisagée  qu'on  ne  le  croyait  jusqu'alors  et  compen- 
sés par  des  périodes  journalières  d'élévation  de  température,  qui  permettent 
à  la  vie  animale,  représentée  par  un  assez  grand  nombre  d'espèces,  y 
compris  l'homme,  de  se  maintenir  à  travers  tout  l'hiver  dans  des  conditions 
physiologiques  supportables,  quoique  très  précaires  pour  quelques-unes.   » 

M.  L.-S.  Lucas  adresse  une^ote  sur  les  effets  d'une  trombe  à  Issy-sur- 
Seine. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie.  M.  B. 


(     I032    ) 


ERRATA. 


(  Séance  du  27  avril  1 891 .  ) 

Note  de  MM.  E.  Jungfleisch  et  E.  Léger,  Sur  l'isocinchonine  : 

Page  g44,  ligne  35,  au  lieu  de  base  relativement  abondante,  lisez  base  relativement 
peu  abondante. 


On   souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER  -  VILLARS    ET    FILS, 

Quai  des  Grands-Aûgustitis,  u"  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  a  la  fin  do  l'année,  deux  volumes  in-4".  De 
Taliles,  l'une  par  ordre  alphabétique  do  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  anm 
et  part  du  ier  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  IV.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :   les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
Agen Michel  et   Médan. 

|  Gavault  St-Lager. 
Alger '  Jourdan. 

I  Ru  il'. 

Amiens Hecquet-Decobert. 

(  Germain  etGrassin. 

Angers i  .      .  .        ,  ,     ., 

n  (  Lacheseel  Dolbeau. 

Bayonne Jérôme. 

Besançon Jacquard. 

;  Avrard. 
Bordeaux j  DuthuiT. 

(  Millier  (G.). 
Bourges Renaud. 

iLefouriiMi . 
F.  Robert. 
.1.  Robert. 
V"  Uzel  Caroff. 

i  Baër. 

'  aen ,.      .. 

'  Massif. 

C  fiambér y Perrin. 

,,,      .  »  Henry. 

Cherbourg ,, 

(  Margucrie. 

„,  ,  ,,  l  Rousseau. 

Llermont-Ferr...  ) 

(  Ribpu-Collay. 

i  Lamarche. 

Dijon Ratel. 

'  Damidot. 

,,        .  i  Lauverjat. 

Douai .    J 

.    (  Crêpai. 

„         . ,  i  I  irevet. 

Grenoble 

(  Graticr. 

La  Roc/telle Robin. 

,     ,,  i  Bourdignon. 

Le  Havre a 

(  Dombre. 

Ropiteau. 

Lille Lefebvre. 

'  Quarré. 


chez  Messieurs  : 

r     .  i  Baumal. 

Lonent .,. 

'  M I  exier. 

/  Bcaud. 

i  Georg. 
Lyon ,  Mégret. 

J  Palud. 

'  Vitte  et  Pérussel. 

Marseille Pessailhan. 

(Calas. 

Montpellier _ 

'  Coulet. 

Moulins Martial  Place. 

/  Sordoillet. 
Nancy Grosjean-Maupin. 

I  Sidol  frères. 

,  Loiscuu. 

Nantes 

/  M°"  \  eloppe. 

i  Barma. 

Nice ...  .    ,  , 

'  \  isconti  el  i . 

l\  (mes Thibaud. 

Orléans Luzei  .n 

.  .  (  Blanchier. 

Voiliers , 

(  Druinaud, 

/tenues Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Boucheron-  Rossi 

\  Langlois.        I  gnol. 

Bouen 

'  Lesl  i  ingant. 

S'-Etienne Chevalier. 

„     ,  i  Ba  lide. 

Toulon . 

I  Kumube. 

-,     ,  I  Gimet. 

Toulouse ,.  . 

I  Privât. 

Boisselier. 

Tours Péril  al 

'  Suppligeon. 

.  y  Giard. 

I  ulenciennes ' 

I    I. rrn.nl  l'- 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 

.       .      ,  \  Robbers. 

Amsterdam , 

'  Feikema    Caarelsen 

Athènes Bèck.  [et  C". 

Barcelone Verdaguer. 

i  Aslier  et  C'". 

_     ,  '  Calvary  et  C". 

Berlin ■ 

1-  nedlander  et  lils. 

'  Mayer  et  Miiller. 

jjerne  \  Schmid,  Francke  et 

Bologne Zaaichelli  et  C' ". 

j  Ramlot. 
Bruxelles Mayolez. 

(  Lebègue  et  C. "'. 

|     ll.lllll.UIII. 

Bûchai  est ,  , 

'  Ramstcanu. 

Budapest Ki  liait . 

Cambridge Deighton,  Bell  et  C 

Christiania (  '.annuel meyer. 

Constantinople.  .  Otto  et  Keil. 

Copenhague Hijst  et  fils. 

Florence Lcescher  et  Seeber. 

Gand Iloste. 

Gènes lieul. 

/  Cherbuliez. 
Genève !  Georg. 

'  Stapelmohr. 
La  Haye Belinfante  frères. 

.  Benda. 

Lausanne 

'  l'a yol. 

Barth. 
I  Brockhaus. 

Leipzig Lorenl  z. 

i  Max  RUbe. 

Twietineyer. 

,  ..  i  I lesoer. 

Liège '    . 

(  Gnuse: 


chez  Messieurs  : 

,       ,  \  Diilau. 

Londres ,, 

/  Nutt. 

Luxembourg. .. .     V.  Uûck. 

I  Librairie      Gutei) 
berg. 

mauna Gonzalès  e  liijos. 

I  Yravedra. 
'  F.  Fé. 

.,..  i  Dumolàrd  frères. 

Mdan 

(  Hœpu. 

Moscou Gautier. 

I  Furcheim. 
Naplcs Marghieri  di  tous. 

(  Pellerano. 

i  Christern. 
New-York ■  Stecherl . 

'  Westermann. 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C". 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaès. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

\  ffocca  frères. 

\  Loescheret  C'°. 

Rotterdam    Kramcrs  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

„,       .  j  Zinserling. 

y-Pe,ersbourg..)Wom 

IBocca  frères. 
Brero. 
j  Clausen. 
[  Rosenberg  et  Sellier 

l 'arsovie Gebetliner  et  Wolll'. 

Vérone , .     Drucker. 

,r.  {  Frick. 

Vienne I  ,  , 

!  Gerold  et  C". 

Zurich Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  l**  à  31.  —  (3  Août  i833  à  il  Décembre  i85o.  )  Volume  in-i°;  i853.  Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.  —  i  i"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i86j.)  Volume  in-4";  1870.   Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (i"  Janvier  1866  à  îi  Décembre  1880.)  Volume  in-4";  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 

Tomel:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  algues,  par  MM.  v.  DEitBEset  A.-.I.-J.  Sonna.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  les 
Comètes,  par  M.  Hansen. —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  sur  pancréatique  djtns  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matières 
grasses,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4°,  avec  3a   planches;  i856 15  fr. 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  l-j^s.ii  d'une  réponse  i  la  ■  [ in-^t  ion  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Sciences 
pour  le  concours  de  iS33,  et  puis  remise  pourcelui  de  iS36,  savoir  :  .(  Étudier  les  lois  delà  distribution  des  corps  organisés  fossiles1  dans  lès  différents  terrains  sédi- 
»  mentaires,  suivant  l'ordre  de  Icu.-  superposition:  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.—  Rechercher  la  nature 
»  des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  el  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  BnoNX.  In-4°,  avec  27  planches;  1861.  ..        15  fr. 

•    A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires   présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N"  18. 

TA  RLE  DES   ARTICLES.    (Séance  du  A  mai  1891. 


MEMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS     DE    L'ACADÉMIE. 


Piiges. 
M.    HATON    ru-,    LA    GouPILLIÈRE.     —    Sur   la 
durée  de    l'évaporation    dans    les    généra- 


Pages. 

■•     977 


MEMOIRES  PRESENTES. 


\l.    le    Primée    Nicolas   de   Tourquistanoff 
soumet    au    jugemenl    de   l'Académie    nu 


«  Calendrier  vérificateur  ■ 


CORRESPONDANCE. 


M.  de  Skiipa  Pinto,  nommé  Correspondant 
pour  la  Section  de  Géographie  et  Naviga- 
tion, adresse  ses  remerciements  à  l'Aca- 
démie        i 8  i 

M.  le  Prince  Albert  ni:  Monaco,  nommé 
Correspondant  pour  la  Section  de  Géo- 
graphie et  Navigation,  adresse  ses  remer- 
ciements à  PAcadémie 984 

M.  Tarry.  —  Théorème  de  Géométrie 'is'i 

M.    Jules   Cels.    —    Sur   une   classe   d'équa 

tions  différentielles    linéaires   ordinaires..      98a 

M.  H.  Padé.  —  Sur  la  convergence  des  frac- 
tions continues  simples 988 

M.  H.  Wii.d.  —  Sur  un  inrlinaleur  à  induc- 
tion       990 

M.  1'.  Gautier.  —  Sur  un  procédé  de  con- 
struction des  vis  de  liante  précision  poul- 
ies appareils  de  mesure  de  la  Carte  du 
Ciel 01 

M.  Georges  Lemoine.  —  Etudes  quantita- 
tives sur  l'action  chimique  de  la  lumière. 
Deuxième  Partie  :  Réactions  sous  diffé- 
rentes épaisseurs  ci  avec  différentes  formes 
de  vases 99a 

M.  G.  A.UDRÉ.  —  Sur  quelques  composés 
formés  par  le  chlorure  mercurique 995 

M.  G.  HiNRlCHSi  —  Enoncé  d'une  loi  géné- 
rale déterminant,  en  fonction  simple  de  la 
constitution  chimique  des  corps,  les  tem- 
pératures de  leurs  changements  d'état  sous 
toutes  les  pressions 998 

M.  Paul  Sabatier.  —  Sur  le  séléniure  de 
bore 1 

M.  A.  BESSON.  —  Sur  l'action  de  l'acide 
iodhydrique  sur  le  bromure  de  bore 1001 

M.  C.Viaiid.  —  Sur  les  chromites  basiques 

Errata 


de  magnésie  et  de  zinc  et  sur  le  chromite 
neutre  de  cadmium 

AI.  de  Forcrand.-  Préparation  de  l'érvthrate 
disodique 

M.  Am.naw  —  Discussion  des  expériences  de 
Biot  relatives  aux  dissolutions  dans  l'eau 
de  l'acide  tartrique  en  présence  de  la  po- 
tasse ou  de  la  soude 

M.  E.  Duvillier.  -  Formation  d'aride  di- 
méthvlacryliquc  dans  la  préparation  des 
acides  amidés  de  l'acide  isovalérique 

M.  L.  Barthe.  —  Méthylcyanosuccinate 
de  méthvle.  Ether  méthyléthényltricarbo- 
nique 

M.  Paul  Pelseneer.  —  Sur  la  dextrorsité 
de  certains  Gastropodes  dits  «  sénestres  » 
{ l.anistes.  Peraclîs,  Limacina,  larve-  des 
Cytnbuliidce  ) 

M.   11.  Viallanes.  Sur    la    structure    de 

l'œil  composé  des  Crustacés  macroures.. 

M.Gene  u  de  Lamarlière  .  —  Structure  com- 
parée des  racines  renflées  de  certaines 
Qmbellifères 

M.  BleICRER.  —  Sur  la  structure  microsco- 
pique des  roches  phosphatées  du  Dekma 
(  département  de  Constantine  ) 

M.  E.  Rivière.  —  Note  sur  les  gisements 
quaternaires  d'Eragny  et  de  Cergy  (Seine- 
et-Oise) 

M.  E.  IlicnoN.  —  Sur  la  production  de  la 
glycosurie  et  de  l'azoturie,  après  l'extir- 
pation totale  du  pancréas 

M.  lirn.iAi  mi-.  Cuis.  —  Observations  mé- 
téorologiques sur  les  Pamiis 

M.  L.-S.  Lucas  adresse  une  Note  sur  les  ef- 
fets d'une  trombe  à  Issy-sur-Seine 


ioo3 
1006 


10>/| 


lOil 

In     ' 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLARS   ET  FILS, 
Quai  des  Grands-Xugustins,  55. 


3ozq 


1891 

PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAB  MH.   EES  SECRÉTAIRES  PEBPÉTl'ELS. 


TOME  CXII. 


N°  19    (Il  Mai  1891) 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS,   IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES    RENDUS    DES   SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

(Juai  des  Grands-Augustins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier   ou    numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 
26  numéros  composent  un  volume. 
Il  v  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  /' 'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  del' Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 
ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  \e Compte  rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant, et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5 . 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5h.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


JUN     1    1891 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE   DU   LUNDI   11  MAI   189Î. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMJE. 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie   que,  en  raison  des  fêtes  de  la 
Pentecôte,  la  séance  de  lundi  prochain  18  mai  est  remise  au  mardi  ig. 


MÉCANIQUE.  —  Essai  de  dynamique  graphique  pour  l' étude  des  périodes 
de  trouble  dans  les  moteurs  hydrauliques;  par  M.  M.  Léauté. 

«  L'étude  du  mouvement  des  machines,  dans  la  période  de  trouble  com  - 
prise  entre  une  perturbation  brusque  et  le  régime  reconstitué,  présente  une 
haute  importance  pour  le  mécanicien.  C'est  dans  cette  période,  en  effet, 
que  surgissent  les  accélérations  dangereuses  ou  les  ralentissements  trop 
considérables  et  que  prennent  naissance  ces  oscillations  prolongées  de  la 
C    !'.  ,  1891,  1"   K.en,esire.  (T.  CXII,  N    19.)  f«JO 


(  io34  ) 

vitesse  auxquelles  il  est  souvent  si  difficile  de  porter  remède;  d'autre  part, 
c'est  par  la  manière  dont  se  comporte  le  moteur  dans  ces  circonstances  que 
l'on  peut  le  plus  souvent  juger  de  ses  qualités  véritables  et  des  services 
qu'il  est  capable  de  rendre. 

»  Dans  mes  études  précédentes  sur  ce  sujet,  j'ai  indiqué  les  formules 
générales  qui  donnent  une  solution  approchée  du  problème  dans  les  cas 
usuels  de  la  pratique  et  qui  permettent  de  se  rendre  compte,  sans  calculs 
compliqués,  des  principaux  effets  des  perturbations  ordinaires  auxquelles 
on  est  exposé. 

»  Mais,  pour  arriver  ainsi  à  des  règles  ayant  quelque  généralité,  il  a 
fallu  se  placer  dans  les  circonstances  moyennes  et  faire  abstraction  des 
particularités  qui  différencient  les  diverses  machines  motrices.  On  a  sup- 
posé que  ces  machines  fonctionnaient  dans  des  conditions  voisines  du 
maximum  de  rendement,  que  la  quantité  d'eau  consommée  était  propor- 
tionnelle à  l'ouverture  de  vanne,  que  les  écarts  de  vitesse  étaient  peu  con- 
sidérables, et  l'on  a  pu  de  la  sorte  ne  pas  tenir  compte  des  caractères  spé- 
ciaux qui  correspondent  à  chaque  moteur.  Les  formules  ainsi  obtenues  ne 
sauraient  naturellement  présenter  une  rigueur  complète,  ni  s'appliquer 
aux  cas,  relativement  exceptionnels,  qui  s'écartent  trop  des  restrictions 
faites. 

»  C'est,  cependant,  pour  ces  cas  exceptionnels  qu'il  y  a  souvent  le  plus 
d'intérêt  à  être  renseigné  sur  les  phénomènes  de  la  période  troublée, 
puisque  la  comparaison  avec  des  installations  existantes  cesse  d'être  pos- 
sible, et  que  l'on  ne  possède  plus  ainsi  de  points  de  repère  d'aucune  sorte. 

»  Il  est  donc  utile  d'examiner  la  question  dans  les  circonstances  spé- 
ciales où  les  formules  approchées  ne  s'appliquent  plus  avec  une  précision 
suffisante  et  d'indiquer  le  principe  d'une  solution  pratique  n'exigeant  pas 
d'hypothèses  restrictives. 

»  C'est  là  l'objet  de  ce  travail,  dont  je  ne  puis  songer,  en  raison  de  ses 
dimensions  mêmes,  à  exposer  ici  le  détail  et  qui  paraîtra  dans  un  autre 
Recueil  {'  ).  Il  termine  la  série  des  recherches  que,  depuis  dix  ans,  j'ai  en- 
treprises sur  la  régularisation  du  mouvement,  en  visant  d'une  façon  spé- 
ciale les  régulateurs  à  action  indirecte. 

»  Pris  dans  toute  sa  généralité,  le  problème  présente  une  complexité 
extrême,  car  il  dépend  de  tous  les  éléments  qui  caractérisent  le  mode 
d'action  du  moteur. 


(')  Journal  de  l'École  Polytechnique. 


(    io35  ) 

»  La  loi  d'après  laquelle  le  rendement  est  modifié  suivant  la  vitesse, 
celle  qui  le  fait  dépendre  de  la  quantité  de  fluide  consommé,  la  manière 
dont  varie  cette  quantité  avec  l'ouverture  d'admission,  sont  autant  de  con- 
ditions dont  il  faut  tenir  compte  ;  or  ces  conditions  ne  sont  presque  jamais 
données  que  sous  une  forme  empirique,  ainsi  que  cela  se  produit,  d'ailleurs, 
toutes  les  fois  que  l'on  cherche  à  pénétrer  complètement  dans  le  domaine 
de  la  pratique. 

»  Une  solution  purement  analytique  se  trouve,  dès  lors,  rendue  impos- 
sible et  la  question,  comme  toutes  celles  que  la  Statique  graphique  a  si 
heureusement  résolues,  ne  peut  être  utilement  traitée  que  par  une  mé- 
thode mixte  et  par  des  procédés  graphiques. 

»  Il  faut,  avant  tout,  avoir  une  représentation  claire  et  complète  du 
mode  d'action  du  moteur;  j'y  arrive  à  l'aide  du  tracé  d'un  certain  nombre 
de-lignes  qui  mettent  à  la  fois  sous  les  yeux,  dans  une  seule  épure,  tous 
les  éléments  de  ce  mode  d'action;  j'indique  en  même  temps  comment  va- 
rient les  formes  de  ces  courbes  pour  les  moteurs  usuels  et  comment  elles 
se  déduisent  des  résultats  habituellement  donnés  par  les  traités  spéciaux. 

»  Cette  représentation  obtenue,  le  problème  revient  à  l'intégration  dune 
équation  différentielle  du  premier  ordre  sous  sa  forme  générale  et  se  ra- 
mène au  tracé  d'une  courbe  qui  coupe  une  série  de  lignes  données  sous 
des  angles  également  donnés. 

»  La  manière  de  faire  ce  tracé  étant  indiquée,  on  a  ainsi,  par  une  suite 
de  constructions  graphiques  simples,  la  représentation  complète  du  mou- 
vement delà  machine  pendant  la  période  de  trouble;  on  peut,  dès  lors, 
connaître,  à  un  instant  quelconque,  la  vitesse,  l'ouverture  de  vanne,  le 
chemin  parcouru  et  l'on  est,  par  suite,  à  même  de  déterminer  tous  les  élé- 
ments du  mouvement  troublé,  c'est-à-dire  la  durée  qu'il  aura,  les  oscilla- 
tions qui  le  constitueront,  les  plus  grands  écarts  de  vitesse  qu'il  présentera. 

»  Afin  de  rendre  cette  méthode  tout  à  fait  claire,  je  l'applique,  dans  le 
dernier  Chapitre  du  Mémoire,  à  l'un  des  cas  les  plus  compliqués  qui  se 
[missent  rencontrer,  celui  d'une  turbine  munie  d'un  appareil  de  régulation 
à  fermeture  rapide,  pour  laquelle  la  résistance  varie-  brusquement  du 
simple  au  double  ou  inversement  et  qui  peut  être  noyée  ou  dénoyée  ;  une 
série  de  planches  donne  la  représentation  du  mouvement  troublé  dans  ces 
quatre  cas. 

»  Ces  épures,  en  même  temps  qu'elles  établissent  la  simplicité  d'exécu- 
tion du  procédé,  montrent  que  l'emploi  des  tracés  graphiques  n'est  pas 


(  io36  ) 

forcément  limité  à  la  résolution  des  équations  ordinaires  et  au  calcul  des 
quadratures,  mais  qu'il  peut  donner  aussi  une  solution  pratique  des  pro- 
blèmes qui  dépendent  de  l'intégration  d'une  équation  différentielle  quel- 
conque du  premier  ordre. 

m  En  résumé,  la  méthode  dont  j'indique  le  principe  pour  les  moteurs 
hydrauliques  est  un  essai  de  Dynamique  graphique;  elle  donne  aux  méca- 
niciens le  moven  de  calculer,  en  toutes  circonstances,  le  mouvement  que 
prendront  leurs  machines  après  une  perturbation,  absolument  comme  la 
Statique  graphique  donne  aux  constructeurs  le  moyen  de  prévoir  les  efforts 
que  subiront  leurs  constructions  sous  l'action  de  toute  charge  acciden- 
telle. » 


mécanique  APPLIQUÉE.  —  Abaissement  du  plan  d'eau  dans  un  corps 
cylindrique  horizontal',  par  M.  Hatox  de  la  Goupillière. 

«  Dans  une  précédente  Communication  ('),  j'ai  étudié  la  durée  de  l'a- 
baissement du  plan  d'eau  qui  s'opère  dans  un  générateur  de  forme  quel- 
conque, abandonné  à  lui-même  par  défaut  d'alimentation;  et  j'ai  appliqué 
la  méthode  générale  aux  exemples  qui  se  prêtent  le  plus  directement  au 
calcul.  Je  crois  utile  de  revenir  avec  les  mêmes  compléments  sur  le  cas 
spécial  qui  avait  été  traité  originairement  par  M.  Guchez  (-)  :  celui  d'une 
chaudière  horizontale  à  corps  cylindrique  (a),  assez  longue  pour  nous 
permettre  de  faire  abstraction  de  l'influence  des  fonds.  La  durée  étant 
alors  indépendante  de  la  longueur,  nous  pouvons  supposer  celle-ci  égale  à 
l'unité,  ce  qui  donne,  en  conservant  les  mêmes  notations  que  dans  le  pré- 
cédent article, 


n  =  2,         s  =  i  y/s(2R  —  z),         S  =  -R  -+-  2 Rare  sin 

,D,  r'-"  d:-(2R  —  z)  riz 

{v —  u)Rt  — 


—  R  i       /  c-ït       2w  .    s„ — R 

arc  sin  — ■: 1 | 1 — ^r — (-  n  arc  sin  — =r — 

2  K  H 


(')    Comptes  rendus,  t.  CXI1,  p.  977. 
(!)  Loco  citato  (voir  ci-dessus,  p.  978). 

(b)   Les  chaudières  à  foyer  intérieur  ou  à  bouilleurs  se  traiteraient  de  la  même  ma- 
nière, au  prix  de  calculs  plus  laborieux. 


(    io37  ) 
»  Posons,  pour  abréger, 

2  f  V-  2  11'  .       Z„—l 

a  = h — tt-  -f-  m  arc  sin  — jj- 

.     s  —  R 

y.  =  2  arc  sin  — fi h  (/, 

ii 

d'où  il  suit 

:  —  R           .     a  —  rr  ,  1 1  a  —  «    ,  — — 5 —    — r        D  i 

-  =  sin >  tlz  —      cos        -  rfx,  \  s(aR  —  3)  =  R  cos 

R  ■>.  2  2  V 


t'  —  ii  /'  "  ., /a —  a\  (h         f  "j  -f-  cos  (a  —  a)    , 

2T-«=J     2cos-(      —)T--=j  —      -d* 

/"  '  (i  +  cos  a)  —  cos«(i  —  cos  al  -t-  sin  a  sin  a   , 


»   Les  intégrales  de  ce  type  ne  sont  pas  connues  en  termes  finis;  mais 
nous  aurons,  en  employant  le  développement  en  séries, 

2  — r. —  £  =  2  COS2  -  L  — '  +  si  11  a  (y.  —   -   — —^  -+-  -  -   — 0    .    , 
K  2        a  \  i   i  .1.6         5   I  .  2  .3.4.! 

/  1      a'2  1  '  '  1  a6 

—  cosa 7  ■ 5-7  + 


2  1.2         '1   t  .2.3.4        6  1.2.3.^.5.6 

avec  des  suites  encore  plus  convergentes  que  celles  du  sinus  et  du  cosinus. 
»   Il  vient,  en  particulier,  pour  L'hypothèse  simplifiée,  u  =  0,  w  =  o, 

« 
a  =  w,         sina  =  o,         cosa  =  — 1,         cos-  =  o, 


d'où 

■?.(  ('  —  «  )  ,|      a-  1  a''  1  a6  \ '' 

~R      ir=z  [i  1 .  •  "4  1.2.3.4  +  6  1.2.3.47.57(1  ~  '"Je 


»   Cette  série  donne,  par  ses  six  premiers  termes, 


4         96        432o        322 56o        36288000        0748019200 

ou  encore 

o,25o  000  000  000 y.2  —  0,010  4  ib\  666  667a*  +  0,000  23 1  481  483a6 
—  0,000  oo3  100  198a.8  -h  0,000000  027  55^  a.10  —  0,000000000  173a'-. 

»   La  variable  a  est  croissante  depuis  zéro,  pour  le  point  le  plus  bas, 
jusqu'à  277  au  sommet.  Mais  le  plan  des  carneaux  ne  dépassera  guère  en 

pratique  le  milieu  du  rayon  vertical,  pour  lequel  a  =  -„- ■ 


(  io38  ) 

»  Le  quotient  du  septième  terme  0,000  000000  000  7437.'  \  par  l'en- 
semble des  deux  premiers,  constitue  une  limite  supérieure  de  l'erreur 
relative  que  l'on  commet  en  s'arrêtant  au  sixième.  Elle  prend,  dans  ci- 
cas,  le  plus  défavorable  de  tous,  la  valeur  0,000  38o  dont  l'extrême  peti- 
tesse, pour  une  question  de  cette  nature,  montre  que  l'on  pourra  ordi- 
nairement se  borner  à  un  nombre  de  ternies  très  restreint  (  '  ). 

»   Si  l'on  place,  en  particulier,  le  plan  des  carneaux  dans  le  méridien 

horizontal,  en  faisant  «0  =  -,  il  faudra  pour  la  vidange  complète  0,825  -, 

et  avec  le  rayon  de  im  :  82  5oos=  22b55m.  En  calculant  au  moyen  de  la 
surface  initiale,  on  trouverait  un  chiffre  0,606  fois  trop  faible,  et  un  écart 
en  moins  de  c/1  im4°s  pour  le  cas  précédent.  Avec  la  moyenne  arithmétique, 
on  obtient  un  résultat  1,21-2  fois  trop  fort  et,  pour  le  rayon  de  im,  une 
erreur  en  trop  de  4h5ira4°s-  " 


MEMOIRES  LUS. 

ZOOLOGIE.  —  Sur  fa  dé/imitation  des  zones  littorales.  Note   de  M.   Lfcov 

Vaiixant. 

(Commissaires  :  MM.  de  Quatrefages,   de  Lacaze-Duthiers, 

Milne-Edwards). 

«  En  1871  (2),  j'ai  cherché  à  montrer  que  l'observation  de  certains 
animaux  marins  sédentaires  fixés  était  de  nature  à  donner  les  limites  des 
divisions  en  lesquelles  les  auteurs  ont  partagé  la  région  littorale.  Ainsi  le 
Balanus  balanoicles,  Linné,  s'élève  à  Saint-Maloau  niveau  des  pleines  mers 
minimums  de  vives  eaux,  c'est-à-dire  marquerait  la  limite  inférieure  de  la 
zone  subterrestre. 

»  Des  études  poursuivies,  depuis  deux  années,  sur  le  Leucoclore  ci/ialus, 
Johnston,  Annélide  très  commun  sur   les  côtes  de   Picardie  et  de  Nor- 


(')  C'est  surtout  pour  les  valeurs  de  a  inférieures  à  l'unité  que  la  convergence  serait 
la  plus  accusée;  mais  elles  ne  seront  jamais  pratiques,  car  elles  ne  s'étendent  pas  au 
delà  de  28°38'52"  du  point  le  plus  bas. 

(2)  L.  Vaillant,  Remarques  sur  les  zones  littorales  (Mémoires  de  la  Société  de 
Biologie  pour  1871,  t.  XXIII,  p.  i65,  PI.  V.  Paris;  i873). 


(   io39  ) 

mandie,   m'ont  fait  trouver  un  second  niveau,  qui  répondrait  également 
à  un  point  déterminé  du  flot. 

»  Cet  animal  se  rencontre  en  quantité  inimaginable  dans  la  craie  mar- 
neuse, qui  s'étend  de  l'embouchure  de  la  Seine  à  l'embouchure  de  la 
Somme  sans  interruption  sensible,  et  perfore  le  calcaire  pour  s'y  creuser 
une  demeure  ayant  la  forme  générale  d'un  tube  en  U,  dont  chaque 
branche  est  extérieurement  prolongée  en  un  canal  formé  de  particules 
arénacées  et  autres,  réunies  par  une  substance  muqueuse;  on  ne  trouve 
pas  moins  de  vingt-cinq  à  trente  habitations  par  centimètre  carré,  ce  qui 
donnerait  210000  à  3ooooo  individus  par  mètre  superficiel.  Aussi,  bien 
que  la  longueur  de  ces  vers,  très  menus,  ne  dépasse  pas  iomm  à  i2mm, 
n'en  doivent-ils  pas  moins  être  regardés  comme  d'actifs  agents  dans  la 
destruction  graduelle  de  ces  rivages. 

»  Il  fallait  d'abord  définir  le  point  auquel  s'élèvent  ces  animaux.  Celui- 
ci  diffère  en  effet  suivant  qu'on  examine  soit  des  roches  en  pointemenl, 
sur  lesquelles,  lors  du  jusant,  l'eau  ne  peut  se  maintenir,  soit  des  roches 
plus  ou  moins  élargies  à  leur  partie  supérieure  avec  des  excavations  où 
l'eau  séjourne.  Dans  ces  sortes  de  petites  mares  permanentes,  les  Leuco- 
dores  se  rencontrent  à  des  niveaux  supérieurs  à  celui  qu'ils  occupent  sur 
les  parois  verticales  de  la  roche  ou  sur  les  pointements  calcaires.  Ce  der- 
nier niveau,  étant  plus  régulier,  peut  être  considéré  comme  normal  :  la 
constatation  en  est  aussi  plus  facile. 

»  Ce  niveau  répondait  en  1890  à  celui  du  pied  d'un  barrage  placé  à  la 
partie  ouest  de  la  plage  des  bains  du  bourg  d'Ault  et  destiné  à  maintenir  les 
galets  en  vue  de  protéger  la  falaise.  Pour  déterminer  la  hauteur  de  ce  point 
au-dessus  du  zéro  des  cartes  marines,  un  certain  nombre  d'observations 
ont  été  faites  sur  la  façon  dont  ce  barrage  était  recouvert  à  la  mer  étale. 
En  estimant  l'élévation  du  point  auquel  l'eau  montait  au  moyen  des  hau- 
teurs données  pour  la  région  dans  V Annuaire  des  marées,  l'élévation  du 
pied  du  barrage  s'obtient  en  retranchant  de  cette  hauteur,  pour  chaque 
marée  observée,  la  distance  verticale  entre  ce  point  et  le  pied,  distance  ver- 
ticale facile  à  mesurer  directement  sur  le  barrage.  Trois  observations,  faites 
dans  des  conditions  favorables,  par  temps  suffisamment  calme,  ayant  donné 
pour  cette  hauteur  5,u,  77,  5m,72el  5m,32,  la  moyenne  5m, 60  peut  être  re- 
gardée comme  exprimant  d'une  manière  très  approchée  le  niveau  du  pied 
du  barrage  et  par  conséquent  l'élévation  normale  des  Leucodores  au-dessus 
du  zéro  des  cartes  marines. 

»  En  prenant  les  limites  des  zones  et  sous-zones  de  la  région  littorale, 


(   lofa  ) 

telles  qu'Àudouin  et  Milne-Edwards  les  ont  théoriquement  établies,  si  l'on 
calcule  pour  chacune  d'elles  les  hauteurs  correspondantes  des  marées  au 
bourg  d'Ault  en  1890,  on  a  le  Tableau  suivant  : 

Dl 

Pleine  mer  max.  d'équinoxe 10, 5 

Zone  subterrestre 

Pleine  mer  min.  de  vives  eaux 9,2 

Sous-zone     I. 
1  Pleine  mer  min.  de  mortes  eaux  ....       7,2 

Région  littorale.  /  Zone  littorale .  {   Sous-zone  II.       Niveau  moyen  de  la  mer 5,3 

1  Basse  mer  max.  de  mortes  eaux 3,3 

I  '    Sous-zone  III. 

|  Basse  mer  max.  de  vives  eaux 1 ,4 

Zone  sublittorale. 

Basse  mer  min.  d'équinoxe 0,4 

»  Le  niveau  supérieur  5m,6,  auquel  atteignent  les  Leucodores,  diffère 
à  peine,  on  le  voit,  du  niveau  moyeu  de  la  mer, 

»  D'un  autre  côté,  le  point  extrême  auquel  s'élèvent  les  Balanes,  sur  le 
barrage  dont  il  a  été  question,  serait  un  peu  supérieur  à  8m,6.  La  limite 
inférieure  de  la  zone  subterrestre  étant,  d'après  le  tableau  susdonné,  de 
9m,  2,  pleine  mer  minimum  de  vives  eaux,  ces  chiffres  se  rapprochent  assez, 
eu  égard  à  la  nature  de  ces  études,  pour  y  trouver  la  confirmation  des 
observations  précédemment  faites  à  Saint-Malo. 

»  On  peut  donc  penser  qu'il  serait  possible  d'établir,  par  l'observation 
des  espèces  littorales  et  particulièrement  des  animaux  fixés,  une  sorte 
d'échelle  indiquant  au  premier  coup  d'œil  avec  une  certaine  approxima- 
tion la  hauteur  à  laquelle  s'élèvent  les  eaux  dans  les  différentes  marées. 
Sur  les  côtes  calcaires,  car  la  nature  des  roches  comme  substratum  a  une 
influence  très  grande  sur  la  faune  et  pourrait,  sans  doute,  modifier  la  hau- 
teur à  laquelle  s'élèvent  certains  êtres,  le  Leucodore  cilialus,  Johnston, 
donne,  par  le  point  extrême  qu'il  atteint,  le  niveau  moyen  de  la  mer;  le 
llalanus  balan.oides,  Linné,  d'autre  part,  s'élevant  à  la  limite  supérieure 
de  la  zone  littorale,  la  distance  qui  sépare  ces  deux  points  représente  la 
demi-hauteur  de  cette  zone  ;  or,  le  balancement  des  marées  étant  assez 
régulier  pour  qu'on  puisse  regarder  l'abaissement  comme  égal  à  l'éléva- 
\alion,  ceci  permet  de  déduire  la  limite  inférieure,  c'est-à-dire  le  niveau 
îles  basses  mers  minimums  de  vives  eaux.    » 


(  >o4i  ) 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  Devaux  adresse  «ne  Note  sur  «  un  nouveau  système  de  moteur  hydrau- 
lique ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 


IM.  V.v\  Weddingex  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  sur 

la  direction  des  aérostats  et  un  Mémoire  «  sur  un  nouveau  mécanisme  lo- 
comoteur ». 

(Commissaires  :  MM.  Resal,  Cornu.  > 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.—  Observations  de  la  planète  m)  {découverte  k3i  mars  1891), 
faites  à  l' Observatoire  de  Marseille,  par  M.  Bokrellv,  avec  l'èqaatorial 
d'Eichens  {ouverture  om,  258  ). 


Dates 
1891. 

Avril    6. 

7- 
8. 


1  i- 
i5. 
16. 

'7- 

18. 

20. 
26. 
2 
29. 

3o. 


Temps  moyen 

de 

Marseille. 

Il         III        s 

8.54.56 
9.12.41 

8.55.09 

8.54.14 

10.16.18 
g.i5.  5 


A.tt. 

U)  S 

—0.39,38 

-x.24,43 

—  2.  8,58 
-1.16,90 
—a-   i,99 

—4.    2,3l 


9.  2.42 
8.49.22 


— o.25,45 

—  1.  2,85 

9.i5.5o     — i.4o,88 

9.   9.87     — 2.i6,83 

8.45.12     -(-1.40,09 

8.3l.54       -t-I.l3,20 

8.59.25  -+-1  12,47 
8.54.20  +0.49,10 
9.    1 .  16     -ho.  27,2.5 

R.,  1S91,  1"  aemeîii  i  .      1  '. 


—  0.3l,2 

—  6.53,3 

1 3. 12,4 
4-12.58,5 
-+-  6.35,o 

—  I O .  '|  i  '  •  i 

-1-18.19,0 

+  !'!.50,7 

+  7- '7.-1 
-h  2.  3,9 

H-  .,18,. 

—  2.45,0 

-+-  8.3i),.S 

-+-  4-47.9 

-+-     1.22.5 
CXII,  N-  19. 


M  app. 

Il  III        s 

12.20. 1 1,77 
12.19.29,72 

12.18.  '1 5.57 
12.17. 19,55 
12.16.''  i.  J6 

12.  l4-3  ';,  I  i 
I  2,  I  3.55,29 

12.1.;.  17,89 

12.  i2.3().87 
12.12.  3,92 

I  ■>..  8.22,11 

12.  7.55,22 

12.  7.    4,19 

12.  6.40,82 

12.  6.18,96 


Log.  facl. 
parall. 

— 7,4  12 
-T,348 
—7,385 
-7,363 
—2,888 
— 7,224 
—7,24g 
-7,285 
— 7,i4o 
-7,171 
—  1,110 
— 7,i6i 

-2,894 
—2,912 

-2,768 


LX  app. 

O  /  il 

91.1 6.3i  ,6 

91.10.  9,5 
91.  3.5o,4 
90.5 1 .3o,i 
g  1.  i5.  6,6 
90.27.45,2 
90.22.  5,6 
90.16.37,3 

90.1 1 .  4>o 

90.  5.5o,5 
89.32.  V;  2 
89.28. '.'m 
89.20.41,2 
89.16.58,3 
8g.i3.32,8 


Log.  fact. 
parall.       *  . 


—0,794 

— °>794 
—o,793 
-0,792 
0,792 
—0,789 
-0,7X8 
—0,788 
-0,787 
—0,78.5 
— 0,782 
-0,782 
— 0,780 
— 0.780 
— 0,780 
i36 


1 
2 
3 

4 
5 

6 

7 
8 

9 
10 

1 1 
12 
i3 

14 

i5 


(    ro42  ) 


Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


7- 
8. 

9- 

10. 

1 1 

12. 


Gr. 
IO 


4 
» 
» 
i) 

IO 

» 

8-9 

» 


R  ni oy.  i8gi,o. 


Réduction  Réduction 

au  au 

jour.  <A  moy.  1891,0.       jour. 


Autorité. 


12.20.53,12  -t-1,00  9n6.55,8  7,0  3jo8  Lamont 

»                        »                        »                      »  »                      » 

>>                        »                        »                      »  »                      » 

g-10       12. 18. 35,  (2  +  i,o3  go.38.2'1,7  +6,9  368g  Lamont 


12.14.19,71  +  i,q3  90.    3. 3g, 8  +6,8  r,  Vierge.  Conn.  des  Temps 

»  «  »  »  » 

»  + 1 ,  Oq  »  »  » 

))  ))  »  »  n 

12.   6.41,04  +o,g8  8g.3i.23,8  +6,3  36i2  Lamont 
»                       »                    »                     »  j> 

12.    5.5o,7.5  +0,97  89.  n.    :j,3  +6,1  3607  Lamont 
»                        »                     »                      n  n 

»  +0,96  »  +6,0  » 

»  Dans  le  n"  14  des  Comptes  rendus  (6  avril  1891),  cette  planète  est 
donnée  comme  affectée  du  n°  309;  mais  depuis  lors  on  a  reconnu  que  la 
planète,  rencontrée  par  M.  Charlois,  le  11  février  1891  et  considérée  d'a- 
bord comme  nouvelle,  est  identique  avec  208  Lacrymosa.  » 


ASTRONOMIE.  -  -  Éléments  de  la   nouvelle  planète  Borrelly  (ans). 

Note  de  M.  Fabry. 

Epoque  :  1  Sg  1 ,  avril  10,  midi  moyen  de  Paris. 

Anomalie  moyenne 1^9  •  1 1  .  07 

Distance  du  nœud  au  périhélie.  .  217.20.28 

Longitude   du   nœud 182.24.14 

Inclinaison 4-37-17    >   Equinoxe  moyen    1891,0 

Logarithme  de   l'excentricité....  2,57633 

Moyen  mouvement  diurne 790", 370 

Logarithme  du  demi  grand  axe..  o, 43479 

»   Ces  éléments  ont  été  calculés  par  la  méthode  exposée  par  Y.  Villar- 
ceau  (Annales  de  l'Observatoire  de  Paris,  t.  III),  en  faisant  usage  des  for- 


(  io43  ) 

mules  spéciales  au  cas  où  les  latitudes  et  leurs  dérivées  sont  très  petites. 
Les  21  observations  suivantes  ont  servi  de  base  pour  le  calcul  : 

»  17  observations  faites  à  Marseille  (mars  3i,  avril  1,  4»  6,  7,  8,  10,  11, 
i4,  1  5,  it>,  17,  18,  2.5,  26,  28,  29). 

»   2  observations  faites  à  Hambourg  (avril  3,  4  )• 

»    2  observations  faites  à  Alger  (avril  4,  6). 

»   L'éphéméride  suivante  a  été  déduite  des  éléments  ci-dessus  : 

Lieux  moyens   1891,0. 
1  >.u  temps  moyen  de  Paris. 

1891.  \scension  droite, 

h       m      * 
Mai     12 12.   3 .36 

i'i 3.28 

16 3.26 

18 3.3o 

20 3.38 

■>  •! 3.52 

24 -',.  M 

26 i.35 

28 :..    1 

3o 5.38 

Juin       1 (i.  1  li 

3 7.0 

5 7-48 

7 s-  i" 

'i 9-37 

11 io.;;s 

i3 1 2 . 1 1 . 44 


ASTRONOMIE.  —  Éléments  provisoires  de  la  planète  @!  Borrelly ,  déduits  des 
observations  faites  à  V Observatoire  de  Marseille  les  3i  mars,  8  avril, 
18  avril  et  26  avril  1891.  Note  de  M.  Esmiol. 

Époque  :  1891   mars  3i,  minuit  moyen  de  Paris. 

M i58"4o'.43,6 

7t 28.  l3.43,0     j 

Q 182.21.26,1   >  Equinoxe moyen  de  1891,0 

i 4.30.45,7  ) 

m I  .  4o.    0,2 

I* 787". 69 

logff 0,43577 


)éclinaison. 

logA. 

-t-i°.i6,4 

,,.:;  Mis 

1.18.9 

)> 

1 .20,9 

o,3  •  V- 

I  .22,2 

» 

1 .22,g 

0,334g 

1.22, g 

)> 

1 .22,3 

1  /  '  ■> 

1.21,0 

t) 

1 .19,2 

0,3537 

1 . 16,8 

» 

1 . 1 3 , 9 

o,3632 

1.10,4 

» 

1 .  6,4 

<j-:;;'7 

1 .    1,8 

» 

0.56,7 

0,3   •  1 

0 . 5 1 , 1 

» 

1  » .  \5 , 0 

0,3915 

(  io/|/i  ) 

Comparaison   avec  les  lieux  moyens. 
(         rfXcosp  +o",o3  dXcosp  +o",o5 

obs-"Calc |(i)    <n         +8",2         (2)    rfp         +w.\ 

Ephéméride. 

Positions  apparentes. 
1891.  Ascension  droite.  Déclinaison.  logA. 

Mai    8 12.4.   8,8  +1.   9.   5 

10 i2.3.5o,4  1.12.59                      o,3io2 

i2 12.3 . 37,6  1 . 16. i3 

1 ', i2.3.3o,2  1.18.47                      0,3190 

16 12.3.28,3  1.20.42 

18 12.3.31,7  1.21.57                      0,3280 

20 i2.3.4o,5  1.22.34 

22 12.3.54,5  1.22.33  0,3373 

24 12.4.13,7  i.2i.55 

26 i2.4.38,o  1.20.41                       0,3^66 

28 12.5.   7,3  1 .  iS.5i 

3o i2.5.4i,5  1. 16.26                      o,356i 

Juin    i 12.6.20,5  i.i3.a6 

3 12.7.   4,3  1-9-54                      o,3655 

5 12.7.52,7  1 .   5.48 

7 12.8.45,7  J.-'-    '-'o                      o,375o 

»   L'éphéméride  ci-dessus  a  été  calculée  par  M.  Lubrauo  au  moyen  des 
éléments  trouvés  par  M.  Esmiol.  » 


» 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  solaires  faites  à  l'Observatoire  royal 
du  Collège  romain  pendant  le  premier  trimestre  de  i^gi.  Note  de  M.  Tac- 


CHl.M. 


«  Le  nombre  des  jours  d'observation  a  été  64  pour  les  taches  et  les 
facules,  savoir  :  16  en  janvier,  26  en  février  et  22  en  mars.  Voici  les  résul- 
tats : 

Fréquence  relative                 Grandeur  relative  Nombre 

des           des  jours                 des                  des  groupes 

1891.                     taches,      sans  taches.             taches.            facules.  par  jour. 

Janvier i,56           o,3o               18, 5o           16,88  1 ,  38 

Février 2,3i           0,1 5               24,04           89,62  2,38 

Mars 1,27           0,1 4                ll>91            4>>82  E>45 


(  io45  ) 

»  Le  phénomène  des  taches  et  des  facules  solaires  a  été,  pendant  le 
premier  trimestre  de  1891,  bien  plus  prononcé  que  dans  le  trimestre  pré- 
cédent. On  a  constaté  aussi  un  maximum  secondaire  dans  le  mois  de  fé- 
vrier, et,  en  raison  d'une  plus  grande  activité  solaire,  le  nombre  des  jours 
sans  taches  a  été  plus  petit  qu'auparavant. 

»  Pour  les  protubérances  hydrogéniques,  nous  avons  obtenu  les  résul- 
tats suivants  : 


Nombre 

Protubérances 

des 

__ — -« 

■ 

jours 

Nombre 

Hauteur 

Iîx 

tension 

1891. 

d'observation. 

moyen. 

moyenne. 

moyenne. 

l3 

4,62 

36,9 

0 

i,3 

Février  . 

22 

7,55 

44,' 

i,8 

Mars 

....        1- 

6,12 

40,1 

i,5 

»  Les  protubérances  solaires,  comme  les  taches,  ont  donc  été,  pendant 
celte  période,  bien  plus  nombreuses  que  dans  le  dernier  trimestre  de 
l'année  précédente,  et  l'on  a  trouvé  aussi  un  maximum  secondaire  comme 
pour  les  taches  et  les  facules  ;  de  sorte  qu'on  peut  affirmer  que,  pendant 
le  mois  de  février  1 891 ,  une  plus  grande  activité  s'est  manifestée  à  la  sur- 
face du  Soleil,  par  rapporta  chaque  espèce  de  phénomènes  ;  on  a  même 
observé  des  éruptions  métalliques.  » 


MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  Sur  le  mouvement  du  périgée  de  la  Lune. 
Note  de  M.  «I.  Perchot,  présentée  par  M.  Poincaré. 

«   La  variation  des  éléments  de  l'orbite  de  la  Lune  est  déterminée  par 
les  équations 


1  ) 


/  dil 

d\\ 

ûfG,                   (ïi'y 

dh 

<m 

dl 

dh  ' 

dl             de  1 ' 

dt 

dl' 

1    dh 

\    ~dï'~ 

dli  ' 

dg  ,            ,H:  _ 

cil                       l/u, 

dl 

m 

àR 

L  =  \Ju[j., 

G, 

=  2L  y/i  —  e-, 

H  = 

^G.cos 

/désigne  l'anomalie  moyenne  de  la  Lune; 

g  =  2g,  la  distance  angulaire  du  nœud  ascendant  au  périgée; 

h  la  longitude  du  nœud  ascendant. 

»   Je  néglige  les  variations  des  éléments  de  l'orbite  de  la  Terre,  de  a  ou 


(   >o46  ) 
de  L,  et  aussi  les  inégalités  périodiques  de  l.  Alors 

R  =  A  -4-  2R  cos[(Û2  -t-  in')t  +  ii"  g\    h  ï"h  +■  f/\. 

»   On  sait  que  g,  augmente  de  277  dans  le  temps  T  =  646 'jj  et  que  h  di- 
minue de  277  en  6793J,  ce  qui  diffère  relativement  peu  de  T. 
»   Je  détermine  x  par  la  condition 

aT  =  277,  7.  —  200",  4. 

et  je  pose 

xt  =  k. 
On  a 

(in  -t-  i' n')t  =  i,  xt  4-  tt,  1  <  ?.. 

»   Dans  chaque  terme  de  R  je  remplace  (m  -4-  i' n')t  par  i,  xt  —  /,  /•  et  je 
considère,  au  lieu  du  système  (1),  le  système  (2), 


(2) 


<l>  =  <I>„  -f-   Ti"2(l-$,  + 

»  Je  néglige  dans  R  ou  dans  $  les  termes  du  quatrième  ordre  et  je  ne 
considère  que  les  cinq  termes  périodiques  qui,  d'après  Delaunay,  peuvent 
donner  des  inégalités  du  premier  ordre  dans  g,  et  h. 

»  Je  ramène  le  système  (2)  à  la  forme  des  systèmes  pour  lesquels 
M.  Poincaré  a  démontré  l'existence  de  solutions  périodiques;  j'y  remplace, 
à  cet  effet,  la  fonction  $  par  F, 


,  dH             ô* 
7/7  r         dh  ' 

dt                    dffl' 

dK            <>* 

77  =         M 

\  dh              <?* 

c/g-,               J* 
7/7  =  :  ~~  àGl' 

dk             d*> 

dt   ~~          dK 

$=-*R.  +  A 

+ 

IBcos (/',/'  -f-  ii\ 

g,  -+-  i"h  +  q 

et  je  détermine  par  la  méthode  de  M.  Poincaré  une  solution  périodique 

C 
de  ce  système,  de  période  T,  =  T  -^-1  C,  et  C  étant  des  constantes  conve- 
nablement choisies. 

C 
»   En  remplaçant,  dans  cette  solution,  /  par  t  ~-  et  pt.  par  n - a? .  |'aurai 

une  solution  périodique  de  (2)  de  période  T. 

»    Or,   prendre  pour  valeurs  initiales  des  éléments  celles  qui  corres- 
pondent à  cette  solution  périodique,  cela  revient  à  supposera  =  \,  sans 


(   IQ47  ) 
rien  changer  aux  autres  conslantes  a,  a  ,  rt,  ri,  ...  ;  et,  par  conséquent,  la 
solution  périodique  représentera  la  variation    de  gK    dans  une  première 
approximation. 

»  En  faisant  les  calculs,  comme  M.  Poincaré  l'indique,  je  suis  arrivé  à 
la  formule  suivante 

g=  -iv.l  -+-  7      ,.  o    -  sin(678oc/  -+-?))—  t  -    — —  -  sin(2o4a/  4-y2) 
b  4  /(.678a  e  ■    '  \  n.2o4<*  e  *   ' 

-  S  TiT^l  7  *in(237oc*  -  ch)  -  T  -^  sm(37a/   ,  c,,  ) 

i  T  i5«'2  g  n'-'a      h'2  /«"«'VoeH     .     ,„     ,  s 

■+"  7    — ââ-  ■+■  -  ~r ââ-     -       1—       aF     sin(33a/  H-  r/5), 

4L  ".33  a         2     G,     /t.  33  a         '     (,,    /     6b  J  '    ' 

et,  en  v  remplaçant  les  lettres  par  leurs  valeurs  numériques, 

£-  =  4oo"8*+CTi+  o°,Gsin(37",6G/  +  qt)  —  6°,9sin(n°,33/  +  ç.À) 
—  i'\3  sin(i3°,  i6t-\-  qs)  —  i°,5  sin(2°,o55t+  qA  > 
-+-(a°,2  -I-  2°,G2p  +  o°,ioPî)sin(  i".88/  +  q,  ). 

»  Celte  méthode  sera  encore  applicable  lorsqu'on  tiendra  compte  des 
principales  inégalités  périodiques  de  /. 

»  Enfin  la  constante  [i  qui  entre  dans  l'expression  de  g  sera  déterminée 
de  façon  que  la  formule  précédente  représente  le  plus  exactement  pos- 
sible les  variations  de  g  données  par  les  Tables  de  la  Lune.  » 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.    —    Sur  les  permutations  limitées. 
Noie  de  M.  C.-A.  Laisaxt,  présentée  par  M.  Sarrau. 

«  Etant  donnés  n  objets  a,  b,  c,  ...  I,  supposons  que  l'on  ait  tonné 
le  Tableau  de  toutes  les  permutations  telles  que  le  premier  rang,  le 
deuxième,  etc.,  ne  puisse  être  occupé,  dans  chacune  d'elles,  que  par 
certains  de  ces  objets;  et  proposons-nous  de  déterminer  le  nombre  de  ces 
permutations. 

»   Désignons,  parmi  les  objets  a,  ù,  c /,  par 

a,,  bit  ct ,  .    .  ceux  qui  peuvent  occuper  le  premier  rang, 
«2,  b.,,  c2,  ...  ceux  qui  peuvent  occuper  le  deuxième  rang, 

et  ainsi  de  suite. 


(  'o48  ) 
»   Formons  maintenant  le  produit 

(«,  + ^ -H  c, +  ... )(fl2  H- &2  +  c2  4-... )...(«„+/;„   !    cn   \   .... 

qui  est  évidemment  une  fonction  entière  homogène  et  du  degré  n, 

V(a,b,  c /) 

des  lettres  a,  b,  c '. 

»  Si  l'on  développait  ce  produit,  on  y  trouverait  toutes  les  permuta- 
tions demandées  et,  en  outre,  des  termes  contenant  certaines  lettres  à  un 
degré  supérieur  au  premier;  dans  ces  termes,  par  conséquent,  manque- 
raient certaines  autres  lettres. 

»  Il  est  clair  qu'en  prenant  la  n"'me  dérivée  par  rapport  à  a,  b,  c,  ...,/. 
successivement,  d'un  des  termes  représentant  l'une  des  permutations 
cherchées,  nous  aurons  l'unité  pour  résultat.  En  prenant  la  même  dérivée 
d'un  terme  contenant  des  exposants  supérieurs  à  l'unité,  le  résultat  sera 
zéro. 

»   Donc,  en  appelant  K  Je  nombre  des  permutations  demandées,  nous 

avons 

__   d"  Y  (a.  />,  c, /) 

da  db  de  ...  di 

»  Cette  formule,  très  générale,  n'a  guère  qu'un  intérêt  théorique,  car 
elle  permettrait  rarement,  dans  la  pratique,  le  calcul  effectif  des  permuta- 
tions pour  chaque  problème  particulier.  Elle  peut  cependant  offrir  une 
ressource  précieuse  pour  vérifier  des  solutions  obtenues,  soit  sous  forme 
déterminée,  soit  sous  forme  récurrente,  par  des  méthodes  directes. 

»  Nous  ferons  remarquer  enfin  que  cette  formule  donne  la  solution 
générale  d'un  problème  récemment  étudié  par  M.  G.  de  Longchamps, 
et  qui  peut  s'énoncer  de  la  manière  suivante  : 

»   Dans  le  déterminant 


A 


a,     «..     ...     an\ 
A,      h2      ...     b, 


/,      L      ...     I, 


I! 


un  certain  nombre  d'éléments  venant  à  s'annuler,  combien  le  déterminant 
A  aura-t-il  de  termes? 

»  Il  est  clair  qu'en  formant  les  sommes  des  éléments  de  la  première, 
de  la  deuxième  colonne,  etc.,  et  en  effectuant  le  produit  après  avoir  sup- 


{  '"49  ) 
primé  les  indices,  nous  aurons  la  fonction  F  ci-dessus  qui  nous  donnera  la 
solution  cherchée. 

»   Le  nombre  des  termes  disparus  sera 


.        d"F(a,  b /) 

/il  —  : : i. 

<la  db  ...  ai 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.  —   Sur  une   classe  de  nombres  complexes. 
Note  de  M.  Markoff,  présentée  par  M.  Hermile. 

«  Les  nombres  entiers  qui  dépendent  de  '\Jab-  (a,  b  sont  les  nombres 
entiers  rationnels  non  divisibles  par  aucun  carré)  et  ont  la  forme  fraction- 
naire 

x-V- y  \/ ah'1  +  ;  '{/a1  b 
3 

x,  y,  :■,  étant  les  nombres  entiers  rationnels  non  divisibles  par  3,  se  divi- 
sent en  deux  classes  : 

»    i°  Les  nombres  premiers  avec  3; 

»    2°  Les  nombres  non  premiers  avec  3. 

»   Les  carrés  des  nombres  de  première  classe  se  réduisent  à  la  forme 

X+Yv'ôF  ~i-Zv«»Â, 

X,  Y,  Z  étant  les  nombres  entiers  rationnels. 

»  Quant  aux  nombres  de  seconde  classe,  toutes  les  puissances  de  ces 
nombres  ont  aussi  la  forme  fractionnaire.  Les  unités  complexes  appartien- 
nent à  la  classe  première  et  nous  voyons  que  le  carré  d'unité  complexe 

■'.'i  -+-  1 1  j/io  -+-  5  \/ioo 
3 
est  égal  à 


i  8i  4-  84 \J  io  ■+-  3c)\  ioo. 
»   J'ai  trouvé  encore  que  l'unité  complexe 

M  H)  -  « 
est  égale  au  carré 

Ah-  a  i  ni    t  n/ y 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXU.  N°   19.)  l3j 


(   io5o  ) 

»  Or,  dans  le  domaine  des  nombres  dépendants  de  y'17,  il  n'existe  au- 
cune unité  complexe  de  la  forme  fractionnaire,  car  l'unité  fondamentale 
est  égale  à 

324  -I-  1  26  yi~7  -!-  /jo  \  1  ~~-  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Expression  du  nombre  -  par  une  série 
très  convergente .  Note  de  M.  Félix  Lucas. 

«    la  formule  de  Leibnitz 

,  ..  -         1        1         1         1 

(D  -  =  ---  +  '-  —  -  .+  ... 

-1         1007 

peut  s'écrire  sous  les  deux  formes  suivantes 

:  _       2  y ! 

^d  (4 m  -t-  1)  (4 m  -+-  3 ) 


(2) 


m=0 


22ffi 


4  ^(4m+3)(4w-f-5) 

m  —0 

»   On  en  déduit,  par  différence, 

rn  =z<o 
(3)  I=4V77 ^ r- 

et,  par  addition, 

m=  x 

Ci)  -  =  i+8V 


id  (4«î  +  1) (4/m  -t-3) (4«;  +5) 


m  —  0 


»  Nous  connaissons,  d'autre  part,  la  formule 
(5)  _  =  _  +  -  +  -  +  ^  +-..., 

que  nous  pouvons  écrire  sous  les  deux  formules  suivantes 

111  =  ce 
[   ff   _  Y   ^"l  +  3)'2—  2(4/M  -+-  3)  +  2 

|     8  2^d~       (477H-t)»(4OT-J-3)2 

(6) 


^^        ^  Y  (4^  +  3)2-+-2(4/»  +3)  + 

m  =  0 


(  io5i  ) 
»   On  en  déduit,  par  différence, 


(7)  1  =  8  v 


(4m-+-i)s(4/ra  +  5)! 
et,  par  addition, 

^   _  T     ,     /    V     (-!»'  +  3)*—  a(4'»  + 

u;  4  "         ""'— <(4»<  +  ')';(4«<  +  3r-(4 

»    Retranchons  (4)  de  (7),  nous  obtiendrons 

m  =  * 

(9)  Ï==I-16. 


3)2-t-8 
m  +  ô  )s 


1  \m  -+- i)2  (4"î  -I-  3)  (4  '«  -t-  5  )2 


série  dont  la  convergence  est  remarquable. 
»   Ecrivons  cette  équation  sous  la  forme 

(       v  ^ 1  m  -+-  3 j jre  . 

(I°-)  ^r4/;iH-i)2(4w  +  3)-(4'«-+-5)2        16        64' 

remarquons,  d'ailleurs,  que  les  équations  (3)  et  (8)  donnent 

m  =<x> 

v  (4»'  +  3V+4  ^  _  1. 

Zà{^m  +  i)2(4//n-3)2(4'"-+-5)5        3a        4' 

nous  déduisons  de  (10)  et  (i  i)  les  deux  formules  suivantes 


TtJ  —  2  - 


(ia) 


Zj   If. 


(4/?i-Hi)2(4w-t-3)2  "  3a 


(4m  +  3)'(4/»  +  5)2  32 


Pour  constater  la  grande  convergence  de  la  série  (9),  il  suffit  d'en  calculer 
les  quatre  premiers  termes;  on  trouve  ainsi 

Tt  =  A  —  6A(j--i--J-—  +  —\ h^Vg  )  =  3,i4i6.   » 

^  \7a         1 4 175        U0579        732610/ 


(     IO:52    ) 


BALISTIQUE  INTÉRIEURE.    —  Sur  un  manomètre  enregistreur  applicable  aux 
bouches  à  feu.  Note  de  M.  P.  Vieille,  présentée  par  M.  Sarrau. 

«  Nous  nous  sommes  proposé  de  déterminer  la  loi  de  développement 
des  pressions  dans  les  bouches  à  feu,  jusqu'à  l'instant  du  maximum  de 
pression,  en  utilisant  le  fonctionnement  normal  des  manomètres  à  écrase- 
ment adoptés  par  l'artillerie  pour  l'évaluation  des  pressions  maxima. 

»  Ce  résultat  a  pu  être  obtenu,  dans  des  conditions  de  simplicité  ines- 
pérées, par  une  transformation  des  appareils  en  usage  qui  n'en  complique 
pas  l'emploi  et  n'entraîne  aucune  modification  du  canon  sur  lequel  ils  sont 
installés  (').  Il  suffit,  en  effet,  de  munir  la  tête  du  piston  écraseur  d'un 
petit  tableau  enfumé,  de  moins  de  icq  de  surface,  sur  lequel  trace,  pendant 
son  mouvement,  une  lame  vibrante  fixe  déclenchée  automatiquement  par 
le  premier  déplacement  du  piston. 

»  Ce  dispositif  s'applique  indistinctement  aux  manomètres  placés  soit 
dans  la  chambre  à  poudre,  soit  en  avant  de  la  ceinture  du  projectile. 

»  La  valeur  de  la  période  de  vibration  de  la  lame  étant  connue,  il  suffit 
de  lire  au  micromètre  les  longueurs  interceptées  par  les  ondulations  sur 
l'axe  du  tracé,  pour  obtenir  la  loi  de  l'écrasement  en  fonction  du  temps. 

»  Voici  les  résultats  généraux  auxquels  nous  a  conduit  l'étude  de  plus 
de  i.jo  tracés  obtenus  dans  les  canons  de  3']cm,  27e111,  24°"%  i6cm,  i4cm  de 
la  Marine  et  dans  les  canons  de  gotum  et  1  5  V1""  de  la  Guerre. 

»  1"  L'appareil  crusher  placé  dans  la  chambre  à  poudre  fonctionne 
slatiquement,  c'est-à-dire  qu'il  y  a  sensiblement  équilibre,  à  tout  instant 
de  l'écrasement,  entre  la  pression  motrice  et  la  résistance  du  cylindre.  Ce 
résultat  a  même  été  obtenu  avec  des  poudres  beaucoup  plus  vives  que  les 
poudres  réglementaires.  Il  en  résulte  cpie,  non  seulement  la  résistance  finale 
du  cylindre  écrasé  mesure  bien  la  pression  maximum,  mais  qu'il  suffit  de  se 
reporter  à  la  table  de  tarage  statique  des  cylindres  pour  déduire,  de  l'é- 
crasement observé  à  chaque  instant,  la  pression  correspondante  et  recon- 
stituer, par  suite,  la  loi  de  développement  des  pressions  en  fonction  du 
temps  jusqu'à  l'instant  du  maximum.  L'appareil  constitue  donc  un  véritable 
manomètre  enregistreur. 


(')  Ces  nouveaux  appareils  ont  été  construits  dans  les  ateliers  du  laboratoire  cen- 
tral île  la  Marine,  oii  les  détails  d'exécution  ont  été  étudiés  avec  une  grande  habileté. 


(  '°'->3  ) 

»  La  connaissance  de  la  loi  de  développement  des  pressions  en  fonction 
du  temps  permet  de  passer,  d'une  façon  simple,  à  la  loi  des  vitesses  et  à 
celle  des  déplacements  du  projectile  en  fonction  dn  temps. 

«  20  L'appareil  crusher,  placé  en  avant  de  la  ceinture  du  projectile, 
fonctionne  dynamiquement,  comme  le  faisait  prévoir  la  théorie  ('). 

»  Les  essais  effectués  dans  le  canon  de  i4cm  de  la  Marine,  avec  le 
boulon  crusher  placé  à  quelques  centimètres  en  avant  de  la  ceinture,  ont 
mis  en  évidence  ce  changement  complet  dans  le  mo<!e  de  fonctionnement 
de  L'appareil  crusher,  ainsi  qu'il  résulte  de  l'examen  des  tracés  obtenus 
dans  deux  coups  identiques,  au  moyen  du  même  appareil  placé  successi- 
vement dans  la  chambre  à  poudre  et  en  avant  de  la  ceinture. 

»  Les  écrasements  observés  ont  été  de  imm,34  dans  la  chambre  à  poudre 
et  de  2mm,6o  en  avant  de  la  ceinture.  L'écrasement  dans  la  chambre  à 
poudre  a  élé  effectué  lentement  dans  la  durée  de  \i  vibrations  du  dia- 
pason, soit  j^  de  seconde;  l'écrasement  produit  par  l'application  brusque 
delà  pression,  lorsque  le  projectile  a  démasqué  l'orifice  du  crusher  placé 
en  avant  de  la  ceinture,  a  été  effectué  dans  un  temps  inférieur  à  la  durée 
d'une  demi-période  de  la  laine  vibrante.  Cette  durée,  de  y~  de  seconde 
environ,  est  très  voisine  de  celle  que  la  théorie  assigne  à  l'écrasement 
dynamique  du  cylindre  par  un  piston  de  3ogr.  Dans  ce  cas,  la  théorie 
indique  que  l'écrasement  est  double  de  celui  qui  répondrait  à  la  pression 
sous  laquelle  a  fonctionné  l'appareil  si  cette  pression  était  appliquée  stati- 
quement,  ce  qui  est  conforme  au  résultat  expérimental. 

»  3°  Les  premières  recherches  entreprises  à  l'aide  de  ces  appareils  ont 
également  mis  en  évidence  des  anomalies  de  fonctionnement  des  poudres 
dans  les  bouches  à  feu  que  la  simple  mesure  des  pressions  maxima  ne  per- 
mettait pas  de  soupçonner  :  ces  recherches  ont  permis  de  déterminer  les 
conditions  dans  lesquelles  les  anomalies  dans  le  mode  de  répartition  des 
pressions  pourraient  être  supprimées.   » 


(')  Sarrau  et  Vieille,  Elude  sur  l'emploi  des  manomètres  à  écrasement  [Mémo- 
rial des  Poudres  et  Salpêtres,  l.  I,  p.  4ao). 


(  'o54  ) 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Théorie  élastique  de  la  plasticité  et  de  la 
fragilité  des  corps  solides.  Note  de  M.  Marcel  Bkillouin,  présentée  par 
M.  Mascart. 

«  Dans  la  théorie  ordinaire  de  l'élasticité,  on  suppose  que  les  forces 
élastiques  sont  liées  aux  déformations  par  des  relations  linéaires.  On  ne 
rencontre  naturellement  que  les  phénomènes  de  déformation  temporaire 
dans  lesquels  le  corps  solide  déformé  revient  exactement  à  sa  forme  pri- 
mitive dès  cpie  cesse  l'application  des  forces.  On  laisse  systématiquement 
à  part  des  cas  d'indétermination,  qui  ont  pourtant,  comme  on  va  le  voir, 
une  importance  physique  considérable;  ils  correspondent,  en  effet,  à  des 
états  instables,  qui  ont  pour  conséquence  la  rupture  ou  l'écoulement  du 
corps.  J'énoncerai  rapidement  quelques-uns  des  résultats  auxquels  m'a 
conduit  l'étude  de  ces  cas;  l'hypothèse  fondamentale  est  la  môme  que  celle 
de  la  théorie  de  l'élasticité  : 

»  A  une  déformation  homogène  déterminée  d'un  corps  correspond  tou- 
jours un  système  de  forces  élastiques  unique,  déterminé  sans  aucune  am- 
biguïté. Mais  à  un  système  de  forces  élastiques  déterminées  ne  correspond 
pas  nécessairement  une  déformation  déterminée. 

»  Il  y  a  des  corps  incapables  d'exercer  sur  d'autres  certaines  actions 
élastiques,  et,  par  suite,  de  subir  les  réactions  correspondantes.  Si  l'on 
réussit  à  donner  aux  divers  points  de  ces  corps  un  système  de  déplace- 
ments et  de  vitesses  initiales  qui,  pour  rester  fini,  exigerait  le  développe- 
ment de  pareilles  forces,  ces  corps  coulent  ou  se  séparent.  Ils  coulent, 
comme  les  liquides  ou  les  gaz,  lorsque  aucune  déformation  ne  fait  naître  de 
force  élastique  tangente  à  la  surface  ;  les  glissements  sont  alors  indéter- 
minés. Ils  se  rompent  lorsque  c'est  la  densité  qui  devient  indéterminée  et 
peut  diminuer  indéfiniment. 

»  Lorsqu'une  déformation  particulière  ne  fait  naître  aucune  réaction 
élastique  dans  un  corps,  l'équilibre  du  corps  est  indifférent  ou  instable 
pour  cette  déformation,  suivant  qu'elle  est  produite  dans  le  corps  sans 
vitesses  ou  avec  vitesses  initiales.  Si  cette  déformation  particulière  ne  pro- 
duit pas  de  variation  de  densité,  elle  s'accroît  sans  rupture.  Si  cette  défor- 
mation particulière  produit  une  variation  de  densité,  elle  entraine  rapide- 
ment la  rupture  dans  les  régions  où  la  dilatation  cubique  est  la  plus 
grande. 


(  io55  ) 

»  Un  corps  fragile  est  un  corps  dont  de  faibles  déformations  préalables 
altèrent  assez  l'élasticité  pour  rendre  instables  les  variations  de  densité,  en 
rendant  nuls,  puis  négatifs,  les  accroissements  de  tension  correspondant  à 
une  diminution  de  densité. 

»  Un  corps  plastique  est  un  corps  dont  de  faibles  déformations  préala- 
bles altèrent  assez  l'élasticité  pour  rendre  instable  un  glissement  sans  va- 
riation de  densité,  en  rendant  nul,  puis  négatif,  l'accroissement  de  force 
tangentielle  résultant  de  ce  glissement. 

»  Ces  énoncés  sont  relatifs  à  un  corps  pris  en  masse  limitée  et  soumis  à 
des  forces  élastiques  variables  avec  la  direction,  mais  uniformes  dans 
toute  l'étendue  du  corps. 

»  La  condition  d'instabilité  obtenue  par  l'indétermination  des  défor- 
mations est  aussi  celle  à  laquelle  conduit  l'existence  d'un  mouvement  vi- 
bratoire de  période  infinie  ou  imaginaire.  Pour  un  corps  indéfini,  ou  pour 
un  corps  limité  soumis  à  une  action  déformatrice  localisée  en  un  point,  la 
condition  est  plus  simple  et  ne  dépend  que  des  équations  du  mouvement 
interne.  La  condition  d'instabilité  est  alors  que  la  surface  des  vitesses  nor- 
males des  ondes  passe  par  son  centre;  il  y  a  rupture  lorsque  l'onde  plane, 
dont  la  vitesse  de  propagation  est  nulle,  est  accompagnée  de  variations  de 
densités.  Telle  est  la  condition  qu'il  faut  appliquer  quand  la  rupture  est 
produite  par  le  choc  d'une  pointe  ou  d'une  lame  de  couteau,  en  particu- 
lier dans  le  cas  du  clivage  des  cristaux  ('). 

»  Dans  toutes  ces  recherches  je  ne  suis  point  remonté  à  la  source  des 
forces  élastiques,  aux  forces  moléculaires  elles-mêmes.  Ce  qu'on  appelle, 
dans  la  théorie  de  l'élasticité,  la  théorie  moléculaire  pure,  est  insoutenable  ; 
elle  doit  être  complétée.  Cette  théorie  conduit,  comme  on  sait,  à  un  rapport 
fixe  entre  le  coefficient  d'élasticité  de  glissement  et  le  coefficient  de  com- 
pressibilité;  et  l'expérience  montre  que  ce  rapport  est  variable  avec  la  tem- 
pérature. 

('  )  L'écoulement  des  solides  sous  de  fortes  pressions  étudié  par  M.  Tresca  tient  à 
la  fois  du  premier  et  du  second  cas;  j'ai  dû  rechercher  à  quelles  équations  obéissaient 
les  petits  mouvements  d'un  corps  soumis  à  de  très  fortes  pressions  inégales  en  divers 
sens;  et  dans  cette  partie  de  mes  recherches,  effectuée  il  y  a  plus  d'un  an,  mais  non 
encore  publiée,  le  classement  de  toutes  les  formes  de  surfaces  d'ondes  instables 
m'ayant  pris  beaucoup  de  temps,  j'avais  reconnu  les  erreurs  que  M.  Poincaré  a  rele- 
vées à  juste  titre  dans  une  Note  récente,  et  je  me  proposais  de  les  rectifier  en  rendant 
compte,  dans  la  publication  même  où  elles  avaient  paru,  du  nouveau  Livre  de  M.  Poin- 
■caré. 


(    ro"(i  ) 

»  Bien  plus,  la  fixité  de  ce  rapport  a  pour  conséquence  l'impossibilité 
de  l'état  liquide,  et  cette  remarque  montre  quelles  précautions  l'on  doit 
apporter  dans  l'exposition  des  théories  capillaires,  fondées  comme  celles 
de  Laplace  et  de  Gauss,  sur  l'hypothèse  moléculaire  pure.  Loin  de  moi  la 
pensée  de  renoncer  à  cette  hypothèse  :  il  faut  seulement  la  compléter,  et  la 
théorie  cinétique  des  gaz  montre  dans  quel  sens.  Il  ne  faut  plus  regarder 
les  molécules  comme  immobiles  dans  l'état  d'équilibre,  ni  comme  obéissant 
exclusivement  aux  déplacements  d'ensemble  que  définissent  les  équations 
de  l'élasticité,  mais  comme  animées  de  mouvements  indépendants,  d'ampli- 
tude petite  dans  les  vrais  corps  solides,  suffisante  néanmoins  pour  que  les 
actions  mutuelles  moyennes  soient  un  peu  modifiées.  Dans  les  liquides,  ces 
mouvements  de  progression,  que  montre  d'ailleurs  suffisamment  la  dif- 
fusion, seront  assez  rapides  et  assez  étendus  pour  rétablir  instantanément 
l'isotropie  troublée  et  justifier  ainsi  le  mode  de  calcul  de  Laplace  et  de 
Gauss. 

»  Sous  l'influence  des  fortes  pressions,  ces  mouvements  pourront  cesser 
d'avoir  même  amplitude  en  tous  sens,  et  si,  dans  une  direction,  le  mouve- 
ment d'oscillation  fait  place  à  un  mouvement  de  progression,  le  solide 
pourra  couler  dans  ce  sens  sans  se  rompre,  prendre  une  déformation  con- 
sidérable, et  la  conserver,  si  le  refroidissement  ou  la  suppression  des  forces 
extérieures  arrête  le  mouvement  de  progression  moléculaire  et  le  ramène 
à  un  mouvement  d'oscillation  sur  place.  Tel  est,  sans  entrer  dans  plus  de 
détails,  le  mécanisme  par  lequel  seraient  produites,  outre  les  déformations 
progressives  très  lentes,  les  variations  des  coefficients  d'élasticité  et  les 
indéterminations  que  j'ai  acceptées  comme  point  de  départ,  et  dont  j'ai 
cherché  à  montrer  les  conséquences.  » 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.    —    Sur  la  surface  d'onde  dans  les  cristaux. 
Note  de  M.  C.   Raveau,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Toutes  les  théories  de  la  lumière,  qu'elles  considèrent  l'éther  comme 
un  corps  élastique  homogène  ou  qu'elles  fassent  intervenir,  plus  ou  moins 
directement,  l'action  des  molécules  matérielles,  présentent  un  point  com- 
mun :  des  deux  espèces  de  propriétés  différentes,  les  unes  élastiques,  les 
autres  dynamiques,  qui  caractérisent  le  milieu,  elles  supposent  toujours 
qu'il  n'y  en  a  qu'une  seule  qui  soit  variable.  Par  exemple,  dans  la  théorie  de 
Mac  Cullagh,  l'éther  aune  densité  constante,  indépendante  delà  nature  du' 


(    ro.T7  ) 

corps  transparent  et  de  la  direction  dans  ce  corps;  dans  celle  de  M.  Sarrau, 
c'est  l'élasticité  qui  ne  varie  pas;  la  plupart  des  physiciens  anglais  semblent 
admettre  aujourd'hui  que  la  densité  de  I'éther  est  variable  et  son  élasticité 
constante;  etc. 

»  Dans  une  Note  précédente  ('),  j'ai  montré  qu'on  pouvait  donner  deux 
théories  élastiques  de  l'électromagnétisme,  théories  dans  lesquelles  on 
fait  correspondre  l'énergie  élastique  et  l'énergie  magnétique  respective- 
ment à  l'énergie  cinétique  ou  à  l'énergie  potentielle  ;  d'après  ce  qui 
précède,  l'identification  ne  pourra  être  complète  que  si  la  perméabilité 
magnétique,  ou  la  perméabilité  électrique  de  tous  les  corps  est  la  môme; 
j'ai  adopté  la  première  de  ces  hypothèses,  mais  elle  ne  saurait  être  vraie  en 
toute  rigueur,  sans  quoi  nous  ne  connaîtrions  pas  les  phénomènes  d'aiman- 
tation par  influence. 

»  A  ce  point  de  vue,  l'accord  satisfaisant  qui  existe  entre  les  théories 
mécaniques  et  l'expérience  résulte  de  ce  qu'on  n'a  étudié  que  des  corps 
dont  les  propriétés  magnétiques  étaient  peu  énergiques  et  sensiblement 
indépendantes  de  la  direction;  la  théorie  électromagnétique  se  sépare 
nettement  de  toutes  les  autres,  elle  se  manifeste  comme  plus  générale  et 
il  importe  de  rechercher  si  les  conséquences  qu'on  en  déduit  sont  vérifiées 
par  l'expérience. 

»  Une  de  ces  conséquences  est  la  suivante  :  dans  les  cristaux  qui  pré- 
sentent à  la  fois  une  anisolropie  notable  au  point  de  vue  électrique  et  au 
point  de  vue  magnétique,  la  surface  d'onde  ne  sera  plus  celle  de  Fresnel; 
pour  les  systèmes  qui  présentent  trois  plans  de  symétrie,  l'équation  con- 
tiendra les  six  coefficients  d'induction  principaux  (M.  Hertz  a  donné 
l'équation  delà  surface  dans  ce  cas);  pour  les  autres,  elles  renferment,  en 
outre,  les  paramètres  qui  définissent  la  position  des  ellipsoïdes  d'induc- 
tion par  rapport  au  réseau  et  la  surface  aura  seulement  le  même  degré  de 
symétrie  que  le  cristal.  L'existence  de  trois  plans  de  symétrie  optique  dans 
tous  les  systèmes  cristallins,  qui  était,  a  priori,  une  difficulté  et  qui  n'avait 
jamais  été,  je  crois,  vérifiée  avec  une  très  grande  précision,  n'apparaît 
plus  comme  nécessaire. 

»  Une  autre  conséquence  remarquable  est  cpie,  dans  les  cristaux,  s'il  en 
existe,  cpii  seraient  isotropes  au  point  de  vue  électrique  et  anisotropes  au 
point  de  vue  magnétique,  la  surface  d'onde  serait  celle  de  Fresnel,  mais 
qu'en  chaque  point  les  directions  de  la  force  électrique  et  de  la  force  ma- 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  853. 

C    R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXH,  N°  19.)  lào 


(    io58  ) 
gnétique  sont  interverties,  et  le  plan  de  polarisation  aura  tourné  d'un 


angle  droit. 


»  Je  commence  actuellement  ('  )  des  recherches  expérimentales  ayant 
pour  but  de  contrôler  les  diverses  conclusions  que  je  viens  d'indiquer.  Si 
elles  sont  vraies,  il  sera  nécessaire  de  généraliser  les  diverses  théories  mé- 
caniques de  la  lumière  et  en  même  temps  la  théorie  électromagnétique 
recevra  une  importante  confirmation.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  détermination  de  la  constante  diélectrique  du  verre  à 
l'aide  d'oscillations  électriques  très  rapides.  Note  de  M.  R.  Blondlot,  pré- 
sentée par  M.  Lippmann. 

«  Les  oscillations  électriques  très  rapides,  telles  que  les  produisent  les 
appareils  de  M.  Hertz,  ont  été  utilisées  par  M.  J.  Thomson  pour  la  mesure 
de  la  constante  diélectrique  (2).  M.  J.  Thomson  tire  de  ses  expériences 
la  conclusion  suivante  :  «  Pour  des  oscillations  au  nombre  de  25oooooo 
par  seconde,  la  capacité  inductive  spécifique  du  verre  est  très  près  d'être 
égale  au  carré  de  l'indice  de  réfraction  et  est  beaucoup  moindre  que  par 
des  renversements  plus  lents.  » 

»  On  peut  objecter,  contre  cette  conclusion,  l'emploi  de  la  formule 
donnant  la  période  des  oscillations,  formule  dont  l'exactitude  est  douteuse 
dans  le  cas  des  oscillations  très  rapides.  Plus  récemment,  M.  E.  Lécher  a 
mesuré  les  constantes  diélectriques  de  plusieurs  substances  à  l'aide  d'une 
méthode  fondée  également  sur  la  détermination  de  la  longueur  d'onde 
d'oscillations  très  rapides,  mais  sans  l'intervention  d'aucune  formule. 

»  Les  conclusions  de  M.  Lécher  sont  diamétralement  opposées  à  celles 
de  M.  J.  Thomson  :  «  Non  seulement,  dit-il,  la  constante  diélectrique, 
»  calculée  à  l'aide  de  la  capacité,  ne  devient  pas  plus  petite  pour  des  oscil- 
»   lations  très  rapides,  mais  même  elle  croît  notablement.  » 

»  Ces  conclusions  contradictoires  m'ont  engagé  à  de  nouvelles  recher- 
ches ;  la  méthode  que  j'ai  employée  repose  sur  l'emploi  d'oscillations  très 
rapides,  mais  je  ne  me  sers  d'aucune  formule. 


(')  Au  Laboratoire  d'enseignement  de  la  Physique,  à  la  Sorbone. 

('-')  J.-J.  Thomson,  Capacité  inductive  spécifique  des  diélectriques  quand  ils  sont 
soumis  à  l'action  de  forces  électriques  à  alternatives  rapides  (  Proceedings  of  Ilic 
Royal  Society,  20  juin  1889. 


(  Io59  ) 
»  Une  grande  plaque  rectangulaire  en  laiton  AA'  est  fixée  verticalement; 
une  seconde  plaque  BB',  plus  petite,  forme  condensateur  avec  la  première. 
Ce  condensateur  peut  se  décharger  sur  lui-même  par  l'intermédiaire  des 
boules  a  et  b  ;  a  est  en  communication  avec  les  tuyaux  de  gaz,  b  avec  l'un 
des  pôles  d'une  bobine  d'induction  dont  l'autre  pôle  communique  avec 
les  tuyaux  de  gaz.  Lorsque  la  bobine  fonctionne,  le  condensateur  AB  est 
le  siège  de  charges  et  de  décharges  oscillatoires  dont  la  période  est  de 


l'ordre  des 


le  seconae. 


D  !  D 


~Ô3- 
_£2_ 


B' 


»  On  a  ainsi,  dans  l'espace  situé  du  côté  de  AA'  opposé  à  BB',  un  champ 
électromagnétique  périodique  cpii,  c'est  ici  le  point  capital,  admet  XX 
comme  plan  de  symétrie. 

»  Fixons  dans  ce  champ  deux  plaques  carrées  CD,  CD'  parallèles  à 
AA'  et  symétriques  par  rapport  à  XX,  puis  soudons  aux  milieux  DD'  de 
leurs  bords  internes  deux  (ils  aboutissant  en  E  et  E'  à  deux  pointes  de 
charbon  à  lumière  maintenues  en  regard  à  une  distance  très  petite. 

»  Bien  que  la  bobine  fonctionne,  on  n'observe  entre  E  et  E'  aucune 
lueur  :  cela  résulte  de  la  symétrie  de  l'appareil.  Interposons  entre  AA'  et  CD 
une  lame  de  verre,  aussitôt  des  étincelles  jaillissent  entre  E  et  E';  cela  ré- 
sulte de  ce  que  l'induction  reçue  par  CD  est  devenue  plus  forte  que  celle 
que  reçoit  CD'. 

»  Interposons  maintenant  entre  AA  et  CD'  une  lame  de  soufre  ;  si  nous 
lui  donnons  une  épaisseur  telle  que  l'action  inductrice  sur  CD'  soit  égale 


(   io6o  ) 

à  l'action  sur  CD,  les  étincelles  disparaîtront  en  EE'.  Réciproquement,  la 
disparition  des  étincelles  en  EE'  indiquera  que  les  inductions  transmises 
à  CD  et  à  CD'  sont  égales;  il  suffira  alors  de  mesurer  les  épaisseurs  des 
deux:  lames  diélectriques  pour  déterminer  par  un  calcul  facile  le  rapport 
des  constantes  diélectriques  du  verre  et  du  soufre.  Grâce  à  des  précautions 
expérimentales  que  je  ne  puis  indiquer  ici,  j'ai  pu  rendre  cette  méthode 
sensible  et  précise. 

»  La  plaque  de  verre  que  j'ai  employée  à  exactement  3cm  d'épaisseur. 
D'autre  part,  j'ai  coulé  deux  plaques  de  soufre  en  forme  de  prismes  de  même 
angle,  de  façon  qu'en  les  accolant,  comme  dans  le  compensateur  de  Ba- 
binet,  on  reforme  une  lame  à  faces  parallèles  dont  on  peut  faire  varier 
l'épaisseur.  J'ai  trouvé  3e™,  1 5  pour  l'épaisseur  de  la  lame  de  soufre  com- 
pensant exactement  la  lame  de  verre.  Pour  achever  de  déterminer  la  con- 
stante diélectrique  du  verre,  il  fallait  connaître  celle  du  soufre;  cela  était 
facile,  puisque  le  soufre  est  un  diélectrique  presque  parfait.  J'ai  employé 
la  méthode  indiquée  par  M.  J.  Curie  ('  ),  et  j'ai  trouvé  le  nombre  2,94  ;  on 
en  déduit,  pour  la  constante  diélectrique  du  verre,  le  nombre  2,8  =  C  i.Gy)2. 

»  Comme  on  le  voit,  ce  résultat  est  presque  identique  à  celui  de  M.  J. 
Thomson.  La  loi  de  Maxwell  n'est  pas  vérifiée  exactement,  car  l'indice 
moyen  de  ma  lame  de  verre  est  i,5i  environ,  mais  l'écart  est  beaucoup 
moins  grand  que  celui  que  donnent  les  valeurs  des  constantes  diélectriques 
obtenues  à  l'aide  de  méthodes  plus  lentes.  Ma  conclusion  est  la  même 
que  celle  de  M.  J.  Thomson.  » 


CHIMIE   MINÉRALE.    —   Sur  un  nouveau  composé  oxygéné  du  tungstène. 
Note  de  M.  E.  Péchard  (  -  ),  présentée  par  M.  Troost. 

«  Dans  une  précédente  Communication  ('),  j'ai  annoncé  que  l'eau  oxy- 
génée transformait  les  paratungstates  alcalins  en  combinaisons  plus  so- 
lubles.  Il  était  intéressant  de  rechercher  si  cette  réaction  donne  naissance 
à  des  sels  d'un  acide  surox\géné,  c'est-à-dire  à  des  hypertungstates  ana- 
logues aux  hypermolybdates  que  j'ai  fait  connaître. 

»  Une  dissolution  de  paratungstate  de  soude,  additionnée  d'eau   oxy- 


(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  1889. 

(  =  )  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  de  l'Ecole  Normale  supérieure. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  CXI1,  p.  720. 


(    ro6i   ) 

gênée  et  portée  à  I'ébullition  pendant  quelques  minutes,  prend  rapidement 
une  teinte  jaunâtre.  Dès  ce  moment,  la  liqueur  ne  contient  plus  de  para- 
tungstate  de  soude,  car,  si  l'on  y  verse  de  l'acide  nitrique,  on  ne  voit  pas 
se  produire  un  précipité  d'acide  tungs tique,  même  en  portant  ce  mélange 
à  l'ébullition. 

»  La  liqueur  jaune  ainsi  obtenue,  soumise  à  l'évaporation  dans  le  vide- 
sec,  donne  un  liquide  sirupeux,  très  dense,  d'où  se  déposent  de  petits 
cristaux  blancs  radiés.  Ces  cristaux  se  distinguent  déjà  du  paratungstate  de 
soude  par  leur  grande  solubilité  dans  l'eau;  on  peut  les  purifier  par  plu- 
sieurs cristallisations. 

»  Chauffés  progressivement  dans  le  vide,  ces  cristaux  abandonnent 
d'abord  de  l'eau,  et,  si  l'on  continue  à  les  chauffer,  ils  foisonnent  brusque- 
ment en  laissant  dégager  de  l'oxygène.  Le  sel  qui  reste  après  cette  opéra- 
tion est  un  tungstate  de  soude  qui  est  jaune  à  chaud  et  devient  blanc  par 
le  refroidissement. 

»  La  destruction  de  ce  sel  par  la  chaleur  m'a  permis  d'en  déterminer  la 
composition;  elle  correspond  à  la  formule 

NaO,  aHO.Tu'O7. 
ainsi  qu'il  résulte  des  nombres  suivants  : 

Calculé.  Trouvé. 

NaO 3i  10,72  10,74               » 

?A10 18  6,a3  6,29 

Tu207 232  80,28  79>96              » 

0 8  2,77  2,82  2,93 

289  100,00  99,81 

»  Les  volumes  d'oxygène  recueilli  dans  ces  deux  analyses  étaient  de  55cc 
et  33cc  pour  2^,79/48  et  isr,6i33  de  matière. 

»  Le  paratungstate  d'ammoniaque  traité  par  l'eau  oxygénée  donne  éga- 
lement un  sel  blanc,  très  soluble  dans  l'eau,  indécomposable  par  l'acide 
nitrique  et  foisonnant  sous  l'action  de  la  chaleur. 

»  Les  analyses  qui  précèdent  montrent  donc  que  l'eau  oxygénée  trans- 
forme l'acide  tungstique  des  tungstates  alcalins  en  un  acide  suroxygéné 
Tu207,Aq,  et  ce  fait  peut  être  montré  encore  par  les  réactions  suivantes  : 

i°  Les  alcalis  détruisent  les  sels  que  je  viens  de  décrire  et  mettent  en 
liberté  de  l'oxygène.  C'est  pourquoi  il  est  nécessaire  de  s'adresser,  pour 


(    1062  ) 

leur  préparation,  aux  paratungstates  et  non  aux  tungstates  neutres,  qui  sont 
toujours  alcalins. 

20  Une  dissolution  de  ces  sels  chasse  l'iode  de  Fiodure  de  potassium  et 
décompose  l'acide  chlorhydrique  en  dégageant  du  chlore.  Le  tungstate 
alcalin  qui  reste  dans  la  liqueur  est  alors  décomposé  et  de  l'acide  tung- 
stique  est  mis  en  liberté  par  l'excès  d'acide  chlorhydrique. 

»  En  résumé,  l'eau  oxygénée  exerce  sur  les  tungstates  alcalins  une 
action  analogue  à  celle  que  j'ai  déjà  étudiée  pour  les  molybdates.  Elle 
donne  des  hypertungstates  dérivant  d'un  acide  suroxygéné  du  tungstène.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —   Élude  thermique  des  acides  organiques    bibasiques 
à  fonctions  simples.  Note  de  M.  G.  Massol. 

«  Pour  déterminer  Y  affinité  ou  Y  énergie  de  combinaison  des  acides,  on 
s'était  borné  autrefois  à  mesurer  les  chaleurs  de  neutralisation,  c'est-à-dire 
les  chaleurs  dégagées  par  la  combinaison  de  imo1  d'acide  avec  une  ou  plu- 
sieurs molécules  de  base,  pour  former  un  sel,  tous  les  corps  étant  dissous 
dans  une  quantité  d'eau  considérable  (aUt  pour  chaque  acidité  ou  basicité.) 

»  Or  les  chaleurs  de  neutralisation  ne  représentent  pas  exactement  les 
quantités  de  chaleur  dégagées  par  la  combinaison  de  l'acide  avec  la  base  ; 
il  se  produit  le  plus  souvent  des  actions  secondaires,  telles  que  dissocia- 
tion des  sels,  formation  d'hydrates,  etc.,  et  l'effet  thermique  observé  n'est 
qu'une  résultante. 

»  Pour  éviter  ces  causes  d'erreur,  il  suffit  de  rapporter  tous  les  corps 
à  l'état  solide,  ainsi  que  l'a  indiqué  M.  Berthelot  ('  )  il  y  a  plusieurs  an- 
nées :  il  a  donné  la  chaleur  de  formation  des  sels  solides,  depuis  l'acide  et 
la  base,  comme  la  véritable  mesure  des  affinités  qui  concourent  à  leur 
production.  Je  vais  faire  quelques  applications  nouvelles  de  ce  principe 
aux  sels  des  acides  de  la  série  oxalique.  Leur  chaleur  de  neutralisation 
en  solution  étendue  est  comprise  entre  -Hi3Cal  et  +i4Cal  par  équivalent  de 
base.  Dans  certains  cas,  la  deuxième  molécule  de  base  dégage  un  peu 
plus  de  chaleur  que  la  première  (acides  oxalique,  inalonique,  ainsi  que  les 
acides  minéraux  sulfurique,  arsénieux,  sélénique,  etc.);  pour  d'autres 
acides,  c'est  la  première  molécule  de  base  qui  dégage  le  plus  de  chaleur 

(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5e  série,   l.  IV.  p.  74,  etsurtout  p.  122  et 
suivantes,  p.  i3o,  etc.  —  Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes  pour  1888,  p.  612. 


(   io63  ) 

(acides  succinique,  tartrique  et  sulfureux,  sélénieux,  arsénique,  etc.).  Ces 
différences  varient  de  oCa,,5  à  iCal 

»  Mais,  si  l'on  calcule  les  chaleurs  dégagées  :  i°  par  la  formation  du  sel 
acide  solide,  2°  par  la  transformation  du  sel  acide  en  sel  neutre  solide,  on 
observe  les  résultats  suivants,  les  réactions  générales  étant  indiquées  par 
les  deux  équations 

C«H2n-*04sol .   :-M'OHsol .  =  C"HM  3M'0*sol.    +  H2Osol.  :  +  Q 
C»H2n-3M'04sol.  +  M'OHsol.=  CnH2*-*M'204sol.  +  H2Osol.  :  -+- Q'. 

Acide 
oxalique.  malonique.  succinique.  sulfurique. 

i"KOH -t-34%8  +27C,87  +25%6  +  47!s 

2e  KOH +24,69  +20,70  +2 1,1 5  +33,6 

Total ,+  58,97  +  48,57  +  46,  4"  +81, 4 

i"NaOH +28,3  +25,8  »  +42,7 

2eNaOH +24,7  +i5,6  »  f-26,6 

Total +53,o  +4i>4  +4o,o  +69,3 

»  Il  ressort  nettement  des  résultats  ci-dessus  que  :  r°  contrairement  à 
ce  que  semblent  indiquer  les  chaleurs  de  neutralisation,  la  combinaison 
avec  une  première  molécule  de  base,  qui  donne  naissance  au  sel  acide, 
dégage  plus  de  chaleur  que  l'action  d'une  deuxième  molécule  de  la  même 
base  qui  transforme  le  sel  acide  en  sel  neutre. 

»  L'acide  sulfurique,  que  je  prends  comme  type  de  diacide  minéral  à 
constitution  symétrique,  se  comporte  de  même;  la  première  acidité  est 
plus  énergique  que  la  seconde. 

»  20  En  réalité,  ces  différences  thermiques  n'impliquent  point,  à  mon 
avis,  une  constitution  dyssymétrique  :  je  les  attribue  à  une  action  réciproque 
des  deux  groupements  acides.  Si  dans  l'acide  formique  H.C02H,  qui  dé- 
gage +  23Cal,8  avec  la  potasse,  l'on  remplace  l'atome  d'hydrogène  par  un 
autre  groupe  C02H,  ce  dernier,  par  sa  présence,  renforce  l'acidité  de  tout 
le  système,  et  cette  acidité  devient  supérieure  à  celle  de  2  molécules  d'acide 
formique  (25Cal,8  x  2  =  5iC:,',6  au  lieu  de  58Cal,  8).  Mais,  la  première  aci- 
dité neutralisée,  le  sel  acide  se  comporte  comme  un  monoacide  :  dans  le  cas 
actuel,  comme  l'acide  formique. 

»  3°  Dans  l'acide  malonique  les  deux  groupements  C02H  sont  séparés 
par   un   groupe    hydrocarboné,    et   leur   dépendance    fonctionnelle    est 


(  io64  ) 

moindre.  La  première  acidité,  bien  que  supérieure  à  celle  de  l'acide 
formique,  est  notablement  moindre  que  celle  de  l'acide  oxalique.  Après 
saturation,  le  groupe  C02H  restant  se  comporte  comme  l'acide  acé- 
tique. 

»  4°  Enfin,  pour  l'acide  succinique,  l'acidité  totale  est  un  peu  plus 
faible  que  celle  de  l'acide  malonique;  mais  elle  est  supérieure  de  -+-  3Cal  à 
celle  de  2  molécules  d'acide  acétique.   » 


Remarque  sur  la  Note  précédente;  par  M.  Iîertiielot. 

«  Les  observations  intéressantes  de  M.  Massol  renferment  des  faits  nou- 
veaux relatifs  aux  sels  des  acides  malonique  et  succinique.  Quant  à  la  con- 
clusion relative  à  la  prépondérance,  dans  l'état  solide,  de  la  chaleur  dé- 
gagée par  la  réaction  du  premier  équivalent  de  base  sur  celle  que  dégage 
le  second  équivalent,  dans  leur  union  avec  un  acide  basique,  c'est  une 
conséquence  nécessaire  de  ce  fait  constaté  (  '  )  :  que  l'union  d'un  acide  biba- 
sique  avec  son  sel  neutre  pour  former  un  sel  acide,  dans  l'état  solide,  dégage 
de  la  chaleur.  Soit,  en  effet,  un  acide  bibasique  RH208  et  une  base  alcaline 
MHO2.  Soit  la  formation  du  sel  neutre 

RH20:  +-2MH02  =  RM2Os+2lI202,  dégage -+-2Q 

et  l'union  du  sel  neutre  avec  une  nouvelle  proportion  d'acide, 

RM208  +  RHs08  =  2RHMO8    +  Q' 

Q  et  Q'  étant  des  quantités  positives.        3 
»   Ajoutons  ces  deux  équations,  on  aura 

2RH208  +  2  MHO2  =  2RHMO»+  all202 2Q  +  Q' 

»    La  chaleur  de  combinaison  rapportée  à  un  seul  équivalent  de  base 

0'                                                                      O' 
sera  Q  pour  le  sel  neutre,  Q  +  —  pour  le  sel  acide,  et  dès  lors  Q — 

pour  l'union  du  deuxième  équivalent  de  base  avec  le  sel  acide. 

»  C'est  précisément  par  cet  écart  entre  les  chaleurs  de  formation  du  sel 
acide  et  du  sel  neutre  que  j'ai  expliqué  les  actions  réciproques  et  les  équi- 
libres entre  un  acide  monobasique  et  un  acide  bibasique,  par  exemple 


(  '  )   Annales  de  Chimie  cl  de  Physique.  5e  série,  l.  IV,  p.  i3o;  1S7Ô. 


(  io65  ) 

la  décomposition  des  sulfates  neutres  par  les  acides  azotique  et  chlorhy- 
drique  ('  ).  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Sur  le  quatrième   alcool  amylique  ■  primaire.    ÏNote 
de  M.  Li.  Tissier,  présentée  par  M.  Friedel. 

«  La  théorie  permet  de  prévoir,  dans  la  série  amylique,  outre  trois 
alcools  secondaires  et  un  alcool  tertiaire  qui  sont  connus,  quatre  alcools 
primaires  de  constitutions  différentes  : 

Alcool  normal CH3  -  (CH2)3  -  CH2OH 

Alcool  isoamylique (CH3)2  =  CH-  CH2  -  CH2OH 

CH3   \ 
Alcool  amylique  actif Z,  ,      \  CH  -  CH2OH 

Alcool  triméthyléthylique (CH3)' =  C  -  CIPOII 

»  Sur  ces  derniers,  trois  seulement  étaient  connus. 

»  Il  était  d'autant  plus  intéressant  de  rechercher  ce  quatrième  alcool 
(CH3)3  =  C-CH2OH,  correspondant  à  l'acide  triméthylacétique,  que  les 
trois  groupes  méthyle,  attachés  à  un  même  carbone,  devaient  lui  donner 
des  propriétés  particulières.  Afin  de  l'obtenir,  j'ai  préparé  d'abord  l'aminé 
correspondante,  au  moyen  du  cyanure  de  butyle  tertiaire,  cette  aminé 
devant  donner  l'alcool  cherché  par  substitution  du  groupe  (OH)  au 
groupe  AzII2. 

»  Triméchylèthylamine  (CH:i):  =  C  -  CIPAziï'-'.  --  Le  cyanure  de  butyle 
tertiaire,  obtenu  par  l'action  de  l'ioduré  de  triméthylcarbyle  sur  le  cyanure 
double  de  mercure  et  de  potassium  à  la  température  de  4°.  suivant  le  pro- 
cédé de  Bouttlerow,  a  été  dissous  dans  environ  vingt-cinq  fois  son  poids 
d'alcool  absolu. 

»  Le  mélange  porté  à  l'ébullition,  dans  un  ballon  muni  d'un  réfrigé- 
rant ascendant  et  additionné  peu  à  peu  d'un  excès  de  sodium,  laisse  déga- 
ger des  vapeurs  alcalines,  à  odeur  de  marée,  qu'on  peut  recueillir  dans 
l'acide  chlorhydrique  étendu  d'eau.  Par  évaporation  de  la  solution  chlor- 
hydrique ,  on  obtient  des  cristaux  qui ,  décomposés  par  la  potasse  , 
mettent  en  liberté  la  triméthyléthylamine,  liquide  incolore,  bouillant  de 
8i°  à  820. 

(')  Essai  de  Mécanique  chimique,  t.  II,  p.  586. 

C.  R.,  1891     1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  19.)  Ï^O, 


(  io66  ) 

»  Le  chlorhydrate  fond,  en  se  décomposant,  vers  85°  ;  c'est  un  corps 
soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool  absolu. 

»  Chbroplaiinaie  |  (CH3)3  -  C-CH2AzH2-HClJ2PtCl\  -  Le  chlorhy- 
drate est  précipité  de  ses  solutions  aqueuses  ou  alcooliques  par  le  chlorure 
de  platine,  en  feuillets  jaune  d'or,  peu  solubles  dans  l'alcool  bouillant. 

»   On  a  préparé  de  même  le  chloraurate  et  le  chloromercurate. 

»  Plus  de  trois  mois  après  la  publication  de  ces  faits  (Bull.  Soc.  c/iim., 
3e  série,  t.  III,  p.  497).  MM.  Freund  et  Senze,  en  Allemagne,  communi- 
quaient les  mêmes  résultats,  sans  tenir  compte  de  mes  recherches,  inter- 
rompues pendant  les  mois  d'août  et  septembre;  de  plus,  faisant  agir,  ainsi 
que  je  l'avais  déjà  indiqué,  l'azotite  d'argent  sur  le  chlorhydrate  de  trimé- 
thyléthylamine,  ils  obtenaient  un  alcool  bouillant  à  io2°-io3°,  qu'ils  pré- 
sentaient comme  l'alcool  triméthyléthylique. 

»  Or  on  sait  que  l'action  de  l'acide  nitreux  sur  les  aminés  primaires 
donne  facilement,  par  transposition  moléculaire,  des  alcools  secondaires 
ou  tertiaires.  Dans  le  cas  présent,  on  pouvait  retomber  sur  un  alcool  amy- 
lique  tertiaire,  le  diméthyléthylcarbinol  obtenu  pour  la  première  fois  par 
Wurtz, 

(CH3)3  ^  C-CH2AzH2  +  Az02H  =  ^'^  C-OH  -+-  H20  4-  Az3; 

et,  en  effet,  le  diméthyléthylcarbinol  bout  à  102^.3  comme  l'alcool  indiqué 

précédemment. 

»   J'ai  alors  pensé  à  vérifier  la  formule  de  l'alcool  dérivé  de  l'aminé  : 
»    iu  En  comparant   ses  propriétés  à  celles  du  diméthyléthylcarbinol, 

ce  qui  m'a  fourni  le  Tableau  suivant  : 

Alcool Liquide  incolore.     Odeur  camphrée.     Ebull.     i02°,5 

Acide  acétique,  S04H2. 

Acétone,  pas  d'acide  suliamylique. 


Oxydation. 


Diméthyléthylcarbinol Liquide  incolore.     Odeur  camphrée.      Ébull.  io2°-io3° 

_      ,     .         \  Acide  acétique,  SO4  II-. 
Oxydation.  ^ 

J  (  Acétone,  pas  d  acide  suliamylique. 

»   Tout  est  donc  pareil  de  part  et  d'autre. 

»  20  En  préparant  par  une  autre  voie  l'alcool  triméthyléthylique.  Je  me 
suis  adressé  à  la  réduction  des  chlorures  d'acides  par  l'amalgame  de  so- 
dium. 

»  Alcool  triméthyléthylique  (C5H,20)  (CH3)3  =  C-CH2 OH.  -  On  verse 
peu  à  peu  un  mélange  de  iog1'  de  chlorure  d'acide  triméthylacétique  avec 


(  io67  ) 

20gr  du  même  acide  sur  25ogr  d'amalgame  de  sodium  à  3  pour  ioo  placé 
dans  un  flacon  de  verre,  en  ayant  soin  d'agiter  constamment.  Au  bout  de 
vingt-quatre  heures,  on  ajoute  de  l'eau  et,  après  saturation  du  liquide  par 
la  potasse,  on  obtient  à  la  distillation  environ  8grd'un  liquide  huileux  qui, 
fractionné,  se  sépare  en  plusieurs  portions  bouillant  de  65°  à  8o°,  de  io5° 
à  i2o°,  de  i5o°à  i8o°  et  enfin  au-dessus  de  i8o°. 

»  La  portion  passant  de  io5°  à  1200  rectifiée  se  prend  en  une  masse 
cristalline  sans  action  sur  la  lumière  polarisée  ('),  fondant  à  48°-5o°,  bouil- 
lant «à  ii2°-ii3°,  d'une  tension  de  vapeur  très  grande,  même  à  la  tem- 
pérature ordinaire.  Des  traces  d'éther  suffisent  à  la  dissoudre.  Ce  pro- 
duit possède  les  caractères  d'un  alcool. 

»  Il  donne,  avec  l'acide  sulfurique,  un  acide  amylsulfurique  qui  four- 
nit un  sel  de  baryte  cristallisé. 

»  Par  oxydation  de  l'alcool  avec  l'acide  chromique,  on  obtient  l'acide 
triméthylacétique. 

»  La  vitesse  et  la  limite  d'éthérification,  mesurées  à  i53°-i54°  au  moyen 
d'un  mélange  d'acide  acétique  cristallisable,  fondant  à  i6°,6  et  d'alcool  à 
molécules  égales,  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

Vitesse 4o,75;  40,6g;  40,71  Limite 66,99;  67,2 

»  Pour  obtenir  le  chlorure  d'acide  nécessaire,  il  est  avantageux  de  pré- 
parer l'acide  triméthylacétique  par  oxvdation  de  la  pinacoiine,  suivant  le 
procédé  qui  l'a  donné  pour  la  première  fois  à  MM.  Friedel  et  Silva 
(Comptes  rendus,  t.  LXXVII,  p.  48);  puis  à  faire  réagir  à  froid  le  trichlorure 
de  phosphore,  à  raison  de  deux  molécules  d'acide  pour  une  de  trichlorure; 
la  réaction  est  terminée  au  bout  de  vingt-quatre  heures,  avec  un  rende- 
ment de  g5  pour  100  de  la  théorie. 

»  Éther  triméthylacétique  (CIL1)3  :  C-CH2-0-OC -C=  (CH3)\  • 
La  portion  la  plus  importante  des  huiles  brutes,  passant  à  i4o°-i8o°,  est 
composée  d'éiher  triméthyléthylacétique.  C'est  un  liquide  incolore,  d'odeur 
agréable,  bouillant,  après  rectification,  à  iG4°-i66°.  Par  la  potasse  sèche, 
il  se  décompose  rapidement,  à  l'ébullition,  en  alcool  triméthyléthvlique  et 
triméthylacétate  de   potassium. 

»  Éther  acétique  (CH')8  = C-CH2-0-OC2Hs.  Si  l'on  fait  réagir 
sur  l'alcool  triméthylacétique   soit  l'acide   acétique  cristallisable,  soit  le 

(  ')  Nous  rappellerons  que  l'acide  triméthylacétique  cristallise  de  même  en  masses 
et  en  dendrites  sans  action  sur  la  lumière  polarisée. 


(  io68  ) 

chlorure  d'acétyle,  surtout  à  chaud,  en  tube  scellé,  on  obtient  un  liquide 
incolore  à  odeur  de  pommes,  bouillant  vers  1260. 

»  Aldéhyde  triméthylacétique  (CH3)3ese  C-COH.  —  Les  premières  por- 
tions des  huiles  obtenues  dans  la  réduction  du  chlorure  de  triméthylacé- 
tyle,  bouillant  de  65°  à  qo°,  réduisent  le  nitrate  d'argent  ammoniacal 
et  forment  avec  le  bisulfite  de  soude  une  combinaison  d'où  l'on  peut 
tirer,  après  purification,  un  liquide  bouillant  à  F]l\°-'J^0,  fondant  à  +3°. 
Densité  =  0,7927  à  180. 

»  Par  réduction  au  moyen  de  l'amalgame  de  sodium,  elle  donne  l'al- 
cool triméthyléthylique.  Je  me  propose  de  continuer  l'étude  de  cet  alcool 
et  de  ses  dérivés  (  '  ).    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  diffusion  de  l'eau  douce  dans  l'eau  de  mer. 

Note  de  M.  J.  Thoulet. 

«  J'ai  commencé,  le  1e1' décembre  1890,  l'expérience  suivante,  relative 
à  la  diffusion  de  l'eau  douce  dans  l'eau  de  mer. 

»  Dans  un  flacon  cylindrique  de  6oocc  divisé  en  parties  d'égale  hauteur 
et  d'égale  capacité,  j'ai  versé  3oocc  d'eau  de  mer  amenée  par  évaporation  à 
la  densité  1,0646;  j'ai  déposé  à  la  surface  du  liquide  six  petites  sphères  de 
cire  lestées  de  poussière  de  quartz,  de  façon  à  posséder  des  densités  diffé- 
rentes intermédiaires  entre  les  densités  de  l'eau  salée  pure  et  mélangée  de 
son  volume  d'eau  douce.  J'ai  alors  introduit  dans  ce  flacon  très  doucement, 
pour  ne  provoquer  aucun  mélange,  3oocc  d'eau  distillée.  Le  flacon  bouché 
à  l'émeri  était  déposé  dans  une  cage  de  verre  mastiquée  et  contenant,  avec 
un  thermomètre  à  maxima  et  minima,  des  fragments  de  chaux  vive  pour 
dessécher  l'air  et  le  rendre  mauvais  conducteur  de  la  chaleur.  La  cage 
portée  sur  un  support  maçonné  était  recouverte  d'une  caisse  en  bois  à 
fenêtres  vitrées  et  le  tout  se  trouvait  dans  une  cave  dont  la  porte  était 
rembourrée  par  des  paillassons.  Les  sphères  ont  commencé  à  s'écarter,  les 
unes  montant,  les  autres  descendant  à  mesure  que  la  diffusion  s'accom- 
plissait ;  à  des  intervalles  de  temps  connus,  on  notait  la  position  des  sphères 
et  l'on  traçait  ainsi  la  courbe  de  chacune  d'elles.  La  température  était 
mesurée.  La  diffusion  s'est  effectuée  d'une  manière  si  lente  que,  d'après 
ce  qui  se  passe  depuis  cinq  mois,  il  faudra  environ  dix-huit  mois  pour  que 


(')   Ce  travail  a  été  lait  au  laboratoire  Je  M.  Friedel 


(  Io69  ) 
toutes  les  boules  soient  descendues  jusqu'au  fond  ou  remontées  jusqu'à  la 
surface,  ce  qui  indiquera  que  le  liquide  est  de  densité  homogène. 

»  Cette  expérience  n'avait  pour  moi  d'autre  but  que  de  constater  la  len- 
teur extrême  de  la  diffusion  qui  m'était  indispensable  pour  appuyer  cer- 
taines considérations  relatives  aux  eaux  abyssales.  Néanmoins  les  courbes 
afférentes  à  chaque  sphère  offrent  un  caractère  sur  lequel  il  ne  semble 
pas  inutile  d'appeler  l'attention  des  physiciens,  car,  en  outre  de  la  diffusion, 
la  question  touche  au  problème  si  complexe  de  la  conductibilité  thermique. 

»  Si  l'on  prend  trois  ordonnées  au  hasard,  en  admettant  que  la  tempé- 
rature soit  restée  constante  (en  réalité,  elle  a  varié  entre  o"  et  -+-  6°  pendant 
l'hiver,  qui  a  été  très  rigoureux),  qu'il  ne  s'est  produit  aucune  contraction 
de  volume,  que  les  quantités  de  liquide  comprises  entre  deux  courbes  pos- 
sèdent respectivement  une  densité  uniforme,  moyenne  arithmétique  entre 
celles  des  deux  sphères  correspondant  à  la  courbe  inférieure  et  à  la  courbe 
supérieure,  et,  si  l'on  considère  chacune  de  ces  solutions  comme  consti- 
tuée par  un  mélange  d'eau  salée  à  la  densité  1,0646  et  d'eau  distillée,  puis 
qu'on  calcule  la  proportion  pour  100  d'eau  douce  afférente  à  chacune  de 
ces  solutions,  on  remarque  que  celle-ci  est  sensiblement  constante  après 
un  même  temps  et  sur  chaque  ordonnée. 

Après     3 16  heures,    ij  pour  ioo  d'eau  douce  pour  100  de  solution 
»  636        ri  3 1  »  » 

»       1228       »  8  »  » 

»  On  pourrait  énoncer  comme  il  suit  la  disposition  de  ces  courbes  : 
L'eau  douce  semble  pénétrer  dans  la  solution  salée  comme  si  ses  mo- 
lécules s'intercalaient  entre  les  molécules  de  sel;  elle  progresse  de  telle 
sorte  que,  à  un  moment  quelconque,  la  quantité  d'eau  douce  est  la  même 
dans  chaque  tranche  horizontale  du  liquide,  et  il  en  résulte  que  la  vitesse 
de  diffusion  élémentaire  est  la  même,  quelle  que  soit  la  teneur  en  sel  de  la 
solution. 

»  La  vitesse  de  diffusion  ou  de  pénétration  de  l'eau  douce  dans  l'eau 
salée  se  ralentit  avec  le  temps,  c'est-à-dire  à  mesure  que  l'intervalle  entre 
deux  molécules  de  sel  et  que  le  volume  total  de  liquide  salé  dont  la  densité 
doit  s'abaisser  par  l'introduction  de  l'eau  douce  deviennent  plus  considé- 
rables. En  d'autres  termes,  la  vitesse  se  ralentit  à  mesure  qu'il  faut  plus 
de  molécules  d'eau  pour  un  même  nombre  de  molécules  de  sel  afin  de 
produire  l'équilibre  stable  de  diffusion,  c'est-à-dire  une  solution  de  den- 
sité homogène  dans  toute  son  étendue 


(  i°7°  ) 
»   Le  ralentissement  n'arrive  pas  à  être  infini;  car,  dans  ce  cas,  l'équi- 
libre de  diffusion  n'aurait  jamais  lieu,  et  deux  solutions  de  salures  diffé- 
rentes ne  se  mélangeraient  jamais  complètement.  » 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  la  théorie  des  feldspaths  de  M.  Tschermak. 
Note  de  M.  K.  de  Kroustciioff,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  En  étudiant  une  roche  granitique  à  grands  sphéroïdes  (mesurant  iocm 
à  i2cm)  de  l'Altaï,  j'ai  trouvé  un  plagioclase  offrant  certains  caractères 
physiques  et  chimiques  d'une  grande  importance  au  point  de  vue  de  l'intel- 
ligence théorique  définitive  de  cette  espèce  minérale  si  intéressante.  D'une 
des  calottes  intérieures  des  vacuoles  on  peut  obtenir,  en  utilisant  les  cli- 
vages p(ooi),  g'  (oio),f(no)ou  /(no),  de  très  belles  plaques  minces  sui- 
vant ces  directions. 

»  Plaque  extrêmement  mince  suivant  p(ooi)  :  lamelles  hémitropes  assez 
étroites  suivant  la  loi  de  l'albite  ;  l'extinction  ne  s'écarte  que  d'un  angle  très 
petit,  presque  insignifiant,  de  la  trace  du  plan  des  macles. 

»  Plaque  extrêmement  mince  suivant  g'  (oio)  :  masse  feldspathique 
absolument  homogène  et  s'éteignant  uniformément;  les  clivages /j(ooi) 
et  l(iio)  ou  /(i  10)  sont  parfaitement  rectilignes;  extinction  presque  pa- 
rallèle à  la  trace  du  clivage  P(ooi). 

»  De  pareilles  propriétés  optiques  sont  en  relation  avec  les  nombres 
que  fournit  l'analyse  chimique.  Une  partie  du  morceau,  m'ayant  fourni 
les  plaques  minces,  a  été  analysée  par  moi  il  y  a  deux  ans,  et,  tout  récem- 
ment encore,  par  M.  Chéchoukoff  (adjoint  au  laboratoire  de  Chimie  à 
l'Université  de  Saint-Pétersbourg);  voici  nos  résultats  : 

Kroustchoff.  Chéchoukoff. 

Densité à  i^°C  =  2,6769       à  i3°-jC=  2,6778 

Silice 58,891  59>!99 

Alumine 25,382  25,281 

Oxyde  ferrique »                             » 

Chaux 4,684  4,818 

Magnésie 0,120                     » 

Soude 7,65a                  7,53o  (+0,79  =  8,32  Na20) 


Potasse i,354  1  ,  192  (=1  soude  0,79) 

Perte  au  rouge 1 ,  i65  1 ,626 

Total 99.248  99,646 


ma  -+-  ne,  = 

59,2,         a  =  68,6,         o?=ir,8, 

md  -t-  nh  = 

8,3,         e  =43,0,         h  =    0, 

uil 

m         357 
n  "  129' 

c'est-à-dire     AZ>  :  An  =  2,  73  :  1 , 

(  io7ï  ) 

»  Pour  calculer,  d'après  les  données  de  M.  Schuster  ('),  la  teneur  en 
anorthite  de  ce  feldspath,  je  me  suis  servi  avec  beaucoup  d'avantage 
d'une  méthode  extrêmement  simple,  due  à  M.  Fédoroff.  En  désignant  les 
valeurs  considérées  par  M.  Schuster  comme  typiques  pour  l'albite,  par  a 
(silice),  b  (alumine),  c  (chaux),  (/(soude),  et,  pour  l'anorthite,  par  e 
(silice),  /  (alumine),  g  (chaux),  h  (soude),  appelant  m  la  teneur  du 
feldspath  étudié  en  albite,  n  sa  teneur  en  anorthite,  on  a  les  relations 
suivantes  : 

»   I.  Silice  et  soude  : 


d'où  l'on  déduit 


c'est-à-dire  27  pour  100  d'anorthite. 
»   IL  Silice  et  alumine  : 

ma -h  ne  =  5g,  2,         a  =  68,6,         e  =  43,o, 
mb  -+-  «/=  25,3,         6=  if), 6,         /"=36,9, 

d'où  l'on  déduit 

m        iog5  ,        ,  j.  , 

—  =  -ë-^-j         c  est-a-dire     Ao:An  =  1,0:1, 

a         070  ' J 

c'est-à-dire  environ  34  pour  100  d'anorthite. 

»   III.  Silice  et  chaux  : 

ma  -+-  ne  =39,2,  a  =  68,6,         c  =  o, 

me  -F  ng  =    4.8,         c=43,o,         g- =20,1, 

d'où  l'on  calcule 

—  =  % — >         c  est-a-dire     Ao:An=  2,0:1, 
n        329  ; J 

c'est-à-dire  25  pour  100  d'anorthite. 

(')  M.  Schuster,   Ueber  die  optische  Orientirung  der  Plagioclase  (Tschermak's 
Min.  11.  Petr.  Mitth.,  t.  III,  p.  i53). 


(  i°72  ) 
»  En  prenant  la  moyenne,  nous  aurons  29  (28,83)  pour  100  d'anor- 
thite;  par  conséquent,  le  plagioclase,  dont  nous  avons  fait  l'étude,  corres- 
pond à  un  mélange  isomorphe  de  71  parties  d'albiteavec  29  parties  d'anor- 
thite  (•jiAb-hiyAn).  Or,  les  propriétés  optiques,  aussi  bien  que  la 
constitution  chimique  de  ce  feldspath,  lui  assignent  une  place  (déjà  prévue 
dans  la  théorie)  très  voisine  du  point  d'intersection  des  deux  courbes  con- 
tenant les  extinctions  sur  p(ooi)  et  g-(oio)  de  la  série  feldspathique 
entière  dessinées  par  M.  Schuster  et  calculées  par  M.  Michel  Lévy. 
Voici  donc  une  confirmation  vraiment  remarquable  (crucial  test)  de  la 
théorie  classique  du  célèbre  professeur  de  Vienne.    >< 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  organes  génitaux  des  Tnslomiens. 
Note  de  M.  G.  Saixt-Remy,  présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

.<  Nous  avons  étudié,  au  point  de  vue  de  la  structure  île  l'appareil  géni- 
tal, cinq  espèces  appartenant  à  cinq  genres  différents  de  la  famille  desTri- 
stomiens  :  Trislomum  molœ  Blanch.  et  Phyllonella  soleœ,  v.  Ben.-Hessedela 
sous-famille  des  Tristomides,  Pseudocolyle  squatinœ,  v.  Ben.-Hesse  etMicro- 
bothrium  apiculatum  Olss.  parmi  les  Monocotylides,  Udonclla  pollaclui, 
v.  Ben  -Hesse  parmi  les  Udonellides.  Ces  genres  avaient  déjà  été  l'objet 
de  recherches  de  la  part  de  Blanchard,  Kolliker,  Taschenberg,  Vogt,  etc. 
Nous  n'insisterons  que  sur  les  points  où  nous  sommes  arrivés  à  des  résul- 
tats nouveaux  (  '  ). 

»  L'appareil  mâle  se  montre  constitué  sur  un  plan  unique  ;  il  atteint  son 
plus  haut  degré  de  complication  chez  les  Tristomides,  et  présente  sa  plus 
grande  simplicité  chez  les  Udonellides.  Partout  on  retrouve  les  mêmes  or- 
ganes, mais  plus  ou  moins  développés.  Chez  les  Tristomides  et  les  Udonel- 
lides (et  aussi  chez  Calicotyle  d'après  Wierzejsky ),  il  existe  des  glandes 
spéciales  sécrétant  un  liquide  destiné  à  se  mêler  aux  spermatozoïdes;  dans 
ces  deux  familles,  ces  glandes  prostatiques  déversent  leur  produit  dans  un 
réservoir  communiquant  avec  le  canal  éjaculateur  (vésicule  prostatique)  et 
soumis  à  l'influence  de  l'appareil  musculaire  qui  préside  à  l'éjaculation.  Il 
existe,  en  outre,  chez  Phyllonella,  des  cellules  glandulaires  particulières,  ta- 


(')  Ces  animaux  ont  élé  récoltés  au  laboratoire  de  Roscoff,  où  M.  de  Lacaze-Du- 
thiers avait  bien  voulu  nous  accueillir  de  la  façon  la  plus  libérale,  et  nos  recherches 
continuées  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Nancv. 


(  io73  ) 

pissant  une  partie  du  canal  séminal  :  c'est  une  forme  analogue  qui  a  été 
observée  seule  par  von  Linstow  chez  Epibdella,  bien  que  ses  figures  fassent 
croire  que  le  premier  système  glandulaire  existe  aussi. 

»  La  portion  terminale  de  l'appareil  mâle  était  jusqu'ici  la  plus  mal  con- 
nue. Nos  observations  nous  ont  montré  qu'elle  est  partout  formée  sur  le 
même  plan. 

»  L'appareil  d'éjaculation  comprend  partout  une  vésicule  éjaculatrice  sou- 
mise à  l'action  de  muscles  plus  ou  moins  puissants  et  un  canal  ëjacidateur, 
situé,  chez  les  Tristomides  et  les  Monocotylides  étudiés  par  nous,  dans  un 
organe  musculaire  érectile  ou  pénis;  ce  pénis  est  logé  dans  une  invagination 
profonde  de  la  paroi  du  corps.  Chez  les  Udonellides  on  ne  trouve  pas  d'or- 
gane copulateur,  et  l'appareil  se  limite  aux  organes  d'éjaculation.  Si  l'on 
tient  compte  de  ce  fait,  que  les  données  que  nous  possédons  sur  l'appareil 
copulateur  de  quelques  autres  formes  sont  très  incomplètes  et  paraissent 
inexactes,  on  peut  croire  que  chez  aucun  Tristomien  il  n'existe  de  cirre, 
c'est-à-dire  un  organe  copulateur  consistant  en  un  canal  dont  la  paroi  in- 
terne peut  se  dévaginer  à  l'extérieur  en  se  réfléchissant  sur  ses  bords.  Enfin 
il  n'y  a  pas  lieu  d'admettre  un  type  spécial  d'organe  copulateur  pour  Pseu- 
docolyle  et  Calicotyle,  l'espèce  de  canule  chitineuse  décrite  n'étant  que  la 
paroi  du  canal  éjaculateur. 

»  Les  organes  femelles  sont  également  constitués  sur  un  plan  général 
commun,  et,  de  même  que  pour  les  organes  mâles,  c'est  sur  l'appareil  de 
copulation  que  portent  les  modifications  principales.  On  trouve  constam- 
ment un  réservoir  ou  réceptacle  séminal  en  relation  avec  les  conduits  gé- 
nitaux femelles,  dans  lequel  les  spermatozoïdes  sont  emmagasinés  avant 
d'être  utilisés;  mais  la  voie  qu'ils  suivent  pour  venir  s'y  accumuler  est  dif- 
férente suivant  les  genres  d'une  même  sous-famille.  Chez  certains  types, 
il  existe  un  ou  deux  conduits  particuliers  (vagins)  mettant  le  réceptacle  en 
communication  directe  avec  l'extérieur,  et  par  lesquels  le  sperme  est  versé; 
chez  d'autres,  il  n'existe  pas  d'organe  semblable,  et  la  fécondation  doit  for- 
cément avoir  lieu  par  l'orifice  de  ponte.  Chez  Udonella,  on  ne  trouve  ni 
organe  copulateur  mâle  ni  vagin  :  il  est  probable  qu'il  se  produit  une  auto- 
fécondation par  l'intermédiaire  du  cloaque  génital. 

»  Un  cloaque  génital,  dans  lequel  se  confondent  l'orifice  de  ponte  et 
l'orifice  de  l'invagination  tégumentaire  renfermant  le  pénis,  est  la  règle 
chez  les  Tristomiens;  le  genre  Trislomum  fait  exception. 

»    Enfin  nous  n'avons  pas  trouvé,  dans  cette  famille,  de  formation  homo- 

C.  R.,  )8ç)i,   V  Semestre.   (T.  CXII,  N°  19.)  !  4° 


(  i(>74  ) 

logue  au  «  canal  vitello-intestinal  »  connu  maintenant  chez  bon  nombre  de 
Polvstomiens. 

»  Nous  ajouterons  que,  d'après  nos  observations,  on  doit  maintenir  le 
genre  Microbothrium  Olss.,  supprimé  par  Taschenberg  et  rattaché  au  genre 
Pseudocotyle,  car  il  diffère  considérablement  de  ce  dernier  par  plusieurs 
caractères  anatomiques  importants;  de  même  que  Monticelli  fait  erreur 
en  supposant  que  Phvltonella  possède  deux  ventouses  antérieures  :  les 
coupes  montrent  que  les  anciennes  observations  sur  ce  point  sont 
exactes.   » 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  constitution  des  noyaux  sexuels  chez  les  végétaux. 
Note  de  M.  Léox  Guigxard,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  On  sait  aujourd'hui  que,  pour  une  espèce  végétale  donnée,  les  noyaux 
sexuels  qui  doivent  s'unir  dans  l'acte  de  la  fécondation,  renferment  un 
nombre  déterminé  d'éléments  chromatiques  et  que  ce  nombre  est  le  même 
dans  le  novau  mâle  et  dans  le  noyau  femelle  :  fait  important  au  point  de 
vue  de  la  transmission  des  propriétés  héréditaires. 

»  J'ai  montré,  en  outre  ('),  que  les  noyaux  de  l'embryon  possèdent  un 
nombre  de  segments  ou  bâtonnets  chromatiques  qui  est  exactement  le 
double  de  celui  des  noyaux  sexuels.  Dans  un  Lis,  par  exemple,  il  y  en  a 
douze  dans  ces  derniers,  tandis  qu'on  en  compte  vingt-quatre  dans  les 
noyaux  des  tissus  embryonnaires.  Il  se  fait  donc,  au  cours  du  développe- 
ment, une  réduction  de  moitié  dans  le  nombre  des  éléments  chromatiques. 

»  Mais  à  quel  moment  et  de  quelle  façon  a  lieu  cette  réduction,  dont  la 
nécessité  est  facile  à  concevoir,  puisque  sans  elle  ces  éléments  iraient  sans 
cesse  en  augmentant  à  chaque  fécondation?  Pour  répondre  à  cette  ques- 
tion, sur  laquelle  on  ne  possède  aucune  donnée  précise,  je  prendrai  encore 
pour  exemple  le  Lis  Martagon,  en  examinant  successivement  l'organe  mâle 
et  l'organe  femelle. 

»  1.  L'étude  des  divers  membres  de  la  plante,  à  partir  de  l'embryon 
renfermé  dans  la  graine  jusqu'à  la  formation  des  organes  reproducteurs, 
m'a  permis  de  constater  que  les  divisions  nucléaires  offrent  vingt-quatre 

(  '  )  Etude  sur  les  phénomènes  morphologiques  de  la  fécondation  (Bull,  de  la  Soc. 
Bot.  de  France,  1889). 


(  io75  ) 
segments  chromatiques.  Il  en  est  de  même  dans  les  jeunes  tissus  de  l'anthère, 
tant  que  les  cellules  mères  primordiales  du  pollen  continuent  à  se  multi- 
plier pour  donner  les  cellules  mères  définitives  ;  par  suite,  les  noyaux  de 
ces  dernières  reçoivent  chacun  vingt-quatre  segments  au  moment  de  leur 
formation,  qui  ne  diffère  en  rien  de  celle  des  noyaux  des  tissus  végétatifs. 

«  Après  la  différenciation  complète  des  cellules  mères,  il  s'écoule  un 
assez  long  stade  de  repos  avant  les  deux  divisions  successives  qui  fournis- 
sent les  grains  de  pollen.  Les  noyaux  des  cellules  mères  grossissent  et  re- 
vêtent des  caractères  spéciaux.  Lorsque  la  division  se  manifeste,  le  noyau 
présente  la  série  des  phénomènes  qui  caractérisent  la  marche  normale  de 
la  karyokinèse  :  contraction  et  épaississement  des  replis  de  la  charpente 
chromatique,  dédoublement  longitudinal  du  filament  pelotonné,  etc.  Mais, 
quand  les  segments  chromatiques  apparaissent  distincts  dans  la  cavité  nu- 
cléaire, on  n'en  compte  plus  que  douze. 

»  C'est  donc  pendant  les  premières  phases  de  la  division  du  noyau  de 
la  cellule  mère  que  le  nombre  des  segments  chromatiques  se  montre  ré- 
duit exactement  et  brusquementde  moitié.  Les  douze  segments  se  retrouvent 
dans  les  deux  divisions  qui  se  succèdent  pour  former  d'abord  les  quatre 
grains  de  pollen,  ensuite  les  noyaux  mâles  qui  en  dérivent.  Or  rien  ne 
permet  de  dire  que,  pendant  la  formation  du  noyau  de  la  cellule  mère,  les 
vingt-quatre  segments  se  sont  soudés  deux  à  deux,  soit  bout  à  bout,  soit 
parallèlement,  pour  en  donner  seulement  douze;  en  outre,  après  l'appa- 
rition des  douze  segments  dans  ce  même  noyau  entré  en  division,  les  deux 
files  de  granulations  qu'on  observe  dans  chacun  d'eux  ont  exactement  la 
même  longueur,  ce  qui  n'aurait  pas  lieu  si  elles  représentaient  deux  des 
vingt-quatre  bâtonnets  primitifs  accolés  longitudinalement,  car  la  longueur 
de  ces  derniers  n'est  pas  absolument  la  même  pour  tous;  d'autre  part,  il 
est  certain  qu'il  ne  se  fait  aucune  élimination  de  substance  nucléaire,  ni 
pendant  la  période  de  repos,  ni  au  moment  de  l'entrée  en  division;  par 
conséquent,  il  y  a  tout  lieu  d'admettre  qu'un  filament  unique  existe  à  un 
moment  donné  dans  le  noyau  de  la  cellule  mère  et  qu'il  se  partage  plus 
tard  en  douze  segments. 

»  2.  Dans  le  nucelle  ovulaire  en  voie  de  formation  les  noyaux  possèdent 
également  vingt-quatre  segments  chromatiques.  La  cellule  qui  devient  le 
sac  embryonnaire  renferme  un  noyau  qui  reçoit  aussi,  au  moment  de  sa 
formation,  le  même  nombre  de  segments;  mais,  quand  ce  noyau  se  divise, 
après  un  long  stade  de  repos  pendant  lequel  il  grossit  et  revêt  des  carac- 
tères particuliers,  il  n'offre  plus,  de  même  que  les  noyaux  des  cellules 


(   io7g  ) 
mères  du  pollen  à  la  phase  correspondante,  que  douze  segments  chroma- 
tiques, et  ce  dernier  nombre  se  retrouve  également  dans  les  divisions  ul- 
térieures qui  fournissent  l'appareil  sexuel  femelle.  Ici  encore,  la  réduction 
se  fait  tout  d'un  coup  et  de  la  même  façon  que  dans  l'organe  mâle. 

»  Le  noyau  d'une  cellule  mère  pollinique  adulte  est  donc  comparable 
au  noyau  du  sac  embryonnaire;  l'un  et  l'autre  se  constituent  à  l'origine 
avec  vingt-quatre  segments  chromatiques;  mais,  au  moment  de  leur  divi- 
sion, ils  n'en  offrent  plus  que  douze. 

»  Une  réduction  analogue  se  manifeste  de  la  même  façon  chez  d'autres 
plantes,  où  le  nombre  des  segments  dans  les  noyaux  somatiques  en  division 
est  exactement  le  double  de  celui  qu'on  observe  dans  les  noyaux  sexuels 
(Fritillaria,  Tulipa,  Ailium,  Alstrœmeria,  Listera,  etc.). 

»  Le  même  phénomène  a  été  constaté  chez  les  animaux.  Toutefois,  les 
résultats  publiés  récemment  sur  deux  espèces  seulement  ne  concordent 
pas  quant  au  moment  où  la  réduction  numérique  des  segments  nucléaires 
se  produit.  O.  Hertwig  (')  admet  que,  chez  Y  Ascaris  megalocephala,  lors 
de  la  formation  des  quatre  spermatozoïdes  qui  naissent  dans  une  cellule 
mère  séminale  de  la  même  façon  que  les  quatre  grains  de  pollen,  cette 
réduction  ne  s'effectue  qu'au  moment  de  la  seconde  bipartition  nucléaire. 
Il  en  serait  de  même  dans  la  formation  des  globules  polaires,  qui  dérivent, 
ainsi  que  le  pronucléus  femelle,  d'une  cellule  mère  entièrement  compa- 
rable à  la  précédente.  D'autre  part,  chez  le  Pyrrhocoris  apterus,  Hen- 
king  (2)  a  vu  le  phénomène  se  produire  dès  la  première  division  de  la 
cellule  mère.  Il  y  a  donc  concordance  entre  ce  second  cas  et  les  plantes 
que  j'ai  étudiées  et  chez  lesquelles  il  n'existe  sous  ce  rapport  aucune  dif- 
férence. 

»  En  résumé,  chez  les  végétaux,  les  noyaux  sexuels  sont,  quant  au 
nombre  des  segments  chromatiques,  des  demi-noyaux.  La  réduction  de 
nombre  se  produit  tout  d'un  coup,  à  la  même  phase,  dans  l'organe  mâle 
et  dans  l'organe  femelle;  elle  se  manifeste  au  moment  de  la  première  bi- 
partition de  la  cellule  mère  du  pollen  ou  du  sac  embryonnaire.    » 


(')  Vergleiche  der  El-  und  Samenbildung  bei  Nematoden  (Arch.  fur  mikr. 
Anat.;  1890). 

('-)  H.  HtNKiNG,  Cntersuch.  iiber  die  ersten  Enhvicklungsvorgànge  in  den 
Eiern  der  Insekten  (Zeitschrift  fur  wissensch.  Z00L,  t.  LI,  p.  4;  189;). 


(   i°77  ^ 

BOTANIQUE.  —   Les  groupes  nodaux  et  les  épharmonies  convergentes  dans  le 
genre  Clusia.  Note  de  M.  J.  Vesque,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  J'ai  montré,  dans  une  Note  précédente  (séance  du  i3  avril),  par  quelle 
méthode  on  parvient  à  désigner,  dans  un  ensemble  naturel  d'espèces,  les 
groupes  nodaux,  autour  desquels  les  autres  espèces,  adaptées  progressive- 
ment à  des  conditions  de  plus  en  plus  éloignées  de  ce  qu'on  pourrait  appe- 
ler les  conditions  moyennes,  rayonnent  suivant  des  lignes  de  différencia- 
tion faciles  à  saisir. 

»  Il  n'y  a  rien  d'arbitraire  dans  la  méthode,  car,  si  l'on  voulait,  par  la  pen- 
sée, faire  dériver  une  espèce  à  épharmonie  spéciale  d'une  autre  espèce  à 
épharmonie  également  spéciale,  mais  différente,  il  faudrait  d'abord  dépouil- 
ler celle-ci  de  ce  qu'elle  a  acquis  de  particulier,  pour  la  revêtir  ensuite  des 
particularités  de  la  première,  ce  qui  reviendrait  à  la  faire  rentrer  dans  le 
groupe  nodal. 

»  Je  puis  donc  me  borner  maintenant  à  reproduire  ici  les  résultats  que 
l'on  obtient  en  appliquant  cette  même  méthode  aux  autres  sections  du 
genre,  dont  chacune  a  subi  séparément  l'épharmonisme  et  possède  par  con- 
séquent son  histoire  propre. 

»  1.  Thysanoclusia.  —  Sect.  I.  —  Anandrog'yne  (voyez  la  Note  précé- 
dente). 

»  Sect.  2.  —  Criuva.  Différentiation  morphologique  en  sous-sections, 
antérieure  à  l'épharmonisme.  —  a,  sous-sect.  Clusiastrurn;  groupe  nodal  :Cl. 
cuneata,  portant  la  branche  Cl.  Scliomburgkii  (espèce  nouvelle,  à  5  sépales, 
comme  \eCl.  cuneata),  qui  se  différencie  épharmoniquement  par  l'épaissis- 
sement  de  la  cuticule  et  les  caractères  éminemment  héliophiles  du  méso- 
phylle,  pour  aboutir  au  Cl.  crassifolia,  à  \  sépales,  espèce  en  effet  crassifo- 
liée,  puisque  le  mésophylle  compte  i>  j  assises  de  cellules  au  lieu  de  12  chez 
le  Cl.  cuneata  et  16-18  chez  le  Cl.  Schomburgkii,  et  qui  est  en  épharmonie 
convergente  avec  les  Cl.  Pseudo-Havetia  et  Pseudomangle,  de  la  section  Anan- 
drogyne.  —  b,  sous-sect.  Eucriuva.  N'est  qu'un  groupe  nodal,  espèce  collec- 
tive, comprenant  les  Cl.  Criuva  vera,  paivijlora,  Sellowiana,  Carnbessedii  et 
Ildefonsiana,  d'où  se  détache  peut-être  une  espèce  nouvelle  très  singulière, 
le  Cl.  calyplrata.  —  c,  sous-sect.  Criuvopsù.  Groupe  nodal  :  Cl.  amazo- 
nica,  accompagné  du  Cl.  penduliflora,  très  distinct  par  ses  stomates.  J^es 


(   io78  ) 
autres  espèces  du  groupe,  au  nombre  de  trois,  et  créées  récemment  par 
M.  Engler,  me  sont  inconnues. 

»  Sect.  3.  —  Stauroclusia.  Groupe  nodal  :  Cl.  mexicana  (espèce  nou- 
velle), auquel  se  rattachent  quelques  espèces  voisines,  mais  mal  connues  : 
Cl.  ovigera,  Cl.  Brongniardana  et  Cl.  alba,  et  qui  porte  une  branche  mono- 
type crassifoliée,  le  Cl.flava,  en  épharmonie  convergente  avec  les  espèces 
crassifoliées  déjà  citées. 

»  Sect.  4.  —  Phloianthera.  —  Division  préalable  en  sous-sections  :  a.. 
sous-sect.  Phloianthera  s.  s.  :  rudiment  du  pistil  nul,  étamines  toutes  fer- 
tiles. Groupe  nodal  :  CI.  lanceolata.  à  torus  élevé,  auquel  se  rattachent 
trois  espèces  à  torus  aplati,  à  épharmonies  peu  accentuées,  les  CL  Gaudi- 
chaudii,  microstemon  et  myriandra,  puis  une  deuxième  branche,  aboutis- 
sant au  Cl.  Hilariana,  à  mésophylle  de  24  assises  (au  lieu  de  10  à  16  dans 
le  groupe  nodal),  en  épharmonie  convergente  aArec  les  types  crassifoliés 
précédents.  Les  fleurs  mâles  des  Cl.  minor  et  parvicapsula  (esp.  nouv.) 
étant  inconnues»  la  position  de  ces  espèces  reste  douteuse;  la  troisième 
branche  conduit  à  b.,  sous-sect.  Androstylium  :  rudiment  du  pistil  nul, 
étamines  externes  stériles.  —  c,  sous-sect.  Arrudeopsis,  rudiment  du  pistil 
volumineux.  Je  n'en  connais  que  deux  espèces,  le  Cl.  Arrudea,  dont  l'é- 
pharmonie  est  voisine  de  celle  du  groupe  nodal  lanceolata,  et  le  Cl.  purpu- 
rea,  type  crassifolié  de  la  sous-section  et  qui  est  au  Cl.  Arrudea  ce  que  le 
Cl.  Hilariana  est  au  Cl.  lanceolata. 

»  Sect.  5.  —  Euclusia.  —  Groupe  nodal  :  Cl.  nemorosa;  première  branche 
monotype  :  épaississement  delà  cuticule  et  agrandissement  des  stomates; 
Cl.  grandiflora;  deuxième  branche  :  mésophylle  subcentrique  et  hypo- 
derme  double  :  Cl.  viscida  et  Cl.  palmicida,  à  hypoderme  parenchymateux, 
Cl.  insignis,  à  hypoderme  scléreux  ;  troisième  branche,  épaississement  du 
mésophylle  et  macrocytie;  Cl.  rosea,  en  épharmonie  convergente  avec  les 
autres  espèces  crassifoliées. 

»  II.  Cordyloclusia.  —  Sect.  0.  —  Corylandra.  —  Sous-sect.  Eucorylandra; 
groupe  nodal  :  Cl.  organensis  et  Cl.  renggerioides;  une  branche  conduisant 
à  deux  espèces  crassifoliées  :  CI.  fluminensis  et  Cl.  polysepala.  —  b.  Sous- 
sect.  Quapoya;  groupe  nodal  :  Cl.  Pana-Panare,  se  rattachant  peut-être  au 
groupe  nodal  précédent  et  près  duquel  trouvent  place  deux  espèces  à  moi 
inconnues,  les  Cl.  colorans  et  microphylla .  Dans  cette  section,  les  différen- 
ciations, épharmoniques  sont  accompagnées  de  très  fortes  différences  orga- 
nographiques.   Dans  la    suivante,    sect.    7,    Relinostemon,   ces   dernières 


(  io79  ) 
priment  absolument  l'anatomie  ;  toutes  les  espèces,  très  distinctes  par  leur 
androcée,  font  partie  d'un  seul  et  même  groupe  nodal.  Le  genre  Clusia  a 
dû  être  ainsi  avant  les  différenciations  épharmoniques,  de  sorte  que  nous 
avons  réellement  sous  les  yeux  un  genre  en  voie  de  formation,  et  dont 
aucune  espèce  ne  s'est  encore  épuisée  dans  les  adaptations  extrêmes. 

»  Il  en  est  exactement  de  même  pour  les  espèces  du  sous-genre  Omphalo- 
clusia,  très  distinctes  parleurs  caractères  floraux,  très  semblables,  au  con- 
traire, par  l'épharmonisme.  Quant  aux  Polythecandra,  le  quatrième  sous- 
genre,  les  quelques  plantes  qui  le  composent  sont  si  voisines  entre  elles  au 
double  point  de  vue  organographique  et  anatomique,  qu'elles  ne  sont 
peut-être  que  des  variétés  d'une  seule  et  même  espèce. 

»  Si  nous  considérons  les  nombreux  cas  d'épharmonie  convergente  que 
je  viens  de  signaler,  sans  perdre  de  vue  les  groupes  nodaux,  qui  sont  éga- 
lement semblables  par  épharmonie  convergente,  nous  serons  forcés  de 
reconnaître  que  la  méthode  logique  que  nous  avons  suivie  et  qui  nous  a 
enseigné  une  saine  subordination  des  caractères,  nous  a  empêchés  d'adopter 
une  classification  artificielle  quelconque.  Un  classement  purement  anato- 
mique eût  été  une  absurdité.  » 


BOTANIQUE.  —  Le  Champignon  parasite  de  la  larve,  du  hanneton. 
Note  de  MM.  Prillieux  et  Delacroix,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  Dans  une  Communication  qu'il  a  faite  l'an  dernier  à  l'Académie  des 
Sciences  (séance  du  3  novembre  1890),  M.  Le  Moult  a  signalé  une  mala- 
die des  larves  de  hanneton  due  à  une  sorte  de  moisissure  qui  envahit  le 
corps  de  ces  insectes,  les  tue,  et,  se  propageant  en  terre  autour  des  larves 
tuées,  infeste  les  larves  saines. 

»  Nous  avons  reçu  de  diverses  localités,  au  Laboratoire  de  Pathologie 
végétale,  de  ces  larves  de  hanneton  envahies  par  un  Champignon.  Outre 
celles  que  M.  Le  Moult  nous  a  envoyées  de  l'Orne,  on  nous  en  a  adressé  à 
plusieurs  reprises  de  la  Mayenne  et  de  la  Seine-Inférieure.  Toutes  présen- 
taient les  mêmes  caractères.  Elles  étaient  couvertes  de  touffes  blanches 
qui,  sur  les  vers  récemment  tués  par  le  parasite,  sont  uniquement  consti- 
tuées par  les  filaments  du  Champignon. 

'  Si  l'on  replace  une  de  ces  larves  dans  la  terre  humide,  le  parasite  con- 
tinue de  se  nourrir  et  de  se  développer  aux  dépens  du  corps  de  l'insecte; 
à  mesure  que  ce  milieu  nutritif  est  consommé,  on  voit  le  Champignon  pro- 


(  io8o  ) 

duire  des  spores  en  quantités  de  plus  en  plus  considérables.  Au  bout  d'un 
certain  temps,  quand  le  corps  de  la  larve  est  transformé  en  un  véritable 
slroma  de  mycélium,  les  fructifications  apparaissent  à  la  surface  du  sol 
sous  l'apparence  de  petites  masses  hémisphériques  ou  un  pea  claviformes, 
d'un  blanc  pur,  qui  produisent  des  quantités  innombrables  de  spores. 

»  M.  Giard  a  attribué  à  un  Isaria  cette  maladie  des  larves  de  hanneton. 
Nos  observations  n'ont  pas  confirmé  cette  opinion.  Les  fructifications 
qu'a  produites  le  parasite  des  larves  de  hanneton  dans  nos  cultures  sont 
celles  d'un  Botrylis  très  voisin  du  Botrytis  Bassiana,  qui  produit  la  muscar- 
dine  du  ver  à  soie.  Il  a  été  décrit  par  Saccardo  sous  le  nom  de  Botrylis  te- 
nella  comme  variété  du  Botrytis  Bassiana,  mais  il  en  diffère  notablement 
par  la  forme  et  la  taille  de  ses  spores.  Elles  sont  ovales-oblongues  dans  le 
Botrytis  du  hanneton,  globuleuses  et  notablement  plus  petites  dans  le  Bo- 
trytis du  ver  à  soie. 

»  Bresadola  a  trouvé  le  Botrytis  tenella  parasite  sur  le  hanneton,  à  l'état 
parfait,  dans  le  territoire  de  Trente  (Autriche).  Nous  avons  pu  comparer 
nos  échantillons  avec  le  sien  et  nous  assurer  de  la  parfaite  identité  du 
Botrytis  tenella  et  de  notre  parasite  du  ver  blanc. 

»  Une  fois  seulement  nous  avons  observé  sur  une  larve  tuée  des  fructi- 
fications d'Jsaria;  mais  la  présence  de  ce  Champignon  y  était  sans  doute 
fortuite.  Nous  sommes  disposés  à  considérer  cette  forme  Isaria  comme 
l'état  conidial  du  Melanospora  parasitica.  Sphériacée  qui  vit  en  parasite  sur 
le  Botrylis  Bassiana  et  sur  quelques  autres  Mucédinées  du  même  genre.  La 
larve  sur  laquelle  s'était  développée  Y  Isaria  portait  aussi  quelques  fructi- 
fications de  Botrylis  tenella,  mais  la  quantité  de  spores  produites  par  cette 
dernière  espèce  était  très  réduite.  La  présence  de  Ylsaria  constitue  une 
condition  désavantageuse  pour  la  culture  du  Botrytis  parasite  du  ver  blanc. 

»  C'est  bien  au  Botrylis  tenella,  et  non  à  Y  Isaria,  que  l'on  doit  attribuer 
la  maladie  et  la  mort  des  larves  de  hanneton.  Nous  en  avons  fait  la  preuve 
expérimentale. 

»  Avec  des  spores  recueillies  sur  des  larves  tuées,  nous  avons  ensemencé 
divers  milieux  stérilisés  et  obtenu  des  cultures  absolument  pures  de  Botry- 
tis tenella. 

»  Dans  les  milieux  pauvres  en  matière  azotée,  tels  que  la  Pomme  de 
terre  et  les  jus  sucrés,  les  spores  apparaissent  promptement  et  en  très 
grand  nombre;  le  Champignon  se  développe  peu  en  mvcélium.  Sur  les 
milieux  plus  riches  en  matière  azotée,  comme  la  gélatine  pure  ou  addi- 
tionnée de  jus  sucrés,  de  peptone,  etc.,  la  végétation  filamenteuse  prend 


(  io8i  ) 

un  développement  considérable;  mais  les  spores  font  défaut  ou  ne  se  pro- 
duisent que  tard  et  en  petit  nombre  lorsque  le  milieu  nutritif  s'épuise. 

»  Une  faible  quantité  de  glycérine,  ajoutée  au  milieu  nutritif,  nous  a 
paru  hâter  l'apparition  des  spores  et  en  augmenter  la  production. 

»  En  délayant  dans  l'eau  le  produit  de  notre  culture  du  Botrylis  sur  la 
Pomme  de  terre,  nous  avons  obtenu  un  liquide  très  chargé  de  spores  que 
nous  avons  répandu  sur  la  terre  de  grands  pots,  dans  laquelle  vivaient  des 
larves  de  hannetons  récollées  et  enterrées  soigneusement  à  l'abri  de  la 
contagion.  Deux  semaines  plus  tard,  toutes  les  larves  étaient  tuées,  et 
bientôt  elles  se  sont  couvertes  de  la  moisissure  caractéristique.  Les  plantes 
continuaient  à  végéter  très  bien,  comme  on  devait  le  prévoir,  sur  la  terre 
envahie  par  le  mycélium  du  Botrytis. 

»  Il  est  établi  par  ces  recherches  :  i°  que  c'est  le  Botrytis  tenella  qui  est 
vraiment  le  parasite  qui  attaque  dans  le  sol  les  larves  du  hanneton  et  les 
tue;  2°  que  ce  parasite  peut  être  aisément  cultivé  à  l'état  de  pureté  dans 
certains  milieux  nutritifs;  3"  enfin  que  les  spores  provenant  de  ces  cul- 
tures et  répandues  sur  le  sol  causent  la  mort  des  larves  de  hanneton  qui  y 
sont  contenues,  sans  nuire  à  la  végétation  qui  le  couvre.  » 


ÉCONOMIE  RURALE.  —  Le  parasite  du  hanneton.  Note  de  M.  Le  Movi.t, 
présentée  par  M.  Blanchard. 

•>  Au  mois  de  novembre  dernier,  nous  avons  eu  l'honneur  d'appeler 
l'attention  de  l'Académie  sur  une  maladie  de  la  larve  du  hanneton  :  ma- 
ladie déterminée  par  un  champignon  dont  nous  ne  pouvions  déterminer 
la  nature. 

»  A  cette  époque,  nous  n'avions  remarqué  les  effets  du  parasite  que 
dans  une  prairie  dépendant  du  domaine  de  la  Pierre,  en  Céaucé  (Orne), 
et,  malgré  nos  recherches,  il  nous  avait  été  impossible  de  trouver  dans  les 
parcelles  environnantes  des  larves  ayant  succombé  sous  les  attaques  de  ce 
curieux  champignon. 

»  Nous  avions  formé  le  projet  de  contaminer  d'autres  parcelles  à  l'aide 
de  larves  parasitées,  recueillies  dans  la  prairie. 

«  En  effet,  dans  une  pelouse  dont  le  gazon  avait  été  complètement  dé- 
truit par  le  ver  blanc,  nous  avons  enfoui,  en  différents  endroits,  quelques 
malades  avec  la  terre  les  enveloppant. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXI1,  N°  19.)  '41 


(    1082  ) 

»  Au  mois  de  mars,  cette  pelouse  ayant  été  refaite,  nous  avons  eu  la  sa- 
tisfaction d'y  trouver  une  trentaine  de  larves  parasitées  là  où  nous  n'en 
avions  mis  que  trois  ou  quatre.  Nous  devons  ajouter  qu'à  ce  moment  il 
faisait  encore  très  froid  et  qu'il  ne  faut  pas  trouver  étonnant  que  la  pro- 
pagation de  la  maladie  n'ait  pas  été  plus  rapide. 

»  Cependant,  quelques  jours  après  cette  première  observation,  nous  as- 
sistions aux  labours  faits  par  le  fermier  de  la  Pierre  dans  un  champ  distant 
de  i/jom  de  la  prairie  où  nous  avions  découvert  la  maladie,  et  quelle  n'a  pas 
été  notre  surprise  de  voir  la  charrue  ramener  à  la  surface  un  nombre 
considérable  de  vers  momifiés,  à  tel  point  que  la  terre  paraissait  avoir  été 
récemment  chaulée  !  Or  ce  champ  ne  contenait  au  mois  de  novembre  que 
des  vers  absolument  sains. 

»  Les  fouilles  que  nous  avons  faites  dans  la  prairie  ont  seules  pu  occa- 
sionner une  aussi  rapide  propagation  de  la  maladie,  ces  travaux  ayant  eu 
pour  effet  de  découvrir  les  spores  que  le  vent  a  certainement  emportées 
en  nombre  très  considérable  et  à  des  distances  probablement  très  grandes. 
Plus  tard,  en  effet,  nous  avons  constaté  l'infestation  plus  ou  moins  avan- 
cée de  champs  reconnus  autrefois  comme  ne  renfermant  que  des  vers  sains. 

»  Aujourd'hui  le  parasite  existe  sur  presque  tout  le  territoire  de  Céaucé. 
Nous  ne  voulons  pas  dire  pour  cela  que  tous  les  vers  blancs  soient  détruits, 
et  il  y  en  a  même  encore  beaucoup;  mais  la  nature  continuant  son  œuvre, 
il  est  certain  qu'une  grande  partie  de  ces  larves  malfaisantes  trouveront 
encore  la  mort  et  que  le  parasite  attaquera  ensuite  les  nymphes  et  les  in- 
sectes parfaits. 

»  Nous  avons  parcouru  la  plus  grande  partie  de  la  commune  de  Dom- 
front,  distante  de  iokœ  de  celle  de  Céaucé,  et  nous  y  avons  encore  constaté 
la  présence  du  parasite.  Mais  plus  on  s'éloigne  de  Céaucé  et  plus  les  vers 
malades  deviennent  rares,  ce  qui  démontre  bien  que  le  foyer  de  la  maladie 
est  à  Céaucé  et  que  la  contamination  se  produit  cependant  d'une  manière 
rapide  et  assez  régulière,  ne  laissant  pas  certaines  zones  pour  envahir  des 
zones  plus  éloignées. 

»  Il  nous  a  été  permis,  depuis  le  mois  de  mars,  de  suivre  le  développe- 
ment du  champignon  sur  les  vers  malades  et  de  nous  convaincre  que  c'est 
au  printemps  et  non  à  l'automne,  comme  nous  l'avions  pensé,  que  ce  cham- 
pignon commence  à  reprendre  toute  sa  vigueur. 

»  Les  premiers  vers  que  nous  avons  trouvés  étaient  tout  simplement 
enveloppés  d'une  couche  île  mycélium.  Dès  les  premiers  jours  d'avril,  les 


(  io83  ) 

ramifications  commençaient  à  devenir  abondantes  et,  enfin,  vers  les  der- 
niers jours  du  mois,  autour  de  chaque  ver  parasité,  la  terre  était  traversée 
dans  ions  les  sens  par  de  nombreux  filaments  dont  quelques-uns  étaient 
couverts  d'une  matière  farineuse  qui,  examinée  au  microscope,  nous  a 
paru  composée  de  spores  de  notre  champignon. 

»  En  résumé,  pendant  que  nous  faisions  en  petit  nos  essais  d'infesta- 
tion,  la  nature  opérait  de  son  côté,  mais  bien  plus  rapidement  et  bien  plus 
efficacement  que  nous  ne  pouvions  le  faire,  le  vent  se  chargeant  de  trans- 
porter les  spores  dans  toutes  les  directions. 

Toutefois,  l'action  de  la  nature,  si  rapide  qu'elle  soit,  ne  l'est  pas  assez 
pour  débarrasser  à  bref  délai  l'agriculture  française  de  ce  terrible  fléau,  et 
nous  devons  l'aider  dans  son  action  :  non  pas  seulement  en  transportant 
d'un  terrain  dans  un  autre  des  vers  parasités,  mais  surtout  en  produisant 
artificiellement  et  en  grandes  quantités  les  spores  du  champignon  destruc- 
teur, de  façon  à  pouvoir  les  expédier  dans  toute  la  France. 

»  La  chose  est  d'ailleurs  possible,  les  savants  ayant  réussi  dans  leurs 
essais  de  culture  artificielle. 

»  Il  importe  donc,  sans  perdre  de  temps,  d'entreprendre  la  culture  en 
grands  vases,  et  nous  ne  demandons  qu'à  pouvoir  nous  livrer  immédiate- 
ment à  ce  travail.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  un  témoin  d'un  nouveau  pli  couché  prés  de  Toulon;  phyl- 
lades superposés  au  trias.  Note  de  MM.  Marcel,  Bertrand  et  Zurciier, 
présentée  par  M.  Daubrée. 

«  Dans  une  petite  crique  au-dessous  du  fort  Sainte-Marguerite,  près  de 
Toulon,  on  voit  apparaître  d'une  manière  inattendue,  au  milieu  des  cal- 
caires du  Muschelkalk,  un  étroit  affleurement  de  phyllades,  accompagné 
par  des  lambeaux  de  terrains  rouges  (permien  ou  grès  bigarré).  Cet  affleu- 
rement ne  figure  pas  sur  la  Carte  géologique  de  Toulon;  c'est  postérieure- 
ment à  la  publication  de  cette  Carte  que  l'un  de  nous,  ingénieur  à  Toulon, 
l'a  découvert  et  a  pu  le  délimiter  en  partie,  lors  des  études  préparatoires 
du  tunnel  qui  doit  conduire  à  la  mer  les  eaux  de  l'Eygoutier.  Les  phyllades 
forment  au  milieu  du  Trias  une  bande  de  quelques  mètres  de  largeur, 
reconnue  sur  5oom  de  longueur  environ,  et  jalonnée  sur  ce  parcours  par 
la  croissance  des  chênes-lièges. 


(  io84  ) 

»  Cet  affleurement,  si  restreint  qu'il  soit,  présente  un  intérêt  considé- 
rable, parce  qu'il  semble  de  nature  à  jeter  quelque  jour  sur  les  rapports 
stratigraphiques,  encore  mal  expliqués,  des  phyllades  et  des  terrains  per- 
motriasiques  aux  environs  de  Toulon,  et,  comme  conséquence,  sur  le  rôle 
du  massif  cristallin  des  Maures  dans  la  formation  des  plis  de  la  Provence. 

»  Les  phyllades  (schistes  précambriens)  forment  le  long  de  la  côte  tou- 
lonnaise  des  massifs  à  contours  complexes  et  sinueux,  et  celte  sinuosité 
est  d'autant  plus  remarquable  que  la  ligne  qui  les  limite  semble  presque 
partout  une  ligne  de  faille  :  ce  ne  sont  pas  les  termes  les  plus  anciens,  mais 
au  contraire  les  termes  les  plus  récents  de  la  série  permo-triasique,  les 
grès  bigarrés  et  le  Muschelkalk,  qui  viennent  s'appuyer  contre  les  phyl- 
lades, paraissant  tantôt  buter  contre  les  schistes  froissés,  tantôt  s'enfoncer 
au-dessous  d'eux.  L'affleurement  mentionné  sous  le  fort  Sainte-Marguerite 
semble  établir  comme  un  trait  d'union  entre  les  deux  massifs  principaux 
de  phyllades,  celui  du  cap  Brun,  promontoire  relié  à  la  grande  masse  du 
cap  Sicié,  et  celui  du  Pradet  (au  nord-ouest  du  cap  Garonne),  îlot  com- 
plètement isolé  au  milieu  du  Trias.  L'idée  qui  s'offrait  naturellement  à 
l'esprit  était  de  voir  dans  cette  bande  étroite  la  trace  d'un  pli  anticlinal 
écrasé,  reliant  les  deux  massifs.  Le  tunnel  de  l'Eygoutier,  ouvert  à  ses 
deux  extrémités  dans  le  Muschelkalk,  devait  passer  sous  l'affleurement 
de  cette  bande  de  phyllades  et  promettait  ainsi  des  observations  intéres- 
santes sur  l'allure  et  sur  les  contacts  des  couches  dans  ce  pli  écrasé.  Mais 
contrairement  aux  prévisions,  le  tunnel  n'a  rien  rencontré  d'anormal;  il 
est  resté  dans  les  grès  bigarrés,  qui  forment  une  large  voûte  régulière,  et 
n'a  présenté  aucun  accident  notable.  Le  percement,  il  est  vrai,  n'est  pas 
entièrement  achevé;  mais  on  a  passé  depuis  longtemps  sous  l'affleurement 
des  phyllades,  et  tout  porte  à  croire  qu'on  n'en  peut  désormais  rencontrer 
aucune  trace. 

»  Nous  sommes  allés  dernièrement  nous  livrer  à  une  étude  plus  atten- 
tive des  affleurements  ;  nous  avons  pu  obtenir  l'accès  des  propriétés  privées 
qui  bordent  la  côte,  et,  dans  celle  de  M.  Tassy,  ingénieur  des  ponts  et 
chaussées  en  retraite,  nous  avons  découvert,  sur  le  flanc  même  de  la  falaise 
abrupte  qui  descend  à  la  mer,  une  coupe  très  nette  et  tout  à  fait  décisive  : 
sur  le  Muschelkalk,  presque  horizontal,  reposent  2m  environ  de  grès  et 
d'argiles  rouges,  et  sur  ces  argiles  reposent  les  phyllades  froissés.  Au  con- 
tact des  deux  terrains,  on  distingue  même  om,5o  de  quartzites,  dans  les- 
quels on  peut  reconnaître  l'équivalent  réduit  des  gros  bancs  de  quartzites 


(   io85  ) 

qai,  au  château  d'Hyères  et  à  Six-Fours,  forment  la  partie  supérieure  du 
système  des  phyllades.  Ainsi  les phyUades  sont  superposés  au  Muschelkalk,  et 
séparés  de  lui  par  2'n  de  terrains  renversés,  correspondant  au  laminage  d'une 
série  dont  l'épaisseur  normale  est  de  prés  de  mille  mètres.  Ce  sont  bien  là  les 
phénomènes  qui.accompagnent  ordinairement  les  grands  plis  couchés  de  la 
Provence  :  à  la  rigueur,  il  est  vrai,  on  pourrait  songer  à  expliquer  les  faits 
sans  recourir  à  de  grands  déplacements  horizontaux,  et  à  ne  voir  dans  la 
coupe  de  la  propriété  Tassy  que  le  déversement  local  d'un  anticlinal 
écrasé;  mais  la  coupe  du  tunnel  met  à  néant  cette  hypothèse  :  la  bande  de 
phyllades  n'a  pas  de  racine  en  profondeur. 

«  Il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  faire  remarquer  que,  dans  le  seul 
point  où  ce  nouvel  affleurement  de  phyllades  est  observable  en  dehors  des 
clôtures  privées,  c'est-à-dire  dans  l'anse  à  l'est  du  fort,  lesapparences  sont, 
à  première  vue,  tout  à  lait  contraires  à  ce  résultat.  Les  phyllades  s'y 
montrent  à  peu  près  verticaux,  en  contre-bas  de  deux  escarpements  de 
Muschelkalk.  L'explication  de  cette  disposition  est  la  suivante  :  un  affaisse- 
ment local  s'est  produit  dans  les  calcaires,  et  a  permis  aux  terrains  super- 
posés de  s'y  enfoncer  et  de  s'y  enfouir  en  forme  de  V.  Comme  ces  terrains 
superposés  étaient,  par  le  fait  du  recouvrement,  des  terrains  plus  an- 
ciens, ils  semblent  naturellement  venir  de  la  profondeur;  on  se  les  figure 
dressés  en  forme  de  A,  c'est-à-dire  en  forme  d'anticlinal,  tandis  qu'en 
réalité  on  est  en  face  d'une  cuvette,  où  les  terrains  les  plus  récents  enve- 
loppent au  centre  les  terrains  les  plus  anciens. 

»  Si  l'on  jette  maintenant  les  yeux  sur  la  Carte  géologique,  on  voit  que 
notre  lambeau  de  phyllades  ne  peut  guère  être  venu  que  du  massif,  au- 
jourd'hui submergé,  qui  réunissait  la  pointe  de  Sicié  à  la  presqu'île  de 
Gien.  Il  y  a  donc  eu  trajet  horizontal  d'au  moins  cinq  kilomètres.  De  nou- 
velles études  sont  nécessaires  pour  savoir  l'étendue  exacte  des  parties 
superposées  au  Trias  ;  mais,  sans  en  attendre  le  résultat,  cette  petite  bande 
de  phyllades,  insignifiante  comme  étendue  superficielle,  nous  permet  de 
reconstituer  un  des  déplacements  horizontaux  les  plus  importants  qu'aient 
subis  les  terrains  de  la  Provence.  C'est  un  nouveau  pli  couché  qui  s'ajoute 
aux  quatre  grands  plis  déjà  décrits. 

»  L'intérêt  de  ce  nouveau  pli  couche  réside  surtout  dans  le  fait  qu'il 
intéresse  les  terrains  cristallins  des  Maures,  et  dans  la  preuve  ainsi  fournie 
que  ces  terrains  ont  pris  part,  de  la  même  manière  que  les  terrains  sédi- 
mentaires  plus  récents,  aux  grands  déplacements  horizontaux.  On  ne  peut 


(  io86  ) 

plus,  comme  l'avait  fait  un  de  nous  précédemment,  considérer  les  Maures 
comme  un  massif  résistant,  dont  le  rôle  principal  aurait  été  de  dévier  les 
plis,  en  ne  subissant  pour  sa  part  que  des  déplacements  d'une  moindre  im- 
portance. Les  schistes  cristallins  ont  été,  eux  aussi,  mis  en  mouvement 
par  les  énormes  compressions  qui  ont  bouleversé  la  Provence;  et  de 
même  que  le  massif  du  Brévent  et  du  mont  Blanc  dans  les  Alpes,  le  massif 
des  Maures  est,  pour  une  de  ses  parties  du  moins,  le  centre  d'un  grand 
pli  couché,  rasé  par  la  dénudation.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  permanence  de  l'effort  orogénique  dans  les  Pyrénées 
pendant  les  périodes  géologiques.  Note  de  M.  Roussel,  présentée  par 
M.  Fouqué. 

«  Les  Pyrénées  présentent  de  nombreux  phénomènes  de  recouvrement 
que  les  géologues  avaient  juscpi'à  ce  jour  attribué  à  d'immenses  failles, 
mais  dont  la  cause  est  différenle.  Ils  sont  dus  à  des  poussées  horizontales 
persistantes  qui  ont  produit,  d'une  manière  continue,  le  ridement  du 
terrain  pendant  la  formation  des  couches. 

»  En  dressant  le  tableau  stratigraphique  des  Pyrénées,  on  remarque 
que,  suivant  certaines  directions  qui  sont  manifestement  d'anciennes 
lianes  de  rivage,  les  assises  récentes  butent  contre  les  anciennes  de 
manière  à  les  recouvrir  plus  ou  moins,  et  que  celles-ci  ont  été  redressées 
et  plissées  par  degrés  pendant  la  formation  des  premières. 

»  C'est  ce  que  révèle  particulièrement  l'étude  de  la  partie  supérieure  de 
la  vallée  de  l'Ariège. 

»  Dans  la  région  de  Tarascon  et  des  Cabanes,  cette  vallée  est  encaissée 
du  côté  sud  par  les  gneiss  de  la  ligne  de  faite  des  Pyrénées,  et  du 
côté  nord  par  ceux  de  la  haute  montagne  de  Tabe.  Entre  ces  deux  masses 
de  gneiss  sont  les  terrains  primaires  et  secondaires  qui  s'appuient,  en 
stratification  plus  ou  moins  concordante,  sur  la  première  masse  et  butent 
contre  la  seconde. 

»  Or,  en  étudiant  ces  terrains  dans  le  bassin  de  Tarascon,  on  constate 
que  le  cristallophyllien  de  la  montagne  de  Tabe,  dont  les  strates  pendent 
au  nord  avec  régularité,  s'avancent  fort  avant  sous  le  secondaire,  sans  que 
le  primaire  s'interpose  entre  les  deux  formations. 

»   A  Lordat,  j'ai  pu  faire  une  observation  encore  plus  probante.  Il  existe 


(   io87  ) 

là  des  calcaires  amygdalins  d'une  grande  épaisseur  qui  sont  la  continuation 
d'une  série  nombreuse  de  couches  schisteuses.  Ces  couches  deviennent 
calcaires  en  passant  obliquement  sous  les  ruines  du  château  de  Lordat  et 
sous  le  village,  et  cessent  de  l'être  au  delà.  Il  y  avait  lieu  de  supposer,  en 
ce  point,  un  fond  sur  lequel  les  goniatites  avaient  pu  s'établir  et  vivre  pen- 
dant la  période  dévonienne  ;  or  ce  fond  s'observe  effectivement  à  la  sortie 
de  Lordat,  en  suivant  la  route  de  Bestiac.  Là,  sous  le  calcaire  et  les  schistes 
dévoniens  et  carbonifères  affleurent  des  gneiss  mis  à  nu  par  dénudation. 

»  Donc,  dans  la  vallée  de  l'Ariège,  le  gneiss  de  la  montagne  de  Tabe 
s'avance  sous  le  carbonifère  et  le  dévonien  de  même  que  sous  le  secondaire. 
En  outre,  dans  cette  région,  les  divers  termes  de  la  série  rudimentaire  sont 
en  retrait  les  uns  sur  les  autres  du  sud  au  nord.  Il  résulte  de  ces  deux 
faits  que  chacun  de  ces  termes  s'appuie  d'un  côté  sur  celui  qui  est  antérieur 
dans  la  série  géologique,  et  de  l'autre,  sur  le  gneiss  :  ils  se  recouvrent  y 
la  manière  des  briques  d'un  toit.  Ils  se  sont  donc  formés  dans  un  synclinal 
dont  l'aile  sud  était  en  voie  de  soulèvement,  tandis  que  l'aile  nord  était 
refoulée  d'une  manière  continue. 

»  Cette  découverte  permet  de  se  rendre  compte  de  la  position  étrange 
des  couches  primaires  de  Mérens  au  milieu  des  gneiss.  Ce  phénomène  est 
dû  à  la  permanence  de  l'effort  orogénique.  Pendant  que  les  terrains  pri- 
maires se  déposaient,  le  gneiss  de  la  ligne  de  faite  des  Pyrénées  était  émergé 
et  disposé  en  un  pli  anticlinal  dont  l'aile  sud  était  refoulée  vers  le  nord,  et 
de  ce  côté  la  mer  gagnait  du  terrain,  tandis  qu'elle  en  perdait  du  côté 
opposé.  Dans  l'aile  nord,  les  couches  primaires  et  les  couches  secondaires 
sont  donc  en  retrait  les  unes  sur  les  autres  et  imbriquées  sur  le  gneiss.  Dans 
l'aile  sud,  au  contraire,  les  assises  primaires  se  sont  superposées  de  ma- 
nière à  se  recouvrir  transgressivement  les  unes  les  autres  et  elles  se 
sont  fortement  avancées  sur  la  tète  des  strates  cristallophylliennes;  et 
lorsque  sont  survenues  les  débâcles  qui  ont  soulevé  et  ployé  toutes  les 
couches,  les  terrains  primaires  transgressits  de  la  partie  méridionale  ont 
formé  une  sorte  de  voûte  qui  coiffait  le  gneiss  de  l'aile  sud  de  la  ride  pri- 
mitive. Plus  tard,  d'énormes  dénndations  ont  enlevé  la  clef  de  cette  voûte 
et  seuls  les  côtés  existent  encore,  formant,  d'une  part,  les  schistes  et  les 
calcaires  de  Mérens,  et,  de  l'autre,  les  schistes  de  l'Hospitalet. 

»  Pour  vérifier  cette  explication,  conçue  a  priori,  j'ai  suivi  les  terrains 
primaires  de  Mérens  et  de  l'Hospitalet  dans  les  régions  désolées  où  ils  se 
prolongent  de  part  et  d'autre  de  la  vallée  de  l'Ariège,  et  je  me  suis  assuré 
que  dans  les  lieux  où  la  transgressivité  est  moins  grande  et  où  les  couches 


(  io88  ) 

ont  été  moins  fortement  ridées,  la  voûte  des  terrains  primaires  existe 
encore. 

»  Du  côté  de  l'est,  les  schistes  de  l'Hospitalet  se  raccordent  avec  ceux 
de  Mérens  au  delà  de  la  vallée  de  l'Ariège,  aux  étangs  des  Camporeils  et, 
du  côté  de  l'ouest,  au  pic  de  Serrère. 

»  D'après  les  idées  théoriques  qui  m'avaient  conduit  à  cette  constatation, 
les  couches  les  plus  récentes  du  pli  devaient  se  trouver  du  côté  nord,  au 
contact  du  gneiss.  C'est  ce  qui  a  lieu  en  effet,  car,  en  suivant  la  rivière  de 
Galbe,  on  trouve,  dans  les  schistes  de  Mél'ens,  les  fossiles  du  silurien 
moyen  et  du  silurien  supérieur.  Les  schistes  de  ce  dernier  étage  sont  car- 
bures et  renferment  des  calcaires  à  orthocères  et  à  tiges  d'encrine.  Au- 
dessus  viennent  les  calcaires  dévoniens,  dont  quelques-uns  sont  amygda- 
lins,  et,  plus  loin,  on  trouve  à  la  suite  les  schistes  carbonifères. 

»  La  disposition  que  nous  venons  de  constater  dans  les  Pyrénées  cen- 
trales existe  aussi  dans  les  Pyrénées  occidentales,  car  le  carbonifère  de  la 
Maladetta,  du  port  de  Gavarnie  et  de  la  partie  supérieure  de  la  vallée 
d'Ossau  et  de  la  vallée  d'Ayre  constitue  le  prolongement  de  la  formation 
de  Mérens. 

»  J'ajouterai,  en  terminant,  que  la  permanence  des  mouvements  orogé- 
niques s'est  maintenue  pendant  toute  la  durée  des  périodes  géologiques. 
J'ai  dressé,  en  effet,  le  Tableau  slratigraphique  de  tout  le  versant  français 
des  Pyrénées,  et  constaté  que  partout  le  plissement  est  la  règle.  Or,  dans 
tous  les  plis,  quel  qu'en  soit  l'âge,  les  couches  sont  en  retrait  d'un  côté, 
et  de  l'autre  s'imbriquent  et  luttent  contre  les  formations  d'un  autre  anti- 
clinal. 

»   Partout  la  permanence  de  l'effort  orogénique  a  produit  son  effet.  » 

M.  H.  Arnaud  adresse,  en  réponse  à  une  Communication  de  MM.  Lépine 
et  Barrai  du  23  février   1891,  une  Note  »  sur  le  ferment  glycolytique  du 

sang  ». 

M.  E.  François  adresse  un  complément  à  sa  Note  du  20  avril  dernier, 
sur  une  «  boussole  cadran  solaire  ». 

M.  Burgal  adresse  un  Mémoire  sur  la  gravitation  universelle. 

La  séance  est  levée  à  !\  heures  et  demie.  M.  B. 


On   souscrit    à   Paris,    chez    GAUTHIER -VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n"  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  [|s  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volume,  in- r  Deu 
Tables,  une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  ann..f 
et  part  du  ier  janvier. 

Le  prix  de  Vabonnement  est  Jlxé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  fr.  -  Départements  :  30  fr.  -  Union  postale  :  34  fr.  -  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


Agen. 


Angers. 


chez  Messieurs  : 
....     Michel  et  Médan. 

I  Gavault  St-Lager. 
Alger /  Jourdan. 

I  Ru  11. 
Amiens Hecquet-Decobert. 

(  Germain  etGrassin. 

[  Lachèse  et  Dolbeau. 

Bayonne Jérôme. 

Besançon Jacquard. 

,  Avrard. 
Bordeaux !  Duthuiï. 

'  Muller  (G.). 
Bourges Renaud. 

iLefournier. 
!<'.  Robert. 
J.  Robert. 
V"  Uzel  Caroflf. 
)  Baer. 
(  Massif. 
Chambery Perrin. 

ni      i  \  Henry. 

Cherbourg J 

(  Marguerie. 


Brest. 


Caen . 


I 


Clermont-Ferr. 


Dijon. 


\  Rousseau. 
(  Ribou-CoIIay. 

!Lamarche. 
Ratel. 
Damidot. 

'Jouai (Lauverjat. 

(  Crépin. 

Grenoble (  Drevel. 

(  Gratier. 
'.a  Rochelle Robin. 

.e  Havre j  Bourdignon. 

(  Dombrc. 

/  Ropiteau. 
■Me Lefebvre. 

'  Quarré. 


chez  Messieurs  : 

Lorient (  Baumal. 

I  M»"  Texier. 

(Beaud. 
Georg. 

<  Mégret. 
Palud. 

Vitte  et  Pérussel. 
Marseille Pessailhan. 

\  Calas. 
i  Cnulet. 

Martial  Place. 
,  Sordoillet. 

Grosjean-Maupin. 
'  Sidot  frères. 
\  Loiseau. 
'  M      Veloppé. 

Banna. 
'  Visconti  et  C". 

Ntmes Thibaud. 

Orléans Luzeray. 

Blanchier. 
Druinaud. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Boucheron  -  Rossi 

Rouen J  LanSh,is.         [gnol 

(  Lestringant. 

S'-Élienne Chevalier. 

»  Bastide. 

I  Ruinèbe. 

-,      ,  i  Gimet. 

Toulouse „  . 

'  Privât. 

i  Roisselier. 

Tours <  Péricat. 

'  Suppligeon. 

Giard. 

Lemaitre. 


Lyon. 


Montpellier 
Moulins 

Nancy 

Nantes  . 
Nice 


JJoitiers. . 


Toulon . 


Va/enciennes.. 


chez  Messieurs  : 

.      ,      ■  (  Robbers. 

Amsterdam 

(  Feikema    Caarelsen 

Athènes Beck.  [et  Cia. 

Barcelone Verdaguer. 

i  Asher  et  C". 

Berlin J  Calvary  et  C". 

Fiiedlander   et   fils. 
Mayer  et  Millier. 

Berne  '  Schmid,  Francke  et 

C1". 
Bologne Zanichelli  et  C'". 

R.milol. 
Bruxelles '  Mayolez. 

Lebègue  et  C"  . 

„     ,  l  Haimann. 

Bucharest 

(  Ranisteanu. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletO 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinopte.  .  Otto  et  Keil. 

Copenhague Host  et  (ils. 

Florence Lceseher  et  Seebe 

Gand Hoste. 

Gènes Beuf. 

/  Cherbuliez. 

Genève Georg. 

(  Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frères. 

^  Benda. 
I  Payot. 
Barth. 
Brockhaus. 

Leipzig (  Lorentz. 

Max  Rùbe. 
Twietmeyer. 
\  Desoer. 
'  Gnusé. 


hez   Messieurs  : 


Londres    j  Dulau' 

|  Nuit. 

Luxembourg. 


Madrid  . 


Lausanne. 


Liège. 


V.  Buck. 

Librairie      Guten 
berg. 

Gonzalès  e  hijos. 
j  Yravedra. 
'  F.  Fé. 

Milan jDumoIard  frères. 

'  Hœpli. 
Moscou Gautier. 

|  Furchèim. 
Naples Marghieri  di  Gius. 

'  Pellcratio. 

i  Chrislern. 

New-York Stechert. 

Westermann. 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C1". 

Paterme Clausen. 

Porto.    Magalhaès. 

Prague Rivnac 

Bio-Janeiro Garnier. 

Borne |  Bocca  frères. 

(  Loescheret  C1". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Samson  et  Wallin. 

(  Zinserling. 
/  Wolff. 
:  Bocca  frères. 
I  Brero. 
Clausen. 
Rosenbergel  Sellier 

Varsovie Gebethner  et  Wolff. 

Vérone ......     Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C". 
Zurich Meyer  et  Zeller. 


S'-Pétersbourg. 


Turin . 


Vienne. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 
Tomes  1er  à  31. 
Tomes  32  à  61 
Tomes  62  à  91 


i  3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.)  Volume  in-40;  1 853.  Prix 

11er  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870.   Prix. 
(1"  Janvier  1S66  à  3i  Décembre  t88o.)  Volume  in-40;  1889.  Prix  . 


15  fr. 
15  fr. 
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SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 
Tome  I:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Derues  et  A.-J.-J.  Solier.  -  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Pertnrh-.ti,.,,  -    ,„•  • 

»«.,«,.  ,.„.„,  ,;„„,,,  ,,,  ,„  ,„pl,.p0111io^  _  „,„,„  ,.  „«„„,  J.  leur  ,p,„i,iàn  „  de  l.e .p.riJ,  „L,„ Z  T    m'  l^X  ,'"«"" 

....  r.pp.,1,  ,„,  e,„«„,  ,„,„  ,.él„.c,ud  ,lu  ré,..  „,«,„i,„.  a  ,e,  éui,  „,éri„„  ..  p„  „.  ,e  p,,,,,,,,,,  B„„.  le-J-,  „ee   " pî„e L,     Z,    .         «" 

A  la  même  Libr 


irie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N°  19. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance   du  II  mai  1891.) 


MÉMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE 
Pages.    I 


M.  le  Président  annonce  à  l'Académie  que, 
en  raison  des  fêtes  de  la  Pentecôte,  la  séance 
du  hindi  ixe*t  remise  au  mardi  19 

M.  11.  Léauté.  —  Essai  de  dynamique  gi<i- 
phique  pour  l'étude  des  périodes  de  trouble 


Pages. 

dans  les  moteurs  hydrauliques io  13 

M.Hatonde  la  Goupillière.  — Abaissement 
du  plan  d'eau  dans  un  corps  cylindrique 
horizontal "l  ■' 


MEMOIRES  LUS. 


M.   Léon  Vaillant. 


Sur   la   délimitation  des  zones  littorale 


,38 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  Devaux  adresse  une  Note  sur  un  «  nou- 
veau système  de  moteur  hydraulique  "... 

M.  \  w  We W5EN  soumet  au  jugement  do 


l'Académie  un  Mémoire  sur  la  direction 
des  aérostats  et  un  Mémoire  «  sur  un  nou- 
veau mécanisme  locomoteur» loiji 


CORRESPONDANCE. 


M.  Borreli.ï.  —  Observations  de  la  pla- 
nète (S08)  (découverte  le  3i  mars  1S91), 
laites  à  l'Observatoire  'le  Marseille  avec 
l'équatbrial  d'Eichens  (ouverture  om,  i58). 

M.  F.UitiY.  -     Éléments    de    la  nouvelle  pla 

néte  liorrell y  ,  3(18  ; 

M.  ESMIOL.  —  Eléments  provisoires  de  la  pla 
nete  !  308  j  Borrelly,  déduits  des  observa- 
tions faites  à  l'Observatoire  de  Marseille 
les  3i  mars,  8  avril.  18  avril  e(  26  avril 
l!S.)I 

M.  Tacchini.  —  Observations  solaires  faites 
à  l'Observatoire  royal  du  Collège  romain 
pendant   le  premier  trimestre  de  189.1.... 

M.  J.  Perch'ot.  —  Sur  le  mouvement  du  pé- 
rigée de  la  Lune 

M.  C.-A.  Laisant.  —  Sur  les  permutations 
limitées 

M.   Markoff.  —  Sur  une  classe  de    nombre* 

complexes.  .  ~ 

M.  Félix  Lucas.  —  Expression  du  nombre 
■jî  par  une  série  très  convergente 

M.  P.  VIEILLE.  —  Sur  un  manomètre  enre- 
gistreur applicable  aux  bouches  à  l'eu. . . . 

M.  Marcel  Brillouin.  —  Théorie  élastique 
de  la  plasticité  et  de  la  fragilité  des  corps 
solides 

M.  C.  Rayeau.  —  Sur  la  surface  d'onde  dans 
les  cristaux 

M.  H.  Blondlot.  —  Sur  la  détermination 
de  la  constante  diélectrique  du  verre  à 
l'aided'oscillations électriques  très  rapides. 

M.  E.  PÉCHARD.  Sur  un  nouveau  composé 
oxygéné  du  tungstène 


10(1 


,,,',3 

"•'(1 
1 0  '| .  1 

1  "  i  7 

H'I'I 


Mi)  | 
1 1  i.'il  1 

io58 

1060 


M.    G.    Massol.  Elude    thermique   des 

acides  organiques  bibasiques  à  fonctions 

simples 

M.  Bkrthelot.  —  Remarque  sur  la  Note 
précédente 

M.  L.  Tissier.  —  Sur  le  quatrième  alcool 
amylique  primaire 

M.  J.  Tiioulet.  —  Sur  la  diffusion  de  l'eau 
douce  dans  l'eau  de  mer 

M.  K.  m  Kroustchofp.  —  Sur  la  théorie  des 
feldspaths  de  M.  Tschermak 

.M.  G.  Saint-Kemy.  —Sur  les  organes  géni- 
taux des  Tristomisns 

M.  Léon  Guignard.  —  Sur  la  constitution 
des  noyaux  sexuels  chez  les  végétaux 

M.  .1.  Vesque.  —  Les  groupes  nodaux  et  les 
épharmonies  convergentes  dans  le  genre 
Clusia 

MM.  Prillieux  et  Delacroix.  —  Le  cham- 
pignon parasite  de  la  larve  du  hanneton.. 

M.  Le  Moult.  —  Le  parasite  du  hanneton. 

\IM.  M  \i:i  el  Bertrand  et  Zurchér.  —  Sur 
un  témoin  d'un  nouveau  pli  couché  près 
de  Toulon;  phyllades  superposés  au  trias. 

M.  Roussi  t..  -—  Sur  la  permanence  de  l'effort 
orogénique  dans  les  Pyrénées  pendant  les 
périodes  géologiques 

M.  Arnaud  adresse,  en  réponse  à  une  Com- 
munication de  MM.  Lépine  et  Barrai  du 
•i3  février  1891,  une  Note  «  sur  le  ferment 
glycolytique  du  sang  » 

M.  E.  François  adresse  un  complément  à 
sa  Note  du  20  avril  dernier,  sur  une 
«  boussole  cadran  solaire  

M.  BuRGAL  adresse  un  Mémoire  sur  la  gra- 
vitation universelle 


mi.- 
.06I 
m'i'i 
1.068 
107U 
1072 
'"7  1 


1079 

111S1 


1 088 

iihSS 

1088 


PAK1S.  —  IMPRIMERIE  G\UTHIER-V1LLM\S  ET  FILS, 
Quai  des  Grands-\ueusiins,   55. 


1891 


L 


3ô&Q  PREMIER  SEMESTRE. 


if. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAK  MM     fclES  SECRÉTAIRES  PEKPÉ11ELS 


tome  cxn. 


N°20   (19  Mai  1891 


~~    >»0-w~ 


PARIS, 

o.s  cnG^H'E8"VILLARS   H  '"'LS'  'WHIMfiORS-UBRAmES 
«s  c„„PTES  ™„s  ÉiNCES  „E  l,acad6ji|e  oes 

0»ai  des  Grands-Aujustins,  55.       ' 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopta  dans  Les  séances  des  28  juin  18*62  et  24  mai  i8t5. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  j       Les  Programmes  dés  prix  proposés  par  l'Académie 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de      sont  imprimes  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap 


ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  îles  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque   cahier   ou   numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  (i  feuilles  en  moyenne. 
26  numéros  composent  un  volume. 
Il  v  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l' Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ouparun  Associé  étrangerdel'Académie  comprennent 
au  plus  G  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 


ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus.   , 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne: 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  son 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  L 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extra 


pour  les  articl 
cielle  de  l'Académie. 


es  ordinaires  de  la  cor 


resp 


ondanec  off 


Article  3. 


dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction     autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  for 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 


Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 

l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard, 

jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temp 

le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  \eComple  rem 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par      actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  si 

les   correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 

plus  4  pages  par  numéro. 


Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
prëjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


vant,  et  mis  à  la  fin  du  cahier 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  a 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  f 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  api 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  p: 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   ttui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séanee,  avant  b'\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivai 


16    1891 

COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU  MARDI  19  MAI  1891. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  rappelle  à  l'Académie  la  perte  douloureuse  qu'elle  a 
faite  dans  la  personne  de  M.  Edmond  Becquerel,  Membre  de  la  Section  de 
Physique,  décédé  à  Paris  le  1 1  mai  dernier. 

Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  i4  niai. 

ASTRONOMIE.  —  Détermination  de  la  constante  de  l'aberration.  Valeurs 
numériques  déduites  de  l'observation  de  deux  groupes  de  quatre  étoiles  ;  par 
MM.  Lœwy  et  Puiseux  (  '  ). 

«  Dans  une  récente  Communication,  nous  avons  eu  l'honneur  d'expo- 
ser à  l'Académie  le  principe  d'une   méthode  nouvelle   pour  l'étude  de 

(')  L'Académie  décide  que  cette  Communication,  bien  que  dépassant  les  limites 
réglementaires,  sera  insérée  en  entier. 

C.   R.,   1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,   N°  20.);  J4a 


(  io9°  ) 
l'aberration  annuelle  et  les  conclusions  générales  qui  se  dégagent  du  tra- 
vail d'observation  commencé  au  printemps  de  l'année  dernière  et  terminé 
en  janvier  1891.  Nous  nous  proposons  aujourd'hui  de  faire  connaître,  le 
mode  d'opération  suivi,  les  procédés  de  calcul  employés  pour  la  réduc- 
tion, et  les  valeurs  numériques  fournies  par  l'observation  de  deux  groupes 
de  quatre  étoiles.  L'ensemble  complet  des  mesures,  ainsi  que  la  discussion 
approfondie  des  résultats  feront  l'objet  d'un  Mémoire  ultérieur. 

»  Chaque  observation  dure  une  heure  au  plus.  Elle  consiste  essen- 
tiellement à  mesurer  la  différence  des  arcs  qui  séparent  deux  couples 
d'étoiles  A  et  B.  Les  deux  couples  sont  choisis  de  telle  sorte  que  les  quatre 
étoiles  arrivent  simultanément  à  la  même  hauteur,  à  quelques  minutes  près. 
Pour  chaque  couple,  on  ramène  la  distance  observée  à  sa  valeur  maximum, 
qui  se  produit  au  moment  de  l'égalité  de  hauteur.  La  correction  qui 
doit  être  appliquée  pour  avoir  égard  au  changement  de  la  réfraction  est 
toujours  de  même  signe,  et  ne  dépasse  pas  en  moyenne  une  seconde 
d'arc.  Par  suite  du  choix  des  coordonnées  des  étoiles,  l'écartement  des  com- 
posantes du  couple  A  devient  un  maximum,  sous  l'influence  de  l'aberra- 
tion, quand  la  distance  du  couple  B  passe  par  un  minimum.  Le  phéno- 
mène inverse  se  produit  à  six  mois  d'intervalle,  en  sorte  que  la  différence 
mesurée  a  éprouvé  au  total  une  variation  qui  équivaut  à  quatre  fois  la 
constante  cherchée. 

»  L'emploi  simultané  de  deux  couples  assure  l'élimination  de  deu^ 
légères  causes  d'erreur,  dont  il  serait  difficile  d'assigner  la  valeur  a  priori, 
en  raison  de  leur  caractère  vague  et  problématique.  Ce  sont  l'imperfection 
de  la  mise  au  foyer  et  la  variation  possible  de  l'angle  du  prisme  dans  l'in- 
tervalle des  mesures.  Chaque  différence  mesurée  dans  une  soirée  fournit 
une  équation  de  condition  où  figurent  comme  inconnues  : 

»  i°  La  correction  de  la  valeur  admise  pour  la  constante  de  l'aberration  ; 
2°  la  différence  des  arcs  des  deux  couples  supposés  observés  l'un  et 
l'autre  à  l'époque  d'égale  hauteur,  et  corrigés  des  effets  de  l'aberration  et 
des  mouvements  propres. 

»  En  réalité,  il  serait  peu  pratique  d'étendre  les  observations  d'un 
même  couple  sur  une  période  de  six  mois  entiers.  On  peut  rendre  le  tra- 
vail beaucoup  moins  pénible  sans  diminuer  d'une  manière  appréciable 
l'exactitude  du  résultat.  Les  couples  sont  choisis  de  manière  à  donner  à 
cet  égard  une  certaine  latitude.  On  effectue  d'abord  les  mesures  relatives 
à  une  combinaison  de  couples  pendant  l'intervalle  d'un  mois  ou  six  se- 
maines, où  le  coefficient  de  l'aberration  dans  la  différence  des  arcs  varie  de 


(  io9<  ) 
+  1,7  a  +  1,0.  Le  travail  est  alors  interrompu,  repris  quand  le  coefficient 
de  l'aberration,  après  avoir  passé  par  o,  atteint  la  valeur  --  1,0,  et  défi- 
nitivement terminé  quand  ce  coefficient  est  devenu  —  1 ,6  ou  —  r  ,7. 

»  On  peut  utiliser,  pour  le  calcul  numérique  de  l'inconnue  toutes  les 
équations  isolées  en  nombre  égal  à  celui  des  mesures.  Mais,  d'autre  part, 
certaines  raisons,  que  nous  allons  indiquer,  conduisent  à  grouper,  deux 
par  deux,  en  deux  séries,  les  observations  suivant  une  règle  invariable 
qui  ne  laisse  aucune  place  à  l'arbitraire.  Admettons,  par  exemple,  que 
l'on  ait  obtenu  dans  la  période  des  coefficients  positifs  seize  observations. 
On  peut  concevoir  que  l'on  associe  ensemble  la  première  et  la  neuvième, 
la  deuxième  et  la  dixième,  et  ainsi  de  suite.  On  forme  ainsi,  en  quelque 
sorte,  des  lieux  normaux  reposant  chacun  sur  deux  observations,  et  à  cha- 
cun de  ces  lieux  normaux  correspondra  une  équation  de  condition.  L'in- 
connue cherchée  s'obtient  ainsi  par  deux  procédés  de  calcul  différents, 
susceptibles  de  se  contrôler  l'un  l'autre.  L'emploi  des  observations  grou- 
pées deux  par  deux,  comparé  à  l'emploi  des  observations  isolées,  est  ici, 
jusqu'à  un  certain  point,  plus  conforme  à  l'esprit  de  la  méthode  des  moin- 
dres carrés,  qui  suppose  les  mesures  faites  dans  des  conditions  équiva- 
lentes au  point  de  vue  de  la  précision. 

»  En  effet,  le  mode  de  division  adopté  atténue  l'influence  des  termes 
extrêmes  de  la  série,  presque  toujours  obtenus  dans  des  conditions  de 
visibilité  imparfaite,  au  voisinage  du  lever  et  du  coucher  du  Soleil  et,  par 
suite,  sujets,  le  plus  souvent,  à  une  plus  forte  erreur  accidentelle. 

»  Cette  disposition  est  également  avantageuse  pour  combattre  l'influence 
possible  d'une  variabilité  passagère  de  l'équation  personnelle,  pouvant 
affecter,  dans  le  même  sens,  des  mesures  faites  à  peu  de  jours  d'intervalle. 

