>"
•"'"^
",r"
•fv
^
<a
^v
*v
i^V._
f
V^t M,-
.■•■■'
!
■
â
^ibrarn of % Hluseum
OF
COMPARATIVE ZOOLOGY,
AT HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MASS.
.ffounïcï I)» prîtontc suiiscrijjtion, in 1861.
Deposited by ALEX. AGASSIZ.
^V 7 No.éôJL/Cf
/ '
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
\x
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTH1ER-VILLAKS ET FILS, QUAI DES GRANDS-AUGl STI.NS, 55.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PUBLIES,
CONFORMEMENT \ UNE DECISION1 DE L'ACADEMIE
ui t)at« vu, i3 rJuiifet i835.
"i
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPETUELS.
TOME CENT-DOUZIEME
,i\\\ iij: - .il i\ 1891.
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS Eï FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augustins, 55.
i si» a
, 1891
PREMIER SEMESTRE.
SûZ9
COMPTES RENDIS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
I»AK 1?IM. DiKS SECRÈT4IBES PKKPÉTtEliS.
TOME CXII.
N° J (5 Janvier 1891).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Campus rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro dos Comptes rendus a
4tf pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de F Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étrangerdel'Académie comprennent
an plus 6 pages par numéro.
Lu Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
• Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par actuel, et l'extrait est renyoyé au Compte renau
correspondants de l'Académie comprennent au vant, et mis à la fin du cahier
plus 1 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus n'ont pas de planches
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les IjC tirage à part des articles est aux frais des
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de teurs; il n'y a d'exception que pour les Rappoi
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont les Instructions demandés par le Gouvernement
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
lire au Bureau. L'impression de ces Notes ne
: rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Acadéi
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les R
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au!
cpie l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des person
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de Y
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un
sumé qui ne dépasse pas 3 pages
Les Membres qui présentent ces Mémoires ;
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours nom
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Ex
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondance
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rer
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tin
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remisa tei
le titre seul du Mémoire est inséré dans leComptc r
Article 4. — Planches et tirage à part.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administratif
un Rapport sur la situation des Comptes tendus 1
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du
sent Règlement.
Les Savants étrangers à 1 Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance su
ÉTAT DE L'ACADEMIE DES SCIENCES
Al 1er JANVIER 1891.
SCIENCES MATHEMATIQUES.
Section I'e. - Géométrie.
Messieurs :
HERMITE (Charles) (c. #).
BONNET (Pierre-Ossian) (o. #).
Jordan (Marie-Ennemond-Camille) *.
DARBOUX (Jean-Gaston) *.
PoiNCARÉ (Jules-Henri) *.
Picard (Emile).
Section II. - Mécanique.
Resal (Henry-Amé) (o. *).
LÉVY (Maurice) (o. *).
BOUSSINESQ (Valentin-Joseph) #.
DEPREZ (Marcel) (o. *).
Sarrau (Jacques-Rose-Ferdrnand-Émile) (o. *).
LÉAUTÉ (Henry) *.
Section III. — Astronomie.
Faye (Hervé-Auguste-Etienne-Albans) (g. O. #).
JANSSEN (Pierre-Jules-César) (o. *).
Lœwï (Maurice) (o. *;.
MOUCHEZ (Contre- Amiral Ernest-Amédée-Barthélemv) (c. »).
TISSERAND (François-Félix) #.
WOLF (Charles-Joseph-Etienne) *.
Section IV. — Géographie et Navigation.
Paris (Vice-Amiral François-Edmond) (g. c. &).
Jurien DE LA GRAV1ÈRE (Vice-Amiral Jean-Pierre-Edmond) (g. c. *).
Abbadie (Antoine-Thompson d') *.
BOUQUET DE LA Grye (Jean-Jacques-Anatole) (c. # ).
Grandidier (Alfred) *.
Bussy (Marie-Anne-Louis de) (g. o. *;.
ETAT DE I. ACADEMIE DES SCIENCES.
Sectiox V. — Physique générale.
Messieurs :
FlZEAU ( Armand-Hippolyte-Louis ) (o.
Becquerel (Alexandre-Edmond ) (c.
Cornu (Marie- Alfred) ».
MASCART (Ëleuthère-Élie-Nicolas ) (c. ft).
LlPPMANN (Gabriel) ».
Becquerel (Antoine-Henri) *.
SCIENCES PHYSIQUES.
Sectiox YI. — Chimie.
Fremy (Edmond) (c. * ).
Cahours (Auguste-André-Thomas) ('c. *).
FRIEDEL (Charles) (o. |.
TROOST (Louis-Joseph) (o. s)
SCHÙTZENBERGER (Paul) (o. # ).
Gautier (Émile-Justin-Armand) ».
Sectiox VII. — Minéralogie.
DaubrÉe' (Gabriel-Auguste) (g. o. >.
Pasteur (Louis) (g. c. *).
Des Cloizeaux (Alfred-Louis-Olivier Legrand) o. *.
Fouqué (Ferdinand-André )
Gaudry (Jean-Albert) (o. | .
Mallard (François-Ernest) (o. ).
Sectiox VIII. — botanique.
DUCHARTRE (Pierre-Étienne-Simon ) < O. *).
Naudin (Charles-Victor) #.
TRÉÇUL ( Auguste- \doIphe-Lueien ).
Chatin (Gaspard-Adolphe) (o. a).
VAN TlEGHEM (Philippe-Édouard-Léon) *.
Bornet (Jean-Baptiste-Édouard ) ft.
ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES.
Section IX. — Économie rurale.
Messieurs :
SCHLŒSING (Jean-Jacques-Théophile) (o. # ).
Reiset (Jules) (o. *).
Chauveau (Jean-Baptiste-Auguste) (o.
Dehérain (Pierre-Paul) (o. * i.
DuCLAUX ( Pierre-Emile | (o. i.
X
Section X. Analomie et Zoologie.
( )i atrefages de BréAU (Jean-Louis-Armand de).(c. «).
Blanchard (Charles-Emile) (o. »).
LACAZE-DUTHIERS ( Félix-Joseph-Henri de) (C. #).
Edwards (Alphonse Milne-) (o. * .
Sappey (Phibert-Constaut) (c. *).
Ranvier (Louis-Antoine) *.
Section XI. — Médecine et Chirurgie.
Make y ( Étienne-.lulcs nu
RlCHET ( Didier-Domi nique-Alfred) (c
CHARCOT (Jean-Martin) (O. * ).
Brown-Séquard (Charles-Edouard) *.
BOUCHARD (Charles-Jacques )
VERNEUIL (Aristide-Auguste-Stanislas) (c. i.
SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
BERTRAND ( Joseph-Louis-François) (c . #), pour les Sciences ma-
thématiques.
BERTHELOT (Marcelin-Pierre-Eugène) (g. o. *), pour les Sciences
physiques.
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL HONORAIRE.
Pasteur (Louis; (g. c. *;.
ETAT DE L ACADÉMIE DES SCIENCES.
ACADÉMICIENS LIBRES.
Messieurs :
Larrey (le Baron Félix-Hippolyte) (g. o. »).
LESSEPS (Ferdinr id-Marie DE) (g. c. «).
Favé (Général Idelphonse) (g. c »).
Damour (Augustin-Alexis) (o.
Lalanne (Léon-Louis Chrétien-) (g. o. : ).
Freycinet (Charles-Louis de Saulces de) (o. >.
Hatonde LA Goupillière (Julien-Napoléon) (o. »).
Jonquières (Vice-Amiral Jean-Philippe-Ernest DE Fauque de)
(g. o. »).
Cailletet (Louis-Paul) (o. » .
BISCHOFFSHEIM (Raphaël-Dubois) ».
ASSOCIÉS ÉTRANGERS.
OWEN (Sir Richard) (o. *), à Londres.
Kummer (Ernest-Édouard), à Berlin.
Airy (Sir George-Biddell) », à Greenwich.
TchÉbicheff (Pafnutij), à Saint-Pétersbourg.
Candolle (Alphonse DE) », à Genève.
S. M. Dom Pedro d'Alcantara (g. c. >.
Thomson (Sir William) (c. »), àGlascow.
BUNSEN (Robert-Wilhelm-Eberhard) (o. »), à Heidelberg.
CORRESPONDANTS.
Nota. -Le règlement du 6 juin 1808 donne à chaque Section le nombre de Correspondants suivant:
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Section I,e. — Géométrie (6).
Neumann (Franz-Ernest), à Kœnigsberg.
Sylvester (James-Joseph), à Baltimore.
Weierstrass (Charles) », à Berlin.
Kronecker (Léopold) », à Berlin.
Brioschi (François), à Milan.
SALMON (George), à Dublin.
ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. 9
Section II. — Mécanique (6).
Messieurs :
CALIGNY (Anatole-François HÛE, Marquis de) *, à Versailles.
Boileau (Pierre-Prosper) (o. *), à Versailles.
COLLADON (Jean-DanU ) *, à Genève.
Beltrami ( Eugène), à Pavie.
Gilbert (Louis-Philippe), à Louvain.
N
Section 111. — Astronomie (iG;.
HlND (John-Russell ), à Londres.
ADAMS (J.-C), à Cambridge .
Cayley (Arthur), à Londres.
Struve (Otto-Wilhelm) (c. »), à l'ulkowa.
LOCKYER (Joseph-Norman), à Londres.
HUGGINS (William), à Londres.
NE WCOMB (Simon), à Washington.
Stephan (Jean-Marie-Édouard ), a, à Marseille.
HALL (Asaph ), à Washington.
Gyldén (Jean-Augnste-llugo) ft, à Stockholm.
SCHIAPARELLI (Jcan-Virginius), à Milan.
Gould (Benjamin-Apthorp), à Cordoba.
WOLF (Rudolf), à Zurich.
LAXGLEY (Samuel), à Washington.
N
N
Section IV. — Géographie et Navigation (8).
Richards (Contre-Amiral George-Henry), à Londres.
DAVID (Abbé Armand ), missionnaire en Chine.
Lediei ( Alfred-Constant-Hector) (o. *), à Versailles
Nordenskiôld (Nils-Adolf-Etïk Baron) (c. #), à Slockho.m.
IBANEZ DE IBERO, marquis DE MULHACÉN (Gal Charles) (G. O. *),
à Madrid.
TEFFÉ (le baron DE), à Rio de Janeiro.
s
N
C. K., i89., i" Semestre. (T. C.S.1I, N° 1.) 2
,0 ETAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
Section V. — Physique générale (9).
Messieurs :
Weber (Wilhelm), à Gôttingue.
HELMHOLTZ (Heruiann-Louis-Ferdinand) (c. *), à Berlin.
Stokes (George-Gabriel), à Cambridge.
Abria (Jérémie-Joseph-Benoit) (o. ). à Bordeaux.
Crova (André-Prosper-Paul) *, à Montpellier.
Rayleigh (John-William, Baron), à Essex.
Amagat (Émile-Hilaire), à Lyon.
RAOULï (François-Marie) », à Grenoble.
\
SCIENCES PHYSIQUES.
Sectiox VI. — Chimie (9).
Hofmann (Auguste- Wilhelm ). à Berlin.
MARIGNAC (Jean-Charles GALISSARD de), à Genève.
Fraxklaxd (Edward), àjLondres.
WlLLIAMSON (Alexander-William), à Londres.
Lecoq de BOISBAUDRAN (Paul-Émile dit François) », à Cognac.
Stas (Jean-Servais) «, à Bruxelles.
REBOUL (Pierre-Edmond) *, à Marseille.
Baeyer (Adolf de), à Munich.
N
Section Vil. — Minéralogie (8).
K.OKSCHAROYV (Général Nicolas de), à Saint-Pétersbourg.
Hall (James), à Albanv.
Prestyvich (Joseph), à Oxford.
Gosselet (Jules-Auguste-Alexandre) *, à Lille.
Scacchi (Arcangelo), à Naples.
SUESS (Edouard), à Vienne.
POMEL (Nicolas-Auguste) , à Ylger.
N .
ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. I I
Section VIII. — Botanique (10).
Messieurs :
Hooker (Jos. Dalton), à Ixew.
Pringsheim (Nathanael), à Berlin.
SAPORTA (Louis-Charles-Joseph-Gaston, Marquis de) *, à Ai\.
Clos (Dominique), à Toulouse.
Sirodot (Simon) *, à Rennes.
Grand'Eury (Franc;ois-C\rille) *, à Saint-Etienne.
Agardh (Jacob-Georg), à Lund.
MlLLARDET (Alexis) », à Bordeaux.
MASTERS ( Maxwel-Tylden ), à Londres.
Treub (Melchior l, à Buitenzorg, près Batavia (Java i
Sectiox IX. — Économie rurale (io
Mares (Henri-Pierre-Louis) », à Montpellier.
Lawes (John-Bennet), à Rothamsted, Saint-Albans station (Her-
fortshire i.
Gasparin ( Paul-Joseph de > . à Orange.
DEMONTZEY. (Gabriel-Louis-Prosper) (o. *), à \i\.
Gilbert (Joseph-Henry >, à Rothamsted, Saint-Albans station (Her-
fortshire i.
Corvo (Joào de Andrade) (g. c. *), à Lisbonne.
Lechartier (Georges-^ ital ), à Rennes.
Menabrea l le comte Louis-Frédéric | (c. *), à Rom.-.
HOUZEAU ( Auguste i . a Rouen.
ARLOING (Saturnin | . à Lyon.
Section X. — Anatomie et Zoologie (10).
Benedex ( Pierre-Joseph van) (o. »), à Louvain.
LovÉN ( Svenon-Louis), ;\ Stockholm.
STEENSTRUP (Japetus), à Copenhague.
DANA (James-Dwighl >, à New-Haven.
HUXLEY (Thomas-Henry), à Londres.
Vogt (Cari) . à Genève.
AGASSIZ ( Alexandre ). à Cambridge (États-Unis).
Fabre (Jean-Henri) », à Sérignan (Vaucluse).
COTTEAU (Gustave-Honoré) . à Auxerre.
MARION ( Antoine-Fortuné) », à Marseille.
I 2 ETAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES.
Section Xï. — Médecine et Chirurgie (8).
Messieurs : .
VlRCHOW (Rudolph DE), à Berlin.
Ollier (Louis-Xavier-Édouard-Léopold) (o. *), à Lyon.
Tholozan (Joseph-Désiré) (O. *), à Téhéran.
Palasciano (Ferdinand-Antoine-Léopold), à Naples.
HANNOVER (Adolphe), à Copenhague.
PAGET (Sir James), à Londres.
LÉPINE (Jacques-Raphaël) #, à Lyon.
N '. . .
Commission pour administrer les propriétés et fonds particuliers
de l' Académie.
Fremy.
Becquerel (Edmond).
Et les Membres composant le Bureau.
Changements survenus dans le cours de l'année 1890.
{Voir à la page 1 5 de ce Volume.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 JANVIER 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
RENOUVELLEMENT ANNUEL
DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Vice-Président, qui doit être pris, cette année, dans l'une des Sections
des Sciences physiques.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 60,
M. d'Abbadie obtient 47 suffrages.
M. A. Cornu » 7 »
M. Lœwy » ..... 5 »
Il y a un bulletin blanc.
M. d'Abbadie, avant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé Vice-Président pour l'année 1 89 1 .
( i4 )
L'Académie procède ensuite, par la voie du scrutin, à la nomination de
deux Membres, qui seront appelés à faire partie de la Commission centrale
administrative pendant l'année 1891, et qui doivent être pris, l'un dans
les Sections de Sciences mathématiques, l'autre dans les Sections de
Sciences physiques.
MM. Fremy et Edmond Becquerel réunissent la majorité absolue des
suffrages et sont élus Membres de la Commission.
M. Hermite fait connaître à l'Académie l'état où se trouve l'impression
des Recueils qu'elle publie, et les changements survenus parmi les Mem-
bres et les Correspondants pendant le cours de l'année 1890 :
Etat de l'impression des Recueils de l'Académie au Ier janvier 1891 .
Volumes publiés.
Comptes rendus des séances de V Académie. — Le TomeCVIII(ier semestre
1889) et le Tome CIX (2e semestre 1889) ont paru avec leur Table.
Les numéros de l'année 1890 ont été mis en distribution avec la régula-
rité habituelle.
Volumes en cours de publication.
Mémoires de l'Académie. — Le Tome XLV renferme un Mémoire inti-
tulé : Ecrit posthume de Descartes : De solidorum démentis . Texte latin (ori-
ginal et revu) suivi d'une traduction française avec notes; par M. de Jon-
quières.
Ce Mémoire forme sept feuilles.
Mémoires présentés par divers savants. — Le Tome XXXI renferme :
i° Un Mémoire de Mme Sophie de Kovalevsky, intitulé : « Sur un cas
particulier du problème de la rotation d'un corps pesant autour d'un
point fixe, où l'intégration s'effectue à l'aide de fonctions ultra-elliptiques
du temps. »
Ce Mémoire forme huit feuilles.
20 Un Mémoire de M. Ch. Cellerier, intitulé : « Sur les variations des
excentricités et des inclinaisons. »
Ce Mémoire formera vingt-sept feuilles, dont six sont tirées.
( i5 )
Changements survenus parmi les Membres
depuis le Ier janvier 1890.
Membres déi
Section de Minéralogie : M. Hébert, décédé le 4 avril.
Section d'Économie rurale : M. Peligot, décédé le i5 avril.
Membres élus.
Section de Mécanique : M. Léauté, le 28 avril, en remplacement de
M. Phillips, décédé.
Section de Minéralogie : M. Maixard, le 1 5 décembre, en remplacement
de M. Hébert, décédé.
( 'hangements survenus parmi les Correspondants
depuis le Ier janvier iSgo.
C0/1 espondants décédés.
Section de Mécanique : M. DauSse, i Grenoble, décédé le 16 janvier.
Section île Géographie et Navigation : M. Tchiatchef, à Florence, décédé
le i3 octobre.
Section de Physique gêné mie : M. Hirn, à Colmar, décédé le i/j janvier;
M. Soret, à Genève, décède le ri mai.
Section de Chimie : M. Chancel, à Montpellier, décédé le 5 août.
Section de Minéralogie : M. Favre, à Genève, décédé le 1 1 juillet.
1 ' or r espondants < lu >'.
Section de Mécanique : M. Beltrami, à Pavie, le 20 janvier, en rempla-
cement de M. Clausius, décédé; M. Gilbert, à Louvain, le 3 février, en
remplacement de M. Broch, décédé.
Section de Physique générale : AI. le baron Rayleiuii, à Essew le 10 mars .
en remplacement de M. Rirchhoff, décédé; M. Soret, à Genève, le
17 mars, en remplacement de VI, Joule, décédé; M. Amagat, à Lyon, le
5 mai, en remplacement de M. Terquem, décédé; M. Raoixt, à Grenoble,
en remplacement de M. Hirn, décédé.
( i6 )
Correspondants à remplacer.
Section de Mécanique : M. Dausse, à Grenoble, décédé le 16 jan-
vier 1890.
Section d' Astronomie : M. d'Oppolzer, à Vienne, décédé le 16 dé-
cembre 1886; M. Warren de la Rue, à Londres, décédé le 19 avril 1889.
Section de Géographie et Navigation : M. Pissis, à Santiago, décédé le
20 janvier 1889; M. Tciiihatchef, à Florence, décédé le i3 octobre 1890.
Section de Physique générale : M. Soret, à Genève, décédé le i3 mai
1890.
Section de Chimie : M. Ciia.vcel, à Montpellier, décédé le 5 août 1890.
Section de Minéralogie : M. Favre, à Genève, décédé le 1 1 juillet 1890.
Section de Médecine et Chirurgie : M. Doxders, à Utrecht, décédé le
24 mars 1889.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
M. le Ministre de l'Ixstructiox publique et des Reaux-Arts adresse
une ampliation du Décret par lequel M. le Président de la République ap-
prouve l'élection de M. Mallard, pour remplir, dans la Section de Minéra-
logie, la place laissée vacante par le décès de M. Edmond Hébert.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Mallard prend place parmi ses
Confrères.
MÉCANIQUE chimique. — Sur l'onde explosive, sur les données caractéris-
tiques de la détonation et sa vitesse de propagation dans les corps solides
et liquides, et spécialement dans le nitrate de rnéthyle ; par M. Rer-
TIIELOT.
« La propagation de la détonation dans les mélanges gazeux obéit à
des lois très simples : elle donne naissance à une véritable onde explosive,
assujettie aux lois londamentales de la propagation des phénomènes ondu-
( '7 )
latoires, tels que le son. C'est ce que nous avons établi, M. Vieille et moi,
par une longue suite d'expériences, faites sur les systèmes gazeux les"
plus divers (').
» Les vitesses de détonation observées dans les systèmes gazeux attei-
gnent jusqu'à 2800"1 par seconde : elles dépendent de la chaleur déve-
loppée, et elles répondent à un état tel que la masse gazeuse conserve
pendant la propagation du mouvement la totalité de la force vive produite
par la réaction chimique, c'est-à-dire la totalité de la chaleur dégagée par
celle-ci : vérification fort importante, car elle prouve que les pressions
dans un gaz qui détone se développent trop rapidement pour être in-
fluencées d'une manière nolable par les déperditions de chaleur dues au
rayonnement ou à la conductibilité, et elle paraît même exclure, dans la
plupart des cas, l'hypothèse d'une dissociation un peu considérable.
» Ces conclusions reposent sur trois séries d'expériences que je di -
mande la permission de rappeler. Par les unes, nous avons constaté qu ■
la vitesse de l'onde explosive dans un même système est indépendante de
la pression, sous des pressions qui ne surpassaient pas 2'"". mais qui on!
varié de 1 à 3 (2). Elle est également la même dans un tube en caout-
chouc et dans un tube en métal, malgré la grande différence des deux
enveloppes, au point de vue des pertes de chaleur par conductibilité <-i
par rayonnement. Dans d'autres expériences, nous avons montré que les
pressions développées dans un mélange explosif déterminé, brûlé à diffé-
rentes températures initiales (dans un bain d'huile), sont sensiblement
proportionnelles à la densité du système gazeux (3). Enfin la même con-
clusion résulte d'une façon plus rigoureuse encore des expériem es faites
sur les mélanges gazeux isomères, c'est-à-dire fournissant les mêmes produits
de combustion, avec des dégagements de chaleur qui ont varié du simple
au double; les pressions avant varié précisément dans le même rapport que
les quantités de chaleur développées au sein du système, et les mesures
ayant été prises sur deux systèmes tels que le temps écoulé jusqu'au mo-
ment du maximum de pression (soit 0,01 \ ) a été reconnu identique ( :.
Résultats d'autant plus décisifs qu'ils sont indépendants de toute hypo-
thèse sur les lois et la constitution physique des gaz : il en est de même
(') Voir mon Traité Sur la force <!cs matières explosives, 1. I, p. i33.
(-) Ouvrage précédent, t. I, p. i"">.
(3) Ann. de Chimie et de l'hys.. 6" série, t. IV, p. 1 ■■■..
('') Même Recueil, p. 5o.
C. R., 1891, t" Semestre. (T. CXÎI, N* 1.) '
( «»)
des conclusions auxquelles ils conduisent sur la constance des chaleurs
spécifiques des gaz sous diverses pressions et sur leur variabilité, au con-
traire, avec la température.
» Le nouveau mouvement ondulatoire que nous avons découvert offre
un caractère fort différent de celui du son; car les ébranlements, au lieu
d'y être extrêmement petits, comme on les suppose d'ordinaire dans l'étude
des phénomènes sonores, atteignent, au contraire, une très grande inten-
sité, puisqu'ils répondent à une transformation chimique dans laquelle
la température s'élève à plusieurs milliers de degrés, les phénomènes qui
se propagent avec cette vitesse étant à la fois d'ordre chimique et d'ordre
physique : double caractère qu'il importe de ne pas oublier, lorsqu'on veut
les comparer avec les phénomènes physiques plus simples de la propaga-
tion du son.
» Ces faits étant constatés, il a paru utile et nécessaire d'en poursuivre
l'étude sur des matières plus condensées que les gaz et obéissant à des lois
physiques très différentes, tels que les explosifs solides et liquides. Une
telle étude expérimentale faisait nécessairement partie des travaux de la
Commission des substances explosives, et ce sont les résultats observés par
elle à cet égard dont je vais entretenir l'Académie.
» Un certain nombre lui ont' déjà été communiqués, il y a quelques
années : ils sont décrits dans les Annales de Chimie et de Physique (6e série,
t. VI, p. 556). Je rappellerai qu'ils ont été obtenus avec des tubes métal-
liques, plomb et étain, de grande longueur, ioom par exemple, et de faible
diamètre. C'est avec la nitromannite que nous avons atteint la vitesse maxi-
mum, 7700™ par seconde.
» Pour pousser plus loin cette étude, j'ai pensé qu'il y avait lieu
d'opérer méthodiquement avec une substance explosive homogène, très
fluide, contenue enfin dans des tubes de résistance fort inégale, mais
de masse comparable et, s'il se pouvait, assez résistants pour ne pas être
brisés par l'explosion. Cependant ce dernier résultat n'a pas pu être atteint,
les tubes les plus solides ayant été brisés, et il parait même exister, comme
il sera dit tout à l'heure, des raisons théoriques qui rendent l'expérience
complète inexécutable.
» En raison de cette circonstance, le mode de propagation du phéno-
mène explosif est plus complexe, la masse qui se transforme ne demeu-
rant pas dans un état uniforme, propagé de tranche en tranche. Mais l'état
qu'elle présente n'en offre pas moins un grand intérêt, tant au point de
vue des applications qu'à celui de la théorie pure; car il manifeste les pro-
( i9)
priétés de la matière soumise à la fois à une température de 3ooo°à 4ooo°
et à une pression de plusieurs milliers d'atmosphères.
)> Nous avons choisi, pour exécuter ces nouvelles expériences, le nitrate
de méthvle, liquide très mohile, avec lequel il est facile de procéder au
remplissage des tubes (').
« Définissons d'abord les données caractéristiques de la détonation du
nitrate de méthyle, conformément à la méthode générale suivie dans mon
Traité Sur la force des matières explosives. Ce sont : les équations chimiques
de la décomposition et les volumes gazeux spécifiques correspondants;
la chaleur de formation du composé par les éléments et sa chaleur de
décomposition; la pression développée par la détonation, sous diverses
densités de chargement; enfin la vitesse de détonation, observée dans des
tubes de diverses matières.
» Equation chimique. — La formule du nitrate de méthyle étant
G2H2(Az08H), sa décomposition explosive ne peut guère donner lieu
qu'aux deux svstèmes suivants
CO2 H- CO -4- Az -+- 3 HO ou bien i ( X)2 -+- Az -+- H •+- 2HO,
ou bien à un mélange de ces deux svstèmes.
» Volume gazeux spécifique. - Le volume gazeux spécifique produit
par ces deux svstèmes (eau gazeuse), estîreprésenté par la même formule,
soit
66m,96(i -f-7./), pour 77sr(2),
c'est-à-dire
tt-o1" ( 1 + xt 1. pour iK- de matière;
ou bien encore
io28Ut( 1 4- y.t), pour 11" de nitrate de méthvle liquide,
la densité de ce corps étant [,182 à la température ordinaire.
(') M. Bruneau, Ingénieur des Poudres et Salpêtres, doit être spécialement remer-
cié clu concours qu'il a donné à ces délicates et dangereuses expériences.
(") La valeur de t varie suivant l'équation adoptée, mais entre des limites peu
étendue--.
( ™ )
» Chaleurs déformation et de décomposition. -- La chaleur de formation
du nitrate de méthvle par ses éléments :
Ca-f-H* + 6 = G2H2(AzO°H)
a été évaluée (Force des matières explosives, t. If, p. iç/t) à -t-3gCal,6;
nombre qui devient -f- 39e"1, 9, d'après la nouvelle chaleur de combustion
(+ 94e", 3, pour i2°'')du carbone, que nous avons mesurée avec M. Petit.
» On en déduit pour la chaleur de décomposition, d'après la première
équation : ■+- 107e'11, 7 ; d'après la seconde : -+-ii2Cal,6, à pression con-
stante, l'eau 'étant supposée gazeuse ; soit pour iks de nitrate de méthyle
i/tooCal et i46^CaI respectivement. La moyenne, 1 43 iCal, peut être appliquée
sans erreur notable au phénomène réel.
» Les données caractéristiques, pour ikg de la matière explosive, sont
donc
■' et 1431e".
» Voici celles qui répondent aux matières explosives les plus éner-
giques, l'eau étant supposée gazeuse, et la décomposition taite sous pres-
sion constante :
lil _ Cal
Nitroglycérine 718 el 14^9
Nitromannite 692 et 1427
Poudre-coton 809 et ioro
» On voit que le nitrate de méthyle offre des valeurs voisines et même
un peu supérieures, par rapporta celles qui répondent à la nitroglycérine
et à la nitromannite.
» Pressions de détonation. — Ces pressions ont été mesurées par M. Vieille
avec des appareils crushersà piston pesant, lourd de 4kg, 'dln de prévenir
les à-coups de pression qui pourraient être enregistrés par des pistons trop
légers. Le tarage a été fait par les méthodes ordinaires de MM. Sarrau et
Vieille. Voici les résultats observés :
Densité
de
chargement Pression
*■
0,1 g33
1 •:■. >S6ks
» On déduirait de la moyenne de ces donnée;-., par un simple calcul de
tionnalité, une pression de io36okg, pour la densité déchargement
( ai )
égale à l'unité, et de i2000ks environ, pour le nitrate de méthyle détonant
dans son propre volume. Mais ce calcul n'est pas rigoureux, parce cpi'i!
faut tenir compte du covolume, ou, plus exactement, du volume limite,
au-dessous duquel les gaz ne peuvent être comprimés : covolume négli-
geable au voisinage de la pression ordinaire, mais qui joue un si grand
rôle dans l'étude du point critique et de la compressibilitédes gaz. En fai-
sant intervenir cette donnée, et d'après une notation connue, on aura
• , • i ■ /• P ( ' —
— , cest-a-dire f=J — :
p ■ A sont connus. Pour calculera, nous prenons le covolume moyen j^
admis pour les gazCO4, CO, HO et Az, et le volume spécifique, 870'"', qui
répond à ikb' : ce qui donne le nombre 0,87.
» On en déduit, d'après la première expérience, les valeurs suffisam-
ment concordantes :
A = o, I, /=85l :
a = 0,2, /=g44i
\!(>\fii!ii'. . . 8o,8ok:
ou ()0<K>k-, en nombre rond.
» Pour la densité 1,182, on aurait dès lors io6ookg environ, valeur qui
répondrait à la pression développée pour le nitrate de méthyle détonant
dans son propre volume.
» Pour le fulmicoton rapporté à la densité 1, on a trouvé précédem-
ment une valeur voisine de rooookg; pour la dynamite, 1 o'>-(>ki;; pour la
nitromannite, vers 1 1 oookg, etc.
>> Toutes ces matières, ramenées à une même densité de chargement,
fournissent en effet, d'après l'expérience, des pressions voisines.
» Vitesse de détonation. — Les expériences ont été exécutées par les
mêmes méthodes que précédemment, avec du nitrate de méthyle contenu
dans une série de longs tubes mis bout à bout, les vitesses étant enre-
gistrées à l'aide des chronographes déjà décrits. La matière des tubes a
été choisie île façon à eu faire varier la constitution physique et la résis-
tance, dans les conditions les plus étendues; on a employé en effet des
tubes élastiques en caoutchouc, des tubes de verre de diverses épaisseurs,
des tubes en métal anglais, enfin des tubes d'acier offrant le maximum de
résistance possible.
» Voici ie sommai les 1 ésulta
» l. Tubes en caoutchouc (e/ttoiié). — Diamètre intérieur ./"'"; dia-
( " )
mèlre extérieur 12""". Entre le premier et le deuxième interrupteurs,
distants de iom, v = if>i6m par seconde. Au delta, la propagation s'est faite
irrégulièrement et a donné lieu à une seconde détonation, circonstance
attribuable sans doute à la perturbation produite par la déchirure du
tube.
)) Le tube a été déchiré en longues lamelles irrégulières, dirigées en
général selon un plan passant par l'axe. Ce mode de rupture établit la
presque instantanéité des réactions.
» II. Tubes de verre. — On a fait varier le rapport du diamètre intérieur
à l'épaisseur dans des limites très considérables : depuis 3mm (diamètre inté-
rieur) à /jmn\5 (épaisseur), jusqu'à 5mm (diamètre intérieur) à imm (épais-
seur). Au-dessous de cette épaisseur relative, il n'a pas été possible de
poursuivre les essais, les tubes étant constamment brisés au voisinage
de l'origine, quels qu'aient été les artifices mis en œuvre. Les expé-
riences ayant été très nombreuses, nous nous bornerons à donner ici les
résultats extrêmes.
Vitesse
Diamètre intérieur. Épaisseur. par serondc.
mm mm m
3 4,5 24S2
3 2 2 1 9 1
5 1 1890
» Ainsi, en général, la vitesse observée diminue avec l'épaisseur : ce qui
signifie que la rupture des tubes ne se produit qu'à partir d'une certaine
pression, variable avec leur résistance, et dont l'établissement exige un
temps comparable avec la vitesse même de propagation de l'explosion.
Rien n'indique, d'ailleurs, que cette vitesse ait approché de sa limite. Le
verre le plus mince a résisté plus longtemps que le caoutchouc entoilé.
Los tubes, d'ailleurs, sont pulvérisés.
« III. Tubes en métal anglais . — 3mm diamètre intérieur et 4mm, 8 épais-
seur; vitesse i23om.
» Ce métal offre peu de résistance et cède plus vite que le verre le plus
mince; plus vite encore cpie le caoutchouc entoilé.
» IV. Tubes d'acier. — Tubes étirés à la filière, en bouts longs de 5™
et recuits avec le plus grand soin, de façon à prévenir toute structure cristal-
line. 3n,m diamètre intérieur; i5mm diamètre extérieur.
m
Premier essai. Du premier au deuxième interrupteur 2084
Sur 201" 21 55
Deuxième essai 209^
( 23)
» Tous les tubes s'ouvrent pendant l'explosion et sont fendus le plus
souvent suivant un plan diamétral, en formant des fragments en longues
lamelles, tout à fait analogues à ceux des tubes de caoutchouc : similitude
remarquable qui atteste l'homogénéité de l'acier et définit le caractère
de son élasticité.
» La vitesse observée avec l'acier est supérieure à celle du caoutchouc,
sans atteindre tout à fait celle qui a été obtenue avec les tubes de verre les
plus épais : circonstance attribuable à la rigidité de la matière de ces der-
niers. Les unes et les autres sont d'ailleurs fort inférieures aux vitesses de
oooomà 8ooom, observées avec des matières solides comprimées, telles que
le coton-poudre; ou pulvérulentes, telles que la nitromannite ou l'acide pi-
crique. Je reviendrai tout à l'heure sur ce point.
» La fracture de tubes d'acier aussi épais montre qu'il n'y a pas d'espé-
rance de réussir à produire la détonation d'une matière explosive liquide
dans un vase métallique, sans le briser, quelle qu'en soit l'épaisseur. Les
raisons théoriques de ce fait méritent d'être développées.
» La théorie de l'élasticité établit d'abord que la résistance d'un tube
métallique ne croît pas indéfiniment avec son épaisseur. La résistance tend
vers une limite déterminée, au delà de laquelle la paroi métallique se dé-
chire, quelle qu'en soit l'épaisseur. Or les matières explosives liquides,
telles que le nitrate de méthvle, offrent une particularité remarquable :
le volume défini par leur densité est plus petit que le volume limite, au-
dessous duquel les gaz, ou les liquides produits par leur explosion, ne
sont pas susceptibles d'être réduits par la pression développée, dans les
limites de nos expériences. On sait en effet que les gaz ne peuvent pas être
réduits indéfiniment par la compression, leur compressibilité diminuant de
plus en plus, à partir d'une certaine limite. .4 fortiori en est-il de même
des liquides, tels que l'eau, et des solides, que l'on ne saurait guère
amènera un volume notablement moindre que celui qu'ils possèdent sous
la pression normale : c'est ce qui avait fait croire autrefois que l'eau est
incompressible, et ce que l'on cherche à représenter par la notion du co-
volume des gaz : la matière tend en quelque sorte vers un état limite, qui
la rapprocherait d'un état de continuité absolue, les forces répulsives entre
les particules croissant au delà de toute limité, au fur et à mesure que le
rapprochement des molécules ultimes devient plus considérable.
» Supposons, pour préciser, cpie les gaz produits par l'explosion du ni-
trate de méthyle : acide carbonique, oxyde de carbone, azote, eau gazeuse,
à la température de 3ooo° environ développée par l'explosion, tendent vers
( ^4 )
une densité voisine de l'unité, densité dont ils paraissent approcher en
effet aux basses températures de leur liquéfaction : leur volume possible
demeurera supérieur de près d'un cinquième à celui du nitrate de méthyle
(densité 1,182) : ce qui signifie qu'ils développeront, dans l'espace occupé
par ce liquide, une pression supérieure à toute grandeur expérimentale
donnée. Dès lors le vase sera nécessairement rompu, avant que la totalité
de la matière ait détoné; et il le sera à un moment qui variera suivant sa
propre résistance instantanée; résistance différente d'ailleurs de la résis-
tance statique du même vase, telle qu'elle est mesurable au moyen -de
la presse hydraulique, comme on le fait en général, ou bien au moyen delà
dilatation d'un liquide par la chaleur, comme j'ai proposé de le faire autre-
fois.
» Les considérations que je viens d'exposer, à l'occasion du nitrate de
méthyle, s'appliquent d'une façon générale aux matières dont on cherche
à provoquer la décomposition dans leur propre volume. Soit, par exemple,
l'eau oxygénée se décomposant en eau et oxygène. La densité de l'eau
oxygénée étant 1,402, celle de l'eau 1,0 et celle de l'oxygène liquide 0,9,
d'après Wroblewsky; le volume moléculaire des produits sera voisin de
36, celui du composé étant 23,4 : c'est-à-dire que la décomposition donne
lieu à une dilatation de 54 centièmes; dilatation qu'aucune pression réali-
sable ne saurait compenser.
» Soit encore le fulminate de mercure. Sa densité étant 4>43, son vo-
lume moléculaire égale 64,1 ■ Or le volume des produits de sa décomposi-
tion (mercure liquide, et oxyde de carbone supposé = 1) serait 99 : il y a
donc dilatation des 55 centièmes. C'est cette grande densité et cette énorme
dilatation, jointes à la vitesse de détonation, qui expliquent le caractère bri-
sant du fulminate et la façon dont les gaz mêmes produits par son explo-
sion laissent sur les métaux les plus durs des empreintes tracées comme au
burin. J'ai insisté ailleurs sur ces points et j'ai montré comment ils expli-
quent les propriétés de détonateur, si caractéristiques dans le fulminate
de mercure (' ).
» Soit encore l'azotate d'ammoniaque. Sa densité étant 1,71, son volume
moléculaire sera 48cc, 2; le volume des produits étant 80, il y aurait dila-
tation de 65 centièmes, au moment de l'explosion.
» Les relations que je signale en ce moment, sont d'autant plus inté-
ressantes qu'elles s'appliquent à des composés explosifs, c'est-à-dire tels
( ') Sur la force des madères explosives (voir VIndex).
( 2) )
que leur régénération au moyen des produits de décomposition exige une
absorption de chaleur considérable. Cependant une semblable formation
endothermique donne lieu à des contractions de volume énormes et non
moins grands que ceux qui répondent aux combinaisons exothermiques
les mieux caractérisées. C'est là un résultat d'une grande importance,
parce qu'il contredit la généralité des rapports que l'on a souvent cher-
ché à établir entre les changements de volume et la chaleur dégagée
dans les réactions chimiques. •
» Mais revenons à l'étude des vitesses inégales, à partir desquelles on
constate la rupture des vases remplis de matières explosives : cette étude
donne lieu en effet à des considérations fort dignes d'intérêt, soit pour la
théorie, soit pour la pratique.
» A mesure que les pressions instantanées s'accroissent dans nos tubes
d'une façon indéfinie, les vitesses de propagation du mouvement explosif
qui en dépendent croissent nécessairement aussi de plus en plus; de
telle sorte que les tubes les plus résistants et les plus rigides sont à la
fois ceux qui supporteront les plus grandes pressions instantanées et ceux
qui propageront l'explosion avec la plus grande vitesse, avant de se
fendre: ce que l'expérience vérifie. Dans des systèmes aussi condensés,
la vitesse de propagation du mouvement explosif doit devenir comparable
à celle du son dans les solides, vitesse qui atteindrait des valeurs voisines
de 5ooom par seconde dans des solides suffisamment rigides, tels que le
fer, le verre ou le bois de sapin, d'après les résultats obtenus par Wer-
theim sur les vibrations longitudinales des verges. On arrive à des valeurs
du même ordre de grandeur d'après la considération du covolume, ainsi
que le montre une Note de M. Vieille, que je l'ai prié de rédiger et que je
présente aujourd'hui à l'Académie, en même temps que le travail actuel.
» Examinons de plus près ce qui se passe dans la réalité, c'est-à-dire
lorsqu'une matière explosive détone dans un tube, la détonation étant
provoquée, à l'origine, par le choc violent du fulminate de mercure, qui
porte aussitôt à l'extrême la pression initiale, la chaleur qu'elle dégage et
les réactions chimiques, développées de tranche en tranche, qui en sont la
conséquence.
» Aucun régime régulier répondant à l'explosion de la matière dans
son propre volume ne saurait s'établir, puisque le tube est nécessairement
rompu, ainsi qu'il vient d'être montré. Cependant, si le tube est homogène,
et la matière uniformément répandue, et douée d'une structure telle que
les pressions et réactions puissent s'y propager de couche en couche d'une
C R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N» 1.) 4
( ^6 )
façon régulière. le tube se rompra aussi régulièrement, de proche en
proche, au fur et à mesure que la pression propagée atteindra une cer-
taine limite, et il pourra s'établir ainsi un régime de détonation spécial,
qui dépendra des conditions réalisées dans le système. On observera alors
une vitesse de propagation peu différente pour chaque système donné,
mais très variable d'un système à l'autre, même avec une matière explosive
déterminée.
» C'eSt en effet ce qu'on reconnaît avec le nitrate de méthyle détonant
dans les tubes d'acier, qui ont donné des vitesses de propagation à peu
près constantes, voisines de 2ioom, et doubles environ de ce qu'on a me-
suré avec un tube en caoutchouc, rempli de la même matière. Les tubes
de verre et le nitrate de méthyle ont fourni des résultats moins réguliers,
parce que l'élasticité du verre n'entre pas en jeu de la même façon, ni avec
la même régularité que celle de l'acier ou du caoutchouc; cependant, les
vitesses de propagation pour une épaisseur donnée tendent aussi yrers cer-
taines valeurs moyennes, croissantes avec l'épaisseur des tubes de verre.
» Ce régime de détonation dépend de la nature de l'enveloppe, comme
le montrent les faits ci-dessus et ceux dont il sera question tout à l'heure ;
mais il dépend aussi de la structure propre de la matière explosive, ainsi
que je vais le rappeler.
■» En effet, la nitroglycérine, dans des tubes de plomb de 3""" de dia-
mètre intérieur, a donné des vitesses voisines de i3oom; tandis que la
dynamite, dans des tubes métalliques pareils, atteint i-joom. Ces nombres
varient d'ailleurs notablement d'un essai à l'autre, comme on devait s'\
attendre d'après les considérations précédentes.
« On remarquera la vitesse beaucoup plus grande atteinte par la dyna-
myte, ce qui est conforme à des mesures analogues de M. Abel. Elle met
en évidence l'influence de la structure de la matière explosive sur la
vitesse de propagation de l'explosion : la nitroglycérine pure, liquide vis-
queux, transmettant le choc qui détermine la détonation bien plus irrégu-
lièrement que la silice imbibée d'une manière uniforme avec le même
liquide. La dynamite au mica produit des effets encore plus considérables,
d'après les observations : ce qui pouvait être également prévu, en raison
de la structure cristalline du mica, substance moins déformable que la si-
lice amorphe.
» Cette dernière induction est confirmée par les observations faites sur
la nitromannite, substance solide cristallisée : elle parait, en raison de
cette circonstance, plus apte à transmettre la détonation que le nitrate de
( 27 )
méthyle liquide ; et elle a donné, en effet, sous des densités de chargement
égales à 1,9, dans des tubes de plomb de im,g de diamètre intérieur, des
vitesses à peu près régulières de 7700111. De même l'acide picrique, éga-
lement cristallisé : 65oo™. Ce contraste entre le nitrate de méthyle liquide
et les composés nitriques cristallisés est, on le voit, tout à fait d'accord
avec celui qui a été observé entre la nitroglycérine et les dynamites.
» Au contraire, dans certains systèmes pulvérulents, rapprochés d'une
continuité complète par une compression suffisante, l'expérience prouve
qu'il existe une limite de compression, au delà de laquelle l'amorce au ful-
minate ne fait plus détoner la masse : c'est là, du moins, ce qui a été ob-
servé avec certaines poudres au chlorate de potasse.
» L'influence de la structure de la matière explosive sur le régime de
détonation étant ainsi mise en évidence, citons de nouveaux faits, propres à
manifester l'influence propre de l'enveloppe. Quelques-uns ont été signalés
plus haut avec le nitrate de méthyle. En voici d'autres observés avec la
poudre-coton.
» Le coton-poudre comprimé, sous des densités de chargement telles
que 1 et 1,27, dans des tubes de plomb de3mm,i5 de diamètre intérieur,
a donné des vitesses de 54oom ; tandis qu'à une densité de chargement à peu
près moitié moindre (0,7'i), dans un tube de plomb de 3mm, 77 de dia-
mètre intérieur, on a observé 38<>t>"' : inégalité due évidemment à la
moindre continuité de la matière. Dans un cordeau souple, peu résistant,
formé par une simple tresse, avec une densité de chargement de o,G5, la
vitesse est même tombée à 2|oo'". Mais la faible résistance de l'enveloppe
peut être compensée par la masse de l'explosif, laquelle s'oppose, dans la
partie centrale surtout, à l'écoulement instantané des gaz. En effet,
M. Abel, avec des cartouches de coton comprimé sec, d'un diamètre dé-
cuple des cordeaux précédents, placées bout à bout, à l'air libre, a observé
des vitesses de 53oom à 600:1'".
» Il me parait inutile de m'étendre davantage sur les faits exposés dans
cette Note. Us montrent que l'onde explosive n'existe avec ses caractères
simples et ses lois définies que dans la détonation des gaz; ces lois et ces
caractères ne subsistant qu'en partie dans la détonation des liquides et
des solides, tout en demeurant assujetties aux mêmes notions générales
de Dynamique physico-chimique. »
( 28 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe d 'équations modulaires .
Note de M. Brioschi.
« 1. Dans une Communication que j'ai présentée à l'Académie des
Sciences au mois de novembre de l'année 187^, j'ai démontré que la for-
mule de transformation d'ordre n, nombre premier, des fonctions ellip-
tiques
, x dl dx ,
(1) = ,. = du,
est la suivante
1 = 35»
en faisant
J = a.'v + vfl.^-1 -+- — — a.,a;v--^h. . .-+- tfv
' 2
et
u = ç(a?) [J'2 - JJ"j - i<p'(^)JJ'+ {nx ■+- 2va,) P,
dans laquelle
/ \ / 3 " "~ ' xi di ,„ d2}
» Le polynôme J, comme l'a démontré Jacobi, doit satisfaire à une
équation différentielle du second ordre
o(a.')J"— [2(2/1 — 3)ar
— t(4« - 3)g, ] J'+ (n - 1) [/*# - 3a, | J = «D(J).
en indiquant avec D le symbole d'opération
.. d 2 , d
pour laquelle
D(g2) = ,ig,, D(^,) = !éf5. D(S) = o,
étant
0 — 02 -/or
» De l'équation supérieure on déduit entre les coefficients a,, a.,, ... la
formule de récursion suivante
( (// — 2$ — i)(24- + 3 )</„., — 3(« — ï)a,as
( ° ) '
' 4- i*(» + 6.s)#2a,_, — *(* - Og-3^-2 = «D(af),
( »9)
laquelle donne
5(« — 3)a2 = n D(a.) -+- 3(« — i)a\ — £(/» -t- 6)g-2,
7(« — 5)a3 = bD(«j) -+- 3(/» — i)«,fl2- j(« ■+■ i2)g-aa, -t- 2^,
9(7» — 7)a4= nD(a,) + 3(n — i)a,a3 - £(« + *-%)g*aa ■+- 6 »',«,,
ainsi de suite.
» Les coefficients <7_., </,, ... peuvent en conséquence s'exprimer en
fonction de a,, D(a,), D2(«f), g"a, gt.
» '2. Si l'on pose
V = ç(a?) [U'2 - UU"] - iç'(a?)UU'+ [(an H- i)j? -t- 4va,]U2,
on déduit de l'équation différentielle (1) qu'on aura identiquement
V — xU- -t- ~-{,UP + y» j4 = "•
» Les coefficients de x2" ', a-" dans les premiers membres de cette
équation sont nuls; ceux de x2"-' , x-"~- , x2"~3 donnent les trois rela-
tions
; y2 = 3o(/i — 1) [(« — i)à\ — (n — 3)a2] — (5/i — 6)g"a,
(3) • y3 = — M(n _ i)[2(« — 1 )2a, — 3 (A* — i)(n — 3)a,a2-t- (« — 3)(/< — 5)a3]
' + 2i(n — i)^2«( — (i4«— i5)^3,
, (» = (n — iVrti' — 2(n — ')2(n ~~ 3)a2a2 — f(n — i)(« — 3)2«;;
(.4) +^(«-i)(« — 3)(«-5)a,a3 — |(n-3)(n-5)(/i — 7)0,
( 4.2(1» — 4 )g2[(n—i)a2 — (n — 3)«2J -+- 8#3a, — £(#1 - 2)^.
» Opérant sur les deux formules (3) avec le symbole D, on obtient au
moyen de la formule de récursion (2) ce premier résultat
t»D(y2) = I2Y3 + 8(« — i)ya «,
et, en substituant dans la valeur de D(y:1) pour a„ la valeur donnée par
l'équation (4), on arrive à cette seconde relation
»D(T») = !ï2 + «a(/i — i)y3a,
et, en conséquence, en posant
A = y» -27T^
on aura
1 « D ( A )
ai = — T~ '
( 3o)
ou, enfin,
» L'application successive de l'opération D sur l'équation (4) et sur
celles qu'on obtient par cette application conduit aux équations néces-
saires pour la détermination de a2, a.,, ... en fonction de a, et à l'équation
modulaire du degré n ■+- i en a,.
» 3. Les n -+- i valeurs de
sont, comme il est connu, racines d'une équation modulaire que j'ai
nommée jacobienne, en considération de la propriété caractéristique de
ces racines indiquée par Jacobi. La propriété est celle-ci : les n -+- i quan-
1 ■ • Il -W I 1 . ■ ■ 1 • ■ • T A
tites zm, z0, s,, ..., z„_, sont nées par — ; -relations linéaires. La même
propriété se vérifie pour s*, sjj, z*, . . ., z*_( .
» Cela rappelé, on voit tout de suite que la même propriété aura encore
lieu pour
D(v>, D»0,), D'(s,), ... )
d(=;,. d.(5;). d.W), ... |(' = œ-° "->•
» Soit
s3«
on déduit à cause de la relation (5)
"■ = 3(/, — i)D(ao)« «D(sis) = ;3[3(n - i)fl,a,+ BD(a,)]
et la formule de récursion (2) se transformera dans la suivante
/gx j (" -2*— l)(2S + 3)aJ+l
.( + ï*(w + 6*) «"»**-< - '(*— i)^*f-2 = nD(a;).
» Les quantités a,, a,, . . ., xr peuvent, en conséquence, s'exprimer en
fonctions linéaires de «0, D(«0), D2(a0), . . ., et les quantités
n — I
z0, D(a0), ..., D 2 (a0),
sont liées entre elles par une équation linéaire.
( 3. )
» En posant
(7) y = z'](x),
l'équation modulaire, dont les racines sont 1 : , y\ y\ , , sera donc une
équation modulaire jacobienne.
» !\° Soient eK , e2, e]t les racines de l'équation
et e,, £0, £3 celles de l'équation
«'-t.*— r.=<>.
on démontre facilement que
I 1 1
et, en conséquence, (s, — e3)2, (e3 — £,)'2, (e, — e2)8 sont racines de trois
équations modulaires jacobiennes qu'on déduit de la supérieure en y.
» En multipliant les trois équations (8) entre elles, on obtient, en se
rappelant la valeur (5) de z,
ï * =2" ':C.T e, ).hr2 >J(e,)
ou
Mais de la formule d'addition ( Halphen, p. 3rj), on a
[p(u - 0 - ,p(" + «0][pO) - ,p((OI2 = *>'(«) pX**)
et, en conséquence,
et enfin
(-■ ~
n-l
DWt)-»(t)
( 32 )
laquelle conduit à l'expression déjà donnée par M. Riepert {Journal fur
die Mathematik, Bd 87)
n — 1
rv- zr~ — r, — '1W HT / Tz<o
: = %>• e ':n Te.
MÉMOIRES PRÉSENTES.
M. G. Greil adresse, par l'entremise de M. de Quatrefages, une série de
Mémoires relatifs à la navigation aérienne.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
M. Fr. Laur appelle de nouveau l'attention de l'Académie sur les rela-
tions qui lui paraissent exister entre les variations de la pression atmo-
sphérique et les explosions de grisou, et sur la nécessité de surveiller plus
particulièrement le baromètre, dans les mines à grisou, aux moments où
des baisses barométriques brusques peuvent se produire.
(Renvoi à la Commission du grisou.)
M. l'abbé Fortin adresse une Note, accompagnée de Planches, sur les
taches solaires d'octobre et novembre 1890.
(Renvoi à la Commission nommée.)
M. J.-M. Schnyder adresse une Note relative à la maladie de la vigne.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPONDANCE.
M. Bedoin, M. A. Billet, M. G. Colin, M. C. Dareste, M. Ch. De-
péret, M. L. Favé, M. Gissinger, M. A.-ïî. Griffitiis, M. F. Guyox,
M. Hanriot, M. le général Ibanez, Mme Isambert, M. Jousseaume, M. A.
Layet, M. A. Lediei\ M. J. Lexoble du Teil, M. A. Olivier, M. A.
Madamet, M. P. Painlevé, M. J.-V. Sciiiaparelli, M. S. de Glase-
napp, M. G. Wertheimer adressent leurs remerciements à l'Académie
pour les distinctions accordées à leurs travaux dans la dernière séance
publique.
( 33 )
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, la vingtième année du « Journal du Ciel », publié par
M. /. Vinot.
M. le Secrétaire perpétuel donne lecture de la Lettre suivante, adressée
à M. le Ministre des Affaires étrangères par M. G. de Vaux, consul général
et chargé d'affaires de France à Quito, concernant l'état actuel des pyra-
mides élevées en 17^0 par de la Condamine, aux extrémités de la base bo-
réale qui a servi à la mesure de l'arc du Pérou, et divers monuments qui se
rattachent à l'expédition scientifique de Godin, Bouguer et de la Conda-
mine :
« Quito, le 20 octobre 1890.
» Monsieur le Ministre,
» M. de Mendeville, consul de France à Quito, par ses dépèches des i5 novembre
et i5 décembre i836, 7 janvier et i5 août 1837, a rendu compte au Déparlement de
Votre Excellence de la reconstruction des pyramides élevées en 174O par M. de la
Condamine aux deux extrémités de la base boréale qui a servi aux académiciens fran-
çais de point de départ à la mesure des trois premiers degrés du méridien.
» Ces pyramides, démolies peu de temps après leur édification, sont restées en
ruine pendant un siècle. Dès que le Gouvernement indépendant de l'Equateur pul
s'en occuper, il les fit reconstruire par M. le colonel Soulin, officier distingué de
marine, de nationalité française, au service de l'Equateur.
» J'ai l'honneur de faire savoir à Votre Excellence que, au commencement du mois
dernier, je suis allé visiter les deux susdites pyramides de Caraburu et d'Oyambaro.
J'ai eu la satisfaction de les trouver en bon état de conservation, sauf les sommets qui
sont un peu détériorés. Je n'y ai remarqué aucune inscription. On m'a dit que, dans
la cour de la hacienda de Oyambaro, se trouve abandonnée une [lierre portant une
inscription, mais je ne l'ai point vue.
» L'inscription que le président Rocafuerte avait fait demander à l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres de l'Institut de France a été envoyée à Quito le
26 juin 1841, mais 11" \ esl parvenue qu'après l'expiration de ses hautes fonctions, et
je ne sais pour quels motifs son successeur ne l'a pas fait mettre" à la place qui lui
était destinée.
» Dans son Introduction historique, M. de la Condamine dit avoir laissé entre les
mains du Père Milanezio le marbre qu'il avait apporté de Tarqui, dans lequel il avait
fait sceller une règle de bronze marquant la longueur du pendule à secondes, et sur
lequel il avait fait graver une inscription latine contenant un précis des diverses
observations de M. Godin, Bouguer et de la Condamine dans la province de Quito.
« Ce marbre, ajoute-t-il, est aujourd'hui ( 1 7 'i a ) placé dans le collège des Jésuites
» de Quito, sur la face extérieure du mur de leur église, la plus belle de la ville et bâtie
» sur le modèle de celle du Jésus à Borne. »
» Celte pierre, qui est plutôt une sorte d'albâtre, est maintenant scellée au pied de
CI!., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, N° 1.) '
( 34)
l'escalier de l'observatoire de (^Hiito. Son précédent emplacement, sur le mur nord de
l'église en question, est encore très visible.
» J'ai comparé son inscription avec celle qui est annexée à l'Ouvrage précité de
M. de la Condamine, et j'ai relevé plusieurs différences qui doivent, sans doute, pro-
venir de l'ignorance du sculpteur. La règle de bronze est intacte, mais ne porte aucune
trace de la ligne droite tirée d'un centre à l'autre et servant à déterminer la distance
mutuelle des centres des deux cercles.
» Sur une terrasse du collège des Jésuites, il existe encore deux dalles, dont l'une
est rayée dans le sens du méridien, ainsi qu'une colonne supportant un cadran solaire
carré et à quatre faces, sur le côté occidental duquel sont gravés ces mots : Opus A.
P. 1766, et sur le côté oriental, ceux-ci : Bec. P. Miche Manas; en outre, au-dessus
d'une porte de la même terrasse, l'incription suivante en lettres romaines : Ab academi-
cis parisien, lateri us (sic) inœquali Solo A0 1 736 superinducta linea meridiana tem-
porum injuria, gnomone avulso plane deleta, hanc stratis lapidibus incisant
magnetica acu 10 gr. ad orientent déclinante XII. kal.jan. 1 ~63; gnome restituto,
produxere, et helihorologium quadrifons, i3. m. 17.0 in boream inclinons, in hâc
rectorali area VIII. kal. maias 1766 spirali colurnnœ.
» Lapideœ communi studio
» AA.PP. imposuere ...
» Votre Excellence voudra bien apprécier si la communication de ce qui précède
aurait quelque intérêt pour l'Académie des Sciences.
» Veuillez agréer, etc.,
Signé : G. de Vaux. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur des équations différentielles linéaires trans-
formables en elles-mêmes par un changement de fonction et de variable.
Note de M. Paul Appell, présentée par M. Hermite.
« 1. Soit une équation différentielle linéaire
(0 ^+P,(,)£^' + ... 4- !'„( = )« =o,
telle qu'un certain changement de fonction et de variable
la transforme en elle-même, c'est-à-dire lui fasse prendre la forme (1 ), où
u est remplacé par i> et s par t. On sait que cette équation admet au moins
une intégrale F (z) vérifiant la relation
V\o(z)]=A±(z)F(z),
I 35 )
où A désigne une constante ('). Lorsque l'ordre n de l'équation est infé-
rieur à deux, ces fonctions <p(z) et ^(s) n'existent que si les coefficients
vérifient certaines relations qu'on peut former en se servant des inva-
riants de l'équation; lorsque n = 2, les fonctions o(z) et à(z) existent
toujours, comme l'ont montré Kummer et M. Brioschi (2).
» 2. Les équations qui font l'objet de celte Note sont caractérisées par
les hypothèses suivantes sur la fonction o( z) et les coefficients P,-(z). La
fonction q(z) est uniforme dans une région du plan ; si l'on pose z, = <p(z),
zi+, = ç(s,), les points zt, z2, . . ., zp sont tous dans celte région et con-
vergent régulièrement vers une limite x qui n'est pas un point essentiel de
<p(s); d'après M. Kœnigs (3), x est un zéro de la fonction z — >?(z) et le
module de <p'(x) est moindre que l'unité; nous supposons ce module diffé-
rent de zéro. Quant aux coefficients P,(s) de l'équation différentielle, ils
sont supposés holomorphes ou méromorphes au point limite .ce.
» On peut alors intégrer l'équation à l'aide d'une fonction R(s)définie
par M. Kœnigs, fonction qui est holomorphe au point x, admet ce point
comme zéro simple et vérifie l'équation
B[?(s)] = <p'O)B0).
» On peut même, par une substitution dépendant de cette fonction
B(^), ramener l'équation à avoir ses coefficients constants : il suffit pour
cela de la mettre sous la forme canonique indiquée par Halphen dans son
Mémoire couronné. Ce fait s'explique si l'on remarque que les écpiations
considérées se transforment en elles-mêmes, non seulement par le chan-
gement de variable t = <p(.s), mais par une infinité de changements de va-
riable obtenus en substituant à o(z) une quelconque des fonctions con-
duisant à la même fonction B(s) ('). Nous nous bornerons, dans cette
Note, aux équations du second ordre.
» 3. Soit une équation du second ordre
,r-u .. .
-^ — «/(*) = <>.
(') Comptes rendus, séance du 7 novembre 1881.
(*) Voir un résumé de ces recherches (Comptes rendus, t. XCIII, p. o,40-
(3) Recherches sur les intégrales de certaines équations fonctionnelles (Annales
de l'École Normale. 1 S84 et i885).
(4) Kœnigs, Nouvelles recherches sur les équations fonctionnelles (Annales de
l'École Normale, i885, p. 38;).
( 36)
que l'on peut toujours supposer privée de second terme par un change-
ment de fonction. Si l'on fait
«="[?Tor*. «=?(*).
cette équation se transforme en une autre de même forme, à condition
que l'on ait
où <p', o", ... désignent les dérivées de <p(s) par rapport à z. Lorsque la
fonction f(z) est donnée, la détermination d'une solution <p(s) de cette
équation est impossible dans la plupart des cas. Nous procéderons inver-
sement en supposant la fonction <p(s) donnée, et nous aurons une fonc-
tion particulière/, (z) holomorphe au point x et vérifiant la relation ci-
dessus, en prenant la série
/.(O=2[?X*)?'(*0--v(**)]M**).
v=o
qui est convergente, puisque le module de <p'(a?) est moindre que l'unité.
D'après un théorème de M. Kœnigs, la fonction /(z) la plus générale, ho-
lomorphe ou méromorphe au point x et vérifiant la relation ci-dessus, est
/•(*)=/< (*)+«[ïwT
x désignant une constante arbitraire. La fonction f{z) étant ainsi déter-
minée, l'intégrale générale de l'équation du second ordre est, d'après les
théorèmes de M. Fuchs, régulière dans le domaine du point limite x. Les
racines de l'équation fondamentale déterminante étant r, et r2, on trouve
que l'équation admet les deux intégrales particulières
B'.(s)[B'(*)B B'.(s)[B'(i)p,
d'où l'on passe sans difficulté au cas où r, deviendrait égal à r.2. Ce résultat
montre que les coefficients de l'équation deviennent constants par la
substitution
_ i
* = logB(z), u = i>[W(z)\~-.
Si l'on substitue une des deux intégrales particulières dans l'équation diffé-
( 37 )
rentielle, on obtient une identité que l'on peut vérifier par la méthode sui-
vante. Considérons la fonction
, v 3/B"y ■ B»
holomorphe au point #; en différentiant l'équation B (, c , ) = o'(.x)B(z),
on trouve pour yX~-) la relation
(2) x[?(*)] = ^ïx(*)-*(*)
qui, étant identique à celle que vérifie la fonction holomorphe fK (s),
montre que fK (z ) est identique à /_(-). C'est ce qu'on peut aussi déduire
de l'expression de/,(z) sous forme de série, en y remplaçant n(sv) par sa
valeur tirée de la relation (2).
» Lorsque ®(z) = - — -.■> B(z) est une fonction de même forme, et
1 ■ N ' cz -+- a
les équations correspondantes sont celles qui ont été intégrées par
M. Besge (') dans le cas du second ordre, et par Halphen (2) dans le cas
général.
» Quelques-uns de ces résultats s'étendent à des équations différen-
tielles non linéaires. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la valeur absolue des éléments magnétiques au
1er janvier 1 8g 1 . Note rie M. Tu. Molreaux, présentée par M. Mascarl.
« Parc Saînt-Maur. — Los observations magnétiques sont continuées
avec les mêmes appareils et réduites d'après les mêmes méthodes que les
années précédentes. Le dépouillement des courbes du magnétographe est
effectué pour toutes les heures du jour, et les valeurs correspondant aux
repères sont établies par des mesures absolues, répétées toutes les se-
maines. La sensibilité des trois appareils de variations est vérifiée par de
fréquentes graduations.
» Les valeurs absolues des éléments magnétiques au Ier janvier 1891
sont déduites de la moyenne des observations horaires relevées pendant
les journées du 3i décembre 1890 et du ie' janvier 1891. La variation sé-
(') Journal de Liouville, ire série, t. IX, p. 336.
(2) Comptes rendus, t. XCII, p. 779.
( 38 )
culaire des divers éléments en 1890 a été obtenue par comparaison entre
les valeurs suivantes et celles qui ont été données le ier janvier 1 890 (' ) :
Valeurs absolues
au Variation séculaire
Éléments. »" janvier 1891. en 1890.
Déclinaison io°35',9 —5', 5
Inclinaison 65°io',6 -i',6
Composante horizontale o, io,554 + o,ooo3o
Composante verticale 0,42272 +0,00011
Force totale 0,46676 -1-0 ,0002 3
» L'observatoire du parc Saint-Maur est situé par o°9'23" de longitude
est et 48° 48' 34" de latitude nord.
» Perpignan. — L'observatoire météorologique et magnétique de Per-
pignan, dirigé par M. le Dr Fines, est situé par o°32'45" de longitude Est
et par 42°42'8" de latitude Nord. Les observations magnétiques y sont
faites au moyen d'instruments semblables à ceux de l'observatoire du Parc
Saint-Maur et calculées d'après les mêmes méthodes.
» Les valeurs des éléments magnétiques au 1er janvier 1891, déduites
des vingt-quatre observations horaires relevées au magnétographe et rap-
portées aux mesures absolues faites les 26, 28 et 3o décembre 1890, sont
les suivantes :
Valeurs absolues
au Variation séculaire
1" janvier 1S91. en 1890.
Déclinaison i4°24', 1 — 4'>9
Inclinaison 6o°i6',2 — 2', 3
Composante horizontale 0,22242 +0,00037
Composante verticale 0,38947 4- o,oooo4
Force totale o,4485o +0,00021
SPECTROSCOPIE. -- Sur les spectres a" absorption des solutions d'iode. Note
de M. H. Rigollot (2), présentée par M. Cailletet.
« Je me suis proposé d'étudier les spectres d'absorption des solutions
d'iode tant au point de vue du déplacement de la bande d'absorption qu'au
point de vue de la quantité de lumière transmise.
(') Comptes rendus, t. CX, p. 39; 1890.
(*) Ce Travail a été fait au Laboratoire de Physique de la Faculté des Sciences de
Lyon.
( 39 )
» J'ai comparé entre eux des dissolvants homologues ou des chlorures,
bromures, iodures d'un même radical. L'iode était primitivement dissous
dans le sulfure de carbone à raison de 3mgr, 85 par centimètre cube; o,o5
de cette solution était incorporée aux différents dissolvants et les liquides
étaient examinés dans des cuves à faces parallèles sous une épaisseur de
icm. Ces recherches ont été faites avec le spectrophotomètre de M. Gouy;
on comparait l'intensité de faisceaux lumineux traversant la solution à l'in-
tensité du faisceau traversant le dissolvant seul, en prenant les précautions
ordinaires pour empêcher réchauffement des liquides pendant la durée
tles expériences.
» Les résultats sont réunis dans le Tableau suivant, et l'on voit que si,
prenant comme abscisses les longueurs d'onde et comme ordonnées les
quantités de lumière transmise, en centièmes, on trace les courbes repré-
sentant l'absorption dans un groupe donné, ces courbes se confondent
plus ou moins dans la partie la moins réfrangible du spectre, puis se
séparent, la quantité de lumière transmise décroissant lorsqu'on passe d'un
dissolvant au suivant.
Quantité de lainière transmise en centièmes, pour i"u d'épaisseur.
Dissolvants. X = 0f,580. 570. 5G0. 550. 510. 530. 520. 510. 500. 490. 480. 470
1. Benzine 79 70 60 5i 41 ^2 27 2^ 2^ 29 " "
Toluène 79 70 60 5i 42 34 27 20 21 29 » »
Métaxylène 79 70 60 5» 42 3q 25 18 18 23 » »
II. Bromure d'éthyle. . . » 76 68 09 53 43 35 28 27 28 » »
Iodure d'éthyle » 76 68 59 52 44 32 24 20 19 18 »
III. Chlorure d'amyle .. . » 71 63 55 47 41 33 3o 3i 33 » »
Bromure d'amyle .. . » 71 64 56 49 4' 33 29 26 3o » »
Iodure d'amyle » 72 68 63 55 45 33 26 23 21 17 qp
IV. Chloroforme 66 58 5i 43 33 28 26 27 29 3o a »
Bromoforme 74 67 39 49 3g 32 27 26 26 29 » »
V. Bromure d'éthyle ... » 76 68 09 53 43 35 28 27 28 » »
Bromure d'amyle .. . » 71 64 56 49 41 33 29 26 3o » »
VI. Iodure de méthyle.. . » 71 65 58 5o 40 29 22 19 20 » »
Iodure d'éthyle » 76 68 59 52 44 32 24 20 19 18 »
Iodure d'amyle » 72 68 63 55 t\5 33 26 23 21 17 20
VII. Alcool méthylique . . » » » 7 3 69 63 56 49 41 33 24 i4
Alcool éthylique ... . » » » 71 60 56 5o 4<> 29 20 i4 9
Alcool amylique. .. . >> » » 66 58 49 4o 3i 23 16 12 7
» Si maintenant on recherche dans les six premiers groupes la position
( 4o )
et la valeur du minimum (en centièmes) de la lumière transmise, on ar-
rive aux résultats suivants :
Minim
un.
Minim
um.
Lumière
Lumière
Dissolvant.
Position.
transmise.
Dissolvant.
Position.
transmise
I.
X =0^,510
5o5
.'jo3
25
'9
'7
IV.
V.
Chloroforme
Bromure d'éthyle .
À = oH-,520
5oo
5 00
26
Toluène
25
27
IL
Bromure d'éthjle .
5 oo
27
Bromure d'amyle .
5oo
26
lodure d'éthyle . . .
486
18
VI.
lodure de méthyle.
5 00
'9
II.
Chlorure d'amyle .
5io
3o
lodure d'éthyle . . .
486
18
Bromure d'amyle. .
5oo
26
lodure d'amyle . . .
48o
'7
lodure d'amyle . . .
48o
•7
» Pour le septième groupe, le premier Tableau donne les résultats ob-
tenus en dissolvant directement dans l'alcool 7mgr d'iode par icc et mélan-
geant un o,o5 de cette solution aux alcools méthyliques, éthyliques et à un
alcool amylique de fermentation. L'examen spectrophotométrique de la
lumière transmise montre que les courbes des spectres d'absorption s'in-
fléchissent assez régulièrement du côté du violet sans permettre de distin-
guer un minimum d'absorption dans la partie du spectre où l'on peut faire
des mesures; mais, pour une longueur d'onde déterminée, on voit que
l'absorption croît en passant d'un alcool au suivant.
« Enrésumé, pour les corps homologues ou pour les composés d'un même
radical servant de dissolvant à l'iode et soumis à l'expérience, on constate
que, lorsque le poids moléculaire augmente : i° la bande d'absorption
s'avance très légèrement vers le violet du spectre; 20 le minimum de lu-
mière transmise diminue. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Influence delà trempe sur la résistance électrique
de l'acier. Note de M. H. Le Chatelier, présentée par M. Daubrée.
« La trempe de l'acier est connue depuis les périodes les plus reculées
des temps historiques : elle a joué un rôle particulièrement important dans
les progrès métallurgiques de ces vingt dernières années, etpourtant l'étude
de ce phénomène est encore très peu avancée. On ne doit pas en être sur-
pris quand on songe à la complexité inévitable de toutes les questions
relatives aux propriétés mécaniques des corps. Celles-ci, en effet, à l'en-
( 4i )
contre des propriétés physiques, ne sont pas déterminées lorsque Pétat
chimique du corps (composition, état moléculaire) et les tensions d'énergie
(pression, température) sont définies. Une barre métallique coupée en
morceaux dont les tronçons ont été rapprochés conserve une densité, une
conductibilité électrique invariables, tandis que la ténacité, la limite élas-
tique tombent à zéro. Sans envisager ce cas extrême, tous les corps sont
formés d'agrégats de cristaux dont, la forme, la dimension, l'orientation
peuvent varier à l'infini. Ces changements de structure interne qui se ma-
nifestent dans les métaux par un aspect particulier, le grain de la cassure,
entraînent des variations considérables des propriétés mécaniques.
» La trempe agit sur l'acier en modifiant à la fois son état chimique el
sa structure interne. Il est important d'isoler la part qui revient à chacun
de ces deux ordres de phénomènes. Cette question a été l'objet d'études
antérieures de M. Osmond, qui a mis à profit les variations de propriétés
du carbone pour caractériser l'état chimique du métal. Il semble possible
d'arriver dans la même voie à des résultats plus précis par l'étude d'une
propriété physique du métal qui se prête à des mesures rigoureuses : la
résistance électrique.
» Les expériences ont été faites sur des fils de 2mm de diamètre et ioomm
de longueur. Le Tableau suivant donne la résistance en ohms du métal
rapportée à ilu de longueur et imui de diamètre, ainsi que la teneur en
cai
bone.
Résistance oto . i ■ i o"\ >.."> o<",?.-; ow,22
Carbone ow,o85 ou,485 o- ,67 o"',83
» Influence de la température initiale du chauffage. — L'accroissement de
résistance électrique du métal trempé ne se produit qu'à partir d'une
certaine température de chauffage bien définie; il est brusque et n'aug-
mente pas par une élévation plus forte de la température. Le point de
trempe ainsi défini est un peu différent suivant que l'on procède par échauf-
fement ou refroidissement, en raison du retard connu des transformations
moléculaires (surchauffe, surfusion, sursaturation). Le Tableau suivant
donne la moyenne des températures de trempe obtenues par réchauffe-
ment et refroidissement, ainsi que la résistance exprimée en (onction de
sa valeur initiale avant trempe :
Température... 7Jo° 74.V' 725° 7 3 r> •
Résistances.... i,i3 1,18 1 ,55 1,60
G. R.. 1891, 1" Semestre. (T. CXH, N" 1.) 0
( 42 )
Dans ces expériences, la fragilité s'est développée en même temps que
l'accroissement de résistance électrique. La température de trempe de
l'acier est donc bien celle de la transformation du carbone (7300). Ces
résultats confirment les théories de la trempe formulées par M. Osmond sur
ce point capital que la trempe, dite positive, c'est-à-dire accompagnée de
fragilité, a pour effet de conserver à la température ordinaire l'état molé-
culaire du fer carburé, qui normalement n'est stable qu'au-dessus de 73o°.
Ils les infirmeraient au contraire sur ce point secondaire que la trempe
maintiendrait une partie du fer à l'état {3, c'est-à-dire à l'état moléculaire
stable au-dessus de 85o°. S'il en était ainsi, la trempe devrait donner des
résultats différents au-dessus ou au-dessous de 85o°, ce qui n'a pas lieu.
En outre, les propriétés magnétiques devraient être altérées par la trempe ;
le ferro-nickel et l'acier-manganèse clans lesquels l'existence du fer p
semble incontestable ne sont nullement magnétiques à froid, comme cela
a lieu pour le fer et l'acier ordinaires chauffés au-dessus de 85o°.
» Ces expériences montrent encore que dans les aciers doux la trempe,
bien que ne produisant pas la fragilité, empêche la transformation du car-
bone aussi complètement que dans les aciers durs.
» Recuit de l'acier. — Lorsque l'on réchauffe l'acier, la résistance élec-
trique décroît d'une quantité d'autant plus considérable que cette tempé-
rature est plus élevée et son action plus prolongée. Il semble à chaque
température exister un état limite qui ne serait atteint qu'au bout d'un
temps infini; mais, pratiquement, la majeure partie du recuit se produit
au bout d'un temps très court. Le Tableau suivant donne la résistance de
l'acier n° 3 trempé dans de l'eau à io° et recuit pendant une minute à des
températures croissantes :
Températures io° 120" 200° 3io° 385° 45o° 55o°
Résistances i,55 i,47 I>29 i,i5 1,10 ',07 i,o4
» Influence de la température du bain de trempe. — Les résultats obtenus
en trempant l'acier dans des bains à température croissante ont été, au
point de vue de la résistance électrique, analogues à ceux que l'on obtient
en trempant à basse température et recuisant à la température du bain.
En suivant la variation de résistance électrique pendant la trempe, on
constate que l'équilibre de température s'établit très rapidement, en quel-
ques secondes, pour les fils expérimentés de 2mm de diamètre. Puis l'état
du fil reste stationnaire pendant un temps qui varie de quelques secondes
à plusieurs minutes, suivant la température et la nature de l'acier; le
(43 )
métal est complètement trempé. Enfin le recuit commence brusquement
et continue avec une vitesse qui décroît rapidement. Le phénomène est
analogue à la congélation de l'eau amenée en surfusion par un refroidis-
sement rapide. Le même retard à la transformation ne s'observe pas dans
le recuit ordinaire par rechauffage.
» Les résultats résumés dans le Tableau suivant ont été obtenus en
trempant l'acier chauffé entre 8oo° et 9000 dans des bains de température
variable, le maintenant une minute dans le bain, puis le mettant à l'air
pour terminer son refroidissement.
Eau froide, mercure; ) ., , ._ „
., ., • . , i,i3 1,18 i,5o 1,60
mélange réfrigérant )
Eau bouillante 1,06 1.09 1,09 et 1, 55 I1O9
Azotates alcalins à 25o° 1 ,oS 1,1 5 1 , 55 i,4o
» 35o° 1 ,02 1 ,07 1 ,02 et 1 ,55 1,17
» .)j°" 1,03 1,01 1,01 1 ,09
/
« L'acier n° 3 a donné, dans certains cas, des résultats discordants, en
raison du retard au recuit signalé plus haut, dont la durée a varié d'une
expérience à l'autre.
» L'effet de la trempe à l'eau bouillante est presque nul. Le refroidis-
sement est assez lent pour permettre la production du phénomène de
récalescence.
» Cette première série d'expériences montre que la mesure des résis-
tances électriques permet de reconnaître l'état du carbone dans le fer et
même de doser, en quelque sorte, la proportion transformée dans les
aciers trempés. Cette méthode sera mise à profit dans des recherches ulté-
rieures sur les propriétés mécaniques des aciers. »
MÉCANIQUE CHIMIQUE. — Influence du covolume des gaz sur la vitesse
de propagation des phénomènes explosifs; par M. Vieille.
« La notion du covolume a été introduite par M. Sarrau dans l'étude
des phénomènes explosifs et elle a été appliquée par MAL Mallard et Le
Chatelier à la détermination des températures de réaction et de la loi de
variation des chaleurs spécifiques des gaz. Elle joue un rôle important
dans les phénomènes de propagation dont les produits de la décomposition
des explosifs sont le siège.
» La vitesse de propagation, dans un fluide quelconque, d'un ébranle-
( 44)
meut assez petit pour qu'on puisse négliger le carré des dilatations, est
donnée rigoureusement par la formule connue V = 4/ — dans laquelle
E représente l'élasticité à température constante du milieu, c'est-à-dire
le rapport v -~ de l'accroissement infiniment petit de pression à l'accrois-
sement relatif de volume dans une transformation isotherme, p la densité
du milieu et y le rapport de ses chaleurs spécifiques à pression constante
et à volume constant.
» Pour les gaz à grande densité et à haute température qui résultent de
la décomposition des explosifs dans les conditions ordinaires de leur em-
ploi, l'élasticité cesse d'être proportionnelle à la densité ou au poids
spécifique A, comme cela a lieu pour les gaz parfaits. On tire, en effet, de
la relation p = — > à laquelle se réduit la formule de Clausius pour les
fluides à haute tempéralure,
L-A7/A -(,-«A)*'
relation qui montre que E croît beaucoup plus rapidement que le poids
spécifique du milieu A, lorsque ce poids spécifique se rapproche de l'in-
verse du covolume oc.
» Il en résulte que la vitesse de propagation d'un ébranlement très
petit, telle que la vitesse du son dans un fluide à haute température,
croît elle-même rapidement avec la condensation gazeuse, de façon à dé-
passer toute limite pour des valeurs du poids spécifique voisines de l'in-
verse du covolume..
» Il est facile de reconnaître que, pour la plupart des matières explo-
sives puissantes, cette densité limite est inférieure ou au plus égale à celle
de la matière explosive elle-même, et que, par suite, si la décomposition de
la matière s'opérait sous son propre volume, la vitesse de propagation
dans ce milieu pourrait dépasser toute grandeur imaginable. Dans de telles
matières, les phénomènes seront dès lors très différents de ceux qui se
développent dans les mélanges gazeux explosifs proprement dits. Pour le
coton-poudre, par exemple, la valeur du covolume relative à l'unité de
poids de la substance est voisine de l'unité : MM. Mallard et Le Chatelier
ont donné le chiffre de o, 87 qu'ils ont déduit de la connaissance des co-
volumes des divers produits de la décomposition, et que M. Sarrau a lui-
même calculés d'après les expériences de compressibilité de M. Amagat.
( 45 )
» La mesure directe des pressions développées en vase clos par le coton-
poudre conduit à un nombre un peu supérieur et très voisin de l'unité. Il
en résulte que pour des densités des produits de la combustion comprises
entre i et i,i5, la vitesse de propagation dépasserait toute grandeur assi-
gnable. Cette vitesse calculée, qui est de 1 27 im par seconde pour une den-
sité de 0,1, atteindrait 5700™ pour la densité de o, 8 et 1 i^oo™ pour la den-
sité de 0,9.
» Ces densités sont inférieures à celle du coton-poudre comprimé utilisé
dans les usages militaires, qui varie de 1,00 à 1,20.
« On est naturellement conduit à rapprocher ces nombres des vitesses
énormes de propagation de l'onde explosive dans !e coton-poudre, vitesses
atteignant jusqu'à yooo"1 et qui ont été signalées par M. Berthelot
comme résultant des expériences exécutées tant en France qu'à l'Etranger.
» Quelle que soit l'idée qu'on se fasse du mécanisme intime de la
propagation de l'explosion d'une tranche à la tranche voisine, que cette
propagation résulte d'une compression brusque ou d'une vitesse d'écoule-
ment des produilsgazeu-v à haute température dans la portion fie l'explosif
qui n'a pas encore subi la transformation, il est évident que la vitesse de
propagation d'un ébranlement joue un rôle essentiel dans le phénomène.
» Toutes les formules relatives à l'écouhment permanent des fluides
contiennent, en effet, comme facteur cette vitesse de propagation : elle
figure de mémo dans la valeur limite obtenue par M. Hugoniot pour la
vitesse d'écoulement en régime variable d'une masse gazeuse indéfinie.
» Nous sommes donc amené à penser que, si la densité des produits de
la décomposition d'un explosif, tel que le coton-poudre, atteignait la den-
sité de l'explosif qui leur a donné naissance, la vitesse de propagation de
l'explosion atteindrait, non seulement les valeurs considérables déjà signa-
lées, mais des valeurs croissant au delà de toute limite. Il est facile de com-
prendre que ce cas extrême ne saurait être atteint, parce que les densités
qui assurent ces vitesses de propagation indéfiniment croissantes déter-
minent également des pressions indéfiniment croissantes, que la résis-
tance des enveloppes ne permet pas de réaliser. »
(46)
PHYSICO-CHIMIE. — Sur les conductibilités des acides organiques isomères
et de leurs sels. Note de M. Daxiel Berthelot, présentée par M. Lipp-
mann.
«. Dans l'étude des problèmes de Dynamique chimique, l'une des mé-
thodes les plus décisives consiste à comparer les corps isomères, c'est-
à-dire formés par les mêmes éléments, avec des poids moléculaires iden-
tiques.
» J'ai opéré sur des acides à fonction simple, tels que les acides ma-
léique et fumarique d'une part; itaconique, mésaconique et citraconiquc
d'autre part; sur des acides à fonction complexe présentant les trois cas
d'isomérie ortho, meta et para caractéristiques de la série benzénique, et
sur des acides présentant le type de l'isomérie symétrique, les acides tar-
triques. J'ai étudié les conductibilités des mélanges formés avec la potasse
soit dans le rapport exact de la neutralité, soit avec un excès d'acide, soit
avec un excès de base et j'ai fait varier pour les cas fondamentaux les
proportions du dissolvant.
» Je donnerai ici les conductibilités obtenues à 170 avec des acides de
même concentration (0,01 équivalent par litre, sauf les acides tartriques
qui sont à 0,02 équivalents), la potasse étant aussi à 0,01 équivalent.
Nomb
re relatif
d'équ
ivalenls
de potasse.
Acides
oxybenzoïques
Acide:
ortho.
s amidoben:
para.
wïques
d'acide.
ortho.
meta. para.
meta.
I ,00
0,00
0,701
o,252 o,i43
0,069
0,070
0,078
0,75
0,25
o,48i^
o,233 0,19.5
0,189
0,191
0>l99
0,66
0,33
0,420
0,268 o,245
0,246
0,246
0,256
+- o,5o
o,5o
0,367
0,359 o,35i
0 , 36 1
0, 36o
0,362 + sels neutres
o,33
0,66
o,794
o,566 0,542
0,788
0,792
0,786
o,25
0,75
i,o4o
o,83o 0,787
I ,025
1 ,o3i
1,027
0,20
0,80
»
i,oi3 0,993
»
»
»
0,00
t ,00
1,780
» »
»
«
»
Acides
A
,cides
Acide
). Potasse.
. fumarique. it
(ïoô niol.
maléique
aconique. mésaconique.
citraconique.
1 ,00
0,00
I ,025
0,482
O,
2l3
0
-117
0,767
0,75
0,25
0,355
o,3oo
O
,210
0
,266
0,349
0,66
o,33
0,274
o,3o6
O
, 260
0
>277
0,262
-t- o,5o
o,5o
0,440
0,439
O
,423
0
,425
0,424 -t- sels neutres
o,33
0,66
o,852
o,85i
0.
829
0
,833
0,832
0,25
0,75
1,071
1,068
I:
,I98
»
1 ,200
(47 )
Arides
Acide
(-riômo1-)-
Potasse.
tartrique droit.
r lique.
inactif.
i ,00
0,00
0,74.
0,74o
0,587
0,76
o,25
0,493
»
»
0,66
o,33
o,446
0,445
o,255
o,5o
o,5o
0,428
< • . 43 1
0,392
-+- 0,33
0,66
1 ■ , 566
o,565
0,566+ sels neutres
0,25
0,75
0,816
0,816
0,817
0,20
0,80
1 , 0 r 0
1,00 4
1 ,006
« De ces nombres se dégage une première loi indépendante de tout cal-
cul et de toute hypothèse.
» i° Les conductibilités des acides isomères libres étant en général diffé-
rentes, les conductibilités des sels neutres sont les mêmes pour les sels des
acides à fonction simple, tels que les maléate et fumarate; les itaconate,
mésaconate et citraconate. Elles sont également les mômes pour les divers
tartrates, symétriques ou non, pour les trois amidobenzoates. Enfin, elles
sont très voisines pour les trois oxybenzoates. Il y a donc là une relation
fondamentale sur laquelle j'appelle l'attention.
» 20 L'acide tartrique droit et l'acide racémique ont des conductibilités
identiques. L'acide gauche étant, comme on sait, identique au droit pour
toutes les propriétés non dyssvmétriques, le résultat observé sur l'acide ra-
cémique fournit une nouvelle preuve de la dissociation de ce dernier dans
ses dissolutions, conformément à ce qu'a montré la Thermochimie. L'acide
inactif par nature a une conductibilité très différente à l'état libre.
» 3° Si l'on ajoute au sel neutre un excès d'alcali, l'égalité subsiste
pour les sels des acides isomères à fonction simple, tels que les maléate et
fumarate, et les trois isomères de l'itaconate, ainsi que pour les sels des
acides amidobenzoïques et tartriques : ce qui paraît indiquer que les fonc-
tions alcooliques de ces derniers cessent de s'exercer dans les liqueurs très
étendues, conformément à ce que montre aussi la Thermochimie.
» 4° Au contraire, les acides à fonction phènolique donnent des sels
neutres dont les conductibilités sont seulement voisines, comme il a été
dit, et elles recommencent à varier si l'on y ajoute un excès d'alcali. Le
calcul montre que l'acide ortho ne contracte pas de combinaison stable
plus avancée dans des solutions étendues, tandis que les acides para et
meta fournissent, au contraire, des sels polybasiques. Ces phénomènes
sont dus à la persistance de la fonction phénol des deux derniers acides,
persistance établie également par les mesures thermochimiques.
» Si l'on ajoute, au contraire, à un sel neutre des excès croissants de
( 48 )
l'acide qui l'a formé, on constate les faits suivants, qui s'appliquent d'ail-
leurs non seulement aux isomères auxquels je me limite aujourd'hui, mais
aux nombreux acides organiques que j'ai examinés.
» 5° Dans le cas des acides monobasiques, les liqueurs peuvent être envi-
sagées comme de simples mélanges d'acide et de sel neutre. J'y reviendrai ;
je dirai seulement ici qu'il en est ainsi pour les acides oxybenzoïques. Les
conductibilités calculées d'après la règle donnée par M. Arrhemus poul-
ies liqueurs qu'il nomme isohydriques , et d'après mes expériences spé-
ciales sur la dilution progressive des acides (') et de leurs sels, coïn-
cident rigoureusement avec les conductibilités observées.
» Elles en diffèrent, au contraire, dans le cas des acides bibasiqu.es et
polybasiques, en raison de l'existence dans les liqueurs de sels acides par-
tiellement dissocies.
» 6° Cette dissociation inégale des sels acides permet d'établir de nou-
velles distinctions entre les acides isomères, tels que l'acide tartrique,
inactif par nature, et les trois autres acides tartriques; l'acide maléique et
l'acide fumarique; l'acide citraconique et l'acide mésaconique, etc.
» 70 Les proportions de sel acide sont presque identiques pour les
acides citraconique et maléique d'une part, mésaconique et fumarique
d'autre part. Ce parallélisme s'accorde avec les formules de constitution.
» 8° Une série de mesures ont eu pour objet de rechercher l'influence
de la fonction alcaline simultanée des acides amidobenzoïques. En les mé-
langeant à l'acide chlorhydrique, on voit que ce dernier se combine dans
les dissolutions à doses très inégales aux trois isomères. Les conductibi-
lités des mélanges à équivalents égaux, dans des conditions de dilution
pareille, sont, par exemple, 0,692, o,o,Zp, 1,074» résultat d'autant plus
frappant que les trois acides libres ont à peu près la même conductibilité.
La fonction alcaline parait donc plus énergique chez l'acide meta que chez
l'acide para, et chez ce dernier que chez l'acide ortho. »
(*) M. Ostwald a publié des mesures de conductibilités sur un grand nombre
d'acides organiques libres. Ces mesures concordent en général avec les miennes poul-
ies corps qu'il a examinés.
( 49 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le trithiënyle. Note de M. Adolphe Resard.
« Ce corps s'obtient en faisant passer un mélange de vapeurs de soufre
et de benzine flans un tube chauffé au rouge vif; au rouge sombre, la réac-
tion n'a pas lieu. L'appareil employé est celui que j'ai déjà décrit pour
l'étude de l'action du soufre sur le toluène ('). Pendant l'opération, il se
dégage de l'hydrogène sulfuré, mélangé de vapeurs de sulfure de carbone,
et l'on recueille dans le récipient une masse solide, formée presque unique-
ment de soufre ayant échappé à la réaction, et un liquide brunâtre cpii,
soumis à la distillation, abandonne d'abord une forte proportion de ben-
zine inaltérée, puis un produit jaune qui bientôt se solidifie. Ce produit
dissous dans l'alcool bouillant laisse déposer par le refroidissement le tri-
thiényle, qu'on purifie par quelques cristallisations dans l'alcool. Quant aux
eaux-mères, elles renferment en dissolution un nouveau dérivé du thio-
phène sur lequel je me propose de revenir prochainement.
» Le trithiényle se présente sous forme d'aiguilles jaunâtres, fusibles à
1/17° en un liquide jaune. Il bout à 357°. Il est assez soluble dans la ben-
zine, l'éther, le chloroforme; moins soluble dans l'alcool, l'acide acétique
et l'essence de pétrole. L'acide sulfurique le colore à froid, en rose; à chaud,
il le dissout en donnant une liqueur d'abord violette, puis bleue; par ad-
dition d'eau, cette liqueur se décolore, et le trithiényle inaltéré se pré-
cipite.
» Les résultats de son analyse concordent avec la formule
C'H3S-C/H2S-C*H:,S.
» Sa densité de vapeur, déterminée par la méthode de Meyer à la tempé-
rature d'ébullition du soufre, a été trouvée égale à 8, G (théorie 8,G8).
» Le permanganate de potasse, en solution neutre ou alcaline, est sans
action sur lui, même à l'ébullition. L'acide nitrique ordinaire ne l'attaque
pas; l'acide nitrique fumant à i5o°-i6o° le transforme en un composé
C'2H8S20', que l'on obtient également par l'action de l'acide chromique
sur sa solution acétique bouillante. Le brome et l'acide sulfurique forment
avec lui des produits d'addition et de substitution.
(') Comptes rendus, 4 novembre 1889, p. 669.
C. R., i8yi, 1" Semestre. (T. CMI, N" 1.)
( 5o)
» Vhexabromure de trithiényle Cl2H8S3Br6 s'obtient par l'action directe du
brome sur le trithiényle ou sa solution sulfocarbonique. Il se présente sous forme
d'une poudre noire amorphe, très peu stable, qui, exposée à l'air, perd peu à peu sa
couleur noire en dégageant du brome et laissantcomme résidu du trithiényle inaltéré.
L'alcool, l'éther, la benzine le décolorent instantanément à froid.
» Le trithiényle tribromé C12H3Br;iS3 s'obtient en chauffant pendant plusieurs
heures au bain-marie une solution acétique de trithiényle avec un excès de brome.
Par le refroidissement, le trithiényle tribromé se dépose; on le lave à l'acide acétique
et on le fait cristalliser dans la benzine. Il se présente sous forme de fines aiguilles
feutrées, fusibles à 2820, assez solubles, surtout à chaud, dans la benzine, le sulfure de
carbone, le chloroforme, peu solubles dans l'acide acétique, insolubles dans l'alcool et
l'éther.
» L'acide trithiényle-trisulfonique C12H5(S03 H )3S3 se prépare en chauffant à 1 15°-
1200 du trithiényle avec de l'acide sulfurique fumant. Son sel de calcium
[C12H5(S03)3S3]2Ca3
est incristallisable et se présente sous forme d'une poudre brune très soluble dans
l'eau.
» Le composé C1!H8S20* s'obtient en chauffant pendant deux heures, en tubes
scellés, à i5o°-i6o°, du trithiényle avec de l'acide nitrique fumant; on précipite par
l'eau et l'on fait cristalliser dans l'acide acétique bouillant. On l'obtient également en
faisant bouillir une solution acétique de trithiényle avec de l'acide chromique en excès;
après deux heures d'ébullition, on verse la liqueur dans de l'eau et l'on recueille le
précipité, que l'on purifie, comme précédemment, par cristallisation dans l'acide acé-
tique. Il se présente sous forme de paillettes blanches, fusibles à 3i2°-3i3°. A 4oo°, il
n'entre pas encore en ébullition. Il est insoluble dans l'éther, le sulfure de carbone,
l'essence de pétrole, très peu soluble dans la benzine et le chloroforme, un peu soluble,
surtout à chaud, dans l'acide acétique et l'alcool. L'acide nitrique le dissout facile-
ment ; l'acide sulfurique à ioo° le dissout en donnant une liqueur incolore. Les alcalis
aqueux sont sans action sur lui. Il ne donne pas de coloration caractéristique avec
l'acide sulfurique et l'isatine ou le phénanthrène-quinone.
» Sa formule peut être représentée de la façon suivante :
C4IPS-0-C4H2(02)-0-C4H3S. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du benzylate de soude sur le camphre cyané.
Note de M. J. Mixguin, présentée par M. Friedel.
« Dans une Communication à l'Académie (') M. Haller a montré que
l'alcool éthylique et l'alcool méthylique se soudent intégralement au
(') Comptes rendus, t. CIX, p. 28 et 68.
(5i )
camphre cyané, quand on traite ce corps par l'éthylate ou le méthylate de
sodium,
CHGAz CH2CAz
CRH,4( + C2H80 = C8H'\
CO xC02C2H5
» J'ai essavé de répéter l'expérience avec un alcool aromatique et j'ai
pris à cet effet le benzvlate de sodium.
h J'ai chauffé en tubes scellés à 2000 pendant vingt-quatre heures io61,
de camphre cyané avec 2.5CC à 3occ d'alcool benzylique tenant en dissolu-
tion ogr, 5o de sodium. On peut d'ailleurs varier les proportions.
» En ouvrant les tubes on ne constate pas dépression. Le produit de la
réaction est traité par l'eau, la masse est reprise par l'éther; cette solution
éthérée est lavée plusieurs fois avec de la potasse, desséchée sur du
chlorure de calcium et finalement distillée. Il reste dans le ballon un pro-
duit qui se solidifie par le refroidissement. On le purifie par des cristalli-
sations dans l'éther ou mieux dans le toluène. Le rendement en produit
pur a été de 3oR1* pour 5oB'' de camphre cyané employé.
» C'est un corps solide cristallisé en belles lames transparentes. Il fond
à70°-7i°. La benzine, le toluène, le xylène le dissolvent facilement même
à froid. Il est moins soluble dans l'éther, les alcools méthylique, éthylique
et propvlique. Le pouvoir rotatoire pris dans le toluène est a,, = -t- 'p°,8.
L'analyse de ce corps a montré qu'il répond à la formule brute C18 H2302Az.
CH2CAz
On peut lui attribuer la formule de constitution C8H' ' . Sapo-
Nco2c;ir
iiilié par la potasse aqueuse ou l'acide chlorhydrique concentré, il donne
CrPCOOH
l'acide hvdroxvcamphocarbonique C8 H'*^
COOH
CH2CAz
» Acide C8H'* . — Les eaux de lavage provenant de la prépa-
XCOOH
ration du corps précédent précipitent par un acide. Ce précipité, repris
par l'éther et mis à cristalliser, donne des cristaux d'une grande netteté et
atteignant parfois icm de côté. Cet acide fond à 1640; il est assez soluble
dans l'éther et dans l'alcool. Son pouvoir rotatoire moléculaire dans l'al-
cool est aD = + 64°,6i. Il répond à la formule brute C"irT02Az. Sapo-
nifié par la potasse aqueuse, il donne de l'acide hydroxycamphocarbonique
( 5a )
avec dégagement d'ammoniaque. On peut lui assigner la formule de con-
CIPCAz
stitutionC8H,\
XCOOH
» Le composé qu'on a vu plus haut peut être regardé comme l'éther
benzylique de cet acide cyané.
» Le rendement est de 6gr à 8sr pour 4ogr de camphre cyané employé.
» Avant repris l'action de l'éthylate de soude sur le camphre cyané, j'ai
constaté que l'acide en question existait également dans les eaux de lavage,
mais en quantité beaucoup plus faible : ogr, i à ogr,2 pour iogr de cyano-
camphre. J'ai préparé différents sels de cet acide.
CH2CAz
» Le sel de soude C8HM(^ 4-^ H20 s'obtient en dissolvant l'acide
XCOONa
dans le carbonate de soude et séparant par l'alcool. Il est très soluble
dans l'eau et dans l'alcool. Il se présente sous l'aspect d'une masse gon>
meuse, blanche, difficile à dessécher. Le sel de cuivre s'obtient par double
décomposition entre le sel de soude et le sulfate de cuivre. Desséché en
présence de l'acide sulfurique, il répond à la formule
/ CH2CAzv2
C8H,4( )Cu-t-H20.
\ xco2 /
C'est une poudre d'un beau vert, devenant bleue quand on la chauffe
à ioo°.
» Le sel de plomb, obtenu également par double décomposition, desséché
/ CH2CAz\
sur l'acide sulfurique, répond à la formule ( C8HM(^ jPb. Le sel
\ xco2 y
de barvte s'obtient en faisant digérer à ioo° l'acide avec du carbonate de
baryte jusqu'à neutralité au tournesol. On filtre, on évapore, on fait cris-
talliser. Ce sel se présente sous la forme d'aiguilles non transparentes.
Desséché entre des doubles de papier, on l'obtient cristallisé avec 6 molé-
/ CH2CAz 2
cules d'eau ( C8 \V\ ) Ha -f- CH20. En présence de l'acide sulfu-
\ XC02 /
rique, il perd de l'eau et, avec le temps, l'abandonne presque complète-
ment.
» Le sel d'argent noircit rapidement à la lumière.
(53)
» Si l'on se reporte aux hydroxycamphocarbonates obtenus par M. Haller,
on est frappé de la grande ressemblance qui existe, au point de vue des
propriétés physiques, entre ces sels et ceux qui viennent d'être pré-
parés.
» Dans une prochaine Communication, je ferai connaître les résultats
obtenus dans l'action du phénol sodé et du naphtol sodé sur le camphre
cyané ('). »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur une méthode générale d'analyse des eaux-
de-vie et alcools du commerce. Noie de M. Ed. Mouler, présentée par
M. Troost.
« On sait doser dans lescaux-de-viedu commerce l'alcool, l'extrait, l'aci-
dité et le furfurol. La méthode que nous décrivons permet, avec 5oocc de
liquide, de déterminer, en outre, les élhers, les aldéhydes, les alcools su-
périeurs et les produits azotés. Ces dosages doivent être faits sur le liquide
distillé ramené à la teneur alcoométrique de 5o°, excepté pour les pro-
duits azotés qui sont dosés sur l'échantillon même.
» Dosage des éthers. — On fait bouillir ioo1"0 d'alcool distillé, additionné de 20cc
de potasse décime, pendant une heure, en faisant surmonter le ballon d'un réfrigé-
rant ascendant. On titre la quantité de potasse absorbée en tenant compte de l'acidité
de l'alcool et on calcule les résultats en acétate d'éthyle.
» Aldéhydes. — L'intensité de la coloration violette développée par
l'action de la rosaniline bisulfitée sur les alcools chargés d'aldéhydes
n'est pas proportionnelle à la teneur de la solution. Pour appliquer ce
réactif au dosage des aldéhydes, il suffît de le faire agir sur une solution
dont la teneur soit connue, et d'amener par dilution l'alcool à analysera
contenir une cpiantité d'aldéhyde égale à celle du type.
» A 10" d'une solution d'aldéhyde éthylique au 10ôu0 et à iocc de l'alcool a analy-
ser (tous deux titrant 5o° alcoométriques) on ajoute en même temps 4CC de rosaniline
bisulfitée. On laisse les teintes se développer pendant vingt minutes, puis on compare
leur intensité avec le colorimètre de Duboscq. On recommence l'opération en diluant
(') Travail fait à l'Institut chimique, laboratoire de M. Haller, à Nancy.
( 54 )
l'alcool à analyser jusqu'à ce que les teintes aient la même intensité. Si m représente
cette dilution, le poids d'aldéhyde éthylique par litre sera
M X o,o5o.
» Alcools supérieurs. — L'acide sulfurique n'a d'action, dans les condi-
tions où il est employé, que sur les aldéhydes et les alcools supérieurs.
Nous retenons les aldéhydes par le phosphate d'aniline.
» A ioocc de l'échantillon distillé, on ajoute icc d'aniline et icc d'acide phosphorique
à 45° B.; on chaude à l'ébullition au réfrigérant ascendant pendant une heure, puis
on distille à sec au bain de sel.
» Le produit distillé est traité par l'acide sulfurique à 66°, suivant la méthode con-
nue, et la teinte obtenue est examinée comparativement, avec le colorimètre, à celle
qui est donnée par une solution alcoolique contenant o,25o d'alcool isobutylique par
litre.
» On opère, comme pour les aldéhydes, en diluant l'alcool jusqu'à ce que l'intensité
des teintes soit égale.
» Produits azotés. — Nous avons déterminé le poids d'ammoniaque
correspondant d'une part aux amides et à l'ammoniaque salin, et d'autre
part aux bases pyridiques et aux alcaloïdes, en soumettant l'alcool à ana-
lyser d'abord à l'action du carbonate de soude, puis à celle du permanga-
nate de potasse en solution potassique, et en titrant les petites quantités
d'ammoniaque produites dans l'une et l'autre opération avec le réactif
de Nessler.
» On ajoute à ioocc de l'échantillon non distillé 2CC d'acide phosphorique à 45° B.
et l'on chasse tout l'alcool par l'ébullition.
» La solution phosphorique des bases est étendue d'environ iUt d'eau distillée; on
ajoute iosr de carbonate de soude pur et l'on distille jusqu'à ce qu'il ne passe plus
d'ammoniaque; puis on introduit le permanganate et la potasse et l'on continue la dis-
tillation en recueillant l'eau ammoniacale dans un autre récipient.
» L'ammoniaque provenant de chaque opération est dosée avec le Nessler, compa-
rativement avec une solution contenant par centimètre cube osr,ooooi de chlorhydrate
d'ammoniaque.
» En résumé, la méthode que nous venons de décrire permet, avec un
volume de 5oocc, d'analyser des alcools ne contenant plus que :
» îooVôô d'acides, ^V^d'éthers, loo;ooo- d'aldéhydes, y^fastî de furfurol, j^â d'a]-
cools supérieurs et , u 0'u 0 0 quand on opère avec de l'alcool à 900; 1 0 0 „'„ 0 0 „ d'ammo-
niaque correspondant à l'ammoniaque salin et aux amides; 1U|)Q100|)0- d'ammoniaque
correspondant aux alcaloïdes et aux traces pyridiques.
(55 )
» Le Tableau suivant indique la composition de quelques eaux-de-vie
naturelles et artificielles :
» Le coefficient d'impureté d'un alcool est le rapport multiplié par ioo du poids
total des impuretés (extrait non compris) au poids de l'alcool éthylique contenu dans
un même volume de l'alcool analysé.
Composition en grammes, par litre, de quelques eaux-de-vie naturelles et artificielles.
Marc. Cognac. Rhum. Kirsch.
Nature. Fantaisie. Nature. Fantaisie. Nature. Fantaisie. Nature. Fantaisie.
BeauiH-, Jamaïque, Rouffach,
1887, 18C0. 1873. 188s.
Extrait o, ioo o,32o 6,64o l\, 120 3,760 3,48o o, 176 0,800
Alcool 49°,3 44°, 5 18°,5 44°, 7 5o°,6 44°,6 47">'°" 43",6
Acide cyanhydrique » » » » » » o,o45 o
Acides en CrP-CO'2H. .. . 0,216 o,252 0,600 0,072 0,960 0,060 0,120 0,084
Éthers en CH3.CO"-.C-H5. i,i35 0,281 0,422 o,i4o i,o56 0,026 o,352 o,i58
Aldéhydes en CIP-COII. . 1 ,363 o,io5 0,106 0,027 0,120 0,026 0,008 o,oi5
Furfurol 0,0008 0,001 o,oo65 o,ooi5 o,023 0,002 0,0008 o.ooi
Alcools supérieurs en
CH3
GII.CH2.OH. . . 1,600 o,i3o 0,800 0,100 o,34o 0,080 o,45o o,o5o
CH2/
Ammoniaque et amides en
Aztl3 0,001 o,oo3 o,o35 o,oo4 o,oo3 o,oo3 o,oo4 0,002
Bases pyridiques et alca-
loïdes en Az H3 0,0006 0,0004 o,oo5 0,002 0,012 0,001 3 o,oo5 o,ooo5
Total desproduits étrangers
à l'alcool éthylique (ex-
trait non compris) 4,3i64 0,7724 1 ,9745 o,,465 2,5i4 ".1983 1,0398 o,3oo5
Coefficient d'impureté de
l'alcool 1 0,2 0,49 0,093 o,58 o,o54 o,25 o,o83
» Le coefficient d'impureté l'ait ressortir que les eaux-de-vie artificielles
contiennent de trois à dix fois moins de produits étrangers à l'alcool éthy-
lique que les eaux-de-vie naturelles; car le bouquet et la saveur particu-
liers à ces dernières sont évidemment dus à des produits étrangers à
l'alcool éthylique.
» Nous croyons être autorisés à penser que, lorsqu'on aura fait un grand
nombre d'analyses d'eaux-de-vie dont on connaîtra l'origine, il sera pos-
sible de déterminer des limites de composition au delà desquelles les eaux-
de-vie pourront être considérées comme falsifiées ('). »
(') Laboratoire municipal de Paris.
( 56)
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — La fonction urinaire s'exerce chez les Mollusques
acéphales, par l'organe de Bojanus et parles glandes de Keber et de Grobben.
Noie de M. Augustix Letellier, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« J'ai montré en 1887 (') que les Mollusques acéphales ont une fonction
urinaire et que l'organe de Bojanus en est l'appareil excréteur.
» J'ai fait voir, en effet, que sa sécrétion est neutre, qu'elle renferme de
l'urée, divers phosphates, enfin des corps que l'on est habitué à considérer
comme caractéristicpies de l'urine des vertébrés. Contre toute attente, je
n'y ai trouvé ni acide urique, ni acide hippurique. J'en ai conclu que chez
les Acéphales l'urine est de composition un peu différente de celles déjà
connues chez ces êtres. J'aurais dû, avant de raisonner ainsi, m'assurer
qu'aucune autre glande n'est chargée de l'élimination des acides. C'est ce
que Rovalevsky a fait depuis; son Mémoire, sur lequel M. Delage a attiré
mon attention, a inspiré mes recherches (2).
» Rovalevskv a injecté un grand nombre d'animaux invertébrés avec di-
verses matières colorantes dans le but de délerminer les glandes par les-
quelles se fait l'excrétion,
» Il a toujours trouvé l'organe de Bojanus des Acéphales neutre aux réac-
tifs colorés et les glandes de Keber et de Grobben acides. Il en a conclu
que, vraisemblablement, l'organe deBojanusdes Mollusques acéphales est
l'analogue des corpuscules de Malpighi des vertébrés qui sont, comme on
sait, neutres ou basiques, et que les glandes péricardiales sont les ana-
logues des tubuli contorti, lesquels sont acides. Mais, s'il est vrai que la po-
sition d'une glande n'est pas un sûr garant de sa fonction, la coloration
rouge que prend la teinture de tournesol dans la glande de Grobben du
Pecten ou dans l'organe de Keber du Cardium, ne suffit pas davantage pour
affirmer que ces glandes ont une fonction urinaire. Désormais le doute ne
sera plus permis: je vais montrer, en effet, que, si ces glandes sont acides,
c'est qu'elles sécrètent de l'acide hippurique, substance qui est un desélé-
(') Étude de la fonction urinaire chez- les Mollusques acéphales. Thèse de Paris;
1887.
(2) Voir dans Notes et Revues l'analyse par M. Delage du Mémoire de Kovalevsky
Sur les organes de l'excrétion {Archives de Zoologie expérimentale, 2° série, t. VII;
1889).
( 57 )
ments de l'urine des Mammifères et en particulier des Herbivores : lePeclen
et le Cardium se nourrissent de diatomées.
» Pour extraire l'acide hippurique sécrété par la glande de Keber du Cardium
edule, on met l'animal sur une tôle rouge : les muscles se détachent des valves, l'ani-
mal vit encore; il est alors facile de l'enlever sans l'endommager et de trouver la
glande péricardiale, que l'on détache avec des ciseaux fins. Après avoir répété celle
opération sur deux ou trois cents animaux, on dessèche les glandes au bain-marie,
on les pulvérise, puis, ayant ajouté de l'eau distillée, on fait bouillir pendant une
demi-heure. On filtre, on évapore à siccité, toujours au bain-marie, le liquide limpide
qui a passé, et on épuise le résidu sec par l'alcool absolu bouillant.
» Au bout d'un temps variable avec l'état de concentration, l'alcool abandonne une
poudre blanche dans laquelle un bon objectif permet seul de découvrir un amas de
fins cristaux. Cependant, quand l'éva] oration de l'alcool se fait avec une extrême len-
teur, on peut obtenir des maries ayant plus de imm de diamètre. On prend cette poudre
avec une pipette et on la dépose sur une lame de verre; l'alcool ne tarde pas à s'éva-
porer, et là où il y avait des amas de cristaux on voit des taches huileuses jaunes.
Bientôt celles-ci disparaissent, et l'on a à leur place des cristaux très nets, isolés ou
en macles. Leur forme est celle qui est figurée dans l'Atlas de Robin, à la planche \LIV,
fig. i. Ces cristaux sont solubles dans l'eau, à laquelle ils donnent une forte réacti n
acide; ils sont égalemci : ilcool, mais plus difficilement dans
l'éther. Lorsqu'on chauffe légèrement ces cristaux, ils fondent, se transforment en une
huile jaune qui, refroidie, est insoluble dans l'eau, mais se dissout très facilement
dans l'ammoniaque. A une température plus élevée, le liquide devienl rouge, puis se
charbonne, et, sur la portion froide du tube à essai, où se fait l'expérience, on trouve
de nombreux cristaux prismatiques enchevêtrés les uns dans les autres.
» Quoique, à cause du peu de matière, il soit difficile de percevoir nettement l'odeur
de l'acide cyanhvdrique, on ne peut admettre que la substance observée soit de l'acide
benzoïque. En effet, cet acide cristallise toujours en lamelles dans l'acide chlorhy-
drique; l'acide de la glande de Keber du cardium cristallise en prismes dans les mêmes
circonstances; enfin, l'acide benzoïque se sublime sans qu'il y ait production de l'huile
rouge qui s'observe toujours avec de l'acide hippurique, le seul corps avec lequel on
pourrait le confondre.
» L'acide hippurique est-il libre ou combiné dans le liquide sécrété
l'organe de Keber? A la forme des cristaux qui sont solubles dans l'étht r,
il semble qu'ils sont purs, que l'acide est libre. Cependant, si l'on prend
une de ces grosses macles qui se forment à la longue dans les solutions
alcooliques étendues, et si on la dissout dans l'acide chlorhydrique, on a,
par évaporation, des cristaux prismatiques, évidemment formés par l'acide
hippurique et quelques cristaux sans action sur la lumière polarisée, qui
sont certainement du chlorure de sodium. On peut donc admettre, en
attendant des recherches nouvelles, (pie l'acide hippurique se trouve à
C. R., 1891, 1" Semestre. (T CMI N' . °
( 58)
l'état libre et à l'état d'hippurate de soude dans la sécrétion de la glande
péricardiale du Cardium edule.
» La glande de Grobben ou Pecten a donné à Rovalevsky une réaction
nettement acide. L'extrait alcoolique préparé avec la glande du Pecten
maximus est fortement acide. On en peut extraire des cristaux qui fondent
en une huile jaune quand on les chauffe légèrement et qui donnent un
liquide rouge à une plus haute température et avant de se charbonner.
Ces cristaux sont solubles dans l'éther et, par l'évaporation spontanée de
celui-ci, ils reprennent la forme de prismes très longs et très fins, terminés
en biseau. Quoique la quantité de matière que j'ai pu observer ait été très
petite, je crois pouvoir dire encore cette fois que les cristaux sont de l'acide
hippurique.
» En résumé, et autant qu'il est, dès à présent, permis de formuler un
jugement, on peut dire que chez les Mollusques acéphales la fonction uri-
naire s'accomplit au moyen de deux glandes. L'une est au-dessous du
cœur : c'est l'organe de Bojanus, elle élimine l'eau en excès, l'urée, divers
corps neutres azotés et les phosphates; accidentellement elle peut servir
à l'élimination de l'acide urique. L'autre est au-dessus du cœur ou tapisse
ses oreillettes, c'est l'organe de Reber ou la glande de Grobben; son rôle
normal est d'extraire du sang l'acide qu'il renferme. Chez les deux Mol-
lusques qui ont servi aux expériences, cet acide s'est trouvé être de l'acide
hippurique; mais rien ne prouve que chez d'autres on ne découvrira pas
de l'acide urique : c'est ce que des recherches ultérieures me montreront. »
ANATOMIE ANIMALE. — Sur le développement des chromatophores des Cépha-
lopodes octopodes. Note de M. L. Joubis, présentée par M. de Lacaze-
Duthiers.
« La structure anatomique des chromatophores des Céphalopodes
adultes est actuellement assez bien connue, et l'opinion qui attribuait à
des contractions de fibres musculaires les mouvements de la matière co-
lorée semble définitivement abandonnée; mais on est loin d'être d'accord
sur le mode de développement de ces organes. Ayant pu étudier à Banyuls
l'embryogénie de l'Argonaute et de l'Octopus, je suis arrivé à des résultats
qui me paraissent fort différents de ce que l'on connaît chez les Cépha-
lopodes décapodes.
» Contrairement à l'opinion de M. Girod, pour qui les chromatophores
( 59)
des Décapodes se développent aux dépens du mésoderme, contrairement
aussi à l'opinion de M. Phisalix, pour qui la cellule colorée de la Sépiole
est le résultat de la fusion de plusieurs cellules entre elles, le chromato-
phore du Céphalopode octopode est, à mon avis, d'origine ectodermique
et ses parties accessoires, seules, d'origine mésodermique. C'est assez
comparable à ce que l'on rencontre dans les organes des sens.
» Chez l'embryon d'Argonaute la peau se compose d'un épithélium ecto-
dermique simple recouvrant un tissu conjonctif lâche mésodermique.
)> Dans la région dorsale comprise entre les deux veux, on voit, là
mieux que partout ailleurs, des cellules ectodermiques disséminées devenir
plus grosses que celles qui les environnent; puis, peu à peu, elles s'en-
foncent dans une sorte de dépression en forme d'entonnoir, entraînant les
cellules voisines.
» Le sommet de la saillie ainsi formée dans le mésoderme sous-jacent
est formé par la grosse cellule, destinée à former la partie essentielle du
chromatophore. S enfonçant toujours, elle finit par se trouver au fond
d'un petit puits ectodermique, et commence à devenir très grosse; son
contenu protoplasmique se divise en deux couches, l'une plus solide qui se
condense autour du noyau, l'autre plus limpide dans laquelle est plongée
la première.
» Cette cellule, dont la paroi s'est épaissie en même temps qu'elle s'est
dilatée, finit par ne plus être rattachée que par une étroite surface aux
cellules ectodermiques invaginées, et en dernier lieu s'en sépare, deve-
nant libre dans le mésoderme dont quelques cellules se fixent sur elle pour
la renforcer. Dès lors, elle perd sa forme sphérique pour devenir à peu
près semblable à une lentille biconvexe.
» Mais, pendant que ceci se passait dans l'ectoderme, les cellules mé-
sodermiques ne restaient pas inactives. En dessous de l'invagination ecto-
dermique, elles se disposent par cinq ou six, en cercle; puis, par des divi-
sions radicales successives, elles finissent par être une vingtaine formant
un cercle plus grand. Elles ont une forme ovoïde allongée. C'est alors que,
suspendue au-dessus de ce cercle, la cellule ectodermique devient libre et
s'y trouve naturellement enchâssée; elle grandit et vient en contact par
son bord circulaire avec cette couronne de cellules ovoïdes. Le chromato-
phore est constitué. Le protoplasma de la cellule chromatique se colore en
jaune ou en rose, et les cellules périphériques s'allongent et se transfor-
ment en fibres.
» Ou a beaucoup discuté sur la nature musculaire ou conjonctive de ces
( 6o )
ahres rayonnantes. Musculaires, c'étaient elles qui, par leur contraction
brusque, auraient amené les mouvements de la matière colorée; conjonc-
tives, elles n'auraient plus eu aucune action immédiate sur ces mouvements.
D'après mes observations, ces deux opinions sont cependant vraies, mais
successivement. Les fibres périphériques jeunes sont musculaires et ani-
mées de mouvements de contraction des plus évidents, mais qui n'ont
aucune espèce d'aclion sur le protoplasma coloré; cela fait simplement
mouvoir tout l'ensemble de l'appareil dans la direction des fibres qui se
sont contractées. Ce n'est que plus tard que ces fibres perdent leur pro-
priété contractile, deviennent, semblables à des faisceaux de fibrilles et
servent uniquement à tenir fixé l'ensemble du chromatophore.
« Le chromatophore me paraît donc formé d'une partie essentielle, la
cellule ectodermique colorée, et de parties accessoires mésodermiques,
ressemblant primitivement à des fibres musculaires et devenant plus tard
i o ijonctives.
» Quant à la termin; ison nerveuse propre à chaque chromatophore, on
peut la mettre en évidence sur l'animal vivant au moyen d'une préparation
spéciale de bleu de méthylène. On voit alors avec la plus grande netteté le
réseau nerveux cutané des chromatophores, dont chaque fibre se termine
par un léger renflement appliqué contre la cellule chromatique, mais qui
ne me paraît point y pénétrer. »
ZOOLOGIE. — Sur /'Atlantonema rigida v. Siebold, parasite, de différents
Coléoptères coprophages. Note de M. R. Moxiez.
« Leuckart a montré que les larves de Y Atlantonema mirabile vivent
quelque temps sous les élytres du Coléoptère qui héberge ce parasite ; elles
le quittent ensuite pour acquérir leur différenciation sexuelle : tandis que
l'animal parasite était hermaphrodite, ses descendants libres ont les sexes
sépares. « Jamais, dit Leuckart, on ne trouve Y Atlantonema à l'intérieur
» du corps, quand les Rhabditis font défaut sous les ailes du Coléo-
» ptère. »
» Mais les Rhabditis de Y Atlantonema mirabile ne sont pas les seuls
jeunes Nématodes que l'on puisse trouver sous les ailes des Coléoptères :
nous avons fort souvent observé de ces animaux sous les élytres de diffé-
rents Géotrupes, Nécrophores ou Âphodius, cpii n'hébergent point le para-
site si bien étudié par Leuckart; en revanche, nous avons plusieurs fois
(6i )
rencontré, clans la cavité du corps des Aphodius, un autre Nématode que
nous devons rapporter à Y Atlantonema (Fi/aria) rigida, découvert et suf-
fisamment caractérisé par Siebold, espèce que personne n'avait revue
depuis et que Leuckart a cherchée en vain. La Fi/aria rigida doit être rap-
portée au genre Atlantonema, bien qu'elle reste libre dans la cavité du
corps de son hôte et qu'elle conserve, à l'état adulte, la forme ordinaire
des Nématodes. Le parasite perd la plupart de ses organes, en particulier
le tube digestif, pour ne plus présenter que les caractères d'un long sac,
rempli d'embryons à tous les degrés de développement : ces embryons,
qui finissent par rompre le corps de leur mère, se répandent en énorme
quantité entre les viscères de l'hôte; ils peuvent évoluer sur place, jusqu'à
un certain degré, du moins on en trouve de toute taille et l'on voit, en
même temps, une très grande quantité de larves qui proviennent, à n'en
pas douter, de ces embryons; on voit, en outre, déjeunes individus, assez
nombreux, qui se rapprochent des larves par la taille et sont dus à leur
évolution. Tandis que les embryons ont l'extrémité du corps progressive-
ment terminée en pointe, chez les larves la queue est très mousse, un
peu dilatée en bouton, même, et, chez les jeunes individus dont nous
venons de parler, cette région du corps devient assez brusquement très
pointue.
» Est-ce à ce dernier stade que s'arrête l'évolution de notre Atlantonema
dans le corps du Coléoptère qui l'héberge, et, parvenu à ce degré de déve-
loppement, doit-il passer dans un autre milieu, vivre en liberté pour une
ou plusieurs générations, ou émigrer dans un autre hôte? Je ne puis, jus-
qu'ici, que faire des hypothèses à ce sujet : il est certain que, au milieu du
nombre énorme de parasites à l'état de larves ou d'embryons dont nous
venons de parler, on n'en trouve qu'un très petit nombre dont la taille et
les caractères des organes de reproduction sont ceux d'un animal bien près
d'atteindre l'état adulte; mais proviennent-ils du dehors ou dérivent-ils
des larves qu'on trouve avec eux? Leur petit nombre, dans tous les cas ob-
servés, me ferait pencher pour la première manière de voir.
» Quoi qu'il en soit, les jeunes femelles à' Atlantonema rigida, celles qui
ne contiennent encore que des oeufs, ont conservé la queue pointue qui
disparait chez les adultes, bourrées d'embryons; mais elles ne présentent
plus cette espèce d'aiguillon pointu de la partie antérieure, que l'on trouve
chez les jeunes individus sur lesquels nous avons attiré l'attention plus
haut et que l'on rencontre aussi sur quelques-unes des larves que portent
sur leur dos les Coléoptères coprophages.
(6a )
» Celles-ci sont de deux sortes : les unes appartiennent au Rhabditis
oxyuris, ou à une forme très voisine, et le fait n'a rien de surprenant,
puisqu'on trouve souvent, sur les parties du corps voisines du dos du Co-
léoptère, des individus de cette espèce métamorphosés comme nous l'a-
vons décrit (voir Comptes rendus, 23 septembre 1889); les autres Rhab-
ditis du dos des Coprophages me paraissent devoir se rapporter au Rh.
brevispina Biitschli : je trouve, entre ces larves et celles qui vivent à l'in-
térieur du corps des Apliodius et Géotrupes, tant de formes de passage,
que je me demande s'il ne s'agit pas, en somme, d'une seule et même
espèce, qui serait hermaphrodite et protandrique à l'état de parasitisme,
et qui, à l'état libre, sous forme d'individus aux sexes séparés (An-
guillula brevispina Biitschli), vivrait dans les bouses. C'est à la mort de
leur hôte sans doute, par suite de la destruction de ses tissus, que les em-
bryons ou larves seraient mis en liberté; les descendants de l' Anguillula
brevispina, gagnant le dos des Coléoptères coprophages, pénétreraient dans
leur hôte par perforation, pour y prendre les caractères de Y Atlantonema
rigida. Ce ne serait pas un fait isolé. Les expériences que nous avons in-
stituées nous permettront sans doute de résoudre bientôt cette question. »
GÉOLOGIE. — Sur la position de la craie de Touraine. Note de M. A. de
Grossouvre, présentée par M. Daubrée.
« A la suite de mes études en Touraine, pour le service de la Carte géo-
logique détaillée de la France, j'ai reconnu cpie la craie de Villedieu, telle
que l'a définie d'Orbigny, comprend trois niveaux fossilifères caractérisés
par trois faunes d'Ammonites :
» i° A la base, le niveau à Am. Haberfellneri (petrocoriensis) avec Am.
tricarinatus, bajuvaricus, Moureti, etc. ;
» 20 Au milieu, le niveau à Am. Serralo- marginal us (Bourgeoisi, pp) ;
» 3° Au sommet, le niveau à Am. Syrtalis avec ses variétés, Orbignyi,
Ribouri, Guadaloupœ.
» La comparaison de ces faunes avec celles de la Charente montre que
les deux premiers niveaux correspondent à peu près à l'étage coniacien, et
le niveau supérieur à l'étage santonien, tels que ces étages ont été définis
par Coquand et précisés par M. Arnaud. Ainsi la carte de Villedieu, avec
sa faible épaisseur, représente tout un ensemble qui possède dans la Cha-
rente un grand développement, commedepuis longtemps l'a avancé Hébert,
à qui l'on a souvent reproché cette assertion. Mais cette craie n'est pas
( 63 )
inférieure au M. cortestudinarium, ainsi que ce savant avait cru le voir aux
environs de Chateaudun, car la craie à silex de la vallée du Loir n'est en
partie qu'un faciès latéral de la craie de Villedieu.
» Si l'on compare les faunes d'Ammonites de la craie de Villedieu avec
celles de la craie de Westphalie, on voit que ses deux niveaux inférieurs
correspondent identiquement à Y Emscher-Mergel et le niveau supérieur à
YUnter-Senon. Or, l'Emscher-Mergel, supérieur aux Cuvieri-P/ànercansidèrés
en général comme représentant les assises ;'i M. cortestudinarium, se place
sur le niveau du M. coranguinum, point admis d'ailleurs parla plupart des
géologues (Barrois, Hébert, Lambert, Pérou); lUnter-Senon est l'équiva-
lent de la craie à Marsupites. Ainsi la craie de Villedieu, au lieu d'être
inférieure au M. cortestudinarium lui serait supérieure et représenterait les
assises à M. coranguinum.
» Au-dessus de la craie de Villedieu vient la craie à silex de Chaumont
et de Blois, confondue à tort avec la craie à silex de la vallée du Loir; d'Or-
bigny y a depuis longtemps signalé le Magas pumilus et j'y ai recueilli le
M. Brongniarti : la présence de ces deux fossiles caractéristiques en fait
donc l'équivalent de la craie à belemnitelles et de l'étage campanien.
» Les conclusions précédentes trouvent une confirmation directe dans
le bassin de Dieulefit où les grès verts, avec la faune d'Ammonites des ni-
veaux inférieurs de Villedieu, sont superposés à une craie renfermant le
M. cortestudinarium bien typique, avec toutes les variétés qu'il présente
dans le bassin de Paris. Elles permettent de préciser la position si discutée
des diverses assises de la craie du Midi : la craie à Micrasters des Charentes,
les grès et marnes à Micrasters, avec leurs bancs d'Olippurites, des Cor-
bières et de la Provence, se placenta la base de la zone à M. coranguinum,
les couches du moulin Tiffou du Moutier, de Fontainien et du Castellet
qu'on peut identifier au niveau à Am. Syrtalis, représentent le sommet
de cette zone et n'appartiennent pas au campanien comme le pensent la
plupart des géologues. Il en résulte donc que le campanien marin n'est pas
représenté en Provence, conclusion conforme à celle que M. de Saporta
a déduite de l'étude de la flore. »
GÉOLOGIE. — Contributions à la connaissance géologique des chaînes alpines
entre Moutiers (Savoie) et Barcelonnette ( liasses- Alpes). Terrains antérieurs
au jurassique. Note de M. W. Kilian, présentée par M. Fouqué.
« Une série d'explorations effectuées cet été pour le compte de la Carte
géologique de France, dans la partie des Alpes françaises comprise entre
( 64 )
la haute vallée rie l'Isère, la frontière italienne et la haute vallée de l'Ubaye,
portant par conséquent sur une partie de la Tarentaise, la Maurienne, le
Briançonnais et une fraction de la haute Provence, nous a fourni quelques
résultats d'un intérêt général, dont voici l'exposé succinct. Ces résultats
concordent en grande partie avec les interprétations adoptées, depuis
quelques années déjà, par nos confrères du Service géologique d'Italie,
MM. Zaccagna et Mattirolo.
» Schistes gris lustrés. — Les schistes gris lustrés et les schistes cal-
caréo-talqueux du Queyras sont partout nettement inférieurs aux assises
triasiques, et à Combe-Brémond (Ubaye) aux argdolithes que nous rappor-
tons au système permien. Entre le lac Paroird et le Longet, à Maurin
(haute Ubaye) et près de Chàteau-Queyras, ils sont recouverts directe-
ment par les quartzites triasiques, mais, dans beaucoup de cas, la dispari-
lion mécanique de ces derniers a amené les calcaires triasiques en super-
position immédiate sur les schistes [cimes du Gondran, près Briançon,
Bardonnèche, lac Paroird, Pcou-Roc (haute Ubaye)J. Au col Longet
(Basses-Alpes), les schistes lustrés passent insensiblement, vers le bas, à
des schistes micacés. Ils forment l'axe d'une série d'anticlinaux coupés
par l'Ubaye entre le col du Longet et Sérenne, et l'on peut voir très nette-
ment les synclinaux occupés par les quartzites et les calcaires triasiques
ployés en "V.
» De vastes étendues sont occupées par ces schistes entre Bardonnèche,
Oulx et Cézanne (Italie), ainsi que dans le Queyras. On y remarque des
bancs de calcaire cristallin noirâtre et de nombreuses intrusions de ser-
pentine [Maurin, col la Noire (2 999m), etc.].
». Terrain houiller. — Le terrain houiller forme le grand anticlinal (et
non synclinal) en éventail de ia troisième zone, à droite et à gauche duquel
ont eu lieu des glissements et des éliremenls de couches, accidents qui ont
reçu de Lory les noms de failles de Saint-Michel et de Modane. Ce terrain se
montre en outre dans quelques anticlinaux de la deuxième zone (Saint-
Jean-de-Belleville, Moutiers, etc.); il disparaît à l'est d'une ligne, Modane-
Briançon-Saint-Paul, et cède la place aux schistes lustrés. Il n'y a rien de
nouveau à signaler au point de vue de sa composition, sinon qu'il faut en
distraire des assises bigarrées que Lory v avait incorporées (au col de la
Ponsonnière notamment), et les rattacher au permien.
» Permien. ■ — Un certain nombre de couches peuvent, par suite de leur
position entre les quartzites du trias inférieur et les grès houillers, être
rapportées au système permien. Ce sont, outre les phyllites verts à noyaux
feldspathiques (anciens gneiss chloriteux) des environs de Modane, dont
( 65 )
l'âge reconnu depuis longtemps par M. Lachatz a été établi par M. Zacca-
gna et confirmé par les explorations de MM. Potier, Bertrand et Termier,
nous avons retrouvé ces phvllites dans la Vallée-Etroite, aux alentours du
Thabor et au Plan de Phazy près de Guillestre), des grès kaolino-argileux
à teintes vives et des argilolithes schisteuses vertes et lie de vin (Plan de
l'Achat, hameau des Mottes, dans le massif des Rochilles, Grand-Galibier,
l'Argentière, Moutiers en Tarentaise), des conglomérats à galets de quartz
et ciment argileux lie de vin (l'Argentière, Champ-Didier, Saint Roeh
près l'Argentière) rappelant le verrucano (Sernifit) du canton de Glaris.
L'existence de cet horizon intermédiaire entre les quartzites triasiques
auxquels le rattachent souvent des « schistes argentins », talqueux et mi-
cacés, et le terrain houiller ou les schistes lustrés, parait générale dans les
chaînes Alpines.
» Trias. — Ce terrain semble pouvoir être définitivement considéré
comme formé des assises suivantes de bas en haut :
u a. Quartzites : horizon très constant et bien connu depuis les travaux, de Lory. Ces
grès sursiliceux, à grains plus ou moins nets (Classarts, Grésards des habitants du
pays), sont blancs, parfois teintés de rose et de vert, souvent talqueux et argentés.
» b. Cargneules et gypses atteignant un grand développement dans certaines loca-
lités (Ceillac), réduits ailleurs (mont Thabor, Bocca del Serii, col TYonchet, etc.) à
une assise de quelques mètres seulement, séparant les quartzites des calcaires C, et
disparaissant totalement au nord de l'Arc (col de Varbuche, Moutiers).
» Sur les quartzites reposent, en effet, très nettement [Festiva et Polset, près Mo-
dane, mont Thabor, Vallée-Etroite, Boc de l'Ange-Gardien (Chàteau-Queyras), col
du Tronchet, Ceillac, Maurin, Lac Paroird, Galibier, etc.] des gypses et des car-
gneules parfois assez épais (Ceillac), souvent aussi réduits à une mince bande (de
cargneules) jaune, facile à découvrir dans les cols et à la partie moyenne des escarpe-
ments dont le sommet est formé par les calcaires et la base par les quartzites. Dans le
sud de la région, on assiste également à un amincissement très irrégulier et local
(vallées du Guil et de l'Ubaye) de cette assise. Au sud et au nord-ouest, dans certains
points (Varbuche, Moutiers), les quartzites supportent directement les calcaires tria-
siques de l'étage suivant.
u c. Calcaires dolomitiques (calcaires du Briançonnais, Lory, pro parte maximd)
grisâtres, généralement saccharins, cristallins et moirés, et calcaires phylliteux accom-
pagnés souvent de schistes rougeâtres et verdâtres. On y remarque des bancs bréchi-
formes très caractéristiques.
» Les calcaires forment une bande à peu près continue de la Vanoise(') à l'Ubaye
en passant par Briançon [Chaberton, mont Thabor, Bonnenuit, Boc du Grand-Gali-
(') Où ils ont été étudiés par MM. Bertrand et Termier qui les rapportent égale-
ment au trias.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXIt, N" 1 ) 9
( 66 )
bier, Col des Rochilles, Vallée-Etroite, Esseillon et Polset, près ^Modane, Briançon,
Col de l'Eyehanda, Mont-Genèvre, Sainte-Marguerite, Peine-d'Hier, Saint-Antoine et
environs de Maurin (Basses-Alpes), Ange-Gardien (Queyras), Chàteau-Queyras,
Maison-du-Roi, Plan-de-Phazy, près Guillestre, et s'atténuent fortement à l'ouest, col
de Varbuche(Savoie), Plan de Phazy, vallée de Barcelonnette. Ilscontiennentsouventdes
cristaux d'albite (environs de Modane, vallée de l'Ubaye) et sont très pauvres en fos-
siles (Entroques, Pentacrines, Gastropodes indéterminables). Ces calcaires triasiques,
bien reconnaissables, sont réduits à une faible épaisseur au Pas-du-Roc (ici presque
en contact avec l'infralias).
» Des calcaires phylliteux et schisteux se montrent très constants (Polset, près
Modane, Valloires, massif du Gondran, près Briançon, Maurin, etc.), et accompagnent
presque partout les calcaires triasiques dont ils semblent former la partie infé-
rieure.
» d. Gypses et cargneules supérieurs, bien développés en Maurienne, immédiate-
ment au-dessous du rhétien à Avicula conforta et renfermant des bancs de schistes
ardoisiers lilas et verts. Ces gypses et ces cargneules se montrent superposés aux cal-
caires C dans les environs de Moutiers (Savoie), au col de Varbuche (Savoie), à
Valloires et Bonnenuit et dans le Briançonnais (environs du Monétier de Briançon).
» Des schistes lilas et verdàtres occupent la partie supérieure des gypses (Cham-
pessuit, Villarly, col de Varbuche, etc.), en Maurienne et se retrouvent dans le Brian-
çonnais associés et mêlés aux calcaires C (environs de Saint-Martin-de-Queyrières, de
Vallouise, du col Néal, etc.).
v En résumé, si l'on tient compte de ce que :
» i° Le gypse et les calcaires semblent se remplacer mutuellement et
leurs épaisseurs paraissent croître aux dépens l'une de l'autre (Maurienne
et Briançonnais);
» 20 Dans l'ouest de la Maurienne et de la Tarentaise, les gypses, au lieu
d'être intercalés entre les quartzites et les calcaires, occupent la partie
supérieure du trias ;
» 3° Au tunnel du Grand-Galibier, on voit les gypses (qui en profon-
deur sont de Y anhydrite) passer latéralement, à des calcaires dolomitiques.
A la montée du mont Genèvre, les calcaires passent nettement à des car-
gneules;
» 4° Dans les gypses on remarque fréquemment des blocs anguleux
de calcaire noyés dans la masse sulfatée et semblant, comme les fragments
analogues contenus dans les cargneules, n'être autre chose que des restes
de la roche primitive, épargnés par la transformation qu'a subie la masse
entière;
» On est amené à conclure que les gypses, cargneules inférieurs et su-
périeurs et calcaires ne sont que des modifications diverses d'un seul et
même ensemble ».
(67 )
HYDROGRAPHIE. — Sondages du lac Léman. Note de M. A. Delebecque,
présentée par M. Danbrée.
« C'est seulement en 1890 que, à la suite de sondages exécutés les
années précédentes, la première Carte hydrographique générale du lac
Léman a été donnée. L'excellente Carte de M. Pictet, faite en 1877, ne
comprenait que la partie du lac qui s'étend de Genève à Hermance.
» La nouvelle Carte est dressée à l'échelle de 25ôll0 et par courbes iso-
bathes espacées de ioœ. La partie suisse a été exécutée par M. Horn-
limann, sous la direction de M. le colonel Lochmann ; le Ministère des
Travaux publics m'a confié la partie française, et j'ai été secondé par
MM. Falletti, Garcin et Magnin.
» Voici, en quelques mots, la description du relief du lac :
» Le lac Léman se compose essentiellement de deux parties, le grand lac, entre
Nernier et Villeneuve, le petit lac entre Nernier et Genève.
» Le grand lac est un bassin dont la profondeur maximum entre Evian et Ouchy
est de 3iora; le fond de ce bassin est une vaste plaine presque horizontale; sur une
surface d'environ 46kmi, la dénivellation extrême est de 5m.
» L'inclinaison des talus de ce bassin est très faible suivant l'axe longitudinal du
lac (iomm à i5mm par mètre). Transversalement, elle est plus forte : elle varie de i°
ou 2° dans les baies de Rolle et de Condrée, à 3o° près de Meillerie, 48° près de
Saint-Gingolph et 56° au pied du château de Chillon.
i> Les principales particularités du grand lac sont :
» Le ravin sous-lacustre du Rhône, décrit et expliqué par M. le professeur Forel
(Comptes rendus, t. CI, p. -25, et Bulletin de la Société vaudoise des Sciences na-
turelles, t. XXIII, 1887);
» Le delta de la Dranse, type caractéristique des deltas torrentiels (les terrasses de
Thonon, au-dessus de la Dranse, ne sont que des restes d'anciens deltas de cette ri-
vière) ;
» Quelques accidents orographiques, dont le plus important est un monticule im-
mergé, en avant de Cully. La profondeur sur ce monticule n'est que de 239m, les fonds
voisins ayant 25om.
u Le grand lac est séparé du petit lac par la barre de Nernier ou de Fromenthoux,
sur laquelle la profondeur est de 66m. Sur le versant oriental de cette barre, on trouve
des cailloux morainiques recouverts de mousse (').
« Le petit lac se compose de quatre cuvettes profondes de yô"1, 70'", 70"1 et 5om,
séparées par des barres très aplaties, sur lesquelles la profondeur est de 63m, 64m et
(') Forel, Comptes rendus, 19 octobre iS8.j.
( 68 )
/i7m. En f;iee de Bellerive et par des fonds de 25,n, s'élève un monticule important,
sur lequel la profondeur n'est que de 8m. Ce monticule, dit les Hauts-Monts, est con-
stitué par la mollasse, d'après les observations de Pictet.
» La surface du lac est de 582kuu'; son volume de 89 milliards de mètres
cubes; sa profondeur moyenne, quotient du volume par la surface, de
i53m.
M. Delaueier adresse une Note intitulée « De la combinaison de l'azote
avec d'autres éléments chimiques, sans l'intervention des microbes ».
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures. J. B.
ERRATA.
(Séance du 22 décembre 1890.)
Note de M. A. Rornieux, Relations entre les déformations actuelles de la
croûte terrestre et les densités moyennes des terres et des mers :
Page 994. ligne 18, après qu'elle sépare, mettre un point et aller à la ligne.
Même page, lignes 19 et ai, au lieu de immergées, lisez émergées.
Page 996, ligne 23, au lieu de M. Subau, lisez M. Supan.
Même page, ligne 24, au lieu de maxima, lisez marines.
(Séance du 29 décembre 1890.)
Prix Serres, page 1070, ligne 10, au lieu de Dragon, lisez Dugon.
N* 1.
TABLE DES ARTICLES, f Séance du S janvier 1891.)
Étal de l académie des Si ienees au i janviei i |i
RENOUVELLEMENT ANNUEL
DU BUREAU DE l.\ COMMISSION ADMINISTRATIVE.
l 'âges.
\l. d'Abbadii esl élu Vice-PrésidenI pour
l'année [891 ' '
MM. ii 1 1 sonl 1 lus
na< ml le 1 Com
mini- 1 rai h e f ' 1 année 91 .. ' \
M. HehAite, Président sortant, fail
pas
naître à I Vcadémie l'état où se trouve
I impression ries Recui il- qu'elle public,
el li- nents survenus 1 ni les
Mernt) | 1 espondanl
- 1890
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE
M. le Mrai 1 ;
1 r des Ile s.ux- \:; i idresse 1 ai
lii m du 1 1 I M. le Pn
de la République appi ouve I 1 lecl ion de
M. Mallard, dans la Section de Minéra-
logie, en retnpli M. Edmond Hé-
bert
M. Bi 1 . 1 1 i ■ nu. Sur l'onde explosive, sui
,, ictéristiqu de la di tona
lion et sa \ ilc ise de propa ation dans les
liquides, el spécialement
de méthyle
M. Bn Sur une cla: - d'équations
il;
MÉMOIRES PRESENTES.
M. G. Gnr il adresse 1
rel 11 ifs à la na
M. In. I. iun appelle de nou ni ion
de l'Ai adémie sur i' - lai ion ■ qui lui pa-
raissent exister enl re les variation -
pre ision ai mosphi 1 iq
M. ['al adresse une Note sur les
tacli 01 tobre et novembn
\1. .1. .. une Note
ie de la
CORRESPON D ANC Ë .
M. Bedow, II. \. Billet, M. G. Coi in. M. C.
|i ,1.1 mi, M. Cil. Di Pi Kl T, M. !..
\l. 1 .1 . .1 ..h r, M. \.-\\. GniFFiTii . M. F.
Guyon, M. Hanriot, M. 1 11 ■ .
M ' Is '.'lin 1; I . M . .1 : 1 . . . M. \.
Lai i t. M. \. I.i dieu, M. .1. I 1
Teil, M. A. Olivier, M. \. Madamet, M. P.
Painlevé, M. J.-V. Mi s.
DE Gt VSEX U'I'. M. G. \\ 1
sent leurs remerciements à i \i :s
pour les distincl ions accor lées à leurs
travaux
M. le Sei RETAIKI -
les pièces imprimées dé la Correspon-
dance, la \ ingl h ne anm e du - Journal
du Ciel »
M. le Secri 1 us 1. n i.n, un, donne lecl u
d'uni' Lettre de M. '.'. de Vaux, c u 1
ii.nii l'élai di élevée en 17 i"
_par de la Co u ités de
la base bon île qui .1 sen 1 i la me iure de
l'arc du I
qui se 1 .1! ... hi ni .1 1 e tpéd n de ; •
Bouguer et de la I londamine
33
\1. p. V; 1 , , Sur des équations différen-
ticlli - transformables en elles
m 1 banj 'i il
de variable
M. Th. Moi m: vus. — Sur la valeur absolue
de éléments magnél iques au 1 ' jan-
M. 11. Bigollot. — Sur les spectres d'ab-
sorption des solution
M. u. .,! Ciiatkliur. Influence de la ti empe
sur ! : 1 ncë électrique di l'ai ier
VI. Viei i- Influence du covofume des
-,,/ suf 1 e de propagi ion des phé-
nomènes explosifs
M. |)\ 1 . Sur 1rs n. milieu
., paniques isomèi 1 '-1
M. V iM . 1 pm Ken \i;i>. Sur lé Lrithiényle.
M, j. Mi Vction du ben i) latc de
s. unie sur le camphre cyané
M. Ed. Sur une mél liode géné-
rale d'an '- e lux-dé- \ ie el alcools
du r ni 1 ' ■
M. Augustin Letellier.— La fonction uri-
ifi
IH
'l«
N« 1;
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages
naire s'exerce chez les Mollusques acé-
phales, par l'organe de Bojanus et par les
glandes de Keber et de Grobben
M. L. Joubin. Sur le dé ni des
chroma topl - des Céphalopodes octo-
podes
M. IL Moniez.- Sur V Atlantonema rigida
v. Siebold, parasite de différents Coléo-
ptères coprophages
M. \. de Grossouvre. —Sur la position de
la craie de Touraine
K.RR VTA
Pages.
AI. W. Kilian. — Contributions à la connais-
sance géologique des chaînes alpines entre
Mouticrs (Savoie) et Barcelonnetle (Bas-
ses-Alpes). Terrains antérieurs au juras-
sique .'. . .. 63
M. A. Delebecq.uk. — Sondages du lac Lé-
man g_
M. Delauribr adresse une Noie intitulée :
o L>e la combinaison de l'azote avec d'au-
tres éléments chirniqu.es, sans l'interven-
tion des microbes «
68
68
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILL ARS ET FILS,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1891
1891
Jrf-Ja PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM* *>ES SECRÉTAIRES PEKPÉTl'ELS.
TOME CXII.
N°2 (12 Janvier 1891).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS CES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Quai des Grands-Augustins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et a4 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
{'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie'
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-<
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
»
Article 2 . — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires Jus ou présentés par des personnes 1
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- 1
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sonl
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendul
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sue
les correspondants de l'Académie comprennent au vant, et mis à la fin du cahier
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5 .
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprèi
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de lei
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 12 JANVIER 1801,
PRÉSIDENCE UK M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉODÉSIE. — Sur l'hypothèse du sphéroïde et sur la formation de la croûte
terrestre; par M. H. Faye.
« Au siècle dernier, les géomètres et les astronomes attribuaient à la
surface mathématique de notre planète la figure d'un ellipsoïde de révolu-
tion aplati aux pôles. Tous les astres du système solaire, dont les molé-
cules ont joui à l'origine et jouissent encore en partie de l'extrême mobi-
lité des fluides, ont pris en effet, sous la seule influence des attractions
mutuelles de ces particules, une figure sphérique, comme le Soleil, la
Lune, etc., et, pour ceux dont la rotation est la plus rapide, comme
Jupiter et Saturne, une figure de révolution dontl'ellipticité est manifeste.
La grande Commission du système métrique est partie de cette idée.
Quand elle entreprit de mesurer la Terre avec une précision inconnue
C. R., 1891, i« Semestre. (T. CXII, N» 2.) 1°
( 7«)
avant elle, elle se préoccupa naturellement des irrégularités de sa surface
physique; mais il lui parut suffisant de donner à ses mesures le plus d'é-
tendue possible, et d'éviter d'en faire aboutir les extrémités au voisinage
des grandes chaînes de montagnes.
» Peu après l'établissement du svstème métrique, quelques savants
pensèrent que les dislocations de la croûte terrestre devaient avoir
altéré profondément la surface de niveau des mers et l'avoir transformée
en un sphéroïde tout à fait irrégulier. Mais, pour apprécier sainement
l'influence de ces dislocations géologiques, il aurait fallu savoir com-
ment elles se sont produites. Si les hauts plateaux de l'Asie, par exemple,
étaient dus au transport horizontal, d'une région à l'autre, de masses
considérables de roches et de sédiments, il en serait certainement résulté
une déformation notable dans la surface de niveau des mers. En serait-il
de même si ces grandes saillies étaient dues à un déplacement de maté-
riaux dans le sens vertical? La question ne fut même pas posée. L'idée
d'un sphéroïde restait donc à l'état de supposition gratuite. Laplace l'a si
bien compris qu'il a tenté de s'appuyer sur les mesures mêmes des géodé-
siens et de prouver qu'en fait la Terre n'était pas un ellipsoïde de révolu-
tion.
» Pour faire apprécier la démonstration de Laplace, il suffit de mettie
en regard, dans le Tableau suivant, les données de son calcul et celles
dont la Science dispose aujourd'hui.
Données de Laplace.
Données des calculs actuels.
Dates.
1736
1751
1761
1751
1792
1762
1736
Arcs
mesurés.
Amplitude.
Pérou
Gap
Pensylvanie ....
Italie
France 10,7
Autriche 3,3
Laponie 1 ,o
.,4
1 ,6
Dates.
Arcs
mesurés.
1791-1862 Anglo-français. . .
iSl G- 185G Suédo-russe
1860 Cap
1823-1873 Indes
1823-1873 Parallèle des Indes,
1736 Pérou
1838 Prusse
1838 Hanovre
1838 Danemark
Amplitude.
o
23,2
25,3
4,5
21 ,5
6,0
3,i
i,5
2,0
'À
» Les immenses travaux de ce siècle, à quelque époque de leur déve-
loppement que vous les preniez, ont toujours abouti aux mêmes conclu-
sions. Airy en i838, Bessel en i84o, Clarke en 1880 ont tous trouvé, non
le sphéroïde de Laplace, mais un ellipsoïde de révolution bien caractérisé.
( V )
Et si l'on peut objecter que les mesures géodésiques sont uniquement
relatives aux continents et qu'elles portent en grande majorité sur l'hémi-
sphère boréal, on répondra que les mesures contemporaines du pendule
donnent sensiblement la même chose; or ces mesures ont été exécutées
sur les d?ux hémisphères, aussi bien sur les mers que sur les continents.
» Notions géodésiques suri 'écorce terrestre. — Dès la première période de
la Géodésie, on savait parfaitement tenir compte des irrégularités visibles
de la croûte terrestre. C'est ainsi que les géodésiens de cette époque calcu-
laient les effets de l'attraction des montagnes sur le fil à plomb et s'éton-
naient de trouver qu'elle ne répondait pas à la quantité de matière qu'elles
représentaient en saillie sur la surface générale du globe. Il devait donc
exister, disaient-ils, à l'intérieur ou au-dessous du Pichincha en Amérique,
à l'intérieur ou au-dessous des Alpes, des Pyrénées ou des Apennins en
Europe, de vastes cavernes pour compenser cet excédent. Ces cavernes
hypothétiques ne devaient guère obtenir l'assentiment des géologues; mais
ce premier aperçu, tout faux qu'il fût, laissait entrevoir une notion impor-
tante, celle des compensations qui devaient exister, dans le sens vertical,
entre les densités des couches successives de l'écorce terrestre. Cette notion
a pris corps à notre époque; elle a été nettement formulée par M. Pratt,
lorsque ce savant calculateur des grandes opérations anglaises aux Indes
eut montré que l'énorme plateau central, sur lequel s'élèvent les cimes
himalayennes, n'exerce aucune action appréciable sur le fil à plomb à
moins qu'on n'en vienne à la proximité immédiate de ces cimes elles-
mêmes.
» Chose bien frappante alors, ce fut de voir que les observations du pen-
dule dans les mêmes régions accusaient la même absence d'action, non plus
sur la direction, mais sur l'intensité de la pesanteur. C'est ce que M. Pratt
résuma en disant qu'en dépit de notre ignorance sur la loi de la formation
de l'écorce terrestre les grandes dénivellations de cette écorce devaient
tenir à des inégalités de contraction que cette écorce aura subies en passant
de l'état liquide à l'état solide, de telle sorte qu'il existerait pour les con-
tinents, et même en partie pour les montagnes, une diminution dans la quan-
tité de matière, à peu près égale à l'excédent qui existe au-dessus de la sur-
face des mers. De même, au-dessous des mers il se serait produit un excès
de densité égal au défaut de densité de l'eau qui en remplit les bassins. De la
sorte les déformations de la surface générale de niveau pourraient être
très faibles, puisque les transpositions de matière se seraient effectuées dans
le sens des rayons du globe.
( 70
» J'ai retrouvé moi-même des effets analogues en Europe, au Pérou, au
milieu des grands Océans ('). Enfin M. Helmert, directeur de l'Institut
géodésique de Berlin, vient d'en signaler des traces dans les Alpes du Tyrol
et dans les massifs montagneux du Caucase.
» Ainsi cette mystérieuse compensation n'est pas un fait isolé : c'est
une loi générale que les irrégularités visibles se trouvent compensées par
d'autres que nous ne voyons pas, de manière à conserver au globe ter-
restre la figure d'un ellipsoïde de révolution. Les écarts qui subsistent
enire le calcul et les mesures géodésiques tiennent à d'inévitables défauts
dans cette compensation ; ils ne paraissent suivre aucune loi ; on est donc en
droit de les considérer comme des écarts accidentels. Il s'agit mainte-
nant de faire voir que cette compensation résulte d'une loi de la nature
qui s'applique particulièrement à la Terre.
« Formation de la croûte terrestre. — La croûte superficielle des astres
se forme par leur refroidissement progressif. Si l'on considère ce phéno-
mène dans toute sa simplicité, il n'y a pas de raison pour que la surface
mathématique subisse de vastes déformations par suite des accidents locaux
d'origine physique ou chimique. Par son poids, cette croûte reste constam-
ment appliquée sur le noyau fluide, au moyen de la contraction infinitési-
male de chacun de ses éléments. L'astre reste donc sphérique. Telle est la
Lune, dont la surface parfaitement ronde, sauf un allongement impercep-
tible du rayon dirigé vers nous, ne présente que de petits accidents craté-
riformes bien différents de nos continents et de nos longues chaînes de
montagnes. Telle serait la Terre s'il n'y avait eu, dès l'origine, autre chose
qu'un refroidissement uniforme. Pour sentir la force de cet argument, il
faudrait avoir sous les yeux, en même temps, une Carte de la pleine Lune
et une mappemonde terrestre.
» Je m'occupais de ces comparaisons il y a plus de vingt ans, lorsque je
tombai sur les sondages profonds de la frégate la Vernis, qui avaient mis en
(') On a observé qu'au milieu des mers le pendule donne une pesanteur un peu
trop forte. Les partisans du sphéroïde qui tiennent encore à cette hypothèse, malgré les
immenses mesures de ce siècle qui en démontrent la fausseté, en ont déduit que le
milieu des mers est profondément déprimé au-dessous delà surface normale. Mais cet
excès de pesanteur tient seulement à ce qu'on a négligé une correction indispensable,
celle du support, de l'îlot sur lequel l'observateur a dû opérer. Cet îlot a en effet un
excès de densité sur l'eau ambiante. En en tenant compte autant que possible, on re-
trouve la pesanteur normale. Ouant à l'Océan lui-même, son défaut de densité est
compensé par l'excès de densité de la croûte terrestre située au-dessous.
( 73 )
évidence ce fait bien frappant : que la température décroît verticalement
dans les Océans, tandis qu'elle croît rapidement sous les continents. Elle
tombe même à — i° ou — 2° dans les sondages récents, par 6ooom ou
7000™ de profondeur. J'en conclus la loi suivante : .4 toutes les époques, le re-
froidissement du globe terrestre va plus vite et plus profondément sous les mers
que sous les continents, loi que plusieurs géologues ont bien voulu admettre
en France et à l'étranger (' ). Dès lors, la différence d'aspect de la Lune et
de la Terre est expliquée. Sur la Terre l'écorce sous-marine, en devenant
plus épaisse, pèse davantage sur la masse interne enfusion : cet excès dépres-
sion sans cesse renouvelé se propage en tous sens, sous l'écorce continue
du globe, par suite de la fluidité de la masse centrale, et tend à soulever les
parties faibles de cette enveloppe solidifiée, c'est-à-dire la croule conti-
nentale, et à pousser, le long d'anciennes lignes de fracture de l'écorce
primitive, des masses intérieures sous forme de chaînes de montagnes, à
mesure que les bassins des mers s'approfondissent de plus en plus. LaLune,
au contraire, n'a pas de mers. Les eaux profondes, si elle en a jamais eu,
n'y jouent depuis longtemps aucun rôle. Il n'est pas étonnant dès lors que
sa surface, criblée de cratères petits ou grands, présente un tout autre as-
pect, et qu'elle n'ait ni chaînes de montagnes, ni grands continents, ni
profondes dépressions. Elle n'offre même aucune trace d'érosions dues à
L'action des eaux; ses plages obscures sont visiblement dues à l'épanche-
menl de masses fondues venues de l'intérieur, plutôt qu'à l'accumulation
de sédiments transportés de loin par voie horizontale.
» Plus tard, je m'aperçus que cette loi rendait parfaitement compte de
(') On a objecté que cet abaissement considérable de température observé à 6ooom
ou 7000™ de profondeur, étant dû aujourd'hui à l'afflux des eaux, polaires, le phéno-
mène n'a pas dû exercer d'influence avant l'établissement des saisons sur le globe. Il
y a là une méprise évidente. La loi susdite tient à cette propriété de l'eau chauffée
en dessous de transmettre rapidement en haut, par convection, le moindre afflux de
chaleur; elle a donc dû exister à toutes les époques géologiques. On a objecté encore
que si l'on entretenait, à la surface de la croûte: terrestre, une région limitée à la tem-
pérature de 2000 au-dessus de la température du reste de la surface, cela n'aurait
aucun effet bien sensible sur le refroidissement des couches profondes à cause du
peu de conductibilité des roches. Là n'est pas la question. Il s'agirait, dans cette sin-
gulière supposition, de remplacer une couche d'eau épaisse d'une lieue et demie, qui
conduit parfaitement tout afflux de chaleur venant du bas, par une couche de roches
d'une lieue et demie d'épaisseur, dont la conductibilité en tout sens serait extrême-
ment faible.
e
( 74 )
la compensation plus ou moins complète dont je viens de parler. Elle a
pour corollaire et pour complément le travail de la pesanteur, des eaux et
des glaciers sur les parties émergées. Sur les flancs d'une vaste fracture,
relevés à des hauteurs considérables, les sédiments anciens glissent parfois
ou sont forcés de se replier; partout où l'écorce s'incline sur une surface
de niveau, les eaux entraînent les détritus qui vont former au loin des
sédiments nouveaux et modifient ainsi l'aspect du globe terrestre. Ce
second travail ne saurait donner lieu à une compensation, parce qu'il opère
dans un sens à peu près horizontal ; mais il en est tout autrement des ac-
tions verticales primordiales qui résultent de la différence de refroidisse-
ment entre les parties immergées et les parties émergées. Lorsque la croûte
sous-marine s'affaisse par son excès de densité, elle rapproche du centre des
matériaux trop denses, et en même temps l'eau supérieure remplit la
place qui lui est laissée libre au-dessus. Tl y a donc compensation partielle
ou totale. De même, lorsque la croûte continentale est peu à peu ex-
haussée par la poussée verticale de la masse interne qui résulte de l'af-
faissement susdit, elle est remplacée en dessous par une partie de la
masse liquide non encore refroidie et cristallisée; là encore il y a compen-
sation.
» Ce qui précède explique et complète la théorie des soulèvements en
Géologie. Ce qui manquait à Léopold de Buch et à A. de Humboldt, c'était
de pouvoir assigner la cause des puissantes impulsions qui, parties, suivant
eux, de l'intérieur, allaient çà et là soulever et bosseler l'écorce terrestre.
Notre théorie montre qu'elles sont dues à la réaction (sur des points
faibles) d'une masse fluide enfermée dans une écorce dont une partie con-
sidérable se refroidit plus vite que l'autre et se rapproche davantage du
centre par son excès de poids. En d'autres termes, il manquait à la théorie
des soulèvements la loi précédente du refroidissement pour un globe
recouvert en grande partie de mers profondes.
» J'ajouterai, pour tâcher de préciser quelque peu les idées, que la
masse interne, maintenue depuis des millions d'années à l'état de mobilité
ignée, n'exerce depuis longtemps aucun rôle géologique bien appréciable,
car elle n'est atteinte par le refroidissement que par l'intermédiaire de ses
couches en contact avec l'écorce solidifiée, où la marche de la chaleur est
déjà si lente, et, dans cette masse énorme de liquide où des courants de
toute sorte peuvent se produire, ces variations s'absorbent dans la niasse
entière, et ne sauraient affecter indéfiniment des parties isolées, comme
cela arrive dans l'épaisseur de la croûte solide.
( 75 )
» Dans cette niasse fluide, les couches se sont rangées de tout temps
d'après l'ordre des densités des espèces chimiques, lesquelles présentent
des lacunes fort disparates, mais ces couches doivent être restées homo-
gènes. Près de la croûte, dont l'épaisseur varie d'une région à l'autre, et
dans la croûte même, la succession des densités dans le sens vertical varie
d'un rayon à l'autre. Tl est difficile d'en apprécier l'effet sur les constantes
mécaniques du globe. Toujours est-il que les mesures géodésiques, indé-
pendantes de toute hypothèse sur ces variations, assignent à la Terre la fi-
gure d'une surface de révolution on se retrouve inaltéré l'effet de sa lente
rotation, parce que cet effet intéresse l'énorme masse du globe, tandis
que les dislocations superficielles n'intéressent que les minces couches
superficielles. De même, les mesures des astronomes assignent à la Lune
une figure analogue (sans aplatissement) dans laquelle subsiste le faible
renflement double que Laplace a découvert par la théorie et que les révo-
lutions sélénogràphiques n'ont pu altérer, parce que lui aussi intéresse la
masse entière de notre satellite.
» En terminant, je suis heureux de dissiper les cloutes que des critiques
mai fondées ont lait planer longtemps, surtout à l'étranger, sur l'œuvre
de la grande Commission du système métrique; on peut seulement lui
reprocher, s'il est permis de s'exprimer ainsi, d'avoir adopté une vérité
capitale sur do simples analogies, alors que la démonstration de cette
vérité ne devait se compléter qu'au siècle suivant. »
.mécanique. — Note sur les poulies-volants ; par M. Léautë.
« Le poids des volants des machines à vapeur, que l'on fixait ancienne-
ment par des règles purement empiriques, s'obtient aujourd'hui, grâce
aux travaux de Coriolis et de Poneelet, par des formules algébriques ou par
des méthodes graphiques bien connues des constructeurs. On sait calculer
les dimensions d'un volant pour une machine destinée à effectuer un tra-
vail déterminé dans îles conditions données de régularité.
» Il s'est trouvé cependant, et surtout dans ces dernières années, que
pour certaines applications spéciales, comme, par exemple, pour l'éclai-
rage électrique, la régularité fournie par les volants ordinaires était insuf-
fisante et qu'il y avait lieu d'en augmenter l'énergie.
» Mais l'accroissement de la puissance d'un volant n'est pas sans pré-
senter des inconvénients et plusieurs constructeurs, dans le but de les
( 76 )
éviter, ont eu l'idée d'utiliser les poulies de la transmission pour augmenter
la régularité du mouvement.
» Celte disposition est d'autant plus efficace, dans les cas dont nous par-
lons, que, les poulies marchant à une grande vitesse, il suffit d'une
faible augmentation du poids de la jante pour en faire des volants assez
énergiques, et elle peut donner d'excellents résultats si elle est appliquée
d'une manière judicieuse.
» Toutefois les constructeurs s'attachent généralement à conserver au
volant de la machine sa puissance habituelle, et l'on ne possède pas en-
core de données pratiques bien précises sur la diminution de poids que
l'on pourrait admettre pour cet organe si essentiel.
» A ce point de vue, une expérience, tentée récemment à la poudrerie
de Saint-Médard-en-Jalles par MM. Lecouteux et Garnier, présente un
intérêt tout particulier.
» Dans l'installation dont il s'agit, ces habiles constructeurs ont,
en effet, adopté précisément la disposition inverse de celle dont il vient
d'être question.
» Le volant de la machine n'a guère que le quart de la puissance qu'il
devrait avoir, d'après les règles connues, pour fournir la régularité obte-
nue; ce sont lespoulies de la transmission qui constituent, en réalité, pour
la majeure partie, la masse régulatrice du mouvement du moteur.
» Quant à la liaison entre la machine et la transmission, elle est réalisée
par un manchon à griffes, c'est-à-dire par un organe rigide et non par un
lien élastique. Ces particularités ont pour effet d'exagérer les réactions
des divers organes, de rendre plus sensibles les résultats pratiques de la
disposition adoptée et de faire plus décisive cette intéressante expérience.
» Malheureusement une dénivellation survenue dans l'installation en
question, dénivellation vraisemblablement due à l'insuffisance des fonda-
tions, a interrompu ces essais et il n'a pas été possible d'en tirer les ensei-
gnements qu'ils comportent.
» Mais, en attendant qu'ils puissent être repris, on peut aisément,
malgré l'absence de données expérimentales, se rendre un compte assez
evact des efforts qui se produisent dans l'ensemble de cette transmis-
sion.
» On reconnaît sans peine, en effet, que, au point de vue mécanique,
la disposition adoptée revient à celle d'une machine à vapeur ordinaire
dont le volant serait formé de deux parties : l'une calée sur l'arbre de
couche, comme d'habitude, et l'autre simplement iïxèe sur cet arbre par
( 77 )
une clavette sur laquelle elle serait ajustée à frottement doux et qui por-
terait la courroie de commande.