»  Enfin,  le  nombre  des  données  que  l'on  fait  intervenir  ainsi  pour 
former  chaque  équation  de  condition  est  précisément  celui  qu'il  convient 
d'adopter  pour  mettre  en  évidence  l'erreur  probable  d'une  mesure.  Le 
chiffre  obtenu  dans  chaque  soirée  est,  en  effet,  la  différence  des  valeurs 
trouvées  pour  les  distances  de  deux  couples  d'étoiles.  En  formant  la 
moyenne  des  résultats  de  deux  soirées,  on  a  un  nombre  affecté  de  la  même 
erreur  probable  que  la  mesure  directe  d'un  couple  unique,  exécutée  à 
l'aide  du  double  miroir.  L'emploi  des  observations  groupées  deux  par  deux 
serait  donc  préférable  à  celui  des  mesures  isolées,  si  l'on  n'avait  pas  à 
craindre  un  affaiblissement  trop  sensible  du  coefficient  de  l'inconnue.  Il 
est  à  croire  que  la  vérité  se  trouve  entre  les  deux  résultats  et  que  l'un  et 
l'autre  devront  être  pris  en  considération. 


(  i<>92  ) 

»  Quelle  que  soit  la  méthode  choisie  pour  former  les  équations  de  con- 
dition, on  peut  encore,  avant  d'en  effectuer  la  résolution  numérique,  les 
partager  en  groupes,  de  diverses  manières.  Il  est  utile  de  former  ces  combi- 
naisons qui,  toutes,  peuvent  se  justifier,  soit  par  des  raisons  tirées  de  la 
théoriedes  probabilités,  soit  par  la  possibilité  qu'elles  donnentde  faire  ap- 
paraître des  causes  d'erreurs  systématiques  si  toutefois  elles  existent.  On 
arrivera  ainsi,  par  la  comparaison  de  ces  résultats  multiples,  à  se  faire  une 
idée  plus  juste  de  la  précision  des  valeurs  trouvées  et  l'on  aura  plus  de 
chances  de  découvrir  les  dernières  sources  d'inexactitude  qui  nous  auraient 
encore  échappé,  malgré  le  caractère,  en  quelque  sorte  doublement  diffé- 
rentiel, des  mesures.  On  pourra  donc  successivement  : 

»  i°  Résoudre  à  part  les  équations  relatives  à  chaque  couple,  en  mainte- 
nant la  distinction  des  observateurs; 

»  2°  Conserver  la  séparation  des  couples,  en  réunissant  les  observations 
d'un  même  couple  dues  à  deux  observateurs  différents; 

»  3°  Réunir  ensemble  les  équations  de  condition  relatives  à  tous  les 
couples,  en  maintenant  la  distinction  des  observateurs; 

»   4°  Réunir  indistinctement  toutes  les  observations. 

»  Chacune  de  ces  solutions  se  subdivise  en  deux,  suivant  que  l'on  em- 
ploie les  observations  isolées  ou  les  observations  associées  deux  par  deux. 

»  On  a  donc  douze  résultats  distincts,  même  en  ne  comptant  que  pour 
un  seul  l'ensemble  des  valeurs  de  la  constante  fournies  par  les  différents 
couples.  La  séparation  des  couples  a  l'avantage  de  faire  apparaître  des 
nombres  obtenus  dans  une  période  limitée  et  relatifs  à  des  saisons  diffé- 
rentes. Par  là  on  peut  être  mis  sur  la  voie  d'une  erreur  systématique  dé- 
pendant de  la  saison  ou  de  l'éclat  exceptionnel  d'une  étoile.  Cette  solution 
fait  acquérir  aux  couples  les  mieux  observés  la  prépondérance  qu'ils  doi- 
vent avoir,  en  raison  de  la  petitesse  de  leur  erreur  probable.  D'autre  part, 
il  peut  arriver  que,  en  raison  du  petit  nombre  des  observations,  elles  pré- 
sentent une  concordance  en  partie  fortuite  qui  conduise  à  leur  attribuer 
une  précision  illusoire.  La  confusion  des  couples  fait  prédominer  les 
coefficients  élevés,  et  fait  reposer  les  valeurs  conclues  sur  un  plus  grand 
nombre  d'observations,  ce  qui  diminue  les  chances  d'une  compensation 
accidentelle  d'erreurs,  et  atténue  l'influence  possible  des  saisons.  D'autre 
part,  cette  solution  a  l'inconvénient  de  mettre  les  couples  les  moins  bien 
observés  sur  le  même  plan  que  les  autres. 

»  La  séparation  des  nombres  relatifs  aux  deux  observateurs  a  pour  effet 
de  déceler  les  équations  personnelles  qui  peuvent  prendre  naissance  dans 


(   rn93  ) 
l'évaluation  des  distances.  En  confondant  les  observateurs  et  les  couples, 
on  garde  les  avantages  qui  résultent  du  grand   nombre  des  équations. 
Cette  solution,  tout  algébrique,  est  celle  qui  a  le  moins  d'égard  aux  cir- 
constances particulières  de  l'observation. 

»  Il  v  a  lieu  de  croire  que  la  vérité  est  entre  ces  diverses  hypothèses  et 
qu'en  adoptant  la  moyenne  générale  on  sera  plus  près  de  la  vérité  qu'en 
se  limitant  à  une  solution  unique.  Il  conviendra  toutefois,  par  prudence, 
d'adopter  le  chiffre  le  plus  élevé  pour  l'erreur  probable. 

»  Les  nombres  que  nous  avons  trouvés  dans  cette  première  campagne 
ne  donnent  certainement  pas  une  juste  idée  de  la  précision  dont  la  mé- 
thode est  susceptible.  Désireux  d'éprouver,  dans  le  plus  court  délai  pos- 
sible, les  ressources  du  nouveau  procédé,  et  devoir  ce  que  donneraient 
des  observations,  même  faites  dans  des  conditions  défectueuses,  nous 
avons  mis  à  profit  toutes  les  circonstances  où  le  travail  a  été  possible.  Sou- 
vent les  mesures,  contrariées  par  les  nuages,  la  brume  ou  la  lumière  du 
jour,  ou  prolongées  trop  près  de  l'horizon,  ont  dû  être  de  qualité  infé- 
rieure. Nous  n'avons,  toutefois,  supprimé  pour  ces  divers  motifs  que  six 
observations  sur  38o.  Mais,  dans  certains  cas,  il  nous  a  semblé  rationnel 
de  n'attribuer  à  la  moyenne  de  deux  séries,  faites  dans  des  conditions  évi- 
demment défectueuses,  que  la  valeur  d'une  observation  normale. 

»  Quand  le  ciel  et  la  température  sont  favorables,  les  mesures  se  font 
sans  difficulté,  et  la  qualité  des  images,  sous  un  grossissement  de  i5o  fois, 
est  égale  à  celle  que  l'on  obtient  dans  les  meilleurs  instruments  par  vision 
directe.  Ces  conditions  toutefois  n'ont  pas  toujours  été  réalisées.  Quelques 
obstacles  matériels  dont  il  sera  aisé  de  s'affranchir  dans  l'avenir  ont  cer- 
tainement abaissé  la  précision  de  notre  travail  dans  une  proportion  sen- 
sible. Indiquons  brièvement  en  quoi  ils  consistent  : 

»  L'équatorial  coudé  dont  nous  avons  fait  usage,  premier  type  de  ce  genre 
d'instruments,  présente  diverses  imperfections,  inévitables  dans  un  mo- 
dèle absolument  nouveau.  Nous  avons  dû,  au  cours  des  observations, 
remplacer  par  un  système  d'éclairage  électrique  la  lampe  à  gaz  jusqu'alors 
employée  pour  l'illumination  des  fils  et  du  champ.  Cette  lampe  produisait, 
dans  certaines  positions,  un  échauffement  du  tube  de  la  lunette  et  une 
colonne  d'air  ascendante  sur  le  trajet  des  rayons. 

»  L'instrument,  abrité  sous  une  cabane  trop  exiguë  et  imparfaitement 
aérée,  s'échauffe  fortement  dans  les  après-midi  d'été.  Il  en  résulte  une  dé- 
formation des  miroirs,  sensible  encore  plusieurs  heures  après  le  coucher 
du  Soleil,  un  allongement  des  images  et  un  accroissement  dans  l'erreur 


(  If>94  ) 
accidentelle  des  mesures.  Malgré  les  précautions  prises  pour  aérer  l'instru- 
ment, cette  cause  place  nos  observations  d'été  dans  un  état  d'infériorité 
par  rapport  aux  autres.  La  déformation  des  miroirs  par  la  chaleur,  inappré- 
ciable dans  les  conditions  ordinaires,  devient  visible  quand  une  partie 
seulement  des  surfaces  réfléchissantes  est  utilisée  pour  le  passage  des  rayons 
lumineux.  Nous  avons  toujours  eu  soin,  au  cours  des  mesures,  de  faire 
tourner  le  double  miroir  de  i8o°  autour  de  son  axe,  ce  qui  annule  l'effet 
possible  d'une  déformation  des  faces  du  prisme.  Mais  l'effet,  sans  doute 
beaucoup  plus  nuisible,  d'une  courbure  accidentelle  des  autres  miroirs  n'a 
pu  être  éliminé.  Il  n'est  pas  probable  qu'avec  des  observations  également 
réparties  sur  les  diverses  saisons,  il  puisse  subsister  de  ce  chef  une  erreur 
systématique  appréciable,  mais  le  désaccord  des  mesures  en  est  certaine- 
ment augmenté  d'une  manière  notable.  Vu  le  caractère  spécial  de  cette 
anomalie,  il  est,  pour  nous,  certain  que  l'on  y  échapperait  complètement 
avec  un  instrument  droit.  C'est  un  des  cas  exceptionnels  où  les  lunettes 
ordinaires  paraissent  devoir  être  préférées  à  l'équatorial  coudé. 

«  Nos  observations  ont  porté  sur  18  couples  d'étoiles,  soit  g  combinai- 
sons doubles.  Le  travail  de  réduction  n'est  pas  encore  terminé  et  fera  l'ob- 
jet d'une  publication  ultérieure.  Dès  aujourd'hui,  nous  donnerons  le  Ta- 
bleau des  observations  faites  sur  deux  combinaisons  de  couples  et  des 
valeurs  qui  en  résultent  pour  les  inconnues. 

»  Les  étoiles  sont  indiquées  par  les  numéros  qu'elles  portent  dans  les 
zones  d'Argelander.  Le  degré  de  la  zone  figure  sous  forme  d'indice. 

»  Le  signe  0  représente  la  longitude  du  Soleil  pour  l'époque  moyenne 
de  l'observation  ;  dA  est  l'effet  de  l'aberration  sur  la  différence  des  dis- 
tances des  deux  couples,  calculé  avec  la  valeur  provisoire  20",  445 1;  cl  est 
la  différence  des  arcs  des  deux  couples,  ramenés,  pour  chacun  d'eux,  à 
l'époque  d'égale  hauteur;  dk' ,  d!  sont  les  quantités  correspondantes  pour 
une  autre  observation  que  l'on  associe  à  la  première,  suivant  la  règle  expli- 
quée plus  haut; est  la  moyenne  des  différences  observées,  corrigées 

l'une  l'autre  de  l'aberration,  avec  la  valeur  provisoire  20",  445i. 

»  Dans  le  troisième  Tableau,  la  solution  (I)  est  celle  qui  résulte  des 
valeurs  trouvées  séparément  par  les  deux  observateurs,  et  combinées  avec 
les  poids  qui  résultent  des  erreurs  probables  respectives  ip.  La  solution  (II) 
a  été  obtenue  en  réunissant  indistinctement  les  mesures  faites  par  les  deux 
observateurs,  mais  en  traitant  comme  deux  inconnues  distinctes  les  valeurs 
trouvées  par  eux  pour  une  même  distance. 


(   io95  ) 


Juin 


3.. 

73.23,6 

—28,04 

332,53 

3o4,4g 

i5.. 

84.49,8 

—22,78 

326,35 

3o3,57 

19... 

88.38,7 

—20,82 

324,43 

3o3,6i 

Sept.   iG... 

173.52,4 

+28,40 

275,25 

3o3,65 

28... 

■85.34, 9 

+  32,52 

271,42 

3o3,g4 

29... 

186.34,0 

+  32, 81 

271 ,61 

3o4,42 

3o. . . 

187.32,4 

+33,09 

270.-4 

3o3,83 

Oct.      a.. 

i8g.3o,i 

+33,6i 

269 ;93 

3o3,54 

3... 

190.29,1 

+33,86 

269,53 

3o3,3g 

TABLEAU  I.  —  Couples  de  i9h  (369^-2786,,)  (4384_0-424_a). 

rM.  ,/.  A  =  </  rd\.  Dates.  O-  tl\\ 

Observateur  :  Lœwï. 
Juin 

Juill. 


A'=rf+rfA' 


Oct. 


A+A 


20. . . 

Sg.36,3 

— 20, 3o 

823,62 

3o3,32 

3o3",53 

24... 

93.24,4 

—  18,24 

321 ,53 

■  '"'■'' . .'') 

3o3,Sg 

I .  .  . 

100.   3,5 

—14,42 

317,86 

3o3,44 

3o3,5i 

OC). 

.4... 

104.48,6 
112.24,4 

—  n,58 

—  6,87 

3i5,7i 
3n,28 

•'■'°-'l  ,22 

3o3,9i 

5. . . 

192.27,5 

+34,33 

268,69 

3o3,02 

3o3,34 

5('), 

ig4.25,8 

+34,71 

268,85 

.'in.';,. ,6 

3o3,75 

8... 

195.25,8 

+34,96 

■iiis,s«; 

3o3,82 

3o4,i2 

12. . . 

199.22,0 

+35,64 

268,36 

3o4,oo 

3o3,gi 

22. . . 

209.17,1 

+36,62 

267,76 

3o4,38 

3o3 , 96 

28... 

2l5. 16,0 

+36,68 

267,04 

3o3,72 

3o3,56 

Juin       2 . . 

72-27,4 

-28,43 

332,26 

3o3,83 

/  •  ■ 

77.12,5 

— 26,40 

33o,32 

3o3,g2 

16.. 

85.47,2 

—22,29 

325,7.3 

3o3,46 

Août   22.. 

149.40,5 

+16, 36 

287 ,3a 

3o3,68 

25.. 

i52.33,7 

+  18,00 

281,89 

3o2,8g 

28.. 

155.27,7 

+  19,69 

283,o6 

3o2,66 

Sept.      5.. 

i63.io,8 

+2.3,59 

279,52 

3o3,n 

6.. 

164.   9,1 

+24,07 

279,05 

3o3 ,12 

g.. 

167.   3,5 

+25,43 

278,55 

3o3,92 

10. . 

168.    1,6 

+25,88 

277.48 

3o3,36 

TABLEAU  II.  - 

—  Cou  pi 

Observateur  :  Puiseux. 

Juiu     25... 
Juill.    17... 


Sept. 
Oct. 


i5., 
6.. 

9-- 

11.. 
i3.. 
16.. 
27  ■* 


94.21,0 
1 1 5 . 1 5 ,  g 

119.  4,1 
172.54,0 
193.26,5 
196.24,0 
198.22,7 
200.21,5 
203.19,9 
214 .  i5,5 


—  5,o6 

-  2,64 
+28,00 
+34,54 


3,14 


+3 
+35, 4g 
+35,79 
+3i,i6 
+36,70 


321  ,61 
.'.(((,,  xi 
3o6, 27 
275,56 
269,75 
260,  i3 
268,98 
268,78 
267,43 
267,39 


Couples  de  o1'  (48_„  —  i4i8„)  (1779,,— 5346_J. 
Observateur  :  Lœwï. 


3(i  ;.(,.( 
3o4,,4 

3o3,64 

'.((.;  ,3(, 

3o4,2g 
3o4,27 

3o4,47 

304,57 

3o3,5g 
3o4,og 


3o3,87 
3o4,o3 
3o3,55 
3o3,62 
3o3,5g 
3o3,46 
3o3,7g 
3o3,84 
3o3,7g 
3o3,73 


Sept. 

■  5.. 

.     i73.   5,o 

+35,20 

21 ,57 

56  ,'77 

Oct. 

6.. 

•     i93-36,7 

+30,17 

27*54 

57",  71 

57, "24 

23.. 

180.52,4 

+33.79 

22,52 

56, 3 1 

8.. 

195.34,9 

+29,47 

28,78 

57,25 

56, 78 

25.  . 

.      182. 4g, 6 

+33,34 

24,04 

57,40 

9-- 

196.34,3 

+29,10 

2S,I0 

57,2o 

57,30 

29.. 

.      186.44,2 

+  32,32 

24,87 

57,19 

10. . 

ig7.35,g 

+28,72 

28,43 

57. '7 

57, .8 

Oct. 

2     . 

•      189.40,8 

+3i,46 

25,6o 

57,06 

11 . . 

igS.32,6 

+28,35 

29,32 

57,67 

57,37 

3.. 

•     'yj-3g,i 

+3i  ,i5 

25,85 

67,00 

12. . 

199.34,3 

+27,95 

'     ,9 

56, 87 

56,94 

4-. 

1  g  1 . 38 , 3 

+3o,83 

26,72 

."17 .  55 

i3.. 

200.3l,I 

+27,56 

2g,86 

57,42 

57,49 

5.. 

•      192.37,5 

+3i  ,5i 

26,73 

57,24 

21 . . 

208.28,9 

+24,07 

3i  .,,., 

55,97 

56, 61 

Nov. 

28. 

.     246.34,3 

+  2,35 

54,74 

57,«9 

Dec. 

22, 

270.53,0 

— 12,67 

69,88 

57,21 

57,i5 

Dec. 

9-- 

.     257.4 1,6 

—  4,63 

1.1  ,86 

57,23 

Janv. 

1 . . 

281.   3,0 

—18,45 

75,25 

56, 80 

57,02 

11.. 

.     259.43,1 

—  5,90 

63, 06 

J7.>6 

■    2. . 

282.  4,3 

—  19,00 

75 ,  77 

56,77 

56,97 

12. . 

260.44,1 

—  6,53 

63,34 

56, gi 

5. . 

285.  8,4 

— 10, l'y 

78,04 

57,42 

57-'7 

i3. . 

.     261.44,6 

-7. '5 

63,72 

56, 57 

!■■ 

287.10,1 

— 2 1 ,  65 

79- 59 

57,94 

57,26 

1.4.. 

262.45,5 

—  7.77 

ijj .((() 

57,32 

9-- 

289.12,9 

— 22,67 

78,94 

56,27 

56, 80 

i5.. 

.     263,46,8 

—  8,4i 

65,02 

56, 61 

1 1 . . 

291. i5, 5 

—23,6./, 

80, 83 

56,94 

56, 90 

(')  Juillet  G  et  14,  séries  incomplètes  réunies;  octobre  5,  réunion  des  observations  défectueuses  des  4  et  10  octobre. 


(  io96  ) 


TABLEAU  II  (suite) 


A+A' 


Dale«. 

O- 

<M. 

(/. 

A  =  ,/  +  ,(A. 

Date, 

O- 

</A\ 

d  . 

A'=J'+dA'. 

2 

Observateur  :  Pi 

ISEU 

X. 

Août 

22.  . 

i4g.5o,6 

+35,49 

19.96 

55,45 

Oct. 

0  . 

•    189-42,9 

+3 1,45 

24.93 

56,38 

55,92 

27.. 

|54. 3g, 3 

+35,92 

20 ,  29 

56,2i 

3. 

190.42,0 

+3i,i4 

24,80 

55,  g4 

56, 08 

24.. 

i56.35,i 

+36 ,  02 

21 ,  10 

57, 12 

4- 

191.40,6 

+3o,82 

26,06 

56,88 

57,00 

3o.. 

.     157.32,7 

+36,  o5 

21  ,25 

!    57, o3 

5. 

.      ig2.3g,8 

+30,49 

25,19 

55,63 

56,36 

Sept. 

2. . 

160.27.3 

+36,og 

20,67 

8. 

.     195.37,2 

+29,46 

26,73 

56,19 

56, i3 

6.. 

164.19,3 

+36,oo 

20,07 

56,07 

9- 

.     196.36,4 

+29,09 

28,07 

07.  16 

56,97 

8.. 

166. i5, 9 

+35,90 

20,87 

56.77 

10. 

.     197.33,6 

-   >8l74 

9 

56.72 

56,49 

9-- 

.     167.13,9 

+35,83 

20,42 

56,25 

1 1 . 

•      198-34.9 

+28,34 

28,70 

-,;,.', 

56,94 

10. . 

.     168. n,6 

+35,75 

21,08 

56,83 

12. 

.    "199.32,2 

+■-'7-97 

3o,o8 

58, o5 

5"  ,20 

12. . 

170.  8,5 

+35,56 

20  ,7* 

56,34 

i3. 

20o.33,i 

*7>55 

29 ,  01 

56 ,  56 

j'i.Ji) 

i3.. 

171 .  7,0 

+35,46 

21  ,i5 

."1 1  ' .  1 . 1 

Nov. 

28.. 

.     246.33,4 

+    2,37 

54,28 

56,65 

Dec. 

i5. 

.      263,48,8 

—  8,43 

65,25 

56,82 

56,74 

Dec. 

2. . 

25o.36,9 

—  0,19 

56,29 

56,io 

19. 

267.51,5 

—  io,8S 

1.7,1". 

56,27 

56,i9 

8.. 

256.4i,6 

—  4)°' 

61,24 

56,23 

20. 

.     268.52,4 

—ii,48 

68,23 

56.75 

56,4g 

9-- 

.     257.43,6 

-  4,65 

60,96 

56, 3i 

24- 

.     272.57,0 

— i3,8g 

71,21 

57,32 

56,8a 

11 . . 

.     209.44.7 

—  5,92 

62,48 

56,56 

Janv. 

I . 

.     281.   4,8 

—i8,46 

75,18 

56,72 

56,64 

12. . 

260.45,4 

-  6,54 

62,69 

56 , 1 5 

iSgi 

2. 

.     282.   5,9 

— ig,oi 

75>9J 

56,90 

56,53 

i3.. 

.     201.46,2 

-  7. *7 

63.45 

56,28 

8. 

.     288.12,4 

—22 .  17 

78,4' 

56,24 

56,  26 

14. 

.     262.47,0 

—  7.79 

t. ',.32 

56,63 

I  j. 
16. 

.     295.20,0 
296. 20,9 

—25,53 

,  08 

81,96 
82,25 

56,35 

56,4g 

TABLEAU  III. 

Ob 

servateur>. 

Combinaison   sans 

distinction  d'observ 

ateur. 

Solution  I.  Solution  II. 

dis..  zp.  dK.  zp 


Couples  de  io,h. 
Couples  de  o1'.  . 


Lcewy.  Puiseux. 

rfK.  zp.  dli.  £/>. 

Équations  basées  sur  chaque  mesure  effectuée. 

+o,oi5     ±o,o43       — 0,010     +0,069       +0,011     ±o,o36       +o,oo5     ±o,o4i 
— 0,028     +o,o43       +0,006     ±o,o53       — o,oi5     +o,o33       — 0,010     ±o,o36 

Équations  basées  sur  la  moyenne  des  observations  réunies  deux  à  deux. 


Couples  de  1911 .  .      +o,oo5     ±o,o4i 


Couples  de  oh 


-0,049 


:o,o43 


+0,094 
— o,oi5 


:o,o39 
:o,oo7 


+0,062     ±0,028       +o,o3g     ±0,028 
— o,o36     ±o,o34       — o,o3i     ±o,o36 


»  Si  l'on  examine  d'abord  les  solutions  déduites  des  mesures  indivi- 
duelles, on  voit  que  les  discordances  qui  résultent  soit  de  la  comparaison 
des  observateurs,  soit  de  la  comparaison  des  couples,  sont  très  inférieures 
aux  limites  conciliables  avec  la  grandeur  des  erreurs  probables. 

»  La  môme  conclusion  s'applique  aux  solutions  fondées  sur  les  obser- 
vations groupées  deux  à  deux.  On  remarquera  toutefois  que  ce  procédé 


(  io97  ) 
de  calcul  semble  avoir  pour  effet  d'accentuer  la  discordance  entre  les 
deux  couples,  tout  en  diminuant  les  erreurs  probables.  Ce  groupement  des 
observations  est  donc  jusqu'à  un  certain  point  justifié,  et  la  comparaison 
des  deux  solutions  fournit  une  indication  précieuse  sur  l'incertitude  réelle 
que  comportent  les  résultats  et  l'évaluation  des  erreurs  probables. 

»  En  somme,  aucun  de  ces  résultats  n'autorise  à  conclure  à  l'existence 
d'erreurs  systématiques  tenant  soit  aux  observateurs  soit  aux  couples. 
Nous  adopterons  comme  résultat  définitif  pour  chaque  groupe  de  quatre 
étoiles  la  moyenne  arithmétique  des  corrections  trouvées  ainsi  que  des 
erreurs  probables.  On  trouve  ainsi  : 

Couples  de  191' -t-  o",027  ±  o",  o33 

Couples  de  o'1 —  o",  023  ±  o",  o35 

d'où,  pour  la  valeur  finale  de  la  constante  de  l'aberration 

20",  447  ±  0",024. 

»  On  remarquera  que  ces  observations  sont  faites  dans  des  conditions 
très  variées,  celles  du  premier  groupe  étant  comprises  dans  la  période 
d'été  pendantque  celles  du  second  groupe  s'étendent  sur  les  mois  d'hiver. 
Les  valeurs  conclues  pour  la  constante  de  l'aberration  ne  paraissent  dé- 
pendre en  aucune  manière  de  l'observateur. 

»  La  marche  des  nombres  ne  révèle  pas  d'erreur  systématique  tenant  à 
réchauffement  irrégulier  des  miroirs.  Toutefois  cette  cause,  qui  détériore 
si  évidemment  les  images,  a  dû,  dans  certains  cas,  altérer  aussi  les  dis- 
lances. En  excluant  les  séries  faites  dans  des  conditions  nettement  défa- 
vorables et  faisant  usage  d'un  équatorial  droit,  on  serait  conduit  à  des  ré- 
sultats d'une  précision  bien  supérieure.  L'équilibre  plus  ou  moins  parfait 
de  température  entre  les  diverses  parties  de  l'instrument  ne  serait  plus 
alors  la  source  d'aucune  difficulté. 

»  Les  autres  séries,  cpie  nous  ne  reproduisons  pas,  accusent  le  même 
degré  d'exactitude.  On  peut  ajouter  qu'en  raison  du  nombre  des  étoiles 
employées,  de  leur  distribution  dans  une  région  étendue  de  la  sphère  cé- 
leste, on  est  indépendant,  à  un  plus  haut  degré  que  dans  les  recherches 
antérieures,  de  divers  éléments  dont  on  ne  peut  évaluer  l'influence  exacte 
dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances.  De  ce  nombre  sont  les  mouve- 
ments propres  des  étoiles,  la  translation  du  système  solaire,  le  mouvement 
d'ensemble  du  système  galactique.  Ces  raisons,  jointes  à  celles  qui  ont  été 
données  plus  haut,  nous  permettent  de  considérer  la  nouvelle  méthode 

C.  K.,  1S91,   1"  Semestre.  (T.  CM],  N    20.)  '4^ 


(   io98  ) 
comme  ])lus  rapide  et  plus  efficace  cpie  toutes  celles  qui  ont  été  données 
antérieurement  pour  le  même  objet.  » 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  le  passage  de  Mercure. 
Note  de  M.  J.  Jaxsse.v. 

«  Le  passage  de  la  planète  Mercure  sur  le  Soleil,  qui  a  eu  lieu  le  10  ma  i 
dernier,  se  présentait,  malheureusement  pour  nos  régions,  dans  de  très 
mauvaises  conditions. 

»  Malgré  ces  circonstances  défavorables,  nous  nous  étions  préparés,  à 
Meudon,  à  faire  certaines  constatations  touchant  les  phénomènes  de  la  sor- 
tie et  de  la  visibilité  du  disque  de  la  planète  en  dehors  du  Soleil. 

»  Mais  l'état  du  ciel  à  Paris,  au  moment  du  phénomène,  a  absolument 
empêché  toute  observation. 

»  L'Académie  se  rappelle  sans  doute  qu'en  1874.  àla  station  du  Japon, 
j'avais  constaté  la  visibilité  du  disque  de  Vénus,  sur  le  fond  du  ciel,  alors 
que  la  planète  était  encore  à  1'  ou  3'  du  bord  solaire.  Ce  phénomène  indi- 
quait la  présence  d'un  fond  lumineux  situé  derrière  la  planète  et  sur  lequel 
celle-ci  se  détachait  en  sombre.  C'était  évidemment  l'atmosphère  coronale 
dont  l'illumination  produisait  le  phénomène,  et  ia  présence  de  cette  atmo- 
sphère se  trouvait  ainsi  confirmée  par  un  phénomène  tout  différent  de  ceux 
des  éclipses  totales  et  à  l'abri  des  objections  que  ceux-ci  ont  soulevées. 

»  Il  sera  intéressant  de  reprendre  cette  observation  au  prochain  passage 
de  Mercure. 

»  Mais  il  est  encore  une  observation  d'un  haut  intérêt  et  que  je  désire 
signaler  ici. 

»  On  se  rappelle  que  M.  Huggins,  notre  é  mi  rient  Correspondant,  a  pro- 
posé une  méthode  pour  obtenir  la  photographie  de  la  couronne  en  dehors 
des  éclipses.  Celte  méthode  a  soulevé  certaines  objections;  cependant  il 
serait  bien  important  qu'elle  répondît  à  notre  attente. 

»  Or  le  passage  de  Mercure  fournirait  un  moyen  de  contrôle  intéres- 
sant. Si  la  planète  se  voyait  sur  l'image  photographique  tout  à  fait  en 
dehors  du  Soleil  et  à  une  distance  où  les  lunettes  ne  peuvent  plus  en 
déceler  la  présence,  on  aurait  un  témoignage  de  l'origine  réellement 
solaire  des  phénomènes  photographiés. 

»  Mais  c'est  ici,  pour  les  phénomènes  de  cet  ordre,  qu'il  y  a  lieu  d'in- 
sister sur  l'importance  des  hautes  stations  et  de  la  facilité  considérable 
qu'une  atmosphère  pure  et  dégagée  de  vapeurs  apportera  pour  le  succès 
de  ces  études. 


(  1099  ) 
»  Il  y  aurait  lieu  d'étudier  aussi  si,  au  moyen  d'ascensions  eu  ballon,  à 
grande  hauteur,  on  ne  pourrait  pas,  au  moyen  de  dispositions  instrumen- 
tales convenablement  combinées,  obtenir,  surtout  par  ta  photographie, 
des  constatations  du  genre  de  celles  dont  je  parle,  quand  les  conditions  at- 
mosphériques s'annoncent  défavorables.    » 


MÉCANIQUE  PHYSIQUE.    —   Sur  i 'explication  physique  de  la  fluidité; 
par  M.  J.  Boussinesq. 

»   La  publication  par  M.  Marcel  Brillouin,  vers  la  fin  d'un  article  sur  la 
plasticité  et  la  fragilité  des  corps  solides  inséré  dans  le  dernier  Compte  rendu 
(p.    io56),    de  certaines   idées  concernant  l'explication   de  la    fluidité, 
m'engage  à  publier  également  ici  quelques  notes  assez  analogues,  sur  le 
même  sujet,  du  Cours  de  Mécanique  physique  que  je  professe  depuis  188G 
à  la  Faculté  des  Sciences,  Cours  dont  la  première   Partie  seule,  où  se 
trouve  indiquée  l'explication  corrélative  de  l'élasticité  des  solides  (p.  83), 
a  paru  chez  MM.  Gauthier-Villars,  en  juillet  1889,  sous  le  titre  :  Leçons 
synthétiques  de  Mécanique  générale,  servant  d'introduction  au  Cours  de  Méca- 
nique physique  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris.  Quoique  le  but  de  cette 
première  Partie  ne  me  permit  pas  d'y  entrer  dans  les  détails,   on  peut 
y  voir  cependant,  déjà  développée  (pp.  72  à  77,  83  à  8/j,  10 5  à  107,  etc.), 
une  pensée   qu'a   eue  de  son  côté  M.  Marcel  Brillouin  et  qu'il  exprime 
ainsi  à  la  page  citée  (io5G)  des  Comptes  rendus  :  «  Il  ne  faut  plus  regarder 
»   les  molécules  comme  immobiles  dans  l'état  d'équilibre,  ni  comme  obéis- 
»   sanl  exclusivement  aux  déplacements  d'ensemble   que  définissent  les 
»  équations  de  l'élasticité,  mais  comme  animées  de  mouvements  indépen- 
»   dants,  d'amplitude  petite  dans  les  vrais  corps  solides,  suffisante  néan- 
-1   moins  pour  que  les  actions   mutuelles   moyennes   soient  un  peu  rpo- 
»   difiées.   «    Or  mes    notes    encore  manuscrites,    relatives  à  la  fluidité, 
contiennent  de  même  le  développement  de  la  phrase  suivante  de  M.  Bril- 
louin :  «  Dans  les  liquides,  ces  mouvements  de  progression,  que  montre 
»   d'ailleurs  suffisamment  la  diffusion,  seront  assez  rapides  et  assez  étendus 
»   pour  rétablir  instantanément  l'isotropie  troublée...  »  Voici  ces  notes, 
qui  ont  fait  déjà  plusieurs  fois  l'objet  de  mon  enseignement  à  la  Sorbonne, 
notamment  durant  le  premier  trimestre  de  1887  et  à  la  fin  de   1889  : 

»  Les  lluides  sont,  par  définition  (pour  le  géomètre),  des  corps  isotropes  ayant 
comme  propriété  caractéristique  de  recouvrer  spontanément  leur  isotropie  après 
toutes  les  déformations  possibles,   et  même  de  la  garder  à  fort  peu  près  durant  ces 


(      I lOO    ) 

déformations,  pourvu  qu'elles  s'effectuent  avec  une  lenteur  suffisante.  Il  se  produit 
dans  leurs  moindres  particules,  pendant  les  mouvements  moyens  locaux,  ou  obser- 
vables que  nous  y  constatons,  d'imperceptibles  mais  incessantes  modifications  des 
groupements  moléculaires,  tendant  à  y  égaliser  les  intervalles  dans  les  diverses  direc- 
tions  et,    par   suite,  à  y  maintenir  une  constitution  pareille  en  tous  sens. 

»  Cet  effet  de  régularisation  a  lieu  très  vite  dans  les  fluides  sans  viscosité  appré- 
ciable, ou  proprement  dits,  comme  les  gaz,  l'eau,  l'alcool,  etc.;  et  l'on  peut  alors 
presque  toujours,  à  une  assez  grande  approximation,  y  supposer  atteint  à  tout  instant, 
même  pendant  des  mouvements  rapides,  cet  état  de  la  matière,  que  nous  avons  appelé 
élastù/ue,  où  la  configuration  interne  propre  de  chaque  groupe  moléculaire  est  réglée 
uniquement  (au  moins  entre  certaines  limites  de  déformation  s'il  s'agit  d'un  solide) 
d'après  les  situations  relatives  occupées  par  les  centres  de  ce  groupe  et  des  groupes 
environnants,  c'est-à-dire  d'après  l'état  statique  moyen  local,  ou  visible,  dont  les 
changements  sont  définis  par  les  déformations  d'ensemble  d,  g  de  la  particule. 

»  Au  contraire,  dans  les  fluides  un  peu  ou  fortement  visqueux  (l'huile,  les  liquides 
pâteux,  etc.),  l'évolution  interne  des  groupes  se  fait  avec  lenteur  et  il  faut  un  temps 
plus  ou  moins  apjsréciable  pour  que  l'état  élastique  se  reconstitue. 

»  Mais,  quel  que  soit  le  degré  de  viscosité,  cet  état  élastique,  une  fois  produit,  est, 
dans  tous  les  fluides,  éminemment  simple,  puisqu'il  ne  varie,  à  température  constante, 
qu'avec  la  place  ou  l'étendue  totale  laissée  à  chaque  petit  volume  matériel  pour  y  ré- 
partir uniformément  ses  molécules,  c'est-à-dire,  en  d'autres  termes,  qu'avec  la  den- 
sité actuelle  p,  et  puisqu'il  n'est  astreint  par  suite  à  la  conservation  d'aucun  mode 
spécial  de  la  contexture,  en  ce  qui  concerne  la  place  de  chaque  molécule  prise  indivi- 
duellement ou  suivie  dans  son  identité  aux  divers  endroits  qu'il  lui  arrive  d'occuper. 

»  La  régularisation  interne,  le  rétablissement  incessant  de  l'isotropie,  sont  rendus 
possibles  par  l'amplitude  des  vibrations  calorifiques,  assez  étendues  dans  tous  les 
lluides  pour  dégager  les  molécules  les  unes  des  autres,  et  qui  permettent  à  la  ma- 
tière d'y  prendre,  dans  chaque  cas,  la  disposition  la  plus  stable,  laquelle  est  naturelle- 
ment la  plus  simple,  c'est-à-dire  la  plus  égale  en  tous  sens,  la  plus  homogène.  Les 
mouvements  browniens  ne  sont  sans  doute  que  la  partie  visible  de  cette  agitation, 
celle  des  particules  qui,  exceptionnellement,  progressent  dans  une  même  direction 
durant  un  temps  perceptible. 

»  Le  tassement  d'une  masse  de  sable,  contenue  dans  un  vase,  au  moyen  de  secousses 
multipliées  imprimées  au  vase,  phénomène  où  nous  voyons  de  même  les  grains  de 
sable  affecter  successivement  un  grand  nombre  de  modes  de  groupement  qui  leur  sont 
offerts  et  acquérir  finalement  le  plus  homogène  possible  pour  le  conserver  désor- 
mais, peut  nous  faire  comprendre  comment  l'agitation  calorifique  produit  sans  cesse 
un  effet  analogue,  mais  encore  plus  complet,  dans  les  fluides. 

»  Les  forces  élastiques  se  réduiront  donc,  en  chaque  point  de  ceux-ci,  à  ce  que 
nous  avons  appelé  la  pression  moyenne  p  [égale  à  —  \  (N^  -+-  Nr  -+-  Ns)],  qui  est  une 
pression  normale,  de  même  valeur  sur  tous  les  éléments  plans  se  croisant  en  sens 
divers;  de  plus,  à  une  température  t  donnée,  cette  force/)  dépendra  uniquement  de  p, 
en  sorte  qu'elle  sera  une  certaine  fonction,  bien  déterminée,  de  deux  variables  seule- 
ment, la  densité  p  et  la  température  x.  Cette  fonction  croîtra  généralement  avec  p  et  7, 
à  cause  des  énormes  répulsions  exercées  entre  les  molécules  les   plus  voisines,  et  qui 


(   »oi   ) 

grandissent  très  vite  pour  peu  qu'augmente  le  rapprochement  mutuel  de  celles-ci, 
comme  il  arrivera  sans  cesse  pour  un  grand  nombre  d'entre  elles,  si  seulement  les  vi- 
brations  calorifiques  s'amplifient,  sans  même  que  les   situations  moyennes  changent. 

»  Considérons,  en  particulier,  à  température  constante,  le  cas  des  liquides  soit  fixes, 
soit  peu  volatils,  pour  lesquels  il  existe  un  état  où,  la  densité  p  étant  notable,  la  pres- 
sion p  comprend  une  somme  d'attractions  (exercées  aux  distances  intermoléculaires  les 
moins  petites)  égale  à  celle  des  répulsions  et,  par  conséquent,  s'annule.  Alors  quand,  à 
partir  de  cet  état,  la  densité  p  croit,  la  pression  due  aux  actions  intermoléculaires 
exercées  aux  distances  /•  où  il  y  avait  déjà  de  telles  actions  avant  cet  accroissement 
de  p,  varie,  dans  tous  ses  termes  correspondant  aux  diverses  valeurs  de  r,  proportion- 
nellement à  une  même  fonction  de  la  densité  p  (à  raison  surtout  du  nombre  des  ac- 
tions élémentaires  à  travers  chaque  élément  plan,  nombre  qui  grandit  comme  le  carré 
de  la  densité),  et  elle  reste  nulle'.  Mais  il  s'y  ajoute  les  fortes  répulsions  s'exerçant 
entre  les  molé#cules  venues  à  des  dislances  moindres  que  les  précédentes  distances 
ininima  de  l'état  où  p  s'annulait;  et  de  là  résulte  sans  doute  l'énergique  pression  que 
l'on  observe  alors,  à  laquelle  est  due  la  quasi-incompressibilité  des  liquides. 

»  Les  changements  arbitraires  de  forme  d'un  fluide,  produits  avec  une  lenteur  suf- 
fisante, qui  n'altéreront  pas  la  densité,  ne  feront  donc  naître  dans  le  fluide  aucune 
résistance  sensible,  capable  de  s'opposer  à  leur  continuation  ou  de  les  maintenir  entre 
certaines  limites.  Aussi  ces  déformations  pourront-elles,  sans  que  leur  cause  devienne 
sensible,  atteindre  des  valeurs  quelconques;  et,  en  particulier,  le  fluide  se  moulera 
parfaitement  sur  tout  solide,  qui  le  touchera  si  légèrement  que  ce  soit.  Ce  phénomène 
de  déformation  illimitée  s'appelle  écoulement;  et  la  propriété  qu'ont  les  corps  dont  il 
s'agit  de  le  présenter,  c'est-à-dire  de  couler,  sous  des  efforts  tellement  faibles  qu'ils 
échappent  à  nos  mesures,  est  précisément  celle  qu'on  appelle  fluidité,  et  qui  leur  a 
fait  donner  le  nom  de  fluide.  Elle  est,  en  effet,  plus  apparente  que  leur  isotropie  per- 
sistante ou  continue,  dont,  au  fond,  elle  dérive. 

»  La  viscosité  consiste  essentiellement  en  ce  que  la  pression  p  puisse  recevoir  des 
valeurs  négatives,  ou,  le  corps,  exercer  des  tractions.  Donc,  dans  les  fluides  non  vis- 
queux, comme  l'eau,  l'air,  etc.,  elle  ne  descendra  jamais  au-dessous  de  zéro  d'une  ma- 
nière appréciable;  et  une  condition  nécessaire  de  non-rupture,  ou  de  conservation  de 
la  continuité  apparente  de  la  matière,  y  sera  p~>  o.  Cette  inégalité  tiendra  lieu,  poul- 
ies fluides  dont  il  s'agit,  de  celle  qui,  dans  la  théorie  de  la  résistance  des  solides, 
astreint  les  dilatations  linéaires  à  ne  dépasser  nulle  part  une  certaine  limite  positive 
d'élasticité. 

»  Toujours  à  l'état  élastique,  l'énergie  interne  U  d'une  particule  fluide  par  unité  de 
masse  ne  pourra  également  dépendre,  à  une  température  donnée  t,  que  de  l'espace 
total  occupé  par  sa  matière  et  d'après  l'étendue  duquel  se  rangent  ses  molécules  :  ce 
sera  donc,  comme  p,  une  certaine  fonction  des  deux  seules  variables  p,  t;  et  l'on  aura 
ainsi,  pour  chaque  fluide  à  l'état  d'équilibre  interne,  deux  certaines  équations  carac- 
téristiques 

(p,  U)  =  des  fonctions  de  p  et  de  -. 

»  Il  est  clair  que  ces  lois  simples  d'état  élastique,  dont  je  viens  de  parler,  ne  s'ob- 
serveront généralement  plus  dans  les  fluides  en  mouvement  doués  de  viscosité.  Même 


(     1 102    ) 

dans  ceux  qui  le  seront  le  moins  ou  ne  le  seront  pas  d'une  manière  appréciable,  comme 
l'eau  et  les  gaz,  les  groupes  moléculaires  n'auront  pas  le  temps,  si  les  déformations 
d'ensemble  de  la  particule  considérée  sont  rapides,  d'atteindre  tout  à  fait,  à  chaque 
instant,  leur  disposition  interne  appropriée  à  la  disposition  actuelle  des  centres  de  ces 
groupes,  et  qui  constituerait  leur  forme  permanente  si  cette  disposition  persistait. 
Seulement,  les  écarts  qu'il  y  aura  entre  la  configuration  moléculaire  effective  de  la 
particule  et  sa  configuration  isotrope  ou  élastique,  seront  assez  faibles  pour  ne  modi- 
fier d'ordinaire  les  pressions  que  de  petites  fractions  de  leurs  valeurs,  et,  vu  d'ail- 
leurs l'extrême  rapidité  avec  laquelle  ils  s'évanouiraient  si  les  déformations  d'ensemble 
de  la  particule  venaient  à  s'arrêter,  ils  ne  dépendront  à  fort  peu  près  que  du  mouve- 
ment actuel,  caractérisé  par  les  vitesses,  non  des  mouvements  antérieurs,  définis  jus- 
qu'à un  certain  point  par  les  dérivées  de  divers  ordres  des  vitesses  par  rapport  au 
temps,  et  dont  les  effets  sur  l'état  statique  interne  des  groupes  moléculaires  se  seront 
déjà  effacés. 

»  Donc,  étant  donnée  ïn  outre  l'isotropie  du  lluide  dans  son  état  élastique,  consi- 
déré comme  état  primitif ou  état  type  relativement  à  son  état  vrai,  les  parties  non 
élastiques  des  pressions,  celles  qu'ajoutent  à  la  pression  élastique  ou  primitive,  uni- 
forme et  normale,  les  écarts  de  configuration  interne  dus  au  mouvement,  se  trouveront 
à  fort  peu  près  pareilles  dans  deux  particules  fluides  de  même  nature,  prises  tant  à 
une  même  densité  qu'à  une  même  température,  et  subissant  actuellement  durant  un 
temps  très  court  le  même  ensemble  de  déformations  rapportées  à  l'unité  du  temps, 
quelle  qu'en  soit  l'orientation.  Les  composantes  tangentielles  de  ces  parties  non  élas- 
tiques des  pressions  sont,  à  proprement  parler,  les  forces  auxquelles  ou  a  donné  le 
nom  de  frottement  intérieur  du  fluide.  Il  nous  sera  facile,  un  peu  plus  loin,  du  moins 
dans  le  cas  de  déformations  bien  continues,  de  les  évaluer,  ainsi  que  les  parties  analo- 
gues des  composantes  normales  des  pressions. 

»  Il  est  clair  que,  de  même,  l'énergie  interne  U,  également  fonction  de  la  tempéra- 
ture et  de  l'état  statique  vrai  des  groupes  moléculaires,  deviendra,  elle  aussi,  fonction 
des  vitesses  de  déformation  de  la  particule,  auxquelles  se  trouvent  liés  les  écarts  de 
l'état  interne  réel  d'avec  l'état  élastique.  » 


THERMOCHIMIE.  —  Sur  la  chaleur  de  combustion  et  de  formation 
des  corps  chlorés;  par  MM.  Bertiielot  et  Matigno.v. 

La  chaleur  de  combustion  de  tous  les  corps  hydrocarbonés,  fixes,  vola- 
tils ou  gazeux,  peut  être  déterminée  avec  une  très  grande  précision  dans 
la  bombe  calorimétrique,  et  cette  méthode  comprend  à  la  fois  et  sans  com- 
plication aucune  les  composés  où  le  carbone  est  associé  à  l'hydrogène,  à 
l'oxygène  et  à  l'azote,  les  combustions  étant  totales  et  la  mesure  presque 
instantanée.  L'un  de  nous  a  montré  comment  cette  méthode  est  également 
applicable  aux  composés  sulfurés  et  comment  on  peut  réaliser  un  état  fi- 
nal complètement  défini,  reposant  uniquement  sur  la  formation  de  corps 


(    no3   ) 

complètement  oxydés,  tels  que  l'eau,  l'acide  carbonique  et  l'acide  sulfu- 
rique  étendu.  Nous  nous  proposons  de  montrer  aujourd'hui  comment  on 
peut  atteindre  un  état  final  absolument  défini  par  la  même  méthode,  au 
moyen  des  composés  organiques  chlorés.  La  combustion  de  ces  corps 
offrait  jusqu'ici,  au  point  de  vue  calorimétrique,  de  grandes  difficultés. 

»  En  effet,  cette  combustion,  dans  les  conditions  ordinaires,  ne  fournit 
pas  le  chlore  sous  une  forme  unique  et  définie  (').  Entre  le  chlore  et 
l'oxygène,  mis  en  présence  de  combinaisons  hydrogénées,  il  se  produit 
constamment,  pendant  la  combustion,  un  certain  équilibre,  qui  engendre 
à  la  fois  de  l'acide  chlorhvdrique,  de  l'eau,  du  chlore  libre  et  de  l'oxygène 
libre  :  il  est  donc  nécessaire  de  mesurer,  par  une  détermination  complé- 
mentaire, la  dose  de  chlore  libre  parmi  les  produits  de  la  combustion  et 
de  déduire  par  le  calcul  les  phénomènes  thermiques  correspondants. 
Cette  mesure  est  d'autant  plus  délicate,  que  le  chlore,  demeuré  libre  après 
la  combustion,  se  trouve  dans  des  conditions  nouvelles,  où  il  continue  à 
réagir  lentement  et  d'une  manière  continue  sur  l'eau  :  de  telle  façon  que 
la  mesure  accomplie  au  bout  d'un  certain  temps  ne  représente  plus  les 
résultats  obtenus  au  moment  même  de  la  combustion.  Ce  n'est  pas  tout  : 
l'acide  chlorhvdrique  ne  conserve  que  partiellement  l'état  gazeux;  comme 
il  prend  naissance  en  présence  d'une  certaine  dose  d'eau,  il  constitue  des 
hydrates  liquides;  dès  lors  sa  chaleur  de  formation  varie  avec  la  dose  de 
cette  eau.  L'incertitude  résultante  peut  être  évaluée,  lorsqu'on  opère  dans 
un  vase  clos,  où  les  produits  gazeux  demeurent  en  présence  de  leau. 
Mais  on  est  exposé  à  des  erreurs  considérables,  si  les  gaz  de  la  combus- 
tion sont  entraînés  et  dosés  en  dehors  du  calorimètre,  l'état  d'hydrata- 
tion de  l'acide  chlorhvdrique  qui  demeure  en  suspension  dans  les  gaz  étant 
alors  en  réalité  inconnu.  Les  expériences  de  M.  Thomsen  sur  les  composés 
chlorés  sont  rendues  plus  incertaines  encore  par  1  addition  d'un  excès 
d'hydrogène,  nécessaire  dans  le  cas  des  chlorures  de  carbone,  ainsi  que 
par  l'emploi  du  brûleur  universel,  destiné  à  vaporiser  les  corps;  lequel  in- 
troduit toujours  une  quantité  de  chaleur  étrangère  et  inconnue  et  dès  lors 
entache,  comme  on  l'a  reconnu  généralement,  d'une  erreur  plus  ou 
moins  considérable  tous  les  résultats  obtenus  par  son  intermédiaire. 

»  Nous  avons  réussi  à  nous  mettre  à  l'abri  de  ces  causes  d'erreur  mul- 
tiples et  à  réaliser  un  état  final  absolument  défini,  la  totalité  du  chlore  se 

(')   La  même  observation  s'applique  aux  corps  bromes.  Au  contraire,  les  corps  iodés 
laissent  par  leur  combustion  tout  l'iode  à  l'état  libre. 


(  >io4  ) 

trouvant  à  l'état  d'acide  chlorhydrique  étendu,  en  opérant  dans  la  bombe 
calorimétrique  avec  certaines  précautions.  Pour  cela,  il  suffit  d'y  placer,  à 
l'avance,  une  dose  convenable  d'eau  renfermant  en  dissolution  de  l'acide 
arsénieux;  ce  corps  transforme,  en  effet,  la  totalité  du  chlore  en  acide 
chlorhydrique,  ainsi  qu'on  peut  le  vérifier  par  l'examen  des  produits  de  la 
combustion,  évacués  au  bout  de  quelques  minutes,  8  à  10  au  plus.  Les 
gaz  ainsi  dégagés  de  la  bombe  ne  renferment  pas  la  plus  légère  trace  de 
chlore  libre.  Aucune  correction  de  ce  chef  n'est  donc  nécessaire.  En  outre, 
l'acide  chlorhydrique  se  trouve  entièrement  dans  l'état  final  d'acide  étendu. 
Les  résultats  sont  donc  irréprochables.  Dans  le  cas  des  chlorures  de  car- 
bone et  analogues,  on  ajoute  une  dose  pesée  de  camphre  pour  déterminer 
la  combustion,  et  l'on  en  tient  compte.  Nous  avons  vérifié  que  la  solution 
acide  d'acide  arsénieux  est  sans  action  à  froid,  dans  l'espace  de  trois 
heures  et  demie,  sur  l'oxygène  comprimé  à  20  atmosphères. 

»  La  combustion  finie,  on  dose  l'acide  arsénieux  restant,  afin  de  tenir 
compte  du  chlore  qu'il  a  absorbé  dans  le  cours  de  l'expérience.  On  dose 
également  les  traces  d'acide  azotique  produites  par  l'oxydation  de  l'azote, 
comme  à  l'ordinaire.  A  l'aide  de  ces  données,  le  calcul  de  la  chaleur  de 
combustion  et,  par  conséquent,  celui  de  la  chaleur  de  formation  du  com- 
posé, s'effectuent  sans  difficulté. 

»  Nous  avons  réalisé  cette  méthode  avec  succès  :  d'abord  sur  les  chlor- 
hydrates de  térébenlhène,  de  camphène  et  de  citrène;  puis  sur  la  benzine 
bichlorée  et  sur  la  benzine  perchlorée;  enfin  sur  les  dérivés  chlorés  du 
formène,  y  compris  le  perchlorure  de  carbone;  sur  l'éthylène  perchloré 
et  sur  son  chlorure;  enfin  sur  la  benzine  perchlorée  (chlorure  de  Julin). 
La  méthode  de  combustion  dans  la  bombe  calorimétrique  se  généralise 
ainsi  et  devient  universelle.  Nous  allons  résumer  ces  résultats,  dont  la  ré- 
gularité confirme  l'exactitude.  Nous  ne  parlerons  pas  aujourd'hui  des 
chlorhydrates  de  térébenthène,  de  camphène  et  de  citrène,  sur  lesquels 
nous  nous  proposons  de  revenir  à  d'autres  points  de  vue  ;  mais  nous  allons 
relater  nos  observations  sur  les  benzines  chlorées,  sur  les  dérivés  chlorés 
du  formène  et  sur  les  chlorures  de  carbone. 

»  I.  Benzine  dichlorée,  ortho  :  CH6Cl2  =  i47gr;  cristallisée.  —  Cha- 
leur de  combustion  :  en  présence  de  l'eau  et  avec  le  concours  du  camphre 

C6II*Cl2sol.+  i3  0=iiC02SazH-H20+2lICI('l.  :     +  676^', 4à  v.c;  +  676e»1, 7  à  p.  c. 

»   Chaleur  de  formation  :  On  en  déduit  : 

C6  (diamant)  +  H4  -+-  Cl!  gaz  =  C6  H*C1S  crist -h  36c»1,  7 


(     moi) 

»   Action  du  chlore  sur  la  benzine  : 

C6H6gaz  +  2Gl2:"C6HlCI2  solide  +  2 HC1  gaz i-gi0"1,  i 

chiffre  qui  se  réduirait  aux  environs  de  +  8oCal  pour  tous  les  corps  gazeux  : 
soit  +4oCal,o  environ  pour  chaque  suhstitution  chlorée  à  l'état  gazeux, 
en  réalité  ■+-  45Cal  à  l'état  actuel.  Ces  nombres  étant  à  peu  près  doubles  de 
la  chaleur  de  formation  du  gaz  chlorhydrique  (HCl,  -+-  22e-'1),  il  en  résulte 
que  la  première  action  du  chlore  sur  la  benzine  dégage,  à  poids  égal  de  cet 
clément,  la  même  quantité  de  chaleur  qu'avec  l'hydrogène.  Mais  c'est  là 
un  maximum,  la  chaleur  décroissant  à  mesure  que  la  substitution  devient 
plus  avancée,  ainsi  qu'il  va  être  dit. 

»  II.  Benzine  perchlorée  (chlorure  de  Julin),  C6Cl"  =  28,">Er.  -  Chaleur 
de  combustion  :  d'après  la  réaction  suivante 

C6Cl6soI.+9O-+-3H201iq.=6CO2gaz-l-6JIClét.  :  +532c-ll,/|  à  v.  c;  -t- 53i,:,l,6àp.c. 

»   Chaleur  de  formation  : 

Ci(dissous)  +  Cl6  =  Cs Cl6  solide -+-  63Cal 

»   Action  du  chlore  sur  la  benzine  : 

C6H6gaz-h2Cl6=CcCL6sol.  +  blICIga7. -\-iohc«\i 

soit  +  34Cal,  2  pour  chaque  substitution  chlorée,  le  produit  étant  solide; 
environ  H-  32Cal,  s'il  était  gazeux. 

»   III.  Ethane  perchloré  (sesquichlorure  de  carbone),  C2C1"  =  237gr. 
—  Chaleur  de  combustion  : 

C2Cl6sol.+3H201iq.-+-0=2CO!gaz4-6HClétendu:-(-i32C!"l,oàv.c.;+i3Ifi»i,aàp.  c. 

«    Chaleur  de  formation  : 

C2(diamant) -h  Clf'  =  C!Cl6  solide -hSl0'1^. 

»    Action  du  chlore  sur  l'c/hane  (')  : 

C2H6+6Clî  =  C2Clcsol.  +  6HClgaz -4- 19  3e"1, 

soit  =32Cal,2  pour  chaque  substitution  chlorée,  le  produit  étant  solide; 
pour  le  produit  gazeux,  environ  -+-  3oCal. 

»  D'après  les  mesures  antérieures  de  l'un  de  nous  (en  commun  avec 
M.  Ogier)  relatives  à  l'éther  chlorhydrique,   mesures  exécutées  par  un 


(')  En  admettant  la  chaleur  de  combustion   -+-  370Cal,  4,  qui  parait  se  rapporter  au 
gaz  le  plus  pur  :  d'où  résulte  C2( diamant)  -+-  H6  =  C2!!15  :  -+-  25e'1,  2. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX1I,  N-  20.)  T44 


(  iïo6  ) 

procédé  moins  parfait,  on  aurait 

C2H6  +  Cl2  =  C2H5CI  gaz  +  MCI  gaz -,-  36Cal,5  ; 

valeur  voisine,  et  un  peu  supérieure,  la  substitution  étant  à  son  début.  Le 
chlorure  d'éthylidène  a  fourni  des  chiffres  plus  faibles  (  +  54Cal  pour  deux 
substitutions);  mais  c'est  un  corps  dont  la  pureté  est  difficile  à  garantir. 
»  IV.  Éthylène  perchloré,  C2CP  —  166s1'.  —  Chaleur  de  combustion  : 

0*0+ 2 H2 O  4-  2  0=:2G02-H^HC1  étendu..      -!-  i8aCal3  à  v.  c;  4-  i8iCal,8  à  p.  c. 

»   Chaleur  de  formation  : 

C2  (diamant)  4-  Cl4=  C2C14  liquide 4-  26e»1, o. 

»   Action  du  chlore  sur  l' éthylène  : 

C2H44-  4C12=  CCI*  liq.  4-  4HG1  gaz -h  128^,8, 

soit  _)-32Ca',2  par  chaque  substitution,  le  produit  étant  liquide;  pour  le 
produit  gazeux,  environ  +  3oCal. 

>>  Ce  sont  à  peu  près  les  mêmes  valeurs  que  pour  l'éthane  perchloré; 
ce  qui  constitue  une  vérification. 

»   La  chaleur  dégagée  par  la  fixation  du  chlore  sur  l'éthylène  chloré  : 

G2  CI*  liquide  4-  Cl2  —  C2  CI6  solide 4-  60e»1,  o 

»  Ce  nombre  est  sensiblement  double  de  la  chaleur  dégagée  par  la  sub- 
stitution avec  élimination  d'acide  chlorhydrique;  c'est-à-dire  que  la  chaleur 
dégagée  peut  être  regardée  comme  partagée  en  deux  fractions  voisines, 
l'une  due  à  la  substitution  proprement  dite,  l'autre  à  la  fixation  de  l'acide 
chlorhydrique  sur  le  produit  substitué. 

»  V.   Formène  perchloré,  C  Cl*  =  io/j61'-  --  Chaleur  de  combustion  : 

CCI4  liq.  4-aH20  liq.  =  C02  gaz  4- 4HC1  étendu.      4-5gCal,3  à  v.  c;  4-58c»',8  à  p.  c. 

»   Chaleur  de  formation  : 

G  ( diamant)  4-  2 Cl2 —  CCI*  liquide 54Cill,2;        gaz  4-47Ca> 

»    Action  du  chlore  sur  le  formène  : 

CH44-4C12=CC14  gaz4-4UCl 4-n6tol,5;  4- 123e»1,  7  liq. 

c'est-à-dire  4-32Cal  pour  chaque  substitution  dans  l'état  liquide;  4-2f)c'll,i 
dans  l'état  gazeux. 

»  Ces  valeurs  concordent  bien  avec  les  chiffres  relatifs  à  l'éthane  per- 
chloré, à  l'éthylène  perchloré,  et  elles  sont  également  voisines  de  ceux  de 


(  iio7  ) 
la  benzine  perchlorée.  On  peut,  je  crois,  en  adopter  la  moyenne,  comme 
valeur  générale  approchée   des  substitutions  chlorées  dans  les  carbures 
d'hydrogène,  poussées  jusqu'à  leur  dernier  terme. 

»  VI.  Formène  trichloré  (chloroforme),  C H  Cl3  =  119,5.  —  Chaleur  de 
combustion  : 

CHCl3Iiq.-hir-01iq.-(-0=zC02gaz  +  3HClét.:   -hiôoM,'i5à  v.  c;  +99^,9.5  à  p.  c. 

»   Chaleur  de  formation  : 

G  (diamant)  -+-  H  4-  Cl3r=  GHC13  liq 4-43c»',2;  gaz +35Cal,9 

<>   Action  du  chlorure  sur  le  formène  : 

CH1  gaz  +  6Cl  — CHCI3gaz  +  3HClgaz +83&'\,i;  +9oCa,,4  Hq. 

c'est-à-dire  -t-3oCal,  9  pour  chaque  substitution  dans  l'état  liquide;  -\--ijc'd\- 
dans  l'état  gazeux. 

«   Ces  nombres  concordent  avec  les  précédents. 

»  Les  anciennes  expériences  de  MM.  Berthelot  et  Ogier  sur  le  for- 
mène monochloré,  CH3C1,  donnent  pour  la  réaction  : 

CHtH-CI!  =  CH»Clgaz-i-HGI -+-32c»i,3 

et  pour  le  formène  bichloré  : 

CH*+2Cls=C2H8Cl!gaz  +  2  HCI +  58e»1, 3  ou  +29^ix  2; 

nombres  qui  ne  s'écartent  pas  sensiblement  des  valeurs  précédentes. 

»  En  résumé,  les  substitutions  chlorées  opérées  dans  l'état  gazeux  déga- 
gent des  valeurs  voisines  de  3oCal  à  32CaI,  pour  chaque  équivalent  d'hydro- 
gène substitué  dans  la  série  grasse,  avec  formation  de  gaz  chlorhydrique  ;  Cl" 
substitué  à  11"  dégage  ainsi  3onCal.  D'après  les  données  ci-dessus,  l'addi- 
tion de  Cl"  à  un  carbure  dégagerait  à  peu  près  la  même  quantité  de  cha- 
leur. 

»  Dans  la  série  de  la  benzine,  la  valeur  thermique  est  voisine,  quoique, 
scmble-t-il  d'après  les  cas  cités  plus  haut,  un  peu  plus  forte.  On  ne  saurait 
d'ailleurs  attendre  un  accord  absolu  pour  des  substitutions  qui  changent  les 
fonctions  réelles  des  corps  aussi  profondément  que  la  substitution  chlorée. 
La  concordance  des  chiffres  précédents  n'en  est  que  plus  digue  d'intérêt.  0 


(    rio8  ) 


MÉTÉOROLOGIE  OPTIQUE.  —  Sur  un  double  halo  avec parhélies  observé 
le  i5  mai  1891.  Note  de  M.  A.  Corxu. 

<c  Vendredi  dernier  i5  mai,  entre  8h3om  et  gh  du  matin,  j'ai  observé  un 
halo  offrant  le  caractère  particulier  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  signaler 
plusieurs  fois  à  l'attention  des  météorologistes  en  vue  de  la  prévision 
du  temps  ('). 

»  Le  phénomène  se  composait  de  trois  parties  :  i°  le  halo  circulaire 
de  220;  20  le  halo  elliptique  circonscrit  au  précédent;  3°  deux  parhélies 
situés  en  dehors  du  halo  de  220  :  ils  offraient  le  maximum  d'intensité  sur 
la  circonférence  du  halo  elliptique  (2)et  se  prolongeaient  à  l'oppositedn 
Soleil  par  deux  arcs  estompés  et  recourbés  vers  le  haut. 

»  Au  point  de  tangence  supérieure  des  deux  halos,  le  phénomène  pré- 
sentait une  intensité  tout  à  fait  extraordinaire  :  c'est  là  le  caractère  parti- 
culier dont  j'ai  indiqué  l'importance  probable;  sur  le  reste  du  contour, 
l'éclat  allait  en  s'affaiblissant,  sauf  au  point  de  tangence  inférieure  où  il  y 
avait  un  redoublement  de  lumière. 

»  Les  colorations  spectrales  très  vives  se  présentaient  dans  l'ordre  ac- 
coutumé, le  rouge  en  dedans,  le  bleu  en  dehors. 

»   Les  spectres  parhéliques  présentaient  aussi  de  vives  couleurs. 

»  L'aspect  du  phénomène  m'a  rappelé  exactement  ceux  que  j'avais  ob- 
servés antérieurement  et  qui  avaient  précédé  de  grandes  perturbations  at- 
mosphériques (3).  Les  bourrasques  survenues  depuis  montrent  que  les 
prévisions  fondées  sur  l'apparition  du  halo  elliptique  circonscrit  méritent 
d'être  prises  en  considération.  » 


(')  Comptes  rendus,  t.  G,  p.  i3a4;  i885;  t.  GH,  p.  1210;  1 886 ;  t.  CV,  p.  910; 
1887;  t.  CX,  p.  497Î  l89°- 

(2)  Au  début  de  l'observation,  les  parhélies  paraissaient  intérieurs  au  halo  ellip- 
tique :  à  la  fin,  ils  étaient  très  exactement  sur  la  circonférence  de  ce  halo.  Ce  dépla- 
cement, qui  m'avait  d'abord  semblé  singulier,  est  tout  à  fait  conforme  à  la  théorie 
[voir  Bravais,  Mémoire  sur  les  halos  (Journal  de  l'École  Polytechnique,  XXXIe  Ca- 
hier, p.  73)].  En  effet,  à  la  fin  de  l'observation,  la  hauteur  du  Soleil  atteignait  l'angle 
de  43°  1 5'  pour  lequel  le  parhélie  est  sur  la  circonférence  même  du  halo  :  au-dessous 
de  cette  hauteur,  le  parhélie  est  en  dedans;  au-dessus,  en  dehors. 

( !  )   Loc.  cit.,  t.  CX,  p.  497. 


(  iio9  ) 


MÉTÉOROLOGIE.   —  Sur  un  Mémoire  de  M.  W.  von  Bezold    relatif 
à  la  théorie  des  cyclones.  Note  de  M.  Faye. 

«  M.  le  Directeur  du  Bureau  central  météorologique  de  Prusse  a  fait, 
le  4  décembre  dernier,  devant  l'Académie  de  Berlin,  la  déclaration 
suivante  (  '  )  : 

»  Quand  on  suit  attentivement  la  littérature  météorologique  de  ces  dernières  an- 
nées, on  est  forcé  de  reconnaître  qu'il  se  prépare  peu  à  peu  une  importante  révolution 
dans  la  conception  des  grands  mouvements  de  l'atmosphère. 

»  Il  peut  se  produire  deux  sortes  de  tourbillons.  Les  uns  prennent 
naissance  à  ras  de  terre,  par  suite  de  réchauffement  anormal  du  sol,  et  de 
là  s'élèvent  en  tournoyant  jusqu'à  une  certaine  hauteur,  lorsque  la  consti- 
tution locale  de  l'atmosphère  s'y  prête.  Les  seconds  sont  engendrés  dans 
les  courants  élevés  qui  se  produisent  en  certains  cas  entre  l'équateur  et 
l'une  ou  l'autre  région  polaire.  Dans  ces  fleuves  aériens  de  déversement 
chargés  de  cirrus,  des  tourbillons  descendants  naissent  absolument  comme 
ceux  des  cours  d'eau,  et  leur  énorme  trajectoire  est  dessinée  par  les 
ravages  qu'ils  exercent  en  bas  sur  les  accidents  du  sol  dont  ils  sont  com- 
plètement indépendants. 

»  Les  météorologistes,  ignorant  l'existence  des  seconds,  persuadés  qu'il 
n'y  a  dans  la  nature  qu'un  seid  procédé  pour  mettre  en  jeu  l'énergie  em- 
pruntée à  la  rotation  terrestre,  crurent  que  les  tempêtes  ne  pouvaient 
être  attribuées  qu'aux  premiers  (2).  Ce  n'est  que  bien  plus  tard  que  l'étude 
directe  des  tempêtes  mit  en  évidence  tant  de  points  île  désaccord  entre 
les  faits  et  cette  théorie,  qu'on  en  vint  à  soupçonner  celle-ci.  Nous  allons 
jeter  un  coup  d'œil  sur  la  littérature  météorologique  de  ces  dernières 
années,  et  constater  que  la  révolution  pressentie  tient  à  ce  que  l'on  com- 
mence à  entrevoir  que  la  vérité  est  tout  entière  du  côté  de  la  seconde 
théorie. 

»   Le  phénomène  capital,  c'est  assurément  que  les  tempêtes,  au  lieu  de 


(')  Zur  Théorie  der  Cyclone,  von  Wilhelm  von  Bezold,  p.  1. 

(-)  Ce  qui  explique  jusqu'à  un  certain  point  cette  erreur,  c'est  que  les  deux  ordres 
de  phénomènes  donnent  également  lieu  à  une  dépression  barométrique,  quoique  par 
des  raisons  différentes. 


(  '"°  ) 

naître  et  de  se  dissiper  sur  place  comme  on  l'a  cru  si  longtemps,  voyagent 
à  grande  vitesse  sur  des  trajectoires  géométriquement  définies.  Voici  ce 
qu'on  en  dit  aujourd'hui  dans  un  livre  qui,  depuis  son  apparition  en  1 885, 
fait  autorité  (  '  )  : 

»  En  quoi  consiste  le  mouvement  de  translation  d'un  tourbillon?  L'observation  nous 
apprend  que  des  tourbillons  immobiles,  tels  qu'on  les  a  toujours  supposés  jusqu'ici, 
ne  sauraient  être  que  des  exceptions. 

»  Puis,  l'auteur  emploie  vingt-six  pages  à  discuter  les  hypothèses  qu'on 
a  faites  sur  cette  question  capitale.  Mais  comment  mettre  d'accord  des  faits 
comme  ceux-ci  :  un  tourbillon  né  en  mer,  à  proximité  des  côtes  d'Afrique, 
voyage  vers  l'ouest  en  déclinant  peu  à  peu  vers  le  nord,  atteint  les  Iles- 
du-Vent,  va  ravager  Cuba,  passe  sur  la  Floride,  se  recourbe  au  nord,  puis 
au  nord-est,  suivant  les  côtes  de  l'Amérique  en  semant  son  long  trajet 
d'effroyables  naufrages,  et  finalement  recouvre  une  grande  partie  de 
l'Atlantique,  etc.,  ou  encore  comme  ceux-là  :  une  tempête  est  née  à  l'est 
sur  l'hémisphère  austral,  passe  sur  les  îles  Mascareignes,  atteint  Mada- 
gascar, et  se  perd  finalement  dans  l'océan  Indien  en  parcourant  une  courbe 
symétrique,  par  rapport  à  l'équateur,  de  celles  que  suivent  invariablement 
les  tempêtes  de  l'autre  hémisphère,  sans  égard  aux  obstacles  d'aucune  es- 
pèce; comment  faire  cadrer,  dis-je,  des  faits  pareils  avec  une  théorie  qui 
fait  naître  les  tempêtes  de  réchauffement  local  des  couches  d'air  et  d'un 
trouble  particulier  aux  couches  atmosphériques  qui  surmontent  cette  ré- 
gion? Aussi  arrive-t-on,  après  de  longues  discussions,  à  conclure  que  (2)  : 

»  Pour  rendre  compte  du  mouvement  de  translation  des  tourbillons  atmosphériques, 
aucun  des  principes  mis  en  avant  jusqu'ici  ne  saurait  suffire. 

»  Si  l'air  était  ascendant  dans  une  tempête,  jamais  on  n'y  constaterait 
cet  imposant  phénomène  où,  après  la  furie  des  vents,  on  pénètre  tout  à  coup 
dans  une  région  centrale  de  calme  absolu.  Cette  région  est  limitée  étroite- 
ment par  les  vents  qui  soufflent  tout  autour,  en  sorte  que  le  navigateur  qui 
la  traverse  peut  croire  la  tempête  finie  lorsqu'elle  va  au  contraire,  après 
cette  heure  de  calme  et  d'éclaircie,  recommencer  avec  la  même  vio- 
lence et  avec  des  vents  soufflant  dans  une  direction  diamétralement  op- 
posée. Bien  plus,  l'air,  au  lieu  d'y  monter,  y  descend  au  contraire,  et  prouve 
par  l'élévation  subite  de  la  température,  par  sa  sécheresse  non  moins  su- 

( ')  Sprung,  p.  244- 
(2)   le/.,  p.  270. 


(  II II  ) 

bite,  et  par  l'aspect  du  ciel  dégarni  de  nuages,  qu'il  n'a  pas  subi  l'action  des 
cirrus  cpii  partout  ailleurs,  autour  de  lui,  amènent  le  froid  et  la  condensation 
des  vapeurs.  Forcé  de  constater  ces  phénomènes,  l'auteur  cité  est  obligé  de 
conclure  (  '  )  : 

a  Ces  phénomènes  si  caractéristiques  ne  peuvent  évidemment  s'expliquer  qu'en  ad- 
mettant qu'il  existe  au  centre  du  tourbillon  un  courant  d'air  descendant. 

»  Pour  ne  pas  citer  toujours  des  auteurs  allemands,  passons  maintenant 
à  des  auteurs  anglais.  Nous  enregistrons  d'abord  une  concession.  Au  lieu 
de  faire  débuter  les  ouragans  et  les  tornados  en  bas,  on  admet  qu'ils  com- 
mencent en  haut  (2). 

»  M.  Faye  part  de  ces  deux  idées  :  i°  le  mouvement  commence  en  liant  ;  •>."  il  se 
propage  vers  le  bas  et  est  accompagné  d'une  giration  autour  d'un  axe  vertical. 

»  La  théorie  combattue  par  AI.  Faye  en  est  exactement  le  contrepied  :  i"  l'action 
débute  au  ras  du  sol;  20  elle  se  propage  vers  le  haut;  3"  elle  emprunte  sa  giration  à 
celle  de  la  Terre. 

»  Nous  ne  croyons  pas  que  les  chefs  d'école  de  la  Météorologie  moderne  persistent 
à  soutenir  cette  dernière  théorie.  La  surface  de  la  Terre  est  ce  qu'il  y  a  de  moins 
propre  à  donner  naissance  à  un  tornado,  à  un  cyclone  ou  à  uue  trombe.  Four  main- 
tenir un  courant  ascendant,  il  faut  que  l'air  soit  à  peu  près  saturé  d'humidité  ;  or  cela 
n'arrivera  généralement  que  dans  la  plus  basse  couche  de  nuages  ou  tout  près  de  celte 
couche.  Le  gradient  vertical  de  température  et  les  perturbations  qui  déterminent 
l'action  se  trouveront  réunis  précisément  à  ce  niveau,  en  sorte  que  toutes  les  condi- 
tions  nécessaires  pour  faire  naître  un  tornado  commenceront  à  se  produire  à  une  cer- 
taine hauteur  au-dessus  de  la  surface  de  la  Terre.  Sur  cette  question,  par  conséquent, 
nous  pouvons  inviter  M.  Faye  à  reconnaître  son  accord  avec  nous. 

»  Malheureusement  la  théorie  qu'on  y  adapte  est  difficilement  intelli- 
gible. 

»  Dans  ces  derniers  temps,  les  travaux  de  M.  Hann,  directeur  du  ser- 
vice météorologique  à  Vienne,  paraissent  devoir  porter  un  coup  fatal  à 
cette  même  théorie  (3).  Pour  que  l'air  continue  à  monter  jusqu'au  sommet 
d'un  cyclone,  en  opérant  en  bas  un  appel  énergique  sur  les  couches  d'air, 


(')  Sprint.,  p.  241. 

(2)  Nature,  i!\  juin  188S,  Article  intitulé  :  M.  Faye's  Theory  of  storms. 

(3)  M.  W.  Ferrel,  l'éminent  météorologiste  américain,  a  discuté  les  assertions  du 
O1  Hann  dans  le  journal  anglais  Nature,  du  19  mars  1891.  Je  me  propose  de  donner 
moi-même,  à  ce  sujet,  quelques  explications  sur  les  circonstances  auxquelles  sont  dus 
les  courants  générateurs  des  cyclones,  lesquels  exigent  pour  leur  production  une  no- 
table accumulation  de  cirrus. 


(  TI1^  ) 

il  faut  que  la  température  soit  partout  plus  élevée  que  celle  des  régions 
qu'il  traverse.  M.  Hann  a  cherché  à  vérifier  cette  condition  par  des  obser- 
vations faites  à  de  grandes  hauteurs.  Voici  la  conclusion  (')  : 

»  Nous  sommes  redevables  aux.  observatoires  de  montagnes,  érigés  dans  ces  derniers 
temps,  d'être  désormais  affranchis  du  préjugé  d'après  lequel  la  température  dans  les 
cyclones  et  les  anticvclones  devait  être  la  condition  première  de  ces  phénomènes. 

»  L'argument  le  plus  solide,  celui  qu'on  m'opposait  toujours  pour 
prouver  que  l'air  était  ascendant  dans  les  cyclones,  à  savoir  le  fait  que  les 
isobares  étaient  partout  et  toujours  coupés  sous  un  angle  notable  par  les 
flèches  des  vents,  de  manière  à  accuser  une  tendance  nettement  centri- 
pète, disparaît  à  son  tour.  Certes,  les  flèches  des  vents  accusent  cette  ten- 
dance centripète  lorsqu'il  s'agit  de  ces  tourbillons  ascendants  qui  se  mon- 
trent souvent  dans  la  nature,  mais  qui  n'y  jouent  qu'un  rôle  effacé;  mais 
s'agit-il  d'un  cyclone,  d'une  tempête,  d'un  tornado,  les  choses  se  pas- 
sent tout  autrement,  et  voici  ce  que  disent  les  maîtres  de  la  Science  ac- 
tuelle (2)  : 

»  Dans  les  cyclones  bien  développés,  les  Cartes  synoptiques  montrent  que  les  flè- 
ches du  vent  sont  très  fréquemment  parallèles  aux  isobares,  c'est-à-dire  que  les  venir, 
soufflent  précisément  dans  la  direction  de  la  tangente  à  ces  courbes. 

»  Et  comment  pourrait-il  en  être  autrement,  lorsque  ces  vents  soufflent 
autour  d'un  espace  parfaitement  calme  de  plusieurs  lieues  de  diamètre? 

»  Je  me  rappelle  le  temps  où  l'on  croyait  avoir  tout  dit  contre  ma  théo- 
rie lorsqu'on  invoquait  les  Cartes  synoptiques  et  qu'on  y  montrait  des  cas 
nombreux  où  les  flèches  du  vent  obliquaient  vers  l'intérieur  des  isobares. 
Quelle  révolution  que  la  thèse  opposée!  Si  les  vents,  dans  une  tempête, 
dans  un  véritable  cvclone,  soufflent  le  long  des  isobares,  il  n'y  a  pas  de 
tendance  centripète,  pas  d'aspiration,  pas  d'appel  d'air  vers  le  haut,  pas 
de  colonne  ascendante,  et  la  théorie  qui  prétendait  ramener  les  tempêtes 
à  cette  forme  de  giration  s'évanouit  aussitôt. 

»  Enfin,  les  phénomènes  des  orages,  des  grêles,  des  averses,  des  tor- 
nados  sont  liés  à  ceux  des  grands  mouvements  giratoires,  c'est-à-dire  aux 
tempêtes,  par  des  lois  constantes  qui  ne  laissent  aucun  doute  sur  leur  na- 
ture. Tous  ces  épiphénomènes  sont  dus  à  l'affluence  des  cirrus  sur  le  côté 
droit  de  la  trajectoire.  Ils  se  produisent  sur  ce  côté,  mais  à  une  distance  du 

(')  Denkschriften  der  M.  N.  Classe  dcr  A.  Académie,  Band  lvii,  1890. 
(s)  Wm.  von  Bezold,  p.  7. 


(  i»3  ) 
centre  plus  grande  que  le  rayon  du  cercle  où  les  girations  de  la  tempête 
atteignent  le  sol,  et  plus  petite  que  le  rayon  du  cercle  sur  lequel  la  dimi- 
nution dépression  se  fait  sentir  ('),  et  ils  suivent,  malgré  cette  énorme 
distance,  des  lignes  parallèles  à  la  trajectoire  centrale.  Or  cette  association 
intime  des  orages  et  des  tornados  avec  les  tempêtes  génératrices  est  ab- 
solument inconciliable  avec  l'ancienne  théorie. 

»  On  voit  par  ces  détails  combien  les  choses  ont  changé  d'aspect  depuis 
l'époque  où  l'on  s'est  mis  sérieusement  à  l'étude  de  ces  grands  phénomènes, 
et  comment  la  théorie  nouvelle  s'est  adaptée  d'elle-même  à  ces  faits,  tandis 
(pie  la  théorie  ancienne,  en  dépit  de  tous  les  raccommodages,  s'est  montrée 
impuissante  à  en  suivre  le  développement. 

»  Ainsi  l'éminent  météorologiste  de  Berlin  a  bien  raison  de  dire  qu'une 
grande  révolution  se  prépare  dans  la  Science  qu'il  cultive,  et  je  suis  flatté 
de  la  pensée  qu'il  exprime  à  la  fin  de  son  récent  Mémoire  (2)  : 

»  Cette  révolution  aura  pour  résultat  de  ramener  à  une  juste  mesure  les  vues  sou- 
tenues par  M.  Faye  sur  les  mouvements  descendants  à  l'intérieur  des  cyclones,  et  de 
les  concilier  jusqu'à  un  certain  point  avec  les  opinions  qui  régnaient  naguère  presque 
exclusivement. 

»  Mais  j'avoue  que  mes  espérances  vont  encore  plus  loin.  » 


VITICULTURE.  —    Remarques  sur  l'emploi  du  sulfure  de  eatbonc  au  traitement 
des  vignes pliylloxérèes.  Note  de  MM.  A. -F.  Mariox  et  G.  Gastixe. 

«  La  Note  présentée  par  M.  Cazeneuve  dans  la  séance  du  27  avril,  au 
sujet  de  l'emploi  contre  le  Phylloxéra  des  mélanges  de  sulfure  de  carbone 
et  de  vaselines,  nous  met  dans  la  nécessité  de  rappeler  les  expériences 
déjà  anciennes  qui  ont  servi,  en  1877,  à  asseoir  sur  des  bases  scientifiques 
la  méthode  insecticide  la  plus  répandue  actuellement. 

»  Lorsque,  à  l'instigation  du  regretté  Directeur  général  de  la  Compagnie 
des  chemins  de  fer  Paris-Lyon-Méditerranée,  M.  Paulin  Talabot,  nous 
avons  eu  à  étudier  les  propriétés  insecticides  du  sulfure  de  carbone,  nous 
nous  sommes  préoccupés  d'apporter,  en  outre  des  données  simplement 
culturales  qui  laissent  tant  de  place  aux  conjectures,  des  vérifications  d'un 


(')  C'est  la  région  mnm' n!  de  la  ligure  que  j'ai   donnée  dans  les  Comptes  rendus 
(■29  juin  1890)  sous  le  titre  :  Plan  et  coupe  verticale  d'une  tempête. 
(-)  M.  von  Bezold,  p.  24. 

C.  R.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CX1I,  N»  20.)  l'V» 


(  »i4  ) 

ordre  plus  concret,  c'est-à-dire  des  expériences  méthodiques  qui,  en  nous 
servant  à  nous-mêmes  pour  établir  notre  jugement,  devaient  avoir  pour 
conséquence  naturelle  d'inspirer  au  public  une  plus  grande  confiance  dans 
les  conclusions  de  nos  travaux. 

»  C'est  en  vertu  de  ce  programme  que  nous  avons  étudié  par  des  pro- 
cédés spéciaux  la  diffusion  du  sulfure  de  carbone  au  sein  du  sol,  en  faisant 
varier  les  conditions  de  dosage,  de  nature  des  terrains,  d'époques  des  trai- 
tements. Ces  expériences  nous  ont  montré  que  la  volatilité  du  sulfure  de 
carbone  était  l'une  des  propriétés  les  plus  précieuses  de  cet  agent,  car  elle 
assurait  la  distribution  de  ses  vapeurs  toxiques  dans  la  masse  arable.  Nous 
avons  pu,  par  les  connaissances  acquises  sur  la  zone  de  pénétration  et  la 
durée  de  persistance  des  vapeurs  du  sulfure  de  carbone  autour  des  trous 
d'injection,  régler  les  modes  de  distribution  et  les  dosages  les  plus  conve- 
nables à  la  réussite  des  opérations  culturales. 

»  Parallèlement  à  ces  essais,  nous  en  avons  institué  d'autres,  afin  de 
contrôler  sur  l'insecte  lui-même  l'action  de  l'agent  toxique.  Dans  des  tubes 
en  toile  métallique,  nous  avons  introduit  des  fragments  de  racines  phyl- 
loxérées  de  dimensions  uniformes,  également  garnies  d'insectes.  Au  nombre 
d'une  centaine,  ces  tubes  ont  été  disposés  en  terre  par  série  de  s5  aux  lieux 
et  places  qu'auraient  occupés,  dans  une  plantation  normale,  les  ceps  de 
vigne.  Sur  les  carrés  d'essais  ainsi  constitués  dans  des  sols  variés,  nous 
avons  fait  des  traitements  avec  des  doses  diverses  de  sulfure  de  carbone 
appliquées  en  une  fois  ou  par  portions  successives  ;  nous  avons  essayé  aussi 
comparativement  le  sulfure  de  carbone  employé  en  mélange  avec  cer- 
taines substances. 

»  Dans  chaque  série  d'expériences  plusieurs  tubes  étaient  réservés 
comme  témoins  afin  d'acquérir  l'assurance  que,  dans  les  circonstances  où 
nous  opérions,  les  racines  fragmentées  remplissant  les  tubes  offraient  une 
alimentation  suffisante  aux  Phylloxéras  et  assuraient  même  leur  abondante 
multiplication.  En  examinant  ensuite  le  contenu  des  tubes  de  manière  à 
dresser  la  statistique  des  racines  ne  portant  plus  que  des  insectes  morts 
par  rapport  à  celles  qui  recelaient  encore  des  parasites  vivants,  nous 
avons  pu  déduire,  d'essais  multipliés,  les  coefficients  insecticides  moyens  se 
rapportant  à  chaque  mode  de  traitement.  Pour  le  détail  de  ces  expériences 
et  leur  discussion,  nous  renverrons  au  Mémoire  qui  a  été  publié  par  la 
Compagnie  des  Chemins  de  fer  Paris-Lyon-Méditerranée.  Il  nous  suffit  ici 
de  rappeler  le  dispositif  de  ces  méthodes  de  recherches  comparatives  ('). 

(')  A.-F.  Marion,  Gasti.ne,  Catta,    Traitement  des  vignes  phylloxérées  par  le 


(  in5  ) 

»  Parmi  les  essais  que  nous  avons  réalisés,  plusieurs  ont  eu  précisément 
pour  but  d'examiner  s'il  existait  un  avantage  à  mélanger  le  sulfure  de  car- 
bone avec  des  corps  peu  volatils  destinés  à  le  retenir  plus  ou  moins  éncr- 
giquement.  Cette  pensée  d'abaisser  la  tension  de  vapeur  du  sulfure  de 
carbone  pour  prolonger  la  durée  de  son  action  avait  à  cette  époque  de 
nombreux  adhérents,  notamment  l'Association  viticole  de  Libourne,  qui 
conseillait  l'emploi  d'un  mélange  de  sulfure  de  carbone  avec  le  goudron 
de  gaz,  M.  Roussellier  qui  préconisait,  dans  le  même  but,  l'huile  de  ré- 
sine, etc. 

»  De  telles  additions  ne  nous  paraissaient  présenter  que  des  inconvénients 
en  diminuant  justement  la  propriété  qui  assure  au  produit  sa  distribution 
mécanique  dans  le  terrain.  Une  partie  notable  du  sulfure  de  carbone,  ioà 
i5  pour  ioo,  par  rapport  à  la  quantité  du  corps  inerte  ajouté  est  retenue, 
dans  le  cas  de  ces  mélanges,  et  reste  sans  emploi,  ne  pouvant  fournir  une 
émission  de  vapeurs  toxiques.  On  sait  avec  quelle  énergie  les  huiles  con- 
densent les  vapeurs  de  sulfure  de  carbone.  Certaines  méthodes  de  dosage 
de  ce  composé  (méthodes  de  Mùntz,  de  Delachanal)  reposent  sur  cette 
propriété.  En  outre,  la  tension  des  vapeurs  du  sulfure  de  carbone  dans 
les  mélanges  reste  assez  voisine  de  celle  du  sulfure  pur,  tant  que  la  pro- 
portion de  ce  corps  atteint  ou  dépasse  le  taux  de  5o  pour  ioo,  mais  elle 
décroît  ensuite  rapidement  à  mesure  que  la  proportion  du  sulfure  s'abaisse. 
Recourir  à  un  artifice  de  cette  nature  ne  peut  donc,  en  aucune  manière, 
régulariser  la  diffusion  ;  C'est  le  contraire  qui  a  lieu,  la  diffusion  étant  en 
rapport  direct  avec  la  tension  des  vapeurs.  Dans  un  mélange,  la  diffusion, 
d'abord  presque  aussi  active  qu'avec  le  sulfure  pur,  se  réduit  ensuite  gra- 
duellement jusqu'à  devenir  sensiblement  nulle  alors  qu'il  reste  cependant 
une  proportion  encore  très  notable  de  sulfure  de  carbone  à  l'état  liquide. 
Telles  étaient  les  remarques  que  nous  suggéraient  les  propriétés  connues 
des  liquides  volatils  et  nos  propres  expériences  sur  la  diffusion.  Les  essais 
en  tube  ont  pleinement  confirmé  ces  inductions,  car  les  coefficients  insec- 
ticides observés  avec  les  mélanges  d'une  huile  lourde  de  houille  (résidu  de 
distillation  par  anthracène)  ont  été  constamment  et  de  beaucoup  infé- 
rieurs à  ceux  fournis  par  l'emploi  du  sulfure  de  carbone  pur.  Afin  de 
rendre  les  essais  comparables,  nous  opérions,  cependant,  dans  chaque 
cas,  avec  des  quantités  identiques  de  sulfure  de  carbone  à  l'état  pur  ou  à 
L'état  de  mélange. 

sulfure  de  carbone.  Rapport  sur  les  expériences  et  les  applications  en  grande  cul- 
ture effectuées  en  1877  (Paul  Dupont,  1878,  Paris). 


(  '"6) 

«  Rien  n'autorise  à  supposer  que  les  huiles  lourdes  de  pétrole,  les  vase- 
lines, puissent  agir  d'une  manière  différente.  Nous  devons  admettre,  au 
contraire,  qu'ici  encore  une  partie  notable  de  sulfure  de  carbone  se  trou- 
vera définitivement  immobilisée  en  pure  perte  par  l'affinité  de  l'excipient. 
Une  autre  partie  sera  tellement  retardée  dans  son  évaporation  qu'elle  ne 
pourra  donner  lieu  qu'à  une  atmosphère  insuffisamment  toxique.  Dans 
les  premiers  temps  seulement,  tant  que  le  sulfure  de  carbone  sera  abon- 
dant dans  le  mélange,  la  diffusion  restera  assez  active  pour  compenser  les 
pertes  constantes  de  vapeurs  qui  s'effectuent  par  la  surface  du  sol  et,  par 
suite,  pour  procurer  un  effet  insecticide  certain.  Les  mélanges  ont  donc 
un  résultat  contraire  à  celui  que  l'on  cherche  à  faire  valoir  en  leur 
faveur  :  ils  réduisent  la  durée  d'action  des  vapeurs  toxiques.  C'est  par 
suite  d'une  connaissance  imparfaite  de  ces  questions  que  tant  d'auteurs 
se  sont  ingéniés  dans  une  voie  que  nous  n'avons  jamais  cessé  de  critiquer. 

»  Bien  loin  de  réaliser  un  progrès  dans  la  pratique  des  sulfurages, 
l'emploi  de  tels  mélanges,  car  l'observation  s'étend  à  toutes  sortes  d'in- 
grédients, bitumes,  gélatines,  etc.,  constitue  un  retour  à  d'anciennes  pra- 
tiques dont  les  défauts  ont  été  vite  reconnus.  Ces  pratiques  n'offrent  plus 
qu'un  intérêt  purement  historique  (').  Pour  prétendre  le  contraire,  des 
expériences  méthodiques  et  vraiment  scientifiques  sont  indispensables. 

»  La  réduction  des  doses  du  sulfure  île  carbone,  conseillée  trop  sou- 
vent par  des  observateurs  superficiels,  a  eu  des  effets  funestes.  Nous  nous 
sommes  souvent  élevés  contre  ces  indications  qui  n'étaient  que  trop  dans 
les  tendances  des  propriétaires,  toujours  portés  à  réaliser  une  économie 
sur  l'insecticide.  L'emploi  des  mélanges,  en  immobilisant  en  pure  perte 
une  part  importante  du  sulfure  de  carbone,  présente  les  mêmes  inconvé- 
nients, contre  lesquels  nous  ne  saurions  trop  mettre  en  garde  les  viticul- 
teurs. C'est  en  réduisant  ainsi  à  l'excès  les  dosages  que  l'on  est  arrivé  à 
croire  que  la  défense  des  vignes  n'est  possible  que  dans  des  terrains  spé- 
cialement favorables,  homogènes  et  perméables,  dont  les  granités  délités 
du  Beaujolais  nous  montrent  le  type  accompli.  En  réalité,  les  doses  de 
220k£  à  25okg  par  hectare  qui  suffisent  dans  ces  sols  légers  deviennent  im- 
puissantes souvent  dans  les  calcaires  et  les  argiles.  Mais,  en  élevant  à  3ookg, 
35okg  la  quantité  de  sulfure  de  carbone,  la  défense  est  au  contraire  assu- 


(')  Des  expériences  récentes  faites  à  la  Station  viticole  de  Villefranche  sur  la  des- 
truction des  vers  blancs,  avec  le  sulfure  vaseline  comparé  au  sulfure  pur,  confirment 
nettement  l'infériorité  de  tels  mélanges  (Pf.rrauu.  Bulletin  n"  h,  1890,  de  la  Revue 
publiée  par  ladite  station). 


(  Iri7  ) 
rée,  même  clans  ces  terrains  soi-disant  réfractaires.  A  l'appui  de  ce  qui 
vient  d'être  dit,  nous  pouvons  citer  le  beau  vignoble  de  M.  Cachar,  situé 
dans  les  terres  calcaires  de  la  Cadière  (Var),  vignoble  dont  certaines  par- 
ties sont  traitées  à  raison  de  4ookg  et  42okg  par  hectare.  Ces  doses  élevées 
n'affectent  en  aucune  façon  des  vignes  vigoureuses,  tandis  que  des  quanti- 
tés minimes  de  sulfure  de  carbone  éprouvent  les  ceps  épuisés  dont  le  sys- 
tème radiculaire  a  été  détruit  par  le  parasite. 

»  Le  seul  moyen  d'économiser  le  sulfure  de  carbone  est  d'en  faire  l'ap- 
plication dans  les  conditions  que  nous  avons  fait  connaître  en  1877,  en 
précisant  par  des  expériences  démonstratives  les  avantages  procurés  par 
les  traitements  réitérés.  Dans  ces  opérations,  la  dose  totale  du  sulfure  de 
carbone  est  répartie  en  deux  applications  distinctes  effectuées  à  quelques 
jours  seulement  d'intervalle.  On  obtient  ainsi  la  prolongation  d'action  des 
vapeurs  sans  diminuer  leur  densité  toxique.  Il  convient  en  effet  de  ne  point 
faire  un  emploi  abusif  de  l'opinion  de  Balbiani  en  ce  qui  concerne  l'action 
prolongée  de  minimes  doses  des  corps  toxiques. 

»  Le  trou  d'injection  disposé  à  iocm  du  pied  des  vignes  et  à  une  profon- 
deur à  peu  près  égale  est  une  excellente  pratique  que  nous  avons  indiquée 
depuis  fort  longtemps.  Une  dose  de  5gr  à  6gr  de  sulfure  de  carbone  appli- 
quée en  cette  place  assure,  en  effet,  la  destruction  des  colonies  établies 
sur  le  collet  de  la  plante  et  prévient  ainsi  les  réinvasions  précoces  sur  l'en- 
semble des  racines. 

»  Le  rôle  que  les  viticulteurs  nous  reconnaissent  dans  l'établissement 
et  la  vulgarisation  des  méthodes  insecticides  nous  faisait  une  stricte  obli- 
gation  de  déclarer  que,  jusqu'à  présent,  rien  n'est  venu  modifier  les  règles 
essentielles  que  nous  nous  sommes  attachés  à  définir  avec  précision.  » 


CORRESPONDANCE. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  intégrales  intermédiaires  des  équations 
aux  dérivées  partielles  du  second  ordre.  Note  de  M.E.  Goursat,  présentée 
par  M.  Darboux. 

«   Etant  donnée  une  équation  aux  dérivées  partielles  du  second  ordre, 
de  forme  quelconque. 

(1)  F(.r, j,  z,p,q,r,s,t)  =  o, 


(  i»8  ) 
les  conditions  pour  que  cette  équation  admette  une  intégrale  du  premier 
ordre  dépendant  de  deux  constantes  arbitraires  V(.r, y,  z,p,  q,  a,  b)  =  o 
sont  de  deux  sortes  (').  Il  faut  d'abord  que  l'équation  (i),  où  l'on  regarde 
a-,  y,  z,  p,  q  comme  des  constantes  et  r,  s,  l  comme  des  coordonnées  cou- 
rantes, représente  une  surlace  réglée  ayant  ses  génératrices  parallèles  à 
celles  du  cône 

(2)  .v2  —  rt  =  o. 

»  Supposons  cette  condition  remplie  et  soient 

l  r  =  ms  ■+■  [j., 
s  =  ml  ■+-  v 


(3) 


les  équations  d'une  génératrice  de  la  surface  ;  les  paramètres  m,  a,  v  de- 
vront vérifier  deux  équations  de  condition,  qui  dépendront  de  la  surface 
considérée, 

(4)       A(x,y,z,p,  q,m,[j.,v)  =  0,  B(x,y,  z,p,  q,  m,  </.,  v)  =  o. 

»  Posons  dans  ces  relations 


dV  dV  à\  dV       _  dV 

m  = 


dq  dx  dz  dy    '    *  dz 


dp  dp  dp 

nous  aurons,  pour  déterminer  la  fonction  inconnue  V,  deux  équations  du 
premier  ordre,  cpii  devront  admettre  une  intégrale  commune  avec  deux 
constantes  arbitraires.  S'il  en  est  ainsi ,  la  méthode  de  la  variation  des 
constantes  permettra  d'obtenir  une  intégrale  du  premier  ordre  dépendant 
d'une  fonction  arbitraire  (2)  ;  mais  la  présence  de  cette  fonction  arbitraire 
empêchera  en  général  d'achever  l'intégration.  Il  y  a  cependant  un  cas  où 
l'on  pourra  achever  l'intégration,  malgré  la  présence  de  cette  fonction  ar- 
bitraire. 

»   Supposons  les  équations  qui  déterminent  V  mises  sous  la  forme 


(5) 


àY  dV        .(  dV    dV 

d\  dV       ,„/  d\    d\ 

dj+<idï=w(oc>y>z'P>r>-àfi->-§q- 


(')    Voir,  par  exemple,  Backluxd,  Mathematische  Annalen .  t.  XI,  p.  219. 
(-)  Darboux,  Annales  de  l'École  Normale  supérieure,  p.  173;  1870. 


(  i"9) 


d\    dV 


<1>  ol  W  étant  des  fondions  homogènes  et  du  premier  degré  de  -j->  y- >  et 

considérons  le  cas  où  elles  forment  un  système  en  involution ,  c'est-à-dire 
où  elles  admettent  une  intégrale  complète  avec  trois  constantes  arbitraires, 
abstraction  faite  de  la  constante  par  laquelle  on  peut  multiplier  toute  solu- 
tion. Il  est  facile  de  trouver  les  conditions  pour  qu'il  en  soit  ainsi;  on  aura 
en  particulier 

,as  dv  d<b 

(6) 


àq 


dp 


»   Cela  posé,  soit  V(x,  y,  z,  p,  q,  a,  b)  une  intégrale  des  équations  (5); 

jaramètres  a  et  b,  et  en  for- 

;  on  vérifie  facilement  que 


da1'   db 


en  différentiant  ces  équations  par  rap  îortaux 
mant  les  crochets     \  ,  y-  \,     \  ,  y 
l'on  aura 

Il  suit  de  là  que  les  trois  équations 
V  =  o, 


rd\  àvi 

\_~da'   db\=0- 


ôa 


d\_ 
db 


=  b\ 


où  a,  b'  désignent  deux  nouvelles  constantes,  donnent  une  intégrale 
complète  de  l'équation  V  —  o.  Considérons  maintenant  les  deux  équa- 
tions 


(8) 


*(«)»        3Z  +  ?  (a)  â  =  °- 


où  <p(a)  désigne  une  fonction  arbitraire  de  a;  imaginons  que  de  ces  rela- 
tions on  tire  a  et  b  en  fonction  de  x,  y,  z,  p,  q  et  désignons  par  V,,  V2, 

V3  les  fonctions  V,  -j— j  y  où  l'on  aurait  remplacé  a  été  par  ces  valeurs.  On 

vérifie  encore  sans  difficulté  que  l'on  a 

[V,,V2]  =  o,         [V,,V3]  =  o,         |V2,V,]  =  o, 

de  sorte  que  les  relations 

V,  =  o,         V2  =  a',         V,  =  b' 

donnent  une  intégrale  complète  de  l'équation  V,  =  o.  En  réunissant  ces 
résultais,  on  conclut  que  l'intégrale  générale  de  l'équation  proposée  sera 


(     I 120    ) 

représentée  parmi  système  de  deux  équations  de  la  forme    suivante 

(  U[x,y,  z,  a,  f(a),  ?'(«),  '!(«)]  ==  o, 
(9)  I  au       du    ,,   N   ,    du    „,    .        du  ,,,    N 

o(a)  et^(a)  désignant  deux  fonctions  arbitraires. 

»  La  recherche  des  équations  du  second  ordre  qui  s'intègrent  de  cette 
laçon  revient  à  la  détermination  des  fonctions  Y(x,  y,  z,  p,  q,  a,  b)  satis- 
faisant aux  relations  (7). 

»   On  a  une  solution  assez  générale  eu  prenant 

V  =  Z  +  «X  +  iY+o(P  +  fl,Q  -+-A), 

<p  désignant  une  fonction  homogène  et  du  second  degré,  et  X,  Y ,  Z,  I',  Q 
cinq  fonctions  donnant  lieu  à  l'identité 

d'L  -  VdX  -  QdY  =  ?(dz  —pdx  -  qdy). 

»  Enfin  je  ferai  remarquer  que,  si  l'on  applique  ce  qui  précède  aux  équa- 
tions linéaires,  on  retrouve  les  équations  étudiées  par  MM.  Sophus  Lie  et 
Darboux,  pour  lesquelles  les  équations  différentielles  des  caractéristiques 
admettent  trois  combinaisons  intégrables.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  méthode  élémentaire  pour  établir  les 
équations  différentielles  dont  les  fonctions  thêta  forment  les  intégrales. 
Note  de  M.  F.  Casparv,  présentée  par  M.  Hermite. 

«  En  poursuivant  la  voie  ouverte  par  M.  Hermite,  j'ai  prouvé  que  les 
éléments  d'un  système  orthogonal  s'expriment  par  les  fonctions  thêta  d'un 
nombre  quelconque  d'arguments,  et  j'ai  montré  que  les  identités  algé- 
briques et  différentielles  qui  ont  lieu  pour  lesdits  éléments  permettent  d'en 
déduire  la  théorie  des  fonctions  thêta. 

»  Dans  cette  Note,  je  vais  donner  une  nouvelle  application  de  la  liaison 
qui  existe  entre  les  éléments  d'un  système  orthogonal  et  les  fonctions 
thêta,  en  me  proposant  d'en  tirer  une  méthode  élémentaire  pour  établir 
les  équations  différent  ielles  dont  les  fonctions  thêta  forment  les  intégrales. 

»  Soient  amn  (/»,  n  =  1,  2,  3)  les  neuf  coefficients  d'un  système  ortho- 


(  II21  ) 

gonal  etph,  vh  (A  =  i,  2,  3)  six  quantités,  définies  par  les  égalités 

[  h,  k,  1=  i,  2,  3 
Ph=    ~  (a>kdau-h  aakdau+  à3kdau)         )  _      i 

''a  =         «a,  dalK  - \   ahl  cla,,  - 1   ah%  dal3  I  '    ' 

»  Alors  on  sait  que  les  quinze  quantités  amntph,  vh>  que  j'appelle  éléments 
d'un  système  orthogonal,  s'expriment  identiquement  par  quatre  quantités 
quelconques.  Si  l'on  choisit  pour  ces  quatre  quantités  des  expressions 
convenablement  composées  des  fonctions  thêta  qui  renferment  les  para- 
mètres doublés  2ÏaB,  on  est  conduit,  au  moyen  des  transformations  du 
second  degré,  à  ces  expressions  dont  il  s'agit  et  dont  j'ai  donné  antérieu- 
rement, pour  les  fonctions  thêta  d'un  et  de  deux  arguments,  les  plus 
simples. 

»  Supposons  que  ces  expressions  des  éléments  d'un  système  orthogonal 
par  les  fonctions  thêta  soient  établies  tout  généralement;  dès  lors  les  iden- 
tités qui  existent  entre  les  éléments  amtt,  ph,  vh  entraînent  des  égalités  entre 
les  fonctions  thêta  et  leurs  différentielles.  Réciproquement,  ces  égalités, 
convenablement  choisies  et  employées,  entraînent  des  équations  auxquelles 
doivent  obéir  les  éléments  du  système  orthogonal  pour  être  exprimés  par 
les  fonctions  thêta  d'un  nombre  déterminé  d'arguments.  Par  conséquent, 
ces  équations  ne  sont  point  des  identités  ;  elles  sont  différentes  selon  le 
nombre  d'arguments  des  fonctions  thêta  et  en  caractérisent  le  genre.  Les 
formes  sous  lesquelles  ces  équations  se  présentent  sont  très  nombreuses, 
mais  elles  se  séparent  en  deux  classes  :  équations  algébriques  et  équations 
différentielles.  Les  unes  sont  précisément  celles  qui  apparaissent  dans  des 
problèmes  de  Géométrie  et  de  Mécanique  et  dont  on  cherche  les  inté- 
grales, tandis  que  les  autres  fournissent  les  relations  algébriques  par  les- 
quelles ces  intégrales  sont  liées  entre  elles. 

»  En  me  réservant  de  communiquer  d'autres  applications  de  la  méthode 
exposée,  je  vais  l'illustrer  par  une  seule  qui  concerne  les  fonctions  thêta 
de  Jacobi  dans  lesquelles  entrent  deux  arguments  quelconques. 

»  D'après  le  théorème  que  j'ai  établi  dans  mon  Mémoire,  inséré  au 
t.  VI  du  Journal  de  M.  C.  Jordan,  on  a,  pour  ce  cas,  les  expressions  carac- 
téristiques 

^  Ph=  -  ia3hmSl/>        v3  =  -  ims         (i=^/—i), 

my  =  6  Y-  -1  dw  +  é±-{  dx  -h  d logF  (y  =  s,  s, ,  s2,  s3  ), 

<:    R.,  1891,  i"  Semestre.  (T.  CX1I,  N°  20.)  '   l'1 


(    11.22    ) 

où  F  esL  une  fonction  quelconque  des  arguments  quelconques  w  et  x,  et 
où  les  indices  s,  sn  s.2,  s3  désignent  les  nombres  o,  i,  ■?.,  3  (voir  loc.  cit., 
p.  374).  Supposons  maintenant  que  les  arguments  w  et  x  soient  fonctions 
quelconques  d'une  seule  variable  /,  et  posons 

p ,  =  p  dt,  Pi=q  dt,  p.,  =  r  dt  ;  v3  =  v"  dt, 

—  imSs  —  A  '  dt,       -  imSt  =  B-'  dt,       -  "»„,=  C  '  dt. 

Alors  les  identités  différentielles 

da3h  =  a3lspr     a3tpk 
se  transforment,  sans  aucun  calcul,  dans  les  équations  différentielles 
(!)      «^)=(B-.C)F.      S|Û  =  (C-A)T.      ^=(A-B>?, 
qui  prennent  aussi  la  forme 

(II)  ,J=(c_A}T-^*f!. 

f    r^d''  /a  r>\  rflogC 

De  plus,  les  identités  algébriques 

fl3t    +  al-2   ■+-   al.;—  !'  a3lPl  ■+■  «32^2+   "33P3=  V3 

se  changent  en  les  relations  qui  lient  les  intégrales,  savoir 

i  A>2     +  B2?2     -f-CV2    =  1, 

(III)  •  Art:il/j  +  Ba33q  -\-Ca33r=  1, 

I  kp-      -+-  B72      +  C/-2      =  v", 

où  A,  B,  C  sont  fonctions  quelconques  de  la  variable  t. 

»  Les  problèmes  auxquels  conduisent  les  équations  différentielles  (1) 
ou  (II)  sont  résolus  complètement  par  les  expressions  des  éléments  amn, 
ph,  vh,  établies  dans  mon  Mémoire  cité,  si  l'on  y  détermine  encore  les 
quantités  quelconques  w,  x,  F  par  les  fonctions  données  A,  B,  C.  Tout 
particulièrement,  on  retrouve  ainsi  les  résultats  dus,  dans  le  problème  de 
la  rotation  d'un  corps  solide,  à  Jacobi,  à  M.  Hermite  et  à  M.  Padova. 


v  i i 23  ) 

«  Cet  exemple  met  en  évidence  l'avantage  de  la  méthode  exposée  :  en 
fournissant,  au  moyen  d'identités,  les  équations  différentielles,  leurs  inté- 
grales et  les  relations  algébriques  qui  existent  entre  elles,  les  unes  et  les 
autres  renferment  encore  des  arguments  et  des  fonctions  quelconques. 
Le  problème  qui  reste  seul  à  résoudre,  dans  les  applications,  consiste  à 
déterminer  ces  arguments  et  ces  fonctions  par  les  données  de  la  question 
proposée.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  classe  de  nombres  complexes. 
Note  de  M.  Andké  Makkoff,  présentée  par  M.  Hermite. 

«  Les  nombres  entiers  qui  dépendent  de  \Jab2  {a,  b  et  ab  sont  des 
nombres  entiers  rationnels  non  divisibles  par  aucun  carré)  et  ont  la  forme 
fractionnaire 

x  4-  y  y/âh*  4-  s  y^b 

x, y,  z  étant  des  nombres  entiers  rationnels  non  divisibles  par  3,  se  divisent 
en  deux  classes  : 

»    i°  Les  nombres  premiers  avec  3  ; 

»   2°  Les  nombres  non  premiers  avec  3. 

»  Les  carrés  des  nombres  de  la  première  classe  (et  les  produits  de  deux 
nombres  de  cette  classe)  se  réduisent  à  la  forme 

X,  Y,  Z  étant  les  nombres  entiers  rationnels. 

»  Quant  aux  nombres  de  la  seconde  classe,  toutes  les  puissances  de  ces 
nombres  ont  aussi  la  forme  fractionnaire. 

»  Les  unités  complexes  appartiennent  à  la  classe  première,  et  nous 
voyons  que  le  carré  de  l'unité  complexe 

23  4-  ii  \/io  4-  5yioo 
~3 
est  égal  à 

1 8 1  4-  84  yio  4-  3g  yioo. 


»  J'ai  trouvé  encore  que  l'unité  complexe 

3  v'k)  -  8 


(     H24    ) 

est  égale  au  carré 

'24-2J/19  —  3s/iQ2\2 


3 


»  Or,  dans  le  domaine  des  nombres  dépendant  de  v/17,  il  n'existe  au- 
cune unité  complexe  de  la  forme  fractionnaire,  car  l'unité  fondamentale 
est  égale  à 

324  + 1 26  y  1 7  -+-  49  y  £ 72  : 


'8-7  V  <: 


■>  De  ce  dernier  domaine,  je  prends  les  exemples  suivants 

_  7  H-  2  S -M2   5-4-?  — 5= 


o   __   (2-?)*  /4_+2?  +  ?_2  y 

3        V  3        ~  '  ' 

-  __  16  —  ?  —  a?8  74-H28?+iiÇ! 
î)-~     ~3~  "^~ 

(7  +  a8*  +  i*)'=,3  +  S5+ag', 

(l6-g3-27=36  +  ^--7^ 

5±4=i2x74  +  28;  +  11^9  +  3E- 


X  2—     -  =  7  +  oc  -    jç-. 


3 
4-f-2S^2Y       a8  +  nt  +  4S* 


4  +  2?  +  ?*Y       i45  +  56;-+-22?2 


3 
l  étant  égal  à  ^17.    » 


CHIMIE.  Éludes    quantitatives    sur   l'action    chimique   de    la    lumière. 

Troisième  partie  :  Influence  delà  dilution  ;  par  M.  Georges  Lemoixe. 

«  Comparons  les  décompositions  réalisées  par  la  lumière  dans  différents 
mélanges  d'acide  oxalique  et  de  chlorure  ferrique  pris  en  proportions  tou- 
jours équivalentes,  mais  avec  différents  excès  d'eau.  La  dilution  intervient 


(  i"5  ) 

d'abord  physiquement  en  augmentant  la  transparence  de  notre  réactif  co- 
loré :  on  va  voir  qu'en  outre  elle  intervient  chimiquement  en  facilitant  la  dé- 
composition. T/influence  physique  de  la  dilution  peut  être  éliminée,  car,  si  la 
loi  d'absorption  est  connue,  tout  peut  être  réduit  par  le  calcul  à  ce  qui 
se  passerait  dans  une  couche  infiniment  mince;  nous  aurons  ainsi  l'ac- 
tion chimique  proprement  dite. 

»  Calcul  de  l'action  chimique  de  la  lumière  pour  différentes  dilutions  en  éli- 
minant l'influence  de  l 'absorption.  —  Bornons-nous  aux  premiers  moments 
de  la  réaction.  En  partant  des  expériences  d'absorption,  nous  avons 
déjà  calculé  pour  un  vase  et  une  dilution  quelconques  l'intensité  moyenne 
s  de  la  lumière  au  travers  de  notre  réactif  {Comptes  rendus,   l\  mai  1891, 

P-992)- 

»  Le  poids  y  de  matière  décomposé  dans  un  temps  très  court  t  est  pro- 
portionnel à  la  fois  :  au  poids  p  de  matière  décomposable,  à  l'intensité 
moyenne  s  de  la  lumière;  à  un  coefficient  c  correspondant  à  la  dilution. 

On  a  donc,  en  appelante  une  constante, 

(1) 

(  •-<  ) 

»  Le  coefficient  c  représente  donc  la  fraction  de  la  masse  décomposée 
dans  l'unité  de  temps  avec  une  cuve  rectangulaire  infiniment  mince,  car 
alors  la  lumière  garderait  son  intensité  primitive,  de  sorte  qu'on  aurait 
s  —  1.  C'est  Y  action  chimique  proprement  dite  correspondant  à  la  dilution 
considérée. 

»  Toutes  les  expériences  sont  comparatives;  elles  nous  donneront  donc 
seulement  le  rapport  de  celte  action  chimique  c  à  celle  c0  du  mélange  de 
liquides  normaux  (1  équivalent  dans  i'n)  que  nous  prenons  pour  type 


y  _ 

;  mesp. 

c  = 

m       x       s 

c  \pj    i 

7  "(£)'' 


c 


»   Résultats  des  expériences  faites  à  la  lumière  sur  V  influence  de  la  dilu- 
tion.        Voici  quelques  spécimens  choisis  parmi  les  expériences  où  la 


(   ri 26  ) 

situation  atmosphérique  était  à  peu  près  celle  qui  correspond  à  la  formule 
d'absorption  prise  comme  base  des  calculs  : 

Lumière  employée . .  .      Blanc       Blanc       Blanc       Blanc       Bleu       Jaune 

Rectangles  Cercle  Rectangles 

de  im™.       de  4°"°-     de  25™".  dediamètre.  de  4°"°-     de  4"™- 

Intensité moyennes0 de  j 

la  lumière  transmise  f         ,  _  „  ,  0„„ 

,        ,.  ...    ,0,141       0,001       0,010       0,024       0,020       o,boo 

par  le  mélange  de  li- j  >     t  » 

quides  normaux  .  .  .  J 

Expériences  :  rapports  entre  les  fractions  de  décomposition 
pour  un  même  temps. 

Les  expériences  simultanées,  dans  une  même  colonne,  sont  indiquées  par  un  astérisque. 

|  normaux 0,64        0,62  »  0,88         0  » 

normaux 1  1  1  1  1  1  Donnée 

2,16 


x  normaux 


— 
S   ) 


1,85        2,10*  (2,58      j  1,40 

1,92-       2,11'  i  2,57      (  1,34 

(  2,36* 


4,31*         »  4,48* 

4,06' 


fcJD 


Calcul  des  rapports  entre  les  coefficients  c  exprimant  l'action  chimique 

élémentaire. 

En  éliminant  l'influence  de  l'absorption,  conformément  à  l'équation  (3), 
d'après  les  fractions  de  décomposition  précédentes. 

normaux  ...    .      0,84*         0,84  »  0,76  »  n                Soit  0,8 

normaux 1                1  t  1  1  1                         1 

I   ',26 

'  I'a3  .,35  ,,32  S  *^°  S  *'33          Soit  1,3 


1,28      \  i,23  (  i,4o 

1,38 


l,zy 


!  normaux »  {      „„  »  1,61  »  «  Soit  1.5 

1  1 ,00 

',47 


(   ,T27  ) 

»  Ainsi,  malgré  d'énormes  différences  dans  la  forme  des  vases,  dans 
l'absorption,  dans  l'intensité  absolue  de  la  lumière,  le  calcul  arrive  à  dé- 
gager l'action  chimique  propre  aux  différentes  dilutions  :  il  l'exprime  par 
des  nombres  qui  sont  à  peu  près  les  mêmes  pour  les  diverses  séries 
d'expériences  et  qui  croissent  régulièrement  avec  l'excès  d'eau. 

»  Ces  résultats  sont  corrélatifs  de  l'action  chimique  du  chlorure  ferrique 
sur  l'eau,  établie  par  les  expériences  de  MM.  Debrav,  Berthelot,  etc.;  on 
conçoit  que,  lorsque  le  chlorure  ferrique  est  partiellement  décomposé  par 
un  excès  d'eau,  l'acide  oxalique  exerce  plus  facilement  son  action. 

»  Comparaison  à  la  réaction  effectuée  par  la  chaleur  seule.  -  -  J'ai  trouvé 
que,  dans  l'obscurité,  la  même  réaction  se  produit  assez  rapidement  pour 
être  facilement  mesurable,  à  la  condition  que  la  température  soit  élevée 
à  environ  ioo°  {Bulletin  de  la  Société  chimique,  1886,  t.  XLVI,  p.  289). 
Les  quantités  de  matières  décomposées  pour  une  même  dilution  satisfont 

alors  à  la  relation    ,    =  c'(j>  —  j),  qui,  à  l'origine,  se  réduit  à  —  —  c'p  et 

qui  est  toute  semblable  à  celle  de  tout  à  l'heure.  Sans  insister  aujourd'hui 
sur  cette  étude,  je  signalerai  seulement  un  rapprochement  remarquable  : 
les  rapports  entre  les  coefficients  c'  de  l'action  chimique  caractérisant 
chaque  dilution,  déterminés  par  ces  expériences  faites  avec  la  chaleur 
seule,  sont  à  très  peu  près  égaux  à  ceux  que  nous  venons  d'obtenir  avec 
la  lumière. 

»  Ainsi,  lorsqu'on  a  mis  de  côté  les  effets  de  l'absorption,  on  trouve 
que,  au  point  de  vue  de  l'influence  de  la  dilution,  les  actions  chimiques  pro- 
voquées ici  parla  lumière  et  par  la  chaleur  suivent  les  mêmes  lois. 

»  Des  comparaisons  semblables  peuvent  être  faites  en  examinant  l'in- 
fluence de  divers  excès  de  l'un  des  réactifs  ou  celle  de  différents  corps 
étrangers  :  ce  sera  l'objet  d'autres  communications. 

»  M.  Calvet  et  M.  Ferrières  m'ont  prêté,  dans  ces  recherches,  leur 
meilleur  concours;  je  les  prie  de  recevoir  tous  mes  remerciements.  » 


CHIMIE.  —   Calcul  des  températures  de  fusion  et  d'ébullition  des  paraffines 
normales.  Note  de  M.  G.  Hixrichs. 

«  La  loi  générale  que  j'ai  énoncée  dans    une  Communication  précé- 
dente (')  se  déduit  assez  facilement  des  principes  de  la  Mécanique.  Je 


(')   Comptes  rendus  du  4  mai  1891,  p.  998. 


(     1128    ) 

vais  démontrer  dans  cette  Note  que  cette  loi  est  l'expression  exacte  des 
faits  observés. 

»  La  série  homologue  la  plus  étendue  de  la  Chimie  est  celle  des  pa- 
raffines normales  C'H2"+i,  dont  on  connaît  presque  tous  les  termes 
depuis  n  =  i  jusqu'à  n  =35.  Comme  il  y  a  des  isomères  dans  la  série  des 
hydrocarbures  saturés,  il  est  de  la  plus  haute  importance  de  n'accepter  ici 
que  les  termes  vraiment  normaux,  ce  que  nous  permettent  les  importantes 
recherches  expérimentales  de  F.  Krafft,  publiées  dans  les  Berichte  der 
Chem.  Ges.,  1882,  p.  171 1,  et  dont  j'ai  pris  connaissance  par  le  Jahrbruch 
der  Erfindungen,  1882,  p.  279  et  suivantes. 

»  Les  paraffines  normales  forment  un  prisme  rectiligne  d'un  nombre  n 
de  joints  ou  nœuds  identiques  CH2,  se  terminant  à  chaque  extrémité  par 
un  seul  atome  d'hvdrogène.  On  peut  donc  les  représenter  par 

H.CH2.CH2.CFP CH2.CHMI, 

et  leur  poids  atomique  sera  a  =  \[\n  +  2.  Pour  n  =  10,  20,  3o,  les  valeurs 
de  a  ne  s'écartent  que  de  -J-,  -^,  ^~  de  la  valeur  \\n.  Nous  pouvons 
donc,  dans  une  première  approximation,  considérer  les  propriétés  des 
paraffines  comme  fonction  de  n  au  lieu  de  a,  ce  qui  rendra  notre  exposi- 
tion plus  conforme  à  l'usage  des  chimistes. 

»  Prenons  le  logarithme  du  nombre  n  d'atomes  de  carbone  des  paraf- 
fines pour  abscisse,  et  les  températures  d'ébullition  et  de  fusion,  obser- 
vées par  Krafft,  comme  ordonnées.  Alors  on  voit  immédiatement  que  tous 
les  points  appartenant  aux  termes  supérieurs  delà  série  figurent  très  exac- 
tement une  ligne  droite,  la  limite  logarithmique  de  la  Note  précédente. 
Les  points  des  termes  inférieurs  s'écartent  de  plus  en  plus  de  cette  droite, 
à  mesure  que  le  nombre  n  s'approche  de  l'unité.  Si  l'on  rapporte,  sans 
changement  d'abscisse,  ces  écarts  y2  à  une  droite  horizontale,  on  voit 
qu'ils  déterminent  une  parabole  [équat.  (3)]. 

»  J'ai  fait  les  tracés  à  grande  échelle  et  avec  beaucoup  de  soin.  De  ces 
tracés  j'ai  tiré  les  valeurs  des  constantes  des  formules  exprimant  la  loi 
générale  en  fonction  de  n,  comme  il  suit  : 

.     N  l   Ebullition / 

(,))  (Fusion \y=yt±y* 

Limite  logarithmique.  Courbe  parabolique. 

(12)    yi=ki[logn  —  gi]  (i3)     y2—  t2[q2—  logn]- 


(  IT2,J  ) 

Ébullition. 

Constantes.  k,.  g  .  !■  .■  q- 

Sous  760™™ 586,3  0,717  190  1,200 

Sous   i5mm 040  o,g3i  80  i,5.5o 

Fusion. 

«  impair i3i  ,8  °>973  '6b'  1  ,5oo 

//  pair  (  '  ) »  »  43  ■  ,  38o 

»  Avec  ces  constantes,  les  formules  (ri),  (12),  (i3)  fournissent  les 
valeurs  calculées  pour  chaque  nombre  n  donné.  Ces  valeurs  calculées, 
comme  le  montre  le  Tableau  ci-dessous,  s'accordent  d'une  façon  satisfai- 
sante avec  les  valeurs  observées  empruntées  aux  déterminations  de  Krafft, 
vu  la  grande  difficulté  physique  et  chimique  de  ces  déterminations.  Les 
écarts  sont  distribués  très  irrégulièrement;  plus  des  trois  quarts  sont  au- 
dessous  de  o°,6.  Il  n'v  a  pas  d'écarts  systématiques. 

»  On  voit  bien  que  la  loi  générale  énoncée  dans  ma  Note  précédente 
est  vraiment  l'expression  fidèle  de  tous  les  faits  observés,  pour  tous  les  chan- 
gements d'état  et  sous  toutes  les  pressions;  la  température  variant  de  1600 
à  34o°,  soit  de  5oo°,  et  la  pression  de  1  5mm  à  7Gomm  ;  quant  à  l'atome  pris- 
matique, il  croit  de  CH'  à  C35H72,  embrassant  ainsi  toute  la  série  connue. 

Température  d  ébullition  Température  de  fusion 


Nombre 
n. 


sous  760™™  sous  i5°"°  n  impair  /;  pair 

observé.        calculé.  observé,    calculé.  observé,     calculé.  observé.      calculé. 


1 —160  H  — 156,8 

2 »  —  9°>4 

3 >)  —    4  '  ;  ^ 

4 '  0,6 

5 37-39  3;,. 

6 71  69,0 

7 99  98.8 

8 123  125,7 


g i49)5         i5o,5  »  »  — ai         ■ — 52,i  »  » 

10 1  "3  173,5  »  »  »  »  — 32         — 30,71 

(')  A   ajouter   aux    valeurs  calculées   pour  n   impair.   Voir  ma  Note  précédente  sur  ce  point 
fondamental  de  Mécanique  moléculaire. 

(-)  Wroblewski  donne  — i55°,  Olzewski  — i64°. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CX1I,  N'  20.)  I'l7 


(   u3o  ) 


Nombre 
n. 

i  r  .  .  . 
12... 
i3... 

14... 

i5... 
16... 
17... 
18... 
19... 
20 . . . 
21  . . . 
22 . . . 

23... 

24... 
27... 
3i  ... 

32... 

35  . .  . 


Température 

sous  7G0 


observe. 
194,5 

2l4 

234 

262,5 

270,5 
287,5 
3o3 

3i7 

33o 


calculé 

.94,6 

214.9 
234,0 

262  ,0 

269,0 

28.5,3 

3oo,8 
3i7,3 
329,4 


d'ébullition 
sous 

observé. 
81 
93 


Température  de  fusion 


114 
129,5 

i44 

<57,5 
170 
i8i,5 
ig3 

205 

2  I  5 

224,5 

234 

243 

270 

3o3,4 

•■> 

010 

33i 


5»" 
calculé. 

So,2'2 

97, 75 
n4,io 

129,14 

i)3 ,  5o 

167,10 

169,66 

181 ,96 

193,8/i 

204,76 

2 1 5 , 36 

225,44 
235,6o 
244,82 
270,03 

302,4 

3io,o 
33 1 ,0 


n  impai 

observé,      calculé. 
—  26,5      —26,1 


6,2 

-  6,1 

» 

» 

10 

9,4 

)> 

») 

22,5 

2',9 

» 

» 

32 

32,4 

» 

» 

4o,y 

*7>7 

» 

59,5 

68,1 


74,7 


48,3 

» 
5g,6 

68,3 

» 

70,0 


n 

pair 

observé. 

calculé. 

»> 

» 

—  1  2 

—  n,  3g 

» 

» 

4 . 5 

4,27 

» 

Y) 

.8 

17,53 

» 

>i 

28 

27>99 

» 

» 

36,7 

36,g6 

» 

„ 

44,4 

44,04 

.11,1 

» 
» 

70,0 


5 1 . 4 


70,3 


CHIMIE.   —  Sur  l'action  qu'exercent  les  bases  alcalines  sur  la  solubilité  des  sels 
alcalins.  Note  de  M.  Engil,  présentée  par  M.  Friedel. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  conclusions  d'un  Mé- 
moire concernant  l'action  qu'exercent  les  bases  alcalines  (potasse,  soude 
et  ammoniaque)  sur  la  solubilité  des  sels  alcalins.  Ce  Mémoire  fait  suite  à 
la  série  de  recherches  déjà  publiées  sur  les  variations  de  solubilité  des  sels 
en  général  en  présence  des  acides,  des  bases  ou  d'autres  sels  ('). 

»  Tandis  que  1  équivalent  d'acide  chlorhydrique  précipite,  à  l'origine, 
sensiblement  1  équivalent  de  la  solution  saturée  des  divers  chlorures, 
1  équivalent  de  soude  ou  de  potasse  caustique  ne  précipite  que  5  équiva- 
lent d'un  sel  de  sodium  ou  de  potassium  à  acide  monobasique.  Autrement 
dit,  1  molécule  de  potasse  ou  de  soude  anhydre  (M'20)  précipite  sensible- 
ment 1  molécule  du  sel  alcalin. 


(')  Mémoires  insérés  aux  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  t.  XIII,  p.  102,  344, 
37o;  t.  XVII,  p.  338. 


(  »3i  ) 

m  Voici,  à  titre  d'exemple,  l'action  exercée  par  la  soude  sur  la  solubilité 
du  chlorure  de  sodium  à  la  température  de  o°. 

»  La  deuxième  colonne  du  Tableau  ci-dessous  indique  le  nombre  de 
molécules  (en  milligrammes)  en  solution  dans  iocc  du  liquide  saturé;  la 
troisième,  le  nombre  de  molécules  de  soude  anhydre  (Na20);  dans  la 
quatrième  colonne,  on  a  fait  la  somme  des  molécules  du  sel  et  de  l'oxyde; 
la  densité  de  la  solution  à  la  température  du  laboratoire  se  trouve  dans 
une  cinquième  colonne. 

NaCI.  Na'O.  Somme.  Densité. 

1 54,7  O  54,7  1,207 

II 49,375  4,8  54,175  1,221 

III 47>2I'i  6,726  53,937  l.!.!J 

IV 42,37j  10,406  52,781  i,236 

V 39,55  14,78  54,33  1,249 

VI 24,95  3o,5  55,45  1 ,2g5 

MI 19,3  37,875  57,17''  1 , 3 1  4 

VIII 09 ,  4o8  53 ,  25  62 ,  66  1  .  362 

»  L'examen  des  nombres  contenus  dans  le  Tableau  ci-dessus  montre 
cpie  la  somme  des  molécules  de  sel  et  d'oxyde  est  d'abord  un  peu  plus 
faible,  puis  plus  forte  que  ne  l'indique  la  loi  énoncée  ci-dessus,  qui  n'est 
qu'une  loi  approchée. 

»  La  soude  précipite  d'une  manière  semblable  l'azotate  de  sodium  de 
la  solution  saturée  de  ce  sel.  La  potasse  agit  de  même  sur  les  solutions  de 
chlorure  de  bromure,  d'iodure  et  d'azotate  de  potassium. 

»  Il  n'en  est  plus  ainsi  dans  l'action  de  l'ammoniaque  sur  les  sels  am- 
moniacaux. La  présence  de  l'ammoniaque  diminue  à  peine  au  début  la 
solubilité  du  chlorure  ammonique,  par  exemple,  et  ne  tarde  pas  à  l'aug- 
menter sensiblement. 

»  J'ai  montré,  dans  des  recherches  antérieures,  que  lorsque  l'acide 
chlorhvdrique,  au  lieu  de  précipiter  un  chlorure  de  sa  solution,  en  aug- 
mente la  solubilité,  il  se  formait  un  chlorhydrate  de  chlorure  qu'on  peut 
le  plus  souvent  isoler  en  beaux  cristaux. 

»  Ici  encore  l'anomalie  que  présente  l'ammoniaque,  en  agissant  sur  la 
solution  des  sels  ammoniacaux,  s'explique  par  la  formation  de  combinai- 
sons entre  l'ammoniaque  et  le  sel  ammoniacal.  C'est  à  M.  Troost  qu'est 
due  la  découverte  des  composés  de  l'ammoniaque  avec  le  chlorure  ammo- 
nique et  avec  d'autres  sels  ammoniacaux. 

»   Dans  un  prochain  Mémoire,  je  signalerai  les  relations  qui  existent 


(   n3a  ) 

entre  ces  faits  et  les  abaissements  des  points  de  congélation  des  solutions 
saturées.  » 


CHIMIE   ANALYTIQUE.    —    Sur  le   dosage  de   la  silice    en  présence  du   fer. 

Note  de  M.  Leclere. 

«  On  considère  souvent  la  présence  d'une  grande  proportion  de  (er 
comme  susceptible  d'entraver  le  dosage  de  la  silice  par  évaporation  à  sec. 

»  On  peut  éviter  la  décomposition  du  perchlorure  de  fer  en  l'unissant 
au  chlorure  de  potassium,  pour  former  un  sel  double  bien  connu  et  utilisé 
depuis  longtemps  par  M.  Schlcesing. 

»  Par  exemple,  pour  le  dosage  du  silicium  dans  les  fontes  : 

»  igl'  de  métal  est  attaqué  par  un  mélange  de  20cc  d'acide  nitrique  et  de 
iocc  d'acide  chlorhydrique.  Après  l'attaque,  on  expulse  à  l'ébullition  la 
plus  grande  partie  de  l'acide  nitrique  par  deux  additions  successives 
de  3occ  d'acide  chlorhydrique;  on  ajoute  3gr  de  chlorhydrate  d'ammo- 
niaque et  l'on  concentre  jusqu'à  consistance  sirupeuse.  On  finit  l'évapo- 
ration  à  l'étuve  pour  dégager  à  l'état  de  gaz  les  dernières  traces  de  com- 
posés nitrés.  On  reprend  par  de  l'acide  chlorhydrique;  on  ajoute  'M1'  de 
chlorure  de  potassium  pur  et  assez  d'eau  pour  le  dissoudre,  puis  on  laisse 
continuer  l'évaporation  à  sec. 

»  Le  sel  double  de  fer  et  de  potassium  cristallise  en  même  temps  qu'une 
certaine  quantité  de  chlorure  double  de  fer  et  d'ammonium. 

»  Ces  sels  sont  solubles  dans  l'eau  froide,  mais  on  dissout  d'abord  par 
l'acide  chlorhydrique  pour  enlever  les  éléments  accessoires. 

»  La  silice  s'est  coagulée  sur  le  résidu  de  carbone;  elle  se  filtre  et  se 
lave  facilement.  Après  calcination  à  haute  température,  elle  reste  pulvéru- 
lente, mais  dense  et  facile  à  peser. 

»  Sans  la  présence  du  chlorhydrate  d'ammoniaque  cette  silice  contien- 
drait du  manganèse;  elle  serait  de  même  chargée  de  potasse  si  l'on  n'avait 
pas  expulsé  tout  d'abord  l'acide  nitrique.  Le  chrome  se  redissoul  aussi 
complètement,  à  condition  de  reprendre  d'abord  par  de  l'acide  concentré  ; 
il  est  bon  de  réduire  un  peu  de  chrome  à  l'état  de  protochlorure  en  dis- 
solvant dans  le  liquide  un  peu  de  zinc  pur  ou  d'aluminium. 

»   Les  vérifications  donnent  des  résultats  concluants. 

»  Ainsi,  en  attaquant  du  quartz  pur  par  du  carbonate  de  soude,  on  pré- 
pare une  liqueur  contenant  par  litre  ier  de  silice.   iogr  de  fil  de  clavecin, 


(   n33  ) 

traités  comme  ci-dessus  et  additionnés  de  20cc  de  liqueur  de  silice,  en 
ont  fourni  32IDSl,  ce  qui  porte  à  1 2"1S'  la  quantité  introduite  par  les  iogr  de 
Pd  de  clavecin. 

»  Or,  quatre  prélèvements  de  igr  faits  sur  le  même  fil  et  traités  encore 
comme  ci-dessus,  mais  additionnés  de  quantités  de  silice  égales  à  5rag1', 
iomsr,  5om«',  ioomsr,  ont  donné  au  dosage  :  6msr,/j,  iim«'\o,  5i'"s'-,o, 
i02,Dgl',o.  Les  différences  avec  la  quantité  calculée  ne  dépassent  pas  la 
limite  de  précision  des  pesées.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  constitution  et  la  chaleur  de  formation 
des  e'ry tarâtes  bibasiques.  Note  de  M.  i»e  Forcrand. 

«  L'élude  thermique  des  quatre  nouveaux  érythrates  de  sodium  que 
j'ai  préparés  récemment  : 

(A)  C8H8Na208, 

(B)  C8H8Na208,8HO, 

(C)  C8H8Na208,2NaH02, 

(D)  C8H8lNa208,2NaHO-,  19HO 

m'a  donné  les  résultats  suivants  : 

»  La  chaleur  de  dissolution  des  deux  premiers,  dans  G1"  d'eau,  vers 
-+- 15°,  est  de  -+-  i2Ca\49  et  ~  ^Cal,25. 

»  Celle  des  deux  autres,  à  la  même  température  et  dans  ioMt  d'eau,  de 
-+-  29Cal,28  et  -+-  iCal,  79. 

»  D'autre  part,  l'action  de  NaO  (iéc'  —  2lil)  sur  C8H!,Na08  (ié<i  =  \m), 
dégage  +  oCa,,icp  et  celle  de  aNaO  (V'i  =  2Ut)  sur  C8H8NaaO*  (ié^  =  6,ir) 
4-  o0,1,i6.  D'où 

C'diam.  +  H8  gaz -H  Na2  sol .  4-  O8  gaz  —  C8H8Na!08  sol 4-  307e»1, 81 

n   On  peut  aussi  obtenir  la  valeur  thermique  des  réactions  suivantes  : 


(>) 


C8H9Na  O8  sol.  4-  NaHO2  sol.  =  C8H8Na208  sol.  -4-  H202  sol . 
C8H8Na208sol.4-Ha02liq.      =  C8H9Na  O8  sol. -)- NaHO2  sol 

(2)  C8H9Na  O8  sol.  4- NaO  sol.       =  C8H8Na208  sol.  4- HO  sol. . . 

(3)  C8H9Na  O'sol.  +  Nasol.  —  C8H8Na208  sol.  4-  H  gaz.  .  . . 

(4)  C8H'°08sol.       4-Na2sol.        =  C8H8Naa08sol.4-H2gaz.  .. 


Cal 

—    0,720 

-+-  2,  i55 
+  16,28 
4-3i ,  i65 
4-  69 ,  3o5 


(  "34  ) 


Cal 


(5) 


C8H8]Nas08sol. +  8HOsol.       =  C8H8Na208,  8HOsoI +  9,02 

C8H8Na208sol.-f-SH01iq.        =  C8H8Na208,  8HO  sol f  1  4   7  1 

(6)        CsH8Na2Ossol. +2NaH02sol.==CsH8Na208)2NaH02sol +   2,g3 

;  C8H8Na208,  2NaH02sol.-t-i9HOsol. 

]       =  C8H8Na208,2NatI02,  iglIOsol -1-13,91 

7      |  C8II8Na208,  2NalI02sol.  +  i9H01iq. 

I       =C8H8Na208.  2NaH02,  iglIOsol -+-27,49 

»   La  comparaison  de  ces  résultats  amène  aux  conclusions  suivantes  : 

»  i°  L'addition  de  aNaHO2  sol.  à  C8  H8Na208  sol.  dégage  +  2Cal,93, 
comme  le  montre  l'équation  (6).  Il  se  forme  donc  bien  une  combinaison 
d'hydrate  de  soude  et  d'érythrate  disodique,  comme  je  l'ai  admis  précédem- 
ment, et  non  pas  un  simple  mélange. 

»  20  La  chaleur  d'hydratation  des  érythrates  de  sodium  que  j'ai  pu 
isoler  est  à  peu  près  constante  lorsqu'on  la  rapporte  à  un  même  poids 
d'eau  sous  le  même  état.  Ainsi  la  réaction  (5)  donne  4- 9,02  pour  811?) 
solide,  soit  -+-  iCal,i3  pour  HO  sol.  La  réaction  (7)  fournit  -f-  13,91  pour 
19HO  sol.,  soit  -+-  oCal,73  pour  HO  sol.  J'avais  trouvé  précédemment  pour 
HO  sol.  fixé  sur  C8HnNa08  sol.  le  nombre  +  oCal,875,  et,  pour  4HOso!. 
fixé  sur  le  même  corps,  C8H9Na08sol.  le  nombre  +  4Cal>24,  soit,  pour 
HO  sol.,  -+-  iCal,o6.  Toutes  ces  valeurs  sont  faibles  et  très  voisines,  étant 
comprises  entre  -+-  oCal,73  et  -+-  iCa',i3.  Elles  expliquent  cependant  la  sé- 
paration de  ces  corps  en  liqueur  aqueuse  en  raison  du  changement  d'état 
de  l'eau  et  du  nombre  d'équivalents  d'eau  fixés  sur  l'érythrate  (4,  8 
et  19  équiv.),  mais  aussi  la  possibilité  d'obtenir  les  érythrates  anhydres 
par  l'action  de  la  chaleur  sur  ces  corps  hydratés. 

»  Ces  nombres  montrent  encore  que  la  constitution  des  trois  composés 
(B),  (C)  et  (D)  est  bien  celle  que  j'ai  proposée.  En  réalité,  pour  le 
corps  (A)  seul  les  résultats  de  l'analyse  ne  peuvent  conduire  à  une  autre 
formule  que  C8H8Na208,  tandis  que,  pour  les  trois  autres,  ils  s'accorde- 
raient également  bien  avec  les  formules  suivantes  : 

(B)  C8H'Na08,NaH02,6HO,  ou  C8H10Os,  aNaHO2, 4HO. 

(C)  C8H'°0\/iNaO,         ou  C8H0Na*O8,  4HO, 

(D)  C8H'0O8.  4NaH02,  i5HO,         ou         C8HcNa08,  23HO, 

mais  pour  le  composé  (B)   les  deux   dernières  formules   sont   inaccep- 
tables, parce  que  le  système  initial  C8H8Na208  sol.  -+-  8HO  sol.  qui  le  pro- 


(  n35  ) 

duit  devrait,  d'après   les   analogies,   absorber  de  la   chaleur  pendant  la 
réaction.   Or  l'équation  (5)  montre  qu'il    dégage  -+-  r)Cal,02,    comme   il 
arrive  pour  l'hydratation  de  beaucoup  de  corps  analogues.  On  doit  donc 
adopter  pour  système  final  :  CsH8Na208,  8HO  sol. 
»  3°  De  môme,  pour  le  composé  (C),  la  réaction 

Cs  II*  Na-Os  sol.  H-  NaHO2  sol. 

dégage  +  2C:Û,C)3.  Ce  nombre  convient  très  bien  pour  l'addition  de  NaHO2 
à  CH*Na208.  Il  devrait  être  négatif  s'il  se  formait  C8II,0O8,4NaO,  et  au 
contraire  positif  et  beaucoup  plus  élevé  pour  C8H8Na''08,  4HO.  De  même 
encore,  pour  le  composé  (D),  la  réaction  de  19HO  sol.  sur 

C8H8Naï08,2NaH02sol. 

dégage  -4-  i3Cal,9i,  valeur  qui  n'a  rien  d'anormal  pour  le  système  final 
adopté,  tandis  que  la  formation  du  premier  des  deux  autres  systèmes  de- 
vrait absorber  de  la  chaleur,  et  celle  de  l'autre  en  dégager  davantage, 
d'après  les  analogies. 

»  4°  Chacune  des  valeurs  des  réactions  (1),  (2)  et  (3)  est  inférieure  de 
7Cal  à  celle  des  réactions  correspondantes  que  l'on  obtient  en  substituant 
dans  le  premier  membre  des  équations  C8II'°08  à  CH'NaO8.  Déjà  à  l'état 
dissous,  les  deux  fonctions  d'alcool  primaire  de  l'érythrate  n'ont  pas  la  même 
valeur,  les  chaleurs  de  neutralisation  parla  soude  étant  -+-  0,69  et  -+-  0,190. 
En  liqueurs  étendues,  tous  les  alcools  polvatomiques  étudiés  à  ce  point  de 
vue  donnent  ainsi  pour  la  première  fonction  un  nombre  supérieur  à  celui  que 
fournit  la  seconde.  Beaucoup  d'acides  polybasiques  se  conduisent  d'une  ma- 
nière analogue,  tandis  que  pour  d'autres  la  différence  est  de  signe  contraire. 
En  réalité,  pour  l'état  dissous,  on  ne  peut  rien  conclure  de  ces  différences, 
l'addition  du  second  équivalent  de  base  dissous  intervenant  à  la  fois  posi- 
tivement par  l'action  de  la  base  sur  la  seconde  fonction,  et  négativement 
en  dissociant  la  première  combinaison  par  la  masse  d'eau  qui  le  dissout. 
On  ne  peut  pas  davantage  conclure  en  amenant  le  système  final  au  même 
volume,  comme  avait  tenté  de  le  faire  M.  Colson  (')  précisément  pour 
l'érythrate,  d'abord  parce  que  les  différences  deviennent  alors  tellement 
faibles  qu'on  ne  peut  en  répondre,  et  aussi  parce  que  dans  l'état  dissous  le 
second  équivalent  de  base  peut  augmenter  plus  ou  moins  la  stabilité  du 
premier  composé,  même  à  volume  égal. 


(')  Comptes  rendus,  l.  C1V,  ]>,  1 1 3. 


(  n36  ) 

»  Mais  mes  dernières  expériences  montrent  que,  pour  la  réaction  (3), 
l'action  de  Na  sur  C8H9Na08sol.  dégage  -+-  3iCa',i65;  celle  de  Na  sur 
C8H",08sol.  +  38Ca\iL  tandis  que  celle  de  Na  sur  H202sol.  donnerait 
H-  3iCal,  87.  On  peut  prendre  ces  nombres  pour  caractériser  ces  trois 
corps.  La  première  fonction  alcool  de  l'érythrite  a  donc  une  action  plus 
puissante  que  H202sol.  sur  le  métal  alcalin;  la  seconde  a,  au  contraire, 
une  action  un  peu  plus  faible  que  H202  sol.,  du  moins  lorsque  la  première 
a  déjà  subi  la  substitution  sodique,  conclusions  conformes  à  celles  de  l'étude 
des  glycérinates  mono  et  bibasiques. 

»  La  seconde  fonction  est  donc  plus  faible  que  la  première,  dans  les 
alcools  polvatomiques,  du  moins  lorsque  celle-ci  a  déjà  subi  la  substitution 
métallique,  les  nombres  étant  rapportés  à  l'état  solide  et  anhydre. 

»  Je  me  propose  de  rechercher  si  l'on  obtient  les  mêmes  résultats  avec 
la  mannite  et  surtout  avec  le  glycol,  dont  les  deux  fonctions  d'alcool  pri- 
maire ne  sont  pas  associées  à  des  fonctions  d'alcool  secondaire.  Mais  déjà 
ces  conclusions  peuvent  être  rapprochées  des  faits  analogues  signalés  au 
sujet  de  la  valeur  des  fonctions  successives  des  acides  polybasiques.  » 

CHIMIE   ORGANIQUE.  —    Données  thermiques  sur   l'acide  propionique 
et  les  propionates  de  potasse  et  de  soude.  Note  de  M.  G.  Massol. 

«  I.  L'acide  que  j'ai  employé  pour  ces  expériences  a  été  rectifié;  il  a 
passé  à  la  distillation  entre  i3o,°  et  i4o°  (point  d'ébullition  indiqué  par 
Linnemann). 

»  La  dissolution  dans  l'eau  s'effectue  avec  un  léger  dégagement  de 
chaleur  :  (pm  =  74gr  dans  21")  -+-  oCal,62. 

»   IL  Propionate  dépotasse.  —  Chaleur  de  neutralisation  : 

C!HtO!(y>m  =  2lil)  +  KOH(;;m  =2Iil) -+■  iaCal,95 

»  La  dissolution  évaporée  au  bain-marie  a  donné  une  masse  blanche 
cristalline,  qui  devient  anhydre  après  dessiccation  à  ioo°.Il  se  dissout  dans 
l'eau  avec  dégagement  de  chaleur 

C3H302K  sol.  -+-  Aq  =  C3  H5  02k  dissous +    3Ca',oa 

»  La  chaleur  de  formation  du  sel  anhvdre,  à  partir  de  l'acide  liquide 
anhydre  et  de  la  base  hydratée  solide,  a  été  calculée  d'après  les  données 
ci-dessus  : 

C3H602liq.  +  k 011  sol.  =  C3IP02Ksol.  +H2Osol...    h-  24Ca,,44 


(  »37  ) 
nombre  identique  à  celui  qui  correspond  à  la  chaleur  de   formation  de 
l'acétate  de  potasse  anhydre,  calculée  d'après  les  données  publiées  par 
M.  Berthelot. 

C2H4Oiliq.-+-KOHsol.=C2H302KsoI.  +  H2Osol...      +  a4Cal,4i 

»  Propionate  de  soude.  —  Chaleur  de  neutralisation  : 

C3H602(/)w  =  alit)  +  NaOH(/?w  =  2m) +   t2CaI,49 

»  La  solution  évaporée  au  bain-marie  donne  une  masse  blanche,  cris- 
talline, qui  constitue  le  sel  à  21""1  d'eau.  Séchée  à  ioo°,  elle  devient 
anhydre. 

«  Le  propionate  de  soude  anhydre  est  fort  déliquescent  et  extrêmement 
soluble  dans  l'eau  ;  il  dégage  -f-  3Cal,o5  (pm  =  o.6fi''  dissous  dans  4lk)- 

»   La  chaleur  de  formation  du  sel  solide  est  la  suivante  : 

C"H«0*liq.  +  NaOHsol.=:C8Hl,0,Naso].+H*Osol.     +  2ic«1,27 

»  Dans  les  mêmes  conditions,  l'acétate  de  soude  anhydre  se  forme  eu 
dégageant  -f- 20e"1, 7(B.)  ;  le  butyrate  de  soude  anhydre  dégage  aussi 
H-2i"C;",7(B.). 

»  Il  résulte  de  ces  faits  que  l'acide  propionique,  en  se  combinant  avec 
la  potasse  et  avec  la  soude,  dégage  autant  de  chaleur  que  ses  homologues 
supérieur  et  inférieur,  les  acides  acétique  et  butyrique.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur /a  chaleur  de  dissolution  el  la  solubilité  de  quelques 
acides  organiques  dans  les  alcools  mètkylique,  êthylique  et  propylique.  Note 
de  M.  Timofeiew. 

«  La  dissolution  des  corps  est  un  phénomène  complexe;  son  étude  n'a 
pas  été  faite  jusqu'ici  d'une  façon  systématique.  En  effet,  les  nombreuses 
données  expérimentales  connues  portent  toutes  sur  la  solubilité  dans  les 
dissolvants  ordinaires  :  eau,  alcool,  éther,  benzine,  etc.,  corps  de  consti- 
tution chimique  absolument  différente. 

»  Pour  aborder  ce  problème  dans  les  conditions  les  plus  simples,  je  me 
suis  proposé  de  comparer  la  solubilité  de  corps  analogues  dans  des  dissol- 
vants comparables  et  d'étudier  en  même  temps  les  propriétés  physiques 
de  ces  solutions;  comme  dissolvants,  j'ai  choisi  les  alcools  primaires  et  les 
acides  normaux. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  20.)  l4^ 


(   n38  ) 

»  Je  communiquerai  aujourd'hui  les  résultats  relatifs  à  la  solubilité  de 
certains  acides  organiques  dans  les  alcools  méthvlique,  éthylique  et  propy- 
lique,  et  la  chaleur  de  dissolution  de  ces  mêmes  acides;  ces  dernières 
expériences  ont  été  faites  au  Laboratoire  du  Collège  de  France,  grâce  à 
l'obligeance  de  M.  Berthelot;  je  lui  en  exprime  ici  tous  mes  remercie- 
ments. 

»  Voici  les  résultats  obtenus  pour  la  chaleur  de  dissolution  en  liqueur 
étendue  (3  à  10  pour  ioo),  à  la  température  de  i  2°  à  i4°  : 

Table  1. 

Alcool 

Substance.  méthylique.  éthylique.  propylique. 

Cal  Cal  Cal 

Acide  oxalique  anhydre  ...  — 1>27  — 1,88 

Acide  oxalique  hydrat    — 5,2t  — 5,5(3  — 6,6o  ((1 . 72 ) 

Acide  succinique — 4-  m  — 4j 7^  — 4; 98 

Acide  benzoïque — 2,8S  — 2>7Î  — 2-'J7 

Acide  cinnamique — 3, 80  — 3,^0  — 3,79 

Acide  salicylique — 2,5 1  — 2,06  — 2,56 

»  Dans  mes  expériences  sur  la  solubilité  de  ces  acides  (qui  seront 
bientôt  publiées  en  détail),  j'ai  obtenu  des  nombres  qui  sont  exposés  dans 
la  Table  II.  Tous  ces  nombres  représentent,  évaluées  en  molécules- 
grammes,  les  quantités  de  chaque  alcool  qui  sont  nécessaires  pour  dis- 
soudre une  molécule  de  l'acide  à  la  température  donnée. 

Table  II. 

Solubilité  dans  l'alcool 

Substance.  Températures.  méthylique.        éthylique.       propylique. 

o  mol  mol  ni'ii 

Acide  oxalique  hydraté ... .        —   1  7."'  9,65  1 5 ,  1 

^20  5,90  7,45  9,9 

Acide  succinique —    1  35,]  00,7  g3 

»  -H-21 5  19  27  4' 

Acide  benzoïque h-  3  7,6  6,6                 6,8 

»               +21  5,5  4,9                E>,o 

Acide  cinnamique o  22,4  20,6  23,2 

»                    +'91  '6  1  i .  6  16 

Acide  salicylique —   3  10,6  8,3                  8,8 

»               -1—21  6,9  5,6                6,1 

»  Si  l'on  compare,  dans  ces  deux  Tables,  les  nombres  relatifs  aux  acides 
bibasiques  :  oxalique  et  succinique,  on  remarque  qu'en  montant  dans  la 


(   "3g) 
série  des  alcools  dissolvants  la  solubilité  moléculaire  diminue  en  même 
temps  que  la  chaleur  de  dissolution  augmente. 

»  Pour  les  acides  monobasiques  :  benzoïque,  cinnamique  et  salicyliquc, 
la  solubilité  moléculaire  est  sensiblement  la  même  dans  les  trois  alcools; 
les  chaleurs  de  dissolution  sont  aussi  très  rapprochées;  cependant  la  solu- 
bilité dans  l'alcool  éthylique  est  un  peu  plus  grande  que  dans  les  autres, 
en  même  temps  que  la  chaleur  de  dissolution  est  plus  petite. 

»  En  résumé,  dans  les  cas  étudiés,  nous  pouvons  conclure  de  l'examen 
de  ces  résultats  qu'il  y  a  une  correspondance  entre  la  solubilité  molécu- 
laire et  la  chaleur  de  dissolution,  qui  se  manifeste  de  la  façon  suivante  : 
la  variation  de  la  solubilité  moléculaire  entraine  une  variation  de  sens 
contraire  de  la  chaleur  de  dissolution.  » 


CHIMIE  organique.  —  Action  des  chlorures  des  acides  bibasiques  sur  f et lier 
cyanacétique  joofe';  Note  de  M.  l*.-Tn.  Miller,  présentée  par  M.  Friedel. 

«   M.  Haller  a  démontré  que  les  éthers  cyanacétiques  so  lés 

CHNa(CAz).C02R, 

fournissent  avec  les  chlorures  des  acides  monobasiques  des  composés 
[J-cétoniques  de  la  forme  R'.CO.CH(CAz).C02R,  composés  qui  se  com- 
portent comme  de  véritables  acides. 

»  Il  a  en  outre  fait  voir  que  les  éthers  (3-cétoniques  cyanés,  renfermant 
un  radical  aromatique,  se  dédoublent  sous  l'influence  de  l'eau  bouillante 
en  acétones  cyanées  et  acide  carbonique  : 

R.CO.CH(CAz).C02C2Hs  +  H20  =  R.CO.CH2.CAz  +  C2H5.OH  +  CO-. 

»  Ces  acétones  cyanées,  traitées  par  l'alcool  chlorhydrique,  lui  ont  en- 
suite permis  de  trouver  une  méthode  générale  de  synthèse  des  acides 
(î-cétoniques  : 

R.CO.CH2.CAz+C2H5.OH-t-HCl+H20=:R.CO.CH!î.C02C2H3+AzH4Gl. 

»  Le  but  du  travail  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  est 
d'étudier  l'action  des  chlorures  des  acides  bibasiques  sur  les  éthers  cyana- 
cétiques. Le  mode  opératoire  est  identique  à  celui  employé  par  M.  Haller 
et  la  réaction  s'accomplit  de  la  même  manière. 


(  n4o  ) 

»  On  a  fait  agir  les  chlorures  de  succinyle  et  de  phtalyle,  et  en  con- 
sidérant ces  corps  comme  dissymétriques,  on  peut  représenter  les  réac- 
tions de  la  façon  suivante  : 

CH-.CCPv  CAz 

i  )0  +  2CHNa.CÔ2C2Hs 

CFP.CO    / 

CAz  CAz 

=  aNaCl  +  CHî.COaCaris  -:-  CH2-C   N     =Cs 

i 
CIP.CO 


C02C-11' 


et 


r(]2  CAz 

CIL  ^O-i-  2CHNa.C0s(:ïHs 

CAz  c  =C( 

=  aNaCl  +  CH2-CO-C2IP  4-  C»H4<  r0/0 


CAz 
>C02C2H5 


»  Éther  succinocyanacétique.  —  Dans  un  ballon  muni  d'un  réfrigérant 
ascendant  on  introduit  deux  molécules  d' éther  cyanacétique  sodé  en  sus- 
pension dans  l'éther  anhydre;  on  ajoute  une  molécule  de  chlorure  de 
succinvle;  aussitôt  la  masse  jaunit  et  s'échauffe  un  peu.  On  achève  la  ré- 
action en  faisant  bouillir  au  bain-marie  pendant  une  heure  et  demie.  Puis 
on  filtre  rapidement,  on  lave  les  produits  restés  sur  le  filtre  avec  de  l'éther 
chaud,  on  ajoute  cet  éther  de  lavage  au  premier  éther  filtré  et  on  aban- 
donne au  repos  pendant  douze  heures.  La  liqueur  laisse  déposer  peu  à  peu 
un  produit  blanc  jaunâtre  formé  de  houppes  cristallines  enchevêtrées  qu'on 
recueille  sur  un  filtre.  En  lavant  deux  ou  trois  fois  ce  produit  à  l'éther 
chaud,  on  obtient  un  corps  parfaitement  blanc,  soluble  dans  le  chloroforme 
froid.  La  substance  cristallisée  dans  le  chloroforme  fond  à  i  25°-i26°. 

»   L'analyse  conduit  à  la  formule 

/CAz 
CH*-C  \     =C( 
i  )0        \C02C2H5. 

cip.co/ 

h  Ether phtalocyanacétique.  —  J'ai  fait  agir  de  la  même  manière  le  chlo- 
rure de  phtalyle  sur  l'éther  cyanacétique  sodé  en  suspension  dans  l'éther 
anhydre.  Le  produit  de  la  réaction,  étant  fort  peu  soluble  dans  l'éther,  reste 
en  majeure  partie  mélangé  au  chlorure  de  sodium  qui  se  forme  simultané- 
ment. Pour  l'isoler,  on  traite  plusieurs  fois  à  l'eau  froide,  en  essorant  à  la 


(  "/,I  ) 

trompe;  on  purifie  la  substance  en  lavant  à  l'éther  chaud,  puis  on  fait 
cristalliser  dans  le  benzène  ou  le  chloroforme.  L'analyse  conduit  à  la  for- 
mule 

CAz 
C  =C 

CMP  O  CO-C-H5. 

(  :o 

C'est  une  substance  blanche  qui  fond  vers  173°  en  se  décomposant. 

»   Sous  l'influence  de  l'eau  bouillante,  ces  corps  se  dédoublent  facilement 

en  acide  succinicjue  et  acide  phtalique  d'une  part,  et  en  éther  cyanacétique 

d'autre  part 

/CAz  CfP.COOH      /CAz 

CH2.C  =('/  +211-0  =  1  -+-CH2-C02C2H5. 

i  ()         \C02C2rP  CH2.COOH 

CI! -.(',() 

»  Si  l'on  prolonge  l'action  de  l'eau  bouillante,  l'éther  cyanacétique  est 
décomposé  à  son  tour  avec  dégagement  d'acide  carbonique  et  formation 
d'acétate  d'ammoniaque.  Il  est  probable  qu'il  se  produit  d'abord  de  l'acé- 
tonitrile,  lequel  fixe  ensuite  les  éléments  de  l'eau  pour  donner  naissance  à 
l'acétate  d'ammoniaque 

/CAz 

CII2.C02C2Hs  4-  H20  —  CH'.CÀz  +  CO2  +  C2H5.OH 
et 

CH'.CAz  h-  aH20  =  CH3.C02AzH\ 

»  Ces  composés  ne  se  comportent  donc  pas,  en  présence  de  l'eau, 
comme  ceux  obtenus  par  M.  liai  1er,  qui  se  dédoublent  en  acétones  cyanées 
et  acide  carbonique. 

»  Je  poursuis  l'étude  de  ces  dérivés  et  me  propose  de  faire  réagir  en 
outre  d'autres  chlorures  sur  l'éther  cyanacétique  sodé  ('  ).  » 


(')  Tra\  iil  fait   au   laboratoire  de  M.  Haller  (Faculté  des  Sciences  de  Nancy). 


(     M/|2     ) 


CHIMIE   VÉGÉTALE.   —   Sur  la  formation  des  nitrates  dans  la  tare. 
"Note  de  RI.  A.  Muntz,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«  Lorsqu'on  examine  la  terre  végétale,  on  constate  que  l'azote  oxydé 
sons  l'influence  des  micro-organismes  s'y  trouve  presque  en  totalité  à  l'état 
de  nitrates.  Les  nitrites  n'y  apparaissent  qu'en  très  minime  quantité  et 
d'une  façon  accidentelle.  Il  en  est  de  même  des  nilrières  naturelles  ou  ar- 
tificielles. Cependant,  lorsqu'on  introduit  les  organismes  nitrifiants  du  sol 
dans  les  milieux  de  culture  liquides,  en  usage  dans  les  laboratoires,  on  est 
trappe  de  l'abondance  des  nitrites  qui  se  produisent  alors,  conjointement 
avec  les  nitrates  et  souvent  à  l'exclusion  de  ces  derniers. 

»  Y  a-t-il  des  organismes  ayant  des  facultés  d'oxydation  différentes  et 
dont  les  uns  ont  une  action  prédominante  suivant  les  conditions  de  milieu? 
Y  a-t-il  dans  la  terre  des  réactions  qui  transforment  les  nitrites  en  nitrates 
à  mesure  de  leur  formation? 

»  Si  l'on  fait  intervenir,  dans  les  faits  qui  amènent  l'oxydation  de  l'azote, 
les  données  de  la  Thermochimie,  dues  à  M.  Berthelot  ('),  on  constate 
d'abord  que  la  combinaison  de  l'azote  et  de  l'oxygène  pour  former  l'acide 
nitreux,  qui  se  produit  avec  absorption  de  chaleur,  nécessite  l'intervention 
d'une  énergie  extérieure  et  l'on  s'explique  pourquoi,  parmi  les  organismes 
du  sol,  ceux  qui  sont  doués  d'aptitudes  spéciales  peuvent  seuls  réaliser  cette 
combinaison. 

»  Mais,  une  fois  le  premier  stade  de  l'oxydation  obtenu,  il  semble  que  la 
fixation  ultérieure  d'oxygène,  qui  doit  amener  l'acide  nitreux  à  l'état  d'acide 
nitrique,  soit  facile,  par  l'intervention  de  phénomènes  purement  chimi- 
ques ou  par  l'intermédiaire  des  organismes  ordinaires  de  la  combustion.  Il 
ne  faut  plus  alors,  en  effet,  l'apport  d'une  énergie  extérieure,  puisqu'il 
s'agit  de  réactions  exothermiques  énergiques,  pouvant  se  produire  sous 
l'influence  de  la  plus  légère  excitation. 

»  On  comprend  donc  que,  même  si  la  production  des  nitrites  est  la 
fonction  habituelle  des  agents  de  la  nitrification,  on  ne  retrouve  dans  la 
terre  que  des  nitrates,  dont  la  formation  serait  due  à  l'oxydation  des  ni- 
trites et  se  ferait  ainsi  en  deux  étapes,  au  lieu  de  se  faire  d'emblée,  comme 
on  pourrait  le  croire.  Ces  considérations  m'ont  conduit  à  étudier  les  con- 


(  '  )  Berthelot,  Mécanique  chimique  fondée  sur  la  Thermo-chimie,  l.  1,  p.  372. 


(  u43  ) 

flitions  dans  lesquelles  les  nitrites  se  transforment  en  nitrates  et  à  les  rat- 
tacher aux  phénomènes  naturels. 

>>  La  chaux  étant  la  base  universellement  combinée  aux  acides  qui  se 
forment  dans  la  terre,  c'est  sur  le  nitrite  de  chaux  que  j'ai  opéré.  Ce  sel, 
préparé  par  double  décomposition  entre  le  nitrite  d'argent  et  le  chlorure 
de  calcium,  était  employé  en  solution  très  étendue  (quelques  millièmes), 
c'est-à-dire  à  un  état  de  dilution  voisin  de  celui  qu'il  peut  avoir  dans  les 
liquides  du  sol. 

»  Action  directe  de  l'oxygène.  —  On  pouvait  être  tenté  d'attribuer  la 
transformation  du  nitrite  en  nitrate,  au  simple  contact  de  l'oxygène,  qui 
est  toujours  présent  dans  l'atmosphère  du  sol.  On  sait  avec  quelle  avidité 
l'acide  nitreux  libre  absorbe  ce  gaz,  pour  se  transformer,  par  une  série  de 
réactions  bien  connues,  en  acide  nitrique.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même 
des  nitrites.  Dans  mes  essais,  le  sel  de  chaux  en  solution  très  étendue, 
oflrant  une  grande  surface  au  contact  de  l'air,  est  resté  inaltéré  indéfini- 
ment; même  après  six  mois,  aucune  trace  d'oxydation  ne  s'était  produite. 
Il  n'y  a  donc  pas  une  oxydation  directe  des  nitrites. 

»  Action  de  l'acide  carbonique .  —  La  combustion  incessante  qui  s'exerce 
au  sein  de  la  terre  donne  naissance  à  de  grandes  quantités  d'acide  carbo- 
nique. Ce  gaz  exerce-t-il  une  action  sur  les  nitrites?  En  faisant  passer  dans 
une  solution  étendue  de  nitrite  de  chaux  de  l'acide  carbonique  pur,  obtenu 
en  chauffant  du  bicarbonate  de  soude,  j'ai  constaté  que  de  l'acide  nitreux 
est  mis  en  liberté,  entraîné  par  le  courant  gazeux  et  qu'il  se  forme  du  car- 
bonate de  chaux.  Lorsque  l'acide  carbonique  est  pur  et  le  courant  gazeu\ 
rapide,  on  peut  obtenir  en  très  peu  de  temps  cette  décomposition,  qui 
devient  beaucoup  plus  lente  lorsque  l'acide  carbonique  est  dilué  dans  un 
gaz  inerte. 

»  L'acide  carbonique  a  besoin  d'intervenir  en  grandes  quantités;  il  agit 
par  sa  masse;  la  réaction  tend  vers  un  équilibre  sans  cesse  rompu  par  le 
départ  de  l'acide  nitreux  et  peut  donc  devenir  intégrale. 

»  Action  simultanée  de  l'acide  carbonique  et  de  l'oxygène.  —  Puisque 
l'acide  carbonique  met  en  liberté  l'acide  nitreux  et  que  ce  dernier  se  com- 
bine directement  à  l'oxygène,  on  doit  s'attendre  à  voir  les  nitrites  se  trans- 
former en  nitrates  sous  l'action  de  ces  deux  gaz  agissant  ensemble.  En 
effet,  en  faisant  passer  dans  une  solution  de  nitrite  de  chaux  un  mélange 
d'air  et  d'acide  carbonique,  analogue  à  l'atmosphère  du  sol,  le  nitrite  est 
oxydé  et  se  transforme  finalement  en  nitrate. 

»   Le  nitrite  ne  saurait  donc  longtemps  persister  dans  la  terre,  puisque 


(  i i44  ) 

l'acide  carbonique  et  l'oxygène  s'y  trouvent  toujours  en  contact  avec  lui. 
Aussi,  en  ajoutant  du  nitrite  au  sol,  le  voit-on  rapidement  disparaître  en 
donnant  naissance  à  du  nitrate. 

»  Pour  m'assurer  que  cette  oxydation  peut  se  faire  indépendamment 
des  organismes  de  la  nitrification,  j'ai  incorporé  du  nitrite  de  chaux  à  de  la 
terre  qui  avait  été  chauffée  pendant  une  demi-heure  à  ioo°,  dans  laquelle, 
par  suite,  ces  organismes  si  peu  résistants  étaient  tués,  mais  qui  en  conte- 
nait encore  beaucoup  d'autres,  que  cette  température  ne  détruit  pas,  ca- 
pables de  produire  de  l'acide  carbonique  par  la  combustion  de  la  matière 
organique. 

»  Dans  ces  conditions,  l'oxydation  du  nitrite  se  produit  encore  et  de- 
vient complète  en  quelques  jours. 

»  Il  résulte  de  ces  recherches  que  la  rareté  des  nitrites  dans  le  sol,  qui 
semble  en  contradiction  avec  l'abondance  des  ferments  nitreitx,  tient  à 
l'oxydation  rapide  des  nitrites  par  l'action  simultanée  de  l'acide  carbonique 
et  de  l'oxygène,  toujours  présents  dans  l'atmosphère  confinée  entre  les  par- 
ticules terreuses. 

»  On  sait  que  cet  acide  carbonique  est  le  résultat  de  la  combustion  des 
matières  organiques,  produite  par  les  organismes  nombreux  qui  peuplent 
le  sol.  C'est  encore  à  l'intervention  d'êtres  inférieurs,  mais  qui  sont  diffé- 
rents de  ceux  de  la  nitrification,  qu'est  due  l'oxydation  finale  des  nitrites, 
c'est-à-dire  leur  transformation  en  nitrates. 

»  L'existence  des  nitrates  n'implique  donc  nullement  celle  d'un  ferment 
nitrique  et  l'on  peut  se  demander  si  la  fonction  générale  de  ces  organismes, 
qui  ont  la  faculté  spéciale  de  fixer  l'oxygène  sur  l'azote,  n'est  pas  celle  de 
ferments  nitreux,  s'arrètant  à  la  production  des  nitrites,  dont  des  réactions 
ultérieures,  auxquelles  contribuent  l'ensemble  des  êtres  microscopiques 
vivant  dans  le  sol,  achèvent  l'oxydation.    » 


l'HYSlQUE  DU  GLOBE.  —  Considérations  sur  les  eaux  abyssales. 
Note  de  M.  J.  Thoulet. 

«  L'étude  comparée  des  six  cent  quatre-vingt-cinq  densités  absolues 
d'eaux  de  mer,  c'est-à-dire  ramenées  à  la  même  température  normale 
(i5,5G°C),  prises  pendant  la  campagne  du  Challenger  et  se  rapportant  à 
cent  huit  séries  dont  chacune  s'étend  du  fond  de  l'Océan  jusqu'à  sa  sur- 
face, la  discussion  des  résultats  de  sondages  profonds  obtenus  par  la  Pola 


(  "V>  ) 
en  1890,  les  diverses  théories  et  expériences  relatives  à  la  formation  sous- 
marine  des  calcaires  par  voie  chimique  avec  l'intervention  nécessaire  des 
êtres  vivants,  les  diverses  observations  et  expériences  d'océanographie 
synthétique  dont  je  m'occupe  depuis  plusieurs  années  relativement  à  la 
chute  des  argiles  et  à  l'existence  au  sein  des  océans  de  deux  zones  super- 
posées d'eaux  en  repos  et  d'eaux  en  mouvement,  sont  toutes  d'accord  avec 
l'hypothèse  ci-après. 

»  La  surface  océanique,  soumise  aux  variations  climatériques,  est  le 
siège  d'une  évaporation  et  d'un  échaufferaient  plus  ou  moins  intenses;  les 
variations  qui  en  résultent  dans  la  densité  réelle  et  dans  la  composition 
chimique  des  eaux  ajoutées  à  l'action  mécanique  exercée  par  les  vents 
donnent  lieu  à  des  courants  marins  horizontaux,  plus  ou  moins  verticaux, 
se  croisant  entre  eux  ou  se  superposant  avec  des  vitesses  et  des  directions 
diverses.  Leur  ensemble  constitue  la  circulation  océanique  qui  s'effectue 
tout  entière  dans  une  zone  superficielle  d'une  épaisseur  voisine  de  cinq 
cents  brasses. 

»  Faisant  abstraction  des  divers  autres  modes  de  remplissage  du  bassin 
océanique,  en  conséquence  de  l'évaporation  de  surface,  les  substances  peu 
solubles  contenues  en  solution  dans  les  eaux  marines  et  apportées  à  l'Océan 
par  les  eaux  douces  beaucoup  plus  dissolvantes  atteignent  à  une  certaine 
profondeur  leur  limite  de  solubilité  et  se  précipitent. 

»  Devenues  solides,  elles  descendent  verticalement,  pénètrent  dans  la 
zone  calme,  franchissent  rapidement  et  sans  se  dissoudre  les  couches  in- 
termédiaires tranquilles  et  parviennent  sur  le  sol  sous-marin.  Entourées 
d'eaux  immobiles,  devenues  maîtresses  du  temps,  elles  se  dissolvent  et 
augmentent  la  proportion  de  sels  contenus  dans  la  couche  d'eau  la  plus 
profonde  immédiatement  en  contact  avec  le  sol.  Alors  intervient  la  diffu- 
sion qui,  avec  une  lenteur  extrême,  augmente  progressivement  la  salinité 
des  eaux  sus-jacentes  et  en  même  temps  permet  aux  couches  contigués  au 
sol  de  n'être  point  saturées,  et  par  conséquent  de  continuer  à  dissoudre 
les  nouveaux  matériaux  qui  leur  arrivent  sans  cesse.  Le  sol  sous-marin  est 
donc  une  sorte  de  foyer  d'activité  chimique  alimenté  par  des  phénomènes 
de  surface  et  rayonnant  avec  une  grande  lenteur  vers  la  surface. 

»  La  véritable  zone  d'activité  chimique  est  immédiatement  contiguë  au 
fond  et  son  épaisseur  ne  dépasse  pas  une  centaine  de  brasses. 

»  L'activité  chimique  du  fond,  conséquence  de  la  concentration  îles  eaux 
sus-jacentes,  dépend  du  climat  de  la  surface. 

«    Des  pôles  à  l'équateur,  dans  chaque  hémisphère,  en  suivant  le  fond, 

C.   R.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CXII,   IN'  20.)  l49 


(   .i46  ) 

les  densités  absolues  sont  variables.  Ce  fait  confirme  la  non-existence  d'une 
circulation  verticale  océanique  profonde. 

)>  Au  fond,  en  des  points  extrêmement  voisins,  la  composition  chimique 
de  l'eau  peut  être  très  différente.  Et,  dans  une  même  région,  les  eaux  des 
creux  les  plus  profonds  n'ont  pas  toujours  la  plus  forte  densité  absolue. 
Il  en  résulte  que  dans  l'Océan  actuel,  au  point  de  vue  spécial  considéré  ici, 
les  dépôts  sont  localisés;  leur  répartition,  leurs  dimensions,  leur  épaisseur 
considérable,  faible  ou  nulle,  dépendent  moins  du  temps  que  de  circon- 
stances intérieures. 

»  L'étude  des  variations  de  la  densité,  de  l'évaporation,  du  régime  des 
pluies  et  des  vents  à  la  surface  de  l'Océan,  s'impose.  La  Météorologie  se 
lie  étroitement  à  l'Océanographie  comme  l'Océanographie,  qui  est  la  Géo- 
logie du  présent,  se  lie  à  la  Géologie  du  passé.  » 


BOTANIQUE.  —  Sur  le  genre  Royena,  de  la  famille  des  Êbénacees. 
Note  de  M.  Paul  P.vrmextier,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  J'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  des  Sciences  un  compte 
rendu  historique,  très  sommaire,  extrait  des  recherches  monographiques 
et  histologiques  que  je  fais  en  ce  moment  sur  la  famille  des  Ebénacees  et  en 
particulier  sur  le  genre  Royena,  recherches  qui  m'ont  été  suggérées  par  la 
lecture  d'un  très  remarquable  Mémoire  de  M.  J.  Vesque  ('). 

»  La  famille  des  Ébénacées  comprend  les  genres  Royena,  Euclea,  Maba, 
Ihospyros  et  Tetraclis,  avec  environ  25o  espèces. 

»  J'admets  que  toutes  les  espèces  du  genre  Royena  descendent  d'une 
môme  souche,  d'un  seul  groupe  nodal  composé  de  deux  espèces,  les 
7?.  lucida  L.  et  coi  data  E.  Mev.,  adaptées  à  des  conditions  moyennes,  c'est- 
à-dire  ni  trop  hélioxérophiles  ni  trop  hélioxérophobes.  Ces  deux  espèces 
sont  probablement  variables  quant  à  leurs  caractères  épharmoniques  quan- 
titatifs et  essentiellement  cultivables,  parce  que  nos  moyens  de  culture  ne 
permettent  guère  que  la  réalisation  de  ces  conditions  moyennes. 

»  Ces  plantes  diffèrent  entre  elles  par  la  forme  des  feuilles,  l'immergence 
du  faisceau  de  la  nervure  médiane  chez  Tune  d'elles  et  la  forme  des  sto- 
mates. 


(')  J.  Vesque,  Caractères  des  principales  familles  gamopétales,  tirés  de  l'anato- 
mie  de  la  feuille  {Annales  des  Sciences  naturelles.  -"  série,  t.  I,  p.  263  ). 


(  "47  ) 

»  A  ce  groupe  se  rattache  directement  le  fi.  sessilifolia  Hiern,  particu- 
lièrement voisin  du  fi.  cordataE.  Mey.  et  différant  du  groupe  nodal  :  i°par 
ses  fleurs  dioïques,  toutes  les  autres  espèces  connues  ayant  des  fleurs  her- 
maphrodites ou  subhermaphrodites;  et  i°  par  son  épidémie  onduleux. 
Étant  donné  que  ce  dernier  caractère  est  isolé  dans  le  genre  et  que  les  épi- 
dermes  des  autres  espèces  sont  très  semblables  entre  eux,  surtout  quant 
à  l'apparence  collenchymatoïde  des  parois  verticales,  il  convient  de  lui  ac- 
corder ici,  et  exceptionnellement,  une  valeur  plus  grande,  cela,  avec  d'au- 
tant plus  de  raison  qu'il  coïncide  avec  la  dioïcité  des  fleurs.  Cette  branche 
dérivée  ne  va  pas  plus  loin;  aucune  des  autres  espèces  du  genre  ne  possède 
d'affinité  plus  grande  avec  le  fi.  sessilifolia  qu'avec  le  groupe  nodal  lucida- 
cordata. 

»  Les  trois  plantes  que  je  viens  d'étudier  ont  des  feuilles  assez  grandes, 
d'aspect  ordinaire;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  des  autres.  Il  semble  cer- 
tain que  les  autres  espèces  se  sont  adaptées  à  la  sécheresse  par  la  réduc- 
tion du  système  transpirateur  des  feuilles.  Mais,  malgré  cette  similitude, 
il  ne  sera  pas  permis  de  les  faire  partir  du  groupe  nodal  suivant  une  seule 
ligne  de  différenciation.  Une  espèce,  malgré  la  réduction  de  la  surface  de 
la  feuille,  devient  héliophobe,  perd  ses  cellules  en  palissades  et  ses  cris- 
taux d'illumination ('  )  ;  c'est  le  //.  glabra  L.  (qui  n'est  pas  glabra  mais  sub- 
glabrala). 

»  D'un  autre  côté,  j'ai  une  série  de  trois  espèces  niicrophylles  de  plus 
en  plus  hclioxérophiles,  se  rattachant  manifestement  au  groupe  nodal  et 
formant,  à  partir  du  fi.  lucida  jusqu'au  H.  hirsuta  L.,  une  série  insensi- 
blement exagérée  dans  ses  tendances.  Il  serait  possible,  à  la  rigueur, 
que  le  fi.  glabra  descendit  de  cette  série  et  non  du  groupe  nodal,  à  cause 
de  la  microphyllie,  mais  l'inverse  est  invraisemblable;  car,  si  le  fi.  rnicro- 
phylla  Ecltl.  descendait  du  fi.  glabraE.,  ce  dernier  aurait  dû  préalablement 
perdre  ce  qu'il  avait  acquis,  c'est-à-dire  l'homogénéité  du  mésophylle,  ce 
qui  l'aurait  ramené  au  groupe  nodal.  Ce  tissu,  dans  le  //.  microphylla, 
ressemble,  en  effet,  beaucoup  à  celui  des  fi.  lucida  et  fi.  corda  ta.  D'un 
autre  côté,  les  trois  espèces  en  question  ont  des  poils  subramifiés  et  elles 
sont  les  seules  dans  ce  cas,  alors  que  le  />.  glabra  a  des  poils  simples  :  il 
est  donc  presque  certain  que  les  deux  branches,  glabra  d'une  part,  micro- 


(')  Grands  cristaux  ordinairement  simples,  logés  dans  le  parenchyme  en  palissades 
et  tj ni  réfléchissent  la  lumière  vers  les  tissus  assimilateurs  voisins.  La  découverte  de 
leur  fonction  et  leur  nom  sont  dus  a  M.  Penzie. 


(  "48  ) 

phylla-angustifolia-hirsiita  d'autre  part,  sont  indépendantes.  Ce  fait  assure 
au  goupe  nodal  lucida-cordala  la  position  centrale  que  je  lui  ai  donnée 
dès  le  début  et  de  propos  délibéré.  Il  me  semble,  en  effet,  qu'il  était  dif- 
ficile de  procéder  autrement. 

»  Maintenant  je  considère  de  plus  près  la  série  en  question.  Le  R.  mi- 
crophylla  est  un  R.  lucida  microphylle.  Le  R.  angustifolia  Willd.  est  un  R. 
microphylla  héliophile,  à  fort  mésophylle  et  à  palissades  beaucoup  plus 
allongées;  il  pourrait  n'en  être  qu'une  variété,  puisque  son  épharmonie 
est  qualitativement  la  même.  Le  R.  hirsuta  L.  exagère  son  héliophilie  par 
le  mésophylle  franchement  subcentrique,  avec  les  palissades  sur  les  deux 
faces  de  la  feuille. 

»  Il  n'est  pas  possible  de  faire  partir  le  R.  lycioides  Desf.  d'une  autre 
espèce  que  du  groupe  nodal  lucida-cordata  :  nouvelle  et  dernière  preuve 
de  la  position  centrale  de  ce  groupe  nodal.  Ses  feuilles  sont  intermédiaires 
entre  les  grandes  et  les  petites,  et  ici  l'histologie  Aient  confirmer  aussi 
nettement  qu'on  peut  le  désirer  les  différences  morphologiques.  Seul,  de 
tous,  il  a  un  style  3-5  fide,  au  lieu  de  2-fide  et  un  ovaire  6-io-loculaire  au 
lieu  de  4-loculaire;  seul  aussi,  il  a  sur  les  vaisseaux  du  bois  secondaire  des 
ponctuations  simples  au  lieu  d'aréolées,  et  dans  ces  vaisseaux  des  dia- 
phragmes scalariformes  au  lieu  de  diaphragmes  percés  simplement  d'un 
trou  rond.  Nous  avons  donc  affaire  à  une  quatrième  branche  distincte. 

»  En  somme,  autour  du  groupe  nodal  lucida-cordata,  trois  branches 
monotypes  :  i°  sessdifolia,  i°  glabra,  3°  lycioides  et  une  quatrième  branche 
composée  de  trois  espèces  :  microphylla,  angustifolia,  hirsuta.  » 


BOTANIQUE.  —  Sur  un  Rasidiomycële  inférieur,  parasite  des  grains  de  raisin. 
Note  de  MM.  Pierre  Viala  et  G.  Boyer,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  Des  phénomènes  très  particuliers  d'altération  des  grains  de  raisin, 
indépendants  des  parasites  actuellement  connus,  se  sont  produits,  de  1882 
à  1 885,  dans  la  Bourgogne  et  ont  été  constatés,  en  1882,  dans  les  vignobles 
de  Thomery.  La  maladie  s'est  développée  sur  des  vignes  en  treille,  princi- 
palement sur  le  Frankenthal  et  les  Chasselas.  Elle  a  causé  quelques  dégcâts 
en  1882;  mais,  depuis  cette  époque,  elle  n'a  eu  aucune  gravité.  M.  J.  Ri- 
caud,  qui  a  appelé  notre  attention  sur  elle,  ne  l'a  observée  qu'accidentel- 
lement dans  ces  dernières  années. 

»   Cette  maladie  se  développe  pendant  les  années  humides,  surtout  aux 


(  "49  ) 
mois  de  septembre  et  d'octobre,  au  moment  de  la  véraison  ou  lorsque  les 
raisins  sont  presque  mûrs.  Les  grains  présentent  d'abord  une  petite  tache 
sombre  sur  un  point  quelconque;  cette  tache  s'étend  et  devient  livide;  puis 
la  peau  se  déprime  et  s'affaisse  sur  une  étendue  égale  au  plus  au  tiers  de  la 
surface  du  grain  de  raisin,  qui,  mou  et  juteux,  se  ride  et  se  dessèche.  La 
partie  creusée  du  raisin  est  parsemée,  avant  qu'il  soit  ridé,  de  petites 
pustules  isolées  et  d'un  blond  doré,  qui  forment  de  petits  bouquets  peu 
consistants,  veloutés,  d'une  hauteur  de  iio[j.  à  200;j.. 

»  Les  petits  bouquets  blonds  sont  l'organe  fructifère  du  Champignon 
qui  cause  l'altération.  Le  mycélium,  très  abondant  dans  toute  la  pulpe,  est 
très  ramifié,  cloisonné,  à  pourtour  régulièrement  sinueux,  à  contenu 
homogène  et  granuleux.  Il  est  toujours  filamenteux,  incolore  au  niveau 
des  pépins,  d'un  jaune  clair  vers  la  peau;  il  mesure  i  <j., 8  de  diamètre.  Les 
branches  mycéliennes  émergent  en  grand  nombre  à  l'extérieur  du  raisin, 
dans  des  directions  réciproques  obliques  ou  parallèles.  Elles  éclatent  l'épi- 
derme  et  la  cuticule  qui  forment  bordure  autour  des  bouquets  blonds; 
ceux-ci  constituent  un  hvménium  filamenteux. 

»  Les  basides  portées,  à  diverses  hauteurs,  par  les  nombreuses  branches 
mycéliennes  ramifiées  à  l'extérieur  du  raisin,  forment  un  ensemble  peu 
consistant  et  non  un  stroma  dense  et  continu.  Elles  sont  intercalées  avec 
quelques  branches  mycéliennes  à  sommet  terminal  stérile.  La  baside  ter- 
mine le  filament  mycélien;  un  seul  filament  peut  porter  deux  ou  trois 
basides,  formées  par  ramification  dichotomique,  ou  alternes  à  diverses 
hauteurs,  et  obliques  les  unes  par  rapport  aux  autres.  L'extrémité  du  tube 
mycélien,  séparée  par  une  cloison,  se  renfle  progressivement.  La  baside 
est,  par  suite,  arrondie  à  son  sommet,  rétrécie  et  confondue  à  sa  base  avec 
le  mycélium;  elle  est  remplie  d'un  protoplasma  grumeux  et  vacuolaire 
d'un  jaune  brun.  Quelques  rares  basides  sont  aplaties  en  forme  de  raquette. 
Le  diamètre  moyen  des  basides  au  sommet  est  de  5  y.;  leur  hauteur  jusqu'à 
la  première  cloison  est  de  16  <j.. 

»  Sur  la  surface  sphérique  du  sommet  des  basides  naissent  de  minus- 
cules stérigmates  incolores,  sortes  de  pointes  visibles  à  de  forts  grossisse- 
ments. Les  spores  apparaissent  à  leur  extrémité  sous  forme  de  petits  bou- 
tons blancs;  elles  sont  au  nombre  assez  constant  de  G,  parfois  de  4  ou 
de  i,  plus  rarement  au  nombre  de  7,  5,  3.  Il  n'y  a  pas  fixité  normale  dans 
le  nombre. 

»  Les  spores  mûres  sontallongées,  cylindriques,  arrondies  à  leurs  extré- 
mités. Leur  face  interne  est  faiblement  curviligne  et  leur  base  d'insertion 


(  n5o  ) 

est  légèrement  plus  arrondie  que  leur  sommet;  les  stérigmates  sont  insérés 
un  peu  sur  le  côté  de  la  base  de  la  spore,  non  loin  du  centre.  Les  spores 
ont  une  longueur  de  6(j.,25  et  un  diamètre  de  i;;.,5.  Leur  membrane  est 
lisse,  leur  contenu  homogène  et  finement  granuleux,  leur  coloration  d'un 
blond  très  clair. 

«  Les  caractères  particuliers  de  l'hyménium  filamenteux,  de  la  disposi- 
tion des  basides,  ceux  de  la  forme,  de  la  coloration  et  de  la  variation  du 
nombre  des  spores,  nous  autorisent  à  créer,  dans  le  groupe  des  Hypochnëes, 
un  genre  pour  cette  nouvelle  espèce  parasite,  que  nous  nommons  Aureoba- 
sidium  Vitis.  Il  n'a  pas  été  signalé  de  parasites  dans  la  famille  des  Hjpo- 
chnées  et  les  Exobasidiées  diffèrent  essentiellement  de  l'A.  Vitis.  » 


GÉOLOGIE.  —   Sur  un  faciès  particulier  du  Crétacé  dans  le  massif  du  Bou- 
Thaleb  {Algérie).  Note  de  M.  E.  Ficheur,  présentée  par  M.  Daubrée. 

«  Les  terrains  crétacés  du  massif  du  Bou-Thaleb  (  sud  de  Sétif)  pré- 
sentent un  des  ensembles  les  plus  complets  que  l'on  puisse  observer  en 
Algérie.  Les  principales  assises  sont  fossilifères,  et  la  division  en  étages, 
établie  par  les  remarquables  observations  de  M.  Brossard,  a  été  complétée 
par  les  recherches  de  M.  Péron. 

»  Dans  l'étude  que  j'ai  faite  de  cet  important  massif,  pour  le  service  de 
la  Carte  géologique,  j'ai  pu  observer  en  particulier  deux  faits  d'une  cer- 
taine importance  :  i°  l'existence  de  calcaires  à  rudistes,  véritables  récifs 
inclus  dans  le  Cénomanien;  -i"  la  situation  stratigraphique,  à  la  base  du 
Sénonien,  d'une  puissante  assise  de  poudingues,  amas  caillouteux  à  faciès 
de  dépôts  miocènes,  qui  occupent  une  position  remarquable  dans  la  partie 
nord  du  massif. 

»  I.  Le  Crétacé  inférieur,  depuis  les  premières  assises  du  Néocomien  à 
Belemnites  lalus  et  Ammonites  ferrugineuses,  présente  une  série  complète 
dont  la  succession  a  été  nettement  définie  et  qui  s'étend  en  pendage 
inverse  sur  les  deux  versants,  en  formant  à  l'est  un  pli  anticlinal  bien 
marqué. 

»  Au-dessus,  le  Gault  se  montre  concordant  sur  le  versant  nord;  ses 
calcaires  et  marnes,  avec  un  niveau  phosphaté,  sont  caractérisés  par  une 
faune  d'Ammonites  et  d'Echinides. 

»  L'étage  cénomanien  n'existe  bien  défini,  sur  le  versant  nord,  que 
dans  la  partie  orientale,  aux  flancs  du  Djebel  Mouéssa,  principalement  au 


(  n5i  ) 
nord  de  la  maison  forestière  d'Aïn-Tinzert,  à  8km  au  nord-est  de  la  maison 
principale  de  l'Afghan.  La  superposition  des  couches  est  régulière,  avec 
inclinaison  constante  au  nord  ;  à  partir  de  la  maison  forestière,  on  observe  : 

»    i°  Calcaires  à  Réquiénies  et  Orbitolines  (Rhodanien); 

»   20  Gault  :  calcaires  et  marnes  à  Amm.  varicosus,  Epiaster  incisas,  etc. 

»  3°  Marnes  grises  et  marno-câlcaires  riches  en  fossiles  (Ostrea  flabel- 
lata,  0.  Marmeti,  0.  syp/tax,  Trigonia  distans,  Ammon.  Mantelli,  Hemiaster 
Heberti,  etc.),  renfermant  en  abondance  des  polypiers,  parmi  lesquels  domi- 
nent Epismdia  cornucopia,  Epism.  qfricana,  Trochosmilia  batnensis.  —  Cé- 
nomanien  bien  défini. 

»  4°  Calcaires  durs,  blancs,  compacts,  à  stratification  inégale,  formant 
un  puissant  rocher  escarpé  (kef  Malah)  ;  ils  se  montrent  formés  de  débris 
de  rudistes,  dont  les  individus  entiers  sont  difficiles  à  dégager;  quelques 
spécimens,  recueillis  sur  les  pentes,  me  paraissent  se  rapporter  au  genre 
Caprintila. 

»  5°  Au-dessus,  en  concordance,  alternances  marno-calcaires  à  Ostrea 
a) 'ricana,  0.  Larteti,  0.  Delettrei,  etc.,  indiquant  toujours  le  Cénomanien. 

»  Les  calcaires  4,  puissants  au  maximum  de  plus  de  8om,  forment  une 
zone  lenticulaire,  d'une  étendue  de  2km  à  3km,  atténuée  progressivement  à 
l'est  et  terminée  presque  brusquement  à  l'ouest,  où  les  couches  5  viennent 
se  superposer  à 3,  formant  un  ensemble  puissant  de  plus  de  3oom.  Ce  Céno- 
manien se  rattache  au  nord  aux  îlots  bien  définis  de  la  plaine  des  Rirha. 

»  A  l'ouest,  d'autres  îlots  semblables  de  calcaires  à  rudistes  reparaissent 
au  milieu  du  Cénomanien  dans  des  conditions  identiques,  qui  ne  peuvent 
laisser  aucun  doute  sur  l'existence  de  récifs  au  sein  des  dépôts  marno-cal- 
caires du  Cénomanien. 

»  II.  Au-dessus  de  ce  terrain,  et  formant  couronnement  en  discordance 
très  nette  au  kef  Abeda,  se  montrent  des  poudingues  à  éléments  calcaires 
et  gréseux,  qui  s'étendent  transgressivement  sur  les  couches  du  Gault  et  de 
1  étage  rhodanien.  Ces  poudingues,  partiellement  démantelés,  se  dévelop- 
pent à  l'ouest  sur  le  flanc  du  kef  Makrouge,  en  discordance  sur  le  Céno- 
manien, dont  les  couches  arasées  s'atténuent  peu  à  peu  jusqu'à  disparaître. 

»  Ces  conglomérats  viennent  ainsi  se  mettre  en  relation  avec  le  Gault, 
près  de  la  maison  forestière  de  l'Afghan;  cette  situation  a  pu  les  faire  attri- 
buer à  la  partie  supérieure  de  cet  étage,  par  les  précédents  observateurs. 

»  On  suit  en  continuité  vers  le  sud-ouest,  ces  poudingues  puissants,  à 
coloration  rouge  parfois  très  accusée,  qui  traversent  en  écharpe  toute  la 
première  chaîne,  s' élevant  depuis  le  ravin  de  l'oued  Aras  jusqu'à  la  crête, 


(     I  T  T2     ) 

qu'ils  traversent  pour  s'étendre  au  pied  de  l'arête  jurassique.  Dans  cetle 
zone,  on  les  voit  recouvrir  successivement  les  couches  du  Gault,  puis  les 
assises  du  Crétacé  inférieur  pour  s'appliquer  sur  le  flanc  des  terrains  juras- 
siques, au  nord  du  village  d'Anouel.La  superposition  directe,  avec  l'érosion 
inégale  des  couches  sous-jacentes,  que  l'on  peut  observer  dans  tous  les  ra- 
vins, ne  laisse  aucune  place  à  l'hypothèse  d'une  faille  de  contact.  De  mes 
observations  résulte  l'évidence  d'un  puissant  phénomène  d'arasement  des 
assises  émergées  du  Néocomien  ou  Cénomanien,  suivi  du  transport  vio- 
lent des  débris  de  toutes  ces  roches  qui  ont  constitué  le  poudingue.  Ces  con- 
glomérats rouges  s'étendent  ici  sur  plus  de  3okm  ;  on  les  retrouve  de  chaque 
cùlé  de  l'oued  Soubella,  d'où  ils  se  poursuivent  vers  l'ouest.  Ils  se  montrent 
également  sur  le  versant  sud,  au  Foum-Anouel. 

»  Au-dessus  viennent  des  couches  irrégulières  de  grès  et  argiles  rouges 
formant  passage  à  une  assise  de  marnes  et  calcaires,  qui  se  montrent  en 
bancs  puissants,  d'une  stratification  remarquable,  sur  le  flanc  du  Djebel 
Bou-Iche  et  sur  toute  la  crête  qui  forme  barrière  à  l'oued  Aras. 

»  L'âge  de  ces  calcaires  est  indiqué  par  les  fossiles,  assez  rares  du  reste, 
que  j'ai  recueillis  en  plusieurs  points,  notamment  à  la  crête,  à  l'est  du 
Djebel  Bou-Iche,  près  de  la  maison  forestière  d'Aïn-Tafrint.  Entre  autres  : 
Ostrea  Matheroni,  0.  cornu  arielis,  Natica  Gcrvaisi,  Nerita  Fourneli,  Flemi- 
pneustes  n.  sp.,  et  un  moule  de  gros  Cérithe,  variété  du  Cerithium  Encelades, 
de  Medjès-el-Fonkani. 

»  Au  nord  de  la  maison  forestière  de  l'Afghan,  on  trouve  :  Ostrea  cornu 
arietis,  Natica  Ge?vaisi,  Pterocera  Fourneli,  Pterocera  Cotteani,  etc. 

»  Cette  forme  établit  suffisamment  l'âge  sénonien  de  ces  calcaires.  Il  me 
paraît  impossible  de  voir  dans  les  poudingues  sous-jacents  et  concordants 
autre  chose  que  la  base  delà  formation  sénonienne. 

»  La  discordance  avec  le  Cénomanien,  après  le  démantèlement  de  ses 
couches,  est  l'indice  d'une  lacune  qui  explique  le  retour  violent  de  la  mer 
et  la  formation  des  poudingues.  Rien  ne  me  parait  représenter  l'étage 
turonien,  auquel  on  a  sans  doute  rattaché  les  calcaires  à  rudistes  décrits 
ci-dessus. 

»  Je  puis  rapprocher  ce  fait  de  l'indépendance  du  Sénonien  et  du 
Cénomanien  des  observations  analogues  que  j'ai  signalées  dans  la  région 
d'Aïn-Bessem,  et  que  j'ai  reconnues  comme  la  règle  constante  dans  la 
Ivabylie  de  Sétif.  La  fin  du  dépôt  de  la  Craie  moyenne  a  donc  été  marquée 
en  Algérie  par  la  production  de  phénomènes  dynamiques  d'une  intensité 
considérable.    » 


I  11 


GÉOLOGIE.  —  Gisement  de  néphrite  exploité  en  Chine,  dans  la  chaîne  de 
montagnes  de  Nan  Chan.  Extrait  d'une  lettre  adressée  par  M.  Martix  à 
M.  Daubrée,  en  date  du  ">  janvier  1891  . 

«  A  mon  retour  du  Koukou-nor  et  en  traversant  la  grande  chaîne  de 
montagnes  de  Nan  Chan,  j'ai  fait  une  curieuse  et  importante  découverte 
géologique.  Il  s'agit  de  la  néphrite. 

»  Depuis  quelque  temps,  j'avais  remarqué  que  les  torrents  charriaient 
des  roches  d'un  caractère  très  différent  de  celles  que  j'avais  recueillies 
auparavant.  Il  y  en  avait  de  toutes  les  couleurs,  vert  mat,  vert  d'eau, 
blanc  mat,  blanc  de  lait,  et  aussi  très  transparent,  jaune  de  soufre,  etc. 

»  Après  maintes  recherches  que  je  fis  en  remontant  et  descendant  le 
cours  de  plusieurs  torrents,  j'arrivai  à  découvrir,  et  cela  d'une  façon  tout 
à  fait  inattendue,  un  magnifique  filon  très  bien  encaissé  au  milieu  d'une 
autre  roche  assez  friable.  Ce  filon,  caché  au  milieu  des  broussailles,  est 
d'un  vert  mat;  mais,  après  de  minutieuses  recherches,  je  parvins  à  décou- 
vrir la  véritable  néphrite,  aussi  belle  que  celle  de  Sibérie  que  M.  Aliberl 
vous  a  rapportée  et  que  j'ai  rencontrée  à  l'ouest  du  lac  Baïkal.  C'est  à  la 
suite  d'une  chasse  où  je  tuai  un  énorme  mouflon,  lequel,  avant  roulé  au 
tond  d'un  ravin,  vint  s'abattre  parmi  les  roches  que  je  viens  de  vous 
signaler.  Plus  tard,  à  la  suite  de  mon  séjour  dans  les  villes  de  Kan  tcheou 
et  de  In  tcheou,  j'ai  pu  me  convaincre  que  l'on  faisait  un  grand  commerce 
de  ces  pierres. 

»  En  continuant  mes  explorations  géologiques  sur  le  versant  nord  de  la 
chaîne  de  montagnes  de  Nan  Chan,  j'ai  remarqué,  presque  dans  chaque 
village,  un  grand  nombre  de  paysans  qui  travaillent  ces  pierres  et  en  fabri- 
quent pour  l'usage  des  Chinois  des  objets  dont  quelques-uns  ont  une 
grande  valeur.  A  Su  tcheou,  il  y  en  a  plusieurs  fabriques.  Ces  roches,  de 
différentes  couleurs  et  d'une  grande  dureté,  se  polissent  admirablement. 

»  J  ai  réuni  une  collection  géologique  intéressante  que  je  continuerai 
en  me  rendant  à  Kachgar,  par  le  Thibet  septentrional. 

»  J'attends  de  vos  nouvelles  à  Kachgar,  où  je  compte  arriver  à  la  fin 
d'avril  180,1.  » 


C    11.,  1891.  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N"  20.)  1  JO 


(  "54  ) 


PALÉONTOLOGIE.  —  Note  rectificative  sur  un  fossile  corallien  récemment  décrit; 
Note  de  M.  Stanislas  Meunier. 

«  L'Académie  a  bien  voulu  accueillir  dans  ses  Comptes  rendus.  (')  la  des- 
cription que  j'ai  eu  l'honneur  de  lui  adresser  récemment  d'un  très  singu- 
lier fossile  renfermé  dans  le  calcaire  corallien  de  Verdun  et  qui  semblait 
indiquer  l'existence  d'une  nouvelle  espèce  de  Cvcadée  représentée  par  une 
feuille  séminifère. 

»  Mon  travail  ayant  été  reproduit  par  le  journal  Le  Naturaliste,  avec  une 
figure  très  exactement  dessinée,  M.  le  professeur  Léon  Vaillant  a  bien  voulu 
appeler  mon  attention  sur  la  ressemblance  du  fossile  jurassique  avec  la 
forme  de  certains  œufs  de  poissons  holocéphales  des  genres  Chimère  et 
Callorhynques. 

»  L'examen  des  échantillons  que  le  savant  ichthyologiste  a  mis  'a  ma  dis- 
position n'a  pas  tardé  à  me  convaincre  que  cette  manière  de  voir  est  très 
certainement  exacte.  La  nouvelle  interprétation  permet  même  de  com- 
prendre nettement  certains  détails  de  l'empreinte  fossile  qui  paraissaient 
sans  importance  :  par  exemple  des  sillons  linéaires  longitudinaux  qui  sont 
certainement  les  assures  d'entrée  et  de  sortie  de  l'eau  dans  l'œuf  de  poisson. 
»  On  concevra  que  je  m'empresse  de  rectifier  ma  méprise,  et  aussi  que 
je  cherche  à  en  atténuer  la  gravité  aux  yeux  des  personnes  qui  ne  sont  pas 
spécialisées  dans  la  matière.  Il  me  suffira  pour  cela  de  faire  remarquer  que 
mon  cas  n'est  pas  isolé  et  que  je  partage  ici  une  fortune  commune  avec  des 
paléontologistes  éprouvés. 

»  Il  se  trouve  en  effet,  par  une  coïncidence  des  plus  curieuses,  que  sur 
la  planche  même  où  Auguste  Duméril  a,  dans  l'Atlas  de  son  Ichtyologie, 
dessiné  un  œuf  de  Chimère,  se  trouve  également  la  représentation  de  l'œuf 
spirale  de  Y Heteroclon  Plulippi.  Or,  on  peut  voir,  en  tête  du  récent  volume 
relatif  à  la  flore  fossile  de  Commentry  (-),  comment  MM.  B.  Renault  et 
R.  Zeiller  reconnaissent  avoir  publié  comme  végétal  et  sous  le  nom  de 
Fayolia  un  vestige  qui  est  évidemment  un  œuf  de  Chondroptérygien,  très 
voisin  de  l'Hétérodonte. 


(')   T.  GXH,  p.  356;  y  février  1891. 
(2)  Saint-Elienne,  in-8°;  1890. 


(  ri55  ) 

»  En  tous  cas,  il  est  évidemment  nécessaire  de  constituer  pour  l'em- 
preinte de  Verdun  un  genre  nouveau  parmi  les  poissons  cartilagineux.  Je 
propose  de  substituerai!  nom  primitivement  donné  celui  de  Vaillantoonia; 
l'espèce  s'appellera  donc  V.  Virei.  » 


ANTHROPOLOGIE  PRÉHISTORIQUE.  —  Découverte  d'un  squelette  humain  con- 
temporain des  éruptions  volcaniques  quaternaires  du  volcan  de  Gravenoire 
{Puy-de-Dôme).  Note  de  MM.  Paul  Girod  et  Paul  Gautier,  présentée 
par  M.  de  Quatrefages. 

«  La  carrière  de  la  Brenne  s'enfonce  dans  le  flanc  est-nord-est  du  volcan 
de  Gravenoire,  entamant  les  scories  sur  une  longueur  de  aom,  atteignant 
5om  en  profondeur.  La  superposition  des  couches  est  la  suivante  : 

m 

Terre  végétale  et  éboulis i  .  20 

Scories  remaniées  et  stratifiées 1,20 

Scories  en  place,  à  gros  éléments 3 

Lit  de  cendres  noires  avec  nodules  d'argile o,3o 

Argiles  jaunes  provenant  des  granits o,So  à   1"' 

Scories  de  fond,  à  éléments  moyens \ 

Arkoses  de  base. 

»  Dans  le  fond  de  la  carrière,  d'énormes  paquets  de  lave  forment  la 
base  des  scories  à  gros  éléments  et  reposent  sur  les  argiles  qui,  à  leur  con- 
tact, ont  été  transformées  par  la  chaleur  et  ont  une  teinte  rouge-brique 
caractérisée.  Partout  où  ces  paquets  manquent,  on  trouve  le  lit  de  cendres 
noires  et  les  tranchées  montrent,  dans  ce  lit,  des  nodules  provenant  de 
l'argile  inférieure,  emballés  et  enveloppés  par  les  éléments  scoriacés.  Il 
semble  possible  d'admettre  que,  sur  ce  point,  les  argiles,  qui  séparent  les 
deux  couches  de  scories,  marquent  une  phase  de  repos  entre  deux  érup- 
tions successives.  Dans  ce  cas,  les  cendres  auraient  balayé  la  surface  de 
l'argile,  étant  peut-être  à  l'état  boueux,  et  auraient  entraîné  avec  elles  les 
parties  superficielles  de  l'argile  avec  les  débris  qu'elles  supportaient. 

»  Une  des  dernières  tranchées  a  intéressé  largement  ces  cendres  et  les 
argiles.  C'est  au  contact  de  ces  deux  couches  que  le  chef  d'exploitation, 
M.  J.  Bouquel,  de  Beaumont,  a  mis  à  découvert  des  fragments  d'un  crâne 
humain  et  quelques  débris  osseux.  Avertis,  nous  nous  rendîmes  sur  les 


-    . [56  | 

lieux  pour  relever  la  position  exacte  de  ces  débris.  Mais  le  service  du 
chemin  d'accès  de  la  carrière  avait  nécessité  le  remblaiement  de  la  tran- 
chée et  nous  dûmes  entreprendre  d'importants  travaux  pour  déterminer 
avec  exactitude  l'emplacement  du  squelette. 

»  Un  puits  carré,  de  3m  de  côté,  fut  largement  ouvert,  perpendiculaire- 
ment à  la  tranchée;  il  traversa  toutes  les  couches  indiquées,  depuis  la  terre 
végétale  jusqu'aux  argiles,  atteignant  une  profondeur  de  5m,8o.  La  couche 
des  scories  est  très  compacte,  résistante  à  la  pioche,  formée  superficiel- 
lement d'éléments  rougeâtres  qui  passent  à  des  lapilli  noirs  et  à  une  couche 
de  cendres  avec  nodules  argileux.  Le  travail  d'extraction  est  difficile  et  les 
parties  délicates  des  ossements  sont  brisées  par  le  choc  des  grosses  pioches 
des  carriers  :  aussi  avons-nous  recueilli  beaucoup  de  fragments.  Seuls,  les 
os  des  membres  offrent  assez  de  résistance  pour  être  extraits  par  portions 
plus  volumineuses.  Nous  avons  pu,  par  la  découverte  de  la  portion  impor- 
tante d'un  radius,  déterminer  d'une  façon  exacte  l'emplacement  du  sque- 
lette et,  dans  l'espoir  de  compléter  le  plus  largement  possible  nos  trou- 
vailles, nous  avons  fait  poursuivre  la  fouille  dans  un  rayon  de  2m  autour 
de  ce  point  déterminé. 

»  Les  débris  du  squelette  étaient  donc  placés  dans  le  lit  de  cendres, 
reposant  sur  les  argiles,  occupant  une  situation  analogue  à  celle  des 
nodules  voisins.  Les  racines  des  châtaigniers  centenaires  qui  couvrent  la 
montagne  s'intercalent  entre  les  scories  et  pénètrent  la  couche  de  leurs 
fines  ramifications. 

»  Les  fragments  relevés  sont  les  suivants  : 

»  Crâne  :  fragments  des  pariétaux,  du  frontal,  des  rochers,  de  l'occipital.  Ces  os 
ont  une  épaisseur  considérable  qui  atteint  51""1  et  niéineS11""  maximum,  et  une  grande 
légèreté. 

»  Humérus  droit  :  extrémité  inférieure.  —  Humérus  gauche  :  même  partie  avec 
portion  importante  de  la  diaphyse;  pas  de  perforation  dans  la  fosse  olécranienne. 

»  Cubitus  droit  :  olécràne  et  deux  tiers  supérieur  de  la  diaphyse;  cette  partie  offre 
l'incurvation  accentuée  en  avant  sigualée  par  Testut  dans  le  squelette  de  Chance- 
lade. 

»   Divers  débris  de  côtes,  parcelles  nombreuses. 

»  Tous  ces  os  ont  des  dimensions  petites  ;  aucune  portion  ne  se  rapporte 
aux  os  des  membres  inférieurs. 

»  L'étude  du  gisement,  faite  avec  la  plus  scrupuleuse  attention,  éloigne 
toute  idée  d'un  remaniement  des  scories  profondes  par  des  phénomènes 


(  ii57  ) 
d'érosion.  La  couche  de  scories  remaniées  est  superficielle  et  la  position 
des  paquets  de  lave  sur  les  argiles  cuites  ne  laisse  aucun  doute  sur  leur 
position.  De  même,  on  ne  peut  admettre  l'idée  d'une  exploitation  an- 
cienne ayant  entraîné  l'enfouissement  d'un  carrier  sous  un  éboulement; 
les  remaniements  dus  à  la  main  de  l'homme  laissent  des  traces  trop  évi- 
dentes dans  les  couches  de  scories,  et,  sur  ce  point,  il  est  impossible  de 
constater  de  semblables  traces.  Ces  ossements  sont  bien  en  place,  dans 
des  couches  non  remaniées,  et  affirment  la  contemporanéité  de  l'homme 
et  des  éruptions  du  volcan  de  Gravenoire. 

»  Est-il  possible  de  fixer  une  date  à  ces  éruptions  et  de  rattacher  du 
même  coup  ces  débris  squelettiques  à  une  des  grandes  divisions  du  paléo- 
lithique? Pommerol,  qui  s'est  occupé  de  l'âge  du  volcan  de  Gravenoire, 
place  l'émission  des  coulées  -Iaviques  «  entre  les  deux  époques  glaciaires  », 
mais  nous  réservons  nos  conclusions,  désirant  apporter  des  données  in- 
discutables dont  l'exposé  sera  le  complément  de  cette  Communication.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Recherches  chimiques  et  physiologiques  sur  les  sécré- 
tions microbiennes.  Transformation  et  élimination  de  la  matière  organique 
par  le  bacille  pyocyanique.  Note  de  MM.  A.  Ar.vaud  et  A.  Cnwtitiv,  pré- 
sentée par  M.  Bouchard. 

«  Dans  une  Note  précédente  (  '  ),  nous  avons  fait  connaître  les  transfor- 
mations que  subit  la  matière  organique  (asparagine)  sous  l'influence  vitale 
du  bacille  pyocyanique.  Nous  avons  étudié  le  mode  d'élimination  de 
l'azote;  il  reste,  entre  autres  choses,  à  établir  l'emploi  du  carbone  de  cette 
asparagine. 

»  Le  poids  du  carbone  du  liquide  de  culture  est,  au  départ,  de  is',  600 
par  litre,  quantité  correspondant  aux  5°rd'asparagine  employée.  Le  dosage 
direct  de  CO2  dégagé,  pendant  les  quinze  jours  de  l'évolution  du  microbe, 
a  donné  des  chiffres  se  rapprochant,  en  moyenne,  de  ceux  qu'il  est  pos- 
sible de  calculer,  en  tenant  compte  du  carbone  fixé  dans  le  protoplasma 
microbien,  et  de  celui  qui  entre  dans  la  composition  des  substances  de  sé- 
crétions, substances  non  encore  déterminées,  constituant  le  résidu  fixe. 
Les  résultais  des  analyses  peuvent  se  résumer  ainsi. 

(')   Coin/) tes  rendus,  I.  CXII, 


(  n58  ) 

Quantités  respectives  des  substances  élaborées  aux  dépens  de  la  matière  organique 

(élimination  du  carbone). 

Carbone  lotal  dans  iUt  de  culture 1^,600 

Carbone  dégagé  à  l'état  d'acide  carbonique iS'',i6o  ou  72, 5  pour  100 

Carbone  combiné  dans  le  protoplasma  microbien.      o,22im^r  ou  1 3, S  pour  100 
Carbone  des  substances  solubles,  fixes,  produits 

de  sécrétion  non  déterminés  (') o,2i6rosr  ou  1 3, 5  pour  100 

Carbone  en  combinaison  dans  des  produits  secon- 
daires, pyocvanine,  méthylamine,  et  perte  à 
l'analyse o,oo3">sr 

»  La  détermination  de  l'oxygène  fixé  par  le  bacille  présente  de  l'inté- 
rêt. Nos  expériences  n'ont  pas,  jusqu'ici,  donné  des  résultats  absolument 
concordants.  Pour  aboutir  à  des  données  précises,  nous  avons  entrepris 
des  dosages  par  des  méthodes  différentes.  Cependant  les  analyses,  d'accord 
avec  le  calcul,  montrent  que  cette  quantité  d'oxygène  absorbée  est  en 
rapport  avec  la  proportion  deCO2  qui  a  pris  naissance;  elle  peut  être  évaluée 
à  une  fois  et  demie  à  deux  fois  le  volume  de  la  culture. 

»  Dans  le  vide,  l'évolution  se  fait  mal;  CO2  ne  permet  aucun  dévelop- 
pement. Dans  l'hydrogène,  on  note  une  assez  grande  activité,  l'ammo- 
niaque se  forme;  nous  n'avons  pas  encore  étudié  par  quel  mécanisme. 

»  Nous  avons  complété  nos  recherches  en  faisant  varier  le  milieu.  Au 
lieu  d'utiliser  l'asparagine,  nous  avons  pris  la  gélatine,  plus  complexe 
comme  constitution,  en  ayant  soin  d'ajouter  les  sels  nutritifs  nécessaires. 
La  courbe  d'élimination  de  la  matière  azotée  est  alors  plus  régulière 
qu'avec  l'asparagine  (2);  il  semble  que  la  diastase  du  bacille  n'intervient 
pas  et  que  ce  bacille  assimile  directement  les  éléments  de  la  gélatine. 

»   Les  résultats  se  résument  dans  le  Tableau  suivant  : 

Azote  total  au  départ  de  la  culture,  le  3o  mars  1891 °i757 

Azote  éliminé  à  l'état  d'ammoniaque,  le  3  avril,  90  heures,  après  le  départ,     o,  i344 


(')  L'extrait  sec  à  ioo°  d'un  litre  de  culture,  après  évolution  du  bacille,  est  de 
ier,070.  Le  même  extrait,  filtré  à  la  bougie,  est  de  osr,65o.  La  différence,  osr,420,  peut 
être  considérée  comme  le  poids  du  microbe.  La  matière  minérale  atteignant  oer, 320, 
on  en  déduit  le  poids  des  matières  de  sécrétions,  fixes,  non  déterminées,  égal  à  o,33o 
pour  1000. 

(2)    Voir  le  diagramme  qui  accompagne  la  Note  du  6  avril  1891. 


(  "59  ) 

Le    7  avril,  196  heures  après  le  départ o,3444 

Le    9     »       234  »  o ,  4564 

Le  1 4     »       36o  »  o ,  5 1 24 

Le  16     •>       420  »  0,5272 

Le  2 1     »       628  »  o ,  53o 

»  A  partir  de  ce  moment  (22e  jour),  l'ammoniaque  n'augmente  plus. 
Dans  un  pareil  milieu  l'azote,  éliminé  à  l'état  d'ammoniaque,  est  donc  de 
70  pour  100  de  l'azote  total,  au  lieu  de  91  pour  100  dans  la  culture  à  l'aspa- 
ragine.  D'un  autre  côté,  on  observe  que  le  poids  des  microbes  est  plus 
considérable;  il  est,  par  litre,  de  0,990  (0,420  dans  le  bouillon  à  Paspara- 
gine);  le  poids  des  matières  organiques  solubles  fixes  atteint  o,495(o,33o 
dans  la  culture  à  l'asparagine).  On  peut  conclure  que,  pour  étudier  ces 
derniers  principes  de  sécrétion,  si  intéressants  au  point  de  vue  physiolo- 
gique, il  sera  préférable  d'employer  le  milieu  à  la  gélatine.  Dans  ce  cas,  la 
formation  de  la  pyocvanine  est  presque  nulle. 

»  Malgré  l'absence  de  ce  pigment,  les  produits  spéciaux,  l'expérience 
le  démontre,  sont  actifs.  Sur  les  indications  de  M.  Bouchard  nous  avons 
recherché  leurs  actions.  Ne  pouvant,  pour  le  moment,  les  étudier  isolé- 
ment, nous  avons  eu  recours  à  la  méthode  suivie  par  cet  auteur  mesurant 
la  toxicité  des  urines.  Grâce  à  des  procédés  physiques  de  dissociation,  ces 
produits  ont  été  séparés  en  trois  groupes  ('  )  :  parties  volatiles,  parties  in- 
solubles dans  l'alcool,  parties  solubles  dans  l'alcool;  soit  trois   extraits. 

»  Une  propriété  très  nette  caractérise  le  premier,  celui  des  parties  sépa- 
rées par  distillation.  Cet  extrait  agit  sur  les  vaso-moteurs,  paralyse  le 
centre  dilatateur,  resserre  les  vaisseaux,  toutefois  passagèrement. 

»  Introduites  dans  l'organisme  du  lapin,  les  matières  du  second  extrait, 
reprises  par  l'eau  ou  la  glycérine,  déterminent  de  la  diarrhée,  de  la  fièvre, 
de  l'albuminurie,  des  hémorrhagies;  elles  font  fléchir  la  résistance  des  vac- 
cinés, s'opposent  à  la  diapédèse,  altèrent  les  tissus.  La  chaleur  diminue 
leur  toxicité.  A  dose  infime,  cette  toxicité  est  non  appréciable,  tandis  qu'on 
constate  le  pouvoir  vaccinant.  Ce  second  extrait  renferme  les  sécrétions 
les  plus  importantes;  il  est  toxique  et  vaccinant;  on  peut  cependant  dimi- 
nuer ses  effets  nuisibles,  grâce  à  la  température,  aux  petits  volumes,  en 
conservant  ceux  qui  sont  utiles.  Il  n'y  a  pas  parallélisme  absolu  entre  ces 
deux  propriétés. 

(')  Cette  division  en  groupes  renferme  naturellement  les   principes    volatils   et    la 
diaslase  qui  sont  compris  dans  les  matières  dont  il  est  question. 


(     I  ifin    ) 

»  Quant  au  troisième  extrait,  il  fait  apparaître  des  convulsions,  et,  si 
l'animal  ne  succombe  pas  immédiatement,  le  plus  souvent  il  se  rétablit 
définitivement,  tandis  qu'il  devient  de  plus  en  plus  malade,  si,  sans  aller 
jusqu'à  la  dose  mortelle,  on  s'est  servi  des  principes  insolubles;  ce  troi- 
sième extrait  élève  parfois  la  température,  jamais  il  ne  rend  réfractaîre, 
pas  plus  que  le  premier.  En  sorte  qu'il  y  a  des  substances  microbiennes 
qui  sont  morbifiques,  et  non  vaccinantes. 

«  Nous  devons  ajouter  que  les  principes  ordinaires  de  la  vie  des  bacté- 
ries, tels  que  l'ammoniaque,  devenant  par  trop  abondants,  pourront  entrer 
en  ligne  de  compte  dans  la  mesure  de  la  toxicité. 

»  Les  diverses  propositions  avancées  sont  justifiées  chacune  par  de  nom- 
breuses expériences.    » 

M.  J.  Teguor  adresse  une  Note  sur  divers  sujets  de  Mathématiques. 
La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  M.  l>. 


ERRATA. 


(  Séance  du  1 1  mai  1 89 1 .  ) 

Note  de  M.  Léon  Vaillant,  Sur  la  délimitation  des  zones  littorales  : 

Page   io4o,  dernière  ligne,  au  lieu  de  basses  mers  minimums,   lisez  basses  mers 
maximums. 


On   souscrit    à    Paris,    chez.    GAUTHIER  -  VILLARS    KT    FILS, 

Quai  des  Grands-Augusiins,  u"  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimmche.  [Informent,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-i".  D< 
'.(blés,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  ann 
t  part  du  ier  janvier. 

Le  prix  île  C  abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  .suit  : 

Paris  :  20  IV.'—  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrii,  dans  les  Départements, 


tger. 

miens, 
users. 


'Ueuux . 


resl. 


riiez  Messieurs  ■ 

gen Michel  et   Nédan. 

i  Gavault  Si-f_;n;'r ■. 
i  Jourdan. 

I  Ruir. 

Hecquet-Decbbert. 
[  Germain  et  Qrassin. 
■  Lachèse  el  Dtlbeau 

ayonne Jérôme. 

esaneou facquard. 

,  Evrard. 

Dùthuff. 

Muller  (G.). 

Renaud. 

Lefouruier. 

F.  Robert. 

.).  Robert. 
'  V  l'zol  Caror. 

i  LJaér. 

lien   .  .  ■  •  -      . . 

i  Massif. 

ttambery Perrin. 

i  Henry. 

'  Margucrie. 

i  Rousseau. 

(  Ribou-.Collav. 

I .Mille. 

Ratel. 

'  Haiiihl.il 

\  Lauverjat. 

'  Crépin. 

i  l  irevet. 

I  Grâtier. 

i  Hockelle Robin. 

\  Bourdignon. 
I  Dombre. 
Ropiteau. 

Ile Lefebvre. 

'  Quarré. 


Lorient. 


chez  Messieurs 
t  Baumal. 
*  M"<   l'cxier. 

Ile, mil. 

!  Gêorg. 

Lyon i  Mégret. 

Paln.l. 


Marseille..  ■ 
Montpt  lliei 


'lerbour: 


ermont-Ferr. 


yun. 


■cnoble 


Havre. 


\ 


\  Vitle  et  Pérussel. 

Pessailhan. 
i  Calas. 
i  Coulet. 

Hloulins Marti. d  Place. 

[  Sordoillel . 
Nancy Grosjean  Vlaupin. 

'  Suint  rrères. 

j  Loiseau 

Mi    '    v*elop| 

I  Baruia. 

'  Visconi  i  el  C 

Mmcs Thibautl. 

Orléans ...    Luzeraj 

I  Blanchie 

(  Druinaud. 

Rennes Plihon  el  Hervé. 

Hoc  lie  fini Boucberon      Kossi 

j  Langlois.         |  gnok 

'  Lestringanl 
Chevaliei 

|  Bastide. 

'  Rumèbe. 

^  G  îmet. 

I  Priv.il. 
.  Boisselier. 

Tours i  Péricat. 

Supplig  "!i 
\  Giard. 
'  Lemaitre. 


/Vantes 
Nice. . . 


Poitiers.. 


Rouen 

^S'-È  tienne 

Toulon  .  .  . 

Toulouse.. 


Valeneiennes.. 


chez  Messieurs  : 

,  i  Robbers. 

Amsterdam .,  , 

'    l'eikeni.l      (  ..l.il'elsi'ii 

Athènes Beck  .  [et  C'". 

Barcelone Verdaguer. 

\-lier  et  C". 

,      ,  1  Calvary  et  C". 

Berlin ,,      , 

.  Y  riedlander    et   lus. 

Mayer  et  Millier. 

t  Selniuil.  Francke  el 

B\  logne ■  .     /.iniehelli  et  Cio. 

Ramlot. 

Bruxelles Mayolez, 

(  Lebègue  el  C"\ 

,  Haimann. 

Bucharesl ... 

'  Ramsteanu. 

Budapest kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletC 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinopte.  .     Otto  et  Keil. 

Copenhague Host  et  (ils. 

Florence Lcescher  et  Seeber. 

Gand Hoste. 

■ . . ■■'/.'  s Beuf. 

t  îherbuliez. 

< îeorg. 

'  Stapelmohr. 

La  lliiv  .     Belinfanle  frères; 

i  Benda. 

Lausanne ,  ,, 

I  l'aviil. 

li.irth. 

I  Brockhaus. 

Leipzig i  Lorentz. 

Mas  Rttbc. 

Twietmej  er. 

,  I  lesoer. 

I  "  se „ 

l  Gnuse. 


chez  Messieurs  : 

,  i  Dulau. 

Londi  es    

/  Nuit. 

Luxembourg....     V.  Buck. 

Librairie      Uuic 

\     berg; 
Madrid Gonzalés  e  hijas 

j  Yravedra. 

F.  Fé. 

,,.,  i  Dumolard  frères 

(  Hœpli. 

\foscoii  Gautier. 

,  Furcheiui. 

:\u/i/es '  Marghieri  < I •  Gii 

'  Pellerano. 

,  Christern. 

,\eie  l'or/, Srechert. 

Westerm; 

Odessa .    Rousseau. 

Usc/ord Parker  ei  <  : 

Païenne Clausen. 

Porto •      Magalhaès. 

Prague Rivnac. 

fiio-Janeh'O Garnier. 

i  Bocca  frères- 

Rome _         , 

'  Loescheret  <  ". 

Rotterdam   Kramcrs  el  fils. 

Stockholm Samson  et  Walli 

,    .  ,  i  Zinserling. 

st-pete,sb -ïwnin. 

■  Bocca  i  réres. 

...      .  \  Brero. 

Turin -, 

i  Llausen. 

[  Rosenbergol  Solli 

Varsovie Gebelhuer  et  Wo 

Vérone Drucker. 

,.  i  Frick. 

I  (i  une J  _ 

'  Gerold  et  C™. 

Zurich Me  ver  el  Zuller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1er  à  31.  —  i  j  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.  )  Volume  in- 4":  i853.   Prix 15  l'r. 

Tomes  32  àl61.—  (  i"  Janvier  i83i  à  3i  Décembre  1 865.  )  Volume  in-4°;  1870.   Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.—  (  1"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  in-.j ";  [889.  Prix 15  IV. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES    : 
l'ome  I  :  Mémoire  sur  i[ueh[ues  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  V.  DEiiucset  A.-J.-J.  S01.11.11.  -  Mémoire  sur  le  Calcul  îles  Perturbations  qu'éprouvent 
métes,  par  M.  Hanses.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  su     pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  inatiè 

isses,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4°,  avec  32  planches  ;  rS56   15 

l'ome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  réponse  a  la  question  de  Prix  proposée  en  iSjo  par  l'Académie  des  Scien 
ur  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i85o,  savoir  ;  «  Étudier  les  luis  Je  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  séi 
nenlaircs,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la  nati 
les  rapports  qui  existent  entre  l'étatactuel  du  règne  organique  eL  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bhonn.  In-'|°,  avec  27  planches;   186t.  ..        15 

A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires   présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N°  20. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance  du  19  mai  1891.) 


MÉMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADEMIE. 


Pages. 

M.  le  Président  rappelle  .1  l'Académie  la 
perte  douloureuse  qu'elle  a  faite  dans 
la  personne  de  M.  Edmond  Becquerel, 
Membre  de  la  Section  de  Physique,  décédé 
à  Paris  le  11    mai    isi|i 1  oSr> 

MM.  Lœwï  el  Puiskux.  Détermination  de 
1,1  constante  'le  l'aberration;  Valeurs  numé- 
riques déduites  de  l'observation  de  deux 
groupes  de  i] liai re  étoiles 1089 

M.  .1.  .Ianss!  v  Sur  le  passage  de  Mer- 
cure       IO98 

M.  ,1.  Boussinesq.  —  Sur  l'explication  phy- 


I' 
sique  de  la  lluidité 

MM.  Berthi  loi  et  Matignon.  —  Sur  la  cha- 
leur de  combustion  et  de  formation  des 
corps  chlorés 

Al.  A:  Cornu.  —  Sur  un  double  halo  avec 
parhélies  observé  le   r5  mai  1891 

M.  Faye.  —  Sur  un  Mémoire  de  M.  W.  von 
Bezold  relatif  à  la  théorie  des  cyclones... 

MM.  A. -F.  Mahion  et  G.  Gastine.  —  lie- 
marques  sur  l'emploi  du  sulfure  de  car- 
bone au  traitement  des  vignes  phylloxé- 
rées 


agis. 

1019 


1 102 

I 


CORRESPONDANCE. 


M.  E.  GouRSat.  Sur  les  intégrales  inter- 
médiaires des  équations  aux  dérivées  par- 
tielles  lu  second  on  Ire 111- 

M.  F.  Caspary.  Sur  une  méthode  élémen- 
taire pour  établir  les  équations  différen- 
tielles dont  les  fonctions  thêta  forment  les 
intégrales 1120 

AI.  André  MARKOFF.  —  Sur  une  classe  de 
nombres  complexes 1  120 

M.  Georges  Lemoine.  —  Études  quantita- 
tives sur  l'ai  n chimique  de  la  lumière. 

Troisième  Partie  :  Influence  de  la  dilu- 
tion   ;  .  .     1  1  j  '| 

M.  G.  IliNniciis.  —  Calcul  des  températures 
de  fusion  el  d'éliullilion  des  paraffines 
normales it>- 

M.  Engel.  -  Sur  l'action  qu'exercent  les 
bases  alcalines  sur  la  solubilité  des  sels 
alcalins n.Ho 

M.  LëCLERE.  —  Sur  le  dosage  de  la  silice  en 
présence  du  fer 1  i3a 

M  de  Forcrand.  —  Sur  la  constitution  et  la 
chaleur  de  formation  des  érythrates  biba- 
siques 1  [33 

M.  G.  Massol.  —  Données  thermiques  sur 
l'aeide  propionique  el  les  propionates  de 
potasse  et  de  soude !  1  ;i, 

M.  Timofeujw.  —Sur  la  chaleur  de  dissolu- 
tion et  la  solubilité  de  quelques  acides 
organiques  dans  les  alcools  méthylique,. 
éthylique  et  propylique iiii- 


M.  P. -Tu.  Muller.  Action  des  chlorures 
'les  acides  bibasiques  sur  l'éther  cyanacé- 
tique  sodé 

M.  A.  MtlNTZ.  Sur  la  formation  des  ni- 
trates dans    la    terre 

M.  J.  Thoii.it.  —  Considérations  sur  les 
■  aux  abyssales 

M.  Paul  Parmentier.  —  Sur  le  genre 
Royi'im.   'le   la  famille  des  Ébénacées... 

MM.  Pierre  \  iai.a  et  G.  Hoyeu.  —  Sur  un 
Basidiomycète  inférieur,  parasite  des  grains 
de  raisin 

M.  E.  FlCHEUR.  —  Sur  un  faciès  particulier 
du  Crétacé  dans  le  massif  du  Bou-Thaleb 
(  Algérie) 

M.  Martin.  —  Gisement  de  néphrite  exploité 
eu  Chine,  dans  la  élu  lue  de  montagnes 
de  iN'an  Chan 

M.  Stanislas  Meunier.  —  Note  rectificative 
sur  un  fossile  corallien  récemment  décrit. 

MM.  P.ui.  Girod  el  Paul  Gautier.  —  Décou- 
verte d'un  squelette  humain  contempo- 
rain des  éruptions  volcaniques  quaternaires 
du  volcan  de  Giavenoire  (Puy-de-Dôme). 

MM.  V.Arnaud  et  V.  Charrin.  — Recherches 
chimiques  et  physiologiques  sur  les  sécré- 
tions microbiennes.  Transformation  et  éli- 
mination de  la  matière  organique  par  le 
bacille  pyoeyanique 

M.  J.  Te  tu  •op.  adresse  une  Note  sur  divers 
sujets  de  Mathématiques 


1    :. 

>'ïi 
11 V' 

M  48 


ii  ., 


Errita. 


I  i.r 
Illio 
I  [60 


PARIS.  -  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLARS   ET  FIl.s. 
Quai  des  Grands-Aususi  ins.  .i.ô 


J'àf. 


1891 

PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.  EES  SECRÉTAIRES   PERPETUELS. 


TOME  CXII. 


N°21    (25  Mai  1891). 


FA  Kl  S, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS,   IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

yuai  dos  Grands-Augustins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  i3  juin  1862  et  24  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l' Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  v  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étrangerdel'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les   correspondants  de  l'Académie  comprennent  au  ' 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Acadé 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Ra 
ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'au 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 


s 


.    Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personne 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aci 
demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  il 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui   présentent  ces  Mémoires  soT 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  ExtrJR 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  foi» 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  off 
cielle  de  l'Académie. 

Article   3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  |lj 
jeudi  à  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  \eCompte  rend 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui  I 
vaut,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  e 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  r>. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fai 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprè 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  le: 
-loser  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5h.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


JUN   16  \m 


COMPTES  RENDUS 

DES   SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  25  MAI  1891. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  --  Recherches  sur  la  série  camphënique ; 
par  MM.  Bertiielot  et  Matignon. 

«  La  série  camphénique,  c'est-à-dire  la  série  des  carbures  isomères  de 
l'essence  de  térébenthine  et  générateurs  du  camphre  et  du  bornéol,  est 
l'une  des  plus  intéressantes  de  la  Chimie  organique  :  non  seulement  parce 
qu'elle  comprend  un  grand  nombre  d'essences  et  de  principes  naturels, 
mais  en  raison  de  la  multitude  des  cas  d'isomérie  qu'elle  manifeste  et  à 
cause  de  ses  relations  avec  la  série  grasse,  dont  elle  dérive  directement  par 
synthèse  et  condensation  des  carbures  amyliques 

2C3H8  =  CI0H"; 

et  avec  la  série  aromatique,  dans  laquelle  elle  se  transforme  aisément  par 

perte  d'hydrogène  : 

C,0H'8  -H2  =  C,0HM. 

C.   R.,  1891,  1"'  Semestre.  (T.  CMI,  N'  21.)  '  J  ' 


(   n6a  ) 

»  Parmi  ses  caractères,  l'un  des  plus  remarquables  réside  dans  l'exis- 
tence de  deux  ordres  de  carbures  fondamentaux,  tous  deux  représentés 
par  une  formule  commune  C'°H10,  mais  distincts  par  leur  capacité  de 
saturation  relative  :  les  uns  fournissant  des  monochlorhydrates,  des  hydrates 
(bornéols)  et  des  hydrures  correspondants  C,oH,0.HCl,  CIOHIC.H20, 
C,0H,6.H2;  les-autres,  des  dichlorhydrates,  des  hydrates  (terpines)  et  des 
hydrures  congénères  C,0H'°.2HCl,  C,oH,0.2H2O,  CI0HI0.2H2. 

»  Cette  double  série  a  été  l'objet,  entre  autres,  de  nombreux  travaux  de 
l'un  de  nous,  qui  a  découvert  les  deux  hydrures,  réalisé  la  synthèse  du 
camphre  et  du  bornéol  et  caractérisé  le  carbure  fondamental  typique  de 
chaque  série,  c'est-à-dire  le  camphène  cristallisé,  générateur  du  groupe 
monovalent,  et  le  terpilène,  générateur  du  groupe  divalent. 

»  Les  relations  entre  ces  deux  carbures  et  les  essences  naturelles  de 
même  comjiosition  méritent  une  attention  particulière.  Certaines  essences 
naturelles,  en  effet,  telles  que  l'essence  de  citron,  appartiennent  nettement 
au  type  du  terpilène  et  elles  engendrent  immédiatement  le  dichlorhy- 
drate.  Au  contraire,  l'essence  de  térébenthine  et  ses  congénères  fournis- 
sent à  volonté,  et  suivant  les  conditions  spéciales  du  traitement,  soit  le 
monochlorhydrate,  soit  le  dichlorhydrate. 

»  Le  térébenthène  peut  d'ailleurs,  par  des  traitements  convenables,  être 
transformé  en  isomères  d'un  type  tout  à  fait  déterminé,  soit  monovalent, 
comme  le  camphre,  soit  bivalent,  comme  l'isotérébenthène.  D'après  ces 
faits,  il  semble  que  le  type  moléculaire  de  ce  carbure  naturel  ne  soit  pas 
encore  fixé  dans  son  état  actuel,  mais  qu'il  le  devienne  seulement  par 
l'acte  même  de  la  combinaison  qui  forme  soit  le  monochlorhydrate,  soit  le 
dichlorhydrate.  Les  formules  dites  atomiques  actuelles,  fondées  sur  des 
représentations  purement  statiques,  soit  dans  le  plan,  soit  dans  l'espace, 
sont  impuissantes  à  exprimer  une  semblable  constitution,  facile  cependant 
à  concevoir  a  priori,  et  qui  pourrait  répondre  à  un  certain  état  de  mobilité 
relative  des  atomes  ou  molécules  élémentaires,  ces  molécules  n'étant  pas 
assujetties  à  des  liaisons  constantes,  comme  dans  les  types  à  constitution 
définie.  Une  telle  mobilité  implique  une  réserve  exceptionnelle  d'énergie 
actuelle  ou  force  vive. 

»  Nous  avons  cru  intéressant  de  soumettre  ces  vues  au  contrôle  des 
méthodes  thermochimiques,  plus  propres  qu'aucune  autre  à  manifester  et  à 
mesurer  les  travaux  moléculaires  et  les  variations  d'énergie  des  systèmes. 
Nous  avons  trouvé,  en  effet,  que  l'essence  de  térébenthine  renferme  nota- 
blement plus  d'énergie  que  ses  isomères  à  type  déterminé  du  type  mono- 


(   1 163  ) 

valent  ou  du  type  clivaient,  lesquels  ne  diffèrent,  au  contraire,  que  peu 
sous  ce  rapport.  Les  deux  isomères  à  type  fixe  suivent,  à  cet  égard,  la 
relation  ordinaire  des  isomères  de  même  fonction,  tandis  que  leur  généra- 
teur commun  à  type  non  fixé  s'en  écarte  d'une  façon  considérable.  Ce 
n'est  pas  tout  :  la  formation  des  deux  chlorhydrates,  à  partir  des  types 
fixés,  se  fait  avec  des  dégagements  de  chaleur  proportionnels;  tandis  que 
la  transformation  du  térébenthène  en  chlorhydrates  répond  à  une  perte 
d'énergie  plus  grande,  contenant  une  dose  supplémentaire,  laquelle 
répond  précisément  au  changement  du  carbure  à  constitution  mobile  en 
types  désormais  invariables  :  la  comparaison  des  données  thermiques  ob- 
servées dans  la  combinaison  confirme  donc  les  données  qui  résultent  de 
l'étude  des  carbures  libres. 

»  Voici  les  faits  sur  lesquels  repose  la  théorie  précédente,  théorie  dont 
le  principe  a  été  déjà  signalé  par  l'un  de  nous  il  y  a  vingt-cinq  ans  et  plus. 

»  I.  Térébenthène  :  C,0H"  =  i36gr.  —  On  a  préparé  par  rectification 
méthodique  du  térébenthène  aussi  pur  que  possible;  puis  on  en  a  mesuré 
la  chaleur  de  combustion  dans  la  bombe  calorimétrique. 

»   On  a  trouvé,  pour  une  molécule, 

»    Chaleur  de  combustion  : 

C'°H'«liq.  +  2S0^ioG02+81I2O...     +i 4880,6a  v.  c;     - . /4<jo< ■'', S  ù  p.  c. 

D'où  résulte, 

»   Chaleur  de  formation  : 

C10(diamant)  +  H16  =  C10H16liquidt; +  4,:"',2;  gaz  —  5Calj2 

»   II.   Citrène  :   C,0H'C  =  i36K'.  Récemment   purifié  par  M.    Bou- 

chardat  à  notre  intention. 
»   Chaleur  de  combustion  : 

C10H16liq.  +  28O=ioCO2+8HsO...     H-i47iCal,ià  v.  c;   +14730,3  à  p.  c. 

»    Chaleur  de  formation  : 

G10  (diamant)  -+-  H16  =  C10H16  liquide.  ..      +  2iCai)7;  gaz +  120,3 

»  La  chaleur  de  combustion  du  citrène  est  sensiblement  la  somme  de 
celle  du  cymène,  déterminée  par  M.  Stohmann  (+  i4oi,G),  et  de  celle  de 
l'hydrogène  (+69)  :  d'où  il  résulte  que  l'union  du  cymène  avec  l'hydro- 
gène, pour  former  le  citrène,  ne  dégagerait  pas  de  chaleur.  Cette  réaction 
est  donc  très  différente  de  la  formation  de  l'hydrured'éthylène  (et  hydrures 


(  "64  ) 

analogues)  au  moyen  de  l'élhvlène  et  de  l'hydrogène,  laquelle  constitue 
une  véritable  combinaison  exothermique  et  réalisable  par  synthèse  directe, 
d'après  les  expériences  de  l'un  de  nous.  Ainsi  le  citrène  et  ses  isomères  ne 
sont  pas,  en  réalité,  les  hydrures  des  cvmènes,  et  ils  n'appartiennent  pas 
à  la  série  aromatique,  dont  on  leur  attribue  souvent,  mais  à  tort,  les  for- 
mules développées.  Mais  ils  se  transforment  dans  cette  série,  comme  les 
corps  de  la  série  grasse  en  général,  d'autant  plus  aisément  que  le  change- 
ment répond  à  un  phénomène  thermique  nul  dans  le  cas  présent,  et  qui 
s'élève  même  à  un  dégagement  +  i8Cal,  dans  le  cas  du  térébenthène,  ainsi 
qu'il  va  être  dit. 

»  III.  Camphène.  Rappelons  ici  les  mesures  de  MM.  Berthelot  et 

Vieille  (')  sur  ce  carbure  d'hydrogène. 

»    Chaleur  de  combustion  : 

-+-  i466Cîll,9  à  v.  c;     -f-  i4^7Cal,8  à  p.  c. 
»  Chaleur  de  formation  : 

C10H16  =  C10H16  cristallisé -f-22Cal,8 

»  Dans  l'état  liquide,  ce  chiffre  serait  diminué  de  la  chaleur  de  fusion, 
probablement  3  à  4Cal- 

»  Il  résulte  de  ces  données  que  le  citrène  et  le  camphène  ont  des  cha- 
leurs de  formation  voisines  de  -f-  22Cal  et  peu  différentes,  comme  il  arrive 
en  général  pour  les  isomères  de  constitution  voisine;  tandis  que  le  téré- 
benthène est  formé  à  l'état  liquide  avec  un  dégagement  de  -+-  4Cal,  2,  au  lieu 
de  -f-  2iCaI,7. 

»  Sa  transformation  dans  le  type  du  citrène  dégage  donc  -+-  1 7Cal,  5,  et 
dans  le  type  du  camphène  +  i8Ca',6  :  à  peu  près  le  même  chiffre.  Cette 
perte  d'énergie  est  très  considérable,  car  elle  surpasse  celle  qui  répond  à 
la  réunion  de  2  molécules  en  une  seule  par  polymérisation,  dans  le  cas 
de  l'amylène,  par  exemple,  changé  en  diamylène  (+  1  iCal,8  état  liquide). 

»  Ce  grand  dégagement  de  chaleur  ne  répond  cependant  ni  aune  poly- 
mérisation, ni  à  un  changement  de  fonction  chimique,  mais  à  un  accroisse- 
ment de  stabilité  d'un  système  :  le  poids  moléculaire  demeure  identique, 
mais  les  liaisons  des  parties  deviennent  plus  étroites  et  mieux  déterminées. 
Bref,  cette  chaleur  représente  surtout  une  réserve  d'énergie  accumulée 

(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  6"  série,  t.  X,  p.  4.54. 


(  11(55  ) 

clans  le  térébenthène  el  qui  se  dissipe,  au  moment  où  il  passe  soit  à  l'état 
de  citrène,  soit  à  l'état  de  camphène. 

»  Nous  allons  manifester  cette  dissipation  d'énergie  d'une  façon  déci- 
sive, en  étudiant  les  chlorhydrates  dont  la  formation  la  détermine. 

»  IV.  Chlorhydrate  de  camphène  :  ClnH'°.HCl:  172e1', 5.  —  Ce  chlor- 
hydrate a  été  préparé  au  moyen  du  camphène  cristallisé,  par  M.  Bou- 
chardat,  à  notre  intention.  Il  a  été  brûlé  dans  la  bombe  avec  les  précau- 
tions que  nous  avons  décrites  pour  les  composés  chlorés. 

»    Chaleur  de  combustion  : 

C">II16.HCl4-280  =  ioC024-8H20  4-HClét.  :  4-1467^,63  v.  c.;-t- 1469e»1, 8  à  p.  c. 

»   Formation,  par  les  cléments  : 

C'»4-H174-       CI       =  C'°H17C1  cristallisé H- 64e'1, 5 

C'«4-H164-  HC1  gaz  =  C'°H17C1  cristallisé 4- 42e»1,  5 

»    Formation  avec  le  camphène  cristallisé  : 

C'°I1,C  crisl. -i-IIClgaz  =  C,0H"\HCl  cristallisé.     4-2ieal,- 

Valeur  analogue  à  la  formation  du  chlorhydrate  d'amylène  : 

C51I10  liquide  4- IIC1  gaz  =  0' H10.  II  Cl  liquide..      4-  17e1'1,  6 
»     V.     DlCHLORHYDRATE   DE    TERPILÈNE    :    C  °  H'°  .  2  II  Cl  =  20t)Bl .    —    Ce  di- 

chlorhvdrate  a  été  préparé  avec  le  citrène;  il  est,  comme  on  sait,  privé 
du  pouvoir  rotatoire. 

»    Chaleur  de  combustion  : 

C10H'6.2HCl4-28O  =  ioCO'24-8H2O4-2HCIét.  :  4- 1465e"1, 5  à  v.  a;  4- 1467e"1, 7  à  p.  c. 

»   Formation  par  les  éléments  : 

Cio+rH,s+        cl,         =  C'°H'8C12  cristallisé. ...      4-io5e»',9 
Cl04-1H164-2HClgaz=C10Hl8Cl2cristallisé....      4-    61e»1, 9 

»   Formation  avec  le  citrène  liquide  : 

C10H16liq.  4-aHClgaz.  =  C10II16.2HC1  cristallisé.      -4-4oe°',2 

»  La  moitié  de  ce  chiffre,  soit  4- 20Cal,  1,  répond  à  la  fixation  d'un 
équivalent  d'acide  chlorhydrique  :  cette  valeur  est  fort  voisine  de  la  chaleur 
de  formation  du  monochlorhydrate  de  camphène  4-2iCal,7;  c'est-à-dire 
que  la  chaleur  dégagée  avec  les  deux  carbures  monovalent  et  bivalent  est 


(   n66  ) 

à  peu  près  proportionnelle  à  l'acide  chlorhydrique  fixé,  comme  il  arrive 
en  général  pour  les  réactions  comparables. 

»  VI.  Chlorhydrate  de  térébenthène  cristallisé  CI0H,C.  HCl=  1^1^,5. 
—  Ce  chlorhydrate  a  été  préparé  par  l'action  directe  du  gaz  chlorhydrique 
sur  le  térébenthène. 

»    Chaleur  de  combustion  : 

(   - 1 -  i^ôt^'''  o  à  v   c 
O,0H^HCl  +  38O=  .oCO- 4- 8H20-+-IIC1  étendu  ,.J     ' 

«   Formation  par  les  éléments  : 

C»°  +  H"  +  Cl  =  C'°H17C1  cristallisé -+-  65Cal,  1 

Ci"  -+-  H16  4-  HC1  =  C'°  H" Cl  cristallisé -+-  43Cal,  1 

»  C'est  sensiblement  la  même  chaleur  de  formation  cpie  celle  du  chlor- 
hydrate decamphène,  isomère  de  même  type. 
»   Formation  par  le  térébenthène  liquide  : 

C">H16  liq.  -+-  H  Cl  gaz.  =  C10H1,;.  HC1  cristallisé +  38Cal,9 

»  La  chaleur  dégagée  ici  est  presque  double  de  la  chaleur  de  formation 
du  même  type  de  chlorhydrate,  à  partir  du  camphène  :  soit  -+-  2iCal,  7.  Mais, 
dans  le  cas  du  térébenthène,  elle  se  compose  de  deux  parties  :  l'une  répon- 
dant au  changement  de  type  qui  amène  le  térébenthène  à  la  constitution 
du  camphène,  soit  -+-i8Cal,6  d'après  la  chaleur  de  combustion;  l'autre,  à 
la  formation  même  du  chlorhydrate,  soit  -+-38,9—  18,  G  =4-  2oCal,3.  La 
concordance  de  cette  valeur  avec  la  chaleur  île  combinaison  du  camphène 
et  du  gaz  chlorhydrique,  directement  mesurée,  +2iCai,y,  vérifie  notre 
hypothèse. 

»  Nous  avons  cru  utile  de  pousser  plus  loin  cette  discussion,  en  étudiant 
la  réaction  directe  du  gaz  chlorhydrique  sur  le  citrène  et  sur  le  térében- 
thène. 

»  L'étude  thermique  de  cette  réaction  est  plus  difficile  et  plus  compli- 
quée que  celle  des  chaleurs  de  combustion  des  chlorhydrates  tout  formés. 
En  effet,  la  combinaison  du  gaz  chlorhydrique  avec  les  carbures  liquides, 
tels  que  le  citrène  et  le  térébenthène,  n'est  pas  instantanée.  Rapide  au 
début,  elle  se  ralentit  de  plus  en  plus,  de  façon  à  rendre  difficile  l'obser- 
vation calorimétrique  de  sa  terminaison.  En  outre,  les  chlorhydrates  for- 
més ne  sont  pas  uniques,  comme  avec  le  camphène;  mais  il  se  forme  plu- 
sieurs isomères  simultanément,  dont  certains  liquides;  de  telle  sorte  que 


(  n67  ) 

l'apparition  des  chlorhydrates  cristallisés  a  lieu  seulement  vers  la  fin  des 
opérations  et  demeure  toujours  partielle. 

»  Ces  faits  ont  été  étudiés  par  l'un  de  nous,  il  y  a  près  de  quarante  ans; 
ils  ont  donné  lieu  à  des  observations  curieuses  sur  le  changement  des  types 
moléculaires  de  combinaison,  et  particulièrement  à  la  découverte  de  la 
formation  directe  du  dichlorhydrate  avec  le  térébenthène. 

»  Malgré  ces  complications,  l'étude  thermique  de  la  saturation  progres- 
sive du  citrène  et  du  térébenthène  par  le  gaz  chlorhydrique  n'en  offre  pas 
moins  un  grand  intérêt,  pour  la  discussion  des  phénomènes  généraux  de  la 
combinaison  chimique. 

»  VII.  Saturation  du  citrène  par  le  gaz  chlorhydrique.  —  Cette  sa- 
turation est  lente;  la  combinaison,  d'abord  rapide,  exigeant  ensuite  un 
temps  de  plus  en  plus  considérable,  de  telle  façon  que,  vers  la  fin,  la  cha- 
leur observée  résulte  à  la  fois  d'une  simple  dissolution  gazeuse  et  d'une 
combinaison  proprement  dite,  surtout  lorsqu'on  dépasse  i  équivalent 
d'acide  chlorhvdrique. 

Première  expérience  {saturation  successive). 

Chaleur  rapportée 
à   i   équivalent  MCI. 

f.nl 

Première  action  (48  minutes)  C10H16 -(-0,489  HC1  fixé  -4-19, S 

Intervalle  l\0  minutes. 
Deuxième  action  (43'").  De  nouveau 4-0,379110  fixé  +18,3 

Intervalle  3h. 
Troisième  action  (48m).  De  nouveau +0, 129  HC1  li\<  -t-i5,9 

Total +0,997  11CI  |S'7 

Intervalle  3  jours. 

Quatrième  action  (3im).  De  nouveau H-o,  1 43  HC1  fixé  11.2 

»  On  voit  que  la  combinaison  se  ralentit  et  qu'au  delà  de  1  équivalent 
elle  devient  trop  lente  pour  permettre  d'en  discerner  les  effets,  qui  sem- 
blent tendre  à  se  confondre  avec  ceux  de  la  dissolution  proprement  dite. 

Deuxième  expérience  {saturation  immédiate). 

»  Dans  une  autre  expérience,  on  a  poussé  la  saturation  immédiate  jus- 
qu'au point  où  l'absorption  était  devenue  très  lente. 

Durée  7?.'"  Cl0H16 uo,84gHC]  -M8Ca\8 

Ce  résultat,  concordant  avec  celui  de  l'expérience  précédente  pour  la 


(  n68  ) 

même  période,  montre  que,  jusque  vers  le  premier  équivalent  de  H  Cl,  la 
combinaison  est  à  peu  près  immédiate;  aucun  dégagement  de  chaleur 
sensible  n'avant  eu  lieu  pendant  les  quelques  heures  de  conservation  du 
système,  au  moins  jusqu'à  ce  terme. 

»  Tout  demeure  ainsi  liquide  et  ce  n'est  que  par  un  courant  très  pro- 
longé que  l'on  parvient  au  dichlorhydrate. 

»  Pour  comparer  la  chaleur  de  formation  de  ce  dernier  avec  celle  du 
monochlorhydrate  de  citrène,  nous  avons  mesuré  la  chaleur  de  dissolu- 
tion du  dichlorhydrate  cristallisé  dans  le  citrène.  On  a  dissous  d'abord  5gl" 
de  dichlorhydrate  dans  56gr  de  citrène,  à  i2°,5,  ce  qui  a  absorbé,  pour 
une  molécule,  C,0H,6.2HCl:  —  4Ca',7;  puis  dans  cette  liqueur  on  a  dissous 
encore  ios1'  de  dichlorhydrate  ;  d'où,  toujours  pour  une  molécule  :  —  4Cal.  6. 

»   Si  l'on  observe  que  d'après  nos  déterminations  par  combustion 

C12H16liq.  -H2HClgaz:=C10H16.2FtClcristallisé -t-4oCaI,2 

on  voit  que  la  formation  du  dichlorhydrate  dissous  dans  le  citrène  déga- 
gerait -+-  40,2  —  4,6  =+  35e"1, 6. 

»  L'union  du  deuxième  équivalent  de  HC1  avec  le  monochlorhydrate, 
dans  l'état  liquide,  dégage  donc  -4-35,6—  18,7=+  i6Cal,9;  c'est-à-dire 
un  chiffre  voisin  du  premier,  mais  un  peu  plus  faible.  Dans  l'état  cristallisé  : 
+  2iCal,5,  en  raison  du  changement  d'état. 

»  Ces  valeurs  concordent  donc  avec  celles  qui  sont  déduites  des  cha- 
leurs de  combustion. 

))  "VIII.   Saturation  du  térébenthène   par  le   gaz  chlorhydrique. 

Première  expérience  (saturation  successive). 

Pour  H  Cl  fixé. 

Cal 
Première  action  (Sjminutes),  C'°H'6.      -t-o.i5HCl  -+-  19,7 

Intervalle,  2h3om. 
Deuxième  action (35m).  on  ajoute...      -t-o,23HCl  H- 18,0 

Intervalle,  2ib. 
Troisième  action  (5im),  on  ajoute...     -t-o,2o,HCI  -h  23,2 

Intervalle,  4U- 
Quatrième  action  (53ul),  on  ajoute.  .  .      -+-  0,21  H  Cl  (prise  en  masse)       -1-36,7 

Total -+-o,88HCl  +24,3 

»   Dans  l'état  final,  d'ailleurs,  on  obtient  à  la  fois  un  chlorhydrate  cris- 


(  "69  ) 
lallisé  et  un  chlorhydrate  liquide,  en  proportions  comparables.  Le  chiffre 
+  24Cali3  répond  à  ces  deux  composés  à  la  fois. 


Deuxième  expérience  {saturation  immédiate). 


Cil 


Première  action  (3;  minutes), C10Hln.  -i-o,68HCl  -t-  a3 ,7 

Intervalle,  2om. 

Deuxième  action  (48"'),  on  ajoute.  .  .  -4-o,24HCl  (prise  en  masse)  -+-  41  ,2 

Total -t-o,92HCl  -+-28,3 

»  Si  le  dernier  chiffre  -4-  28e*1, 3  est  supérieur  à  -H  24°*', 3,  c'est  proba- 
blement à  cause  de  la  chaleur  perdue  par  le  calorimètre,  chaleur  qui  a 
continué  à  se  dégager  dans  les  intervalles  de  vingt-cinq  heures  qui  ont  sé- 
paré les  saturations  successives  de  la  première  expérience. 

»  Pour  compléter  ces  comparaisons,  nous  avons  mesuré  la  chaleur  de 
dissolution  du  monochlorhydrate  de  térébenthène  cristallisé  dans  le  téré- 
benthène.  Nous  avons  trouvé  : 

56er,8  clans  iôo»1'  de  carbure,  pour  une  molécule  C'°11"\I1CI.      —  o';,',7 
iôs1'  ilans  i5os'' —  oCa,,8 

»  Ce  nombre  est  faible  et  montre  que  le  grand  dégagement  de  chaleur 
qui  a  lieu  au  moment  de  la  cristallisation,  ne  résulte  pas  essentiellement 
de  celle-ci  ;  même  en  tenant  compte  de  ce  fait  qu'elle  pourrait  s'étendre 
non  seulement  au  chlorhydrate  formé  actuellement,  mais  en  outre  à  une 
portion  du  chlorhydrate  formé  pendant  les  saturations  précédentes.  En 
raison  de  la  grandeur  de  la  chaleur  dégagée,  on  est  obligé  de  faire  inter- 
venir aussi  un  changement  d'état  moléculaire  particulier,  pour  expliquer 
l'excès  de 

-+-  28Cal,3--2l(:*',7  —  -r-6Cal,3 

sur  la  formation  du  chlorhydrate  de  camphène,  mesurée  d'autre  part  au 
moyen  du  camphène  préexistant.  Cet  excès  résulte  précisément  de  la  trans- 
formation du  térébenthène  en  camphène.  Si  elle  était  totale,  l'excès 
pourrait  monter  jusqu'à  — t—  1 8Gal ;  mais  une  partie  seulement  du  térében- 
thène se  change  en  chlorhydrate  de  camphène;  le  surplus  formant  des 
chlorhydrates  isomériques  d'un  type  différent.  Le  moment  où  la  produc- 
tion du  chlorhydrate  de  camphène  commence  à  se  développer  est  d'ail- 
leurs manifesté  très  nettement  dans  les  expériences  ci-dessus  :  il  répond 
au  dernier  quart  de  la  combinaison,  et  à  un  dégagement  de  -I-  jo'  '',  7  clans 

C.  R.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CXII,  IV  21.)  l^v- 


(  "7°  ) 
la  première  série;  de  -t-  4iCal,  2  dans  la  seconde.  Ces  chiffres  sont  voisins 
des  +38Ca,,9  obtenues  par  l'étude  directe  (chaleur  de  combustion)  du 
chlorhydrate  déjà  formé.  Cette  proportion  s'accroît  d'ailleurs  avec  le 
temps;  mais  son  accroissement  tombe  alors  en  dehors  des  mesures  calo- 
rimétriques. 

»  L'ensemble  de  ces  observations  jette  un  jour  nouveau  sur  la  combinai- 
son chimique,  et  sur  cette  vérité  fondamentale  que  la  valence  ou  atomicité 
ne  préexiste  pas  d'une  façon  absolue  dans  les  éléments  ou  composants 
d'une  combinaison;  mais  la  valence  se  manifeste  surtout  dans  la  combi- 
naison accomplie  et  dans  le  type  déterminé  qu'elle  réalise.  » 


PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  les  tensions  de  ta  vapeur  d'eau  saturer  jusqu'au 
point  critique  et  sur  la  détermination  de  ce  point  critique.  Note  de  MM.  L. 

CA1LLETET  et  E.  CoL.4RDE.4U. 

«  Dans  une  Note  récente  ('),  nous  avons  fait  connaître  à  l'Académie 
une  nouvelle  méthode  de  détermination  des  températures  et  des  pressions 
critiques.  Lorsqu'on  opère  sur  l'eau,  les  méthodes  habituelles  ne  peuvent 
être  employées  à  cause  de  l'attaque  du  verre,  par  ce  liquide  à  haute  tem- 
pérature. La  méthode  que  nous  avons  décrite  permet  d'opérer  sans  voir  le 
liquide  et,  par  suite,  de  l'enfermer  dans  un  tube  de  métal  très  résistant.  La 
quantité  d'eau  contenue  dans  ce  tube  est  variable  dans  les  diverses  expé- 
riences. Elle  est  suffisante  pour  fournir  de  la  vapeur  saturée  jusqu'au  point 
critique,  mais  ne  peut  remplir  totalement,  par  sa  dilatation,  l'espace  qui 
la  contient.  La  courbe  des  tensions  de  la  vapeur  saturée  est  toujours  la 
même  jusqu'à  la  température  critique,  quel  que  soit  le  poids  de  liquide. 
Mais,  au-dessus  de  cette  température,  une  courbe  particulière  correspond  à 
chaque  poids  de  liquide  employé. 

»  Ainsi  que  nous  l'avons  dit,  les  poids  variables  d'eau  étaient  enfermés, 
lors  de  nos  expériences,  dans  un  tube  d'acier  relié  à  un  manomètre.  Ce 
tube  étant  chauffé  dans  un  bain  à  température  élevée,  le  manomètre  donne, 
pour  chaque  température,  la  pression  correspondante,  ce  qui  permet  de 
tracer  la  courbe  des  résultats  en  prenant  comme  abscisses  les  températures 
et,  comme  ordonnées,  les  pressions.  Il  est  faede  de  s'assurer  que  toutes 
ces  courbes  coïncident  jusqu'en  un  certain  point  dont  l'abscisse,  d'après  ce 

(')    Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  563  ;  1891. 


(  "71  ) 
qui    précède,   représente  la   température  critique.    Au  delà  de  ce  point, 
chaque  courbe  prend  une  direction  particulière  qui  dépend  de  la  quantité 
d'eau  employée. 

»  Le  tube  d'acier  T  (  '  )  (/%.  1  )  dans  lequel  l'eau  est  contenue  a  environ 
i5u,m  de  diamètre  intérieur  et  une  épaisseur  de  5mm,  suffisante  pour  résister 
à  ces  hautes  pressions.  La  longueur  de  ce  tube  est  de  om,  20  environ  :  c'est 
cette  partie  de  l'appareil  qui  est  chauffée  directement  dans  le  bain  VV.  La 
partie  inférieure  de  ce  tube  est  reliée  par  un  conduit  d'acier  flexible  ABC. 
à  un  autre  tube  T'  également  en  acier  et  de  même  diamètre  que  T.  Enfin, 
ce  tube  T'  communique  lui-même  à  un  manomètre  à  hydrogène  comprimé 
M  et  à  une  pompe  P,  permettant  de  refouler  de  l'eau  dans  T". 


fï 

F 

'     :        T 

L™ — — — ■ 'v 

»  La  pression  de  la  vapeur  dans  le  tube  T  est  transmise  au  manomètre 
par  l'intermédiaire  de  cette  eau  et  d'une  colonne  de  mercure  qui  oc- 
cupe tout  l'espace  DABCE.  Un  fil  de  platine  isolé  S  traverse  la  paroi  T;  il 
est  relié  à  une  sonnerie  électrique  qui  entre  en  jeu  quand  le  mercure  con- 
tenu en  T'  vient  à  le  toucher.  Ce  dispositif  permet,  comme  on  va  le  voir, 
de  maintenir  rigoureusement  constante  la  capacité  DF  réservée,  dans  le 


(')  Nous  nous  attendions  à  être  obligés  de  doubler  intérieurement  de  platine  le 
tube  d'acier,  à  cause  de  la  décomposition  possible  de  l'eau  par  le  fer  à  ces  tempéra- 
tures. Mais  nous  n'avons  jamais  constaté  de  dégagement  d'hydrogène  aux  tempéra- 
tures l.-s  plus  élevées  réalisées  au  cours  des  expériences.  Sans  doute  il  se  forme  sur  la 
paroi  interne  du  tube  une  mince  couche  protectrice  d'oxyde  magnétique. 


(  "7*  ) 
tube  laboratoire,  au  liquide  et  à  sa  vapeur.  En  effet,  à  mesure  que  la  tem- 
pérature s'élève  et  que  la  pression  s'accroît,  le  mercure  tend  à  être  refoulé 
de  T  en  T'.  Dès  que  le  fil  de  platine  S,  par  son  contact  avec  le  mercure, 
fait  fonctionner  la  sonnerie,  on  manœuvre  très  lentement  le  piston  de  la 
pompe  à  compression,  de  façon  à  ramener  le  mercure  toujours  au  même 
niveau,  indiqué  par  l'arrêt  de  la  sonnerie. 

»  Le  bain  liquide,  employé  d'abord  pour  le  chauffage  du  tube  labora- 
toire, était  le  mercure.  Dès  nos  premières  expériences,  nous  avons  con- 
staté que  son  point  d'ébullition  est  inférieur  à  la  température  critique  de 
l'eau.  Nous  avons  eu  alors  recours  à  un  bain  formé  d'un  mélange  à  parties 
égales  de  nitrates  de  soude  et  de  potasse.  Ce  mélange,  notablement  plus 
fusible  que  chacun  de  ses  éléments,  est  liquide  à  partir  de  2200  et  permet 
de  dépasser  facilement  la  température  de  400°>  Ce  bain  était  chauffé  par 
plusieurs  couronnes  de  gaz.  Pour  faire  une  observation,  on  réglait  la 
llamme  du  gaz,  de  façon  à  obtenir  une  température  stationnaire,  et  l'on 
agitait  énergiquement  le  bain  pour  uniformiser  cette  température,  amenant 
alors,  par  une  manœuvre  de  la  pompe,  le  contact  du  mercure  en  S;  on 
lisait  simultanément  la  pression  au  manomètre  et  la  température  aux  divers 
thermomètres.  Nous  avons  employé  en  même  temps  un  thermomètre  à 
air  et  deux  thermomètres  à  mercure,  construits  de  façon  à  pouvoir  mesurer 
des  températures  supérieures  à  4oo°. 

»   Les  résultats  obtenus  sont  consignés  dans  la  courbe  ci-jointe  (Jïg.  2). 

»  La.  température  à  laquelle  commencent  nos  expériences  est  de  224° 
environ;  celle  à  laquelle  Regnault  s'était  arrêté  dans  les  déterminations 
des  tensions  maxima  de  la  vapeur  d'eau  est  de  23o°.  On  voit  que  notre 
courbe  se  raccorde  exactement  avec  celle  de  Regnault,  et  que  l'intervalle 
AB,  de  224°  à  23o°,  est  un  arc  commun  à  ces  deux  courbes. 

»  Les  points  qui  ont  servi  au  tracé  de  cette  figure  sont  au  nombre  de 
60  environ;  ils  ont  été  obtenus  au  moyen  de  six  séries  d'expériences  réa- 
lisées avec  autant  de  poids  d'eau  différents  dans  le  tube  laboratoire  T.  Les 
six  courbes  obtenues  séparément  dans  chaque  série  coïncident  jusqu'au 
point  qui  correspond  sensiblement  à  l'abscisse  365u;  à  partir  de  là,  les  six 
courbes  divergent  nettement  et  chacune  d'elles  prend  une  direction  parti- 
culière. Nous  devons  en  conclure  que  la  température  critique  de  l'eau, 
déterminée  par  l'abscisse  de  ce  point  de  divergence,  est  de  365°. 

»  Sur  la  figure,  l'ordonnée  qui  correspond  au  même  point  et  qui  déter- 
mine la  pression  critique  donne,  pour  celle-ci,  la  valeur  de  200atm,5. 


(   "73  ) 

»  La  courbe  expérimentale  des  tensions  de  la  vapeur  saturée  ainsi  ob- 
tenue, il  était  important  de  la  comparer  aux  données  théoriques  actuelle- 
ment connues. 

a   On  sait  que  divers  physiciens,  el  en   particulier  Glausiiis,  ont  établi 

Fie.  2. 


■BBBBBBBBBBBBB    BBBBIBBBi 
1%        BBBBBBBBBBBBBB 

Bbbb       bbb  mm 

BpMfl 
IMBBBBBBBB  BBg»j  fgg 

BB  BHB  BrJBfl 

BBB  RBBB 

m  BBWi 


0r>,  courbe  de  Regnaul.t,  construite  jusqu'à  2.'5o°. 

VM,  courbe  des  tensions  de  la  vapeur  d'eau  saturée  de  223"  au  point  critique. 

M,  point  critique. 

DME,  faisceau  des  courbes  divergentes  au  delà  du  point  critique. 

des  formules  mathématiques  destinées  à  représenter  la  compressibilité  de 
la  matière  sous  les  états  liquides  et  gazeux  ;  dans  un  important  Mémoire  (  '  ), 
publié  en  1881,  Clausius  a  déduit  de  ces  formules  la  loi  des  tensions  de  la 


(')  Annalen  der  Chemie   and   l'Ins.,    nouvelle  série,   t.   XIV,   p.    279;    1 88 1 .  — 
i  11 11  a  les  de  Chim.  et  de  P/iys.,  5"  série.  I.  XXX,  p.  433;  i883. 


(  "74  ) 
vapeur  saturée  d'un  liquide  en  fonction  de  la  température  et  calculé  la 
valeur  numérique  de  ces  tensions,  pour  l'eau,  jusqu'à  332°,  5.  Ses  valeurs, 
comparées  à  celles  de  nos  expériences,  présentent  la  concordance  la  plus 
satisfaisante.  Malheureusement,  faute  de  données  suffisantes,  Clausius 
pensait  que  cette  température  de  332°,  5  devait  être  sensiblement  la  tem- 
pérature critique  de  l'eau.  Nos  résultats  nous  ayant  montré  que  celle-ci 
est  de  365",  nous  avons  calculé,  pour  la  fonction  de  Clausius,  les  valeurs 
des  coefficients  numériques,  qui  sont  la  conséquence  de  cette  nouvelle 
donnée.  Les  résultats  calculés  après  cette  modification  continuent  à  s'ac- 
corder, jusqu'au  point  critique,  avec  notre  courbe  expérimentale. 

»  Sur  la  jïg.  2  ci-jointe,  il  serait  impossible,  avec  l'échelle  adoptée,  de 
tracer  séparément  la  courbe  théorique  auprès  de  la  courbe  expérimentale, 
car  toutes  deux  seraient  comprises  dans  l'épaisseur  du  trait  du  dessin  ('). 

»  M.  Bertrand  a  également  proposé  (2)  une  forme  de  fonction  destinée 
à  représenter  la  loi  des  tensions  de  la  vapeur  saturée.  En  calculant,  d'après 
nos  résultats,  les  coefficients  numériques  de  cette  formule  pour  l'eau,  nous 
avons  obtenu  également  la  meilleure  concordance. 

»  Cette  formule,  d'un  emploi  facile  et  rapide,  est  assez  simple  pour  être 
reproduite  ici  :  T  est  la  température  absolue,  P  la  tension  de  la  vapeur 
saturée  correspondante  en  atmosphères  et  G  une  constante  : 

^57,074 
P   =   G(T  +  I27)59,572'-  l0gG   =   I4,00527. 

»  Ces  expériences  ont  été  commencées  au  laboratoire  de  Physique,  à 
l'Ecole  Normale  supérieure,  au  mois  de  février  1890.  Bien  qu'elles  aient 
été  terminées  au  mois  de  mai  de  la  même  année,  nous  avons  cru  devoir 
en  différer  la  publication.  Nous  avons,  en  effet,  mesuré  nos  pressions  à 
l'aide  d'un  manomètre  à  hydrogène  comprimé;  or,  l'emploi  d'un  tel  in- 
strument comporte  un  certain  nombre  d'erreurs  ou   d'incertitudes  (3). 


(,')  La  fonction  de  Clausius  qui  résulte  de  considérations  assez  compliquées,  n'est 
pas  susceptible  d'être  résumée  sous  une  forme  simple;  nous  ne  pouvons  donc  la  repro- 
duire ici. 
«  (-)  J.  Bertrand,  Thermodynamique,  Chap.  IX;  Paris,  1887. 

(3)  Les  manomètres  à  gaz  comprimés  perdent  rapidement  leur  sensibilité  à  mesure 
que  la  pression  s'élève.  Nous  avons  évité  cet  inconvénient  en  employant  successive- 
ment des  tubes  gradués  de  même  longueur  et  de  même  diamètre,  soudés  à  des  réser- 
voirs  de  dimensions  variables.  Le  premier  tube  de  la  série  donnant  la  mesure  des 
pressions  de  oatm  à  5oatm  avec  l'approximation  désirée,  le  second  les  donne  avec  la 
même  approximation  de  5oatm  à  looatm,  et  ainsi  de  suite. 


<   "7>  ) 
Nous  avons   dû  attendre,   pour  la   publication  des  résultats  numériques 
définitifs,   la  possibilité  d'étalonner  directement  nos  appareils  au  moyen 
du  manomètre  à  air  libre  de  la  tour  Eiffel. 

«  Les  nombres  que  nous  donnons  plus  haut  sont  cens  de  nos  premières 
expériences  corrigés  d'après  cet  étalonnage  ('). 

»  Nous  avons  appris  tout  récemment  ('-)  que  M.  Battelli  a  présenté  à 
l'Académie  des  Sciences  de  Turin,  pendant  l'année  1890,  une  série  de  re- 
cherches sur  le  point  critique  de  l'eau.  La  publication  de  notre  travail  ayant 
dû,  comme  nous  venons  de  le  dire,  être  différée  pendant  un  temps  assez 
long,  nous  avions  cru  devoir  déposer,  entre  les  mains  de  M.  le  Président  de 
l'Académie,  à  la  date  du  23  juin  1890,  un  pli  cacheté,  contenant  la  des- 
cription de  notre  méthode,  le  dessin  de  nos  appareils  et  les  résultats  provi- 
soires de  nos  expériences,  bien  que  la  méthode  que  nous  avons  employée 
soit  entièrement  différente  de  celle  de  M.  battelli  et  nous  ait  permis  de  dé- 
terminer, outre  le  point  critique  de  l'eau,  la  courbe  complète  des  tensions 
de  la  vapeur  saturée,  travail  qui  n'avait  pas  été  fait  jusqu'ici,  nous  prions 
M.  le  Président  de  vouloir  bien  ouvrir  notre  pli  cacheté  et  d'en  donner 
connaissance  à  l'Académie  à  cause  de  la  presque  coïncidence  des  dates  de 
ces  Mémoires,  celui  de  M.  Battelli  précédant  le  nôtre  de  quelques  jours 
seulement.  » 

Le  pli  cacheté,  déposé  par  MM.  Caiixetet  et  Colakdeau  le  23  juin  [890 
et  inscrit  sous  le  n°  4559,  est  ouvert  eu  séance  par  M.  le  Président  de  l'Aca- 
démie, il  contient  une  Note  ayant  pour  titre  :  Détermination  de  la  tempéra- 
ture critique  de  Veau.  Mesure  des  tensions  de  la  vapeur  saturée  jusqu'à  cette 


(')  Avant  de  procéder  à  cet  étalonnage,  isavons  voulu  faire  une  dernière  vérifi- 
cation de  la  bonne  installation  des  règles  graduées,  qui  servent  à  connaître  le  niveau 
du  mercure  dans  le  manomètre  de  la  tour.  <  >n  comprend,  en  effet,  que  c'est  là  l'élément 
principal  de  l'exactitude  de  l'appareil. 

Pour  obtenir  celte  vérification,  nous  nous  sommes  servis  d'un  fil  d'acier  tendu  ver- 
ticalement par  un  poids  insuffisant  pour  donner  à  ce  fil  un  allongement  appréciable. 
1  le  véritable  fil  à  plomb  a  été  suspendu  en  différents  points  de  la  tour,  vis-à-vis  de  la 
graduation  de  nos  échelles,  de  façon  à  descendre  jusqu'au  niveau  du  laboratoire.  L'éva» 
lualion  de  la  longueur  de  ce  fil,  soumis  à  la  même  tension  que  dans  la  position  verticale, 
a  été  faite  le  long  d'une  base  horizontale  de  20™  mesurée  avec  grand  soin.  Les  résul- 
tats très  concordants  obtenus  confirment  l'exactitude  de  l'installation  des  régies.  En 
particulier,  pour  le  niveau  de  la  deuxième  plate-forme,  qui  correspond  à  peu  près  aux 
pressions  réalisées  dans  nos  expériences,  les  écarts  de  niveau  ne  dépassent  pas   i2""u. 

(2)  Journal  de  Physique,  2e  série,  t.  X,  p.   i35;  1891. 


(   "7<>  ) 
température.  La  méthode  employée,  le  dessin  des  appareils  et  les  résultats 
sont  conformes  à  la  Communication  précédente. 

PHYSIQUE   DU    GLOBE.    —  Sur  l'analyse  de  la  lumière  diffusée  par  le  ciel. 

Note  de  M.  A.  Crova. 

«  Dans  un  travail  précédent,  j'ai  donné  (')  les  résultats  de  mes  pre- 
mières recherches  sur  ce  sujet,  exposé  la  méthode  d'observation  et  discuté 
les  courbes  obtenues;  dans  cette  Note,  je  résume  la  discussion  des  résultats 
auxquels  m'a  conduit  la  méthode  de  calcul  que  j'ai  adoptée,  et  la  compa- 
raison des  observations  de  1890  avec  celles  faites  antérieurement  en 
France  et  à  l'étranger. 

»   La  formule  de  lord  Ravleigh,  déduite  de  la  théorie  de  Stokes(-  ),  est 

1  =  N-^r, 

dans  laquelle  1  est  l'intensité  delà  lumière  diffractée  par  an  point  du  ciel, 
N  le  nombre  de  particules  diffringentes  contenues  dans  l'unité  de  volume 
d'air,  a  l'amplitude  de  la  vibration  incidente  de  longueur  d'onde  \,  et  p 
un  facteur  constant  pour  tous  les  1. 

»  La  plupart  de  mes  observations  ne  pouvant  se  calculer  par  cette  for- 
mule, j'ai  cherché  la  cause  du  désaccord. 

»  La  formule  y^  est  basée  sur  l'hypothèse  que  le  nombre  N  de  corpus- 
cules contenus  dans  l'unité  de  volume  d'air  est  sensiblement  le  même 
pour  toutes  les  dimensions  de  ceux-ci;  elle  ne  sera  donc  vérifiée  que  si 
cette  hypothèse  est  réalisée. 

»  Si  l'on  assimile  les  corpuscules  à  des  globules  sphériques  de  densité  D 
et  de  rayons /-différents,  tombant  dans  un  milieu  de  densité  p,  ils  pren- 
dront, au  bout  d'un  temps  très  court,  une  vitesse  constante  de  chute  dans 
le  milieu  résistant,  donnée  par  la  formule 


\f' 


y  étant  un  facteur  qui  dépend  de  la  nature  du  milieu. 

(')   Comptes  rendus,  t.  CIX,  p.  4g3;  et  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  6e  sé- 
rie, t.  XX,  p.  480. 

(,'-)  Phil.  Mag.,  4e  série,  t.  XL1,  p.  107  (1871). 


(   H77  ) 
»   Dans  l'air,  on  aurait 

V  =  A  \/r. 

»  Si,  à  l'origine,  les  particules  diffringentes,  en  nombre  égal  pour  toutes 
les  dimensions  du  même  ordre  que  les  X  de  la  lumière  incidente,  sont  uni- 
formément réparties  dans  l'unité  de  volume  d'air  et  abandonnées  à  elles- 
mêmes,  elles  prendront  des  vitesses  différentes  suivant  leurs  dimensions, 
et  l'on  peut  supposer  que,  lorsque  le  régime  sera  établi,  le  nombre  contenu 
dans  l'unité  de  volume  varie,  pour  chaque  dimension  de  particules,  en 
raison  inverse  de  sa  vitesse;  dans  ce  cas,  on  aurait 

"-£■ 

V' 

»  Donnons  à  r  les  valeurs  relatives  extrêmes  i  et  2  qui  correspondent 
sensiblement  aux  dimensions  des  particules  qui  diffractent  [dus  spéciale- 

B' 
ment  les  X  extrêmes  du  spectre;  pour  le  rouge  extrême,  N  =  —  et  pour  le 

•  ,  V'' 

violet  extrême  N'  =B'. 

N 
»   Il  faudrait  donc,  dans  la   formule  précédente,  remplacer  N  par  — 

V'' 
N' 
ou  par  —  j  et  la  formule  deviendrait 

K.  £      - 

»   En  réalité,  on  pourra  faire  plusieurs  hypothèses  sur  ce  mode  de  dis- 

N' 
tribution;  ~~  serait  remplacé  par  N'/(X),  la  fonction  de  X  dépendant  d'une 

certaine  puissance  de  la  vitesse,  et,  par  suite,  des  dimensions  des  molé- 
cules. 

->  J'ai  donc  arbitrairement  modifié  l'exposant  de  X,  de  manière  à  faire 

concorder  les  résultats  de  l'observation  avec  la  formule  —  • 

k" 

»  Soit  B  l'intensité  de  la  lumière  bleue  diffusée  par  le  ciel,  et  S  l'intensité 
de  la  lumière  solaire  incidente;  faisons  de  plus  égale  à  100  la  valeur  de  -~ 
pour  X  =  565  ;  on  aura 

B         K  K  ,,    ,  B  /565 

S=j[ï»         100  =  5355,         dou         -  =  ,00^— 

C.  K.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N"  21.)  I  53 


(  "7«  ) 
n  étant  un  coefficient  qui  se  calcule  au  moyen  des  valeurs  de  g-  correspon- 
dant à  des  valeurs  déterminées  de  1. 
»  En  différentiant,  on  obtient 

565" 
tanga  =  -ioo/i^ 

et,  pour  l'ordonnée  commune  =  100  qui  correspond  àX  =  565, 

IOO 

bmgcLt  =  -mn: 

n  serait  donc  proportionnel  au  coefficient  angulaire  au  point  d'intersection 
de  toutes  les  courbes  que  l'on  obtient  en  faisant  varier  n,  c'est-à-dire  à 
l'inclinaison  de  la  courbe  en  ce  point. 

»   J'ai  comparé  les  résultats  calculés  par  les  formules  ^  et  ^  avec  ceux 

des  observations  de  lord  Rayleigh,  en  Angleterre  ('),  et  de  Vogel  (2),  à 
Potsdam,  ainsi  qu'avec  quelques-uns  des  résultats  de  mes  observations  à 
Montpellier. 

»   Pour  cela,  j'ai  construit  les  courbes  de  ces  observations  et  j'ai  déter- 
miné les  valeurs  des  ordonnées  correspondant  à 

X 635  6oo  565  53o  5io 


et  j'ai  tracé  une  nouvelle  courbe  pour  laquelle  l'ordonnée  correspondant  à 
\  =  565  a  été  faite  arbitrairement  =  ioo. 

»   Pour  la  série  de  M.  Vogel,  qui  donne,  non  g- ,  mais  p,  c'est-à-dire  le 

rapport  d'intensité  de  la  lumière  du  ciel  à  celle  du  pétrole,  j'ai  divisé  les 

P  S 

rapports  p  par  ceux  de  p  ou  de  l'intensité  de  la  lumière  solaire  au  pétrole 

pour  les  divers  1  trouvés  par  M.  Vogel,  ce  qui  m'a  donné  les  valeurs  cor- 
respondantes de  s -,  et  j'ai  ramené  la  courbe  à  celle  qui  correspond  à  une 


(')  Phil.  Mag.,  4e  série,  t.  XLI,  p.  107. 
(2)  Berl.  Monatsberichte.  p.  801-81 1. 


(  JI79  ) 
ordonnée  =  roo  pour  1  =  565.  Toutes  ces  courbes  sont  ainsi  comparables  : 

A.  635.  600.  5G5.  530.  510. 

/565V 

1    I      


iool-y-  )   62,68         78,63         100         128,1         i5o,6 


100 


(?)" 


4g>73   69,73    »    146,7   180,7 


100  g-  (Angleterre) 58,5g         78,55  »  i3o,3  i5 1 , 4 

100  ^  (Potsdam) 63, 00         76,00  »  126,0         i46,o 

r> 

100  =- Montpellier,  moy.  de  janv.  1890..     58, 3o         76,47  »  '4',i  180,8 

100  ç-  Montpellier,  moyenne  de  1890. .  .  »  71,31  »  i3o,o  » 

»  On  voit,  à  la  simple  inspection  de  ce  Tableau  : 

»   Qu'en  Angleterre  le  bleu  du  ciel  observé  par  lord  Rayleigh  est  plus 
saturé  que  celui  qui  a  été  observé  à  Potsdam  par  M.  Vogel  ;  il  s'accorde  assez 

avec  la  loi .—  tout  en  donnant  un  bleu  un  peu  plus  foncé; 

»   20  Que  le  bleu  du  ciel  observé  à  Montpellier,  pendant  le  mois  de  jan- 
vier 1890,  est  plus  profond  que  ceux  qui  ont  été  observés  en  Angleterre  et 

en  Allemagne,  et  qu'il  se  rapproche  davantage  de  la  loi  r-^- 


A' 


»  Voici,  comme  exemple  de  l'application  de  cette  méthode,  les  formules 
qui  donnent  la  valeur  de  100  ^  pour  trois  observations  faites  par  M.  Hou- 
daille  et  moi  au  sommet  du  mont  Ventoux  : 

h       m  y$  /565      ''T' 

3  août  188g,  10.40 ^  =  100  I  -= —  )  Ciel  d'un  bien  pur. 

H  565\*>S5 

3  août  1889,  10.20 -=  =  ioo  I  -y-  I  Ciel  d'un  bleu  pur. 

B  /565V-" 


3  septembre  188g,  9.4° ~  =  100  I  -r—  I  Ciel  d'un  bleu  profond. 

»  Les  différences  entre  les  valeurs  trouvées  et  calculées  sont  de  l'ordre 
des  erreurs  que  l'on  peut  commettre  dans  les  observations  photométriques  ; 
elles  sont  quelquefois  augmentées  par  suite  de  la  variabilité  extrême  de  la 
teinte  bleue  du  ciel,  sous  l'influence  des  causes  les  plus  insignifiantes  en  ap- 
parence. » 


(   n8o  ) 


GÉOLOGIE.  —  De  l'âge   relatif  du  gisement  quaternaire  du  mont  Bol 
(Ille-et-Vilaine);  par  M.  Sirodot. 

«  J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  les  résultats  des  re- 
cherches entreprises  dans  le  but  de  déterminer,  autant  que  possible,  l'âge 
relatif  du  gisement  du  mont  Dol. 

»  Ce  gisement  est  situé  au  pied  du  mont,  du  côté  sud,  dans  une  petite 
anse  formée  par  le  prolongement  d'une  courte  arête  dans  la  direction  du 
sud-est.  Il  est  compris  dans  un  sédiment  d'origine  marine  affectant  la  dis- 
position d'un  talus  appuyé  contre  des  escarpements  granitiques. 

»  Les  nombreux  débris  d'animaux  mélangés  aux  objets  de  l'industrie 
humaine  ne  sont  pas  distribués  irrégulièrement  dans  toute  l'épaisseur  du 
talus,  mais  suivant  trois  couches,  parallèles  entre  elles  et  à  l'inclinaison  du 
talus,  caractérisées  par  la  présence  de  blocs  granitiques.  C'est  presque  ex- 
clusivement entre  ces  blocs  que  les  objets  ont  été  recueillis;  toutes  les 
autres  parties  du  sédiment  se  sont  toujours  montrées  très  pauvres. 

»  Du  relevé  des  coupes  poussées  à  fond,  il  résulte  qu'une  première 
couche  de  blocs  occupe  la  base  du  talus,  qu'une  seconde  se  trouve  vers  les 
deux  cinquièmes  de  l'épaisseur,  qu'enfin  la  troisième  et  dernière  est  su- 
perficielle. Dans  le  voisinage  des  escarpements,  la  masse  de  blocs  est  con- 
tinue. 

»  Le  sol  sur  lequel  repose  le  sédiment  marin  a  été  découvert  trois  fois 
sur  une  étendue  de  près  de  2omq  pour  en  faire  l'étude  dans  tous  ses  détails. 

»  La  surface  en  est  sensiblement  plane  et  offre  une  couche  superficielle 
formée  de  sable  et  d'un  limon  noirâtre,  dans  laquelle  les  fragments  de 
silex  sont  si  nombreux,  qu'on  en  compte  environ  i4o  par  mètre  carré;  ils 
sont  mélangés  de  petits  fragments  d'os  brisés,  de  bois  de  cerf;  quelques-uns 
des  fragments  d'os  sont  fortement  carbonisés.  Au-dessous  se  trouve,  sur 
une  épaisseur  d'environ  im,70,  un  gravier  d'eau  douce  en  grande  partie 
schisteux  et  reposant  sur  un  schiste  azoïque  adossé  à  la  masse  granitique. 

»  Ces  observations  conduisent  à  penser  qu'au  pied  des  escarpements 
granitiques,  se  trouvait  une  petite  pièce  d'eau  dont  le  fond  limoneux  a  été 
mélangé  de  débris  de  diverse  nature;  et  cette  manière  de  voir  est  confirmée 
par  d'autres  observations  qui  attestent  la  présence  d'un  courant  d'eau  qui 
courait  à  la  surface  du  sédiment  marin,  pendant  la  formation  du  talus.  Il  y 
avait,  en  effet,  dans  la  direction  du  sud-est  :  à  la  surface,  une  bande  de 


(  "8i  ) 

sable  fin,  lavé,  d'un  aspect  blanc  contrastant  avec  la  couleur  grise  de  la 
masse;  et,  dans  presque  toute  la  masse,  un  nombre  incalculable  de  petites 
coquilles  terrestres  parmi  lesquelles  dominait  le  Pupa muscorum  (Maillot). 

»  Les  objets  recueillis  sont  donc  antérieurs  à  la  formation  du  sédiment 
marin,  dans  lequel  ils  sont  inclus;  ils  sont  distribués  entre  des  blocs  et  frag- 
ments de  granité;  enfin,  un  grand  nombre  d'os  volumineux  sont  en  partie 
ou  totalement  écrasés.  De  cet  ensemble  d'observations  il  résulte  que  tous 
ces  objets  ont  été  rassemblés  dans  les  escarpements  des  rochers,  avant 
que  les  flots  de  la  mer  soient  venus  les  battre  et  provoquer  leur  écroule- 
ment. 

»  Ces  escarpements  ont  donc  été  habités  par  une  famille  humaine  qui  y 
avait  établi  ses  foyers.  Sa  résidence  paraît  y  avoir  été  de  longue  durée,  si 
l'on  en  peut  juger  par  la  quantité  de  cendres  accumulées  entre  les  ro- 
chers et  au  pied  même  des  escarpements  ;  on  peut,  sans  exagération,  évaluer 
à  iomc  la  masse  de  cendres  déplacées  pendant  la  dernière  année  de  l'explo- 
ration du  gisement.  L'homme  contemporain  du  Mammouth,  habitant  le  mont 
Dol,  a  dû  fuir  devant  l'envahissement  de  la  mer. 

»  Le  talus  de  sédiment  marin  est  relevé  d'environ  12™  au-dessus  du  ni- 
veau moyen  actuel  de  la  mer.  Il  est  recouvert  par  un  dépôt  d'une  composi- 
tion d'un  intérêt  tout  particulier  :  une  masse  sablonneuse  résultant  de  la 
désagrégation  des  couches  granitiques  superficielles,  dans  laquelle  se  trou- 
vent inclus  des  blocs  à  surfaces  parallèles  de  i5cm  à  3ocm,  exceptionnelle- 
ment 35cm  d'épaisseur,  identiques  aux  dalles  superposées  que  forment  les 
hauts  escarpements  des  flancs  et  du  sommet  du  mont. 

»  Il  était  indispensable  de  suivre  cette  couche  superficielle  aussi  loin 
que  possible.  Deux  séries  de  puits  ont  été  creusées  :  la  première  dans  la 
direction  nord-sud  ;  la  seconde  dans  la  direction  du  thalweg  indiquée  par  le 
courant  d'eau  douce  dont  il  a  été  question  plus  haut,  qui  traverse  oblique- 
ment le  talus  marin  dans  la  ligne  du  sud-ouest. 

»   Dans  la  direction  du  nord-sud  : 

»  i"  Un  premier  puits  a  fait  reconnaître  que  le  talus  marin,  à  la  dis- 
tance de  4°m  des  escarpements,  était  réduit  à  une  épaisseur  de  om,3o, 
était  dépourvu  de  blocs  provenant  des  éboulements  ou  n'en  présentait 
plus  que  de  rares  échantillons  ; 

»  2°  Un  second  puits,  à  la  distance  de  200™,  a  mis  en  évidence  une  diffi- 
culté insurmontable  :  il  n'a  pas  été  possible  de  descendre  au-dessous  de 
3m,  5o,  le  fond  mouvant  conservait  le  même  niveau  ; 

»   3°  Un  troisième  puits,  à  la  distance  de  8om,  a  fait  constater  la  dispa- 


(     Il82    ) 

rition  du  talus  marin  et  la  continuation  de  la  couche  sablonneuse  renfer- 
mant les  dalles  régulièrement  superposées  sur  une  épaisseur  de  om,6o  à 
om,7.5  et  reposant  sur  les  roches  de  quartzite  qui  forment  le  fond  de  la 
vallée  et  ses  limites  sous  les  murs  de  la  ville  de  Dol. 

»  4°  Un  quatrième  puits,  à  la  distance  de  i3olu,  a  permis  de  reconnaître 
la  continuation  de  la  couche  sablonneuse  avec  dalles  de  recouvrement  ; 
mais  il  n'a  pas  été  possible  d'arriver  jusqu'au  quartzite  qui  constituait  le 
fond  du  puits  n°  3;  un  éboulement  s'est  produit  pendant  qu'on  cherchait 
à  dégager  les  dalles  du  dernier  rang. 

»  Deux  puits  creusés  dans  la  direction  du  thalweg  ont  donné  des  résul- 
tats analogues,  avec  cette  seule  différence  que  le  talus  marin  s'est  étendu 
plus  loin,  offrant  dans  sa  partie  inférieure  une  quantité  considérable  de 
coquilles  du  Cardium  cclule. 

»  Ces  recherches,  entravées  par  de  grandes  difficultés,  ont  démontré 
que  la  couche  sablonneuse  avec  dalle  granitique  superposée  s'étend  au- 
dessous  des  terrains  récents,  constituant  les  marais  actuels  mis  en  culture 
sur  une  grande  partie  de  leur  étendue,  principalement  dans  la  direction  de 
la  mer. 

»  La  couche  sablonneuse  avec  dalles  granitiques  ne  peut  être  expliquée 
que  par  un  phénomène  de  glissement  et  probablement  à  la  surface  de  la 
glace  ou  de  la  neige  durcie. 

»  D'un  autre  côté,  le  sol  du  gisement  est  relevé  de  12™  environ  au-dessus 
du  niveau  moyen  actuel  de  la  mer.  Or  il  y  a  un  mouvement  du  sol  qui  a 
relevé  les  côtes  du  Danemark  et  qui  parait  s'être  produit  entre  les  deux 
minima  de  températures  reconnus  pendant  la  période  glaciaire. 

»  Enfin,  au  mont  Dol,  c'est  le  Mammouth  qui  domine,  tandis  que  le 
Renne  (Cervus  tarandus)  n'existe  qu'à  l'état  de  trace. 

»  Toutes  ces  considérations  me  conduisent  à  penser  que  les  débris  accu- 
mulés au  mont  Dol  remontent  à  une  époque  antérieure  au  mouvement  qui, 
dans  les  temps  quaternaires,  a  relevé  les  côtes  de  certaines  régions  de  la 
mer  Baltique. 

»  Le  mode  de  formation  des  terrains  récents  du  marais  se  rattache 
intimement  à  l'étude  du  gisement  et  fera  l'objet  d'une  nouvelle  Commu- 
nication. » 


(  n83  ) 


VITICULTURE.  —  Note  de  M.  Mares  accompagnant  la  présentation  d'un  Ou- 
vrage «  Sur  les  Cépages  de  la  région  méridionale  de  la  France   » . 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  deux  premières  livrai- 
sons de  l'Ouvrage  que  je  publie  actuellement  «  Sur  les  Cépages  de  la  région 
méridionale  de  la  France  ». 

»  L'Ouvrage  entier  comporte  trois  livraisons  et  3o  grandes  planches 
coloriées,  dessinées  d'après  nature,  figurant  les  cépages  principaux  de  la 
région.  J'espérais  pouvoir  le  présenter  moi-même,  complètement  fini,  à 
l'Académie  dans  le  courant  du  mois  de  mai;  mais  des  lenteurs  survenues 
dans  le  tirage  du  texte  et  des  planches  m'obligent  à  ajourner  la  fin  de  cette 
publication  au  mois  de  juin  prochain. 

»  Dans  tous  les  cas,  je  n'ai  pas  voulu  tarder  davantage  à  soumettre  à 
l'Académie  les  deux  premières  Parties  de  mon  travail,  dans  lesquelles  sont 
exposées  la  situation  actuelle  de  notre  viticulture  méridionale,  après  les 
ravages  et  la  destruction  presque  totale  que  lui  ont  fait  subir  l'invasion  du 
phylloxéra,  et  ensuite  celle  des  maladies cryptogamiques. 

»  Avant  d'aborder  l'étude  de  nos  cépages  français  méridionaux,  j'ai  dû 
examiner  les  moyens  de  défense  et  de  reconstitution  de  nos  vignobles,  et, 
dans  ce  but,  après  avoir  indiqué  l'usage  des  insecticides,  l'emploi  de  la  sub- 
mersion et  la  plantation  des  terrains  de  sable,  moyens  qui  ne  s'appliquent 
qu'à  des  surfaces  relativement  limitées,  traiter  la  question  de  la  reconsti- 
tution par  les  vignes  américaines,  dont  le  caractère  est  beaucoup  plus  gé- 
néral. C'est  ainsi  que  j'ai  examiné  les  différentes  espèces  de  ces  vignes, 
soit  pour  leur  production  directe,  soit  comme  porte-greffes  de  nos  cépages 
français. 

»  J'ai  fait  voir  que,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  le  problème 
de  la  reconstitution  des  vignobles  détruits  par  le  phylloxéra  se  résout  de 
la  manière  la  plus  satisfaisante  et  la  plus  générale  par  la  méthode  adoptée 
dans  l'Hérault,  centre  de  la  région,  et  ensuite  par  les  autres  départements; 
méthode  qui  consiste  à  planter  les  cépages  américains,  les  moins  attaqués 
par  le  phylloxéra,  ceux  qui  en  sont  en  quelque  sorte  indemnes,  et  qui 
végètent  vigoureusement  dans  les  terrains  auxquels  on  les  destine;  et  à  les 
greffer  en  cépages  français,  soit  sur  place  si  la  vigne  américaine  a  été 
plantée  sur  place,  soit  en  pépinière,  si  elle  a  été  mise  préalablement  en 
pépinière  pour  être  ensuite  transplantée  l'année  suivante  après  avoir  été 


(  "84  ) 
greffée.  L'Hérault  comporte  déjà  environ  cent  trente  mille  hectares  de 
vignes  reconstituées  ou  replantées  par  ce  procédé,  et  depuis  1884,  soit 
depuis  huit  ans,  en  y  comprenant  l'année  1891,  la  replantation  des  vignes 
dans  ce  seul  département  est  faite  à  raison  de  quatorze  à  quinze  mille 
hectares  par  an.  Si  elle  se  continue  encore  sur  la  même  échelle  pendant 
six  ans,  la  reconstitution,  en  surface,  de  l'ancien  vignohle  détruit  par  le 
phylloxéra  sera  complète,  et  atteindra  environ  deux  cent  vingt  mille 
hectares.  Quant  à  la  production  de  cet  immense  vignoble  d'un  seul  dé- 
partement de  la  région,  on  peut  estimer  que,  en  dehors  des  fléaux  naturels 
qui  peuvent  sévir  sur  la  vigne,  son  augmentation  annuelle  peut  s'élever 
de  cinq  cent  à  six  cent  mille  hectolitres,  et  se  prolonger  pendant  une 
durée  de  huit  années  environ.  La  production  de  l'Hérault  pourrait  alors 
revenir  au  chiffre  de  dix  millions  d'hectolitres  de  vin.  Elle  est  actuellement 
de  la  moitié  environ.  De  pareils  résultats,  dus  à  un  ensemble  de  travaux 
scientifiques  et  pratiques  sur  la  vigne  et  sur  les  fléaux  par  lesquels  elle 
est  attaquée,  sont  un  exemple  éclatant  qui  sera  certainement  suivi  partout 
où  il  y  aura  des  vignes  phylloxérées  à  reconstituer. 

»  Les  divers  détails  de  cette  reconstitution  sont  exposés  dans  les  Cha- 
pitres des  deux  premières  livraisons  :  Espèces  américaines  employées  pour- 
la  reconstitution  des  vignobles  de  la  région  méditerranéenne  de  la  France;  sols 
qui  conviennent  aux  vignes  américaines.  Résistance  des  vignes  américaines. 
Choix  des  cépages  à  planter.  Greffage  de  la  vigne,  etc. 

»  Étudiant  ensuite  la  région  méridionale  de  la  France  au  point  de  vue 
de  la  culture  de  la  vigne,  j'ai  examiné  les  cépages  de  la  région  et  leur 
origine,  en  donnant  au  mot  cépage  la  signification  de  variété  de  vigne  déri- 
vant d'une  même  espèce,  et  j'ai  indiqué  les  raisons  qui  m'ont  conduit  à 
adopter  l'opinion  des  botanistes  qui  considèrent,  malgré  les  différences 
considérables  qu'ils  présentent  entre  eux,  les  cépages  de  l'ancien  monde, 
et  plus  particulièrement  ceux  de  l'Europe  et  du  bassin  de  la  Méditerranée, 
comme  dérivant  d'une  seule  espèce  :  la  Vais  vinifera  de  Linné., 

»  Étudiant  les  modes  de  transformation  de  la  vigne  sous  l'influence  du 
climat,  du  sol,  de  la  culture,  de  sa  reproduction  et  de  sa  multiplication 
par  semis,  par  hybridation  de  cépage  à  cépage,  par  segmentation,  j'ai  fait 
voir  que  le  nombre  des  variétés  de  vignes  est  virtuellement  infini,  ainsi  que 
l'avaient  déjà  constaté  les  anciens  et  notamment  Virgile  dans  ses  Géor- 
giques,  en  parlant  de  la  vigne  cultivée  de  son  temps;  mais  que  les  bonnes 
variétés  se  maintenant  depuis  des  siècles,  sans  altération,  grâce  à  une  sé- 
lection continuelle  et  à  des  soins  culturaux  soutenus,  le  nombre  de  celles 


(   n85  ) 

qui  sont  adoptées  par  la  viticulture  se  limitent  d'elles-mêmes  dans  la  pra- 
tique, les  meilleures  faisant  abandonner  les  moins  bonnes. 

»  La  Pin  de  la  deuxième  livraison  et  la  troisième  tout  entière  sont  con- 
sacrées à  l'étude  des  cépages  divisés  en  tribus,  à  leur  origine,  à  leur 
description,  leur  culture,  leur  vinification  quand  ils  sont  destinés  à  la  pro- 
duction du  vin. 

»  J'ai  apporté  tous  mes  soins  à  établir  la  synonymie  des  cépages  que 
j'ai  décrits  et  mentionnés.  C'est  une  des  difficultés  de  la  viticulture  dans 
toutes  les  régions  viticoles  et  plus  particulièrement  dans  notre  région  de  la 
France  méridionale,  la  plus  riche  de  toutes;  mais  je  crois  que,  pour  elle, 
cette  difficulté  est  à  peu  près  résolue.  Possédant  depuis  longtemps  une 
collection  de  vignes  que  j'ai  réussi  à  défendre  contre  le  phylloxéra,  et  dans 
laquelle  j'ai  pu  réunir  les  cépages  de  la  région,  j'ai  cherché  à  conserver 
ceux  qui  ont  une  valeur  réelle,  sauvant  ainsi  un  certain  nombre  d'entre 
eux  du  naufrage  que  leur  aurait  fait  subir  la  destruction  de  nos  anciens 
vignobles. 

»  J'ai  laissé  en  dehors  du  cadre  que  je  me  suis  tracé  les  recherches  qui 
sont  faites  actuellement,  pour  doter  la  viticulture  de  variétés  nouvelles  as- 
sez résistantes  au  phylloxéra  pour  éviter  l'opération  de  la  greffe,  et  don- 
nant des  fruits  susceptibles  d'être  comparés  à  ceux  des  cépages  qui  peuplent 
encore  nos  vignobles.  Il  faut  encourager  ces  travaux,  qui,  s'ils  réussissent, 
peuvent  avoir  de  très  féconds  résultats;  mais  l'expérience  et  le  temps 
peuvent  seuls  en  démontrer  la  valeur. 

»  Je  me  suis  borné  actuellement  à  mettre  en  évidence  les  moyens  cer- 
tains par  lesquels  nous  sommes  arrivés  à  sortir  de  la  crise  si  ruineuse,  oc- 
casionnée par  la  destruction  de  nos  vignobles,  et  à  conserver  les  cépages 
qui  en  font  la  supériorité  et  la  richesse.    » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  la  détermination  exacte  du  pouvoir  glycoly tique  du  sang. 
Note  de  MM.  R.  Liîpixe  et  Barrai.. 

«  A  un  gros  chien  à  jeun  depuis  un  certain  temps  on  retire  simultané- 
ment environ  8oRr  de  sang  par  chacune  des  deux  artères  fémorales.  Le  sang 
qui  s'écoule  du  côté  A  tombe  dans  une  capsule  à  demi  immergée  dans  de 
l'eau  glacée;  on  le  défibrine  par  le  battage  et  on  le  filtre  sur  un  linge  sté- 
rilisé. 4ogr  sont  aussi  tôt  versés  dans  du  sulfate  de  soude  à  900  C,  au  moins, 
pour  détruire  le  ferment  glycolytique   (voir  Comptes  rendus,  séance  du 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXU,  N"  21.)  T  54 


(  n86  ) 

23  juin  i  890),  et  4ogr  dans  un  ballon  qu'on  porte  immédiatement  au  bain- 
marie  à  390  C.  On  l'y  laisse  une  heure,  puis  on  verse  le  sang  dans  du  sul- 
fate de  soude  à  900  C,  au  moins. 

»  Le  sang  qui  coule  de  l'artère  B  tombe  directement  dans  un  flacon, 
préalablement  pesé,  renfermant  du  sulfate  de  soude  à  go°  C,  au  moins,  et 
dans  un  ballon  contenant  du  sable  de  Fontainebleau  stérilisé  et  immergé 
dans  le  baimmarie  à  3g0  C.  On  l'agite  fortement  pendant  quelques  minutes 
de  façon  à  le  défibriner  dune  manière  bien  complète,  et  on  le  laisse  une 
heure  à  cette  température.  Au  bout  de  ce  temps,  on  le  verse  dans  du  sul- 
fate de  soude  à  900  C,  au  moins. 

»  Voici  les  résultats  que  donne  le  dosage  du  sucre  pour  iooob'r  de  sang  : 
i°  dans  le  sang  A  préalablement  défibriné;  2"  dans  le  sang  B.  Il  est  à  noter 
que  les  chiffres  suivants  sont  une  moyenne  d'un  grand  nombre  d'expé- 
riences, d'ailleurs  parfaitement  concordantes  : 

Immé-  Après  Perte 

diatement.  une  heure.  pour  100. 

gr  gr 

A 1  ,o5  0,80  i!\ 

B 1 ,07  0,72  33 

»  La  différence  ogl", 02  des  chiffres  i,o5  et  1,07  pourrait  passer  pour 
une  erreur  de  dosage.  Nous  la  croyons,  cependant,  bien  réelle,  et  nous 
pensons  qu'elle  reconnaît  pour  cause  la  perte  d'une  petite  quantité  de 
sucre  pendant  la  durée  du  battage,  de  la  filtration,  etc.  Quant  à  la  diffé- 
rence que  présentent  les  deux  sangs  au  bout  d'une  heure,  elle  s'explique 
par  le  fait  que  B  n'a  été  privé  d'aucune  de  ses  parties  constituantes,  tandis 
que  A,  préalablement  défibriné,  a  perdu,  outre  sa  fibrine,  un  certain 
nombre  de  globules  blancs  qui,  d'après  nos  observations  microscopiques, 
restent  inclus  dans  son  intérieur.  Or,  il  résulte  de  nos  recherches  anté- 
rieures {Revue  scientifique,  28  février  1891,  p.  273)  que  le  ferment  glyco- 
lytique  est  renfermé  dans  les  globules  blancs.  Il  est  donc  naturel  que  le 
sang  défibriné  soit  moins  riche  en  ferment  glycolytique  que  le  sang  entier. 

»  Si  l'on  fait  macérer  la  fibrine  tout  à  fait  fraîche,  extraite  d'une  quan- 
tité donnée  de  sang,  dans  un  peu  d'eau  sucrée,  à  la  température  de  39°C, 
on  trouve  que  le  pouvoir  glvcolvlique  de  cette  fibrine  est  précisément  égal 
à  la  différence  existant  entre  le  pouvoir  glycolytique  du  sang  dont  elle  est 
extraite  et  celui  de  la  même  quantité  de  sang  entier. 

»  La  conséquence  de  ces  faits,  que  nous  avons  constatés  dans  un  grand 
nombre  d'expériences,  est  que,  pour  déterminer  d'une  manière  tout  à  fait 


(   n87  ) 

exacte  la  teneur  d'un  sang  en  ferment  glycolytique,  il  ne  faut  pas  le  défi- 
briner  préalablement  (autrement  on  commettra  une  erreur  en  moins  qui 
pourra  être  d'un  dixième  environ),  mais  bien  procéder,  ainsi  que  nous  l'a- 
vons indiqué,  avec  le  sang  B.  Nous  insistons  sur  la  nécessité  d'agiter  très 
fortement  le  sang  contenu  dans  le  ballon;  car  si  on  le  laisse  se  coaguler  en 
gros  caillots,  bien  qu'entiers  en  fait,  il  perd,  en  une  heure,  moins  de  sucre 
que  le  sang  préalablement  défibriné.  Cela  se  comprend  facilement  en  son- 
geant que  dans  ce  cas  les  globules  blancs  sont  emprisonnés  au  sein  d'une 
masse  très  considérable,  et  que,  par  conséquent,  le  ferment  ne  peut  diffu- 
ser d'une  manière  complète. 

»  Même  en  suivant  rigoureusement  la  méthode  ci-dessus  indiquée,  on 
n'arrivera  pas  à  connaître  exactement  le  pouvoir  glvcoktique  du  sang,  si 
le  chien  a  été  préalablement  bien  nourri.  Dans  ce  cas,  en  effet,  il  peut  ren- 
fermer du  glycogène  en  quantité  assez  abondante  pour  que  la  production 
d'une  quantité  relativement  considérable  de  sucre,  dans  les  premiers  in- 
stantsqui  suivent  la  saignée,  vienne  fausser  les  résultats.  Dans  une  prochaine 
Note  nous  donnerons  la  preuve  de  la  réalité  de  cette glyro génie  hématique, 
que  Claude  Bernard  ne  parait  pas  avoir  soupçonnée.» 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  Ecg.  Ferron  soumet  au  jugement  de  l'Académie,  par  l'entremise  de 
M.  Daubrée,  un  Mémoire  intitulé  :  «  Essai  d'une  théorie  mathématique  sur 
les  fractures  terrestres  et  les  diaclases  artificielles  ». 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Maurice  Lévy.) 

M.  S.  Altaras  adresse  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Moteur  fluido- 
statique  à  force  facultativement  progressive  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  E.  Delaurier  adresse  une  Note  sur  la  navigation  aérienne. 
(  Renvoi  à  la  Commission  des  Aérostats.) 

M.  Pigeon  adresse  une  Note  «  Sur  les  inhalations  d'air  ozonisé  ». 
(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Verneuil.) 


(   n88  ) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  appelle  l'attention  de  l'Académie  sur  les 
Rapports  présentés  à  la  Chambre  de  Commerce  de  Lyon,  par  la  Commis- 
sion administrative,  sur  les  travaux  du  laboratoire  d'études  de  la  soie. 


ASTRONOMIE.  —  Observation  du  passage  de  Mercure  sur  le  disque  du  Soled  le 
9  mai  1891,  faite  avec  l'équatorial  de  P/œssl  à  l'Observatoire  national 
d'Athènes.  Note  de  M.  D.  Euixins,  présentée  par  M.  E.  Mouchez. 

«  L'observation  du  passage  de  Mercure  sur  le  disque  du  Soleil  a  été  fa- 
vorisée, à  Athènes,  par  un  temps  assez  beau.  Au  moment  du  lever  du  Soleil, 
presque  tout  le  ciel,  et  particulièrement  l'horizon  oriental,  est  parsemé  de 
légers  cirrus;  l'image  du  Soled  est  pourtant  très  peu  ondulante,  mais  le 
contour  de  Mercure  très  mal  défini.  Quelques  minutes  après  le  lever  du 
Soleil,  les  nuages  disparaissent  presque  complètement  à  l'est,  et  l'image  de 
la  planète  paraît  plus  nettement  tranchée;  fort  heureusement,  l'atmo- 
sphère est  parfaitement  tranquille.  Le  Soleil  s'est  dégagé  déjà  complète- 
ment des  nuages;  son  bord  est  excessivement  peu  ondulant  et  ses  taches 
sont  très  nettes  et  bien  calmes.  L'image  de  Mercure  est  très  nette,  d'une 
teinte  bien  noire  et  uniforme  depuis  le  centre  jusqu'aux  bords  qui  parais- 
sent bien  tranchés  sans  aucune  auréole;  le  disque  de  Mercure  paraît  un 
peu  plus  noir  que  les  centres  des  taches  solaires. 

»  L'image  de  Mercure  devient  de  plus  en  plus  nette  à  mesure  que  le  So- 
leil s'élève  au-dessus  de  l'horizon.  Je  distingue  que  sa  teinte  n'est  plus, 
comme  tout  à  l'heure,  parfaitement  uniforme,  mais  un  peu  moins  noire 
vers  les  bords.  Malheureusement,  quelques  nuages  passent  devant  le 
disque  solaire  et  l'image  de  Mercure  devient  assez  ondulante. 

»  iom  avant  la  sortie  interne,  les  nuages  disparaissent  complètement, 
et  l'on  voit  avec  une  netteté  extraordinaire  les  bords  de  la  planète;  le 
disque  de  Mercure  paraît  beaucoup  plus  noir  que  tout  à  l'heure;  l'image 
de  la  planète  paraît  bien  nettement  frangée  aux  bords. 

»  Mercure  se  rapproche  de  plus  en  plus  du  bord  solaire;  un  filet  lumi- 
neux subsiste  entre  les  deux  bords  de  la  planète  et  du  Soleil,  sans  présen- 
ter aucun  autre  phénomène  remarquable. 


(   "89  ) 

»  Le  filet  lumineux  diminue  graduellement  et  se  rompt  instantanément; 
je  n'ai  pas  vu  le  phénomène  de  la  goutte  noire. 
»   Voici  l'instant  de  rupture  du  filet  lumineux  : 

Sortie  interne i8hi7m2os     (temps  moyen  d'Athènes) 

»  L'échancrure  du  bord  solaire  diminue  de  plus  en  plus;  je  ne  distingue 
aucun  phénomène  lumineux  pendant  la  sortie  de  la  planète.  Les  ondula- 
tions du  bord  du  Soleil  étant  presque  insensibles,  j'ai  pu  estimer  le  mo- 
ment de  la  sortie  externe  presque  avec  la  même  précision  que  celui  de  la 
sortie  interne. 

»   Voici  le  temps  de  la  disparition  totale  de  l'échancrure  : 

Sortie  externe i8h22mos     (temps  moyen  d'Athènes) 

»  La  détermination  du  temps  et  la  marche  de  la  pendule  ont  été  obtenues, 
avec  toute  l'exactitude  possible,  à  l'aide  de  notre  cercle  méridien;  le  chro- 
nomètre que  nous  avons  employé  a  été  comparé  plusieurs  lois  à  la  pen- 
dule méridienne  avant  et  après  l'observation.  » 

ASTRONOMIE.    —    Les  conditions  atmosphériques  de  Greenwich  par  rapport 
à  la  question  de  l'heure  universelle.  Note  de  M.  Toxdixi. 

«  Bien  que  le  méridien  initial  puisse  être  fixé  par  sa  distance  aux  obser- 
vatoires existants  (ainsi  qu'on  a  fait  pour  celui  de  Jérusalem-Nyanza,  déjà 
repéré  à  120  observatoires,  dont  on  a  présenté  la  liste  destinée  à  être 
envoyée  aux  puissances),  tout  suggère  qu'on  le  choisisse  de  manière  à 
pouvoir,  au  moins,  être  fixé  aussi  par  un  observatoire  situé  en  de  favora- 
bles conditions  atmosphériques,  et  qu'il  offre  le  plus  possible  d'avantages 
sur  son  parcours.  C'est  en  vue  de  cette  double  considération  que  l'Italie 
s'abstient  d'appuyer  le  choix  de  Greenwich  et  qu'elle  propose,  pour  fixer 
l'heure  universelle,  celui  de  Jérusalem-Nyanza,  le  statu  quo  devant  être 
garanti  dans  la  Marine,  dans  l'Astronomie  et  dans  la  Topographie. 

»  Les  conditions  atmosphériques  du  point  où  s'élèverait,  ou  pourrait 
s'élever,  l'observatoire  fixant  l'heure  universelle  ont  paru,  même  à  la  con- 
férence de  Washington,  si  importantes,  qu'on  y  a  relevé  celles  où  se  trouve 
l'Observatoire  de  Paris  comme  n'étant  pas  assez  favorables  (Procès-Verbaux, 
p.  [\i-f\2).  Si  donc  on  y  a  cru,  par  erreur,  que  celles  de  Greenwich  le  sont 
davantage,  cette  erreur  elle-même  prouve  la  portée  que  la  conférence  atta- 


(  TI9°  ) 
chait  auxdites  conditions.  Or,  voici  quelques  données  empruntées  aux  do- 
cuments officiels  de  l'observatoire  de  Greenwich. 

»  La  moyenne  de  l'état  nébuleux,  o  indiquant  un  ciel  pur  et  10  un  ciel 
très  chargé,  y  a  été  :  en  1886,  de  6,8  ;  en  1887,  de  6,5  ;  en  1888,  de  7,2. 

»  Le  nombre  de  jours  pluvieux  a  été  :  en  1886,  de  i63;  en  1887,  de 
1.43;  en  1888,  de  j65. 

»>  Sur  les  4454  heures  pendant  lesquelles  le  soleil  se  trouve  chaque 
année  plus  de  5  degrés  au-dessus  de  l'horizon  de  Greenwich  (4464,9  dans 
les  bissextiles),  on  a  eu  :  en  1866, 1229,2  ;  en  1887,  1406,9;  en  1888  (biss.), 
1068,1  heures  pendant  lesquelles  il  a  assez  brillé  pour  laisser  trace  sur 
l'appareil  de  l'observatoire. 

»  Aussi  il  résulterait,  de  la  comparaison  avec  toutes  les  autres  stations 
météorologiques,  qu'en  l'année  1889  l'état  nébuleux  de  Greenwich  aurait 
plutôt  augmenté. 

»  Voilà  pourquoi  si,  dans  l'état  actuel  de  l'Astronomie,  les  instruments 
de  précision  et  les  calculs  suppléent  si  bien  à  l'état  du  ciel,  que  les  éphé- 
mérides  nautiques  ne  s'en  ressentent  nullement,  il  faudrait  d'autant  plus 
en  tenir  compte  quand  il  s'agit  de  fixer  l'heure  universelle,  que  nul  ne  peut 
prévoir  toutes  les  applications  que  l'unification  dans  la  mesure  du  temps 
pourrait  avoir  à  l'avenir. 

»  Quant  au  méridien  de  Jérusalem-Nyanza,  l'Italie  en  soumet  le  choix  à 
la  considération  des  puissances,  vu  que  soit  l'altitude  (779™),  soit  la  lati- 
tude de  Jérusalem  (3i°46'  3o"N.),  soit  la  circonstance  que  son  méridien 
offre  un  arc  sur  terre  d'environ  920  (86°,  si  l'on  en  soustrait  les  mers  inté- 
rieures qu'il  traverse)  et  qu'il  coupe  l'équateur,  les  deux  tropiques,  le 
45°  N".  et  le  cercle  polaire  arctique  sur  le  continent,  lui  paraissent  mériter 
d'être  prises  en  considération.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  l'intégration  algébrique  des  équations 
différentielles  du  premier  ordre.  Note  de  M.  Paixlevé,  présentée  par 
M.  Poincaré. 

«  M.  Poincaré,  dans  une  Note  récente,  a  énoncé  d'importantes  propo- 
sitions relatives  à  l'intégration  algébrique  des  équations  du  premier  ordre 
et  du  premier  degré.  Je  me  propose  d'étudier  ici  la  même  question  pour 
une  équation  du  premier  ordre  quelconque. 


(  »9>  ) 
»  Soit 

(0  x(y,y,*)  =  o 

une  équation  dont  le  premier  membre  est  un  polynôme  irréductible  en  y', 
y,  x,  de  degré  q  en  y'.  Nous  supposons  que  l'on  a  fait  subir  aux  variables 
x,  y  la  transformation  homographique  la  plus  générale.  Quand  l'intégrale 
de  (i)  est  algébrique,  le  genre  vs  de  la  relation  entre  les  constantes  inté- 
grales (nombre  que  j'ai  introduit  dans  des  travaux  antérieurs)  est  nul,  ou 
égal  à  i  ou  plus  grand  que  i.  Quand  on  suppose  u>i,ona  une  limite  su- 
périeure du  degré  de  l'intégrale;  dans  l'hypothèse  xs  =  i ,  l'intégrale  doit 
satisfaire  à  l'égalité 

3 (y1, y, es)        l"Pdx  -+~Qdy    -eonst., 

où  J  représente  une  intégrale  simple  de  première  espèce  attachée  à  la  sur- 
face (i).  On  reconnaît  algébriquement  si  cette  condition  est  vérifiée  :  il 
faut  de  plus  que  J  n'ait  que  deux  périodes.  On  est  ainsi  ramené  au 
problème  de  la  réduction  des  intégrales  abéliennes  aux  intégrales  ellip- 
tiques. 

»   Reste  le  cas  de  gj  =  o.  Pour  fixer  les  idées,  faisons  q  =  2,  mais  la  mé- 
thode s'applique  aussi  bien,  quel  que  soit  q.  Soit  donc 

(1)  l-f-2M/  +  N  =  o 

l'équation  considérée,  où  L,  M,  N  sont  de  degré  m  en  x,  y.  Il  n'existe  pas 

en  général  de  points  d'indétermination  dey',  c'est-à-dire  de  valeurs  de  a-,  y 

qui  annulent  à  la  fois  L,  M,  N.  De  tels  points  E,  quand  ils  existent,  sont  des 

nœuds  ou  des  cols.  Résolvons,  d'autre  part,  l'équation   (1)   par  rapport 

à  J'  :  

,  _  M  ±  y/M2  —  Li\        M  zn  P  y/QR 

R  =  o  définit  une  intégrale  singulière,  Q  =  o  le  lieu  des  points  de  rebrous- 
sement  des  intégrales.  Sur  cette  dernière  courbe,  distinguons  les  points  E' 
où  le  coefficient  angulaire  de  la  tangente  est  égal  ky'. 

»   L'intégrale  de  (1),  lorsqu'elle  est  algébrique  et  que  us  est  nui,  s'écrit 

O)  /(a7,^)  =  C»a-=-aCP+y  =  o; 

/désigne  un  polynôme  de  degré  n  en  r,  y,  irréductible  pour  toute  valeur 
de  la  cozistante  C,  sauf  pour  certaines  valeurs  remarquables.  Si  on  élimine 


(  Ilf)-'  ) 

C  entre  les  équations  (2)  et/J  -+-/r'  y'=  o,  le  résultant 

L,r':-2M,r'+  N,  =  o 

est  de  degré (4 ra—  2)  en  x,y.  Mais  L,,  M„N,  sont  divisibles  :  i°paro'A-\ 
si,  pour  une  valeur  c  de  C,  /est  divisible  par  <px;  20  par  ^  si  p2 — xy 
contient  en  facteur  ip  ((/.  <  1).  Cette  règle  doit  être  modifiée  quand  ty  =  o 
définit  en  même  temps  une  intégrale  de  (1);  de  même,  quand  <p  entre  en 
facteur  dans/ aux  puissances  >.  et  V  pour  deux  valeurs  de  C,  L,,  M,,  N, 
sont  divisibles  par  ©VfV~2. 

»  Quand  l'équation  (j)  n'a  pas  de  nœuds,  on  reconnaît  aisément  si  son 
intégrale  est  une  courbe  algébrique  de  genre  donné.  Mais  cherchons  à 
résoudre  la  même  question  sans  aucune  donnée.  Désignons  par  lie  degré 
de  <p,  par  k  le  nombre  des  valeurs  remarquables  de  C,  par  r  le  degré  de 
l'intégrale  singulière  R  =  o.  On  trouve 


m 


an  -  2/(A  -  [)  =(2  -k)n    -    il. 


»  Ceci  suppose,  toutefois,  que  la  quantité  M2  —  LN  ne  contient  aucun 
facteur  y*  (<*]>  1)  qui»  égalé  à  zéro,  définisse  une  intégrale  singulière; 
sinon  il  faut  modifier  la  formule.  Ce  cas,  où  l'équation  admet  une  inté- 
grale singulière  multiple,  ne  se  présente  que  s'il  existe  des  noeuds.  Dans 
tous  les  cas,  le  nombre  des  valeurs  de  C  pour  lesquelles  /est  une  puis- 
sance d'un  polynôme  ne  saurait  excéder  (S. 

»   De  plus,  si  pour  une  valeur  remarquable  a  on  a 

la  courbe  <p,  =  o  rencontre  une  au  moins  des  courbes  <p,  =  o  (soit<p2  =  o) 
en  un  des  points  E  ou  E'.  Quand  ce  point  P  est  un  nœud,  il  passe  par  ce 
point  au  moins  deux  branches  remarquables  isolées  qui  appartiennent  aux 
courbes  <p,  =  o,  o.2  =  o.  Nous  disons  alors  qu'wn  col  est  confondu  avec  un 
nœud.  De  là  une  limite  supérieure  du  nombre  X\  En  étudiant  les  inté- 
grales dans  le  voisinage  de  P,  par  les  méthodes  de  M.  Poincaré,  on  peut 

d'ailleurs  calculer  la  valeur  irréductible  j  du  rapport  r*--  Ce  rapport  est 
nécessairement  égal  à  1  aux  points  E'. 

»  De  là  résulte  ce  théorème  :  On  reconnaît  algébriquement  si  l'intégrale 
d  une  équation  (1)  est  algébrique  et  correspond  au  cas  de  rs  =  o  : 

»    i°   Quand  l'équation  (1  )  n'admet  pas  de  points  d'indétermination; 


(  "1)3  ) 

»  2°  Quand  elle  n'admet  pas  de  cols  par  lesquels  passent  plusieurs  branches 
isolées  ; 

»  3°  Lorsqu'il  existe  de  tels  cols,  mais  que  les  nombres  /, ,  L,  ...  sont,  pour 
chacun  de  ces  points,  ou  égaux  à  l'unité  ou  plus  grands  que  5. 

»  Au  cas  où  il  existe  des  nœuds,  le  théorème  suppose  essentiellement 
que  l'équation  (i)  n'admet  pas  d'intégrale  singulière  multiple.  La  méthode 
est  encore  en  défaut  quand  m  +  i  —  r  est  /tuf,  ou  quand,  m  -+-  i  —  r  étant 
positif,  l'équation  admet  une  intégrale  particulière  de  degré  (m  -+-  i  —  r). 

«  Ce  théorème  subsiste,  quel  que  soi!  q.  Pour  q  =  i,  les  dernières  res- 
trictions sont  inutiles.  Pour  q  quelconque,  on  peut  énoncer  notamment 
cette  proposition  :  Quand  une  équation  du  premier  ordre  n'admet  ni  cols  ni 
intégrales  singulières  multiples,  on  reconnaît  algébriquement  si  son  intégrale 
est  algébrique,  ou  l'on  ramène  l'équation  à  une  quadrature.  Il  y  a  exceptioii 
si  m  -r-  q  —  r  est  nul,  ou  si,  m  ;  q  —  /'étant  positif,  il  existe  une  intégrale 
particulière  de  degré  m  -+-  y  —  r;  /est  le  degré  de  l'intégrale  singulière. 

»  Voici  d'autres  résultats  relatifs  à  une  question  différente.  Soit  F  =  o 
une  équation  irréductible  entre  y'  et  y,  de  degré  q  en  y',  dont  les  coeffi- 
cients sont  des  fonctions  quelconques  de  x,  et  soit  m  le  plus  grand  des 
nombres  m,+  i;  mt  est  le  degré  en  y  du  coefficient  de  y'1.  On  reconnut/ 
algébriquement  si  f  intégrale  de  cette  équation  ne  prend  qu'un  nombre  donné  n 
île  râleurs  autour  des  points  critiques  mobiles,  et  l'équation  s'intègre  alors  par 

quadrature,  à  moins  que  n  ne  soit  précisément  égal  à  — ;  rest  le  degré 

en  y  de  l'intégrale  singulière.  Dans  ce  dernier  cas.  il  peut  rester  à  intégrer  une 
équation  de  Riccati.    » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  -  -  Sur  la  détermination  des  intégrales  des  équa- 
tions aux  dérivées  partielles  du  premier  ordre.  Note  de  M.  J.  Collet, 
présentée  par  M.  Darboux. 

«   Une  équation  aux  dérivées  partielles  étant  donnée, 

F(  =  ,  xt-,  pk)  —  o  ii,  />  -  -  i ,  2, n), 

les  éléments  initiaux  (z",  x",pl)  définissant  les  caractéristiques  qui  engen- 
drent une  de  ses  intégrales  devront  former  une  multiplicité  intégrale 
'■  \1„_,  )°  d'ordre  n  —  i,  c'est-à-dire,  devront  dépendre  de  n —  i  variables 

C.  R.,  iSç)i,  i"  Semestre.  (T.  CXII,  N'   21.)  *55 


(  "9*  ) 
indépendantes  et  satisfaire  aux  équations 


(i)  F(z'\x%pl)  =  n, 

(2)  dz*-p\dx\-p\dx\-...~p«ndx«H 


»   Une  telle   multiplicité   renferme   toujours   une   multiplicité  ponctuelle 
(Pu-,)0,  d'ordre  n  —  q,  (i<q<n),  définie  par 

(3)  ?A(a°,  x%  œ\ <)  =  o  (A  =  o,i,a ?). 

»   Les  autres  relations  déterminant  (M,,_,)°  sont  l'équation  (1)  et  les 
suivantes  (f\)  qui  résultent  des  équations  (2)  et  (3), 


,   x° <,*«  +  *'  3F  +  •  •  •  +  **3F  "  "  ~~  *' 

(4)      ^ 

i     .         <J<Pn  .         dtp.  v        dfO„  II  /  7 

(^4+^4  +  ---  +  \5i|=rf         (*  =  i.a »). 

Les  paramètres  X0,  X, lr/  doivent  être  éliminés. 

»  Pour  chaque  point  de  (P„_?)n,  dont  n  —  q  coordonnées  sont  arbi- 
traires, on  pourra  donc  choisir  à  volonté  q  —  1  des  quantités p\,  pi,  . ..,  //, 
les  autres  étant  définies,  pour  chaque  point,  par  les  équations  (1)  et  (4). 

»  L 'ensemble  de  toutes  les  caractéristiques  quon  peut  ainsi  définir  constitue 
une  multiplicité  intégrale  d'ordre  n,  c  est-à-dire  une  intégrale  dont,  nous  nous 
proposons  déformer  l'équation. 

»  Soit  une  intégrale  complète 

V(s,  -r,,  x.,,  .    .,  xn,  a,, a ,  )  =  o. 

Comme  l'équation  (1)  peut  être  remplacée  par  les  suivantes, 

V°  =  V(s,  x xn,  a. a„)  =  o, 

dV°         „  dX» 

r<  ;-^^  =  °     0  ='-2 ">• 

le  système  (4)  deviendra 

<*Po    .        dv,  dtp,        dV° 

, -N       I  ^  3F  +  f*<  5F  ^  •  •  • +  rV  0%  '-=  -,)-.«  ' 

(5) 


I         d<?°     ,  dtp,  fjœ  dV  , 

fA°3^  +  ^3^-f----+^^T:     ,),v         (* 


dli  -*-'^à.vl.    '    ••'-|-^3^       ,,.,7         t,*  =  I,2 n;. 


(  l'O»  ) 
»   D'autre  part,  les  caractéristiques  étant  définies  par 

„  d\       ,    dV  ,. 

V  =  o,  —+0,-^  =  0  (1  =  1,  2,  ...,/»), 

en  exprimant  que  L'une  d'elles  passe  en  un  point  de  (PB_?)°,  on  aura, 
pour  cette  caractéristique, 

(6)        V  =  o,         V  =  o.         g-H^°=o         (,  =  i.a,...,n). 

»  Si  l'on  élimine  alors  les  2n-f-^  +  3  quantités  >,,  ;x0,  ;/,, , y.q;  z",  x",  ..., 

xl;at,ait  ..,  an  entre  les  2/ï  -t-<p  -+-  4  équations  (3),  (5),  (6),  on  aura 
l'intégrale  cherchée.  C'est  le  lieu  des  caractéristiques  déterminées  par  les  élé- 
ments de  la  multiplicité  intégrale  (  M„_,  )",  définie  elle-même  par  la  multiplicité 
ponctuelle  donnée  (  I '„._,,  V. 

»  Cette  solution  n'est  autre  que  {'intégrale  générale  correspondant  à  la 
relation  entre  a{,  ait  ...,  a„,  fournie  par  V°  =  o,  quand  -",  r",  .  ,  r)'  y 
sont  remplacés  par  leurs  valeurs  tirées  de  (3)  et  de  (5)  après  l'élimina- 
tion des  [a.  L'intégrale  générale  serait  alors  définie  par 

-,  n), 


(  ;  )     V  =  o, 

V°=o, 

\-l    -r—     =  0            (ï  =  I,  2, 

où  l'on  a  posé 

d\<> 

1   da, 

da, 

<A«  ds0        dV«  dx\                u  <JV"  ,).,'■ 

<)z"  (tu,         ,1.1  j    i)a,-                      doB"n   da. 

Mais  de  (  5  )  on  ( 

léiluil 

dz° 

<Jz" 

donc  les  systèmes  (6)  et  (7)  sont  bien  identiques. 

»  Les  résultats  qu'on  vient  d'obtenir  par  la  considération  des  caracté- 
ristiques peuvent,  d'ailleurs,  s'établir  avec  la  plus  grande  facilité  en  sui- 
vant la  méthode  de  la  variation  des  arbitraires  de  Lagrange. 

o    Une  intégrale  générale  étant  représentée  par  les  équations 

V  =  o,  ©(«o»  ai  '  ■  •  ••  >:«*  " an)  =  °> 

?a(«o,  « *»)  =  0  (A  =  o,  1 q), 

ô\       .  de  ,  ■  v 

1 \-l-r-   =0         (j  =  r,2, n), 

aa,  da, 

à<f0  dv,  do,.         d&  ,j 


(  "96  ) 
si  l'on  définit  la  fonction  arbitraire  0,  en  posant 

0  =  V(a0,  a,,  ...,  xn,  a, a„  ), 

on  retrouvera  la  solution  précédemment  obtenue;  et  il  est  facile  de  vé- 
rifier cpie,  non  seulement  elle  contient  la  multiplicité  (Pn_qY,  mais  encore 
qu'elle  est  le  lieu  de  toutes  les  caractéristiques  dont  les  éléments  initiaux 
constituent  la  multiplicité  intégrale  (M„_,)°  définie  par  (P„  _?)°. 

»  Le  cas  d'une  équation  linéaire  exige  un  examen  particulier.  Alors, 
l'intégrale  considérée  sera  définie,  non  plus  par  une  équation  unique  en 
général,  mais  par  un  système  de  q  équations  entre  les  seules  coordonnées  s, 
x\,x2,  ...,xn.  Pour  chaque  point  de  cette  intégrale,  les  équations  ana- 
logues à  (4)  constitueront,  avec  l'équation  différentielle,  les  «  —  q  4-  i 
relations  qui  relient  les  valeurs  de  p,,p2,  ■■  pa\  et  comme,  en  chaque 
point,  n —  <7  +  i  coordonnées  sont  arbitraires,  la  multiplicité  intégrale 
ainsi  obtenue  sera  bien  d'un  ordre  éiral  à  n.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    -  Sur  les  équations  abèliennes. 
Note  de  M.  A.  Pellet. 

«  i.  Appelons  A,  selon  l'usage,  le  produit  des  carrés  des  différences 
des  racines  d'une  équation.  Pour  une  équation  abélienne  de  degré  impair, 
A  est  un  carré  parfait,  et,  pour  une  équation  abélienne  de  degré  pair  im, 
y/A  est  une  irrationnelle  qui,  adjointe  aux  quantités  connues,  permet  de 
décomposer  son  premier  membre  en  un  produit  de  deux  facteurs  d'égal 
degré  m.  Soient  S,  à,  les  A  relatifs  à  ces  facteurs;  ce  sont  des  fonctions  ra- 
tionnelles de  y/A  conjuguées,  c'est-à-dire  qu'on  obtient  l'une  en  rempla- 
çant y/A  par  —  y/ A  dans  l'autre.  Si  m  est  pair,  y/S  et  y/S,  sont  des  irration- 
nelles équivalentes;  on  a  donc  S,  =  «*§,  «étant  une  fonction  rationnelle 
de  y'A;  d'où  S  =  mJS,,«,  étant  la  conjuguée  de  u,  aïiru]  =  i.  D'ailleurs,  on 
a  é?2B<$,  =  A,  d  étant  une  quantité  rationnelle  avant    l'adjonction  de  y/Â; 

donc  d'-u2P=  A,  S  =  -y/A»;  d'où  S,  =—    -y/«.  et  SS(  = -,uu,,  ce  qui 

donne  uu,  —  —  ï. 

»  2.  Appliquons  à  l'équation  binôme  L  =  o.  On  a 

pip-'i 
A  =  (-i)     ■     P'-\ 


(   "97  ) 
ou  simplement pp~2,  si  p  —  i  est  divisible  par  4-  Ie'  d<  ^  %t  sont  des  nom- 
bres entiers  algébriques,  et  de  la  relation  d2tàt    - pp  ~  on  déduit  que  8 
et  S,  doivent   être  des  fonctions  entières  à  coefficients  entiers   de    \fi) . 
Soient  a  et  b  deux  entiers  positifs  satisfaisant  à  la  relation  a2  —  b2p       —  i , 

et,  pour  fixer  les  idées,  eboisis  de  manière  à  rendre  la  somme  a-^-bsJp 
minimum;  on  reconnaît  que  o  doit  avoir  la  forme 

rfc  (bp      a  \[p)ph(a      b\/p)2  ', 

k  et  kK  étant  des  entiers,  le  premier  positif.  Mais  |8  doit  être  négatif,  si 

-  est  impair,  et  positif  dans  le  cas   contraire;   donc,   pour  avoir   les 

irrationnelles    de    l'équation    aux    quatre    périodes,    il    faut    se    donner 

\        [bp  —  a  \p)  dans  le  premier  cas,  et  \//>p  —  a  \p  dans  le  second. 

»   D'après  la  méthode  de  Gauss,  il  faut  adjoindre  y —  2  (p  —  a-sjp)  dans 

le  premier  cas  et  \  -2[p  -+-  a  \Jp    dans  le  second,  a.  étant  déterminé  par  les 
deux  conditions  k.2  4  !\'f     ■■  i,  a  i  (mod/|);  il  en  résulte  que  le  pro- 

duit —  2(a  rp  \jp)  {a  -t-  b  \Jp)  est  le  carré  d'une  fonction  entière  de  \jp. 

»  Cette  méthode  fait  dépendre  la  connaissance  des  irrationnelles  de 
l'équation  aux  huit  périodes  de  celle  des  unités  complexes  de  l'équation 
aux  quatre  périodes. 

3.  De  ce  qui  précède,  on  peut  déduire  le  caractère  biquadratique  de 
tout  nombre  premier  q,  autre  que  2,  divisant  l'un  des  nombres  mou  c  relies 
par  l'équation  u2  —  v-p  =  —  i .  Si  q  divise  u,  il  est  résidu  quadratique 
mod.^;  si  p  —  i  est  divisible  par  8,  q  est  résidu  biquadratique  (mod.p)  si 
v  est  résidu  quadratique  mod.q,  et  non  résidu  biquadratique  (mod./.*)  si  v 
est  non  résidu  quadratique  mod.r/;  si  p  —  i  n'est  pas  divisible  par  8,  q  est 
résidu  biquadratique  (mod. />)  si  —  v  est  résidu  quadratique  (mod. q)  et 
non  résidu  biquadratique  lorsque  — eest  non  résidu  quadratique  (mod. q). 

»  Si  q  divise  v,  p  et  q  sont  en  même  temps  résidus  quadratiques  ou  non 
résidus  quadratiques  l'un  par  rapport  à  l'autre.  Supposons  q  résidu  qua- 
dratique modyo.  Si  q  est  de  la  forme  «SX-  -f-  i,p  et  q  sont  en  même  temps 
résidus  biquadratiques  ou  non  résidus  biquadratiques  l'un  par  rapport  à 
l'autre;  si  q  est  de  la  forme  8k  -+-  5,  q  est  résidu  quadratique  (mod./;)  sip 
est  non  résidu  biquadratique  (mod.  q  ),  et  vice  versa.   > 


(  "9»  ) 


ÉLECTRICITÉ.  —  Recherches  de  thermo-électricité.  Note  de  MM.  Cmassagxy 
et  Abraham,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Ainsi  que  nous  l'annoncions  dans  une  Communication  antérieure  ('), 
nous  avons  étendu  nos  mesures  de  forces  électromotrices  à  différents  cou- 
ples thermo-électriques. 

»  Nous  rappelons  que  ces  mesures  sont  faites  par  une  méthode  d'oppo- 
sition et  que,  dans  chaque  série  d'expériences,  les  fds  des  métaux  étudiés, 
soigneusement  isolés,  sont  soudés  à  l'une  de  leurs  extrémités  dans  une 
même  petite  masse  de  cuivre  rouge,  pour  assurer  l'identité  de  température 
des  soudures  chaudes,  les  soudures  froides  étant  maintenues  dans  la  glace 
fondante.  Les  températures  du  bain  où  plonge  la  soudure  multiple,  éva- 
luées au  moyen  d'un  thermomètre  à  mercure  de  M.  Tonnelot,  sont  réduites 
à  l'échelle  du  thermomètre  à  hydrogène  à  l'aide  des  Tables  fournies  par 
le  Bureau  international  des  Poids  et  Mesures  où  notre  thermomètre  a  été 
étalonné. 

»  Dans  l'étude  du  couple  fer-cuivre,  nous  étions  arrivés  à  ce  résultat  : 
«  qu'une  formule  parabolique  à  deux  termes  est  tout  à  fait  insuffisante 
»  pour  relier  les  forces  électromotrices  aux  températures  correspondantes 
»  du  thermomètre  à  hydrogène;  les  températures  évaluées  à  l'aide  d'une 
»   telle  formule  calculée  pour  o°,   5o°,    ioo°  présentant,  en  effet,  sur  les 

températures  observées  des  écarts  de  o°,  12  à  25°  et  de  +  o°,i3  à 
■>  7">°  (2)  ». 

»  Or  ce  fait  n'est  pas  particulier  au  couple  fer-cuivre;  il  se  présente 
également  pour  tous  les  couples  que  nous  avons  étudiés,  et  ces  écarts  pré- 
sentent entre  eux  une  remarquable  identité. 

»   Voici  d'abord  le  Tableau  des  forces  électromolrices  observées  : 

..ion" 

Fer-cuivre 0,0010982 

Fer-platine  rhodié.  .  .  o,ooo8g5i 

Fer-argent 0,0011280 

Fer-platine o,ooi685i 


E?°. 

E*  . 

0 

O00864g 

0 

0006048 

o,ooo3i55 

0 

OOO7089 

0 

000 4961 

0,0002691 

0 

OO088J6 

0 

0006174 

o,ooo32i  1 

0 

OOI2789 

0 

000859g 

o,ooo432i 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXI,  p.  477,  602,  732;  1890. 

(2)   Une  interversion  de  signe  nous  avait  fait  dire  4-  o°,  12  et  —  o°,  i3. 


<   TI99  ) 

»  La  nécessité  de  n'employer  que  des  fils  suffisamment  homogènes,  pour  que  la 
force  électromotrice  d'un  couple  ne  dépende  que  des  températures  des  soudures,  a 
rendu  impossible  toute  mesure  sur  le  nickel. 

»   En  calculant  pour  chacun  de  ces  couples  une  expression  de  la  forme 

E'0       al       ht-, 

qui  donne  à  5o°  et  ioo°  les  valeurs  observées,  on  trouve  que,  d'après  cette 
formule,  les  forces  électromotrices  mesurées  a  2.5"  et  73°  correspondraient 
respectivement  aux  températures  suivantes  : 

o  o 

Fer-cuivre 24,88  76,  i.3 

Fer-platine  rliodié ^4, 885  - 5  .  l35 

Fer-argent 24,87  7") ,  i35 

Fer-platine 24,87  -  ) ,  1 35 

Moyennes 2 \  .  s-'i  7") ,  i35 

T. es  nombres  de  chacune  de  ces  deux  colonnes  sont  identiques  au  degré 
même  de  la  précision  des  lectures  sur  le  thermomètre  à  mercure. 

»  Il  résulte  nettement  de  ce  dernier  Tableau  qu'en  adoptant  l'échelle 
du  thermomètre  à  hydrogène  la  marche  d'aucun  de  ces  couples  n'est  parabo- 
lique, et  que  leurs  pouvoirs  1  h crmo-élect tiques  sont  représentes  non  par  des 
droites,  mais  par  des  courbes  tournant  toutes  leur  concavité  vers  l'axe  des 
températures. 

»  Mais,  si  l'on  adoptait  une  échelle  où  les  températures  o°  ;  24°, 87.''): 
5o°;  75°, i3;  ioo°  correspondraient  respectivement  aux  températures 
o°,  2  )",  5o°,  75°,  ioo°  du  thermomètre  à  hydrogène,  les  courbes  repré- 
sentatives des  forces  électromotrices  de  tous  ces  couples  entre  o"  et  roo°  devien- 
draient très  exactement  des  paraboles,  et  celles  de  leurs  pouvoirs  thermo-élec- 
triques des  droites. 

»  Nous  ferons  remarquer  que  les  résultats  qui  précèdent  s'appliquenl 
également  aux  six  autres  couples  que  l'on  peut  former  en  groupant  au- 
trement les  métaux  employés,  couples  qui  ont  été  mesurés,  eux  aussi, 
en  vue  d'assurer  le  contrôle  que  fournit  la  loi  des  métaux  intermé- 
diaires ('  ).  « 


(')  Travail  fait  au  laboratoire  de  Physique  de  l'École  Normale  supérieure. 


(      ]  200    ) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.   --  Détermination  de  la  constante  solaire. 
Note  de  M.  R.  Savélief,  présentée  par  M.  Janssen. 

«  Dans  ses  remarques  sur  les  résultats  des  observations  actinométriques 
faites  par  moi  à  K.ief  en  1890  ('),  M.  Crova  (2)  fait  observer  que  c'est 
surtout  pendant  l'hiver  que  ractinomètre  enregistreur  donne  les  résultats 
les  plus  intéressants.  Les  observations  enregistrées  pendant  l'hiver  et  le 
commencement  du  printemps  de  l'année  1891  au  moyen  de  l'actinographe 
de  M.  Crova  m'ont  en  effel  donné  une  seule  courbe  absolument  symétrique, 
mais  assez  remarquable. 

»  Le  26  décembre  1890,  le  ciel  a  été  du  matin  au  soir  d'un  bleu  pur, 
sans  aucun  nuage,  visible;  la  variation  du  baromètre  n'a  été  pendant  vingt- 
quatre  heures  que  de  omm,5  ;  la  température  de  l'air  a  varié  de  —  17  C,B  à 
—  22  C,  4.  et  la  tension  de  la  vapeur  d'eau  s'est  maintenue  entre  omm,7  et 
omm, 9;  pendant  la  nuit,  l'actinomètre  a  été  arrêté  par  la  gelée;  mais  l'in- 
strument a  été  remis  en  état,  et  à  io1'  du  matin  a  pu  fonctionner  régulière- 
ment. 

»  La  courbe  de  cette  journée  a  été  complètement  symétrique  par  rap- 
port a  l'ordonnée  de  midi  et  tout  a  fait  régulière;  j'ai  tracé  sa  courbe  en- 
veloppe, et  je  l'ai  calculée  au  moyen  des  formules  de  M.  Crova  (3) 

y  =-      — -^— .— >         sous-tane;  =  c(\        r -.  T  - --  el+   . 

»  La  valeur  de p  dépendant  de  la  transmissibilité  T  a  été  trouvée  égale 
•1  0,647  ±0,018  pour  des  masses  atmosphériques  traversées,  a;  variant  de 
4  à  10;  au  moyen  de  ce  facteur,  j'ai  calculé  sept  valeurs  de  la  constante 
solaire  Q,  comprises  entre  3cal, 571  et  3oaI,6o9;  leur  valeur  moyenne  est 
3cal,589. 

»  En  la  multipliant  par  le  carré  du  rayon  vecteur  du  Soleil  pour  cette 
journée,  j'ai  obtenu  pour  la  constante  solaire,  réduite  à  la  distance  moyenne 
du  Soleil  à  la  Terre,  le  nombre  Q,„=  3cal, 47. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXII,  ]>.  481. 

(2)  Ibid.,  p.  48a. 

(3)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  6P  série,  t.  XIV,  août  1888. 


(     120  1     ) 

»  On  sait  que  M.  Langley  a  obtenu,  au  moyen  de  ses  remarquables 
observations  bolométriques,  3c:i',o  comme  valeur  de  la  constante  solaire. 

»  J'ai  discuté  avec  beaucoup  d'attention  ces  valeurs  numériques,  et  le 
résultat  que  j'ai  obtenu  me  paraît  absolument  hors  île  doute;  en  effet  : 

»  i°  En  étendant  mes  calculs  depuis  l'épaisseur  atmosphérique  10  jus- 
qu'à l'épaisseur  16,  j'ai  obtenu  pour/>  et  Q  des  valeurs  presque  identiques 
à  celles  que  je  viens  d'indiquer. 

»  2"  La  valeur  en  calories  des  ordonnées  de  la  courbe  de  l'actinographe, 
le  2G  décembre,  67mn\8,  est  exacte,  car  pour  la  courbe  du  21  décembre 
elle  était  67,UI",6,  et  pour  celle  du  Ier  février  6c)ra"\i  pour  une  calorie. 

r>  3°  Pendant  cette  période,  le  vent  a  été  très  faible  et  ne  peut  avoir 
influé  sur  les  indications  de  l'instrument,  alors  que  son  action  est  insen- 
sible par  des  vents  assez  forts. 

»  4°  Les  conditions  météorologiques  ont  été  très  favorables;  en  effet, 
d'après  les  indications  du  Bullrtin  de  l!  Observatoire  physique  central  de.  Saint- 
Pétersbourg,  nous  avons  eu,  avant  le  26  décembre,  dans  la  Russie  d'Europe, 
quelques  journées  de  grandes  gelées,  avec  des  vents  d'est  et  nord-est  à 
Kief,  sous  l'influence  d'un  maximum  barométrique  sur  la  Russie  centrale; 
le  sol  était  recouvert  d'une  épaisse  couche  de  neige,  et  l'atmosphère  à  Kief 
devait  contenir  une  très  faible  quantité  de  vapeur  d'eau  et  de  pous- 
sières. 

»  5°  La  valeur  0,647  ^"  facteur  yo,  déterminée  le  26  décembre,  ne  dé- 
passe pas  la  limite  qu'elle  atteint  par  les  plus  belles  journées;  ainsi,  j'ai 
trouvé,  pour  le  7  janvier  1889,  /?  —  o,()2f)  (').  M.  Crova  (2)  a  trouvé  à 
Montpellier,  aux  dates  suivantes  : 

a3  nov.  [886.  '7  aov.  [885.  [3  août  1888.  19  août  1888. 

/> 0,602  o,643  0,73s  o,532 

Ainsi  la  valeur  de  p  que  j'ai  obtenue  le  26  décembre  ne  présente  rien 
d'exceptionnel;  il  en  est  donc  de  même  de  la  transmissibilité. 

»  Il  y  a  d'autant  moins  lieu  de  douter  de  la  valeur  élevée  que  je  viens 
d'obtenir  pour  la  constante  solaire,  qu'il  est  certain  que  nous  ne  pouvons 
déterminer  à  la  surface  de  la  Terre  la  totalité  de  la  chaleur  qui  arrive  aux 
limites  de  l'atmosphère. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CVIII,  p.  287. 

(2)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  6e  série,  t.  XXI,  octobre  1890. 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXI1,  N°  21.)  l56 


(     T202    ) 

»  Comme  leditM.  Crova  ('),  «  cette  valeur  ne  représente  que  l'inten- 
»  site  qu'aurait  aux  limites  de  l'atmosphère  l'ensemble  des  radiations  qui 
»  ont  pu  arriver  sans  être  totalement  absorbées  jusqu'au  lieu  où  elles 
»   ont  été  mesurées  ». 

»  On  peut  conclure  de  ce  qui  précède  que,  le  26  décembre  1890,  la 
transmissibilité  de  l'atmosphère  n'a  rien  présenté  d'exceptionnel,  mais  que 
les  minimes  quantités  de  vapeur  d'eau  et  de  poussières,  contenues  dans 
l'atmosphère  à  cette  époque,  ont  permis  à  des  radiations  qui  d'ordinaire 
n'atteignent  pas  la  surface  du  sol  d'arriver  jusqu'à  elle,  et  que  c'est  à  cette 
circonstance  qu'est  due  la  valeur  très  élevée  de  la  constante  solaire  que  j'ai 
obtenue.    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.   —   Sur  le  mouvement  de  balancement  rythmé 
de  l'eau  des  lacs  (seiches).  Note  de  M.  P.  du  Boys. 

«  On  observe  dans  les  lacs,  et  particulièrement  dans  le  lac  Léman,  des 
mouvements  de  balancement  de  l'eau  dont  la  surface  s'élève  et  s'abaisse 
successivement  dans  toute  une  région,  et  s'abaisse,  puis  s'élève  en  même 
temps  dans  l'autre  région,  suivant  un  rythme  oscillatoire  régulier.  Ces 
deux  régions  sont  séparées  par  une  ligne  où  le  niveau  reste  invariable  et 
qu'on  appelle  un  nœud. 

»  Ces  mouvements  ont  été  décrits  depuis  longtemps  sous  le  nom  de 
seiches  (2).  Ils  doivent  être  attribués  à  une  cause  (variation  locale  rapide 
de  la  pression  atmosphérique)  agissant  au  commencement  du  phénomène 
et  laissant  ensuite  l'eau  osciller  librement  sous  la  seule  action  de  la  pe- 
santeur. 

»  Les  équations  différentielles  de  ce  mouvement  oscillatoire  peuvent 
être  posées  directement;  mais  il  ne  paraît  pas  possible  d'en  tirer  parti 
quand  la  profondeur  varie  d'un  point  à  l'autre  du  profil  du  bassin. 

»  Pour  tourner  cette  difficulté,  on  peut  identifier  le  mouvement  de  ba- 
lancement avec  le  mouvement  de  propagation  d'une  onde  solitaire  d'une 


(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5°  série,  t.  XIX,  p.  167. 

{-)  Voir  les  travaux,  de  M.  F. -A.  Forel,  de  Morges,  entre  autres  :  Comptes  rendus, 
t.  LXXX,  p.  107,  i875;  t.  LXXXIII,  p.  712,  1876;  t.  LXXXVI,  p.  i5oo,  1878; 
t.  LXXXIX,  p.  85g,  1879.  —  Bull.  Soc.  vaud.  Se.  nal.,  t.  XII  et  XIII,  Lausanne, 
1873  et  1875.  —  Arch.  des  Sc.phys.  et  nat..  Genève,  passîm- 


(      I 203    ) 

longueur  double  de  la  longueur  du  bassin  et  enfermée  dans  ledit  bassin, 
de  telle  sorte  que  les  deux  extrémités  de  l'onde,  après  réflexion  contre 
les  parois  extrêmes,  se  rejoignent  et  marchent  ensemble.  Alors  deux  points 
de  l'onde  interfèrent  en  chaque  point  du  profil  du  bassin,  l'un  des  points 
de  l'onde  marchant  dans  un  sens,  l'autre  marchant  en  sens  contraire. 

»  La  demi-période  du  mouvement  de  balancement,  c'est-à-dire  le  temps  / 
pendant  lequel  l'eau  monte  ou  descend  en  un  point  du  bassin,  est  égale 
au  temps  que  le  sommet  de  l'onde  met  à  parcourir  la  longueur  /  du  bassin. 
Or  la  vitesse  ca  de  propagation  de  l'onde  est,  pour  une  intumescence  de 
très  faible  hauteur,  en  un  point  où  la  profondeur  est  //, 

w  =  sjgh. 

»  Dès  lors,  si  s  est  l'abscisse  de  ce  point  à  partir  de  l'origine  du  bassin, 
on  peut  écrire 

h  étant  une  fonction  de  s. 

»  Cette  formule  pourra  être  appliquée  à  un  bassin  à  fond  irrégulier,  en 
décomposant  le  profil  en  sections  de  longueur  sL  correspondant  à  des  pro- 
fondeurs extrêmes  ht  etA,+l,  entre  lesquelles  le  profil  du  fond  sera  assi- 
milé à  une  ligne  droite;  la  valeur  de  t  prendra  alors  la  forme 


■2 


Si 


»  Pour  que  le  mouvement  donne  lieu  à  un  nœud,  c'est-à-dire  à  un 
niveau  invariable  en  un  point  fixe,  il  faut  que  le  profil  de  l'onde  généra- 
trice du  mouvement,  supposée  se  propageant  dans  un  canal  à  fond  hori- 
zontal, soit  symétrique  par  rapport  à  la  verticale  passant  par  son  sommet, 
et  que  les  deux  demi-ondes  en  avant  et  en  arrière  du  sommet  soient  elles- 
mêmes  symétriques  par  rapport  à  leur  milieu. 

»  Dans  ce  cas,  deux  points  de  l'onde  distincts,  d'une  longueur  telle  que 
cet  espace  soit  parcouru  dans  un  temps  égal  à  l,  auront  des  ordonnées 
dont  la  somme  sera  constante.  Deux  points  ainsi  définis  interféreront  tou- 
jours en  un  point  du  bassin  tel  que,  pour  arriver  de  ce  pointa  l'une  des 

extrémités  du  bassin,  il  faille  un  temps  -■ 

»   Ce  point  sera  un  nœud;  car,  si  l'onde  se  déforme  en  passant  sur  des 


(     I204    ) 

profondeurs  variables,  en  un  point  donné  du  bassin,  la  hauteur  de  l'intu- 
mescence reste  toujours  proportionnelle  à  la  somme  des  intumescences 
des  deux  points  correspondants  de  l'onde  génératrice  :  elle  est  donc  con- 
stante pour  ce  point,  qui  réalise   ainsi  la  condition  caractéristique  du 

nœud. 

»  En  appliquant  cette  méthode  au  profil  que  l'on  obtient  en  rectifiant 
la  ligne  de  thalweg  du  lac  Léman,  on  trouve  des  résultats  qui  s'écartent 
très  peu  de  ceux  de  l'observation,  sans  qu'il  y  ait  lieu  de  tenir  compte 
des  variations  de  la  profondeur  dans  les  sections  transversales  du  lac.  » 


PHYSIQUE  DU  globe.      -   Sur  un  nouvel  appareil  de  sondage  portalij, 
à  fil  d'acier.  Note  de  M.  Emile  Belloc,  présentée  par  M.  Janssen. 

«  Ceux  qui  se  livrent  à  des  travaux  scientifiques  dans  les  montagnes 
savent  combien  il  est  urgent  de  réduire  au  strict  nécessaire  le  poids  et  le 
volume  des  appareils.  Cette  considération  et  les  éludes  que  je  poursuis 
depuis  plusieurs  années  dans  les  lacs  de  la  haute  montagne,  notamment 
dans  les  Pyrénées,  m'ont  amené  à  imaginer  un  petit  instrument  de  sondage 
et  de  recherches,  d'une  grande  légèreté,  pourvu  des  organes  les  plus 
essentiels,  et  dont  la  précision  ne  laisse  rien  à  désirer. 

»  Cette  petite  machine,  pesant  moins  de  4\  avec  laquelle  j'ai  déjà  fait 
un  grand  nombre  d'expériences  diverses,  m'a  servi  de  modèle  pour  com- 
biner un  nouvel  appareil  également  portatif,  et  muni,  comme  le  premier, 
d'un  fil  d'acier,  mais  plus  robuste  et  approprié  aux  recherches  sous-marines. 

»   En  voici  la  description  : 

»  Un  bâti  formé  de  deux  flasques  parallèles  en  bronze,  que  réunissent 
des  entretoises  de  même  métal,  est  solidement  fixé  sur  une  forte  planchette 
servant,  en  même  temps,  de  socle  à  la  machine  et  de  fond  à  la  caisse  d'em- 
ballage (')  destinée  à  la  transporter. 

»  Un  tambour  en  fonte  est  calé  sur  l'arbre  principal  de  la  machine.  Il 
peut  enrouler  environ  noom  de  fil  d'acier  de  -^  de  millimètre,  ou  2000™ 
de  fil  de  -^.  Les  deux  extrémités  de  l'arbre  reçoivent  chacune  une  mani- 
velle destinée  à  manœuvrer  l'appareil  pour  remonter  la  sonde. 

»   A  droite  du   tambour,  une  roue  à  rochet  permet  d'arrêter  brusque- 

(')  Les  dimensions  de  cette  caisse,  égales,  à  l'épaisseur  du  bois  près,  à  celles  de  la 
machine,  sont  o,3o  x  o,45  X  0,50e'11.  Le  poids  de  l'appareil  est  d'environ  20ks. 


(     I 20D    ) 

ment  la  machine.  A  gauche  une  gorge  peut  laisser  passer  une  lame  de  frein 
dont  le  double  rôle  est  de  régulariser  le  déroulement  du  fil  et  de  signaler 
automatiquement  la  fin  de  la  course  du  poids  de  sonde. 

»  Du  tambour  autour  duquel  il  s'enroule,  le  fil  passe  sur  une  poulie 
plus  élevée  et,  de  là,  il  est  renvoyé  sur  une  seconde  roue  située  à  la  partie 
inférieure  et  à  demi  plongée  dans  un  auget  pouvant  contenir  une  matière 
destinée  à  protéger  le  fil  contre  l'oxydation.  Cette  roue  est  supportée  par 
un  levier  qui  agit  sur  le  frein  pour  indiquer  le  moment  précis  où  la  sonde 
touche  le  fond.  Ensuite  le  fil  remonte  verticalement  dans  la  gorge  d'une 
poulie  métrique,  c'est-à-dire  munie  d'un  compteur  de  tours  à  cadran,  qui 
a  pour  base  deux  subdivisions  du  mètre;  il  l'enveloppe  complètement 
avant  de  s'engager  entre  deux  cylindres  entourés  d'un  feutre  épais,  cpii 
servira  à  le  sécher  à  la  montée,  et,  finalement,  il  se  coude  presque  à  angle 
droit  sur  une  quatrième  poulie,  placée  à  l'extrémité  de  la  flèche  ou  bigue, 
qui  surplombe  l'endroit  où  la  sonde  doit  être  immergée. 

»  Les  excès  de  tension  sont  atténués  par  le  frein  automoteur,  qui  se  règle 
facilement  à  l'aide  d'une  patte  à  ressort  placée  au  bas  du  tambour  et  à 
l'arrière  de  la  machine.  Le  compteur  est  actionné  par  une  vis  sans  fin  sur 
l'axe  de  laquelle  est  fixée  la  poulie  métrique. 

»  La  flèche  est  démontable  à  son  point  d'attache.  A  l'aide  d'une  disposition 
fort  simple,  on  peut,  selon  les  besoins  du  moment,  changer  sa  direction  à 
droite  ou  à  gauche,  lui  permettre  un  mouvement  de  va-et-vient  entre  deux 
points  déterminés,  ou  l'immobiliser  sur  un  point  quelconque  du  plan  hori- 
zontal dans  lequel  elle  se  meut,  san«  arrêter  la  marche  de  la  machine.  Il  en 
résulte  que  l'opérateur  peut,  sans  se  pencher  hors  du  bateau,  manœuvrer 
la  flèche  et,  par  conséquent,  ramener  la  ligne  de  sonde  contre  le  bord  ou 
à  l'intérieur  de  l'embarcation,  pour  y  attacher  les  poids  de  sonde  ou  les 
instruments  destinés  aux  recherches.  L'arc  de  cercle  que  la  flèche  est 
capable  de  décrire  peut  atteindre  1800. 

»  Afin  d'adoucir  les  frottements,  les  poulies  sont  en  bronze,  tandis  que 
les  axes  sont  en  acier.  Ceux-ci  ont  été  calculés  pour  ne  jamais  supporter 
un  effort  supérieur  à  2ks  par  millimètre  carré. 

»  Les  chapeaux  des  paliers,  disposés  comme  des  susbandes  d'affûts, 
sont  facilement  démontables,  n'étant  tenus  que  par  des  chevilles  à  ergot. 
»  Réduit  au  minimum  de  poids  et  de  volume,  cet  appareil  peut  rece- 
voir des  applications  fort  nombreuses;  et,  quoiqu'il  soit  principalement 
destiné  à  l'étude  des  eaux  et  des  fonds  marins  et  lacustres,  il  peut  être  uti- 
lisé en  dehors  de  l'élément  liquide,  pour  mesurer  verticalement  la  proton- 


(     I2o6    ) 

deur  de  toute  cavité,  ou  la  hauteur  de  toute  élévation  dont  le  sommet  est 
praticable  et  la  base  peu  accessible. 

»  Si  rapide  et  si  incomplète  que  soit  la  description  qu'on  vient  de  lire, 
de  cet  appareil  et  des  applications  diverses  auxquelles  il  se  prête,  elle  per- 
met cependant  de  se  faire  une  idée  des  services  que  peuvent  en  attendre 
les  marins,  les  ingénieurs  hydrographes  et  les  explorateurs. 

»  En  dehors  même  des  études  savantes,  il  est  incontestable  que  la  ma- 
rine, pour  ses  sondages  courants,  aurait  tout  avantage  à  se  servir  d'un 
appareil  de  ce  genre,  précis  et  parfaitement  maniable;  dans  lequel  le  fil 
d'acier,  toujours  égal,  à  peu  près  inextensible,  ne  donnant,  à  cause  de  son 
faible  diamètre  et  du  poli  de  sa  surface,  aucune  prise  aux  courants,  rem- 
placerait le  fil  ordinaire  en  matière  textile,  déroulé  à  la  main,  qui  s'al- 
longe ou  se  raccourcit  et  ne  peut  fournir  que  des  résultats  approximatifs. 

»  Grâce  à  l'intervention  de  M.  le  baron  J.  de  Guerne,  j'ai  pu  soumettre 
à  S.  A.  le  Prince  Albert  de  Monaco,  durant  la  période  d'armement  scienti- 
fique de  son  nouveau  yacht,  la  Princesse  Alice,  les  plans  de  mon  nouvel  ap- 
pareil. Le  Prince  ayant  bien  voulu  en  faire  exécuter  un,  son  exemple  a  été 
immédiatement  suivi  par  M.  A.  Delebecque,  ingénieur  des  Ponts  et  Chaus- 
sées, à  Thonon,  dont  l'Académie  connaît  les  travaux  sur  les  lacs  de  la 
Savoie  (').  Il  y  a  lieu  d'espérer  que  cet  appareil,  mis  en  œuvre  de  plu- 
sieurs côtés  à  la  fois,  aura  satisfait  très  prochainement  à  l'épreuve  décisive 
que  lui  feront  subir  les  praticiens  compétents.   « 

MÉTÉOROLOGIE.    —   Etude  sur  le  «  gradient   »  appliqué  à   la  prévision 
du  temps.  Note  de  M.  G.  Guilbekt,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Dans  l'étude  des  cyclones  on  a  découvert  de  remarquables  rapports 
entre  la  force  du  vent  et  le  gradient  barométrique. 

»   Ces  rapports  ont  été  exprimés  ainsi  : 

«  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  la  vitesse  du  vent  autour  d'un  cyclone 
»  est  en  raison  de  la  pente  atmosphérique  :  elle  est  d'autant  plus  grande 
»   que  les  courbes  isobares  sont  plus  rapprochées  l'une  de  l'autre  (2).  » 

»   De  plus,  la  Météorologie  enseigne  : 

»  i  °  Que  la  force  du  vent,  à  gradient  égal,  est  beaucoup  plus  faible  dans 
le  demi-cercle  maniable  que  dans  le  côté  dangereux; 

(')  Delebecque,  Comptes  rendus,  22  décembre  1890,  5  janvier  et  20  avril  1S91 . 
C2)  La  Météorologie  appliquée  à  la  prévision  du  temps,  par  M.  Mascakt. 


(  T2«7  ) 

>,  20  Qu'au  centre  du  cyclone,  ou  dans  la  zone  centrale,  le  vent  est  nul 
ou  affaibli. 

»  Or  l'étude  attentive  des  bourrasques  révèle  de  fréquentes  et  considé- 
rables exceptions  à  ces  règles,  et  il  n'est  pas  rare  de  constater  : 

»    i°  Un  vent  fort  avec  gradient  faible  ; 

2°  Un  vent  fort  ou  violent  dans  le  demi-cercle  maniable  ; 

»  3°  Lèvent  conserver  sa  vitesse  près  du  centre,  ou  dans  la  zone  cen- 
trale. 

»   De  nos  recherches,  il  ressort  que  : 

»  Toutes  les  fois  qu'une  exception  de  ce  genre  aura  été  constatée 
elle  sera  suivie  d'une  hausse  barométrique  dans  un  délai  maximum  de 
—  a4  heures.  Cette  hausse,  en  général,  sera  d'autant  plus  importante  que 
l'anomalie  aura  été  plus  considérable. 

«  L'élévation  de  la  pression  surviendra  le  plus  souvent  du  côté  de  l'Eu- 
rope où  l'exception  se  sera  produite  et  dans  une  direction  perpendiculaire 
au  vent  proportionnellement  trop  fort. 

»  En  d'autres  termes,  tout  excès  de  vent  sur  la  normale  emporte 
comme  conséquence  une  augmentation  de  pression. 

»  Inversement,  toutes  les  fois  que  le  vent  sera  proportionnellement 
trop  faible  par  rapport  au  gradient,  la  baisse  barométrique  surviendra  dans 
les  —  24  heures  et  sera  d'autant  plus  forte  que  l'anomalie  aura  été  plus 
remarquable. 

«  Ces  règles  sont  générales  ;  elles  trouvent  à  s'appliquer  dans  la  grande 
majorité  des  jours,  plus  de  3oo  jours  par  an,  sur  toutes  les  régions  de  l'Eu- 
rope, sans  exception,  et  permettent  ainsi  de  prévoir  les  fluctuations  baromé- 
triques, soit  en  hausse,  soit  en  baisse,  —  24  heures  à  l'avance,  et  avec 
une  proportion  de  succès  de  plus  de  90  pour  100. 

»  Il  est  évident  que  cette  connaissance  anticipée  de  la  hausse  ou  de  la 
baisse  du  baromètre  sur  divers  points  doit  entraîner  les  plus  profondes 
modifications  dans  la  prévision  du  temps;  l'application  de  nos  nouveaux 
principes  amènera  donc  inévitablement  une  transformation  partielle  du  sys- 
tème actuel  de  prévision. 

»  On  ne  tardera  pas  à  reconnaître  que  ces  nouvelles  bases  permettent 
de  prévoir  soit  approximativement,  soit  avec  une  certitude  absolue  : 

»  i°  La  vitesse  du  centre  de  dépression,  inconnue  jusqu'à  ce  jour, 
d'après  la  méthode  isobarique; 

»  20  La  direction  de  la  bourrasque  et,  par  conséquent,  sa  position  fu- 
ture; 


(    rao8  ) 

»  3°  L'arrivée  des  anticyclones,  alors  même  que  les  hautes  pressions 
n'existent  nulle  part; 

»  4°  La  force  et  la  direction  des  vents,  qui  dépendent  à  la  fois  des  centres 
de  dépression  et  des  mouvements  des  anticyclones; 

»  5°  La  fin  d'une  tempête  qui  vient  d'éclater,  le  retour  au  calme,  la  ces- 
sation du  gros  temps; 

»  6°  L'avenir  d'une  bourrasque  survenue  à  l'improviste,  qui  peut,  ou  se 
combler,  ou  se  creuser,  soit  sur  place,  soit  dans  sa  course; 

»  70  L'anéantissement,  dans  les  vingt-quatre  heures,  d'un  centre  de  dé- 
pression, même  de  tempête. 

»  Ce  dernier  phénomène  est  très  remarquable;  il  se  produit  quand  le 
centre  se  trouve  entouré  de  vents  proportionnellement  trop  forts  d'après 
le  gradient.  D'après  nos  principes,  la  hausse  doit  alors  survenir  de  tous 
côtés  ;  il  en  résulte  logiquement  la  suppression  du  minimum  barométrique. 

»  J'appelle  ce  phénomène  du  nom  de  compression  du  cyclone. 

»  Notre  étude  des  exceptions  sur  les  Cartes  isobariques  nous  a  permis 
de  constater  et  d'expliquer  d'autres  anomalies  très  importantes. 

»  Ainsi,  la  station  de  Skudesnoës  obéit  à  un  régime  spécial,  et  le  vent 
nord-est,  principalement  sur  la  Manche,  suit  également  des  lois  toules 
particulières. 

»  Par  exemple,  un  vent  fort  de  nord-est  sur  la  Manche,  en  excès  sur  la 
normale,  pourra  être  suivi  néanmoins  de  baisse  barométrique. 

»  L'écoulement  naturel  de  l'air  froid  vers  les  régions  chaudes  justifierait 
cette  baisse  anormale,  mais  il  y  a  d'autres  causes  : 

»  Le  vent  nord-est  sur  la  Manche  sera  suivi  de  baisse  barométrique  si 
la  pression  diminue  au  sud.  Il  amènera  une  hausse,  au  contraire,  si  le 
baromètre  monte  au  sud  ou  si  ce  vent  nord-est  est  la  conséquence  de  l'ar- 
rivée d'un  cyclone  sur  les  îles  Britanniques. 

»  En  appliquant  ces  diverses  règles,  la  prévision  du  temps  acquerra  de 
précieux  auxiliaires;  il  ne  lui  manquera  plus  que  l'adjonction  de  l'étude 
des  successions  nuageuses  pour  parvenir  à  une  perfection  inconnue  jusqu'à 
ce  jour.  » 


(  I2°9  ) 


CHIMIE.  —  Relation  entre  le  poids  atomique  et  la  densité  liquide. 
Note  de  M.  Al.  Moulin. 


«   Le  produit  du  poids  atomique  d'une  substance  liquide  par  sa  densité 
est  la  somme  des  produits  correspondants  de  ses  éléments. 
»   Appelons/?  le  poids  atomique,  d  la  densité 


00 


PD  =pd-hp'd'  -+- 


»  Généralement,  quand  p'  est  petit,  d' l'est.  En  appliquant  cette  remarque 
aux  hydrures,  on  pourra  prendre  pour  produit  PD  d'une  substance  la 
valeur  /«/comme  première  estimation.  Les  couples  suivants  donnent  une 
vérification  de  ce  fait  sur  l'oxygène  et  le  chlore,  et  une  recherche  du  pro- 
duit correspondant  à  l'azote  et  au  soufre  : 

Chlore 35,5  x  i, 38  =  48,99  I  Acide chlorhydrique. .     30,  5  x  1,27  =  46,3 


Oxygène. 


iG      x  0,9 


i4,4     |  Eau 


|8       X   I 


[8 


Hydrogène  sulfuré...     34      x  0,9    =  3o,G     |  Ammoniaque 17      x  0,73  =  12,41 

»   L'essai  de  ces  chiffres  amène  les  corrections  suivantes  : 

Chlore 5i;  Oxygène i5;  Soufre 3a;  Azole ta. 

»  Vérifications  de  ces  coefficients  densitaires  : 


>»C12      i35  x  1,687=226,5 

28  -+-  102  =  (  >.3o) 

:iO',  110100.5x1,78=179 

i  +  io5  +  i8  (174) 


S2CI2  io3  x  1,62—  167 

64       102  =(166) 

S2 05C1, HO  1 16,5  x  1 ,776=  207 
64 -+-75+  5i  -+-  [8 


\  S2  0lCl*     i35  x  1,66=  224 
)  64  -+-  60  h-  10a  =(226) 

l  S*0»C1«    1 19  x  1,67=  198 

(  64  -+-  3o  -+-  102  M|l.i 


S03,  HO    49  x  1,84=  '90 
32  +  45-4-  18  =  (95) 

S* 02 Cl» 222 x  i,G56  =  367,6 
i28-f-3o-t-  204  =(362) 


»  Quelquefois  l'un  des  corps  se  condensant,  il  ne  lui  faut  attribuer  que 
la  moitié  de  sa  valeur;  c'est  le  cas  de  l'oxygène  dans  l'eau  et  les  exemples 
suivants  : 


)H0      17  x  i,452  =  24,68  |   )  S20 

5  +  9 


04  x  1,45  =  92,8  |  \  AzOs,  HO    63  x  i,5a  =  96 

=  (96) 


=  (24)      |j  64  +  3o  =(64)    1(12  +  71  + 

«   De  la  formule  (1)  nous  déduisons 
(2)  pd  =  VD-  p'd'. 

C.  R.?  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  21.) 


Az05,4H09OX'i,42=  127,8 

12 +  75 +  36  =(r?.3) 


Appliquons  au  phosphore 


(    1 2 1  o  ) 

|   PhCl"0*i53,5x  1,67=  256— [(3Cl  =  i53)+(03=3o)]  =  l 


PhCl»     i37,5  xi,6i  =  22i  —  (3Cl  =  i53)  =  68 
PhC13S2i68,5  X  1,65  =  288— [(3C1  =  i53)+  S2=  64]  =  7> 

»  M.  Mendéléef  donne  pour  densité  du  phosphore  2,3;  le  produit  par  le 
poids  atomique  est  bien  le  même  71, 

3i  X  2,3  =  71,3. 

»    Déduit  de  l'acide  carbonique,  le  coefficient  densitaire  du  carbone  est 
environ  5,5, 

CO-22  x  0,923  =  20,3  —  i5  =  5,3. 

Appliquons  aux  alcools  de  la  série  normale,  aux  acides  et  aldéhydes  cor- 
respondants : 


(25) 

C2H204 

46x1,22 

=    56 

(55) 

C2H402... 

32x0,814  = 

26 

(26) 

OH'O2.. 

44  xo,8       = 

35,2 

(36,5) 

C*H*0* 

60x1,08 

=  65 

(66,3) 

<>H602... 

46x0,809  = 

37 

(37,5 

C6H<>02.. 

58  xo,85<j  = 

49,8 

(48) 

0H6O 

74x  (?) 

(78) 

C6H»02... 

60x0,82   = 

49 

(49) 

C8H802.. 

72  xo,8o     = 

57,5 

(59,5) 

C8H80 

88x0,988 

=  86,9   (89,5) 

G8Hi°02.. 

74x0,81    = 

60 

(60, 5) 

C'»H»»02. 

86x0,8244  = 

7> 

(71) 

C'°H">0 

102x0,95 

=  97 

(101) 

C10H1202  . 

88x0,818  = 

72 

,-.„ 

Ci2H'202. 

(82,5) 

C12Hi204 

116x0,931 

(à 

i5° 

)  =  io8 

(112,5) 

C12H'402  . 

.    102X0,83    = 

86 

(83,3) 

OH^O2. 

114  xo,827  = 

94 

(94) 

C«Hi*0 

i3oxo,gi 

(à  24° 

)  =  "9 

(124) 

C"Hi602  . 

.    1 10x0,819  = 

9"> 

(95) 

Ci6II1602. 

128  xo,8i8  = 

io5 

(io5,5) 

CiEHisO* 

i44xo,88 

=  127 

(i35,5) 

C16H18Q2  . 

.    i3oxo,83    = 

i°7)9 

(106,5) 

»  Les  nombres  entre  parenthèses  ont  été  établis  ainsi  :  ceux  de  la  pre- 
mière ligne  en  attribuant  à  C2  H2  la  valeur  10, 5,  à  O2  la  valeur  i5,puisaO'' 
la  valeur  (O2  =  i5  -+-  O2  =  3o);  enfin  en  retranchant  pour  la  troisième 
colonne  la  valeur  O2  —  H2  =  29.  Dans  chaque  colonne  on  passe  d'une  ligne 
à  l'autre  en  ajoutant  la  valeur  de  C2H2  =  1 1,5.  La  correspondance  entre 
ces  nombres  et  les  produits  calculés  confirme  bien  la  règle.  Le  plus  grand 
écart  a  lieu  pour  les  acides;  mais  ceux-ci  ont  toujours  des  isomères  et  c'est 
la  moyenne  qu'il  faudrait  prendre.  Ainsi  l'isomère  de  l'acide  caprylique 
est  le  caproate  d'éthyle  de  densité  0,88  et  i44  X  0,88  =  127.  La  moyenne 

des  produits  correspondants  des  deux  corps  est  — — =  i34,5. 

»  Je  donne  encore  des  exemples  de  quelques  composés  du  carbone,  de 
l'hydrogène  et  de  l'oxygène,  en  les  choisissant  parmi  ceux  qui  ont  les  plus 
forts  poids  atomiques,  puis  des  composés  organiques  du  chlore  et  du  soufre, 


(  '«"  ) 

en  indiquant  chez  ces  derniers  par  des  lettres  grasses  ceux  où  le  soufre 
n'entre,  lui  aussi,  qu'avec  son  demi-coefficient  : 


'66-1-3 

,  C14H"8  02 

'77  +  4  +  30 


78  x  o,85    =     66 
(69) 
108  x  0,99    =   I07 
(m  ) 


l  C"Hi»02(HO)2    104x0,987=   io3 

|55-+-3o+i8  (io3) 

(G'»H,602  i5a  x  0,99    =   i5o 

j  uo  +  8  +  3o  (148) 

IC202C12  99  x  1,43    =   14». 

j  II  +  3o  +  102  (i43) 

fCeH50*Cl  io8,5  xi,  139=   i-4 

(71+51  (122) 

1  C*HC1302  i47,5  x  i,5i8  =  224 

|(44-2)+i53  +  3o  (225) 

jC'0in»O'S2  i36x  i,o32  =   1,3 

(55  +  60+32  (  1  Ï7  ) 

C8H«S*S2  i38x  i,i5g       lGo 

33  +  64  +  64  (161) 


(OH  "î 
i  110  +  8 

[C"H«0* 

'(77-8) +  60 


i36  x  0,86    =   1 16,96 

M. S) 

122  X   1,08      =     l32 

(129) 


)(ClHs)2C206  108x0,975=   io5 

(  44  -t-n  +45  (100) 

(  C3»H1602  212  x  1,029  =(218) 

'175  +  8  +  30  (2l3) 

C4H2C12  93x1,25    =   121 

(22-2)+  102  I  [22  I 

C'H0',C12  142  x  r,25    =   178,71 

71  +  102  (173) 

OHcS2  6axo,83    =     5 1,6 

22  +  32  I  5  (  I 

C'»Hio(OS)2S2  i5oxi,o7         160 

55+(i5  +  32)+64  (167) 

Ci»H'2S2  104  x  0,845     87,88 


56  +  3a 


(88) 


OHi«(H0)2      154x0,903=139 
no  +  8  +  18  (i36) 

C32H32  224x0,789=   176 

32X5,5  (176) 

G'^HsO*  i36x  1,09    =   140 

(87-D+60  (143) 

Cs4Hl60*  192x1,007=  193 

i32  +  6o  (192) 

G2HC13  u8,5  x  1,48    =   172 

u  +  i53  (164) 

C6(0)C1«  291  x  1,705  =  496 

66  +  120  +  3o6  (492) 

(OHs)2S2  90  x  0,825  =     74,25 

44  +  32  (76) 

C/H'm  OS)2  S2       122x1,143       i39 
33  +  (i5+32)+64  (144) 

C!»H"S*  206x0,918      189 

110+  n  +  6J  (i85) 


»  Les  composés  du  brome  et  de  l'iode  offrent  un  peu  moins  de  régu- 
larité; les  coefficients  densitaires  varient  comme  1 ,  3,  5,  7  quand  la  for- 
mule contient  1,  2,  3  ou  4  équivalents,  de  sorte  que  1  \o  correspondant 
à  Br,  420  répond  à  Br2,  700  à  Br3,  980  à  Br*  : 


j  PhBr3 

(71  +  700 
jC*H3Br 
j  n,5  +  140 
jC'OH^Br 

(  55  +  140 


271  x  2,85      =  772 
(77i) 
95  x  1 ,66      =   1  "17 

(i5l,5) 

i5i  x  i,2o5g  =   182 
(i95) 


jSi>HBr> 

\ 
C4H3Br 
21  +  140 

j  C«HsBr' 


269  x  2,6      =  699 

1  700 1 
107  X  1,52     =    [62 

1  1 6 1  ) 
281  x  ',436  =  684 
1  700) 


\  CBr2 

( 

j  C*H5Br 
(21  +  140 
|C*H2Br* 

(  22+  980 


172  x  2,436=  419) 

(420) 

109  x  1,47    =   IO° 
(161) 
367  x  2,88    =  996,5 
(1002) 


»  Je  dis  que  l'iode  présente  les  mêmes  faits  : 

OH3I  154x1,98  =3o5        |  G*H«]  i36x  1,975  =  3o8        |   CMIM2  268  x  3,342  =  895,656(3x  298) 

»  Cette  règle  permettrait  donc  de  calculer  la  densité  qu'aura  à  l'état 
liquide  une  substance  dont  on  n'aurait  que  la  formule.  Il  suffit  de  la  rap- 
procher de  la  relation  existant  entre  le  poids  moléculaire  et  la  densité  de 
vapeur,  et  de  la  loi  des  chaleurs  spécifiques,  pour  en  montrer  l'impor- 
tance.  » 


(     1212    ) 


CHIMIE.  —  Sur  le  sous-chlorure  d'argent.  Note  de  M.  Guntz. 

«  J'ai  montré,  dans  une  précédente  Communication,  que  l'on  pouvait 
obtenir  du  sous-chlorure  d'argent  pur  par  l'action  du  trichlorure  de  pho- 
sphore sur  le  sous-fluorure  d'argent.  Ayant  préparé  une  certaine  quantité 
de  sous-chlorure  d'argent,  j'ai  pu  en  étudier  les  propriétés. 

»  Suivant  la  température  à  laquelle  il  est  obtenu,  le  sous-chlorure  a  une 
couleur  variant  du  rouge  violet  foncé  au  violet  noir  ;  l'action  de  la  lumière 
tend  à  donner  la  modification  noire  sans  perte  de  chlore,  du  moins  après 
quelques  jours  d'insolation  seulement. 

»  Sous  l'action  de  la  chaleur,  le  sous-chlorure  se  décompose  en  don- 
nant de  l'argent  et  du  chlorure  d'argent.  Cette  décomposition  est  facile- 
ment visible  par  suite  du  changement  de  teinte  du  sous-chlorure,  qui  de- 
vient jaune  pâle,  coloration  due  au  chlorure  d'argent  fondu.  L'action  de 
l'acide  nitrique  étendu  (iéq.  —  2lu)  est  absolument  nulle;  ainsi  5occ 
d'acide  nitrique  étendu,  laissés  au  contact  pendant  vingt-quatre  heures 
avec  2gl'de  Ag2Cl,  n'ont  pas  donné  de  louche  appréciable  par  addition 
d'une  solution  de  chlorure  de  sodium. 

»  L'acide  nitrique  concentré  réagit  surtout  à  chaud  sur  le  sous- chlorure 
d'argent;  on  obtient  alors  du  chlorure  d'argent  plus  ou  moins  mélangé  de 
sous-chlorure,  formant  ainsi  des  laques  diversement  colorées  (photo- 
chlorures de  Carey  Lea). 

*j  Le  cyanure  de  potassium  dissout  rapidement  le  sous-chlorure  d'argen  t 
en  le  décomposant 

Ag2  Cl  -+-  KCy  =  Ag  -+-  AgCv, 

dissous  dans  l'excès  de  KCy. 

»  Cette  réaction  m'a  permis  de  déterminer  la  chaleur  de  formation  de 
ce  composé. 

»  J'ai  vérifié  ainsi  qu'un  poids  déterminé  de  chlore  se  combinant,  soit  à 
Ag,  soit  à  Ag2,  dégage  sensiblement  la  même  quantité  de  chaleur,  un  peu 
plus  cependant  en  se  combinant  à  Ag2. 

»   J'ai  trouvé 

Ag2  +  Cl  =  Ag2  Cl -h  2901, 7 

tandis  que 

Ag  +  Cl  =  Ag  Cl -+-  29Cal,  2 


(     I2l3    ) 

»  C'est  un  fait  du   môme  ordre  que  celui  trouvé  pour  le  sous-chlorure 
d'argent  où  l'on  a 

Ag2  -h  FI  =  Ag2Fl -t-  24Cal,  9 

Ag-i-Fl  =  AgF] -t-25Cal,6 

»  Connaissant  la  chaleur  de  formation  de  Ag2CI,  on  peut  calculer  celle 
qui  se  dégage  dans  la  réaction 

•2AgCl=:  Ag2Cl  4-  Cl; 

on  trouve  que  cette  réaction  absorbe  28Cal,  7. 

»   Ce  fait  est  très  important,  en  raison  du  rôle  du  sous-chlorure  d'argent 
en  Photographie:  j'y  reviendrai.   » 


CHIMIE.   —  Action  exercée  par  la  présence  des  sels  minéraux  de  potassium 
sur  la  solubilité  du  chlorate  de  potasse.  Note  de  M.  C11.  Iîl.vrez. 

«  1.  Nous  avons  eu  occasion  d'étudier  depuis  longtemps  la  solubilité  du 
chlorate  de  potasse  dans  l'eau  pure,  solubilité  que  nous  calculons  avec  la 
formule  suivante,  indiquant  la  quantité  de  sel  dissous  dans  iooccde  liqueur, 
pour  des  températures  comprises  entre  o°  et  3o°, 

(1)  Qo=  3,2  +  0,1090  +  o,oo4362. 

»  2.  Les  solutions  saturées  de  chlorate  de  potasse,  additionnées  de  po- 
tasse caustique  ou  d'un  sel  soluble  de  potassium,  laissent  déposer  une 
partie  du  chlorate  dissous,  conformément  à  ce  qui  se  passe  pour  les  autres  sels 
neutres  du  même  mêlai. 

»  Les  expériences  relatées  ci-dessous,  faites  à  la  température  de  1 3"  avec 
des  quantités  croissantes  de  bromure  de  potassium,  montrent  la  marche 
du  phénomène. 

Poids  Total  CIO'K 

du  K  Br  des  sels  dissous  ^ 

pour  100.  K  correspondant.  dissous.  pour  100.  CIO'K -h  K. 

sr  gr  gr  gr 

0,20 o,o65  5,38  5,i8  5,24 

o ,  4o o ,  1 3o  5 ,  60  5,20  5,33 

0,60 0,195  5,8o  5,20  5,39 


(  iai4  ) 


Total 

CIO'K 

des  sels 

dissous 

dissous. 

pour  100. 

CIO'KH- 

5^86 

5,06 

5,32 

6,o4 

5,o4 

5,36 

6,60 

4,6o 

5,25 

7,20 

4,20 

5,i8 

8,08 

4,00 

5,3o 

9>46 

3,46 

5,42 

10,80 

2,80 

5,4i 

12, 40 

2,4o 

5,32 

....     5,32 

Poids 
du  KBr 

pour  100.  K  correspondant.  dissous.  pour  100.  C103K-t-K. 

gr  gr 

0,80 0,260 

1 ,00 0,327 

2,00 0,654 

3,00 0,980 

4  ,00 1 ,3o8 

6 ,  00 1 ,  960 

8,00 2,616 

10,00 2,924 


»  Les  résultats  de  ces  expériences  font  voir  que  la  somme  du  chlorate, 
resté  en  dissolution,  et  du  potassium  du  bromure  introduit  dans  la  liqueur 
est  constante,  et  que,  de  plus,  ce  nombre  constant  est  égal  au  poids  de 
chlorate  que  peut  dissoudre  l'eau  pure  dans  les  mêmes  conditions.  En  effet, 
pour  une  température  de  i3°,  le  calcul  donne  5gr, 34  de  sel  pour  ioo  par- 
ties; l'expérience  directe,  faite  en  même  temps  que  les  essais  ci-dessus, 
nous  a  fourni  le  nombre  5gr,3i.  Ces  deux  chiffres  sont  très  voisins  de  la 
moyenne,  5,32. 

»  Dans  les  solutions  de  sulfate  de  potasse,  le  phénomène  de  précipita- 
tion est  un  peu  différent,  parce  que  ce  n'est  pas  le  potassium  du  sel 
étranger,  mais  bien  le  poids  de  l'hydrate  de  potasse  qui  lui  correspond, 
qu'il  faut  ajouter  au  sulfate  resté  dissous,  pour  obtenir  une  somme  égale  à 
la  quantité  de  sulfate  potassique  que  dissoudrait  l'eau  pure  dans  les  mêmes 
conditions  de  température. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  et  pour  des  températures  qui  ne  soient  pas  trop 
éloignées  de  i3°  (puisque  nous  n'avons  pas  étendu  encore  nos  expé- 
riences), on  peut  établir  une  formule  représentant  la  solubilité  du  chlo- 
rate de  potassium  dans  les  solutions  des  sels  potassiques. 

»  Cette  formule,  donnant  la  quantité  dissoute  dans  ioo  parties,  est  la 
suivante  : 

(o)  Qe=  (3,2  h-  o.iogO  +  o,oo43 fi2)  —  fv  du  sel  ajouté. 