» Dès lors les phénomènes à étudier rentrent dans ceux que j'ai ana-
lysés dans ma Note insérée aux Comptes rendus du 4 février 1889, sur les
trépidations qui peuvent se produire dans l'engrenage de commande d'une
transmission actionnée par une machine à vapeur. Les procédés de calcul
que j'ai indiqués feront connaître les conditions à remplir dans ces sortes
d'installations pour éviter les contre-coups nuisibles au bon fonctionne-
ment de l'ensemble. »
chimie. — Sur une réclamation de priorité en faveur de M. de Chancourtois,
relativement aux relations numériques des poids atomiques. Note de
MM. Lecoq de Boisbaidrax et A. de Lapparext.
« En 1884, M. John Newlands réunissait sous le titre suivant ( ' ) : Sur la
découverte de la loi de périodicité et sur les relations qui unissent les poids ato-
miques, un certain nombre de Notes, antérieurement publiées par l'auteur
dans les Chemical News durant les années [864, iB65 et r866.
» Le butde cette publication était de revendiquer, en laveur de M. New-
lands, la priorité de l'énoncé de certaines relations numériques qui
existent entre les poids atomiques et qui permettent de grouper les corps
simples en familles naturelles. L'auteur avait soin d'établir (pie ses tra-
vaux avaient précédé ceux de Mendéléieff et il affirmait avoir été le pre-
mier à faire paraître (le 3o juillet 1864 j une liste où tous les éléments
connus se trouvaient rangés suivant l'ordre de leurs poids atomiques.
» Notre intention n'est pas de contester le mérite des travaux bien con-
nus de M. Newlands. Nous nous proposons seulement d'établir que la prio-
rité en cette matière ne saurait lui appartenir, attendu que plusieurs des
idées qu'il croit avoir énoncées le premier, en 1864, avaient été, deux ans
auparavant, formulées par un savant français devant l'Académie des
Sciences.
» Le 7 avril 1862, M. Béguyer de Chancourtois, alors ingénieur en chef
et professeur adjoint de Géologie a l'Ecole des Mines, présentait à I \eadé-
(') On tlie discovery 0/ the periodical law, and on relations among the atomic
weights. London, Spon, 1 884-
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, IV 2 ) ' '
( 7« )
mie un travail intitulé : Sur un classement naturel des corps simples ou ra-
dicaux, appelé vis tellurique. Dans deux Communications subséquentes
(21 avril et 5 mai 1862), l'auteur donnait sur son œuvre des détails com-
plémentaires. Le r3 octobre de la même année, il faisait hommage à
l'Académie du tableau lithographie qui résumait toutes ses idées. Enfin,
le 16 mars 1 863, il terminait par quelques considérations générales sur le
caractère numérique des corps simples, ainsi que sur les vérifications que
pourrait fournir l'analyse spectrale. Dans cette Note se rencontrait l'affir-
mation très explicite que les propriétés des corps sont les propriétés des nombres.
» L'idée fondamentale de la vis tellurique consiste à porter les valeurs
des poids atomiques le long de la génératrice d'un cylindre vertical, dont
la base circulaire a été divisée en 16 parties égales, 16 étant le poids ato-
mique de l'oxygène. Si maintenant on trace sur le cylindre une hélice in-
clinée à /|5° sur l'axe, chaque point de cette hélice peut être considéré
comme le point caractéristique d'un corps simple, dont le poids atomique,
proportionnel à la longueur correspondante de la spire, se lira sur la gé-
nératrice qui passe par ce point. A chaque tour de spire, l'hélice revient,
sur une même verticale, à des distances du sommet du cylindre qui sont
des multiples entiers de iG et marquent les corps dont les poids atomiques
satisfont à cette condition. De même, les divers points d'intersection de
l'hélice avec une quelconque des seize génératrices principales correspon-
dent à des éléments dont les poids atomiques diffèrent entre eux de 16 ou
d'un multiple de 16. Enfin si, après avoir développé le cylindre sur un
plan, ce qui transforme l'hélice en une série de tronçons droits parallèles,
on joint par une ligne droite deux points quelconques pris sur deux
tronçons, après l'enroulement cette droite engendrera une hélice secon-
daire et les intersections de cette dernière avec les diverses spires de l'hé-
lice principale marqueront des corps pour lesquels les différences des
poids atomiques seront des multiples d'une quantité constante. De cette
manière, le développement de la vis tellurique, par un simple tracé de lignes
droites, permet de mettre en évidence bien des relations numériques
simples, qu'il eût été moins facile de deviner à la seule inspection des
chiffres.
» Les relations ainsi établies entre les poids atomiques correspondent
pour la plupart à de réelles analogies dans les propriétés des éléments
correspondants. C'est ce (pie M. de Chancourtois affirmait, dès sa pre-
mière Note, en disant, d'abord, que les « rapports des propriétés des corps
( 79)
» sont manifestés par des rapports simples de position de leurs points
» caractéristiques »; ensuite que « chacune des hélices menées par deux
» points caractéristiques et passant par plusieurs autres points, ou seule-
» ment à proximité de ces derniers, met en évidence des rapports de pro-
» priétés d'un certain genre, les analogies ou les oppositions se manifes-
» tent par certains ordres numériques de succession, comme la séquence
» immédiate ou les alternances à diverses périodes ».
» La vis telluriqite offre donc à la fois : classement des corps simples
suivant l'ordre de leurs poids atomiques et mise en évidence d'une pério-
dicité véritable. C'est justement ce que M. New la nd s a réclamé comme lui
appartenant en propre. Il n'est pas jusqu'à la comparaison de la périodi-
cité atomique avec celle de la gamme musicale, dont on ne puisse dire
qu'elle a été, sinon proclamée, du moins entrevue par M. de Chancour-
tois; car, dans sa Note du 5 mai 1862, il dit expressément : « On ne peut
» s'empêcher de remarquer la prédominance du nombre 7 dans les groupes
» de types occupant les spires les mieux garnies — On arrive facilement «à
» l'idée de transformer le cylindre, sur lequel est réalisée la vis, en un tube
» sonore percé aux points caractéristiques. » Mais surtout quand il pu-
bliait, en 1 863, un Cahier contenant, avec ses Notes à l'Académie, quelques
additions en petits caractères, que le cadre des Comptes rendus ne lui avait
pas d'abord permis de donner in extenso. M. de Chancourtois parlait de :
« développements directs du système, qui font apercevoir en même temps
» des rapprochements de la série actuelle de caractéristiques numériques
» avec la série des sons musicaux et avec celle des bandes et raies du
» spectre ».
» Nous sommes loin de prétendre que la théorie de la vis fût exempte
de défauts, ni que l'auteur n'ait pas greffé sur son œuvre bien des consi-
dérations qu'il eût mieux valu laisser dans l'ombre. Plusieurs rappro-
chements étaient inexacts, ou forcés, et quelques-uns témoignaient d'une
part trop grande accordée à l'imagination. Trop confiant dans la vertu des
nombres entiers (et même des nombres premiers), M. de Chancourtois
partait de cette idée, que dans les séries naturelles les différences entre
les poids atomiques doivent être constantes (erreur qu'on retrouve aussi,
du reste, dans les premiers travaux de M. Newlands). S'il apercevait bien
certaines lacunes dans la série des éléments, il essayait de les combler en
imaginant de nouvelles variétés des corps simples connus (qu'il appelait
caractères secondaires), ce qui souvent le conduisait à des groupements
très peu conformes aux analogies naturelles.
Esquisse de la vis tellurique.
0 2 <f 6 8 10 12 11» 16
(HJD)Hydrogène
( HO)Hjdrogène
Lithium
(GlO)Glucinium
Bore
Carbone
A rote
Oxjgène
Aluminium
rSiû2)Silicium
( Si 03) Silicium
(Diamant) Carbone
NikeF
Cobalt
Cuivre
(YtOmtrium
0 2 h 6 6 10 12 11» 16
II» 16
Nota. — On a entouré d'un cercle les points correspondant aux caractères numériques dits secon
daires.
(') Évidemment par erreur : ioo pour 96 = 64 + ':-; nombre d'ailleurs encore trop élevé.
( «1 )
» Néanmoins, la vis tellurique était, pour l'époque, une conception ori-
ginale et même féconde; car elle avait suffi pour faire deviner à l'auteur
rfue la formule de la zircone devait probablement s'écrire ZrO-, celle de
la glucine GlO et celle de l'yttria Yt'-O3. De plus, rien que la considéra-
tion de son hélice eût suffi pour suggérer à M. de Chancourtois l'idée
d'une légère correction qu'il convenait d'apporter au poids atomique du
cadmium.
» Comment se fait-il donc que celte publication, insérée dans le Recueil
le plus répandu qui soit au monde, celui des Comptes rendus, ait échappé
à l'attention de M. Newlamls, dont la bonne foi ne saurait être mise en
doute? C'est, croyons-nous, parce que le texte de M. de Chancourtois, un
peu obscur dans sa concision, n'était accompagné d'aucun dessin et que
le Mémoire original, distribué par l'auteur, n'a eu qu'une diffusion insuffi-
sante. Aussi pensons-nous bien faire de joindre à cette Note (en la dispo-
sant, pour plus de simplicité, sur deux colonnes parallèles qu'il conviendrait
d'ajouter bout à bout) une réduction de la partie du Tableau graphique
qui va de l'hydrogène au tellure. On y a fait figurer l'hélice secondaire qui
passe par le soufre, le fer, le sélénium, le tellure et qui, prolongée, irait
passer par l'or. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Corres-
pondant pour la Section de Chimie, en remplacement de feu M. Chance/.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 45,
M. Haller obtienl 43 suffrages.
M. Cazeneuve » i »
Il y a un bulletin blanc.
M. Hali.eiî, avant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. A. Aigxax adresse un Mémoire intitulé : « .Sur les prétendues com-
binaisons en proportions continuellement variables et la dissociation par
dissolution ».
(Commissaires : MM. Cornu, Troost, Schutzenberger.)
( *2 )
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel 'signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, le Tome 111 des « Œuvres complètes de Christiaan Huy-
gens, publiées par la Société hollandaise des Sciences (Correspondance,
1660-1661) ».
M. le Président présente à l'Académie le 4e Fascicule des Illuslrationes
Florce atlanticœ, publiées par notre regretté Confrère M. Cosson.
M. E.-A. Alix, M. E. Cley, M. Cl. Martin adressent leurs remercie-
ments à l'Académie pour les distinctions accordées à leurs travaux.
MÉCANIQUE. — Sur les petites oscillations d'un système soumis à des forces
perturbatrices périodiques . Note de M. E. Vicaire, présentée par M. Dar-
boux.
« Lorsqu'un système matériel est écarté très peu d'une position d'équi-
libre stable, si l'on en détermine à chaque instant la position à l'aide de
n variables indépendantes q,, q2, . . ., choisies de manière à s'annuler dans
la position d'équilibre, on sait que la demi-force vive T et la fonction des
forces U, réduites à leurs termes de moindre dimension, sont représentées
par deux fonctions quadratiques homogènes
T = I a,j q\ q) , U = S bu q, q, .
» La formule de Lagrange appliquée à ces expressions donne un
système d'équations différentielles du second ordre à coefficients con-
stants qui ont pour intégrales
('■) Sr< = 2x»A*C08(rt**"'"e*)« k—l,2,..,,n.
AA et 6A sont des constantes arbitraires; les \i.k sont les racines de l'équa-
( 83 )
tion caractéristique
< f* >
a, , [j.-
6,
+ l>,n
b„,
(1,,.,'J.-
o.
» .le suppose maintenant qu'aux forces constitutives du système vien-
nent s'ajouter des forces perturbatrices très petites, fonctions du temps
et généralement aussi des coordonnées ou même de leurs dérivées. Bien
qu'elles ne donnent pas lieu à une fonction des forces, la formule de
Lagrange ne cesse pas d'être applicable. Chaque point j-, y, s, sollicité
par une force dont les composantes sont X, Y, Z, donne en adjonction à
OU . . - .
-r — le trinôme
oqt
<>'/, tf'Ji <Jffi
» Ces forces perturbatrices étant indépendantes de celles qui détermi-
nent l'équilibre, ne s'annuleront pas en général dans la position d'équi-
libre, et, par conséquent, la somme des trinômes ci-dessus, développée
suivant les puissances de g,, q2, ...,</',, <y,, ..., contiendra un terme indé-
pendant de ces variables, par rapport auquel les termes suivants devront
être considérés comme des infiniment petits négligeables.
» Je suppose enfin que les forces perturbatrices, qui ne figurent plus
dans nos équations que comme des fondions du temps, soient périodiques.
Ces fonctions pourront se développer en séries trigonométriques. Par la
propriété fondamentale des équations linéaires, la solution sera la somme
de celles qu'on obtiendra en réduisant la série à l'un de ses termes. Je suis
donc ramené à considérer le cas où toutes les forces perturbatrices, ayant
même période et même phase, n'amèneraient dans chaque équation qu'une
seule fonction circulaire ayant partout le même argument. C'est ce que
j'appellerai une force perturbatrice simple.
» Au lieu des équations différentielles sans second membre de tout à
l'heure, nous avons maintenant des équations du type suivant
"h </, + ai2(f., +. . . 4- ainqn - biK q, — bi2q., - ... - binq„
» On obtient une solution particulière, en posant
(2) ?!=B,cos(co/ -hç)
F,cos(oj/ -1- <p).
( H )
avec les équations de condition
B,(aHu2+ £,,)-+- B2(ai2<o2+ èl2) + . . .4- F, = o,
B,(a2)co2+ b.ÀI)-h B!('(!2,w: + b3i)-\-, . .-+- F2 = o,
>. Ces n équations déterminent les n coefficients B et l'intégrale géné-
rale est la somme des expressions (i) et (2).
» Théorème. — Chaque force perturbatrice simple introduit dans le
système une oscillation simple dont la période est celle de la force et dont l'am-
plitude est déterminée pour chaque point, indépendamment des conditions ini-
tiales du mouvement.
» Le dénominateur commun des coefficients B ne diffère du détermi-
nant caractéristique (p.) que par la substitution de u à u. Ces coefficients
deviennent tous infinis si w est égal à l'une des racines de l'équation carac-
téristique. On reconnaît aisément qu'alors l'intégrale particulière change
de forme et devient
(3) q, = Cjt sin( -j.t-ho).
» Théorème. — Si la période de la force perturbatrice tend vers celle de
l'une des oscillations simples propres au système, l'amplitude de la perturba-
tion devient de plus en plus grande. A la limite, la perturbation se confond
avec l'oscillation simple correspondante, dont l'amplitude augmente indéfini-
ment avec le temps.
a II faut entendre le mot indéfiniment en ce sens que l'amplitude sort
des limites dans lesquelles les équations linéaires restent suffisamment ap-
prochées.
» Ce théorème donne l'explication d'un grand nombre de phénomènes,
tels que la mise en vibration d'une corde sonore quand l'air ambiant vibre
à l'unisson et non autrement, l'absorplion élective des ravons de lumière
et de chaleur par un milieu capable d'engendrer des rayons de même lon-
gueur d'onde, etc.
» Une application importante se rencontre dans les perturbations du
mouvement des locomotives. La masse de la machine, portée par des res-
sorts, forme un système assujetti à des oscillations de durée déterminée.
Les forces perturbatrices produites par l'inertie des pièces mobiles, pis-
tons, bielles, manivelles, donnent des sommes de projections ou de mo-
ments qui ont pour période principale la durée d'un tour de roue. Les
( 85 )
perturbations correspondantes doivent donc passer par un maximum
d'amplitude lorsque la vitesse est telle qu'il se fait un tour de roue pendant
la durée d'une oscillation.
» Ainsi paraissent s'expliquer certaines observations récentes qui indi-
quent, contrairement à ce qu'on avait toujours admis, l'existence de ce
maximum.
» J'espère pouvoir communiquer prochainement à l'Académie un tra-
vail spécial sur cette question. »
PHYSIQUE. — Remarques sur le théorème des états correspondants.
Note de M. E. Mathias, présentée par M. Sarrau.
« Cette Note a pour objet de vérifier par des résultats expérimentaux
la loi théorique des états correspondants due à M. Van der Waals et suivant
laquelle toute relation physique entre le volume y, la pression p et la tem-
pérature absolue T d'un fluide ne dépend que des rapports de ces variables
aux valeurs 77, <p, 0 qu'elles ont respectivement au point critique.
» Ainsi, par exemple, la relation entre la densité de la vapeur saturée à
et la température absolue T est de la forme
i =41)
la fonction / étant la même pour tous les corps, et A étant la densité cri-
tique. Il en serait de même pour la densité du liquide.
» Dans ce qui suit, je considérerai successivement la densité du liquide
et la densité de la vapeur saturée.
■» I. Densité du liquide. — Il existe très peu de données certaines sur la
variation de cette quantité au voisinage de la température critique. En
particulier, les expériences de MM. Cailletet et Mathias sur l'acide carbo-
nique liquide entre — 34° et + 2i° et celles de M. Ad. Blùmcke sur le
même corps entre o° et + 3o° sont très bien représentées par la formule
o" = 1,064 (m — 0,569+ T>655 \/ 1 — m ) ,
qui est la traduction, avec la notation des états correspondants ^ ' ), de la
(') M. Van der Waals pose p — tr:, c = «o,T = mS; t et m sont évidemment
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N- 2.) 12
( 86)
formule empirique que M. Cailletet et moi avons donnée antérieurement.
» J'ai reconnu que l'on représente avec approximation généralement
égale ou supérieure à -^ la densité de l'acide sulfureux liquide entre
+ 900 et -+- 1 56° ( température critique) par la formule
S' = i,23i2(/n — 0,5697 -+- [,665\/i — m),
que l'on peut considérer comme identique à la première à un facteur con-
stant près, ce qui justifie le théorème des états correspondants. Les coeffi-
cients 1,064 et 1,^3 12 de ces formules sont bien proportionnels aux den-
sités critiques o,45 et o,520, car on a
I ,o64 -jf-, I ,23 12
o,45
= 2,364, — *-? — = 2,367.
0,520 y
» Si, au lieu de considérer les formules, on prend les nombres expéri-
mentaux, on constate que l'écart entre la théorie et l'expérience suit une
marche régulière et croît à mesure qu'on s'éloigne de la température cri-
tique. La comparaison des tensions de vapeur saturée de l'acide sulfureux
et de l'éther, faite par M. Van der Waals, lui a fourni le même résultat (').
» Pour les températures très éloignées de la température critique, le
théorème n'est plus applicable, sans quoi tous les corps auraient, comme
l'eau, un maximum de densité à l'état liquide.
)> II. Densité des vapeurs saturées. — Les seules qui aient été étudiées
expérimentalement au voisinage de la température critique sont celles de
l'acide carbonique, duprotoxvde d'azote, de l'éthylène et de l'acide sulfu-
reux.
» Les formules empiriques que M. Cailletet et moi avons données pour
représenter, dans un intervalle de 6o° environ à partir du point critique,
la densité des trois premiers corps s'écrivent, avec la notation de M. Van
der Waals :
CO2 S = i,agS \i — m — 2.o,565y/i — «1 + 0,5994 )
AzO 3 =: 1,169 v1 — "* — 2. o,5Ô2 y/ 1 — ■ m ■+■ o,58o )
C'ÏV 8=o,53o5(i— m— 2.0,548 y/i — m +o,5^)2)
compris entre o et 1 ; quant à n, il varie entre | et -+- qo. Entre 1 et -Hoc, n se rapporte
à la vapeur saturée; entre f et 1 il représente l'état liquide. On voit que la densité
d'un corps à l'état liquide est toujours inférieure au triple de la densité critique. Cette
conséquence est évidente quand on considère Yisolherme réduite.
(') Van der Waals, Continuitât, etc., trad. Rotli, p. i3i ; 1881.
( «7 )
» Il est évident que les parenthèses sont des fonctions identiques de m;
c'est l'expression même du théorème des états correspondants. On peut
donc prévoir que la densité de vapeur saturée de l'acide sulfureux sera
représentée par une équation de même forme. J'ai pu, en effet, la repré-
senter très exactement entre -+- yS0 et + i56° par la formule
SO2 S = i,4328 (1 — «1 — 2.0,570^/1 — rn + 0,579 ).
» Les coefficients 1,295, 1,169, o,53o5, i,43a8 sont bien proportion-
nels aux densités critiques, car on a
1^ = 2)87, i^_9 85 ^2^=2,53, lr^ = 2,76.
O,40 ' y' 0,4l 0,2! 0,52 '
« D'une manière générale, on voit que la densité de vapeur saturée est
donnée, au voisinage de la température critique, par la formule empi-
rique à une constante
<5 = â(i — m — 2.o,565 y/i — m -+- 0,579 ),
abstraction faite de la très faible variation des constantes numériques.
Pour déterminer A, il suffit de connaître la densité critique du corps consi-
déré ; mais, qnand on reprend la notation ordinaire des températures, il faut,
en outre, connaître la température critique. »
THERMOMÉTRIE. — Solution pratique du problême de la colonne émergente
d'un thermomètre, par l'emploi d'une tige correctrice. Note de M. Ch.-
Ed. Guillaume, présentée par M. Cornu.
« L'échelle fournie par un thermomètre à mercure est définie dans la
supposition que l'instrument est exposé, au moins jusqu'à l'extrémité de
la colonne, à la température que l'on veut mesurer; or il arrive fréquem-
ment que le peu d'espace dont on dispose oblige à laisser émerger une
partie de la colonne, qu'il faut ramener, par une correction, à la tempéra-
ture de l'étuve ou du bain. Cette correction est loin d'être négligeable; en
effet, pour des températures comprises entre 3oo° et 35o°, telles que les
chimistes en mesurent journellement, la correction peut fort bien atteindre
i5 à 20 degrés, comme on le verra plus loin.
» Son expression générale est
(1) e = »a(T — t),
( 88 )
n étant le nombre de degrés non soumis à la température du réservoir;
a le coefficient de la dilatation relative du mercure dans le verre;
T la température du bain ou de l'étuve ;
t la température moyenne de la colonne, c'est-à-dire la quantité - / t dx,
où l =/(#) représente la température au point d'abscisse x.
» Les circonstances du phénomène sont trop variables pour qu'il soit
possible de déterminer exactement, d'une manière générale, la fonction/;
c'est pourquoi, jusqu'ici, on a cherché empiriquement la forme de la cor-
rection c pour certains cas déterminés.
» Regnault et plus tard Kopp substituaient à t la valeur de la tempéra-
ture ambiante; mais les recherches ultérieures de MM. Mousson, Wullner,
Holtzmann, Thorpe, Mills, Thiesen, ont montré que la correction ainsi
calculée est trop forte, et l'on a remplacé successivement n, a, T — t par
des nombres plus petits.
» Au début de mes recherches sur cette question, j'ai déterminé de
même une formule de correction pour les thermomètres dont nous nous
servons au Bureau international des Poids et Mesures; la correction cher-
chée était suffisamment bien représentée par une fonction de la forme
(2) -c = (n^.-)(a-0(T-V),
i, '£ étant de petites quantités, t' la température ambiante; égalant les
expressions (i) et (2), on peut en tirer la valeur de t, c'est-à-dire de
Jf(x)dx ; en variant n, on peut retourner, pour chaque cas particu-
lier, à la fonction/. J'ai cherché, en outre, à déterminer cette fonction par
points. J'ai employé, dans ce but, un thermomètre muni d'une petite am-
poule soufflée sur la tige ; cette ampoule, véritable réservoir thermomé-
trique, indique la température de la tige à l'endroit où elle se trouve, sans
troubler sensiblement sa distribution. Le thermomètre étant placé dans
un appareil à ébullition, horizontal ou vertical, fermé par un petit obtu-
rateur à lame de caoutchouc qui permettait de définir exactement la
longueur émergente, on retirait, l'instrument de quantités croissantes, et
on faisait les observations à des distances de l'appareil échelonnées de 2mm
en 2mm. Le résultat le plus saillant de cet ensemble d'expériences est que,
dans la détermination du point 100 d'un thermomètre à tige (par opposi-
tion à un thermomètre à chemise ou de forme allemande),' on ne commet
( »9)
aucune erreur sensible en laissant émerger le thermomètre de la quantité
strictement nécessaire à la lecture. Mais ces expériences, tout en fournis-
sant des données utiles pour un cas particulier, ne conduisaient pas
encore à une solution générale et pratique ; je suis cependant parvenu
à une solution satisfaisante, en abandonnant la recherche de toute for-
mule.
« Solution pratique. — ^Considérons une tige cylindrique contenant du
mercure, autrement dit un thermomètre dont on aurait coupé le réser-
voir. Cette tige, plongeant dans un bain par sa partie inférieure, se trou-
vera identiquement dans les mêmes conditions que la tige d'un thermo-
mètre émergeant de la même quantité; si donc elle a été graduée d'avance
dans la supposition qu'elle plonge en entier dans le bain, la différence
entre la lecture actuelle et celle qui correspond à la température du bain
donne directement la correction de la partie émergente ; je la nommerai
tige correctrice (').
» Supposons donc un thermomètre et une tige correctrice plongeant
côte à côte dans un bain et émergeant de la même quantité. Le thermo-
mètre indiquera la température approximative du bain ; le déficit entre
cette température reportée sur la tige correctrice et celle qui est indi-
quée sur cette dernière devra être ajouté, en longueur absolue, à la lec-
ture du thermomètre; en d'autres termes, la correction est donnée parla
différence de lecture du thermomètre et de la tige, multipliée par le rapport de
la longueur du degré sur la tige et le thermomètre; le calcul peut être fait en
deux approximations.
» Il restait à. montrer que cette solution est efficace; dans ce but, j'ai
fait exécuter quelques tiges correctrices par M. Tonnelot, l'artiste bien
connu, et j'ai entrepris deux séries d'expériences. Dans la première (me-
sures très précises avec une faible correction), je plaçais un thermomètre
dans une auge horizontale remplie d'eau, tandis qu'un autre thermomètre,
accompagné de sa tige correctrice, était suspendu de telle manière que son
réservoir et quelques degrés seulement fussent plongés dans le liquide;
j'ai fait ainsi, avec l'aide de M. L. Ozenne, cpxelques comparaisons entre ces
deux instruments. Dans la seconde série d'expériences, exécutées dans le
laboratoire de M. G. Vogt, à la Manufacture nationale de Sèvres (correc-
tion atteignant i4°avec une précision moindre), un thermomètre était fixé
dans le col d'un ballon de verre, dans lequel on faisait distiller de la
(') Un artifice analogue a été employé par M. Crova dans son pyromètre.
(90)
méthyldiphénylamhie brute; ou a fait quatre expériences : i° le thermo-
mètre est entièrement contenu dans le col du ballon ; 2° le thermomètre
est engagé seulement par une tubulure latérale; 3° le thermomètre est
replacé dans le col du ballon qui avait été coupé à mi-longueur; 4° répéti-
tion de la première expérience. Dans les expérienees 2 et 3, le thermo-
mètre était accompagné de sa tige correctrice. Au cours de cette opération,
la température du liquide s'est élevée peu à peu, et doit être interpolée
entre les expériences i et 4- Toutes les lectures de cette série ont été con-
trôlées par M. Vogt.
Première série (comparaisons).
Correction
Nombre
pour la
de
i hermomètre
colonne
Lecture
Thermomètre
Différence
degrés Température
vertical.
émergente.
corrigée.
horizontal.
V — H. émergents, ambiante.
o
0
0
0
u
0 0
25,663
-t-0,070
25,733
20,741
— 0,008
26,4 7,8
37,587
0,181
37,768
37,762
+0,006
38,3 7,1
46,194
0,270
46,464
46 , 45o
-r-0,0l4
45,7 8,. •
47,208
0,272
47,48o
47,478
-(-0,002
46,7 9,4
Deuxième série (distillation).
Correction
Nombre
pour la
Lecture
de
Température
Thermomètre. colonne
: émergeute.
corrigée.
degrés émergents
ambiante.
302
0
,4
0
»
0
3o2 ,4
0
0
»
288.
,5
• 4,3
3o2,8
278
ii,3
295
,2
10,0
3o5,2
160
12,4
3o6
,4
»
3o6,6
»
»
ÉLECTRICITÉ
. — Variations de conductibilité
des substances isolantes. Note
de M. Edouard Braxly.
« Dans une Communication précédente ( Comptes rendus du 24 no-
vembre 1890) j'ai fait connaître l'accroissement de conductibilité des mé-
taux en poudre sous l'action de l'étincelle et des courants. Cet accroisse-
ment était comparable à celui que produit une forte compression.
» Les résultats sont analogues quand on substitue divers diélectriques
à l'air interposé entre les particules de la poussière métallique.
» Plusieurs des substances employées ont une consistance pâteuse : tels
sont des mélanges d'huile de colza et de limaille de fer ou d'antimoine,
d'essence de térébenthine et de limaille de fer; d'autres sont solides.
( 9' )
» En composant une pâte de limaille métallique et de baume de Canada
fluidifié au bain-marie et en versant cette pâte dans une petite auge d'ébo-
nite entre deux tiges métalliques servant d'électrodes, on a un mélange
qui durcit par le refroidissement. Dans cet état, comme à l'état fluide, la
résistance peut s'abaisser de plusieurs millions d'ohms à quelques cen-
taines d'ohms, et, comme dans le cas des poudres métalliques simples ou
des poudres imbibées de liquides isolants, on revient à la résistance pri-
mitive en frappant sur la tablette qui supporte l'auge en ébonite.
» Cette diminution considérable de résistance est encore réalisée avec
un cravon solide formé en mélangeant en proportions convenables de la
fleur de soufre et de la limaille d'aluminium, que l'on chauffe dans un
tube de verre entre deux tiges métalliques, à la température de fusion du
soufre. Même résultat avec le ciment obtenu avec un mélange de résine
et de limaille d'aluminium versé à chaud dans un tube de verre.
i> L'accroissement de conductibilité des substances isolantes peut encore
être mis en évidence sous d'autres formes.
» Deux tiges cylindriques de cuivre rouge sont oxydées dans la flamme
d'un bec Bunsen, puis elles sont superposées en croix, chargées de poids
pour éviter les variations par trépidations et reliées respectivement aux
bornes d'une branche d'un pont de Wheatstone. La résistance principale
de cette branche réside dans les deux couches d'oxydes en contact. Une
mesure prise au hasard parmi un grand nombre accusait une résistance de
80000 ohms avant les étincelles d'une machine électrique indépendante;
cette résistance passait à 7 ohms après les étincelles.
« Un effet analogue est obtenu en superposant deux tiges d'acier
oxydées ou une tige d'acier et une tige de cuivre, toutes deux oxydées.
On peut encore poser, sur un plan de cuivre oxydé, un cylindre de cuivre
à tête hémisphérique également oxydé et appliqué par son poids. Au
lieu d'oxyder les deux surfaces en contact, il revient au même de les
recouvrir d'une très mince couche de résine. Les couches d'oxyde et de
résine deviennent et restent conductrices.
» Parmi les diverses dispositions expérimentales qui permettent de
réaliser ces effets d'influence électrique, j'en décrirai une qui me paraît
spécialement intéressante.
» La source électrique est une machine de Holtz à deux plateaux
mobiles. Son axe est animé d'un mouvement de rotation variant de 100
à Zjoo tours par minute. La substance sensible est intercalée dans l'une
des branches d'un pont de Wheatstone, à io"1 environ de la machine de
( 92 )
Holtz et de son excitateur. Entre l'excitateur et le pont de Wheatstone,
reliés à l'excitateur, courent parallèlement deux tubes cylindriques de
laiton A et A', isolés, écartés l'un de l'autre de /jocm. Les bouteilles de
Leyde annexées ordinairement à la machine de Holtz ont été supprimées,
mais la capacité des tubes de laiton joue le même rôle clans une certaine
mesure. Les sphères de l'excitateur sont distantes de iram ou omm,5, ou
même -— de millimètre. Pendant la rotation des plateaux, les étincelles
se succèdent très rapidement. Ces étincelles, à la distance de iom, n'exer-
çaient pas d'effet direct ; on s'en assurait dans un essai préliminaire, en
écartant les tringles qui établissaient la communication des conducteurs
de la machine avec les tubes de laiton parallèles, ou en éloignant de la
substance sensible les dernières parties des tubes de laiton, tout en les
maintenant reliées à l'excitateur, afin de ne pas modifier l'étincelle.
» Voici une façon fréquemment employée de conduire l'expérience.
» La substance étudiée est placée en K entre les deux, tubes parallèles, ou en face
de ces tubes, aune certaine distance des derniers tronçons qu'il a été commode de dis-
poser verticalement. Pour pouvoir mesurer au pont de Wheatstone la résistance K sans
avoir à se préoccuper de l'action électrique, et eu maintenant la régularité du mouve-
iiiiiii
liliiW
-oso
ment de rotation de la machine de Holtz, afin de rendre les observations successives à
peu près comparables, une règle métallique plate T est appliquée sur les conducteurs
métalliques des peignes ; cette règle ferme le circuit et suspend les étincelles en S entre
les sphères de l'excitateur. L'équilibre une fois établi au galvanomètre du pont, on
ouvre le circuit de la pile et l'on isole (]) momentanément le conducteur K, en faisant
(') La diminution de résistance se produit évidemment avec beaucoup plus de faei-
( 93 )
sortir des godets de mercure auxquels ce conducteur aboutit les fils de communica-
tions avec le pont.
» Cela fait, la traverse T est soulevée et maintenue soulevée dix secondes environ.
Fendant cet intervalle de dix secondes, des étincelles jaillissent en S entre les sphères
de l'evcitateur, et des courants de charge et de décharge successifs et très nombreux
circuleut dans chacun des tubes À et A'. C'est alors que la diminution de résistance
du conducteur K a lieu. La traverse T est replacée, on rétablit la communication entre
K. et le pont, puis on ferme le circuit de la pile. L'équilibre esl rompu au galvano-
mètre, on mesure la nouvelle résistance du conducteur K.
» Les deux tubes A et A' ne sont pas nécessaires, la diminution de résis-
tance est très facilement produite quand on n'en fait agir qu'un seul; il
résulte même de quelques expériences que l'emploi d'un seul conducteur
est dans certains cas plus efficace.
» Dans plusieurs essais les tubes A et A' ont été terminés par deux pla-
teaux métalliques parallèles figurant un condensateur à très large intervalle
d'air, dans lequel était compris le conducteur K.
» Avec la disposition expérimentale rpie je viensde décrire (machinede
Iloltz, excitateur et tubes A, A') et eu ne produisant en S que de très courtes
étincelles, le phénomène parait montrer beaucoup de fixité; il y a constam-
ment diminution de résistance, non seulement avec les plaques isolantes
métallisées, plombaginées, avec les tubes à limailles, avec les crayons so-
lides à ciment isolant, mais aussi avec les verres platinés, argentés et avec
des lames de verre recouvertes de feuilles métalliques très minces, or, alu-
minium, argent.
» Les expériences se font de la même façon avec les tubes A et A' en
remplaçant la machine de Holtzpar une petite bobine de Ruhmkorffou un
appareil à chariot dont les étincelles induites, extrêmement courtes, jail-
lissent en S, entre les deux tiges de l'excitateur, lorsque la traverse T est
soulevée. Avec une bobine, l'effet peut aussi être produit sans étincelles
en S, mais dans des conditions moins simples. »
PHYSIQUE. — Propriétés physiques et constitution moléculaire des corps
simples métalliques. Note de M. P. Jouitix, présentée par M. Mascart.
» Pour les corps qui suivent la loi de Dulong et Petit, on peut consi-
dérer le nombre n3 île molécules par unité de volume comme propor-
tionnel au produit de la chaleur spécifique par la densité.
lilé en n'isolant pas le conducteur K; mais cet isolement est favorable à l'analvse des
conditions du phénomène.
C. K., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N» 2.) ' >
( 9* )
» I. Si l'on prend comme abscisse la distance movenne - des molé-
cules d'un métal et comme ordonnée la résistance spécifique p correspon-
dante, on constate : i° qu'il est impossible de faire passer par tous les
points ainsi déterminés une courbe continue; 2° que deux courbes sim-
ples satisfont séparément au problème pour deux classes de métaux :
Second groupe.
Bi..
Te.
Se .
Ph.
Sb.
Pb.
As.
Sn.
Cd.
Zn.
Au.
Cu.
remier
groupe.
n
p.
5,193
i3o, 1
5,17
))
5,1
»
4,9-5
»
4,9°
35,2
4,78
19,0
4,7°
)>
4,607
i3,o
4,344
5,7
3,908
5,6
4,0
2
3,60g
),6
-64
-5oo
800
3o
2.5
o
i3
Co 3 , 5o3
Ni 3,553
Fe 3,6io
Pt
Al
Ag
Na
K
3,7.5
4,o8i
5,2
6,54
8,24
»
12,3
9,6
8,9
2,9
i,5
»
22
'7
12
2
» Ces Tableaux conduisent à des conclusions imprévues :
» i° Le premier groupe contient tous les métaux diamagnétiques et le
second tous les métaux magnétiques, à part l'argent. Toutefois, si l'on tient
compte des analogies de l'argent avec les métaux alcalins, magnétiques
d'après Lamy, de la faiblesse de son coefficient d'aimantation, on pourrait
penser qu'il y a erreur sur sa polarité. J'ai soumis le fait à l'expérience, en
comparant des échantillons d'argent pur de mon laboratoire avec des
échantillons de platine et d'aluminium ; tous les trois sont atlirables à
l'électro-aimant, le platine plus que l'aluminium et celui-ci plus cpie l'ar-
gent. Ce dernier devrait donc être regardé comme magnétique. Remarquons
que, pour obtenir les distances moléculaires relatives aux métaux alcalins
et à l'argent, on n'a pris que la moitié de leurs équivalents, afin de satis-
faire à la loi de Dulone et Petit.
» 20 Les métaux du premier groupe sont rangés de telle sorte que la
distance moléculaire diminue en même temps que la résistance, le zinc
excepté; pour ceux du second, la distance moléculaire augmente quand
la résistance diminue.
» Tout semble donc se passer comme si les corps diamagnétiques étaient
composés de particules plus conductrices que le milieu qui les entoure,
( 95 )
de telle sorte que plus elles seraient rapprochées, plus la conductibilité
augmenterait. Ils auraient une constitution analogue aux diélectriques de
Poisson. Au contraire, les métaux magnétiques paraissent formés de pa-
ticules moins conductrices que le milieu extérieur; on pourrait peut-être
ramener cette constitution à celle qu'Ampère supposait aux aimants.
» 3° On peut facilement trouver la relation cpii lie la conductibilité y,
ou l'inverse de la résistance spécifique p, à la distance moléculaire. En
posant TN = n3, les courbes sont bien représentées (le zinc excepté) par
les équations suivantes :
Premier groupe.
Deuxième groupe.
N6 = /iT"T'-6T+r,
, a— i,5,
avec ( b = 0,87,
{ c — 1 , 0/1 ;
/ 1 \"'T'— *'Y-*-c'
à = 0,626,
avec ■ //= 0,477,
'(•'=[ ,o3.
» D'ailleurs, pour tous les métaux cités, l'exposant dans les deux for-
mules diffère extrêmement peu de l'unité. De sorte cpie l'on peut dire :
» Pour les métaux diamagnétiques la conductibilité est sensiblement pro-
portionnelle à la sixième puissance du nombre de molécules ;
» Pour les métaux magnétiques la conductibilité est sensiblement en raison
inverse de la même puissance de cette dislance.
n Le zinc seul a une conductibilité qui devrait lui donner une distance
moléculaire égale à celle du cadmium dont il est si voisin.
» 4° Si l'on admet la proportionnalité entre les conductibilités calorifique
et électrique, on arrivera pour celle-là aux mêmes conclusions.
» II. La comparaison des pouvoirs thermo-électriques s conduit aux
mêmes résultats. Les différents points obtenus se trouvent encore sur deux
courbes distinctes, chacune d'elles comprenant exactement les mêmes
métaux que précédemment.
» Pour les métaux diamagnétiques on observe un maximum considé-
rable dans la réçion des grandes distances moléculaires; pour les métaux
magnétiques un maximum bien plus faible se trouve dans la région des
petites distances. Les courbes descendent d'ailleurs presque verticalement
de chaque côté du maximum; elles restent ensuite parallèles à l'axe des
abscisses, et très voisines de cet axe.
( 9« )
» Les équations suivantes représentent bien chacun des Tableaux :
Premier groupe.
Deuxième groupe.
,L(6«l8-i)
£ = * "" sis'
(6„8-I)
L fi- 2,54)
7.' \n 1
(--2;34)
x
, en posant 6, 18 = (n"' ) et
i
n
— 2,54 = (j5î) .
ou
e = - ~N'°L.Y et e'= -|-N"flL.N".
» III. Restent enfin les coefficients d'aimantation. Ici encore on ob-
tient deux courbes; l'aimantation positive ou négative n'est sensible que
pour les très petites ou les très grandes distances moléculaires. Ces deux
courbes présentent la même disposition que celles de la thermo-électricité,
mais pour ainsi dire inverse : aux grands pouvoirs thermo-électriques
(Bi, Se, ...) correspondent de faibles aimantations négatives; aux faibles
pouvoirs thermo-électriques (Ni, Fe, . ..), les grandes aimantations posi-
tives. L'équation de ces courbes doit être de la même forme que les pré-
cédentes, mais les coefficients sont trop peu connus pour que j'aie tenté
de les calculer.
» Quelques-uns de ces résultats ( pour l'aimantation) avaient été énoncés
sous forme d'hypothèse par Matteucci et de la Rive; mais n'ayant pas
aperçu la distinction absolument nécessaire entre les propriétés des deux
classes de métaux, ils avaient trouvé autant d'exceptions que de confirma-
tions à leurs idées, notamment pour les métaux alcalins qui auraient dû
avoir un magnétisme négatif, et le cuivre au magnétisme positif.
» En résumé, toutes les propriétés physiques des métaux d'un même
groupe dépendraient exclusivement de la distance de leurs molécules, les
deux groupes se distinguant par la conductibilité relative de ces molé-
cules. »
TÉLÉPHONIE. — Sur l' intensité des effets téléphoniques.
Note de M. E. Mekcadier.
« L'intensité des effets d'un téléphone dépend principalement : de
l'épaisseur du diaphragme, de son diamètre, de l'intensité de son champ
magnétique, de la forme de ce champ et des bobines induites.
( 97 )
» I. J'ai déjà étudié l'influence de l'épaisseur du diaphragme (Comptes
rendus, 8 et i5 avril 1889) et montré que, pour tout téléphone de champ
magnétique donné, il y a une épaisseur du diaphragme qui donne un maxi-
mum d'intensité.
» II. Influence du diamètre du diaphragme. — On peut, étant connue
l'épaisseur du diaphragme qui correspond au maximum d'effet, faire varier
le diamètre.
» On constate alors l'existence d'un diamètre qui donne aussi la meil-
leure intensité. Ce résultat tient à deux; causes : 1" le champ magnétique
du noyau ne produit un effet sensible que dans une région limitée du
diaphragme; dès lors, en augmentant le diamètre, on augmente la partie
inerte au point de vue de l'induction et non la partie induite; 1° en aug-
mentant le diamètre progressivement, on augmente sans doute sa flexi-
bilité et l'on favorise la production de ses mouvements; mais, d'autre
part, on augmente aussi la masse, et, par suite, la difficulté de produire ces
mouvements pour des variations nécessairement limitées du champ ma-
gnétique.
» Tl en résulte d'ailleurs, et l'expérience le confirme, que le diamètre
qui produit le meilleur effet doit être d'autant plus grand que le champ
est plus intense. On explique ainsi comment des téléphones à grands dia-
mètres et à champs magnétiques relativement intenses, comme les télé-
phones Gower, Pollard, etc., ne produisent pas d'effets plus grands que
des instruments à champs plus faibles, mais de diamètres réduits, comme
les téléphones d'Arsonval, Ader, Aubry, etc.
» Il y a donc lieu, si l'on veut obtenir avec un téléphone le maximum
d'effet, de combiner convenablement l'épaisseur et le diamètre du dia-
phragme suivant l'intensité du champ magnétique dont on dispose.
» III. Influence de l'intensité du champ. — Cette influence est loin d'être
aussi grande qu'on pourrait le croire au premier abord.
» J'ai fait à ce sujet des expériences très variées, en aimantant les
noyaux en fer doux des bobines induites à l'aide d'un électro-aimant, au
lieu de les fixer, comme on le fait d'habitude, sur les pôles d'un aimant.
Il est facile ainsi, en faisant varier l'intensité du courant qui anime l'électro-
aimant, de produire des champs magnétiques de grandeurs très diffé-
rentes.
» Or, en opérant ainsi graduellement, on arrive rapidement à une limite
à partir de laquelle l'effet du téléphone ne varie plus sensiblement.
)> Cela tient : d'abord à ce que la masse de fer du diaphragme devient
(98 )
rapidement incapable d'absorber dans son intérieur toutes les lignes de
force du champ, et une partie de plus en plus grande de celles-ci traverse
le diaphragme, ainsi qu'on s'en aperçoit en y jetant de la limaille de fer :
dés lors une portion de plus en plus grande du champ reste sans utilité
pour la production des effets téléphoniques. En second lieu, il huit re-
marquer que ces effets sont dus, en définitive, à des déformations des
lignes de force du champ; que celles-ci résistent d'autant plus à la défor-
mation due à l'énergie des ondes provenant de la voix que le champ ma-
gnétique est plus intense, et que cette énergie est nécessairement limitée.
Ceci s'applique également bien au téléphone-récepteur où l'énergie de la
voix est remplacée par celle des ondes électriques que le transmetteur a
produites.
» On s'explique ainsi l'insuccès de beaucoup de tentatives faites pour
augmenter l'intensité des effets d'un téléphone en augmentant l'énergie
de son champ magnétique, et comment, en définitive, on s'est décidé, dans
la pratique, à ne se servir que d'appareils de petites dimensions dont les
aimants sont relativement faibles, et qui sont d'ailleurs plus maniables.
» IV. Influence de la forme du champ et des l>obines induites. — On peut
dire qu'à ce sujet toutes les formes possibles ont été essayées. Mais il est
évident que, théoriquement, la forme dans laquelle les lignes de force sont
perpendiculaires à la direction du fit des bobines est la meilleure, toutes
choses égales d'ailleurs. C'est ce que M. d'Arsonval a montré en le réali-
sant dans son téléphone, et mes propres expériences à ce sujet sont con-
formes à ses conclusions.
» De plus, les variations de la forme du champ, source des effets télé-
phoniques, peuvent être facilitées par la plus ou moins grande mobilité du
champ, et celle-ci peut être augmentée jusqu'à un certain point par la mo-
bilité de l'aimant et des noyaux des bobines : c'est le résultat obtenu ré-
cemment par M. Aubrv, en fixant l'aimant à une plaque vibrante; mais il y
a là aussi une limite qu'il ne faut pas dépasser et que l'expérience dé-
termine.
» En résumé, il résulte de ces derniers faits connus que je viens d'indi-
quer et de mes propres recherches que, pour obtenir d'un téléphone le
maximum de rendement, il faut réaliser principalement les quatre condi-
tions suivantes : i° favoriser la mobilité des lignes de force du champ;
2° faire traverser les lignes de force par le plus grand nombre possible des
fils des bobines et perpendiculairement à leur direction ; 3° diminuer l'épais-
seur du diaphragme jusqu'à celle qui est juste suffisante pour absorber le
v 99 )
plus grand nombre des lignes de force existant dans son voisinage ; l\° aug-
menter le rapport du volume induit du diaphragme au volume total, ce
qui conduit à diminuer le diamètre jusqu'à une certaine limite. »
PHYSIQUE. — Appareil de projection lumineuse, applicable aux balances de
précision, à l'effet d'obtenir des pesées rapides. Note de M. A. Collot fils,
présentée par M. Friedel. (Extrait.)
« Cet appareil de projection lumineuse, adapté à une balance de pré-
cision, permet d'obtenir des pesées très rapides : pour une même ap-
proximation, la vitesse d'oscillation devient cinq ou six fois plus grande,
et, par la méthode employée, les derniers centigrammes, les milligrammes
et leurs fractions s'apprécient directement, avec contrôle immédiat. Comme
l'appareil est indépendant des organes de la balance, il peut se placer sur
toutes les balances de précision existant déjà dans les laboratoires.
» La modification apportée à la balance consiste à déplacer le centre de
gravité du fléau de façon à diminuer la sensibilité et, par suite, à obtenir
une vitesse beaucoup plus grande ; puis, par des moyens optiques, aug-
menter considérablement l'amplitude des oscillations. Au lieu d'observer
( IOO )
les oscillations au microscope, on les projette sur un écran divisé, formant
cadran, dont la division est vue par transparence.
» L'appareil est formé par un petit objectif achromatique, qui termine le
corps d'un microscope dans lequel se trouve l'écran divisé qui reçoit
l'image amplifiée du réticule fixé sur l'aiguille, réticule sur lequel se
trouvent projetés les rayons, condensés au moyen d'une forte loupe, qui
proviennent d'une source lumineuse placée derrière la balance. La mise
au point se fait au moyen d'un pignon et d'une crémaillère.
» La source lumineuse actuellement employée est un bec de gaz avec
réflecteur ('); il est placé dans une boîte en noyer, pour éviter toute pro-
jection de chaleur sur la balance : ce bec, ainsi isolé, n'est allumé que
pendant une ou deux minutes au maximum, à la fin de chaque pesée ;
aussi, en fixant un thermomètre dans la cage, on constate qu'il ne se pro-
duit aucune variation, même très faible, de température.
» Pour exécuter une pesée, le gaz étant établi en veilleuse, "on procède
comme pour une balance ordinaire, jusqu'à ce que l'extrémité de F aiguille
ne sorte plus du cadran inférieur : on compte alors la différence des
nombres des divisions faites par l'aiguille à droite et à gauche du zéro.
Cette différence, multipliée par la valeur approchée, en milligrammes, de
chaque division de ce cadran (valeur donnée avec l'instrument), donne
immédiatement le nombre de centigrammes et de milligrammes qu'il faut
ajouter aux poids déjà placés sur le plateau de la balance pour avoir
l'équilibre, à une demi-division près du cadran inférieur. La valeur de
chaque division de ce cadran varie de 3mgr à io"16'', suivant que la balance
accuse omgr,io ou o'ngr,5. Comme le cadran comprend 10 divisions de
chaque côté du trait-miiieu, on apprécie ainsi sans tâtonnements les trois
derniers centigrammes ou le dernier décigramme, suivant la sensibilité.
» A ce moment, on ferme les portes de la cage, pour éviter tout courant
d'air, on ouvre le gaz au moven d'un robinet régleur et l'on met la balance
en marche en abaissant d'abord le bras, puis l'arrêt des plateaux; on lit
alors la différence des divisions parcourues à gauche et à droite, |sur le
cadran lumineux, par l'image du réticule. Sur ce cadran, les images sont
renversées, mais la pratique fait rapidement disparaître cette petite diffi-
culté. Ce nombre de divisions indique le nombre de milligrammes et de
fractions de milligramme dont il faut déplacer le cavalier sur sa règle,
pour obtenir l'équilibre parfait, équilibre que l'on vérifie par une simple
(V) Le bec de gaz peut être remplacé par une petite lampe électrique.
( ioi )
lecture. Chaque demi-division du cadran correspond, comme poids, à Ja
sensibilité indiquée pour l'instrument.
» Avec un peu d'habitude, une pesée exécutée suivant les indications
précédentes s'effectue en un temps égal au £ ou au £ du temps moyen né-
cessaire avec une balance ordinaire. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du phénol sodé et du naphlol sodé sur le camphie
cyané. Note de M. J. Mixglix, présentée par M. Friedel.
« Dans une Noie publiée récemment aux Comptes rendus, j'ai montré
que le benzvlate de soude, réagissant sur le camphre cyané, donne nais-
CH2CAz
sance au composé C8H14^ et que, dans les eaux de lavage pro-
xco-c7ir
CIPCAz
venant de la préparation de ce corps, on trouve l'acide C8H'*^
XCOOH
» Le phénol et le naphtol se comportent d'une façon absolument iden-
tique.
» i° Action du phénol sodé. — J'ai chauffé en tubes scellés à 20o°-220° pendant
vingt-quatre heures ioSr de camphre cyané, i5sr d'acide phénique, tenant en dissolu-
tion o°r,5 de sodium. Le phénate de soude a été préparé dans le tube lui-même. On a
eu soin de rendre la masse bien homogène et l'on a introduit le camphre cyané. Les
tubes, en sortant du bain d'huile, contiennent une masse excessivement visqueuse
qu'on" traite par l'eau chaude. On reprend par l'éther; la solution éthérée est lavée
plusieurs fois avec de la potasse. On chasse l'éther, on distille. On obtient ainsi une
huile très visqueuse, colorée en brun, passant à la distillation entre 265°-270° sous une
pression de 4cm de mercure en se décomposant partiellement. Son pouvoir rotatoire
dans l'alcool est au = -+- 260, 66. Saponifié par la potasse aqueuse, ce corps donne
de l'acide hydroxycamphocarbonique et de l'acide phénique avec dégagement d'am-
moniaque.
GH2CAz
» Par analogie, on peut lui attribuer la formule de constitution C8H" ,
XC02C6IP
CH2CAz
ce qui en fait un éther phénylique de l'acide C8H1V . Cet acide, d'ailleurs,
XCOOH
existe dans les eaux de lavage à l'état de sel de soude.
a 20 Action du naphtol sodé (3. — On a chauffé en tubes scellés à 2oo0-22o° pen-
dant vingt-quatre heures iosr de camjjhre cyané, i3srde naphtol ayant dissous osr,5 de
sodium.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXI1, N° 2.) '4
( 10a )
» On a fait réagir le sodium sur le naphtol fondu dans le tube lui-même. On a in-
troduit le camphre cyané et Ton a eu soin de bien mélanger toute la niasse. En ou-
vrant les tubes, on ne constate pas de pression.
» On remarque une masse vitreuse qu'on traite par une solution tiède de potasse.
La masse change d'aspect, et l'on obtient un corps solide qu'on reprend par l'éther.
Cet éther, lavé plusieurs fois avec de la potasse, abandonne par évapora tion des cris-
taux qui ne deviennent blancs qu'après un certain nombre de cristallisations. Ce corps
fond à 1 1 7° ; l'éther, l'alcool le dissolvent assez difficilement. Il est plus soluble dans
la benzine et le toluène. Le rendement est faible; j'ai obtenu iosr de ce corps pour
4osr de camphre cyané employé. Son pouvoir rotatoire dans le toluène est oc0=-(- i7°,i.
CFPCAz
n L'analyse conduit à la formule C8 H14 . C'est l'éther naphtylique de
NCOsCVH'
l'acide cité plus haut. La saponification de ce corps par la potasse donne naissance à
un dégagement d'ammoniaque; il y a formation d'acide hydroxycamphocarbonique et
de naphtol.
» J'espère pouvoir indiquer sous peu les résultats obtenus dans le trai-
tement de l'éther camphocarbonique par l'alcool benzylique, le phénol et
le naphtol sodés. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur la production des alcools supérieurs pendant la
fermentation alcoolique. Note de M. L. Lindet, présentée par M. Du-
claux.
« Une des questions les plus intéressantes que l'on puisse se poser, dans
l'étude de la fermentation alcoolique, est celle de l'origine des alcools su-
périeurs. Ces alcools se rencontrent dans tous les liquides fermentes et
l'on est en droit de supposer qu'ils sont les produits nécessaires de la fer-
mentation normale et font partie de ce que l'on a appelé l'équation alcoo-
lique. J'ai voulu vérifier cette hypothèse, en faisant fermenter un moût, et
en recherchant les alcools supérieurs dans ce moût à différentes époques
de sa fermentation. Si ces alcools supérieurs se présentent à tout moment,
par rapport à l'alcool produit, en proportion constante, c'est qu'ils pro-
viennent effectivement de la décomposition du sucre par la levure, au mo-
ment où celle-ci accomplit sa fonction alcoolique; si la proportion en varie,
au contraire, du commencement à la fin de la fermentation, il faudra at-
tribuer à la formation de ces alcools une origine différente. C'est à oetle
conclusion que semble avoir abouti l'expérience que j'ai l'honneur de
soumettre à l'Académie.
( io3 )
» J'ai choisi, pour faire cette expérience, un moût de grains que j'ai préparé moi-
même en suivant les procédés industriels actuellement en usage dans les fabriques de
levure; 4hlit,20o de moût (dans la composition duquel entraient, par hectolitre, 8ks de
maïs, 8"s de seigle, 8ks de malt d'orge, soit au total iooks de grains), ont été acidulés
(25r,6 SOlH2 par litre), et mis en levain, en cuve ouverte, avec 75osr de levure spé-
cialement choisie à la distillerie de Maisons-Alfort. La fermentation, qui a duré trente-
huit heures, dont la température s'est élevée de 200 à 270 pour revenir à 200, s'est ef-
fectuée d'une façon normale.
» J'ai prélevé des échantillons de moût quatorze heures (i5om), vingt heures (1 iolil),
et trente-huit heures (So1'1) après la mise en levain, et je les ai distillés au moyen d'un
alambic brûleur que M. ILgrot a bien voulu mettre à ma disposition. J'ai obtenu de
cette façon trois flegmes correspondant à la composition du moût, au moment où
celui-ci contenait 1 ,84 ; 3,44; 6,27 pour 100 d'alcot>l. J'ai cru également intéressant
d'abandonner vingt-quatre heures dans la cuve le reste du moût dont la fermentation
venait d'être terminée pour le distiller ensuite, et obtenir ainsi un quatrième flegme.
» Les quatre flegmes ont été concentrés dans un appareil à colonne de M. Deroy et
les alcools ont été analysés par la distillation fractionnée dans des tubes Le Bel et
Henninger. En conduisant ces distillations sur les mêmes quantités d'alcool, au moyen
des mêmes tubes, dans des conditions identiques en un mot, j'ai pu séparer des quan-
tités d'alcools insolubles qui présentent entre elles des différences assez grandes pour
qu'on ne puisse les attribuer à des erreurs d'analyse.
Durée Quantité . Alcools
île la fermentation Alcool produit d'alcool Quantité insolubles
après pour 100 à ioo° soumis d'alcools insolubles par litre
la mise en levain. du moût. a l'analyse. obtenus. d'alcool.
h lit ce ce
14 1,84 2,800 10,2 3,64
20 3,44 a,65o 11,8 4,45
38 6,27 ?.,655 17,. 6,44
24 après la fermentation. 6,55 2,63o 24,2 9,20
» Pour bien saisir la marche progressive que la formation des alcools
supérieurs a suivie, il m'a paru avantageux de calculer la proportion
d'alcools supérieurs produits pendant chaque période par rapport à la
quantité d'alcool formé pendant le même temps; on se trouve alors en
face de chiffres qui montrent de la façon la plus nette que la production
des alcools supérieurs a été lente au début, pour devenir des plus actives
une fois la fermentation terminée.
Alcools supérieurs
Alcool formé formés pour 100
dans iooHl dans ioo1" de l'alcool
de moût. de moût. formé,
h h lit ce ce
De o à i4 1 ,84 6,62 o,36
De i4 à 20 1 ,60 8,69 o,54
De 20 à 38 2,83 25,i3 0,88
24h heures après la fermentation . 0,28 39,82 14,07
( io4 )
» En face de ces résultais, il est impossible de conclure que les alcools
supérieurs soient uniquement produits par la' fermentation normale du
sucre, et il faut attribuer à une autre cause la formation de la majeure
partie de ces alcools.
» Tout d'abord il convient de ne pas perdre de vue ce fait, qu'à la fin
de la fermentation la vie de la levure peut être troublée par les phéno-
mènes d'autophagie. Ne trouvant plus de sucre à sa disposition, elle dé-
compose la réserve hydrocarbonée, le glycogène qu'elle a accumulé pen-
dant sa vie de ferment, et il est possible qu'à ce moment elle donne
naissance à des quantités d'alcools supérieurs différentes de celles qu'elle
a produites au cours même delà fermentation.
» Mais il est de ces expériences une interprétation plus probable qui
me porte à admettre que les alcools supérieurs sont dus, pour la plus
grande partie du moins, au développement d'un organisme microscopique
dont l'action se trouve, au début de la fermentation, étouffée par l'action
de la levure, et qui reprend son activité quand celle-ci a terminé son
œuvre.
» On peut, en se plaçant au point de vue industriel, tirer de ce travail
des conclusions intéressantes.
» On sait que, par la fermentation dite complémentaire, le vin, le
cidre, la bière, prennent un bouquet qu'ils n'avaient pas aussitôt après la
fermentation tumultueuse terminée. Pendant cette fermentation complé-
mentaire, l'alcool s'éthérifie au contact des acides; mais, en même temps,
comme je viens de le montrer, des alcools supérieurs se forment, alcools
supérieurs dont l'odeur est repoussante quand ils sont isolés, mais qui,
en faible quantité, donnent à l'alcool un arôme spécial, alcools supérieurs
dont les éthers, en tout cas, auront un parfum plus accentué que les
éthers de l'alcool éthvlique.
» S'il est bon d'abandonner les boissons à la fermentation complémen-
taire, pour parfaire l'arôme qu'elles doivent posséder, il n'en est pas de
môme des moûts industriels qui sont appelés à fournir des alcools neutres.
Plus on attendra avant de passer ces moûts à la colonne, plus on s'exposera
à voir des alcools supérieurs se former, qui diminueront à la rectification
le rendement en alcool bon goût. »
( io5 )
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Nouvelle méthode pour la recherche des huiles
d'olive et de graines, applicable également aux beurres naturels et aux
beurres margarines. Note de M. Raoul Brujllé.
« Les recherches poursuivies depuis quelques années, à la station agro-
nomique de Nice, pour la découverte d'un procédé permettant de distin-
guer facilement les huiles d'olive des huiles de graines ou de leur mélange,
nous amènent à décrire le mode d'emploi d'un réactif qui nous paraît
appelé à rendre de réels services. Dans les Comptes rendus du i5 juil-
let 1889, nous avons exposé nos premiers essais ; nous venons les com-
pléter en indiquant une modification qui rend le procédé plus pratique.
« Le réactif que nous employons est une solution de nitrate d'argent
à 25 pour iooo dans de l'alcool de vin à f)5°.
» On verse clans un tube d'essai environ I2CC de l'huile à examiner et 5CC de réactif.
On place ensuite le tube dans une capsule ou un vase en verre de Bohême contenant
de l'eau maintenue à l'ébullition. On observe, à travers le verre, les changements de
teinte subis par les liquides du tube.
» Il est essentiel de filtrer l'buile, pour peu qu'elle n'offre pas une limpidité par-
faite.
» Nous avons essayé ce réactif sur des huiles de toutes provenances.
Les résultats sont tellement tranchés, si on s'adresse même à des huiles
d'olive de différentes qualités, que nous pouvons, par un essai, assigner
à chacune sa valeur commerciale.
» Les huiles d'olive vierges, c'est-à-dire de première foulée, donnent, avec le réac-
tif, une belle teinte vert tendre, bien limpide.
» Les huiles de qualité inférieure, de deuxième et de troisième foulée, qui con-
tiennent une petite proportion d'huile provenant des noyaux, noircissent légèrement
ou deviennent d'un rouge pâle, mais ne tardent pas à prendre une teinte verte très
intense.
» Les huiles d'olive, même fortement colorées, subissent celte réaction. Elle est un
peu plus lente, demandant un quart d'heure à vingt minutes d'ébullition ; mais la
teinte finale est toujours d'un beau vert.
» Si nous examinons ce qui se passe avec des huiles de graines, nous
obtenons des résultats absolument différents.
» A l'état de pureté, l'huile de colon soumise à l'essai noircit complètement.
» L'huile d'arachide prend une coloration brun-rouge tout d'abord, puis finit par
verdir en perdant sa transparence.
( io6 )
» L'huile de sésame est accusée par une teinte rouge-brun très foncée et reste rou-
geàtre, tandis que l'huile d'arachide verdit.
» Les huiles de colza et d'œillette prennent des colorations vert-jaune; le liquide
est trouble et se distingue très facilement des réactions de l'huile d'olive.
» Enfin, si l'on a affaire à un mélange de ces diverses huiles avec l'huile
d'olive, un peu d'expérience permet de déceler les mélanges, même dans
les proportions de 5 à 10 pour ioo.
» On observe les teintes en regardant le liquide suivant la longueur du tube. Les
colorations caractéristiques pour chaque espèce d'huile varient suivant les propor-
tions dans lesquelles ont été faits les mélanges.
. » On a ainsi une échelle de couleurs qu'il est très facile à un œil un peu exercé de
pouvoir distinguer, tant leurs différences sont accentuées.
» En opérant de la môme façon pour les beurres, on parvient à constater,
aussi pratiquement cjue pour les huiles, si l'on a affaire à un beurre naturel
ou à un beurre dans lequel on a mélangé de la margarine.
» Traité au réactif, le beurre naturel conserve sa coloration primitive, tandis qu'un
beurre de margarine pur devient rouge-brique; cette teinte, quoique moins appa-
rente, se reconnaît facilement pour l'œil le moins exercé dans un beurre contenant
moins de 5 pour 100 de margarine; à*io pour ioo, la teinte rouge est très accentuée.
» Des beurres de diverses provenances nous ayant toujours donné des
réactions très nettes, nous croyons pouvoir affirmer que notre réactif
pourra servir à déterminer la fraude des beurres au moyen de la marga-
rine. »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Note sur l 'intoxication par les Moules.
Note de M. S. «Jourdain.
« L'ingestion des Moules est quelquefois suivie d'accidents qui, sans
mettre en danger, sauf de très rares exceptions, la vie de la personne qui
les éprouve, sont cependant très pénibles et assez sérieux pour exiger
souvent l'intervention du médecin. Ces accidents ont un caractère parti-
culier, spécifique en quelque sorte, si bien qu'un praticien exercé recon-
naît promptement à quelle cause il faut les rapporter. Les symptômes ne
sont pas ceux d'une simple indigestion, mais bien d'un empoisonnement.
» Quelle est la nature du poison qui a ainsi rendu la Moule nuisible?
Plusieurs réponses ont été faites à cette question.
» On a parlé de Moules détachées du doublage en cuivre des navires.
( io7 )
et rendues toxiques par les sels de ce métal, comme si l'on avait jamais
recueilli une Moule fixée de la sorte et comme si l'empoisonnement par ce
Mollusque ressemblait à celui que détermiuent les sels de cuivre.
» On a invoqué, comme cause de l'intoxication, la présence du frai des
Astéries dans l'intérieur de la Moule. S'il s'agit de Y Astérie commune de nos
côtes, le frai en est mangé impunément par la Corneille mantelée, le Freux
et divers oiseaux de mer, qui s'en montrent très friands. D'ailleurs a-t-on
jamais rencontré, dans une Moule, du frai d'Astérie?
» On a été jusqu'à mettre en cause un petit Crustacé décapode, le Pin-
nothère, commensal fréquent, mais inoffensif, de la Moule.
» Dans ces derniers temps, on a attribué, avec plus de vraisemblance, la
toxicité accidentelle delà Moule à la présence d'une ptomaïne, la mytilo-
toxine. Cette ptomaïne parait exister normalement dans le Mollusque,
sans que celui-ci perde son innocuité. Mais, dans certaines conditions,
encore indéterminées, la proportion demytilotoxine s'exagérant, la Moule
devient toxique.
» Dans un document officiel paru récemment, il est dit que l'intoxica-
tion mytilique est d'une rareté extrême et, de plus, que les Moules nui-
sibles ne se trouvent que parmi celles qui ont séjourné dans les eaux sta-
gnantes et souillées des ports.
» Mais il convient de remarquer d'abord que les accidents n'ont pas la
rareté excessive que leur attribue ce document. Tous les médecins qui
exercent dans la zone littorale, où la consommation des Moules se fait sur
une plus grande échelle, ont été appelés assez souvent à donner leurs soins
à des personnes incommodées. Encore l'intervention de l'homme de l'art
est-elle loin d'être réclamée pour tous les cas; souvent on se traite soi-
même, ou l'on a recours à un pharmacien.
« Toutefois les accidents n'ont quelque fréquence qu'en raison du
nombre énorme de Moules qui entrent dans la consommation. La propor-
tion des individus devenus toxiques doit être très faible et, pour ma part,
je pense que l'empoisonnement est déterminé, la plupart du temps, par
l'ingestion d'un seul individu nuisible. Que de personnes, en effet, ont
mangé des Moules par milliers, sans éprouver d'incommodité, ou n'ont été
malades qu'après en avoir usé pendant des années? D'autre part, je sais
deux cas dans lesquels l'empoisonnement a été produit par l'ingestion de
moins d'une douzaine de Moules, prélevées parmi d'autres qui se mon-
trèrent d'une innocuité complète. Les individus nuisibles étant en petite
( io8 )
proportion, il n'est pas probable que, dans une douzaine, il s'en trouvât
plusieurs de mauvaise qualité.
» Est-il vrai, maintenant, que les Moules nuisibles sont celles qui ont
séjourné dans des eaux stagnantes et souillées? Au contraire, les acci-
dents peuvent se déclarer après l'ingestion de Moules recueillies sur des
rochers baignés parla pleine mer, ou dans des chenaux où la marée renou-
velle l'eau incessamment.
» Il me semble donc que, dans l'état actuel de nos connaissances, en
admettant que la mytilotoxine soit bien la cause des accidents, nous
sommes dans l'ignorance des conditions qui font que la proportion de
cette ptomaïne s'exagère au point de rendre le Mollusque dangereux.
» Le document dont j'ai parlé n'admet pas, contre l'opinion générale-
ment reçue, qu'à l'époque du frai la Moule présente plus de dangers. Je
me range volontiers à cet avis et, toute autre considération écartée, je
crois qu'il y avait lieu de rendre libre, en toute saison, la récolte et la vente
d'un Mollusque qui constitue pour l'alimentation des populations cotières
un appoint qui n'est point à négliger.
» Une ptomaïne se rencontre, très rarement à la vérité, à dose toxique,
dans l'Huître commune et occasionne des accidents d'une certaine gravité.
Le Mollusque ainsi devenu nuisible n'est point modifié dans son aspect, et
il ne paraît point possible de le distinguer d'un spécimen normal ( ' ). On
a aussi attribué ces accidents à la présence de sels de cuivre que, dans des
conditions tout exceptionnelles, les Huîtres peuvent eflectivement ab-
sorber en grande quantité. Mais ces Huîtres n'entrent guère en France
dans la consommation, et leur saveur est telle que seul un palais des plus
grossiers pourrait les tolérer.
» Des traces de ptomaïnes se retrouvent encore dans d'autres bivalves
comestibles, mais elles ne paraissent pas s'y accumuler à dose toxique.
Toujours est-il cpie les troubles qui peuvent survenir après leur ingestion
ont le caractère d'une simple indigestion, et non d'un empoisonnement. »
(') Je puis citer le cas d'un connaisseur en Huîtres, lequel se laissa tenter par la
fraîcheur et la bonne mine d'une douzaine de ces Mollusques, qui venait d'être ouverte
chez un marchand d'une ville maritime. Ces Huîtres furent trouvées excellentes, et
cependant leur ingestion fut suivie d'un véritable empoisonnement; un médecin dut
être mandé, et le malade ne se rétablit qu'au bout d'une semaine.
( "".) )
BOTANIQUE. — Contributions à la physiologie de la racine. Note
de M. Pierre Lesage, présentée par M. Duchartre.
« J'ai fait plusieurs séries d'expériences sur la racine, clans le but de
continuer une étude commencée depuis longtemps. Me réservant d'en
faire connaître plus tard les résultats, je désire seulement présenter aujour-
d'hui deux cas particuliers, que j'ai rencontrés dans ces expériences.
» i° Parmi les plantes que je faisais végéter entièrement dans une
atmosphère humide, se trouvait un Phaseolus, dont une racine de second
ordre, poussée d'abord dans l'air, était parvenue à la couche d'eau qui
servait à entretenir l'humidité. Elle s'était développée beaucoup plus en
longueur que la racine terminale et présentait extérieurement des diffé-
rences frappantes.
» Toute la partie située au dehors de l'eau était couverte de poils radi-
caux très nombreux. Au voisinage de l'eau, ces poils s'allongeaient, puis,
dans la partie submergée, se raccourcissaient rapidement pour disparaître
tout à fait. Te dois dire que les autres radicelles de cette plante se trou-
vaient abondamment pourvues de ces poils absorbants.
» Le diamètre de la racine diminuait du deuxième centimètre en par-
tant du sommet et allant vers la surface d'émersion, c'est-à-dire sur une
longueur d'environ 5cm. Au sortir de l'eau, il changeait brusquement,
devenait beaucoup plus faible et, à partir de là, continuait lentement à
décroître en remontant vers la base. C'est ainsi que, à 2e1" du sommet, à 6cm
(un peu au-dessus du niveau de l'eau) et à 9e01, les diamètres étaient de 88,
5G et 46; une radicelle du même âge, mais venue dans l'air humide, avait
un diamètre de l\o à 2cin du sommet.
» L'écorce et le cylindre central suivaient les mêmes proportions; les
assises corticales, à très peu près en même nombre, présentaient dans
l'air des éléments plus petits que dans l'eau; dans le cylindre central, les
éléments, plus réduits également, n'offraient de différence 'sensible que
dans le bois, où ils étaient plus tôt différenciés et proportionnellement plus
lignifiés quand ils appartenaient à la région aérienne.
» 20 Parmi les plantes dont la racine était constamment dans l'eau, se
trouvaient des Fèves chez lesquelles je fus amené à couper les radicelles à
mesure qu'elles apparaissaient.
» La racine s'allongea beaucoup. Mais, ce qui intéresse davantage,
C. R., 1891, 1" Semestre, (T. CXII, N° 2 ) l5
( no )
c'est que sur toutes les racines traitées comme je viens de le dire, j'ai
trouvé des poils abondants. Ils étaient répartis sur toute la longueur de
l'organe, depuis un centimètre et demi du sommet jusqu'à la base, alors
que des Fèves, dont les racines et les radicelles se sont développées libre-
ment, ne présentent que peu ou point de poils dans l'eau.
» Ainsi, je me suis trouvé en présence d'un cas non encore signalé.
» La racine de Fève, se développant librement dans l'eau, produit d'or-
dinaire de nombreuses radicelles qui augmentent considérablement la
surface d'absorption; en supprimant ces radicelles, j'ai mis la racine ter-
minale dans des conditions nouvelles auxquelles elle s'est adaptée pour
suppléer à la surface disparue; elle s'est couverte de nombreux poils
absorbants dont la longueur pouvait atteindre jusqu'à quinze fois la lar-
geur. »
BOTANIQUE. — ■ Influence de l ' éclairement sur la production des piquants
des plantes ('). Note de M. A. Lothelier , présentée par M. Du-
chartre.
« On sait que beaucoup d'espèces végétales présentent des organes
appendiculaires terminés en pointe piquante. Tantôt ce sont de simples
protubérances corticales (Ribes), tantôt un membre de la plante arrêté
dans son développement (Berberis). Il est également connu que la cul-
ture modifie les plantes à piquants, soit en faisant disparaître ceux-ci
(Rosa), soit en les transformant en organes normaux (Prunus spinosa).
» Je me suis proposé de rechercher les causes qui accélèrent ou retar-
dent la production des piquants. C'est ainsi que, après avoir étudié l'in-
fluence de l'état hygrométrique de l'air (2) sur les plantes piquantes,
j'étudie aujourd'hui l'influence de la lumière.
» Berberis vulgaris. — Deux pieds de Berberis ont poussé séparément sous une
cloche. Le pied a recevait la lumière de toutes parts, tandis que le pied b ne la rece-
vait que du côté nord. Des différences extérieures se sont manifestées nettement. Le
pied a, qui recevait la lumière directe du soleil, a poussé normalement, c'est-à-dire
(') Ces expériences ont été faites au laboratoire de Biologie végétale de Fontaine-
bleau, dirigé par .M. G. Bonnier.
(2) Influence de l'état hygrométrique de l'air sur la production des piquants
(Bulletin dt la Soc. Bot. de France. 1890).
( II. )
qu'après avoir donné une rosette de feuilles parenchymateuses à la base il a perdu
progressivement le parenchyme de ses feuilles, et celles-ci se sont peu à peu trouvées
réduites à leurs nervures qui se sont durcies et sont devenues piquantes. En outre,
à mesure que le parenchyme foliaire réduit, et même disparu, ne suffit plus à assurer
l'assimilation chlorophyllienne, celle-ci s'effectue par des bouquets de feuilles paren-
chymateuses naissant très tôt à l'aisselle de la feuille piquante.
» Le pied b, au contraire, qui ne recevait pas la lumière directe du soleil, a donné
i5 feuilles (le pied a en avait donné 16, dont - seulement à parenchyme bien déve-
loppé) toutes entièrement parenchymateuses et n'offrant pas trace de piquants. II ne
s'est pas produit de bouquets de feuilles à l'aisselle de ces dernières.
» Si l'on compare la lige et les feuilles inférieures de la plante ayant poussé au
soleil à la tige et aux feuilles de la plante qui a poussé à l'ombre, on peut constater
toutes les différences externes et internes que M. Dufour a nettement exposées dans un
travail récent ('), à savoir : un plus grand développement et une plus grande dif-
férenciation au soleil qu'à l'ombre. J'ai pu voir, en outre, dans ce cas particulier, que
le piquant médian, par exemple, qui représente la nervure médiane de la feuille,
présente sur tout son pourtour une large bande de sclérenchyme hypodermique
interrompu seulement suivant deux lignes longitudinales à la face inférieure. Ces
deux lignes restées parenchymateuses sont seules munies de stomates, et le tissu
assimilateur se trouve de la sorte refoulé vers le centre. De plus, le faisceau libéro-
ligneux médian du piquant est noyé dans une bande de sclérenchyme qui va de l'épi-
derme supérieur à l'épiderme inférieur. Dans la feuille parenchymateuse de la plante
ayant poussé à l'ombre, au contraire, le sclérenchyme hypodermique n'existe que sur
les bords de la feuille, et la bande scléreuse qui entoure le faisceau libéro-ligneux
médian n'atteint pas l'épiderme inférieur.
» Robinia pseudacacia. — Des rameaux de Robinia pseudacacia exposés respec-
tivement à des intensités lumineuses diverses ont également présenté de grandes dif-
férences. Ainsi, tandis que la longueur moyenne des piquants du rameau qui a poussé
au soleil atteint o/nra, elle n'est, à l'ombre, que de i""" seulement. A sa base, le dia-
mètre du premier piquant est double de celui du second. Les trachées y sont aussi
beaucoup plus nombreuses, et il y existe souvent un petit faisceau libéro-ligneux sup-
plémentaire qui ne se voit pas dans le second.
» Ulex europœus. — De même encore, des rameaux piquants à'Ulex europœus ont
atteint, au soleil, une longueur moyenne de i8mm, alors qu'à l'ombre ils n'arrivaient
qu'à iomm. Les premiers se distinguent aussi par un plus grand développement du
bois. En outre, les cellules de la moelle et des larges rayons médullaires se sont allon-
gées en fibres à parois fortement épaissies et lignifiées, ce qui donne au piquant une
plus grande rigidité.
» Cratœgus oœyacanlha. — Deux pieds de Cratœgus oxyacantha m'ont encore
donné des différences dans le même sens. La longueur moyenne du piquant, repré-
(') DuFOUit, Influence de la lumière sur les feuilles (A/in. des Se. nat., -' série;
1887).
( U2 )
sentée par 4mm à l'ombre, atteint au soleil iimm; et ici encore s'observe une prédomi-
nance du bois en faveur de la plante exposée au soleil*.
» Ribes TJva crispa. — Les émergences corticales des Ribes présentent elles-
mêmes, au soleil, un plus grand développement en longueur et en diamètre. En outre,
ceux de ces organes qui n'ont pas de position morphologique fixe et qui poussent sur
la tige sans ordre et en nombre indéterminé naissent beaucoup plus nombreux sur la
plante la plus éclairée. Il peut y en avoir jusqu'à deux et même trois fois plus au so-
leil qu'à l'ombre.
» En résumé, on voit, d'après ce qui précède, qu'à une lumière plus
vive les piquants des plantes se forment plus nombreux, plus développés,
plus différenciés.
» Le Berberis vulgaris, par exemple, est une plante dont l'adaptation est
particulièrement facile. Suivant les conditions d'éclairement auxquelles on
la soumet, on peut, à volonté, y produire des feuilles ordinaires parenchy-
mateuses, assimilatrices, ou des feuilles réduites, pour ainsi dire, à leurs
nervures et terminées en pointe. On voit, en outre, ici que, par une sorte
de balancement organique, le rôle assimilateur, qui est très amoindri dans
les feuilles piquantes, se trouve assuré par le développement très hàtif d'un
bouquet de feuilles riches en chlorophylle à l'aisselle des piquants. »
PÉTROGRAPHIE. — Sur des sables diamantifères recueillis par M. Charles Rabot
dans la Laponie russe {vallée du Pasvig). Note de M. Ch. Vélaix, présen-
tée par M. Fouqué.
« Dans ses explorations remarquables de la Laponie russe, poursuivies
à trois reprises différentes depuis I1S84, M. Charles Rabot a recueilli d'im-
portantes collections de roches dont il a bien voulu me confier l'examen,
l'armi ces échantillons figurent des sables chargés de grenat, provenant
de la vallée du Pasvig, et dans lesquels on pouvait s'attendre à trouver
quelques minéraux intéressants, cette rivière traversant une région gneis-
sique où se présentent, nombreuses, des enclaves de granités et de peg-
matites. Leur examen attentif n'a pas trompé cette attente, puisqu'il m'a
permis de reconnaître qu'ils renfermaient du diamant, détermination cpii
devient d'autant plus intéressante que la présence de sables diamantifères
était jusqu'alors inconnue en Europe. Aussi j'ai cherché à l'établir sur des
données précises et à faire de ces sables une analyse aussi complète que
possible.
( n3 )
» Voici, par ordre de fréquence, les minéraux qu'un examen microsco-
pique, contrôlé par des essais au chalumeau, a permis d'y reconnaître :
» 1. Grenat (almandin); 2. Zircon; 3. Amphiboles brune et verte; h. Glaucophane;
5. Disthène;6. Pyroxène; 7. Quartz; 8. Corindon; 9. Rutile; 10. Magnétite ; 11. Stau-
rotide; 12. Andalousite; 13. Tourmaline; 14. Épidote; 15. Feldspath (oligoclase) ;
10. Diamant.
» Grenat. — Un grenat fusible allribuable à l'almandin. forme la moitié de ces
sables, où il se présente en grains roulés d'un rose pâle, en petits fragments à angles
assez vifs, plus rarement en rhombododécaèdres bl, nettement terminés. Remar-
quablement isotropes, ils sont souvent riches en inclusions, les unes gazeuses, les
autres cristallines, fournies par du quartz, du mica noir, du fer oxydulé, et surtout de
fines aiguilles de rutile, disposées symétriquement suivant les côtés de l'hexagone.
» Le zircon, très abondant, se présente en petits fragments peu roulés, souvent à
angles vifs, parfois avec quelques rares faces cristallines mb1. Inattaquables, infu-
sibles, ces cristaux, d'un brun très pâle, perdent leur couleur après calcination; ils
deviennent également incolores, dans les lames minces, et présentent, avec des traces
bien nettes de clivages suivant A1, des pores à gaz très fortement estompés. On les
remarque doués d'une biréfringence positive très énergique.
» L'amphibole, également très répandue, en grains irréguliers de dimension tou-
jours faible, fusibles en verre plus ou moins coloré, est représentée par deux variétés :
l'une très foncée du type de la hornblende et douée comme elle d'un polychroïsme
bien marqué, du vert d'herbe foncé au jaune pale en passant par le vert sombre;
l'autre verte, de couleur plus claire et par suite peu polychroïque. Dans les sections
basiques, les clivages mm avec l'angle de 124° caractéristique sont bien marqués.
» La glaucophane, fréquente, en grains d'un bleu lavande allongés, avec son poly-
chroïsme typique, présente toutes les propriétés optiques de cette amphibole sodifère;
la seule particularité à noter est la fréquence des inclusions de fer oxydulé qui s'alignent
dans le sens de rallongement.
» Le pyroxène, moins abondant, se traduit par de petits grains arrondis, d'un
vert clair, à peine polychroïques et facilement fusibles en verre incolore ou à peine
teinté de jaune. Les clivages m/«— 87°, espacés et bien nets, avec des traces moins
distinctes de clivage h1 ont pu être observés.
» Le disthène apparaît en paillettes bleu de ciel ou en petites plaques lamelleuses à
arêtes vives allongées, marquées dans le sens de l'allongement par les traces de cli-
vages faciles h1 et par les stries fines perpendiculaires espacées suivant/?, non moins
caractéristiques. Infusibles et inattaquables aux acides, ces cristaux parés de vives
couleurs de polarisation, parfois maclés suivant p\ sont dépourvus de polychroïsme
aussi bien que d'inclusions.
» Le corindon, assez répandu, s'observe en petits grains brillants ou bleu pâle, qui
rayent la topaze et restent infusibles. Simples ou maclés suivant p, tous paraissent
dépourvus de clivages. Ils ont la réfringence et la biréfringence de ce minéral. Quel-
ques grains d'un bleu d'azur très clair et polychroïques perdent leur teinte par l'action
de la chaleur; ils peuvent être attribués au saphir.
( m4 )
» Le rutile apparaît en fragments non roulés, d'un noir assez vif, toujours bien dis-
tincts à l'œil nu, grâce à leurs dimensions. Un éclat adamantin presque métallique,
joint à cette coloration très foncée, l'indique comme devant contenir du fer. Ils sont
douées d'une très forte biréfringence. On observe les macles géniculées suivant ô1 ca-
ractéristiques.
» Après ces minéraux, les minerais deviennent les éléments les plus abondants. La
magnétite, en grains roulés très rarement anguleux, de dimensions diverses, n"offre
d'autre particularité à signaler que de renfermer à l'état d'inclusion de l'apatite. Des
grains plus ternes, non attirables à l'aimant, doivent être probablement attribués à
l'ilménite.
» La staurotide, Vandalousile, la tourmaline, le sphène, en petits fragments bru-
nâtres, opaques, parfois fusiformes; l'épidote, en grains vert-bouteille très polychroï-
ques, fusibles, après boursouflement, sur les bord >, en verre brun foncé; le quartz et
le feldspath, qui ne figurent ensuite dans ces sables qu'à titre exceptionnel, ne pré-
sentent aucun caractère spécial. Notons cependant que le quartz, assez riche en inclu-
sions gazeuses et liquides, est parfois dihexaédrique ; que le feldspath, toujours très
rare, maclé suivant la loi de l'albite, présente les angles d'extinction de Voligoclase.
» Diamant. — En dernier lieu figurent au milieu de ces éléments, presque tous
colorés, de petits fragments incolores anguleux, plus rarement arrondis, à surfaces
cannelées dont la dimension, toujours très faible, ne dépasse guère omm, 25; exception-
nellement, un crist;il atteignant imm, 5 a été observé. Tous présentent un éclat ada-
mantin très vif, une très forte réfringence, et se comportent dans la lumière polarisée
comme une substance absolument isotrope, les seuls indices de biréfringence faible
présentés devant être attribués à des phénomènes de trempe.
» Soumis à l'action des réactifs oxydants (acide azotique avec chlorate de potasse),
ils demeurent intacts; enfin l'essai de la dureté a permis de constater que ces frag-
ments infusibles pouvaient rayer le corindon. Or on sait que tous ces caractères sont
ceux qui s'appliquent spécialement au diamant. Pour plus de précision, un fragment
a été brûlé complètement dans un excès d'oxygène et n'a fourni que de l'acide carbo-
nique. Dans ces diamants, qui ont pu être extraits par l'action prolongée de l'acide
fiuorhydrique activée par l'acide sulfurique concentré, la limpidité du cristal est sin-
gulièrement altérée par des inclusions, les unes très fines, arrondies, à bords estompés
attribuables à des pores à gaz identiques à ceux signalés par Brewster; les autres,
cristallines, plus rares, mais dont les dimensions sont à ce point affaiblies que leur dé-
termination ne saurait être faite avec précision.
« En résumé, les minéraux qui forment la masse principale de ces
sables diamantifères ne sont autres que ceux des roches éruptives (gra-
nités et pegmatites) et des roches gneissiques de la région: gneiss qui, le
plus souvent granulitiqnes, offrent de belles variétés à amphibole ou à
pyroxène. Ainsi s'expliquent les différences qu'ils présentent dans leur
composition avec les sables de même nature de l'Inde et du Brésil, dans
lesquels, à simple vue ou à l'aide d'une loupe, M. Damour a pu reconnaître
28 espèces distinctes, différences du reste très faibles qui ne portent guère
( "5 )
que sur la présence de l'épidote, non encore signalée, et l'absence des
chlorophosphates hvdratés si fréquents dans les sables du Brésil. La plus
grande partie des éléments des sables de la Laponie sont ceux qui for-
ment le cortège habituel du diamant.
» Quant au point de départ de ce minéral, il est vraisemblable d'admettre
qu'on puisse venir le chercher dans le démantellement des pegmatites de
la région, surtout si l'on se rapporte à ce fait que M. Chape* a signalé la
présence du diamant, en place, dans les pegmatites de l'Hindoustan (M. »
M. F. Stôrmer adresse une Note relative à un appareil auquel il donne
le nom d' « Inhalateur norvégien ».
M. Rey de Moraxde adresse une Note « Sur les rivages maritimes paléo-
zoïques ».
M. E. Delaumer adresse des « Remarques sur les observations récentes
de la planète Vénus ».
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
La Section d'Economie rurale, par l'organe de son doyen M. Sehlœsing,
présente la liste suivante de candidats à la place laissée vacante par le
décès de M. Pe/igot :
En première ligne, à /'unanimité M. Aimé Girard.
En deuxième ligne, ex aîquo et par ordre alpha- \ M. Chambrelent.
bétique ' ... I M. M^x-rz.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures. M. B.
(') Ghaper, Sur les pegmatites diamantifères de l'Hindoustan {Comptes rendus,
14 janvier 1884).
( n6 )
ERRATA.
( Séance du 5 janvier 1 89 [ . )
Renouvellement annuel du Bureau :
Page i3, ligne 3, au lieu de dans l'une des Sections de Sciences physiques, lises
dans l'une des Sections de Sciences mathématiques.
Note de M. R. Moniez, Sur X Allantonema rigida v. Siebold :
Pages 60, 61 et 62, au lieu de Atlantonema, lisez Allantonema.
Note de M. W. Kilian, Contributions à la connaissance géologique des
chaînes alpines :
Page 64, ligne 1, au lieu de cîmes lisez cime.
Page 65, ligne 1, au lieu de Lachatz, Aie; Lâchât.
Page 65, ligne 2, enlevez la virgule.
Page 65, ligne 3, au lieu de nous avons, lisez (nous avons
Page 65, ligne 20, au lieu de Bocca del Serii, lisez Rocca del Sera.
Page 66, ligne 2, au lieu de l'Eychanda, lisez l'Eychauda.
Page 66, ligne 4i ou lieu de Guilleslre, lisez Guillestre].
Page 66, lignes 4 et 5, au lieu de à l'ouest, col de Varbuche (Savoie), Plan de Phazy,
vallée de Barcelonnette, lisez à l'ouest [col de Varbuche (Savoie), Plan de Phazy,
vallée de Barcelonnette].
Page 66, ligne 3g, au lieu de gypses, cargneules inférieurs, lisez gypses (car-
gneules) inférieurs.
Note de M. .4. Delebecque, Sondages du lac Léman :
Page 67, ligne 20, au lieu de Condrée, lises Coudrée.
On souscrit à Paris, chez GAUT
Quai des Grands-Augi
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le
'ables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de
it part i\u i" janvier.
Le prix de l'abonnement est fix
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. —
l-VILLARS ET FILS,
lus, n° 55.
nche. Lis forment, à la fin de l'année, deux volumes in-.}". Uci
. d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annu
7 qu'il suit :
:res pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
\gen Michel et Alédan.
I Gavault St-Lager.
[Iger < Jourdan.
| Ruff.
[miens Hecquet-Decobert.
( Germain et Grassin.
° ' !" { Lachèseet Dolbeau.
iayonne.. Jérôme.
esançon Jacquard.
. Avrard.
'ordeaux ; Duthuff.
' IMuller (G.).
'ourges . Renaud.
!Lefouruier.
F. Robert.
J. liobert.
V Uzel Caroiï.
( Baer.
aen j ..
( Massif.
'hambéry Perri n .
( Henry.
Lorient.
chez Messieurs
i Baumal.
Lyon.
Montpellier
'rest.
Nantes
Nice.
'herbourg
'lermonl-Ferr.
Hjon.
'ouai.
rrenobte.
I Marguerie.
< Rousseau.
( Ribou-Collay.
Lamarche.
Hatel.
Damidot.
( Lauverjat.
( Crépin.
( Drevet.
| Gratier.
■a Rochelle Robin.
e Havre j Bourdignon.
( Dombre.
/ Ropiteau.
Me Lefebvre.
( Quarré.
M™° Texier.
Beaud.
GeOTg.
. Mégret.
Palud.
Vitte et Pérussel.
Marseille Pessailhan.
, Calas.
j Coulét.
Moulins Mai liai Place.
/ Sordoillet.
Nancy I Grosjean-Maupin.
( Sidot frères.
j Loiseau,
( M°" Veloppé.
j Bai-ii i.i.
/ Visconti et C".
.Mines Thibaud.
Orléans ... Luzeraj .
. . ( Blanchier.
Poitiers ; ,
( Drumaud.
Bennes Plihon et Hervé.
Rochefort Boucheron Rossi -
\ Langlois. [ gnol.
' Les! ringant.
Chevalier.
| Bastide.
I Rumèbci
I Gimet.
' Privât.
ÎBoisselier.
Péricat.
Suppligeon.
( Giard.
' Lemattre.
Rouen
S'-Étienne
Toulon ....
Toulouse...
Valencienncs.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsteri
Athènes
Barceloi
Berlin. .
Berne. . .
Bologne .
Bruxelles.
Bucharest
Budapest .
Camb) Hd 'g
Christianii
Constantin
Copenhagi
Florence. . .
Gand
Gènes . ...
Genève.. ..
La Haye. . .
Lausanne .
Leipzig.
Liège.
chez Messieurs :
Robbers.
Feikema Caarelsen
Beck. [etC".
Verdaguer.
, Aslier et C".
| Calvary et G".
\ Friedlander et fils.
' Mayer et Millier.
\ Schmid, Pranckc ei
! c.
Zanichelli et C".
, Ramlot.
' Mayolez.
' Lcbègue et Cio.
( Mann. mu.
' Ranisteanu.
Kilian.
Deighton, BelletC»
i lammermeyer.
Otto et Kçil.
Hôst et fils.
I. ns, lier et Sécher.
Hoste.
Beuf.
i' Çherbuliez.
Georg.
( Stapelmohr.
Belinfante frères.
( Benda.
1 Payot,
Bar th.
. Bruckhaus.
Lurent/,.
M.i\ liiilie.
Twietmeyer.
Desoer.
Gnusé.
Londres
Luxembourg.
chez Messieurs
( Dulau.
I Nutt.
V. Buck.
Librairie Guten
berg.
Madrid / Gonzalès e hij<>-
Viavedra.
F. Fé.
,,., i Dumolard frères.
Milan
( Hœpli.
Moscou Gautier.
I Furcheim.
Naples ' Marghieri di Gius
( Pellerano.
j.Christern.
New-York Stechcrl .
Westermann.
Odessa. Rousseau .
Oxford Parker et G"'.
Palerme Clausen.
Porto Magalhaès.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
( Bocca frères.
j Loescheret C".
Rotterdam Kranicrs et fils.
Stockholm Samson et Wallii
^ Zinserling.
/ Wolir.
Boçca frères.
Brero.
i Clausen.
RosenbergetSellh
Varsovie Gebethner et Wol
Vérone Drucker.
( Frick.
' Gerold et C".
Zurich Meyer et Zeller.
S'-Petersbourg.
Turin .
Vienne.
Tomes Ie* à 31.
Tomes 32 à 61.
Tomes 62 à 91.
VCES :
Prix 15 fr.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES
(3 Août 1 835 à 3i Décembre iSJo. ) Volume in-J";
(Ier Janvier iSJi à 3i Décembre i865.) Volume in 370. Prix 15 fr.
(1" Janvier 1866 à >> Décembre 1880". 1 Volume in- . 1 -38<|. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIEN S :
Tomel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DERDÊset A.-J.-J. S( — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent h
omètes, par M. Hanses.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phéo ijnes digestifs, particulièrement dans la digestion des malien
rasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; 1806 15 f
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Be.neden. — Essai d'une réponse à slion de Prix proposée en i85o par l'Académie des Srienc
our le concours de i833, et puis remise pourcelui de 1806, savoir : « Étudier les lois delà distribi 11 les corps organisés fossiles dans les différents terrains séd
mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de le oarition successive ou simultanée. — Rechercher la natu
des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par AI. I ifesseur Bkonn. In-40, avec 27 planches; 1861... 15 fi
A la môme Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
TABLE DES ARTICLES. (Séance d«. 12 janvier 1891.)
MEMOIRES; ET COMMUNICATIONS
; MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
Pages.
M. H. Faye. Sur l'hypothèse du sphé-
roïde et sur la formation de la croût|e li c-
restre
AI. Lëaute. — Noie sur les | lids-vo-
lants .
MM. Leooq de Boisbaudran et A. de Lap-
parent. — Sur une réclamation de prio-
rité en faveur de M. de Chancourtois,
relativement aux relations numériques
des poids atomiques
NOMINATIONS.
M. Haller est élu Correspondant pour la
Section de Chimie, en remplacement de
feu M. Chancel.
MEMOIRES PRESENTES.
M. \. \ir-\v\ adresse un Mémoire intitulé:
ci Sur les prétendues combinaisons An pro-
CORRESP
AI. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Cornes'pon-
dance, le Tome III des « Œuvret çom
plètes de Christiaan ffuygens, publiées
par la Société hollandaise des Shiences
(Correspondance, 1660-1661 » :
AI. le Président présente à l'Académie le
1' Fascicule des Wustrationes Florœ
atlanlicce, publiées par M. Cossdn 8î
Al. E.-A. Alix, AI. E. Glby, M. Cl. Martin
adressent leurs remerciements à l'Acadé-
mie pour \c> distinctions accordé* :s à leurs
travaux S'
M. E. Vicaire. — Sur les petite oscilla-
tions d'un système soumis u des forces
perturbatrices périodiques ' s'
M. E. Mathias. Remarques snr le théo-
rème des états correspondants Kj
AI. Ch.-Ed. Guillaume. Solution pratique
du problème de l.i colonne émei gente d'un
thermomètre, par l'emploi d'une tige cor-
rectrice s-
Al. lu'. Branly. Variations de c lucti-
bilité des substances isolantes 90
M. P. Joubin. — Propriétés physrques et
constitution moléculaire des c ps simples
métalliques g3
AI. E. Mercadieu. Sur l'i tensité des
effets téléphoniques 96
Al. \. CoLLOT lils. — \ppareil t'e projection
portions continuellement variables et la
dissociation par dissolu tio'n > Si
ONDANCE.
lumineuse, applicable aux balances de pré-
cision, à l'effet d'obtenir des pesées ra-
pides 99
M. .1. Minouin. — action du phénol sodé et
du naphlol sodé -ni- le camphre cyané... 101
AI. L. Lindet. — Sur la production des
alcools supérieurs pendant la fermenta-
tion alcoolique 102
M. Raoul Bruli i . Nouvelle méthode pour
la recherche des huiles d'olive et de
graines, applicable également aux beurres
naturels et aux beurres margarines ioj
M. S. Jourdain. Note sur l'intoxication
par les Moules tofi
M. P. Lesage. — Contributions à la phy-
siologie de l,i racine 10g
M. A. Lothklier. — Influence de l'éclaire-
ment sur la production des piquants des
plantes 1 10
AI. Ch. Vélain. — Sur des sables diamanti-
fères recueillis par M. Charles Rabot
dans la Laponie russe (vallée du Pasvig). 111
M. F. Stormer adresse une Note relative à
un appareil auquel il donne le nom
d' « Inhalateur norvégien » .... i c ">
M. l'.iv de Morand) adresse une Note « Sur
les rivages maritimes paléozoïques » nS
M. E. Delaurier adresse des 0 Remarques
sur les observations récentes de la planète
Vénus « m".
COMITE SECRET.
La Section d'Economie rurale présente la
liste suivante de candidats à la place laissée
vacante par h- déc'ès de Al. Peligot :
Erisvta
i° M. Aime Girard;
M. Muntz
M. Chambrelent,
nO
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1891
/■ PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. Ï,ES SECRETAIRES PERPETUEES.
TOME CXII.
N°3 (\ 9 Janvier 1891).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
{'Académie se composent des extraits des travaux de
„es Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de i Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l' Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui v ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sonl
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre cpii fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de ciiaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas dé planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 51'. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI lî) JANVIER 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DDCHARTRE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE AGRICOLE. — Sur le dosage des matières minérales contenues dans la
terre végétale et sur leur rôle en Agriculture; par MM. Berthelot et
G. André.
« On sait que l'une des lois fondamentales de l'Agriculture exige la
restitution au sol des matières minérales enlevées chaque année par les
végétaux, comme indispensables à leur développement et à leur entretien.
De^là la nécessité d'une analyse exacte des terres végétales, des récoltes,
et des engrais et amendements. Mais cette analyse offre dans certains cas,
spécialement en ce qui touche le dosage complet des alcalis, des difficul-
tés auxquelles les opérateurs ont cherché souvent à se soustraire, en rem-
C P... i8qi, i" Semestre. (T. CX1I, N" 3.)
( "8 )
plaçant l'analyse exacte et complète par des dosages réputés approximatifs,
ou tout au moins crus suffisants pour faire connaître les matières réelle-
ment assimilables.
« C'est sur ces points cpxe nous avons déjà appelé l'attention en mon-
trant, par des expériences numériques précises ( ' ), comment on peut doser
avec exactitude le phosphore, le soufre, le carbone, sous leurs diversesformes,
et la potasse dans les terres, terreaux et plantes ; enfin comment les analyses
opérées par voie humide et avec le concours prolongé des acides, même
énergiques et bouillants, et souvent l'incinération elle-même, ne fournis-
sent que des résultats incomplets et des dosages parfois éloignés de la réa-
lité. Sous ce rapport, nous croyons avoir ajouté quelques résultats dignes
d'attention à ces études, qui ont fait depuis bien des années l'objet des re-
cherches de tant et de si célèbres expérimentateurs. Nous avons depuis lors
poursuivi et développé ces études, en les étendant aux principaux éléments
minéraux qui entrent dans la constitution de la terre végétale, tels que la
silice, l'alumine, la potasse, la soude, la chaux, le fer, le phosphore, le
soufre, l'acide carbonique; auxquels il convient de joindre le carbone or-
ganique et l'azote dans ses différents états de combinaison. Quoique nous
ayons opéré sur une terre spéciale, l'ensemble de cette recherche constitue
une méthode complète d'analyse de la terre végétale.
» L'exposition de cette méthode dans toute son étendue exigerait plus
de développements que n'en comporte la Note présente ; elle a, d'ailleurs,
été faite en partie dans les Mémoires rappelés plus haut; mais il paraît
utile d'insister aujourd'hui sur les résultats relatifs aux alcalis et oxydes,
tant au point de vue des procédés d'analyse que des actions physiologiques
exercées sur la terre par les végétaux.
» Donnons d'abord, comme point de départ, la composition de l'échan-
tillon de terre sur lequel ont porté nos principales recherches. .
» ioo51" de cette terre, séchée préalablement à no°, ont fourni :
Carbone organique i ,gi
Hydrogène organique 0,17
Oxygène organique 1,19
Azote total o, 167
Eau combinée, éliminable au rouge 2, 10
(') Annales de Chimie et de Physique, 6e série, t. XV, p. 86 à 1 33 ; 1888. — Sui-
te dosage du carbone (même Recueil), t. XIII, p. -\.
( "9 )
Acide carbonique des carbonates o,56i
Acide silicique (par différence) 85 , i
Phosphore total, calculé comme acide phosphorique, PO1. 0,292
Soufre total, calculé comme acide sulfurique, SO3 0,117
Potasse, KO o , 886
Soucie, Na O 0,211
Magnésie, MgO 0,087
Chaux, CaO 1 , i65
Alumine, A1203 3,g5
Oxyde de fer, calculé Fe2 O3 2,10
(calculé FeO, 1,91.1.
» Nous avons montré comment ni le phosphore, ni le soufre total
ne peuvent être dosés soit dans une plante, soit dans un terreau, soit
dans une terre végétale, tant par l'action des acides que par la simple
incinération ; l'analyse devant être réalisée dans des conditions telles
qu'une combustion totale soit effectuée, même sur les matières volatili-
sées (').
i> Sans revenir aujourd'hui sur ces points, la question principale sur
laquelle nous voulons appeler l'attention, c'est le dosage des alcalis et des
oxydes. Ce dosage a été fait en éliminant préalablement la silice, soit par un
traitement fluorhvdrique (fluorhydrate d'ammoniaque et acide sulfurique)
en ce qui touche les alcalis proprement dits; soit par un traitement par la
potasse fondante, en ce qui touche l'alumine et l'oxyde de fer. En effet, si
l'on n'élimine d'abord la silice, aucune analyse exacte des alcalis et oxydes
contenus dans le sol n'est possible. Nous avons déjà insisté sur ce point,
nous demandons la permission d'y revenir.
» Voici à cet égard de nouveaux chiffres comparatifs, obtenus en traitant
la même terre: par l'acide chlorhydrique étendu à froid, par l'acide chlor-
hydrique concentré bouillant, avec réaction prolongée pendant plusieurs
(') Voici quelques chiffres nouveaux, à cet égard, chiffres tirés des analyses de la
terre ci-dessus, pour iks de terre :
II Cl con- Apres
H CI H Cl con- centré, après traitement
Total étendu centré incinération par
(CO'NaetO). à froid. bouillant. ordinaire. AmF,etc.
P (calculé comme PO3). 2,92 1,09 1 ,83 1,89 2,2195
S(calculé comme SO3).1'16 . r,.„ » o,533 0,907 »
*• | 1,199 par Az06K *
( 120 )
heures, enfin par le même acide agissant après destruction préalable de la
matière organique par incinération. Ces résultats sont rapportés à ilig.
Dosage
— ■■! — - m Incinération,
par H Cl puis
par H Cl concentré H Cl concentré
exact. à froid. à chaud. bouillant.
Potasse 8,86 0,21 1 , 49 1 , 76
Soude 2,11 0,24 o,33 0,42
Magnésie 0,87 o,33 » 0,67
Chaux 11,6 8>79 11,20 10,6
Alumine 3g, 5 1,02 10,09 26, 3i
Oxyde de fer ... . 2 1 , 5 2,96 1 4 , o 1 16,78
)> L'impossibilité de faire entrer en dissolution la totalité des oxydes et
alcalis, par l'action même prolongée des acides bouillants, résulte des ana-
lyses. L'acide sulfurique irait sans doute un peu plus loin que l'acide chlor-
hvdrique; mais sans donner un résultat meilleur. La chaux seule peut être
dosée exactement dans cette terre par l'acide chlorhydrique bouillant; cir-
constance qui paraît due à ce que la chaux s'y trouverait entièrement sous
forme de carbonate, sulfate, phosphate, ainsi que le montre le calcul (');
mais on n'y peut doser ni la potasse, ni la soude, ni la magnésie, ni le fer, ni
l'alumine. Cette impuissance des méthodes ordinaires est attribuable à l'état
de combinaison de ces bases, formant dans la terre des silicates divers,
avec excès d'acide silicique. On admet que ces silicates se partageraient en
deux groupes : les uns hydratés et comparables aux zéolithes, que les
acides désagrégeraient complètement, tandis que les autres y résisteraient.
Le premier groupe, ajoute-t-on, céderait de préférence ses alcalis aux vé-
gétaux dans le cours de la végétation. Mais cette distinction est arbitraire.
» En fait, il n'est pas possible de mettre d'un côté les silicates attaquables
et d'un autre côté les silicates prétendus inattaquables. Cette distinction
ne représente que les degrés inégaux de la vitesse de dissociation progres-
sive des divers silicates contenus dans les roches primitives, par les agents
atmosphériques; la terre végétale n'étant autre chose qu'un mélange de
ces roches avec les produits de la décomposition propre des végétaux.
» La portion des silicates dont la dissociation est moins avancée, à un
moment quelconque, s'attaque plus facilement par les acides; celle dont
la dissociation a été poussée plus loin au même moment, s'attaque moins
(') D'autres terres, renfermant certains silicates riches en chaux, se comporteraient
sans cloute autrement.
( 121 )
vite, et l'attaque, se ralentissant de plus en plus, tend à devenir très faible
pendant un laps de temps déterminé, de façon à permettre de définir cer-
taines conditions analytiques, où les résultats seront à peu près constants.
Mais il est évident que cette définition est purement conventionnelle et
n'offre aucune relation nécessaire, ni même probable, avec les quantités
d'alcali réellement assimilables par les plantes. Aucune expérience, en
effet, n'a été faite pour établir qu'elle représente une limite vers laquelle
tendraient les agents atmosphériques, eau, acide carbonique, etc., atta-
quant avec le concours du carbonate de chaux, de la lumière et des ma-
tières organiques du sol, une terre donnée, et a fortiori une terre quel-
conque, pendant l'espace d'une année.
» Les végétaux, d'ailleurs, exercent sur la terre et sur l'extraction des
alcalis et autres substances qui y sont contenues, des réactions chimiques
propres, tout à fait distinctes des actions lentes des agents atmosphériques
et plus encore des actions rapides des acides minéraux. On sait avec
quelle énergie, on pourrait dire avec quel instinct admirable, — si ce mot
était applicable à la vie végétale, — les plantes arrivent à tirer du sol les
moindres traces de phosphore, de soufre, de potasse, de fer, nécessaires
à leur alimentation.
» Elles les extraient du sol, le plus souvent en absorbant pour leur
propre compte, sous forme de composés organiques particuliers, des doses
d'acide silicique bien plus considérables que la dose de cet acide qui serait
soluble directement dans les acides minéraux purs; on retrouve ces acides
silico-organiques pendant l'évaporation des extraits végétaux, préparés
par l'eau pure ou par les acides avec les plantes ou le terreau; cette silice
s'en sépare jusqu'à la fin, constamment unie avec certaines matières car-
bonées et avec des alcalis, dont elle ne peut pas être isolée complètement,
si ce n'est après une incinération totale. Aussi le dosage exact des alcalis
dans les plantes, ainsi que dans le terreau qui en dérive, ne saurait-il être
elfectué pour la plupart des cas, sans le concours de l'acide fluorhydrique
et des fluorures.
» De telles actions spécifiques des végétaux, lentement exercées sur les
silicates naturels de la terre dont les plantes extraient à la fois la silice et les
alcalis nécessaires à leur constitution, méritent d'attirer au plus haut degré
l'attention des analystes et des agriculteurs; leur intervention joue un grand
rôle dans la restitution au sol, par les engrais complémentaires, des éléments
minéraux enlevés par les plantes, et elle rend indispensable, quelles que
soient d'ailleurs les difficultés de l'opération, le dosage total des alcalis conte-
nus dans le sol, qui fournit aux plantes les éléments de leur développement. »
( 122 )
CHIMIE AGRICOLE. — Sur la présence et sur le vole du soufre dans les végétaux.
Note de MM. Berthelot et G. Axdré.
« Le soufre est un élément essentiel des végétaux. Non seulement il
concourt à la formation de certaines essences caractéristiques, telles que
les essences d'ail et de moutarde; mais il joue un rôle général dans la
constitution des principes albuminoïdes et dans celle de divers composés
très répandus dans tous les végétaux, comme l'atteste la présence univer-
selle du soufre à dose notable parmi leurs éléments. Il fait également
partie du terreau et de la terre végétale, substances dérivées de la décom-
position des végétaux eux-mêmes. Malgré cette diffusion du soufre dans
le règne organique, sa statique chimique est encore très obscure, et l'on
ne sait pas bien comment il se répartit à partir du sulfate de chaux, sa
principale origine dans le règne minéral, et des composés organiques sul-
furés contenus dans la terre A-égétale, entre les principes résultant de ses
transformations au sein des plantes vivantes. C'est cette étude que nous
avons entreprise : elle est longue et difficile, et nous nous proposons seu-
lement de faire connaître aujourd'hui quelques résultats préliminaires,
obtenus pendant la campagne de culture de 1890.
» Nos études ont porté sur les plantes suivantes : Sinapis alba, Camelina
saliva, Allium cepa, Lupinus albus, Urtica dioica, Tropeolwn mqjus, Avena
saliva, choisies dans des familles différentes et intéressantes, tant au point
de vue de la marche générale delà végétation et de la production spéciale
des principes sulfurés, qu'à celui de la production agricole.
» Nous avons suivi la végétation de ces espèces depuis la graine et la
germination jusqu'à la floraison et à la fructification, en dosant le soufre
sous ses trois formes de sulfates actuels et de composés sulfurés, ces der-
niers étant distingués dans certains cas en composés fixes et volatils. Nous
avons poussé cette étude pour une espèce, la Sinapis alba, jusqu'à l'analyse
séparée des parties principales de la plante, telles que racines, tiges, feuilles
et inflorescences.
» La marche de ces études a été la même déjà suivie dans nos recher-
ches précédentes sur la marche générale de la végétation sur les Ama-
rantes (' ).
» Les procédés de dosage du soufre sont ceux que nous avons décrits
précédemment.
(') Annales de Chimie et dé Physique, 6e série.
u
Pu
( 123 )
en
—
93
3 OIS
to ^.-r rc o
CD CO vg- v-r
93
O
a
93
•93
v— m m co
-- - y:
eo r-. r ~
r- « pi c
C. m P" Cî
o es o v_-r
93
O
a
93
93
O
c
93
-a
s
^93
3
a
H
to
93
U5
03
o
Ci io ci
« e* c
S .J o
= b a
- i-
" 5i = c
CS H Es, 5
33 r; i -i
— rc —
'nom
tC ""■ -":
c o O O
a m =
O. .=, = H fc
û. .2, "ce .h a- £ c.
( 1^4 )
» D'après ces chiffres :
» i° La plante s'enrichit sans cesse en soufre jusqu'à la floraison ; la
proportion relative de cet élément étant d'ailleurs plus forte d'un tiers
environ pendant la première période de la végétation.
» 2° Le soufre à l'état de composés organiques atteint un maximum
pendant la floraison, puis il décroît; les choses se passent comme si les
sulfates empruntés au sol étaient réduits au début, puis régénérés, après
la floraison, par suite d'une oxydation interne. Toutefois, ceci suppose
que le soufre est emprunté entièrement au sol sous forme de sulfates ;
tandis qu'une partie pourrait bien être empruntée directement aux com-
posés organiques sulfurés, que le sol contient en abondance.
)> 3° Ce qui vient à l'appui de la dernière opinion, c'est que le soufre
organique se trouve en grande quantité dans les racines, sauf au début de
la floraison. Vers la fin de la floraison, il abonde à la fois dans les racines
et dans les tiges.
» Dans X'Urtica dioica, en juillet, il n'y avait également que des sulfates
dans la tige; tandis que les racines et les feuilles contenaient du soufre
organique, à dose à peu près égale.
» Dans la Sinapis alba, le soufre organique est resté faible dans les
feuilles, à partir de la floraison; mais au contraire très notable dans les
inflorescences, pendant la fructification aussi bien que pendant la floraison.
j> 4° Le soufre, dans les composés volatils, est toujours très faible et
ne se manifeste que jusqu'à la floraison complète. Toutefois cette dose
faible, constatée au moment de l'analyse, pourrait fort bien répondre à
une élimination notable, lorsqu'elle se poursuit chaque jour, avec le cours
du temps.
» Nous donnons ces résultats pour montrer la signification des chiffres
du Tableau précédent ; mais ils réclament de nouvelles études, avant qu'il
soit permis de les généraliser. Signalons très brièvement les résultats
obtenus avec les autres plantes.
» 4° Ija répartition du soufre dans la graine sous les deux formes est
très variable avec les espèces. Ainsi, dans YAvena sativa, presque tout le
soufre est à l'état organique, sauf une trace de sulfate; tandis que dans le
Lupin blanc il n'y a que 6,7 centièmes de soufre organique sur le soufre
total.
» 5° L'existence d'un maximum de soufre organique au moment de la
floraison, observée dans la Sinapis alba (35, 6 centièmes, puis 17 à la fin), a
été constatée également dans la Camelina sativa (32 centièmes, puis 17 à la
(' 125 )
fin) ; dans le Tropwohim majus ( 9 centièmes, puis 2,9 à la fin) ; dans X Allium
cepa (22,5 centièmes, puis 1,8 à la fin); dans YAvena saliva (8,3 cen-
tièmes, puis i,4 à îa fin); dans le Lupinus albus (9, 5 centièmes, puis 1,0
à la fin ). Ce phénomène paraît donc offrir une certaine généralité : l'ap-
pauvrissement final de la plante en soufre organique paraissant dû à la
fois à l'élimination d'une partie de celui-ci sous forme de composés vola-
tils, et à la réoxydation accomplie pendant la période de fructification. »
GÉOLOGIE EXPÉRIMENTALE. -- Expériences sur les actions mécaniques exer-
cées sur les roches par des gaz à hautes températures, doués de très fortes
pressions et animés de mouvements très rapides; par M. Dauiuiée.
TROISIÈME PARTIE. — Application a la perforation et au striage du roches,
A LEUR CONCASSEMENT, AU TRANSPORT DE LEURS DÉBRIS ET A LEUR APPARENTE PLASTICITÉ.
« Les perforations si énergiquement ouvertes par les gaz doués de très
fortes pressions et animés de très grandes vitesses, sorte d'imitations des
cheminées diamantifères ( ' ) et des canaux volcaniques (2), ne sont pas les
seuls résultats expérimentaux qui trouvent à s'appliquer directement à
l'interprétation des phénomènes naturels.
» J'ai montré antérieurement comment, en même temps que des perfo-
rations, se produisent des cassures, des érosions et des stries, dont la res-
semblance avec certains accidents des roches est évidente. A ce qua-
druple point de vue, on me permettra d'abord d'ajouter un complément
de détails qui résultent de nouvelles expériences.
» Erosions et perforations . — Il n'est pas nécessaire de pressions aussi
élevées que celles qui avaient été d'abord mises en jeu pour perforer le
granité : un résultat également très caractéristique a été obtenu avec un
chargement de coton-poudre à la densité de 0,1, c'est-à-dire avec une
pression d'environ 1 iooatm, comme celle qui a été employée dans la plupart
des autres expériences. Un cylindre de granité, coupé par un plan diamé-
tral en deux parties qui avaient été serrées l'une contre l'autre au moyen
d'une ligature en cuivre, a été profondément excavé sur toute sa longueur
par un canal irrégulier, s'épanouissant dans le plan de séparation et qui,
dans ce sens, a pénétré jusqu'à la surface par deux ramifications; l'orifice
(') Comptes rendus, t. CXI, p. 767.
(2) Même Volume, p. ^07.
C. R., 1891 , 1" Semestre. (T. CXIJ, K° 3, 1 I 7
( ia6)
d'entrée s'étend à peu près sur tout le diamètre du cylindre et la sortie se
rétrécit en se partageant en trois ramifications distinctes, séparées par
deux espèces de punis. Le cvlindre, qui pesait 27^, 35, a perdu 6e'', 10.
» Il peut être intéressant d'ajouter qu'un autre cylindre de granité
soumis à la même épreuve a subi une perforation tout à fait semblable à
celle qui vient d'être décrite.
» En substituant aux deux cylindres précédents, dont la hauteur excé-
dait notablement le diamètre, une rondelle ou cylindre déprimé suivant
son axe, on voit la forme de la perforation se modifier et tendre vers celle
de deux cônes réunis par leur sommet.
» Il en a été de même pour une rondelle taillée dans une météorite de
la chute de Pultusk.
)) Les gaz ont mordu non moins énergiquement sur un cylindre égale-
ment déprimé de cristal de roche et pourvu suivant son axe d'une très
fine perforation; les gaz ont creusé à leur sortie un cône régulier d'arra-
chement, avant à sa base un diamètre de i2mm et un angle au sommet
de65°(').'
» Pour les cylindres d'acier et de fonte, et contrairement à ce qu'on
aurait pu supposer, les érosions n'ont pas été aussi énergiques que poul-
ie granité et les autres roches pierreuses. Ce fait est peut-être en relation
avec la grande conductibilité de ces métaux, qui soutirent beaucoup plus
rapidement que les roches pierreuses la chaleur qui leur est appliquée.
» Peut-être les formes de tous les canaux de perforation que l'on a obte-
nues avec les explosifs seraient-elles plus régulières encore, si le mouve-
ment des gaz qui les ont creusés avait été moins rapide et moins tumul-
tueux.
» Stries et cannelures de frottement : résultats produits à des pressions rela-
tivement faibles par la vapeur d'eau. — Comme on l'a vu antérieurement,
quand les gaz, au lieu de concentrer leur action en forant un canal, se
déversent suivant des surfaces étendues, leurs effets érosifs se traduisent
par des stries et des cannelures qu'ils creusent énergiquement sur ces sur-
faces, avec des courbures et des formes qui accusent la nature de leurs
mouvements.
» Par analogie avec ce que nous voyons d'ordinaire, j'avais d'abord
pensé que les gaz gravent ainsi les roches, à l'aide des particules solides
qu'ils leur arrachent et « dont ils se servent comme de burins ».
1/) On a eu soin de faire coïncider l'axe optique avec l'ax^e du cylindre.
( .27 )
» Mais un examen plus complet montre qu'un intermédiaire solide est
loin de leur être indispensable. En effet, c'est aussitôt leur arrivée sur la
roche qu'ils l'entament, pour y produire des stries et des cannelures. Ainsi,
pour le cylindre siliceux qui était coupé en quatre secteurs rectangulaires,
chacune des huit arêtes encadrant l'orifice en forme de croix par laquelle
les gaz se précipitaient, a été fortement ébréchée, émoussée, striée et can-
nelée, dans le sens même du courant gazeux; puis, à partir de ces arêtes
d'entrée, chacune des huit faces, en forme de rectangle allongé, a été rayée
sur toute sa longueur par des stries très nettes, les unes rectilignes, d'autres
infléchies, qui s'étendent sur toute la longueur, mais en s'atténuant gra-
duellement. Du côté de l'orifice de sortie, les arêtes sont restées vives.
» D'après ces effets, il paraît que, au point de vue du frottement, les
fluides se comportent tout autrement que les solides et que leur vitesse in-
tervient d'une manière extrêmement énergique.
» A leur arrivée sur chaque arête, les gaz agissent non seulement par
frottement, mais encore et surtoul par choc.
» La surface- des diamants noirs de la variété carbonado présente sou-
vent des stries parallèles très remarquables, qui peuvent avoir été produites
par leur frottement mutuel, ainsi que je l'ai montré par l'expérience (').
Nous voyons cependant qu'il y a une autre origine possible pour ces stries,
ainsi que pour celles dont sont burinées les parois des diatrèmes diaman-
tifères de l'Afrique du Sud.
» Il n'est pas besoin de vitesses aussi grandes que celles qui sont mises
en jeu au moven des explosifs pour produire des érosions considérables :
avec l'aide du temps, des gaz fonctionnant dans des conditions in-
comparablement moins exceptionnelles parviennent à des résultats qui
méritent d'être pris également en considération par le géologue. Les dété-
riorations que subissent accidentellement certaines pièces de machines à
vapeur en offrent des preuves.
» Dans les chaudières, des fuites rasantes entre les tôles peuvent couper
la tôle sur toute son épaisseur : le bronze le plus sain n'échappe pas lui-
même à cette action mécanique. Deux papillons en bronze placés sur un
tuyau d'écoulement de vapeur à 7a,m de pression ont été cannelés et striés
profondément dans des parties voisines de l'axe, où la vapeur éprouvait
^__ •
(') Comptes rendus, t. LXXXÏV, p. 1277, 1877; Géologie expérimentale, p. 378;
1877.
( 128 )
beaucoup de difficulté à s'écouler : ce sont des coupures comparables à des
coups de lime ou à des traits de scie.
» Un clapet, placé aussi sur une canalisation de vapeur à 7atm de pression,
a été également attaqué, dans tous les points où la forme de la pièce diri-
geait de préférence le courant gazeux. Tels sont : i° les trois angles ren-
trants formés sur le corps plat du clapet par les trois arêtes qui servaient
de guidage; 2° l'extrémité des ailettes sur la circonférence du clapet, en
trois régions où la vapeur était dirigée par les trois paires d'angles dièdres
rentrants dont on vient de parler et qui ont été coupés au vif, comme à la
scie; 3° la douille destinée à recevoir la tige de manœuvre du clapet qui
montre des érosions plus singulières encore : en face des entailles décou-
pées par la vapeur dans le siège conique et dans le même alignement, cette
vapeur s'est ouvert trois issues qui ont pénétré jusqu'à l'intérieur de la
douille; 4° le siège conique qui montre suivant les génératrices du cône
des séries de cannelures, si nombreuses, 'qu'elles rappellent l'aspect d'un
cône de papier qu'on aurait plissé ( '). Toutes ces coupures se sont pro-
duites alors que la température de la vapeur était inférieure de plus de
7000 au point de fusion du bronze.
» Il importe de remarquer que, sur toutes ces entailles, le métal a ac-
quis, par l'influence du frottement, le même poli que lui donnerait un
émeri fin, et auquel est évidemment étrangère toute action chimique.
» Fusion, étonnement et autres effets de, la chaleur instantanée présentés par
diverses substances, naturelles ou artificielles, telles que le granité, les verres et
les météorites. — Dans les expériences dont il s'agit, malgré l'extrême
rapidité de leur action sur les roches, les gaz déterminent, en général, une
fusion sur les surfaces qu'ils lèchent. Il ne faut pas oublier, en effet, que
leur température est d'environ 2000° au moment de l'explosion.
» A la surface du granité, le feldspath se fond en globules blancs, res-
sortant en saillie, ainsi que les lamelles de mica qui ont été ramollies.
Quant aux grains de quartz qui, nécessairement, ont résisté à la fusion, ils
paraissent creusés, comme par une érosion, rappelant un peu celle qu'y
produirait de l'acide fluorhydrique. L'échauffement brusque de leur sur-
face, en déterminant une dilatation très inégale, détache des esquilles
comme par une sorte à' étonnement. C'est un fait analogue à celui qui s'est
a
(') Je suis redevable de la Communication de ces deux pièces à l'obligeance de
M. Liébaut.
( I29 )
produit dans des expériences où j'ai perforé le quartzite, à l'aide du cha-
lumeau aux gaz hydrogène et oxygène (').
» Sur les parois des fissures de la fonte cpii donnent passage aux gaz, on
a obtenu des bourrelets annonçant un ruissellement de la matière fondue,
et qui, pour ainsi dire, dessinent le trajet du courant érosif. Ce résultat est
comparable à ceux que présente la croûte de beaucoup de météorites.
surtout de celles dont la masse admet des feldspaths ou d'autres minéraux
fusibles.
» Des gouttelettes transparentes, ressemblant à une sorte de rosée
vitreuse, couvrent les surfaces du verre et du cristal soumis aux gaz de
l'explosion. Cette rosée est composée de petits globules, réunis entre eux
par une substance générale qui est transparente et remplie de myriades de
bulles gazeuses; cette sorte d'écume agit faiblement, en quelques parties,
sur la lumière polarisée, sans doute à la suite de la trempe qu'a subie cette
pellicule externe.
» En certaines portions, la matière vitreuse est striée de façon remar-
quable, parfois avec une disposition pennée, qui tient au moulage des sillons
creusés dans le cristal par le passage des gaz. Les surfaces d'éclatement du
cristal présentent, en effet, des configurations très singulières dont une
description sans figure ne saurait donner une idée complète. En quelques
points se signalent des polygones juxtaposés, à la façon des cellules d'un
gâteau de miel, dont la dimension moyenne est de imm,5, polygones se
présentant comme les bases de pyramides concaves, à faces courbes et très
surbaissées. A leur sommet se présente très fréquemment une sorte d'om-
bilic ou cupule hémisphérique très singulière.
» Contrairement à ce qu'on aurait pu supposer, les nombreux fragments
en lesquels ces cylindres de verre et de cristal ont été réduits ne présentent
pas d'indice de double réfraction : on en doit conclure qu'ils n'ont pas
subi de trempe, bien qu'il y ait eu des effets de fusion superficielle et de-
tonnement; sans doute l'action de la chaleur a été trop rapide. C'est peut-
être pour la même cause que le quartz perforé a conservé sa double ré-
fraction normale, d'après l'examen que M. Des Cloizeaux a bien voulu
en faire.
» Pour les météorites, l'injection des gaz v a déterminé un aspect tout
(' ) Annales des Mines, 5e série, t. XIX, p. 20; 1861.
( i3o ;
nouveau. De toutes parts, la roche s'est noircie, et non seulement à sa
surface, mais dans des parties très profondes. En d'autres termes, il s'v est
développé des veines noires, du même genre, d'ailleurs, que celles dont la
pierre était déjà pourvue, mais bien plus larges et en bien plus grand
nombre.
» Des lames minces coupées en diverses directions et étudiées au micro-
scope montrent que ce noircissement est identique à celui que détermine
l'application de la chaleur rouge sur la roche météoritique, et qu'on peut
en résumer tous les caractères en disant que la substance, d'abord grise,
qui fait le fond des pierres des types les plus communs, s'est transformée
dans la substance noire qui fait le fond des pierres de Tadjera et. de Koursk,
conformément aux résultats antérieurement signalés par M. Stanislas
Meunier.
» Au point de vue de la forme des zones noires artificiellement pro-
duites, l'expérience fournit des documents nouveaux.
» Ainsi, chacune des parois d'une même fissure noircie est pourvue
d'une marge noire, bien plus nettement délimitée qu'on ne l'a jamais con-
staté dans les météorites naturellement marbrées. Cette circonstance vient
sans aucun doute de ce que réchauffement, lors de l'explosion expéri-
mentale, est incomparablement plus subit et moins prolongé qu'il ne l'a été
dans la nature.
» Mais cette différence si sensible pour les marbrures se change en
identité pour Técorce externe, et l'on peut dire avec assurance que le
cylindre de la pierre de Pullusk soumis à l'explosion a procuré la première
reproduction artificielle de la croûte noire des météorites. Celle-ci, comme
on sait, consiste en matériaux noircis, mais non fondus, tellement que
les météorites entièrement noires, comme celle de Tadjera, ne possèdent
jamais de croûte. En outre, dans la météorite naturelle, elle est nettement
limitée à une profondeur qui témoigne de l'épaisseur de la zone où la cha-
leur développée pendant le trajet atmosphérique a vaincu le froid dont la
masse cosmique était comme imprégnée. La soudaineté du coup de feu
dans l'éprouvette a reproduit des conditions parallèles, et tous les carac-
tères de la croûte se trouvent ici exactement imités.
» L'excessive vitesse des filets gazeux subitement engendres par les
explosifs et leur énorme température expliquent aisément l'énergie des
effets calorifiques produits en quelques dix-millièmes de seconde et qui
viennent d'être successivement décrits dans ce paragraphe.
( i3i )
» Formation et transport de débris : menus fragments et poussières; appli-
cation aux phénomènes naturels et spécialement à l'histoire des poussières cos-
miques et de celles qui abondent dans les régions- abyssales de la mer. —
Comme contre-partie des érosions et des perforations qu'ils causent, les
gaz produisent une quantité de débris qu'ils emportent au dehors. Une
feuille de carton enduite de vaseline, qui était placée à im, /jo au-dessus de
l'orifice de sortie de l'éprouvette et maintenue au moyen d'une planche
arc-boutée, servait à recueillir une partie de ces projections. Celles-ci,
suivant leur grosseur, subissent une sorte de triage qui les distribue sur la
surface adhésive suivant des cercles concentriques. Les grains les plus
grossiers perforent le carton et même la planche de support; quant aux
parties les plus ténues, elles sont partiellement emportées au loin par les
gaz qu'elles rendent opaques.
» L'examen des poussières retenues sur la feuille de carton, que M. Sta-
nislas Meunier a bien voulu faire, mérite d'être résumé.
» Dans la poussière produite lors delà trituration des roches par le vio-
lent passage des explosions gazeuses, on distingue au microscope des
grains de deux catégories différentes. Les uns ne sauraient être distingués
de ceux que donne la simple pulvérisation mécanique; les autres ont un
caractère spécial qui parait en rapport intime avec les conditions particu-
lières de l'expérience. Par exemple, dans le cas du granité, les trois miné-
raux constituants : quartz, feldspath et mica, se retrouvent avec tous
leurs attributs. Mais, en outre, on est frappé de rencontrer des petites
sphères parfaites ou presque parfaites, absolument opaques et noires ou
peu translucides et brunâtres, dont la surface est luisante et qui parfois
présentent un petit goulot bien caractéristique : ce sont, sans aucun
doute, des produits de fusion.
» On retrouve des éléments identiques dans la poussière dérivant de
roches très diverses soumises à l'expérience, telles que les calcaires, et
même dans celle de la porcelaine ou de la terre à poteries, mais en nombre
variable et avec des dimensions différentes dans chaque cas.
» Cette dernière circonstance montre que si l'acier de l'éprouvette peut
donner lieu lui-même par combustion à quelques globules, ce qui est tort
douteux comme on le verra plus bas, la plupart ont réellement pour ori-
gine la roche en expérience.
» Il est impossible de contester l'identité de ces globules avec ceux qui
existent en si grande abondance dans les poussières atmosphériques, qu'on
a signalés à tant de reprises dans les vases actuelles des mers profondes et
( i3a )
qui pullulent clans un si grand nombre de sédiments de tous les âges,
depuis les argiles albiennes du puits de Grenelle jusqu'aux grès paléo-
zoïques de Yilledieu (').
» Jusqu'ici l'opinion générale, la seule que Ton pût avoir, a été de rat-
tacher l'origine de ces globules à l'arrivée dans l'atmosphère de masses
cosmiques; et l'on peut ajouter aujourd'hui aux arguments déjà présentés
à l'appui de cette thèse, les résultats fournis par la trituration gazeuse des
roches météoritiques : la poussière qu'a donnée expérimentalement un
cylindre de la pierre tombée du ciel en 1868, à Pultusk, montre en effet
d'innombrables globules associés aux éclats de péridot et d'enstatite, ainsi
qu'aux; granules métalliques avant conservé leur forme ramifiée et même
souvent leur adhérence avec des minéraux lithoïdes.
» Cependant, ce qui précède fait voir que les roches terrestres, de même
que les météorites, et sur une plus vaste échelle, peuvent engendrer les
globules qui nous occupent.
» On peut même pour celles-ci en saisir, pour ainsi dire, l'origine sur
le fait. Sur la paroi interne des diatrèmes ou canaux ouverts par les gaz
dans les cylindres de granité, on voit qu'à côté du quartz qui a été écaillé
par décrépitation, le mica et. le feldspath ont pris, à des degrés divers et
avec une intensité inégale suivant les points, un état visqueux ou fluide
qui les a étalés sous forme de vernis. Ce vernis a, ça et là, été arraché par
le courant gazeux en minces pellicules dont on voit les attaches et qui
ont été projetées dans l'air, en globules fondus, bientôt refroidis et con-
solidés.
» Pour bien élucider la suite de leur histoire, il est commode, comme
l'a fait M. Stanislas Meunier, de substituer aux matériaux réfractaires des
roches quelque corps très fusible, et l'on reconnaît alors que la capillarité
intervient pour transformer, en effet, les pellicules fondues dont nous ve-
nons de voirie point de départ en petits halonnets creux, souvent tubulés
comme les globules naturels.
» Ainsi, en lançant dans l'eau froide le contenu d'une pipette à orifice
capillaire remplie de stéarine fondue, ou de cire à cacheter, ou d'un mé-
lange de ces deux substances, on produit des mvriades de petites sphé-
rules, avant tous les caractères de forme de celles qui nous occupent et
reproduisant aussi, malgré la différence de substances, toutes les allures
(') Stanislas Meunier et Gaston Tissandier, Comptes rendus, t. LXXXVI, p. 4~>o:
1878.
( i33 )
des globules résultant de la combustion du fer dans l'air ou du choc du
silex sur l'acier du briquet. Leur forme est, en général, d'autant plus
sphérique que leur diamètre est plus réduit; mais on peut arriver à en
produire de fort grosses, c'est-à-dire ayant plusieurs millimètres et, dans
ce cas, très faciles à étudier.
» En résumé, sans contester, et bien au contraire, que l'arrivée des mé-
téorites dans l'atmosphère contribue à la production des globules bril-
lants dont abondent les sédiments aériens et aqueux, il convient de bien
établir que le phénomène terrestre de l'ouverture des diatrèmes inter-
vient très activement pour sa part. Les sphérules concomitantes à l'érosion
gazeuse des granités et des autres roches, lancées dans l'atmosphère, aux
vertigineuses altitudes où parviennent les fines déjections volcaniques,
peuvent être soutenues en l'air fort longtemps et retomber à des dis-
tances quelconques. A l'appui de cette opinion, il faut rappeler que, dans
le bassin des mers, les corpuscules dont il s'agit, et que MM. Renard
et Murray n'hésitent cependant pas à rattacher à une origine extra-ter-
restre, sont, en général, toujours associés à ces produits nettement volca-
niques, si abondants dans le fond de tous les océans et qui semblent être
là tout exprès pour trahir leur véritable origine.
» On peut noter ici que, à l'inverse des roches précédentes, le quartz
hyalin n'a fourni qu'une poussière anguleuse, complètement dépourvue de
globules.
» La poussière impalpable produite par l'érosion gazeuse des cylindres
de fonte et d'acier n'a montré, contrairement à ce qu'il semblait bien
légitime de supposer, que des grains très anguleux ou à peine arrondis et
pas du tout de sphérules. La matière est d'ailleurs à peine oxydée, comme
en témoigne son aclion précipitante sur les sels de cuivre, et cet état donne
peut-être la raison de sa différence de forme avec les poussières globuli-
îeres atmosphériques qui paraissent dériver, au moins pour une faible
part, de la combustion dans l'air de masses de fer météoritiques.
» L'expérience explique encore que les formes anguleuses des fragments
de certaines brèches éruptives, telles que celles des blocs cristallifères si
connus de la Somma, et particulièrement celles des lapilli, peuvent être
dues, non-seulement à la friction des roches solides dans la cheminée vol-
canique, comme on l'a supposé, mais aussi à la seule action des fluides
élastiques, dont la puissance brisante est énorme. Il en est de même des
poussières d'une extrême ténuité, que l'on désigne improprement sous le
nom de cendres volcaniques, par exemple pour celles que le Krakatau, en
C. R.. 1891, 1" Semestre. (1'- CXII, fv 3.) iri
( i34 )
i88'3, a vomies en si prodigieuse abondance que l'atmosphère terrestre
tout entière en a été salie des mois durant. Toutes ces poussières ont leurs
analogues dans les poudres, absolument impalpables, formées dans ces
expériences par les explosifs, aux dépens de toute espèce de roches.
» Il convient donc de tenir grand compte en géologie de cette puissance
de transport des gaz. Ainsi l'arrivée possible vers le jour de poussières de
natures diverses émanant des profondeurs peut simuler une volatilisation.
» Broyage et moulage de la roche repassée à l'état solide; apparente plas-
ticité; applications possibles à divers effets mécaniques exercés sur les roches,
dans l'épaisseur de l'écorce terrestre. — Dans plusieurs cas où la roche,
gypse, marbre, granité ou météorite, avait été complètement broyée par
le courant gazeux qui l'avait traversée, la poussière dont les éléments se
sont réagglutinés s'est exactement moulée dans le logement où était placée
la roche, de façon à prendre contre l'acier un poli spéculaire, comparable
à celui de la monnaie qui a subi le choc du balancier. La délicatesse de ce
moulage par pression ressort aussi de l'empreinte, saisie par la roche,
des stries concentriques que le travail au tour avait gravées sur des ron-
delles d'acier, ainsi que des fds de cuivre qui cerclaient les cylindres de
marbre. En se régénérant, la roche s'est comportée d'une manière qui
simule la plasticité de la glace dans les expériences de Tyndall.
» Pour le calcaire marbre, le grain saccharoïde s'est sensiblement atté-
nué, en même temps que la roche, de translucide qu'elle était, est devenue
opaque. Ce que la simple vue à la loupe faisait supposer est confirmé par
l'examen de plaques minces au microscope; la roche, après avoir été
broyée en très menus fragments, a immédiatement repris de la cohésion.
A la base d'un cylindre ainsi comprimé, on est frappé par l'éclat spéculaire
de la substance, devenue transparente et active sur la lumière polarisée et
qui rappelle un large clivage cristallin.
» Le granité a souvent peu perdu de sa cohésion et, au premier abord,
il a conservé son aspect. Cependant l'examen microscopique d'une lame
mince montre qu'il a subi un broyage; ses éléments ont été réduits en
très petits fragments. Quelques-uns de ceux-ci, pulvérisés, renferment à
l'état d'inclusion des bulles gazeuses qui sont sans doute des produits de
l'explosion. D'après l'examen que M. Michel Lévy a bien voulu en faire,
les fissures provoquées par l'explosion traversent tous les éléments, mais
se multiplient au passage du quartz et des feldspaths; elles ne paraissent
pas très déviées par les directions de clivages faciles. Dans les micas, il y
a parfois torsion des feuillets, le long des cassures.
( i35 )
» De même que le granité, la météorite ainsi broyée s'est régénérée et a
sensiblement repris sa cohésion primitive.
» Après l'expérience, le calcaire ainsi moulé présente une schistosité
concentrique à l'axe du cylindre : il en est de même du granité. Ces résul-
tats s'expliquent par les expériences qui ont imité les conditions où se pro-
duit la structure schisteuse ('). En effet, c'est seulement par écoulement
que ces roches ont pu se mouler, comme nous venons de le voir.
» Quand on se reporte aux énormes pressions que les roches ont subies
dans l'écorce terrestre, lors des ploiements auxquels elles ont été si sou-
vent soumises, on doit supposer qu'elles ont été bien souvent concassées
et ressoudées, de manière à dissimuler une pulvérisation, comme nous
venons de le dire.
» Pour voir si, dans ces conditions, c'est-à-dire sous le choc développé
par une pression de 24ooatm, la roche, sans se pulvériser, ne peut pas se dé-
former par une sorte de ductibilité comparable à celle des crusbers de cuivre
qui servent de manomètres, j'ai soumis un cylindre de marbre de Carrare
plein, c'est-à-dire sans fissure préalable, à une charge de densité de 0,2,
par conséquent double de celles qui ont été employées dans la plupart des
expériences. Dans ce but, des sillons en croix, d'une profondeur de omm,3,
ont été pratiqués sur l'une des bases, ainsi que sur le côté du cylindre. Le
bruit intense qui s'est produit à la suite de l'explosion a immédiatement
averti que, malgré le bouchon plein constitué par la roche, les gaz s'étaient
fait jour en le brisant. D'ailleurs, le carton adhésif était criblé de pous-
sières et de grains projetés en dehors, dont quelques-uns l'avaient tra-
versé.
« En effet, le cylindre massif de marbre avait été perforé suivant son
axe par un canal dont le diamètre moyen se rapprochait de celui de l'ob-
turateur de cuivre et de l'enclume d'acier. En outre, il s'était exactement
moulé sur les parois cylindriques et sur les bases du logement, en leur
empruntant le poli, l'éclat métallique et les stries fines provenant du travail
au tour. Les dimensions du cylindre s'étaient donc considérablement mo-
difiées : le diamètre s'était accru de 2iu,m,i à 24mm, et la hauteur réduite
de 3omm,7 à 24mm. Les sillons creusés à l'avance étaient complètement
effacés.
» On a donc ici un nouvel exemple de broyage et de régénération de la
roche à l'état cohérent, par le fait d'une apparente plasticité. Dans ces
(') Comptes rendus, t. LXXXII, p. 710 et 798.
( i36 )
expériences, les conditions sont bien plus favorables à une soudure que
lorsque l'air s'interpose nécessairement entre les grains d'une poussière;
la roche se reconstitue instantanément, c'est-à-dire avant même que les gaz
de l'explosion aient toujours le temps de s'insinuer entre les éléments.
D'ailleurs bien que la chaleur contribue certainement au résultat, on
n'aperçoit clans les éléments réagglutinés aucune trace de fusion.
« Ce qui est aussi à remarquer, c'est que, lors même qu'une voie étroite
ne leur a pas été préparée par une fissure, les gaz eux-mêmes peuvent
perforer un large canal de fuite, à travers la roche qui paraissait devoir
s'opposer à leur passage.
» Observation finale. — La longue série des faits qui viennent d'être
exposés, en témoignant de l'incomparable puissance des gaz à hautes tem-
pératures, doués de très fortes pressions et de mouvements très rapides,
justifie l'application qu'on en peut faire à divers chapitres de l'histoire du
globe.
» L'ouverture des canaux perforés ou diatrèmes, qu'ils soient diaman-
tifères, volcaniques ou autres, le concassement des roches, leur régéné-
ration par une apparente plasticité, sous l'influence d'efforts mécaniques,
le transport de leurs débris, menus fragments et poussières, ne représen-
tent peut-être pas toutes les directions où la nouvelle méthode expérimen-
tale pourra s'appliquer, et ce qui a été dit des météorites montre déjà
qu'elle peut s'attaquer à un domaine plus vaste encore que celui de la
Terre. »
BOTANIQUE. — Contribution à l'histoire botanique de la Truffe. Deuxième
Note : Terfàs ou Truffes d' Afrique (et d'Arabie), genres Terfezia et Tir-
mania; par M. Ad. Chatin.
« On sait que l'Algérie, la Tunisie et le Maroc donnent lieu à une
récolte abondante, surtout dans la région saharienne, d'un tubercule hy-
pogé, sorte de Truffe, connu des Arabes, dont il alimente les caravanes
pendant de longs mois, sous le nom de Terfàs {'). C'est aussi un Terfàs,
voisin de ceux d'Afrique, qu'il m'a été donné de reconnaître dans des tu-
bercules apportés au Liban par des caravanes venant du nord-ouest de
(') On dit aussi Torfaz, Torfes, Terfez. J'adopte l'orthographe de mon savant ami,
le voyageur Duvevrier.
( i37 )
l'Arabie. Nul doute que ce ne soit le Terfàs que Pline a désigné sous le
nom de Mizy, Mison, que les Romains tiraient fie Cartilage et de Libye,
que Desfontaines a nommé Tuber niveum, et Tulasne d'abord Chœromyces,
puis Terfezia Leonis.
» Il est aujourd'hui admis qu'il n'y a qu'un Terras et. qu'il est le produit
du Terfezia Leonis. Or cette étude a pour objet d'établir qu'il existe au
moins quatre sortes deTerfàs, dont une seule peut être rapportée au Ter-
fezia Leonis, tel qu'il a été décrit et figuré par Tulasne. 1/ Afrique compte
plusieurs Terfàs, comme nous avons plusieurs Truffes en France.
» Désireux d'étendre au Terfàs les recherches de Chimie et de Bota-
nique auxquelles je me livrais sur les Truffes de France, je priai M. le
Gouverneur général de l'Algérie, que j'avais eu l'honneur de compter
parmi mes collègues an Comité consultatif d'Hygiène publique, où il re-
présentait le Conseil d'Etat, de vouloir bien faire mettre à ma disposition,
si possible, une certaine quantité de Terfàs. Grâce à l'obligeance de
M. Tirman, je recevais sans retard du général de La Roque, commandant
de la subdivision de Batna, un important envoi de Terfàs récoltés aux en-
virons de Barika, dans le Hodna ('). Une provision de la terre des truf-
fières était jointe aux tubercules. A ceux-ci, d'une petitesse tout excep-
tionnelle, en raison de la sécheresse de la saison, étaient mêlés deux
tubercules plus blancs et plus gros que les autres.
» Un peu plus tard, à la demande de M. le professeur Baltandier,
d'Alger, je recevais de M. Bou-Median-Ben-Hafiz, pharmacien à Biskra,
deux lots fort différents l'un de l'autre de Terfàs.
» L'un de ces lots était composé de petits tubercules entiers, semblables
à ceux de l'envoi du général de La Roque, tandis que l'autre lot consistait
en tubercules coupés en fragments et desséchés, paraissant avoir atteint
le volume d'une orange. Il me fut aisé de reconnaître que les deux gros
tubercules restés d'un blanc jaunâtre au milieu des petits tubercules de-
venus brunâtres de l'envoi de Barika étaient de même nature que les gros
fragments de l'un des lots de Biskra.
» On comprend que ceux-ci, dans les années favorables à leur déve-
loppement, puissent, suivant la légende rapportée par M. Duveyrier, être
(') « Le moment le plus favorable pour recueillir les Tor/ès dans le Hodna est le
mois d'octobre. C'est à cette époque qu'on a le plus de chances d'en trouver beaucoup
et de grosseur supérieure. » (Lettre de l'officier commandant à Barika.) — Nul doute
que l'espèce d'octobre ne diffère de celle d'avril.
( i38)
assez gros pour servir à la fois d'aliment et d'habitation aux Gerboises.
» Quoi qu'il en puisse être, voici les principaux caractères de ces deux
sortes de Terfâs :
» 1. Petits Terfas ('). — Ces Terfàs, qui composaient presque la tota-
lité de l'envoi deBarika et l'un des lotsdeBiskra, sont de forme arrondie ou
ovoïde, avec une sorte de court prolongement radicoïde; la surface en est
lisse, de couleur jaunâtre, ainsi que la chair, le tout brunissant par la des-
siccation. Ce Terfàs, qui par la forme et la coloration rappelle le Terfezia
Leonis de Tulasne, en diffère beaucoup par les spores.
» Si, en effet, celles-ci sont encore rondes et au nombre de huit dans les
sporanges, elles s'en éloignent par leurs réticulations petites et irrégu-
lières, surtout parce que leur surface n'est relevée que de courts festons,
au lieu de porter les gros appendices en forme de dents d' engrenage qu'a
figurés Tulasne. Par ses reliefs courts et mousses, ce Terfàs a de l'analogie
avec les Pachyphlœus et Hydnoiria, mais dans ceux-ci les relèvements de
l'exospore sont encore plus accentués.
» La structure des spores éloignant beaucoup les petits tubercules de
Barika du Terfezia Leonis, on est déjà conduit à admettre que le Terfàs
n'est pas fourni par une seule espèce botanique, mais par deux espèces
au moins.
» L'existence d'une troisième espèce, laquelle ne saurait même être
rattachée au genre Terfezia, va ressortir de l'examen des gros tubercules
coupés en morceaux, constituant l'un des envois de Biskra et représentés
par deux spécimens au milieu des Terfàs de Barika.
» 2. Gros Terfas blanc. — Ce Terfàs. qui m'a été envoyé à l'état sec
et divisé en morceaux formant l'un des deux lots de M. Bou-Median-Ben-
Hafiz, présentait les caractères ci-après :
» Les tubercules, coupés en plusieurs fragments (de 4 <l 8 ordinaire-
ment), ont pu atteindre, quelques-uns du moins, au volume d'une grosse
orange. La forme a dû en être arrondie ou ovoïde, avec quelques bosselures
et sinus.
» Le péridium, non relevé en verrues, est lisse et à peine teinté de jaune
(') La petitesse de ces tubercules, comprise entre le volume d'une noisette et celui
d'une noix, est due, au rapport des Arabes, qui, cette année (1890), en ont pour ce
motif négligé la récolte, à l'exceptionnelle sécheresse du printemps dans la zone saha-
rienne. En certains lieux (Bou-Saïda, etc.), le Terfâs n'a même pas apparu, suivant
M. Battandier.
( i39 )
(bien différent en cela des'petits Terfàs qui brunissent par la dessiccation ).
La chair, comme le péridinm auquel elle fait suite, est presque incolore.
» Les sporanges, moins arrondies généralement que celles du Terfezia
et du Tuber, affectent plutôt la forme de poires, avec un fort appendice
caudal qui rappelle celui des Balsamia et Pachyphlœus.
Les spores, au nombre de huit dans les sporanges comme cela a lieu
pour le Terfezia, se différencient par ces deux caractères de grande
valeur : elles sont oblongues et non rondes comme dans tous les Terfezia;
elles sont incolores (même après dessiccation), ont leur surface unie et lisse,
nullement réticulée ni tuberculeuse comme chez ceux-ci.
» 3. Terfàs d'Arabie. — Ayant eu l'occasion d'examiner un tubercule
sec faisant partie de collections rapportées du Liban, et qui aurait été
récolté au nord de l'Arabie, vers le pays des Wahabites, où il serait
commun, recherché des caravanes, et souvent porté sur les marchés de
l'Asie Mineure ('), je lui ai trouvé les caractères ci-après :
» Tubercule brunâtre, de la grosseur d'un petit œuf, avant toute l'appa-
rence des petits Terfàs d'Afrique.
» Les sporanges (par suite de vétusté ou de récolte faite longtemps après
maturation?) étaient ouvertes et réduites à des débris. Les spores, libres,
rondes, sensiblement plus colorées (en raison de leur vétusté?) que celles
de Barika, sont un peu plus grosses et s'en distinguent surtout par les
reliefs tubéroïdes plus nombreux, très pressés les uns contre les autres,
plus saillants et à sommet coupé carrément au lieu d'être arrondi en
feston.
» Par l'ensemble de ses caractères, le Terfàs d'Arabie appartient au
genre Terfezia et ne diffère pas spécifiquement du petit Terfàs d'Afrique,
dont il constitue toutefois une variété.
» On le voit, le Terfàs des Arabes appartient au moins à quatre Tubé-
racées bien distinctes, et il est probable que de nouvelles recherches vien-
dront encore ajouter à ce nombre.
» Ces Tubéracées sont :
» 1. Le Terfezia Leonis de Tulasne (a) ;
(') C'est sans doute ce Terfàs qu'avait en vue Cliabrée assurant qu'à Damas, dans la
saison, il s'en consomme par jour la charge de dix chameaux. La manne des Hébreux
était-elle autre chose que le Terfàs, si abondant au désert? Poser la question, c'est la
résoudre, pensera-t-on , le Terfàs ayant d'ailleurs la coloration blanc-jaunâtre de la
manne.
(2) Que j'admets, bien qu'aucun des tubercules que j'ai reçus d'Afrique (et d'Arabie)
ne réponde au dessin qu'il a donné des spores.
( i4o )
» 2. Les petits tubercules de Barika et de Biskra, pour lesquels je pro-
pose le nom de Terfezia Boudieri, dédiant l'espèce à mon ancien élève et
savant collaborateur M. Emile Boudier;
» 3. Le Terfàs d'Arabie, que je rapporte, comme variété, au Terfezia
Boudieri (' ) ;
y 4. Le gros Terfàs blanc, à spores oblongues et lisses, pour lequel je
propose le nom générique de Tirmania, en reconnaissance de l'empresse-
ment mis par M. le Gouverneur de l'Algérie à faire recueillir des maté-
riaux pour les présentes études; et, comme nom d'espèce, celui d'af ri-
cana, qui rappelle l'habitat.
» Nul doute que, sans parler des très petites espèces de Terfezia
(T. berberidiodora, T. leptudermâ, T. olbiensis, T. oligosperma) observées
dans le midi de la France et en Italie, on ne trouve encore en Afrique et
au nord-ouest de l'Asie d'autres tubercules alimentaires aujourd'hui con-
fondus par les Arabes de ces deux régions. Quoi qu'il en soit des distinc-
tions spécifiques faites ou à faire, je rappelle qu'on a signalé le Terfezia
Leonis (?) dans le sud et le sud-ouest de la France, en Espagne, en Italie
vers Terracine, où il porte le nom de Tartufo bianco, en Sicile, en Sar-
daigne dont il est le Tuvara de arena. Par sa couleur et son volume, il y
serait parfois confondu avec la grosse Truffe blanche de Piémont (Tuber
magnaturrî), peut-être aussi avec le Tuber Borchii.
» Les centres d'aire des Terfàs sont, d'ailleurs, l'Afrique septentrio-
nale, de Biskra àTougourt, dans leM'zab, au sudd'El Golea, leHodna, etc.,
en Tunisie et au Maroc, dans le nord-ouest de l'Arabie, toutes régions où
ils entrent pour une part importante dans l'alimentation des populations,
tant fixes que nomades. Le Tirmania est surtout commun dans le M'zab et
vers Tougourt.
» Les Phanérogames regardées comme les nourrices des Terfàs ne sont
pas de grands arbres, chênes, etc., comme pour nos Truffes, mais d'hum-
bles Cistes et Hélianthèmes, couvrant à peine le sol, parmi lesquels on
compte, avec Y Helianthemum tuberaria, dont le nom spécifique a voulu
rappeler quï/ vient dans les champs de Truffes (2), les Cislus Iialtmifolius,
ladaniferus var. halimioides, salicifolius, montpelliensis et saU-ifolius, ces
(') Ce Terfàs a été vu par Tulasne, qui le prit à tort pour le jeune âge de sou
T. Leonis. On peut conjecturer que le Terfàs d'Arabie se retrouvera en Afrique, et,
réciproquement, le Terfàs d'Afrique en Arabie.
(2) Proposition à renverser, attendu que ce sont les Truffes ou Terfàs qui viennent
dans les champs de Cistes.
( '4* )
deux derniers les plus répandus en Algérie, Tunisie, Maroc, comme dans
toule l'Europe méridionale.
» Ces diverses Cistinées sont généralement désignées par les Arabes
sous les noms de Touzzal, Touzzala, Haleb et, par les Kabyles, sous celui
d'As-r'ar.
» M. Letourneux a cité spécialement comme plante à Terfâs XHelian-
themum gutlatum; mais la justesse de cette indication paraîtra, jusqu'à vé-
rification, douteuse, si l'on considère qu'il s'agit ici d'une très délicate
plante annuelle, dont la végétation n'a qu'une durée de deux à trois mois
au plus, ce qui est peu en rapport avec le rôle de nourrice qu'on ne sau-
rait refuser aux végétaux des truffières.
» Comme aliments, les Terlàs que j'ai pu examiner se recommandent
par une saveur agréable et une odeur douce, que je comparerais -\olon-
tiers à celles du Mousseron, l'un de nos meilleurs Champignons.
» L'Afrique a de faux Terfàs, comme nous avons de fausses Truffes; tel
est un Hymenogaster récolté par M. le professeur Trabut, dans un bois de
cèdres, à Sidi-Abdelkader, au-dessus de Blidah. Je propose pour cette Tu-
béracée, de la grosseur d'un œuf de pigeon et bien caractérisée par les
petites tubérosités des spores disposées en lignes longitudinales, le nom
d' Hymenogaster Trabuti. »
BOTANIQUE. — Description et emploi des Eucalyptus.
Note de M. Cii. Naudix.
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie ( ' ) n'est pas
volumineux, c'est une simple brochure de moins de 80 pages, et cepen-
dant il m'a fallu une dizaine d'années pour en préparer les matériaux.
Cette lenteur n'étonnera pas les botanistes qui savent combien il est par-
fois difficile de déterminer les espèces dans les grands genres, surtout
quand il s'agit d'arbres exotiques, toujours incomplètement représentés
par des échantillons d'herbier. Ce qui en accroît la difficulté pour les Euca-
lyptus, c'est l'étrange variabilité des espèces, les entre-croisements de
leurs caractères et les changements de figure des individus eux-mêmes, à
(') Ciiarles Naudin, Description et emploi des Eucalyptus introduits en Europe,
principalement en France et en Algérie. Second Mémoire. J. Marchand, 1890;
br. in-8°.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 3.) J9
( 142 )
mesure qu'ils avancent en âge. Il en est résulté une extrême confusion
dans les travaux des eucalyptograph.es, devenus par là à peu près inutiles.
Une seule monographie fait exception : c'est celle du baron Ferdinand
Mùller, de Melbourne, qui, placé au centre de la région des Eucalyptus, a
pu les observer à loisir dans tout leur développement. Son travail est
jusqu'ici le seul sérieux, le seul qu'on puisse consulter avec profit.
» Observer à l'état vivant les, Eucalyptus introduits en Europe, les suivre
depuis la germination des graines jusqu'à l'âge adulte, noter les variations
qui se produisent dans le cours du temps, telle est la tâche que j'ai entre-
prise. Le climat de la Provence permettant d'en cultiver un grand nombre
à l'air libre, j'en ai profité pour réunir à la villa Thuret, près d'Antibes,
une collection qui est probablement la plus vaste de l'Europe. Elle con-
tient en ce moment quatre-vingts espèces, ce qui est à peu près la moitié
du nombre total qu'on suppose exister.
» Cette manière de procéder est nécessairement lente. Il faut aux
arbres plusieurs années pour croître, fleurir, fructifier, devenir adultes en
un mot, et permettre à l'observateur de les suivre dans toutes les phases
de leur développement. Telle est la cause qui a retenu si longtemps la
publication de ce Mémoire, encore n'embrasse-t-il pas la totalité des es-
pèces de notre collection, dont plusieurs ne sont pas encore en âge de
fleurir et de fructifier.
» Au simple point de vue botanique, les Eucalyptus offrent un grand
intérêt, non seulement par la structure de leurs fleurs, mais aussi parce
fait, qu'ils appartiennent à peu près tous au continent australien et aux îles
qui s'y rattachent géologiquement, comme si leur création avait eu lieu
dans cette aire relativement restreinte. Leurs analogies, si frappantes
malgré les diiférences spécifiques, suggèrent l'idée que toutes ces formes
sont dérivées d'un prototype unique, postérieurement à la séparation de
l'Australie du continent asiatique. Mais, outre cet intérêt d'ordre spéculatif,
les Eucalyptus en ont un autre qui nous touche de plus près, dans les ser-
vices matériels qu'ils sont appelés à nous rendre. La plupart sont des arbres
forestiers de valeur, dont quelques-uns croissent avec une merveilleuse
rapidité et peuvent, dans un temps relativement fort court, fournir en
abondance d'excellents bois de construction, en même temps que du com-
bustible, partout si nécessaire.
» Il y aurait un avantage incontestable pour tous les pays de l'Europe
méridionale, si appauvris de forêts depuis des siècles, d'y faire de vastes
plantations d'Eucalyptus, mais cet avantage serait surtout apprécié dans
( i43 )
notre colonie transméditerranéenne, quand il s'agira de doter de chemins
de fer le Sahara algérien, en attendant qu'on les pousse plus loin vers l'in-
térieur de l'Afrique. Qu'on songe à l'énorme quantité de bois qu'il faudra
employer en traverses et en poteaux télégraphiques, sans parler même des
autres besoins d'une telle exploitation! Elle ne serait possible d'ailleurs
qu'à la condition d'avoir en quelque sorte sous la main, c'est-à-dire à
proximité, les matériaux nécessaires. Je ne sais si je me fais illusion, mais
il me semble que des forêts à' Eucalyptus, créées artificiellement là où elles
seraient possibles, en choisissant les essences les plus recommandables par
leur célérité à croître et les qualités de leur bois, aplaniraient bien des
obstacles. L'opération, sans doute, rencontrerait des difficultés de plus
d'une sorte ; mais quand on voit les merveilleux résultats qu'on a obtenus
de la plantation de Pins maritimes dans les landes de Gascogne, jadis sté-
riles et réputées impropres à toute culture, on est autorisé à ne pas déses-
pérer du succès. Au surplus, les reboisements algériens s'imposent comme
une nécessité; c'est une question vitale pour notre grande colonie, et on
ne saurait les retarder sans compromettre de graves intérêts. »
chimie organique. — Influence des dissolvants sur le pouvoir rotatoire des
camphols et des isocamphols. Elude des bomylates de chloral. Note de
M. A. H ALLER.
« Dans une Note antérieure ( '), j'ai montré les variations que subit
le pouvoir rotatoire de l'isocamphol gauche avec la nature du dissolvant.
De nouvelles mesures ont été faites comparativement avec les deux cam-
phols gauches x et [3, en employant d'autres dissolvants. Elles ont été effec-
tuées à une température moyenne de i3-i5°et sur des solutions renfer-
mant une demi-molécule de la substance par litre. Les nombres trouvés
sont les suivants :
P. r. m. P. r. m.
du de
Dissolvant?. camphol gauche a. l'isocamphol gauche.
Alcool méthylique | >]D = - 35,g3 (-) [a]D = — 33, oo
» éthylique absolue. . . — 37,33 (3) -32, 90
» isopropvlique 3^,23 — -33,33
« isobutylique .'.7, 23 —33,54
(') Comptes rendus, t. GIX, |>. 187.
(2) Moyenne de 3 déterminations.
(3) Moyenne de 2 déterminations.
( i44 )
P. r. m. P. r. m.
du de
Dissolvants. camphol gauche a. l'isocamphol gauche.
Acétone [a]» = — ^7,87 [a]B = — 22, g4
Ligroïne (1 io"-i 20 ; — 37,12 — 22,72
Elher acétique — 37,55 • — 22,7^
Benzine — 37,66 — 19,1s
Toluène — 37,87 — i8,g3
Xylène — 37 ,66 — 1 8 , <j">
p. Méthylpropylbenzine. . . . — 37,66 — 18,95
» Ces résultats montrent :
» i° Qu'à part l'alcool méthylique dont l'influence est manifeste, tous
les autres dissolvants n'exercent aucune action sur le pouvoir rotatoiredu
camphol gauche a ;
20 Que l'action exercée par les différents liquides sur l'isocamphol
gauche varie avec leur fonction ou leur constitution, mais qu'elle reste le
même pour chaque série homologue.
» Ainsi, le p. r. m. est le même dans les quatre premiers termes de la
série des alcools saturés; il possède une autre valeur, qui reste également
constante, quand on se sert de carbures benzéniques comme dissol-
vants.
OC,0H"
» Bornylates de chloral CCPCH (' . — La facilité avec laquelle
XOH
les isocamphols se transforment en camphols 7. de pouvoir rotatoire inverse
ne permet pas d'en préparer des dérivés dont la formation nécessite le
concours de la chaleur.
» Pour éviter la production des mélanges, il convient donc de chercher
des dérivés qui prennent naissance à la température ordinaire. Or on
sait que les alcools se combinent directement, à froid, à l'isocyanate de
phényle, au chloral et à l'acide cyanique.
» Les bornylphényluréthanes, combinaisons des camphols avec l'isocya-
nate de phényle, ont déjà fait l'objet d'une Note communiquée à l'Aca-
démie ( ' ).
» Les bornylates de chloral s'obtiennent en mélangeant dans un ballon
une molécule de boraéol avec un peu plus d'une molécule de chloral
anhydre. La masse s'échauffe un peu et la réaction est complète au bout de
(') Comptes rendus, t. CX, p. 1 49-
( i45 )
quelques minutes. Par refroidissement, on obtient un produit visqueux qui
souvent cristallise. On lave avec de l'eau froide, pour enlever l'excès de
chloral, et l'on dissout dans l'éther de pétrole. La solution est filtrée, puis
abandonnée à cristallisation.
» Par évaporation du dissolvant, on obtient, dans le cas des bornylates x
et au bout d'un temps plus ou moins long, une masse cristalline qu'on
sépare et qu'on dessèche entre des doubles de papier-filtre. Le produit se
présente sous la forme de cristaux indistincts, à odeur rappelant à la fois
celle du chloral et du bornéol, insolubles dans l'eau, solubles dans l'alcool,
l'éther, la benzine, le toluène. Il cristallise au sein de ces derniers dissol-
vants, en prismes très nets et durs.
» Avec Pisocamphol gauche et l'inactif <x(3 (préparé en mélangeant du.
bornéol droit a avec du bornéol gauche 'i ), on obtient des liquides visqueux
et incristallisables môme à i5°.
/OCTi"
» Toutes ces combinaisons répondent à la formule CCP.CH^ ,
XOH
comme le démontrent les analyses qui en ont été faites.
» L'eau bouillante les décompose en camphols et hydrate de chloral
OC,0H'7 OH
CC13.CH( -r-H2O = C,0H,8O + CCl3.CH/
XOH XOH
» Les pouvoirs rotatoires moléculaires de ces combinaisons, pris dans
des relations benzéniques (j molécule = ilu), ainsi que leurs points de fu-
sion, figurent dans le Tableau suivant :
Poiul Pouvoir rotatoire
de fusion. moléculaire,
o o O
1. a-bornylate de chloral droit. Cristallise 55-56 [a]0 = +3o,l3
2. a-bornylate de chloral gauche. Cristallise 55-56 [a]o = — 3o, i3
+ -
3. Bornylate de chloral racémique «a. Cristallise 55-56 [a]o— °
k. p-bornylate ou isobornylate de chloral gauche. Incris-
tallisable » [>]„= — 56, 4o
+ - +-
5. Bornylate de choral a (3 obtenu avec un camphol a(3
inactif en solution alcoolique. Sirop incristallisable. » [a]0 = — 22, 12
» Le pouvoir rotatoire des camphols a gauche et droit qui ont servi à
la préparation de ces bornylates était de [a]0 = 3^° environ.
» Celui de Pisocamphol gauche, dans l'alcool absolu, était de
[oc]D = -3i°36'.