»  3.  Les  sels  minéraux  neutres  de  potassium  se  comportent,  vis-à-vis  des 
solutions  saturées  de  chlorate  potassique,  comme  le  bromure  de  la  même 


(     121 5    ) 

base.  C'est  ce  que  démontrent  nettement  les  expériences  relatées  dans  le 
Tableau  suivant  : 

Chlorate  dissous 

pour  ioo 
Quantité  K  corrcs- i - 

Sel  ajouté.  pour  ioo.  pondant.  Température.         trouvé.  calculé. 

er  gr  o  gr  gr 

KOH »  i  ,4  4,47  4,56 

KC1 i,9I  ■  ,  4,45  4,56 

KC1 3,82  2  ,,  3,58  3,56 

KBr 3,o5  1  »  4,49  4,56 

KBr 6,10  2  »  3,6o  3,56 

Kl 4,a5  1  »  4,59  4,56 

Kl 8,5i  2  »  3,65  3,56 

A03K 2,59  1  „  4,5i  4,56 

A03K 5,i8  a  i5  3,88  3, 80 

SO'K2 2,23  1  ,,  4,7j  4,80 

SOK2- 4,46  2  ,,  3,98  3,8o 

CrOK2 2,42  1  »  4,72  4,80 

CrOK.2 4,85  2  »  3,93  3,8o 

»  Ces  résultats  sont  donc  conformes,  dans  ce  qu'ils  ont  de  plus  général, 
à  ce  que  nous  avons  déjà  dit  dans  nos  précédentes  Communications  sur  ce 
même  sujet  (séances  des  23  février,  i3  avril  et  27  avril  1891). 

»  Il  est  facile  d'ores  et  déjà  de  remarquer  que  l'analyse  minutieuse  de 
tous  ces  faits  permet  de  déduire  d'importantes  considérations  théoriques 
sur  la  nature  de  certaines  solutions  et  sur  l'état  des  sels  dissous.    » 


ÉLECTROCHIMIE.  -    Électrolyse  par  fusion   ignée  des  sels  de  bore    et  du 
silicium.  Note  de  M.  Adolphe  Minet. 

«  J'ai  cherché  à  généraliser  la  méthode,  avec  laquelle  j'avais  réussi  l'e- 
lectrométallurgie  de  l'aluminium  ('),  en  l'appliquant  à  l'extraction  des 
métalloïdes  et  des  métaux  dont  les  oxydes  ne  sont  pas  réductibles  par  le 
carbone.  Les  premiers  résultats  obtenus  se  rapportent  au  silicium  et  font 
l'objet  de  la  présente  Note. 

»  En  décomposant  par  la  pile  un  chlorure  double  d'aluminium  et  de 
sodium,  renfermant  un  peu  de  silice,  Henri  Sainte-Claire  Deville  était  ar- 
rivé à  produire  une  espèce  de  fonte  grise,  fusible  et  cristallisée,  formée 

(')   Comptes  rendus,  17  février  1890. 


(    12l6    ) 

d'une  combinaison  d'aluminium  et  de  silicium.  La  proportion  de  silicium, 
dans  cet  alliage,  peut  s'élever  aux  T7^  de  la  masse  totale. 

»  Si  l'on  attaque  cette  masse  métallique  par  l'acide  chlorhydrique,  on 
obtient  du  silicium  graphitoïde.  Lorsqu'on  opère  sur  des  alliages  pauvres 
en  silicium,  le  métalloïde  se  présente  sous  la  forme  d'une  poudre  fine, 
dont  chaque  grain  conserve  une  structure  cristalline;  avec  les  alliages 
riches,  le  silicium  est  mis  en  liberté  sous  la  forme  de  lames  métalliques 
brillantes. 

»  Dans  le  procédé  que  j'ai  étudié,  le  sel  d'aluminium  employé  par  De- 
ville  est  remplacé  par  un  mélange  de  chlorure  de  sodium,  60  parties, 
et  de  fluorure  double  d'aluminium  et  de  sodium,  3o  parties.  On  ajoute  à 
ces  sels,  au  moment  de  leur  fusion,  de  l'alumine,  5  parties,  et  de  la  silice, 
5  parties.  La  silice  peut  être  à  l'état  libre  ou  alliée  avec  l'alumine. 

»  Le  bain  fondu  ne  dissout  que  de  faibles  quantités  d'alumine  et  de  si- 
lice; la  majeure  partie  de  ces  oxydes  y  reste  purement  et  simplement  en 
suspension;  à  l'état  pâteux,  lorsque  leurs  proportions  correspondent  à 
celles  du  silicate  d'alumine. 

«  Nous  avons  vu  que  le  fluorure  double  d'aluminium  et  de  sodium  pré- 
sente, depuis  sa  température  de  fusion,  7000,  jusqu'à  une  température 
voisine  de  10000,  des  conditions  de  fluidité  et  àe.  fixité  qui  assurent  à  l'élec- 
trolyse  une  marche  régulière  et  de  longue  durée  sans  perte  importante 
par  volatilisation,  ce  qui  ne  peut  être  obtenu  avec  les  chlorures  ('). 

»  Théorie  de  la  réaction.  —  Au  passage  du  courant,  le  fluorure  d'alu- 
minium est  d'abord  décomposé;  le  fluor  qui  se  porte  à  l'électrolyse  posi- 
tive y  rencontre  de  l'alumine  et  de  la  silice  qu'il  transforme  en  fluorure 
d'aluminium  et  en  fluorure  de  silicium;  ces  deux  sels  se  combinent  avec  le 
fluorure  de  sodium  devenu  libre  pour  former  des  fluorures  doubles  et  sont 
décomposés  à  leur  tour. 

»  L'alimentation  s'opère  avec  un  mélange  d'oxyfluorure  d'aluminium 
(  APFl3,3  A1203),  d'alumine  et  de  silice;  la  proportion  de  ces  divers  sels 
variant  avec  la  quantité  de  silicium  que  doit  renfermer  l'alliage. 

»  Le  bain  est  contenu  dans  un  creuset  de  fonte,  garni  de  charbon  inté- 
rieurement et  qui  sert  de  cathode  ;  les  anodes  sont  constituées  par  des  pla- 
ques de  charbon  aggloméré. 

w  Relation  entre  les  constantes  du  courant  et  de  l'élcctrolyte.  —  Pour  une 
surface  donnée  d'anodes  et  des  densités  de  courant  (intensités  par  centi- 

(3)    Comptes  rendus,  9  juin  1890. 


(    '217    ) 
mètre  carré),  variant  entre  zéro  el  un  maximum  c  fixé  par  l'expérience, 
les  constantes  du  courant  et  de  l'électrolvte  satisfont  à  l'équation 

e  —  e  -+-  p  I , 

dont  les  termes  sont  connus  (  '  ). 

»  La  valeur  de  la  force  contre-électromotrice  e  subit  des  variations  sui- 
vant qu'on  réalise  l'électrolyse  d'un  ou  de  plusieurs  sels. 

»  Le  Tableau  suivant  indique  ces  variations  ;  les  chiffres  qu'il  renferme 
se  rapportent  à  un  seul  et  même  bain,  sur  lequel  on  opérait  des  élec- 
trolyses  fractionnées;  on  éliminait  ainsi,  et  successivement,  les  sels  de  fer 
et  de  silicium  qui  s'y  trouvaient  en  faible  proportion. 

»  Pendant  toute  la  durée  de  l'opération,  le  bain  était  alimenté  avec  du 
chlorure  de  sodium  et  du  fluorure  d'aluminium,  de  manière  à  maintenir 
constante  sa  résistance  électrique  p.  Température,  85o°. 

Maximum 

de 
densité  Force  Résistance 

a  l'anode    électromolrice     électi  iquc 
Périodes.      Mature  <lu  métal  ou  de  l'alliage  déposé.  o.  e.  p. 

anîn  voli  ohm 

i          Fer d,i.")  "  •  ■  i  o 9 

■>.         Fer  (traces  de  silicium) 0,20  0,70  o,ooo3 

Ferro-silicium 0,20  i,.?;  0,0089 

4         Ferro-silicium  (traces  d'aluminium ) o,3o  i,">ï  u.imh) 

"1  (Traces  de  fer)  silicium-aluminium i,3o  i.~">  0,008 

6  (Traces  de  silicium)  aluminium 0,00  >,i">  n.nnN', 

7  aluminium  (traces  de  sodium) i,oo  2,5o  0,0087 

»  Application  industrielle.  —  (les  expériences  démontrent  qu'on  peut  ar- 
river, eu  traitant  électriquement  les  minerais  d'aluminium  (bauxites  blanche 
et  rouge  )  et  les  silicates  d'alumine  naturels,  à  produire  toute  la  série  des 
alliages  de  fer,  silicium,  aluminium,  et,  à  la  lin  de  l'opération,  l'aluminium 
chimiquement  pur. 

»  Il  a  été  procédé  à  quelques  essais  à  la  traction  sur  ces  alliages  et  l'alu- 
minium à  un  grand  degré  de  pureté,  qui,  je  crois,  offrent  quelque  in- 
térêt. 


(')  Comptes  rendus,  27  octobre  1890. 

C.  R.,   1891,  1"  Semestre.  (T.  CXU.  N°  21.)  '58 


(     I2l8    ) 

Nature  du  travail. 

Coulé.  Forgé. 


Composition  fie  ! 

alliage. 

Charge 

Charge 

— =_ 

— 

à  la  rupture 

Allon- 

à 

l.i  rupture 

Allon- 

Aluminium 

par 

gement 

par 

gement 

pour  ion. 

Silicium. 

Fer. 

millim.  carré. 

pour  roo. 

mi 

llim.  carré. 

pour  100. 

95,5 

0, 33 

O,  17 

ks 
10 

20 

k6 

12,3 

9,25 

98,4 

1 ,33 

o,63 

12,3 

6,4 

1.3.9 

2  I 

97. 67 

1  U  1 

o,5g 

.2,4 

8,57 

i3,3 

9,18 

96,80 

1 ,6o 

1 ,60 

,4,5 

3,6 

1 5 ,  "1 

10 

9?. ,  60 

6,  10 

1 ,3o 

12,6 

1,4 

1  ."> .  I  i 

2,75 

89,80 

8,90 

1  ,.'17 

17. 1 

î,85 

")■; 

9.  ,8 

93,4o 

1 ,00 

6,6 

6,2 

0,70 

7'  7'' 

0 

»  Chose  intéressante  à  noter  :  les  alliages  déjà  riches  en  silicium, 
comme  celui  qui  renferme  8,9  pour  roo  de  ce  métalloïde,  présentent  à  la 
traction  des  qualités  bien  supérieures  à  celles  de  l'aluminium  pur  ('). 

»  Électrolyse  des  sels  de  bore.  —  Je  n'ai  pas  encore  fait  d'étude  suivie  sur 
ce  sujet,  mais  on  peut  admettre  a  priori  qu'il  suffira,  pour  réaliser  cette 
électrolyse,  de  remplacer,  dans  le  bain  à  base  de  fluorure  d'aluminium,  la 
silice,  par  l'anhydride  borique. 

»  On  obtiendra  ainsi  un  alliage  de  borure  d'aluminium  où  le  bore 
pourra  atteindre  une  proportion  égale  aux  ~  de  la  masse  totale. 

»  On  l'extraira  facilement  en  attaquant  la  masse  métallique  par  la  soude 
caustique  concentrée,  cpii  dissoudra  l'aluminium  et  l'acide  chlorhydrique 
qui  enlèvera  les  dernières  traces  de  fer.  » 


CHIMIE.  —  Sur  deux  nouvelles  combinaisons  cristallisées  du  chlorure  platinique 
avec  l'acide  chlorhydrique.  Note  de  M.  Léo.v  Pigeov  (2),  présentée  par 
M.  Troost. 

«   On  n'a  décrit  jusqu'ici  qu'une  seule  combinaison  de  l'acide  chlorhy- 
drique avec  le  chlorure  de  platine  au  maximum,  c'est  l'acide  chloroplati- 


(')  Les  essais  à  la  traction  ont  été  effectués  dans  le  laboratoire  de  M.  Le  Verrier, 
au  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers. 

(2)  Travail  fait  au  laboratoire  de  Chimie  de  l'Ecole  Normale  supérieure. 


(    1219    ) 

nique;  il  répond  à  la  formule 

PtCP.2HCl.6IPO. 

»  On  peut  obtenir  toutefois  deux  autres  combinaisons  qui  répondent 
aux  formules 

PtCl*.  2HCI.4IPO, 

PtCl4.HC1.2H20. 

L'une  et  l'autre  dérivent  de  l'acide  chloroplatinique. 

»  I.  Les  cristaux  rouges  d'acide  chloroplatinique  sont  dissous  dans  une 
petite  quantité  d'eaii.  On  ajoute  à  cette  liqueur  très  concentrée  une  grande 
quantité  d'acide  sulfurique.  Il  se  dépose  alors  un  précipité  jaune  qui  se 
rassemble  au  fond.  En  l'examinant  au  microscope,  on  reconnaît  qu'il  est 
formé  de  cristaux  très  nets,  qui  agissent  énergiquement  sur  la  lumière 
polarisée.  Ces  cristaux  sont  déliquescents;  pour  les  débarrasser  du  liquide 
qui  les  baigne,  on  les  laisse  séjourner  sur  une  plaque  de  porcelaine 
dégourdie,  dans  une  atmosphère  sèche.  L'analyse  de  cette  matière  a  été 
faite  eu  la  chauffant  avec  du  carbonate  de  soude  et  pesant  le  platine  et  le 
chlorure  d'argent. 

»  Voici  les  résultats  de  1  analyse  : 

Calcule  pour 
PtCl'.aHC1.4H*0.  Trouve. 

Platine 4o,45  40,07 

Chlore 44, 18  44,78 

Hydrogène  et  eau i:"),.!;  1  5,  o4  (par  différence) 

»  On  voit  donc  que  l'on  peut,  à  froid,  par  l'action  de  l'acide  sulfurique. 
concentré,  obtenir  un  produit  cristallisé  qui  ne  diffère  de  l'acide  chloro- 
platinique que  par  deux  molécules  d'eau  en  moins,  la  totalité  de  l'acide 
chlorhydrique  restant  présente  dans  la  combinaison. 

»  IL  On  obtient  le  second  chlorhydrate  de  chlorure  en  chauffant 
à  ioo°,  dans  le  vide,  l'acide  chloroplatinique  en  présence  de  potasse 
fondue.  L'acide  chloroplatinique  est  contenu  dans  un  tube  à  essais,  et 
celui-ci  introduit  dans  un  autre  tube  contenant  la  potasse  et  qu'on  scelle 
après  y  avoir  fait  le  vide.  La  région  qui  contient  la  matière  est  chauffée  en- 
suite à  ioo°,  au  bain-marie,  pendant  deux  ou  trois  journées.  Les  cristaux 
d'acide  chloroplatinique,  vers  Go°,  fondent  dans  leur  eau  de  cristallisation 
en  donnant  un  liquide  très  mobile;  puis  ce  liquide  dégage  des  bulles,  de- 


(     1220    ) 

vient  épais  et  donne  finalement  une  matière  solide,  brun  rougeàtre  cris- 
tallisée. L'analyse  donne  pour  ce  corps  la  formule 

PtCl4.HCI.2lFO. 

Trouvé. 
Calculé.  I.  II. 

Platine 47,63  '17,61  47, 3i 

Chlore 43,33  +3,26         43,49 

Hydrogène  et  eau 9,o4  »  » 

»  III.  Si  l'on  chauffe  ce  dernier  produit  dans  les  mêmes  conditions, 
mais  vers  200",  au  bain  d'huile,  le  reste  de  l'acide  chlorhydrique  et  de  l'eau 
sont  éliminés  finalement  et  l'on  obtient  le  chlorure  platinique  anhydre.  Ce 
dernier  ne  perd  pas  de  chlore  tant  que  la  température  est  inférieure 
à  2200.  Mais,  dans  la  vapeur  de  mercure,  la  moitié  du  chlore  du  chlorure 
platinique  est  chassée  :  il  reste  du  chlorure  platineux. 

Calculé.  Trouvé. 

Platine 73, 3i  7-3,33 

Chlore 26,69  -4ti,'27 

»  IV.  On  voit,  en  résumé,  qu'il  est  facile  de  faire  perdre  à  l'acide  chlo- 
roplatinique  l'acide  chlorhydrique  et  l'eau  qu'il  contient,  en  les  éliminant 
par  parties.  Si  l'on  réunit  ensemble  dans  une  parenthèse  les  produits  qui 
sont  chassés  en  même  temps,  on  donnera  à  ce  corps  la  formule 

PtCl*(HCl.2H20)(HCl.2H=0)2H20. 

»  Les  résultats  précédents  sont  donc  en  parfait  accord  avec  les  re- 
marques générales  faites  par  M.  Engel  sur  les  chlorhydrates  de  chlorures 
(Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  6e  série,  t.  XVII,  p.  379),  et  mettent  en 
évidence  l'importance  de  l'hydrate  HCl  -f-  2IPO  obtenu  cristallisé  depuis 
longtemps  par  MM.  Pierre  et  Pucbot.    » 


CHIMIE.  —  Sur  le  salicy!ate  de  bismuth.  Note  de  M.  H.  Causse. 

«  De  tous  les  procédés  de  préparation  du  salicylate  de  bismuth,  celui 
qui  consiste  à  l'obtenir  par  double  décomposition,  entre  un  sel  de  bismuth 
dissouset  un  salicvlate  alcalin,  semble  réaliser,  au  premier  abord,  les  cou- 


(      1221     ) 

ditions  les  plus  simples.  Malheureusement,  la  simplicité  devient  une  diffi- 
culté réelle  et  que  l'on  a  cherché  à  tourner  par  l'emploi  des  solutions 
alcoolicpies  ou  glycériques,  si  la  double  décomposition  est  pratiquée  dans 
les  conditions  ordinaires. 

»  Les  sels  de  bismuth  ne  sont  solubles  dans  l'eau  qu'avec  le  concours 
des  acides,  et  ceux-ci  déplacent  l'acide  salicylique  de  ses  combinaisons. 
Comme  il  est  insoluble  dans  l'eau,  on  obtient  un  mélange  formé  d'un  sali- 
cylate et  d'acide  salicylique,  auquel  s'ajoutent  les  produits  de  l'action  de 
l'eau  sur  les  sels  de  bismuth,  et  le  tout  constitue  un  composé  indéfinis- 
sable. Un  salicylate  de  composition  régulière  ne  pouvait  donc  être  obtenu 
qu'à  la  double  condition  d'opérer  en  liqueur  chimiquement  neutre  et  de 
s'affranchir  de  l'action  secondaire  de  l'eau. 

■»  Quelques  essais  dirigés  dans  cette  voie  nous  avaient  conduit  à  des 
résultats  satisfaisants,  mais  compliqués,  et  c'est  en  cherchant  à  les  simpli- 
fier cpie  nous  avons  observé  les  faits  qui  suivent,  et  sur  lesquels  nous  avons 
établi  un  procédé  de  préparation  du  salicylate  de  bismuth. 

»  L'eau,  on  le  sait,  dissocie  les  sels  de  bismuth;  elle  provoque  dans 
leurs  solutions  un  dédoublement  suivi  de  la  précipitation  d'un  sel  basique, 
tandis  que  l'acide,  dégagé  de  la  combinaison,  entre  en  solution  et  vient 
contribuera  maintenir  la  stabilité  de  la  partie  dissoute. 

»  Jusqu'ici  on  a  eu  recours  aux  acides  pour  éviter  cette  scission  ;  mais 
nous  avons  trouvé  que  certains  sels  ammoniacaux,  et  en  particulier  le 
chlorhydrate  d'ammoniaque,  s'opposent  à  l'action  dissociante  de  l'eau  et 
jouent,  à  l'égard  du  sel  de  bismuth,  le  rôle  de  l'acide  ajouté  pour  le  faire 
entrer  en  solution. 

»  On  sature  un  \  olume  quelconque  d'acide  chlorhydrique,  de  carbonate 
ou  de  sous-nitrate  de  bismuth,  en  ayant  soin  d'en  laisser  un  léger  excès  ; 
après  quelques  heures  de  contact  et  quand  le  carbonate  refuse  de  se  dis- 
soudre, on  ajoute  du  chlorhydrate  d'ammoniaque  en  solution  concentrée; 
aussitôt  l'acide,  supplanté  dans  ses  fonctions,  devient  apte  à  dissoudre  le 
carbonate,  que  l'on  ajoute  par  petites  portions,  et  disparait  totalement,  en 
donnant  du  chlorure  de  bismuth,  soluble  dans  le  sel  ammoniac.  On  arrive 
aussi  au  même  résultat  en  neutralisant  avec  une  solution  d'ammoniaque 
dans  le  chlorure  d'ammonium,  comme  on  le  verra  plus  loin. 

»  Nous  nous  sommes  assuré  que,  pris  séparément,  le  pouvoir  dissolvant 
du  sel  ammoniac  est  nul  ou  à  peu  près  sur  le  carbonate  et  le  sous-nitrate, 
et  cpie,    d'autre   part,  les   réactions   générales  n'ont    pas  disparu.  L'eau 


(     I2.>.2    ) 

pure,  par  exemple,  ajoutée  à  la  solution  précédente,  détermine  une  préci- 
pitation de  sel  basique,  tandis  que  la  solution  concentrée  de  sel  ammoniac 
la  laisse  limpide  et  sans  changement  au  moins  apparent,  ce  qui  permet  de 
dire  que  le  chlorure  d'ammonium  se  borne  à  remplacer  l'acide,  ajouté 
pour  dissoudre  dans  l'eau  un  sel  de  bismuth  et  éviter  sa  dissociation. 

»  Nous  n'insisterons  pas  davantage  sur  un  point  que  nous  nous  propo- 
sons de  développer,  dans  une  Note  postérieure,  n'ayant  en  vue  pour  le 
moment  que  la  préparation  du  salicylate  de  bismuth  basée  sur  les  observa- 
tions précédentes. 

»  On  prend  ioogl'  de  sous-nitrate  de  bismuth  que  l'on  dissout  dans  l'a- 
cide chlorhydrique  concentré;  il  y  a  échauffement,  dégagement  de  vapeurs 
nitreuses,  et  le  sel  entre  en  solution  ;  on  laisse  reposer  et  la  liqueur  éclair- 
cie  est  reçue  dans  iUt  d'une  solution  pure  et  saturée  à  la  température  ordi- 
naire de  sel  ammoniac.  Il  reste  maintenant  à  supprimer  l'acide  libre;  on  y 
parvient,  mais  lentement,  en  ajoutant  du  sous-nitrate  autant  que  la  solu- 
tion peut  en  dissoudre,  d'une  manière  plus  rapide  et  plus  complète,  si  l'on 
neutralise  la  liqueur  avec  de  l'ammoniaque  dissoute  dans  la  solution  satu- 
rée de  chlorure  d'ammonium  ;  les  premières  portions  d'alcali  y  déterminent 
un  précipité,  mais  celui-ci  disparaît  tant  que  la  liqueur  contient  de  l'acide 
libre,  et,  quand  il  persiste,  la  solution  bismuthique,  qui  remplit  dès  lors 
toutes  les  conditions  de  neutralité  désirée,  est  mélangée  avec  la  suivante  : 

Salicylate  de  soude 120e1' 

Solution  de  sel  ammoniac  saturée 5oo§r 

»  Au  début,  aucun  précipité  ne  se  forme;  mais,  à  peine  quelques  se- 
condes se  sont-elles  écoulées,  que  le  liquide  se  remplit  d'une  volumineuse 
cristallisation  de  salicvlate  de  bismuth. 

J 

»  Le  liquide  est  jeté  dans  un  entonnoir,  garni  à  la  douille  d'un  tampon 
de  coton,  et,  lorsque  l'eau  mère  est  écoulée,  on  reçoit  le  sel  dans  un  vase; 
il  y  est  lavé  à  plusieurs  reprises  jusqu'à  élimination  du  chlorhydrate  d'am- 
moniaque, puis  essoré  et  séché  à  la  température  ordinaire. 

»  Ainsi  obtenu,  le  salic\late  de  bismuth  est  cristallisé  en  prismes  mi- 
croscopiques, incolores  et  d'aspect  assez  semblable  au  sulfate  de  quinine 
déshydraté.  Il  est  insoluble  dans  l'eau,  décomposé  par  les  acides  et  les  al- 
calis, et  offre  les  caractères  généraux  des  sels  de  bismuth. 

»   L'eau  froide  est  sensiblement  sans  action  sur  lui,  ce  qui  se  conçoit, 


(     1223    ) 

aucun  des  constituants  du  salicylate  de  bismuth,  pris  séparément,  n'étant 
soluble  dans  ce  liquide;  il  n'existe  aucune  raison  de  séparation. 

»  Traité  par  l'eau  bouillante,  il  est  dissocié,  et  l'acide  salicylique  séparé 
cristallise  par  refroidissement. 

»  L'alcool  absolu  le  décompose  complètement;  en  épuisant,  à  trois  re- 
prises différentes,  4B'  de  salicylate  par  5ogr  d'alcool,  nous  avons  obtenu  de 
l'oxyde  de  bismuth. 

»  La  chaleur  agit  d'une  manière  semblable;  le  salicylate  maintenu  à  5o° 
perd  la  majeure  partie  de  l'acide  salicylique  qui  vient  cristalliser  sur  les 
parties  froides;  à  ioo°  la  séparation  est  complète.  Chauffé  brusquement, 
il  dégage  des  vapeurs,  entre  en  fusion,  la  température  s'élève  et  l'on  arrive 
sans  arrêt  du  thermomètre  à  la  décomposition  charbonneuse. 

»  Composition.  —  Le  métal  a  été  dosé  par  la  voie  sèche,  en  utilisant  la 
facilité  avec  laquelle  l'acide  salicylique  se  sépare.  Cette  opération  doit  être 
conduite  avec  soin,  car  le  sel  très  léger  est  facilement  entraîné  par  les  va- 
peurs d'acide  salicylique.  Quant  à  l'eau  de  cristallisation,  nous  en  avons 
déduit  son  existence  et  sa  quantité  de  l'analyse, 

»  Nous  avons  trouvé  les  proportions  suivantes,  qui  représentent  une 
moyenne  de  quatre  analyses   : 

Calculé 
pour  la  formule 
Bi(C'H'0,)'4H«ô. 

C 35,9-5  C 36,363 


Trouvé. 

35, 

95 

3. 

i5 

■!9 

■7:' 

29: 

,80 

M 3,i5  11 3,3.6 

O '!9>~">  0 3o,oi4 

Ri 29,80  Ri 3o,3o3 

C'est  donc  du  salicylate  neutre  avec  4  molécules  d'eau  de  cristallisation.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  chaleur  de  dissolution  et  la  solubilité  de  quel- 
ques corps  dans  les  alcools  méthylique,  éthylique-  et  propylique.   Note  de 

M.    W.    TlMOFEIEW. 

o  Dans  une  Note  précédente,  j'ai  donné  les  chaleurs  de  dissolution  de 
quelques  acides  organiques  dans  les  trois  alcools,  et  j'ai  indiqué  une  cer- 
taine relation  qui  existe,  à  mon  avis,  entre  les  chaleurs  de  dissolution  et  la 
solubilité  moléculaire  de  ces  corps.  J'ai  fait,   en   outre,   quelques    expé- 


(  r22/,  ) 

riences  avec  le  bichlorure  de  mercure,  l'iodurè  de  cadmium,  l'urée  et  la 

naphtaline;  je  communique  aujourd'hui  les  résultats. 

»  La  Table  suivante  donne  les  chaleurs  de  dissolution  à  la  tempéra- 
ture I2°-i4"  : 

Table  1. 

Chaleur  de  dissolution  dans  l'alcool 
Concentration _^ — 

Substances.  pour  ioo.  méthylique.  étliylique.  propylique. 

Cal  Cal  Cul 

[odure  de  cadmium 7!  +6,65  '1  -  3 1  +2,66 

Bichlorure  de  mefcure  ...  .  11  ".'li  o.oo(')  —1,1 

Naphtaline :>A  4,5o  —  4,38  —  4, 28 

Urée 13  —2,21  —  3.1  .S  —2,76 

»    Les  solubilités  moléculaires  sont  les  suivantes  : 

Table  If. 

Quantités  de  molécules  de  l'ai I 

Substances.  Température.  méthylique.      étliylique.        propylique. 

11  iinil  mol  mol 

[odure  de  cadmium 20  5,2  7  ;i  s 

Bichlorure  de  mercure  . .    ..        8,5  20  1  3 ,  1  20, 3 

»  20  (6,2  12,4  '8 

»  38, 2  <>,  m  10,6  i4,6 

Naphtaline 11  84  45  33 

Urée 20  S,  7  24,5  39,2 

»    4o  5,i  i4,3  20 

»  En  comparant  ces  deux  Tables,  nous  retrouvons  pour  l'iodurè  de  cad- 
mium et  la  naphtaline  la  relation  signalée  précédemment,  à  savoir  :  la 
solubilité  moléculaire  et  la  chaleur  de  dissolution  varient  en  sens  in- 
verse. 

»  Le  cas  du  bichlorure  de  mercure  est  un  peu  plus  compliqué.  Si  l'on 
construit  les  courbes  de  solubilité,  en  prenant  pour  coordonnées  la  tem- 
pérature et  le  nombre  de  molécules  d'alcool,  nécessaires  pour  dissoutire 
une  molécule^  de  substance,  on  obtient  des  courbes  dont  la  marche  est 
comparable  pour  les  alcools  autres  que  l'alcool  méthylique;  pour  le  der- 
nier, la  courbe  correspondante  s'incline  vers  l'axe  des  températures  beau- 
coup plus  rapidement  que  les  deux  autres  et  vient  les  couper  toutes  deux 

(')  Une  absorption  de  chaleur  insignifiante;  d'après  Rickerin»,  cette  chaleur  de 
dissolution  est  nulle. 


(     1225    ) 

entre  8°  et  35°;  elle  paraît  ne  reprendre  une  marche  normale  rpi 'au  delà 
de  cette  température. 

»  Ce  fait  lient  peut-être  à  l'existence  d'une  combinaison  de  bichlorure 
de  mercure  et  d'alcool  méthylique,  combinaison  que  j'ai  pu  obtenir  en 
effet  :  la  solution  HgCP  +  25GH"0  dépose  dans  le  voisinage  de  o°  des 
feuillets  d'un  composé,  dont  l'analyse  correspond  à  la  formule 

HgCl-+2GfPO. 

Les  autres  alcools,  dans  les  mêmes  conditions,  n'ont  rien  donné  de  sem- 
blable. 

»  Ainsi,  si  nous  comparons  Ja  solubilité  à  35°  et  la  chaleur  de  dissolu- 
lion,  nous  observons  la  même  relation  que  dans  les  autres  cas. 

»  L'urée  seule  paraît  faire  exception  :  sa  solubilité  et  la  chaleur  de  dis- 
solution dans  l'alcool  éthylique  sont  toutes  deux  plus  grandes  que  dans 
l'alcool  propylique. 

»  Si  l'on  calcule  les  rapports  de  h>  chaleur  de  dissolution  d'une  même 
substance  dans  les  deux  premiers  alcools  méthylique  et  éthylique  d'une 
pari,  et,  d'autre  part,  dans  les  deux  derniers  alcools  propylique  et  éthy- 
lique,  ces  deux  rapports  sont  dans  quelques  cas  sensiblement  les  mômes  : 

Table  111. 

„   .  Chai,  de  diss.  dans  l'aie,  éthyl.  Chai,  de  diss.  dans  l'aie,  propyl. 

Chai,  de  diss.  clans  l'aie,  méthyl.  Chai,  de  diss.  dans  l'aie,  éthyl. 
Acide  oxalique  anhydre.                        i,46  i,4S 

Acide  succinique i  ,c4  i  ,o5 

Iodure  de  cadmium ... .  o,65  0,62 

Naphtaline 0,97  <>.,,x 

«  Ce  fait,  qui  parait  se  retrouver  dans  quelques  cas  aussi  pour  les  solu- 
bilités, montre  bien  quelle  liaison  étroite  peut  exister  entre  la  solubilité 
et  la  chaleur  moléculaire  de  dissolution  en  solutions  étendues  dans  les 
dissolvants  comparables.   » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  les  Stellérides  recueillis  dans  le  golfe  de  Gascogne,  aux  Açores 
et  à  Terre-Neuve  pendant  les  campagnes  scientifiques  du  yacht  l'Hirondelle. 
Note  de  M.  Edmoxd  Perrier,  présentée  par  M.  Alph.  Mil  ne-Edwards. 

«  Le  nombre  des  espèces  d'Étoiles  de  mer  recueillies  durant  les  cam- 
pagnes de  \  Hirondelle,  dirigées  par  S.  A.  S.  le  prince  Albert  de  Monaco,  s'é- 

C.   R.,   1891,  1»  Semestre.  (T.  CXH,   N*  21.)  1% 


(     1226   ) 

lève  à  33,  réparties  en  26  genres.  Neuf  de  ces  espèces  sont  nouvelles  ;  quatre 
appartiennent  à  des  genres  déjà  connus,  mais  dont  un  est  encore  mal  défini 
(Pedieellaster  parvulus,  sp.  nov.),  et  dont  trois  n'ont  été  caractérisées  qu'à 
l'occasion  de  la  campagne  du  Challenger  (Mediaster stellatus,  sp.  nov.;  Phi- 
tonasler  granidosus,  sp.nov.;  Dytaster  intermedius,  sp.nov.);  une  cinquième 
(Stolasteras  neglecta,  sp.  nov.) fait  partie  d'une  coupe  du  genre  Aslerias,  dé- 
membrée comme  sous-genre  par  Perry  Sladen  ;  les  quatre  autres  doivent  de- 
venir les  types  de  genres  nouveaux;  ce  sont  :  les  Prognaster  Grimaldù, 
Calyeaster  monœcus,  Scleraster  Guernei,  Hexasler  obscarus.  Sept  espèces  ne 
sont  connues  que  depuis  peu  et  font  partie  de  la  série  des  espèces  qui  ha- 
bitent les  grandes  profondeurs;  ce  sont  :  Brisinga  coronata,  Sars;  Neomor- 
phaster  Talismani,  Perrier;  Pentagonastcr  crassus,  Perrier;  /'.  Gosselini, 
Perrier;  Pentastcr  venustus,  Sladen;  P.  limbatus.  Sladen;  Plulonaster  bi- 
frons,  W.  Thomson.  Ces  sept  formes  constituent,  par  conséquent,  encore 
d'intéressantes  récoltes.  Les  genres  nouveaux  appartiennent  respective- 
ment à  autant  de  familles  ou  sous-famillcs  différentes,  celles  des  Zoroaste- 
rinœ,  Stichasterinœ,  Asteriidœ,  Pterasteridœ. 

»  Les  Prognaster  sont  de  grandes  Etoiles  de  mer  à  bras  longs  et  grêles, 
rappelant  ceux  de  l'espèce  du  Talisman  que  j'ai  décrite  sous  le  nom  de 
Zoroaster  longicauda  ('  )  ;  mais  les  Prognaster  se  font  remarquer  :  i°  par  la 
constitution  du  squelette  de  leur  disque  dorsal  qui  comprend,  comme 
chez  les  Crinoïdes,  une  dorso-centrale,  cinq  petites  sous-basales,  cinq 
grandes  basales,  après  lesquelles  viennent  les  premières  radiales  ou  cari- 
nales;  i°  par  le  squelette  de  leurs  bras  dont  la  carinale  et  les  dorso-mar- 
ginales  prédominent  d'une  manière  remarquable  sur  les  autres  plaques,  au 
nombre  de  11,  qui  constituent  chaque  arceau  dorsal.  Leurs  plaques  ne 
sont  pas  garnies  d'écaillés  comme  chez  les  Pholidaster,  Sladen,  mais 
d'épines  comme  chez  les  Zoroaster. 

»  Les  Calyeaster  sont  de  très  petite  taille,  ils  ont  5mm  à  i8mm  de  rayon  : 
ce  sont  peut-être  les  jeunes  de  quelque  forme  apparentée  aux  Neomor- 
phaster,  Sladen.  Ils  se  font  remarquer  par  l'extrême  simplicité  de  leur  sque- 
lette, réduit  :  i°  pour  le  disque,  à  une  dorso-centrale  et  cinq  basales,  les  cinq 
radiales  commençant  déjà  la  série  des  carinales;  20  pour  les  bras,  aux 
carinales  ou  médianes  dorsales  et  à  la  double  série  des  marginales .  Le  sque- 
lette ambulacraire  a  la  structure  normale;  les  tubes  ambulacraires  sont  bi- 

{')  Annales  des  Sciences  naturelles,  1880. 


(   I227  ) 
sériés,  les  pédicellaires  croisés  indiquent  que  ces  petits  Stellérides  appar- 
tiennent  à  l'ordre  des  Forcipulata. 

»  Les  Sclerasterias  sont  aussi  de  petite  taille,  mais  le  développement  de 
toutes  leurs  parties  indique  qu'ils  sont  adultes.  Ils  sont  voisins  du  Sto/as- 
terias  par  la  disposition  en  rangées  longitudinales  des  pièces  de  leur  sque- 
lette qui,  abstraction  faite  du  squelette  ambulacraire,  comprend  trois  séries 
de  plaques  principales  (carinales  et  marginales)  et  tout  au  moins,  entre 
les  marginales  dorsales  et  les  carinales,  une  rangée  de •  dorso-latèrales  ou  in- 
termédiaires dorsales. 

»  \1  H  ex  aster  obscurus  fait  partie  de  la  famille  des  Pterasteridœ.  Il  est 
voisin  des  Marsipasler  et  des  Calyptraster  de  Sladen,  qui  ont  été  dragués  par 
le  Challenger,  le  premier  entre  Valparaiso  et  Juan  Fernandez,  le  second  sur 
la  côte  du  Brésil;  il  provient  de  Terre-Neuve,  comme  le  Pedicellaster  par- 
adas, et  de  i,55m  de  profondeur.  Ce  genre  est  remarquable,  parmi  tous  les 
autres  Pterasteridœ,  par  ses  six  bras  et  sa  surface  dorsale  convexe  et  relative- 
ment résistante.  Il  se  distingue  de  Marsipasler  par  la  brièveté  de  ses  épines 
actino-latérales  et  par  ses  épines  buccales  supplémentaires  indépendantes. 
Le  nombre  de  ces  épines  (une  au  lieu  de  trois  par  plaque  dentaire),  le  sé- 
pare de  Calyptraster  et  indique  une  forme  différente  des  dents. 

»  Il  est  intéressant,  d'ailleurs,  de  retrouver  à  Terre-Neuve  une  forme  do 
Stelléride  dont  les  équivalents  n'avaient  encore  été  rencontrés  que  dans 
les  mers  australes. 

»  Les  autres  formes  nouvelles  que  nous  venons  d'indiquer  proviennent 
des  régions  profondes  :  le  Prognaster  Grimaldii  a  été  dragué  au  nord  des 
Açores,  par  2870™  de  profondeur;  le  Calycaslcr  monœcus  à  l'est  de  Florès 
(Àçores),  par  1 5 5 7 m  ;  le  Sclerasterias  Guernei,  dans  le  golfe  de  Gascogne,  de 
24om  à  3oom. 

»  Par  la  simplicité  en  quelque  sorte  théorique  de  leur  squelette,  les 
Prognaster  et  les  Calycaslcr  apportent  un  document  du  plus  haut  intérêt  à 
la  morphologie  du  squelette  des  Étoiles  de  mer.  Le  squelette  du  disque  est, 
en  effet,  exactement  constitué  dans  ces  deux  genres  comme  le  squelette 
typique  d'un  Crinoïde,  et  c'est  pourquoi  nous  appellerons  calicinales  les 
pièces  fondamentales  qui  le  constituent.  Ces  pièces  sont  au  nombre  de 
an  +  i,  si  n  est  le  nombre  des  bras;  en  général,  «  =  5  et  in  -+- 1  =  11, 
par  conséquent.  Les  pièces  carinales  sont  les  équivalentes  des  radiales  des 
Crinoïdes;  quant  aux  marginales  et  aux  pièces  du  squelette  ambulacraire, 
si  constantes  chez  les  Stellérides,  elles  ne  sont  représentées,  chez  les  Cri- 
noïdes, que  par  des  formations  rudimentaires  et  qui  font  souvent  défaut. 


(    1228    ) 

»  Le  squelette  des  Stellérides,  plus  complet  que  celui  des  Crinoïdes,a,  par 
cela  même,  une  morphologie  propre  sur  laquelle  je  me  propose  de  revenir 
dans  une  prochaine  Communication,  à  l'occasion  d'un  travail  d'ensemble 
sur  les  Stellérides  recueillis  par  le  Talisman  et  le  Travailleur.  » 


BOTANIQUE.  —  Sur  V équivalence  des  faisceaux  dans  les  plantes  rasculaires. 
Note  de  M.  P. -A.  Daxgeard,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  En  Anatomie  végétale,  l'unité  adoptée  pour  le  système  vasculaire  est 
le  faisceau  ;  mais  on  l'interprète  de  bien  des  manières  différentes. 

»  Ainsi,  le  faisceau  ordinaire  des  Dicotylédones  comprend  un  faisceau 
ligneux  et  un  faisceau  libérien  superposés  :  il  est  dit  collatéral  par  la  plu- 
part des  auteurs;  pour  quelques  autres,  c'est  un  faisceau  unipolaire.  Chez 
plusieurs  Monocotylédones  le  faisceau  est  constitué  par  un  ilôt  libérien 
entouré  par  les  vaisseaux  ligneux  :  il  est  concentrique  ;  chez  la  plupart  des 
Cryptogames  vasculaires,  c'est,  au  contraire,  le  bois  qui  est  entouré  par  le 
liber  dans  les  cordons  libéro-ligneux  ;  ces  cordons  libéro-ligneux  sont  alors 
considérés  comme  des  faisceaux  concentriques,  plus  rarement  comme  des 
faisceaux  bipolaires  ou  leurs  combinaisons,  ou  enfin  comme  des  stèles.  Le 
système  vasculaire  de  la  racine  donne  lieu  aux  mêmes  difficultés  d'inter- 
prétation; pour  plusieurs  anatomistes,  c'est  un  faisceau  poly arche  ;  pour 
d'autres,  un  faisceau  multipolaire;  pour  la  plupart,  ce  système  est  formé 
par  un  nombre  variable  de  faisceaux  libériens  et  ligneux  alternes. 

»  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  d'établir  l'équivalence  des  faisceaux 
dans  l'ensemble  des  plantes  vasculaires,  en  m'appuyant  sur  les  résultats 
de  mes  observations  en  Anatomie  végétale  ('). 

)>  C'est  chez  les  Dicotylédones  que  les  faisceaux  ont  été  le  mieux  étu- 
diés :  on  connaît  leur  course,  leurs  relations  réciproques,  leur  structure, 
leurs  combinaisons  diverses  dans  un  grand  nombre  d'espèces.  Il  est  natu- 
rel de  leur  conserver  le  nom  de  faisceaux  collatéraux  et  de  les  d'ire  Jermés 
ou  ouverts,  selon  qu'ils  possèdent  une  zone  génératrice  ou  qu'ils  en  sont 
dépourvus. 


(')  P.-À.  Dangeard,  Recherches  sur  le  mode  d'union  de  la  tige  et  de  la  racine 
chez  les  Dicotylédones  {le  Botaniste,  iro  série);  Essai  sur  l'anatomie  des  Crypto- 
games vasculaires  (ibid.);  Mémoire  sur  la  morphologie  et  /'anatomie  des  Tmasip- 
leris  {ibid.,  40  et  5e  fascicules;  1891). 


(  I2a9  ) 

»  Chez  les  Monocotvlé  clones,  on  trouve  les  mêmes  faisceaux  collaté- 
raux :  rien  n'empêche  d'appeler  concentriques  les  faisceaux  dans  lesquels 
le  liber  est  entouré  par  le  bois. 

»  La  véritable  difficulté  ne  commence,  dans  l'appréciation  du  faisceau, 
que  chez  les  Cryptogames  vasculaires  et  dans  l'élude  de  la  racine. 

»  Pour  trouver  l'équivalent  du  faisceau  fermé  des  Dicotylédones,  il  faut, 
chez  les  Cryptogames  vasculaires,  s'adresser  aux  petites  feuilles  à  nervure 
unique  des  Selaginella,  des  Lycopodium,  des  Tmesipteris,  ou  bien  encore 
aux  dernières  ramifications  des  nervures  dans  les  feuilles  plus  développées 
des  Salvinia,  des  Marsilia,  des  Fougères,  etc.  ;  le  faisceau  y  est  constitué 
par  quelques  trachées  et  vaisseaux  annelés  et  quelques  cellules  libériennes, 
c'est-à-dire  par  du  proloxylème  et  du  pro/ophloéme;  il  est  rarement  collaté- 
ral. En  général,  il  est  concentrique;  mais,  à  l'inverse  de  ce  qui  existe  chez 
les  Monocotylédones,  ici,  c'est  le  liber  qui  entoure  le  bois. 

»  Pour  trouver  l'équivalent  du  faisceau  ouvert  des  Dicotylédones  et  des 
Conifères,  il  est  bon,  chez  les  Cryptogames  vasculaires,  de  s'adresser  tout 
d'abord  à  la  lige  de  certaines  espèces  de  Sélaginelles  (S.  Kraussiana,  S.  Ga- 
leottii,S.  Lyallii,  etc.);  on  le  trouvera  isolé  dans  le  tissu  conjonctif  et  il 
sera  plus  facile  ensuite  de  le  reconnaître  dans  ses  combinaisons  diverses. 
Sa  forme  générale  est  celle  d'un  coin  dont  la  pointe  est  tournée  vers  l'ex- 
térieur :  cette  pointe  est  occupée  par  le  protoxylème  et  le  protophloème  ; 
il  se  produit  ultérieurement  des  vaisseaux  scalariformes  :  c'est  le  mètaxy- 
lème.  qui  se  différencie  de  l'extérieur  vers  le  centre  de  la  tige;  il  est  en- 
touré par  du  mélaphloème  qui  présente  le  même  mode  de  différenciation. 
Sans  doute,  ces  derniers  éléments  ont  une  origine  et  une  structure  diffé- 
rentes de  ceux  qui  constituent  le  bois  et  le  liber  secondaires  des  Dicotylé- 
dones; mais  les  rôles  physiologique  et  mécanique  sont  identiques.  Nous 
avons  démontré  que  ces  cordons  libéro-ligneux,  isolés  dans  le  tissu  con- 
jonctif des  Sélaginelles,  représentent  bien  le  faisceau  normal  en  suivant 
leur  course  et  en  établissant  leurs  rapports  avec  les  feuilles.  Ce  faisceau 
est  concentrique;  il  ne  devient  collatéral  que  dans  les  combinaisons  qu'il 
forme. 

»  Tout  comme  chez  les  Dicotylédones,  chaque  faisceau  se  reconnaît  à 
la  présence  d'un  îlot  de  protoxylème.  Existe-t-il  plusieurs  de  ces  îlots,  on  a 
affaire  à  une  combinaison  de  plusieurs  faisceaux.  Si  elle  forme  un  système 
annulaire  à  la  façon  du  cylindre  central  des  Dicotylédones,  on  devra  la  dé- 
signer, avec  MM.  Van  Tieghem  et  Douliot,  sous  le  nom  de  stèle;  s'il  y  a 


(     I23o    ) 

cloute,  on  pourra  la  distinguer  simplement  sous  le  nom  de  cordon  libêro- 
ligneux. 

»  Le  cas  où  les  faisceaux  se  disposent  en  un  cercle  régulier  dans  la  tige 
est  particulièrement  instructif  (Lycopodium,  Tmesipteris ,  Selaginella,  Psilo- 
tum).  Ainsi  la  stèle  à  deux  ou  à  quatre  faisceaux  des  Sélaginelles  rappelle 
étroitement  la  structure  d'une  racine  :  la  seule  différence  importante  à  no- 
ter, c'est  la  continuité  du  liber  autour  du  bois  dans  la  stèle  des  Sélaginelles; 
or  cette  abondance  du  liber  est  due  uniquement  à  la  présence  des  feuilles; 
ces  dernières  viennent-elles  à  se  réduire  à  l'état  d'écaillés  sans  nervures, 
alors  le  liber  se  localise  en  faisceaux  distincts  (Psilotum);  on  a  alors  pour 
la  tige  la  structure  d'une  racine  ordinaire. 

»  D'où  cette  nouvelle  conséquence  par  laquelle  nous  terminerons  :  le 
système  vasculaire  de  la  racine  n'est  ni  un  faisceau  multipolaire  ni  un  fais- 
ceau polyarche,  c'est  un  ensemble  de  faisceaux.   » 


PÉTROGRAPHIE.  — Sur  la  formation  trappéenne  de  la  Toungouska  Pierreuse 
{Sibérie  septentrionale).  "Note  de  M.  K.  de  Kroistchoff,  présentée  par 
M.  Fouqué. 

»  Dans  la  région  située  entre  les  5oe  et  70e  parallèles  en  Sibérie  se 
trouvent  d'immenses  territoires  couverts  d'énormes  coulées  atteignant 
parfois  une  épaisseur  de  5om  à  70™,  et  traversés  par  d'innombrables  dykes 
de  roches  basiques,  trappéennes,  anciennes  et,  probablement  aussi,  mé- 
zoïques.  L'Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg  (en  1876, 
1877,  1878)  a  envoyé,  sous  la  direction  de  M.  Lopatine,  plusieurs  expédi- 
tions scientifiques  pour  explorer  spécialement  la  partie  située  entre  5o° 
et  700  de  latitude  et  720  et  1020  de  longitude  orientale.  M.  Lopatine  a  par- 
couru notamment  plusieurs  cours  d'eau  considérables,  comme  la  Toun- 
gouska Pierreuse,  Tchoulym,  Angara,  Yenniséy  et  partout  constaté  un  dé- 
veloppement vraiment  colossal  d'une  roche  trappéenne  presque  noire,  d'un 
aspect  franchement  basaltoïde  (').  J'ai  été  chargé  par  l'Académie  impé- 
riale des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg  de  faire  l'étude  pétrographique  et 


(')  Depuis  le  commencement  de  ce  siècle,  un  grand  nombre  desavants  avant  visité 
la  Sibérie  septentrionale  y  avaient  déjà  signalé  l'occurrence  d'une  roche  trappéenne, 
doléritique  d'un  grand  développement. 


(    I23l    ) 

chimique  des  collections  (environ  3ooo  échantillons)  de  roches  éruptives 
recueillies  par  M.  Lopatinedans  le  cours  de  ces  divers  voyages  en  Sibérie. 
T'ai  l'honneur  de  signaler  brièvement  à  l'Académie  quelques  faits  d'un 
intérêt  général  constatés  dans  le  cours  de  mes  recherches. 

»  Toungouska  Pierreuse.  —  Assises  siluriennes  avec  Phacops  Lopatini  ('), 
Favosites  ('-),  Plasmopora,  Halysites,  Columnaria,  CyrthophyUum,  etc., 
recouvertes  de  coulées  énormes  (i>oo-3oo  verstes  et  plus  d'étendue)  et 
traversées  par  de  nombreux  dvkes  de  roches  éruptives  foncées,  dont  la 
composition  minéralogique  est  presque  absolument  identique  et  dont  la 
structure  seule  varie;  dans  leur  composition  entrent  essentiellement  le 
plagioclase,  le  pyroxène  et  l'olivine.  En  fait  de  caractères  physiques,  nous 
y  rencontrons  toutes  les  modifications  de  structure  connues  jusqu'ici  : 
d'un  côté  des  roches  apbanitiqucs  semi-vitreuses,  de  l'autre  des  roches 
holocristallines  grenues,  doléritiques  ou  diabasiques  et,  entre  celles-ci,  des 
roches  porphyriques  et  ophitiques. 

»  Du  type  semi-vitreux,  parfois  huileux  et  scoriacé,  au  type  holocristallin 
grossièrement  grenu  doléritoùle,  il  y  a  nue  transition  graduelle,  insensible 
et  complète  de  sorte  qu'après  en  avoir  fait  l'étude  approfondie  (environ 
iooo  plaques  minces),  j'y  ai  cru  devoir  distinguer  seulement  neuf  types 
fondamentaux,  auxquels  se  rattachent  toutes  les  autres  modifications. 

»    Type  I.  —  Holocristallin. 

»   Type  II.  —  Holocristallin  passant  au  type  ophitique. 

»  Type  III.  —  Holocristallin  se  rapprochant  du  type  ophitique;  cette  roche  est  m 
riche  en  péridot,  qu'on  pourrait  la  classer  dans  le  groupe  des  péridotites  (eucrite 
franche). 

»    Type  IV.  —  Franchement  ophitique. 

»    Type    V.  —  Ophitique  se  rapprochant  du  type  hypocristallin. 

»    Type  VI.  —  Doléritique  se  rapprochant  du  type  rnicrolithique. 

»   Type  VII.  —  Aphanitique  franchement  rnicrolithique. 

»   Type  VIII.  —  Aphanitique,  rnicrolithique  à  étoileruents. 

»   Type  LV.  —  Aphanitique,  semi-vitreux,  rnicrolithique. 

»  Outre  les  coulées  et  filons  j'y  ai  constaté  des  vestiges  apparents  de 
déjections  détritiques  :  (a)  un  grès  silurien  renfermant  de  fines  interstrati- 
fications de  2mm  à  5mm  d'épaisseur,  constituées  de  lapilli  à  croûte  caractéris- 

(')  F.  Schmidt,  Ueber  einige  neue  ostsibirische  Trilobilen.  etc.  {Bull,  de  l'Acad. 
impériale  des  Se.  de  Saint-Pétersbourg,  t.  XII,  p.  407,  4] 4 ;  1886). 

(-)  Lixdstrom,  Silurische  Korallen  ans  Aord-Russland  und  Sibirien  (Bihang  till 
Vet.  Acad.  Handlingar,  Band  VI,  n°  18;  1882. 


(    1232    ) 

tique  de  diverses  roches  trappéennes  ;  (b)  une  roche  d'apparence  franche 
ment  grésiforme,  composée  de  grains  anguleux  isométriques  et  idiomor- 
phes  de  plagioclase,  de  pyroxène  et  d'olivine. 

»  Le  métamorphisme  de  contact,  engendré  par  ces  roches  éruptives  dans 
les  argiles,  marnes,  grès  et  calcaires  siluriens,  est  extrêmement  intense.  Les 
argiles  présentent  principalement  trois  stades  de  modifications  :  (a)  spilo- 
sites  à  grandes  concrétions  plus  claires  ou  plus  foncées  que  la  masse  fon- 
damentale: celles-ci  sont  formées  de  substances  pyroxéniques  et  micacées 
(incolores)  ou  d'accumulations  de  magnétite  et  notamment  de  spinelles 
violacés;  (b)  roche  très  compacte  d'un  aspect  cornéen  :  avec  un  objectif  à 
immersion  homogène,  on  y  reconnaît  comme  élément  essentiel  de  fines 
paillettes  de  mica  noir  et  un  peu  de  quartz;  (c)  véritable  cornubianite 
compacte,  pyroxénique  et  grenatifère.  Les  marnes  perdent  leur  aspect  ter- 
reux et  se  transforment  en  porcellanite;  les  grès  recristallisent  et  se  char- 
gent de  pyroxène  incolore  et  verdâtre;  les  calcaires  deviennent  rubanés 
et  nettement  grenus. 

»  Parmi  les  roches  trappéennes  palézoïques,  j'ai,  en  outre,  découvert  une 
phonolithe  leucitifère  typique. 

»  Sur  la  Carte  géologique  détaillée  de  M.  Lopatine,  cette  roche  est  co- 
lorée comme  les  autres  roches  trappéennes  :  elle  ne  s'en  distingue  ni  par 
son  aspect  général,  ni  par  le  mode  d'occurrence;  elle  recouvre  ou  traverse 
les  assises  siluriennes.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  le  mode  d'élimination  de  l'oxyde  de  carbone. 
Note  de  M.  L.  de  S.vixt-Martix. 

«  La  question  de  savoir  comment  s'élimine  l'oxyde  de  carbone,  lors- 
qu'il a  été  respiré  en  quantité  insuffisante  pour  provoquer  la  mort,  a  beau- 
coup préoccupé  Claude  Bernard.  L'illustre  physiologiste  a  fait  sur  ce  point 
un  grand  nombre  d'expériences  qui  ne  lui  ont  pas  semblé  assez  décisives 
pour  conclure  (').  Il  critique,  du  reste,  le  procédé  généralement  suivi 
pour  déceler  et  doser  l'oxyde  de  carbone  dans  les  produits  gazeux  de  la 
respiration,  au  moyen  de  sa  transformation  en  acide  carbonique  par 
l'oxyde  de  cuivre  porté  au  rouge. 

(')  Ci.alde  Ber.nauu,  Physiologie  opératoire.,  p.  443  et  suiv. ;   Leçons  sur  les  anes- 
thésiques  cl  l'asphyxie,  p.  45o  ei  suiv. 


(   .233  ) 

»  J'ai  entrepris  de  faire,  sur  cette  question  intéressante,  des  recherches 
par  des  procédés  nouveaux. 

I.   —  Destruction  partielle  de  l'hémoglobine  oxycarbonée  (in  vitro) 
en  présence  de  l'oxyhémoglobine. 

»  Procède  opératoire.  —  On  divise  en  deux  portions  inégales  du  sang  de 
chien  défibriné,  immédiatement  au  sortir  de  la  veine.  L'une  d'elles  est  agitée 
mécaniquement  jusqu'à  saturation  avec  l'oxyde  de  carbone,  et  l'autre 
semblablement  avec  l'oxygène.  On  réunit  ensuite  les  deux  parties,  pour 
obtenir,  dans  les  proportions  voulues,  un  mélange  de  sang  oxycarboné  et 
de  sang  oxygéné;  puis  on  introduit,  à  l'abri  de  l'air,  dans  des  éprouvettes 
de  forme  spéciale  pleines  de  mercure  et  renversées  sur  la  cuve,  des  échan- 
tillons du  sang  ainsi  obtenu  de  45ec  chacun  environ.  Ces  éprouvettes  trans- 
portées dans  des  vases  à  précipiter  remplis  de  métal  sont  alors  placées 
dans  une  étuve  à  eau  de  Gay-Lussac  maintenue  rigoureusement  à  38°  au 
moyen  d'un  régulateur  de  température. 

»  On  procède  immédiatement  à  l'extraction  et  à  l'analyse  des  gaz  con- 
tenus dans  un  de  ces  échantillons  de  sang  en  faisant  en  sorte  qu'à  aucun 
moment  il  ne  soit  en  contact  avec  l'air  extérieur.  On  agit  de  même  poul- 
ies autres  échantillons,  mais  après  les  avoir  laissés  séjourner  dans  l'étuve 
un  certain  temps,  variable  pour  chacun  d'eux. 

L'opération  a  lieu  chaque  fois  sur  /jocc  de  sang;  l'extraction  des  gaz  se 
fait  au  moyen  de  la  pompe  à  mercure,  comme  à  l'ordinaire,  en  ayant  soin 
d'interposer,  entre  la  pompe  et  le  réfrigérant,  un  tube  en  U  plein  de  perles 
de  verre  mouillées  d'acide  sulfurique,  ce  qui  permet  d'obtenir  un  mélange 
gazeux,  sinon  absolument  sec,  du  moins  exempt  de  toute  trace  d'eau  li- 
quide. L'oxyde  de  carbone  est  déplacé  en  dernier  lieu  de  sa  combinaison 
avec  l'hémoglobine  par  ébullition  prolongée  du  sang  avec  son  volume 
d'acide  acétique  à  8°,  en  se  conformant  strictement  aux  indications  données 
par  M.  Gréhant  (').  L'analyse  du  mélange  gazeux  est  faite  par  la  méthode 
de  Doyère,  l'acide  carbonique  étant  absorbé  par  la  potasse,  l'oxygène  par 
le  pyrogallate  de  soude  et  l'oxyde  de  carbone  par  le  protochlorure  de 
cuivre  dissous  dans  l'acide  chlorhydrique. 

»   Voici  les  résultats  obtenus  dans  quatre  séries  d'expériences. 

(  '  )  N.  Gréhant,  Recherche  quantitative  de  l'oxyde  de  carbone  dans  le  sang  (  An- 
nales d 'hygiène,  août  1879)  et  Les  poisons  de  l'air.  Paris,  1890. 

C.  K.,  189.,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  21.)  'OO 


(  1236  ) 


bulletin   bibliographique. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  27  avril  i  89  i  . 
(Suite.  ) 

D1'  Netter.  —  Le  pneumocoque.  —  De  la  méningite  due  au  pneumocoque 
{avec  ou  sans  pneumonie.}  —  Contagion  de  la  pneumonie.  —  Recherches  bac- 
tériologiques sur  les  otites  moyennes  ai  gués .  —  Microbes  patho gênes  contenus 
dans  la  bouche  de  sujets  sains.  —  De  l'endocardite  végétante-ulcéreuse  d'ori- 
gine pneumonique.  — Du  microbe  de  la  pneumonie  dans  la  salive.  —  Utilité  des 
recherches  bactériologiques  pour  le  pronostic  et  le  traitement  des  pleurésies 
purulentes.  —  De  la  pleurésie  purulente  mélapneumonique  et  de  la  pleurésie 
purulente  pneumococcique  primitive.  —  Fréquence  relative  des  affections  dues 
aux  pneumocoques.  Points  au  niveau  desquels  débute  le  plus  habituellement 
l'infection  aux  divers  âges  delà  vie;  7  br.  in-8°.  (Envoyé  au  concours  Mon- 
tyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Recherches  microbiologiques  et  expérimentales  sur  le  tétanos  ;  par  MM.  D. 
Sanchez-Toledo  et  A.  Veillon.  (Extrait  des  Archives  de  Médecine  expéri- 
mentale.) Paris,  G.  Masson,  1890;  br.  in-8°.  (Envoyé  au  concours  Mon- 
tyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Étude  historique  sur  les  organes  génitaux  de  la  femme,  la  fécondation  et 
l'embryogénie  humaine  depuis  les  temps  les  plus  reculés  jusqu'à  la  Renaissance  ; 
par  Gabrielle  Peillon.  Paris,  O.  Berthier,  1891;  1  vol.  gr.  in-8°. 

Journal  of  the  Tnstitule  of  actuaries,  vol.  XXIX,  Part.  II,  n°  CLX,  april 
1891.  London,  Charles  and  Edwin  Layton;  br.  in-8°. 

Proceedings  of  the  royal physical  Society,  session  1889-90.  Edinburçh,  Mc 
Farlane  et  Erskine,  1891  ;  1  vol.  in-8°. 

Mémoires  de  V  Académie  royale  de  Copenhague,  6e  série.  Classe  des  Sciences, 
vol.  II,  nos  1,  2,  3.  —  Classe  des  Lettres,  vol.  I,  n°  1,  1890;  4  vol.  in-4°. 

Rr.  Erslev.  Rigsraad  of  stendermoder  i  kristian  iv  s  Tid,  1883-1890. 
Copenhague,  6  vol.  in-8°. 

Videnskabelige  Meddelelser for  Aaret  1890.  Copenhague;  1  vol.  in-8°. 

Repertorium  fur  Météorologie,  herausgegeben  von  der  kaiserlichen  Akademie 
der  Wissenschaften,  redigirt  von  Dr  Heinrich  Wild.  Band.  XIII.  Saint- 
Pétersbourg,  1890;  1  vol.  in-4°. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER -VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  a"  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-i".  Doux 
blés,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annue' 
part  du  ier  janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qiCil  .suit  : 

Paris  :  20  IV.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  eu  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


gen.. 
Iger . 


reît 


liambery 

herbourg 

le'rmont-Ferr. 

i/o" 

ouui        

renoote  

a  Rochelle... . 
e  //livre 

ille 


\" 


chez  Messieurs  : 
Michel  et  Médan. 
Gavault  St-Lager. 
Joui  i l;i n. 

!  Ru  If. 

miens Hecquel-Decobert. 

i  Germain  etGrassin. 
°  r  Lachese el  Dolbeau. 

ayonne Jérôme. 

tsançon Jacquard. 

Avrard. 

ordeaux '  DutluilV. 

'  Millier  (G.). 
Renaud. 
Lefoùruiei 
Robert. 
j  J.  Robert. 
'  V  Uzel  Ci. r.. 11'. 

[    II. UT. 

(  Massif. 

l'errin. 
(  Henry. 
'  Marguerie. 
i  Rousseau . 
/  Ribou-Collay. 
,  Lamarche. 

Ratel. 
'  Damidot. 
s  Lauverjat. 
'  Crépi  n. 
i  l  ireyel. 
'  Gratier. 

Robin. 
\  Bourdignon, 
I  Dombre 

Ropiteau. 

I  .efebvre. 

Quarré. 


Lorient. 


chez  Messieurs 
I  Baumal. 
(  M™  Tcxicr. 

Il'-.uid. 
^Georg. 
Lyon (  Mégret. 

P.ilud. 


Marseille.. 
Montpelliei 

Moulins. .  . 


Nantes  . 

Nice.  . .  . 


\ 


Ville  et  Pérussel. 

Pessailhan . 

l  Calas. 

i  Coulel . 

Martial  Plai  ■ 

|  Sordoillet. 

Nancy Grosjean-Maupin. 

|  Sidol  ii  ères 

^  Loiseau. 

!  M™  Veloppé. 

j  Barma. 

(  \  isconti  et  C 

Ntmes ■  Thibaud. 

Orléans Lùzeraj . 

.  .  (  Blanchier. 

eoitiers .  ,  . 

(  Drtllil.iilil. 

Haines l'Iil. i   Hervé. 

Rochefort Boucheron  -  Rossi  - 

(  Langlois.        |  gnol. 

j  Lesl  ringa  n 
(  lln'\  aller. 

t  Bastide. 

i  Rumèbe. 

,  Gimet. 

I  l' ri  va  t. 

I  Boisselier. 
Tours Péricat. 

'  Suppligeon. 

t  i  riard. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Rouen 

S'-Étienne 
Toulon 

Toulouse... 


Valenciennes. 


>  Lcma  Itre. 


Amsterdam  . 


Berlin . 


Buckarest. 


chez.  Messieurs  : 

t  Robbers. 

'  Peikema    Caarclsen 

Athènes Beck.  [et  C". 

Barcelone Verdaguer. 

i  Asher  et  C'*. 
Calvary  et  C". 
Friedlaiuler   el  (ils. 

I  Mayer  et  Millier. 
Berne *  Schmid,  Franche  el 

Bologne Zanichelli  et  Cie. 

Ramlot. 

Bruxelles     Mayolez. 

I  Lebégue  el  C". 

\  II. nui. uni 

'  Ranisteanu. 

Budapest Kiltan. 

Cambridge Deighton,  BelletC" 

Christiania Cammermej  er. 

Constantinople.  .     Otto  et  Keil. 

Copenhague Hôsl  et  lils. 

Florence Lœscher  et  Seebei 

Garni Hoste. 

Gênes Bcuf. 

,  Cherbuliez. 

Genève .    .      Georg. 

Stapelmohr. 

La  Haye Belinfantc  frères. 

,  Benda. 
i  Payot. 
Barth. 
i  Brockhaus. 
Lurent/.. 
Max  Rubc. 
T«  ielraeyer. 
(  Desoer. 
I  Gn  usé. 


Londres 

Luxembourg . 


Milan  . 


Lausanne. 


Leipzig 


Liège 


chez  Messieurs  : 
(  Dulau. 
i  Nutt. 
V.  Bttck. 

(Librairie       Gulen 
berg. 
laaana i  Gonzalès  e  hijos. 

I  Yravedra. 

'  F.  Fé. 

\  Dumolard   frères. 

!  Hœpli. 
Moscou Gautier. 

;'  Fnn  heiin. 
Naples !  Marghieri  di  Gius. 

'  Pellcrano. 

i  Ghrîstern. 
Yen'  York i  Stechert. 

'  Westerma  un. 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C1". 

Palerme Clausen. 

Porto Magalhaès. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

i  Bocca  frères. 

'  Loescheret  C'*. 
Rotterdam  ....  Kramers  et  lil~ 
Stockholm Samson  et  Wa  1 1  i  n 

^  Zinserling. 

/  Wniir. 
Bocca  frères. 
Brero. 
Clausen. 

[  Rosenbergel  Sel  I  ic 

Varsovie Gebethner  et  Woll 

Vérone Drucker. 

j  Frick. 

I  Gerold  et  G". 
Zurich Meyer  et  Zeller. 


Rome . 


S'-Pétersbouri 


Turin . 


Vienne, 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1er  à  31.  —  (  i  Août  i835  à  3i   Décembre  i85o.  )  Volume  in-i";  i  S  V i .   Prix 15  fr. 

Tomes  32  à  61.  —  i  icr  Janvier  i85i  à  i  i  Décembre  i8G5.  )  Volume  in-4°;  [870.    Prix 15  fr. 

Tomes  62  à  91.  —  (  i"  Janvier  1866  a  li  Décembre  1880. 1  Volume  in-40;  1889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES    : 

tome  I:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algue»,  par  MM.  A.  Derbesci  A.-.l.-J.  Su  lier.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'éprouvent  h 
omètes,  par  M.  Hamsen.—  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  dans  la  digestion  des  matièri 
rasses,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  111-4°,  avcc  32   planches  :   i856   15  f 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Brnedeï.  —  Essai  d'une  réponse  11  la  question  de  Prix  proposée  en  i85o  par  l'Académie  des  Scienc 
sur  le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :  «   Étudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  séd 

mentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  — Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rechercher  la   natu 

des  rapports  qui  existent  entre  l'étatactuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Biionn.  In-4°,  avec  27  planches,;  1861.  ..        15  I 


A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires   présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


Nn  21. 

TABLE  DES   ARTICLES.    (Séance  du  25  mai  1891.) 


MÉMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


Pages. 

MM.  Berthelot  et  Matignon.       Recherches 
sur  la  série  camphénique 

MM.   L.    Cailletet   el    E.    Colardeau. 
Recherches  sur  les  tensions  de  la  vapeur 
d'eau    saturée  jusqu'au   point   critique    et 
sur  la  détermination  île  ce  point  critique. 

M.  A.  Crova.  —  Sur  l'analyse  de  la  lumière 
diffusée  par  le  ciel 


iiii 


1 1 76 


Pages. 

M.  Sirodot.  —  l>e  l'âge  relatif  du  gisement 
quaternaire  du  mont  Dol  (Ille-et-Vilainè).   1180 

M.  Marks.  -  Note  accompagnant  la  pré- 
sentation d'un  Ouvrage  «  Sur  les  Cépages 
delà  région  méridionale  de  la  France»..   iis3 

MM.  H.  Léi'ine  et  Barrai  .  Sur  la  déter- 
mination exacte  du  pouvoir  glycolytique 
du  sang u85 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  Ki  g.  Perron  adresse  un  Mémoire  inti- 
tule :  «  Essai  d'une  théorie  mathématique 
sur  les  fractures  terrestres  et  les  diaclases 
artificielles     

M.  S.  Ai.taiias  adresse  un  Mémoire  ayant 
pour  titre  :  "  Moteur  ftuidostatiqûe  à  force 


.  liS- 


facullativement  progressive  » 

M.  E.  Delaurier  .adresse  une  Note  sur  la 
navigation  aérienne 

M.  Pigeon  adresse  une  Note  «  Sur  les  inha- 
lations d'air  ozonisé     


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  appelle  l'atten- 
tion de  l'Académiesur  les  Rapports  présen- 
tés à  la  Chambre  de  Commerce  de  Lyon 
par  la  Commission  administrative,  sur  les 
travaux  du  laboratoire  d'études  de  la  soie. 

M.  D.  Eginitis.  —  Observation  du  passage 
de  Mercure  sur  le  disque  du  Soleil  le  g  mai 
1891,  faite  avec  l'équatorial  de  Plcessl  à 
l'Observatoire  national  d'Athènes 

M.  Tondini.  —  Les  conditions  atmosphé- 
riques de  Greenwicb  par  rapport  à  la 
question  de  l'heure  universelle. 

M.  Painlevé.  —  Sur  l'intégration  algébrique 
des  équations  différentielles  du  premier 
ordre 

M.  J.  Collet.  —  Sur  la  détermination  des 
intégrales  des  équations  aux  dérivées  par- 
tielles du   premier  ordre 

M.  \.  Pki.let.  —  Sur  les  équations  abé- 
liennes 

MM.  Ciiassagny  et  Abraham.  --  Recherches 
de  thermo-électricité 

M.  R.  Savei.ief.  Détermination  de  la 
constante  solaire 

M.  P.  du  Boys.  —  Sur  le  mouvement  de 
balancement  rythmé  de  l'eau  des  lacs 
(  seiches  ) 

M.  Emile  Belloc.  —  Sur  un  nouvel  appa- 
reil de  sondage  portatif  à  fil  d'acier 

M.  &.  Guii.bert.  —  Etude  sur  le  gradient 
appliqué  à  la  prévision  du  temps ... 


1188 


uSç) 




1  iu6 
■  ,,,s 


1 202 


I  »o6 


M.  Al.  Moulin.  —  Relation  entre  le  poids 
atomique  et  la  densité  liquide 

M.  Guntz.  —  Sur  le  sous-chlorure  d'argent, 

M.  Cm.  Blarez.  — -  \rtion  exercée  par  la 
présence  des  sels  minéraux  de  potassium 
sur  la  solubilité  du  chlorate  de  potasse.. 

M.  Adolphe  Minet.  —  Electrolyse  par  fusion 
ignée  des  sels  de  bore  et  de  silicium 

M.  Léon  Pigeon.  —  Sur  deux  nouvelles 
combinaisons  cristallisées  du  chlorure 
platiniquc  avec  l'acide  chlorhydrique... . 

M.  H.  Caisse.  Sur  le  salicylate  de  bis- 
muth   

M.  \Y.  Timofkiew.  —  Sur  la  chaleur  de  dis- 
solution et  la  solubilité  de  quelques  corps 
dans  les  alcools  méthylique,  éthylique  et 
propylique 

M.  Edmond  Perrier.  —  Sur  les  Stellérides 
recueillis  dans  le  golfe  de  Gascogne,  aux 
Açores  et  à  Terre-Neuve  pendant  les  cam- 
pa gnesscienti  lie]  lies  du  yacht  l'Hirondelle.. 

M.  P. -A.  Dangeard.  —  Sur  l'équivalence 
des  faisceaux  dans  les  plantes  vasculaires. 

M.  1\.  de  KROUSTCHOFF.  —  Sur  la  formation 
Lrappéenne  de  la  Toungouska  Pierreuse 
(  Sibérie  septentrionale) 

M.  L.  de  Saint-Martin.  —  Recherches  sur 
le  mode  d'élimination  de  l'oxyde  de  carbone. 

M.  ColeNCON  adresse  une  Note  ayant  pour 
titre  :  <.  Le  calendrier  pour  l'année  1892  ». 


1185 

11N- 


1201) 
1212 


1  '  1 3 


ll^N 

llijo 
120" 


Bulletin  bibliographique 1236 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAU  l'HIER-VILLARS  ET  FILS, 
Quai  des  Grands-A ueustins.  55 


3cM 


1891 

PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR  MM.  IiES  SECRÉTAIRES  PERPETUEES. 


TOME  CXIÏ. 


N°22    (1er  Juin  1891 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS   ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

U«ai  des  Grands-Augusiins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  2A  mai  i8tj. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  \       Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Àcadén 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de  j  sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  II; 


ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  v  a  deux  volumes  par  année. 

Article  Ie'.  —  Impression  des  travaux  de  /' Académie. 


ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'aul; 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance» 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 


Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personi 

qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'A 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre  I  demie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  oud'J 

ou  par  un  Associé  étrangerdel' Académie  comprennent  1  Sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

au  plus  6  pages  par  numéro.  _        ,.      ,  ,..       • 

1  roi  £,es  Membres  qui   présentent  ces  Mémoires* 

Un  Membre   de  l'Académie  ne  peut  donner  aux     tenas  de  |es  redmre  au  nombre  de  pages  requifl 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année.  Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomi 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées     mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ext 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par      actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu 
les   correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  epu  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le.l 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  ( 
cielle  de  l'Académie. 

Article   3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  rem 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  ten 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  \eComptem 


vaut,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapport 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  a) 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  i 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séance,  avant  5b.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  sui\ 


JUN    24  1891 


COMPTES  RENDUS 


DES    SÉANCES 


DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 


SÉANCE  DU  LUNDI  1er  JUIN  1891. 

PRÉSIDENCE  DR  M.   DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES   ET   DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  calorimétriques  sur  l'acide  humique, 
dérivé  du  sucre.  Note  de  MM.  Iîertiielot  et  André. 

«  Nous  avons  publié,  il  y  a  quelque  temps  ('),  des  recherches  sur 
l'acide  brun  qui  dérive  du  sucre  de  canne  et  sur  la  formation  de  ses  deux 
séries  de  sels  de  potasse,  de  soude,  etc.,  monobasiques  et  tribasiques, 
remarquables  par  leur  insolubilité.  Ces  recherches  offrent  de  l'intérêt  par 
leur  application  à  la  terre  végétale  et  aux  réactions  des  êtres  vivants.  Nous 
allons  examiner  aujourd'hui   la  chaleur  mise  en  jeu  dans  la  formation  de 


(')  Ce  Recueil,  p.  916.  Les  dosages  de  métaux  alcalins,  K,  Na,  signalés  dans  ce 
Mémoire,  ont  été  rapportés,  par  suite  d'une  erreur  de  copiste,  à  leurs  oxydes,  au  lieu 
des  métaux  eux-mêmes.  Le  lecteur  aura  t'ait  aisément  la  correction,  s'il  s'est  donné  la 
peine  de  vérifier  les  chiffres  théoriques  calculés  dans  la  Note,  lesquels  se  rapporlenl 
aux  métaux  et  non  aux  oxydes. 

C.  R.,  i8qi,  1"  .Semrt.'r*.  (  T.  CXII,  N"  22.)  lOl 


(   ia38  ) 

ces  sels,  dans  les  changements  successifs  que  Facile  éprouve  au  contact 
de  l'eau  et  des  alcalis,  enfin  dans  la  formation  de  l'acide  lui-même,  soit  au 
moven  du  sucre,  soit  au  moyen  des  éléments. 

»  I.  Commençons  par  cette  dernière  formation.  On  a  brûlé  l'acide  hu- 
mique  dans  la  bombe.  L'échantillon  employé  a  été  analysé  au  moment 
même,  afin  de  tenir  un  compte  précis  de  son  état  actuel  d'hydratation. 

»  L'acide  humique  peut  être  obtenu  sous  deux  formes  limites,  à  l'état 
d'anhydride  C'8  Hn0",  par  une  dessiccation  énergique  vers  i3o°,età  l'état 
d'hydrate  C18  H10  O7,  lorsqu'il  a  été  séparé  au  moment  même  de  ses  combi- 
naisons alcalines  (')  et  séché  très  rapidement  à  basse  température.  Tou- 
tefois ce  dernier  état  n'est  pas  stable  et  il  tend  toujours  à  s'en  séparer,  au 
bout  de  peu  de  temps,  une  certaine  dose  d'eau,  conformément  à  ce  qui 
arrive  pour  certains  composés  acides  organiques  ou  métalliques  très  con- 
densés et  colloïdaux,  pour  l'acide  siliciquc,  etc.  De  telle  sorte  que  l'état 
stable,  réalisé  par  dessiccation,  dans  les  conditions  ordinaires,  représente 
un  système  dissocié,  renfermant  à  la  fois  un  mélange  d'hydrate  et  d'anhy- 
dride. Aussi  est-il  nécessaire  d'analyser  l'échantillon  même  sur  lequel  on 
opère. 

»   Celui  que  nous  avons  brûlé  dans  la  bombe  renfermait  : 

Moyenne. 

C >3,92  63, 90  63,91 

H 4,64  4,5a  4,58 

O »  )>  3 1 , 5 1 

Pas  de  cendres  sensibles.  Ces  nombres  répondent  au  système 

2C,sir0O7  +  C,8H,1O6. 

c'est-à-dire  à  un  système  dissocié  au  tiers. 

»  Ce  composé,  dans  l'état  précis  qui  précède,  a  été  brûlé  au  sein  de  la 
bombe  calorimétrique. 

»  Trois  combustions  ont  fourni,  pour  igl  de  matière:  5876e31, 7;  5865ca,,4' 
5897caI,8;  moyenne  :  :)88ocal. 

»  Ces  chiffres  s'appliquent  à  la  combustion  à  volume  constant.  A  pres- 
sion constante,  il  faudrait  ajouter,  d'après  les  chiffres  de  l'analyse  :  ocal,  2, 
valeur  négligeable. 

(')   Ces  formules  ont  été  adoptées  par  nous  provisoirement,  d'après  l'analyse  du  sel 
monopotassique  insoluble,  C,8HI5K07. 


(   ra39  ) 

»  La  combustion  des  poids  de  carbone  (diamant)  et  d'hydrogène  qui 
forment  ce  composé,  s'ils  étaient  libres,  dégagerait  +6G1  1  ''"'.  La  chaleur 
dégagée  par  l'union  de  ces  éléments  entre  eux  et  avec  l'oxygène  a  donc  été 
de  ^3 1 eaI  pour  isr  de  produit. 

»  Or,  si  l'oxvgène  s'était  uni  à  l'hydrogène  pour  former  de  l'eau,  qui  se 
serait  combinée  ensuite  avec  le  carbone  (et  le  surplus  de  l'hydrogène),  la 
formation  de  cette  eau  aurait  dégage  K>5c)cal.  D'où  il  suit  que  la  seconde 
réaction  aurait  absorbé  GaH"1. 

»  Telle  est  l'énergie  emmagasinée  dans  iff1'  d'acide  bumique,  en  le  sup- 
posant constitué  par  la  combinaison  de  l'eau  préexistante  (théorie  ancienne 
des  hydrates  de  carbone,  ou  calcul  de  Dulong).  Cette  réserve  d'énergie 
représente  le  neuvième  de  la  chaleur  de  combustion  totale  du  compose; 
ou,  si  l'on  aime  mieux,  le  huitième  de  la  chaleur  de  combustion  du  carbone 
qu'il  renferme.  L'un  de  nous  a  insisté  depuis  longtemps  sur  ces  réserve» 
d'énergie  des  hydrates  de  carbone  et  de  leurs  dérivés.  Dans  le  cas  présent, 
la  réserve  est  d'un  sixième  environ  pour  le  glucose  ou  le  saccharose; 
tandis  qu'elle  est  d'un  huitième  pour  l'acide  bumique.  Il  y  a  donc  dégage- 
ment de  chaleur  dans  la  condensation  moléculaire,  accompagnée  de 
déshydratation,  qui  engendre  ce  dernier  acide  ('). 

»  En  d'autres  termes,  nous  axons  ici  une  nouvelle  preuve  de  cette  loi 
générale  énoncée  par  l'un  de  nous  :  que  les  condensations  moléculaires 
avec  élimination  d'eau,  ou  d'autres  éléments,  qui  aboutissent  au  charbon 
comme  terme  ultime,  s'accomplissent  avec  dégagement  de  chaleur  et  perte 
graduelle  d'énergie. 

»  Ces  conclusions  sont  indépendantes  de  la  formule  de  l'acide,  liu- 
mique;  mais  il  serait  facile  de  les  rapporter  à  une  formule  déterminée, 
comme  on  va  le  montrer. 

»   En  effet,  la  composition  exacte  du  corps  brûlé  répond  à 

2C,8H,l!OT  +  C"'H,4O0, 

c'est-à-dire  au  poids  moléculaire  loi/j. 

»  La  chaleur  de  combustion  correspondante  à  ce  poids  serait  5964°"', 2 
à  pression  constante. 


(1)  Pour  plus  de  rigueur,  il  (nul  tenir  compte  du  léger  excès  d'hydrogène  de  l'acide 
humique.  Le  calcul  serait  un  peu  plus  compliqué;  mais  il  ne  changerait  rien  à  la 
conclusion,  d'autant  moins  cpie  L'oxygène  correspondant  n'est  pas  devenu  libre,  mais 
a  donné  naissance  à  un  composé  complémentaire,  tel  que  l'acide  formique. 


(     I2/ÎO    ) 

»  Pour  passer  à  la  formule  de  l'acide  humique  véritable,  nous  remar- 
querons que,  d'après  les  expériences  qui  vont  suivre,  le  changement  de 
ce  système  en  trois  molécules  d'acide  humique,  3C,8Hl0O7,  dégage 
_!_  4Ca,,q  X  3  =+  1 3Cal,  7  ;  ce  qui  diminue  la  chaleur  de  combustion  et  la 
réduit  à  5()5oCal,j;  soit  pour  C,8H,eOT  :  +  198  5Ca\  ». 

»   La  chaleur  de  formation  de  l'acide  humique  par  les  éléments 

C18(diam.)+H16+07  =  C18H,607 +  aôS^g. 

»   La  formation  de  7II-O  dégageant  -+-  483Cal, 

C18(diam.)  +  H2 4-  7  II2 0  liq.  absorba 117^,1. 

»    Or  la  formation  du  glucose  par  le  carbone  et  l'eau 

C6(diam.)4-6H30,  absorbe -  109e*1, i; 

soit  pour  3  molécules  de  glucose  :  —  327e"1,  2. 

»  On  voit  que  la  réaction  qui  changerait  3  molécules  de  glucose  en  une 
molécule  d'acide  humique  (')  dégagerait  environ  +noCa'.  Ces  chiffres 
précisent  les  considérations  précédentes. 

»  II.  Action  de  l'eau.  —  L'acide  humique  (séché  vers  ioo°),  étant  délayé 
dans  l'eau,  se  gonfle  peu  à  peu  et  forme  une  masse  pâteuse  qui,  jetée  sur 
un  filtre,  ne  laisse  écouler  que  lentement  et  difficilement  l'eau  dont  elle 


(')Nous  négligeons  ici  l'excès  d'hydrogène  H2  pour  simplifier.  Cet  excès  résulte 
d'une  réaction  complémentaire  mal  connue,  produisant  un  corps  plus  oxydé,  tel  que 
l'acide  formique,  CH202,  correspondant  à  la  régénération  de  la  molécule  C  H2  O,  géné- 
ratrice primitive  des  glucoses  :  l'oxygène  ne  devenant  pas  libre  dans  cette  réaction,  pas 
plus  que  l'hydrogène,  le  phénomène  thermique  résultant  ne  saurait  modifier  notable- 
ment nos  conclusions. 

Supposons,  pour  préciser,  que  l'hydrogène,  II2,  résulte  d'un  dédoublement  simple, 
accompli  corrélativement,  tel  que 

O  H1206  -t-  6HsO  —  6CH202  +  G II-, 

dédoublement  impossible  directement,  mais  qui  a  lieu  en  raison  de  l'énergie  complé- 
mentaire mise  en  jeu  par  la  déshydratation  du  glucose  et  la  condensation  moléculaire 
simultanée.  En  elïet,  le  système  réel  entrant  en  jeu  dans  la  réaction  sera 

C6H12064-6H20=6ClI-02-t-6H2,  absorbe -i44««',i, 

i   (3C6H1206-r-Hs  =  Cl8H1607-f-  1  ill20)  x  G,  dégage.      +noW,2x6   =66ic*1,a. 

La  chaleur  dégagée  serait  dès  lor;  !-  5 1 7e"1, 1  ;  soit  -t-  860al,2  pour  une  molécule  d'acide 
humique  produite. 


(  »»'n  ) 

a  élé  imprégnée.  L'eau  ainsi  recueillie  est  brunâtre  et  douée  d'une  légère 
réaction  acide;  iocc  de  cette  liqueur  renferment  ogr,oo3  de  matière. 
D'après  ces  faits,  l'action  dissolvante  de  l'eau  sur  l'acide  humique  peut 
être  regardée  comme  négligeable,  relativement  aux  quantités  d'eau  em- 
ployées dans  le  cours  des  expériences  calorimétriques. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  de  la  réaction  chimique  de  l'eau.  En  effet, 
au  contact  de  l'eau  et  de  l'acide  humique,  il  se  produit  un  dégagement 
de  chaleur  très  sensible.  Nous  avons  opéré  avec  i  partie  de  la  matière 
brune  et  ZjO  parties  d'eau,  vers  i5°.  La  chaleur  dégagée  s'est  élevée  à 
-f-  oCa',ioi;  soit  pour  une  molécule  humique,  c'est-à-dire  dans  l'état  actuel 
du  système,  '  (i>C,s  II'"-:  )7  C48H,4Oc  ):  •  3Ca\o,  pour  l'action  immédiate 
de  l'eau.  Il  faut  y  ajouter  -t- 1,0  pour  répondre  à  l'hy  Iratation  complète  de 
l'acide  humique,  d'après  ce  qui  va  suivre  :  ce  qui  fait  4CaI»9  pour  le  système 
ci-dessus,  ou  -f-i3Cal,7  pour  la  réaction  C,8ir»Qc  -:-  H3  (  ï  =  C,8H,607; 
réaction  rapportée  à  l'anhydride  (en  admettant  qu'il  n'ait  pas  dégagé  de 
chaleur  par  son  union  préalable  avec  2  molécules  de  l'hydrate).  Ce  chiffre 
est  voisin  de  la  chaleur  d'hydratation  de  l'anhydride  acétique  :  -+-  i3CaI,o, 
(Berthelot  et  Louguinine).  Mais  il  y  a  ici  cette  circonstance  remarquable, 
que  l'hydrate  humique  perd  en  partie  son  eau  dès  la  température  ordinaire, 
en  formant  un  svstème  dissocié;  condition  commune  d'ailleurs  à  beaucoup 
d'acides  polybasiques,  mais  qui  se  produit  d'ordinaire  à  une  température 
plus  haute.  L'acide  succinique,  notamment,  se  comporte  de  la  même 
manière,  mais  vers  25o°. 

»  Un  tel  état  de  dissociation  de  l'hydrate  humique  mérite  attention, 
parce  qu'il  montre  l'une  des  sources  obscures,  par  lesquelles  l'énergie 
étrangère  du  milieu  ambiant  peut  s'introduire  dans  les  phénomènes  de  la 
végétation  et  dans  les  actions  physiologiques.  En  effet,  sous  l'influence  des 
carbonates  ou  silicates  alcalins  de  la  terre,  les  corps  analogues  à  l'acide 
humique  sont  aptes  à  former  des  sels,  en  dégageant  cette  chaleur  d'hydra- 
tation définie  plus  haut.  Si  maintenant  ces  sels  sont  décomposés  par  les 
acides  proprement  dits  engendrés  au  sein  des  végétaux,  les  acides  analo- 
gues à  l'acide  humique  seront  régénérés  au  contact  lu  sol  et  de  la  plante, 
par  une  action  chimique  proprement  dite.  Mais  presque  aussitôt  les 
hydrates  acides,  engendrés  au  premier  moment,  se  dissocient  partielle- 
ment avec  formation  d'anhydrides  et  absorption  de  chaleur,  le  système 
reprenant  ainsi,  aux  dépens  du  milieu  ambiant,  l'énergie  perdue  lors  de 
l'hydratation  des  acides. 

»  Or  ce  cycle  de  réactions  peut  être  reproduit  un  grand  nombre  de  lois, 


(     1242    ) 

corrélativement  avec  la  formation  des  acides  végétaux  et  avec  l'absorption 
des  alcalis  par  les  plantes  :  de  façon  à  renouveler  sans  cesse  une  intro- 
duction d'énergie  étrangère,  utilisable  dans  les  réactions  internes  de  l'être 
vivant. 

»  III.  Action  de  la  potasse.  —  Pour  mieux  faire  entendre  cet  ordre  de 
phénomènes,  examinons  la  réaction  de  la  potasse  sur  l'acide  humicjue, 
tant  d'une  manière  immédiate  que  sous  l'influence  du  temps,  en  opérant 
sur  l'acide  pris  à  divers  termes  d'hydratation. 

»  i°  Action  immédiate.  —  On  délave  un  poids  donné  d'acide  humique, 
c'est-à-dire  du  système  |(2C18H,0O7  +  C'srT  s06),  dans  (\o  fois  son  poids 
d'eau;  on  laisse  la  chaleur  produite  se  dissiper,  puis  on  ajoute  une  quan- 
tité donnée  de  potasse  (1  équivalent  =  2bt),  un  peu  inférieure  à  i  équiva- 
lent pour  le  système  ci-dessous,  dont  le  tiers  du  poids  moléculaire  est 
égal  à  jioi4  =  338.  Celte  proportion  a  été  choisie,  dans  l'intention  de 
déterminer  la  chaleur  de  formation  du  premier  sel  insoluble  constaté  dans 
nos  expériences  (ce  Recueil,  p.  92M),  sel  stable  qui  résiste  aux  lavages  à 
froid. 

»  Il  se  dégage  aussitôt  de  la  chaleur;  mais  ce  dégagement  se  produit  en 
deux  phases,  les  deux  tiers  environ  pendant  les  deux  ou  trois  premières 
minutes,  et  le  surplus  d'une  façon  de  plus  en  plus  lente  et  qui  se  prolonge 
pendant  une  demi-heure  environ  :  terme  au  delà  duquel  le  phénomène 
échappe  à  nos  mesures  directes.  La  chaleur  totale  ainsi  dégagée  a  varié, 
vers  i5°,  de  -+-  i2Cal,6  à  -+-  i4Cal,9- 

»  Le  dégagement  immédiat  paraît  dû  surtout  à  l'hydrate  humique  pré- 
existant, et  le  dégagement  lent, surtout  à  l'anhydride. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  on  a  ajouté  alors  dans  le  vase  une  dose  de  potasse 
double  de  la  précédente,  de  façon  à  faire  entrer  en  jeu  principalement  la 
seconde  et  la  troisième  basicité  de  l'acide;  nouvelle  réaction  qui  se  pro- 
longe de  même  et  dégage,  en  vingt  minutes,  de  -4-6Ca',5  à  -+-  4Cal,5;  le  plus 
grand  dégagement  répondant  au  cas  où  la  première  dose  de  potasse  avait 
le  moins  agi. 

»  Enfin,  on  a  ajouté  une  quatrième  dose  de  potasse,  égale  à  la  première, 
de  façon  à  compléter  l'action,  en  dépassant  même  un  peu  3  équivalents 
d'alcali  pour  338g1'  de  matière.  Cette  dose  ne  dégage  que  fort  peu  de  cha- 
leur :  -f-  oCal,6  à  +  oCa,,8. 

»   Eu  définitive,  la  chaleur  totale  a  été  trouvée  -f-  19e111,  5  et  -+-  20CaI,o. 

»  Pour  évaluer  l'effet  total,  il  convient  d'ajouter  les  3Cal,o,  dégagées  lors 
de  l'action  initiale  de  l'eau;  ce  qui  fait  en  tout  :  +  2JCa',/j  à  -h  23Cal,o,. 


(  '243  ) 

»  Sur  cette  chaleur  dégagée,  ■+-  i8Cal  environ  répondent  à  la  formation 
du  sel  monobasique  insoluble,  stable,  c'est-à-dire  susceptible  de  résister  à 
l'action  prolongée  de  l'eau  froide;  et  +  6Cal,  o  à  l'union  de  ce  premier  sol 
avec  deux  nouveaux  équivalents  de  potasse,  pour  former  le  sel  triba- 
sique;  sel  également  insoluble,  mais  moins  stable  et  séparable  en  alcali 
libre,  et  sel  monobasique  par  l'action  prolongée  de  l'eau  froide  employée 
en  très  grande  masse. 

»  Cette  formation  successive  des  humâtes  alcalins  polybasiques,  à  valeur 
thermique  et  à  stabilité  corrélative  décroissante,  n'est  pas  sans  analogie 
avec  celle  des  phosphates. 

»  Pendant  celte  réaction,  non  seulement  l'acide  humique  se  change  en 
sels;  mais  en  même  temps  la  partie  restée  d'abord  à  l'état  d'anhydride  fixe 
de  l'eau.  Pour  évaluer  l'effet  thermique  correspondant,  on  ajoute  aus- 
sitôt dans  le  calorimètre  une  proportion  d'acide  chlorhydrique  étendu 
(HCl  =  2ht),  strictement  équivalente  à  la  totalité  de  la  potasse  successive- 
ment mise  en  jeu.  Une  expérience  préalable  nous  a  prouvé  d'ailleurs  que 
l'acide  chlorhydrique  (ou  sulfurique)  enlève  à  l'acide  humique  toute  la 
potasse  combinée,  sauf  une  trace  négligeable  dans  les  conditions  pré- 
sentes. Si  l'acide  humique  reparaissait  sans  aucun  changement,  la  somme 
des  quantités  de  chaleur,  dégagées  depuis  le  commencement  de  l'expé- 
rience, devrait  être  précisément  égale  à  la  chaleur  de  neutralisation  de 
l'acide  chlorhydrique  :  soit  -t-i3Cal,9,  à  la  température  de  l'observation. 
Sinon,  la  différence  mesurera  le  travail  accompli  par  les  changements 
moléculaires  survenus  entre  l'état  initial  et  l'état  final.  Or,  nous  avons 
trouvé  (l'acide  humique  ayant  été  délayé  à  l'avance  dans  l'eau)  : 

Première  action  de  f-KO  définie  plus  linul.  3,io  3,°57 

Deuxième  action  de  f  KO i  ,(i ,  ,     .  . 

Troisième  action  de  {  KO o,i3  020 

+  4,87  4,99 

Action  de  HCl  étendu -t-  g^  «  «^ 

Somme +  ,  40.1^0  1 ','-',  93 

»  Ce  chiffre  l'emportant  sur  -4-  i3Cal,9,  il  en  résulte  que  l'acide  humique 
employé  (mêlé  d'anhydride)  a  pris  un  état  nouveau  en  dégageant  environ 
-I-  TCa,,o  :  cela  tait  en  tout  :  -+-  p',(),  chiffre  qui  répond  sans  doute  à  sa 
transformation  complète  en  hydrate  C'rPO7. 

»  Nous  avons  contrôlé  ces  résultats  par  diverses  voies,  de  façon  à  me- 


(  "44  ) 
surer  l'action   prolongée  soit  de  l'eau,  soit  de  la  potasse,  cette  dernière 
étant  employée  par  fraction  ou  en  totalité. 

»  2°  Action  des  alcalis  sur  l'acide  humique  extrait  de  sa  combinaison  potas- 
sique. —  Nous  avons  conservé  pendant  cinq  jours  cet  acide,  séparé  par 
l'acide  chlorhydrique,  au  contact  même  de  la  liqueur  renfermant  le  chlo- 
rure de  potassium;  afin  de  n'en  modifier  l'état  par  aucun  lavage  ou  des- 
siccation. Puis  on  lui  a  fait  subir  une  nouvelle  série  de  traitements,  exacte- 
ment pareils  aux  précédents,  à  cela  près  que  la  liqueur  initiale  était  plus 
étendue,  puisqu'elle  renfermait  les  produits  de  la  première  série  d'action. 

»   On  a  obtenu  : 

Cal 

Avec  le  ior  équivalent  de  KO -+- 1 4 , 3 

»     le  2e  et  le  3e  équivalent  de  KO +4>9 

»     le  4e  équivalent -+-  o,8 

valeurs  comparables  aux  précédentes. 

La  chaleur  totale  rapportée  à  i  équivalent  de  KO  est  ainsi,  -  5,oo 

On  a  ajouté  i  équivalent  d'acide  chlorhydrique -+-  9,çi4 

+  J4cal,94 

»  Ce  dernier  nombre  peut  être  regardé  comme  identique  aux  précé- 
dents. Il  en  résulte  que  l'acide  humique  précipité  avait  repris,  pendant 
les  cinq  jours  de  conservation,  son  état  initial,  c'est-à-dire  reperdu  l'eau 
(ixée  tout  d'abord;  sans  doute  par  un  phénomène  de  dissociation  progres- 
sive. 

»  L'analyse  d'un  acide  ainsi  reprécipité,  puis  séché,  a  fourni  d'ailleurs 
les  mêmes  résultats  centésimaux  que  celle  de  l'acide  qui  n'avait  pas  tra- 
versé une  combinaison  potassique. 

»  3°  Action  prolongée  de  l'eau.  —  On  a  laissé  l'acide  humique  digérer 
pendant  f\8  heures,  avec  l\o  fois  son  poids  d'eau  ;  puis  on  l'a  traité  comme 
ci-dessus. 

Cal 

j or  équivalent  de  KO 1  i ,  o 

2e  et  3e  équivalent -i-  5,3 

4e  équivalent -1-  0,7 

-t-  20Cal,O 

La  chaleur  totale  pour  1  seul  équivalent  de  KO  est  ainsi.  .  -h   5,o 

Action  finale  de  1  équivalent  de  HCI +10,0 

[5c«",o 


(  1245  ) 

»  Ces  nombres,  concordants  avec  les  précédents,  montrent  que  l'acide 
humique  en  présence  de  l'eau  atteint  rapidement  son  état  d'équilibre.  Ils 
vérifient  par  là  même  les  résultats  des  expériences  précédentes,  au  double 
point  de  vue  de  l'hydratation  momentanée  acquise  sous  l'influence  des 
alcalis,  et  de  l'état  déterminé  et  définitif  de  dissociation  que  l'hydrate 
acide  prend  avec  le  temps  au  contact  de  l'eau. 

»   En  résumé  : 

»  i"  L'acide  humique  est  un  acide  polvbasique,  susceptible  de  perdre 
une  partie  de  son  eau  d'hydratation  par  simple  dessiccation,  et  même  au 
sein  de  l'eau,  dès  la  température  ordinaire,  en  vertu  d'une  véritable  dis- 
sociation. 

»  20  Dans  cet  état,  il  s'unit  à  3  équivalents  de  potasse,  en  formant  des 
sels  insolubles  :  le  premier  est  monobasique,  fort  stable,  formé  avec  un 
dégagement  de  +i8Cal,  c'est-à-dire  comparable  à  celui  des  sels  alcalins 
solides  formés  par  les  acides  minéraux  les  plus  énergiques.  Les  deux  équi- 
valents de  base,  qui  s'unissent  ensuite  à  ce  premier  sel,  en  formant  un  sel 
tribasique  également  insoluble,  dégagent  beaucoup  moins  de  chaleur. 

»  3°  Ces  matières  humiques,  comparables  à  celles  du  sol,  éprouvent 
ainsi,  sous  l'influence  d'une  base,  des  phénomènes  d'hydratation;  puis  par 
l'action  inverse  des  acides,  des  effets  de  déshydratation  spontanée  par 
dissociation  :  série  d'effets  susceptibles  de  constituer  un  mécanisme  en  vertu 
duquel  les  énergies  extérieures  seraient  continuellement  introduites,  dans 
les  réactions  chimiques  accomplies  pendant  le  cours  de  la  végétation  natu- 
relle. 

»  4°  L'acide  humique  est  formé  depuis  les  sucres  avec  dégagement  de 
chaleur;  mais  ce  dégagement  ne  dépense  qu'une  portion  de  l'excès  ther- 
mique de  ces  hydrates  de  carbone  sur  le  carbone  et  l'eau,  susceptibles 
d'être  formés  par  destruction  totale. 

»  Il  en  résulte  que  l'acide  humique  serait  formé  également  depuis  le 
carbone  et  l'eau  avec  absorption  de  chaleur,  c'est-à-dire  qu'il  renferme 
un  excès  d'énergie,  susceptible  d'être  dépensé  dans  le  cours  des  transfor- 
mations consécutives  qui  s'opèrent  par  des  actions  purement  chimiques, 
ou  avec  le  concours  des  agents  microbiens,  soit  dans  le  sol,  soit  au  con- 
tact du  sol  et  des  végétaux.  » 


C.   i;.,   1891,   1"  Semestre.  (1     CX1I,  N'  22.) 


[t>2 


(     >2  ',6    ) 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.   —  Analyse  de  la  lumière  diffusée  par  le  ciel  ('). 

Note  de  M.  A.  Crova. 

«  Ces  observations  ont  été  continuées  à  Montpellier,  pendant  l'année 
1890;  nous  nous  sommes  bornés,  pour  plus  de  simplicité,  aux  observations 
faites  dans  les  longueurs  d'onde  Goo,  565  et  53o;  elles  ont  été  faites  à 
l'École  d'agriculture  de  Montpellier,  sons  la  direction  de  M.  Houdaille. 

»   Voici  les  valeurs  moyennes  100  -„-  pour  l'année  i8(jo  : 

>i  =  600  365  53o. 

Décembre  1889 -6,32  100  i3l,3j            Hiver. 

Janvier  1890 7°>27  »  i35,3         72,28-128,1 

Février 7°!27  rt  I!7>7   ) 

Mars 70,84  i3o,9   j         Printemps. 

Avril 66,55  124,9  J     69,60-126,3 

Mai 70,61  »  123,2  ) 

Juin 64,00  »  126,"),               E^- 

Juillet 64, i5  »  117, 3         63, I2-ii8,3 

Août 60.91  »  1  1 1 ,0  ) 

Septembre 46,97  »  i46,3\         Automne. 

Octobre 67,97  »  118,6        58,o5-ia6,8 

Novembre 5g, 23  »  118,2  ) 

Année 60.69-124,8 

»  Nous  avons  déjà  parlé  des  causes  de  variations  accidentelles  qui  in- 
fluent sur  les  radiations  de  longueurs  d'onde  supérieures  à  565.  Si  nous 
nous  bornons  aux  observations  relatives  à  >.  —  53o,  nous  voyons  que  : 

»  1"  La  coloration  bleue  est  la  plus  intense  aux  mois  de  décembre,  jan- 
vier, mars  et  septembre;  ses  minima  se  produisent  en  février,  juillet, 
août  et  novembre;  d'une  manière  générale,  le  bleu  du  ciel  est  le  plus 
profond  à  certaines  époques  de  l'hiver  et  de  l'automne,  et  le  plus  pâle  en 
été  (le  minimum  de  février  paraît  dû  à  la  pluviosité  anormale  de  ce  mois, 
qui  ne  compte  du  reste  que  trois  observations). 

»   2°  J'ai  classé  les  intensités  correspondantes  aux  diverses  heures  de  la 


(')   Voir  Comptes  rendus  de  la  séance  du  25  mai  1891,  \t.  i  176. 


(  '247  ) 
journée  et  j'ai  vu  se  confirmer  cette  remarque  que  j'avais  déjà  faite,  que 
le  maximum  de  coloration  bleue  a  lieu  le  matin,  et  le  minimum  à  l'heure 
la  plus  chaude  de  la  journée  ;  la  coloration  augmente  le  soir,  sans  jamais 
devenir  égale  à  celle  de  la  matinée. 

»  3°  D'une  manière  générale,  l'intensité  de  la  coloration  bleue  est 
maxima  en  hiver  et  minima  en  été;  le  printemps  et  l'automne  donnent 
sensiblement  les  mêmes  valeurs. 

»  4°  La  valeur  moyenne  de  l'année  correspond  sensiblement  à  une 
valeur  de  n  =  3,  5  ;  le  maximum  de  janvier  se  rapproche  de  la  loi  /*  =  4.7, 
et  le  minimum  d'août  est  à  peu  près  n  —  1,6.  L'atmosphère  contiendrait 
en  été  des  particules  de  plus  grande  dimension  qu'en  hiver. 

»  Ces  résultats  s'accordent  très  bien  avec  ceux  que  j'ai  déduits  des  varia- 
tions diurnes  et  annuelles  de  l'intensité  calorifique  de  la  radiation  solaire 
et  varient  à  peu  près  dans  le  même  sens  que  ceux-ci;  ils  s'accordent  aussi 
avec  ceux  que  j'ai  déduits  des  observations  de  la  polarisation  atmosphé- 
rique qui,  de  même  que  la  coloration  bleue,  diminue  en  été  et  au  milieu 
de  la  journée. 

«  Ce  travail  peut  être  considéré  comme  une  simple  contribution  à 
l'étude  des  phénomènes  d'Optique  atmosphérique,  et  établit  une  corrélation 
entre  des  observations  qui  ont  d'abord  été  faites  indépendamment  les  unes 
des  autres,  et  que  nous  croyons  être  des  manifestations  variées  d'une 
seule  et  même  cause,  qui  serait  la  présence  dans  l'atmosphère  de  quantités 
variables  dépoussières,  de  globules  infinitésimaux  d'eau  à  l'état  liquide, 
et  d'une  quantité  très  variable  et  très  inégalement  répartie  de  vapeur 
d'eau.    » 

M.  Mvscart  présente  le  second  Volume  du  «  Traité  d'Optique  »  dont  il 
a  entrepris  la  publication  et  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Le  Volume  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  comprend  les 
phénomènes  d'interférence  liés  à  la  double  réfraction  homoédrique  ou 
hémiédrique,  c'est-à-dire  la  polarisation  chromatique  et  la  polarisation 
rotatoire,  les  propriétés  des  cristaux  à  structure  irrégulière  et  une  étude 
très  détaillée,  au  point  de  vue  expérimental,  de  la  réflexion  sur  les  milieux 
isotropes,  les  métaux  et  les  substances  cristallisées. 

»  Ces  différentes  questions  ont  pris  un  développement  imprévu,  qui 
paraît  justifié  par  leur  importance  dans  la  pratique  et  dans  le  contrôle  des 
théories.  Mais  le  cadre  primitif  est  ainsi  devenu  insuffisant  pour  le  pro- 


(   i*48  ) 
gramme  que  j'avais  en  vue;  je  terminerai  l'Ouvrage  par  un  troisième  Vo- 
lume, dont  j'espère  que  la  publication  ne  sera  pas  trop  relardée. 

»  Le  Volume  actuel  doit  être  accompagné  de  deux  planches,  l'une  en 
noir,  l'autre  en  couleur,  relatives  aux  propriétés  des  cristaux;  malheureuse- 
ment l'artiste  habile,  M.  Legros,  qui  avait  entrepris  la  gravure  est  mort 
avant  d'avoir  achevé  son  travail;  un  album  spécial  consacré  à  ces  deux 
planches  paraîtra  dans  quelques  mois.  » 

M.  Daubbke  fait  hommage  de  deux  Rapports  annuels,  pour  1888 
et  1889,  qu'il  a  faits  comme  Président  du  Bureau  central  météorologique 
de  France,  notamment  sur  les  avertissements  aux  ports  et  à  l'agriculture,  la 
climatologie,  la  météorologie  générale,  les  Commissions  départementales 
et  les  observatoires  régionaux. 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  Louis  Ducos  nu  H.vuno.v  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  tra- 
vail sur  la  photographie  des  couleurs. 

(Commissaires  :  MM.  Lippmann,  H.  Becquerel.) 


M.  E.  Granges  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Récipients  permet- 
tant de  déverser  au  dehors  les  gaz  plus  lourds  que  l'air  qui  s'y  dégagent  ou 
s'y  accumulent  ». 

(Renvoi  au  Concours  des  Arts  insalubres.) 


M.  Serrix  soumet  au  jugement  de  l'Académie,  par  l'entremise  de 
M.  Janssen,  un  nouveau  système  de  balance  de  précision  à  pesées  rapides 
à  l'aide  d'une  chaîne  métallique. 

(Commissaires  :  MM.  Janssen,  Cornu,  Schiitzenberger,  H.  Becquerel.) 

MM.  Villouii  et  Moi.i.va  adressent  un  Mémoire,  en  langue  espagnole, 
sur  la  reproduction  des  Anguilles. 

(Commissaires  :  MM.  Blanchard,  Milne-Edwards.) 


(  "49  ) 
M.  Joseph  Geraud  adresse  une  Note  sur  «   Un  système  d'aérostat   diri- 
geable ». 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

M.  Lembert-Rogui.v  adresse  une  Note  sur  la  direction   des  aérostats. 
(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 


CORRESPOND ANCE. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Surles  erjuationsabclienn.es. 
Note  de  M.  A.  Pellet,  présentée  par  M.  Poincaré. 

«  On  peut  édifier  pour  les  radicaux  d'indice  q,  nombre  premier  impair, 
une  théorie  analogue  à  celle  que  j'ai  développée  dans  une  Note  précédente 
pour  les  racines  carrées.  Soient _/(«;)  =  o  une  équation  abelienne  irréduc- 
tible de  degré  m,  et  x,  9 (a?) 0'"   '  (  x),  ses  m  racines,  x  désignant  l'une 

d'elles,  b(x)  une  fonction  rationnelle  telle  que9m(a?)  =  x.  Considérons  le 

,    .      ,      m(m  —  i). .  .{m  —  y-t-i)  c     , 
produit  des  ■ — ~ - tacteurs  : 

1  l  .  2 . 3  .  .  .  q 

O'(.r)  -+-a8'c(ic)   l-  a20'M,.e;  -k  .  .  h-  a''"1  ¥<,-<  (x  ), 

où  les  nombres  positifs  i,  i iq  ,    vont  en   croissant,  le  premier  pou- 
vant être  nul,  auquel  cas  0' (a;)  représente  x,  et  où  a  représente  une  racine 

de  1  équation  -       -  —  o.  Si  l'on  change  x  en  O(a-),  ce  produit  est  multiplié 

par  une  puissance  de  a,  d'exposant  égal  au  nombre  de  facteurs  qui  ren- 

r  i  „    i  <  „,    i  /     .  • .  {ni  —  r )  ( m  —  2  ) .  .  .  ( ni  —  a  -+-  i  )      „ 

ferme  le  terme  oc^'O"1-'  (x  ),  soit—  —^ '—  -■  Cet  expo- 

i .  2 . 3 . . .  q  —  i  i 

sant  est  ou  non  divisible  par  q,  suivant  que  m  n'admet  pas  ou  admet  le  fac- 
teur q.  Dans  le  premier  cas,  le  produit  est  rationnel,  dans  le  second  il 
acquiert  q  valeurs  distinctes  par  la  substitution  des  racines  de  l'équation 
f(x)  =  o;  sa  puissance  q'ème  est  une  quantité  rationnelle  P,  et,  si  l'on  se 
donne  y  l\  on  pourra  décomposer  la  fonction  /(x)  en  un  produit  de  q  fac- 
teurs d'égal  degré  —  •  Soient  T/jf1,, .  . . ,  <£„_,  les  quantités  correspondant  à  P 

pour  ces  facteurs;  on  a  A'IM? $?_,  =  P,  A  étant  une  quantité  rationnelle. 

En  effet,  A  est  le  produit  des  facteurs  <i\x)  -+-  a0'.  (x)  -+- . . .  -+-  <x?  '  8*-'  (x) 


(     1230     ) 

pour  lesquels  les  nombres  i,  /,,...,  iq_K  ne  donnent  pas  tons  le  même  résidu  par 
rapport  à  q,  et  il  est  facile  de  s'assurer  que  ce  produit  ne  change  pas  lorsqu'on 
change  x  en  9(a-).  CS  est  une  fonction  rationnelle  de  yP.  ^\  est  la  fonction 
<$  dans  laquelle  on  change  \/P  par  a' (/P.  Dans  le  cas  où  —  est  divisible  par 

q,  '(/y.1  et  v^,  sont  des  irrationnelles  équivalentes;  on  a  donc  <£,  =  m?,.Va, 
«  étant  rationnelle.  Je  dis  que  k  =  i;  en  effet,  on  aurait 

$,=  u|$*  =  u'[u'"><$k  ; 

et  enfin  <£  =  Uîa,/'7,  U  étant  une  quantité  rationnelle.  y/$  satisferait  donc  aux 
deux  équations 

y    *'  u 

et  serait  une  quantité  rationnelle;  donc  K=  i  et y?u\u\ . . . uq~l .  Rempla- 
çant <St  par  uf<$  dans  l'équation  A'Sf  (  . .  .$,,_,  =  P,  il  vient 

A  "7-1  '  -i —      V  ''"  "i''  A 

et  le  produit  des  facteurs  œ,  y.2,  . .  .,  a'/_l  étant  i ,  il  en  résulte 

//(/,  u , . . .  uq_,  =  i . 

»  Pour  l'équation  binôme— =  o,  la   quantité  P  est  une- fonction 

entière  à  coefficients  entiers  de  %,  les  quantités  <S  sont  des  nombres  entiers 
algébriques  et,  par  suite,  les  u  des  unités  complexes. 

»   Le  A  d'une  équation  paire  F(x2)  =  o  est  égal  au  carré  d'une  quantité 
rationnelle  multipliée  par  le  produit  des  racines  de  l'équation  F(y)=  o. 

Z—JÂ. 

»    Or,  on  obtient  une  équation  paire  en  remplaçant  x  par  —  : — —  dans 

l'équation  —     -  =  o,  et  le  coefficient  de  ^/'~l  est  i.  En  supposant  A  =  i, 

cette  remarque  permet  de  simplifier  les  calculs  relatifs  à  l'équation  binôme 
de  ma  Note  précédente.  Quel  que  soit  A,  l'équation  en  z  est  abélienne,  et 
les  a  racines  carrées  successives  qu'il  faut  extraire  pour  la  réduire,  i"  étant 
la  plus  haute  puissance  de  i  qui  divise/?  —  t,  sont  les  mêmes  que  pour 
l'équation  en  x,  excepté  la  dernière  qui  porte  sur  la  même  quantité  que 
pour  l'équation  en  x,  multipliée  par  A.  Ainsi,  lorsque  a  =  i,  il  n'y  a  qu'une 
racine  carrée  à  extraire,  celle  de  — pk:  et  si  A  =  — jo,A2,  A,  étant  rationnel, 
l'équation  en  s  se  décompose  en  deux  autres  à  coefficients  rationnels.  » 


(    l2->T    ) 


PHYSIQUE.  —  Sur  un  nouveau  moyen  d'apprécier  le  mouvement  vertical 
des  aérostats.  Note  de  M.   Andké  Duboi.v,  présentée  par  M.   L.  Troost. 

«  On  sait  cpie  la  cause  du  peu  de  durée  des  vovages  en  ballon  est  due  à 
la  difficulté  de  se  maintenir  à  une  altitude  constante,  difficulté  due  surtout 
au  manque  de  précision  des  procédés  employés  pour  apprécier  le  mou- 
vement vertical  des  aérostats. 

»  Pour  apprécier  ce  mouvement,  on  emploie  deux  procédés  :  i°  on  suit 
la  variation  de  la  pression  barométrique,  au  moyen  d'un  baromètre  à  mer- 
cure ou  d'un  baromètre  anéroïde,  qui  n'est  pas  plus  sensible  ;  2°  on  pro- 
jette quelques  feuilles  de  papier  léger  :  la  résistance  du  courant  d'air  ver- 
tical agissant  différemment  sur  l'aérostat  et  sur  le  papier  permet  d'appré- 
cier, par  le  mouvement  ascendant  ou  descendant  de  celui-ci,  le  mouvement 
du  ballon. 

»  L'appareil  que  j'ai  expérimenté  à  bord  du  Lazare-Car not,  parti  de 
Toulouse  le  21  mai  à  5h  de  l'après-midi,  où  mon  ami  M.  Bourjade,  membre 
de  l'Académie  d'aérostation  météorologique,  m'a  gracieusement  offert 
une  place,  permet  d'observer,  d'une  manière  très  sensible,  la  variation  de 
pression  due  à  la  variation  d'altitude,  et  cela  avec  une  sensibilité  i.îo  fois 
plus  grande  que  celle  du  baromètre  à  mercure  ;  il  permet  également  d'ap- 
précier la  variation  de  pression  due  à  la  résistance  de  l'air. 

»  Cet  appareil,  qui  n'est  autre  que  le  manomètre  différentiel  de  Rretz, 
se  compose  d'un  tube  en  U  de  quelques  millimètres  de  diamètre,  dont  les 
deux  extrémités  sont  reliées  à  deux  tubes  plus  gros,  d'un  même  diamètre 
de  quelques  centimètres,  auxquels  on  adapte  deux  tubes  plus  petits  re- 
courbés. L'un  de  ces  tubes  recourbés  peut  être  fermé  à  un  moment  donné 
par  un  robinet  ou  par  un  tube  de  caoutchouc  et  une  pince  de  Mohr  ;  la 
branche  correspondante  est  remplie  d'un  mélange  d'eau  et  d'alcool,  de 
densité  d  —  0,874.  coloré  par  de  l'orseille  et  recouvert  d'une  très  légère 
couche  d'huile  ;  la  seconde  branche  est  remplie  d'essence  de  térébenthine, 
de  densité  d' —  0,864  ;  ces  deux  liquides  ne  se  mélangent  pas  et  offrent, 
près  de  la  courbure  du  tube  en  U,  une  surface  de  séparation  très  nette 
dans  la  branche  à  essence  de  térébenthine. 

»  Supposons  que,  à  un  certain  instant,  l'aéronaute  veuille  savoir  s'il 
monte  ou  s'il  descend,  il  ferme  le  tube  recourbé  qui  correspond  à  la  co- 
lonne d'alcool  et  isole  dans  l'appareil  un  volume  d'air  que  nous  désignons 
par  V,  sous  une  pression  H. 


(     1202     ) 

»  Admettons,  pour  fixer  les  idées,  que  l'aérostat  s'élève,  la  pression 
extérieure  devient  H'<  H,  la  masse  d'air  enfermée  se  dilate,  le  niveau  de 
l'alcool  descend  d'une  hauteur  y  et,  si  l'on  désigne  par  S  la  section  du  tube 
supérieur,  le  nouveau  volume  sera  V  -+-  Sy. 

»  La  surface  de  séparation  aura  monté  d'une  hauteur  x  dans  la  branche 
à  essence  de  térébenthine.  Appelons  /  et  /'  les  hauteurs  primitives  des 
deux  liquides  au-dessus  de  leur  première  surface  de  séparation;  en  vertu 
du  principe  des  vases  communicants,  on  a  Ul  =  V  d' . 

»  Pour  calculer  la  pression  H,  de  la  masse  d'air  enfermée,  nous  écri- 
rons que  deux  éléments  égaux  situés  dans  le  plan  de  la  nouvelle  surface 
de  séparation  supportent  la  même  pression;  on  aura 

H,  -\-  (V  -  v)  d  =  xd-i-  (/'  -  x)  d1  +  x  d'  +  H'  ; 

d'où,  en  tenant  compte  de  II  =  l'd', 

II,  =  H'  -H  x(d  -  d')-hy(d  +  d'). 

»  On  a,  d'ailleurs,  S/> '  =  sx,  d'où  y=  ^x.  On  aura  donc,  en  posant 
(d-d')-i-^(d-i-d')=K 

»    Appliquons  la  loi  de  Mariotte,  il  vient 

VH  =  (V+So?)(H'-f-^). 

»   H  étant  plus  grand  que  H'  et  d^>  d',  on  voit  que  des  deux  racines  de 
celte  équation  Tune  est  négative  et  doit  être  rejetée. 
»   Cette  équation  ordonnée  devient 

s  Sx2  +  x(sW  +  V&)  -  V(H  -  H')  =  o. 

»   On  en  tire  pour  x  une  valeur  qui,  après  réduction,  peut  s'écrire 


-(.tH'-4-V8)  +  \/(*H'  — V  or--t-4  Va' H  S 

X   r . 


Nous  pouvons,  sans  effectuer  le  calcul,  donner  une  idée  de  la  grande  sen- 

s 

S 


sibilité  de  l'appareil  en  examinant  le  cas  limite  où  ~  (qui  est  égal  à  ~) 


deviendrait  nul. 


(    ra.^3  ) 

»   Notre  équation  fondamentale,  mise  sous  sa  première  forme,  devient, 
lorsqu'on  divise  ses  deux  membres  par  V. 


H  =  (i+  ^.r)(H'+  ex  ) 

et,  pour  le  cas  limite  considéré, 

R  =  W-h(d-  d')x. 

d'où 

H  — H' 

r 


d  —  d' 


H  —  H'  étant  exprimé  en  colonne  d'eau,  on  voit  qu'une  élévation  de  in"1, 
qui  correspond  à  peu  près  à  une  variation  de  imul  du  baromètre  à  mer- 
cure, peut  facilement  être  accusée  par  une  variation  de  plus  de  TOcm.  De 
plus,  grâce  au  tube  recourbé  resté  ouvert,  le  courant  d'air  vertical  ajoute 
son  action  à  la  précédente  et  augmente  encore  la  sensibilité  de  l'appa- 


rei 


ÉLECTRICITÉ.    —   Nouveaux  modelés  de  pile  à   oxyde   de  cuivre- 
Note  de  M.   F.  de  Lai.axde,  présentée  par  M.  Cornu. 

«  Les  nouveaux  modèles  de  la  pile  à  oxyde  de  cuivre  que  j'ai  l'honneur 
de  présenter  à  l'Académie  sont  caractérisés  par  l'emploi  de  cet  oxvde 
sous  forme  d'agglomérés  à  surface  métallisée.  Ils  sont  fondés  sur  la  réac- 
tion que  nous  avons  fait  connaître  en  1 883,  M.  G.  Chaperon  et  moi  (')  : 
dissolution  du  zinc  dans  la  potasse  caustique  et  dépolarisation  par  réduc- 
tion de  l'oxyde  de  cuivre  à  l'état  métallique. 

»  Ces  modèles  présentent  divers  perfectionnements  :  résistance  intérieure 
moindre,  constance  de  débit  plus  grande,  facilité  de  montage,  de  démon- 
tage et  de  déplacement,  etc. 

»  L'élément  (Jîg-  i)  est  constitué  par  une  ou  plusieurs  lames  de  zinc  Z,Z 
suspendues  à  un  couvercle  de  faïence  B,  en  regard  d'une  ou  plusieurs 
plaques  d'oxyde  de  cuivre  aggloméré  C,  plongeant  dans  un  vase  en  verre  A, 
rempli  de  la  solution  de  potasse  à  35  pour  ioo. 

»  Les  agglomérés  d'oxyde  de  cuivre  peuvent  être  préparés  en  moulant  à 


(l)  Comptes  rendus,  [6  juillet  1 883. 

(  .  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  22.)  Io3 


(  1254  ) 

la  presse  hydraulique  un  mélange  humide  de  battitures  de  cuivre  avec  4 
à  5  pour  îoo  d'argile  et  cuisant  le  produit  à  une  température  de  Goo  à 
700  degrés.  On  peut  également  mouler  les  battitures  avec  6  à  8  pour  100 
de  goudron  et  les  soumettre  à  la  chaleur  rouge  dans  un  four  à  réverbère. 
Il  se  produit  d'abord  une  réduction  de  l'oxyde  d'où  résulte  l'agglomération 


Fis 


Pile  à  agglomérés  d'oxyde  de  cuivre  (moyen  modèle). 

de  la  masse;  puis,  sous  l'influence  de  l'air,  le  métal  s'oxyde,  sans  altéra- 
tion de  forme,  et  les  plaques  ainsi  obtenues,  bien  que  ne  renfermant 
aucune  matière  étrangère,  présentent  une  grande  solidité.  Leur  porosité, 
dans  l'un  ou  l'autre  cas,  est  suffisante  pour  que  la  totalité  de  l'oxyde  puisse 
exercer  son  action  dépolarisante  sans  introduire  de  résistance  notable 
dans  la  pile. 

»  L'oxyde  de  cuivre,  avant  une  faible  conductibilité,  offre  l'inconvé- 
nient de  ne  dépolariser  qu'aux  points  de  contact  avec  l'électrode  :  aussi 
son  pouvoir  dépolarisant,  faible  au  début,  s'accroît-il  par  sa  transformation, 


(  i255  ) 

par  suite  du  travail,  en  cuivre  bon  conducteur.  En  métailisant  l'aggloméré, 
on  accroît  donc  considérablement  la  surface  active,  ce  qui  supprime  la 
période  de  formation.  Cette  métallisatîon  s'obtient  en  recouvrant  l'agglo- 
méré d'une  légère  coucbe  de  zinc  en  poudre  et  le  plongeant  dans  de  l'eau 
légèrement  acidulée  :  le  zinc  se  dissout  en  formant  une  série  de  couples 
locaux  avec  l'oxyde  de  cuivre  dont  la  surface  se  réduit  rapidement  à  l'état 
métallique.  Mais,  ce  cuivre  très  poreux  se  réoxydant  au  séchage,  il  con- 
vient de  le  recouvrir  par  la  galvanoplastie  d'une  couche  très  mince  de 
cuivre,  au  moyen  d'un  courant  intense  et  de  peu  de  durée  qui  laisse  à  la 
surface  une  porosité  suffisante. 

»  Les  agglomérés  sont  maintenus  contre  des  supports  en  tôle  de  fer 
cuivrée,  au  moyen  de  clavettes-ressorts  qui  permettent  de  les  fixer  et  de 
les  remplacer  très  facilement. 

»  Lorsqu'ils  ont  été  transformes  en  cuivre  métallique  par  le  travail  de 
la  pile,  ils  peuvent  être  employés  de  nouveau  plusieurs  fois,  après  avoir 
été  lavés,  grillés  et  métallisés. 

»  Les  plaques  de  zinc  doivent  être  montées  d'une  façon  spéciale  pour 
éviter  leur  attaque  rapide  par  la  potasse  au  niveau  du  liquide.  Dans  le 
dispositif  actuel,  elles  sont  complètement  immergées  et  supportées  par  des 
lames  de  laiton  amalgamé  ou  de  ter  étamé,  qui,  en  présence  du  zinc,  ne 
donnent  lieu  à  aucun  dégagement  d'hydrogène.  Un  ressort  d'acier  les 
maintient  suspendues  au  couvercle  de  la  pile. 

»  Les  éléments  ainsi  constitués  sont  remarquables  par  leur  résistance 
excessivement  faible,  leur  grande  constance  et  l'énorme  quantité  d'énergie 
continue.  La  pile  à  oxyde  de  cuivre  est,  à  ma  connaissance,  le  seul  élément 
primaire  à  montage  permanent  et  ne  consommant  ses  produits  qu'en  pro- 
portion du  travail  fourni  qui  soit  susceptible  d'un  grand  débit. 

Les  courbes  ci-jointes  {Jig.  i  et  '!)  représentent  les  décharges  des  élé- 
ments de  petit  (I),  moyen  (II),  et  grand  modèle  (III),  respectivement  sur 
des  résistances  de  r,  ohm,  f^  d'ohm  et  yu  d'ohm.  Les  débits  sont  à  l'origine 
de  1,18,  3,2D  et  6,4  ampères.  Pendant  une  décharge  continue  de  trois 
journées  entières,  l'intensité  ne  baisse  guère  à  l'heure,  en  moyenne,  de 
plus  de  deux  à  trois  millièmes  de  sa  valeur,  comme  on  peut  le  déduire  de 
ces  courbes. 

»  La  force  électromotrice  du  courant  à  circuit  ouvert  est,  suivant  les 
essais  de  Sir  William  Thomson,  de  ovu",()L  Si  l'on  attribue  exclusivement 
la  variation  d'intçnsilé  pendant  la  décharge  à  l'augmentation  de  résistance 
intérieure,  on  trouve,  en  admettant  que  la  force  électromotrice  des  élé- 


(  1256  ) 

ments  fermés  sur  les  résistances   indiquées  s'abaisse  et  se  maintient  au 
chiffre  de  ovolt,  80,  que  les  résistances  intérieures  des  éléments  varient  : 

ohm  ohm 

Pour  le  petit  modèle,  de o,  179  à  o,3go 

Pour  le  moyen  modèle,  de 0,0^6  à  0,096 

Pour  le  grand  modèle,  de. o,025         à         o,o5i 

»   En  réalité,   il  est  certain  que  les  résistances    sont  inférieures    aux; 
chiffres  ci-dessus,  mais  qu'il  se  produit  une  légère  polarisation. 

l'U.    2. 


I  — , 


0.2 

0  6  12  18  2*  30  36  42  43  6»  60  66  72 

Heures 

Décharge  de  la  pile  à  agglomérés  d'oxyde  de  cuivre  (pelil  modèle). 

»   Dans  un  travail   intermittent,  on  peut  faire  débiter  aux  divers  élé- 
ments, avec  une  constance  suffisante,  4>  i  2  et  a5  ampères. 

Fig.  3. 


7 

6 

5 
m 

o 

C   4- 
2 


[il 


30  36  42 

Heures 


60 


72 


0  8  12  18  2 

Décharge  de   la   pile   à  agglomérés  d'oxyde  de  cuivre  [moyen  modèle  (II)  et  grand  modèle  (III). 


»  L'énergie  contenue  dans  les  divers  modèles,  disponible  à  un  moment 
quelconque,  même  plusieurs  mois  après  le  montage,  est  respectivement 
de  75,  3oo  et  600  ampères-heure;  elle  est  bien  supérieure  à  celles  que 
peuvent  renfermer  des  accumulateurs  au  plomb  de  même  poids. 

»  En  résumé,  ces  nouveaux  modèles  de  la  pile  à  oxyde  de  cuivre 
pourront,  je  l'espère,  rendre  de  nombreux  services  dans  les  diverses  ap- 
plications où  l'on  a  besoin  d'un  courant  énergique  et  constant.  » 


(   »57  ) 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Détermination  du  poids  moléculaire  au  point  critique. 
Note  de  M.  Philippe-A.  Guve,  présentée  par  M.  Sarrau. 

«  1.  Désignons  par  t.,  0  et  <p  les  éléments  du  point  critique  :  pression 
(en  atmosphères),  température  absolue  et  volume  critiques  d'un  poids  p 
d'un  corps. 

»  Il  est  aisé  de  démontrer  (')  que  la  densité  critique  par  rapport  à  l'air, 
ramenée  à  o°  et  à  i  atmosphère  est  donnée  par  la  formule 

(') 


F0U273  x  O,0OI 


»  Cette  valeur  de  dào\\.  être  égale  au  poids  moléculaire  divisé  par  y.8,87. 
F  est   un  facteur  qui  serait  très  approximativement  égal  à  2,67  d'après 

M. Van  der  Waals,  rigoureusement  égal  à  '|  -  - — d'après  M.  Sarrau  (2). 

a  +  P  +  - 
2 

»  L'expérience  démontre  que  l'approximation  qui  consiste  à  poser 
F  =  2,67  est  insuffisante.  Ce  fait  a  déjà  été  l'objet  d'une  remarque  de  Na- 
desjdine  (:i). 

»  D'autre  part,  on  ne  connaît  les  valeurs  de  x  et  de  p  de  l'équation  de 
M.  Sarrau,  que  pour  l'anhydride  carbonique  et  l'azote.  Pour  le  premier  île 
ces  gaz,  dont  la  densité  critique  a  été  déterminée  expérimentalement  par 
MM.  Cailletet  et  Mathias,  on  peut  calculer  une  valeur  de  F  qui  concorde 
exactement  avec  les  exigences  de  la  formule  (1)  et  conduit  à  une  valeur 
de  d  égale  au  poids  moléculaire  divisé  par  28,87. 

»  2.  A  défaut  de  notions  précises  sur  les  variations  de  F,  j'ai  cherché  à 
représenter  ce  facteur  d'une  façon  empirique  et  j'ai  reconnu  qu'on  pou- 
vait le  regarder,  pour  une  première  approximation,  comme  une  fonction 
linéaire  de  la  température  critique  absolue  du  corps  considéré,  soit 

(2)  F  =  A(i  +  B0). 


(')  J.  Van  deu  Waals,  Die  Continuilàt,  etc.,  p.  g5;  188 1 . 

(2)  E.  Sarrau,  Comptes  rendus,  t.  CI,  p.  o^'î  1 885.  Ce  résultat  n'a  pas  été  donné 

sous  cette  forme;  mais  il  se  déduit  très  facilement  des  deux  équations  suivantes  rela- 

1  ,    h 
lives  au  point  critique  :  <p  =  a  -+-  2y  et  it  =  ■=  R  —  ■ 

8      Y 

(3)  A.  Nadlsjdi.ne,  Exner Repertorium,  p.  708;  1887. 


(  1258  ) 

»   Les  valeurs  numériques  île  A  el  de  B  ont  été  déterminées  au  moyen 
des  données  relative  à  l'azote  (')  et  à  l'iodoben/.ène  (2) 

A  =  2,648,  B  =  0,0009345. 

»   Introduisant  dans  l'équation  (1)  cette  valeur  de  F,  telle  qu'elle  résulte 
de  l'équation  (2),  on  trouve,  toutes  réductions  faites, 

(3)  rf  =  ii46 


■11(1070  H-  0) 


6  étant  la  densité  critique  par  rapport  à  l'eau,  soit  le  poids  de  substance 
en  grammes  occupant  un  volume  de  icc  à  l'état  critique. 

»  3.  Je  donnerai,  dans  un  Mémoire  détaillé,  toutes  les  vérifications  qu'on 
peut  faire  de  la  formule  (3)  au  moyen  des  données  d'expériences.  Je  me 
borne  à  transcrire  ici  quelques-uns  des  résultats  obtenus  et  à  faire  remar- 
quer que  les  valeurs  de   cl  sont   bien  égales  aux   densités  théoriques  : 

M 
28,87' 

Corps  (  ').  (/[équation  (3)].  M  :  38,87. 

Hydrogène H2 0,068  0,069 

Éthylène C*H* o ,  99  —  o ,  87  o ,  97 

Anhydride  carbonique CO2 i  ,5    —  1,6  1 ,5 

Anhydride  sulfureux SO2 2,2  2,2 

Alcool  éthylique C2H60 1,6     -1,7  1,6 

Alcool  propylique  normal C3H80 2,1  2,1 

Ghlorobenzène C6H6C1 3, 9  3,9 

lodobenzène C6  H5 1 7,1  7,1 

»  Les  poids  moléculaires  des  corps  ci-dessus  varient  dans  le  rapport  de 
1  à  100,  et  leurs  températures  critiques  absolues  dans  celui  de  i  à  22.  La 
formule  (3)  n'est  donc  pas  le  résultat  d'une  coïncidence  fortuite,  mais 
bien  l'expression  d'une  loi  approchée  permettant  de  contrôler  le  poids 
moléculaire  au  point  critique.    » 


(')  E.  Sarrau,  Comptes  rendus,  t.  CX,  p.  880;  1890. 

('-)  S.  Young,  Chem.  Soc  Trans.,  t.  LV,  p.  507;  1890. 

(3)  Les  données  expérimentales  servant  à  la  vérification  de  la  formule  (3)  sont  em- 
pruntées aux  auteurs  cités  dans  mon  Mémoire  aux  Annales  de  Chimie  et  de  Physique, 
6e  série,  t.  XXI,  p.  216;  1890. 


(  1259  ) 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Recherche  et  séparation  des  métaux  du  platine  et  en 
particulier  du  palladium  et  du  rhodium  en  présence  des  métaux  communs. 
Note  de  MM.  A.  Joly  et  E.  Lrciniû,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Lorsque  les  métaux  du  platine  sont  unis  à  de  grandes  quantités  de 
métaux  communs  tels  que  cuivre,  fer,  plomb,  bismuth,  étain,  oti  éprouve 
de  grandes  difficultés  à  reconnaître  leur  présence  et  à  les  séparer  rigou- 
reusement. Les  études  que  nous  avons  entreprises  depuis  deux  ans  sur  les 
combinaisons  que  forment  quelques-uns  des  métaux  de  la  mine  de  platine 
avec  l'acide  azoteux  et  les  azotites  alcalins  (  ' ),  rapprochées  des  faits  anté- 
rieurement observés  par  Fischer  et  Lang  (  palladionitrites,  platonitrites), 
par  Clans  et  W.  Gibbs,  nous  permettent  d'effectuer  cette  séparation  dans 
la  plupart  des  cas. 

»  Excluons  tout  d'abord  l'osmium,  le  ruthénium  et  l'iridium;  admettons, 
par  exemple,  que  l'on  ait  appliqué  au  traitement  des  minerais  de  platine  la 
méthode  de  Deville  et  Debray,  que  l'osmium  et  le  ruthénium  aient  été  éli- 
minés à  l'état  de  combinaisons  volatiles,  que  l'iridium  ait  été  séparé  par 
le  plomb.  Les  résidus  de  ces  divers  traitements  auront  laissé,  dans  une  dis- 
solution que  nous  supposerons  être  chlorhydrique,  de  petites  quantités  de 
palladium  et  de  platine,  du  rhodium,  avec  des  métaux  communs,  tels  que 
plomb,  fer,  cuivre,  bismuth,  étain,  etc.,  qui  préexistaient  dans  le  minerai, 
ou  que  les  quantités  considérables  de  plomb  qu'il  faut  employer  ont  intro- 
duits à  l'état  d'impureté. 

»  Les  réactions  exercées  par  l'azotite  de  potasse  sur  les  dissolutions 
chlorhvdriques  des  métaux  que  nous  venons  de  mentionner  sont  d'une 
netteté  parfaite. 

»  L'addition  progressive  d'azotite  de  potasse  à  une  dissolution  d'un 
chlorure  de  palladium,  maintenue  tiède,  amène  la  décoloration  progressive 
de  la  liqueur,  et,  lorsque  celle-ci  est  devenue  neutre,  elle  a  pris  une  cou- 
leur jaune  d'or  caractéristique  et,  après  concentration,  laisse  déposer  des 
cristaux  de  palladionitrite  peu  solubles  à  froid,  surtout  en  présence  d'un 
excès  de  chlorures  alcalins. 

»   Le  platine  est  transformé  dans  les  mêmes  conditions  que  le  palladium 

(l)  A.  Joly  et  Vèzes,  Comptes  rendus.  \.  CIX,  p.  667;  M.  Leidié,  Comptes  rendus. 
t.  CXI,  p.  106. 


(     I 2ÔO    ) 

en  platonitrite  incolore;  il  est  indispensable  ici  que  le  chloroplatinate  de 

potasse  qui  se  formera  nécessairement  an  début  ne  puisse  se  déposer,  et 
ceci  exige  ou  que  l'on  ait  préalablement  éliminé  la  majeure  partie  du 
platine,  ou  que  la  liqueur  soit  convenablement  étendue. 

»  Dans  une  dissolution  chaude  et  étendue  de  chlorure  de  rhodium, 
l'azotite  de  potasse  détermine  la  formation  d'un  précipité  blanc,  cristallin, 
d'azotite  double,  insoluble  dans  une  dissolution  de  chlorure  de  potassium  ; 
il  est  à  remarquer  que  la  précipitation  du  sel  double  se  produit  lorsque  le 
liquide  est  encore  acide. 

»  Lorsque  la  dissolution  chlorhvdrique  contient  du  plomb,  celui-ci  est 
précipité,  en  liqueur  légèrement  acide,  avec  le  bismuth  et  Yètain  ;\a  précipi- 
tation du  cuivre  commence  en  liqueur  acide  et  n'est  terminée  qu'au  moment 
où  le  liquide  est  devenu  nettement  alcalin;  la  présence  du  cuivre  s'ac- 
cuse dès  les  premières  additions  d'azotite  par  une  coloration  verte  intense  ; 
puis  un  précipité  floconneux  blanc  bleuâtre  se  forme  qui,  peu  à  peu,  se 
change  en  un  précipité  grenu  d'un  bleu  clair.  Quant  «a.  fer,  il  n'est  éliminé 
qu'en  dernier  lieu  en  liqueur  alcaline,  sous  la  forme  d'un  précipité  géla- 
tineux brun,  très  soluble  dans  l'acide  chlorhvdrique  étendu. 

»  Supposons  maintenant  une  dissolution  chlorbydrique  de  ces  divers 
métaux.  A  la  liqueur  convenablement  étendue  (')  et  maintenue  vers  6o°, 
ajoutons  progressivement  de  l'azotite  de  potasse  ;  si  la  liqueur  est  riche  en 
platine,  nous  voyons  se  tormer  peu  à  peu  un  précipité  cristallin  de  chloro- 
platinate qui  sera  parfaitement  exempt  des  autres  métaux.  Après  refroi- 
dissement et  séparation  du  chlorosel,  chauffons  de  nouveau  et  continuons 
les  additions  d'azotite,  nous  verrons  se  former  brusquement,  et  surtout 
par  le  frottement  d'une  baguette  de  verre,  le  précipité  cristallin  double  de 
rhodium  qui  entraînera  avec  lui  le  plomb,  le  bismuth,  l'étain.  Ce  sel  double, 
analogue  par  sa  composition  à  l'azotite  double  de  potasse  et  de  cobalt, 
semble,  en  effet,  se  comporter  comme  celui-ci,  c'est-à-dire  former  des  com- 
binaisons triples  contenant  du  plomb  et  du  bismuth;  le  précipité  du  rho- 
dium est  légèrement  cuivreux.  Au  point  où  nous  en  sommes  arrivés,  la 
liqueur  est  encore  acide;  on  la  laisse  refroidir  pour  séparer  le  sel  de  rho- 
dium, dont  la  précipitation  est,  en  général,  complète  si  la  liqueur  contient 


(  '  )  La  concentration  de  la  liqueur  dépend  de  la  nature  des  métaux  dissous  et  de 
leur  proportion  relative.  Un  essai  préliminaire  l'ait  sur  une  fraction  de  la  liqueur  per- 
met de  se  rendre  compte,  en  quelques  instants,  de  la  nature  des  métaux  précieux  et 
des  métaux  communs  en  présence  et  d'évaluer  grossièrement  leur  proportion. 


(     12Ui     ) 

des  quantités  suffisantes  de  chlorure  de  potassium.  Si  le  mélange  renferme 
du  cuivre  et  du  1er,  il  suffit  maintenant  d'ajouter  une  nouvelle  quantité 
d'azotite,  de  façon  à  rendre  la  liqueur  alcaline,  et  de  faire  bouillir  :  fer  et 
cuivre  seront  séparés  par  le  filtre;  le  platine  et  le  palladium  se  trouve- 
ront en  entier  contenus  dans  la  dissolution,  qui  est  jaune  d'or.  Si  le  pal- 
ladium et  le  platine  sont  en  quantité  notable,  on  fait  cristalliser  les  azo- 
tites  doubles,  sinon  les  sels  sont  transformés  par  l'acide  chlorhydrique 
étendu  en  chlorures  et  éliminés  par  les  méthodes  connues. 

»  On  voit  donc  que  l'azotite  de  potasse  permet  de  concentrer  le  palla- 
dium et  le  platine  à  l'état  d'azotites  doubles,  solubles,  exempts  de  métaux 
communs.  Ceux-ci  sont,  au  contraire,  groupés  autour  du  rhodium  et  il  nous 
restera  à  montrer  comment  le  rhodium  pur  peut  être  séparé  de  ce  mélange. 

»  Nous  ne  pouvons" entrer,  dans  une  Communication  nécessairement 
très  sommaire,  sur  les  divers  cas  qui  peuvent  se  présenter. 

»  Nous  dirons  seulement  qu'en  appliquant  cette  méthode  à  l'examen  de 
divers  échantillons  de  palladium  soi-disant  pur  fournis  par  le  commerce, 
ou  provenant  de  préparations  antérieures  faites  au  laboratoire,  nous  avons 
pu  constater  la  présence  presque  constante  du  rhodium  et  du  cuivre  et, 
après  élimination  de  ces  impuretés,  préparer  du  palladium  pur.  Dans  des 
résidus  pauvres  en  palladium,  mais  contenant  cependant  du  rhodium  en 
quantité  notable,  nous  avons  pu,  par  l'emploi  de  l'azotite  dépotasse,  con- 
centrer le  palladium  dans  un  volume  restreint  de  liqueur  et  séparer  en- 
suite de  petites  quantités  de  platine.  Le  traitement  de  plusieurs  kilo 
grammes  de  résidus  industriels  nous  a  mis  ainsi  facilement  eu  possession 
de  sels  de  palladium  et  de  palladium  métallique  tout  à  fait  purs.  » 


CHIMIE.   —  Sur  les  chaleurs  spécifiques  de  quelques  suintions. 
Note  de  AL  W.  Timofeiew. 

«  Comme  je  l'ai  indiqué  dans  une  Note  précédente,  je  poursuis  l'étude, 
des  propriétés  physiques  des  solutions  dans  des  dissolvants  comparables. 
Je  communique  aujourd'hui  quelques  résultats  sur  les  chaleurs  spécifiques 
de  ces  solutions.  Les  corps  qui  m'ont  servi  sont  le  bichlorure  de  mercure 
et  l'iodure  de  cadmium,  qui  présentent  l'avantage  d'avoir  une  grande  so- 
lubilité dans  les  alcools  et  avec  lesquels  on  n'a  pas  à  craindre  d'action  chi- 
mique. 

»   La  méthode  employée  est  celle  de  M.  Berthelot.  Les  chaleurs  spéci- 

C.  n.,1891     1"  Semestre.  (T.  CXÏI,  Nc  28.)  *64 


(   i 261  ) 

fiques  ont  été  déterminées  pour  des  solutions  de  concentration  variable 
dans  les  alcools  méthvlique  et  éthylique,  et  entre  des  limites  de  tempéra- 
ture également  variables. 

»  L'expérience  m'a  fourni  la  chaleur  spécifique  moyenne  des  solutions 
alcooliques  entre  io°  et  5o°,  et  j'ai  calculé  la  chaleur  spécifique  molécu- 
laire de  chaque  sel  en  solution  en  prenant  la  différence  des  chaleurs  spé- 
cifiques moléculaires  de  la  solution  et  du  dissolvant. 

y>  La  Table  suivante  contient  les  résultats  de  mes  calculs  : 

Chaleur  Chaleur  spécifique 

spécifique  moyenne 

moléculaire         — ^ 

du  sel  entre  io°                      entre  io° 

Solution.                       en  solution.  et  5o°  observée.          et  5o°  calculée.                 Différence. 

HgCI2-      25CH40.  ...  5o,6  0,50776  0,00908  -  0,001. S  > 

HgCls-i-    5oCH40.  .  .  .  5o,i  o,554o6  o,555o3  —0,00097 

HgClM-  rooCrPO 5o,5  o, 58236  o, 58338  —0.000,0 

HgClM-  !OoCH;0.  .  .  .  07 . 1  o,53;o3  ..,,1929  —0,00226 

HgCl-  +    25C2H60.  ..  55,4  o.:,.',n3  0,52191  +0,00218 

HgCI2  —    5oC2H60...  02,3  o, 55(583  0.55670  -r-o,oooi3 

HgCl--r  iooC-H60. . .  60  0,57860  0.57700  -ho,ooj65 

CdP           ioCH'O....  47,1  o,35626  o,3634o  —0,00714 

CdP    ■;-  iooCH40 66,3  0,57200  0,56784  —o, 00426 

CdP    -4-    ioC2HG0...  5o,9  o, 33646  0.3:1692  — o,ooo46 

CdP    -+-  iooC*H60...  43,6  0,56548  o,56                       — o,< \S 

(CdP    +    aorPO) (27,9)  (o, 58840                     »  » 

(CdP    -h  100IPO) (21)  (o,8443o)                     »  » 

Moyenne  pour  les  solu-    /    „     ,,, 

■  ,  i-  O2  ()  "  " 

tions  alcooliques \ 

»  Dans  toutes  les  solutions,  les  deux  sels  ont  une  chaleur  spécifique 
moléculaire  sensiblement  la  même,  dont  la  moyenne  est  égale  à  32.  La 
troisième  et  la  quatrième  colonne  présentent  les  chaleurs  spécifiques  entre 
io°  et  5o°,  observées  et  calculées,  en  admettant  que  la  chaleur  molécu- 
laire du  sel  en  solution  est  égale  à  5zc&l,  les  chaleurs  spécifiques  de  chaque 
alcool  étant  exprimées  par  les  formules  expérimentales  suivantes  : 

Cmëthyl_  o,56755  +  o,ooi633/  et  Céthyl  =  o,535;4  -f-  0,0021 32/. 

»   En  exceptant  les  solutions  de  CdP  dans  l'alcool  méthvlique,  toutes 


(')  La  chaleur  spécifique 
(en  moyenne). 


iléculaire  de  ces  deus.  >els,  à  l'état  solide,  est  égale  à  19 


(     1263    ) 

les  différences  entre  les  valeurs  calculées  et  observées,  données  par  la  cin- 
quième colonne,  sont  de  l'ordre  des  erreurs  d'expérience.  On  en  conclut 
qu'on  peut  évaluer  les  chaleurs  spécifiques  comme  les  sommes  de  la  cha- 
leur spécifique  de  l'alcool  et  de  la  chaleur  spécifique  du  sel  en  solution 
(égale  à  52  dans  les  cas  étudiés),  résultats  auxquels  ont  déjà  été  conduits 
quelques  expérimentateurs. 

»  Les  solutions  d'iodure  de  cadmium  dans  l'eau  présentent  un  autre 
phénomène  :  la  chaleur  spécifique  moléculaire  du  sel  en  solution,  évaluée 
de  la  manière  indiquée,  est,  pour  la  solution  concentrée,  environ  deux 
fois  plus  petite  que  dans  les  solutions  alcooliques,  et,  pour  la  solution  plus 
étendue  (CdP  -+-  ioorPO  ),  elle  est  assez  voisine  de  celle  du  corps  ii  l'état 
solide.  » 


chimie  ORGANIQUE.  —  Sur  lis  produits  d'oxydation  de  l'acide  urique. 
Note  de  M.  C.  Matignon. 

«  Les  oxydants  fournissent  avec  l'acide  urique  deux  produits  princi- 
paux, l'allantoïne  et  Palloxane.  J'ai  fait  l'étude  thermique  de  ces  deux  com- 
posés, ainsi  que  celle  de  l'alloxantine,  qu'on  déduit  immédiatement  de  l'al- 
loxane.  La  combustion  a  été  opérée  dans  la  bombe  calorimétrique  par  les 
procédés  ordinaires. 

»  Allantoïne.  —  Sa  chaleur  de  combustion  sous  pression  constante  a  été 
trouvée  égale  à  4'  '3Cal,  8  : 

C*03Az*H6  +  402=    4C02+3H20+2Azs -t-4i3ai,8 

la  chaleur  de  formation  correspondante  est  de  i70Cal,4>  enfin  la  chaleur 
de  dissolution  déterminée  à  i5°  est  de  —  7e"1,  5. 

»   Atloxanc.  —  Elle  m'a  fourni  les  résultats  suivants 

C*OsAzsH*-t-  § 0'  =  4CO'2+  2HsO  +  Az- +-  278e»1, 5 

ce  qui  entraîne  pour  la  formation  236Cal,  7.  Sous  ses  trois  états  différents 
d'hydratation,  les  chaleurs  de  dissolution  sont  égales  à  -t-  JCal,i,  —  4Cal.'- 
et  —  9Cal. 

»   Alloxantine.  —  L'alloxantine  a  donné  le  nombre  suivant 

C8O10Az*Hl0-i-^O2      8CO!    -Jll'0+:!.\z-...     4-ô8<;':-',j 


(     I2(V,    ) 

auquel  correspond  une  chaleur  de  formation  de5i3Cal,i.  Sa  chaleur  de 
dissolution  mesurée  à  1 5"  est  égale  à  -  r)Cal. 

»  J'ai  réussi  à  passer  directement  de  l'alloxane  à  l'alloxantine  au  sein 
même  du  calorimètre  par  l'intermédiaire  du  protochlorure  d'étain.  La 
réaction  exiçe  une  vingtaine  de  minutes;  effectuée  à  i5°,  elle  donne  un 
dégagement  de  20,Ca,,8  : 

aCv05Az4H2sol.  +  Sn  Cl2  (dissous  dans  HC1)  +  2HGI  diss. 

Alloxane. 
=  C8Ou,Azvir°diss.  +  Sn Cl* (dissous  dans  HC1) +  20,Ca,,8 

Alloxanline. 

d'autre  part, 

CBO,0Az*H10sol.  =  C8O,0Az4H,,,diss —  9Cal 

»  La  transformation  du  protochlorure  d'étain  en  bichlorure  a  été  me- 
surée avec  soin  par  M.  Berthelot  qui  a  donné  le  nombre  suivant  : 


Cal 


SnCl2(diss.  dans  HCl)  ■+-  Cl2  gaz  =  Sn Cl4 (diss.  dans  HG1) -h  77 

»  En  prenant  comme  inconnue  la  chaleur  de  formation  de  l'alloxantine 
solide,  les  trois  équations  précédentes  conduisent  à  5i3Cal,8;  la  bombe  ca- 
lorimétrique avait  donné  5i3Cal,i.  L'accord  entre  ces  deux  nombres  pa- 
raîtra très  satisfaisant. 

»  Il  est  très  intéressant  de  comparer  les  chaleurs  de  dissolution  de 
l'alloxane  sous  ses  différents  états  d'hydratation;  on  en  tire  les  consé- 
quences suivantes  : 

C*OtAzîH!!sol.  +   H'Osol.  =  C405AzsH4 -1-  9e"1 

C405Az2H1so1.-h3H2Oso1.  =  G405Az21Tv,3H2OsoI.     -1-  (6e"1, 9  =  3  x  2C"',3) 

»  Comme  on  le  voit,  l'entrée  de  la  première  molécule  d'eau  dans  la 
molécule  alloxane  donne  lieu  à  un  phénomène  thermique  relativement 
grand,  hors  de  proportion  avec  celui  qui  correspond  à  l'adjonction  d'une 
molécule  d'eau  de  cristallisation  et  de  même  ordre  de  grandeur  que  celui 
cpii  se  manifeste,  par  exemple,  dans  le  passage  de  l'anhydride  phosphorique 
à  l'acide  ortho 

ipsOssol.  h-H2OsoI.  =  |P04H3 -h9Cal.S 


(  1265  ) 

»  L'hypothèse  de  Baeyer,  qui  regardait  le  composé  C'0''Az2II-  comme 
l'anhydride  de  l'alloxane,  reçoit  ainsi  une  vérification  expérimentale;  la 
première  molécule  d'eau  fait  donc  partie  intégrante  de  la  molécule  chi- 
mique de  l'alloxane, 

CO-   \<H 

(i)C^(OH)2        CO, 

CO       AzH 

oii  deux  oxhvdriles  sont  réunis  au  même  carbone. 

»  Des  chaleurs  de  formation  de  l'allantoïne  et  de  l'alloxane  on  déduit 
les  dégagements  de  chaleur  suivants  : 

CsO'Az*H*sol.  +  Ogaz.H      H'OÎiq.      Cl03Az4H6diss.  +  C02gaz ',0e"1, 1 

Ulantoïne. 

C'O'AzMPsol.-hOgaz.       •  1 1 - <  >  I i . ; .      C405Az2H*dis&.+ COAz'H*diss.  .  '/■•'.  : 

Vlloxane.  I  rée. 

»  La  prédominance  du  dégagement  thermique  dans  le  premier  cas  semble 
indiquer  qu'il  devrait  toujours  se  former  de  l'allantoïne;  mais  l'examen 
complet  de  l'action  de  chaque  oxydant  montre  que  le  principe  du  travail 
maximum  règle,  dans  tous  les  cas,  ces  deux  modes  de  scission  absolument 
différents  de  la  molécule  urique,  Lorsque  l'oxydant  ne  donnera  lieu  à  aucun 
phénomène  secondaire  de  même  vitesse  (pie  la  réaction  principale,  c'est- 
à-dire  simultané,  il  se  formera  de  l'allantoïne  :  c'est  le  cas,  par  exemple, 
du  permanganate  de  potasse;  il  n'agit,  à  la  température  ordinaire,  ni  sur 
l'urée,  ni  sur  l'allantoïne,  ni  sur  l'alloxane,  ou,  du  moins,  les  actions  qu'il 
exerce  sur  ces  deux  dernières  sont  très  lentes;  elles  n'ont  pas  lieu  à 
l'instant  même  de  la  séparation  de  la  molécule  urique  et,  par  suite,  ne 
doivent  point  entrer  en  ligne  de  compte. 

»  Avec  l'acide  azotique,  au  contraire,  il  se  produit  de  l'acide  nitreux 
qui  réagit  immédiatement  sur  l'urée,  et  cette  action  a  lieu  au  moment 
même  de  la  formation  de  l'alloxane;  elle  lui  est  simultanée,  de  sorte  qu'en 
réalité  l'équation  delà  réaction  est  la  suivante  : 

Az03Hdiss.  +  C503Az4H*sol.  +  11*0 

=  C*05AzsH4diss.  +  Az2  +-C02-+- AzH3(diss.  dans  Az03H) -+-  100e»1, 9 

«  Grâce  à  ces  réactions  secondaires,  la  prépondérance  thermique  est 
ici  favorable  à  la  production  d'alloxane. 


(  1266  ) 

»  D'autre  part,  la  marche  du  phénomène  une  fois  décidée  pour  la  for- 
mation de  l'une  des  substances,  on  sait  que  celle-ci  ne  peut  se  transformer 
dans  la  seconde  par  une  action  ultérieure  de  l'oxydant,  de  sorte  que  la 
Thermochimie  rend  bien  compte  de  ce  fait  remarqué  depuis  longtemps, 
que  chaque  oxydant,  en  agissant  sur  l'acide  urique,  devra  fournir  seule- 
ment ou  l'alloxane  ou  l'allantoïne  ,  mais  jamais  les  deux  en  même 
temps.   » 

chimie  ORGANIQUE.  —  Sur  l'emploi  du  sèlénite  d'ammoniaque  pour  caracté- 
riser les  alcaloïdes.  Note  de  M.  A.-J.  Ferreira  da  Silva,  présentée  par 
M.  Friedel. 

«  Dans  une  Note  présentée  à  l'Académie  au  mois  de  juin  i885,  M.  La- 
fon  a  signalé  un  nouveau  réactif  pour  la  morphine  et  la  codéine.  C'est  le 
sulfosélénite  d'ammoniaque,  qu'il  prépare  en  dissolvant  igr  de  sèlénite 
d'ammoniaque  dans  2occ  d'acide  sulfurique  concentré.  Ce  réactif  donne 
une  couleur  verte  avec  ces  deux  alcaloïdes;  les  autres  se  comportent  d'une 
manière  très  différente.  On  voit  donc  qu'il  est  d'un  usage  précieux  dans 
l'étude  toxicologique  des  empoisonnements  par  les  alcaloïdes  de  l'opium. 

»  En  étudiant  l'action  de  ce  même  réactif  sur  les  autres  alcaloïdes  végé- 
taux, j'ai  eu  l'occasion  de  rencontrer  des  faits  nouveaux  qui  montrent  que 
son  emploi  peut  s'étendre  avec  avantage  pour  caractériser  quelques  autres 
alcaloïdes.  Je  demande  la  permission  de  les  indiquer  ('). 

»  J'ai  opéré  sur  les  alcaloïdes  suivants  :  atropine,  aconitine,  berbérine. 
brucine,  caféine,  cinchonine,  cinchonidine,  cocaïne,  curarine,  delphine, 
digitaline,  ésérine,  morphine,  narcotine,  narcéine,  papavérine,  pilocar- 
pine,  solanine,  saponine,  sénégine  et  vératrine. 

»   Voici  les  résultats  que  j'ai  obtenus  : 

»  Atropine.  —  Pas  de  coloration. 

»  Aconitine.  —  Pas  de  coloration  immédiate;  vingt  minutes  après,  coloration  très 
légèrement  rose. 

»  Berbérine.  —  Coloration  jaune  verdàtre,  devenant  successivement  très  brune, 
rose  aux.  bords  et  violet  au  milieu,  et  une  demi-heure  après  tout  à  fait  rouge  vineux 
persistant  pendant  trois  heures. 

(')  J'ai  employé,  pour  faire  ces  réactions,  de  petites  portions  d'alcaloïdes  que  je 
plaçais  soit  sur  des  verres  de  montre  déposés  sur  du  papier  blanc,  soit  sur  de  petites 
capsules  de  porcelaine  (3cm  de  diamètre  et  4W  de  capacité). 


(  1-267  ) 

»  Rrucine.  —  Coloration  rougeàtre  ou  rose,  devenant  tout  de  suite  orangé  p;'ile. 
Une  demi-heure  après,  coloration  aminée  et  pas  de  dépôt.  Au  bout  de  trois  heures, 
idem . 

»  Caféine.  —  Pas  de  coloration  sensible.  Au  bout  de  trois  heures  le  liquide  était 
rougeàtre  et  Ton  y  voyait  un  très  léger  dépôt  qui  n'était  pas  rouge. 

»  Cinchonidine.  —  Rien. 

«   Cinchonine.  —  Rien. 

1  Cocaïne.  —  Pas  de  coloration  saisissable  ni  précipité,  une  demi-heure  après.  \u 
bout  de  trois  heures,  la  même  réaction  que  la  caféine. 

>>  Ciirarine.  — Coloration  violacée  légère;  après  quelque  temps,  rougeàtre.  l'as 
de  dépôt  rouge  à  la  fin  de  trois  heures. 

»  Delphine.  — Coloration  légèrement  rougeàtre  passant  au  rouge  violacé,  l'as  de 
précipité  au  bout  de  trois  heures. 

^Digitaline.  — Pas  de  coloration  immédiate.  Une  demi-heure  après,  le  liquide 
était  jaunâtre.  Après  trois  heures,  il  \  avait  un  dépôt  rougeàtre. 

»  Esérine.  —  Coloration  jaune  citrin  devenant  orangée.  Trois  heures  après,  colo- 
ration plus  pâle. 

«  Morphine.  —  Coloration  bleu  verdâtre  très  vive;  une  demi-heure  après,  jaune 
marron  et  pas  de  dépôt  (réaction  très  sensible).  Après  trois  heures,  le  liquide  était 
brun  marron.  Pas  de  dépôt  rouge. 

»  Narcotine.  —  Coloration  bleuâtre  devenant  violacée  et  ensuite  rougeàtre.  Après 
une  demi-heure,  belle  couleur  rougeàtre  et  pas  de  précipité.  Après  trois  heures,  il  y 
avait  un  petit  dépôt  rouge,  sur  quelques  points,  à  la  surface  de  la  capsule. 

»  Narcéine.  —  Coloration  vert  jaune  devenant  brunâtre  et  après  une  demi-heure 
rougeàtre.  Au  bout  de  ce  temps,  dépôt  rouge,  très  sensible  au  fond  de  la  capsule 
après  deux  à  trois  heures. 

»  Papavérine.  —  Couleur  bleuâtre;  le  liquide  devient  vert  bouteille,  vert  jaunâtre 
sale,  bleu  violet  et  puis  rouge.  Au  fond  de  la  capsule,  un  petit  dépôt  bleuâtre. 

»  Pilocarpine.  —  Rien. 

»  Solanine.  —  Coloration  jaune  serin  et  puis  brunâtre.  Après  une  demi-heure,  il 
s'était  formé  un  anneau  rose.  Au  bout  de  trois  heures,  le  liquide  était  violet  rouge. 

»  Saponine.  —  Coloration  jaunâtre  devenant  légèrement  rougeàtre.  (Réaction  peu 
nette.) 

»  Sénégine.  —  Coloration  jaune  sale  légère.  Après  troi*  heures,  le  liquide  étaii 
rougeàtre. 

»  I  ératrine.  —  Coloration  jaunâtre  peu  nette,  quelquefois  avec  un  ton  vert,  jaune 
après  une  demi-heure.  Après  trois  heure-,,  dépôt  rouge  et  liquide  jaunâtre  (réaction 
de  coloration  peu  nette). 

»  On  peut  conclure  de  là  que  le  réactif  de  Lafon  permet  de  caractériser 
non  seulement  la  morphine  et  la  codéine,  mais  aussi  la  berbérine,  l 'esé- 
rine, la  narcotine,  la  papavérine,  la  solanine  et  la  narcéine  :  les  premières 
par  les  réactions  de  coloration;  la  narcéine  non  seulement  par  la  pro- 
duction immédiate  d'une  couleur  vert  jaunâtre  passant  au  brun  et,  au  bout 


(  1268  ) 

d'une  demi-heure,  au  rougeàtre;  mais  aussi  par  la  formation  d'un  dépôt 
rouge  qu'on  voit  plus  distinctement  déposé  deux  ou  trois  heures  après,  sui- 
tes parois  et  au  fond  de  la  capsule. 

»  Je  dois  faire  remarquer  que  la  réaction  avec  l'ésérine  n'est  bien  nette 
qu'avec  un  produit  bien  pur;  j'ai  opéré  avec  un  échantillon  très  pur, 
incolore  et  bien  cristallisé,  de  C.-F.  Boehringer  et  Sôhne  (Mannheim). 

»  M.  Lafon  expliquait  la  réaction  de  la  morphine  et  de  la  codéine,  dont 
les  analogies  ont  été  démontrées  par  les  recherches  de  M.  Grimaux,  par 
le  pouvoir  réducteur  de  ces  deux  alcaloïdes.  Le  sélénium  serait  mis  en 
liberté  sous  leur  influence,  et,  en  se  dissolvant  dans  l'acide  sulfurique,  il 
lui  donnerait  la  couleur  verte;  puis,  l'acide  sulfurique,  attirant  l'humidité 
de  l'air,  donnerait  lieu  à  la  précipitation  du  sélénium  en  rouge,  comme  on 
peut  le  faire  en  ajoutant  de  l'eau  à  une  solution  sulfurique  de  sélénium. 

»  Les  faits  que  j'ai  cités  démontrent  qu'on  ne  peut  faire  dépendre  les 
phénomènes  observés  de  la  simple  considération  du  pouvoir  réducteur 
desdits  alcaloïdes.  On  vient  de  voir,  en  effet,  que  la  narcéine  qui,  au 
point  de  vue  de  ses  propriétés  réductrices  est  bien  inférieure  à  la  mor- 
phine, détermine  une  séparation  du  sélénium  bien  plus  rapide  et  plus 
nette  que  la  morphine.  Nous  voyons  d'ailleurs  combien  est  variée  l'action 
du  réactif  sur  les  divers  alcaloïdes,  et  comment  on  peut  l'utiliser  pour  éta- 
blir de  bonnes  réactions  de  coloration. 

»  Il  v  a  donc  quelque  chose  de  spécial  dans  cette  réaction,  qui  tient 
principalement  à  la  nature  de  l'alcaloïde  employé,  » 

ZOOLOGIE.    —  Sur  le  développement  du  foie  chez  les  Nudibranclies. 
JNote  de  M.  H.  Fischer  (  '  l. 

«  L'anatomie  topographique  de  l'embryon  des  Opisthobranch.es  est  en 
partie  connue  dans  les  stades  qui  précèdent  l'éclosion;  mais  les  renseigne- 
ments sont  très  peu  nombreux  en  ce  qui  concerne  la  période  larvaire  libre, 
qui  est  longue  chez  ces  animaux.  J'ai  pu  étudier  quelques-uns  de  ces 
stades  libres,  et  déterminer  l'homologie  des  organes  hépatiques  des  Nu- 
dibranches. 

»  Description  de  la  larve  au  moment  de  l'éclosion.  —  L'espèce  que  j  ai 
examinée  est  I' ' JEolis  exigua,  Aider  et  Hancock,  dont  les  pontes  sont  très 


(')  Ce  travail  a  été   fait  dans  les  laboratoires  de  Zoologie  de  l'École  Normale  supé- 
rieure et  de  la  -lation  maritime  de  Wimereux. 


(   '269  ) 

abondantes  à  Wimereux,  au  printemps,  sur  les  tondes  d'Hydraires.  Au 
moment  de  l'éclosion,  le  tube  digestif  se  compose  des  parties  suivantes  : 
l'œsophage  médiocrement  allongé,  un  estomac  ovoïde,  et,  à  la  suite,  l'in- 
testin. 

»  Vers  la  région  antérieure  de  l'estomac,  à  droite  et  a  gauche,  se  trou- 
vent deux  organes  sur  lesquels  j'ai  porté  particulièrement  mon  attention  : 
celui  de  gauche  est  un  sac  assez  volumineux,  dont  la  cavité  s'ouvre  dans  le 
tube  digestif,  et  qui  est  tapissé  de  grandes  cellules  munies  de  cils  très  fins. 
Je  me  suis  assuré  en  nourrissant  les  embryons,  aussitôt  après  leur  éclosion, 
avec  des  spores  d'ulves,  que  ces  cellules  sont  alors  le  siège  d'une  diges- 
tion intracellulaire.  Ce  sac  est  donc  l'organe  digestif  actif  de  la  larve.  L'or- 
gane de  droite,  placé  symétriquement,  est  très  petit,  rudimentairc,  et  ne 
parait  avoir  aucune  fonction  physiologique.  Au  point  de  vue  morpholo- 
gique, il  est  cependant  équivalent  à  celui  de  gauche;  car  ces  organes,  exa- 
minés à  un  stade  antérieur,  étaient  sensiblement  égaux,  et  tous  deux  rem- 
plis de  granulations  vitellines.  Le  sort  ultérieur  de  ces  deux  sacs  n'a  pas 
été  suivi  chez  les  Opisthobranches  :  j'ai  constaté  qu'ils  fournissent  le  foie 
et  je  les  appellerai  lobe  gauche  et  lobe  droit  du  foie.  L'estomac  a  un  aspect 
bien  différent  :  ses  parois,  non  glandulaires,  sont  revêtues  de  cellules  à 
plateaux  et  ciliées,  dont  l'action  fait  tourbillonner  les  aliments.  Cet  estomac 
larvaire  n'a  d'ailleurs  pas  de  rapport  avec  la  région  plus  ou  moins  bien 
délimitée,  connue  sous  ce  nom  chez  l'adulte. 

»  Les  embryons  de  divers  Lamellibranches,  Cardium,  My/ilits,  Cyclas, 
Teredo,  Ostrea,  étudiés  par  MM.  Lovén,  de  Lacazc-Duthiers,  Stepanoff, 
Hatschek,  Ilorst,  possèdent  un  tube  digestif  qui  présente  une  analogie  frap- 
pante avec  celui  de  YJEolis  exigua  :  on  v  remarque  l'œsophage  cilié  et 
l'estomac  ovoïde  communiquant,  dans  sa  partie  antérieure,  avec  deux 
lobes  hépatiques  ayant  la  même  constitution  que  le  lobe  gauche  de 
ÏJEolis.  La  seule  différence  réside  dans  l'atrophie  du  lobe  droit  chez  les 
Nudibranches.  Il  est  donc  vraisemblable  que,  dans  les  diverses  classes  de 
Mollusques,  le  tube  digestif  larvaire  possède  la  même  structure  fondamen- 
tale, et  je  propose  d'examiner  à  ce  point  de  vue  les  Prosobranches  et  les 
Pulmonés. 

Phénomènes  postérieurs  à  l'éclosion.  —  Les  transformations  des  lobes 
hépatiques  ont  lieu  pendant  la  vie  larvaire  libre,  et  sont  les  suivantes  : 
dans  un  embryon  véligère  déjà  muni  d'une  ébauche  de  la  radule  et  de  deux 
yeux,  le  lobe  gauche  s'est  beaucoup  développé  et  le  lobe  droit,  rudimen- 
taire  au  moment  de  l'éclosion,  commence  à  s'accroitre.  Dans  un  embryon 

C.   R..   1891,   1"  Semestre.  (T.  CXII,  N°  22.)  I  *>0 


(  I27°  ) 
rampant,  ne  possédant  plus  ni  coquille  ni  voile,  mais  n'ayant  encore  au- 
cune indication  des  rhinophores  ni  des  papilles  dorsales  (stade  planari- 
forme),  le  lobe  gauche  s'est  étendu  dans  toute  la  longueur  du  corps,  au 
niveau  et  en  arrière  de  l'estomac.  Dans  un  stade  à  une  paire  de  papilles 
dorsales,  le  lobe  hépatique  droit  a  fourni  un  bourgeon  hépatique  allant 
à  la  papille  droite;  le  lobe  gauche  a  fourni  un  bourgeon  hépatique  allant 
à  la  papille  gauche  et  montre  en  arrière  le  début  d'une  paire  de  bourgeons 
destinés  à  la  deuxième  paire  de  papilles. 

»  Les  changements  ultérieurs  sont  de  peu  d'importance  :  le  lobe  droit 
ne  s'accroît  plus,  le  lobe  gauche  s'allonge  de  plus  en  plus  en  arrière  et 
fournit  des  diverticules  hépatiques  aux  nouvelles  paires  de  papilles  qui 
naissent  postérieurement.  Chez  les  iEolidiens  adultes,  le  lobe  droit  est  de- 
venu la  région  du  foie  qui  débouche,  par  un  canal  hépatique  toujours 
unique,  sur  le  côté  droit  du  tube  digestif,  en  avant  du  point  où  naît  l'in- 
testin. Le  lobe  gauche  a  formé  tous  les  autres  cœcums  hépatiques. 

)>  La  disposition  primitivement  symétrique  du  foie  peut  donc  se  retrouver 
dans  l'organe  hépatique  si  compliqué  des  Nudibranches  :  elle  n'est  masquée 
que  par  le  développement  considérable  du  lobe  gauche,  qui  s'étend  dans 
toute  la  région  postérieure  du  corps.  On  retrouve  d'ailleurs  un  foie  formé 
de  deux  lobes  symétriques  chez  certaines  formes  pélagiques  ou  dégradées 
(  Phyllirrhoè,  Pontolimax  ) . 

»  Le  foie  des  Doridiens  adultes  se  compose  de  deux  parties  :  une  masse 
principale  et  une  très  petite  masse  accessoire  située  à  droite  (pancrealic 
organ  d'Aider  et  Hancock);  les  considérations  qui  précèdent  permettent 
de  supposer  que  ces  deux  masses  correspondent  au  lobe  gauche  et  au  lobe 
droit  de  l'embryon. 

»  En  résumé,  ces  recherches  montrent  que  le  foie  des  Nudibranches  est 
formé  en  grande  partie  par  le  lobe  hépatique  gauche  de  l'embryon,  et  que 
les  organes  hépatiques  dans  deux  groupes  très  différents  de  Mollusques, 
les  Lamellibranches  et  les  Nudibranches,  sont  des  productions  homo- 
logues.   » 


botanique.  —  t'Isaria,  parasite  de  la  larve  du  hanneton. 
Note  de  M.  Alfred  Giard. 

«  Le  28  juin  1890,  M.  Le  Moult,  président  du  syndicat  de  hanneton- 
nage  de  Gorron  (Mayenne),  qui  suivait  avec  intérêt  mes  essais  sur  la  des- 


(  I27'  ) 
truction  des  insecles  nuisibles  par  les  champignons  entomophytes,  m'en- 
voya de  Céaucé  (Orne)  quelques  vers  blancs  momifiés  qu'il  supposait  at- 
teints par  un  cryptogame.  La  culture  de  ces  sclérotes  me  donna,  en  effet, 
un  beau  développement  de  fructifications  conidiennes  d'un  champignon 
que  je  rattachai  provisoirement  aux  formes  connues  sous  le  nom  d'Isaria. 
Je  ne  voulais  pas  risquer  une  détermination  spécifique  que  je  considérais 
alors  et  que  je  considère  encore  aujourd'hui  comme  prématurée.  Depuis, 
dans  une  Communication  à  la  Société  de  Biologie  ('),  j'ai  indiqué  le  moyen 
de  cultiver  ce  parasite  sur  les  milieux  artificiels  et  d'infester  expérimenta- 
lement par  inoculation  ou  par  aspersion,  soit  des  larves  de  hanneton,  soit 
des  vers  de  farine  (  Tenebrio  molitor). 

»  Tout  récemment  (2),  MM.  Prillieux  et  Delacroix  ont  contesté  l'exacti- 
tude de  ma  détermination  et  confirmé  mes  résultats  d'infestation  artificielle, 
mais  en  donnant  la  préférence  à  d'autres  milieux  de  culture. 

»  Je  ne  sais  comment  MM.  Prillieux  et  Delacroix  délimitent  les  genres 
Jsaria  et  Botrytis  ni  comment  ils  peuvent  reconnaître,  à  l'état  conidial,  les 
spores  de  Mclanospora  parasilica .  Pour  moi,  suivant  l'exemple  de  de  Bary, 
de  Sorokine,  de  S. -A.  Forbes,  etc.,  je  considère  les  formes  Botrytis  et  Isa- 
ria comme  des  stades  évolutifs  (ontogénétiques)  de  champignons  ascomy- 
cètes  dont  un  petit  nombre  seulement  nous  sont  connus  aujourd'hui  sous 
leur  forme  parfaite  (ascosporée  ).  ,1e  donne  à  ces  cryptogames  le  nom  de 
Botrytis  lorsque  les  hyphes  fructifères  forment  une  sorte  de  velours  recou- 
vrant la  surface  du  substratum;  je  les  appelle  Isaria  lorsque  les  hyphes  se 
réunissent  en  touffes  longues,  épaisses,  plus  ou  moins  régulièrement  clavi- 
formes  (  /lyp/iasmala)  sur  lesquelles  naissent  les  conidies (les  Stilbum  repré- 
sentent un  état  différencié  de  cette  forme  Isaria).  Enfin  lorsque  le  parasite, 
après  avoir  produit  un  sclérote  dans  le  corps  de  l'insecte,  donne  naissance 
à  un  stipe  qui,  généralement,  sort  du  cadavre  en  des  points  définis  et  porte 
un  réceptacle  couvert  d'ascospores  ou  de  thécaspores,  je  le  nomme,  avec 
les  auteurs,  Cordyceps  ou  Torrubia. 

»  Certaines  espèces  peuvent  présenter,  suivant  les  conditions  où  elles 
végètent,  deux  ou  trois  de  ces  états.  Le  Botrytis  bassiana  du  ver  à  soie,  ino- 
culé à  la  chenille  de  G  as  trop  ac  ta  rubi,  donne  une  forme  Isaria  (de  Bary). 
L' Isaria  farinosa  de  la  même  chenille  peut  produire  le  Claviceps  militaris. 


(')   Comptes  rendus  des  séances  de  la  Société  de  Biologie,  séance  <lu  i  r  avril  1 891 , 
p.  236-a38. 
(2)  Comptes  rendus,  11  mai  1891,  p.  1079-1081, 


(  r272  ) 
D'après  Krassilstchik,  la  muscardiae  verte  de  VAnisoplia  auslriaca  prend 
l'aspect  typique  des  Isaria  lorsqu'elle  infeste  les  larves  de  Cleonus  puncli- 
vcntris;  dans  les  cultures  artificielles,  elle  présente  parfois  la  forme  Core- 
miurn. 

»  Sur  les  milieux  artificiels  et  sur  les  sclérotes  faibles,  ou  épuisés  par  des 
fructifications  antérieures,  le  parasite  du  hanneton  nous  offre,  en  général, 
la  forme  Botrytis;  les  vers  recueillis  à  Céaucé  nous  montrent,  au  contraire, 
pour  la  plupart,  de  fort  beaux  types  à'Isaria  dont  les  hyphasmata  peuvent 
atteindre  plusieurs  centimètres  de  longueur.  Puis  donc  que  MM.  Prillieux 
et  Delacroix  ont  constaté  la  parfaite  identité  de  ce  parasite  avec  le  Botrytis 
tenella  Sacc.  trouvé  à  Trente  par  Bresadola,  nous  dirons  que  le  Botrytis  le- 
nella  affecte  aussi,  et  même  très  fréquemment,  la  forme  Isaria  tenella. 

»  Mais  ces  dénominations  ne  peuvent  être  que  provisoires,  car  nous  ne 
sommes  nullement  en  droit  d'affirmer  que,  outre  les  formes  Botrytis  et  Isaria, 
le  champignon  du  ver  blanc  ne  présente  pas  une  forme  plus  élevée  de  re- 
production déjà  décrite  peut-être  sous  le  nom  d'un  Cordyceps. 

»  En  effet,  Bresadola  n'est  pas,  comme  on  paraît  le  croire,  le  seul  auteur 
qui  ait  rencontré  des  Ascomycètes  parasites  sur  les  Mélolonthides  : 

»  i°  Dès  1 76g,  Fougeroux  de  Bondaroy  a  signalé  et  décrit  un  champignon 
parasite  de  la  larve  d'un  hanneton  de  Pensylvanie.  Ce  champignon  fut 
nommé  plus  tard  par  Tulasne  Cordyceps  Melolonthœ.  Il  a  été  réétudié  depuis 
parBurrill,  Kirtland,  Mitchill,  Walsh,  Zabriskie,  etc.  En  1873,  Riley  l'a 
considéré  comme  nouveau  et  rebaptisé  Torrabia  elongata.  C'est  par  erreur 
que  Krassilstschik  et  quelques  auteurs  modernes  ont  cité  cette  espèce 
comme  parasite  de  Melolontha  vulgaris  Fab.  Elle  infeste  surtout  en  réalité 
le  Laclinosternajusca ,  hanneton  américain  du  groupe  des  Rhizotrogides  dont 
la  larve  est  le  ver  blanc  commun  (white  grub)  des  Etats-Unis. 

»  20  Berkeley  et  Curtis  ont  décrit  le  Cordyceps  Bavenelii  parasite  des 
larves  d'un  autre  Rhizotrogide  (Ancylonycha  Dej.,  Phyllophaga  Harris)  de 
la  Caroline,  du  Texas  (B.  etC.)  et  de  l'Alabama  (Hagen). 

»  3°  Roumeguère  et  Ch.  Fourcade  ont  trouvé  en  France  le  Cordyceps 
entomorhiza  Dicks  sur  le  petit  hanneton  d'été  Bhizolrogus  solslilialis  Fab. 
(insecte  parfait)  à  Super-Bagnères. 

»  4°  Roumeguère  a  rencontré  dans  le  département  de  l'Aude,  et  Briard 
au  bois  de  Bailly  (Aube),  le  Melolontha  inilgaris,  Fab.  (insecte  parfait ), 
atteint  par  un  Cordyceps  qu'ils  ont  identifié  avec  le  Cordyceps  militaris  L. , 
dont  l'état  conidial  est  Y  Isar  ia  J'arinosa .  Déjà,  en  1869,  Bail  avait  signalé 
un  Isaria  indéterminé  sur  la  larve  et  l'insecte  parfait   du  hanneton  vul- 


(  »?3  ) 

gaire  à  Mewe  (Prusse).  La  même  année,  de  Bary  observait,  aux  environs 
de  Halle,  une  épidémie  du  Melo'.ontha  (larves),  causée  par  un  Botrytis  qu'il  a 
rapporté  au  B.  Bassiana  et  qui  doit  être  identifié  peut-être  à  l'espèce  qui 
nous  occupe.  Je  eite  en  passant  les  espèces  mal  définies,  telles  que  Cordyceps 
Miquelii  Tu!.,  C.  sobolifera  Hill.,  C.  Barnesii Thv.,  qui  ont  été  trouvées  en 
divers  points  du  globe  sur  des  Melolontha  ou  tout  au  moins  sur  des  Lamelli- 
cornes à  l'état  de  larves  ou  d'insectes  parfaits.  Leidy  a  mentionné,  dès  i85i, 
uu  champignon  parasite  des  larves  de  Lamellicornes.  Metschnikoff  a  fait 
connaître  Vlsaria  desiruclor  de  YAnisoplia  austriaca  (hanneton  des  blés  |. 
Grognot  a  vu,  en  Saone-et-Loire,  Vlsaria  eleutheratorurn  Nées,  sur  Lucaims 
ce/vus. 

»  Tous  ces  champignons  sont  loin  d'être  connus  sous  leurs  divers  étals, 
et  l'énumération  précédente  justifiera,  je  pense,  les  réserves  que  j'ai  faites 
relativement  à  la  détermination  spécifique  du  parasite  si  intéressant  trouvé 
par  M.  Le  Moult  à  Céaucé  et  rencontré  depuis  en  diverses  localités. 

»  Quant  au  Melanospora  parasitica,  j'avais,  dès  le  mois  de  juin  1890, 
signalé  la  possibilité  de  son  existence  sur  les  larves  contaminées  dans  une 
lettre  adressée  à  M.  Le  Moult  et  que  celui-ci  a  partiellement  publiée.  Mais 
le  fait  même  que  les  spores  recueillies  dans  mes  cultures  pouvaient  être 
inoculées  avec  succès  à  divers  insectes  écartait  l'idée  de  toute  confusion 
avec  les  conidies  de  Melanospora.  Les  belles  recherches  de  Kihlman  ont 
mis  hors  de  doute  que  cet  Ascomycète  est  parasite  des  Isariées  et  n'infeste 
pas  directement  les  insectes. 

»  Enfin,  contrairement  à  MM.  Prillieux  et  Delacroix,  je  trouve  que  les 
cultures  sur  pomme  de  terre  donnent  un  rendement  en  spores  fort  infé- 
rieur aux  cultures  sur  des  milieux  plus  azotés  (bouillons  animaux),  ce  qui, 
d'ailleurs,  est  facile  à  comprendre,  si  l'on  songe  que  le  ver  blanc  renferme 
environ  3,5  pour  too  d'azote.  Une  certaine  quantité  de  phosphates  est 
également  utile  et  il  importe  surtout  (pie  le  milieu  ait  une  réaction  légère- 
ment acide.    » 


BOTANIQUE.  -  -   Les  genres  de  lu  tribu  des  Clusiées  et  en  particulier  le  genre 
Tovomita.  Note  de  M.  J.  Vesque,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  Les  genres  assez  nombreux  qui,  avec  les  Clusia,  constituent  la  tribu 
des  Clusiées,  ne  se  distinguent  de  ces  derniers  par  aucun  caractère  anato- 
niique  rationnel  :  les  allures  épharmoniques  sont  exactement  les  mêmes; 


(     1274    ) 

la  différenciation  est  donc  purement  morphologique  ;  elle  est,  en  outre, 
identique  avec  celle  qui  a  présidé  à  la  division  du  genre  Clmia  en  sections. 
S'il  fallait  construire  une  clef  anatomique  pour  la  détermination  des  plantes 
de  cette  tribu,  il  faudrait  passer  par-dessus  les  genres  pour  s'adresser  di- 
rectement aux  espèces.  Mais  il  ne  s'agit  point  ici  de  la  détermination  des 
plantes,  il  importe  simplement  de  retenir  qu'il  y  a  un  lien  très  étroit  entre 
tous  ces  genres  et  le  grand  genre  Chma. 

»  Il  se  trouve  qu'en  principe  aucun  des  caractères  floraux  observés  dans 
ces  genres  n'est  entièrement  étranger  aux  Clusia.  Si  l'on  veut  bien  ad- 
mettre que  la  parenté  entre  ces  genres  est  effective  et  non  un  vain  simu- 
lacre, il  faut  donc  admettre  également  que  le  genre  Clusia  est  plus  ancien 
que  les  autres  et  que  ceux-ci  dérivent  de  lui. 

«  Aucun  de  ces  genres  secondaires  ne  présente  une  épharmonie  plus 
avancée  (plus  extrême")  que  les  Clusia  correspondants;  au  contraire,  l'é- 
pharmonie  y  est  souvent  beaucoup  moins  hélioxérophile.  A  moins  de 
recourir  à  une  rétrogradation  de  l'épharmonisme,  ce  qui  ne  serait  guère 
plausible,  la  parenté  la  plus  étroite  unit  ces  genres  à  des  groupes  nodaux 
correspondants  parmi  les  Clusia  ou  aux  ancêtres  de  ces  groupes  nodaux.  Les 
groupes  nodaux  acquièrent  par  cela  même  une  importance  inattendue. 

»  Je  me  bornerai  aujourd'hui  à  montrer  quelle  est  l'origine  du  plus 
grand  des  genres  secondaires  de  la  tribu  des  Clusiées,  le  genre  Tovomita, 
me  réservant  de  présenter,  dans  une  autre  Note,  les  résultats  que  l'on  ob- 
tient en  appliquant  des  raisonnements  analogues  aux  autres  genres. 

»  Les  étamines  des  Tovomita  sont  libres,  nombreuses,  à  anthères  courtes, 
dont  les  loges,  obliquement  insérées  sur  les  bords  du  connectif,  sont  plus 
ou  moins  divergentes  à  la  base.  Parmi  les  Clusia,  seuls  les  Criuva  et  les 
Anandrogvne  présentent  des  fleurs  mâles  qui  soient  comparables  à  celles 
des  Tovomita,  mais  les  loges  de  l'anthère  y  sont  ordinairement  très  longues 
et  parallèles;  les  espèces  qui,  sous  ce  rapport,  se  rapprochent  le  plus  des 
Tovomita,  sont  les  Cl.  Ducu  et  havetioides,  de  la  section  Anandrogvne.  Les 
loges  de  l'ovaire  des  Tovomita  sont  i-ovulées  et  au  nombre  de  quatre. 
Seuls,  parmi  les  Clusia,  les  Cl.  Ducu  et  trochijormis  ont  quatre  carpelles  et 
des  loges  ovariennes  monospermes  par  avortement  ;  tous  les  autres  Clusia  à 
loges  monospermes  appartiennent  à  la  même  section  Anandrogyne.  Il  est 
donc  évident,  tous  ces  caractères  disparates  donnant  la  même  indication 
(fleur  mâle,  nombre  des  carpelles  et  des  graines),  que,  si  les  Tovomita  des- 
cendent des  Clusia,  et  cela  est  infiniment  probable  d'après  ce  qui  précède, 
ils  descendent  des  Anandrogyne  et  sont  proches  voisins  du  Clusia  Ducu  qui, 


(   ,27^  ) 
avec   le   Cl.   trochiformis   (Tovomitopsis  Spruceana   Engl.!),   constitue    le 
groupe  aodal  de  la  section. 

»  Ici  se  présentent  maintenant  deux  faits  qui  méritent  d'attirer  notre 
attention  :  i°  Dans  les  fleurs  femelles  des  Anandrogyne,  les  étamines  ne 
sont  plus  représentées  que  par  des  dents  très  courtes,  dépourvues  d'an- 
thères. Il  est  clair  que  les  fleurs  des  ancêtres  de  ces  plantes  étaient  herma- 
phrodites, puisqu'il  y  a  des  rudiments  d'étamines;  or,  chez  les  Tovornita, 
les  staminodes  des  fleurs  femelles  ressemblent  presque  absolument  aux 
étamines  fertiles  des  fleurs  mâles;  par  conséquent,  si  les  Tovomila  se  rat- 
tachent au  groupe  notlal  Ducu-trochiformis,  ils  descendent  de  ce  groupe, 
non  tel  qu'il  est  maintenant,  mais  tel  qu'il  était  autrefois,  alors  que  la  fleur 
femelle  était  encore  moins  éloignée  de  la  fleur  hermaphrodite.  En  d'autres 
termes,  le  groupe  nodal  Ducu-trochiformis  est  la  continuation  en  ligne  di- 
recte d'un  groupe  nodal  antérieur,  d'où  est  issu  latéralement  le  genre  To- 
vornita, par  suppression  congénitale  (?)  de  tous  les  ovules,  sauf  un.  2°  Tous 
les  Clusia  ont  un  hypoderme;  les  Cl.  Ducu  et  trochiformis,  en  particulier, 
possèdent  un  hypoderme  de  trois  ou  quatre  assises  de  cellules.  La  plupart 
des  Tovomila  sont  dépourvus  de  ce  tissu  aquifère,  quelques-uns  seulement 
(T.  nigrescens,  spruceana,  stigmalosa)  présentent  un  hypoderme  d'une  seule 
assise  de  cellules  ;  les  allures  épharmoniques  sont  donc  les  mêmes  que  chez 
les  Clusia,  mais  elles  restent  souvent  potentielles  sans  se  traduire  par  le  fait 
anatoinique.  Il  est  cependant  difficile  de  croire  qu'un  hypoderme  de  trois 
ou  quatre  assises  puisse  se  perdre,  surtout  lorsque  la  plante  est  abandonnée 
sans  protection  à  la  lutte  pour  l'existence.  Il  est  en  outre  infiniment  pro- 
bable que  les  Clusia,  aujourd'hui  si  généralement  pourvus  d'un  hypo- 
derme, dérivent  d'ancêtres  qui,  primitivement,  n'en  avaient  pas,  pour  le 
développer  peu  à  peu  ensuite;  par  conséquent,  si  les  Tovornita  se  ratta- 
chent au  groupe  Ducu-trochiformis ,  ils  ne  descendent  pas  de  ce  groupe  tel 
qu'il  est,  mais  tel  qu'il  était  auparavant.  Cette  conclusion  est  exactement 
la  même  que  celle  qui  nous  a  été  fournie  par  la  structure  des  fleurs  fe- 
melles. 

»  Les  raisons  diverses  que  je  viens  d'énumérer  indiquent  suffisamment 
que  le  genre  Tovomila,  quoique  peu  avancé  en  épharmonie  lui-même  et 
à  peine  sorti  de  l'état  de  nébuleuse  ou  d'immense  groupe  nodal,  s'est  sé- 
paré latéralement,  à  une  époque  reculée,  de  ce  groupe  nodal  du  genre 
Clusia  sect.  Anandrogyne  qui  s'est  plus  tard  constitué  en  Cl.  Ducu  et  Cl. 
trochiformis. 

»   Il  est  bon  de  noter  enfin  que  la  distribution  géographique  actuelle  des 


(  '276  ) 
Tovomita  est  assez  différente  de  celle  des  Clusia  Aiiandrogyne.  L'aire  des 
Anandrogyne  comprend  le  Pérou,  la  Colombie,  l'isthme  de  Panama,  la 
Jamaïque  et  les  Antilles;  celle  des  Tovomita,  le  Pérou,  la  Bolivie,  la  Co- 
lombie, la  région  du  haut  Amazone,  les  Guyanes,  les  Antilles  et  le 
Brésil. 

»  L'une  des  espèces  les  plus  répandues  et  les  plus  variables  du  genre 
est  le  T.  brasiliensù,  qui  couvre  le  territoire  immense  compris  entre  les 
Guyanes,  la  province  de  Bahia  et  le  Pérou.  Dans  ce  dernier  pays,  où  elle 
a  été  récoltée  par  Gay,  elle  coudoie  encore  aujourd'hui  le  Cl.  Ducu  et  le 
Cl.  trochiformis .  C'est  une  espèce  qui,  chose  rare,  tantôt' présente  un  hy- 
poderme  rudimentaire,  tantôt  en  est  dépourvue,  et  se  divise  morphologi- 
quement et  épharmoniquement  en  plusieurs  variétés  et  formes  (en  partie 
prises  pour  des  espèces  distinctes),  qui,  en  un  mot,  revêt  toutes  les  parti- 
cularités d'un  groupe  nodal  au  milieu  d'un  genre  lui-même  assez  mal  dif- 
férencié en  espèces.   » 


BOTANIQUE .  —  Sur  quelques  éléments  de  soutien  de  la  feuille  des  Dieotylcdones. 
Note  de  M.  E.  Pée-Laby,  présentée  par  M.  Duchartre. 

«  Au  cours  de  mes  recherches  sur  la  structure  comparée  des  feuilles  et 
des  cotylédons,  j'ai  eu  l'occasion  d'étudier  certains  organes  de  soutien 
d'une  forme  toute  particulière.  Je  me  propose  de  faire  connaître  les  rap- 
ports de  ces  éléments  avec  les  autres  tissus;  j'indiquerai  aussi  leur  déve- 
loppement et  quelques-unes  des  formes  variées  qu'ils  peuvent  revêtir. 
Jusqu'ici  les  botanistes  n'ont  fait  que  les  signaler  en  passant.  Cependant, 
dans  ces  derniers  temps,  MM.  Vesque  (  '  )  et  Reinsch  (2)  font  connaître 
avec  assez  de  détails  un  certain  nombre  de  plantes  qui  possèdent  dans 
leurs  feuilles  des  éléments  de  soutien  de  formes  et  de  dimensions  variées. 
Plus  récemment  encore,  M.  Van  Tieghem  (3)  décrit  les  différents  types 
de  sclérites  que  l'on  rencontre  dans  les  feuilles  d'une  famille  exotique,  les 
Mémécylées. 

(')  J.  Vesque,  Caractères  des  familles  gamopétales  d'après  l'anatomie  de  la 
feuille  (Ann.  Sciences  natur.,  70  série,  1 885,  t.  I). 

{-)  A.  Rbinsch,  Ueber  die  anatomischen  Verhàltnisse  der  Hainamclidaceœ  (Botan. 
Jahrbucher  fur  Systemat.,  etc.,  t.  \1). 

(3)  Vax  Tieghem,  Structure  et  affinités  des  Mémécylées  [Ann.  Sciences  natur., 
7e  série,  t.  XIII,  n°  1;  1891). 