( i46 )
» Comme pour les bornylphényluréthanes, on remarque : i° que les
points de fusion et les pouvoirs rotatoires moléculaires des a-bornylates
de chloral ont respectivement la même valeur; 2° que le pouvoir rota-
toire du bornylate de chloral-p est supérieur à celui des dérivés a. Il pos-
sède une valeur égale à celui de la bornylphényluréthane-[3; 3° que la
+ -
combinaison dérivée de l'inactif x£3 au lieu d'être inactive est active. Dans
■+- —
cette combinaison, cliacun des deux bornylates a et [3 qui la constituent
garde son individualité et à peu de chose prés son pouvoir rotatoire.
» Toutes ces particularités montrent que l'orientation des éléments
i
qui constituent le groupement alcoolique U.C. OH par rapport aux autres
i
éléments de la molécule camphol, groupement qui, seul dans ces borny-
lates, est affecté par le chloral, exerce une influence très notable non
seulement sur le pouvoir rotatoire moléculaire de ces produits d'addition,
mais encore sur leur état physique.
» Cette différence des pouvoirs rotatoires des a. et des (3 bornylates
permet de se rendre très facilement compte si un bornéol de pouvoir rota-
toire inférieur à -f- 370 est un mélange de camphol-a et de camphol-(3. En
partant d'un camphol artificiel droit | x]n = -+- 4°32', préparé au hydro-
génant du camphre droit, on obtient un bornylate de chloral fondant à
46° et dont le pouvoir rotatoire [a]D = — 1/j0 i3'. Comme il est facile de le
voir, ces données montrent que le camphol en question était constitué par
un mélange de camphol-a droit et de camphol-(3 gauche. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la destruction du sucre dans le sang
in vitro. Note de MM. R. Lépixe et Barral.
« Depuis la dernière Note que nous avons eu l'honneur de soumettre à
l'Académie (séance du 23 juin), nous avons continué nos recherches et
observé plusieurs faits nouveaux :
» i° On retire, à un chien bien portant, 25occde sang, en prenant la précaution de le
recevoir dans une capsule entourée d'eau froide; on le défibrine, on le filtre sur un
linge stérilisé, et on le répartit également en cinq portions. On dose aussitôt le sang
de la première, en versant le sang dans du sulfate de soude à 8o° C, ainsi que nous
l'avons déjà recommandé, afin de détruire immédiatement le ferment gtycoljtique.
Trois autres portions sont versées dans trois ballons, qu'on immerge pendant un temps
donné (une heure) dans trois bains-marie à température constante, un à 3o,° C, un
( '47 )
autre à 46° C, et le troisième à 52°, 5 G., et qu'on agite quelques instants afin que le
sang prenne aussitôt la température du milieu. En même temps, on verse goutte à
goutte la dernière portion de sang dans un ballon préalablement immergé dans un
bain-marie, dont la température également constante est comprise entre 54° et 54°, 5 C,
de façon à porter immédiatement ce sang d'une température inférieure à +i5° à celle
de 54°. On l'y laisse également une heure, et au bout de ce temps on dose le sucre
dans le sang des quatre ballons, avec les mêmes précautions que pour la première
portion. Voici les résultats qu'on obtient :
» Dans le ballon à 3g° C, il y a, en général, a5 à 3o pour ioo de sucre en moins
que dans la première portion; dans le ballon à 46° C, il y a plusieurs centièmes de
moins que dans le précédent; dans le ballon à o a", 5 C, il \ a aussi plusieurs cen-
tièmes de moins que dans le précédent; enfin, dans le ballon à 54°,5 C, il y a juste
autant de sucre que dans la première portion.
» Ces faits s'expliquent en admettant que le ferment glvcolytique, dé-
couvert par l'un de nous (Comptes rendus, séance du 8 avril 1890), est d'au-
tant plus actif que la température est plus élevée, jusqu'à 54° C. environ,
où son action cesse brusquement. A cette température, le sang conserve sa
fluidité; il a une teinte noirâtre, par suite de la production d'un peu de
méthémoglobine, reconnaissable à l'examen spectroscopique; le plus grand
nombre des globules rouges est détruit; mais il en est à peu près de même
à 52°-53° C. , température à laquelle la destruction du sucre est beaucoup
plus considérable qu'à 3o,°. Ainsi, sans que les caractères extérieurs du
sang se modifient d'une manière bien sensible, le ferment glycolytique
qu'il renferme perd toute son action si on le chauffe peu au delà du degré
de température où il a son maximum d'activité.
» 20 Toutes choses égales, le sang cléfibriné du chien, maintenu une
heure à la température de 3ç)0C., perd plus de sucre l'hiver que l'été;
il faut donc admettre que l'hiver le ferment est plus actif ou en quantité
plus grande dans le sang. La différence est de 10 pour 100, au moins.
)> 3° Le sang défibrinéde la veine porte d'un chien en digestion, main-
tenu une heure à 3o,°C, perd beaucoup plus de sucre que le sang de la
veine splénique et que le sang artériel du môme chien, placés identiquement
dans les mêmes conditions. La différence est. au moins de 20 pour 100.
Cela prouve que le ferment sort du pancréas, non seulement par les lym-
phatiques de cet organe, ainsi que l'un de nous l'a déjà démontré, mais
aussi, et certainement en plus grande abondance, vu la rapidité relative du
cours du sang veineux, par les radicules veineuses du pancréas.
» 4° Nous avons insisté, dans notre dernière Note, sur le fait fondamen-
tal que le sang artériel, maintenu une heure à 3o.°C., d'un chien rendu dia-
( i48 )
bétique par l'ablation du pancréas, perd beaucoup moins de sucre que le
sang d'un chien sain. Toutefois dans le sang du chien privé de pancréas, la
destruction du sucre n'est pas toujours négligeable : elle peut, parfois, at-
teindre près du sixième de la perte du sang normal.
» Il est probable qu'il y a d'autres sources de ferment que le pancréas. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre
de la Section d'Économie rurale, en remplacement de feu M. Peligot.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant Go,
M. Chambraient obtient 34 suffrages
M. Aimé Girard » 24 »
M. Mùntz 1 »
Il y a un bulletin blanc.
M. Cuambkelext, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu-
blique.
MÉMOIRES LUS.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Mémoire sur la constitution des albuminoïdes.
Note de M. le D1 H. Arxald. (Extrait par l'auteur.)
« Les albuminoïdes seraient essentiellement constituées par trois ordres
de principes immédiats : les hydrocarbonés, les corps gras et le cyanate
d'ammoniaque ou l'urée.
)> Les hydrocarbonés trouvés dans le sérum doivent être considérés
comme entrant, en partie tout au moins, dans la constitution même des
albuminoïdes. En effet : i°la quantité qu'on en peut extraire du sérum
est relativement très considérable; 20 leur présence est constante dans les
diverses substances albuminoïdes du sérum; 3° il est impossible de re-
cueillir en totalité les hydrates de carbone, sans détruire l'édifice même
des albuminoïdes.
( '49 )
» La présence du cyanate d'ammoniaque dans les albumines paraît ré-
sulter des remarques suivantes : i° l'acide cyanique est un des produits
les plus fréquents qui se forment par la décomposition des substances azo-
tées (Liebig); et, d'autre part, on sait avec quelle facilité l'ammoniaque
se dégage de ces mêmes substances ; i° si l'on traite l'albumine par une
base énergique, et que l'on porte à l'ébullition, il se produit du carbonate
d'ammoniaque, comme quand on traite le cyanate d'ammoniaque par la
même base; 3° on trouve' constamment, dans le sérum sanguin, une cer-
taine quantité d'urée qui s'élimine sans cesse par le filtre rénal ; or on sait
quelle est l'analogie, pour ne pas dire l'identité de constitution, qui existe
entre l'urée et le cyanate d'ammoniaque; 4° enfin l'examen attentif de la
formule des albuminoïdes permet de la ramener à celle d'un véritable po-
lycyanate d'ammoniaque composée ou d'une polyurée composée, dans
laquelle un certain nombre d'équivalents d'amidon animal , ou d'un
radical amylacé, remplaceraient un même nombre d'équivalents d'hydro-
gène.
» Il m'a semblé que l'on devait admettre, en outre, un ou plusieurs corps
gras, comme principes constituants des albuminoïdes. Mais cette partie
des recherches a été moins bien établie. Néanmoins, ce qui donne quelque
vraisemblance à cette opinion, c'est que, au moment de l'absorption intes-
tinale, les corps gras arrivent en abondance dans le liquide sanguin, sans
que l'on trouve à ce moment, à l'état libre, dans le sérum normal, une
quantité de graisse proportionnée à cet apport. De plus, les albuminoïdes
présentent certaines réactions que l'on ne retrouve ni dans l'urée ni dans
les hydrates de carbone. Enfin, il est à remarquer qu'à certains égards
l'aspect et les propriétés des albuminoïdes rappellent ceux des corps gras,
et notamment la viscosité, la mousse abondante des solutions alcalines
d'albumine.
« Je soupçonne enfin, dans l'albumine, la présence d'un autre corps au
moins; mais je ne me suis pas occupé de son étude.
» Rapprochant alors de cette conception un certain nombre de faits
connus, physiologiques et pathologiques, je montre combien leur inter-
prétation devient claire et facile, si l'on adopte la théorie que je propose.
» La seconde partie du travail est consacrée à l'exposé de la méthode
générale à suivre, pour arriver à séparer les uns des autres le cyanate
d'ammoniaque, les hydrocarbonés et les corps gras qui concourent à la
constitution des albuminoïdes; cette méthode consiste essentiellement
dans le traitement des albuminoïdes par les bases énergiques, notamment
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 3.) 2t>
( i5o)
par la baryte, employées à faible dose (2 à 5 pour 100 de liquide) el sou-
mises à l'ébullition prolongée.
» J'arrive enfin aux conclusions suivantes, que je reproduis à peu près
textuellement :
» i° Il y a trois ordres d'aliments irréductibles, de principes immédiats
essentiels faisant partie constituante de la matière organisée ; ce sont : les
hyclrocarbonés, les corps gras et le cyanate d'ammoniaque.
» 20 Les albuminoïdes ne sont autre chose qu'une combinaison, dans
des proportions diverses, des trois principes immédiats que je viens d'é-
numérer; elles les contiennent tous les trois en puissance, et il est facile
de les en isoler.
» 3° On peut ainsi considérer les albuminoïdes comme de véritables
polycyanates d'ammoniaque composée ou, si l'on veut, des poly urées com-
posées, dans l'édifice desquelles figurent essentiellement des radicaux
d'hydrocarbonés et de corps gras, remplaçant un même nombre d'équiva-
lents d'hydrogène.
» Peut-être faut-il admettre, en outre, que les albuminoïdes contiennent
dans leur trame d'autres radicaux encore inconnus.
» 4° Quand les matières albuminoïdes renferment les trois aliments
primaires essentiels, dans des proportions convenables, en rapport avec
les besoins de l'organisme, on peut dire qu'elles constituent l'aliment syn-
thétique vrai, l'aliment complet par excellence.
» 5° En réalité, les albuminoïdes connues sont très variables dans leur
constitution et dans leurs caractères extérieurs : cela s'explique aisément
par des proportions très diverses dans les trois principes fondamentaux
qui concourent à les constituer.
» 6° Cette manière d'envisager les choses me semble apporter plus de
clarté dans les phénomènes de la nutrition normale, et faciliter l'intelli-
gence du mécanisme de la nutrition.
» 70 Elle tend à indiquer, notamment, le mode suivant lequel les prin-
cipes combustibles, introduits par l'alimentation dans l'organisme, sont
conduits jusqu'aux tissus, pour y subir les transformations nutritives d'où
résultent la chaleur et le travail organiques.
» 8° Le sérum sanguin est, en effet, constitué essentiellement par des
albuminoïdes; son rôle principal semble donc être d'apporter aux tissus
les trois principes immédiats qui constituent ces substances azotées, soit
pour réparer l'usure des tissus, soit pour leur fournir les combustibles né-
( i5i )
cessaires, préalablement empruntés à l'alimentation (corps gras et hydro-
carbonés).
» (Il est bien entendu que le sérum a aussi pour rôle de débarrasser
les tissus des matériaux en excès et des substances nuisibles résultant des
phénomènes nutritifs.)
» 90 Les conséquences de cette manière de voir en Pathologie ne sem-
blent pas moins intéressantes : elle permet d'expliquer aisément la genèse
d'un certain nombre de troubles nutritifs, tels que la glycosurie, l'obésité
ou polysarcie, l'hyperazoturie et les albuminuries dyscrasiques.
» i o° Ces diverses altérations nutritives peuvent être ramenées à un même
mécanisme, à une même condition pathogénique générale : l'insuffisance,
absolue ou relative, du pouvoir d'assimilation du sérum sanguin. Si cette
insuffisance porte sur les hydrocarbonés, il y a glycosurie; si elle porte sur
les corps gras, il y a polysarcie; si elle porte, sur le cyanate d'ammoniaque,
il y ahyperazoturie; si enfin elle porte sur les albumines, il y a albumi-
nurie dyscrasique.
» 1 1° On s'explique aussi, par la théorie proposée, pourquoi l'urée est
moins toxique qu'on ne pensait autrefois. On a en effet démontré (Feltz
et Ritter, Bouchard) que, dans l'insuffisance urinaire, on ne meurt pas par
urémie, par accumulation de l'urée dans le sang, mais par des toxémiesde
nature toute différente.
» Cela ne doit plus nous surprendre : l'urée est un aliment plutôt qu'un
véritable produit d'excrétion ; son excès seul est éliminé de l'organisme
et peut devenir nuisible, comme d'ailleurs l'excès de tout autre aliment,
y compris l'oxygène. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
La Commission du prix Dusgate fait connaître que les deux Mémoires
manuscrits récompensés dans la séance publique du 29 décembre 1890, et
portant pour devises, l'un « Fac, non spera », l'autre « l'Égalité devant la
mort », ont pour auteurs, le premier M. le docteur Henri Arnaud (de
Saint-Gilles), et le second M. le docteur Maze (du Havre).
M. Fovkvu de Courmelles adresse une Note de Physiologie intitulée
« Nouvelles actions mécaniques des courants électriques; actions de
transport » .
(Commissaires : MM. Charcot, Larrey).
( i5a)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les « OEuvres de Fermât, publiées par les soins de
MM. Paul Tannery et Charles Henry, sous les auspices du Ministère de l'In-
struction publique; Tome Ier, OEuvres mathématiques diverses; Observa-
tions sur Diophante ».
M. A. H aller, nommé Correspondant pour la Section de Chimie,
adresse ses remerciements à l'Académie.
M. Gomoxt, M. P. Hariot, M. P. de Lafitte adressent des remercie-
ments pour les distinctions accordées à leurs travaux.
ASTRONOMIE. — Observation d'une étoile d'un éclat comparable à celui de
Régulus et située dans la même constellation. Extrait d'une Lettre de
M. Edm. Lescarbault à M. le Secrétaire perpétuel.
« Orgères (Eure-et-Loir), n janvier 1891.
» J'ai l'honneur de vous adresser le résumé de l'observation d'une
étoile comparable à Régulus par sa grandeur et par son éclat; elle est si-
tuée dans la même constellation; je ne l'avais jamais aperçue jusqu'à ce
jour. Elle se trouve au-dessous de 6 du Lion, sur le prolongement de la
ligne qui jointe à 6, à une distance de 6 double de celle qui sépare ces
deux étoiles et au-dessous de la ligne qui va de <j à y ■, à peu près également
éloignée de chacune d'elles.
» Je n'ai pu encore l'observer qu'à l'œil nu, les 10 et 11 janvier, vers
une heure du matin; malgré le grand affaiblissement de mes yeux, je crois
avoir bien vu et n'avoir pas été victime d'une illusion
» Ce n'est que par estime que j'attribue à l'étoile, soit nouvelle, soit
temporaire, qui est peut-être une étoile dont l'intensité et l'éclat auraient
presque subitement prodigieusement augmenté, les quantités suivantes
pour sa position :
Ascension droite 1 1 h 4'"
Déclinaison boréale 6°
( '53 )
» Dans le voisinage de l'étoile que je signale, les étoiles de quatrième
grandeur étaient à peine perceptibles à l'œil nu.
» Dans les Atlas et les Cartes du Ciel que je possède, je n'ai trouvé
aucune étoile au lieu que je viens d'indiquer. »
ASTRONOMIE. — Résumé des observations solaires faites à l Observatoire royal
du Collège romain pendant le second semestre de 1890; par M. P. Tac-
CHINI.
« Le nombre des jours d'observations a été de 149 pour les taches et
les facules, savoir : 3o en juillet, 3i en août, 28 en septembre, 24 en oc-
tobre, 20 en novembre et 16 en décembre. Voici les résultats :
Fréquence relative Grandeur relative
— ^— ^m — -__ Nombre
des des jours des des des groupes
1890. taches. sans taches. taches. facules. par jour.
Juillet 3,8o o,4o 8,23 12, 83 0,97
Août 3,42 o,52 15,29 JI>77 °>68
Septembre. 5,83 0,18 23,68 22,32 i,46
Octobre... 3,17 o,58 17 , 33 10, 83 0,75
Novembre.. 2,45 o,5o 7,95 22,75 o,55
Décembre.. 3,38 o,38 9,25 1 7 , 70 0,81
» Le phénomène des taches solaires a été encore plus prononcé dans le
troisième trimestre. Il est vrai que les nombres relatifs au quatrième tri-
mestre baissent sensiblement, mais ils sont néanmoins bien supérieurs à
ceux de l'époque que nous avons indiquée pour le véritable minimum.
» Pour les protubérances solaires, nous avons obtenu les résultats sui-
vants :
Protubérances.
Nombre —m~~- — ■ — ™~ ■
des jours Nombre Hauteur Extension
1890. d'observations. moyen. moyenne. moyenne.
Juillet 3o 2,07 33,8 1,4
Août 3i 2,65 27,5 1,1
Septembre 24 2,88 35,8 1,2
Octobre 22 8,o5 4o,6 1,5
Novembre 16 2,i3 28,0 i,5
Décembre 12 3,42 4o,4 1.6
( t54)
» Le phénomène ries protubérances solaires présente donc une aug-
mentation sensible, avec un maximum secondaire dans le mois d'octobre.
On pourrait ainsi supposer que tous les phénomènes solaires ont déjà dé-
passé la période du minimum. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations des taches solaires faites, en 1890, à
l' équalorial Brunner (om,i8) de l'Observatoire de Lyon. Note deM. Em.
Marchand, présentée par M. Mascart.
« Le Tableau suivant renferme le résumé des observations de taches
solaires faites à l'Observatoire de Lyon pendant l'année 1890; la première
colonne donne, pour chaque mois, la proportion (en centièmes) des jours
d'observation où le disque du Soleil n'a présenté aucune tache; la
deuxième donne les dates extrêmes d'observation de chaque groupe de
taches; la troisième et la quatrième les latitudes moyennes des groupes
observés; la cinquième les surfaces moyennes totales (noyaux et pé-
nombre) de ces groupes, ramenées au centre du disque, et exprimées en
millionièmes de l'aire de l'hémisphère visible.
1890.
Janvier. .
»
»
Février . ,
Mars
Avril
» . . .
» . . .
Mai ....
» ....
» ....
»
Juin .
» .
Juillet.
»
»
Août . .
»
o,33
0,90
0,78
0,57
0,42
0,60
O,20
0,73
9 '
18-21
18
1-2
8-i3
10-16
12
29-30
5
9-1/
16-2 4
17-18
3-9
10-1 1
4
4-. 2
'7
22-24
22-3l
28- 2
3o- 2
-29
— T.l
-t-23
+26
+24
H-33
+ 25
+26
+ 23
+ 21
-20
- 6
— 22
-29
-35
-21
63
o,5
20
5i
5
35
64
4
42
26
10
5
3
o,5
n5
5
1
127
i94
10
1S90.
Sept. .
Octobre.. o,25
»
Nov
»
»
»
Dec
o,25?
o,3o
26- 6
+22
660
1- 8
— 20
120
6-i3
+22
3o
8- 9
-26
12
10-17
—22
120
16-17
—26
75
26- 1
+ 21
64
4- 7
-25
I 2
1 1
+ 16
i5
1 1
— 13
1
14
— 20
3
20-3 I
—22
11 20
20-23
- 5
12
12
-24
70
12
+ '9
3
25-2
+21
475
3o
+ i4
1
2-8
-3i
3o
i5
-28
n4
i5
+ i5
10
24-27
+20
10
( i55 )
» Ou voit que les taches n'ont manqué cette année pour aucun mois;
mais que, d'autre part, il n'y a pas de mois où on en ait vu à chaque obser-
vation, comme cela s'était présenté en août 1889. Les plus longues séries
de jours d'observations où les taches aient manqué complètement sont les
suivantes : 1 1 février au 3 mars (11 observations); i5 mars au 5 avril (i3 ob-
servations), 8 au 23 août (8 observations); aucune de ces périodes n'a une
durée aussi grande que celle des minima constatés en 1889.
» En moyenne, nous trouvons que pour 1890 la proportion des jours
sans taches est o,456, tandis qu'elle était o,555 en 1889. D'autre part,
l'année 1889 avait donné seulement 29 groupes de taches, présentant une
surface totale de 1890 millionièmes de l'hémisphère visible, alors que 1890
donne 43 groupes avec une surface totale de 3760 ; il y a donc certainement
une augmentation sensible de l'activité solaire en 1890, en ce qui concerne
les taches. Le minimum paraît avoir eu lieu en novembre 1889.
» Le Tableau ci-dessus indique encore que les deux hémisphères ont été
à peu près aussi riches en taches l'un que l'autre; il y a cependant encore
une légère prédominance de l'hémisphère sud (23 groupes sur 43).
» Enfin on remarque que les latitudes des groupes de taches sont presque
toutes supérieures à 200 et atteignent jusqu'à 35°, les latitudes les plus fortes
s'appliquant surtout à de très petites taches. D'ailleurs, dans les groupes,
dont nous donnons la latitude moyenne, on a vu plusieurs fois des petites
taches à des latitudes plus grandes cpte 3o°. Ainsi ce phénomène de la
production des taches à de hautes latitudes, qui a commencé après le mi-
nimum de mai 1889 et s'est accentué après celui de novembre 1 889, a con-
tinué pendant toute l'année 1890.
» Il semble toutefois aller en diminuant, car sur les 9 groupes de taches
dont la latitude est inférieure à 200 en 1890, 6 se rencontrent de septembre
à décembre. »
MÉCANIQUE. — Nouvel appareil gyratoire, le gyroscope alternatif;
par M. G. Sire.
M. Resal présente à l'Académie un nouvel appareil gyratoire imaginé
par M. G. Sire et auquel l'auteur a donné le nom de « gyroscope alter-
natif ».
« L'appared se compose d'une poulie très légère, dans la gorge de la-
quelle s'enroule, en plusieurs spires superposées, un fil dont l'extrémité
( i56)
est fixée à la gorge. La poulie porte diamétralement les crapaudines de
l'arbre d'un tore auquel on imprime, à l'aide d'un fil spécial, un mouvement
rapide de rotation. En tenant l'extrémité libre du fil de la poulie, on ob-
serve d'abord que la poulie descend lentement, en même temps qu'elle
tourne autour du fil. Lorsque l'axe du tore devient à peu près parallèle
au fil, il se produit un déroulement brusque, mais peu étendu; puis les
choses se passent comme ci-dessus, à cette différence près que la rotation
autour du fil a changé de sens.
» M. Sire est arrivé à ce résultat par une méthode qui lui a toujours
réussi et qui est basée sur la considération des rotations et des couples.
» La théorie analytique de l'appareil présente, au point de vue de l'in-
tégration, des difficultés qui paraissent insurmontables. »
TÉLÉPHONIE. — Sur la reproduction téléphonique de la parole.
Note de M. E. Mercadier, présentée par M. A. Cornu.
« Le but principal du téléphone est la reproduction à distance de la pa-
role avec tous ses éléments : articulations avec leurs inflexions, voyelles et
diphtongues avec leur accent caractéristique, timbre avec ses délicatesses,
et cela avec une intensité suffisante. Mais les transformations d'énergie,
qui constituent les effets téléphoniques, tendent à altérer les éléments de
la voix humaine.
)> I. Altération du timbre. — Elle consiste dans la production d'un nasil-
lement désagréable qui souvent dénature les mots. J'ai déjà indiqué dans
un travail précédent (voir Comptes rendus, novembre i885), que cette al-
tération du timbre devait tenir à ce que, le plus souvent, les mouvements
dus à la production du son fondamental et des harmoniques du diaphragme
du téléphone venaient se superposer à ceux qui sont dus à la voix sans se
confondre avec eux, d'où une perturbation plus ou moins grande dans la
forme des ondes électriques qui parviennent au téléphone récepteur,
dans les mouvements des molécules de son diaphragme, et finalement
dans les ondes sonores qui en résultent et pénètrent dans l'oreille des au-
diteurs.
» S'il en est réellement ainsi, il doit suffire, pour corriger cette altéra-
tion, de prendre un diaphragme dont le son fondamental soit supérieur à
la limile des sons émis dans la parole articulée, c'est-à-dire à peu près à
\'utt pour les hommes et l'uts pour les femmes. Alors, en effet, l'action de
( «57 )
la voix ne tendra pas à produire les sons fondamentaux et les harmoniques
du diaphragme cpii ne coïncident pas avec ceux qu'elle émet, et, d'autre
part, il faudrait pour les produire, à cause de la raideur du diaphragme,
une énergie mécanique supérieure à celle que peut développer en parlant
la voix humaine.
» C'est ce que l'expérience vérifie. Pour ne citer que deux cas extrêmes,
un diaphragme de ioomm de diamètre et de imm d'épaisseur, ou bien de
3omm de diamètre et de omm,i d'épaisseur, satisfont à la condition précé-
dente; or, ajustés à des téléphones appropriés, ils ne produisent pas d'al-
tération sensible du timbre de la voix.
» II. Altération d 'articulations et de voyelles. — Cette altération consiste
d'une part dans une prédominance exagérée de certaines consonnes,
voyelles et syllabes, b, p, r, k, . . ., a, o, an, on, ent, . . ., sur la plus grande
partie des autres; d'autre part, dans un affaiblissement notable des /, s, c,
z, i, e, u. Il en résulte très souvent une véritable fatigue à comprendre le
sens des paroles, à deviner les mots altérés d'après les précédents : de là
une source permanente d'erreurs.
» Cette altération lient en très grande partie à la forme et à l'ouverture
de la cavité buccale qui sont différentes quand on prononce les diverses
articulations ou voyelles précitées, et à l'énergie des ondes sonores résul-
tantes beaucoup plus faible dans le second cas que dans le premier; à ce
point de vue, l'altération serait inévitable; mais elle tient aussi en quelque
façon à la production corrélative des harmoniques du diaphragme. En ef-
fet, en cherchant à atténuer cet inconvénient, j'ai trouvé qu'on le dimi-
nuait très notablement, précisément par le moyen indiqué pour supprimer
l'altération du timbre, c'est-à-dire en combinant convenablement l'épais-
seur et le diamètre du diaphragme pour que le son fondamental de celui-
ci soit très aigu.
» La transmission par la ligne qui joint le transmetteur au récepteur
joue d'ailleurs ici un certain rôle qui sera examiné plus tard.
» III. Résonances diverses. — Un troisième inconvénient, qui se pré-
sente dans un grand nombre de téléphones, consiste dans la production
de résonances parasites au nombre de deux. L'une ne présente pas beau-
coup d'inconvénient, car elle est faible et n'est sensible qu'aux oreilles
exercées : c'est un grincement métallique qui me paraît dû à une sorte de
frottement dans le sens du rayon des diaphragmes par suite de la variation
dans cette direction de la forme des lignes de force; d'autant qu'il dispa-
rait dans un diaphragme à son fondamental élevé; soit parce qu'il est alors
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, IM» 3.) 2 1
( i58 )
trop aigu pour agir efficacement sur l'oreille; soit qu'il ne se produise pas,
parce cpie l'énergie mécanique nécessaire pour le produire est alors supé-
rieure à celle que la voix, humaine peut déployer.
» L'autre espèce de résonance est beaucoup plus intense et d'une tona-
lité beaucoup plus grave : c'est celle de la masse d'air renfermée dans la
boîte même du téléphone. En effet, pour faire disparaître cette sonorité
vague dans laquelle s'estompent en quelque sorte les inflexions variées du
timbre des mots, il suffit de ne laisser au-dessous du diaphragme qu'une
chambre à air très petite, ce qu'on obtient par exemple en garnissant de
feutre l'intérieur du téléphone.
» Ainsi, à part ce dernier inconvénient qu'on surmonte si aisément, on
voit que les causes d'altérations dans la reproduction téléphonique de la
parole articulée peuvent être considérablement atténuées, sinon détruites
complètement, et cela par un seul moven très simple, le même pour toutes,
qui consiste à n'employer que des diaphragmes à son fondamental aigu,
soit qu'ils aient une grande épaisseur et un grand diamètre, soit qu'ils
aient un petit diamètre et une faible épaisseur.
» De plus, dans ces conditions, en même temps qu'on obtient beaucoup
de netteté dans la reproduction de la parole, on satisfait aux conditions
nécessaires pour avoir dans le téléphone une intensité suffisante (' ), cir-
constance très heureuse, parce que les deux qualités, netteté et intensité,
sont indispensables à la fois dans le téléphone, et qu'elle permet ainsi
d'approcher de la perfection dans la construction d'un instrument aussi
délicat qu'il est merveilleux. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Recherches sur l'huile pour rouge.
Note de M. Scheurek-Kestxer.
« L'huile pour rouge, dérivé sulfoné de l'oléine, et surtout de celle de
l'huile de ricin, sert, dans la teinture et l'impression du coton, en rouge
d'alizarine, à aviver les nuances obtenues avec les sels d'alumine.
» Malgré plusieurs Travaux importants, publiés sur sa composition,
celle-ci paraît encore incertaine. Des auteurs y font intervenir la glycé-
rine, que d'autres refusent de considérer comme formant partie intégrante
de l'huile ayant les propriétés avivantes qui motivent son emploi.
(') Voir Comptes rendus, t. GXII, pi 97.
( i59 )
» D'un autre côté, si l'on est d'accord pour reconnaître que l'huile ren-
ferme principalement un acide sulfoné, on n'est pas bien fixé sur la nature
des acides gras cpii l'y accompagnent, et surtout sur le rôle qu'ils y
jouent.
» Mes recherches ont porté, exclusivement, sur l'huile ou acide sulfo-
gras dérivé de l'huile de ricin, et provenant de l'action de l'acide sulfu-
riquc monohydraté sur elle. Le composé sulfogras obtenu ainsi est d'une
nature assez complexe, mais il renferme en majeure partie de l'acide
sulforicinoléique, dans lequel, comme l'ont montré MM. Benedikt et
Ulzer, le groupe sulfoniquc est lié au noyau par l'oxygène, et non par
le carbone, suivant l'hypothèse de M. Muller Jacobs; mais, à côté de
l'acide sulfoconjugué, ïhuile pour rouge renferme des acides gras prove-
nant de la décomposition ou de la transformation de la combinaison sul-
fonée, et se produisant en plus ou moins grandes quantités, suivant les
conditions dans lesquelles on a fait le lavage par l'eau du produit brut;
c'est ce que mes recherches actuelles ont établi ; ces acides gras, non
sulfonés ou désulfonés, ont été décelés par tous les auteurs qui s'en sont
occupés, mais sans qu'on soit arrivé à en déterminer exactement la na-
ture, ni le mode de formation.
» M. Juillard ('), tout récemment, a reconnu, dans un travail remar-
quable, que ces acides renferment des corps polymérisés par l'action de
l'acide sulfurique. Suivant lui, l' huile pour rouge se composerait d'acide
sulforicinoléique, accompagné d'acides polyricinoléiques dont la conden-
sation pourrait aller jusqu'à l'acide pentaricinoléique.
» La publication du Mémoire de M. Juillard est venue au moment où,
m'occupant de cette question depuis plus d'une année, j'étais arrivé à des
conclusions dont certaines concordent avec les siennes, mais dont d'autres
leur sont étrangères.
» J'ai constaté la présence, dans Y huile pour rouge, d'acides polymé-
risés; mais il ne m'est pas arrivé d'avoir affaire à des substances aussi
condensées que celles qu'indique M. Juillard. Cette différence est à attri-
buer à l'emploi qu'a fait M. Juillard du chlorure de sodium, pour obtenir
la séparation du composé sulfogras et des eaux de lavage; en présence de
l'acide sulfurique qu'elles renferment, il s'est formé de l'acide chlorhy-
drique, dont la puissance de polymérisation a été reconnue par M. Juil-
lard lui-même.
(') Archives des Sciences physiques et naturelles de Genève, août 1890.
( i6o)
» J'ai pris le soin d'écarter l'emploi de ce corps, et je suis parvenu à le
remplacer avantageusement par le sulfate de sodium, qui a les mêmes pro-
priétés au point de vue de la précipitation, et a l'avantage de ne pas intro-
duire, dans le système, de corps étrangers capables d'agir sur la compo-
sition de X huile.
» J'ai évité toute application de la chaleur, qui a l'inconvénient de
décomposer plus ou moins ces substances.
» En résumé, je suis arrivé aux conclusions suivantes : Y huile pour rouge
est formée d'acide sulforicinoléique, composé stable et régulier à la tem-
pérature ordinaire; cet acide y est accompagné d'acides polyriciniques,
dont la condensation va jusqu'à l'acide diricinique; les poids moléculaires
que j'ai trouvés, par la méthode de M. Raoult, en emplovant la substance
à l'état de dissolution dans l'acide acétique, indiquent un mélange d'acides
mono et diricinique; le composé sulfogras est hydraté; à l'état hydraté, il
est stable; il perd son eau complètement vers 1200 et devient insoluble;
il se dédouble en acide sulfurique hydraté et acide huileux.
» Au point de vue tinctorial, j'ai reconnu un fait important : c'est que
le composé sulfoné donne les nuances tirant sur le jaune, tandis que les
acides gras polymérisés donnent la nuance carminée tirant sur le bleu. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la production expérimentale de
l'exophthalmie. Note de M. H. Stillixg (de Lausanne) , présentée
par M. Charcot.
« On a rarement tenté de se rendre compte, par voie expérimentale, de
la genèse de l'exophtlialmie. Je ne parlerai pas des expériences peu con-
cluantes de M. Filehne (Sitzungsber. derphysic. med. Socielàl zuErlangen,
1879), qui affîme avoir produit chez le lapin, par une lésion du corps
restiforme, les symptômes de la maladie de Basedow; car les recherches
de M. Durdufi {Deutsche med. Wochenschrift, 1887), destinées à vérifier
les faits avancés par l'auteur précité, n'ont abouti qu'à des conclusions
peu décisives.
» Les expériences de M. Boddaert (Compte rendu du Congrès périodique
international, Bruxelles, 1876), qui avaient précédé les publications sus-
mentionnées, n'ont pas fait plus d'impression sur le public médical.
Vulpian (Leçons sur l'appareil vasomoleur, t. II, p. 637) les a sévèrement
jugées. En effet, M. Boddaert crée des conditions par trop complexes. Il
( i6i )
lie sur le lapin les quatre veines jugulaires au bas du cou et il sectionne
en même temps les deux cordons sympathiques cervicaux. Le résultat
obtenu est une exophthalmie double très marquée qui peut durer pendant
plusieurs jours.
» Ce résultat est exact. Mais il faut convenir avec Vulpian qu'il n'a pas
de relation avec la pathogénie de l'exophthalmie dans la maladie de Ba-
sedow, dans laquelle on ne suppose en effet que la lésion d'un seul sympa-
thique, si lésion du sympathique il y a.
» En la répétant, j'ai donc varié l'expérience en question. Je me suis
borné à faire la ligature des deux veines jugulaires externes, et je n'ai sec-
tionné le cordon sympathique que d'un seul côté.
» L'opération est suivie d'un œdème plus ou moins considérable de la
face. La muqueuse nasale se tuméfie aussi, de sorte que l'animal soumis à
l'expérience a beaucoup de peine à respirer. De plus, on observe presque
toujours du larmoiement des deux côtés et une exophthalmie double très
considérable. La troisième paupière fait une forte saillie; le globe oculaire
est dévié un peu vers le haut. La pupille ne présente rien d'anormal du
côté où le sympathique est intact.
» L'œdème et la gêne de la respiration disparaissent vite; le lendemain
de l'opération on ne les remarque plus. Mais l'exophthalmie persiste, une
semaine en général; une fois même elle a duré dix jours. Puis elle cesse
aussi. Elle reparaît momentanément lorsqu'on effraye le lapin, lorsqu'on
le prend par les oreilles. Mais après une dizaine de jours on ne remarque
sur les animaux opérés plus rien d'anormal que les effets persistants de la
section du sympathique.
» Le fait que l'exophthalmie est plus accentuée du côté où le sym-
pathique est coupé me semble digne de remarque. Cela s'expliquerait fa-
cilement par la paralysie du muscle orbitaire de Millier (causée par la
section du sympathique), si la simple ligature des deux veines jugulaires
externes produisait une exophthalmie quelque peu accentuée. Mais l'exo-
phthalmie qui suit la ligature des veines jugulaires est moins prononcée et
disparait beaucoup plus vite que l'exophthalmie produite par la même opé-
ration compliquée de la section unilatérale du grand sympathique. Puis il
me semble, comme M. Boddaert l'a remarqué, que la simple ligature des
veines ne provoque pas toujours la saillie de l'œil.
» R. Lovver, qui le premier a étudié les suites de la ligature des veines
jugulaires, aurait certainement parlé de ce phénomène. N'a-t-il pas très
( i6? )
bien décrit l'œdème, le larmoiement et la gfêne de la respiration (sym-
ptôme qui paraît avoir échappé à M. Boddaert)?
» Il paraît même que le rétablissement de la circulation collatérale ren-
contre plus de difficulté chez le chien (sur lequel Lower fit son expérience)
que chez le lapin. Car l'animal opéré par l'illustre physiologiste périt au
bout de deux jours :« intra duosdies canis quasi angina suffocatus interiit ».
(R. Lower, Traclatus de corde, Chap. II.)
» Ce sont bien la dilatation et l'engorgement des Aeines rétrobulbaires
qui poussent le globe oculaire hors de l'orbite. Le tissu adipeux, les glandes
orbitaires ne me semblent pas altérés. Une fois, après cpie l'cxophthalmie
avait duré dix jours, j'ai observé dans les muscles oculaires des fibres plus
opaques qui avaient perdu la striation et qui montraient de nombreuses
granulations fines. Peut-être la stase veineuse quelque peu persistante, en
amenant des dégénérescences dans les muscles, rend-elle l'exophthalmie
durable.
» J'ajouterai que la section du sympathique cervical .doit être pratiquée
assez bas. L'extirpation du ganglion cervical supérieur n'accentue pas
l'exophthalmie causée par la ligature des veines jugulaires.
» Le fait que la section unilatérale du sympathique renforce des deux
côtés l'effet de la ligature veineuse n'est pas facile à expliquer; mais ir me
semble mériter l'attention des pathologistes. Le rapport qu'on pourrait y
voir avec le symptôme si caractéristique de la maladie de Basedow est digne
d'intérêt. »
ANATOMIE ANIMALE. — De la variation du bassin chez le Cachalot.
Note de MM. G. Pouchet et H. Beairegard.
« Nous avons profité du dernier échouement d'un Cachalot sur la côte
française, à l'île de Ré (' ) (janvier 1890) pour étudier sur place la dispo-
sition des os pelviens.
» Disons de suite que les conditions dans lesquelles a été fait in situ, par
l'un de nous, le croquis d'après nature du bassin, ne laissent aucun doute
sur l'orientation des parties osseuses enlevées ensuite et préparées à loisir.
(l) Voir Comptes rendus. 3i mars 1890, et Bulletin de la Soc. de Biologie, 8 fé-
vrier 1890.
( i63 )
Elles se composent, de chaque coté, d'un ischion volumineux, triangulaire,
excavéen dehors, légèrement tordu sur lui-même et dont le bord postérieur
élargi s'articule par synchondrose avec le dernier os d'une chaîne de deux
os soudés, qui se place parallèlement à l'axe de l'ischion lui-même devant
l'excavation de sa face ventrale.
» Le bassin des cétodontes avait été décrit jusqu'à ce jour comme ne
comprenant de chaque côté qu'un seul os. La présence de deux os à droite
et à gauche chez le Cachalot, signalée par Wall, demeurait douteuse
(Flower, P. Gervais) ou même n'était point acceptée (van Beneden, 1888).
Le squelette de l'île de Ré que nous avons recueilli pour le cabinet d'Ana-
tomie comparée du Muséum nous présente trois os de chaque côté, comme
chez les vraies Baleines, mais avec cette différence que la chaîne des deux
os soudés est appuyée sur le bord postérieur de l'ischion et non vers son
extrémité antérieure.
» Ces rapports de position rendent encore plus incertaine l'homologie
de ces deux derniers os, où l'on peut voir indifféremment les rudiments
d'un membre, d'un bassin complet, ou même d'os marsupiaux. La phylo-
génie absolument inconnue des Cétacés laisse le champ ouvert à toutes les
suppositions.
» Les deux ischions de notre squelette de l'île de Ré présentent une
asymétrie remarquable et qui pourrait faire douter, en toute autre circon-
stance, qu'ils proviennent du même animal. On sait, et nous avons insisté
ailleurs sur ce point, que les Cétacés, même symétriques, comme les Ba-
lsenides, offrent de fréquents exemples de cette dissemblance du sque-
lette d'un côté à l'autre.
» Nous reportant aux descriptions antérieurement données du bassin
osseux du Cachalot, nous relevons quatre formes très différentes, que peut
présenter chez cette espèce l'os ischion :
» i° Forme qu'on pourrait appeler en houlette. C'est celle que présentent les deux
squelettes de mâle et de vieille femelle provenant des Açores et donnés au Muséum
par le Conseil municipal de Paris. (Voy. JVom'. Arch. du Muséum, 3G série, t. I,
PI. V, fig. 10 et 11.) Donc le sexe n'a ici aucune influence. On peut, semble-t-il, rap-
porter à la même variété le bassin de l'animal éclioué dans la baie de Botany, décrit et
figuré par Wall.
» 20 Forme sigmoïde (Flower). C'est celle du bassin de l'individu de ïasmanie,
décrit par l'anatomiste anglais, et de deux autres os pelviens qu'il figure également. Us
présentent tous vers le milieu de leur longueur une apophyse saillante.
» 3° Forme arquée. Très nette sur l'os pelvien de Cachalot portant dans la collée-
( i64 )
lion huntérienne le n° 2460 el dont le cabinet d'Anatomie comparée possède un mou-
lage. Apophyse très saillante vers la moitié de la longueur de l'os.
» 4° Forme triangulaire, offerte par notre Cachalot de l'ile de Ré.
» Sur un fœtus de Cachalot, long de im,3o, nous trouvons l'ischion
cartilagineux servant d'attache à la fois aux muscles du bulbe uréthral et
à un muscle ischio-coccvgien. Mais nous trouvons, en plus, couché oblique-
ment sur lui ou plutôt sur son bord externe, un nodule cartilagineux
plongé dans le tissu lamineux et donnant attache de son côté à quelques
courtes fibres musculaires. Ce nodule, dont le grand axe est oblique, occupe
donc une situation telle que, si elle avait dû se maintenir chez l'adulte,
elle eût constitué une cinquième variété à ajouter aux précédentes.
» Depuis longtemps, nous avons à diverses reprises (voy. Ostéologie
comparée, introduction) et en en donnant les raisons, insisté sur ce qu'il y
a de vain à rechercher dans les organes internes les caractères propres à
distinguer ce qu'on appelle l'espèce zoologique. Le but de cette Note est
surtout d'appuyer d'un exemple nouveau, et qui nous semble particulière-
ment concluant, une opinion peu en faveur jusqu'ici près des zoologistes
classificateurs. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur les caractères de la faune conchyliologie/ ue terrestre
et jlunalde récemment éteinte du Sahara. Note de M. P. Fischer, pré-
sentée par M. Albert Gaudry.
« La faune conchyliologique de l'extrême sud de nos possessions algé-
riennes est complètement inconnue, soit parce qu'elle a été négligée par
les explorateurs, soit à cause des conditions climatériques de cette région
et de l'absence de cours d'eaux ou de lacs d'une certaine importance.
» M. J. Dybowski, qui a exploré en 1890 les environs d'El Goléah et
principalement la localité d'Ouellen située à 35km au sud d'El Goléah, a
rapporté une collection de Mollusques terrestres et iluviatiles trouvés à
l'état subfossile, à la surface de bas-fonds aujourd'hui desséchés.
» Ces Mollusques très nombreux en individus appartiennent aux es-
pèces suivantes :
» Succinea Pfcifferi, Rossmàssler ; S. nov. sp., espèce du groupe du 5. longiscata,
Morelet ; Limnœa palustris. Millier; L. truncatula, Millier ; L. nov. sp.: Planorbis
Metidjensis, Forbes ; P. Rollandi, Morlet ; Bulinus Brocchii, Ehrenberg ; B. con-
tortuSj Michaud ; B. nov. sp.; Melania tuberculata, Millier.
( .65 )
» L'ensemble de cette faune aujourd'hui éteinte dans la vallée d'El
Goléah indique qu'au moment où elle s'est déposée il existait alors de
vastes étangs ou marécages dans lesquels prospéraient des Mollusques
d'eau douce dont la taille rappelle celle des plus beaux spécimens des
étangs de l'Europe. Ces étangs sahariens avaient une assez large disper-
sion, d'après la liste des localités visitées par M. Dybowski.
« On peut donc considère:- comme établi par la Paléontologie ce fait
que le Sahara a changé d'aspect depuis la période géologique la plus
récente. Il s'est desséché progressivement et a perdu une partie de sa
faune lacustre, puisque trois des espèces de Mollusques signalées ci-dessus
ne sont pas connues aujourd'bui à l'état vivant. J'ajouterai que l'examen
de coquilles recueillies dans les mêmes conditions par le lieutenant L. Say,
près de Temacinin à environ ioo lieues au sud-est d'El Goléah, conduit ;';
des conclusions identiques et que j'y ai trouvé à l'état subfossile uneespt
de Corbicula (C. Saharica, Fischer), genre caractéristique des rivières et
des lacs de l'Egypte et de l'Orient.
» L'analyse de la faune conchyliologique subfossile de la vallée d'El
Goléah montre ses affinités incontestables avec la faune actuelle do l'Al-
gérie et de la Tunisie à peu de distance du littoral. Quelques espèces citées
ci-dessus (Succinea Pfei(feri, Limncva palustri^, L. truncatula, Dulinus con-
tortus) sont même européennes, et aucune d'elles n'appartient à un type
africain proprement dit, c'est-à-dire à cette grande faune étendue depuis
le bassin du Niger jusqu'au voisinage du Cap.
» Par conséquent, la faune conchyliologique terrestre et fluviatile d'El
Goléah à i5o lieues du littoral algérien et celle de Temacinin à 2do lieues
du même littoral ne sont qu'une dépendance de la région zoologiqu ■
circaméditerranéenne dont M. E. Blanchard a montré l'autonomie.
» Ces résultats, établis d'après l'étude de matériaux eonchyliologïques,
n'impliquent nullement une pareille conclusion pour les autres animaux
du Sahara. Nous savons aujourd'hui que les divisions de géographie zoolo-
gique fixées d'après la présence d'animaux sédentaires comme les Mol-
lusques ne concordent pas toujours avec celles qu'on peut proposer en se
fondant sur l'existence d'animaux dont l'aptitude au vol (Oiseaux, Insectes),
ou la rapidité de la locomotion (Mammifères ruminants et solipèdes) mo-
difient singulièrement l'aréa de dispersion.
» Il serait extrêmement important, au point de vue de la géographie
zoologique, qu'une exploration scientifique pût être dirigée dans les mon-
tagnes du Hoggar occupées par les Touaregs. C'est là sans doute que l'on
C. R., 1S91, 1" Semestre. (T. CXII, N« 3.) 22
( i66)
trouvera la ligne de partage de la faune circaméditerranéenne et de la
faune africaine proprement dite.
» M. Dybowski n'a pas recueilli à El Goléah même le Cardium edule
Linné, Mollusque d'origine marine, caractéristique des Chotts, des Dayas
et des Sebkhas du sud de l'Algérie et de la Tunisie ; mais il en a trouvé
des valves près de Hassi-el-Hadjer, à moitié route entre Ouargla et El
Goléah. Ces valves sont semblables à celles des Chotts El Djérid, Mel'rir
et des environs d'Ouargla que j'ai examinées d'après les communications
de Roudaire, de P. Bert et de G. Rolland ; elles sont minces, rostrées et
d'assez petite taille.
» Le Cardium edule, qui n'existe plus aujourd'hui sur aucun point de
l'intérieur de l'Algérie et de la Tunisie, a vécu à une époque relativement
peu ancienne dans des étangs où il était associé à des Mollusques d'origine
lacustre ou fluviatile (Me/ania, Melanopsis, Planorbis, Bulinus, etc.). Il est
parconséquenlcaractéristiquede la période géologique à laquelle C. Mayer
a donné le nom d'étage saharien. Son existence sur les points les plus
éloignés du Sahara et aux altitudes les plus diverses est due à une acclima-
tation accidentelle ; et son extinction provient vraisemblablement du des-
sèchement et de l'excès de salure des eaux dans lesquelles il a pullulé.
Jamais, en effet, la mer n'a pénétré dans le Sahara depuis la fin de la
période crétacée ; jamais elle n'y a laissé une coquille franchement marine.
» A El Goléah, M. J. Dybowski a reconnu des affleurements crétacés
contenant les fossiles suivants : Neolobites Vibrayeanus d'Orbigny; Strombus
aff. inornatus d'Orbigny ; Cerithium aff. Tenouklense Coquand ; Lima aff.
Grenieri Coquand ; Janira aff. phaseola d'Orbigny ; Ostrea proboscidea
d'Archiac. Il y a là un mélange de formes connues dans divers horizons de
la craie supérieure ; mais il est évident que la craie d'El Goléah, qui a été
étudiée déjà avec soin par M. G. Rolland, est le prolongement dans le sud
du plateau crétacé du Mzab. »
ZOOLOGIE. — Sur la blaslogénëse chez les lan'es r/'Astellium spongiforme.
Note de M. A. Pizon, présentée par M. Milne-Edwards.
« Les larves de Diplosoma Bayneri, observées par Macdonald ('), ren-
fermaient deux ascidiozoïdes au moment de leur éclosion, tandis que
i,1) Trans. of the Linnean Society, London, i85ç).
< '67 )
celles d' A steltium spon gif orme (Giard), ÇDiplosoma spongiforme, v. Drasche)
en renfermeraient trois d'après M. Giard, et cinq ou six à peu près com-
plètement développés quelques heures après la fixation (' ).
» Je me suis demandé si de telles différences existaient réellement entre
les diverses espèces de Diplosomiens et j'ai suivi le développement des
larves d' Astellium spongiforme pendant un certain nombre de jours à partir
de leur éclosion. Il allait sans dire que ces observations de contrôle ne
pourraient avoir de valeur qu'autant que je m'adresserais exactement au
même Astellium spongiforme qu'a, observé M. Giard. J'ai donc apporté le
plus grand soin â mes déterminations; et, preuve indirecte de l'exactitude
de celles-ci, les larves que j'ai gardées en observation étaient absolument
identiques à celles que M. Giard a représentées Pi. XXVI, t. 1, des Archives
de Zoologie expérimentale.
» Elles présentaient l'oozoïte primitif avec sa vésicule des sens, le pre-
mier blastozoïte et la masse brunâtre que M. Giard désigne par P dans la
figure susmentionnée, et qu'il considère comme l'intestin d'un second
blastozoïte.
•> Mes recherches m'ont conduit aux résultats suivants :
» i° Des larves examinées aussitôt après l'éclosion ne présentent rien
qui puisse être considéré comme le sac branchial d'un deuxième blas-
tozoïte dont I3 serait l'intestin primitif.
» 2° Si la masse brune I3 était réellement un intestin rudimentaire, cet
intestin devrait se développer peu à peu, en même temps que le blastozoïte
auquel il appartient.
» Or I3 diminue à mesure que la larve avance en âge; les larves à^res
de vingt-quatre heures en présentent encore quelques traces, chez celles
de quarante-huit heures il n'existe plus du tout.
» 3° Les larves âgées de vingt-quatre heures ne présentent que deux
ascidiozoïdes, le premier étant l'oozoïte dont j'ai suivi la disparition de la
vésicule des sens et la dégénérescence de la queue; le deuxième constitue
le premier blastozoïte.
» 4° Les larves âgées de quatre jours ne présentent encore que les
deux mêmes ascidiozoïdes placés l'un à côté de l'autre, les ouvertures
branchiales diamétralement opposées.
» Comme conclusion, la larve d' Astellium spongiforme ne possède que
deux ascidiozoïdes au moment de son éclosion et non pas trois. En cela,
(') Archives Zoolog. expérimentale, t. I, p. 68o.
( i68 )
elle ne diffère pas de celles du Diplosoma Rayneri (Macdonald) et du
Diplosoma Kœhleri (Lahille) (').
» Les tubes ectodermiques qu'aurait chaque ascidiozoïde dans le man-
teau commun ne se transforment jamais en nouveaux individus, comme l'a
avancé M. Giard, et, par suite, les cinq ou six blastozoïtes presque com-
plètement développés qu'il dit avoir observés chez les larves fixées depuis
sept ou huit heures, n'existent pas.
» 5° L'étude de larves âgées de vingt-huit heures faite au moyen de sé-
ries de coupes au ■— a confirmé mes observations précédentes.
» De plus, ces coupes m'ont montré chez le premier blastozoïte un di-
verticule très court (il ne s'observe que sur cinq coupes successives) formé
aux dépens de la membrane péribranchiale et qui part du fond du sac bran-
chial, près de la naissance de l'œsophage. Tout près de ce premier diverti-
cule s'en trouve un second moins développé et qui n'est guère encore
qu'un simple épaississement de la membrane péritonéale : ce sont les deux
rudiments du second blastozoïte de la jeune colonie (2). »
Z LOGIE. -Sur deux Sporozoaires nouveaux, parasites des muscles des
Poissons. Note de M. P. Tiiéloiiax (3), présentée par M. Ranvier.
« Pendant mon séjour au laboratoire de Concarneau en 1889 et 1890,
mon attention fut attirée par la présence, dans les muscles du Collas scorpw
et du Collionymus fyra, de petites taches d'un blanc de lait, de forme
allongée, mesurant en moyenne 5mra à 6mm de long sur imnx ou 3mm de
lar^e. L'examen microscopique me montra bientôt qu'il s'agissait de deux
formes nouvelles de sporozoaires.
» Si, en effet, on dilacère une de ces petites tumeurs, on trouve dans le
contenu des petits corps ovoïdes très semblables aux spores du parasite
de la peau de l'Épinoche signalé par Glugc ; en 1 838 et que l'on rap-
porte en général aux Myxosporidies ; " ). J'ai déjà dans un travail précé-
dent donné les caractères de ces dernièi
(') Comptes rendus, t. Cil; 1886.
(:) Ce travail a été fait dans le laboratoire de Malacologie du .Muséum.
1 Travail fait au laboratoire de M. le professeur Balbiani au Collège de Fiance.
( ' ) Comptes rendus de l'Académie royale de Belgique; i838.
1 Balbiani, Leçons sur les Sporozoaires; i884-
) TnÊLOuAN, Contributions à l'étude des Vf '•> iri '.';'■ " (Annales de Micro-
graphie; 1890".
( i*9 )
» Sur des coupes du tissu musculaire infecté, on s'aperçoit que les pa-
rasites du Coltus et du Callionymm ont leur siège à l'intérieur même des
fibres primitives, mais en même temps on constate entre eux des diffé-
rences très nettes.
» Chez le Cottus, on trouve la fibre primitive augmentée de volume, et
comme bourrée de petits kystes sphériques de i5a de diamètre environ.
Ces petites sphères, entourées d'une mince enveloppe transparente, sont
disposées sans ordre, et interposées aux fibrilles qui s'écartent et se con-
tournent pour les loger dans leurs interstices, sans jamais présenter
d'altération dans leur structure et sans qu'on cesse d'observer nettement
leur striation.
» Dans certains de ces kystes, on trouve les corpuscules ovoïdes ou
spores dont j'ai parlé : elles mesurent environ 3a de long sur r,5 à 2a de
large. Comme dans celles du parasite de l'Epinoche, on trouve à leur grosse
extrémité un^ partie réfractaire à l'action des réactifs colorants ; le reste
de la spore renferme une petite masse plasmique et un corps qui semble
représenter l'élément nucléaire delà spore; il se colore fortement par les
réactifs et dans certains cas on peut le décomposer en granules dont le
nombre peut s'élever à quatre.
» Dans d'autres kystes, évidemment moins avancés dans leur évolution,
on observe un amas de petits globules plasmiques qui mesurent 2,5 à 3 a
de diamètre; à leur centre se trouvent un ou plusieurs grains colorés re-
présentant un noyau. Chacun de ces petits globules est destiné à former
une spore.
» Dans les fibres envahies par le parasite, j'ai observé entre les fibrilles
de petits corps composés d'une petite masse de plasma, dépourvue
d'enveloppe, et d'un noyau. Ils présentent en moyenne (\u. dans leur
grand diamètre et 2,5 à 3a de largeur. Il faut, je crois, les considérer
comme la première phase du développement du parasite. Je n'exprime
toutefois cette opinion qu'avec réserve, n'ayant pas observé une série suffi-
sante de transitions entre ces éléments et les kystes plus âgés pour être
absolument affirmatif. Cependant, j'ai observé de petites masses plasmi-
ques renfermant plusieurs noyaux, qui me semblent représenter un stade
intermédiaire entre les éléments que je viens de décrire et la phase à glo-
bules plasmiques dont j'ai parlé plus haut.
» Chez le Callionyme, le siège du parasite est encore la fibre primitive,
mais il se présente sous un aspect tout différent. Ici, en effet, on n'a plus
une série de petits kystes logés entre les fibrilles, mais une masse parasi-
( i7° )
taire dépourvue d'enveloppe, et dans laquelle j'ai observé des spores mûres
et d'autres en voie de développement.
» Les spores sont un peu plus petites que dans l'espèce précédente et
mesurent 2,5 à3p. sur ip. à i,5. Leurs caractères sont par ailleurs iden-
tiques. A côté de ces spores mûres, j'ai trouvé une phase pins jeune sous
forme de petits globules, avec un noyau très net, tantôt disposés en très
grand nombre les uns contre les autres, tantôt isolés par groupes de quatre
à dix ou douze dans une enveloppe commune.
» Chez le Collus, la structure des fibrilles reste intacte, comme je l'ai
dit. Ici, au contraire, la fibre envahie ne tarde pas à s'altérer, son contenu
se fragmente et tombe bientôt en dégénérescence vitreuse.
» En 1888, M. Henneguy a signalé un organisme très voisin dans les
muscles du Palcemon rectirostris (').
» A ne considérer que leur siège, ces parasites devraient évidemment
prendre place dans l'ordre des Sarcosporidies; mais les caractères de
leurs spores les en éloignent, et les rapprochent au contraire du parasite
signalé par M. Henneguy chez le Gobius a/bus (2) et de celui de l'Epi-
noche.
» Reprenant l'étude de ce dernier, j'ai été assez heureux pour rencon-
trer un kyste en pleine évolution et pouvoir suivre à peu près toutes les
phases du développement des spores qui n'avait pas encore été étudié. On
observe dans le protoplasma du kyste de petits globules pourvus d'un
noyau qui s'entourent d'une mince membrane, se divisent et finissent par
former de petites sphères remplies d'éléments arrondis nucléés très nom-
breux qui, plus tard, donneront des spores.
» On voit que ce mode de développement est très analogue à ce que j'ai
observé dans les deux formes que j'ai signalées dans celte Note.
» Je propose, pour le parasite de l'Epinoche, la dénomination de Glu-
gea microspora (nov. gen., nov. sp.), rappelant le nom du savant belge
qui l'a découvert. Autour de cette espèce se groupent le parasite du Palce-
mon rectirostris de M. Henneguy et ceux du Cotte et du Callionyme. Ces or-
ganismes forment un petit groupe très naturel, rendu intéressant par les
affinités multiples qu'il présente avec les Myxosporidies, les Sarcospori-
dies et les Microsporidies.
(') Henneguy, Sur un parasite des muscles du Palcemon rectirostris (Mémoires
du centenaire de la Société pkilomatique, p. i63; 1888).
(*) Loc. cit., p. 170.
( i7i )
» Je me propose, d'ailleurs, de consacrer à ces parasites un travail plus
étendu, dans lequel un exposé plus complet de mes observations me per-
mettra de mieux préciser leurs caractères et de faire ressortir leurs rap-
ports avec les autres Sporozoaires. »
MINÉRALOGIE. — Sur la présence du nickel natif dans les sables du torrent
Elvo près de Biella {Piémont). Note de M. Alfonso Sella, présentée par
M. Daubrée.
« En examinant les sables aurifères du torrent Elvo, je remarquai,
parmi les produits des derniers lavages pratiqués par les pécheurs d'or,
quelques rares grains d'éclat métallique, ductiles et fortement magné-
tiques. Je ne saurais mieux caractériser leur aspect extérieur qu'en les
comparant aux grains ou aux pépites de platine natif.
» Ces grains sont solubles dans l'acide nitrique et chlorhydrique dilués (quoique
non trop facilement dans ce dernier) et donnent lieu à la formation d'un gaz; dans la
solution j'ai constaté seulement la présence de fer et de nickel (avec cobalt). Ils décom-
posent une solution de chlorure mercurique en laissant un dépôt de chlorure mercu-
reux; ils précipitent l'or des solutions de chlorure aurique, mais je n'ai pu observer
la précipitation de cuivre dans une solution de sulfate de cuivre.
» M'étant procuré par une recherche extrêmement pénible près d'un décigramme
de substance, je passai à une analyse quantitative, exécutée grâce à l'obligeance du
directeur, M. Mattirolo, dans le laboratoire du R. Ufficio Geologico délie Minière, à
Rome.
» Le minéral fut dissous dans l'eau régale; la séparation du fer d'avec le nickel fut
obtenue au moyen de précipitations répétées par l'ammoniaque.
» osr,i367 de la substance fournirent osr,o520 de Fe203 correspondant à oer,o364
de Fe, et osr,i3o8 de NiO correspondant à osr,io28 de Ni.
» L'oxyde de nickel fut redissous dans l'acide chlorhydrique, et dans la solution je
pus constater nettement la présence de cobalt, dont la détermination quantitative aurait
été certainement possible, si j'avais pu disposer d'une quantité plus grande de matière
première.
» Le résultat de l'analyse est donc :
Nickel contenant du cobalt 70,2
Fer 26 , 6
101,8
» Cette composition se rapproche beaucoup de celle qui correspond à l'ai-
( *72 )
liage Ni3Fe, qui donne le 70,9 pour 100 de Ni et le 24,1 pour 100 de Fe. Il serait
cependant prématuré d'assigner sans autres preuves la formule Ni'Fe au minéral;
car il y a raison de douter que tous les grains aient la même composition. En effet, en
les examinant avec attention, on en voit quelques-uns présenter une couleur blanche
d'argent ou jaune, tandis que d'autres tendent au gris d'acier. Lorsque je pourrai
disposer d'un matériel suffisant, il sera possible de résoudre la question et même de
tenter une séparation, en me servant de l'élégante méthode proposée, dans un cas ana-
logue, par M. Stanislas Meunier, qui consiste à chauffer les grains à l'air; ceux-ci
prennent alors des couleurs différentes, si leur composition n'est pas la même.
» Une détermination approximative de la densité du minéral m'a fourni le chifl're
7,8. Les grains possèdent une force coercitive magnétique très sensible.
» Les sables dans lesquels se trouve le minéral ont été recueillis dans
le torrent Elvo, entre Salussola, Magnonevolo et Cerrione, près de la
grandiose moraine latérale gauche de l'ancien glacier qui descendait de
la vallée d'Aoste, et à quelques kilomètres en aval des célèbres plaines de
la Bessa, où, selon la tradition, existaient d'anciens lavages d'or déjà men-
tionnés par Pline.
» Dans la vallée de l'Elvo, il n'existe nulle part des officines métallur-
giques, et l'on n'y connaît non plus aucun gîte exploité de pyrrhotine
nickélifère qui aurait pu servir à l'extraction du nickel. D'ailleurs on sait
que, avant 1878, le nickel employé pour les objets d'industrie contenait
de fortes proportions de cuivre, tandis que je n'ai pu constater la présence
de ce dernier corps dans le minéral en question. Je crois donc qu'il n'est
pas possible d'admettre que les paillettes trouvées soient un produit de
l'industrie humaine.
» Cela étant établi, quelle est alors l'origine de ces paillettes? L'idée
qui se présente d'abord, c'est que le minéral serait d'origine météoritique,
ce que paraîtrait confirmer la présence observée dans les mômes sables de
ces grains magnétiques de forme sphéroïdale, auxquels on a attribué une
origine cosmique ( ' ).
» J'ai pensé quelque temps que cette explication était la seule possible;
mais, surtout après quelques observations qui m'ont été faites à ce propos
par M. Daubrée, j'ai modifié mon opinion à cet égard.
» D'abord, il n'est nullement prouvé que ces grains sphéroïdaux magné-
tiques soient toujours d'origine cosmique.
» D'après la quantité souvent considérable de fer allié avec le platine
(') Stanislas Meunier, Météorites, p. 807 et suiv. (Encyclopédie chimique Frémy).
( i?3 )
natif provenant de roches serpentineuses, la présence du fer natif est plus
répandue dans les roches terrestres qu'on ne l'admet ordinairement (' ).
» La présence du nickel natif dans les sables de l'Elvo n'aurait donc
rien d'étonnant; car ces sables sont le produit d'un lavage sur grande
échelle exécuté par le torrent sur une quantité énorme de matériaux, ainsi
qu'il est démontré par la présence d'or, de magnétite en quantité et d'au-
tres minéraux pesants (hématite, rutile, zircone, etc.).
» Cette découverte du nickel natif viendrait ainsi se placer à côté de
celle du fer natif nickélifère d'Ovifak, pour établir un nouveau rappro-
chement entre les roches terrestres et les masses météoritiques, notamment
avec les holosidères qui, comme ceux d'Octibbeha et de Sainte-Catherine,
ont une teneur très élevée en nickel ('). »
GÉOLOGIE. — Sur le bassin houiller du Boulonnais. Note de M. A. Olry.
« Dans la région de leurs affleurements, près de Marquise, les terrains
primaires du Bas-Boulonnais sont divisés en deux parties bien différentes
par la faille de Ferques, dirigée de l'est-sud-ouest à l'ouest-nord-ouest, avec
forte inclinaison vers le sud. Au nord et à proximité de cet accident, ils
sont régulièrement stratifiés et se développent presque parallèlement à lui;
contre la faille même, on a exploité, vers l'ouest, entre Ferques et Leulin-
ehen, une bande houillère très étroite. Au sud, au contraire, on observe
une allure ondulée : c'est là que se trouvent, à l'est, les exploitations bien
connues d'Hardinghen, comprises entre la faille de Ferques et une autre
plongeant également vers le midi; le terrain houiller y est recouvert, en
totalité ou en partie, au couchant, par le calcaire carbonifère, dont le sépare
une troisième faille qui, à sa rencontre avec les puits de la Providence,
Renaissance et du Souich, est inclinée en sens inverse des précédentes.
» En face des anciens puits de Ferques et de Leulinghen, deux sondages
distants de l'jSo"1, et situés l'un à Hidrequent à 4oom, l'autre à Blecque-
necques à 6oom au sud de la faille de Ferques. ont atteint le terrain houiller,
le premier à 345m, le second à 435m de profondeur, et ont recoupé plu-
sieurs veines de houille. On a admis jusqu'à présent qu'ils ont traversé
tous deux la faille de Ferques, et qu'ils ont exploré au-dessous d'elle
(') Daubrée, Géologie expérimentale, p. 546 et suiv.; 1879.
(2) Lawrence Smith, Comptes rendus, t. XCII, p. 843.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 3.) 2J
( '?4 )
le prolongement du gisement dont elle côtoie l'affleurement au sud.
Dès lors, l'inclinaison moyenne de la faille entre cet affleurement et les
sondages ne serait que de 35° à l\o°, alors qu'elle est notablement plus forte
au voisinage du sol ; il faut donc supposer, en outre, que cette faille s'aplatit
peu à peu en profondeur, et qu'en même temps la puissance de la bande
houillère devient telle que la sonde ait pu s'v enfoncer, sans en sortir, sur
io5m de hauteur verticale à Hidrequent et sur 1 1 im à Blecquenecques.
» Cette hypothèse nous paraît à rejeter. Si, en effet, on chemine vers
l'ouest le long et au sud de la faille de Ferques, on constate que la profon-
deur à laquelle on rencontre le terrain houiller d'Hardinghen augmente
progressivement. A l'est, dans les anciennes fosses, ce terrain affleure, ou
n'est recouvert que par des couches minces de jurassique et de crétacé.
Puis on voit apparaître au-dessus de lui le calcaire carbonifère, et il faut
déjà descendre à 176™ pour l'atteindre à la fosse de la Providence. La
surface de séparation du terrain houiller d'Hardinghen et du calcaire de
recouvrement s'enfonce donc à mesure qu'on s'avance vers l'ouest, et il
est naturel de penser que c'est elle qui a été atteinte au niveau de 345™ à
Hidrequent et au niveau de 435ra à Blecquenecques.
» Nous sommes d'avis, en conséquence, que le gisement reconnu à ces
deux sondages ne se relie pas à celui de Ferques, qu'il est la continuation
de celui d'Hardinghen, et qu'il est situé au midi, c'est-à-dire au-dessus de
la faille de Ferques. D'autre part, vers le méridien d'Hénichart, les assises
primaires présentent, entre la faille de Ferques et celle du midi, un pli
anticlinal qui ramène au jour le calcaire carbonifère constituant le fond du
bassin et partage ainsi le terrain houiller en deux zones distinctes. Nous
pensons que cette allure se continue lorsqu'on se dirige vers Leulinghen;
nous admettons en outre, avec M. Breton, qu'il y a identité entre la faille
de refoulement du midi et celle qui, aux fosses de la Providence, Renais-
sance et du Souich, sépare le terrain houiller du calcaire de recouvrement,
cette dernière n'étant autre chose que la précédente affaissée à proximité
et le long de la faille de Ferques, comme conséquence de la formation du
pli que dessinent les terrains inférieurs. Nous sommes ainsi conduit à don-
ner la coupe verticale schématique ci-contre de la formation houillère
entre Ferques et Hidrequent. Nous conservons à la faille de Ferques, en
profondeur, l'inclinaison qu'elle a en affleurement, et nous relevons la
faille limite contre elle, en conformité de ce qui existe, du côté de l'est,
à la fosse Espoir. Les sondages d'Hidrequent et de Blecquenecques ont
d'ailleurs traversé des bancs houilîers plongeant au sud.
( '75 )
» Cette coupe cadre avec les résultats du sondage Déferriez qui a trouvé,
à i ioom au midi de celui d'Hidrequent, un peu de schistes gris entre deux
calcaires. De plus, une voie de fond creusée à la fosse de la Providence,
dans la Veine à bouquettes, niveau de 3o7m, est arrivée jusqu'à 900™ envi-
ron au sud-est du sondage d'Hidrequent, sans avoir été arrêtée par aucun
accident. La continuité des gisements d'Hardinghen et d'Hidrequent-
Blecquenecques a été ainsi contrôlée matériellement, d'une façon presque
complète, sur un parcours de plus de 6km, et il est permis de croire que le
terrain houiller s'étend bien au delà de Blecquenecques, recouvert par
une épaisseur de plus en plus forte de calcaire, et peut-être aussi de ter-
rain dévonien. Le sondage de Witerthun l'aurait vraisemblablement ren-
contré, si on l'avait approfondi jusque vers le niveau de 8oora.
SoiuîaSc
Sondage
d'Hulrequent
» Nous devons encore signaler la grande ressemblance qui existe entre
la coupe qui précède et une coupe transversale du bassin de Valenciennes.
La faille de Ferques joue le rôle du cran de retour d'Anzin, reporté vers
le Nord, et il n'y a de différence réelle de l'une à l'autre qu'en ce qui
concerne l'affaissement de la faille limite vers le milieu du bassin.
» Cette analogie nous porte à croire que le bassin du Boulonnais n'est
autre chose que le prolongement de celui du Pas-de-Calais. Cependant,
les assises houillères y offrent des caractères spéciaux. En outre, on a
exploité, aux fosses des Plaines, sous le grès des plaines, deux veines de
charbon à 35 pour 100 de matières volatiles interstratifiées dans le calcaire
carbonifère et inconnues dans le Pas-de-Calais. Les sondages dévoniens
de Guines et celui de Calais, qui a été arrêté dans un grès calcaire appar-
tenant sans doute à l'étage carbonifère, donnent enfin au silurien de Caf-
fiers l'apparence d'une crête que l'on peut être tenté d'assimiler à celle du
Condros. En ce cas, le bassin du Boulonnais appartiendrait à la grande
( '76)
vallée de Dinant, et il faudrait chercher la continuation de celle de Na-
mur vers le nord ou le nord-est. La découverte récemment faite au son-
dage de Douvres ne peut malheureusement guère éclairer cette question,
ni celle de l'extension de la formation houillère du Boulonnais jusqu'en
Angleterre, car ce sondage ne nous semble avoir recoupé que des lignites
appartenant à la base de l'oolithe, étage bajocien, pareils à ceux qui
existent près de la gare de Marquise, et à ceux qui ont été rencontrés vers
3oom au sondage de Boulogne. La solution du problème reste donc indé-
cise et appelle de nouvelles recherches. »
M. Cii.-V. Zenger adresse une Note intitulée : « La période solaire du
a5 novembre, les essaims périodiques du 27 au 29 novembre 1890, et les
phénomènes météorologiques en Bohême » ; et une autre Note intitulée :
« La périodicité des grandes éruptions volcaniques. »
La séance est levée à 4 heures trois quarts. J. B.
ERRATA.
( Séance du 1 2 janvier 1891.)
Note de M. H. Faye, Sur l'hypothèse du sphéroïde.
Page 75, ligne i4, au Heu de Laplace, lisez Newton.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augnstitis, n° 55.
[835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement lo Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-4°. De
ne par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est anm
i" janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Michel et Médan.
I Gavault St-Lager.
/ Jourdan.
| Ruff.
Hecquet-Decobert.
l Germain et Grassin.
f Lachèseet Dolheau.
Jérôme.
Jacquard.
; Avrard.
Du Uni il'.
I Muller (G.)-
Renaud.
!Lefournier.
F. Robert.
J. Kobert.
V Uzel Caroff.
\ Baér.
( Massif.
Perrin.
( Henry.
( Marguerie.
j Rousseau.
( Ribou-Collay.
i Lamarche.
Ratel.
f Damidot.
j Lauverjat.
j Crépin.
( Drevet.
j Gratier.
Robin,
j Bourdignon.
j Dombre.
; Kopiteau.
• Lefebvre.
( Quarré.
Lorient.
chez Messieurs :
( Baumal.
( M™ Texier.
Beaud.
Georg.
Lyon i Mégret.
j Palud.
1 Vitte et Pérùssel.
Marseille Pessailhan.
( Calas.
j Coulet.
Martial Place.
/ Sordoillet.
Nancy Grosjean-Maupin.
( Sidot frères.
( Loiseau.
( M",c Veloppé.
\ Barma.
' yïseonti et C1".
/Vîmes Thibaud.
Oi'léans Luzeray.
( Blanchier.
( Druinaud.
Hennés Plihon et Hervé.
Rochefort Boucheron - Rossi -
Lan^lni^. [gnol
Lcstringant.
S'-Étienne Chevalier.
( Bastide.
i Rumèbe.
y Gimet.
i Privât.
I Boisselier.
Tours s Pérjcat.
' Suppligeon.
i .lard.
Le maître.
Montpellier
Moulins. . . .
Nantes
Nice. . . .
Ntme
Oi'léc
Poitiers..
fieimes
Roche/
Rouen.
S'-Èlie
Toulon . . .
Toulouse..
Tours
Valenciennes.
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
j Iiobbers.
' Feikema Caarelsen
Athènes Beck. [et C".
Barcelone Verdaguer.
I Asher et G".
\ Calvary et C1".
Berlin „ . ... , ....
i r riedlander et lils.
f Mayer et Muller.
n ( Sclimid, Franckc e(
Amsterdam .
Bwcharest.
Bologne Zauirhclli et C'".
ÎRamlot.
Mayolez.
Lebègue et C''.
( Haimann.
I Ranisteanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BellelC"
' 'hristiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto et Keil.
Copenhague Hiist et fils.
Florence Lœseher et Seeber.
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
j Chcrbuliez.
Genève . • Georg.
( Stapelmohr.
La Haye Belinfante frères.
i Benda.
Lausanne , ^
' Payot.
I Barth.
I Brockhaus.
Leipzig ' Lorentz.
j Max Rùbe.
\ Twietmeyer.
\ I >ésoer.
I Gnusé.
Londres
Luxembourg
Liège.
chez Messieurs :
| Dulau.
I Nutt.
V. Buck.
Librairie Gute
) berg.
Madrid Gonzalès e liijos.
Yravedra.
F. Fé.
,,.. i Dumolard frères
M dan „ ,.
( Hcepli.
Moscou Gautier.
i' Furcheim.
Naples Marghieri di Gin
( Pellerano.
. Christern.
New-York ■ Stechert.
' Westermann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C".
Palerme Clausen.
Porto Magalhaès.
Prague Rivnac.
flio-Janeiro Garnier.
( Bocca frères.
j Loescheret Ci(.
Rotterdam Kramers et lils.
Stock holm Samson et Walli
i Zinserling.
à'-Petersbourg.. j W(i|(r
/ Bocca frères.
Brero.
Clausen.
[ RosenbergetSell
Varsovie Gebetliner et Wc
Vérone.... ,. Drucker.
Frick.
Gerold et C".
Zurich Meyer et Zeller.
Turin.
Vienne .
IS GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
(3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4°; iS >:>. Prix 15 fr.
i i" Janvier i85t à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr.
( i*r Janvier 1866 à i\ Décembre 1880.) Volume in-i"; [889; Prix 15 fr.
■ÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1er à 31.
Tomes 32 à 61.
Tomes 62 à 91.
lémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DERBEsel A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent]
r M. Hansen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matièi
M. Claude Bernard. Volume in-.'|°, avec 32 planches ; iS56 15
Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vax Lîeneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en iSâo par l'Académie des Scieni
cours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sé(
l, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nati
rts qui existent entre l'étatactuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-'(", avec 27 planches; 1861... 15
ie Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
K 3.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 19 janvier 1891.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
MM. Berthelot et G. André. — Sur le dosage
des matières minérales contenues dans la
terre végétale et sur leur rôle en Agricul-
ture 117
MM. Berthelot et G. André. — Sur la pré-
sence et sur le rôle du soufre dans les vé-
gétaux 122
M. Daubrée. — Expériences sur les actions
mécaniques exercées sur les roches par des
gaz i'i hautes températures, doués de très
fortes pressions et animés de mouvements
très rapides ia5
Pages-
M. Ad. Ciiatin. — Contribution à l'histoire
botanique de la Truffe. Deuxième Note:
Ti fdi 11 Truffes d'Afrique (et d'Arabie),
gi '.res ' rfezia et Tirmania
M. in. i" Unix. — Description et emploi des
liuca' ptus
M. A. Iialler. — Influence des dissolvants
sur le pouvoir rotatoire des camphols et
des isocamphols. Étude des bornylates de
ch I ora 1
MM. ft. Lei'ine el Barrai.. — - Sur la destruc-
tion du sucre dans le sang in vitro
NOMINATIONS
de feu M. l'eligot.
M. Chambrelent est élu Membre delà Sec-
lion d'Économie rurale, en remplacement
MÉMOIRES LUS.
M. le D* II. Arnaud. — Mémoire sur la constitution des albuminoïdes. . .
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
i.36
(43
146
■48
'48
La Commission du prix Dusgate fait con-
naître que les deux Mémoires récompensés
dans la séance du 29 décembre 1890, et
portant pour devises, l'un « Fac, non
spera », l'autre « l'Égalité devant la mort»,
ont pour auteurs, le premier M. le D'Henri
Arnaud (de Saint-Gilles), et le second
M. le Dr À/aze (du Havre )
M. Foveau de Courmelles adresse une Note
de Physiologie intitulée « Nouvelles ac-
tions mécaniques des courants électriques :
actions de transport >
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire pertétuel signale, prami
les pièces imprimées de la Correspondance,
les « Œuvres de Fermât, publiées par
MM. Paul Tanhery et Charles Henry;
1. I", Œuvres mathématiques diverses;
Observations sur Diophante > i5i
M. A. Mai.ler, nommé Correspondant pour
la Section de Chimie, adresse ses remer-
ciements à l'Académie id2
M. Gomont, M. P. Hahiot, M. P. DE Lafitte
adressent des remerciements pour les dis-
tinctions accordées à leurs travaux 1J2
M. Edm. Lescareault. — Observation d'une
étoile d'un éclat comparable à celui de Ré-
gulus et située dans la même constella-
tion I 02
M. P. Tacciiini. — Résumé des observations
solaires faites à l'Observatoire royal du
Collège romain pendant le second semes-
tre de 1S90 iô3
M. Km. Marchand. — Observations des ta-
ches solaires, faites en 1X90 à l'équatorial
Brunner (o"°,iS) de l'observatoire de Lyon. i5'|
M. G. Sire. — .Nouvel appareil gyratoire,
le gyroscope alternatif i5j
M. E. Mercadier. — Sur la reproduction
téléphonique de la parole i5b'
Errvta
M. Scheurer-Kestner. — Recherches sur
l'huile pour rouge
M. H. Stiu.ino. — Sur la production expé-
rimentale de l'exophthalmie
MM. G. Pouchet et H. Beaureoat.d. — De
la variation du bassin chez le Cachalot..
M. P. Fischer. — Sur les caractères de la
faune eonchyliologique terrestre etfluvia-
tile récemment éteinte du Sahara
M. A. Pizon. — Sur la blastogénèse chez, les
larves A'Astellium spongiforme
M. P. Thelohan. — Sur deux sporozoaires
nouveaux, parasites des muscles des Pois-
sons
M. Al. Sklla. — Sur la présence du nickel
natif dans les sables du torrent Elvo,
près de Biella (Piémont)
M. A. Olry. — Sur le bassin houiller du
Boulonnais
M. Cu.-V. Zenuer adresse une Note intitu-
lée : «La période solaire du 25 novembre,
les essaims périodiques du 27 au 29 no-
vembre 1S90, et les phénomènes météoro-
logiques en Bohême », et une autre Note
intitulée : « La périodicité des grandes
éruptions volcaniques »
i5i
ijs
i(io
162
i6^
166
r68
171
173
176
176
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-YTLLARS ET FILS,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1891
PREMIER SEMESTRE.
Jow
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. EES SECRÉTAIRES PERPETUEES.
TOME CXII.
N° 4(26 Janvier 1891)
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou G feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académi
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Raj
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autar
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pij
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personne
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac;
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ri
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sor
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extra
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le for
pour les articles ordinaires de la correspondance olf
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, 1
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à temps
le titre seul du Mémoire est inséré dans \eCompte rend
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu su
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports €
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
1
Tous les six mois, la Commission administrative fai
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprl
l'impression de chaque volume. .
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent laire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivanti
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 26 JANVIER 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE. — Pendule isochrone; par M. Phillips ( '
« On sait que le pendule n'est pas isochrone et que ses oscillations sont
d'autant plus lentes que leur amplitude est plus grande. Ce défaut est sans
inconvénient quand le moteur de l'instrument d'horlogerie est un poids,
parce que, alors, l'amplitude des oscillations ne varie sensihlement pas. Il
n'en est plus de même quand le moteur est un ressort ou quand le pen-
dule doit osciller libre. Aussi, depuis l'application faite par Iluvgens du
pendule aux horloges, de nombreuses mais vaines tentatives ont-elles été
faites pour corriger ce défaut. La disposition que j'ai l'honneur de faire
(') Cette Note est extraite d'un Mémoire plus étendu, qui sera publié prochai-
nement.
C. R., 1891, 1» Semestre. (T. CXII, N° 4.) '±\
( i7» )
connaître à l'Académie, et à laquelle j'ai été conduit après de longues
recherches, réalise l'isochronisme du pendule.
» La disposition dont il s'agit est indiquée par la figure ci-dessous.
» OG est à un instant quelconque l'axe de figure du pendule dont le
centre de gravité est G et dont l'axe de rotation est projeté en O.
» DBE est un petit ressort que l'on peut supposer formé d'une lame
prismatique rectangulaire en acier, encastrée en D où sa tangente est ho-
rizontale et perpendiculaire à l'axe O. Son extrémité E est libre et dépasse
un peu la verticale OV. Il est relié au pendule par une bielle AB, de petite
section et de très faible masse, articulée, d'une part en A avec le pendule
et d'autre part en B avec le point du ressort qui est sur la verticale OV
dans la position d'équilibre, et qui est alors en C sur OV, de sorte que
OC = OA -h AB. D'ailleurs OA = AB et le triangle OAB est isoscèle.
» Le mécanisme est disposé de manière que l'on puisse faire varier,
comme moyen de réglage de l'isochronisme, la longueur utile du ressort,
c'est-à-dire celle comprise entre le point d'encastrement D et le point B.
On peut aussi faire varier l'armure du ressort, c'est-à-dire sa tension dans
la position d'équilibre.
» Je passe à la théorie de l'appareil, pour laquelle je supposerai que
l'on puisse négliger le poids et les forces d'inertie de la bielle AB (').
)> Soient
P le poids du pendule seul;
<p l'armure du ressort ou sa tension dans la position d'équilibre;
(') Dans le Mémoire dont cette Note est un extrait, j'ai tenu compte du poids et
des forces d'inertie de la bielle AB.
( J79 )
OG = a, OA = AB^R, VOÀ = OBA^a, BAG = 2a, CB =/ et i le
coefficient de flexibilité clu ressort, c'est-à-dire sa flexion sons une charge
égale à l'unité appliquée au point B.
» On a
f — i R ( i — cos y.) .
» Soit F la force verticale et dirigée de haut en bas, exercée en B par le
ressort sur la bielle AB.
F = o -f- ■-.■
i
(1) j Donc
I • ''
F = o + -.- (i — ces ai.
» La force F peut se décomposer en deux autres : l'une, horizontale et
qui peut être négligée, car son travail virtuel est nul, et l'autre, une trac-
tion, dirigée suivant la bielle et égale à — — • Celle-ci, supposée appliquée
au point A, se décompose en deux autres : l'une, dirigée suivant OG et
qui peut être négligée puisque son moment par rapport à l'axe O est nul,
et l'autre, perpendiculaire à OG et égale à
F
cos a
siii2x = 2 F sina.
» Le moment de cette dernière par rapport à l'axe O est égal à
2FRsin x,
ou, en remplaçant F par sa valeur (1) et ayant égard au signe, égal à
— 2R sma cp -1- — - (1 — cos a)
» D'ailleurs le moment du poids P par rapporta l'axe O est — Pasina.
» Donc, A étant le moment d'inertie du pendule, l'équation de son mou-
vement est
A-j-5 = — sma Va -r 2R0 -H — (i — cos y.) .
» Le second membre de cette équation est une fonction impaire de a,
laquelle, par conséquent, étant développée suivant les puissances crois-
santes de a, n'en contient que celles de degré impair. S'd ne s'y trouvait
( i»o )
que le terme contenant comme facteur la première puissance de a, on
aurait l'isochronisme. Or, si nous convenons de négliger les termes conte-
nant comme facteur la cinquième puissance et les puissances supérieures
de x ('), il suffit, pour obtenir ce résultat, d'égaler à zéro le coefficient du
terme qui contient a3 comme facteur.
» En négligeant les termes du cinquième ordre et des ordres supérieurs
en x, l'équation précédente peut s'écrire
(2) A^^-fa- JVpa+aRç-t-?
dï2 \ 6 J\ t i
» Afin d'obtenir l'isochronisme, j'égale à zéro le coefficient de a3, ce
qui donne
~ - UPa+ 2R0),
équation qui détermine le coefficient de flexibilité i du ressort et qui se
réduit, avec une approximation très suffisante dans la pratique, à
, o n 2 R'2 Va
» L'équation (2) devient alors
» On en conclut que le pendule s'écarte également de part et d'autre
de la verticale et, en l'intégrant, on a, en désignant par T la durée d'une
oscillation simple,
(4) T = Vp^'
» Voici maintenant comment, au moyen de (3), on peut déterminer
une infinité de ressorts satisfaisant à la condition de l'isochronisme.
» Soient
E le coefficient d'élasticité du ressort ;
L sa longueur utile ;
/ sa largeur ;
e son épaisseur.
(' ) Dans mon Mémoire principal, j'ai montré qu'on peut négliger ces termes.
( i8i )
» On a, en supposant E = 20 x 109,
L3
5 X io°/e3
» En égalant cette valeur de i à celle donnée par (3), on a
[J- L ~" 1000 V 60/R2'
» Cette formule détermine le rapport =- , en supposant qu'on se donne la
largeur / du ressort ainsi que R.
» Il faut en outre s'arranger pour que l'allongement proportionnel
maximum du ressort, pendant le mouvement, ne dépasse pas une limite
déterminée y.
» Or, en appelant/, la flexion correspondant à l'armure <p du ressort
et f0 le maximum de /, d'où résulte que la flexion totale maximum est
y, -+-/„, on voit facilement que l'allongement proportionnel maximum du
ressort, qui a lieu pour le maximum a0 de a, est
» Il faut donc que l'on ait
n?(/.+/.)<Y.
d'où, en observant que /„ = Rajj,
(6) L>^(/. + R«ï)r
» Cette formule fait connaître la valeur minimum de L après qu'on a
e
L "
déterminé le rapport
M. Wolf, en déposant ce Mémoire sur le Bureau de l'Académie, ajoute :
« Le Mémoire que Mme Phillips a bien voulu me charger de présenter
à l'Académie est le dernier travail de notre regretté Confrère, qui l'a laissé
entièrement rédigé et prêt pour l'impression. Les expériences auxquelles
à donné lieu la vérification du principe théorique de l'appareil ont été
faites à l'Observatoire, sur une pendule installée dans mon cabinet et par
( 18a )
les soins de M. Rozé d'abord, puis de mon assistant, M. Guénaire. C'est à
cette circonstance que je dois l'honneur d'en entretenir aujourd'hui
l'Académie.
» L'extrait qui précède avait été préparé par M. Phillips lui-même
pour nos Comptes rendus. Je crois devoir v ajouter seulement deux des
séries d'expériences sur la marche de la pendule avec et sans l'appareil
d'isochronisme.
Expériences sur la pendule sans ressort ni bielle.
Marches
Température. Dates. diurnes. Moyennes.
Expériences aux grands arcs 2°.
o s
6,5 i3-i4 janvier 1887 — 47 ,44 )
6 i4-i5 » — 46,74 / — 4(ib>97
6 1 5- 1 7 « — 46,73 )
Expériences aux petits arcs 1 ".
6 17-18 février 1887 — 4>,48
6 18-19 » — 4 1,58
0,5 '9-20 » —43,48 \ — 4is,65
7 20-22 » — 4oji8
7 22-24 » — 4>>55
Retour aux grands arcs.
7 24-2,5 février 1887 — 47,39
6,5 25-26 » -47,86 ,
7 36-27 » -47-77 ( ~47S'67
7,5 27-28 » —47,68 )
Expériences faites avec le ressort de omm,5o d'épaisseur, om,oo5 de largeur
et om,io85 de longueur utile. Température sensiblement constante.
Marches
Dates. diurnes. Moyennes.
Expériences aux petits arcs.
26-28 juin 1886 — 338,3i I
28-29 » — 33,6o > — 33s,36
2g-3o » — 33,17 )
C "83 )
Dates.
Marches
diurnes.
Expériences aux grands arcs.
i-3 juill. 1886.
3-5
5-6 »
6-7 »
7-8 »
8-9
9-10 »
1 o- 1 6 »
16-17 »
1 7-20 »
-33,70
-33,57
34,36
— 33, 7S
-33,64
— 33 ,53
— 33,07
—32,8a
— 33, o3
—82,90
Moyennes.
— 33%38
20-21 j mil.
21-22 »
22-23 »
Retour aux petits arcs.
r886 —33,n
— 33, 21
-33,i8
Moyenne des marches aux petits arcs. .
Moyenne des marches aux grands arcs
» L'isochronisme est à peu près parfait. »
-33%. 7
— 33s,26
-33%38
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — ■ Sur la représentation approchée des fonctions.
Note de M. Emile Picard.
« Dans un Mémoire récent ('), M. Weierstrass s'est occupé de la re-
présentation approchée d'une fonction continue arbitraire d'une variable
réelle. En suivant une tout autre voie que l'illustre géomètre, on peut re-
trouver d'une manière très élémentaire quelques-uns de ses principaux
résultats; c'est ce que je me propose d'indiquer dans cet Article.
» i. Nous partirons de l'intégrale célèbre de Poisson
I
- f ~
ir cos('i — o)
-p/0r)4-
(') Le Mémoire de M. Weierstrass a été traduit dans le Journal de M. Camille
Jordan, en 1886.
( i84 )
I est une fonction de ret de o, et on sait que, pourr< i, on a le dévelop-
pement
1= ^ + r(a> cos? "+" *< sm<?) + ... + /''"(«„, cosmo + bmsinm<?) -+-
» Supposons que la fonction f(<\>) soit continue, avec la période 2w, et
soit g le maximum de ses valeurs absolues. En raisonnant comme le fait
M. Schwarz dans son Mémoire sur l'intégrale de Poisson, on établit immé-
diatement que, étant donné à l'avance un nombre e fixe, mais aussi petit
qu'on veut, on peut trouver un angle suffisamment petit S, tel que
|i-A?)|<«+ f -r8>
et cela quel que soit r. On peut choisir r suffisamment voisin de un, pour
que
0-('-/-2)
/'(i — cosô)
Soitr,<i une valeur de r satisfaisant à cette inégalité; r, étant ainsi
choisi va rester fixe. Nous avons alors, en désignant par I, la valeur de I
pour t = r,
|I, -/(?)(< 2S,
quel que soit o. Or la série
Ii = -£ +ri(«. cos? ■+- h sincp) + ... + r"'(«mcosm? + &,nsinmo) +...,
dont les termes sont des fonctions de o, est uniformément convergente. Ses
termes sont moindres, en effet, que ceux de la série
« En prenant m assez grand pour que, dans cette dernière série, le reste
correspondant soit moindreque i, le reste de la série qui représente I, sera
moindre que e, en valeur absolue, quelque soit <p. Choisissons m de cette
sorte, on aura alors une suite finie de Fourier
F(o) = A0+ A, C0S9 + B, sino -j- ... +Amcos/no -t- Bmsin^9
( '85 )
telle que
|I|-F(?)|<«
et, par suite,
|/(ç)-F(?)|<3«.
On peut donc trouver une suite finie de Fourier F (9), telle que /(<p) puisse
être représentée par Y (®) avec V approximation donnée à V avance 3e.
» 2. Nous avons supposé, dans ce qui précède, que la fonction /(ç)
était continue de o à 2- avec la période 1%. Soit maintenant /"(<?) une
fonction déterminée et continue dans un intervalle («, |î) moindre que 2-,
on pourra, sur la portion de la circonférence de rayon «rc, 011/(9) n'est pas
déterminée, prendre une fonction continue quelconque se raccordant
avec la première en a. et (3. A la fonction ainsi déterminée sur toute la cir-
conférence, on peut appliquer les considérations précédentes, et notre
fonction/^) se trouve alors représentée par une suite finie de Fourier
F(cp), avec une approximation donnée à l'avance, pour toute valeur de <p
entre a. et ($.
» De ce théorème nous pouvons conclure immédiatement un des théo-
rèmes de M. Weierstrass. La fonction F(ç) peut être développée en série
ordonnée suivant les puissances croissantes de <p,
F(o) = «0 + ï,o + ... + y.„o" -+-...,
» La série précédente est uniformément convergente dans l'intervalle
( œ, p); on peut donc prendre n assez grand pour que, en posant
P (9 ) = oc0 + a, 9 ■+- . . . + «,, <pB,
on ait, quel que soit 9 en/re 7. et P,
. |F(«p)-P(?)|<e,
et, par conséquent, d'après l'inégalité du paragraphe précédent,
|/(l0— P(?)|<4«.
» Ainsi, e étant donné à V avance, on peut représenter la fonction f '(9), co/i-
linue dans l'intervalle (oc, [3), au moyen d'un polynôme P(<p) avec une ap-
proximation au moins égale à t\i.
» Je rappelle, sans insister, que M. Weierstrass déduit immédiatement
de la proposition précédente la possibilité de développer toute fonction
continue /(r) d'une variable réelle entre a et p en une série de la forme
/oOO + f\ O) +•• •+/»(*) +• • • •
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N- 4.) 25
( «86 )
les/"étant des polynômes, cette série étant uniformément et absolument
convergente. Le développement est d'ailleurs possible d'une infinité de ma-
nières.
» 3. Les considérations précédentes s'étendent d'elles-mêmes aux fonc-
tions d'un nombre quelconque de variables. Bornons-nous à deux va-
riables; on prendra alors l'intégrale analogue à celle de Poisson
i=jl r (** -— — --/(evy)sin0v/e'4\
où
cosy = cos9 cosO' + sinO sin9'cos('| — <j/).
I est une fonction de r, 0, <l>. On démontrera d'abord que toute fonction
y(0, ^), continue sur toute la sphère de rayon un, est représentable par une
suite /imitée de fonctions Y„ de Laplace, avec une approximation au moins
égale à z, et de là on conclura que toute fonction continue des deux variables
réelles x et y dans un certain domaine peut être représentée par un polynôme
P (x, y), avec une approximation au moins égale à une quantité d'ailleurs quel-
conque e.
» Il en résultera encore que la fonctionna?, y) peut être développée en
une série absolument et uniformément convergente
fa(x,y) -+-/, (x,y) + . . .+/»(ar,^) -K . • ,
les /étant des polynômes en x et en y. »
OPTIQUE. — Sur une expérience récente, déterminant la direction de la
vibration dans la lumière polarisée. Note de M. A. Coitxu.
« Le problème de la direction des vibrations de la lumière polarisée
manquait, jusqu'à ces derniers temps, d'une solution expérimentale di-
recte. Fresnel, il est vrai, avait apporté tant de considérations décisives
tirées des lois de la réflexion ou de la double réfraction de la lumière en
faveur de la normalité de la vibration au plan de polarisation, qu'aucun
doute à ce sujet ne subsistait dans l'esprit de la plupart des physiciens.
Toutefois l'obtention d'une preuve expérimentale directe était désirable :
l'Académie lavait mise plusieurs fois au concours, mais aucune réponse
n'avait apporté la solution définitive de la question.
» L'Académie apprendra sans doute avec intérêt que cette démonstra-
( i»7 )
tion vient d'être faite et qu'elle a été obtenue précisément clans la voie
que la Commission du prix Bordin pour 1867 avait honorée d'une récom-
pense presque égale à la valeur du prix. L'auteur du Mémoire couronné,
M. W. Zenker, de Berlin ('), avait proposé une méthode que le rappor-
teur de la Commission, M. Fizeau, résumait ainsi :
« .... Si l'on suppose que l'on fasse interférer deux rayons qui se rencontrent sous
un angle de go° en les polarisant l'un et l'autre de la même manière, soit parallèle-
ment au plan formé par les deux rayons qui se croisent, soit normalement à ce plan,
on peut prévoir que les effets d'interférence seront influencés d'une manière décisive
par la direction réelle des vibrations dans les rayons polarisés.
» .... Vos Commissaires ont été unanimes à reconnaîlre le mérite distingué du
Mémoire n° 1, . . ..; ils n'auraient pas hésité à donner le prix à ce travail, s'il n'était
résulté de la discussion à laquelle ils se sont livrés qu'il subsiste encore quelque in-
certitude sur l'efficacité des moyens très habilement combinés par l'auteur pour as-
surer le succès de son expérience. »
» Il manquait en effet un moyen expérimental efficace pour mettre en
évidence l'influence mutuelle des rayons polarisés se coupant à angle droit,
les franges d'interférence devant être fort difficiles à séparer à cause de
leur extrême finesse. Parmi les moyens suggérés par l'auteur figurait
l'emploi de la Photographie; mais aucune suite ne fut donnée à ce projet
d'expérience qui, finalement, parait être tombé dans l'oubli.
Le problème expérimental semblait donc insoluble dans cette voie,
lorsque récemment (2) M. O. Wiener, à Strasbourg, sans avoir connais-
sance des recherches de M. Zenker, le reprit sous une forme légèrement
modifiée qui lui permit d'en obtenir la solution. Une comparaison avec
les phénomènes acoustiques permettra de montrer le point essentiel de la
nouvelle méthode.
» On sait que les mouvements vibratoires d'une oncle permanente, ré-
fléchis normalement (sur le fond d'un tuyau sonore, par exemple), se
composent avec ceux de l'onde directe, en donnant naissance aux nœuds où
les déplacements s'annulent et aux ventres où ils se doublent.
» On montre dans les cours cette composition des déplacements à l'aide
d'une membrane exploratrice, tendue sur un petit cadre, qu'on introduit
avec un fil dans le tuyau sonore. La membrane signale l'état vibratoire de
(') Comptes rendus, t. LXVI, p. 982 et ia55; t. LXVII, p. 11 5.
(2) Otto Wiener, Stehende LichUvcllen und die Schwingungsrichtung polari-
sirten Lichtes (Wiedemann's Annalen, Band XL, p. 2o3 ; 1890).
( i»8 )
la tranche mobile où elle se trouve par un grincement caractéristique,
maximum aux ventres, nul aux nœuds.
» M. Wiener reproduit d'abord cette expérience avec les ondes lumi-
neuses photogéniques, en remplaçant la membrane par une pellicule pho-
tographique extrêmement mince, assez transparente pour laisser un libre
passage aux deux ondes se croisant à sa surface et néanmoins assez sen-
sible pour être impressionnée par les vibrations d'amplitude maximum.
Avec la lumière, les plans des nœuds et des ventres successifs sont séparés
par un intervalle extrêmement petit (un quart de longueur d'onde, soit
environ {0'ouo de millimètre); mais, en réglant l'inclinaison de la pelli-
cule exploratrice, on arrive à couper très obliquement ces plans, de
manière à écarter beaucoup la distance de leurs traces ; les vibrations
lumineuses photogéniques donnent une impression sur les lignes où leurs
amplitudes s'ajoutent et n'altèrent pas la couche sensible sur les lignes
nodales où les amplitudes s'annulent : de là l'apparition de véritables
franges lorsqu'on développe la pellicule comme un cliché photogra-
phique.
» M. "Wiener applique alors cette pellicule exploratrice à l'étude des
mouvements vibratoires résultants, existant au voisinage d'une surface sur
laquelle un large faisceau polarisé se réfléchit sous l'incidence de 45°. Les
ondes incidente et réfléchie se coupent sous un angle droit comme dans le
projet deM. Zenker; les vibrations ne peuvent donc ajouter ou retrancher
leurs amplitudes que si leurs directions sont parallèles, ce qui n'aura lieu
que dans le cas où les vibrations sont normales au plan d'incidence.
» L'expérience est très concluante parce qu'elle offre simultanément
et dans des conditions identiques les deux cas entre lesquels il faut tran-
cher : le faisceau incident traverse un rhomboïde de spath d'Islande qui
donne côte à côte deux faisceaux, l'un polarisé dans le plan d'incidence,
l'autre dans le plan perpendiculaire : la pellicule offre alors deux plages
contiguës, l'une impressionnée d'une manière uniforme, c'est-à-dire sans
trace d'action mutuelle, l'autre sillonnée de franges; c'est celle qui cor-
respond à la polarisation dans le plan d'incidence : les vibrations y
sont donc normales à ce plan.
» Les vibrations de la lumière polarisée sont donc normales au plan de
polarisation.
» Cette belle expérience, complément longtemps désiré de celle de
Fresnel et Arago, mérite de faire époque dans l'histoire de l'Optique : elle
renverse définitivement les théories qui placent la vibration dans le plan de
( i89 )
polarisation de la lumière, comme celle de Mac-Cullagh etNeumann; par
contre, elle confirme d'une manière éclatante les idées de Fresnel et de ses
disciples, notamment dans toutes les conséquences relatives à la double
réfraction, à l'aberration, à la constitution de l'éther dans les milieux iso-
tropes ou cristallisés.
» Elle précise par un fait palpable le caractère dynamique de la vibra-
tion lumineuse, qui commençait à passer, dans l'esprit de certains géomè-
tres, pour une conception abstraite, pour une entité symbolique indiffé-
remment réductible à des équivalences cinématiques très diverses.
» En présence de ce fait, où l'expérimentateur dirige à son gré l'action
mécanique de la vibration lumineuse comme celle de la vibration sonore,
on ne peut plus affirmer que la vibration optique soit une simple abstrac-
tion géométrique et que nos connaissances sur sa nature se réduisent à dire
que c'est un vecteur.
» On conçoit qu'il puisse rester d'autres interprétations de l'oscillation
lumineuse, mais le champ des équivalences acceptables se trouve mainte-
nant singulièrement réduit.
» J'ai pensé que l'Académie verrait avec satisfaction la solution défini-
tive d'un problème sur lequel elle a, à diverses reprises, appelé l'attention
des expérimentateurs, et qui complète d'une manière si heureuse le cycle
des expériences fondamentales de l'Optique moderne. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Faits pour servir à l'histoire des principes azotés
renfermés dans la terre végétale; par MM. Berthelot et G. Axdré.
« Dans une étude précédente ('), nous avons étudié d'une manière gé-
nérale la formation de l'ammoniaque par la terre végétale ordinaire, c'est-
à-dire ne renfermant ni terreau, ni matière qui lui soit assimilable : une
terre semblable ne contient à dose sensible ni ammoniaque libre, ni sels
ammoniacaux; mais on y rencontre surtout des principes amidés, dont la
décomposition lente par les acides ou les alcalis étendus, froids et surtout
bouillants, et même par l'eau pure dès la température ordinaire, est l'ori-
gine principale de l'ammoniaque trouvée dans les analyses.
» Celte même décomposition lente par l'eau et par les carbonates alca-
') Annales de Chimie et de Pliysii/ue, 6e série, t. IX, p. 289; 1887.
( J9o )
lins et terreux engendre pareillement de l'ammoniaque, que les terres vé-
gétales émettent à froid, et qui se répand dans l'atmosphère ambiante.
» Les principes amidés qui se décomposent ainsi appartiennent : soit à
la classe des amid.es proprement dits, dérivés de l'union des acides avec
l'ammoniaque, et qui régénèrent cette dernière assez facilement, quoique
avec des vitesses inégales, sous l'influence des acides et des alcalis ; soit à la
classe des alcalamides, dérivés de l'union des bases azotées volatiles avec
les acides, lesquels se comportent à peu près comme les amides et four-
nissent des composés azotés volatils; soit enfin à la classe des alcalamides
dérivés de l'union des bases azotées fixes, ou corps congénères, avec les
acides, lesquels se dédoublent en fournissant des produits azotés non vo-
latils.
» Parmi ces alcalamides, les uns sont solubles dans l'eau, les autres in-
solubles et le dédoublement de ces derniers, par les acides ou par les alca-
lis, peut fournir soit des dérivés solubles, salins ou acides, soit des dérivés
insolubles dans l'eau.
» Ces distinctions multiples s'appliquent, comme nous allons le montrer,
aux composés azotés de la terre végétale; elles sont indispensables pour
en débrouiller l'analyse immédiate et la constitution; on ne saurait dou-
ter d'ailleurs qu'elles ne jouent un rôle essentiel dans les conditions qui
président à l'absorption par les plantes des matières hydrocarbonées et
azotées du sol et à la nutrition végétale.
» Voici quelques-uns des résultats de nos observations. La terre végé-
tale qui en a été le sujet était une terre argileuse.
» ikg de cette terre, séchée à i io° contenait :
Carbone organique i9sr>io
Azote is',669
» Le rapport pondéral du carbone à l'azote est ii,6;i, c'est-à-dire
près du quart du rapport 3, i \ i qui caractérise les principes albuminoïdes.
Si donc l'azote concourait à former des composés analogues dans la terre,
celle-ci pourrait être regardée comme contenant i partie de principes al-
buminoïdes, associée avec 3 parties de principes humiques ou autres, dé-
rivés spécialement des hydrates de carbone. Cette assimilation, quoique
imparfaite, fournit une première vue sur la constitution de la matière
organique qui constituait la terre soumise à notre examen; les recherches
( '9' )
qui suivent, comparées avec les belles recherches de M. Schûtzenberger
sur les composés protéiques, permettront peut-être d'aller plus loin.
» Pour jeter quelque lumière sur la nature des principes azotés que
cette terre renferme, nous lui avons fait subir les épreuves suivantes :
traitement par les acides; traitement par les alcalis; les uns et les autres
étant pris à différents degrés de concentration, de température, et em-
ployés pendant des temps différents.
» On a examiné dans charpie cas l'azote dégagé sous forme d'ammo-
niaque (ou d'alcali volatil analogue); l'azote renfermé dans les composés
fixes solubles dans l'eau, obtenus avant et après neutralisation; l'azote
renfermé dans les composés insolubles, obtenus avant et après neutrali-
sation; enfin on a dosé, dans un certain nombre de cas, le carbone
contenu dans chacun de ces groupes.
» La discussion détaillée de ces essais devant trouver place dans le Mé-
moire développé, nous nous bornerons à les résumer ici.
I. — Traitements alcalins.
» 1. A froid, avec une solution concentrée de potasse. — 17,4 centièmes
d'azote ont été éliminés sous forme d'ammoniaque, dont un quart pendant
les trois premiers jours, un huitième pendant les trois jours suivants; puis
l'action, devenue beaucoup plus faible, s'est poursuivie pendant les qua-
rante jours suivants, à peu près proportionnellement au temps : conformé-
ment à la loi élémentaire énoncée il y a vingt-six ans par l'un de nous pour
les réactions simples exercées dans un système homogène, pendant une
période assez courte pour que le poids absolu de la matière non transfor-
mée demeure presque constant : condition où la marche du phénomène
est représentée sensiblement par son équation différentielle.
» Il semble, d'après ces observations, que les principes amidés de la
terre, décomposables par la potasse, appartiennent à deux groupes dis-
tincts, qui se détruisent avec des vitesses très inégales.
» 2. A chaud, avec une solution étendue de potasse. — La terre était
chauffée au bain-marie, dans un courant d'hydrogène qui entraînait l'am-
moniaque et évitait l'oxydation. En six heures, il s'est formé une dose
d'azote ammoniacal renfermant, sur 100 parties, 11,2 de l'azote total;
aucun composé azoté, appartenant à la classe des composés neutres, ou
incapables de neutraliser les acides, n'est volatilisé en même temps : nous
l'avons spécialement vérifié.
( !92 )
Centièmes.
L'azote dans la portion demeurée insoluble dans la potasse s'élevait à. 12, S
L'azote dosé dans la partie dissoute par la potasse 74 , 1
» L'action de la potasse d'ailleurs n'était pas épuisée.
» 3. Même expérience, prolongée pendant i3 heures.
Centièmes.
Azote éliminé sous forme d'ammoniaque 16,0
Azote dans la partie insoluble dans la potasse 10,0
Azote dans la partie insoluble (sels de potasse) 74 ,0
» On a partagé en deux la matière insoluble dans la potasse; une por-
tion, ayant été traitée de nouveau de la même manière pendant i3 heures,
a fourni :
Azote.
Une fraction insoluble dans la potasse, renfermant 6,4
La fraction soluble et les matières volatiles contenaient donc 3,6
10,0 cent.
» Ce résultat met en évidence le lent et progressif dédoublement des
alcalamides, opéré sous l'influence de l'alcali.
» Une autre portion de la matière, originellement insoluble dans la po-
tasse, a été traitée par l'acide chlorhydrique étendu au bain-marie, pendant
t3 heures; ce qui a fourni :
Azote.
Une fraction insoluble, renfermant 4>5
La fraction soluble des matières volatiles 5,5
10,0 cent.
» Les composés azotés insolubles de la terre sont donc dédoublés par
les acides étendus, aussi bien que par les alcalis, et même plus rapidement.
Ce qui montre combien il serait peu exact de croire la réaction des acides
étendus plus propre que celle des alcalis, pour déceler ou doser l'ammo-
niaque préexistante dans une terre végétale : nous avons déjà insisté sur
ce point (' ).
» 4. En poussant plus loin l'action des alcalis étendus sur la terre vé-
gétale, on augmente la proportion des principes azotés insolubles dans la
potasse.
(') Ann. de Cliim. et de Pays., 6e série, t. XI, p. 370.
( "j3 )
» C'est ce que paraît indiquer l'expérience suivante :
Centièmes.
Azote ammoniacal 21 ,8
Azote de la partie insoluble dans la potasse i4,3
Azote des acides bruns insolubles, précipités de leur
solution potassique 1 7 , 5
Azote des acides et autres principes demeurés solubles
dans l'eau acidulée 44 , 3
97^8
» Ainsi le dégagement de l'ammoniaque augmentant sans cesse et étant
porté de iG à 21,8 centièmes, l'azote des composés insolubles dans la po-
tasse s'est accru de 10 à i\ centièmes; tandis que celui des composés so-
lubles dans la potasse d'abord, puis dans l'eau acidulée, aurait baissé de
52,4 à 44,3.
» Plusieurs réactions se poursuivent donc simultanément, lorsque la
potasse est mise en présence des principes azotés de la terre végétale.
Certains de ces principes y deviennent d'abord solubles; mais ils perdent
peu à peu une partie de leur azote sous forme d'ammoniaque ou d'alca-
lamides solubles, et ils sont ramenés parla de nouveau à l'état de principes
insolubles, toujours azotés.
» Ces derniers ne sont pas non plus absolument stables; mais, plus
lentement décomposables que les premiers, ils reproduisent des composés
azotés solubles, de seconde formation en quelque sorte.
» Poussons plus loin notre étude, en déterminant le rapport du carbone
à l'azote, dans les composés azotés divers formés sous l'influence des alcalis
aux dépens de la terre végétale.
» Dans son état initial, cette terre renfermait sur ike sec :
Carbone organique >9>3o
Azote 1 ,669
Rapport en poids 11, G: 1 ou 8,62 centièmes. C'est sensiblement le rapport
brut, en équivalents, G' : Az.
» Dans l'expérience n" 3, la partie insoluble dans les alcalis contenait :
En centièmes
Poids du
absolu. carbone total.
D'après l'analyse élémentaire C = o,653 35, 02
La partie soluble, mais précipitable par
l'acide sulfurique C --= o, 20-5 1 1 , i3
La partie soluble non précipitable C =. 0,9859 52,88
1^,846/, 99, o3
Perte.
0,97
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, N" 4.) 26
( i94 )
Expérience n° k (poussée plus loin)
Rapports
de l'azote
à ioo parties
de carbone.
Carbone de la partie insoluble dans la potasse 3i ,2 4>o
Carbone des acides bruns, précipités par HC1 étendu. . . 27, 1 5,6
Carbone des principes demeurés dissous 4o.o 9,7
Perte 1,7 »
Principes organiques de la terre initiale 8,6
» Ces nombres et ces rapports varient évidemment avec les conditions
des essais. Mais ils suffisent pour montrer que les composés insolubles
les plus pauvres en azote sont aussi les plus condensés, comme poids mo-
léculaire; ce qui s'accorde avec tous les faits connus.
» Les dédoublements opérés, soit par les alcalis, soit par les acides,
tendent en général à abaisser le poids moléculaire des produits résultants :
ceci fait entrevoir suivant quels mécanismes doit être effectuée l'absorp-
tion des matières bumiques et azotées du sol par les végétaux.
» En effet, d'après les données précédentes, l'influence prolongée des
alcalis a rendu solubles, au bout de 26 heures au bain-marie, les 93,6 cen-
tièmes de l'azote organique, contenu à l'origine dans la terre végétale. Sous
les influences successives des alcalis et des acides, on est parvenu à un
chiffre voisin: o,5,5. Dans un ordre inverse, c'est-à-dire en commençant par
l'acide chlorhydrique étendu, celui-ci a rend u soluble, au bout de 1 3 heures
au bain-marie, les 71 centièmes de l'azote (i5 centièmes ayant formé de
l'ammoniaque) et le traitement consécutif par la potasse étendue, joint
au précédent, en a rendu définitivement solubles les 91 centièmes.
» Ces essais montrent comment l'azote insoluble contenu dans les com-
posés humiques peut être graduellement rendu soluble et assimilable. Les
actions des végétaux ne sont assurément pas identiques à celles qu'exer-
cent les acides et les alcalis, dans nos expériences. Cependant les unes et
les autres offrent certains termes de comparaison, au point de vue des mé-
canismes chimiques mis en jeu par les carbonates terreux et par l'acide
carbonique, ainsi que par les acides mêmes formés dans les végétaux; les
actions naturelles compensant par leur durée les effets plus énergiques
exercés dans un temps plus court par les acides et par les alcalis miné-
raux. »
!().) ;
CHIMIE VÉGÉTALE. — Nouvelles observations sur les composés azotes volatils
émis par la terre végétale; par M. Berthelot.
« J'ai fait, dans le cours de l'année 1890, quelques observations nou-
velles sur l'émission par la terre de composés azotés volatils, que j'avais
signalés pendant ma précédente campagne d'expériences (') : le sujet est
assez intéressant, au point de vue phvsiologique et agricole, pour qu'il
m'ait paru utile de faire connaître ces observations.
» Les essais présents ont été réalisés avec des sables argileux ou des ar-
giles pauvres en azote, mais amenés à peu près à la limite de saturation de
la matière organique qu'ils renferment par cet élément. Ils étaient disposés
dans des pots de porcelaine, renfermant il<s de matière, et placés dans de
grandes cloches, de la capacité de 5o', ajustées sur des capsules de verre,
destinées à recueillir l'eau de condensation (2).
» Les expériences ont duré cinq mois et demi, de mai à octobre.
» Pendant une première période, on arrosait de temps en temps par la
tubulure supérieure, de façon à empêcher le sol de se dessécher; l'eau
évaporée se condensait à mesure sur les parois de la cloche, et elle était
extraite chaque semaine par la tubulure inférieure, puis additionnée d'un
peu d'acide sulfurique étendu et mise à part. Durant le même temps, un
petit vase renfermant de l'acide sulfurique étendu était placé au voisi-
nage du pot qui contenait la terre, dans l'intention de recueillir séparé-
ment, s'il se pouvait, le gaz ammoniac exhalé dans l'atmosphère de la
cloche.
» Pendant la seconde période, de durée à peu près égale, on a cessé
tout arrosage, et, par suite, la terre s'est séchée, en même temps que ces-
saient les condensations d'eau.
» A la fin on a dosé :
» i° L'ammoniaque condensée directement dans l'acide sulfurique
étendu ;
» 20 L'ammoniaque, déplaçable par la magnésie, telle qu'elle s'était
accumulée dans les eaux de condensation;
» "3° L'azote organique, contenu dans celle-ci, après élimination de
(') Annales de Chimie et de Physique, 6e série, t. XIX, p. 492.
(:) Voir la figure dans le Recueil ci-dessus, p. 494-
( '96 )
l'ammoniaque; azote dosable après neutralisation par un léger excès
d'acide, évaporation à sec et traitement du résidu au rouge par la chaux
sodée.
« Voici les résultats :
N" 115. — iks sable argileux renfermant : Azote 0,090
Azole ammoniacal de l'eau d'arrosage .... 0,000048
» Les produits exhalés ont fourni :
. , . , / Azote ammoniacal, recueilli dans l'acide sulfurique. . 0,00012
Première période I , . , , , . .
<. Azote ammoniacal des eaux de condensation 0,00012
(arrosage). 1
\ Azote organique des mêmes eaux 0,0022:1
0,00244
, . , / Azole ammoniacal, recueilli dans l'acide sulfurique. . 0,000007
Seconde période l . . . ,
1 { Azote ammoniacal des eaux de condensation 0,000007
(pas d arrosage). / . , • , . ,
vr \ Azote organique des mêmes eaux o, 000040
osr, oooo54
N° 121. — ikB sable argileux, avec addition d'une petite quantité d'infu-
sion de terre faite à froid, le tout renfermant : Azote 0,091
Azote ammoniacal de l'eau distillée, arrosage o,oooo48
., , . / Azote ammoniacal recueilli dans l'acide sulfurique. . 0,0001 5
Première période , , , . ,
{ Azote ammoniacal des eaux de condensation 0,00070
(arrosage) ....). ...
[ Azote organique des mêmes eaux 0,00120
O§'',O02OD
! Azote recueilli dans l'acide sulfurique 0,000007
Azote ammoniacal des eaux de condensation Nul
Azole organique des mêmes eaux o,oooo4o
os1', 000047
N° 126. — iks argile blanche, avec addition d'infusion de terre, le tout ren-
fermant : Azote 0,047
Azote ammoniacal de l'eau distillée, arrosage o,oooo48
, . , / Azote ammoniacal recueilli dans l'acide sulfurique .. . 0,0001
Première période 1
r { Azote ammoniacal des eaux de condensation o,ooo55
( arrosage )
' Azote organique des mêmes eaux 0,00076
OSr,OOl42
» D'autres essais faits avec addition de diverses matières organiques,
tels que mannite, amidon, dérivé humique du sucre, ont fourni des résul-
( '97 )
tats tout à faits analogues, mais dont il paraît inutile de reproduire le dé-
tail, à cause de la similitude des nombres et des conclusions.
» D'après les chiffres qui précèdent, on voit d'abord que l'exhalaison
des produits azotés a eu lieu avec une certaine activité relative (2mgr en
deux mois et demi), tant que l'arrosage a entretenu la terre humide et
l'évaporation intérieure. Avec la terre non arrosée, le phénomène con-
sécutif est devenu incomparablement plus lent; cependant il a subsisté,
c'est-à-dire que le sol sec a continué à exhaler des traces de composés
azotés volatils, pendant la seconde période, de durée à peu près égale à la
première.
« Le vase à acide sulfurique étendu, placé à côté du pot qui contenait
la terre, n'a guère arrêté que la moitié de ces faibles doses.de l'ammo-
niaque : probablement parce que, d'un côté, sa surface n'était qu'une très
petite fraction de la surface de condensation des vapeurs, et que, de
l'autre, la tension de l'ammoniaque dans l'eau, une fois condensée et
accumulée dans la capsule inférieure, était tellement petite, qu'elle n'avait
pas le temps de se répandre suffisamment dans l'atmosphère supérieure,
pendant l'intervalle des récoltes de l'eau condensée.
» Enfin, et c'est là le résultat le plus intéressant, l'azote contenu dans
les composés organiques volatils, émis dans ces conditions par le sable
argileux, a toujours été fort supérieur à l'azote émis sous forme, d'am-
moniaque. La terre végétale, 20 fois plus riche en azote que le sable argi-
leux ci-dessus, avait émis également ces deux ordres de composés, dans
mes essais précédents; mais l'azote ammoniacal y prédominait (') sur
l'azote organique; tout en lui demeurant comparable, soit avec la terre
nue, soit en présence des plantes supérieures. Il est probable d'ailleurs
que ces phénomènes subissent, dans tous les cas, l'influence de la végéta-
tion des microbes ou plantes inférieures, contenus dans tous les sols, les-
quels fabriquent les traces observées de matières azotées volatiles, sortes de
ptomaïnes végétales. »
(') Mémoire cité plus haut, p. ^gG.
( 198 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Essai sur la synthèse des matières protèiq aes ;
par M. P. SCHUTZEXBERGEIÎ.
(( La synthèse des matières azotées, dites protëiques, entrant dans la
constitution des tissus et des liquides de l'organisme vivant, est un problème
trop complexe pour qu'il soit permis d'espérer d'en trouver la solution
complète par un seul effort convenablement dirigé.
» Les résultats des expériences que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca-
démie me semblent de nature à nous rapprocher du but et à fournir une
indication sérieuse sur la voie qu'il conviendra de suivre pour l'atteindre.
A ce point de vue ils méritent, pensons-nous, d'être signalés.
» Dans une série étendue de recherches qui ont fait l'objet de divers
Mémoires présentés à l'Académie, j'ai fait connaître tous les termes résul-
tant de la décomposition par hydratation des matières protéiques, albu-
minoïdes ou autres, sous l'influence des alcalis (baryte). Pour bien faire
comprendre ce qui suivra, je dois résumer et rappeler en quelques mots
les conséquences les plus importantes de ces travaux.
» i° La matière protéique, en s'hydratant sous l'influence de la baryte,
à une température supérieure à ioo°, utilise à peu de chose près autant de
molécules d'eau, H20, qu'elle contient d'atomes d'azote.
» 2° Une fraction de l'azote total, fraction variant avec la nature de la
substance employée de ~ à i, se sépare sous forme d'ammoniaque.
» On constate en même temps la mise en liberté d'acides oxalique et
carbonique en proportions telles que pour 2 molécules, 2AzH3, d'ammo-
niaque libre, on trouve i molécule d'acide bibasique (CO2 et C2H20').
» 3° Les autres termes de la décomposition sont tous des corps
amidés. La composition élémentaire de leur mélange répond assez exacte-
ment à une expression de la forme C°H2aAz204, avec un léger excès d'oxy-
gène.
» 4° Ce mélange est formé de deux séries de termes : les uns, de la
forme C'H26+'Az02 (n = 2, 3, 4. 5, 6), sont les dérivés amidés des
acides gras C"H2"02, que l'on peut obtenir synthétiqucment par l'action
des dérivés chlorés des acides gras sur l'ammoniaque; les autres, de la
forme CcH2c_'Az02 (C =4» 5), peuvent être envisagés comme des anhy-
drides des oxyacides amidés C"H2"+I AzO3.
( '99 )
» J'ai réalisé, il y a quelques années, la synthèse de composés de la
forme CH2"-' AzO2 (leucéines), offrant les mêmes caractères que ceux
obtenus par l'hydratation des matières protéiques, par l'action des bro-
mures éthyléniques sur les combinaisons zinciques des acides gras amidés
C"H2"+,Az02.
» Une matière protéique, telle que l'albumine, peut donc être envi-
sagée, dans ses grandes lignes, comme formée de :
C2H20* -, 2AzH: -f- 3(C"iII2"M-'Az02 ) -+- 3(C"H2"-' AzO2 ) 8H20
Ac. oxalique. ou OH'lAi'O" [q = 3(m-t-re)]
= C?+2H2,?-8Az808.
» En posant q = 28, la formule précédente conduit à des nombres qui
se rapprochent beaucoup de ceux que donne l'analyse élémentaire de l'al-
bumine.
» Il est bien entendu qu'il ne s'agit pas ici d'une formule moléculaire.
» Après cette étude d'ordre analytique, que je crois avoir poussée aussi
loin que possible, se posait le problème inverse. Peut-on recombiner avec
élimination d'eau les amides et les composés amidés précédents, de con-
stitution relativement simple, de manière à former des corps complexes,
se rapprochant par leur composition et l'ensemble de leurs caractères chi-
miques des matières protéiques? En d'autres termes, peut-on effectuer la
synthèse d'une substance protéique en partant des termes simples de sa
décomposition par hydratation?
» De nombreuses tentatives dirigées dans cette voie étant restées infruc-
tueuses, j'avais été amené à penser et à craindre que, lors de la décompo-
sition par hydratation sous l'influence de la baryte, il se produit en même
temps des transpositions intramoléculaires, du genre de celles qu'éprouve
la saccharose lorsqu'elle se dédouble en acide lactique. S'il en était ainsi,
le processus de la synthèse des matières protéiques serait beaucoup moins
simple et, au lieu de consister seulement en une soudure de plusieurs mo-
lécules avec élimination d'eau, comme cela a lieu lors de la formation des
éthers composés et des corps gras neutres, elle se compliquerait d'une
transposition moléculaire inverse de celle produite parles alcalis, transpo-
sition que les chimistes ne sont pas maîtres de réaliser à leur gré.
» Mes nouvelles expériences tendent à écarter cette cause de complica-
tion.
» J'ai, en effet, réussi à former un composé azoté qui, par ses caractères,
( 200 )
doit être rangé dans la classe des matières protéiques, en combinant avec
élimination d'eau les produits ultimes et cristallisables provenant de la dé-
composition de l'albumine et de la fibrine sous l'influence de la baryte.
» Le mélange des composés amidés (C" H2m+I AzO2 et CnH2"-' AzO2),
additionné de 10 pour ioo environ d'urée, broyé finement et séché à
no°, a été intimement mélangé avec i,5 fois son poids d'anhydride phos-
phorique. Le tout a été chauffé dans un ballon au bain d'huile.
» Avant 120° il ne se produit aucun changement et la masse reste pul-
vérulente. Vers 125° la réaction déshydratante commence et se termine en
quelques instants. L'anhydride phosphorique s'hydrate brusquement aux
dépens de l'eau dont les éléments sont empruntés aux composés amidés.
La masse devient pâteuse et se solidifie en un produit compact, sans brunir
sensiblement.
» Après refroidissement, on dissout dans une petite quantité d'eau et
on ajoute à la solution plusieurs fois son volume d'alcool. On obtient ainsi
un abondant précipité emplastique qui est lavé à l'alcool et redissous
dans l'eau; la solution filtrée, pour éliminer un peu de produit insoluble,
est débarassée d'acide phosphorique au moyen d'un léger excès de baryte,
excès que l'on sépare en le précipitant par l'acide sulfurique employé en
dose équivalente. Le liquide filtré à nouveau et concentré au bain-marie
donne un produit amorphe, soluble dans l'eau, précipitable par l'alcool
en grumeaux blancs caséeux.
» Le corps ainsi obtenu présente de grandes analogies de caractères
avec les peptones.
» Ses solutions aqueuses précipitent, par le tannin, l'acide picrique, le
sublimé corrosif, l'azotate mercurique acide, le réactif de Millon, le biio-
dure de potassium, l'iodomercurate de potassium, l'acide phosphotung-
stique en présence de l'acide chlorhydrique, l'acide phosphomolyb-
dique, l'acétate et le sous-acétate de plomb. Elles ne précipitent pas, au
moins à froid, par le cyanure jaune, en présence de l'acide acétique.
» Additionnée de potasse caustique et de quelques gouttes de solution
de sulfate de cuivre, elle prend une coloration rouge rosé. Cette pseudo-
peptone synthétique, chauffée avec de l'acide nitrique, donne, après éva-
poralion de l'excès d'acide, un résidu jaune, qui devient orangé sous
l'influence de l'ammoniaque et qui, sous l'influence de la chaleur, se dé-
compose brusquement, avec production d'un champignon volumineux de
charbon boursouflé, comme cela arrive avec la gélatine.
» Chauffée sur une lame de platine, elle se charbonne et se boursoufle
( 201 )
en dégageant l'odeur caractéristique des matières animales brûlées.
» Il sera intéressant de soumettre isolément à cette réaction les divers
dérivés amidésdes matières protéiques, afin de déterminer quels sont ceux
qui jouent un rôle indispensable et prépondérant dans la formation des
molécules protéiques et quels sont ceux; dont le rôle est secondaire. »
ZOOLOGIE. — De V influence des grands froids de L'hiver sur quelques-uns des
animaux de la ménagerie du. Muséum d'Histoire naturelle; par M. A.
Milne-Edwards.
« La rigueur et la durée de l'hiver m'ont permis défaire à la Ménagerie
du Muséum quelques observations qui ne manquent pas d'intérêt; elles
sont relatives à l'influence qu'un froid prolongé peut avoir sur des ani-
maux appartenant à des pays et à des climats très variés. Les qualités de
résistance qu'ils présentent à cet égard et, ce que je pourrais appeler leur
endurance au froid, diffèrent beaucoup suivant les espèces, et l'on ne sau-
rait prévoir d'avance comment ils se comporteront dans telle ou telle con-
dition de température ou d'humidité, car chacun a, en quelque sorte, son
coefficient de résistance propre.
» L'installation des Mammifères et des Oiseaux laisse beaucoup à. dé-
sirer; les constructions datent du commencement du siècle et n'offrent
pas les conditions hygiéniques convenables que l'on applique aujourd'hui
dans tous les jardins zoologiques de l'Europe. La plupart des herbivores.
Bœufs, Antilopes et Cerfs, sont répartis dans des parcs entourés d'un gril-
lage et ils n'ont d'autre abri qu'une petite cabane, non chauffée, à parois
peu épaisses où, malgré toutes les précautions, la température diffère
à peine de celle de l'air extérieur. Ces retraites, suffisantes en temps ordi-
naire, deviennent inhabitables dans les grands hivers. Ainsi, dès le
commencement du mois de décembre, l'eau des abreuvoirs y était congelée
et elle est restée deux mois dans cet état. Pendant plusieurs nuits, le ther-
momètre s'y est abaissé à 5° et même à 70 au-dessous de zéro.
» Le grand bâtiment, que l'on désigne sous le nom de Rotonde et où
sont placés les gros herbivores, est pourvu de poêles; mais, bien qu'un feu
ardent y ait été entretenu jour et nuit, la température ne s'est pas élevée
pendant près de deux mois, dans la partie centrale, au-dessus de -+- 70 et
dans les loges des animaux, où les surfaces de refroidissement sont consi-
dérables, elle est descendue à -f- 20 ou 3". C'est là cependant qu'étaient
C. R., 1891, i« Semestre. (T. CXII, N° 4.) 2~J
( 20 2 )
entassés, non seulement les Eléphants, Rhinocéros, Hippopotames, mais
encore beaucoup de petits Ruminants délicats. Il est facile de comprendre
que dans de telles conditions les animaux de la Ménagerie, et surtout
ceux qui occupaient les parcs extérieurs, aient cruellement souffert et
qu'un grand nombre ait succombé ('). Aussi l'hiver de 1 890-1 891 lais-
sera-t-il au Muséum une trace longue à s'effacer. Les gros Pachvdermes à
peau nue se sont comportés plus vaillamment qu'on n'aurait pu s'y
attendre; ils ne sont pas morts, mais cependant ils sont tous plus ou moins
atteints. L'Eléphant d'Afrique souffre d'une affection de la bouche avant
quelques-uns des caractères du scorbut; le Rhinocéros du Soudan, qui vit
au Muséum depuis 1880, a beaucoup maigri et sa peau est couverte de
boutons purulents; l'Hippopotame, donné au gouvernement français
en i855 et qui depuis 36 ans était en excellente santé, a maintenant la
peau entamée par des fissures profondes et des excoriations rappelant
celles qui se produisent sur les engelures.
» Dans les parcs se trouvait une famille nombreuse de superbes Anti-
lopes de la taille d'un petit cheval, les Eobs ou Antilopes onctueuses du
Sénégal. Elles provenaient toutes d'une paire de ces animaux offerte au
Muséum en 1880 par le général Brière de l'isle et, depuis cette époque,
elles avaient donné naissance à plusieurs générations de descendants; on
regardait cette espèce comme presque acclimatée, mais elle a mal résisté à
notre long hiver, et quatre de ces beaux Ruminants, représentant chacun
une valeur de plus de 2ooofr, sont morts successivement. Les Zèbres
de Burchell, qui viennent de l'Afrique australe, et que l'on considère
comme peu sensibles au froid, ont été fort éprouvés par la rigueur de la
température, et l'un d'eux est mort.
» Je n'insisterai pas davantage sur les pertes inévitables qui ont été la
conséquence de l'hiver; il est plus intéressant de mentionner les animaux
dont l'endurance a dépassé les prévisions et qui ont traversé, sans paraître
en souffrir, nos deux mois de gelées consécutives, tandis qu'à côté d'eux
nos espèces indigènes pâtissaient et que des Cerfs et des Sangliers, placés
dans les mêmes conditions, mouraient de froid.
» Je signalerai d'abord les Antilopes Gnous (Connochetes G/tu Lich.) de
l'Afrique, si remarquables par la singularité de leurs formes, et qui pa-
raissent se plaire sous notre ciel. En 1882, pour la première fois, un jeune
Gnou naissait au Muséum : c'était une femelle dont la croissance fut des
(') 32 Mammifères et 66 Oiseaux sont morts pendant les deux mois de froid.
( 2o3 )
plus rapides et qui, quelques années plus tard, s'est reproduite à son tour.
Aujourd'hui la Ménagerie possède cinq de ces curieuses Antilopes, logées
dans une petite cabane qu'il faut laisser toujours ouverte ; car si l'on ferme
les portes, celles-ci sont bientôt brisées à coups de cornes. Les Gnous res-
tent dehors pendant les jours les plus froids sans que leur pétulance et
leur gaieté s'en ressentent, et un jeune, âgé de six mois seulement, a
montré la même résistance que ses parents ('). Sous l'influence de notre
climat, le poil de ces animaux s'est modifié, et la robe d'hiver est devenue
plus chaude par le développement, à la surface de la peau, d'une couche
de poils duveteux beaucoup plus épaisse que chez les Gnous sauvages.
» Les Bubales de l'Afrique septentrionale et de l'Afrique orientale, les
Bless-bocks du cap de Bonne-Espérance ont bien résisté; les grandes Anti-
lopes Nilgaut (Portax pictus, Pallas), originaires du Bengale et de quelques
autres parties de l'Inde, sont restées sans inconvénient dans une cabane
ouverte, avec leur petit qui n'avait pas plus de quatre mois. Elles ont déjà
supporté le grand hiver de 1879- 1880, et depuis 1870 nous avons eu de
nombreuses naissances. Ces animaux se prêteraient fort bien, en France,
à des essais d'acclimatation; le roi d'Italie a déjà réussi dans des tentatives
du même genre et a obtenu un troupeau d'environ 3oo têtes.
» Les Antilopes à Bézoards (Antilope Cervicapra) sont aussi originaires
de l'Inde, mais notre climat leur convient admirablement. La beauté de
leurs cornes et de leur pelage, l'élégance de leurs formes, la grâce de leurs
mouvements doivent les faire rechercher par tous ceux qui désirent intro-
duire dans nos forêts des espèces nouvelles. Il est peu d'Antilopes plus
agiles, et j'ai vu l'une d'elles franchir, sans effort, une barrière ayant
im,70 de hauteur. Aussi faudrait-il des murs très élevés pour les retenir
dans les enclos. La Ménagerie du Muséum possédait plusieurs de ces ani-
maux sur lesquels le grand hiver de 1879- 1880 avait passé sans accidents,
quand, en 1884, effrayés par des chiens qui s'introduisirent dans leur parc,
ils se tuèrent tous en se heurtant contre les grilles. J'ai pu, de nouveau,
m'en procurer une paire, et, depuis 1 885, j'ai obtenu i5 jeunes qui se sont
parfaitement développés. Les derniers, dont la naissance remonte à trois
mois à peine, sont restés à côté de leurs parents dans un parc dont la ca-
bane est constamment ouverte, et leur santé ne s'en est pas ressentie.
» Des Cerfs aussi ont montré une endurance extrême au froid. Je citerai
(') Des observations du même genre ont été faites par M. Blanuw, qui possède en
Hollande plusieurs Gnous et en a obtenu la reproduction.
( 204 )
en première ligne une espèce intermédiaire, par sa taille, au Cerf ordi-
naire et an Chevreuil, à pelage fauve tacheté de blanc, à cornes bien déve-
loppées et à formes légères : le Sika du Japon. Une paire de ces jolis Ru-
minants a été acquise en 1878, et nous leur devons une nombreuse lignée;
car, depuis cette époque, 25 naissances sont inscrites sur les registres de
la Ménagerie, dont 4 datant de l'été dernier. Les jeunes n'avaient même
pas six mois au commencement de décembre, et ils sont toujours restés en
liberté dans leur enclos. Ce serait encore là un gibier à introduire dans
nos forêts.
» Les Cerfs porcins de Ceylan et de l'Inde ne ressemblent pas aux pré-
cédents : ils ont des formes lourdes, des pattes relativement courtes, un
corps massif mais très charnu, et leur chair est supérieure en qualité à
celle des Cerfs de France. Ils sont robustes, résistent d'une manière extra-
ordinaire au froid et, de plus, sont peu difficiles sur le choix de leur nour-
riture. Ils constitueraient donc un remarquable gibier, quoiqu'ils n'aient
pas assez de vitesse pour être chassés à courre. 3i naissances se sont suc-
cédé depuis i885, et nous possédons une petite harde de ces animaux
qui, jeunes et vieux, ont également bien supporté l'hiver. Ils trouveraient,
dans les buissons et dans les ronceraies de nos bois, un abri au moins
équivalent à celui que la Ménagerie leur donne.
» Les petits Cerfs Muntjac du sud delà Chine, Cervulus Reevesi (Ogilby),
me semblent dignes d'attirer l'attention de nos grands propriétaires, car
leur acclimatation en France me parait maintenant une question résolue.
Ils abondent aux environs de Canton et de Ning-Po où ils vivent au milieu
des broussailles; leur taille est celle d'un chien ordinaire; la tête des
mâles est pourvue de courtes cornes et leur mâchoire supérieure porte
de longues canines qui, se prolongeant au delà des lèvres, constituent de
véritables défenses. Malgré ces armes, ils sont d'un caractère tranquille
et, contrairement à ce qui se passe pour les autres Cerfs, on peut laisser
impunément plusieurs mâles adultes dans un même enclos. Leur corps est
bien musclé et leur chair très savoureuse; ils sont bas sur pattes et se
dérobent facilement au milieu des herbes. C'est en 1878 que j'ai pu m'en
procurer une paire, et je compte aujourd'hui quarante-cinq de ces petits
quadrupèdes nés à la Ménagerie. J'ai pu en envoyer à différents Jardins
zoologiques et j'en ai conservé un troupeau qui est aujourd'hui en parfait
état.
» Si l'hiver de 1890-1891 a lait beaucoup de mal, il peut, d'un autre
côté, être considéré comme un temps d'expériences qui a permis de recon-
( ao5 )
naître les qualités particulières de certaines espèces de Ruminants. Il ne
s'agit plus que de les introduire dans nos forêts, où, suivant toutes proba-
bilités, ils se plairont. M. le Président de la République a bien voulu s'in-
téresser à ces tentatives et il a autorisé M. Récopé, inspecteur des forêts
de Saint-Germain et de Marly, à installer dans des réserves encloses de
grillages des cerfs Sika du Japon, des cerfs Porcins du sud de l'Asie, des
Cervidés de Reeves de la Chine, et des Antilopes Cervicapres de l'Inde
qui, nés au Muséum et habitués à notre climat, seront dans d'excellentes
conditions pour apprendre à trouver eux-mêmes leur nourriture et leur
abri. Ils deviendront, je l'espère, la souche d'une descendance nombreuse,
qui, peu à peu, peuplera nos bois. Ces animaux seront l'objet d'une sur-
veillance spéciale et j'aurai soin de tenir l'Académie au courant des ré-
sultats qui auront été obtenus. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. L. Cormerois adresse, de Nimes, un Mémoire accompagné de
dessins, sur un nouveau système de ponts suspendus rigides.
(Commissaires : MM. Resal, Maurice Lévy.)
M. Dabaxcourt adresse, du Havre, un Mémoire accompagné de
planches, intitulé « Projet d'un hydromoteur aérien ».
(Commissaires : MM. Maurice Lévy, Marcel Deprez.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétiel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Un Volume de M. Clerck Maxwell intitulé : « La chaleur. Leçons
élémentaires sur la Thermométrie, la Calorimétrie, la Thermodynamique
et la dissipation de l'énergie; édition française, d'après la huitième édi-
tion anglaise, par M. Georges Mouret ».
i° Un « Traité pratique de Chimie métallurgique, par le baron //. Juptner
de Jonstorff; traduit de l'allemand, par Ernest Vlasto; édition française
revue et augmentée par l'auteur ».
( 2of) )
ASTRONOMIE. — Observations des comètes Zona et Brooks (1890, II), faites au
grand equatorial de l'Observatoire de. Bordeaux. Note de MM. G. Rayet
et JL. Picart, présentée par M. Lcewy.
Comète Zona.
Temps moyen Ascension Distance
Dates de droite I-og. facl. polaire
1S90-91. Bordeaux. apparente. parallaxe. apparente.
h m s li m s „
Dec. 8... 7.16.44,6 3.25.47,74 — T,555 55.39.56,9
28... 6.4-59,6 2.r3. 8,55 — T,3i4 09. 44-53, 6
Janv. 6... 9.28.41,0 1.54.47,66 —7,48g 61.26.. i3,i
Log. fact.
parallaxe. Étoiles. Ubserv.
0,42.3
]
L. Picart.
0, ï"|
2
G. Rayet.
0,496
3
L. Picart.
Janv. 7
9
1 1
Comète Brooks (1890, II).
t.45.i4,i n. 43. 43, 79 — T,686 59.49 • i 3 ,6 — 0,721
i.33. 6,6 i2.4'. 4>24 — 7,686 59.29.52,3 — 0,722
1.17.53,4 12.38.17,57 — 7,687 59.10.18,7 — 0,721
1.36.40,9 12.33.45,72 —1,687 58.39-48,3 —0,679
1.46.17,4 12.32. 10, 5i -7,68o 58.29.37,3 —o,658
4
5
G. Rayet.
L. Picart.
6
G. Rayet.
7
8
G. Rayet.
G. Rayet.
Ascension
Distance
droite
Réduction
polaire
Réduction
moyenne.
au jour.
moyenne
au jour.
h m s
3.2.4.33, 1 1
+3,S67
55°. 4 1'.45
4
-i5",8o
2. l4.37,52
-i- 3,oo "
59.49.48
2
--20,68
I .56.35,62
—0,70
61 .20. 19
'.
- 3,44
Position moyenne des étoiles de comparaison pour 1890,0 et 1891,0.
Etoiles. Catalogue.
1.. . Weisse,. H. III, n° 457
2... I (Weisse,. H. II, n° 291-292.
— Paris, n° 2900)
3.. . Weisse2. H. I, n° i3o2
4.. . A(Weisse,.H.XII,n°833. — Armaglu,
n° 1 48 1 . — Leide, zones 43 et 44) 12.42.30,96
5. . . { (Lalande 23-9. — Paris. — Leide,
zone i83) 12.40. 7,36
6.. . |(Weisse,. H. XII, n°8oi. — Leide,,
zone 191) l2.4o. 11 ,01
7... Weisse,. H. XII, n" 762 12.38. 2,12
8 . . |( Weisse2. H. XII, n» 686. — Leide,
zones 291 et 4o8) 12.34.16,66
— 0,62 59.52.23,2 -+- 6,97
— o,52 59.37.39,6 -+- 7,32
—o,45 59.12.2.3,4 -+- 7,74
— o,32 58.35.38,0 +■ 8,28
0,26 58.35.
8,32
» Les observations de la comète Brooks, faites à 70 ou 8° au-dessous de
zéro, ont été pénibles. »
( 2°7 )
ASTRONOMIE. — Sur l'équation personnelle dans les observations de passages.
Note de M. F. Gonxessiat, présentée par M. Lœwy.
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie quelques-uns des résul-
tats que m'a fournis, à l'Observatoire de Lyon, l'étude de mon équation
personnelle dans les observations de passages. Celte étude a été faite à
l'aide d'un appareil analogue à celui qui est en usage à l'Observatoire de
Grcenwich, mais complété de façon à donner des vitesses au moins dix
fois plus faibles. Deux instruments ont été employés aux observations :
i° la lunette méridienne Rigaud, de 57mm d'ouverture, dans la longue
chambre noire de l'observatoire; 20 l'instrument Eichens, de i35mm d'ou-
verture, dans la grande salle méridienne, l'appareil à équation étant porté
sur le pilier de la mire Nord et visé à travers le collimateur de cette
mire.
» La méthode de l'œil et de l'oreille (OE. O.) et la méthode électrique
(El.) ont été étudiées concurremment. Dans les conditions normales, les
étoiles observées étaient de 5e et 6e grandeur.
» Dans le sens direct (droite à gauche), et pour la vitesse équatoriale,
la méthode (OE. O.) demande une eorreclion personnelle e égale à — os,3o,
la même aux deux instruments : le rythme mental accompagnant la seconde
précède donc chez moi le battement du compteur. Qu'il s'agisse des obser-
vations de jour ou de nuit, cette valeur est constante ; elle varie peu tant
cpie la vitesse reste au-dessus de la limite à partir de laquelle on ne peut
plus apprécier le dixième de l'intervalle parcouru en is, c'est-à-dire envi-
ron jusqu'à 8o° de déclinaison pour le grand instrument, jusqu'à 65° pour
le petit. Dans la direction inverse, e n'est que — os, ij ; au grand instru-
ment, elle conserve la même allure suivant la déclinaison que dans le
sens direct, tandis qu'au petit elle varie plus rapidement pour converger
vers -+- o5,o3séc8 : cette différence s'explique par l'épaisseur angulaire
des fils qui atteint os,2o dans la lunette Rigaud, au lieu de os,o8 dans
l'autre.
» La méthode (El.) donne pour l'équation personnelle une valeur
moindre, mais accusant une variation bien marquée suivant que les obser-
vations ont lieu durant le jour, à la lumière diffuse, ou la nuit, à la lumière
artificielle: dans le premier cas, e =— os,o,j; dans le deuxième, e — — o\i3
(à l'équateur). En ce qui concerne les variations avec la direction et avec
( 208 )
la déclinaison, elles sont .de même ordre et de même sens que dans la
méthode (OE. O.).
» Les modifications de l'équation personnelle se présentent dans des
cas nombreux. J'en indique quelques-uns dans le cas suivant, qui se rap-
porte exclusivement à la vitesse équatoriale et au grand instrument; je
désigne par Ae la différence entre la valeur de e correspondant aux condi-
tions envisagées, et la valeur normale relative aux étoiles de Ge gran-
deur, observées avec un grossissement de i3o.
le
OE.O. El.
Étoiles de ire grandeur +0,07 +0,07
Etoiles de 9e à 9°,5 grandeur . — 0,02 — o,o5
Grossissement 200, au lieu de i3o — o,o5 — o,o5
Soleil, bord I -t-o,o5 +0,06
Soleil, bord II +0,12 +0,06
Planètes de 90" à 20" de diamètre, bord I -i-0,02 -1-0,02
Planètes de 90" à 20" de diamètre, bord II +0, i3 -i-o,o5
Planète de 5" de diamètre, centre -t-o, 10 +o,o'3
Pic lunaire -f-0,12 -1-0,09
» L'observation des étoiles doubles, des taches du Soleil, des nébu-
leuses, donne lieu à des variations semblables; je signale en particulier les
nébuleuses très faibles, observées sur champ obscur avec fils peu brillants,
pour lesquelles la différence peut atteindre -t- o\ 3o.
» La position de l'observateur, étudiée avec des prismes à 4j° et à 900,
n'a pas d'influence sensible.
» A n'envisager que l'équation personnelle et ses Aariations, on voit que
les deux méthodes ont à peu près même valeur; mais, au point de vue de la
précision des observations, elles se différencient nettement.
» A la lunette Rigaud, dans la chambre noire, où la qualité des images ne
laisse rien à désirer, l'erreur moyenne d'un passage équatorial a été trouvée
respectivement ± o5,073 (OE. O.) et ± os,o/|9 (El.). La supériorité de la
seconde méthode est remarquable. Mais elle diminue avec la vitesse, et à
partir de la déclinaison 700 (séco* = 3), les deux méthodes sont équi-
valentes, et pour chacune l'erreur moyenne d'un passage tend vers
rho5,oi9 séc o-.
» Au grand instrument, les conditions expérimentales se rapprochent
plus de la réalité et sont moins régulières. Dans le cas d'images notées 4
(échelle de 1, mauvaises, à 5, très bonnes), on a trouvé à l'équateur,
( 2°9 )
dzos,o7o(0E. 0.)et zfco%o44(El.); vers ~o°, il y a égalité, et l'erreur tend
des deux côtés vers ± o\oi8 séc S. On voit que la méthode (E\.) est de
beaucoup supérieure à l'autre. Toutefois elle est un peu plus sensible que
l'autre aux trépidations des images; pour des images notées 3, on a en
efle!, vers l'équateur, respectivement ± o\o77 et ± os,o53; vers le pôle
=h o, 024 séc S et os,02Ô séc S ; dans ce cas, l'observation des circumpolaires
est un peu plus précise par la méthode (OE. O.).
» Pour les observations des bords solaires ou planétaires, la méthode
électrique donne la même précision que pour les étoiles, tandis que par
la méthode (OE. O.), l'erreur moyenne d'un passage de bord solaire
s'élève à ± os,o8i, images 4» et -lz o\oo,8, images 3.
» L'erreur moyenne, dans la méthode (OE.O. ), croit beaucoup moins
vite que séc S : ainsi, pour séc S = 1, s = rh os,07o; pour séc S = 2,
s — àz os, 093. On est dès lors amené à examiner si l'emploi d'une unité de
temps plus petite que is n'améliorerait pas les observations ; c'est, en effet,
ce qui a lieu. Avec un pendule faisant une oscillation en os,5'j, j'ai obtenu
les résultats suivants :
Instrument. Images. sécô. ;.
s
Rigaud 4,0 i,o .->'i;i
Eichens 4,o 1,0 0,0^9
le! '[.'> 2,0 o,o6.1
» On retrouve, par ce procédé, à très peu près, la précision donnée par
la méthode (El.). De plus, la correction personnelle s'abaisse ici à — os, 1 1
au lieu de — 0% 3o. Comme contrôle, des observations faites sur le ciel
avec un chronomètre battant la demi-seconde, dont on -compte les batte-
ments de o à 120, ont fourni une erreur moyenne de rhos,o5G (images
3,5), tandis qu'on obtenait, dans la même soirée, avec le compteur à
secondes, ± os, 07.3; on a d'ailleurs constaté en même temps une variation
de -(- 0% 17 dans l'équation personnelle. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Théorèmes arithmétiques. Extrait d'une Lettre
de M. H. Mixkowski à M. Hermite.
« La méthode géométrique de mon travail ( ' ), traduite en langue
(l ) Ueber die positiven quadratischen Formen und iïber Kettenbrachdhnlicke
Algorithmen (Crelle, t. CVIï, p. 27S).
C. R., 1S91, 1" Semestre. (T. CXII, N' 4.) 28
( 21u )
purement analytique, conduit à ce théorème susceptible d'une application
très étendue :
» Soit n un nombre, plus grand que i : soient ç, vj, '(, ... n formes linéaires
indépendantes à n variables x, y, z .. . Parmi ces formes, soient p paires
d'imaginaires conjuguées et les autres n — 2 fi = x formes réelles. L'un ou
l'autre des nombres a. et [i peut aussi être égal à zéro. Soit A le déterminant des
formes "c, y,, "(, .... Soit enfin p une quantité quelconque > i. On peut toujours
assigner à x, y, z, . . . des valeurs entières, de sorte que la somme
(abs.E)P-i-{abs.7))p+ (abs. £)'-+■ ...
soit différente de zéro et en même temps plus petite que la quantité
\
n
P
i 8
abs. A
<7«/ est elle-même plus petite que
p
n( 'abs. A I" .
Ici abs. signifie « valeur absolue de » et r désigne la fonction gamma.
» En suivant une voie indiquée dans vos admirables lettres à Jacobi, je
tirerai du théorème que je viens d'exposer plusieurs conclusions fonda-
mentales sur les nombres algébriques.
» Soit un corps algébrique quelconque, irréductible et d'ordre n, et
soit ; une forme qui, pour toutes les valeurs entières de ses n variables x,
y, z, .... représente tous les entiers algébriques de ce corps; soient, de
plus, r,, ,, ... les « — i formes conjuguées à ç. Le discriminant du corps
est représenté par le carré du déterminant A, et ce carré est un entier
rationnel D du signe ( — i)P.
» En faisant usage de l'inégalité
(abs.^.../<[i^l
Êy + (abs.ï))<'4-(abs.Çy-
et en remarquant que abs. lr,'Ç. . . est un entier >i, pourvu que x, y,
z, . . . soient des entiers et qu'Us ne s'évanouissent pas tous, les inégalités
( 21. )
du théorème énoncé entraîneront celles-ci :
. p n PT{ i-f- - )
i < i{~) — \a Pl - \ abs. D < abs. D.
r [r(.+ i)
'■">
» Faisant d'abord abstraction du terme intermédiaire, nous avons ainsi
démontré le postulat profond de M. Kronecker (' ), que chaque discrimi-
nant est différent de ±i, c'est-à-dire que chaque discriminant contient des
nombres premiers comme fadeurs. C'est là un détail bien digne d'attention.
Tout nombre algébrique irrationnel a ainsi ses nombres premiers critiques,
comme toute fonction algébrique irrationnelle a ses points d'embranche-
ment.
» Le terme dont nous n'avons pas tenu compte nous fournit pour la
valeur absolue d'un discriminant des limites inférieures puis complètes.
Ces autres limites, oii figure encore le nombre (3, s'accroissant indéfini-
ment avec l'ordre n, il est évident qu'un nombre donné que/conque ne peut
être discriminant que pour un nombre Jim d'ordres n.
» De quelle manière fixera-t-on le mieux la quantité/?, assujettie jus-
qu'à présent à la seule condition de ne pas être moindre que l'unité? On
se convaincra aisément que les limites dont nous venons de parler devront
s'agrandir aussi longtemps que la valeur de p décroît. Ce n'est donc pas
quand p est égal à 2, valeur cpii répond aux formes quadratiques, mais
dans le cas de p = 1, que ces limites seront le plus avancées. Il en résulte
enfin ce théorème :
» Le discriminant d'un corps algébrique, faisant partie de n corps conju-
gués dont 2(3 sont imaginaires et n — 2(3 réels, est en valeur absolue toujours
plus grand que
"1 ir\P n" Y2
\JJ 2.3. ..n] '
» Par exemple, un discriminant de deuxième ordre doit être ou "> 4 ou
<[— 2, ... Les valeurs les plus petites 5 et — 3 se trouvent dans les
équations u>2 + o — 1 = o et co2 4 <o + 1 o.
» Un discriminant du troisième ordre doit être ou >20. . . ou
<]—i2 De la limite précise du minimum des formes quadratiques
(') Journal fur Mathematik, Bd. 92, S. 64.
( 212 )
positives ternaires on aurait tiré, en suivant une marche tout analogue, les
inégalités D> r3,5ou<— i3, 5. La limite que nous avons trouvée plus haut
n'est donc pas, il est vrai, une limite précise, mais malgré cela elle nous
fournit déjà des résultats que les formes quadratiques n'ont pas encore
donnés. »
analyse mathématique. — démonstration purement algébrique du théorème
fondamental de la théorie des équations. Note de M. E. Amigues, présentée
par M. Henni te.
« Théorème. — Toute équation algébrique entière à coefficients réels ou
imaginaires admet au moins une racine réelle ou imaginaire.
» Soit f(z) un polynôme entier qui ne se réduit pas à une constante et
s0 une valeur de z telle que le module de J(z0) soit inférieur ou au plus
égal à tous les modules de /(s) quand z prend toutes les valeurs.
» u étant une quantité imaginaire quelconque, on a
A .-„ + m) = <t0 ■+■ bai + I(ap-h bpi)uP.
On n'a pas, pour toutes les valeurs de p,
ap-\-bpi- - o,
soit q la plus petite valeur de p pour laquelle on n'a pas cette égalité. On
a alors
f(z0 -+- u = aa ■+■ V H- (<■'/ + M')"' + ••■•■
» Posons u = r -+- W et formons le carré M2 du module de f( :■„ -+- u).
Pour cela, prenons cette quantité, savoir
a0 + bn i -+- (aq H- bqi) {x + yi)'! 4- . . .
et la quantité conjuguée
a,, — b0 i H- (aq — bqi) (x — ri Y' -+- . . .
et formons leur produit. Ce produit sera, en posant
( fl0 - - //„ i ){aq+ bqi) = m -+■ ni
(i) M- = al + bl-h i[(m-hni)(oc +yi)q-h (m — ni)(x — v/'V] -r. . .,
les divers termes de ce développement étant homogènes en (x + yt ) et
( x — ) i) et de degrés croissants.
( ai3 ;
» Mais toute quantité imaginaire x 4- yi peut se mettre sous la forme
i H- il
pv7rT7r
en posant
p = H-v^--i-i- et t = Z,
pourvu qu'on regarde le radical \J i -+- 11 comme susceptible d'un double
signe ; en sorte que l'on a toutes les quantités imaginaires en prenant pour
p toutes les valeurs positives, pour L toutes les valeurs réelles et pour
\J i 4- ('- le double signe.
« La formule (i) devient, avec cette nouvelle notation,
(2) MP-aî + Wn - ' ''■"' '' ""-'"'H' -'OZ + ,.„
et la quantité M2 se trouve ainsi ordonnée suivant les puissances crois-
santes de p.
» Je dis maintenant que le coefficient de 2p? ne peut être négatit pour
aucune valeur réelle de t. Car si, pour t tt, il avait pour valeur — A.
l'égalité (2) donnerait pour / /,
M2 à; . b\- ikf ■ Bp» '+-....,
W=r-a\-r-b\- aAp'i i-^P-..)-
» On sait trouver une quantité a. telle que, pour p<'*, la parenthèse
soit plus grande que £. Pour ces valeurs de p, l'égalité peut s'écrire
W^a\ + h;t - aAp?(^ -: p),
P étant une quantité positive. Il faudrait alors admettre que, pour l = t, et
ç <[ x, le carré du module de /(,'„ ! «) serait inférieur d'une quantité finie
au carré du module de f('i0 = a0 -- b0i, ce qui est impossible.
» J'ajoute que le coefficient de if ne peut être égal à une quantité posi-
iive A pour aucune valeur réelle de /. En effet, remontons à l'égalité (1) ;
ot, comme x +.yi représente une quantité arbitraire, remplaçons-y cette
quantité par Q(x + yi), en appelant 0 une racine q'Kme de — t, racine dont
l'existence s'établit aisément par l'Algèbre pure.
» L'égalité devient alors
M2 ^ a20+ b;t — 2[(//j + ni) (se H y if ■'- (m — nijix —yi)1- ■■,
( M )
et, en traitant cette égalité comme on a fait l'égalité (i), on trouverait
que, pour i = t,,\e coefficient de -2f serait — A, ce qui est impossible.
» Ainsi nous sommes assuré que, dans l'égalité (2), le coefficient de f est
nul pour toutes les valeurs réelles de t. On a donc l'identité
( m -+- ni ) ( 1 -+- it)'1 -+- (m — ni) (1 — it )? = o ;
mais alors cette identité est aussi vraie pour les valeurs imaginaires de /,
en particulier pour
it = 1 ,
ce qui donne
Il en résulte que l'on a
c'est-à -dire
m 4- ni
m = n == o,
aqaa+ l^b„ = o,
— V<> + <V'o = °.
et comme le déterminant de ce système, savoir arq -h /r, n'est pas nul, on
doit conclure que
^„ = &0 ~ o,
c'est-à-dire que
./( s„ ) - o.
» Remarque l. — La ilémonstralion suppose que -0 est une quantité
finie; mais cela a toujours lieu, puisque le module de/(s) devient infini
en même temps que z.
» Remarque II. — Il peut se faire qu'il n'y ait aucune quantité ^0 telle
que le module de /( s0) soit inférieur ou au plus égal à tous les modules de
/"(z), quand z prend toutes les valeurs. Mais il est facile de voir que dans
ce cas on peut calculer deux nombres positifs différant d'aussi peu qu'on
veut et comprenant entre eux tous les plus petits modules. Soit z„ l'une des
valeurs de z correspondant à l'un de ces plus petils modules. La démon-
stration ci-dessus s'applique évidemment à cette valeur de :0. »
( ^'5 )
MÉCANIQUE. — Sur le mouvement d'un double cône qui roule sur deux droites.
Note de M. A. de Saint-Germain, présentée par M. Resal.
« Dans les Comptes rendus de la séance du t3 octobre 1890, M. Resal a
appelé l'attention sur le curieux mouvement d'un double cône qui roule
sur deux droites OG, OG' également inclinées sur l'horizon : je demande
la permission d'ajouter quelques détails aux résultats donnés par l'éminent
géomètre.
» Le centre C de la base commune aux deux cônes décrit une droite
faisant avec le plan OGG' et avec l'horizon des angles 1 et i qu'il est
facile de calculer : le cas intéressant est celui où le centre G descend
quand les points de contact des cônes avec OC et OG' s'éloignent du
point O.
» Supposons la masse de chaque cône égale à l'unité et soient a. son
demi-angle au sommet, R le rayon de sa base, p = \/o,3 R son rayon de gy-
ration autour de l'axe de figure, S la position limite de C quand chaque
cône touche le guide correspondant en son sommet, s la distance SC à une
époque quelconque du mouvement. Chacun des guides exerce sur le cône
qui s'appuie sur lui une réaction T tangente au parallèle qui contient le point
de contact et une réaction N, éeale à - — — > normale au cône. En introdùi-
° cos a
sant l'angle t, le chemin s à parcourir par le point C et négligeant la ré-
sistance au roulement, on trouve aisément les équations du mouvement
sous la forme
(1) -^ --= -gsmi +T, p-^^-T^tange,
ds
où V désigne la vitesse -j du point C, w la vitesse de rotation des cônes
autour de leur axe. Pour que les points de contact des surfaces avec OG,
OG' aient une vitesse nulle, il faut que l'on ait
(2) V -+- sot tangE — o.
» L'élimination de /, T, 01 donne entre V2 et s une équation linéaire
qui a pour intégrale
n\ lr-> .(a — s)s-
(3) v = 2g"sin'^Tr— :* '
( 2.6 )
en supposant qu'à l'instant initial V soit nul, s égal à a et désignant pcote
par u.. L'équation (2) donne alors œ en fonction de s et l'on reconnaît que
..... ... j - . diaçsmi ii' At 1 - T
cette quantité croit de zéro a — - quand s décroît de a a zéro. La vi-
tesse V, d'abord nulle, prend des valeurs négatives pour revenir à zéro
quand s lui-même s'annulera; mais cela n'arrivera qu'au bout d'un temps
infini et il sera intéressant de le constater, autant que l'expérience peut s' 3
prêter, avec l'appareil signalé par M. Resal. Cherchons à quelles condi-
tions la réaction exercée par les guides sera suffisante pour empêcher le
glissement et déterminer le mouvement que nous avons trouvé. L'équa-
tion (1) donne, dans cette hypothèse,
Or, l'équation (3) fait connaître l'accélération du point G
tf-V2
J =
dt ' ds ° ([J.2+.s'2)2
» L'accélération J, d'abord négative, s'annule, devient positive et rede-
vient nulle quand s décroît de a à zéro ; elle passe par un maximum quand s
est égal à la plus petite racine positive de l'équation
s3 — 3fl52 — 3(/.2s -1- \j.-a = 0;
la valeur correspondante m de— — . est la racine positive de l'équation
G/j m" ; 1 44 m2 ■+- 27 ( 3 - 5 ) m — 27 —: = o.
» On voit que, pour une valeur posithe donnée des, J croît avec a; il en
résulte que le maximum m sera le plus grand possihle quand on donnera
à a la plus grande valeur dont il est susceptible, RcoU; alors on trouve que
la valeur maximum de J est o, 'jiZg&mi, pour s — o, 'iol\a. Si donc, /étant
le coefficient de frottement des cônes sur les guides, on a
' COS(
1 , 7 i3g si n*' < /—- > / > 1, 7i3 tangi'cosa,
COS'/
la réaction sera toujours suffisante pour produire le mouvement que nous
avons considéré. Si la réaction tangentielle devient insuffisante pour em-
pêcher le glissement, elle prendra la valeur/N et le mouvement de C de-
viendra uniformément varié. »
( 217 )
GÉODÉSIE. — Sur la résistance opposée par l'air au mouvement d'un pendule.
Note de M. G. Defforges, présentée par M. Cornu.
« JBouguer, Borda, Biot et Rater, en calculant leurs observations de
pendule, se bornèrent à tenir compte, suivant le principe d'Archimède,
de la perte de poids subie, du fait de la poussée de l'air, par leur appareil
oscillant. Du Buat avait cependant, dès 1786, montré par l'expérience
qu'un corps en mouvement dans un fluide entraîne une partie du fluide
environnant, de telle sorte que la poussée hydrostatique semble accrue
pendant le mouvement.
» Bessel et Baily, reprenant les idées de du Buat, déterminèrent par
l'expérience le facteur de cet accroissement, facteur qu'ils considéraient
comme constant pour un même corps, quelle que fût la pression. Les ob-
servations de l'India Survey ont déjà montré qu'il n'en est rien, et que ce
coefficient est variable avec la pression et même avec la température.