(   t277  ) 

»  Mes  études,  qui  ont  porté  sur  des  feuilles  différentes  de  celles  qui  ont 
été  examinées  par  les  auteurs  précédents,  m'ont  permis  de  faire  de  ces 
organes  particuliers  deux  catégories.  La  première  comprend  les  éléments 
de  soutien  issus  du  péricycle  du  faisceau  foliaire,  la  seconde,  les  éléments 
isolés  et  situés  dans  tout  le  mésophylle.  A  ces  deux  origines  correspondent 
des  formes  différentes. 

»  I.  Éléments  de  soutien  péricycliqties.  —  Sur  la  coupe  transversale  de  la 
feuille  du  Burchellia  capensis  on  voit  se  détacher  du  péricycle  ligneux  un 
certain  nombre  de  fibres  qui,  se  recourbant  presque  à  angle  droit,  s'en- 
gagent dans  le  tissu  palissadique  et  se  terminent  sous  l'épiderme  supérieur 
en  tête  plus  ou  moins  aplatie. 

»  Ailleurs,  chez  l'Ha&ea  saligna,  le  rapport  de  ces  fibres  avec  le  péricycle 
est  encore  plus  évident.  La  feuille  ici  possède  des  cellules  en  palissades  à 
chaque  face;  les  nervures  situées  dans  le  tissu  lacuneux  sont  entourées 
d'une  gaine  complète  de  fibres  péricycliques.  Ces  dernières  se  détachent 
des  deux  pôles  du  faisceau  et  se  rendent  soit  à  la  face  supérieure,  soit  à  la 
face  inférieure  de  la  feuille.  Arrivées  sous  l'épiderme,  ces  fibres,  au  lieu  de 
former  simplement  une  tête  comme  dans  le  Burchellia,  envoient  des  ra- 
mifications parallèles  à  la  surface  dans  toutes  les  directions.  Les  branches 
d'une  fibre,  se  rattachant  aux  branches  de  la  fibre  voisine,  forment  au 
mésophylle  une  sorte  de  tissu  de  protection.  Les  fibres,  en  forme  de  pi- 
liers, qui  sont  dans  le  tissu  palissadique  en  soutiennent  les  éléments.  Enfin, 
pour  empêcher  l'écrasement  du  tissu  lacuneux,  ces  fibres  émettent  à  leur 
base  des  spicules  longs  et  effilés  qui,  s'entre-croisant  avec  ceux  des  fibres 
opposées,  maintiennent  intacte  la  forme  des  cellules. 

»  IL  Éléments  de  soutien  isolés.  —  Ceux-ci  paraissent  être  les  plus  nom- 
breux. Ils  sont  destinés  à  servir  de  soutien  au  tissu  palissadique  ou  au  tissu 
lacuneux  plus  spécialement,  ou  aux  deux  à  la  fois.  Ordinairement  courts, 
ils  acquièrent  quelquefois  de  très  grandes  dimensions,  comme  chez  Y Olea 
europœa,  et,  tout  en  restant  cylindriques,  peuvent  présenter  des  nodosités 
ou  un  commencement  de  bifurcation.  On  peut  en  rencontrer  deux  formes 
bien  nettes. 

»  a.  Cellules  simples.  —  I .a  feuille  de  YOsmanthus  aquifolius  possède  des 
cellules  ligneuses  en  forme  de  clou;  la  tête  est  appuyée  contre  l'épiderme 
supérieur  et  la  pointe  effilée  s'enfonce  dans  les  méats  des  premières  cel- 
lules du  tissu  spongieux.  Elles  ont  une  longueur  peu  variable  et  sont  im- 
plantées perpendiculairement  à  la  surface  de  la  feuille. 

G.  R.,  1891,   ["  Semestre.  (T.  CXII,  N-  22.)  l66 


(  i»78  ) 

»  Les  éléments  de  soutien  de  la  feuille  de  YOlea  europœa  sont  situés  dans 
le  tissu  lacuneux  particulièrement,  mais  on  en  voit  aussi  ramper  sous  l'é- 
piderme  supérieur.  Ce  sont  de  longues  cellules  cylindriques  dont  la  direc- 
tion générale  est  parallèle  à  la  plus  grande  dimension  de  la  feuille.  Après 
avoir  servi  de  soutien  au  mésophylle,  elles  s'écartent  insensiblement  vers 
les  bords,  où  elles  vont  former  de  gros  faisceaux  très  résistants.  Leur  lon- 
gueur est  considérable;  en  les  isolant  par  la  macération  de  Schultze,  ou 
bien  en  éclaircissant  la  feuille  par  l'hydrate  dechloral,  on  voit  qu'elles 
peuvent  atteindre  la  longueur  de  la  feuille  elle-même. 

»  Chez  les  Phyllirœa,  les  feuilles  ont  des  cellules  de  soutien  traversant 
à  la  fois  le  tissu  palissadique  et  le  tissu  spongieux. 

«  b.  Cellules  rameuses.  —  Elles  se  composent  toujours  de  deux  parties  :  le 
corps  cellulaire  et  les  spicules.  Le  corps  de  la  cellule  est  généralement 
placé  dans  le  tissu  lacuneux;  il  envoie  des  branches  de  soutien  dans  le 
tissu  palissadique  et  dans  le  tissu  lacuneux  lui-même.  Quelquefois  le  corps 
cellulaire  est  très  petit  relativement  aux  spicules,  et  alors  la  ressemblance 
avec  des  poils  composés  est  complète  (Limnant/iemum  nymphoides) ,  ou 
bien  c'est  l'inverse  qui  a  lieu  {Limoriiastrum.  monopetalum) . 

»  Les  spicules  sont  rarement  simples  (Ternstrœmia  japonica,  Limnan- 
themum,  etc.);  le  plus  souvent,  ils  sont  ramifiés  par  dichotomie.  Le  Bégo- 
nia sanguinea  possède  une  feuille  dont  les  cellules  scléreuses  ont  des  bras 
tous  à  plusieurs  branches.  De  plus,  dans  cette  espèce,  on  remarque  dans  le 
corps  cellulaire  de  gros  cristaux  octaédriques  d'oxalate  de  chaux. 

»  En  étudiant  le  développement  de  ces  divers  organes,  on  constate  que 
la  feuille  jeune  en  est  dépourvue.  On  ne  les  voit  apparaître  qu'au  moment 
où  le  limbe  possède  sa  forme  définitive,  sans  avoir  pour  cela  sa  vraie  gran- 
deur (Osmanlhus,  Olea,  Ternstrœmia,  etc.).  Chez  YEakea  saligna,  en  particu- 
lier, on  sait  que,  lorsqu'elle  est  jeune,  la  feuille  est  couverte  de  poils  sur 
ses  deux  faces,  et  qu'a  l'état  adulte  elle  est  complètement  glabre.  Au  fur 
et  à  mesure  qu'elle  se  développe,  elle  perd  ses  poils  de  la  base  au  sommet. 
Or,  si  l'on  examine  le  mésophylle  dans  la  partie  glabre,  on  y  trouve  des 
éléments  de  soutien  sclérifiés,  tandis  qu'on  n'en  voit  pas  trace  dans  la  por- 
tion recouverte  de  poils.  A  la  limite  de  ces  deux  régions,  on  aperçoit  des 
éléments  en  voie  de  formation  s'avancer  entre  les  cellules  palissadiques,  et 
d'autres  complètement  formés,  mais  pas  encore  lignifiés.  Dans  ce  cas,  les 
poils  qui  servaient  de  protection  à  la  feuille  dans  son  jeune  âge  sont  rem- 
placés, plus  tard,  par  d'autres  organes  du  même  genre  placés  à  l'intérieur 


(  ,279  ) 
et  plus  résistants.  En  outre,  le  développement  de  ces  organes  internes  est 
le  même  que  celui  des  poils  proprement  dits  :  les  uns  et  les  autres  se  for- 
ment et  grandissent  en  se  (rayant  un  passage  au  travers  des  cellules. 

»  Dans  la  feuille  du  Bégonia  sanguinea,  ces  éléments  apparaissent 
lorsque  le  limbe,  [disse  dans  le  bourgeon,  commence  à  s'étaler,  c'est- 
à-dire  au  moment  où  le  besoin  de  soutien  se  fait  sentir,  dette  apparition 
coïncide  ordinairement  avec  la  différenciation  complète  de  tous  les  autres 
appareils  de  la  feuille.  » 


PETROGRAPHIE.  —  Diffusion  des  trois  formes  distinctes  de  l'oxyde  de  titane 
dans  le  crétacé  du  nord  de  la  France.  Note  de  M.  L.  Gâteux,  présentée  par 
M.  Fouqué. 

«  Parmi  les  nombreuses  substances  minérales  dont  j'ai  reconnu  l'exis- 
tence dans  la  craie  du  Nord,  je  dois  mentionner  l'oxyde  de  titane  TiO2.  Il 
se  présente  sous  trois  formes  cristallines  distinctes,  qui  sont,  par  ordre 
d'importance,  le  rutile,  Yanalasc  et  la  brookite. 

»  i°  Rallie.  —  On  le  trouve  en  grains  plus  ou  moins  arrondis,  et  en 
cristaux  quadratiques  très  nets,  atteignant  au  plus  omm,i2  de  plus  grande 
longueur. 

»  Les  cristaux  sont  jaune  d'or;  ils  résultent  de  la  combinaison  de 
m(i  10),  /i'(ioo),  //(ii  2);  la  zone  verticale  est  très  développée.  Les  mà- 
cles  polysynthétiques,  suivant  bl  (112),  sont  fréquemment  visibles;  deux 
individus  sont  parfois  réunis,  suivant  i\n  plan  d'assemblage  parallèle  à 
£'(112),  et  montrent  la  màcle  en  genou,  si  caractéristique  du  rutile. 

»  Les  grains  appartiennent  le  plus  souvent  à  une  variété  brun  rou- 
geàtre;  ils  sont  striés  parallèlement  à  l'intersection  des  faces  verticales, 
dont  il  reste  quelques  traces;  ces  stries  manquent  presque  toujours  dans  les 
cristaux. 

»  Les  diverses  propriétés  du  rutile,  relief,  biréfringence,  etc.,  séparent 
immédiatement  cette  espèce  de  toutes  celles  qui  l'accompagnent. 

»  Le  rutile  est  subordonné  au  zircon  comme  importance  et  l'emporte 
quelquefois  sur  la  tourmaline;  il  est  représenté  à  tous  les  niveaux  de  la 
craie  du  Nord. 

»  20  Anatase.  —  Elle  forme  des  cristaux  quadratiques  très  petits,  tabu- 
laires, à  forme  générale  carrée  ou  rectangulaire,  mesurant  à  peine  omm,o8 


(     I2«0    ) 

de  plus  grande  longueur  et  résultant   de  la  réunion  des  faces  p(ooi), 
h'(  i  oo);  les  faces  b'(i  i  2)  sont  rudimentaires. 

»  L'anatase  est  soit  incolore  et  transparent,  soit  jaune  d'or  pâle  et  trans- 
lucide, soit  enfin  noirâtre  et  opaque;  l'éclat  est  adamantin.  L'axe  optique 
est  perpendiculaire  à  la  zone  d'aplatissement  et  coïncide  avec  np  :  la 
double  réfraction,  qui  est  assez  énergique,  est  donc  à  un  axe  négatif. 

»  Sous  l'influence  des  courants,  les  cristaux  ont  souvent  été  réduits  en 
lamelles  de  clivage,  parallèles  à  /j(ooi).  L'anatase  est  abondante  dans  l'as- 
sise à  Terebratulina  gracilis ;  plus  abondante  encore  dans  la  craie  à  Micraster 
breviporus  et  à  M.  cor.  testudinarium;  elle  est  inconnue  dans  l'assise  à  M.  cor 
linum. 

3°  Brookite.  —  On  la  trouve  sous  forme  de  tables  orthorhombiques 
atteignant  jusqu'à  on"u,ii  de  longueur;  elles  sont  formées  par  m(\  10), 
h*  (\oo),  e3(i2  1),  ou  par  m(i  10),  h'  (1  00),  p(ooi),  e3(i  2  1),  e^(o2i). 
La  brookite  est  jaune  brunâtre  pâle,  très  limpide  et  translucide,  à  éclat 
faiblement  métallique.  Les  traces  de  clivage  facile  g'  (o  1  o)  sont  fort  accu- 
sées et  serrées  ou  espacées  dans  le  même  individu. 

»  La  bissectrice  positive  ng  est  perpendiculaire  à  la  face  d'aplatissement 
p(oo  1).  Le  plan  des  axes  rouges  est  perpendiculaire  à  celui  des  axes  bleus. 
Le  relief,  qui  est  considérable,  est  voisin  de  celui  de  l'anatase. 

»  La  brookite  est  beaucoup  plus  rare  que  l'anatase,  mais  elle  est  ré- 
pandue dans  les  mêmes  assises. 

»  Tous  ces  minéraux  portent,  plus  ou  moins,  l'empreinte  d'actions  mé- 
caniques qui  les  ont  cassés  ou  arrondis;  ils  sont  évidemment  élastiques.   » 


ÉCONOMIE   RURALE.    —    Les  lichens  du   mûrier   et   leur  influence 
sur  la  sériciculture.  Note  de  M.  G.  Hallauer. 

«  Malgré  les  procédés  de  sélection  indiqués  par  M.  Pasteur  et  appli- 
qués, depuis  plus  de  quinze  ans,  pour  obtenir  des  graines  de  vers  à  soie 
exemptes  des  corpuscules  de  la  pébrine,  cette  maladie  existe  toujours;  ne 
proviendrait-elle  pas  d'une  cause  inhérente  à  la  feuille  des  mûriers? 

»  Après  avoir  reconnu  que  ces  corpuscules  n'étaient  autres  que  les 
grains  de  semence,  les  anthérozoïdes  des  lichens  qui  se  développent  sur 
l'arbre,  nous  avons  procédé  aux  expériences  suivantes  : 

»   Deux  grammes  de  graines  sélectionnées,  obtenues  en  cellules,  dont 


(     I28l     ) 

les  mâles  et  les  femelles  avaient  été  soumis  à  un  examen  microscopique 
très  minutieux,  ont  été  mises  à  l'incubation  et  les  vers  en  provenant  ont 
été  nourris  de  feuilles  de  mûrier,  arrosées  avec  des  infusions  dans  l'eau, 
laites  à  froid  et  obtenues  après  cinq  jours  de  macération,  au  moyen  des 
lichens  recueillis  sur  le  tronc  des  mûriers. 

»  Au  premier  âge,  nous  avons  constaté  une  certaine  mortalité  relative- 
ment faible  et  nous  avons  évalué  à  3ooo  environ  le  nombre  des  corpus- 
cules de  la  pébrine  dans  les  cadavres  de  chaque  ver. 

»  Le  même  traitement  a  été  continué,  et,  au  deuxième  âge,  la  morta- 
lité a  été  plus  sensible.  Le  comptage  microscopique  a  indiqué  298000  cor- 
puscules dans  un  cadavre. 

»  Au  troisième  âge,  mortalité  plus  considérable  encore  et  comptage  de 
268  millions  de  corpuscules. 

»   Au  quatrième  âge,  n<)4  millions  de  corpuscules. 

»  Au  cinquième  âge,  plus  grande  mortalité  encore  et  plus  de  4  milliards 
de  corpuscules  dans  un  ver,  prêt  à  filer,  qui  est  mort  de  la  pébrine. 

»  Les  survivants  filent  leurs  cocons,  dont  \  de  chiques  (  '  )  cl  '  de  qualité 
ordinaire  d'un  poids  de  <>k",('jo.  Les  papillons  qui  en  naissent  sont  tous 
corpusculeux,  sans  aucune  exception. 

»  L'année  suivante,  nous  avons  dirigé  nos  études  sur  les  feuilles  du 
mûrier. 

»  Dix  feuilles  cueillies  le  20  avril  ont  été  soumises  à  une  macération  de 
dix  jours  dans25gr  d'eau  à  la  température  ordinaire.  De  très  fines  boursou- 
flures ont  apparu  sur  le  parenchyme,  et  elles  ont  fait  voir  au  microscope 
une  quantité  prodigieuse  de  corpuscules. 

»  En  outre,  elles  avaient  l'aspect  d'écaillés  épithéliales  de  formes  variées, 
irrégulières,  se  détachant  facilement  du  parenchyme  et  présentant  l'aspect 
de  thèques  légèrement  concaves,  composées  de  cellules  allongées,  enche- 
vêtrées ou  reliées  entre  elles  par  une  membrane  centrale  supportant  de 
nombreux  corpuscules. 

»  Ces  theques  peuvent  avoir  2  ou  3  centièmes  de  millimètre,  et  l'on  y 
compte  6,  8,  12  corpuscules  arrivés  à  maturité,  plus  20  ou  3o  plus  petits, 
en  voie  d'accroissement,  et  enfin  une  infinité  de  granulations  mucilagi- 
neuses  ressemblant  à  des  ircrmcs  ovariens  en  voie  de  formation. 

»  Les  thèques  sont  supportées  par  un  appareil  radiculaire,  filamenteux, 

(')  Cocons  flasques,  informes,  avec  chrysalide  malade  ou  morte  (Littré). 


(     !2cSo    ) 

tout  spécial,  mycélium  composé  de  cellules  allongées,  juxtaposées  bout  à 
bout,  remplies  d'un  liquide  incolore  et  sans  granulations  intérieures. 

»  Leur  longueur  varie  de  6  à  8  centièmes  de  millimètre  et  leurs  rami- 
fications  présentent  des  cellules  terminales,  ovalaires,  presque  sphériques, 
à  diamètre  variant  de  f  à  -  de  centième  de  millimètre,  et  dans  l'intérieur 
desquelles  on  distingue  des  granulations  mucilagineuses,  comparables  par 
leur  faciès  et  leur  modus  à  celles  trouvées  sur  les  thèques  du  parasite. 

»  Ces  petites  cellules  sphériques  et  actives  du  mycélium  s'amoncellent 
en  certains  points,  se  soudent  en  un  réseau  serré,  emetlenl  de  nouvelles 
cellules  et  donnent  naissance  aux  thallus  du  lichen,  tandis  que,  peu  à  peu, 
le  mycélium  qui  les  porte  se  résorbe,  devient  flasque  et  meurt  desséché. 

»  La  propagation  de  ces  thèques  corpusculifères  sur  les  feuilles  du  mû- 
rier provient  de  l'ensemencement  et  de  la  germination  des  anthérozoïdes 
du  lichen  qu'on  trouve  sur  le  tronc  des  arbres. 

»  Leur  analogie  constatée  au  microscope  et  par  l'expérience  faite  sur 
une  éducation  de  vers  à  soie  ne  laisse  plus  de  doute  à  ce  sujet. 

»  Des  comptages  effectués  au  moyen  de  liqueurs  titrées  provenant  de 
la  macération  de  feuilles  cueillies  à  diverses  époques  du  printemps  donnent 
les  résultats  suivants  : 

»  i°  Feuilles  de  3  jours.  —  9  milliards  de  granulations  embryonnaires  et 
pas  de  corpuscules  adultes,  sur  iogr  de  feuilles.  A  cet  âge,  les  vers  à  soie 
provenant  d'une  once  de  graine  en  ont  consommé  i4'"s- 

»  20  Feuilles  de  G  Jours.  —  100  millions  de  corpuscules  adultes  et  3o 
milliards  environ  de  granulations  embryonnaires  sur  iogr  de  feuilles.  A 
cet  âge  les  vers  à  soie  en  ont  consommé  i3qkB. 

«  3°  Feudles  de  10  Jours.  —  G  milliards  de  corpuscules  adultes  et  une 
quantité  infinie  et  indéterminable  de  granulations  embryonnaires  sur  iogr 
de  feuilles.  A  cet  âge  les  vers  à  soie  en  ont  consommé  52ykf!. 

»  Il  résulte  de  là  que  les  vers  à  soie  provenant  d'une  once  de  graines 
(25gr)  ont  absorbé  avec  leur  nourriture  plus  d'un  quatrillion  de  corpuscules 
adultes. 

»  Les  lichens  qui  croissent  sur  les  feuilles  et  dont  on  reconnaît  facile- 
ment la  présence  sous  forme  de  taches  de  rouille  visibles  dès  le  mois  d'août, 
n'ont  aucune  influence  sur  les  mûriers,  puisque  chaque  année  ces  feuilles 
tombent  à  l'automne.  Au  contraire,  les  lichens  qui  se  développent  sur  les 
branches  et  sur  le  rhytidome  du  tronc  ont  une  influence  énorme  sur  la 
feuille  qui  apparaît  au  printemps.  Pour  en  débarrasser  les  arbres  l'appli- 


(  1283  ) 

cation  d'enduits  au  lait  de  chaux  ou  de  coaltar  ne  paraît  pas  appelée  à 
produire  de  bien  sérieux  résultats. 

»  Il  serait  beaucoup  plus  avantageux  de  soumettre  les  mûriers  au  régime 
du  taillis  simple  exploité  rez  terre,  à  une  révolution  de  2  à  3  ans  au  plus. 

»  Cette  méthode  assurerait  l'épanouissement  des  feuilles  sur  des  rejets 
vigoureux,  à  feuillage  abondant  ne  produisant  pas  de  fruits  et  à  écorce 
lisse,  sur  laquelle  aucun  lichen  n'aurait  le  temps  de  s'implanter.  » 


ÉCONOMIE  RURALE.  —  Sur  l' emploi  du  sulfure  de  carbone  contre  les  parasites 
aériens.  Note  de  M.  H.  Quantix. 

«  Le  sulfure  de  carbone  n'a  guère  été  employé  jusqu'ici  qu'à  combattre 
les  ennemis  souterrains  des  végétaux  cultivés  :  aussi  crovons-nous  devoir 
soumettre  à  l'Académie  un  procédé  permettant  de  l'employer  contre  les 
parasites  aériens. 

»  Le  sulfure  de  carbone,  préalablement  dissous  dans  son  propre  volume 
d'une  huile  végétale  de  la  plus  basse  qualité,  s'émulsionne  instantanément 
par  l'agitation  dans  une  eau  non  calcaire  (  '  )  légèrement  alcalinisée  par  du 
carbonate  de  soude..  On  obtient  ainsi  un  lait  qui  se  pulvérise  avec  la  plus 
grande  facilité  et  dont  les  propriétés  toxiques  sont  en  rapport  avec  la  dose 
de  sulfure  de  carbone  qu'il  renferme,  et  qui  peut  aller  à  Go6''  ou  8oR1'  par 
litre.  — ^  à  — 3—  de  carbonate  de  soude  suffisent  pour  produire  Pémulsion. 
Après  quelque  temps  de  repos,  celle-ci  dépose  une  partie  de  son  sulfure 
de  carbone  qu'une  nouvelle  agitation  remet  en  suspension;  il  vaut  mieux 
néanmoins  préparer  le  mélange  au  moment  d'en  faire  usage. 

»  L'huile  joue  un  double  rôle  :  elle  permet  l'émulsiou  du  sulfure  de  car- 
bone et  empêche  son  évaporation  trop  rapide. 

»  Ce  procédé  est  d'ailleurs  d'une  application  assez  générale;  il  est  appli- 
cable aux  substances  insecticides  solubles  dans  les  huiles  végétales,  les 
huiles  lourdes,  le  sulfure  de  carbone. 

»  C'est  ainsi  qu'avec  6ogrde  sulfure  de  carbone  préalablement  saturé  de 
soufre,  on  peut  obtenir  une  émulsion  renfermant  environ  2oBr  de  soufre 
au  maximum  de  division  et  d'activité  chimique;  on  peut  doubler  la  dose 
de  soufre  en  remplaçant  le  sulfure  de  carbone  comme  dissolvant  par  les 


(')  Si  l'on  ne  dispose  que  d'eau  calcaire,  on  se  débarrasse  préalablement  du  calcaire 
par  l'action  successive  de  la  chaux  et  du  carbonate  de  soude. 


(    I2»4   ) 

huiles  lourdes  de  houille  qui  distillent  au-dessus  de  2000,  et  préalablement 
saturées  de  soufre  à  la  température  de  1  io°  à  1200. 

»  L'emploi  du  sulfure  de  carbone  peut  être  combiné  avec  les  traite- 
ments anticryptogamiqu.es  :  ainsi,  dans  le  procédé  Masson  à  l'hydrocarbo- 
nate  de  cuivre,  il  suffit  de  forcer  légèrement  la  dose  de  carbonate  de  soude 
pour  obtenir  une  émulsion  de  sulfure  de  carbone  et  d'huile  dans  la  bouillie 
cuivrique.  Si  l'on  sature  préalablement  ce  sulfure  de  carbone  de  soufre, 
on  obtient  un  mélange  agissant  à  la  fois  contre  le  mildew,  l'oïdium  et  les 
insectes  parasites. 

»  Un  des  plus  habiles  viticulteurs  de  l'Orléanais,  M.  Pin-Heulin,  a  bien 
voulu  nous  prêter  son  concours  pour  essayer  contre  la  Cochylis  le  pou- 
voir insecticide  de  l'émulsion  de  sulfure  de  carbone  :  les  résultats  de  ces 
essais  ont  été  très  satisfaisants;  des  animaux  de  taille  relativement  consi- 
dérable, des  grenouilles  notamment,  ont  été  comme  foudroyés  par  une 
émulsion  à  5ogr  par  litre;  mais  il  est  probable  que  des  doses  beaucoup 
moins  fortes  suffiront  amplement.  C'est  aux  praticiens  qu'il  appartient  de 
fixer  la  limite  inférieure  d'efficacité  de  la  dose  de  sulfure  de  carbone  à  em- 
ployer. » 

A  4  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITE  SECRET. 

La  Section  de  Chimie,  par  l'organe  de  son  doyen  M.  Fremy,  présente  la 
liste  suivante  de  candidats  à  la  place  laissée  vacante  par  le  décès  de 
M.  Cahours  : 

En  première  ligne,  ex  aequo,  et  par  ordre  alpha-  \  M.  Grimaux. 
bétique /M.  Moissan. 

„     j       -,      ,-  ,       ,  ,       (  M.  Ditte. 

hn   deuxième  ligne,  ex  aequo  et  par  ordre  alpha-   \   . 

,    ,   .  °  ^  r  M.  JUNGFI.EISC'.». 

betique 

1  \   M.  Le  Bel. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts  M.  B. 


(  1285  ) 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  4  mai  i  891 . 

Comptes  rendus  des  séances  de  la  Commission  permanente  de  V  Association 

géodésique  internationale  réunie  à  Fribourg  du  i5  au  21  septembre  1890; 
rédigés  par  le  Secrétaire  perpétuel  A.  Hirsch,  suivis  des  Rapports  sur  les  tra- 
vaux géodésiques  accomplis  dans  les  différents  pays  pendant  la  dernière  année. 
Verlag  von  Georg  Reimer  in  Berlin,  1891;  in-4°.  (Deux  exemplaires.  ) 

Observations  pluviométriques  et  thermométriques  faites  dans  le  département 
de  la  Gironde  de  juin  1889  à  mai  1890.  Note  de  M.  G.  Rayet.  Bordeaux, 
G.  Gounouilhou,  1890;  br.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux. 
3e  série,  tome  V,  2e Cahier.  Paris,  Gauthier- Villars ;  Bordeaux,  Feret,  1890; 
1  vol.  in-8°. 

Arth.  Paris.  Comptabilité  automatique.  Michel  Salzard,  à  Greux-Dom- 
remy  (Vosges);  br.  in-8°. 

La  baie  du  Mont  Saint-Michel  et  ses  approches  ;  par  le  vicomte  de  Potiche. 
Paris,  J.  Lechevalier  et  A.  Picard,  1891  ;  gr.  in-8°. 

Mémoires  de  V Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg  ; 
8e  série,  tome  XXXVIH,  n"  3.  Inductions,  Inclinatorium  neuer  Construction 
und  Hestimmung  der  absoluten  Inclination  mit  demselben  in  Pawlowsk;  von 
H.  Wilu.  Saint-Pétersbourg, M.  Eggers  et  C°  et  J.  Glasonnof,  1891  ;  in-4u. 

Untersuchungen  ùberdas  System  der  Cometen  1 843,  I,  1880,  \und  1882,11. 
—  II.  Theil  :  Der  grosse  Septembercomet  1882,  II  (Fortsetzung)  ;  von  Dr 
HeinrichtKreutz.  Riel,  Druck  von  C.  Schaidt,  1891;  br.  in-4°. 

Veroffentlichung  des  Jcônigl.  preussischen  geodâtischen  Ihstitutes.  Das  Ber- 
liner  Basisnetz  1885-1887.  Berlin,  P.  Stankiewicz  Buchdruckerei,  1891; 
in-4°. 

U.  S.  Département  0/  Agriculture.  —  Fifth  Report  o/the  United  States  ento- 
mological  Commission,  being  a  revised  and  enlarged  édition  of  Bulletin  n°  7 
on  insects  injurions  to  forest  and  shade  trees;  by  Alpheus  S.  Packard.  Was- 
hington, Government  printing ;  office,  1890;  1  vol.  gr.  in-8°. 

Washington  observations,  1886.  —  Appcndix  I  :  Magnelic  observations  al 
the  United  States  naval  Observatory  1888  and  1889;  by  Ensign  J.-A.  Hooge- 
yverff.  Washington,  Government  printing  office,  1890;  in-4°. 

C    R.,   1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N«  22.)  167 


(   1286  ) 

Geological  Survey  of Pennsylvania,  Report  P.  l\,  1889.  —  .4  Dictionary  of 
the  fossils  of  Pennsylvania  and  neighboring  States  named  in  the  Reports  and 
Catalogues  of  the  Survey.  Vol.  II  and  vol.  III,  n-z.  {Compiled  by  J.-P. 
Lesley.)  Chamberlin,  1890;  1  vol.  in-8°. 

Transactions  of  the  twenty  second  meeting  of  the  Kansas  Academy  of 
Science,  1889,  with  the  Reports  of  the  secretary;  volume  XII,  Part  I.  Topeka, 
Clifford  and  Baker,  1890;  in-8°. 

Der  Zucker  als  Nahrungs-und  Heilmittel;  von  Heîsri  Hirschberg.  Jena, 
Hermann  Costenoble,  1889;  in-8°. 

Raum  und  Stojf  das  Négative  und  Positive  der  Natur  zur  Grandlage  einer 
Ursachen-Wissenschaft  dargestelt;  von  Fritz  Watzlawik.  Berlin,  1891,011. 
Claesen  et  Cie;  br.  in-8°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  ii  mai  1891. 

Comité  international  des  poids  et  mesures.  —  Procès-verbaux  des  séances 
de  1890.  Paris,  Gauthier-Villars  et  fils,   1891  ;  in-8°.  (Deux  exemplaires.) 

Leçons  de  Physique  générale  ;  par  James  Chapuis  et  Alphonse  Berget. 
Tome  1  (Instruments  de  mesure.  —  Chaleur.  —  Capillarité).  Tome  II  (Élec- 
tricité et  Magnétisme).  Paris,  Gauthier-Villars  et  fils,  1891  ;  2  vol.  gr.  in-8u. 
^Présenté  par  M.  Lippmann.) 

Association  française  pour  l' avancement  des  Sciences.  —  Compte  rendu  de 
la  19e  session.  Limoges,  1890.  Seconde  Partie  :  Notes  et  Mémoires.  Paris,  G. 
Masson,  1891;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Dehérain.) 

Études  sur  les  mammifères fossdes  de  Sansan;  par  M.  H.  Filiiol  (Ann.  Se. 
géol.,  XXI,  20.  --  Art.  n"  l);  in-8°.  (Présenté  par  M.  A.  Milne-Edwards.  ) 

Annales  de  l'École  nationale  d'Agriculture  de  Montpellier.  Tome  V,  5e  an- 
née, 1889.  Montpellier,  Camille  Coulet,  1890;  gr.  in-8°.  (Présenté  par 
M.  Dehérain.) 

Recherches  sur  la  culture  de  la  pomme  de  terre  industrielle  et  fourragère;  par 
M.  Aimé  Girard.  2e  édition,  revue  et  augmentée.  Paris,  Gauthier-Villars 
et  fils,  1891  ;  gr.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Schlœsing.) 

Recherches  expérimentales  sur  le  P/ulothion,  principe  immédiat  répandu 
dans  les  deux  règnes  vivants.  Son  rôle  physiologique  probable  dans  l'absorption 
de  l'oxygène  par  la  cellule  vivante  ;  par  J .  de  Rey  Pailhade.  Paris,  G.  Masson, 
Toulouse,  Me  Gimet-Pisseau,  1891;  br.  in-8°.  (Deux  exemplaires.) 

Reconstitution  des  vignobles  avec  les  cépages  américains  ;  enquêtes  faites  en 
1 890  et  1 89 1  parla  Section  de  viticulture  de  la  Société  des  Agriculteurs  de  France. 


(   1287   )       ^ 

-  Porte- greffes.  —  Producteurs  directs.  —  Affinités  des  vignes  françaises  sur 
porte-greffes  (étude  spéciale  pour  chaque  région);  par  le  vicomte  de  Saint- 
Pol.  Paris,  au  siège  de  la  Société,  i  891  ;  br.  gr.  in-8°. 

Traité  de  Médecine  légale  militaire  ;  parle  Dr  Em.  Duponchel.  Paris,  Oc- 
tave Doin,  1890;  1  vol.  in-18.  (Présenté  par  M.  le  baron  Larrey.  —  En- 
voyé au  concours  du  prix  Chaussier.  ) 

Traité  descriptif  des  maladies  de  la  peau,  symptomatologie  et  anatomie  patho- 
logique; par  MM.  Henri  Leloir  et  Emile  Vidal  (3me  livraison).  Paris,  G. 
Masson,  1891  :  br.  gr.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Charcot.) 

Dispensaire  Furtado-Heine.  —  Statistique  médicale;  1890.  Paris,  Chaix, 
1891  ;  br.  in-V-  (Présenté  par  M.  le  baron  Larrey.) 

Morfologia  del  corpo  umano;  studi  del  dott.  Achille  de  Giovanni. 
Milano,  Ulrico  Hœpli,  1890;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Charcot.) 

La  Flora  de  Costa  Rica;  por  el  D1  H.  Polakowski.  Traducido  del  aleman 
por  Manuel  Carazo  Peralta  y  anotado  por  H.  Pitter.  San  José  de  Costa 
Rica,  Tip.  nacional,  1891  ;  br.  in-8°. 

Materialien  zur  Minéralogie  Russlands;  von  Nikolai  V.  K.okscharov. 
Saint-Petersburg,   1891  ;  br.in-8". 

The  astronomical  Observatory  of  Harvard  Collège,  Edward  C.  Pickering, 
Director.  —  Variable  stars  of  long  period.  Cambridge,  John  Wilson  and 
son,  1891  ;  br.  in-4". 

OlVRAGES    REÇUS    DANS    LA    SÉANCE    DU    19    MAI     1 89 1 . 

Archives  néerlandaises  des  Sciences  exactes  et  naturelles;  publiées  par  la 
Société  hollandaise  des  Sciences  à  Harlem,  et  rédigées  par  J.  Bosscha. 
Tome  XXV,   i'°  livraison.  Harlem,  les  héritiers  Loosjes,  1891;  br.  in-8°. 

Annuaire  géologique  universel.  -  -  Revue  de  Géologie  et  de  Paléontologie, 
dirigée  par  le  D1'  L.  Carez  et  H.  Dolyille.  Année  1889;  tome  VE  Paris, 
Comptoir  géologique  de  Paris,  1890;  gr.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Gau- 
dry.) 

Rullelin  de  la  Société  géologique  de  France.  Troisième  série,  tome  dix- 
septième,  feuilles  54-58  (du  18  au  25  août  1889).  Réunion  extraordinaire 
à  Paris  et  Table  des  matières.  Paris,  1888  à  1889;  br.  in-8°. 

Géologie  et  Paléontologie  du  bassin  houiller  du  Gard;  par  M.  C.  Grand'Eury. 
Saint-Etienne,  Théolier  et  C'e,  1890;  1  vol  in-/(°  et  un  atlas.  (Présenté  par 
M.  Gaudry.) 

Description  de  la  faune  jurassique  du  Portugal.  —  Embranchement  des  Echi- 


(  1288  ) 

nodermes ;  par  P.  de  Loriol.  Deuxième  fascicule  et  dernier.  Lisbonne,  im- 
primerie de  l'Académie  royale  des  Sciences,  1890;  in-4°. 

Mission  scientifique  du  Cap  Horn,  188 2-1 883.  Tome  VI.  Zoologie.  —  Oi- 
seaux; parE.  Oustalet.  Paris,  Gauthier-Villars  et  fds,  1891;  in-40.  (Pré- 
senté par  M.  Milne-Edwards.) 

Traité  d'Anatomie  comparée  pratique  ;  par  Carl  Vogt  et  Emile  Yung. 
18e  livraison.  Paris,  C.  Reinwald;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  de  Quatre- 
fages.) 

Bulletin  de  la  Société  d'Anthropologie  de  Lyon.  Tome  neuvième,  1890. 
Lyon,  H.  Georg;  Paris,  G.  Masson,  1891  ;  br.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  philomathique  de  Verdun  (Meuse).  Tome  XII.  Ver- 
dun, Ch.  Laurent,  1891;  1  vol.  in-8°. 

Mémoires  et  Bulletins  de  la  Société  de  Médecine  et  de  Chirurgie  de  Bordeaux. 
ie'  et2e  fasc,  1890.  Paris,  G.  Masson;  Bordeaux,  Feret  et  fils,  1890;  1  vol. 
gr.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  d'Amiens.  Tome  vingt-neuvième,  n°  1. 
Janvier  1891.  Amiens,  T.  Jeunet,  1891  ;  br.  gr.  in-4°. 


ERRATA. 


{  Séance  du  1 3  avril  1891.) 

Note  de  M.  André  Markoff,  Sur  une  classe  de  nombres  complexes  : 

Page  781 ,  ligne  9,  au  lieu  de  p  —  3k-hi=  a[3y  .  .  . ,  lises  p  =  Zk  -+- 1  =  afly,  si  A 
est  un  résidu  cubique  de  p. 

Dans  ce  cas,  a,  p,  y  sont  les  facteurs  communs  de  p  et  de  xx —  y/A,  de  p  et  de 

xî — yA,  <ie  p  et  de  x3 — y/A,  xlt  xs,  xz  étant  des  nombres  entiers  ordinaires   non 
congruents  par  rapport  à  p  et  satisfaisant  au\  conditions  que 


x 


A A  w>  ■*  .    À 


P  P  P 

sont  les  nombres  entiers,  tandis  que 

x\ — A       x\  —  A       x\  —  A 

P'  P*  P' 

ne  sont  pas  entiers. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER -VILLARS    ET    FILS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulièrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  m-[°.  1 
Tables,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  an 
et  part  du  ier  janvier. 

Le  prix  île  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  li'.  —  Départements  :  30  fr.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Autres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


chez  Messieurs  : 
Agen Michel  et    Médan. 

I  Gavaull  St-Lager. 
Alger '  Jourilan. 

I  Kuir. 

[.miens Hecquet-Decobert. 

,  i  rermain  el  <  trassin. 

inge'S r  Larhèsecl  I) eau. 

ba\  "mie.. Jérôme. 

ÈS&ançon Jacquard. 

Vvrard. 

Wrdeaux.  . . Duthufl". 

'  Muller  (G.). 

Bourges Henaud. 

Lefooruîer- 
F.  Robert. 
.1.  Robert. 


Lorient. 


i  hez   Messieurs  : 
j  Baumal 
(  II"  Ti 

Beaud. 

i  reorg. 
Lyon <  Mégrel . 

Pi 1. 


Marseille, .  . 
Montpi  lli 


1 
1  \  itte  cl   l'.  i  ii  isel: 

Pessailban . 

i  Calas. 

I  Coulet. 


Brest. 


Moulin* Martial  Plai 

Sordoillct. 
Nancy 


Caeri 

Chambér) 
Cherbourg 


<  V  Uzel  Carod 

(  Baèr. 


Ctermont-Fen 

Dijon 

Douai 

Grenoble  .... 


(  Massif. 

l'errin. 

Iliiii  \ . 

Marguerie. 

Rousseau. 

Ribou-Collay 

Lamarche. 

Ratel. 

I  lamidot. 
\  Lanverjal 
'  Crcpîn. 
\  Drevel. 
I  l Initier. 
ta  Rochelle Robin. 

Le  Havre J  «ourdigno... 

'  I  lombre. 

.  Ropi! ea m . 
Mf* Lefebvre. 

'  Q narré. 


....      Grosjean-Maupin. 

Si, loi  frères. 

(  Loiseau. 

I  M1"  \  eloppé. 

,  Barma 

"  '  \  isconti  el   C   . 

Nîmes Thibaud. 

Orléans Luzeraj 

.  .  \  Blanchier. 

foitiers ,  , 

'  I  Iruinaud. 

Rennes Plihon  el   Hi 

Rochefort Bouche liossi  - 

i  Langlois.        I  gnol. 

Rouen , 

'  Lestnng 

S'-Êtienne Che^  alier. 

(  Bastide. 

/  Rumèbe. 


Nantes 


Nice. 


Toulon .  .  . 
Tout 


Tours. 


Valent 


^  Gimet. 
|  Privât.    " 

Boisselier. 

Pi  rii  al. 

'  Supplig 

,  Giard. 
'  Lemaitre. 


Amsterdam . 


Athènes. . . 
Barcelone.. 

llerl  m 


Bûcha 


chez  Messieurs  : 

,  Kobbi  i  -. 

'  Feikema    <  laarelsen 

Bei  k.  .-i  <:■  . 

Verdaguer. 
.  Vsher  el  t  !  '. 
1  i  alvarj  el  C 

Friedlander   et   fils. 
'  Mayer  et  Muller. 
/;,.,.,,,.  \  Schmid,  Franckc  el 

Bologne Zanichelli  el  I  ! 

,  Ramlot. 

1  Mayoh  i 

(  Lcbègue  el  <  '. 

\  II. uni, 

'  Kanistcanu. 

Budapest Kilian. 

Cambridge. 

Christiania <  laoi rineyer. 

Constantinople.  .     Ollo  el   Keil. 
(  ,</  enhagui  Hiisl  el   lils. 

Florence Lœsi  lier  et  S 

Garni HoSte. 

Gênes Bcuf. 

i  Iherbu  liez. 

i teorg. 

Stapel In. 

Belinfante  frères. 
I  Rcnda. 
'  Payot. 

Barth. 
\  Brockbaus. 
Leipzig Lurent/. 

Max  Rubi 

'lu  ici  nir\  er. 
j  Desoer. 
'  Gnusé. 


Londi  es 


Madrid . 


;hez  Messieurs 
Dulau. 
Null. 
V.  Bûck. 
Librairie      Gu 

berg. 
Gonzalès  e  hijo 
Yravedra 


i.r.i,  ve. . 

La  Haye. 
Lausanne. 


Liège. 


F.  Fé. 

Milan 

(  Dumolard   frèn 
!  Hœpli. 

Moscou 

Gautier. 

Furcheim. 

\  aples 

.     Marghieri  di  G 

'  Pellerano. 

Chrîsterù. 

Stechert. 

VVestermaah. 

Odessa 

Kull^vr.lll. 

Oxford 

Parker  et  C1  •■ 

l'ah  rme 

Clausen. 

Porto  ■ 

Magalhaès. 

RivoaC. 

Garnier. 

Rome 

(  Bocca  frères. 
'  Loescher i 

Rotterdam 

Krauiers  et  lils 

Sains l    \\  -,i 

,sr  Pélersbourg. 

(  Zi.nserling. 
"  /  Wolff. 

1  Bocca  frères. 

l  Brero. 
i  Clausen. 

[  Roscnberg  el  Se 

Gebethner  et  \\ 

Drucker. 

t  Frick. 

I  Gerold  et  C". 

Méyer  et  Zeller. 

TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

(  3  Août  i833  a  3i   Décembre  i83o.)  Volume  in-j";  t853.  Prix. 


Tomes  1er  à  31. 
Tomes  32  à  61. 
Tomes  62  à  91. 


15  fr. 


(  1"  Janvier  i85i  à  3i  Décembre  i865.)  Volume  in-.j';  1870.   Prix 15  IV. 

(  Ier  Janvier  i8(><j  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  in-  f  ;  [889.  Prix 15  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 


loinel:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  A.  Derbi.scI  A.-J.-J.  Solier.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturba  lions  que  prou  ven 
Comètespar  M. Hisses. —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les  phénomènes  digestifs,  particulièrement  daus  la  digestion  des  niati 
grasses,  jar  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4°,  avec  32   planches:  i856 1. 

Tome  H  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-.I.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  1SÔ0  par  l'Académie  des  Scie 
oour  le  concours  de  iS53,  et  puis  remise  pour  celui  de  [856,  savoir  :  «  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains  s 

mentairei,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultauée.  —  Rechercher  la  na 
»  des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  règne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bkonn.  In-:j%  avec  27  planches;  1861.  ..        1 


A  la  mêrre  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires   présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N°  22. 

TABLE  DES  ARTICLES.    (Séanôe  du  1  "  juin  1891.) 


MÉMOIRES    ET   COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


Pages. 
MM.  Bekthelot  et  André.  —  Recherches  ca- 
lorimétriques sur  l'acide  humique,  dérivé 

du  sucre i  '  '■' 

M.  A.  Crova.  —  Analyse  de  la  lumière  dif- 
fusée par  le  ciel i  ■  'i '  > 

M.  Mascart  présente  son  second  Volume  du 


«  Traité  d'Optique 

M.  Daurrée  fait  hommage  de  deux  Rapports 
annuels,  pour  1888  el  1889,  qu'il  a  faits 
comme  Président  du  Bureau  rentrai  météo- 
rologique de  France 


Pages. 
'  'Al 


MEMOIRES  PRESENTES 


M.  Louis  Ducos  du  H auhon  soumet  au  juge- 
ment de  l'Académie  un  travail  sur  la  pho- 
tographie des  couleurs 1  '\s 

M.  E.  Granges  adresse  une  Note  ayant  pour 
litre  :  -  Récipients  permettant  de  déverser 
au  dehors  les  gaz  plus  lourds  que  l'air  qui 
s'y  dégagent  ou  s'}  accumulent  » 124S 

M.  Serrin   soumet   au  jugement  de  l'Aca- 


démie, par  l'entremise  de  AI.  Janssen,  un 
nouveau  systèmede  balance  de  précision.    1248 

MM.  ViLi.ocn  et  MoLiXA  adressent  un  Mé- 
moire sur  la   reproduction  des  Anguilles.    1248 

M.  JOSEPH  GeRAUD  adresse  une  .Note  sur 
«  Un. système  d'aérostat  dirigeable  » ia4g 

M.  Lbmbert-Roguin  adresse  une  Note  sur  la 
direction  des  aérostats i'i<i 


CORRESPONDANCE. 


M.  A.  Pf.llet.  —  Sur  les  équations  abé- 
liennes 

M.  André  Duboin.  —  Sur  un  nouveau 
moyen  d'apprécier  le  mouvement  vertical 
des  aérostats 

M.  F.  de  Lalande.  —  Nouveaux  modèles  de 
pile  à  oxyde  de  cuivre 

M.  Philippe-A.  Guye.  —  Détermination  du 
poids  moléculaire  au  point  critique 

i\IM.  A.  ,Ioi,y  et  E.  Leidie.  —  Recherche  el 
séparation  des  métaux  de  platine  et  en 
particulier  du  palladium  et  du  rhodium 
en  présence  des  métaux  communs 

M.  W.  Timofeiew.  —  Sur  les  chaleurs  spé- 
cifiques de  quelques  solutions 

M.  C.  MATIGNON.  —  Sur  les  produits  d'oxy- 
dation de  l'acide  urique 

M.  A.-.I.  Ferreiha   da   Sii.va.  —  Sur   l'em- 


1  149 

I2DI 

1253 
1 2Ô- 

,  !5g 
1261 
1 263 


ploi  du  sélénite  d'ammoniaque  pour  ca- 
ractériser les  alcaloïdes 

M.  II.  Fischer.  —  Sur  le  développement  du 
foie  chez  les  Nudibranches 

M.  Alfred  Giard.  —  Ulsaria,  parasite  de 
la  larve  du  hanneton 

M.  .1.  Vesqie.  —  Les  genres  de  la  tribu  des 
Clusiëes  et  en  particulier  le  genre  7'm-o- 
mita 

-M.  E.  Pee-Lahy.  —  Sur  quelques  éléments 
de  soutien  de  la  feuille  des  Dicotylédones. 

.M.  L.  Cayeex.  —  Diffusion  des  trois  formés 
distinctes  de  l'oxyde  de  titane  dans  le 
1  rétacé  du  nord  de  la  France 

M.  G.  Hai.laeek.  —  Les  lichens  du  mûrier 
et   leur  influence  sur  la  sériciculture 

M.  11.  Quantin.  —  Sur  l'emploi  du  sulfure 
de  Carbone  contre  les  parasites  aériens... 


1260 

.otiS 

,  ;.:„ 

1273 

127I1 

'-T'i 
;..Sn 

t  .s;; 


COMITE  SECRET. 


La  Section  de  Chimie  présente  la  liste  sui- 
vante de  candidats  à  la  place  laissée  va- 
cante    par     le    décès    de    M.     Cahours    : 

Bulletin  bibliographique 

Err  ita 


1    mm.  Grimaux,  Moissan; 
Jungfleiscli,  Le  lui 


MM.   lliltr. 


1 28  i 


?.88 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLXRS   ET  FILS. 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


jpw. 


1891 

PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES  • 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAR   MM.   B,ES  SECRETAIRES   PEHPKTIELS. 


TOME  CXTI. 


N°23  (8  Juin  1891) 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS    UT  FILS,   IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES   COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

(Juai  des  Grands-Augustins,  55. 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  q.3  juin  1862  et  2^  mai  1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
['Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentes  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
4N  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  v  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante. 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages'par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 
ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  L< 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrai 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  fon 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  olfi 
j  cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis; 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  l 
jeudi  cà  1  o  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remis  à  temps 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  leCompte  rené 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui 
\  vant,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  e 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fai 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprè 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pre 
sent  Règlement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie   qui  désirent  faire  présenter 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précède  la  séanci 


leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  lf 
,  avant  5h.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivant 


COMPTES  RENDUS 

DES    SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  8  JUIN   1891 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  les  courants  de  déversement  qui  donnent  naissance 
aiix  cyclones  ;  par  M.  H.  Faye. 

«  Dans  ces  derniers  lemps,  un  météorologiste  éminent,  M.  le  D1'  Hann, 
a  soutenu  que  les  cycloies  et  les  anticyclones  ne  sont  pas  dus  à  certaines 
conditions  locales  de  température  et  de  pression,  mais  qu'on  devait  en 
chercher  l'origine  dans  les  mouvements  généraux  de  l'atmosphère  dus  à 
l'opposition  du  froid  des  pôles  et  de  la  chaleur  équatoriale. 

»  M.  Ferrel,  un  non  mains  éminent  météorologiste  américain,  a  répondu 
dans  le  journal  anglais  Ncture,  du  19  mars,  par  un  article  très  élaboré  où  il  a 
critiqué  à  son  tour  les  vuîs  du  Dr  Hann.  Comme  j'ignore  quelles  sont  au 
juste  les  opinions  du  savint  autrichien,  je  n'interviendrai  dans  ce  débat 
que  sur  un  seul  point.  Moi  aussi,  je  crois  que  les  cyclones,  mais  non  les 
anticyclones,  sont  un  phénomène  dynamique  où  les  circonstances  locales 

C.  R.,  îSyi,   1"  Semestre  (T.  CXI1,  N°  23.)  '68 


(  I29°  ) 
de  température  n'ont  rien  à  voir,  et  j'ai  quelqne  intérêt  à  montrer  que,  mal- 
gré les  assertions  contraires  de  M.  Ferrel,  ils  dépendent  des  mouvements 
généraux  de  l'atmosphère.  C'est  à  ce  titre  seulement  que  je  me  permets 
de  soutenir  une  opinion  très  ancienne  déjà,  car  je  l'ai  publiée  il  y  a  dix- 
sept  ans  dans  Y  Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes  pour  1875. 

«  J'ai  d'abord  été  assez  frappé  d'une  sorte  de  confusion  qui  règne  dans 
les  idées  des  météorologistes.  Ils  ne  s'entendent  pas  sur  les  mots  les  plus 
importants.  L'anticyclone  étudié  par  M.  Hann  n'est,  pour  M.  Ferrel, 
qu'une  aire  de  haute  pression,  mais  non  un  anticyclone.  Le  cyclone  de 
M.  Hann  ne  serait  qu'une  vaste  aire  de  basse  pression,  mais  non  une  tem- 
pête, c'est-à-dire  un  cyclone.  Enfin  les  mouvements  généraux  de  l'atmo- 
sphère, auxquels  M.  Hann  rattache  désormais  ces  de[ix  ordres  de  phéno- 
mènes, seraient  aussi  peu  capables,  d'après  M.  FerreJ,  de  les  engendrer, 
que  l'attraction  du  Soleil  qui  détermine  la  figure  elliptique  de  l'orbite  d'une 
planète  le  serait  d'v  produire  des  perturbations. 

»  Car,  dit  à  peu  près  M.  Ferrel,  le  mouvement  des  couches  élevées  de  l'atmosphère 
est  dirigé  à  l'est,  et  c'est  à  peine  si  les  cirrus  de  ces  régionj  (quand  ils  ne  sont  pas 
troublés  par  quelque  chose  d'insolite)  manifestent  une  imperceptible  tendance  vers  le 
pôle.  Leur  vitesse  horizontale  se  réduit  à  deux,  ou  trois  miles  par  heure,  et  celle  de 
leur  chute  à  quelques  pouces  par  minute.  Comment  ces  faibles  mouvements  engendre- 
raient-ils les  cyclones  qui  passent  des  grands  lacs  à  l'Atlantique  et  souvent  jusque  sur 
l'Europe?  Bien  plus,  si  l'on  considère  les  basses  latitudes,  pn  y  voit  les  cyclones  dé- 
buter à  quelques  degrés  de  l'équateur,  là  où  il  n'y  a  mêmJ  pas  de  gradients  vers  le 
pôle.  Ces  cyclones  marchent  à  l'ouest;  ils  arrivent  aux  îles  sous  le  Vent,  puis  à  Cuba, 
détruisant  tout  sur  leur  passage,  atteignent  la  Floride,  longent  les  côtes  orientales  des 
Etats-Unis  et  finissent  par  couvrir  de  leurs  girations  redoutables  une  bonne  partie  de 
l'Atlantique  nord.  Tout  cela  serait-il  dû  aux  légers  mourements  qui  constituent  la 
circulation  générale  de  l'atmosphère  sans  qu'on  puisse  7  soupçonner  la  source  de 
l'énergie  effrayante  qui  se  développe  sur  ce  long  parcours  j1  )  ? 

»  Mais  on  ne  peut  croire  que  M.  Hann,  en  attribuant  d'une  manière 
générale  ces  cyclones,  c'est-à-dire  les  tempêtes,  alla  circulation  ordinaire 
de  l'atmosphère  et  à  la  différence  des  températures  entre  l'équateur  et  les 
pôles,  ait  voulu  dire  que  la  circulation  ordinaire  aiffit;  car  alors  il  s'en  for- 
merait partout  et  continuellement.  Il  y  faut  quelaue  chose  de  plus,  qui  ne 
se  produise  ni  partout,  ni  à  chaque  instant.  Or  c'est  un  fait  constant, 
observé  surtout  sous  les  basses  latitudes,  que  tout  cyclone  est  précédé  par 
l'apparition  de  nombreux  cirrus  plusieurs  jours  à  l'avance.  Tant  que  les 


(')   Ferrel,  dans  Nature  du  19  mars  1891,  p.  47°- 


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cirrus  ne  viennent  pas  il  n'y  a  pas  <le  cyclones.  Il  faut  donc  croire  que  ces 
cirrus  jouent  un  rôle  décisif;  ils  modifient  par  leur  affluence  l'allure  ordi- 
naire des  courants  des  hautes  régions;  ils  en  accélèrent  tout  au  moins  la 
chute  verticale  en  alourdissant  l'air  qui  les  charrie  par  l'appel  et  la  conden- 
sation de  l'humidité  inférieure  autour  de  leurs  facettes. 

»  Tout  le  monde  sait  que  l'air  surchauffé  qui  s'élève  dans  les  régions 
équatoriales  se  déverse  ensuite  vers  les  pôles.  A  cause  de  l'inégale  réparti- 
tion des  continents  et  des  mers,  ce  n'est  pas  en  nappes  continues  que 
s'opère  ce  double  déversement,  mais  en  formant  ça  et  là  de  vastes  cou- 
rants, des  fleuves  aériens  comme  ceux  de  l'Océan.  Si  la  Terre  était  immo- 
bile, chaque  courant  marcherait  vers  le  pôle  par  la  ligne  la  plus  courte; 
mais  la  rotation  de  notre  globe  leur  imprime  une  courbure,  d'abord  très 
faible,  ensuite  plus  caractérisée  vers  l'est. 

»  Une  considération  particulière  vient  compliquer  ce  mouvement.  Les 
masses  d'air  et  de  cirrus  que  la  chaleur  solaire  fait  monter  dans  les 
couches  supérieures,  bien  au-dessus  de  leur  niveau  ordinaire,  y  arrivent 
avec  une  vitesse  moindre.  Elles  doivent  donc  rester  un  peu  en  arrière  sur 
la  rotation  des  parai  èles  qu'elles  traversent  près  de  l'équateur,  et  leur 
mouvement  sera  pour  nous  dirigé  vers  l'ouest.  Ce  sont  ces  deux  mouve- 
ments, l'un  versl'oue>t,  l'autre  résultant  de  la  combinaison  précédente,  qui 
déterminent  la  trajectoire  de  ces  courants. 

»  Le  fleuve  aérien,  parti  de  l'équateur,  marche  donc  d'abord  à  l'ouest 
avec  une  faible  tendaice  vers  le  pôle. 

»  Lorsque  le  mouvement  vers  l'ouest,  qui  est  à  peu  près  constant,  aura 
été  annihilé  parla  tendance  contraire  qui  va  en  croissant  continuellement, 
le  fleuve  aérien  marclnra  un  moment  vers  le  pôle. 

»  Enfin,  au  delà,  le  mouvement  vers  l'est  resté  seul  donnera  à  la  tra- 
jectoire une  courbure  Je  plus  en  plus  prononcée  entre  le  pôle  et  l'est. 

»  De  là  cette  forme  grossièrement  parabolique  qu'affectent  les  grands 
courants  de  deverseme.it  sur  l'un  et  l'autre  hémisphère,  et  les  différences 
considérables  de  vitesse  que  ces  mêmes  courants  présenteront  d'un  bord 
à  l'autre,  sur  tout  leur  parcours,  précisément  à  cause  de  leur  courbure. 
Par  conséquent  des  tourbillons  à  axe  vertical  pourront  s'y  former  dans  le 
sens  de  la  rotation  du  ghbe,  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  recourir  à  l'an- 
cienne hypothèse  de  vens  se  rencontrant  sous  un  certain  angle.  Dans  ces 
tourbillons,  tout  semblalles  à  ceux  qui  se  forment  dans  les  cours  d'eau, 
les  spires,  d'abord  très  lages,  iront  en  se  rétrécissant  par  en  bas,  et  leurs 
girations  progressivement  accélérées,  en  vertu  d'une  loi  bien  connue  de 


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Mécanique,  amènent  au  contact  du  sol  et  y  concentrent,  sous  une  aire  bien 
pins  étroite  que  celle  de  leur  embouchure,  les  énergies  continuellement 
renouvelées  du  fleuve  aérien,  jusqu'à  ce  que  son  élargissement  croissant 
aboutisse  à  la  décomposition  du  cyclone. 

»  Ainsi  les  trajectoires  que  ces  tourbillons  dessinent  sur  le  globe  par 
leurs  ravages  ne  sont  autres  que  la  projection  des  courants  générateurs, 
c'est-à-dire  une  sorte  de  parabole  tangente  à  l'équateur,  ayant  son  sommet 
à  l'ouest,  et  tournant  à  l'est  sa  concavité  de  plus  en  plus  prononcée  vers 
le  sommet.  Mais,  pour  que  ces  phénomènes  se  produisent  sur  une  grande 
échelle,  il  faut  que  des  masses  de  cirrus  interviennent  pn  se  détachant  des 
régions  équatoriales.  Quant  à  l'énergie  de  ces  tourbillons,  elle  est  em- 
pruntée à  la  rotation  du  globe;  quant  à  leur  vitesse  de  translation,  elle  va 
sans  cesse  en  augmentant,  jusqu'à  une  certaine  limite  assez  difficile  à  assi- 
gner. 

»  Si,  maintenant,  nous  considérons  les  tourbillons  eux-mêmes,  nous 
voyons  que  l'air  envoyé  en  bas  sera  en  petite  quantité,  mais  animé  d'une 
vitesse  de  rotation  énorme.  La  résistance  de  la  mer  pu  du  sol  annihilera 
immédiatement  cette  vitesse,  et  la  masse  d'air,  dès  lors  inerte,  qui  s'inter- 
calera dans  les  spires,  n'aura  d'autre  effet  que  de  faire  souffler  la  tempête 
par  rafales,  variant  sans  cesse  de  force  et  même  quelque  peu  de  direction. 
La  force  centrifuge  fera  naître  au  milieu  de  ces  spiies  un  vide  incessam- 
ment rempli  par  l'air  venant  d'en  haut,  dégagé  de  (jirrus,  qui  produira  le 
phénomène  du  calme,  et  qui  maintiendra  l'éclairce  par  laquelle  le  ciel 
bleu  sera  perçu.  Là  l'air  descendant,  précisément  parce  qu'il  sera  privé 
de  cirrus,  aura  une  température  plus  élevée  et  une  sécheresse  extrême. 

»  L'interposition  des  girations  déterminera  une  liminution  de  pression 
vers  le  centre  de  la  tempête.  Mais  il  faut  distinguer  soigneusement  entre 
les  isobares  extérieurs  et  les  isobares  intérieurs  à  fjartir  desquels  la  tem- 
pête se  fait  sentir.  La  règle  de  Piddington  ne  s'applique  qu'à  ces  derniers. 
Pour  les  autres,  des  brises  irrégulières  soufflent,  01  même  règne  un  calme 
complet.  Cette  distinction  n'a  pas  lieu  pour  les  lires  de  basse  pression, 
qu'on  confond  trop  souvent  avec  les  tempêtes,  qu/nd  on  ne  considère  que 
les  isobares. 

»   Un  des  phénomènes  les  plus  frappants  des  vJais  cyclones,  ce  sont  les 
averses  incessantes  qui  les  accompagnent.  Elleslsont  dues  aux  cirrus  qui 
sont  entraînés  dans  les  couches  plus  basses  de  l'Jtmosphère.  Ces  couches 
sont  elles-mêmes  chargées  d'humidité  dont  les  ctfrus  déterminent  la  con- 
densation.   Ces  cirrus   se  renouvellent  sans  ceee;  de  même  l'humidité 


(   '293  ) 
inférieure  se  renouvelle  par  le  fait  de  la  translation  rapide  du  tourbillon; 
mais  cette  condensation   incessante  ne  joue  presque  aucun  rôle  dans  le 
mécanisme  de  l'appareil  auquel  est  due  la  tempête. 

»  C'est  ainsi  qu'on  peut  se  rendre  compte  des  deux  sortes  de  cyclones 
de  l'Amérique  du  Nord  dont  parle  M.  Fêrrel.  Les  uns  viennent  probable- 
ment du  Pacifique,  passent  par-dessus  les  grands  lacs  et  poussent  leur 
immense  trajectoire  jusque  dans  les  contrées  septentrionales  de  l'Europe. 
Les  autres  viennent  de  l'Atlantique  et  débutent  non  loin  de  l'équateur, 
atteignent  les  Antilles  et  longent  les  côtes  orientales  des  États-Unis. 
Aucun  autre  pays  n'est  aussi  favorisé  pour  l'apparition  de  ces  cyclones  et 
de  leurs  terribles  épipbénomènes,  qui  font  des  Etats-Unis  la  contrée  la 
mieux  arrosée  du  globe  et,  par  malheur,  la  plus  ravagée  par  les  tornados. 
L'Afrique,  au  contraire,  qui  coupe  l'équateur  sur  un  long  trajet,  ne  donne 
pas  au  bourrelet  équatorial  des  cirrus  aussi  abondants,  et  comme,  au  nord, 
ses  vastes  territoires  ne  sont  pas  surmontés  d'une  atmosphère  aussi  humide, 
les  cyclones  qui  y  naissent  ne  peuvent  s'y  développer  aussi  complètement 
et  ne  donnent  guère  naissance  qu'à  des  tourbillons  d'une  température  et 
d'une  sécheresse  excessives.  Ainsi  s'explique,  en  partie  du  moins,  la 
variété  qu'on  observe  dans  les  régions  cvcloniques  des  divers  pays. 

»  A  mon  avis,  pour  avoir  une  idée  nette  de  ces  grands  phénomènes,  il 
faut  arriver  à  en  tracer  l'épure  géométrique.  J'ai  donné,  dans  les  Comptes 
rendus  du  9  juin  1890,  e  plan  et  la  coupe  verticale  d'un  cyclone  pareil  à 
ceux  que  M.  de  Bezold  et  M.  Sprung  qualifient  de  cyclones  à  forme  circu- 
laire et  à  angle  de  déviation  de  900,  et  j'ai  essayé,  dans  Y  American  meteo- 
rologiealJournat 'd' octob-e  et  de  novembre  1890,  de  représenter  un  cyclone 
complet  avec  les  tourbil  ons  accessoires  qui  en  dérivent  en  haut,  sur  le  côté 
droit,  pour  donner  naiss;nce  aux  orages,  grêles  et  averses,  et  plus  bas  aux 
trombes  et  aux  tornados,  marchant  tous,  malgré  leur  énorme  distance  du 
centre  de  la  tempête,  parallèlement  à  la  trajectoire  du  centre.  Si  jamais 
l'Analyse  mathématique  ient  à  s'appliquera  ces  phénomènes  grandioses, 
ce  sera  à  la  condition  de  délimiter  ainsi  le  problème  et  d'être  bien  édifié  sur 
la  nature  de  ces  figures  géométriques  et  des  mouvements  qui  s'y  opèrent. 

»  Dans  la  théorie  contraire  où  les  cyclones  sont  dus  à  un  échauffement 
local  des  couches  inférieires,  favorisé  par  un  certain  degré  d'instabilité 
des  couches  supérieures,  h  mouvement  de  l'air  est  ascendant  et  accompa- 
gné de  girations  insignifiantes.  Il  est  notoirement  impossible,  dans  cet 
ordre  d'idées,  de  rendre  ccmpte  des  grands  mouvements  que  nous  venons 
de  décrire.  Mais,  comme  ce  phénomène  est  accompagné  aussi  d'une  dé- 


(  i294  ) 
pression  barométrique  et  d'isobares  qui  ont  assez  souvent  Ja  disposition 
d'une  tempête,  on  confond  ces  deux  effets  sous  le  même  nom  de  cyclone. 
De  là  des  cyclones  fixes,  lorsque  ce  phénomène  ne  se  déplace  pas,  des  cy- 
clones polaires,  des  cyclones  d'été,  des  cyclones  d'hiver,  etc.,  etc.  Dans 
ces  prétendus  cyclones  les  vents  sont  dirigés  obliquement  et  non  parallèle- 
ment aux  isobares,  et  quand  on  les  confond  avec  les  tempêtes,  on  arrive 
à  cette  idée  que  partout  les  isobares  sont  obliques  au  vent;  on  cherche  à 
déterminer  cet  angle  par  des  moyennes  en  tenant  compte  de  la  résistance 
du  sol,  etc. 

»  Il  a  fallu  que  des  météorologistes  mieux  instruits  et  plus  décidés  à 
tenir  compte  des  faits,  comme  M.  de  Bezold,  aient  distingué  dans  ces  der- 
niers temps  entre  les  cyclones  où  cet  angle  est  de  o,o°j  c'est-à-dire  les  vraies 
tempêtes,  et  les  autres  où  cet  angle  varie  entre  des  limites  très  étendues. 
Ceux-là  finiront  par  reconnaître  que  les  premiers  seuls  suivent  des  lois 
fixes  dans  leurs  vastes  mouvements  de  translation,  ecqu'ils  diffèrent  essen- 
tiellement des  prétendus  cyclones  que  d'autres  veilent  encore  leur  assi- 
miler. » 


ZOOLOGIE.  —  Note  sur  la  présence  du  Kophobepnnon  dans  les  eaux 
de  Banyuls;  par  M.  H.  de  Lacaze-Dutuiers. 


«  Lorsque,  le  20  avril  dernier,  je  faisais  connaî Ire  à  l'Académie  les  ré- 
sultats de  l'excursion  que  j'avais  faite  au  laboratoire  Arago,  pendant  les 
vacances  de  Pâques,  avec  les  élèves  des  Hautes  Etudes,  j'avais  cité  les 
noms  de  quelques-uns  des  animaux  rares  pêches  [*r  les  élèves  eux-mêmes. 
Depuis  lors,  j'ai  dû  revenir  à  Banyuls  pour  hâter  et  surveiller  la  construc- 
tion du  vivier  d'expériences  qu'on  y  construit  à/côté  du  laboratoire,  et, 
pendant  ce  nouveau  voyage,  j'ai  pu  constater,  une  fois  déplus,  combien 
les  fonds  qui  nous  entourent  présentent  une  faine  intéressante  et  riche. 
La  drague  a,  en  effet,  rapporté  un  Alcyonaire  fort  rare,  qui  a  bien  été 
signalé  une  fois,  dans  la  Méditerranée,  par  M.M/les  professeurs  Leuckart 
et  A.  von  Kolliker,  mais  qui  n'avait  pas  été  péché,  je  le  crois  du  moins, 
sur  nos  côtes  de  Toulon  à  Cerbère.  C'est  le  KoSiobelernnon. 

»  On  sait  que,  dans  les  Alcyonaires,  un  grooe  remarquable  de  genres 
offre  une  disposition  particulière.  Chez  eux,  lajortion  inférieure  du  corps, 
formé  par  l'ensemble  des  animaux  réunis  mur  constituer  ce  que  j'ai 
nommé  un  zoanlhodème,  ne  se  fixe  jamais  e  est  dépourvue  de  zoïtes. 


(   ,295  ) 
Cette  partie,  très  vasculaire,  peut  devenir  turgide  et,  à   la  suite  de   con- 
tractions et  de  dilatations,  s'enfoncer  dans  le  sable  ou  la  vase  du  fond  de 
la  mer.  Elle  sert  ainsi  à  tenir  rigide  et  dressée  cette  population  d'animaux- 
fleurs  ('  ). 

»  Les  Pennatules,  les  Virgulaires,  les  Ombellulaires,  les  Vérétilles,  pour 
ne  citer  que  les  plus  connus,  présentent  cette  particularité  ;  aussi,  dans  le 
laboratoire  Àrago,  voit-on  des  Pennatules  et  des  Vérétilles,  plantées  dans 
le  sable  du  fond  des  bacs,  se  dresser  admirablement  épanouies. 

»  C'est  par  le  mode  de  distribution  des  animaux  ou  zoïtes  sur  le  zoan- 
thodème  cpje  l'on  distingue  les  genres.  La  grandeur,  la  forme  générale, 
fournissent  aussi  des  caractères. 

»  C'est  à  ce  groupe  des  Alcyonaires  libres  qu'appartient  l'animal  qu'on 
voit  vivant  aujourd'hui  au  laboratoire  Arago.  Asbjornsen  créa  pour  lui  le 
genre  Kophobelemnon . 

»  Il  ressemble  que. que  peu  à  une  massue  ayant  de  om,  10  à  om,20  de 
long,  dont  la  partie  renflée  supérieure  porte  seule  des  polypes  qui,  distri- 
bués à  peu  près  sans  (  rdre,  sont  cependant  séparés  sur  l'un  des  côtés  par 
une  zone  dépourvue  (h  zoïtes. 

»  Les  polypes  du  K<  phobelemnon  sont  de  grande  taille  si  on  les  compare 
à  ceux  des  autres  genres  :  Gorgone,  Corail,  Alcyons,  Pennatules,  Virgu- 
laires, etc.  Ils  sont  moins  allongés  que  ceux  de  la  Vérétille  et  moins  grands 
surtout  que  ceux  de  l'Ombellulaire. 

»  Il  ne  peut  être  question,  en  ce  moment,  d'énumérer  tous  les  carac- 
tères spécifiques  présentés  par  le  Kophobelemnon  de  Banyuls.  La  taille,  la 
forme  générale,  la  couleur  brunâtre,  la  zone  sans  polypes  et  la  physiono- 
mie générale  du  zoanthedème  ne  permettent  pas  le  moindre  doute  sur  la 
famille  à  laquelle  appartint  cet  Alcyonaire. 

«  Toutefois,  il  faut  remarquer  cpie,  relativement  au  genre  même,  M.  le 
professeur  A.  von  Kôllik-r  l'a  subdivisé  en  deux,  d'après  des  caractères 
anatomiques  :  les  Kophoblemnon  proprement  dit  et  les  Sclerobclcrnnon. 

»  L'exemplaire  unique,  vivant  depuis  un  mois  dans  l'aquarium  de 
Banyuls  et  dont  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  des  photographies 
faites  sur  le  vivant  par  M.Prouho,  préparateur  du  laboratoire  Arago,  n'a 
pas  été  exactement  déteminé,  on  en  comprend  la  raison.  On  le  ferait 
périr  en  cherchant  les  canctères  anatomiques.    Il  est  soumis  à  l'observa- 


i1)  Le  mot  zoanthodème  siuiifie  :  population  d'animaux-fleurs;  il   est  formé  des 
mots  grecs  Çffiov,  animal;  av9oç,  fleur  ;  S^jaoç,  peuple. 


(  I296  ) 
tion  et,  dès  qu'il  paraîtra  devoir  mourir,  on  le  conservera  dans  l'alcool  ; 
alors  on  pourra  rechercher  les  caractères  indiqués  par  le  professeur  A. 
von  Kolliker.  Désirant  conserver  cet  échantillon  unique  vivant  le  plus 
longtemps  possible,  je  me  suis  abstenu  de  faire  les  recherches  nécessaires 
à  la  détermination. 

»  Il  a  été  péché  par  60  mètres  de  fond,  à  l'est-nord-est  du  cap  Béarn, 
dans  une  contrée  riche  en  Hydraires  et  Alcyonaires,  où  l'on  trouve  des 
Virgulaires,  des  Pennatules,  des  Vérétilles;  c'est  là  aussi  qu'on  trouve  des 
Plumulaires  et  autres  Hydraires,  sur  lesquels  vivent  les  Neomenia  de  plu- 
sieurs genres  et  espèces. 

»  Dans  les  produits  des  dragages  de  la  mer  du  Nord,  M.  Danielssen  a 
trouvé  deux  espèces  de  ce  genre,  qu'il  a  nommées  :  l'une  Kophobelemnon 
abyssorum,  l'autre  K.  Môbii. 

»  Dans  son  Ouvrage  sur  les  Pennatulides  du  Challenger,  M.  le  profes- 
seur A.  von  Kolliker  énumère  les  espèces  suivantes  j  Kophobelemnon  stelli- 
fentm,  K.  Leuckartii,  K.  Burgeri,  Sclerobelemnon  Schiiellzii. 

»  Le  K.  stelliferum  est  de  la  mer  du  Nord.  Le  K.ÏBurgeri  est  du  Japon. 
Le  K.  Leuckartii  a  été  trouvé  et  péché  à  Nice.  Enfin,  le  Sclerobelemnon 
Schmeltzii  a  été  trouvé  à  Formose. 

»  A  laquelle  de  ces  espèces  faut-il  rapporter  je  Kophobelemnon  du 
cap  Béarn? 

»  On  comprend  combien  il  est  difficile  d'établirjues  comparaisons  entre 
des  animaux  aussi  rares  et  n'étant  quelquefois  représentés  que  par  un  seul 
échantillon,  surtout  en  respectant,  comme  je  l'ai  feit,  l'individu  vivant. 

»  Dans  les  nombreux  produits  des  dragages  que  j'ai  pu  recueillir  en 
Corse,  en  Afrique,  aux  îles  Baléares,  à  Cette,  je  n'ai  jamais  rencontré  le 
Kophobelemnon.  A  Banyuls  même,  ce  n'est  qu'après  huit  années  que  mon 
patron  J.  Bonafos,  qui  recherche  avec  beaucoup  d'attention  les  choses 
nouvelles,  a  pu  trouver  l'individu  unique  vivais  aujourd'hui;  cet  Alcyo- 
naire  est  donc  rare.  Bien  des  dragages  ont  été  faits  dans  la  Méditerranée, 
qui  ne  l'ont  pas  signalé. 

»  Jusqu'à  plus  ample  information,  on  peut  supposer,  faisant  toute  réserve, 
que  le  Kophobelemnon  actuellement  au  laboratoire  Arago  est  celui  que 
M.  Leuckart  a  trouvé  à  Nice,  et  dont  M.  Kôllker  a  fait  l'espèce  Leuc- 
kartii. 

»  Maintenant  que  l'attention  est  appelée  s  r  son  existence  dans  nos 
eaux,  on  le  rencontrera  peut-être  plus  fréquemment,  on  le  recherchera 
sûrement  avec  plus  de  soins.  Il  est  curieux  et  ttrt  intéressant  de  retrouver 


(  I2(J7  ) 
dans  la  Méditerranée  une  forme  de  Coralliaire  qu'on  a  décrite  dans  les 
mers  de  Norvège,  de  la  Chine  et  du  Japon. 

«  Ces  raisons  m'ont  conduit  à  faire  cette  courte  Communication  à 
l'Académie.  Je  tenais  d'ailleurs  aussi  à  montrer,  par  cet  exemple  nouveau, 
que  mes  prévisions  relatives  à  la  richesse  des  côtes  du  Roussillon  se  réali- 
sent tous  les  jours  de  plus  en  plus. 

»  Il  faut  aussi  remarquer  que  le  laboratoire  est  encore  loin  d'être  outillé 
pour  les  dragages  aussi  complètement  que  l'on  pourrait  le  désirer.  Ce  n'est 
qu'avec  lenteur  qu'il  est  possible  d'explorer  les  fonds  du  golfe  du  Lion, 
n'ayant  qu'un  bateau  à  voile  et  des  engins  un  peu  primitifs.  D'après  les 
résultats  déjà  obtenus,  tout  doit  faire  espérer  que,  lorsque  le  laboratoire 
Arago  aura  une  embarcation  à  vapeur  et  des  appareils  de  pêche  mieux 
organisés,  il  n'aura  qu'à  moissonner  dans  les  fonds  si  riches  et  si  près 
de  lui. 

»  Lorsque  l'on  a  sous  la  main  des  Neomenia,  des  Epizoanlhus,  des  Paly- 
thoœ,  des  Amphelut,  du  Corail,  des  Kophubelemnon,  des  Brachiupodes,  des 
Diadèmes  ou  DorociJaris,  et  tant  d'autres  espèces  devenues,  pour  ainsi  dire, 
vulgaires,  depuis  qu'elles  sont  acclimatées  dans  l'aquarium  de  Banyuls, 
on  peut  affirmer  qui  la  faune  du  Roussillon  est  d'une  très  grande  richesse, 
et  qu'elle  promet  à  ceux  qui  voudront  l'étudier  d'une  façon  suivie  d'heu- 
reuses découvertes.  > 


PALÉON'IOLOGlE.  —  Le  Mastodonte  du  Chériclura. 
Note  de  M.  Albert  Gaudkv. 

«  Depuis  quelques  innées,  des  travaux  importants  de  Paléontologie  ont 
été  faits  en  Tunisie.  MM.  Philippe  Thomas  et  Le  Mesle,  membres  de 
la  Mission  scientifique  de  Tunisie,  v  ont  trouvé  de  nombreux  fossiles; 
MM.  Péron,  Gauthier,  Locard  les  ont  décrits  dans  de  beaux  Mémoires. 
Mais,  jusqu'à  présent,  on  n'a  signalé  que  des  Invertébrés. 

»  J'ai  l'honneur  d'ajpeler  l'attention  de  l'Académie  sur  la  découverte 
d'un  grand  quadrupède  le  Mastodonte  du  Chérichira.  M.  Le  Mesle  a  bien 
voulu  me  conduire  dan;  le  gisement  d'où  ce  fossile  a  été  extrait.  De  Tunis 
à  Rairouan  et  de  Kaircnan  au  Chérichira,  la  route  est  longue  et  mono- 
tone. Mais,  lorsqu'on  arive  dans  cette  localité,  le  paysage  change;  on 
trouve  une  rivière  aux  ;aux  pures  et  la  végétation  apparaît.  Les  anciens 
avaient  amené  ces  eauxà  Kairouan;  leurs  ouvrages  ont  été  détruits.  Nos 

C.   K.,  iS9i,  i"  Semeste.  (T.  CXI£,  N°  23.)  '&) 


(   1298  ) 

ingénieurs  ont  entrepris  de  les  réparer,  et,  en  faisant  des  excavations,  ils 
ont  mis  à  jour  des  pièces  de  Mastodontes,  notamment  la  belle  mâchoire 
dont  je  présente  la  photographie  à  l'Académie.  Elle  appartient  au  Mastodon 
angustidens  du  miocène  moyen  de  Sansan. 

»  La  détermination  précise  des  espèces  de  Mastodontes  n'est  pas  sans 
difficulté;  j'ai  cru  qu'il  pouvait  être  utile,  pour  les  géologues,  de  réunir 
dans  une  même  planche  quelques  dents  des  principales  espèces,  en  choi- 
sissant les  pièces  les  mieux  caractérisées.  Après  avoir  tâché  de  préciser  les 
particularités  des  formes  les  plus  divergentes,  j'ai  montré  que  des  transi- 
tions insensibles  les  relient  les  unes  aux  autres;  leurs  mutations  sont  en 
proportion  de  leur  extrême  complication. 

»  Ces  remarques  font  l'objet  d'un  Mémoire  qui  va  paraître  dans  le 
nouveau  recueil  paléontologique  de  la  Société  géologique  de  France.  » 

M.  Mascart,  en  présentant  à  l'Académie  le  tomeldei  «  Annales  du  Bu- 
reau central  météorologique  pour  l'année  1889  »,  ajoute  : 

«  Je  signalerai  en  particulier,  dans  ce  volume,  un  Rœumé,  par  M.  Mou- 
reaux,  des  observations  météorologiques  faites  pendant  plus  de  vingt  ans,  à 
Brécourt  (Manche),  par  notre  regretté  confrère  M. /H.  Mangon,  et  une 
comparaison,  par  M.  Angot,  des  observations  du  sommet  de  la  tour  Eiffel 
avec  celles  qui  sont  faites  dans  le  voisinage  du  sol.    »| 


NOMINATIONS. 

L'Académie    procède,    par    la  voie    du    scrutin,   1  la    nomination  d'un 
Membre  pour  la  Section  de  Chimie,  en  remplacement  de  feu  M.  Cahours. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votante  étant  61 , 

M.  Moissan  obtient 15  suffrages. 

M.  Grimaux fe6  » 

M.  Moissax,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue/des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  dij  Président  de  la  Répu- 
blique. 


(  I299  ) 


MEMOIRES  PRESENTES. 

PHYSIQUE.  —  Nouveau  système  de  balance  de  précision  à  pesées  rapides. 
Note  de  M.  Victou  Serrix,  présentée  par  M.  Janssen('). 

(Commissaires  :  MM.  Janssen,  Cornu,  Schiïtzenberger,  H.  Becquerel.) 

«  Pour  effectuer  une  pesée  au  moyen  de  la  balance  de  précision,  on  se 
sert  de  tout  petits  poids  formés  de  feuilles  en  métal  allant  jusqu'au  milli- 
gramme; au  delà,  on  fait  usage  de  poids  en  fil  également  métallique,  dits 
cavaliers. 

»  Une  pesée  peut  se  diviser  en  deux  phases  :  l'ébauche,  le  complément. 
La  première  est  rapide  et  rudimentaire,  la  seconde  est  lente  et  méticu- 
leuse. La  nouvelle  balance  a  pour  but,  non  seulement  d'effectuer  des  pesées 
rapides,  mais  encore  de  supprimer  tous  les  poids  divisionnaires  à  partir  du 
décigramme. 

»  A  cet  effet,  un  des  bras  du  fléau  reçoit  l'une  des  extrémités  d'une 
toute  petite  chaîne  dont  l'autre  est  fixée  après  un  curseur  glissant  sur  une 
colonne  verticale  graduée  en  ioo  parties  de  2mm  représentant  chacune 
imBr,  qu'un  verniei  permet  encore  de  diviser  en  dixièmes  et  au  delà  au 
besoin.  La  chaîne  S3  manœuvre  facilement  de  l'extérieur  de  la  cage  à  l'aide 
d'un  bouton  ad  hoc,  de  telle  façon  que,  lorsqu'une  pesée  a  été  ébauchée, 
à  i'"s''  près,  il  n'est  plus  nécessaire  d'ouvrir  la  cage  pour  la  compléter. 

»  Pour  connaître  la  valeur  de  cette  pesée,  il  suffira  d'ajouter,  aux  poids 
déposés  dans  l'un  t'es  plateaux,  le  nombre  de  dixièmes  de  milligramme 
indiqué  sur  la  colonie  par  le  curseur. 

»  En  résumé,  on  oit  que,  par  ce  nouveau  système,  les  manipulations  si 
longues  et  si  délicates  des  poids  divisionnaires  et  du  cavalier  sont  suppri- 
mées et  remplacée:  par  une  opération  simple  et  rapide,  permettant 
d'abréger  considérabement  le  temps  qu'exige  d'ordinaire  la  pesée  de  pré- 
cision. Enfin,  un  derner  avantage  que  nous  ferons  remarquer  encore,  c'est 
la  propriété  que  possède  la  chaîne  d'amortir  notablement  les  oscillations 
perpétuelles  du  fléau.» 


(')   Note  complémentaie  sur  la  balance  à  chaîne  de  M.    V.  Serrin,  présentée  à  la 
séance  dernière  par  M.  Jaissen  (voir  p.  i  348  ). 


(    l'ion   ) 

M.  Devaux  soumet  au   jugement  de   l'Académie  un    Mémoire   sur  un 
«  Siphon  à  réservoir  pneumatique  ». 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Levy,  Marcel  Deprez.) 

M.  A.  Pernot  adresse  la  description  et  les  plans  d'un  «   Nouveau  mo- 
teur à  gaz  ». 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Levy,  Marcel  Deprez.  ) 

M.  Baldrax  adresse,  par  l'entremise  de  dom  Pedro  d'Alcantara,  un 
Mémoire  sur  la  photographie  des  couleurs. 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  dom  Pedro  d'Alcantara,  Lippmann.) 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Éclipse  partielle  de  Soleil ',  du  G  juin] observée  à  Nice. 

Noti  de  M.  Perrotin. 

«    L'éclipsé  a  été  observée  par  MM.  Charlois,  Javelle,  Colomas  et  Per- 
rotin 

Premier  contact.        Second  contact.     Grossissement.         Olservateur~. 


h        nt      s 
5.54.31 

Il        m      s 

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Charlois. 

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5o 

Javelle. 

)) 

6.53.i4 

4o 

Colomas. 

5.54.^6 

(3 .  53 .  26 

280 

Perrotin. 

»   Les  heures  sont  exprimées  en  temps  moyen  tlel  Observatoire. 

<>  M.  Charlois  a  fait  usage  de  l'équatorial  de  om,3p  d'ouverture,  M.  Per- 
rotin  de  celui  de  o,n,7G.  Les  objectifs  avaient  été  diaphragmes  de  manière 
à  réduire  l'ouverture  de  chacun  d'eux  à  om,07. 

»  MM.  Javelle  et  Colomas  se  sont  servis  respectivement  de  lunettes 
de  om,i6  et  om,io  d'ouverture.  Le  dernier  a  obsenfe  par  projection. 

»  Après  l'instant  de  la  sortie,  M.  Perrotin  a  continué  à  voir,  pendant 
sept  ou  huit  secondes  et  sur  une  très  petite  étendpe  voisine  du  point  de 
contact,  le  bord  de  la  Lune  se  projetant  sur  le  fonfl  du  ciel.  » 


(    i3oi  ) 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  ici  nouvelle  planète, 
découverte  à  l'Observatoire  de  Nice,  le  iG  mai  1801.  Note  de  M.  Charlois. 


Ascension 

Distance 

Dales 

Temps  moyen 

droite 

Log.  facl. 

polaire 

Log.  fact 

1891. 

de  Nice. 

apparente. 

parall. 

apparente. 

parall. 

Mai   16. 

h        ni       s 

t4 .  0.41 

h        m     « 
16.22.37,65 

1,169 

1  10.27  ■-\'-'-7 

o,8g4„ 

9.37. u 

16.  l4./|9,58 

'  •   |39„ 

1 09 . 5 6 . 3o , 2 

0,874,, 

La  planète  est  de  grandeur  i3,o.  » 


ASTRONOMIE.   —  Obsenritions  de  ici  comète  Rrooks,  1890  II,  faites  au.  grand 
équatorial  de  i  Observatoire  de  Bordeaux.   Note   de   MM.   G.  Rayet    et 

L.  PlCAUT. 

Comète  Brooks  (1890,  II). 


Temps  moyen 

ascension 

Distance 

Date; 

de 

droite 

Log 

.  fact. 

polaire 

Log.  fact. 

1891 

Bordeaux. 

apparente. 

par; 

llaxe. 

apparente. 

parallaxe. 

Étoiles. 

Observ 

Février  3. .  . 

h        m       s 

u.  46.1 4,1 

u        m        s 
1.54.53,06 

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55.26.  5,4 

— 0,446 

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1  5o.    7,  17 

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—  0,573 

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1 .  23 .  3o ,  07 

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10.   3.48,5 

1.21.   7,84 

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53.33.44,4 

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R. 

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10.19.12,4 

0.46   6,47 

— 1 

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53. 34-5o, 1 

— 0,221 

16 

P. 

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9. .5. .4,6 

o.43.5o,35 

—  1 

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53.35.5o,8 

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R. 

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8.53.4i,4 

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53.37.23,4 

—o,35g 

18 

R. 

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8.59.22,4 

10.39. o,85 

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53. 3g. 21 , 1 

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9.35. 15,7 

10.27.  4,91 

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53.53. 24 , 1 

— 0,2l5 

20 

R. 

Avril 

12. . . 

■      10.37.19,7 

9. 38. 3,i6 

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57.24. 56, 5 

-0,397 

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R. 

28... 

g.3i  .23,6 

9.?.6..8,23 

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",474  . 

5g. 38. 2g, 7 

—0,539 

22 

P. 

29.. . 

10.22.54,4 

9.26.9,39 

-+-' 

',586 

5g. 47-   2,5 

— o.53g 

23 

R. 

(   i3o*  ) 


Position  moyenne  des  étoiles  de  comparaison  pour   1891,0. 


Etoiles 

de 
couip. 

I. 


3.. 

4.. 

5.. 
6.. 

7- 


9... 

10.. 
1 1 .. 
12.. 
i3.. 

.4... 
i5... 

16. 

l7- 

18. 

19... 


22.. 
a3.. 


Catalogue. 
{  (Weisse,.  H.  XI,  nos  1021  et  1022. 


1020-26-27.  — 


J' 


Leyde  Zone  1^3) 
{(Weisse,.  H.  XI,  nos 

Leyde  Zone  179) 
Weisse».  H.  XI,  noci  930-93 1 
Weisse,.  H.  XI,  nus  839-84o 
Weisse,.  H.  XI,  n»  806 
Weisse,.  H.  XI,  n-  827-828 
Argelander  4-  35°  n°  2260  rapportée 

à  Bonn,  t.  VI,  22Ô3 
Weisse,.  H.  XI,  n°  374 
Weisse,    H.  XI,  n°  374 
Weisse,.  H.  XI,  n»  374 
Lalande,  n°  2 164 1 
Weisse,.  H.  X,  nos  1064  et  to65 
i  (Weisse,.  H.  X,  n°s  io32-33 

-hYarnall3,  n°  4685) 
Weisse,.  H.  X,  n°s  io64-to65 
{(  Weisse,.  H.  X,  nus  io32-33 

4-  Yarnal),,  n°  4685) 
Weisse,.  II.  X,  n°s  866-867 
Weisse,.  H.  X,  n°s  866-867 
!  (Weisse,.  H.  X,  n°  83o 

4- Yarnall3,  n°  4599) 
i  (Weisse,.  H.  X,  n°  83o 

4-  Yarnall3,  11"  45gg) 
Bonn  t.  VI  4-36°,  n°  2089 
l  (Weisse.  H.  IX,  a"  798 

-1-  Leyde  Zone  287  ) 
Bonn.  t.  VI  4-  3o°,  n"  1876 
Bonn.  t.  VI  4-3o°,  n°  1874 


Ascension 

Distance 

droite               Réduction 

polaire 

Réduction 

moyenne.            ; 

lu  jour. 

moyenne. 

au  jour. 

h       m       s 

s 

0       1       .. 

„ 

I .54. I 1 ,22 

-)-o,65 

55.25.57,3 

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I .54.21 ,64 

-Ho,  66 

55.21 .36,7 

4-8,64 

t.49-53,43 

-ho,75 

54.52. 19,0 

4-8,45 

1 .44.31,71 

4fo,83 

54.36. i4, 2 

+7>92 

i.43.   5,88 

+0,86 

54.33.45,2 

+7.93 

i.44-  2,37 

■j-0,88 

54.27.47,5 

+7>9tt 

1 .29.43, 1 3 

J-°>97 

54.3i.48,7 

4-7,0.5 

1 . 22 .   2,63 

1-1  ,02 

54.   i.47)4 

4-6,65 

1 .22 .   2 ,63 

M, o4 

54.   i,47>4 

4-6,56 

1.22.   2,63 

-t-i  ,06 

54.   1.47,4 

+M9 

I . l6.22,3l        l 

+-1,09 

54.  4.   1,9 

4-6,16 

o.55. 12, o3      J4-1 ,25 

53.20.55, 1 

4-3,8o 

0.53.27,62      4-1,27 

53. 19. j 6, 2 

4-3,55 

o.55. 12 ,o3    /  4-1 ,28 

53.2o.55, 1 

4-3, 3o 

0.53.27,62      4-1  ,28 

53. 19. 16,2 

4-3,29 

o.45.   0,29      4-1,29 

53.34.56,9 

4-2,56 

o.45.   0, 29  |   - 

1-1,29 

53.34.56,9 

4-2,36 

0.43.   7,98      4-1, 3o       53.3o.56,4       4-2,10 


0.45.   7,98      4-i,3o       53.3o.56,4 
o.3o.   4,8d     4-1,28       53.53.32,5 


9.39.5o,8f 
9.26.   5,/ 
9.24.54, 


4-0,72 
4-o,35 
4-o,33 


57.25.  0,9 
59. 36. 58, 4 
5g.5o.5i ,8 


-1,9.5 
-o,46 

-5,58 
-6,67 
-6,69 


»  La  comète  était  encore  visible  le  3o  mai  mais  trop  faible  pour  être 
observée  au  milieu  du  long  crépuscule  de  cefce  époque  de  l'année. 

»  Les  23  observations  actuelles  de  la  comte  1890,  II,  ajoutées  à  celles 
déjà  publiées  dans  les  Comptes  rendus,  portée  à  99  le  nombre  des  obser- 
vations de  cet  astre  faites  à  Bordeaux;  nojs  avons  suivi  la  comète  du 
27  mars  1890  au  29  avril  1891.  » 


(  I 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  théorie  des  étoiles  filantes.  Note  de 
M.  O.  Callandreau,  présentée  par  M.  Tisserand. 

«  La  théorie  astronomique  des  étoiles  filantes,  établie  par  les  travaux 
de  H.-A.  Newton,  Schiaparelli,  Le  Verrier,  E.  Weiss,  regarde  les  étoiles 
fdantes  comme  de  petites  comètes  se  mouvant  par  essaims  dans  l'espace; 
ces  essaims  proviendraient  de  la  décomposition  totale  ou  partielle  des 
comètes,  par  suite  de  l'action  perturbatrice  du  Soleil  ou  plutôt  de  l'une 
des  crosses  planètes,  dont  les  orbites  se  rapprochent  parfois  beaucoup  de 
celles  des  comètes.  La  liaison  des  étoiles  filantes  avec  les  comètes  résulte 
du  fait  que  quatre  essaims,  au  moins,  parcourent  les  mêmes  orbites  que 
quatre  comètes. 

»  Les  recherches  sur  la  théorie  de  la  capture  des  comètes  périodiques, 
inaugurées  par  M.  Tiss?rand,  peuvent,  semble-t-il,  être  mises  à  profit  dans 
la  théorie  des  étoiles  filantes.  On  peut  dire,  en  effet,  qu'il  s'agit,  comme 
dans  le  beau  travail  de  Le  Verrier  sur  la  comète  deLexell,  de  saisir  le  lien 
qui  existe  entre  une  conète  et  une  famille  de  petites  comètes  engendrées 
par  elle,  à  la  suite  de  perturbations  d'une  grosse  planète  susceptibles  de 
désagréger  les  matériau:  cométaires  les  plus  légers  et  de  faire  dériver  une 
infinité  d'orbites  de  l'ortite  primitive. 

«  En  regardant  l'orbite  de  la  planète  perturbatrice  comme  circulaire, 
des  constructions  graphiques  fort  simples  permettent  de  déterminer  les 
éléments  de  l'orbite  d'un  flux  d'étoiles  filantes  :  la  supposition  que  l'orbite 
rencontre  celle  de  la  panète  et  les  données  habituelles  déterminent 
complètement  les  éléments  de  l'ellipse;  la  valeur  du  paramètre  est  connue 
aussitôt. 

»  Cela  posé,  appliquons  le  critérium  de  M.  Tisserand,  lequel  consiste  à 
écrire  que  la  valeur  de  la  «ombinaison 


I         2      /  p 

~  a  +  a'  V   »' 


COSl 


a  une  valeur  constante  poir  la  comète  primitive  et  l'une  quelconque  des 
orbites  des  petites  comètes: a,  p  et  i  sont  le  demi  grand  axe,  le  demi-para- 
mètre et  l'inclinaison  ;  a  es  la  distance  moyenne  de  la  planète  pertur- 
batrice. 


(  i3o4  ) 
»  Des  calculs  fort  simples  conduisent  à  l'équation  de  condition  suivante 


i  +  —  -J)[sin2B-+-cos:!Bsin-(]J—  O  )] -h  i  —  p\  —  4  cos-B  sin2(L  —  O) 


X  !  i 
( 


■(  '  -  ^|.Vsin2B  +  cos'-B  sin2(L  -  ©)]' 


L  et  B  désignent  la  longitude  et  la  latitude  du  point  radiant,  O  la  longitude 
du  Soleil;  l'équation  donne  la  condition  nécessaire  pour  que  les  divers 
points  radiants  qui  font  successivement  sentir  leur  ii|fluence  appartiennent 
à  une  même  famille,  la  planète  perturbatrice  étant  à  une  distance  moyennes' 
du  Soleil,  et  la  valeur  de  la  quantité  J  (qu'on  pourrait  appeler  ['invariant 
pour  les  comètes  périodiques)  étant  donnée. 

»  La  condition  ci-dessus  peut  être  représentée!  par  une  construction 
graphique  simplifiant  beaucoup  la  recherche  des  flux  d'étoiles  fdantes  fai- 
sant partie  d'une  même  famille;  cette  recherche  serait  impossible,  en  gé- 
néral, sans  critérium,  car  une  même  famille  peut  Comprendre  des  orbites 
très  variées. 

»  Il  convient  de  remarquer  que,  si  l'équation  de  condition  ci-dessus  est 
vérifiée,  on  peut  choisir  des  points  de  la  sphère  d'activité  de  la  planète, 
tels  que  des  particules  de  la  comète  primitive  arnvant  en  ces  points  don- 
nent précisément  naissance  aux  flux  observés. 

»  Il  y  a  des  rapprochements  intéressants  avJc  les  faits  d'observation 
concernant  lesLéonides  et  les  Perséides.  Citons  o  abord  quelques  passages 
remarquables  des  Communications  de  Le  Verriejsur  les  étoiles  filantes  de 
novembre  et  d'août  (Comptes  rendus,  t.  LXXIII).i 

»  Les  observations  nombreuses  des  dernières  années  |nl  fait  reconnaître  qu'il  s'en 
faut  que  le  point  radiant  des  Léonides  soit  toujours  leinême.  Dans  la  nuit  du  12  no- 
vembre 1869,  par  exemple,  la  grande  majorité  des  mépores  venait  d'une  région  plus 
au  nord-ouest  (p.  io83).  Les  observations  qui  viennfnt  d'avoir  lieu  (en  novembre 
1 87 1  )  ont  confirmé  le  phénomène  observé  en  1869.  Cel'est  pas  le  point  radiant  qui  se 
déplace,  mais  il  y  a  plusieurs  points  radiants  qui  fonlsuccessivement  sentir  leur  in- 
fluence (p.  1 194) ; 


et  Le  Verrier  ajoute  un  peu  plus  loin  : 

»   Que  plusieurs  flux  aient  été  jetés  par  des  causes  i 


dépendantes  les  unes  des  autres 


(  i3o5  ) 

sur  le  même  point  de  l'orbite  terrestre,  et  qu'ils  y  passent  dans  la  même  année,  cela 
n'est  point  impossible;  et  cependant  ces  coïncidences  multiples  sont  une  raison  d'en 
douter.  Il  semble,  au  contraire,  que,  loin  de  s'étonner  de  cette  multiplicité  des  courants 
dus  à  une  cause  unique,  on  doit  la  considérer  comme  naturelle. 

»  D'après  les  observations  récentes  de  M.  Denning,  le  point  radiant 
des  Perséides  se  déplace  vers  l'est  pendant  la  période  d'activité,  fait  in- 
diqué comme  probable  par  Le  Verrier,  dès  1871  (ibid.,  p.  i3o6). 

»  Cela  est  conforme  à  l'équation  de  condition  qui  exige  que,  si  B  varie 
peu,  il  en  soit  de  même  de  L  —  © ,  c'est-à-dire  que  L  croisse. 

»  M.  Rleiber,  de  Saint-Pétersbourg,  qui  vient  de  publier  un  important 
Catalogue  de  918  orbites  calculées  d'après  les  points  radiants  observés  par 
M.  Denning  depuis  vingt  ans,  arrive  à  une  conclusion  analogue  en  suppo- 
sant simplement  que  l'essaim  de  météores  constitue  un  anneau.  Hoek, 
d'Utrecht,  a  considéré  le  cas  d'un  nuage  cosmique  capturé  par  le  Soleil 
(Monthly  Notices,  t.  XXYII1),  et  ses  résultats  sont  encore  de  même  ordre. 

»  Notons  que  la  connaissance  précise  des  points  radiants  successifs 
d'une  famille  de  mééores  pourrait  faire  retrouver  les  quantités  a'  et  J, 
c'esl-à-dire  la  planète  perturbatrice  (supposée  unique)  et  la  comète  source 
des  météores,  si  celle-ci  est  enregistrée  dans  les  Catalogues. 

»  En  terminant,  il  )araît  utile  d'observer  que  la  théorie  ingénieuse  de 
M.  Bredichin,  qui  coisidère  les  queues  anomales  comme  l'origine  de  la 
transformation  d'une  partie  de  la  masse  cométaire  en  essaims  de  météores, 
et  cela  grâce  à  un  choc  produisant  une  éjection  de  matières,  dépend  des 
mêmes  formules  que  la  théorie  de  la  capture.  Ce  fait  important,  sur  lequel 
M.  Tisserand  a  appelé  non  attention,  tient  à  ce  que,  les  vitesses  à  l'entrée 
et  à  la  sortie  de  la  spfure  d'activité  étant  désignées  par  c„  et  e,,  la  résul- 
tante géométrique  des  vitesses  e,  et  ■-  c„  est  à  très  peu -près  égale  à 
2V0  cosio,  quantité  qui  peut  acquérir  la  valeur  répondant  à  un  choc  sup- 
posé en  disposant  convenablement  de  la  variable  w  (voir  le  Compte  rendu 
de  la  séance  du  24  mars  1890,  p.  62O).  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE  —  Sur  deux  systèmes  d'équations  différentielles 
dont  les  fonctions  hyperJliptiques  de  première  espèce  forment  les  intégrales. 
Note  de  M.  F.  Caspary  présentée  par  M.  Hermite. 

«   Dans  une  Note  que  jù  eu  l'honneur  de  communiquer  récemment  à 
l'Académie  (p.  1 120  de  ce  Volume),  j'ai  exposé  une  méthode  élémentaire 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre  (T.  CXII,  N°  23.)  1  70 


(  i3o6  ) 

pour  établir,  au  moyen  d'identités,  les  équations  différentielles  dont  les 
fonctions  thêta  d'un  nombre  quelconque  d'arguments  forment  les  inté- 
grales. Je  demande  la  permission  d'en  donner  une  nouvelle  application, 
relative  aux  fonctions  thêta  de  deux  arguments. 

»  Soient  w,,  w,  deux  arguments  quelconques  et$s(wi,  w>2),  %a.(wK,  w2), 
£aa ((*>,,  w2)  (a,  p  =  o,  i,  2,  3,  4)  les  seize  fonctions  thêta  de  deux  argu- 
ments. Alors  les  quinze  quotients 

&«(wlt«*'s)^i(w'«»w'»)     et     S*$(w<>w*):$\(w*>w2) 

forment  les  quinze  fonctions  hyperelliptiques  de  première  espèce  qui  sont 
égales,  sauf  des  constantes,  aux  quinze  expressions 


P   _  p       Mi  \       v71^ \|^7) 

f,~      V         *l-*il_(*l-«|l)(»l-«v)  U»-^)(Sï-«v)J 

([A,v  ==  a,P,y,  S,  e;  [i^  o), 

où  les  indices  a,  [4,  y,  o*,  s  désignent,  dans  un  ordre(  quelconque,  o,  1,2, 
3,  4»  et  où 

R(sA)  =  A0(sA  -  a0)  (5A  -  a,  )  (sk—a2)(sk  -  a3)[sk  —  a4)     (A  =  1,  2), 

st,  s.,  étant  des  variables,  et  A;  a0,  . . .,  a,t  des  constantes. 

»  D'après  le  théorème  que  j'ai  donné  antériairement  (ce  Recueil, 
28  juillet  1890),  les  quinze  fonctions  P^,  PHV  sont  proportionnelles  aux 
quinze  éléments  d'un  système  orthogonal  que  je  désigne,  en  conservant  la 
notation  de  mes  Notes  citées,  par  ama,  pA,  vh  (m,  n/(  =  i,2,  3). 

»  Ceci  rappelé,  au  moyen  de  ce  théorème  ('  ),  ai  tire  de  l'identité  diffé- 
rentielle 

da.2l  =  a2ip3  —  a23p.,—  —  a3,v, 

en  y  remplaçant  les  éléments  amn,  ph,  vA  par  les  fonctions  hyperelliptiques 


(')  Je  saisis  cette  occasion  pour  corriger  quelques  er 
glissées  dans  les  expressions  (I)  du  théorème  cité.  D 


jurs  d'impression  qui  se  sont 
ns  les  expressions  des  coeffi- 


cients a,,  et  a32,  on  doit  rayer,  aux  dénominateurs,  le  coifficient  i,  et  dans  l'expression 
du  coefficient  a22>  on  doit  lire  \J$y  au  lieu  de  \Ja-y. 


(  i3o7  ) 
égales,  les  deux  formules 


(0 


(Py)  ^Po8=      Pr^Sy^',  —  a$dw2)  —  PapPsp(^«'.  —  «Y  ^2)» 
^Paô=  A0Pa  Ps  (div,  —  a,  dw2)  —  PatPSzd(i\, 


où  (jîy)  désigne  la  différence  ap—  oy. 

»  Envisageons  dès  à  présent  les  arguments  wt,  w2  comme  fonctions 
d'une  nouvelle  variable  /,  et  posons 

p,=p  dt,         />,  =  qdt,         p3  =  rdt; 
vs  =  vdt,  vi=v'dl,         v3  =  v"dt; 

dw,  —  aa  dw2  =  -r-j         du\  =  a$  dw2  =  -& ,         dw{  =  <ry  dw2  =  ^  , 

7  j  dt  ,  ,  dt 

dvi\  —  a,;  f/ir._,  =  =p         dn\  —  a£  f/u.,  =  ^  • 

»  Si  l'on  remplace  maintenant,  dans  les  formules  (1),  les  indices  (3,  y  par 
S,  s;  de  plus,  les  ind  ces  a,  <$,  s  successivement  par  fi,  y,  %;  y,  a,  (3;  a,  fi,  y, 
et  si  l'on  substitue  eifin,  pour  les  fonctions  hvperelliptiques,  les  éléments 
égaux  <7,„„,  ph,  c/s,  on  obtient,  sans  aucun  calcul,  les  équations  différen- 
tielles 

-5-  -  -  A„((3y)  (  -p-  +  -p- 

(.  •  ;  '         di  ~  —  A0  (  ,  J-  ){     -pi  I  pT" 

!  d(Q-)  _  .      w;ff„nj.        a8la!2\ 

I       df  —    ~  Ao(-X[j )  \~Fr~  ~^~  ~F^ ) 
et 

^-(B-C)yr  +  A0^a12als, 
(H)  J^'  =(C-A)i7n-A.^al,a41, 

dans  lesquelles  deux  des  "onctions  A,  B,  Cl,  F',  F"  sont  quelconques  et  trois 
liées  entre  elles  par  une  lelation  linéaire. 

»  Les  équations  différeitielles  que  je  viens  d'établir  mettent  en  évidence 
l'existence  de  relations  algébriques  entre  les  éléments  am„,  p,  q,  r,  dans  le 
cas  où  ceux-ci  peuvent  <tre  représentés  par  les  fonctions  thêta  de  deux 


(III) 


(IV) 


(V) 


(VI) 


fl8«32«33). 

asa33aSi  ); 


(   r3o8  ) 

arguments.  En  effets,  ces  relations  existent  en  grand  nombre  et  se  dédui- 
sent de  la  même  manière  que  les  équations  différentielles.  Je  me  borne  à 
en  donner  ici  les  plus  simples,  en  y  faisant  entrer  aussi  les  quantités  v, 

V,  v". 

I  ABpq  =  A.0(a1al{ar,-t-aea2la.,i-i-azazta3.i), 

\  BCqr  =  Aa(aaai2al3  -+-  a€a2.2a,3  +  ~ 

CArp  =  A0(«pa)3a, , +  aea23a2,  -+ 

a,,Ap  -hal2Bq  +  a,tCr  =  o, 

a,,  A/3  +  a.,,Bq  -+-  a2ïCr  =  FV, 

a3lAp  -+-  a32Bq  +  rt:,:iGr=  F'V; 

A  p-  -+-      Bf+      C  r2  =      F 

A«/>»+      BV+      C2/2  =       F'V 
aaA2/>2  +  «[5B292  +  flYC-/-2  =  a6F'V 

w'  =  F0(flBaHa2,  -t-apa,2a22H-aYa43«2s) 
v'v"=  F0(aaaata3l  -+-  apa22a32  +  aTa,3«3:!) 
e'V  =  F0(a0,a3l«,1  +  flpa32alo  +  aYrt33«13) 


c  - 

?'*  <i'2 


F"f/2 
a.  F 


V2; 


Ap 

FF"' 


)>  Les  problèmes  qui  conduisent  aux  équations/différentielles  (I)  ou 
(II)  trouvent  leurs  solutions  complètes  par  les  expressions  de  ma  Note 
du  28  juillet  1890  et  par  celles  que  je  viens  d'exposer.  Tout  particulière- 
ment on  en  déduit  les  beaux  résultats  que  M.  H.  Wtber  a  découverts  pour 
le  mouvement  d'un  corps  solide  dans  un  liquide  (Math.  Ann.,  t.  XIV, 
p.  i  73),  résultats  qui,  combinés  avec  ceux  de  M.  Hmrnite,  relatifs  aux  fonc- 
tions elliptiques,  et  de  M.  Darboux,  relatifs  aux  identités,  sont  devenus, 
pour  moi,  la  base  de  mes  propres  recherches.   » 


PHYSIQUE.  —  Détermination  de  l'équivalent  mécaïique  de  la  chaleur.  Note 
de  M.  Constantin  Miculesco,  présentée  »r  M.  Lippmann. 


«   La  méthode  que  j'ai  suivie  dans  cette  dételnination  est  en  principe 


celle  de  Joule,  consistant  à  dégager  de  la  chaleur 


&"&' 


par  le  frottement  des  palettes  contre  l'eau  qu'il 


ans  le  calorimètre  même, 
ontient. 


»  Dans  les  expériences  de  Joule,  le  travail  j'oduit  était  très  faible  :  il 
fallait  par  conséquent  un  temps  considérable  por  obtenir  un  échauffement 
sensible  du  calorimètre,  d'où  résultaient  des  corrections  assez  grandes  et 


(  ,3o9  ) 
difficiles.  L'avantage  de  son  dispositif  était  d'avoir  un  travail  mesuré  direc- 
tement ;  j'ai  cherché  à  conserver  cet  avantage,  tout  en  augmentant  la  quan- 
tité du  travail  produit  par  unité  de  temps.  Cela  m'a  amené  à  employer  un 
moteur  électrique  relativement  puissant. 

)>  L'appareil  que  j'ai  réalisé  pour  ces  mesures  se  compose  essentielle- 
ment d'un  bâti  mobile  horizontal,  reposant,  à  l'aide  de  deux  couteaux,  sut- 
deux  blocs  de  pierre  très  stables.  Sur  le  bâti  est  fixé  un  moteur  électrique 
Gramme,  de  la  force  d'un  cheval-vapeur,  ayant  son  axe  de  rotation  en 
coïncidence  avec  la  droite  qui  joint  les  arêtes  de  deux  couteaux. 

»  Un  calorimètre  porté  par  des  chevalets  indépendants  du  bâti  mobile, 
ayant  la  forme  de  deux  cylindres  concentriques,  est  placé  de  façon  que 
leur  axe  commun  coïncide  avec  l'axe  de  rotation  du  moteur.  Un  axe  métal- 
lique muni  d'hélices  de  bateau  y  pénètre,  et  la  boîte  à  étoupe  est  dans 
l'intérieur  de  l'instrument,  de  manière  à  éviter  les  corrections  dues  aux 
frottements  parasites.  Cet  appareil  est  d'ailleurs  construit  de  façon  à  satis- 
faire aux  exigences  de  la  calorimétrie  de  précision.  Un  lien  flexible  sert  à 
réunir  l'axe  du  moteur  à  l'arbre  portant  les  hélices. 

»  Dès  que  le  moteir  est  mis  en  mouvement,  les  hélices  battent  l'eau  du 
calorimètre  qui  tenc  à  s'échauffer,  et  le  balancier  qui  porte  le  moteur 
s'incline  en  sens  inveise  du  sens  de  rotation. 

»  La  mesure  du  travail  se  fait  simplement  en  chargeant  de  poids  un 
fléau  de  balance  gradié,  fixé  perpendiculairement  au  plan  de  symétrie  du 
balancier.  On  ajoute  ces  poids  jusqu'à  ce  que  l'appareil  demeure  constam- 
ment horizontal. 

»  Le  courant  quiacionnait  le  moteur  provenait  d'une  batterie  de  4o  ac- 
cumulateurs ;  son  intensité  était  maintenue  constante  avec  un  rhéostat. 

»  La  mesure  de  la  qiantité  de  chaleur  était  faite  par  la  méthode  à  tem- 
pérature constante,  appliquée  déjà  par  M.  d'Arsonval.  Par  cette  méthode, 
on  a  l'avantage  de  ne  pus  tenir  compte  de  la  capacité  calorifique  de  l'ap- 
pareil, et  de  ne  pas  fain  de  corrections  relatives  au  refroidissement. 

»  Elle  consiste  à  fain  circuler  un  courant  d'eau  froide  dans  la  partie 
annulaire  qui  entoure  lecylindre  intérieur  constituant  le  calorimètre  pro- 
prement dit;  ce  courant  l'eau  enlève  au  calorimètre  la  chaleur  provenant 
du  frottement,  au  fur  et  i  mesure  qu'elle  est  produite,  et  maintient  con- 
stante de  cette  manière,  tendant  la  durée  du  régime  permanent,  la  tem- 
pérature de  l'eau  du  caloimètre.  La  différence  entre  la  température  du 
courant  d'eau  à  l'entrée  ;t  à  la  sortie  est  prise  avec  une  pince  thermo- 
électrique, soigneusemen  graduée  par  comparaison  avec  un  thermomètre 


(   i3io  ) 

en  verre  dur,  étudié  préalablement  par  moi  au  Bureau  international  des 
Poids  et  Mesures. 

»  J'ai  fait  avec  cet  appareil  3i  expériences  qui  sont  très  concordantes  ; 
les  températures  ont  été  rapportées  au  thermomètre  à  air,  à  Paris;  la 
moyenne  des  résultats  est 

.1  =  426,7. 

»  Le  nombre  de  Joule,  corrections  faites  pour  ramener  les  températures 
au  thermomètre  à  air,  à  Paris,  est  de  426,  5  (  '  ).   » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Propriétés  diélectriques  du  mica  à  haute  température. 
Note  de  M.  E.  Iîouty,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  J'ai  étudié  les  propriétés  diélectriques  du  mica  depuis  la  température 
ordinaire  jusqu'à  4oo°.  En  faisant  usage  de  lames  de  mica  argentées,  on  ne 
rencontre  pas  de  difficultés  graves  jusqu'au  voisinage  de  3oo°,  mais  au 
delà  l'argent  est  attaqué  au  contact  de  l'air,  et  le  nJca  se  trouve  bientôt 
recouvert  d'une  couche  transparente,  de  nature  élecuolytique.  On  atténue 
cet  inconvénient,  sans  le  supprimer,  en  protégeant  Ijargent  du  contact  de 
l'air  par  un  dépôt  de  cuivre  suffisamment  épais. 

»  Le  principal  résultat  de  ces  recherches  a  été  le  mettre  en  évidence 
l'invariabilité  presque  complète  de  la  constante  diilectrique  rapportée  à 
une  durée  infiniment  courte. 

»  De  o°  à  3oo°  cette  constante  ne  varie  certainement  pas  de  la  ~  partie 
de  sa  valeur;  et  comme  dans  tout  cet  intervalle  de  température  le  résidu 
électrique  n'est  pas  extrêmement  grand,  on  peutjse  montrer  nettement 
affirmatif  à  cet  égard. 

-1  Au  delà  de  3oo°  les  complications  apparaissent  La  quantité  d'électri- 
cité fournie  au  condensateur,  par  la  pile  de  charge  cesse  d'être  exclusive- 
ment employée  à  la  formation  d'un  résidu  récup<rable,  comme  cela  avait 
lieu  à  la  température  ordinaire  (2).  L'excès  du  «mirant  de  charge  sur  le 
résidu  est  lié  à  l'existence  d'une  conductibilité  superficielle  du  mica  pro- 
bablement attribuable  elle-même  au  produit  defaltaque  des  armatures, 
car,  à  température  fixe,  cette  conductibilité  croît  ipidement  avec  le  temps, 


(')  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  des  Recherches  mysiques  de  la  Sorbonne. 
(2)  Comptes  rendus,  t.  CX.  p.  i36a. 


(  i3i.  ) 
c'esl-à-dire  avec  l'altération  visible  de  l'argenture.  Si,  après  une  chauffe 
prolongée,  on  laisse  refroidir  le  condensateur,  la  couche  superficielle  du 
mica,  devenue  hygrométrique,  conserve  à  froid  une  conductibilité  qu'on 
fait  disparaître  en  lavant  les  bords  à  l'alcool,  et  l'on  constate  alors  que 
le  mica  a  repris  ses  propriété  normales  :  sa  constitution  interne  n'a  donc 
pas  été  altérée  d'une  manière  permanente  par  la  chauffe. 

»  Il  se  peut  que,  de  3oo°  à  4oo°,  le  mica  possède  déjà  une  faible  conduc- 
tibilité propre  dont  l'effet  s'ajouterait  à  celui  de  la  conductibilité  superfi- 
cielle que  j'ai  mise  en  évidence.  Mes  expériences  ne  permettent  de  rien 
affirmer  à  cet  égard. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  la  conductibilité  résultante,  de  3oo°  à  4°°"»  est 
assez  faible  pour  que  son  effet,  proportionnel  au  temps,  puisse  être  né- 
gligé dans  les  expériences  à  très  courte  durée.  A  l'aide  du  pendule  de  tor- 
sion qui  m'a  précédemment  servi  ('),  je  produis  des  fermetures  du  circuit 
variant  de  o\ooi  à  os,o5et  je  trouve  que,  dans  cet  intervalle  restreint,  la 
charge  absorbée  C  est  représentée  en  fonction  du  temps  /  par  la  formule 

C  =  A  +  B*C. 

Le  coefficient  B  caractéristique  du  résidu  croît  rapidement  avec  la  tempé- 
rature; mais  A  conser  e  une  valeur  à  peu  près  fixe  et  se  confond,  au  degré 
d'approximation  des  nesures,  avec  la  charge  normale  à  courte  durée  et  aux 
basses  températures. 

»  La  constante  diébctrique  est  donc  un  clément  d'une  extrême  fixité  : 
ses  variations  avec  la  ttmpérature  paraissent  de  même  ordre  que  celles  de 
la  densité  ou  de  l'indici  de  réfraction.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Applicdion  du  principe  de  la  transmission  des  pressions  aux 
transmetteurs  léléphonques  à  grande  dislance.  Note  de  M.  P.  Germain, 
présentée  par  M.  Masart. 

«  L'embouchure  d' 'un' ransmetteur  téléphonique  sans  pile  peut  se  subdi- 
viser en  un  certain  nonbre  d'embouchures  plus  petites,  correspondant 
chacune  au-dessus  de  l'éasement  de  la  chambre  d'air  d'une  armature  té- 
léphonique distincte.  L'éaission  d'une  voix  unique  détermine  ainsi  dans 

(')  Comptes  rendus,  t.  CX  p.  i362. 


(     l3l2    ) 

toutes  les  colonnes  d'air  et  sur  les  armatures  téléphoniques  des  pressions 
proportionnelles  à  la  surface  totale  des  armatures  actionnées. 

»  Chaque  armature  développe  dans  l'électro-aimant  de  Bell  dont  elle 
fait  partie  des  courants  d'induction  semblables,  sinon  égaux,  dans  tous  les 
circuits  égaux  distincts  composant  le  transmetteur.  En  reliant  l'entrée  du 
courant  de  la  première  bobine  avec  la  sortie  delà  deuxième,  l'entrée  de  la 
deuxième  avec  la  sortie  de  la  troisième,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  la  der- 
nière, et  en  intercalant  tous  ces  circuits  groupés  en  tension  dans  le  circuit 
d'une  ligne  téléphonique,  on  peut  téléphoner  à  de  grandes  distances  sans 
microphone,  sans  pile  constante  de  quantité  et  sans  bobine  d'Edison. 

»  Une  pile  en  tension  pour  les  appels  suffit  et  peut  desservir  un  certain 
nombre  de  postes  téléphoniques.  Pour  desservir  une  ligne  téléphonique 


de  4ooo  ohms,  tandis  que  l'embouchure  d'émission  de 
la  surface  totale  des  armatures  actionnées  séparément 
bouchure  de  subdivision  doit  être  de  goocq.  La  résis 
bines  Bell  doit  être  de  2000  ohms 


a  voix  n  a  que  12e'1, 
par  une  petite  ém- 
anée totale  des  bo- 


CHIMIE.  —  Action  de  l'ammoniaque  sur  quelques  conbinaisons  des  sels 
halogènes  de  mercure.  Note  de  M.  Raoci/Varet. 


«  Dans  une  précédente  Communication  {Comptes  tendus,  t.  CI\,  p.  941) 
j'ai  étudié  l'action  de  l'ammoniaque  aqueuse  sur  le  combinaisons  que  le 
bichlorure  de  mercure  forme  avec  les  cyanures  métriques,  afin  de  déter- 
miner l'influence  exercée  par  ces  composés  sur  la  formation  des  amidures 
de  mercure.  Aujourd'hui  j'étudie  l'action  du  même/réactif  sur  des  combi- 
naisons de  l'iodure  de  mercure  avec  les  cyanures,  [fin  de  montrer  le  rôle 
de  certains  composés  ammoniacaux  dans  les  doubts  décompositions. 

»   Je  joins  à  ces  faits  l'étude  de  quelques  combi/aisons  nouvelles. 

»  ï.  Iodocyanure  de  mercure  et  de  cadmium.  —  L'pdocyanure  de  mercure 
et  de  cadmium  est  un  sel  triple  résultant  de  Tu/ion  de  l'iodure  mercu- 
rique  avec  le  cyanure  de  mercure  et  de  cadmium  On  l'obtient  en  faisant 
agir  l'iodure  de  cadmium  sur  le  cyanure  de  mercife;  il  v  a  double  décom- 
position entre  un  équivalent  de  Cdl  et  un  équipent  de  HgCy;  les  pro- 
duits de  cette  double  décomposition  s'unissent  ave  un  équivalent  de  HgCy 
pour  donner  le  corps  HgCy.CdCy.HgI.8HO. 

»  Quand  on  fait  tomber  goutte  à  goutte  une  élution  de  ce  sel  dans  de 
l'ammoniaque,  il  y  a  formation  d'un  précipité  blan  qui  se  redissout  d'abord . 


(  i3i3  ) 

On  continue  l'addition  de  la  solution  saline  jusqu'à  ce  qu'il  reste  un  pré- 
cipité non  dissous  en  quantité  suffisante  pour  être  analysé.  Ce  précipité  et 
son  eau-mère  sont  laissés  en  contact  dans  un  vase  fermé  pendant  trois 
heures.  On  a  soin  d'agiter  de  temps  en  temps.  On  obtient  ainsi  une  poudre 
amorphe  légèrement  jaunâtre  que  l'on  sèche  très  rapidement  entre  des 
doubles  de  papier  :  c'est  un  mélange  d'iodure  de  cadmium  ammoniacal 
avec  le  composé 

HeCv.CdCy.HgI.2AzH3 

C  V  Kl  O 

ou  son  isomère 

HirCV.Cdl.aAzlP. 

»  On  voit  que,  sous  l'influence  de  l'ammoniaque,  il  y  a  eu  une  double 
décomposition  inverse  de  celle  qui  a  donné  naissance  au  corps 

HgCy.CdCy.llgI.8HO 

et  par  suite  régénération  de  Cdl  qui  s'est  combiné  à  l'ammoniaque.  C'est 
la  formation  de  ce  dernier  composé  qui  a  provoqué  la  réaction. 

»  lien  est  de  mène  quand  on  dissout  l'iodocyanure  de  mercure  et  de  cad- 
mium dans  de  l'amnoniaquc  aqueuse  et  que  l'on  concentre  la  liqueur  sur 
de  la  potasse.  Les  premières  cristallisations  sont  formées  par  des  mélange  s 
d'iodure  de  cadmium  ammoniacal  et  du  composé  HgCy.CdCy,HgI.2AzHs; 
ce  n'est  que  quand  la  liqueur  contient  un  assez  grand  excès  de  evanure  de 
mercure  régénéré  qte  l'iodocyanure  ammoniacal  se  dépose  à  l'état  de 
pureté. 

»  II.  Iodocyanure  tf,  mercure  et  de  potassium.  —  Ce  sel  se  dissout  abon- 
damment dans  l'animmiaque  aqueuse  chauffée  vers  4o°.  Par  refroidisse- 
ment, le  sel  se  déposenaltéré  et  sans  avoir  fixé  d'ammoniaque. 

»  TII.  Action  du  ga: ammoniac  sur  le  cyanure  de  mercure.  —  La  fixation 
du  gaz  ammoniac  sur  le  cyanure  de  mercure  se  fait  avec  quelques  diffi- 
cultés. Quand  sur  ce  al,  complètement  desséché,  on  fait  passer  un  cou- 
rant de  gaz  ammoniac  lien  sec,  en  chauffant  vers  6o°,  le  cyanure  s'agglo- 
mère et,  après  quatre  bures  de  courant  gazeux,  la  fixation  de  AzH3  est  de 
2  à  3  pour  100. 

»  J'ai  fait  quelques  ssais  afin  de  déterminer  les  conditions  les  plus 
favorables  à  l'obtention  <e  produits  plus  riches  en  ammoniaque.  Voici  com- 
ment il  convient  d'opéré  :  le  cyanure  de  mercure,  finement  pulvérisé  et 
non  desséché,  est  placé  m  mince  couche  dans  un  long  tube  de  verre  pou- 
vant être  chauffé  au  mtven  d'un  bain-marie  spécial.  Ou  fait  passer  un 
C.  R.,  1891,  1"  Semestr.  (T.  CXII,  N-  23.)  '  7  ' 


(  >3.4  ) 
courant  de  gaz  ammoniac  sec  et  l'on  maintient  l'eau  du  bain-marie  à 
l'ébullition  jusqu'à  dessiccation  complète  de  HgCy.  Cela  fait,  on  laisse 
refroidir  et  l'on  continue  à  faire  passer  le  courant  gazeux  pendant  trente 
heures.  On  obtient  ainsi  une  poudre  blanche  amorphe  répondant  à  la  for- 
mule 

HgCy.AzH3. 


»  C'est  un  corps  très  altérable  à  l'air.  Il  perd  rapidement  de  l'ammo- 
niaque et  en  même  temps  absorbe  de  l'eau  qui  se  dégage  quand  on  traite 
de  nouveau  le  corps  par  un  courant  de  gaz  AzH3,  même  à  froid. 

»  IV.  Chlorocyanure  de  mercure  et  de  baryum.  —  Lq  chlorocyanure  de 
mercure  et  de  baryum,  traité  par  un  courant  de  gaz  ammoniac  à  ioo°  jus- 
qu'à déshydratation  complète,  puis  à  froid  pendantj  huit  heures,  fixe 
2  équivalents  de  AzH3,  et  donne  le  composé 

Hg2Cv2.BaCl.2AzH\ 

corps  altérable  à  l'air,  peu   soluble  dans  l'ammoniafiic,  décomposablc 
par  l'eau. 

»  Le  chlorocyanure  de  mercure  et  de  baryum  absorbe  le  gaz  ammoniac 
beaucoup  plus  rapidement  que  chacun  de  ses  sels  composants  individuel- 
lement, et  la  combinaison  formée  parait  beaucoup  il  us  stable  que  celles 
résultant  de  l'action  du  gaz  ammoniac  sur  le  cyanurede  mercure  et  sur  le 
chlorure  de  baryum.   » 


CHIMIE.  —  Sur  un  nouveau  procédé  de  préparalim  des  chloroiodures 
de  silicium.  Note  de  M.  A.  Bessox,  présentéepar  M.  Troost. 

«  J'ai  décrit  précédemment  la  préparation  des  chbroiodures  de  silicium 
par  l'action  de  l'acide  iodhvdrique  sur  le  chlorure  dj  silicium;  cette  opéra- 
lion,  très  pénible,  ne  m'avait  permis  de  préparera  l'état  de  pureté  que 
les  deux  premiers  termes  de  la  série  des  trois  chbroiodures  dont  l'exis- 
tence peut  se  prévoir  par  la  théorie  :  Si2 Cl3 1, Si2 G2 P,  Si2  Cil3. 

»  Ces  trois  corps  s'obtiennent  facilement  enserjble  en  faisant  naître  si- 
multanément le  chlorure  et  iodure  de  silicium  ;  à  jet  effet,  on  distille  sur 
du  silicium  cristallisé,  chauffé  à  une  températuœ  voisine  du  rouge,  du 
chlorure  d'iode  ICI  :  le  chlorure  et  iodure  de  silidum  étant  ainsi  produits 
simullanémeut  avec  un  excès  d'énergie  se  combirtnt.  Cet  excès  d'énergie 


(   i3i5   ) 

est  nécessaire  à  la  réaction,  car  si  l'induré  est  seul  à  l'état  naissant,  ce  que 
l'on  réalise  en  dissolvant  de  l'iode  dans  du  chlorure  de  silicium,  puis  dis- 
tillant sur  le  silicium,  les  vapeurs  d'iode  se  trouvent  entraînées  dans  la 
distillation;  maison  ne  recueille  que  le  chlorure  mélangé  d'iodnre,  sans 
formation  de  produits  intermédiaires.  On  peut,  au  contraire,  passer  d'un 
chloroiodure  aux  suivants  en  remplaçant,  dans  cette  réaction,  le  chlorure 
par  l'un  des  chloroiodures;  mais  ici  la  réaction  semble  très  complexe,  car 
on  trouve  du  chlorure  de  silicium  dans  les  produits  de  la  réaction;  ceci 
n'est  pas  très  surprenant  si  l'on  tient  compte  de  la  dissociation  partielle 
des  chloroiodures  sous  l'action  de  la  chaleur.  Cette  dernière  réaction  est 
précieuse  pour  préparer  le  dernier  terme  de  la  série  qui  est  le  plus  pé- 
nible à  obtenir. 

»  Le  liquide  légèrement  coloré  par  de  l'iode  est  soumis  à  des  distilla- 
tions fractionnées  ^ur  un  peu  de  tournure  de  cuivre,  ce  qui  permet  de 
recueillir  oies  produits  incolores.  On  sépare  successivement  le  premier 
chloroiodure  Si2  Cl'  I  qui  distille  de  ii3°-ii4°,  puis  Si2  Cl"  I2  à  1720,  et 
enfin  le  dernier  dort  je  rectifie  et  complète  les  caractères  spécifiques. 

«  Liquide  incolo-e  se  colorant  rapidement  à  l'air,  distillant  de  23/i°  à 
2370,  se  solidifiant  tous  l'action  du  froid;  le  corps  solide  blanc  cristallin 
ainsi  obtenu  fond  ves  +  2".  Sa  composition  a  été  vérifiée  par  les  analyses 
suivantes  : 


Poids 

v°  1 

de 

Si 

Po 

ir   VgC)       3  Vul 

bstance. 

pour  100. 

pour  100. 

pour  1 

1,729 

»  » .  ■  5 

» 

» 

0,721 

• 

191  .  ><i 

1 
! 

Cl. 
I.. 

«£(*=•».« 

r,o8i 

6,29 

1 go , 0 1 

1 

i 

Cl . 

I.. 

Cl. 
!.. 

£,£\  *  =  *>•* 

» 

rgo,8g 

if,  !  ■=*«» 

Théorie  pour  Si2ClI3 

«  J'ai  tenté  d'obtenr  par  la  même  méthode,  distillation  de  bromure 
d'iode  IBr  sur  du  bore  hauffé  au-dessous  du  rouge,  les  bromoiodures  de 
bore  que  je  n'avais  pu  [réparer  qu'en  petite  quantité  par  l'action  de  l'acide 
iodhydrique  sur  le  bronure  de  bore;  la  réaction  semble  bien  se  faire  dans 
le  sens  prévu,  mais  une  lOtable  quantité  d'iode  passe  inaltérée  et  empâte  le 
produit  de  la  réaction,  oie  j'ai  dû  abandonner  pour  cette  raison. 

»  L'application  de  la  uême  méthode  m'a  conduit  à  la  préparation  des 
chlorosulfures  de  silicitu;  le  chlorure  oie  soufre  rouge  correspondant  sen- 


(  i3iG  ) 

siblement  à  la  composition  S2 Cl2  distillé  sur  du  Si  au-dessous  du  rouge,  il 
se  forme  Si2  Cl''  et  le  soufre  est  mis  en  liberté. 

»  Mais,  au  rouge  vif,  la  réaction  est  plus  complète  et  l'on  recueille  des 
produits  liquides  et  solides  formés  d'un  peu  de  chlorure  Si2CP  et  dechlo- 
rosulfures,  qui  semblent  être  au  nombre  de  trois,  comme  le  fait  prévoir  la 
théorie.  L'étude  de  ces  corps  n'est  pas  encore  terminée.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  trois  cas  de  développement  libre  observés  oliez  les  Bryozoaires 
ectoproctes  (').  Note  de  M.  Hexki  Prouho,  présentée  bar  M.  de  Lacaze- 
Duthiers. 


«  Dans  une  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le 
29  juillet  1889,  j'ai  appelé  l'attention  sur  un  Bryozoaiip  marin,  Y Alcyoni- 
dium  albidum  (Aider),  qui  pond  ses  œufs  au  moyen  l'un  organe  spécial 
(organe  intertentaculaire)  dont  sont  seuls  pourvus  les  »olvpides  des  loges 
sexuées.  Depuis  lors,  j'ai  observé  le  même  fait  chez  la  uembranipora  pilosa 
(Linné),  également  munie  d'un  organe  intertentaculaire.  Contrairement  à 
ce  qui  a  lieu  chez  la  grande  majorité  des  Bryozoaires!  l'œuf  de  ces  deux 
espèces  se  développe  donc  librement  dans  le  milieu  eitérieur. 

»  La  connaissance  de  ces  conditions  particulières  de  la  reproduction 
m'a  d'abord  permis  d'étudier  le  développement  de  l'œw  de  la  Membranipora 
pilosa  et  de  suivre  l'embryogénie  de  sa  forme  larvaire,le  Cyphonautes,  orga- 
nisme qui,  à  une  époque  déjà  éloignée,  a  fort  intrigujles  zoologistes.  Plus 
récemment,  j'ai  suivi  le  développement  de  l'œuf  de  Vllcyonidium  albidum. 

»  Les  caractères  de  l'œuf  de  ces  deux  espèces  son  identiques,  avant  et 
après  la  ponte,  et  les  phases  de  son  développemeri,  dont  je  résume  ici 
les  principaux  traits,  sont  essentiellement  les  mèmej. 

»  La  segmentation  est  égale  et  régulière  jusqu'aultade  16.  Au  stade  32, 
l'embryon  présente  une  face  légèrement  aplatie,  aimilieu  de  laquelle  on 
distingue  quatre  cellules,  se  différenciant  de  leursi'oisines  par  leur  plus 
grande  dimension  ainsi  que  par  la  plus  grande  aboiuance  de  leurs  granu- 
lations vitellines.  Ces  quatre  cellules,  initiales  de  l'eidoderme,  pénètrent  à 
l'intérieur  de  l'embryon,  qui  parvient  ainsi  au  stadede  gastrula  sans  cavité 
archentérique;  le  blastopore  est  situé  sur  la  face  platie  (face  orale),  au 
point  où  les  quatre  cellules  endodermiques  se  snt  invaginées.  La  face 


(')  Ces  recherches  ont  été  faites  au  Laboratoire  Aragoj 


(   i3t7  ) 
orale  se  déprime  de  plus  en  plus  et  le  blastopore  se  ferme.  Un  épaississe- 
ment  ectodermique  (organe  aboral)  apparaît  alors  au  pôle  aboral,  tandis 
que  quelques  cellules  mésodermiques,  dont  je  ne  puis  préciser  l'origine,  se 
monlrent  en  avant  de  la  masse  endodermique. 

»  La  face  orale  se  creuse  ensuite  d'une  dépression  (vestibule),  qui 
rejette  vers  l'arrière  la  masse  endodermique;  en  même  temps,  des  cils 
vibratiles  apparaissent  sur  le  bord  de  la  face  orale  et  cpielques  cils  tactiles 
se  développent  sur  l'organe  aboral.  La  masse  endodermique  acquiert  bien- 
tôt une  cavité  centrale  et  forme  le  mésentéron  avec  lequel  le  fond  du  ves- 
tibule ne  tarde  pas  à  se  mettre  en  communication;  un  peu  plus  tard,  une 
invagination  postéreure  de  la  face  orale  vient  déboucher  dans  la  partie 
postérieure  du  mésentéron  et  forme  le  rectum. 

»  Les  jeunes  larves,  ainsi  pourvues  d'un  tube  digestif,  d'un  organe  abo- 
ral et  d'une  bande  ciliée  locomotrice  (couronne),  présentent  déjà  la  forme 
en  cône  aplati  du  Cydionaules,  mais  il  leur  manque  encore  deux  organes  : 
l'organe  piriforme  el  le  sac  interne.  L'apparition  de  ces  organes  est  pré- 
cédée de  la  formatien  d'un  arceau  cilié,  qui  délimite,  dans  le  vestibule, 
une  chambre  pharyngienne  et  une  chambre  anale.  Bientôt  après,  les  cils 
vibratiles  s'atrophienlsur  une  certaine  étendue  des  parties  latérales  de  la 
couronne,  qui  se  trouve  ainsi  divisée  en  deux  bandes,  l'une  postérieure, 
l'autre  antérieure;  c'est  en  dedans  de  cette  dernière  que  se  développe 
l'organe  piriforme,  taidis  que  plus  tard  le  sac  interne  apparaît  entre  l'ar- 
ceau vestibulaire  et  le  ectum. 

»  Les  larves  que  j'aiélevées,  privées  des  conditions  de  la  vie  pélagique, 
n'ont  pas  vécu  jusqu'à  l'apparition  de  leur  sac  interne;  mais  il  n'est  pas 
douteux  que  cet  organ  ne  se  développe,  chez  Y  Al.  albidum.  à  la  place 
même  où  on  le  voit  s  former  chez  les  jeunes  larves  de  Mem.  pilosa 
recueillies  au  filet  pél^ique.  Les  valves  chitineuses,  qui  recouvrent  le 
corps  du  Cyphonautes,  nétaient  représentées,  chez  les  larves  A' Al.  albidum 
élevées  en  captivité,  qiî  par  un  mince  revêtement  cuticulaire. 

»  Quoi  qu'il  en  soit, -es  observations  permettent  de  conclure  que  la 
forme  larvaire  de  Y Alcyaidium  albidum  présente  avec  celle  de  la  Membra- 
nipora pilosa,  non  seulemnt  les  mêmes  comblions  de  développement  libre, 
mais  encore  une  identitéle  structure  telle  que,  si,  à  l'état  île  larve  prête 
à  se  métamorphoser,  ellene  lui  est  pas  identique,  les  différences  des  deux 
larves  n'ont  cerlainemen  aucune  importance  morphologique. 

»  Le  troisième  exempt  de  développement  libre  nous  est  fourni  par 
un  Cténostome  du  groupedes  Stolonifera,  Y Hypophorella  expansa  (Ehlers), 


(  i3i8  ) 

qui  vit  dans  l'épaisseur  des  tubes  de  certaines  annélides,  et  que  j'ai 
retrouvée  dans  les  tubes  de  Chétoptères  dragués  au  large  de  Banyuls- 
sur-Mer. 

»  Chez  VBypophorella,  l'organe  interlentaculaire  n'existe  pas;  il  est 
remplacé  par  un  simple  pore  situé  entre  le  ganglion  nerveux  et  la  base 
des  tentacules.  C'est  par  ce  pore  que  les  œufs,  d'ailleurs  semblables  à 
ceux  des  espèces  précédentes  ,  sont  expulsés.  Leur  développement  ne 
diffère  pas  essentiellement  de  celui  qui  vient  d'être  Résumé  et  la  jeune 
larve,  pourvue  d'un  tube  digestif,  est  organisée  suivant  le  type  Cyp/w- 
n  ailles. 

»  Nous  connaissons  donc,  dès  maintenant,  trois  es] 
ectoproctes  dont  les  œufs  se  développent  librement 

rieur,  sans  aucune  attache  avec  la  colonie  mère  et,  dap  ces  trois  cas,  l'œuf 
donne  naissance  à  une  larve  du  type  Cyphonautes. 

»   Si  nous  remarquons  que  les  trois  espèces  étudiées  diffèrent  non  seu 
lement  par  des  caractères  morphologiques  importants,  mais  encore  par 
leur  habitat  et  leurs  mœurs,  ne  serons-nous  pas  autirisé  à  penser  que  la 
forme  Cyphonautes  est  le  type  larvaire  de  tous  les  Bryozoaires  dont  les  œufs 
subissent  un  développement  libre.  » 


èces  de  Bryozoaires 
ans  le  milieu  exté- 


ZOOLOGIE.  —   Les  Criquets  en  Algérie.  Note   de   M.  Charles  Broisgniart, 

présentée  par  M.  Blanchard. 


«  J'ai  observé,  depuis  quelques  jours,  des  quantiesprodigieuses  de  Cri- 
quets pèlerins  qui  passaient  sans  discontinuer  auJessus  de  Mustapha  et 
d'Alger.  On  était  littéralement  assailli  lorsqu'on  soput  dans  les  rues.  J'ai 
donc  pu  voir  facilement  l'attitude  de  ces  acridiens  tendant  le  vol. 

»  Lorsqu'ils  veulent  s'envoler,  ils  se  donnent  unélan  violenta  l'aide  de 
leurs  pattes  de  la  troisième  paire  qu'ils  détendent  bmme  un  ressort  et  qui 
restent  pendantes  durant  quelques  instants.  Si  l'injecte  veut  continuer  son 
vol  et  monter  davantage,  il  replie  les  jambes  sur  le  cuisses  delà  troisième 
paire  de  façon  qu'elles  soient  parallèles  à  l'abdoàen.  Les  pattes  du  pro- 
thorax et  du  mésothorax  se  relèvent  et  s'appliqent  contre  le  (horax,  la 
jambe  repliée  contre  la  cuisse.  Les  antennes  son  dirigées  en  avant. 

»   Si  l'insecte  veut  se  poser,  il  laisse  pendre  tûtes  ses  pattes  et  relève 
ses  ailes,  se  laissant  alors  soutenir  dans  l'air  à 
L'insecte  ressemble  à  un  pigeon  qui  va  se  poser. 


façon  d'un  parachute. 


(   i3i9  ) 

»  M.  Poujade  a  étudié  l'attitude  des  insectes  pendant  le  vol  et  il  a  re- 
présenté une  Locuste  verte  ayant  les  pattes  pendantes  durant  le  vol.  Il  fau- 
drait vérifier  si  cette  attitude  n'a  lieu  qu'au  moment  du  départ  et  si  cet 
insecte  replie  ses  pattes  à  la  façon  du  Criquet. 

»  J'ai  observé  les  Criquets  pèlerins  pendant  l'accouplement  et  pendant 
la  ponte.  L'accouplement  se  fait  presque  en  même  temps  pour  les  Criquets 
d'un  môme  vol.  Lorsqu'on  s'approche  ils  ne  s'envolent  pas,  ils  sautillent 
et  la  plupart  du  temps  le  mâle  reste  cramponné  sur  sa  femelle. 

»  Si  on  les  obse-ve  sans  les  effrayer,  on  voit  que,  pendant  l'accouple- 
ment, le  mâle  rednsse  par  moments  ses  pattes  de  la  troisième  paire  et  fré- 
mit véritablement  de  jouissance.  Il  en  est  de  même  pendant  la  ponte;  le 
mâle  reste  sur  sa  femelle  et  ses  pattes  de  la  troisième  paire  sont  encore 
agitées  fiévreusemeit.  Il  semble  la  vouloir  aider  à  l'accouchement. 

»  La  femelle  enfonce  son  abdomen  dans  les  terrains  les  plus  durs,  sur 
les  routes  battues  nême;  quelquefois  elle  fait  des  trous  d'essai  pour  se 
rendre  compte  de  la  nature  du  sol. 

»  L'abdomen  s'énonce  à  une  profondeur  qui  varie  entre  5cm  et  8' -""',  et 
jamais  je  n'ai  pu  voii  de  femelle  ayant  enfoncé  son  abdomen  à  une  plus 
grande  profondeur,  ben  qu'on  ait  dit  souvent  le  contraire.  D'ailleurs,  dans 
une  des  dernières  séaicesde  la  Société  d'Agriculture  d'Alger,  M.  Rùnckel 
a  fait  justice  de  cette  aitique  assertion. 

»  La  femelle  déposi  au  fond  du  trou  une  substance  légère,  blanchâtre, 
qui  ne  peut  être  mien  comparée  qu'à  du  blanc  d'oeuf  battu;  elle  dépose 
ses  œufs  et  les  recouvr  encore  de  cette  substance. 

))  J'ai  observé,  en  averses  localités  et  notamment  à  Bordj  Bouira,  une 
moyenne  de  trente-ciij  pontes  par  décimètre  carré  contenant  chacune 
quatre-vingts  à  quatre-\ngt-dix  œufs  ! 

»  Après  la  ponte,  le: insectes  restent,  en  général,  absolument  anéantis 
et  meurent  sur  les  lieu: de  ponte;  on  rencontre  en  moyenne  trente  cada- 
vres par  mètre  carré,  savent  beaucoup  plus;  en  outre,  des  débris  d'ailes, 
de  pattes,  de  corps  proient  que  des  animaux,  oiseaux,  mammifères,  rep- 
tiles, même  des  scolopodres  (j'en  ai  trouvé  mangeant  des  cadavres  de 
ces  Criquets)  viennent  s  repaître  de  cette  nourriture  facile  à  trouver. 

»  Le  sol  où  a  eu  lieu  1  ponte  est  facile  à  reconnaître,  même  de  loin.  Il 
est  craquelé,  éclaté,  effrij  ;  en  outre  les  trous  de  ponte  sont  surmontés  de 
cette  bave  dont  j'ai  parlédus  haut.   » 


(     l320    ) 

M.   Blanchard  communique  à  l'Académie  un  télégramme  que  M.  Ch. 
Brongniart  vient  de  lui  adresser  de  Mustapha  : 

«  Trouvé  quantité  de  pèlerins  morts,  tués  par  cryptogame  Bolrytis,  voisin  du  Bas- 
sianct.  Le  professeur  Trabut  vérifie  ma  découverte.   » 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  nature  morphologique  du  phènon\ène  de  la  féconda- 
tion. Note  de  M.  Léon  Guignard,  présentée  parti.  Duchartre. 

«  En  signalant,  dans  une  Note  antérieure  ('),  l'existence  générale  des 
sphères  directrices  dans  les  cellules  végétales,  j'ai  fait  jemarquer,  à  propos 
des  organes  sexuels,  qu'on  les  trouve,  au  nombre  dfe  deux  pour  chaque 
noyau  à  l'état  de  repos,  non  seulement  dans  les  cellules  mères  du  pollen 
et  dans  le  sac  embryonnaire  en  voie  de  développemeit,  mais  encore  dans 
l'oosphère  avant  la  fécondation. 

»  La  transmission  ininterrompue  de  ces  corps  je  cellule  à  cellule, 
quelle  que  soit  la  nature  de  l'organe  considéré,  dolnait  à  penser  que  le 
noyau  mâle  de  la  cellule  génératrice,  chargée  d'opéra-  la  fécondation,  doit 
être  également,  comme  le  noyau  de  la  cellule  fetiplle,  accompagné  de 
deux  sphères  directrices.  Mais,  s'il  en  est  ainsi,  cesdernières  pénètrent- 
elles  avec  le  noyau  mâle  dans  l'oosphère?  et,  dans  1  cas  afBrmatif,  quelle 
est  leur  destinée  dans  l'acte  de  la  fécondation?  Oj  a  cru  jusqu'à  ce  jour 
que  l'essence  du  phénomène  de  la  fécondation  consiie  exclusivement  dans 
la  copulation  de  deux  noyaux  d'origine  sexuelle  afférente,  la  fusion  des 
protoplasmes,  quand  elle  existe,  comme  chez  les/Thallophytes,  n'ayant 
qu'un  rôle  accessoire. 

»  Les  faits  suivants,  tirés  surtout  de  l'étude  duiLis  Martagon  et  de  la 
Fritillaire,  montrent  que  cette  interprétation  est  nexacte,  et  la  conclu- 
sion qu'ils  fournissent  est  conforme  sur  le  pointpssentiel,  comme  on  le 
verra  plus  loin,  à  celle  que  M.  Hermann  Fol  a  épncée  récemment  pour 
les  animaux  (2).  / 

»  Pour  comprendre  le  mode  d'union  des  élérœnts  sexuels  au  moment 

(')  Comptes  rendus,  9  mars  1891. 

(2)  Note  sur  le  quadrille  des  centres  :  un  épisodeïouveau  de  la  fécondation 
(Comptes  rendus,  20  avril  1891,  eL  Arch.  des  Sciences\hys.  et  nat.  de  Genève,  nu- 
méro du  i5  avril  1891). 


(     l32£     ) 

de  la  fécondation,  i!  est  nécessaire  de  savoir  d'abord  quelle  est,  dans  le 
tube  pollinique  et  dans  le  sac  embryonnaire,  la  position  des  sphères  direc- 
trices au  contact  des  noyaux  mâle  et  femelle. 

»  1.  Après  son  entrée  dans  le  tube  pollinique,  la  cellule  génératrice  du 
grain  de  pollen  est  fusiforme  et  pourvue  d'un  protoplasme  propre  et  spé- 
cialisé, que  divers  réactifs  permettent  de  distinguer  facilement  du  proto- 
plasme qui  circule  dans  le  tube.  Comme  ce  protoplasme  propre  recouvre 
d'une  couche  très  mince  les  faces  latérales  du  noyau  allongé  de  la  cellule 
génératrice,  tandis  qu'il  est  plus  épais  aux  deux  extrémités  du  novau,  les 
sphères  directrices  se  trouvent  généralement  à  l'une  de  ces  extrémités. 

»  Lorsque  la  ce  Iule  génératrice  se  divise  pour  donner,  conformément 
à  la  règle  générale  pour  les  Angiospermes,  deux  nouvelles  cellules  libres, 
le  grand  axe  du  fustau  nucléaire  est  toujours  parallèle  à  celui  du  tube  pol- 
linique. Après  cette  division,  celle  des  deux  nouvelles  cellules  génératrices 
qui  est  antérieure  dms  le  tube  a  ses  sphères  en  avant  du  novau,  à  la  place 
occupée  auparavan  par  l'un  des  pôles  du  fuseau;  l'autre  cellule,  au  con- 
traire, les  présente  m  arrière,  là  où  se  trouvait  l'autre  pôle.  Par  consé- 
quent, au  moment  ni  la  première,  seule  chargée  d'opérer  la  fécondation, 
pénétrera  dans  l'apjareil  femelle,  les  deux  sphères  directrices  qu'elle  pos- 
sède précéderont  le  oyau,  qui  a  reçu  le  nom  de  noyau  mâle. 

»  2.  Avant  la  fécoidation,  le  sac  embryonnaire  produit,  comme  on  sait, 
huit  noyaux  disposésîn  deux  tétrades,  l'une  au  sommet,  l'autre  à  la  base. 
Dans  la  tétrade  du  sonnet,  les  deux  noyaux  qui  appartiendront  auxsyner- 
gides  se  forment  dan  un  plan  horizontal;  les  sphères  occupent  donc  la 
face  latérale  et  extern  de  chacun  d'eux.  Les  deux  autres  novaux  naissent, 
au  contraire,  dans  un  plan  perpendiculaire  :  le  plus  élevé  appartiendra  à 
l'oosphère  ;  le  moins  éevé  ira  s'unir  à  un  novau  homologue,  qui  se  détache 
de  la  tétrade  inférieur  pour  former  avec  lui  le  noyau  secondaire  du  sac 
embryonnaire  ou  preiier  noyau  de  l'albumen.  Par  suite,  les  corps  direc- 
teurs sont  situés  au-desus  du  noyau  de  l'oosphère,  tandis  que,  pour  son 
congénère,  ils  sont  au-essous. 

»  3.  Dès  lors,  au  mment  où  la  cellule  mâle  pénètre  dans  la  cellule 
femelle,  le  contact  s'étblit  d'abord  entre  leurs  sphères  respectives,  qui 
s'accouplent  deux  à  dex  ;  puis  les  deux  paires  constituées  chacune  par 
deux  éléments  d'origin*  différente  s'écartent  l'une  de  l'autre  pour  per- 
mettre aux  noyaux  de  s'nir  à  leur  tour. 

»  Dans  chaque  coupl,  les  sphères  se  fusionnent  lentement  en  formant 
peu  à  peu  une  masse  impie,  où  les  deux  centrosomes  primitifs  se  confon- 

C.  R.,  1891 .   1"  Seme.se.  (T.  CXII,  !S»  23. 1  I72 


(     1332    ) 

dent  finalement  en  un  seul.  Les  deux  nouvelles  sphères  ainsi  constituées 
seront  l'origine  des  pôles  du  premier  fuseau  de  division  de  l'œuf  après  la 
fécondation  ;  elles  s'orienteront  de  telle  sorte  que  ce  fuseau  soit  parallèle 
au  grand  axe  de  l'œuf. 

»  Pendant  ce  temps,  le  noyau  mâle,  fortement  contracté  et  d'aspect 
homogène  au  moment  de  sa  pénétration,  grossit  insensiblement  au  contact 
du  noyau  femelle  dont  on  peut  facilement  le  distinguer  L'entrée  en  divi- 
sion de  la  masse  commune,  formée  par  les  segments  chromatiques  des 
deux  noyaux  sexuels,  a  lieu  quand  les  deux  sphères  d'un  même  couple  se 
sont  fusionnées  en  une  seule.  Alors  la  fécondation  est  accomplie.  Les 
mêmes  faits  s'observent  dans  l'union  des  deux  noyauxmii  doivent  consti- 
tuer le  noyau  secondaire  du  sac  embryonnaire,  et  cfest  même  là  qu'on 
peut  le  plus  facilement  les  suivre. 

»  4.  Il  résulte  de  ces  données  nouvelles  que  le  phén  mène  de  la  féconda- 
tion consiste  non  seulement  dans  la  copulation  de  deiv  noyaux  d'origine 
sexuelle,  différente,  mais  aussi  dans  la  fusion  de  deux  prooplasmes,  également 
d'origine  différente,  représentés  essentiellement  par  les  spiéres  directrices  de  la 
cellule  mâle  et  de  la  cellule  femelle. 

»   Dans  le   travail  mentionné  précédemment,  M.lermann  Fol  a  con- 
staté que,  chez  un  Oursin,  leStrongylocenlrotus  lividis,  le  spermatozoïde, 
après  son  entrée  dans  l'œuf,  se  montre  précédé  par  di  corpuscule  distinct 
ou  spermocentre.  Le  pronucléus  femelle  est  de  mêue  accompagné  d'un 
corpuscule  analogue  ou  ovocentre  ;  mais  ce  dernier  essitué  du  côté  opposé, 
par  rapport  à  l'endroit  où  pénètre  le  spermatozoïde  Pendant  l'union  du 
pronucléus  mâle,  dérivé  du  spermatozoïde,  avec  \i  pronucléus  femelle, 
ces  deux  centres  se  dédoublent  et  leurs  moitiés  respctives  cheminent  en 
sens  inverse  en  décrivant  un  quart  de  circonférencl  dans  un  même  plan; 
de  sorte  que,  de  chaque  côté  de  la  masse  nucléaireunique  formée  par  les 
pronucléus,  et  à  angle  droit  de  la  position  primfve,  un  demi-spermo- 
centre  vient  rencontrer  un  demi-ovocentre  et  sefusionner  avec  lui.  Il 
se  fait  ainsi  deux  astrocentres,  occupant  les  deux  p^es  du  premier  fuseau 
de  segmentation  de  l'œuf. 

»  Au  fond,  le  résultat  est  le  même  que  chez  ^s  plantes;  seulement, 
chez  celles-ci,  les  corps  protoplasmiques  qui  dcjent  se  fusionner  sont 
préformés  dans  la  cellule  mâle  et  dans  la  cellule  finelle.  Cette  différence, 
en  admettant  qu'elle  soit  constante,  ne  change  pap  nature  essentielle  du 
phénomène  fondamental  de  la  fécondation,  dût  la  similitude  paraît 
désormais  établie  pour  les  plantes  et  pour  les  animux.    » 


(   i3a3  ) 


PÉTROGRAPHIE.  —  Sur  les  enclaves  de  syènites  nêphéliniques  trouvées  au  milieu 
des  phonolilcs  du  Bôhgau  et  de  quelques  autres  gisements;  conclusions  à  en 
tirer.  Note  de  M.  A.  Lacroix,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  J'ai  recueilli  écemment  dans  les  phonolites  du  Hohgau  (nord-ouest 
du  lac  de  Constance)  un  assez  grand  nombre  d'enclaves  particulièrement 
intéressantes,  à  cause  de  leurs  relations  avec  la  roche  cpii  les  englobe. 

»  Ces  enclaves  ;ont  assez  abondantes  sur  les  abrupts  est  et  sud-est  du 
Hohentwiel,  à  Gennersbohl,  près  Hilzingen,  plus  rares  à  Hohenkràken  et 
à  Màgdberg.  Arroidies  ou  anguleuses,  elles  varient  dans  leurs  dimensions 
depuis  la  grosseur  d'une  noix  jusqu'à  celle  des  deux  poings.  On  peut  les 
diviser  en  deux  groipes. 

»  Le  premier  eslformé  par  des  roches  de  couleur  claire,  grenues  et  of- 
frant à  l'œil  nu  les  iaractères  des  syènites  nêphéliniques.  On  y  distingue  des 
feldspaths aplatis  suvant  ^(oio^et  allongés  suivant  l'arête/; g'(oo  i)(oi  <>), 
des  minéraux  jaune  rougeàtrc  que  l'examen  microscopique  montre  être 
de  la  néphéline  (rare)  et  surtout  un  minéral  cubique  du  groupe  sodalite- 
noséane  plus  ou  moiis  transformés  en  mésotype, enfin  du  pyroxène  vert. 

»  L'étude  des  lanss  minces  montre  que  ces  roches  possèdent  la  structure 
la  plus  habituelle  au  syènites  nêphéliniques.  Les  cristaux  de  feldspath 
s'enchevêtrent,  laissât  entre  eux  des  vides  polyédriques,  remplis  par  la 
néphéline  et  la  sodalih.  Cette  dernière  existe  aussi  en  cristaux  automorphes 
englobés  par  les  feldsaths. 

»  Le  pyroxène  estvert  foncé,  très  polvchroïque;  sur  les  bords,  il  se 
transforme  en  œgyrinc  ce  dernier  minéral  existe  parfois  en  grands  cris- 
taux. Divers  minérau>accessoires  (sphêne,  zircon,  rin/titr)  s'observent,  en 
outre,  plus  ou  moins  nondamment. 

»  Souvent  la  néphëne  et  la  sodalite  sont  complètement  zéolitisées  et 
les  feldspaths  entièremnt  noyés  dans  les  produits  secondaires. 

»  Deux  enclaves  deiennersbohl  absolument  intactes  présentent  quel- 
ques particularités  :  l'un,  à  gros  grains,  renferme  des  cristaux  octaédriques 
[a1  (i  i  i)]  réguliers,  jaues,  qui  doivent  être  rapportés  à  la  pyrrhile.  Tous 
les  éléments  sont  grenu,  les  feldspaths  piquetés  des  produits  d'altération 
colloïdes  :  la  roche  estidentique  à  certaines  syènites  nêphéliniques  du 
Brésil;  l'autre  enclave  d  très  finement  grenue,  riche  en  biotite  et  en  py- 
roxène s' isolant  en  paqv.ts;  cette  roche  présente  une  grande  analogie  de 


(  i324  ) 
structure  avec  quelques-unes  des  formes  de  contact  que  j'ai  décrites  dans 
la  syénite  néphélinique  de  Montréal  (Canada)  et  avec  quelques  roches  filo- 
niennes  du  groupe  tinguaite  de  M.  Rosenbusch. 

»  Le  second  groupe  d'enclaves  est  de  couleur  foncée!  l'examen  micro- 
scopique fait  voir  que  les  roches  qui  le  constituent  sontjsurlout  riches  en 
pyroxène  (partiellement  transformé  en  aegyrine),  parfclis  en  œgyrine,  en 
biolite,  en  apatile  et  en  sphène.  Ces  minéraux  sont  entoufés  par  de  la  soda- 
lite  et  plus  rarement  par  de  la  néphéline.  Du  grenat  mélnite,  de  la  pcroivs- 
kite  ont  été  accidentellement  observés.  La  biolite  est  parfois  en  voie  de 
résorption  ferrugineuse  et  accompagnée  de  biotite  récen  e.  En  général,  les 
éléments  blancs  sont  zéolitisés.  L'étude  d'un  grand  nonjbre  d'échantillons 
m'a  permis  de  voir  que  tous  les  passages  possibles  pistaient  entre  ce 
groupe  d'enclaves  et  le  précédent  par  l'adjonction  d'oijhose  et  la  diminu- 
tion concomitante  des  éléments  ferrugineux. 

»  Il  est  intéressant  de  comparer  ces  enclaves  gren  es  avec  celles  que 
l'on  trouve  dans  les  phonolites  d'Oberbergen,  en  Kaisers tuhl,  que  j'ai  eu 
récemment  l'occasion  de  visiter.  Dans  ce  gisement,  le  sont  les  enclaves 
grenues,  composées  de  grenat  mélanite  (schorlomile)!  pyroxène,  biotite, 
ittnérite  (du  groupe  haùyne-sodalite),  apatite  et  plus  rarement  perowskile 
qui  dominent,  tandis  que  les  syénites  feldspathiques,  sjabondantes  dans  le 
Hohgau,  sont  beaucoup  plus  rares.  Notons  que,  comnc  dans  ce  dernier 
gisement,  on  trouve  des  passages  entre  les  syénites  rès  feldspathiques  et 
les  enclaves  non  feldspathiques  par  l'introduction  d'oihose  dans  celles-ci. 

»  Dans  le  plateau  central  de  la  France,  j'ai  trouvé  |u  milieu  de  la  phono- 
lite  de  Valette,  près  Trizac,  un  bloc  de  sodalite  bleueïamellaire  rappelant 
celle  des  syénites  néphéliniques  de  l'Oural,  et,  dan  les  tufs  de  Brocq,  à 
proximité  des  phonolites  de  Vensac  (Cantal),  des  rChes  grenues  à  anor- 
those  et  sodalite,  biotite,  zircon,  tout  à  fait  comparMes  aux  enclaves  du 
Hohgau. 

»  Enfin  des  enclaves  de  syénites  néphéliniques  onété  signalées  dans  les 
phonolites  de  l'île  Fernando  de  Noronha  et  dans  cdes  des  Canaries. 

»  Dans  un  grand  nombre  de  gisements,  les  syénjes  néphéliniques  sont 
accompagnées  de  roches  spéciales  finement  grenu«  et  de  roches  microli- 
tiques  analogues  aux  phonolites. 

»  J'ai  montré  dans  cette  Note  que,  réciproque|ent,  les  phonolites  de 
plusieurs  gisements  renferment  des  enclaves  de  s  snites  néphéliniques  et 
de  roches  finement  grenues  ramenées  des  profondes. 

»   Ces  faits  sont  intéressants  à  rapprocher,  car  i|font  voir  que  le  même 


(    IÏ25    ) 

magma  peut  donner  soit  do  la  syénite  néphélinique,  soit  de  la  phonolite, 
suivant  les  condit  ons  qui  ont  présidé  à  son  refroidissement.    » 

GÉOLOGIE.  —  Observations  sur  le  parallélisme  des  assises  du  crétacé  supérieur 
des  Pyrénées  occidentales  <  liasses-Pyrénées  et  Landes).  Note  de  M.  Jeax 
Seuhes,  présentée  par  M.  Fouqué. 

»  Le  terrain  crétacé  supérieur  des  liasses-Pvrénées  et  des  Landes  est 
constitué  par  une  .-crie  régulière  de  formations  sédimentains  entièrement 
marines»  '  |  résuimes  dans  le  Tableau  suivant  : 

Éocènk  inférieur.        |  Couches  à  Nummulites  spileccensis,  OperculinaHeberti. 


,,.  ,  ,    •  ,        i  Couches  a    Nautdus  Damctts,  Pleurotomana   Danica, 

Danibn  (sensu  stricto ,     \  . 

r.Di«vi.\  uicrastei    iercensis,  tsasler     lauitanicus,   Coraster, 

Geronia,  Isopneustes,  etc. 


Garim.mi  v 


ce 
_ 


C/) 


<  Iampambm  . 


Mabstricbtibn  .  .  .  ' 


■j..  Faciès  à    Immonites. 

Couches  à  P  ac  hydisc  us  J  aequo  U,  Pachyd.  Fresvillensis, 
Pachyd.  af.  Galicianus  (variété),  Baculites  anceps, 
Hamites  cylindraceus,  Scaphilcs  constrictus,  Inocera- 
mus  impressus,  etc. 

Conclu-,  à  Pachydiscus  el  à  Stegaster  des  Basses-Pyré- 
nées ci  ilu  sud  des  Landes. 

Gisement  à  Pachydiscus  de  Monléon  (Hautes-Pyrénéi 

/  aci  s  à  Hemipneustes. 

Couches  d'Audignon  (Landes)  ■>  Hemipneustes  pyrenai- 
cus,  ffemip.  Leymeriei,  Qstrea  larva,  Orbitoïdes  (Jeu- 
sac  ica  (O.  papyracea),  eic. 

Gisement  de  Gensac  (Haute-Garonne). 

louches  de  Tercis,  d'Angoumé,  clc,   à  Ileleroceras  po- 
l   lyplocum,  Pachydiscus  Fresvillensis,  var.,  Pachyd.  af. 
Galicianus,  Pachyd.    af.  robustus,  Baculites  anceps, 
JVautilus  Dekayi,   Ostrea  vesicularis,  Nerita  rugosa, 
Echinocorys  Heberti,  etc. 


»  L'étude  comparativide  la  faune  des  Ammonitidce  de  la  craie  supérieure 


(')   Recherches  géologique  sur  la  région  pyrénéenne  du  sud-ouest  de  la  France 
(Thèse  de  doctorat). 


(   r326  ) 

de  la  région  pyrénéenne  et  des  divers  gisements  connus   en   Europe  et 
dans  l'Inde,  nous  a  conduit  aux  considérations  suivantes  : 

»  20  Les  couches  à  Eeteroceras  polyplocum  des  Landfs,  placées  au  ni- 
veau de  la  craie  de  Haldem  par  M.  Hébert  (■),  correspondent  également 
aux  couches  à  Eeteroceras  polyplocum,  Pachydiscus  Fresbllensis,  etc.,  de  la 
Charente  (campanien  de  Cocpiand).  La  présence  de  P.  Fj-esvillensis  et  l'ana- 
logie de  la  faune  ne  laissent  aucun  doute  sur  ce  classement. 


a  craie  blanche  à 
le);  la  partie  infé- 
Ux-la-Chapelle  ;  la 


»   C'est  au  même  niveau  qu'il  convient  de  placer 
Micraster  Brongniarti  de  Meudon,  de  Nouvelles  (Belgiq 
rieure  de  la  craie  marneuse  à  Belemnitella  mucronata  d' 
craie  à  Eeteroceras  polyplocum  de  Rugen,  etc 

»  20  Les  couches  comprises  entre  l'assise  à  Heteràeras  polyplocum  et 
celle  à  Nautilus  Danicus  renferment,  dans  les  Pyrénée,  soit  des  Ammoni- 
tidce,  soit  des  Eemipneustes,  des  Ostrea  et  des  Orbitoïa's,  que  l'on  trouve 
ensemble  dans  la  Charente  (dordonien  de  Coquand).  achydiscus  Jacquoti 
est  l'espèce  caractéristique  de  ce  niveau;  elle  se  renclntre  dans  les  Pyré- 
nées, la  Charente,  le  Cotentin,  le  sud-est  de  l'Espagne  etc. 

»  D'après  l'analogie  de  la  faune  des  Ammonilidœ,  ol  est  amené  à  regar- 
der comme  sensiblement  synchroniques  des  coucha  à  Pachydiscus  Jac- 
quoti des  Pyrénées  {Maastricht ien)  :  le  dordonien  de  l'jquitaine;  le  calcaire 
à  Baculites  du  Cotentin  ;  le  tuffeau  de  Maëstricht  à  Anmonites  et  à  Hemi- 
pneusles  (=  partie  supérieure  des  couches  à  Belemnitlla  mucronata  de  la 
Belgique);  la  partie  supérieure  des  couches  à  Belemnella  mucronata  d' Aix- 
la-Chapelle;  la  craie  de  Lunebourg,  la  craie  de  Lembrg;  la  craie  à  Pachy- 
discus Gollevil/ensis  d'Irlande;  la  partie  supérieure  es  couches  à  Ammo- 
nitidœ  du  groupe  de  l'Arrialur  de  l'Inde  anglaise  et  d)  Pondichéry. 

»  Il  faut  noter  que  quelques  espèces  de  Pachyliscus  du  campanien, 
P.  a/.  Galicianus,  P.  af.  Fresi'illensis,  etc.,  se  retrjuvent  dans  le  Maës- 
trichtien  et  rendent  bien  difficile  la  séparation  de  ci  deux  assises. 

»  3°  Le  parallélisme  précédent  se  trouve  cornporé  par  ce  fait  que, 
dans  un  grand  nombre  de  ces  régions,  là  où  les  é»sions  ont  respecté  les 
couches  supérieures  du  crétacé  (quand  elles  s'étaiet  déposées),  on  trouve 
le  Maestrichtien  normalement  recouvert  par  des  ciches  caractérisées  par 
le  Nautilus  Danicus  ou  par  Isopneustes  colonies  couœs  dans  lesquelles  on  n'a 
encore  signalé  aucune  trace  d' Ammonitidœ  ;  je  veuj  parler  du  calcaire  de 
Faxo,  du  calcaire  pisolithique  du  bassin  de  Paris,  ds  calcaires  entièrement 


(')  Comptes  rendus,  t.  XCI,  séance  du  8  novembre  ié 


(  «327  ) 
marins  des  Basses-Pyrénées  cl  des  Landes,  des  sables  de  Ninnyurde  l'Inde 
anglaise  et  de  Pondichérj  ,  où  la  présence  de  Nautilus  Danicus  est  constante; 
enfin  des  couche-,  garumniennes  de  la  Haute-Garonne  et  de  l'Ariège,  et  de 
la  partie  supérieure  du  tuffeau  de  Maëstricht  renfermant  IsopncusLcs  colo- 
nies ei  peut-être  aussi  Nautilus  Danicus. 

»  Desor  a  appliqué  tout  d'abord  le  nom  de  Danien  au  calcaire  à  Nau- 
tilus Danicus  de  Fax6;  il  convient  donc  de  réserver  ce  nom  exclusivement  à 
l'assise  à  Nautilus  Danicus  et  de  ne  plus  l'employer  comme  nom  d'étage  à 
l'ensemble  des  cotches  à  Nauiilus  Danicus  <  dépourvues  d' Ammonitidœ  >  et  de 
celles  à  Pachy discu  Jacquoti  o\y  à  Hemipneustes  {  Maëstrichtien  );  ces  dernières 
se  rattachent  naturellement  par  l'affinité  de  leur  faune  au  Sénoniea  supé- 
rieur (campanien)  où  d'Orbigny  les  avait  d'ailleurs  rangées. 

»  Il  conviendra  ■gaiement  à  l'avenir  de  n'appliquer  le  terme  de  Garum- 
nien  aux  couches  aNautilus  Danicus  ou  à  leur  équivalent  que  pour  dési- 
gner le  faciès   laguio-lacustre  et  marin   du   Danien,  tel    tin* 1 1    se  présente 

dans  la  Haute-Garenne,  l'Ariège  et  la  Catalogne, 


PHYSIOLOGIE.  —  L  grand  sympathique  nerf  de  l'accommodation  pour  la 
vision  des  objets  clignes.  Note  de  MM.  .1.-1*.  .Il  oit  aï  et  Maurice  Doyox. 
présentée  par  M.  ..  Chauveau. 

«  On  doit  aux  tavaux  de  Cramer  et  surtout  d'Helmholtz  d'avoir 
démontré  que  l'adapition  de  l'œil  aux  distances  se  fait  par  un  changement 
des  courbures  du  cri  allin  (de  l'antérieure  surtout).  Les  recherches  ana- 
tomiques  de  Bowmai  et  de  Brùcke  et  postérieurement  de  Rouget  et  de 
H.  Millier,  en  établi, ant  l'existence  d'un  muscle  intra-oculairc  (fibres 
radiées  et  libres  circiaires  du  muscle  ciliaire),  expliquent  la  possibilité 
d'une  telle  déformatia  du  cristallin.  Enfin,  plus  récemment,  Hensen  et 
Volkers  ont  montré  «j'en  excitant  l'oculo-moteur  commun  ou  les  nerfs 
ciliaires  qui  lui  lont  sue  on  peut  reproduire  expérimentalement  les  chan- 
gements intra-oculaired'où  dépend  l'adaptation. 

»  Il  semble  avec  touces  cléments  que  l'appareil  moteur  de  l'accommo- 
dation soit  complet.  A 'activité  île  cet  appareil  correspond  la  vision  de 
[ires;  tandis  que,  dit-oi  la  vision  de  loin  correspondrait  simplement  à  son 
repos.  Nous  nous  pro[>sons  de  montrer  qu'en  réalité,  dans  la  vision  de 
loin  ou  à  l'infini,  il  inleiient  une  puissance  nerveuse  antagoniste  de  la  pre- 


(  i3a8  ) 

mière  :  il  v  a  non  pas  un,  mais  deux  nerfs  de  l'accommodation  :  c'est  ce  qui 
ressort  de  l'expérience  qui  suit,  que  nous  avons  réalisée  sur  le  chat,  sur  le 
chien  et  sur  le  lapin. 

»  Expérience.  —  L'animal  est  immobilisé  par  une  injection  de  curare  à 
la  dose  limite  ou  de  morphine  dans  le  tissu  cellulaire.)  Le  sympathique 
cervical  est  mis  à  nu  et  séparé  des  nerfs  voisins  par  fles  procédés  qui 
peuvent  varier  suivant  les  animaux. 

»  L'obscurité  est  faite  dans  la  pièce  où  l'on  opère.  Un  dispose  à  une 
certaine  distance  de  la  tête  de  l'animal  une  source  lumineuse  dont  les 
rayons  tombant  sur  l'œil  donnent  naissance  aux  images  dites  de  Purkinje. 
On  s'arrange  de  manière  à  avoir  l'une  à  côté  de  l'autrejd'une  part  l'image 
cornéenne  et  d'autre  part,  à  travers  la  pupille,  la  première  image  cristalli- 
nienne  dont  les  changements  de  grandeur  seront  apn-éciés  par  compa- 


raison. 


»  Le  sympathique  est  coupé  :  à  la  suite  de  cette  srtion  on  peut  voir 
d'une  façon  non  constante  une  diminution  dans  la  gandeur  de  l'image 
cristallinienne.  Ce  changement  est  généralement  faibli  et  parfois  difficile- 
ment appréciable  :  il  dépend  du  reste  de  l'état  antérpur  dans  lequel  se 
trouvait  l'appareil  accommodateur  au  moment  de  la  stction  du  nerf. 

»  Les  effets  de  l'excitation  sont  bien  plus  nets  etjplus  démonstratifs. 
Cette  excitation  est  pratiquée  à  l'aide  des  courants  déduction  dits  tétani- 
sants, tels  qu'on  les  emploie  usuellement  en  Phvsiokgie  :  son  résultat  est 
un  grandissement  de  l'image  cristallinienne  dans  Ionises  diamètres.  Cette 
augmentation  est  variable  suivant  l'espèce  animale  l'âge  de  l'individu, 
l'état  de  repos  ou  de  fatigue  du  nerf,  l'intensitéde  l'excitant,  enfin, 
surtout,  suivant  l'état  des  courbures  du  cristallin  immdiatement  avant  l'ex- 
citation. Pour  rendre  son  effet  plus  visible,  il  est  boj  de  produire  au  préa- 
lable le  spasme  de  l'accommodation,  soit  par  l'exaction  du  nerf  antago- 
niste, soit  par  l'instillation  clans  l'œil  de  substancesnyotiques  auxquelles 
nous  avons  reconnu  un  effet  parallèle  et  de  mêm] ordre  sur  le  système 
accommodateur,  l'ésérine  ou  préférablement  la  niptine,  à  la  close  d'une 
goutte  de  la  solution  au  ~. 

»   Dire  que  l'excitation  du  sympathique  détermie  le  grandissement  de 
l'image  antérieure  cristallinienne   revient  à  dire 
excitation  fait  accommoder  l'œil  pour  les  distances 

autrement  dit,  qu'elle  détermine  l'aplatissementhi  cristallin.   Quel  est 
maintenant  le  mécanisme  de  cette  déformation?  cjel  en  est  l'organe  mo 


videmment  que  cette 
loignées,  pour  l'infini  : 


(  i3a9  ) 
leur  mis  en  jeu  par  Le  sympathique  ?  D'après  ce  qui  est  connu  et  géné- 
ralement admis  le  la  disposition  et  des  insertions  du  muscle  ciliaire,  on 
ne  voit  aucune  de  ses  parties  qui  puisse,  par  sa  contraction,  produire  un 
tel  effet  sur  le  cristallin.  Mais  <>n  peut  admettre  que,  sur  ce  muscle  comme 
sur  plusieurs  airres  (muscles  de  L'intestin,  des  vaisseaux  de  la  pupille 
même),  Le  sytnpithique  agit  par  inhibition.  On  trouve  en  effet,  dans  le 
voisinage  immédhl  et  dans  L'épaisseur  même  du  muscle  ciliaire,  un  plexus 
ganglionnaire,  c'tst-à-dire  des  cellules  nerveuses,  éléments  qu'on  s'ac- 
corde généralement  à  considérer  comme  étant  le  siège  des  phénomènes 
nerveux  dits  iVan't  ou  d'inhibition. 

»  Toutes  réscr  es  étant  laites  sur  celte  interprétation,  il  reste  acquis 
que  le  grand  symjathique  cervical  est  le  nerf  de  l'accommodation  pour  la 
\  ision  de  Loin  ou  àl'infini  t  ' 


physiologii:  PATHOLOGIQUE.  —  Recherches  sur  l'existence  (/'organismes 
parasitaires  dans  es  cristallins  malades  chez  l'homme  et  sut  le  rôle  possible 
de  ces  organismes  lans  la  pathogénie  de  certaines  affections  oculaires.  Note 
de  MM.  (i.u.i.ii'i'ict  L.  Moheau,  pie>«  ntée  par  M.  Charcot. 

«  Partant  de  ce  principe,  appuyé  par  les  travaux  de  L'un  de  nous,  que 
la  calcification  des  issus  pathologiques  est  fonction  microbienne,  nous 
nous  sommes  propoés  de  reeherclier  si,  dans  les  cristallins  cataractes, 
susceptibles  de  subirine  transformation  calcaire,  partielle  on  totale,  exis- 
taient des  micro-orga  ismes. 

»  Dans  le  même  oire  d'idées,  nos  recherches  ont  également  eu  pour 
but  de  constater  si  loyeux  perdus  depuis  longtemps  et  dans  Lesquels  on 
trouve  des  concrétion  calcaires  renfermaient  des  micro-organismes. 

»  Enfin,  nous  nous mes  proposés  d'étudier  si  l'on  ne  pourrait  attri- 
buer une  origine  paraitaire  probable  à  ces  singuliers  phénomènes  entop- 
tiques  connus  sous  le  om  de  mouches  /niantes. 

»  Dans  la  grande  nijorité  des  cas,  nous  a\  mis  trouvé  des  parasites  dans 
les  cristallins  cataracte  Sans  vouloir  leur  attribuer  un  rôle  exclusif  dans 
la  pathogénie  de  la  calacte,  nous  pensons  que  ces  parasites  ne  doivent 
pas  être  cl  rangers  à  l'oacification  des  cristallins. 

(')  Ce  travail  a  été  fait  'i  laboratoire  de  Physiologie  de  la  Faculté  de  Médecine 
de  Lyon. 

('..  R.,  1891,  i"  Se»».    (.  i   I     (AU,  N*  23.)  17^ 


(  i33o  ) 

»  Nous  avons  également  rencontré  des  micro-organismes  clans  les  con- 
crétions calcaires  existant  dans  les  yeux  perdus  depuis  longtemps. 

»  Enfin,  sans  vouloir,  pour  ce  dernier  point,  dépas  er  les  limites  de 
l'hypothèse,  nous  pensons,  en  nous  appuyant  sur  des  aiguments  d'ordre 
physique,  que  les  corps  étrangers  intraoculaires  dits  mouches  volantes, 
pourraient  bien  être  d'origine  parasitaire. 

»  Nos  recherches  nous  ont  conduits  à  des  conclusionstle  thérapeutique 
pathogénique.  S'il  est  démontré,  comme  nous  le  pensols,  que  l'on  doive 
compter  avec  l'intervention  des  parasites  dans  la  production  de  certaines 
affections  oculaires,  telles  que  la  cataracte,  l'ophtalmie  impathique,  etc., 
le  traitement  antiseptique  des  affections  extra  et  intra-lculaires  s'impose 
aux  médecins  d'une  façon  rigoureuse.  » 


VITICULTURE.  —   Sur  l'emploi  du  sulfure  de  carbone  disous  dans  l'eau, 
pour  combattre  le  Phylloxéra.  Note  de  M.  A.  Kommier. 


«  La  Commission  supérieure  du  Phylloxéra  n'a  adnis  jusqu'ici,  pour 
traiter  les  vignes  phvlloxérées,  que  deux  insecticides,  1/ sulfure  de  carbone 
et  le  sulfocarbonate  de  potassium. 

»  Le  sulfure  de  carbone  a  été  essayé  pour  la  p  remise  fois,  en  1869,  par 
M.  P.  Thenard.  Il  le  versa,  avec  une  burette,  dans  lef  sillons  d'une  vigne 
qu'on  labourait  à  la  charrue,  et  un  ouvrier  qui  marenit  derrière  lui  nive- 
lait le  sol  avec  le  pied.  Dans  la  suite,  cet  insecticidai  été  appliqué  avec 
des  instruments  moins  primitifs  :  le  pal  Monestier,  luis  le  pal  Gastine, 
enfin  les  charrues  sulfureuses  qui  rendent  encore  deservices  signalés  aux 
viticulteurs. 

»  Le  sulfocarbonate  de  potassium  a  été  proposé  eri874,  par  M.  Dumas, 
et  les  premières  applications  en  ont  été  faites  parM.  Mouillcfert.  Il  le 
dilua  dans  beaucoup  d'eau  et  le  versa  dans  des  ciettes  aux  pieds  des 
souches. 

»  En  1875,  j'ai  été  chargé,  par  M.  Dumas,  de  re<iercher  pendant  com- 
bien de  temps  ce  sel  séjourne  dans  le  sol  sans  se  déimposer.  J'ai  d'abord 
constaté  qu'il  se  dissociait  instantanément  en  préstjce  des  sels  ammonia- 
caux, et  qu'un  sixième  de  son  sulfure  de  carbone  dvenait  libre  (*). 

»   Dilué  dans  beaucoup  d'eau,  il  devient  très  instMe,  ce  qui  arrive  aux 


(')  Comptes  rendus,  t.  I,  p.  i386;  1S7Ô. 


(   i33i  ) 

sels  à  bases  fortes  el  à  acides  faibles,  suivant  les  observations  de  M.  Ber- 
thelot.    I  ne    heure  ou  deux,  en  effet,  après  qu'on  l'a  versé  aux  pieds  des 

<  c|)s,  son  odeur  disparaît  et  elle  est  remplacée  par  celle  si  caractéristique 
du  sulfure  de  caibone.  En  moins  de  vingt-quatre  heures,  il  est  déjà  impos- 
sible d'enconstaer  la  moindre  trace  avec  les  réactifs.  L'eau  de  lavage  de 
la  terre  précipite  en  blanc  par  les  sels  de  plomb,  et  le  sulfure  de  potassium 
provenant  de  la  dissociation  est  décomposé,  par  l'oxyde  de  1er  qui  se 
trouve  dans  le  so,  en  oxyde  de  1er  et  en  potasse  caustique. 

»  Mais  le  sulfu-e  de  carbone  régénéré  par  la  dissociation  du  sulfocar- 
bonate  se  réparti  mieux  dans  le  sol,  avec  l'eau  qui  lui  sert  de  véhicule, 
que  lorsqu'on  l'iitroduit  avec  i\n  pal,  et,  à  dose  égale,  il  \  est  bien  plus 
actif.  Cet  avantage  du  sulfocarbonate  sur  le  sulfure  de  carbone  est  com- 
pensé par  le  grav  défaut  de  laisser  dans  le  sol  plus  de  potasse  que  la 
vigne  n'en  absorbe  annuellement,  surtout  dans  les  applications  reitérées. 

»  La  potasse,  ei  effet,  dissout  l'humus  et,  en  l'absence  de  la  végétation, 
elle  l'entraîne  ave.  les  eaux  pluviales  dans  les  profondeurs  de  la  terre. 

<  'est  en  se  basant  air  celle  réaction  que  M.  I'.  Thenard  en  a  extrail  l'acide 
fumique,  analogueà  celui  qu'il  avait  déjà  relire  du  fumier;  el  MM.  Ber- 
thelot  et  André,  c  la  u  une  récente  (  lommunication  à  l'Académie  des  Sciences, 
ont  montré  que  l'aide  humique  du  sucre,  traité  par  une  solution  étendue 
de  potasse  caustique  forme  avec  cel  alcali,  suivant  s legré  de  conden- 
sation moléculaire  t  d'hydratation,  «les  sels  solubles  el  insolubles  dans 
l'eau.  L'acide  fumicie  en  présence  des  alcalis  doit  produire  des  combi- 
naisons analogues  à -.elles  de  l'acide  humique. 

»  La  solution  étedue  de  sulfocarbonate  de  potassium  répartie  unifor- 
mément dans  le  sol  cquiert  sa  plus  grande  puissance  toxique  au  moment 
où  son  sulfure  de  cabone  est  mis  en  liberté;  il  \  avail  à  voir  si  du  sulfure 
de  carbone  dissous  cins  l'eau  ne  présenterai!  pas  le  même  avantage,  sans 
offrir  les  inconvéniers  du  sulfocarbonate  de  potassium. 

»  Dans  ce  but,  eni882.  j'ai  recherche  la  solubilité  du  sulfure  de  car- 
bone dans  l'eau  et  j'areconnu  qu'elle  s'élevait  à  un  peu  moins  de  2gl  par 
litre,  à  la  tempérai ur ordinaire. 

»  .T'ai  ensuite  expémenté  telle  solution,  au  litre  de  ogr,  i  de  sulfure  de 
carbone  par  litre,  pricipalement  sur  des  vignes  plantées  en  pois,  et  j'ai 
reconnu  qu'elle  faisaibérir  tous  les  Phylloxéras,  ainsi  que  leurs  œufs.  Plus 
diluée,  elle  était  encœ  aussi  insecticide,  mais  à  la  condition  de  répartir 
la  même  dose  de  poiso  sur  la  même  surface  de  terrain,  sa  propriété  meur- 


i332  ) 

Lrière  dépendant  non  de  la  concentration  du  liquide  tonique,  mais  de  la 
quantité  employée. 

»  Je  recommandais  de  se  servir  d'un  réservoir  muni  d'ailettes  (une 
espèce  de  baratte),  où  l'on  pulvériserait  le  mélange  des  (eux  liquides,  qui 
serait  ensuite  dilué,  après  l'écoulement,  suivant  la  quantit  d'eau  nécessaire 
à  l'irrigation  ('  ). 

«  J'ignorais  alors  que  Cauvy  avait  pris  un  brevet,  en  1870,  pour  le  trai- 
tement des  vignes  phylloxérées  avec  le  sulfure  de  carbhne  dissous  dans 
l'eau  et  avec  le  sulfocarbonate  de  calcium.  Son  procédé  aviit  passé  inaperçu 
et  n'a  même  pas  été  essayé  ;  il  coïncidait  avec  le  sulfoca-bonate  de  potas- 
sium de  M.  Dumas,  qui  attirait  l'attention  générale.  CJuvy  proposait  de 
verser  au  pied  de  chaque  souche  de  quatre  à  cinq  cents  lures  d'une  solution 
de  sulfure  de  carbone  au  millième,  dose  énorme,  quin  3  à  vingt  fois  plus 
considérable  que  celle  usitée  actuellement,  et  qui  des  lit  aussi  bien  faire 
périr  la  vigne  que  le  Phylloxéra. 

»  Le  1 3  octobre  1884,  Peligot  fit  aussi,  à  l'Académp  des  Sciences,  la 
proposition  de  traiter  les  vignes  avec  le  sulfure  de  calbone  dissous  dans 
l'eau;  elle  motiva,  de  ma  part,  dans  une  de  ses  séance  suivantes,  une  ré- 
clamation de  priorité  à  laquelle  Peligot  répondit  très  gacieusement. 

»  I^e  2.4  novembre  1884,  MM.  Chancel  et  Parmenlpr  recherchèrent  à 
nouveau  la  solubilité  du  sulfure  de  carbone  dans  l'au.  Ils  reconnurent 
qu'elle  variait  de  2gr  par  litre  à  3°, 4,  à  celle  de  i6',o|à  4o°. 

»  Enfin,  en  i885,  M.  C.  Benoist,  avec  le  concours  d|MM.  Fafeur  frères, 
imagina  un  appareil  ingénieux  permettant  de  faire  djs  dissolutions  régu- 
lières de  sulfure  de  carbone,  à  titre  variable  à  la  vopnté  de  l'opérateur, 
par  le  simple  maniement  d'un  robinet  et  opérant  ausf  rapidement  qu'une 
pompe  peut  refouler  de  l'eau. 

»  M.  C.  Benoist  applique  ce  procédé,  sur  les  vignesbhylloxérées,  en  ver- 
sant dans  des  cuvettes  aux  pieds  des  souches  de  i5fà  20Ut  de  la  solution 
contenant  de  -^  à  ~  de  gramme  de  sulfure  de  carboje,  en  hiver,  et  seule- 
ment de  ^  à  ~  de  gramme,  en  été.  Cette  quantité  à  sulfure  de  carbone, 
voisine  de  celle  que  j'ai  recommandée,  représente  à  8oks  à  i6oks  de  l'in- 
secticide à  l'hectare.  Les  prix  en  ont  varié,  pour  linême  surface  de  ter- 
rain, entre  170^  et  220fr. 


(')  Brochure,  Phylloxéra,  vignes  et  traitements;  1882.)  Lettre  à  Barrai  (Jour- 
nal d'Agriculture,  26  août  1882). 


(   i333  ) 

»  Depuis  lors  le  sulfure  de  carbone  dissous  dans  l'eau  est  employé  avec 
un  succès  constant,  en  France  et  à  l'Étranger.  Beaucoup  de  propriétaires 
des  grands  crus 'lu  Bordelais  l'appliquent  dans  leurs  vignobles  et  il  peut 
devenir  d'une  glande  ressource  pour  la  défense  des  vignes  de  la  Cham- 
pagne, lorsque,  malheureusement,  cette  région  sera  aussi  envahie  par  le 
Phylloxéra. 

»  La  Commission  du  Phylloxéra  en  a  reconnu  publiquement  les  avan- 
tages dans  sa  séatce  du  4  février  1890.  » 

M.  C-II.  Steiibruggex  adresse  une  Note  sur  un  procédé  de  son  inven- 
tion ayant  pour  bit  de  faire  disparaître  les  pucerons  de  la  vigne. 

Le  moyen  consste  dans  l'emploi  des  aiguilles  de  pin  ou  de  sapin  que 
l'on  mélange  ave>  un  peu  de  terre,  et  que  l'on  répand  en  couches  de  1  à 
2  centimètres  autcir  des  pieds  de  la  vigne.  Il  se  produit  par  oxydation  de 
l'acide  formique,  cui  empêche  le  passage  des  insectes. 

M.  II.  Moulin-  aresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  La  force  élastique 
des  gaz  vient  de  latension  de  la  molécule  et  est  indépendante  du  poids 
atomique  ». 

A  '(  heures  et  dénie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levé  à  4  heures  trois  quarts.  M.  B. 


iiiiiinv     m  ni  m  K.  i<  m .11  1  . 


Ouvrais  reçus  dans  la  séance  du  19  mai   1891. 
(Suite.) 

Revue  des  études  j uns.  Tome  XXII,  n°  43.  Janvier-mars  1891.  Paris,  A. 
Durlacher;  gr.  in-8°. 

Pubblicazioni  delta  s}cola  vaticana;  fasc.  I.  Roma,  Tipografia  vaticana, 
1891  ;br.  in-4°. 


(  i334  ) 

Observations  mode  ai  the  Hongkong  Observatory,  m  thejear  1889;  */W. 
Doberck,  director.  Hongkong,  Noronha  et  C°,  1891  ;  br.  fer.  in-4". 

Report  of the meteorological Service  ofthe  Dominion  of  Canada;  by  Charles 
Carpmael,  Director  for  the  yearendingdecember  3i,  188 
Harrisburg,  1889-1890;  2  vol.  in-8°. 

Geological  Survey  of  Pennsylvanie.      -  Sevenlh  Report 
fields  of  Western  Pennsylvania  for  1887-1888.  (Following 
of  i885,   and  1886),   with  addidonal  unpublished  wellreords ;  by  John  F. 
Carll.  Harrisburg,  1890;  in-8°. 

Regisler  of  the  University  of  California,  1890-91,  BerMey.  Published  by 
the  régents  ofthe  University,  1891  ;  in-8°. 

Johns  Hopkins  University  studies  in  historical  and  politicil  science,  ;  séries  V- 
XII.  Baltimore,  1890;  4  vol.  in-8°. 


Ottawa,  Brown 

m  the  oil  and  gas 
he  animal  Reports 


Thenard.  Compte 
tenue  le  27  mars 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  di    a5  mai   18 

Société  de  secours  des  amis  des  Sciences;  fondée  par  L.- 
rendu  du  trentième  exercice.  Séance  publique  annuel! 
1890.  Paris,  Gauthier-Villars  et  fils,  1890;  1  vol.  in-8°, 

Bibliothèque  de  l'École  des  Hautes  Etudes,  publiée  suis  les  auspices  du 
Ministère  de  l'Instruction  publique.  Section  des  Scienes  naturelles.  Tome 
XXXVII.  Paris,  G.  Masson;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Deux  eémplaires.) 

Bulletin  de  la  Société  philomathique  de  Paris;  fondéjen  1788.  Huitième 
série,  tome  III,  n°  1,  1890-1891.  Paris,  au  siège  de  d  Société,  1891  ;  br. 
in-8°. 

Comparaison  entre  les  températures  de  plusieurs  ville  de  la  basse  Egypte; 
par  M.  J.  Barois.  Le  Caire,  Imprimerie  nationale,  18,1  ;  br.  in-8°. 

Cours  de  Physique  et  Météorologie  professé  à  l'Instvt  agronomique;  par 
M.  E.  Duclaux.  Paris,  A.  Hermann,  1891  ;  1  vol.  gr.n-8°. 

Bulletin  mensuel  de  l'Observatoire  météorologique  à  l'Université  d'Upsal. 
Vol.  XXII,  année  1890,  par  le  Dr  H.  Hildebrand  Hjdebrandsson.  Upsal, 
Edv.  Berling,  1890-91  ;  in-folio. 

Bulletin  météorologique  du  département  de  l'Héraut;  publié  sous  les  aus- 
pices du  Conseil  général.  Année.  1890  (18e  année)  Montpellier,  Charles 
Boehm,  1891  ;  in-4°. 

Description  des  cépages  principaux  de  la  région  nèditerranéenne  de  la 
France; par\\.  Mares.  Première  et  deuxième  livraiso.  Montpellier,  Camille 
Coulet;  Paris,  Georges  Masson,  1890;  in-folio. 


(   i335  ) 

< ', .  Van  dkk  Mensbrugghe.  Sur  une  particularité  curieuse  des  cours  d' eau  et 
sur  l' une  des  causes  des  crues  subites.  —  Sur  la  propriété  caractéristique  delà 
surface  commune  à  deux  liquides  soumis  à  leur  affinité  mutuelle.  {  3e  Commu- 
nication.) Bruxeles,  F.  Hayez,  1891  ;  2  br.  in-8°. 