» Dans le cours des mesures de la gravité, exécutées en divers points
de la France et de l'Algérie par le Service géographique de l'armée, j'ai été
conduit à déterminer, avec toute la précision possible, la loi de variation
de la durée d'oscillation et de l'amplitude des pendules de Brunner appar-
tenant à ce service, en fonction de la pression du fluide environnant. Ces
pendules, du type réversible, ont la forme de cylindres terminés par des
demi-sphères de même rayon (voir Comptes rendus, 1888, t. CVI, p. 192).
» a. Durée d'oscillation. — Si l'on prend comme point de départ la
durée d'oscillation dans le vide absolu T0, les variations AT de cette
durée, aux différentes pressions H, sont très exactement représentées par
une formule à deux termes
AT x 8 760
T0 /; i + ai
»+V*(-ï£)-
» /( est la distance du centre de gravité du pendule au couteau de suspension, x et y
sont deux coefficients numériques qui dépendent de la forme de l'appareil oscillant et
de la nature du fluide considéré. H,/, a et L ont leurs significations habituelles.
» Il est à remarquer que le coefficient x pour nos pendules est à peu près le double
de ce qu'il serait s'il représentait uniquement l'effet de la poussée hydrostatique.
» L'ensemble des observations comprend 23 séries pour le pendule
C. II., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 4.) 29
( 218 )
long, 23 pour le pendule court, exécutées à trois époques différentes aux
stations de Breteuil (Bureau international des Poids et Mesures), Rosen-
daël-lès-Dunkerque et Paris (Observatoire), à des pressions échelonnées
entre la pression ordinaire et le vide poussé jusqu'à i,nm,6('), la plus basse
pression obtenue.
» Les résidus, observation moins calcul, dont le Tableau est ci-dessous,
n'atteignent qu'accidentellement os, 2 par jour. Ils sont du même ordre
que les incertitudes de la marche journalière du meilleur garde-temps.
Pendule long de Drunner,
H =
Premier couteau
Un
■touii ,
Second couteau
Breteuil,
1838.
Paris, 1889.
Rosendaël, 1889.
1888.
Rosendaël,
1889.
mm
: 2 AT
s
= — o,o3
H
m oi
s
-0,09
mm s
11= 9 AT = — o,i'i
II
mm
= i3 AT
s
= 4-0,06
II
mm
= 10 AT
s
= — o,o(
27
— 0,10
2 2f)
~°»°4
209 — 0,06
5i
— o,o3
180
--0,11
su
—0,06
754
ho, .4
3fî3 +0,rj"i
77
— 0 jOl
36g
4-0, if
'-4
0,11
764 ".'■■
169
4-0, o5
766
— 0,21
38 1
-i-o,t4
260
4-0, OS
759
—0,04
7 "' *'
— 0 , 1 6
Pendule court de Brunner.
Premier
1888.
couh
ïau
Second couteau
Breteuil,
Rosendaël, 1889.
Breteuil, 1888.
P
aris, 1889.
Rosendaël,
1889.
ni ni
8 AT
s
=: 0,00
H
mm
= i3 AT
s
— 0 ,o3
mm s
H = 8 AT-^- 0,10
II
mm
= 6 AT
s
= 0,00
II
mm
= 11 AT
s
= ~o,o;
■43
— 0,08
iS2
0, 10
a4 — 0,0 3
26
—0,08
'71
4-0 , or
92
— 0,02
365
--0,02
["8 — 0,11
75
— 0,02
368
— 0,11
i85
0,00
7.5S
—0,07
■2n- +o,o3
233
— 0,07
7 ' '
—0,0c
377
— o,o3
3-47 +0,11
748
0,l6
736
+ 0,12
~'.\'t -f-0,07
» Cette loi parabolique parait convenir à d'autres formes qu'au cylindre
et à la sphère. De nouveaux pendules, formés de la combinaison d'une
lame plate et de deux cylindres terminaux, satisfont à cette formule avec
la même précision.
» b. Amplitude. — L'action du fluide environnant sur l'amplitude 9 est
représentée par la formule de Coulomb
d(\
di
B6 + C92.
» Les séries précédentes, effectuées du vide presque parfait à la pres-
(') A la pression de imm,6, le pendule long a oscillé pendant cinquante heures, de
l'amplitude i° à l'amplitude 2'.
( 2,9 )
sion ambiante, ont montré une relation simple entre les coefficients de
Coulomb B et C et la pression H
B = bs/~H, C- cH.
» Les deux termes du décroissement élémentaire sont proportionnels,
l'un à la première, l'autre à la deuxième puissance de 9yH.
» Les observations dans le vide ont le grand avantage de séparer l'ac-
tion amortissante propre au couteau de l'effet du fluide environnant, qui
la masque aux pressions élevées. Les nouvelles constantes b et c étant
déterminées, il devient possible, en profitant des séries à très basses
pressions, d'évaluer exactement le frottement moyen au couteau entre des
amplitudes déterminées.
» Ce frottement, une fois connu, sert lui-même à calculer, par une
combinaison convenable des observations de la durée et des observations
du décroissement de l'amplitude dans le vide et à diverses pressions, l'effet
moyen de la courbure de l'arête du couteau sur la durée d'oscillation.
» c. Conséquences des lois précédentes. -- Les observations de la durée,
faites à une pression quelconque, peuvent donc être exactement réduites
au vide si l'on connaît t, H et y dans l'enceinte où oscille le pendule.
Elles peuvent également être corrigées de l'effet de la courbure des arêtes
des couteaux. Les durées d'oscillation T etT', autour de l'un et de l'autre
couteau, d'un pendule réversible, peuvent être ainsi ramenées à ne dif-
férer que de l'effet de la non-coïncidence, avec les arêtes des couteaux, des
axes réciproques de suspension et d'oscillation.
» Si
T - T' = const.
dans toutes les stations, ce que l'expérience vérifie, on aura la certitude
que le pendule considéré est resté identique à lui-même. La réduction
au vide et la correction relative à la courbure des arêtes ont donc ce
caractère précieux de fournir un critérium certain de l'invariabilité d'un
pendule réversible, soit dans le cours d'une même station, soit en passant
d'une station à un autre. On obtient ainsi du même coup, dans un même
appareil, les avantages inhérents aux deux espèces de pendule, réversible
et invariable. »
( tl20 )
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur le principe d' Buy gens.
Note de M. A. Potier, présentée par M. Cornu.
« Poisson ( ' ) a donné le moyen de déduire l'état d'un milieu dans lequel
se propage un ébranlement, de son état à une époque antérieure ; il a
montré que l'ébranlement d'un point, à l'époque t, dépend uniquement de
l'état, à l'époque choisie comme origine, d'une couche sphériqne infini-
ment mince décrite de ce point comme origine avec un rayon V t.
» Von Helmholtz (2), Kirchhoff (3), M. Poincaré (4) ont donné le
moyen, dans le cas des mouvements périodiques seulement, de déduire
l'état vibratoire d'un point, de celui d'une couche infiniment mince, de
forme quelconque, qui l'entoure complètement. Les deux théorèmes sont
des solutions particulières du problème que soulève l'énoncé du principe
d'Huygens : Rechercher comment doivent être distribuées sur une surface
enveloppant les centres d'ébranlement, les sources fictives qui leur sont
équivalentes pour les points extérieurs à cette surface, ainsi que la nature
du mouvement produit par chacune de ces sources.
» Une solution plus générale paraît utile ; la considération des ondes
isolées, ou d'ébranlements non périodiques, est d'un usage constant dans
l'étude de la propagation, et cependant, depuis Fresnel, on a toujours
entouré de réserves, peut-être non justifiées, l'emploi du principe d'Huy-
gens à ces ondes, et considéré comme difficile d'expliquer le repos absolu
auquel le milieu doit arriver après le passage de l'onde. Huygens déclare
lui-même qu'à ce point de vue son principe ne doit pas être examiné avec
trop de soin, ni de subtilité { 5).
» Cette solution repose sur un théorème dont voici l'énoncé : Soient une surface
quelconque S, deux points A et B, r et p les distances de ces deux points à un élément
d<s de la surface, dn un élément de la normale à cette surface, F une fonction de
(/• + p) ne devenant infinie pour aucune valeur de la variable, l'expression
<■> /*[(?.-*)£-(?-')£]- - »*?•
(') Poisson, Mémoires de V Académie des Sciences, 1S1 8.
(2) Von Helmholtz, Journal f tir reine u. angewandte Mathematik, Bd. 57 (1859).
(3) Kirchhoff, Sitzungsberichte {Académie des Sciences de Berlin, 1882).
(l) Poincaré, Théorie mathématique de la lumière (18S9).
(5) Voir notamment Mascakt, Traité d'Optique, Chnp. I (18S9).
( 221 )
R désignant la distance AB, suivant que les deux points A et B sont du même côté
de la surface S, ou sont séparés par elle.
» Pour le vérifier, il suffit de remplacer les produits
, dr , dp
dv -r- et au ~
dn an
par leurs valeurs
dy dz h dx dz - 1- dx dy -,- : dy dz - (-.■■•
J an dy J dz J dx
» L'intégrale (i) prend la forme
(2) f P dy dz -1- Q dx dz ->r Rdxdy,
où P, Q, R sont les valeurs que prennent, au point considéré de la surface S, des
fonctions qui satisfont à la condition
àP ÔQ àR
-y- + "j"5 + -ï- = O,
oj; c// «3
dans tout l'espace excepté au point A et B; or on a toujours
fp dy dz + Q rfx rf3 + R dx dy ,= J (^ 4- g ■+- |f) dm,
si (fe est un élément du volume limité, par la surface à laquelle s'étend la première
intégrale.
» En étendant l'intégration dans le premier cas à tout l'espace situé du côté de la
surface S qui ne renferme ni A. ni B, dans le second à l'espace situé du même côté
que B sauf une sphère infiniment petite décrite autour de ce point, on vérifie l'iden-
tité annoncée.
» La relation (1) peut être différentiée, soit par rapport aux coordonnées .r,, yu zt
du point A, soit par rapport à celles .r2, yt, zt du point B; on obtient alors deux
nouvelles identités qui permettent de représenter une fonction de la forme
(3) * F(R)
dx* dyP dz-r R
par des intégrales étendues à tous les éléments de la surface S. Dans le premier cas,
dp
pet r- restent variables, et on écrira symboliquement
an
th H- d \d ¥<-r + pï~\(dr\ ôp Ai d F(/' + p)?f/J
J { P dx* dy\ ds[ [dr r \\dnj an dp p dx* dy\ds\ r )
et dans le second
J [dn'àr r dx%dy\dzi p r dx*dy\ dz\ à L P J \àn) j
» Ceci posé, si l'on suppose que le point A est un centre d'ébranlement,
(' 222 )
dans un milieu où la vitesse de propagation est V, l'expression
rf«+P+Y <p(R + VQ
(6) d&-dyïdzt R
est la forme des composantes du déplacement pour un type (') particulier
d'ébranlement simple; la forme la plus générale est la somme de termes
analogues, différant par les valeurs de oc, p, y; en substituant dans les
identités (4) et (5) <p(r H- p — Vt) à F(r+ p), on aura deux manières de
représenter l'ébranlement reçu au point B, en le considérant comme ré-
sultat de la superposition d'ébranlements ayant comme centres les élé-
ments de la surface 2, centres fictifs dont les mouvements seraient en re-
tard du temps ^ sur le mouvement du centre A. En adoptant la forme (4),
l'ébranlement au point B résultera d'ébranlements du premier et du second
type seulement; en prenant pour surface 2 une sphère enveloppant le
point B, et de rayon p, on voit que le mouvement du point B ne dépend
que de la valeur du déplacement et de sa vitesse, sur cette sphère, à l'é-
poque l — £ j et l'on retrouve après quelques transformations simples la
solution de Poisson.
» En supposant la surface 1 quelconque et la fonction F sinusoïdale,
on retrouve les formules données par Helmholtz et Kirchhoff dans ce cas
particulier. La seconde forme (5) est plus expressive, chacun des centres
fictifs produisant deux ébranlements, l'un de même ordre que l'ébranle-
ment primitif, l'autre d'un ordre plus élevé d'une unité; elle parait moins
commode pour les calculs.
» On pourrait encore prendre pourF(R) la forme plus générale
(7) ^%(R-VO;
les formules (4) et (5), et, par conséquent, le principe d'Huygens dont
elles sont l'expressiou analytique, subsisteraient toujours. Onpeut donc l'ap-
pliquer, sans aucune rectriction relative à la forme de la fonction <p, à un
milieu isotrope, absorbant, mais sans dispersion. Si le milieu est doué de
dispersion, il ne s'applique qu'aux mouvements ayant une vitesse de pro-
pagation bien déterminée, tels que les mouvements de forme sinusoïdale.
« Les formes (4) et (5) ne sont pas les seules que l'on puisse employer
(') Un ébranlement sera dit d'ordre/), quand la somme des exposants 2-t- (3 +-,'=/>.
( 22
3 )
pour représenter
4 ™ dx* drP dzl e
-KR<P(R-VO.
R
on a, en effet,
d
d ' i
d d
dx* dyi ~
» On pourra donc déduire cette valeur de celle de (G ) par des différen-
tiations j)ortant indifféremment sur les coordonnées du point A ou du
point B.
» Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que lorsque la fonction <p
est périodique et de longueur d'onde négligeable par rapport à /• et p, les
expressions (4 ) et (5) se simplifient notablement; en désignant par 1, [/.,
v, X,, u.,, v,, les cosinus directeurs des distances r et p, et par <!/ et <}, les
angles de ces lignes, comptées dans la direction de la propagation, avec la
normale à la surface 2, et enfin par A, M, N les cosinus directeurs de R,
l'expression (4) devient
et l'expression (5) prend une forme semblable où entrent Xit ;;.,, p,. Il ré-
sulte de là que le déplacement en B à l'époque t est complètement déter-
miné par les vitesses seules, en chacun des points de la surface 2 à l'époque
t — 1^ tandis cpie dans le cas général les vitesses et les déplacements in-
terviennent à la fois. »
ÉLECTRICITÉ. ~ Théorème relatif au calcul de la résistance d' une dérivation.
Note de M. Ch.-Ed. Guillaume, présentée par M. Cornu.
« 1. Les caisses de résistance à double entrée (décades de Carpen-
tier) sont généralement employées pour obtenir, par addition des bobines,
des multiples exacts de l'unité; cependant, en établissant des dérivations
des bobines entre elles, on arrive à des valeurs fractionnaires ou à des
sous-multiples de l'unité. Mais le nombre des chevilles nécessitées pour la
combinaison augmente avec le nombre des bobines, c'est-à-dire en même
temps que la résistance du circuit diminue. Si, par exemple, on groupe
dix bobines de i ohm en quantité, on a 1 1 chevilles dans le circuit, et
leur résistance est loin d'être négligeable vis-à-vis de oohm,i. Lafîg. i„,
( 224 )
expliquée par un diagramme fig. \b, représente une partie d'un pareil cir-
cuit. Dès que l'on dépasse trois ou quatre bobines, le calcul exact, par les
formules ordinaires, de la résistance comprise entre A et B est extrême-
ment laborieux. On peut alors faire usage d'un procédé détourné qui,
dans ce cas particulier, conduit à un calcul très simple.
Fie- '»■
Fis
X
X
X
A*T
» 2. Établissons d'abord une formule générale. Soit un fil KL, de résis-
tance r0, se prolongeant enL par n fils de résistances r,, r2, . . ., rn, qui se
réunissent en un même point M. La résistance du circuit compris entre R
et M est, comme on sait,
(0
R = r0 + -
I
■ — h. .
I
or cette expression peut être trouvée, en outre du procédé immédiat, par
les considérations suivantes : supposons le fil KL composé d'un faisceau
de n fils aboutissant à chacune des bobines r,,r2, ... ; si les résistances de
ces fils sont proportionnelles à celles des bobines qui leur correspondent,
on pourra les isoler les uns des autres, sans rien modifier à la distribution
de l'électricité dans le circuit; nous aurons alors n circuits distincts, par-
tant de K et aboutissant en M; en désignant par r\, r.-,, . .., rn les résis-
tances des fils du faisceau, la résistance de l'ensemble, représentée par
- ) sera égale à R si, pour le fil d'ordre p,
on a
(2)
r-i H- /',
r";>U + r.
C'est de cette expression que nous ferons usage.
( 225 )
» 3. Appliquons d'abord cette méthode à un exemple, en calculant la résistance du
circuit compris entre A et D {fig. 2a). Nous substituons, à la dérivation réelle, celle qui
I Fig- a.-
Fig. 2,,.
est représentée dans la fig. 2/,; les résistances /•, et i\ sont divisées chacune en deux
autres, mru nrt, prk, qrk, et la résistance cherchée est donnée par
(3)
R =
mrt -+-rs «/■,+ /"s -h qru rt-\-prk
et l'on a, pour déterminer ni, n,p, q, les équations
(4)
P = r.[- +
'S+qrJ
n — i
» \
q
nrt-hrj
q — i
» Ces équations se séparent en deux groupes de deux équations du premier degré
à deux inconnues, qu'il suffit de résoudre pour connaître R.
» 4. Désignons, dans le diagramme explicatif fig. ib, respectivement
par a„ a2, ... />,, b2, ... les résistances partant de A et B (les che-
villes), par r, , ra, . . . les résistances principales (les bobines) ; nous divisons
chacune des premières en deux autres, dans les rapports m,, n,,m2, n2, ... ;
p,, q,,p2, q2, ... (dans le cas actuel, p, = so, qK = i); le circuit enchevêtré,
compris entre A et B, sera ainsi remplacé par les circuits parallèles sui-
vants
m{a{ -+-r, + b,.
n,a, -h r2-+- p2b2,
m2a2 ■+- r3 -+- (]2b2.
et l'on aura, pour déterminer m, n, p, q, les relations
p2 = (r„-4-rc,a() ( —
«, — i
çr2— I
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N°4.)
3o
( 226 )
La résolution exacte de systèmes, dans le cas général, est encore assez com-
pliquée; on peut cependant, à l'inspection du diagramme, faire une sup-
position approchée pour l'une des valeurs n ou p, et calculer les autres
par récurrence; la dernière équation laissera un résidu; modifiant sa pre-
mière supposition, on trouvera un autre résidu, et on achèvera par les
méthodes connues d'approximation.
» Dans le cas particulier qui nous occupe, le calcul se simplifie consi-
dérablement; en effet, les résistances a,, a.2, ..., b,,b2, ... sont très
petites et peuvent être considérées comme égales entre elles; désignons-
les collectivement par s; les résistances r,, r2, ... peuvent aussi, dans le
terme correctif, être considérées comme identiques; les résistances s
seront donc simplement divisées en deux parties égales, et l'on aura
R
iii i
_^ _|_ -+- ... -] —
/-,-+- 3s f2-l-4£ '3 + 4*- rn-hô£
» Le calcul est toujours très simple, quelles que soient les valeurs rela-
tives des résistances de chaque groupe a, b et r, à la seule condition que
les a et b soient beaucoup plus petits que les r.
« La correction pour les chevilles, comme elle vient d'être indiquée,
améliore sensiblement le résultat lorsqu'on met les bobines de la décade
en dérivation; cependant, la variabilité des contacts laisse encore subsis-
ter une légère incertitude, et il est nécessaire, si l'on veut opérer avec sé-
curité, d'emplover les contactsà mercure. »
CHIMIE. — Recherches sur l'application de ta mesure du pouvoir rotatoire à la
détermination de combinaisons formées par les solutions aqueuses d'acide
malique avec les phosphomolybdates alcalins blancs. Note de M. D. Gernez,
présentée par M. Duclaux.
« Les phosphomolybdates alcalins blancs découverts par M. Debray
sont des corps dont la composition peut être représentée par la formule
3RO, PhO5, 5Mo03; ils sont très solubles dans l'eau et sont susceptibles
de former avec les solutions aqueuses d'acide malique des liquides qu
restent pendant un certain temps incolores. J'ai étudié ces liquides par le
procédé dont j'ai fait usage dans mes recherches antérieures sur les com-
binaisons des acides tartrique et malique avec les molybdates et tungstates
( 227 )
alcalins, et j'ai réussi à mettre en évidence la production et la transforma-
tion de combinaisons produites par ces corps complexes avec l'acide
malique.
» Les expériences ont été faites avec des solutions contenant iBr, 1166
d'acide malique additionné de quantités de sel croissant par fractions
égales d'équivalent et de l'eau distillée nécessaire pour amener le volume
à occuper i2cc à la température de i5°, qui était celle des observations.
Ces solutions étaient contenues dans un tube de io5mm, 7 de longueur et
mesurées par rapport à la lumière du sodium avec le polarimètre de
M. Laurent
» Le Tableau ci-après résume les résultats obtenus.
» L'examen de ces résultats conduit aux remarques suivantes :
» i. Phosphomolybdate de soude : 3NaO, PhO5, 5Mo03. — i° La rota-
tion initiale de — o°,n va graduellement en croissant jusqu'à la valeur
maxima — 6° 3o/ (36 fois plus grande que la valeur primitive) qui corres-
pond à j d'équivalent de sel; on peut en conclure qu'il y a production
d'une combinaison entre 4 équivalents d'acide malique et 1 équivalent de
phosphomolybdate de soude. 20 Pour des quantités de sel plus grandes, la
rotation diminue, devient positive, puis atteint un maximum de -+■ 6°2o'
(34 fois la rotation initiale) qui correspond à i,5 équivalent de sel; on en
déduit qu'il v a production d'une combinaison entre 2 équivalents d'acide
malique et 3 équivalents de phosphomolybdate de soude. 3° Pour de nou-
velles additions de sel, la rotation décroît, ce qui indique que la combi-
naison précédente se détruit pour donner lieu à un nouveau groupement
des corps en contact.
» 2. Phosphomolybdate d'ammoniaque : 3AzH*0,PhOs, 5Mo03. — Ce
sel donne lieu à des phénomènes tout à fait semblables aux précédents :
i° premier maximum de — 6° 38' presque égal à celui donné par le sel de
soude indiquant aussi une combinaison entre 4 équivalents d'acide ma-
lique et de 1 équivalent de sel; 2" diminution de rotation, changement de
sens et maximum de -+- 2°5' de valeur moindre que celui que présente le
sel de soude, mais indiquant la production d'une combinaison qui est ana-
logue et formée de 2 équivalents d'acide malique et 3 équivalents de phos-
phomolybdate d'ammoniaque; 3° enfin, diminution de la rotation indi-
quant la transformation de cette combinaison.
» 3° Phosphomolybdate de potasse : 4KO, PhO5, 5Mo03. — i° Ici encore
la rotation augmente jusqu'à un maximum de — 6°5o', à peu près de
même grandeur que pour les deux sels précédents, mais ce maximum cor-
( 228 )
Phosphomolybdate
de soude.
Phosphomolybdate
d'ammoniaque.
Phosphomolybdate
de potasse.
Fractions
d'équivalent
de sel en
n d'éci-
o
o,5
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
1 2 = | éq .
i3
14
16
18
20
33
24 = }éq.
26
28
3o
36
42
48 = 1 éq.
54
60
66
72 = ié9,5.
78
84
9°
96 = 2 éq .
102
Rotations
observées.
— O. I I
— 0.4l
— 1 . 1 5
— 2. i5
— 3. i5
-4. 3
-4.54
—5.29
—6. o
— 6. i5
— 6.21
— 6. 29
—6.38
—6.3g
— 6.37
-6.36
—6.35
— 6.20
-6.i5
-6.2
-5.55C)
-5-47
—5.29
— 5.2
—3.0
-4-0.42
+3.5o
+5.i8
-4-6.6
+6.19
-t-6.20
+ 5.48
+5.31
+ 4-5q
+4.36
+4-5
Variations
pai-
rs d'é1-
»
60
64
60
60
48
5i
35
1.)
6
8
9
1
O,0
5
5
6,5
3,5
4
9
1 3 , 5
20,3
37
3i,3
.4,7
2,2
0,2
5,3
2,8
5,3
3,8
5,i
Rotations
observées.
I I
4i
—3.
-4-
— A-
1
55
-5.33
-5.58
-6.20
-6.29
-6.32
-6.36
-6.38
-6.38
-6.38
-6.38
-6.35
-6.35
-6.32
-6.24
-6. 12
-6. 4
-5.52
-4.17
-2. 14
-0.21
-0.46
-1 ,3o
-2. 1
-2.5
-2.0
- 1 .53
»
»
Variations
par
-h d'é<l-
»
60
64
59
58
55
48
38
25
22
9
3
4
+ 2
o
o
o
— I,.J
o
4
10,8
20,5
'7.7
11,2
7.3
5, 2
- °>7
- 0,8
°.7
Rotations
observées.
— O. I I
-0.4l
— I . I I
— 2. l5
— 3. 10
-3.57
— 4.4J
— 5.24
-5-44
—6. o
-6. .4
— 6.21
— 6. 25
—6.28
-6.3i
—6.34
-6.39
6.42
-6.45
-6.47
6.5o
-6.48
-6.47
-6.39
-J.40
-4.20
-2.38
Variations
par
Ù d'écl-
60
60
64
55
47
48
39
20
16
>4
2,5
.,5
i,5
1
i,5
1
o,5
4
10
i3
■7
(') Les expériences suivantes ont été faites avec des solutions sursaturées.
( 229 )
respond à £ équivalent de sel ajouté à i équivalent d'acide malique. Il in-
dique la formation d'un composé de 2 équivalents d'acide et de 1 équiva-
lent de phosphomolybdate de potasse. i° Pour de nouvelles additions, la
rotation diminue graduellement. Le phosphomolybdate de potasse, bien
que présentant une composition analogue aux deux sels précédents, ne se
comporte pas de la même manière et donne lieu avec l'acide malique à
des combinaisons différentes. »
PHYSICO-CHIMIE. — Sur les conductibilités des acides organiques isomères
et de leurs sels. Note de M. Ostwald, présentée par M. Lippmann.
c Dans les Comptes rendus du 5 janvier 1891, p. 46, il se trouve une
Communication de M. D. Berthelot qui se rapporte à une question dont je
me suis occupé d'une manière assez étendue quelques années auparavant.
Ainsi j'ai constaté, en 1888, que les sels des acides isomères ont des con-
ductibilités identiques {Zeilschr. f. physikalische Chemie, 2, 848), loi que
M. D. Berthelot donne comme nouvelle. De la même manière j'ai trouvé
déjà, en i885 {Journal fur practische Chemie, t. XXXII, p. 34o), que les
acides tartrique et racémique ont des conductibilités identiques, et j'en ai
tiré les conséquences concernant la dissociation complète de l'acide racé-
mique en acides tartriques gauche et droit dans les dissolutions étendues.
J'ai constaté aussi en 1889 (Zeilschr. /. ph. Ch., 3, 872) que l'acide gauche
possède, en effet, absolument la même conductibilité que les deux autres,
M. D. Berthelot n'ayant pas mesuré la dernière.
» Les mesures de la conductibilité des acides organiques dans des
limites très étendues de dilution, faites par moi et mes élèves, et publiées
dans la Zeilschr. f. ph. Chemie, ont atteint jusqu'à présent le nombre de
quatre cents acides environ de tous les genres. Les lois unissant cette pro-
priété avec la constitution des acides, lois qui ont quelque intérêt au
point de vue théorique ainsi que pratique, se trouvent détaillées dans
les publications mentionnées, et elles ont déjà rendu des services dis-
tincts à plusieurs savants pour éclaircir la constitution de certains acides
nouvellement obtenus ou de vieille date. En conséquence, l'emploi de la
méthode de la conductibilité électrique pour la solution de pareils pro-
blèmes est assez répandu en Allemagne, et c'est avec plaisir que je vois
cette précieuse méthode faire son tour dans le monde scientifique. »
(23o )
PHYSICO-CHIMIE. — Réponse à la Note de M. Ostwakl.
Note de M. Daniel Bertiielot, présentée par M. Lippmann.
« L'application des conductibilités électriques à l'étude des composés
chimiques n'est pas nouvelle dans la Science. MM. Rohlrausch et Bouty,
sans remonter plus haut, en ont montré toute l'importance, et MM. Fousse-
reau et Bouty ont appelé l'attention sur l'application de ces mesures à
la connaissance des équilibres chimiques proprement dits : le premier
dans le cas des réactions lentes, le second d'une manière générale. C'est
à la suite de M. Bouty et d'après ses conseils que je me suis engagé, pour
ma modeste part, dans cette voie qui appartient aujourd'hui au domaine
général de la Science, commun à tous les savants et à toutes les nationa-
lités. Je demande la permission de repousser la réclamation de M. Ostwald.
« Les méthodes d'expérimentation que j'ai employées ne sont pas les
siennes : ce sont celles de mes maîtres MM. Lippmann et Bouty, très
différentes de celles de M. Ostwald, et plus sûres d'après l'opinion de
plusieurs physiciens. J'ai eu recours, en effet, à l'électromètre capillaire de
M. Lippmann, tandis que M. Ostwald a fait usage du procédé des courants
alternatifs.
» A un point de vue physique plus général, le savant allemand s'est
borné à étudier les conductibilités des électrolyles isolés , tandis que j'ai eu
pour objet l'étude des équilibres et des réactions de plusieurs électrolyles
en présence. C'est là une recherche toute différente, dont le principe est dû
à M. Bouty, qui en a donné plusieurs exemples caractéristiques, et dont
M. Chroustchoff a fait depuis d'heureuses applications (').
» Quant aux problèmes chimiques que j'ai essayé d'aborder, tels que
ceux de la constitution des acides et de leurs sels et de leur isomérie, ce sont
des problèmes courants en Chimie et en Thermochimie, introduits par des
maîtres français et d'autres nations, dans la Science, bien des années avant
que M. Ostwald ait eu occasion de s'en occuper. Il serait injuste d'ailleurs
de méconnaître les résultats qu'il a obtenus dans cette étude et j'ai pris soin
de rappeler ceux qui intéressaient l'objet traité dans ma Note; mais les
problèmes mêmes sont du domaine public : j'ai exécuté pour leur solution,
dans les laboratoires de la Faculté des Sciences, un grand travail qui
(') Comptes rendus, t. GVIII, p. ioo3, 1 100,2161.
( 23l )
m'occupe depuis plusieurs années, qui sera prochainement publié en son
ensemble et dont j'ai seulement détaché jusqu'ici quelques résultats.
» Parmi ceux-ci deux points spéciaux seulement sont réclamés par
M. Ostwald : j'y vais répondre en peu de mots.
» La dissociation de l'acide racémique dans ses dissolutions est connue
depuis longtemps par les mesures thermochimiques de MM. Berthelot et
Jungfleisch ( ' ). Les mesures de conductibilités prises soit par M. Ostwald,
qui a oublié d'ailleurs de citer ses prédécesseurs, soit par moi-même, n'ap-
portent donc sur ce point qu'une confirmation, sans aucun renseignement
théorique nouveau. Mais j'ai donné, au contraire, des mesures originales
sur l'acide tartrique inactif par nature, lequel est précisément parmi les
quatre isomères le seul qui se comporte d'une manière spéciale et qui ne
figure pas parmi les /joo acides étudiés par le physicien de Leipzig ou dans
son laboratoire.
« Quant aux sels isomères, ceux que j'ai étudiés sont surtout les sels
d'acides bibasiques : or aucun de ces sels ne figure dans les mesures
de M. Ostwald, qui a examiné seulement les sels de quelques acides mo-
nobasiques isomères. Ce n'est pas ici une vaine remarque; car il y avait
là précisément une question non résolue et que M. Ostwald ne laisse pas
soupçonner : la conclusion de M. Ostwald ne portant que sur la valeur
limite des conductibilités moléculaires calculée pour une dilution infinie.
Mais un travail de M. Walden, élève de M. Ostwald, dans lequel se trou-
vent examinés (2) les sels magnésiens de quelques acides bibasiques iso-
mères, avait montré que les conductibilités limites pour une dilution
infinie des sels isomères peuvent tendre vers un même chiffre, tandis que
les valeurs mesurées réellement à diverses concentrations finies sont dis-
semblables. La question demeurait donc ouverte. Elle exigeait une étude
nouvelle et détaillée. C'est précisément l'un des objets de ma Note pré-
cédente et je réclame l'originalité de mes expériences. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Èleclromélallurgie de V aluminium (3).
Note M. Adolphe Minet.
« De nouvelles recherches sur l'électrolyse du fluorure d'aluminium à
l'état fondu m'ont permis d'améliorer le rendement du système en fonc-
(l) Ann. de Chini. et de Phys., t. IV, p. 1 4 7 ; 1875.
(-) Zeitschrifl fiir pkysik. Chem., t. 1, p. 529.
(3) Comptes rendus, 17 février, 9 juin, 27 octobre 1890.
( 232 )
tion de la quantité d'électricité mise en jeu, d'abaisser la différence de
potentiel aux électrodes; j'ai pu, par suite, atteindre à une production de
32?r de métal pour une dépense d'une quantité d'énergie équivalente à
i cheval-heure.
» Conditions de l'expérience. — La nature du bain n'a subi aucun changement,
pas plus que le mode d'alimentation; les dispositions de la cuve et des électrodes dif-
fèrent, au contraire, de celles qui avaient été adoptées dans les essais précédents.
» La cuve est en fonte, elle a conservé sa forme primitive; mais ses dimensions
sont plus petites; elle est munie intérieurement d'une garniture de charbon agglo-
méré, qui s'isole de l'électrolyte; elle sert d'électrode négative.
» L'aluminium s'écoule le long des parois en charbon, au fur et à mesure de sa for-
mation, se rassemble au fond du creuset, d'où il est extrait au moyen d'un trou de
coulée. Un appareil ainsi établi fournit une marche continue pendant un temps qui
varie entre 20 et 3o jours.
» Voici les points d'expériences relevés pour une seule cuve, le 10 dé-
cembre 1890; ils représentent la moyenne des résultats obtenus, pendant
le courant du même mois, sur trois appareils semblables établis en tension.
» Densité du courant (intensité par centimètre carré) : au pôle positif 0 = oamP, 73,
au pôle négatif 0 = oamP,5. Température £ = 920°. Durée de l'expérience 6 = 22''.
I
i5oo ampères
Intensité
Quantité d'électri-
cité (16) = 33o ampères-heures
Poids théorique. .. P =r 18 x o8r,34 = 1 12206'
Poids obtenu />
Rendement du sys-
tème en fonction
de la quantité d'é-
lectricité ^5
Force électromotrice
minima
= 65oosr
= 58 pour 100
e = 2 volts
Résistance de l'électro-
lyte p = ou,ooi7
Différence de potentiel
aux électrodes E = e 4- pi = 4Toll8>55
Knergie électrique ex-
primée en chevaux-
vapeur
Quantité totale d'éner-
gie dépensée en che-
W=^=9*,*7
vaux-heures.
W0 = 2o4ch.-h
Poids du métal produit pour une dépense d'énergie électrique, dans
l'électrolyte, correspondant à un cheval-heure 3iS'',p,
Quantité d'énergie dépensée en chevaux-heures, dans l'électrolyte, pour
la production de iks d'aluminium 3i ,3 ch.-h.
» En comparant ces résultats avec les chiffres trouvés le 1 1 février
1890 ('), on remarque les avantages que présente la nouvelle disposition
(') Comptes rendus, 9 juin 1890.
( 233 )
de la cuve sur la première ; ils sont de divers ordres; avec le dernier appa-
reil, les manipulations sont également simplifiées.
» Lorsqu'on emploie l'alumine du commerce et qu'on la transforme
directement en oxvfluorure d'aluminium, sans purification préalable, pour
l'utiliser ensuite à l'alimentation du bain, le métal obtenu renferme de i
à 3 pour ioo d'impuretés, constituées en grande partie par du silicium;
la proportion du fer n'est que de —^ à -^— . Tel quel toutefois, l'aluminium
peut aisément se marteler et se travailler à froid. Avec des produits
exempts de silice, la richesse du métal atteint 99 pour 100.
» Les observations qu'il m'a été donné de faire, dans le cours de cette
dernière étude, me font prévoir que la différence de potentiel peut
s'abaisser encore et atteindre un minimum de 4 volts, et cela quelle que
soit l'intensité du courant, si l'on prend des dispositions en conséquence.
Avec cette différence de potentiel, le chlorure de sodium, qui entre poul-
ies ^r dans la formation du bain, ne serait plus décomposé, sa force élec-
tromolrice minima étant de 4.35 volts, et le rendement en fonction de la
quantité d'électricité s'élèverait à 70 pour 100.
» Les pertes seraient encore de 3o pour 100; nous n'avons pu en dé-
finir complètement la nature. D'après h>s recherches de M. Hampes, une
de leurs principales causes résulterait de l'attaque du fluorure en fusion
par l'aluminium à l'étal naissant; il se formerait alors un sous-fluorure
d'aluminium. En fait, le rendement augmente avec la dilution du fluo-
rure d'aluminium dans le bain.
» Ces pertes sont considérablement diminuées, le rendement est
presque théorique lorsque l'appareil est disposé pour la formation d'al-
liages d'aluminium; dans ce dernier cas, la garniture intérieure est sup-
primée, la cuve est constituée par un des métaux qui entrent dans la for-
mation de l'alliage. L'aluminium à l'état naissant se combine avec le
métal de la cuve, et le phénomène dont nous parlons plus haut se produit
plus difficilement, en raison de cette nouvelle affinité. »
CALORIMÉTRIE. — Emploi de la bombe calorimétrique pour la détermi-
nation de la chaleur de combustion de la houille. TNote de M. Scheuker-
Kestneu.
« La bombe calorimétrique de M. Berthelot se prête très bien à la dé-
termination de la chaleur de combustion de la houille. Les avantages
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 4.) Jl
( a34 )
connus que cet appareil offre sur celui de Favre et Silbermann se retrou-
vent lorsqu'on l'applique aux combustibles minéraux.
» Cependant, il est deux points qui méritent d'être signalés : M. Ber-
thelot a introduit, dans les corrections relatives aux opérations faites avec
sa bombe, la nécessité de tenir compte d'une certaine quantité d'acide azo-
tique qui se forme toujours pendant la combustion; cet acide est déterminé
par titration des eaux de lavage de l'intérieur de l'appareil. Or, la houille
renferme, à peu près universellement, une certaine quantité de soufre
qui se transforme en acide sulfurique; en' titrant, après l'opération, il est
clair que le titre trouvé se compose de celui des deux acides réunis. Il est
donc indispensable de doser préalablement, ou bien après l'opération, le
soufre contenu dans la houille, avant de pouvoir calculer en toute rigueur
le nombre de calories fournies à la bombe par le combustible employé;
cela n'a pas d'inconvénient lorsqu'on se livre à des recherches scienti-
fiques ; mais il en est autrement lorsqu'on veut simplement connaître la
chaleur de combustion d'un combustible au point de vue industriel. Mais,
dans ce cas et pour de telles applications, on peut supprimer entièrement
ce genre de corrections, la chaleur due à la formation de traces- d'acide
azotique ne surpassant guère un millième de celle que produit le carbone,
et la combustion du soufre concourant à la chaleur produite dans nos
fourneaux, aussi bien que dans la bombe : l'erreur résultante sera dès lors
pratiquement négligeable.
» Le second point à signaler est l'impossibilité de peser les cendres du
combustible brûlé dans le calorimètre; il faut donc opérer sur des échan-
tillons moyens, ce qui diminue, dans une mesure qui n'est pas bien con-
sidérable il est vrai, l'exactitude des calculs. M. Berthelot a indiqué l'em-
ploi des pastilles, pour brûler des substances qu'il est nécessaire de
superposer à d'autres pour compléter la combustion; l'emploi de pareilles
pastilles m'a permis d'obtenir des résultats suffisamment exacts, quant à la
détermination des cendres.
» La houille, réduite en poudre fine et bien mélangée, a été mise en
pastilles : sur un certain nombre de ces pastilles on a déterminé les cendres;
les limites d'erreur ont été au maximum de 4 millièmes; généralement
les variations ne dépassent pas i à 2 millièmes.
» Mais ces inconvénients sont compensés, et au delà, par la facilité du
maniement de la bombe, comparativement avec l'appareil de Favre et
Silbermann, et par la plus grande certitude d'obtenir des résultats exacts.
Avec la bombe, une fois que les conditions particulières à chaque sub-
( 235 )
stance, pour obtenir une combustion complète, ont été déterminées, lara-
pidité d'exécution ainsi que l'exactitude laissent loin derrière elles les
anciens appareils.
» Les résultats que j'ai obtenus avec la bombe calorimétrique appli-
quée aux houilles sont tous inférieurs de i à 3 pour 100 à ceux que nous
avons obtenus, il y a vingt ans, M. Meunier-Dollfus et moi; cette diffé-
rence n'est pas à attribuer uniquement à l'emploi d'un autre appareil,
mais aussi à l'application de meilleures méthodes d'installation des appa-
reils et de correction, comme les a fait connaître M. Bertbelot, dans son
Ouvrage sur la Calorimétrie.
» Après avoir reconnu ce fait, j'ai repris l'appareil de Favre et Sil-
bermann, afin d'étudier dans quelle mesure l'application des principes
de M.'Berthelot modifiait les données de notre ancien appareil, et j'ai
prié M. Meunier-Dollfus d'entreprendre ce travail de vérification avec
moi.
» Nous avons trouvé, en effet, que la bombe donnait toujours des ré-
sultats inférieurs, non seulement à ceux que nous avions obtenus en i86q,
mais encore à ceux que nous en obtenons aujourd'hui avec le calorimètre
de Favre et Silbermann.
» C'est ainsi qu'un échantillon de houille de Ronchamp, tiré récemment
de la mine, a pour chaleur de combustion 8736 en employant notre ap-
pareil de Favre et Silbermann, et 8620 avec la bombe; il ne nous a
pas été possible jusqu'à présent de trouver la cause d'une pareille diffé-
rence, due sans doute aux procédés de correction mis en œuvre. Elle n'a
pas été observée, d'ailleurs, dans les déterminations des chaleurs de com-
bustion du carbone pur faites dans la bombe par MM. Berthelot et Petit,
lesquels ont trouvé au contraire des nombres supérieurs de quelques mil-
lièmes à ceux de Favre et Silbermann.
» Au point de vue de la composition, cette dernière houille est la plus
pauvre de cette mine, que nous ayons eue entre les mains. En effet, la
houille de Ronchamp la plus pauvre de 18G9 a donné 8946 et renfer-
mait 12,75 pour 100 de carbone volatil, tandis que celle d'aujourd'hui
n'en renferme que 10,68 pour roo. Or il a été démontré par nos premiers
travaux que, pour la houille de Ronchamp, la puissance calorifique croît à
mesure que le carbone volatil augmente. La plus riche renfermait 16,80
pour 100 de carbone volatil. Deux houilles du bassin du Nord, dont j'a-
vais, assez récemment, déterminé la chaleur de combustion, m'ont donné,
( 236 )
avec la bombe, une différence de io6cal sur la première et de i45 sur la
seconde :
Houille de Bascoup.
Calorimètre Favre et Silbermann 8963
Bombe 8867
Houille maigre de Douvrin.
Favre et Silbermann 8545
Bombe 8/400
» Enfin du charbon de bois fortement calciné, qui m'avait donné avec
le calorimètre Favre et Silbermann 8000, n'a donné avec la bombe
que 7929; la différence est de 7ical.
» Quoi qu'il en soit, les conclusions que nous avions tirées de nos expé-
riences antérieures, M. Meunier-Dollfuset moi, se trouvent modifiées dans
une certaine mesure, en ce que le nombre des espèces de houille, donnant
un chiffre plus élevé'que l'addition de la chaleur de combustion des élé-
ments se trouve diminué, et que, probablement, il existe des houilles dont
la chaleur de combustion est inférieure à celle que donne le calcul d'après
la loi de Dulong; pour ce qui concerne les chaudières à vapeur, nos con-
clusions ne sont que peu modifiées, car sur les calories qui manquaient,
et qui s'élevaient à plus de 20 pour 100, la différence ne dépasse pas
3 pour 100. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Les mordants en teinture et la théorie de Mendèleieff.
Note de M. Prud'homme, présentée par M. Schùtzenberger.
« Les mordants employés pour fixer les matières colorantes sur les
fibres végétales sont des oxydes métalliques, tels que ceux de Al, Cr, Fe,
Sn, pour ne citer que les plus usités. Les oxydes intimement combinés à la
fibre retiennent ou attirent la matière colorante avec laquelle ils forment
des laques de nuances spéciales : par exemple, avec l'alizarine et les oxydes
de Al, Cr, Fe et Sn, on obtient du rouge, du grenat, du violet et de
l'orange.
» En étudiant à ce point de vue les divers oxydes et leur influence réci-
proque par voie de mélange, je suis arrivé à établir des relations entre les
( 237 )
nuances obtenues, en fonction des poids atomiques. Plus exactement, ces
nuances subissent des variations continues, très sensibles en adoptant
la division des éléments de Mendéleieff en groupes naturels et séries
périodiques.
» Les principaux corps que j'ai étudiés sont :
» Li, Bo, Na, Mg, Al, Si, Ph, Cl, K, Ca, Va, Cr, Mn, Fe, Co, Ni, Cu,
Zn, As, Br, Sr, Mo, Ag, Cd, Sn, Sb, I, Ba, Di, Ce, La, Tu, Hg, Pb, Bi, Ur.
» Je n'ai pu, faute de matière première, étudier Gl, Ti, Ga, In, Tl et
Th, qui combleraient des lacunes importantes.
» On peut formuler ainsi les résultats de nombreux essais, faits dans
les conditions les plus variées :
» i° Dans chaque groupe de Mendéleieff, si l'on considère les termes
des périodes de rang pair ou impair, il y a variation continue dans un
sens déterminé, du bleu au rouge, ou du rouge au bleu. C'est le phéno-
mène que présentent respectivement Mg, Zn, Cd et Ca, Sr, Ba.
» Or M. Lecoq de Boisbaudran a montré que, pour les trios tels que
Mg, Zn, Cd — Ca, Sr, Ba — R, Pb, Cs, l'accroissement de longueur d'oncle
des raies correspondantes est proportionnel à l'accroissement du poids ato-
mique. Ijes oxydes métalliques jouiraient donc de la propriété de communi-
quer à leurs combinaisons avec les matières colorantes des vibrations
lumineuses en rapport avec celles de leurs métaux.
» 20 Dans chaque période, du premier au quatrième groupe, il y a pro-
gression vers le rouge. Du cinquième au huitième, il y a décroissance du
rouge au bleu.
» Cette loi se vérifie facilement pour les périodes 3, 5 et 1 1 .
» 3° Le groupe IV ne représente pas un maximum proprement dit, car
les nuances qui lui correspondent (dans les périodes de rang impair) ren-
ferment un excès de jaune.
» Avec l'alizarine, Sn donne un orange franc, Cd et Sb des nuances
rouges, Pb fournit un orange rougeâtre, Hg et Bi des nuances beaucoup
plus rouges.
» Dans la période IV, le terme orangé n'appartient pas au groupe IV,
mais est reculé jusqu'au groupe V, où il est représenté par le vanadium
avec une grande netteté qu'accentue le voisinage du chrome, du manga-
nèse et du fer, dont les combinaisons avec l'alizarine sont rouge grenat,
rouge violacé et violet. Cette période IV, comme la sixième et la dixième,
renferme plus de termes que les autres : il n'y a rien d'étonnant à ce que
l'élément orange soit reporté plus vers la droite de la table.
( 23S )
» L'étain, terme central du système avec un poids atomique 1 18 égal, à
peu de chose près, à la moitié de celui de l'urane (240), doit être et est,
en effet, le représentant, par excellence des nuances jaunes et. orange.
C'est un fait que la pratique de la teinture a depuis longtemps établi.
» Je constaterai, à titre de simple remarque, que les sulfures de Cd, Zn,
Sn, Sb, Te, corps appartenant à la septième période, sont tous jaunes ou
orangés.
» Outre la méthode de production des nuances sur tissu, on peut em-
ployer celle des laques, qui consiste à précipiter par un alcali ou un sel
alcalin (borate, silicate, phosphate, etc.) les oxydes de leurs solutions
salines, en présence d'une matière colorante soluble, comme l'alizarine, le
bleu d'alizarine, etc. Il y a souvent, entre les résultats obtenus sur tissu
et ceux dont les laques sont la manifestation, interversion totale, c'est-
à-dire que le terme le plus bleu devient le plus rouge et réciproquement.
» Les violets d'alizarine au fer, avec addition de Mg, Zn. Cd, varient du
rouge au bleu; avec Ca, Sr, Ba, du bleu au rouge.
» Des solutions de sels de Mg, Zn, Cd, auxquelles on ajoute une solu-
tion ammoniacale d'alizarine, fournissent une laque bleue pour Mg, rouge
jaunâtre pour Zn, violette pour Cd. Avec des solutions de sels de Ca, Sr, Ba
la laque la plus rouge est celle de Ca, la plus bleue celle de Ba.
» L'influence des bases se fait sentir par la seule présence de leurs sels :
des solutions de sulfates de Li, Na et K. donnent, avec une solution ammo-
niacale d'alizarine, des nuances se dégradant du violet au rouge. On pent
admettre que la base du sel se partage entre l'acide et l'alizarine, corps à
fonction acide : l'influence des bases n'en reste pas moins nette.
» Il n'en est pas de même de celle des acides, bien qu'il me sembla
avoir pu constater des différences entre la nuance des solutions de K.C1,
KBretRI.
» L'action de Cl, Br et I (analogues à Mg, Zn, Cd) se fait nettement
sentir dans la série des matières colorantes dérivées de la fluorescéine
(éosine, primerose, rouge de Magdala, etc.). Ce sont des tétrachlorures,
tétrabromures et tétra-iodures de la fluorescéine ou des composés renfer-
mant à la fois Cl et Br, Cl et I, Br et I. Leurs nuances diffèrent sensible-
ment. Dans ce cas, le noyau fluorescéine peut être considéré comme le
mordant. Cl, Br et I étant la matière colorante.
» Je ne passerai pas en revue chacun des groupes, ni chacune des pé-
riodes. J'observerai seulement que, dans les groupes, la loi de progression
se continue jusqu'au dernier terme. Ph, As, Sb, Bi accentuent la décrois-
( 239 )
sance du bleu au rouge. Dans le groupe VI, il en est de même : Cr donne
avec l'alizarine un rouge grenat, qui se transforme, en passant par Mo et
Tu, jusqu'à se changer, avec Ur, en un violet, le plus bleu qu'on puisse ob-
tenir avec un seul oxyde. »
MICROBIOLOGIE. — Recherches expérimentales sur le tétanos. Note de
MM. Yaillard et H. Vincent, présentée par M. Duclaux (' ).
« Le tétanos a pour cause un bacille que Nicolaier a décrit, et dont
Ritasato a prouvé la spécificité. Ce bacille se développe uniquement dans
la plaie des tétaniques, où il sécrète un poison ou toxine d'une extrême
activité qui, par sa diffusion, produit la maladie. Le microbe élabore aussi
sa toxine dans les milieux de culture artificiels; on peut l'y déceler et étu-
dier ses propriétés, comme K.. Faber l'a fait le premier.
» Si la nature parasitaire du tétanos et le mécanisme suivant lequel le
microbe engendre la maladie se trouvent ainsi définitivement établis, des
faits obscurs ou contradictoires restent encore, aussi bien dans son histoire
expérimentale que dans son étiologie.
» L'inoculation aux animaux des cultures pures du bacille tétanique
détermine sûrement le tétanos; mais, contrairement à ce qui s'observe chez
l'homme ou les animaux spontanément atteints de la maladie, l'agent pa-
thogène ne se multiplie pas au point infecté; il disparaît môme, après
quelques heures, de la région où il a été introduit. Les accidents tétaniques
n'en suivent pas moins un cours rapide. Cette particularité est en con-
tradiction avec les données acquises sur les maladies parasitaires, dont
l'évolution est toujours corrélative de la pullulation du microbe pathogène.
L'anomalie s'explique par un fait qui avait échappé aux expérimentateurs :
les cultures du bacille tétanique inoculées agissent seulement par la toxine
qu'elles contiennent; les animaux succombent intoxiqués par le poison
que le bacille a élaboré in vitro, et non parce que celui-ci a vécu et pullulé
dans les tissus. Ce poison est très actif : il suffit en effet de — - de centi-
mètre cube d'une culture stérilisée par filtration pour donner au cobaye
un tétanos mortel, et de )ul)'uun de centimètre cube pour tuer une souris.
» La preuve est facile à donner que le microbe n'intervient pour rien
dans le tétanos expérimental. On peut inoculer à des animaux très sen-
sibles des doses considérables de bacilles tétaniques purs, soit jeunes et
(' ) Ces recherches ont été effectuées au laboratoire du Val de Grâce.
( 24o )
en voie de développement actif, à un moment ou la toxine n'est pas en-
core sécrétée, soit pourvus de leur spore, mais privés par un lavage de toute
trace de toxine, sans produire le tétanos : dans ces conditions l'agent pa-
thogène ne végète pas au sein des tissus, il n'élabore, par suite, pas son
poison et reste incapable de provoquer la maladie.
» Ce fait explique une particularité insolite de l'histoire expérimentale
du tétanos. Tandis que les maladies parasitaires transmissibles à un animal
peuvent se communiquer indéfiniment d'un sujet à l'autre par l'inoculation
des produits (tissus ou humeurs) recelant l'agent pathogène, pour le téta-
nos il n'en est pas ainsi; les produits recueillis sur un animal, sensible au
tétanos, infecté au moyen des cultures pures ne sont pas inoculables. La
raison en est que le microbe, à l'état pur, ne se multiplie pas dans l'animal
inoculé.
» Il résulte encore de ce fait qu'une différence profonde existe entre la
genèse du tétanos inoculé et celle du tétanos qui survient dans les conditions
ordinaires de l'infection. Dans le premier cas on injecte, avec le microbe,
la dose de toxine suffisante pour donner la maladie. Dans le second, des
spores sans toxine déjà préparée souillent une plaie et doivent, avant de
susciter la maladie, germer et élaborer le poison spécifique. Les faits ne
sont pas similaires.
» Ceci nous conduit à une autre difficulté. Etant données l'ubiquité des
germes du tétanos, leur abondance dans le sol et les autres milieux exté-
rieurs, la facilité avec laquelle ils peuvent arriver au contact des plaies, on
ne concevait pas aisément la rareté réelle de la maladie. La raison en est
peut-être bien simple. Nous venons de voir que la pénétration de l'agent
pathogène ne provoque pas fatalement letétanos; certaines conditions sont
nécessaires pour qu'il évolue dans les plaies, et d'autres, au contraire,
ne lui permettent pas d'évoluer.
» Les résultats négatifs de l'inoculation aux animaux, même à dose con-
sidérable, de bacilles ou spores tétaniques sans toxine démontrent que le
microbe seul ne peut pas produire la maladie. Mais il la provoque sûre-
ment si on lui associe un organisme banal, comme le Microbacillus prodi-
giosus. Un moyen non moins propre à donner le tétanos sera d'infecter
une plaie, puis de la laisser ouverte aux souillures extérieures. Cette con-
dition est aisément réalisée en introduisant dans un décollement de la peau
un fragment d'ouate imprégné de quelques spores sans toxine. La plaie
béante est bientôt envahie par des microbes adventices, et toujours le té-
tanos survient.
» Ainsi se trouve établi, avec le rôle des associations microbiennes dans
( 24i )
la pathogénie du tétanos, un fait nouveau dans l'histoire des maladies pa-
rasitaires.
« Les germes pathogéniques aetuellement connus agissent d'autant
mieux et plus sûrement chez l'animal, qu'ils sont purs de tout mélange; la
première condition à réaliser, pour l'étude expérimentale de la maladie
qu'ils provoquent, consiste donc dans l'isolement parfait du virus et son
inoculation à l'état de pureté absolue. Tel n'est point le cas du tétanos : le
virus pur est inoffensif pour l'animal; le virus impur est au contraire très
meurtrier. Seul, le microbe du tétanos est incapable de végéter dans les
tissus d'un animal sain, mais il pullule si l'on fait intervenir simultané-
ment d'autres microbes qui peuvent être ou banaux ou pathogènes. Ainsi
s'expliquent les propriétés tétanigèncs de la terre si riche en microbes di-
vers, et l'inoculabilité des produits recueillis dans les plaies des tétaniques,
où le bacille spécifique est toujours mélangé à des organismes qui ont
favorisé sa pullulation. Mais cette inoculabilité des produits tétaniques a
une limite, car l'on ne peut transmettre la maladie en séries indéfinies,
contrairement à ce qui existe pour les autres affections parasitaires : c'est
que les organismes d'impureté disparaissent dans les passages d'animal à
animal, et le virus épuré devient incapable de végéter.
» De plus, tous les microbes ne possèdent pas l'aptitude à faciliter le
développement du bacille tétanique dans les plaies; c'est seulement le
propre de quelques-uns : aussi comprend-on l'inconstance des effets con-
sécutifs à la souillure des plaies par la terre.
» Outre les associations microbiennes, d'autres circonstances peuvent
encore favoriser l'infection par le bacille tétanique : telle est l'action de
certains agents chimiques sur les tissus (acide lactique, triméthylamine),
telle est aussi la meurtrissure des muscles. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Théorie chimique de la coagulation du sang.
Note de MM. Maurice Arthus et Calixte Pages, présentée par
M. Chameau.
« Les recherches d'Alexander Schmidt ont montré que la coagulation
du sang est un phénomène de fermentation chimique. Le fibrinogène et
la substance fibrinoplastique pour Schmidt, le fibrinogène seul pour Ham-
marsten, sont les matériaux aux dépens desquels se forme la fibrine; le
fibrinferment est l'agent de la transformation. Les expériences que nous
C. R., 189], 1" Semestre. (T. CXII, N° 4 ) 32
( M2 )
avons failes viennent compléter les théories de Schmidt etde Hammarsten,
en mettant en évidence le rôle fibrinoplastique des sels de chaux.
» Si l'on reçoit dans 2DCC d'une solution à 0,9 pour 100 d'oxalate de po-
tasse 22DCC de sang, ce mélange (contenant oBr,ooi d'oxalate pour icc de
sang) ne coagule pas spontanément quelle que soit la température, quelle
que soit la durée de l'observation. On peut remplacer l'oxalate de potasse
par une même quantité d'oxalate de soude ou d'ammoniaque; ou par un
fluorure, un silicate ou un savon alcalins. Tous ces corps peuvent être
employés en solutions concentrées, en solutions étendues ou en poudre
fine. La non-coagulation spontanée d'une quantité déterminée de sang ne
dépend nullement de la dilution du mélange, mais seulement de la quan-
tité de sel employée.
» Ces sels empêchent la coagulation spontanée du sang, qu'ils soient
ajoutés au sang dès sa sortie du vaisseau, ou à un moment quelconque
aussi rapproché qu'on voudra de celui où se serait produite la coagulation
spontanée. Bien plus, ils arrêtent instantanément une coagulation com-
mencée. ;
m Ces sels n'agissent pas à la façon des sels neutres (sulfate de soude,
sulfate de magnésie, chlorure de sodium); car, non seulement il suffit
d'employer des doses de cinquante à cent fois plus faibles, mais encore la
dilution du sang oxalaté, fluoré, etc., ne détermine jamais l'apparition de
fibrine, tandis que la dilution suffisante du sang sulfaté ou chloruré est tou-
jours suivie d'une coagulation.
» Ce n'est pas en précipitant ou en détruisant le fibrinogène, la para-
globuline ou le fibrinferment qu'ils empêchent la coagulation spontanée
du sang; car on peut préparer ces substances en partant du sang oxa-
laté ou fluoré filtré, et l'on ne distingue dans ces mélanges aucun précipité
rappelant les précipités de substances fibrinogène ou fibrinoplastique; le
fibrinferment y existe aussi, car ces liqueurs déterminent la coagulation
des transsudats.
» C'est la décalcification du sang qui s'oppose a la coagulation sponta-
née : les quatre séries de sels employés précipitent, en effet, complète-
ment les sels de chaux. On peut rendre au sang décalcifié la propriété de
coaguler spontanément : il suffit d'ajouter un petit excès de sel de chaux.
» A ioooc de sang oxalaté à o, 001, on ajoute 2CC d'une solution de chlo-
rure de calcium (telle que icc de cette solution est équivalent à osr,o5
d'oxalate). On obtient en quelques minutes un caillot normal par son
aspect, sa consistance, sa rétraction. Mêmes résultats avec les autres sangs
décalcifiés, oxalatés, fluorés, savonnés ou silicates.
( 243 )
« On peut remplacer les sels de chaux par les sels de strontium; mais
les sels de magnésium et de baryum ne peuvent pas faire coaguler le sang
décalcifié.
» Ces sels de chaux interviennent comme générateurs de fibrine. Les
déterminations des chimistes ont montré que la fibrine donne toujours des
cendres calciques. On peut, dans certaines conditions, montrer, en par-
tant du sang oxalaté, que la quantité de fibrine qui s'y forme par addition
de chlorure de calcium est proportionnelle à l'excès de sel de chaux.
L'atome de calcium fait partie intégrante de la molécule de fibrine.
» De ce que, dans le sang oxalaté, le fibrinogène ne subit aucune trans-
formation, il n'en faudrait pas conclure que la présence de sels de chaux,
qui est une condition nécessaire, soit une condition suffisante pour la pro-
duction de la fibrine. Il faut à la fois un sel de chaux et du fibrinferment.
Si, à du plasma oxalaté à o.ooi, on ajoute de l'oxalate ou du fluorure
alcalins, de façon que le mélange renferme o, oo3 à o,oo4 du sel, et si l'on
précipite ces oxalates ou fluorures par un excès de sel de chaux, il ne se
produit pas de coagulation. Mais on peut produire cette coagulation en
ajoutant un peu de sang, de plasma, de sérum, d'une solution de fibrinfer-
ment : c'est que, par l'abondante précipitation calcique qu'on a produite,
on a entraîné mécaniquement tout le fibrinferment. Si donc le fibrinfer-
ment sans sels de ehaux ne peut pas transformer le fibrinogène, les sels
de chaux sans fibrinferment ne peuvent pas non plus effectuer cette trans-
formation.
» En nous appuyant sur les travaux de Schmidt, de Hammarsten, et
sur les faits ci-dessus exposés, nous proposons cette nouvelle théorie de
la coagulation du sang:
» Sous l'influence du fibrinferment, et en présence des sels de chaux,
le fibrinogène du plasma sanguin est décomposé en deux substances : l'une
(virtuelle) donnant un composé calcique insoluble, la fibrine; l'autre
restant en solution dans le sérum (globuline coagulable à 64°).
» Les faits qne nous venons d'énoncer permettent de modifier avanta-
geusement un grand nombre de points de technique physiologique. Nous
nous bornons à indiquer les conséquences suivantes :
» Préparation d'un sang non spontanément coagulable ; préparation du
plasma sanguin, du fibrinogène, de la plasmine de Denis; préparation de
plasmine non spontanément coagulable, de paraglobuline débarrassée de
fibrinferment. Possibilité d'étudier au microscope la formation de la
fibrine en l'absence des éléments figurés. Emploi des solutions décalci-
( 244 )
fiantes comme liquides antihémostatiques, utilisables en particulier pour
l'inscription des pressions sanguines, etc. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Note à propos du diabète; par M. H. Arnaud.
« Les nouveaux faits communiqués par MM. Lépine et Barrai intéressent
tous ceux qui s'occupent de la question du diabète. On y trouve une con-
firmation nouvelle des premiers résultats obtenus par ces expérimenta-
teurs, et la démonstration définitive de ce fait, constaté pour la première
fois par Cl. Bernard, que le sucre disparaît dans le sang in vitro. Celte
disparition persiste, augmente même peut-être, avec la température, tant
que le sang n'a pas subi une modification considérable, telle que celle qui
peut résulter d'une température élevée (54° au moins).
» Mais M. Lépine ajoute que, dans ce dernier cas, il y a destruction d'un
ferment glycoly tique, et explique ainsi le défaut de disparition du sucre
contenu dans le sang. Je pense, au contraire, que cette action des tempé-
ratures élevées s'explique par une atteinte des propriétés vitales du sang,
et en particulier de son pouvoir d'assimilation et de transformation en gly-
cogène du sucre sanguin. Ce pouvoir étant anéanti, le sucre persiste sans
modification dans le sang, tout au moins jusqu'à ce qu'il subisse la trans-
formation lactique, qui n'arrive que lentement.
» Si, dans le cas de diabète par ablation du pancréas, le sucre diminue
moins qu'à l'état sain, ainsi que l'affirme M. Lépine, c'est que justement,
dans ce diabète, il y a atteinte du pouvoir d'assimilation du sang pour le
glycose
» Si le sucre était réellement détruit dans le sang à son arrivée dans ce
liquide, il y aurait là une destruction de combustible non justifiée, de
l'utilité de laquelle on ne se rendrait pas compte. C'est, en somme, au ni-
veau des tissus que se fait la consommation principale de combustibles, et
que se produisent le travail et la chaleur organiques. Or, comment cette
combustion nutritive serait-elle possible, à ce niveau, si le sucre était déjà
détruit dans le sang avant d'être parvenu jusqu'aux tissus?
» C'est pourquoi je persiste à penser que le sucre disparaît bien dans le
sang in vitro, en tant que sucre, mais qu'il n'y est pas consommé, qu'il
s'y retrouve à l'état de glycogène; et que normalement, quand le sucre a
pénétré dans le sang par les veines sus-hépatiques, il disparaît aussi en ap-
parence, il n'est plus à l'état de liberté dans le sang; mais il y est à l'état de
( 245 )
combinaison, et sous la forme de glycogène, pour reprendre son état de
glycose, au moment où celui-ci doit être utilisé pour produire chaleur et
travail, c'est-à-dire au niveau des capillaires généraux. »
ANATOMIE GÉNÉRALE. — Sur le développement des fibres musculaires. Note
de M. Louis Roule, présentée par M. Milne-Edwards.
« Les recherches que je poursuis sur le développement des feuillets
blastodermiques et des tissus chez les Arthropodes m'ont amené à exami-
ner chez plusieurs d'entre eux, et notamment chez les Crustacés isopodes
du genre Porcellio, l'origine première de leurs fibres musculaires striées.
Le mésoderme de ces êtres s'organise suivant le procédé mésenchyma-
teux, et ses éléments, constitués par une mince zone de protoplasme fine-
ment granuleux entourant un noyau, sont plongés dans une abondante
substance fondamentale. Certains d'entre eux, assemblés en groupes com-
pacts sur les côtés du corps de l'embryon, constituent les ébauches de la
musculature somatique.
■» Chacune de ces cellules produit un faisceau primitif. A cet effet, l'élé-
ment rétracte ses expansions pseudopodiques, prend une forme ovalaire et
s'accroît par l'addition de nouvelle matière plasmique; celle-ci n'est pas
formée de protoplasme granuleux et semblable aux portions existant déjà,
mais de substance contractile. Cette dernière se dépose d'abord sur les
deux extrémités de la cellule, puis s'étend sur la périphérie entière, le dé-
pôt étant toujours plus abondant vers les extrémités, afin que l'élément
croisse de préférence suivant son axe longitudinal. Le protoplasme gra-
nuleux primitif est ainsi enveloppé par une gaine de substance contractile
et se trouve placé, avec le noyau qu'il renferme, vers le milieu de celle-ci;
il conserve cette situation désormais et reste central. La substance muscu-
laire produite en premier lieu, située par conséquent autour du noyau et
en dedans des portions plus récentes, se résout d'abord en fibrilles : la
différenciation fibrillaire commence donc vers le centre de la cellule mus-
culaire, et non vers la périphérie; une coupe transversale, pratiquée au
niveau du noyau, montre ce dernier dans l'axe même de la fibre, et ensuite
en allant de dedans en dehors, le protoplasme granuleux, la substance
contractile profonde divisée en fibrilles, et tout à l'intérieur la substance
contractile périphérique encore homogène. Ce procédé génétique est sem-
blable à celui présenté par les fibres musculaires lisses d'origine mésenchy-
( 246 )
mateuse; la seule différence porte sur la modification des fibres d'Arthro-
podes, qui deviennent striées, cette modification procédant encore du
centre de la périphérie.
» Ces faits, dont plusieurs ont été observés déjà par divers auteurs, et
notamment par R. Rœhler, sont différents de ceux offerts par les fibres
striées des Vertébrés. La substance contractile de ces dernières finit bien
souvent par envelopper le noyau primitif; mais elle apparaît d'abord sur
l'une des faces ou sur deux faces de l'élément primordial, et non sur ses
deux extrémités; elle n'entoure le noyau qu'à une période tardive, et ce
dernier possède fréquemment une situation excentrique. En outre, les
premières fibrilles naissent vers la périphérie de la fibre, et non dans sa
région centrale. Ces dissemblances tiennent à l'origine épithéliale des
fibres musculaires somatiques des Vertébrés, et confirment, en les éten-
dant, les opinions exprimées par les frères Hertwig dans la théorie du
cœlome.
» Aux deux origines, épithéliale et mésenchymateuse, du tissu muscu-
laire correspondent des procédés particuliers de développement. Lorsque
la fibre provient d'éléments épithéliaux, la substance contractile se dépose
d'abord sur l'une des faces de l'élément et y forme souvent un amas volu-
mineux, alors que les autres régions conservent leur structure normale;
l'enveloppement complet du protoplasme initial par la substance muscu-
laire se produit assez tard, et seulement dans les cas où cette dernière
prend une extension considérable. Par contre, lorsque la fibre dérive de
cellules mésenchymateuses, la substance contractile se dépose dès le début
tout autour du protoplasme, en commençant par les extrémités de la cel-
lule, et forme hâtivement une gaine entourant le noyau, celui-ci conservant
sa position centrale. Le premier type et le second s'appliquent également
aux fibres lisses et aux fibres striées : les fibres lisses des Némalodes, par
exemple, et les fibres striées somatiques des Vertébrés se développent sui-
vant le premier mode; les fibres lisses des Mollusques et les fibres striées
des Arthropodes suivant le second. Ces considérations concourent, en outre,
à montrer que la présence de la striation est indépendante de l'origine
même des fibres.
» Dans les deux cas, tantôt le noyau reste unique, et il en est fréquem-
ment ainsi pour les fibres lisses, tantôt il se multiplie et transforme l'élé-
ment primordial en faisceau primitif plurinucléé. '
» J'exposerai, dans une prochaine Note, le mode de développement des
autres lissus mésodermiques et du svstème circulatoire. »
( ^47 )
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — La vision chez les Gastropodes pulmonés.
Note de M. Victor Willem.
« Les quelques notions que nous possédons sur la vision des Gastro-
podes pulmonés sont le résultat d'expériences fort incomplètes et peu con-
nues, dues à des observateurs anciens pour la plupart, comme Lister(i694),
Swammerdam (1738), Leiichs (1820), Steifensand (1825), Lespès (i85i).
« Ayant entrepris l'étude expérimentale de la vision chez ces Mol-
lusques, j'ai fait de nombreuses observations, et dans une chambre et à la
campagne, sur une série d'individus appartenant à des espèces variées,
terrestres ou aquatiques : Hélix pomatia, L. ; H. nemoralis, L. ; H. aspersa,
Midi.; H. horlensis, Mi'ill. ; H. fruticum, Midi.; H. lapicida, L. ; H. incar-
nata, Midi.; Arion empiricorum, Fér. ; Limax cinereo-niger, Wolf; L. ci-
nereus, List. ; L. arborum, Bouch. ; L. agrestis, L. ; Hyalina glabra, Stud. ;
Succinea putris, L. ; Liinnœa stagnalis, L. ; L. palustris, Drap.; Amphipeplea
glutinosa, Midi.; Planorbis corneus, L. ; Physa fontinalis , L,
» Ces observations me permettent de formuler les conclusions sui-
vantes :
» i° Les Gastropodes pulmonés possèdent une sensibilité tactile fort
développée, leur permettant de percevoir de faibles secousses du sol qui
les porte et de légers mouvements du milieu ambiant.
» 20 Les Pulmonés terrestres voient fort mal et se dirigent principale-
ment au moyen de leurs sensations olfactives et tactiles. Ils perçoivent
une image confuse des objets volumineux, à une distance qu'on peut éva-
luer à un centimètre environ. Ils ne distinguent la forme des objets, d'une
manière passable, qu'à une distance de un à deux millimètres.
» 3° Les Pulmonés aquatiques n'ont de vision distincte à aucune dis-
tance.
» 4° Il n'existe pas, chez ces Mollusques, de visibilité spéciale des mou-
vements, visibilité démontrée chez les Arthropodes par les observations d'une
série de naturalistes et par les recherches expérimentales de Jorel et de
Plateau.
» Ayant fait des séries d'observations en employant, à l'instar de Graber,
des récipients présentant une moitié éclairée et une moitié relativement
obscure, j'ai obtenu les résultats suivants :
» i° En général, les Pulmonés réagissent sous l'action de la lumière,
( 248 )
d'une manière plus ou moins énergique suivant les espèces considérées.
Pour une espèce donnée, l'intensité de la réaction varie dans le même
sens que celle de la lumière. Parmi les espèces étudiées : Hélix aspersa,
Mùll. ; Arion empiricorum, Fér. ; Limax cinereus, List. ; Limax cinereo-mger,
Wolf ; L. variegatus, Drap. ; L. arborum, Bouch. ; L. agrestis, L. ; Planorbis
corneus, L. ; P. marginatus, Drap.; P. vortex, L., sont leucophobes; tandis
que Eelix nemoralis, L. ; H. pomatia, L. ; Succinea putris, L. ; Limncea sta-
gnalis, L., sont leucophiles.
» 20 II existe, chez les Gastropodes pulmonés, des perceptions derma-
toptiques ; elles se manifestent, chez les différentes espèces, par des réac-
tions d'une intensité fort variable. Ainsi, la réaction provoquée chez des
Hélix aspersa aveuglés, en un laps de temps de quinze minutes, par les
sensations dermatoptiques, a une valeur'sensiblement égale à la moitié de
celle que produirait l'ensemble des perceptions lumineuses chez des indi-
vidus normaux ; chez les Hélix nemoralis, le rapport de ces deux valeurs
est approximativement un huitième. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Influence de quelques causes internes fur la
présence de l'amidon dans les feuilles. Note de M. Emile Mer, présentée
par M. Duchartre.
« D'après les données expérimentales que nous possédons sur les con-
ditions qui favorisent l'amvlogénèse, on serait porté à croire qu'on doit
toujours rencontrer l'amidon en plus grande quantité dans les feuilles bien
insolées, vigoureuses, et principalement dans le parenchyme correspondant
à la face la mieux éclairée. Il semblerait aussi qu'on dût constamment en
trouver plus en été qu'en automne et au printemps; or les choses sont
loin de se passer avec cette régularité. Bien souvent, au cours de re-
cherches d'un autre ordre, j'avais eu l'occasion de constater à cet égard
de singulières anomalies. Je me suis décidé à faire de cette question une
étude suivie. Dans ce but, j'ai mis en observation pendant tout le cours
d'une période végétative, c'est-à-dire du commencement d'avril à la fin
d'octobre, un certain nombre de plantes d'espèces diverses, placées dans
des conditions de milieu fort variées sous le rapport de la situation et de
l'éclairage. Je me suis surtout adressé à des arbres, principalement à des
Conifères (Pins, Sapins, Épicéas), qui me paraissent particulièrement
propres à ce genre de recherches. Pendant la durée de cette période j'ai eu
( 249 )
constamment ces sujets sous les yeux; j'ai pu ainsi constater les moindres
variations qui se sont produites dans la teneur des feuilles en amidon. Ces
observations ont été faites dans les Vosges, à 75oro d'altitude. Pour faire
mieux saisir les différences constatées, je diviserai la période envisagée en
quatre phases.
» Première phase : avril et mai. — En examinant au commencement d'avril des
plantes à feuilles persistantes et notamment les Sapins et Epieras, on voit apparaître
dans la chlorophylle, encore à l'état hivernal, de petits grains amylacés qui grossissent
peu à peu, arrivent à se toucher et finissent par remplir les cellules. On en trouve dans
les feuilles de tout âge, même sur les sujets mal (■claires. C'est certainement l'époque
de l'année, où ces feuilles renferment le plus d'amidon. Pour les Pins, c'est même
presque la seule où cette substance se rencontre en quantité notable. 11 est curieux de
constater une pareille production d'amidon dans une saison où la température est en-
core peu élevée, où la radiation solaire n'est pas très vive, où les journées sont même
souvent brumeuses et où, dans les montagnes, la neige couvre parfois encore le sol.
» Deuxième phase : de juin à la. mi-août. — A mesure que le printemps s'avance
et que les rameaux se développent, les grains amylacés diminuent de grosseur en
même temps qu'augmente l'épaisseur de l'enveloppe chlorophyllienne. Quand le
temps est beau, les feuilles renferment beaucoup d'amidon dans tout le parenchyme;
celles qui sont vieilles ou ombragées en possèdent moins. On en trouve plus dans la
flèche que dans les rameaux supérieurs, et surtout que dans ceux du bas. Après une
série de jours pluvieux, cette distribution est modifiée. Les jeunes feuilles contiennent
toujours plus d'amidon que les vieilles, mais cette substance est presque entièrement
localisée dans la face la moins éclairée. En outre, les feuilles ombragées en renfer-
ment parfois plus que celles qui sont mieux exposées au jour.
» Troisième phase : de la mi-août à la fin de septembre. — A cette époque, la
teneur des feuilles en amidon varie beaucoup suivant les espèces. Chez les unes, on en
rencontre dans toute l'épaisseur du limbe ; chez]d'autres, dans le parenchyme inférieur
seulement; d'autres enfin en sont complètement dépourvues. Le caractère dominant
de cette phase est la pénurie d'amidon, même par un beau soleil et une température
élevée (20° à 25"). Si l'on compare cet état de choses à celui qui a été signalé au
début du printemps, on ne peut s'empêcher d'être frappé de l'indépendance des con-
ditions extérieures qui, à ces deux époques, caractérisent l'amylogénèse.
» Quatrième phase : octobre. — L'amidon continue à être très rare dans les feuilles.
Toutefois, pendant les belles journées de ce mois, souvent assez nombreuses en mon-
tagne, il en réapparaît un peu dans celles d'Épicéa, d'où il avait disparu en septembre.
Mais alors, c'est dans la face la plus éclairée qu'il se cantonne de préférence. De plus,
contrairement à ce qui se passait auparavant, il arrive assez souvent qu'on en ren-
contre dans les feuilles âgées plus que dans celles de l'année, dans les branches basses
plus que dans la flèche ou les rameaux supérieurs. A cette époque, la distribution de
l'amidon est très irrégulière, variable d'un jour à l'autre, d'une feuille à sa voisine.
On peut en trouver à la base d'un de ces organes sans en trouver au milieu ni au
sommet, ou réciproquement. Bien plus, dans une même préparation, il y a de notables
différences suivant les cellules.
C. R., 1891, i« Semestre. (T. CX1I, Nr 4.) 33
( 2DO )
» Les faits précédents montrent que le rapport entre la production et la
résorption de la matière amylacée des feuilles est soumis à des variations
incessantes dans le cours d'une période végétative. Au début du printemps
l'amylogénèse est une des premières fonctions qui se rétablissent à la suite
du sommeil hivernal; elle apparaît avant l'évolution des bourgeons, avant
le réveil de l'activité cambiale. La recette l'emporte alors sur la dépense:
d'où, accumulation d'amidon dans les feuilles. Plus tard, cette sub-
stance trouvant son emploi dans la formation des nouveaux tissus, la res-
piration, d'autre part, devenant plus active, les feuilles en renferment
moins, même quand les conditions extérieures sont plus favorables à
l'amylogénèse. Dans les belles journées, la recette est encore supérieure
à la dépense, mais il n'en est plus de même quand le temps est couvert.
L'absence d'amidon du parenchyme supérieur, après quelques jours de
pluie, prouve qu'à cette époque la formation de cette substance est plus
influencée que sa migration par la diminution de l'éclairage. A l'automne,
recette et dépense sont très affaiblies, mais la dernière l'est encore plus,
parce que toute croissance a cessé; aussi voit-on un regain d'amidon appa-
raître par les beaux jours dans quelques feuilles, notamment dans celles
qui, par leur âge, sont soumises à une déperdition aussi réduite que pos-
sible.
» Toutes les causes cpii entravent la migration de l'amidon en favo-
risent l'accumulation dans les feuilles. Ainsi, parmi mes sujets d'étude, se
trouvaient des Épicéas qu'on avait taillés depuis plusieurs années pour en
faire une haie. J'ai reconnu que leurs feuilles renfermaient toujours plus
d'amidon que celles de leurs voisins non taillés, ce qu'il faut attribuer à ce
cpie l'écoulement en était plus lent, l'espace consacré à la réserve amylacée
se trouvant notablement réduit par les amputations successives de bran-
ches.
» Une accumulation semblable d'amidon se présente encore assez sou-
vent, et même à un degré plus prononcé dans les sujets dont la crois-
sance est très ralentie pour des causes diverses. Ainsi j'ai vu des feuilles
de Sapin rabougries renfermer des grains d'amidon plus nombreux et plus
gros que celles des sujets les plus vigoureux. Il en est de même pour les
jeunes arbres dont la végétation est languissante à la suite de la trans-
plantation, pour les plantules souffreteuses quelque temps après la germi-
nation et parfois même pour des Épicéas végétant sous un couvert épais.
» On ne saurait toutefois expliquer la rareté de l'amidon dans les feuilles
à la fin d'août et au mois de septembre, même pendant les journées
chaudes et ensoleillées, par le seul rapport entre la production et la résorp-
( 2DI )
lion de cette substance, car au commencement de l'automne la dépense
est très réduite, puisque toute croissance est à peu près arrêtée. Si l'on
rapproche cette pénurie de l'abondance signalée plus haut au premier
printemps, même dans des conditions défavorables, on est forcé de recon-
naître que, sous l'influence de certaines causes internes encore indéter-
minées, l'amylogénèse est par elle-même très variable suivant les époques
de l'année. C'est à la suite du sommeil hivernal qu'elle s'exerce avec le
plus d'énergie; à la fin de l'été, elle semble épuisée. Il y a là sans doute
un de ces phénomènes de périodicité interne comme on en a signalé plu-
sieurs dans la vie végétale, tels que le développement des tubercules et
des bulbes, ainsi que l'acte de la floraison, lesquels, comme on le sait, ne
peuvent se produire qu'à des époques déterminées. »
BOTANIQUE. — Contribution à l'étude des Bactériacées vertes. Note
de M. P. -A. Dangeakd, présentée par M. Duchartre.
« Dans le cours de mes recherches sur les Algues d'eau douce, j'ai eu
l'occasion d'en rencontrer une dont les allures et le mode de sporulation
fixèrent particulièrement mon attention. Elle formait des spores endogènes
à la manière des Bactériacées, bien qu'elle possédât une teinte verte.
» A la vérité on a déjà signalé des Bactériacées colorées en vert par de
la chlorophylle. M. van Tieghem en a décrit deux espèces appartenant à
deux genres différents : Bacleriumviride, Bacillus virens ('); d'après M. E.
de Wildeman (2) il y aurait encore une certaine incertitude sur leur place
dans la famille des Bactériacées et aussi sur leur distinction spécifique.
» L'autonomie des deux espèces de Bactériacées vertes est conservée
par M. van Tieghem dans la nouvelle édition de son Traité de Botanique :
l'Algue que nous allons maintenant décrire est destinée à prendre place
dans le même groupe.
» Elle tapissait à une certaine profondeur la paroi de nos flacons de
culture ; les filaments très ténus sont d'une grande longueur et enchevêtrés
les uns dans les autres; je n'ai aperçu sur les filaments végétatifs ni cloi-
(') Va.n Tieghem, Observation sur les Bactériacées vertes (Bulletin de la Société
botanique de France; 1880.
(2) E. de Wildeman, Sur l'UIothrix llaccida Kutz. et le Stichococcus bacillaris
Nacq [Société royale de botanique de Belgique (Bulletin, t. XXVII, 2e Partie)].
( »5a )
sons ni ramifications. Le contenu du filament est hyalin, sans aucune gra-
nulation; il possède une légère teinte verte; la coloration s'accuse davan-
tage au moment de la formation des spores; il n'existe aucun chloroleucite ;
la chlorophylle est uniformément dissoute dans le protoplasma.
» La formation des spores communique à cette Algue des caractères
particuliers; elle se trouve transportée en cellule humide avec d'autres
Algues que j'avais en culture, et là elle développe ses spores en assez
grand nombre. Le même filament en présentait souvent plus d'une dizaine :
les unes rapprochées par groupes de trois ou quatre, les autres isolées;
dans les cas favorables, on pouvait distinguer une cloison séparant chaque
spore.
» Ces spores avaient une longueur de 6|x à 8 |x sur une largeur de 3 jj. : leur forme
était elliptique; à maturité, la membrane possédait un contour net, alors que celui
du filament sporifère était plus ou moins gélifié; leur couleur était très nettement verte.
Le protoplasma ne conserve pas toujours, pendant la formation des spores, le carac-
tère hyalin qu'il possède dans les filaments végétatifs : des granulations réfringentes
se montrent parfois dans les spores; elles sont au nombre d'une ou deux en gé-
néral.
» Tandis que les filaments végétatifs nous ont toujours paru simples, les filaments
sporifères se sont montrés quelquefois ramifiés.
» Si l'on cherche à se rendre compte du mode de développement de ces spores, on
voit que les filaments ont d'abord un diamètre égal dans toutes leurs parties ; puis, on
les voit se renfler en certains points : ces renflements sont allongés suivant l'axe. On
les distingue comme de petits nodules à leur couleur verte plus foncée que celle du
filament lui-même, ce qui tient à ce que le protoplasma vient s'accumuler peu à peu
dans ces nodules. Entre deux renflements, on distingue souvent une cloison et dans
ces renflements une ou deux granulations réfringentes.
» La formation de la spore n'a lieu que lorsque le nodule a atteint une grosseur
suffisante : il se produit une très légère contraction de la masse du proloplasma qui
remplit le filament et cette masse se recouvre d'une membrane propre pour consti-
tuer la spore.
» Il ne nous est pas possible de dire si tout le protoplasma du filament est employé
à la formation des spores ou si une partie reste inutilisée : la nature hyaline du pro-
toplasma rend la solution de cette question extrêmement difficile.
» On remarquera que les spores ne se forment point tout à fait comme
dans les Bactériacées ordinaires : ce n'est pas une tache sombre qui se dé-
veloppe, grossit, se nourrit aux dépens des réserves de la cellule, pour
s'entourer finalement d'une forte membrane : c'est la masse entière du pro-
toplasma du renflement qui se contracte, abandonne la paroi, devient de
plus en plus réfringente et s'entoure d'une membrane.
( 253 )
» Je dois ajouter que ce dernier mode de sporulation a déjà été observé
par M. L. Klein sur cinq espèces qu'il rapporte au genre Bacillus ( ' ); dans
ces espèces, les spores ont également nue couleur verdàtre, mais le mycé-
lium serait gris argenté.
» L'Algue que nous venons de décrire ne peut guère être placée dans
le genre Bacillus : son organisation est déjà plus élevée. En proposant pour
elle le genre Eubacillus, nous désirons marquer les affinités étroites qu'elle
présente avec les Bacilles ; on pourrait faire rentrer dans ce nouveau genre
les cinq espèces décrites par M. L. Klein ; de cette manière, les Eubacillus,
caractérisés par le mode de formation des spores et leur couleur verte,
comprendraient deux sections. Dans l'une, les filaments sporifères peu-
vent être ramifiés, ainsi qu'il résulte de notre description (E. mullisporus
sp. nov.); dans l'autre, les filaments sporifères restent simples (B. de Ba-
ryanus L. Klein, B. SolmsiiL. Klein, etc.).
» On ne peut s'empêcher de comparer le mode de sporulation par con-
densation du protoplasma en spores avec l'enkystement des Flagellés; on
sait, d'un autre côté, que la sporulation des Leuconostoc rappelle étroite-
ment celle des Cyanophycées.
» Lorsqu'on veut se rendre compte des affinités des Bactériacées, trois
alternatives se présentent donc :
» i° Ce groupe dérive directement des Flagellés et conduit aux Cyano-
phycées et peut-être à certaines Chlorophycées;
» 2° Ce groupe résulte d'une dégradation d'Algues vertes et bleues.
» 3° Les Bactériacées n'ont pas la même origine ; les unes se rattachent
aux Flagellés, les autres descendent des Cyanophycées et des Chloro-
phycées.
» La question ne nous parait pas mûre pour la solution. »
MINÉRALOGIE. — Conclusions auxquelles conduit l'élude des enclaves
des trachytes du Mont-Dore. Note de M. A. Lacroix, présentée par
M. Fouqué.
« Les trachytes du Mont-Dore renferment (et particulièrement au Ca-
pucin et au Bivcau-Grand) un nombre considérable d'enclaves de roches
étrangères. Ces enclaves sont intéressantes au double point de vue géolo-
gique et mincralogique.
(') L. Klein, Botanische Baclerienstudien (Dcuts. bol. Gesellschafl, 1889; t. VII.
( 254 )
)> Considérations géologiques. — Ces enclaves peuvent être rapportées à
deux groupes :
» i° Des roches quartzifères (gneiss à cordiérite, granités, fragments
de quartz);
» 2° Des roches feldspathiques, parmi lesquelles se trouvent :
» a. Des types connus dans la vallée du Mont-Dore en coulées (tra-
c/iytes augitiques, trachyles augitiques à olivine, andésites augitiques, etc.,
tous à hornblende résorbée), ou en filons {andésites amphiboliques à horn-
blende intacte) ;
» b. Des andésites à hornblende (de structure et composition spéciales)
passant à des types ophitiques et même granitoïdes analogues à des dia-
bases, roches inconnues en place au Mont-Dore et qui doivent être consi-
dérées comme ayant été émises en masses épaisses, dans lesquelles un
refroidissement lent a permis le développement des diverses structures
énumérées plus haut. Ces roches ont leur hornblende résorbée et ne sont
pas des roches de profondeur; elles sont au moins inlrusives, puisqu'elles
renferment elles-mêmes des enclaves de roches étrangères, tout comme le
trachyte qui les englobe;
» c. Des roches grenues, d'origine indécise (gneiss basiques ou roches
de prof on deur ? ) ;
» d. Des roches véritablement grenues à la façon de diorites et diabases
anciennes, roches à amphibole brune toujours intacte qui doivent être
considérées comme ayant cristallisé en profondeur.
» Il est remarquable de voir réunies en enclaves dans le trachyte de la
même région des roches de structure, de composition et d'origine aussi
diverses.
» Dans les deux gisements du Capucin et du Riveau-Grand, distants
d'environ 3km, on voit varier la nature de ces enclaves. Au Capucin, les
roches grenues de profondeur sont très rares ainsi que les types connus
en place; les roches quartzifères, au contraire, y sont fréquentes. Au Riveau-
Grand, ces dernières font défaut; les roches du type b sont peu abon-
dantes, et ce sont les roches connues en place qui dominent. Les roches
grenues de profondeur, quoique plus abondantes qu'au Capucin, n'y sont
pas communes.
» Il est intéressant de remarquer que si l'on passe en revue les cristaux
du stade intratellurique de toutes ces enclaves microlitiques, on y ob-
serve les silicates suivants : olivine, sphène, pyroxène, amphibole, biotile,
feldspath triclinique et orlhose. Or les termes extrêmes de cette série (oli-
vine et orlhose) manquent dans les enclaves grenues de profondeur.
( 255 )
» Considérations minéralogiqacs. — Deux faits ressortent tout d'abord :
» i° Les enclaves sont toujours riches en minéraux secondaires déve-
loppés dans des cavités.
» 2° Ces enclaves ont été le siège de phénomènes métamorphiques va-
riés (destructions partielles, épigénies, apports).
» Toutes conditions égales d'ailleurs, lorsqu'une roche solide est en-
globée dans un magma volcanique, les modifications qu'elle subit sont
d'autant plus intenses qu'il y a une plus plus grande différence entre
l'acidité de la roche enclavée et celle de la roche enclavante. En vertu de
ce principe, ce sont les roches quartzifères qui sont le plus modifiées.
» Modification des roches quartzifères. — Les gneiss à cordiérite enclavés
sont constitués par du quartz, du feldspath et un certain nombre d'autres
minéraux (andalousite, cordiérite, sillimanite, corindon, grenat, biotite). Ces
derniers minéraux ne sont pas attaqués par le magma trachytique, tandis
que le quartz et les feldspaths sont résorbés; mais, au fur et à mesure
qu'ils disparaissent, ils sont remplacés par de l'orthose de nouvelle géné-
ration (accompagnée d'un peu de tridymite), de telle sorte que les frag-
ments de gneiss ne se déforment pas. Le volume de l'orthose régénérée
n'étant pas en général égal au volume quartzofeldspalhique résorbé à
cause de la disparition du quartz, il en résulte des cavités dans lesquelles
cristallisent : orthose, tridymite, hrperslhène, magnétite, spinelle, oligiste.
Les enchevêtrements de cordiérite, andalousite, etc., constituent l'ossature
de ces géodes. La biotite est transformée en un mélange de magnétite et
d'hypersthène.
» Cette facile résorption du quartz et du feldspath explique pourquoi on
ne trouve pas dans le trachyte d'enclaves de gneiss franc et pourquoi les
enclaves de granité et de quartz sont rares.
» Modifications des enclaves volcaniques. — Les phénomènes constatés
dans les enclaves volcaniques sont d'un tout autre ordre. Leur composi-
tion étant voisine de celle du trachyte, on n'y observe pas de destruction
apparente; il y a seulement cristallisation de minéraux dans les vacuoles.
Il est probable que ces enclaves ont été imbibées de gaz et de liquides
charriant des principes minéraux qui, une fois la roche englobée parle
trachyte, se sont trouvés en quelque sorte en vase clos et ont laissé dépo-
ser, sous forme de pyroxène, hypersthène, etc., les éléments minéraux
qu'ils transportaient. L'enclave a cependant réagi sur les fluides absorbés
en modifiant leur composition, puisque les minéraux ou les associations
de minéraux contenus dans les enclaves de nature différente, englobés
( 256 )
côte à côte dans le même bloc de trachyte, ne sont pas les mêmes. C'est
ainsi que dans les enclaves d'andésites et de diabases on trouve : hyper-
sthène, pyroxène, zircon, orthose, tridymite; dans les trachyles augi-
tiques : hornblende, pyroxène et orthose; pseudobrookite, hypersthène;
fayalite, magnétite, biotite, hypersthène. Lorsque l'enclave a été attaquée,
elle l'a été d'une façon faible (probablement par agrandissement de cavi-
tés préexistantes ou attaque de grands cristaux feldspathiques) ou tout au
moins d'une façon uniforme sur tous ses éléments; s'il s'est développé
dans sa pâte des minéraux nouveaux, ils sont identiques aux minéraux
anciens, car on ne peut les en distinguer.
» Au point de vue de la distribution des minéraux nouveaux dans les
enclaves, il y a lieu de faire remarquer que le pyroxène monoclinique, la
pseudobrookite, la fayalite, la biotite, la hornblende et le zircon sont spé-
ciaux aux enclaves non quartzifères; que l'hypersthène, la tridymite et
l'orthose, au contraire, se trouvent dans toutes les catégories d'enclaves.
» En résumé, les modifications subies parles enclaves de roches quartzi-
fères et de roches volcaniques sont très différentes. Les roches quartzifères
sont en partie détruites, leur quartz disparaît et n'est qu'incomplètement
remplacé par de la tridymite, leur feldspath est résorbé et remplacé par
de l'orthose de nouvelle génération, et dans les cavités produites par cette
altération naissent des minéraux n'existant ni dans le trachyte ni dans la
roche quartzifère avant son englobement. L'enclave fournit en grande
partie les matériaux des minéraux nouveaux. Dans le cas des roches vol-
caniques, au contraire, l'enclave agit surtout comme absorbant de fluides
dont elle modifie ensuite la composition. On s'explique dès lors pourquoi
le minéral nouveau qui domine dans les enclaves acides est l'orthose
(puisque l'enclave qui a fourni en grande partie la matière des minéraux
nouveaux était elle-même riche en orthose), tandis que ce même minéral
ne se trouve qu'en enduit dans les enclaves volcaniques où il a été en
partie apporté. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Influence de la nature du terrain sur la température
du sol. Note de MM. Cii. Axdré et J. Rauux, présentée par M. Mas-
cart.
« Nous donnons ici quelques-uns des résultats déduits d'une série d'ob-
servations, faites du 3i mars 1888 au 3o juin 1890 (observations conti-
( a57 )
nuées depuis), au champ d'expériences de la Station agronomique du
Rhône, en vue d'étudier l'influence de la nature du sol sur la propagation
de la chaleur à son intérieur.
» Dans ce but, on a enlevé, sur uae étendue de 5a et à une profondeur de om,o,o,
la terre végétale du champ d'expériences de la Station, et on lui a substitué, par
carrés de ia chacun, l'un des terrains, que nous désignons par tourbe, argile, sable,
calcaire, composés comme suit (le cinquième carré étant occupé par un mélange à
volumes égaux des quatre précédents) :
Tourbe. Argile. Sable. Calcaire.
Humus 67,3 0,0 0,0 0,0
Argile 0,0 a5,4 4>5 0,0
Calcaire 20,1 0,0 20,7 61, 4
Sable 12,6 74,4 74 > 8 38,6
le sous-sol restant formé par du gravier des alluvions du Rhône.
» Au milieu de chaque carré on a installé deux thermomètres Tonnelot, donnant le
^ de degré, dont les réservoirs sont placés à om,3o et om,5o de profondeur, et qui
sont protégés par des cages cubiques de o"',5o en toile métallique de 5mm de maille.
Ces thermomètres ont été observés chaque jour à une heure convenable, en même
temps que l'on prenait, au moyen d'un thermomètre-fronde, la température de l'air
ambiant.
» Ces observations confirment les résultats généraux déjà connus sur
ces variations thermométriques, et en particulier ceux que l'on déduit des
belles recherches de MM. Becquerel; mais, au point de vue spécial qui
nous occupe, le fait saillant à remarquer est la distinction très nette qui
sépare la terre de tourbe des autres terres; les oscillations thermiques y
sont beaucoup moins accentuées et les variations de température beaucoup
plus lentes. Ainsi :
» i° A om, 20 de profondeur, le minimum diurne est atteint dans la
tourbe vers 4h du soir, et le maximum vers 4h du matin ; dans les trois
autres terres, ces heures, un peu différentes pour chacune d'elles, sont
voisines de 911 du matin et de 8h du soir ; d'ailleurs, à cet égard, c'est le
calcaire qui diffère le moins de la tourbe, puis l'argile et enfin le sable.
» Or, la rapidité plus ou moins grande de transmission des variations
thermiques, et par suite la différence des heures obtenues dans les diverses
terres doivent surtout tenir aux différences de leurs pouvoirs conduc-
teurs ; on doit en conclure que l'ordre décroissant de leurs conductibilités
est : sable, argile, calcaire, tourbe.
» 20 Aux époques de l'année, janvier et juillet, où la température
C. R., 1891, 1" Semestre, (T. CX1I, ,V 4.) 34
( 2-»8 )
moyenne diurne devient sensiblement stationnaire, la température de la
terre de tourbe s'élève de plusieurs degrés au-dessus de celle des autres
terres ; celles-ci présentent entre elles des différences beaucoup moindres
et l'ordre décroissant des températures stationnaires est : tourbe, sable,
argile et calcaire.
» Or, ces différences de température tiennent évidemment, dans ce
cas, aux différences des pouvoirs absorbants.
» Ceux-ci suivent donc l'ordre décroissant, tourbe, sable, argile, cal-
caire.
» 3° L'amplitude moyenne des oscillations thermométriques diurnes
correspondant à une même oscillation diurne de la température de l'air,
diffère d'une terre à l'autre; ainsi, à om, 20 de profondeur, pour une oscil-
lation atmosphérique de 9°,4» elle est à peu près de 3° pour le sable, l'ar-
gile et le calcaire, tandis qu'elle se réduit à o°,3 pour la tourbe. D'ailleurs,
les trois premières terres se distinguent un peu les unes des autres, et
l'ordre décroissant de leurs amplitudes est : sable, argile et calcaire. Poul-
ies quatre terrains, l'ordre décroissant de ces amplitudes est aussi : sable,
argile, calcaire, tourbe. C'est celui de leurs pouvoirs conducteurs et non
pas celui de leurs pouvoirs absorbants. Par conséquent, l'amplitude de
l'oscillation thermométrique diurne dans un terrain déterminé dépend,
toutes choses étant égales d'ailleurs, surtout de sa conductibilité pour la
chaleur et fort peu de son pouvoir absorbant.
» 4° Au point de vue agronomique, ces résultats ont leur importance.
En effet :
» a. D'une part, tout en admettant qu'il faille un nombre de degrés dé-
terminé pour que la végétation accomplisse une évolution déterminée, il
paraît cependant probable que le mode et l'intervalle de succession des
éléments de cette somme ont une certaine influence sur le résultat.
» b. D'autre part, les faits qui précèdent montrent que dans late.re
de tourbe la température ne descend jamais très bas lors de la saison
froide ; en d'autres termes, la tourbe est une terre chaude. La végétation
doit donc y être favorisée; aussi du mais et des betteraves semés dans
une pareille terre ont-ils eu une végétation plus précoce que dans les trois
autres terrains. »
( 25g )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la pression barométrique à Naples, à des alti-
tudes différentes. Note de M. Eugène Semmola, présentée par M. Mas-
cart. (Extrait.)
« La différence des hauteurs barométriques entre Naples et l'Observa-
toire du Vésuve, dont les altitudes sont respectivement 37'" et 63~]m,
change avec les saisons; elle augmente dans les mois d'hiver pendant le
refroidissement de l'atmosphère; au contraire, elle diminue dans les mois
chauds.
» Pendant l'année 1882, la différence la plus grande eut lieu pendant
la première décade de février, où elle fut de 52mm, 02; la plus petite, dans
la première décade de juillet, et fut égale à 46mm,8i.
» Ce fait a été indiqué déjà par plusieurs observateurs; mais je crois
avoir été le premier à le constater dans la contrée vésuvienne.
» On remarque, en outre, que pendant les grands mouvements démon-
tée ou de descente du baromètre, les différences entre les pressions Na-
ples-Vésuve varient d'une manière notable, tantôt en plus, tantôt en
moins. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Variation magnétique pendant le tremblement de
terre du i5 janvier en Algérie. Note de M. Moureaux, présentée par
M. Mascart.
« Les journaux annoncent qu'une violente secousse de tremblement de
terre a été ressentie- le i5 janvier, vers 4h du matin, sur la côte d'Algérie,
dans le voisinage de Cherchell. Le village de Gouraïa est presque entière-
ment détruit; dans les douars environnants, une ferme et de nombreux
gourbis ont été renversés. Deux secousses de quelques secondes sont si-
gnalées à Hammam-Rira à 4hi5m.
» La courbe relevée le i5 janvier au magnétographe de l'observatoire
du Parc Saint-Maur porte, à 4hi5mdu matin, la trace du trouble particulier
de l'aiguille aimantée, constaté déjà lors des tremblements de terre de
Nice, de Werny (Asie centrale) et de Gallipoli ; l'oscillation n'a pas dépassé
i',5 d'amplitude. Le bifilaire et la balance ne semblent pas avoir participé
au mouvement du barreau de la déclinaison, et le bifilaire à barreau de
cuivre est resté, comme toujours, absolument calme. »
( a6o )
THERMOMÉTRIE. — Correction de la lige émergente d'un thermomètre.
Note de M. Resou, présentée par M. Mascart.
« Dans la séance du 12 janvier, M. Guillaume a présenté à l'Académie
une Note indiquant la manière de corriger les lectures faites sur un ther-
momètre dont la partie inférieure seule plonge dans un milieu dont on
veut déterminer la température.
» Le même procédé est employé, depuis 188 1, à l'Observatoire du Parc
de Saint-Maur, pour corriger les températures données par un thermo-
mètre dont le réservoir est enfoncé dans le sol à im de profondeur. Il
m'avait été indiqué par Henri Sainte-Claire-Deville, qui l'avait mis en pra-
tique, en 1868, dans la détermination de températures très élevées. Je
crois, mais sans en avoir la preuve, que c'est lui qui l'avait imaginé.
« J'ai fait connaître ce procédé dans Y Histoire du thermomètre {Annuaire
de la Société météorologique de France, t. XXIV, p. 53 et 54)- »
M. Flammarion fait observer que l'astre signalé le 11 janvier par
M. Lescarbault dans la constellation du Lion, comme une étoile nouvelle,
n'est autre que Saturne.
M. P. Juillard adresse une « Étude sur la circulation des éléments et
la formation des mondes ».
La séance est levée à 5 heures. M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 5 janvier 1891.
Recherches sur les accélérations en général; par P 'h. Gilbert. Bruxelles,
F. Hayez, 1890; br. in-8°. (Présenté par M. Resal).
( 2b! )
Cours de Mécanique analytique ; par Pu. Gilbert. Partie élémentaire.
Troisième édition. Paris, Gauthier- Yillars; Bruxelles, Société belge de
Librairie, 1891; 1 vol. gr. in-8°. (Présenté par M. Resal.)
La chaleur. — Leçons élémentaires sur la Thermométrie, la Calorimétrie, la
Thermodynamique et la dissipation de l'énergie; par J. Clerk Maxwell. Édi-
tion française, d'après la huitième édition anglaise, par M. Georges Mou-
ret. Paris, B. Tignol, 1891 ; r vol. in-8°. (Présenté par M. J. Bertrand.)
Ventilation des bâtiments et, édifices éclairés par le gaz; par Alfred V an-
derpol. (Extrait du Compte rendu du dix-septième Congrès de ta Société tech-
nique de l'industrie du gaz en France. Paris P. Mouillot, 1890; 1 vol. gr.
in-8°.
Genèse naturelle des formes animales; par M. J.-P. Durand (de Gros).
Paris, Félix Alcan, 1888; br. in-8°.
Anna/es de la Société royale malacologique de Belgique. — Tome XXIV
(quatrième série, Tome IV). Année 188g. Bruxelles, P. Weissenbruch;
vol. gr. in-8°.
A Imanaque naulico para el ano 1892, calculado de orden de la Superioridad
en el instituto y observatorio de Marina delà ciudad de San Fernando. Madrid,
1890; 1 vol. in-4°.
AUgemeine chemische Minéralogie; von Dr. C. Doelter. Leipzig, Verlag
von Wilhelm Engelmann, 1890; 1 vol. gr. in-8°. (Présenté parM.Fou-
qué.)
Researches on micro-organisms ; including and account of récent experi-
ments on the destruction of microbes in certain infections diseases : phtisis, etc. ;
by A.-C. Griffiths. London, Baillière, Tyndall and Cox, 1891; 1 vol.
in-12.
Memoirs of the geolo gical Survey of India. Palœontologia indica. — Ser.
XIII : Sall-Range fossils. Vol. IV, Part. I : Geolo gical results; by William
Waagen. Calcutta, MDCCCLXXXIX; 1 vol. in-8°.
Memoirs of the geolo gical Survey of India. Volume XXIV, Part. II. Cal-
cutta, MDCCCXC ; 1 vol. in-/,°.
Aslronomical papers prepared for the use of the American Ephemeris and
Nautical Almanac . Vol. II, Part. V (Discussion of transits of Venus in 1761
and 1769); by Simon Newcomb. — Vol. IV (.4 new Theory of Jupiter and
Saturn); byG. W. Hill. Washington, 1890; 2 vol. gr. in-4°.
Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales. Vol. XXII,
1880, Part. II; in-8°.
( at>2 )
The Proceedings of tlie Linnean Society of New South Wales. Second séries,
Vol. III-IV. Sydney; 3 vol. in-8°.
Proceedings of the Canadian Instilute. Third séries, Vol. VII. Fase. n° J
(deux exemplaires). Toronto, 1889; in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 12 janvier 1891.
Œuvres complètes de ChristiaanHuygens, publiées par la Société hollan-
daise des Sciences. Tome troisième : Correspondance, 1 660-1 661. La Haye,
Marti nus Nijhoff, 1890; 1 vol. in-4°.
Annuaire de l' Académie des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Bel-
gique, 1891. Bruxelles, F.Hayez, 1891 ; 1 vol. in-18.
Sur les phénomènes extraordinaires présentés par la grande comète de 1 882 ;
par Th. Bredichin. Saint-Pétersbourg, 1890; br. in-4°.
Histoire d'un inventeur. Exposé des découvertes et des travaux de M. Gus-
tave Trouvé dans le domaine de l'Électricité; par Georges Barrai.. Paris,
Georges Carré, 1891; 1 vol. gr. in-8°. (Présenté par M. Edmond Bec-
querel.)
Mémoires de la Société géologique de France. Tome I, fasc. II et III. Paris,
Baudry et Cie, 1890; 2 br. in-4°.
Illuslrationes Florœ atlanticœ, auctore Cosson. Fasc. IV. Parisiis, e Rei-
publicœ typographeo, octobri MDCCCXC; in-f°.
Atli délia Accademia Pontaniana. Volume XX. Napoli, tipografia délia
regia Università, 1890; gr. in-4°-
Fenia, 1, 2,3. Bulletin de la Société de Géographie de Finlande. Helsing-
fors, 1890: 3 vol. in-8°.
Publications périodiques.
Société philomathique de Paris. — Bulletin des Sciences mathématiques. —
Bulletin de la Société internationale des électriciens. — Journal du gaz et de
l'Électricité. — Annales industrielles. — Chronique industrielle. — Journal de
l'éclairage au gaz. — Bulletin de la Société de Géographie. — Bulletin de l'A-
cadémie de Médecine. — Bulletins et Mémoires de la Société médicale des hôpi-
taux de Paris. — Marseille-médical. — Annales de la Société d'hydrologie mé-
dicale. — Recueil de Médecine vétérinaire publié à V École d'Alfort. — V Abeille
médicale. — Revue du Cercle militaire . — Annals of Mathemalics (University
of Virginia) . — A meiican Journal of Mal hématies ( Johns Hopki/is University').
( 263 )
— The astronomical Journal (Cambridge, Mass.). — Records ofthe geologi-
cal Survey of Incita. — Proceedings ofthe Academy of natural Sciences of Phi-
ladelphia. — Proceedings ofthe royal Geographical Society (London). — The
pharmaceulical Journal and Transactions. — Atti délia reale Accademia dei
Lincei (Roma). — Memorie délia Societa clegli spettroscopisti t taltani (Roma) .
— Roletin de la Sociedad geografîca de Madrid.
Ouvrages reçus dans la séance du 19 janvier 1891.
Œuvres de Fermât, publiées par les soins de MM. Paul Tannery et Charles
Henry, sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique. Tome Ie1':
Œuvres mathématiques diverses. — Observations sur Diophante. Paris, Gau-
thier-Villars et fils, MDCCCXCI; 1 vol. in-',".
De la production et l'emploi de la vapeur considérée comme jorce motrice ,
principalement clans les locomotives ; par MM. A. Lencauchez et L. Durant.
Paris, G. Steinheil, 1890; br. in-8°.
Amendements et engrais; par A. Renard. Paris, Armand Colin et Cie, 1891 ;
1 vol. in-18. (Présenté par M. Duclaux.)
Description et emploi des Eucalyptus introduits en Europe, principalement
en France et en Algérie. Second Mémoire, par Charles Naudin. Antibes,
J. Marchand, 1891; br. in-8°.
A. Trousseau. — Leçons pratiques de thérapeutique oculaire. Paris, Ollier-
Henry, 1889; in-12. (Envoyé au concours Bellion.)
Mémoires de la Société zoologique de France pour l' année 1890. Tome III,
quatrième Partie. Paris, au siège de la Société, 1890; in-8°.
Kocii. — Sa méthode de guérison de la tuberculose et les infiniment petits ;
par\eDv Ch.-L. Deiss. Bàle, Ch.-J. Wyss, 1891; br. in-8°.
Takirithmie ou le calcul rendu plus rapide et plus sur; par M. L. de Casa-
major. Paris, Croville-Morant ; br. in-18. (Deux exemplaires.)
Atti ciel reale Istiluto Yenelo di Scienze, Letlere ecl Arti. Tomo XXXVIII;
in-8°.
Index-Catalogue of the library of the Surgeon- gênerai' s Office, United
States army. — Authors and subjects; vol. XL Phœdronus-Regent. Washing-
ton, Government printing Office, 1890; in-4°.
Publications périodiques.
Bulletin international du Bureau central météorologique . — Le Magasin
pittoresque. — La Nature. — Revue scientifique. — Revue générale des
( 264 )
Sciences. — Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France. —
Revue internationale des falsifications. — Revue géographique internationale.
Annales de la Société d'Agriculture, Industrie, etc., de Saint-É tienne. — Jour-
nal de Pharmacie et de Chimie. — Mémoires et Compte rendu des travaux de
la Société des ingénieurs civils. — Bulletin de la Société des amis des Sciences
naturelles de Rouen. — Le Messager agricole du Midi. — Comptes rendus
hebdomadaires des séances de la Société de Biologie. — Gazette des hôpitaux.
— L'Abeille médicale. — La Tribune médicale.
ERRATA.
( Séance du 1 9 janvier 1891 . )
Note de M. A. Pizon, Sur la Blastogénèse de X Astellium spongiforme :
Page 168, ligne 3, au lieu de : « Les tubes ectoderraiques qu'aurait chaque ascidio-
zoïde. . . ., lisez: « Les tubes ectodermiques qu'envoie chaque ascidiozoïde. ...»
»88««S
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
lis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-(". Deux
I l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
| lu ier janvier.
Le prix rie l'abonnement est fixé ainsi r/u'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Michel et Médan.
i Gavaull St-Lager.
/ Jourdan.
I Ruff.
Hecquet-Decobcrt.
( Germain et Grassin.
j Lachèse ci Dolbeau.
Jérôme.
• Jacquard.
, Avrard.
r DutliulT.
1 Bluller (G.).
Renaud.
/ Lefournier.
\ F. Robert.
i .1. Robert.
I V Uzel Carofï.
I liaér.
( Massif.
•y Perrin.
i Henry.
"g '
( Marguerie.
„ l Rousseau.
\l-Ferr...
( Rlbou-C.olluv.
/ Lainarche.
! Katel.
' Damidot,
( Lauverjat.
[ Crépin.
\ Drevet.
i Gralier.
'.Ile Robin.
'( Bourdignon.
'•( Dombre.
i Ropiteau.
• Lefcbvre.
f Quarré.
chez Messieurs :
( Bautnal.
Lorient ,, ...
( M"" lexier.
Beaud.
Georg.
Lyon i Mégrel .
i Palud.
! Vitte et Pérussel.
Marseille Pessailhan.
i Calas.
Montpellier . ...... . ,
* i Coulet.
Moulins Martial l'Iace.
/ Sbrdoillet.
Nancy Grosjean-Maupin.
' Sidot frères.
i Loi". Ml.
.Vailles ., .
i M \ eloppé.
i Barma.
Nice ........ ,.
( Visconti et V.
Nîmes Thibaud.
Orléans Luzcray.
( Blatichier.
roitiers r, ,
( Druinaud.
Hennés Plihon et Hervé.
Boche fort Boucheron - Rossi
( Langlois. | gnol.
rtouen ,
( Lestringant.
S'-É tienne .... Ch e\ a I ier.
„ , i Bastide.
Toulon , , , .
> Kumebe.
i Giinct.
Toulouse ! _ .
I Privât.
i Boisselier.
Tours • Péricat.
' Suppligeon.
., , . t Giard.
Valenciennes _
I Lem.ulre.
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
( Robbers.
Amsterdam • .. , , .
( Peikema Caarelsen
Athènes Beck. [et C'°.
Barcelone Verdaguer.
I Aslier et G'".
1 Calvarv et O.
Berlin ,, . ., ' . , ...
i Friedlander et fils.
f Mayer et Millier.
p . ( Schmid, Franck.- el
Bologne Zauirhelli et C".
Ramlot.
Bruxelles May. .Icz.
[ Lebègue el C' .
\ llaiinauii.
Bucharcst , .,
( Raiiisteami.
♦
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BelletC'
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto et Keil.
Copenhague Hbst et fils.
Florence Lœscher et Seeber.
Gand Hoste.
Gênes lient.
/ Cherbuliez.
Genève Georg.
' Stapelmohr.
La Haye . Belinfante frères.
. Ben. I,i.
Lausanne ,
/ Payot.
Barth.
Brockbans.
Leipzig ! Lorentz.
Max Rùbe.
Twictmeyer.
( Desoer.
Liège • „
° I Gnuse.
chez Messieurs :
( Dulau.
Londres
/ Nutt.
Luxembourg.... V. Buck.
Librairie Guten -
\ berg.
Madrid ■ Gonzalcs e hijos.
I Yravedra.
' F. Fé.
.,., i Dumolard frères.
,/'/"" (Hœpli.
Moscou Gautier.
[ Furcheim.
Naptes ' Marghieri .li Gius
( Pellerano.
. Christern.
New-York Stechert.
' Westermann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C".
V, derme Clausen.
Porto Magalhaès.
Prague Rivnac.
Bio-Janeiro Garnier.
l Bocca frères.
Borne . , . „..
| Loescberet W.
Rotterdam Kramers et lils.
Stockholm Samson et Wallin.
i Zinscrling.
S'-Petersbourg. . .
/ Bocca frères.
1 Brero.
Turin { .
j Clausen.
[ RosenbergetSellier.
Varsovie Gebethner et YVolff.
Vérone. ........ Drucker.
\ Frick.
Vienne ! , . _.
i Gerold et C'".
Zurich Meyer et Zeller.
ES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes Ie' à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-'t°; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— ( Ier Janvier i85i à 3i Décembre (865.) Volume in-4°; [870. Prix 15 fr.
Tomes 62 a 91.— (1" Janvier 1866 à Si Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr.
S PLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
l'oni : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DERBEset A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
ar M.IUnsex.— .Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
isc'iar M. Claude Rciinarii. Volume in-4°, avec 32 planches; 18Ô6 15 fr.
tom I : Mémoire sur les vers iutestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — lissai d'une réponse à la question de Prix proposée en iS5o par l'Académie des Sciences
"' L encours de iS5o, et puis rein i se pour celui de iSJij, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
neni res, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
les i ports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Biionn. In-4°, avec 27 planches; 1861... 15 fr.
Va ême Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
If 4,
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 26 janvier 1891.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBKES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. Phillips. — Pendule isochrone 178
M. Wolf. — Observations relatives .1 la
précédente Note posthume de M. Phillips. 1S1
AI. Emile Picard. — Sur la représentation
approchée des fonctions t83
M. \. Cornu. — Sur une expérience récente,
déterminant la direction de la vibration
dans la lumière polarisée 1S6
MM. Berthelot el G. \\m:i . — Faits pour
servira l'histoire des principes azotés ren-
Pa<
fermés dans la terre végétale
M. Berthelot. — Nouvelles observations
sur les composés azotés volatils émis par
la terre végétale
M. P. Schutzenberger. — Essai sur la syn-
thèse des matières protéiques
M. A. Milne-Edwards. - lie I'intUience des
grands froids de l'hiver snr quelques-uns
des animaux de la ménagerie du Muséum
d'Histoire naturelle
es.
189
195
198
MEMOIRES PRESENTES.
M. L. CormeRûis adresse un Mémoire sur un
nouveau systè de ponts suspendus ri-
I Al. Dabancourt adresse un Mémoire intitulé
« Projet d'un hydromoteur aérien »
gides .
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, divers Ouvrages de AI. Clerc/,
Maxwell, de M. Jiiptner de Jonstorjf...
MM. G. Rayet et !.. Pic u;d. I tbservations
des comètes Zona el Brooks (1890, II),
faites au grand équatorial de l'Observa-
toire de Bordeaux
M. F. Gonnessiat. — Sur l'équation per-
sonnelle dans les observations de passages.
M. H. Minkowskj. — Théorèmes arithmé-
tiques
M. E. Amigues. — Démonstration purement
algébrique du théorème fondamental de la
théorie des équations
Al. A. de Saint-Germain. — Sur le mouve-
ment d'un double cône qui roule sur deux
droites
M. G. Defforgks. — Sur la résistance op-
posée par l'air au mouvement d'un pen-
dule
M. A. Potier. — Sur le principe d'Huygens.
M. Ch.-Ed. Guillaume. — Théorème relatif
au calcul de la résistance d'une dériva-
tion
Al. 1). Cernez. — Recherches sur l'appli-
cation de la mesure du pouvoir rotatoire
à la détermination de combinaisons for-
mées par les solutions aqueuses d'acide
malique avec les phosphomolybdates al-
calins blancs
M. Ostwald. — Sur les conductibilités des
acides organiques isomères et de leurs sels.
Al. Daniel Berthelot. — Réponse à la Note
de Al. Ostwald
M. Adolphe Minet. — Électrométallurgie dé
l'aluminium ^
M. Scheurer-Kestner. — Emploi de la
bombe calorimétrique pour la détermina-
Bli.lf.tin bibliographique
Errata
206
j<»)
.1
t3o
23l
tion île la chaleur de combustion île la
houille
M. Prud'homme. — Les mordants en tein-
ture et la théorie de Mendéleieff
MM. Vaillard et II. Vincent. — Recherches
expérimentales sur le tétanos
MM. M. V.RTIIUS et C. Pages. — Théorie
chimique de la coagulation du sang
M. H. Arnaud. — Note à propos du diabète.
AI. L. Houle. — Sur le développement des
fibres musculaires
AI. V. Willem. — La vision chez les Gastro-
podes pulmooës
Al. En. Mer. — Influence île quelques causes
internes sur la présence de l'amidon dans
les feuilles
AI. l'.-A. DANOEARD. — Contribution à l'é-
tude des Bactériacées vertes
AI. V. Lacroix. — Conclusions auxquelles
conduit l'élude des enclaves des trâchytes
du Mont-Dore
MM. Ch. André et .!. Raulin. — lulluence
de la nature dit terrain sur la tempéra-
ture du sol
Al. Eue. Semmola. — Sur la pression baro-
métrique a Naples, à des altitudes diffé-
rentes
Al. MouReaux. — Variation magnétique pen-
dant le tremblement de terre du 1 3 janvier
en Algérie
AI. Renou. — Correction de la tige émer-
gente d'un thermomètre
AI. Flammarion fait observer que l'astre si-
gnalé par Al. Lescarbault dans la constella-
tion du Lion, comme une étoile nouvelle,
n'est autre que Saturne ...
M. P. JuiLLARD adresse une <■ Élude sur la
circulation îles éléments et la formation
des inondes. »
■j3J
236
23g
- I I
245
A:
24s
2JI
253
2t>g
2Ô9
260
260
•...Go
260
264
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLA.KS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1891
JcM
PREMIER SEMESTRE.
W
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. EES SECRÉTAIRES PERPETUELS.
TOME CXII.
I\° 5(2 Février 1891
PALUS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1876.
— *&&&' ■
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de j Les Programmes des prix proposés par l'Acaf
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro dos Comptes rendus a
4^ pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Tl y a deux volumes par année.
Article Ie' . — Impression des travaux de i Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
oupar un Associé étrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 00 pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais le: I
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séan I
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savci
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des per:>
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoire (
tenus de les réduire au nombre de pages reqil
Membre qui fait la présentation est toujours n<
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils
pour les articles ordinaires de la correspondait |
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus l!
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remisai
le titre seul du Mémoire est inséré dans \eCompA
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rer.)
vaut, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais 1
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapj
les Instructions demandés par le Gouverneme
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administra l
un Rapport sur la situation des Comptes rendui
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution 1
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont pri <
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à laséanceii*1
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 FÉVRIER 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Mixistre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse
l'ampliation d'un Décret par lequel le Président de la République ap-
prouve l'élection de M. Chambrelent, pour remplir la place devenue vacante
dans la Section d'Économie rurale par le décès de M. Peligot.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Ciiambrelext prend place parmi
ses Confrères.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de M. le général Ibanez, Correspondant de la
Section de Géographie et Navigation, décédé à Nice le 29 janvier 1891.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N' 5.) 35
( 266 )
Notice sur le général Ibaiïez, Correspondant de l' Académie;
par M. J. Bertrand.
« Le général de division don Carlos Ibanez e Ibanez de Ibero, marquis
de Mulhacén, directeur général de l'Institut géographique et statistique
d'Espagne, était né à Barcelone en 1824 ou en 1820. Entré fort jeune en-
core à l'École de Guadalajara, il sortit dans le corps du génie. Très ap-
pliqué à tous ses devoirs, il se fit remarquer surtout, dès le début de sa
carrière, par son goût pour la Science et son habileté à manier les instru-
ments de précision. Lorsque le gouvernement espagnol, en i852, voulut
entreprendre la construction d'une grande Carte topographique du
Royaume, le capitaine Ibanez fut désigné, en même temps que le capitaine
don Carlos Saavedra Menesès, pour préparer, sous la direction du général
Marques deHijosa, la réalisation de ce vaste projet.
» Les deux amis ne voulurent pas seulement construire une bonne
Carte ; leur noble ambition, qu'ils ont su réaliser, était d'associer leur pays
au mouvement scientifique qui, parti, comme on sait, du sein de notre
ancienne Académie, avait pour but l'étude de la figure de la Terre. Le
succès dépendait du choix des instruments. Entre l'ancien système des
règles multiples, mises en contact bout à bout, et l'emploi d'une seule
règle à traits, adopté pour la première fois en 1810, aux environs de Turin,
par notre compatriote d'Aubuisson de Voisins, leur hésitation ne fut pas
longue. Ils comprirent la supériorité de la règle unique; ils eurent la
bonne fortune de s'adresser à Erunner qui construisit pour eux, et sous
leur direction de chaque jour, car ils s'étaient installés chez lui, le chef-
d'œuvre devenu célèbre dans les fastes de la Géodésie sous le nom de la
Règle espagnole.
» La publication en deux forts Volumes des expériences faites à Paris
et des résultats obtenus dans la plaine de la Manche, où les deux amis
mesurèrent une base de près de i5km, fut un véritable événement scienti-
fique.
» L'Espagne, en abordant la Géodésie scientifique, dépassait pour son
coup d'essai la précision obtenue jusqu'alors par les plus habiles observa-
teurs. Les noms d'Ibanez et de Saavedra étaient désormais inséparables
dans l'histoire de la Science.
» Saavedra, entraîné par la politique, devint directeur des Travaux
( 267 )
publics, laissa à son ami l'honneur d'achever la tâche, et mourut, peut-
être, disait Ibanez, du chagrin de l'avoir abandonnée.
» Ibanez, à partir de 1866, resta seul pour achever l'organisation du
grand service qui prit le nom à' Institut géographique et statistique d'Espagne,
et qu'il dirigea pendant un quart de siècle.
» Ibanez donnait l'exemple. C'est lui qui, de i865 à 1868, exécuta
dans les îles Baléares trois mesures de bases avec une nouvelle règle de
fer, construite sur ses indications par les fils de Brunner et au moyen de
laquelle les opérations, encore très précises, marchaient très rapidement.
» Ibanez traça lui-même le réseau qui reliait les trois îles entre elles et
aux provinces de Castellon, de Valencia et d'Alicante.
» L'infatigable géodésiste préludait ainsi à la grande et célèbre trian-
gulation qu'il devait exécuter en 1879 avcc notre regretté Confrère le
général Perrier, à cette époque colonel, pour prolonger la méridienne de
France par-dessus la Méditerranée jusqu'en Algérie.
« La description géodésique des îles Baléares forme un beau Volume, le
troisième des OEuvres d'Ibaiïez.
» Ibanez n'était pas moins attentif et moins habile à diriger qu'à agir.
La collection des travaux des collaborateurs de notre Confrère forme sept
beaux Volumes in-4°; chaque Mémoire est accompagné d'une Notice dans
laquelle Ibanez expose l'état d'avancement du travail et l'intérêt qu'il pré-
sente. Le programme placé en tête du premier Volume révèle la préoccu-
pation scientifique et patriotique tout ensemble qui dirigea pendant toute
sa carrière les efforts du général Ibanez, dont elle a assuré l'éclatant succès.
» Le Tableau des services que nous embrassons, disait-il, est le suivant :
« travaux de Géodésie supérieure qui, sous la forme d'un réseau et cou-
» vrant toute l'étendue de notre territoire péninsulaire, concourent, avec
» ceux des autres nations de l'Europe, à la détermination de la forme et des
» dimensions de la Terre et sont en même temps le fondement solide de
» notre grande Carte nationale; détermination astronomique des latitudes
» géographiques, des différences de longitude, des azimuts; détermination
» de l'intensité de la pesanteur; triangulations des trois ordres géodésiques
» pour arriver, par degrés successifs, à une triangulation topographique
» sur laquelle repose la représentation du terrain; nivellements de pré-
» cision le long de lignes radiales et transversales formant le réseau alti-
» métrique; étude continue des marées sur divers points de nos côtes
» pour arriver à la connaissance du niveau moyen de la mer comme sur-
» face de comparaison; tracé et publication de la Carte topographique
( 268 )
» d'Espagne ; métrologie de haute précision ; cadastre de la richesse mo-
» bilière et statistique générale de la nation dans ses différentes branches. »
» Ce programme si vaste a été suivi de point en point. Les feuilles, déjà
nombreuses, de la belle Carte topographique d'Espagne, gravées et tirées
en couleur, ajoutent leur témoignage à ceux des sept "Volumes de Mé-
moires et du magnifique Ouvrage publié en 1888 sous le titre de Tableau
géographique et statistique de l'Espagne.
>/ Peu de pays possèdent, à l'heure actuelle, sur leur territoire, ses res-
sources de toute nature, son climat, son organisation politique et sociale,
sa population, son commerce et son industrie, des documents statistiques
aussi étendus et aussi détaillés que ceux que renferme ce Recueil de
1 100 pages accompagné d'une très belle carte spéciale à l'échelle de 5UU'UUU .
>> Ibaiïez ne s'est pas borné à travailler avec acharnement pour son pays
et dans son pays : il s'est joint, avec le môme dévouement et avec le même
zèle, à ceux qui pressentent et préparent l'avenir.
» L'Association géodésique internationale créée à Berlin, vers 1861, par
le savant général Baeyer ayant fait appel à tous les gouvernements, Iba-
iïez fut désigné parle sien pour prendre part à ses travaux.
» Chaque année, à l'automne, il se rendait dans les villes où se tenait
successivement le Congrès de cette Association, il y apportait d'intéres-
sants résultats et des vues souvent nouvelles sur plusieurs des questions
mises à l'étude. Son autorité grandissait dans cette savante et laborieuse
compagnie, à laquelle appartiennent aujourd'hui plusieurs de nos plus émi-
nents Confrères. A la mort du général Baeyer, Ibanez fut élu président,
à la presque unanimité des suffrages.
» Une autre distinction non moins élevée l'attendait en France où, depuis
le mois d'août 1870, il était membre de la Commission internationale du
mètre. Cette Commission, dont nous n'avons pas à rappeler les longs et
laborieux travaux, avait à choisir dans son sein douze membres pour com-
poser un Comité permanent chargé d'élaborer les différentes questions à
soumettre à la Commission générale.
« Dès la seconde session, en octobre 1872 (la première ayant été inter-
rompue par la guerre), Ibaiïez était élu non seulement membre, mais pré-
sident du Comité, et il a conservé ce titre et les fonctions qu'il lui imposait
jusqu'à sa mort.
» La grande expérience du savant observateur, l'aménité de son carac-
tère et sa grande loyauté ont concilié à Ibaûez plus que l'estime, l'affec-
tion de tous ses collègues. La France ne saurait oublier les services rendus
( 269 )
par cet homme de bien à l'œuvre qu'elle a entreprise, d'engager tous les
pays civilisés à adopter le système métrique et de les doter d'étalons irré-
prochables. Cette œuvre est, pour ainsi dire, atteinte, et la coopération
d'Ibanez lui a été des plus précieuses.
» Le titre de marquis de Mulhacén a été pour Ibaûez la glorieuse et
juste récompense d'une action d'éclat scientifique dont elle rappelle le
souvenir. La France l'a nommé Correspondant de notre Académie des
Sciences et grand-officier de la Légion d'honneur. Les autres grands pays
de l'Europe n'ont pas été moins reconnaissants; il appartenait à la plupart
des grandes compagnies savantes, et il avait reçu les distinctions honori-
fiques les plus élevées.
» L'Académie s'associera, j'en suis certain, à l'expression du profond
regret que nous exprimons à sa famille et au noble pays à l'illustration
scientifique duquel ses leçons et son exemple n'ont pas moins contribué
que ses excellents et utiles travaux. »
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur le développement approché de la fonction
perturbatrice. Note de M. 11. Poincaré.
« Il arrive souvent que, les moyens mouvements étant presque com-
mensurables, certains termes de la fonction perturbatrice acquièrent,
malgré leur rang élevé, une importance considérable par suite de la pré-
sence de petits diviseurs. Il peut être nécessaire de les calculer sans con-
naître les termes qui précèdent; mais le plus souvent on n'a besoin que
d'une valeur approchée, parce qu'il ne s'agit que de reconnaître si ces
termes sont négligeables.
» Le calcul de ces valeurs approchées a déjà, à plusieurs reprises, occupé
les géomètres ; le meilleur et le plus complet des travaux publiés dans cet
ordre d'idées est une Thèse de M. Flamme, où cet astronome prend pour
point de départ la méthode de M. Darboux sur les fonctions de très grands
nombres.
» J'ai cru devoir revenir sur cette question pour la raison suivante.
M. Flamme commence par développer, par les procédés ordinaires, la
fonction perturbatrice en une somme de termes dont chacun est le produit
de deux facteurs, le premier dépendant seulement de la longitude de la
première planète, et le second de la longitude de la seconde planète. C'est
à ces deux facteurs qu'il applique la méthode de M. Darboux. J'ai pensé
( 27° )
qu'il pouvait y avoir intérêt à éviter ce développement préliminaire et à
appliquer directement cette méthode à la fonction perturbatrice elle-
même.
)> Mais pour cela il faut rendre la méthode de M. Darboux applicable
aux fonctions de deux variables, ce qui peut se faire sans rien changer
aux principes sur lesquels elle est fondée.
» Voici comment j'ai opéré. Soient / et /' les deux anomalies moyennes,
u et iï les deux anomalies excentriques, R la fonction perturbatrice à dé-
velopper.
» Soit
R =2àh>"""--e
» Je me propose de calculer la valeur approchée de Am,„; en supposant
m, = an -\- b , m., = en -+- d ,
où n est un entier très grand, a, 6, c, d des entiers finis, a et c premiers
entre eux.
» Par exemple, pour la grande inégalité de Pallas, on prendra
a = 2 , b = 1 , c = — 1 , d = o . rc — 8,
d'où
m, = 17 , m2 = 8.
» Posons maintenant
x = c , y = e
iJ^ï r^— ï „ -'.-
e =tc, e =razL,
_d
Soit de plus
*(»)--sfc/F(.,o*.
l'intégrale étant prise, en regardant : comme une constante, le long du
cercle 1 1 1 = 1 , il viendra
$(:) = VA,„|m,:." (m, --= an -+- b, m2 — en -+- d).
« Nous n'avons donc plus à étudier qu'une fonction d'une seule variable
à laquelle la méthode de M. Darboux est directement applicable. On sait
( 27 1 )
que tout dépend de la valeur et de la nature des points singuliers
de $0).
» Or, pour trouver les points singuliers de ®(z), il suffit d'exprimer
que z a une valeur telle que deux des points singuliers de F(z, l) consi-
dérée comme fonction de t viennent à se confondre. Toutes les valeurs
de z ainsi obtenues ne conviennent pas à la question et une discussion est
nécessaire.
» On trouve ainsi que les points singuliers de <I> (z) sont de deux sortes.
» Nous avons d'abord les quatre points
i « '
.t' = : ou -j J' = t ou-, j
en appelant sino et sin<p' les excentricités, et posant
T = tang^> T=tang^;
: étant, d'autre part, défini en fonction de X et de y par la relation
(i) z = xae 2 U 'V*"1"' ■
» Nous avons en second lieu les points définis de la manière suivante.
Soit A le carré de la distance des deux planètes ; nous aurons les valeurs
de z tirées des équations
O) A = SF=0'
or ces équations peuvent être remplacées par les suivantes
(3) P = o, Q = o,
V et Q étant deux polynômes entiers en x et y, le premier du 6e ordre, le
second du 7e ; quant à z, il est toujours défini en fonction de x ely par la
relation (1).
» Si l'on élimine y entre les deux équations (3), on est amené à une
équation algébrique en x du i\e degré.
» Ce degré élevé crée une première difficulté. Heureusement on pourra
se contenter dans le calcul des racines de cette équation d'une grossière
approximation, et la petitesse des excentricités et des inclinaisons facilitera
ce calcul.
» Si l'on regarde les excentricités et les inclinaisons comme des infini-
( 272 )
ment petits, le degré s'abaisse à 12; il est donc encore très élevé; mais il
s'abaisse beaucoup si l'inclinaison est nulle, de sorte qu'on peut entrevoir
qu'en combinant les résultats obtenus par cette méthode dans le cas d'une
inclinaison nulle, avec les considérations développées par M. Tisserand
clans le Chapitre XXVIII du Tome 1er de sa Mécanique céleste, on pourra
arriver à un procédé réellement pratique.
» Supposons donc l'inclinaison nulle; si les excentricités sont finies,
l'équation s'abaisse au quatrième degré; si les deux excentricités sont très
petites et de même ordre, ou même si l'une d'elles seulement est très
petite, elle s'abaisse au troisième degré: si enfin les deux excentricités
sont très petites d'une manière absolue et l'une très petite par rapport à
l'autre, elle s'abaisse au deuxième degré.
» Une seconde difficulté provient de la nécessité d'une discussion pour
reconnaître quel est de ces vingt-huit points singuliers celui qui répond à
la question. J'ai fait cette discussion dans quelques cas particuliers s'écar-
tant peu de ceux qui peuvent être réalisés en Astronomie et j'ai trouvé que
c'était un des vingt-quatre points définis par les équations (3) qu'il fallait
prendre.
» Soit donc z0 le point singulier qui convient à la question; et soient
'ai #"o> J'o 'es valeurs correspondantes de t, de x et de y. Si ce point s0 est
un de ceux qui satisfont aux équations (2) et (3), la valeur approchée de
A„„m, sera
r^A
( f\ ' .ad-bc-: _
W 4 nir.z'i " "0 Ut'- '
à la condition, bien entendu, que dans -j-^ on remplace z et t par ^0 et t0 :
ou bien encore x et ypar x0 ety0 si l'on préfère exprimer -j^_ en fonction
de ces deux variables ( cela est d'ailleurs de beaucoup préférable, car -rp?
est une fonction rationnelle de x et de v ) .
» On trouverait une expression analogue dans le cas où le point singu-
lier convenable serait un des quatre points de la première sorte.
» La même méthode fournirait sans peine^ des expressions plus appro-
prochées que l'expression (4), où l'erreur est de l'ordre de
»**s
( v:'> )
» Il y a beaucoup à faire pour faciliter et rendre réellement pratique la
résolution de l'équation algébrique à laquelle on est conduit et la discus-
sion qui doit suivre. Je n'ai fait, dans le Mémoire qui sera bientôt publié,
que poser les principes sur lesquels cette discussion doit reposer et je ne
les ai appliqués que dans quelques cas particuliers; mais il me semble que
l'importance du sujet devrait tenter les chercheurs et les engager à com-
pléter les résultats que j'ai obtenus. Et en effet je n'ai abordé ce travail
que dans un but très spécial et je me suis arrêté dès qu'il a été atteint.
» Dans le cours de ces recherches j'ai été conduit à la remarque sui-
vante :
» Soient r et r' les deux rayons vecteurs, H l'angle qu'ils tout entre eux ;
la fonction perturbatrice de la première planète sera
/• co^n
v/S '
r'
— +
/•'
co<
r-
II
1)
/' cos
H
—
/•'
COS
II
— ,.'2
/■2
r'i
-os H
— — ne
Cl
mt
KM
inf
'Ml
et celle de la seconde
» La différence sera
» On sait que ' °°,l et - ^-^ ne contiennent pas de tenues séculaires
proprement dits et qu'on peut écrire, par exemple,
r cos! I ■*-! . cos / , „ .
r,î ^ "m,m. gIn V I i I-
/■'ciis II v^ n COS , i , ,,<.
A„,„,s et B^^ sont nuls pour m, = /na = o; mais si les moyens mouvements
sont commensurables, si par exemple
(5) mKn -t-/J227i'= o,
l'expression jnJ^-m.J' devient indépendante du temps et le terme cor-
respondant devient accidentellement séculaire.
» J'ai remarqué que si l'on donne aux grands axes des valeurs telles
que la relation (5) ait lieu, AmiBIs devient égal à B„,œi, de sorte que la diffé-
rence D, qui ne contient déjà pas de termes séculaires proprement dits, ne
peut pas contenir non plus de termes accidentellement séculaires.
» La vérification est très facile. »
G. R., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I. N° 5.) ^V>
( 274 )
PHOTOGRAPHIE. — La photographie des couleurs. Note de M. G. Lippmann.
« Je me suis proposé d'obtenir sur une plaque photographique l'image
du spectre avec ses couleurs, de telle façon que cette image demeurât
désormais fixée et pût rester exposée indéfiniment au grand jour sans
s'altérer.
» J'ai pu résoudre ce problème en opérant avec les substances sen-
sibles, les développateurs et les fixatifs courants en Photographie, et en
modifiant simplement les conditions physiques de l'expérience. Les con-
ditions essentielles pour obtenir les couleurs en Photographie sont au
nombre de deux : i° continuité de la couche sensible; 20 présence d'une
surface réfléchissante adossée à cette couche.
» J'entends par continuité l'absence de grains : il faut quel'iodure, le bro-
mure d'argent, etc., soient disséminés à l'intérieur d'une lame d'albumine,
de gélatine ou d'une autre matière transparente et inerte, d'une manière
uniforme et sans former de grains qui soient visibles même au microscope;
s'il y a des grains, il faut qu'ils soient de dimensions négligeables par
rapport à la longueur d'onde lumineuse.
» L'emploi des grossières émulsions usitées aujourd'hui se trouve par
là exclu. Une couche continue est transparente, sauf ordinairement une
légère opalescence bleue. J'ai employé comme support l'albumine, le col-
lodion et la gélatine; comme matières sensibles, l'iodure et le bromure
d'argent; toutes ces combinaisons donnent de bons résultats.
» La plaque, sèche, est portée par un châssis creux où l'on verse du mer-
cure; ce mercure forme une lame réfléchissante en contact avec la couche
sensible. L'exposition, le développement, le fixage se font comme si l'on
voulait obtenir un négatif noir du spectre; mais le résultat est différent:
lorsque le cliché est terminé et séché, les couleurs apparaissent.
» Le cliché obtenu est négatif par transparence, c'est-à-dire que chaque
couleur est représentée par sa complémentaire. Par réflexion, il est po-
sitif, et on voit la couleur elle-même, qui peut s'obtenir très brillante. Pour
obtenir ainsi un positif, il faut révéler ou parfois renforcer l'image de façon
que le dépôt photographique ait une couleur claire, ce qui s'obtient,
comme l'on sait, par l'emploi de liqueurs acides.
» On fixe à l'hyposulfite de soude suivi de lavages soignés; j'ai vérifié
qu'ensuite les couleurs résistaient à la lumière électrique la plus intense.
( 275 )
» La théorie de l'expérience est très simple. La lumière incidente, qui
forme l'image dans la chambre noire, interfère avec la lumière réfléchie
par le mercure. Il se forme, par suite, dans l'intérieur de la couche sen-
sible, un système de franges, c'est-à-dire de maxima lumineux et de minima
obscurs. Les maxima seuls impressionnent la plaque; à la suite des opéra-
tions photographiques, ces maxima demeurent marqués par des dépôts
d'argent plus ou moins réfléchissants, qui occupent leur place. La cou-
che sensible se trouve partagée par ces dépôts en une série de lames
minces qui ont pour épaisseur l'intervalle qui séparait deux maxima, c'est-
à-dire une demi-longueur d'onde delà lumière incidente. Ces lames minces
ont donc précisément l'épaisseur nécessaire pour reproduire par réflexion
la couleur incidente.
» Les couleurs visibles sur le cliché sont ainsi de même nature que
celles des bulles de savon. Elles sont seulement plus pures et plus bril-
lantes, du moins quand les opérations photographiques ont donné un dé-
pôt bien réfléchissant. Cela tient à ce qu'il se forme dans l'épaisseur de la
couche sensible un très grand nombre de lames minces superposées : en-
viron 200, si la couche a, par exemple, ~ de millimètre. Pour les mêmes
raisons, la couleur réfléchie est d'autant plus pure que le nombre des
couches réfléchissantes augmente. Ces couches forment, en effet, une sorte
de réseau en profondeur, et, pour la même raison que dans la théorie des
réseaux par réflexion, la pureté des couleurs va en croissant avec le nombre
des miroirs élémentaires. »
PHOTOGRAPHIE. — Observations de M. Edm. Becquerel sur la Communication
de M. Lippmann au sujet de la reproduction photographique des couleurs.
« Je désire faire remarquer toute la différence qui existe entre le procédé
entièrement physique que vient d'exposer M. Lippmann pour reproduire
photographiquement les couleurs de la lumière, et le procédé photochi-
mique que j'ai découvert en 1848 pour obtenir les images colorées du
spectre lumineux ainsi que les images des objets avec leurs couleurs pro-
pres; c'est à l'aide d'une même substance chimique, le sous-chlorure d'ar-
gent, formé à la surface de lames d'argent, et dont j'ai indiqué la prépara-
tion et les modifications si curieuses sous diverses influences et notamment
sous l'action de la chaleur, que j'ai pu atteindre ce but (' ).
') Comptes rendus, t. XXVI, p. 181, et t. XXVII, p. 483; 1848. — Ibid., Rapport
( 27G )
» On peut du reste, lors de la préparation de la substance sensible, dé-
terminer avec exactitude, comme je l'ai fait voir, l'épaisseur de la couche
nécessaire à la production de ces effets dans les meilleures conditions
possibles; cette épaisseur peut varier entre ^^ et ■— de millimètre.
» Ces images sont absolument inaltérables dans l'obscurité et je possède
encore les reproductions du spectre solaire faites il y a plus de quarante
ans, ainsi que celles des images colorées par la lumière qui ont servi de
bases à Regnault pour la rédaction du Rapport qu'il a présenté à l'Acadé-
mie en 1849; elles ne s'altèrent que lors de l'action ultérieure de la lu-
mière, parce que la substance sensible sur laquelle elles sont obtenues n'est
pas complètement transformée et peut subir encore l'influence des diffé-
rents ravons colorés. C'est le même composé dont plus tard, en i865,
M. Poitevin a fait usage pour obtenir, sur papier, les images colorées que
je proidusais surplaques métalliques.
» Lorsqu'on soumet les images photographiques ainsi colorées à l'action
réductrice d'un des dissolvants du chlorure d'argent, tels que l'ammo-
niaque ou l'hyposulfite de soude, les nuances colorées disparaissent et, là
où les rayons lumineux ont exercé leur action, il reste à la surface des
lames d'argent une légère trace formée par une lame mince d'argent mé-
tallique, qui, lorsqu'elle est encore humide, manifeste de faibles teintes,
complémentaires de celles qui existaient auparavant aux mêmes places.
Ces effets, dont il est difficile de se rendre compte a priori, montrent que
peut-être les épaisseurs des couches déposées jouent un rôle dans la pro-
duction des phénomènes de coloration ( ' ).
» Cette matière jouit de la curieuse propriété, quand elle est préparée
convenablement, non seulement d'être sensible à l'action des divers rayons
colorés, depuis le rouge jusqu'au violet, en reproduisant leurs teintes
propres, mais encore de recevoir une impression qui semble sensiblement
proportionnelle à l'intensité des impressions lumineuses correspondantes
sur la rétine.
» Je rappellerai encore que cette substance photochromatiquement im-
pressionnable donne lieu, au moment de la réaction chimique qui la
transforme, à un courant électrochimique dont l'intensité et la force élec-
de Regnault, t. XXVIII, p. 200; 1849- — Annales de Chimie et de Physique, 3e sé-
rie, t. XXII, p. 45i; i848. — lbid., t. XXV, p. 447. — Ibid., t. XLII, p. 81. — Edm.
Becquerel, La lumière, ses causes et ses effets, t. II, p. 209.
(') La lumière, ses causes et ses effets, t. Il, p. 232.
( 277 ^
tromotrice peuvent être mesurées avec l'actinomètre électrochimique que
j'ai fait connaître ('); ce courant peut être utilisé pour comparer très
exactement les intensités des différents rayons colorés actifs, par exemple
des rayons rouges et des rayons bleus, alors que les méthodes optiques
basées sur les impressions exercées par les mêmes rayons lumineux sur la
rétine ne permettent de le faire qu'avec fort peu d'exactitude. »
MEMOIRES LUS.
GÉODÉSIE. - Sur une Table de logarithmes centésimaux à 8 décimales.
Note de M. le général Dekrëcagaix.
« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, au nom du Ministrede la Guerre,
un Recueil de Tables de logarithmes à 8 décimales, que le Service géogra-
phique vient d'éditer.
» Ce Recueil, destiné à remplacer les Tables de Borda, aujourd'hui
épuisées, contient les logarithmes des fonctions circulaires dans le sys-
tème de la division centésimale du quadrant, et ceux des nombres entiers
de i à 120000.
y> La publication de cet Ouvrage a pour objet de consacrer le maintien
au Service géographique des méthodes d'observation et de calcul basées
sur la graduation décimale du cercle. L'échelle décimale, introduite pour
la première fois par Borda dans les instruments, employée par Delambre
et Méchain dans les opérations de la méridienne de France, hautement
recommandée par Laplace, puis par Le Verrier, est appliquée, depuis près
d'un siècle, par les géodésiens français. Une aussi longue expérience a
établi définitivement sa supériorité sur la division sexagésimale, aussi
bien dans les instruments que dans la pratique des calculs.
» Les nouvelles Tables à 8 décimales sont un extrait vérifié des Tables
manuscrites du cadastre à i4 décimales, que Prony fit établir à la fin du
siècle dernier et dont il devait faire le monument de calcul le plus vaste et le
plus imposant qui eût jamais été exécuté ou même conçu. Malheureusement,
l'impression de ce précieux Recueil, interrompue au moment de la dé-
préciation du papier-monnaie, n'a jamais été reprise. Il n'en existe aujour-
(') La lumière, ses causes et ses effets, t. 11, p. i3i.
( ^7« )
d'hui que deux exemplaires, l'un à la bibliothèque de l'Institut, l'autre à
l'Observatoire de Paris. C'est à ce dernier que l'extrait a été emprunté.
» Pour organiser le volume des nouvelles Tables, il fallait, avant tout,
en établir la disposition. Celle qui a été adoptée a paru la plus rationnelle
pour faciliter la recherche des logarithmes, malgré la dimension du
format.
» Il fallait ensuite éviter les erreurs. Dans ce but et malgré la haute
autorité du manuscrit de Prony, on a cru devoir soumettre tous ses
nombres à un contrôle rigoureux, qui a été complété lui-même par deux
vérifications successives. Ces différents travaux ont permis de relever,
dans l'exemplaire de l'Observatoire, un petit nombre de fautes, qui suffi-
saient à justifier cette revision.
» Enfin, le Service géographique s'est efforcé de ne rien négliger pour
assurer à cette œuvre les garanties d'une exactitude absolue. Commencée
par le général Perrier, elle a été poursuivie et achevée, sous ma direction,
par le lieutenant-colonel Bassot, chef de la Section de Géodésie.
» Cette publication pourra favoriser et développer l'emploi de l'échelle
décimale dans les instruments et les calculs de l'Astronomie. Si elle atteint
ce but, elle aura encore réalisé pour la Science un nouveau progrès. »
M. le général Derrécagaix offre, en outre, à l'Académie, au nom du Mi-
nistre de la Guerre, les Cartes suivantes, qui ont été exécutées dans les
ateliers du Service géographique, savoir :
i° France au yôoôôô- ~~ Feuilles de Lyon, Le Puy, Avignon, Longwy, Nice, An-
tibes, Tignes, Grand-Saint-Bernard, Gap, Digne, Rouen, Marseille, Boulogne,
Bayonne.
2° Algérie au i0l0o-. — Feuilles de Saint-Cbarles-El-Aria, Perregaux., Constantine,
Les Andalouses, cap Cigli, El-Esman, cap Magrona, Tizi-Ouzou, Relizane, Bouïra,
Dra-el-Mizan, Bosquet, Taznialt, Beni-Saf, Inkerraann, Fort National, Sidi-bel-Acel.
3° Sud oranais au yjoVoô- — *•* feuilles.
4° Afrique au 201)'OOI). — Feuilles de Laghouat-El-Facber, Kouka, El-Obeïd-
Aguadez, Tripoli.
5° Tunisie au jôôWô* — 2 feuilles.
( 279 )
MEMOIRES PRESENTES.
M. F. Ivisox O'Neale adresse une Note relative à un procédé pour
déterminer la présence du bisulfate de potasse ou de l'acide sulfuricpie libre
dans les vins.
(Renvoi à la Commission.)
M. H. Férox adresse une Note relative à un procédé pour empêcher les
explosions de grisou.
(Renvoi à la Commission.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, l'Album de Statistique graphique publié par le Ministère
des Travaux publics, d'après les soins personnels de M. Cheysson (présenté
par M. Haton de la Goupillière).
M. Faye présente à l'Académie les deux Volumes de la « Connaissance
des Temps » que le Bureau des Longitudes vient de publier coup sur coup,
afin de prendre une avance jugée utile pour les marins et les voyageurs, et
« l'Annuaire pour 1 89 1 » dont des exemplaires avaient été distribués aux
Membres de l'Académie dès son apparition, c'est-à-dire vers la fin de dé-
cembre. Il fait remarquer la rapidité avec laquelle l'Annuaire s'enrichit
d'année en année, cette dernière année surtout, en documents utiles au
grand public scientifique.
Il signale particulièrement un Tableau des orbites des étoiles doubles,
un autre Tableau de M. Bossert pour les mouvements propres des étoiles,
un exposé de M. Cornu sur les spectres des étoiles, une Note de notre
Confrère M. Sarrau sur les propriétés des corps au voisinage du point
critique, un travail de M. Cornu relatif aux vibrations des sons de l'échelle
musicale, les résultats que M. Teisserenc a rapportés de sa récente expé-
dition magnétique en Algérie, et un nouveau travail de M. Moureaux sur
l'anomalie curieuse dans les courbes magnétiques du nord de la France.
( 28o )
Notons que le beau travail de MM. Lœwv et Schulhof sur les comètes
du xixe siècle se termine dans ce Volume. Toutes les parties en seront
réunies dans un Mémoire d'ensemble destiné aux Annales du Bureau.
Nous espérons enfin cpie l'attention de l'Académie se dirigera sur les
Notices qui, selon l'usage, terminent ce Volume, à savoir l'historique de
l'ascension du mont Blanc exécutée, dans des conditions si originales, par
notre Confrère M. Janssen qui a voulu poursuivre, jusque sur ces hauteurs,
la solution d'un problème délicat de Physique astronomique; un véritable
Mémoire où M. Tisserand nous montre l'intérêt scientifique qui s'attache
à la découverte des petites planètes de la région comprise entre Mars et
Jupiter, et une Notice sur le récent Congrès géodésique de Fribourg. Dans
cette Notice, M. Tisserand a fait, ressortir, avec la clarté qui lui est propre,
le rôle de plus en plus important que la Science française joue dans les
entreprises internationales. Il a rendu pleine justice aux travaux des diffé-
rents corps qui sont représentés dans ces réunions. Telles sont les Commu-
nications de M. Bouquet de la Grye, sur le choix d'un zéro fondamental
pour les nivellements ; celles du lieutenant-colonel Bassot, qui a pu annoncer
aux savants étrangers l'heureuse terminaison des opérations entreprises
par le Service géodésique de l'armée pour la mesure de la nouvelle méri-
dienne de France; celle de M. le commandant Defforges, sur ses belles
études du pendule; celle de M. Lallemand, au nom de la Commission du
nivellement général de la France qui poursuit sans bruit, mais avec une
supériorité reconnue partout aujourd'hui, une œuvre qui fait le plus grand
honneur à notre pays. Enfin M. Tisserand a eu là une belle occasion de
présenter à l'Association géodésique internationale le deuxième Volume
de son Traité de Mécanique céleste, et de recevoir les éloges et les expres-
sions de gratitude de tous les Membres pour une entreprise dont l'utilité
pouvait être si bien appréciée dans cette réunion.
L'Annuaire de cette année se termine par une revendication dont
M. Cornu s'est fait l'organe, au sujet d'une méthode d'observation toute
nouvelle qui a pour l'Astronomie une portée considérable. Le principe de
cette méthode est dû à notre illustre Confrère, M. Fizeau. Les astronomes,
quand ils portent leurs efforts sur les grands problèmes de l'univers stel-
laire, sont arrêtés par une difficulté singulière. Des trois coordonnées
suivant lesquelles il faudrait estimer la vitesse d'un quelconque de ces
astres, deux seulement leur étaient accessibles; la troisième, celle qui
donnerait la vitesse dans le sens du rayon visuel, leur échappait complète-
ment. M. Fizeau a montré que cette indispensable composante de la vi-
( a8i )
tesse peut s'obtenir avec précision, parla simple mais délicate observation
du déplacement des raies du spectre qui résulte de cette vitesse même de
l'objet lumineux. Il a ainsi élargi le domaine de la Science et ouvert aux
astronomes un champ nouveau d'exploration qui leur semblait à jamais
refusé. Chose singulière, à l'étranger, quand on parle de cette grande dé-
couverte, déjà si féconde en brillants résultats, on cite le nom d'un physi-
cien, M. Doppler, et non celui de M. Fizeau. M. Cornu explique cette
méprise déplorable et rend à notre Confrère l'honneur qui lui est dû
d'avoir créé de toutes pièces toute une branche inattendue de la Science
moderne.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la distribution en latitude des phénomènes so-
laires observés ù V Observatoire royal du. Collège romain, pendant le second
semestre 1890. Note de M. P. Tacchixi.
« Voici les résultats qui se rapportent à chaque zone de io°, dans les
deux hémisphères du Soleil :
1890.
Truisirinr InilK-StlV.
Quatrième trimestre.
90 -f-80 0,010
80-4-70 o,oo5
7°-
60 •
5o
4o
3o-
20
10
60.
5o.
■ 40.
3o.
20.
10.
o.
o — 10. .
IO — 20. .
20 — 3o. .
3o — 4o. .
4o — 5o. .
5o — 60 . .
60 — 70 . ,
70 — 80. .
80 — 90 . .
C. R., 1891,
0,024
0
123
0
IOÔ
0
o42
0
OIO
0
019
0
024
0
o33
0
o57
0
,,3
0
■>\\
•'•••'. »■ '
0 . 33g
o , GG 1
"■"17
0,137
0,078
0,062
0,059
0,023
o,o3i
o,o55
0,129
o, i48
0,188
o,o43
»
o , 4o6
,,..,,, ,
Semestre. (T. CXII, N° 5.)
( 282 )
Facules.
1S90. Troisième trimestre. Quatrième trimestre.
o o
5o + 4o » \ >'
4o -t- 3o 0,017 ! 0,067
3o -+- 20 0,1 55 > o,4i4 0,267 S 0,600
20 4- 10 0,207 I 0,244
10 . o o,o35 / 0,022
o — 10 0,086 \ o,o44 \
10 — 20 0,121 I 0,020
20 — 3o o,i23 l o,586 0,200 o,4°o
3o — 4o o , 086 | o , o44
4o — 5o » 0,022
Taches.
1S90. Troisième trimestre. Quatrième trimestre.
0 o
3o+20 0,292 \ 0,25o j
20+10 0,166 I 0,458 0,376 0,626
I O . O » ) )> )
o — 10 0,042 ] 0,062 J
IO — 20 0.o83 I -, 0,062 f ., .
„ ' „ } 0,542 r j 0,374
20 — 3o 0,075 l o,25o I
3o — 4o 0,042 ] »
Éruptions.
1890. Troisième trimestre. Quatrième trimestre,
o o
3o -+- 20 0,333 \ » \
20+10 o,333 '■ 0,666 » »
IO.O » ) » )
°-10 » ) » i
10 — 20 0,333 o,333 » ' »
20 — 3o » ) » J
» Ces résultats, avec ceux qui ont été déjà communiqués à l'Académie,
démontrent le fait singulier que, pendant Tannée 1890 comme pendant
l'année 1889, les protubérances ont été toujours plus fréquentes dans
l'hémisphère austral du Soleil, avec le maximum de fréquence toujours
( a83 )
dans la zone ( — 4°° — 5o°). Quant aux facules, aux taches et aux: éruptions,
on en a trouvé un plus grand nombre dans l'hémisphère boréal. Les pro-
tubérances se sont présentées presque dans toutes les zones et même près
des pôles solaires, tandis que les facules se rencontrent plus près de
l'équateur, et les taches et les éruptions à des latitudes plus basses
encore. »
GÉOMÉTRIE CINÉMATIQUE. — Remarques sur le déplacement d'une figure de
forme invariable dont tous les plans passent par des points fixes. Note de
M. A. Manxueim.
« La Communication que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie dans
la séance du 10 février 1890 se terminait par cet énoncé :
» Si une figure de forme invariable se déplace de façon que tous ses plans
passent par des points Jixes, ces plans enveloppent des cônes de révolution dont
les axes sont parallèles.
» J'ai donné la démonstration de cette propriété dans un Mémoire qui
vient de paraître ( ' ).
a J'ai montré aussi dans le même travail, comme conséquence de cette
propriété, diverses manières de déplacer une figure de grandeur inva-
riable pour que tous les plans entraînés avec cette figure passent par des
points fixes.
» L'un de ces résultats peut être présenté sous une forme nouvelle que
je viens, à cause de son extrême simplicité, faire connaître aujourd'hui :
» Soient (A), (A'), (B), (B'), (C) cinq faces d'un parallélépipède. On
prend respectivement sur chacune de ces faces les points a, a', b, b', c choisis
de façon que les droites aa', bb' qui joignent les points situés sur deux faces
opposées soient parallèles. Le parallélépipède restant de grandeur invariable,
si on le déplace de façon que ses faces passent toujours par les points qu'elles
contiennent et qui sont supposés fixes, tout plan entraîné avec le parallélépi-
pède passe aussi par un point fixe.
» Si, au lieu d'un plan, on entraîne un faisceau de plans, j'ai fait voir
que : Les axes des cônes enveloppes de ces plans sont les génératrices d'un cy-
lindre de révolution ( - ) .
(') Journal de l'École Polytechnique, LXC Cahier; 1891.
(2) Loc. cit.
( 284 )
» Je viens maintenant donner un complément à cette intéressante pro-
priété en disant que :
» Les sommets de ces cônes sont sur une cubique gauche.
» L'étude du déplacement d'une figure, dont tous les plans passent par
des points fixes, comporte deux ordres de recherches. Il fallait montrer
qu'un tel déplacement, qui au premier abord paraît impossible, peut s'ob-
tenir et comment on l'obtient.
» C'est ce que j'ai fait dans mon Mémoire déjà cité; ensuite il y avait à
trouver des propriétés qui se rapportent aux lignes ou surfaces décrites
pendant ce déplacement.
» J'ai fait connaître quelques-unes de ces propriétés, mais il en reste
beaucoup d'autres à découvrir et j'espère qu'elles donneront lieu à de nou-
velles recherches. »
PHYSIQUE. — Note complémentaire sur l'équation caractéristique des gaz
et des vapeurs; par M. Ch. Axtoixe.
« Dans une Note présentée à l'Académie, le i!\ mars 1890, j'ai cherché
à établir que l'équation caractéristique des gaz et des vapeurs est donnée
par l'ensemble des deux relations
pv = D($ + i)t
{4 = A - By£.
Le coefficient D reste sensiblement constant lorsque la pression p n'est
pas très considérable. Il augmente avec les grandes pressions.
» Les expériences successives de M. Amagat apportent des modifica-
tions de détail à la relation qui donne ce coefficient, mais le principe reste
le même.
» Pour les expériences qui ont été présentées à l'Académie le 8 dé-
cembre 1890, on aurait :
p. D.
Hydrogène 273,0 4 1, 16 -+- (0,0280 — o,oooo5<)/J''0
Air 273,6 — dp 2,56 -+- (0,00182 — o,ooooo3 £)/?'•'
Azote 273,6 — y//? 2,73 -+- (0,00196 — o,ooooo3é)/>1'1
( 285 )
sous la réserve que les coefficients D ne descendront pas au-dessous des
valeurs ci-après :
Hydrogène D = 4i , 19
Air D= 2,837
Azote D= 2,922
» M. Amagat a donné les rapports - des volumes v à la température t
et sous la pression p, aux volumes eu à la température t = o et sous la pres-
sion normale/? = 1.
» On a
v_ __ pv __ D(|3-h t)
oj pu) pu
» D'après les densités qui sont admises pour l'hydrogène, l'air et l'azote,
les volumes o> sont :
m
Hydrogène 011=1219,0
Air oj — 773 , 4
Azote u) = 790 , 6
» Avec les .valeurs de D, (3, w, on trouve, pour les rapports -, les résul-
tats ci-après :
Hydrogène.
Tensions
" ..
v
en
atmosphères.
P.
- d'
(0
apn
;s M. Amag
at.
- d
10
api
es la formu
le
t = 0.
t
= 99,3-
t ■
= 2oo,5.
t =0.
1
' = 100.
t = 300.
100
0,010690
»
»
0,010680
0.
,014424
0,0l8077
200
o,oo56go
O,
007567
0
,009420
o,oo568o
0
,007594
0,0094l7
3oo
p i.'in
5286
652o
4oi3
53i7
652g
4oo
3207
4.47
507a
3i8o
4i79
5o87
5oo
2713
3462
4210
2680
3496
421 1
600
2387
3oo6
3627
2347
3o4o
3644
700
2149
2680
3212
2109
2715
3226
800
1972
2444
29OO
i93o
2444
2922
900
i832
2244
2607
'79'
2281
2680
1000
1720
2093
»
1680
2i3o
2489
» Le calcul peut se simplifier pour l'hydrogène, en remarquant que,
pour/j = 1, on a
ç>'= cu(i -+- o,oo36G/);
une
( 286 )
transformation de la relation - = _i£-± — donne facilement (')
Pouri:=: o -= 1-0,000680
co p
» ^=100 - = ( h o,ooo559 ) i,366
w \p )
» ( = 200 - = ( 1-0,000437)1,732
Air.
Tensions
en
atmosphères.
P.
^d
'après RI. A ma
gat.
^d
0>
'api
'es la formu
le
t = 0.
t
= 99.4-
t-
— zoo, 6.
<=0.
1
t = 100.
1
! = 200.
100
0,009730
O;
oi3S5o
»
0,009707
O
, 01 3338
O
,017006
200
5o5o
O.
007360
O
,00943o
5334
0
, 007 1 48
0
,oo8835
3oo
3658
5170
6622
3894
5171
63o9
4oo
3o36
4170
5a4o
3i78
41S2
5o47
5 00
2680
3565
4422
2763
36io
43i3
600
2^5o
3i8i
3883
2485
3226
3821
700
2288
2904
35o2
2291
2958
3475
800
2168
2699
3219
2l4l
2753
32l4
900
2070
2544
3 000
2028
2S97
3oi4
1000
«992
24l5
2828
!93;
2473
2835
Azote.
P.
t = 0.
t = 99,5.
t = 199,6.
<=0.
t — 100.
t = 200.
100
0,009910
»
»
0,010060
o,oi3663
0.017 127
200
5ig5
0,007445
0,009002
o,oo5532
0,007433
0 , 009207
3oo
3786
53oi
67 1 5
4o44
5384
6591
4oo
3i48
4265
533i
3307
4262
5i64
5 00
2780
3655
45 1 5
2873
377o
4527
600
2543
3258
397 3
2584
3373
4019
700
2374
2980
358g
2383
3og6
3662
800
2240
2775
,1,'nin
2229
2884
33g2
900
2i49
2616
3o85
2110
2122
3i85
1000
2068
h
»
2018
25g4
3020
(') Comptes rendus, premier semestre, p. ia53; 1890.
( 287 )
PHYSICO-CHIMIE. — Sur la basicité des acides organiques, d'après leur
conductibilité. Acides monobasiques et bibasiques. Note de M. Daniel
Beiitiielot, présentée par M. Lippmann.
« Je me suis proposé de caractériser la basicité des acides organiques
au moyen des conductibilités électriques de mélanges faits en diverses
proportions de ces acides avec la potasse : c'est l'existence des sels acides
dans les dissolutions qui forme le nœud du problème, et c'est la définition
par cette voie des caractères propres des acides organiques qui constitue
la nouveauté de mes recherches.