Muscinées  du  lépartement  de  la  Manche  ;  par  L.  Cobbièbe.  Cherbourg, 
Imprimerie  du  trogrès,  1889.  (  Renvoyé  au  concours  du  pris  Montagne.) 

Mission  scientiftjue  du  Cap  Horn  (  [882-1 883).  Tome  VI  :  Zoologie  —  Échi- 
nodermes;  parE.  'errier.  Fans,  Gauthier-^  illarset  fils,  1891;  1  vol.  in-40. 
i  Présenté  par  MiMilne-Edwards.) 

Exploration  scieitifique  de  la  Tunisie.  —  Description  des  mollusques  fossiles 
des  terrains  créta\ês  de  la  région  sud  des  Hauts  Plateaux  de  la  Tunisie, 
recueillis  en  [885  -t  1886  par  M.  Philippe  Thomas;  par  Alphonse  Peron. 
Deuxième  Partie,  'aris,  Imprimerie  nationale,  [890-1891;  1  vol.  i*r.  in-8° 
et  un  atlas  in-folio  <  Présenté  par  M.  Milne-Edwards.) 

Dispensaire  Fwttdo-Heine.  Statistique  médicale  1890.  Paris,  Imprimerie 
Chaix,  1891;  l>r.  n-.V'.  (Présenté  par  M.  le  baron  Larrey.  Renvoyé  au 
concours  Monty  on.  Statistique.) 

Physique  biologicie.  —  Recherches  expérimentales  sur  les  conditions  phy- 
siques de  la  vie  dan  les  eaux;  parle  I  >'  Pai  i  Regnard.  Paris,  (i.  Masson, 
1891  ;  1  vol.  gr.  in-i".  (Renvoyé  au  concours  Montyon,  Physiologie  expé- 
rimentale. ) 

Mme  Clémence  l'<  ykh.  Origine  de  l'homme  et  des  sociétés.  Paris,  Victor 
Masson  et  fils,  1871;  1  vol.  gr.  in-8°.  (Deux  exemplaires.)  (Renvoyé  au 
concours  du  prix  Jeu  Reynaud.  ) 

La  mortinatalité  das  le  département  des  <  ôtes-du-Nord  {  1  880-1889  )*'/>&* 
spécialement  dans  V arondissement  de  Saint-Brieuc ;  par  le  Dr  Pai  l  \i  hry 
(de  Saint-Brieuc). P?is,  J.-R.  Baillière  et  fils,  1891;  br.gr.  in-8°.  (Renvoyé 
au  concours  Montyoi  Statistique.) 

Le  remède  de  Koch,  j  valeur  contre  la  tuberculose;  par  ll.-W  .  Middendorp. 
Paris,  J.-B.  Baillière  .fils,  1891  ;  br.  gr.  in-8°. 

Laboratoire  d' étude  de  la  soie  fondé  par  la  Chambre  de  commerce  de  Lyon. 
—  liapport  présenté  à!a  Chambre  de  commerce  de  Lyon,  parla  Commission 
administrative,  annéei886  el  [889-1890.  Lyon,  Pitrat  aîné,  1 S87-1891  ; 
2  vol.  iii-'|''- 

Memorias y  revista  e la Sociedad cienlifica  «  Antonio  Alzate  ».  Tomo  IV; 
cuadernos  num.  5  \  I  noviembre  \  deciembre  de  1890.  Mexico,  1 8c>  1  ; 
br.  in-8°. 

Délie  ribrazioni  sis/nhe  e  délie  indicazioni  sismome triche.  —  Ricerche  teo- 


(   i336  ) 

nco-sperimentali  delV.  Timoteo  Bertelli  Barnabita.  NotajII.  Parte  prima. 
Parte  seconda  etterza.  Estratto  dalle  Memnrie  délia  pontifiera  Accademia  det 
nuovi  Lincei,  vol.  VI).  Roma,  1890;  2  br.  in-4°. 

The  canadian  patent  office  record.  Volume  XVIII.  Ottaya,  published  bv 
authority,  1890;  in-4°. 

On some properties of  the Earth ;  byO.  Reichenbach.  Loncbn,  VVertheimer, 
Lea  et  C°,  1880;  1  vol.  in-8°. 


ERRATA. 


(Séance  du  23  mai  1891.) 
Page  1209,  ligne  2,  au  lieu  de  Al.  Moulin,  lisez  H.  Moulin. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAUTHIER -VILLARS    ET    FUS, 
Quai  des  Grands^-Augustiris,  n"  55. 

Depuis  1835  les  COMPTES  RENDUS  beb  it  ré  ulièrentemt  I"  Dimiim  'te.  Ils  forment,  à  la  lin  de  l'année,  deux  voli 

L'une  par  ordre  alphabétique  de  matières,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminenl  chaque   volume.    L'aboniv 
•X  part  du  Ier  janvier. 

Le  prix  de  rationnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  20  h.     -  Départements  :  30  IV.  —  Union  postale  :  34  fr.  —  Antres  pays  :  les  frais  de  poste  extraordinaires  en  su 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


igeu 

\iiii<  ns. 


myonne 

'esain -on 


m  ilruii  r 

'mirges 

rest 

IIVII 

lie  lin,  in- 


térim ml  l'en 


ouai. 


.  hez  Messieurs  : 
Mil  hel  et  Médan. 

■  i  lavaull  St-Lager- 

■  Jourdan. 
I  li.nl. 

Hecquel-Decobert. 

,  i  1er m  il  i  .r.issin. 

>  Lachèse  ci  Dolbeau. 
me. 

lai  quard. 

\ v  rard. 
*  Duthuff. 
'  Muller  (G.). 

Renaud. 
n  uier. 
\  F.  l;   i 
,  i.  Kol 

'  \    l  tel  CarolT. 
i  Baér. 
i  Massif. 

IVitiii. 

,     II'    Ml  V  . 

i  Margoi 
|  Roussi 
'  Ribou-l  loi  la j 
.  Lamarche. 


renoble 
<i  Hochetle 
e  Havre   . 

ille 


Ratel. 
'  Damidot. 
i  Lauverjat. 
'  Crépin. 
,  I  >rei 
i  Cîralier 

Robin. 
,  Bourdigi 

'   H lue 

Ropileau. 


Quarré. 


chez  Messieurs  : 

.   i  Baumal. 

Lorient .. 

«  \l       li  mer. 

Beaud. 
|Gei 

/  i  un i  Méj 

Palud. 

Ville  cl   I''  1 1 

Marseille Pessailhan 

t  Ci  1  .i - 
Montpelli 

'  i  Coulcl . 

Moulins Mari  ial  ' 

Sordoillei . 

.\aiiri  '  •  apin. 

!L  frci 
,    l.oi-e.ill. 

hautes  ■  ,  ., 

\ ice . . . 

!  Visi  "Mil  ■'!  i . 

M  mes  .    .     Thibaud. 

ru  I.ii/i  i  aj 

.  .  ,  l:l.iii  l,i.  i 

foitiers ,  , 

'  Drumaud 

//.  nries .  .. ..     Plihon  el  il 

/,,  chefort Bot 

,  Langlois. 

i  l  .-I  nnganl. 

Cheval 

!  ,  l;  .  lide. 

Toulon , . 

'  Kumebe. 

met. 

Toulouse 

'  Privai. 

Boisseli 

Pérlcal. 

'  Suppligeon, 

■  -  /  t  Giai 

I  au  nciennes ,  , 

i  Leinall 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieui  -  : 

,  i  Robbers. 

Amsterdam  . .    .  .  ,  , 

'  reike laarelsen 

Athènes Beck.  el  C 

Haï  reloue \  erdaguer. 

\-li.r  et  C". 

_    ,  1  Calvan  el  C 

lierl ni  ,         „ 

I  l  i.  ,11. iii.I,  r    cl    lus. 

'  Mayer  el  Muller. 

/.,,.,.  .  \  Schtnid,  I  V.,, 

'"  ""  i      , 

Bologn*  ZaoicheUi  el  C 

Ramlot. 
Uni  n  H:  Mayolez! 

'  Lcbéguc  el  I 

,    ll.lilll.IMM. 

Itiieliai  i    ' 

'  Ranistcanu. 

Budapest.  -      ,         Kilian, 

Cumin  i  ' _  I  leighton,  Bell 

Christiani  l  er. 

Constanlinople.  .     Ollo  el  Keil 
n  Sis. 

Florin  Lœsi  hi  ' 

Gond Eioslc. 

Iteuf. 

i  I..  i  l.ul 

'  Stapelmohr. 

La   Ha}  .  B'i  linfanl 

nda. 
I  Payol. 
Ba 

\  Brockl s. 

Leipzig.  I  ...i  .ni/. 

/  Max  Rûbe. 

Tu  n  iiiii\  er. 
i  Des 
°  i  Gnuse. 


Londres 

Luxembourg. 


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Madrid G 

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M. .se. m i. 


Milan. 


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Prague Il 

Rio-Janeiro <  I 

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Rome;. 

Rotterdam       ...     K 

Stockholm S 

Pétersbour" 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

Tenues  1er  ,i  31.    -  i  "i  Voùt  i s  ; ">  a  :> î   Décembre  i85o.)  Volume  in-4";  (853.  Prix 

Tomes  32  à  61.      i  i  '  Janvier  18O1  à  3i  Décembre  i865.  |  Volume  in-4";  1870.   Prix., 
romes  62  à  91. —  (1"  Janvier  1866  à  3i  Décembre  1880.)  Volume  in-4°;  1889.  Prix... 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES   : 


15  fr. 
15  fr. 
15  fr. 


Tome  I:  Mémoire  sur  quelques  points  de  la  Ph\  siologie  des  Ugues,  par  MM.  V.  Dssbi  s  ,  1  v.  i.-l.  Solieb.  —  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbation 
01111  -i,  -,  |Kir  M.  llANstx.  —  Mémoire  sur  le  Pancréas  et  sur  le  rôle  du  suc  pancréatique  dans  les]  !  irticulièrement  dans  la  dige 
•as-,  -,  |>,ir  M.  Claude  Bi  rsabd.  Volume  in   i ".  avec  Si  planche-     i856 

Tome  II  :  Mémoire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  r.-.l.  Van  Bexedi  \  -  Essai  d'une  réponse  à  la  question  de  Prix  proposée  en  i85opar  l'Acadi 
>ur  le  concours  de  i8.Vi,  ci  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir  :   >  Étudier  les  lois  de  la  distribution  de  ganisés  fossiles  dans  les  diffén 

nicnUiires,  suivant  l'ordre  de  leur  superpositii  a.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanée.  —  Rec 

«les  rapports  qui  existent  entre  l'étatâctuel  du  règne  organique  el  ses  états  antérieurs  ».  par  M.  le  Professeur  Bromn.  In-4",  avec  27  planches 


A  la  même  Librairie  les  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires   présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des 


N"  23. , 

TABLE  DES  ARTICLES.  (S*»»ce  du  8  juin  1891.) 


MEMOIRES    ET  COMMUNICATIONS 

DBS    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÊMIB. 


Pages. 

M.  II.  Paye.    -  Sur  les  courants  de   déver- 
nt   qui    'I ienl    Daissance   aux    cy- 
clones   ■ 

M.  de  Lacaze-Dbthikrs.       Note  sur  I 
sence  du    Kophobelemnon  dans  fes  ei 
de  Banyuls 


"l 


r  iges 
il     vi  bert  Gai  dry.         Le   Mastodonte  du 

Chérichira '  "'■ 

\1.  Masi  -  nte  le  tome  1  des  an- 
nales do  Bureau  central  météorologique 
pour  l'an  


I    M|S 


NOMINATIONS 


M.  Moissan  esl  élu   Membre  | r  la  Section 

fle  Chimie,  en  n  mplacemenl  de  feu  M.  Ca- 


houn 


MÉMOIRES  PRÉSENTÉS 


H.  Vu  ros  Si  rrin.  Nouyei  is;  Li  me  de 
bala le  précision  .1   pesées  rapidi  i 1299 

M.  Devaiïx  adressé  un  Mémoire  sur  un 
..  Sipli.ui  à  réservoir  pneum  itique  ......    i3oo 


\\.   \.   Perxot  adresse  la  description  et  les 

.,,  d'un   ,.    Nom.  .111   111. .leur  a   gai  ».       . 

M.    Bat  or         dresse    un    Mémoire    sur  la 
photogi  iphii  ouleurs      


CORRESPONDANCE. 


i3oi 

: , ,  ; 


i3o8 


\l.  Pi  hrotin.       Écli|  se  partielle  de  Soleil, 

.lu  6  juin,  obsen  ée  à   Nice   .    

M.  Charlois.  —  '  observations  de  l ivelle 

planète,    découverte  à    l'Observatoire   de 
Nice,   le  19  mai   's"i 

MM.  G.  1:  >.\i  t  -i  L.  Picart.  —  Observations 

de    la  c :te   Brodes,   1890    II,  faites  au 

gr 1  1  quatorial  de  l'(  ibservatoirc  de  Bor- 
deaux   

M.  11.  Callandrbav.  —  Sur  la  théorii  des 
étoiles  niantes 

M.  F.  Caspary.  —Surdeux  systèmes  d'équa- 
tions 1  metions  hy- 
perelliptiques  de  première  espèce  forment 
les  intégrales 

M.  Consi  \ntix  Miculesco.  Détermination 
de  l'équivalenl  mécanique  de  la  chaleur.. 

M.  E.  Bouty.  —  Propriétés  diélectriques  du 
mica  à  haute  température 

M.  P.  Germain.  —  Application  du  principe 
de  la  transit]  ission  des  pressions  aux  trans- 
metteurs téléphoniques  à  grande  distance.   1  in 

M.  Raoul  Varet.  —  Vction  do  l'ammonia- 
que sur  quelques  combinaisons  des  sels 
halogènes  de  mercure 1  I12 

M.  \.  Besson.  —  Sur  un  nouveau  procédé 
de  préparation  des  cbJoroiodures  de  sih- 
cium 1  ;,  , 

M.  11.  Prouho.  —  Sur  trois  cas  de  dévelop- 
pement libre  observés  chez  les  Bryozoaires 
ectoproctes 1  ;  i< 

M.  Charles  Brongniart.  —  Les  Criquets  en 

Bulletin  bibliographique 

Krrita 


Mgérie 

u.  1.1  on  Gi  ie.N  inu  sur  la  natujfe  mor- 
phologique du  phén eue  il-  la  fficonda- 

li'in 

\l.  \.  Lacroix.  Sur  les  enclaves  de  syé- 
nites  néphéliniques  trouvées  au  mile  u  des 

phi litesdu  Hohgau  el  de  linéique-  autres 

gisements;  con   lusions  à  en  tirer 

M.  Jean  Si  i  m  s.  '  >bsi  rvations  air  le  pa- 
rallélisme des  assises  du  crétacé  supé- 
rieur des  Pyrénées  occidentales  I  Basses- 
l\  rénées  el  I, amies  , 

MM.  .1.-1'.    VloH  m    il    Mm  un  E    DolON.         Le 

grand  sympathique  nerf  de  l'ac< imoda- 

tion  po iir  la  vision  île-  objets  éloignés... 

MM.  Gali  ht!  el  I..  Moreai  .  1:  :i  ii'  i'  hes 
sur  l'existence  d'organisn  1  itaires 
dans  les  cristallins  malades  chél  l'homme 
et  -ni-  le  i/. le  [ . t .  —  1 1 . ! .  de  1  e-  .a ganismes 
dans  la  pathogénie  de  cet  '.unes  affections 
oculaires  

M.  \.  Rommier.  Sur  l'emploi  du  sulfure 
de  carbone  ile~mis  dans  l'eau  pour  com- 
battre le  Phylloxéra   

M.  G.-H.  StEINBRUOGEN  ,'<lre-se  une  Noti 
sur  un    procédé  île   son    invention 

I ■  but  de  faire  disparaître  les  pucerons 

de  la  vigne 

M.  II.  Moulin  adresse  une  Vote  ayant  pour 
litre  :  .1  l.a  force  élastique  île-  gaz  vient 
de  la  tension  de  la  molécule  et  esl  indé- 
pendante du  poids  atomique  » 


i3rS 


i3îo 


ri  e; 


;  • 


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1  l3o 


;.;.; 


1 3  33 

t333 

i33C. 


P\UIS.  —  IMPRIMERIE  GAUTHIER-VILLARS  ET  PILS, 

Quai  des  Grands- Augustins,  55 


■3ôM- 


1891 

PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SEANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PAU   1TIM.   LES  KK'ItéTilRrS  PERPKTl'ELS . 


TOME  CXII. 


N°M  (15  Juin  1891). 


PAIUS, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  l'ILS.  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

DES   COMPTES    ItENDUS    DES    SÉ.ANCBS    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

(^iiai  des  (ininils-Augusiins,  55. 

1891 


REGLEMENT  KELAllr  AUA  umrii^   riûiNDUô, 

Adopté  dans  les  séances  des  a3  juin  1862  et  a4  mai  1875. 


s  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
éémie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
(etûbres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
niés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 
aque  cahier  ou   numéro  des  Comptes  rendus  a 
ges  ou  6  feuilles  en  moyenne, 
numéros  composent  un  volume. 
a  deux  volumes  par  année. 

",le  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

s  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
run  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
us  6  pages  par  numéro. 

1  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
tes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

s  communications  verbales  ne  sont  mentionnées 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 
ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
démie peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 


les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction      autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 

pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 


:  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante. 
iecrétaires. 


S  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
;  que  les  Mémoires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
lans  les  00  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

s  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
:ment  sont  imprimés  en  entier. 


Article   3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remis  à 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  lard,  le 
jeudi  à  10  heures  du  matin  ;  faute  d'être  remisa  temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rendu 
s  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par  actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
orrespondants  de  l'Académie  comprennent  au  vaut,  et  mis  à  la  fin  du  cahier. 
J  pages  par  numéro. 

1  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et] 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 


Je  32  pages  par  année. 

ns  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
ssions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
lémie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
(art  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
tre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
iicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Me- 
ss sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Article  4.  —  Planches  et,  tirage  à  part. 


Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  fait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré- 
sent Règlement. 


rlTàcrlS'J  2^^  r  d!Sirent  faire  Présenter  leu"  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de  les 
Mcretanat  au  plus  tard  le  Samed.  qui  précède  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

DES   SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE  DU   1.1  \DI    15  .11  I\  1891. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  DUCHARTRE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 
M.   le   MlXISTIlK    DE    I.'IvSTIUOTlOX    PUBLIQUE    adresse    une   ampliation    (lu 

Décret  par  lequel  M.  le  Président  de  la  République  approuve  l'élection  que 
l'Académie  a  faite  de  M.  Moisson,  pour  remplir,  dans  la  Serin  m  de  Chimie, 
la  place  devenue  vacante  par  le  décès  de  M.  Calmars. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Moissax  prend  place  parmi  ses 
Confrères. 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  déformations  et  l 'extinction  des  ondes 
aériennes,  isolées  oa  périodiques,  propagées  à  l'intérii  ar  de  tuyaux  <!<•  con- 
daiie  sans  eaa,  de  longueur  indéfinie;  par  M.  «I.  Boussinesq.  (Extrait.) 

«  I.  La  propagation  du  son  le  long  des  tuyaux  de  conduite  pleins  d'air 
a  été  étudiée  théoriquement,  flans  l'hypothèse  de  mouvements  pendulaires 

C.  R.,  1891,  i"  Semestre.  (T.  CXIl,  N«   24.)  '  7  î 


(  i338  ) 

d'assez  faible  amplitude  pour  permettre  la  réduction  des  équations  à  la 
forme  linéaire,  d'abord  par  M.  von  Helmholtz  ('),  en  négligeant  les 
échanges  alternatifs  de  chaleur  entre  la  paroi  et  la  couche  gazeuse  con- 
tiguë,  puis  par  Rirchhoff  (2),  en  tenant  compte  de  ces  échanges. 

»   Les  formules  auxquelles  ils  sont  parvenus,  différentes  seulement  par 
la  signification  du  coefficient  au  moyen  duquel  s'y  exprime  l'influence  ex- 
tinctrice et  retardatrice  de  la  paroi,   ont  été  récemment  employées  par 
MM.  Violle  et  Vauthier,  dans  un  Mémoire  des  Annales  de  Chimie  et  de  Phy- 
sique (mars  1890,  Ge  série,  t.  XIX),  où  ceux-ci  ont  publié  et  discuté  leurs 
remarquables  observations,  faites  à  Grenoble,  en  i885,  sur  un  tuyau   de 
conduite  neuf  de  om, 7  de  diamètre    et  près   de  i3km  de  longueur,   par- 
couru plusieurs  fois  par  chaque  onde  que  réfléchissaient  successivement,  aux 
deux  extrémités,  des  parois  planes  y  fermant   le  tuyau  perpendiculaire- 
ment à  l'axe.   Mais  ces  observations  n'  ont  guère  été  relatives  qu'à  des 
ébranlements  non  périodiques,    d'une  durée  totale  restreinte  auprès  de 
chaque  section,   et  dont  les  plus  caractéristiques  consistaient  en  ondes 
condensées  produites,   comme   dans    de   mémorables  expériences  anté- 
rieures de  Regnault,  par  des  coups  de  pistolet  tires  à  une  extrémité  du 
tuyau,  devant  un  orifice  percé  au  centre  de  son  fond  plat  et  que  l'on  bou- 
chait aussitôt  après.  Or,  malgré  quelques  systèmes  de  mouvements  vibra- 
toires qui,  surtout  dans  les  premiers  instants  de  la  propagation,  se  super- 
posent  à    l'onde   générale,   ou    la    sillonnent    transversalement,   et  lui 
permettent  d'affecter  l'organe  de  l'ouïe,  de  telles  intumescences,  où  l'air  est 
condensé  presque  d'un  bout  à  l'autre,  diffèrent  profondément  de  la  suite 
périodique  d'ondes,  h  égales  dilatations  et  condensations  alternatives,  sup- 
posées par  les   formules  de   MM.   von  Helmholtz    et  Kirchhoff.    Aussi, 
MM.  Violle  et  Vauthier  ont-ils  trouvé  que  celles-ci  indiquaient,  pour  un 
parcours  donné,  un  affaiblissement  de  la  pression  incomparablement  plus 
rapide  que  le  vrai,  et,  au  contraire,  un  ralentissement  de  la  propagation 
presque  négligeable  vis-à-vis   des  petits   ralentissements  réels,   observés 
déjà  par  Regnault. 

»  La  principale  raison  d'aussi  graves  désaccords  ne  se  trouve  sans  doute 
pas  dans  1  assimilation,  qui  doit  être  permise  approximativement  ou  comme 
premier  aperçu,  d'une  intumescence  isolée,  d'une  certaine  longueur  ap- 
parente,  à   la  moitié  convexe  d'une  onde   d'un  système   périodique   où 


(])   Verhandl.  cl.  natur.  Vereins  :■//  Heidelberg,  t.  III,  p.  16;  i863. 
{-)  Poggendorff ' Annalen,  t.  CXXXIV,  p.   177;  1S68. 


(  i339  ) 

chaque  demi-ondulation  aurait  cette  longueur;  mais  clic  est  évidemmenl 
dans  la  confusion  établie  entre  l'itiiuinescencc  entière  cheminant  le  Ions 
du  tuyau  et  les  ondes  sonores  successives,  beaucoup  plus  courtes,  qui  la 
sillonnent,  auxquelles  seules  conviennent  le  ralentissement  et  le  coeffi- 
cient d'extinction  calculés.  Ceux-ci,  en  effet,  d'après  les  formules  théo- 
riques, sont,  l'un,  c'est-à-dire  le  ralentissement,  en  raison  directe,  et, 
l'autre,  le  coefficient  d'extinction,  en  raison  inverse,  de  la  racine  carrée  de 
la  durée  de  vibration  ou  de  la  racine  carrée  delà  longueur  d'onde;  et  ils 
deviendraient,  par  suite,  le  premier,  bien  plus  sensible,  mais,  le  second, 
bien  plus  faible,  si  on  les  évaluait  pour  des  ondes  aussi  longues  que  l'in- 
tumescence entière,  à  laquelle  MM.  Yiolle  et  Vauthier  ont  effectivement 
reconnu  beaucoup  plus  de  longévité  ou  de  persistance  qu'aux  sons  acces- 
soires qui  l'accompagnent  au  début. 

»  II.  Ainsi,   les  désaccords  soni   plus  apparents  que  réels,   malgré  la 

portée  restreinte  OU  le  défaut  de  généralité  des  formules.  Néanmoins,  il  y 

avait  é\  idemment  lieu  de  reprendre  le  problème  au  point  de  vue  théorique, 
en  attribuant  aux  condensations  et  aux  vitesses  successivement  produites 
sur  une  même  section  quelconque,  des  expressions  non  plus  pendulaires 
par  rapport  au  temps,  mais  affectées  d'une  fonction  arbitraire,  propre  à 
représenter  les  diverses  successions  possibles  de  pressions  ou  de  déplace- 
ments directement  réalisables  près  de  l'entrée  du  tuyau.  Tel  est  l'objet  du 
Mémoire  résumé  ici  ('). 

»  Une  question  assez  analogue  d'ondes  liquides,  mais  plus  simple,  celle 
de  l'extinction  graduelle  (l'une  intumescence,  d'une  onde  solitaire  par 
exemple,  le  long  d'un  canal,  par  les  frottements  produits  surtout  près  du 
fond  et  des  bonis,  pouvait  suggérer  la  méthode  à  suivre;  je  l'avais  traitée 
au  §  Il  <  n'  '  '.)  à  19)  d'un  Compléments  ma  Théorie  des  eaux  courantes,  publié 
en  octobre  1878  dans  le  Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées  (t.  I\  : 
roir  les  p.  3 \~  à  366).  Là  aussi,  les  principales  résistâmes  au  mouvement 
sont  localisées  dans  une  mince  couche  contiguë  aux  parois,  où  les  vitesses 
varient  très  rapidement,  sur  une  épaisseur  insensible,  depuis  la  valeur 
zéro  maintenue  constamment  sur  la  face  extérieure,  jusqu'aux  valeurs 
complètes  relatives  à  l'intérieur  de  la  masse  fluide  et  réalisées  déjà  sur 
l'autre  face  de  la  couche,  valeurs  pouvant  être  une  fonction  arbitraire 
donnée  du  temps.  Les  vitesses  et  les  frottements,  dans  l'épaisseur  de  cette 

(')  Sa  longueur  ne  permettant  pas  de  l'insérer  aux  Comptes  rendus,   il   paraîtra 
prochainement  dans  le  Journal  de  Physique  théorique  et  appliquée 


(  i34o  ) 
couche,  s'expriment  par  des  intégrales  définies  simples,  prises  de  zéro  à 
l'infini,  mais  dont  malheureusement  la  sommation,  possible  à  la  rigueur 
après  spécification  de  la  fonction  arbitraire,  ne  parait  effectuable  sous 
forme  finie  que  dans  peu  de  cas,  parmi  lesquels  le  plus  simple  peut-être 
est  celui  de  mouvements  pendulaires.  D'ailleurs,  le  serait-elle  toujours,  que 
l'utilisation  de  ses  résultats  exigerait  encore  une  connaissance  assez  pré- 
cise, théorique  ou  expérimentale,  de  la  forme  affectée  par  chaque  variété 
d'ondes,  forme  dont  dépendent  les  circonstances  cherchées  de  la  propaga- 
tion. De  là  une  grande  difficulté  pour  calculer  l'affaiblissement  graduel  des 
intumescences.  Mais  du  moins,  quand  il  s'agit  d'une  onde  solitaire,  dont 
le  profil,  éminemment  stable  pour  chacune  des  valeurs  successives  décrois- 
santes de  l'énergie  totale,  se  trouve  représentée  par  une  fonction  toujours 
la  même  d'une  variable  à  expression  monôme  par  rapport  à  l'abscisse  et  à 
la  hauteur  ou  à  l'énergie  totale  de  l'onde,  le  lent  décroissement  de  cette 
hauteur  ou  de  cette  énergie  se  détermine  facilement,  à  l'exception  d'un 
facteur  constant  dans  le  calcul  duquel  reste  incluse  toute  la  difficulté  de  la 
quadrature  ineffectuée. 

»  Or,  au  contraire,  les  ondes  aériennes  condensées  se  propageant  le 
long  d'un  tuyau  ne  tendent,  avant  leur  extinction,  vers  aucune  forme  com- 
mune. Aussi,  quoique  une  double  application  de  la  formule  d'Analyse,  à 
intégrale  définie  simple,  utilisée  clans  le  cas  des  ondes  liquides,  permette 
d'y  exprimer,  d'une  part,  les  frottements  successifs  de  la  paroi,  avec  les  vi- 
tesses réalisées  dans  la  couche  contigué,  d'autre  part,  les  densités  propres 
à  celte  couche,  et  ensuite  de  former  les  équations  de  mouvement  des  tran- 
ches gazeuses  normales  à  l'axe,  d'évaluer  les  vitesses  de  propagation  des 
divers  éléments  de  masse  de  l'intumescence,  etc.,  il  n'y  a  guère  que  les 
circonstances  générales  de  sa  déformation  et  de  son  extinction  qui  puis- 
sent facilement  se  reconnaître  sur  les  formules.  Les  principales  de  ces 
circonstances,  bien  d'accord  avec  les  résultats  de  l'observation,  consistent 
dans  un  aplatissement  et  un  allongement  indéfinis  de  l'onde,  du  moins 
après  une  première  période  assez  courte  où  son  sommet  s'est  rapidement 
(s'il  y  avait  lieu)  rapproché  de  son  front,  c'est-à-dire  de  sa  face  antérieure, 
qui  reste  d'ailleurs  très  sensiblement  plane  à  toutes  les  distances  de  l'ex- 
trémité de  départ, 

»  La  théorie  indique,  de  plus,  entre  le  coefficient  d'extinction  et  le  ra- 
lentissement causé  par  la  paroi,  une  relation  approximative,  à  laquelle  les 
expériences,  tant  de  Regnault  que  de  MM.  Violle  et  Vauthier,  apportent 
une  certaine  confirmation  :  le  produit  mutuel  de  ces  deux  quantités  et  du 


(  '34i  ) 

r;irré  du  diamètre  du  tuyau  égale  environ  o,oooo4  (les  unités  de  longueur 
et  de  temps  étant  le  mètre  et  la  seconde);  en  sorte  qu'on  peut,  du  coeffi- 
cient d'extinction  directement  mesurable,  déduire  le  ralentissement. 

»  III.  La  condensation  moyenne  y  du  gaz,  à  l'époque  /  et  sur  la  section 
normale  t,  à  contour  y,  dont  x  désigne  l'abscisse,  se  lrou\e  le-ie,  dans  ses 
variations  successives,  par  l'équation  aux  dérivées  partielles,  du  premier 
ordre  en  t. 


'/■/  '<■;  d   V  m  +  \  b,   d<a(x  —  at) 


(l) 


';■  '/■■  d   V  m  +  i         ,  . . 


l*ï\/ïjr"?(*-a«  +  P,)*]  =  o, 


où  a  esl  la  vitesse  du  son  à  l'air  libre,  pi  x  —  at  )  l'expression  de  y  à  une 
première  approximation,  m  le  rapport  (i,4)  des  deux  capacités  calori- 
fiques du  gaz,  p  la  densité  primitive  de  celui-ci,  s,  un  coefficient  d'impar- 
faite fluidité  autre  que  celui,  ;,  de  frottement  intérieur,  enfin,  y.,  l'expres- 
sion 

:A  =  \/l +  (v^  -  j=)  \Jjc  =  °'°o58  environ> 

k,  C  désignant  le  coefficienl  de  conductibilité  du  gaz  et  sa  capacité  calori- 
fique à  volume  constant. 

»  Dès  que  l'onde  a  effectué  un  trajet  suffisant  pour  s'être  passablement 
affaiblie,  la  quantité  entre  parenthèses  de  i  i  >  devient  réductible  à  son  der- 
nier terme,  en  y.. 

»  Si,  alors,  on  appelle  ;,  la  valeur  de  x  —  at  =  1  qui  correspond  au 
maximum  de  l'expression  actuelle  o(  :  i  de  y,  le  maximum  de  y  (sommet,  en 
quelque  sorte,  de  l'onde)  se  propage  avec  une  vitesse  co  moindre  que  a  de 
la  quantité 

et  il  décroît  actuellement,  le  lony  d'un  chemin  t ,  comme  l'exponentielle 
e~mx,  où  le  coefficient  d'extinction  m  aurait  la  valeur 

»  Quand  l'intumescence,  ou,  du  moins,  sa  partie  antérieure  comprise 


(  i3/p  ) 

entre  le  front  et  le  sommet,  affecte  une  forme  simple  (à  une  seule  inflexion 
en  avant  du  sommet)  exprimée  approximativement,  à  un  facteur  près  len- 
tement variable,  par  l'équation 

(4)  ?a)  =  ^' 

où  c  est  un  paramètre  (lentement  variable  aussi)  en  rapport  avec  la  lon- 
gueur apparente  de  l'onde,  il  vient  pour  valeurs  actuelles  du  retard  ou  ra- 
lentissement a  —  (.0  et  du  coefficient  d'extinction  m  relatif  au  sommet, 

(5)    a  —  w—-ir\/ —  L,        m  =  yi/ —  L;         d  ou         m(a  —  w)  =  — g-  %. 

»   L'énergie  totale  de  l'onde,  représentée  par  l'intégrale  pa-n  f    y2dx, 

décroît  plus  lentement  que  le  carré  du  maximum  ou  que  l'exponentielle 
e-2mx.  car  ejje  varie  comme  e~':i^2x  =  e~2mx e(2-\^' mx t  s'il  s'agit,  du  moins, 
d'une  époque  où  l'on  puisse  admettre  que  toute  l'intumescence  (et  non 
pas  seulement  sa  partie  antérieure)  accepte  à  peu  près  l'équation  (4)- 

»  Les  valeurs  de  y  diminuent  donc,  en  moyenne,  moins  vite  que  la  plus 
forte  d'entre  elles;  ce  qui  indique  une  augmentation  de  la  longueur  appa- 
rente de  l'onde,  propre  à  compenser,  en  grande  partie,  l'abaissement  du 
maximum.  On  doit,  en  effet,  pouvoir  attribuer  approximativement  à  l'in- 
tumescence une  longueur  sensible  totale  (tant  à  l'arrière  qu'à  l'avant  du 
sommet),  proportionnelle  au  quotient  de  l'énergie  par  le  carré  du  maxi- 
mum de  y  :  or,  cette  longueur  totale,  ainsi  appréciée,  variera  ici  comme 
l'exponentielle 

p(-— y/5)  ma: gO,5  8tm.r 

»  Par  conséquent,  l'onde  paraît  s'allonger,  mais  moins  vite  qu'elle  ne 
s'abaisse. 

■»  Si  le  tuyau  est  circulaire,  de  diamètre  D,  la  dernière  formule  (5),  où 
il  faut  poser  alors  y  =  -D,  n  =  i^D2,  devient 

(Ç\\  m( n  ,.\  ^~'xl  I  ■  \  O,O0O03û6  O.OOOoA 

{<j)  m^a  —  «>)  _  -^p-  =  (environ) y      ou       '  • 

»  Avec  la  valeur  m  =  0,0000866,  obtenue  par  MM.  Violle  et  Vaulhier, 
pour  un  tuyau  de  o,n,7  de  diamètre  (où  ils  ont  trouvé  en  outre  w=33om,  33, 
après  réduction  à  la  température  de  o°  et  à  un  état  hygrométrique  nul), 
cette  relation  donne  a  -  o,  =  om,94,  valeur  du  même  ordre  que  les  diffé- 


(   «343  ) 
rences  respectives  des    vitesses  de  propagation  constatées  par  ces  physi- 
ciens ou  antérieurement  par  Regnault,  dans  des  tuyaux  de  divers  calibres. 
On  en  déduit  a  =  33om,33  -f-  om,94  =  33im,3  environ,  pour  la  vitesse  du 
son  dans  l'air  libre,  sec  el  à  la  température  de  o°C.   » 


chimie.  —  Sur  une  combinaison  volatile  de  fer  et  d'oxyde  de  carbone, 
lefer-carbonyle,  et  sur  le  nickel-carbonyle;  par  M.  M.  Berthelot. 

I.         Fer-carbonj  le. 

«  1.  J'ai  observé  que  le  fer,  pris  dans  un  état  particulier,  a  la  propriété 
de  se  combiner  directement  et  à  froid  avec  l'oxyde  de  carbone,  pour  for- 
mer un  composé  1res  volatil. 

»  Cet  état  du  fer  se  réalise  en  réduisant  par  l'hydrogène,  lentement  et  à 
la  plus  basse  température  possible,  le  peroxyde  de  1er  précipité,  puis  lavé 
ci  desséché  avec  précaution.  On  peut  aussi  préparer  le  1er  eu  décompo- 
sant, par  la  chaleur,  l'oxalate  ferreux,  et  en  complétant  la  réduction  par 
l'hydrogène. 

»  La  réaction  de  l'oxyde  «le  carbone  sur  le  fer,  pris  dans  cet.  état,  a 
lieu  surtout  vers  ]  V'.  Le  gaz  qui  sort  de  l'appareil  est  chargé  d'une  vapeur 

ferrugineuse.  On  le  lave  à  l'eau  pure,  puis  on  le  fait  pisser  dans  un  tube 
effilé,  à  la  pointe  duquel  on  l'enflamme;  la  couleur  de  la  flamme  est  beau- 
coup plus  éclatante  que  cello  de  l'oxyde  de  carbone,  el  va  jusqu'au  blanc, 
avec  spectre  caractéristique.  Si  Ion  écrase  cette  flamme  sur  une  soucoupe 
de  porcelaine,  celle-ci  se  recouvre  de  petites  taches  légères,  constituées 
par  du  fer,  plus  ou  moins  oxydé  par  le  contact  de  l'air.  Une  goutte  d'acide 
chlorhvdrique  les  dissout  aussitôt,  et  une  gouttelette  de  ferrocyanure  four- 
nit un  abondant  précipité  de  bleu  de  Prusse. 

)>  En  dirigeant  le  gaz  à  travers  un  tube  de  verre  étroit  chauffé  au  rouge, 
comme  dans  l'appareil  de  Marsh,  il  laisse  déposer  la  plus  grande  partie  du 
fer  qu'il  contient  sous  forme  iVun  anneau  métallique  (  renfermant  un  peu 
de  carbone).  J'ai  l'honneur  de  mettre  quelques-uns  de  ces  tubes  sous  les 
yeux  de  l'Académie.  Le  fer  ainsi  précipité,  soit  dans  un  tube,  soit  sur  une 
soucoupe,  se  dissout  dans  l'acide  chlorhvdrique  étendu  et  manifeste  alors 
ses  propriétés  ordinaires,  la  formation  du  bleu  de  Prusse,  par  exemple. 

»  Le  gaz  oxyde  de  carbone  chargé  de  cette  vapeur  ferrugineuse,  si  l'on 
y  verse  une  goutte  d'acide  chlorhydrique  concentré,  produit  du  chlorure 
de  fer,  que  le  contact  de  l'air  rend  précipitable  par  le  cyanoferrure.  Si  on 


(  k344  ) 

le  conserve  dans  des  flacons  en  partie  remplis  d'eau  aérée,  il  éprouve 
une  oxydation  lente,  qui  en  sépare,  au  bout  de  quelques  jours,  le  fer  sous 
la  forme  de  sesquioxyde. 

»  Ces  résultats  mettent  en  évidence  l'existence  d'une  combinaison  spé- 
ciale de  fer  et  d'oxyde  de  carbone,  lefercarbonyle. 

»  La  proportion  du  composé  ainsi  formé  est  d'ailleurs  très  faible;  et  je 
n'ai  pas  encore  réussi  à  le  condenser  séparément.  Mais  son  existence  n'en 
est  pas  moins  facile  à  constater  :  j'en  poursuis  l'étude,  ainsi  que  celle  des 
réactions  analogues  de  l'oxyde  de  carbone  sur  divers  métaux. 

11.  —  Nickel-carbonyle. 

»  Le  fer-carbonyle  est  analogue  au  nickel-carbonyle,  remarquable  com- 
posé découvert  par  MM.  Mond,  Lang  et  Quincke  (  '). 

»  Je  vais  examiner  la  stabilité  et  les  décompositions  propres  de  ce  der- 
nier corps,  les  réactions  qu'il  éprouve  de  la  part  de  l'oxygène,  de  l'acide 
sulfurique,  de  l'ammoniaque  et  de  quelques  autres  gaz,  spécialement  du 
bioxyde  d'azote. 

»  Stabilité  et  décomposition  propre.  —  Je  rappellerai  que  le  nickel-carbo- 
nyle est  liquide  et  bout  vers  46°.  Il  possède  une  tension  de  vapeur  consi- 
dérable, voisine  d'un  quart  d'atmosphère  vers  i6°  :  ce  qui  permet  de 
l'étudier  dans  l'état  gazeux,  en  le  vaporisant  au  sein  d'une  atmosphère 
d'azote.  Si  l'on  dépose  une  goutte  du  corps  bien  sec  sur  une  baguette  de 
verre,  il  s'évapore  rapidement;  tandis  que  la,  partie  non  volatilisée  forme 
de  petits  cristaux,  produits  sans  doute  par  le  froid  de  l'évaporation  et  qui 
ne  tardent  pas  à  disparaître  à  leur  tour.  A  la  température  ordinaire,  il 
est  stable  et  ne  possède  aucune  tension  sensible  de  dissociation  :  du  moins 
j'ai  conservé  pendant  un  mois  sur  le  mercure,  à  une  température  voisine 
de  iG°,  un  mélange  gazeux  renfermant  74  volumes  d'azote  et  26  volumes 
de  nickel-carbonyle,  sans  aucun  indice  de  décomposition,  ni  changement 
dans  les  rapports  des  deux  gaz.  On  le  conserve  également  inaltéré  sous 
une  couche  d'eau,  dans  un  flacon  bien  rempli,  pourvu  qu'il  n'y  pénètre 
aucune  trace  d'air;  sinon,  il  s'oxyde,  comme  il  sera  dit  plus  loin. 

»  Sa  décomposition  a  lieu  suivant  deux  modes  différents.  Lorsqu'on  fait 
passer  un  gaz  inerte  chargé  de  vapeur  de  nickel-carbonyle  dans  un  tube 
fortement  chauffé,  le  composé  se  résout  en  nickel  et  oxyde  de  carbone, 
comme  l'ont  observé  MM.  Mond  et  consorts.  Ils  ont  reconnu  aussi  que, 

(')  Journal  Chem.  Soc,  t.  LVII,  p.  749;   1890. 


(   -345  ) 

si  l'on  chaude  brusquement  le  corps  au-dessus  de  700,  il  détone.  Mais 
cette  détonation  n'est  pas  violente,  comparée  à  celle  des  composés  nitri- 
ques, et,  ce  qui  est  caractéristique,  elle  ne  régénère  pas  uniquement  du 
nickel  ri  de  l'oxyde  de  carbone.  F.n  fait,  il  se  produit  toujours  une  certaine 
dose  d'acide  carbonique  et  de  carbone,  comme  on  le  constate  en  traitant 
les  produits  par  l'acide  chlorhydrique.  ("est  même  celle  production  qui 
détermine  la  détonation.  En  effet,  on  ne  comprendrait  guère  comment  un 
corps  formé  vers 3o"  par  synthèse  directe,  c'est-à-dire  avec  dégagement  de 
chaleur,  pourrait  régénérer  ses  composants  :  oxyde  de  carbone  el  nickel. 
dans  leur  élat  primitif  ('),  quelques  degrés  plus  haut,  par  une  décompo- 
sition exothermique.  Au  contraire,  la  décomposition  de  l'oxyde  de  carbone 
en  acide  carbonique  el  charbon 

2CO  =  C02-+-C. 

régénérant  12  grammes  de  carbone  amorphe,  dégage 

97>6-  58,8  =  H- 38e", 8; 

pour  les  4 CO  qui  entrent  dans  la  composition  du  nickel-carbonyle,  cela 
fait  -+-  77e''1, G.  Il  suffit  que  la  chaleur  dégagée  dans  l'union  directe  de 
l'oxyde  de  carbone  et  du  nickel  soil  inférieure  à  celle  quantité,  pour  que 
le  composé  puisse  détoner,  non  en  vertu  d'une  simple  régénération  de  ses 
composants,  mais  par  une  combustion  interne  :  précisément  comme  l'oxa- 
late  d'argent,  et  l'acide  formique  lui-même,  dans  mes  anciennes  expé- 
riences. La  réaction  explosive  est  donc  celle-ci  (■)  : 

C'0,Ni  =  2COa4-  :<<:  +  Ni. 

Si  le  phénomène  était  provoqué  par  le  «hoc  d'un  agent  détonateur  éner- 
gique, tel  que  le  fulminate  de  mercure,  la  réaction  précédente  serait  sans 
doute  la  seule.  Mais,  dans  une  réaction  plus  lente,  effectuée  à  plus  basse 
température,  une  partie  plus  ou  moins  considérable  du  nickel-carbonyle 
peut  être  décomposée  simultanément  en  oxyde  de  carbone  et  nickel,  aux 
dépens  de  la  chaleur  dégagée  par  la  transformation  d'une  autre  partie. 

»   Passons  à  l'étude  des  réactions  du    nickel-carbon\le.  Ces  réactions 
sont  déterminées,  en  général,  par  les  affinités  propres  du  nickel,  qui  tend 

(')  A  moins  d'un  changement  isomérique  dans  l'état  du  nickel. 
(2)  Sans  préjudice  de  la  formation  possible  d'un  carbure  de  nickel. 

C.  R.,  189!,  1"  Semestre.  (T.  CXU,  N'  24.)  '  7 ^ 


(   >34G  ) 

à  s'oxyder,  à  se  sulfurer,  etc.  Quand  elles  s'opèrent  lentement  et  à  basse 
température,  elles  donnent  lieu  à  des  composés  complexes,  renfermant 
du  carbone  et  comparables  aux  dérivés  des  radicaux  organo-métalliques. 
Toutefois  une  portion  du  carbone  se  sépare  en  général  à  l'état  d'oxyde  de 
carbone  (et,  dans  certains  cas,  d'acide  carbonique)  :  ce  qui  semble  indiquer 
que  le  véritable  radical  ne  serait  pas  le  nickel-carbonyle,  mais  un  dérivé 
moins  condensé  de  l'oxyde  de  carbone. 

»  Avant  d'exposer  ces  faits,  signalons  quelques  propriétés  du  nickel- 
carbonyle,  qui  sont  mises  en  jeu  dans  l'analyse  des  mélanges  gazeux  dont 
il  fait  partie.  Ce  composé  n'est  absorbé  sensiblement  ni  par  l'eau,  ni  par 
les  solutions  acides  ou  alcalines  étendues,  ni  par  le  chlorure  cuivreux 
acide.  Ses  vrais  dissolvants  sont  les  carbures  d'hydrogène,  spécialement 
l'essence  de  térébenthine,  qui  permet  de  le  doser  dans  un  mélange. 

»  Action  de  l'oxygène.  —  Le  nickel-carbonyle,  mêlé  d'oxygène  ou  d'air, 
brûle  ou  détone  au  contact  d'un  corps  en  ignition,  suivant  les  propor- 
tions relatives.  La  détonation  du  nickel-carbonyle  sec  mélangé  d'oxygène 
peut  même  avoir  lieu  sans  inflammation  préalable,  par  exemple  en  agitant 
vivement  ce  mélange  dans  une  éprouvetle,  sur  le  mercure. 

»  Ce  même  mélange  gazeux,  conservé  en  présence  d'un  peu  d'eau, 
donne  lieu  à  un  phénomène  d'oxydation  lente,  avec  formation  d'un  pré- 
cipité gélatineux,  d'une  teinte  blanchâtre  en  petite  quantité,  mais  qui 
prend  en  masse  une  couleur  vcrdàtre.  Ce  composé  renferme  du  nickel, 
de  l'oxygène,  de  l'eau  et  une  certaine  dose  de  carbone  combiné.  Quand 
on  le  chauffe,  il  noircit,  une  partie  de  ce  carbone  se  séparant  en  nature. 
En  même  temps  que  l'oxyde  complexe  ci-dessus  prend  naissance,  il  se  ré- 
génère à  froid  une  certaine  dose  d'oxvde  de  carbone. 

»  Une  réaction  du  même  genre  s'effectue,  si  l'on  conserve  le  nickel-car- 
bonyle liquide  et  sec  dans  un  flacon  où  l'air  puisse  pénétrer;  le  composé 
se  détruit  peu  à  peu  en  formant  d'abord  un  oxyde  verdâtre  et  finalement 
une  matière  noire,  résultant  d'une  destruction  plus  profonde.  Ces  phéno- 
mènes ont  lieu  avec  l'air  ordinaire,  c'est-à-dire  humide;  mais  les  mêmes 
réactions  s'observent  également  dans  un  flacon  où  l'air  ne  peut  pénétrer 
qu'au  travers  d'un  petit  tube,  contenant  de  la  potasse  en  morceaux  qui  le 
dessèche  complètement.  Seulement  l'oxyde  produit  dans  le  flacon  avec 
l'air  sec  est  jaune  châtain,  au  lieu  d'être  verdâtre;  probablement  parce 
qu'il  est  anhydre. 

»  Si  l'on  garde  le  nickel-carbonyle  liquide  sous  une  couche  d'eau, 
sans  exclure  cependant  l'air,  son  oxydation  est  très  ralentie,  mais  non  em- 


(  '347  ) 
pêcbée.  L'oxyde  qui  se  forme  ainsi  peu  à  peu  est,  comme  il  a  été  dit,  un 
composé  complexe,  qui  se  décompose  avec  production  de  charbon  (et  de 
métal)  lorsqu'on  le  chauffe  au  rouge  sombre.  Dans  la  formation  de  ce 
composé,  le  nickel-carbonyle  se  comporte,  je  le  répète,  comme  un  véri- 
lable  radical  composé,  analogue  aux;  radicaux  organométalliques  et  aux 
dérivés  métalliques  de  l'acétylène. 

»  Mais  le  groupement  ainsi  réalisé  manque  de  stabilité,  ainsi  que  le 
montre  la  réaction  du  nickel-carbonyle  sur  l'acide  sulfurique,  lequel  tend 
à  l'oxyder  et  à  s'unir  à  l'oxyde  produit.  Au  contact  de  l'acide  sulfurique 
co  .entré  en  effet,  le  nickel-carbonyle  sec  détone,  avec  flamme,  après 
quelques  instants. 

»  Si  l'on  maintient  en  contact  avec  le  même  réactif  de  l'azote  chargé 
devapeurdenickel-carbonyle.il  se  produit  une  réaction  régulière,  qui 
commence  aussitôt,  mais  exige  plusieurs  heures  pour  s'accomplir.  I.e  vo- 
lume du  nickel-carbonyle  esl  remplacé  par  un  volume  quadruple,  le  nic- 
kel demeurant  oxydé  et  dissous  dans  l'acide  sulfurique  (partiellement 
réduit)  : 

C404Ni        ,:     )       Ni. 

»   La  potasse  concentrée  n'a  p  i  >  d'action  apparente. 

»  Le  gaz  ammoniac  pur  n'agil  pas  sur  le  nickel-carbonj  le,  du  moins  im- 
médiatement. Mais,  si  l'on  ajoute  un  peu  d'oxygène,  il  se  développe  aussi- 
tôt des  fumées.  Si  on  laisse  l'oxygène  agir  peu  à  peu,  il  se  forme  un  dépôt 
blanchâtre,  de  composition  complexe,  et  que  la  chaleur  détruit  en  le  noir- 
cissant. 

»  Plusieurs  gaz  agissent  à  froid  sur  la  vapeur  du  nickel-carbonyle  mé- 
langée d'azote.  Ainsi  l'hydrogèn  ulfuré  en  précipite  rapidement  un  sul- 
fure noir.  L'hydrogène  phosphore  produit  peu  à  peu  un  dépôl  noir  et 
miroitant.  Je  ne  parlerai  pas  du  chlore,  ni  du  brome,  qui  détruisent  aussi 
le  nickel-carbonyle,  comme  MM.  Moud,  Lang  et  Quincke  l'ont  observé. 
Les  affinités  du  nickel  et  le  peu  «le  stabilité  du  composé  expliquent  toutes 
ces  réactions. 

»  Le  gaz  qui  produit  les  réactions  les  plus  curieuses  est  le  bioxyde 
d'azote. 

»  En  effet,  si  on  mélange  le  bioxyde  d'azote  avec  du  nickel-carbonyle 
vaporisé  dans  l'azote,  ou  bien  si  on  le  fait  arriver  dans  du  nickel-carbonyle 
liquide,  il  se  produit  aussitôt  des  fumées  bleues,  qui  remplissent  tout  le 
vase;  l'expérience  est  des  plus  belles.  Ces  fumées  se  déposent  peu  à  peu. 


(  i348  ) 
L'addition  d'une  nouvelle  dose  de  bioxyde  d'azote  les  reproduit,  même 
lorsque  le  volume  initial  du  bioxyde  d'azote  est  quadruple  de  celui  du 
nickel-carbonyle  gazeux.  Le  mélange  gazeux  qui  subsiste  renferme  à  la 
fois  du  bioxyde  d'azote  en  excès,  de  l'oxyde  de  carbone  et  une  combinai- 
son nickelée  en  vapeur,  distincte  de  la  première  et  qui  n'en  représentait 
que  le  tiers  du  volume  environ,  dans  une  expérience.  Elle  est  distincte, 
parce  qu'elle  coexiste  avec  un  excès  de  bioxyde,  lequel  attaque  au  con- 
traire aussitôt  le  nickel-carbonyle.  Mais,  si  l'on  fait  arriver  dans  ce  mé- 
lange, devenu  stable,  de  l'oxygène,  il  se  produit  aussitôt  de  la  vapeur 
nitreuse  et  d'épaisses  fumées  opaques.  En  réduisant  l'oxygène  à  quelques 
bulles,  on  voit  se  précipiter  le  nickel  sous  la  forme  d'un  nouveau  com- 
posé bleu,  différent  du  premier.  Ces  composés  bleus,  de  constitution  com- 
plexe, sont  très  caractéristiques. 

»  En  résumé,  l'oxyde  de  carbone  à  la  propriété  de  s'unir  à  froid  avec  le 
nickel,  avec  le  fer  et,  sans  doute,  avec  d'autres  métaux  pris  dans  un  état 
particulier.  Il  forme  ainsi  un  ordre  de  composés  spéciaux,  analogues  aux 
radicaux  métalliques  composés,  et  notamment  à  ceux  qu'engendrent 
l'acétylène  et  les  carbures  polyacétyléniques,  en  s'unissant  au  potassium  et 
à  d'autres  métaux.  Ces  composés  sont  susceptibles  d'oxydation  et  d'autres 
réactions,  dans  lesquelles  il  se  forme  des  combinaisons  organiques  com- 
plexes, comparables  à  celles  des  radicaux  métalliques  composés.  L'oxvde 
de  carbone  se  comporte  donc,  à  cet  égard,  comme  les  carbures  d'hydro- 
gène. On  doit  aussi  rapprocher  de  ces  combinaisons  les  acides  rodizonique 
et  croconique,  qui  sont  aussi  des  dérivés  condensés  de  l'oxyde  de  carbone 
uni  aux  métaux  alcalins;  et  il  parait  probable  qu'une  étude  plus  appro- 
fondie établira  des  liens  nouveaux  entre  tous  ces  composés. 

»  A  un  autre  point  de  vue,  la  combinaison  du  fer  avec  l'oxyde  de  car- 
bone joue  sans  doute  un  rôle  dans  diverses  réactions  observées  en  métal- 
lurgie, telles  que  la  précipitation  du  carbone  de  l'oxyde  de  carbone  au 
contact  du  fer,  observée  par  M.  Gruner;  la  formation  de  bulles  gazeuses 
au  sein  du  fer  ramolli,  observée  par  M.  Cailletet,  etc.  Certains  transports 
de  matière,  observés  soit  (fans  les  caisses  de  cémentation,  soit  dans  les  fours 
Siemens,  se  rattachent  également  à  l'existence  de  composés  ferrugineux 
volatils  de  cette  nature. 

»  On  voit  ainsi  apparaître  sous  des  formes  nouvelles  l'aptitude  caracté- 
ristique de  l'oxyde  de  carbone,  en  tant  que  composé  incomplet,  à  contrac- 
ter des  combinaisons  lentes  et  à  former  des  combinaisons  condensées  : 
aptitude  déjà  manifestée  dans   l'action  propre  de  la  chaleur  sur  ce  gaz, 


(  '%  ) 
avec  ou  sans  dépôt  de  charbon,  et  plus  encore  dans  mes  synthèses  d'acide 
formique  et  de  carbures  d'hydrogène.  » 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Résumé  des  observations  météorologiques  faites 
à  Êcorchebœuf,  près  Dieppe  (Seine-Inférieure),  de  1873  à  1882; 
par  M.  J.   lliasii. 

«  La  station  météorologique  d'Ecorchebœuf  a  été  établie,  en  1872, 
d'après  les  indications  de  M.  Ch.  Sainte-Claire  Devillc,  en  même  temps 
que  je  commençais  nies  Il/cherches  sur  la  proportion  de  l'acide  carbonique 
dans  l'air.  L'abri,  du  modèle  adopte  par  le  Bureau  central  météorologique, 
est  installe  vers  la  limite  nord  d'une  pelouse  située  a  i  >o  mètres  au  nord- 
ouest  du  château;  l'horizon  est  complètement  dégagé  du  côté  du  nord. 
Le  baromètre  est  un  Fortin  construit  parTonnelot;  les  thermomètres  sont 
de  Baudin  ;  le  pluviomètre  est  du  modèle  de  l'Association  scientifique. 

»  lies  observations  ont  dé  poursuis  ies  sans  lacune  pendant  une  période 
de  dis  années,  de  1873  à  1882  ;  elles  ont  été  interrompues  en  avril  1 883 
par  la  mort  de  l'observateur;  toutefois,  on  continue  à  observer  la  pluie. 
La  pression  atmosphérique,  la  température  et  l'état  hygrométrique  de  l'air 
ont  été  observés  trois  lois  par  jour,  à  7hm.,  ihs.  et  71' s.  ;  le  pluviomètre 
est  relevé  une  lois  par  jour,  à  ç)h  m.  La  direction  du  vent  ou  celle  des 
nuages  inférieurs  a  été  également  notée  une  fois  par  jour,  a  <|''in. 

»  La  pression  barométrique  moyenne,  déduite  des  trois  observations, 
de  1873  à  1882,  est  de  •j">i""",  1.  Le  baromètre  étant  placé  à  100"',  la 
correction  d'altitude,  pour  une  température  extérieure  de  90 ,  est  de  o,"1"1,  2, 
en  sorte  cpie  la  pression  ramenée  au  niveau  de  la  mer  est  de  7(1 1""",  3.  La 
pression  la  plus  élevée,  775mm,  9,  a  été  observée  les  17  et  18  janvier  1882; 
la  plus  faible,  7 1 5'1"",  7,  le  ig  novembre  1880;  l'oscillation  extrême  du 
baromètre  est  donc  de  6omm,2.  Les  extrêmes  absolus  annuels  (minima  et 
maxima)  s'observent  toujours  pendant  la  saison  froide. 

»  La  température  moyenne  des  trois  observations  est  de  Q°,7.  Si  l'on 
admet  que  cette  série  donne,  comme  à  Sainte-Honorinc-du-l  a\  (Calvados), 
un  excès  de  0°,7  sur  la  moyenne  des  it\  heures,  la  moyenne  vraie,  à 
Ecorchebœuf,  serait  de  Ç)°,o.  Pour  une  élévation  de  100'",  la  collection 
d'altitude  est  de  ■+-  o°,6;  ramenée  au  uiveau  de  la  mer,  la  température 
moyenne  serait  ainsi  de  9", 6. 

»   Nous  avons  un  contrôle  de  l'exactitude  de  ce  nombre  par  les  résultats 


(   i35o  ) 

recueillis,  d'une  façon  indépendante,  aux  thermomètres  à  maxima  et  à 
minima.  La  moyenne  de  cette  seconde  série  est  de  9°,4;  or,  il  résulte  de 
nombreuses  comparaisons  que  cette  moyenne  est  supérieure  à  celle  des  24h 
de  o°, 4  environ.  En  appliquant  cette  correction,  la  moyenne  vraie  serait 
encore,  comme  précédemment,  de  90,  o  ou  de  ()°,6  au  niveau  de  la  mer. 

»  Les  maxima  dépassent  rarement  3o°;  en  1886,  le  thermomètre  ne  s'est 
pas  élevé  au-dessus  de  26°,6;  la  plus  haute  température,  33°, 6,  a  été  ob- 
servée le  8  août  1873.  La  température  la  plus  basse  qui  ait  été  notée  pen- 
dant la  période  est  de  — 16°,5,  le  1 5  janvier  1881;  dans  l'hiver  si  rigoureux 
de  1879-1880,  le  thermomètre  est  descendu  seulement  à  —  i3°,o,  mais  les 
froids  ont  été  beaucoup  plus  prolongés. 

»  On  compte  en  moyenne  52  jours  de  gelée.  Ce  nombre  est  très  va- 
riable; tandis  qu'il  s'élève  à  7/)  en  1879-1880,  on  a  constaté  seulement 
34  gelées  en  1876-1877. 

»  L'état  hygrométrique  de  l'air  résulte  d'observations  faites  au  psychro- 
mètre;  il  n'a  pas  été  tenu  compte  des  cas  où  la  température  était  au-dessous 
de  o°.  La  fraction  de  saturation  est  représentée  en  moyenne  annuelle  par 
0,82;  la  moyenne  mensuelle  descend  à  0,77  en  mai,  mois  le  plus  sec,  pour 
s'élever  à  0,89  en  décembre. 

»  La  hauteur  moyenne  annuelle  d'eau  tombée  est  de  9o3mm,6.  L'année 
la  plus  humide  est  1882,  qui  a  donné  1  i44mm»6;  la  plus  sèche,  1873,  où  on 
a  recueilli  693°"", 9.  Envisagée  au  point  de  vue  de  sa  distribution  dans  le 
cours  des  saisons,  la  pluie  présente  un  minimum  au  printemps;  les  totaux 
mensuels  croissent  ensuite  à  peu  près  régulièrement  et  passent  par  un 
maximum  en  novembre;  l'automne  est  ainsi  la  saison  la  plus  pluvieuse; 
c'est  également  en  cette  saison  que  le  nombre  des  jours  de  pluie  est  le  plus 
grand.  On  compte,  en  10  ans,  18  journées  ayant  fourni  plus  de  2 Smm  d'eau; 
la  plus  forte  pluie  recueillie  est  celle  du  18  septembre  1876,  qui  a  atteint 
5omm. 

»  On  n'a  noté  que  les  huit  directions  principales  du  vent.  Le  sud-ouest 
domine  nettement  pendant  chacune  des  années  prises  séparément;  il 
souffle  en  moyenne  29  fois  sur  100.  Viennent  ensuite  le  sud  (19  sur  100), 
l'ouest-sud-ouest  et  le  nord  (12  sur  100).  Les  vents  soufflent  rarement 
d'entre  sud-est  et  nord-est.  La  prédominance  des  vents  du  sud-ouest  se 
retrouve  pendant  tous  les  mois  de  l'année,  sauf  en  janvier,  où  souffle  plus 
fréquemment  le  vent  du  sud.  Les  vents  d'entre  sud-est  et  nord-est,  qui 
sont  en  minorité  bien  marquée  en  toutes  saisons,  sont  particulièrement 
rares  pendant  la  saison  chaude,  où  la  proportion  s'abaisse  à  2  pour  100. 


(  i35i  ) 

»  On  compte  en  moyenne  22  orages  par  an.  L'été  est  naturellement 
l'époque  qui  correspond  au  maximum  de  fréquence  des  manifestations 
orageuses;  mais  on  en  rencontre  quelques-unes  dans  tous  les  mois  de  la 
saison  froide;  c'est  eu  février  et  en  mais  qu'on  en  observe  le  moins. 

»  Les  résultats  des  observations  sont  donnés  dans  les  deux:  Tableaux 
suivants;  les  éléments  météorologiques  y  sont  résumés  pour  chaque 
année  et  pour  la  moyenne  de  chaque  mois. 


dos 

|  3  obs. 

mm 

18?;) 

1874 

1«75 733,0 



1877 ;...; 

1878 

1879 75i,8 

1880 

1881 752,0 

1882 ;n..| 

Moyennes 

I  \  ii  .'■m.-- 


Tableau 

I.  —  Hési 

imé  des 

obset 

valions 

par  année  (U 

73-1882) 

1 

Température. 

Hoy,  de 

l'Un 

Jours 

Vent 

Ho] 

Jour. 

M   • 

Uln. 

des 

uiïn.  et 

Max. 

Min 

de 

:  li.  m 

do 

domi- 

Jours 

absolus. 

S  obs. 

absolus. 

poléo. 

et  t  b.  s. 

d'eau. 

pluie. 

nant. 

d'orage 

■  nui 

min 

0 

0 

0 

0 

m  m 

7I9.9 

9,6 

9,3 

33,6 

-4,8 

h 

81 

166 

so 

20 

10,1 

3i,5 

-12,6 

}6 

79 

766,8 

i5o 

so 

il. 

9.7 

9.4 

n,5 

54 

82 

so 

21 

7>9>4 

■ 

9 

—  n  ,0 

5i 

82 

1  -.1 

so 

21 

736,8 

82 

ioi3,3 

181 

so 

16 

769,7 

10,0 

-  8,8 

83 

1074,1 

192 

so 

3i 

7»8,i 

B.i 

:  3 

84 

so 

i5 

770,1 

10,1 

9,8 

'7  -" 

-  .,... 

ig 

S3 

.5i 

so 

34 

8,9 

"49 

so 

ig 

9.7 

-  5,o 

83 

1  -   ' 

v,, 

• 

7i5, 


U -7       9.4 


5a 


i6,5 


t63  so      22 


Tableau  II.  —  Résume  des  observations  par  mois.  —  1873-1882. 


rature. 


Mois. 


M.iy. 
3  obs. 


Min 

absolus. 


mm 

.l.ni\  ier 755,3 

Février -'*  1,4 

Mars 7    ■   1 

Avril 749,4 

Mai : 

Juin 7 

Juillet 7"-s 

\  •  ■  u  I 7  "■  1  .  7 

Septembi   . 

Octobre  ....  7 "11  . 1 

Novembre..  7 

Décembre  . .  7    ■    . 

Moyennes    1 

ou  totaux.    *  ' 


767.8 

767   ,    I 
768,3 


77'." 


absolus, 

mm 

719, g 

1 

7  '  '  ■  i 

' 


II 

il»- s 
3  obs. 

O 
3,2 

5,4 
8,8 

11,3 

,    0 

16,8 

14,1 
10,3 

3,5 


[6,i 

3,2 


absolus. 

o 

1  I    ■ 

29,0 


Min. 
.. 

7.7 
1  .  ï 

1,0 

6,5 

3,4 
2,6 

7.4 
— i3,o 


i6,5 


Jours 
do 

celée 

i3 

10 

7 


Humidité. 

M..> 
de  -  ii  ni 

.-!  1  II    s 


78 

77 

7^ 
80 
83 
83 
84 
89 


Hauteurs 

iniii 

56,o 

7  '■•• 
84,3 

[11,8 


Jours 
do 

ploie. 

12 
t3 

I  ■ 
i3 

I I 

.  ; 

■  ; 

i6 

■  5 
.5 
[5 


V011I 

doDii-  Jours 

nant.       .1  or  se  - 


S 

so 
so 

s,, 

so 

so 
so 
so 
so 
so-s 
so 
so 


903,6      i63 


Ml 


(     l352    ) 

»  Tous  les  calculs  résumés  dans  ces  Tableaux  ont  été  revisés  sous  la 
direction  de  M.  Moureaux,  à  qui  j'adresse  mes  meilleurs  remerciements. 

»  Les  observations  d'Écorcbebceuf  contribueront,  avec  celles  d'Hervé 
Mangon,  à  Brécourt,  de  M.  Marchand,  à  Fécamp,  de  M.  l'abbé  Le  Breton, 
à  Sainte-Honorine-du-Fay,  à  fixer  les  particularités  du  climat  du  littoral  de 
la  Manche.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Scrry-Montaut  adresse  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Thermo- 
pyromanomètre  à  base  de  mica;  système  Louis  Damaze  ». 

(Commissaires  :  MM.  Fizeau,  Lippmann.) 

CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  périodique  Wolf,  faites  à  l'Ob- 
sen-atoire  de  Paris (c'quatorial de  la  lourde  l'Ouest);  par  M.  G.  Rigourdan. 
Communiquées  par  M.  Mouchez. 

Comète  —  Étoile. 

Étoile  — — -~. — — Nombre 

Date  de  Ascension  de 

1S91.  comparaison.        Grandeur.  droite.  Déclinaison,      comparaisons. 

o  h       m  ta 

Juin  12 ffSBD  +  22  9  —0.36,48       -f-o.35,9  6:6 

12 a8BD-t-22  9  — o.35,4o       +0.42,7  6:6 

Positions  des  étoiles  de  comparaison. 

Ascension  Réduction  Réduction 

Date  droite  au  Déclinaison  au 

'891-  Étoile.  moyenne  1891,0.        jour.         moyenne  1891,0.  jour.  Autorité. 

.  ohms  s  o,„  „ 

Juin  12 a        SBD  +  22       0.4.29,69       -t-o, 10       -t-22.  i5.36,g       —5,9       Rapportée  à  b 

12 649.55BD-+-22      0.1.26,09  "  +22.14.  8,8  »         W,  (i3i8-ig) 

Positions  apparentes  de  la  comète. 

Ascension 
Dale  Temps  moyen  droite  Log.  fact.  Déclinaison  Log.  fact. 

'&91-  de  Paris.  apparente.  parall.  apparente.  parall. 

.  Il        m       s  li    m        s 

Jmn  la t3.i2.5-,        o.3.53,3i  T,6i9„         +22:16^   6^9         0,76.1 

12 13.24.20        o.3.54,39        T,6i5„         +22.16.13,7         o,756 


Etoile 

Date 

de 

1891. 

comparai-   n. 

1 .1  .uni.  m 

16826AO 

g    0 

(  «353  ) 

»  Remarques.  —  La  comète  est  une  nébulosité  ronde,  d'environ  20"  de 
diamètre,  de  grandeur  i3,3  (en  appelant  i3,5  la  grandeur  des  objets  les 
plus  faibles  que  montre  l'instrument),  avec  condensation  centrale  stellaire 
qui  ressort  assez  bien  sur  la  nébulosité. 

»  L'étoile  de  comparaison  a,  dont  la  position  est  mal  connue,  a  été  rap- 
portée avec  Péqualorial  à  l'étoile  b  et  par  0:4  comparaisons  j'ai  obtenu, 
pour  étoile  a  —  étoile  b  : 

iA=  +  3m3«,6o,        a©  =  +  i'iS",i.  » 


ASTRONOMIE.  —  Observation  de  la  nouvelle  planète  Charlois  (Nice,  juin  1  1, 
i8ç)i),  faite  à  l'Observatoire  de  Paris,  équatorial  de  la  tour  de  l'Est;  par 
M"e  D.  Kluhpke,  présentée  par  M.  .Mouchez. 

Planète  —  Étoile. 

.  _     —  ■  -.  Nombre 

Ascension  de 

droite  Déclinaison,  comparaisons. 

-i5%68      h-9'5;  ,7  6:6 

Position  de  l'étoile  de  comparaison. 

Ascension  Rédaction  Réduction 

droite  an  Déclinaison  au 

Etoile.  moy.  1891,0.  jour.  moy.  1891,0.  jour.  Autorité- 

16826  AO    i7h32m  i4*)6g      -r-i»,g5        —  23°2i'  1  ",9        — 5", 2         \  Obs.  de  Paris. 

Position  apparente  de  lu  planète. 

Ascension 

Date  Temps  moyen  droite  Log.  fact.  Déclinaison  Log.  fact. 

1891.  de  Paris.  apparente.  parall.  apparente.  parall. 

Juin  r>. i2h36'"j<r  i;h22mo',96         2,853  — 23°n'g     j         0,926 

»   Remarque.  —  Observation  faite  par  angles  de  position  et  distances, 
et  par  un  ciel  extrêmement  pur.  » 


ASTRONOMIE.  —  Eclipse  de  Soleil  du  (J  juin  1891  :  observations  faites  à 
l'Observatoire  de  Lyon.  Note  de  MM.  Goxxessiat et  Lk  Cadet,  présentée 
par  M.  Mouche/. 

«   Cette  éclipse  a  été  observée  :  par  M.  Gonnessiat  (F.  G.),  à  l'équatorial 
Brunncr  (o"\  i(j)  avec  un  grossissement  de  100;  par  M.  Le  Cadet  (L.  C.)f 

C.  K.,  1891,   1"  Semestre.  (T.  CXII,  N'24.)  «  7<3 


(  i354  ) 
àl'équatorial  coudé  (o™,35),  diaphragmé  à  o'»,  20,  avec  un  grossissement 

de  i5o. 

»  Le  vent  soufflait  du  sud-ouest  dans  les  régions  supérieures,  et  les 

bords  solaires  étaient  ondulants  et  peu  nets. 

»  Voici  les  époques  des  contacts  notées  en  temps  moyen  de  Paris  : 

F.  G.  L.  C. 

Commencement 5h29">28*  5h29<»29s 

Fin 6h33m36s  6>>33m29s 

»  On  a  fait  aussi  une  série  de  déterminations  de  l'angle  de  position  de 
la  corde  commune  aux  deux  astres. 

»  Le  résultat  de  ces  mesures  est  donné  dans  le  Tableau  suivant,  dont 
chaque  valeur  est  la  moyenne  de  cinq  pointés  et  a  été  corrigée  de  la 
réfraction  : 

F.  G.  L.  C. 


Temps  moyen 
de  Paris. 

P. 

Temps  moyen 
de  Paris. 

P. 

Il         lu       s 

5 . 46 . 17 

248,60 

5 . 35. 19 

0 
238,45 

5.5o.i8 

252,75 

5.44.48 

247,13 

5.58.5g 

262, i3 

5.52.   5 

254,63 

6.2.0 

265,53 

6 .   2 . 5  5 

266,62 

(  i . 16.12 

281,42 

6.  i5.2o 

280,32 

6.22.56 

288,24 

6.25.  '.5 

290,67 

6.25. 16 

290,43 

6.32.   0 

296,69 

»  La  présence  d'une  couche  de  cirrus  et  la  proximité  de  l'horizon  n'ont 
pas  permis  d'utiliser  constamment  les  réseaux  de  toile  métallique  dont 
l'emploi  donnait  aux  bords  une  assez  grande  netteté.  M.  Le  Cadet  seul  en 
a  fait  usage  pour  l'observation  du  premier  contact  et  de  ses  trois  premières 
séries  d'angles  de  position.  Il  a  même  dû  supprimer  le  diaphragme  de 
l'objectif  pour  l'observation  de  la  dernière  phase  de  l'éclipsé.  » 


(  iH55  ) 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comité  Wolf  (i88'i  III),  faites  à  l'Ob- 
servatoire d'Alger,  au  télescope  Foucault  de  o°\5o;  par  MM.  Ra.mbaid 
et  Sy.  Communiquées  par  M.  Mouchez. 


Dates 
1891. 

Mai  1 5 . 
1 5 .  . 
Juin   3. 

5.. 

6. 

6.  . 


Étoiles 
de 

comparai-m. 

Weisse,  22h.  a"  1226 


B.  B.  t.  VI -4-  ...   .,    5  I; 
B.  B.  t.  VI  -h  20,  n°  5397 
B.  B.  t.  VI  -f-  20,  11"  54oo 


Weisse,  23h,  n° 


1081 


1  m  and 


a 

/> 
c 
d 
d 


9>a 
9,2 

8.3 

» 


««-*. 


\scc  nsion 

droite. 

m      s 

—0.5;.  i  • 
—0.54.38 

—0.48.96 


Déclinaison. 

— 2.28.7 
— 2. IO.9 
—4.40.6 


—3. 17.54  -t-2.5  ■ .  i 
— 1.41.27  — 5.  2.9 
—1.42.07     —5.   3.8 


-+•0.38.  1  i 

+0.4"  .71 


-9.37.6 
.  1 .   !  2 . 6 


Nombre 

de 
comp. 

16:16 
16:16 

1:4 

8:8 
16:4 
12:6 

>4:i4 


Obs. 

R. 

S. 
B. 
R. 
R. 

S. 

R. 

B. 


Positions  des  étoiles  de  comparaison. 


Étoiles. 

« 
b 
c 
d 


Ascension 
droite 
moyenne  1891,0. 

Il         III         B 

'  1.5g.  1  i ,  93 

23.43.    7.77 

23.5o.3o,g7 
23.5 1  .  1  1 .  7". 


Réduction 

.111 

jour. 

r 
—0,37 

— 0,06 

— o,o4 

— 0,02 


Déclinaison 

o         ' 

+  l5.59.    6,9 
-1-20.24.  27,0 

-f-20.  '1  î  .  .!■.,  5 
-t-21  .    5.  10, o 


Réduction 

au 

jour. 

n 

—9.9 


—  /  ■  » 

—6,9 


23.53.33,  i5       4-0, o3       -+- 21 .  34 .  52,  1       — 6,- 


Autorités. 

w, 

H.  B.,  t.  VI 
B.  B.,  t.  VI 
B.  B.,  t.  VI 

W 


Positions  apparentes  de  la  comète. 

h. il.  -                        Temps  moyen           Asc.   droit.-  Log.  fact.              Déclinaison 

1891.                              d'Alger.                 appar.  ;nt<  parall.                  apparente. 

h         m        s  II         ni        »  ... 

Mai  i5 io.23.56  12.58.46,  i4  1)678              1  "..56.28.3 

i5 i4.55.    '1  22. 58. 49, 18  T, 658«  +  i5.56.46,i 

Juin  3 i3.45.  3  23.42.18,75  7,692,,  -(-20.19.39,0 

5 i5.2o.  2  -  ; .  i- .  1 .'. . .'•<)  T,6o4ji  -f-20. 47- 1".. 9 

6 14.48.   2                19. 33, 46  T,64'i„  -t-21.   o.   0,2 

6 i'i-I" •  i  i  23.49.32,66  7,65i„  +20.59.59,3 

8 1 3. 10.22  ■ '.'.'(.  1 1 ,32  ï-704„  +21.25.  7,8 

8 l3.32.21  23.54.13,89  T.  697,,  -f-2I.25.22,8 


Log.  fact. 

parall. 

0,661 

0,636 

o,643 

o,533(* 

o,564 

0,572 

...  1 ,.  i.  i 

o,632 

(  ')   L'observation  a  été  difficile  à  cause  du  crépuscule. 


(   i3.ï6  ) 


ASTRONOMIE.  —  Éclipse  de  Soleil  du.  6  juin  1891,  observée  à  l'Observatoire 
de  la  Société  scientifique  Flammarion ,  de  Marseille.  Note  adressée  par 
M.  Jacques  Léotakd. 

Grandeur o,  i3. 

Entrée 5h38»37«  )  „  ... 

„._         '     5  Heure  nationale. 
Sortie 6h3im  i3s  j 

En  heure  locale  de  Marseille. 

Entrée  observée 5h  5om  5is 

D'après  la  Connaissance  des  Temps 5h  5om    os 

Différence 5is 

Sortie  observée (3h  43m  2-' 

D'après  la  Connaissance  des  temps 6h  44™  '2S 

Différence 453 


»  Différence  totale  :  im36s  de  moins  dans  l'observation  que  dans  le  calcul.  Lunette 
de  i6omm  d'objectif. 

»  Ces  chiffres  sont  confirmés  par  les  observations  faites  avec  le  io8mra  et  le  75mm. 

»  Observateurs  :  MM.  Bruguière ,  Codde  ,  Jacques  Léotard  ,  R.  Guérin  et 
Lemuet.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  deux  formes  sous  lesquelles  s'expriment, 
au  moyen  des  fonctions  thêta  de  deux  arguments,  les  coordonnées  de  la 
surface  du  quatrième  degré,  décrite  par  les  sommets  des  cônes  du  second 
ordre  qui  passent  par  six  points  donnés.  Note  de  M.  F.  Caspary,  présentée 
par  M.  Hermite. 

«  Parmi  les  surfaces  du  quatrième  degré,  dont  les  coordonnées  s'ex- 
priment au  moyen  des  fonctions  thêta  de  deux  arguments,  on  connaît 
depuis  longtemps  les  cyclides  de  M.  Darboux  et  la  surface  de  M.  Kummer. 

»  A  ces  surfaces,  M.  Schottky  ('  )  a  ajouté,  il  y  a  deux  ans,  celle  qui  est 
décrite  par  les  sommets  des  cônes  du  second  ordre  qui  passent  par  six 
points  donnés  en  espace. 

»   Pour  cette  surface,   examinée  par   Chasles,  Weddle,   MM.   Cayley, 

(')  Journal  de  M.  Kronecker,  t.  GV,  p.  233. 


(  '357  ) 

Geiser,  Darboux,  Hierholzer,  Reye,  Hunyady  et  par  moi,  j'ai  donné,  on 
1887,  une  nouvelle  génération  (').  En  y  appliquant  les  méthodes,  expo- 
sées par  moi  antérieurement  (*),  j'ai  été  conduit,  en  vertu  delà  découverte 
importante  de  M.  Scbottky,  à  ce  résultat  que  les  coordonnées  de  ladite 
surface  s'expriment,  de  deux  manières  différentes,  au  moyen  des  fonctions 
thêta  de  deux  arguments. 

»  I  ne  fois,  ces  coordonnées  sont  proportionnelles  aux  produits  de 
quatre  fonctions . thêta,  dont  trois  sont  impaires  et,  l'autre  fois,  ces  coor- 
données sont  proportionnelles  aux  produits  de  trois  fonctions  thêta,  dont 
une  seule  est  impaire. 

»  Voici  le  résumé  de  mes  recherches,  dont  je  communiquerai  prochai- 
nement Les  détails,  relatifs  à  la  Géométrie  et  à  la  théorie  des  fonctions 
thêta. 

»   Si  l'on  désigne  par  Ey,  Fy  (J  =  I,  2,  3,  4)  des  constantes,  et  par  \ 
les  coordonnées  de  la  surface  dont  il  s'agit,  son  équation  peut  être  repré- 
sentée par 

l'j ,  r ,  a.j  X. j  a  -,     X , 

Ej  1'  2  ^  I   ^3  ^4  \ 

E,  F,  \  ,  \  . .  \  .      \  , 
MW.VV     \. 


(I) 


E, 

F, 

E2 

1'. 

E3 

F, 

1  , 

F, 

=  o. 


»   Cette  égalité  est  remplie  de  deux  manières;  une  fois,  si  l'on  pose  Xy, 
Ey,  Fy  proportionnels  aux  quantités  Xj,  eJt  fj,  définies  par  les  expressions 


\ 


(IN) 


I   .  '''3  .  •<   :|  .'(   °0l'J0l*-v3'y02'J4  •  <  2 -' 2  •   v  I   ^  3  ~'(U  >c03~'03-"'l~'02~'0l      '«"'4'"'|-'3"'02' 

c,  .  ea  .  eK  .  es — c(>,  c0c2  3  c.,,  .'V  i'  u'ji        ■'•os^o^iî''h  •  ^"s^i  t'34       • 

/  I     •  .1 1    •./  I    •  J  \  ~  ~   (  11  I  ^  •  "\  l^\  i  '  .'  '11'   1  .  ''  :  i  •  '  0  :  '  J  *~  ■>  3^3  I  •  ^*  '  u*-!  ï'V]  • 


el  l'autre  lois,  si  l'on  pose  \   .  I    .  Fy  proportionnels  aux  quantités  £'•,  îr 
o  ,  définies  ainsi 

<,,   .  Sj  .  tsj  •  Sj   —  '  oi  ©  i .-'  12^  i  i  •  3  :i 


?'.:?'2:?'8  :?*=/< 


i  g  i 


U  2  O  2  -'  I  3  "'  2  3  -  **  I  3   •  *-  0  3  f,  3  -'  2  3  -<  3  «  •  -J  2  I   •  l    V  fi  l  'J  I   i  ■•>  3  «  •  "<  I  3  • 


-e2g, 
-Agi 


■f*g3 


■  —e4gA 
'  -fig* 


(')    Voir  mon  Mémoire  Sur  les  cubiques  gauches,  article  5  {Bulletin  de  M.  Darboux,  t.  XI). 
{-)  Bulletin  de  M.  Darboux,  t.  Mil. 


ou 


(IV) 


(    r358  ) 
g»  =  c2c„cnl  c23, 

£*3   —   C0  3C0C4<'23> 

g;  ~  C',co\  C03C3  '.• 


)»  Dans  ces  expressions,  j'ai  écrit,  pour  abréger,  &«.  Sap(<*P  =  o,  r,  2,3,4) 
au  lieu  de  *.(«,, «,),  ^p("o"«)»  «m"«i  étant  des  arguments  quelconques; 
et,  de  plus,  j'ai  désigné  les  valeurs  constantes  £rp(o,  o),  &„(o,  o),  Sap(o,  o) 

par  cp,  ca,  cap. 

»   Pour  démontrer  les  résultats  proposés,  je  donne  à  l'équation  (I)  la 

forme 

(O 


X,  (EFx)m  __  (EX)„  (FX)13 
7,.  (EFX),»  ~~  (EX)«  (FX)n 


où  (Ex), 2-  (EFx)i23  désignent  les  mineurs  E,x2  —  Eafo»  -  ±E,F2x3,  etc., 
et  je  fais  usage  des  relations  qui  découlent  du  théorème  établi  par  moi,  dans 
le  tome  XCIV,  page  77  du  Journal  de  M.  Kronecker.  Au  moyen  de  ce  théo- 
rème, on  trouve  immédiatement  les  formules 


Xi  coi 


(Ex). 


^2  3     ■'Oi 


et 


y.i         c4    ~zw    2r, 

(EX)24    ~ 

C23    3'ï    -m 

(EFX)123  __  c,    %  &04 
(EF/_)23V        col  50,  S,  ' 

(Fx)n 
(FX-)m  " 

C5       "^5     *^04 

—  ^~  §~  a-' 

c23    "^23     "M 

Si   _  #1  coi  ^11  ^s* 

(e'î')„ 

A*l    c23  3r»3'ij 

A'  4    t'r,   ^3^13' 

(E'<p'?')l23    _    g-!      O,      ^2     &02 

(t'Î')h 

^Tt     C5      -^02  -^24 

(«V«' 


oï    ^01    •J(I3     -^3 


(<?'£')»  g*    C23    ^03^34 


qui  mettent  en  évidence  l'équation  (I*),  et,  par  conséquent  aussi,  l'équa- 
tion (I). 

»  Les  constantes  e^,fy  peuvent  être  mises  sous  la  forme  élégante 

et:e3:e3:eA  =  (i,  24):  (ou,  24):  (3,  24):  (04,  24), 

^ :/.:/.:/«  =  (i,  i3):(oa,  i3):(3,  i3):(o4,  i3), 

où  (a,  yo)  et  (a[ï,  yû)  désignent  les  valeurs  que  prennent  les  déterminants 


(   i359  ) 


fonctionnels 


à5%       dZyi 

0ut       0ut 
Ou,      du. 


et 


Ou,  ()//, 

Ou,       Ou, 


(a,  p,  y,  8=  o,  i,  2,  3,  4), 


si  l'on  y  pose,  après  la  différentiation,  u,  =  o,  u,  =  o. 

»  Au  lieu  des  coordonnées  ^  on  peut  introduire,  par  une  substitution 
linéaire,  les  coordonnées  £Y,  définies  par  les  expressions 

(V\      rc    -Y'    ,rc    -r'    —  c  c     &   9     Sr    *  —  rr  &  5    3     •  r  r     aa      5   ■ /-     ^     °r     9      9 

et  liées  avec  les  coordonnées  /v  par  la  relation 

/.!-<+  Xa ^  +  Xa  Es  +  7.4  5 1  =  o.    » 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  un  avertisseur  électrique  permettant  de  con- 
stater dans  un  courant  gazeux  de  très  faibles  variations  de  pression.  Note 
de  MM.  G.  et  L.  Richard,  présentée  par  M.  Léauté. 

«  L'appareil  très  simple  et  de  très  petit  volume  que  nous  avons  l'honneur 
de  soumettre  à  l'Académie  est  destiné  à  accuser  des  dépressions  très  faibles 
dans  un  courant  gazeux;  il  est  d'une  sensibilité  extrême  et  peut,  d'après 
les  essais  que  nous  avons  faits,  manifester  des  variations  de  pression  expri- 
mables par  quelques  centièmes  de  millimètre  d'eau. 


»  Il  se  compose  essentiellement  d'une  boite  métallique  mise  en  commu- 
nication par  un  tube  /  avec  le  conduit  dans  lequel  passe  le  courant  gazeux. 

»  Ce  tube  est  obturé  par  un  clapet  c  en  métal  léger  mobile  autour  d'un 
axe  a  et  équilibré  de  telle  manière  qu'au  régime,  ou  lorsque  la  dépression 


(   i36o  ) 

est  inférieure  à  la  limite  pour  laquelle  l'avertisseur  est  réglé,  il  reste 
écarté  du  tube  t  et  ferme  en  i  un  circuit  électrique  dans  lequel  est  placée 
une  sonnerie  par  exemple.  Une  boite  à  ouate  b  empêche  les  poussières 
d'entrer  dans  le  mécanisme. 

»  On  conçoit  alors  comment  fonctionne  l'appareil;  si  une  dépression  se 
produit,  le  clapet  c  est  attiré  et  vient  fermer  l'orifice  du  tube;  le  circuit  i 
est  ainsi  ouvert  et  le  courant  ne  passe  plus. 

»  En  faisant  varier  la  position  de  l'ensemble  par  rapport  à  la  verticale, 
on  fait  varier  la  position  du  disque  par  rapport  au  tube,  la  sensibilité  se 
modifie  en  plus  ou  en  moins  et,  au  delà  d'un  certain  point,  on  a  un  aver- 
tisseur d'augmentation  de  pression. 

»  Ces  dispositifs  sont  susceptibles  d'applications  industrielles,  et,  en 
particulier,  ils  peuvent  être  mis  en  relation  avec  les  conduits  de  fumée  ou 
de  ventilation  pour  indiquer  les  refoulements  qui  s'y  produisent  quelque- 
fois ;  ils  présentent  aussi  un  réel  intérêt  pour  les  poêles  à  combustion  lente. 
Nous  ne  parlons  pas  de  ceux  dont  le  conduit  de  fumée  est  tellement  petit 
qu'ils  brûlent  pour  ainsi  dire  sous  pression,  mais  bien  de  ceux  dont  le  tuyau 
est  d'un  diamètre  assez  large  pour  assurer,  en  marche  normale,  un  vide 
dans  le  foyer. 

»  Lorsqu'il  s'agit  de  ces  derniers,  il  est  souvent  utile  de  compléter 
l'avertisseur  par  un  interrupteur  automatique  évitant  que  les  courants 
d'une  durée  trop  faible  passent  par  la  sonnerie.  Sans  cette  précaution,  on 
raison  même  de  l'extrême  sensibilité  de  l'appareil,  l'ouverture  ou  la  fer- 
meture des  portes  ou  fenêtres  pourrait  amener  de  courts  arrêts  de  tirage 
qui  feraient  tinter  la  sonnerie  sans  qu'il  y  ait  aucun  danger. 

»  Pour  obtenir  ce  résultat,  nous  intercalons  dans  le  circuit,  convena- 
blement divisé,  un  électro-aimant  qui  attire  un  barreau  de  fer  doux  ac- 
tionnant un  moulinet  d'horlogerie  dont  le  total  des  révolutions  ne  dépasse 
pas  la  durée  minima  que  l'on  s'est  fixée.  Arrivé  à  fond  de  course,  ce  bar- 
reau ferme  le  circuit  de  la  sonnerie;  un  ressort  ramène  ensuite  l'ensemble 
du  mécanisme  dans  sa  position  primitive.  » 

CHIMIE.  —  Recherches  sur  l'application  de  la  mesure  du  pouvoir  rotaloire  à  la 
détermination  de  combinaisons  formées  par  les  solutions  aqueuses  de  man- 
nite  avec  les  molybdates  acides  de  soude  et  d'ammoniaque.  Note  de  M.  D. 
Germez,  présentée  par  M.  Duclaux. 

«^  Les  solutions  des  acides  tartrique  et  malique  actifs  produisent,  comme 
je  l'ai  démontré  antérieurement,  lorsqu'on  les  met  en  contact  avec  des 


(  i36i  ) 
corps  inactifs,  e  i  solutions  aqueuses,  tels  que  les  molybdates,  phosphomo- 
lybdates,  tungstates,  etc.,  des  composés  exerçant  sur  la  lumière  polarisée 
une  action  qui  est  un  certain  nombre  de  fois  plus  grande  que  celle  du 
corps  actif  qu'ils  contiennent  :  ce!  accroissement  extraordinaire  <lu  pou- 
voir rotatoire  permet  de  mettre  en  évidence  les  composés  qui  se  produi- 
sent et  se  succèdent  dans  la  solution  lorsqu'à  une  quantité  constante 
d'acide  mi  ajoute  (les  poids  graduellement  croissants  de  sel.  J'ai  reconnu 
que  d'autres  corps  actifs  qui  n'ont  pas,  comme  les  acides  tartrique  et  ma- 
lique,  les  doubles  fonctions  acide  el  alcool  et  n'ont  que  La  fonction  alcoo- 
lique  se  prêtent  à  une  étude  pareille  Je  vais  indiquer  les  résultats  que  j'ai 
obtenus  avec  la  mannite  ordinaire. 

»  Les  solutions  de  cette  substance  exercent  sur  la  lumière  polarisée 
une  action  tellement  faible  qu'elle  a  été  longtemps  méconnue,  mais  que 
les  recherches  de  divers  savants  ont  nettement  mise  en  évidence  ;  lorsqu'on 
les  additionne  de  quantités  quelconques  de  molybdates  neutres,  de  mo- 
lybdate neutre  de  soude  par  exemple,  on  ne  constate  pas  de  changement 
sensible  dans  le  pouvoir  rotatoire;  il  n'en  est  pas  de  même  si  Ton  ajoute  à 
ces  solutions  soit  de  l'acide  molybdique,  soit  des  molybdates  acides  de 
soude  ou  d'ammoniaque  :  les  rotations  présentent  alors  des  \  aleurs  relati- 
vement tus -landes,  qui  permettent  une  interprétation  sérieuse  des  phé- 
nomènes. 

»  Marmite  et  molybdate  acide  de  soude.  —  Le  molybdate  acide  de  soude 
3NaO,  7M0O8,  22  IIO  est  un  magnifique  sel  que  l'on  obtient  facilement  en 
ajoutant  à  une  solution  de  carbonate  de  soude  la  quantité  d'acide  molyb- 
dique qui  correspond  à  sa  composition  et  laissant  cristalliser  la  liqueur  con- 
centrée; sa  solubilité  permet  d'en  obtenir  des  solutions  aqueuses  qui  en 
contiennent  de  grandes  quantités. 

»  Les  solutions  dont  j'ai  fait  usage  étaient  formées  de  o-',- .IS'J,  ou  de 
i6r,5866de  mannite,  de  poids  variables  de  molybdate  acide,  ajoutés  par 
,',  d'équivalent  et  de  la  quantité  d'eau  distillée  nécessaire  pour  (|ue  le  vo- 
lume total  l'ut  2  icc. 

»  Les  observations  onl  été  laites  à  la  température  de  17°,  qu'on  mainte- 
nait constante,  car  de  faibles  variations  de  température  ont  une  influence 
très  notable  sur  la  grandeur  de  la  rotation  observée;  le  liquide  était  con- 
tenu dans  un  tube  de  20 1  """.  ">  de  longueur  et  les  mesures  étaient  prises  à 
la  lumière  jaune  du  sodium.  La  solution  de  mannite  pure  donnait  une  ro- 
tation négative  un  peu  inférieure  à  uuf  minute.  Les  résultats  des  expé- 
riences sont  contenus  dans  le  Tableau  suivant  : 

c.  lî.,  1891,  1        ei  i<  1     CX1I,  N    24.)  I  77 


(   i36î  ) 

Solutions  Solutions 

,,  -îsq  Hp  nnnniir  contenant  i  ,5i66  de  manmte. 

Fractions  contenant  o.  ;3»;S  de  manmte.  ^^^^^ 

d'équivalent  777"^  vTrû^nT  Rotations  Variations 

du  sel,  Rotations  \aiiaiions 

enfd'équiv.  observées.  par  -  d'équiy.  observées.        par-déqu.v. 

+0°.22  ;  +°-43'  *5 

3;:'.".'.'.'.'.'..    0.45  '-25        !' 

3                           1.  8  23  !-i°                   i-' 

i.3o  "  ,;,7                   '" 

5:::::::::::        ,57  ° 

6                             a. 24  27 

e',5 ;-  :■■ ::  :; 

6,70 2.45  M 

-24  -28 

-  5  ..  |S  S-49 

s! 2.16  ï-*7  '' 

9 •'••    '  '"' 

10 1  ■  is  '  ; 

!  1 I  .32 

12 117  '  "> 

i3 1.12 

14 r.  4  8 

i5 ■> 

16 o.54  5 

1  -  0  .  "1  • 

18 o.4g  ■'• 

19 ;  0.46  3 

20 0.43 

21 0.41 

24 o.38  1 

27 o.35  1 

3o ■    ;  ■  ' 

36 0.2.1  1,2 

42 o,3 

48 0.21  o,3 

»  L'examen  de  ces  nombres  conduit  aux  remarques  suivantes  :  1"  La 
rotation  initiale  négative  devient  positive  dès  que  l'on  ajoute  à  la  solu- 
tion de  manmte  un  poids  minime  de  sel  et  elle  augmente  de  quantités 
sensiblement  égales  pour  des  additions  égales,  ce  qui  indique  la  forma- 
tion progressive  d'un  composé  entre  les  corps  en  contact.  2"  La  rotation 
atteint  un  maximum  de  5°  16'   pour    une  solution  contenant,  par   24cc, 

isr,5i66  de  mannite,  soit  1  équivalent  de  ce  corps  et— —  d'équivalent  de 

inolybdate  acide  de  soude.  Ce  poids  de  sel  correspond  à  '>"'',<)  ! 7 5  d  acide 
molybdique,  si  la  formule  admise  3  NaO,  7  Mo  O3  représente  la  composi- 
tion de  ce  sel.  Ce  nombre  est  voisin  de  4  et  l'on  pourrait  penser  que  le 
maximum  a  lieu  lorsque  1   équivalent  de  mannite  est  combiné  à  \  équi- 


(   1 363  ) 

6  E 
valents  d'acide  molybdique  ou  à  d'équivalent  de  sel.  Mais  je  me  suis 

assuré  que  les  rotations  correspondant  à  ces  proportions  sont  2°44' et 
V' i '|  ,  un  peu  inférieures  à  -'■"]'>'  el  Vu','.  |-;n  prenant  les  résultats  de 
l'observation  tels  qu'ils  se  présentent  et  considérant  que  le  molybdate 
neutre  de  soude  n'a  aucune  action  sur  la  mannite,  on  pourrait  supposer 
que  le  sel  3Na(  >,  -  Mot  »;  n'interviendrait  dans  L'action  que  par  la  partie 

iMnd'  i saturée  parla  soude,  et  dans  ce  cas  le  maximum  aurait  lieu 

pour  i  équivalent  de  mannite  et  2eq,  25  d'acide  molybdique  ou  'i  équiva- 
lents de  mannite  el  g  équivalents  d'acide  molybdique  (non  engagé  en 
combinaison  avec  la  soude).    '•"  Les  additions  ultérieures  du  sel,  jusqu'à 

i  équivalents,  do ni  des  solutions  dont  le  pouvoir  rotatoire  diminue 

graduellement,  ce  qui  indique  la  transformation  du  compose  correspon- 
dant au  maximum  el  la  tendant  e  vers  un  autre  équilibre. 

»  Mannite  et  molybdate  acide  d'ammoniaque.  Le  molybdate  ordinaire 
d'ammoniaque  i  \/ H<  >,  -  \l<>(  r  est  beaucoup  moins  soluble  que  Le  sel 
précédent  :  les  solutions  ne  peuvent  donc  pas  être  amenées  à  des  degrés 
déconcentration  aussi  avancés.  Voici  le  résultat  des  observations  laites  à 
i  -"  sur  des  suintions  contenant  i  •  '>  «If  mannite,  des  poids  de  sel  crois- 

sant par  ,',  d'équivalent  et  l'eau  distillée  suffisante  pour  faire  2]"'  : 


ns  d'équn  alenl 

\        Lions 

de  sel 

Rotations 

1 

le  la  rotai  ion 

pai   ,'  d'équiva 

1 

lent. 

obseï 

■  ■ 

pai 

,'.  d'équivalent 

2 

3 

1  •  9 

'i 

'. 

1  .  ;: 

•1 

.") 

1  ,  ",. , 

... 

6 

■  s 

,-,.--, 

1  ■  i  5 

■  i 

7 

s 

,.  ,s 

M, 

»  l.a  même  valeur  maxima  correspond  ici,  comme  dans  le  ras  du  mo- 
lybdate acide  de  soude,  aux  mêmes  proportions  relatives  de  mannite  el  de 
sel  employé,  et  déplus  les  nombres  qui  représentent  les  rotations  pro- 
duites par  les  solutions  de  composition  semblable  sont  presque  rigoureuse- 
ment les  mêmes,  ce  qui  montre  que  la  nature  de  la  hase  du  sel  employé 
n'a  pas  d'influence  notable  sur  la  combinaison.  » 


(  i364  ) 


chimie  ORGANIQUE.  —  Sur  la  quinéthyline,  base  homologue  de  la  quinine. 
Note  de  MM.  E.  Grimais  et  A.  Arnaud,  présentée  par  M.  Friedel  ('  ). 

«  Nous  avons  montré,  dans  une  précédente  Communication,  que  la  qui- 
nine est  un  éther  méthylique  de  la  cupréine  considérée  comme  phénol; 
on  peut  donc  donner  le  nom  générique  de  quinines  aux  dérivés  analogues 
de  la  cupréine,  de  la  formule  générale  C"H21  Az20,  OR,  R  étant  un  grou- 
pement quelconque.  Le  premier  terme  de  la  série  étant  la  quinométhyline 
ou  quinine  ordinaire,  le  second  ternie  constitue  La  quinéthyline;  cette 
base  présente,  avec  la  quinine,  le  même  genre  d'homologie  que  celui  du 
phénate  d'éthyle  et  du  phénate  de  méthyle. 

»  Nous  nous  proposons  de  décrire  dans  cette  Note  la  quinéthyline; 
mais  il  nous  semble  nécessaire  d'indiquer  d'abord  les  précautions  que 
nous  avons  prises  pour  obtenir  de  la  cupréine  pure,  les  sels  de  cupréine 
que  nous  avons  pu  nous  procurer  renfermant  de  petites  quantités  de  sels 
de  quinine  ('-  ). 

»  Purification  de  la  cupréine.  —  Le  sulfate  basique  est  dissous  dans  l'eau  bouil- 
lante et  transformé  en  sel  neutre  par  l'addition  d'une  quantité  calculée  d'acide  sulfu- 
rique  en  solution  étendue;  la  liqueur  est  fortement  concentrée  jusqu'à  commencement 
de  cristallisation;  on  laisse  refroidir  en  troublant  la  cristallisation  par  agitation;  on 
obtient  ainsi  un  sable  blanc,  cristallisé,  formé  par  le  sulfate  neutre;  on  l'essore  à  la 
trompe,  on  le  lave  à  l'eau  froide,  puis  on  le  redissout  dans  l'eau  bouillante,  et  on  ajoute 
un  excès  de  soude  à  la  liqueur  refroidie.  Le  précipité  formé  d'abord  se  redissout 
entièrement  dans  la  soude;  le  sel  est  déjà  assez  pur  pour  qu'il  ne  reste  pas  de  quinine 
non  dissoute.  Pour  achever  la  purification  et  enlever  les  traces  de  quinine  qui  peuvent 
rester  en  solution  dans  la  liqueur  aqueuse,  on  agite  celle-ci  avec  \in  égal  volume  d'é- 
ther,  et  on  répète  ce  lavage  jusqu'à  ce  que  cet  éther  ne  cède  plus  à  l'eau  acidulée  par 
l'acide  sulfurique  d'alcaloïde  donnant  la  fluorescence  bleue  si  caractéristique  de  la 
quinine.  On  peut  remplacer  l'éther  par  le  chloroforme,  qui  possède  un  plus  grand 
pouvoir  dissolvant  pour  la  quinine. 

»  La  solution  sodique  de  cupréine,  débarrassée  ainsi  de  quinine,  est  acidifiée   par 


(')  L'Académie  décide  que  cette  Communication,  bien  ipie  dépassant  les  limites 
réglementaires,  sera  insérée  en  entier. 

(-)  La  plus  grande  partie  du  sulfate  de  cupréine  que  nous  avons  employé  nous  a  été 
gracieusement  donnée  par  MM.  Howard,  de  Strattford.  Nous  devons  aussi  à  l'extrême 
obligeance  de  M.  Oudemans,  de  Delft,  une  certaine  quantité  de  chlorhydrate  de 
cupréine. 


(  i365  ) 

l'acide  sulfurique  étendu  en  quanlité  assez  grande  pour  redissoudre  le  précipité  ij ni 
se  forme  quand  la  liqueur  devient  neutre;  on  verse  alors  la  solution  acide  dans  une 
.i--i7  grande  quantité  d'eau  ammoniacale;  la  cupréine  devient  libre;  on  la  recueille 
sur  une  toile,  on  lave  la  masse  ■<  l'eau  froide,  puis  on  l'exj sur  des  plaques  po- 
reuses, el  Gnalement  on  la  sèche  à  ioo°.  La  liqueur  ammoniacale  fournil  encore  une  cer- 
taine  quantité  de  cupréine  dissoute  par  L'ammoniaque  et  qu'on  retrouve  en  chassant 
l'ammoniaque  par  distillation  dans  le  vide. 

»  Préparation  de  /•/  quinéthyline.  —  <  >n  peut  l'obtenir  par  deux  procédés,  soil  au 
moyen  du  chlorure  ou  du  bromure  d'éthyle  sur  la  cupréine  sodée  ;'i  i  ^ «"-1 3o°,  soil  au 
iiniM'ii  de  l'a /.<■  ta  le  d'éthyle;  ce  derniei  pi lé  nous  parait  plus  avantageux. 

»  On  chauffe,   en  tubes  scellés  à  t  m   Lécule  de  cupréine  sèche  dissoute 

dans   l'alcool   contenant   i  molécule  !  de  sodium  avec  i  molécule  '  d'azotate  il'éilivle 

pendant  douz i  quinze  heures.  <  In  chasse  l'alcool  du  produit  de  la  réaction  pardis- 

lillati lans  le  vide,  on  reprend   le  résidu  par  Iran  acidulée,  on  ajoute  à  la  liqueur 

un  excès  de  soude  qui  dissout  un  peu  de  cupréine  non  transformée,  enfi i  agite  la 

liqueur  alcaline  à  plusieurs  reprises  avec  de  l'éthei  qui  s'empare  de  la  nouvelle  base. 
On  décante  l'éther,  on  l'agile  avec  de  l'eau  acidulée  d'acide  sulfurique.  La  liqueur 
sépai  e  de  1  étber,  est  chauffée  au  bain-inarie  et  neutralisée  avec  précaution 
par  l'ammoniaque.  Par  refroidissement  de  la  liqueur  concentrée,  il  se  sépare  du  sul- 
fate  basique   de   quinéthyline  assez  fortement  coloré.   On  ess les    cristaux    à    la 

trompe,  on  les  lave  à  I  eau  froide,  on  l< i  he,  et,  après  les  avoir  pesés,  on  les  redis- 
sout dans  ii [uanlité  calculée  d'acide  sulfurique  étendu  poui    les  transf er  en 

^iiliaie  neutre  beaucoup  plus  soluble.  On  chauffe  la  sol  ut  ion  en  présence  de  non  a  m 
mal.  on  concentre  jusqu'à  cristallisation.    Les  cristaux  essorés  sont  purifiés  par  plu- 
sieurs ■  ristallisations  dans  l'eau  I illante. 

i  tu  obtient  ainsi  à  I  étal  de  pureté  le  sel  neutre 

'  .'    Il   '  \.    Il  .  -"   Il   .  Ml    <  • 

que  l'on  peul  facilement  transformer  en  sulfate  basique 

((.'•il-'1  Vz'l  1,01     II   i*S<  '  II-,  Il  i  I 

en  le  dissolvant  dans  l'eau  bouillante  el  en  neutralisant  exactement  au  tournesol  pat 
l'ammoniaque  diluée;  le  sulfate  basique  peu  soluble  cristallise  pai  le  refroidissement. 
Le  rendement  en  sulfate  basique  pur  est  de  35  parties  environ  pour  100  parties  de 
.  upn  ine  mise  en  réaction,  dans  le-  conditions  où  nous  avons  opéré. 

»  Quinéthyline  C1,HMÀzaO,=s  C^H^A^O,  OC'H*.  -On  La  prépare 
en  précipitant  Le  sulfate  neutre  par  l'ammoniaque  en  très  léger  excès,  en 
opérant  en  solution  concentrée  froide.  Elle  constitue  un  précipité  blanc, 
amorphe,  ressemblanl  beaucoup  à  la  quinine  :  elle  est  alors  formée  d'hy- 
drates  qui  fondent  dès  6o°;  pour  l'obtenir  sèche  et  pulvérulente,  on  doit 
commencer  par  la  dessécher  dans  l'air  sec;  puis  on  petit,  sans  la  fondre, 
la  sécher  à    too°  ou  i2o°.  ^u-dessus  «le  celte  température,  elle  jaunit  le- 


(  i366  ) 
-èrenient  quand  on  prolonge  la  dessiccation  :  après  avoir  été  séchée  à 
î25°,  elle  fond  à  1600.  Elle  est  très  soluble  dans  l'éther,  l'alcool,  le  chlo- 
roforme et,  en  général, dans  tous  les  dissolvants  ordinaires  des  alcaloïdes; 
ses  solutions  dans  l'acide  sulfurique  en  excès  sont  extrêmement  fluores- 
centes (').  Elle  ne  cristallise  pas  par  évaporation  de  ses  solutions  alcoo- 
liques; elle  se  dépose  sous  forme  d'un  vernis  transparent;  elle  se  com- 
porte donc  dans  ce  cas  comme  la  quinine. 

«  Elle  peut  donner  un  hydrate  cristallisé,  qu'on  obtient  de  la  façon 
suivante  :  on  précipite  la  solution  du  sulfate  neutre  étendue  par  un  grand 
excès  d'ammoniaque,  une  partie  de  la  base  reste  en  solution;  on  ajoute 
assez  d'éther  pour  saturer  l'eau,  ce  qui  dissout  une  nouvelle  quantité  de 
hase,  et  l'on  abandonne  cette  solution  ammoniacale  éthérée  à  l'évapora- 
tion  spontanée  dans  un  vase  long  et  étroit  ;  après  quelques  jours,  il  se  dé- 
pose un  hydrate  cristallisé  en  grandes  aiguilles  incolores  et  transpa- 
rentes. 

»   Celte  base  est  lévogyre;  en  solution  dans  l'alcool  absolu 

(*)„  =  - i69°,4  <J>- 

»  Sulfate  basique  (C2'H28AzaOï)2,  SO'II-,  ll-O.  --  Ce  sel,  dont  nous 
avons  indiqué  plus  haut  la  préparation,  forme  des  lamelles  cristallisées, 
d'un  éclat  soyeux  quand  il  cristallise  d'une  solution  aqueuse  saturée  bouil- 
lante; il  contient  alors  environ  une  molécule  d'eau  de  cristallisation  <  l. 
Quand  on  laisse  refroidir  lentement  une  solution  chaude  pas  trop  concen- 


Calculé 

poUV 
Trouvé.  C"'H"A.z,0J 

(')  Analyse.          C -  ',.'7                    74,55 

H 7>57                      7>69 

(2)  Dans  les  mêmes  conditions,  on  a  trouvé  pour  la  cupréine  et  la  quinine  les 
chiffres  suivants  : 

Cupréine («)d=        T'"»^ 

Quinine (a)D  =        167°,  5 

(3)  Le  sel  séché  à  l'air  sec  a  perdu,  à  i2.V,  1,70  pour  100  d'eau;  la  perte  devrait 
être  de  2,27  pour  100  par  une  molécule  d'eau  :  il  avait  évidemment  subi  un  com- 
mencement d'efflorescence  dans  l'air  sec. 

Le  dosage  d'acide  sulfurique  du  sel  desséché  a  donné  12,60  pour  100;  la  théorie 
pour  la  formule  (C21  H2°Az202)2,  SOH2  exige  12,66  pour  100. 

Le  dosage  d'azote  du  sel  séché  à  120"  a  donné  7.^7  pour  100;  calculé  7,20. 


I    i367  ) 

trée,  oo  observe  La  formation  d'une  gelée  transparente,  constituée  par 
un  hydrate  renfermant  un  grand  nombre  de  molécules  d'eau  de  cristalli- 
sation. 

»  Le  sel  cristallisé  est  peu  soluble  dans  l'eau  froide;  une  partie  se  dis- 
sout dans  397  parties  d'eau  à   1  ">  :  i!it  d'e  lu  en  dissout  :>-',  Ï2. 

»  Sa  solution  dans  L'acide  ehlorhydrique  étendu  est  fortement  levogvre  : 
(a)D  =  -  233»,  1  ('). 

»  Sulfate  neutre  C*<  Il ■■  V/-'<h,  SO'H»,  8H*0.  -  Ce  sel  cristallise,  par 
refroidissement  lent  de  sa  solution  aqueuse,  en  gros  prismes  à  huit  pans, 
incolores  et  limpides.  \  1;,',  il  se  dissout  dans  5i,i  parties  d'eau  et  est  très 
soluble  dans  l'eau  bouillante.  Ses  crisl  tux  s'effleurissent  rapidement  à 
l'air  1 

»  Chauffé  avec  des  quantités  calculées  d'iode  en  solution  alcoolique  et 
d'acide  iodhydrique,  il  donne  une  1  ombinaison  formée  <le  petites  aiguilles 
d'un   rouge  grenat,  différant  des  lame-,  de  l'hérapathite  fournies  par   la 

quinine. 

«  Nous  avons  c mencé  l'étude  du  dérivé  propylique  de  la  cupréine  et 

d'autres  hases  analogues;  nous  communiquerons  prochainement  1  l'Aca- 
démie la  suite  de  nos  re<  lien  hes.    » 


ciu.Mii    1 1R1 .  LNIQI  E.    -  Sur  les  urêides  dérivt  es  di  *  acicL  *  normau  v. 
Note  de  M.  C.  Matignon. 

«  I. 'élude  thermochimique  des  dérivés  de  l'acide  urique  m'a  conduit  à 
mesurer  la  somme  des  travaux  correspondant  à  la  formation  des  monouréi- 
des  dérivées  des  acides  normaux.  J'ai  préparé  a  cet  effel  les  deux  premiers 
tenues  de  la  série,  la  forinylurée  .-i  l'acétylurée.  Ces  deux  corps,  purifiés 
avec  soin,  ont  été  brûlés  dans  la  bombe  calorimétrique.  Leur  combustion 


11)    I >.•■•—    les    iii-- s   conditions,    on    ;i    trouvé   pour   le    sulfate   de   cupréine  : 

(a)D       --  c!'|\  1,    et    pour  le  sulfate  de  quinine   :   («)d  =  —  233°, 7.  Tous  ces  sels 

a\ aient  él     sèches  1 

Calculé 
uvé.                    pour8  H'O, 
pour  100.  1 1  100. 

1   Dosage  de  l'eau  de  cristallisation a4>o  ^4>8 

Dosage  de  S0VH2  dans  li-  M>1  anhvdie >i,à~  h/a% 


(   i368  ) 
est  complète  et  n'exie;e  pas  l'emploi  du  camphre.  Les  résultats  obtenus  sont 
les  suivants  : 

C202AzsH4  +  2Û2=  aC02+  aH20  +  Az2 •.,;"',.; 

C302Az2H6  +  102=3C02+3H20-t-Az- +36o':^9 

Les  chaleurs  de  formation  correspondantes  sont  égales  à  r  19e31, 3  et  129°". 
Les  chaleurs  de  combustion  de  ces  deux  homologues  consécutifs  présen- 
tent la  différence  constante  de  i53Cal,G,  qui  entraine  comme  conséquence 
un  parallélisme  très  rapproché  dans  leurs  actions  vis-à-vis  d'u  a  même  agent . 
Au  contraire  leurs  générateurs,  les  acides  formique  et  acétique  pris  à  l'état 
solide  ont  une  différence  de  i4oCal,  nombre  bien  inférieur  à  la  moyenne; 
il  en  résulte,  comme  on  sait,  des  propriétés  particulières  à  l'acide  formi- 
que qui  n'appartiennent  plus  aux  homologues  supérieurs.  Celle  différence 
est  particulièrement  manifeste  dans  le  mode  de  formation  des  uréides;  on 
a  en  effet  : 

H.CO!Hsol.-+-CO(AzH!)ssol.  =  H.CO.AzH.CO.  UH'-t-  HJ0  sol 4-i3c»',4 

Acide  formique.  Urée.  Kormylurée 

CH»CO*H sol.  +  CO(AzHî)2 sol. ^CH'.GO.AzH.CO.AzH1  sol.+  H'O sol.       -  o'-\?. 

Acide  acétique.  Acétylurée. 

»  Ainsi,  tandis  que,  dans  les  conditions  précédentes,  la  formation  de  la 
formylurée  entraîne  un  dégagement  de  chaleur  notable,  celle  de  l'acétyl- 
urée  correspond  à  une  absorption  de  chaleur;  aussi  est-il  impossible  d'ob- 
tenir ce  dernier  corps  en  partant  de  l'acide  acétique,  la  formylurée,  au 
contraire,  se  produit  directement  à  partir  de  l'acide  formique.  Geulher, 
Scheitz  et  Marsh  indiquent,  en  effet,  qu'on  obtient  la  formylurée  en  chauf- 
fant ensemble  l'urée  et  l'acide  formique  cristallisable,  d'abord  au  bain- 
marie,  puis  à  feu  nu,  jusqu'au  commencement  de  décomposition  du  corps; 
ils  ajoutent  qu'il  n'y  a  pas  d'action  à  froid.  La  grandeur  du  dégagement 
thermique  m'a  amené  à  penser  qu'il  devait  en  être  autrement;  si  l'on  dis- 
sout l'urée  dans  l'acide  formique  cristallisable,  celui-ci  forme  alors  un 
liquide  visqueux  qui,  abandonné  à  lui-même  sous  une  cloche,  se  prend, 
au  bout  de  quelque  temps,  en  une  masse  cristalline  de  formylurée. 

»  La  synthèse  de  l'acétylurée,  à  partir  de  l'acétamide  et  de  l'urée  cor- 
respondrait à  une  absorption  de  chaleur 

C'OAzII5  sol.  +  CO(AzH2)2=C302Az2Hr'sol.  4-AzH3  gaz —  ia&',5 

Elle  n'a  pu  être  réalisée. 


(  '369  ) 

»  Enfin  il  étail  intéressant  d'examiner  l'acétate  d'urée,  corps  intermé- 
diaire entre  l'acide  acétique  et  l'acétylurée.  L'urée  réduite  en  poudre  fine 
se  dissoul  assez  abondammenl  dans  l'acide  acétique  cristallisante  légère- 
ment chauffé;  par  refroidissement,  il  se  dépose  de  gros  cristaux  qui  rem- 
plissent bientôt  la  masse  entière  :  ils  sont  très  déliquescents;  l'analyse  leur 


assigne  la  formule 


CH*.COaH  btH'CO  V/U-.2IIM). 


Mis.i  dessécher  dans  le  vide  sur  l'acide  sulfurique,  ils  perdent  peu  à  peu 
leur  acide  acétique  :  il  ne  reste  finalement  que  de  l'urée.  Leur  chaleur  de 
dissolution  sous  la  concentration  ^niol.  =  iUt  absorbe  S  •",  S  à  m,  . 

»  L'urée  el  l'acide  acétique  mêlés  ensemble  sous  cette  même  concen- 
tration ne  il irni  lieu  a  aucune  action  thermique  ;  I  a.  élate  d'urée,  dans 

ces  conditions  de  température  el  déconcentration,  [esl  donc  complètement 
dissocié,  ce  qui  permet  «le  calculer  la  chaleur  de  formation 

CH'.COOH  -.1.      '  "    \,  Il      sol.      CH  .«.'•<  'Il  \/ll    <  I  l.  \/ll  .ail  O.  3e*',! 

nombre  dont  la  petitesse  rend  compte  de  la  facile  dissociation  du  sel  par 
l'eau. 

»  L'acétylurée  el  la  formylurée,  additionnées  de  chlorure  de  mercure, 
fournissent  toutes  deux  un  précipité  floconneux,  quand  on  ajoute  de  la 
potasse  au  mélange;  dans  le  ras  de  la  formylurée,  le  précipité  correspond  a 
2  équivalents  de  mercure  pour lécule  d'uréide,  ce  qui  entraine  comme 

formule  probable 

ll.ro.  \  .1:0.  V/.n. 

Hg 

l'hydrogène  du  groupement  \.ll  placé  entre  les  deux  groupements  né- 
gatifs CO  devant  être  évidemment  remplaça  Me  par  des  métaux. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Mode  de  formation  <lcs  mèthylcamphocarbonales  de 
méthyle  et  d'éthyle.  Préparation  du  camphre  mélhy lé.  Note  de  M.  J.  Mnr- 
(.1  iv,  présentée  par  M.  Friedel. 

«  .M.  daller  a  démontré  que  le  camphre  cyané  peut  être  regardé  comme 
le  nitrile  «le  l'aride  camphocarbonique  |  '  ».  Il  attribue  au  camphre  cyané 

('1  Comptes  rendus,  t.  CH,  p.  1  \-~. 

C    1;.,  1891,  1     Semestre.  (T.  CXII,  N*  24.;  '  "^ 


(    i37o  ) 
la  formule  de  constitution  ^'(J!^^'  ce  qui  permet  de  considérer 

l'acide  camphocarbonique  CSH"'<^C°  *  comme  un  acide  {J-célonique. 

,,   Or,  M.  Haller  a  montré  que  le  camphre  cyané,  traité  par  de  la  soude 

et  des  iodures  alcooliques,  donne  naissance  à  des  produits  de  substitution 

R 
c 

alcoylés(')  de  la  forme  C8H"<     ^QXcAz-  L'éther  camphocarbonique, 

en  sa  qualité  d'éther  p-cétonique,  doit  se  prêter  à  un  mode  de  substitution 
analogue.  Bien  que  des  essais,  tentés  dans  ce  sens  par  M.  W.  Rosen  (3), 
n'aient  pas  conduit  au  résultat  désiré,  nous  avons  repris  cette  étude  et 
avons  réussi  à  obtenir  les  éthers  camphocarboniques  substitues. 

»  Camphocarbonate  de  métltyle.  -■  Mes  premiers  essais  ont  porté  sur  le 
camphocarbonate  de  méthyle,  que  j'ai  obtenu  en  éthérifiaut  l'acide  cam- 
phocarbonique par  l'alcool  méthylique  chlorhydrique. 

«  C'est  une  huile  incolore,  bouillant  à  i  55°-l6o°  sous  la  pression  de 
icm,5  de  mercure.  Son  pouvoir  rotatoire  dans  l'alcool  est  a.u  =  -+-  <>i",p,o. 

»  Mélhylcamphocarbonale  de  méthyle.  --  On  introduit  dans  un  ballon 
communiquant  avec  un  réfrigérant  ascendant  3oer  de  camphocarbonate  de 
méthyle  et  2osr  d'iodure  de  méthyle.  On  fait  bouillir  et  l'on  verse  en  cinq  ou 
six  fois  2o0C  à  3occ  d'alcool  méthylique  axant  dissous  3^,2  de  sodium. 
Après  deux  heures  environ,  la  réaction  est  terminée.  On  précipite  par 
l'eau,  on  reprend  par  l'éther.  La  solution éthérée,  soumise  à  l'évaporation, 
donne  des  prismes  incolores  solubles  dans  l'alcool ,  plus  solubles  dans 
l'éther.  On  a  obtenu  comme  rendement  i5gr  de  produit  pur.  Il  reste  un 
liquide  huileux  qui  distille  à  la  même  température  que  l'éther  camphocar- 
bonique, et  qui  renferme  encore,  après  distillation,  une  certaine  quantité 
du  corps  solide  précédent,  comme  ou  le  verra  plus  loin. 

»  Le  méthylcamphocarbonate  de  méthyle  fond  à  85°.  Son  pouvoir  rota- 
toire, pris  dans  l'alcool  Q  molécule  dans  iHt),  est 

*u  =  +  i7°,25. 

»  Méthylcamphocarbonate  d'ëthyle.     -   J'ai  essayé  aussi  avec  succès  de 


(')  Bulletin  Suc.  chimique,  i.  I.  p.  r,:,.".  :  1888. 
('-)  Deutsch.  chem.  Ges.,  t.  XVIII,  p.  3n3. 


(  i37i  ) 

c  cn; . 

préparer  le  méthylcamphocarbonate  d'éthyle  C8Hn         \CO*C2Hs.  Le 

CO 

modo  opératoire  est  reste  absolument  le  mémo.  C'est  un  corps  cristallisé 

Fondant  à  6o°-6l°,  soluble  dans  l'alcool,  plus  soluble  dans  l'elher. 

»  On  a  trouvé,  pour  le  pouvoir  rotatoire  (  ',  molécule  dans  i1"  d'alcool  ), 

'- 1,  I .  >  .  0 . 

»  Camphre  méthy lé.  —  Le  méthylcamphocarbonate  de  méthyle  el  le  mé- 
thylcamphocarl ate  d'éthyle,  traités  par  la  potasse  alcoolique  au  réfri- 
gérant ascendant  pendant  quatre  jours,  n'ont  pas  subi  de  transformation. 
J'ai  alors  opéré  en  tubes  scellés  à  la  température  de  t3o°-i4o°.  Le  contenu 
des  tubes  est  précipité  par  l'eau  et  le  tout  repris  par  l'étlier. 

»  L'eau  de  lavage  contient  du  carbonate  de  soude.  La  solution  éthérée, 
lavée,  desséchée  sur  du  chlorure  de  calcium  et  soumise  à  l'évaporation, 

lionne  un  corps  cristallise  a  odeur  camphrée. 

e   L'analyse  de  ce  corps  mon  ire  qu'il  répond  à  la  formule 

<  Il   I  II 
<  Ml" 

«  0 

camphre  méthylé.  Il  fond  à  .V"-iS\ 

»   Son  pouvoir  rotatoire  i  nue  molécule  dans  i'"  d'alcool  >  y.u  =  270,65. 

»  Le  méthy  Icamphocarbonate  d'éthyle,  aussi  Lien  que  le  méthylcampho- 
carbonate de  méthyle,  donne  <\\i  camphre  méthylé  par  la  saponification. 
Les  constantes  physiques  de  ce  1  orps  restent  les  mêmes,  quelle  que  snii  sa 
provenance. 

»  La  réaction  est  semblable  à  celle  qui  se  passe  dans  le  traitement  de 
l'éther  camphocarbonique  par  la  potasse  : 

CM    (.()-'(  -Il  CM- 

(-11"  2KOH       (II"  COsKa      CaHcO. 

CO  CO 

Camphre. 

CI  I  : 

/C  (  '  1 1   <  M 

C»H  '      1         COaCH84.2ROH=CH8  CHM  CO'K2     CM'O. 

CO  CO 

Les  huiles,  résidus  de  préparation,  traitées  parla  potasse  alcoolique 
au  réfrigérant  ascendant,  abandonnent  intacts  les  éthers  camphocarbo- 


(  i37a  ) 
niques  substitués  non  saponifiahles dans  es  conditions,  tandis  que  l'éther 
camphocarbonique  se  transforme  en  camphre  qu'on  élimine  facilement 

,,  J'espère  pouvoir  arriver  à  substituer  d'autres  radicaux  que  le  radical 
méthvle  et  à  obtenir  ainsi  d'autres  camphres  substitués  (•'  )•  » 


chimie  organique.  -  Éthers  nitrosocyanacétiques .  Note 
de  M.  P.-Tn.  Muixeu,  présentée  par  M.  Friedel. 

«  L'analogie  qui  existe  entre  les  éthers  cyanacétiques  et  maloniques, 
analogie  qui  a  été  mise  en  évidence  par  M.  Haller  d'abord,  puis  par 
MM.  Haller  et  Held,  m'a  conduit  à  essayer  la  préparation  des  éthers  nitroso- 
cyanacétiques. 

»  MM.  Wolf  et  Gans  ayant  obtenu  tout  récemment  l'acide  nitrosocya- 
nacétique  par  suite  d'une  transposition  moléculaire  de  l'acide  furazane- 
carbonique  (2),  nous  croyons  devoir  communiquer  les  résultats  acquis  de 
notre  côté  concernant  les  éthers  nitrosocyanacétiques. 

»  On  prépare  ces  éthers  en  faisant  agir  l'azotite  d'amyle  sur  les  éthers 
cyanacétiques  sodés. 

/CAz  /C  \z 

CHNa.C02R  +  AzO.OC5H,,  =  C-C02R  +  C5H"OH. 

VzONa 

»  Le  sel  de  sodium  traité  par  l'acide  sulfurique  fournit  l'éther  nitrosé 
/CAz 
C-C02R. 
AzOH 
»  Nitrosocyanacétate  d'éthyle.  --  A  une  molécule  d'éther  cyanacétique 
on  ajoute,  peu  à  peu,  la  quantité  équivalente  de   sodium    dissoute  dans 
l'alcool  absolu;  puis,  sans  s'occuper  du  précipité  qui  se  forme,  on  intro- 
duit dans  la  masse,  par  petites  fractions,  une  molécule  de  nitrite  d'amyle  ; 
le  précipité  d'éther  cyanacétique  sodé  se  dissout  en  même  temps  que  le 
liquide  s'échauffe  jusque  vers  5o°-6o°.  On  laisse  refroidir,  on  lave  à  l'éther 
pour  se  débarrasser  de  l'éther  cyanacétique  non  transformé  et  on  préci- 

(')  Travail  fait  à   l'Institut  chimique  de  lu  Faculté  des  Sciences  de  Nancy,  labo- 
ratoire de  M.  Haller. 

(-)  Ber.  d.deutsch.  chem.  Gesell.,  t.  XXIV,  p.  1169. 


(  i373  ) 
pite  par  l'acide  sulfurique  étendu.  On  reprend  l'huile  surnageante  par  de 
l'éther  el  on  dessèche  mu-  du  chlorure  de  calcium;  l'évaporation  de  l'éther 
fournit  le  corps  cherché,  que  l'on  purifie  par  une  seconde  cristallisation. 

»  L'éther  nitrosocyanacétique  se  présente  sous  la  forme  de  petits  cris- 
taux blancs,  fondant  à  i  270- 1  -îS".  très  solubles  dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther, 
iiimiis  solubles  dans  le  heu/nu-,  el  auxquels  l'analyse  assigne  la  formule 

C  \- 
l       CO'C'rT. 
\/.()ll 

C  \/ 
»  Sel  sodique  :  C     <:<>-(. -IT       5H20.        Ce  sel  se   forme  directement 

\/<>\a 

dans  Tact ii ni  du  mtriie  d'amyle  sur  l'éther  cyanacétique  sodé;  pour  l'isoler 
ou  évapore  au  bain-marie  jusqu'à  siccité,  afin  de  chasser  l'alcool  amylique; 
ou  dissout  le  résidu  dans  l'alcool  ei  on  additionne  de  benzène;  le  sel 
sodique  ne  tarde  pas  .1  se  précipiter;  on  le  fait  cristalliser  une  seconde  lois 
dans  le  môme  milieu  :  on  obtient  ainsi  de  petits  prismes  fibreux  de  couleur 
jaune.  Séchés  a  l'air  libre,  ils  renfermenl  3  molécules  d'eau  de  cristallisa- 
tion qu'ils  perdenl  dans  le  \  ide. 

»  Nitrosocyanacètate  de  méthyle.  Cel  éther  se  prépare  de  la  même 
façon  que  son  homologue  supérieur.  <tn  ajoute  la  quantité  théorique  de 
nitrite  d'amyle  au  cyanacétate  de  méthyle  a  Iditionné  d'une  solution  de 
sodium  dans  l'alcool  méthylique  anhydre.  Le  mélange  liquide  s'échauffe. 

(.  \/ 
En  continuant  comme  avec  le  produit  éthylé,on  arriva'  à  l'éther  C — CO-(  !H*, 

V/OH 
que  l'on  obtient  sous  forme  de  petits  cristaux  tabulaires  fondant  à  1  rg 
/CAz 
Sel  sodique  :  C     CO*CH»-f- 1  ^H'O.  -     On  l'isole  de  la  même  façon 

que  le  sel  sodique  du  nitrosocyanacètate  d'éthyle.  Il  se  présente  sous  la 

forme  de  prismes  aplatis  jaunes,  renfermant   1   '  nioleeule  d'eau  de  cristal 

lisation  qu'ils  perdenl  dans  le  \  ide. 

Je  me  propose  de  continuer  l'élude  de  ces  dérivés  nitrosés  des  éthers 

evanacetiques  1  ' 


('  >  Travail  fail  ;'■  l'Institut  chimique  <!<•  la  Faculté  «les  Sciences  de  Nancy,  labora- 
toire '!'■  M.  Haller. 


(  i374  ) 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  -  Blanchiment  du  coton  à  Veau  oxygénée. 
Note  de  M.  Prud'homme,  présentée  par  M.  Schùtzenberger. 

«  L'addition  de  magnésie  calcinée  à  l'eau  oxygénée  a  été  préconisée 
pour  le  blanchiment  du  coton.  La  supériorité  des  résultats  obtenus  n'a  pas 
reçu  d'explication.  Elle  tient,  comme  je  vais  le  démontrer,  à  la  formation 
d'un  peroxyde  de  magnésium,  plus  stable  que  le  peroxyde  d'hydrogène,  à 

la  température  de  ibo°. 

»  i°  De  l'eau  oxygénée  à  6  volumes,  étendue  de  10  parties  d'eau,  est 
bouillie  une  demi-heure.  Son  titre  passe  de  1000  à  ioo. 

»  20  Le  même  essai,  avec  addition  de  magnésie  calcinée  (  3  pour  ioo 
du  poids  de  l'eau  oxygénée),  ne  fait  baisser  le  titre  qu'à  900. 

»  3°  De  la  magnésie  calcinée  est  mise  en  contact  avec  de  l'eau  oxygénée 
à  3  volumes,  à  la  température  ordinaire.  La  durée  du  contact  varie  de  quel- 
ques heures  à  plusieurs  jours.  On  filtre,  lave  sur  le  filtre,  et  desséche   le 

produit  de  ioo°-io5°. 

»  Le  dosage  de  l'oxygène  actif,  au  moyen  d'une  solution  normale  de 
permanganate  de  potassium,  correspond  à  la  formule 

3Mg(OH)a  +  MgO(ÔH)2. 

»  Ce  corps,  à  réaction  alcaline,  perd  tout  son  oxygène  actif  vers  3oo°. 

»  Le  peroxyde  de  magnésium  se  forme  aussi  quand  on  dissout  le  métal 
dans  l'eau  oxygénée.  Weltzien  considère  le  produit  de  la  réaction  comme 
un  hydrate  de  magnésie  soluble.  Il  est  facile  de  constater  que,  desséché  à 
siccité,  il  donne,  avec  les  réactifs  ordinaires,  les  réactions  bien  connues 
de  l'eau  oxygénée. 

»  Les  oxydes  de  zinc  et  de  cadmium  (corps  appartenant  à  la  même  série 
que  le  magnésium  dans  le  groupement  des  éléments  de  Mendéleiefl") 
donnent  aussi  naissance  à  des  peroxydes. 

»  Le  mélange  d'oxyde  et  de  peroxyde  de  zinc  correspond  sensiblement 
à  la  formule 

2ZnO  +  ZnO(OH)2. 

»  Le  blanchiment  du  coton  à  l'eau  oxygénée  resterait  incompréhen- 
sible si  l'on  se  bornait  à  la  considérer  comme  un  simple  agent  décolorant. 


(  i375  ) 
Elle  a  une  action  directe  sur  les  différents  corps  que  le  blanchiment  a 
pour  but  de  modiûer  <>u  d'éliminer,  et  même  sur  la  cellulose. 

Action  sur  les  corps  gras.—  La  saponification  des  huiles  ou  des  graisses 
se  fait  en  partie  par  la  magnésie,  mais  elle  est  «lue  aussi  à  l'action  directe 
de  l'eau  oxygénée.  Pendant  L'ébullition,  il  se  produit  un  abondant  dégage- 
ment d'acide  carbonique;  il  peut  provenir  de  l'oxydation  de  la  glycérine, 
comme  on  le  vérifie  directement.  Mais  l'eau  oxygénée,  très  faiblement  acide, 
attaque  aussi  les  corps  gras  neutres,  à  l'ébullition,  avec  dégagement 
d'acide  carbonique  et  formation  d'acides  gras.  Ceux-ci  se  transforment 
eux-mêmes  par  le  mélange  d'eau  oxygénée  et  demagnésie  calcinée,  et  tou- 
jours avec  production  d'acide  carbonique.  C'est  ce  qui  arrive  pour  l'acide 
stéarique  et  pour  l'acide  oléique  du  commerce.  Il  doit  j  avoir  transforma- 
lion  partielle  de  ce  dernier  en  acide  palmitique  (comme  sons  l'action  de  la 
potasse  caustique),  car  le  produit  de  La  réaction,  convenablement  traité 
par  un  acide,  esi  plus  riche  en  acides  gras  solides  que  l'acide  oléique  dont 
on  esi  parti. 

»  Les  corps  gras  restés  sur  la  fibre  à  L'état  d'oléates,  palmitates,  etc.,  de 
magnésie,  seront  éliminés  par  un  passage  en  acide  faible,  suivi  d'une  les- 
sive alcaline. 

[ction  sur /ii  cellulose.         Ii.ms  le  blanchiment  à  l'eau  oxygénée,  lu 

cellulose  tend  .1    se  transformer  i'll  o\\  cellll  li  .se  .  <  )n  le  recouu.nl   laidement 

par  la  teinture  en  matières  colorantes  basiques,  qui  se  fixent  sans  mordant 
sur  l'oxy cellulose. 

»  L'altération  île  la  cellulose  esi  plus  forte,  si  elle  a  été  mercerisée, 
c'est-à-dire  imprégnée  de  soude  caustique  concentrée,  avant  de  subir  l'ac- 
tion de  L'eau  oxygénée.  La  désagrégation  devient  complète  et  le  tissu 
tombe  eu  bouillie,  si  l'on  ajoute  de  La  soude  caustique  au  bain  d'eau 
oxygénée,  de  manière  à  lui  faire  marquer  ï°  à  6°  B. 

»  L'action  de  l'eau  oxygénée  sur  la  cellulose  est  grandement  aug- 
mentée par  la  présence  de  certains  corps,  comme  les  oxydes  métalli- 
ques, qui  ne  servent  que  de  véhicule  ou  d'intermédiaire  à  l'oxygène  actif. 

I  ne  bande  île  tissu  mordancé  en  fer.  chrome  et  alumine,   bouillie  avec  de 

l'eau  oxygénée  et  de  la  magnésie,  une  à  deux  heures,  est  profondément 
attaquée  aux  places  couvertes  par  les  mordants.  Il  est  donc  bon  de  faire 
précéder  le  blanchiment  a  l'eau  oxygénée  d'un  séjour  en  acide  faible, 
pour  éliminer  les  sels  ou  les  oxydes  métalliques  du  tissu  écru. 

»  L'action  de  l'eau  oxygénée  et  celle  de  L'ammoniure  de  cuivre  sur  la 
cellulose  présentent  de  grandes  analogies. 


(  i376  ) 

»  Il  est  facile  de  montrer  que  la  solution  ammoniacale  d'oxyde  de  cuivre 
est  un  oxydant,  en  la  faisant  agir  sur  un  échantillon  teint  en  bleu  d'indigo. 
La  solution,  suffisamment  étendue  pour  ne  pas  produire  d'altération  sen- 
sible du  tissu,  décolore  le  bleu  en  vingt-quatre  heures  à  froid,  et  en 
quelques  minutes  à  60°.  Si  la  solution  cuprammonique  est  assez  concen- 
trée pour  ramollir  la  fibre,  celle-ci,  bien  lavée  et  traitée  par  un  acide 
étendu,  pour  dissoudre  l'oxyde  de  cuivre,  se  teint  fortement  en  bleu  mé- 
thylène; il  v  a  donc  formation  d'oxycellulose. 

»  Un  échantillon  de  tissu  de  coton,  mercerisé  en  soude  caustique  à  36°, 
lavé  à  fond,  est  laissé  en  contact  pendant  un  certain  nombre  d'heures 
avec  de  l'ammoniure  de  cuivre  moyennement  concentré.  T. a  fibre  est  plus 
attaquée  que  celle  d'un  échantillon  témoin,  non  mercerisé. 

»  Nous  conclurons  de  ces  essais  que,  contrairement  à  l'opinion  reçue, 
la  cellulose  est  attaquée  et  subit  une  transformai  ion  par  l'action  du  réactif 
de  Schweilzer.   » 


ZOOLOGIE.  —  Rôle  du  noyau  dans  la  formation  du  reticulum  musculaire 
fondamental  chez  la  larve  de  Phrygane.  Note  de  ML  E.  Bataillon, 
présentée  par  M.  de  Lacaze-Duthiers. 

«  A  la  suite  des  patientes  recherches  de  Ylelland,  Van  Gehuchten  et 
Ramon  y  Cajal,  on  admet  généralement  aujourd'hui  qu'une  fibre  muscu- 
laire d'insecte  a  pour  base  fondamentale  une  série  de  réseaux  plasmatiques 
transversaux,  rattachés  aux  noyaux  et  au  sarcolemme  d'une  part,  d'autre 
part  reliés  entre  eux  dans  le  sens  longitudinal  par  des  fibrilles  préexistantes. 
Ainsi  se  trouvent  délimitées  des  cases  prismatiques  renfermant  les  bâton- 
nets de  substance  mvosique  proprement  dite  Vux  points  d'intersection 
des  fibrilles  préexistantes  avec  les  réseaux  se  rencontrent,  disposées  en 
rangées  régulières,  des  granulations  spéciales,  isotropes  comme  le  réseau 
lui-même,  mais  beaucoup  plus  réfringentes  ;  les  colonnettes  mvosiques 
sont  anisotropes. 

»  Partant  de  cette  structure,  examinons,  sur  des  coupes  longitudinales, 
les  fibres  de  la  musculature  ventrale  d'une  jeune  larve  de  Phrygane.  Ces 
fibres  présentent  un  développement  unilatéral,  et  il  reste,  sur  l'un  des 
côtés,  une  portion  non  différenciée  contenant  dans  un  plasma  réticulé 
limité  par  le  sarcolemme  une  série  de  noyaux  de  grosseur  variable  (de  8  [j. 
à  20  tj.).  La  portion  différenciée  montre  nettement  les  détails  esquissés  plus 


(   '377  ) 
haut.    Mais  la   striation  transversale  (reticulum,   ligne  de  Krause.  etc..) 
affecte  avec  les  noyaux  des  rapports  curieux. 

»  i°  Les  fibrilles  transversales  Isotropes  sont  déviées  à  la  périphérie  vers 
la  portion  non  différenciée,  <le  façon  à  s'orienter  tontes  vers  les  noyaux 
successifs  :  ce  fait  se  présente  d'une  façon  très  générale,  quelle  que  soit 
l'importance  de  la  masse  latérale  protoplasmique  ; 

»  2"  Les  fibrilles  transversales  s'étendent,  vers  le  noyau,  au  delà  de  la 
substance  musculaire  formée,  en  des  points  où  n'existent  encore  ni  les 
fibrilles  longitudinales,  ni  les  colonnettes  myosiques.  Le  reticulum  trans- 
\  ersal  apparaîtrait  donc,  au  moins  dans  le  cas  en  question,  avant  1rs  fibrilles 
ili  1rs  préexistantes  : 

»  3"  Le  noyau  lui-même  sidiit  un  aplatissement  suivant  le  sens  longitu- 
dinal de  la  fibre;  il  semble  dune  à  la  fin  étiré  transi  ersalemenl ,  ses  granu- 
lations étant  rejetées  du  côté  du  muscle  formé,  en  rapport  avec  les  stries 
du  réseau.  <  >n  rencontre  souvent  des  noyaux  présentant  leur  contour 
normal  du  côté  du  sarcolemme  et  ouverts  sur  le  bord  oppose  parmi  ils 
émettent  leurs  mains  de  chromatine  régulièrement  alignés  sur  les  fibrilles 
transversales.  Le  cas  le  plus  net  est  celui  que  nous  offrent  certains  muscles 
fixés  en  contraction.  Ils  montrent  latéralement,  dans  un  plasma  peu  abon- 
dant, un  alignement  continu  de  noyaux  qui  émettent  leur  chromatine  sous 

li  forme  de  filaments  denses  et  sans  manules  distincts,  lesquels  aboutissent, 
<lans  un  <>r</n  régulier,  à  chacune  <l<  s  ligm  s  </.  Krause  de  la  fibre.  La  réaction 
chromatique,  très  accentuée  dans  le  trajet  extérieur  à  la  substance  myo- 

sique,  s'atténue  rapidement  au  contact  de  celle-ci. 

»  Ces  faits  concordent,  du  reste,  assez,  bien  avec  la  position  et  les  rap- 
ports qu'effectuent  les  noyaux  dans  les  fibres  adultes  décrites  par  Kamon 
\  Cajal;  ils  permettent  de  comprendre  les  modifications  que  présente  en 

certains  points  l'ordre  de  la  stnation  transversale,  ces  points  pouvant  cor- 
respondre à  la  limite  d'un  champ  nucléaire. 

»    Les  relations  que  nous  signalons,  si  elles  venaient  a  être  généralisées, 

constitueraient  une  hase  mi  portante  pour  les  nouvelles  théories  de  la  con- 
traction musculaire,  théories  d'après  lesquelles  le  reticulum,  c'est-à-dire  la 
substance  unissante  des  colonnes  musculaires,  serait  la  partie  réellement 
active  de  la  fibre,  la  substance  myosique  elle-même  étant  purement  végé- 
tative, à  l'inverse  de  ce  que  l'on  avait  admis  d'abord. 

»  Au  point  de  vue  de  la  biologie  cellulaire,  ces  faits  se  rattacheraient  à 
une  série  déjà  importante  et  qu'il  nous  parait  bon  de  rappeler,  parce  que, 
dans  la  vie  de  l'élément  différencié  et  dans  la  différenciation  elle-même, 

C.   R.,  iSy Semestre.  (T.  CXÏI,  N-  24.)  '7!) 


(  t378  ) 
elle  semble  donner  au  noyau  une  importance  fondamentale.  Il  y  a  quelques 
années  seulement,  on  ne  pouvait  fournir  qu'un  fait  à  l'appui  de  cette  idée  : 
le  noyau  spermatique  pénétrant  seul  dans  la  cellule  ovulaire  pour  prendre 
part  à  l'acte  de  la  fécondation.  Depuis  on  a  signalé  une  activité  prépondé- 
rante du  noyau  dans  certaines  sécrétions  glandulaires;  et  enfin,  à  notre 
propre  point  de  vue,  ces  observations  sur  la  fibre  musculaire  ne  sont  point 
isolées;  car,  dans  un  travail  récent  sur  l'évolution  larvaire  des  Amphi- 
biens,  nous  avons  insisté  :  sur  l'action  initiale  du  noyau  dans  la  dégéné- 
rescence physiologique  des  divers  tissus,  sur  une  origine  chromatique  du 
pigment,  et  sur  la  formation  des  tablettes  vitellines  de  l'œuf '  aux  dépens 
des  taches  nucléolaires  de  la  vésicule  germinative.  Mais  il  serait  imprudent 
de  généraliser  ces  données  sur  l'histogenèse  de  la  libre  musculaire  avant 
d'avoir  étudié  le  développement  d'une  façon  complète  et  sur  des  types 
variés.  Ne  retenons  provisoirement  que  deux  faits  importants  : 

»  i°  La  striation  transversale  chez  les  lan>es  de  Phrygànes  se  développe  en 
rapport  avec  les  noyaux,  et,  pour  préciser,  c'est  du  noyau  (pic  partent  les  stries 
des  réseaux  transversaux  sur  lesquels  les  grains  réfringents  de  la  fibre  développée 
représentent  les  massules  chromatiques  de  la  période  de  formation.  Quant  aux 
fibrilles  longitudinales  et  aux  bâtonnets  rnyosiques  qui  apparaissent  en  con- 
nexion avec  ces  grains,  nous  n'avons  rien  pu  voir  de  leur  origine. 

»  2°  Les  réseaux  transversaux  apparaîtraient  tout  d'abord  :  avant  les 
segments  rnyosiques,  et  même  avant  les  fibrilles  longitudinales.  Celles-ci  ne  mi- 
literaient donc  pas  la  dénomination  de  fibrilles  préexistantes  :  c'est  le  reticu- 
lum  transversal  qui  préexiste  (  '  ).    « 


ZOOLOGIE.  —  Sur  une  disposition  spéciale  des  yeux  chez  les  Pulrnonés 
basommatophores.  Note  de  M.  Victor  Willem. 

«  Les  yeux  des  Pulrnonés  basommatophores  se  trouvent  logés,  à  la  base 
et  du  côté  interne  des  tentacules,  dans  la  profondeur  de  deux  petites  proé- 
minences transparentes  des  téguments,  à  une  distance  de  la  surface  de 
l'épiderme  qu'on  peut  évaluer  approximativement  à  deux  fois  la  longueur 
du  diamètre  de  la  sphère  oculaire  pigmentée. 

»  Des  coupes  faites  dans  des  directions  convenables  montrent  que  la 
portion  des  téguments  située  au-dessus  du  globe  oculaire  est  presque  en- 


(')  Laboratoire  de  Zoologie  de  la  Faculté  des  S.  ien   es  de  Uon. 


(   '379  ) 
tièrement  occupée  par  une  vaste  lacune  qui  coifte  toute  la  partie  antérieure 
de  l'organe  visuel. 

»  Cette  lacune  es!  limitée,  du  coté  externe,  par  une  mince  paroi  com- 
poser de  l'épidémie  cl  d'une  couche  de  tissu  conjonctif  qui  ne  renferme 
ni  pigment,  ni  glande  mucigène.  C'esl  à  tort  que  Simroth  prétend  que 
souvent,  entre  l'œil  et  l'épithélium,  sont  situés  non  seulement  du  pig- 
ment, mais  encore  des  libres  musculaires,  des  glandes  a  mucus,  etc.  Ces 
cléments  ne  s'observent  que  sur  des  coupes  non  axiales  par  rapport  au 
globe  oculaire. 

»   La  portion  correspondante  de  l'épiderme  n'est  pas  couverte  de  cils 

\  i  brailles,  mais  pu 'sente  par  places  des  «ils  sensitifs  appartenant  aux  cel- 
lules sensorielles  autrefois  décrites  par  Flemming. 

»   Sur  le  pourtour  de  la  région  transparente  de   l'œil,   le  tissu  con- 

jonctif  des  parois  de  la  lacune  preoculaire  s'unit  au  tissu  de  la  sclérotique. 

»  La  présence  constante  de  corpuscules  sanguins  et  souvent  de  plasma 
coagulé  dans  les  espaces  qui,  sur  lis  coupes,  correspondent  a  la  cavité 
en  questi démontre  que  celle-ci  tait  partie  du  système  lacunaire  gé- 
néral creusé  dans  les  parois  du  corps.  Le  sinus  preoculaiie  communique. 

du  côté  interne  de  la  tète,  avec  la  partie  péripharyngienne  de  la  cavité 
viscérale  el  se  continue,  du  côté  externe,  par  un  ensemble  de  lacunes  qui 
règne  jusqu'à  l'extrémité  du  tentacule. 

»  I  tes  injections  du  système  circulatoire  de  Limnœa  uagnalis  établissenl 
que  !'•  smus  en  question  est  le  cou  M  ne  ut  d'une  série  de  canaux  i  afférents 
ou  afférents  i  qui  se  distribuent  dans  la  protubérance  oculaire  et  surtout 
dans  le  tentacule.  On  reconnaît  l'existence  d'un  système  de  canaux  is\s- 

Lème  ellerent   ou  afférent  I  inverse  du  premier. 

»  J'ai  constaté  ni)r  lai  une  preoculaire  elle/  Limnœa  Stagnalis,  Limnœa 
palustris,  Planorbis  cornais,  Physa  fonlinalis  et  Apleœa  hypnorum.  Cette  dis- 
position est  probablement  générale  chez  les  Basommatophores, 

»  S'd  est  facile  de  comprendre  la  valeur  morphologique  du  sinus  préo- 
culaire  en  le  considérant  comme  une  lacune  développée  dans  un  tissu 
conjonctif  précornéen  analogue  i  celui  qu'on  observe  chez  les  su lomma- 
tophores,  il  n'est  par  contre  pas  aise  de  déterminer  expérimentalement  sa 
fonction  physiologique.  L'interposition  devant  l'œil  d'une  couche  épaisse 
de  liquide  ne  favorise  évidemment   pas  la  formation  sur  la  rétine  d'une 

imam'  nette  des  objets  :  l'expérimentation  m'a  d'ailleurs  dé itré  que  les 

Pulmonés aquatiques  ne  perçoivent  pas  distinctement  la  forme  des  objets. 
La  présence,  dans  certains  cas,   d'une  lacune  postoculaire;  l'existence  de 


(  i38o  ) 

tractus  partant  du  fond  de  cette  cavité  pour  s'insérer  sur  la  sclérotique  ;  le 
trajet  tantôt  rectiligne,  tantôt  sinueux  delà  portion  distale  du  nerf  optique, 
sont  des  considérations  qui  pourraient  faire  supposer  que  l'œil  des  Basom- 
matophores  est  susceptible  de  subir  certains  déplacements  dans  le  sens  de 
son  axe.  Cette  hypothèse,  qui  attribuerait  à  l'organe  visuel  de  ces  animaux 
une  espèce  d'accommodation,  s'accorde  peu  cependant  avec  la  présence, 
expérimentalement  démontrée,  d'une  vision  peu  nette  chez  ces  Mol- 
lusques. » 


PHYSIOLOGIE.  —  Contribution  expérimentale  à  l'étude  de  la  croissance. 
Note  de  M.  Hesry  de  Varigxy,  présentée  par  M.  Chauveau. 

«  Il  y  a  vingt  ans  bientôt,  M.  Karl  Semper,  le  savant  naturaliste  de 
Wùrtzbourg,  démontra  par  des  expériences  intéressantes  la  possibilité  de 
déterminer  expérimentalement,  et  à  volonté,  le  nanisme  ou  le  ralentisse- 
ment considérable  de  la  croissance,  sur  la  Lymncca  slagnalis.  La  méthode 
de  M.  Semper  consistait  à  faire  vivre  de  jeunes  Lvmnées  dans  des  volumes 
d'eau  restreints  (inférieurs  à  5  ou  G  litres). 

»  Par  exemple,  si  l'on  mettait  trois  jeunes  lvmnées  de  même  ponte,  et  de 
même  âge,  dans  trois  vases  renfermant  respectivement  i  oocc,  5oocc  et  3ooocc, 
on  voyait,  au  bout  de  quelques  jours  déjà,  la  lvmnée  du  vase  le  plus  rempli 
l'emporter  par  ses  dimensions  sur  celle  du  \;isi'  moyen,  et  celle-ci,  de  son 
côté,  l'emportait  sur  la  lymnéc  du  vase  le  plus  petit.  Comme,  dans  toutes 
les  expériences  de  Semper,  les  animaux  disposaient  d'une  alimentation  sur- 
abondante, il  fallait,  pour  expliquer  les  différences  de  croissance,  invoquer 
un  facteur  autre  que  le  facteur  aliments. 

»  M.  Semper  crut  devoir  recourir  à  un  facteur  nouveau  et  singulier.  Il 
supposa  qu'il  existe  normalement  dans  l'eau  une  substance  chimique,  sur 
la  nature  de  laquelle  il  n'émet  aucune  opinion,  dont  la  présence  est  néces- 
saire à  la  croissance,  bien  qu'elle  ne  soit  point  alimentaire,  une  sorte  de 
stimulant  dont  la  quantité  est  proportionnelle  au  volume  de  l'eau.  Dans  un 
petit  volume  d'eau,  il  ne  s'en  trouverait  qu'une  petite  quantité,  et  celle-ci 
serait  insuffisante  pour  une  croissance  normale. 

»  J'ai  voulu  vérifier  les  faits  énoncés  par  M.  Semper,  et  en  même  temps 
chercher  s'il  ne  pouvait  être  découvert  quelque  autre  facteur  connu,  sus- 
ceptible d'expliquer  les  phénomènes  observés. 

»  Les  faits  sont  exacts,  d'après  les  expériences  que  j'ai  commencées 


(  *38i  ) 

en  1889  el  qui  se  poursuivent  encore.  Il  est  très  clair  que,  selon  les  dimen- 
sions du  milieu  <>u  vivent  les  1\  innées,  ces  dernières  ont  une  croissance 
rapide  ou  lente,  liés  Lente  même,  bien  qu'ellesaient  des  aliments  |  herbes  l 
en  abondance,  et  que  l'eau  garde  une  pureté  parfaite. 

»  Mais  en  j  regardant  de  plus  pics,  <>n  voit  qu'en  même  temps  que  l'on 
fait  varier  les  dimensions  du  milieu,  en  faisant  vivre  les  lymnées  dans  des 
vases  de  diamètre,  de  forme,  et  de  volume  différents,  <>n  fait  varier  d'autres 
(déments  que  le  volume  seul.  Je  me  suis  donc-  attaché  à  étudier  l'influence 
des  variations  de  ces  autres  éléments,  en  faisant  varier  chacun  d'eux  iso- 
lément, les  autres  demeurant  constants. 

»  I  (ans  une  première  série  d'expériences,  le  volume  demeurant  le  même,  je 
fais  varier  la  surface  d'aération  ou  la  supt  rficie  libre  de  l'eau.  Sans  rapporter 
ici  le  détail  des  expériences,  d  me  suffira  d'énoncer  la  conclusion,  qui  est 
que  les  variations  de  superficie  jouent  un  rôle  considérable  dans  la  produc- 
tion du  nanisme.  Dois  deus  masses  d'eau  égales  eu  volume,  les  lymnées 
atteignent  un  développement  d'autant  plus  considérable  que  la  superficie 
est  plus  grande.  Est-ce  donc  une  affaire  d'aération?  Non,  la  lymnée  respire 
l'air  eu  nature,  el  l'aération  de  l'eau,  d'ailleurs  excellente  grâce  aux 
herbes,  lui  don  être  indifférente;  non  encore,  car  l'animal  se  développe 
;iussi  bien  dans  un  volume  d'eau  surmonté  d'une  couche  d'air  isolée  de 
l'atmosphère  ambiante  (par  un  couvercle  ou  un  bouchon)  que  dans  un 
même  volume,  a  superficie  égale,  en  contact  avec  l'air  libre  qm  se  renou- 
velle s.uis  eesse.  I.  aération  de  le. m  n'a  rien  à  voir  ici.  Retenons  seulement 
le  fait,  pour  le  moment . 

»  Dans  une  seconde  série  d'expériences,  je  fais  varier  le  volume  de  l  eau, 
alors  que  la  superficie  demeure  la  même.  Le  résultai  est  que  l'influence  du 
volume  est  médiocre,  1res  me  liocre  même,  au  point  que  le  développement 
est  ;i  peu  près  identique  dans  200'  et  dans  V"  ou  »'>'"  d'eau,  l'ourlant,  il  est 
certain  qu'à  superficie  égale  le  volume  le  plus  grand  est  le  plus  favorable 
à  la  croissance. 

»  Dans  une  troisième  série  d'expériences,  le  volume  et  la  superficie  étant 
identiques,  je  fais  varier  le  nombre  <les  individus.  Il  en  ressort  que  le  déve- 
loppement des    individus  isoles  est    supérieur  à  celui  de  l'un  quelconque 

des  indi\  idus  réunis. 

»  De  ces  trois  séries,  la  dernière  seule  est  favorable  à  l'interprétation 
de  M.  Semper,  et  les  deux  autres  lui  sont  opposées.  Si  nous  acceptons 
l'explication  de  M.  Semper,  la  dernière  série  se  comprend  très  bien.  Mais 
ne  peut-on  expliquer  celle-ci  que  par  l'hypothèse  du  savant  allemand  î 


(   ,382  ) 

>»  Une  quatrième 'série  d'expériences  répond  négativement.  Dans  celle 
série,  je  fais  vivre  deux  Ivmnées  dans  des  masses  inégales  de  la  même  eau, 
l'une  vivant  dans  un  bocal  de  31U  par  exemple,  l'autre  dans  un  tube 
en  verre  plongeant  dans  ce  bocal,  mais  fermé  par  de  la  gaze  à  son  extré- 
mité inférieure,  pour  empêcher  l'animal  de  passer  dans  le  bocal.  Dans  ces 
expériences,  l'animal  du  tube  est  invariablement  très  inférieur  à  celui  du 
bocal,  bien  que  l'eau  soit  la  même  et  que  l'on  ait  soin  chaque  jour  d'opé- 
rer un  mélange  intime  des  deux  eaux.  Même  résultat  quand,  au  lieu  d'em- 
ployer un  tube,  on  délimite  dans  un  cristallisoir,  par  exemple,  une  petite 
région  où  l'on  enferme  (avec  de  la  gaze  encore)  une  des  lymnées,  et  dans 
ce  cas  l'homogénéité  de  l'eau  est  plus  parfaite  encore.  J'ajouterai  enfin 
que  si  l'on  fait  vivre  deux  lymnées  dans  des  masses  égales,  à  superficie 
égale,  d'eau  ordinaire,  et  d'eau  où  ont  déjà  vécu  des  lymnées  pendant  des 
mois,  on  n'observe  aucune  différence  appréciable,  à  moins  que  l'eau  n'ait 
servi  très  longtemps  (un  an  par  exemple):  en  ce  cas,  elle  peut  avoir 
perdu  beaucoup  de  calcaire,  ce  qui  la  rendrait  impropre  au  développement 
des  jeunes  lymnées. 

»  Au  surplus,  l'interprétation  de  M.  Semper  s'élimine  d'elle-même  par 
le  fait  de  la  médiocre  importance  du  volume  de  l'eau,  du  moment  où  la  su- 
perficie demeure  égale.  Si  le  développement  est  le  même  ou  presque  le 
même  dans  2oocc  et  dans  61",  à  superficie  égale,  c'est  que  le  volume  est  de 
peu  d'importance,  c'est  aussi  que  la  substance  h\  pothétique  de  M.  Semper 
ne  joue  pas  le  rôle  qui  lui  est  attribué. 

»  J'aurai  donc  recours  à  une  explication  plus  simple,  et  j'attribuerai  le 
nanisme  au  manque  d'espace  et  au  manque  de  mouvement.  Et  cette  expli- 
cation semblera  parfaitement  valable  si  l'on  tient  présent  a  l'esprit  le  fait, 
qu'il  convient  de  signaler,  que  la  lymnée  se  meut  infiniment  (dus  dans  le 
plan  horizontal,  voisin  de  la  surface,  que  dans  le  plan  vertical.  C'est  à  tel 
point  que  j'ai  vu  des  Ivmnées,  vivant  dans  des  ballons  à  col  assez  long,  ne 
jamais  passerdu  col  dans  le  ballon  même;  et  dans  un  casoù  l'animal  a  pris 
l'habitude  de  visiter  le  fond  de  son  réservoir,  il  a  acquis  un  beau  dévelop- 
pement. L'exception  confirme  la  règle. 

»  Cette  explication  s'accorde  parfaitement  avec  les  résultats  des  séries 
d'expériences  I  et  II  ;  elle  s'accorde  aussi  avec  la  série  III,  car  plus  il  y  a 
d'individus  dans  un  même  espace,  et  plus  l'espace  disponible  est  restreint 
pour  chacun  d'eux  ;  elle  s'accorde  aussi  avec  la  série  IV. 

»  Un  Mémoire  ultérieur  relatera  mes  expériences  en  détail  et  repro- 
duira les  photographies  des  individus  eu  expérience;  pour  le  présent,  il 


(  i383  ) 

suffil  de  conclure  que  les  conditions  d'aération  et  d'alimentation  les 
meilleures  ne  suffisent  poinl  à  assurer  le  développement;  il  y  faut  en  outre 
l'espace,  c'est-à-dire  La  condition  du  mouvement  (').  » 


wimi  i   i  RYPTOGÀ.MIQUE.  —  Sur  une  maladie  cryptogamique  du  Criquet 
pèlerin  <  leridium  peregrinum  l.  Note  de  M.  L.  Thabut,  présentée  par 
\1.  I  mchartre. 

«  Chargé  par  M.  le  Gouverneur  général  de  visiter.de  concert  avec  M.  Ma- 
thieu, conservateur  «les  forêts  d'Oran,  les  peuplements  d'alfa  des  Hauts 
Plateaux  dépendant  de  l'annexe  militaire  d'El-Aricha,  nous  avons  été 
frappés  de  rencontrer,  le  23  mai,  dans  les  environs  mêmes  d'El-Aricha, 
de  nombreux  <  riquets  pèlerins  adultes  paraissant  malades.  Devant  laisser 
reposer  notre  convoi  ce  jour-là,  nous  avons  pu  consacrer  une  matinée  à 

la  recherche  de  Ces    \'  ridieus  malades  provenant  d'un  vol   important  qui 

avait  passé  les  jours  précédents  se  rendant  dans  le  Tell. 

,,  il  mais  lut  très  facile  de  constater  que  presque  tous  portaient,  sur  le 
bord  des  anneaux  de  l'abdomen,  des  taches  noires,  plus  ou  moins  tuméfiées, 
cette  lésion  étant  surtout  évidente  chez  les  mâles,  qui  étaient  aussi  beaucoup 
plus  oombreuxi  Chez  certains  individus,  une  efflorescence  blanche  qui 
reeou\  rail  ces  taches  me  fixa  sur  la  nature  du  mal,  évidemment  attribuable 
a  mi  Champignon  parasite.  Pendant  le  cours  de  notre  voyage,  nous  n'avons 
retrouve  de  Criquets  pèlerins  que  dans  la  vallée  de  l'oued  Rhemis,  et  nous 
n'avons  pu  constater  sur  aucun  individu  les  lâches  noires  ni  les  efflores- 
cences. 

»    Les   Criquets   recueillis   a   El-Aricha,   el    examines   des    mon    retour  à 

Uger,  m'ont  paru  envahis  par  un  Champignon  <lu  genre  Botrytis.  Les  fila- 
ments du  mycélium  très  courts  portent  un  très  grand  nombre  de  spores  de 
m  a  r  5  (i  se  développant,  chez  les  femelles  surtout  sur  la  membrane  plissée 
qui  relie  >ïiu\  anneaux  ;  chez  les  maies,  sur  le  bord  inférieur  des  anneaux 
qui  sont  noirs  ei  tuméfiés  par  places.  Cette  maladie  doit  être  assez  répan- 
due. M.  Brongniarl  as niscesj 's-ci à  mon  examen  un  Acridium  père- 

grinum  mort  el  portant  des  efflorescences  blanches;  il  provenait  des  envi- 
rons mêmes  d'  Uger.  Je  n'ai  pas  hésité  à  reconnaître  la  phase  ultérieure  du 


(i)  Travail  du    laboratoire  de   \l.    \.  «  hauveau  (Laboratoire  de    Pathologie  com- 
pan  e  du  Muséum). 


(  1384  ) 
mal  que  j'avais  observé  à  El-Aricha  et  j'attribuai  la  mort  de  cet  Acridien 
au  Bolrylis.  Le  jardinier  de  notre  Ecole  m'a  remis  aussi  un  grand  nombre 
de  Sauterelles  très  fortement  envahies  par  le  Bolrylis  et  pour  ce  motif 
faciles  à  capturer. 

»  Cette  constatation  permettra-t-elle  d'établir  un  système  de  défense 
contre  la  pullulation  de  ces  insectes  dévastateurs?  Des  expériences  sont 
nécessaires  pour  trancher  celle  question.  Sur  les  Hauts-Plateaux,  les 
Arabes  prétendent  «  que  la  grosse  Sauterelle  (Acridium  peregrinum  )  vient 
»  chercher  la  petite  (Sloraunotus  marocanus)  ».  Doit-on  trouver  dans  ce 
langage  imagé  une  tradition  relative  à  la  fin  de  la  pullulation  du  Criquet 
marocain  par  une  maladie  parasitaire  apportée  par  le  Criquet  pèlerin? 

»  Le  Bolrylis  observé  peut  provisoirement  cire  décrit  ainsi.  Bolrylis 
Acridiorum  :  Mycélium  court,  portant  sur  de  petits  rameaux  des  groupes 
de  spores  globuleuses,  ellipsoïdes  et  même  oblongues,  de  10  à  f5jj., 
hyalines  a\  ec  des  granulations  brillantes,  formanl  ]>:ir  leur  confluence  îles 

taches  blanches,  farineuses,  assez,  compactes,  apparaissant  sur  les  anneaux: 
de  L'abdomen,  de  préférence  sur  la  membrane  plissée  qui  réunit  les  an- 
neaux. » 


PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  l'existence  d'une  petite  /aune  de  Vertébrés  miocènes 
(/ans  les /entes  de  rochi  rs  de  la  rallie  de  la  Saône,  à  Gray  et  au  mont  d'Or 
lyonnais.  Note  de  M.  Chables  Depëbet,  présentée  par  M.  Albert 
Gaudrv. 


«  Dans  le  courant  d'une  exploration  géologique  des  terrains  tertiaires 
de  la  Haute-Saône,  en  compagnie  de  M.  l'ingénieur  en  chef  Delafond,  j'ai 
observé,  dans  les  vitrines  du  musée  de  Gra\ .  des  débris  de  petits  Mammi- 
fères indiqués  comme  provenant  de  poches  d'un  terrain  tertiaire  remanié, 
dans  les  calcaires  portlandiens,  derrière  la  citadelle  de  Gray.  En  étudiant 
cette  petite  faune,  qui  m'a  été  fort  obligeamment  communiquée  par 
M.  Cazadot,  conservateur  du  musée  de  cette  ville,  j'ai  reconnu,  avec  sur- 
prise, qu'elle  se  rapportait  à  la  période  miocène  et  d'une  manière  plus  pré- 
cise à  l'horizon,  si  richement  représenté  dans  le  bassin  du  Rhône  parla 
latine  des  fentes  de  carrière  de  la  Grive-Saint-  Uban,  qui  correspond  à  peu 
près  à  la  faune  de  Sansan,  dans  le  sud-ouest. 

»  J'ai  reconnu,  notamment  à  Gray  :  Talpa  telluris  Lartet;  Lagomys 
(Prolagus  )  Meyeri  Tschudi.  espèces  communes  avec  la  Grive-Saint-Alban; 


(   1385  ) 

et,  ni  outre,  un  petit  Castoridé,  le  Steneofiber  sansaniensis  Lartet,  <l<-  la 
faune  de  Sansan,  type  encore  inconnu  dans  le  bassin  du  Rhône.  Quelques 
incisives  à  émail  fortement  coloré  ijn  jaune  indiquent  enfin  un  autre  Ron- 
geur du  groupe  des  Castors  ou  des  Porcs-épics,  mais  plus  grand  que  le 
pré<  édenl . 

I  ne  faune  de  petits  Vertébrés  du  même  horizon  géologique  se  trouve 
égalemenl  enfouie  (huis  1rs  argiles  sidérolithiques  qui  remplissent  les 
fentes  de  carrière  au  mont  Cindre,  dans  le  massif  du  mont  d'Or  lyonnais, 
ainsi  qu'il  résulte  de  l'étude  que  j'ai  pu  faire,  grâce  i  l'obligeance  de 
MM.  Lortel  et  <  hantre,  de  nombreux  matériaux  de  cette  provenance  que 
possède  le  Muséum  de  I  \>>u. 

»  La  faune  du  mont  Cindre,  |  » i  «  i  ~.  riche  que  celle  de  Gray,  comprend  : 

de  petits  Ruminants,  Hicromeryx  Flourensianus  Lartet,  laires  de  Dicro- 

cerus  elegans;  un  très  petit  Suidé  qui  se  trouve  aussi  à  la  Grive  et  que  je 
■  !.-.  i  rai  bientôt  sous  le  nom  de  Chœromorus  pygmœus  ;  des  Insectivores, 
parmi  lesquels  ïeGaleria  <  tilis  Blainv.  i  Parason  v  sociales,  l  raas),  de  San 
-m.  voisin  'les  IVfacroscélides  actuels,  le  Sorex  pusillus  de  Meyer,  de  la 
Grive;  de  nombreux  Rongeurs,  tels  que  Cricetodon  Rhodanicum  Dep.,  et 
minus  Lartet;  Lagomys  (Prolagus)  Weyeri  rschudi;  Sciurus  tpermophilinus 
Dep.,  de  la  Grive;  des  <  arnassiers  repn  sentes  seulement  par  des  molaires 
ri  canines  isolées,  m. us  où  j'ai  pu  reconnaître  cependant  :  Martes  Filholi 
Dep.,  il<-  l.i  Grive,  el  une  tuberculeuse  'In  Dinocyon  Goriachensù  Toula, 
espèce  plus  petite  que  le  grand  /' // ■  yon  The  nanti,  et  que  j'ai  aussi  re- 
trouvée .1  la  Grive;  enfin,  des  fragments  de  carapace  de  Testudo,  des  mà- 
i  boires  de  l  ézards,  il'-  Serpents  <-t  <!■•  Batraciens  indéterminés. 

I  n  rapprochant  ces  différentes  trouvailles  d'animaux  miocènes,  faites 
dans  les  mêmes  conditions  de  dépôt  .1  Graj   (Haute-Saône),  à   Tournus 

Saône-et-Loire),  au  monl  Cindre,  près  L) ri  enfin  à  la  Grive-Saint- 

\lluii  1  Isère  .  un  \.ui  que  ces  divers  gisements  indiquent  comme  une  sorte 
de  traînée  de  débris  d'animaux  terrestres  enfouis  dans  les  fentes  de  rochers 
du  lia-sin  du  Rhône  el  de  la  Sai pendant  lu  période  Langhienne,  c'est- 
à-dire  .m  dt  luit  du  miocène.  Ces  découvertes  m'ont  paru  intéressantes  à 
signaler,  parce  qu'elles  témoignent  '1rs  conditions  essentiellement  conlinen- 
tales  dans  lesquelles  s'est  trouvée  cette  région  de  la  France  pendant  toute 
l.i  durée  du  Langhien  :  cet  étage  miocène  n'j  est,  ru  effet,  représenté  par 
aucun  dépôt  sédimentaire  lacustre  m  marin,  et  cela  rst  d'autant  plus  cu- 
1  ieux  que  la  période  Langhienne  .1  été  précédée  dans  If  même  pays  par  la 
phase  essentiellement  lacustr même  lacunaire  de  I'  iquitanien,  et  a  été 

C.  R.,  1891,  1"  Semestre.  (T.  CXII,  N'  24.)  J^° 


(  i386  ) 
suivie  par  la  phase  d'invasion  marine  (au  moins  pour  la  vallée  du  Rhône 
et  le  Jura)  qui  caractérise  l'étage  helvétien.  » 

géologie.  -  Contribution  à  l'étude  géologique  des  environs  de  Digne. 
Note  de  M.  Bachelard. 

«  Zone  à  avicula  contorta;  naissain  fossile.  —  A  la  hase  de  la  zone  à  avi- 
cula  contorta,  dans  les  environs  de  Digne,  on  remarque  des  couches  argi- 
leuses dans  lesquelles  sont  intercalées  des  plaquettes  d'un  calcaire  brun 
foncé,  dont  la  surface  supérieure  est  couverte  de  petites  nodosités.  La 
longueur  de  ces  nodosités  ne  dépasse  pas  trois  millimétrés,  leur  largeur 
un  millimètre.  Elles  paraissent  être  formées,  quand  on  les  examine  à  la 
loupe,  de  débris  de  coquilles  indéterminables.  Mais,  si  dans  ces  plaquettes 
(épaisses  d'un  centimètre  au  plus)  on  taille  des  sections  minces,  on  con- 
state qu'elles  sont  entièrement  formées  par  une  agglomération  de  coquilles 
microscopiques  d'ostracées  et  de  gastéropodes.  Les  ostracées  dominent. 
Ces  plaquettes  paraissent  formées  d'un  véritable  naissain  fossile. 

«  L'épaisseur  de  la  couche  à  plaquettes  ne  dépasse  pas  vingt  centimètres 
sur  ce  point.  Ces  plaquettes,  ou  lumachellcs,  alternent  avec  de  petits  lits 
d'argile  sans  fossiles.  L'argile  domine  ensuite  sur  pics  <\'[\\)  mètre  d'épais- 
seur et  ne  contient  que  de  rares  débris  organises.  Immédiatement  au- 
dessus  vient  un  nouveau  dépôt  de  naissain.  Ce  dépôt  atteint  jusqu'à 
quatre-vingts  centimètres  d'épaisseur.  Il  se  présente  sous  l'aspect  d'un  cal- 
caire brun  foncé,  coupé  d'un  réseau  de  veines  de  carbonate  de  chaux. 
Traité  par  les  sections  minces,  ce  dépôt  se  montre  entièrement  composé 
des  mêmes  coquilles  microscopiques,  avec  des  coupes  plus  nombreuses 
de  gastéropodes,  quelques  ammonitidés  et  de  petits  polypiers. 

»  Viennent  ensuite  des  calcaires  dolomitiques  de  7'"  à  S1"  de  puissance. 

»  Zone  à  Amm,  planorbis.  Faune  mieroseopique.  -  lu-dessus  des  cal- 
caires dolomitiques  commencent  les  bancs  calcaires  noirs  de  la  zone  à 
Amm. planorbis ,  où  les  fossiles  de  grande  taille  sont  très  rares.  ."Mais  ces 
calcaires,  réduits  en  sections  minces,  se  montrent  pétris  de  coquilles  d'avi- 
cules,  de  pectens,  d'ostrea,  mélangés  sur  certains  point  s  de  spicules  de 
spongiaires.  Ces  bancs  ont  une  épaisseur  de  3om. 

»  Zone  à  globigérines.  -  Au  sommet  de  ces  dernières  couches  viennent 
des  bancs  de  calcaires  cristallins  compacts,  d'une  épaisseur  de  plus  de  3'". 
Ces  bancs  sont  totalement  composés  de  globigérines.  dont  les  plus  grandes 
ont  iram  de  diamètre. 


(   i387   ) 


PAl  ÉONT01  '",ii  .  Faune  >l'>ui  dépôt  d'ossements  quaternaires  des  cintrons 
de  Pouiàenaj  |  (  ôte-d'Or  i.  Note  de  I  >om  Jbbl,  présentée  par  M.  A.  d'  \1  - 
badîe. 

I  .  s  collines  des  environs  de  Grignon,  ordinairement  i  ouronnées  par 

les  assises  calcaires  de  l'oolithe  inférieure,  laissent  apercevoir  un  gTand 

nombre  de  diaclases,  qui  onl  produit  sur  leurs  bords  abrupts  des  éboule- 

ments  de  rocs  par  -i 1 1 1 <■  de  l'ablation  des  marnes  liasiques  sous-jacentes. 

I  dans  une  fente  d'un  de  ces  rocs  éboulés  que  je  découvris,  le  i  \  juin 

,  sur  le  territoire  de  Pouillenay,  un  certain  nbre  d'ossements  an- 
ciens ayant   appartenu   à  < I «--^  animaux  d'espèces  très  variées,  que  la  listi 
suivante  fera  connaître,  et  dont  un  bon  nombre  n'existent  plus  dans  I. 
faune  actuelle  de  la  Boui  _■■. 

Les  restes  recueillis  <>iit  encore  aujourd'hui  une  douzaine  de  repré- 
sentants dans  nos  environs,  el  il  faut  remonter  dans  les  rég s  plus  froides 

ou  plus  septentrionales  de  l'Europe  pour  retrouver  les  représentants  de 

quatre  autres  espèi  es.  \  part  un  >  .1 1  de  bœul  1)111.  de  l'avis  d'un  juge 

.lis  plus  compétents,  appartient  .1  une  espèce  quaternaire  certainement 
éteinte,  toutes  les  autres  espèces  vivent  encore  actuellement  en  Allemagne 
du  dans  les  pas  s  en^  ironnants 

Outre  l'indication  fournie  par  ces  ossements,  de  l'époque  à  laquelle 
ils  furent  déposés  en  ce  lieu,  deux  petits  silex  tailles,  dont  l'un  mesure  1"" 
ci  l'autre  -  "'  seule m  de  longueur,  semblent  assigner,  par  leur  ressem- 
blance avec  les  silex  recueillis  a  la  Madeleine,  les  derniers  temps  «le  I  é- 
poque  paléolithique. 

»   Quelques  os  brisés,  soit  longitudinalement,  soit  aux  deux  extrémités, 

comme  pour  en  extraire  la die.  attestent  encore  I. itemporanéité  de 

l'homme  a  cette  époque. 

»   Voici  la  détermination  et  l'énumération  des  restes  pi  incipaux  recueil- 
lis dans  c  e  dépôt  : 

I.  Plecotus  au  rit  us  I  ..  -\>.  Cinq  côtés  droits  el  A<-u\  gauches  de  mâchoires 
înféi  i'  ui 

J  Talpa  euroj  I  .  1,1,1-  de  mâchoires  inférieures,  sept  humérus  et 
deux  sacrums. 

n  :!.   1  1  issopus  fodiens  Pall.,  sp.        Deux  luches  de  mâchoires  inférieures. 

1     -        ,  tetragonurus  Herm.       Cinq  côtés  droits  de  mâchoires  inférieures. 
0  ..    S  çmeeus  Pall.        rrois  1  ches  de  mâchoires  inférieures. 


(  i388  ) 

»  6.  Canis  lupus  L.  —  Les  deux,  dents  carnassières  supérieures  du  même  indi- 
vidu. 

»  7.  Canis  vulpesh.  -  Deux  individus,  dont  L'un  adulte  et  I  autre   fort  jeune.  Le 

premier  est  indiqué  par  trois  dents  canines  et  la  plupart  .1 molaires.    Le   second, 

dont  j'ai  trouvé  les  deux  côtés  de  la  mâchoire  inférieure,   n'avait  encore  de  chaque 
côté  que  trois  molaires  formées. 

»  8.  Spermophilus  citillus  L.,  sp.  D'après  la  figure  el  la  description  données 
par  Pallas  dans  ses  Novœ  species  quadrupedum  e  glirium  ordine  (Erlangœ,  r— s: 
in-4),  ainsi  que  d'après  les  données  générales  de  Blasius,  je  crois  pouvoir  conjecturer 
que  l'unique  mâchoire  gauche,  que  j'ai  trouvée  sans  molaires,  répond  bien  au  Spermo- 
philus. 

»  9.  Myoxus  Nilela  Schreb.  —  I  ne  mâchoire  inférieure  privée  de  toutes  -.■-mo- 
laires. 

»  10.  Cricetus  frumentarius  Pall.  —  Les  seuls  restes  que  j'ai  pu   di  terminer  de 

cette  espèce  sont  une  portion  de  mâchoire  supérieure  avec  ses   deux   premières  - 

laires  en  place,  et  un  autre  fragment  dans  lequel  sonl  encore  implantées  les  trois  mo- 
laires. 

»  11.  Mus  sylvaticus  L.  —  Douze  côtés  gauches  el  dix  droits  de  mâchoires  infé- 
rieures; un  gauche  et  deux  droits  de  mâchoires  supérieures. 

»  12.  Arvicola  glareolus  Schreb.,  sp.  \  ingt-deux  côtés  gauches  el  vingl  droits 
de  mâchoires  inférieures,  el  trois  mâchoires  supérieures. 

»  13.  Arvicola  amphibius  L.,  sp.  Quatorze  côtés  droits  et  treize  gauches  de 
mâchoires  inférieures. 

»  li.  Ar a cola  nivalis  Martin-.  Quatre  côtés  droits  el  quatre  gauches  de  mâ- 
choires inférieures. 

»  15.  Arvicola  ratticeps  \<\-.  el  Blas.  ■  Quatre  côtés  droits  el  sepl  gauches  de 
mâchoires  inférieures.  Cette  espèce  étant  bien  di>tincte  de  toutes  les  autres  du  genre 
et  n'ayant  sous  elle  aucune  variété  connue,  je  suis  certain  d'avoir  trouvé  1'  (.  ratti- 
ceps tel  qu'il  se  rencontre  dans  les  contrées  septentrionales  de  l'Europe  et  de  l'Asie. 

»  16.  Arvicola  agrestis  L.,  sp. —  Parmi  les  mâchoires  supérieures,! mbre  de 

sept,  trois  semblent  se  rapporter  davantage  à  la  sous  espi  ce  I.  britannicus  i  de  s>  '-l\-  I. 
Si  les  mâchoires  supérieures  de  VA.  agrestis  se  distinguent  Facilement  de  celles  de 
toutes  les  autres  espèces  du  genre  Arvicola,  les  mâchoires  inférieures   ne   fournissent 

par  contre  aucun  caractère  bien  tranché.  Né  inmoins,  je  crois  | voir  indiquer,  comme 

ayant  appartenu  à  VA.  agrestis.  vingt-trois  mâchoires  droites  el  \  ingt-six  gauches. 

»  17.  Arvicola  campestris  Blasius.  —  Quatre  côtés  droits  et  un  gauche  de  mâ- 
choires inférieures. 

»  18.  Arvicola  arvalis  Pall.,  sp.  -  Huit  mâchoires  supérieures,  dont  une  semble 
appartenir  plutôt  a  VA.  arenicola,  signalé  par  M.  de  Sélys-Loi  gchamps  en  Hollande 
et  dans  le  nord  de  l'Allemagne.  Les  mâchoires  inférieures  sonl  indiquées  par  quinze 

côtés  droits  et  treize  gauches. 

»  19.  Arvicola  subterraneus  de  Sélys.  -  Sept  côtés  droits  et  trois  gauches  de  mâ- 
choires inférieures,  dont  un  droit  et  deux  gauches,  ressembleraient  plutôt  à  I'  I.  py- 
renaicus  (de  Sélys). 

»  Ce  n'est  pas  sans  quelque  hésitation  que  je  cite  VA.  campestris  et  l'A.  subterra- 


(  «389  ) 

neus.  Leurs   molaires  inférieures  offrent,  en  effet,  des  caractères  -i  peu  distincts  de 

celles  de  I'  t.  surtoul  de  I    I.  arvalis,  qu'une  confusion  ne  paraît  pas 

impossible,  la  forme  des  molaires  variant,  pour  les  individus  de  la  m.  i spèce,  dans 

d'assez  fortes  proportions.  Toujours  ••-t-il  que  ces  deux  noms  caractérisent  bien  la 
i le  'I'-  ■  ertaines  molai 

20.   Lepus  cuniculus  L.       Cette  esp  urni  un  bon  nombre  de  dents  sépa- 

plusîeut  g  mâchoires,  sans  comptei  les  os  des  membres  ou  autres.  Les  incisives, 

relativement  plus  nombreuses,  ntrenl  que  le  nombre  des  individus  se  montait  au 

moins  .1  io. 

•21  '  ervus  elaphus  L.  Deux  bases  de  bois  brisés,  encore  insérées  sur  les  os  du 
crâne.  La  plupart  des  dents  molaires  d'une  mâchoire  supérieure  et  quelques  autres; 
en  outre,  •  1 1  % ei -  ■■-  d<  -  entremit 

22.  Bison  pn  B   j.,  sp.        '  n  métacarpien  gauche  ••!  plusieurs  phalai  - 
l        m. .11  seul  mesure  longueui  .  il  appartient,  pai  conséquent,  ,1  un.-  esj 

lesq i  certainement  quaternaire,  dispi aujourd  hui. 

23.  I  gub  1  tballus  I..  Dents  et  extrémités  des  membres,  qui  proviennent  de 
trois  indii  idus  an  moins. 

24 .  >  '  1  ;//.  Deux  mandibules  supérieures  ■  •!  un  tarse  de  petites  espèces,  tels 
que  grands  passen  iux  ou  petites  1  boni  tl 

Deux  verlèl  1  proviei m  d'un  individu   de   taille  assez 

i"i  te,  tel  '| aumon. 

26.  Hélix  nitem  Mich.  Plusieurs  coquilles,  d'âge  peut  •  ire  plus  ré<  en!  que  les 
•  -| -dessus. 

27.  I         ctquille  I >  1  \ .1 1 \ •  1  ile  di nsion. 

M.  Ili  1  \i  un  h  adresse,  .<  propos  d'une  Communication  récente  de 
M  Dubouin,  mu-  Note  relative  .1  nu  moyen  d'apprécier  If  mouvemenl 
vertical  des  aérostats. 


M.  Joseph  .loi  raoi  adresse  une  Note  sur  une  valeur  approchée  'In  côté 
«lu  | ii .] \  -i  1 1 1  « •  régulier  de  sepl  côtés. 

La  séance  «•■-(  levée  .1  1  hem  es.  M.  B. 


(  i39o  ) 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  (la  séance  du   i"  juin   1^91. 

Traité  des  foliotions  elliptiques  et  leurs  applications;  par  G.-H.  Halphen. 
Troisième  Partie  :  Fragments.  Publication  faite  par  les  soins  de  la  Section 
de  Géométrie  de  l'Académie  des  Sciences.  Paris,  Gauthier-1*  Mars  et  fils. 

1891  ;  1  vol.  gr.  in-8". 

Leçons  sur  la  théorie  générale  des  surfaces  et  les  applications  ge'onu  triques  du 
Calcul  infinitésimal;  par  Gaston  Darbocx.  Troisième  Partie  :  Lignes  géodé- 
siques  et  courbure  géodésiqite.  —  Paramètres  différentiels.  —  Déformation 
des  surfaces.  Paris,  Gauthier-Villars  et  fils,  189   :  1  vol.  gr.  in-8°. 

Traité  d'Optique;  par  M.  E.  Mascart.  Tome  deuxième.  Paris,  Gauthier- 
Villars  et  fils,  1891  ;  1  vol.  gr.  in-8°. 

Bureau  central  météorologique  de  Franc,  Rapports  lus  le  1  1  Juin  1889 

et  le  11  juin  1890,  à  la  séance  générale  du  (  'onseil  du  Bureau  central;  par  le 
Président,  M.  Daubrée;  2  br.  in-'|'. 

Instructions  météorologiques;  par  \.  biGOT.  Troisième  édition.  Paris, 
Gauthier-Villars  et  fils,  1891;  1  vol.  gr.  in-8°.  i  Présenté  par  M.  Mascart.) 

Les  ballons  et  leur  emploi  à  la  guerre  ;  par  G.  lispiTvi.iF.it.  Paris,  (  ;.  Masson  ; 
in-18.  (Présenté  par  M.  de  Quatrefages.  1 

L  hydrogène  et  ses  applications  en  aéronautique.  —  L'électrofyse  de  Veau; 
parle  commandant  G.  Espitalier.  Paris,  G.  Masson;  in-18.  (Présenté  par 
M.  de  Quatrefages.) 

Le  Dr  H.  Leloih.  Recherches  sur  la  nature  du  lupus  vulgaire.  -  Le  lupus 
vulgaire  et  le  système  lymphatique.  —  Leçons  sut  le  lupus.  —  Le  traitement  du 
lupus,  1884-1891  ;  4br.  in-8°.  (Présente  par  M.  \  erneuii.) 

Le  Dr  Ad.  Nicolas.  Programme  de  la  prophylaxie  des  maladies  communes. 
—  La  prophylaxie  de  l'épidémie  dans  les  villes  d'hôte/s.  <  Extrait  de  la  Revue 
d'hygiène.)  Paris,  1891;  2  br.  in-8°. 

De  la  congestion  des  mamelles  et  des  mammites  aiguës  |  d'origine  externe) 
chez  la  vache;  par  Adrien  Lucet.  Paris,  G.  Carré,  1891;  br.  gr.  in-8°. 
(Renvoyé  au  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Traité  élémentaire,  de  Pathologie  et  de  Clinique  infantiles  ;  par  le  D'  A.  Des- 


(  i39.  ) 

CROizitXBS.  Paris,  Lecrosnier  et  Babé,  1890;  2  vol.  in-8°.(  Renvoyé  au  con- 
cours Montyon,  Médecine  el  Chirurgie.  > 

Etudesurles  anémies  </<  lapn  mière  enfance  et  suri' anémie  infantile  pseudo- 
leucémique; par  !<■  I>'  Charles  Luzet.  Paris,  G.  Sleinheil,  1891;  br.gr. 
in-8  .  1  Renvoyé  au  concours  Montyon,  Médecine  el  Chirurgie.  > 

Introduction  u  l'étude  clinique  et  u  lu  pratiqu  ouchemenls;  pur  le 

Professeur  L.-H.  Farahecf  et  le  D'Henri  Varnier.  Paris,  G.  Steinheil,  1 891  ; 
1  vol.  gr.  in  lenvoyé  au  concours  Montyon,  Méde<  ine  el  Chirurg 

Étude  sur  la  croissanci  et  s<>n  rôle  en  Pathologie;  pur  le  D1  Mai  rice  Sprin- 
(.ii:.  Paris,  Félix  Ucan,  1890;  1  vol.  in-8°.  (Renvoyé  au  concours  Bel- 
lion.  ' 

Recherches  sui  l'existena  d' organismes  parasitaires  dans  />  s  cristallins 
malades  chez  l'homme  </  sur  le  rôle  possible  deces  organismes  dans  lu  patho- 
génie  dt  certaim  ulaires;  par  MM.  V.Galippi  el  L.  Morbai  ;br. 
in-8°.  1  Renvoyé  au  concours  Marti  n-Damourett 

Phtisù  lur\  ngée;  par  le  I  •'  \.  Goi  gi  i  kheim  el  Pai  i  I  issu  r.  Paris,  '  ! .  Mas- 
son  [889;  1  vol.  in-8       B  nvoyé  au  concours  Chaussier.) 

Inatomie  pathologique  >/<  lu  moelle  épiniért;  par  Pai  i  Block  el  Albert 
I  .   Paris,  G    Masson,  1891  ;  1  vol.  in-40.  (Renvoyé  au  concours  Mon- 

tvon,  Méde*  ine  el  «  hirui 

\y  Ferkand  Lagrarge.  L'hygiène  el  l'exercia  chez  les  enfants  et  les 
jeunes  gens         />>  l  s  adultes.  Paris,  Félix  Ucan,  [890-1891; 

-  vol.  in- 18.  |  Renvoyé  au  concours  Bell  ion.  1 

D'     \i '..   Charpentier.  I:  1    sur  la  persistance  des  impressions  ré- 

tiniennes et  sur  les  excitations  lumineuses  il,  courte  durée.  Recherches  sui 
l' intensité  comparative  des  sons  d'après  leur  tonalité.  —  Analyse  expérimen- 
tait <A  quelques  éléments  de  la  sensation  du  poids.  Paris,  <•.  Masson,  1890- 
1891;  >  l>i".  111-S".  (Présenté  par  M.  Brown-Séquard  et  renvoyé  au  con- 
cours Montyon,  Physiologie  expérimentale.  > 

lv  M.  Legrain.  hu  délin  chez  tes  déi  térés,  Paris,  \.  Delahaye  el  E. 
Lecrosnier,  (886;  t  vol.  in-8°.  Hérédité  et  alcoolisme.  Octave  Doin,  1889; 
1  vol.  in-8  .  <  Renvové  au  c 1rs  I  allemand.  \ 

/:  cherches  suri' action  physiologiqut  et  thérapeutique  de  l'extrait  aqueux  <!■ 
Guaco  (Arislolochia  cymbifera)  ;  par  le  D1  L.  Bi  m  :  br.  in-8  .  1  Renvoyé  au 
concours  Martin-]  (amourette.  1 

Du  nerf  pneumogastrique  (Physiologie  normale  et  pathologique.  1  -  Dia- 
bète :  aWuminurù  s  ru  vropathiqu*  \  1  asthme-névropathie cérébro-cardiaque,  etc.  >; 


(   i392  ) 
parles  D15  G.  Arthaud  et  L.  Butte.   Paris,  1891  ;  i   vol.   in-8°.   (Renvoyé 
au  concours  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie,  i 

Traité  élémentaire  des  maladies  des  voies  urinaires  ;  parle  Dr  E.  Desnos,  l'a- 
ris,  Octave  Doin,  1890;  1  vol  in-18.  (Renvoyé  au  concours  Chaussier.  > 

Le  cervelet  et  ses  jonctions;  par  M.  le Dr  Courmont.  Paris,  Félix  Ucan, 
1891;  1  vol.  in-8°.  (Renvoyé  au  concours  Lallemand.) 

Nouvelle  flore  des  champignons;  par  MM.  J.  Costantin  et  !..  Dcfour. 
Paris,  Paul  Dupont;  1  vol.  in-18.  (Renvoyé  au  concours  Thore.  I 

Folies  passionnelles.  —  Éludes  philosophiques  et  sociales  ;  par  le  D'  Geor- 
ges Pichon.  Paris,  E.  Dentu,  1891;  1  vol.  in-18.  (Renvoyé  au  concours 
Bellion. 

Maladies  du  système  nerveux.  -  Atropines  musculaires  <t  maladies  amyo- 
trophiques; par  le  Dr  F.  Raymond.  Paris,  Octave  Doin,  1889;  1  vol  gr.  in-8°. 
(Renvoyé  au  concours  Lallemand.) 

Mémoires  d' Ophtalrnomclrie ;  par  E.  .1  w  w..  Paris,  G.  Vîassou,  [891;]  vol. 
gr.  in-8°.  (Renvoyé  au  concours  Monlyon,  Médecine  et  Chirurgie.  1 

University  0/  Nebraska.  —  Fourlh  animal  Report  of  the  agricultural  expe- 
riment  station  of  Nebraska.  Lincoln,  Nebraska,  I  .  S.  A.,  1  .s , ^  1  ;  1  vol.  gr. 
in-8°. 

The  medico-legal  Journal.  Vol.  \  III,  n"  :>,  december  1890.  New-York, 
Clark  Bell,  1890;  br.  in-8°. 

K.  Von  Chrustschoif.  Ueber  das  Geslein  der ïnsel  Walamoim  Ladogaser, 
1891;  br.  in-8°.  —  Ueber  ein  neues  aussereuropàisches  Leucitgestein,  1891; 
br.  in-4°. 

Vorlâufige  Mittheilung  ùber  die  von  Herrn  J.  Lopatin  und  derSteinigen 
(Podkamennaja)  tunguska  gesarnrnelten  Gesteine,   1891  ;  br.  in- ,'. 


On    souscrit    à    Paris,    chez    GAI   l  llll  l;  -  \  ll.l.  \l;s    l.ï     III. S, 
Quai  des  <  îratids-  Vugusiins,  n 

is  1835  lea  COMPTES  RENDUS  bol  l>  ma  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  m-i°.  Deux 

\  [ue   volume.    L'abonnement  est  annuel 

du  i'     invier. 

/'  ,  ,/  suit   : 

Paris     20  n.        I'  .  30  Ir.  -     l  34  4utl  -  sus. 


On  souscrit,  dans  les  Départements, 


Michel  el    M 

Mil. 

'  Ruir, 

i 

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Dulli 

'  Nu 

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l'c-l  i  m 

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Ropiteau. 
:        ivre 


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'   M  lyi  i    ■  I    Mil 

nid,  I  rail 

Zani 
Ramlot. 

M 

i  1 1 

i  fils. 

*  I 

■ 

ili. 

I  Ma     i 


i -lnv.  Messieurs  : 
,       ,  ,  Dulau. 

■  \uii. 
■ 
Librairie      <  îuten  - 

I 

Madrid Gonzalès  e  hijos. 

|  N.  ravedra. 

F.  Iv 

....  il luniolard  fré 

|  Bœpli. 

:  lier. 

r'iiri'iiriiii. 

Marghieri  cli  I 
'  Pcllerano. 

•  lirislern. 
Veiv-Joi  Stei  lu  1 1 . 

\\  estennaun. 

Rousseau. 

Parker e 

Clai 
/'.'/  /•< Magalhaès 

l!i\  n.i.  . 

Gai  nier. 
i  Boi 

dam  Ki  filsl 

S    111--.11   il    \\  .illin. 

|    /.lll-i    1   llHU- 

s   Pt"-sbourg..  jWo|ff 

res, 

I  Brcro. 
Turin 

i  *  .lausen. 

Ro  Si  Hier 

i  hner  el  Wol  • 

Drucker. 
,  I  n.  k. 
I  Gerold  et  C". 

Mi  lier. 


LES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES  : 

Tomes  1"  à  81.         lAoûl  i835  i  h  D  Volume  ni  ;    Prix 15  fr. 

-  32  .i  61.        i"  Janviei    i  Volume  Prix 15  fr. 

-  62   i  91        (i"  J  Volume  in  15  fr. 

fLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

nrc  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  d      >              irMM.  \.            ietA     l.-J.  So  Mémoire  sur  le  i                  Perturbations  qu'éprouvent  les 

D.ir  \l.  lUxsi.v  -  Mém                                                                                            l»nsl  particulii                            li                 is  matières 

ar  M.  i  .i  \i  m.  lli  bm\iiii.  Volume  15  fr. 

I  :  Mi rc  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Vu  "">  de  Prix  pro|                   i    par  l'Ai  adémie  des  Si  iencea 

oui                                                                                                                           i.i  distribu  lilesdausl                   -  terrains  sédi- 

c-,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.    -  Discuter  la  irition  successive  ou       lu                           relier  la  nature 

[ui  existent  eul                                                                                               i  »,  par  M.  nr  Bromn.  In-4°,  avec  39  planches;  1 86 1.  . .       15  fr. 

3  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  cl  Ici  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N°  24. 

TABLE  DES  ARTICLES.   (Séance  du  15  juin  1891.) 
MÉMOIRES    ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES   ET   DES   CORRESPONDANTS    DE    L'ACADEMIB. 


Pages. 

M    in  Ministre  dei'1  '  "•"'' 
une  ampliation  du  Décret  par  le- 
quel   M.  Iç  Président    de   !..    R 
approuve  l'élection  de  M.    \foissan, 

remplir,   dans    la    Section  de  Chi 

place  laissée  vacante  par  ledéci  sde  M 
/murs 

M.  .1.  Boussinesq.  —  Sur  les  déformai 
et  l'extinction  des les  aériennes,  isoh 


ou  périodiques,  propagées  a  l'intérieur  de 
ans  eau.de  longueur 

indéfinie 

M    B|  .  ,,.   .  -,   une  ■  ombmaisoo  vo- 

.  arbone,  le  fer- 
ir  le  nickel  carbonyle.. . .. 

Mi     i,  Rés 'I'  s  observai  ions 

liebœuf.pr 
Di  Inférieur! 


r. 


MÉMOIRES  PRESENTES. 


M.   Sorry-Montaut    adresse    un    Mémoire 
ayant   | r  titre  :  «  Thermo-pyi 


mètn  mil  a  :  système  Louis  Da 


CORRESPONDANCE 


M.  G.  Bioodrdan.       <  'li  ervations  d    I 
mète  périodique  VVolf,  faites   a   l'Obser- 
vatoire de  Paris  (équatorial  de  la  toui 
l'Ouest.) 

M11' D.  KlDmpKe.        Observation  delà  - 

vel'le  planète  Charlois  I  Nice,  juin  n,  if 

faite  .1  l'(  ibservatoire  de  Pi torial 

de  la  tour  de  l'Est  i 

MM.  Gonwj  3si  lt  ei  ù   Cadet.       i  clip  i  i 
Soleil  du  6  juin  1891  :  observations  1 
à  l'i  ibservatoire  de  Lyon 

MM.  Rambaud  et  Sy.  Observations  de  la 
comète  Wolf  (1884  III  |,  faites  à  l'Obser- 
vatoire d'Alger,  au  télescope  1  oucault  de 
H'",  5o 

M.  .1  icquks  I.;  '  i  ■  lipse  de  Soleil  du 
6  juin  1891 .  observi  e  à  l'<  Ibsen  atoire  de  la 
Société  scientifique  Flammarion,  de  Mar- 
seille   

M.  F.  Caspary.  —  Sur  les  deux  formes  sous 
lesquelles  s'expriment,  au  moyen  des  1 
lions  thêta  de  deux  arg :nts,  les  coor- 
données de  la  surface  'In  quatrième  d< 
décrite  par  les  sommets  dos  cônes  du  se- 
cond ordre  qui  passent  par  six  points  don- 
nés  

MM.  G.  el  !..  Ru  11  iRD.  —  Sur  un  avertisseur 
électriquepermettanl  de  constater  dans  un 
courant  gazeux  de  très  faibles  variations 
de  pression !  ,  ,l( 

M.  D.  Gernez.  —  Recherches  sur  l'applica- 
tion de  la  mesure  du  pouvoir  rotatoire  à 
la  détermination  de  combinaisons  formées 
par  les  solutions  aqueuses  de  mannile 
aveclrs  molybdates  acides  de  soude  el  d'am- 
moniaque  

MM.  E.  Grimaux  et  \.  Arnaud.  -  Sur 
la  quinéthyline,  base  homologue  de  laqui- 

BtLLETIN   BIBLIOGRAPHIQUE 


M.  r    Mai  11  son.  —  Sur  les  uréidi 

-  normaux 

M.  j.  M  mi h  des 

liylcamphoi                           m   ;i 
d'(  iin  le,                      il  11  1  amphreraélhylé. 
M.  P.-T11.   Mi  Klhcrs  soi  yana- 

\l.  Pu  ud'i  '' 

l'eau  0x3 .  '   '  

M.  E.  f)  Rôle  du  noyan  dans  la 

malion  du  rctiruliim  musculaire  fonda 

ital  chez  la  larvi  

M.  \  ■  disposition 

us  .  h.  /  les  l'uln -  ba- 

sommatopl  

M.  ih  xm   ni    \  <  ontribution  ex- 

' issan 

M.  L.  1  une  maladie  ■  rypto- 

|uel  i"  h  nu 

m  .  [i  Sur  l'existence 
d'uni  -  miocènes 
dans  les  fenti  -  ■  -  de  la  \ ;•  !'•  e  de 
la  Saône,  i  >  .1  aj  1  I  a >i  d't  Ir  lyon- 
nais   

M.   Baciii  lard.         Contribution    à    l'étude 

I  '  1  -;  m- 

Dom  .li  1  ' i         Pauncd  un    I  -■  ments 

quati  -  de  Pouillenay 

mi 

M.  1  ii  d'une  1 . '"I- 

municalion   récente  de  M.  Dtibouin,  une 
Note  relative  ■>  un  moyen  d'apprécier  le 

mouvemenl  verl  ical  1  stats 

\l.  Josi  PII  I  In  sse  une  Note  sur  une 
valeur  approchée  du  côté  du  polygone  ré- 
guliei  


■;:i 


■  189 

1  Igo 


PARIS.  —  IMPRIMERIE  (ÏAUTHIER-VILLARS   ET  FILS, 

Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 


1891 

PREMIER  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

BEBDOMADAIftl  - 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

l»%il   UL   LB9  ■ECRÉTAIMBa  IMIU'I  1 1  l  i> 


TOME  cxn. 


X  r,i  (22  Juin  1891) 


P  MUS, 

GAUTHIER-VILLARS    ET  FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

IPTKS    RENDUS    DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

lugustins,   55 

1891 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS, 

Adopté  dans  les  séances  des  a3  juin  1862  et  a4  mai   1875. 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  Mémoires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
'1»  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  v  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1er.  —  Impression  des  travaux  de  l'Académie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  parmi  Associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Les  communications  vei'bales  ne  sont  mentionnées 
dans  les  Comptes  rendus,  qu'autant  qu'une  rédaction 
écrite  par  leur  auteur  a  été  remise,  séance  tenante, 
aux  Secrétaires. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  à  la  même 
limite  que  les  Mémoires;  niais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 


Les  Programmes  des  prix  proposés  par  V  académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  niais  les  Rap- 
ports relalil's  aux  prix  décernes  ne  le  sont  qu'autan 
que  l'Académie  l'aura  décide. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  fonl  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  i.      Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  </  V Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentes  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  <  lorrespondants  de  I  \<  a- 
démie  peuvent  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ré- 
sume qui  ne  dépasse  pas    '>  pages, 

Les  Membres  qui   présentent  ces  Mémoires  sont  I 

tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  1-e 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  11 nié; 

mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  l  x irait 

autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  l'ont 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  I'  \<  ademie. 

ARTICLE    3. 

Le  bon  à  tirer  de  chaque  Membre  doit  être  remisa  j 
l'imprimerie  le  mercredi  au  sou-,  ou,  au  plus  lard,  le 


jeudi  a  io  heures  du  matin;  faute  d'être  remisa  temri 

le  titre  seul  du  Mémoire  est  insère  dans  \vComple  rendu 
Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiques  par     actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sm 
les  correspondants  de  l'Académie  comprennent  au      vant,  et  misa  la  lin  Au  cahier. 


plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
|>l»s  de  32  pages  par  année. 

Dans  les  Comptes  rendus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans  le  sein  de 
l'Académie;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont 
pris  pari  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doi- 
vent, rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires, 
dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les 
remettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie 


Article  i.       Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  n'ont  pas  de  planches. 

Le  tirage  à  part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  et 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

\  1. 1  ici  1   ."). 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrai  i\  e  lait 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  (barges  de  l'exécution  du  pré 
sent  Règlement. 


déposer  au  Secrétariat  au  plus  t.ar'tnp  Sa™»!^6"1  ^""-l  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les   Secrétaires  perpétuels  sont  pri 
Plus  tard  le  Samed:  qUl  précède  la  séance,  avant  5\  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance 


iés  de  | 
1 suivan 


COMPTES  RENDIS 

DES   SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES   SCIENCES 


SÉANCE   DC    II  M>l  22   II  IN    18ÎM. 
PRÉSIDBNl  i    Dl    M    Dl  CHARTBJ 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DBS  MBMBRBS  BT  DBS  CORRESPONDANTS  DR  L'ACAD&MII 

ASTRi  >Ni  iMIE,        Mi  thode  />"i"  la  d<  termination  des  coordonnét  s  équatoriales 
des  centres  des  dichés  constituant  la  Carte  du  ciel;  par  M.  Loswr, 

«  Dans  une  des  réunions  du  <  ongrès  pour  l'exécution  photographique 
dr  l.i  (  h  te  ilu  ciel,  de  l'année  i  867,  il  1  été  décidé  :  1"  <|n'il  sera  fail  deux 
séries  de  clichés  pour  tout  l'ensemble  du  ciel;  2"  1«'^  <lni\  séries  de  clichés 
seronl  effectuées  de  telle  façon  que  l'image  d'une  étoile  située  au  coin 
d'une  plaque  de  la  première  se  trouve  .mssi  près  que  possible  <lu  centre 
d'une  plaque  de  la  seconde  série;  1°  les  clichés  destinés  à  la  construction 
du  Catalogue  contiendronl  toutes  les  étoiles  jusqu'à  la   1  r  grandeur. 

»  Chaque  plaque  de  la  série  du  Catalogue  renfermera  <l <'n  moyenne 

plusieurs  centaines  d'étoiles,  et  la  grande  perfection  «  i <  s  images  photo- 
graphiques permettra  d'obtenir,  au  moyen  de  mesures  mi<  rométriques  de 
lui  h  ii-  exactitude,  les  coordonnées  reclilignes  relatif  es  de  toutes  les  images. 
M;us,  |><nir  connaître  la  véritable  position  «1rs  astres  photographiés  sur  la 
voûte  céleste,  il  faut  déterminer  avec  autant  de  précision  que  possible  la 

C.  R.,  i8qi.  1"  Semestre.  (T.  C\II.  \    25.)  l8l 


(  i394  ) 

situation  sur  le  ciel  du  point  qui  correspond  à  l'origine  choisie  de  chaque 
plaque  photographique.  On  peut  résoudre  ce  problème  fondamental  par 
des  procédés  différents.  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  L'Académie  la  solution 
qui  me  semble  la  plus  rationnelle.  Pour  conclure  les  positions  de  toutes 
les  étoiles  du  cliché,  il  est  nécessaire  d'effectuer  un  certain  nombre  de  tra- 
vaux préliminaires.  Admettons  donc,  avant  tout,  ainsi  qu'il  a  été  décide, 
que  l'astronome  détermine  les  coordonnées  rectilignes  d'une  même  plaque 
relativement  aux  traits  moyens  du  réseau.  Chacune  de  ces  étoiles  appar- 
tiendra en  commun  à  la  plaque  considérée,  et  à  l'une  des  quatre  plaques 
de  la  seconde  série,  recouvrant  partiellement  la  première. 

»  Dans  le  Mémoire  sous  presse,  je  démontre  qu'il  est  possible  de 
rattacher,  à  l'aide  des  mesures  micrométriques  très  précises,  les  quatre 
dernières  plaques  à  la  première.  Les  constantes  relatives  des  nouvelles 
plaques  (coordonnées  des  centres,  orientation,  valeur  de  l'échelle)  s'ob- 
tiendront par  des  calculs  rapides  et  exempts  de  toute-  difficulté.  Deux 
étoiles  communes  à  deux  plaques  de  séries  différentes  permettent  d'at- 
teindre ce  résultat,  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  connaître  leurs  positions 
absolues.  L'application  réitérée  de  la  même  méthode  permet  de  faire  con- 
courir à  la  détermination  des  constantes  de  la  première  plaque  toutes  les 
belles  étoiles  contenues  dans  les  plaques  de  la  première  série,  continués  à 
ce  cliché  principal,  soit  en  tout  36°  carrés  de  la  surface  du  ciel.  Pour 
un  troisième  rattachement,  comme  on  le  verra  plus  loin,  on  a  même  la 
faculté  de  pouvoir  facilement  faire  servir,  pour  le  même  but,  tous  les 
repères  se  trouvant  dans  une  zone  céleste  de  64°  carrés  d'étendue. 

»  On  disposera  donc  toujours  pour  cet  objet  d'un  nombre  plus  que  suffi- 
sant d'étoiles,  sans  avoir  à  descendre  au-dessous  de  la  f  grandeur,  et  on 
aura,  en  outre,  le  grand  avantage  de  pouvoir  choisir  des  étoiles  de  repère 
dont  les  mouvements  propres  sont  bien  connus. 

»  Pour  rendre  comparable  les  éléments  des  deux  plaques  photogra- 
phiques, d  faut,  s'il  y  a  lieu,  faire  subir  aux  distances  et  aux  coordonnées 
de  la  plaque  auxiliaire  plusieurs  petites  corrections  provenant  :  i°  d'une 
variation  possible  du  tour  de  vis  utilisé;  2"  de  l'orientation  différente  des 
deux  reseaux  par  rapport  à  la  direction  du  mouvement  diurne:  3°  de  l'in- 
clinaison des  plaques  sur  l'axe  optique,  si  elle  est  notable. 

»  A  l'ade  des  formules  et  des  Tables  contenues  dans  le  Mémoire,  on 
peut  facilement  appliquer  ces  rectifications  aux  coordonnées  rectilignes  de 
a  plaque  secondaire;  nous  admettrons  qu'elles  ont  été  effectuées.  Pour 
faciliter  le  calcul  relatif  à  la  transformation  des  coordonnées  rectilignes  en 
coordonnées  équatoriales  et  afin  d'établir  des  relations  linéaires  entre  ces 
deux  ordres  de  grandeur,  il  est,  en  outre,  nécessaire  d'ajouter  aux  coor- 


données  rectilignes  quelques  termes  correctifs  indiqués  dans  le  Mémoire. 
N  <  i  m  ->  .ni  in'-i  lions  (|  ne  ces  rectifications  aussi  ont  été  appliquées  aux  coordon- 
nées. Soient  <l<iin  »  .1  respectivement  les  coordonnées  rectili- 
gnes des  deux  étoiles  sur  la  première  plaque;  (Ç,,t,# Y  les  < (Ion nées 

rectilignes  des  mêmes  étoiles  de  la  plaque  auxiliaire;  i  l'orientation  de  la 
plaque  principale;  i  \.  1>  .    V  .  D     respectivemenl  les  c 'données  équato- 

rialesdes  deux  centres  O,  O,  X  ï  t2k. 

Uors  ou  aura,  eu  suivant  la  voie  indiquée  dans  le  Mémo  re, 

\  cosD       \       \  sint,         il)       D)       ï        \  sini. 

h  La  simplicité  de  ces  Formules  esl  remarquable;  on  peut,  par  un  tra- 
vail minime,  établir  les  relations  numériques  qui  lient  entre  elles  les 
coordonnées  équatoriales  des  deux  centres.  I  es  travaux  principaux  à  exé- 
<  uter  ne  i  onsistent,  en  effet,  que  dans  l'addition  et  dans  la  soustraction 

des  coord ées  rectilignes  données;  l'est  une  des  constantes  les  plus 

essentielles  du  cliché  principal,  li^  Facteurs  considérables  X  et  Y,  à  peu 
près  égaux  à  i  degré,  par  lesquels  cel  élément  se  trouve  multiplié,  con- 
duisent a  une  exactitude  très  élevée. 

d  \  oici  maintenant  l'inexai  titude  provoquée  dans  la  détermination  des 
valeurs  numériques  des  coordonnées  <lu  rattachement  \  el  \  :  en  dési- 
gnant par  e  l'erreur  de  mesure  dont  se  trouve  affectée  la  coordonnée 
rei  tiligne  d'une  image  quelc pie,  <'\  al  née  à  l'aide  de  la  \  is.  par  :  l'er- 
reur probable  de  \  ou  N.  par/i  le  nombre  de  couples  d'étoiles  utilisées 

pour  !<•  raccordement  des  deux  clichés,  on  trouve  e  =  - 

»   I  h  1  lis  mi  le  rattai  bemenl  des  deux  plaques  sur  cinq  couples  d'étoiles, 

erreur  probable  de  la  détermination  d'une  des  deux  coordonnées  sera 

égale  à  e;  si  l'on  considère  en  outre  qu'il  n'intervient  dans  la  détermination 

finale  du  i  entre  de  la  plaque  principale  qu'une  combinais les  erreurs 

des  quatre  centres  des  plaques  adjacentes,  on  arn\e  à  cette  conclusion, 

que  l'erreur  probable  <ln  résultat   est  seulement  =    c'est-à-dire  environ 

o  ,O20.  La  faiblesse  de  ce  nombre  accuse  un  degré  de  précision  qui 
ne  laisse  rien  à  désirer.  Il  faut  aussi  remarquer  que  l'erreur  provenant  de 
la  valeur  absolue  «lu  tour  de  vis  n'introduira  dans  la  recherche  aucune 
inexactitude  appréciable,  si  l'on  a  le  soin,  ce  qui  sera  possible,  de  choi- 
sir des  repères  placés  à  peu  près  symétriquement  par  rapport  au  centre  O. 

»  Première  méthode,  par  le  rattachement  successif  di  s  clichés.  —  On  a  vu, 
parce  qui  pie.  ède,  qu'étant  donné  un  cliché  A  de  la   première  série,  on 


(  i396  ) 
peut  déterminer  avec  précision,  relativement  à  ces  axes  pris  dans  le  plan 
de  ces  clichés,  les  coordonnées  des  centres  des  quatre  clichés  A,,  A,,  \,,  \  , 
qui  recouvrent  partiellement  le  premier.  L'orientation  relative  de  ces 
plaques  sera  également  connue  et  tonte  étoile  figurée  sur  l'une  d'elles 
pourra  être  considérée  comme  rapportée  aux  axes  du  cliché  central. 

»  Si,  parmi  ces  étoiles,  il  s'en  trouve  qui  soient  déjà  connues  et  catalo- 
guées, chacune  d'elles  pourra  être  employée  pour  déterminer  toutes  les 
constantes  du  cliché  A  .  On  fera  ainsi  concourir  à  la  détermination  de  ces 
quantités  toutes  les  étoiles  connues  situées  dans  quatre  clichés  adjacents, 
c'est-à-dire  dans  une  étendue  de  l6°  carrés.  Dans  celle  portion  de  la  sphère 
céleste,  on  rencontrera  une  vingtaine  d'étoiles  au-dessus  de  la  8e  grandeur. 
Les  éléments  dont  on  disposera  ainsi  assurent  déjà,  dans  la  recherche  des 
coordonnées  des  centres,  une  précision  hien  supérieure  à  celle  que  l'on 
obtiendrait  par  l'emploi  de  six  étoiles,  choisies  sur  une  même  plaque. 

»  L'étendue  du  travail  réclamé  par  cette  méthode  n'a  rien  d'excessif. 
Les  deux  séries  destinées  à  la  confection  du  Catalogue  comprennent  22  o5  ï 
clichés.  Chacun  doit  être  raccordé  aux  quatre  clichés  adjacents;  mais, 
comme  la  liaison  de  deux  centres,  une  fois  réalisée,  sert  pour  les  deux 
plaques,  le  nombre  réel  des  opérations  de  raccordemenl  esl  seulement 
double  du  nombre  total  des  plaques.  Le  travail  nécessaire  pour  effectuer 
ces  /i4io8  raccordements  ne  sera  jamais  qu'une  faible  partie  de  celui 
qu'exige  la  réduction  d'un  nombre  égal  d'observations  méridiennes. 

»  Mais  il  est  à  remarquer  que  l'on  peut  augmenter  encore  l'exactitude 
des  résultats,  sans  se  livrera  aucun  nouveau  travail  de  mesure.  I  ne  opé- 
ration arithmétique  des 'plus  simples  suffira.  Admettons,  en  effet,   qu'en 
suivant  la  voie  précédemment  indiquée  on  ait  trouvé  les  valeurs    \, , 
pour  l'ascension  droite  et  la  déclinaison  absolue  du  centre  du  cliché  prin- 
cipal :  (A,,©,),  (A,,tO,),  (A,,©,),  (  \,.  o.)  pour  les  coordonnées  des 
centres  des  quatre  clichés  qui  recouvrent  partiellement  le  premier.  Cha- 
cun de  ces  nombres  repose,  ainsi  que  nous   l'avons  expliqué,  sur  la  con- 
naissance des  positions  des  belles  étoiles  contenues  dans  une  étendue  de 
160  carrés.  D'autre  pari,  à  l'aide  du  procédé  exposé,    les   mesures    mi- 
crométriques ont  fait  connaître  avec  précision  les  nombres  uM,.</",  ), 
("A»«"®a)>  (dAs,d(Q3),  (dAA,d(Qt),  que  l'on  doit  ajouter  aux  coordonnées 
des  centres  des  clichés  auxiliaires  pour  obtenir  les  coordonnées  du  centre 
du  cliché  principal;  il  sera,  dès  lors,  facile  d'avoir  quatre  nouvelles  déter- 
mmations des  coordonnées  équatoriales  du  centre  ,1e  la  plaque  considérée. 
»   Raisonnons  sur  l'ascension  droite.  On  peut  adjoindre  à  la  valeur  Ac, 
obtenue  directement,  les  quatre  valeurs  nouvelles  (A,  +  dk,),  (A,  -H  rfA2), 
(A,  +  rfA,),  (A,  +  dAt).  L'une  de  ces  valeurs,  (A,  -+-  dkt),  par  exemple, 


(  '^97   » 
résulte  de  l'emploi  des  étoiles  connues  dans  la  zone  de  (6°  carrés,  dont 
l'un  des  clichés  auxiliaires  occupe  le  centre.  La  moyenne  de,  cinq  repose, 
par  conséquent,  sur  les  positions  de  toutes  les  étoiles  connues  situées  dans 
une  zone  de  '"  •'  carrés.  I  a  raisonnement  identique  peut  être  fait  pour  les 

déclinaisons.  On  dispose  alors,  p ■  fixer  l<'s  coordonnées  i  \  .       i,  de 

i  3  .1  i  s  étoiles  en  moyenne,  sans  descendre  au-dessous  de  la  -'  grandeur. 
Admettons  enfin  que  I  on  réitère  I  application  du  même  procédé,  en 
conservant,  pour  les  différences  </\,,  </\,,  </\ ,.  r/\ ,,  les  valeurs  données 
par  les  mesures  micrométriques  ;  nuis  en  adoptant,  pour  \,.  \,,  \  .  \,, 
les  nombres  qui  résultent  de  la  seconde  approximation.  I  es  coordonnées 
du  centre  sont  maintenant  obtenues,  à  l'aide  des  étoiles  disséminées  sur 
une  zone  de  64°  carrés,  relie  esl  l'étendue  dont  on  disposera  pour  éva- 
luer, dans  une  troisième  approximation,  les  coordonnées  \  . 

S<  condi  méthode  pour  1rs  raltacfu  ments  sue  •  ssi/s  di  s  clichés.  La  mé- 
thode i|in  vient  d'être  exposée  se  recommande  par  le  travail  complémen- 
taire peu  important  nécessité  par  son  application.  Pour  atteindre  le  même 
but,  on  | ici ii  aussi  faire  usage  d'un  procédé  qui  se  présente  immédiatement 
.i  l'esprit,  mais  qui  demande  des  calculs  un  peu  plus  longs  :  ce  second  pro- 
■  édé  possède,  à  certains  égards,  un  avantage  marqué  sur  la  méthode  qui 
vient  d'être  expliquée.  <  >n  a,  en  effet,  la  faculté,  par  l'addition  successive 
des  coordonnées  de  rattachement  (</A,,  d  ,),  (</A3>  d  .  de  déterminer 
la  position  relative  des  deux  clichés  ne  se  touchant  pas  directement,  et 
éloignés  l'un  de  l'autre,  par  exemple,  de  i  ■  <  ette  opération  si  simple 
étant  réalisée,  on  pourra,  pour  la  détermination  <lu  centre  «lu  cliché 
principal,  profiter  de  toutes  1rs  étoiles  peuplant  une  étendue  de  la  voûte 
céleste  qui,  dans  le  cas  donné,  sérail  de  "  earres.  Les  dernières  ques- 
tions qui  restent,  par  conséquent,  .i  élucider  sont  les  suivantes  : 

»  i°  Quel  est  l<-  degré  d'exactitude  que  comportent  les  divers  rattache- 
ments su,  cessifs,  effectués  par  l'une  ou  l'autre  des  deux  méthodes  propo- 
sées; a°  quelle  esl   la  val •  relative  des  deux  méthodes;   1°  quelle  serait 

le duc  des  h. us. mis  successives  à  effectuer  pour  être  sur  d'obtenir  une 

augmentation  réelle  de  l'exactitude  dans  les  résultats  cherchés. 

»    Nous     choisirons     pour   la     démonstration    une    des    coordonnées    du 

centre  (  t.  la  déclinaison  D  par  exemple. 

»  Soient  :  l'erreur  probable  de  la  déclinaison  du  centre  après  le  pre- 
mier rattachement  résultant  de  l'emploi  de  la  première  méthode;  iv,tm  res- 
pectivement les  quantités  analogues  après  le  deuxième  et  !<•  troisième  rac- 
cordement; ij,  |  les  éléments  semblables,  en  utilisant  la  seconde  méthode  ; 
&, .  &,,  \  l'-s  erreurs  probables  de  I. j  enne  des  déclinaisons  qui  respec- 
tivement ont  servi  dans  Us  trois  ratta<  hem<  nts  successifs.  Comme  on  le 


I  i9« 

sait,  o  h  rencontre  dans  une  zone  <l''  t6°  carres  de  i  S  à  20  étoiles  comprises 
entre  la  1"  el  la  8*  grandeur;  nous  supposerons  qu'on  en  trouve  [6;  nous 
admettrons  0  ,60  pour  l'erreur  probable  <  d'une  déclinaison  donnée,  et, 
en  outre,  0  ,07  pour  l'erreur  probable  <  d'une  coordonnée  rectiligne;  ces 
liypothèses,  si  elles  ne  correspondent  pas  toujours  complètement  aux  cir- 
constances réelles  de  la  pratique,  sont  néanmoins  suffisamment  approchées 
de  la  vérité.  En  tout  état  de  choses,  on  peut,  en  se  fondant  sur  ces  prémisses, 
arriver  à  une  appréciation  judicieuse  de  l'exactitude  des  opérations  des 
divers  rattachements  projetés,  <  el  <   étant  .misi  connues,  on  aura  : 


s 

II. 

Ml  lll.nl.-     1. 

n  . 

M   ihodi    11. 

il',  1        ■    1 

..   [5a 

1  .     . 

■       1     .\ 

...  1 

'., 

(  es  chiffres  rép lent  aux  questions  posées.  Dans  la  première  série 

on  voit  incrits,  sous  le  titre  n,  les  résultats  qui  désignent  .1  la  !<>i^  le  nombre 
de  degrés  carrés  ou  de  repères  utilisés  dans  les  trois  raccordements  su<  ces- 
sifs;  </.î,.'Av-  eprésentenl  respectivement  les  erreurs  probables  de  la 

moye !>■  16,    16  ou  (  ■  1  dé<  linaisons  :  ce  mmiI  îles  quantités  par  consé 

quent  indépendantes  de  tout  procédé  de  rattachement.  Considérons  main- 
tenant les  deux  dernières  séries.  I>.tus  la  deuxièi lonne  figurent  des 

nombres  qui  mit  été  obtenus  par  le  | ■  t  < > «  édé  suivant  : 

Étant  donnée  l'erreui  ,6o  d'une  coordonnée  équatoriale,  on  a 

cherché  le  nombre  de  ces n  In  nuits  dont  la  moyenne  conduirai!  aux 

irreurs el  on  les  a  inscrits  en  regard.    Les  valeurs  ainsi 

conclues  donnent  la  véritable  mesure  de  la  pré<  is.'hi  de  chaque  rattache- 
ment. 1  .  st  ainsi  que  le  m  un  lui'  23,o  inscrit  .1  côté  de  o",  1 25  indique 
pie,  par  l'emploi  de  la  première  méthode,  après  le  second  rattachement, 
on  arrive  à  une  exactitude  équivalente  à  celle  | iuréepar  23  repères  cou- 
vrant directement  le  cliché  principal.  Mais,  .1  l'aide  de  ces  quantités,  on 
peut  arriver  à  une  interprétation  encore  plus  générale. 

»  Nous  avons,  en  effet,  idmis  une  étoile  par  degré  carré  ;  dans  le  second 
rattachement  dont  il  est  question,  on  a  relié  1  >  plaques  contenant  les 
étoiles  connues  d'une  zone  de  16  1  trrés  d'étendue*  et,  comme  <>n  le 
constate,  on  n'obtient  que  l'effet  produit  j >;i  1  I  .  toiles  ou  par  une  sur- 
face «le   repères  de   a3°.   Les    nombres  n  ,  n    indiquent  donc  L'étendue 

d'une  surface  idéale  contenant  les  repères  qui  • sourent  directement  .1 

la  détermination  des  élémi  nts  <les  clichés,  repères  dont  les  coordonnées 
ne  se  trouvent  plus  par  conséquent  entachées  d'aucune  inexactitude  de 
raccordement.  Chacun  des  nombres  n',  n   fait  donc,  en  realité,  connaître 


(  i399 

le  béat  fice  ael  de  chaque  opération  de  rattachement  :  .un  si  lé  chiffre  ">  i .  \ 
de  la  troisième  -  _  i  «  ;  I  i  •  •  que  par  le  troisième  rattachement  <>n  dispose 
de  tous  les  repères  d'une  su  ,4  pour  la  recherche  des  constantes 
de  l.i  plaque  centrale;  d'un  auti  .  il  esl  clair  que  la  différence  entre 
1. 1  t.-  nombre  réel,  el  "■  i .  )  représente  le  nombre  des  repères  qui  <>m  servi 
.1  annuler  les  <  •  1 1  <  ■  t  ->  des  petites  inex  ictitudes  uniquement  propres  aux  me- 
sures mu  ! itriques  du  rattachement. 

\  oi<  i  maintenant  les  con<  lusions  auxquelles  cette  étu  le  donne  lieu  : 

i     En  effectuant  trois  r  oents  successifs,  il  est  certain  que  l'on 

ne  notablement  en  précision.  Wec  la  seconde  méthode,  on  sérail  même 

sûr  d'obtenir  un  profil  réel  en  exactitude  par  un  quatrième  rattachement 

s'étendanl  sur  i surface  de  ioo°  de  la  sphère  céleste.  I  .<•  béi  sérail 

peut-être  douteux  si  l'on  employai!  la  première  méthode  pour  cette  der- 
nière opération.  I  i  seconde  méthode  esl  bien  plus  exacte  que  la  première, 
m  us  l'application  il<"  celle-ci  est  tellement  commode  qu'on  pourrait  en  une 
innée  seule  effet  tuer  le  travail  des  deux  raccordements  pour  tous  les  cli- 
i  hés  de  la  <  ai  te  du 

•     \u  moyen  seulement  de  deux  rattachements  successifs  par  la  se- 

• !.•  méthode,  ou  en  en  effe<  tuant  trois  ù  l'aide  de  1  ■  première  méthodi  . 

on  disposera,  poui  la  détermination  des stantes  de  chaque  cliché,  en- 

riron  .:  o  étoiles  comprises  entre  la  i     el  1 1  ~   ->  tndeur. 

.     Les  éléments  de  la  réduction'seront  obtenus  ave<    une  exactitude 
ii.  s  i|.\.  e.   Les  <  ..nilitnnis  deviennent  plus  favorables,  si  l'on  emploie 

pour  déterm rieur  râleur  des  étoiles  séparées  par  une  distance  angulaire 

supérieure  ■<  l'étendue  d'un  seul  clich 

,    Il  sérail  tr<  !  !  te  le  lès  m  ourd  nui  le  catalogue complel 

étoiles  de  repère  réduit  à  l'année  1900    En  effet,  1  a  000  à  1  "• ■<•- 

pères  seulement  mi l lisent  pouralteindi but.  On  choisira  les  étoiles  su- 
périeures .1  la  -r  grandeur  <•(  on  ado  »tera,  p  irmi  elles,  celles  qui  possèdent 
les  positions  el  les  mouvements  propres  les  mienx  déterminés.  • 


ANALTSI   MATHÉMATIQUE.      Surunt  is  de  la  théorie 

fonctions  d'une  variable  compl  >    .  par  M.  Emu    Picabd. 

Bien  des  géomètres  ont  sans  doute  cherché  à  généraliser  la  théorie  des 
fonctions  d'une  variable  complexe.  Le  problème  n'étant  évidemment  pas 
déterminé,  on  peut  se  placer,  dans  une  telle  tentative,  à  des  points  de 


(    i4oo    ) 

vue  très  différents  |  '  ).  Le  point  de  %  ue,  auquel  je  \  aïs  ici  me  placer,  sem- 
blera peut-être  présenter  quelque  intérêt. 

„  |.  (  in  sail  que  l'étude  d'une  fonction  analytique  d'une  variable  com- 
plexe revient  à  l'étude  des  fonctions  réelles  P  el  Q  des  deux  variables 
réelles  x  el  )  .  satisfaisant  aux  deux  équations 

p       .i>  ;  dP  _  _    dQ 

g  (  les  équations  possèdenl  une  propriété  fondamentale  :  si  P  el  Q,  ainsi 
que  l\  el  Q,  représentent  deux  systèmes  arbitraires  de  solutions,  les  fonc 
tions  P,  el  «.»,.  <  onsid<  rées  comme  fonctions  de  P  el  Q,  satisfonl  au  sys- 
tème 

.-I'  ,)\' 

dP  dQ  dP  ' 

»  Il  est  naturel  de  chercher  ;i  généraliser  ce  résultat,  en  considérant  les 
systèmes  de  deux  équations 

f(àP     dP     dQ     dQ\ 
'  "  j        JP     dP     dQ     dQ 

'     ,  ■  jj   à    % 

telles  que,  P  el  Q  •hum  que  P,  el  Q(  désignant  deux  systèmes  quelc [ues 

de  solutions,  on  ait,  en  considérant  P,  el  Q,  comme  fonctions  de  Pet  Q, 

dP      dP,     dQ<     dQ 

\  ,P       „,      .„• 

'    M  ,>!•'    dQ'     dP  '     dQ 

»  Nous  faisons  de  plus  la  supposition  que  les  équations  soient  vérifiées 
pour  I'  '■.  Q  -  v.  (  )n  \.i  voir  qu'on  peul  effei  tuer  la  recherche  de  toutes 
les  équal s  jouissant  de  la  propriété  précédente. 


(•)  I  »  :  »  1 1  -  une  Noie  récente  (  omptes  rendus,  3  avril  1891),  j'ai  examiné  le  cas  de 
certaines  équations  où  les  coeffli  ients  dépendent  d<  -  variables  indépendantes.  Dans  le 
Bulletin  de  I"  Société  mathématique  1 15  avril  1  8g i     M    Vppell  •>  indiqué  un  systt  me 

de  quai [ualions  où  les  fonctions,  qui  5  figurent    se  trouvent  satisfaire  ■<  I  équation 

de  I  .aplat  e, 


I      l/|01      | 

\  l'aide  des  relal  "n^ 

/Il  y,.  '"'  '"' 

|   rfP  rfP  A. 

■ 

on  peut,  en  i  liraina  I  <l\ ,  exprimer  <I\\  el  dQ,  en  Fonction  de  rfP  el 

«/il.  «  omme  l<>  coefficients  de  </l'  <•!  t/Q,  dans  ces  dernières  expressions, 

vent  i  \  ement 

nts  sont  lu-»  par  les  relati  .   i  est-à  dire  par  l«'s  mèmi  - 

relations    <|m   lient   les   coefficients   de   l'une    el    l'autre   substitution  li 
'  »n  en  con<  lui  que  i  elle  substitution  linéaire,  effectuée  sur  les 
différentielles,  forn  ::ir,ni<  (i  i 

Il  résulte  de  I  i  ni  que  les  équations  |  i  |  peuvent  ôtre  obtenues  <l<- 

la  m. r<-  suivante.  Soient 

des  équations  définissant  un  groupe  continu  à  deux  paramètres,  dont  sont 
font  i s  '/.  b,  ■  ,  I .  <  »n  |i" 

a,  /'.  I. 

I  h  éliminant  les  deux  paramètres  entre  i  bi  quatre  équations,  on  <>l>- 
liendra  un  système  de  deux  équations  différentielles  entre  P  et  Q,  jouissant 
de  la  propriété  demandi 

On  sa    .  d'après  l<-^  un  thodes  <!<•  M.  Lie,  trouver  les  groupes  ■>  deux 

ibles  et  à  deux   paramètres.  La  question  proposée  est  donc    résolue; 

m'arrête  p  la  discussion,  qui  donne  d'ailleurs  des  types  très 

simples. 

-'     I  ■■  | il  de  vui    précédent  n'est  pas  borné  au  cas  de  deux  fon< 

ti<>!^.  <  onsidéranl  trois  fonctions  P,  Q,  R  de  trois  variables x, y,  z  el  un 

[ue  lui  util  Lbui    M    Soj  bus  I  ie  dans  de 

:l    -   J  i  —  1   ; 

i      .AU      \  l^2 


I    |0'J       ) 

sj  stème  de  trois  équations 


'  o  /«■(.,>,■>■ 

on  |>«-ui  se  proposer  de  trouver  !«••>  systèmes,  tels  que,  P,  Q,  li.  ainsi  que 
I'  .(),.!;,.  désignant  deux  s,, lu  lion  s  quelconques,  on  ait,  en  regardant  P,, 


Q,,  li,  comme  fonctions  <!<■  P,  Q,  R, 

,/lv    ,)\\    dP       Q     •".'     dQ     .'i;      m;      IR 

.,   La  méthode  «l< >m  nous  avons  plus  haut  fait  usage  trouve  encore  son 
application.  Les  équations 

àP  '   j  -"' 

</li  <A 

définissent,  i r  les  différentielles,  un  groupe  de  transformations  .1  sue  pa 

ramètres,  el  l' n  conclul  que,  si  l'on  prend  un  groupt   Linéaire  à  trois 

Bibles  el  si  1  paramètres 

I  '  ,11  l'\  :-  CZ, 

)  ,/,.»■  A,  1      • 

•  I      i  h.  | 

où  les  (a,  6,i  1  sont  fonctions  des  six  paramètres,  et  qu'on  pose 
dP  dP       ,  dP 

l, 

il,  02 

,)U  .il;        .  .'i; 

"-•  dj  -'  T:  ~~'    ■ 

oination  des  six  paramètres  entre  ces  neuf  équations  conduira  à  un 
système  de  la  forme  1  1  1,  jouissant  de  la  propriété  cherchée. 

»  .'}.  Les  considérations  précédentes  se  généralisent  d'elles-mêmes.  Pour 
bien  fixer  les  idées,  il  a  été  supposé  plus  haut  que  le  nombre  des  équations 


(  i4o3 

difTérentielles  étail  égal  au  nombre  des  fonctions.  <  m  peut,  d'une  manière 
plus  gén<  raie,  former  des  systèmes  dans  lesquels  les  équations  seront  en 
nombre  supérieur  aux  f<  ni  lions.  Si  nous  avons  //  foni  tions  de  n  variables, 
el  n  ■  /.  relations  >listni'  tes  entre  les  d  partielles  du  premiei  ordre, 

nous  aurons  i isidérerles^  res  //      p  paramètres. 

le  me  borne  aujourd'hui  i  ces  remarques  très  générales.  L'étude 
d'exemples  particuliers  ilculs  <|n<-  je  n'ai  \>^  i  ncore 
achevés.  Parmi  |uelques-uns  seront- ils  susceptibles  de  pré- 
sent)             la  théorie  des  t tions  d'une  variable  complexe  une  analogie 

l>lii^  esl  un  point  que  je  ne  puis  en  ce  moment  décider, 

mais  < l< h ii  je  me  r<  si  rve  'I''  faire  une  étude  approfondie. 


PHYSIQl  i  .        Sut  In   .  \  In  chaleur. 

V  lie  'li-    M  .    MlKCEl     Ml  im;i  / 

Dana  la  lin  dernier,  M.  Miculesco  <  présenté  ■<  l'A< 

demie  une  Note  sur  un  p  n  de  l'équivalent  mécanique 

de  li  i  haleur  qu'il  croit  nom  lé  comprend  naturellement 

deux  genres  de  mcsui  es  disl 

i    l  i  mesure  de  la  quantité  de  travail  développé  dans  un  temps  donné; 
l     Ile  de  la  quantité  de  chaleur  correspondante. 
ia  toutes  les  expériem  [u'<  derniers  temps,  la 

mesure  du  travail  mécanique  irtout  quand  ce  travail 

étail  produit  par  uni  m  mouvement  «  1  « •  rotation.  \iiim, 

dans  les  exi  i  entreprises  p  i    Un       ivants  sur  la  chaleur 

dévelop  i  ou  «lu  mercure,  le  travail  mécanique 

était  pro  Imi  par  I  i  <  bute  d'un  poids,  mais  une  partie  seulement  de  ce  tra- 
vail étail  transformée  <-n  chaleur  mesurable  par  le  calorimètre.  Il  fallait 
Paire  des  tions  pour  ti  mple  des  frottements  des  axes  qui  con- 

lui  tion  de  la  chaleur,  mais  dans  une  autre 
partie  de  l'appareil  que  •  <-ll>-  où  se  faisaient  !«■•-  mesures  i  alorimétriques. 

La  même  observa i  s'applique  aux  expériences  dans  lesquelles  M.  Violle 

lit  tourner  un  disque  -l<  ■  uivre  entre  les  branches  d'un  électro-aimant. 
I  rappé  i             nconvénients,  j'imaginai,  vers  1 880,  le  procédé  qui  est 
décrit  dans  la  <  omi :al  VI.  Miculesco,  el  qui  a  été  depuis  em- 

ployé ave»   quelques  modifications  par  M.  >l  Irsonval. 

.  dé,  qui  s'applique  a  une  foule  <!<•  rechen  hes  autres  que  celle 


(  i  io4  ) 

de  l'équivalent  mécanique  <1<'  la  chaleur,  est  basé  sur  les  considérations 
suivantes.  Dans  (ouïes  machines,  il  5  a  des  pièces  fixes  el  des  pièces  mo- 
biles; si  l'on  rend  mobiles  les  pièces  ii\e>  i  mais  en  ne  leur  permettant 
qu'un  très  petit  déplacement),  il  suffit  de  mesurer  l'effort  auquel  elles 
sonl  soumises  pour  en  conclure  le  travail  développé  par  les  pièces  nui- 
Iules.  L'exemple  le  |>lns  simple  que  l'on  puisse  prendre  de  l'application 
de  ce  principe  est  précisément  celui  que  j'ai  réalisé  le  premier  en  1881  : 
la  machine  dynamo-électrique  à  inducteurs  mobiles  montés  sur  couteaux. 
J'ai  décrit  publiquement  cette  machine  pour  la  première  Fois  en  t88i  au 
Congrès  international  'les  i  lectriciens,  dans  sa  séance  du  19  septembre 
(voir  le  Compte  rendu  des  travaux  du  '  g  publié  par  le  Ministère  des 
Postes  et  rélégraphes,  p.  l5o)('),  el  je  signalai  même  le  parti  que  l'on 
pouvait  en  tirer  pour  mesurer  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur. 

\u  mois  île  février  1  882,  je  construisis  une  machine  à  inducteurs  mu- 
Iules  munies  sur  couteaux,  qui  me  servit  à  faire  une  série  d'expériences, 

dont  une  partie  a  été  publiée  dans  le  journal  In  lumière  électrique  1  n iros 

du  17  juin  1882  ei  du  a  ;  décembre  t88  1  I  t6  août  de  la  môme  année, 
je  communiquai  au  Congrès  de  l'Association  française  pour  l'avancement 
des  Sciences  1  session  de  la  Rochelle  1  le  projet  'les  expériences  que  nous 
ile\niiis  faire  en  commun,  M.  d'Arsonval  el  moi,  sur  l'équivalent  méca- 
nique de  li  chaleur  el  dans  lequel  l'organe  :<  v  ;■  ni  pour  mission  de  trans 
former  le  travail  en  chaleur  était  un  tube  de  cuivre  monté  sur  couteaux 
1  dispositif  que  j'avais  d'ailleurs  déjà  appliqué  dans  mon  indicateur  magné- 
tique île  vitesse  ,  1  1  description  sommaire  île  l'ensemble  île  l'appareil  se 
trouve  dans  le  (  'omptt  rendu  du  I  ongrès  de  [882,  page  235. 

<■  Enfin,  en  [889,  je  fis  étudier  les  plans  'lune  mael >  dynamo-élec- 
trique puissante  (cenl  cinquante  chevaux),  qui  figura  .1  l'Exposition  de 
[88g  el  iluiit  les  inducteurs,  montés  sur  une  suspension  1res  mobile,  ana- 
logue ;i  celle  îles  grosses  cloches  'le  cathédrale,  étaient  susceptibles  d'un 
petit  déplacement  combattu  par  un  ressorl  dynamométrique,  qui  faisait 
connaître  ,1  chaque  instant  le  couple  appliqué  aux  inducteurs  et,  par  ■  •  •  1  « 


(')  Voici   textuellement   l<-  passage  '-m   question  :  n  L'orateui     M.   Deprez    signale 

également  | 'la  mesure  du  travail  al bé  par  les  machines  un  dispositif  qu'il  a 

imaginé.  Il  consiste  .t  rendre  mobile  le  bâti  qui  porte  I  -  limants  inducteurs. 

L'effort  d'entraînement  exercé  pai  la  bobine  sui  ce  bâti  mesure  exactement  le  travail 
dépensé.  »  In  peu)  p  effoi  1  en  mainten  ml  en  pi  11  ■■  le  bâti  mobile  ■>  l'aide  d'un 

li\  ier  chargé  d'un  poids . 


séquent,  &  l'anni         I      '••  ma<  hine  i  été  décrite  dans  le  numéro  du  [2  avril 

et  dans  cette  description  je  Fais  ressortir  le 
èral  de  ma  méthode  dynamométrique,  qu'on  peut  appliquera  un 
il  nombre  de  questions  de  M«  ca  nique  expérimentale  où  les  dvnamo- 
naires  ne  p              il  rendre  a,ucun  service.  Elle  permet  d'étu- 
dier séparémenl  !<■  travail  <  onsommé  |>.ir  chacun  des  or s  d'une  ma- 
chine quelconque.   Dans  !<•  >  ^  d'une  machine  dynamo   électrique,  |>;ir 
nple,  en  suspendant  les  indu*  leurs  sui  couteaux  el  en  fixant  au  sol  les 

balais  et  les  paliers  <\<-  l'axe  de  l'anneau,  <>u  éli le  d'un  seul  coup  la 

mesure  de  toutes  les  for<  es  outres  que  celles  qui  ><>nt  exclusivement  éle< 
triques  ou  magnétiques.  •  ette  métl  ippliquerait  Facilement  aux  ven 

tilateurs,  aux  pompes  centrifuges,  etc. 

i  ;  dé«  alorimétriquc  employé  par  M.  Miculesco,  et  qu'il  appelle 
méthodt  à  température  conttantt  employé  dès  1860,  par  Hun.  dans 

cpériem  es  sur  l'équivalent  mé<  anique  de  la  <  haleur.  Il  est  dé<  rit  à  la 

vpèrtmentah  </<  /</  Théorie  n 
nique  de  la  chaleur,  édition  de  1862.   Dans  ce»  dernières  années,  M    d'Ar- 
s.ms.il  en  1  fait  >l<-  fréquentes  applu  ations. 

1.  ferai  connaître  bientôt  nn  .1  |»j ►■•  1  <  I  nouveau  el  très  simple,  destiné 
.1  la  déterm  le  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur  et  qui  me  parait 

réunir  toutes  les  >  ondilions  désirables  <\  exactitude. 

En  terminant,  j<  marquer  que,  lorsqu'on  applique  1 procédé 

.1  l.i  mesure  du  travail  absorbé  par  une  machine  quelconque  en  employant 
un  moteur  électrique,  il  n'est  pas  m  re  de  pla<  er  I  an  te  des  couteaux 

de  suspension  <ln  bâti  dans  le  prolongement  <!<■  l'axe  de  rotation  <!<• 
l'anneau.  L'ensemble  de  toutes  les  actions  intenu  ».  motrices  <-i  résistantes, 

du  moteur  se  réduisant  1  n  eflfi  :  1  u iple,  il  >uilit  <l>-  placer  les  couteaux 

en  un  point  quel<  onque  du  bàli  1  dans  le  plan  horizontal  passant  par  l'axe 
de  rotai par  •  xemple  1,  el  de  mesurer  le  couple  d'entraînement  de  l'en- 
semble, ''ii  .i\  >  n  t  soin  de  ramenei  chaque  fois  l'axe  de  rotation  de  l'anneau 

dans  le  prolongement  'l>-  l'axe  de  rotai le  la  mai  bine  qui  absorbe  le 

travail  produit,  condition  facile  .1  remplir. 

Dans  ce  cas,  le  moteur  électrique  1  «  •  1  *  1  entier  esl  suspendu  sur  des 
couteaux,  el  il  esl  fai  île  de  démontrer  que  l<-  couple  d'entraînement  du 
bâti  esl  rigoureusement   égal  bu  couple  résistant  de  la   machine  mise  en 

mouvement,  sans  <|n'il  \  ail   de  correction  .1  faire  pour  te impte  du 

travail  résistant  absorbé  par  les  frottements  et  résistances  passives  de  toute 
nature  «lu  moteur  électrique.  Il  esl  bien  entendu,  d'ailleurs,  que  tout  le 


(  i io6  ) 

système  doil  être  équilibré  de  façon  que  son  centre  de  gravité  soit  situé  sur 
l'axe  des  couteaux.  » 


BOTANIQUE.        />•   la  formation  des  feuilles  des    I  sculuse/cfes  Paviaetde 
l'ordre  d'apparition  dU  leurs  premiers  vaisseaua  .  par  M.  .V.   lui  >  1 1. 1  '  i. 

«   Par  l'ordre  d'apparil de  leurs  folioles,  ces  feuilles  appartiennent  .1 

ce  qu'en  [853  j'ai  nommé  la  formation  basipèle  digitée,  c'est-à-dire  que 
c'est  la  foliole  médiane  qui  apparaît  la  première  au  somme)  de  la  proémi- 
nence initiale  uo  peu  comprimée,  qu'une  foliole  latérale  nall  ensuite  de 
chaque  côté,  puis  une  deuxième  aussi  de  chaque  coté,  el  une  troisième, 
m  la  feuille  doit  avoir  sept  folioles.  Celles  ci  sont  donc  loi  unes  de  dedans 
en  dehors,  ou  de  haul  en  l>as,  ce  qui  revient  au  même  dans  le  cas 
présent . 

»  Pérule.  I  '■•<  écailles  protectrices  des  bourgeons  sont  formées  par  îles 
pétioles  m  in  m  h  il  es  di-  folioles  avortées.  Leurs  faisceaux  représentent  ceux 
de  la  gouttière  ubrovasculaire  dorsale  du  pétiole  proprement  dit.  lai 
février  el  en  mais,  on  peut  voir  souvent,  dans  les  écailles  internes  les  plus 
jeunes,  l'ordre  '!'•  formation  «le  leurs  premiers  vaisseaux.  <  m  j  peut  trou- 
ver d'abord  un  vaisseau  ou  un  fas<  i<  ule,  qui  nu  m  h-  de  la  tige  el  qui  s'élève 
au-dessous  de  la  loliolc  médiane.  I  n  autre  nall  ensuite  à  petite  distance 
de  chaque  côté,  an  dessous  des  premières  folioles  latérales;  puis  un  ou 
deux  autres  apparaissent  aussi  de  chaque  côté  el  successivement,  suivant 
le  nombre  des  folioles  existantes,  en  sorte  que  les  plus  externes  sont  les 
plus  jeunes.  Ces  vaisseaux  ou  fascicules,  en  s'allongeanl  de  l»as  en  haut, 
arrivent  aux  folioles,  dans  les. pi. -Iles  ils  entrent  Minant  leur  ordre  de  nais- 
sance. Les  deux  vaisseaux  ou  fascicules  les  plus  externes  de  chaque  côté 

sont  ordinal  reine  ni   unis  .1  la  lia  se  de  l'écaillé,  et   -<  >lil  prolongés  dans  la  tige. 

Quand  ces  fascicules  primaires  oui  atteint  une  certaine  hauteur,  il  s"m- 
terpose  entre  eu\  des  vaisseaux  secondaires,  qui,  souvent  nés  libres,  à 
petite  distance  de  la  base,  s'insèrent  sur  la  partie  inférieure  des  primaires, 

et  qui,  parvenus  pies  du  liant  de  l'écaillé,  se  bifurquent  et  <l<> ni   une 

branche  au  côté  adjacent  de  1  hacune  des  folioles  voisines.  Ces  divers  fasci 
cules  longitudinaux  sonl  >  .  et  là  relies  par  de r\  ures  obliques. 

('il.  académie  décide  q tte  Communication    bien  que  dépassant  les  limites 

réglementaires,  sera  insérée  en  entier. 


I'1  s  il  «'si  produit   un,  deux 

ou  trois  rameau  es  •  |  <  ■  î  montent  dans  les  côtés  de  l'écaillé.  I  es 

•  peuvenWêtre  d'abord  formés  de  courts  vaisseaux  libres 

lesdeux  bouts,  qui  renl  bientôt  sur  ! < ■  •  ■  - 1 .   basilaire  d«'s  fas.-i- 

culi  s  .   !      sent  .1  peu  près  dichoto- 

miquement,  et  leurs  ramules  plus  ou  moins  incl s,  courbés  vers   le 

bords  de  l'écaillé,  ^- ■  n  1  ■  ■  1 1  ■  ->  <'n  1 

'■ni  des  Faisceaux  primaires  des  écailles  de  la 
de  est  donc  basil  .1   3  faisci  lux  des  feuilles  pro- 

1  dans  l< -^   Esculus  Hipf  tum  et  rubt 

cunda,  don)  je  p  11  lerai  d'abord. 

Quand  on  étudie  I  évolution  «Ic^  feuilles  de  ces  deux  espè<  es,  en  fé 
>,  mi  trouve  fort  souvent  dans  ces  jeunes  organes,  hauts  <lr 

leurs  premiers  vaisseaux  apparais- 
sent, •!< nme  dans  les  écailles  protectrices,  mais 

Lié  inférieure  ■  !<  1  ha<  une  des  folioles.  I  e  de  ces  \.n>- 

seaux  naît  dans  la  t •  •! i« •!••  n  (ntôt  après  il  en  apparaît  un  sem- 

blable •  I  •  n ^  les  doux  pi  oies  latérales,  ''t  un  plus  tard  eni  ore 

dans  le  mi  l'ordre  de  naissance  de  celli 

premiei  1  de  ch  ige  par  en  haut  dans  la   nei 

vure  médiane,  et  par  en  bas  dans  le  pétiole.  D'abord  simple,  H  commence 

.1  être  doublé  d'un  auti  1  li le  na  ssa 1  seulement  plus  tard 

dans  toute  sa  longueur.  On  trouve  fi  [uemment  ces  premiers  vaisseaux 
allongés  .1  des  degn  s  divers  dans  la  même  feuille.  Le  médian  peut  arriver 
.1  l.i  base  du  pétiole,  <-i  même  le  dépasser  de  beaucoup,  quand  les  premiers 
vaisseaux  <l< -^  l"  In  •!•••»  latérales  voisines  ne  font  que  commencer  à  déborder 
dans  le  haut  de  1e,  «•!  même  quand  il  n'existe  pas  encore  <l«'  pre- 

miei  iu  dans  les  folioles  latérales  l<s  |>|u*  externes. 

Q I  toutes  les  folioles  sont  | rvui  s  de  leur  premier  vaisseau  pro- 

è  par  en  bas,  le  pétiole  en  linaux,  si  U  feuUle  a  cinq 

es,  "n  sept  si  la  feuille  •■  sept  divisions.  Dans  le  pétiole  d'une  feuille 
ayant  i  n.|  folioles,  le  premier  vaisseau  de  la  première  foliole  latérale  de 
g  m.  heet  de  droite  se  courbe  ii  ■  ni  vers  l'extérieur,  |>ivs  du  lias  de 

ce  pétiole,  et  quand,  un  |><'ii  |>lus  tard,  le  premier  vaisseau  'l<'  la  nervure 
médiane  de  la  foliole  externe  s'allonge,  il  vient  s'insérer  sur  ce  vaisseau 
fascicule  courbé  et  ils  descendent  ensemble  dans  la  tige.  Quand  la 
feuille  .1  sept  folioles,  c'est  le  premier  \  >  >seau  ">i  1  1-'  i<  ule  de  la  dt  uxième 
foliole  latérale  qui  se  c *be  ainsi  au  bas  du  pétiole,  <■!  c'est  sur  lui  que  va 


(  r4o8  ) 
s'insérer  le  premier  vaisseau  «I--  la  foliole  externe,  <pii  est  la  troisième  la- 
térale. Dans  ce  cas,  le  premier  vaisseau  de  la  première  foliole  latérale  des- 
cend directement  dans  la  tige,  <>n  bien  il  \;i  s'unir,  au  bas  du  pétiole,  avec 
le  vaisseau  ou  fascicule  venu  >l<'  la  foliole  médiane. 

Sur  il>'^  coupes  transversales  du  pétiole,  ces  fascicules  sonl  disposés  en 
arc,  de  manière  que  celui  qui  prolonge  la  nervure  de  la  foliole  médiane 
occupe  le  milieu  du  dos  de  ce  pétiole;  tandis  que  ceux  qui  prolongenl  la 
nervure  médiane  des  autres  folioles  se  rangent  de  chaque  côté,  d'arrière 
en  avant,  suivant  la  position  respective  de  a  -  folio 

^près  l'apparition  «le  ces  faisceaux  primaires  du  pétiole,  d'autres  vais 
m  mux  naissenl  sur  les  côtés  de  la  nen  ure  médiane  de  chaque  lui  mie.  Ils  com- 
mencent au  bas  de  celle-»  i,  ordinairement  par  un  court  vaisseau  qui,  paï- 
en haut,  peut  être  juxtaposé  à  ceux  de  la  nervure  médiane,  <-i  par  en  bas. 
souvent  quand  il  est  libre  par  les  deux  bouts,  peut  s'allonger  <i  se 

mettreencontact.au  sommet  du  pétiole,  avec  un  homologue  venu  du 
côté  adjacent  de  la  foliole  contiguë.  L'un  de  ces  vaisseaux,  ou  tous  les 
deux,  descendant  dans  le  milieu  de  l'espace  qui  sépare  deux  faisceaux 
primaires,  il  en  résulte  le  commencement  d'un  fascicule  secondaire  qui, 

au  bas  du  pétiole,  s'allie  à  l'u aux  deux  faisceaux  primaires  voisins. 

(  hi  le  trouve  parfois  arrêté  pais  haut  au  contact  «le  l'un  de  ces  deux  fais 
ceaux.  D'autres  l"is.  1rs  vaisseaux  nés  aux  côtés  «le  la  nervure  médiane 
■  le  ileu\  folioles  adjacentes  ne  s'unissent  pas  au  sommet  du  pétiole;  ils 
restent  séparés,  indépendants  l'un  de  l'autre.  Dans  ce  cas.  au  lieu  d'un 
seul  faisceau  secondaire  interposé,  il  j  en  a  deux.  \msi  se  trouve  accru  le 
nombre  des  faisceaux  pétiolaires  dorsaux-latéraux.  Il  est  à  remarquer  que 
ces  faisceaux  interposés  achevés  sonl  placés  ordinairement,  ou  i  rès  sou 
vent,  sur  un  plan  un  peu  plus  interne  que  les  faisce  "i\  primaires  i  Esculus 
Hïppocastanum,  rubicurnia,  etc. 

»  L'ordre  d'apparition  «les  premiers  vaisseaux  >l«s  faisceaux  primaires 
il  secondaires  «si  notablement  différent  dans  les  Pavia  maerostackya, 
lutea,  rubra,  californica,  etc.  Il  \  naît  bien,  très  fréquemment  aussi,  des 
I  remiers  vaisseaux  dans  les  nervures  médianes  des  folioles  avant  qu'il  en 

c\|s|e  dans   le   prtmle.  el    ils  s'a  1 1«  »  1 1 1_1  <  !  Il  I    plus  OU   moins    par    «Il   bas    d.ili- 

organe;  mais  il  arrive  ordinairement  ou  du  moins  très  souvent  qu'il  naît 
au  bas  de  celuH  i.  ou  même  dans  la  tige,  des  vaisseaux  qui  montent  a  la 
rencontre  de  ceux  qui  descendent  et  s'unissent  avec  eux.  Cette  double 
origine  ascendante  et  descendante  des  vaisseaux  a  lieu  non  seulement  pour 
les  faisceaux  primaires,  mais  aussi   pour  les  secondaires  (Pavia  califor- 


.  rubra,  macrostachya,  etc.  i.   tssez  s,,,,\.-iit  cette  double  manier. ■  de 

naître  est  i  |  »•- ■  i  près  Bimultanée  en  haut  et  en  bas.    Dans  beaucoup  de 

i  la  partie  supérieure  basipètequi  apparall  la  première,  tandis  que 

d'autres  I  -t  la  partie  inférieure  basifuge  ou  ascendante  <jui  précède 

'I"'1"""1  '  dernier  étal  est  fréquent  pour  les  faisceaux  secon- 
daires, plus  rare  pour  les  faisceaux  primaires.  I  a  bel  <■  v <-m | »lc  m'en  a  été 
donné  par  une  feuille  h. eut.-  de  du  Pavia  rubra.  I  ne  foliole  latérale 

externe  n'avail  encore  aucun  vaisseau  dans  -.1  nervure  médiane,  quand, 
au  bas  du  pétiole,  ce  qui  devait  être  le  prolongement  de  cette  nervure, 
en  possédait  un  qui  était  inséré  déjà,  comme  d'habitude,  sur  le  bas  courbé 
•  in  vaisseau  appartenant  a  la  foliole  latérale  voisine.  Tel  est  en  résumé 

I  ordre  de  formai les  faisi  eaux  dorsolaléraux  des  pétioles  des    Eteulus 

ri  des  Pavia. 

1  ijouten ncidemment que,  le    <\  janvier,  une  feuille  à'JEscuku 

Hippocastanum,  haute  de  1"".  m  1  offert,  outre  les  premiers  \aiss,..ni\  dé- 
butant dans  les  trois  folioles  du  milieu,  un  las.  nul.-  vasculaire  conique, 
monté  de  la  lige  dans  le  |"  1  •■!■  :  I  n'avail  aucun  rapport  direct  avec  les 
\  de  la  nervure  de  la  foliole  médiane  placée  au-dessus,  dont  il 

était    ti'  Dans  •  autre  feuille,  il  \   avait   de   plus,  ..  petite 

distai lans  le  ■  "!<•  droit  «lu  pétiole,  un  court  vaisseau  situé  au-dessous 

.1.-  la  première  foliole  latérale  de  ce  coté. 

•  ■  -  deux  faits,  <-n  quelque  sorte  ex<  eptionnels  .lans  .  .i  /  :».  uius,  el 
qui  i  raisemblablement  s.  ml  .lus  a  la  lenteur  de  la  végétation  . .  ette  époque, 
ont  été  présentés  aussi  par  les  Pavia  californica  et kttea,  observés  en  février, 

en  mars  el  ai nmem  emenl  d'avril.  I  n  effet,  il  n'est  pas  rare  de  trouver 

un  vaisseau  dans  leur  pétiole,  avant  mémequ  il  «m  existe  .lans  1rs  folioles. 
La  disposition  des  premiers  vaisseaux,  surtout  .lans  le  Pavia  californica, 

ente  des  aspei  |  variés,  que  je  ne  puis  retracer  ici.  Mais  quels 

que  soient  1  es  aspei  is,  quand  l'ébaui  he  de  t"us  les  faisceaux  .-si  achevée, 
la  i|is|i.isii générale  de  ■  es  faisceaux  est  toujours  la  mém 

Quelques-uns  <l<-  >  es  aspei  ts,  el  aussi  l'accroissement  ascendant  de  la 
partie  min  uni-. ■  d<  tux  primaires  el  secondaires  des  divers  Pavia 

.  a.  s.  tendent  à  rapproi  lui  l'évolution  des  premiers  vaisseaux  des  feuilles 
proprement  «lii.'s  de  celle  des  vaisseaux  des  écailles  protectrices. 

Le  développement  ascendant  des  vaisseaux  de  ces  écailles,  que  j'ai 
ommencemenl  de  cette  <  ommunication,  peut  être  vérifié  vers 
la  Im  d'avril,  en  mai  el  même  ai  tuellement,  quand  toutes  les  feuilles  con- 
tenues dans  le  I rgeon  formé  l'année  préi  1  dente,  el  qui  doivent  s'épa- 

C.   K  -  1     •   \ll.   N     25.)  lOJ 


(  i4io  ) 
iiouir  durant  le  printemps,  seul  ébauchées;  parce  qu'alors  débutent  déjà 
les  écailles  du  bourgeon  < ! •  ■  1 1 1  les  feuilles  s'épanouiront  l'année  suivante. 

»  Pendant  cet  épanouissement  des  feuilles,  la  végétation  s'affaiblit  dans 
celles  du  sommet  du  rameau,  de  façon  que  sou\  ent  les  dernières  arrivées 
a  la  lumière  u'ont  que  des  folioles  extrêmement  petites.  Les  bases  de  leurs 
pétioles  constituent  les  premières  écailles  de  la  pende  qui  enveloppe  le 
nouveau  bourgeon  jusqu'au  printemps  suivant. 

»  L'affaiblissement  de  la  végétation  continuant  dans  le  bourgeon,  dont 
les  feuilles  viennent  de  s'épanouir,  les  folioles  des  dernières  feuilles  ébau- 
chées restent  rudimentaires.  La  vie,  en  quelque  sorte,  les  abandonne  el 
ne  se  manifeste  que  par  l'a»  croissement  du  pétiole  qui  s'élargit,  s'épaissit 
notablement  et  verdit  chez  les  écailles  les  plus  externes ,  tandis  que  leur 

partie  supérieure  se  détruit  ;  cette  partie  supérieure  reste  stationna lans 

les  dernières  produites.  C'est  le  ralentissement  de  la  végétation  en  haut 
de  >es  organes  qui  fait  que  les  vaisseaux  ue  b'j  développent  pas  tout 
d'abord.  La  naissance  de  <  eux-ci  si  ni  les  progrès  de  la  végétation  :  ils  appa- 
raissent de  bas  en  haut.  \u  contraire,  quand  plus  tard  la  végétation  devient 
pins  active  dans  le  bourgeon,  elle  est  plus  puissante  principalement  dans 
l'extrémité  supérieure  des  feuilles  ébauchées  qui,  dans  ce  cas,  accroissent 
surtout  leurs  folioles.  Le  développement  de  celles-ci  l'emporte  dois  de 
beaucoup  sur  celui  du  pétiole.  Dans  les  jeunes  feuilles-écailles,  «'était  le 
peiic le  qui  prédominait  grandement.  C'est  évidemment  à  cette  plus  grande 
activité  de  la  végétation  des  jeunes  folioles  qu'est  due  la  précocité  de 
l'apparition  de  leurs  premiers  vaisseaux.  I  uns,  nés  d'abord  dans 

leur  nervure  médiane,  progressent  ensuite  de  ha  ni  en  l>as.  (  et  te  direction 
du  développement  des  vaisseaux  n'est  point,  du  reste,  un  fait  particulier 
aux  feuilles  des  JEsculus  :  on  l'observe  dans  l'évolution  des  feuilles  d'un 
assez  grand  nombre  de  végétaux. 

»  Pendant  el  après  I  ébauche  des  faisceaux  de  la  gouttière  Gbrovascu- 
laire  dorsale,  il  en  naît  d'antres  ,,  |.<  face  antérieure  du  pétiole,  ik  sont 
situes,  d.nis  l.s  coupes  transversales,  suivant  la  corde  de  l'arc  fibrovascu- 
laire.  ik  ferment  par  conséquent  ladite  gouttière  sur  toute  la  longueur  de 
I  organe.  Us  sont  déjà  très  d,\  eloppés  dans  des  pétioles  de  -•""".  J'en  ai  vu 
débuter  dans  un  pétiole  de  i"""  de  longueur  i  Esculus  Eippocastanum  ».  Au 
sommet  du  pétiole,  chacun  d'eux  ne  correspond  pas  a  une  foliole  particu- 
lière. En  les  suivant  de  bas  en  haut,  après  avoir  enlevé  le  tissu  cortical  qui 
ouvre,  on  les  voit  se  dilater  notablement  sur  le  sommet  pétiolaire,  puis 
se  diviser,  el  chacun  donner  des  branches  à  la  face  antérieure  de  la  nen  ure 
médiane  de  deux  folioles  contiguës. 


(  l'Ill  ) 

Les  nervures  médianes  des  folioles  sont  construites  sur  le  même  type 
que  le  pétiole.  Il  5  •■  une  gouttière  dorsolatérale  relativement  profonde, 
formée  d'un  l.n^  eau  médian  dorsal  et  de  trois,  quelquefois  quatre  fais- 

\  de  chaqu  laquelle  gouttière  esl  fermée  par  trois  ou  quatre 

eaux  qui,  un  pen  au-dessus  de  l'insertion  des  folioles,  se  fusionnent 
en  un  s. -ni.  large,  symétrique  des  faisceaux  antérieurs  pétiolaires(  Escuius 
mum  i. 

I  n  < >iii ri   il.  aux  dorsaux,  latéraux  <-t  antérieurs  du  pétiole  el 

des  nervures  médianes  des  folioles,  il  \  .1  encore,  dans  la  région  centrale 

enchymateuse  (ou  médullaire  ganes,  un  ou  plusieurs  faisceaux. 

Il  \  «-n  .1  un  dans  le  milieu  de  <  haquc  nervure  médiane  <li">  folioles,  deux, 

[uatre  vers  l<-  milieu  de  la  hauteur  du  pétiole  de  1'  Escuius Bippo 

tanum;  il  \  en  ■  cinq  on  sii  me,  et  sept  <>n  huit  près  du 

sommet.  I  /  tculus  rubicunda  en  présente  davantage,  jusqu'à  <li\  ou  on  e 
au  sommet,  11  \  en  <  aussi  dans  le  Pavia  rubra.  Il  n'en  existe  pas  dans  le 
pétiole  iln  /' 

Dans  les  feuilli  de  I   Escuius  Hippocastanum,  ils  ont  fréquem- 

ment tous  leurs  vaisseaux  •  la  périphérie,  avec  le  liber  au  centre.  D'autres 

les  vaisseaux  n<-  forment  qu'un  1  en  le  incomplet,  ou  n'occupent  que 

deux  points  opposés  ou  un  seul  | it  de  leur  surfai  e.  Dans  ce  cas,  ils  sont 

diversement  orient*      l  ourenl  le  pétiole  dans  tout 

leui .  \u  bas  de  1  el  organe,  ils  s'insèrent  sur  des  faisceaux  antérieurs 
ci  sur  des  latéraux  l'en  ai  vu  un  s'inséranl  par  trois  branches  sur  trois 
faisceaux  différents,  sur  deux  latéraux  et  sur  un  dorsal.  Dans  ['JEsculus 
rubicunda,  où  ils  sont  disposés  suivant  une  sorte  de  triangle  ou  de  croissant 
sur  des  plans  divers,  on  en  in  mi  m-  qui  s'unissent  deux  à  deux  avant  de  s'in- 
1  sur  un  fais<  eau  latéral  périphi  1  ique  ou  sur  un  1  ollatéral  du  faisceau 
dorsal  médian. 

I  m  les  (  laminant  «  I  *  -  l>.is  en  haut  dans  le  pétiole,  on  en  peut  voir  qui 

s'allient  el  se  fusionnent.  [1  en  résulte  que  ces  faisceaux*  entraux  sont  humus 

nombreux  vers  le  milieu  de  la  hauteur  du  pétiole;  mais  vers  le  baut  de 

c  élu  h  1  on  en  observe  en  voie  de  division.  I  à,  près  du  sommet,  six  sont 

mivanl  un  an  .  av«   un  ou  deux  autres  sur  la  corde  de  col  arc 

/  tculus  II  mum  1. 

I  ne  dissecl attentive  montre  leurs  rappoi  ts  avei  les  faisceaux  péri- 
phériques et  avei  ceux  des  nervures  médianes  des  folioles,  lu  sommet  du 
pétiole,  un  fai  central  se  bifurque  vis-à-vis  de  chaque  angle  qui 

si  pan  la  base  de  deux  folioles  adjacentes  :  une  branche  s'adjoint  aux  Lus- 


(   i4«  ) 
ceaux  latéraux  «lu  l>as  d'une  •  I  »  -  ces  folioles  el  l'autre  branche  aux  Faisceaux 
latéraux  de  la  foliole  \ oisine. 

»  En  suivant  de  haut  en  l>as  le  faisceau  central  m  délical  «l»'  la  nervure 
médiane  de  chaque  foliole,  on  le  voit  ordinairemenl  se  bifurquer  à  son 
entrée  dans  le  pétiole  :  une  branche  \a  s'unir  à  l'un  des  faisceaux  parié- 
taux voisins,  tandis  que  l'autre  branche  aboutit  à  l'un  «les  faisceaux  cen- 
traux pétiolaires.  D'autres  fois,  les  deux  branches  descendent  dans  le  pétiole 
et  s'allient  chacune  à  un  faisceau  central  différent;  ou  bien  encore,  après 
s'être  reliées  par  un  courl  rameau,  aux  périphériques  du  voisinage,  elles 
se  rapprochent  l'une  de  l'autre  el  se  fusionnent  en  un  seul  faisceau  (entrai. 

»  Dans  la  base  dilatée  du  pétiole,  les  faisceaux  antérieurs  se  rapprochent 
de  ceux  <|ui  forment  la  gouttière  dorsale  el  s'adjoignent  aux  primaires. 
Les  faisceaux  secondaires  interposés  à  ceux-ci  b'j  ajoutent  également.  Il 
en  resuite  qu'il  ne  reste  à  l'insertion  de  la  feuille  qu'un  nombre  <le 
faisceaux  égal  d'ordinaire  à  celui  des  folioles.  '  est  pour  cela  que  les ,  ica- 
trices  laissées  sur  les  rameaux  après  la  chute  des  feuilles  ue  présentent  la 
trace  que  de  <  Inq  ou  de  sepl  taist  eaux.  Quelquefois  pourtant,  mais  bien 
rarement,  d  \  en  a  six.  Uors,  avec  le  dorsal,  il  en  existe  trois  d'un  >  ôté  el 
deux  de  l'autre.  El  j'ai  remarqué  que  si  cela  a  lieu  dans  des  feuilles  de  la 
même  pane,  le  nombre  trois  de  l'une  esi  opposé  à  <  elui  de  l'autre  feuille, 
el  symétriquement  le  nombre  deux  de  l'une  au  nombre  deux  de  l'autre. 
Ce  qui  est  bien  remarquable,  c'est  que  les  deux  feuilles  peuvent  n'avoir 
chacune  que  cinq  folioles  i   Esculut  Hippocastanum). 

»  En  grandissant,  chaque  foliole  produit  des  nervures  pinnées  de 
i  haque  côté  de  la  nervure  me. liane,  et  à  son  bord,  de  chaque  côté  aussi, 
des  dents  qui  présentent  une  particularité  bien  singulière.  C'esl  que  ces 
dents  qui  commencent  à  se-  montrer  un  peu  au-dessous  de  l'acumen,  dans 
des  folioles  hautes  de  omm,6o  a  omm,8o,  ne  terminent  pas  les  nervures 
pourvues  de  vaisseaux  les  plus  âgées.  I  n  peu  plus  tard]  d  en  est  formé 
plusieurs  autres  de  bas  en  haut  au-dessus  des  premières,  sur  les  i  ûtés  de 
l'acumen,  et  d'autres  de  haut  en  bas  au-dessous,  sur  le  bord  inférieur  de 

la  foliole  i  dEsCulllS  Hippot OaStOJlUm  ). 

»  Les  premiers  vaisseaux  des  nervures  pinnées  apparaissent  dans  les 
plus  longues  de  eelles-ei,  i|iii  vint  situées  dans  la  région  inovenne  la  plus 

ample  de  la  lame,  et  qui  correspondent,  non  aux  dents  ébauchées  les  plus 
saillantes,  mais  aux  plus  larges.  «  es  dénis  de  la  région  moyenne  sent  plus 
larges  que  les  autres,  parce  qu'elles  doivent  produire  un  plus  grand 
nombre  de  dents  secondaires.  Elles  en  donnent  souvent  cinq,  quelquefois 


,4i3) 

six  el  sept,  qui  naissent  de  bas  en  haul  sur  leur  côté  externe,  libre  au  bord 

de  la  lame  i  '  i.  Les  dents  se< laires  inférieures,  qui  sonl  les  plus  âgées, 

peuvent  portei  des  dents  de  troisième  ordre.  Les  dents  primaires  situées 
dans  la  région  supérieure  de  la  lame  el  celles  < j ■■  i  sont  au-dessous  dans  la 

h  info  rieure  ne  donnent  qu'un  plus  petit  nombre  de  dents  secon- 
daires, qui  va  en  diminuant  de  Ims  en  haul  vers  !<•  sommet  de  la  t < •  1 1 ■  ►! t ■ . 
de  haut  en  bas  vers  la  base  de  celle-ci.  roui  •  * i *  l>.is.  la  lame  n'est  fré- 
quemment plus  dentée  <lu  tout  sur  une  i  ertaine  longueur!  sEsculus  Hippo- 
ctutanum  |. 

I  i  distribution  des  dents  .1  donc  lieu  suivant  une  formation  mixte.  Il 
en  est  de  même  >!«•  l'apparition  d<  -  iux  dans  les  nervures  pinm 

1  aux  naissent  dans  les  nen  un- s  de  la  région  moyenne, 

les  autres  nervures  en  s. .ut  pourvues  de  basen  haut  dans  la  partie  supé- 
re  de  la  lame,  «  I  «  -  haul  en  bas  dans  la  partie  inférieure     Escuius  el  Pa 

l  Kl    lll\  1 

li-  rameaux  \.is,  u  la  ires  des  nervures  pinnées  qui  vont  aux  dents  se- 
condaires naissent   régulièrement  el  successivement  de  1>.is  en  haut,  les 

ix  correspondant  aux  dents  s ndaires  inférieures. 

Quand  une  <l<-ut  s,-,  ondaire  porte  une  denl  U  rliaire,  cette  dernière  a 
d'ordinaire  s. m  premier  vaisseau  celui  de  la  denl  secondaire. 

Quelquefois  cependant  ■  <•  premier  vaisseau  de  la  dent  tertiaire  est  inséré 

Mir  celui  «I nervure  voisine  appartenant  au  réseau   vasculaire.  Il  j  a 

donc  un  ordre  d'apparil  .  l<-s  vaisseaux  dans  la  partie  supérieure 

des  nervures  pinnées.  Mais,  in  nia  ni  que  ce  développement  vasculaire 
commence  dans  les  pn  dents  secondaires,  à  l'intérieur  de  feuilles 

d'environ  1  ■.•" ""  de  hauteur  totale,  il  s'en  fait  au-dessous  un  autre  que  je  ne 
veux  pas  toutefois  déclarer  nettement  basipète,  sur  la  partie  de  chaque 
nervure  pinnée  qui  esl  plongée  dans  le  parenchyme  de  la  lame.  Sur  le 
faisceau  vasculaire  de  chacune  de  ces  nervures,  il  naît,  après  le  premier 

vaisseau  qui  ^.i  .1   la  denl   s ulaire  inférieure,  un  peu  plus  bas  sur  le 

même  côté  externe,  un  premier  vaisseau  qui  s'allonge  dans  une  nervure 
transverse  parcourant  !«•  parenchyme  interposé  à  deux  nervures  pinnées 
voisines.  1  n  deuxième  vaisseau  transverse  apparat!  ensuite  un  peu  plus 
bas,  puis  un  troisième  <-t  un  quatrième,  etc.  <  es  vaisseaux,  à  peu  près 


l    -  dénia  primaires  de  la  moitié  supérieure  des  foliole!    '     1    /  tcutus  rubi- 
nl  bien  plus  fi  app  intes  elles  poi  lenl  des 


(  »4i4  ) 
droits  ou  flexueux,  s'étendent  parfois  jusqu'à  la  aervure  pinnée  voisine , 
mais  très  souvent  ils  s'arrêtenl  en  chemin,  se  bifurquent  et  leurs  branches 
s'unissent  avec  des  vaisseaux  analogues  <>u  avec  des  vaisseaux  venus  du 

> 

côté  supérieur  correspondant  de  la  nervure  pinnée  adjacente.  Il  <'n  résulte 
des  mailles  dans  lesquelles,  un  peu  plus  tard,  en  sont  formées  de  plus  pe- 
tites qui  complètent  le  réseau  vasculaire.  La  même  production  vasculaire 
s'opère  dans  imb  les  intervalles  des  nervures  pinnées,  de  l>as  en  haut  dans 
la  moitié  supérieure  de  la  foliole,  de  haut  en  bas  dans  la  partie  inférieure. 


physiologie.  —    i>e  la  glycofyse  hèmalique  apparente  et  réelle,  et  sur  une 
méthode  rapidi  >/  xge  du  gfycogéne  du  sang  :  par   MM.  K. 

i  A  un  chien  à  l'inanition  depuis  plus  d'un  jour  on  retire  du  -.nu  arté- 
riel, en  observant  strictement  les  précautions  indiquées  dans  notre  der- 
nière  Note   (Compta  rendus,  séance  du    •>  mai)  j >< "m-  la  détermination 

du  pouvoir  glycolytique  du  sang  non  défibriné  ; portion  du  sang  tombe 

.m  sortir  <\<-  l'artère  dans  le  sulfate  de  soude  à  plus  de  900  <  !.  pour  le  do- 
sage du  sucre  initial,  el  quatre  autres  dans  quatre  Wallons  renfermant  du 
sable  1  >■  1"  '  .  De  ces  quatre  portions,  une  reste  à  cette  température  pendant 
quinze  minutes,  une  autre  trente  minutes,  une  autre  quarante-cinq  mi- 
nutes, el  la  dernière  une  heure.  lu  bout  <\f  ces  temps  on  dose  l<-  sucre 
dans  chacune  de  1  es  portions  1  en  versant  le  sang  dans  le  sulfate  de  soude 
a  plus  de  qo°(  .  •.  Si  l'on  représente  par  100  le  sucre  initial,  on  obtient,  en 
négligeant  les  dé<  imales,  les  chiffres  suivants  : 

.  Iidqur 

quart  d'heure. 
V I •  1  ■  -  i5  minutes         .    '   1  ■ 

»      3o        d  3i  7 

1  "'  - 1  •  5 

1   heure  72  4 


»  Si  l'on  procède  exactement  de  même  chez  un  chien  bien  nourri  de 
soupe,  on  constate  que,  dans  le  premier  quarl  d'heure,  la  perte,  loin  d'at- 
teindre l 2  pour  mu,  est  a  peu  près  nulle. 

»  Pour  expliquer  ce  résultat,  on  pourrait  supposer  que  le  ferment  gly- 
colytique se  dégage  des  globules  blancs  plus  tardivement  si  l'animal  a  été 
bien  nourri.  ."Mais  cette  hypothèse,  toute  gratuite,  n'expliquerait  pas  pour- 


quoi  il  j  B  fréquemment  dans  le  premier  quart  d'heure,  uon  seulemenl 
absence  de  perte,  mais  augmentation  sensible  desacre.  Cette  augmentation 
Il  encore  plus  Fréquente,  mais  Faible  d'ailleurs,  dans  l<-  sérum  obtenu 
pai  centrifugation  du  sang  d'un  chien  bien  m. uni  de  soupe,  ei  maintenu 
une  beu              C.  On  sait  par  nos  recherches  (Comptes  rendus,  séance  du 
que  le  ferment  glyt  olytique,  <|m  <^t  contenu  dans  les  glo- 
I  m  l.-s  1  .l.iit.  s.  fait  défaut  dans  le  sérum.  Il  faut  donc  admettre  qu'il  se  pro- 
duit il ii  sucre  dans  le  sang   et  même  dans  le  sérum  l,  ^iii>  doute  aux  dépens 
de  la  matière  glycogène,  donl  l'existence  éventuelle  dans  le  sang  .1  .  i,   ad- 
mise  par  plusieurs  auteurs,  <-t  qui,  d'après  M.  Imau  I,  j   serait  constante. 
1  connaître  la  quantité  di  qui  se  produil  aux  dépens  du 

glycogène  hématique,  il  faut,  par  un  artifice,  empocher  la  glycolyse. 
Pour  cela,  après  l'obtention,  ;i  |>lu^  de  9o°(  ..  d'une  portion  de  sang  pour 
le  dosage  du  sucre  initial,  <>n  <'n  fait  tomber  quatre  autres  dans  le  sable, 
non           '    .  mais  presque  goutte  .1  goutt  l  ,    Nous  avons  montré 

.  1  ompli  »  n  ndus,  séance  du  19  janvii  que  le  fermenl  glycoly  tique  est 

détruit   à    'i  '       I  n  désignant   par   le  sucre    initial,    <»n  obtient   les 

.  Iiilli  es    suivants  : 


\  pi  es  i5  minuit 

■  I      In 

Dans  un  tel  sang  renfermant,  1  on on  voit,  une  quantité  assez  con- 
sidérable de  ^l\'  og«  ne,  on  l'isole  fat  ilemenl  au  moyen  de  la  méthode  <l<- 
|.i  m  ke. 

Dans  plusieurs  ni  ajouté  de  la  saliveau  sang,  is  n'avons 

pas  observé  que  la  production  du  sucre  lui  augmentée.  Il  semble  donc 
<|u«'  le  Fermenl  diastasique,  donl  l'existent  e  dans  le  sang  est  bien  connue, 
n'a  pas  besoin  de  l'adjonction  de  salive. 

I  11  résumé,  -1  l'on  apprêt  ie  Forl  exactemenl  le  pouvoir  glycolytique  du 

d'un  c  bien  .1  l'inanition  en  soustrayant  la  quantité  de  sut  re  obtenue 
après  une  heurt  |°C.  de  la  quantité  initiale,  il  n  en  est  pas  de  même 

avec  le  sang  d'un  chien   biei ri  de  soupe  :  chez  lui,  on  n'obtienl  de 

cette  manière  que  la  perte  apparente  el  non  la  perte  réelle.  Pour  avoir  cette 
dernière,  il  Faut  ajouter  à  la  perte  apparente  la  quantité  de  sucre  qui  s'esl 
produite  pendant  le  même  temps  el  qui  esl  vraisemblablement  égale  au 


1 18 

18 

■  • 

" 

I  .',><•>  ) 

gain  que  l'on  obtient  par  le  chauffage  à  >8°<  ,  \  cette  dernière  tempé- 
rature, la  transformai  ion  du  glycogène  en  sucre  es!  1res  prompte  :  aussi,  au 
bout  d'une  heure,  est-on  sûr  de  doser  (à  l'étal  de  sucre)  la  tut. dite  du 
glycogène  du  sang. 

MÉMOIRES  LUS. 

téléphonie.  —Su/un  ré  eptt  ur  téléphonique  de  dimensions  t  depoids  r\  duits, 
dit  bitéléphone.  Note  de  M.  E.  Hbbcadibb. 

i  Rem  "i  a  la  Section  de  l'nv  sique.  i 

((     A   la    suite   «le   nies   r,  ,  lu  -|  elles  sur   les   ellels  téléphoniques,   ni  il  a  lllllienl 

de  celles  dont  les  résultats  onl  été  insérés  dans  les  (  omptes  />  ndus,  les  s  «t 
i  ".  avril  1889,  1  •-•.  et  1  m  janvier  1 891,  j'ai  été  conduit  aux  conclusions  sui- 
vantes :  Dans  un  téléphone  qui  doit  servir  de  récepteur,  d  esl  possible 
d'obtenir  à  la  lois  la  netti  té  dans  la  reproduction  des  indexions  variées  de 
la  parole  articulée,  et  {'intensité  nécessaire  | ■  tous  les  us.i^es  du  télé- 
phone. Pour  cela,  il  suffi!  :  1"  de  donner  au  diaphragme  du  téléphone  l'é- 
paisseur juste  suffisante  pour  absorber  toutes  les  lignes  de  force  i\a  champ 
de  son  aimant;  a0  de  diminuer  le  diamètre  jusqu'à  ce  que  le  son  fonda- 
mental ei  les  harmoniques  du  diaphragme  encastrés  soient  plus  aiejis  que 
ceux  de  la  voix  humaine,  <  'est-à-dire  plus  ai^us  que  I  ///  . 

On  reconnaît,  en  outre,  qu'en  satisfaisanl  a  ces  deux  conditions,  on 
peut  obtenir,  avec  des  téléphones  a  <  hamp  magnétique  lies  faible,  des  ré- 
sultats comparables  en  intensité  et  supérieurs  en  netteté  a  ceux  .pion  ob- 
tient avec  des  appareils .,  champs  beaucoup  plus  intenses,  >•!  qui,  par  con- 
séquent, ont  un  poids  ei  un  volume  beaui  oup  plus  considérables. 

On  conçoit  des  lorsqu'on  puisse  :  d'une  part,  prendre  des  aimants 
lus  petits  a  deux  branches  ou  même  i seul.-,  comme  ceux  des  télé- 
phones Bell  primitifs,  et,  par  suite,  des  bobines  très  petites,  ce  qui  permel 

de  réduire  dans  la  proportion  de  I  à  '  le  poids  d.-  i  elle  paille  du  télé- 
phone; d'autre  part,  réduire,  comme  on  l'a  indiqué  ci-dessus,  l'épaisseur 
et  surtout  le  diamètre  du  diaphragme,  don  résulte  d'abord  une  diminution 
du  volume  de  la  boîte  ou  il  esl  en<  astre,  et,  secondement,  par  suite  de  la 
minceur  de  ce  diaphragme,  la  possibilité  de  I  encastrer  solidement,  ionien 
remplaçant  les  boîtes  métalliques  pardes  boites  en  ébonile,  ce  qui  diminue 
encore  considérablement  le  poids  total  de  l'appareil. 


I  «II- 

lyant  eu  besoin  d'employer,  dans  certaines  recherches  d'électricité, 
des  téléphones  pouvant  servir  de  galvanoscopes  très  sensibles,  j'ai  songé  i 
utiliser  les  résultats  précédents  [mur  construire  un  téléphone  très  léger, 
|((tii\;iiit  rester  li\<-  aui  oreilles  pendant  des  journées  entières  s.ms  fatigue 
pour  l'opérateur,  el  laissant  l«s  deux  m. nu.  constamment  libres. 

»  J';n  réalisé  plusieurs  types  d'instruments  de  ce  genre,  en  employant 

.1rs  téléphones  •«  un  ou  ■*  deux  pôles,  ré s  |>.n-  un  ressort  en  fil  d'acier  de 

2mm  de  diamètre,  V,  comme  l'indique  la  figure  ci-contre  qui  représente, 
réduit  au  quart  de  sa  grandeur,  l'un  de  ces  appareils  auxquels  j'ai  donné  le 
nom  de  b'uéléphonei   l  i  botte  est  en  ébonite ,  le  couvercle  est  terminé  par 


.1rs  ajutages  recouverts  d'embouts  en  caoutcl c  //,  qui  peuvent  être  re- 
tirés et  changés  à  volonté  chaque  opérateui  ayant  1rs  siens  pour  son  usage 
et  '|ui  pénètrent  .1  l'inU  rieur  des  oreilles  par  suite  i\'nu<-  faible 
torsion  <\  arrière  •  tn  avant  opérée  préalablement  sur  le  ressort.  Ils  s'ap- 
puient .uns]  sur  le  conduit  auditif,  et  une  légère  pression  du  ressort  \  qui 
passe  -"us  le  menton  <l<-  I  opérateur,  réglée  par  lui  en  <•<  aria  ni  plus  i>u 

moins  les  deu«  brani  hes  du  \  .  maintient  les  deux  télépl is  contre  les 

oreilles.  <  eux-ci  ne  pesant  que  ilors  que  1rs  téléphones  ordinaires 

ni  environ  joo  .  et  ne  <lrji.iss.ini  pas  '>""  à  i""  de  diamètre,  ne  pro- 
duisent pas  de  fatigue,  ni  même  de  gène,  au  bout  de  quelques  minutes 
d'u   ' 

1  1  ressort  en  acier  peut  servir  .1  relier  électriquement  deux  des  quatre 
bouts  des  bobines,  de  sorte  qu'il  suffit  de  deux  cordons  pour  relier  l'instru- 
ment aux  appareils  pour  lesquels  il  doit  servir.  Ce  ressort  peut  d'ailleurs 
Être  aimanté  el  contribuer  .1  renforcer  ou  à  maintenir  l'aimantation  dis 

C.   K. ,1891,1"  Semestre.  ,  I      CXII,  N     25.)  '  'S  I 


(  «4i8  ) 

aimants  des  téléphones.  Il  peut,  par  suite,  jouer  un  triple  rôle  :  méca- 
nique, électrique  et  magnétique. 

»  Les  bitéléphones,  imaginés  ainsi  pour  un  usage  scientifique,  ont  été 
essayés  comme  récepteurs  avec  les  microphones  transmetteurs  ordinaires 
sur  des  réseaux  téléphoniques,  notamment  sur  des  lignes  souterraines  de 
5okm  à  75km  de  loii-ui'iii'.  sur  une  ligne  de  800"™,  sur  la  Ligne  récemment 
construite  de  Paris  à  Londres;  ils  ont  donné  de  bons  résultats  qui  lesonl 
(ait  accepter  parmi  les  appareils  dont  L'emploi  esl  autorisé  par  L'Étal  dans 
les  réseaux  téléphoniques. 

»  Cet  instrument  s'adapte  à  tous  les  systèmes  de  transmetteurs  télépho- 
niques en  usage;  il  peut  être  utilise  par  Les  personnes,  si  nombreuses, 
qui,  possédant  un  poste  téléphonique,  ont  besoin,  soit  de  prendre  des 
notes  pendant  qu'elles  transmettent  ou  reçoivent  «les  messages  téléphones, 
soit  même  de  Les  écrire  intégralement.  » 


CORRESPOIVDAJNCE. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  </>■  la  nouvelle  planèu 
découverte  à  l'Observatoire  ■/<  Nice,  le  1  \  juin  1891 .  Note  de  M.  Chahlois. 

ision 

Dair-  19  un  rlr..iir  1    .  Distance  polaire       Log.  faci. 

1891.  d<   \  appai  parall.  apparente.  parai); 

Il         m        1  h       ■ 

Juin   1  1 1  i  .    ".  iii  ...  .1  [  l3. 10.5  t>. 

1  1 io. 55. 36  1 .  1... .  1 1  ;.  1 1 .    i,6        ■  •  ■ 


»  La  planète  est  de  1  '•'  grandeur. 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  nouvelle  planèu  Charlois  (1891 ,  juin  11), 
faites  à  l'Observatoire  d'Alger,  au  télescope  tfeom,5o;  par  MM.  Rajibadd 
et  Sy.  Communiquées  par  M.  Mouche/. 

Plam  te      1  toile. 

I  " •  -ilc  — — -— _  _-^— -  Nombre 

Dates  île  Iscenaion  de 

1891.  comparaison.  Grand.        droite.         Déclinaison.       comp.      Obs. 

m        i  r         " 

Juin    [2...  a  Zones  d'Argel.  <'.. it.  Vienne,  n°  13378  g  4-o.3i.ig  — 2.    4-6  18:10  R. 

12  ...  a  — o.3o.24  — 2.   5.i  18:10  S. 

i3...  a                                                                     »  — 0.24.08  — 2.i5.6  18:  i4  H. 

i3  .  .  .  a                                                                     »  — o.  ■  1 .  '.'■  -2.17.9  12:12  S. 


i   i4i9) 

Position  de  l'étoile  de  comparaison. 


\ 

■a 

ur. 
k       m      • 

a 

</  ■ 


D    liaauon 

Rédaction 

au 

jour. 

\ 

o 

-5 

—5 

l.inder 

le  l'i  planèti . 


: 

\ 

i  '     linais  n 

f.irt 

paraît. 

apparente. 

parall. 

k      a     ■ 

.  ..       i 

h       m      ■ 

— a3. i i 

0,882 

i  •. 

.          II.  , 

—  a3. 1 1 .   3,9 

0,883 

113, 

i  i  .  i  i .  i 

0,884 

i  ; 

ii    16,7 

o,884 

ASTRONOMll    PHTSIQUE.        Phénomêm  lumineux  extraordinaire  observé  sur 
A  Soleil.  Note  de  M.  I.    I.    Taoi  w  1  m  .  présentée  par  M .  Janssen. 

Le  17  juin  1  .  temps  moyen  de  Paris,   je  projetais  l'i- 

solaire  sur  un  écran,  quand  mon  attention  lut  éveillée  par  un  phé- 
nomène lumineux  extraordinaire,  qui  ae  ressemblai!  en  1  Ien  à  1  e  que  j'a- 
vais observé  jusqu'alors  sur  le  soleil. 

rout  contre  le  bord  occidental  de  l'astre,  «m  voyait  une  tache  lumi- 
neuse sous-tendanl  un  :  1 1  n.- ! < •  de  t°  sur  le  limbe, qui  surpassait  bien  loin  en 
■  c  lai  les  lu  ules  l<"^  plus  brillantes  que  j'ai  observées  jusqu'ici.  La  lumière 
ni  tait  pas  blanche  1  omme  celle  des  facules,  mats  légèrement  jaunâtre  et 

avait ■  1 .    !  !  im  e  frappante  avec  celle  des  lampes  .1  in<  andescence, 

un  peu  avant  qu'elle  n'acquière  s aximum  d'éclat  :  un  phénomène 

d'absorption  sans  doute,  peut-être  dû  1  l'épaisseur  considérable  de  I 'at- 
mosphère  solaire  du  limbe.  <  ette  lumière  avait  un  aspect  toul  particulier, 
i|ui  la  distinguai!  .1  première  vue  de  «  elle  des  Facules,  même  les  plus  bril- 
lantes. Son  appare était  plutôt  celle  d'un  flambeau,  brillant  sur  le  fond 

m  nul  m-  de  cette  partie  ■!  1  Soleil,  que  1  elle  d' facule  incandescente. 

M.i  première  impression  fut  que  j'avais  affaire  à  une  illusion,  el  que 
l.i  lumière  solaire,  passant  par  quelque  étroite  ouverture  autour  de  l'ocu- 
laire, était  la  cause  du  phénomène  ;  m. us  je  lus  bien  vite  convaincu  qu'il 
était  sois 


(   i4ao  ) 

»  En  effet,  une  minute  plus  tard,  il  apparaissait,  un  peu  au  nord  de  cel 
objet,  une  espèce  de  facule  étroite,  parallèle  au  limbe,  dont  elle  était  peu 
distante,  et  s'étendant  sur  un  arc  de  5°  à  6°.  Cel  objet,  un  peu  moins 
éblouissant  que  le  premier,  émettait  la  même  qualité  de  lumière.  Sur  le 
long  de  son  bord  intérieur,  on  distinguait  quelques  petits  points  noirs 
semblables  à  ceux  que  l'on  voit  si  souvent  sur  !«•  boni  des  facules  qui  sont 
proches  du  limbe. 

»  Après  deux  ou  trois  minutes  passées  à  observer  ces  phénomènes,  j'a- 
daptai lestement  le  spectroscope  à  la  lunette,  et  deux  minutes  plus  tard 
j'observais  les  phénomènes  qui  étaient  situés  :  le  premier  à  2810  et  le  se- 
cond de  2860  à  2Q2°.  Le  premier  consistait  en  un  centre  èruptif,  duquel 
s'échappaient  des  espèces  de  bombes  volcaniques  extra-incandescentes,  qui 
s'élançaient  dans  les  hauteurs  à  2  ou  »  au-dessus  de  la  chromosphère,  où 
elles  restaient  comme  suspendues,  et  apparaissaient,  comme  des  globules 
éblouissants,  sur  le  fond  lumineux  rougeàtre  sur  lequel  elles  étaie  ni  pro- 
jetées. 

»  Malgré   l'éclat  éblouissant  de  cette  éruption,  je  fus  déçu  dans  n 

attente,  et  il  devint  évident  pour  moi  que  le  phénomène  lumineux  s'était 
notablement  affaibli  pendant  les  quelques  minutes  passées  à  ajuster  le  spec- 
troscope. \  oulanl  m'assurerdu  fait,  j<-  retirai  promptemenl  cel  instrument 
«■I  le  î-eii  1  pi  ara  1  par  l'ot  u  l.m  v,  et  je  projetai  de  nouveau  l'image  sur  l'écran. 
1  où  quelques  minutt  s  plus  tôt  étincelail  une  si  éblouissante  lumière,  on 
ne  voyait  rien  d'inusité,  pas  même  la  plus  faible  tra<  e  de  facule. 

»  Ceci  constaté,  le  spectroscope  fut  replacé  en  position.  La  protubérance 
avait  le  même  éclat  qu'auparavant,  mus  les  globules  étincelants  étaient 
remplacés  par  des  filaments  nombreux  et  fort  brillants,  qui  s'élevaienl  .1 
une  plus  grande  hauteur. 

»  Malgré  le  vif  éclat  de  cette  protubérance,  fort  peu  de  raies  du  spectre 
se  trouvaient  renversées.  <  mtre  les  raies  ordinaire  <  ,D',  F  et  G  qui  étaient 
toutes  excessivement  brillantes,  on  ne  voyait  que  la  raie  6676,8,  dans  le 
rouge,  le  groupe  petit  b  dans  le  vert,  et  une  raie  imparfaitement  identifiée 

dans  le  bleu  ;  peut-être  (394,8, me  autre  raie  si  lu  ce  dans  son  voisinage 

immédiat.  Sur  les  deux  raies  <lu  sodium  I  >'  et  I  >J.  on  ne  voyait  aucun  indice 
de  rrn\ ersement. 

»  A  ioh24m,  les  jets  lumineux  Les  plus  élevées  de  la  protubérance  attei- 
gnaient la  hauteur  de  '.  ■_■  ,  .  Lu-dessus  on  distinguai!  une  lumière  difiuse 
sans  structure  bien  définie.  I  tu  reste,  les  vapeurs  lactéesde  notre  atmosphère 
réduisaient  l'éclat  du  phénomène. 


I     ,21        , 

<  ette   protubérance  causait   des  déplacements  considérables  sur  la 

i  les  autres  raies,  les  déplai  ements  se  faisant  par  place  du  côté  le 

plus  réfrangible  des  i  par  d'autres  sur  l«-  côté  le  moins  réfrangible. 

D.nis  l.i  partie  inférieure  de  la  protubérance,  où  !<••>  déplacements  attei- 

ent  leur  maximum,  les  déviations  atteignaient  9,  >  dix-millionièmes  de 
millimètre  de  longueur  d'onde.  \  mi-hauteur  <!<•  la  protubérance,  l'un  de 
s.  >  filets  c  .ms.iit  nue  déviation  un  peu  moindre  que  celle  que  nous  venons 
d'énom 

\  midi,  l'éruption  esl  un  peu  moins  violente,  mais  les  jets  lumineux 
sont  ,  h.  01  e  brillants  <-t  très  élevés. 

Le  18  juin,  .  I  énergie  cruptive  de  la  protubérance  esl  encore 

forte,  et  ses  jets  alteignenl  une  grande  hauteur.  IU  changent  rapidement 
de  forme,  l'activité  du  phénomène  augmentant  et  diminuant  alternative- 
ment. Quand  «■! I«-  augmente,  les  jets,  qui  ai  ra  •  rent  une  netteté  extraor- 
dinaire, -"ni  parallèh  s  de  leur  base  jusqu'à  une  certaine  hauteur.  Il  sem- 
blerait qu'ils  s.mt  ,  ■  et  visqueux,  comme  s'ils  sortaient  s.his  forte 
pression  d'<  ouvertures.  tprès  s'être  élevés  presque  parallèlement 
jusqu'à  une  certaine  hauteur,  ils  décrivent  des  courbes  qui  vont  s'accen- 
tuant  et  qui,  s  élevant  .1  différentes  hauteurs,  retombent  vers  le  Soleil  dans 
toutes  les  directions.  Quand  l'activité  diminue,  la  partie  supérieure  des 
filaments  lend  .1  se  dilater  et  revêt,  de  pins  en  |>lns,  l'aspect  des  protubé- 
rances non  éruptives  \  1  i  .  le  calme  est  rétabli,  el  toute  trace  de  pro- 
tubérant >•  èruptii  e  a  disparu. 

Dans  la  littérature  solaire, is  ne  voyons  que  les  deux  observations 

simultanées,  <\  1  on  el    Hodgson  (Monthly  Notice*  H.    I.  S., 

vol.  XX,  p.  1  •- 1  eptembre  1859,  qui  semblent  avoir  quelque 

rapport  ave<   le  phénomène  que  nous  avons  observé.  Simultanément,  a\  ci 
l'éruption  observée  en  i85q.  une  forte  perturbation  magnétique  était  ob- 
servée c  K.ew,  it  des  aurores  polaires  intenses  illuminaient  le  ciel  dans  la 
nuit  qui  suivit  l'éruption.  En  a-t-il  été  de  même  pour  l'éruption  de  1891  .' 

mi  1  Ri]  .   —  Sur  la  </'  /'  rminalion  des  sur/eu  ■  1  tpiraù  1  d'après  leur  élément 
tinéain  .  Note  de  M.  L.  K  w  *  1 .  présentée  par  M.  Maurice  Lévy. 

\n\   termes  d'un  beau   théorème,  dû  à  M.  Maurice  Lévj  1  '  l,  étant 
donnée  un*  tpiraù  quelconqu  ,UenexisU  une  double  infinité  d'autres,  qui  sont 

(»)  Comptt  1    I.WW  11.  p.  788. 


(  «4aa  ) 

applicables  sur  elle.  Leur  détermination  dépend  d'une  équation  que  nous 
allons  mettre  sous  une  forme  remarquable. 

»  On  sait  que  tout  élément  linéaire  de  spirale  peut  s'écrire 

(I)  ds*  =  e*'Vi(du*  +  dv*), 

en  désignant  par  U  une  fonction  de  M.  D'autre  pari,  (on  te  spirale  est  repré- 
sentée en  coordonnées  semi-polaires  par  les  formules 

s  =  s0<  r  =  r„e' '',  8    -to0-+-Av. 

■  m  :  .  ■  .       sont  des  fonctions  île  u,  ei  h  une  constante.  En  identifiant  son 
élément  linéaire  avec  le  pré<  édent,  on  trouve  les  trois  conditions 

I  », 

'   '  <  =  o. 

■         l     . 

mi  les  accents  désignent  des  dérivées.  Ce  système  détermine  les  trois  fonc- 
tions in<  onnues. 
»    Dans  l'hypothèse  particulière  1      k*      o,  qui  ne  convient  qu'à  'les 

spirales  imaginaires,  Tel  un  mai  ion  île  .- ,  ei  Je  . .   donne 

l  -       i  il-         I  -I    •       o. 

équation   lima  ire  par  l'appui  I  a  /    .   <  >n  peut  donc  I  nui  ver  par  quadratures 

seulement  une  infinité  simple  «le  spirales  imaginaires  applicables  sur  toute 
spirale  donni  e. 

»   Dans  le  ea s  général  i  -\- k*     o,  éliminons  r„  et  . ,    entre  les  trois  e.pia 
lions  précédentes;  il  vient  ainsi,  imis  calculs  faits, 

(l)  k\i  :      >=*M   '-1   '». 

»  Telle  est  l'équation  du  problème.  En  la  supposant  intégrée,  on  con- 
naît s0,  et  par  suite  /„:  il  n'\  a  plus  qu'à  effectuer  nue  quadrature  pour 
avoir  io0.  Or  l'intégrale  générale  s,  contient,  outre  le  paramètre  k,  une 
constante  arbitraire,  ce  qui  démontre  le  théorème  de  M.  Maurice  I  .<-\  \ . 

o  1.  L'équation  <  i  i,  malgré  sa  simplicité,  n'est  pas  de  celles  que  l'on 
sait  intégrer  en  général.  Comme  elle  est  <lu  -enre  zéro  par  rapport  à  z„ 
<l  r  .  on  peut  la  ramener  a  un  type  étudié  par  divers  auteurs.  Posons,  en 
.11.1 . 

A-'U'-l    ;  __,      ;/1  „  _JJ  .    _    /(«)    . 

7î  —/    \"   ■ 


v/i  -t- ?       °    \/m* 


(  i4*3  ) 
nous  obtiendrons  pour  équation  transforn 

•■.,!.■■     _,]=„. 

Or  celle-ci  esl  visiblement  intégrable  par  une  quadrature  quand  la 

logarithmique  .l>-  f(u)  esl  <  onslante.  I  d  moyeu  simple  de  réaliser 

■   rconstance  consiste  .1  prendre  l        ■     .  I  a  conséquence,  quelle  </ut- 

toit  l,i  <  orutanlt  m,  nu  peut  "/'/'  nir pardi  -  quadratures  (ont,  s  h  s  spirales  d'élè- 

iii-  lit  UtU  nir< 

,/s-        ,-   ,-         :  r    •    ,/. 

I,   Il   \n-iii  de  remarquei   que  l'équation  (1)  est  exactement  de 

même  forme  que  celle  donl  dépendent  les  lignes  géodésiques  des  spirales. 
Soit,  '-ii  effet,  Pi  ".  c  \  l'intégrale  générale  de  l'équation 

I-       1  l  -. 

1  in  sait  que  les  géodi  siques  des  surfaces  <jm  admettent  l'élément  li- 
aéaire  1  I    ont  pour  équation  finie  t  P       const. 

Supposons,  d'autre    part,  qu'on  ait,  par  un    procédé  quelconque, 
complètement    déterminé   les  géodésiques,   ce  qui  arrive  pour  <h\' 
classes  de  spirales.  L'équation  Unie  <1<-  1  es  lignes  est,  d'après  ce  qui  pré- 
.  ède,  de  la  forme 

1       .         ...... 

i.int  les  il<-u\  constantes  arbiti  lires,  Fe  .lis  qu'on  en  peut  déduire 
l'intégrale  générale  P  de  l'équation  I   t  effet,  en  différentiant  l'équa- 

tion |  1  '  par  rappoi  t  à  r,  on  troui  e 

PP        P  P 

d'où  l'on  tire,  «-n  ayant  1  gard  à  l'équation 

P  p  1 


i'  i'        1  i-  ■ 

\iiim  P  se  déduit  de  P   pardiffy  rentiation.  Or,  à  cause  dee"P|       const., 
,,. .us  aurons  P    1  à  un  fa<  leur  près,  1  e  qui  suffit  1  par  l'équation 

I    »,  p;, 
,     i  onnaissanl  de  la  sorte,] '  certaines  formes  déterminées  de  la 


(  '4*4  ) 
fonction  -l.  l'intégrale  générale  de  l'équation 

I  :  --     U), 

si  l'on  voulait  en  déduire  des  cas  d'intégrabilité  de  l'équation  (i),  il  lui 
«Irait  poser 

fi)     »_    rj'l  **,],»(«   |; 

l'équation  ainsi  établie  sérail  du  même  type  el  présenterait  !»•>  mêmes  dif- 
ficultés d'intégration  que  la  proposée.  Remarquons  toutefois  qu'il  suffirait 
d'en  apercevoir  quelque  solution. 

»  C'est  ce  < j ii i  arrive,  par  exemple,  quand  <m  cherche  les  spirales  appli- 
cables sur  la  surface  engendrée  par  la  développée  d'une  chaînette  tournant 
autour  de  sa  base;  leur  élément  linéaire  étant 

,/v-'        -      COS'  "  i.hr    ■    d\       . 

on  est  conduit  à  intégrer  l'équation 

V(z\   -    :  ■  >       4'COS1-  -      !  sin»". 

i 

qui,  pour  a£  =   t,  se  réduit  à  z;       .- .       cosa. 

»  Or.  j'ai  montré  (p.  5i 8  de  ce  Volume)  que  l'élément  linéaire  des  spi- 
rales harmoniques  peut,  dans  le  i  is  général,  «ire  ramené  à  la  forme 

,A-      ,  •   faco        — As, ,,         -  \(du*  +  dva). 

(  ni  m  m i  sait  trouver  les  géo  lésiquesde  toutes  les  surfaces  bar un  pu -s. 

un  connaît,  quels  que  soient  a,  b,  m,  l'intégrale  générale  de  I  équation 


•    " 


'  "  ;       •      r,  '  " 

acos  '-sin  — , 


b  sin 


qui,  pour  ///      2,  </      b      i .  se  réduit  à  la  proposée.  <  >n  c ait  «Inné  une 

infinité  simple  de  spirales  applicables  sur  la  surface  considérée.  » 


géométrie.  —  Sur  une  class<  particulier   de  congruences  de  droites.  Noie 
de  M.  <<■  Goicbabd,  présentée  par  M.  Darboux. 

«  Soit  I)  une  droite  de  la  congruence;  F,  I  1rs  foyers;  C  le  milieu  de 
II'';  II  le  plan  mené  par  C  perpendiculairement  à  D.  Appelons  surface  mé- 
diane le  lieu  deC,  surface  centrale  l'enveloppe  de  II.  Les  congruences  qui 


I    i  ,  .■  3 

fonl  l'objet  de  cette  M  lenl  cette  double  propriété;  aux  dévelop- 

pables  i\<-  li  congTuen  respondenl  des  courbes  conjuguées  sur  les 

surfaces  mr.li.nn'  et  .  eutrale. 

i                                 des  quantités  proportionnelles  aux  cosinus  direc- 
teurs de  D;  par  les "données  du  point  C;  par  xtytz,,  x   v .  : . 

celles  de  I   et  F';  supposons  toutes  ces  quantités  exprimées  à  l'aidededeux 
variables  u  et  f>,  telles  que  //      const.,  i       const.  représentent  les  dév< 
loppables  de  la  congruence. 

La  premier ndition  exige  qti  enl  solution  d'une  équation 

de  I  aplai  e  i   a\  iri  ints  èf>  iux  :  •  es  quantités  étanl  déterminées  à  un  fac- 
teur près,  "H  pourra  supposer  que  cette  équation  a  la  forme 


On  aura  dors 


' 

' 

1 

• 

avec  les  formules  analogues  p étant  une  quatrième  solution 

de  l'équal 

I  ■  i  ivons  maintenant  que  la  seconde  condition  est  satisfaite.  I  es  coor- 
données iln  plan  II  sont 

cl      /'. 

/' 

II  l.iui   et  il  suffit  que  />  soit  une  solution  d<     i).  O    on  a,  en  tenant 
compte  des  équation  et  en  posanl 


- 

—.  2à      du  ' 


àp        v  •  ■'' 

_    ;  0       1 


C.  h..  Semenrr    (T.  CX1I,   N     26 


(  '426  ) 

».    Or 
(  )n  devra  avoir 

l  ii  différentiant  par  rapport  à  v  l'égalité 

Mmi        fin  ■     illi 


V  "  M  .-• 


du 

,1/1  di 

à 

à 

,h 

o. 

on  aura 

V 

lit-  du       ■  .m  ,h        au  i) 

I  .'équation  i  3  |  de\  ienl  alors 

>.  M  -.- 
ce  qui  se  réduil  « 

\iiim  '/  doit  être  une  fonction  de  p.  Le  problème  revienl  donc  à  trou- 
ver quatre  solutions  .  .  et  "k  d'une  équation  de  la  forme  I  ■  l et  telles  que  •■ 
soi!  une  foncti I< 

Voici  des  solutions  particulières 

i  '  )  constant;  les  surfaces  focale    ïe  réduisent  ••  des  courbes. 

constant  :  les  développables  de  la  congruence  touchent  les  sur- 
faces focales  suivant  leurs  lignes  de  courbure;  les  courbes  conjuguées  qu'on 
trouve  sur  la  surface  centrale  ^"ni  des  géodésiques. 

.  ',■  .  :  les  surfaces  médiane  et  centrale  s<>ni  confondues;  la  surface 
commune  est  minima  et  la  congruence  est  composée  'les  aormales  à  cette 
surface.  » 


GÉOMÉTRIE.  Sut  certains  systèmes  d*  coordonnées  sphériques  et  sur  les  sys- 
tèmes triples  orthogonaux  correspondants.  Note  de  M.  A.  JM.nn.  pré- 
sentée par  M.  Darboux. 

«   Je  me  propose  de  montrer,  dans  cette  Note,  que  la  détermination  des 

surfaces  2,  qui  forment  une  famille  <le  Lamé  lorsqu'on  les  soumet  à  une 


(  «427  ) 
translation  i  ne  convenable,  revient  à  i  elle  «1»^  systèmes  sphériques 

orthogonaux  -..  pour  lesquels  les  paramètres  différentiels  y-'  el  ps  <l<* 
l'élément  linéair  •  de  la  sphèi  c  véri6  •  il  la  rela 

Si  I  >>ii  désigne  par  -  coordonnées  d'un  point  (|iii-lc-«>nt|ti«- 

de  la  surface  I  rapportée  .1  ses  lignes  de  courbure  (v)  et  (u  1,   les  équa 
ris 

représentent  1 1  famille  P  obtenue  en  transportant  i.  parallèlement  à  <  >:  : 
de  plus,  suivant  qu'on  \  suppose  i  ou  "  fonction  de  h  .  elles  donnent  une 
surface  <  [  m  1  <  oupe  1  dans  chacune  de  ses  positions  suc<  essives  suivant  une 

de  ses  lignes  de  • bure    >  1  ou  (u  .  Pour  qu'il  existe  deux  surfaces  2 

el  1  qui,  transportées  parallèlement  1  '•--,  forment  h-s  deux  familles 
1  onjuguées  .1  l  ,  il  faut  alors  <•!  il  sulfit  que  les  équations 

f*l        A  dw       >>.  :  '///  -f-  n  du 

exprimant  l'orthogonalité  de  1    el  1    avec  1.  donnent  séparément  une 

fonction  de  w,  la  première  pour  > .  la  seconde  |»>nr  a.  <  lela  i\i_;<-  que 

•*<ni  indépendant  de  ".  el  .  indépendant  <l<-  > .  D'ailleurs  ces  deux  condi- 
tions se  ramènent  .1  une  seule 

o, 

qui  exprime  la  propriété  suivante,  <  aracléristique  'l<">  surfai  es  1  : 

/    plan  P  mem  fur  chaque  point  M  dt  1  perpendiculairement  n  />i  di 
qui  joint  U  s  deu  t  centn  1  dt  courbun  g<  0  A  s  trbure  (6)  et 

lu)  en  M  n  tte  parallèle  <t  u  '  ette  droitt  m  wqui   d'aillé  trs  la 

direction  dt  ta  translation  <i  1  doit  être  soumise  pour  engendra  une 

mille  de  Lam 
Connaissant  S,  on  aura  2  et  1  à  l'aide  de  deux  qu  idratures  qui  intro 
duironl  les  <l<-u\  paramètres  de  position  >  ,  «'t  »,  <l<-  ces  surfaces.  Poui 
rapporter  les  points  de  l'espace  aux  coordonnées  «,,  f,,  tv,  on  remplacera 
dans  1rs  équations  (1)  v  el  u  par  leurs  valeurs  en  fonction  de  c,  w  el 
,/,  ,, .  que  I  "n  obtiendra  respectivement  m  faisant  l'inversion  des  deux 
intégrales  préi  édenles. 


(    ■   (28     | 

»  Comme  conséquence  Immédiate  «lu  théorème  précédent,  on  remarque 
le  suivant,  que  l'on  peul  rapprocher  des  résultats  donnés  récemment  par 
M.  Lucien  Lévj  dans  le  Bulletin  des  Sciences  mathématiques  : 

»  Si  une  surface  est  une  surface  i  relalivi  ment  a  trois  translations  rectilignes 
non  parallèles  à  un  menu  plan,  cette  surface  est  nèa  ssairementunplan  ouum 
sphère;  si  ces  translations  sont  parallèles  a  un  mime  plan,  on  doit,  pour  avoir 
toutes  les  sur/aces  1  corn  {pondantes,  adjoindre  au  plan  <  t  à  la  sphère  tous  les 
cylindres  dont  les  génératrices  sont  perpendiculain  i  a  ce  plan. 

»  Comme  les  expressions  —  et -.  sonl  seulement  fonctions,  la  première 

1  '.i       ;  ■ 

de  u,  la  seconde  de  c,  on  peut,  sans  changer  les  lignes  de  coordonnées, 
rendre  ij  etti,  égaux  respectivement  à  a  et  b  .  La  relation!  i  i  montre  alors 
que  r  e.st  égal  à  —  r,,  et  de  là  résulte  la  relation  <  i  l.  Réciproquement,  on 
sait  que,  pour  une  surface  donnée  par  sa  représentation  sphérique,  les  trans- 
lations ;  et  r,  vérifient  chacune  une  équation  de  Laplace;  si  l'on  tient 
compte  des  hypothèses  qui  caractérisent  un  système  -.  on  voit  que  :  et  y, , 
admettent  les  valeurs  correspon  lantes 

/  a       ia       ■  ;</  .         y.,       i.l>       Jjl>       -\  h  . 

»  On  vérifie,  en  outre,  que  la  surface  In  un  ne  par  ces  valeurs  de  :  et  m,  est 
une  surface  2  pour  une  translation  rectiligne  dont  les  cosinus  directeurs 
sont  proportionnels  a    .  8,  • 

»  En  résumé,  à  chaque  système  s  correspond  un  groupe  de  surfaces  -; 
toutes  ces  surfaces  d'un  même  groupe  se-  déduisent  de  trois  d'entre  elles  par 
composition  géométrique.  Réciproquement  tontes  les  surfaces  2  peuvent 
être  obtenues  de  cette  manière. 

»  Pour  le  système  <r  formé  de  méridiens  et  de  parallèles,  la  relation  i  j  i  est 
identiquement  vérifiée,  i  ar  </  et  r,  sont  nids;  on  reconnaît  ainsi  que  tontes 
les  surfaces  moulures  de  Monge  sont  des  surfaces  £.  (  e  sont  d'ailleurs, 
parmi  les  surfaces  dont  les  normales  sont  tangentes  à  une  développante, 
les  seules  qui  jouissent  de  cette  propriété. 

»  D'autre  part,  j'ai  montré  dans  une  Note  antérieure  que,  de  chaque 
solution  de  l'équation  '  !  relative  au  système  conjugué  Ion  ne  par  les  lignes 
de  courbure  d'une  surface,  on  peut  déduire  une  solution  correspondante 
de  son  adjointe  <  !  Ce  résultat  peut  être  énoncé  de  la  manière  suivante  : 
.1  chaque  solution  de  l'équation  <>  correspond  uni  surface  qui  admet  la  repré- 
sentation sphérique  considérée.  La  différence  11  -  \\  entre  les  rayons  de  cour- 
bure principaux  de  cette  surface  est  une  solution  y.  de  G  :  et  réciproquement. 


Il  en  résulte  <|u>-,  gj  |  ,,,,  connaît  une  surfa*  e  S  admettant  une  repré- 
sentation sphérique  un  système  -.  on  obtiendra  pour  cette  surface,  à  l'aide 
île  quadratures,  un  groupe  de  solutions  pour  chacun  des  problèmes  équi- 
valents i  celui  cl<-  la  représentation  sphérique. 

Ces  surfaces  S  sonl  d'ailleurs  caractérisées  par  ce  fait  que,  si  on  les 
rapporte  .1  leurs  lignes  de  courbure,  les  paramètres  <!<•  leur  élément 
linéaire  vérifies!  aussi  une  relation  <l«-  la  forme  l  1  1.  On  en  déduit,  par 
exemple,  <|u<-  lr>  quadriques  el  les  surfaces  minima  .1  lignes  <!<•  (  ourbures 
planes  -"ni  des  surfaces  S.  En  d'autres  termes,  les  systèmes  sphériques 
composés  il  ellipses  sphériques  homofocales,  ou  d<-  cercles  pour  les  »l<-u x 
familles,  sont,  comme  il  est  facile  de  l<-  vérifier,  des  systèmes  1.  l'ai  obtenu 

toutes  les  surfaces  2  correspondantes;  l'espace  me  manque  pour  les  d< er 

ici. 

1  1  obtenu  des  résultats  analogues  aux  précédents  pour  les  surfaces 
'|tn  engendrent  un.-  famille  de  I  urne  quand  «m  les  soumet  à  un  mouve- 
ment hélicoïdal  convenable,  el  aussi  pour  l«-s  suit  1  dont  les  bomo- 
thctiques,  prises  relativement  .1  un  certain  centre,  forment  une  semblable 
famille.  La  proprié ti  itique  des  surfaces  1,  <-^i  une  généralisation 
immédiate  de  celle  des  suri  1  /  plan  I'.  qui  pour  2  resu  paraiié, 
uni  droit,  /if.  iluti  /mur  1  pau  '  par  un  point  fixe,  i  <  point  <  </  d'ailleurs 
nin  d'homothi  l                      ni  à  I 

De  li  aussi  la  conséquence  suivante  :  Si  une  surface  esl  une  surfa<  e 
I  relativement  «  tn-is  centres  d'homothétie  non  situés  en  ligne  droite, 
cette  sui  tairemenl  un  plan  ou  une  sphère;  si  ces  centres 

simii  mit  une  me droite,  on  doit,  pour  avoir  toutes  les  surfaces  1,  cor- 
respondantes, adjoindre  .m  pi. m  el  ■>  la  sphère  toutes  l<->  surfaces  de  révo- 
lution autour  de  cette  droit* 


m  i.         h    l'amortissement      -  lotions  hertziennes. 

Note  '!'■  M.  V.  Iêji  iikm  >..  présentée  par  M.  Poincaré. 

I  'amortissement  «1rs  oscillations  électriques  '!<■  l'excitateur  de 
M.  Hertz  peul  se  déterminer  par  une  méthode  simple,  quand  <>n  fait  les 
deux  suppositions  suivantes  : 

i"  Le  i vemenl  de  l'électricité  dans  If  résonateur  a  un  caractère 

assez  simple  pour  être  représenté  par  l'équation  il'1  mouvemenl  d'un  |>cn- 
dule  agité  par  une  force  périodique. 


(  i43o  ) 

»  2°  L'amortissement  de  l'excitateur,  et,  par  conséquent,  celui  de  cette 
force  périodique,  esl  considérablement  plus  grand  que  celui  du  résonateur. 
»  Ces  suppositions  laites,  on  |><jut  calculer  l'intensité  des  oscillations  du 
résonateur  en  fonction  du  rapport  «le  *a  période  à  celle  »!<•  l'excitateur. 
<  )n  trouvera  des  indications  suffisantes  pour  refaire  ce  calcul  dans  la 
Note  \  <lu  récent  Ouvrage  de  M.  Poincaré  :  Électricité  et  Optique,  II.  Cette 
intensité  e^t  susceptible  d'être  mesurée,  dans  des  unités  choisies  arbitrai- 
rement,  par  un  procédé  èlcctr trique  (');   le  rapport  des  périodes 

s'évalue  de  la  manière  connue  au  moyen  de  longueurs  d'ondes.  Il  ne  subsis- 
tera donc  (huis  la  formule  qu'un  paramètre  essentiel  :  le  décrément  des 
oscillations  émises  par  l'excitateur.  J'ai  déterminé  cette  constante  ai   i 
une  série  de  neuf  résonateurs  « i< >n t  les  pi     o  les  avaient  «les  valeurs  com- 
prises entre  ".'s7  et   i.i  I,  prenant  celle  Je  l'excitateur  pour  mute. 

I  n  \  oici  le  résultat  principal  : 

l  n  excitateur,  qui  produisait  <lans  des  lils  nue  longueur  d'onde  de 
im.  ■,  avait  le  décrément  logarithmique  0,26  :  c'est-à-dire  que  le  rapport 
de  deux  élongations  dans  le  sens  positif  était  égal  à  0,77.  Iprès  une  ving- 
taine d'oscillations,  "n  peut  dune  considérer  le  mouvement  comme  de- 
venu insensible,  et  Le  phénomène  ne  dure  guère  qu'un  millionième  de 
se de. 

L'<  tincelle  était  dans  <  e  e.(s  de  1"""  à  a ';  si  on  l'allonge,  le  décré 

nient  augmente;  il  j  a  aussi  d'autres  dispositions  expérimentales  qui  pro- 
duisent des  effets  analogues.  I  e  décrément  n'est  donc  pas  de  nature  bien 
constante. 

n   En  gardant  toujours  les  suppositions  1'  et     ',  on  arrh  eà  une  détermi- 
nation de  l'amortissement  du  résonateur  quand,  aux   mesures  indiquées 

pins    haut.    On  ajoute  celles  de  l;i   longueur  de  l'étincelle  secondaire,  ce  <|u 

permet  d'évaluer  la  différence  de  potentiel  entre  les  pôles  du  résonateur. 
J'ai  ainsi  trouvé  le  décrément   logarithmique  de  0,00a.  Cependant,  il  ne 
faut  considérer   ce  nombre  que   comme  une  approximation   gro 
les  propriétés  de  L'étincelle  secondaire  n'étant  pas  assez  connues.  Mais  quoi 
qu'il  en  soit,  il  \  a  toujours  là  une  vérification  «le  l'hypothèse  2". 

De  l'amortissement  considérable  des  oscillations  émises  par  l'excita- 
teur, on  peut  tuer  des  conclusions  importantes.  Si  les les  se  réfléchis- 
sent pour  se  propager  dans  le  sens  contraire,  il  5   aura  toujours  interfé- 


(')  II.  Hertz,     Mechanische   Wirkungen   eleclrischer   Drahlwellen      Innali 
Il  iedemann,  1.  \I.II.  p.  \<  -  . 


(  '43i  ) 

rences  entre  une  grande  el  une  petite  onde.  Ce  n'esl  donc  plus  dans 
■  m  ordinaire  du  mot  qu'on  peul  se  servir  d'expressions  telles  que 
nœuds  ou  déjà  dans  le  premier  nœud,  le  mouvement  surpasse 

un  dixième  .    des  ventres  voisins;  dans  une  distance  de  quelques 

longueurs  d'ondes  du  miroir,  la  différence  «le-  maxima  e  des  minima 
«le\  lent  insensible*. 

Le  calcul,  ou  môme  un  raisonnement  très  élémentaire,  montre  qu'un 

lateur,  placé  dans  ce  champ  d'ondes  interférantes,  prend  des  oscilla- 
tions dont  les  amplitudes  varient  pé liquement  en  raison  de  la  distance 

■  In  miroir.  Dans  l'expression  «les  amplitudes,  il  figure  «l«'ii\  longueurs 
d'ondes,  |a  premièi  spondanl  aux  mules  émises  de  l'ex<  itateur,  la 
mde  •«  des  ondes  qui  n'ont  pas  d'existence  réelle,  m. us  dont  les  lon- 
gucu  respondraienl  anx  oscillations  propres  au  résonateur.  Si  les 
d<  «  r<  ments  que  nous  ve is  de  trouver  sont  justes,  quand  même  ce  ne 

t  que  pour  l'ordre  à  leur,  le  premiei  ie  de  maxima  el   de 

mu .1  plètement  par  le  second  après  une  dizaine  d'oscilla- 

j.  si  l'étini  elle  s«c<  ondaire  ne  se  produit  qu'après  ,  .■  moment,  le  réso- 
nateur ne  nous  fera  observer  que  l'internœud  correspondant  au  second  sys- 
tème de  maxima  et  de  minima,  «•!  nous  arriverons  au  phénomène  connu 
«le  la  résonance  multiple  sans  irs  à  l'hypothèse  à  l'aide  de  la- 

quelle MM.  Sarasin  el  de  I  «  Rive  ««ni  expliqué  leur  belle  découverte. 

M.  Poincaré  le  premiei  «  proposé  cette  explication,  en  arrivant  pai- 
lles considérations  théoriques  ■■  trouver  «les  valeurs  des  amortissements 
semblables  à  celles  que  j'ai  trouvées  par  la  voie  d'expériences.  I  exposé 
détaillé  de  mes  i  •■<  herches  parait)  «  dans  les  Annalt  *   ;    Wit  demam 


OPTIQt  r.        Transmission  de  Ui  lumière  à  travers  les  milieux  troubles. 
Note  de  M.  A.  1 1  ■  ki«>\.  pr<  sentée  par  M.  Mascart. 

I  «  quantité  «le  lumière  de  longueur  d'onde  X,  transmise  •«  travers  un 
milieu  trouble  assujetti  ■>  remplir  certaines  conditions  théoriques  indi- 
quées par  lord  Ravleigh,  el  résumées  dans  l<-   Traité  d'Optique  de  M.  Mas- 

cart,  peul  être  représentée  par  la  formule  I  :  l    désigne  l'intensité 

initiale  el  k  une  constante  dépendant  de  l'épaisseur  ii  aversée  et  «lu  nombre 
d'éléments  troublants  que  renferme  l'unité  de  volume  «In  milieu.   On  en 

déduit  facilement  la  rel  i  i"^  .        I"^-       const. 

D'autre  part,  quand  «m  traite  certaines  liqueurs  par  un  réactif  don- 


(  i43a) 

nanl  naissance  à  un  précipité,  on  observe  que,  dans  des  conditions  conve- 
nables, la  masse  liquide  prend  une  teinte  bleue,  ce  qui  indique  une  grande 
diffusion  des  radiations  de  petite  longueur  d'onde.  Pour  étudier  la  lumière 
transmise  à  travers  ces  liquides,  je  me  suis  arrêté  au  dispositif  suivant: 

»  La  lumière  émanant  d'une  lampe  rencontre  une  glace  sans  tain  incli- 
née à  \  5°  sur  la  direction  du  faisceau  qui  tombe  sur  l'ensemble  des  prismes 
de  Nicol.  d'un  spectro|iliotoinètre  de  M.  Crova.  La  lumière  réfléchie  par 
la  -lace  transparente  est  renvoyée  par  un  systèmede  miroirs  dans  la  direc- 
tion de  l'axe  du  spectrophotomètre.  En  avanl  des  prismes  de  Nïcol  on 
dispose  une  cuve  remplie  de  liquide  transparent,  et  l'on  cherche  pour 
quelle  position  du  nicol  mobile  les  dem  images  ont  la  môme  intensité 
quand  la  fente  oculaire  du  spectrophotomètre  se  trouve  sur  une  raie 
connue  du  spectre.  <  m  ajoute  alors  le  liquide  troublant  et  l'on  cherche  la 

nouvelle  position  du  nicol  correspondant  à  l'égalité  des  images.  <  > >sure 

ainsi  le  rapport  de  l'intensité  de  la  lumière  transmise  l  à  l'intensité  l„  de 
la  lumière  incidente.  Iprès avoir  Fait  cette  première  opération,  on  recom- 
mence en  plaçant  la  lente  oculaire  sur  la  rue  P  en  ayant  le  soin  <l  étudier 
d'abord  la  lumière  transmise  par  le  milieu  trouble. 

■  Les  expériences  ont  porté  sur  l'eau  troublée  par  l'addition  de  •" 
d'une  solution  de  gouttes  d'essence  de  citron  dans   s5ocl  d'alcool  à 

■ 

q5°.  Les  dimensions  de  la  cuve  étaient  les  suivantes  :  longueur,  ora,io;  lar- 
geur, o'",  5;  profondeur,  om, 7.  I  es  tableaux  donnent  le  rapport  mesuré, 
la  valeur  de  )  '  log  •  les  longueurs  d'onde  étant  évaluées  en  dix-millièmes 
de  millimètre,   et   enfin    les    valeurs  de    .■   calculées  d'après  la   valeur 


moyenne  de  )  '  lov. 
■    1 


/•/.  ■ 


'•■'"-  1 

Cali  ul 

287 

o,58o 

Raies.  I 

•  ! 0,705 

D 0     - 


Deua  ième  <■  //"  /  ience. 

1  .   .     1 

Raies  1  '  1 

E o,464  287 

I  I    o ,  1  o ,  6 1 5 


(   '  tf3  ) 

/  •     •• 

!  ...    i 

l  '''"-   l  Calcul 

D 

1  »"  peul  remarquer  que  les  valeurs  de     .  correspoudanl  .1  la  raie  I». 

-«•mi  variables  d'une  expression  •>  l'autre;  cela  tient  .1  .  e  que,  1»^  de  sa 
pn  para  lion,  le  milieu  trouble  se  modifie  ;i>siv.  vite,  1  1  dès  lors  il  est  clilli- 
cile  'I  opérer  toujours  dans  <!<••.  conditions  identiques 

'  'h  a  obtenu  des  résultats  semblables  en  versant  dans  de  l'eau  cou 
11111I  iln  chlorure  de  potassium  iD  d'une  solution  d'azotate  d'argent  con- 
tenant -•>>•   par  litre  : 

'  1 

1  -  1 

1 
D 

0 

1  1 

1  "  1 

1  1 1  ; 

i' 

1  1 

r  1  1  tkui. 

1 
1  * 

I  .1  loi  théorique  parai I  donc  se  vérifier,  dans  I<'n  deux  cas,  au  moment 
de  la  Formation  du  précipil 

M. un  Ii  -  propriétés  optiques  se  modifient,  ainsi  que  le  montre  l'étude 
d'un  milieu  trouble  produil  ave<  l'essem  e  de  citr dans  les  mêmes  con- 

■  :.  H  ••         .1  XII.  v  251  I06 


(  i434  ) 
ditionsque  précédemment,  observé  quelques  heures  après  sa  préparation  : 

i; i  I  Calcul. 

C ••.'...,  |Oi 

1 1 •  • .  '.  i . ,  '•  i  j  •  ■ ,  5  i  i 

I     ...  o,  Ig5 

I   ...  o,3oi 

»   Dans  ce  «  as,  <>n  peul  représenter  les  expériences  par  la  formule 

I       l„<  .         a      •>  1 1 .         b      0,09, 

établie  en  supposant  qu'il  j  a  une  diffusion  générale  indépendante  de  la 
longueur  d'onde  se  superposant  au  phénomène  primitif. 
»   Au  bout  de  quelques  jours,  <>n  aurait 

//      0,0  /'       ' "  i-  1  ■ 

I.'  liquide  trouble  parait  blam  . 

Je  m'occupe  en  ce  moment  d'étudier  la  lumière  diffusée  ainsi  <|ur  les 
phénomènes  de  polarisation  présentés  par  !<•>  milieux  troubles,  désirant 
appliquer  les  résultats  1  la  discussion  d'observations  faites  à  l'<  observatoire 
du  Puy  de  Dôme  sur  la  polarisation  atmosphérique. 


ÉLECTRICITÉ.   —  Sur  t 'électrofyse  du  chlorure  <l  baryum  pur  ou  mélangé  de 
chlorure a\  sodium.   Note  de  M.  G.Limb,  présentée  par  M.  Lippmann. 

a  J'ai  fait  ces  expériences  dans  l'intention  d'extraire  !<•  baryum  métalli- 
que. 1  n  creuset  de  grès  de  " "..  •',>,.,"  contenait  le  sel.  L'anode  était  tou- 
jours constituée  p.  ir  un  1  lu  1  !..  .m  jil.it  de  V"1  de  largeur,  plongé  d'environ 
S""  dans  l'électrolyte;  une  plaque  de  fer  forgé  formait  généralement  !..  1 .1 
thode  ;  elle  était  entourée,  dans  le  sel  fondu  et  à  l'extérieur,  d'un  Long 
vase  poreux,  <l<>nt  le  fond  avait  été  supprimé.  J'ai  employé  quelquefois 
aussi  un  autre  charbon  semblable  au  premier.  I  tans  tous  les  cas,  la  cathode 
plongeait  de  [o™  environ. 

»  l.e  courant  était  fourni  par  une  petite  dynamo,  à  double  excitation, 
réglée  pour  maintenir  entre  ses  bornes  une  différence  de  potentiel  con- 
stante de  10  volts,  quel  que  soit  le  débit.  I>.m-  ces  conditions,  on  avait  à 
peu  près  3o  ampères  au  début  ;  mais  au  bout  de  quelques  minutes,  avec  le 


(  r435 

chlorure  de  baryum  pur,  le  courant  baissai!  rapidement  jusqu'à  ■?.  ou  3am- 
p  res  seulement.  Il  se  formait  donc,  peu  l'électrolyst ,  un  .  I  <  -  j  > .  »  t  infusible  très 
i  îtant  l  n  agitant  fortement  la  cathode,  -;ius  la  retirer,  le  courant  re- 
prenail  sa  valeur  première,  et  ainsi  de  suite  |  '  >.  Je  continuais  cette  ma- 
ihi n\ re  pendant  deux  hem  ron. 

En  cassant  le  creuset  après  refroidisse ut.  je  n'ai  jamais  pu  con- 
stater la  moindre  quantité  <!<•  métal  sur  la  cathode  en  fer  ou  en  charbon. 
Il  était  difficile  d'admettre,  en  effet,  que  cet  accroissement  énorme  <!<•  ré- 
sistance fût  produit  par  le  dépôt  du  métal;  le  sel  dissous  dans  l'eau  n'i 
que  l"it  peu  alcalin,  la  neutralité  s'obtenait  par  l'addition  de  quelques 
gouttes  seulement  d'at  ide  chlorhydrique.  <  Ir,  d'après  la  I<m  <!<•  Parada] ,  le 
<  ciin.iiii  yen  de  10  ampères  aurait  «lu  libérer,  en  deux  heur 

o i !6oo 

environ  de  baryum  métallique     I  qu'il  se  produisait  un  sous- 

chlorui 

l'ai  remplacé  alors  l<-  sel  barytique  pur  par  un  mélange  ■<  parties 
ive<  du  <  hlorure  de  sodium,  dans  l'espoir  d'avoir  plus  de  fusibilité 

et  d'empêcher  peut-être  cette  action  sec laire.  Dans  les  mêmes  condi- 

i >.    l'électrolyse   se  produit   très  régulièrement,  et   j'ai   pu  continuer 

quelques  opérations  pendant  quatre  heures,  sans  agiter,  en  ajoutant  de 
temps  en  temps  une  pincée  du  mélange.  Pendant  que  le  courant  passe, 
comme  dans  le  cas  «lu  sel  pur,  l<  chiot  i  dégage  abondamment,  en  pro- 
duisant une  espèce  'I  ébullition  autour  »  I  «  -  l'anode. 

Mais  ji-  n'ai  pas  été  plus  heureux  pour  obtenir  du  métal;  une  seule 

fois  pourtant,  en  mettant  dans  l'eau  les  fragments  <!••  la  cathode,  il  s'est 

une  petite  bulle  d'hydrogène  que  j'ai  enflammée.   D'après  la   l«»i 

de  Faraday,  j'aurais  dû  préparer  environ  260*  de  métal  (pour  a5  am- 

Dans  1  e  1  as,  comme  dans  le  premier,  le  sel  est  peu  alcalin.  Le  vase 
poreux,  qui  protégeait  la  1  athode,  dépassait  le  liquide  de  plus  de  m""  :  le 
chlore,  entraîné  d'ailleurs  par  le  fort  tirage  du  fourneau,  ne  pouvait  donc 


la  laissant  un  instant  .1  l'aii  poui  oxydei  le  dépôt, 
puis  la  replongeant,  le  courant  reprenait  son  intensité;  mais  ci  proi  d<  est  évidem- 
ment inapplii  able. 

Malthiessen  opéi  de  densiu   de  courant   sui    la  cathode; 

.1 es  conditions  qu'il  ■>  >'u  quelques  globules  de  baryum. 


(   i436 

passe  recombiner  au  baryum.  Il  était  Forl  i  supposer  qu'il  se  formait  un 
sous-chlorure  de  baryum,  ou  bien  de  sodium,  peut-être  une  combinaison. 
C'est,  en  effet,  ce  que  les  analyses  m'ont  démontré.  .'Vu  ai  fait  trois 
sur  les  produits  de  différentes  opérations.  Voici  les  deux  qui  diffèrent  le 

plus  : 

Poida  de  matii  <■ 
Bal  l  libn 
i  l  total 

Ba    d  duclion  faite  | r  BaO 

\  i    pai  diffi  r< 

a  Or,  pour  l.i  première  analyse,  Ba  el  Na  i  ■  genl  ensemble  i  •.--<  I  :  M 
en  manque  doni  ,.rs:  pour  la  deuxième,  Ba  el  Na  demandent  18,78:  il 
manque  1.  ï  1  •  H  )  a  donc  un  sous-chlorure  quelconque 


i  BIMIE.       '  aïeul  de  lu  température  d'êbullUion  d'un  liquide  qut  Iconque  *<"/» 
toutes  les  pressions.  Note  de  M.  G    ff  niaicM 

Lyant  démontré  dans  1 Communical précédente  (même   rome, 

l>.  < )< (S  »  que  la  l<>i  énoncé»  esl  l'expression  exacte  des  températures  d'ébul- 

liiiiiii  en  Fonction  simple  'In  logarithme  » I »  1  poids  .11 rue,  il  esl  aisé  de 

Faire  voir  que  la  môme  loi  s'applique  aux  pressions  des  vapeurs. 

Si  l'on  prend  1>'  logarithme  de  la  pression/)  1  en  atmosphères  1  comme 
abscisse  el  la  température  /  d'ébullil comme  ordonnée,  la  courbe  ob- 
tenue se  confond  avec  la  bram  ne  parabolique  de  la  Note  pré<  édente,  <-i  «•-.! 
terminée  au  poinl  critique.  I  .1  tangente  pour  ce  poinl  <-si  tracée  jusqu'au 
zéro  absolu  de  température  où  l'axe  des  abscisses  esl  coupé  en  .', .  La  tan- 
gente, <>n  bien  la  limite  logarithmique,  esl  la  ligne  droite  menée  «lu  poinl 
critique  1  f>.  -  >  au  poinl  du  eéro  absolu  I  o,  !"_■/'  .',  1  de  la  substance 
considérée. 

»   Pour  abréger,  posons 

(14)  \ogp 

çt  nous  aurons  évidemment  [voir  la  Formule  générale    g  .  p.  »| 

(i5)  Y,       K. 


1  '     N-,l,-|n-  "1  —  '^       i.  iuées  de  cette  quantité  calculée  ï,, donne- 

,""'  ,es  v»'eo««  I  le  Y,  qui  ser rapportées  à  une  base  recti 

liSnadu  m  iphique,  el  former I ,,|„-  parabolique 

1         K 

mi 

s'  ' mI"'  ■  •  '•  '  nde  è(  belle  soin,  il  n'esl  pu  difficile 

d'obtenir  la  valeur  du  •  i.  K 

l'"'"  i,  K      si  constante;  mais,  en  théorie, 

doil  din  quand  \  augmente, 

K        a       b\. 

ourbe  monl  a  tout  cas  fournira  les  valeurs  de  a  el 

de  6.  Par  des  pi  simples,  on  corrigera  aussi  la  posi- 

iphique  de  la  tangente  pour  obtenir  la  position  »  paie. 

lyanl  la  val<  toutes  les  constantes,  on  calculera  la  température 

absol I  «  bullition   I  iquc  valeur  de  /'  observée,  d'après  la  for- 

le 

i       K  K 

déterminé  les  constantes  pour  une  vingtaine  >\<-  substances  très 

volatiles;  li      Li  uples  que  i<-  >\ e  ici  suffiront    pour 

démontrer  que  li  loi  :  I   im-<   les  observations. 

Il  faui  .,i  de  d<  ■  Iditionnelles  el  systématiques, 

-m   des  composés  horai  .    el   depuis  les  basses  pressions  jusqu'au 

point  ■  li  mi  point  est  i  rès  importante. 

létcrminal  on  théorique  de  ces  constantes  sera  donnée  dans  une 
autr»   \  montrerai  que  la  température  critique  est  fournie,  en  gé- 

I.  par  la  ic  fonction  que  les  points  d'ébullitiou  ordinaires  ;  que 

stantes  -,  k  .  k    sont  des  fonctions  linéaires  de  8,  el  <l «■m 

d'inertie  des  atomes,  el  qu'enfin  la  constante  K,  •>  une  valeur  égale  à  >  K. 
à  peu  près,  indépendante  de  l'influence  de  la  forme  atomique.  l>:ni->  les 
mêmes  conditions,  les  valeurs  de  Ç,  seraient  toutes  égales,  déterminant 
un  eéro  absolu  de  pression  el  de  température,  qui,  d'après  les  détermina- 
tions plu  tes,  doit  se  trouver  entre  —  1,2  el  i, 3  au  lieu  de  i  ,4 • 
suivant  l'énom 


(  >  138   i 

»  L'application  dr  ma  formule   iu  cas  ordinaire,  <>u  le  point  critique 
n'est  pas  connu,  sera  ég  il<  ment  considérée. 

m  CO  ;  observations  d'Olzewski,  6           i  '<•,".''.-  15,5.  Mes  constantes 

K,       ',  ; ".  k        7"..»  el  ',  i  ,55o  donnent  : 

Pour/  i 

I    -  «râleurs  ■  •  «  "  i 

/  obseï  vé 
Erreur  t  —  tt. .  o,i 

Il   \  :  observations  i  ault.de        !o   à  ioo  :  point  critique  ■  h' 

sons  i  [3  atmosphères,  d'apri  -•  \  incenl  et  <  happuis.  On  trouve 


K, 


i".-''.. 


K 


io  . 


el 


i . ■•> .  '. 


/  .  aïeule  . 

/  obsen  é  . .      —  ?>■  ■ 
Err.  t      /' .  ■■  ~ 


.   - 

i  1 1 
i.i  i    •■ 


i  I-  -.  observations  de  Knietsch.  Je  trouve  les  constantes 

K        i  ,  i  ■.         K         lo  ,5  \. 


I  .M..I  . 

l    calculé .,.,.. 


T  obseï  vé 
l  preur  T- 


I 


jlQ 


'     ■ 


0,1 


Il  'O.  Pour  l'eau,  la  détermination  du  point  <  •  1 1 1  •  1 1 1  • 
atmosphères  i  Dewar)  est  inexacte,  "n  les  mesures  de  Regnaull  le  sont.  Je 
trouve  que  les  valeurs  de  Regnaull,  de  ïo°  -i  tio°,  indiquent,  comme  va- 
leurs probables,  6  i  ii-  |  atmosphères,  donnant  les  constantes 
K,  i66°,  i,  K  .  ■  :  i  •  i  i"  avec  \<--  erreurs  sui- 
vantes : 


Pour  /. 

Erreur  t  —  t  .  .  , 


. 


<  1. 1 


I  .;i  fixation  exacte  <  i  expérimentale  du  point  critique  sera  nécessaire 
pour  la  détermination  finale  il.- ers  constantes    '   . 


(')  Depuis  l'envoi  il-'  la  Note  de  M.  Hinrichs,  le  poinl  critiq i  la  pressi 

respondante  poui  l'eau  oui  él     déterminés  de  nouveau  par  MM.  Caillelel  el  Colar- 
deau  :  -.ii  365"  el  ce  I; ,-il.  p.  n;  M.  B. 


I  .1 


1  niMii  .  .  ;soiuOoru  dt  t  s eu  ,  Uoa  ydt 

x        de  M    A    Rbgoi  »\. 

On  uil  que  les  dissolutions  des  sels  normaux    de  sesquioxyde  de 

i  brome  qui  i  \  olettes  prennent,  lorsqu'on  l«-s  porte  à  l'ébullition,  une 

'  [u  «m  les  abandonne  ensuite,  elles  reprennent, au  boul 

d'un  temps  plus  ou  moins  long,  très  variable  av«   la  nature  <lc-  l'acide  du 
sel,  leur  couleur  pi       tive.  1  ngement  de  couleur  a  donné 

lieu  her<  hes  qui  n'ont  pas  toutes  c luit  au  même 

Itat. 

I     plupai  td  ,  Lœwel        ,  Fi  |  onl  admis 

que,  sous  l'niii  i  chaleur,  le  sel  dissous  éprouve  uni   modùtca- 

:  mais  ils  ne  nous  ap- 

'm  ■■  de  i  ette  modification.  IK  appuient  cette  bypo- 

iln  ■■.!■  sui  des  sels  verts  possède  des  propriétés 

diflercnti  Iles  de  l'oxulc  pi  les  sels  violets  '-t  que,  en  par- 

in  ni  ixvile  dans  un  acide,  on  régénère  une 

pité  d'une  dissolution  \  iolette 
plus  loin  que  cei  i  n'esl  pas 
tout    i  ' 

Ouclq  culier  Schri  itter  l     i,  oui  admis  que 

|r  <  I.  iuleur  d<  ilution  est  dû  à  une  déshydratation  par- 

tielle du  '      celte  hvpothèse  a  été  réfutée  pai  les  remarquables 

Enfin  quelq  mis  l'h\ pothèse  que,  sons  l'influence 

de  li  chaleur,  chrome  dissous  se  décompose  en  sel  basique  so- 

ie] acide.    Les  uns  [Krûgi 
S  i  ■  hvpothi  •■  fait,  que  certains  réa<  tifs, 

iue  l'ai I.  pr  I  de  la  dissolution  verte  une  matière  verte  qui 

«•si  m,  '  •    preuve  est  insuffisante,  car 

ne  prouve  que  la  formation  du  sel  basique  ne  soil   pas  due  à  l'in- 

ention  de  l'alcool.    Un  argument    plus  sérieux   a    été   apporté   par 


/  i.  VII,  p. 

•    XX.  V  II 
i.  LUI,  ] 
l/t/i     i .  I  \  I 
i        .  f  ■  \\\  I.  p.  86. 


(  «  4  i *>  ) 

Van  Cleel  i  '  I,  qui,  en  soumettant  à  la  dialyse  une  dissolu  in  in  verte,  a  con- 
staté que  le  dialyseur  retient  une  liqueur  qui  renferme  moins  d'acide  que 
le  sel  neutre,  tandis  que,  dans  l'eau  du  dialyseur,  <>n  trouve  plus  d'acide 
que  dans  le  sel  neutre.  '  ette  expérience  mel  hors  de  doute  l'existence 
d'un  sel  basique  dans  les  liqueurs  vertes. 

»  Ou  pouvait  d'ailleurs  l'admettre  comme  probable  par  analogie  av< 
qui  a  lieu  pour  les  sels  de  sesquioxyde  de  fer.  I  es  belles  recherches  ther 
miques  <li-  M.  Berthelot  |  '  i  "ni  montré  que,  sens  l'influent  e  de  la  chaleur, 
ces  sels  dissous  se  dé<  omposenl  en  acide  libre  et  sel  basique. 

Mais,  .1  cause  de  la  durée  des  expériences  de  dialyse  et  de  l'instabilité 
il.s  dissolutions  vertes,  les  travaux  de  Van  '  leel  ne  font  qu'indiquer 
le  sens  du  phénomène  el  nu  permettent  pas  de  l'analyseï  avec  précision. 

l'ai  pensé  que  les  un  thôdes  thermochimiqui  s  nu-  permettraient,  ave< 
leur  merveilleuse  précision  el  leur  grande  rapidité,  il  éclairer  complètement 
l.i  constilutiou  de  ces  dissolutions  instables.  I  Iles  m'ont  conduit  a  ce  ré- 
sultat que  la  première  el  la  troisième  hypothèse  sont  toutes  deux  exa<  tes, 
c'est-à-dire  que  les  dissolutions  modifiées  par  la  chaleur  sont  un  mélange 
de  sel  basique  soluble  el  d'acide  libre  el  que  ces  dissolutions  renferment 
une  variété  particulière  de  sesquioxyde  de  chrome.  I  Iles  m'ont,  en  outre, 
dévoilé  la  nature,  ius  m  i<  i  inconnue,  de  la  modifli  ation  éprouvée  par  le 
sesquioxyde  de  chrome,  en  me  montrant  que  le  sesquioxyde  des  disso- 
lutions vertes  a  une  ■  apacilé  de  sa  tu  rat  mu  par  les  acides  différente  de  celle 
il  h  sesquioxyde  des  dissolutions  violettes,  el  elles  m'ont  permis  de  mesurer 
cette  capacité  de  saturation. 

b  Mais  j'ai  voulu  d'abord  m'assurer  par  une  expérience  directe  que  les 
dissolutions  vertes  renferment  de  l'acide  libre.  \  cet  effet,  j'ai  chauffé 
nue  dissolution  de  sel  de  chrome  |  sulfate,  i  hlorure  |  à  la  température  de 
i  oo°  au  bain-marie,  el  j'ai  constaté  que  les  vapeurs  émises  pai  cette  disso- 
lution sont  acides,  tandis  que  le  sel  solide,  i  hauflé  à  la  même  température, 
ne  perd  pas  d'acide.  Vmsi  donc  d  est  luns  de  doute  que  les  dissolutions 
vertes  renferment  del'acidt  libre. 

»  Pourmesurer  la  quantité  d'acide  libre,  j'ai  eu  recours  aux  méthodes 
thermochimiques.  Le  seul  sel  sur  lequel  j'ai  pu  opérer  est  le  sulfate,  les 
autres  sels,  tels  que  le  chlorure  el  l'azotate,  revenant  beaucoup  trop  rapi- 
dement par  le  refroidissement  a  l'étal  violet. 

»  J'opère  de  la  façon  suivante  :  je  verse  dans  la  liqueur  verte  une  i  er- 


(')  Journ. prakt.  <.'!■■  rie,  l.  Wlll.  p. 

\ nn,i b  s  rie  Chimie  et  de  Physique,   j    série,  t.  XXX 


'"•'■  et  je  mesure  l<  .   ni  de  i  haleur  qui  en  ré- 

>"11,     s  pement  de  chaleur  esl  exactement  égal  à  la  chaleur  de 

,"'"''  sulfurique  libre  dans  les  mêmes  conditions  <lo  <li- 

lus  que  la  liqueur  verte  renfer- 
mai! une  quant  1U  moins  égale  à  la  quantité  de 

'■'  intro  "s  la  liqueur,  <-t  que  la  soude  n'a  point  déplacé  de 

quioxyde  de  i  hrome. 

P<       '•  ensuite  dans  la  liqueur  précédente  une  quan- 

ti "  ide  -<ilt<  ite  i  la  quantité  <l«-  soude  qui  \  .1  été  intro- 

,,l",•  de  ne  produit  aucun  ,/.  _ 

mené  ,   absorption  de  chaleur  pro- 

'"'  de  I  .i-  lion  d<  ide  formé  •!  ms  l'expérience 

pn  SO'M 

|u<   l'on  pu  1  par  quelques  tâtonnements  à 

mesi  ctemenl  laquai  libre  que  renferme  la  liqueur  verte, 

<  •»>  ;  ■  ptible  d'une  gi  ande  précision.  <  >n 

1  ■   '  l       SO'.&i  Haut  ur  verte 
xutfurique  libt     <  ar  dès  que  la 
quantité  de  -  1  super  •  équii  :il<'ui  (j-t 

••H  versant  ensuite ;  quantiti  sulfurique  équivalente  à  celle-là, 

j'obtiens  un  1/  «le  chaleu  1 nanl   <\<-  l'action  de 

pdc  de  chrome  mis  en  liberté  par  ^d'é- 
quivalent d(  1  elle  quantité  de  chaleur  augmente  d'ailleurs  à  me- 
sure que  la  qua  e  davai  quivalenl . 

1  I  nombi  •  \|»  rien»  es  sur  des  dissolu- 

s  dont  la  1  "iii  •  ntration  du  simple  .tu  sextuple  1  1  équivalent  de 

sel  dans  G    d'eau  en yen  ne  urs  trouvé  le  même  résultat. 

\nisi  doi  1  en  -li  ■  i"  lure  <l>-  >  es  expériences  que,  dans 

I.  s  h  un  t. -s  de  con<  entrati 1  1  ni  pu  opéri  l'influence  </<  la  chaleur, 

dédoubh    complètement  en 
acidt    tulj 'uriijur  hl  toluble.  <  basique  n  une 

•  .  '.  si  1  .  il  |,i  ,,\  ienl  de  1  molé- 
cules de  sulfate  qu  tuelque  sorte  pour  perdre   1   molécule 
de,  et  <  .  puisqu'il  est  impuissant  à  fixer  une 
nouvelle  quant                      1    I  oxyde   modifié   provient  de   2  molécules 
d'oxyde  dont  IV  nsemble  ne  fixe  que  5  molécules  d'acide  sulfurique. 

M tyde  modifié  ne  peut  exister  à  l'état  de 

liberté,  et  que,  quand  on  !<•  pré<  ipite  en  décomposant  le  sulfate  vert  par  un 
alcali,  on  l<-  dédouble,  •  pu*  «t  un  nouvel  oxydt  modifié  dont 

-  CXII     N    25  l°7 


(   n4a    I 
i  molécule  ne  fixe  qw  a  mo  •"/'  s  d'acide  sulfuriqw  .  Ceci  résulte  <l<^  mesures 


suivantes 


Cr!<>    préi  ipilédu  sull  ite  irerl    H  iSl  I  II'  >diss.       Cr'O'.aSO 
Cr*0     iSO1  disa        S<  I  HO  diss 

»  L'absorption  «le  chaleur  provient  de  l'a<  tion  'I'-  l'acide  mu-  le  sulfate 
de  soude  que  renferme  la  liqueur.  • 


CHIMIE.  -  Recherches  sur  C  osmium:  acide  osmi 

\..te  de  M.  A.  .loi. v .  présentée  par  M.  I  roost. 

In  i  s  ,-,  Fritzsche  el  Struv<  il  tut.  onnaitre,  ^«us  le  nom  d'a- 

c  /  osman-osmique  <m  <\  "•  composé  de  l'osmium  renfer- 

mant de  l'azote  el  de  l'oxygène.  Les  sels  d<  ide  sonl  bien  définis;  le 

M-l  de  potasse  en  particulier  est  facile  .1  préparer,  remarquable  pai  -.1  sta- 
bilité el  la  netteté  «le  ses  cristaux,  l'ai  reprisl'étude  de  ces  singulières 
combinaisons,  espéranl  j  trouver  quelque  analogie  de  constitution  avec 
les  composés  intruses  du  ruthénium  que  j'ai  précédemment  -le.  rits. 

..  Préparation  de  l'osmt  I      lélroxyde  d'osmium  cristallisé 

....i,l miq l  dissous  dans  la  |  KOH  1                      1  la  liqueur 

maintenue  vers  |o°,  on  .ij...  :  En  quelqu                ils,  la 

liqueur! 1 lécolore  el   laisse  déposer  un   précipité  cristallin  jaune  clair  d'os 

mi.  1111,1t. •  de  potasse.  Loraq  et  la  lique ifroid 

décante.  .>n  lave  le  sel  avec  de  l  >n  le  dissout  enfin  dans  l'eau  bouillante 

peu  soluble,   il  cristallise  dres  quadratiq 

(n'a' =  117  .  .1  après  les  déterminations  de  M    Dul 

»  Les  proportions  ci-dessus  sont  celles  que  1  ai  a  loptées  comme  don- 
nant un  sel  pur,  inaltérable  à  l'eau  bouillante  el  1  la  lumière.  Il  importe 
d'éviter  un  excès  d'ammoniaque,  qui  laisserait  l'osmiamate  de  potasse  mé- 
langé d'un  sel  ammoniacal  facile ul  altérable. 

»  Remarquons  que  la  dissolution  du  tétroxyde  d'osmium  dans  la  po- 
tasse se  Lut  sans  perte  d'oxygène  el  que  la  réaction  qui  donne  lieu  à  l'os- 
miamate de  potasse  n'esl  accompagnée  A'aucun  >/  il  gazeu  c. 

»  Composition.  —  Fritzsche  et  Struve  adoptaient  pour  pouls  atomique 
de  l'osmium  le  nombre  de  Berzélius  <  's      i<r).  j,  ce  qui  les  conduisait  à 


(l)  Bulletin  de  l'  Icadémie  dt   Saint-Pétersbourg ,  1.  VI,  p.  81. 


(  i443  ) 
■iiulri  l'ii-ini. iin.it.-  de  |M,(., 

Os'O    \     K-. 

ivail         i   Fail   remarque!    Ger- 
x  Jution  du  peroxyde  dans  la  po- 

ement  de 
-  U  le 

K-  'Il        \    Il  \    K  II   •  I 

U*K  de  l'ancienne 

I  osmium.  ■  u   S  mon 

m,,  devail  i  Ire  diminué  d'au  moins 

ntsauli  i  dont  le 

presque  • 

v  formules  adopli  es.  <  lomparons  au  •  on- 

K  M.     ,  ,    ,  ,. 

1  \  ~  I  ■ 

l  i  les  doutes  :  malheui  eusemenl 

t  fort  m.  .1  ! 

I  ■  i  .li  e  pei  melti  al  de  tourner  la 

subil  une  'I'  com- 

1  m  \  encoi  e 

,  un 
.  Mais  les  pro- 
duit! ■    porté. 
\                                                                                       lubie  dans  l'eau .  les  réactions  d< 

OsO  K      de   M.   Fremj       |.   En 

\ 
i  CCLXI,  p.  a  i  emai  quei   que  la  densité  de 

•     |,  pai    I  >e>  ille  •  '    Debraj   i    \nn . 
t 'him  i    I  \  l  m. .1. .  ulaii  e  i56  el  poui  la  foi 

m. un  inférieui  .< 

I  /.    .  '  K  !  1 


(  i444  ) 

épuisant  par  L'acide  chlorhydrique  concentré  el  I illant,  on  obtient  un  résidu  cris- 
tallin brun  avec  reflets  jaunes,  donl  l'aspect  esl  celui  de  L'or  réduit  par  voie  numide  : 

c'est  Le  bioxyde  <  »-0!. 

„    \  J4o°,  le  résidu  esl  bleu  indigo,  cristallin;  il  ne  cède  rien  i  l'eau,  ne  s'attaque 

.,;,,.  l'acide  chlorhydrique  c (entré  qu'avec  une  exlrêi Lifficulté.  Sa  c position 

,..,  OsO'K  el  elle  justifie  la  formule  admise  poui  l'osmiamate,  puisqu'elle  n'en  diffère 

que  par  pei  te  d'azote. 

.    N0Us  devons  d :  admettre  deux  réactions  extrêmes,  comme  représentanl   le! 

modes  de  dédoublement  de  l'osmiamate  pai  la  i  haleui 

OsO'AaK         ■  vi       OsO'K        

i  ki  i   \/K  \.       OsO'K 

„    ^u  sel  OsO'K  corresp Irait  l'acide  Os O* H   et   l'anhydride  Os* O1;   je  poursuis 

l'étude  de  ces  composés    intéressant*    en  ce  que   l'oxyde  O    0  à  l'oxyde 

intermédiaire  de  ruthénium  Ru  ''   que is  avons  fait  connaître,  M    Debray  et  moi, 

[Comptes  rendus,  t.  CV1,  i  nplétei   celle   bell ie  de n\ 

,.\v  _,  nés  de  l  osmium 



»  Rapprochons  l'acide  osmiamique  des  composés  nitrosés  du  ruthénium 
^iH'  j'ai  précédemment  décrits  : 

Ru  \/U(  I'.       lin  vzO(l  HI  iJ. 

»  Admettons  pi  un-  un  moment  l'existence  du  composé  OsAzO(Orl 
son  premier  anhydride  sérail  L'acide  osmiamique 

O      OsAzO      OH, 

tloni  Fritzsche  el  Struve  onl  décrits  les  sels  de  potasse,  de  soude,  d'am- 
moniaque el  d'argent. 

»   La  préparation  Fa*  ile  de  l'osmiamate  de  potasse,  sa  stabilité  en  pré- 
sence de  l'eau,  stabilité  que  ne  présente  pas  l'osmile  de  potasse  el  qui 
permet  de  le  purifier  aisémenl  par  cristallisation,  m'onl  engagé  .1  le  prendre 
coninic  |)Dint  de  dépari  d'une  étude  plus  complète  des  composés  oxygéné 
de  l'osmium.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.   —  Sur  les  zirconates  alcalins. 
Note  de  M.  L.  Ocvbabd,  présentée  par  M.  Troost. 

«  On  sait  que  la  zircone  joue  le  rôle  d'aï  ide  Faible,  ainsi  que  pouvaient 
d'ailleurs  le  faire  prévoir  les  analogies  entre  le  silicium  el  le  zirconium,  mises 


(  '445  ) 
en  évidence  par  M    Vfarignac;  elle  peut  donc  se  combiner  aux  bases  en 
donnanl  ouates,  dont  l'obtention  esl  toutefois  rendue  difficile  par 

la  faibli  delà  cire >.  lussi  les  zirconates  ont-ils  été  peu  étudiés. 

On   i nnall  parmi  l<-s  zirconates  alcalins  que  ceux  de  soude,  dus  ù 

i  M.  II,., ,i.l. h!  .     ,  .1  h  M.  Weibull. 

J'.ii  cherché  .i  préparer  le  eirconate  de  lithine  en  faisant  réagir  la 
1.- .  arbonate  ou  le  chlorure  de  lithium  <-n  fusion. 

La  ail  léc<  ■  rapidement  le  carbonate  de  lithium,  avec  déga- 
ge  ut  d'acide  carbonique.  En  opérant  à  la  température  du  bec  Bunsen, 

prolongée  pendant  m\  .>m  huit  heures,  on  «  »1  >i  i«-  n  t  une  masse  qui,  traitée  par 
l'eau  bouillante,  légèrement  a<  idulée  pai  l'acide  ai  étique,  ..I,, nul. unie  une 
poudre  cristalline,  qui  n'est  autre  <  hose  que  <l<-  la  zircone  exempte  >l<-  Ii- 
thine.  <  In  retrouve  d'ailleui  ralemenl  le  | »< mis  de  zircone  employée. 

\u  rouge  vif,  le  même  résultai  esl  plus  rapidement  atteint. 

si  l'on  i.iiij.l.n  >•  l.i  /n.  one  |>.ii'  le  /néon  finement  pulvérisé,  le  résul- 
..  ore  le  même:  la  tilii  e  se  trouve*  a  partie  à  l'étal  floconneux  quand 
..n  reprend  pai  I  eau  ai  idu  dissoute,  probablement  .i  l'étal 

de  silicate  de  lithine  soluble  dans  l'ai  ide  acétique  très  étendu,  partie  <  |  m* 
l'on  retrou  iporation  à  sec.  On  peut  d'ailleurs  se  débarrasser 

facilement  de  la  silice  non  dissoute  par  lévigation,  la  zircoae  cristallisée 
étant  beaui  oup  plus  den 

Mais  -  I  "n  remplai  <•  le  i  arbonate  de  lithium  |>.n  le  i  hlorure,  «m  ..l> 
tient  s. ni  .i\c.  la  zircone,  soit  avec  le  zircou,  après  quelques  heures  de 
chaufleaubei  Bunsen  et  refi  oidissement  lent,  un  culot  qui,  traité  par  l'eau, 
laisse  >!<■■>  prismes  aplatis,  ..  exlini  Lions  longitudinales,  souvent  corrodés. 
onate  ZrO'.LiO;  sa  cristallisation  est  assez  difficile,  mais  on 
peut  .  ependanl  l'obtenii  en  prismes  de  plusieurs  millimètres.  Ces  ci  istaux 
sont  très  alla  juables  |>.ir  I  i  s. 

Leur  analyse  ■<  donné  les  résultats  suivants  : 


Lithine 

i 
1 1 

n 

pour 
LiO.Zi  " 

'9.74 

LX1 


(   'V.6  ) 

»  La  zircone  attaqu.-  le  carbonate  de  soude  avec  un  dégagement  d'acide 
carbonique  correspondant  à  la  formation  deZrO*,NaO  ou  ZrO*.  iNaO, 
suivant  La  température  à  laquelle  on  opère,  ainsi  que  l'a  montré  M.  Hiort- 
dahl.  D'un  autrecôté,  MM.  I  évj  et  Bourgeois  I  '  I  ont  obtenu  de  la  zircone 
cristallisée  soit  en  cristaux  quadratiques,  soit  en  lamelles  hexagonales,  eu 
attaquant  la  zircone  ou  le  zircon  par  le  carbonate  de  soude  au  rouge  blanc 
on  au  rouge  \  if. 

»  J'ai  essayé  d'appliquer  les  mêmes  réactions  au  carbonate  <!<•  potasse, 
et  j'ai  constaté  que  la  zircone  chauffée  pendant  quelques  heures  au  bec 
Bunsen,  a\<'(  un  ex<  es  de  carbonate  de  potasse,  cristallise  simplement  au 
sein  du  fondant,  pourvu  que  l'opération  soit  suffisamment  prolongée.  i\i 
rouge  vif,  la  cristallisation  est  seulement  plus  rapide  :  dans  1rs  deux  cas, 
<ui  obtient  deslamelles  hexagonales. 

»  Le  zircon  finement  pulvérisé,  chauffé  avec  quatre  fois  son  poids  de 

carbonate  de  potasse  pendant  un  quart  d'heure,  au  rouge  vif,  d< e  des 

cristaux  tabulaires,  assez  développés,  du  silico:  rcon    eSiO',ZrO*,K.O  : 


Si  I  i  i 

Zii 

Pota 


»  Ce  soi  ii  des  prismes,  en  général  très  nets,  dépolarisanl  énergiquemenl 
la  lumière,  .1  extinctions  longitudinales,  attaquables  par  l'acide  fluorhy- 
drique  et  par  le  bisulfate  d'ammoniaque. 

si  l'on  prolonge  l'a<  tion  pendant  une  heure  et  demie  à  la  même  tem- 
pérature,  >>n  obtient  seulement  '!'■  la  zircone  cristallisée. 

»  Nous  avons  constaté  que,  dans  !<••>  mêmes  conditions  et  ;■  la  même 
température  du  rouge  vif,  prolongée  pendant  un  quart  d'heure  seulement, 
le  zircon  donne,  avec  le  carbonate  de  soude,  de  la  zircone  cristallisée,  ainsi 
que  l'ont  déjà  montré  MM.  I.c\\  et  Bourgeois. 

»  Nous  voyons  donc  que  le  silii  ate  de  zircone  se  comporte  ici  comme  un 
véritable  acide.  Nous  en  aurons  d'ailleurs  un  .min-  exemple  dans  If,  com- 
binaisons avec  '<•->  alcalino-terreux,  que  nous  décrirons  |  > »  •  » <  hainement.   ■> 


' 



1 

II 

-Il 

1   k" 

(')  Comptes  rendus,  t.  XCIV,  p    - 


•  ., 


■ 
Vole  de  M     V    I!ihmi\.  par  M     IVoost. 

i  le  silicium  : 

I*  ;   un  seul  rt\  ntre>  u    par 

M.  Friedel  dai  m  du  brome  su  e  de  silicium. 

;  en  tube  scellé  vei 

lun    v  par  substitut 

départ  <l  odhydrique,  d'après  l'équation 

I  i  !  :  ni  .>[•«.  I  i  présem  e 

en  |"  ii  "ii  d'ordi  e  p  us  élevé,  provenant 

de  I  >n  de  HI  sui 

I  ! S 

in.-  du  il  mes  ''ii 

s     i.i    [;  le  n  nd<  menl  que  l'on  obtienl  dans  i 
faible  : 

simultanément  en  n  nps 

qu'un  |"  ira,  en  distillant  -  ir  du  Si 

Utilise,  i  !i  mil'    i  iii»-  l  l'.i . 

soil  tout  seul,  k  d'hj  <li  .  ■  il  le  ainsi 

un  magma   1  ine  l'on  soumet  à   des  I 

lionnements  surun  peu  de  I  l'obtenir  des 

i  n  la  prépa- 

ration il  ps,  si  l'on  dispose  de  bromure  de  Si,  on  peul  rempl 

dans  li  |  ni"-,  le  bmmtii  par  du  bromure  dt    S  . 

dans  lequel  on  i  ibondam  e  de  >  Iné  dans  I 

tillation,  donne  de  i  >l  sui  l>-  bromui 

i  lit  i  «  lie.  le  chlorun   de  Si,  marche  très  bien  ave<   le 

brom  i   lient  ■>  ce  qu  ip  m s  stable 

sous  l'action  de  la  •  haleur  que  le  •  hloi 

I  i  a  pai  il  on  des  bromoiod  ires  <  >l  a  ci  pénible,  car,  dans  la  prépa- 
ration par  le  bro  pi  l'un  mélange  de 
cinq  corps  de  plus;  les  derniers  termes  sont  solides  .<  la  lempi  rature  ordi- 
naire, ce  qui  •  onstitue  un  grand  emb              ins  le  fractionnement. 

I  de  Si  s lorenl  vite  .1  l'air;  on  présence  du 

ammoniai  ls  l'absorbent  en  donnant  des  corps  solides  blancs,  dé<  om- 

ibles  par  l'eau. 


(  i448 
Le  bromoiodure  Si*Br* I  est  un  liquide  incolore,  distillant  à  192°;  il 
s.-  solidifie  sous  l'action  du  froid  en  présentant  un  phénomène  de  surfusion 
très  marque,  car  on  peul  l<'  refroidir  au-dessous  de  200,  sans  qu  il  se 
solidifie,  tandis  que  le  solide  blanc  cristallin  obtenu  par  la  solidification 
fond  à  1  1  ". 

»  \  oici  <l<'u\  analyses  de  »  e  corps  : 

llr 

Pool     IgBi       Igl 
poui 

I  !'■'• 


v- 


Poidj 

,1,  s,  .1.-  ■    I 

subsl 


I  Bi 


Théoi  i-'  p  Si   Bi   I 


- 


,   Br. 

/   I 


I 


1  '.'ii 


»  Le  bromoiodure  Si'BrM*,  solide  blanc,  fond  vers  .  distille  de 

/In"  .1    a   H". 

llr 
*       I 
-ni  - 


Poui       \     1  tgl 

poui 


I  .  l'I  ' 


I  héorie  |         3  I 


Br. 

I 

Bi 


I   I 


,,  .      |Q 


Br, 

I 


1 


»  Le  bromoiodure  de  Si'Brl1  solide  blanc   I I  vers  +  53°,  < I ■  ^t i I !•- 

vers  :>">  ï°. 


Poui   tgBi  \.  1 

poui 


de 

n 

X-    1 

poui 

["•m  

"    " 

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1  .  ■ 

» 

1 84 , 3 1 

>■ 

M 

,   Br, 


|6, 91     1 


|1 


Théorie  pour  Si'Brl1.. 


I   Bi 

I  ]  •    ,-   • 

16 

|   I 


»  Ce  dernier  corps  est  assez  difficile  .1  séparer  de  l'iodure  de  silicium, 

quand  celui-ci  se  trouve  en  quantité  notable  < l.i  11  ^  la  préparation. 


J  prtx  h  linemenl  la  p  ->n  el  les  pro|  i  !  i  |iln>s- 

phure  de  !•• 


CHIMIE.  -    Sw  _  .  un. 

N  MU  \-«i  i   Vain 

inhydrique,  mais,  dès  que  l'on 
veut  évaporer  la   liqueur,  I  vanhvdriqui  nésie 

i  :  aussi  on  ne  connaît,  comme  combinaisons 
du  magnésium,  que  celles  qui  résultent  >\>-   l'union  d 
m.  i  1 1  ime  l< 

sans  intérêt  de 

•  ibles  iln  «  \  inui  o  de  m.i- 

bromoevan 

i  dans 

de  pi  netil   pas  de 

radii  l,  monti  <•  que,  • 

d  .  "ii   m  loler 

■  i .  •  î  «  - 1 1  r  de  format lu  c>anure 

double  de  n 

i.   /  .'/;  ci  <!   m  Dans  une  solution 

i  une  température  di 
.  ou  pi  ■  ,:  p  n   petite  quantité 

Ml'  une 

nouvelle  qu  pie  que  l'on  additionne,  comme 

nment,  <\  iodui  i  Lré  et  éi  aporé  dou 

cernent   au  bain-mai  nt,  do  gr  indes 

i,  qui .  entre  des 

doubles  de  ,  iule 

M_<  jr.Hgi 

Il  \   .1  eu  double  d  un  équn  aient  de   Mgl  el   un 

équivalent  de  llgt  s  :  l «  -»  produits  île  <  elle  double  dé<  lion  se  sont 

unis  avei   un  équivalent  de   II *  \    pour  donner  le  <.<i|>n 

Hgl  v    M_<  y.IIgl  .Mi 
I  n  effet,    lorsqu'on  chaud  el   avec  précaution,    il  dégage  de 

•  x        n    25.) 


(  i45o  i 

l'acide  cyanhydrique,  de  l'eau  <•(  il  se  colore  en  jaune;  il  Fournit,  en  même 
temps,  un  sublimi  d'iodure  tnercurique.  Si  l'on  élève  la  température,  il  \ 
a  fusion  du  sel,  sublimation  abondante  d'iodure  mercurique  el  de  mer 
cure,  nuis  dégagement  de  i  v.it»<»u<-«»«-  el  formation  sur  les  parois  du  tube 
de  protoiodure  <l<  mei  i  ure. 

»  Ledégagemenl  al lanl  d'acide  cyanhydrique  el  la  Formation  d'io- 
dure mercurique  bien  avant  la  température  à  laquelle  l<-  sel  triple  esl  d 
composé  avec  Formation  de  mercure  el  d<  gène  montrent  que  I  <  >n 

a  un  composé  \>\u->  complexe  que  celui  qui  résulterai)    simplement   de 
l'union  <\r  1 1   -  <  )  '  ive<   Mgl. 

.,  Les  Faits  qui  suivent  montrent  aussi   la  présent  <■  du  cyanure  de  ma- 
gnésium el  celle  de  l'iodure  mercui  i  :  lie  combinaison  : 

Quand  on  porte  i  l'ébullition  une  solul  locj  mure  additionnée 

de  picrate  d'ammoniaque,  il  j  .1  produ<  ti l'une  bell loration  i" 

due  à  la  formati l'isopurpurate  d'am  qui  indiq [ue  tout 

h   ,  yanogi  ne  n'est  pas  1  ombiné  au  men  m  ITet,  montré  pi 

demmenl  que,  contrairement  à  ce  qui  les  cyanures  de  potas- 

sium, de  zinc,  etc.,  le  cyanure  de  mercure  n'<  pas  d'isopurpu- 

liiii-s  dans  1  es  conditions. 

I  >c  même,  lorsqu'on  traite  I  mure  de  magnésium  et  de  mercure 

par  une  solution  <!'■  sulfate  de  cuivre,  il  j  d  de   Hglel  de 

CuCy;  ce  dernier  se  décompose  en  iction   n'au- 

rait i>.i->  lieu  si  tout  lecya  it  <  omb  ure,  le  cyanure  de 

mercure  ne  Faisant  |».is  la  double  dé<  ompo  s  de 

cui\  re. 

II.  Bromocyanun  d  magn  nui  Dans  une  solution 

saturée  de  cyanure  de  m  .  maintenue  1  ,  on 

verse  goutte  à  goutte  une  solution  concentrée  de  bi  m  m  mu. 

On  ajoute  ainsi  1 5    deMgBrpoui  I  I        jueur  filtrée  et  éva- 

porée doucement  au  bain-n  insistance  sirupeuse  laisse  dé- 

poser des  lamelles  blanches  na  bées  entre  des 

doubles  de  papier,  répondent  .1  la  formule 

Mgl  y.Hgl  y.Hg  Br8HO     ou     ll_-i  y».  M  [1 1 

C'est  un  corps  hygroscopique  très  soluble  dans  l'eau,  altérable  .1  l'air,  te 

n'ai  pu  établir  nettement  I istituti le  1  <■  corps. 

En  résumé,  on  voit  que  l'action  de  l'iodure  de  m  ignésium  mu  le  ■  ya- 
11  me  de  mercure  fournil  une  combinaison  de  cyanure  'I.-  magnésium  ave< 


lu  bromure  de  magnésium  sur  le  cya- 
lil  une  combinaison  du  môme  ordre,  mais  il  esl 
lier  nettement  la  pr<  sence  du  cyj ■>■  A,-  magné- 


r  par  I  Uven 

Note  de  MM.  ili  \uy  G  u  m  h 

< <K»   «    ii  i.   i    .  M.     lirui  :     MO   -III. 

«   '  '  que  I  que  fuma  ni  n'attaque  |>;is  le 

plus  attaqué  par  l'acide  de 

ne,  nous  ,i\(in-<  pu  con- 

\  .m  contact 

ssoul  d'une  fa<  on  continue. 

du  phénomène  tienl  .1  ce  que  la  sur- 

d'oxj  .li  ,  .m  11 1-  en  certains 

iil   le  cas  'lu   fer  parfaitement 

■  ii  place  tlu    fer  dans  une  série 

1   que,  lorsque  la  densité 

1  contact  de  l'acide  sans 

noins,   l'attaque  se  produit  :   il  se 

ique  <     du  peroxyde  d  azote 

rivants  permettent  de  constater  que  le 

1    : 

1    l  [uelque  temps  ai ilacl  du  fer,  laisse 

pj'on  le  neutralise  p  11  la  potasse. 
.|'im  m,  r,  maintenu  dans  l'acide  de  com  entra- 

qu'on  n'ait  pas  de  ent  ga  eux,  diminue  peu  à 

jU0  ,,,„,.  obtenus  en  opérant  de  cette  fa<  on  sont 

il  m-  le  I  il'li  .m  suivant  : 


■■-■  donl  '•'  l'"'1 

1      '  !-     avec 


(•45 

Densités  de  l'acide I     ' 

I  > i 1 1 1 i i) ii i î •  >n  de  poids  pour  ■ 

en  'i  heures,  pendant  les  deux 

premiers  jours 

Diminution  de  poids  ,  •  . 

en  ai  heures,  pendant  les  'li\ 
premiers  jours 

o  La  force  électromotrice  du  couple  fer-plati  itique  diminue 

brusquement  quand  <>n  passe  d'un  acide  de  densité  infét  i .  don 

nanl  un  dégagement  gaze  tx,    i   in  acide  de  densité  supérieure  .<  i .  •  i .  ne 
donnant  plus  d'attaque  apparente;  mais,  dans  ce  lernien  ts,  elle  esl  égale 

;'i  envirt '  "".  1 5  el  correspond  bien  à  une  nttaquo,  i  ir ibtient,  dans 

des  circuits  de  n  sislam  intensités  tl 

»  Le  fer  est  donc  toujoun  attaqué  par  l'a 
.  oncentration. 

La  température  influt   I  ip  sur  le  pli  en  déplaçant   la 

limite  à  partir  de  laquelle  l'ai  e  produit  sans  ts. 

i  la  température  de  li  ra  l'attaque  lente  pout  le  densité 

supérieure  à  i,2i';  ra  que  pour  l'acide  de  densité  supérieure 

à  i.  de  ordinaire  du  iraet         S  on  chauffe  «lu  fer  pi 

dans  l'acide  azotique  ordin  i  igcmenl  de 

seproduire  à  partir d  e  alors  d'elle-même; 

mais  on  peut  arrêter  l'att  ique  en  :  a  d'un  mél  in 

réfrigérant,  soil  en  projet  ml  le  fer  dans  de  l'a*  ide  i> 

Supposons  maintenant  qu'on  emploie  du  fer  partiellement  oxydé,  el  i  e 
sera  le  im>  toutes  les  i"is  que  l'on  ne  prendra  |>.^  les 
pour  éliminer  l'oxyde.  \u  contact  de  l'ai  (rde  va  se  dis- 
soudre, déterminer  une  élevai le  temp<            .  eti'on  pourra,  par  suite, 

observer  l'attaque  avec  ■  !  n  dan  les  trop  concen- 

trés pour  donner  l<>  même  résultai  avec  le  fer  pur.  Il  «'si  facile  de  tir 

que  l'attaque  rapide  du  fer  dans  ces  conditions  esl  due  à  1  *  «  - 1  *  vationde  tem- 
rature  produite  par  la  dissolution  de  l'oxyde.  Si  l'on  place  un  morceau 
de  fer  partiellement  oxydé  il  ms  une  grande  m  tsse  d'  i<  ide,  et  si  l'on  agite 
constamment  pour  éviter  toute  élévation  locale  de  température,  l'oxyde 


(')  A.cide  vulgairement  appelé  quadrU 
Viili-  fumant. 


i 

.lu  métal  •  temenl  bril 

■<!< •  ii ii.uii  le 

I 
l  Icn- 

l'hv- 
uisanl   la 

1 

■ 

I 

l'un 
i  I . 

I  .1  une 

i 

s 
- 

*  lion, 


I       .    !   •  I 


CHIMIE  ORGANIQUE.       Action  du  benxykUi  </<   toude  sur  l'êther  camphocar- 
boniqui .  Note  de  Vf.  J.  >Ii\..i  in.  prési  niée  par  M.  I  riedel. 

M.  Haller  el  moi  avons  montré  I  '  -  que  l'alcool  éthylique  se  soude 
intégralement  à  l'éther  camphocarbonique  pour  Former  l'hydroiycampho- 
carbonate  neutre  d'éthyle,  quand  on  traite  cet  étber  en  tubes  scellés  pardi* 
IVtln  late  <!<•  sodium  : 


(  j  II 


Cil    i  0»<    II' 


C*H*OH       I     M 


I  II  I  II  -I  •  Il 

H 


Dans  le  même  ordre  d'idées,  j'a  i  du  benzylate  de  soude 

sur  le  même  corps. 

m  On  a  introduit  dans  chaque  tub  rcamphocarl [ue, 

à  'io00  d'alcool  benzylique  tenant  <  n  dissolution  o   ,5  de  sodium.  <  >n  .1 
chauffé  pendant  vingt-quatre  heures  h  une  température  de  1 

n  Le  contenu  des  tubes,  formant  une  masse  pâleusi  ""i  on  une 

huile  dans  le  traitement  par  l'eau.  O  nd  par  l'éther.  Soumise  à  l'i 

poration,  la  solution  éthérci    ibandonne  une  huile  qu'on  distille.  I.  al I 

benzylique  passe  d'abord;  vient  ensuite  un  liquide  visqueux  distillant  entre 
io°  ^"iis  une  pi  ess  on  de  1  "  <l«-  mei  cui 

»  L'analyse  de  1 ps  p<  1  aet  de  lui  assigner  la  formule 


•    Il 


1  it-i  u  <     11 


«  ..  .    Il 
c'est  de  l'hydroxycamphocarbonate  de  benzyle  neutre 


!    '   Il 


1 


(Il    Mil      II 

I  (1 


(         Il      M||  I 


(     l|-<    «Il         II 
<     M     I         II 


I         II      I    I 


»  On  aurait  pu  s'attendre  .1  la  formation  d'un  éther  mixte;  mais  l'ali 
benzylique  .1  déplacé  l'alcool  éthylique. 

»  Le  rendement  a  été  de  to**  environ  pour  jo    d'éther  employé. 

»  La  saponiGcation  en  tubes  si  elles  par  de  la  potasse  alcoolique  donne 
de  l'acide  hydroxycamphocarbonique  el  de  l'alcool  benzylique. 


(')  Comptes  rendus,  l.  CX,  p.  Jio. 


ma  l'ai I  lube 

I  i  Je  l.i\  ml  .1.-  la  pi  i  ji.u  ation  d<  cet  éther,  ueutra 

-  I>  ii  h  tonnent  une  huile  <|in  , 

i  de 

l'ai*  luiphocarl i«| 

le  l'hwli 

I  '   I  " 

(  'Mi 

Son  | 

\ 


<  Bill 

■ 
'  M.  P.  PtCMABD  ir 

/.'  I     |)Ur,    :  i  Mil  t    lill- 

■ 

n"is.  I  lion 

i,4-l 



i  i.nh  ir 
i 

cal  de  i< 

I  ".m  Iditionn  i  -i  la  d<  ise  de  i   pour 

le  sulfate  tle  fei  n  lemenl  la  déperdition  d'à 

i 


(  '456  ) 
a  diminué  le  gain  en  azote  nitrique,  2,55  au  lieu  de  S.iopour  100,  a  élevé 
le  gain  en  azote  ammoni  ical  de  6,  "i  >  à  ■<•.  |0  | r  ioo. 

»  Dans  le  sable  additionné  d'argile  h  <l<-  carbonate  de  chaux,  !«•  sulfate 

de  fer  a  réduit  la  déperdil l'azote  de  li,(  1,87  pour  ,  a  diminué 

le  gain  d'azote  nitrique,  6,  1  I  au  lieu  de  7, 1  1  pour  lugmenté  le 

d'azote  ammoniacal,  "i  lieu  de  18,57  pour  100. 

0  Dansle  même  mili  >u  1    'M'-,  argile  el  carbonate  •  !<•  <  baux  >,  des  >l 
doubles  et  triples  de  sulfate  de  fer  uni  amené  une  déperdition  moindre 
d'azote,  en  môme  temps  ru'une  diminution  graduelle  du  gain  en  azote  am- 
moni; .  'i ,  i". "m,  pour  100,  el  unel 

en  azote  nitrique,  6,  1  '•.  7,  ,  pour  !<•      I  •        ::  ite  de  fer  paraît  en- 

traver la  décomposition  de  la  H'  peul  favoriser  la  nitri 

tion. 

Dans  un  sol  complel  (sable,  argile  el  e),  une  addition  de  lactate 
de  1er,  à  dose  renfermant  la  même  quantité  de  fer  que  ,  '  ,  <!<•  sulfate,  a 
annulé  a  peu  près  la  perte  d  porti  le  _-.nn  d'azote  ni- 
trique de  7,14    1  22,34  pour  1 1   ■!  colui  d  mi niacal, 

!,  '.-  .m  lieu  «If  1  8,  ">-  | •  «  »  1 1 1  100. 

a   Les  sels  de  fer,  en  général,  semblent  nuisib  fi  rinents  destruc- 

teurs de  la  matièi  les  sels  mes  de  fer  favoi  ni  la 

nitrification. 

Dans  nu  sol  compl(  1,  l'addition  de  sesquioxyde  de  fi  r,  .1  la  dose  de 
.     1  éduit  la  déperdition  d'az<  .    orté  le 

d'azote  nitrique  d<-  7. 1  1  .1  1  t  réduit  celui  il  de 

[8,37  a  111,71. 

L'oxyde  de  fei  n'entrave  pas  la  décomposition  do  la  mati  re  azotée;  il 
paraîti lérer  l'action  énei  de  chaux  el  favoriser  net- 

tement la  nitrification,  par  fi    ii  ..H  .1    mmon    que,  on  de  l'argih  el 

par  ses  proprit  tés  oxydanl 

Le  sulfate  de  chaux  introduit,  à  la  do  .   lans  les  mêmes  sols 

que  le  sulfate  de  fer,  s'i    t  montré  partout  supérieur  à  celui-ci  au  point  de 
vue  de  la  nitrification.  Dans  l«-  sable  purement  siliceux,  il  a  élevé  le  j 
en  azote  nitrique  de  1 ,43  à  1 1 ,43  pi  :  dans  -..M.-  etcali  aire,  de 

à  13,67;  dans  sable  et  argile,  de  5,ii  1;  dans  sabli  et<  d< 

de  7,.',  à  34, 

Quanta  la  conservation  de  l'azote,  son  action  est  plus  efficace  que 
celle  du  sulfate  de  fer  dans  les  sols  argileux,  peu  différente  dans  les  sols 
silico-calcaires.  Elle  ne  s'est  montrée  inférieure  que  «lans  le  sol  purement 


'iv,  en  ■  ■ 
pide  du  Mil:  ix. 

I  e  tulfate  .!<•  ■  baux  i  ion  île  I 

l>  u  les  fei  mi  n  ,:  1 1  n  ii  •  'i. 

\u  point  i  utile- 

•  emploi  lans  les  m 

en  e*l  i  ijH'1  ut  .Luis 

Luis  1<  «luis  li  i  juirni,  «l.uis 

Pour  les  plus  li 

qui  entrent  dans  les 

I  liât*  obtenus  dans  im^ 

lilil.  ili-s;    li   iii.il 

que  i  elle  di  ■•  partiel  Ici  i  Dumas*  mais  on  peut, 

té,  iup| 
,l  de    i  plutôt 

(|U( 

i  '.   '.i  \  ■ 

•  i  en 

.i\\,i  plus 

.IS.I1/ 

■   I  ' 
sinon  nuisible,  I     i 

l  non  d'une 

influi 
aussi  bien  que  par  '• 

d'une  d<  ou  '!<• 

inti  .ii>-  >l<4  toude  dans  une  tel  •  i  « I « ■ 

phosphate  \. 