)> En effet, si à une quantité donnée d'acide on ajoute des quantités
croissantes de potasse, la liqueur, d'abord acide, devient, comme on sait,
neutre, puis alcaline; et l'on peut considérer a priori les liqueurs acides
soit comme de simples mélanges de dissolutions d'acide libre et de sel
neutre, soit comme des sels acides chimiquement définis, soit comme des
mélanges de sel acide avec une certaine dose de sel neutre et d'acide libre
résultant de sa dissociation. De même les liqueurs avec excès d'alcali
pourraient être de simples mélanges de sel neutre et de potasse, ou bien
renfermer une certaine dose de sels basiques définis.
)> Si les conductibilités observées coïncident avec les conductibilités
calculées dans l'hypothèse de simples mélanges, c'est que ni l'excès d'a-
cide, ni l'excès d'alcali n'ont d'action propre sur le sel neutre dans
les dissolutions ; si elles leur sont inférieures, c'est l'indice d'une action
chimique : les observations de M. Bouty sur le sulfate acide de potasse
fournissent un premier exemple de ce genre d'étude.
» J'exposerai successivement les résultats de mes observations, d'abord
avec les acides organiques monobasiques à -^ de molécule par litre, pris
à 170, puis avec les acides polybasiques pour des dilutions analogues, les
conclusions n'étant pas les mêmes pour ces deux groupes de corps, et
l'étude des acides monobasiques donnant, par l'opposition de ses résultats,
une certitude propre à ceux que l'on observe sur les acides bibasiques.
Acides monobasiques
Sel neutre
Nombre relatif
de molécules
form;
ique.
acétique.
benzoïque.
glycolique.
d'acide, de potasse.
Observé.
Calculé.
Observé. Calculé.
Observé.
Calculé.
Observé. Calculé.
1 , OOO 0 , OOO
o,384
)>
0,116 »
0,208
»
o,33i »
0,750 o.25o
o,3i9
o,332
0,206 0,207
0,212
0, 210
0,276 0,276
o,3o4 o,3o3
0,667 0,333
o,347
o,35i
o,263 0,265
0,255
o,256
o,5oo o,5oo
o,438
»
o,386 »
0^356
»
0 , 385 »
o,333 0,667
o,83g
0,880
0,809 o,85o
o,792
o,832
o,8o3 o,85o
o,25o 0,750
1 ,o65
1,074
1 ,o48 1 ,o5i
1 ,o36
1,039
1,045 1,047
0,000 1 ,000
1 ,780
»
» »
»
»
» »
( *88 )
» D'après ces chiffres, si l'on ajoute au sel neutre d'un acide monobasique
un excès, d'acide, les nombres calculés coïncident à moins de i pour ioo
près avec les nombres observés. L'excès d'acide n'a donc pas d'action
sensible, ce cpii est conforme aux résultats des observations thermochi-
miques. Cependant, dans le cas de l'acide formique, il y a une légère
différence, qui paraît impliquer la présence de quelques centièmes de
formiate acide, conformément aussi aux mesures thermochimiques. Les sels
acides des acides monobasiques n'existent donc pas dans les dissolutions
étendues, ou du moins il en subsiste à peine quelques traces.
» Si, d'autre part, on ajoute au sel neutre d'un acide gras ou analogue
un excès d'alcali, la première molécule de potasse produit un abaissement
de près de 5 pour ioo, attribuable à un commencement de dissociation
du sel neutre dissous et analogue au dégagement de chaleur que l'on
observe dans les expériences thermochimiques en pareil cas. La deuxième
molécule de potasse n'a plus qu'une action à peu près insensible.
» Dans le cas des acides bibasiques, au contraire, l'excès d'acide a une
influence très marquée sur le sel neutre dans les dissolutions. En effet,
les conductibilités que j'ai observées sont inférieures parfois de 5o pour ioo
aux conductibilités calculées (') en envisageant les liqueurs comme de
simples mélanges d'acide et de sel neutre. Voici, par exemple, des nom-
bres relatifs aux acides oxalique et succi nique.
Acide oxal
ique.
Acide succinique.
Différence
en
Différence
Acide.
Potasse.
Observ .
Calculé.
Écart, centièmes.
Observé.
Calculé.
Écart.
relative.
I ,OO0
0,000
2,3go
»
»
»
0,210
»
»
»
0,760
o,2-5o
i,4io
1 ,745
o,335
'9
0,224
0,262
o,o38
i4,5
0,667
0,333
1,07s
i,533
o,458
3o
0,275
o,3i8
0,043
1 3 , 5
o,5oo
o,5oo
o,533
i,o85
0, 55a
5i
0,398
o,438
o,o4o
9
+0,333
0,667
o,633
sel neutre
»
))
o,563
sel neutre
»
»
o,25o
0,700
0,894
0,920
0,026
2,8
0,806
0,867
0,061
7
0,200
0,800
1 ,o58
1,071
o,oi3
1
1 ,006
1 ,001
»
»
» L'acide malique a fourni des différences de 20 à 3o centièmes et l'on
en trouve également de considérables en calculant les nombres observés
(') Le calcul est fait en prenant pour l'acide, conformément aux résultats d'Arrhe-
nius (Wicd. Ann., 1887), la limite correspondante à la mise en liberté de H pour une
molécule.
( 289 )
pour les autres acides bibasiques, tels que les suivants :
Acide. Polasse. Malonique. Pyrotartrique. Phtalique. Campkorique.
1 ,000
0,000
0,906
o,238
0,809
0, 1 3 1
0,750
o,25o
o,58i
0,228
0,517
o,iS4
0,667
0,333
o,497
0,270
o,436
o,235
o,5oo
o,5oo
0,417
o,3S6
0,387
o,35i
+o,333
0,667
o,586
o,545
o,54i
o,5oa -+- sel neutre
o,25o
0,750
o,854
0 , 802
0,819
o,769
0,200
0,800
1 ,o36
o,996
i ,oi3
0,968
» L'abaissement observé répond à l'existence de sels acides dans les dis-
solutions, sels probablement identiques aux sels acides cristallisés qui sont
bien connus. Les conductibilités indiquent, en outre, que de tels sels acides
ne subsistent pas inaltérés et stables dans leurs dissolutions, mais qu'ils
y sont partiellement dissociés en sels neutres et acides libres. Ce point
mérite attention; d'après leur poids moléculaire, il semblerait que les sels
acides dérivés des acides bibasiques dussent avoir, au même titre que les
sels neutres, une existence propre et une stabilité comparable : car la mo-
lécule de l'acide libre renferme 2 équivalents d'hydrogène substituables
par un métal, c'est-à-dire qu'il doit exister et qu'il existe en effet deux
séries distinctes de sels de potassium, de sodium, etc., renfermant les uns
2 équivalents de potassium, les autres 1 équivalent de potassium et 1 équi-
valent d'hydrogène ; les uns et les autres constituant des molécules uniques
et définies. Or les conductibilités montrent que les sels de la seconde série
dans les dissolutions n'existent qu'à l'état de dissociation partielle en acide
libre et sel neutre : résultat que la Thermochimie d'ailleurs avait déjà mis
en évidence. Il en résulte que, si on les additionne de quantités d'eau
croissantes, leurs conductibilités moléculaires varient incessamment sui-
vant des proportions différentes de celles des simples mélanges ou bien
encore de celles des sels neutres à molécule stable, et croissent plus rapi-
dement que ces dernières.
» L'une des conséquences les plus remarquables de l'existence des sels
acides dissous se manifeste clans l'étude des conductibilités de tels sels
formés par les acides bibasiques isomères. Je rappellerai en effet que
j'ai établi précédemment (Comptes rendus, t. CXII, p. -(6-l[S) que, taudis
que les conductibilités sont les mêmes pour les sels neutres isomères,
elles varient autrement pour les sels acides correspondants. »
C. H., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, M0 5.) JO
( 29° )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la réaction des dérivés oxyalkylès de la dimè-
thylaniline. Note de M. Edouard Grimaux, présentée par M. Schùtzen-
berger.
«. On sait que M. Lauth a, le premier, préparé la diméthylaniline et l'a
employée dès 1862 pour l'obtention de matières colorantes. Depuis cette
époque, la diméthylaniline a été l'objet d'un grand nombre de travaux et
a pris une importance scientifique et industrielle considérable. On a en
outre étudié les homologues de cette base, les diméthyltoluidines par
exemple, et cherché à établir l'influence des radicaux alcooliques CH3, C2 H5
sur la production et la nature des matières colorantes formées.
)> Dans le présent travail, j'ai essayé d'établir le rôle des groupements
oxyalcooliques, comme l'oxyméthyle OCIP, l'oxyéthyle OC2 H5, substitués
dans le noyau C°IP de la diméthylaniline, et de rechercher en même
temps la différence de réaction des bases suivant la place qu'occuperaient
ces groupes relativement à Az(CH3)2. A cet effet, j'ai étudié les bases
meta et ortho, représentées par les formules suivantes, dans lesquelles R
est du méthyle ou de l'éthyle :
Az(CH3)-
OR
Az(CH3)-
OR
Case meta.
Base ortlio.
» Base meta. — Comme type de base meta, j'ai pris la diméthylaniline
oxyéthylée ou diméthylmétaphénétidine, décrite par M. Ph. Wagner,
mais je me suis assuré que la base oxyméthylée se comporte de la même
façon.
» Action de COCI2. — Quand on fait réagir sur cette base le chlorure
de carbonyle en présence de chlorure d'aluminium, il se forme une ma-
tière colorante d'un beau bleu, tandis que, dans les mêmes conditions, la
diméthylaniline fournit le violet cristallisé. Purifiée par les procédés ordi-
naires, cette matière possède un grand pouvoir tinctorial ; elle teint en
un bleu très pur et très beau la soie, la laine et le coton mordancé au
tannin.
( 291 )
» Ce bleu chauffé à ioo° avec l'acide suif inique se détruit et se trans-
forme en une matière rouge, fluorescente, présentant peu d'éclat et res-
semblant à la couleur qu'on obtient en chauffant le diméthyle métami-
dophénol avec des agents déshydratants.
» Quoicpie ce bleu n'ait pas été analysé, son mode de formation, ana-
logue à celui du violet cristallisé, doit le faire regarder comme un dérivé
hexaméthylé et trioxélhylé de la fuchsine, de la formule
r \z(.cH3n
cci c°h3;
L \oc2ip J
» On voit que l'introduction des groupes OC2 II' dans le violet hexa-
méthylé le fait passer à la couleur bleue. M. Ilofmann a déjà signalé l'in-
fluence de l'introduction de groupes owalcooliques dans les radicaux;
phénylés de la fuchsine, en décrivant la fuchsine hexaméthoxylée obtenue
au moven de l'acide eupittonique et qui est une belle matière colorante
bleue.
» Dérivé nilrosé. — La base meta fournit un dérivé nitrosé qui se com-
porte dans la plupart des réactions comme le nitrosodiméthylaniline. Il
donne des oxazinesavec l'acide gallique, le tannin, le pyrogallol, l'orcine,
la résorcine, etc., des eurhodines avec les méta-diamines, un indophénol
avec l'a-naphtol, mais il en diffère en ce qu'il ne donne pas avec le
(3-naphtol de bleu analogue au bleu de Meldola, et qu'il ne fournit pas de
dérivé comparable au bleu de méthylène par les divers procédés qui per-
mettent d'obtenir celui-ci au moyen de la nitroso-diméthvlaniline.
» La base meta a encore été soumise à divers réactifs pour la comparer
à la base ortho ; elle a donné les résultats suivants :
» i° Avec l'anhydride phlalique seul, aucune réaction; en présence de
chlorure de zinc ou d'acide sulfurique, formation d'une couleur rouge
fluorescente, qui paraît identique à la rhodamine;
» Dans cette réaction et dans quelques autres le groupe OC2 IF de la
base meta paraît être transformé en OH et l'on observe alors la réaction
du diméthvlmétaamidophénol ;
» 2° Avec l'acide arsénique à 17J0, couleur rose qui ne paraît pas un
produit d'oxydation, mais résulte de la formation, puis de la condensation
de diméthylamidophénol ;
» 3° Avec le chlorure de phtalyle, production d'une matière verte, res-
semblant au vert phtalique dérivé de la diméthylaniline;
( 292 )
» 4° Chauffée avec le chlorure de l'acide diméthylmétaamidobenzoïque
Az(CH3)a
CH4^ , elle donne une matière colorante d'un beau bleu ;
XCOCl
» 5° Elle se colore en rose quand on la chauffe avec du chloroforme et
de la soude;
» G0 Chauffée doucement avec le chlorure phénylsulfureux, elle donne
lieu à une réaction violente, avec formation passagère d'un corps bleu
qui passe rapidement au jaune;
» 70 Avec l'aldéhyde benzoïque et le chlorure de zinc, avec le phényl-
chloroforme on observe de même la formation de matières colorantes.
» Base ortho. — La base ortho sur laquelle les expériences ont été faites
estl'ortho-anisidine diméthyle bouillant à 2io°-2i2°. Elle se comporte tout
autrement que la base meta; elle ne donne aucune matière colorante avec
l'oxychlorure de carbone, l'anhydride phtalique, le chloroforme et la
soude, l'aldéhyde benzoïque, le phénylchloroforme. Avec l'azotite de
soude elle ne fournit pas de dérivé nitrosé, comparable à la nitrosodimé-
thylaniline. Par là elle se rapproche de la diméthylorthotoluidine qui ne
donne pas de dérivé nitrosé et ne réagit pas avec l'aldéhyde benzoïque.
» La base ortho, en réagissant sur l'acide arsénique à 175° ou sur le
chlorure phénylsulfureux, donne une belle couleur bleue qui se produit
également quand on chauffe son chlorhydrate seul à i75°-i8o°. Par cet
ordre de réactions, elle est comparable à la diméthvlanilinc qui, oxydée,
donne le violet de Paris ; ici encore on voit l'influence d'un groupe oxyal-
coolique sur la nature de la couleur produite.
» Ni la base meta, ni la base ortho ne donnent de couleurs par le chlo-
rure de cuivre, qui transforme si facilement la diméthylaniline en violet
de Paris.
» De ces recherches, il ressort non seulement que l'introduction d'un
groupe OR dans la diméthylaniline modifie ses aptitudes réaetionnelles et
influe sur la nature de la couleur formée ; mais encore qu'il y a une très
grande différence dans la façon de réagir des diméthylanilines oxyalkyles
suivant que le groupe OR occupe une position ortho ou une position meta
relativement au groupe Az(CII3)2.
» Nous avons commencé, M. Lefèvre et moi, l'étude des dérivés nitrés
des bases ortho et meta; nous avons obtenu plusieurs dérivés nouveaux que
nous aurons l'honneur de faire connaître prochainement à l'Académie. »
( *& )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la lévosine, nouveau principe immédiat des
céréales. Note de M. C Taxret.
« Au cours de recherches entreprises l'été dernier sur la maturation du
seigle, j'ai réussi à isoler un des hydrates de carbone que les comptes
rendus d'analyses englobent sous le terme générique de dextrines. C'est
un principe bien défini, que j'ai retrouvé dans l'orge et le blé. Il tourne à
gauche le plan de polarisation, d'où le nom de lévosine que je propose de
lui donner.
» Préparation. — Le seigle moulu est épuisé par de l'alcool à 5o° et la colature
additionnée ensuite de a volumes d'alcool à 0,4°, qui en précipite une assez grande
quantité de gomme. Après décantation, on distille, et dans le résidu de la distillation
on verse de l'eau de baryte, jusqu'à ce qu'une nouvelle affusion n'y détermine plus
qu'un précipité qui se redissout immédiatement. A ce moment on filtre, et dans la
liqueur ainsi déféquée on verse de nouveau un grand excès d'eau de ba^te concen-
trée et chaude, jusqu'à formation d'un précipité stable. Quand la liqueur est refroidie,
on recueille ce précipité, on le lave à l'eau de baryte froide, puis on le décompose par
l'acide carbonique. On sépare à chaud le carbonate de baryte, et par évaporation on
obtient la lévosine, mais contenant de o,5o à i pour 100 de baryte. Pour la purifier,
on la redissout dans le moins possible d'alcool à 6o°, on y ajoute de l'acide sulfurique
étendu en quantité strictement nécessaire, puis on la précipite par un excès d'alcool
à 0,5°. Il n'y a plus qu'à la reprendre par l'eau, filtrer et évaporer.
)> Composition. — La composition de la lévosine, desséchée à i io°, peut
être représentée par les formules C"rL°Oi0 ou (C,2H100'°)''. Elle a
donné, en effet, à l'analyse, les mêmes chiffres que l'amidon et la dextrine,
et, d'autre part, l'application de la méthode de Raoult à la recherche de
son poids moléculaire a conduit, pour ce dernier, au chiffre 652, alors que
(C,2H,0O'0)4 vaut 648.
» Le produit anhydre exposé à l'air reprend 1 1 pour ioo de son poids
d'eau, ce qui donne pour la lévosine hydratée (C,2H'°0,°, H202)*.
» Propriétés physiques. — La lévosine est un corps blanc, amorphe et à
peu près insipide. Elle se dissout dans l'eau en toutes proportions. Très
soluble dans l'alcool faible, elle ne l'est plus qu'à peine dans l'alcool à 95°.
Elle se ramollit à i45°, mais ne fond nettement que vers 1600. Sa densité
est de 1,62. Elle est lévogvre : [ocu] = — 36°, et son pouvoir rotatoire ne
varie pas avec la durée de la dissolution, non plus que sous l'influence de
la température.
( 294 )
» Propriétés chimiques. — La lévosine ne réduit pas la liqueur de Fehling
et ne fermente pas avec la levure de bière. La diastase est aussi sans action
sur elle. La lévosine s'hydrate sous l'influence des acides très étendus
avec la môme rapidité que le sucre de canne. Il a môme suffi de la chauffer
en tube scellé avec de l'eau distillée à ioo°, pendant quatre-vingts heures,
pour obtenir le même résultat. Son pouvoir rotatoire a alors augmenté d'un
peu plus du double et il s'est formé une matière sucrée ([aD]= — 7G0), d'où,
en passant par le lévuloside de chaux, on a pu retirer du lévulose dans une
proportion voisine des trois quarts, le reste du mélange sucré étant con-
stitué par un glucose très faiblement dextrogyre.
» La lévosine n'est pas attaquée par les solutions alcalines, môme bouil-
lantes. Elle forme avec les bases des combinaisons dont quelques-unes ont
été analvsées.
» Le composé C4fiH3CBa40''° se produit quand on verse dans de l'eau de
baryte une solution de lévosine. Il est insoluble dans un excès d'eau de
baryte, et l'eau pure le dissocie en un autre composé peu soluble à froid
C48H38Ba20'°. Mais si dans une solution de lévosine contenant des sucres
on verse de l'eau de baryte, le précipité se redissout tant que ceux-ci n'ont
pas fixé une quantité déterminée de base, le glucose, par exemple, équi-
valent pour équivalent. C'est sur cette formation du composé insoluble de
lévosine et de baryte que repose, on l'a vu, le mode de préparation de la
lévosine qui, dans les céréales, se trouve toujours accompagnée d'assez
grandes quantités de sucres.
» La chaux précipite aussi la lévosine, mais le composé C*8H38Ca2Ô40
a été seul analysé. On l'obtient en dissolvant de la chaux dans une solution
étendue de lévosine, jusqu'à commencement de trouble stable, puis en
précipitant par l'alcool faible.
» La lévosine ne précipite ni l'acétate neutre ni l'acétate basique de
plomb; mais en présence d'alcool elle donne avec ce dernier un précipité
qui a pour formule C48H30Pb4O4°. Avec l'acétate de plomb ammoniacal,
on obtient le composé insoluble C48 H34 Pb60"°.
)> En même temps que polyglucoside,la lévosine est alcool polyatomique.
En effet, chauffée avec de l'acide acétique anhydre et de l'acétate de soude
bien sec, elle a donné un éther triacétique [C'2H40''(C4II''0')8]4, très
difficilement saponifiable, mais d'où cependant la lévosine a pu être retirée
inaltérée. Si l'on remplace l'acétate de soude par le chlorure de zinc, on
obtient un éther tétracétique [C,2H202(C4H404)']'\
» Dissoute à froid dans l'acide nitrique fumant, la lévosine a donné par
( 295 )
précipitation par l'acide sulfurique un produit légèrement explosif, dont
la composition répond à un mélange d'éthers di et trinitriques.
» La lévosine ne se colore pas par l'iode. Autre caractère négatif à
noter, l'acide nitrique la change en acide oxalique sans formation intermé-
diaire d'acide mucique.
» La lévosine a été trouvée dans les grains du seigle, de l'orge et du blé. Les pre-
miers en ont donné environ 3 pour 1000 le a5 juin, 4 le i5 juillet et 7 à la maturité
complète, soit un rendement constant d'un peu plus de 8s1' rapporté à 1000 de matière
sèche.
» Du blé vert examiné le 9 juillet, à peu près dans le même état de développement
que le seigle du 25 juin, a donné la même quantité de lévosine que ce dernier. Mûr il
n'en contient plus guère que as1'.
» Dans Forge, la variation de la lévosine est encore plus grande. Ainsi, les grains
verts en ont donné le 18 juillet 7 pour 1000 (équivalant à 20 pour 1000 de matière sèche).
Or, on n'en retire même plus 1 pour 1000 des grains mûrs.
» Dans l'avoine, verte ou mûre, on n'a pas rencontré de lévosine. Sa présence n'a
pu également être constatée dans le maïs mûr. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la quantité d'oxygène contenue dans
le sang des animaux des hauts plateaux de l'Amérique du Sud. Note de
M. Viault, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« J'ai montré, dans une précédente Communication, l'influence que le
séjour dans l'atmosphère raréfiée des hautes montagnes exerce sur la
richesse globulaire du sang de l'homme et des animaux vivant sur les
hauts plateaux du Pérou, et j'ai fait voir qu'un des premiers phénomènes
produits, sur l'organisme de l'homme des bas niveaux qui va vivre aux
grandes altitudes, est une augmentation considérable du nombre des glo-
bules rouges du sang.
» Je présente, aujourd'hui, à l'Académie le résultat des analyses des gaz
du sang que j'ai pratiquées sur les sommets des Andes, au moyen de la
pompe à mercure ( ' ) .
(') Il n'était pas facile, on le comprendra, de transporter, à des milliers de lieues de
France, à l'altitude de /poom, dans un pajs sans routes et à travers d'innombrables
précipices, un appareil aussi encombrant et aussi fragile que la pompe à mercure des
physiologistes. J'y suis cependant parvenu, grâce à l'ingénieuse disposition donnée à
l'appareil par mon savant collègue le professeur Jolyet.
( a96 )
» Ces analyses ont été effectuées sur place, à la mine de Morococha
(43o,2m) et àChicla, localité située à l'altitude de La Paz ('i'jil^1), elles
n'avaient jamais, jusqu'alors, été pratiquées dans ces conditions.
» Avant d'exposer le résultat de mes expériences, je dois rappeler l'état
de la question sur ce point de Physiologie. Dans une Note lue à l'Institut et
à la Société de Biologie en 1882, P. Bert a fait connaître le résultat d'ana-
lyses pratiquées à Paris sur la capacité respiratoire de divers échantillons
de sang qui lui furent envoyés de La Paz. Comparant les chiffres obtenus à
ceux que fournit l'étude de la capacité respiratoire du sang des herbivores
de nos pays, il conclut que le sang des animaux vivant sur les hauteurs pos-
sède une capacité respiratoire considérable, pouvant s'élever à 21 volumes
d'oxygène pour 100 volumes de sang, tandis que celle de nos herbivores ne
serait que de 10 à 12 pour 100. Il y a eu évidemment une cause de varia-
tion inexpliquée, dans les expériences qui ont amené P. Bert à ce dernier
chiffre, car la capacité respiratoire du sang de nos herbivores n'est pas de
10 à 12, mais de iG pour le cochon d'Inde, de iG à 18 pour le mouton
(Jolyet, Quinquaud), de a3 pour le bœuf et le cheval (Quinquaud), de
29 même pour l'àne (Quinquaud), etc. En un mot, contrairement à ce qui
avait été avancé, le sang des animaux des hauts plateaux, examiné au
point de vue de sa capacité maxima d'absorption pour l'oxygène, ne paraît
pas différer notablement du sang de nos animaux des bas niveaux.
» Mais cette notion de la quantité maxima d'oxygène que peut absorber
le sang, par une agitation énergique avec de l'air, ne préjuge rien pour la
question des gaz existants dans le sang chez l'animal vivant, aux diverses
pressions auxquelles cet animal peut être soumis, puisque, lorsqu'on
place l'animal dans les cloches à décompression, la proportion d'oxygène
qui est de 18 pour 100 à 21 pour 100 chez le chien, à la pression de 76omm,
tombe à 12 pour 100 ou i3 pour 100 à la pression de 45omm. Le chien est
donc ainsi rendu brusquement anoxyhémique. Si on le ramène à la pres-
sion normale, l'oxygène revient à son chiffre primitif.
» Voilà ce qu'enseignent les expériences maintes fois répétées dans les
cloches de la Sorbonne. Mais l'animal des hauteurs, vivant dans une
atmosphère à la pression de 45omm et acclimaté à ce séjour, se comporte-
t-il comme l'animal des bas niveaux brusquement et momentanément
décomprimé, ainsi que le voudraient à la fois la théorie et les expériences
en cloche? Personne n'a encore répondu à cette question par des preuves
expérimentales, et la théorie si ingénieuse et si séduisante du vénérable et
éminent observateur le Dl Jourdanet, malgré l'appui que paraissaient lui
(' 297 )
avoir apporté les recherches de P. Bert, manquait cependant de certitude
aux yeux de beaucoup de pathologistes. Il n'y avait qu'un moyen de ré-
soudre le problème, c'est de pratiquer, comme je l'ai fait, des analyses
des gaz avec le sang pris sur l'animal vivant, aux altitudes mêmes où vit
l'animal. Voici les chiffres fournis par les expériences, malheureusement
peu nombreuses, que j'ai pu faire durant mon séjour dans la Cordillère :
» I. Le 18 octobre, à la mine de Morococha (4392™; hauteur barométrique = 45omm),
l'extraction par la pompe des gaz contenus dans i5sr de sang artériel de mouton me
donne après réduction des chifTres à o° et 760"
-\Uim
A. Oxygène i3,c, iG pour 100.
» II. Même date. Le sang d'un second mouton me donne :
B. Oxygène i3cc,3o pour 100.
» La capacité respiratoire maxima de ce second sang déterminée sur place, à la
pompe, était de i-cc,o5pour 100.
» III. Le 10 novembre;'! Cliicla (3724'"; pression = 485mra), l'extraction par la pompe
des gaz contenus dans i5sr de sang pris dans l'artère crurale d'un chien me fournit,
après réduction à o° et 760"
.Hun
C. Oxygène iSc, 26 pour 100.
» Les sangs A et C recueillis dans des flacons et analysés à Bordeaux, dans le labo-
ratoire du professeur Jolyet, possédaient la capacité respiratoire maxima suivante
déterminée par le dosage du fer de l'hémoglobine :
Le sang A. Mouton iti pour 100
Le sang B. Mouton 17 pour 100 (par la pompe)
Le sang C. Chien t'> pour 100.
0 Les résultats de ces premières expériences se trouvent confirmés par
des expériences pratiquées, les vacances dernières, à l'Observatoire du
Pic du Midi (2877™, environ l'altitude de Quito), et que je ferai connaître
ultérieurement. Or, tous ces résultats, aussi bien que ceux de ma précé-
dente Communication sur les globules du sang, concourent à démontrer
ce fait, que la proportion d'oxygène contenue dans le sang des animaux et
de l'homme vivant clans l'air raréfié des hautes montagnes (qu'ils y soient
indigènes ou simplement acclimatés), est sensiblement la même que celle
qui est contenue dans le sang de l'homme et des animaux vivant aux bas
niveaux et que l'anoxyliémie, au moins comme état physiologique chro-
nique, n'existe pas ( ' ).
(') Il va sans dire que je ne nie pas la possibilité de l'anémie pathologique chez les
C. R., 1891 , 1" Semestre. (T. C\II, N° 5.) 3p,
( *9* )
» Ce résultat s'explique sans qu'il soit besoin d'admettre exclusivement,
comme on l'avait fait, une augmentation considérable de la capacité respi-
ratoire du sang pour les animaux des altitudes et, par suite, l'existence
d'une plus forte proportion d'hémoglobine dans leur sang (augmentation
qui existe, d'ailleurs, mais dans des limites modérées, comme me l'ont
montré les examens colorimétriques du sang que j'ai pratiqués). Ce résultat
s'explique, dis-je, par le fait de la division plus grande de l'hémoglobine,
répartie, comme je l'ai montré, en un nombre beaucoup plus considé-
rable de globules, offrant par conséquent une surface plus grande d'oxy-
génation. On comprend ainsi que le Lama, avec une capacité respiratoire
maxima équivalente à peine à celle du bœuf ou du cheval, mais avec une
richesse globulaire de 16 millions de globules par millimètre cube, soit
l'animal par excellence dès grandes altitudes. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — De l'enrichissement du sang en hémoglobine, sui-
vant les conditions d'existence. Note de M. A. Muntz, présentée par
M. Duclaux.
« P. Bert '(') i\ montré que le pouvoir absorbant du sang pour l'oxygène
diminue sous l'influence de la dépression. Lorsqu'on se transporte sur les
hautes montagnes, où la pression atmosphérique est plus faible, la combi-
naison oxyhémoglobique tend donc à subir une dissociation progressive, et
les fonctions respiratoires ne s'exercent plus avec la même activité. D'ac-
cord avec M. Jourdanet, il a admis que le mal de montagnes est dû à cet
état du sang insuffisamment oxygéné.
» Cependant, le séjour prolongé sur les hauts lieux, surtout lorsque
plusieurs générations successives se sont écoulées, semble produire une
acclimatation qui fait disparaître les effets de la dépression sur l'organisme
animal. P. Bert a attribué cette acclimatation à l'augmentation du pouvoir
absorbant du sang pour l'oxygène. Il a, en effet, constaté que le sang des
herbivores vivant en permanence sur les hautes montagnes est plus riche
en hémoglobine que celui des espèces similaires habitant les plaines, et a
habitants des montagnes, ni même 1'ex.istence d'un état passager d'anoxyhéinie (jus-
qu'à l'acquisition de l'acclimatement par l'hyperglobulie) chez les individus, même
bien portants, brusquement transportés à de grandes altitudes.
(') Comptes rendus, t. XCI\ , p. 8o5.
( 299 )
été amené à conclure à une modification, que le sang finit par éprouver
dans sa constitution, sous l'influence des différences de la tension de l'oxy-
gène, l'enrichissement en hémoglobine pouvant ainsi compenser la raré-
faction de l'air et maintenir l'équilibre dans les fonctions respiratoires.
» Dans le but de contrôler les résultats des expériences de P. Bert, et
d'examiner si une longue suite de générations est nécessaire pour produire
cette modification, j'ai transporté, au mois d'août i883, sur le sommet du
Pic du Midi, à 2877'" d'altitude, où la pression barométrique est voisine de
54omm, des lapins pris clans la plaine et qui appartenaient au type vulgaire
du lapin de garenne. Ils ont paru acclimatés dès le premier jour, cher-
chant leur nourriture sur les maigres gazons de ce haut sommet, sans s'é-
loigner de plus de 2oom à 3oom de l'Observatoire, où ils revenaient géné-
ralement le soir, et où on leur distribuait un peu d'avoine et des épluchures
de légumes. Ils se sont reproduits normalement. Au mois d'août 1890
j'ai sacrifié les lapins nés au Pic, après plusieurs générations, des parents
qui y avaient été installés sept années auparavant, et j'ai examiné leur sang
comparativement avec celui des lapins vivant dans les plaines.
» Quelques modifications s'étaient produites dans les caractères exté-
rieurs des lapins du Pic du Midi. La taille s'était légèrement rapetissée, les
oreilles étaient moins développées, et la fourrure, de nuance plus claire,
était extraordinairement épaisse. Y a-t-il là des indices d'une modification
due à l'influence d'un milieu semblable à celui des régions polaires? Ces'
une question que je ne cherche pas à résoudre ici.
» L'examen du sang, effectué à Paris, dans les mêmes conditions de
pression et de température, a donné les résultats suivants :
Fer métallique
Ox
ygène absorba
M. ii ières fixes
pour ioof
par ioosr
Densité.
pour 100.
de sanç;.
de sang.
1060, 1
■1 1 , ss
70,2
ce
'7,28
io46,s
[5,-5
Jo,3
9,56
Lapins du Pic(moy.) 1060, 1
Lapins de la plaine (moy.). . . . io46,2
» On peut conclure de ces résultats que, lorsque les animaux vivent ;';
une grande altitude, c'est-à-dire dans un milieu où la tension de l'oxygène
est notablement amoindrie, leur sang s'enrichit en hémoglobine, comme
le montrent l'augmentation des matières fixes et surtout celle du fer; il
acquiert par suite, pour l'oxygène, un plus grand pouvoir absorbant, pou-
vant compenser l'effet de la raréfaction de l'air.
» Un séjour de sept ans, comprenant plusieurs générations de lapins,
a donc suffi pour effectuer cet enrichissement du sang.
( 3oo )
» Mais une aussi longue durée ne paraît pas nécessaire : ce qui me le
fait penser, c'est l'examen du sang de moutons pâturant sur les flancs du
Pic du Midi, entre 23oom et 2700"1 d'altitude, mais nés dans la vallée et
transportés sur la montagne seulement depuis six semaines. Leur sang a
été comparé à celui de moutons élevés et nourris dans la plaine :
Fer métallique
0
wgène absorbé
Matières fixes
pour loof
par ioof
Densité.
pour ioo.
de sang.
de sang.
lo53,2
i8,.9
mer
6o,4
ce
>7><47
io38,o
1 3 , 58
32>5
7,32
Moutons de la montagne (moy.). io53,2
Moutons de la plaine (moy.) . . io3S,o
» L'enrichissement du sang, qui permet aux fonctions respiratoires de
s'effectuer avec la même intensité aux grandes altitudes, où la tension de
l'oxygène est faible, paraît donc s'accomplir en un temps très court et
n'est pas un phénomène comparable aux modifications lentes que le séjour
continu dans un milieu anormal peut déterminer, après des générations
successives, dans les espèces animales. Des recherches récentes de
M. Viault (') ont montré l'augmentation du nombre des globules du
sang lorsqu'on se transporte sur les hautes montagnes ; elles conduisent
aux mêmes conclusions.
» L'aptitude du sang à se modifier, suivant les besoins de l'organisme
animal, ne se manifeste pas seulement dans les conditions où la tension de
l'oxygène diminue, mais aussi dans celles où les matériaux alimentaires
sont introduits en excès dans la circulation, et où, par suite, une plus grande
activité respiratoire est nécessaire. Tel est le cas des animaux soumis à
l'engraissement intensif. Les nombreuses observations que j'ai faites sur
les sujets primés au Concours général agricole du Palais de l'Industrie
montrent que leur sang est beaucoup plus riche en hémoglobine, en sub-
stances fixes, en fer, que celui des animaux ordinaires. M. P. Regnard a,
de so:i côté, constaté l'augmentation de la capacité respiratoire du sang
des animaux gras :
Fer métallique Oxygène absorbé
Matières fixes pour ioosr par ioo«'
Densité. pour 100. de sang. de sang.
mgr ce
Moutons primés (moyenne).... io58,o 20, 33 $7,0 16, 4
Moutonsoidinaires (moyenne).. io38,o i3,6o 33, o 7,7
(') Comptes rendus, t. CIX, p. 917.
( 3oi )
» Le sang acquiert une capacité respiratoire plus grande lorsque l'af-
flux alimentaire est plus abondant, aussi bien que lorsque l'oxygène est
plus rare; clans les deux cas, il se modifie de manière à pouvoir fournir en
suffisance l'oxygène nécessaire à l'accomplissement des fonctions vi-
tales. »
ZOOLOGIE. — Sur le bourgeonnement des larves c?' Astellium spongiforme Gel.
et sur la Pœcilogonie chez les Ascidies composées. Note de M. A. (jiakd.
« Le Diplosomien récemment étudié par A. Pizon ('), à Saint-Vaast-
la-Hougue, est sans doute celui que S. Jourdain a observé antérieurement
dans la même localité (2). Or il peut rester quelquedoule sur l'identité de
cette forme avec l'espèce que j'ai rencontrée à Roscoff et à Wimereux et
que j'ai décrite sous le nom A' Astellium spongiforme. D'après S. Jourdain
les orifices oraux ne seraient pas entiers, mais pourvus de six dents très
courtes. Sans discuter ici la valeur du genre Astellium, je puis affirmer que
VA. spongiforme, bien étalé, a l'orifice buccal parfaitement arrondi et en-
tier comme je l'ai dit, et comme l'a depuis confirmé Lahille. A l'état de
demi-contraction ou sur les individus arracbésdu connus, les bandes mus-
culaires longitudinales du siphon buccal peuvent donner l'illusion de six
dents qui, en réalité, n'existent pas.
» La ressemblance des larves étudiées par A. Pizon avec celle que j'ai
figurée, ne prouve pas grand'chose; les têtards des Diplosomidœ sont pour
la plupart très semblables entre eux et présentent même une grande ana-
logie avec les embryons de Pyrosomes, comme je l'ai établi dans ma Note
sur la parenté des Luciœ et des Diplosomidœ (3). D'ailleurs, comme je l'ai
rappelé dans cette Note, l'A. spongiforme type existe aussi à Saint- Vaast et
de plus, cette question de l'identité du Brevislellium de S. Jourdain avec
Y Astellium . n'a qu'une importance secondaire dans le débat soulevé par
A. Pizon.
(') Pizo.n, Sur la blastogénèse ehez les larves cTAstellium spongiforme {Comptes
rendus, 19 janvier 1891).
(2 ) Joi'RDAi.N, Sur les Ascidies composées de la tribu des Diplosomidœ {Comptes
rendus, iâjuin 1 885 ) .
(3) Gurd, Sur l'embryogénie des Tuniciers du groupe des Lucice {Comptes ren-
dus, 1 3 décembre 1875).
( 3°2 )
» J'ai représenté sur le têtard à'Astellium, récemment éclos, un oozoïte
et un blastozoïte complets, plus un deuxième blastozoïte dont je n'ai pas
figuré la branchie parce qu'elle n'existe qu'à l'état de bourgeon indifféren-
cié, caché par le futur intestin, la masse brunâtre désignée par la lettre P
dans la figure citée par Pizon. Cette niasse brunâtre, reste de l'endoderme
primitif, a représenté successivement l'intestin primordial de l'oozoïte,
puis du. premier blastozoïte. Au stade figuré, elle représente l'intestin du
deuxième blastozoïte, et elle représentera plus tard, jusqu'à épuisement,
l'intestin des blastozoïtes successifs; de même que, dans tous les œufs à
embryogénie condensée, les réserves deutoplasmiques représentent l'ar-
chentéron de l'embryon.
» Je n'ai dit nulle part, comme l'avance Pizon, que les cinq ou six
blastozoïtes presque complètement développés que j'ai observés chez les
larves fixées depuis sept ou huit heures dérivaient des tubes exodermi-
ques. Je considérais autrefois ces prolongements comme devant servir ulté-
rieurement à l'extension à distance de la colonie, et je leur donnais, pour
ce motif, le nom de tubes sloloniaux. Mais la colonie étant, dans le début,
composée d'une chaîne, l'animalcule le moins développé au moment de
l'éclosion était, disais-je, « celui qui se trouve à droite et à la partie infé-
» Heure du têtard » dans la figure discutée.
» Il y a longtemps que Rrohn et Metschnikoff pour les Botrylliens,
Délia Valle pour les Botrylliens et les Reliculatœ, ont relevé l'erreur que
nous avions commise, H. Milne-Edwards et moi, en attribuant aux tubes
exodermiques un rôle immédiat dans la cormogénèse. Toutefois, il ne me
parait pas encore suffisamment établi que ces organes ne contribuent en
aucun moment à la production de nouveaux individus. En ce qui concerne
les Diplosomiens, j'ai signalé, en 1872, le bourgeonnement direct, que j'ai
appelé improprement pylorique, et qu'il vaut mieux désigner sous le nom
de bourgeon œsophagien. Ce bourgeon correspond, comme je l'ai indiqué
depuis pour Dts/aplia, à la cloison ovarienne (tube épicardique E. van Be-
neden) des Polvcliniens ('). Pizon est d'accord avec moi sur ce point,
puisqu'il fait naître le bourgeon œsophagien de la membrane pcribrau-
chiale, près de la naissance de l'œsophage.
» Mais il est un fait d'une importance capitale qui semble avoir complè-
tement échappé à Pizon, c'est que chez les Synascidies la rapidité du dé-
(') A. Gi.uid, Sur deux Synascidies nouvelles pour les côtes de France (Comptes
rendus, 26 oclobre 1886).
( ™3 )
veloppement et le nombre des blastozoïtes produits par un même œuf
dépend très souvent, dans une large mesure, des conditions éthologiques.
J'ai insisté autrefois sur l'indépendance relative des divers rudiments de
l'oozoïte et des blastozoïtes, et sur les variations que présente l'embryo-
génie des Ascidies composées suivant les conditions de milieu et les ré-
serves nutritives mises à la disposition de l'embryon. Dans ses très intéres-
santes Recherches sur les Tuniciers, Lahille nous donne un nouvel exemple
fort démonstratif de ces variations. Le Leptoclinum Lacazii, Giard (Diploso-
moides, Lahille) présente des oeufs de deux sortes qui peuvent se rencon-
trer dans un même cormus. Les uns, pauvres en vitellus nutritif, donnent
de petites larves dont la queue se résorbe de très bonne heure et qui
n'ont pas encore bourgeonné le troisième jour; les autres, riches en deu-
toplasme, produisent des larves qui nagent encore le quatrième jour et
contiennent déjà, à ce moment, une colonie de trois individus, dont deux
blastozoïtes pourvus de branchies; au boni d'une douzaine d'heures, on a
une colonie d'une dizaine de blastozoïtes.
» Cette observation de Lahille confirme d'une façon éclatante mes
indications d'il y a vingt ans. D'ailleurs le cas des Synascidies n'est pas
isolé dans le règne animal.
» Schneider et Haeckel ont vu que, suivant les quantités de réserves
nutritives contenues dans l'œuf, le scvphopolvpe à' Aurélia aurila L. donne
naissance par bourgeonnement à une série d'Ephyra ou se transforme par
hypogénèse en une seule Ephyra qui, d'abord fixée, devient nageuse en
se métamorphosant en Méduse (Ephyra pedunculata Haeckel).
» Il Gphioihrix fragiles Mùller, ainsi que je l'ai constaté, pond, suivant
les conditions éthologiques, tantôt des œufs qui se transforment en un
pluteus parfait, tantôt des pluteus imparfaits, tels que ceux étudiés par
Apostolides, tantôt même des embryons incapables de nager, qui donnent
une Ophiure par développement direct.
» Nous avons montré presque simultanément, Boas et moi, que chez
Palœmoneles varians Leach la dimension et le nombre des œufs ainsi que
la rapidité des métamorphoses varient suivant que l'animal vit dans les
eaux saumâtres du Nord ou dans les lacs d'eau douce du Midi.
» Enfin, Portschinslù a découvert que Musca corvina présente des œufs
et des larves complètement différents aux environs de Saint-Pétersbourg
et dans le sud de la Russie.
» Je propose de donner le nom de pœcilogonie à cette particularité que
possèdent certains animaux d'offrir des processus embrvogéniques plus ou
( 3o4 )
moins condensés, suivant les conditions éthologiques où vivent les parents
et les réserves nutritives accumulées dans l'œuf. L'étude des espèces pœci-
logones est des plus importantes pour l'Embryogénie comparée, puis-
qu'elle nous permet de comprendre de quelle façon des types voisins ont
pu passer d'une évolution dilatée à un développement plus ou moins con-
densé. Certains exemples, faussement rattachés aux générations alter-
nantes ou à l'hétérogonie (développement des Trématodes, de Leptodora
hyalina, etc.), reçoivent aussi une vive lumière si on les rapproche des
formes pœcilogones dont ils constituent un cas limite compliqué de pro-
anatomie animale. -- Sur L'anatomie du Corambe testudinaria.
Note de M. 11. Fischer, présentée par M. Ramier.
« Le Nudibranche que j'ai décrit sous le nom de Corambe testudina-
ria (') est un mollusque de petite taille (3mm de long) que l'on trouve en
abondance dans le bassin d'Arcachon, sur les Zostères incrustés de Mem-
branipores; il paraît très voisin du Corambe sargassicola R. Bergh, delà
mer des Sargasses, et du Corambe batava Kerbert, du Zuyderzée. Les re-
cherches anatomiques que j'ai entreprises sur cet animal dans le but de
déterminer ses affinités avec les autres Nudibranches m'ont conduit aux
résultats suivants :
m Le notaeum déborde le pied de toutes parts; il est percé de deux ou-
vertures laissant passer les rhinophores rétractiles, et présente en arrière
une échancrure médiane. Les branchies sont situées dans la région posté-
rieure, à droite et à gauche, et attachées sous le notœum.
» Le tube digestif comprend les parties suivantes : i° le bulbe buccal
qui reçoit les canaux d'une paire de glandes salivaires et contient une ra-
dule dépourvue de dent centrale, portant de chaque côté une grande denj
latérale et quatre petites dents marginales; 2" l'œsophage; 3° l'estomac,
où s'ouvre largement le canal excréteur d'un foie à lobes non disjoints, ne
se prolongeant pas dans les branchies ni dans le notaeum; 4° l'intestin qui
s'étend en ligne droite jusqu'à l'anussitué sur la ligne médiane, au-dessous
du notaeum et entre les branchies.
» Le système nerveux n'est pas très condensé : les ganglions cérébroïdes
(') Bulletin de la Société zoologic/uc de France, t. XIV; 1889.
( 3o5 )
et palléaux, assez intimement soudés, sont distincts des ganglions pédieux.
Il existe un ganglion optique uni à l'œil par un nerf optique assez long.
Chaque ganglion olfactif est porté sur un pédoncule relativement court.
Les otocystes sessiles sont attachés au-dessous des ganglions cérébroïdes.
J'ai constaté la présence de cinq commissures sous-œsophagiennes : la
commissure buccale, portant les ganglions buccaux rattachés à des gan-
glions supra-buccaux, et la commissure cérébroïde inférieure unissent les
ganglions cérébroïdes; la commissure viscérale, présentant du côté droit
un renflement qui est le ganglion viscéral, unit les ganglions palléaux; la
commissure pédieuse et la commissure pédieuse postérieure unissent les
ganglions pédieux.
» La glande génitale est constituée par des acini mâles et des acini fe-
melles ; son conduit excréteur, renflé vers le milieu en forme d'ampoule,
donne en se divisant l'oviducte et le canal déférent. Celui-ci traverse dans
toute sa longueur le pénis, qui est rétractile dans une gaine. L'oviducte se
réunit à un petit canal provenant de la poche copulatrice, puis se rend dans
la glande albuminipare qui communique par deux canaux avec la glande
de la glaire, laquelle s'ouvre à l'extérieur par l'orifice femelle.
» La poche copulatrice unique, arrondie, communique avec le dehors
par l'intermédiaire du canal copulateur; celui-ci se réunit à la gaine du pé-
nis pour former le vestibule génital qui s'ouvre au-dessus de l'orifice fe-
melle.
» Le rein est un sac allongé dont l'orifice extérieur se trouve au-dessus
de l'anus; de sa région antérieure part le canal réno-péricardique, qui
s'ouvre par un entonnoir cilié dans la cavité du péricarde.
« La circulation se fait de la manière suivante : le sang, lancé par
l'aorte dans les lacunes du corps, se rassemble entre les lobes du foie,
passe au-dessous du rein en subissant la dépuration urinaire, puis s'engage
dans une veine médiane qui se divise en deux canaux se rendant aux bran-
chies; le sang hématose revient à l'oreillette par les vaisseaux efférents
branchiaux. Une autre partie du sang passe des lacunes dans le notseum,
s'y hématose comme dans les branchies et revient à l'oreillette par deux
vaisseaux latéraux. Une glande hématique existe en arrière du système
nerveux.
» Parmi les faits histologiques qui m'ont semblé intéressants, je citerai
les suivants : le canal déférent, la glande albuminipare et la glande de la
glaire présentent des exemples d'épithélium glandulaire formé par une
seule couche de cellules dont les unes sont simplement ciliées, les autres
C. R., 1S91, 1 ' Semestre. (T. CXII, N' 5.) 1°
( 3o6 )
caliciformes et sécrétrices. J'ai rencontré dans l'oreillette et dans les
muscles de la radule des fibres striées transversalement. Le nota^um ren-
ferme des cellules conjonctives dont les prolongements ondulés courent
parallèlement et réunissent les deux faces de cet organe ; les cellules épi-
théliales sécrètent une cuticule épaisse cpii peut se détacher en partie, sui-
vant un processus analogue à celui de la mue. Les terminaisons nerveuses
connues sous le nom de cellules de Flemming se rencontrent fréquemment
dans le notœum.
» L'embryon présente au moment de l'éclosion le corps pigmenté décrit
chez la Philine par de Lacaze-Duthiers et Pruvot sous le nom à' œil anal.
J'ignore si cet organe larvaire a quelque rapport avec une glande posté-
rieure médiane en cul-de-sac que l'on trouve chez l'adulte au-dessus du
pore urinaire, c'est-à-dire non loin de l'anus : dans ce cas, ces deux forma-
tions seraient comparables à l'organe de de Lacaze-Duthiers des Pulmonés,
car cet auteur admet que l'œil anal des Philines en est l'équivalent mor-
phologique.
» Les caractères anatomiques (notseum, radule sans dent médiane, ab-
sence de mâchoires, foie compact, anus médian, ganglions olfactifs cour-
tement pédoncules, ganglion viscéral, glande hématique) éloignent pour
la plupart le Corambe des Polybranches(,£'o/«) et le rapprochent, au con-
traire, des Anthobranches (Boris, Goniodoris); toutefois un certain nombre
de ces caractères appartiennent également aux Phyllidudœ, dont les bran-
chies ont une disposition qui rappelle celle qu'on observe chez le Corambe.
Les autres Inferobranches (Pleurophyllidiidœ) s'éloignent beaucoup du
Corambe. Un certain nombre de caractères anatomiques (échancrure du
notœum, forme des branchies) sont spéciaux à ce genre.
» En résumé, le Corambe doit être placé dans une famille spéciale qui a
beaucoup d'affinités avec les Anthobranches et se rapproche aussi des Phyl-
lidiidœ. Ce résultat, que R. Bergh avait soupçonné par l'étude des carac-
tères extérieurs, se trouve donc bien établi par les faits anatomiques. Cette
famille s'éloigne complètement des Pleurophyllidiidœ, des Polybranches et
des Pellibranches.
» A côté du Corambe il faut probablement placer dans cette famille deux
formes qui me paraissent, autant qu'on en peut juger par des descriptions
très insuffisantes, génériquement très voisines, sinon identiques : le Dori-
della obscui -a V 'errill, long de 7mm, des côtes orientales de l'Amérique du
Nord, et l' Hypobranchiœa fusca Adains, de la mer Jaune, atteignant i5cm
de long. Ce dernier genre est le plus anciennement décrit (1847) et doit
( 3o7 )
donner son nom à la famille, ainsi que le D' P. Fischer l'a déjà proposé.
On voit que cette famille des Hypobranehiwidœ présente une aire de distri-
bution très vaste (Amérique du Nord, mer des Sargasses, golfe de Gas-
cogne, mer du Nord, mer Jaune). »
ZOOLOGIE. — Les Acridiens ( Acridium peregrinum, Oliv.) dans T extrême Sud
algérien. Les populations acridophages. Note de M. J. Kunckei. d'Her-
CULAIS.
« Les dépèches transmises par l'autorité militaire annoncent que de
nombreux vols de Criquets nomades ou pèlerins {Acridium peregrinum,
Oliv.) commencent à envahir l'extrême sud de l'Algérie. Du i5 au 22 dé-
cembre 1890, des vols venant du sud-ouest, c'est-à-dire de l'Aouguerout
et des pays voisins, où ils ont commis de grands ravages, se sont abattus
sur le territoire du cercle de Ghardaia, dans la région du sud-est comprise
entre les postes d'El-Golea et de Ouargla, ainsi qu'au sud de Tougourt et
d'El-Oued. Depuis lors, les uns se sont avancés vers Ouargla, qu'ils ont
déjà dépassé; d'autres se sont dirigés vers la Tripolitaine. Une caravane
de Meharza a apporté à Géryville la nouvelle que toute la région du Touat
et du Gourara a été parcourue par des vols de ces Acridiens; ceux-ci ont
d'abord poussé leurs incursions jusqu'à la lisière nord de l'Areg, qu'ils
couvrent entièrement; puis ils se sont avancés dans la Hamoda, au sud de
Géryville, où ils occupent actuellement un espace carré de trois journées
de marche; ils remontent vers le nord.
» Ces Criquets sont ordinairement revêtus de teintes jaunes, ainsi que
le rapportent tous les témoins des invasions et que le prouvent les descrip-
tions et les figures. Olivier et Audinet-Serville ont signalé une variété
rouge jaunâtre; tous les exemplaires vivants, morts ou préparés que j'ai
entre les mains, qu'ils proviennent de l'extrême Sud, des départements de
Constantine, d'Alger ou d'Oran, appartiennent sans exception à une va-
riété superbe dont toutes les colorations jaunes sont remplacées par de
belles nuances rouge carminé très foncé, passant au rose sur les ailes in-
férieures et les pattes. A quoi tient cette différence de coloration des pig-
ments, portant sur des milliers d'individus? Les générations qui se déve-
loppent dans les régions septentrionales par rapport à l'habitat normal
y perdent-elles leur teinte primiiive? Tl est impossible de répondre actuel-
lement.
( 3o8 )
» Ces Criquets pèlerins n'ont causé jusqu'ici que peu de dégâts, les
dattes étant récoltées et les céréales n'étant pas sorties de terre; la pépi-
nière de Bou-Amem (Ouargla) seule aurait subi quelques dommages: mais
ils sont une menace pour le Tell, qu'ils pourraient envahir dès le premier
printemps, ainsi qu'ils l'ont fait en i845, 1866, 1874, 1877. On aurait alors
à combattre à la fois l'invasion des Acridium peregrinum, espèce nomade
venant de l'extrême Sud, et celle des Stauronolus Maroccanus, espèce au-
tochtone évoluant sur les hauts plateaux, ce qui créerait une situation
difficile.
» Les populations des douars voisins des points d'atterrissements des
Acridiens ont été levées immédiatement pour procéder à leur destruction.
Les indigènes se sont d'autant mieux prêtés aux ordres qu'on leur donnait
qu'ils utilisent ces grands Criquets comme aliments. Chaque tente, chaque
maison a fait sa provision, évaluée en moyenne à une charge et demie par
tente (').
» Il est intéressant de constater que, de nos jours, il subsiste encore, dans
les mêmes pays, une coutume qui remonte à la plus haute antiquité et qui
s'est transmise à travers les âges chez les habitants du désert. Strabon, qui
écrivait au commencement de notre ère, rapporte que, dans les contrées
correspondant à notre extrême Sud algérien et tunisien, « au voisinage
» des Strutophages, habitent les Acridophages qui vivent de sauterelles
» que les vents du sud-ouest et de l'ouest, toujours très forts au printemps
» dans ces régions, emportent et chassent vers leur pays »; et plus loin il
ajoute : « Après qu'on les a ramassés, on les écrase, on les pile dans de la
» saumure, pour en faire des espèces de gâteaux qui forment le fond de la
» nourriture des Acridophages. » Ne croirait-on pas lire un passage des
rapports ou des récits de nos officiers, témoins des invasions des Criquets
pèlerins dans notre Sahara? Les autruches ayant disparu de ces régions,
(') Pour les conserver, ils les font cuire d'abord dans l'eau salée, de la même façon
que nous préparons les Crevettes; puis ils les sèchent au soleil. Ils en ramassent et
préparent des quantités si considérables que, non contents d'assurer leurs approvision-
nements, ils en font un article de négoce; c'est ainsi qu'ils les vendent actuellement
sur les marchés de Tougourt, de Temacin et des villages voisins. J'ai eu entre les
mains une boite de ces Criquets fraîchement préparés, et j'ai pu me convaincre qu'ils
constituaient un mets très acceptable; le goût de crevette que lui attribuent les voya-
geurs est assez prononcé. Avec le temps, ils perdent de leurs qualités; mais n'en se-
rait-il pas de même de nos Crustacés, si nous les mangions salés et séchés au bout de
quelques mois.
( 3o9 )
il n'y a plus de Strutophages; mais les Acridiens s'y montrant en immenses
légions, il y a toujours, comme au temps passé, des Acridophages. »
CHIMIE AGRICOLE. — De V influence de la nature des terrains sur la végétation.
Note de M. G. Rauli.v, présentée par M. Duclaux.
« La pratique agricole enseigne que les engrais ne sont pas tout en
Agriculture, et que, indépendamment de ceux-ci, il y a des terrains de
valeurs productives très inégales.
» M. Grandean a, depuis un certain nombre d'années, établi à Tom-
blaine, à l'école Mathieu de Dombasle, des cases à végétation, dans les-
quelles il a comparé l'influence, sur la production du blé, de la nature du
terrain, de l'espacement des graines, de la variété des semences et des
engrais : ces expériences ont mis en évidence l'intervention de la nature
du sol, indépendamment des autres circonstances, pour faire varier le
poids des récoltes.
» Il m'a semblé qu'il y aurait encore actuellement un certain intérêt à
entreprendre des expériences ayant pour but l'étude spéciale de l'in-
fluence des éléments constitutifs des divers terrains agricoles sur les prin-
cipales cultures, afin d'arriver, s'il est possible, à établir des nombres qui
puissent guider jusqu'à un certain point la pratique agricole.
» On a commencé celte étude par l'expérience suivante, installée au
champ d'expériences de la Faculté des Sciences de Lyon, à Pierre-Bénite :
» On a enlevé la terre végétale sur une profondeur de g5cm et sur une étendue de
5 ares formant cinq carrés de i are chacun. Le sous-sol étant argileux, on a mis au
fond 5cm à 6cm de gros gravier pour former un drainage; enfin on a rapporté dans
chacun de ces carrés, savoir :
N° 1, une terre très riche en sable siliceux. 76 p. 100 du poids de la terre sèche
N° 2, une terre très riche en argile 47 "
N° 3, une terre très riche en calcaire j!\ »
N° 4, une terre très riche en humus 68 p. 100 du poids de la terre de tourbe
N" 5, le mélange à volumes égaux, des quatre terres précédentes.
» On a semé les mêmes engrais chimiques sur ces cinq parcelles :
Par an.
Sulfate d'ammoniaque (azote) , 0,6
Phosphate précipité (acide phosphorique) 0,6
Chlorure de potassium (potasse) 0,7
Plâtre 2,0
( 3iô )
» Le 24 avril 1890, on a semé sur la moitié de chacun de ces carrés du maïs et sur
l'autre moitié des betteraves.
)> Dès les premiers jours, on a remarqué des différences fort remar-
quables dans la vigueur de ces diverses cultures : ces différences ont con-
servé pour les betteraves des rapports à peu près constants pendant toute
la durée de la végétation, mais elles se sont notablement atténuées pour
le maïs à mesure qu'on approchait de la maturité, sans doute à cause de
la multiplicité des radicelles de cette céréale.
» La récolte a eu lieu le 17 novembre. Voici les résultats :
Betteraves. Maïs.
Poids
à
l'hectare.
N° 1, sable 2,o5i
N° 2, argile 2,254
N° 3, calcaire 3g, 356
N° 4-, terre de tourbe. . . . 33,o4o
IS'0 5, mélange 59, 100
» On a dosé le sucre dans les betteraves, et l'on a obtenu les nombres suivants :
Sucre compté
à l'état
de C»H"0«.
Betteraves du n° 1 (sable) 6,17 pour 100
» 2 (argile) 3,64 »
» 3 (calcaire) 7,56 »
» k (terre de tourbe). . . . 6,3i »
» 5 (mélange) 7>23 »
s Comme particularité, je citerai le fait suivant : le rang de betteraves placé dans
le calcaire le long de la terre naturelle du champ, terre riche en humus, a donné des
betteraves pesant i73osr chacune, pendant que chaque betterave de la terre naturelle
pesait 838er, et les autres betteraves du calcaire 989s1". En outre, les premières avaient
une richesse en sucre exceptionnelle : 10, 58 pour 100.
» En résumé : 1° le mélange des quatre terres, sable, argile, calcaire,
terre de tourbe, a donné des betteraves et des maïs d'un poids supérieur
à celui des plantes des terres séparées, et des betteraves d'une richesse
saccharine supérieure à la moyenne;
» 20 11 y a d'une terre à l'aulre des différences considérables dans le
Poids
Poids
Poids
de
à
de
Nombre.
l'unité.
l'hectare.
Nombre.
l'unité.
37 , 4oo
kg
o,o5ô
kg
87 ,600
54,4oo
kg
0,691
3o,ooo
0,070
1 '1,720
3o,4oo
1 ,5o4
39,800
o,989
71 ,600
49 . 4oo
i,449
3 1 , 000
1 ,060
54,ooo
42,000
1,286
39,200
i,5o8
78,000
4i,4oo
i,884
( 3n )
poids de l'unité des maïs, ou de l'unité ou de la richesse saccharine des
betteraves ;
» 3° Ces trois sortes de résultats ne sont pas du tout dans le même
ordre : pour le poids des maïs, le sable a une infériorité marquée, et l'ar-
gile tient le premier rang (après le mélange); pour le poids des betteraves,
le sable occupe le dernier rang, la terre de tourbe le premier; pour la ri-
chesse saccharine, l'argile donne le minimum de sucre, et le calcaire le
maximum; le mélange même ne se place qu'après lui.
» Cette première série d'expériences a été faite dans des conditions un
peu complexes : si les parcelles ont reçu le même engrais chimique, les
diverses terres n'étaient pas, par elles-mêmes, absolument stériles, et
elles contenaient naturellement des proportions d'azote, d'acide phospho-
rique, de potasse assimilables, notablement différentes, qui ont dû avoir
leur part d'influence sur les résultats. Toutefois ces terres, qui n'avaient
pas reçu d'engrais depuis plusieurs années, étaient très épuisées, et il est
impossible d'expliquer par ces différences d'engrais naturel la totalité des
différences énormes des résultats : une part d'influence considérable re-
vient donc à la nature des terrains. C'est ce que je voulais établir pour le
moment. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la respiration des cellules à l'intérieur des
tissus massifs. Note de M. IIenbi Devaux, présentée par M. Duchartre.
« Les physiologistes se sont souvent demandé si, au centre de certains
tissus d'apparence très compacte, la respiration normale est possible. Par
exemple, dans une Betterave ou une Pomme de terre, les tissus forment une
masse très dense, dans laquelle il semble n'exister aucun canal spécial,
pouvant amener l'air extérieur jusqu'aux parties profondes. Il paraît donc
probable que l'oxygène libre ne peut pénétrer jusque dans les parties cen-
trales de ces organes, et que c'est surtout du gaz carbonique qu'on trou-
verait à sa place.
» S'il en était ainsi, les cellules externes auraient une vie aérobie, les
cellules internes une vie anaérobie. Tout se passerait comme dans le cas
d'une culture de Bactéries en vase profond : à la surface les êtres aérobies
pullulent, saisissent l'oxygène au passage et n'en laissent pas arriver trace
aux couches profondes, où ne peuvent vivre que des êtres anaérobies.
» Ainsi se pose la question suivante : la vie anaérobie existe-t-elle, d'une
( 3l2 )
manière normale et constante, au sein de certains tissus compacts et vo-
lumineux? J'ai fait à ce sujet des recherches spéciales ( '), et j'ai toujours
trouvé de l'oxygène libre en quantité notable au centre des organes étu-
diés. Ce fait résout la question précédente par la négative. Toutes les cel-
lules des tissus massifs, même les plus profondes, reçoivent l'oxygène libre
et possèdent la respiration normale.
» Dans la Pomme de terre, par exemple, l'analyse du mélange gazeux interne a
donné la composition suivante :
CO* 4.74
O i4,88
Az 80, 38
100,00
» Cette composition centésimale est peu variable et se retrouve chez beaucoup
d'autres sujets. Dans la Betterave, le mélange avait une composition assez voisine de
la précédente :
CO- 4,68
0 12,94
Az 8a,38
100,00
» Dans les énormes fruits du Potiron, dont le poids peut dépasser 3oks, on trouve
de l'air presque pur, comme l'indique l'analyse suivante :
CO2 2,52
O .8,29
Az 79. '9
100,00
» Ces exemples suffisent, car j'ai trouvé des résultats analogues pour
tous les organes que j'ai eu l'occasion d'étudier, fruits, tubercules, ra-
cines tuberculeuses, Champignons, etc.
» On peut dire que, d'une manière habituelle, la proportion d'oxygène
dépasse 10 pour 100 dans l'atmosphère interne. Ce fait nous permet d'af-
firmer qu'au centre des tissus massifs la respiration est toujours normale.
(') H. Deyaux, Méthode nouvelle pour l'étude des atmosphères internes chez les
végétaux {Bulletin de la Société philomathique, 8e série, t. II, 1890-91, p. 110, avec
ligures dans le texte); Atmosphère interne des tubercules et racines tuberculeuses
{Bulletin de la Société botanique, 16 décembre 1890, et Bulletin de la Société philo-
mathique, 17 décembre 1890.)
( 3.3 )
» Il reste à expliquer comment l'oxygène peut ainsi pénétrer à l'inté-
rieur de masses cellulaires si compactes. J'ai reconnu que la pénétration
se produit à travers des espaces très fins, très ramifiés dans la masse totale,
et qui rendent celle-ci notablement poreuse, malgré son apparence com-
pacte. Ces espaces sont bien visibles au microscope, parce qu'ils sont pleins
d'air; ils représentent des méats aerifères anastomosés entre eux et for-
mant au sein des tissus une arborisation étendue. Les gaz peuvent circuler
dans les fins canalicules de ce système, car j'ai pu aspirer l'air extérieur à
travers toute une grosse Pomme de terre, entière et vivante, sans aucune
difficulté. Il suffit même que l'air contenu dans les méats soit soumis à une
dépression manométrique très faible pour qu'aussitôt l'air extérieur se
mette à rentrer; quand le manomètre marque — imm de mercure, il v a
un courant gazeux rentrant sans cesse par ces canalicules.
» C'est certainement par suite de cette circulation facile de l'air dans
les méats aerifères, que la Pomme de terre a une atmosphère interne rela-
tivement pure. La même explication s'applique à tous les organes étudiés,
fruits ou tubercules , car tous ont une porosité plus ou moins grande. J'ai
fait, à ce sujet, des expériences qui ne laissent aucun doute (').
» La porosité existe dans les tissus vivants et n'existe pasdans les liquides.
C'est pour cela que les cellules vivantes d'un tubercule et celles d'une cul-
ture liquide se comportent d'une manière absolument différente en appa-
rence. Dans le premier cas, l'oxygène gazeux peut pénétrer facilement
dans les parties les plus profondes du tubercule. Dans le deuxième cas,
l'absence de pores empêche toute pénétration rapide, et les parties
profondes peuvent ne pas recevoir la moindre trace d'oxygène.
» En résumé, on peut conclure de ce qui précède que :
» i° Les gaz confinés au milieu des tissus massifs renferment toujours
une forte proportion d'oxygène.
» 2° La respiration des cellules les plus internes des fruits, des tuber-
cules, etc., est toujours la respiration normale.
» 3° La communication est établie, entre ces cellules intérieures et l'at-
mosphère externe, par un système de canaux aerifères ramifiés, qui per-
met le passage rapide des gaz, même pour une faible différence de
pressions (-). »
(') Voir, par exemple : H. Devaux, La porosité du fruit des Cucurbitacëes
{Revue générale de Botanique), février 1891.
(2) Ces recherches ontété faites dans les laboratoires d'Organographie et de Phy-
siologie végétale du Muséum d'Histoire naturelle, dirigés par M. Ph. van Tiegher
sm.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 5.) h '
( 3i4 )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Influence de l'état hygrométrique de l'air sur la
position et les fonctions des feuilles chez les Mousses. Note de M. Eugèxe
Bastit, présentée par M. Duchartre (').
« Si l'on compare des tiges de Pqlytrichum vivant dans des lieux hu-
mides aux tiges de même espèce, mais se développant dans les endroits
secs, on observe que, dans le premier cas, les feuilles sont largement
épanouies et présentent une face supérieure convexe et très inclinée par
rapport à la tige; dans le second, elles se montrent latéralement refermées
sur elles-mêmes et rapprochées de l'axe au point de devenir embras-
santes. L'absence ou la présence de la vapeur d'eau dans l'air sont les
causes physiologiques de ces deux positions différentes que prennent les
feuilles et des mouvements exécutés par elles pour passer d'une position à
l'autre.
» Or, des coupes transversales et longitudinales des feuilles montrent
que la structure est loin d'être uniforme sur leurs deux faces : du coté
supérieur ou interne on ne trouve que des tissus purement cellulosiques
(épiclerme interne et lames chlorophylliennes); du côté inférieur ou ex-
terne on n'observe que des tissus de résistance (hypoderme interne su-
bérifié médian et longitudinal garnissant le quart environ de la largeur
du limbe, hypoderme interne subérifié médian et longitudinal, garnissant
les deux tiers environ de la largeur du limbe, épidémie externe à parois
extérieures épaisses et recouvertes d'une cuticule). Dès lors les mouve-
ments peuvent s'expliquer facilement : dans une atmosphère sèche, la
transpiration devient considérable; de là une perte d'eau et, par suite, une
contraction des tissus cellulosiques, c'est-à-dire de la face interne de la
feuille. Cette contraction produit, autour du point d'insertion, un mou-
vement d'articulation de la feuille, laquelle se rapproche alors de la tige,
et en même temps, sur toute la longueur de la feuille, un mouvement de
flexion qui rend concave sa face supérieure.
« Outre ces deux mouvements longitudinaux, la feuille exécute des
mouvements latéraux, décomposables en mouvements d'articulation et en
mouvements de flexion. Les mouvements d'articulation s'effectuent autour
de trois axes pairs, parallèles au plan de symétrie de la feuille, et situés :
le plus interne, à la limite latérale de l'hypoderme interne ; le suivant, à la
(') Ce travail a été fait au laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau, sous
la bienveillante direction de AI, le Professeur Gaston Bonnier.
( 3.5 )
limite de l'hypoderme externe; le plus latéral, à la limite de l'épiderme in-
terne. Chaque portion de la feuille comprise entre deux axes consécutifs
exécute en même temps un mouvement de flexion latérale, qui rend sa
face interne concave transversalement. Les mouvements latéraux ont pour
effet d'augmenter la concavité interne de la feuille, jusqu'à amener les
deux régions marginales au contact l'une de l'autre. Ainsi, en même temps
qu'elle entraine la tige, la feuille se ferme sur elle-même en canal.
» Quelle peut être l'influence de l'état d'une tige fermée sur la respira-
lion et sur la fonction chlorophyllienne? Voici comment j'ai opéré pour
m'éclairer à ce sujet :
» Dix extrémités feuillées de tiges de Polytrichum, pesant ensemble 2?1' environ,
étaient introduites à l'état épanoui dans une éprouvette remplie d'air humide. Cette
éprouvette était portée sur le mercure; j'y introduisais une faible quantité d'acide car-
bonique, et, après avoir brassé le contenu gazeux, je faisais une prise initiale. Je
maintenais ensuite l'éprouvette à l'obscurité pendant dix heures, temps au bout duquel
je faisais une deuxième prise de gaz. L'éprouvette était alors exposée pendant dix
heures à la lumière diffuse et je pratiquais une prise finale. L'analyse de chaque prise
donnait la composition de l'atmosphère : i" au commencement de l'expérience; 2° à la
fin de l'exposition à l'obscurité; 3° à la fin de l'exposition à la lumière. La comparaison
des deux premières prises indiquait les modifications qui se produisaient dans l'atmo-
sphère par suite des échanges respiratoires; celles qui résultaient de la fonction chlo-
rophyllienne étaient indiquées par la comparaison des deux dernières prises.
» Aussitôt après la prise finale, les tiges étaient placées sur une coupelle que l'on
maintenait pendant quelques heures sous une cloche remplie d'air sec. Quand elles
avaient pris la position fermée, on les introduisait dans une éprouvette contenant de
l'air sec, sur laquelle on opérait à l'obscurité et à la lumière diffuse de la même ma-
nière et pendant le même temps que pour les tiges épanouies.
» Voici les résultats que j'ai obtenus :
» i° Respiration. - ■ Dans les deux positions, les échanges gazeux se
sont toujours effectués dans le même sens et avec la même régularité. Le
rapport du volume de l'acide carbonique exhalé au volume d'oxygène
absorbé, s'est toujours montré sensiblement constant et très voisin de l'u-
nité, sans jamais la dépasser. D'ailleurs, la proportion d'oxygène contenue
dans l'atmosphère à la fin du séjour dans Tobseurité n'a jamais été infé-
rieure à 16 pour ioo. Ainsi, dans les deux états, les tiges feuillées des
Mousses rentrent dans le cas général de la respiration des tissus à chloro-
phylle, étudiée par MM. Bonnier et Mangin( ' ).
(') Annales des Sciences naturelles, Bot., t. XIX, p. 117.
(3t6 )
» Mais si le rapport des gaz échangés reste le même, il n'en est pas ainsi
de l'intensité : ce rapport est toujours inférieur à l'unité, ce qui démontre
que la respiration des tiges à l'état fermé est toujours fort ralentie.
» 2° Fonction chlorophyllienne. — Le sens des échanges gazeux opérés
sous l'action de la lumière est resté le même dans les deux positions des
tiges. Le rapport du volume d'oxygène dégagé à celui de l'acide carbonique
décomposé est resté, dans l'un et dans l'autre cas, très voisin de l'unité,
sans jamais lui être inférieur. Mais les tiges à l'état fermé décomposent
toujours beaucoup moins d'acide carbonique et dégagent beaucoup moins
d'oxygène que lorsqu'elles sont épanouies; d'où on doit conclure que,
dans les tiges à l'état fermé, la fonction chlorophyllienne est considéra-
blement ralentie.
» En résumé :
» i° L'absence de vapeur d'eau dans V atmosphère provoque , sur les feuilles
des Mousses, des mouvements longitudinaux et latéraux, qui ont pour effet de
refermer chaque feuille sur elle-même et de la rapprocher de la tige;
» 2° Dans la position fermée aussi bien que dans l'état d 'épanouissement
des tiges feuillées, la respiration et la fonction chlorophyllienne se comportent
selon les lois générales connues chez les végétaux à chlorophylle ;
» 3° Dans la position fermée des tiges feuillées, la respiration est considéra-
blement ralentie et la fonction chlorophyllienne l'est encore davantage.
» C'est donc pendant l'hiver, quand l'atmosphère est le plus souvent
saturée d'humidité, que les Mousses élaborent avec le plus d'intensité les
principes nutritifs, ce qui peut expliquer la formation, pendant la saison
froide, de l'œuf et du sporogone. »
GÉOLOGIE. — Sur l'argile à silex du bassin de Paris. Note
de M. A. de Lapparent, présentée par M. Daubrée.
« L'argile à silex est une des formations les plus énigmatiques du
bassin de Paris. Bien des hypothèses, dont aucune n'a encore paru satis-
faisante, ont été proposées pour expliquer son mode de formation. Après
avoir, pour notre part, consacré de longues réflexions à l'origine de cette
argile, qu'il nous a été si souvent donné d'étudier sur toute la bordure du
bassin, nous nous permettrons de hasarder l'explication suivante.
» Le trait dominant de Yargile à silex des plateaux de Normandie est,
d'une part, sa pénétration dans la craie en poches qui ne peuvent avoir
(3t7)
été formées que par dissolution sur place, de l'autre, la présence extrê-
mement fréquente, au centre des poches, d'amas d'argiles, de sables et
de grès, dans lesquels il est aisé de reconnaître les dépôts habituels du
faciès continental de Y argile plastique. Ces amas sont disloqués, ployés et
portent l'empreinte manifeste d'un lent effondrement, qui les a fait tomber
peu à peu dans ces poches, sur l'emplacement desquelles ils préexistaient,
recouvrant la craie en couches sensiblement horizontales.
» Le fait est général dans toute la Normandie. Il s'accuse aussi bien
aux environs de Verneuil et de Dreux que près de Bolbec, de Rouen et
sur les bords du pays de Bray. C'est ainsi que tant de gisements de grès
éocènes, autrefois exploités pour pavés, ont été conservés à la surface du
pays de Caux. C'est ainsi que souvent les silex, produits de la dissolution
de la craie, se trouvent empâtés et recouverts par des argiles bariolées,
aux couleurs extrêmement vives, dont les analogues se voient en place, à
un niveau géologique indiscutable, dans quelques localités, comme celle
de Mélamare, près de Bolbec.
» Seulement, à mesure qu'on s'éloigne des collines de la haute Nor-
mandie, où les affleurements de grès et schistes 'siluriens formaient les
centres de dispersion des sables et argiles bariolés éocènes, la couleur
des argiles à silex devient de moins en moins rutilante et, dans le Ponthieu,
on ne voit plus que des argiles brunes, produites aux dépens de dépôts
dont la teinte originelle n'offrait rien d'exceptionnel.
» On est ainsi amené à reconnaître que c'est postérieurement à la for-
mation de l'argile plastique, alors que les dépôts de cet âge couvraient les
plateaux de l'Ouest, que s'est produit le phénomène qui, en provoquant la
dissolution de la craie, a déterminé le creusement des poches, aux con-
tours souvent si déchiquetés, et y a fait tomber, au fur et à mesure, les
dépôts éocènes.
» Or cette action nous semble très comparable à celle qui a engendré
les gîtes calamuiaires. On sait que ces gisements, où les minerais oxydés
du zinc et du plomb s'épanouissent en poches irrégulières au milieu de
calcaires, occupent toujours la jonction de ces calcaires avec des forma-
tions de nature imperméable, telles que des schistes argileux. On reconnaît
alors qu'un filon, qui traversait une fente des schistes en y déposant un
mince enduit de sulfures, s'est considérablement élargi dans les calcaires,
les eaux thermales métallifères s'y étant, en quelque sorte, dédommagées
de l'arrêt qu'elles subissaient à la rencontre du terrain inattaquable.
» De la même façon qu'on imagine, après l'éocène inférieur, des éma-
( 3i8 )
nations carboniques, des mofettes par exemple (comme celles qui existent
encore en si grand nombre dans le massif de l'Eifel), cherchant à se faire
jour à travers le substratum crayeux du bassin de Paris; l'argile plastique
les arrête; alors elles emploient leur activité à dissoudre la craie au con-
tact, en suivant de préférence ses lignes de fissures. Les silex seuls sub-
sistent; les argiles, tantôt bariolées, tantôt grises ou noires, qui les recou-
vrent, descendent peu à peu dans les poches, en s'y modifiant plus ou
moins, et forment la gangue des silex. Enfin l'agrandissement progressif
des cavités entraîne la lente descente des sables et grès supérieurs à l'ar-
gile.
» Plus tard, quand l'érosion prendra possession du pays, les séries de
poches les plus larges et les plus profondes seront prédestinées, en dessi-
nant les lignes de moindre résistance, à fixer la position des vallées, accu-
sant les fentes ou diaclases dominantes du terrain. Ainsi se justifierait ce
fait bien connu, que les poches d'argile à silex semblent descendre sur les
flancs des vallées, alors que pourtant elles sont antérieures au creusement
de ces dernières.
» Il reste à expliquer pourquoi les argiles à silex, si abondantes en Nor-
mandie et dans les parties occidentales de la Picardie, font défaut sous le
bassin tertiaire parisien proprement dit. La raison nous semble facile à
découvrir, aujourd'hui surtout que la précieuse Carte souterraine de
M. G. Dollfns (') a si bien fait connaître l'allure plissée de ce bassin. Cette
Carte montre, avec la dernière évidence, que les dépôts marins de l'époque
tertiaire occupent un synclinal rectiligne, parallèle au bord oriental de
l'Armorique et marquant une dépression, par où la mer pénétrait de Bel-
gique en France.
» Les lambeaux éocènes de Dieppe et du Ponthieu accusent un autre
synclinal semblable, aujourd'hui caché par la Manche; et toute la région
comprise entre ces deux sillons forme un vaste anticlinal, dont le bombe-
ment a dû se prononcer dès l'aurore du calcaire grossier. On comprend
bien alors pourquoi les fentes, par où les sources carboniques devaient
tendre à sortir, se sont localisées sur ce bombement, qui se disloquait à
mesure de son exhaussement. Cette région soulevée comprend justement
le Thymerais, la haute Normandie, le Ponthieu et l'Artois.
» Des fentes analogues ont dû s'ouvrir sur le bord sud du bassin ter-
tiaire, dans le pays d'Othe et dans le Gâtinais, où l'argile à silex est très
(') Bulletin des services de la Carte géologique de France, n° 14, juillet 1890.
( 3i9)
développée, tandis que la Champagne y a échappé, d'un côté parce qu'elle
était trop voisine du synclinal tertiaire; de l'autre, peut-être, parce que
l'argile plastique n'y a pas débordé vers l'est. Quanta la Picardie centrale,
non seulement la craie y était généralement exempte de silex, mais les
sables glauconieux suessoniens, qui la recouvraient uniformément, n'au-
raient pas opposé à l'action des eaux carboniques l'obstacle nécessaire
à la formation d'une nombreuse série de poches. Aussi, pour trouver avec
abondance le bief à silex, faut-il aller vers l'ouest, c'est-à-dire se rappro-
cher de la région bombée et, en même temps, s'éloigner des anciennes
plages de la mer suessonienne. Néanmoins, quelques poches se sont pro-
duites en des points favorables, témoins ces effondrements de sables
éocènes que nous avons été le premier à signaler dans le Vermandois et
le Cambrésis (').
» Nous ajouterons que la formation de mofettes carboniques, coïnci-
dant avec un bombementdu sol, parait très naturelle aune époque comme
celle de l'éocène supérieur où, sur presque toute la surface du continent
français, l'activité des sources thermales s'accusait par la formation des dé-
pôts dits sidérolithiques.
)> L'explication qui vient d'être donnée n'exclut aucunement l'existence,
en certains points, de conglomérais éocènes, antérieurs à l'argile plastique.
Nous croyons seulement qu'en général ces conglomérats nous sont par-
venus, non sous leur forme originelle, mais après avoir subi, parle fait des
actions chimiques invoquées, une transformation assez profonde. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — La formai ion des glaçons-gâteaux.
Note de M. F. -A. Forel.
« Morges, j5 janvier 1891.
» Par les grands froids de la semaine dernière, il y a eu des congéla-
tions locales du lac Léman : la rade de Genève a été entièrement prise;
clans le fond de quelques golfes, nous avons vu l'eau se cailler. J'en ai
profité pour étudier le développement des glaçons en forme de gâteaux,
les pan-cakes des Anglais, que j'appellerai les glaçons-gâteaux.
» Le lac agité par le vent ne se congèle pas comme une eau tranquille.
Dans celle-ci, la prise a lieu en masse; les aiguilles de glace se soudent en
( ' ) Bulletin de la Société géologique de France, 3e série, t. II, p. 58.
( 320 )
une pellicule, mince d'abord, qui s'épaissit ensuite; les radeaux de glace
ainsi constitués peuvent avoir une étendue indéfinie : le 18 décembre 1879,
le lac de Morat tout entier s'est pris en une couche continue, dans l'inter-
valle du soir au matin. Dans un lac secoué par les vagues, on voit, au con-
traire, quand la congélation commence, apparaître des glaçons libres, ser-
rés les uns contre les autres, aplatis, circulaires, entourés et surmontés
par un bourrelet de glace blanche qui s'élève au-dessus de l'eau; de pe-
tites dimensions d'abord, de quelques décimètres de diamètre, ils s'agran-
dissent progressivement et peuvent atteindre im ou 2m de largeur. Mainte-
nus en mouvement par la houle qui les bouscule les uns contre les autres,
ils restent longtemps libres, jusqu'à ce que, comprimés par le fait de leur
accroissement progressif, ils s'immobilisent; ils se soudent alors aussitôt en
une nappe solide, où les limites des gâteaux sont indiquées par les bourre-
lets de glace blanche qui les surmontent.
» C'est le même phénomène qui se développe dans un fleuve qui char-
rie ; les glaçons-gâteaux, d'abord petits, se serrent de plus en plus à mesure
qu'ils augmentent de diamètre, jusqu'au moment où la rivière se prend en
une couche continue, immobile. Pour autant que j'en puis juger par les
descriptions des voyageurs polaires, la mer se congèle parfois par un pro-
cédé analogue. C'est donc un phénomène général que la formation de gla-
çons mobiles, en figures de gâteaux aplatis, discoïdes, circulaires, à bour-
relet marginal supérieur, qui s'accroissent progressivement en diamètre et
en épaisseur. Voici l'explication que j'en propose :
» i°La forme circulaire est causée et maintenue par le heurt des gla-
çons les uns contre les autres ; poussés par les vagues du lac ou par les re-
mous du courant dans un fleuve, ils s'entrechoquent sans cesse, leurs par-
lies saillantes sont usées et leur forme circulaire se perfectionne tant qu'ils
sont libres.
» 20 L'accroissement en diamètre s'explique par la formation de nou-
velle glace à la périphérie de la partie immergée du glaçon. Dans une eau
douce à o°, dans une eau salée à la température de congélation, quand
cette eau perd de la chaleur, les cristaux de glace augmentent de volume
aux dépens de l'eau ambiante. Sur tout le pourtour du glaçon il se produit
donc de nouvelles couches de glace : si le glaçon est encore irrégulier, les
aiguilles de glace de nouvelle formation sont mieux protégées dans les
angles rentrants contre le choc des autres glaçons et la figure circulaire du
gâteau en est perfectionnée ; quand le glaçon est circulaire, c'est sur toute
sa circonférence que la nouvelle couche de glace se forme également. De
( 3ai )
là l'accroissement en diamètre du glaçon. Son accroissement en épaisseur
a lieu, sur sa face inférieure, par apposition de nouvelles couches horizon-
tales. Ouand les çàteaux sont soudés ensemble, ce dernier mode d'accrois-
sèment continue seul.
» 3° L'établissement du bourrelet marginal est dû au choc des glaçons
les uns contre les autres : les aiguilles de glace de nouvelle formation sont
fragiles, et nombre d'entre elles sont brisées; l'eau chargée de ces cris-
taux détachés rejaillit entre les glaçons et est rejetée sur le bord de ceux-ci;
la poussière de glace y est prise par la gelée et produit le bourrelet de
glace blanche caractéristique.
» 4° Pourquoi ce bourrelet de glace blanche est-il seulement périphérique,
et comment n'occupe-t-il pas par des anneaux concentriques toute la face
supérieure du gâteau? Quand le glaçon était petit, il avait déjà son bour-
relet; à mesure qu'il a augmenté en diamètre, le bourrelet a continué à se
former par apposition de couches externes. Comment les bourrelets les
premiers constitués disparaissent-ils, pour ne laisser subsister que celui de
dernière formation? Voici la raison de ce détail : le bourrelet de glace
blanche s'élève de quelques centimètres au-dessus de l'eau; il pèse de tout
son poids sur le glaçon et le fait submerger; la face supérieure du gâteau
s'enfonce sous ic,u ou 2cm d'eau. Cette eau, emprisonnée sur le gâteau
comme dans une cuvette, est mise en mouvement par les oscillations du
glaçon agité par la houle; il s'y développe des vagues de balancement, qui
viennent battre alternativement d'un côté à l'autre le bord interne du
bourrelet, l'attaquent et tendent à le détruire. Tandis que le bourrelet se
reforme sans cesse à l'extérieur, il est sans cesse rongé à l'intérieur. Ainsi
le glaçon, en agrandissant son diamètre, tend à reporter à l'extérieur son
bourrelet, qui reste ainsi toujours périphérique ou marginal.
» 5° Sur de grands glaçons, j'ai vu des gâteaux de formation secondaire,
au nombre de 4» 6 et 8, se développer au milieu de la cuvette du glaçon
principal; chacun d'eux offrait tous les caractères qui s'observent dans les
gâteaux isolés.
» 6° En même temps, cette couche d'eau qui recouvre la face supérieure
du gâteau perd de la chaleur et, en se congelant au fond de la cuvette,
forme de nouvelles couches de glace qui augmentent l'épaisseur du disque.
Le gâteau est donc, en définitive, constitué par un noyau primitif au milieu
de l'épaisseur de la glace; ce noyau est entouré de couches concentriques
à.la périphérie, et de couches planes au-dessus de sa face supérieure et au-
dessous de sa face inférieure.
C. B., 1891, 1" Semestre. (T. CXIl, iV 5.) 4-
( 322 ;
« 7° Quant au noyau qui représente le centre primitif du gâteau, je pré-
sume que ce peut être un morceau de glace quelconque, ou bien un faisceau
d'aiguilles de glace, comme nous les voyons apparaître dans l'eau en mou-
vement, ou bien une stalactite de glace détachée du rivage par les vagues,
ou bien un paquet de neige tombé d'un mur ou d'une falaise, ou bien un
fragment de glace tabulaire amené par un affluent du lac ou du fleuve, ou
bien encore un morceau de glace de fond, qui est venu flotter à la surface.
Si mon interprétation est juste, il n'y a pas lieu de chercher pour la forma-
tion des glaçons-gâteaux, dans les lacs et dans les rivières, une origine
unique et toujours la même; les difficultés qui ont provoqué tant de dis-
cussions disparaissent. »
MÉTÉOROL' G — Remarques sur la température à Mais °Àlle.
Note de M. J. Léotakd.
«v II se produit à Marseille un phénomène thermique qui semble mé-
riter l'examen des météorologistes.
» La température moyenne pendant l'année 1890 à Marseille a été de
i3°,6, chiffre inférieur à la normale, qui égale 1 4°, 2 depuis soixante-six
ans. Cette moyenne est supérieure à celle des trois années précédentes,
mais inférieure à celle des années écoulées de 1879 à 1886 inclusivement.
» La moyenne des minima a été de 7°,86, alors que sa normale s'élève à
90, 69, tandis que la moyenne des maxima atteint i9°,36, sa normale n'é-
tant que de 180, 75.
» C'est donc l'abondance et l'intensité de basses températures nocturnes
qui causent la faiblesse de la moyenne générale annuelle. Au contraire, la
température au milieu du jour est généralement plus forte que d'ordinaire.
En outre, le printemps et l'été sont plus voisins de la normale que l'au-
tomne et l'hiver.
» Déjà, en 1889, le même fait météorologique s'est produit, mais il
était moins accentué, la moyenne des minima ayant été de 8°, 23. Ce phé-
nomène paraît être assez énigmatique, car la cause de l'abaissement actuel
de la température devrait, semble-t-il, agir le jour et la nuit. »
M. P. Digxat adresse une Note intitulée « Variations d'intensité qu'on
peut observer dans un même courant galvanique, d'intensité initiale
donnée, et passant dans le corps vivant à travers les téguments. »
( 323 )
M. E. Delaurier adresse une Note intitulée « Les théories chimiques
de Stahl et de Lavoisier ».
M. E. des Rieux adresse, de Villebourg (Algérie), une Note relative
aux désastres produits par les tremblements de terre du mois de janvier,
dans ce village et à Gouraya.
La séance est levée à 4 heures et demie. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 26 janvier i 891 .
Traité pratique de Chimie métallurgique; par le baron Hanns Juptner de
Jonstorff. Traduit de l'allemand par Ernest Vlasto. Paris, Gauthier-Villars
et fils, 1891 ; un vol. gr. in-8°.
Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles -Lettres de Tou-
louse, neuvième série, tome II. Toulouse, Douladoure-Privat, 1890; 1 vol.
gr. in-8°.
La Géologie de l'Andalousie et le tremblement de terre du 25 décembre 1884
d'après le récent Bapport de la Mission française ; par M. Emm. de Margerie.
Paris, Octave Doin, 1890; gr. in-8°. (Deux exemplaires.)
Guide du géologue dans le tertiaire parisien; par A. Laville. Paris,
Dagincourt et C'e, 1890; br. in-8°. (Présenté par M. Gaudry.)
Occasional papers 0/ the California Academy of Sciences. — I. A revision of
the South American Nematognathi or Cal-Fishes; &/CarlH. Eigenmann and
Rosa Smith Eigenmann. — II. Land Birds of the Pacific district; by Lyman
Belding. San Franscisco, California Academy of Sciences, 1890; 2 vol.
in-8°.
C.-G.-J. Jacobi's Gesammelle Werke. Herausgegeben auf veranlassung der
Roniglich Preussischen Akademie der Wissenschaften ; fùnster Band,
herausgegeben von K. Weierstrass. Berlin, Druck und Verlag von Georg
Reimer, 1890; 1 vol. in-4°.
( 324 )
Catalog von 3g4g Sternen zwischen 64° 5o' und 700 10' nùrdlicher Declina-
tion i885 fur das Mquinoctium 1 8^5; nach Zonen-Beobachtungen am Erlels-
schen Meridiankreise der Universilat-Slernwarle in Christiania in den Jahren
1870 bis 1881 ; von C. Fearnley und H. Geelmulden. Leipzig, 1890, in
Commission bei Wilhem Engelmann; br. in-4°.
La topographie crano-cérébrale. Applications chirurgicales; par Ch. De-
bierre et R.-L. Le Fort. Paris, F. Alcan. 1890; 1 vol. in-8°. (Deux exem-
plaires.) (Envoyé au concours du prix Lallemand.)
De la tuberculose chirurgicale; par le Dr Paul Thiéry. Paris, G. Steinheil,
1890; 1 vol. gr. in-8°. (Deux exemplaires.) (Envoyé au concours du prix
Barbier.)
Essai sur l'état mental des hystériques ; par le Dr Henri Colin. Paris, J. RuefF
etCie, 1890; 1 vol. gr. in-8°. (Envoyé au concours du prix Lallemand.)
Voyages chez les lépreux; par le Dr Zambaco Pacha. Paris, G. Masson,
1891; 1 vol. in-8°. (Envoyé au concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Publications périodiques.
Mémorial de l'Artillerie de la Marine {Ministère de la Marine). — Biblio-
thèque universelle et Revue suisse. — Bulletin officiel de la propriété indus-
trielle et commerciale. — Polybiblion, Bévue bibliographique universelle. — An-
nales des maladies de l'oreille, du larynx, du' nez et du pharynx (publiés par
A. Gouguenheim. — Boletin de la real Academia de la Historia {Madrid).
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Graiuls-Augustins, u° 5j.
. jpuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement lo Dimanche, lis Forment, a la fin de l'année, deux volumes in- î". 1
es, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique do noms d'Autours, terminent chaque volume. L'abonnemont est an
irt du i"' janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi nu' il suit :
Taris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 IV. — Autres pays : les frais de poslo extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Michel et Médan.
I Gavault Sl-Lager.
/ Jourdan.
| Ruff.
Hecquet-Decobert.
j Germain et Grassin.
i Lachèseet Dolbeau.
Jérôme.
von Jacquard. .
. Avrard.
eaux DuthulV.
' Muller (<:.).
ges Renaud.
Lefouriiier.
F. Robert.
.1. Robert.
V Uzcl Car,. 11'.
Baër.
Massif.
/ nbëiy Perrin.
, i Henry.
I bourg „ J
Marsuerie.
9 nont-Ferr.
h i
\ Rousseau.
( Ribou-Collay.
i Lamarche.
Ratel.
' Damidot.
( Lauverjal.
( Crépin.
j Urevet.
( Gratier.
aochelte Robin.
( Bourdignon.
( Dombre.
: Ropiteau.
• Lefebvre.
I.Quarré.
obte-
e ivre.
Lorient.
chez Messieurs :
\ Baumal.
j M"" Texier.
; Beaud.
\ Gcorg.
Lyon i Mégret.
J Paiud.
I Vitte et Pérussel.
Marseille Pessailhan .
l Calas.
Montpellier ....,_ , .
r i Coulet.
Moulins Martial Place.
Sordoillet.
Nancy Grosjeaa-Maupin.
' Sidot frères.
, Loisrau.
( Mm" Veloppé.
, Barma.
I Visconti et C".
/Vîmes Thibaud.
Orléans Luzeray.
I Blanchier.
j Druinaud.
Hennés Plihon et Hervé.
Hoche/ort Boucheron - Rossi
^ Langlois. | gnol.
' Lestringa ni .
S'-Étienne Chevalier.
( Bastide.
' Rumèbe.
I Gimet.
/ Privât.
Boisselier.
Tours , Péricat.
' Suppligeon.
( Giard.
' Lemaitre.
Nantes .
Nice ....
\ im
Or le
foitiers.
Hennés
Hoche/
Hotten .
S'-Êtie
Toulon . . .
Toulouse.
Tours
Va/enciennes.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
chez Messieurs
t Robbers.
Berlin.
Bucharest .
I Feikcma Caarelsen
Athènes Beck. [et C'".
Barcelone Venlaguer.
i Asher et C'".
Calvary et O'.
Friedlander et fils.
Mayer el Millier.
~ ....- \ Schmid, Franckc el
' C".
Bologne . .... . . Zann hçlli et C".
i Ramlot.
Bruxelles Mayolez.
( Lebègue et C .
( II, mu, uni.
' Banisteanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BellciC0
Christiania Can rmeyer.
Constantinoplc. . Otto et Keil.
Copenhague Host et (ils.
Florence.... Lœscher et Seebcr.
Gand Iloste.
Gènes Beuf.
, Cherbuliez.
Genève Gebrg.
( Stapelmiihi'.
La Haye Belinfante frères.
, Bcnda.
i Payot.
Barlh.
l Brockhaus.
Leipzig i Lorenlz.
Max Rilbe.
Tw ietmeyer.
... i Desoer.
Liège _
3 ( Gllll-r.
Lausanne.
Londres
Luxembourg. .
Milan .
chez Messieurs
Dulau.
Nuit.
V. Bock.
Librairie Gui
\ berg.
Madrid .'. . Gonzalès e Iiijo
J Vravedra.
' F. Fé.
( L)u lard frère
/ llœpli.
Moscou Gautier.
/ Furcheim.
Xaples ' Marghieri di Gi
( Pellerano.
i Christern.
New-York Steehert.
' Westermann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker el C'*.
Paterme Clausen.
Porto Magalhaès.
Prague Rivnac.
Bio-Janeiro Garnier.
j Bocca frères.
( Loescher et C'*.
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wal
S'-Petersbourg.
Zinserling.
Turin.
i Wolff.
I Bocca frères.
) Brero.
j Clausen.
( Rosenberg etScl
Varsovie Gebethner et \V
Vérone Drucker.
I Frick.
| Gerold et C'".
Zurich Meyer et Zeller.
Vienne .
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes Ie* à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre iSjo. ) Volume in-i°; iSVJ. Prix 15 IV.
Tomes 32 à 61.— t i" Janvier i85t à 3i Décembre [865.) Volume fn-jj0; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91. — ( i" Janvier 1866 à Ji Décembre iKSo.) Volume in-.j ; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT ADX COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
»ial: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DERBEset A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouven
■'«îles, par M. Hansen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des inali
r''S, par M. Claude Bernard. Volume in-4", avec 32 planches; iSôti 1E
1 le II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Bëneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i83o par l'Académie des Sciei
ouïe concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains si
ir itaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la na
1 0 rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Brûnn. In-4°, avec 27 planches; 1861... 15
Ai mémo Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
K 5.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 2 février 1891.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBUES ET DES CORRESPONDANTS DE L ACADEMIE.
Pages.
M. le Ministre de l'Instruction publique
et des Beaux-Arts adresse l'ampliation
d'un Décret' par lequel M. le Président de
la République approuve l'élection, de
M. Chambrelent, dans la Section d'Eco-
nomie rurale, en remplacement de M. Pe-
ligot ■•••'
M. le Secrétaire perpétuel annonce a 1 A-
cadémie la perte qu'elle vient de faire dans
général Ibanez, Cor-
>fij
Pa;
— Notice sur le général
et Navigation.
M. J- Bertrand.
Ibanez
M. H. Poincaré. — Sur le développement
approché de la fonction perturbatrice....
M. G. Lippmann, — La photographie des
couleurs : ' '
M. Edm. Becquerel. — Observations rela-
la Communication de M. Lipp-
lives a
mann
la personne de M. le M
respondant de la Section de Géographie
MÉMOIRES LUS. • .
raie, au nom du Ministre de la Guerre,
diverses Cartes exécutées dans les ateliers
du Service géographique.
M. le général Derrécagaix. — Sur une Table
de logarithmes centésimaux à 8 décimales. 27
M. le général DERRÉCAGAIX offre à l'Acadé-
MÉMOIRES PRESENTES.
M. II. Féron adresse une Note relative a un
procédé pour empêcher les explosions de
M. F. IvisoN O'Neale adresse une Note re-
lative à un procédé pour déterminer la.
présence du bisulfate de potasse ou de l'a-
cide sulfurique libre dans les vins 2791
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, par-
iraées de la Correspon-
ds.
263
26S
260
,-5
27*
279
mi les pièces împrn
dance, l'Album de Statistique graphique
publié par le Ministère des Travaux pu-
blics, d'après les soins personnels de
M. Cheysson / \" " \' ' " \7 '
M. Faye présente à l'Académie les deux Vo-
lumes de la « Connaissance des Temps
pour les années 1892 et 1893 » et 1' « An-
nuaire du Bureau des Longitudes pour
1891
M. P. Tacciiini. — Sur la distribution en
latitude des phénomènes solaires observés
à l'Observatoire royal du Collège romain.
pendant le second semestre 1890
M. \. Mannheim. — Remarques sur le dé-
placement d'une figure de forme invariable,
dont tous les plans passent par -des points
fixes
M. Cn. Antoine. — Note complémentaire
sur l'équation caractéristique des gaz et
des vapeurs
M. Daniel Berthelot. — Sur la basicité
des acides organiques, d'après leur con-
ductibilité. Acides monobasiques et biba-
siques ."■
M. Edouard Grimaux. — Sur la réaction
des dérivés oxyalkylés de la diméthylani-
line
M. C. Tanret. — Sur la lévosine, nouveau
principe immédiat des céréales
M. Viaui.t. — Sur la quantité d'oxygène
contenue dans le sang des animaux des
hauts plateaux de l'Amérique du Sud
M. A. Muntz. — De l'enrichissement du
sang en hémoglobine, suivant les condi-
tions d'existence
Bulletin bibliographique
!79
'?)
>Si
284
287
290
293
298
le bourgeonnement
arves d'Astellium spongiforme Gd.
et sur la Pœcilogonie chez les Ascidies
composées • • ■ • • • •
M. H. Fischer. — Sur l'anatomie du Lo-
rambe testudinaria
M. J. Kunckel d'HercUlais. — Les Acridiens
( tcrîdium peregrinum, Oliv.) dans
l'extrême Sud algérien. Les populations
acridophages. . '.
M. G. Baulin. — De l'influence de la nature
des terrains sur la végétation
M. Henri Devaux. — Sur la respiration des
cellules à l'intérieur des tissus massifs...
M. Eue;. BASTIT. — Influence de l'état hy-
grométrique de l'air sur la position et les
fonctions des feuilles chez les Mousses. . . .
M. A. de Lapparent. — Sur l'argile à silex
du bassin de Paris
M. F. -A. Forel. — La formation des gla-
cons-gàteaux •
M. J. LeotaRD. — Remarques sur la tempe-
rature à Marseille • • • • ■ 02!
M. P. Dignat adresse une Note intitulée
« Variation d'intensité qu'on peut obser-
ver dans un même courant galvanique,
d'intensité initiale donnée, et passant dans
le corps vivant à travers les téguments ... 322
M. E. Delaurier adresse une Note intitulée
« Les théories chimiques de Slahl et de
... 02J
Lavoisier » •
M. E. des Rieux adresse, de Villebourg (Al-
gérie) une Note relative aux désastres pro-
duits par les tremblements de terre du
mois de janvier, dans ce village et à Gou
'aya
004
3ot)
on
3iG
3i g
323
3a3
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1891
' PREMIER SEMESTRE.
W 1891
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES FERPÉTl'ELS.
TOME CXII.
N° 6 (9 Février 1891).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1870.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro dos Comptes rendus a
4& pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étrangerdel' Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiques par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Acad ne
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les i>
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'ai nt
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance ■
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savait
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des perso
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'u
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires n
tenus de les réduire au nombre de pages requis I
Membre qui fait la présentation est toujours non i;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cetEj it
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le ni
pour les articles ordinaires de la correspondance fi*
cielle de l'Académie.
Article 3.
,
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rei
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tar le
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à te I
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compter n
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux trais de<u-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapporet
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administratrttW
un Rapport sur la situation des Comptes rendus al
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du ri
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont pries
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance sui
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI f) FÉVRIER 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. Sur l'expérience de M. Wiener.
Note de M. H. Poixcarl.
« L'admirable expérience de M. Wiener, que M. Cornu a récemment
communiquée à l'Académie, est éminemment propre à nous faire connaître
la véritable nature des vibrations lumineuses.
» Son importance m'a déterminé à rechercher quelles sont les diverses
interprétations dont elle est susceptible, non que je préfère aucune de
celles que je vais proposer à l'interprétation qu'a donnée M. Cornu et qui
se présente naturellement à l'esprit, mais parce qu'on risquerait de mécon-
naître la véritable signification de cette expérience si l'on crovait qu'elle
n'en comporte pas d'autres.
» Je reconnais très volontiers que les résultats de M. Wiener, joints à
ceux de M. Carvallo et aux phénomènes de l'aberration, constituent 'en
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, N° 6.) 4^
( 326 )
faveur de la théorie de Fresnel un faisceau de preuves qui lui donnent un
très haut degré de probabilité; mais aucune de ces preuves, pas même
celle de M. Wiener, ne nous donne à cet égard la certitude absolue.
» Qu'est-ce en effet que la quantité physiquement mesurable que nous
appelons intensité lumineuse? On peut faire à ce sujet plusieurs hypothèses;
on peut supposer que c'est la force vive ou énergie cinétique moyenne de
l'éther (c'est ce qu'on fait d'ordinaire et c'est ce qu'a fait M. Cornu), mais
on peut supposer également que c'est l'énergie potentielle moyenne, ou
bien encore l'énergie totale moyenne. Ces trois définitions reviennent
l'une à l'autre dans le cas d'une onde plane unique, ou dans le cas de deux
ondes planes se coupant sous un angle très aigu; mais il n'en est plus de
même dans le cas de deux ondes planes se coupant à angle droit.
» A un autre point de vue, on peut encore faire plusieurs hypothèses ;
c'est au sujet de l'expression de l'énergie potentielle moyenne. Soient x,
y, z les coordonnées d'une molécule d'éther dans sa position d'équilibre ;
soient x -+- \, y -+- r,, z + £ les coordonnées de cette même molécule, écar-
tée de sa position d'équilibre.
» Posons
H =
T =
dx dy
» La théorie de l'élasticité nous donne pour l'expression de l'énergie
potentielle « localisée » dans un élément de volume
«H + pT + ye2,
a, p et y étant des constantes. Cette expression se réduit à
aH + pT,
puisque la vibration est transversale et que 0 est nul.
» Examinons successivement ces diverses hypothèses.
» Si l'on suppose que l'intensité représente l'énergie cinétique, l'expé-
rience de M. Wiener donne raison à Fresnel contre Neumann.
» Si l'on admet que l'intensité représente l'énergie potentielle, l'expé-
rience de M. Wiener donne, au contraire, raison à Neumann; elle oblige
de plus à supposer que le coefficient [2 n'est pas nul.
\dx)
-KSM2)
'+(£)'+
(1)'-
m
-(§)■
-(!)"
-i
(dX.
\dy
dz) ' \dz
dt\*^_ /dit
dx) \da
• dy !
>
Ê.+
dr, | dl
dx
dy dz'
( 3»7 )
» Si l'on admet que l'intensité représente l'énergie totale, l'expérience
de M. Wiener donne encore raison à Fresnel; elle oblige de plus à suppo-
ser que le coefficient S est nul ; ce qui, du reste, n'a d'autre inconvénient
que de ne pas s'accorder avec la théorie électromagnétique de la lu-
mière.
» Après avoir lu cette discussion, on penchera certainement vers les
idées de Fresnel ; mais en se plaçant à un autre point de vue, qui peut
sembler également légitime, on pourrait être amené à des conclusions
différentes.
» L'intensité que l'on mesure dans les expériences de M. Wiener, c'est
le pouvoir photochimique des radiations, c'est-à-dire la force qui tend à
séparer les atomes matériels. Si deux atomes sont entraînés dans un mou-
vement de translation commun, de façon que leurs vitesses soient les
mêmes en grandeur et en direction, on ne voit pas bien comment un pareil
mouvement tendrait à les séparer l'un de l'autre. Il paraît plus naturel de
supposer que la tendance à la séparation dépend des variations périodiques
que subit la distance de ces deux atomes; or il est aisé de se rendre
compte de la grandeur de ces variations.
» Soient S la distance de ces deux atomes dans l'état d'équilibre; a, fJ, y les
cosinus directeurs de la droite qui les joint; la distance pendant les vibra-
tions devient
S(n-aW),
où
w = * S + ? Ty + f d, + Pr (a + Ty)
fdl , dl\ n (d\ dïA
» A vrai dire, ce raisonnement supposerait que l'amplitude des vibra-
tions des molécules matérielles est la même que celle des molécules d'éther,
ce qui n'est rien moins que certain. Mais ces deux amplitudes doivent être,
en tous cas, proportionnelles l'une à l'autre; de sorte qu'il est naturel de
supposer que l'intensité mesurée photographiquement dépend seulement
de l'expression W.
» Considérons un système S, formé par l'interférence de deux ondes
dont les plans sont rectangulaires.
» Prenons le plan des xz parallèle à l'une des ondes et le plan des xy
parallèle à l'autre onde; si la direction de la vibration est la même pour
les deux ondes, ce sera celle de l'axe des x.
( 328 )
« On aura donc, pour l'un des rayons,
£ = sina(y — Vt), *i = £ = o,
et, pour l'autre,
ç = sina(z — Vt), v, = '( = o,
d'où, pour la vibration résultante,
l = sina(j — Vt) -h sina(= — Vt), yi = Ç = o.
» La différence de marche entre les deux rayons est
e = s — y .
» On peut supposer que l'origine ait été choisie de telle sorte que, au
point où l'on veut mesurer l'intensité, on ait
y = o, d'où z = i.
Il viendra alors
W = a%?jCOsa\l ■+■ aaycosa(£ — Vt).
» Considérons maintenant un système S2 produit par l'interlérence de
deux ondes dont les plans se coupent à angle droit et dont les vibrations
sont rectangulaires l'une sur l'autre ; on aura alors
l = o, r,-~sina(z — Vt), '( = sina(y — Vl),
d'où (en supposant, comme plus haut, v -= o, z = s, au point où l'on veut
mesurer l'intensité)
W = nfivfcosrt Vt -;- cosa(t — Vt)].
» Comparons ces expressions avec celles que l'on obtiendrait dans le
cas de l'interférence de deux ondes planes se coupant sous un angle très
petit ou nul.
» Supposons d'abord que ces ondes soient polarisées dans le même
plan ; prenons le plan de l'onde pour plan des xy et soit encore e la dif-
férence de marche des deux rayons. On aura
\ = o, y) = sin«(s — V t) + sina(z -+- e — V t), 'Ç = o,
d'où, en supposant que le point où l'on veut mesurer l'intensité ait été pris
pour origine,
W = a$y[cosa Vt -+- cosa(s — V/)],
ce qui est la même expression que dans le cas du système S2.
( ^9 )
» Supposons maintenant cpie les deux ondes soient polarisées à angle
droit ; prenons le plan de l'onde pour plan des yz, il viendra
E=o, 7, = sina(.r — Y t), £ = sina(a; -+- e — Vf),
d'où, si le point où l'on veut mesurer l'intensité est pris pour origine,
W = aa$ cosaYt + a«ycosa(e — Yt),
ce qui est la même expression que dans le cas du système S,.
» On conclurait, si l'on adoptait cette manière de voir, que c'est le sys-
tème S2 et non le système S, qui doit interférer, ce qui donnerait raison à
Neumann.
» Je n'aurai garde de tirer cette conclusion ; dans l'ignorance absolue
où nous sommes du mécanisme de l'action photographique, il convient de
s'abstenir. Mon seul but a été de montrer que le doute reste permis, même
après l'expérience de M. Wiener. »
Note de M. Berthelot, à propos de la Communication de M. Poincaré.
« Sans vouloir entrer dans le fond même de la discussion intéressante
soulevée par notre Confrère, M. Poincaré, il me semble utile de présenter
quelques remarques sur le pouvoir photochimique des radiations, envisagé
comme une force qui tendrait à séparer les atomes matériels. En fait, le
mécanisme des phénomènes chimiques provoqués par la lumière est d'un
ordre plus compliqué, et la plupart, sinon tous, sont des réactions exother-
miques ; c'est-à-dire dans lesquelles la lumière joue le rôle d'un simple
excitateur, sans fournir elle-même l'énergie mise en jeu. C'est ce qui
arrive notamment pour la production des images photographiques au
moyen des sels d'argent, d'or, de platine, etc. Le métal qui constitue
l'image n'est pas séparé de sa combinaison par l'action directe de la lu-
mière, etavec absorption de chaleur; mais, en général, il est réduit aux
dépens d'une matière organique, qui s'oxyde soit aux dépens du sel lui-
même, soit aux dépens de l'eau décomposée par les éléments du sel, et
l'ensemble des deux réactions chimiques dégage de la chaleur.
» Le cas du chlorure d'argent semblerait, à première vue, d'une autre
nature; et il en serait ainsi, en effet, si ce composé était réellement, séparé
en chlore et en argent par l'influence des radiations lumineuses, sépara-
( 33o )
tion qui absorberait — 29e31, 2. Mais, en fait, il parait se former d'abord
un sous-chlorure d'argent, ainsi que M. E. Becquerel l'a rappelé : même
sans invoquer d'autre réaction, il suffirait que la chaleur dégagée dans
la formation des deux chlorures fût la même, avec un poids donné d'ar-
gent, pour que le dédoublement du chlorure ordinaire se fit sans déga-
gement ni absorption de chaleur. Or, on connaît plusieurs cas de cet
ordre : par exemple, un même poids d'oxygène dégage sensiblement la
même quantité de chaleur (-i-34Cal) en s'unissant à l'étain, soit dans le
protoxyde, soit dans le bioxyde; la séparation du protoxyde en bioxyde et
étain métallique : 2SnG = Sn02H- Sn, répond donc à un phénomène
thermique à peu près nul et dès lors susceptible d'être provoqué par la
moindre énergie complémentaire, telle que celle mise en jeu dans l'union
du bioxyde avec un alcali : la précipitation, si étrange en apparence de
l'étain métallique dans ces conditions, s'explique donc par la Thermo-
chimie. De même pour certaines régénérations d'argent aux dépens de son
oxyde. En effet, l'oxygène, sous un poids donné, dégage aussi, d'après mes
recherches, la même quantité de chaleur (4- 3Cal, 5 pour 8gr) en s'unissant
à l'argent pour former soit l'oxyde ordinaire, AgO, soit le sesquioxyde,
Aga03; aussi conçoit-on que l'oxyde ordinaire puisse se décomposer en
sesquioxvde et argent métallique : 3AgO = Ag203 -+- Ag, sous l'influence
d'une énergie auxiliaire, telle que celle qui résulte de l'intervention de
l'eau oxygénée, laquelle s'unit au peroxyde et forme une combinaison
instable, qui se décompose aussitôt avec mise en liberté d'oxygène et dé-
gagement de chaleur ('). Il suffirait, dès lors et semblablement, que
dans le dédoublement du chlorure d'argent en sous-chlorure, le chlore
excédant s'unît avec l'hydrogène d'un composé organique, de façon à
donner lieu à une réaction exothermique complémentaire bien carac-
térisée; dans le développement simultané de celle-ci, la lumière ne fourni-
rait d'autre énergie que la dose infinitésimale réclamée par son rôle d'agent
excitateur.
» En fait et dans l'état présent de la Science, il n'existe à ma connais-
sance aucune réaction purement chimique où la lumière fournisse l'apport
nécessaire et qui puisse fournir une mesure proprement dite des énergies
lumineuses : j'ai soulevé cette question en i865 (2), et les progrès ulté-
(') Annales de Chimie et de Physique, 5e série, t. XXI, p. 164.
(2) Voir Annales de Chimie et de Physique, \'' série, t. XVIII, p. 83.
( 33i )
rieurs de la Science n'ont fait que donner plus de force à mes observa-
tions. La combinaison du chlore avec l'hydrogène, l'oxydation des sels
de protoxyde de fer, celle de l'acide oxalique, etc., toutes réactions pro-
vocables par la lumière, sont toutes aussi des réactions exothermiques.
J'ai montré récemment, par des expériences et des mesures ('), qu'il en
est de même de la décomposition de l'eau par le brome, décomposition
invoquée autrefois comme un exemple de réaction photochimique endo-
thermique. Le seul fait qui subsisterait encore dans cet ordre serait la dé-
composition de l'acide carbonique, avec mise à nu d'oxygène, par la ma-
tière verte des végétaux ; mais il n'a jamais été prouvé qu'il ne se produise
pas en même temps dans l'organisme végétal des réactions complémen-
taires et simultanées, capables de fournir l'énergie indispensable. Quoi
qu'il en soit, il n'est pas nécessaire d'attribuer aux radiations lumineuses
aucune dépense sensible d'énergie dans l'accomplissement des phéno-
mènes chimiques de la photographie. »
M. Edmond Becquerel, à l'appui de la Note qu'il a publiée dans la der-
nière séance sur la reproduction photographique des couleurs, montre
quelques-unes des épreuves du spectre solaire avec ses couleurs propres,
épreuves faites il y a plus de quarante ans, et qui sont restées intactes en
les laissant à l'obscurité.
On peut juger de leur parfaite conservation, bien qu'à différentes repri-
ses elles aient été examinées et étudiées à la lumière du jour; il faut un
temps d'exposition prolongée à la lumière diffuse pour que les images dis-
paraissent.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. .ï. Carvallo adresse, de Tortosa, un Mémoire portant pour titre :
« Essai sur la théorie des mouvements internes et de translation des cy-
clones ».
(Commissaires : MM. Faye, Mascart.)
(') Annales de Chimie et de Physique, & série, t. XIX, p. 524-
( 332 )
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un travail de MM. Cheysson et Toqué, intitulé : « Les
budgets comparés des cent monographies de famille, publiés d'après un
cadre uniforme dans les Ouvriers européens et les Ouvriers des deux Mondes ».
(Présenté par M. Haton de la Goupillière, pour le concours du prix de
Statistique, fondation Montyon).
M. I'Inspecteur général de la Navigation adresse les états des crues et
diminutions de la Seine, observées chaque jour au pont Royal et au pont
de la ïournelle pendant l'année 1890.
« Les plus hautes eaux ont été observées le 18 mai, à la cote 2m,20 à l'échelle de la
Tournelle, et à la cote 3"',2oà l'échelle du pont Royal.
Les plus basses eaux ont été observées le 21 décembre, à la cote om, 16 au-dessous de
zéro à l'échelle de la Tournelle, et à la cote i"\ i5 à l'échelle du pont Royal. «
ASTRONOMIE. — Détermination de la masse de Mars et de la masse de Jupiter
par les observations méridiennes de Y esta. Note de M. Gustave Le veau,
présentée par M. Mouchez.
« Dans les Tables de Vesta, construites à l'aide de la Théorie exposée
dans trois Mémoires publiés dans les Annales de V Observatoire de Paris, j'ai
employé pour les masses de Mars et de Jupiter les valeurs suivantes :
Mars m — - — — — ( Hall).
0090000
Jupiter m — — =- (Le Verrier).
r 1 ooo
» D'abord, dans les équations de conditions formées pour déterminer
les petites corrections à apporter aux éléments qui ont servi de base à toute
la Théorie de Vesta de façon à représenter par les Tables les 5ooo obser-
vations méridiennes de cette planète faites de 1807 à 1888, j'ai introduit
comme inconnue la correction à apporter à la valeur employée pour la
masse de Jupiter.
( 333 )
» i° J'ai obtenu pour cette masse
1 ' / r\
,, 0 = —Il ■+- 0,OOD).
» Les différences entre les observations et les positions calculées en
employant cette masse sont données dans le Tableau I.
» 2° J'ai ajouté aux équations précédentes un terme dépendant de la
masse de Mars, et j'ai obtenu :
Jupiter m=- ■-=— - = — — (i -t- 0,0042)
1045,6 1030
,, r 1 „.
Mars m =z = — (1 — o, 160)
5700000 iogiooo
» Les différences entre les observations et les positions calculées en
employant ces valeurs des masses sont données dans le Tableau II.
» 3U J'ai ajouté aux dernières équations les termes nécessaires pour
tenir compte de l'influence séculaire des corps autres que les planètes
principales considérées dans la Théorie, et j'ai obtenu :
Jupiter m
Mais m
57OOOO1 1
» Les différences entre les observations et les positions calculées en
employant les valeurs ci-dessus sont données dans le Tableau III.
Observation — Calcul.
Ascension droite. Déclinaison.
Dates. t. II. III. I. !!. III.
1
-lio11 ""'"°4"
1045,7
[
(1 - 11, 1 05
1807,3
-+-
",7
—
',9
— ',2
—
2,1
—
1,1
- 0,9
1808,7
-+-
2,4
—
1,0
— 2,0
o,7
—
0,3
- 0,9
1810,1
-+-
2,1
—
2,2
- ',3
»
1811,4
6 ,2
■+-
■ ,°
- 0.6
»
1812,8
-s-
2 , 2
—
0,8
- °,7
■+■
O, J
—
',«
I /
1814,1
■+-
5,6
-+-
0,8
-- 1 ,7
—
1,1
4-
2,0
-*- !,7
i8i5,6
■+-
7,4
-+-
2,5
- >,3
—
0,2
—
o,7
— o,5
1819,7
■+■
2,8
0,0
- o,3
-+-
1,2
-+-
0,1
- 0,4
1822,5
-
3,o
-+-
1,0
1- o,8
-r-
1,1
-r-
i,7
■+■ 2,3
1823,9
-t-
2,7
-4-
1,1
4- 1,4
—
2,0
-h
1 , 3
■+- °,9
1 82 j , 2
—
0,1
—
0,6
-;- 0 , 2
-+-
0,1
-+-
0,2
- 0,1
1826,6
-+-
4,i
-r
2,7
-1- 2,0
■+■
2,2
-+-
2 ,0
■+■ ',9
i83o,8
■+-
o,3
■+■
0,1
-t- 0,1
-i_
3,7
-+-
3,6
■+- 3,3
l832,2
—
0,4
—
0,7
-+- i,3
■+■
2,2
+
2,0
-+- 1,7
C. K., 1
V, 1"
Semestre. (
T. CX11
N° 6.)
44
( 334 )
\scens
ion droite.
I. III.
Décl
înaison.
Dates.
I.
I
I.
II.
III.
i833,6
- 2,7
—
i",o
—
l',I
-i- 2", 8
■+■
2,9
-1-3,2
i835,o
— 0,1
+
o,5
-t-
o,7
-4- i,3
-+-
',4
-4- 1,1
i836,2
- 2,2
—
0,6
—
o,3
-+- 0,9
-+-
o,3
-4- o,3
1837,8
- !>a
—
0,8
—
1,1
0,0
+
0,1
0,0
i839,o
- i,3
■+■
0,1
-4-
0,4
+ 0,9
+
0,9
+ 0,7
1840,4
— 3,8
—
2 , 1
—
2,1
-f- 0,6
■+■
0,2
-t- o,4
1841,9
— o,4
+
0,1
+
0,1
— 0,1
0,0
— 0,2
i843, i
3,2
—
',1
—
o,9
-h i,5
+
1,0
+ o,9
i844,6
— ',3
—
1,0
—
',4
- o,3
-+-
0,5
T- 0,5
1845,9
- 0,6
-+-
0,2
-+-
0,2
r- 0,9
-H
1,0
-+" 0,9
■847,3
— 0,1
-+-
o,7
-+-
o,4
0,0
—
o,3
— 0,1
1848,8
— i,i
-
o,9
—
o,9
— 0,3
—
o,3
0,3
i85o,i
- 1,0
—
o,3
—
o,3
0,0
0,0
- 0,1
i85i ,5
- ',5
—
°,9
-
1 ,0
o,5
—
0, i
-t- 0,5
1 852,9
■+- o,7
-V-
o,4
--
0,4
- o,9
-H
o,7
-4- 0,7
i854,a
— o,"
-T-
0,1
—
0,2
f- o,3
- H
o,3
-t- o,3
i855,7
- o,7
0,0
-4-
0,2
-i- 1,1
-f-
1,0
-r- 1,0
1857,0
+ 1,4
-+-
0,2
0,0
-1- o,5
■4-
0,2
-4- 0,2
i858,3
h 2,8
—
.,5
-
i,3
- i,5
—
o,9
- 0,9
i85g,8
-r- 0,2
—
o,G
—
0,4
-T- 0,1
—
o,3
— 0,1
1861,1
+ 1,2
—
1,0
—
i,3
— 0,3
—
o,i
- 0,1
1862,6
-i- 3,2
-+-
0,6
-4-
1,1
— t,2
—
o,9
— !,I
1863, 9
-h 2,0
- T"
o,4
■4-
o,3
■+- 0,7
■4-
0,1
-h 0,3
i865,2
-4- 2,1
—
0,8
—
1 1 '
— 0,6
-f-
0,4
-1- 0,5
1866,7
+ 0,5
—
1,6
—
o,9
— 0,2
—
1,0
— 0,7
1868,0
■+-3,1
+
1,2
o,7
•+- 0,7
—
0,5
-4- 0,7
'869,4
+ 0/4
—
1 ,7
—
i,3
-1- 0,2
-+-
0,9
-+- o,5
1870,8
-4- o,5
—
o,7
—
o,5
+ 1,4
■4-
0.9
-h I ,2
1872, 1
-+- 2,0
-+-
i,4
-4-
0,9
— o,3
—
0,2
0,0
1873,6
- ',1
—
0,8
0,0
+ 0,4
-4-
o,3
-4-0,2
1875,0
-4- 0,3
-+-
0,1
—
0,2
— 0,7
—
0,8
— 0,5
1876,3
- 0,1
+
0 ,3
—
0,1
-h 0,3
-+-
0,2
+ 0,1
,877,8
— 2,1
—
2,2
—
i,7
" 0,7
—
0,8
- 0,4
■879,1
— 0,3
4-
0,8
-4-
0,2
— 0,8
—
o,7
0,5
i88o,5
- 3,.
—
i,5
0,8
-+- 2,0
4-
1,6
+ °,9
1881,9
— 0,6
+
0,2
-+-
0,2
— ','
—
0,8
— 0,4
i883,2
- o,t
+
1 , 5
-4-
0,6
— 0,4
—
0,8
- 0,6
1884,7
-s- 0,9
-+-
i,7
-4-
2,6
0,0
0,0
-H 0,1
1886,0
— 0,9
-4-
1,1
-4-
o,5
— 1,1
—
o,6
— 0,3
1887,3
— 0,2
-4-
«,9
■+-
i,3
— 0,2
—
1,0
- i,3
1888,8
- 0,4
-+-
1,0
-+-
i,4
— 0,2
-4-
o,3
- 0,8
dK
291
73
58
69
60
57
» L'examen de ces Tableaux montre que l'introduction de l'influence
séculaire des petites planètes ne modifie pas suffisamment les résidus
pour en tenir compte efficacement dans la formation des Tables de Vesta,
( 335.)
mais que les masses de Jupiter et de Mars nécessitent une correction
appréciable.
» Les positions géocentriques de Vesta ont été obtenues par l'emploi
des Tables solaires de Le Verrier. En tenant compte des variations appor-
tées aux positions du Soleil par suite du changement des masses de Mars
et Jupiter, la discussion des observations méridiennes de Vesta, faites
pendant près d'un siècle, fournira peut-être quelques renseignements rela-
tifs aux éléments de notre planète. Cette recherche sera l'objet d'une
Communication ultérieure. »
PHYSICO-CHIMIE. — Sur la conductibilité des acides organiques tribasiques ; ca-
ractéristique nouvelle de la basicité. Note de M. Daniel Bertuelot, pré-
sentée par M. Lippmann.
« J'ai montré, dans une Note précédente, comment l'étude des conduc-
tibilités électriques permet de distinguer les sels neutres des acides mono-
basiques ou bibasiques en dissolution.
« Un excès d'acide ajouté au sel neutre n'exerce aucune action chi-
mique si l'acide est monobasique, tandis qu'il exerce une action très
marquée si l'acide est bibasique, par suite de l'existence, dans ce dernier
cas, d'un sel acide partiellement dissocié.
» A plus forte raison en sera-t-il de môme si l'acide est tribasique, et les
abaissements de conductibilité successifs produits par des excès croissants
d'acide se prolongeront plus longtemps à cause de la présence d'un second
sel acide.
» Mes observations ont porté sur les acides carballylique, citrique et
aconitique.
icide carballylique.
Nombre d'équivalents
d'acide
de potasse
Différence
(îk mol.).
(rh mo1-)-
1 observé.
Calculé.
lirart.
en centièmes.
I , ooo
0,000
o,2o4
»
»
)>
o , 900
0, 100
o,i54
O, 190
o,o4i
■>. 1 , 0
o,85o
0, i5o
0, i56
O, 208
n,o52
2 5,o
0,800
0,200
0,170
0, 236
o,o63
26,7
0,700
o,a5o
0 , 202
0,266
<>,o64
24,0
0,667
o,333
0,267
0,320
o,o53
16,5
+o,5oo
o,5oo
u,. 146
»
»
» -+- sel neutre
o,333
0 , 667
o,843
0,891
o,o4S
5,4
0,25o
0,760
i,o58
1,077
0,019
l>7
0,200
0 , 800
1 , 192
1 , 202
0,01 0
0,8
( 336 )
Acide citrique.
Acide
Totasse
Différence
(rb moléc.)
(tïô moléc.)
Observé.
Calculé.
Ecart.'
en centièmes
I ,000
0,000
0,660
»
»
»
0,75o
0, 25o
0,432
o,557
0, 125
22,4
0,667
0,333
o,3go
o,525
0, i35
25,7
o,5oo
0 , 5oo
,.,384
0,568
0,184
32,4
o,333
0 , 667
o,536
0,618
0,082
l3,2
Sel neutre. .
o,25o
0,750
o,648
»
»
»
0,200
0,800
0,826
0,876
o.o5o
5,7
0, 167
o,833
°,997
0,985
))
»
Acide aconitigue.
Acide
Potasse
Différence
( j-^; moléc.)
1 ^ moléc. |
Observe'-.
Calcul.-.
Écart.
en centièmes
1 ,000
0,000
0,8.7
»
»
»
0,750
o,25o
0,532
0,676
0,l44
21,3
0.667
0,333
. 1 . 468
o,653
0,1 85
28,3
0 , 5oo
o,5oo
o,425
0,627
0,202
32,2
0, 333
0,667
0 , 545
0,628
0 , 093
.4,5
Sel neutre. .
o,25o
0,750
o,65o
»
»
»
0,200
0 , Soo
0,816
0,876
0 , 060
6,6
0, 167
o.833
0 , 960
0,9-6
0,011
..3
» J'ai déterminé les données analogues pour l'acide mellique.
» Si l'on suppose connu le poids moléculaire de l'acide (par les densités
de vapeur de l'acide ou de ses éthers, par les points de congélation ou par
toute autre méthode), on peut, à l'aide d'un calcul simple, reconnaître le
degré même de la basicité de l'acide. Il suffit d'ajouter à une molécule
d'acide une, deux, trois, etc., molécules d'alcali et de voir après laquelle
de celles-ci s'arrête l'influence de la conductibilité, en se rappelant toute-
fois qu'il a été remarqué plus haut qu'une molécule de potasse ajoutée
après la saturation produit encore une faible action résiduelle.
» Avec les acides monobasiques on aura de faibles différences :
Deuxième molécule de potasse.
Formique. Acétique. Benzoïque. C.lycolique.
o,o4 o,o4 0,0:4 o,o5
» (les différences mesurent l'action résiduelle de la potasse.
» Avec les acides bibasiques on aura des différences considérables
pour la deuxième molécule de potasse; mais la troisième molécule n'exer-
( °>37 )
cera plus qu'une action résiduelle, analogue à celle de la deuxième pour
les acides monobasiques.
Oxalique. Malonique. Sueeinique. Pyrotartrique. Phtalique. Camphorique.
Deuxième molécule de
potasse o,3t 0,28 0,29 o,3i o,3i o,32
Troisième molécule.. . . o,o3 o,o3 0,06 o,o3 o,o3 o,o5
» De même avec les acides tribasiques, la deuxième et la troisième mo-
lécule exercent une action considérable.
Vnlc riuique. Acide aconilique.
Deuxième molécule o,3i o,33
Troisième molécule 0,20 ".ao
Quatrième molécule o,o5 o,o5
» Enfin les différences analogues relatives à la deuxième, troisième,
quatrième, cinquième et sixième molécule ajoutées à une molécule d'acide
mellique (acide hexabasique), sont :
o,35, 0,29, 0,28, 0,21, 0,12.
» Elles répondent aux six basicités de l'acide.
» La septième molécule ne produit plus qu'une différence de conducti-
bilité égale à 0,02.
» Les conductibilités électriques fournissent donc une caractéristique
nouvelle pour la basicité des acides dont on connaît le poids moléculaire:
on peut définir ainsi, par des procédés purement physiques,' l'équivalent et
la basicité d'un acide, sans en connaître ni la formule, ni même la composi-
tion élémentaire. »
CHIMIE. — Sur les combinaisons formées par V ammoniaque avec /esc/dorures.
Note de M. Joanxis.
« On connaît, pour la plupart des métaux., des combinaisons formées
par le gaz ammoniac avec les chlorures métalliques; cependant, d'après
divers chimistes, Rose entre autres, les chlorures de sodium, de potas-
sium et de baryum ne se combinent pas avec l'ammoniaque.
» J'ai été amené, en continuant les recherches que j'ai entreprises sur
le sodammonium, à m'occuper de ces chlorures et en particulier du chlo-
rure de sodium, corps qui pouvait se former dans les réactions du sodam-
( 338 )
monium sur les chlorures métalliques; ces réactions sont compliquées et
il est nécessaire, pour les interpréter, d'étudier d'abord l'action de l'am-
moniaque sur le chlorure de sodium et celle du sodammonium sur le chlo-
rure de sodium.
» Chlorure de sodium. — Du chlorure de sodium pur, fondu récemment, était in-
troduit, encore chaud, dans un tube résistant bien sec, taré au préalable et pesé de
nouveau. On le mettait en communication, à l'aide de tubes de plomb mastiqués,
avec un réservoir en verre contenant de la potasse solide, où du gaz ammoniac liquclir
séjournait depuis quelque temps; en refroidissant le tube à chlorure de sodium,
l'ammonium distillait dans le tube froid; en opérant vers — 10° et en employant quel-
ques centimètres cubes d'ammoniaque liquide, on arrivait à dissoudre tout le chlorure
de sodium employé, et la tension du gaz ammoniac était un peu inférieure à celle de
l'ammoniaque liquide à cette température. Si l'on refroidissait alors davantage, à — 3o°
par exemple, et si on laissait partir de l'ammoniaque à cette température, on voyait
bientôt de fines aiguilles blanches apparaître dans le liquide. On peut ainsi chasser
tout l'excès d'ammoniaque, et lorsqu'il ne dégage plus aucune bulle de gaz, sous la pres-
sion atmosphérique à — 3o°, même en attendant une demi-heure, on laisse monter
lentement la température; il sort alors une bulle de temps en temps, provenant de la
dilatation du gaz contenu dans l'appareil. A partir de — 24° il commence à sortir un
peu plus de gaz que le calcul ne l'indique d'après les dimensions de l'appareil. A partir
de ce moment, on laisse la température monter, en recueillant tout le gaz qui se dé-
gage dans de l'acide sulfurique titré. On tient compte de ce que, au commencement,
une partie de l'appareil est pleine d'ammoniaqueà — 24°, tandis qu'à la fin cette partie
est pleine de gaz à o° (on a mis finalement l'appareil dans de la glace). Un a déterminé
ainsi directement les poids d'ammoniaque et de chlorure de sodium qui entrent dans le
composé.
» Voici les nombres obtenus dans trois analyses :
..1 1 , ... ,. \? H'
Poids de \aU. Rapport, ^, _,, •
rI Nal.l
1 0,6744 5,oi8
II o,4o48 5,007
m 0,4472 4,968
Moyenne 4>9P/8
» La formule de ce composé est donc NaCl -1- 5 AzH3.
» Voici les tensions de dissociation de ce corps à différentes tempéra-
tures.
O llltli
2-+
— 20,8 892
— i7>5 '074
— 1 5 , o 1 3o5
— I0>° '777
— 7,0 2 1 3o
( 339 )
» Chlorure de potassium. — Je n'ai pas obtenu de combinaison avec l'ammoniaque,
même en opérant à — 720, qui put être décelée par une tension de dissociation propre.
J'ai refroidi à — 720 trois tubes contenant du chlorure de potassium et de l'ammo-
niaque liquide en proportions variables ; ces trois tubes contenaient, pour 1 équivalent
de chlorure de potassium, le premier oéi,32, le deuxième 1^,92 et le troisième
18 équivalents d'ammoniaque. Ce dernier tube contenait ainsi une solution saturée soit
de chlorure de potassium, soit de chlorure ammoniacal de potassium. Les trois tubes
m'ont donné très sensiblement la même tension, aussi bien à — 72" qu'à des tempéra-
tures plus élevées; la différence de cette tension et de celle de l'ammoniaque liquide
a été trouvée constante et égale à 5cm environ, pour toutes les températures entre — 72°
et — 45°.
» S'il existe, à ces températures, un composé de chlorure de potassium
et d'ammoniaque, il a une tension de dissociation si voisine de la tension
de vapeur de sa solution saturée, qu'il n'a pas été possible de constater
de différence, surtout à ces basses températures, difficiles à maintenir
longtemps constantes ; on n'a pas pu, par suite, employer la méthode qui
a réussi avec le chlorure de sodium.
» Chlorure de baryum. — La combinaison de ce chlorure avec l'ammoniaque est
extrêmement lente, et c'est probablement pour celte cause qu'elle n'a pas été obtenue
par Rose. Le chlorure de baryum anhydre récemment fondu est introduit, encore
chaud, dans un tube taré ; on opèrç comme avec le chlorure de sodium et on liquéfie
de l'ammoniaque anhydre dans le tube contenant le chlorure. Dans ces conditions, la
combinaison est assez rapide; on place ensuite le tube à chlorure à o°, et, ouvrant un
robinet, on laisse échapper toute l'ammoniaque qui peut partir. On constate qu'il
reste un composé qui a pour formule BaCl, ^Azll3 (AzH3, trouvé 89,57 pour 100;
théorie 3g, 53), qui possède à o° une tension supérieure à la pression atmosphérique.
Elle est de 5.4imra à o° et de i85omm à 28°, 4- Si l'on enlève alors de l'ammoniaque, ou
constate que cette pression persiste jusqu'à ce qu'on ait enlevé les 4 équivalents
de ce gaz.
» Ainsi, des composés contenant pour 1 équivalent de chlorure de ba-
ryum (oe<*,462), (oé'i, 827), (1^,817) ou (3é*>, 232) d'ammoniaque, possé-
daient la même tension de dissociation. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la formation des isopurpurates.
Note de M. Raoul Varet.
« Hlasiwetz a montré que, en chauffant l'acide picrique avec du cyanure
de potassium dissous dans l'eau, on obtient de magnifiques matières colo-
( 34o )
ralliés rouges, duesà la formation d'isopurpurate de potassium. L'équation
de la réaction est la suivante :
C,2H3Az30'' + 3C2Az[v + 3H202
= ClcH4AzsO,2K + C20'' -+- AzH*4- 2K.HO-.
» Il m'a paru intéressant d'étudier l'action des cyanures métalliques
proprement dits (zinc, cuivre, mercure, argent) sur l'acide picrique et les
picrates, afin de savoir quels sont ceux d'entre eux qui sont susceptibles
d'entrer en réaction et de déterminer les conditions qui règlent la forma-
tion des isopurpurates.
» [. a. Cyanure de zinc et acide picrique. — On projette du cyanure de
zinc, par petites quantités, dans une solution aqueuse d'acide picrique main-
tenue à l'ébullition. Il y a dégagement d'acide cyanhydrique et formation
de picrate de zinc, sur lequel réagit l'excès de cyanure de zinc. On chauffe
pendant trente-six heures, en ayant soin d'ajouter de l'eau de temps en
temps, afin de remplacer celle qui s'évapore. La liqueur, d'abord jaune,
prend une teinte de plus en plus rouge. On filtre, pour séparer les pro-
duits insolubles, et on lave à l'eau bouillante le précipité retenu par le filtre.
La liqueur obtenue, évaporée doucement au bain-marie, laisse déposer des
cristaux rouges, formés par un mélange d'isopurpurate de zinc et d'isopur-
purate d'ammoniaque. Quelquefois on obtient ces deux sels à l'état de
combinaison, mais ce dernier corps ne peut pas être reproduit à volonté.
» La formation d'isopurpurate d'ammoniaque résulte de la substitution
de l'ammoniaque qui prend naissance dans la réaction à l'oxyde de zinc
du picrate. Les quantités respectives du sel de zinc et du sel d'ammoniaque
formés dépendent du temps pendant lequel on maintient à l'ébullition le
mélange de picrate et de cyanure, les produits secondaires de la réaction
réagissant sur l'isopurpurate de zinc pour le décomposer avec mise en
liberté d'ammoniaque.
» b. Cyanure de zinc et picrate d'ammoniaque. — Quand on maintient à
l'ébullition, dans les conditions précédemment indiquées, du cyanure de
zinc avec une solution de picrate d'ammoniaque, on obtient seulement de
l'isopurpurate d'ammoniaque; il n'y a pas formation d'isopurpurate de
zinc.
» II. Cyanure de mercure. — Quand on chauffe du cyanure de mercure
avec une solution d'acide picrique, on constate qu'il ne se dégage pas
d'acide cyanhydrique et qu'il ne se forme pas d'isopurpurate.
» Il en est de même avec les picrates d'ammoniaque, de potassium, de
( 34. )
baryum et de strontium. Avec ces derniers, il v a précipitation de baryte ou
de strontiane et formation de combinaisons résultant de l'union dû cyanure
de mercure et de l'acide picrique avec le picrate de baryum ou avec celui
de strontium.
» IH. Cyanure ci' argent. -- Le cyanure d'argent ne réagit pas surl'aeide
picrique ou le picrate de potasse pour donner des isopurpurates.
» IV. Cyanure de cuivre. — Le cyanure de cuivre, chauffé avec de l'acide
picrique, ne fournit pas d'isopurpurate; il prend seulement une teinte
verte très vive, qui disparaît quand on le lave avec de l'eau. Il y a probable-
ment formation d'une combinaison très instable.
» En résumé, on voit :
» i° Que les cyanures d'argent, de mercure et de cuivre ne réagissent
pas sur l'acide picrique ou les picrates pour donner des isopurpurates.
» 20 Le cyanure de zinc au contraire réagit, mais bien plus lentement
que les cyanures alcalins. Avec le picrate d'ammoniaque, il donne de l'iso-
purpurate d'ammoniaque ; avec l'acide picrique, il donne un mélange d'iso-
purpurate de zinc et d'isopurpurate d'ammoniaque.
» L'examen des données thermochimiques montre que l'acide picrique
déplace l'acide cyanhvdrique des cyanures susceptibles de donner des iso-
purpurates (cyanures alcalins, alcalino-terreux, cadmium, zinc). C'est le
contraire qui a lieu, d'après ces mêmes données, pour les cyanures de
cuivre, de mercure, d'argent. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur le mode de combinaison de l'acide sulfurique
dans les vins plâtrés et sur la recherche de l'acide sulfurique libre. Note de
M. L. Magmer de la Source, présentée par M. Schutzenberger.
h Dans une Aote insérée aux Comptes rendus ('), MM. Roos et Thomas
se refusent à admettre qu'un vin plâtré puisse, à un moment quelconque,
renfermer du bisulfate de potassium. J'ai été amené à penser, au contraire,
que ce sel doit toujours prendre naissance dans un vin plâtré à fond. J'ai
basé ma démonstration sur les raisonnements suivants :
» Un vin plâtré à fond ne renferme aucune réserve de potasse, en dehors
de celle qui est nécessaire pour transformer l'acide sulfurique en sulfate
neutre; mais un pareil vin contient, lorsqu'il a été plâtré avec du plâtre
s
(l) Comptes rendus, l. CXI, p. ôjô.
C. R., i8qi, i" Semestre. (T. CXII, V 6.)
( 342 )
pur, la même quantité d'acide tartrique qu'un vin non plâtré de même
origine. Si donc, à un moment quelconque, il s'y forme un dépôt détartre,
ce tartre ne pourra avoir pris naissance qu'en enlevant au sulfate neutre
une partie de la potasse qu'il renferme, c'est-à-dire en produisant du bi-
sulfate.
» Le raisonnement de MM. Roos et Thomas s'applique sans difficulté
aux vins qui sont partiellement plâtrés, et je reconnais volontiers que
presque tous les vins traités par le plâtre sont dans ce cas; mais j'ai prouvé
autrefois que les conditions ci-dessus définies peuvent être réalisées et j'ai
raisonné, non sur les vins livrés le plus souvent par le commerce, mais sui-
des vins dont je donnais l'analyse et dont j'indiquais l'origine.
« Les vins semblables à celui-ci sont rares, mais tous ceux qui ont fré-
quemment l'occasion d'analyser des vins plâtrés en ont rencontré et ont
été frappés de la faible différence existant entre leur poids total de cendres
et celui du sulfate de potasse. C'est en opérant sur des vins de cette espèce
qu'Henninger, M. Ch. Girard et moi-même avons pu constater la pré-
sence d'acide sulfurique soluble dans l'alcool ou dans l'alcool éthéré.
» Pour rechercher dans un vin l'acide sulfurique libre, MM. Roos et
Thomas ont recours à un procédé détourné qui consiste à substituer l'acide
chlorhydrique à l'acide sulfurique. Cette substitution ne me paraît pas
présenter de grands avantages. Le Comité consultatif d'hygiène de France
partage mon opinion, puisqu'il se borne à conseiller l'analyse complète
des cendres. Dans toute opération bien conduite, les résultats sont forcé-
ment identiques, mais la recherche directe étant beaucoup plus simple
paraît devoir être préférée.
» Afin de me rendre compte de la sensibilité du procédé indiqué par M. le Rappor-
teur du Comité consultatif d'hygiène de France, j'ai pris un vin non plâtré, d'origine
sûre, renfermant o§l',32 d'acide sulfurique naturel par litre (calculé en SO*H2).
» Ce vin a été additionné d'acide sulfurique libre dans les proportions suivantes :
Par litre.
gt
a 4>oo (imbuvable).
P i ,80 (imbuvable).
7 1,00 (très acide, mais bon ).
8 0,55 (saveur des plus agréables).
» Chacun des mélanges a été partagé en deux portions égiles : l'une n'a subi aucun
traitement, l'autre a été saturée parle carbonate de potasse pur.
» Les huit échantillons ainsi obtenus ont été évaporés à sec au bain-marie, carbonisés
( 343 )
ensuite avec les précautions ordinaires et finalement chauffes jusqu'au rouge pour dé-
truire le charbon.
» Dans la cendre, on a dosé l'acide sulfurique total; les résultats obtenus sont les
suivants :
Vin additionné
de WSO>
et
de CO»K%
par litre.
Sr
■J.' 4 > ° '
V
in additionné
de H'SO',
par litre.
1,21
1 ,20
o,84
P 1,21 P' 2,00
Y i , 20 f' i , 3o
S' o,86
» Que conclure de ces résultats, sinon qu'à partir de igt' d'acide sulfu-
rique par litre l'addition ne saurait être décelée par l'analyse des cen-
dres?. . . On remarquera que cette dose est précisément la limite au-des-
sous de laquelle la dégustation devient incapable de reconnaître une saveur
anormale, et cela se conçoit aisément; au-dessous de cette limite, l'acide
sulfurique ne demeure pas à l'état de liberté dans le vin, mais emprunte
aux combinaisons à base de potasse que renferme ce liquide l'alcali néces-
saire pour le transformer en sulfate neutre.
» MM. Roos et Thomas admettent que toute molécule d'acide tartrique
mise en liberté par l'action du sulfate de chaux pendant l'opération du
plâtrage se sature aux dépens des réserves de potasse que possède le vin,
comment refuseraient-ils à l'acide sulfurique le pouvoir d'exercer une
action analogue? Si donc l'acide sulfurique ajouté à faible dose dans un
vin non plâtré (' ) cesse d'exister à l'état libre, aucun procédé ne saurait
permettre de le retrouver sous cette forme, à moins qu'on ne la lui restitue
par une réaction secondaire, auquel cas les résultats obtenus n'auraient
plus la moindre signification, puisqu'ils pourraient aussi bien s'appliquer
au sulfate de potasse naturel qu'au sulfate de potasse provenant du plâ-
trage.
(') Ce cas est le seul qui doive être examiné, l'acidification par l'acide sulfurique
n'ayant d'autre objet que de remplacer le plâtrage, conformément aux indications
données par M. Armand Gautier dans l'article Vin du Dictionnaire de Chimie pure et
appliquée.
( 344 )
PHYSIOLOGIE EXPERIMENTALE. -- Olfactomètre fondé sur la diffusion
à travers les membranes flexibles. Note de M. Charles Hexky.
« Le but de l'olfactomètre est de déterminer le poids d'odeur par cen-
timètre cube d'air qui correspond au minimum perceptible et aux divers
degrés de la sensation olfactive.
» L'instrument, construit par G. Berlemont, consiste en un réservoir
de verre A traversé par deux tubes glissant l'un dans l'autre : tu un tube
de papier B, bouché par le bas; 2° à l'intérieur de celui-ci, un tube de
verre gradué en millimètres, qui émerge en C et qu'on introduit dans
une des narines, eu bouchant l'autre. Pour les dosages d'intensités plus
fortes que le minimum perceptible, l'instrument est muni d'un robinet
et d'un tube en fourche D. On introduit le liquide odorant en a dans
le réservoir; une fois ce réservoir saturé, on enferme le tout dans une
éprouvette bien close par le bouchon d. L'opérateur soulève avec la main
le tube C d'un mouvement uniforme qui est réalisé très approximativement :
je m'en suis convaincu en armant le tube d'un stylet perpendiculaire, qu'on
mettait en contact avec un cylindre enregistreur. La vapeur s'écoule du
réservoir dans le tube de verre. Le sujet respire normalement. Il serait
facile d'obtenir, par une ceinture inextensible qui ne permettrait qu'une
dilatation définie de la cage thoracique, la constance d'intensité de l'inspi-
ration ; mais cette précaution, suffisante comme on peut le vérifier par un
( 3/,5 )
pneumographe Verdin, détermine une gène, nuisible à l'expérience. Au
moment où la sensation minima se produit, l'opérateur arrête le mouve-
ment; il note la hauteur et la durée de soulèvement. Avec ces deux élé-
ments, avec un nombre dépendant à la fois de l'expérience et d'une con-
stante de chaque appareil, enfin avec une constante du corps odorant, on
obtient le minimum perceptible.
» En elfet, soit Q' le poids de la vapeur considérée qui passe du réservoir saturé
dans le tube à travers le papier en une seconde et par millimètre carré, soit P le poids
qui a passé au bout du temps / en découvrant le tube de papier de rayon R sur nue
hauteur ^ avec la vitesse constante de soulèvement <i\ à chaque instant, on a
dP = Q'2-TtR ; dt -,- Q' 2 - R dz dl ;
mais le deuxième tenue est un infiniment petit de second ordre que l'on peut né-
gliger. L'expérience et un calcul simple ont montré qu'on peut également négliger
les valeurs successives de la pression de la vapeur dans le tube. Puisque ; at. il
\ li'ni
d'où, en intégrant et en remplaçant a par sa valeur,
P = Q'riRst.
, » Si l'on appelle V le volume du tube de verre, l'espace parfumé est V -t- -R2- ; le iiii-
P . -R
nimum perceptible M est, d'après la définition, fj- — — — ; le quotient t~, rpr~ B
est un nombre dépendant à la fois de l'expérience et de l'appareil, de sorte que l'on a,
en supposant la vapeur parfaitement diffusée dans tout l'espace,
(i) M R^Q'.
u Pour déterminer Q' considérons deux surfaces d'évaporation égales à l'unité, l'une
à l'air libre, l'autre recouverte du papier de l'olfactomètre, c'est-à-dire d'un seplum
llexible, au-dessus et au-dessous duquel la pression totale est la même, les pressions
partielles de la vapeur et de l'air étant différentes; en désignant par A une constante
dépendant à la fois du liquide et de la pression atmosphérique, on a pour le poids q
qui s'évapore à l'air libre, F étant la tension maxima, f la tension de la vapeur dans
l'atmosphère (généralement nulle sauf pour la vapeur d'eau),
(2) q = A(F-f).
» Dans le cas de la surface recouverte du papier, la pression de la vapeur a immé-
diatement au-dessus de la membrane la même valeur y, nulle en général; mais, immé-
diatement au-dessous, elle a une valeur tp notablement différente, de sorte qu'il faut
poser, pour le poids q' qui s'évapore à travers le papier,
(3) /=A.(F-?).
( 346 )
» Des expériences poursuivies avec M. Gustave Robin nous ont donné ce résultat
remarquable que — est le même pour tous les corps, indépendant de la température
dans les limites observées (4-4° à 1 4°) et égal, en moyenne, à o,65. Nous avons trouvé,
en effet : alcool : o,63; éther : 0,67; chloroforme : o,63; vapeur d'eau : 0,66; sulfure
de carbone : 0,66; benzine : o,65.
» Soit a ce rapport. Poursuivant l'analogie de la diffusion de la vapeur avec la dif-
fusion de la chaleur, considérons un coefficient 6, qui ne dépend que du papier et du
corps, nous pouvons poser
(4) i' = «(?-/);
d'où, eu égalant (3) et (4) et en éliminant les tensions,
(5)
» Mais, comme on a également O'=0F, on obtient, en remarquant (pie dans le tube
de Polfactomètre/=o,
(6) Q' ~-9~
» La surface du tube de papier étant collée sur { environ, il faut multiplier cette
valeur par le coefficient \\ que l'on a calculé en dosant les poids d'ammoniaque qui.
dans les mêmes conditions de température, passent soit à travers le papier simple, soit
à travers le papier collé I = 1 ,69
» La nécessité d'opérer très rapidement, à cause de l'altération facile à l'air de la
plupart des essences odorantes, m'a fait recourir, pour obtenir q, à des aréomètres de
tiges deomm,5 environ de diamètre, surmontés chacun pour le liquide d'une coupelle
d'argent de occ,574, lesquels se déplacent dans l'alcool le long d'une règle divisée, et
qu'on maintient dans un bain à une température aussi constante que possible. En
vue d'éviter les perturbations thermo-électriques, on gradue l'appareil avant et après
chaque évaporation en notant le nombre de divisions dont se déplace la tige cylin-
drique sous un poids étalonné. Dans les expériences rapportées ci-dessous et exécu-
tées à io°,5, les nombres obtenus avant et après ont été trouvés identiques. Au début,
l'évapofatïon est en général intense; elle ne devient proportionnelle au temps qu'au
bout de quelques minutes. Ce sont ces valeurs permanentes qu'on a choisies, et elles
se sont montrées pour l'éther remarquablement concordantes avec celles que fournit
l'évaporation dans des tubes cylindriques (0,7 au lieu de 0,6), l'unité adoptée étant le
millième de milligramme :
Éther 0,7 Romarin o,o446 Winter-green . . . o,oi65
Ylang-Ylang. . . . 0,0176 Carvie o,o3i5 Bergamotte o,o33i
Portugal 0,0067 Menthe anglaise. o,o354 Lavande 0,0292
» Pour l'éther, dont on connaît F, on a 6 = o,oo45i.
( 347 )
» C'est d'après ces nombres qu'ont été calculés par la formule (i) les minima pei
ceptibles suivants, toujours en millièmes de milligramme et à io°, 5 :
ujets.
Ylaiig-YIang.
Menthe.
Romarin.
w
inter-green.
Éther.
Portugal
A...
• 9,763
i8,o83
"4,92
■.',8, 392
349,83
98,02
B...
■ 1,546
17,069
3,633
',87
23,322
4,3'43
C. .
• '5,9
»
7,oi
9,°4
189
.5,5
D.. .
37,5
i3o
1S1
i9.'
2490
»
» Ces nombres varient considérablement suivant la constitution analomique et
physiologique des sujets et suivant l'odeur; en général, ils paraissent être en corréla-
tion directe avec le caractère agréable de l'odeur pour chaque sujet; c'est une des rai-
sons pour lesquelles Da pu présenter avec l'éther un chiffre aussi élevé. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTAL!'. . — Action de certaines substances médica-
menteuses, et en particulier de l'extrait de valériane, sur la destruction de la
glycose dans le sang. Note de M. L. Buttk, présentée par AI. Larrey.
« Claude Bernard a montré que la glycose contenue dans le sang, au
moment de son extraction des vaisseaux, finit par disparaître complète-
ment. J'ai voulu rechercher si certaines substances médicamenteuses peu-
vent retarder ou activer cette disparition et ont pour action de modifier le
pouvoir qu'a le sang frais de brûler le sucre qu'il renferme (').
» Mes premières expériences avaient été faites il y a plusieurs années ;
à cette époque, j'avais dû me servir du procédé de dosage du sucre par-
la liqueur cupropotassique. Cette méthode, bonne quand on opère avec
des solutions pures, n'est qu'approximative quand on analyse des liquides
extraits du sang et quand il s'agit de déceler des différences très petites.
Aussi ces premiers essais ne m'avaient-ils fourni aucun résultat satisfaisant.
Aujourd'hui, grâce aux nouveaux procédés de dosage de la glycose par
fermentation, à l'aide de la pompe à mercure, procédé décrit récemment
par M. Quinquaud, en collaboration avec M. Gréhant, j'ai pu reprendre
mes expériences et obtenir des résultats suffisamment exacts et précis.
» C'est ainsi que j'ai pu constater que l'addition du bicarbonate de soude .
(') MM. Lépine et Barrai (Comptes rendus, 19 janvier 1891) et M. Arnaud
(Comptes rendus, 26 janvier 1891) viennent de publier les résultats des recherches
qu'ils avaient entreprises sur le même sujet.
( 348 ) ■
de la morphine, au sang fraîchement recueilli, a pour effet de ralentir la
destruction de la glycose; par contre, le curare active cette destruction.
Je me bornerai aujourd'hui à indiquer les résultais cpie m'a fournis l'étude
de l'extrait de valériane, dont on a vanté l'heureuse influence dans le
traitement de certaines formes de diabète sucré.
» J'ai d'abord recherché ce que devient la glycose dans le sang fraîche-
ment extrait de l'artère et mis en contact avec l'extrait de valériane.
» Pour cela, après avoir défibriflé 3oosr de sang, immédiatement après son extraction
de la carotide d'un chien, j'y ai ajouté 3e1' de glycose; je les ai divisés en trois parties
égales; j'ai dosé le sucre immédiatement dans la première et j'ai introduit les deux
autres dans des flacons dont l'un contenait Scc d'eau distillée et l'autre 8CC de solution
d'extrait de valériane au TV, soit 8rsr. Ces deux flacons ont été alors placés à l'étuve
à 38°.
» La glvcose ajoutée n'avait d'autre but que de rendre le phénomène plus net.
» Toutes ces opérations ont été faites avec la plus grande rapidité et n'ont pas duré
plus de cinq minutes à partir de l'extraction du sang.
» L'analvse du premier sang traité immédiatement a donné o'-r,g33 de glvcose.
» Les deux autres échantillons laissés à l'étuve pendant vingt-quatre heures et
traités simultanément ont donné :
Le premier, auquel je n'avais ajouté que de l'eau o?r, ioo
Le second, auquel j'avais ajouté la valériane o"r, \~>-
» On voit (pie l'addition d'extrait de valériane au sang a eu pour effet
de diminuer considérablement le pouvoir qu'a celui-ci de détruire la gly-
cose qu'il contient. En effet, nous constatons que dans ioogr de sang
normal ogl',933 — o,ioo = ogr, 833 de glycose ont disparu, tandis que
dans la même quantité de liquide sanguin additionné de substance médi-
camenteuse la disparition n'est plus que de o,g33 — o.'py = 0,476.
» Cette expérience montre, en outre, que le sang normal fait dispa-
raître avec une très grande rapidité la glycose qui y est ajoutée, puisque
dans iUt de sang contenant, tant en glycose surajoutée qu'en glycose fai-
sant partie de sa composition normale, 9gr,332, on n'en trouve plus que
ts',oo4 après vingt-quatre heures de séjour à l'étuve à 38°.
» Il m'a semblé intéressant de rechercher si cette action de la valériane
pouvait également être observée dans l'économie, et, dans ce but, j'ai ana-
lysé le sang pris simultanément dans la veine et dans l'artère d'un chien
avant et après l'injection d'extrait de valériane.
» Le 'i!\ novembre à io1' ï"'"'- sur u\\ chien de i~>kr, j'ai extrait ''.or1 de sang du bout
( 349 )
central de l'artère fémorale gauche, et 2osr du bout périphérique de la veine fémorale
du même côté, et j'ai obtenu :
Pour iooo.
Sang artériel 1,27
Sang veineux 1 , 1 1
Glycose disparue 0,16
» De 1 1 h à 1 ih iom, j'ai injecté par le bout central de la veine fémorale gauche io8r
d'extrait de la valériane en solution dans i5occ d'eau distillée. A i2h5m (une heure
après l'injection), j'extrais 2osr de sang de chacun des vaisseaux fémoraux du côté
droit, et j'obtiens par l'analyse :
Pour 1000.
gr
Sang artériel 1 ,66
Sang veineux 1 ,58
Glycose disparue 0,08
» L'examen des chiffres montre en premier lieu une augmentation de la quantité
de glycose contenue dans le sang après l'injection de la valériane : isr,66 au lieu de
iBr, 27; et, en second lieu, une diminution de moitié dans la quantité de sucre dis-
parue au niveau des capillaires : 0,08 au lieu de o, 16.
» La valériane paraîtrait donc, dans l'économie comme in vitro, ralentir
la destruction de la glycose contenue dans le sang. Mais ici le phénomène
est complexe et des expériences de contrôle sont nécessaires, avant de
conclure; c'est ainsi qu'il faut tenir compte de l'action de l'hémorragie.
» On sait depuis longtemps que les hémorragies ont pour action d'aug-
menter la teneur du sang en sucre, et, a priori, on peut être tenté d'attri-
buer l'accroissement observé dans l'expérience précédente à cette action
bien connue.
» En me plaçant dans les mêmes conditions, j'ai obtenu, chez un chien, les chiffres
suivants à Pétat normal et une heure après l'extraction des 4o5r de sang ayant servi à
la première analyse :
État normal
i sang artériel 1.22
( sang veineux 1,10
Glycose disparue 0,12
Une heure après la première extraction
, . , «r
sang artériel 1 ,61
sang veineux 1 ,5i
Glycose disparue 0,10
» Ici la quantité de sucre a également augmenté dans le sang, mais la
C. R., i8<ji, 1" Semestre. (T. CXII, N° 6.) 4^
( 35o)
destruction de la glycose au niveau des capillaires a subi des modifications
bien peu sensibles, et la légère diminution observée est loin d'égaler celle
qui a été constatée après l'injection de la valériane.
» Je n'insiste pas plus longtemps aujourd'hui sur cette action que paraît
exercer la valériane, comme agent de ralentissement de certains phéno-
mènes de nutrition et qui, en admettant qu'elle donne d'heureux résultats
dans le traitement du diabète, serait une preuve à l'appui de ceux qui se
refusent à ranger cette affection parmi les maladies par ralentissement de
la nutrition. J'y reviendrai dans une prochaine Communication, relative à
la pathogénie du diabète. »
ZOOLOGIE. — Sur les mœurs et métamorphoses de /'Emenadia flabellata F.
pour servir à l'histoire biologique des Rhipiphorides. Note de M. A. Cho-
baut, présentée par M. Blanchard.
« Nous n'avons encore que bien peu de renseignements sur l'histoire
biologique des Rhipiphorides, ces singuliers Coléoptères que tous les clas-
sificateurs s'accordent à ranger à la suite des Vésicants.
» De par leurs métamorphoses, ils méritent bien, en effet, cette place,
car, ainsi que je vais définitivement l'établir, eux aussi ont deux formes
larvaires bien distinctes : la première est chargée de la quête des vivres,
la deuxième doit les consommer. Le Dr Chapman (') a aperçu une seule
fois, il y a une vingtaine d'années, le triongulin du Rhipiphorus paradoxus
L., mais sans savoir, sur le moment, ce que pouvait être cet étrange petit
pou. M. S. -H. Fabre (2) arrive à démontrer, par le raisonnement, que le
dimorphisme larvaire existe aussi pour le Myoditcs subdiptcrus Bosc, dont
il n'a cependant connu que la deuxième larve. Enfin je vais décrire la
larve primaire de Y Emenadia flabellata telle que je l'ai vue sortir des œufs
de cet insecte : elle diffère du tout au tout de la larve secondaire que j'ai
également pu observer et il s'agit bien là d'un véritable triongulin.
» Une autre particularité biologique extrêmement remarquable rattache
les Rhipiphorides aux Slrepsiptères ou Stylopides. A l'instar de ces derniers
ils vivent plus ou moins longtemps dans l'intérieur du corps de leur vic-
time. Le Rhipidius pectinicornis Thunb. passe toute son existence de larve
(') Sonie facls towards a Life-History of Rhipiphorus paradoxus (Annals and
Magazine of Natural History, Vol. VI, 4e série, 1870, p. 3i4-326, PI. XVI).
(*) Souvenirs entomologie/ a es, 3e série, 1886, p. 220-222.
( 35i )
dans l'abdomen des Blattes qui pullulent sur presque tous les navires ( ' ).
» Le Rhipiphorus paradoxus n'est parasite interne qu'au début de son
existence larvaire; il est parasite externe durant tout le reste de cette
existence et jusqu'à l'achèvement complet de sa proie (2). Il semble en
être de môme pour le Myodiles et les Emenadia, en particulier pour
X Emenadia jlabellala , dont je vais résumer l'histoire.
» En février 1890, je recueillis, dans les environs d'Avignon, un nid
d'Odynerus établi dans la cavité cylindrique d'un roseau de Provence
(Arundo dopax). Ce nid se composait de trois cellules renfermant cha-
cune une larve de ce genre d'hyménoptères. A quelle espèce d'Odynerus
appartenaient-elles? Je ne le sais pas encore.
» Vers le commencement de juin, mes trois larves devinrent d'un blanc
laiteux, ce qui me parut présager une prochaine transformation en
nymphe. Or, un matin, je les trouvai portant chacune une petite larve
parasite cramponnée à leur cou et occupée à pomper les sucs de leur vic-
time sans trêve ni repos. Au bout d'une dizaine de jours, il ne restait plus
des larves de XOdynerus que la peau et les mandibules.
» La larve parasite avait alors à peu près le même volume que la larve
dévorée; elle était apode, sans trace d'yeux ni d'antennes, avec une
bouche disposée pour la succion; blanche, elle se composait de treize an-
neaux, avec quatre tubercules pointus et allongés à la partie dorsale des
segments thoraciques et des premiers segments abdominaux.
» Trois ou quatre jours après, j'avais la nymphe. Celle-ci reproduisait
très exactement la forme de l'insecte parfait; elle n'avait ni pointe, ni tu-
bercule.
» Du 4 au G juillet, j'obtins trois Emenadia flabcllata à l'état parfait. La
loge antérieure du roseau était habitée par un mâle, les deux autres cha-
cune par une femelle.
» Sur ces entrefaites, M. J.-IL F.abre, à qui je m'étais empressé de com-
muniquer le fait, m'engagea vivement à étudier ce curieux cas de parasi-
tisme abovo.
» Je mis donc mes trois Emenadia en volière. Le 18 juillet, j'aperçus
une femelle effectuer sa ponte en terre. Je ne pus guère m'emparer que
d'une partie delà ponte, soit quarante à cinquante œufs.
» Ces œufs étaient d'un blanc opalescent, allongés, un peu plus rendes
(') Sundeyall, Beschreibung einer neueii Gallung von Coleopteren, elc. (Isis
von Ocken, i83i, Partie XI, p. 1222-1228, PI. VIII).
(-) Dr Chapmax, loc. cit.
( 352 )
à un bout qu'à l'autre, longs d'un peu moins de trois dixièmes de milli-
mètre, à peine perceptibles à l'œil nu. Au bout d'une dizaine de jours, ils
prirent une teinte noirâtre.
» Dans les premiers jours d'août, il en sortit de petits pous noirs, à peine
longs d'un tiers de millimètre, aplatis, allongés, à corps formé de treize
segments, avec deux longues antennes de trois articles, six pattes robustes
terminées par un ongle muni latéralement d'expansions membraneuses,
deux soies de la longueur du corps sur le dernier segment abdominal et
deux autres plus petites sur l'avant-dernier. Tel est donc le triongulin de
YEmenadia flabellata, évidemment bien propre à se faire véhiculer par
un hyménoptère même peu garni de poils.
» Au sujet de cecoléoptère, nous connaissons donc maintenant par con-
statation directe : i° la ponte; 2° l'œuf; 3° la première larve ou triongulin
que l'on peut appeler forme cl acquisition, car c'est à elle qu'incombe la mis-
sion d'arriver jusqu'aux vivres; aussi est-elle munie de pattes, d'antennes,
de plaques chitineuses dont elle est garnie comme d'une cuirasse, de tout
ce qu'il faut, en somme, pour accomplir cette tâche périlleuse; If la forme
larvaire définitive onf orme de possession, qui a pour objet d'emmagasiner et
d'élaborer les matériaux de nutrition; c'est seulement une bouche qui as-
pire, un estomac qui digère, un corps qui assimile, presque sans déchets,
les sucs de sa victime; aussi a-t-elle perdu ses pattes, ses antennes et ses
plaques cornées protectrices; 5° la nymphe; 6° l'insecte parfait.
» Il ne nous reste donc plus à connaître que la manière dont le petit pou
attaque sa victime et comment il devient la larve secondaire. Il est probable
qu'il procède de la même façon que le triongulin du Rhipiphorus paradoxus
et qu'à cette période de son existence il est parasite interne.
« Résumons maintenant l'histoire biologique de YEmenadia Jlabellala
telle qu'elle nous apparaît. A la mi-juillet la ponte a lieu. Les œufs sont
déposés dans le sol et recouverts avec un peu de terre. Ils éclosent dans
les premiers jours d'août. C'est l'époque de l'approvisionnement des nids
de l'Odynère. Le petit triongulin grimpe dans la toison de l'hyménoptère
et se fait charrier jusqu'à son nid. Là il fait choix d'une cellule et s'y éta-
blit. Quand la jeune larve d'Odynère a acquis un certain développement,
il pénètre sous la peau et devient ainsi parasite interne. Ce n'est qu'au
commencement de juin de l'année suivante qu'il apparaît à l'extérieur
comme parasite externe. Sous cette nouvelle forme larvaire, il a bientôt
fait d'achever sa victime. A la mi-juin il se nymphose. Dès les premiers jours
de juillet c'est un insecte parfait qui va s'accoupler et confier à sa progé-
niture le soin de renouveler le cycle si curieux de ses métamorphoses.
( 353 )
» Il nous faut donc désormais tenir pour tout à fait inexacte l'observa-
tion déjà douteuse de Farines (' ) qui prétend que la larve de Y Emenadia
bimaculata F. vit dans les tiges de Y Eryngium campcstre aux dépens de la
moelle de cette plante. Mais l'examen attentif de la Note de cet auteur
semble prouver qu'il y a eu confusion de sa part et qu'au contraire Y Eme-
nadia bimaculata est parasite d'un Eumenes, c'est-à-dire d'une guêpe
solitaire, comme Y Emenadia Jlabellata.
» En conséquence, je me crois autorisé à poser les deux conclusions
suivantes :
» I. Par leur dimorphisme larvaire et leur endoparasitisme transitoire
ou persistant, les Rhipiphorides font le passage des vésicants aux Strepsi-
ptères ou Stvlopides.
» II. Les Emenadia sont parasites des guêpes solitaires (Odynerus,
Eumenes, etc.), à peu près de la même manière que le Rhipiphorus para-
doxus à l'égard de certaines guêpes sociales ( Vespa germanica et V. vulga-
ris). »
ZOOLOGIE. — Sur le développement des nageoires paires du Cyclopterus
lumpus (2). Note de M. Frédéric Guitel, présentée par M. de Lacaze-
Duthiers.
« L'embryon le plus jeune chez lequel j'ai pu observer un rudiment de
nageoire paire était long de 3mm, sa queue était libre sur une longueur de
omm,8 et le foie avait déjà omm,3; les cupules olfactives et les vésicules
auditives étaient bien visibles et l'invagination de l'œil n'était pas encore
complètement terminée. A ce stade, le rudiment de la pectorale se présente
comme un épaississement blastodermique situé en arrière de l'oreille, tout
près de la paroi latérale du corps de l'embryon. Ce rudiment affecte la
forme d'une colline limitée par un contour elliptique à grand axe dirigé
d'avant en arrière, parallèlement à la ligne médiane dorsale, et la crête de
cette colline est située dans l'axe de l'ellipse qui la limite.
» La colline élevant de plus en plus sa crête, jusque-là invisible en
dessus, apparaît nettement sous la forme d'un arc demi-elliptique à con-
(') Annales des Sciences naturelles, t. VIII, p. 244; 1826.
(2) Ce travail a été fait dans les deux laboratoires maritimes de Roscoff et de
Banyuls-sur-Mer.
(354 }
cavité interne, dont le grand axe fait, avec la ligne médiane du dos, un
angle aigu à ouverture postérieure. A ce moment la face interne de la
colline est très rapide, tandis que l'externe descend en pente douce jusqu'à
la surface du blastoderme. Ensuite la crête du rudiment de la pectorale
acquiert un double contour formé par l'épiderme; en même temps elle
s'allonge antérieurement et postérieurement : antérieurement en se re-
courbant en dehors et en arrière, postérieurement en s'allongeant de
dedans en dehors. A ce stade apparaissent les ventrales, sous la forme d'un
épaississement blastodermique de forme lenticulaire, situé à une petite
distance en arrière de la pectorale et tangent au corps de l'embryon. Il
résulte de l'accroissement du rudiment de la pectorale dont je viens de
parler que bientôt se trouve constitué, à l'extrémité antérieure de celui-ci,
un lobule arrondi et que son extrémité postérieure est reportée de plus en
plus en dehors et en avant. Au stade suivant, le même processus d'accrois-
sement continuant, le lobule antérieur devient très grand et l'extrémité
postérieure du rudiment très éloignée du corps de l'embryon. La ligne
qui joint les deux extrémités de l'arc que forme la pectorale fait alors avec
la ligne médiane dorsale un angle à ouverture postérieure d'environ 45°.
lia pectorale a maintenant un limbe libre, tranchant, assez large et son
cartilage apparaît. La ventrale, à ce moment, est devenue elliptique et son
grand axe est perpendiculaire à la ligne d'insertion de la pectorale. Ce
rapport de position est d'un très grand intérêt, car il persiste pendant toute
la durée du développement et se retrouve même dans l'adulte.
» Dans la forme qui fait suite à la précédente et que représente la figure
annexée à cette Note, la pectorale s'est notablement accrue par son extré-
mité postérieure, et cet accroissement a été tel que ladite extrémité est
maintenant beaucoup plutôt externe que postérieure, car la ligne d'inser-
tion de cette nageoire fait maintenant un angle de plus de 45° avec la ligne
médiane dorsale de l'embryon. Le lobule antérieur devenu interne est
arrondi et une bonne partie du limbe de la* pectorale s'étend au-dessus du
corps de l'embryon. A ce stade la ventrale, plus considérable que dans le
précédent, présente suivant son grand axe une crête saillante perpendicu-
laire à la ligne d'insertion de la pectorale. Bientôt le lobule interne de
cette dernière nageoire disparaît, et son limbe ne s'étend plus qu'en de-
dans et en arrière; l'angle que fait sa ligne d'insertion avec le profil dorsal
s'agrandit et la crête de la ventrale s'accentue. A mesure que la pectorale
augmente, la portion du blastoderme, située entre le rudiment de la ven-
trale et le corps de l'embryon, s'élargit à peu près de la même quantité que
( 355 )
la première de ces nageoires, car la distance qui sépare les deux nageoires
ne diminue que très lentement, tandis que la pectorale augmente très rapi-
dement.
» Dans le stade qui vient immédiatement après le précédent, la ligne
d'insertion de la pectorale est devenue tout à fait perpendiculaire à la
ligne médiane dorsale. Jusqu'ici la ventrale avait deux plans de symétrie,
l'un longitudinal, l'autre transversal; à ce moment, elle n'en a plus qu'un
qui est transversal, car sa crête a proliféré vers le haut et se trouve reportée
très près du bord interne de cette nageoire, de telle sorte que, vue de
profil, elle présente une face interne creusée en gouttière profonde et une
face externe plane, en pente douce, allant se raccorder insensiblement
avec la surface du blastoderme.
» Arrivée à ce pointde son développement, la ventrale présente un bord
à double contour formé par son épidémie. Dans les stades suivants, la
pectorale, tout en continuant à augmenter en dimensions, acquiert la ba-
guette d'origine fibreuse qui doit plus tard donner naissance auxossous-
scapulaire, scapulaire et humerai; celle qui doit former le coracoïdien (de
Cuvier) n'apparaît que beaucoup plus tard. Comme, à partir du stade que
je viens d'examiner, tout l'intérêt du développement se concentre sur la
ventrale et que l'espace me manque pour être complet, je ne m'occuperai
plus que de cette dernière.
( 356 )
» Après le stade précédent, le cartilage de la ventrale apparaît sous la
forme d'une petite baguette qui débute à l'extrémité antérieure de la ligne
d'insertion de cette nageoire. Cette baguette s'allonge d'avant en arrière,
s'élargit à ses deux extrémités, mais surtout à son extrémité antérieure,
tout en se tordant sur elle-même. En même temps, le limbe delà nageoire
s'élargit beaucoup plus en arrière qu'en avant. Pendant que tous ces phé-
nomènes s'accomplissent, les pectorales continuent de s'accroître et les ven-
trales qui, dès le début de leur apparition, n'ont pas ces se d'être pour
ainsi dire poussées en dehors et en bas par les pectorales, se rapprochent
constamment l'une de l'autre de telle sorte que, quand leurs premiers
rayons apparaissent (ce sont les plus antérieurs qui se montrent les pre-
miers), ces nageoires se trouvent toutes deux sur la face inférieure du
vitellus et sont encore séparées l'une de l'autre par un intervalle plus
large en arrière qu'en avant. A ce moment la tête de leur cartilage touche
l'extrémité la plus inférieure de la tige fibreuse de la ceinture scapulaire.
Quelque temps après, les ventrales s'étant rapprochées encore plus, on
trouve leur cartilage dilaté en avant et en arrière; les rayons antérieurs
sont déjà doubles tandis que les postérieurs sont encore à l'état rudimen-
taire. Lorsque tous les rayons sont doubles, les deux ventrales ont leurs
bords internes parallèles; à ce moment-là, la région étranglée du cartilage
s'épaissit et finalement donne naissance à une pointe cartilagineuse dirigée
en avant et en dedans, qui va au-devant de celle du cartilage opposé.
C'est à ce stade que les deux ventrales s'accollent l'une à l'autre pour
former le disque adhésif ventral. Le bord de celui-ci porte pendant
quelque temps encore une échancrure antérieure et une postérieure, puis
peu à peu l'accollement devient plus intime et les cartilages eux-mêmes se
touchent. La ventouse est alors parfaitement constituée et en état de fonc-
tionner. »
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Nouvelle Cycadée fossile.
Note de M. Stanislas Meuxier.
« M. Armand Viré a bien voulu envoyer à la Collection géologique du
Muséum, en me priant de le déterminer, un échantillon provenant du coral-
lien supérieur de Verdun (Meuse) : c'est un fragment de calcaire à grains
assez grossier, à la surface duquel se montre, avec une grande netteté,
une empreinte très singulière.
( 357 )
» L'objet dont il s'agit, de i2~imm de longueur et de 5imm de largeur
maxima, se présente d'abord avec une apparence analogue à celle des
poissons pleuronectes plus ou moins semblables aux Soles et aux Limandes
et possédant, sur tout son pourtour, des franges divergentes simulant
une nageoire continue. Toutefois, il suffit d'un coup d'œil pour recon-
naître qu'il ne s'agit pas d'un poisson, et que le vestige provient d'une
plante qui, pour être nouvelle, à ce qu'il paraît, n'est pas cependant pour
cela privée d'analogie avec des végétaux fossiles déjà connus.
» C'est évidemment un organe foliacé, dont la consistance devait être
coriace et dont la forme générale est régulièrement ovale-lancéolée. Vers
sa base, qui manque d'ailleurs, on remarque quelques stries transver-
sales, résultant peut-être d'un craquèlement ou d'une déchirure des tis-
sus. Cette sorte de feuille se divise en trois parties, dont une moyenne et
deux marginales ayant toute la longueur de l'organe. La portion médiane a
gram ;( sa base> ftmm à SOn sommet et io,mm vers le milieu de sa longueur.
Les régions marginales consistent en lanières pressées les unes contre les
au Ires, un peu à la manière des barbes d'une plume, de part et d'autre du
rachis. Beaucoup de ces lanières dépassent 20mmde longueur; leur largeur
moyenne est de 2mm et leur forme est bien caractéristique : leur région
médiane est déprimée et leur pourtour offre un petit bourrelet continu
et nettement saillant. Celles qui sont terminées montrent le même bour-
relet à leur extrémité, qui est régulièrement arrondie.
» Les comparaisons que j'ai pu faire au Muséum et l'examen des plan-
ches du Traité de Paléontologie végétale de Schimper, de celle du Traité de
Botanique fossile de M. B. Renault et de celles de la Paléontologie française
(végétaux jurassiques), par M. le marquis de Saporta, me conduisent à
considérer le fossile deVerdun comme appartenant au genre proposé par
le premier de ces savants, sous le nom de Cycadospadix. Une lettre que
M. de Saporta a eu l'extrême bonté de m'écrire tout récemment, en ré-
ponse à l'envoi d'un dessin que j'avais exécuté d'après nature, m'engage
à considérer de plus en plus cette opinion comme exacte.
» Bien que provenant des couches mêmes qui fournissent le Cycadospa-
dix Moreauanus Schimp., notre échantillon ne peut en aucune façon être
confondu avec lui. Il est plusieurs fois plus long et d'une forme extrême-
ment élégante, dont le type déjà décrit ne saurait approcher. On ne peut
non plus le comparer au C. Hennoquei, Schimp., de l'infra-lias d'Hettange,
bien que la forme de celui-ci soit moins différente. Celui-ci, en effet, est
triangulaire et non ovale, et les lanières, au lieu d'y affecter une disposi-
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXI!, N°6.) 4 7
( 358 )
tion pennée, sont presque toutes parallèles entre elles et à la longueur de
l'organe.
» Je propose de cataloguer la nouvelle espèce sous le nom de Cycaclo-
spadix Virei. »
GÉOLOGIE. — Sur le bassin houiller du boulonnais. Note de M. Gosselet.
« La Note présentée par M. Olry sur le bassin houiller du Boulonnais et
insérée dans les Comptes rendus (') est en contradiction avec la manière
dont j'ai maintes fois exposé la structure de ce bassin (2).
« Comme M. Olry le dit, le terrain houiller du Boulonnais est divisé en
deux parties bien différentes, par la faille de Ferques. Au nord et à l'est
de cet accident, sont les couches de houille maigre qui ont été atteintes par
l'ancien puits de Ferques; elles plongent au sud, comme les terrains sous-
jacents. Au sud et à l'ouest de la faille de Ferques, on trouve les exploita-
lions d'IIardinghen, avec l'inclinaison des couches vers le nord.
» Un sondage fait à Blecquenecques a rencontré le terrain houiller à
435™ de profondeur. J'ai supposé que c'étaient les couches supérieures
superposées à celles du puits de Ferques. M. Olry croit qu'elles sont le
prolongement des couches d'Hardinghen. Au point de vue industriel,
comme au point de vue scientifique, cela est peu important, et les tra-
vaux d'exploitation décideront qui de nous deux a raison.
» Aussi je n'aurais pas entretenu l'Académie de cette question, si M. Olry
ne laissait entendre, à la fin de sa Note, que le bassin houiller du Boulon-
nais pourrait bien appartenir au bassin de Dinant et qu'il faudrait chercher
au nord et au nord-est le prolongement du grand bassin houiller du nord
de la France. Bien que cette opinion soit présentée avec un doute très
sage, il suffit qu'elle émane d'un ingénieur aussi éminent et aussi connu
que M. Olry pour avoir une grande importance et provoquer des recher-
ches. Du reste, l'idée circule parmi les ingénieurs de houillères du Nord,
et la découverte de la houille à Douvres a semblé lui donner raison.
» Or je suis convaincu que les sondages que l'on ferait dans l'intention
de trouver la houille au nord du bassin du Boulonnais n'aboutiraient qu'à
un échec.
(') T. GXII, p. i73.
(2) Voir Esquisse géologique du nord de la France, p. i64; V Ardenne, p. 753.
( 359 )
» Les terrains dévonien et carbonifère, y compris le houiller, sont dis-
tribués dans le nord de la France et en Belgique en deux grands bassins
ou grandes vallées, creusés dans les terrains silurien et cambrien. Le
bassin du sud a été nommé bassin de Dinant; il affleure dans l'arrondisse-
ment d'Avesnes. Le bassin du nord, appelé bassin de Namur. se prolonge
souterrainement à Valenciennes, Douai, Lens, etc.; c'est lui qui contient
les importantes couches houillères franco-belges, tandis que le bassin de
Dinant ne présente que des veines improductives.
» Dans le centre de la Belgique, les deux bassins sont séparés par une
arête de terrain silurien, que l'on a désignée sous le nom de crête du Con-
dros. A l'ouest de Charleroy, l'arête silurienne cesse et les deux bassins ne
sont plus séparés que par une cassure désignée sous le nom de Grande
Faille. On a fait valoir la ressemblance des schistes à grapholites de Caffiers
avec les schistes siluriens de l'arête du Condros : cette ressemblance est
réelle, mais il y a des analogies tout aussi grandes entre les schistes de Caf-
fiers et certains schistes siluriens qui sont au nord du bassin de Namur.
» La distinction des deux bassins n'est pas une simple conception théo-
rique : ils sont parfaitement caractérisés, non seulement par leur richesse
houillère, mais aussi par l'âge, la nature et le faciès des assises dévo-
niennes et carbonifères qui les remplissent.
» Le bassin de Namur ne contient que les séries moyennes et supé-
rieures du terrain silurien ; tandis que, dans le bassin de Dinant, on trouve
en outre la série inférieure.
» Sur le bord nord du bassin de Namur, reposant sur le terrain silurien,
on trouve un ensemble complexe de couches : poudingue, grès, schistes,
calcaire, dolomie, qui appartiennent au dévonien moyen et supérieur. Ces
couches peuvent se suivre de l'est à l'ouesl , depuis Liège jusqu'à Ath, près
de Tournai, avec la plus grande régularité dans leurs plus petits détails
lithologiques, stratigraphiques et paléontologiques; on les retrouve identi-
quement avec les mêmes caractères, les mêmes détails, la même régularité
dans le Boulonnais, reposant sur le terrain silurien de Caffiers. Les couches
de môme âge, au nord du bassin de Dinant, ont des caractères tout à fait
différents.
» Si le Boulonnais appartenait au bassin de Dinant, il faudrait supposer
que, dans cette petite région, non seulement le bord nord du bassin a
perdu son caractère normal, mais encore qu'il a pris le caractère du bord
nord du bassin de Namur. Cette double modification simultanée est tout à
fait improbable, pour ne pas dire impossible.
( 36o )
» Au nord du bassin de Dinant, on rencontre un étage dévonien infé-
rieur, désigné sous le nom de gédinnien, et caractérisé par des schistes
compacts, rouges, verts et bigarrés. Cet étage est connu partout au sud du
bassin houiller franco-belge, non seulement en Belgique, mais dans les
départements du Nord et du Pas-de-Calais jusqu'à Fauquemberg. On le
retrouve en Angleterre, au sud du bassin houiller du pays de Galles. Il
forme le bord nord du bassin de Dinant, s'appuyant sur les schistes silu-
riens de la crête de Condros. Si le bassin du Boulonnais appartenait au
bassin de Dinant, on devrait aussi trouver le gédinnien sur son bord nord,
contre les schistes de Caffiers; or il y fait complètement défaut : c'est une
troisième preuve qui s'ajoute aux deux précédentes, et je pourrais les mul-
tiplier.
» Il est donc absolument certain que le. bassin du Boulonnais est le pro-
longement du bassin de Namur, c'est-à-dire du grand bassin houiller
franco-belge. Je l'ai prouvé en 1860, et toutes les études que j'ai faites
depuis cette époque n'ont fait que me confirmer dans cette opinion.
» Tout sondage entrepris au nord d'une ligne allant de Béthune à Caf-
fiers ne peut pas rencontrer le terrain houiller.
» Je réserve provisoirement mon opinion pour les environs de Calais. »
GÉOLOGIE. — Sur la présence du dévonien supérieur dans la vallée d'Ossau
(Gêre-Bélestin, Basses-Pyrénées). Note de M. J. Seunes, présentée par
M. Fouqué.
« Entre le col d'Aubisque et Laruns (vallée d'Ossau ) on rencontre une
série de calcschistes, de schistes plus ou moins ardoisiers et des calcaires
parfois siliceux passant à la grauwacke par altération; des lits schisteux
avec nodules calcaires s'intercalent à plusieurs niveaux. Coquand, de Ver-
neuil et MM. deMercey, Hébert, OEhlertet Beaugey ont unanimement rap-
porté cette formation au dévonien inférieur, dont elle occupe un niveau
élevé, comme en témoignent les fossiles qu'on y rencontre : Spirifer Pelli-
coi, Leptœna Murchisoni, Grypheus, etc. (').
» Le dévonien moyen et le dévonien supérieur paraissaient manquer dans
(') Cet étageaété également signalé par M. Sluart Mentealh dans l'ouest du dépar-
tement des Basses-Pyrénées, entre Saint-Jean-Pied-de-Port et le massif cristallin du
Labourd.
( 36i )
la région, les auteurs rapportant au calcaire carbonifère les calcaires mar-
moréens grisâtres, zones de blanc et de gris, et parfois blancs, qui, au nord
de Laruns et de Louvie-Soubiron, surmontent la formation précédente. Le
classement de ces calcaires, connus sous le nom de marbre blanc de Jeteu et
de Louvie-Soubiron, a été basé sur la présence de polypiers rapportés à des
espèces carbonifères.
» Dans le Mémoire que j'ai publié sur les terrains secondaires et
l'éocène inférieur de la plaine sous-pyrénéenne des départements des
Basses-Pyrénées et des Landes, j'avais indiqué la présence de goniatites
dans des bancs de calcaires composés de débris de fossiles (enclines, gonia-
tites, orthocères, etc.) et intercalés dans des calcaires cristallins, grisâtres,
parfois blancs et entremêlés de parties argileuses rougeàtres. Ces couches
recouvrent à leur tour les calcaires dits carbonifères de Jeteu et se ter-
minent par des schistes ardoisiers brusquement interrompus par l'appari-
tion de calcaires et de schistes à Orbitolina.
» J'ai pu récemment extraire des calcaires à débris de fossiles quelques
exemplaires de goniatites se rapportant au Tornoceras amblylobus, Sandber-
ger (groupe des goniatites retrorsus) et permettant de rapporter sûrement
au dévonien supérieur les calcaires cristallins en question.
» La découverte de ce gisement indique tout d'abord que, si le calcaire
dit carbonifère est compris entre le dévonien inférieur et le dévonien su-
périeur, sa situation est anormale. La succession des couches, telle qu'elle
a été relevée par les observateurs sur les deux flancs de la vallée d'Ossau,
ne justifie pas cette manière de voir : tous s'accordent à dire que la superpo-
sition du calcaire à polypiers aux couches à Spirifer Pellicoi est normale ; celle
des calcaires cristallins à Tornoceras amblylobus ne l'est pas moins. D'autre
part, l'examen attentif des Polypiers, pour lequel M. Douvillé a bien voulu
nous prêter son bienveillant concours, montre que, si leur état de conser-
vation permet de les rattacher aux groupes des Amplexus et des Zaphrentis
déjà apparus dans le dévonien moyen, il n'est pas suffisant pour hasarder
une détermination spécifique.
» Ces observations indiquent combien il est douteux que le calcaire à
Polypiers soit carbonifère, et qu'il y a de grandes présomptions pour con-
sidérer la série dévonienne de la vallée d'Ossau comme normale et complète.
Ainsi comprise, elle présenterait dans son ensemble une composition assez
analogue à celle que M. J. Bergeron a récemment signalée dans le Rouerguc
et l'Hérault. ;>
( 362 )
M. G. Barbey adresse, de Flixecourt (Somme), une Note relative à un
nouveau dérivé de la résorcine.
M. J. Dettweiler adresse, de Milan, une Note relative à un appareil
pour utiliser la dilatation de l'air sous l'action des ravons du Soleil.
La séance est levée à 4 lieures un quart. M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 2 février 1891.
Tables des logarithmes à huit décimales des nombres entiers, de 1 à 120000,
et des sinus et des tangentes de dix secondes en dix secondes d'arc, dans le sys-
tème de la division centésimale du quadrant, publiées par ordre du Ministre
de la Guerre (Service géographique de l'armée). Paris, Imprimerie na-
tionale, 1891; grand in-40.
Sur les intégrales de fonctions à multiplicateurs et leur application au déve-
loppement des fonctions abéliennes en séries trigonomét riques ; par P. Appell?
à Paris (Mémoire couronné par S. M. le Roi Oscar II, le 21 janvier 1889).
(Extrait des Acta mathematica, t. XIII); 1 vol. in-/j°.
Congrès international des procédés de construction. Comptes rendus des
séances et visites du Congrès, par MM. Auguste Moreau et Georges Petit,
Secrétaires du Congrès (Ministère du Commerce, de l'Industrie et des Co-
lonies. Exposition universelle internationale de 1889). Paris, Baudry et Cie,
1891 ; 1 vol. in-8°.
Association française pour l'avancement des Sciences. Comptes rendus de la
19e session; première Partie : Documents officiels. Procès-verbaux. Paris,
Secrétariat de l'Association, 1890; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Dehé-
rain.)
Album de Statistique graphique de 1889, publié par le Ministère des Tra-
vaux publics. Paris, Imprimerie nationale. iScjo; gr. in-4". (Présenté par
M. Haton de la Coupillière.)
( 363 )
Consreso international de Ingenieria, celebrado en Barcelona durante
1888. Discursos, Memorias y disertaciones. Barcelona, Luis Tasson; 1890;
1 vol. in-8°.
Studies from the physiological laboralory 0/ Owens collège, Manchester.
Manchester, J. E. Cornish, 1891 ; 1 vol. in-8°.
Proyecto de exploration al Polo Norte de la Terra; por el capitan Diego
J. Kerraro. Mexico, Instituto monasterio, 1890; br. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du 9 février 1891.
Annuaire statistique de la France; treizième année; 1890. Paris, Impri-
merie nationale, MDCCCXC; 1 vol. gr. in-8°.
L'Agriculture en France avant 1789; par M. Ch. de Cojiberousse. (Ex-
trait des Tomes I et II des Annales du Conservatoire des Arts et Métiers,
publiées par les professeurs.) Paris, Gauthier- Villars et fils, 1890; br.
in-8°. (Présenté par M. Schlcesing.)
Les budgets comparés des cent monographies de familles ; par MM . E. Ciieys-
son et Alfred Toqué. Rome, Imprimerie héritiers Botta, 1890; 1 vol.
(Présenté par M. Haton de la Goupillière. — Renvoyé au concours de Sta-
tistique.)
Banque de France . — Compte rendu au nom du conseil général de la Ban-
que et Rapport de MM. les censeurs. Paris, Paul Dupont, 1891; br. gr. in-4°.
L'horticulture française, ses progrès et ses conquêtes depuis 1789; par
M. Charles Baltet. Paris, Imprimerie nationale, MDCCCXC; br. gr. in-8°.
Individualité des faisceaux fibro-vasculaires des appendices des plantes ; par
M. D. Clos; br. in-8°.
Contribution à l'élude de la Syringornyélie ; par le Dl I. Bruhl. Paris,
Delahaye et Lecrosnier, 1890; 1 vol. gr. in-8°. (Envoyé au concours du
prix Lallemand.)
Psychologie de l'idiot et de l'imbécile; par le Dr Paul Sollier. Paris, Félix
Alcan, 1891 ; 1 vol. in-8°. (Deux exemplaires.) (Envoyé au concours du
prix Lallemand.)
Réflexions sur la prétendue curabililé de la tuberculose par la méthode du
docteur Koch; parle Dr Gérard Piogey. Paris, C. Lévy, 1891 ; br. in-8°.
Le nouveau projet de loi sur les brevets d'invention et sur les modèles de fa-
brication en Allemagne ; par M. C. Pierron. Mulhouse, Veuve Bader et Cie,
1891; br. in- 8°.
A short course experiments in physical measurement ; by Harold Witting;
( 364 )
Pari II : Sound, Dynamics, Magnetism, and Electricily . Cambridge, John
Wilson and Son, 1891; 1 vol. in-8°.
Die Entwicklung der Elemenle. Enlwurf zu einer biogcnetischen Grundlage
fur Chemie und Physik ; von Gustav Wendt. Berlin, 1891 ; br. in-8°.
Astronomische Arbeilen des K. K. Gradmessungs-liurcau. Herausgegeben
von Prof. Dr Edmund Weiss uad Dr Robert Schram; II. Band : Ldngen-
bestimmungen. Wien, F. Tempsky, 1890; 1 vol. in-4°.
PuBLICATIOXS PÉRIODIQUES.
Paléontologie française. — Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse.
— Journal d'Hygiène. — Annales des Conducteurs et Commis des Ponts et
Chaussées et des Contrôleurs des Mines. - - Mémoires de la Société d'Agricul-
ture, Sciences, Belles-Lettres et Arts d'Orléans. — Société d'Histoire naturelle
de Toulouse. — Bévue des Sciences naturelles appliquées, publiée par la So-
ciété nationale d'acclimatation de France. — Marseille-médical. — Ar-
chives italiennes de Biologie. — Bévue maritime et coloniale.
ERRATA.
(Séance du 8 décembre 1890.)
Page 870, lignes 16 et 17, au lieu de Notice biographique par M. Albert Billet,
lisez Notice biographique par M. Albert Billiet.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Âugustins, n" 5j.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche Ils forment, à la fin de l'annéo, deux volumes in-j". Deu
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annm
et part du ier janvier.
Le prix de Vabonnement est fixé ainsi qu'il .suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Igen Michel et Médan.
i Gavauit St-Lager.
Uger ' Jourdan.
I Huir.
imiens Hecquet-Decobert.
\ Germain etGrassin.
*ngers , Lachèseet Dolbeau.
Bayonne Jérùme.
Besançon Jacquard.
Avrard.
Bordeaux DuLhufT.
' Muller (G.).
Bourges Renaud.
, Lcfoui nui .
) F. Robert.
Brest (
i J. Robert.
' V Uzel CarofT.
\ Baër.
Cucn . -
( Massif.
Cliambcry Perrin.
i Henry.
Cherbourg .,
° / Marguene.
( _ ( Rousseau.
Clermonl-lerr... ,,., , ,,
( Ribou-Collay,
, Lamarche.
Dijon : Ratel.
' Damidot.
t Lauverjat.
Vouai ; ,
( Lrepin.
i llrevel.
Grenoble
i Gratter.
La Rochelle Robin.
„ \ Bourdignon.
Le Havre
| I ImiiiImi-
Ropiteau.
Lille Lclcbvre.
' Quarré.
chez Mcssieu i , :
. Baumal.
Lorient , ,,. .
i M I exil i .
Beaud.
\ Gcorg.
Lyon < Mégret.
Palu.l.
Vitle et Pérussel.
Marseille Pessailhan .
i Calas.
Montpellier. ... ]CoaUi,
Moulins Martial Place.
Sordoillet.
Nancy Grosjean.-Maupin.
' Snl.it frères.
| [.IIJT.III.
."\ antes ...
i \i"" Veloppe.
i Barma.
Nice
( \ isconl i et C".
,\ imrs Thibaud.
Orléans ... Luzeraj
( Blanchier.
Poitiers j ,, .
/ llriiinauu.
Bennes Plihon et Hervé.
Rochefort ....... Boucheron - Rossi -
t Langlois. I enol.
Bouen
I Lestringanl.
S'-É tienne . . . . Chevalier.
| Bastide.
Toulon , ,, .
/ l ; ii n i . oc
j Gimet.
Toulouse ... ■
' Privât.
i Boisselier.
Tours < Péricat.
' Suppligeon.
.... ( Giard.
( alenciennes , .
' Lemaltre.
On souscrit, à l'Etranger,
chiv. Messieurs :
i Robbers.
Amsterdam , ,, ., , , .
i Feikema Caarelsen
Athènes Beck. el I '■■■ .
Barcelone Verdaguer.
, Isher et G1".
1 Cah ;u \ el < !
. Friedlander et fils.
f Mayer el Millier.
Iierne * Schmid, Francke el
Bologne Zanichelli el C
i Ramlot.
Bruxelles Mayolez.
' Lebègue el C".
\ Haimann.
Bucharest . ..
| l; îteanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et G'
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . ' mi., et Keil.
Copenhague Hosl el lils.
Florence Lœschcr el Seeber.
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
/ Chcrbulie:
Genève Georg.
( Stapelmohr.
La Haye . Belinfante frères.
y Bcnda.
Lausanne !
' I ,i\ ot.
Barth.
\ Brockhaus.
Leipzig • Lurent/.
Max RU.be.
Twi.i yer.
. Desoer.
Liège ,.
° / Gnusé.
chez Messieurs :
, i Duhiu.
Londres . „
/ Null.
Luxembourg.... V. Biick.
Librairie Gulen
\ berg.
Madrid < Gonzalès e liijos.
\ ravedra.
F. Fé.
i Duiii..l;ii .1 frères.
Milan . .. ,.
i Hcepli.
Moscou Gautier.
. Furcheim.
Naples Marghieri di iim>
( Pellerano.
. Christern.
New- Yorl; ■ Stechert.
\\ estermann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C*.
Fait rme I ilausen.
Porto Magalhaès.
Prague Riviiac.
Mo- Janeiro < larnier.
I Bocca frères.
Rome r , , r%.
/ Lors. 'lier .1 i . .
Rotterdam Kramcrs el fils.
Stockholm Samson et Wallin.
, Zinserling.
S'-Petersbourg.. { W(|||).
/ Bocca frères.
„ . | Brero.
/ unit ; ' .
Clausen.
Rosenberg el Selliei
Varsovie. ........ Gebethner et Wolfl
i e'rone. Drucker.
i Frick.
I tenne „ . , . _..
Zurich Meyer el Zellei .
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
(Tomes 1er à 31. — ( 3 Août i835 à 3i Décembre i8io. ) Volume in-j"; iS 35. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— ( i" Janvier 18 j i à 3i Décembre i865.) Volume in- i': 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i"r Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-j "; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomel: Mémoire sur quelques points delà Physiologie des Algues, par MM. A. DERBÈset A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent le-
Comètes, par M. Hansen.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement daas la digestion des matière
grasses, par M. Claude Bermard. Volume in-'i", avec 3a planches ; iS5C> 15 fr
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. l'.-.l. Van Brseden. — l-;~sai d'une réponse à la question de Prix proposée en iS5o par l'Académie des Science
pour le concours de i853, et puis remise poureelui de [856, savoir : « Étudier leslois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi
j) mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la natun
» des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bron.n. In-4°, avec 27 planches; iStii... 15 fr
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
1Y 6.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 9 février 1891.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMItliES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
M. H. Poingaré. Sur l'expérience <lc
M. Wiener 33.5
M. Berthelot. — Remarques relatives à la
Communication de RI. Poincaré 32g
Pages.
M. Etui. Becquerei montre quelques spéci-
mens d'épreuves du spectre solaire avec
ses couleurs propres, laites il y a plus de
quarante ans 33 1
MÉMOIRES PRESENTES.
RI. .1. Càrvali.o adresse un Mémoire portant
pour titre : o Essai sur la théorie des mou-
vements internes
clones »
ri de translation des CV-
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, un travail de MM. Cheysson et
Toqué. . :
RI. l'iNSPECTEUR GÉNÉRAI DE LA NAVIGATION
adresse les états des crues et diminutions
de la Seine, observées chaque jour an pont
Royal et au pont de la Tournelle pendant
l'année 1890
RI. Gustave L.EVEAU. — Détermination de la
masse de Mars et de la masse de Jupiter
par les observations méridiennes de Vesla.
M. Daniel Berthelot. — Sur la conducti-
bilité des acides organiques tribasiques:
caractéristique nouvelle de la basicité.. .
RI. Joannis. — Sur les combinaisons formées
par l'ammoniaque avec les chlorures
M. Raoul Varet. Sur la formation des
isopurpurates
RI. L. Magnier DE la Source. — Sur le
mode de combinaison de l'acide sulfu-
rique dans les vins plâtrés et sur la re-
cherche de l'acide sulfurique libre
RI. Ciiari.es Henry. — Olfactomètre fondé
;;.
335
"9
sur la diffusion à travers les membranes
flexibles
RI. L. Butte. — Action de certaines sub-
stances médicamenteuses, et en particu-
lier de l'extrait de valériane, sur la des-
truction de la glucose dans le sang
RI. A. Choisaut. — Sur les moeurs et méta-
morphoses de VEmenadia flabellata F.,
pour servir à l'histoire biologique des
Hhipiphorides
M. Fr. Guitel. — Sur le développement des
nageoires paires du Cyclopterus lumpus.
M. Stan. Meunier. — Nouvelle Cycadée fos-
sile
M. Gosselet. — Sur le bassin houiller du
Boulonnais
RI. .1. Seunes. — Sur la présence du dévo-
nien supérieur dans la vallée d'Ossau
( r.ère-Bélestin, Basses-Pyrénées)
M. G. BARBEY adresse une Note relative à
un nouveau dérivé de la résorcine
RI. J. Dettwkiler adresse une Note relative
à un appareil pour utiliser la dilatation de
l'air sous l'action des rayons du Soleil...
Bulletin bibliographique.
Errvta
35o
353
356
358
36o
36s
362
362
î<>4
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET KILS,
Quai des Grands-Augustins, 55.
1891
Jâ^J PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. EES SECRÉTAIRES PERPETIEES.
roaiE CXII.
N° 7 (16 Février 4 891
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES KENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES-
Quai des Grands-Augustins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 2.1 mai i8t5.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentes par îles savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
4u pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il v a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui v ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils <l. ;-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans \eCompte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 16 FÉVRIER 1891.
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE mathématique. -- Sur les objections faites à l'interprétation
des expériences de M. Wiener. \Tote de M. A. Cornu.
« Dans l'exposé succinct du Mémoire de M. Wiener (p. i<SG), je regrette
d'avoir, pour abréger, omis une-expérience, en apparence secondaire, qui
répond précisément aux objections que notre Confrère, M. Poincaré, a
exprimées dans la dernière séance (p. 325) sur la rigueur des conclusions
qu'on doit tirer des résultats expérimentaux de M. Wiener. T/importance
de cette expérience ressort d'une Note que M. Potier m'a prié de présen-
ter à l'Académie et qu'on lira plus loin (' ).
» Comme introduction à cette Note et aux considérations mathéma-
tiques qu'elle renferme, il paraît utile de bien préciser le caractère géné-
(') Voir à la Correspondance, p. 383.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N« 7.) 4°
( 366 )
rai des objections qu'on peut opposer à l'interprétation de l'expérience
principale de M. Wiener, en les dégageant de la forme purement analy-
tique sous laquelle notre savant Confrère les a présentées. Je demande
donc à l'Académie la permission de développer brièvement dans le langage
des physiciens les arguments implicitement contenus dans l'Analyse de
M. Poincaré : j'espère que la présente Note et celle de M. Potier feront
évanouir dans l'esprit de notre Confrère les doutes qui pouvaient encore
subsister sur la direction des vibrations dans la lumière polarisée.
» Dans l'étude des équations différentielles qui régissent la propagation
d'une onde plane à vibration transversale, dans un milieu indéfini, on
trouve deux grandeurs, également assimilables à la vibration lumineuse
des physiciens : l'une est le déplacement rectiligne ou vibration d'un point
du milieu; l'autre est la ligne représentative du glissement relatif de deux
ondes infiniment voisines (') : toutes deux sont dans le plan de l'onde et
sont perpendiculaires entre elles.
(') Les trois équations différentielles se ramènent à la forme (voir la Théorie ma-
thématique de la lumière, Leçons professées par M. Poincaré, p. 56, 336 et 33g)
dP ~~ dx'- ^ (Tr* + dz* dx \dx + dv + dz )'
dans lesquelles £,t,, £ sont les trois composantes du déplacement vibratoire U situé
dans le plan de l'onde dont la normale a pour cosinus directeurs oc, fi, -;.
U'—^ + V+Ç*, ^ + 3r,-f-T: = o;
ce déplacement reste le même en grandeur et en direction sur le plan d'onde mobile
a x ■+- $y -+- -f z — p — V t — o ;
d'où
l-?,(«.ï+ ?J + ï=— P — Vf), 1=j2, ■••> & = <?«>
œj, ip2, tp3 étant trois fonctions qu'on laisse ici arbitraires, mais qui se réduisent, en
Optique, à des sinus ou cosinus.
U constitue le premier vecteur; le second vecteur G a pour composantes paral-
lèles aux axes
fa\ a\\ (d\ dX,\ //^0_f[?Y
\dy~~' dz V \dz"7JJ-r \ dz dy ) '
il est dirigé dans le plan de l'onde normalement au déplacement, de sorte qu'en appe-
lant ot', p', •'' ses cosinus directeurs on a
a*' ,-3p' ■--<-,<' — o, a'S + P'ï] -+-/!; -o.
Ce vecteur qui, en général, représente en grandeur et en direction l'axe de rota-
( 367 )
» Ces deux grandeurs dirigées (vecteurs) varient périodiquement avec
le temps, mais non d'une manière concomitante, quoique leurs amplitudes
soient proportionnelles; l'une est maximum quand l'autre est nulle, et ré-
ciproquement. Il existe donc entre elles une relation analogue à celle qui
lie le déplacement d'une tranche à sa compression dans la propagation
d'un ébranlement le long d'un tuyau indéfini.
» L'intensité lumineuse ou l'énergie transmise par unité de surface est
tion de l'élément dxdydz pendant son déplacement, mesure dans le cas particulier
de ronde plane en régime permanent, le glissement relatif de deux plans d'onde infi-
niment voisins, qui, à une époque donnée (t = const.), sont distants de l'origine de p et
[> -\-dp. C'est ce qu'on vérifie aisément en calculant — qui est évidemment l'expres-
sion de ce glissement : il suffit pour cela île diUérentier U par rapport à />,
dV \ d\
t, dr\
? d~
dp ~ U dp
U dp
U dp
et de remplacer les termes du second membre par leurs expressions en l'onction des
dérivées de ?, rn Ç par rapport aux coordonnées ; ;. t\, X, et U sont donnés par
U
rV-Yr1' ~~ ï«' — «Y' "
~Çp'-pÇ'~
i
En différenciant les valeurs \ = <pi) . . . , on a les équations symétriques de la forme
d\
i d\ i d- i de,
dp
a. dx p dy ■; dz
où l'on trouve les valeurs des dérivées qui permettent d'éliminer en même temps u., jî, y.
Il reste finalement pour la valeur du glissement relatif
dV_ ,fd^_dr\\ ■ 8,/d5_«\. ,(*L _&\
dp ~~" \dy dz)^~? \dz dx) ' \dx dy)'
C'est bien, comme on le voit, la somme des trois projections du vecteur G sur la
direction a', j3', y' ; par conséquent le vecteur G défini plus haut est bien la mesure du
glissement relatif. Ce glissement étant, comme on le voit aisément, un cas particulier
d'un mouvement de rotation, on s'explique pourquoi sa ligne représentative est à
angle droit du déplacement qui l'occasionne.
/Vota. — Il ne faut pas confondre ce glissement relatif avec la variation angu-
laire de l'angle droit des faces de l'élément dxdydz qui est représentée pour chaque
face par la somme des dérivées et non par leur différence, variation nommée aussi
glissement par de Saint-Venant dans la théorie de l'élasticité.
( 368 )
représentée par le carré de l'amplitude de l'une aussi bien que de
l'autre.
» Dans les ondes à vibrations longitudinales et stationnaires (c'est-à-dire
formées par la superposition de deux ondes identiques se propageant en
sens inverse), on sait que les déplacements vibratoires s'annulent pério-
diquement dans l'espace, suivant des plans parallèles (nœuds) et sont
maxima aux plans intermédiaires (ventres). Au contraire, l'amplitude des
compressions s'annule aux ventres et est maximum aux nœuds.
» Dans les ondes stationnaires à vibrations transversales les deux élé-
ments analogues, déplacement vibratoire et glissement relatif, se retrou-
vent : aux nœuds, ou points de déplacement nul, l'amplitude du glisse-
ment atteint son maximum, et inversement aux ventres, où l'amplitude du
déplacement est maximum, le glissement est constamment nul.
» Ainsi, au point de vue analytique, la symétrie alternée de ces deux
grandeurs, dirigées rectangulairement dans le plan d'onde, est complète.
» Au point de vue physique, le rayon lumineux polarisé a été assimilé
par Fresnel à une onde plane à vibration transversale; l'identification des
deux points de vue comporte donc une indétermination : c'est celle qui
est signalée dans la dernière Note de M. Poincaré comme dans ses Leçons
de Physique mathématique.
» La question est donc de savoir si c'est le déplacement qui est perpen-
diculaire au plan de polarisation ou si c'est l'axe de glissement.
» La mémorable expérience de Fresnel et Arago laisse la question indé-
cise : en effet, lorsque deux ondes se coupent sous un angle très aigu, les
deux déplacements comme les deux axes de glissement sont affectés de la
même manière par la différence de phase; on peut dire qu'ils interfèrent
tous deux en même temps si les directions de même nom sont parallèles, ou
que tous deux sont sans action mutuelle apparente si elles sont perpendicu-
laires; l'intensité lumineuse, quelle que soit la définition théorique que
l'on adopte (énergie potentielle, cinétique ou totale), offre les mêmes va-
riations.
» Mais lorsque les ondes se coupent à angle droit, les choses se passent
différemment pour les déplacements d'une part et pour les axes de glisse-
ment de l'autre. Si les deux déplacements vibratoires sont parallèles, les
axes de glissement sont perpendiculaires et inversement. Donc, si les vibra-
tions interfèrent, les glissements relatifs conservent une valeur moyenne
constante au même point de l'espace; inversement, si les axes de glisse-
(36g)
ment sont parallèles, les vibrations sont perpendiculaires entre elles; il n'y
a donc pas interférence pour les déplacements, mais les glissements ont
une amplitude variable avec la différence de phase; il y a donc pour eux
interférence.
» Telle est la traduction en langage ordinaire de l'Analyse de M. Poin-
caré; jusqu'ici nous sommes complètement d'accord. Voici maintenant
où les doutes de l'analyste se manifestent :
» Existe-t-il un moyen de distinguer dans le phénomène optique celle
des deux grandeurs, déplacement ou glissement, qui conserve une inten-
sité constante, de celle dont l'amplitude est variable?
» Cela est douteux, répond M. Poincaré, car c'est l'action photochi-
mique qui sert à explorer l'espace où se croisent les ondes et l'on ne sait
pas a priori 'quelle est la cause déterminant la décomposition chimique:
si c'est le déplacement vibratoire (énergie cinétique) qui la produit,
comme le pensent les physiciens, l'expérience est en faveur de Fresnel;
niais si, au contraire, ce sont les forces de glissement (énergie potentielle),
la question sera tranchée en faveur de Mac Cullagh et Neumann.
» Et bien, le doute n'existe pas : sans recourir à des spéculations sur
le mécanisme encore si obscur de l'action photographique et en se bor-
nant à des considérations mécaniques familières à tous les physiciens, on
peut dans l'analyse des expériences de M. Wiener trouver la solution du
problème.
» Il existe, en effet, un phénomène où l'on connaît a priori la grandeur
relative du déplacement vibratoire; il correspond à un cas sur lequel les
principes de Fresnel et de Neumann conduisent à des conséquences iden-
tiques : c'est celui d'un corps doué d'un pouvoir réfléchissant égala i,
corps idéal, il est vrai, mais que l'argent poli représente d'une façon très
approchée; dans ce cas particulier, sous l'incidence normale le mouvement
transmis au métal étant rigoureusement nul, la vibration réfléchie est
égale et de signe contraire à la vibration incidente : c'est l'analogie com-
plète avec le fond du tuyau fermé (voir la Note de M. Potier).
» L'onde stationnaire, formée par la superposition de fonde incidente
et de l'onde réfléchie, doit donc présenter un plan nodal sur la surface
réfléchissante, plan qui est l'origine de la série des plans nodaux se succé-
dant à une demi-longueur d'onde d'intervalle au-dessus de la surface.
Quant aux glissements, ils s'ajoutent, comme les compressions au fond
d'un tuyau fermé, et leur amplitude est maximum au plan nodal.
( 37o )
» Or M. Wiener a effectué cette expérience (' ) : adoptant le dispositif
ordinaire des anneaux colorés sous l'incidence normale, il s'assure que
les surfaces réfléchissantes sont bien en contact par la loi de succession
des diamètres des anneaux; comme la surface plane qui livre passage à
l'onde incidente en même temps qu'à l'onde réfléchie est enduite de la
pellicule photographique, l'action de la lumière détermine, sous forme
d'anneaux concentriques, la trace d'une série de plans distants d'une demi-
longueur d'onde. L'observation montre qu'au centre l'impression photo-
graphique est nulle : il n'v a donc aucune action photographique au point
où les deux théories s'accordent pour affirmer l'existence d'un nœud.
» Il en résulte que la plaque photographique est affectée exclusivement
par les déplacements vibratoires, c'est-à-dire par l'énergie cinétique du
milieu vibrant, et non par les forces correspondant aux glissements relatifs
ou par l'énergie potentielle de ce milieu.
» L'interprétation des expériences de M. Wiener ne comporte donc
aucune ambiguïté, et la vibration est bien, comme l'indique la théorie de
Fresnel, perpendiculaire au plan de polarisation.
» Quant à l'indétermination essentielle existant entre les deux vecteurs
considérés dans un même milieu, on verra par la Note de M. Potier
qu'elle disparaît lorsqu'on connaît les conditions réelles relatives au chan-
gement de milieu. »
géodésie. — Histoire de l'appareil Ibanez-Brunner.
Note de M. Rod. Wolf.
« En rappelant à l'Académie, dans sa séance du 2 février, les services
importants que le général Ibanez a rendus à la Géodésie moderne, M. Ber-
trand a touché à l'histoire de l'appareil Ibanez-Brunner, et cela m'engagea
compléter cette histoire.
» L'idée fondamentale de cet appareil ingénieux consiste dans la sub-
stitution du contact optique au contact réel, et cette idée a déjà été réa-
lisée dans l'appareil dont Tralles, alors professeur de Mathématiques à
(') C'est, il est vrai, avec une surface de verre et non une surface d'argent que
l'expérience a été faite; mais on sait, depuis Arago, que le caractère delà réflexion est
le même dans les deux cas (anneau central obscur).
( 37i )
Berne, et son élève Hassler, plus tard superintendent of the coast survey,
se sont servis, en 1797, pour mesurer la base d'Aarberg en Suisse; car, après
avoir décrit, dans ses Papas on varions subjecls (Ph\h\dc\ohln, i8?.'i }, un
appareil construit sur le principe du contact optique, Hassler ajoute
( p. 56) le passage suivant :
» i shall howewer insert a few remarks, winch occurred to me in Switzerland, when
me assring witli M. Traites, in 1791 and 1797, a base Une ofabout 42000 feet in lenght,
and upon winch the triangulation w as founded. This base was measured twice : lirst.
with a chain similar to that made bv Ramsden for the english survey, and secondlv
with an apparatus of four toise bars, sortie what similar to that above des-
crived.
» Deux ans après la mesure de la base d'Aarberg, en 1799, Tralles re-
présentait l'Helvétie dans la Commission internationale rassemblée à Paris
pour fixer la longueur définitive du Mètre, et il est très probable qu'il
communiqua alors à ses Confrères la méthode employée par lui; mais sa
priorité ne dépend pas de cela : elle est suffisamment établie par le passage
ci-dessus.
» Le résultat obtenu par Tralles et Hassler en 1797 a été vérifié d'abord
par les ingénieurs français, en déduisant la base d'Aarberg de celle d'Ensis-
heim, puis en 1 834 Par unc nouvelle mesure exécutée par l'ingénieur
Eschmann (assisté parWild et moi) avec l'appareil Schumacher-Horner,
et encore en 1880 par le général Ibaîiez lui-même, lorsqu'il eut l'obligeance
de se transporter avec ses officiers en Suisse, pour initier le colonel
Dumur et ses collaborateurs au maniement de son appareil, que l'Espagne
nous cédait gracieusement pour nos opérations. Le résultat de chacune de
ces vérifications si différentes s'accorda de si près avec celui de 1797, que
l'on ne peut trop louer l'habileté de Tralles et de Hassler. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la statistique solaire de l'année 1890.
Note de M. Rod. Wolf.
« Des observations solaires faites à l'observatoire fédéral de Zurich,
complétées pour les jours pluvieux par des communications d'autres obser-
vateurs distribués sur l'Europe et l'Amérique, et des observations magné-
tiques faites à l'observatoire de Milan, je viens de déduire, pour l'année
dernière, en employant la méthode établie par moi il y a une longue série
d'années, les valeurs suivantes pour les moyennes mensuelles des nombres
C 372 )
relatifs (/■), pour les variations en déclinaison (<>), et pour les accroisse-
ments (Ar et Ae) que ces quantités ont reçus depuis les époques corres-
pondantes de l'année 1889 :
Zurich. Milan.
1890. '■• A''- v. Av.
Janvier. . . '>,3 \, 5 3, 02 1,27
Février.... 0,6 — 7,9 4>8' 0,81
Mars 5,1 — 1,9 7,49 i>32
Avril 1,6 2,7 8,68 — 0,17
Mai 4,8 2,4 7,70 -o,4g
Juin i,3 — 5,1 8,84 — 0,02
Juillet 11.6 1,9 8,57 o,32
Août 8,5 — 12,1 8,00 — 0,99
Septembre. 17,2 ro-7 7.10 0,26
Octobre... 11,2 9.1 8,72 2,62
Novembre.. 9,6 9.4 3, 10 o,5:">
Décembre.. 7. S 1.1 2,54 o,58
Mnv 7.1 o,S 6,5* o,5i
» Il résulte de ce Tableau que les nombres relatifs et les variations ma-
gnétiques ont tous deux commencé à augmenter, et que le parallélisme
entre ces deux séries si différentes en apparence a encore continué d'une
manière assez remarquable.
» En récapitulant les résultats principaux des années 1888 à 1890, et en
v ajoutant le nombre (m) des jours sans taches et les variations observées
à Christiania, Prague et Vienne, j'obtiens le Tableau :
v.
Années. r. m. Christiania. Prague. Vienne. Milan.
1888... 6,8 K i5i ,. 5,44 3C 6,46 .„ 6,59 6,21
,ûo„ ~ , — 5 -+- <>i „ — .•>(> „ — 48 . —58—17
1889... 6,3 0 212 , o,oS 0,98 0 6,01 6,o4 _
,om 1- 8 - /,[ ' - 19 '%+ 18 ' -11 ' Z+ 5i
1890... 7,1 [71 5,27 6,16 6,12 6,5d
cpii confirme encore, de la manière la plus positive, que nous avons passé
le minimum des taches et des variations, et nous montre de plus que l'é-
poque de ce minimum doit être placée dans les derniers mois de l'année
1889 ou dans les premiers mois de l'année 1890. Une détermination plus
exacte de l'époque n'est pas encore possible; j'aurai à v revenir l'année
prochaine. »
(373 )
PALÉONTOLOGIE. — Les Éléphants du mont Dol (Ille-et-Vilaine).
Note de M. Sikodot.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie quelques résultats qui me
paraissent de nature à l'intéresser, en même temps qu'ils fixeront le carac-
tère d'un gisement quaternaire d'une richesse exceptionnelle.
» Avant de livrer à l'éditeur le manuscrit des recherches multiples aux-
quelles m'a conduit l'exploration du gisement quaternaire du mont Dol
(Ille-et-Vilaine), je me suis imposé la tache de refaire, encore une fois, le
collationnement aussi complet que possible des pièces nombreuses appar-
tenant aux espèces animales les plus intéressantes. Dans cette Communi-
cation, je me bornerai à faire ressortir l'importance du groupe des Elé-
phants.
» Toutes les parties du squelette sont représentées, mais les pièces en-
tières appartiennent exclusivement aux extrémités des membres (carpe et
tarse, métacarpe et métatarse, phalanges) et au système dentaire. Toutes
les autres pièces osseuses, le crâne compris, sont en fragments plus ou
moins volumineux, mais avec un certain trait caractéristique indéânissable:
sur beaucoup de ces fragments on reconnaît, très nettes, les traces de la
pointe de silex attestant que ces os ont été brisés à l'état frais et par la
main de l'homme. Si l'on ajoute qu'une série de ces fragments recueillis
au milieu de masses de cendres parsemées de silex offrent tous les degrés
d'une carbonisation plus ou moins complète, leur accumulation sur un
espace très limité s'explique assez clairement. Ces Eléphants ont été
mangés et la masse des débris accumulés représente des restes de cuisine.
» La détermination du nombre des Éléphants sacrifiés, de leur âge,
des espèces ou variétés qu'ils représentent, repose exclusivement sur l'exa-
men du système dentaire. Les pièces osseuses des extrémités des membres
ne peuvent fournir que des renseignements assez vagues sur l'âge des ani-
maux. Je dois ajouter que, dans l'examen du système dentaire, les molaires
seules doivent entrer en ligne de compte, parce que presque toutes les
défenses sont dans un mauvais étal de conservation et que, d'ailleurs,
leur nombre n'est pas en rapport avec celui des molaires.
» Les molaires ont été tout d'abord distribuées en groupes, d'après le
rang qu'elles occupent dans les mâchoires inférieure et supérieure : pre-
C R., 1891, i« Semestre. (T. CXII, N° 7 ) 4°,
( 374 )
mières, deuxièmes, troisièmes, quatrièmes, cinquièmes et sixièmes. Ce
premier classement peut être fait assez facilement; j'ai fait connaître,
il y a quelques années, l'ensemble des caractères sur lesquels il est
fondé.
» Faire le compte exact des molaires de l'un de ces groupes, lorsque
les pièces sont nombreuses, que beaucoup d'entre elles sont incomplètes,
représentées seulement par des fragments, n'était pas chose très facile au
premier abord. Il y avait un double écueil à éviter : ne pas compter comme
pièce entière un fragment qui en était le seul reste possible, ou faire
double emploi. La méthode suivante a singulièrement atténué les diffi-
cultés.
» Dans chaque groupe, c'est-à-dire pour les molaires de chacun des
ordres, les échantillons ont été rangés en séries d'après l'étendue et le
degré de la surface d'usure ou de trituration, depuis ceux qui n'en portent
pas encore de traces jusqu'à ceux qui sont réduits à un chicot correspon-
dant à la dernière racine.
» En général, pour les molaires dont le rang est supérieur au deuxième,
la dent est encore incomplètement constituée, alors que la surface d'usure
atteint déjà la cinquième ou sixième colline ; les collines postérieures
existent, mais elles ne sont pas encore reliées aux précédentes par le
cément. Ces collines postérieures doivent nécessairement se détacher et
disparaître lorsque la maxillaire sera brisée : à plus forte raison devra-t-il
en être de même, lorsque les molaires ne portent pas encore de traces
d'usure ou qu'elles émergent à peine de la mâchoire. Il est alors évident
qu'une molaire qui n'est pas encore atteinte par l'usure, ou n'en porte que
des traces, ne pourra être représentée que par la partie antérieure, souvent
réduite à quelques collines.
» Il n'y a aucune difficulté pour les dents fortement usées, elles offrent
une grande consistance et résistent facilement à l'action des agents exté-
rieurs.
» Restent les fragments appartenant à la partie moyenne. La compa-
raison avec les pièces déjà classées, la mensuration du diamètre transversal,
qui varie peu dans la région moyenne, suffisent généralement pour décider
si l'échantillon est la seule pièce appartenant à une molaire déterminée.
Les difficultés ne sont réelles que pour les cinquièmes et sixièmes molaires
supérieures, dont les collines sont nombreuses; mais encore ici les mensu-
rations du diamètre transversal et de la hauteur des collines suffisent à dé-
( 375 )
terminer comme pièce entière la plupart des échantillons. En appliquant
cette méthode, le compte des molaires a donné les résultats suivants :
Premières molaires..
Deuxièmes molaires.
Troisièmes molaires. .
Supérieure i
Inférieure i
Supérieures 33
Inférieures 4^
Supérieures io3
Inférieures 1 20
._. ., . . Supérieures 107
Ouatriemes molaires .{.„,. Oo
( Intérieures oà
„. . . ( Supérieures 1 33
Cinquièmes molaires, j T ,. .
( Intérieures 7 >
j Supérieures 3g
j Inférieures 18
Total 758
Sixièmes molaires. .
» Si l'on fait entrer en ligne de compte les échantillons détruits sous la
pioche dans l'exploration du gisement, on peut, sans aucune exagération,
porter à huit cents le nombre des molaires d'Éléphants extraites d'un gise-
ment dont l'étendue est d'environ i4oomq.
» Comme il y a, au plus, huit molaires qui peuvent être représentées à
l'état fossile à un âge quelconque de la vie des Éléphants, il en résulte
que le nombre des Éléphants dont les débris ont été extraits du gisement
n'est pas inférieur à cent.
» Comme forme typique, c'est Y Elephas primigenius qui domine, mais
avec de telles variations que bon nombre d'échantillons auraient été classés
comme Elephas antiquus, ou même comme Elephas indicus, s'ils avaient été
trouvés isolément, dans des gisements particuliers. »
M. E. Levasseur, Membre de l'Académie des Sciences morales et poli-
tiques, fait hommage à l'Académie, pour la Bibliothèque de l'Institut, du
second Volume de son Ouvrage « La population française », contenant la
démographie de la France comparée à celle des autres nations au xixe siècle,
et la statistique morale de la population française.
(376)
MEMOIRES PRESENTES.
M. D. Monclar adresse une Noie relative à un mode de traitement de
la tuberculose.
(Renvoi à la Section de Médecine.)
M. Le.mbert-Rogulv adresse une Note relative à la direction des aéro-
stats.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel informe l'Académie de la perle que la
Science vient de faire clans la personne de Mme Kowalewsky, lauréat de
l'Académie. La mort de Mme Kowalewsky est annoncée par une Lettre de
M. Hugo Gyldén, Correspondant de la Section d'Astronomie.
M. le Secrétaire perpétuel entretient l'Académie des résultats déjà ob-
tenus par la mission Crampel, au Congo.
« M. Paul Crampel, qui est parti pour explorer la région comprise entre
la rivière Oubanghi, affluent du Congo, et le lac Tchad, nous adresse une
Carte résumant ses premiers travaux. Avec le concours de MM. Lauzière,
ingénieur, et Ponel, il a relevé le cours et les rives de la rivière Oubanghi,
entre le dernier poste français de Banghi et la rivière Rouango, affluent de
l'Oubanghi.
» La mission a pris, sur ce parcours, huit positions géographiques. Le ré-
sultat de ce travail est assez frappant : le cours de l'Oubanghi serait, en
effet, d'après M. Crampel, de près de un degré plus au nord que ne l'avait
indiqué le voyageur belge Van Gèle. Cela mérite d'autant plus d'attention
que le cours de l'Oubanghi sert de limite, d'après des conventions diplo-
matiques, entre les possessions françaises et l'Etat indépendant du
Conço. »
( 377
ASTRONOMIE. — Observations de la planète Charlois (Nice, 1 1 février 1891).
faites à l'Observatoire de Paris (équalorial de la tour de l'Est); par M"e D.
Klumpke, présentées par M. Mouchez.
Dates
1891.
Fév. i3.
14.
Étoiles
de
comparaison.
. . . . a
.... b
Gr.
9>5
M. Déclinaison.
- 7=, 56 -7' 4",o
4-58% 92 -8' 48", 2
Nombres
de
compar.
6:6
20: 10
Positions des étoiles de comparaison.
Étoiles.
Ascension
droite
moyenne 1891,0.
Réduction
au
jour.
Déclinaison
moyenne 1891,0.
Réduction
au
jour.
u ni s s „ , „ „
(a) 21 33 h- i5° 9.49.52,63 -1-0,81 -i5. 9. i4,8 —2,2
2l35BD :.= 12204'i.1. ■ 9.5o.33, 25
(b) 12147 %—■ 19371 Lai. 9.47.52,41
-i-0,81
H-0,82
ir. . 1.5.36,6
1 5 . 1 5 . i,3
— 2,2
— 2,2
Positions apparentes de la planète.
Dates Temps moyen Asc. droite
1891. de Paris. apparente.
Févr. i3 i2h22m3os 9h49'"'i>-ss
i4 i3h 3mi7s 9h48m52», i5
Log. fact. Déclinaison
paraît . apparente.
— 3,i35 i5"2' 8",6
-2,972 , i5°6'io",9
Autorités.
j Rapportée à
/ 2i35BD-t-i5°
Cat. Paris
Cat. Paris
Log. fact.
parall.
0,6g3
0,696
» Remarque. T/étoile 21 33 4-1 5 a été rapportée à l'équatorial à
-6' 21", 8. »
21 1> -I- i5, par 6.6 comparaisons. On a trouvé
*2i33^*2i35, MR — -4o%62, AcD
ASTRONOMIE. — Sur une méthode de mesure de la dispersion atmosphérique.
Note de M. Prosper Henry, présentée par M. Mouchez.
« Pour mesurer la variation de la rétraction atmosphérique avec la lon-
gueur d'onde lumineuse, nous opérons de la manière suivante :
» On place un réseau perpendiculairement à l'axe et un peu en avant
de l'objectif d'une lunette. Les lignes du réseau doivent être parallèles au
plan vertical passant par l'axe de l'objectif. En examinant, à l'aide de ce
système, un point lumineux non affecté par la réfraction astronomique,
( 378 )
on remarque au foyer de la lunette, outre l'image centrale du point, une
double série de spectres linéaires horizontaux : nous ne nous occuperons
d'ailleurs ici que des deux spectres de premier ordre.
» Si nous appelons i l'intervalle d'axe en axe de deux traits consécutifs
du réseau, chaque radiation de longueur d'onde X vient se placer à une
distance angulaire a de l'image centrale telle que
X
smfl= -j
ou
(0
lorsque a est très petit et exprimé en secondes.
» Mais, si l'on dirige la lunette vers une étoile dont la distance zénithale
est Z, les différentes radiations seront déviées verticalement, suivant la
formule ordinaire de la réfraction, dont nous ne conserverons que le pre-
mier terme, en négligeaut l'effet de la température et de la pression, d'une
quantité
(2) r=AtangZ,
où la valeur de A varie avec la longueur d'onde. On obtiendra ainsi une
courbe spectrale sur laquelle il sera facile de mesurer la variation de r, et
par suite celle de A, pour tout changement apporté dans la valeur de X.
Différentes mesures oculaires et photographiques faites dans ces condi-
tions ont montré que A pouvait être représenté par la formule
X2
» Cette formule, qui sera vérifiée plus loin, permet de simplifier les
mesures en les rendant plus précises : en remplaçant A par sa valeur, on
tire des équations (1) et (2), en appelant m l'angle que fait avec l'hori-
zontale la tangente à la courbe spectrale en un point quelconque,
dr 3DtangZ«'sini" 3D tangZ
Ta = lanZm = "
2X2 2«2(i sin i")2
d'où l'on conclut
D = — |a2(i'sini")'2 tangm cotZ.
( 379 )
» On peut donc, connaissant la distance zénithale de l'étoile et la valeur
du réseau, déterminer D en mesurant la distance a et l'angle m corres-
pondant. Comme il existe deux courbes spectrales placées symétriquement
à droite et à gauche de l'image centrale, on mesure la direction de leurs
tangentes pour une même distance a, et la différence des angles de posi-
tion observés donne le double de la valeur de m. De plus, on doit opérer
dans les deux positions de la lunette, afin d'éliminer l'effet prismatique
qui pourrait appartenir à la partie optique de l'instrument.
« La photographie se prête merveilleusement à cette détermination, en
donnant à m une valeur considérable; elle permet de réunir sur une même
plaque, à une fraction de millimètre l'une de l'autre, ce qui rend leur
comparaison plus facile, les épreuves obtenues dans les positions directe
et inverse de la lunette.
« Le réseau qui nous a servi dans nos déterminations est à mailles car-
rées ; il est composé d'un carton percé très régulièrement sur toute sa sur-
face de trous disposés en fdes se croisant à angle droit; la distance des
centres de deux trous voisins est de imm environ. On le trouve dans le
commerce sous le nom de bristol perforé. Ce carton se place au devant de
l'objectif, comme un diaphragme, en observant seulement d'orienter l'une
des séries de files horizontalement, à 2° ou 3° près.
» Nous avons fait à l'Observatoire de Paris, en opérant comme nous
venons de l'indiquer, un grand nombre de mesures portant sur diverses
étoiles. On a trouvé pour la valeur de D : par l'observation oculaire,
o", 723, et par la photographie, o",']2r); on peut donc admettre o",72(i
comme valeur la plus probable. En prenant pour les radiations lumineuses
les plus intenses A = 58", 22, valeur tirée des Tables ordinaires de réfrac-
tion pour une distance zénithale de 45°, et 0^,575 pour longueur d'onde
des mêmes rayons, on trouve, en général,
A =56", 5 5 -h-'-7^,
ce qui donne les valeurs suivantes pour différentes radiations :
Longueurs d'onde. A..
o , 700 °7 ' 79
o , 600 58,ii
0,575 intensité lumineuse maxima 58,22
o,5oo 58, 60
o,43o intensité chimique maxima 59, i3
o,4oo
59,42
( 38o )
» On voit sur ce Tableau que les rayons chimiques les plus intenses,
pour lesquels nous avons admis, comme on le fait généralement, 1 = 0^,430,
demandent pour A une valeur supérieure de o",gi à celle fournie par les
rayons lumineux; il faudra donc, pour calculer la réfraction photogra-
phique en partant de la réfraction ordinaire, ajouter à cette dernière j^h,
ou o,oi56 de sa valeur. Sans cette correction, les réfractions absolues se-
raient erronées de 5" pour Z = 8o°. Dans le cas de mesures différentielles,
cette correction ne serait pas négligeable pour des distances angulaires
considérables.
» Cette dispersion atmosphérique démontre que, dans un coucher de
Soleil, le rayon vert doit persister, sous notre latitude, une seconde envi-
ron après la disparition du rayon jaune. C'est, d'ailleurs, à cette explica-
tion du phénomène que le regretté Thollon s'était arrêté. D'après ses
nombreuses observations, faites sous le climat favorable de Nice, à l'obser-
vatoire de M. Bischoffsheim, le dernier rayon visible au coucher du Soleil
était bleu dans la plupart des cas : ce rayon vert ou bleu est la limite du
spectre du Soleil à l'horizon, les rayons plus réfraugibles étant absorbés
par l'atmosphère terrestre. »
PHYSIQUE. — Sur la résistance de divers gaz au mouvement d'un pendule.
Note de M. G. Defforges, présentée par M. Cornu.
« Expériences. — J'ai eu l'honneur de faire connaître à l'Académie,
dans une précédente Communication, la loi parabolique qui, du fait de
l'accroissement delà poussée hydrostatique pendant le mouvement, repré-
sente la variation relative de la durée d'oscillation d'un pendule en fonc-
tion de la pression H, et par conséquent en fonction de la densité d de
l'air environnant,
et comme
f/ = DH,
si D est la densité de l'air à la pression de 76omm prise comme unité,
~-==PDH -: RNDH,
1 0
» Il était intéressant de savoir ce que deviennent les facteurs P et R
dans un gaz autre que l'air. J'ai donc fait osciller le pendule long de
( 38. )
Brunner successivement dans l'acide carbonique sec, dans l'oxygène sec,
tels qu'ils sont fournis comprimés en tubes par l'industrie, et enfin dans
l'hydrogène saturé de vapeur d'eau et préparé par l'action de l'acide chlor-
hvdrique sur le zinc.
» Dans chacun de ces trois gaz, les observations ont été faites à trois
pressions différentes, voisines de iatm, de ' d'atmosphère et de ^ d'atmo-
sphère.
» Six séries dans l'acide carbonique, trois dans l'oxygène, trois dans
l'hydrogène, mettent hors de doute ce résultat expérimental que les coeffi-
cients P et R restent les mêmes avec le même pendule pour les quatre gaz
employés, air, acide carbonique, oxygène et hydrogène. Ils dépendent de
la forme du pendule, mais ne dépendent en aucune manière de la nature
du gaz environnant.
» Si donc la pression H est prise comme variable indépendante, les
coefficients des deux termes de la formule parabolique sont, pour un gaz
déterminé, proportionnels, le premier à la densité, le second à la racine
carrée de la densité de ce gaz. Il en résulte que les courbes représen-
tatives de la variation relatives de la durée d'oscillation du pendule tt-
en fonction de la pression II sont des paraboles transformées les unes des
autres. On peut les superposer toutes sur la courbe de l'air en multipliant,
dans chaque formule, l'abscisse par le rapport de la densité de l'air à celle
du gaz correspondant. C'est ce qui a été fait pour les résultats des douze
séries en question dans la courbe ci-dessous.
ir.o- ! ->C0'
» Hydro3ene
© Acide carbonique
-'CO* x Oxjgène
4.
m L'examen des résidus (observation moins calcul) obtenus en rédui-
sant au vide les durées d'oscillation observées dans les trois gaz soumis à
l'expérience à l'aide des coefficients P et R fournis par les observations
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXH, N° 7.) 5o
( 382 )
dans l'air montre encore que la formule est satisfaite dans les limites des
erreurs du garde-temps.
Premier couteau. Second couteau.
Hydrogène. Acide carbonique. Acide carbonique.
mm
mm s mm
ni m
■=_0 H = 7IO i = J-0,02 H = 724 B= -P,I2 H=7l8 S=+0,00
,_3 +0,2. 167 —0,06 17! -0.11 172 —0,24
;- m. , • II 0,00 43 +0,11 l'i -0,01
»> Ces expériences ont été faites en collaboration avec M. le capitaine
R. Bourgeois.
» Interprétations théoriques. — Navier, Poisson, de Saint-Venant, Sir
George Stokes, recherchant les équations générales de l'Hydrodynamique,
ont montré, par les considérations les plus diverses,, qu'il suffit pour les
obtenir, dans le cas d'un fluide homogène incompressible, de substituer à
dp dp ^ t p fj_ins jes équations générales, les expressions
dx dy dz *
dp /d'ui d-11 d- 11 1
£--^{dP + dy-^~d^]-
dp ( d*v ^r
dj- _ ''' \ dJi + df- + dz*
dp 1 cPw d*W d*<x
-f- — «• j-t + ttt -+- ~rï
dz ' l il.r- dV a S*
où p est la pression, u, v, w les composantes de la vitesse suivant les axes
de coordonnées en un point de la masse fluide et \j. un certain coefficient
que Stokes a le premier dénommé coefficient de frottement intérieur.
» L'intégration des équations différentielles ainsi obtenues est très dif-
ficile. Sir George Stokes est parvenu à l'effectuer dans quelques cas
simples (plan, cylindre, sphère), en admettant que la couche de fluide
immédiatement en contact avec le corps oscillant offre une adhérence par-
faite. Il obtient des formules approchées qui, toutes, pour la durée de l'os-
cillation d'un pendule en mouvement dans un fluide, en se bornant aux pre-
miers termes des développements, rentrent dans la forme expérimentale
Ç =i>d+Rs[d.
» Pour un cylindre, on aurait
P2T T.n'
B* ~ i^-g'
où T est la période, « le rayon du cylindre et % = 3, 1^16 —
( 383 )
» L'expérience démontre que, pour chacun des deux pendules de
Brunner (long et court), P et R ont la même valeur pour tous les gaz.
F'2T
» De plus, le rapport -^ est le même pour les deux pendules, tous deux
de forme cylindrique et de même rayon, quoique de longueurs très diffé-
rentes.
» Si donc toute cette analyse est exacte, c'est-à-dire si \i. ne dépend que
du frottement intérieur et si l'adhérence parfaite de la couche de gaz en
contact immédiat avec le solide en mouvement, adhérence qui est l'hypo-
thèse fondamentale de Sir George Stokes, se maintient à toutes les pres-
sions, il faudrait en conclure que le coefficient de frottement intérieur,
comme le coefficient de dilatation, comme la chaleur atomique, comme le
coefficient de compressibilité, est un nombre caractéristique de l'état ga-
zeux, indépendant de la nature chimique.
» Ce résultat est en contradiction avec les conclusions tirées des recher-
ches anciennes de Graham, de celles, plus récentes, de Kundt et Warburg
sur l'écoulement des gaz par les tubes capillaires, des observations de
Maxwell, de Meyer, de Meyer et Springinùhl, de Kundt et Warburg sur la
décroissance des amplitudes de disques oscillants suspendus à un fil de
torsion.
» Le coefficient du frottement intérieur, déduit de ces diverses expé-
riences, semble varier avec la nature du gaz.
» La question, grosse de conséquences, nous a paru délicate et difficile
à trancher. Elle mérite une étude plus approfondie et de nouvelles expé-
riences, en préparation, qui porteront à la fois sur la durée et l'amplitude,
nous permettront peut-être d'arriver à une solution définitive. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — /{eman/tics à l'occasion de la Note de M. Poin-
caré sur V expérience de M. O. Wiener. Note de M. A. Potier, présentée
par M. Cornu.
» On possède en Acoustique deux moyens d'étudier les ondes dites
slalionnaires, résultat de la superposition des ondes directes et réfléchies :
la membrane de Savart, qui reste immobile aux nœuds, et la capsule ma-
nométrique de Kœnig dont la flamme reste invariable aux ventres. En
Optique, on ignore a priori auquel des deux appareils on peut assimiler la
rétine, ou une plaque sensible; la méthode expérimentale de M. Wiener
donne à ce sujet une indication. Toutes les théories de la réflexion sont en
( 384 )
effet d'accord sur ce point : sous l'incidence normale, il y a continuité
entre les vibrations incidente, réfléchie et réfractée; la dernière est la
somme des deux premières. Si une substance réfléchissante, opaque, a un
pouvoir réflecteur égal à l'unité, l'énergie absorbée par elle est nulle; il
semble permis d'en conclure que le mouvement réfracté est nul aussi : les
vibrations incidente et réfractée sont donc égales et de signe contraire, et
rigoureusement discordantes sur la surface réfléchissante. Un milieu doué
de ce pouvoir réflecteur n'existe pas, mais il paraît légitime d'admettre
que les métaux, et l'argent en particulier, doivent présenter des propriétés
de plus en plus voisines de celles de ce milieu idéal, à mesure que leur
pouvoir réflecteur croît. Pour l'argent, la surface réfléchissante elle-même
et tous les plans situés à une distance - de celle-ci sont donc à très peu
près des plans nodaux. M. Wiener a trouvé que la mince pellicule de col-
lodion, qu'il emploie d'une manière si ingénieuse pour explorer le voisi-
nage de la surface réfléchissante, n'est pas altérée, précisément sur les
lignes où elle est rencontrée par ces plans nodaux; on peut donc conclure
que la plaque sensible ne subit d'action qu'aux points où la vibration sta-
tionnaire a une amplitude notable; l'expérience devrait donner un résultat
contraire si ce que M. Poincaré nomme l'énergie potentielle localisée
(dans le cas actuel, une quantité proportionnelle au carré de la dérivée de
l'amplitude suivant la normale à la surface réfléchissante) déterminait
l'action photographique.
» Ce point est capital, car si on refusait de l'admettre, pour supposer
que la plaque sensible subit l'impression maximum aux nœuds, les expé-
riences de M. Wiener sous l'incidence de 45° amèneraient à la conclusion,
contraire à celle de Fresnel, que la vibration est dans le plan de polarisa-
tion; l'expérience sous l'incidence normale prouverait que la surface re-
fléchissante du verre est un ventre, comme l'exige la théorie de Neumann;
on pourrait en effet résumer ces remarquables expériences en disant que
la vibration doit être perpendiculaire ou parallèle au plan de polarisation,
suivant que cette surface est un nœud ou un ventre et, à ce titre, comme
M. Poincaré l'a fait remarquer, elles pourraient être considérées comme
confirmant l'une ou l'autre théorie.
» Dans son Traité sur la Théorie mathématique de la lumière, M. Poin-
caré (') a insisté déjà sur la difficulté et même l'impossibilité de choisir
(') Poixcàré, Théorie mathématique de la lumière. Conclusions, p. 098.
( 385 )
entre les deux hypothèses de Fresnel et de Neumann sur la direction de
la vibration de la lumière polarisée; d'après ce savant, les équations diffé-
rentielles qui traduisent les propriétés attribuées à l'éther étant linéaires
et à coefficients constants sont satisfaites aussi bien par les valeurs ç, x, 'C,
attribuées aux déplacements, que par les binômes çr — y;',., .. ., qu'on en
déduit par différentiation, et aucun phénomène ne devrait permettre de
distinguer si l'on a affaire à la vibration même ou à la quantité dirigéedont
ces binômes sont les composantes. Ce raisonnement, inattaquable quand
on étudie un milieu indéfini, cesse de l'être quand on étudie un milieu li-
mité, ce qui oblige à introduire des conditions à la surface, comme dans
les théories de la réflexion ou de la réfraction; suivant les conditions choi-
sies, on est amené à placer ou le déplacement lui-même ou la quantité
dirigée définie ci-dessus dans le plan de polarisation, pour satisfaire à l'ex-
périence. Mais ces conditions ne peuvent être absolument arbitraires quand
on veut constituer une théorie mécanique de la réflexion, en particulier
pour une surface douée d'un pouvoir réflecteur très voisin de l'unité, cas
que je vais examiner spécialement.
w La vibration incidente, d'amplitude égale à l'unité, tombant sur la
surface métallique ; = o, y produit un mouvement dont l'amplitude dé-
croît avec la profondeur, et représenté par une formule
Ae''-" sin2-( - — o, ) ,
tandis que le mouvement incident est représenté par sina- - et le mouve-
ment réfléchi par sinaTrf - - <p2 ); l'absence de s, sous le signe sin dans le
mouvement réfracté, est nécessaire pour qu'il n'y ait pas d'énergie trans-
mise dans le métal et que l'intensité réfléchie soit égale à l'intensité inci-
dente. La continuité des deux côtés de la surface, qui est la condition
commune à toutes les théories, donne o., = 20, et A = cosircp, ; mais, si A
existe, on ne pourrait s'expliquer comment il n'y aurait pas d'énergie
absorbée par le métal, qu'on considère comme un frein agissant sur le
mouvement de l'éther ; il faut donc que A soit nul, cp, = \ et 9, = ^, ce
que j'ai admis.
» On arrive au même résultat, si l'on veut exprimer, comme Cauchy,
que la dérivée des déplacements par rapport à 3 est continue ; on tire en
effet de cette considération la condition — ^ = tang^cp, ; or, pour les mé-
( 386 )
taux doués d'un grand pouvoir réflecteur, tels que l'argent, on sait que
l'absorption exercée par une couche dont l'épaisseur n'est qu'une fraction
de longueur d'onde est considérable, c'est-à-dire que cp,, pour ces métaux
réels, est très voisine de \.
» Il ne semble donc pas exister d'explication mécanique satisfaisante
du grand pouvoir réflecteur de l'argent en dehors des deux hypothèses
fît- A très petit, et d'une différence de phase voisine de 1800, conditions
que j'ai supposées remplies au début de cette Note. »
ACOUSTIQUE. — Variabilité du nombre de vibrations des notes musicales,
selon leurs fonctions. Note de M. Multzek.
« MM. Cornu et Mercadier ont constaté que les notes musicales n'ont
pas toujours les mêmes nombres de vibrations. En effet, suivant la manière
dont une note sera amenée dans une mélodie, ou accompagnée dans une
suite d'accords, cette note pourra remplir des fonctions différentes ; elle
fera partie d'accords différents et pourra être un peu plus haute ou un
oeu plus basse que la note de même nom de la gamme. Ces variations,
quoique peu considérables, suffisent pour simplifier beaucoup certains
accords, pour établir entre leurs notes des rapports moins compliqués,
pour rendre beaucoup plus justes les sons résultants, et aussi pour établir
une relation entre les mouvements des notes d'un accord allant à un
autre accord.
» On peut considérer un accord quelconque comme formé de sons pris
dans une des séries de sons harmoniques ou partiels des principales notes
du ton. Ainsi, par exemple, la 7e de dominante, la 9e de sensible seront alors
un peu plus basses que les notes de mêmes noms de la gamme majeure,
tandis que la 9e de dominante et la 11e de sensible seront un peu plus
hautes. Dans la gamine mineure, les quatre notes remplissant ces fonc-
tions seront un peu plus basses que les notes de mêmes noms de la
gamme.
» Les accords, ainsi formés de sons pris dans les séries de sons partiels,
gagnent beaucoup en simplicité, en pureté et en justesse.
» Exemple. — L'accord de je de dominante dW majeur, fait avec les noies de la
gamme, en prenant ut '= 240 vibrations, sera
so/36o(36), .«'45o(45), /e'54o(54), /«64o(64).
» Sons résultants : 3 sol, 1 la et •>. sons faux.
~;7 )
» Les chiffres entre parenthèses sont les rapports réduits entre les notes.
» Le même accord, fait avec les sons partiels de sol — go vibrations, dominante du
ton iVut, sera
so/36o(4), m'45o(5), /-e54o(6), /«63o(7).
» Sons résultants : 5 sol et i ré.
» Le/«63o, qui doit descendre sur le miôoo, mouvement obligé, fera ce mouve-
ment bieu plus facilement que le /«64o.
» Autre exemple. — L'accord de 7e diminuée en la mineur, fait avec les notes de
la gamme, sera
«0/9375 (225), «45o(2-o), /-c'533 |(32o), /a64o(384).
» Sons résultants : 1 mi, 3 sons fau\ et 2 sons étrangers au ton.
» Avec les sons partiels de /?«'3~,5 dominante du ton, cet accord sera
x<</:f 37:3 (10), «45o(i2), n: '>■'>{ \'t), fa 63-, j (17).
» Sons résultants : 3 mi, 1 soin, 1 si, et 1 ré.
» Dans les accords en mouvement, celui qui se meut peut toujours être
réduit à ses rapports, c'est-à-dire au temps le plus court pendant lequel
ses notes font des vibrations entières. Chaque partie de ce petit accord
devra, ou monter, ou descendre, ou rester immobile. Or le mouvement
de chacune de ces parties sera une fraction de vibration dont le dénomina-
teur sera le premier terme du rapport entre les notes collectives des deux
accords en présence. J'appelle note collective la première note de la série
des sons partiels qui contient les notes d'un accord.
» Exemple. — Soit l'accord de 7' de dominante d'ut majeur, suivi de l'accord par-
fait majeur de tonique du même ton (résolution naturelle).
1 7e de dominante : .ïo/36o (4), fa 63o (7), sol 720 (8), 5/900 (io-1.
.. Parfait majeur : ut 240(2), ;h/6oo(5), $0/720(6), ut 960(8).
Le premier accord aura pour note collective : 40/90, soit ^-.
» Le second » : ut 120, soit ÎJ^L.
» sol '. ut '.'. 90 : 120 :: 3 : 4; or voici les mouvements de l'accord réduit à ses rap-
ports : sol 4, fa '7, 50/8, 5/10.
» sol !\ fera — j de vibration, fa 7 fera — ', sol 8 fera o, si 10 fera -+- -|.
» Pour deux accords quelconques, cette règle se vérifiera toujours, si
les accords sont formés de sons pris dans les séries de sons partiels.
» Lorsque le rapport des notes collectives est compliqué, la-relation
entre les deux accords est insaisissable pour notre sens musical, et leur
succession est désagréable, à moins que l'enharmonie ne fournisse un ar-
tifice pour relier ces deux accords l'un à l'autre. C'est ce qui arrive, lorsque
( 388 )
le premier accord légèrement haussé ou baissé, tout d'une pièce, sans dé-
formation, peut se superposer exactement sur un autre accord très voisin,
ayant une note collective en rapport simple avec celle du deuxième ac-
cord .
» En résumé, un accord étant formé de notes prises dans une série de
sons partiels, ces notes auront entre elles une sorte de parenté, exprimée
par la simplicité de leurs rapports. Deux accords quelconques formés
ainsi auront entre eux une relation plus ou moins facile, suivant que le
rapport de leurs notes collectives sera plus ou moins simple.
» Une théorie de l'harmonie, basée sur les sons partiels, pourrait ex-
pliquer bien des phénomènes qui sont absolument incompréhensibles
lorsqu'on emploie, dans les accords, les seules notes des gammes justes. »
PHYSICO-CHIMIE. — Sur la conductibilité des acides organiques et de leurs
sels. Seconde Note de M. Ostwald, présentée par M. Lippmann.
« La réponse de M. D. Berthelot {Comptes rendus, t. CXII, p. 23o) à ma
première Note sur ce sujet {Comptes rendus, t. CXII, p. 229) pourrait faire
naître l'idée que le but principal de ma Note est de réserver pour moi-
même le droit exclusif de travailler dans cette voie. Rien n'est plus loin
de ma pensée ; je ne crois pas qu'il se trouve un seul mot dans ce sens
dans la Note citée.
« Ma réclamation ne se rapporte qu'à quelques faits déjà connus.
M. D. Berthelot ne semble pas nier complètement mes droits, mais il les
juge d'une manière qui exige quelques remarques.
» C'est par erreur que M. D. Berthelot croit ma loi formulée seule-
ment pour des valeurs limites. J'ai communiqué, au contraire, dans mon
Mémoire cité plus haut, les conductibilités des sels en question pour des
dilutions de 321H à io24Ut par équivalent, et ceux-ci se sont trouvés iden-
tiques dans toute l'étendue de ces limites. C'est une conséquence néces-
saire d'une autre loi trouvée par moi : que l'influence de la dilution sur
la conductibilité équivalente de sels divers des métaux monoatomiques
dépend seulement de la basicité de l'acide. J'ai prouvé cette loi non seule-
ment pour les acides monobasiques, mais aussi dans ma première Commu-
nication sur les acides bibasiques et tribasiques (Zeilschr. f. Ph. Ch., I,
100-108) et ensuite (Ibid., II, 401) je l'ai étendue jusqu'aux acides penta-
basiques. Cette relation est si régulière qu'elle peut être utilisée comme
( 38g )
moven pour déterminer la basicité des acides dans des cas douteux. Il ne
reste point de question non résolue dans le cas des acides bibasiques;
les anomalies mentionnées par M. D. Berthelot se trouvent seulement
chez les sels des métaux polyatomiques, sur lesquels M. D. Berthelot n'a
pas publié de recherches.
m Comme je n'ai pas publié de Mémoire sur les sels des acides biba-
siques isomères, je reconnais avec plaisir que M. D. Berthelot, après avoir
confirmé ma loi, l'a étendue au cas des acides bibasiques; mais voilà tout
ce qu'il y a de nouveau sur ce point dans le Mémoire de M. D. Berthelot.
» Quant aux acides racémique et tartrique, je crois que mes recherches
ne sont pas seulement une confirmation de ceux de MM. Berthelot et
Jungfleisch, car ces savants s'expriment avec beaucoup de réserve sur la
question du dédoublement de l'acide racémique (Annales de Chimie et de
Physique, 5e série, t. IV, p. i53). Sans prétendre résoudre complètement
la question, nous devons dire que la seconde opinion (à savoir que l'acide
est décomposé) nous paraît plus conforme à l'expérience. La question
était donc en partie ouverte au moment de mes recherches, et c'était seu-
lement avec le moyen bien plus délicat de la conductibilité électrique que
l'on pouvait espérer de trouver des résultats plus convaincants que ne
les donne la Thermochimie dans ce cas. C'est une nouvelle preuve de la
sagacité bien connue de ces savants, que les recherches postérieures aient
donné précisément les résultats soupçonnés par eux.
» En tous cas, quant à la mesure de la conductibilité de ces acides,
M. D. Berthelot a seulement répété mes recherches et trouvé, par consé-
quent, mes résultats. La différence des méthodes employées est sans con-
séquence, les deux méthodes ayant donné, comme M. D. Berthelot le dit
lui-même, des résultats concordants.
» Les mesures de la conductibilité de l'acide tartrique inactif n'ont pas
été, il est vrai, exécutées par moi, mais par mon ancien élève M. P. Wal-
deu, dans le laboratoire de M. Bischof à Riga (Ber., 1889, p. 1820).
M. Walden a constaté la différence entre cet acide et les acides tartrique
droit et racémique. Les recherches de M. D. Berthelot ne sont donc pas
tout à fait originales sur ce point. »
C K., 1891, 1" Semestre. I. CX1I, N" 7.)
5l
(39o )
PHYSICO-CHIMIE. — Réponse à la Note précédente de M. Ostwald;
par M. Daniel Berthelot, présentée par M. Lipprnann.
« Il ne saurait entrer clans mes intentions de prolonger plus longtemps
la controverse soulevée par M. Ostwald, du moment où il déclare ne
pas se réserver le principe de la méthode des conductibilités électriques,
ni celui de ses applications aux phénomènes chimiques.
» Je me bornerai à constater que M. Ostwald reconnaît en fait l'origi-
nalité de mes travaux sur les sels des acides bibasiques isomères, objet
essentiel de ma première Note, la seule mise en cause par sa réclamation.
Je ne veux pas relever la confusion qui existe à cet égard dans la Note de
M. Ostwald entre des questions distinctes dont les unes n'ont pas été trai-
tées par moi et dont les autres n'avaient pas été abordées par lui ou ses
élèves : tel est notamment le cas des sels des acides tartriques isomères.
Quant au reste, je n'entrerai pas dans une discussion nouvelle sur la
plus ou moins grande exactitude de la loi admise par lui pour la variation
de conductibilité des sels avec la dilution, des restrictions qu'il s'est cru
obligé d'y apporter lui-même et des conséquences qu'il prétend en tirer.
» Au surplus, le public compétent pourra juger du caractère propre
fort différent de mes études personnelles, quand il prendra connaissance
du Mémoire complet qui sera prochainement publié. »
CHIMIE ORGANIQUE. -- Sur quelques combinaisons de la pyridine.
Note de M. Raoul Vaket, présentée par M. Berthelot.
« I. Bromocadmiate de pyridine. — On projette du bromure de cadmium
desséché et finement pulvérisé dans de la pyridine : cette dernière s'échauffe
et l'on obtient une bouillie blanche. On ajoute alors un excès de pyridine
et l'on chauffe au bain-marie pendant deux heures, puis on abandonne
dans un endroit froid, en ayant soin d'agiter de temps en temps. Le préci-
pité amorphe primitivement obtenu devient peu à peu cristallin; quand la
transformation est complète, ce qui demande plusieurs jours, on sépare
l'excès de pyridine par fdtration et l'on sèche très rapidement le produit
solide entre des doubles de papier. On obtient de petits cristaux blancs,
brillants, répondant à la formule
CdBr,3C,0H5Az.
( 3gi ;
C'est un corps très peu soluble dans la pvridine. Traité par l'eau bouil-
lante, il prend l'aspect d'un précipité cailleboté et se dissout entièrement.
Par refroidissement, la liqueur abandonne de grandes aiguilles constituées
par une combinaison nouvelle de pvridine avec le bromure de cadmium.
Le corps CdBr,3C'°H3 Az abandonne toute sa pyridine quand on le
chauffe.
» IT. Cyanure argentopyridique. — Dans de la pyridine chauffée vers
8ô°, on dissout du cyanure d'argent; la liqueur filtrée laisse déposer, par
refroidissement, des aiguilles prismatiques, transparentes, répondant à la
formule
AgC2Az,C,0H5Az.
C'est un corps peu soluble dans la pvridine, décomposable par l'eau. Ex-
posé à l'air, il devient d'abord opaque, puis brunit. Il perd toute sa pyri-
dine quand on le chauffe à i io°.
» III. Cyanomereurate de pyridine. - Dans de la pyridine maintenue à
l'ébullition, on projette du cyanure de mercure finement pulvérisé, jusqu'à
ce qu'il cesse de s'y dissoudre. La liqueur filtrée encore chaude laisse dé-
poser des cristaux grenus durs, transparents, qui, séchés très rapidement
entre des doubles de papier, répondent à la formule
HgC-Az, C,0H5Az.
» C'est un corps très soluble dans la pvridine, surtout à chaud. Il perd
toute sa pyridine à i io°.
» IV. Cyanocuwrile de pyridine. — Dans de la pyridine maintenue à
l'ébullition, on dissout du cyanure cuivreux bien pur, jusqu'à saturation.
La liqueur additionnée d'un peu de pyridine bouillante, et filtrée sur un
entonnoir chaud, abandonne, par refroidissement, de grandes lamelles
jaunes répondant à la formule
Cu2C-Az,2C,0H5Az.
» C'est un corps très soluble dans la pyridine chaude. A l'air, il exhale
une forte odeur de C,0II5Az. Il perd toute sa pyridine quand on le chauffe
à une température bien inférieure à celle de la décomposition du cyanure.
« V. lodocuivrile de pyridine. — Quand on traite l'iodure cuivreux fine-
ment pulvérisé par la pyridine, celle-ci s'échauffe et prend une teinte d'un
jaune brun assez prononcé, tandis que l'iodure s'agglomère en une masse
blanche. On porte à l'ébullition, l'iodure cuivreux se dissout, on en ajoute
( fy= )
oar petites quantités jusqu'à saturation de la pyridine. La liqueur filtrée
sur un entonnoir chaud laisse déposer de petits cristaux jaunes répondant
à la formule
Cu3I, 2C,0H5Àz.
» C'est un corps très soluble dans la pyridine, beaucoup plus à chaud
qu'à froid. Agité avec dix fois son volume d'éther, il devient blanc comme
de l'iodure, mais ne perd pas toute sa pyridine, même auboutde plusieurs
jours. Quand on l'expose à l'air imprégné de pyridine, il devient rapide-
ment vert, puis brunit. Il abandonne toute sa pyridine sous l'influence de
la chaleur. »
CHIMIE ORGANIQUE. - Sur l ' amidure de sodium et sur un chlorure
de disodammonium. Note de M. Joawis.
« Le sodammonium se décompose spontanément à la température ordi-
naire, en hydrogène et en amidure de sodium A.zHaNa. Cette décomposi-
tion se produit dans l'obscurité et à la lumière, un peu plus rapidement
dans ce dernier cas. Elle est toujours très lente (occ,35 environ par vingt-
quatre heures et par gramme de sodammonium). Elle paraît tendre vers
une limite à mesure que la pression de l'hydrogène dégagé augmente,
comme le montre le Tableau suivant où sont inscrites les pressions du mé-
lange d'ammoniac et d'hydrogène mis en liberté.
Nombre de jours o 2 5 6 27 J3 (35 96 18- a53
Pressions i8o«™,5 ao4™,7 22.3"°, a 28 1"™, 8 353°°, S 4i50m, 1 tfio"°, 1 D2iom,7 56oc»,3 5g5""
» En même temps que l'hydrogène se dégage, on voit apparaître de
petits cristaux blancs, transparents, pouvant avoir imm de côté. Ces cristaux
sont de L' amidure de sodium AzH2Na, d'un aspect bien différent de celui
que l'on obtient par la méthode de Gay-Lussac et qui se présente sous
forme d'une masse amorphe bleue ou verte.
» L'analyse de ces cristaux a été faite en les dissolvant dans l'eau ; il y a une réac-
tion assez vive, produisant le bruit d'un fer rouge plongé dans l'eau, mais il ne se
produit aucun dégagement de gaz; la solution aqueuse ne contient que de la soude et
de l'ammoniac. L'absence de dégagement de gaz ne peut suffire à faire admettre
l'existence d'une formule de la forme As^Na*-*. Le dosage de l'alcalinité totale de la
liqueur obtenue et celui du sodium à l'état de sulfate de soude (Na trouvé, 59,33
pour 100; théorie, 58,97 pour 100) a conduit à la valeur x = 2. Dans une autre expé-
rience, l'hydrogène dégagé a été dosé et a conduit à la même conclusion-
( 393 )
» Action du chlorure de sodium sur le sodammomum. — Avant d'étudier
l'action du sodammoniura sur les chlorures métalliques, il était indispen-
sable d'étudier son action sur le chlorure de sodium, puisque ce corps
peut se former dans ces réductions.
» Le chlorure de sodium attaque le sodammonium, mais il ne se produit pas le
sous-chlorure signalé par Rose. Quand on met en présence, à o", du chlorure de so-
dium et du sodammonium, en solution saturée, on constate que la tension, qui est
d'abord de 170e"1 de mercure (tension de la solution saturée de sodammoniumaà o°)
augmente assez rapidement, parce qu'il se dégage de l'hydrogène. Un assez grand
nombre de mes appareils ont sauté, avant que j'aie réussi à mesurer sans perte
l'hydrogène dégagé dans la réaction : j'ai constaté que pour 1 équivalent de sodammo-
nium employé, il y avait 1 équivalent d'hydrogène mis en liberté. Lorsque la pression
n'augmente plus, la liqueur est mordorée ou bleue, si l'on a mis pour 1 équivalent de
chlorure de sodium plus d'un équivalent de sodium, et elle présente la couleur des
solutions concentrées ou étendues de sodammonium; s'il y a, au contraire, un excès
de chlorure de sodium, la liqueur est entièrement décolorée, et si on lave le produit
blanc ainsi obtenu avec du gaz ammoniac liquéfié, afin de dissoudre le chlorure en
excès, on constate qu'après des lavages suffisants la poudre blanche amorphe qui
reste ne contient plus de chlore; c'est encore de l'amidure de sodium; on l'obtient
ainsi très rapidement.
» L'action du chlorure de sodium, qui rend possible en deux ou trois jours la dé-
composition d'une quantité de sodammonium qui exigerait sans cela plusieurs mois
pour se décomposer, est due à la formation d'un composé peu stable dont j'ai pu con-
stater l'existence et qui a pour formule AzH2Na!Cl.
» Chlorure de disodammonium AzH2Na*Cl. — Ce composé s'obtient mé-
langé de chlorure de sodium, quand on traite du sodium par un excès de
chlorure de sodium en présence d'une quantité d'ammoniac liquéfié insuf-
fisante pour dissoudre tout le chlorure de sodium. Ce composé se détruit
en effet quand on le lave avec de l'ammoniac liquéfié, en donnant du chlo-
rure de sodium qui se dissout et de l'amidure de sodium AzrPNa. L'eau
décompose ce chlorure en ammoniac, soude et chlorure de sodium, sans
dégagement d'aucun gaz et sans produire le bruit que donne l'amidure.
» Pour établir la formule de ce composé, que l'on ne peut pas isoler de l'excès de
chlorure de sodium nécessaire à sa conservation, j'ai employé la méthode suivante.
» Un poids connu de sodium a été mis en présence d'un excès de chlorure de sodium
(environ 3éi,5 de chlorure pour 1 de sodium); le tout a été traité par de l'ammoniac
liquéfié, qui a donné du sodammonium. L'appareil ayant été mis dans la glace et la
décoloration du sodammonium s'étant accomplie, on a retiré les gaz contenus dans l'ap-
pareil (ammoniac et hydrogène) en les dirigeant dans un acide étendu, pour absorber
l'ammoniac. Une fois que l'hydrogène a été entièrement balayé par la volatilisation
de l'ammoniac liquide, on a mesuré la pression de ce gaz au fur et à mesure que l'on
( 394 )
en enlevait; au début, la tension était celle d'une solution saturée de chlorure de so-
dium dans l'ammoniaque liquéfiée (3i3cm,9 à o°). Cette tension s'est maintenue tant
qu'il restait du liquide dans le tube; puis, le liquide ayant disparu, la tension a di-
minué constamment sans présenter de point d'arrêt; en particulier, la pression de
io3cm une fois atteinte ne s'est pas maintenue quand on a enlevé du gaz; on peut en
conclure qu'il ne s'est pas formé, dans ces expériences, de chlorhydrate d'ammoniaque,
puisqu'on aurait obtenu, dans les conditions où l'on était placé, le chlorhydrate
AzH4Cl -+- 3AzH3, découvert par M. Troost, et l'on aurait observé à io3cm une con-
stance de tension due à la dissociation de ce composé. Ce fait constaté, on a mis de
nouveau de l'ammoniac liquide sur le produit blanc à analyser, et, au lieu de main-
tenir la température du tube à o», on l'a maintenue vers — 3o°, en laissant partir tout
l'ammoniac qui pouvait se dégager à cette température. Aucune bulle d'ammoniac
ne s'étant dégagée en une demi-heure, on éleva peu à peu la température jusqu'à
— 24° et il sortit quelques bulles représentant la dilatation du gaz contenu dans l'ap-
pareil.
» On reçut ensuite l'ammoniac qui se dégagea au-dessus de cette température, dans
de l'acide sulfurique titré. Cet ammoniac provenait de la dissociation du composé
NaCl, 5AzH3 dont j'ai récemment décrit les conditions d'existence; on maintint enfin
le tube à o°. De la quantité d'ammoniac totale mesurée alcalimétriquement, on retran-
chait ce qui correspondait à la dilatation du gaz entre —24° et o°, et on obtenait ainsi
la quantité d'ammoniaque qui avait formé le corps NaCl, 5AzH3; on en déduisait le
poids de chlorure de sodium mis en excès. Comme on connaît d'ailleurs le poids du
chlorure de sodium mis en évidence, on en déduit par différence celui qui est fixé sur
l'amidure.
» Voici les nombres obtenusdans une analyse, exprimés en millièmes d'équivalent :
» Na mis 8,92 pouvant donner 99", 5 d'hydrogène à o° valant 8,92.
» Hydrogène obtenu ramené à o°, g6cc d'hydrogène valant 8,64-
» NaCl mis 3o,o6.
» NaCl resté libre 19,27, d'où NaCl combiné 10,79.
» AzH2 trouvé 9,28 (d'après l'augmentation de poids du tube après l'expérience).
» Des nombres Na - 8,92, NaCl= 10,79, AzH2 —9,28, on déduit les proportions
centésimales suivantes :
Trouvé. Calculé.
Na 46,o3 47.17
Cl 38,8g 36>42
AzH2 i5,o8 16, 4i
» L'excès de chlore doit être plutôt attribué à un lavage incomplet qu'à la méthode
d'analyse employée. «
( 395 )
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Recherches sur /'huile pour rouge. Note
de M. Scheurer-Kestner (').
« La combinaison sulfonée qui se trouve dans Y huile pour rouge peut
être isolée en traitant ce produit par un mélange approprié d'eau et d'é-
ther; l'éther dissout les acides gras non sulfonés (ou plutôt désulfonés
par l'action de l'eau pendant le lavage du produit brut obtenu, en faisant
agir l'acide sulfurique sur l'huile de ricin), tandis que la substance sulfonée
reste en dissolution dans la partie aqueuse, séparée de la couche éthérée.
Pour l'isoler, on précipite la solution aqueuse par une dissolution de sulfate
de sodium à 10" Baume.
» En évaporant la couche éthérée, on obtient les acides gras, plus ou
moins polymérisés, dont le poids peut être déterminé, tandis que la préci-
pitation de la dissolution aqueuse permet de se rendre compte de la pro-
portion du corps sulfoné. En général, deux préparations faites dans des
conditions qui semblent identiques ne donnent pas toujours les mêmes
résultats; Y huile pour rouge obtenue renferme des proportions variables
des deux produits principaux. Les acides gras désulfonés par l'action de
l'eau, durant les lavages, le sont en (dus ou moins grande proportion, et
la solubilité de Yhui/e dans l'eau est d'autant plus grande que ceux-ci sont
en plus petite quantité. En effet ils n'y sont solubles que grâce à la pré-
sence du corps sulfoné, et donnent à la dissolution la fluorescence dont
celle de Yhui/e n'est jamais exempte.
» Quant au degré de polymérisation, il semble être plus considérable
dans les corps retirés par l'éther que dans le corps soluble. Ainsi, les acides
gras retirés d'une même préparation, et séparés à l'état de corps sulfoné et
non sulfoné, ont donné des poids moléculaires de 402 et de 472. (Le poids
moléculaire de l'acide normal est 298.)
» L'acide sulforicinoléique, précipité de sa dissolution aqueuse par le
sulfate de sodium, forme un hydrate sirupeux, sans apparence de fluores-
cence, lorsqu'il a été débarrassé par l'éther des acides gras non sulfonés.
Il entre dans la composition de Y huile pour rouge la plus soluble pour 4°
à mi pour 100, les 5o à 60 autres centièmes étant formés d'acides gras in-
solubles dans l'eau: je fais abstraction, dans ce calcul, de l'eau qui les ac-
compagne.
(') Comptes rendus, t. CX1I, p. 1 58.
( 396 )
» L'acide sulfo-gras, à l'état isolé, a une composition qui le rapproche
de l'acide diricinosulfonique
(C"î!"):-CO!H- C02-0-S02,OH.
» Il est impossible de le déshydrater complètement sans le décomposer
en acide sulfurique et acide gras; quand on le sèche à une température
qui ne dépasse pas 6o°, sa décomposition est très faible, et il renferme
alors une quantité de soufre qui répond à la formule
G,JH32-C02H
CO\ +8IPO,
C,7H32 0-S02-OH
qui exige 4 pour ioo de soufre; j'en ai trouvé 3, 9 pour 100.
» On peut se rendre compte de la Composition de V huile pour rouge, en
se servant successivement de tournesol et de phénol-phtaléine comme indi-
cateurs. Le tournesol bleuit dès que le composé sulfoné est saturé, tandis
que la phénol-phtaléine ne se colore que beaucoup plus tard, alors seule-
ment que l'acide gras non sulfoné a été saturé. J'ai basé sur ces propriétés
un procédé d'analyse qui donne, au moyen de deux simples titrations faites
l'une après l'autre, la proportion des deux éléments principaux de l'huile
pour rouge. La différence entre les deux titres obtenus en se servant d'une li-
queur ammoniacale titrée et des indicateurs ci-dessus constitue la quantité
d'ammoniaque qui a servi à la saturation des acides désullonés. 11 faut
avoir soin de se servir toujours des mêmes quantités d'eau, si l'on veut
avoir des résultats comparables. Cette expérience peut être utile aussi au
point de vue pratique, puisque j'ai démontré que la nuance de ravivage
des couleurs de l'alizarine dépend précisément de la présence d'une plus
ou moins grande proportion de composé sulfoné.
» Le titre trouvé avec le tournesol correspond au poids de sulfate de
baryum que donne Yhuile pour longe dont le sel de sodium a été calciné.
Il est aussi facile de suivre la polymérisation de l'acide ricinoléique en la
mesurant par la capacité de saturation, en se servant de la phénol-phta-
léine.
» L'acide ricinoléique normal, traité par l'acide sulfurique comme on
traite l'huile de ricin, donne un produit pareil à celui de l'huile de ricin.
En l'analysant au moyen de la double trituration, j'y ai trouvé un acide
sulfoné et des acides gras polymérisés, dans la proportion de 60 à 65 pour
100 du premier.
( ^97 )
» Je me propose de montrer ultérieurement que l'acide ricinoléique est
facilement polymérisé, non seulement par l'action de la chaleur, mais
aussi par celle de la vapeur d'eau, et qu'on peut le ramener à l'état nor-
mal par l'action de la soude dans des conditions déterminées. »
HYGIÈNE. — De l'action des froids excessifs sur les animaux. Note
de M. G. Colix, présentée par M. A. Milne-Edwards.
« Les expériences que j'ai faites depuis vingt-cinq ans, pendant les
froids violents de nos hivers les plus rigoureux, notamment en 1879-80,
m'ont permis de déterminer le degré d'aptitude de chacune de nos espèces
domestiques à supporter, sans inconvénients sérieux, les basses tempé-
ratures.
w Le degré de résistance au froid (pic possède chacune de ces espèces
m'a paru dépendre : i° de la puissance de calorification très inégalement
développée; 20 de la force de réaction qui active la circulation dans les
parties superficielles du corps et prévient les stases sur les parties pro-
fondes de l'organisme; 3° de la faible conductibilité du pelage, des toi-
sons ou fourrures, qui peuvent restreindre dans d'énormes proportions
les pertes de calorique ; 4° de la faible inipressionnabilité des appareils
organiques, notamment de celui de la respiration, des séreuses, des reins
et autres viscères.
» La dernière condition a une importance capitale. Si l'impressionna-
bilité est exagérée, comme sur presque tous les animaux des contrées
chaudes, les autres, si bien réalisées qu'elles puissent être, ne réussissent
pas, même ensemble, à conjurer les effets funestes des basses tempéra-
tures de longue durée survenant sans transition insensible.
» .Chacune des conditions de résistance au froid a une valeur qui peut
être, dans la pratique, déterminée d'une manière suffisamment exacte : la
puissance de calorification, par le degré auquel se maintient la température
animale de l'ensemble du corps et par la somme des pertes éprouvées en
un temps donné, pertes qui peuvent s'élever du dixième au quinzième du
poids du corps par période de vingt-quatre heures ; la force de réaction,
par la température de la surface de la peau et du tissu cellulaire sous-cu-
tané, l'action protectrice des plumes, fourrure ou toison, par le degré de
chaleur conservée dans leurs couches profondes ; enfin la susceptibilité
organique par la rareté ou la fréquence, comme par la gravité des effets
pathologiques attribuables au refroidissement.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 7.) 32
( 39H )
» Quant à la valeur de la résultante des conditions susdites diversement
combinées, elle ne saurait être déterminée théoriquement avec exac-
titude ; mais elle peut être mesurée avec assez de précision à l'aide de
l'observation et des expériences. Les données obtenues à cet égard de-
viennent des éléments précieux pour dresser l'échelle de ce qu'on appelle
la rusticité des animaux. En voici quelques-unes.
» Contrairement aux prévisions de la théorie, le plus petit de nos ani-
maux domestiques, celui dont la faible masse parait devoir se refroidir le
plus vite, le lapin, est doué au maximum de la résistance au froid. Les
adultes de cette espèce ont pu supporter pendant cinq et six jours, dans
des cages de fil de fer suspendues à des arbres ou sur des tas de neige, des
froids de — io° à — i5°, sans perdre plus de i° et quelques dixièmes de
leur température intérieure, ni éprouver consécutivement d'indisposition
appréciable. Ceux que j'ai laissés pendant deux mois de cet hiver, de la (in
de novembre à la fin de janvier, dans neuf cabanes cubiques complètement
ouvertes sur l'une de leurs faces, donnant accès au vent et à la neige, par
des froids de — io° à — 200 et même de — 25° dans notre région de l'Est,
sont tous demeurés en parfaite santé. Ceux de ces animaux qui furent
privés d'aliments pendant un ou deux jours éprouvèrent une perte diurne
oscillant entre le quinzième et le huitième du poids du corps. Ceux qui
passèrent un jour et une nuit dans des maisonnettes construites avec
d'énormes blocs de glace, touchant le dessous et les côtés du corps, y con-
servèrent aussi leur température intérieure à i° et quelques dixièmes
seulement au-dessous de la normale, quoique les oreilles et les pieds
éprouvassent un abaissement de 120, i5°, même de 200. Dans des galeries
sous la neige, les choses se passèrent comme dans les grottes de glace.
Aucune modification appréciable n'est résultée du refroidissement des
extrémités. Mais là, les jeunes sujets périssaient suivant l'ordre de leur
jeunesse, et si vite que, vers le milieu delà nuit ou à la pointe du jour, les
liquides de leurs cadavres se trouvaient congelés dans les voies digestives.
» Le mouton m'a montré ensuite une résistance au froid égale à celle
du lapin, pourvu qu'il conservât son épaisse toison exempte d'humidité.
Après les nuits les plus froides passées en plein air, il avait encore à peu
près à l'intérieur le degré normal et à la surface de la peau sous la toison
36° à 37°.
» Le bouc et le porc, à peu près nus, tant leurs soies sont clairsemées,
ont offert presque la même résistance que la bête ovine. Leur peau, une
fois la réaction bien établie, se maintenait à 34° ou 35° C. dans la plupart
des régions.
( 39o )
« Dans l'ordre décroissant de l'aptitude à supporter le froid, le chien
s'est placé à la suite des animaux précédents. Tenu en plein air sur le sol
glacé, ou simplement abrité sous une niche ouverte, il a conservé, malgré
des frissons et des tremblements, sa température intérieure à i° ou 2° près,
sans devenir malade. L'un d'eux, pourtant, a péri après avoir éprouvé une
réfrigération excessive.
» La résistance des solipèdes domestiques au refroidissement m'a paru,
sauf pendant le travail, inférieure à celle des autres animaux. Aux basses
températures susmentionnées, la chaleur de la peau a baissé de 6°, 8°, io°
s'ils avaient de longs poils, et de io° à 12° avec un pelage ras ou très court.
A ces basses températures, la chaleur de la peau et du tissu cellulaire sous-
cutané, perdait dans les régions inférieures des membres et au pied, 25°
à 3o°.
» Quant aux oiseaux de basse-cour, leur plumage, s'il est bien fourni et
sec, leur donne au plus haut degré l'aptitude à braver, comme on le sait,
les froids les plus vifs. Cet hiver, mes poules, coqs, dindes, tenus à dessein
dans un local dont la température suivait presque celle du dehors, se sont
maintenus, sans exception, en très bon état, mais leur ponte a été sus-
pendue, même pendant une ou deux semaines après les froids excessifs. »
ZOOLOGIE. — Observations sur le bourgeonnement de quelques Ascidies com-
posées. Note de M. A. Pizon, présentée par M. A. Milne-Edwards.
« Il est classique aujourd'hui que les plus ou moins grandes réserves
accumulées dans l'oeuf et les conditions éthologiques des parents influent
sur la rapidité des processus embryogéniques; on en possède des preuves
fournies par des types appartenant à plusieurs embranchements de la
série animale. Chez les Ascidies composées, M. Lahille en a fourni un
exemple remarquable observé chez Diplosomoides (Lahille), Lcptoclinum
Lacazii, Giard). Cette forme intéressante donne à la fois des petites larves,
pauvres en vitellus nutritif, qui n'ont pas encore bourgeonné à la fin du
troisième jour et d'autres plus volumineuses qui nagent encore le qua-
trième jour et renferment déjà une dizaine de blastozoïtes quelques heures
après leur fixation.
» Moi-même, à Saint-Vaast-la-Hougue, pendant la belle saison der-
nière, dans un bassin renfermant divers Dideninum (Did. niveum, Did.
cereum et Did. sargassicola), j'ai recueilli, au milieu de nombreuses petites
larves, trois larves volumineuses, avec une masse considérable de vitellus
et qui, après s'être fixées le quatrième jour seulement, offrirent une rapi-
( fao )
dite blastogénétique tout à fait comparable à celle des grosses larves des
Diplosomoides de Lahille.
» Frappé de ce fait, j'isolai immédiatement les divers connus qui avaient
donné ces larves; malheureusement la ponte était terminée; je ne fus pas
plus heureux avec les nouvelles colonies que je recueillis dans la suite :
nous étions au mois de juillet et c'étaient les dernières larves que produi-
saient les Didemnum, dont la ponte commence, comme on le sait, dès le
printemps. Mais, bien qu'il m'ait été impossible de déterminer si ces larves
volumineuses appartenaient au Did. ccreum ou au Did. nîveum ('), leur
présence chez un genre voisin des Diplosomoides (Lahille) n'en est pas
moins intéressante à constater. Cette observation montre de plus que dans
mes recherches sur la blastogénèse de Y Astellium spongiforme (Giard) il
ne m'a jamais échappé que « chez les Synascidies la rapidité du dévelop-
» pement et le nombre des blastozoïtes produits par un même œuf dépend
» très souvent, dans une large mesure, des conditions éthologiques » et
des réserves nutritives. Jusqu'à présent, à ma connaissance, les Diploso-
moïdes (Lahille) et les Didemnum sont les seuls genres, parmi les Asci-
dies composées, chez lesquels on a observé de telles variations dans la ra-
pidité de la blastogénèse résultant d'une plus grande quantité d'éléments
nutritifs.
» Chez les Diplosomidés (Astellium et Pseudodidemnum) , en particulier,
de semblables observations n'ont jamais été faites ni par Drasche, qui a
étudié les Diplosomidés de la baie de Rovigno, ni par Herdmann qui a
étudié les espèces du Challenger, ni enfin par Délia Valle, à Naples.
» Plus récemment, M. Lahille a fait d'importantes recherches chez des
Diplosomidés de Banyuls, de Roscoff, d'Arcachon, de Chausev et de
Naples; il n'a jamais observé de variations appréciables dans la quantité
de vitellus des larves.
» M. Giard lui-même, dont on connaît les longues observations sur les
Ascidies composées, a vu les larves des Diplosomidés présenter une telle
constance dans leur structure qu'il a écrit que « les modifications de la
» blastogénèse peuvent donner de bons caractères pour les groupes de
H second ordre et surtout de bons caractères génériques ». Et il distingue
les embryons d' Astellium et de Pseudodidemnum de ceux de Diplosoma
Rayneri (iMacdonald) « par un seul caractère essentiel, la présence de
» trois animalcules, au lieu de deux, dans la colonie embryonnaire ».
(') Avec M. Lahille,je considère Did. sargassicola (Giard) connue une variétédu
Did. cereum. dont il ne diffère que par la coloration.
( ïoi )
» Enfin, moi-même, j'ai poursuivi pendant trois mois, à Saint- Vaast,
des recherches sur les larves d'un Diplosomidé, Astellium spon gif orme . Je
dois dire d'abord que j'ai identifié cette espèce avec le Rrevislellium de
Jourdain; j'y ai été conduit par les observations de cet auteur, qu'il a
laites à Saint- Vaast même, et par celles deDrasche qui, lui aussi, a remar-
qué que chez les Diplosomiens « on observe des transitions par trop nom-
» breuses de bouches à dents émoussées, jusqu'aux bouches privées de
» dents ». M. Lahille a également assimilé le Brevislellium (Jourdain) à l' As-
tellium spongiforme (Giard).
» Les très nombreuses larves de celte espèce que j'ai étudiées pendant
mon séjour à Saint-Vaast ne m'ont jamais fourni ces variations dans la
quantité de réserves nutritives que j'ai observées chez les Didemnum.
Toutes étaient absolument semblables entre elles et à celle qu'a si bien
figurée M. Giard dans ses Recherches sur les Synascidies , avec des différences
inappréciables dans la quantité de vitellus au moment de l'éclosion. De
telles différences n'existant pas non plus chez les larves observées en des
points très différents, à Roscoff, à Banyuls, à Naples et à Rovigno, je ne
puis croire que ce soit à des phénomènes de « pœcilogonie », que per-
sonne n'a jamais observés chez les Diplosomidés, qu'il faille demander
l'explication des différences entre les observations de M. Giard et les
miennes sur les premiers phénomènes blastogénétiques des embryons
d' Astellium spongiforme. « L'embryon des Diplosomiens, dit-il, renferme déjà
» dans l'œuf une série de trois blastozoïtcs formés par bourgeonnement
» direct et successif, et de plus des tubes stoloniaux gemmifères qui pro-
» duiront de nouveaux animaux dès que le têtard viendra à se fixer ».
» Pour moi les tubes exodermiques (tubes stoloniaux de Giard) ne
jouent « en aucun moment » un rôle dans la blastogénèse, pas plus d'ail-
leurs chez les Diplosomidés que chez les Botryllidés; je suis d'accord en
ce point non seulement avec Délia Valle et Lahille, mais avec Krohn (')
et Metschnikoff (2), que M. Giard combattit trois ans après qu'eurent paru
leurs travaux sur les Botryllidés.
» D'autre part, j'ai toujours vu la masse brunâtre I3 (Arch. de Zoo/,
e.rp., t. I, pi. 26, fig. G) arriver à épuisement dans les vingt-quatre heures
qui suivent la fixation et la larve ne présenter encore à ce moment qu'un
oozoïte et un blastozoite. Les observations faites simultanément sur des
larves vivantes, sur d'autres préalablement fixées par l'acide acétique et
(M Archiv fur Naturgesch., 1869, deux Mémoires.
i* l Bulletin Acad. Saint-Pétersbourg, 1869, XIII,
( 40 2 )
dépigmentées par l'eau oxygénée et enfin sur des larves débitées en coupes
minces, m'ont donné les mêmes résultats.
« De son côté, M. Lahille, dans les très importantes Recherches sur les
Tuniciers qu'il publiait quelques jours après ma Note à l'Académie, dit :
« Toutes les larves de Pseudodidemnum crislallinum, que j'ai recueillies à
) Roscoff, ne m'ont jamais présenté, au moment de léclosion, que deux
» individus, et par suite les espèces de Macdonald et de Giard doivent être
» réunies ». Plus loin il ajoute : « Los larves des Diplosoma (') ne m'ont
» jamais présenté au moment de l'éclosion que deux individus, l'oozoïde
u et le premier blastozoïde ».
» Les observations de ce naturaliste sont donc venues confirmer « d'une
» façon éclatante » ce que j'ai dit sur la blastogénèse de Y Astellium spon-
gi forme.
» Les Astellium et les Pseudodidemnum ont donc des embryons qui, à
l'éclosion, ne diffèrent pas de ceux du Diplosoma Rayneri (Macdonald), et
des phénomènes de « pcecilogonie » sont encore à trouver chez ces Asci-
dies composées (2). »
La séance est levée à 4 heures et demie. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du \6 février i 89 1 .
La population française ; par E. Levasseur. Tome deuxième. Paris,
Arthur Rousseau, 1891; 1 vol. gr. in-8°.
Les planètes et leurs satellites; par Amédée Guillemin. Paris, Hachette et
Cie, 1891 ; 1 vol. in-16.
Les théories modernes de l'électricité. - Essai d'une théorie nouvelle; par
(' ) M. Lahille, avec Drasche et Herdmann, a versé dans le genre unique Diplosoma
les deux genres Astellium et Pseudodidemnum de Giard.
(2) Travail fait au laboratoire maritime de Saint-Vaast et au laboratoire de Mala-
cologie du Muséum, dirigés par M. Edmond Perrier.
( 4o3 )
O. Lodge. Traduit de l'anglais el annoté par M. E. Meylan. Paris, Gauthier-
Villars cl fds, 1891 ; i vol. in-8". (Présenté j)ar M. Cornu. )
Le transsaharien transatlantique; par Pall Radiot. Paris, Ernest Leroux,
1891 ; br. in-8°.
L'Anthropologie, publiée sous la direction de MM. Ca.rtau.hac, Hamy,
Topinard; ) 89 1 . Tome II, n° I. Paris, G. Masson; 1 vol. gr. in-8°.
Des kystes pancréatiques ; par le D1 Jules Bœckel. Paris, Félix Alcan,
1891; 1 vol. in-8". (Présenté par M. Verneuil. — Renvové au concour.
du prix Barbier.)
Dilatation forcée du larynx dans le croup; par M. le D' Renou (de Sau-
mur.) Angers, P. Lacbèse et Dolbeau, 1 891 ; br. iu-8". (Envoyé au concours
du prix Barbier.)
Fabrication des tubes sans soudure. Procédé Mannesmann ; par F. Reuleacx.
Paris, Gautbier-Villars et fds; br. iu-12.
The teaching and hislory 0/ Malhernatics in the United States; by Floriak
Cajori. Washington, Government pr in tin g office, rSgo; un vol. in-8°.
Ninth annual report 0/ the United States geological Survey to the Secretary
of the Interior, 1 887-1888; by J.-N. Powell. Washington, Government
printing office, 1889; 1 vol. in-'|°-
Mono graphy oj the United States geological Survey . Volume I. Washington,
Covernment printing office, 1890; 1 vol. in-4°.
Minerai resources of the United States. — (alendar year 1888. David T.
Day. Washington, Government printing office, 1890; 1 vol. gr. in-8°.
Bulletin of the United States geological Survey, n° 58-63. Washington, Go-
vernment pointing office, 1890 ; 1 vol. gr. in-8°.
The origin and deve/opmenl of the central nerçous syste/n in Limace
maximus; by Annie P. Henchman. Cambridge, U. S. A. printed for the Mu-
séum, deeember 1890; br. gr. in-8°.
Récent reports to the. scie ntific. granls cornmitlee of the British médical Asso-
ciation ; 1 vol. in-8°.
Eistory of éducation Alabama 1 702-1 889; by Willis G. Clark. Was-
hington, Printing office, 1889; 1 vol. in-8°.
Den norske nordhavs-expedition. 1876-1878. XX : Zoologi. Pycnogonidea
ved G.-O. Sars. Christiania, Grondahl et Sons Bogtrvkkeri, 1891; in-8°.
( 4o4 )
EUR AT A.
(Séance du 12 janvier 189 r .)
Note de M. É. Mathias, sur le théorème des états correspondants
Page SG, lieues 27, 28 et 29, au lieu de 0,099.4 , o,58o et 0,5-9 , lisez 0,679^
- — 2 — —2
o, 082 et 0,0703 .
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augusiins, n° 5j.
jf Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-i- De,
fables, une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique do noms d'Autours, terminent chaque volume. L'abonnement est annu
et part du ier janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. - Départements : 30 fr. - Union postale : 34 fr. - Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez -Messieurs :
mgen Michel et Médan.
( Gavault St-Lager.
■Alger . . i Jourdan.
! Ruir.
vkmiens Hecqnet-Decobert.
I l Germain etGrassin.
Angers \
j Lachèseet Dolbeau.
Wayonne Jérôme.
Besançon Jacquard.
A via ni.
Bordeaux .' Duthuff.
' Muller (G.).
Wourges Renaud.
i Lcfournier.
,D , \ P. Robert.
Brest /
j J. Robert,
! V Uzel CarolT.
„ l Baër.
Ccien . ■
( Massif.
Chambery Pcrrin.
i, , i Henry.
Cherbourg J
( Marguerie.
/»;„ , r ( Rousseau.
tUermont-Ferr... '
( Bibou-Collay.
/ Laniarche.
Dijon Ratel.
' Damidot.
mai... (Lauverjàt.
! Crépi n.
m-enobte ) DreveL
( Gracier.
la Rochelle Robin.
&IIavre ( Bourdignon.
( Dombre,
: Ropiteau.
r-il<e Lefebvre.
' Quarré.
chez Messieurs
\ r ■ m \ Baumal.
Lorient ;
' .M™" Texier.
(Beaud.
Georg.
Lyon s Mégret.
Palud.
Marseille
Montpellier .
Moulins
Nantes
Nice . . .
Vitie et Pérussel.
Pessailhan.
I Calas.
' Coulet.
Martial Place.
/ Sordoillet.
Nancy Grosjean-Maupin.
' SilnL frères.
j Loi seau.
/ M"" Veloppé.
I Barma.
' \ isconti et C'°.
Mimes Thibaud.
Orléans Luzeraj .
,, ... ( Bianchier.
Poitiers
( Druinaud.
/tenues PJihon et, Hervé.
Roche/orl Boucheron - Ro: i
Rouen j Unglois. [gnol
( Lestringant.
S'-Étienne Chevalier.
„ , ( Bastide.
Toulon
( Rumebe.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
Berlin.
Toulouse.
\ Gimet.
| Privât.
, Boisselier.
Tours Péricat.
Suppligeon.
.. , . i Giaril.
I alencicnnes
I Lemaitre.
chez Messieurs :
\ Robbers.
' Feikema Caarelsen
Athènes Beck. [et C".
Barcelone Verdaguer.
Asher et G".
Calvary et C'°.
Friedlander et Gis.
Mayer et Muller.
Berne ... . . i Schmid, Francke et
Bologne Zauichelli et O".
i Ramlot.
Bruxelles M a volez.
( Lebègue et C .
i Haimann.
' Ranisteanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et Cc
Christiania Cammermeyer.
Conslantinop/e. . Otto et Keil.
Copenhague ... . Ilr.-l et (ils.
Florence Lœschcr et Seeber.
Gand Hoste.
Londres . . .
Luxeinboui
Madrid
Bucharest .
Milan . .
Moscou.
Naples .
New-York .. .
Odessa
Oxford
Païenne
Porto.
Prague
Rio- Janeiro .
Gènes .
Genève.
Beuf.
| i Ihcrbuliez.
Georg.
' Stapelmohr.
Belinfante frères.
Rome .
Rotterdam
Stockholm...
La Haye
. i Bcnda.
Lausanne
/ Payot.
Barth.
I Brockhaus.
Leipzig Lorentz.
i Max RUbe.
Twietmeyer.
i Desoer.
' Gnusé.
S'-Pelersbouri
Turin.
Liège.
Varsovie-
Vérone. . .
Vienne.
Zurich.
chez .Messieurs :
( Dulau.
/ Nutt.
V. Bûck.
Librairie Guten
1 berg.
Gonzalés e hijos.
Yravcdra.
F. Fé.
( Dumolard frèi es.
( Hœpli.
Gautier.
/ Furcheiin.
Marghieri di < !ius
( Pellerano.
i Christern.
Stechcrt.
' Westermann.
Rousseau. '
Parker et C^.
< liausen.
Magalhaès.
Rivnac.
Garnier.
Bocca frères.
Loescheret C*.
Kiaïuers et lils.
Samson et Wallin.
Zinserling.
Wollf.
Bocca frères;
Brero.
Clausen.
Rosenberç et Sel I ier.
Gebelhner et Wollî.
Drucker.
Frick.
Gerold et C».
Meyer et Zellcr.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1er à 31. _ (3 Août i835 à 3i Décembre iSào. ) Volume in-f; (853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61. — ( 1" Janvier i85i à 3i Décembre i865. ) Volume in-.',"; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— ( rr Janvier 1866 à Ji Décembre t8So.) Volume in-.j "; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
■oZl! n!"1 M°H^qUeMUeS POmtS d; 'apPhySi0l0gifi de3,Â1^eS; ,,;" '^ A' DE,,,,ES " A-J-J- S0UER' - Mém°ire SUr le GalC"' deS Perturbations qu'éprouvent les
~P M ctr^„! TV" CiV"S 'l "i l0 rÔ'e ''" SUC Pancréal^'JC ''"- les P^nomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
■as.es, pdr M. Claude Beknard. Volume in-4°, avec 32 planclies; i856 ....
ourTcoaeo^de^sT ',? "" ialeStinaUX' par '[ ^ V^ ^"^ - Essai d'^ ^'e à'.a que^io'nde Prixp^p^é^e'n'xSsVpar'pAcad'émie' des Science
mena re 7Z lt ord l Tl '^ " " ""' SaV01'' : " Etudier leslois Je '* distribution des corps organisés fossiles dans .es différents terrains sédi-
1 !; leur superpos.uon.- Douter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. - Rechercher la nature
des rapports qu. ex.stent entre l'étatactuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur B.o». In-4»; avec 2, planches; *88," i 5 "r
A la mémo Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
1
N° 7.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 16 février 1891.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages. Pages.
M. S. Cornu. — Sur les objections faites de l'année i8go... ';i
i l'interprétation des expériences de M. SiroBot. — Les Éléphants du mont Dol
M. Wiener 365 ( Ille-et-Yilaine) ?>-'■
M. Rod. Wolf. — Histoire de l'appareil M. E. Levasseur fait hommage à l'Académie
Ibanez-Brunner '7" 'I" second Volume de son Ouvrage « La
M. Rod. Woi.f. — Sur la statistique solaire l population française » ?>-'
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. il. Monclar adresse une Note relative à M. Lembert-Roquin adresse une Note relative
■ in i le de traitement de la tuberculose, I76 ;i la direction des aérostats '<-'
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel informe l'A-
cadémie de l.i perte i|ue la Science vient
de faire dans la personne de M™' Kowa-
lewsky
M. le Secrétaire perpétuel entretient l'A-
cadémie des résultats déjà obtenus par la
mission Crampe! ', au Congo
Jil"* D. KLUMPKE. — Observations de la pla-
nète Charlois (Nice, ii lévrier iS<|i). fanes
à l'Observatoire de Paris
M. Prosper Henry. — Sur une méthode de
mesure de la dispersion atmosphérique...
M. G. Dkfforges. — Sur la résistance de di-
vers gaz au mouvement d'un pendule., .
M. A. Potier. Remarques à l'occasion de
la Noie de M. Poinçaré sur l'expérience
de M. O. Wiener
M. Multzer. — Variabilité du nombre de
vibrations des uotes musicales, selon leurs
fonctions
M. Ostwali). — Sur la conductibilité des
376 acides organiques et de leurs sels
M. Daniel Berthelot. — Réponse à la Noie
précédente de M. Ostwald
M. Raoul Varet. — Sur quelques combinai-
sons de la pyridine
M. Joannis. — Sur l'amidure île sodium et
sur un chlorure de disodammonium
M. Scheurer-Kestner. — Recherches sur
Y huile pour rouge
M. G. Colin. — De l'action des froids
excessifs sur les animaux
M. A. PizON. — Observations sur le bour-
geonnement de quelques Ascidies com-
posées
Bulletin bibliographique.
Errata
;s-,
3<)0
;,,',
3o7
""IH
IJ02
404
PAJUS. — IMPRIMERIE G VUTHIER-VILL.VRS ET FILS,
Quai des Grands-.Vuguslins, 55.
1891
PREMIER SEMESTRE.
MAX
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR ITIM. LES SECRÉTAIRES PERPETUELS.
TOME CXII.
N° 8 (25 Février 1891).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
yuai des Grands-Augusiins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
['Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
.^-présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
u8 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent, un volume.
Il v a deux volumes par année.
Article Ie''. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus L\ pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui v ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjùdicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à F Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance olfi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans \eCompte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 23 FÉVRIER 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. E. Fremy, en présentant à l'Académie un volume qu'il vient de pu-
blier, sous le titre : Synthèse des rubis, s'exprime comme il suit :
« La première partie de ces travaux a été publiée en collaboration avec
M. Feil et la seconde avec M. Verneuil.
» Après avoir examiné les principales méthodes qui peuvent être em-
ployées pour obtenir l'alumine à l'état cristallisé, nous avons étudié la
réaction qui donne le rubis en masses cristallines résistantes et volumi-
neuses. Ce résultat a été obtenu, après de nombreux essais, en calcinant
pendant plusieurs heures, dans un creuset de terre, un mélange d'alumine,
de minium et de bichromate de potasse.
» Ces expériences ont été décrites précédemment dans plusieurs de nos
publications. Elles ont été faites réellement en grand, car il nous est arrivé
C. H., 1891, 1" Semestre. (T. C\II, N° S,) 5i
( 4o6 )
souvent d'obtenir, dans le même creuset, plusieurs kilogrammes de rubis
qui présentaient certains caractères des rubis naturels.
» Ces recherches n'ont pas eu de suite, parce qu'elles ne produisaient
que des rubis lamelleux; elles ont été cependant très utiles dans le travail
que j'ai entrepris, ensuite sur les rubis rhomboédriques.
» La seconde partie de mes études sur la synthèse des rubis a été pu-
bliée avec la collaboration de M. Verneuil, attaché à mon laboratoire du
Muséum. L'action mutuelle des gaz et des vapeurs devait me donner des
résultats que les substances vitreuses n'avaient pas présentés.
» Les cristaux de rubis épais et rhomboédriques, offrant toutes les pro-
priétés du rubis naturel, se produisent lorsqu'on calcine pendant une
centaine d'heures, à une température voisine de i5oo°, un mélange d'alu-
mine plus ou moins potassée, de fluorure de baryum et de bichromate de
potasse. Je décris, dans ce Mémoire, toutes les précautions à prendre
pour obtenir de beaux cristaux de rubis.
» Après avoir reconnu que les cristaux de rubis d'un volume notable
ne se produisent qu'en employant de grands creusets et en prolongeant
la calcination du mélange pendant plusieurs jours, j'ai eu recours à la
complaisance et à l'habileté de MM. Appert, qui ont bien voulu mettre
leur belle usine à notre disposition.
» Pour donner une idée exacte des dimensions et de la netteté de cris-
tallisation des rubis obtenus par la synthèse, j'ai fait exécuter par la pho-
tographie, dans ce travail, un certain nombre des échantillons produits
dans mon laboratoire. »
M. Ciiauveaiî, en présentant à l'Académie un Volume qu'il vient de
publier sous le titre : <( le Travail musculaire et l'énergie qu'il représente » ,
s'exprime comme il suit :
« Quelques-unes de mes recherches ont déjà été communiquées à l'Aca-
démie. Ce sont les parties relatives à la détermination de la proportion
d'énergie dépensée pour la contraction musculaire considérée en elle-
même, je veux dire par la création de l'état d'élasticité parfaite dans lequel
le muscle est induit par sa contraction.
» Les Chapitres inédits traitent d'abord des modifications que le travail
mécanique exécuté par le muscle en contraction introduit dans réchauffe-
ment de l'organe, c'est-à-dire dans les manifestations thermiques de
l'énergie qu'il met en œuvre.
( 4o7 )
» Cette étude m'a permis d'exposer ensuite comment il convient de com-
prendre le rapport du travail mécanique produit à l'énergie dépensée,
autrement dit le rendement mécanique de cette dépense d'énergie.
» J'ai introduit aussi dans ces Chapitres l'examen de la prétendue apti-
tude du muscle à transformer directement la chaleur sensible en travail, et
je montre de nouveau qu'aucun fait ne prouve que le muscle puisse faire
du travail autrement qu'avec l'énergie qu'il puise dans les transforma-
tions chimiques dont il est le siège.
» Enfin, parmi les autres points inédits, je citerai encore l'étude du
mécanisme de réchauffement du muscle en contraction, chez l'homme ou
l'animal en état normal, mécanisme dans lequel le rôle principal est joué,
pour les organes superficiels, par la suractivité circulatoire, exactement
corrélative à la suractivité des combustions intramusculaires, sources de
l'énergie employée par la contraction.
» J'aurais désiré communiquer successivement à l'Académie ces diverses
études inédites, comme je l'ai fait des premières. Deux raisons m'en ont
détourné :
« J^a première, c'est que l'exposition des faits nouveaux que j'avais à
produire n'allait pas sans une exposition et une critique un peu exubé-
rantes des faits anciennement connus;
» Ma seconde raison, c'est que le morcellement aurait nui à la clarté
des démonstrations dans une étude où j'étais forcé de me mettre systéma-
tiquement un peu en dehors de quelques-unes des conventions générale-
ment admises en Mécanique et en Biologie. Les physiologistes, jusqu'à
présent, ont donné presque exclusivement leur attention au muscle entraî-
nant des résistances; moi je vise surtout le muscle équilibrant ces résis-
tances, et je rattache à cette étude statique toute l'étude dynamique du
muscle employé à faire du travail moteur. Ceci m'a entraîné à donner à
mes démonstrations une forme particulière qui gagne à être vue dans son
ensemble. »
OPTIQUE. — Sur les anneaux colores. Note de M. Mascart.
« La méthode imaginée par Sir G. Airy pour calculer les interférences
dans les lames minces, en tenant compte des réflexions multiples de la lu-
mière entre les deux surfaces, s'applique sans difficulté au cas où l'on sup-
pose que chacune des réflexions ou réfractions est accompagnée d'une perte
de phase sur la surface correspondante.
( 4o8 )
» D'autre part, Sir G. Stokes a démontré, par le principe de réversibi-
lité, que, pour une lumière polarisée dans un des azimuts principaux, la
perte de phase par réfraction est indépendante du sens de la propagation
et que la somme des pertes de phase par réflexion, des deux côtés de la sur-
face de séparation de deux milieux, est égale au double de la perte de
phase par réfraction sous la même incidence, au moins quand les couches
sur lesquelles s'opère le phénomène sont assez épaisses pour que la ré-
flexion et la réfraction définitives soient établies.
» A l'aide de ce théorème on trouve aisément que, dans les anneaux
colorés de réflexion et pour une lumière polarisée dans l'un des azimuts
principaux, la vibration finale se réduit, à deux vibrations dont la différence
de phase comprend : i° la perte de phase S0 qui correspond à deux pas-
sages de la lumière dans la lame mince; i° la somme des perles de phase
par réflexion intérieure sur les deux surfaces S et S, qui limitent cette lame.
» Le phénomène est surtout intéressant dans la réflexion vitrée, pour
la lumière polarisée perpendiculairement au plan d'incidence, au voisi-
nage de l'incidence principale où se manifestent les effets de réflexion el-
liptique.
» Si la lame mince est une couche d'air comprise entre deux milieux
différents et que l'on représente par p et (3, les pertes de phase relatives à
la réflexion intérieure sur la première et sur la seconde surface, la diffé-
rence de phase finale des vibrations qui interfèrent est S0 -\- (3 -+- (}, . Quand
on augmente l'inclinaison d'une manière continue, les angles p et fi, va-
rient très rapidement d'une quantité très petite »'à ± - — v au passage des
incidences principales correspondantes I et I,. Si la tache centrale est
noire avant qu'on ait atteint l'incidence I, elle devient blanche aussitôt
après et cette nouvelle tache blanche provient de la contraction rapide du
premier anneau dans le cas où la réflexion est positive; c'est au contraire
la tache noire primitive qui se dilate pour former ensuite le premier anneau
si la réflexion est négative. Cette circonstance, sur laquelle on ne paraît pas
avoir insisté, fournit donc une méthode qualificative pour déterminer
rapidement et sans aucune mesure le signe de la réflexion.
» La déformation continue des anneaux au passage de l'incidence prin-
cipale est la première observation, due à Sir G. Airy, qui ait permis de
constater sur le diamant l'existence de la réflexion elliptique généralisée
par les travaux de M. Jamin. Toutefois, une discussion plus attentive des
formules permet de prévoir que le svstème tout entier des anneaux ne
participe pas à ces effets de contraction ou de dilatation. En effet, quand
• ( ioy )
on considère l'anneau d'ordre m, sous l'incidence /,
la variation d'épaisseur, pour le même anneau, qui correspond à une va-
riation di de l'incidence, est déterminée par la condition
(i) c?S0 + d^-{-d{ii = o.
» Si les milieux extrêmes sont très différents et que l'observation soit
faite au voisinage de l'incidence principale I, la variation r/8, est insigni-
fiante. On a, d'autre part,
,5. aecos; rf8„ ',- .de . ■
8o=2"-, ,/, . icos':77 - csm» .
X di / di
» La condition ( 1) devient alors
, . .de ■ . 1 tf3
cos?-r; = e siu î — 7— -'r. ■
di 4- di
» Si la réflexion est positive, la dérivée -p = b est positive. D'abord
très faible, tant qu'on est loin de l'incidence principale, elle croît ensuite
rapidement au voisinage de cette région, passe par un maximum B et re-
vient à zéro.
» Si le second membre de l'équation (2) est positif, l'épaisseur e rela-
tive à l'anneau d'ordre m croît avec l'incidence, c'est-à-dire que les an-
neaux se dilatent, ce qui correspond à la marche générale des phéno-
mènes observés par Newton; l'inverse a lieu lorsque le second membre
est négatif.
» Quand la dérivée de la perte de phase prend une valeur donnée b,
le diamètre de l'anneau passe par un maximum ou un minimum pour
l'épaisseur
(3) esim - b.
A mesure que l'inclinaison augmente, les anneaux voisins du centre se
dilatent d'abord, passent par un diamètre maximum, puis se contractent,
prennent un diamètre minimum et se dilatent ensuite continûment jus-
qu'à l'incidence rasante, à moins qu'on ne rencontre la seconde incidence
principale I,. Les deux incidences î et 1' relatives à ces arrêts du diamètre
(4io )
et les épaisseurs correspondantes e et é sont liées par la relation
f?sinî = e' sinj'.
» L'un de ces anneaux ne change pas de diamètre au passage de l'inci-
dence principale. L'épaisseur E de la couche est alors
Esinl= ^-B.
» En supposant I < I, , on a sensiblement
EcosI = 7— ini-r,,
471
(7() B = im- tangl.
» L'anneau dont l'ordre m est défini par cette équation (4) reste sta-
tionnaire au voisinage de l'incidence I; les anneaux d'ordre plus élevé
n'éprouvent aucune contraction. Il suffit donc d'observer l'ordre de l'an-
neau stationnaire pour en déduire la valeur maximum de la dérivée de la
perte de phase.
» Enfin, si les milieux extrêmes sont identiques, les angles p et p, de-
viennent égaux. La tache centrale reste noire, par contraction du premier
anneau, noir si la réflexion est positive, et l'ordre m' de l'anneau station-
naire est
(5) B = m'- tangl.
» D'après les formules de Cauchy, on aurait, en appelant n l'indice du
milieu supérieur, r l'angle de réfraction et 1 le coefficient d'ellipticité,
tangP = ssin?'tang(7 + r).
» La dérivée maximum de la perte de phase correspond à i -f- r = 900,
c'est_à-dire sensiblement à l'incidence principale définie par la loi de
Brewster tangl = n', ce qui donne
» L'existence d'un anneau stationnaire n'est pas douteuse au point de
vue expérimental. Je l'ai constaté sur une lame d'air comprise soit entre
deux flints de même nature, soit entre un prisme de crown et une surface
de diamant; il en est de même pour le fer oligiste quand on emploie la lu-
( 4>i )
mière rouge. J'ai reconnu également que l'ordre de l'anneau stationnaire
varie avec la longueur d'onde. Les résultats sont, au moins d'après ces
premières observations, conformes à la formule de Cauchy, mais il est
assez difficile d'estimer exactement le point du système qui reste inva-
riable au passage de l'incidence principale, et je me propose de revenir
sur ces expériences. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur l'isolement du ferment glycoly tique du sang.
Note de MM. R. Lépixe et Rarual.
« A un chien bien portant et en digestion, on fait une saignée. On défibrine le sang
et on le soumet (à la température de -+- io° C.) à l'action d'un puissant appareil cen-
trifuge. En une demi-heure environ, on obtient la séparation de la plus grande partie
du sérum. On le décante.
» Ce sérum, qui est notablement plus riche en sucre que le sang total,
ainsi qu'on le sait depuis les travaux de M. Ludwig et de ses élèves, ne
possède pas, en général, de pouvoir glycolvtique bien sensible; c'est-à-dire
([ue, placé pendant une heure à la température de 3o,° C. (voir notre Note
du 26 janvier), il conserve sa teneur en sucre, tandis que du sang normal,
ainsi que nous l'avons précédemment établi, perd, dans les mêmes con-
ditions, en général, au moins un quart de son sucre et parfois bien da-
vantage.
» On ajoute alors au\ globules une quantité d'eau salée froide, égale à la quantité
de sérum qui a été enlevé; et, après une nouvelle centrifugation, on obtient un liquide
qui est un mélange de l'eau salée introduite et du sérum restant après la première
centrifugation. Ce liquide est décanté. Il renferme moins de aosr d'albumine pour
1000, tandis que le sérum en contenait au moins 6osr, et une proportion très faible de
sucre (quelques centigrammes). On l'additionne d'une petite quantité de glucose
pure, de manière que le liquide renferme environ 2Sr de sucre pour 1000, et on en dé-
termine le pouvoir glycolytique suivant notre méthode, c'esi-à-dire en faisant : i° le
dosage immédiat du sucre; 20 un nouveau dosage après une heure à 3g0 C. On trouve
ainsi que ce pouvoir est assez notable.
» On ajoute de nouveau aux globules la même quantité d'eau salée froide et on
abandonne le mélange plusieurs heures à une température inférieure à -+- io°C; puis
on centrifuge une troisième fois. Le liquide ne renferme alors que peu d'albumine et
seulement des traces de sucre. Si, comme précédemment, on lui ajoute du glucose
et qu'on détermine son pouvoir glycol> tique, on le trouve beaucoup plus considérable
que celui du précédent liquide. Si l'on ajoute de l'eau salée et sucrée aux globules et
( /(Î.2 )
qu'on détermine leur pouvoir glycolytique, on constate qu'il a diminué corrélati-
vement.
» Cette expérience donne une nouvelle preuve du fait que le pouvoir
glycolytique du sang ne peut être considéré comme une propriété vitale
de l'albumine du sang, ainsi que l'a fait récemment M. Arnaud. On voit,
en effet, cpie dans la série des trois liquides : sérum, première eau de la-
vage, deuxième eau de lavage, l'albumine décroît énormément, tandis que
le pouvoir glycolytique y augmente, en même temps qu'il diminue dans
les globules. Ce transport du pouvoir glycolytique des globules dans l'eau
de lavage témoigne en faveur de l'idée d'un ferment soluble. »
M. Bouquet de la Grve, en présentant à l'Académie un exposé des idées
de M. Faye dans V American Meteoro'ogical Journal, lit la Note suivante :
« M. Faye a annoncé à l'Académie, il y a deux ans, que MM. les édi-
teurs de Y A merican Meleorological Journal ( ' ) l'avaient engagé à leur donner
un exposé complet, et surtout suivi, de ses idées sur la théoriedes tempêtes.
Madame W. Harrington, femme du directeur de l'observatoire astrono-
mique d'Ann Arbor, avait bien voulu se charger de traduire en anglais ce
manuscrit. Aujourd'hui tout est terminé, et M. Faye a l'honneur d'otfrir à
l'Académie un ensemble des quatorze numéros où ce commun travail a été
publié mois par mois.
» Il est divisé en trois parties : i° les tempêtes proprement dites; 20 les
girations des régions inférieures (trombes et cyclones); 3° les mouvements
giratoires des régions intermédiaires qui donnent naissance aux orages et
aux averses de pluies ou de grêle. C'est dans ce travail qu'a paru pour la
première fois la représentation géométrique par plan, coupe et élévation
d'une tempête avec ses limites internes et externes et avec les deux étages
de phénomènes accessoires qui s'y développent sur son flanc droit. »
(') MM. William Harrington, directeur de l'observatoire astronomique d'Ann
Arbor, Mich.; . Lawrence Rotch, fondateur de l'observatoire météorologique de Rlue
llill, Mass., et J. llerdman, professeur de Physiologie à l'Université du Michigan.
( 4i3 )
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix, chargées de juger les Concours de l'année 1891.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Prix Franeœur. — MM. Hcrmite, Bertrand, Darboux, Jordan, Poincaré
réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont ob-
tenu le plus de voix sont MM. Picard et Tisserand.
Prix Poncelet. — MM. Hermite, Bertrand, Poincaré, Darboux, Jordan
réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont ob-
tenu le plus de voix sont MM. Bonnet et Picard.
Prix extraordinaire de six mille francs. — MM. Jurien de la Gravière,
de Bussy, Bouquet de la Grye, l'àris, de Jonquières réunissent la majorité
des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix
sont MM. d'Abbadie et Maurice Lévy.
Prix Mont y on (Mécanique). — MM. Maurice Lévy, Boussinesq, Léauté,
Resal, Sarrau réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après
eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Marcel Deprez et Haton de la
Goupillière.
Prix l'/umey. — MM. de Bussy, Paris, Jurien de la Gravière, Maurice
Lévy, Bouquet de la Grye réunissent la majorité des suffrages. Les Mem-
bres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. de Jonquières et
Marcel Deprez.
MÉMOIRES LUS.
SPECTROSCOPIE. — Sur le spectre de « Lyre.
Note de M. H. Besi.asdues.
« M. Fowler a annoncé récemment le dédoublement périodique de la
raie Iv du calcium dans le spectre de a. Lyre et en a conclu le dédouble-
ment de l'étoile en deux composantes qui décriraient chacune en 24\G,i
une courbe fermée, avec la vitesse de 1 85 milles à la seconde. Mais
M. Pickering, en discutant ses nombreuses observations antérieures du
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXU, N° 8.) 5 (
( 4*4 )
même spectre, faites, il est vrai, avec un appareil tout semblable (un
prisme objectif), a trouvé un désaccord presque complet. Enfin, M. Vogel,
dans une Note parue la semaine dernière, a montré, avec les photogra-
phies faites àPotsdamdans les trois dernières années, que les conclusions
de M. Fowler étaient en grande partie inacceptables. Cependant, comme
le spectre photographié à Potsdam ne s'étend que de ^42° à ^460 et, par
suite, ne contient pas la raie R du calcium, le doute subsiste encore sur
la réalité du fait annoncé, sinon sur son interprétation.
» Je trouve, en revenant de voyage, le débat engagé sur ce point, et je
présente aussitôt mes propres observations du même spectre, qui se trou-
vent par hasard permettre une conclusion définitive.
» La photographie principale de M. Fowler, celle qui donne le dédou-
blement maximum, a été faite le 8 octobre 1890; or, ce même jour et au
même moment, j'ai obtenu, à l'Observatoire de Paris, le spectre de a Lyre,
avec le sidérostat de Foucault, un objectif de 12 pouces et un spcctroscopc
photographique à fente et prisme de 6o°, qui donne de F à H un spectre
de 3cm; pose : 1 heure, de 8h t 5 à gh 15, temps moyen. Cette épreuve offre
la raie Rdu calcium, de môme que les photographies de M. Pickering; mais,
comme elle est obtenue avec une fente, elle a en plus l'avantage d'être
exempte des erreurs dues à l'agitation de l'atmosphère et aux variations
de l'objectif, ainsi que M. Vogel le remarque pour les photographies faites
à Potsdam. Enfin elle présente un spectre de comparaison qui n'est pas
formé par la seule raie Hy de l'hydrogène, comme à Postdam, mais par
les spectres électriques de l'hydrogène, du fer et du calcium. Les nom-
breuses raies du fer fournissent des repères excellents, aussi bien pour les
erreurs de tirage que pour le déplacement des raies ; l'examen de ces raies,
sur l'épreuve en question, permet d'affirmer la correction de la mise au
point.
» Or la raie R du calcium, dans le spectre de l'étoile, se montre fine,
nette et manifestement simple; la raie voisine annoncée serait distante
de ^ de millimètre et donc visible à l'œil nu.
» Les photographies de a, Lyre, faites avec le même appareil le 8 sep-
tembre et le 22 novembre, donnent des résultats semblables; de même
aussi, plusieurs épreuves obtenues avec le grand télescope de ilu,2o et un
spectroscope de dispersion un peu moindre, les icr et iG septembre et le
3 octobre 1890. Ces photographies ont été faites avec le concours de M. La-
vollav, mon assistant. »
( 4i5 )
MEMOIRES PRESENTES.
M. D.-A. Casaloxga adresse une nouvelle Note relative à « l'inexacti-
■
(Commissaires : MM. Fizeau, Cornu. )
tude du coefficient économique -^ — du rendement de la chaleur »
l 0
CORRESPONDxlNCE.
L'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Re aux- Arts de
Belgique informe l'Académie qu'elle ouvre une souscription pour offrir
une médaille d'or à M. J.-S. S/as, le 5 mai prochain, à l'occasion de son
cinquantième anniversaire comme membre titulaire de la classe des
Sciences.
M. leD1' G. Pichox adresse ses remerciements pour la distinction accor-
dée à ses travaux dans la dernière séance publique.
ASTRONOMIE. — Observations de deux nouvelles planètes, découvertes à l'Ob-
servatoire de Nice, les 1 1 et 16 février 1891; par M. Ciiarlois, présentées
par M. Bouquet de la Grye.
Ascension
Distance
Dates
Temps moyen
droite
Log. fact.
polaire
Log. fact.
1891.
de Nice.
ente.
para 1 1 .
apparente.
parall.
'évrier
11..
i oh 1 7"' ...;
9u5im35s,o9
ï , 366,,
-> 1, M
0,652,,
16..
i.V'35"1 7>
9h4lm3'2s,02
r,ô4S«
82»57'36", ï
o,748„
» Remarque. — La première est de grandeur 12,0 et la deuxième
n,5. »
(4i6 )
ASTRONOMIE. —Observations de la planète Chariots (11 février 1891), faites
à l'équatorial Brunner de l'Observatoire de Toulouse; par M. B. Bail-
L\UD.
Dates
1891.
Étoiles Planète -
- *.
Nombre
de
comparaison. Gr. Ascension droite.
Déclinaison.
compar.
Fév. 16
a 7,8 i5s,85
49", 2
i8:5
•7-
a 7,8 — r"43s,92
Position de l'étoile de comparaison
Ascension Réduction
+ 3'27",I
12:6
Réduction
droite au
Déclinaison
au
Étoiles
moyenne 1891,0. jour.
moyenne 1891,0.
jour.
a 2127 BD
-m5°
= 4218 Yarn .. . gh47m52s,5i -t-os,83
Positions apparentes de la planète
l5°l5'l",5
— 2",0
Dates
Temps moyen Asc. droite Log. fact.
Déclinaison
Log. fact.
1891. -
de Toulouse. apparente. parall.
apparente.
parall.
Févr. 16
i3hi9m4os gh47m7s,49 7,176
[5°i4'io",3
o,636„
18
i6hnmoos 9h46m9',42 T,6oi 1
[5°i8'26",9
0,71 2«
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations des f acides solaires, faites en 1889 et
1890 à l'équatorial Brunner (om,i8) de V Obseivatoire de Lyon. Note de
M. En. Marchand, présentée par M. Mascart.
« Nous avons résumé dans le Tableau suivant les observations des
faculcs solaires faites pendant les deux années 1889 et 1890, à l'Observa-
toire de Lyon.
» Nous avons tenu compte non seulement des facules très brillantes,
mais encore de celles qui étaient simplement plus brillantes que l'ensemble
de la surface solaire (facules de deuxième espèce du P. Secchi) lorsque
nous avons pu les observer plusieurs jours et en déterminer la position et
la surlace approchée. D'autre part, nous n'avons pas distingué entre les
facules renfermant des taches et celles qui n'en contenaient pas; nous
avons donc cherché à faire la statistique des régions d'activité du Soleil
pendant les deux années considérées, autant du moins que cela est possible,
sans tenir compte des protubérances.
» Notre Tableau donne d'abord, pour chaque mois, la distribution des
groupes de facules en latitude, par zones de io° entre — 4o° et -f- 4t>°, et
( 4-7 )
dans les deux calottes polaires s'étendant de ± 4°° R — 9°" '•> ^es sixième et
douzième colonnes donnent les nombres de groupes par hémisphère, la
treizième le nombre total de groupes par mois; chaque groupe n'est d'ail-
leurs compté qu'une seule fois par rotation solaire. La dernière colonne
donne les surfaces totales de tous les groupes, exprimées en millièmes de
l'aire de l'hémisphère visible, et ramenées au centre du disque : ces sur-
faces sont celles des parties brillantes ou relativement brillantes et non
celles de l'ensemble de l'espace occupé sur le Soleil par le réseau des
facules.
Sud. Nord.
ç)0o. 4°°- 3o°. 20°. io". (i°. Som. o°. io°. 20°. 3o°. '|0°. 90°. Som. Totaux. Surfaces.
Janvier 1883. 1 » » » 8 9 5 a 1 1 1 10 19 7,0
Février 3 1 1 3 5 i3 » 2 2 1 1 6 19 6,1
Mars 1 1 1 3 4 10 4 2 1 1 » 8 18 6,6
Avril 2 » » 4 4 lû 4 3 1 » » 8 18 6,1
Mai » » 1 3 "> 9 7 1 1 » » 9 18 6,8
Juin 1 » » 1 ti 8 5 3 1 » » 9 17 7,4
Juillet » » » 1 6 7 9 » » » » g 16 6, \
Août » » 2 » () 11 2 » 2 » » !\ i5 6,6
Sept » » 1 ') 3 9 4 5 1 » » 10 19 5,7
Oct 1 2 4 ' 3 11 4 2 2 D » 8 19 5,2
Nov 2 1 3 2 4 ' '• 3 • 4 " » 7 '9 3,6
Dec » » 2 1 5 8 2 4 1 ' » 8 16 5,9
Totaux.... 11 5 i.J 24 62 117 48 25 17 4 2 96 2'3 73,4
Janvier 1890. 0 » 3 2 3 8 2 2 4 ' » 9 '7 6,6
Février 1 1 22.! 9 0281 1 1 > 21 5, g
Mars 2 1 6 1 2 1 >. 1 3 6 2 m 12 24 6,5
Avril 2 1 3 2 » 8 4 ' 6 1 1 i3 21 (i.'i
Mai » » 1 2 4 7 1 " 7 5 2 i5 22 6,6
Juin » » 4 2 4 10 3 1 5 3 4 16 26 7,4
Juillet .... » 1 3 2 2 8 4 4 5 1 » 14 22 8,1
Août » 1 5 2 3 11 3 2 4 1 ' 'i 22 9,8
Sept »i72» 10 i342 iii 21 11,2
Oct » » 4 2 3 9 1 2 4 ' ! 9 18 11,9
Nov » 1 3 1 2 7 2 3 2 1 » 8 1 5 11,6
Dec 1 4 4 3 3 i5 1 2 2 2 » 7 22 1 1 . 3
Totaux.... 6 1 1 45 23 29 ii4 23 25 57 21 11 137 25i io3,3
» L'examen des nombres obtenus dans ces conditions met en évidence
plusieurs faits intéressants.
» i° Les nombres mensuels de groupes ne varient pas beaucoup de
( 4-8 )
janvier 1889 à janvier 1890; ils augmentent un peu à partir de février
1890, et l'année 1890 présente au total trente-huit groupes de plus que
1889.
» 2° La surface totale par mois est de même peu variable de janvier à
août 1889; elle va ensuite en diminuant et passe en novembre 1889 par un
minimum bien net, puis elle augmente plus ou moins régulièrement jus-
qu'à la fin de 1890, et cette dernière année présente une superficie totale
de io3,3 au lieu de 73,4 que donne 1889.
» Ces faits placent le minimum d'activité solaire en novembre 1889,
comme cela résulte aussi de l'absence absolue de taches du 10 octobre au
4 décembre 1889.
« 3° La distribution en latitude des régions d'activité change complètement
vers le moment du minimum. Tandis qu'au début de l'année 1889 elles
étaient surtout fréquentes dans la zone de — io° à -+- io°, elles se sont
écartées beaucoup de l'équateur à partir du mois d'octobre, et en 1890 le
maximum de fréquence est dans la zone de 200 à 3o° de chaque hémi-
sphère. De plus, les zones de 3o° à 4o°, Nord et Sud, qui ne comprenaient
ensemble que 9 groupes en 1889 pour les deux hémisphères, en renfer-
ment 32 en 1890.
» 4° C'est l'hémisphère Sud qui est le plus riche en régions actives jusqu'au
minimum (en 1889); c'est, au contraire, l'hémisphère Nord après le mini-
mum (en 1890). »
MÉCANIQUE. — Sur le mouvement d'un vortex rectiligne dans un liquide con-
tenu dans un prisme rectangle de longueur indéfinie. Note de M. Axdrade,
présentée par M. Maurice Lévy.
« La méthode des images a fourni à M. le professeur Greenhill une so-
lution très simple du problème susénoncé.
» Si l'on désigne par 2a et nb les dimensions transversales du prisme
et si l'on représente respectivement par mu, en?/, dnw, cotnw; Su m, Cnu,
Dn«, Cotnw des fonctions doublement périodiques de modules complé-
mentaires k- et Je'-, dont les demi-périodes réelles £1, £ï dérivent des demi-
périodes £2, Q! \j — 1, de la fonction de Jacobi H(«') et sont définies par la
proportion
Q <)' j
( 4»9 )
on aura, pour déterminer en fonction du temps / les distances ;rn,v„ du
vortex à deux faces contiguës du prisme, les équations différentielles de
Stdkes
/ d,r0 __ dZ0
\*y* = _ M,
à ■■.,
équations dans lesquelles il faudra faire
Zn=-^Log
Ko \ "
To \f:r~î \
- rny » \ u / i/i)"l"/iiV ' \
= const.
(2) 2* H, /«, , H2//oV-
1 \V J \ \ ■■ •
/n — l'intensité tourbillonnaire du vortex.
» La trajectoire décrite par le centre d'une section droite du vortex a
pour équation za = const. ou, ce qui revient au même,
[c„t„(a)]'+|cpt„
» Telle est la solution de M. Greenhill; M. Maurice Lévy l'exposait ré-
cemment à son cours et nous engageait à la discuter, en ayant, s'il y avait
lieu, égard aux pressions qui se produisent à chaque instant dans le fluide.
» Je me propose, dans cette Note, d'abord de mettre en évidence une
curieuse propriété de ce vortex confiné, ensuite d'étudier le régime per-
manent des pressions dans le cas particulier d'un vortex dont l'axe immo-
bile coïnciderait avec l'axe indéfini du prisme.