I  ustifie  i 

ne  pratique  du  .1  peu  u  nea  naturelle!!  qui 

l.i  iiHiii 

1 1.  sii  m  tion  ino.l.  i  ii-  i|c  la  mal  le  cah 

fixation  de  l'ammoniaque  pai  l'argile  el  l<  sulfate  d<  i  baux,  limitation  des 

mêmes 


(  1458  ) 
éléments,  enfin  fixation  plus  grande  d'azote  atmosphérique  :  tels  tonl 
les  effets  chimiques  du  marn  .  C'esl  à  bon  droil  que,  depuis  des 
siècles,  la  pratique  agricole  a  donné  le  premier  rang  au*  terres  végétales 
renfermant  l'argile  el  le  calcaire  associés  au  sable  siliceux  en  notables 
proportions.   » 


économie  rurale.  —  Surla  valeur  des  débris ananau  i  comme  fumure 
Note  de  MM.  A.  Mihrrz  el  A.-tin  (inunn,  présentée  par  M.  Ductaux. 

«   L'agriculture  utilise  comme  fumun  d       les  quantités  de 

déchets  animaux,  résidus  de  l'alimentai le  l'industrie;  le  sang  des- 
séché, les  débris  de  cornes,  les  déchets  de  laine  el  de  onir,  les  pou- 
drettes,  etc.,  forment  l'objel  d'un  commerce  important.  L'azote  qu'ils 
renfermenl  esl  a  l'étal  organique;  il  a  besoin,  pour  servir  d'aliment  aui 
plantes,  d'être  amené  à  une  forme  min 

„   i  inismes  qui  peuplent  le  sol  se  chargenl  de  cette  transforma- 

tion :  1rs  uns  commencent  par  décomposer  la  mati<  i  produisant 

de  l'ammoniaque,  li  )  autres  l'amènent  finalement  à  I  étal  de  nitrati 

c'est  sous  cette  I ie  q       I  benl  ordinairement,  sinon 

exclush  ement .  les  <  lémenl  I  les  ayanl 

besoin   de  s trifier  pour  être  utilisés,  leur  aptitude  ■>  la  nitrification 

semble  <le\  oir  être  la  m  imme  fumu 

»  (  )u  s'était  déjà  préo<  •  upé  de  i  omparer  «ni i«-  eus  I  lis  animaux 

par  des  expériem  es  culturales;  mais  il  n'existait  pas  de  yen  rationnel 

pour  déterminer  dans  le  laborato  Les  tentatives 

faites  dans  cette  direction,  par  l'emploi  de  p<  ,  ou  par  celui  des  alcalis 

concentrés  et  bouillants,  nenl  à  tel  point  di  s  <  ondil  mis  naturelles, 

qu'on  ne  saurait  leur  attribuer  aucune  valeur  pratiqui 

»  Nous  avons  cherché  à  mesurer  l'activité  di  rganiques 

d'après  leur  aptitude  à  se  nitrifier,  en  reproduisant  sur  une  petite  échelle 
les  transformations  qui  ont  lieu  dans  le  sein  de  la  tei  re.  I  rappés  de  i  i 
que  ceux  îles  engrais  qui  ont  peu  d'influence  sur  les  ri  i  "lies  son!  pré<  i 
sèment  ceux  qui  offrent  le  plus  de  résistance  b  l'action  des  organismes 
nitrifiants,  nous  avons  basé  sur  i  es  observations  un  pi  consistant  à 

déterminer  la  quantité  de  nitrate  formé,  dans  un  temps  donné  el  dans  des 
conditions  identiques. 

\<uis  introduisons  dans  une  terre  apte  à  nitrifier,  les  substance 


■ 

est nue,  lolli  point  de  i 

noua  déterminons  1 1  m|>s. 

i 

I    11    (    Mlllj.it     Mit      I  .1 

rauid 

•  lu  ' 

M|.|.       -  1 1  I  - 

Mil     I' 

Ull|l    plll 

Miitt»,  sont  ni'  apabli 

cultu 

■  Lui-  laqucll  iltinl    I 

-il>l'- 

•  I.   rondi  ment 

i 

N  ma  les  I 

si'ldi'IlP  lll    I  i  N 

avon  ImiiI   \>%> 

I  Ile  addi- 

■ 

|ir.i- 

l  lonl  la  >  il  donné  la  |>n  i 

.1  le  sul 
n'onl  |  I  île  leur 

la  M-,  onde 

i  t  foui 

notablement   il 
\  a  nie  li 

Enfi  lonl   la  nilniï<  ntioi 

d'influence  icnsiblo  sur  la  récolte  du  l.i  i 
qu'une  trèa  faible  sur  celle  de  l'ai 


(  i46o  ) 

>.   En  nous  plaçant  au  poinl  '1«'  vue  économiq i  en  additionnant  l<*s 

récoltes  des  deux  années,  nous  trouvons  que  le  maximum  de  rendement  .1 
été  obtenu  avec  les  engrais  ;'i  nitrification  rapide,  dont  l'azote  ;i  été  utilisé 
dans  la  proportion  d'environ  60  pour  100.  Ils  ont  eu  une  supériorité  n<>- 
table  sur  ceux  auxquels  leur  nitrification  plus  lente  .1  assuré  une  plus 
longue  durée  d'action  et  dont  l'azote  a  été  utilisé  dans  la  proportion  d'en 
viron  iopour  [00;  d'ailleurs  les  premiers,  ayant  donné  tout  leur  effet  dans 
le  courant  d'une  année,  onl  eu  un  autre  avantage  sur  les  seconds,  dont 
l'utilisation  a  nécessité  l'im bilisation  du  sol  pendant  deux  années  con- 
sécutives el  par  suite  <I<-m\  façons  cultural* 

»  Quant  à  ceux  qui  ne  nitrifient  qu'avec  une  grande  lenteur,  aopour  1  ",. 
seulement  de  leur  azote  •  >m  été  absorbés  par  les  récoltes;  l<-m  emploi 
direct  ne  nous  semble  .1  1  onseiller  que  dans  des  composts,  où  ils  *<<•  désa- 
grègent lentement,  <-\\  contribuant  .1  la  formation  du  terreau. 

L'unité  dei Isd'a  ote  dans  les  inimaux  se  paye  son  m- ni  plus 

cher  que  dans  les  engi         ilins;  nos  recherches,  s'appliquanl  aux  tei 

normales,  où  la  nitrificati sst  facile,  infirment  <  nents  de  la  pratique 

ci  montrent  qu'il  serai)  logique  de  payer  ■<  un  prix  plus  élevé  l'azote  du 
nitrate  de  soude  ou  du  sulfate  d'ammoniaque,  qui  est  d'une  utilisation 
immédiate  el  dont  <>u  est  11  attre  de  régler  l'applii  ation  suivant  les  besoins 
des  récoltes,  que  l'azote  des  engrais  1  |  n-^.  dont  la  mise  en  1  irculalion 

ne  concorde  p;is  toujours  avec  l'époque  où  les  plantes  en  onl  besoin  el 
peut  souvenl  se  faire  attendre  longtemps. 

»  Il  convient  d'ailleurs  d'établir  de  grandes  différences  entre  le  prix  de 
l'azote  dans  les  divers  résidus  animaux,  d'après  l'activité  de  leur  nitrifica- 
tion. Le  dosage  ^«'ul  de  l'azote  organique  n'esl  pas  suffisant  poui  déter- 
miner la  valeur  de  ces  produits;  il  faut  \  joindre  l'élu  le  de  la  nitrification, 
do  il  l'intensité  relative  doil  être  un  facteur  important  dans  l'évaluation  de 
leur  valeur  agricole. 


zoologie.  —  Sur  le  dt  velopp<  ment  cL  s  feuilL  u  blastodU  rmiquet  chez  les  < 

unes  isopocU  1 1  Porcellio  scaber  >.  Note  <\<-  M.  I s  Roi  1 1  .  présentée  par 

M.  Milne-Edwards. 


«  J'ai  montré,  dans  une  pré<  èdente  Note,  l'origine  «lu  blastoderme  des 
embryons  de  Porcellio.  Le  disque  germinatif,  contenant  le  noyau  de  l'œul 
fécondé  enveloppe  le  vitellus  nutritif  en  lui  empruntant  le  protoplasme  né- 


(  i46i 

lie  extei  ion  noyau  se  <li\  I  les  pro<  édéa  k  • 

kinétiquea  li  ifa  tuels,  en  |il<  enta  qui  •><•  partagent  eux-mêmes; 

ri  s. m  ensemble  en  cellules  <|ui  augmentcnl  rapidement  <l<' 

ni  >m!        i  •  il  h  in  m  est  .m  hevéc  lors  |ue  le  vitellus  m  ut  ni  il  est  entouré 

I  .    !     ,  -  h   plus  us  el  sut  ni- 

i   mil-  .1.  i  .us,  uui  i"  ■  upc  la  future  II  ventrale 

de  l'embi  is  l'extrémité  antérieure  de  l'œuf  jusqu'à  l'ex- 

une  bande  saillant  rme,  qui  s'avance  dans  le  vi- 

tellus  el  se  divise  rapidi  i  deui    unes  parallèles  juxlapi 

bande  parallèle  va  produire  les  veux;  elle  est  interrompu»  . 

•  un  il ii  imMc  anti  rieui  du  corps,  en  un  point  où  le  slomodéon  apparaît; 

tituc  I  éb  iui  lu-  du  '  en  eau,  el  - 1 
elle  de  1 1  moel  li  de. 

\ iiriii  nu  naissent  U  t 

éléments  bl  b  multiplient  •  sur  lf> 

, l<-  l'en  l'èbaui  II  île  el  de  pari  <-i 

d'autre   de  la  ligne   nu  I  rayons    présente  bientôt, 

sous  le  blastoderme,  une  couchi  ;  mirant  trois  di- 

li.mt,  m  I  l'extension  dans  les  deux 

ii  une  •  j'I  tude,  elli  te,  et  la  •  be 

cellu  horizontalement,  j  I I  supérieur  el   par  son 

,i .  dans  le  «  itellus  me  ■•  I  emp< 

nouvelle  exten  j'"-  lea  deux  borda  parviennent 

sur  la  ligne  i  ourbent  alors  en  dedan  nlinuant 

i  .■<  Ih-iii  l'un  de  l'autre  jusqu'  ■  •  ■    ;  o  ren - 

tudent.  Chaque  couche  a -  un  tube, qui 

ipe  la  majeure  partie  de  la   moitié  correspondant!  irps  de  l'em- 

.,,  ,|  donl  i  ilienl  le  vitellus  nutritif 

Ile  a  emprisonné  pendant  son  développement.  <  es  dcui  tubes  sont  des 

ébauches  de  l'organe  nommé  à  toi  l  i  le,  limité 

par  l'endoderme  donl  on  vient  de  suivre  le  i le  de  I  m,  doil 

consii  imme  l'entèron  de  ces  an  nclionsdui  tno- 

i.iiiim.  ni  i  hi  irs,  -"ut  plutôt  nutritives  que  gland  u- 

lain 

I  ,  i,,  ,  ,t.,i,i  mis  i  part,  l<  n  île  du  tube  digeslil  d<  rive  de  deui  inva- 
liona  bkstodermiquea  opposées,  l'une  inférieure  el  quelque  peu  ven- 
trale, l'autre  sui  ent  dorsale,  Lesdépi  enfoncent 


i  ,6a  ) 

dans  le  vil. 'Uns  p -aller  à  leur  rencontre  mutuelle;  elles  se  touchenl 

d'abord,  puis  se  confondent,  el  leur  région  de  soudure  se  relie  elle-même 
aux  deux  parties  du  foie.  L'invagination  antérieur* stomodéale  pro- 
duit l'œsophage  et  l'estomac,  et  l'invagination  postérieure  ou  proctodéale 
entendre  l'intestin. 

»  Le  mésoderme  apparaît  pendant  que  i  es  diverses  évolutions  se  pour- 
suivent. Ce  feuillet  esl  produit  par  les  éléments  du  blastoderme;  la  plupart 
d'entre  eux  se  divisent  en  segments,  dent  l'externe  continue  .1  faire  partie 
de  la  couche  blastodermique,  tandis  que  l'interne  pénètre  dans  le  vitellus. 
Celui-ci  se  partage  à  son  tour  en  plusieurs  autres  1  ellules,  et,  le  même  1 1  1 
intervenant  pour  le  blastodei  <•  entier,  l'ensemble  de  ces  éléments  «  "n- 
stitue  le  mésoderme.  Les  principales  zones  de  prolifération  ^""i  pla 
sur  la  face  ventrale  du  corps,  a  la  ba  pattes;  elles  sont  dont  su 

nomlnv  de  d«'n\,  situées  de  pari  et  d'autre  de  la  ligne  médiane.  I  •  s  •  el- 
lules mésodermiques  se  nourrissent  aux  dépens  du  vitellua  nutrilil  >|ui  1rs 
entoure;  elles  évoluent  suivant  l<-  procédé  mêscnchvmatcux  typiqu 
les  cavités  qui  naissent  entre  elles  pour  former  les  canaux   rasculairea 
sont,  à  leur  début,  des  petites  lacunes  1  onjonctives  aux  contours  irn 
liers.  \  11  eu  m-  de  ces  cavités  ne  peut  1  répondant,  s"ii 

par  son  mode  de  développement,  soil  par  soi ginc,  aux  1 ùtei  m< 

dermiques  des  Lnnélides. 

»  Le  blastoderme  fournil  à  ces  diverses  proliférations,  sans  perdre  son 
aspect  d'assise  épithéliale  simple  placée  autoui  du  vitellus  nutritif  ;  il  con- 
serve cette  disposition  après  que  les  ébauches  du  mésodermi  elles 
de  l'endoderme  ont  pns  naissance  à  ses  dépeni  ont  séparées  de  lui; 
il  représente  alors  l'ectoderme. 


physiologie  végétale.  —  Sur  /.  ,.  _  ._  naît  d'oxygène  /»ir  />  \  planta, 
aux  basses  températures.  Note  de  M.  Bsurai  Jcasuxi  '),  présentée  pai 
M.  Ducbartre. 

«  Dans  les  régions  polaires  on  à  de  hautes  altitudes,  certains  végétaux 
résistent  à  de  très  basses  températures.  Là  où  régnent  des  froids  persis- 
tants de  —  5o°,  on  rencontre  encore  une  grande  quantité  <!-•  Cryptogames 


(')  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de Biologi  1     iiaiaebleao, dirigé 

par  M.  Gaston  Bonnier. 


-     i  '  quelqu       • 

Le*  plai  ,i  Je 
>  ie  I                                                       l.mi  plus.  I  ouU 

lu,  non  froid, 

rie  la  p  i  plupart 

: 

i\.  Il  i  rstail  <!•  ni  ,!,• 

lure, 

qui,  '  renl  |  .  qui 

m. 
i  -,  de 

•m  m. nt 

Poui  la  rcpiral 
Jiminui 
!  tous 

I  llll- 

I  I  hloropln 

.  ellulca 
i  quelles 
limiU 
i  i 

Gratiolel  n'onl  •  la  \  .il!  isua  de 

jii'.ih-.I. 
■  llo  de  l.i  li- 
mu •  i  le  l<-  phénomène. 

Nous  donnerons  simplement   les  résultais  principaux  de  nos  recher- 
,  qui  uni  ■  m-  ni  ux  appareil*  différents. 

kl  M 


lutami  Ji  i»i  i      i  I  ■  in(  I  /a 


(  '464  ) 

vette  renfermant  la  plan it  plongé*  liquide,  ex] i  la  lumière  ;  ell< 

hermétiquemenl  fermée  el  communiq ulement,  par  un  lube  en  veri  a  ap- 
pareil à  prises,  au   yen  duquel,  avant   el  après  l'expérience,  on  extrait  de  petites 

quantités  de  gaz,  qu'on  analyse. 

o  I  ne  seconde  -■  rie  de  rei  herches  a  été  faite  avec  un  appareil  récemment  imaginé 
par  M.  Gailletet,  le  cryophore,  dans  lequel  le  froid  est  obtenu  par  la  délente  de  I 
carbonique  liquide,  qui  traverse  un  serpentin  placé  dans  un  vase  métallique  rempli 

d'alcool.  La  température  de  l'ai I  s'abaisse  rapidement,  à  l'obscurité,  jusqu'à 

on  la  maintient  au  degn   •■    ilu    a  faisant  passeï    de  tempi  dans  le  serpentin, 

un  jet  d'acide  carbonique  liquide. 

\,,.   expériences  devanl  être  i  lites  au   soleil,  il  étail  difficile  d'obtenir,   d'une 
façon  constante,   des  température*   aussi   bai  i       N   ai  avons  simplement  chen 
réaliser  une  tempéi ■<! ure  di 

i  n  ballon  en  verre,  hermi  tiquemenl  fer i  renfermant  la  plante,  est  placé  dans 

l'alcool;  au  moyen  d'une  glace,  ••"  proji  I  réflexion,  lui  ce  ballon  les  rayons 

solaires  ;  il  v  a  coi nii  alion  entre  le  ballon  et  un  appareil  ■<  pri 

Dans  les  deu»  appareils,  la  lempéi  ilure  di   l  atmo  phi  re  des  Bacons  contenant  les 
plantes  est  déterminée  pai  un  thei mètre  |  eur. 

»  Nous  avons  expérimenté  sur  trois  Lichens  (  Et   ■■    i  Pru/uutri,  Phyi 
citions  cl  Cladonia  rangi/erina)  el  sur  deux  Conifères,  Il  picéa  el  le  Ge- 
iic\  rier. 

»i'/'  i  '  \  heures  i  une  len 

rature  moyenne  de        15*,  à  u  il;  la 

plnnii'  ;i  résisté  au  i I     i  d       mp  ,  boniq le  I  ail  el 

a  rejeté  0,95  pou l'oxygèm     llyad  lorophyllienni 

»  i"  Juniper  us  commuais.  —  D  p<  nd  ml  troii 

heures  el  demie,  à  la  lumière  diffuse,  ■>  une  ' 
de  —  170  à  —  Jo°,  puis  est  jusqu'il 

Elles  onl   décom p  1  d'acide   cai  I iqui 

d'oxygène. 

»  3°  Evernia  Prunaslri,  —  Dans  une  première  ex|  l    •  >  nia  Prunattn 

imbibé  d'eau  •>  1  té  exp  is<   au  soleil,  pendant  1 1  •  •  i ~  heui  .  Ku  boni  ■! temps, 

I  atmosphèi  e  du  il  ic  m  qui  le  1  enfei  mail  ,s  poui  1 

et,  en  moins,  '>,*»,  poui  cari îque.  Il  j  position  de  1  e 

dernier  gaz,  c'est-à-dire  assimilation.  La  plante,  retirée  du  flacon,   .1  la  dureté  d'un 

bloc  de  glace.  Cette  expi  U   Dri 1  Loir,  ■■  été  répétée 

avec  le  cryophore  Cailletet. 

1.  /    .  r  m  a  Prunaslri  est  ri  stéquatn  m  soleil;  la  li  mpéralure  l'est  abais- 

sée de  —  i4°  à  —  37°,  | ><i î -  est   remontée,  pendant  la  dernière  li>-ur.',  .1  —  .;•■■.  Dans 
l'atmosphère  du  ballon,  il  a  -li-.  ■  bonique,  el  il  j 

plus,  ".-."»  pour  100  d'oxygène.  Pendant   les  quatre  heures  suivantes,   la  température 

est  restée  entre  —  3o°  et  —  ao° j  la  pi. mi.-  a  décom] -  pour  100  arbo- 

nique  et  dégagé  0,80  pour  ion  d'oxygène. 


1 

\ 

] 

iti  é  qu  •  ion, 

: 
: 
i 

/ 


e  de  MM.  J     l><  ■<  ki  i    d'IIkmcclaii       <  m     Lasclois,  pn    enléo  par 

M     I 

\n  •  qu'il  lil  .m 

\    i 
Inr.i!  lin,  le  pi 

i*t  de  le  |i 
«  alités  i-n\  ili 
nikofl 

résul- 

llts   olltl'IHI  l.l   ilrstllli  II le-   i 

1rs  de  bel  illschick 

les  ternis  de  -<|"  i  mull  , 

.   .|iii  n'a  pas  •  >i  lieu. 
Depuis   iSHrt,   M.  Kùnckcl  s'esl  atlacli  hereber  si  les 


(  1466   i 

notes  marocains,  hôtes  des  Hauts-Plateaux,  n'étaient  pas  atteints  j>.n-  une 
affection  cryptogamique  :  il  a  toujours  constaté  < j 1 1 «*  la  mortalité  dans  les 
sols  étail  causée  parun  Diptère  parasite,  I    5  i  clathrata  Mergen. 

Cette  année,  au  débul  «le  l'invasion  <l<s  i  riquets  pèlerins,  il  se  rendit  à 
Biskra  pour  suivie  leur  évolution.  Il  recueillit,  le  26  mars,  un  grand 
nombre  d'individus  des  deuj  ticul  parfaitement  sains; 

au  fur  et  à  mesure  des  ippariements,  lescoupli  il  isolés.  Quelques 

cas   d'affection   cryptogi pie  ni  dans  ceux  qui  étaient 

réunis  en  groupe  :  mais  la  mortalité  fui  insignifiante,  la  contamination  «  I  «  - 

proche  en  proche  paraissant  très  difficile.  Dans  i iple,  le  mâle  mourut 

portant  des  signes  d'infection;  sa  femelle  tut  asso  un  autre  mâle, 

oupla,   lit  une  première   ponte  l<  .   seconde  le    i   juin, 

mourut  l  'i  mâle  mourut  également  le  16  sans  manifesté  de 

signes  d'infecl  ion. 

I  e  <»  «i  le  16  mai,  M.  Rûnckel  lit  à  I  ulture  d'Alger 
1  mmùnications  dans  lesquelles  il  annonçait  qi  trairemcntà 
l'idée  re<  ue,  les  •  riquets  pèlerins  m-  moururent  p  1  la  ponte,  m  lis 
que  ceux  qu'on  trouvait  ça  et  là  sui  en  partie  morts 
étaient  atteints  par  un  tion  cryptogamiqui  M,  Kùnckel  ri 
M .  Langlois  ayant  trouvé  chacun  di  >-,  l'un  aux  environs  d'Alj 
l.i  Righaïa,  l'autre  au  vi  d'Hammam  Rh  ta,  des  Criquets  pèlerins 
contaminés,  s'a!  ni  pour  faire  d<  n Voici 

isultats  des  observations  faites  par  eux  si  pan  ment,  et  communia 
;'i  la  Société  d'Agriculture  d'Alger  le  '•<>  mai. 

»  Nous  avons  le  regret  de  dire  que  c'est  toujours  après  que  I  uets 

pèlerins  s'étaient  apj  nt  pondu,  qu'ils  mouraient  1  on- 

taminés;    que    c'était    p  >ili    leur 

cycle  évolutif,  et  commis  leurs  ravages  qu'ils  mm  combaient. 

Nous    ajouterons   que  toutes    spéciales   paraissent 

nécessaires  pour  favoriser  le  développement  du  Champignon  parasite; 
ce  n'est  que  sur  les  individus  capturés  dans  des  lieux  bumides,  soit  sur 

certains  points  des  Hauts-Plateaux,  ><>ii  mm-  I.-  littoral,  que  s  avons  pu 

constater  les  -:_nrs  caractérisa  pies  de  l'infection.  Nous  Irions  observer 
i[ii  a  l'état  de  nature  les  <  riquets  pèlerins  savent  se  grouper  .m  pied  <lrs 

plantes  et  des  arbustes,  grimper  sur  ces  derniers  en  prenant  la  posil 

verticale  pour  éviter  l'action  <!-■  lai         .  J  a  captivité,  1  e  n'est  que  sons 


(')   Voir  h  ig  mai   , 


'l'un  linge uillé  que  la  maladie 

bre  d'individus,  de  telle  sorte  que 
.    .   l'étal  libre,  <!<■>  cou. In 

■  I  '  mi  l'acte  <!>•  la  ponte  ava 

i   i\  .liis  par  1rs  Cryptogames. 
.  €  1 1 a  i  sont  encore  \  i\ 
■  .  depuis  leur  capture,  ils 
ment  contaminés.   <  In  pourrait 

Ml  pi  t. minier  ;    niais   1rs 

nvelopp  sistante. 

Il  n<  -  d'œul  emenl  couvertes 

ibryons  nui  continué 

i'ih- 
i  aussitôt  qu'ils 

.  bien  que 

il  même  transfoi  nues  en  in- 

«•ni  le  plus  souvent 

mi    .  riment  aussi 

i 

I  points  «ni  elle  se  dé- 

d'un  très  grand 

nbre  d<  ;  de  hrouv<  i  lieu  des  effli 

itammenl  V  i  ■'  rnario  tmuis.  Des 
h'.. ni  pa  i  permis  .!<•  con- 
.l.iiis  la  profondeur  de  l'or- 
i  point  d 

'•,.  r  la  | '  omrae  preuve  de  la 

pouvons  .  iter  une  femelle 
,  iptun  [uc  le  16  juin,  présenta  ni 

,11  ver  parasite  du  genre 

M   |,.  pro|  ord  avec  nous  p<  un            rei  l'aûec- 

l|MI,  m  comme  absolument  superficielle. 

i  ,  ypi0j  icamen,  on  aurail  pu  croire  qu  on 

s.-  trouvai!  en  présence  d'un  /■.>/</"/></.  mais  alors  d'une  espèce  spéciale. 


(  i468  ) 
tores  étude  approfondie,  nous  rapprochons  le  Cryptogame  parasite  du 
Criquel  pèlerin  du  Polyrhizium  Leplophyet  Giard. 

Les  spores  sonl  !  -  une  le  dil  M.  Giard,  de  deux  sortes,  l<  s  unes 
plus  petites,  ovoïdes,  d'environ  6p.,  naissanl  par  groupes  «!«•  deux  ou  trois 
à  l'extrémité  des  hyphes,  les  autres  plus  grandes,  à  contenu  granuleux, 
également  ovoïdes,  de  -  en  deux  par  une  cloison  qui 

détermine  l'étranglement  de  li  spore.  I  pores  sont  considé- 

par  M.  Giard  comme  des  sporesdurab  i  mycélium  du  Champi- 
gnon présente  des  cloisonnements  assez  rapprocha 

»  Il  nous  a  été  facile  de  faii  e  germer  les  ~-j»<  •!<■->  :  les  cultures  Bur  milieux 

solides,  gélatine-peptone,  agaragar  nutritive,  acitl i  légèrement  alcaline, 

n'ont  donné  quedes  résultats  douteux,  les  cultures  étant  contaminées  par 
des  Bactéries  vulgaires.  Il  faudrait  des  cultures  spéciales  pour  les  séparer. 

:  mé,  nous  tuvons  <-n  présent  e  d'il  I  ion  pai 

bénigne,  n'attaquant  que  des  individus  parvenus  bu  terme  '!<•  leur  évolu- 
tion, et  <|iii  parait  ne  se  transmettre  que  très  difficilement  aux  inse<  tes, 
fussent-ils  de  la  même  espi  • 

»  Pour  nous,  comme  pour  M.  le  l»  rrabut,  il  ne  nous  semble  |».is 
possible  de  fonder  des  espérances  sui  un  mode  de  destruction  reposant 
sur  le  développement  artificiel  des  Champignons  parasites  observés  sur  les 
(  Iriquets  pèlerins. 


S  anites  prétendus  postsecondo  I  utile 

de  Foia  i.  Note  de  M.  A.  Lacboix,  présentée  par  M .  Fouqué. 

La  question  de  I  âge  du  granité  a  préoccupé  tous  \<  qui  ont 

étudie  l'Ari<  I  cord  pour  admettre  l'existence  de  granités 
anciens  (dont  quelques-uns  sonl  postérieurs  au  silurien  et  peut-être  au  dé- 
vonien  l,  mais  un  certain  n bre  d'entre  eux,  Di her  et  Zirkel  en  par- 
ticulier, admettent,  en  outre,  une  venue  granitique  postérieure  an  terrain 
jurassique.  Les  points,  étudiés  pai  rants  et  servant  de  base  à  l<tn- 
<>l>inioii,  se  trouvent  au  port  de  Saleix  et  aux  environs  d'En  é  sur  la  feuille 
de  Foix. 

»  L'étude  des  points  considérés  m'a  conduit  .1  des  conclusions  diffé- 
rentes de  celles  qui  ont  été  énumérées  plus  baut.  Je  passerai  successive- 
ment en  revue  les  tl  versg  sements. 

»  Port  de  Saleix.  —  L'opinion  de  Durocher  peut  se  résumer  ainsi  s     L< 


ni  s  par  le  granité  qui 

:  le  déve- 
loppement d 


1  s  immé- 

,,Ml  ravins  qui  sillon- 

"'•"t  ''  ches  an<  qui,  par 

!''■"  ■  Ltement 

'I"'  ne  son!  |us  percés  par  elles.  De 

01  hes  en  question  mises 

on.  On  rencontre,  clansdes 

ax  )  gra- 

ampliiboliqm  s.  à'amphi- 

.  il  esl  i 1 1 1 - 

i    on  m'  peul 

■ 

1  île  lires, 

.  moins  nombreux  de  ces 
mèni  Durocher,  qui 

sultal  d'une 

mon  attentif  do  i  es  échantillons 

iblable  opinion  :  d-  sont,  en 

arrondis 

toul  du  jrani- 

i  anciennes  dont  tous 

|ue,  mica,  amphibole,  i 

i  à  '/- 

t,  la]  i  des  éléments 

oin  en  l<»m  que  l'on  rencontre 

i     de  -  neiss  <»n    de  granité 

(col 

.  ni  pour  établir  l'antério- 

ilre,  je  ferai  remarquer 

que   .  métamorphiques   qui, 

dans  l')i >  | >•  ■!  "'  maximum  de 

<\r\  eloppi  inenl . 

m  moins  typique.Dans 


Ii  ,,  ;,  tes  i  d<  lires  jurassiques  (lia:  .  on  voit  un  banc  à  éléments  gi  i« 
niliques  assez  altérés.  Il  n'es!  p.i^  massif,  mais  constitué  par  de  gros  ga- 
lets |  '  i  it •  1 1 1 1 1 --  par  un  i  i ni  il  esl  ac<  ompagné  de  schistes 

noirs  de  même  composition  que  ce  ciment,  -  rempli  de  '/•  bris  ^rtim- 

tiquet.  \  ••>  de  ce  point,  j'ai  pu  isoler  encore  d'un  banc  de  calcaire  blanc 
i  ompai  t  ni  mnulile  ayant  I  •  iur  des  deux  po  n  b     L'étude 

k  ros*  opique  des  li  >.  res  extraits  de  l.i  brèche  ••  grands  élé- 


ini 


,,,i,| 


ments  et  de  ceux  qui  renfermenl  «lu  sable  granitique  fait  voir  que,  dans 
ces  échantillons,  il  o'j  a  p  ra<  •  •  de  minéraux  métamorphiques  et,  no- 
tamment, de  i  ou»  ■  'i  que  tous  les  minéraux  qui  j  sonl  renfermés 
son!  nettement  clastiq  onstituéa  par  des  d<  bris  de  granité  el  de  gra- 
nulite. 

I  es  faits  qui  viennent  d'être  énuroérés  me  semblent  suffisamment 
probants  pour  pouvo  1er  qu'il  n'existe  pa  ranite  p  on- 

.  1 1  i  .■  il  m  s  l.i  région  df  l' Arii  »o  que  j'ai  parcourue  i  feuille  de  Fois  l  el  que 
/    U  .  -  loppement  dt 

tlii/it  ili  tout  »ion  de  revenir  sur  la  nature 

de  leur  met  imorphisme  dans  une  proch  lin  cation. 

l    i  i  quelq  i  1res  du   pnrl   de  S  i  ers 

le  sud,  il  esl  (acile  d'étudier  les  ph<  nonn  u<  i  de  i  nntael  du  granité  sur 
les  calcaires  p  i  alors  qu'au  contact  immédiat  le 

calcaii  e  est,  sur  plusieurs  mètres,  tsif 

ou  <  li  n  _'■  de  j  .  Nxollaf  .  minéraux  in- 

inus  il  ins  les  i  il'  ■  I 

schistes  paléozoïques  qui  les  accompagne»!  sonl   en  m  mps  trans- 

foi  mes  par  le  mode  ordii  stes  nodu- 

leux,  etc. 

\nisi,  dans  i  elle  région,  les  roches  paléo  oïqu  onta<  i  avei   le 

ml  profondément  modifiées,   tandis  qui     '.  tiques, 

n  ont  subi  aucune  a<  tion  méi  imorphique  de  i  ontai  t. 


L)  n,  l 

\riit  pai  de*  | 
i 

:  autant  plus  rich 


■ 
ille,  .  n\  i- 


diogue 


(  ,47i  ) 


M     Josi  >  h  Roi  s»i  ■  .  |"  ésent<  I 

On  ' 

<l<-  l'in- 
ouï Iqui 

I 

lis    l.l 

■ 

l'.llll 

«Util 

I». 
i  !ti]>li\l; 

I 

; 

itum, 
•  que 

■ 

ll.i. 
\  lois  de 

i  rouli 
ii. .11 
<|u'il  en 

,     v  Lesquerde 


/  L.  m.  | 


En  ce  lieu  existent  diverses  formation   qu  ■  (  u  eu  l'o<  i  ision  d'étudier. 

Ce  son)  d'abord  des  (  es  el  à  Os irea  aquila  et  des 
marnes  à  Ammoni  ta,  qui  »ent  au  nord  du  village,  et  for- 
ment une  \  oûle  isocli  ni  au  sud. 

x  niches  s'  lu  le  g  elui-ci,  près  du 
sommet  de  lai  en  m  nce  nappo,  de  s  rtc  qu'au-des- 
sous appai  l  là  l'infraci  lel  le  granité  est  même  isolé, 
par  endr< 

\  l.i    uite  <    i  un  qi  ppuyant,  près  de  la 

te,  sur  .  sur  le  granité.  <  '<•  quarl             une  cou<  he 

sédimentaire  qu'on  !  >n le  roi  s  isolés,  de  lambeaux  et  de 

lentilles,  >\  qu'au                     dt. 

I   itrel    nouillet  <  ,  elle  fait  partie  d'une  formation  de  marnes 

i  i  de  |ues  de  l'él 

« .  noroanien.   \  l'e  .  le  quartzite  existe  seul,  el  i                i-il 
souvent  disparu. 

'.  I  esquerde,  il 
le  gi  en  un  point  <"i  le  quartzite  a  été  i  m 
porté  de  I  tcmeul  entamé  el  '  ,u- 
ilc^-,..  ;-,,  l'mii  ■  l'est  du  vil  ius  de 
la  rouir,  sur  le  sentii  S  rit-Pau  I.  On  y  ol  un  phéno- 
mène ti  •  .II.-  \  .-ii i .  alemenl .  el 
partiellement  décomj  il  de  la  ti  [ue  massil 
dans  le  bas,  01  le  la  masse 

aitique,  phi  deux  d  lonl  quelq >-ims 

ont  un  \ olume  d 

\               de  la  ti  i  <!<■•>  M.              biennes 

criblées  de  aptiens  d'où 

proviennent  les  blocs  en  dans  la  roche  éruptive,  de  sorte  qu'en  < 

lieu  on  peut  morphique  «lu                                       iux- 
quell 

»  \u  loni  le  l'albien  se  sont  divei 
ment  coloi  lu  leur  ■  transformées  en 
\  rais  si  ii  stes  argileux  iri  es  d  .  de  vei  i  el  de  jaune,  qui  ne  font  pas 
du  tout  ou  font  à  peine  cfl  i  lires,  dans 
la  zi  m  li  inés 
el  passent,  par  endroit  .  r  spathique.  IU  sont  revêtus  d'un  enduit  ar- 
gileux gris  i            ,  plus  ou  t,  parpl             irehargé  de  mica. 


•  •  qui  n'esl  pas  altérée,  il-  sonl  et  linemonl  menus. 

1        transformai  ml   beaucoup   moins   importantes   que  celles 

qu'ont  subies  l>  itai  i  ilu  lies  sont 

.111.1  i  celles  qu'ont  éprouvées  li  nelus  dans  les  ophiti 

I  '    l|     c-ll- 

talcs  s'csl  Jonc  .  dans  l<                     i  les  mai 

de  I  mil  uli-ti .itiim  i             iperpo» 

•  onti  .  -  ii ...                I  les  .1  metamor- 

utre,  il  l<-  ipiai  tziti 

nomanien.  Il  sembli              qu'il  ail  iption  au  i  i  inmem  ement  de  la 
. 

nus  dans  I. 


in 

I  h  «i.i  i  s  Mi  \m 

I  n  t  tudiant,  dan  M  débuts 

<l>  iiliteuus  mi  it  .m  il\ n.iiiio- 

iii'  i  l'influ 

iiip 

nombres  de 
•  II-  li  pi .  - 

mit  -  qu'il 

•  sur  une  ii 

eet  sur  une  quai 
h.  i 
qui   sonl    les   plus  np| 

■  Il  '  -     que    i  nui    I.i    Mil  itl  unie 

|'.ll      UN 

pi'  ippelle 

(Toi  i  maximum  su  .  plus 


• 

1  r  i 

g   1 1  élail  tout  ni'l  i'  her  à  ir,  par  une  mél  iod< 

.  m  •  loi,  qui  apparat!  d'  lil leurs,  ave  :des  modifications  secondaires, 
dans  d'autres  domaines  de  la  |>li\--  les  sensations. 

ii    !  i  i  i  onsti  lin  tte   in  par  M.  tubn  des  haltères  pesant  ">v 

auxquels  un  dispositif  simple  permel  d'ajouter  successivement  !«•>  vingt 
quatre  poids  suppléme  ants  : 

On    i    in-:,  pour  les  sommes  de  chacun  de  eus  poids  et  du  poids  île 
l'haltère,  des  nombres  il<m!  les  rapports  avec  le  po  ds  d<   l'haltère  corres- 

denl  aux  douze  premières  p  positives  et   négal  i 

de       réduites  dans  la  pren  .i\>-.   dans  l'ordre  suivant  des  <-\|" 

ni nt »  : 

i  i  . 

Dans  ce   l*ableau,  les  six  poids  de  rap  torts   non   rythmiques  "ni  été 
marqués  par  un  astérisqtii     S  ijoute  entre  eux  les  poids  de  i  apports 

rythmiques  immédiatement   inférieui  iqtie   poids  de  rapports    

rythmiques  et  que  l'on  appelle   r»  ce  total;  si  l'on  eux  les 

poids  de  rapports  non  rythmiques  et   que  l'on  appelle  r,  ce  total;  si  l'on 
ajoute  entre  eux  les  |">i.|>  de  rapports  rythmi  jues  immédiatement  sup< 
rieurs  aux  poids  '!>•  rapports  non  rythmiques  et  que  l'on   ippelle  i    i  e  i" 
Lai  :  on  trouve  sensiblement 

!     !    ••••"• 

Soient  !    .  i     les  efïi  i  s  maxima  «  I •  *  pression  des  muscles  fléchisseurs 
de  la  main  droit»'  enn  m  dynamomètre  de  R  avant  et  api 

l.i  succession  de  poi  Is  de  i  •  [  »  |  ••  «  1 1  -  rj  hmiques  I    :  la  frai  M"1 

■ 

mesure  la  fatigue  ou,  si  elle  est  négative,  l'entraînement.  De  même,  li 

1        1 
fraction  mesure  la  fatig u  l'entraînement   produit  par 

la  succession    I,    de  |»<>nls  de   rapports    non    rythmiques;   la    fraction 
1        1 

mesure  la  fatigue  ou  l'enti  ilnemenl  produit  |j.h  la  sut 


I 

r,  de  poids  de  i  ts  rvll 

l'hypothèse  la  plus 

S  |ues  onl 

non  i  vlhn 

i 


1 
Pin  - 


l 

ition 

| 

i  ces  xii- 
i  ■ 

I  idIca 


I r 

Ii     premières  lignes  de  nombres  s'appliquent  aux  sujets   normaux;  les 
quatre  dernières  de  la  seconde  colonne  'I  s  I  aux  sujets  hyperesthésù 

i  i.j 

o 

i 


l  m  i  ■    um<  .  i>  "ii  l'apparil le  la  Fatigue  el  jusqu'à  une  certaine  li 

mite  dépendant  d«  l'étal  de  i  haque  sujet,  limite  < | m-  l'exercù  e  .1  pour  effel 
de  reculer,  des  travaux  exécutés  bv«    une  su»  de  poids  gradués 

siii\,mi  des  rapports  rythmiques  déterminent  par  rapport  aux  mêmes  tra 
\.m\  exécutés  avec  t < •  n r t •  autre  t  m  de  poids  dans  le  même  temps 

une  moindre  fatigue  et  parfois  un  entraînement  notable. 


P  \  1  il'  M  1 11.11:  C(  »MPAR1  '•'  11 

de  M    Ijimm   H ,  pi  >  par  M.  Verneuil. 

r  1  j.i.  sente  ■>  I  \>  adémie,  l>-  8  juillet  S  me  Note  sur  les  "*.  des 
grands  s  Ludiés  au  point  de  vue  anthropolog  [ue.  aujourd'hui  j'exa- 

mine les  maladii  i  des  mêmes  animaux  el  les  compan     1  celles 

qu'on  obsen  e  ■  hei  l'homme. 

Mes  i. .  Ih n  hes  oui  porté,  dans  les  musées  de  Paris  el  de  Lyon,  sur 
-i)  squelettes,  dont  1  •  chimpanzés,  j'>  gorilles,  1  1  orangs-outangs;  quatre 
points  <ini  attiré  mon  attention 

\  La  soudure  des  épiphyses;  B.  Les  fractures;  <  .  L'arthrite  défor- 
mante :  I  >    L'ost<  opérioslite. 

\.   Soudan  des  épiphyses.      Elle  n'était  point  encore  coi mcéechez 

■  1  sujets  très  jeunes.  •  hea  1  1  singes  |>Imn  .i_i~.  3  1  himpanzés,  I  gorilles  el 
I  orangs-outangs,  quatre  fois  la  synostose  portail  sur  !<••>  seules  épiphyaes 


.1 ude; deux  I  relies  du  coude  et  de  la  hanche  ;    nu   fois  sur  celles 

le,    i  l.i  li. un  h'-. 

iou    D  nfin  toutes  les  é|>i|>h\sesètaienl  ellesdes 

nets  el  de  l'épaule    Brel  la  soudure  des  épiphyses  marche  de  la  même 
chezl'hi  lébutaot  |>  u  le 

pai  l'ep  iule  et  l<  I  ;  elle  -  :  in*  un  i 

plus  s  it.-  .m  m.  i  i  membre  stipéi 

i  ,  i  exemples  ont 

qu  lire  chin  , 

i  uemenl  n  déformai 

I  i  ms  «  .il  exubéi  ml. 

li  le  l'hua  i>l  de  i 

I  nent  de 
I,                                                                                                       ni  de  l 

l 

:  |h-ii  m    ■  il    plu«  pi  " 

nom  ■-  dans  les 

i;.   Art/u 

le  el  le  genou , 
une  i  b  foi»  §ur 
lea  d  dui  ;  une  I  i  i 

i  ■       l'homme  l'ai  thi  .  lea  |" 

.  l'hum  il  el  Boucha  ni  n   de 

l'homme  pi 

M 

ntln    Le  gorilli  '•'  défoi 

manl  *onl  plutôt  exn 

I I  /  iimi  ••!.«■  des  pai 

|  i  Iniii, 

\  ,,  :,  i,  de    l.i    pai  in 

mféi  de  l'avanl  ni  di 

de  ; 

\: ic  osléi  lu  I  bia,  h) p  ■"  'I"  ligamenl 

inlei  osseui  ; 

i  il.-  .lu  liai  liles  rappelant  l'os- 

i.-..|.i-i  losliti  tubercule* 


Petite  i  avité  creusée  :i  la  partie  inférieure  «lu  radius,  avec  ostéite  ra 
réfiante  périphérique  comme  en  cas  de  tubercule  enkysté; 
■  Périostites  multiples,  tibia,  radius  el  cubitus; 

Bo  >elures  nr lies  donnant,  au  tibia  et  au  péroné,  l'aspecl  monili- 

Forme  : 

I  sostose  du  volume  d'une  uoii  sur  !<•  cubitus; 

Périostites  multipl<  ml  sur  le  Fémur  dans  nue  grande  étendue 

■  ■i  sur  plusieurs  cot< 

•  es  diverses  lés s  ressemblent  à  celles  qu'on  obs<  rve  chez  l'homme 

à  la  suite  d'ostéites  isesel  d'inflammations  trau- 

matiques.  En  ■  omparant  un  certain  nombre  de  squelettes  réunis  dans  les 
musées,  il  semblerait  <|u<-  les  lésions  osseuses  soient  plus  Fréquentes  i  nez 
-.  cjni- 1  lnv  i  liommi 

M    I.iumis  Bioicsiart,  |  .11    un  télégramme  adressé  de  Mustapha,  en 
date  du  19  juin  obtenu  de  bonnes  cultures  du  Botrytis 

des  \(  ridiens. 

M .  <  1  1  mi  \  1  Kibabd  moyen  d'cnlevei   la 

gc  sur  les  rails  des  chei     : 

.1     |    In  M  .    B. 


Il   I    I   I    I  IN       l.ll'.l   I.  kPIIIQI   I   . 


I  >l 

MinisUn    de  l' Instruction  y  -   Annales  du  biu  nlralmèu 

logique  </<    Franc  .  publiées  pai    I      VIasi  m  r.    Innée    1889.   I  :  Mémoires, 
Paris,  Gauthier-Villars  •■(  fils,  1891;  1  vol.  gr.  in-4 

Ministên  du  Commet  l'Induslrù  </</•■  Bulletin  du  Conseil 

supérieur  de  Statistique  ;  11     i.  S    sionde  1890.  Paris,  Imprimerie  nationale, 
MDCCCXC;  gr.  in-8'       Deux  exemp  1  -///  comnu  /■  ■  exu 


\  e,  MDCCCXCI; 

! 

1 1 1 1 1  - 

7     " 
\ 

'■' 

1  orne  V.  P  N 

1     I  «  îroupe  1 1. 

.  Itn- 

I      Mi-lli- 

I 

les  l 

.   ■  .1.1  1 1 
\  i 

■ 

|.\   ord)  ..il. m. U    Indu, 

under  the  d  ••!  h     i    l'    \  v       •>•  Vol.  XII,   1889.  Batavia, 

printed  al  ihe  Governmenl  prii  ■       n-folio. 


i  j8o   i 

ntific  resuhs  oj  t/u  fécond  Zarkandmission  ;   based  upon  th 
and  notes  ;  "l  ihe  late  I  erdimand  Stolicka.       '  okoptera.  Calcutta,  office 
of  superintentlenl  "l  Governmenl  printing  India,  1890;  in-folio. 

Populat  teclun  *  and  ac  hy  sir  William   Ihoiisi       Vol.  III  : 

tional  affaires,  lx>ndon,  Macmillan  and  C°,  1891;  in-18. 

t  :  von  \'\.  I  ri EDi  v  mi  m  1  mi  >.<>m  s .  [8  I0-1890.  Berlin,  1891  ; 
m-  3 

Abhandlungen  dei  mathematisch-physikalischen  Classe  det  Kûniglich  H 
rischen    \cademu  </<  /  Wissensrhaflen,  Mûnchen,  1801;  in-4 


Eli  H  1/  I. 


m  e  du   1  m. h  1  ■>■  1 1 
Note  de  M .  G.  lli'i'  1  fis,  l  nonce  «I  une  loi, 

Il  .  IIG     ' 

•  II. 


Si  1  n c<    '  1 1 1  B  juin    18g 

Note  de  M.  Victor  S    ■  n     Nouveau  système  de  balance  de  précision   1 
pesées  1  apidi 

T  ,  1  ri.  111.     pi 

Note  de   M.    I.  Roi  Sui    l'emplo    •  1 1 ■   sulfure  de  carbone  dissous 

dans  l'eau  pour  combattre  le  Phylloxéra. 

il    ligne  8,  au  1     1  de  en  oxyde  de  fer  el  en  poi  lique,  lises  en  sul- 

tui e  de  fei  el  en  pou isl ique 


Ol  \l    I  II!1  i      \  Il  I    \|;s     ||      |  ||  s. 

I 

•  1A3S    ■•  COMPTES  REMI 


■ 


■ 


M  30  '  ' 


.  dans  les  Dépai  i 


' 


h 


34 


! 


.      . 


On  ranger, 


. 


•' 


I 

I    ' 


: 


1 


■ 

1 
1 

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1 

I 


TABLES  GEM  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIEH 

:  '     31 

1 


' 


SUPPLEMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DL  E  L  ACADEMIE  DES  SCIENl. 

oai  I    " 

15  I 

OD0   II        '■'  v 

15  I 


h  Momotres  do  1  Académie  des   Science»,  •     .•  -   Mémoires    présentes   par  divers  Savants  à  1  Ac.idemio  des  Sciences. 


N   25. 

I  \lll.l.  DES    UVTICXl  s.     Séance  du  28  juin  lîtîM. 


MEMOIRES    II    COMM1  \n:\Tlo\s 

MEMBRES    II     DBS    CORRESPONDANTS    M    L'ACADBMIB 


M 

M     M 


M.    I 
MM 


mimoiui  s  i.i  s 


Ml 

l<  |il 


(  Olllll  M'OMtWi  I 


1 

MM     I 

M      I       I       I 
M.    I       I 


M     i 

M      \      I 

iripli 

M     \ 

M.  A.  Il 

Mil 

Util 

M.  G.  Il 

M      \ 

M      \      ' 

Ml" 

lin~ 
M     \ 

iilïl  ■  ■  • i r ■ 

Ml:  \ 

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ButXI  i  in    min  IOG1APB10'  i 

I 


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M      I 

MM  H  •         I 


\     I 


■ 

PARIS.  —  lMCiilMKiiii.    ,  \i   i  il  ikk  V1LLAKS  il  KILS, 

<  1 1  u  - 1 1  il  ■> , 


1891 


l'ItMlIt.il  MMI.MIU. 


COMPTES  RENDUS 

III  l:|n.\i\|,\||;|  - 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

I*  %ll     MM       LE*    MUtll   \IRIS    II    lll'l    I  I    I   I  <. 


inMi     i  \|| 


\   26  (29  Juin  1891). 


PARIS, 

il  rUIBB-VILI  1RS    il   FILS,  IMPRIMEURS-LIBRAIRES 

1891 


REGLEMENT  RELATIF  ll\  COMPTES  RENDUS, 

ADOPTE    DANS   LES  SEANCES  I  II  in     ,Nf.  ,    ,  ,    .    j    Mv|    ,g_5 


I  es  fom/il*  ,>„,/„>  hebdomadaire»  des  i  ,     .,.  .    «nmesdespri,  pro, «par  r  \.-„l*  J 

...p»s,.„l   des  extraits  ,les  H.n,„   ,1-  s,,,,,  ,„,,„,„„.,  ll;llls  ,,/,  „          w,  ^^  mjijs  ^  ,  J 

*embres  "'  ,,e  '  •m',Ks'-  des  Méj '" **•«  Porta  relatifs  aux  prix  dé,  ernés  ne  le  son!  ,n.'„„3 

i'"'  '  '" '-I'  «rants étrangers  à  l'Aca  .:.  quel'Acadé ■  l'aura  décidé 


Chaque  cahier  ou   numéro  dos  Compti  i   rendu»  a 
|8  pages  ou  6  feuilles  en  moye •. 

numéros  composent  un  volume. 

II  \  .1  > Iimi \  \ nlumes  par  année. 

Al' !"         impression  dt  t  travaua 

extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Vit 
ou  par  un  Issocié  étrangei  del'  icadémie  comprennent 
•m  plus  G  pages  par  numéi 


1  '      N  ■         '  "ll   l>i« is  pi'oiiitnivs  .'ii  sr.in.  .    |»u- 

blique  '"'  ,""1  pas  partie  des  (  omptt  t  r,/,,//,*. 

i  travaux  >l>\  Savant* 
''■  iémie. 

I  es  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  pei  s « 

qui  ne  sont  pas  Membres resp lants  de  l'Ai 

demie  peuvenl  être  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  «|in  ne  dépasse  pas   I  pages. 


Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut   do.  ,     ,    '  M  ^7^"]  ''               '"'•"l  '"s  Wé" 

Comptes  rendus  plus  <le                 par  an  5,                            bre  de  pa            (uis. 

.  ll"'-  qui  tail  la  présentation  esl  toujours  nomra 

.  '  m. """"l!"1  ^rbales  ne  sont née.     mais  les  Se<  rét ,  le  droit  de  réduirecel  I  m,- 

■|-"'-  '-'•""/"•-  -'-.■p.-.."i....t  qu'u...  lUtont  qu'ils  le  jugent  convenable,  co, ,M. 

'"  ''"  l'""  •'""■"l  •"•''•'—  te      pour  les  articles  ordin, sdelacorre,, t .... 

"INS""  Iledel'Acadé ». 

Les  Rapports  ordinaires  sont   soumis 


limite  que  l<-  Mémoires;  mais  ils  ne  m 

pris  dans  les  5o  pages  ....  ordées  à  i  haque  Membre. 

Les  Rapports  et  Instructions  demandés  pai  l<  i 
vei  nemenl  --< ■  1 1 1  imprimés  en  en 


\ 

bon  ,i  tin  t  de  i  haque  Membre  doit  être  rcmisl 
l'imprimerie  le  men  redi  au  soir,  oo,  au  plus  tard,  l< 
jeudi  .i  io  heures  du  matin;  bute  d'être  remisa  tempT 
le  titre  seul  du  Mémoire  esl  inséré  dans  le  Compte  nnm 


L*s  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par  actuel    et  l'extrait  ,..,  ........  %  ,         ,  , 

I  •'■    "M    I.     I    I       I    I    \l  I.III      I    ^1      |  f    ||\  ..\<-     .m      '    !>////</»■      Il  II I lit     S|||. 

I,|' Tesl Ianls  de  '  académie  compre. ni  au  rant,  el  i la  fin  du  cahier 

plus  |  pages  par  numéro. 


I  es  I    t  ;  ridut  ,,-.,,, |  |lils ,(,.  p|anChe8( 

1  '        '       '  P»>1  des  articles  rsi  aux  (rais  des  ai 
teurs;  il  n'j  a  d'exception  que  pour  1rs  Rapporta 


I  ii  Correspondant  de  I  académie  ne  peut  donner 
plus  de  la  p  iges  par  année. 

Dans  les  I  ompt  i  ren  lus,  on  ne  reproduit  pas  les 
discussions  verbales  qui  s'élèvent  dans   le  sein  de 

'demie;  cependant,   s,   les   Membres  qui  \  ont     ,es  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement, 
pris  part  désirent  qu'il  en  soit  Fait  mention,  il-  d 

vrnl  rédiger,  séi ■  tenante,  des  Notes  soi aii  Ul"  ' 

dont  ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  Tou*  le**"*  mois,  la  Commission  administrative  l.ni 
remettre  :|"  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne  ""  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  après 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de     l'impression  de  i  haque  volume 

moiressui  l  objet  de  leur  discussion.  „  Règlement. 

i      y  e  id  séance,  avant  5     Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivante 


COMPTES  RENDUS 

hl  S    SÉANi  l  S 

DE    L'AC  \  I >  I :  M  1 1     DES   SCIENCES. 


SÉANC1    Dl    LUNDI  ¥»  JUIN  1 891 

rai 


>H  UOIItKS    I    I    i  iiMMI  Ml.\  I  lu\s 

IDAN1  v    \  i  •  |  M 1 1 

•  Hl  M     Ki  mm  km 

J 

■~>-U.  en 
publier  : ■  un 

i   lll'lr- 

.  par  M.  M  I  prwlu  ivanl 

.i  l'appui  d'une   lh<  un   prétendu    ■  sulfurylholoiyd 

•  |ui  foui  ■ 

le  l'exisl 


i  r  •  ) 

propre  de  l'acide  persulfurique,  tant  i  l'étal  d'anhydride,  S'O1,  >\ l'hy- 
drate, ainsi  que  dea   els  qui  lui  correspondent. 

En  lui.  >«»it  un.'  solution  d'acide  persulfurique,  mélangée  d'acide  sul- 
furique, telle  qu'on  l'obtienl  par  èlectrolyse;  si  on  la  neutralise  avec  pré- 
•  •  i «  •  t  i  soil  par  l'eau  de  baryte,   soil   par  une  solution   de  |  on 

obtient  m rtaine  dose  de  persulfate  neutre,  d'autant  plus  considérable 

que  l'on  opère  i  plus  basse  température.  I  e  mélange  initial  d'acide  sulfu- 
rique  h  persulfurique  peut  être  aisément  refroid  :  mais  la  liqueur 

finale  obtenue   par  neuti  on  n'est  guère  susceptible  d'être  abaissée 

.m  dessous  de  o°  sans  se  congeler.  Ce  sont  don*    là  les  limites  de  tempéra* 

■  I'-  l'opération. 

I  es  liqueurs  ainsi  neutralisées  deviennent  rapidement  acides,  surtout 
si  on  les  échauffe,  lu  même  temps  elles  perdent  <!<■  l'oxvgène  I  t  dose 
totale  'I'-  l'oxygène  actil  qu'elles  renferment  .m  début  |  •  l<>^;i I >!••  par  les 
agents  ordinaires  :  sulfate  ferreux,  iodure  de  potassium  acidulé,  etc.)  est 
pré(  isémenl  proporl  onnelle  i  '  |  .1  la  dose  d'acide  sulfurique  lil>i  c  régéné- 
rable.  Ces  résultats  établissent  l'équation  véritable  de  la  décomposition 
des  persulfates  : 

'•K-'  -   H«0  -    SO'K        SOMP      " 

«  que  l'analy»   .1  vérifié  sur  le  persulfate  de  potasse  dissous  et 

ce  que  M.  I  raube  .1  également  observé.  M  !  étant  mélangé  de  sulfate 

neutre,  I'-  phénomène  est   plus  net  .i\>->  le  |  ryte,  S'O*  Ba, 

dont  la  composition  peut  lée  comme  absolument  détermim 

I  11  effet,  ce  sel  ••■'t  soluble  et  neutre  comme  l'hyposulfate  S*0*  Ba,  ou  le 
permanganate  Mn*(  1   I  a  peut  le  séparer  par  le  filtre,  à  l'étal  «Iism.u-,, 

du  Bulfate  de  baryte.  On  vérifie  alors  aisément  la  'I nposition  normale 

du  sel  neutre  soluble,  en  sulfate  de  baryte  insoluble,  qui  m-  précipite, 
oxygène,  qui  •*<■  di  l  acide  sulfurique,  qui  devient  libre;  le  tout  s'ef- 

1. 1  tuant  lentement  .1  froid,  rapidement  .1  IV  bullil et  d'après  une  «-■  p  1.1  - 

t  h  m  déterminée  par  les  mêmes  données  analytiques  que  ci-dessus  : 

SfO,Ba       II-"'       SO*Ba       SO'H'      <  >. 

\u  lieu  de  séparer  I  acide  persulfurique  sons  forme  saline  <l>-  l'excès 

Pourvu  que  la   liqueu contienm    pas   d'eau  on    v 

rei  iendi  ■<  plus  loin.  1  duil  le  pei  ni 

sui  lequel  l'a 


ide  sulfurique  .m  MHiMii  de  la  bai  mme  il  vient  d'être  <lit.  ">n 

i  de  la  solubilité  <lu    sel  de  bar  vie  du  j  le  pour  pré* 

eipiti  ilfuriqui  le  d'un   autre   sel  de   I  rasoluble,   l«' 

phosphate,  I  isi  que  le  fait  M.    I  raube.  <  In  dose  i  nsuil 

Milf.iN-  de  !  éhullition. 

I  si  l'on  »  eut  doser  l'ox>|  ,  il  mm 

itai  iliu- 

i  iqu(  t  les  dilu  ir«'> 

:  qu'il   i  i   de 

-  ili    M  illn- 

■ 
|  >.  pour  i  i  rsulfurique  : 

S*0*tl  II  •  l  ■ 

■ 

.ut  c  omi 

»   Le  dern  <l<  - 

ilans   l.i   pn  n  de  l'ai  ide  pei 

.  bromique.  Dan  iut  l'utvi 

une  un  H'O,  qu'il  I 

attribut  i  .  une  preui e  de 

tendu  i  "iii|                                           :  que  l'holoxvdc 

•   s-  I 

»   Q  blisscnl    pai  de 

nom  ule- 

nmr 

susi .  i ables  | 

.iiiv  permanj  ju'aui  per b  bdati 

''    i  itien- 

iK'ni  pai    la  indanl - 

qui  constitue  pn  nt  l'un  des  |  ..  donnés 

p. .m  I  .n  ide  pei  sulfurique. 


'  XXI,  p. 


i   i4»4 


GÉOLOGIE  i  \  i'i:!;iMi'Ni  mi  .  -■-   /  i         icei  *///•  les  actions  mécaniques 
cees  sur  les  roches  pur  /;>  et  animés  de 

mouvements  tn  i  rapidt  r;  par  M.  I>w  ni  ■  . 

Il  I   i  -ni  il     mil     IkK     I    HI'll:|i|IMill">     >l»    LA     lOtTU     DU    IASSU    lOCBtl'SIS, 

\  iHiuii^  LnrairoKATi  ma  rnTi(  \i  »  -  di  i  ti  «ci  n  >  ouratan 

Les  fluides  élastiques,  emprisonnés  sous  fortes  pressions  dans  les 
réservoirs  souterrains,  n'ont  \>-^  borné  leur  action  .1  perforer  des  chemi- 

1  travers  l'écon  e  terrestre,  >  omme  noua  avona  1  hen  hé  .1  le  montrer 
expérimentalement  (').  Il  ne  leur  ■<  pas  Fallu  plu-^  «  1  •  -  puissance,  ni  un  mode 
d'opérer  bien  différent,  pour  faire  monter,  vers  la  surfa<  eel  bien  au-dessus, 
des  masses  ro<  beuses  par  lea  1  anaui  que  >  ea  fluides  avaient  | 

relie  peut  1  u*e  partit  ulièrement  l'origine  de  beaucoup  des  dômes  Ira- 
chy  tiques  isolés,  servant,  pour  ainsi  dire,  de  couronnement  à  des  diatrèmes, 
.1  en  révélant  l'existence  qui,  s. m-  naux,  souvent  imposants,  aurait 

passé  inaperçue. 

1  n  grand  nombre  de  ces  dames,  -  il  tous,  ont  «In  surgii  cln  -..l 

.1  un  étal  voisin  '!<•  la  solidité,  lulremenl  on  ne  comprendrait  paa  l<-  profil 
si  fortement  in<  liné  de  tels  amoncellements,  et  souvent  ■<  des  bauteu 
■  onsidérables. 

I  ■  -  deux  nies,  parallèles  entre  <'ll''^.  d  dantesques,  alignés 

sur  le   li. mi    plateau  d  atenl  un  exemple  typique  de  cette 

manière  d\ 

Deux  arguments  prim  ipaux  appuient  l.i  supposition  que  1  es  masses 
Irachytiques  ne  sont  pas  arrivées  fluides  au  jour,  m  même  piteuses. 

D'une  part,  .hum  qu'on  vient  «!<•  le  dire,  loin  de  s'être  affaissées  sur 
elles-mêmes,  comme  il  serait  arrivé,  dans  1  eus  l'action  <!<•  la  pi 

leur,  elles  se  dressent  majestueusement,  de  ia<  on   1  dominer  de  plua  de 
deux  mille  mètres  le  plateau  environnant. 

»  D'un  autre  côté,  un  état  initial  à  peu  près  solide  r I  aisé  de  com- 
prendre l'existence,  dans  leurs  flancs,  de  \.i^irs  cavités,  sièges  de  lacs 

souterrains,  dont   les  déversements,  conj temenl   avec  des  fusions  de 

neiges  superficielles,  a  1  lé  plus  d'une  l<<^  si  funeste  aux  \<i\->  voisina,  lors 
des  convulsions  «In  sol,  >i  'l«mt  les  pai  sont   effondrées  mit  elles- 

(')  Comptes  rendus,  l.  CXI    p.  7  j;  t.  CX1I,  p.  1 


imc  •  Il  en  .1  été  de  m< 

N  h  1   i|<  1    1  ■  ut  duquel  la 

borda   «  rcnel<  s,    tém  tent,    et 

I  .11-  un  ■  ii  ont  dnnn<  linsi 

>  on  n  t  tl 

mnclle  due  .1  'I' 

1   l.i   Formai 

.  ha  nés  el  il  ils. 

,  ■  1rs 

s,  < | •  ■  il   |'.ii  ail  h  -.Lui'- 

ut  il 

\i.  ' 

■  11.    I.i    r 

au- 

'■  ■ 
q  ■  lusieurs 

Il    ••si 

al  <!.• 

|ue,  .1  11 

densité  de  < 

IT'1' 
itéraient;  mais,  en  appliquant 

ut  <  on- 

te  limite  .1  <l<-  telles 

l  uni- 

des 

vibi 

■  D'aUleui 

■ 

|ues  que 
1..  de  li  'I  elle- 

blés   |>"in  prendre   ce  qu  elle» 

ont  pu  être,  avant  par  un  inent. 

Enfin,  •■  ipUons,  a>  1  atermittem  et  d 


-  i86  ) 

témoigne  de  la  longue  durée  de  la  puissance  motrice  renfermée  dans  les 
réservoirs  internes,  peut-être  due  à  un  mode  d'alimentation,  qui  le  recharge 
après  h ii  appauvrissement,  hum  que  j'ai  cherché  autrefois  .1  le  montrer!  '  | 

Bien  que  la  hauteur  des  dômes  <l  ■  trachyles  el  autres  roches  érup 
entes  >"it  '!<•-  plus  variables,  depuis  le  niveau  il«'  la  m<  r  el  au 
dessous  jusqu  a  l'altitude  de  près  <\>-  7000™'  qu'atteint  l'Aconcagua,  cepen 
danl  il  t'vi  très  remarquable  qu'un  certain  assortiment  préside  .1  leui 
distribution.  Malgré  l'association  fréquente,  dans  une  même  région,  d'alti 
tudes  diverses,  que  l'on  peut  expliquer  par  des  1  il stances  ai 

es  grands  sont  localisés  dai  uns;  les  moyens  en  d'autres 

it  les  petits  ailleurs  em 

l  es  volcans  les  plus  élevés  du  globe,  avec  « !••>  hauteurs  de     

.  sont   réunis  <lms  les  Cordillères   du  Pérou   el    de    la    I > •  >  1 1  ^  1  < - 

\ Gtialatier Sahama,   '"i."'"  ;    Llulaillaco, 

1 

Plus  .m  in.nl.  dans  la  Kcpublique  '!<•  l'Equateur,  sur  le  plateau  .!«• 

Quito,  se  dressent   les  inds  cônes  vola mes  déjà  <  il.  ^.  qui  se 

pressent  sur  i*"ki"  seulement;  ils  présentent  un  exemple  des  |>lu-  reoaar 
quables  «  1  •  -  cette  uniformité  de  taille.  Dominés  par  le  dôme  superbe  du 
Chimborazo,  les  principaux  varient  de  iyambe-1  rcu 

iluiii  le  sommet  est  exa<  temenl  sous  l'é  [uateur  :  l>-  <  otopaxi,  m 

ilier  dans  sa  forme  coni(|in  (         lairazo,  qui,  depuis  qu'il 

s'est  partielleme  réduit  .1  une  hauteur  de  le  •   i|>.i<- 

1  rcu,  qui  conserve  enco  oir  subi  le  même  sort;  les  pyra« 

midesd'llinissa  dont  l'aspect  rappelle  aussi  des  ruini 
s. m-  i  esse  actif,  .1 

Des  similitudes  «lu  même  ordre  se  retrouvent  dans  l'Amérique  du 
Nord,  sur  l<-  bord  de  l'oi  éan  Pacifique,  au  nord  du  monl  Shasta,  en  <  .1I1 
fornie  1  ii"^n'i.  I<-K  sont,  entre  les   |5'  el    1  es  de  latitude,  dans 

la   chaîne   des  <  le   |>n    Hood        ,         ,  le  un. ni   Saint-Heli  n 

1  ,......"  i,  le  monl  Elainier  ,  le  monl   Baki  \  un  autre 

module  appartiennent   :   le  nu. ni   Brown  el    le   monl    Uooker 

:  |nii>  encore  plus  .m  nord,  dans  la  '  olombie  anglaise,  le  monl 


(')  Expériences  sui  I  :             ûllration  capillaire,  au  11                  m.i- 

•  1  ii'-  i"i  :  pi  essi le  •  end  us,  1.  i.ll . 

Parmi  les  chiffres,  parfois  — /  différents,  proposés  poui   les  altitudes  d'une 
même  mon  tag 

rence  ceux,  que  donne  1'  Innu  l 


- 

Wealhei  .  le  moul  Sainl-tlie,  &itué  vers  l'infli 

I'  \Ij.in).  ■  ,. 

•  Dans  l'ai  ,  ,  nous 

u  liMij  -  i  K  isbi 

de  l'Elbi 

elle  du  I  lemavend  N  des  hau- 

-iii. .m. Ii 

.  prùsd  I  muet 

U  l'un  inilli-  p  d  -.il 

vol- 

.  le  pi  •  i  l.i 

iii.'n'  i  1 1 1 1 . 

Pu  mi  les  \..' 
Ml  '  :  in<  • 

•  I  ;  - i 

|u<  Da  luite 

île  deiu  I 

i  ide  di 
<l«-    I  '     •  •      I  i    plus   .  le    M  mu..    I 

et  le   M  tun  >    K  ,t   |., 

I 

de  profondeur .  île  -  |n<-s. 

il  de  plus  d< 
\  •  i  -  les  latil  S 

in  Y<  ,  M  iven,  le  ; 

\  .    .  que 

•  <-ll.  i  milieu  des 

îles,  pai  ''mis  et  li    [erre         il  auss 

mus   li\  ;  ni  . 

Ces  i  ides  de  li  i  lonl 


! 

I    \WIII  ..  WWII 


|    i  Î86  ) 

d'autant  plus  dignes  d'attention  que,  pour  beaucoup,  il  s'.i-it  de  montagnes 
d'altitudes  tout  ;i  fait  exceptionnelles.  Elles  paraissent  déceler  un  lien  de 

tté  entre  des  cônes  d'un  même  groupe,  bien  que  leur  isolement,  à  la 
surface  du  sol,  porte  .1  les  supposer  tout  •■  fail  indépendants. 

Grâce  aux  expérience  relatives  1  la  reproduction  artificielle  «  I < ■  ~-  <lia- 
trèmes,  nous  sommes  1  même  de  nous  faire  une  idée  de  la  raison  possible 
de  cette  localisation  d'altitudes  diverses.  «  nme  si  chacune  d'elles 
•  irrespondait  a  une  pression  maxima,  émanant  d'un  même  réservoir  infra- 
granitique,  <l"nt  elle  donnerail  la  sure  de  pression,  à  la  façon  du  tube 

d'un  véritable  manomètre  1  ui  libi 

i  ette  hypothèse  nous  permet,  en  ou  lit  même  pu  faire  pré- 

voir  les  divei  >  qu'on  1  en  chaque  région. 

I  ii  11  \  1  auses  différentes  de  •  tsdc  hauteurs,  en  effet,  se  laissent 

entrer  "ii  d'api  èa  les  1  ésullal  s  des  ex| 

I  lansi  ei  t  linsi  a  -,  l'affaiblissement  de  pi  |>n>\  iendrail  de  pertes 

latérales  «m  fuiu  »urs  que,  dans  noti  ivetle  manomé- 

triq !  malgré  des  obturateurs  soigneusement  travaillés .  il  est  si  difficile 

d'éviter  et  qui  '>ni  dû  se  'I sr  libi  dans  la  natu 

Non  moins  fréquei nt,  et  par  un  proi  quelque  sorte  «  ►  j  »  j  •  ■ 

les  effets  mécaniques  ont  pi  duils,  par  suite  de  l'obturation  auto- 

matique des  canaux  d'alimentation,  obturation  produite  par  le  fait  même 

(1rs  m. ii  riaux  détritiqm  en  1 tvement.  (  e  sei  lit  analogue  au  1  ■• 

sultal  de  plusieurs  de  îxpérie 5  de  perforation,  notamment  sur  le 

gypse,  où  le  canal  de  sortie  ouvert  par  les  gaz  explosil  .  par 

suite  de  l'extrême  rapidité  ave<    laquelle  les  mas 

taient.  Se  ri  géni  ranl  imm<  diatemcnl  en  m 

■  onstituaienl  instantam  menl  un  boui  li mjx  rmi  abl 

\  pari  ces  1  ie  d'annulation 

dans  les  poussées  verticales,  sortes  de  /  s'exprimer  ainsi.il 

faut  encore,  | r  comparer  les  h  niques,  tenir  compte 

des  démolit s.  som  enl 

mit  subies,  -".'  par  nents,  -..,1   par  écroulement  sur  elles-mêmes, 

comme  "i>  en  .1  de  mémorables  exe  nples,  pour  bien  <lrs  montagnes,  dans 
1rs  Indes,  .1  i.i\ .1  et  ailleurs. 

Rem  irquons,  d'autre  part,  qu'à  l'époque  actuelle,  pendanl  un  laps  de 
temps  comparativement  bien  court,  un  même  appai  I  volcanique  offre 
«1rs  écarts  non  moins  dans  1rs  altitudes  qu'atteignent  s<>s  di- 

verses  éruptions.    \uim  .1  l'Etna,  lorsque  la  lave  au  lieu  de  jaillir  vers  la 
base,  comme  en  i6o3  ou  en  l'an  int  notre  ère,  s'élève  jusqu'au  voi- 


tel,  ainsi  qu'il  bom  hes  >!«• 

.  elle  n  »  différeni  es  'I.-  niveau  <i<-  plus  d< 

•  '.  -i  ainsi,  poui   le  dire  en  passant,  mie  I o  Ire,  malgré 

proximité  mutuelle,  l<^  divergeni  i  s  de  hauteurs  des  montagnes  vol- 
|ues  <li-  1 1  ^         et  de  l'Italie  méridion  de. 

i      m    Jo  •  ne  son!  pas  des  différent-*     d<  Iki  i leurs  dans 

un  même  groupe,  mais,  au  contraire,  la  fréquence   d  s,  surtout 

quand  on  <  ompare  les  altitudes  des  sommitt  s  prini  ipales. 

I  nsquipi  it  s'appliquent  aux  i  volcaniques 

nnes,  p  [uelles  une  tendance  m  l'égalité  de  nivi 

se  n. 

\iiim   le  |ues  qu  •  ail- 

lent le  Milti  _■■  de  li  Bohème el  lui  donnent  un  a&pecl 

si  singulii  r,  offrent  la  I  i  ement  i  in  ula  1 1 

dont  les  altitudes  pi  édouun 

I  i  I  nii.iiii  qui 

it,  ne  p  irait  pas 
i  monl  '  du  (   mi. il,  m 

ni  <  omme    i  •  disi  ipliuc 

et  mesurent  la  même  hauteiii  S  hasard 

plus  de  '  m  I  n 

\  c,|,  ili  tude,  i  " 

N.  Ion  I-  in  il  ta  m  e,  loi  s  de  I  sur  !<•  nol, 

rochi  !  elles 

ni  de  nal 
elles  se  son!  éimiu  h  ou  nappi  des 

formi  i  M. mu  «  I  "i  ;  tantôt,  ••  peu 

ainsi  qu'il  •  >uvenl  |>our  les  Irai  hytes,  la  roi  hi 

i  pi  oliil  .i  penli  -  lieatii  nup  pli  .  le  l'uy- 

de-1  •••Mi.-,   le  pic  de  Ti  '  ,  le  Fousi-Yan 

d'autres  innombrables  offrenl  cmples.  Dans  un 

dans  l'autre,  que  la  mi  l'oli  anique  ail  été  I  ob 

i  qu'elle  s.  m  i  le  n  Milt.it  d'une  poussée  unique,  les 
inaient  d'un  m<  'I1" 

lient  .1  une  même  pn  ,  ont  di)  se  nivel 

1 .  la  sont  les  >  Anes  de  travertin  de  Hammam-Meskouline,  dont  i  ba 

<  un.  commi sait,  s'<  sh  iduellement,  jusqu  oun  c 

n'ait  plus  assi  i  de  pression  pour  dépassi  r  le  n  d  :  sous  une 

fora  nous  d lent  une  idée  du  phénomène 


(  i4go  i 

"   Les  masses  éruptives  en  couformité  d'altitude  |>.u  a  ouvent  dil 

férer  par  leur  âge;  mais  on  conçoit  que,  pendant  de  longs  laps  de  temps, 
les  pressions  motrices  des  laboratoires  souterrains  aient  pu  persister  <"i 
s'alimenter  dans  des  -  onditions  similaires. 

I  es  diatrèmes  se  présentent  i  la  «urface  de  la  Lune  .i\r<  une  abon- 
dant e  incomparablement  plus  grande  que  sur  la  terre,  et  il  est  intéressant 
de  noter  aussi  pour  des  a  isolées  une  sorte  de  classement  géogra- 

phique, suivant  les  altitu  les.  \iiim.  les  |>ln->  élevés  < ]ii<-  l'on  connaisse  .1  la 
surface  de   notre  satellite  --«  »  1 1 1  situés  dans  le  \  je  du   pôle  austral 

i  iiK.ni  Dœrfel,  7* '.. »t »■*•  ;  mont  Casatus,  :  mont  <  urtius,  : 1- 

Lagne  annulait  1 

I  ).ni^  la  Lune,  1  omme  p  .  nous  trouvons  des  manifestations 

de  i>om  par  ./.  ma- 

nant  d  11  tiont  ini  mes.  Plusieurs  1-  auxquelles  1 s  avons 

•  1    expérimentalement  1  induit   sur  la  perforalio  travers 

I  1  -i  on  e  lerresti  e  et  la  ta  |ui  en  ont  débouché  peuvent  être 

applicables 

tmphre. 
le  M.  A.  H  m  1  h. 

I Lin-,  une  *  ommui  nonl  1  6  que  le  camphre 

cyané  se  combine  aui  Is,  quand  on  le  traite  pai  l< 

otates  de  sodium  .1  une  t<  mpéralure   n  •  dép  pas    i""'  pour  le 

alcools  méthylique,  éthyliquo  et  propvlique    1  lite 

par  Péquatii 

H 

1  -II"  .  1  1 

1    1 

.1  .n  admis  que,  ■  ditions  de  l'cxpi  rien»  ce  à  la  prè- 

le <l>'ii\  grouj  ements  m  galifs  uns  au  même  radical  hydrocarbonc 

1  II.  I<-  svslèmi  i  di      (stabilité  cl  se  prête  facilement  1  une 

rupture  dans  le  sens  ind   pié  plus  huu  .  multanée  des  élé- 

ments (!<■  l'alcool. 

\  la  suite  de  cette  observation,  j'ai  étudié  l'action  de  ces  mêmes  al- 
(  oolates  sur  le  c  imphre  b   sur  d'autres  molécules  atomiques. 

(  ' 

,  t.  Cl\ 


i9< 

m    i  \                ili\ late  il«' 

um  n  «n  •  ■                                              u'il  y  ait  I  faut  <  h. mit 

On    introduit  dans  <li>   i                                 '  ■■  ■  '   absolu 

tenant  en  dissolution   o,~j  de  a              ■  i   on  <  !i  ^l-quatre 

beares.  A  l'ouverture  des  tul>es,  <                       i  ,  qui  est  duc 

I  •  produ  mu'  ma 

qu'on  iliss.iui  dans  l'cl : 
itmii  v|  :    m ii  |»i  t  qui,  s  llisa- 

: 

m  ilion.  Viiisi, 
une  i>|-  loirc  lui 

i( 

1  :  île 

\  1    I . ,    ' 

Il  en  'lit'  phol  est  plus  <l<\  é 

it  qu  il  n'est  plus  m<  lue  dea 

I litèa  d'un  produit  liquide  inso 

lubli 

[rlion 

.    i  I.    | I* 

| Illlls    v 

■  I 
que  l'équ  «  aient  ,  des 

i 

i     il 
>  led'obli 

iiiiin 

• 

i  imphre 

s  dans  un  ' 

|ue.   \|  ;  l-qtiatre  heures  >\<-  <  ha  :  i  fi  oi- 

dir.   Il   ne  se  pro<bi  u\  .1  l'ouverture  des  tubes. 

ment  une  masse  blanche  butyreuse,  qu  on  traite  par  l'eau, 


(    i  iga  ) 

[mis  par  de  l'éther.  La  solution  éthérée  fournil  par  évaporation  une  huile 
qu'on  soumel  i  la  rectification.  Il  passe  d'abord  de  l'alcool  benzylique, 
puis,  à  2-j'  Il       -"'"' "  >.  il  «listillf  un  produit  sirupeux,  trèsréfrin- 

.1,  qui  | »« i^^.-. I.-  au  débul  une  léger leur  empyreumatique.  lu  boul  de 

quelque  temps  de  i  onta<  i  à  l'air,  l'odeur  de  ce  produit  ressemble  à  celle 
de  l'aldéhyde  benzoïque. 

Quand  on  abandonne  cette  huile  a  elle-même,  pendant  les  grands 
froids  de  l'hiver,  après  l'avoir  au  préalable  additionnée  «l'un  cristal  <!'• 
benzyli  amphre,  elle  se  1 1 « . 1 1 1 . 1 . -  et  se  remplit  (!<•  petits  cristaux  qu'on  essore 
et  qu'on  fait  cristalliser  <l  mi-n  l'alcool.  <  In  obtient  ainsi  de  très  beaux  cris- 
taux blancs  fondant  .1  5i  •.  solubles  dans  l'alcool,  l'éther,  le  benzène, 
le  toluène,  insolubles  dans  l'eau  ■  i  les  alcalis. 

I  .i  potasse  alcoolique  bouillante  est  sans  action  sui  ce  corps,  même  au 

I t  de  deux  jours.  L'acide  acétique  <  ristallisable  ni  l'acide  i  hlorhydrique 

ne  l'attaquent,  quand  on  i  liauffe  .«  l'ébullition. 

L'analyse  de  ce  corps  conduit  i  la  formule  <  '  Il '  Ot  Il  .  qui  est 
celle  d'un  camphre  benzvlé,  comme  nous  .il I •  •  1 1 x.  le  démontrer  plus  loin. 
s.i  formati lans  les  conditions  de  l'expérience  peut   se   traduire  par 

l'équation 

I  II 

i    n  «   m  .<  m  1 1\ .     <   h  «  ii-< m 

n   i   m 

C*H».CO»Na       H 

La  liqueur  aqueuse  i  onlient,  en  effet,  une  quantité  de  benzoate  de 
soude  <  orrespondanl  au  pu  da  de  sodium  employé.  Quant  i  I  hydrogène 
qui  figure  dans  l'équation  qui  précède,  il  se  porte  sans  doute  sur  du  benzyl- 

,  amphre,  | r  donner  naissance  -i  un  produit  de  rédu<  lion  qui  reste  dans 

l'huile  nu  ristallisable. 

Bensylcamphre  droii  obtenu  tut  moyen  du  camphre  $odi  et  ducniorun 
de  bensy  le.        Pour  nous  assurer  que  le  produit  décrit  plus  haut  est  bien 

du  benzylcamphre,  s  avons  fait  agir  du  chlorure  de  benzyle  sur  du 

camphre  sodé.  I  i  1 1  iction  se  fait  à  chaud,  et  on  arrête  l'opération  quand 
uni-  partie  du  produit  étendu  d'eau  ne  présente  plus  de  réa<  tion  alcaline. 
<  »  1 1  lave  le  tout  avec  de  l'eau,  lécante  et  on  ilisiilli-  «Lins  le  vide,  lu- 
dessous  d< Il  i  i"" '  "  l,  "I  passe  un  mélange  de  camphre  el  de  pro- 
duits huileux.  De  u5  .il  distille  un  liquide  composé  en  majeure 
partie  de  benzylbornéol.  De  a  •  nGn,  on  recueille  une  huile 
épaisse  qui,  abandonnée  au  froid,  Qnit  par  i  ristalliser  spontanément.  Les 
cristaux  essorés  et  purifiés  par  cristallisation  dans  l'alcool  ressemblent  à 


1 

1 1 

< 

•Il 

i   11.4 

i  i  i 

i  obtenu  de  soudi  mpb      II- fondent  à 

I  ■    camphre  sodé  brut  étant  un  i  t  de  camphre 

proprement  dit,  il  >mprcndre  qu'on  obtienne  du  ben- 

/\li  amphi  e  el  >lu  benz>  Iboi  néol. 

/ 
l'.nii  .mi  un  dou 

1  ,i\  on*  ont  ore  prépai  int  le  ben»  Icamphi 

I         «  il    «     Il 

. 

obtenu  en  traitant   le  camphre  sodé  pai  .l<-  l'aldélndo  l>enr.oîque,  et  sur 
-  nous  |  ut. 

(lotte  réducl  idiuin  ..  ioo, 

•  inplire 
I  •  imphn  pnipi  iélés,  nu 

luit  prép  irê  |wr  les  d(  -    Il  possède  la  i  :  trme 

•  l'équation 

i:ii.<  «  h     <  m    <    n 

■    ii  n      i  ■  n  • 

i  1 1 

H  n  produit 

•  Il   •  H     •     H 

'  i     il  i miilii . 

■  «Il  ' 

n-  itendanl  deui 

Iroxyl 

.mu ut-  et  un  I  tient  une  huile  qui, 

i  end  en  "it  entre 

clinil.li->  de  |'.'j  '  d*ns  I  al<  ""I 

iplatis,  fond  ml 

lubies  dans  Cellier,  la  b  olublesdans  ■  1 1  •» . 

I    huile  epu  .■•  •  iniqi  .  »   la  I 

constitue  -  m-  doute  un  li  n  .i  pas  été  ex  ai •. 

Ii.iilll.ini 

.lu  .  impbrc  _ .m.  lie  .i\'  «  du  ben  le  sodium  ■  en  rédui- 

sant l«-  b  unphrc  gaueho  au  i  de  l'amalgame  de  sodium.  Dans 

les  deu*  ■  as  on  nme  sur  les 

I  .    i  oint  de  lu-. les  cristaux  obtenus  est  de  Ils  >      «m- 

Ment  en  loua  i '  i  .!n  benzylcamphrc  dro 


I    l'U     I 

«  II3 

'.'   n:  ir/i       CM"  l     hcis 

:     Il   'H1 

prennenl  naissance,  en  même  temps  que  les  benzylcamphres,  quand  on 
traite  les  camphres  iodés,  -li  .  par  du  chlorure  de  benzyle. 

ime  leur  poinl  d'cbullition  se  rapproche  de  celui  >lrs  benzylcamphi 
leur  séparation  d'avec  ces  derniers  présente  quelque  difficulté;  aussi  les 
;i-t-<in  préparés  en  chauffa  ni  ■  li-^.   bornéols  sodés,  droit  et  gauche,  avec  du 
chlorui  <■  de  bi  nzvle. 

1      son)  <l<-s  liquides  li  1 1 l«-t i   .      o  leur  rappelant  celle  des  amande 
res,  el  distillant  vei  ius  une  pression  de  S<>""". 

I  .i    formation   du    camphre   benzylé  dans  l'action    du  benzylale 
sodium  sur  le  camphre,  nous  fournil  une  nouvelle  méthode  de  prépara- 
tion des  composés  alcov lés  di  ■-.  ime  il  ne  peut  \  avoir  aucun 

doute  sur  la  nature  de  ce  dérivé,  il  esl  permis  de  conclure  que  les  produits 
buileux  <|ui  s''  forment,  ■  !  ins  l<-  traitement  à  haute  température  du  camphre 
par  les  propylate,  butyla  nylate  de  sodium,  renferment  des  cam- 

phres prop}  lé,  l>iit\lc  1 1  iniv  |i 

le  me  propo 

néral,  surdesc posés  renfermant  un  radical  •  Il  i  dan    le  vo 

.•  de  pi  oupeme 

\| .  Tal  mi      l  une  \oti       Sui    le  intoxiquées 

\<mi\  ETIONS. 

I  i  Commission  du  pri *  Barbier  ayant  demandé  qu'un  phys n  et  un 

physiologiste  lui  fussent  adjoints,  MM.  Cornu  el  Brown  Séquard  sont 
nommé    membres  de  la  (  nmmission  du  prix  Barbii 


MEMOIRES  PRESENTES. 

•  i  \mi.>i  i  .  /  rins,  V 

de  M.   '  >i  m:i  i  ••   Bao       i*a  r. 

i  i  elle  Note  el  les  <  ommunii  ationsn  i  itives  au  ;ujel  présent  ses  dan 

les   séances   précédentes    sont  renvovées    i  l'e    im  i'i.  Chatin 

\  ;in  I  ieghem,  Milne  Edward* 

Le  i  i  mai  dernier,  M.  Le  Moult  faisait  i  o  m  litre  un  parasite  crypto- 
game, le  Botrylii  i  qu'il  avait  recueilli  dans  le  département  de  l'Orne 


-   1.1. m.  >.   M  iiiiii- 

ii  èrenl   que  ce  cha  on  poui  ' Ilmis. 

1 1      .  M.  Maxime  Coi  nu,  -.ut  seul, 

l'  a  l.rl  i  .mu  ! 

Malh 

.:    I  .    '.;  ic  pour 

•  h  Iroits 
is  liiunul        VI  .  i  I'  .1.' 

1       mets 
iulividu 

ponte. 

s  .!.    M     I  > 
M     I 

'■ 
■  • 
'  lontpell 
l 

l  • 

On  i 

t ,  de 

■Hit      |llllS 

:it   M  m 

1 

,  tans  le  ,  i  '|"  elles 

ni  avant  d<  rs  pattes 

i  i  mophthi 

I  i  li.inij'  me  d< 

mvcéliu  ibondant,  accompagne  «l'un  grand  nombre 

nt  <lr  d(  ■  elles  m  ni  de  pu- 

• 
offrent  touvenl  qui  amène  un  étranglement;  leui  contenu  "lli  c 

'!>■•>  granulations  a 

I  .-^  spores  qui  existent  dans  les  taches  brunâtres  sonl  b 


(  I..y.  I 

,  oup  plus  petites  el  arrondies;  on  les  trouve  réunies  en  masses  moins  con- 
sidérables que  les  précédentes.  Celles-ci  rappellent  beaucoup  la  Forme  <-i 

les  dimensions  des  s] -  de  Bolrytù  bastiana.  Les  premières  sonl  'l<'u\ 

fois  plus  grosses.  Les  spores  de  Bolrytù  teneUa  Boni  beaucoup  plus  ovoïdes. 

Le  8  j ,  M.  I  rabul  confirma  ma  détermination.  I  ui  aussi  avait  trouvé 

des  <  iriquets  contaminés,  mais  il  n'avait  pas  encore  pu  les  examiner  d'une 
façon  approfondie.  J'annonçai  m.»  découverte  •■  l'Académie  !<•  8  juin  <-\ 
dans  la  séance  «lu  i5  juin  M.  [rabul  donna  •  ce  champignon  le  nom  de 
Bon  »  d\  a  n  iiorum. 

Quelques  jours  après,  |<-  pua  N"n-  d'abord  seul,  puis  en  compagnie  de 
M.  ii.ilmi,  une  épidémie  considérable  de  ces  «  riquets,  épidémie  causée 
par  le  cryptogame,  sur  les  talus  qui  bordent  l'oued  Elamidon  ■<  I  krbaj 
beaui  oup  de  ■■  i.i  l<  ts  el  de  femelles  étaient  morts,  mais  il  en  restait  un  a  si 

i.l  nombre  encore  \i\.mis.  déjà  attaqués  par  le  champignon  el  «pu  se 
traînaient   péniblement.  /</  plupart  des  femelle»  mouraient  ton»  avoir  pu 

fiitiuln  . 

Depuis  le  mois  de  mai,  M.  Henri  Paul,  préfel  d'Alger,  ••  mis  gracieusi 
ment  i  ma  disposition  le  laboratoire  de  la  Station  agronomique,  où  j'ai  pu, 
1 1  ,.  ,    i  la  i  ollaboration  de  M.  Marchand,  ingénieur-agronome,  essayer  de 
cultures  de  ce  Botrytis.  N<  <>nt  pleinement  réuss 

MM.  <  h    r.iiMM.M  ui  i  et  .li  1 1  -  Muimumi  ni  une  Note  tyant  poui 

titre:      Observai s  sur  les  cultures  du  Bolrj    ta  ridiorum  •  a   milieux 

artificiels 

Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommi 

M.   V\hiim  (.uns  ioumel  .m  jugement  il«'  I  académie  un  Mémoire  .i\.mi 

pour  titre  :      Le  réléplaste.  Exemple  de  transi ation  <l<-  la  forme  en 

rythme  et  réciproquement,  rransmission  «l'un.-  forme  au  loin  sans  trans- 
port de  matière 

i  ommissaires  :  MM.  Marcel  Deprez,  Lippmann.) 

M.l.  -I. -IV  Dobot  adresse  un  Mémoire  sur  un  nouvel  iodure  orga 
nique,  l'iodure  d'antipyrine  »,  et  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté 
qu'il  .i  déposé  le  8  décembre  1 890. 

1  e  pli,  lus,  lit  v,,,i^  |e  n  if'.  I .". .  est  ouvert  eu  séance  par  M.  le  Président  : 
il  contient  une  Note  sur  l'iodure  d'antipyrine 


I    ■      '  M      Si  lui 

M       \  i  mi  i.   Il  >-iN  I  i  n.i\ 

I. 


i  ORRI  SIH>.\I)  \\<  I 

i 

i 
.  onduil   i  t .  .  h"i .  !  ■  i  •  p. 

!  llr    s\lt  l|<   I.    |i.ll 

uduc 
île  plan».  |miui 

l       la  n.iii.  1    '       iilans  >|ni  <  om|x 

ileu»  |>l  \ues  l'un  de 

i  I  i  xiii  i,.  ni.  S 

iple  ilu  - 

| 

I  .1  .  oodilion  |  |>ai 

[6,j 

r.  exi 


[es  termes  non  •■>  i  ls  s'obtenanl   par  une  permutation  ries  indices  i,  2. 
effectuée  dans  l<-s  termes  ■  •■  rits.  «  m  en  déduit,  pour  I',.  I'..  F(s)  deux  su 
lutions,  qui  sont 

P,  =  a  I'  1 

ri 

P,  =  h,  |  P  I  ;  "  ■ 

nprès  que  l'on  a  transporté  l'origine  des  coordonnées  en  un  point   con 
venable  de  l'axe  des  :  :  h  d<  signe  une  constante.  (  >:i  est  alors  1  nnduil  aux 
1  ésullats  siiiv.mis  : 

Pour  qu'un  système  de  plans  admette s  surface  courbe  de  symétrie, 

indéi  omposable,  il  Faut  t|u.-  cea  plans  passent  par  un  même  poinl  el  soienl 
en  nombre  égal  1  ■.  1  ou  ■  II  n'es  ite  pas  de  surfai  e  polyédrale  fermée 
qui  soil  «ymétriquo  par  rapport  à  une  sui  irbe   I^es  seuls  angles  po- 

lyèdres convexes  posai  danl  la  symétrie  courbe  sonl  les  angles  tétraèdres  .1 
trois  plana  <l<-  &ym<  trie  :  les  le  cha<  un  d  eux   sonl  les  diagonales 

d'un  parallélépipède  rci  '  ingle  el  les  autn  -  ti  traèdres  formés  pai 

.  es  quatre  droites  indéfinies  onl  les  mêmes  surfai  es  de  symétrie  1  que  !<• 
premier,  L'équation  des  surfaces  2,  rapportées  aux  trois  plans  de  symétrie 
de  l'angle  tétraèdre,  est 

\  const., 

les  quatre  arêtes  de  l'angle  satisfaisant  aux  relations 

Ces  surfaces  peuvent  <  la  classe   dea  surfaces  dites 

nu  -    donl  les  propriétés  onl  préoccupé   de  nbreux  g nèli 

depuis  le  commencement  du  siècle  :  1  ir,  l'on  écril  l'équation  des  sur- 
faces létraédrales,  envisagées  dans  leur  acceptioi  de,  1  omme  il  suil 

•      I  ■      I  \  1  il  I 

.|'  I  ■  'I  I    - 

mi  voil  que,  en  j  faisant  tendre  m  vers  zéro,  elle  seréduil  à  la  formule  1  \  >. 
Il  faut  maintenant,  en  supposanl  fixées  les  valeurs  de  m,  n,  1 .  déter- 
miner l<-s  surfaces  courbes  S  qui  présentent  la  >n trie  par  rapport  .1  cha- 
cune des  suri, uis  1.  .1  \    parviens  par  la  considération  «1rs  trajectoires 


orth  •  M-  s  mu    •        i  ml  pool  <  '|i. 

C  h  i.i| 
.1    I  h  .!.  %  su  s   do 

raie 

i  li.  •  M     uni' 

mu-  de  n-i  »  données  d'un 

•   M  de        courbe  C  I 

r.ipi  S  l  us 


ni    M   d< 

Bill  .   li 

i  il  problènu 

/ 
I 

:i  .i.  - 

]  île  84  mldable   «  la  »)  ini 

plane,  en  ci  li  l'on  n  1 

•  ut  dcui  ■>  deux  &\  nie 
par  rap  de  la  noi  m  de.   I  ••!  -  |u  on  tail 

sur  um 

N  ,1    -Min. 

emenl  il  deux  ni*  •  I  «  -  la  noi  maie,  • 

pi  in  mi  i  leui  | la 

équivalent) 

s,  ///  il  .1.-  |u  ilea  lea  suriai  es  <|m 

•  •lit    l.l    s\ll: 


I  ion 

•  i  i  | i  déraonti  i  -u\  propo  iil  ■•  >  ii  -  . 

/  ■      Union .  g  :•  ,i  {mettenl  ta 

, .  droit  s  sont  d 

La  turjaca  potsëdam  ■  /  lu  f  ■  ■<<  du  cube  et  Ut  >\//i//<> 

courût  ilu  {êfinit  f  équation, 

■h  forrru  ari 

/{■ 


i  1 1  "■  5IQI  l    M  \  llli  MAI  IQ1  l  .  .///../<>  I 

pe.  Note  de  M       Iarcki.  Biiixolix,  i  e  par  M.  I 

I .    i              -  homog  ne  n                                  iu'oo  le  soumel  .1  une 

i  nation  dans  laqu  u,    i         .   :       m 

d  un  |»"ini  -.uni  lires  .iu\  i  nordnunccs  m.                            n  des  équations 

linéaire  .  donl  les  i  ils  onl  une  grandeur  ciuelcon  iuo 

l   II    :=  D, 

'• 
'  Il     .  ■ 

erniers  termes  de  chaque  ligne  corespondent  à  un  dépl 

nient   pei  i   droite   R  .  I.  .   R,,   i>osc  d'une  rotation 

autour  de  cette  ligne  i  >mm<  el  d'une  déformation  représentée  par  un 

ellipsi  i.lc  ili  tour  de 

•mi ■  de  l'ai    R   R  Facile  à  mettre  en  évidence  au  moyen  des  foi 

mules  d'O  ml 


i; 


tangu  vi.        i. 

I.i  première  îles  équations        dei  ienl 

n       j  I».  «R,  R  G         iR,  R   cos'o)* 

■    R  R        :..    s], 

et  I  s  autres  s'obtiennent  par  symétrie.   La  seconde  ligne  esl  la  rotation 


I  ... 

su  lu  v  |>.                           .1  i.pnir  déforma  liun  ;   la  prein  douuo  la 
défi                            menl  <l 

1     I  lé  île  m 

évidemment  indépendante  de  I     i  vient  au 
ilion  .ii'' 

■ne  <!<•  itive  el  non  <!«• 

itation.  l   •  ••!.  est  dont 

(■'H-  lion  uniquement  dea  1 1 < •> ^  iu\ai  ints  I ,.  I,,  I     le  la  forme  quadratique 
qui  définit  la  défoi  matiou  | 

|  h  i,         i. 

i  eut-,  pan  -  qui 

lu  di  plai  i  •  *l  pas  une  i  olatiou,  mai!) 

:    I  intei 

Si  la  enis  I),  <»,  R  ncsonl 

■ 


i-  |H 


iiii.ni  j  les,  quelqui 

eule 

;  1 1  •-  les  i  pa»  t  ndes  i  | r  que 

:  ma  une  étendue  suffisante, 
un  iinllt.  millimèti  le»  solide»  li" 

■ 

.     i  m  ivail 

une  de    <  I  unili  i  luellemenl  oblîqui    •  |uel- 

ippclon»  X„  Y„  2     le*  pi  •-  sur  0  e  la 

ndue 
actuelle,  el  supposons-li  i  fonction  d<  inilialea 

,  e  de  la  nui  ....  i  i  l.i.  ompo- 
.    suivant  Ox  des  foi  appoi  lées   i  l'unité  de  m 

I  'uni  "lis  .lu  ma  inslalion 


(    I  > 


ni  prenant 


•  es  équations  s'appliquent  rigoureusement  aux  grandes  déformations 
d'un  corps  quelconque,  d'un  corps  isotrope  en  particulier  :  corps  pris  en 
masse,  dans  lequel  !<■•>  grandes  déformations  peuvent  entraîner  l'écoule- 
ment ou  la  rupture;  plaques  minces.  fils  lins  el  I"u:.'n  pour  lesquels  la  dé- 
formation proprement  'lit'-  reste  petite,  m. us  la  rotation  .hum  que  le  il<- 
placement  -ont  grands.  Dans  ce  dernier  cas,  on  *  !  «  •  1 1  réduire  l'i  nergie  a  sa 

foi  me  ordinaire     I  '   •    -  l  . 


" 


"    "         « 


I' 


U 


'•   '; 

1  i.        i.        i 

D    H        i.  U    i,        i.  ;•    I  H   H       G   H  l.       G   H 

Il         l;         Il 


mais  en  conservant  R,,  K,,  \<  dans  l'expression  des  deux  seuls  invariants 
qui  inlen  iennenl  lorsque  li  -  déformations  proprement  dites  sont  très  pe- 
tites. Les  équation  pai  cela  même  d'être  linéaires, 

i.    Les  i ss  èlasl   jUi-s  choisies  permettent  d'exprimer  très  simple- 
ment que  la  la  surfai  ••  est  nulle,  <>u  que  la  force  totale  appliq 
une  étendue  déterminée  de  cette  surfai  e  u  nue  valeur  fixée  ■■  l'avance.  <  >u 
peut  d'ailleurs,  au  moyen  des  neuf  •  omposanles  utilisées  i<  i,  exprimer  les 

-  appliquées  .1   I  un  te  de  surfa<  e  d'une  1 pieh  onque;  mai 

expi essions  ->"iii  assez  compliqi 


\  -  m  «  .•     1/  -  .  1    \\    |  ,  pai  i..  u 

I     S         ;    relative  aux  mouvement»  inti  lasliuuc  poui 

des  déformations  finies,  touti  -   I   -  qu  ml  I  exprimée*  ."i  mnveii  des  rdon- 

;i  ■-.  M    I'... u --m  is,  d'ailleun    de  la  forme  particulière  de 

I  énergie  | les  1  ■■!  |"  1  ^ ■  •  1  ■  ••(  ti  esl  l'objet  principal  de  la  présente  V 


Not<     !     Ml"    !'.i  un  u:n 
''    I   ppraann. 

l  ■        •.         n'a  pas  éti    encore  »  pi  ifiée  | ■ 

-  :  le  qi  nprimé  dans  une  dire<  lion  normale  i  1  axe 

|ur  >\r\  enanl    biaxi  i  m  i  ^  .l.ili  ilion. 

ii  des  lemn  me   l<-  plan  d<  i  cal 

lléle  .1  l.i  i  umpi  •  (  ('lus  >lr  révolution 

et,  si  oltilion  inatoi  ial 

de  I  '  llipsoide  inverse  primitif,  snivanl  l;i  m  <l<-   la  pression,  //    >li 

mini  I  la  diminution  «In  itori.il  //,. 

■  ndicul  les  de  l'ellipsoïde  m 

i  ront,  après  la 

•    ••lll|H  <    SM.III, 

l  > 
I  de  quai  ut  dans  une  direction 

•     Il     de     II     |> 

sur   un   I  ■  1 1 1 1  ••  -  -i  ni                       i    de  I  •   tombant   d'abord 

ment  à  la  la  il  le  ij"  •               int  la  i 

plus  le  i  ir  la  lu- 

I  men- 

lalemenl .  el  dci  le  i  elations  'jn<-  j'ai 

iiiikiiI  i  de  l.i 

plique,  c'i  ions 

rllipliqui                                    ipri»  déliée*  di  '                    &i  que  leur  elliplicité 

donnée  pai  K  el 

l  eontalemi   il     Repn  sentons 

le  iln  r  ni  idente  ;  pai    \   1  angle  >l>-  la 


1 

ii  «m     i  t  de 

•  i  \  1 1 

\i  -  \  ■ 

i  '  i  no    / 


polarisation  rectiligne  rétablie,  avec  la  section  principale;  pa         L  ç  la 

différent  e  de  mari  ne  due    u  pouvoir  rotatoire  seul,  <•!  .1  la  double  r* 
tion  seule  (pour  l'épaisseur  unité);  !<•   lableau  suivant  donne  quelques 
résultats  d'une  expérience  relative   1  un  quartz   <l  épaisseur        ,0  K)3ii 

1       '" 


1 1 

1 

■ 

'...! 

: 

1  .  1 

• 

1         .1.111- 

tiqui 

1 

B 

■ 

- 

-           •! 

1 1.  .  ,    rableau  on  |  eul  tirer  les  conclusions  suivant 

1        1,  de  constant;  le  pouvoir  rolaloii  nserve  dans   le 

quartz,  sous  toutes  les  obliquités,  et  même  après  que  II pression  l'a 

1  endu  l>i  im' 

si  l'on  construit  de»  courbes,  en  prenant  1  ime  abscisses  h  d, 

.,  K  I >' un  ordonnt  es  respet  tives.on  voit  < | ni-,  lorsque  1  incident  e  augmente, 

diminuent  pour  augmentei  ensuite.   \n  <  ontraire,  K  augmente  et  «  I  » 
minue  ensuite;  1  'est  qu'en  effet,  lorsque  I  incident  e  \.i  1  roissanl  ave<  la 
normale  .1  la  lame  1  ancien  axe  optique  du  quart    n  iturel  1,  l'angle  que  fait 

le  rayon  <l<"  lumière  avet    l'un  des  axes  "|  tiques  du  quartz  comprii li- 

minue,  et,  par  suite,  aussi  1 1  différent  e  de  mari  he. 

;  I  orsqu'on  atteint  l'incidence  qui  1  orrespond  ■>  I  axe  optique  dans 
l'air,  les  vibrations  elliptiques  deviennent  •  in  ul  lires,  et  l'on  retrouve  le 
pouvoirrotatoire  suivant  la  direction  desa  I  ette  conséquent  ;de 

la  théorie  >l<-  Mac  <  ullaghi  '  1  n'avait  pas  encore,  je  crois,  été  vérifiée  expé- 
rimentalement. Pour  des  incidences  plus  grandes,  <>n  retrouve  des  valeurs 
symétriques  .1  peu  |>n-s.  mus  non  exactement,  1  <  mse  de  la  variation  tou- 
jours  ci  oissante  •!<•  l'épaissi 


\  1  iu>i  1  .  '  )/■"  L  VI,  p 


.    |°  li  diflen  cl  •  |»ai 

et  li 

Lan 
Voici  qurltj 


I 

,    I' . 
i  il<  ilmi ,  p.  . -i ■•  | ii<-  ilu  quai  i  '   suit  uni   la 


n  peut,  • 
qui  ne  p<  ul  j >.« u v  >lu 

quai  i  •  ■  "i'i|  lie  holoé- 

^I  il. un 

a 

u 

I   i    \  .ilfiir  ili 

I  » 
./ 

I 


Pour  apprécier  l'en»  rgiede  la  b  réfringence  du  quartz  comprimé  I  i 

pai  <  entimètre  carré  .  Formons  on  trouve  que  cette  expression  es! 

égale  .1  <>. (8;  el  ;i  l'étal  naturel  elle  .1  pour  valeur  <>. ;  i-  La  biré- 
fringence augmente  par  la  1  ompression  1 


OPTii.'i  1  H  ndemenl  />'  •/<    ///'" 

Nui.-  cl.-  M     \    >\  1 1  / 

Nous  savons  1  ilculer  le  rendement  mécanique  <l  une  machine  ther- 
mique; mais  quel  eal  le  r lemenl  photogénique  d'un  foyer  de  lumi< 

alimenté  de  calories?  Les  deux  principes  <!<•  la  Thermodynamique  |>«t- 
metlenl  <l<-  déterminer  l<-  rendement  d'un  moteui  lonnanl  le 1  heval- 

heure  pai  N  litres  de  gaz  ;  quel  esl  le  rendemenl  d'un  I  gai  lu  ni. 1  ut 

\  litres  par  carcel-heure?  tucun  physicien  ne  | rrail  ré| Ire  .1  celle 

question,  el  l 'eal  peut-ôtn  pour  cela  qu'on  ne  la  pose  pas. 

I  e 1  pas  .1  dire  que  le  rendemenl  photog<  nique  d'une  joun  e  ne 

puisse  être  défini  :  c'csl  le  rapport  île  l'énergie  du  mouvement  lumineux  .1 

l'énergie  disponible  dans  le  foyci    I       id  terme  du  rapport  esl  connu 

par  les  ■  alories  dépens*  es  ;i  entretenir  le  foyer,  1u.11>  m  m  s  ne  pouvons  cal- 
culer la  force  vive  du  1 vemenl  lumineux  parce  que  nous  1 n nais- 
son  s  pas  la  masse  de  l'éthci  qui  est  cbranli  0.  W  n'a  irons  donc  pas 
d'unité  absolue  <  1  «  -  quantité  de  lumière;  nous  n'apprécions  ces  quantités 
que  par  le  degré  d'excitation  plus  ou  moins  grand  du  nerl  optique  :  cela 
permet  une  comparaison,  m. us  1 pas  une  mesure  absolue. 

II  est  vrai  qu'on  | ri  1  1  déterminer  indirectement  !<•  rendement  d'un 

foyer  de  lumière.  Supposons  qu'il  existe  une  source  dont  toute  l'énerj 
se  transforme  en  chaleur  lumineuse,  el  dont  !<•  spectre  soil  entièrement 

nposé  de  radiations  >  aloriliques  lumineusesà  l'exclusion  des  radiations 
caloriBques  obscures  cl  des  radiations  chimiques  obscures  :  l<-  rendemenl 
de  cette  source  serait  égal  à  l'unité.  Le  rapport  des  carcels  produits  aux 
1  dories  dépensées  serait  dnm  maximum  el  il  servirait  de  base  de  compa- 
raison pour  toutes  les  souri  es  dont  on  <  onnatl  la  puissance  lumineuse  par 
calorie.  Malheureusement  celte  source  i\|"'  donl  nous  admettons  l'exis- 


I   1  été  effet  Lui  à  I  -  '■'  itoii  •• 

de  M    Mac<   di   Lépinay. 


M  i  ■  «ii»    pas  que    M  M     I   ingli 

>.iii  observé  i  la  II  ivane  un  /'  Itanl  que  des 

in  Iiiiiiii  -  quelle 

ili-x elopper  l'éqtm  aient  «lu 

Pour  I  instanl ,  il  faul    •  lemcnts 

relal  tuvons  pour 

quelqui 


i 
i 
i 
i 
\ 


..  .  i 
lion. 

I  m. il    ni 

il- 
\ 

\  i  qui 

i  ,  i  nil  d'un 

i  quanlil 
i   l'alimentation  •!>  i 
-,  lampes  iuli  i  ration  plarrcs  précédemment 

a 
i  lampes 

Ions  :  les  ap|iai  cils  <  li 
|ue  les  app 
que  je  h  paralivi  ncnl  des 

plam  hci  -,  el  de  plus  il-  d<  ipu  Iques  p 

n'avait  ;  ilions,  !  i  immation 

du  moteur  n'i  la  il  q 

.  quand  ' 

,i,  r  di  |ues,  on 

qu'en   brûlant  ment 

:  l'on  produ 


(  i5o£ 

I  ii  d'autres  termes,  malgré  l'emploi  de  deux  intermédiaires,  moteur 
il  ilvn.i le  rendement  de  cet  ensemble  complexe  est  encore  fort  su- 
périeur à  celui  des  brûleurs  à  gaz  :  le  résultat  est  paradoxal,  m;iis  rigou 
i  etisemenl  \  rai. 

I  i  supéi  "i  t<  du  rendement  du  systi !  moteur-dynamo-lampe  nous 

Fournil  une  base  d'évaluation  pour  le   rendement   photogénique  «In  - 
brûlé  dans  les  appareils  >\  è*  I 

■   l  ii  bon  moteur  rend    ■•>  pour  100;  la  transmission  et  la  dynamo  73, 
la  '  .m.ili^.ii mu  et  les  lampi 

admettons  que  le  rendement  phot<  soit  de   ••>  | >■  >u r  100,  dans 

les  appan  I-  électriques;  le  rendement  absolu  du  systén  donc  égal 

tout  au  plus  à  t  nous  (I  onclure  de  cette  (  ompa raison  que  le 

rendement  des  I"  -   notablement  inférieur  à 

chiffre,   l  ultal   concorde   avei    les   conclusions   <!<•    ii">   précédents 

i  .1  li  h l> . 


ÉLECTRICITÉ. 
S*  le  de  MM.  I  ii  i  i.i  i         tf  astis,  présentée  imu   M     \    •  ornu. 

I  chantant  rsl  un  timbre  d'acier  dont  les  vibrai s  sonl 

entretenues  éle<  triquemenl  n  ir  un  éle<  Lro-aim 


I  e  son  bourdon  |  ainsi  obtenu  es!  d'une  intensité  el  d'une  pun  té 
remarquables,  surtout  si  on  !<•  compa  lui  d'un  diapason  de  même 

•  !<•;  comme  avertisseui .  l'appareil  donne  un  appel  agréable,  musical 
el  non  déchirant  comme  i  elui  <!<•  l.i  sonnerie  .1  trembleur. 


I    ■ 
l  litc  «lu  •  ilement 

les  I 

I 


Ml 

i     (  m     \m,i  ,  r  M.  I      Mascarl. 

•  l 
uni 

!   Je 

un  île 

N 

Dl  I  ou 

I  ifïlc 

plll  l.l 

v  |m  |ue 

diurne,  >lr  iiIn 

•  M.l.int.  .I.nll<  des 


i 


i    i5io 

•  .11 iicIii--.mii  n'est  poinl  limitée  au  potentiel  électrique  :  la  même 

méthode  de  division,  appliquée  pour  les  mêmes  jours  .1  la  pression  baro- 
métrique  <-i  au  poids  de  la  vapeur  d'eau  contenue  dans  u\t  volume  déter- 
miné d'air,  fail  au  >si  apparaître,  pour  1  ha<  un  de  •  es  éléments  météorolo- 


I-- 

) 

< 

1 

1      M     H     »     M      u     ; 

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6      S      »     12      I»     I»     «    » 


0       2       ".       t       «      10      i:     IW      16      W     30     . 


1 

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0       7      »       .      8      10      12     1»      '«      H     • 


giques,  deux  variations  diurnes  différentes.  Le  fail  esl  surtout  remar- 
quable pour  le  |«>iils  de  la  vapeur  d'eau  </  .  dont  les  variations 
diurnes  sont  sensiblement  parallèles  .1  relies  du  potentiel  éleeti  ique. 

De  même,  les  marches  annuelles  de  l'humidité  relative  el  du  potentiel 

électrique  sonl    tellement  analogues  que  leurs    il>es   représentatives 

_.  1  '  1  "•    semblent  calquées  l'une  sur  l'autre. 


,5.i 
l  els  ^"r.i  les  faits  pi  i  l'Ob  e  de  Lyon  ;  ils 


semblent  impliqui     I  •  - 


• 

'^ww   ■* 

* 

M 

Y 

ë 

■» 

leurs  causes,  de»  troisph  physiques  qui  précèdent;    !  t  donc 


,5ia  ) 

très  intéressant  <l<¥  savoir  si  la  discussion  des  observations  il«-s  autres  sta- 
1 1< >i i -^  électriques lr.nn  aises  ■  ondull  .1  <lc>  résultats  analogues. 


CHIMIE  ORGANIQ1  Toxydalion  des  corps  asoiques.   Note 

de  M .  <1  h  vin  1  s  Lai  ru,  présentée  par  M.  Schùtzenberger 

L'oxydation  <\>*-  corps  azoïquea  paraît  avoir  été  jusqu'ici  I " « »ï > j« ' l  de 
peu  de  re<  hen  bes  on  ne  r<-li\<-  guère,  sur  <  e  sujet,  dans  la  bibliogra- 
phie, que  les  travaux  de  Ziocke  et  ceux  de  Heumann  <-t  Bohn;  il  m'a 
paru  intéressant  de  1  ombli  r  1  elle  lacune. 

D'une  façon  générale  1  »taté  que,   lorsqu'on  soumet  ces  suli- 

stai  I  à    l'acl    n   de  divers   a|  cydants,    le   groupement 

n  inde  en  donnant,  d'i part,  a rps  diazoïque,  et,  d'autre 

part,  des  «  orps  <l>-  1 1  linonique;  1  ixvdants  alcalins  et 

les  oxydants  acides  :  les  mis  et  les  autres  donnent  des  résultats  analogues, 
mais  les  prem  lilant  I  ip  la  décomposition  des  diazoïques, 

doivent  êti  »ptéi  dans  mes  exi  es,   le  bioxvde  •  !•' 

|i|i>ml>  «-11  présence  d'aï    les,  particulièrement  Sl  '   Il 

P 

•    11     \  ■    ■     11    ..11     »i  .  \ 

on  1  i 1 n 

riqu  mi 

lit  ion  d<  icnt  si  l'on   augraenti    1 1 

'  l'on 

le  plomb  pai    iilii alion,  elle 
■  , 
1  .Mi  .  haufle,   el   l'on 
phénol  II  .nt    le  liquide     les  pri 

mières  portions  1  islique  di  1  Iles  donnent,  avec  le 

chloi le  chaux,  une  1  de  broi 

I .  mire  part,  la  liqueur  d  lei  phénols  alcalins,  des  phénols  su] 

1  des  ami  n  j  ..  joulanl .  pai 

mple,   une  dissolution   li  disulfo  i-nnphtol,  benzoidisulfonaphlol 

qui  .1  servi  de  point  de  .1  n  l'obtient  en  quantité  presque  théorique.  I 

lion  est  donc  des  plus  ni  tli 

l    |i    1     .  -ii  également   bien  avec  les   corps   substitués  dans   le   groupement    .li 
aïoïque     le  corps  coi sous  le  nom  .1  I    !■■  ■  '.olsulfoazo-i  naphlol 

1      U»S(  '    N  •-  \  '       Il      "M 


I 

'Il 
'•Il 

ind  nombre 

I  >  1 1 

l'on 

u  pi»  .  <lo 

■  oloi  alinn  in  <  mplo\  •      .  i  . 

i>.!,..'  ni t    du 

l'em 
■iloi  i  1 1  j  •<  - 

^  .|i 
plu»  il  eulo  «I  i 

elles  qui  -ut  don 

li  de  l'un  des  pi  ni  : 

I  les  qu 


I 

i, lu  I. . •!!/.. l-.i  li. .../., |,l |,  lu  partie  insoluble  n'a  rien  -  véhicules  einploj 

le  liquide  filtré  battu  avei   de  l'élbei   lui  a  aband é  de  la   quinoue  dont   on  .1 

l(leui ,  l'aspect,  le  point  de  fusion,  la  tolalilii 
l'oxydation   du  benzolsulfoazo-s-naphtol,  c'est  dans   l(  |u'on    trouve    la 

majeure  partie  des  produits  'I  oxydation;  l'éthei  en  ■  lirait  une  forte  proportion  d'a- 
naphloquino  le  liquide  diasoïque  plusieurs 

I  -lit   I  1  \. ; 

1  in  peul  formuler  la  1  •  i<  lion  |»  tr  l'équ  !  île 

(     il         \.<        1      11  mu  Pb<  I 

.      Il     •        -  :l    M  iSO     l'I.  I  H 

Sul 

mais  il  esl  aisé  de  comprendre  qu'on  obtienne  on  même  temps  soil  des 
produits  intermédiaires  si  la  quantité  d'oxydant  esl  insuffisante,  soil  des 
.  orps  dissous  tétrazoïques  par  l'action  «lu  diazoïque  sur  les  matières  mises 
en  h  ivre 

1  expériences  qui  précèdent  fournissenl  un  moyen  de  <  1  ictériser 
les  corps  azoïques,  par  leur  transformation  en  diazoïques  et  par  suite  en 
matières  colorantes;  elles  donnent  en  mu  in-  un  moyen  rapide  de  préparer 
l<-s  quinones  a  l'étal  de  pui  etc 


1  MBRY<  iLOGIE.  —  Sur  ta 

dans  l'emb  ta  poule.  Note  de  M.  Daibstm. 

■  J'.n  dé  ouvert,  en  1866,  la  dualité  primitive  du  cœur  de  l'embryon  de 
l.i  poule  '-H  1  olorant,  par  la  t  inture  d  iode,  les  tissus  embryonnaires  com- 
plètement transparents  au  début  <l<-  l'évolution. 

(  e  procédé  de  colorati dont  je  me  sers  journelle ni  dans  mes 

rechen  hes  d'Embryog(  n  •  1  tdi    réi  it<  génie,  permet  de  voir  un  très  grand 

nombre  <l«-  détails  d'organisat qui,  autrement,  resb  raienl  inaperçus,  et 

sans  qu'il  soit  nécessaire  de  recourir  à  la  méthode  des  coupes,  dont  l'emploi 
présente  souvent  des  difficultés  plus  ou  moins  1  onsidérables. 


Laboratoire  de  M.  ' 


I 

iploi  de  l'iode,  un  Lui  qui  <  .  .  J i  tnné  .1  tous  les 

h  ilu  mésentère 
le 

Quand  »  enti  ait  bn I>-  poule  au  I 

lon- 

squ'à 

1 

•■  1  >■  •  >t  - 

de  plus. 

lion  U 
leles  cpj 

i        relie  union 
le  sorte 

qu'à  un  uni 

de. 
1  nulle  |  lenl 

• 
•  t  I  >  n. m  heul  'li-  dehors 

m  di  ;  n,  d'alun  il,  I  .  eux 

leur 

I 

lilucl 

il«-  l.i  . 
|uc  d'ui  bu     l     •   ilora- 

1 ,  dté. 

1  :ui  donne  des  1  ésultals  si  nets, 

.  <ni- 
utremenl .  .1 

dans  lesquelles  les  1  s  de  nlionni  ni  ■  n. I<  finimenl 

visibles'?  le  un  suis  parvenu  'in.-  US  -  1  lemenl  par  l'emploi 

de   1  Ions  les  m  phes   qu 


1 5  il 

acide  savent  combien  il  esl  difficile  d'avoir  une  coloration  qui  possède  exac- 
te  ut  l>-  degré  d'intensité  que  l'on  % <-m  obtenir. 

I  ,,  terminant  celte  Note,  je  dois  signaler  un  (ail  qui  résulte  de  cette 
union  des  deux  splanchnopleurea  | r  la  Formation  <!<•  la  gouttière  intesti- 
nale :  c'esl  l'union  <!'■•*  deux  moitiés  de  l'aire  vasculaire.  Il  j  ■«  là  un  fait 
qui  n'a  été  signalé  nulle  part,  et  qui  i  cependant  one  gran  le  importance. 

I  m  i-  vasculaire  se  produit  <l  m-  le  feuillet  inférieur  il<>  lames  laté- 
raies,  •  elui  qui  forme  les  splanchnopleures.  <  >r.  m  l'un  t. ni  abstraction  <l<' 
I.,  partie  postérieure  des  lames  latérales,  celle  qui  esl  pla<  ■  ■•■  en  arrière  de 
l'extrémité  caudale  de  l'embryon,  el  dans  laquelle  ces  deux  lames  sont 
continues  dès  leur  apparition,  elles  sont  partout  ailleurs,  i  leur  début, 
complètement  distinctes  l'une  de  l'autre.  Il  en  résulte  que  l'aire  vascul 
c'est-à-dire  l'ensemble  des  i\  qui  -<•  développent  dans  les  splan- 

i  hnopleures,  <•>!  pr th  emenl  double,  et  qu'elle  n'arrive  que  plos  lard  à 

l'unité.  <  >i'.  <  el  ■  se  fait  de  diverses  manières.  I  >ans  la  région  lhora<  o  abdo- 
minale, l'union  lans  l'épaisseur  de  la  lame  qui  forme  l>-  fond  de  la 
gouttière  intestinale.  Dans  toute  la  partie  des  lames  latérales  qui  se  pro- 
duit au-dessous  el  en  avant  de  la  lôte,  l'union  des  .uns  vas<  ulaires  résulte 

de  l'union  des  deux  prolonge nts  urs  des  lames  latérales  que  j'ai 

fait  connaître  dans  mes  recherches  sur  la  formation  du  cœur.  La  forma- 
tion du  cœur  lui-raé .dans  la  chambre  cardiaque,  n'est,  en  réalité,  qu'un 

épisode  de  cetti jugaison,  sur  la  ligi :diane,  des  deux  aires  vascu- 

laires  el  des  splani  hnoplcu  des  pielles  elles  il  formées. 

II  i.iui  em  ore  ajouter  que  cette  cou  >  des  deux  moitiés  «  1  «  -  I 
ilaire  nous  explique  comment   les  vaisseaux   omphalo-méscnlériques 

deviennent  asvmétriqu»  lin  moment,  part  e  que  I  un  de  «  es  vais- 

seaux peut  alors  suppléer  <  elui  qui  s'est  atrophié. 

i  .11  vu,  dans  <  ertains  i  ques,  l'cxti  tudale  de  l'em- 

i  i  s'invaginer  entre  les  deux  feuillets  du  mésentère  qu'elle  maintient 
écartés  el  faire  hernie  dans  la  cavité  abdominal  I  il  un  fait  absolu- 
ment comparable  .«  celui  que  présente  la  tête  dans  la  curieuse  monstruo- 
sité que  j'ai  désignée  sous  le  nom  d'omphalocep/iatt 

Suri      çuiUonde  /'Heterodcra  Schachtii.  Note 
de  M.  Joasxbs  l .h  \  i in.  pr<  tentée  par  M .  Chauveau. 

\  ivanl  aux  dépens  de  diverses  plantes  et  particulièrement  de  la  Bet- 
terave, i  ausanl  ainsi  dans  les  cultures  <!'•>  ravages  souvent  «  onsidérables, 


I //. .  est  imposé,  depuis  quelques  annéi             iltenlion 

des  .i^'iic -uli.  -  il  semble  «voir  i  té  souvent  <  on- 

fondu  avec  d'autres  tnguillules,  car  les  cl                                              don- 

• 

N  j  lel  qui,  par  ses  dispositions 

eut,  offre  un  i  il. 

m  l'on  |  un  mâle  adulte  une  se<  lion 

c  éph  la  I he  ne  doni 

dans  li-  i 

i  iquel  i  cmenl  ni  phai 

l    aiguillon  comprend  dew  :  la  lame  et  l'apophyse,  La  lame 

i 

llllls.    Ill.lll  ■ 
llllllli 

de  la  lai 

i 

d'un  canal  central.  ivi  ment. 

I  es  mu 
s. .us  de  l'apopl 

I  ,,  i  bout  lu 

I  r.  u,u  ,n  moyenne 

de  li  d'autre  i  ont  [Jour 

le  s[\  |p|  de  deli 

l  iuel   i|ni    '  iera 

- 

,|,-,iX  i  |  elle»  <  li«  i   le  mâle. 

I  Ile»  s. .ni  notai  i  '  '  '•nie, 

on  plus  ùllanU  i;  q 

llies  de  l'apopl  »ul  au  moins 

bifides  :    les    mu  pris   dans  son   en- 

semble, est  i""  le. 

v  ! .  plus  :   mellc,  •  |  •  t  •  i  i  que 

h  h.  i    la   pi  n  d'y  pi  son 

.il •ni.iti.. n.  i  !..  .-  le  maie,  il  ntervenirtoul  spécialement 

,i  uni  |uc  .!<•  I  .  » •  '!'•' 

Dans  lescondil  /«'«  ne  peul  ntU  indre 

son  entier  développement  qu'a  npli  uu  stage  dans  le  pal 

chvme  de  la  là.  >  ivanl  en  i  omplète  son  "i 


i5i8   i 

lisalion,  quel  que  soil  son  sexe.  Mais  ■  e  qui  diffère,  i  «si  la  manière 
donl  s'accomplit  l'exode  de  l'helminthe,  lorsqu'il  émigré  de  la  plante 
nourricière  pom  i   la  terre  ambiante  où  l'ai  couplemenl  .1  lieu. 

Ii  femelle  demeure  alors  passive  :  distendue  par  le  rapide  dévelop- 
pement des  œufs,  elle  devient  sphéroïdale,  exerçant  sur  les  tissus  corti- 
caux une  pression  <|in  ne  tarde  pasà  déten er  leur  rupture  el  la  mise  en 

liberté  de  l'Anguillu  ■  est   munis  simple  p ■  !<•  mule  :   demeuré 

grêle  el  vermiforme,  il  doit  si  activement  un  passage  .1  travers  les 

tissus  <li-  l.i  plante;  il  11  \  parvient  qu'en  les  perforant  par  l<-  choc  répété 
de  son  aiguillon. 

•  >n  s'explique  maintenant  l<-s  diffi  1  •  n<  es  que  1  cl  organe  présente  cheat 

les  deux  sexes.  Des  cousidérati analogues  permettent  de  comprendre 

son  inégale  puissance  dans  les  deux  formes  lai 

Éi iiniiiii  vivant  d'abord  librement  dans  la  terre  el  devant 

pénétrer  plus  tard  dans  la  plante  sa  métamorphose)  la  pre- 

mière I a rve  possède  un  puissant  aiguillon  nui  est  presque  semblable  à  celui 
«lu  mâle  adulte. 

1              ide   larve  étant,  au  «unir  édentaire  el   parasite,   son 

mode  de  vie  retentit  sur  I istitution  de  so  Ile  m.  petit  et  flexible. 

Mais nentceslvlel  peut-il  se  raoditier  ainsi  suci  en)  'D'ori- 

gine tégumentaire,  il  suit  le  s, .ri  de  la  cuticule,  l'ai  compagnanl  dans  les 

h  mis  auxquelles  elle  se  trouve  soumise  et  repai  lissanl  s. .us  uni'  for 

nouvellej  après  chacu  imorphoses  de  l'//<  r  Schachtii. 

I  es  faits  résumés  dans  1  1  onimunical semblent  dont   double- 

ment instructifs  :  ils  n'expliquent  pas  seulement  les  nn-i.iti.uis  el  l'action 
mu  ive  de  l'helminthe;  ils  présentent,  en  outre,  l'exemple  très  net  d'un 

transforma  ni  dans  li  même  espèce   poui    s'adapter  aux   difl 
rentes  conditions  binlog  |ues  qui  lui  s,, ni  unposi  es  durant  les  stades  sut  - 
.  essifs  de  son  1  vcle  c\  olul  il 


BOTAN1Q1  1  .  —  Sur  if  s  1  la  tiomophyles,  nouveau  groupe  de  Cham 

pik  Note  de  M.    Vnmn  tii uni. 

l'appelle  1  ntomop/n  te  tout  végétal  vivant  sur  un  insecte  \  ivant,  quelles 
que  soient,  d'ailleurs,  l'influence  exercée  pai  le  végétal  sur  l'insecte  h 
l'étroitesse  des  liens  qui  les  rattachent  l'un  .1  l'autre.  En  laissant  décote 
1rs  1. 1,  téi  ai    es,  qui  sonl   des    Ugues,  les  Sporozôaires,  donl   la  position 

systématique  «'si  encore  mal  définie,  el  les  M rinées,  donl   une  seule 

espèce,  Mueor  Pontiœ  Sorok.,  végèti   sur  un  insecte  vivant,  on  peut  dis- 


1  lia  mu  ni "j'Iiv  li  I   i! IIm-- 

•  i  n'on 
Ile  d'un  <  "i  ps 
!•     i  luenl  falale- 

iii 
ns  pendan 

î'j 
■tllittm.  • 
ils  ;  ni.ii»  L|iii-|(|iirs-iiiiN  sool  aussi  ■  .ip.i blés 

.  |s. 
\  i  en  ['Lu  •  r  un  qua- 

ml  les  i 
i .  i.  blés  île  iir  I  •  ommo 

•  ni  de 
<  tint  q 

,  /,.  ibjel    'I  •              '  ions    p 
1 

!  'sonik. ,  p.ii  asile  du  /'■•.  vfth  \  Un  fttUo  I    . 

.1.                 \  m  entortille  su             m  de  l'ab 

domen  ■  lorroé  de  filaments  i  loisom 

ne  pci  do 

■  li  muées 

larges  •!"•  ona  <l<-  Kha 

i  noua  <-n 

Nous  l'a  "in- 

munémenl  i           ville,  pi 

l  . .  amp.  I  i!<-  itifi  b.,  beau*  oup  plua 

i  ,i  :  l                                     morts 


M.  s  \ 

■ .  i ,  i,  i .   5  •'  '  ' 


étaient  fixés  à  la  face  inférieure  des  feuilles  d'une  Labiée,  Geleopsish  trahit  I  . 
(loiii  1rs  longs  poils  fournissaient  <lrs  points  d'appui  ;i  la  toile  produite  par 
le  <  bampignon.  I  e  mycélium  forme  un  feutrage  épais  sur  le  pourtour  de 
1  inse<  te;  les  spores  onl  i  i  •  de  long  sur  -■,  de  ;  Iles  ^- ■■  1 1  générale- 

ment monocellulaires;  l'aspect  microscopique  du  cryptogame  rappelle  le 
Cladosporiiim  noduiosum  •  orda. 

I  ••  l'<  nu-  ium  nov.  sp.  Les  insectes  infestés  par  ce 

champignon  m'ont  été  envoyés  par  M  Durand,  professeur  .1  l'école  >\<- 
\  iticuiturc  de  Bcaune  uni  l<-^  1  rc<  ucillis  dans  un  bois  voisin  de  cette  villa 
en  juin   r8q  face  inférieure  <li-->  feuilles  de  uoisetici  il    des 

Téléphona  Iwldiu  I  .  et  surtout  < le-»  Ragunvcha  testa  ;  I  •  omme  pour 
l'espèce  précédente  «-i  pour  celle  <|m  suit,  les  insectes  morts  ^"iit  li\<-^ 
dans  la  même  orientation  que  s  1 K  nvaicnl  été  tués  par  une  Entomophtho- 
1  -dire  paralléli   nent  .1  la  nervure  médiane,   la  tête  tournée  sur 

le  pétiole  ou,  parallèlement  aux  nen  uns  secondaires,  la  tête  tourm 
l.i  nervure  médiane.  !.■■  mv<  élium  pluricellulaire  est  très  ramifié  et  d'une 
teinte  rousse.  Spores,  simples   ou  biccllulaircs,  de  taille  très  inégale  (de 

1     l'    Poly rhisium  Uptophyei  Gd.  Nous  avons  d  Heurs  cl  figuré 

ave«  soin  ce  champignon  p  I  trthop  tophyes  punctatissima 

Bos<  .  .m  bois  de  \feudi 

l     /  /  hnidiun    1  en.  et  nov.  sp.  4    est  le  champignon 

très  curieux  trouve  <  ment,  par  plusieurs  observateurs,  mm  les  1  riquets 

d  Ugérie,  m. us  dont  MM.  fviini  kel  ■  !  lien  ni. us  et  Langlois  i>m  |r>  premiers 
•  11 11  m  les  véritables  affinités  en  le  rapprochant  rlu  Poh  rhisium  /f/>/n/>/,\ 

(  e  crvptogame  est  1 ns  meurtrier  que  les  espèces  précédentes  et  il  ne  fait 

\<.\-  adhérer  les  criquets  qu'il  infeste  aux  objets  sous-jacents.  <  es  deux 
partit  ularités  tiennent  .1  la  l<n>  .1  la  grande  vigiicui  de  l'insecte  et  au  mode 
il  action  du  (  hampign< 

l  •  /  achniduun  se  présente  sous  deux  formes  •  |  m-  je  n'ose  séparer  sp 
fiquement,  «'n  raison  il  m  polymorphisme  ordinaire  des  Mucédinées. 

Le  i\|"-  \  forme  Ciadosporium)  recouvre  en  général  les  côtés  <ln 
thorax  el  de  la  tête,  la  base  des  élytres,  1rs  pattes  postérieures  et  la  partie 
dorsale  des  premiers  anneaux  de  l'abdomen.  Il  forme  surtout  aux  jointui 


\.   Iiiihu.  Sur  quelq  xampign  rnophytet 

1    /_•/■/'/.  ,  l  \  \    p.  217  el  /■/.   I 

I    •    rîquets  infestés ni  été  envoyés  d'AJgi  juin  par  M.  Kûnckel  d'Hei 

C  ulais. 


'    I 

mit  |i 

puIV(  '  iinpant 

l'MIl- 

.  ron  : 

i  par 

MM    Kiiim  I 

I 

■  un 
ilu\.  .   ,|, 

■  jus- 

I  UD(  - 

\     I    i 
l<-   I  v  |>- 

ni  lautôl 

n!    s.  .11- 

M-ni  ••  belle 

i.  iota  j.iiin 

I  |u'i Lion 

iï\  «lit  si 

|>Il|N 

I  _  -I  un- 

r  M.  Rapl  d'un  léiard  v<  Ils 

i  MM.  Kiin.  pra- 

'•I  M     Kiiin  k.  I  el    I  qu'il  \  ■<  peu  d 

fonder  &ui  .  i 

S 

- 


I    I  • 


rANIQUE.        Contributions  à  t'i  la  différenciation  de  l'endoderme. 

Note  de  M    Pisaai  I.i  •>  vt.i  .  présentée  par  M.  Duchartre. 

Plusieurs  Fois  j'ai  eu  l'occasion  de  constater  dans  l'endoderme  des 

inégalités  de  différenciation   sur  une   même   coupe    transversale  '!<•    la 

ne;  t « > •  •  t  récemment  l'axe  hypocotyle  m'a  montre  un  endoderme  subé- 

rifié  par  pi  .  sur  li  même  secl amylil  des  parois  ne  se 

colorant  pas  par  la  fuchs  ne.  '  e  dernier  Lé  vu  dans  une  quinzaine 

<!<•  jeunes  pieds  de  Radis  el  .I.hin  <!<■•*  plantules  de  Pommier;  j'j  reviendrai. 

jin  concerne  la  racine,  ces  différent  >-^  onl  été  sign  ili 
c  ependant,  je  crois  que  quelques-uns  des  Faits  que  j'ai  rem  irqués  peuvent 
<• pi  ésenter  de  l'int<  i 

l  ii  coupant  mi"  de  Kève  ••  différentes  distances  «lu  sommet, 

j'ai  du  remonter  jusque  vei  .     •  avant  <!<■  trouver  un  endoderme 

avei  plis.   \  cette  hauteur,  les  plis  étaient  situés  en  face  du  liber,  tandis 

que,  •  ii  face  «lu  bois,  il  n  'y  en  avait  pas  <• ■     \  3     .1  endoderme  était 

plissé,  excepté  en  face  de  l'un  des  quatre  faisceaux  ligneux;  on  rel 

!  cette  môme  dispositio        ,     .  el  ce  n'est  que  vers  V  '  que  tout  l'endo 
derme  était  plissé. 

Sur  une  autre  ra<  in<     i   I  feve,  poussée  dans  des litions  un  peu  dif- 

i.  rentes,  les  plis,  apparus  en  i  n  e  ■  !  i  libei  au  troisième  centimètre,  n'ont 
ipé  tout  l'endoderme  que  vers  le  s  i  enlimètre. 

Enfin,  je  possède  I  -  ns  « I ■  -  c  nupes  d'une  racine  de  l  ève  déve- 
loppée entre  les  cotylédons.  L'apparition  des  plis  n'y  figure  malheureu- 
se  nt  pas,  mais  on  j  voit  que,  dès  le  troisième  millimètre  •>  partir  du 

s i,  imii  l'endoderme  est  plissé,  que,  entn  el  i '■""'■.  quelques 

i  ellules  endodermiques  se  -  ibéi  îfient,  sur  tout  leur  pourtour,  en  fa<  t.  du 
liber  seulement.  <  esdernières  forment  !  colorables  par  la 

fuchsine,  tandis  que  l<  aux  faisceaux  ligneux  sont  formés  de 

cellules  dont  les  parois  radiales  présentent  seulement  des  |>li^.   C'est  ce 
qui  se  voit  de  i  "• .1   '■>'". 

I  (eux  choses  1  essoi  tei  qui  pré<  ède  : 

1  l  'endoderme  différem  ie  ses  parois  de  plus  en  plus  en  s'éloigna  ni 
<ln  sommet  de  la  racine  et  d'abord  en  riens; 


PB     \  \  •    I  11  601  1 


I  tans  un.    nu  me  planl  mplit  .1  des  >li  — 

la  ni  •  1  le  m<x 

\>  -|ll|l|M-||H-||t    ll( 

»  J  -'i  1  •  ti  m. us  moins 

tt'inenl 
•   II  peut  •  Irouvei    l.i  première  ap|  <l<-^  |>Iin  ,  1 

d'établir  leurs  rapporta  .w .-.   |.  |,|,.  : 

1 

:i  en 
:  bor.  S'il  1  lans  l'cspai  <■ 

■  ii 

leux  des  ■ 
il  h  j 

il  de 
me  plissé 
plis, 
"IT 


1  Si  Iik  liin 
n    U  M      \i  mi     <  m 

pi  ésen  M.  Si  I 


\iin. 


(  '.  '  c  s  t  c  I                                   '  1  - 1 1 1  (  1 1  r  < 

•  appelée 

sur  l'apj                              Iquc   \<  <i  lai.  Les  di 

•  C  n  .  •  ,1  ,|uilj 

s'en   .                                               1  plus  liaul                                  rime  leui 

option  faile  pour  les  m  est  cou  1  .  •  l- •< «.  |<- 

m. il mpli.  Ii  pi 

\iism  lorsque,  quelq  ird,  le  <                ir  voit  le  m< 

ii ouve-4  h  11  >  omme  bu   jour  de  sa  1 

apparition;  1 in  .1  m--  Icvpiclles  ce  parasite 

1,  la  vulgarisation  des  i  jk»ui  le  combattre  aur ni 

-ut:  s  qu'amène  1  ette  nouvelle  invasion. 

(  •  ^  «  onsidéralions  m'ont  >  le  sui  ■  1  s  que  j'ai 


obtenu,  au  cours  de  la  camp  -        en  lutta  il  contre  un  parasite 

de  la  liiitci.iN  i 

l  'i    1884,    j'avais   vu,    i  Joinville-le-Pont,   mes  betteraves  sucrières 
iquées  brusquemenl  par  un  champignon  .1  développement  rapide. 
Sin  la  face   n  èrieure  <!.•>.  jeunes  feuilles  encore  droites,  <|m  forment 
le  bouquet   central,   avaient  apparu    les   frucl  onidiales  d'un 

■   coloré   en  -  fructifications  Bvaient  rapi- 

dement augmenté  et,  en  quelques  jours,  -  étaient  étendues  sur  les  l«-inlli'> 
adultes  qu'elli  il  finalement  couvertes  d'un  'I  ivet  épais  <-i  velouté. 

1    §  feuilles  1  taient  devenues  1  assanl  ii<">t  ell  ni  mortes  <•!  la 

<  onsultc  par  moi  sui  1 1  nature  de  ce  parasite,  mon  collègue,  M.  Pril- 
lieux,  l'ai ail  auss  nnu  pour  le  i 

sur  1<-^  cultures  allemand) 

Malheureusement,  la  ttropavan  s  pour  que  je  pusse 

entreprendre  '!<•  combattre    le   il  ipement  de  ;non,   que 

d  ailleurs  depuis  >i\  .m^      n'ai  pas  revu  sur  a 

I  'année  dei  icnl  <l<-  juin,  un  di  ml 

de  sucre  les  plus  éclairés,  M.  L.  Lefran  l    icv-le-Val  .m'in- 

forma que,  sur  quelques-uns  hamps,  venait  d'app  iraltre  un  ch  im 

ion  qu'il  ni  quelq  1 

Dans  ce  pa  le  P  '</".  que  ■  ! 

j'.i\.iis  obsen é  i  M    l'i  lu  |uel 

je  recourus,  m'appril  as  trompé. 

I  ,'an  ilog  •   botaniqui  le  la  vigne,  le 

Phytophtora  de  I  1  pomme  de  I  que  peut- 

■  111  pourrait  «-n  arrêter  l>-  développement   •  1  l'aide 

des  iui,  \  i-'-.i-x  1-  il  »  !  1 1  —  qu  m 

ii.-i  -*.  c'est-à-dire  ■<  I  ai  I    des  -  riqu 

le  voir  à  ce  lujel .  et 
nous  primes  nos  dispositions  pour  ti 
des  pie  K  '!<•  pommes  de  t<  rre  les  bettei  mtami  u 

Le  résultat  de  ce  traitement  r  été  immédiat  <-t  complet;  une 

bouillie  à    \  pour  100  de  sulfn  livre  et   \  pour  le  chaux  qui 

été  employi 

I  1  pièce  la  plus  forteme  il  atteinte  mesurait  1  i  he  >or- 

tion  des  | In  sur  lesquels  le  1  h  impignon  était  d  ni  développ  • 


i  ii  <pii\  i  in.  le  il  sa 

i  quatre  lignes  .1  la 

'it  :  les  .  

•  11. 
■    |  ii    de  >  li-  ■  lolitn  s  | 

.   ,  ■  ■  |  ■* >'  1 1 

!  .     I  I    lll 

II 

I 

1  des 


• 

1  !  1  plante,  quo 

..-Mil- 

de  j 

l  ,  par  I  appli<  ■lion  de  la  bouilli* 

.  1rs  p|u  '  'ble. 

[41  MM.  Ia 

utile  «l'- 
on du  : 


l(0|  If.   |  ,|.  .    pai    M     Bou<  li. ml. 

„  1  ,1  1  .\  Ion  1  étal  d 

li  .iim-iii. -ni  du 

lve<   un  enl  »nt,  IV  musculaii  ■  .  ..s>>v  mod< 


pour  ne  pas  amener  de  « bature,  détermine  une  augmentation  de  l'uré 

(  ett<  augmentation  disparaît  el  fa  il  place  à  une  diminution  .1  mesure 
que  l'entraînement  préalable  esl  moindre  ou  que  l'exercice  augmente  de 
façon  ;i  provoquer  la  courbature.  En  même  temps,  les  variations  «  1« -  quan- 
tité des  urates  sont  en  raison  inverse  <!<•  celles  il«'  l'ui 

I  n  sorte  que  l'étal  d'entraînement  réalise  les  conditions  d'une  oxy- 
dation plus  complète  de  la  mal  ère  azotée,  el  partant  d'une  utilisation 

rmmi'//tt     il.-    iillc     lli.il  |.|r  .     En  <•■«.    i  l'.il  ISCnCC    1 1  rut  I  .1  ilicllli'lit .    .111    itill- 

traire,  le  travail  musculaire  s'e(îe<  de  la  matière  azoti 

I  i  lièvre  pathologique  el  même  la  courbature  physiologique  consé- 
cutive .1  l'exercice  musculain  ré  déterminent   les  mêmes  chan( 
ments  dans  l'ex<  rétion  de  I  azote  urin  >  re 

M.  Pi  mis  adresse  le  résumé  des  essais  qu'il  •■  faits  sur  l'action  in 
ticide  de  solutions  de  monosulfures  de  potassium  <>u  de  sodium. 

La  concentration  a  varié  d<  Baume,  suivant  qu'il  s  .t-is-.ui  de 

l.i  destruction  des  pontes  ou  des  ins  ux-mèmes.  Ces  expériences, 

faites  surtout  sui   des   acridiens,  ont  ntré  que  l'éclos les  œufs  esl 

empêchée  par  une  pulvérisation  d'une  dissolution  de  monosulfure 

de  potassium  marquant  I  l'étal   put. ni  sont  en 

quelque  sorte  foudroyés  par l<  l<  .auquel  ne  résiste  pas  même 

e  oureux  lucane  mt,  malj         m  épaisse  carap 

■  expériences  donnent   l'idée  qu'on  pourrait  détruire  les  acridiens, 

qui  dévastent  les  récoltes  en    Algérie,  par  un  p  lomique  dont 

l'emploi  constituerait  pour  les  plantes,  dont  la  potasse  esl  la  dominante,  un 

ellenl  engrais. 

M .  I>.  Itn  i  ^  adresse  uneNot<  sur  le  mouvement  vibratoire  qu'il  obtient 
en  posant  un  bloc  de  |>l<>uil>  i  laire  <-n  équilibre  el  -i  angle  droit  sur 

la  partie  cintrée  d'une  plaque  de  cuivre  <-n  forme  de  tuile,  la  plaque  de 
cuit  re  .iN.int  .  té  i  hauffée  enti 

I  ,i  séance  esl  levée  a  i  heures  un  quart.  M.  B. 


i       |,  li.  n.  .m.  ne  b  déjà  été  ol  i,  pai    Ml  l  udié  pai 

.  i  .\ .  M.  B 


I    ,5 


.1  i  i  l   i  in     i.i  ».  i  nu. h  vrin.i  i 


■ 

/ 

M     IL 

■ 

tion  il fn  jurs 

mi  de  M.  A  Grouu 

Impriau 

le,  Ml  K  '  i  \<  I 

s  l 

\  \  \  l     Pi  G  \     i  II  i  l.uli.        i 

/ 

Icu  ■  < 

i    ■  I 

•!      M      (    ' 

,    •  dition.    In     .  <  ■     Masson, 
MIh  uiww  III;    ,    x.  |  du    Phyl- 

V    '  l»lf- 

.11  houille, 
in-  i 

■        ■ 
I  i    II     I  :  br.  m 

■il/mr/' 

par  A 
SkHD<  -  des  prix  de  Méde<  ine 

.i  de  • 


Son  traitement  <t  Châlel-Guyon;  leçon  faite  |>.n'  le  Dr  Juli  Six  :  par  le  I)' 
\i  i.in r  Dkschamps.  Paris,  1)<>ih,  1891  ;  br.  in 

h  ta  fluxion  pèriodiqui  du  cheval',  />tr\r  l>  I  .  Roi  1  ■  :  re<  ueilli  par 
M.  Roi  ssi  m  .  Paris,  Isselin  el  Houzeau,  [891  ;  br.  in 

Pubblicaxioni  delta  cole  I.  Roma,  Tipografia  \.ih- 

1  .111.1     1  U9]  :  m-  1    . 

Index  to  the  lilterati  modyna»  Alfred  Pcckermam.  Wash- 

ton,  published  l>\  ihe  Smithsonian  Institution, 
jtortofthe  sixtieth  nu  f  the  Bn  ion/ortheadvaneemeni 

ofScienct  held  at  Leeds  in  septemb  London, John  Murray,  18 

The  Journal  oftht  <"/<  Japan.  Vol.  I\  , 

Part.  I.  Published  bj  the  l  aiversily,  I  « •  K >. < • .  lapan,  1891  :  in 

Beobachtunt  /.*  s-  ml/a.  I    rheil. 

1/./  .  -t:<  ,  \\ .  \w-  .        ,  1  ;  in-folio. 

chnungsmethoden  der  hôl  Mathemalik;  !•"/<  l>    li  1  n  »  B 

BM.Stuttgai  1 .  1  B91  :  br.  in-€ 

Untersuchuê  tschen  und  dei  Thiei      llei 

ben  \<iii  I  m     Moi  \l\  .  Band.  Giessen,  I  mil  Roth,  1891  ;  br 

in-8 

/  11      roa.  Leipzig,  W  ilhelm 

l  ogelmani  br.  in  ! 

•  vuicultun  :/><i/  < . .  I  lition.  Montpellier,  Camille 

ilet;   Paris,  G.  Massi  .   1  vol.  gr.  in-8       Présenté  par  M.  Du- 

1    II. Mil  I 

Mémoire*  dt  I<i  s"  ièt  iurl'an/i  |i.   I I\. 

1  i-  m  ère  el  deuxièmi  l  euilles   1    1  1  I.  Planches  l  à  III.  Paris,  au 

ge  de  la  Soi  iéti  . 

vaux  de  V Institut  d  Montpellier  et  dt  la  Station  maritin 

Nouvelle  série.  Méi en°2.  Études  tur  quelques  points  di  I  Anatoi 

des  Anm  tidt  1  ///A/'  oh  *  </'  A/  /'  gion  >/<  '  i  tte  1  organe  tt  en  :<  m  du  tub<  ,  1  ap- 
pareil digestif); par  Alberi  Soulier.  Paria,  Octave  Doin,  1891  ;  1  vol.  gr. 
in-8  .    Présenté  par  M .  de  Qu  itrel 
Ai/  gt  ographù  •  t  la  topographù  au  lu  feld-marechal  de  Moitié;  pai 


Ml  ■  «  h    I  •■  i'i .  sente 

i  • 

\    \  i 
[  ■   blin,  i  : 

•  I  inska  \  «U-n- 

sk.i|       S  'i       II- 


i  /  I. 


3  ,  i 


N     •     de    M  .    i  i  de 


(Il    \    26  ) 


I     M    I  il!!  I;  -  \  I!  I    \l;s     II      I  II  s. 

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31 


On  souscrit,  dans  le      I 


On  sou  ranger, 


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TABLES  GENEHALi      Dl  .  ..ES  DE  L  ACADEMIE  DES  : 

l-     31 

91 
SUPPLEMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES  DE  L ACADEMIE  DES  SCU 


15 
15  lr. 


1  orne  I    M 

M.  il 

15  fi 

Tome  II      M 

15  d 


\  Mémoires  de  (Académie  des  Sciencei,  •  Mémoires   prêtantes   par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N   26. 

I  \lïl  I    DES    ARTICLES.     Séance  du  89  juin  1891. 


MEMOIRES    i   '    I  OMMUN1CATIONS 

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DEC   Ri  1801 


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IH  S   SÉANCES 


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TOMC  CXII 


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[\\BLES    tLI'HAISETIOl'ES 


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par  M  /'  '  •  Me io5a 

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rours  du  prix  Martin-Damourelte 
l'année  1891     \IM.  l;  vehard,  Char- 

cnt       l  5 

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cours  du  prà  IVmr.it      \  <\\\ 

Corps    l: 

MM.    A'  '     hard,    I  ni. 

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Commission  cl 

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MM.  /'  attirer,  tir  l'i- 
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—  C mission  chargée  de  présenter  une 

quel  rneyron    pour 

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sique  1     pour     l'année 

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—  Sur  l'emploi  'lu   sulfure 

M    H   Q       tin 

—  S' 

par  M     f.  i  halin .    i5i6 

—  Sur     I 

compost  -  euh  riqu 

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—  M .   /  i 

expéi  iences  sur  l . 

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sium  ou  

—  Les  criquets  en  Algéi  M.  Ch. 

Brongniart 1 3i8 

—  Sur   une  m  iladie   ci  'lu 

quel  pèlerin;  par  M    /     Trabut...   1 383 

—  I.ps  chant|  isites      -  Acri- 


Pn(jfS. 

dipn>:  j  :t  r  MM.  J.  Kùnckel  rTHercu- 

lait  et  Ch.  L  i 

M.  Ch.  i  ob- 

tenu de  bonnes  cullun  -  jrtis 

l     i 

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—  MM.  (  '/.■  '  '       hantt 

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M.  H.  Pellnt ;83 

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Fkb.  —  Sur  les  transformations  qui  accom- 
rburalion  du  for  par  le 

duiiidiii  ;  par  M    F.  O         i 

—  Sur  un  nouveau  m<><i  lu 

f>  r  • 

M.    i .      I      !  ■ 

du  fer  pai 

à  il: 

température;   pai   MM.    //    i 
et  G.  C/iarpj 

Fermem  viiiN    —  Sur  la    l 

de  la  récale  en  dextrine  par  le  : 

ment  bulyi  iq  435 


P»R<-« 
-   ;  la  fermentation  de  la   fécule    p.ir 
tion  du  ferment  butyrique;  par. M. 

/ 536 

ue  l'on  n  ■ 
trc>  >ur  de    liur 

dévi  i  pendant  la  fermenta- 

it :    P      '/    ../',;/«/  et  .'/. 

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I  i  mon.  —  Sur  II  du  point  il 

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par  MM    G     •  / 
M.  /  .  Ci  lyanl 

pour  tiln       i 

que  l'air  qui  - 

niulcnt.   » 1148 

—  M    ./.  /'.  rn 

le   plan    d'un    -    Nouveau    ra 

gaz  » 1 3oo 

Yoiraussi  Explosif}    Phénomènes  |,  Ma- 
nomètres, l'a/ 
Géodésie     —   M.   le  Secrétaire  perpétuel 


M    (.'.  de 
1  I    ra 

1     </r    /,/ 

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1 1  entre  du  con- 

tint   '  par  Mi    dt    ////».    681 

—  M    /lui,  11   nom 

/  irU)  lu  p. 

I  •  lu  P01  lii- 

e31  • à  '  •"  fôôTôTî 

G  EOLoi.n    —Sur  la  1  ia  craie  de 

Tourainc  ;  par  M.    /.  lit  •  re  62 


(  i54 


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I  ,->',.',  , 


par  M    /  .  '.  nifiiit . ...  703 

Sur  I  ■   de   la    1 

conformr    par  M    Paul  P 
M.  // 

d'an  volume  qu'il  \  1 

4e  titre  I  .:  ositioi 



1  ,  '  I    / 

Sur 

tbél 

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1 
Sur   une   1 
gruem  1  -  de  rll.  I     G 

M. 


Plgtt. 

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ni  la  SJ  IDl 

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M.  S     '.'  1  [97 

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M    / 
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par  M    1 

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les  | 
(Lin 
du  »  Journal  d'His 

/  . 

1 847 

Uocuxcs.  —  Emploi  de  la  bombe  calor  - 
métrique  |iour  la  détermination  do  la 


.  Ile; 

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IIthiwi  1 1  ■  ■  •  1 

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1 187 

—  M.   /'.   / 

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Htdrograpiiii        -  N.m: 

par  M.  /  fue 

Hïdrologie.   —  Sur  la  découverte  d'une 


I  ,-,,- 


par 
MM     /     D 

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Mi 

—  M .  L.  I 

sur    un  i 

ao5 

—  M.    /)     nncuurt  adresse   un    M. m 


Po^e» 


iolil  'rojet  d'un  liydromoteur 

Bel  ien     ao5 

\       aussi  M  "■. 

\h  .  \s'  -  i •  !  h\ p 

du  - 

.•,  par  M.  //.  Faye. .  .       6o 
le  la 
ronciion   perlurbuli  M     // 

/  '  169 

h  :  de  la  ii. 

de 

\    ■        par 

M     l  33î 

I 

I    ■ 

-r>o 

-    M      / 

nutalion  initiale  de  l'axe  du  m 

l.iin  M.  J.  P  

par 

M    a    i  i i  3o3 

M      /  I 

?Go 

\l 

108H 

I    !    MM  D 

'  bibition 

un  - 

mincea   et  li 

M  .,  haffelt,     Sio 

<  Qui- 

M    /    /. 

\  /  .il/tirn.(ti,/itr. 

Mi  ai  i  m   rr  su  quel- 

- 

chlo  ire; 

I  '•      I     i  ■ 85g 

—  Sur  q  -  par  le 

M        '.. 
995 

—  \  ii r  quelqu 

-  de 
mercure;  pai  M.  /  1 3ia 

Mi  i 

gnale  la  relation  d'une  rliute  de  mé- 


.   i54g  l 


i 

i 

V 

- 

H 

i 


i 

\ 

1 

i 

B 

' 

I  .........    1 

V  / 

Ml  M  II 

M  17. 

M     /      / 
un  \ 

S 

1 
1 

M     1 
H    / 

M. 

I 

■    0.  < 

•  I     /' 

1  3tio 

S 

Su.' 


i  r.-,.. 


Navigation.  —  M.   P   Mauvem 

l.l   il  -  rrrl 

des  steamers,  permettant  d'éviter 

collision-  

—  Sur  le  rendement  d  - 

rini  Méthode 

géomctrii|ui'  |>our  calculer  le  premier 
• 

par  H.    i    /    ■    u 

Nebi  i  i  i  -i  -     -     ~-it r  une  nébuleuse 
riable    par  M    G 

—  Nébnli 

loi-  M.  G 

•  '< 

Ni  tint  u  unis.         M    /'■  iaurii  ■ 

—  Sur   1.. 

tei  "  1 1  ,i 

—  lnflu>  n 

. 

mr  la   Dlll 

-./ 


P»6« 
N0VnUTI058  Dl    Mi  Muni  -  i  r  îii    i" 

PONDANTS  Dl     i     V  \I>i Mil      -   M     l/ill- 
Irr  :,int     pour     la 

de  Chimie,  en    ■  lent 

i    i    M     (  lu/met.  ,  ...  .  .        8t 

M    <  .le  la 

i     momie  rurale,  en  n 
M    I 
—  II.  G 

- 

M    G.  ;«>ur 

" 

",     i  ■ 
M 

I   S 

de 

■  M.  le  '.  61  u 

/  ."  ...      <}3o 

M        1/ 

,r>nt 
...    1198 


0 


r   |g 

dilV 

flcv  M     1  '.  u 

R 

M     '  llmn  .  .  .  . 

OPTI'.'I  I  Sur   il 

déterminant  : 

lion  dans  la   lumière   polai 

\i     1   i 

—  Sur  le  principe  d'Ilu]  M 

lier 

—  Sur    i  ••    ,|,<   M.    \. 

If,  //    /'  .     are 

—  Remai 

la  v  '  329 

—  Sur  I   - 

par  M      /    C  rriu 

R                                                  de 
Ml  M     1  383 

—  Sur  les  anneaux  col  M     Was- 


par 

\|     M 

M     /      l'.ir- 

M      / 

;>per8ion 
et  dl  '  !      / 

par 

MM    /'/.  

la    lumi> 
M  -  /  ...     853 

fonde  dai  - 

■  rrau lo56 

î-ur  un  - .  ob- 

1 S  mai    ik.,i  .  par  M      1 

1 108 


I    i 55i    i 


- 

" 

de  ton 

- 

lu:  '       \.  H 


l'«g« 


M    pour    litre    :   ■    la   l.u:i 

906 

Voir  aussi  Photographie 

11-yii  u   1  1 

et 
M 
Sur  un 

du 
'   de  La- 


D 

I 

- 

M 

■ 

D 


i 

r  MM 
I 
i'iftll  t  .  .1  - 

•    M     '..   // 
I      tMM  \l  I 

U.  |  M    //      '  181 

Il    M     '. 

/,  .,- 

■     ' 

I 
M  M 

I 
\l 

!  f- 
M      ;  / 

M     '     /'    .  ■  1 
du  mouvement   d'un   pendule  par  la 


■  > 

rotation  'le  la  Terre. o  > , 

—  Rapport  de  M.  Resul  sur  un  Mémoire 

rr,\    ,i\.inl    | I     lill 

Soi  le  pendule  de  Fou  .... 

Pétrographie.  —  I 
nui  l'étui 
eh]  tes  du  Mont  Dore  ;  par  H.   i   ■ 

r 

—  Sur    11 

; 

part ni  di  M 

<■  //<•/• ioaa 

—  Sur  la    formation    t  r.>  j  »  i  ■  ■  la 

l  i 

les  par  M.   A  h 

tcA  ■'  iîîo 

—  Difl 

du 
no:  II.  L. 

—  Sur 

tlD- 
lili    • 

M  /         / 

•  n- 

daii 

par  M   /    / 

\  1/ 

i' 

M    /'    i 

I 
.4  mut 

—  Tl 

■  \i    /     im  u 
Pbospboi 
II.  .111 

lum  i   chaleur .    pai    M 

Bem  i  ;  

Pbotograpbii  .        I  .i   pbol 

-  :  par  M.  '..  /.'/ /  m  un. ... 

—  Observations   n  ni- 

U.  I.itm. 
■  I 

—  M.  Bdm.  I 

- 
la  i.                couleurs  , 
il  y  a  pi  33i 

—  M.  L.    Duooi   du  Huiiro/i   s-oumel  au 

jugement  de    l'Académie    un    travail 


55a   ) 

Fige». 

mit  1 1  photographie  des  couleurs. . . .   1248 

—  M.  H, un  Iran  adresse  un   M  m 

la   :  ...    1 3oo 

Physiologie  imbali  .  —  I  n  uri- 

nair  •    M 

-     par  i  :•  et 

pai 
ben;  p  <r  M.    lugustin  1 

Il  ■      .11!'  1-  île  l'In- 

quelques-u 
la  du  Mu»  um  d  II  • 

nalu  •  M     1     1/        /    n 

—  h 

par  M.  '•    1 

mi,-- 
M.  i  'j  1 5 

1  n  M.  Henri 

l>  3 1 1 

M    (  'hanveau  prési  ie  un 

qu'il  vient  dp    pub 

le   I:  I  g    et 

qu'il  re|i.  

S 

M.  1 

de  'ii  urioaire .  par  M 

// 

1 
de  ,  u    U,  Heur)  de 

i38o 

—  Illfliielne   de    ■  Nil .1   re    -III 

i  •"' 

M     1  

\  i 

1  \i  1  i.iui  M      / 

I 

inlil 

1  ji 

M .  //     5  illing         1G0 

il    MU.  /  uiltard  et  //.   •' 

^3'j 

I 
in  1  M 

/        •   en        '    492 

|i                                                  sur  les 
1            Ihi/jlay  et  M . 
I      in 627 

—  Méthode  pou  rer  simultané- 

ment I  umle  électrique  d'excitation  et 
la  contraction  musculaire  résultante; 


(  I 


Pi  ■., 

par  M.   A.  d    ' 

: 

'!      / 

M 


M    Henri    ' 

- 


! 


'■ 


I 
/ 

M.    i    / 

M 

y 

i 


M 

M  ■    , 

1 

- 

■ 

/ 

. 

M    /". 

H.  /. 

i   Mar- 

i                    i 

: 
" 

3îi 

{Hi 

-   R 

1 

II 

D 

M      / 

! 
M     //  888 

pli*:  i*-r.»  lem|  [*r 


y 

-,    u 


M  S  d'  avant 

"  M 
me   irorab*  à    Iv)-sur- 


"       Ni- 

—  Sur  un  M  M     W     ■    ■    i 

- .  par 
M    / '... 

—  Sur  le*  courants  de  déversement  qoi 

donni'ir  par 

M    //    /      • 

•  I.m> 
l'eau  de  mer .  pai  M    f.  I >■    in. . . . 

—  Coi 

par  M     i    Thouiel .  . 
1  ■ 

- 
rythrfl 

pai   M.  P.  ■   ■    ' 

- 

l.lllf  .1    I:  '  / 

Voir  I 

M  Ire,  Met 

I      nbtemenli  i/r  t- 
PHTBIQI  i     Jivtiii  HATIOOI  I 

sur  le  II 

H.  E.   Mal 
Propi  iélôs  'utiun 

mo  ■ 
liq  ' 

—  Sur  l'équilibi 

c!.in>  un  champ  èleeli  M  // 

P- 
■  \\   h  r 

un  Ouvrage   qu'il   vient  d< 
i 

11!  Il 

et  -        llcri/   ... 

—  Su:  ur  dea  mi- 

lieux  n 

|>.ir  M.  I'.   I>  t/lt  m 

S 

eu  M      '/ 

lotliri 

—  Sur  l'explication  physique  de  la  flui- 

■  lit*"-  ;  par  M    ''    / 

—  Théorie 

la    Fragilité   des   corps                 par 
M.  Marcel  Brillouin 

—  Déformations  homogènes  finie.-,  fcner- 

gie  d'un  coi ,  .    .  .  par  M 

cel  BrUUmin 

—  M.  Fr.  W'uz  adresse  une  Note  inti- 

tulée :      attraction,  force  centrifuge, 
par  l'Êlectrodynamique  n. . . 
Noir  aussi  Mécanique  moléculaire ,  O/,- 
tiijue.  Thermodynamique . 


(  i55 


'ag.'i. 

i .  >  ;  i 


"ii 

I  JOJ 

I J.., 


547 


«    ) 

P«(î«. 
i  1 1 1  raïQi  i  s.  Nouveaux   mo- 

■   i  u  \ te:  par 

M .  /         /  i  ■ . . 

Plani  if-         m     /      Delaiu 
i;    narquea  sut 

1 1 S 

!  février  1891 1,  fait. 

Paris         'M       /' 

Ktiunpkt 

pla- 
nèti  ! 

1  1  .-t   16    (é\  1  par 

M    <    .  p. 

1  1  (.vr; 

Brunner  1 

ni 

•    U' 

llell 

M      1/ 

H    ■ 

i  iu 

'■' 

pai   MM   /•'   Baii- 

1,111. i     li  no 

1 1|>- 
lualorial  1  - 

I  :    M   '   fUumf  'Il 

I 

...    006 
.  dé- 

I                                   •■      : 
o*,ï 58  1;  par  M.  BorreU) 706 

pia- 
lorial  d'Eichens  (ouverture  o™, a 

'■  Ify 1041 

nent»  de  la   nouvelle  planète  Bor- 
reU- .r  M.  Fnbry 1042 


I     i  . 

I 


I 


' 


M     /'    / 

■ 


" 


M 

- 


Li 


I 
M    le 


' 


(J I  I  M  - 

'M     / 
I 


' 


M 

l.i  t 


Rlioi 


- 


M  il  i  j".., 


S  v 


(  I 

PjCe». 

—  Sur  l.i  quantité  nienue 

dans  le  •  mimaux  d 

ptaieaoi  de  VA  ;  -»  r 

M.  /  aiiilt 

—  lk-  renricbiaaemeol  du  sang  en  In'-mo- 

tance    par  kl    /.  :  

—  Al  ■  iii'-'lica- 

menl  «lier  de 

trait  de  ■  ''>n 

de  la  :-'!"  M    / 

Huit,' 

—  Surl'isolemenl  du  fen 

du    881  r     \l\|      H      I 

■ 
-    I 

MM    /<    I 

■  rinl 

—  M.  Arnaud  adr<  la 

i  ommun  MM     / 

-  ii   le    fonnenl 

Sur  la    ■  '  •  ■    •  ■ 
al]  tique  d 
I 

—  r 

e,  el  s'ir  une 

■-J^'e    du  du 

i    MM     /.     . 

\.  toi  mi.  —  II.  I 

./r///  ani 

r.i  - 

(lu  lundi  sera  remiee  .iu  m.ir.li 

—  SI.  le  Président  enni 

que,  en 

e  du  loi 

uu  mardi 

i  iom  di   i  \'  via  mi  1 1  Si    lion 

d  i  oonoojia  rurale  pn n  aie 
BalTula  de  candidats  h  \.<  \ 

âée                                                M     l'rli- 
i    M.    im.,  Girard;  ■   M.  (  '•mii- 
brtlïiit.  M.    Wùntt 1 15 

—  La  Section  de  Chimie 

suivante  de  candidate  a  la  ;  -sée 

mte  p.(r  k  m.  i  ..•• 

i     MM.  Grimaux,  Massait;  ■     MM 

Dit  te,   i  

Su. h  n  m  m   -i  -  cour  «I  B.— Sui       -  lici- 
bromofonne;    par  M.  ./.  Bessoit.. 

—  Action  de  l'acide  iodhydrique  mit  le 

chlorure  de  silicium;  par  M.    I    /-'-•«- 

son 6 1 1 


556  | 


—  \clion  de  l'acide  bronihvdrique  sur  le 

chlorure  de  silicium:  par  M.    /    Bt  >• 


—  I 

.  |  .u    M.     I       '/ 
net i  •  i  • 

—  Sur  un  nouveau  procédé  de  prépar 

lion  mu  .  ]  .n 

M.  A.  Best  n i  ;  i  i 

—  Sur  le-  silicium;  i 

M  i  i  r 

- 

du  :  i  r  i3a 

Sirac  r.  —  N  un  M 

|  lli'Ulll.l- 
tl'|  i  

l'atli 

i  hambre 

du 

l  !  et  leur  inOuei 

r  M    '.    llul- 

me 

bre 

I  ■ 
I. 

II.  P     I  

B 

I  ■   \|     ■ 

'/    ■  .  I  •  i 

Sui  la  'i    1 1  ibution  en  latitude  di 

\ .il.'irc  i 

danl  le  i  ar 

M.  /'.  Taeehini ?Hi 

—  Sur    la    Atiatique   solaire  de    l'année 

H         ;i 

—  (  i 

en  d  llrun- 

ner  itoirodeL] 

par  M.    /  ,md i  Hi 

_  (  I                                                         .'[■- 
\.il.                        ■                    lin  pen- 
dant le  premier  trimes 
par  M.  Taeehini i"  j  j 

—  Phénomène    lumineux    extraordinaire 

observé  sur  le  Soleil;  par  H    /.-/.. 

/      mrlol 1,1'! 


|    i5 


Il  Mil  lv I  .  M  U 

</{■    / 

n*|  la 

i    le 

M 

—  v  par 

M    / 

I|U  i 

aom  >mme  w 

M.  //    ' 


rivi  ».    —    M 

- 
Mil 

II.  h  .  I 

■ 

-O    r  . 


M 


TltK  I      I   >f  '■    '■  ■ 


■ 

. .  . 


i 

S 

ture:  ;  ai  M     / 

- 

.     r   \1     /      M 


M    /'    G 
- 

dit 

i 

- 

■     M  MU 


! 
M 

M 

- 


I  ' 

MM.  /:  nhi 
l    nnées  ri  •■■  miqura  bui 

- 
y  ».    1/ 

—  I; 

Imir  MM. 

\ 

I  ni  RMODl  v  tMIQI  I       —     M.    D.-J      i 

|  | 



1 

la  cl  i  i  i 

M      ' 

—  Détermination   de    1 1 

"    l 
/;  n   1 1 

—  Sur   la  déterni  i  ni 

/ 1 
l  bsbmomi  nui 

un 
Ihei 

'     i 
tourne 

—  i 

tin  : 
I     I  M  i: I  I  Ml  M  -    Dl      n  mu  M       / 


uni-  '  live  aux  dés  istres  i 

du  ■  mis  de  i' 

du  mois  do  janvier,  d 

ira)  a 

■  > 

1 1  du 
16  j.in\  par  M.     i 

P  nu  . 

I  m  1 1 

/  i  Vra- 

/  i  ■ 

|..tl  l36 

I I  ni  i..  i  i    -i  M    /'     1/  m  toi  d  ■ 

UI1'     ' 

cultures    lut»  "     J . 

Il  M  

-  M.  /Vf/«/  «drosse  une  Noie  lendanl  ■> 

HllV|il|- 

\l         /  d  un  Me- 

na  anli- 

lul 

R     b  i  ■> 
rki 

pai    M     / 


I 


I  m  i   .  an  k«.  —  Acl 

.-m  i    M.  y. 

i 
S 


- 
M    (      1/ 


\  v. .  n  morts.  -  Basai  de  \."  i  in  iti  n  | 
- 
nai  i 

Vin  Recherches  mu 

.i  critique,  el  >ur  la  •  lion 

|ue;  par   MM     / 

t  ;  ■'« 

I  ' 

\  l\-      —     M.     F      /■:-     1    O'A 


une 

de  .  -  Ifurique 

libi  

Sur  II 

-.ull  il 

l,i    r 

libn  / .     Magnier   de   lu 



MM.  Badin  et  Eseoffier  adressent 


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y  -  1/      v  hnydtr 


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MM.    '  -■  ni   un 


t    i Ï60   ) 


lilles 

Nota    .-ur    la    |  '  be- 

lemnon  dans]  Banyuls;  pv 

M  .   lie  iMCiiu-lhithim 

Sur  trois  «aa  de  développement  libre, 


r..„.  i, 
observés  chei  les   Bryozoaires  ecto- 

procti'-:  par  M.  //.  /'     -    • i3i6 

i-.-i  .{'int'iriiir  animale,  Eml  ■ 
'ogie  animale  *!    / 
munie  rurale. 


I  VBLE   hl.>    M   1  II  lis. 


\  nu  m 'ir  i  v    I- 

.r  I  inn4*-  ■ 

i  M    i 

|)|  - 
Mi  ET    DES    BEAUX   \ 

Dl 


MM 


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II 

\i  m  ! 

i|ui 

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ur  la  di»t. 

M  I  \  ! 

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I;  mmi- 

'  \l    Berthtlot.  \ 

-   r   qui-lqui  • 
ch'orun- 


■j  1 6 


I   I  •.!..-  , 


MM 

—  Recherches  calorimétriques  »ur  l'ac 

humique,  dérivé  m- 

mni  '        

^NTOINI     Ci  v- 

snr  l'équation 



APPELL     P.  I.  —  Sur 

rentiellefl  linéaires  tr.n  -  -  i  n 

i  di  lion  el  de  \  iri  i 
.MISAI  I'     \       -    Rechercl    »  cl 
el  physiologiques 

- 
mination  de  la  mal 
le  b  i  iiin 

•    '  '  '•' 
S 

de   la   quinine.     I  n   i 
U.  Grim 

I 

un  milieu  de 

I    i 

—  I  ;'.i- 

nine     Bn  commun  .>\'  g  m 

lllll:. 


MM 

ARN  \1  I>    II.  u    h    .         Mi  u; 

-titution  des  albumin  i|S 

l  -■  l'auteur  d'un  m 
dan»  li  séance  du 

i  Si 



•  ■u  réponse  .1  une  Communi- 

rj  de  Mil.  /  -  /  lue  el  B  irral,  du 

ri.  une  N  le 

ferment  glycol]  tique  du  sang     1088 

-      \  \i     \."i. 

nenl    l'ond 
triq  non 

mn  nte 

i  -  inique  liqu 

tion 

r.i;  |Ues 

Mil  III  -  l 

M.   '   .   /'  ■  ,i 

tUBI  R  I    I  incnl 



M  lil  li  l     I  1  .1  appa- 

M  h  i.wi     1  S  r  une-  applii 


B 


BACHI  l  \Ki'         1    ntrih 

11  tCKER    di      Dm 
-  1 

leuc 

|i   Kocb  ''u  particulier 
BADIN 

ches 

plètemenl 

M    /  

BA11  LADD     B.).  — 

plan 

Cul'  -  itorial  HrunniT 

—  Observations  de  la   planète   M 

vieil  1  1  S.  1 1  .  r 

vatoire  de  1  Bi  un- 

ner  snèteCha 

1     commun  a 

MM.  '  

BAL!  \M>.     ■  Sur  l'hydratation 
BARBE1    '■     adi —  une  Note  n 


llll    | 

Idresse  une  Note  inlitu  Deux 

. 
HMUllI 

......     Sk)i 

BARBIER  1  i'n. 

,iir» 
I 
UMilt  \l  .        -  i  gtruclion  'lu  - 

in   vitro.     <  .un 

M.      /■'        /  I    |li 

ni  du  ferment  glycolyU- 
i       immun  bvoi   M.  /■'. 

(11 

—  Sur  le  1  Lique  ilu  sang 

1  l'homme    !  in   1     M.  /(. 

/         

Sur  la  détermination  exacte  du  pouvoir 
i  1  nun 


I   I  •• 


MM 


- 


il. 

BASTI1      M.        —    Infl 

ll\I  Mil 

II  \l  DR  \' 

Hl  M  RBGARI 

■  i    ■ 

III  i  >..:  i  i.i  i      I 


■  l\ 


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i 

île 

III  RUI  1       U  i  ii<  f»l  Mi 

I 


MM 

III. H        1' 


II 


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II. 


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M     (. 


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I 
lin. 


MM 

i  M.  M  .1161 

bon  ,n- 

aura  avec  M.  G.  Jadn 

ut  et 

-   1 
1 

l  -  ■ 

1 
1 
1 
M.  le   ! 

ll.lli  I  III 

publiées   pai 

des  - 

\l  <  /.  ■  •  ,lf 

Jon  ' 

MM  1  — 

1     1 

el  • 

\,in\  de  '■    1 

h  lin.  par  M    /  .  / 
volumes   mit   le   I 

—  A  '  \ 

des  • 

H 

—  Présente  le  premier  1 1  lun  ■  1 

- 
M     />■-, 

—  Appelle  l'atleni  sur 

les  Rap| 

de  '  •!-■ 

•1  administrative,  sur  l<  -  travatn 
iln  laboraloin 

Bl  Kl  11  \M'    J"-i  1  m      ■ 
1,1  l  h  du  prix  l 

—  Et  de  la  ('.  immission  d 

—  I 



—  I 

l'i\ sique  

—  Ki  de  la  1  prix  1  rémonl      I     . 
I            I      imission  du  prix  Gegner.      1  .-■ 

—  Et  de  la  Commission  du  pi  ix  P  'til  à  I 


",    I 
MM.  | 

moy  (S  .... 

Bt  de  la  l  1  du   pi i\   lean 

R  \  n.iiid » 

M    le  •>    réiain  perpétuel  donne  lecture 
d  te  I  aux, 

:  des  pj  raroid 
en  nditmine,  aux 

n' 

1 1  .1  li  mesure  de  I  1    rou, 

et  uments  q 

•a  .1  l'expédition  de 

\ 
vienl  nne  de 

I 
S 

l  que  la 



1  ■  impel, 


3» 


S 

.111- 

1  es 
Q  I  par 

MM.  /'.ml  I  ! 

I    I 

I  \  bui  ique  pu- 

[Yavaux 

M.    ( 

de  M   //     \ 

m  mathemi  I 

Journal 

II  ; 

\l     I  ■ 
une   lectu 

ment  de  M.  <  

Bl  RTRAND    Mari  i  i  Sur  un  1 

d'un  nou  reau  pli  1  I 

l  ri  .  omi    in  avec  M 
iN     \ 
S   :        Lion  de  l'acide  iodbydriqu 

. 
-  Sur  I ';i-  mhydriqi/B 

uni 

ie  sur 

.... 


611 

788 

I  <>■•  I 


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MM  PafM 

BODTY(l  ouatante  diélectrique  du 

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—  Propi  ;  i  |ues  «lu  mica   .1 

baul  i3io 

BOTEB    ■  ■  Sui    :   !  iu- 

i     i  ivecM.  1 

l.li  \M  ^     Ed.). 

i    II  lui  IN    Ha»    i 

—  1 

1,1   I: 

D 

l'un  coq 
BRIOS)  ni        Sui  une  • 

BRONGNIAR1 

en  \ 

tui 

trjt  uni  en    n  lui- 

v] 
'/ 

\l.|.  : 

•  lu   |  rix   M 

i  V 

I  ii  du  |'>  i\  I 

l 
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I  i  prix  kl 

I  du  prix  v 

i  PI 


Jbrj   ) 

MM 

—  Ki  de  li  n  du  prix  Martin- 



lural 

l   actions  du  i   rps  1 1 » >  rm.lt'  i 

l  •  .mi  du  prix  Poural 

P 
-  i  ndu  prix  Barbier. 

UUl'Ll  l     Raovi  méthode 

.  a  et 
mont  .ui\ 
-  naturel*  et  ju\  beuri 

Bl  IS1NI      \ 

\l    /'    /.  tisù 
\  industi 

M. 
BUISIM     P 

i  .i  l'air. 

U      i    / 

I 
M     i    / 

i.i  -»\     di  i  de  la 

■   ■ 
l  il  du  prix  l 

. 
Il  I  1 1      I 

n  parti- 

i  i.i 


< 


CAHODBS.   —  Sa  d 

l'A  

l'Ali. I.I  1 1  1     I 

Ibod  ra- 

ton 
culier,de  i         Eni        >un 

avec  II.  /  .  '  'olardcau.  > 

berebessu  ipeor 

jusqu'au  poinl  ci  itique, 

critique.  I  En  commun  a  ar- 

deau.  i 1170 

—  Description  du  manomètre  &  air  lil 


l      il 

Est  élu  1  n  du 

.il'  -  

CAJ  IGN1     Uutoli    di    .  —  Sur  qui    |uea 
CX|  ■ 

de  l  taboia 

CALLANDRBAU    0  Sui   II   II 

i3o3 

t.AMHuL  i:  ,  l'u  1 

ir  le  prix  Savignj  qui  I 



CANNII  i     i).  —  Sur  I  évolution  aei 
desTrui    -         1  


I  ,  . 


MM 

'   U'I  *    i  >i  ni 

llll    \ 

\i  LO    l 


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I  II  \II 

I 


•  iivun 


UIVltllIN      \ 


( 


I  I 


MM.  l'.Bes. 

>   ou    Tru 

d'Afri  ]' i  .1  \> ■  i  i .  r- 

Ttrmania. 

—  Contribution  à  la  biologie  des  plai 

pai  

—  Est  élu  un  'lu 

|iri\  Barbier 

—  Et  de  la  '  a  du  prix 



i 
i  ll\  UN  (JoAitnu  -  itbélium 

bâ| 

,/- 
i  li'  i  .11. 

CHAUVEAD  pi  un  Ou- 

vrage qu'il  \  ienl  de  publier 
litre  :     I  ■•  ti 



—  I 

prii  l    i 

—  I 

I  HllilU  I  .         InQui 

iri- 

CHOBAU1     \ 

/-(/.'  I 
COLARDEAI      l 

en   parliculii 

If,  /   < 
B 

liqu 

Dl   criliqi 
M.  /     <  a  .1170 

ir 
litre  1  ir  l'an- 
née   

1  1 1|  IN      I 

remerciements 

P  ali  qui  lui  

COLIN  (  G 
1  \. 

1  taux 

—  D 

animaux 

COI.I.I  I     J.  .  —  Sur  la  ■ 

inii 

partielles  du  premier  ordre iig3 

COLLEY  1  lt.).  -  ions  actinomé- 


mm  pagei 

In.  \- 

lémie  Pétrowski,  pri  s  d    Mo» 

MM.  2\      1/ 



<  l 'Il  1 1 1      \    ni-.-     \ 
lion  lumii 



I    M|    - 

(..  I.| 

I  OM1TÉ  HONGROIS  Dl  -1 1  OND  CON- 
GRl  SORNITHOLOGIQI  l  IMI  RNA- 
I  |i  i\  \i     m    informe  I  \  pie 

1-1 
CONTI 

(•nouille 

1  ORMl  Ri  'I-    I 

un  nouveau 

CORNU     \inin. 

I.i  1 

Sur  .1  l'int.T| 

M        II 

11  du 

prix  I  

IA1     l     .     -  l 

1 
1 

MM    B    /■ niiil 

\m..im  lyanl 

litre  :  ■  Le  1  I 

r\  tl  I 

■ 

de  :  1 

CROVA  (A  B 

mu: 

11  r  nations 

! 

*<jo 48ï 

—  Ht 

non  MM.    R.   <  ollej      •/ 

1/ ,  hkine  el  M.  A  .:  - 1 .  è  l'Observa- 

\  Pétrowski 63j 

de   la   lu 
par  le  ciel 1176  et  1X46 


MM 

I 


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lion 


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1 187 
\  li 


(  '  > 

MM.  V»er*. 

i    le 
mouvem  ...  i      > 

DE1  !  Bl  l  Ql  I.      \ 

i        a    

I 

DENIGÈS 
obt> 
liqnes  el  I  aniline 

—  Nouvelles  comb 

les  sulfites  meta  iquea  i 
arom.ili  , 

—  Adreet 

l'i  :  1  lu  i    i  n 

•  i . 
verl 

M  li.i  Z  (Mabcu  i 

I      : 

—  Sur    II     ilrt.Tlli  •!■ 

inique  de  la  chaleur. , 

Dl  LUI  I  v  i  \l\     i 

—  <  ■ 

—  s  tured  une  n 

Iriangu 

DES  Cl  "i/i  M  \         i 

l.l       I.Mlllll 

DESLANDRBS  (I 

! 

—  y 

bandes  laibli  - 
bandes.  Applicatii  i 

h]  drocarburea 

Dl  -  RU  i  \     I 

ne  ,  uni  ' 

le  janvier 
vill  i  îouraya. ...... 

Dl  1  iw  l  n  I  l(  • -'■  une  N 

i  un  .'|  il   utiliser  la  di 

lion  de  l'air  s  ius 

du  Soleil 


7°   l 

MM  I'..: 

—  Adresse  une  Noie  relative  à  un  pi 
d'utilisation,  coma  •  ■  de 

la  déviation  «lu  mouvement  d'un  i 
dule  I 

l>l.\  \'    . 

jtémedemi  ■  ■  *  • 

un     Sipl 

imaliqne  i > 

|>I.\  \i  \     Ih  irai  .       5  alion 

ma 

in 

D1GNA1     i  Note  intitulée 

\   i  n I  intensité  qu'on  peut  <'!>- 

n»  un   n..  \.i- 

nique,  d 

,llil  .1  ll.r 

Dnls  

M  I  1  I  I 

par 



I m  il  \  n  i  i     n  Sur  l'I  iui  li«- 

i 

ur 
la  v  Bl        ui- 

inun  avec  M.  J.-P.  

\m,i,i  -  ■    ■      i    iveau 

i  ■  .i 
.  ipé- 

lut'  "H 

l  -    i  h. -ni  de 

Dl  i  n  vin  membre  di 

.    du  prix  h  - 

l  i  prix  Bordin, 

i  i 

i  \  Petit  d'Or- 



—  l  i  lin 

s 
_  |  iii.l  Pria  • 

-  ■ 
M.  le  Présidenl  nie 

i 
atùmliea  -  par  M    '    tson... 

—  Annoi  b  que,  •  : 

■  du  lundi 
.m  mardi  !i 

—  Annonce  j  l'Académie  la  perte  doulou- 


MM 

\ 


M 

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MM 

-  Dl    HAl 
\ 

■  •  I  lit  M    P 

DUPI  U     -  l 

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MM 

Il  RI  >\     Il 
un  ; 
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PERRON    l  inli- 

i 

PERREIRA  DA  SILVA    \ 

PI<  lll  i  H    l 

i 

il. 
PIS  I1BR    i 

laun 

—     Sll! 

I  l/l   U  I 

I 

PI  wim  tRli  •'■ 

■    ' 

S 

lurri 
POL    ii 

lia'  un 

ju~«|u  ici  ■ 
PORI  RAND    Di 


MM  I'. . .;.••. 

Etude  thermique  de  quelqoei  dérivée 

53a 

que..  1006 
lution  el 

for  1  1 1 33 

1 1 'lll  L  (F. -A  I 

3ig 

ii  in  un  1  »niif 



POUQJ  I  ■ 

: 

... 
I 

POVI  \l    DE  1  "l  li\ll  LLES  une 

l\    lllllluli'i-  \ 

cou- 

1  Si 

-    I 

906 

1088 

I  e    un 

\ 

:  .  en 

1  1 
■i  du  pris 

Rey- 

1 

- 
1  ■ 

111 

non.  ifre 

de  M.  / 


GAI!  LOI     \    .       -  er- 

■I  un  même  lieu. . 

'i  \l  l  in  I 

-ur 
le 
dans 

liens    OCultfil 

\l.  /  .   '/  

GASTINI  B  i-ur  l'em- 

ploi du  sulfure  :  traite- 


ment d<  in 

II.  d.-F.  M  ni, 

GAUDR1  S  ■ 

•  1 



I  •   ' 

n  du 

prh  D  

Bt  de  II  1  1  Cuvier. .    768 

GAD1 1ER    \jm  1  membre  de  la 

Commis-un  du  prii   Montyon  (Arts 


M*  I 

■ 

GAI  lll   I     Htsi  - 

• .  \l  III  U 

n 

G  LARD      \ 

—  I.  / 

ion 


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GIRARI 

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358 

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GRfFFlTHià    \.-ll  mercie- 

uon 

-  travaux 3-i 

GR1M  IUX    Êd  h  v iti>  '.  —  Sur  la  réaction 



ilin  -    ■  1 1 1 1 1 . •  l h ■,  I 

—  Transformation  de  la  ■  "[  i  |Bi- 

ii  H'       ii.. 

muni .  i 

S  i  i.i  quinéth)    • 

la  .|         i  I  iiiiiuin  BV«    M      I 

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—  I  Section  de 

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i 

—  I  ' 

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GU1CUARD(I 

GUBRRI  Sur  nn  limbn 

Mm  tin 


I    iS 


MM. 

iil  l  i\  \Kli    Léo  Sur 

sphères  attractives  dans  les  celli 



-  Mu  la  constitution  des  noyaux  a 

i""  i 

iture  morphologique  du  pfa 

mène  il»'  la  fécondation i 

GUILBER1    G  Élude  i  lient 

prévision  du  temps. ... 

.,1  il  I  W  Ml      Ch.-Bb  -  pra- 

lique  du  problème  de  la  ■  ner- 

!■•  <l  un  ili  ■■■,  par  l'en  | 

il  ir  

ul  de  la  i 
tance  il  une  dérivation 
i.lllll     li  Sur  le  développement 

liimjHK. 

islalifs  de  la   i 

GUYI     l'un  ii-i-i    \  Délai n 

i  iM  i  >\     I 

>r  i.i  dislini  lio 

-  travaux 


Il 


Il  \l  I  \i  l  ii  (G  I  • 

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I 

—  \     : 

I 
Influeni  e  des  iliss  ilvan 
\mr    rolaloirc 

de  chlora 

—  talion  des  a  sur  le 

ration  di  - 

Il  WIV    i:.-T.i.  -  Sur  le  pi.  ftne 

de  Uoctézuma  11 

HANRII  IT  adn  \ 

cadémie  pour  la  distinction 

,i  ses  tr.is.iuv 3a 

—  Sur  un  amidoisoxazol 796 

H  \K|i  IT  (P    adress 

sdémie  |».>ur  Ih  di»i.; 


1  '1  ■ 

II  vluN    H      I  \    '.n'  lit  1  11  1:1 

1  ... 

1  xfon- 



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I  'ir  * .  .  .  . 

y;; 

l'eau  dans  un 


III  l»  IN    l  >ur  les  pfa 

n  ilu  pan 
terminée  1  (périra  inlalemenl  pai  une 

1.  do 

\\  ,1  -  j 

- 
l'azoturie, sprèc  >tion  loUili-ilu 

pancréas 1037 

HENRY    Cribles  .  —  Olfactomèlre  fondé 
sur  la  diffusion  à  travers  les  nombres 


,    ,-.-■. 


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l'amidure  de  sodium  et  ^nr  un  chlo- 

rur.  lammonium 

IOLY  (A 

pai  :  .11  II 

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et  ilu  rhodium  en 
taux  commui 

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jlitution 
sim| 
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sur  une  méthode  ra| 

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d'une  étoile  d'un  éclat  comparai)  • 


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ii    de    I  '  l 
pendant  le  deuxième  trin 

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lion 

photographi  |i 
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•ir.)ii>'  et 
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h  tension  de 
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Variationa    magnétiques    pendant    le 
blement  de  tei  •  jani  ier 

en   \  

Mil  11.11      I'     lu  \ 

ru r .  ùquessui  l'élher 



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terre  >  >  >  • 

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commun . 

M      trl/iiK.  | ,i 


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\ 

■  -  lr.r..iu\ 

- 

forme 

—  Sur  l'inl 

lions  différen 


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II 

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Il  I  I    \l        II 

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l'I  RI  H(JT  c  J 

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■,!    , 

l'i  H  RAI  1.1 


(   i584   I 


MM.  P.gei. 

points  de  l'anatomie  des  organes 

Relatifs  des  Ophiof  

POHBL    \   .    ■  Lee  tremblements  de  terra 

dn  i5  et  iln  16  janvier  en  Mgérie...    643 
POTIBB     \    .  —  Sur  le  pri  11  iy- 

gena 

—  Remarquée  .1  l  occasion  d'une  Note  de 

\l      Poincaré    -nr     l'<  de 

\l.  0.  Wiener 383 

h  >i  1  m  1  >,  De  la  ilion  du 
bassin  1  1  iun 
,w  se  //  

—  N 



S  1  une  m'-  anim 
l'Hil.l  ni  \.  -  1  su 

1  ■   ohampi    ion  |  ••  da 


MM.  P»ge«. 

h;innelon.  1  En  commun  avec  M.  Drln- 

■  r.  1 107g 

PRODHO    II.  .  —  Sur  trois  cas  de  déve- 
loppement libre, 

Brj  - i3i6 

PRDD  H0MM1         l  es  mordants  en  tein- 
ture et  la  théorie  de  Mendéleieiï . . . . 
B     1  himenl   du  1 



PC1S1  l  \    l 

1      <■  mmun 

M    /  '  '  

h  de  l'aber- 

rs  numériques  dédu 
de  l'observation  de  deux  groupes  de 

1         mmun    ■ 
M    /  / .  1  • 


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I  '  Bordin.  . 

I  I 

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■1  du  pi i\  Gcgner. 
n   <lu  prix   Petit 

l 

'i  du  prix  Bordin 

1 

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it  \i  \  \    1 

h. n  

.  .  . .     .  1  - 
-  •                                               ,.1- 
rali  

—  Sur  la  détermination  des 

rali  - 
RAMRA1    ■ 
Barnard   I 

! 

—  1 1  w 

III 

,111  I  "dt  de   o  I 

y        

—  1  '  •■  la    nouvelle   plani 

Charlois   1  1891,   juin    1 1       faites  à 


1        mmun  avec  H.  Sjr.). . .   1 1  im 
BANVIER    l 

1 

ph  

1  .  prix  Bordin. , 

l 



I  n  du  prix  Montyon 

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I  1  >  l  illr- 



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1  n  du  prix  Pourat. .     '  ,  - 

—  Bl  "n   du    prix   P 


(    I 

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fut. 


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ROUSSI  \i     1,1—  Sur  les  mai 

de  .-ou  •  

RI  M  SSI  i     i"-i  pu  i. 

ré- 
nile  por|  bj  i i 


i  >8b    | 

MM 


l'y  I  I"  i 

RI  'I  \    l    .       R  -ui   la  disper- 
sion dai  -  organi  |uee 
1  M.  Ph. 
Barbier.  | 


SABATIER    Pai  i  |.  —  Sur 
bure 

S 
S\IM  -GERMAIN  (A.  dk). 

■  •ni   il  un  ne  qui   r 

de 

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du  ;  ■  ur- 

l  lu  prix   i 

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S\li  \»l\      I  I 

I  .m       I  Miiiiun    .1 .  lu 

SUili  \i   •  -i  i  u  me 
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inométri 

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m  III  l  lu  i;  KESTNI  U        l; 

l'hu  i 

i    iploi  de  l.i    bombe   ■ 

liu-iuui  de  i.i  bouille 

SCH1APARBLU    J.-\ 

pour   la 

linclion  I  -   travaux 3a 

SCHLÛESING    \  ,i    —i  ('■lu  membre  île  la 
clou  u  pru  1    I..i  i'  a  ■   Chi- 


mie   

i 
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SCHNYDI  l.i 



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fini 

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Si  m  i/i  Mil  RGI  u    r  i  ...     ui  la 

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prix  ri 

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kel natif  dam  -  du  torrent 

i  B  '  ' "i 

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lie  .i  Napl 

ilil!    •  

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e   pour  .  de 

i  rempla- 

I 



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I  in- 

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de     ' 

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i  •  .  i 

m).  —  S  i  dé- 

vonien  supérieur  d 

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rén  Baasee-I 

et  1  i  i^'< 

SIRE  (G  Nouvel  appareil  gyratoire, 


x    r.     <  •      ■ 


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la  question  de  l'heure  universelle —  imique  du  Criquet  pèlerin i383 

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Ny.m/.i Itu                      '  de  l'ordre  d'api 

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wnli,  par  r.i;  Lit  une  Noie      sur  des               ali- 

l'beure  univers                      1                                                                     . .    1  ••  1  i 

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