» Il est ici commode d'employer les fonctions p(«) de M. Weierstrass;
je poserai
* = p(*.)= -1T+ -i/Jty ? = «#.)=,- 73T- + 7=r*
). sn | -M X Sn
(3 bis)
vV \A
[ /> h q = F .== const. (F£e, — e,),
1 F W = ^ v/4(F - />)3 - ff, (*"" ~P) + #> i g1.. SV. «i, «.,.«.
( '. ) ] /ayant leur signifi-
j F *■&■ = - ^ V4(F y )»-ft(F - ç) - g3 \ cation habituelle.
( 420 )
» Des équations précédentes on déduit immédiatement que le pied du
vortex décrit une courbe fermée, et que la période T de la révolution du
vortex autour de l'axe du prisme est donnée par cette intégrale indéfinie
ultra-elliptique,
i* /'h'+-"3 FVA
;
y i ;v ?1x - ff3) [4(F- X)' - g,(F -.X) -+• g*\
» Cas d'un vortex presque centra!. — Si dans l'intégrale précédente on
fait F = e, — es I- t, puis lime == o, on trouve sans difficulté
limT
»iy/(e, — e-: )\ r, e3)
c'est la durée d'une vibration infiniment petite du vortex.
» Cas d'un vortex très excentrique : sa vitesse de circulation est très grande.
— Supposons que la constante F prenne de très grandes valeurs, je dis que
la durée T devient infiniment petite avec =;■
» En effet, appelons v la vitesse de circulation du vortex, les équa-
tions (4) nous donnent
(5) FV = ~ F[402 -Pr/+ f) -g,] :
sur la trajectoire, (p-+- a = F) la vitesse v sera donc susceptible d'un mini-
mum au moins égal ^> la quantité w définie par l'équation suivante
(6) FW = ^(F2-^),
F
que l'on déduit de (5) en y faisant p - -- q = -•
» J'ajoute que, pour F suffisamment grand, cette valeur w sera réellement
atteinte.
» Mais cette vitesse mitiima w, dont la valeur asymptotique est — y' F,
sera infinie avec F; ce que démontre le résultat annoncé, car la longueur
de la trajectoire du vortex est finie.
» Régime du fluide autour d' un vortex central. — Prenons pour origine
des coordonnées x, y d'une particule quelconque du fluide le centre
d'une section droite du prisme, en sorte que les équations de Stokes rela-
( 421 )
tives à la particule, deviennent ici
^77 — ~CT\ Cn "7? Sn /? Dn "7F "7? 3 J i — en -A Cn ^.
(o) * / Z = log —
m Cn V Sn * dn * ' • " i + cn^Cn^-
(t.:
àZ
,11
dy
dv
dZ
dt -
■ )
on déduit de là
en — Cn -— = G — consl .,
\A~ fi
fe-cn2 Cn-
» La vitesse est donc maxima quatre fois, aux points où la trajectoire
coupe les axes; elle est minima en des points intermédiaires par rapport
aux précédents. Les carrés des deux vitesses maxima et de la vitesse mi-
nima ont pour valeurs respectives
i — -//2- xW^I *" *,G')« ^-Gî
2 M' G.
» Pour G très petit, c'est-à-dire pour une trajectoire assez voisine des
parois, la vitesse minima est très petite, comme \/G ; les parties voisines des
angles ont donc une vitesse petite. Ce n'est donc pas en ces points que
l'on pourrait redouter de grandes vitesses, et par suite des pressions né-
gatives, indices de formation de vides au sein du fluide.
» Les grandes vitesses seraient au contraire dans le voisinage immédiat
du vortex et c'est en ces points qu'il suffirait d'exercer une pression, lors
de la formation du vortex; celte pression ne pourrait se calculer qu'en
restituant au vortex ses dimensions, que l'analyse précédente suppose né-
gligeables. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. ■ Sur la représentation plane des équations à
quatre variables. Note de M. M. d'Oc igné, présentée par M. Maurice
Lévv.
« Soit une équation a quatre variables
» v chaque valeur de / correspond une surface. Cette surface est,
comme on sait, représentable sur un plan par ses courbes de niveau. On
'.:. '!.. 1891, i" St tire. >!• ' XII, .'• 8.) ):}
( 422 )
ne peut songer à superposer sur un même plan les divers systèmes de
courbes de niveau répondant aux valeurs successives de t. De là l'impos-
sibilité, à moins d'un artifice particulier, de représenter sur un plan les
équations à quatre variables. Il y a donc intérêt à signaler la méthode
suivante, qui permet d'effectuer la représentation plane d'une classe très
étendue d'équations de ce genre.
« Supposons que l'équation (i) puisse se mettre sous la forme
O)
/,(*) £(*) /■,(*)
?iO0 <p2(j) ¥»G0
<p
i{(z,t) ■ <!>,(*' 0 +,(*,*)
très générale puisqu'elle contient six fonctions arbitraires, et considérons
dans un système de coordonnées parallèles (') les points dont les équa-
tions sont
(3) uf,(as)-hvft(x) .,<■:■) =o,
(4) «ç, (j) H- ('?,< .v • + ?.(.v ) = o,
(5) u^(z,l) -h vl,(z, t) 4-<p,(s, /) = o.
» L'équation (i) exprime que ces trois points sont en ligne droite. De
là, la méthode que nous avons en vue.
» Dans l'équation (3) faisons varier le paramètre x. Nous obtenons
ainsi une suite de points distribués sur une certaine courbe X. En inscri-
vant à côté de chacun de ces points la valeur correspondante de x, nous
obtenons la graduation de la courbe X.
» De même l'équation (4), dans laquelle on fera varier le paramètre y,
fournira une courbe graduée Y; et l'équation (5), pour chaque valeur
attribuée à l, donnera par variation de z une courbe graduée T qui sera
elle-même désignée par la valeur correspondante de t. Les courbes T
forment un système (T), et les points de même graduation de ces courbes
sont distribués sur d'autres courbes Z qui ne sont autres que celles qu'on
obtient au moyen de (5) par variation de t quand on donne à z les valeurs
successives qui sont précisément les cotes du système (Z).
(J) Nous avons développé dans une brochure spéciale (Gauthier-Villars, i885) la
théorie de ces coordonnées qui déterminent une droite par les segments qu'elle dé-
tache sur deux a\es parallèles, à partir d'origines fixes.
( 4^3 )
» En résumé, la représentation de l'équation ( 2) se composera des deux
courbes graduées X et Y et des deux systèmes de courbes cotées (Z) et
(T).
» Dès lors, si (x0, y0, s0, t0) est une solution de l'équation (2), ladroite
joignant le point x0 de la courbe X au point y0 de la courbe Y passera par
le point de croisement de la courbe za du système (Z) avec la courbe t0
du système (T).
» On voit immédiatement à quoi tiendrait l'insuccès de l'application du
même principe si u et v étaient des coordonnées ponctuelles; c'est que,
les équations (3), (4), (5) représentant alors des droites, les diverses
courbes X, Y, (Z), (T) interviendraient non plus par l'ensemble de leurs
points, mais par celui de leurs tangentes, en sorte que la figure présente-
rait une complication qui rendrait son exécution matériellement impos-
sible.
» La méthode précédente est susceptible de nombreuses applications au
calcul graphique. Toutefois il faut remarquer qu'elle devient illusoire si
les diverses courbes (Z) et, par suite, les diverses courbes (T) coïncident
entre elles, sans qu'il en soit d'ailleurs de même de leurs graduations.
C'est ce qui a lieu en particulier lorsque l'un quelconque des éléments de
la dernière ligne du déterminant (2) est nul.
» Exemple d'application. — Pour
h =«* + *.
on a la représentation de
t3 + xt- -1- vt -f- ^ - o,
et, par suite, un Tableau graphique donnant la résolution de l'équation
complète du troisième degré pour toutes valeurs des coefficients. Ici, les
courbes X et Y se confondent respectivement avec les axes de coordonnées
parallèles portant leurs graduations naturelles; les courbes (Z) sont des
parallèles à ces axes; les courbes (T) des courbes unicursales du troisième
ordre tangentes à la droite de l'infini et ayant pour asymptotes les droites
XetY. »
/.= !,
f,- 0,
?i z= °i
<p2 1,
■^^l\
:, :/,
' W\ )
GÉOMÉTRIE. — Sur une classe de surfaces harmoniques. Mole de M. L. Raffv,
présentée par M. Darboux.
« Je me propose d'établir ici une proposition qui joue un rôle important
dans la théorie des surfaces harmoniques. Elle consiste en ce que toute
surface harmonique dont tes lignes d'égale courbure sont parallèles est appli-
cable sur une surface de révolution .
» Quand une surface est harmonique, on sait, en vertu d'un théorème
fondamental dû à M. Massieu, que l'équation de Jacobi pour les géodé-
siques de cette surface admet une intégrale quadratique et homogène. En
appliquant ce principe au cas où la surface est rapportée à une famille de
géodésiques et à leurs trajectoires orthogonales, on arrive à la règle sui-
vante qui m'a déjà permis de trouver (') toutes les surfaces harmoniques
résultant de la déformation des surfaces réglées :
» Pour qu'un élément linéaire donné sous la forme
( i) d-s2 --- dir G dv1
soil réductible à la forme harmonique, il faut et il suffit qu on puisse ^en choi-
sissant convenablement les deux fonctions A et W de la seule variable v, satis-
faire aux deux équations
/ \ d\>- r , tir , » • f "lé
dp
dv
= G ( W -
ô
-3A
2 d
du
G
GdG àf
Or l'élément linéaire (i) conviendra à toutes les surfaces dont les lignes
d'égale courbure (u = const.) sont parallèles si l'on y fait
( I ) G — - — j-p
» Grâce à cette expression particulière de G, les relations (2) et (3)
permettent de calculer explicitement les deux dérivées premières de la
fonction auxiliaire [J.. Il n'y a plus qu'à écrire la condition d'iutégrabilité;
(') Comptes rendus, t. GX, p, 223,,
( 4*5 )
on trouve ainsi l'équation fonctionnelle
- /i rt\ i (u - v)2
j VI , :i\\ l '2 aU'O ,V'+W")](U - \ )
-; 4 A' C- : - (3 V W -r- V/ V" -;- A'") U' = o,
où \ , est une fonction inconnue de v, introduite par l intégration. Si l'on
prend pour variable U, et qu'on mette U, à la place de l ', il vient, en dé-
signant par un accent la dérivée de U, par rapport à U,
I VV( l 2 U', - aUU , ) - (a V W A : Ulf, H Vi V \\ ; A') U',
( 2( VW ■+- 2A')U, + V, U- - 2 W, h- W')' U ■ p( e
» Pour établir notre théorème, il faut montrer que, si l'on exclut l'hy-
pothèse \ const. qui donne les surfaces à courbure variable applicables
sur les surfaces de révolution, cette équation n'admet pas d'autres solu-
tions que celles qui correspondent aux surfaces à courbure totale constante.
Or on trouve que ces surfaces sont caractérisées par U'" = o, la fonction V
restant arbitraire.
» Tout revient clone à prouver que l'équation (5) n'admet aucune so-
lution quand on suppose V ^ o et U'" o. A cet effet, je différence son
premier membre trois lois successivement par rapport à U, ce qui donne
(6)
i w ( [pu; auu, )m . 2vw + a')(uu;)"
I \ (VW -r- A il ; ; 2( VW +aA')l ; =
et je montre que W doit être supposé différent de zéro. Je puis alors divi-
ser tous les termes de l'équation (6) par le produit WU* et je diflérentie
une fois encore par rapport à U et une fois par rapport à v. Dans l'équation
obtenue de la sorte,
on ne peut supposer nulle, ainsi que je l'établis, ni la fonction de l qui
est au second membre, ni celle de v cpii figure au premier. Divisant alors
par leur produit, l'équation (7) se sépare en deux, dont l'intégration est
immédiate. On trouve, en désignant par n, a et b trois constantes,
U? a A' Vs — inV-r-b
[)". 1 —n \> V— n
( 4s6 )
et, si l'on substitue ces résultats dans l'équation (6), on arrive à l'équation
séparée
a £=* + 4U + (a - 0.Z!=^±i __. a(fl + 2) V == o
U — n V — «
qui est manifestement impossible. Ainsi les solutions Y' = o et U™ = o sont
les seules qu'admette l'équation (S). L'une comme l'autre ne donne que
des surfaces applicables sur des surfaces de révolution. Notre théorème est
donc complètement démontré. »
PHYSIQUE. — Sur la compressibilité des mélanges d'air et d'hydrogène.
Note de M. Ulysse Lala, présentée par M. Cailletet.
« L'étude de ces mélanges a été faite avec l'appareil et par la méthode
indiquée dans une précédente Communication (') : une certaine masse
du mélange gazeux sous volume i est amenée, à température constante,
à occuper le volume i; les expériences successives se font par pressions
décroissantes sur des masses gazeuses de plus en plus faibles.
» L'hydrogène, purifié suivant le procédé de MM. Eug. Varenne et
Em. Hebré(2), est envoyé, après dessiccation complète, dans le récipient
où s'effectue le mélange de ce gaz avec l'air. La composition du mélange
résulte de la proportion d'oxygène qu'il contient, quantité que l'on déter-
mine par absorption, à l'aide de l'hydrosulfite de sodium. Les analyses
faites au début et à la fin de chaque série d'expériences ont établi la con-
stance de composition des mélanges pendant les essais.
» Dans la présente Note, je ne parlerai que des mélanges contenant
plus de 16 pour ioo d'hydrogène, me proposant de faire connaître ulté-
rieurement le résultat des expériences, encore inachevées, sur des mé-
langes moins riches en hydrogène.
» Les mélanges dont je résume ici l'étude contenaient respectivement
i6,38, 28,12, 33,o8, 39,28, 49>$9 pour 100 d'hydrogène. Ils ont été
soumis à des pressions comprises entre io5cm de mercure, limite infé-
(') Compressibilité des mélanges d'air et d'acide carbonique {Comptes rendus,
t. CXI, 2e semestre, p. 819; 1890).
C) Bulletin de la Société chimique de Paris, t. JfXVHI, 2e semestre, p. 5a3; 1877.
( 4^7 )
rieure relative aux pressions initiales sons volume i, et i56ocm, limite su-
périeure des pressions finales sous volume ^.
» Pour représenter graphiquement les résultats, j'adopte les coordonnées
suivantes : les abscisses sont les pressions initiales sous volume i, et les
coordonnées correspondantes les différences entre le double de la pres-
sion initiale considérée et la pression finale relative au volume '2. Cette
différence, nulle pour un gaz parfait suivant la loi de Mariotte, positive si
le gaz se comprime plus que ne l'indique la loi, négative dans le sens
contraire, fait connaître l'écart entre la compressibilité réelle du gaz et la
loi de Mariotte. Dans ce mode de représentation, les résultats donnés par
Regnault pour l'air, l'azote, le gaz carbonique et l'hydrogène se rangent
sur des lignes droites issues de l'origine, situées au-dessus de l'axe des
abscisses pour les trois premiers gaz, au-dessous pour l'hydrogène.
» Ce procédé graphique permet de déduire immédiatement de mes ex-
périences les conséquences suivantes.
» La compressibilité des mélanges considérés d'air et.d'hydrogéne, dans
lesquels la proportion de ce dernier gaz va en croissant à partir de i6,3i
pour 100, est intermédiaire entre celles de l'air et de l'hydrogène pour
des pressions initiales faibles qui augmentent avec la quantité d'hydrogène
et peuvent s'élever à 17 V"1 de mercure environ pour un mélange à '19,80.
pour 100 d'hydrogène. Mais cette compressibilité s'écarte de la loi de Ma-
riotte dans le même sens que celle de l'hydrogène.
» Puis, la pression finale augmentant, l'écart par rapport à la loi de Ma-
riotte, pour un mélange déterminé, reste de même sens en devenant plus
grand pour le mélange que pour l'hydrogène* et cet écart croit avec la
pression initiale, de sorte que la compressibilité du mélange est alors con-
stamment moindre que celle de l'hydrogène.
» Lorsque la quantité d'hydrogène augmente, la compressibilité du mé-
lange s'écarte progressivement, quoique lentement, de celle de l'hydro-
gène, mais pour une proportion d'hydrogène comprise entre 33, 08 et
'.ii), 28 pour 100, la compressibilité du mélange non seulement ne tend plus
à s'écarter de celle de l'hydrogène, mais au contraire s'en rapproche pour
des pressions initalcs faibles inférieures à i8ocm de mercure environ. La
proportion d'hydrogène continuant à croître, la compressibilité du mélange
se rapproche de celle de l'hydrogène pour toutes les expériences de la série,
c'est-à-dire pour une pression initiale quelconque dans les limites signalées.
L'étude du mélange à 49*89 pour 100 d'hydrogène met nettement ce fait
en évidence : la compressibilité de ce mélange est en effet plus voisine de
( 4^8 )
celle de l'hydrogène que celle du mélange à 39,28. et elle devient inter-
médiaire entre celle de l'air et de l'hydrogène pour une pression initiale
plus élevée que pour les autres mélanges.
» Ainsi, après écart, la compressibililé des mélanges d'air et d'hydrogène
étudiés, inférieure à partir d'une certaine pression initiale à celle de l'hy-
drogène, tend vers celle-ci à mesure que la quantité de ce gaz augmente.
C'est un fait analogue, mais de' sens inverse, à ce qui se passe pour les
mélanges d'air et de gaz carbonique.
» Ces résultats, qui indiquent pour la compressibilité des mélanges ga-
zeux: une complexité particulière, ont été contrôlés par une série de me-
sures faites, par le même procédé et avec le même appareil, sur des
isolés : air, gaz carbonique. Ces mesures concordent d'une manière très
satisfaisante avec les résultats dus à Regnault ( ' ). »
OPTIQUE. — Surla compression du quartz ( 2 ). Note de M. Moxxory,
présentée par M. Lippmann.
« J'ai entrepris des expériences pour vérifier sur le quartz une consé-
quence importante de la théorie de M. Gouy sur les effets simultanés du
pouvoir rotatoire et de la double réfraction (3).
» Si l'on fait tomber normalement sur une hune biréfringente douée de
pouvoir rotatoire une vibration rectiligne parallèle à la section principale
de la lame, la vibration émergente est en général une ellipse que l'on peul
décomposer, suivant la manière habituelle, en deux vibrations rectiiignes
respectivement parallèle et perpendiculaire à la section principale de la.
lame. En appliquant la théorie de M. Gouy, j'ai obtenu, par des calculs
simples, les éléments de cette ellipse, en fonction de la différence de marche
<p produite par la double réfraction seule entre les composantes rectiiignes
et de la différence de marche - produite par le pouvoir rotatoire seul enti
les composantes circulaires de Fresnel, et j'ai discuté les résultats
(') Laboratoire de Physique de M. le professeur G. Berson, à la Faculté des Scien
de Toulouse.
(!) Ce travail a été fait au laboratoire de Physique de l'Ecole de Cluny.
(3) Journal de Physique, 2e série, t. IV, p. i49! i885.
(4) Ibid., 2e série, t. IX, p. 277; 1890.
( 4ag ;
» Soit <£ l'angle du grand axe de la vibration émergente avec la direction
de la vibration incidente, la discussion montre que, si l'on associe à un
pouvoir rotatoire constant <o une double réfraction croissant à partir de
zéro, la rotation oc diminue ou augmente suivant la valeur du pouvoir ro-
tatoire. Pour tu < 6i°i6'5c)", i. diminue jusqu'à zéro, puis oscille asympto-
tiquement autour de cette valeur; « étant compris entre 6i°i6'5o," et
-^=(= 63°38'23"), a croît d'abord pour diminuer ensuite comme dans le
i/8v '
- 3-
nremier cas; pour co compris entre — et — => a croit d'abord et atteint la
1 \ * \ s
valeur -, autour de laquelle il oscille ensuite.
» J'ai commencé la vérification de ces conséquences de la théorie en employant deux
lames de quartz, taillées perpendiculairement à l'axe : l'une (lame n° 1) lévogyre, dont
le pouvoir rotatoire pour la lumière jaune du sodium est égal à 44° 'o'; l'autre (lame
n° 2) dextrogyre, ayant un pouvoir rotatoire de 65°o'. Un appareil spécial, construit
par M. Bénévolo, me permet de produire sur ces lames, au moyen de poids, une com-.
pression verticale, uniforme, croissant à volonté. La lame est placée derrière le pola-
riseur de l'appareil de Jamin pour la réflexion métallique, normalement aux rayons
incidents ; la section principale du polariseur, éclairée par un brûleur Laurent, est rendue
horizontale. La vibration émergente est étudiée au moyen du compensateur de Babi-
net et d'un nicol analyseur; je dé le nui ne ainsi la différence de marche cl de ses compo-
santes rectilignes, verticale et horizontale, et l'angle (3 dont il faut faire tourner la sec-
tion principale de l'analyseur, placée d'abord verticalement, pour rendre les franges
aussi noires que possible ('). 11 est aisé de trouver les relations qui donnent, pour
chaque expérience, la valeur de a et celle du rapport K des axes de l'ellipse émergente.
» L'expérience montre, conformément à la théorie, que, par suite de la compression,
la rotation a de la vibration qui sort de la lame diminue pour la première lame et aug-
mente pour la seconde, ainsi que l'indique le Tableau ci-dessous. Au moyen des don-
nées expérimentales je détermine, pour chaque expérience, la différence de marche tp
due à la double réfraction seule, par une relation facile à établir (-). La valeur de 9 étant
ainsi connue, je peux ensuite calculer les valeurs théoriques de la rotation % et du rap-
port K des axes.
(') Afin d'obtenir une précision suffisante, je prends, pour, chaque détermination,
la moyenne d'un grand nombre de lectures.
(■) Pour obtenir cette relation, il suffit d'exprimer, en fonction de <p et de u, la dif-
férence de marche des composantes rectilignes cl de l'égalera cl. On trouve l'équation
^ tangaicd
\A
C. R., 1891, i« Semestre. (T. CXU, N° S.)
>6
( 43o )
» Les résultats obtenus sont consignés dans le Tableau suivant :
Pression a K
kilogr. p. d. f. observé, théorique. observé, théorique
o
44° io
»
»
44.io
44.io
»
»
| 3o
43
15,9
2 3 9
O, 106
42.49
42.56
0,212
0,211
me n° 1 . . . <
i
| 4»
42
2 1,5
239
0, i45
41.27
41.32
0,289
0,289
1
5o
4i. 6
s
26,5
239
0, 180
39. 56
4o. 3
0,359
0,359
/
o
65. o
»
»
65. 0
65. 0
»
»
1
3o
62.42
22, 4
2 39
0, io3
65. 16
65. 18
0,239
o,238
me n° 2. . . ■
4o
61 . 12
28,8
239
0,137
65 . 34
65.32
0,320
0,320
I
5o
59.12
35,4
239
0,174
66. 5
66.55
o,4i3
0,416
[
7°
54.i5
46,4
239"
0,244
67. 7
67. 1 1
0,612
0,612
La
» La théorie se trouve donc confirmée par ces expériences : une com-
pression qui croît à partir de zéro a pour effet de diminuer ou d'augmenter
la rotation de la vibration émergente, suivant la valeur de l'épaisseur de
la lame de quartz soumise à la compression.
» Le Tableau ci-dessus montre aussi que la différence de marche <p due
à la compression seule est proportionnelle à cette compression ('). On
voit, de plus, que, pour une charge donnée, <p a sensiblement la même
valeur pour les deux lames; ce résultat s'explique aisément : les lames
sont en effet de même largeur (i3mm, 5), et l'on sait qu'alors une charge
donnée doit produire une double réfraction constante, indépendante de
l'épaisseur. La compression nécessaire pour rendre cp égal à une demi-
longueur d'onde de la lumière jaune du sodium, calculée d'après les expé-
riences précédentes, est égale à io4Kg environ par centimètre carré.
» Je me propose de compléter ces résultats en employant de nouvelles
lames d'épaisseurs différentes et de déterminer l'élasticité optique du quartz
taillé perpendiculairement à l'axe. »
(') Ce résultat a déjà été obtenu par M. Beaulard (Comptes rendus, 21 juillet 1890).
( 43 1 )
OPTIQUE. — Position de la vibration lumineuse; système de Frcsnel
et de M. Sarrau. Note de M. E. Cakvallo, présentée par M. Poincaré.
a 1. Par la considération du ternie de dispersion de Briot, dont la né-
cessité a été établie pour la première fois par M. Mouton (' ), j'ai démontré
antérieurement (2) (sous certaines conditions que j'ai bien mises en évi-
dence), que la vibration est, conformément à l'hypothèse de Fresnel et
contrairement à celle de Neumann, dans un azimut perpendiculaire au
plan de polarisation. Les belles expériences de M. Wiener, qui occupent
l'attention de l'Académie, paraissent confirmer ce résultat par une méthode
plus directe. Pour les milieux isotropes, la vibration est dans le plan de
l'onde; mais, pour les cristaux biréfringents, est-elle rigoureusement dans
ce plan, comme le veut Fresnel, ou fait-elle avec lui un petit angle comme
dans d'autres théories? C'est une question que j'ai réservée et dont je veux
indiquer aujourd'hui la solution.
» 2. Système de Fresnel. — Si l'on admet, avec Fresnel, que la vibra-
tion est rigoureusement dans le plan de l'onde, et si l'on introduit dans les
équations de la lumière les termes de Briot, on trouve que les lois connues
de la double réfraction sont légèrement altérées par ces termes. En parti-
culier, si l'on considère un cristal à un axe optique, te! que le spath d'Is-
lande, on trouve que rien n'est changé pour le rayon ordinaire : il continue
à se propager avec une vitesse rigoureusement constante dans toutes les
directions. Au contraire, pour l'indice du rayon extraordinaire, on trouve
la formule (3)
(i) — = (a + c/2)cos2o) -i- (a'-f- c72)sin2co,
dans laquelle n est l'indice de réfraction, /== - le quotient par n de la
longueur d'onde dans le vide \; a> est l'angle de la normale d'onde avec
l'axe optique; a, c, a', c' sont des constantes. Si / était constant, la for-
mule (r) signifierait que la surface de l'onde pour le rayon extraordinaire
(') Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. 967, 1078 et 1189; 1879.
(2) Thèse, Annales de l'École Normale, supplément pour 1890; voir aussi Journal
de Physique, 2e série, t. IX; 1890.
(3) Ibid., n° 49.
( 43a )
est un ellipsoïde; mais 1= - est variable à cause du dénominateur n, de
là une déformation de l'ellipsoïde. Cette déformation, très faible il est
vrai, serait cependant sensible à des expériences bien faites. Nous verrons
qu'elle n'existe pas.
» 3. Système de M. Sarrau. -- Au contraire, partons des équations de
M. Sarrau complétées par les termes de Briot, savoir (' ) :
et substituons dans ces équations les valeurs
E = LsinP, ïi==MsinP, 'C = NsinP,
T est la période vibratoire; ot, p, y les cosinus directeurs de l'onde plane.
Nous obtenons ainsi trois équations, dont la première est
^À + G.)L==^[L-*(«L*.pM + ïN)].
» Le même résultat aurait été obtenu par les équations de M. Sarrau,
en supprimant dans les équations (2) les termes en E, n, ï, de Briot, et
remplaçant A, B, C respectivement par
A' = A-£g, B' = B--^H, c=c-^k.
» Les quantités A', B', C ne dépendent que de la période vibratoire T
et nullement des cosinus directeurs <x, [3, y du plan d'onde. Donc la sur-
face de l'onde change seulement quand on passe d'une radiation à une
autre, mais les lois de la double réfraction monochromatique ne sont nul-
lement altérées par les termes de Briot, savoir :
» i° Absence de vibrations longitudinales.
» 20 Deux vibrations quasi transversales dont les vitesses de propaga-
(>) Les notations sont celles de M. Poincaré (Théorie de la lumière); A, B, C, G,
H, K sont des constantes.
i 433 )
tion donnent lieu à la forme connue, rigoureusement conservée, de la
surface de l'onde.
« 3° Ces vibrations sont perpendiculaires aux rayons lumineux corres-
pondants (').
» J'ajouterai que, de tous les systèmes proposés jusqu'ici, celui de
M. Sarrau est le seul qui jouisse de cette propriété très remarquable de
n'être troublé en rien par l'introduction des termes de Briot. Eu particu-
lier, en dehors des deux systèmes examinés ici, l'introduction des termes
de Briot entraîne généralement des vibrations longitudinales.
« 4. Résultats de l'expérience. -- Si maintenant on compare les va-
leurs de n déduites des deux théories avec les valeurs observées dans le
spath à 3o° de l'axe optique, on obtient le Tableau suivant, où la colonne A
désigne la radiation; O, S, F sont les valeurs de n observées, puis calculées
par les théories de M. Sarrau et de Fresnel.
>,. o. s. s — o. \ s — F.
. ( i,oS.... i,5854. i,5855. +0,0001. -t-0,0006.
Spectre înfra-rouçe j -, K 0 , 2
1 ( 1,54- ... 1,5900. 1,3909. +0,0001. +0,0000.
( A 1,60299 1,60298 — 0,00001 +0,00007
Spectre visible < D 1,60990 1,60990 0,00000 +o,oooo5
( Il i,63o5i i,63o5i 0,00000 -1-0,00002
» Les nombres observés sont d'accord avec le système de M. Sarrau;
on trouvera peut-être que les différences entre ces nombres et ceux qu'on
déduit de l'hypothèse de Fresnel sont bien faibles. Néanmoins elles ne sont
pas illusoires, comme on peut s'en convaincre par les discussions numé-
riques qui figurent dans ma Thèse.
» 5. Conclusions.— i° L'expérience montre que les lois de la double
réfraction ne sont pas altérées par la dispersion.
» 20 Le calcul montre que le système de M. Sarrau jouit de cette pro-
priété que les termes de dispersion de Briot n'introduisent aucune pertur-
bation aux lois de la double réfraction monochromatique et il est, des
systèmes proposés, le seul à jouir de cette propriété.
» 3° Resterait à prouver analytiquement qu'il en est de même des
autres termes de dispersion. Cette difficulté, non abordée jusqu'ici, ne
paraît pas insoluble. »
(') On appelle rayon lumineux la droite qui joint le centre de la surface des
oncles au point de contact de cette surface avec un plan tangent parallèle à fonde
plane considérée.
( 434 )
CHIMIE. — Sur la solubilité du bitarlrate de potassium.
Note de M. Cii. Blarez.
« Le bitartrate de potassium nous a servi à faire, depuis très longtemps,
des expériences variées, concernant sa solubilité clans différents milieux :
eau pure, solutions salines, solutions acides, mélanges hydroalcooli-
ques, etc. Ce travail comporte un nombre considérable d'expériences
méticuleuses; il n'est point encore terminé. Toutefois, nous croyons ne
pas devoir ajourner plus longtemps la publication d'un certain nombre
de résultats obtenus. Nous allons donner aujourd'hui, d'une façon très
sommaire, les formules par lesquelles nous représentons quelques-uns _
de ces phénomènes de solubilité.
» I. Solubilité de la crème de tartre dans Veau pure. — Nous avons eu oc-
casion, au cours de nos recherches, de vérifier les nombres donnés par
les auteurs. Nous avons seulement trouvé quelques différences, aux tem-
pératures voisines de ioo°.
» La solubilité de la crème de tartre dans l'eau, qui est fonction de la
température 6, peut être calculée par la formule suivante, indiquant la
quantité de substance Q dissoute dans ioogr de solution
Q9 = o,35i + o,ooi5i0 -+- o,ooo5502.
» On peut aussi avoir des résultats suffisamment exacts pour la pratique,
en remplaçant celte formule par la suivante, plus simple,
Qe = 0,369 + o,ooo56g02.
» IL Solubilité de la crème de tartre dans les solutions de chlorure de potas-
sium. — La diminution de solubilité de la crème de tartre, occasionnée
par la présence du chlorure de potassium, est un fait connu et utilisé. En
étudiant complètement ce phénomène, nous avons observé que la quan-
tité de tartre dissoute est fonction de la température et de la quantité de
chlorure de potassium ; mais que le phénomène n'est pas continu.
» a. Si l'on ajoute de très faibles quantités du sel de potassium, on
observe, au début, qu'une partie équivalente en poids de bitartrate potas-
sique s'insolubilise ; de telle sorte que l'on peut représenter ce phénomène
par la formule suivante, résultats rapportés à 100 parties :
Qe= (0,369 + 0,0005696-) — chlorure de potassium.
( 435 )
» Cette formule ne vérifie pas longtemps l'expérience; elle a à peu près
pour limite l'égalité des quantités entre le poids de la crème de tartre
dissoute et celui du chlorure de potassium mis en présence.
» b. Si la quantité de chlorure de potassium est supérieure à celle du
tartre que pourrait dissoudre l'eau pure à même température, la loi de
solubilité, chose curieuse, peut être représentée par une formule qui, tout
en étant directement fonction de la température, est eu raison inverse
de la racine carrée du poids du potassium contenu dans le chlorure ajouté
„ 0,0489 -+- o,ooooo52i603
Qe=- -JE- -
» Nous avons constaté que la crème de tartre est complètement inso-
luble, à la température ordinaire, dans un mélange formé de :
Parlics.
Alcool à 900 IOO
Eau 900
Sulfate neutre de potassium 1
Aciile tartrique 2
tandis que ce sel se dissout, si l'on remplace tout ou partie du sulfate
neutre par du sulfate acide. Nous nous servirons ultérieurement de ce
fait et d'autres de même ordre, pour établir synthétiquement quelle doit
être la constitution des vins plâtrés. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la transformation de la fécule en dextrine
par le ferment butyrique. Note de M. A. "Vii.lieks.
« Ayant entrepris l'étude de l'action des ferments figurés sur les hy-
drates de carbone, dans des conditions diverses, je donnerai ici les pre-
miers résultats relatifs à l'action du ferment butyrique (Bacillus amylobac-
ter) sur la fécule de pomme de terre.
» Il est facile de transformer la matière amylacée en dextrine sous l'ac-
tion de ce ferment.
» Dans de grands flacons, on introduit de la fécule de pomme de terre et de l'eau
non distillée, dans la proportion de 5osr de fécule pour ii;t d'eau, la fécule étant préa-
lablement délayée avec soin. Cette dernière est ensuite transformée en empois, par un
( 436 )
jet de vapeur d'eau que l'on dirige dans le fond des flacons, en les agitant constam-
ment, jusqu'à ce que la température se soit élevée à ioo°. Les flacons doivent être à
peu près remplis, après la condensation de la vapeur, de manière qu'il ne reste qu'un
petit volume d'air sur la surface du liquide.
» On ensemence alors l'empois formé, avec quelques centimètres cubes d'une cul-
ture de Bacillus amylobacler. On bouche les flacons avec un tampon d'ouate stéri-
lisée, et on les maintient pendant quelques jours dans une étuve réglée vers ^o°. Dans
ces conditions, les spores du ferment butyrique qui, ainsi que l'a montré M. \ an
Tieghem, résistent facilement à la température de ioo°, se développent rapidement,
et l'on évite plus sûrement, en ensemençant l'empois à ioo°, le développement de
germes étrangers. Cet ensemencement devient, du reste, bientôt inutile dans un labo-
ratoire où l'on a depuis quelque temps desséché et pulvérisé les produits de la fermen-
tation, par suite de la diffusion des spores du bacille dans l'air.
» Au bout de vingt-quatre heures, l'empois est en général liquéfié; on laisse la fer-
mentation se continuer jusqu'à ce que l'on constate que le liquide ne donne plus de
coloration bleue ni violette par l'eau iodée; ce résultat est atteint plus ou moins vit-,
après deux, à quatre jours, quelquefois seulement au bout de plusieurs jours, ce qui
tient à l'existence de grumeaux formés dans l'empois, difficilement attaquables. Il
faut donc chercher, autant que possible, à faire un empois homogène.
» Le bacille se présente, au début, sous la forme de bâtonnets rectili-
gnes, très mobiles. A la fin de la fermentation, il s'est transformé en bâ-
tonnets épaissis uniformément à leur extrémité, en forme caractéristique
de têtard : ils sont alors complètement immobiles. A partir de ce moment,
les produits de la fermentation ne sont plus modifiés.
» De petites bulles gazeuses se dégagent pendant cette transformation
de la fécule; mais la quantité de gaz dégagé est si faible, qu'il est impos-
sible d'en recueillir.
» Le liquide ainsi obtenu est très légèrement acide et présente nette-
ment l'odeur de l'acide butyrique, mais ne renferme qu'une quantité insi-
gnifiante de ce dernier (environ o,3 parties pour ioo de fécule).
» Outre certains corps qui se forment aussi en très petite quantité, et
sur lesquels je reviendrai prochainement, les produits principaux de la
fermentation sont constitués par des dextrines, non attaquables par le Ba-
cillus amylobacler, du moins en présence des autres produits qui sont for-
més simultanément.
» On les obtient en précipitant par l'alcool les liquides filtrés et évaporés; on les
purifie par de nouveaux traitements à l'alcool. Les dexlrines ainsi précipitées, ajou-
tées à celles qui restent dissoutes dans l'alcool, représentent la majeure partie de la
fécule employée.
» Desséchées, elles se présentent sous la forme d'une masse parfaitement blanche,
légère, friable, très avide d'eau qui s'y combine avec dégagement de chaleur, d'une
( 437 )
saveur un peu sucrée, et qui est constituée par un mélange de dextrines différentes,
ainsi (pie le montre la variation des pouvoirs rotatoires correspondant aux produits
d'opérations différentes, ou même de précipitations fractionnées des dextrines prove-
nant d'une seule opération; ces pouvoirs ont varié de +i56° à -+- 207°,5.
» Elles se transforment très difficilement en glucose sous l'action de l'eau et des
acides. La transformation sous l'action de l'eau ne paraît pas se produire à froid; elle
est très lente à iooQ, et à peine commencée au bout de quarante-huit heures. Sous
l'action de l'acide sulfurique étendu, elle exige environ une journée à 100".
» L'iode colore en rouge les dextrines dont le pouvoir rotatoire est le plus élevé ;
l'intensité de la coloration diminue en même temps que le pouvoir rotatoire; celles
pour lesquelles il est le moins élevé ne sont plus colorées par l'iode.
» Elles réduisent la liqueur cupropotassique, et leur pouvoir réducteur est d'autant
plus grand que leur pouvoir rotatoire est plus faible, ainsi qu'on peut en juger d'après
les résultats suivants, qui représentent les poids de glucose qui réduiraient le même
volume de réactif que 100 parties de dextrinè.
Pouvoir rotatoire. Pouvoir rédacteur.
[56 28,9
17M "^
20-.5 5,o
» De nouvelles recherches sont nécessaires pour décider si ces dex-
trines sont identiques ou non à celles obtenues par l'action des acides, ou
sous l'influence de la diastase. Mais, quoi qu'il en soit, leur production, en
l'absence complète de maltose et de glucose, est digne de remarque, au
point de vue de l'étude de la constitution de la matière amylacée. D'autre
part, cette absence de glucose et de maltose semble montrer que le fer-
ment butyrique détermine la transformation de la fécule en dextrinè di-
rectement, et non par l'intermédiaire d'une diastase sécrétée par ce
ferment organisé, diastase qui devrait, d'après les analogies connues,
déterminer la saccharification d'une quantité plus ou moins grande de
dextrinè. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les bulylamines normales. Note de M. A. Berg,
présentée par M. Friedel.
« Les butylamines normales ont été préparées pour la première fois par
Lieben etRossi, parla méthode de Wurtz, au moyen du cyanate. Cette mé-
thode leur a fourni surtout la base primaire et accessoirement une petite
quantité des bases secondaire et tertiaire.
Cit., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, N" 8.) ->7
( 438 )
» J'ai appliqué à leur préparation la méthode d'Hohnann, en faisant
aeir, sur le chlorure de butyle normal, l'ammoniaque en solution hydro-
alcoolique.
» i molécule de cet éther a été additionnée de i molécule d'ammoniaque en solu-
tion aqueuse saturée, puis d'une quantité d'alcool suffisante pour tout dissoudre. Le
mélange a été chauffé en matras scellés à 1200 pendant environ dix heures.
» Le contenu des matras est alors filtré pour séparer une certaine quantité de
chlorhydrate d'ammoniaque qui s'est déposé, saturé par un peu d'acide chlorhydrique
et distillé. Il passe de l'alcool ne contenant qu'une très faible quantité de chlorure de
butyle. L'action est donc complète.
» Le résidu de la distillation étant fortement concentré abandonne un sel facile à
purifier par cristallisation et que l'analyse indique être le chlorhydrate de la base
secondaire.
» Les eaux mères de ce sel sont traitées par la soude étendue qui en sépare une
petite couche de bases insolubles constituée par de la base secondaire mêlée d'un peu
de base tertiaire.
» Après séparation de la partie insoluble, on distille la solution sodique et on ob-
tient ainsi la base primaire à peu près pure, en dissolution étendue. La base quater-
naire fait complètement défaut.
» Les rapports dans lesquels se produisent ces différentes bases sont sensiblement :
4 parties de base primaire, 7 parties de base secondaire et 1 partie de base tertiaire.
Ce procédé permet donc de préparer facilement les deux premières.
» Afin d'obtenir la base primaire pure, sa solution aqueuse étendue a été traitée
par l'oxalate d'éthyle employé dans les proportions voulues pour donner l'oxamide.
Il s'est formé un précipité volumineux de dibutyloxamide normale.
» Ce corps est extrêmement peu soluble dans l'eau même bouillante. Il se dissout
bien dans l'alcool chaud, d'où il se dépose par refroidissement en aiguilles soyeuses.
» L'eau mère d'où s'est précipité l'oxamide étant fortement concentrée et abandon-
née à l'évaporation donne des cristaux ressemblant à la dibutyloxamide et que l'ana-
lyse indique comme étant du butyloxamate de butylamine. Ce corps redissous dans
l'eau et traité parle chlorure de calcium donne un précipité peu soluble à froid, mais
soluble à chaud et qui cristallise par refroidissement en très fines aiguilles coton-
neuses. C'est du butyloxamate de chaux hydraté.
» Enfin les dernières eaux mères du traitement par l'éther oxalique laissent dépo-
ser, en dernier lieu, de l'oxalate neutre de butylamine.
» Ainsi, il est à remarquer que, dans l'action de l'oxalate d'éthyle sur
la solution étendue de la base primaire, on obtient l'oxamide correspon-
dante et ses deux produits d'hydratation, le butyloxamate de butylamine
et l'oxalate neutre de butylamine. J'ai signalé le même fait dans l'action
de l'éther oxalique sur l'amylamine ('), et je viens de le vérifier pour la
(') Comptes rendus, t. CXI, p. 606.
( 439 )
monoisobutylamine. Pour cette dernière base, lorsqu'on évapore les eaux
mères de l'oxamide, c'est l'oxalate neutre qui cristallise le premier. Il est
facile de mettre en évidence l'existence de l'isobutyloxamate d'isobutyla-
mine, en traitant la liqueur par le chlorure de calcium. Il se forme un pré-
cipité formé d'un mélange d'oxalate et d'isobutyloxamate de calcium. En
faisant bouillir avec de l'eau, on sépare le second sel qui cristallise par re-
froidissement.
» La production de ces trois termes dans l'action de l'éther oxalique
paraît être générale.
» J'ai obtenu quelques sels de la base secondaire, qui n'ont pas été pré-
parés à ma connaissance.
» Le chlorhydrate assez soluble dans l'eau cristallise en belles écailles.
» Le chloraurate est en belles aiguilles jaunes d'or très fines et pouvant
atteindre plusieurs centimètres. Il est peu soluble dans l'eau froide. Sec, il
fond vers 1700 en une huile rougeàtre. Dans l'eau, il fond avant ioo°.
» Le chlorostannate très soluble se dépose de sa solution concentrée
bouillante sous la forme d'une huile incolore qui se solidifie par refroidis-
sement. Par évaporation lente, il cristallise en longues aiguilles groupées
en pinceaux.
» L'oxalate acide ressemble au chlorhydrate et n'est pas très soluble
dans l'eau. Il est cependant beaucoup plus soluble que celui de diisobuty-
lamine.
» Je continue l'étude de ces bases, ainsi que des bases dérivées des
alcools butyliques secondaire et tertiaire ( ' ). »
ANATOMIE COMPARÉE. — Détermination rationnelle des pièces sternales
chez les animaux vertébrés. Note de M. Lavocat.
« Malgré les formes si variées du sternum dans la série des animaux
vertébrés, les éléments constitutifs de cet appareil peuvent être distingués
et caractérisés par leurs connexions avec les arcs qu'ils supportent. En
thèse générale, le sternum cartilagineux ou osseux des Vertébrés est formé
de deux parties différentes par destination : le présternum, donnant appui
(') Travail fait au laboratoire de Chimie industrielle de la Faculté des Sciences de
Marseille.
( 44o )
aux coracoïdes, ainsi qu'aux clavicules; et le sternum costal, qui porte
les arcs viscéraux du thorax et, par extension, ceux de l'abdomen.
» Le prëslernum, de forme et de dimensions variables, est toujours mé-
dian. Ordinairement fixé en avant du sternum costal, il est situé au-dessous
chez les Poissons, et enclavé entre les pièces sternales antérieures dans
les Tortues. Il donne appui, en avant, aux coracoïdes et, sur les côtés, aux
clavicules, chez les Batraciens, les Lézards, les Tortues, les Oiseaux et les
Monolrêmes. Simplement claviculaire dans les Poissons, les Crocodiles et
les Mammifères clavicules, il disparaît chez les Mammifères peu ou point
clavicules.
» Le sternum :oslal, cartilagineux, non segmenté et thoraco-ventral,
est large dans les Lézards et très allongé dans les Crocodiles. Osseux et
plus ou moins divisé en larges plaques latérales, il est encore thoraco-ven-
tral dans les Tortues et les Oiseaux. Il est exclusivement thoracique et
formé de pièces médianes, en série longitudinale, chez les Poissons et les
Mammifères. Chez les Poissons, le sternum costal est constitué par les
pièces basi-branchiales, qui donnent appui aux arcs branchiaux représen-
tant les côtes thoraciques, restées sous le crâne par persistance de l'état
embryonnaire.
» Il n'y a ni côtes, ni sternum costal chez les Batraciens. Le sternum
manque chez les Ophidiens, dont les côtes sont, nombreuses. Les côtes
ventrales n'ont pas de sternum chez les Poissons. La ligne blanche qui,
chez les Mammifères, représente le sternum ventral, ne porte pas de
côtes.
» Cette construction du sternum en deux sections donne à chacune
d'elles une signification positive, que n'ont pas les termes généralement
usités d'épisternum et d' hyposternum, de mésosternum et de pleurostei-
num, etc., qui indiquent seulement la position relative des diverses parties
de l'appareil sternal. »
ANATOMIE ANIMALE. — Structure du pancréas et pancréas intra-hépatique
chez les Poissons. Note de M. E. Laguesse, présentée par M. Ranvier.
« On a considéré pendant longtemps, et la majorité des auteurs consi-
dèrent encore aujourd'hui les Poissons osseux comme privés d'un véritable
pancréas (quelques genres exceptés). Legouis pourtant, en i8y3 (An-
( 44 1 )
nales des Sciences naturelles), a montré d'après des dissections l'existence
d'un pancréas diffus répandu en fines traînées dans toute la cavité abdomi-
nale chez la généralité des Téléostéens, mais il a négligé d'en donner une
description lustologique suffisante, seule capable d'imposer la conviction
pour un organe qui échappe presque complètement à l'observation ma-
croscopique.
» Dans une Note à la Société de Biologie (24 mai 1889), j'ai apporté la
preuve embryologique de son existence, en suivant son développement chez
la Truite.
» Depuis, j'ai eu l'occasion de constater la présence de ce pancréas chez
tous les animaux où je l'ai cherché. J'ai pu ainsi l'observer chez un certain
nombre de genres étudiés par Legouis (en outre chez les Crénilabrcs, les
Scorpènes, les Blennies, les Syngnathes), et commencer son étude histo-
logique. Partout on retrouve la cellule pancréatique typique, caractérisée
par un amas localisé de gouttelettes de matière zymogène. Le pancréas se
présente comme une glande formée de longs tubes ramifies et anastomosés
entre eux, offre par conséquent des caractères différents de ceux des
glandes salivaires auxquelles on l'a souvent comparé. Cette structure est
très facile à constater chez le Gobie et le Cycloptère notamment, où les
tubes sont répandus en un élégant réseau à la surface du mésentère. Il
suffit pour cela de tendre ce mésentère, et de le fixer sur l'animal vivant
par aspersion, à l'aide d'une pipette, d'acide osmique au centième. L'acide
picrique donne aussi d'assez bons résultats.
» J'insisterai sur une particularité signalée également par J^egouis chez
la Carpe, c'est la pénétration du pancréas à travers le foie, pénétration
que j'ai observée sur le Crénilabre, le Labre, le Gobie, le Syngnathe.
» Le pancréas intra-hépatique du Crénilabre (Crenilabrus melo/>s), très
abondant à Concarneau, est particulièrement intéressant. Chez ce Pois-
son, non seulement il n'\ a pas d'estomac, mais encore, comme l'a montre
Pilliet chez le Labre, genre voisin (Bull, de la Soc. de Zool. de France,
t. X; i885), il n'y a pas trace de glandes gastriques : anatomiquement et
histologiquefnent l'intestin commence immédiatement en arrière des dents
pharyngiennes. C'est là que débouchent côte à côte les canaux cholédoque
et pancréatique; le suc pancréatique et la bile sont les seuls liquides di-
gestifs. Aussi le pancréas est-il très développé dans toute la cavité abdo-
minale. Mais, en outre, chaque branche de la veine porte pénétrant dans
le foie s'entoure d'une gaîne de tissu pancréatique qui la suit, elle et ses
ramifications, jusque vers le point où elle se résout en capillaires (rameaux
( 442 )
de i8u à 20 a). Comme beaucoup de ces branches traversent le foie de
part en part et viennent ramper sur sa face convexe avant de se capillari-
ser, leur gaine de pancréas, faisant corps avec elles, les suit jusque sur
cette face convexe. Elles traversent de véritables tunnels rameux creusés
dans la substance hépatique, sans qu'il y ait nulle part contact entre
celle-ci et le pancréas.
» Les imprégnations d'argent montrent en effet la présence du revête-
ment endothélial péritonéal à la surface du tunnel hépatique d'une part,
et de l'autre à la surface de la branche contenue; sur les coupes existe
toujours un espace vide entre les deux ; sur l'animal frais, après une fixa-
tion superficielle, on isole très aisément des troncs veineux ramifiés re-
vêtus de leur gaine. Le pancréas forme manchon autour de chaque veine ;
la paroi interne du manchon est représentée par la mince paroi conjonctive
de la veine, l'externe par une membrane conjonctive amorphe excessive-
ment mince, parcourue par un réseau lâche de fines fibres; les deux sont
reliées par quelques tractusdemême constitution. Entre elles se répandent
sur une seule couche, tortueux, serrés, les tubes pancréatiques anasto-
mosés. Les vides qu'ils laissent sont occupés par des capillaires sanguins et
de larges espaces lymphatiques irréguliers, paraissant dépourvus de paroi
propre et bourrés de leucocytes granuleux; les tubes glandulaires baignent
pour ainsi dire dans la lymphe. En coupe transversale (20 à 25[/. de dia-
mètre), ils montrent une très fine lumière entourée de cellules, à zone
interne remplie de gouttelettes, à zone externe renfermant le noyau ar-
rondi uninucléolé, et formée d'un cytoplasme presque homogène ayant une
grande affinité pour les colorants. Dans la lumière centrale on trouve
quelques noyaux entourés d'un petit corps protoplasmique généralement
irrégulier. Dans chaque gaine intra-hépatique pénètrent à la base une arté-
rioleetun fin canal pancréatique excréteur (canal de Weber), qui s'y rami-
fient.
» Les tissus des deux glandes n'étant pas au contact, leur pénétration
ne paraît pas avoir d'importance fonctionnelle ; il n'en est vraisemblable-
ment pas de même du rapport intime du pancréas avec les branches de la
veine porte et surtout avec les lymphatiques ( ' ). »
(') Travail du laboratoire maritime de M. le professeur Pouchet, à Concarneau.
(443 )
ANATOMIE ANIMALE. — Anatomie du Cerianthus membranaceus. Note
de M. L. Faurot, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« Des deux côtés de la loge correspondant au tentacule impair signalé
par J.Haime( Mémoire sur le Cérianthe), les cloisons mésentéroïdes, ainsi
que cela a été également figuré par cet auteur, vont graduellement en
diminuant de longueur jusqu'au petit sillon œsophagien opposé; mais, en
outre, par l'examen anatomique de Cérianthes non contractés, on recon-
naît que ces mésentéroïdes sont de quatre grandeurs différentes, chacun
d'eux se répétant régulièrement, dans le même ordre, de quatre en quatre,
les uns à la suite des autres. Les mésentéroïdes constituent ainsi des
groupes de quatre bien distincts, d'autant plus longs qu'ils sont plus rap-
prochés de la loge impaire.
» Les quatre premiers mésentéroïdes placés de chaque côté de cette
loge, c'est-à-dire les huit premiers formés font exception à cette règle, en
ce que leurs longueurs, bien que de quatre ordres différents, ne concordent
pas rigoureusement avec celles des autres groupes. Cette disposition des
cloisons mésentéroïdes n'a été rencontrée jusqu'à présent chez aucune
autre espèce de Zoanthaire malacodermé.
» Ainsi se trouve confirmée l'analogie du Cérianthe membraneux avec
les Coralliaires fossiles classés dans les Zoanthaires rugueux. Jules Haime,
qui le premier avait reconnu cette analogie, l'avait (Mémoire cité) ainsi
formulée : <c C'est avec ces derniers (rugueux) qu'il est possible de trou-
» ver quelque ressemblance dans la disposition que montre ici l'appareil
» radiaire, et cette ressemblance ne s'applique pas seulement au nombre
» initial des parties, mais encore s'étend à leur symétrie et à leur mode de
» répétition. »
» Il résulte de l'étude faite sur onze Cérianthes adultes que la naissance
des mésentéroïdes se fait, ainsi que l'a indiqué M. C. Vogt, entre les deux
loges les plus récentes, mais qu'ils n'apparaissent pas toujours régulière-
ment par deux, comme l'a observé cet auteur chez les Arachnactis. L'en-
droit précis de leur formation est au sommet de la loge dite « de multipli-
cation », à la base des deux plus jeunes tentacules marginaux. Ils s'y
produisent en nombre variable de i à 5. Les cloisons mésentéroïdes des-
tinées à une des moitiés de l'animal sont souvent en plus grand nombre
( 444 )
que pour l'autre moitié : d'où de fréquentes irrégularités de nombre qui
altèrent la symétrie bilatérale. Malgré cette irrégularité de développement,
il est remarquable de voir que les deux côtés de l'animal conservent dans la
disposition des mésentéroïdes par groupes de quatre une parfaite concor-
dance.
» Le groupement par quatre, exceptionnel chez les Actinies adultes, a été
déjà reconnu par M. Fischer sur les tentacules buccaux du Cérianthe mem-
braneux; il est très probable qu'une semblable disposition existe également
pour les tentacules marginaux. »
ANATOMIE VÉGÉTALE. — Sur ta différenciation du liber dans la racine.
Note de M. Pierue Lksage, présentée par M. Duchartre.
« Au commencement de 1888, en étudiant des racines à'Hyacinthus et
d'Allium Cepa poussées dans des dilutions variées d'eau de mer ('), j'ai été
frappé de retrouver plusieurs fois le fait suivant.
» Sur des coupes transversales, faites à des hauteurs différentes, à
partir du sommet, on trouve un point où, pour Y Allium Cepa, par exemple,
la différenciation des tissus ne fait que commencer. La place que les fais-
ceaux ligneux devront occuper est nettement marquée par des files de
grandes cellules, à membranes très minces, et non sculptées à ce moment.
» Contre le péricycle actuel, le liber est, dans chaque faisceau, déjà re-
présenté par une cellule à paroi fortement épaissie et très brillante, qu'on
pourrait d'abord prendre pour un premier vaisseau du bois en train de se
différencier; mais l'erreur est rendue impossible par les files radiales de
grandes cellules. Le bois n'apparaît que plus tard.
» Depuis, j'ai eu l'occasion de retrouver ce même fait et j'ai cherché,
sans résultat, à savoir si on l'avait déjà signalé.
» Je me suis demandé si les deux plantes étudiées présentaient seules
cette particularité intéressant à la fois l'Anatomie et la Physiologie. J'ai
passé en revue les racines que j'avais à ma disposition et j'ai constaté le
(') Dans un Mémoire lu le 1 1 août 1890 au Congrès de Limoges (Association fran-
çaise pour l'avancement des Sciences), j'ai indiqué les quelques résultats qui mont
paru intéressants dans ces recherches sur la racine soumise à l'action de l'eau de mer
diluée.
( 445 )
même phénomène dans seize espèces, an moins, prises dans divers groupes
de plantes vasculaires.
» Étudions, par exemple, Y Anthurium Andreanum ( Aroïdées). Des
séries découpes transversales, à partir du sommet, montrent d'abord, dans
la racine, un cylindre central sans différenciation, puis apparaissent une
ou deux cellules par faisceau (type 8). Sur des coupes blanchies à l'eau
de Javelle, ces cellules se distinguent : i° par leur aspect brillant, nacré;
2° par l'épaisseur relativement forte de leur paroi; 3° par la coloration
bleuâtre assez accentuée que prend cette paroi sous l'action du chlorure
de calcium iodé, coloration qui fait admirablement ressortir ces cellules
sur le reste du cylindre central. Ces trois caractères se continuent jusqu'à
l'apparition des premiers vaisseaux du bois et se poursuivent au delà.
» Dans Y Odonloglossum citrosmum, j'ai retrouvé la même marche dans
la différenciation. Il faut dire que chaque espèce présente des groupe-
ments de tissus plus ou moins caractéristiques, que nous n'avons pas à
considérer dans cette vue d'ensemble. Mais ici, ce qui m'a encore paru
digne de remarque, c'est que chaque faisceau libérien, disposé en massif,
se montre avec un égal développement aussi bien lors de l'apparition des
premiers vaisseaux du bois que, plus haut, quand les faisceaux ligneux
sont complètement formés et que la moelle est entièrement lignifiée. Il \
a là une signification physiologique qui pourra être développée ultérieu-
rement.
» En comparant les coupes transversales et les coupes longitudinales
radiales, la marche de la différenciation est encore mieux rendue. Pre-
nons Y Athyrium Filix-femina. En coupe transversale, chacun des deux
arcs du liber peut présenter de dix à vingt cellules possédant les trois
caractères signalés avant que le bois soit représenté par un seul vaisseau.
En coupe longitudinale perpendiculaire à la bande diamétrale ligneuse,
on peut suivre ces cellules libériennes et même voir, sur la longueur, des
inégalités d'épaississemenl que cet examen rapide ne me permet pas
d'étudier plus attentivement; la différenciation se reconnaît jusqu'à une
faible distance du sommet. Il faut remarquer que la distinction que je
cherche à établir entre le bois et le liber ne porte que sur la paroi cellu-
laire qui se caractérise plus ou moins vite. Cette remarque a sa raison
dans ce que les grandes cellules de la bande ligneuse diamétrale peuvent
être suivies, grâce à leurs dimensions, jusqu'à la cellule initiale du sommet
végétatif.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N» 8.) ,lS
( 446 )
» En résumé, j'ai trouvé que le liber différencie plus Lot que le bois la
paroi de ses cellules dans la racine de
Fougères :
A ihyrium Filix-femina,
Polypodium vulgare,
Polystichum Filix-mas,
Asplenium laxmn,
Adiantum sp.,
Nephrodium molle,
Pteris cretica,
Aspidium aculeattim;
Gymnospermes :
Thuia orientalis :
Monocotylédones :
Hyacinlhus sp.,
Allium Cepa,
Odontoglos.su m citrosmum,
Cattleya Eldorado,
Anthurium Andreanum ;
Dicotylédones :
Faba,
Citcurbita Pepo.
minéralogie. — Sur l'argent natif et la dwplase du Congo français. Note
de M. Edouard Jaivnettaz, présentée par M. Des Cloizeaux.
« M. Thollon a rapporté d'un premier voyage au Congo français une
collection d'échantillons minéralogiques très intéressants. On y remarque
surtout un assez grand nombre de blocs cristallins, en général roulés, conr
posés : les uns, de dioptase d'un beau vert érneraude, associée à du quartz
incolore et à de la chrysocole verte ou d'un bleu clair; les autres, de
dioptase, également d'un vert émeraude, engagée dans du calcaire.
» Dans les premiers, la dioptase et le quartz qui lui sert de gangue sont
en cristaux plus ou moins enchevêtrés les uns dans les autres, montrant çà
et là pourtant quelques pointements ; les formes y sont les formes ordi-
naires, c'est-à-dire un prisme hexagonal à sommet rhomboédrique (pd[)
pour la dioptase ('); celle d'un prisme hexagonal terminé par une pyra-
mide de même section \e-pc-) pour le quartz.
» La chrysocole est compacte; le calcaire, en masses cristallines, à
larges clivages, est mêlé souvent à de la malachite fibreuse qui compose
entièrement l'un des échantillons.
» Un des cristaux de dioptase, taillé perpendiculairement à son axe de
(') M. Des Cloizeaux a cité dans son Manuel de Minéralogie (t. I, p. 121) des
cristaux analogues, que l'on apportait du Gabon au Havre.
( Vi7 )
figure, montre les anneaux colorés circulaires traversés par une croix noire
de signe positif, comme ceux de l'Oural.
» Les échantillons où la dioptase a pour gangue le quartz -proviennent
du ruisseau de la mineComba; ceux où elle a pour gangues des carbonales
ont été recueillis par M. Thollon auprès de la mine de cuivre de Mindouli,
à 2 lieues environ à l'est de Comba, entre Bouanza (ancien Philippeville) '
et Brazzaville.
» Dans l'un de ces derniers, où le calcaire est cristallisé en rhomboèdres
primitifs (jp) très nets, on observe, en plusieurs places, quelques grains
d'argent natif, parmi lesquels un groupe de plusieurs octaèdres à faces très
nettes, empilés les uns sur les autres le long d'un axe quaternaire.
» C'est, croyons-nous, la première fois que de l'argent natif est cité au
centre de l'Afrique. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la répartition du sel marin suivant les altitudes.
Note de M. A. Muxtz, présentée par M. Duclaux.
« Le sel marin parait jouer dans l'organisme animal un rôle important;
il intervient surtout dans les phénomènes de la digestion, par l'acide chlor-
hydrique qui se trouve à l'état libre ou faiblement combiné dans le suc
gastrique. Les aliments apportent avec eux une certaine quantité de sel;
mais l'homme et les animaux domestiques en absorbent encore en nature
des quantités notables. Les herbivores en sont particulièrement friands et
paraissent bien se trouver de celui qu'on leur donne en plus de ce qui existe
dans les fourrages. C'est une pratique rccommandablc d'en donner à l'é-
table. Les animaux de la ferme mangent le sel et les aliments salés avec un
plaisir visible; mais ils sont loin d'y mettre l'avidité qu'on constate chez
ceux des pâturages alpestres. Là, la distribution du sel devient une néces-
sité; les bergers de la montagne en donnent régulièrement à leurs trou-
peaux, qui souffrent quand ils en sont privés et qu'on a l'habitude de ras-
sembler et de conduire d'un lieu à un autre en mettant à profit leur goût
pour le sel. Aussi les bergers portent-ils toujours un sachet qui en est
rempli.
» C'est une croyance très répandue, que les animaux des pâturages al-
pestres sentent le sel et suivent les personnes qui en ont dans leur poche.
Pour -vérifier si, en réalité, ils le perçoivent par l'odorat, j'ai présenté à
( 44» )
des moutons paissant sur les flancs du Pic du Midi, entre 23oom et 2700m
d'altitude, des cornets en papier fermés, remplis les uns de terre, les autres
de sel cris. Tous les moutons sont restés indifférents devant les cornets de
terre ; neuf sur quatorze se sont jetés sur les cornets de sel, les ont déchirés
et en ont dévoré le contenu. Il semble donc qu'un grand nombre de ces
animaux aient la faculté de sentir le sel par l'odorat.
» En examinant les conditions de milieu dans lesquelles vivent ces ani-
maux, j'ai été amené à rechercher si les fourrages qu'ils consomment et les
eaux qu'ils boivent contiennent une quantité de sel insuffisante pour les
besoins de l'organisme, ce qui expliquerait leur avidité pour ce produit.
» Le sel est apporté aux continents par les mers; les poussières d'eau
marine, emportées par les vents, flottent dans l'atmosphère; on en constate
la présence non seulement sur le littoral, mais aussi dans l'intérieur des
continents. Les pluies qui tombent ramènent ces poussières au sol et sont
la véritable source à laquelle les plantes empruntent les chlorures qu'elles
renferment. Si les eaux météoriques n'apportaient pas de sel, ce dernier
disparaîtrait rapidement du sol avec les eaux de drainage, et les plantes en
seraient dépourvues.
» La proportion de chlore dans l'eau de pluie, très élevée au voisi-
nage de la mer, diminue à mesure qu'on s'en éloigne, mais elle reste
plus que suffisante pour fournir aux récoltes le sel marin qu'elles ren-
ferment.
» Les poussières salines sont-elles uniformément répandues dans l'at-
mosphère, ou sont-elles concentrées dans les parties basses, en vertu de
leur pesanteur, comme les corpuscules organisés, les poussières de nitrate
d'ammoniaque, etc., et, par suite, les eaux qui tombent aux grandes alti-
tudes, traversant un air moins chargé de ces particules, sont-elles aussi
plus pauvres en chlorure?
» Les chiffres ci-dessous répondent à cette question :
( lUlorure
de sodium
par litre.
Pluies des hautes montagnes : Pic du Midi (ait. 28;7m; (moy.) o,34
Bergerac (moy.) 2 , 5o
Joinville-le-Pont (moy.) 7,60
pa
Pluies des régions basses...
» Les pluies recueillies à une grande altitude sont donc extrêmement
livres en chlorure de sodium.
( 449 )
» Les eaux des torrents alpestres en sont, par suite, presque entière-
ment dépourvues :
Chlorure de sodium
par litre.
mur
Eaux de divers torrents des Pyrénées (moyenne) 0,9
» Les eaux des rivières coulant dans les régions basses en contiennent
des quantités beaucoup plus grandes.
» Les plantes qui vivent à une grande altitude n'ont donc à leur dispo-
sition que de faibles quantités de chlorures; voici quelques chiffres obte-
nus par la comparaison entre les mêmes espèces végétales prises, les unes
sur la montagne, les autres dans la plaine, mais à une même distance de
la mer et sous l'influence des mêmes vents dominants :
Chlorure de sodium
pour too.
Montagne. Vallée.
k'r Rr
Foin o,254 ';Oi7
Trèfle blanc 0 . • s ;> o,5o5
Tl 1 \m o,i45 o,238
Paille de seigle 0,o54 0,117
» Tous ces résultats montrent que le sel marin est rare sur les monta-
gnes, et expliquent pourquoi il est nécessaire d'en donner aux animaux
qui y vivent. Mais, malgré cette distribution de sel, on constate dans les
liquides de leur organisme une moindre quantité de chlorure :
Chlorure de sodium
par litre.
Montagne. Vallée.
Lait de vaches (moyenne) ... . i,o83 i,35o
Sang de moutons (moyenne) . 0,476 0,610
Sang de lapins (moyenne) . . . 0,397 0,470
» L'utilité de l'apport de sel marin, dans les régions où celui-ci n'est
pas apporté en abondance par les pluies, se trouve démontrée par les ob-
servations que je viens de résumer. »
( 45ô )
M. Greg. Stefanesco, de Biikarest, dans une Note transmise à l'Aca-
démie par M. Danbrée, signale un manuscrit de la bibliothèque de l'Aca-
démie roumaine, où se trouve la relation d'une chute de météorites remon-
tant à l'année 1774. Elle a eu lieu près de Tirgoviste, dans le Judetul
Dimbovita, et a présenté les phénomènes habituels, judicieusement décrits
par l'observateur anonyme.
« Un matin, avant le lever du soleil, quand le ciel était clair de toutes
parts, il se montra tout à coup un petit nuage éclairé, duquel il commença
d'abord à tonner, puis tout d'un coup il a craqué, et, comme de la pluie,
une multitude de pierres en sont tombées et elles ont couvert une surface
plus grande qu'une verste. Ces pierres étaient noirâtres, de dimensions va-
riables, depuis la grosseur du poing et au-dessous, et de forme fragmen-
taire, comme si elles avaient élé détachées d'un même bloc; les plus grosses
se sont enfoncées dans la terre, les petites restèrent à la surface comme
une grêle. Elles répandaient une odeur de boue croupie et légèrement
sulfureuse. »
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie. M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 23 février 1891.
Congrès international de Mécanique appliquée tenu à Paris du 1 G au 1 1 sep-
tembre 1889, sous la présidence de M. Phillips, membre de l'Institut. Paris,
E. Bernard et C'e, 1890-1 891 ; 4 vol. gr. in-8° et Atlas.
Cours d'Algèbre; parG. Niewengloyvski. 2e édition. Paris, Armand Colin
et Cie, 1891 ; 2 vol. in-8". (Présenté par M. Picard.)
Synthèse du rubis; parE. Fremy, 1877-1890. Paris, VveCh. Dunod, 1891 ;
gr. in-'[°.
-Conférences faites au laboratoire de M. Friedel (1888- 1889). Premier
fascicule : Conférences de MM . Bouveault, Maquenne, Arnaud, Bkhal, Saint-
( 45. ;
Pierre, Fauconnier, Etard. — Second fascicule: Conférences & MM. Cha-
brié, Patein, Auger, Béhal, Combes. Paris, Georges Carré, 1891 ; gr. in-8°.
(Présenté par M. Friedel.)
Traité d'analyse chimique de R..-D. Silva, publié par M. R. Engel. Paris,
G. Masson, 1891; 1 vol.in-8°. (Présenté par M. Friedel. )
Etudes sur le terrain houiller de Commentry. Livre deuxième (fin) : Flore
fossile; par M. B. Renault et M. R. Zeiller. Saint-Etienne, au siège de
la Société de l'industrie minérale, 1890; iu-8°.
Le travail musculaire et l'énergie qu'il représente; par A. Chauveau,
membre de l'Institut. Paris, Asselin et Houzeau, 1891 ; 1 vol. in-8°.
La folie à Paris. Étude statistique, clinique et médico-légale ; parleD1' Paul
Garnier. Paris, J.-B. Baillièrc et fils, 1890; 1 vol. in-16. (Deux exem-
plaires.) (Envoyé au concours Mont) on, Médecine et Chirurgie.)
La fabrication de l'alcool de grains. Ses difficultés dans les pays chauds;
par Jules Simian; br. in-8°. (Extrait de l'Annuaire de la distillerie, an-
née 1891.)
American meleorological Journal, November 1889-January 1891; 14 br.
er. in-8°.
Publications of the Washburn observatory of the University of Wisconsin,
vol. VII, Part I : Meleorological observations, 1887-88-89. Madison,
Wis. , 1890; br. in-/j°.
The american Ephemeris and nautical Almanac for the year 1893. Was-
hington, bureau of Equipment, 1890; 1 vol. in-4°.
Die electrischen Verbrauchsmesser, von Etienne de Fodor. Wien, A. Hart-
leben's Verlag, 1891; in-16.
ERRATA.
(Séance du 16 février 1.891.)
Noie de M"e D. Klump&e, Observations de la comète Charlois :
Page 377, aux positions apparentes de la planète, les logarithmes de parallaxe (en
ascension droite) doivent être précédés du signe -H, au lieu du signe — .
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER- VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
Kuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. [ls forment, à la fin die l'année, deux volumes in-4°. Doux
>les, l'une p»r ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
Mit du ier jtnvier.
Le prix de Vabonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 IV. — Départements : 30 (Y. — Union postale : 34 IV. — Autres pays : les Irais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
er . .
ieus.
rers..
■on ne..
mcon
maux.
■nibcr) ..
nourg..
•monl-Ft
noble
Hochet le
'iavre. . .
chez Messieurs :
Michel et Médan.
i Gavault St-Lager.
< Jourdan.
| RuIF.
Hecquet-Decoberl
^ Germain et Grassin.
r Lachèsc el Dolbeau.
Jérôme.
Jacquard.
, A.vrard.
Dulhuff.
I Muller (GO-
Renaud.
Lefoumier.
F. Robert.
i .1. Robert.
' V Uzel CarofT.
, Baër.
I Massif.
Perrin;
, Henry.
I Marguerie.
t_ Rousseau.
/ Ribou-Collay.
Lamarche.
' Ratel.
' Damidot.
i Lauverjal
' Crépin.
j Drevel.
/ Gratier.
Robin.
\ Bourdigi
' Dombrc.
, Ropiteau.
■ Lefebvre.
' ( juarré.
Carient.
Lyon. .
chez Messieurs :
( Baumal.
/ M" rexier.
Beaud.
i leorg.
. Mégret.
J Palud.
I Vitle et Pcrusscl.
Marseille.. Pessailhan.
i Calas.
Montpellier . ■■■,,. , .
' i Coulet.
Moulins Martial Place.
Sordoillet.
Nancy Grosjean-Maupin.
' Sidot frères.
^ Loiseau.
i m \ eloppé.
( Barma.
i \ isi onti el l ',
\ inies Thibaud.
Orléans Luzeray.
i Blanchier.
foitiers ., .
' Druinaud.
Rennes Plihon et Hev\ i
fiochefort Boucheron - Kossi
, Langloi - | gnol.
' I ,esl ring. lut.
i ii \ alief.
! i;,. Mlle.
I Rumèbe.
t Gimet.
j Privât.
Boisselier.
Tours Péricat.
' Suppligc
\ Giard.
' Li niai tre.
Imsterdam . .
Athènes. . .
Barcelone.
Berlin.
lieme ■ ■ ■
Bologne ■
Bruxelles.
Buc/iarest.
X an les
ViCi . . .
/iouen
S'-Étienne
Toulon
Toulouse.. ,
Valenciennes.
Budapest
Cambridge
l 'hristiahia
Constantinople.
Copenhague. . . .
Florence
Gand
Gènes
Genève.. ■
La Haye
Lausanne.
Leipzig
f.iè'e.
:hez Messieurs :
Robbers.
Feikema Caareisen
Beck. et C
\ erdaguer.
\>Ii.t el C".
< '.M v. m \ el C "
Friedlander el (ils-.
tfaver el Millier.
Schmid, Franckc el
Zanichelli el I ■ '.
Ramlot.
Mayolez.
Lebègue el i ]'•.
ll.ilili. uni.
Ranisteanu.
kili.i ri.
Deigh Bellel '.
i :,iiniiii ■ 1 1 1 1 ■ \ ei .
Otto el K cil.
IImsI ,i lils.
Lœsi lier el Seebci
Hoste.
Beuf.
Cherbuliez
Georg.
Stapelmolir.
Bclinfante fi-ères.
Benda .
Payot.
Barlh.
Brockhaus.
Lorentz.
M,ix Rilbe.
Twietmeyer.
I lesoer.
Gnusé.
I .■nulles . . .
Luxemboui
chez Messieurs :
j Dulafl.
Madrid
Milan .
' / Nutt.
. V. Bilck.
Librairie Gutcn
\ berg.
. Gonzalès e hijos.
I Vrayedri.
' F. Fé.
( Dumolard frères.
" j Hœpli.
Moscou Gâul ici\
Furcheim.
Vaples Marghieri < t ■ i lins
' Pellerano.
Chrislern.
Vew York Slechcrl .
\\ estermann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C".
Haterme i llau sen
Porto Magalhai s.
Prague Rivnac.
Rio Janeiro (Jarnii-r.
, Bocca frères.
Ilmue
i Loesclier el < ." .
Rotterdam Krauicrs el Mis.
Stockholm.. . .
v Pétersbourg.
Samson i t Y\ allin..
j Zinserling.
Turin
Vienne .
I WolIT.
Bocca frères.
Bi-ero.
< llausen.
Rosenberg et Sellier.
Varsovit < iebethner et WolIT.
Vérone. . Drucker.
j, l'riek.
( Gerold et C".
j Zurich Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1er à 31. — ( 3 Août ià3 J à 3i Décembre i85o. ) Volume in-i°; l853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61. — ( î" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-i": [870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91. — (i'r Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in- j : [889. Prix 15 IV.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
omel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. \. Herbes et A.-J.-J. Solier.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
nètes, par M.Hansen.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du sue, pancréatique dans [es phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
sses, par M. Claude Bersaru. Volume in-4°, avec 32 planches-; r856 15 fr.
ome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beseden. — Essai d'une réponse à laquestioude Prix proposée en iS5o par l'Académie des Sciences
r le concours de i853, et puis remise pourcelui de 1806, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
îentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée.— Rechercher la nature
es rapports qui existent entre l'étatactuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-'.°, avec 27 planches; 1861 ... 15 IV.
la mémo' Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
K 8.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 25 février 1891.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pi.lZL-S.
M. Ë. Km my présente à l'Académie du Volume
qui] vieni de publier sous le titre :ccSyn
thèse des rubis
M. Chauveau présente à l'Académie un Ou-
vrage qu'il vieut 'le publier sons le titre :
o Le travail musculaire et l'énergie qu'il
^représente »
Pages-
M. Mascart. — Sur les anneaux colorés...
MM. P.. 1-fi'Im: el BARB W.. — Sur l'isolement
• du ferment glycolytique du sang
M. Bouquet de LA Grye présente à l'Acadé-
mil- un exposé des idées de M. Faye sur
la théorie des tempêtes dans VAmerican
Meteorolosical Journal .
NOMINATIONS.
i loi issiou chargée de juger le concours du
prix Francœur de l'année i Si, i : MM. Her-
mite, Bertrand, Darboux, Jordan, Poin-
care
Commission chargée de juger le concours du
prix Poncelel de l'année r8ai : MM. Hêr-
mite, Bertrand, Pointure. Darboux, Jor-
dan
i lommission chargée de juger le- concours du
prix extraordinaire de six mille francs, de
l'année 1891 : MM. Jurien.de la Gravière,
de Bussy, Bouquet il'- la Grye, Paris,
de Jonguières
Commission chargée de juger le concours du
prix Montyon ( Mécanique 1 de l'année 1891 :
MM. Muni in- Lévy, Boussinesg, l.ruute.
Besal, Sarrau
Commission chargée déjuger le concours du
prix Plumey de l'année 1891 : MM. de
Bussy, Pdris, Jurien de lu Gravière,
Maurice Lévy, Bouquet </<• la Grye
,10
'n!
MEMOIRES LUS.
M. H. DKSLANDRES. - Sur le spectre de a Lyi
MEMOIRES PRESENTES
M. D.-\. CASALONGA adresse une nouvelle
Note relative à « l'inexactitude du coefli-
T — T
eient économique -^ — du rendemcnl
de la chaleur
',,::
,1 .1
r
L'Académie royale des Sciences, i>es Ret-
ires 11 des Beaux-Arts i>e Belgique in-
forme l'Académie qu'elle ouvre une sou-
scription pour- offrir une médaille d'or a
M. ./.-.s. Stas, à l'occasion de son nu
quantième anniversaire comme membre
titulaire de la classe des Sciences
M. le Dr PlCHON adresse ses remerciements
pour la distinction accordée à ses travaux
dans la dernière séance publique
M. Charlois. Observations île deux nou-
velles planètes, découvertes à l'observatoire
de Nice, les 11 et 16 février 1891
M. B. Baillaud. Observations de la pla-
nète Charlois (11 février 1801), faite- a
l'équatorial Brunner de l'observatoire de
Toulouse
M. Em. Marchand. — Observations des fa-
cules solaires, faites en 1889 et 1890, à
l'équatorial Brunner (om,iS) de l'observa-
toire de Lyon. . .
M. Vndrade. — Sur le mouvement d'un vor-
lex rectiligne dans un liquide contenu
dans un prisme rectangle de longueur
indéfinie. . . . •
M. M. d'Ocaqne. — Sur la représentation
plane des équations à quatre variables...
M. L. li.u-i'Y. — Sur une classe de surfaces
harmoniques
Bulletin bibliographique
Ekr\ta
I'
CORRESPONDANCE.
M. I i.yssi. Lai. a. — Sur la compressibilité
des mélanges d'air et d'hydrogène
M. M on nok y. — Sur la compression du quartz.
M. I-:. Carvallo. — Position de la vibration
lumineuse; systèmes de Fresnel
M. Cil. BLAREZ. — Sur l,i solubilité- du b'i-
tartrate de potassium
M. \. Villiers. — Sur la transformation
de la fécule en dextrine par le ferment
butyrique
M. A. Rehg. — Sur les hulylamines nor-
males
M. Lavocat. — Détermination rationnelle
des pièces sternales chez les animaux ver-
tébrés
M. E. Lagwesse. — Structure du pancréas
ei pancréas intra-hépatique chez les Pois-
sons
M. L. Faurot. — Anaiomie du Cerianthus
membranaceus
M. Pierre Lesage. — Sur la différenciation
du liber dans la racine
M. Édoi \iai Jannettaz. - Sur l'argent natif
ei la dioptasc du Congo français
M. A. MUNTZ. — Sur la répartition du sel
manu suivant les allitudes
M. Greg. Stefanesco signale la relation
d'une chute de météorites remontant à
l'année 1 7 7 'j
; 16
428
13.
135
ï-;
'!■"»
443
444
546
m;
ij"
45o
45i
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILL.VRS ET FILS,
Quai des Grands-.\ugustins, 55.
1891
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPETUELS.
TOME CXII.
N° 9 (2 Mars 1891),
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopte dans les séances des 2.3 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de Les Programmes des prix proposés par l'Académie
l'Académie se composent des extraits des travaux de sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Ra
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il v a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autaî
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pi
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des persona
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aci
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré
suiné qui ne dépasse pas 3 pages
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fonl
pour les articles ordinaires de la correspondance olfi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à temp
le titre seul du Mémoire est inséré dans \eCompte ren
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par 1 actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu su
les correspondants de l'Académie comprennent au vaut, et mis à la fin du cahier,
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des afl
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative lait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le*
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5h. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 MARS 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. C. Wolf, en présentant à l'Académie, au nom de la Société française
de Physique et des éditeurs, MM. Gauthier- Villars, le deuxième Tome des
« Mémoires sur le pendule » dont il a entrepris la publication, s'exprime
comme il suit :
« Ce Volume est le cinquième de la collection des Mémoires relatifs à la
Physique que publie la Société. Il contient les traductions de la fin du Mé-
moire de Bessel sur la longueur du pendule simple à Kœnigsberg; le très
important travail du même auteur sur la force avec laquelle la Terre attire
les corps de différente nature, Mémoire qui n'est guère connu que par l'ex-
trait qu'en a donné Bessel dans les Astronomische Nachrichten ('), et
(') L'édition des Mémoires de Bessel par Engelmann ne donne que cet extrait.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CX.II, N° 9.) 5o,
(454 )
la Note de Bessel sur la construction du pendule symétrique à axes réci-
proques, qui a été l'origine de l'appareil aujourd'hui universellement em-
ployé pour la mesure de l'intensité de la pesanteur. Les autres Mémoires
sont relatifs à la question de la résistance du milieu, sur laquelle les belles
expériences de M. le commandant Defforges viennent de donner des lu-
mières inattendues. M. Wolf exprime l'espoir que les physiciens lui sau-
ront quelque gré de leur avoir facilité la lecture du grand Mémoire de
M. Stokes sur cette question, qui a pour la première fois défini d'une
manière précise la cause du fait observé par Du Buat et par Bessel, et inau-
guré l'ère nouvelle des expériences modernes sur le pendule. »
ASTRONOMIE. — Observations de petites planètes, faites au grand instrument,
méridien de V Observatoire de Paris pendant le deuxième trimestre de Van-
née 1890. Communiquées par M. Mouchez.
Correction
Correction
Dates.
Temps moyen
Ascension
,
de
Distance
de
1890.
de Paris.
droite.
l'éphémér.
polaue.
l'éphémér.
(fâj Palu
.S.
Il Ul .5
Ii m s
S
0 ' h
II
i5. 11 . 19,32
—
1,04
64. 16. 56, 3
—
1,6
ao. . . .
I I . 12.22
l5. 6.33,OI
—
°>97
63.54.28,7
—
1,5
I 1 . 7 . 4o
1 5 . 5.47,35
—
o,94
63.52. 1,6
—
■>9
11. 3. 0
■5. 5. 2 ,33
—
°>99
63 . 4g . 58 , 2
—
o,3
24....
10.53.40
i5. 3.34,91
—
°.79
63.46.52, 1
—
1,1
28
I0.35. 12
i5. 0.49,88
—
0,96
63. 44 -5°, 3
—
>.4
3i
10.21 .3i
i4-58.56, 19
—
1,18
63 .46.49,0
—
0,4
14.57. i2,53
—
o,9[
63. 5i .35 ,0
—
0,6
9....
9.41.28
i4.54. i5, 81
—
0,82
64. 8.56,5
—
0, 2
16.
9. II. 27
1 4 - 5 1 .45,8o
—
0,91
64.4o. 56, 6
—
1 ,0
19....
8.58.55
i4- 5i . 1 ,23
—
0,73
64.58. 4.7
—
0,1
8.54.4;
14.50.48,79
—
0,90
65 . 4.11,2
—
n
0,0
24....
8.38.28
i4-5o. i3,35
(T) Cérè
s.
0,55
65.3o.3i ,2
-r-
0,6
11.42.41
i5.4o.53,29
+
i,39
102.47. 4>°
+
8,4
22.. .
11.37.49
15.39.57,27
+
1 ,3o
102 .47.44,0
+
8,7
23
1 1 .32.57
15.39. l >68
+
i,33
102.48.28,7
+ 10,0
24....
11.28. 6
i5.38. 6,43
+
1 ,35
102.49.14,2
+
8,4
28
11. 8.47
1 5. 34.30,09
_1_
.,34
102 .53. 1,2
+
8,7
3i
10.54.24
i5.3i .54,29
4-
1 , 26
io2.56.33,3
-t-
8.5
( 455 )
Dates. Temps moyen
1890. de Paris,
fa m s
Juin 3 io.4o. 8
g IO. 12 . 2
'9 9.26.46
20 9.22.22
24 9.5.0
a5 9. o.43
27 8.52. i3
Mai 21 r-2. 8.26
22 12. 3.4o
23 u.58. 54
24 11.54. 9
28 1 1 .35. 2
Juin 9 io.38.28
10 io.33.5i
Mai 21 12 .3i .23
22 12.26.38
23 12.21 .53
24 12.17. 7
28 u.58. 3
Juin 7 1 1 . 10. 29
9 11. 1. 2
10 10. 56. 19
19 10. l4-22
20 IO. 9.47
24 g.5i .32
25 9. '17. I
Correction
Correction
Ascension
1e
Distance
de
droite.
l'cphémér.
polaire.
l'éphémér
h m s
l5.2g.25,74
+
1,38
0 '
io3. o.44
3
+ 9>°
1 5. 24 -54, 20
+
1,32
io3. 11. 3
9
-t- 8,6
i5. 18. 56, 81
+
1,37
io3. 34.3o
1
+ 9.°
.5.18.28,18
+
1 ,o5
103.37. 16
7
-+- 8,8
i5 . 16.49,61
+
1,22
io3.4g. 11
5
-+- 9.4
1 5. 16.28,61
+
I , 23
io3 .52 . ni
5
+ 7.'
1 5 . 1 5.5o,79
+
0,98
io3.58.55
5
+ 8,9
,i, Mélétê.
16. 6.43,27
—
5.99
99.34.48,4
— 23,6
16. 5.53,o'|
—
5,86
»
»
16. 5. 2,44
—
5,88
99.21.31,5
— 22, 1
»
»
99 . 1 5 . 3,3
— 22,2
16. 0.48,95
—
5,g4
98.5o.36,o
— 19. 6
1 5. 5 1 . ■>. \ ,98
—
5.97
97.53.29,1
-,8,7
1 5. 5o.43, 61
—
5,94
97-49-59>5
— 19.0
J t:\ON.
))
»
93.44.54,7
-h 1,8
16.28.54,99
+
4,4"
93,4i.3o.2
-+- 5,o
16.28. 4,98
+
4,i3
93. 38. 6,6
-f- 2,3
1 (i. 27. i5,oi
+
4,09
93.34.54,4
-H 4,2
i6.23.54, 1 1
-l-
4, .5
g3.23. 8,0
+ 3,3
16. i5.38, 19
-+-
4,i6
93. 2.38,o
■+■ 3, i
1 6 . 1 î . ■<. ,49
+
3,g3
93. 0. 9,3
4- 3,8
16. i3. i5,7"
+
4,i5
92.59. 6,9
4- 3,6
îfi. 6. io,g5
+
4,o4
92.56. 2,1
-t- 2,6
16. 6. 0,86
-+-
3,98
92.56.24,4
H- 3,7
16. 3.29,89
+
I,i4
92,59.12,3
+ 5,4
16. 2.54,24
3,87
93. 0. 11 ,9
-+- 3,5
» Les observations ont été faites par M. Callandreau.
» Les comparaisons de Pallas, Gérés et Junon se rapportent aux éphé-
mérides du Nantical Alrnanac; celles de Mélété à l'éphéméride publiée
dans le Bulletin astronomique, t. VII, p. io.|. »
( 456 )
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la réflexion métallique.
Note de M. H. Poixcaré.
« Je crois devoir expliquer en quelques mots pour quelles raisons,
malgré les Notes récentes de M. Cornu et de M. Potier, je persiste dans
mon scepticisme sur le caractère décisif de la remarquable expérience de
M. Wiener. La question est maintenant circonscrite de la façon suivante :
est-il certain que, sous l'incidence normale, tout plan réfléchissant soit
un plan nodal? Dans le cas de la réflexion vitreuse, -il est aisé de voir
que, sur la surface réfléchissante, on a un nœud avec la théorie de Fresnel
et un ventre avec celle de Neumann; mais M. Potier croit pouvoir démon-
trer que, dans le cas de la réflexion métallique, et particulièrement dans
le cas des métaux dont le pouvoir réflecteur est très considérable, les
deux théories seraient d'accord pour exiger la présence d'un nœud à la
surface réfléchissante.
» L'expérience montre que, sous l'incidence normale, le pouvoir réflec-
teur de l'argent est très voisin de i; nous ne nous écarterons donc pas
beaucoup de la réalité, dit M. Potier, en lui attribuant un pouvoir réflec-
teur rigoureusement égal à i. Cette sorte de passage à la limite serait
légitime dans tout raisonnement où l'on n'appliquerait pas le principe de
continuité, fondement commun des théories de Fresnel et de Neumann ;
mais il cesse de l'être dès que ce principe joue un rôle, parce que la limite
d'une fonction continue peut très bien être une fonction discontinue; il en
résulte que telle loi de réflexion, compatible avec le principe de continuité
quand le pouvoir réflecteur est extrêmement voisin de i, cesse de l'être
quand ce pouvoir devient rigoureusement égal à i.
» Il est donc nécessaire de faire le calcul complètement, et ce calcul
complet m'a conduit à des résultats opposés à ceux de M. Potier. On ne
s'en étonnera pas; car il serait singulier que la réflexion métallique, phé-
nomène complexe et mal connu, nous permît de conclure là où la réflexion
vitreuse, que nous connaissons beaucoup mieux, nous aurait laissés dans
le doute.
» Bornons-nous au cas de l'incidence normale. L'équation du mouve-
ment, réduite à ses termes principaux, s'écrit, dans la théorie de Fresnel,
/ \ d'2l , / & **
(0 adFtbdi = dë
(457 )
et, dans celle de Neumann,
( \ ^ — Afiï'fi _&L
\2) dt* ~ dz \ dz "'' V dzdt
a, b, ce et (3 sont des fonctions de z constantes dans chacun des deux
milieux, air et métal, et variant très rapidement dans la couche de passage
qui les sépare.
» Nous pourrons écrire
ç = partie réelle de £0e'1" ',
p étant un nombre dépendant de la période et égal ta — et ç0 une fonction
imaginaire de z. Dans l'air, où l'on aJ=o (ou (3 = o dans la théorie de
Neumann), nous poserons
■K = pfa (ou l = fy-
Dans le métal, nous poserons
V=S-af+bip (ou ,,= y/-— |-
en choisissant le signe du radical de façon que la partie réelle de [j. soit
négative.
» On aura, dans l'air,
(3) ^r'k4-Be+,'-:
et, dans le métal,
» Le premier terme du second membre de (3) correspond au rayon in-
cident et le second au rayon réfléchi. Le nombre B est un nombre imagi-
naire dont le carré du module représente le pouvoir réflecteur et dont
l'argument représente la différence de phase due à la réflexion.
» Le calcul montre que, dans la théorie de Fresnel,
et, dans celle de Neumann,
doivent être continus.
P et *
->o eL J„
\« et (« + P$0§
( 4*8 )
» On en déduit
« h K- + *'* .
a — ?.>
le signe -+- correspond à la théorie de Fresnel et le signe — à celle de
Neumann.
« Les coefficients a, b, -/, [3 étant positifs, le point B sera, dans l'un et
l'autre cas, contenu à l'intérieur d'un segment limité par une droite et par
un arc de cercle ayant pour extrémités communes les points ± i et se
coupant à 45°.
» Pour que le pouvoir réflecteur devienne égal à i, il faut que j B | = i
et, par conséquent, que
B = ± t.
» On obtiendra ces deux points en faisant >j. = o ou y. = — oo; la pre-
mière de ces deux hypothèses devant évidemment être rejetée, nous
ferons [j. = — co. En effet, le cas [a = o serait celui d'un milieu transparent
dont l'indice de réfraction serait nul; le cas [/. = — oo serait celui d'un mi-
lieu absolument opaque.
» Or, si l'on fait \j. = — oo, on trouve B = — i dans la théorie de Fresnel
(ce qui est conforme au résultat de M. Potier) et B = i dans celle de
Neumann (ce qui donnerait une différence de phase égale à o, c'est-à-dire
un ventre).
» Dans la théorie de Neumann on a, dans l'air,
1- n- (*•-!- l'X f.,
1 [1. — L A
et, dans le métal,
» lia fonction ia est donc continue, quelque grand que soit — jt; mais
si l'on fait p. = - oo, il vient, dans l'air,
limç0 = 2COS7..S
et, dans le métal,
limç,, = o,
et la fonction limE0 est discontinue; ce qui met en évidence le point faible
du raisonnement de M. Potier.
» Quelle est maintenant la signification physique des équations ( i )
et (2).
( 459 )
» L'équation (i) correspond aux hypothèses suivantes :
■■: i° La vibration est perpendiculaire au plan de polarisation ;
» 20 L'élasticité de l'éther est constante;
a 3° L'absorption de la lumière par le métal est due à une résistance
proportionnelle à la vitesse des molécules d'éther.
» L'équation (2) correspond aux hypothèses suivantes :
» i° La vibration est parallèle au plan de polarisation ;
» 20 La densité de l'éther est constante ;
» 3° L'absorption de la lumière serait due à une résistance qui suivrait
les mêmes lois que le frottement intérieur des liquides et qui dépendrait,
par conséquent, non de la vitesse absolue des molécules d'éther (ou de
leur vitesse relative par rapport aux molécules matérielles supposées sen-
siblement fixes ), mais de la vitesse relative des molécules d'éther les unes
par l'apport aux autres.
» Cette hypothèse est plus compliquée que la précédente, et c'est là
un argument des plus sérieux en faveur de la théorie de Fresnel, argu-
ment complètement indépendant d'ailleurs de l'expérience de M. Wiener.
Mais il perd une partie de sa valeur si l'on réfléchit à ce qui suit :
» Les deux systèmes d'hypothèses que je viens d'énoncer rendent éga-
lement compte des phénomènes de la réflexion métallique, même sous in-
cidence oblique, mais seulement pour une lumière homogène. Si l'on veut
expliquer la manière dont les constantes dépendent de la longueur d'onde,
il faut recourir à des hypothèses beaucoup plus compliquées encore et l'on
est moins frappé alors de la simplicité du système de Fresnel.
» Je termine en rappelant que mon scepticisme est tout relatif, ainsi
que je l'ai expliqué dans ma première Note. Si je ne crois pas que la ques-
tion puisse être tranchée avec la même netteté, par exemple, que celle de
la transversalité des vibrations, si je considère comme trompeuses les es-
pérances que l'expérience de M. Wiener avait pu faire concevoir à cet
égard, j'estime qu'il peut y avoir des raisons qui tendent à faire pencher la
balance dans un sens ou dans l'autre; il est remarquable que toutes ces
raisons concourent à faire adopter les vues de Fresnel.
» Je viens de donner moi-même, quelques lignes plus haut, un argu-
ment nouveau en faveur de la théorie de Fresnel; la Note de M. Carvallo,
que j'ai eu l'honneur de présenter lundi dernier à l'Académie, en contenait
un autre. Mais le plus sérieux de tous reste celui qui est tiré du phénomène
de l'aberration et de l'expérience célèbre de M. Fizeau. »
( 46o )
ZOOLOGIE. — Sur un essai d'ostréiculture dans le vivier d expérience
du laboratoire de Roscoff. Note de M. de Lacaze-Duthiers.
« J'ai l'honneur de rappeler à l'Académie que, dans l'une de ses séances
du mois de juin dernier ('), je plaçais sous ses yeux déjeunes huîtres éle-
vées dans le vivier de Zoologie expérimentale de Roscoff; que je faisais déjà
remarquer alors combien l'accroissement du Mollusque avait été grand
pendant l'espace de temps très court de deux mois, puisque les huîtres
avaient été placées dans le vivier à l'état de naissain dans le mois d'avril (2)
précédent; enfin, j'ajoutais que la Communication que j'avais l'honneur de
faire avait pour but de prendre date et que plus tard j'apporterais les ré-
sultats définitifs, bons ou mauvais, de l'expérience.
» Ce sont ces résultats que je présente aujourd'hui.
» Le naissain placé en avril 1890 dans des caisses à parois de toile mé-
tallique a été surveillé et soigné avec la plus grande attention par le gar-
dien dévoué de mon laboratoire, Charles Marty, et les résultats acquis
sont fort remarquables.
» On sait que l'hiver est une période de l'année très dure à passer pour
les huîtres élevées en parc, car les temps froids agissant pendant les
marées basses peuvent causer une grande mortalité. Cette année, les
gelées ont été exceptionnellement redoutables, même à Roscoff, qui jouit
habituellement d'une température douce en hiver et où les Camélias et les
Mesembryanlheum vivent en pleine terre. Comme il y a eu de grands dé-
gâts dans la culture maraîchère si remarquable du pays, il était nécessaire
d'attendre la fin de la mauvaise saison pour présenter les résultats obtenus.
» Je mets sous les yeux de l'Académie des échantillons : i° du naissain
placé dans ce vivier en avril 1890; 20 des individus pris au mois de juin ;
3° des individus pris en septembre dernier et enfin 4° des individus qui
viennent d'arriver.
» Voici les grandeurs les plus considérables de chacun d'eux :
s
CCI
Naissain, avril 1890 1,5 à 2
Le même en juin 1890 5
Le même en septembre 1890 7,0 à 7,5
Le même en mars 1891 8
(') Comptes rendus, t. CX, p. 1 355, 26 juin 1890.
(-) Ibid., t. CX, 24 avril 1890.
( 46i
» Le naissain, en général, prend un premier et grand accroissement
pendant la belle saison qui suit celle de sa naissance. Celui qui a été mis
en expérience à Roscoff était né dans l'été de 1889 dans les parcs de M. Jar-
din, à Auray, et avait pris la taille de icm,5 à 2cm,o pendant la fin de l'été
et l'automne de 1889.
» La différence de la taille des huîtres ne frappe pas quand on en donne
la mesure en indiquant simplement les plus grands diamètres, autant que
lorsqu'on voit les échantillons ou les figures qui les représentent. Aussi
m'a-t-il paru utile de donner ici quelques dessins calqués sur les contours
des coquilles mômes.
» Il est à peine besoin d'ajouter que les plus belles tailles ont été choi-
sies, afin de montrer le summum d'accroissement acquis depuis le com-
mencement de l'expérience.
» En voyant ces dessins, on peut affirmer qu'en moins d'une année le
naissain élevé dans le vivier de Roscoff a acquis la taille marchande.
» Cet accroissement rapide a beaucoup étonné des personnes habit mer.
aux études d'ostréiculture. Elles auraient peut-être mis en doute l'origine
de ces huîtres, si elles ne portaient leur marque de fabrique. Le naissain,
quand on le détache des appareils collecteurs, ou, pour employer l'ex-
pression consacrée, quand ou le dêtroque, emporte avec lui une partie de
la couche de chaux dont on a enduit les briques et tuiles pour faciliter le
dëtrocage; ainsi la marque certaine de l'origine se trouve sur la coquille.
» Les 85oo petites huîtres que j'avais placées dans le vivier sont-elle^
toutes arrivées à cette taille remarquable? Voici comment, après un triage
attentif, on peut, au 1e1 mars 1891, répartir les huîtres ayant servi à l'expé-
rience :
33oo ont acquis la taille d'un peu plus de 6cm; le plus grand nombre a 8rm dans
le plus grand diamètre.
2700 ont de 4cm à 6rm dans leur plus grand diamètre.
1900 sont petites, c'est-à-dire ont de 3cm à 4e'"-
33o sont restées à l'état de naissain, ayant à peine commencé à pousser la barbe
au bord de leur coquille.
160 avant l'hiver étaient mortes dans la saison d'été et d'automne 1S90.
5o ont péri pendant l'hiver qui finit.
36 m'ont été envoyées à plusieurs reprises pour suivre l'expérience.
24 ont été ouvertes sur les lieux pour les besoins de l'observation.
Total 8000
» Quelques remarques doivent être faites :
» D'abord les pertes, 210 sur 85oo, sont pour ainsi dire insignifiantes;
C. H., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, N° 9.) Oo
\^ v\.'. -,l'A s.
» s
v/ / 1
^1
( 463 )
ensuite la proportion des jeunes, 33o, qui ne sont pas encore développées
est très faible. Voilà pour les résultats relatifs à l'accroissement et à la vita-
lité.
» Reste une autre question qui a bien son importance et qui ne pourra
être jugée qu'après un nouveau temps de séjour dans le vivier. Il s'agit de
la qualité au point de vue de la saveur de l'huître. Après une première
année qui semble avoir été employée par l'animal a étendre les proportions
de sa taille, le Mollusque doit, suivant l'expression des ostréiculteurs,
s'engraisser, prendre du corps. Il faut attendre encore pour se prononcer
sur cette qualité; pour le moment on peut dire que les huîtres élevées à
Roscoff ont une saveur fine et délicate, mais qu'elles ne sont pas encore
complètement grasses.
<> Elles se présententd'a il leurs dans d'excellentes conditions, faisant bien
espérer pour l'avenir. En effet, malgré leur croissance très rapide, leur
coquille est très saine et ne présente aucune des défectuosités nuisant à
la qualité.
» On sait qu'il arrive souvent que le fond du creux de la coquille offre
des couches non exactement superposées, accolées les unes sur les autres
et laissant entre elles des espaces remplis d'une eau saturée d'acide sulf-
hvdrique, nuisant beaucoup à la dégustation lorsqu'on brise ces pellicules
minces en détachant le Mollusque de son test.
» Cette condition des plus fâcheuses ne se rencontre pas chez elles.
» Une autre condition non moins défavorable est celle qui se présente
lorsque le test est habité par des éponges parasites perforantes, lesquelles
répandent une odeur phosphorée fort désagréable pour le consommateur.
Jusqu'ici nous n'avons point trouvé de coquilles des élèves du vivier de
Roscoff attaquées par l'éponge parasite.
» Il faut remarquer aussi combien la mortalité, 5o, pendant le dernier
hiver a été faible. La cause doit, je pense, en être trouvée dans ce fait
que jamais le vivier n'a été complètement vidé aux marées basses pendant
les gelées.
» L'eau se renouvelait durant les hautes mers, elle pouvait entrer,
mais les vannes n'étaient pas ouvertes à la marée descendante; le gardien,
pour soigner les élèves, tirait hors de l'eau les caisses toujours amarrées
aux parois du vivier et les immergeait très rapidement après les soins de
nettoyage.
» Il importe d'insister sur l'enseignement qui ressort de cette mor-
talité insignifiante pendant un hiver fort rude. Il est évident, et cela
( 464 )
est du reste bien connu, que les soins régulièrement donnés assurent
la vie des animaux. Il est certain que sur des surfaces très considé-
rables émergeant à marée basse, des soins semblables à ceux qui ont été
pris dans le cas actuel seraient difficilement pratiques. Mais c'est une
chose utile à répéter et à montrer par l'expérience même, que les soins
sont pour beaucoup dans la réussite de l'ostréiculture.
» Dans un laboratoire comme celui de Roscoff, consacré aux études de
science pure, il ne peut être question d'un élevage considérable et d'une
sorte d'industrie; mais nous pouvons et même nous devons v montrer des
faits probants destinés à servir d'exemples et permettant à l'industrie de
s'appuyer sur eux pour entreprendre des essais sur une plus grande échelle
et devant donner des produits rémunérateurs, car elle n'aura pas d'expé-
riences à tenter, n'ayant qu'à imiter.
» Il existe à Roscoff un grand vivier où l'on a réuni et conservé jus-
qu'à trente mille homards ou langoustes. Ce vivier est placé dans des con-
ditions maritimes bien plus favorables que le vivier de mon laboratoire.
On m'affirme qu'après avoir constaté de visu les résultats dont je viens de
rendre compte, le possesseur du vivier à homard veut cette année même
tenter de son côté un élevage et qu'il a déjà arrêté du naissain. Si les
renseignements qu'on me transmet se réalisent, ce que je désire beaucoup,
j'avouerai que je ne m'attendais pas à voir l'exemple donné par la station
aussi promptement suivi et des essais tentés sur la foi des expériences
faites au laboratoire. Le but que je m'étais proposé serait ainsi rapidement
atteint.
» Beaucoup trop souvent on fait en pisciculture et ostréiculture des
expériences sans s'être d'abord suffisamment renseigné sur les conditions
biologiques nécessaires au développement des animaux qu'on ensemence,
et l'on s'expose ainsi à de bien graves mécomptes. Aussi, dans le cas actuel,
je puis le dire aujourd'hui, je comptais absolument sur une réusite cer-
taine, sans toutefois compter sur un accroissement aussi rapide: la raison
en est dans la connaissance des conditions biologiques existant sur les
grèves de Roscoff où, rencontrant tout près du vivier à chaque instant des
huîtres, je n'avais aucun doute sur l'existence des bonnes conditions indis-
pensables à la vitalité des Mollusques que j'y apportais à l'état jeune.
» Il est permis aujourd'hui d'aller plus loin et de penser qu'on trou-
vera sur des parties des grèves du canal abrité par l'ile de Batz, entre cette
île et Roscoff, des espaces inoccupés ne donnant aucun produit, où il serait
possible d'aménager des parcs producteurs importants, en y élevant d'à-
( 465 )
bord des naissains produits et acquis ailleurs, puis en y établissant des
appareils collecteurs. A Arcachon, à Auray, dans tout le Morbihan, on
trouve d'immenses étendues de grèves qui sont utilisées et qui produi-
sent de fort beaux revenus à ceux qui les mettent à profit pour l'élevage
des huîtres.
» Il serait heureux que de nouvelles expériences étendues et poursui-
vies, comme je vais le faire dans la campagne prochaine en dehors du
vivier môme, puissent déterminer les pêcheurs de Roscoff et de l'île de
Batz à entreprendre des essais qui, plus tard, pourraient devenir pour eux
et la contrée une source de produits rémunérateurs, comme cela est ar-
rivé dans une foule de localités de notre littoral océanien. »
CHIMIE AGRICOLE. — Sur la composition des eaux de drainage.
Note de M. P. -P. Deiiéraix.
« J'ai déjà eu l'honneur, l'été dernier (' ,, d'entretenir l'Académie des
résultats que m'ont fourni les analyses des eaux de drainage écoulées de
diverses terres du domaine de Grignon; j'ai cru devoir continuer ces ob-
servations, car la quantité de nitrates que contiennent les eaux de drai-
nage variant avec la température à laquelle le sol est soumis, avec l'humi-
dité qu'il retient, est très différente d'une année à l'autre.
» Cette quantité varie également avec la composition du sol; aussi ai-je
mis en expériences, cette année, plusieurs terres très différentes de celles
qui avaient été étudiées en 1889. Ces terres m'ont été envoyées de deux
régions de la France très éloignées l'une de l'autre : deux d'entre elles
ont été prises dans le Nord et le Pas-de-Calais, à Wardrecques et à Bla-
ringhem, sur les domaines où ont été exécutées de t 885 à 1889 les cul-
tures expérimentales dont j'ai présenté les résultats à l'Académie à diverses
reprises; les deux autres proviennent de la Limagne d'Auvergne et ont
été prélevées sur les domaines dépendant des sucreries de Bourdon.
» Les quantités d'azote nitrique dosées dans les eaux de drainage, s'écou-
lant de grands pots de grès contenant 5okg de terre, varient dans d'énormes
proportions d'un sol à l'autre.
(') Comptes: rendus, t. CXI. p. 2.33.
( 466 )
» En ramenant les chiffres à l'hectare (' ), on a trouvé :
Azote nitrique contenu dans les eaux de drainage de la terre d'un hectare
de mars à novembre 1890.
Wardrecques (Pas-de-Calais) i5a,4
Blaringhem (Nord) 128,1
Marmilhat (Puy-de-Dôme1) 62,5
Palbost ( Id. ) 45,2
» Les deux terres du Nord, qui donnent beaucoup plus de nitrates que
les terres de la Limagne, sont cependant beaucoup moins riches en azote ;
il n'v a pas non plus de rapports simples entre les quantités de nitrates
formés et les quantités d'eau retenues, si en effet le sol de Wardrecques,
qui nitrifie le plus énergiquement, est aussi celui qui retient l'eau le plus
aisément, le rapport de la pluie au drainage étant de 3, 7, si la terre de
Palbost, qui a donné le moins de nitrate, est aussi celle qui se dessèche le
plus vite, le rapport de la pluie au drainage y étant de 2,3; les deux terres
de Blaringhem et de Marmilhat, qui donnent des quantités de nitrate va-
riant de 1 à 1, retiennent l'eau de la même façon : le rapport de la pluie
au drainage est pour l'une et l'autre 2,9.
» Si l'on cherche à pénétrer la cause des différences énormes que nous
venons de signaler, il convient de rappeler que les terres noires de la
Limagne sont beaucoup plus chargées de matières organiques que les
sols brun-clair du Nord et que les recherches de M. Warington, celles de
M. Winogradski ont montré que l'abondance des matières organiques
dans un milieu retardait la nitrification.
» Les terres du Nord ne conservent leur fertilité que par l'apport in-
cessant des engrais; aussitôt qu'on en diminue la quantité, les récoltes
baissent ; et, en voyant combien est grande la perte par le drainage, on n'est
pas étonné que les engrais soient nécessaires pour conserver au sol sa ri-
chesse Il en est tout autrement dans la Limagne, les engrais n'y pro-
duisent pas grand effet, et la fertilité se maintient sans qu'on soit obligé d'y
veiller attentivement.
» La formation des nitrates est avantageuse ou" nuisible, suivant l'époque
(') Le détail des observations se trouve dans le Mémoire in extenso {Annales
agronomiques, n° de février 1891, t. \\ 11 1.
( 46? )
à laquelle elle se produit; en général, elle est insuffisante au printemps : de
là la nécessité où sont les cultivateurs d'ajouter à leurs terres une certaine
quantité de nitrate de soude qui vient compléter la nourriture azotée de
quelques-unes des plantes les plus répandues.
» Quand la nitrification est abondante à l'arrière -saison, après la
moisson, elle occasionne des pertes considérables signalées depuis long-
temps par MM. Lawes et Gilbert; au mois d'octobre 1889, les terres de
Grignon ont perdu la valeur de 72^,2 d'azote nitrique à l'hectare, et on
conçoit combien il importe de se mettre à l'abri d'une pareille déperdition.
» J'ai proposé, pour l'atténuer, de procéder immédiatement après la
moisson à un léger labour de décliaumage, puis de semer une graine à
végétation rapide, telle que celle de moutarde, de navette et de colza, es-
pérant que les cultures dérobées retiendraient bien les nitrates et qu'en-
fouies soit à l'automne, soit au printemps, elles restitueraient au sol l'azote
qui, sans elles, aurait été perdu et fourniraient, en outre, une bonne fu-
mure organique, très favorable au développement de certaines espèces.
» J'ai réalisé ce programme à l'automne de 1890; plusieurs parcellesdu
champ d'expériences ont été ensemencées; on a également semé du colza
ou de la navette dans les grands vases destinés à recueillir les eaux de drai-
nage. La saison malheureusement n'a pas été favorable à ces essais : les mois
d'août, de septembre et d'octobre ont été relativement secs et la végétation
d'arrière-saison n'a pas été vigoureuse comme elle le fût devenue, si les
pluies avaient été abondantes comme l'an dernier. Malgré ce contre-temps,
l'expérience est très nette, les cultures dérobées ont absolument empêché
la déperdition des nitrates.
» En 1890, le mois de juillet, a donné des quantités notables d'eau de
drainage, mais l'automne n'en a pas fourni et c'est seulement eu novembre
que les drains ont recommencé à couler; cette sécheresse prolongée a sin-
gulièrement amoindri la nitrification et les terres nues ont perdu infini-
ment moins que l'an dernier, ainsi que le montrent les nombres suivants :
Azote nitrique contenu dans les eaux de drainage d'un hectare de terres nues
du 1" au - novembre 1890.
kg
Après betteraves récoltées en octobre ",D
Après maïs récolté en août i-'i ,5
Après chanvre récolté en août 10, 5
» Les pertes sont donc minimes ; quoi qu'il en soit, si l'on compare les
( 468 )
nombres précédents à ceux qu'on a recueillis des terres portant des cul-
tures dérobées, on reconnaît qu'elles sont absolument efficaces.
Azote nitrique contenu dans les eaux de drainage d'un hectare
portant des cultures dérobées.
Après avoine. — Culture de colza 0,87
Après pois. — Culture de navette o,5i
» La perte est donc devenue tout à fait insignifiante, et je crois qu'elle
le serait encore, quand bien même des pluies d'automne abondantes
eussent activé la nitrifîcation, car, du même coup, les plantes fussent, deve-
nues très vigoureuses et auraient retenu les nitrates au moins avec autant
de facilité que les végétaux rudimentaires de 1890.
» Il est donc démonlrè que les cultures dérobées pour engrais sont très
efficaces pour retenir les nitrates habituellement entraînés par les grandes
pluies d'automne.
» J'en ai eu une nouvelle preuve très inattendue cet hiver.
» Le froid est arrivé si rapidement à la fin de novembre, qu'il a surpris
les plantes sur pied avant qu'elles eussent été enfouies par les labours ;
celles qui garnissaient les vases d'expérience ont péri. Or quand le dégel
est arrivé, à la fin de janvier, et que les eaux de drainage ont commencé à
couler de nouveau, on les a trouvées beaucoup plus chargées de nitrates
que ne l'étaient celles qui avaient été recueillies à la fin de novembre,
quand les cultures dérobées étaient encore vivantes.
Eaux de drainage et azote nitrique qu'elles renferment.
28 novembre. Fin janvier iSgi.
Les cultures dérobées Les cultures dérobées
sont vivantes. sont mortes.
Eau Azote Eau Azote
recueillie nitrique recueillie nitrique
en en en en
cent, cubes. milligr. cent, cubes. milligr.
Culture dérobée de colza 2000 1 2860 25
Culture dérobée de navette . i4oo 7 3o45 35
Pas de culture dérobée 2098 79 3420 53
Id. 2198 55 3 1 44 49
Id. i454 34 2952 33
» Quand il n'y a pas eu de culture dérobée à la fin de novembre, la
( 469 )
moyenne de l'azote nitrique recueillie est de 3kg, 36 à l'hectare, avec les
cultures dérobées oks, il\; à la fin de janvier, les nombres, si différents à la
période précédente, se rapprochent : les deux premières terres auraient
donné à l'hectare ikg,8 et celles qui ne portaient pas de culture dérobée
2ke,5.
» Quand les cultures dérobées pour engrais périssent par la gelée, leur
effet utile disparaît ; ces gelées hâtives et violentes sont rares sous le climat
de Paris, et très habituellement le colza passe l'hiver sans dommage. En
voyant, au reste, combien sont faibles les pertes qu'occasionnent les drai-
nages d'hiver, on n'hésitera pas à enfouir les cultures dérobées en no-
vembre, si le climat sous lequel on opère est rigoureux. Je ne crois donc
pas que la crainte de voir disparaître ces cultures par la gelée doive dé-
tourner de les établir.
» Il reste toutefois un dernier point à élucider: en 1889, la perted'azote
nitrique avait été considérable; elle s'était élevée, ainsi qu'il a été dit, à
72kgpour le mois d'octobre, représentant environ 45okg de nitrate de soude,
valant une centaine de francs, somme suffisante pour compenser les frais
qu'occasionne l'établissement de la culture dérobée; le labour de déchau-
mage, étant toujours donné, ne doit pas être compté; mais, en revanche,
il faudra acheter la semence et la faire répandre.
» Or, si minimes que soient ces dépenses, elles peuvent n'être pas cou-
vertes, si, ainsi qu'il est arrivé en i8(jo, les pertes d'azote nitrique sont
très faibles, et, par suite, on peut se demander si, en réalité, la pratique des
cultures dérobées est à recommander.
» Je crois absolument pouvoir les conseiller; mais, pour qu'elles soient
utiles, même si les pertes de nitrates sont faibles, je pense qu'au lieu de
semer exclusivement des Crucifères, comme je l'ai fait cette année, il con-
vient de semer en outre une Légumineuse, de la vesce par exemple,
comme on le fait, au reste, depuis longtemps dans la Limagne d'Auvergne.
Ce sera donc un mélange de vesce et de colza que j'emploierai cet automne
après la moisson, et j'aurai l'honneur, l'hiver prochain, d'indiquer à l'Aca-
démie les résultats que fourniront ces essais. »
C. H., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, N° 9.) <JI
( Mo )
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Corres-
pondant pour la Section de Minéralogie, en remplacement de feu M. Al-
phonse Favre.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 54,
M. Geikie obtient 45 suffrages.
M. Vézian » 6 »
M. de Richthofen » 2 »
M. Tschermak » i »
M. Geikie, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix, chargées de juger les Concours de l'année 1 891 .
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Prix Dalmont. — MM. Maurice Lévy, Haton de la Goupillière, Sarrau,
Resal, Léauté réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après
eux, ont obtenu le plus de voix sont, MM. Chambrelent et Marcel Deprez.
Prix Fourneyron {Perfectionner la théorie des machines à vapeur, en tenant
compte des échanges de chaleur entre le fluide et les parois des cylindres et con-
duits de vapeur). -- MM. Maurice Lévy, Sarrau, MarcelDeprez, de Bussy,
Resal réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux,
ont obtenu le plus de voix sont MM. Léauté et Haton de la Goupillière.
Prix Damoiseau {Perfectionner la théorie des inégalités à longues périodes
causées par les planètes dans le mouvement de la Lune). — MM. Faye, Tisse-
rand, Lœwy, Wolf, Janssen réunissent la majorité des suffrages. Les
Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Poincaré
et Mouchez.
Prix Lalande. — MM. Faye, Tisserand, Lœwy, Janssen, Wolf réunissent
la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus
de voix sont MM. Mouchez et Poincaré.
(47' )
Prix Vafc. — MM. Faye, Loewy, Tisserand, Janssen, Wolf réunissent la
majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de
voix sont MM. Mouchez et Poincaré.
Prix Janssen — MM. Janssen, Faye, Tisserand, Wolf, Loewy réunissent
la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus
de voix sont MM. Cornu et Fizeau.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces .imprimées de la
Correspondance :
i° Une Note de M. Georges Dumesnil « Sur la forme des chiffres usuels ».
(Extrait de la Revue archéologique. )
2° Une Brochure de M. II'. Nicati, intitulée « La glande de l'humeur
aqueuse». (Présentée par M. Ranvier.) ( Extrait des Archives d'Ophtalmo-
logie. )
ASTRONOMIE. — Sur une nébuleuse variable. Note de M. G. Bigourdan,
communiquée par M. Mouchez.
« Le nombre de nébuleuses dont la variabilité peut être considérée
comme certaine est excessivement restreint; peut-être même cette variabi-
lité n'est bien établie que pour une seule nébuleuse, celle qui fut découverte
le ii octobre 1832 par M. Hind dans le Taureau (i555 New Gen. Cat.),
qui fut observée quatre fois par d'Arrest à Leipzig en 1 855 et 1 856, mais
qui depuis a été cherchée en vain par un grand nombre d'astronomes.
» Celle dont il va être question (1 186 New Gen. Cal.) est voisine d'Algol
et a été découverte en 1783 par W. Herschel; son fils l'a revue en i83i;
mais elle a été cherchée vainement par les astronomes de Birr Castle en
i85/j et 1864 et par d'Arrest en i863. Or aujourd'hui cette nébuleuse est
visible à la place indiquée par les deux Herschel, ainsi que je l'ai constaté
à deux reprises différentes, le 3i janvier et le 26 février de cette année.
» Comme la position boréale de cet astre permet de l'observer encore
dans de bonnes conditions, il serait intéressant que sa visibilité fut con-
statée par d'autres observateurs et même qu'il en fût fait des photo-
graphies.
( 472 )
» Cette nébuleuse étant faible, avant de discuter le plus ou moins de cer-
titude que présente sa variabilité, je vais rapporter d'abord le petit nombre
d'observations qui en ont été faites jusqu'ici :
» Elle fut découverte le 1 7 octobre 1 78a avec un télescope de 2 1 pieds ( ( )
de long et 18 ^ pouces d'ouverture par W. Herschel, qui lui donna le nu-
méro IV 43 et qui détermina deux fois sa position par rapport à Algol; il
la décrit ainsi : A pretty bright star with 2 faint branches (Philosophical
Transactions, vol. 79; 1789, p. 247).
» Le 23 décembre i83i (Sweep 389), elle fut revue par J. Herschel avec
son télescope de 20 pieds de long et 18 pouces d'ouverture libre; il la décrit
ainsi : A stari^ magnitude with some kincl 0/ faint nebulons appendage (Phd.
Trans., i833, p. 376, n°281).
» Plus tard cette nébuleuse fut cherchée en vain et à deux reprises dif-
férentes par les astronomes de Lord Rosse, avec le grand télescope de
6 pieds d'ouverture : Looked for twice (i854 and 1 86/f ), not found (Phil.
Trans., 1861, Part III, p. 745, et Scientific Trans. of the fi. Dublin Soc,
2e série, vol. II, p. 34 du tirage à part).
» Le 8 novembre i863, avec sa lunette de 11 pouces, d'Arrest la cher-
cha vainement avec le plus grand soin et par un très beau ciel : In banc
nebulosam diu ac multum inquisivi, frustra tamen. Nostra œtate in hac regïone
taie quidnon exstat in cœlo. Nox \[\i (apprime serenum). (Siderum neb.,
p. 56). C'est d'Arrest qui souligne le passage où il dit qu'un tel objet ne se
trouve pas dans le ciel.
» Voici enfin les deux observations que je viens de faire avec l'équato-
rial de la tour de l'Ouest de l'Observatoire de Paris, de 5™, 20 de long et
o'n,3i d'ouverture :
» 1891 janvier 3i. Ciel assez beau. Cet objet est une étoile de 12e grandeur, accom-
pagnée de nébulosité qui a été aperçue immédiatement sans cacher l'étoile. Cette né-
bulosité forme un large éventail dont l'étoile occupe le sommet et dont la partie la plus
brillante paraît être vers 5o° d'angle de position, l'étoile étant au centre.
» 1891 février 26. Ciel très beau. Cette étoile, de grandeur 12, 5, est certainement
accompagnée de nébulosité que l'on aperçoit sans cacher l'étoile et que l'on voit d'une
façon absolument certaine quand on cache l'étoile par un fil. Cette nébulosité s'aper-
çoit sur une étendue d'environ 4o"; elle forme une sorte d'éventail dont l'étoile occupe
(') Je rapporte les longueurs et les ouvertures des instruments exactement telles
que les donne chaque auteur: tous les pieds et pouces dont il s'agit ici sont ceux des
mesures anglaises.
( 4:3 )
Je sommet et est comprise entre les angles de position de 25° et de no°; la partie la
plus intense est vers p = 5o° : c'est celle que l'on aperçoit sans cacher l'étoile.
» Toutes ces observations paraissent inconciliables si l'on n'admet pas la
variabilité de cette nébuleuse. Sa position est, en effet, bien indiquée par
W. Herschel et par J. Herschel, dont les positions pour i83o,o sont les
suivantes :
Ascension droite. Déclinaison,
h m s o ,
W. Herschel 2.54.22,0 -+- 42. 12 (Réduction de M. Auwers.)
J. Herschel 2.54-22,3 -+- 42 . 9
Position] actuelle 2.54.20,0 -+- 42.10 (en partant de 694 BD -+- 42°-)
» Etant données la puissance du télescope de Lord Rosse, sa grande ex-
périence et celle de ses astronomes en fait de nébuleuses, enfin l'habileté
si connue de d'Arrest, jointe à son affirmation si positive qu'au point indi-
qué du ciel il n'y a pas de nébuleuse, il est bien difficile d'admettre que cet
objet fût visible en i854, 1 863 et 1864*, car il faut ajouter que ces astro-
nomes, connaissant la concordance des observations des deux Herschel,
ont dû redoubler de soins en la cherchant.
» Cependant, si l'étoile était variable et si son éclat avait alors été plus
grand, il aurait pu éclipser la nébulosité. Il est vrai que ni d'Arrest, ni les
astronomes de Birr Castle n'indiquent sa grandeur, mais cela même prouve
qu'ils ne l'ont pas trouvée sensiblement différente de celle qu'indique J.
Herschel. D'ailleurs, on peut assurer (pie cette étoile a aujourd'hui le
même éclat que lors de l'observation de i83i. Si, en effet, on relève los
éclats notés par J. Herschel pour les étoiles qui accompagnent certaines né-
buleuses, et qu'on les compare à ceux que j'ai notés récemment pour les
mêmes étoiles, on trouve qu'en moyenne la grandeur que j'appelle i2.(>
est notée par J. Herschel i3,8. Or l'éclat attribué par .T. Herschel à l'étoile
considérée est \!\ en nombre rond : il ne diffère donc pas sensiblement de
l'éclat 12-12,5 que je note aujourd'hui.
» Il est donc très probable que cette nébuleuse présente de réelles va.
riations d'éclat, et elle mérite une étude attentive. La région où elle se
trouve est d'ailleurs bien facile à reconnaître, car l'étoile 6p/[ BD -t- l\i°
dont elle est voisine est une étoile double écartée (grandeurs 10 et n,
p= '5-2.0°, d = 9") qui porte le n° 1123 dans le Catalogue général d'étoiles
doubles de J. Herschel (Mem. of the fi. Aslr. Soc, vol. XL).
» D'après B.D., la position de cette étoile pour 1891 ,0 est :
M 2h58mos <B -+- 420 29'
( 474 )
la nébuleuse passe 18 secondes après cette étoile double et est plus australe
de 4'.
» Remarque. — Le 26 février, par un ciel très beau, je n'ai pu aperce-
voir la nébuleuse 1174 N.G.C., voisine de la nébuleuse variable dont il
vient d'être question. »
GÉODÉSIE. — Histoire des appareils à mesurer les bases.
!STote de M. A. Laussedat.
« A propos de l'histoire des règles géodésiques et de la mesure des bases,
dont M. Bertrand avait dit quelques mots dans sa Notice sur le général
Ibailez, M. le Dr Rod. WolF a rappelé que deux de ses compatriotes, Tralles
et Hassler, avaient eu l'heureuse idée de substituer, dès 1797, le contact
optique au contact réel des règles portées bout à bout.
» M. Rod. Wolf ajoute, dans sa Note publiée le 16 février, que la préci-
sion de la base d'Aarberg mesurée avec un appareil composé de quatre
rè°les d'une toise (with an apparalus of four toise bars), a été constatée à
plusieurs reprises, notamment en 1880 parle général Ibaîiez, à l'aide de
l'appareil construit par Brunner.
» Hassler a continué, aux États-Unis, à appliquer le principe du contact
optique et a publié en 1824, à Philadelphie, une description de l'appareil
dont il s'est servi à cette époque.
» Tout cela est très intéressant, à coup sûr, mais ne diminue en rien le
mérite de l'ingénieur des mines français d'Aubuisson de Voisins, qui parait
bien avoir été le premier à employer une règle unique à traits, transportée
successivement entre des repères disposés à l'avance sur l'alignement de
la base à mesurer.
» Je ne saurais mieux faire, pour édifier ceux qui s'intéressent à cette
question, que de les renvoyer à la Note que j'ai adressée àM. le Secrétaire
perpétuel de l'Académie des Sciences et qui a été insérée dans les Comptes
rendus, séance du 6 décembre 1880, t. XCI, p. 922.
» J'ai eu soin, en effet, de faire ressortir dans cette Note les avantages
qui résultent de la substitution d'une règle unique au système des quatre
règles employées auparavant, et formant ce que les géodésiens appelaient
une portée, et j'y ai reproduit in extenso la description donnée par d'Au-
buisson de l'appareil qu'il avait fait construire à Turin, pour mesurer, en
18 10, une base de 670™ dans la plaine du Piémont, à l'entrée de la vallée
d'Aoste. »
( 475 )
GÉOMÉTRIE CINÉMATIQUE. — Transformation de démonstration.
Noie de M. A. Maxxheim.
« Dans la première édition de son Traité de Géométrie supérieure, parue
en 1802, Chasles a dit (p. 436) à propos d'une propriété des coniques
obtenue par Ja méthode des figures corrélatives appliquée à un théorème
sur le cercle : « Assurément, le théorème sur le cercle et sa démonstration
» tout intuitive ne donnent aucune ouverture sur la manière dont cette
» propriété des coniques se pourra démontrer directement. »
» Contrairement à cette idée, j'ai montré en 1837 (') qu'on pouvait
effectuer la transformation d'une démonstration géométrique ou analy-
tique d'un théorème pour obtenir la démonstration directe de ce théorème
transformé.
» Chasles adopta complètement ma manière de voir et, dans la deuxième
édition de son Livre (p. 402), il modifia dans ce sens le passage précé-
demment cité.
» Je viens de nouveau appeler l'attention sur la transformation de dé-
monstration à propos du mode de transformation en Géométrie cinématique
que j'ai fait connaître (2).
» Démontrons d'abord un théorème que je prends comme exemple et
ensuite je transformerai cette démonstration.
« On sait que :
» Théorème I. - - Les plans normaux aux trajectoires des points d'une
droite se coupent suivant une même droite (Ch.vsles).
» Ces plans normaux constituent un faisceau. Après un déplacement infiniment
petit de la droite mobile, on a un deuxième faisceau analogue à celui-ci et qui lui est
homogrophique. Après un nouveau déplacement infiniment petit, on a un troisième
faisceau homographique aux premiers. Les plans correspondants de ces trois faisceaux
se coupent en des points qui appartiennent à une cubique gauche. Ces points sont les
centres des sphères osculatrices des trajectoires des points de la droite mobile; donc :
» Théorème 11. ■ - Les centres des sphères osculatrices des trajectoires des
points d'une droite mobile sont sur une cubique gauche (Haag).
» Un plan arbitraire coupe cette courbe en trois points et, s'il la rencontre en plus
de trois points, il en contient une infinité. Cette circonstance se présente constamment
(') Voir ma Brochure sur la Transformation des propriétés métriques des Jigures
à l'aide de la théorie des polaires réciproques.
(2) Voir Comptes rendus, séances des 3, 10 et il\ février 1890.
( W )
lorsque quatre points d'une droite mobile restent sur quatre sphères fixes dont les
centres sont sur un même plan. Le centre de la sphère osculatrice de la trajectoire
d'un point quelconque de cette droite mobile doit être alors toujours sur ce plan, et
comme le lieu des centres des sphères osculatrices relatives aux points d'une courbe
ne peut être une courbe plane, nous devons conclure que ce centre est fixe, ou sur
une droite, pendant le déplacement; donc :
» Théorème III. — Lorsque quatre points d'une droite mobile restent sur
des sphères fixes dont les centres sont dans un même plan, un point quelconque
de la droite décrit une ligne qui appartient à une sphère dont le centre est sur le
plan des centres des quatre sphères fixes ( ' ) .
» Ce théorème nouveau comprend comme cas particulier ce théorème
qui a été très remarqué : Lorsque quatre points d'une droite mobile restent
sur quatre plans fixes, un point quelconque de la droite décrit une ligne
plane (-).
» Faisant usage du mode de transformation qui consiste à remplacer
d'abord la droite mobile par une fde de sphères (3), je vais transformer la
démonstration que je viens de donner du théorème III.
» En transformant le théorème I, on obtient le théorème suivant, dont
on connaît la démonstration directe :
» Théorème I'. — Les plans normaux aux plans d'un faisceau mobile de
grandeur invariable menés, pour une position du faisceau, respectivement par-
les caractéristiques de ces plans se coupent suivant une même droite.
» Ces plans normaux constituent un faisceau. Après un déplacement inliniment
petit de la figure mobile, on a un deuxième faisceau, analogue à celui-ci et qui lui
est homographique. Après un nouveau déplacement infiniment petit, on a un troi-
sième faisceau homographique au premier.
» Les plans correspondants de ces trois faisceaux se coupent en des points qui ap-
partiennent à une cubique gauche. Ces points sont les centres des sphères osculatrices
des lignes de courbure des surfaces enveloppes des plans du faisceau mobile; donc :
(') J'ai dit que le lieu des centres des sphères osculatrices d'une courbe ne peut
être plan. En effet, ce lieu est l'arête de rebroussement de la surface enveloppe des
plans normaux à cette courbe. Ces plans normaux sont les plans osculateurs de cette
arête de rebroussement et seraient alors réduits à un seul plan si cette arête était une
ligne plane.
Faisons remarquer aussi que si ce lieu était une droite, tous les plans normaux pas-
sant par cette droite, la courbe serait une circonférence de cercle, c'est-à-dire aussi
une ligne sphérique.
On peut ajouter à l'énoncé du théorème III que les centres des sphères qui con-
tiennent les lignes décrites appartiennent à une conique.
(2) J'ai fait connaître ce théorème dans la séance du 10 mars 1873.
(3) Voir Comptes rendus, séances des 3 et 10 février 1890.
(477 )
» Théorème II'. — Les centres des sphères osculatrices des lignes de cour-
bure des surfaces enveloppes des plans d'un faisceau mobile, de grandeur inva-
riable, correspondant aux points où ces lignes rencontrent les caractéristiques
de ces de've/oppables, sont sur une cubique gauche.
» Un plan arbitraire coupe cette courbe en trois points, et s'il la rencontre en plus
de trois points il en contient une infinité. Celte circonstance se présente constamment
lorsque quatre plans du faisceau mobile restent tangents à quatre sphères fixes dont
les centres sont sur un même plan. Le centre de la sphère osculatrice d'une quel-
conque des lignes de courbure de la surface enveloppe d'un plan quelconque du fai-
sceau mobile doit être alors toujours sur ce plan, et, comme le lieu des centres des
sphères osculatrices relatives aux points d'une courbe ne peut être une courbe plane,
nous devons conclure que ce centre est fixe, ou sur une droite, pendant le déplace-
ment; donc, par suite :
» Théorème III'. — Lorsque quatre plans d' un faisceau mobile touchent
respectivement quatre sphères fixes dont les centres sont dans un même plan,
un plan quelconque du faisceau reste tangent à une sphère dont le centre est
un point du plan des centres des sphères fixes (' ).
» On voit que les théorèmes I', II, III sont liés entre eux par des rai-
sonnements tout à fait analogues aux raisonnements qui lient les théorèmes
dont ils sont les transformés, et, comme, ainsi que je l'ai déjà dit, on con-
naît la transformation directe du théorème I', nous avons alors le théorème
nouveau HT et sa démonstration directe qui est la transformée de celle du
théorème III.
» Faisons remarquer, en terminant, que la simplicité de cette démonstra-
tion est due à l'emploi des lignes de courbure des surfaces enveloppes des
plans du faisceau mobile.
» Dans la recherche d'une démonstration directe du théorème III', on
n'aurait peut-être pas songé tout de suite à faire usage de ces lignes de
courbure que la transformation de la démonstration du théorème III a in-
troduites si naturellement.
« L'emploi systématique de la transformation de démonstration pourra
conduire ainsi, dans bien des cas, à des démonstrations simples, mais en
quelque sorte cachées. »
(') On peut encore ajouter ici que les sphères auxquelles les plans des faisceaux
mobiles sont tangents ont leurs centres sur une conique.
Je ne développe pas aujourd'hui les cas particuliers des théorèmes III et III' ni les
cas particuliers des théorèmes relatifs aux files de sphères; j'y reviendrai en donnant
de nouvelles démonstrations des théorèmes III et III'.
C. R., 1S91, 1" Semestre. (T. CXII, N° 9.) <>?/
(47« )
GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces minima limitées par quatre arêtes d'un
quadrilatère gauche. Note de M. Schœnflies, présentée par M. Dar-
boux.
a Dans une Note insérée dans ces Comptes rendus, M. H. -A. Schwarz a
énoncé le théorème (' ) que, parmi les surfaces minima limitées par quatre
arêtes d'un tétraèdre (2), il y en a cinq qui sont périodiques ; cela veutdire
que, dans une portion limitée de l'espace, il ne passe qu'un nombre fini de
répétitions symétriques de la portion primitive de la surface. Toutes ces
surfaces possèdent la symétrie de l'octaèdre; mais il paraît que ce résultat
n'est pas complet : en effet, je ferai voir que le nombre de ces surfaces
minima périodiques est de six.
» La méthode dont je ferai usage est bien simple; elle s'appuie sur
V application des groupes de transformations de l 'espace aux surfaces minima.
Dans ce dernier temps, je me suis occupé plus profondément des problèmes
de cette espèce ; pour ce moment, je demande la permission de communi-
quer préalablement la Note suivante.
» Il est évident qu'une surface minima limitée par les arêtes d'un poly-
gone gauche est périodique , si toutes les arêtes appartiennent aux axes de
symétrie d'un groupe de mouvements, ou plutôt aux axes binaires, quater-
naires, ou senaires d'un tel groupe. Cette condition est nécessaire et suffi-
sante. Imaginons maintenant un cube quelconque : il y a un groupe de
mouvements, tel que toutes les arêtes du cube et les diagonales de ses faces
appartiennent aux axes de symétrie du groupe; et il en est de même pour
toute subdivision de l'espace dont le cube' forme le polyèdre générateur.
Voilà le simple et seul fait dont nous avons besoin. En effet, il s'ensuit
immédiatement que tout quadrilatère gauche formé par des arêtes ou des
diagonales des cubes nommés nous fournit une surface minima périodique.
» J'ajoute que le groupe cité s'obtient comme produit du groupe ordi-
naire de l'octaèdre et d'une translation parallèle à un axe principal de l'oc-
taèdre (3).
(') Voir t. XCXVI, p. ion.
(2) Il va sans dire que les surfaces dont il est ici question suffisent, à la condition
de ne présenter aucun point singulier dans l'intérieur, etc.
(3) C'est le groupe que j'ai désigné par 0*jVoir Veber Gruppen von Bewegungen
{Math. Annal., t. XXIX, p. 77).
(479)
» Pour obtenir tous les quadrilatères de l'espèce considérée, on peut
procéder comme il suit. Concevons un système d'axes de coordonnées pa-
rallèles aux arêtes du cube. La longueur d'un côté du quadrilatère s'exprime
géométriquement par une des neuf expressions suivantes
xx, $y, ys,
*i(y + *)» p,(*-r-a?), it(as+y),
y., (y — s), p2(-s — «0, Y2O — y ).
où les coefficients x,-, (î,-, 7, sont des nombres entiers.
» Maintenant, comme la somme géométrique des quatre droites du qua-
drilatère est zéro, la somme arithmétique correspondante s'évanouit identi-
quement. Tout revient donc à chercher des sommes formées par quatre de
ces expressions qui s'évanouissent identiquement.
» Cela se fait facilement. D'abord il est évident que tout au plus deux
des nombres x, (3, y sont différents de zéro. Supposons que ce soient x et p.
En considérant que : doit être contenu dans les deux autres expressions,
on prouve aisément que tous les quatre coefficients, abstraction faite du
signe, sont égaux.
» Il y a trois quadrilatères correspondants. Voilà les expressions géomé-
triques de leurs côtés, où l'ordre de ces expressions suit l'ordre des arêtes
du quadrilatère
(0
(2)
(3)
» Dans les deux premiers quadrilatères les arêtes x et y sont des arêtes
contiguës, tandis que, pour le troisième, elles sont opposées.
» Si un seul des nombres x, |3, y est différent de zéro, fixons que ce
soit oc. Maintenant, pour les quadrilatères correspondants, il y a une ou
deux autres expressions qui contiennent a\ Dans le premier cas nous avons
deux quadrilatères, dont les côtés ont les valeurs suivantes
(4) ix, z—x, — i(x-\-z), J-+-".
(5) 2X, y + z, z-y, _2<> + s).
De même, il y a deux quadrilatères appartenant au second cas ; les côtés
•< ,
y,
Z — X,
-0-r-z),
x,
y,
z-y>
— (ar-bs),
x,
z —
X,
— y,
(r-*).
IX,
z-y>
— (x-hz),
y — x,
IX,
S — X,
— (y-hz),
y — x.
( 4Ho )
sont
(6)
(7)
» Si tous les coefficients a, [i, y sont égaux à zéro, toutes les arêtes du
quadrilatère ont la direction des diagonales. Il y a deux quadrilatères de
cette espèce, exprimés comme il suit
(8) x + \, -(y + z), s -y, y-x,
(9) *- + 4, z-y, y-x, -(y + z).
» En tout nous avons donc neuf quadrilatères différents, qui donnent nais-
sance a une surface minima périodique de la symétrie de l'octaèdre. Mais ces
surfaces ne sont pas toutes différentes entre elles. Comme M. Schwarz l'a
démontré, pour un quadrilatère donné, il y a une seule surface minima
limitée par les arêtes du quadrilatère (' ). Par suite, si le quadrilatère pos-
sède des axes de symétrie binaires, la surface passant par ses arêtes of-
frira la même symétrie, et les axes de symétrie seront situés sur la sur-
face. Il en résulte que le nombre des surfaces différentes se réduit à six.
En effet, le quadrilatère (9) est formé par quatre arêtes d'un tétraèdre ré-
gulier; il est donc composé symétriquement de quatre quadrilatères (1).
De même, le quadrilatère (4) possède un axe de symétrie binaire; donc il
se compose de deux quadrilatères (1). Enfin le quadrilatère (7) possède,
lui aussi, un axe de symétrie binaire; il se compose de deux quadrila-
tères (5). Donc :
» Il y a six surfaces minima périodiques, limitées par les arêtes d'un quadri-
latère gauche.
» Je remarque encore que les quadrilatères (1) et (8) donnent la sur-
face de M. Schwarz et la surface adjointe. La surface limitée par le quadri-
latère (2) est celle qui a été étudiée par M. Neovius(-). Les autres surfaces
ne sont pas encore étudiées.
» Les surfaces dérivées de (5) et (6) par le prolongement analytique
de la portion primitive contiennent tout à fait les mêmes droites. »
(') Voir Bestiinmitng einer speciellen Minimal/lâche. Berlin, 1871, page 98.
(2) Voir Bestimmung zweier speciellen periodischen Minimaljlâchen. Helsing-
fors, i883.
( 48 1 )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Résultats des observations aclinométriques
faites à Kief (Russie) en 1890. Note de M. Savélief, présentée
par M. Janssen ( ' ).
« Ces observations ont été faites au moyen de l'actinomètre enregistreur
de M. Crova (-). L'étalonnage des ordonnées de ces courbes a été fait au
moyen d'un actinomètre de M. Crova, dont ce physicien a bien voulu
déterminer avec soin la constante.
» Voici les principaux résultats obtenus, du commencement de juin à la
fin de novembre 1 890 :
» i° En été et en automne, la valeur réelle de l'intensité calorifique
absolue de la radiation solaire, par un ciel en apparence bien pur, atteint
sa valeur maxima vers ioh du matin ; un maximum secondaire se produit
vers ih à 211 de l'après-midi; entre ces deux maxima, on observe un mini-
mum assez net à midi.
» En automne, l'intensité calorifique de la radiation solaire est entre
911 du matin et 2h après midi ; plus forte qu'en été.
» 20 En été, la moyenne horaire des intensités absolues, c'est-à-dire la
quantité de chaleur reçue normalement sur une surface de 1e'1 pendant
une heure et divisée par Go, abstraction faite de la durée d'insolation pen-
dant ce temps, atteint son maximum absolu vers ioh du malin et un
maximum secondaire à 5h de l'après-midi.
» En automne, les courbes sont plus régulières qu'en été et ne présen-
tent qu'un seul maximum, vers nb du matin.
» 3° La durée totale de l'insolation a été le quart de ce qu'elle aurait été
par un ciel constamment serein; cette même durée pendant les trois mois
d'été est relativement plus grande et atteint les f de ce même nombre.
En calculant la durée horaire de l'insolation, on voit qu'elle atteint un
maximum absolu vers midi et qu'elle présente un maximum secondaire
à 5h après midi; en automne, cette durée horaire présente un seul maxi-
mum, un peu avant midi.
» 4° La quantité totale de chaleur reçue sur l'unité de surface horizon-
tale du sol pendant les plus belles journées est identique (avec une ap-
(') Comptes rendus, t. CVIII, p. 287; 1889.
(2) Ibid., t. CI, p. 4i8; i885.
( 48a )
proximation de +ioCal) à celle qui résulte de mes observations anté-
rieures ( ' ) ; mais ces journées sont assez rares.
» 5° En moyenne, la quantité totale de chaleur reçue dans une journée
sur ic<1 de surface horizontale a été :
cal
cal
En juin 199 En septembre 127
En juillet 345 En octobre 45
En août 296 En novembre 4
» 6° Pendant ces six mois, je n'ai pu obtenir une seule courbe tout à
fait symétrique et calculable.
» J'ajouterai que l'erreur probable que l'on peut commettre en évaluant
en calories la valeur d'une ordonnée de l'actinographe est égale, d'après
mes déterminations, à ±ocal,oi. Une pareille concordance entre deux
instruments (actinomètre et actinographe) dont la construction est basée
sur des principes complètement différents donne une idée exacte de la
précision des déterminations dont je viens de résumer les principaux ré-
sultats. »
Remarques sur la Communication de M. Savélief; par M. A. Crova.
« Les résultats obtenus par M. Savélief confirment ceux auxquels j'étais
arrivé par l'emploi de mon actinomètre enregistreur, notamment les varia-
tions de la dépression de midi, et l'extrême irrégularité des courbes d'été.
Les observations que je poursuis à Montpellier, au moyen de mon actino-
mètre enregistreur, me conduisent à conclure à la permanence des varia-
tions que j'avais déjà indiquées; l'hiver et le commencement du printemps
sont les saisons pendant lesquelles on obtient les courbes les plus régu-
lières et qui approchent le plus d'une symétrie complète de part et d'autre
de l'ordonnée de midi. Il doit en être de même à Rief, où M. Savélief a
déjà obtenu en hiver, sans le secours de l'enregistrement, une courbe
remarquablement symétrique, dont le calcul a donné pour la constante
solaire la valeur moyenne très élevée de 2cal,8G. La discussion des courbes
comprenant une année entière d'enregistrement montrera dans quelle
mesure la variation de la latitude et les circonstances locales influent sur la
marche annuelle de la radiation solaire à Rief. »
(') Comptes rendus, t. CVIII, p. 287; 1889.
( 483 )
ACOUSTIQUE. — Sur les anches métalliques doubles en dehors. Note
de M. A. Imbert, présentée par M. Cornu.
« Un tuyau cylindrique en cuivre, de om,o25 de diamètre et de oœ,25
de longueur, ayant été sectionné par un plan parallèle à son axe, l'ouver-
ture ainsi obtenue, longue deom,i2, large de om,oi2, a été obturée au
moyen de deux anches en cuivre d'une épaisseur de om,ooo5. Afin de
pouvoir faire varier à volonté la longueur des anches, celles-ci étaient
fixées à l'une de leurs extrémités au moyen d'une pince à vis. Le tuyau
pouvait être monté sur une soufflerie, de manière que les anches fonction-
nassent comme anches en dehors.
» En donnant aux anches des longueurs égales, elles entrent facile-
ment en vibration. Si l'on fait en sorte que, dans leur position de repos,
leurs extrémités libres et voisines fassent un peu saillie en avant des bords
de l'ouverture du tuyau, puis que ces mêmes extrémités libres, et toujours
dans la position de repos des anches, soient un peu en arrière de ces
mêmes bords, le son rendu dans le premier cas est notablement plus élevé,
mais beaucoup moins intense que le son obtenu dans la seconde position
des anches.
» Il est très difficile de faire vibrer les anches lorsque, dans leur posi-
tion de repos, elles sont exactement au niveau des bords de l'ouverture
du tuyau.
» L'intensité du son est maxima lorsque, au repos, l'une des anches
fait saillie, tandis que l'autre est en retrait par rapport aux bords de l'ou-
verture du tube. Les tracés obtenus au moyen d'aiguilles en aluminium,
fixées sur les anches et inscrivant sur du papier enfumé, montrent que
les déplacements des anches, lorsqu'elles vibrent, sont alors inverses l'un
de l'autre.
» Si l'on donne aux anches des longueurs inégales, il est toujours facile
de les faire vibrer simultanément, en plaçant l'une d'elles un peu en saillie,
l'autre un peu en retrait par rapport aux bords de l'ouverture. Les tracés
montrent que les anches vibrent alors synchroniquement, mais la hauteur
du son rendu est réglée par la longueur de l'anche qui fait saillie au repos.
En donnant aux anches une différence de longueur de om,o2 (om,o5o de
longueur pour l'une, om,070 pour l'autre), j'ai obtenu successivement deux
sons dont l'intervalle était sensiblement d'une quinte, suivant que je pla-
( 484 )
çais en saillie l'anche la plus courte ou l'anche la plus longue; l'anche en
retrait exécutait toujours le même nombre de vibrations par seconde que
l'anche placée en saillie.
» Il existe pour les anches des longueurs relatives et des positions de
repos telles que, en vibrant simultanément, chacune d'elles exécute par
seconde un nombre de vibrations en rapport avec sa longueur propre.
» J'ai obtenu cette émission simultanée de deux sons de hauteur diffé-
rente lorsque les longueurs respectives des anches étaient 5omm et yo™111,
53mm et 67mm, 55mm et 65mm, 57mm et 63mm.
» Les tracés graphiques montrent que l'intervalle des deux sons simul-
tanés est d'une quinte dans le premier cas, d'une quarte dans le second,
d'une tierce majeure dans le troisième, d'une tierce mineure dans le qua-
trième.
« Pour des longueurs relatives comprises entre celles que je viens de
citer, il m'a été impossible d'obtenir l'émission simultanée de deux sons
de hauteur différente; il en a été de même lorsque la différence de lon-
gueur des anches était inférieure à 6mm.
» Il me paraît intéressant de faire remarquer que ces derniers faits con-
stituent la reproduction, au moyen d'anches métalliques, de la voix bito-
nale que l'on a signalée comme l'un des symptômes caractéristique, quoique
non constant, de l'anévrysme de l'aorte. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques dérivés alcalis de l'érythrite.
Note de M. de Forcis ajvd.
« I. J'ai publié précédemment un procédé de préparation de l'érythrate
monosodique C8H93Na08 et j'ai fait connaître sa chaleur de formation (').
Je l'obtenais par déplacement de l'nlcool mélhyllque au moyen de l'éry-
thrate dans le méthylate de sodium O'H'NaO2, procédé qui m'avait égale-
ment bien réussi pour la préparation des dérivés sodiques du glycol et de
la glycérine. Tous ces alcools polyatomiques déplacent les alcools mono-
atomiques dans les alcoolates, comme un acide fort déplace un acide faible
dans un sel. Il en résulte, en général, des combinaisons cristallisées d'al-
cool monoatomique et de l'alcoolate qu'on veut obtenir, par exemple
C8H9Na08, C^tPO2; puis, vers ii5°, ces composés perdent i molécule
d'alcool et donnent l'alcoolate C8H0NaO8.
(') Comptes rendus, t. GX, p. 85g; 1890.
( 485 )
» On sait, d'autre part, que l'eau II2 O2 donne, avec les métaux alcalins,
des combinaisons tout à fait comparables aux alcoolates des alcools mono-
atomiques, la réaction
Hs02liq. + Nasbl. = Hgaz-hHNaOaso] -+-33,3o
dégageant la même quantité de chaleur que
I :il10i liq. -+- Na sol. = II gaz + C2H3 Va O2 sol 1-33, 19
et que cette analogie se retrouve dans les hydrates secondaires de Na et K ,
comparés aux méthylatès méthyliques, aux éthylates éthyliques, etc.
» Si donc l'érythrate déplace ces alcools dans les alcoolates, la même
réaction doit avoir lieu avec les hydrates, et l'on doit obtenir des érythrates
alcalins cristallisés, anhydres ou hydratés, en faisant agir l'érvthrite sur
des solutions aqueuses de soude ou de potasse, absolument comme on
obtient les sels de ces bases, anhydres ou hydratés, en ajoutant un acide à
leur solution aqueuse.
» (l'est ce que l'expérience vérifie. On peut ainsi préparer directement
des érythrates alcalins hydratés et cristallisés; puis, par l'action de la
chaleur, ces composés fournissent les érythrates anhydres.
» II. Pour obtenir les dérivés sodiques, on fait deux dissolutions concentrées d'éry-
thrite (1 >.'."' dans i5occ d'eau) et de soude (3isr de NaO dans 70™), et on les mélange
à froid soit à équivalents égaux, soit dans le rapport de 1 équivalent d'érvlhrile pour
a équivalents de soude. Dans ces limites, on obtient les mêmes combinaisons. Le
liquide est placé sous une cloche en présence d'acide phosphorique anhydre. Après
quelques jours, des cristaux très nets se déposent. On les recueille rapidement, avant
que toute la niasse soit solidifiée, et on les prive de leur eau mère en les étalant sui-
des plaques de porcelaine poreuse pendant vingt-quatre heures.
» L'analyse de ces cristaux a donné :
Calculé
pour
C'H>»Os,NaO,3HO
ou
Trouvé. C» H" NaO», 4 HO.
Na 12 ,7 1 12,78
G 26,5i 26,66
Il 7-7" 7>22
» Les résultats s'accordent avec l'une et l'autre formule, mais ne permettent pas
de décider entre elles.
» Ce corps est très altérable dans l'air humide, et déliquescent comme tous les
al-
coolates alcalins. Il ne se déshydrate pas à ioo°
*9
C. 11., <Syi, 1" Semestre. (T. CX.II, N t>3
( 486 )
» III. Mais entre no° et n5n, dans un courant d'hydrogène sec maintenu pendant
plusieurs heures, il perd 3 équivalents d'eau. La perte de poids devenue constante est
de i5, i5 pour ioo (calculée pour 3HO : f^,^5).
» Le résidu, dont la formule est C8H'°08,NaO, ou bien C8H9Na08,HO, est blanc,
cristallin et déliquescent.
» IV. Enfin, si l'on élève la température à i35° et qu'on la maintienne pendant
douze heures environ, la perte de poids totale et constante devient 19, 65 pour 100
(calculé pour 4HO : 20,00 pour 100). C'est l'érythrate C'H'NaO8. II contient toutle
sodium à l'état d'alcoolate, comme l'indique le titrage alcalimétrique (16,92 pour 100
de Na, au lieu de i5,97 calculé pour C8H9Na08). Pendant cette dernière opération,
la masse a fondu au début, puis est redevenue solide. Ce composé est identique à
l'érythrate que j'avais obtenu par l'action de la chaleur sur le dérivé méthybque
C8H9Na08,C2H402.
n On a donc isolé trois combinaisons :
CsH10O8NaO,3HO ou C8H9Na08,4HO,
C8H10O8,NaO ou C8H9Na08,HO.
C8H9NaOs,
les deux premières hydratées et nouvelles.
» V. L'érythrite se combine de la même manière avec la potasse. Les deux disso-
lutions contiennent : celle d'érythrite, i22Sr dans i5occ; celle de potasse, 1 équivalent
dans 8occ. On les mélange, soit à équivalents égaux, soit dans le rapport de 1 équiva-
lent d'érythrite pour 2 de potasse. Le liquide est abandonné à lui-même en présence
d'acide phosphorique anhydre. La cristallisation est un peu plus lente que dans le cas
précédent. Les cristaux desséchés sur des plaques poreuses, à l'abri de l'air humide,
contiennent 23, i3 pour 100 de potassium, ce qui correspond exactement aux formules
C»H">08,KO ou C8H9K08,HO.
» VI. Ce composé peut être déshydraté dans un courant d'hydrogène sec, mais plus
difficilement que les précédents; il faut maintenir la température entre i4o° et
i5o° pendant vingt heures environ, et dessécher soigneusement l'hydrogène avec de
l'acide phosphorique anhydre. La perle de poids devenue constante est de 4,7' Pour
100 (calculé pour 1 équivalent d'eau éliminée : 5, 02). Le résidu donne à l'analyse :
Calculé
Trouvé. pourC'H'KC".
i Par l'alcalimètre 24,20 24,42
j Dosé à l'état de sulfate. .. . 24,'j'i »
Le potassium est donc complètement à l'état d'alcoolate.
» Je n'ai pas encore reproduit de dérivés disodiques et dipotassiques analogues au
corps C8HsK-Os. signalé par M. Colson.
( 4*7 )
» En résumé, j'ai obtenu un érythrate de potassium anhydre et trois hy-
drates nouveaux, ainsi qu'un érythrate île sodium anhydre que l'on peut
aussi préparer par l'action de l'érythrate sur le méthvlate de sodium.
» Les formules des corps hydratés sont encore indéterminées, l'analyse
ne permettant pas de décider entre
C8H,0O8fMO,raHO
et
C8H9M08,(/*+ DlIO;
j'ai pu cependant établir qu'ils correspondent à cette dernière formule, en
faisant l'étude thermique de ces composés, comme je le montrerai dans
une prochaine Communication. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — La teinture du colon.
Note de M. Léo Vigxox.
« J'ai montré que si l'on immerge la soie, la laine et le coton dans des
liqueurs acides, alcalines ou salines, de composition connue, placées dans
le calorimètre, on constate qu'il se produit des phénomènes thermiques
nets, constants et mesurables (Comptes rendus, 10 février et 28 avril 180,0).
» En ce qui concerne le coton, les mesures thermochimiques effectuées
prouvent que ce textile n'accuse que des fonctions chimiques très faibles,
comparativement à celles des fibres animales. L'inertie chimique du co-
ton, qui coïncide avec le peu d'aptitude que possède cette matière de fixer
les substances colorantes, présente- t-elle avec ce phénomène un rapport
de cause à effet? Dans le but d'élucider cette question, j'ai tenté de modi-
fier la molécule du coton en lui conférant des fonctions chimiques déter-
minées; puis, ce point obtenu, j'ai recherché clans quelle mesure les pro-
priétés tinctoriales se trouvaient changées.
» Si l'on chauffe en tubes scellés, à des températures comprises entre 100° et 2000,
1 partie de coton avec _'| parties de chlorure de calcium ammoniacal, ou 4 parties d'am-
moniaque aqueuse à 220, on constate qu'une réaction se produit entre les substances
en contact. Au bout d'un certain temps, qui peut varier de quelques heures à
plusieurs jours suivant les conditions de l'expérience, la fibre textile soumise à l'action
de l'ammoniaque donne naissance à un composé qui présente des propriétés chimiques
nouvelles, sans avoir perdu les principales qualités techniques du coton.
» La fixation de l'azote sur le coton, dans ces expériences, est mise hors de doute
par l'analyse. Les échantillons de coton soumis à l'action de l'ammoniaque ont été,
( 488 )
en effet, lavés à l'eau, mis à macérer dans un peu d'eau acidulée au y^ïïû Par l'acide
chlorhydrique, rincés jusqu'à neutralisation complète dans l'eau distillée, et finale-
ment sécliés à no". Le dosage de l'azote, en opérant sur osr,5 de matière, a donné les
résultats suivants :
Azote pour ion.
Premier échantillon i ,o5
Deuxième » 2,38
Troisième » 2 , 86
» Les quantités d'azote fixé varient suivant les conditions de l'expérience.
» Ces résultats sont en concordance avec les recherches de MM. Schiit-
zenberger et Thenard. Ces savants ont montré en effet qu'un grand nombre
de substances organiques, sucre, amidon, dextrine, gomme, cellulose,
sont capables de fixer de l'azote sous une autre forme qu'à l'état de sel am-
moniacal, lorsqu'on les chauffe pendant un temps plus ou moins long en
présence d'une solution aqueuse et concentrée d'ammoniaque.
» La fixation de l'azote sur le coton ayant été obtenue, j'ai cherché à
déterminer : i° quels changements le coton avait subi dans ses fondions
chimiques; 2° si les propriétés absorbantes du coton pour les matières co-
lorantes avaient été modifiées.
» Le coton ammoniacal, immergé dans 5oocc d'acide sulfurique normal placé dans
le calorimètre, a dégagé vers ii°-12°, pour iooS' de coton supposé sec,
oCa',9o.
» Dans des recherches précédentes j'avais obtenu, en opérant dans les mêmes con-
ditions:
Pour le coton blanchi oCal, 38
Pour le coton non blanchi. oCal,36
» Le coton ammoniacal a donc acquis, en fixant de l'azote, des propriétés basiques
très nettes.
» J'ai recherché ensuite comment se comportait le coton ammoniacal
vis-à-vis des matières colorantes à caractère acide, en opérant comparative-
ment avec le coton ordinaire.
» Deux séries formées d'échantillons de 2Sr de coton ammoniacal et de coton ordi-
naire, de même provenance initiale, ont été teintes comparativement, pendant trente
minutes, à 90o-95o C. dans des bains formés de :
» jocc matière colorante à isr par litre;
» 25™ solution aqueuse d'acide sulfurique à i8r par litre;
» iooorceau.
( 4«9 )
» Les matières colorantes employées ont été l'orangé, la roccelline, différents bleus
solubles de rosaniline et le noir naphtol.
» Les teintures étant terminées, les échantillon» ont été rincés dans un courant
d'eau froide, puis séchés dans des doubles de papier buvard.
» En comparant entre eux, après teinture, les échantillons de coton or-
dinaire et de coton ammoniacal, on constate que les premiers sont faible-
ment teintés, tandis que le coton ammoniacal a absorbé en proportions
considérables les matières colorantes acides sur lesquelles on a expéri-
menté. »
chimie végétale. — Sur une hé mâtine végétale : l'aspergilline, pigment des
spores de /'Aspergillus niger. Note de M. Georges Lixossier, présentée
par M. Chauveau.
« I^e pigment noir, auquel ['Aspergillus niger doit son nom, peut être
extrait en assez grande quantité des spores de cette moisissure par une di-
gestion prolongée avec de l'eau légèrement ammoniacale. En ajoutant à la
dissolution, fortement colorée, un faible excès d'acide chlorhydrique, on
précipite intégralement la matière colorante en flocons amorphes, volu-
mineux.
» Ce qui donne un intérêt tout particulier à l'étude de la substance
ainsi obtenue, c'est sa remarquable analogie avec le pigment le plus impor-
tant des animaux vertébrés, l'hématine du sang, analogie que mettra en
lumière l'exposé succinct de ses propriétés.
» L'aspergilline, c'est le nom que je propose pour ce pigment, desséchée
à la température ordinaire en présence de l'acide sulfurique et pulvérisée,
se présente comme l'hématine sous l'aspect d'une poudre noire. Elle est à
peu près insoluble dans l'eau, l'alcool et les dissolvants neutres en général ;
elle est insoluble dans les acides minéraux dilués, mais se dissout un peu
dans l'alcool additionné d'acide acétique. Elle est facilement dissoute par
les alcalis caustiques, même très dilués, les carbonates alcalins, et cer-
tains sels à réaction alcaline, tels que le borax, le phosphate de soude or-
dinaire, etc. La solution ammoniacale (l'aspergilline est précipitée par
l'eau de baryte comme la solution ammoniacale d'hématine.
» Ces caractères de solubilité sont ceux de l'aspergilline desséchée à la
température ordinaire. L'action de la chaleur diminue sa solubilité dans
les différents véhicules. Ainsi, maintenue quelques heures à 1800, elle
( 490 )
devient insoluble dans les lessives alcalines, sans qu'il se soit d'ailleurs pro-
duit de décomposition apparente. Par contre, au moment de sa précipita-
tion, et avant toute dessiccation, elle donne avec l'eau une sorte de demi-
dissolution colloïde que les acides et les sels neutres (chlorure de sodium)
précipitent, et qu'une trace d'un alcali transforme en une dissolution vé-
ritable, capable de traverser les filtres de porcelaine.
» Les solutions acides sont brunes, vertes en couche mince; les solu-
tions alcalines sont d'un brun rouge. L'intensité de la coloration est suffi-
sante pour qu'une solution à un millionième présente sous une épaisseur
deo'",i8uue teinte sensible. Examinée au spectrophotomètre de Gang,
une solution alcoolique acide a laissé passer dans les diverses régions du
spectre les fractions suivantes de la lumière incidente :
Longueurs Lumière Longueurs Lumière Longueurs Lumière
d'onde. transmise. d'onde. transmise. d'onde. transmise.
u. [1 \>.
o , 692 0,84 o , 602 O , '| 7 o, 547 0,44
0,664 0,80 0,697 0,48 o,53g 0,89
0,647 0,70 o,5go o,45 o,53i 0,39
o,632 0,66 o,585 o,44 o,524 0,39
0,621 0,49 0,575 o,4i 0,017 O..H)
0,608 0,49 0,565 o,4o o,5i2 0,39
o,6o5 0,48 o,546 o,4o 0,487 0,27
0,467 0,28
» On voit que l'aspergillinc absorbe toutes les radiations lumineuses,
mais inégalement, et que l'absorption croit du rouge au violet. On peut
schématiquement concevoir le spectre comme divisé en trois plages, dans
chacune desquelles l'absorption croît lentement, et aux confins desquelles
elle augmente brusquement. La première s'étendrait jusque vers la lon-
gueur d'onde o>\63o, la seconde entre o^.GSo et r>t\ 5io, la troisième oc-
cuperait toute la partie la plus réfrangible du spectre. L'accroissement de
l'absorption est interrompu par deux diminutions qui se traduisent à l'exa-
men spectroscopique par des bandes claires, l'une un peu avant la raie D ;
l'autre, plus marquée, entre D et E.
» Au contact de l'air, l'aspergillinc brûle en répandant une odeur de
corne brûlée, et laisse, comme l'hématine, un résidu rouge d'oxyde de
fer.
» La solution ammoniacale d'aspergilline ne semble pas altérée par une
exposition de plusieurs heures à la lumière solaire.
» Les dissolutions d'aspergilline sont réduites par l'hydrosulfite de so-
( 'I9i )
dium; le produit de la réduction exposé à l'air en absorbe très énergique-
ment l'oxygène, et la dissolution, qui sous l'influence de l'hydrosulfite
avait viré au jaune d'or, reprend très rapidement la teinte brune de l'as-
pergilline. Cette réduction ne peut être réalisée, non plus que pour l'hé-
matine, ni par le vide, ni par la putréfaction.
» Ces constatations sont importantes à plus d'un titre :
» i" Il est intéressant de trouver dans une moisissure une substance
aussi complètement analogue à l'bématine du sang que l'est l'aspergilline;
car, quelques différences que puisse dévoiler entre les deux pigments une
étude chimique plus approfondie, il n'en subsistera pas moins entre eux
des ressemblances frappantes : analogie dans les caractères physiques;
présence dans les deux molécules d'une quantité notable d'un même métal,
le fer; enfin propriété commune de fournir par l'action d'un réducteur
énergique, mais non parle vide, ni la putréfaction, un produit de réduction
oxydable au contact de l'air, et régénérant dans cette oxydation la sub-
stance primitive. Ce sont là des ressemblances suffisantes pour justifier le
nom (V/iématine végétale que j'ai attribué à l'aspergilline dans le titre de
cette Note.
» 2° Il est vraisemblable que l'analogie de propriétés doit être corré-
lative d'une analogie de fonctions : les caractères que j'ai mis en lumière
dans l'aspergilline, et notamment sa propriété de fixer l'oxygène de l'air
pour le céder aux substances réductrices, autorisent à lui supposer, dans
l'organisme végétal, une fonction respiratoire. Cette déduction, même avec
les réserves dont je suis encore obligé de l'accompagner, a d'autant plus
d'importance que nos connaissances sur le rôle des pigments dans les
Champignons inférieurs sont à peu près nulles.
» 3° M. Raulin, dans son remarquable travail sur Y Aspergillus niger,
avait constaté que la suppression du fer dans le liquide nutritif dont il a
donné la formule, non seulement diminue le poids de la récolte, mais,
contrairement à ce qui se passe quand on retranche du milieu nutritif un
autre élément utile à la plante, apporte un obstacle à la formation des
spores.
» J'apporte l'interprétation de ce [fait : c'est que, en l'absence du fer
qui entre dans sa constitution, le pigment des spores ne peut se former.
» En réalité, il est difficile d'entraver entièrement sa formation, parce
qu'il est difficile de priver entièrement de fer le liquide nutritif, mais plus
on se rapproche de ce résultat, moins la culture se colore.
( 492 )
» Je poursuis l'étude des propriétés chimiques et physiologiques de
l'aspergilline. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Idiosyncrasie de certaines espèces animales
pour l'acide phénique. Note de M. Zwaardemaker.
« A propos d'une récente Note de M. Guinard ( '), j'ai l'honneur de
communiquer à l'Académie une observation que j'ai faite, il y a quelques
années, sur l'idiosyncrasie des chats et des rats pour l'acide phénique.
» Intoxiqués par cette substance, à doses tellement petites que des
chiens et des lapins ne subissent point de troubles quelconques, les chats
et les rats périrent sans exception. La mort fut précédée de convulsions
tout à fait semblables à celles qui ont été observées par M. Guinard. Ces
convulsions continuèrent pendant des heures entières, jusqu'au moment de
la mort, qui survint par paralysie respiratoire, après une agonie longue et
pénible.
» On peut adoucir les angoisses de l'animal, qui reste en pleine pos-
session de sa connaissance et de son irritabilité réflexe, par le sommeil
chloroformique. Celui-ci fait cesser les convulsions immédiatement, pourvu
que l'anesthésie soit assez profonde. L'asphyxie par occlusion trachéale
n'augmente ni ne diminue l'intensité des secousses.
» Les convulsions ont le caractère clonique, et portent sur les muscles
des extrémités, du tronc et de la tête. Les fléchisseurs et les extenseurs
entrent alternativement en jeu.
» J'ai administré l'acide phénique par voie dermique, par voie hypodermique et par
injection intraveineuse. La dernière méthode se prête merveilleusement à un dosage
précis. L'acide phénique était mêlé, à la dose deo,5 pour ioo, avec une solution phy-
siologique de sel marin. On injectait le mélange dans la veine, en se servant d'une bu-
rette qui était munie d'un dispositif de réchauffement.
» Dans une première expérience, chez un chat de 3ks,5, une dose de ioomS'', c'est-
à-dire de 43™s'' par kilogramme d'animal, causa des convulsions très marquées.
» Dans une seconde expérience, une chatte adulte de 4ks,5 éprouva des convulsions
légères pour une dose intraveineuse de 5omsv, ou de i imsr par kilogramme d'animal.
» Dans une troisième expérience, un chat jeune de iks,5 souffrit de secousses très
violentes, pour une dose de 3omsr ou de 20msr par kilogramme d'animal.
(') Comptes rendus, séance du 22 décembre 1890.
( 493 )
» Enfin un petit chat de 14 jours, pesant okV>-, fat intoxiqué profondément par
iom5r, c'est-à-dire 37mSl' par kilogramme d'animal.
» Ces nombres sont des plus frappants, si on les compare aux doses
toxiques chez les animaux ordinaires de nos laboratoires. Des chiens et des
lapins qui me servirent à des expériences de contrôle exigèrent, pour des
effets toxiques moins prononcés, des doses de 6mgl',5 à 25ms',7 par kilo-
gramme d'animal. Les chats possèdent donc une sensibilité extrême pour
l'acide phénique; chez les rats, cette propriété est non moins accusée.
Il n'est pas possible qu'une excrétion plus restreinte de l'acide phénique
soit la cause de cette particularité. Je m'en suis assuré par quelques expé-
riences sur des lapins, où la ligature des artères rénales ne produit nulle-
ment une telle idiosvncrasie (Neder/andsch Tidschrift voor Gèneesmunde,
9 juillet 1887). Il est plus probable qu'une certaine irritabilité des centres
nerveux, comme dans l'intoxication de morphine (Guinard ), rend ces
animaux (chats ou rats) plus accessibles aux convulsions phéniques. »
ANATOMIE. — Sur l ' épithëlium hépatique de la Testace.Ue. Note de M. Joannes
Ciiatix, présentée par M. Milne-Edwards.
« Les nombreux travaux consacrés, durant ces dernières années, à
l'auatomie des Gastéropodes n'ont pas manqué d'accorder une mention
spéciale au « foie » ou plutôt à la glande digestive de ces animaux. Cepen-
dant nous ne possédons que de vagues notions sur son épithélium, dans
lequel on se borne surtout à indiquer des produits diversement colorés.
» Ceux-ci se forment, en effet, très promptement et très abondamment
chez les types auxquels ont été presque toujours limitées les recherches
(Hélix, Zonites, Cyclostoma, etc.); la structure de l'élément s'y trouve
ainsi masquée et ne peut être que rarement appréciée avec exactitude.
Elle est plus facile à observer chez, d'autres espèces qui sont particulière-
ment favorables à de telles études. La Testacelle (Teslacel/a haliotidea
Drap.) en est un excellent exemple.
» Les tubes hépatiques s'y montrent tapissés de cellules larges et dépri-
mées, tenant le milieu entre l' épithélium cubique et l'épithélium pavinien-
teux, si tant est que ces termes puissent être employés avec quelque
rigueur chez les Invertébrés.
» De taille variable, ces cellules ne possèdent pas de membrane propre.
A peine peut-on distinguer, à leur périphérie, une légère différenciation
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 9.) <U
( 4&4 )
du protoplasma somatique. Celui-ci offre une constitution fort intéres-
sante qui doit être examinée arec un objectif à immersion homogène.
Considéré dans son ensemble, le protoplasma présente un aspect réticulé
ou spongieux: des trabécules y dessinent un système de mailles inégale-
ment entrecroisées. Entre ces mailles se trouve une substance fluide,
moins réfringente et mêlée de granulations. Parmi ces granulations, les
unes sont brillantes et incolores, les autres jaunâtres ou brunâtres.
» J'ai rarement rencontré des éléments permettant aussi nettement de
différencier les produits de la cellule de sa partie somatique, puis de dis-
tinguer dans celle-ci le paraplasma de l'hyaloplasma. Le noyau est arrondi ;
une enveloppe réfringente le limite, la substance chromatique s'y trouve
disposée en cordons irréguliers. On observe un ou deux nucléoles.
» Entre les cellules qui viennent d'être décrites, on en découvre d'autres
qui sont plus petites. Leur noyau est volumineux, leur protoplasma assez
homogène. Il est présumable que ce sont des éléments jeunes ou de rem-
placement : leur taille, les dimensions respectives de leur noyau et de leur
corps proloplasmique, tout semble leur attribuer cette signification. Je ne
pense pas qu'on puisse y voir des cellules glandulaires adultes et à l'état
de repos fonctionnel.
» Lorsqu'on étudie comparativement les diverses parties de la glande,
on constate que c'est presque toujours par une progression insensible
qu'on passe de l'épithélium qui revêt la portion sécrétante à celui qui
borde les conduits excréteurs. Il sutfit de rapprocher les prises et les
coupes, pour voir se succéder la série des états intermédiaires entre les
cellules aplaties des ccecums et les cellules allongées des canaux. Le foie de
la Testacelle peut donc être cité comme offrant toutes les formes de passage
entre l'épithélium en mosaïque et l'épithélium en palissade, sans cesse re-
présentés comme profondément dissemblables.
« Ces résultats montrent, une fois de plus, tout l'intérêt qui s'attache
aux recherches d'Histologie zoologique : en se multipliant, elles nous font
mieux connaître les éléments anatomiques et nous révèlent entre eux les
liens d'une parenté plus étroite qu'on ne l'admet généralement ».
GÉOLOGIE. — Sur le conglomérat à ossements de Gourbesville (Manche).
Note de M. A. de Lapparext.
« On sait qu'un des traits caractéristiques de la géologie du Cotentin
est l'existence, sur le territoire aujourd'hui occupé par les estuaires de la
( 4g5 )
Douve, de la Sèves et de la Tante, d'un golfe dans lequel, depuis le début
des temps infraliasiques, la mer a l'ait des apparitions multipliées, sans que
d'ailleurs, d'une époque à l'autre, son niveau parût subir des variations
très notables.
» Au nombre des traces que les mers tertiaires ont laissées sur les bords
de ce golfe, figure un conglomérat avec ossements de Lamantins, queM.de
Gerville avait signalé à l'attention de Desnoyers, et que ce dernier, avec sa
sagacité habituelle, décrivait en i8a5 comme un dépôt marin plus récent
que les faluns éocèhes de la région. Cependant Bonissent en 1870, et
M. G. Dollfus en 187'), crurent devoir rattacher ce cailloutis au quater-
naire. Mais en 1881 M. G. Vasseur, qui avait eu la bonne fortune de visiter
la localité de Gourbesvillc au moment où une rectification de chemin vi-
cinal venait d'entamer le terrain sur (ioo™ de long, s'assurait que le con-
glomérat était régulièrement recouvert par des sables pliocènes à Nassa
prismatica, et reposait lui-même sur le calcaire lacustre éocène, perforé par
des lilhophages.
» Depuis quelque temps, le gisement de Gourbesville est l'objet d'une
exploration approfondie de la part de M. Merle, l'ingénieur qui partage
avec M. Poncin le mérite d'avoir découvert la grande richesse en acide
phosphorique et provoqué La mise en exploitation du gisement désormais
célèbre de Beauval, dans la Somme, ce gisement où Buteux, dès 1862, et
M. de Mercey, quelques années plus tard, avaient reconnu la présence de
la craie phosphatée. Appelé tout récemment à prendre acte du résultat des
fouilles de M. Merle, nous avons constaté sur le terrain un certain nombre
de faits, qu'il nous parait intéressant de signaler.
Tout d'abord, l'examen des gisements de Gourbesville et d'Orglandes
confirme absolument la détermination stratigraphique de M. Vasseur. Par-
tout les sables pliocènes à Nassa, avec petites couches d'Ostrea echilis à la
base, recouvrent le dépôt ossifère.
» De plus, le triage et le lavage du conglomérat nous ont mis à même
d'y recueillir, avec YOslrea edulis, plusieurs exemplaires de Terebratula
grandis, dont un bivalve, avec serpules et balanes adhérentes au test. Il
s'agit donc bien d'une plage pliocène, sur laquelle la mer rejetait ces co-
quilles, en même temps que des cailloux provenant des roches primaires
du Cotentin.
» Quant aux ossements, pour la détermination desquels M. Gaudrv a
bien voulu nous accorder son précieux secours, la majorité appartient,
comme l'avait dit M. \ asseur, et comme les anciens géologues de la ré-
( 496 )
gion l'avaient eux-mêmes reconnu, au genre Halitherium. Avec d'énormes
côtes, dont une, sans être tout à fait complète, mesure plus de om,6o de
long, nous avons recueilli, entre autres pièces, une tête d'humérus et un
:irc neural bien caractérisés. La grande dimension des côtes et leur apla-
tissement marqué semblent indiquer avec certitude Y Halitherium fossile
desfaluns de l'Anjou.
» L'état extraordinairement roulé des ossements et leur fossilisation
très avancée, qu'accuse une extrême compacité, contrastent d'une ma-
nière tranchée avec la fraîcheur des valves délicates de la Terebralula
grandis; et comme, dans les faluns de la France occidentale, la présence
Je Y Halitherium, et spécialement de H. fossile, caractérise l'étage de la
mollasse miocène à Ostrea crassissima, on est tenté de penser que les Laman-
tins du conglomérat ossifère doivent s'y trouver en qualité de produits de
remaniement.
» En faveur de cette hypothèse, on peut encore invoquer l'extrême
usure et la grande dimension des assez nombreuses dents de Squales (Lamna,
Oxyrhina plicatilis, etc.), qu'on recueille en lavant le dépôt. Nous ajou-
terons que nous y avons ramassé nous-même un fragment d'Ammonite du
lias, transformé en phosphorite brune. Donc des dépôts anciens, jusque et
y compris le lias, ont dû être remaniés et détruits par la mer du conglo-
mérat. Mais l'argument le plus décisif est une très belle dent de Probosci-
dien, découverte deux jours après notre passage, et où M. Gaudrj a
reconnu sans hésitation une prémolaire supérieure d'un assez grand Duw-
t lie ri u m.
» Il nous parait donc démontré que la série, déjà si riche quoique si frag-
mentaire, des épisodes géologiques du Cotentin, doit s'enrichir d'un terme
nouveau. Desfaluns helvéliens, semblables à ceux de l'Anjou et du bassin
de la Rance, se sont autrefois déposés dans la partie septentrionale du
golfe de Valognes et de Carentan; mais la mer pliocène les a détruits, leur
faisant subir une véritable préparation mécanique et isolant, grâce à leur
densité, les ossements déjà fossilisés des Siréniens, pour les étaler sur la
plage, au prix d'une forte usure, avec les dents de Squales et les molaires
de Proboscidiens empruntées aux mêmes dépôts.
» Parmi les petites pièces que nous avons pu recueillir en moins de deux
journées d'eKploration, figurent deux plaques palatales de Poissons, appar-
tenant, l'une à un Sélacien, l'autre à un Acanthoptérygien du genre Pharyn-
godopilus. De plus, outre les ossements proprement dits, on trouve avec
les galets de nombreuses concrétions plus ou moins phosphatées, remplies
( 497 )
de trous irréguliers ainsi que de perforations de Pholades, et dont le mode
de formation a dû être tout à fait analogue à celui des nodules du grès
vert ardennais.
» Enfin, dans les points où le conglomérat peut affleurer, par suite de
l'érosion, sans recouvrement pliocène, on y trouve parfois des dents de
Bœuf fossile. Ainsi s'explique comment quelques observateurs ont pu être
trompés et croire que ce remaniement quaternaire était la forme normale
d'un dépôt qu'aucune fouille n'avait encore entamé.
» En somme, ce premier aperçu permet d'espérer que la continuation
des travaux, poursuivis par M. Merle avec le concours de M. M. Dior, pro-
duira des résultats très fructueux pour la connaissance géologique du
golfe du Cotentin, pays où le faible relief du sol et la grande épaisseur du
limon superficiel avaient rendu jusqu'à présent l'observation si difficile. »
GÉOLOGIE. — Sur l'âge des couches traversées par le canal de Panama.
Note de M. H. Douvillé, présentée par M. Albert Gaudry.
« M. Canelle, ingénieur de la Compagnie du canal, a bien voulu me
soumettre une série d'échantillons fossilifères qu'il avait recueillis dans les
travaux de l'isthme; leur examen, joint à l'étude des divers documents
déjà publiés, nous a montré que les couches qui affleurent entre Colon et
Panama peuvent être assimilées aux divers étages qui constituent le ter-
rain tertiaire dans la région des Antilles,
» Abstraction faite de quelques accidents locaux et des dislocations
produites par l'intrusion des roches éruptives, les couches sont toujours
presque horizontales et se succèdent régulièrement du nord au sud, les
plus récentes affleurant près de Colon et les plus anciennes près de Pa-
nama.
» Premier groupe. — Les fossiles suivants ont été recueillis dans les
tranchées de Monkey-Hill (kil. i) et de Mindi (kil. G) :
» Pleurotoma Barreti, Terebra sulcifera, Cancellaria opistomifera, C. Barreti, Go-
lumbella gradata, Dolium camura, Cassis reclusa, Gassidaria lœvigata, Oliva cylin-
drica, Conus gracilissimus, C. planilyratus, C. stenostoma, Solarium qwadriseriatum,
Natica cf, sulcata, Sigaretus excentricus, Denlalium dissimile, Cardium lingua-leonis,
Leda acuta.
» Tous ces fossiles sont signalés dans les couches les plus élevées du
terrain tertiaire à la Jamaïque, à Haïti et dans diverses îles des Antilles;
( 49« )
ces couches ont été attribuées par Gabb au miocène supérieur. L'analogie
des couches de Colon avec celles de la Jamaïque avait, du reste, été signa-
lée dès i853 par Carrick-Moore, d'après quelques fossiles recueillis sur le
(racé du chemin de 1er.
» A Gatun (kil. 10), M. Canelle a recueilli la T unité lia gradata, fossile
également caractéristique du miocène des Antilles.
» Deuxième groupe. -- Il est constitué par des couches riches en Nulli-
pores (Litholhamiiium) et en Foraminifères, qui affleurent auprès de Pena
Blanca et de Bohio Soldado; nous citerons les échantillons suivants :
» I. Pena Blanca, calcaire dur à Nullipores.
» II. Kil. 22,6, calcaire gris-verdàtre pétri de petits Orbitoïdes, de la forme et de
la grosseur d'une lentille.
» III. Au même point, à la profondeur de iom, grès tendre gris-verdàtre avec
grandes Hétérostégines jilates, dont la section équatoriale rappelle celle d'une Orbi-
toïde.
» IV. Même roche rencontrée dans le sondage du kil. a3,56o.
» V. Le sondage du kil. a4,36o a rencontré à une vingtaine de mètres de profon-
deur un conglomérat verdâtre à petits éléments, formé de fragments de roche andési-
tique associés àdes fragments de feldspath plagioclase, de pyroxène plus ou moins al-
teréet dechlorite; ces éléments rappellent toutà fait ceux de la « roche de Gamboa »
étudiée par M.Fouqué.Ce conglomérat renfermede nombreuses petites Nummulites,
associées à des Orbiloïdes.
» Les calcaires à Nullipores, Hétérostégines et Orbiloïdes ont été reconnus
à San Juan, sur le Haut-Chagres.
» Troisième groupe. — Depuis cette dernière localité jusqu'à Matachin,
la vallée du Chagres est constituée par des couches horizontales en gros
bancs de 2m à 3m d'épaisseur qui forment par places de hautes falaises.
» Les échantillons recueillis représentent les uns une molasse fine, calcarifère, de
couleur grise, avec empreintes de fossiles marins (Cardium, Ficula, Terebra) et des
fragments de Pcclcn: les autres une lumachelle calcaire dure, de couleur nankin,
{l'ccten, Polypiers, Bivalves). Ces lumachelles affleurent au sud jusqu'aux stations de
Las Cascadas et d'Emperador, où elles surmontent une molasse fine, tendre, avec
Pecten et empreintes de feuilles.
» Les documents paléonlologiques sont insuffisants pour préciser l'âge
de ces couches : certaines empreintes rappellent des formes du premier
groupe; l'absence de Foraminifères (au moins dans les échantillons exa-
minés) différencie ce groupe du second, tandis que la nature minéralo-
gique le rapproche du suivant. Des fragments d'un gros Clypeasicr ont été
recueillis sur les bords du Chagres, mais pas en place.
( 499 )
» Quatrième groupe. — Il est représenté par les grès et schistes ligni-
tifères qui constituent la partie sud de la grande tranchée (Culehra) et
dont les affleurements ont été constatés jusqu'à la hase du versant vers le
Pacifique.
» Les échantillons recueillis au pied du Gerro Paraiso (kil. 39,34) se présentent
sous forme d'une lumachelle noir-verdâtré avec Irca, Peclen, Ostrea.
» En résumé, le premier groupe peut-être assimilé au miocène supé-
rieur des Antilles; le second groupe, si nettement caractérisé par l'abon-
dance des Orbitoides et la présence des Numm'.dites, représente le prolon-
gement d'un horizon bien connu à la Jamaïque, à Antigua, à la Trinité, etc.,
et qui se retrouve au nord du golfe du Mexique (groupe de Wickshurg);
les géologues américains le placent au niveau de l'oligocène. Enfin, le
quatrième groupe présente une analogie frappante avec le système ligni-
tifère qui, dans toute cette région, représente l'éocène.
» Le second groupe, si facile à reconnaître, paraît avoir une extension con-
sidérable dans l'isthme de Panama, et il a été reconnu par M. Canelle à une
grande distance à l'ouest et à l'est du canal; il est représenté aux environs
de Chiriqui (35ok,u à l'Ouest) par des grès vcrdàtres renfermant avec les
Orbitoides du kil. 22, (*> quelques empreintes de plantes; d'autres échantil-
lons de la même localité renferment Oliva cylindrica, Solecurtus, Dentalium,
Ficula, Cardium. Du côté opposé, une exploration de l'isthme de Darien
(3ooUm à l'Est) a fourni des échantillons analogues; des grès verdàtres
très durs, à grains grossiers et éléments pyroxéniques, avec TurrileUa tor-
nata et Columbella gradata, ont été recueillis sur la rive gauche du Rio
Thuyra, en amont du Rio Capiti; sur la rive droite, des grès analogues
affleurent en aval du confluent du Puero. Ces grès alternent avec des mo-
lasses tendres à grains fins et fossiles marins, rappelant les roches du troi-
sième groupe. Dans le haut Puero, le même observateur a recueilli un grès
verdâtre dur rempli de petites Orbitoides, identiques à celles du kil. 22,6.
» On voit donc que depuis Chiriqui jusqu'à la vallée de la Thuyra, c'est-
à-dire sur 65okm de longueur, la constitution de l'isthme parait présenter
une grande uniformité. Ces couches tertiaires viennent s'appuyer à l'Est
sur le massif crétacé de la Sierra Nevada et se prolongent bien plus au Sud
jusqu'à la République de l'Equateur, où l'on vient de signaler la présence
de Nummulites. »
( 5oo )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la répartition saisonnière des séismes.
Note de M. de Moxtessus, présentée par M. Cornu.
« Après de nombreuses et anciennes affirmations de lois saisonnières,
et à la suite de ses propres travaux, Perrey a énoncé cette relation, qu'il
tremble plus en hiver qu'en été. Ce fait, s'il était exact, prouverait que les
séismes sont des phénomènes météorologiques. J'expose ici les résultats
d'une statistique saisonnière portant sur 63 555 séismes, correspondant à
43 o54 jours de secousses, et se rapportant à 3oo, séries ou régions indé-
pendantes et bien délimitées, géographiquement toujours, géologique-
ment souvent.
» Quel fait élémentaire faut-il soumettre à la statistique? La secousse,
le jour où il a tremblé en un lieu, ou, d'après les sismologues suisses, l'en-
semble des chocs accompagnant une secousse, dite principale, en un temps
plus ou moins long, et pouvant se réduire à un seul choc. Le choix de la
•secousse apporte d'intolérables à-coups; tels jours, avec 5o, 100 chocs et
plus, en des lieux d'ailleurs peu sujets aux tremblements de terre, créent
de toutes pièces des maxima mensuels anormaux. Il est difficile de fixer
sans arbitraire le commencement et la fin du tremblement de terre défini
comme l'ont fait les savants suisses. J'ai adopté le jour où il a tremblé
dans le lieu considéré.
» Il a fallu éliminer les séries trop pauvres, pour lesquelles le hasard
des observations ne peut laisser se manifester aucune loi, puis celles n'em-
brassant pas une année. Dans les séries d'observateurs isolés, on n'a tenu
compte que des années complètes. Les mois ont été réduits à un nombre
uniforme de 3o jours. Restent iG5 séries avec 38967 jours.
» On ne s'occupera ici que des saisons astronomiques, avec inversion de
six mois de chaque côté de l'équateur par conséquent.
» Un examen superficiel des Tableaux détaillés montre qu'il faut
étendre les termes de l'énoncé de Perrey, en disant qu'il semble trembler
plus en automne et hiver que dans les autres saisons. 85 séries avec
20 258 jours suivent la loi, et 80 avec 18709 jours non; c'est presque
l'égalité, ce qui suffirait à la faire rejeter. Mais il y a plus. Soient M et m le
maximum et le minimum des nombres de jours de séismes par saison, et T
leur total pour chacune des 85 séries conformes à la loi, les rapports de M
( r»oi )
à m, et de M — m à T tendent, à mesure que T croît, vers i et o respecti-
vement. C'est la condamnation de la loi.
» On peut faire intervenir le poids des observations, en classant les
séries comme il suit : i° séries d'observations indépendantes ; 2° séries mé-
téorologiques, résultant du dépouillement des Recueils météorologiques ;
3° séries d'observateurs isolés; 4° séries sismologiques dans les pays où
les séismes sont l'objet d'études suivies; 5° séries des observatoires géody-
namiques; 0° et 70 séries de microséismes, ou secousses sensibles seule-
ment aux instruments, par régions ou par observatoires. S'il n'v a pas de
loi saisonnière, la répartition sera d'autant plus uniforme qu'on s'occupera
de classes d'un poids scientifique plus élevé.
» i° Pour les séries d'observations indépendantes, 5g avec 1 2012 jours
suivent la loi, 52 avec 9,328 jours non. 20 Aucune des séries météorolo-
giques (8 avec 4353 jours) n'y satisfait, quoique celles du Chili et des
Indes néerlandaises, par le nombre d'années qu'elles embrassent, et le
soin avec lequel elles ont été faites, soient comparables avec les séries sis-
mologiques. 3° 9 séries d'observateurs avec 2947 jours s'y conforment,
3 avec 1 544 non. 4° La magnifique série sismologique du Japon avec
1 197 jours, et celles de Suisse suivent la loi, celles d'Italie et de l'Insulide
non. 5°, 6°, 70 les séries des observatoires géodynamiques donnent un ré-
sultat en faveur de la loi, mais extrêmement peu accusé, et, de même, les
séries de microséismes, soit par régions, soit par des observatoires.
» Si donc les séries de ces groupes de grands poids varient ainsi dans
leur plus ou moins de concordance avec la relation incriminée, c'est qu'il
faut la rejeter, ainsi que toutes celles analogues si souvent énoncées pour
tel ou tel pays. Ce sont de simples accidents de statistiques insuffisantes,
non des lois naturelles.
» Comme les saisons astronomiques ne délimitent nettement les climats
qu'en dehors des tropiques, on a cherché comment les diverses zones de
latitude se comportent avec la loi de Perrey. Classant les séries par inter-
valles de io°, et portant en ordonnées les nombres de jours de séismes, on
obtient une courbe qui présente un grand maximum de 35° à 45° lat. N.,
et s'abaisse assez régulièrement jusqu'à 700 lat. N. et 5o° lat. S. Cette
forme était à prévoir, car la zone boréale tempérée correspond aux régions
où le rapport des surfaces terrestres aux surfaces océaniques est le plus
grand, et se réduit, à une très faible valeur en marchant vers le sud. En
outre l'Europe et l'Asie comprennent les régions pour lesquelles abondent
les documents. Or, si l'on construit de io° en io° la courbe du rapport du
C. R., 1801, 1" Semestre. (T. CXII, N» 9.) 05
( 5o2 ;
nombre de jours de séismes se conformant à la loi à celui de ceux ne s'y
conformant pas, il se présente une singularité remarquable. Supposant la
loi exacte, cette seconde courbe se rapprochera de celle qu'on obtiendrait
par réduction des ordonnées de la précédente en fonction des limites que
cette exactitude imposerait aux rapports de M à m,el de M — m à T. Sinon
elle se rapprochera d'une parallèle à l'axe de latitudes, et à la distance i,
car alors le hasard présidera seul à la distribution des séries conformes et
non conformes, et l'égalité des nombres de jours correspondants sera pour
chaque zone l'hypothèse la plus probable, si toutefois les nombres y sont
assez grands. Or cette condition n'est pas remplie, ce qui explique la
forme inattendue de cette seconde courbe, analogue à la première, mais
avec un maximum boréal beaucoup plus marqué encore. Il faudrait admettre
que la loi de Perrev, vraie pour la zone boréale tempérée, devient de plus
en plus fausse à mesure qu'on s'avance vers les pôles. Mais dans l'hémi-
sphère austral les séries sont rares et riches en séismes. Elles imposent ainsi
chacune leur propre répartition saisonnière à la zone dont elles font partie.
Ainsi s'explique ce grand maximum; de nombreuses et riches séries se
neutralisent entre elles entre 35° et 45° lat. N. et laissent le massif des
Alpes (35 séries et 3 1 S i jours) et la Californie (901 jours) entraîner pour
cette zone une caractéristique saisonnière en faveur de la loi.
» De toutes ces considérations concordantes résulte que les saisons astro-
nomiques n'ont aucune relation avec les séismes. En est-il de même pour les
saisons météorologiques, avec leurs phénomènes de température, pression,
hauteur de pluies, etc., variables avec les conditions géographiques? Je le
crois, mais c'est à voir de plus près. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — De l'action de l'eau en mouvement sur quelques
minéraux. Note de M. J. Thoulet. (Extrait.)
« Les expériences ont été effectuées sur trois fragments de marbre,
trois fragments d'orthose et trois fragments d'un calcaire lithographique.
Elles ont duré 333 jours; les minéraux ont été baignés par ii5mo d'eau.
On a obtenu les résultats suivants :
» Les minéraux éprouvent une perte de poids plus considérable dans
l'eau en mouvement que dans l'eau immobile.
» Le dépôt ocreux apporté par l'eau est d'autant plus abondant qu'il
s'est effectué à la surface d'un corps de texture plus compacte, et, pour
( 5o3 )
une même nature de corps, dans les endroits où la colonne d'eau ayant été
brisée, une plus grande surface de liquide a été en contact avec une sur-
face égale de solide.
» La vitesse du courant n'a par elle-même qu'une faible influence;
cependant, si la vitesse du courant est nulle, le dépôt cesse presque com-
plètement par manque de matière, le renouvellement de celle-ci au sein
du liquide ne se faisant plus que par les phénomènes de la diffusion.
» ... On croyait devoir expliquer l'absence de calcaire dans les abîmes
de la mer, en admettant que les foraminifères tombés de la surface au-
dessus de ces points disparaissaient avant d'atteindre le fond, par disso-
lution dans l'eau, et que cet effet était notablement augmenté par la vitesse
de chute. J'ai constaté ailleurs que la solubilité du calcaire dans l'Océan
est faible; d'autre part, les expériences actuelles montrent que l'excès
d'usure dû au mouvement n'a pas une grande importance; enfin, d'autres
expériences me permettent de limiter à vingt-cinq ou trente heures le
temps nécessaire aux globigérines pour descendre à 2000"'. Tout s'ac-
corde donc pour contredire la théorie énoncée et pour appuyer la théorie
chimique de Mohr et la théorie plus récente de MM. John Murray et
Irvine. »
M. Rey de Moraxde adresse une Note intitulée « Les variations du ni-
veau de la mer pendant les temps géologiques ».
M. l'abbé Tondini, dans une Note transmise par M. Janssen, annonce
que l'Académie des Sciences de Bologne a été informée par le gouvernement
italien de l'adhésion de plusieurs puissances (États-Unis, Brésil, Allemagne,
Suède, . . .) au projet d'une Conférence internationale pour régler la ques-
tion de l'heure universelle.
M. E. Serrant adresse une Note intitulée « La nitrocrésoline, ou acide
trinitrocrésylique, et les trinitrocrésylatcs. »
M. Larrey, en présentant à l'Académie, de la part de Sir James Paget,
l'un de ses Correspondants, un livre anglais intitulé « Études de vieux ca-
hiers d'observations », s'exprime comme il suit :
« Cet Ouvrage est un mémorial de l'auteur, remontant à une trentaine
d'années de sa pratique. Il explique dans la préface, avec loyauté, pour-
{ ''04 )
quoi, parmi plusieurs milliers de faits recueillis, peu de ces faits sont
utiles à d'autres observateurs. Voilà pourquoi il condense dans un seul
livre, peu volumineux, un choix d'observations rattachées à la chirurgie
pratique.
» Un seul sujet se trouve excepté de ceux-là : c'est une Conférence faite
autrefois par l'auteur, à la Société Royale de Londres, sur la chronométrie de
la vie. Il s'en sert, aujourd'hui, pour expliquer l'influence exercée par des
erreurs de chronométrie sur les causes et les modifications des maladies.
» Le livre de Sir James Pagetest l'œuvre d'un éminent praticien et d'un
juge impartial de ses propres travaux. »
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart. J. B.
ERRATA.
( Séance du 23 février 1891 .)
Note de M. d'Ocagne, Sur la représentation plane des équations à quatre
variables :
Page 4s3, dernière ligne, au lieu de tangentes à la droite de l'infini et ayant pour
asymptotes les droites X et Y, lisez ayant pour asymptotes les droites X et Y et une
transversale à celles-ci.
Note de M. Monnory, Sur la compression du quartz :
Page 43o, au Tableau des résultats, lame n° 2, pression 5oks, lisez valeur de a
théorique 65°55', au lieu de 66°55'.
On souscrit à Pans, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, u" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. [ls forment, à la fin do l'aimée, deux volumes in-4°.
Tables, l'une par ordre alphabétique do matières, l'autre par ordre alphabétique ri ■ noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est an
et part du ier janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 IV. — Autres pays : les frais de poslc extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
iflgers.
'ires/.
liez Messieurs :
Agen Michel et Médan.
Gavault St-Lager.
Alger < Jourdan.
Ruff.
Amiens Hecquet-Decobert.
^ Germain et Grassin.
>Lachcseel Dolbeau.
lia) '•une Jérôme.
Besançon Jacquard.
. Avrard.
Ijordenux DulhuiT.
I Muller (G.).
Hoin ^es Renaud.
Lcfouruier.
F. Robert.
.1. Robert.
! V l /.<■! Caroff.
, Baër.
i Massif.
Shambery Perrin.
( Henry.
i Marguerie.
j Rousseau.
' Ribou-Collaj .
, La marche.
' Ratel.
i Damidot.
t Lanverjat.
( Crépin.
i Drevet.
( Gratier.
Robin.
Lorient.
lie/. Messieurs :
Baumal.
M™" Te>
Beaud.
i ,i org.
Lyon i Mégret.
I Palud.
I Ville et Pérussel.
Marseille Pessailhan
, Calas.
Montpélliei
Moulins. . .
\ antes
Vice ■ ■ ■
Weerbourg
Zlermont-Ferr..
'Jij'un
'louai. . . -
ïrciiolne
'm Rochelle
• ,, i Bourdienon.
-e Havre
( Dombi e
Ropiteau.
'■ille ) Lefebvre.
' Quarré.
' ( loulet.
Martial Place.
Sordoillet.
Nancy ! Grosjean-Maupin.
' SitlnL frères.
\ Loiseau.
Velopp
( Barma.
| \ isconl i el i !' .
Mmes Thibaud.
Orléans Luzeraj -
. . ( Blanchier.
Poitiers . .
' I iruinaud.
fie/mes Piihoa et Hervé.
Rochefort Boucheron
\ Langlois. I gnol.
Rouen , ,
i Lestringant.
S'-Étiennc .... Chevalier.
4 Bastide.
/ Rumèbe.
i Gimet.
( Privât.
, Boisseiier.
Tuais Péricat.
' Suppligeon.
\ Giard.
/ Lemattre.
Foulon . . .
Toulouse.
Valenciennes.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
chez Messi
i Robbers.
' Feikema i laarelsen
Athènes Beck . et C ".
Barcelone Verdaguer.
Londres
Luxembourg.
lier tin.
. Ysher et C".
\ Calvary el <>.
, Friedlander '-t. fils.
' Mayer et Millier.
Berne * Schmid, Francke el
I
Bologne Zanichelli et C".
Ramlot.
Bruxi II. : Mayolez.
I Lebègue el C".
t Haimann.
Bûchai ' i
i Ramsteanu.
Budapest Kiiian.
Cambridge Deighton, BelletC"
Christi mi Cammerno
Constantinople. . Otto et Keil.
Copenhague Hosl et lils.
Florence Lœscher et s
Gand Hoste.
Beuf.
. Clierbuliez.
Genève Georg.
' Stapelmohr.
La Haye Belinfante frères.
( Benda.
" ' Payot.
Barth.
I Brockhaus.
Leipzig Lorentz.
J Max Rubc.
', Twietmeyer.
t Desoer.
' .' ( Gn u
chez Messieurs
s Dulau.
I Nuit.
V. Bûck.
Librairie Gui
\ berg.
Madrid Gonzalès e hijo
j Yravedra.
' F. Fé.
\ Dumolard frère
i Hœpli.
Moscou Gautier.
j Fureheim.
Naples Marghieri di Gi
' Pellerano.
Milan .
New- i'nrl. .
i Ihristcrn.
Stei ! i ■ • 1 1 .
Westermann.
Rousseau ,
Parker et C '.
< îlausen.
Magalhaès.
Odessa .
d.
l'.derme
Porto
Prague Rivnac,
Rio-Janeiro . . . ■ Garnier.
, Bocca ti i
Rome , , .
' Loeschei
Rotterdam . . Kramcrs et fils.
Stockholm Samson el Wall
y Zinserling.
Lausanne.
S'-Pétersbourg .
Turin.
I YVollV.
B i frères
Brero.
iCIauscn,
Rosenbergel Se
Liège.
Il
Varsovie Gebethner el Wi
Vérone Drucker.
Frick.
Gerold et C'".
Zurich Meyer et Zeller.
Vienne .
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1er à 31. — (3 Août 1 835 à 3 1 Décembre 1 8 5o. ) Volume in- J"; [853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4a; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (1™ Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume iu-4 ", 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. \. DEniitset A.-J.-J. Sûlier.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent
Comètes, par M. Hansen.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique d.iu^ les phénomènes digestifs, particulièrement dans la d^esiiou des matiè
.rasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec I2 planches; i856 15
Tome II : Mémoire sur les vers iutestinaux, par M. l'.-J. Van Beseden. — Essai d'une réponse à la question de l'rix proposée en iS5o par l'Académie des Scien
'our le concours de iS53, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains séi
mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la natt
des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bnoxx. In-4°, avec 27 planches; iStii ... 15
A la môme Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N° 9.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 2 mars 1891.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
Pages.
M. C. Wolf. — Présentation du deuxième
Tome des « Mémoires sur le pendule ». . . .
M. Mouchez. -- Observations de petites
planètes, faites au grand instrument méri-
dien de l'observatoire de Paris pendant le
deuxième trimestre de l'année 1890
M. PoiNCARÉ, — Sur la réflexion métal-
i.53
Ht
Pages.
lique 45°
M. de Lacaze-Dutbiers. — Sur un essai
d'ostréiculture dans le vivier d'expérience
du laboratoire de Roscoff 460
M. P. -P. Dehehain. — Sur la composition
des eaux de drainage }65
NOMINATIONS.
M. Geikik est élu Correspondant pour la
Section de Minéralogie, en remplacement
de feu M. Favre 47°
Commission chargée de juger le concours
du prix Malmont de l'année 1891 : Mil. Mau-
rice Lcvr, Halon de/a Goupillière, Sar-
rau, Resal, Léauté 47°
Commission chargée de juger le concours
du prix Fourneyron ( Perfectionner la
théorie des machines à vapeur, en tenant
compte des échanges de chaleur entre le
fluide et les parois des cylindres et con-
duits devapeur) clel'annéc 1S91 : MM. Mau-
rice Le'vy, Sarrau, Marcel De/irez, de
Bussy, Resal 47"
Commission chargée de juger le concours
du prix Damoiseau (Perfectionner la
théorie des inégalités à longues périodes
causées par les planètes dans le mouve-
ment de la Lune) de l'année 1S91 : MM.
Faye, Tisserand, Lœwy, Wolf, Janssen.
Commission chargée de juger le concours
du prix La la iule de l'année 1891 : MM. Faye,
Tisserand, Lœwy, Janssen, Wolf
Commission chargée de juger le concours du
prix Valz de l'année 1891 : MM. Faye,
Lœwy, Tisserand, Janssen, Wolf 471
Commission chargée de juger le concours du
prix Janssen de l'année 1891 : MM. Jans-
sen, Faye, Tisserand, Wolf , Lœwy (71
'17"
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées delà Correspondance,
divers ouvrages de Al. Georges Dumesnil,
de M. W. Nicati
M. G. Bigourdan. — Sur une nébuleuse
variable
M. \. Laussedat. — Histoire des appareils
à mesurer les bases
M. A. Mannheim. — Transformation de dé-
monstration
M. Schœnflies. — Sur les surfaces minima
limitées par quatre arêtes d'un quadrila-
tère gauche
M. Savélief. — Résultats des observations
aclinométriques faites à Kief (Russie) en
1890
M. A. Crova. — Remarques sur la Commu-
nication de M. Savélief
M. A. Imbert. — Sur les anches métalliques
doubles en dehors
M. de Forcrand. — Sur quelques dérivés
alcalins de l'érythrite
M. Léo Vignon. — La teinture du coton...
M. Georges Linossier. — Sur une héma-
tine végétale : Vaspergilline, pigment des
spores de VAspergillus niger
M. ZwAARDEMAKER. — Idiosyncrasie de cer-
Errvta
17'
47'
171
47'
478
58l
i83
187
J89
taines espèces animales pour l'acide phé-
nique
M. Joannes Chatin. — Sur l'épithélium hé-
patique de la Testacelle
M. A. de Lapparent. — Sur le conglomérat
à ossements de Gourbesville (Manche)..
M. H. Douvillé. — Sur l'âge des couches
traversées par le canal de Panama
M. de Montessus. — Sur la répartition sai-
sonnière des séismes
M. J. Tiioulet. — De l'action de l'eau en
mouvement sur quelques minéraux
M. Rey de Morande adresse une Note intitu-
lée a Les variations du niveau de la mer
pendant les temps géologiques »
M. l'abbé Tondini annonce l'adhésion de
plusieurs puissances au projet d'une Con-
férence internationale pour régler la ques-
tion de l'heure universelle
M. E. Serrant adresse une Note intitulée
« La nitrocrésoline, ou acide trinitrocré-
sylique, et les trinitrocresylates >
M. Larrey présentée l'Académie, de la part
de Sir James Paget, un livre anglais in-
titulé « Etudes de vieux cahiers d'obser-
tions »
492
Ï93
191
5n3
5o3
',n4
IMPRIMERIE GAUTHTER-VILLA.RS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, 55.
3 o&oi ■ 1891
PREMIER SEMESTRE.
r
MA 1801
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
• DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. JLES SECRÉTAIRES PERPETUEES.
TOME CXII.
N°J0(9 Mars 1891
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Quai des Graads-Augustins, 55,
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des 2.3 juin i8'6a et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
['Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
f\'A pages ou (> feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article Ie'. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou parmi Associé étrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 30 pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Acadé
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'ai
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des persor
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de \'l
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'ur
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires
tenus de les réduire au nombre de pages requis.
Membre qui fait la présentation est toujours nom:
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Ex(j
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le
pour les articles ordinaires de la correspondance I
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remi
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard^-
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à ter»
le titre seul du Mémoire est inséré dans \eCompterer>
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu s
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4 . — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais de»
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapporfl
les Instructions demandés par le Gouvernement.'
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative!
un Rapport sur la situation des Comptes rendus apS
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du«fj
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent |aire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés At
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suiva
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 9 MARS 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie que le lorae CX des
Comptes rendus (1er semestre 1890) est en distribution au Secrétariat.
HYDRAULIQUE. — Sur quelques expériences faites en 1890 à l'écluse
de ï Aubois; par M. Anatole de Caligîîy.
« Une nouvelle série d'expériences a été faite à l'écluse de l'Aubois
après le dernier chômage. 11 a été officiellement constaté qu'un seul homme
exécutait sans fatigue toutes les opérations de remplissage et de vidange,
au moyen de l'appareil de mon invention, qui y est installé. Il y avait ce-
pendant toujours dans le sas un. grand bateau chargé, et il n'en est résulté
C. R., 1891, 1*' Semestre. (T. CXII, N° 10.) 66
( 5o6 )
aucun inconvénient. La manœuvre de vidange a été entièrement automa-
tique. Il a suffi de lever une première fois le tube dit d'aval.
» Il n'a pas été possible, à cause des difficultés locales, de donner autant
de diamètre qu'on l'aurait désiré aux pièces centrales fixes disposées dans
les deux tubes mobiles, ainsi que cela est expliqué dans les Comptes rendus
du 3o juin 1890. p. i35o,; mais on a pu constater qu'il en résultait une di-
minution dans la durée des manœuvres et une augmentation dans le ren-
dement : la force qui ramenait alternativement le tube sur son siège était
plus grande.
» Quant au remplissage de l'écluse, la marche était entièrement auto-
matique pour la moitié environ des périodes. On s'est aperçu qu'il se pro-
duisait un tourbillon extérieur quand il y avait encore une grande différence
de niveaux entre le bief d'amont et l'écluse. Mais ce tourbillon n'avait pas
été remarqué avant la pose de la pièce fixe dans le tube dit d'amont. Il
pouvait exister d'une manière moins sensible sans nuire à la marche de
l'appareil.
» Ce tube est guidé extérieurement par des lames verticales en fer, mo-
biles avec lui et contre lesquelles agissait le tourbillon; de sorte qu'il
vaudrait mieux guider ce tube par des tringles fixes passant dans son
anneau extérieur. Il y a d'ailleurs des moyens qu'on pourra essayer au
prochain chômage pour atténuer cet inconvénient, sans être obligé de mo-
difier les pièces existantes.
» Ainsi que je l'ai expliqué dans ma Note précitée, je préfère en géné-
ral employer des tubes verticaux fixes, ayant à leurs extrémités inférieures
des soupapes annulaires à double siège, ce qui permettra de régler les
dimensions des. colonnes liquides et les rapports de leurs sections, sans
employer des pièces centrales fixes. Il est donc bien entendu qu'on n'a
exécuté celles-ci que pour utiliser des constructions déjà anciennes, qui
ne pouvaient être modifiées à cause de leur état de vétusté, afin de pouvoir
étudier les effets de la marche des oscillations résultant de la manière dont
on peut régler les sections dans les tubes verticaux.
» Il était d'ailleurs essentiel de profiter de l'état d'oxydation très avancé
des tubes mobiles pour constater un fait capital, qui n'a pas été assez gé-
néralement compris. Il met aujourd'hui hors de doute le point le plus
important de la théorie de ce nouveau système, d'autant plus que ces tubes
ont été construits en tôle de très peu d'épaisseur.
» Quand celui d'aval redescend sur son siège pendant la vidange de
l'écluse, il faut que la longue colonne liquide du tuyau de conduite en-
( 5o7 )
gendre, dans un temps assez court, les vitesses nécessaires pour débiter la
quantité d'eau qui passe dans cette conduite. Tout dépend donc, quant à
l'influence de ce changement de vitesses sur la solidité de l'appareil, de la
réaction de la quantité d'eau contenue dans ce qu'on peut appeler la tête
de la machine.
» Or, à cause des vitesses engendrées dans les tubes mobiles pendant
un temps assez court, et d'ailleurs diverses expériences ayant été faites
sans ménagement, ces tubes seraient certainement déchirés s'il y avait eu
des coups de bélier dangereux, rendus impossibles parce que les sections
transversales ne sont jamais bouchées.
» Quand cette construction a été faite,- les principes au moyen desquels
on peut obtenir facilement la marche automatique n'étaient pas trouvés;
aussi, dans une autre localité, il sera convenable de faire ^quelques modi-
fications.
» Les dimensions du réservoir communiquant avec le bief supérieur
avaient été calculées, ainsi que cela est indiqué dans le Rapport fait à
l'Académie des Sciences le 18 janvier 1869, par M. de Saint-Venant, en
son nom et en ceux de MM. Combes et Phillips, de manière à pouvoir
obtenir, dans de bonnes conditions, de grandes oscillations initiales et
finales, tandis qu'on peut réaliser toute la manœuvre sans celles-ci.
» Par cette raison, les dimensions de ce réservoir pouvant être aug-
mentées ainsi que celles de son orifice de communication avec le biet
supérieur, un appareil de même grandeur pourra débiter beaucoup plus
d'eau, surtout pendant le remplissage de l'écluse, époque à laquelle la
baisse, dans l'état actuel de ce réservoir, empêche que l'écoulement soit
aussi convenable qu'il pourrait l'être.
» D'ailleurs, pendant la vidange, l'eau s'y relève plus haut que cela ne
doit être pour le maximum d'effet.
» Avant la pose de la bifurcation décrite dans les Comptes rendus (séance
du 25 novembre 1889, p. 788 à 790), qui a permis d'établir le calme dans
l'écluse, j'avais réalisé une manœuvre qu'il est intéressant de pouvoir
reproduire dans une autre localité, mais qui ne pourrait plus l'être à l'é-
cluse de l'Aubois, sans des modifications, parce que les effets de l'inertie
de l'eau sont changés.
» Pendant le remplissage du sas, on avait rendu entièrement automa-
tique le tube d'aval, quand on renonçait d'abord à faire fonctionner de
lui-même celui d'amont. Je suppose l'écluse au niveau du bief inférieur
et le tube d'aval levé. Pour le faire baisser de lui-même, il suffisait de
( 5o8 )
lever le tube d'amont. Une bouffée d'eau se précipitait sous celui d'aval
et occasionnait un effet de succion qui le ramenait sur son siège.
« Cette quantité d'eau tombée en aval était relativement petite, parce
que les deux tubes verticaux étant assez près l'un de l'autre, l'inertie de
la colonne d'eau contenue entre eux n'empêchait pas une petite quantité
tombée ainsi du bief d'amont d'acquérir assez de vitesse pour produire
une force de succion suffisante. Le liquide remplissait bientôt les deux
tubes et l'écoulement se dirigeait vers l'écluse, jusqu'à ce que celui
d'amont fût baissé. Alors l'eau descendait dans ces tubes et celui d'aval
se levait de lui-même en temps utile.
» Dans l'état actuel des choses, on peut encore faire baisser celui d'aval
au moyen de cette manœuvre, mais il ne reste plus le temps nécessaire
sur son siège, pendant les deux ou trois premières périodes, s'il n'y est pas
maintenu, par exemple avec un enclicjuetage.
» Pour une autre application où l'on ne sera pas gêné par une rivière,
il sera facile de prolonger le tuyau de conduite de manière à obtenir les
effets de l'inertie nécessaires pour maintenir, comme précédemment, le
tube d'aval sur son siège sans autres complications.
» On pourrait aussi, sans prolonger le tuyau de conduite, employer un
principe décrit à la fin de ma Note précitée du 3o juin 1890. Il suffirait de
donner de plus grands diamètres au tube d'aval pour avoir plus de pres-
sion sur son anneau inférieur.
» Mais il ne faut pas se dissimuler que, pour une première levée de ce
tube dans l'opération de vidange, il serait convenable, afin d'éviter un trop
grand effort, d'ajouter une complication telle que la suivante.
» Il suffirait de pouvoir le vider assez rapidement pour qu'il fût levé pat-
son contrepoids.
» Or, si le tuyau de conduite est assrz long, l'inertie de la colonne
d'eau qu'il contient permettra au tube de se vider assez bas pour que son
anneau inférieur soit convenablement abandonné. Cet effet peut être
obtenu au moyen d'un orifice latéral, d'une section, en général bien
moindre que celle de la conduite. On n'entrera pas ici dans le détail de
cette disposition, le but de cette Note étant surtout d'exposer des prin-
cipes, conséquences des derniers faits observés. »
( 5o9 )
NOMINATIONS
I /Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Corres-
pondant pour la Section de Mécanique, en remplacement de feu M. Hausse.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 46,
M. Sire obtient 4° suffrages.
M. Considère » °> »
Il y a trois bulletins blancs ou nuls.
M. Sire, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix, chargées de juger les Concours de l'année 1891.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Prix Montyon (Statistique ). — MM. Haton de la Goupillière, de Jon
quières, Larrey, Favé, Bertrand réunissent la majorité des suffrages. Les
Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Lalanne et
Bouquet de la Grye.
Prix L. La Caze (Physique). — MM. Berthelot, Bertrand, Cailletct
réunissent la majorité des suffrages et seront adjoints aux Membres de
la Section de Physique pour constituer la Commission. Les Membres qui,
après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Poincaré et Sarrau.
Prix L. La Caze (Chimie). — MM. Berthelot, Schlœsing, Duclaux réu-
nissent la majorité des suffrages et seront adjoints aux Membres de la
Section de Chimie pour constituer la Commission. Les Membres qui, après
eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Pasteur et Cailletet.
Prix Delesse. — MM. Fouqué, Daubrée, Des Cloizeaux, Mallard, Gaudrv
réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont ob-
tenu le plus de voix sont MM. Pasteur et Damour.
Prix Barbier. — MM. Bouchard, Chatin, Verneuil, Charcot, Larrey
réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont ob-
tenu le plus de voix sont MM. Duchartre et Van Tieghem.
( 5 io )
MEMOIRES PRESENTES.
Mme A. -M. Ai-bkiît adresse un Mémoire sur la construction de Tables
numériques, destinées à fournir les résultats de divers calculs d'Arithmé
tique.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
CORRESPONDANCE.
M. Geikie, nommé Correspondant [jour la Section de Minéralogie,
adresse ses remercîments à l'Académie.
ASTRONOMIE. — Observation de la nouvelle p anèle (Sôs), découverte à l'Ob-
servatoire de Nice, le 5 mars 1891. Note de M. Chakloië, présentée par
M. Fave.
Date
1891.
Mars 5 8h46m45
» La sdanète est de grandeur i3fo
Temps moyen
de Nice.
Ascension
droite
apparente.
io''i"' 26% i3
Log. fact.
parall.
ï>4'9«
Dislance
polaire
apparente.
70°i7'5o",4
Log. fact.
parall.
^,598,,
ASTRONOMIE. — Observations de la planète Millosevich (1891 , mars 1), /ailes
à F Observatoire de Toulouse (éaualorial Brunner) par MM. B. BAiLLAUDet
E. Cosserat, et de. la planète Charlois {mars 5) {au grand télescope) par
M. Andoyek. Note présentée par M. Tisserand.
Étoiles
Planète
— *.
Nombre
Dates
de
. •
. ..— _
de
1891.
Planètes.
comparaison.
Gr.
ai.
Déclinaison.
compar.
Obseï
s 3..
. M
a 2267 BD -+- 12
9>5
m s
— 0.l4,90
- 0.49,2
36: 18
C
ô . .
M
b 2269 BD -+- 12
8,2
— 0.37,44
- 3.19,8
20 : 20
G
3..
. M
«2267 BD + 12
9>5
— O. 17,30
- 0.28,7
12: 6
G
r
A ■ ■
M
c 2265 BD -+- 12
8,7
-0.11,73
+■ 1.42,3
1 : : 1 2
C
M
d 2262 BD h- 12
9>5
— 0. 1 1 , 16
+ 4-34,4
12:12
C
6..
M
e 2257 BD 4- 12
9>2
+0.26,09
— 11. 36, 6
20: 10
C
6. .
. C
/ i2i5W. H. 9
8,0
+1 .25,78
1 1 .35,3
20: 16
A
1 ■■
M
e 2257 BD -+- 12
9)2
— 0.36,21
- 3.36,2
6: 4
B
( 5 1 1 )
Positions des étoiles de comparaison.
Etoiles
Réduction
Réduction
Dates
de
Ascension
au
Déclinaison
au
1891.
coinpar.
droite.
jour.
moyenne 1891,0
jour.
Autorités.
Mars 3 .
. . a
Il m s
10.40.54,60
1-0,92
0 » 'i
1 I . 52 . 22, 5
—3,9
Rapportée à b
3...
b
10.46. 1 5,5i
-+-0,92
1 1 . 56 . 1 3 , 3
-3,9
8o3W, H. 10
O . . .
a
1 0.45. 54,66
+0,92
ri .52.22,5
—3,9
Rapportée à b
4...
10.44.59,69
■+-0,92
1 1 . 58. 27 ,0
—3,9
769 W, H. 10
5...
d
io.43.5g, 10
4-0,92
12. 4- 1 3,5
-3,9
Rapportée à c
6. ,
10.42. 27 ,73
4-0,94
1 2 . 27 . 5g , 3
-3,8
716 W, H. 10
6. . ..
1
9.59.n,o3
4-0,95
[9.57.59,0
l '7
i(i2i5-+- 1216) W.H. 9
1 ■■■
10.42.27,73
+-0,g4
12.27.59,3
-3,8
716 W, 11. 10
Positions apparentes des planètes.
Temps moyen
Dates de Asc. droite Log. facl. Déclinaison Log. fact.
1891. Planètes. Toulouse. apparente. paraît. apparente. parall.
Il tu s h m s „ , ,
Mars 3 M 10.24. 5 10. 45. 4o, 68 r,->5o„ 11.52.29,4 0,675
3 M 11. 7.39 io.45.38,99 2,992,, 11.52.49,6 0,667
3 M 11.26.33 io.45.38,28 2,796,, 11.52.49,9 o,665
4 M 8.46.3a 10. 44. 48, i T,5o6„ 12.0.5,', 0,702
5 M 10. 36. a5 io.43.48,86 T,i42„ 12. 8.46,0 0,669
6 M 9.24. 2 10.42.54,76 T,'|o'i„ 12.16.18,9 0,682
6 C 10.45.37 10. 0.37,76 2,.54o„ 19.46.22,0 o,55i
7 M 9. 3 ! . O M). '| I .5 2, '|<> 1,119» 12.24.19,3 0,669
» L'observation de la planète Millosevich du 7 mars a été très difficile,
la planète étant presque invisible à cane de la brume. »
astronomie. — Observations delà planète Millosevich (Rome, 18,91, mars 1),
faites à l'Observatoire de Paris (crptalotial de la tour de l'Est); par
M"e Klumpre, présentées par M. Mouchez.
Etoil
es
Dates
de
1891.
compara
ison.
Grandeur.
Vlars 3. . .
«
8
5....
b
9,5
5....
b
9-5
6 .
c
9
Planète — * .
Nombre
— »»_ - — =— -
de
at. i©.
comparaisons
s , „
-3-, 01 — 3.25,;)
8:6
■4,93 — 9.49, '
6:4
-18,22 — 9.22 ,6
6:4
-18, 1 3 — 10. 5,3
6:4
( 5l2 )
Positions des étoiles de comparaison.
Réduction
Réduction
Asc. droite
au
Déclinaison
au
moy. i8gr,n.
jour.
moy. 1891,0.
jour. Autorités.
h ni
[0.46. i5,4 \
+ 0,92
-Mi".5(i.i3.
r
1
— 3,9 Weisse
10.44. 1,96
-HO,93
12. l8.45 :
I
-3,g B.t.VI
10.42.27,00
+ 0,94
12.27,5g,
4
—3,8 Weisse
*.
a — 2269 BD + 12°--- 8o3 W.
è = 2263BD + i2°
c = 225- BD 4-12°— 716 W.
Positions apparentes de la planète.
Ascension
Dates Temps moyen droite Log. fact. Déclinaison Log.fact.
1891. de Taris. apparente. paraît. apparente. parall.
h in s 11 ni * „ ,
Mars 3. ... 11. 3.23 10. 45. 3g, 35 2.990/). + 1 f . V> . ] 3 ,6 o,-3o
5 1 < > . 4 't - 1-4 io.43.47)96 r, 067/2 ta. 8.52.1 0,72g
1 '.'. .19. ■:>. 10.4S.44 > 67 2,702 12. g. 18,6 0,725
6 . .. 14.12. 2 10.42.46,07 7,383 12.17.50,3 0,743
» Remarque. — 5 mars, ciel brumeux. >.
GÉODÉSIE. — Delà mesure du 52e parallèle en Europe. Note de M. "Véxukoff,
présentée par M. Janssen.
« La mesure du 52e parallèle en Europe, entre Valencia, en Irlande, et
Orsk, en Russie, sur les confins de l'Asie, a été proposée, en 1861, parWill.
Struve et Baeyer, et appuyée par les astronomes et géodésiens belges et
anglais. De tous les arcs parallèles à l'équateur et traversant notre partie
du monde, c'est certainement le plus long (69°^); mais, par une heu-
reuse exception, il est assez facile à mesurer, car il passe par des contrées
qui ne présentent presque pas de montagnes. Cependant, pour terminer
cet immense travail, il a fallu, non seulement exécuter de longs calculs des
réseaux trigonométriques qui existaient déjà en 1861, mais entreprendre
plusieurs nouvelles triangulations et, enfin, établir solidement l'accord
entre elles et celles qui avaient été faites précédemment, d'après des mé-
thodes qui n'étaient pas toujours identiques. La plus grande partie de ce
pénible travail a incombé aux géodésiens russes, qui l'ont enfin terminé,
( 5r3 )
en publiant, tout récemnienl, en deux volumes in-4°('), le Rapport dé-
taillé sur les opérations géodésiques et les calculs exécutés par eux, pour
la mesure de la partie russe (3c)047') de l'arc. En présentant à l'Académie
cet Ouvrage et la Carte générale des triangulations qui existent entre Va-
lencia et Orsk, j'ai l'honneur de les accompagner des remarques sui-
vantes :
» 1. La Carte représente, comme je l'ai dit, toutes les triangulations qui
existent aux abords du 52e parallèle, en Europe, et qui ont servi de base
aux calculs de la longueur de l'arc mesuré. Mais ces calculs ne commencent
à l'ouest que sous le méridien de Haverfortwest, au pays des Galles, pour
s'arrêter à Nieuport, dans la Belgique, et ils ne se renouvellent que sous
le méridien de Tchenstokhov, en Pologne, pour être continués au delà de
cette ville, jusqu'à Orsk, sans interruption. Il y a donc deux lacunes à
combler dans cet immense travail international : d'abord, à l'ouest de
Haverfortwest jusqu'à Valencia ; ensuite, entre Nieuport et Tchenstokhov.
La longueur astronomique (en degrés), définitivement mesurée, n'atteint
pas encore 6q°r,, mais seulement 4;" \(rj°7, dans la partie anglaise et3ç)°~
dans la partie russe); 22° restent à mesurer.
» 2. Les résultats des travaux anglais exécutés entre Haverfortwest et
Nieuport sont déjà publiés depuis longtemps (1867) parle capitaine Clarkc;
mais le réseau irlandais, jusqu'à Valencia, dans l'ouest du pays, reste à
calculer.
» 3. Le réseau allemand et belge, et les calculs qui s'y rapportent, ne
sont pas encore décrits, caries géodésiens allemands tiennent à les publier
dans la langue allemande, ce qui se fera sous la direction de M. Hel-
mert.
» 4. La partie russe du 52e parallèle, dont la longueur, à l'est de
Tchenstokhov, est définitivement établie, contient 3g" 24' de longitude, et
n'a pas d'interruption. Pour en déterminer la longueur en mètres, on a cal-
culé 364 triangles spbériques, dont ri4 appartenant à une triangulation
de contrôle faite par M. Jilinsky.
» 5. Les résultats numériques delà mesure de l'arc russe (Tchenstokhov-
Orsk) et de l'arc anglo-belge (Haverfortwest-Nieuport) sont réunis dans
le Tableau suivant :
(') Mémoires de la Section topographique de l'étal-major général russe, vo-
lumes M> et 47, publiés sous la direction du général Stebnitzkv ; S;ùnt-Pétersbourg,
1891.
C. R., 1891, l" Semestre. (T. CXII, N" 10.) Oy
( 5i4 )
L, différence /, différence Longueur
Stations finales des réseauj. géodésique astronomique de l'arc
et des arcs. des longitudes. des longitudes. I — L. en mètres.
A. — En Russie.
1. Tchenstokhov-Varsovie . 1.53.57,77 1 . 54- 8,45 4-11,08 i3t854,i
2. Varsovie-Grodno 2.48.10,12 2.48. 3,45 —6,67 192501,4
3. Grodno-Bobrouisk 5.23.38,38 5.33.46,5 +18,12 37o462,i
k. Bobrouisk-Orel 6. 5o. 14,77 6.50.23,70 -h 8,92 46g6o5,g
5. Orel-Lipetzk 3.22.24,02 3.22. 18, i5 -5,27 243027,2
6. Lipetzk-Saratov 6.26.12,99 6.26.25,35 -f- 1 3 , 36 44igo6,5
7. Saratov-Samara 4- 2.34,g4 4- 2.21,60 — 13,34 277521,1
8. Samara-Orenbourg 5. 1.27,02 5. 1 . 35,85 -+- 8,83 344917,6
9. Orenbourg-Orsk 3.37.23,22 3.26.47,70 —35,52 237290,8
Total pour la Russie 39.28.03, 23 39.a5.5-i,i5 2709132,8
B. — En Angleterre.
1. Nieuporl-Greenwich . . . 2.45.30,71 2. 45. 25, 20 — 5, 01 189460,1
2.Greenwich-Haverfortwest 4-57-44, 33 4.57.48,60 +4.27 340819,4
Total pour l'Angleterre.. 7.43.10,04 7. 43. i3, 80 530279,5
» Ces chiffres donnent, pour longueur moyenne d'un degré de longi-
tude, sous le 5ae parallèle :
En Russie 68km,64i2
En Angleterre 68km,688o
ce qui prouve que cette longueur n'est pas la même dans toute l'Europe.
Nous arrivons à la même conclusion en prenant en considération diverses
parties de l'arc russe seul; par exemple :
Entre Varsovie et Grodno, i° 68km, 7662
Entre Samara et Orenbourg 68km, 6556
» D'où résulte que le J2e parallèle, en Europe, n'est pas un cercle,
mais une courbe assez accidentée, s'approchant d'ailleurs du cercle; en
d'autres mots : la surface terrestre, sous le 02e degré de latitude, dans notre
partie du monde, n'est pas celle d'un ellipsoïde de révolution.
» Cette conclusion est absolument correcte, si les chiffres que j'ai cités
plus haut sont exacts. Or leur exactitude paraît être incontestable, car :
» a. La détermination de la position géographique des points fondamen-
taux de chaque réseau trigonométrique a toujours été faite, au moins en
( 5i5 )
Russie, à l'aide de bons instruments et d'après des observations répétées
six fois; les longitudes étaient déterminées par le télégraphe.
» b. Pour s'assurer de l'exactitude des opérations géodésiques, on a pro-
cédé, dans la Russie orientale, à une mesure de contrôle, confiée à une seule
personne qui ne participait pas aux travaux antérieurs.
» Il faut donc admettre que le %ie parallèle n'est pas un cercle.
» Je me permets d'ailleurs de rappeler que la mesure du l\ie parallèle
aux Etats-Unis de l'Amérique a abouti à un résultat semblable. Par consé-
quent, la Terre n'est pas un sphéroïde parfait. »
GÉOMÉTRIE. — Sur les équations de deux surfaces minima périodiques, possé-
dant la symétrie de l'octaèdre. Note de M. A. Sciiœxfues, présentée par
M. Darboux.
« Les surfaces minima périodiques sur lesquelles je présente ici quel-
ques remarques sont celles qui ont été discutées profondément par
M. H. A. Schwarz dans le célèbre Mémoire couronné par l'Académie de
Berlin ('). L'une d'elles est la surface limitée par quatre arêtes d'un
tétraèdre régulier avec ses prolongements analytiques et l'autre est la sur-
face adjointe. Ce sont les seules surfaces possédant la symétrie de l'oc-
taèdre dont nous connaissons les équations explicites.
« M. Schwarz a donné, pour la première surface, l'équation
(l) [AV -f- VA -+- \[J. -f- I — O,
où 1, ;x, v sont les mêmes fonctions elliptiques de .r, y, s, et >. est déter-
miné par
En substituant
. z \ 2 cosani» Aiim // , i /,x
l(u) = — — > A- -— - (2).
1/3 sinamu 2 N /
1 + X1 1 -+- ;a, 1 +v,
-A,
nous obtenons
(2) À|(A,VJ = 1,
comme équation seconde de la surface (3). On en dérive les équations
de la surface adjointe, en posant ix, iy, iz à la place de x, y, z.
(') Bestimmung einer speciellen Minimal/lâche. Berlin, 1871.
( = ) Voir p. 80.
(3) Voir H. A. Schwarz, For/gesetzte Untersuchungen iïber Minimalflâchen
(Ber. d. Ber. Ak., 1872, p. i5).
( 5.6 )
» Je me suis proposé de meure les équations des surf aces nommées sous une
forme telle qu'on puisse reconnaître immédiatement toute la symétrie de la sur-
face. Voici les résultats que j'ai obtenus.
» Concevons une subdivision de l'espace dont le polyèdre générateur
est un ciibe. Les faces des cubes seront des plans de symétrie pour les
surfaces, et les sommets des cubes, et les milieux de ces solides seront des
points où passent les axes de symétrie des surfaces.
» Pour la première surface, le milieu des cubes est un point vers lequel la
surface admet les axes de symétrie d'une pyramide double a axe ternaire,
et en outre trois plans de symétrie passant par l'axe ternaire et normaux
aux faces de la pyramide. En prenant ce point pour origine des coordon-
nées, la symétrie exige que la surface revienne snr elle-même pour toutes
les permutations de ce, y, z et par la substitution — x, — y, — s au lieu
de x, y, z. Cela peut se mettre en évidence par l'équation
(3) [jy -+- va -+- X[* -i i = o,
en supposant que a soit une fonction impaire.
» La fonction donnée par M. Schwarz est de cette espèce. Mais je re-
marque qu'on peut faire usage d'une fonction plus simple : c'est la fonction
■,U)^^U) >■->/*
■Ji(«) V 9
où 5,, 2r2 sont les transcendantes de Jacobi.
» Prenons maintenant comme origine des coordonnées un sommet du
cube par lequel passe l'axe tertiaire. Vers ce point, la surface admet tous
les axes de symétrie d'un tétraèdre et comme plans de symétrie les plans
passant par les arêtes opposées du cube. L'équation de la surface mettra
immédiatement ces propriétés en évidence si on la prend, par exemple,
sous la forme
(4) tyv = i,
où 1 est une fonction impaire. En posant
w„\ 5|(//)5:,[ u) , _ ,
\ ' 3(1,) ï,{tn
l'équation (4) deviendra une équation de la surface du caractère demandé.
» Je remarque expressément que l'équation (2) donnée par M. Schwarz
n'est pas de ce caractère, parce qu'elle se rattache au centre du cube
comme origine des coordonnées.
» La symétrie de la surface adjointe vers le centre d'un cube est tout
( 5r7 )
analogue à celle de la surface précédente. Pour obtenir l'équation corres-
pondante, on fera la substitution citée plus haut; ainsi l'on obtient l'équa-
tion
( ') ) pi -h va -h 'l'J- — I = O,
cm il faut poser
- / \ ''in) / i
>•(")= ^ÔT)' * = *•
et a est une {"onction impaire comme il est nécessaire.
» La symétrie de cette surface vers les sommets des cubes par lesquels
passent les axes ternaires se met directement en évidence par l'équation
( (') ) p -f- v~k -+- lu. — const. = o,
en prenant pour a une fonction paire. Une telle fonction est
la valeur de la constante est le quotient k ; k .
» On voit immédiatement que les équations précédentes représentent
des surfaces réelles contenant les droites caractéristiques ('). Mais il
faut encore prouver qu'elles remplissent la condition relative à la cour-
bure moyenne nulle. Cela se fait aisément, par exemple, de la manière
suivie par M. Schwarz à l'endroit cité.
» Nous avons vu que l'équation (G) est celle d'une surface minima, si X
a les valeurs
r-, ( h ) Sri» s-i»
*,(«)' Va)' S2(«)'
et si le module a une valeur convenable. Cela nous conduit à examiner si
peut-être chaque quotient de deux fonctions j substitué au lieu de \ suffit
analytiquement à la condition de courbure moyenne nulle pour certaines va-
leurs du module. C'est ce qui a lieu en effet. Cependant les équations
correspondantes ne fournissent pas de surfaces réelles nouvelles. En effet,
on sait bien que les deux surfaces considérées sont les seules surfaces mi-
(') A ce qu'il parait, on n'a pas encore remarqué que la surface adjointe de la sur-
face discutée par M. Neovius (Helsingfors, i883) contient les mêmes droites que la
surface adjointe de la surface de M. Schwarz. Mais la surface adjointe de M. Neovius
ne s'exprime pas par une équation du premier degré en )., (*., v; par conséquent, les
équations données sont véritablement les équations des surfaces considérées.
( 5.8 )
nima réelles possédant la symétrie de l'octaèdre, dont l'équation soit du
premier ordre en "X, a, v; donc les équations en question fournissent les
mêmes surfaces ou des surfaces imaginaires.
» Enfin, j'ajoute qu'en posant
l(u)= s-V-T' k=-, const. = — -r'
l'équation (6) donne deux surfaces comme la première, situées symétri-
quement par rapport aux plans des cubes. Cette valeur de 1 correspond à
la forme spéciale de la différentielle elliptique donnée par M. Cayley (' ). »
GÉOMÉTRIE. — Sur les spirales harmoniques. Note de M. L. Raffy,
présentée par M. Darboux.
«
« Nous nous proposons de déterminer tous les éléments linéaires qui
conviennent à la fois à des surfaces spirales et à des surfaces harmoniques.
Tel est, par exemple, celui-ci
( i ) ds- = (au'" - bvm ) ( du' -+- do2 ) .
» En effet, M. Maurice Levy a établi (Comptes rendus, t. LXXXVII,
p. 788) cette proposition importante : Tout élément linéaire homogène, de
de o-ré autre que — 2, appartient à une infinité de spirales. Du précédent on
déduit, en faisant croître ou décroître m indéfiniment, ces deux autres élé-
ments linéaires
(II) ds- = (e"u - e6'1) (du2 -t- do3),
(III) ds2 = (\ogau — logbv) (du? ■+■ dv2),
qui conviennent aussi à des spirales harmoniques. Mais on ne peut affir-
mer d'avance qu'il n'y en ait pas d'autres. J'ai recherché ces éléments
linéaires par une méthode propre à les donner tous, et à distinguer ceux
qui sont doublement harmoniques de ceux qui ne le sont pas.
» À cet effet, je résous complètement, pour le cas des spirales, l'équa-
tion différentielle indéterminée qui exprime que l'élément linéaire ë*dxdy
acquiert la forme harmonique par le changement de variables
, , dx , , dy
dx=w y = w
(') Voir Quarterly Journ. 0/ Math., t. XIV. p. 190.
( 5,9 )
» Cette équation, qui a été donnée par M. Darboux {Théorie des sur-
faces, t. II, p. 209), peut s'écrire ainsi
(1) FsE2X(Vl,+ cJ;2)-2Y(co;!+(o;i) + 3X'u>;-3Y'(o;+x"- y*= 0.
» Nous lui adjoignons l'équation dérivée
(2M + x'(4<4«v+ 5*Cy) - Y'(4u>^+ 5 «.>;,,) = 0,
qui ne se réduit à une identité que quand u^= o (surfaces développables).
Cette équation ne se confond avec la première que quand les surfaces con-
sidérées ont leur courbure totale constante. Ces cas particuliers exclus,
on peut éliminer X"— Y" entre les équations (i) et (2); d'où une équa-
tion
(3) AX - BY + CX'- DY'= o,
qu'on différenlie par rapport à x et à y. Entre les deux relations ainsi ob-
tenues et l'équation ( i), éliminons X" et Y"; nous trouvons un résultat de
la forme
(4) A^-BiY-l-C.X'— D,Y'=o.
» Le système (3) et (4) fait connaître X' et Y', quand son déterminant
n'est pas nul. La condition CD, — DC, = o exprime que les surfaces d'élé-
ment linéaire ewdxdy ont leurs lignes d'égale courbure parallèles; or j'ai
établi, dans une Note récente (p. 4^4 de ce Volume), que toute surface har-
monique, dont les lignes d'égale courbure sont parallèles, est applicable sur une
surface de révolution.
» L'analyse que je viens de résumer est générale et convient à tout élé-
ment linéaire é*dxdy.
» Donnons maintenant à co la forme propre aux spirales
<x> = — i(x— y) -hfT(t)dt, t = x-hy.
» La courbure totale ne pourra être constante sans être nulle. Laissant
donc les développables de côté, nous pouvons former les équations (3)
et (4); elles seront résolubles si les spirales ne sont pas applicables sui-
des surfaces de révolution. Or l'élément linéaire des spirales jouissant de
cette propriété a été déterminé par M. S. Lie {Malhetn. Annakn, t. XX) ;
il rentre dans le type (I) pour b = o, m -+■ 2 - o, et n'est doublement har-
monique que quand m = 1 .
( 520 )
» Remarquons que, en raison de la forme de u>, tons les coefficients de
l'équation (i) et des suivantes dépendent seulement de t; du système (3)
et (4) nous tirerons
(5) X'=T(X4-T,Y, Y'=T3X4-T4Y,
les quatre fonctions T, ne dépendant que de /. Ces deux équations indéter-
minées admettent deux systèmes de solutions communes et deux seule-
ment, savoir :
(6) \ T,-c T, T3 T4+c i
(7)
AB A.-ecl We-Ct AB AB*4-Ap4-Ba'
X = le-rx 4- A e-hr, Y = mr!rj -t- B e~-h\
AT, = Blre""^ - kmhe-W, AT:! = - Bm(r - h)e-(r+h]\
AT2 = - A/(r - h) ê'^c, AT, =— tolhér-h)C 4- kmrê-r-h\
A = B/t"-/')f— Ame-f-*'',
où toutes les lettres désignent des constantes arbitraires (/ — /«f=o). Il
reste à substituer ces expressions de X et de Y dans l'équation (i), qui,
pour les spirales, s'écrit
2(X — Y)T' 4- aX(T - if - 2Y(T 4- if
4- 3X'(T - ï) - 3Y'(T 4- i) 4- X" — Y"= o.
On reconnaît ainsi que les solutions (6) ne conviennent que dans deux
cas: i° quand X el Y sont constants, ce qui conduit à l'élément linéaire (II);
2° quand X = e-'"x, Y = e~2"'y, d'où l'équation de Riccati
T'4-T24-(3n - 2)Tcotnt — (n - i)(îb- i)= o,
qui admet la solution T = (i — /«)cot — Elle donne, quand n — i est
différent de zéro, l'élément linéaire (I); quand n est égal à i, l'élément
linéaire (III).
» Quant aux solutions (7), j'ai pu démontrer qu'elles ne conviennent
que quand on prend X = e3'x4- A, Y = 9A, ce qui donne l'élément linéaire
dsi = e~'^x~y)e * * 3 cos , - dx dy,
4 J
qui rentre dans le type (II). Étant le seul qui acquière la forme harmo-
( 321 )
nique par deux transformations différentes, il est le seul qui soit double-
ment harmonique.
« Ainsi les formules (i), (2), (3) fournissent tous les éléments linéaires
répondant à notre question. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Compatibilité des lois de la dispersion et de la
double réfraction. Note deM.E. Cakvallo, présentée par M. Poincaré.
« 1. Dans un Mémoire récent (') j'ai discuté l'excellente théorie de
M. Poincaré pour la réflexion de la lumière sur les corps transparents.
Cette théorie me paraît irréprochable, parce qu'elle ne renferme aucune
hypothèse arbitraire. Elle m'a fourni, en faveur du système découvert par
M. Sarrau, un argument qu'il me parait difficile de refuser. D'autre part,
dans une Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie (-), je suis
arrivé à cette conclusion que tous les systèmes proposés jusqu'ici, sauf celui
de M. Sarrau, conduisent à des incompatibilités entre les lois de la double ré-
fraction et celles de la dispersion. Mais j'ai considéré seulement les termes
de dispersion de Briot. Il importe de montrer que les autres termes aussi
n'apportent aucune perturbation aux lois de la double réfraction mono-
chromatique dans l'unique système non rejeté encore, autrement on
pourrait craindre qu'il doive être rejeté à son tour. Cela conduirait à
chercher une nouvelle théorie des phénomènes lumineux.
» Ce problème, que j'ai posé à la fin de ma précédente Note, est diffici-
lement abordable dans la théorie de M. Sarrau ; mais cette théorie est équi-
valente, comme on va le voir, à celle qu'on peut déduire de la théorie
de Helmholtz sur la dispersion anomale des milieux isotropes (3).
» 2. Pour simplifier les écritures, je suppose d'abord que le milieu est
pourvu de trois plans de symétrie que je prends pour plans coordonnés;
de (dus je me borne aux équations de Helmholtz simplifiées cpie M. Poin-
caré a adoptées ( *) dans une de ses expositions de la théorie de M. Boussi-
nesq. Les termes conservés représentent justement la partie de la disper-
(') Journal de Physique, 2e série, t. X; février 1891.
(■) Comptes rendus, t. CXII, p. 43i; '891.
(3) .4/;. Pog., Bel. 15i; 1876. — Journal <!<• Physique, t. IV, p. 216.
(;) Poincaré, Théorie mathématique de la lumière, p. 211. — Notations : t est le
G. R., 1891, 1» Semestre. (T. CXII, N° 10.) 68
( 522 )
sion négligée clans ma précédente Note. J'expliquerai ensuite pourquoi
ces deux restrictions ne sont pas nécessaires à la conclusion. Les équa-
tions qui régissent les vibrations simultanées de l'éther et de la matière
pondérale sont
(0
?dï = A* -S -+-«(*.- S).
de , , .
— ■4-6(^-71),
d^y ,y g V
d- 1]
I dK
?dF
d-rn
= Al
de
7k
°tf, - 0-
?i dt-
» Une intégrale particulière de ces équations est donnée par les for-
mules
E = LsinP, ^--^L.sinP,
(2) J7i=.MsinP, n, = M, sinP, P
Ç = NsinP, -, = N,sinP,
fax-+- Pj+ Y5 t
~t~ ~ T
» Elle représente un mouvement vibratoire de période T, qui se pro-
page par ondes planes, dont les cosinus directeurs sont oc, [ï, y. En portant
ces valeurs dans les équations (1), on obtient deux groupes de trois équa-
tions. J'écris seulement celles qui proviennent de la première ligne des
équations (1), savoir
(3) -^pL = -^-[L — a(aL + pM + YN)]+flr(L, - L),
(4) -^p.L^aCL-L,).
» Je porte dans l'équation (3) la valeur de I,, tirée de l'équation (4);
puis, dans l'équation obtenue, j'isole le terme en -p- Il vient
4--
(5) - ^
apt
Ti
4it
L = - y [L - oc(aL + fi M -f- yN)].
» La deuxième et la troisième ligne des équations (i) donnent de même
temps; Ç, tj, Ç l'élongation de la molécule d'ëther; £,, t,,, t, celle de la molécule pon-
dérale au point x, y, z; a, b, c sont des constantes.
A=:
dx*
e)y- a-s"
6>£ ()r) dÇ
dz- ()>■ f)s
( 5 a3 )
deux autres équations de condition qui lient les inconnues L, M, N, / aux
données a, (î, y variables avec la direction de l'onde plane. Les coelficients
(G) A = P+ ";_. , B=P+ % , C =
<* — -frPi ° — ;j- Pi
qui figurent aux premiers membres du groupe (5), ne dépendent que de la
période T ; ils sont constants pour une raie spectrale donnée.
» On reconnaît alors le système d'équations de M. Sarrau. Ainsi, la dis-
persion n'apporte aucun trouble aux lois de la double réfraction monochroma-
tique.
» 3. Levons maintenant les restrictions du calcul. Si, avec Helmholtz,
on introduit dans les trois lignes du second groupe des équations (i) res-
pectivement des termes en £,, r,,, 'C,, rien n'est changé au mode de calcul.
Il en est de même si l'on ajoute dans les deux groupes des termes qui con-
tiennent \, Y], C. \\i i\\-> Ci et les dérivées paires de ces quantités par rap-
port à t. Ces changements n'ont pour effet que de changer les expres-
sions (0) de A, B, C en fonction de T. Si maintenant on cesse de supposer
que le milieu est doué de trois plans de symétrie, le calcul n'est guère
abordable que par les quaternions. On arrive à la même conclusion. Seu-
lement, les fonctions linéaires qui figurent dans les équations (i) complé-
tées n'ont plus nécessairement les mêmes axes. Quand on résout par rap-
port au vecteur qui contient en facteur ^? pour avoir l'équation vectorielle
correspondante à l'équation (5), ces fonctions linéaires se combinent dans
le premier membre. Les coefficients de ces combinaisons dépendant de T,
la fonction résultante aura ses aies variables avec T. Cela explique le phé-
nomène appelé dispersion des axes d'élasticité optique.
» Le problème de la compatibilité des lois de la dispersion et de la
double réfraction est entièrement résolu par la théorie que je viens d'ex-
poser. »
PHYSIQUE. — Aimantations longitudinales et transversales superposées .
Note de M. C. Decharme.
« Je demande à l'Académie la permission d'ajouter quelques lignes à la
Communication que j'ai eu l'honneur de lui adresser sur l'aimantation
transversale ( ').
^') Comptes rendus, séance du i8 août 1890, t. CXI, p. 34o.
( 524 )
» M. Jamin a constaté expérimentalement que deux aimantations (lon-
gitudinales) de polarités inverses pouvaient se superposer sur la même
lame d'acier, se neutraliser, se dominer, sans se détruire. Après avoir
constaté qu'un phénomène semblable a lieu pour deux aimantations trans-
versales de polarités contraires, j'ai cherché sous quelle forme se présente-
rait le spectre magnétique de deux aimantations longitudinale et transversale,
pratiquées successivement sur la même lame d'acier. Ici la neutralisation
proprement dite n'est pas possible, les forces agissantes n'étant plus directe-
ment opposées, mais perpendiculaires l'une à l'autre.
» Après avoir aimanté longiludinalement une lame d'acier (de ioomm de
longueur, de 28mmde largeur et 3mm d'épaisseur) et obtenu son spectre
ordinaire bien connu, si l'on aimante cette même pièce transversalement,
par l'une des méthodes que j'ai indiquées dans une Note précédente, il
pourra arriver, selon l'énergie relative des forces inductivcs et le nombre
des passes, que les deux aimantations se montrent simultanément, plus ou
moins complètes, dans le spectre mixte que donne cette double opération,
ou que l'aimantation première longitudinale disparaisse, pour laisser
place entière à l'aimantation transversale, dernière venue. Dans ce cas, il
y a simplement superposition des deux aimantations; car, en pratiquant
quelques passes longitudinales, on fait réapparaître le spectre primitif : le
magnétisme longitudinal développé en second lieu, venant s'ajouter à celui
qui a été produit d'abord, forme une somme supérieure au magnétisme
transversal, qui se trouve ainsi éclipsé.
» On peut de même, par quelques nouvelles passes d'aimantation trans-
versale, faire dominer celle-ci à son tour dans le spectre mixte et continuer
ainsi alternativement. Mais, à mesure que ces alternances se multiplient,
les couches magnétiques s'accroissent de plus en plus et tendent vers la
saturation. C'est alors qu'il suffit d'une faible passe de l'une des aimanta-
tions, pour faire prédominer son spectre. Il y a là une sorte d'équilibre in-
stable, que la moindre force additionnelle vient troubler. C'est comme un
point critique, en deçà et au delà duquel toute passe nouvelle de l'une des
deux aimantations entraîne la prédominance du spectre correspondant
avec sa forme caractéristique. C'est pour cette raison qu'il est difficile de
réaliser un spectre mixte où les deux sortes d'aimantations se montrent
avec une égale intensité. On y parvient cependant, avec quelques soins,
comme le montrent les deux figures que j'ai l'honneur d'adresser à l'Aca-
démie.
» On pourrait de même faire intervenir, dans le phénomène de super-
position, d'autres modes d'aimantation, comme celui aue ;'ai désigné sous
( 5a5 )
le nom ^aimantation circulaire, ou celui qu'on pourrait appeler aimantation
hélicoïdale, puis combiner ces aimantations 2 à 2, 3 à 3 et l'on obtiendrait
encore des spectes mixtes, accusant la présence de ces aimantations super-
posées. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les mangamtes de soude hydratés. Note
de M. G. Rousseau, présentée par M. Troost.
« J'ai montré, il y a quelques années, que le manganate de soude,
chauffé en présence du chlorure de sodium, donne naissance à des man-
ganites divers, et notamment au composé iuMuO^NaO (' ). Je signalais,
en outre, la formation d'autres produits moins riches en manganèse et
d'une composition variable. A la suite de mes travaux postérieurs sur les
ferrites et les platinates alcalins hydratés, j'ai été conduit à soupçonner la
présence d'une certaine quantité d'eau de cristallisation dans ces manga-
nites. De nouvelles recherches ont confirmé cette supposition. J'ai con-
staté ainsi que ces composés perdent presque toute leur eau de cristallisa-
tion au-dessous de 2000, sans décomposition apparente. De là les divergences
entre les analyses, suivant les températures différentes auxquelles ces
hydrates avaient été desséchés. A la suite de ces observations, j'ai repris
l'étude de la dissociation du manganate de soude, à laquelle je joins aujour-
d'hui mes expériences relatives à la décomposition du permanganate de
soude à basse température.
» Décomposition du permanganate de soude. — Le permanganate de potasse,
chauffé à 2000, se dédouble d'abord en manganate alcalin et en bioxyde de manga-
nèse. Sous L'action prolongée de la chaleur, l'acide manganeux formé réagit à son tour
sur le manganate qu'il transforme en manganite de potasse et alcali libre (-). La dé-
composition du permanganate de soude s'accomplit suivant un mécanisme pareil, à la
température d'environ 3oo°. Elle est complète après six heures de chauffe. L'eau bouil-
lante sépare de la masse, fortement alcaline, une matière brune amorphe qui corres-
pond probablement au bioxyde de manganèse colloïdal de M. Gorgeu. On obtient
finalement, après des lixiviations répétées, de petits cristaux microscopiques noirs, du
manganite de soude hydraté SMnO2, NaO, 5HO.
» Ce composé perd 4 équivalents d'eau entre i5o" et 180°, et le dernier équivalent
vers 25o°. Ainsi déshydraté, il reste inaltéré a \\o" dans le bain de soufre. Au rouge
sombre il commence à se polymériser en perdant de la soude.
(') Comptes rendus, t. CIII, p. 261.
(2) G. Rousseau, Comptes rendus, t. CIV, p. 786.
( 5?.6 )
» Dissociation du manganate de soude. — Dans mes premières expériences, j'avais
préparé le manganate de soude en chauffant au rouge le bioxyde de manganèse avec
de la soude et de l'azotate de soude. J'ai préféré, depuis, former le manganate alcalin
en chauffant avec précaution, dans un creuset de platine, 3s1' de permanganate de soude
cristallisé avec 4sr de soude caustique additionnée d'une petite quantité d'eau. Dès que
l'effervescence, due au dégagement de l'oxygène, avait cessé, on incorporait à la masse
une quantité déterminée de chlorure de sodium, et on chauffait le tout, dans le creu-
set découvert, à des températures qu'on a fait varier systématiquement depuis le rouge
sombre jusqu'au rouge blanc.
» Les analyses ont porté sur 33 échantillons distincts, obtenus dans tout l'intervalle
compris entre ces deux limites.
» i° La masse manganique, additionnée de 5sr de sel marin, a été d'abord chauffée
au bec Bunsen, dont on augmentait progressivement la flamme d'une expérience à
l'autre. Au rouge très sombre il s'est formé des composés renfermant 8,7/4 et 8,09 pour
100 d'eau. Ce sont là des mélanges, car leur teneur en eau varie rapidement à mesure
que la température s'élève; on a obtenu ainsi successivement des composés renfermant
7,61, 6,96, 6,07, 6,43, 6,29 pour 100 d'eau, et tendant vers une limite fixe correspon-
dant à un minimum voisin de 6 pour 100.
» On réalise à coup sûr la formation de ce nouvel hydrate, en maintenant le creusei
pendant quatre ou cinq heures à la température la plus élevée du bec Bunsen. La ma-
tière se transporte vers la moitié supérieure du creuset où elle forme un anneau ne
renfermant presque plus trace de manganate. La masse reprise par l'eau donne de
belles aiguilles noires soyeuses de l'hydrate i2MnOs, NaO, 4HO.
» Cet hydrate perd toute son eau entre i3o° et 170". Chauffé pendant quatre heures
au rouge orange il se condense graduellement avec séparation de la majeure partie de
la soude; mais il ne se transforme pas en oxyde salin comme les manganites de po-
tasse. Le produit renferme 6g, 33 pour 100 de Mn au lieu de 72,05 pour 100, comme
l'exige la formule Mn30'.
» 20 On a ensuite porté la masse manganique, additionnée de ioer de NaGl, sur le
four Forquignon (dispositif n° 2). Le creuset reposait sur l'anneau de platine, mais
on réglait les orifices d'admission de l'air et du gaz de façon à ne pas dépasser le rouge
cerise clair. On obtient ainsi, vers la température de fusion du cuivre, un anneau qui
cède à l'eau des lamelles rhomboïdales d'un nouvel hydrate i6MnO'2, NaO, 8HO.
» Ce composé perd 7 équivalents d'eau entre ioo° et 1800, et le dernier équivalent
vers 20OcaI. L'analyse du produit déshydraté confirme la formule précédente.
» 3° En chauffant le mélange précédent au même dispositif, avec une flamme courte,
mais de façon à atteindre le rouge orange, on obtient en une heure un anneau qui se
rassemble vers le bord supérieur du creuset. Le manganite formé dans ces conditions
cristallise en petits prismes courts, dont la composition est exactement la même que
celle du produit de la calcinalion du permanganate à 3oocal.
» 4° Enfin, si l'on chauffe le creuset au dispositif n° 1 du four Forquignon, de
façon à le porter rapidement au rouge blanc, on recueille des aiguilles noires de
12M11 O2, NaO, 4110, identiques comme aspect et comme composition chimique avec
celles qu'on obtient au bec Bunsen vers 800°.
» En résumé, quand on chauffe le manganate de soude depuis 3oo°
( 527 )
jusqu'au rouge blanc, il subit une série de curieuses métamorphoses. C'est
d'abord l'hydrate 8Mu02,NaO, 5HO qui prend naissance. A partir d'en-
viron 5oo°, ce produit tend à se polymériser, et à 8oo° il se change en
l'hydrate 1 2Mn02,NaO,4HO. Versiooo0, on voit apparaître un composé
encore plus complexe i(5Mn02NaO,8HO; puis, entre 12000 et i3oo°, on
retombe sur le manganite 8MnOa,NaO,5HO primitivement formé à 3oo°.
Enfin, au rouge blanc, c'est l'hydrate i2MnOaMnO*4HO qui reparaît,
comme s'il tendait à se reproduire un nouveau cycle parallèle au précé-
dent ('). J'avais déjà signalé des variations analogues dans la condensation
de la molécule des manganites alcalino-terreux ; mais ces composés étaient
anhydres. D'autre part, les ferrites et les platinates alcalins hydratés que
j'ai découverts ne forment pas de cycles dans leurs changements succes-
sifs. La réunion de ces deux ordres de phénomènes dans un même groupe
de composés constitue un fait nouveau, sur lequel je prends la liberté
d'attirer l'attention des chimistes. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la transformation du pyrophosphite de soude
en phosphite acide (2). Note de M. L. Amat, présentée par M. Troost.
» Dans une Note précédente (s ), on a montré que les dissolutions de
pyrophosphite de soude ne se conservent pas indéfiniment, car, dans ces
conditions, le pyrophosphite s'hydrate et donne du phosphite acide de soude
H2P205Na2 + H20 - 2(HP03NaH).
» Le présent travail a pour but l'étude des lois qui régissent cette trans-
formation.
» Si l'on veut avoir, à un moment donné, la composition d'une dissolution de pyro-
phosphite de soude en voie de transformation, il suffit de verser dans un volume donné de
la dissolution un volume <p de soude capable de produire la neutralité à la phlaléine et de
calculer ou de déterminer la valeur limite de <p = l qui correspondrait à une trans-
formation complète. Le liquide contient une quantité de phosphite acide de soude
équivalente à tp et une quantité de pyrophosphite équivalente à / — <p.
» On peut calculer / connaissant le poids de pyrophosphite contenu dans la disso-
lution primitive, ou bien déterminer expérimentalement cette quantité en provoquant,
par un acide et à l'ébullition, la transformation complète du pyrophosphite.
(') En réalité, il s'agit là de la température du bain liquide, où le manganate de
soude reste indécomposé. L'anneau où se forme le manganite est situé dans des régions
plus froides dont il est difficile d'évaluer exactement la température.
C) Ce travail a été fait au laboratoire de Chimie de l'Ecole Normale supérieure.
(3) Comptes rendus, t. CV11I, p. 1066,
l-v.
^'°ë
/ — a
,_- = A- loge.
9 calculé.
ce
ig,65
»
[o*4]
i8,55
o,ooo35o
1,45
17,20
o,ooo35o
2,75
i5,3o
o,ooo333
4,75
i3,a5
0,000327
6.90
11,10
o,ooo334
[8,95]
8,80
o,ooo364
io,55
8,10
o,ooo363
1 1 ,35
6,55
0,000369
12,80
( 528 )
Transformation en liqueur neutre au méthylorange.
» I. Influence du temps. — Dans chaque expérience on a opéré sur 20cc d'une dis-
solution contenant 95sr, 283 de pyrophosphite de soude par litre.
» Température : o°.
» x = durée de l'expérience en heures.
» <p volume en centimètres cubes de soude à 1 molécule (NaOH) par litre, pour
atteindre la neutralité à la phtaléine.
« / = limite de <p = 20", o5.
x. tp trouvé.
O o,4
7!>5 ',5o
166 2,85
326 4,75
524 6,80
744 8,95
g58 1 1 ,25
1060 1 1 ,95
1294 i3,5o
» Si l'on admet que la vitesse de transformation est à chaque instant
proportionnelle à la quantité de matière transformable ('), qu'elle est
indépendante de l'état de dilution de la liqueur et que les produits
formés (ici le phosphite acide de soude) n'interviennent pas dans cette
transformation, on trouve, <pu étant la valeur de o au commencement de
l'expérience,
loe-j — - = kx\os,e.
° t — o °
doit donc être une constante.
■<P
» Dans Pavant-dernière colonne du Tableau précédent, on a calculé,
pour chaque expérience, la valeur de /Hoge correspondante ; la dernière
colonne donne les valeurs de cp en admettant que k soit une constante. On
voit d'après cela que la loi précédente, que l'on rencontre aussi dans
l'étude de l'hydratation de l'acide métaphosphorique (2), représente les
faits d'une manière suffisamment approchée.
» II. Influence de la dilution. Dans chaque expérience on a opéré sur 20cc d'une
(') Berthelot, Revue scientifique, i865.
(*) Sabatier, Annales de Chimie et de Physique, 6* série, t. XVIII.
( ">29 )
dissolution de pyrophosphite de soude contenant g5sr,283 de sel par litre. Ces 20"
ont été additionnés d'eau de manière à obtenir un volume total V.
Durée de l'expérience 526h
Température o"
l = limite de ip = 20cc,o5 de soude à i molécule par litre.
ts„ = valeur de o au commencement de l'expérience = occ,4.
' - o.
V. 9. I — ?. los-, -■
l — »
ce ce ce
20 6,8o [3,25 0,171
4o 4,85 i5,ao 0,111
80 3,3o 1 6, 70 0,071
160 2,60 17,45 o,o52
320 1,95 18,10 o,o36
640 i,45 18,60 0,024
» Ce Tableau montre donc que la Iransformation est d'autant plus ra-
pide que la dissolution est plus concentrée.
» Il semble, d'après cela, que dans la première série d'expériences, on
aurait dû constater, dans la vitesse de transformation, un ralentissement
manifesté par une diminution de la valeur de k, la dissolution devenant
avec le temps de moins en moins concentrée en pyrophosphite.
» L'expérience, an contraire, indique que la vitesse de transformation
est telle que k est une constante. Le phosphite acide qui prend naissance
dans la dissolution, produit une action accélératrice qui compense le ra-
lentissement dû à la dilution. On peut constater, en effet, que l'addition
de phosphite acide de soude à une dissolution de pyrophosphite accélère
l'hydratation de ce dernier corps.
» Transformation du pyrophosphite de soude sous l'influence d'un acide
(liqueur acide au méthylorange). Sous l'influence d'un acide la transforma-
tion du pvrophosphite de soude est considérablement accélérée, car cet
acide tend à mettre en liberté l'acide pyrophosphoreux qui se transforme
rapidement en acide phosphoreux.
j> I. Influence du temps. — i° Dans chaque expérience, on a opéré sur 20e? d'une
dissolution contenant 94s'',"5 par litre, additionnés île 20(C d'acide sulfurique à 2J5- de
molécule par litre; 20™ d'acide sulfurique =0", 9 de soude à om°1,564 (NaOH) par
litre.
„ (, 4- occ,q ;= volume de soude employé pour atteindre la neutralité à la phtaléine.
» Température : o°.
» 1 = limite de o = 35cc, 35.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 10.) D9
( 53o )
» x = durée de l'expérience en heures.
li ce ce
0,0 3,6 3i,75 »
28,5 6,55 28,8 o, 001^9
55,5 8,g5 26,4 o,ooi44
96,5 12, o5 23,3 o,ooi45
196,5 17,5 17,85 0,00127
262,5 20,2 i5,i5 0,00122
15
» 20 Dans chaque expérience, on a opéré sur 20tC' d'une dissolution contenant 9
de pyrophosphite par litre; ces 20cc ont été additionnés de iocc d'acide sulfurique,
équivalant à iorc,7 de soude à omol,44i5 par litre.
» <p + 10,7 —volume de soude (omol,44'5) pour atteindre la neutralité à la phta-
léine.
» Température: 210.
» / = limite de 5= 44CS 4-
» 1 = durée de l'expérience eu minutes.
x. ?. /-<?. Mogj^ = A- loge.
ce ce ce
0 2,1 42,3 »
10 12,7 3i,7 o,oi25
17 16,9 27,5 0,0110
28 21,85 22,55 0,0098
5o 28,2 16,2 o,oo83
80 33,7 I0>7 0,0075
i55 3g,2 5,2 0,0059
» La dernière colonne des Tableaux précédents montre que A" diminue
d'une manière continue, et que la formule log y^° = kxloge ne peut
représenter que grossièrement les résultats, et cela d'autant plus que la
quantité d'acide est plus grande. »
CHIMIE ORGANIQUE. Sur le silicibromo forme. Note de M. A. Bessox,
présentée par M. Troost.
« On sait que l'acide bromhydrique exerce sur le silicium une action
parallèle a celle qu'exerce l'acide chlorhydrique; mais le silicibromoforme
n'avait pas été isolé à l'état de pureté : c'est ce corps que je me suis pro-
posé d'isoler.
» J'ai fait réagir HBr bien sec sur le silicium cristallisé à une tempéra-
( 53i )
ture inférieure au rouge, et j'ai séparé par fractionnement, du produit brut
de la réaction, formé en majeure partie de bromure de silicium bouillant
à i.53°, un liquide distillant de iof)°-i r i°. Sa composition répond à la for-
mule Si2HBr3 ; l'hydrogène a été dosé à l'état gazeux, par la décomposition
au contact de la potasse, qui fournit un volume d'hydrogène double de
celui renfermé, d'après l'équation
Si2HBra h- 5RO.HO = Si20\ 2RO -h 3KBr -4- 4HO + 2H.
» La quantité de silicibromoforme obtenue ne dépasse pas 5 pour 100 du
produit brut de la réaction, même dans les conditions les plus favorables,
température la plus basse possible et courant gazeux rapide.
» Dans les résidus d'une préparation qui, ayant duré plusieurs jours, a
nécessité la suspension de l'opération et la rentrée de l'air dans l'appareil,
j'ai constaté l'existence d'un corps solide, cristallisé en paillettes jaunes,
volatil au rouge vif dans un courant d'azote, décomposable par l'eau avec
formation d'HBr et de silice; je considère ce corps comme un oxybromure
de Si. Je me propose d'en reprendre l'étude.
« Le silicibromoforme est un liquide incolore distillant, sans décompo-
sition, de 1090 — 1 1 1° dans un gaz inerte; il ne se solidifie pas à — 60". Il
est très difficile à manier, car il fume abondamment, puis s'enflamme
spontanément à l'air; la vapeur forme avec l'air des mélanges détonants :
aussi faut-il le distiller dans un gaz inerte; il est décomposable par l'eau,
par les alcalis avec violence.
» Le gaz ammoniac sec réagit très énergiquement sur le silicibromo-
forme et, si l'on ne modère pas la réaction, le dégagement de chaleur est
accompagné d'un phénomène lumineux. Le produit blanc ainsi obtenu
renferme du silicium, de l'hydrogène, du brome et de l'ammoniaque,
mais ne présente pas de composition définie, même si l'on opère à basse
température; il semble être le mélange d'un composé défini avec les pro-
duits en quantité variable de sa décomposition. Je ferai la même remarque
sur l'action du gaz ammoniac, sur le silicichloroforme Si2HCl3 qui ne m'a
pas fourni de produit défini.
» L'hydrogène phosphore PH3 ne se combine pas avec le silicibromo-
forme sous l'action du froid jusqu'à — 4°°? mais si I'011 comprime dans le
tube de l'appareil Cailletet PH3 en présence d'une petite quantité de
SiMIBr3, on voit celui-ci se transformer à 1- i5°, et sous une pression voi-
sine de 25atm, en un corps solide blanc qui persiste quelque temps quand
la compression cesse; si on enlève le tube, on constate une diminution
( 53a )
notable du volume gazeux, et si on l'ouvre rapidement et qu'on en chasse
le gaz par un courant d'acide carbonique sec, on constate que le corps
solide disparaît peu à peu en même temps qu'il y a mise en liberté d'hydro-
gène phosphore.
« Si l'on comprime de même PrP en présence d'une petite quantité de
silicichloroforme, on voit apparaître à -4-i5°, sous une pression de 4oatm,
des cristaux isolés qui grossissent rapidement, si l'on maintient la pression ;
mais ils disparaissent rapidement dès que la pression diminue à la même
température; à o° ils se forment sous 25a,m; enfin, à — 12°, ils apparaissent
sous ooatra de pression et ne tardent pas à envahir la majeure partie du li-
quide; mais, même à cette température, la pression est nécessaire pour les
conserver. Le silicichloroforme dont j'ai fait usage est un liquide bouillant
rigoureusement à +■ 34° et ne se solidifiant pas à — Go°. »
THERMOCHIMIE. — Elude thermique de quelques dérivés alcalins
de l'érythrite. Note de M. de Forcraxd.
« Dans une précédente Communication j'ai fait connaître trois éry thrates
alcalins hydratés, et deux érvthrates anhydres, dont les formules sont
CH'oO8, NaO,3HÔ ou C8H9NaOs,4HO
C»H10O8, NaO ou CIDNaO8, HO
C8H10O8,KO ou C8H9K08, HO
C8H9Na08
C8H9K08
» La chaleur de dissolution de ces composés dans 4U| d'eau, entre 8° et
io°, est
Cal
Pour le premier — 6,57
Pour le deuxième — 1 ,06
Pour le troisième — 4 ) 35
Pour le quatrième +o,53
Pour le cinquième — 1 , 23
» D'autre part, on a, pour la neutralisation à équivalents égaux,
De l'érythrite par la soude (4Ut) -J-oCal,6g
De l'érvthrite par la potasse (4Ht) +oCal, 708
» Connaissant en outre les chaleurs de dissolution de l'érythrite, de la
( 533 )
soucie et de la potasse anhydres et hydratées, et la chaleur de fusion de
l'eau, on peut déduire des nombres précédents la valeur thermique des
réactions suivantes :
Cal
CsHl0O8 sol.-t- NaO sol. = CH'NaO8 sol. + 110 sol +23, a55
G8H10O8sol.+ NaHO2sol. = C8H9NaO8sol.-+-H2O2sol + 6,25
C8H9Na08sol.H-H20'-Iiq. = C8Hltl08sol. + NaH02sol - 4,82
C8TI'°08 sol. + NaO sol. = C8H9Na08, HO sol +24, i3
G8 H9 Na O8, 110 sol. + 4 HO liq. = C8 H9 NaO8, 4 HO sol + 5,5i
G8H9Na08, HOsol. + 3IIOsol. = C8H9Na08,4HOsol + 3,365
C8H9Na08 sol. + HO liq. = C8H9 NaO8, HOsol + i,5g
C8H9Na08sol.+ HOsol.:=C8H9NaO,H08sol + o,875
C8 H'Na O8 sol. -h 4 HO liq. = < :s 1 1 " Na O8, 4 HO sol +7,10
C8H9Na08 sol. -t- 4H0 sol. = G8 11° NaO8, ', 110 sol + 4 . "■ i
C8H'»08 sol. -h Na sol. = C8H9Na08 sol. -+- H gaz +38, j 4
G8H'»Os sol. + KO sol. = C8H9K08 sol.+ HO sol -i-3i,235
C'H'-'O8 sol. + KIIO2 sol. = C8H9K08 sol. + H202 sol +10,71
C8H9K08 sol. + H202 liq. = C8H'"08 sol. + IvH02sol - 9,28
G8H'»08 sol. + KO sol. = C8H9K08, HO sol +33,6',
G8 H9 KO8 sol. -t- HO liq. =C8 H9 KO8, HOsol + 3, 12
C8 H9 KO8 sol. + HO sol. =:C8 H9 KO8, HO sol + 2,4o5
G8H'°Ossol.-)-Ksol. = G8H9K08sol.+ ngnz +44, 62
» Enfin, on peut calculer la chaleur de formation des deux érythrate^
anhydres à partir des éléments, celle de l'érythrite étant connue depuis
les déterminations de MM. Berthelot et Matignon (') (+■ 219e*1, 6). On
trouve ainsi
C8 diam. -h H9 gaz + Na sol. + O8 gaz = C8H'Na08 sol +257°", 67
G8 diam. -t- H9 gaz -t- K sol. + O8 gaz = G8 H9 KO8 sol -Ha64Cal, 22
» Ces valeurs permettent notamment de fixer la formule des érythrates
hydratés.
» En effet, la réaction
G8HI0O8sol.T-NaOsol. = C8H9NaO8,HOsol.ouG8Hl0O8,NaOsol. dégage +24Cal,i3.
» Ce nombre est beaucoup trop élevé pour une simple addition de
C8H,0O8 et NaO. On connaît quelques composés d'addition de ce genre,
par exemple, 2C2H402, 3BaO, qui se forme avec un dégagement de cha-
leur de + ioCal,42 seulement pour 1 équivalent de BaO, et les propriétés
de ce corps font penser qu'il est exceptionnellement élevé et qu'il ne peut
(') Comptes rendus, t. CXI, p. 11; 1890.
( 534 )
être dépassé. Le nombre -1- 2.4, i3 correspond donc à une réaction plus
profonde
C8H10O*sol. + NaOsol. = C8II9Na08, HO sol.
c'est-à-dire à une substitution du sodium à l'hydrogène, une élimination
de 1 équivalent d'eau, qui peut, suivant la température, ou être séparé ou
former un hydrate.
» De même, la réaction
C8H2Na08, HOsol. ou CsH10O8, NaOsol.
_ HO sol. H-C8H9Na08sol. absorbe seulement. . . -oral,S7:,
quantité tout à fait comparable à celle qui correspond à la déshydratation
d'un grand nombre de sels monohydratés. Si la formule du composé pri-
mitif était C8H'°08, NaO, cette réaction, d'après les analogies, devrait dé-
gager de la chaleur.
» Enfin, de même que la fixation de HO sol. sur C8H9Na08 dégage
-f-oCa,,875, l'addition de 4 HO sol. à C8H9Na08 dégage 4-4Ca,,24, soit
+ iCa,,o6 par équivalent d'eau, nombre très voisin de 4-0,875, comme
il arrive pour les degrés successifs d'hydratation d'un grand nombre de
sels.
» Le même raisonnement montre que l'action de C8 H '" O8 sol . sur KO sol.
donne bien le composé C8H9K08, HOsol. et non pas C8H,0O8, KO sol. ;
cette réaction dégage + 33Ca,j64.
» De même :
C8H9K08, HO sol. = HO sol. -t- CsH9K08 sol. absorbe - 2c»1,4o5;
elle serait exothermique à partir du G3 H10 ObKO.
» Les formules des trois çrythrates hydratés sont donc
C8H9Na08,4HO; C8HJOs,HO; C8H9KO\HO;
et non pas
C8H'°08, NaO, 3HO; C8H,0O\NaO; C8H,0O8, KO.
» Remarquons encore qu'à partir des éléments les chaleurs de formation
des alcoolates augmentent régulièrement avec le degré d'atomicité. On a,
pour les dérivés sodiques,
Cal
C2H3Na02 -+- 95>22
C*H5NaOl ■+• 160,82
G6H"NaO° -h 209,^1
C8H9NaOs -h 207,67
( 535 )
» Pour les dérivés du potassium, les nombres correspondants sont con-
stamment plus élevés et augmentent de la même manière. »
CHIMIE. — Sur quelques combinaisons ammoniacales du cyanure de mercure.
Note de M. Raoul Varet.
« I. Bromocyanure de mercure et de cuivre. — Dans une solution aqueuse de bro-
mure cuivrique, on fait passer un courant de gaz ammoniac; il y a d'abord formation
d'un précipité vert qui se redissout, puis précipitation de cristaux bleus : c'est du bro-
mure de cuivre ammoniacal. Ces cristaux et leur eau-mère sont ajoutés à une solution
de cyanure de mercure dans l'ammoniaque, que l'on chauffe vers 3o°, en agitant jus-
qu'à ce que la dissolution soit complète. La liqueur obtenue, filtrée et abandonnée
dans un endroit froid, laisse déposer de petits cristaux bleus, brillants, durs, qui, séchés
entre des doubles de papier, répondent à la formule
iig-c;\-.<:ui;r, .AziK
» C'est un coi'ps peu altérable à l'air. Feu soluble dans l'ammoniaque, décomposable
par l'eau. On peut le chauffer quelques heuresà ioo", sans qu'il s'altère notablement.
On voit que l'action du bromure cuivrique sur le cyanure de mercure dissous dans
l'ammoniaque est bien différente de celle qu'il exerce sur le cyanure dissous dans l'eau
seulement. Dans ce dernier cas, si la température est supérieure à 200, il y a, comme
je l'ai montré (Comptes rendus, t. ÇX, p. 1/17) mise en liberté de cyanogène et for-
mation du corps Ilg2Cy2.Cu2Cv . llg Br ; à une température voisine de o°, on obtient
des hydrates des composés Hg2Cy2. Cu BrelIIg2C\2Cu2Br2. En présence d'ammoniaque,
même à 3o°, il n'y a pas mise en liberté de cyanogène, ni par conséquent formation de
dérivés ammoniacaux du corps Hg2Cy2.CusCy.HgBr. Je n'ai pas réussi non plus à
obtenir de combinaisons ammoniacales du corps Hg2CyîCu2Bra.
» II. Bromocyanures de mercure et de cadmium. — On projette par petites quan-
tités le composé Hg2Cy2. Cd2Br2. 3 HO finement pulvérisé, dans de l'ammoniaque
aqueuse chauffée vers 4o° dans un vase très résistant et bouchant parfaitement. La dis-
solution est assez lente, aussi faut-il agiter fortement. Quand la liqueur est saturée, on
la filtre encore chaude, et on l'abandonne dans un androit dont la température doit être
inférieure à io°. On obtient des petit-- cristaux blancs qui, séchés entre des doubles de
papier, répondent à la formule
Hg2Cy!.CdBr.2AzH3.aHO.
» C'est un corps peu soluble dans l'ammoniaque, décomposable par l'eau ; il s'effleu-
rit à l'air. Chauffé à 100°, il se déshydrate complètement sans perdre d'ammoniaque,
en donnant une poudre blanche qui répond à la formule
Hg2Cy2.CdBr.aAzH3.
» On voit que, sous l'influence de l'ammoniaque, le composé Hg2Cy2.CdsBrs.3HO
a perdu la moitié de son bromure de cadmium.
( 536 ')
» III. lodocyanure de mercure et de cadmium. — De l'iodure de cadmium esi
traité par de l'ammoniaque aqueuse, en quantité insuffisante pour le dissoudre. La
liouillie blanche ainsi obtenue est ajoutée par petites quantités à une solution ammo-
niacale de cyanure de mercure chauffée vers 4°°> jusc[u à cessation de la dissolution.
La liqueur filtrée abandonne, par refroidissement, de petits cristaux blancs que l'on
sèche très rapidement entre des doubles de papier. Ils répondent à la formule
HgCy.CdCy.HgI.2AzH3.
» C'est un corps très altérable à l'air. Traité par l'acide chlorhyd-rique, il est décom-
posé ; il y a dégagement d'acide cyanbydrique, précipitation d'iodure mercurique, et
il reste dans la liqueur du chlorure de cadmium, du cyanure de mercure et du chlor-
hydrate d'ammoniaque. Chauffé dans un petit tube à une température bien inférieure
à celle de la décomposition du cyanure de mercure, il dégage de l'ammoniaque et il
y a sublimation de Hgl.
» IV. Chlorocyanure de mercure et de cadmium. — Il existe des combinaisons
ammoniacales du cyanure de mercure avec le chlorure de cadmium, mais je n'ai pas
réussi à déterminer les conditions dans lesquelles ces corps prennent naissance sans
être mêlés à d'autres produits.
» V. Chlorocyanure de mercure et de nickel. — 11 ne paraît pas exister de
combinaisons ammoniacales du cyanure de mercure avec le chlorure de nickel. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la fermentation de la fécule par l'action
du ferment butyrique. Noie de M. A. Yilliers.
« J'ai montré dernièrement (Comptes rendus, février 1891, p. 435) que
la fécule de pomme de terre peut, dans des conditions déterminées, fer-
menter sous l'action du Bacillus amylobacter, les produits principaux de
cette fermentation étant constitués par des dextrines.
» Il se forme en même temps, mais en très petite quantité, soit environ
3gr pour 1000 de fécule, un hydrate de carbone qui se sépare en beaux
cristaux radiés, au bout de quelques semaines, dans l'alcool ayant servi à
la précipitation des dextrines. Ces cristaux renferment de l'eau et de l'al-
cool de cristallisation, la proportion de ce dernier étant très faible, environ
4 pour 100. Au contact de l'air, ils deviennent opaques, en perdant de
l'alcool et absorbant de l'eau, sans que leur poids varie d'une manière no-
table. En les dissolvant dans une assez grande quantité d'eau chaude, on
obtient, par refroidissement, de petits cristaux brillants, inaltérables à l'air,
dont la composition est représentée par un multiple de la formule
C<*H,0O40-r-3HO.
(537 )
La substance desséchée est très avide d'eau, et reprend au contact de
l'air ses trois équivalents, l'absorption étant terminée au bout de un à deux
jours, et le poids restant alors invariable. Cette hvdratation est assez
rapide pour cpi'on ne puisse peser la substance sèche au contact de l'air.
» Quant aux cristaux formés dans l'alcool, leur composition répond à la
formule
(C,2H,00,0)°.C4H602.ioçHO.
» Je donnerai ultérieurement les propriétés de ce nouvel hydrate de
carbone, que je propose de désigner sous le nom de cellulosine , propriétés
qui le différencient très nettement des diverses saccharines. J'indiquerai
seulement aujourd'hui les caractères suivants :
» Cristaux blancs, d'une saveur à peine sucrée.
» La solubilité dans l'eau à la température ordinaire est très faible, ce qui ne m'a
pas permis de déterminer le poids moléculaire par la méthode cryoscopique (ioocf
d'eau à i5° ne dissolvent que isr, 3 de matière sèche). Cette solubilité augmente avec
la température (à 700, ioocr dissolvent 1 5 à i6sr).
» Son pouvoir rolatoire est fort élevé ; il est même supérieur à celui de certaines
dextrines qui se forment sous l'action du ferment butyrique. Rapporté à la matière
déshydratée, il est égal à
aD = 4-i5o,°,42,
valeur qu'il acquiert aussitôt après la dissolution.
» Soumis à l'action de la chaleur, il résiste sans fondre aux températures comprises
dans l'échelle thermométrique. Si l'on continue à le chauffer, il noircit en se boursou-
flant.
» Il n'est pas fermentescible et ne réduit pas la liqueur cupropotassique.
» Les acides minéraux dilués le transforment complètement, à l'ébullition, en glu-
cose. Cette transformation est très lente, et exige, pour être complète, environ vingt-
quatre heures d'ébullition, c'est-à-dire un temps beaucoup plus considérable que la
fécule et les dextrines.
» Il est sans action sur la phénylhydrazine.
» Je me suis assuré qu'il ne préexiste pas clans la fécule, et constitue bien, avec
l'acide butyrique, un des produits secondaires de la fermentation de cette dernière,
sous l'action du ferment butyrique.
» Je signalerai enfin un dernier produit secondaire, qui se forme simul-
tanément. La fermentation de la fécule étant terminée, il reste un résidu
insoluble, dont la proportion n'est pas constante (en moyenne 5 pour 100
de fécule), formé de flocons blancs, amorphes, volumineux, qui, après
dessiccation, s'agglutinent entre eux. Ce résidu a la composition de la cel-
lulose, ainsi que j'ai pu le constater par sa combustion, après l'avoir dc-
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXTJt, N» 10.) 70
( 538 )
barrasse, par un lavage à l'eau acidulée, des dextrines et des sels contenus
dans l'eau. Il est transformé en glucose par les acides minéraux étendus
bouillants; mais cette transformation ne se produit qu'avec une lenteur
extrême.
» De même que la fécule de pomme de terre, les divers amidons et
fécules fermentent, dans les mêmes conditions, sous l'action du ferment
butyrique. Les produits résultants ne paraissent pas toujours identiques;
avec un de ces amidons, j'ai pu obtenir deux cellulosines cristallisées dis-
tinctes; les dextrines ne sont pas non plus semblables dans tous les cas.
Mais je me réserve de donner ultérieurement les résultats de cette étude,
ceux que j'ai déjà obtenus indiquant la non-identité de la matière amylacée
des divers amidons et des diverses fécules. «
ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Les lésions histologiqucs de la peau dans la
rougeole. Note de M. Catrin, présentée par M. Larrey.
« Je ne connais sur ce sujet qu'un Mémoire, celui de Neumann, paru
en 1882. La faible léthalité de la rougeole, et l'époque tardive à laquelle
ont lieu les décès, dus le plus ordinairement à des complications, expliquent
cette pénurie des recherches.
» J'ai pu observer un homme mort au troisième jour, d'une rougeole
boutonneuse, ce qui m'a permis de constater des lésions spéciales non
encore décrites.
» La lésion principale consiste en des phlyetènes d'un ordre spécial. En
outre, on constate une accumulation de boules de substance colloïde dans
la zone périnucléaire ou endoplastique des cellules du corps de Malpighi.
Enfin autour des phlyetènes, au-dessous d'elles, à la périphérie des vais-
seaux de distribution, des canaux des glandes sudoripares, des glandes
elles-mêmes et des follicules pileux, existe une infiltration lymphatique
plus ou moins abondante.
» De la combinaison des lésions hyperémiques et diapédétiques du
derme, et de la formation des boules colloïdes, résulte la production des
phlyetènes. Il faut donc étudier : i° la formation des boules colloïdes;
20 celle des lignes de nécrose par coagulation ; 3° les phlyetènes elles-
mêmes.
w t° Formation des boules. — Cà et là. et d'une façon plus ou moins dis-
(539)
crête ou confluente, on trouve des cellules du corps de Malpighi, présen-
tant dans leur zone endoplastique, non pas un liquide se colorant en bleu
pale, mais un globe d'une substance réfringente à éclat gras. Ce globe
refoule le noyau ou parfois l'entoure. Dans d'autres cellules, on trouve plu-
sieurs de ces boules, constituant des masses mûriformes, refoulant à leur
périphérie l'exoplasme et ne tardant pas à le rompre.
» 2° Lignes de nécrose par coagulation . — Soit en plein corps muqueux,
soit au voisinage du derme, on trouve des lignes qu'occupe un magma
constitué par un mélange de boules colloïdes, de globules blancs, de cel-
lules du corps de Malpighi plus ou moins altérées, et enfin de fdaments
de fibrine donnant à ce magma l'aspect fibrillaire. Selon que ce magma
est plus ou moins profondément situé, il donne lieu à une phlyetène su-
perficielle ou profonde.
» 3° Étude des phlyetènes. — La lésion que nous désignons sous ce nom
est absolument différente de ce qu'on entend par ce terme en dermato-
logie. Il y a, comme dans les phlyetènes vraies, clivement de l'ectoderme;
mais le contenu de la phlyetène est, non plus liquide, mais solide, ou, tout
au plus, mou, constitué par le magma décrit dans les lignes de nécrose
par coagulation. L'espace développé est tantôt complètement rempli par
le magma, ou bien, au-dessus et au-dessous de lui, on voit une zone claire
occupée probablement pendant la vie par du liquide et des globules blancs.
L'infiltration lymphatique est surtout abondante au pourtour de la phlye-
tène, bien plus qu'au-dessus et au-dessus d'elle. La plupart du temps, au
dessus d'une phlyetène profonde, il existe un décollement des couches épi-
dermiques sur les limites du corps de Malpighi.
» Cette altération de l'épidémie constituera, on le comprend, à la fin du
processus, la production d'une série de points faibles au niveau de l'ecto-
derme, ce qui explique les deux modes de desquamation de la rougeole
par furfurs, s'il v a peu de phlyetènes, par lambeaux s'il y en a beaucoup.
» La conjugaison des lésions hyperémiques et de l'altération colloïde
des celludes constitue les lésions typiques du tégument dans la rougeole
boutonneuse. »
BOTANIQUE. — Sur l'existence des « sphères attractives » dans les cellules
végétales. Note de M. Léon Guignard, présentée par M. Duchartre.
« En étudiant chez les Animaux les phénomènes de division nucléaire
qui se manifestent dans l'œuf au moment de la fécondation et plus tard
( 54o )
dans les tissus embryonnaires, on a remarqué dans la cellule, en dehors
du noyau, un élément spécial, différencié dans le protoplasme sous la forme
d'une petite masse sphéroïdale à structure radiaire, qu'on désigne sous le
nom de sphère attractive. Le centre de cette figure radiaire est occupé par
un corpuscule particulier ou centrosome, plus colorable que le reste du
protoplasme. Pendant les diverses phases de la division du noyau, on ob-
serve deux sphères attractives, qui deviennent les centres de formation
des asters apparaissant aux deux pôles du fuseau nucléaire. En même
temps que deux nouveaux noyaux prennent naissance, la sphère attractive
qui correspond à chacun d'eux se dédouble en deux nouvelles sphères,
dont le rôle ultérieur sera le même.
» Ces faits, aperçus en partie par les premiers auteurs qui se sont oc-
cupés de la division cellulaire, ont reçu leur interprétation exacte à la suite
des recherches de M. E. Van Beneden et de M. Boveri sur l'Ascaris mega-
lucephala. D'autres observateurs, et en particulier MM. Vialleton, Gar-
nault, Vejdowski, ont constaté des faits analogues chez divers Invertébrés.
L'an dernier, M. Henneguy a reconnu, dans les cellules embryonnaires
de la Truite, la présence de deux sphères attractives pourvues de leur
centrosome, au voisinage de chaque noyau à l'état de repos.
» Toutefois, dans les cellules animales autres que celles dont il vient
d'être question, et en dehors des phases de la division cellulaire, les sphères
attractives n'avaient pas encore été mises nettement en évidence avant les
récentes observations de M. Flemming. Ce savant vient de les trouver { ' ),
avec leur centrosome, dans les cellules au repos de l'épithélium pulmo-
naire et de l'endothélium péritonéal des larves de Salamandre; mais,
comme il n'en a vu le plus souvent qu'une seule dans les leucocytes du
même animal, où leur recherche est beaucoup plus facile, il est porté à
croire que, dans la période de repos complet, il peut n'exister dans la
cellule qu'une seule sphère attractive, dont le dédoublement n'aurait lieu
qu'au moment de la division du noyau.
» Ces observations m'engagent à ne pas différer plus longtemps la pu-
blication des résultats qui m'ont été fournis par les plantes, à l'aide d'une
technique qui sera exposée dans un travail plus détaillé.
» Jusqu'ici, en effet, la présence des sphères attractives dans les cellules
végétales a complètement échappé à l'observation. M. Strasburger a bien
(') W. Flemming, Attraktionssphàren und Centralkorper in Géwebszellen und
Wunderzellen (Anat. Anzeiger, i.', février 1891).
( 54i )
aperçu, au début de la division, chez le Galanthus nivalis, des stries pro-
toplasmiqùes se dirigeant vers le noyau encore pourvu de sa membrane
d'enveloppe et partant de deux points opposés correspondant aux deux
pôles du fuseau futur; mais il n'a rien vu de comparable aux sphères at-
tractives. En 1884 eti 885, j'ai de même indiqué et représenté, dans ie
sac embryonnaire des Liliurn, les figures radiaires que j'avais observées
aux pôles du fuseau nucléaire, sans avoir pu, toutefois, mettre en évidence
les sphères attractives avec leur centrosome.
» J'ai réussi depuis à en constater la présence, aussi bien pendant la di-
vision que pendant l'état de repos complet, dans les cellules mères pri-
mordiales et définitives du pollen (Liliurn, Fiitillaria, Listera, Najas); dans
la cellule mère du sac embryonnaire, dont le noyau reste pendant un
temps relativement assez long à l'état de repos; dans les cellules de l'ap-
pareil sexuel femelle dérivé de ce noyau; dans l'albumen de diverses
plantes; dans le microsporange de Y fsoetes et le sporange des Fougères
(Polypodium, Asplenium), avant et pendant la formation des spores.
» Les phénomènes sont partout essentiellement les mêmes. Quand le
noyau est à l'état de repos, on aperçoit à son contact, et très rapprochées
l'une de l'autre, deux très petites sphères formées d'un centrosome en-
touré d'une aréole transparente autour de laquelle se trouve un cercle
granuleux. Les stries radiaires n'apparaissent nettement qu'au moment où
le noyau commence à entrer en division. Les deux sphères s'éloignent
alors l'une de l'autre pour aller se placer en deux points opposés, corres-
pondant aux pôles du fuseau futur. Puis, des stries plus marquées s'avan-
cent de ces points vers le noyau encore pourvu de son enveloppe, ce qui
montre, conformément à l'opinion soutenue par. M. Strasburger et par
moi, que le fuseau a son origine dans le protoplasme.
» Lorsque les deux moitiés de la plaque nucléaire se sont séparées à
l'équateur du fuseau et qu'elles se transportent aux pôles, le centrosome
se dédouble dans chaque sphère en deux nouveaux centrosomes, qui sont
l'origine, à chaque pôle, de deux nouvelles sphères attractives, lesquelles
occupent la dépression qu'on remarque souvent sur la face externe des
nouveaux noyaux. Parfois même il existe une légère dépression correspon-
dant à chaque sphère. Les deux sphères se forment ainsi à chacun des
pôles, avant que les jeunes noyaux ne soient pourvus de leur membrane.
» Après que le noyau est entré dans l'état de repos, les deux sphères
avec leur centrosome restent situées côte à côte, soit au contact, soit à une
faible distance du noyau, jusqu'à ce qu'une nouvelle division commence
( 542 )
à se manifester clans la cellule. Par suite, l'existence de deux sphères
attractives, même dans l'état de repos complet, me paraît être un fait
général.
» Quant à leur origine dans l'œuf, les zoologistes n ont pas encore pu
la préciser. M. E. van Beneden les voit apparaître simultanément, sans sa-
voir d'où elles proviennent; pour M. Boveri, il est probable que, chez
l'Ascaris, c'est le spermatozoïde qui apporte dans l'œuf un centrosome qui
se diviserait pour donner les deux sphères attractives; M. Vejdowski croit
même avoir constaté le fait dans le Rynchelmis.
» A en juger parce qui se passe chez les plantes, il semble qu'il doive
en être autrement. En effet, avant la pénétration du noyau mâle, j'ai ob-
servé les deux petites sphères au contact du noyau de l'oosphère, qui pro-
vient, comme on sait, du noyau primitif du sac embryonnaire. La faculté
de division de l'œuf n'est donc pas subordonnée, sous ce rapport, à la pré-
sence du noyau mâle; l'œuf peut d'ailleurs se diviser, dans certains cas,
sans fécondation.
» En résumé, les corps en question qui mériteraient plutôt le nom de
sphères directrices, puisqu'ils gouvernent la division du noyau, se transmet-
tent sans discontinuité d'une cellule à l'autre pendant toute la vie de la
plante. »
BOTANIQUE. — Sur la classification et l'histoire des Clusia.
Note de M. J. Vesque, présentée par M. Duchartre.
« Mes recherches sur l'emploi des caractères anatomiques en Taxinomie
végétale m'ont déterminé à entreprendre l'élude monographique d'une
famille, tant au point de vue de l'Histologie qu'à celui de la Morphologie.
Je voulais être en mesure de peser exactement la valeur de tous ces carac-
tères, et de déduire de leur enchevêtrement les véritables affinités et l'his-
toire chronologique des espèces dans le genre et des genres dans la famille.
C'est ainsi qu'est née la monographie des Guttifères, dont j'ai provisoire-
ment consigné les résultats dans deux Volumes de Planches, de Tableaux
et de Cartes.
» J'exposerai ici ceux des résultats qui me semblent présenter un intérêt
plus général, et je tâcherai de faire bien comprendre la nature et la portée
des changements que l'emploi du microscope va introduire dans la Bota-
nique systématique et descriptive.
( 543 )
» Je divise le genre Clusia en quatre sous-genres, comprenant 9 sections
et 88 espèces :
» I. Tiiysanoclusia. — Etamines à connectif étroit, à loges allongées, s'ouvrant par
une fente longitudinale, rarement pseudo-poricides. Sections : 1. Anandrogyne.
2. Criuva (Clusiastrum, Criuva et Criucopsis Planch. et Triana). 3. Stauroclusia.
4. Phloianthera'Phloianthera Planch. et Triana, et Androstylium Planch. elTriana,
sub titulo generis). 0. Euclusia.
» II. Cordyloclusia. — Etamines à filet prolongé en un connectif épais, à deux loges
adnées extérieurement au sommet du connectif. Sections : 6. Cordylandra. 7. lieti-
nostemon.
j) III. Omphaloclusia. -- Loge de l'anthère en forme de sac ou de tore (anneau)
plongé dans le sommet du connectif. Section 8. Gomphanthcra (Omphalanthera et
Gomphanthera Planch. et Triana).
» IV. Polythecandra {Polythecandra Planch. et Triana, sub titulo generis). —
Sacs polliniqu.es de l'anthère nombreux, indépendants les uns des autres, sacciformes,
insérés au sommet du connectif creusé en coupe. Section 9. Polythecandra.
» Cette classification est très différente de celle de Planchon et Triana,
quoique la plupart des sections de ces auteurs y soient conservées; elle
s'écarte davantage encore de celle qui a été adoptée par Bentham et Hooker.
Ce désaccord provient de ce que ces auteurs ignoraient la structure de
l'androcée de la section Phloianthera, faute de l'avoir examinée au micro-
scope.
» Quant à M. Engler {Flora brasiliensis, Cil), sa classification n'est pas
très éloignée de celle que j'adopte.
» Malgré d'énormes différences morphologiques, il règne chez toutes
ces plantes une uniformité surprenante dans la structure du membre va-
riable entre tous, la feuille. Il est vrai qu'on peut fort bien distinguer les
espèces les unes des autres, mais les caractères sur lesquels on base ce dia-
gnostic ne sont pas propres à faire partie de la définition scientifique des sec-
tions et des sous-familles et, à une seule exception près, ne peuvent même
pas séparer le genre Clusia des autres genres de la famille des Guttifères.
Ceci ne veut pas dire qu'on ne puisse pas distinguer pratiquement un
Clusia parmi les autres représentants de la famille.
» Voici les caractères communs du genre Clusia :
» Stomates accompagnés de deux cellules accessoires parallèles àl'ostiole. Cristaux
d'oxalate de chaux en oursins, dans le mésophvlle et le parenchyme du pétiole. Glandes
canaliformes (') dans le mésophvlle et formant un angle aigu avec les nervures laté-
rales, dans le mésophvlle et dans le parenchyme des nervures et du pétiole.
(') Je suis obligé de renoncer au terme canaux sécréteurs qui est plus usité, et
( 544 )
» Voici maintenant les caractères qui expriment l'adaptation au milieu
physique, ou caractères épharmoniques.
Poils nuls, stomates nuls à la face supérieure des feuilles. Hypoderme de une à plu-
sieurs assises de cellules, rarement nul au sommet de la feuille. Réservoirs vasiformes
médiocrement développée.
» Je sépare ces derniers caractères des premiers parce qu'ils ne sont
pas constants dans tous les genres, mes études antérieures m'ayant démon-
tré qu'il existe sous ce rapport trois cas différents : i° Dans le même genre
les caractères épharmoniques sont variables d'une espèce à l'autre ou se
trouvent attachés aux subdivisions naturelles du genre : exemple Capparis.
2° Les espèces d'un même genre s'adaptent toutes de la même façon à la
sécheresse, à l'éclairage, etc., mais certaines d'entre elles ne s'adaptent
pas du tout à ces conditions, faute d'occasion; elles sont négatives :
exemple Garcinia. 3° Les caractères épharmoniques sont de même nature
et complètement développés chez toutes les espèces du genre.
» C'est à la troisième catégorie qu'appartient le genre Clusia.
» Nous sommes donc actuellement en présence des faits suivants :
i° Tous les Clusia offrent un certain nombre de caractères anatomiques
communs, étrangers à l'épharmonisme, et qui doivent purement et sim-
plement figurer dans la définition du genre. 2° Par des caractères emprun-
tés surtout à l'androcée, les Clusia se partagent en quatre sous-genres et
neuf sections. 3° Tous les Clusia sont adaptés qualitativement de la même
manière à la sécheresse et à l'éclairage (pour ne citer que ces deux fac-
teurs) et les caractères épharmoniques qui en résultent ont partout trouvé
leur expression anatomique.
» De ces observations, je déduis les conclusions suivantes :
» i° A côté des caractères morphologiques, les ancêtres des Clusia
actuels possédaient déjà un certain nombre de caractères anatomiques
qu'ils ont transmis à leurs descendants, puisque toutes les espèces, malgré
leur grande diversité morphologique, présentent ces caractères intacts.
2° Ces ancêtres avaient déjà acquis les caractères épharmoniques que nous
enregistrons aujourd'hui et les ont transmis à leur descendance, sinon tels
que, du moins potentiellement. La réserve que j'observe ici, m'est dictée,
d'abord par ce cas isolé d'un Clusia dont l'hypoderme n'existe pas partout,
qui me paraît une traduction vicieuse de l'allemand Sekrctgànge, parce que ce qui
est générique y est devenu spécifique et inversement, et qu'il n'est pas traduisible en
latin.
( 545 )
et plus encore, par les autres, très nombreux, même chez les Guttifères,
où certaines espèces seules sont pourvues de ce tissu. Il paraît donc clair
que ce qui est transmis par hérédité est moins le caractère épharmonique
lui-même que la tendance à le développer lorsque le milieu l'exige. Il en
résulte, pour le genre tout entier, des allures épharmoniques qui peuvent le
faire reconnaître sans entrer rationnellement dans sa définition. 3° Les
descendants de la souche Clusia ont subi des différenciations morpholo
piques évidemment postérieures à l'acquisition des autres caractères et
qui n'ont pas été accompagnées de nouvelles différenciations épharmo-
niques, car on ne peut définir anatomiquement ni les sous-genres, ni les
sections.
» A partir de ce moment, chaque section a son histoire propre qui
doit être étudiée séparément. Je me propose de montrer prochainement,
par un exemple, combien cette étude est féconde et quel progrès il en
résulte pour la phytographie. »
GÉOLOGIE. — La craie à baculites du Coten/in, la craie blanche de Meudon et
le luffeau de Maestricht. Note de M. A. de Grossouvre, présentée par
M. Daubrée.
« L'ensemble de la faune du calcaire à baculites du Cotentin indique
de grandes analogies avec la craie blanche de Meudon et le tuffeau de
Maestricht; si on laisse de coté les bryozoaires, on trouve que la propor-
tion des espèces communes est plus considérable avec Maestricht qu'avec
Meudon. On en a conclu que le calcaire à baculites du Cotentin était plus
récent que la craie de Meudon et devait être classé dans le sous-étage
maestrichtien. L'exactitude de ce résultat est contestable; car, au poinl
de vue stratigraphique, il est impossible de rien conclure de la compa-
raison des faunes d'assises de faciès différents : il faut dans ce cas avoii
recours à des considérations d'un autre ordre.
» L'extension progressive et continue des mers crétacées a persisté
dans l'Europe septentrionale jusque vers la fin de l'époque sénonienne, et
c'est seulement un peu avant le début de la période éocène qu'a commencé
à se produire, dans cette région, un mouvement d'émersion. Cette tran-
exessivité des derniers sédiments crétacés s'observe dans la Scandinavie
et plus près du Cotentin; la craie d'Irlande en offre un autre exemple.
Le petit lambeau du calcaire à baculites du Cotentin est donc un témoin
C. R., 1891, i« Semestre. (T. CXII, N° 10.) 7>
( 546 )
de cette ancienne extension de la mer crétacée, et comme il se présente
avec les caractères d'un dépôt sublittoral, on doit en conclure qu'il cor-
respond au maximum de l'invasion marine de ce côté.
» Il en résulte que la craie à baculites du Cotentin est un sédiment
sublittoral, laissé par la mer au centre de laquelle se déposait la craie
blanche de Meudon : en d'autres termes, ce sont deux formations contem-
poraines de faciès différents.
» À Maestricht, au-dessus de la craie blanche à B. mucronata vient le
tuffeau maestrichtien, dont le faciès indique un dépôt formé sous des eaux
relativement peu profondes et à une distance assez faible des rivages; sa
faune présente un caractère tout spécial et ne renferme que peu d'espèces
communes avec la craie blanche sous-jacente.
» Si celle-ci peut être placée sur le niveau de la craie de Meudon, cepen-
dant on ne peut pas affirmer qu'elle corresponde bien à toute l'épaisseur
de cette dernière; car Maestricht se trouvait bien plus près que Paris des
rivages de la mer crétacée et, dès lors, il est tout naturel que vers la fin de
la période crétacée la craie blanche ait cessé plus tôt de s'y former, quand
le mouvement final d'émersion a commencé à se produire : il est donc
fort probable que le tuffeau de Maestricht correspond, au moins en partie,
au sommet de la craie blanche de Meudon.
» Il semble donc qu'il y a lieu de supprimer de la nomenclature l'étage
maestrichtien, qui est seulement un faciès particulier des assises supé-
rieures dusénonien, et qu'il convient de ramener l'étage danien aux limites
fixées en 1846 par Desor, qui avait pris pour type les calcaires de Faxoe et
Saltholin et le calcaire pisolithique de Laversine et Vigny. »
ANTHROPOLOGIE PRÉHISTORIQUE. — Crâne d'un ours des cavernes, portant
les traces dune blessure faite par une hache en silex. Extrait d'une Lettre
de M. Waszel à M. de Quatrefages.
« 1. Mon opinion est que l'endroit anormal sur la crista est le produit,
la suite d'un trauma cicatrisé.
» 2. Que ce trauma a été fait par la main de l'homme, avec une hache
en silex qui frappa le crâne de droite à gauche, atteignit le côté droit et inté-
rieur de la crista, le fendit et refoula les osselets brisés un peu au dehors
du rebord. La plaie guérit, un calus se fit à cet endroit, tandis que la crête
gauche de la crista resta presque intacte.
( 547 )
h .3. Que deux morceaux se détachèrent de la hache, morceaux qui
avaient été déjà entamés par un coup antérieur, porté contre un objet plus
dur que le crâne velu d'un ours. Ce n'est qu'au coup porté contre ce crâne
que ces deux éclats entamés finirent par se détacher complètement. Le
plus petit resta engagé dans la plaie, tomba après la mort de l'individu e!
se perdit. Le plus grand éclat resta aussi dans la plaie, fut retenu par un
calus et par des formations fibreuses, tomba aussi après la mort, mais fut
retrouvé par les mineurs Prokop et Norotry(qui travaillaient aux fouilles)
à coté du crâne même.
» 4. Il faut remarquer que, parmi les milliers d'ossements de l'ours des
cavernes, pas une seule autre trace de silex ne fut trouvée dans la même
couche. Des haches de silex semblables ont bien été trouvées ailleurs, en
Moravie, par exemple dans les gisements de Predmost, sur les hauteurs de
Blausko, où cette même espèce de silex est bien connue des gens du pays,
qui l'appellent cornaline.
» 5. Ce morceau fut donc trouvé tout près du crâne et s'adaptait par-
faitement dans le trou de la plaie.
» 6. Si les deux éclats n'avaient pas été fendus à demi par un coup
antérieur, le coup sur le crâne aurait produit plus de ravages, mais l'os du
crâne n'aurait jamais pu faire éclater une hache en silex intacte.
» 7. Même quand ce morceau dé silex n'aurait pas été retrouvé, je suis
de l'avis que la cicatrice seule prouverait que la plaie provient d'une hache
dont le tranchant est droit mais court. tJn simple chute sur une pierre
aiguë, sur un corps dur est hors de cause, car, dans ce cas, les deux côtés
de la crista auraient été atteints et pas seulement le côté gauche; il n'y
aurait pas non plus de trou où le silex restât engagé.
» 8. Un corps étranger s'est encastré dans la plaie; c'est évident,
autrement elle se serait fermée et remplie d'un calus.
» 9. Un trauma, une fracture dont les fragments furent refoulés en
dehors eut lieu; la cassure qui n'est pas complètement guérie le prouve
assez.
» 10. Je pense aussi qu'une sorte d'exostose ou défaut de croissance est
inadmissible. »
M. Fn. Witz adresse une Note intitulée : « Attraction, force centrifuge,
par l'Electrodynamique. »
( 548 )
M. G. Barbey adresse une Note intitulée : « Deux nouveaux dérivés de
la résorcine : la camphorésorcine et Feucalyptorésorcine. »
M. Willot adresse une Note intitulée : « Maladie de la betterave; des-
truction de Y Heterodera Schachtii. »
La séance est levée à 4 heures un quart. M. b.
ERRATA.
(Séance du i mars 1891.)
Note de M. Schœnflies, Sur les surfaces minima :
Page 48o, équations (8) et (9), au lieu de x -h 4> Usez x -+- y.
Note de M. Georges Linossier, Sur une hématine végétale :
Page 4go, ligne 10, au lieu de om, 18, lisez om, 10, et au lieu de Gang, lisez Gouy.
Même page, ligne 11 en remontant, au lieu de 5^,510, lisez oe-,5io.
On souscrit ;'i Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Grandà-Augustins, n" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin do l'année, deux volumes in- î".
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est ar
et part du 1er janvier.
Le prix de ^abonnement est fixé ainsi r/iiil suit :
Taris : 20 IV. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 IV. — Autre-; pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
Agen..
ingers.
.liez Messieurs :
Michel et Médan.
i Gavault St-Lager.
Alger ' Jourdan.
Ruir.
Amiens Hecquet-Decohert.
i i . i i ii i .i i ii etGrassin.
i Lachèse .-t Dolbeau,
Bai on/ie.. Jérôme.
Besançon lacquard.
Evrard.
Hordeaux ' Dulhud".
' Millier (G.).
Bourges Renaud.
, Lefournier.
\ I . Robert.
i J. Robert.
! V" Uzel Caroff.
, Baër.
' Massif.
Pcrrin.
( Henry.
' Marguérie.
i Rousseau.
Lorient.
lires I
Caen
Chambery
Cherbourg
Clei ntniit-Ferr.
Ribou-Collay .
Lamarche.
Ratel.
' Damidot.
( Lauverjat.
! Crépin.
r> ■.. \ Drevet.
hrenobte
I Gratter.
La Hochelle Robin.
t Bourdignon.
I I lombre.
Ropiteau.
tille Lefebvre.
' Quarré.
Dijon .
Douai. .
Le Havre.
chez Messieurs :
, Baumal.
I M»' Texicr.
Beaud.
Georg.
Lyon ■ Mégret.
Palud.
Vilte et Pérussel.
Marseille Pessailhan .
i Calas.
Montpellier . .... „ . .
' ' Goulet.
Moulins, Martial Place.
Sordoillet.
Grosjean Maupin.
Sidot frères.
( Loiscau.
(M1 \ eloppé.
i Barma.
' \ isconti el C'°.
\ tmes Thibaud.
Orléans Luzeray .
i Blanchier.
Poitiers ,. ,
I Druinaud.
prunes 1*1 i h. > ii el Hervé.
Boucher, m R. issi -
ï Langliois. | gnol.
i Lestringanl
S'-Élienne . . .. Chevalier.
i Basl ide.
i Rumèbe.
Natu i
Nantes
Nice. . .
Hoehefort .
Rouen
Toulpn.. .
Toulouse
i, Gimet.
> Privât.
Boisselier
Tours Pérical.
' Suppligeon.
VaXenciennes..
y Giard.
' Lemaltre.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam
Athènes. . .
Barcelone..
lier Un.
Heine . . .
Bologne
Bruxelles.
Bucharest .
Budapest
Cambridge
( luistr.-ni i . . . .
Constantinople.
Copenhague.
/■/mener
Gand
Gènes
Genève. .
La Haye.
Lausanne.
Leipzig.
Liège.
lie/. Messieurs :
Robbers.
Feikema ( laarelsen
Bcck. [et C".
Yerdagaer.
Vshcr et < '. .
.h .iiv .'1 C".
i 1 1 idlander et lils.
Mayer el Millier.
Schmid, Francke el
C".
Zanichelli et C''.
ltaiul.it.
Mayolez.
Lebèg 'i C".
llaimauli.
I tanisteanu.
K 1 1 1 ,. 1 1 .
Deighton, BelletC".
Cammermeyer.
i itiu (-i Keil.
Ho i el lil-.
Lcescher et Secber.
Hoste.
Beuf.
i iherbuliez.
i teorg.
Stapelmohr.
Belinfante frères.
Bcnda .
Payot.
Barth.
Brockhaûs.
Lorent/..
Max Rilbe.
Twietmeyer.
I lesoer.
Gnusé.
I. maires
Luxembourg .
chez Messieurs
i Uni, m
( Nuit.
V. Bûck.
, Librairie Gu
\ berg.
Madrid Gonzalès e liiji
j Vr.ivedra.
! F. Fé.
„.. . Dumolard frér
Milan „ ..
Moscou Gautier.
/ Kurcheim.
Waples Marghieri .li G
( Pellerano.
. Cliristern.
Vtw-Tork Stechcrt.
' Westermann.
Odessa. Rousseau.
Oxford Parker et C '".
Païenne Clausen.
Porto . Magalhaès.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Canner.
, Bocca frères.
Home T . _,,
' Loescher cl I .'•.
Rotterdam Kramers cl fil
Stockholm Samson et Wa
, Zinserling.
('Wolff.
1 Bocca frères.
Brero.
i Clausen.
Rosenbergel Se
Varsovie Cebethner et Y
Vérone Drucker.
t Frick.
Vienne ! . . _.
I Gerold et C".
Zurich Mcyer et /.ellei
S'-Pétersbourg .
Turin .
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1er à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i83o. ) Volume in-4°; iSVÎ. Prix 15 IV.
Tomes 32 à 61. — t i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-i'; (870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (1" Janvier 1866 à 3i Décembre [880.) Volume in-4"; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I: .Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DERBEset A.-J.-J. Soluîb.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouve
Comètes, par M. Hanses.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rùle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digesli.ui des mal
grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-'(°, avec 02 planches; 1806 '>
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponses laquestioude Prix proposée en i85o par l'Académie des Sci
pour le concours de 1800, et puis remise pour celui de iS56, savoir : « Étudier les lois delà distribulii m des corps organisés fossiles dans les différents terrains
» mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la questi le leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée.— Rechercher la n
» des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-i'i", avec 27 planches; 1861... 1
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N 10.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 9 mars 1891.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Page*
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'A-
cadémie que le tome CX des. Comptes ren-
dus i r semestre 1890 > esl en distribution
Pas
M. Anatole de Caligny. Sur quelques
expériences faites en 1890 à l'écluse de
l'Aubois
NOMINATIONS
M. G. Sire esl élu Correspondant, pour la
Section de Mécanique, en remplacement de
feu M. Dausse
Commission chargée de juger le concours du
prix Montyon (Statistique nie l'année 1891:
MM. Haton de la Goupillière, de Jon-
quières, Larrey, Favé, Bertrand
Commission chargée de juger le coucours du
prix L. La Caze | Physique) de l'année 1891 :
MM. Berti < U and, Cailletet et les
Membres de la Section de Physique
Commission chargée déjuger le concours du
prix L. La 1 ;aze (Chimie) de l'a Se 1891 :
MM. Berthelot.Schlœsing, Duclauxel les
Membres de la Section de Chimie
Commission chargée de juger le concours du
prix Delessede l'année 1891 MM.Fouqué,
Daubrée, Des Cloizeaux, 'Mallard, Gau-
i/ry
Commission chargée de juger le coni ours du
prix Barbier de l'année ts<ii : MM. Bou-
chard, C/ialin, Verneuih C/iarcot, Lar-
rey
MEMOIRES PRESENTES
M \.-M. Vlbert adresse un Mémoire sur
la construction de Tables numériques, des-
tinées à fournir les résultats de divers cal-
culs d'Arithmétique
CORRESPONDANCE.
M. Geikie, nommé Correspondant pour la
Section de Minéralogie, adresse ses remer-
clments à l'Académie
M. Charlois. Observation de la nouvelle
planète ;;i:s' • découverte à l'observatoire
de Niée, le 5 mu r~ 1891
MM. B. Baillaud, !.. Cosserat et V.ndoyi .
— Observations de la planète Millosevicli
[ 1S91 . mars 1 1, faites à I observ atoire de
Toulouse (équatorial Brnnner), et de la
planète Charlois ( mars 5) (au grand téle~-
cope )
M"- Klumpke. — Observations de la pla-
nète Millosevich (Home, 1891, mars 1)
faites à l'observatoire de Paris (équatorial
de la tour de l'Est 1
M. Vênukoi'F. De la mesure du 53* paral-
lèle en Europe
M. A. Schœnflies. — Sur les équations de
deux surfaces minima périodiques, possé-
dant la symétrie de l'oetaédre
M. L. Iîafi'y. — Sur les spirales harmoniques.
M. E. C irvallo. — Compatibilité des lois de
la dispersion et de la double réfraction..
H. C. Décharné. — Aimantations longitu-
dinales et transversales superposées
M. G. Rousseau. — Sur les manganites de
soude li > dratés
M. L. Amat. — Sur la transformation du py-
ropliospliitc de soude en phosphite acide .
Ehr\TA
1 1 ,)
5 1 8
M. \. Bkssox. — Sur le silicibr forme. .
\I. m; Forcrand. — Étude thermique de
quelques dérivés alcalins de l'érythrite. . .
Mi Raoul Varet. — Sur quelques combi-
naisons ammoniacales du cyanure de mer-
cure
M. A. VlLLIERS. — Sur la fermentation de la
fécule par l'action du ferment butyrique.
M. Cathin. — Les lésions histologiques de I . ■
peau dans la rougeole
M. Léon Guignard. — Sur l'existence des
sphères attractives dans les cellules végé-
tales
M. J. Vksque. — Sur la classification ei
l'histoire des Clusia
M. \. Grossouvre. — La craie à baculites
du Cotentin, la craie blanche de Mcudon
et le tulleau de Maestricht
M. Wanzel. — Crâne d'un ours des cavernes,
portant les traces d'une blessure faite par
une hache en silex
M. Fr. Witz adresse une Note intitulée :
.. Attraction, force centrifuge, par l'Élec-
trodynamique
M. c. Barbet adresse une Note intitulée :
« Deux nouveaux dérivés de la résorcine :
la camphorésorcine et l'eucalyptorésor-
cine »
M. Wm.i.ot adresse une Note intitulée : « Ma-
ladie de la betterave; destruction de Vl/e-
terodera Schachtii »
5 ;ii
538
"' ■'"!
"'I '
'I '
5'i:
5^8
3 1 s
>48
PAK1S. — IMPRIMERIE GAUTHTER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Auguslins, 55
1891
J PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPETREES.
TOME CXII.
N°ll (16 Mais 1891).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des 9.3 juin 1862 et 24 mai 1876.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de j Les Programmes des prix proposés par l'Académ
['Académie se composent des extraits des travaux de j sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Raj
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro dos Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il v a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui v ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicic en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autai
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pi
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants;
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des person
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de 1'
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres cpii présentent ces Mémoires si
tenus de les réduire au nombre de pages requis
Membre qui fait la présentation est toujours nom:
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Ext;
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fi
pour les articles ordinaires de la correspondance
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, 1
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temp
le titre seul du Mémoire est inséré dans \eCompte rena
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu su
vaut, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports e
les Instructions demandés par le Gouvernement
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
un Rapport sur la situation des Comptes rendus apr
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré]
sent Rè"lement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM, les Secrétaires perpétuels sont priés de le
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5h. Autrement la présentation sera remise à la séance suivant;
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 16 MARS 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Détermination, de la constante de l'aberration ;
par MM. Lœwy et Puiseux.
« Dans diverses Communications que nous avons eu l'honneur de faire
à l'Académie, nous avons étudié les propriétés importantes d'un appareil
imaginé par M. Lœwy, se composant d'un double miroir plan, taillé sur un
même bloc de verre en forme de prisme. A l'aide de cet instrument, qui
constitue une sorte de compas d'ouverture constante, les variations de
distance d'étoiles séparées par un arc étendu sur la sphère céleste peuvent
être désormais évaluées avec la même précision que les petits arcs compris
dans le champ d'une lunette et accessibles aux mesures micrométriques
ordinaires.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N' 11.) 72
( 55o )
» Grâce aux fonds que l'Académie a bien voulu nous accorder, nous
avons pu faire construire le nouvel appareil. Confié, pour la partie optique,
à MM. Henry et, pour la partie mécanique, à M. Gautier, il a promptement
justifié les espérances qu'il avait fait concevoir. Depuis quelque temps déjà
nous aurions pu appliquer ce puissant moyen d'investigation à des pro-
blèmes qui offrent un haut intérêt pour l'Astronomie ; mais il nous a paru
préférable d'établir d'abord en toute rigueur les conditions générales
auxquelles il faut avoir égard dans l'usage de l'appareil, et de soumettre
les règles trouvées au contrôle de l'expérience. Nous croyons avoir dé-
montré, dans les Notes que nous avons publiées sur ce sujet, que les me-
sures différentielles obtenues à l'aide du nouvel instrument peuvent être
indépendantes de toute constante instrumentale autre que la valeur du
tour de vis.
» Le terrain étant ainsi préparé, nous avons entrepris d'aborder par
cette voie une recherche dont tous les astronomes sont unanimes à recon-
naître l'importance, celle de la constante de l'aberration.
» On sait que les rayons de lumière émis par les étoiles éprouvent en
nous parvenant une déviation dont la grandeur et la direction dépendent
du mouvement annuel et diurne de la Terre, du mouvement du système
solaire par rapport aux étoiles fixes, et du mouvement d'ensemble des
étoiles composant avec le Soleil le système de la voie lactée.
» Le dernier élément est demeuré jusqu'à présent inaccessible aux
recherches des astronomes, mais on peut en éliminer l'influence en suppo-
sant qu'elle existe. Il est possible de tenir compte séparément du mouve-
ment d'ensemble du système solaire et du mouvement diurne. Reste
l'aberration annuelle ; on démontre facilement que son effet sur les coor-
données de chaque étoile dépend d'un facteur constant, égal au quotient
du demi grand axe de l'orbite terrestre par la vitesse de propagation des
ondes lumineuses. Or l'évaluation de ces deux grandeurs est particulière-
ment délicate et ne saurait encore, à l'heure actuelle, être regardée comme
définitive.
» La vitesse de la lumière à la surface de la Terre est, il est vrai, connue
d'après les expériences des physiciens avec une précision assez grande ;
mais on ne saurait affirmer que la valeur ainsi déterminée convienne, sans
changement aucun, à la transmission de la lumière à travers les espaces
célestes. D'autre part, l'incertitude relative qui subsiste sur le demi grand
axe de l'orbite terrestre ou, ce qui revient au même, sur la parallaxe du
Soleil, est des plus sensibles. Il y a trente ans, on admettait encore pour
C 55 1 )
cet élément une valeur erronée de ^ environ de sa valeur. Depuis,
malgré les travaux de Hansen, de Le Verrier, et les nombreuses expédi-
tions scientifiques entreprises par toutes les nations civilisées, l'accord est
loin de s'être établi, et l'ignorance où nous sommes de la véritable paral-
laxe du Soleil constitue un obstacle permanent au progrès de l'Astronomie.
M. Tisserand a donné un intéressant résumé des valeurs obtenues jus-
qu'en 1 88 1 dans un travail inséré au iGe Volume des Annales de l'Obser-
vatoire de Paris. Notre Confrère arrive à cette conclusion, que la voie indi-
recte, c'est-à-dire la combinaison des valeurs trouvées pour la vitesse de
la lumière et la constante de l'aberration, parait encore êlre le moyen le
plus sûr de déterminer la parallaxe. Il ne nous semble pas que les travaux
parus ultérieurement puissent infirmer en rien cette conclusion. Nous
croyons, il est vrai, qu'un critique sévère montrera qu'il subsiste sur la
constante de l'aberration une incertitude plus grande que celle qui est gé-
néralement admise. Toutefois cet élément, aussi bien que la vitesse de la
lumière, est susceptible d'être déterminé avec plus d'exactitude que la
parallaxe. Chaque détermination précise des effets de l'aberration annuelle
fournit par conséquent une relation importante pour la recherche des deux
autres grandeurs fondamentales : la vitesse de propagation de la lumière,
et l'échelle vraie des dimensions du système solaire.
» Jusqu'à quel point est-il permis, à l'heure actuelle, de regarder la con-
stante de l'aberration comme bien connue? Il est nécessaire, pour s'en faire
une idée exacte, d'entrer dans quelques détails historiques.
» Jusqu'en 1828 on voit les astronomes s'arrêter à divers chiffres com-
pris entre 20", 255 et 20", 708, valeurs proposées respectivement par De-
lambreet Bessel. A cette époque, Richardson joignit aux éléments mis en
œuvre par ses prédécesseurs 4000 observations faites aux cercles muraux
de Greenwich. Il trouva comme résultat d'ensemble 20", 44^-
» En i843, W. Struve proposa une valeur presque identique, 20", 445,
fondée sur des observations moins nombreuses, mais d'une précision très
supérieure, faites dans le premier vertical. Il estime l'erreur probable du
résultat à o", ou. « Je suis persuadé, disait-il, que jusqu'à ce jour aucun
» élément astronomique n'a été déterminé avec une précision égale. » Le
travail de Struve fut accueilli avec la plus grande faveur et parut devoir
rendre inutile, pour bien des années, toute recherche sur le même sujet.
» Toutefois, dans les années qui suivirent, trois de ses collaborateurs,
Peters,LundhaletLindhagen, soumirent à une discussion minutieuse toutes
les observations méridiennes d'étoiles circumpolaires, faites à Dorpatetà
( 55* )
Pulkova. De leurs recherches se dégage une valeur un peu plus forte que
la précédente. Néanmoins, ces résultats, joints aux déterminations anté-
rieures les plus dignes de confiance, conduisant respectivement aux valeurs
moyennes de 20", 45 et 20", 46, sont considérés par eux comme venant à
l'appui du chiffre de VV. Struve.
» De son côté, le célèbre astronome russe avait continué ses observa-
tions dans le premier vertical, en vue de réunir des matériaux pour l'étude
de la nutation. Son travail, demeuré incomplet, a été poursuivi sur le
même plan par Oom jusqu'en 1862. La discussion de ces mesures, faite
par M. Nyren, conduit à une valeur un peu plus faible 20"', 43.
» Il convient d'ajouter qu'en i853 W. Struve lui-même a proposé de
porter son nombre à 20", 463 et d'en évaluer l'erreur probable à o",oi7.
Les raisons qu'il a données, pour justifier ce changement, n'ont pas, en
général, paru concluantes. Il est permis de croire que des considérations
étrangères ont influé sur le jugement de W. Struve et que la concordance
des valeurs plus fortes données par Peters et Lindhagen a ébranlé la con-
fiance que lui inspirait son premier travail. Les observations de circum-
polaires faites ultérieurement à Pulkova, par MM. Gyldén, Wagner et
Nyren tendent aussi à donner pour la constante de l'aberration une valeur
plus élevée, 20", 4g environ.
» Plus tard, de 1879 a 1882, M. Nyren a fait une nouvelle application
de la méthode de W. Struve, en s' entourant de toutes les précautions
possibles et faisant usage d'un plus grand nombre d'étoiles. Il a trouvé
ainsi 2o",54o ou 0.0", 5iy, suivant le mode de groupement adopté. Malheu-
reusement, en dépit des soins qui ont été pris, les résultats partiels accu-
sent, au témoignage de l'auteur lui-même, l'influence d'une cause d'erreur
systématique, variable avec la saison.
» Plus récemment, en i885, M. Rùstner, à l'Observatoire de Berlin, a
trouvé 2o",3i3 par la méthode de Horrebow et Talcott.
» Entre ces deux derniers nombres, qui représentent l'un et l'autre un
travail considérable, exécuté avec beaucoup de soin, l'écart est supérieur
à o", 2, soit près de vingt fois l'erreur probable annoncée par Struve
en 1843. Il semble donc que, depuis cette époque, la question a plutôt fait
un pas en arrière. Sans entrer dans l'énumération des travaux faits sur le
même sujet à Greenwich, au Cap, à Washington et dans d'autres établis-
sements, nous croyons que, de l'ensemble, une remarque générale se
dégage :
» Chaque observateur estime, d'après l'accord de ses résultats partiels,
( 553 )
que sa moyenne finale est affectée d'une erreur probable comprise entre
o",oi et o",02. Mais, si l'on compare entre eux des résultats de source dif-
férente, que l'on ait changé la méthode, l'instrument ou seulement l'ob-
servateur, on voit apparaître des discordances sept à huit fois plus fortes.
» Cette circonstance n'a pas échappé à MM. Nyren et Rûstner, et il est
impossible de n'en pas conclure avec eux que certaines causes d'erreurs
systématiques altèrent encore les résultats.
» Quelles peuvent être ces influences nuisibles? On a successivement
accusé une détermination imparfaite de l'état des instruments, certaines
lacunes dans la théorie du mouvement de la Terre autour de son centre
de gravité, une variation possible dans les latitudes géographiques.
» Toutes ces critiques peuvent être fondées dans une certaine mesure;
mais il ne suffit pas, pour v échapper, d'être mis en garde contre elles.
Leur source réside, en effet, dans une imperfection réelle et jusqu'il pré-
sent inévitable, soit de nos connaissances théoriques, soit des moyens
matériels mis à notre disposition. Quelque soin que l'on apporte dans l'in-
stallation et l'emploi d'une lunette astronomique, on ne pourra jamais
affirmer que les valeurs déduites pour les constantes instrumentales sont
rigoureusement exactes pour le moment de l'observation. L'ignorance où
nous serons toujours de la constitution intérieure de la Terre ne permet
pas d'établir une théorie parfaite de son mouvement autour de son centre
de gravité. Depuis assez longtemps déjà la possibilité de changements
dans la position de la verticale a préoccupé les physiciens. On connaît les
intéressantes expériences poursuivies sur ce sujet par M. Antoine d'Abba-
die et d'autres savants. En présence du caractère un peu confus et incer-
tain des variations trouvées, les astronomes avaient considéré comme plus
sûr de n'y pas avoir égard, et leur réalité avait été tenue pour douteuse.
Mais aujourd'hui cette attitude d'abstention systématique n'est plus
permise. C'est à une époque toute récente, précisément à la suite d'une
tentative faite à l'Observatoire de Berlin pour déterminer à nouveau la
constante de l'aberration, que la variabilité des latitudes a paru s'affirmer
d'une manière plus positive, et a pris aux yeux d'un certain nombre
d'astronomes le caractère d'une vérité démontrée. Tous les travaux an-
ciens, où l'on a traité les latitudes comme constantes, deviennent par là
sujets à revision, mais toute tentative pour les corriger de cette cause
d'erreur serait prématurée. On peut dire que les applications nouvelles
des anciennes méthodes, faites par MM. Nyren et Kùstner, avec un soin
auquel il est juste de rendre hommage, ont eu pour résultat moins d'ajou-
( 554 )
ter à nos connaissances positives que d'ébranler la confiance qu'inspi-
raient aux astronomes les recherches antérieures. Heureusement aucun de
ces problèmes, dont la solution nous échappe encore, n'est lié d'une
manière nécessaire à la recherche des effets de l'aberration. Cette con-
nexion si dangereuse n'est qu'une conséquence du mode d'opération
adopté dans le passé. Au contraire, la méthode nouvelle dont nous avons
déjà eu l'honneur d'entretenir l'Académie n'est pas seulement affranchie
de toute erreur instrumentale, elle est absolument indépendante de toute
hypothèse que l'on voudra faire concernant la situation de l'axe du monde
dans l'espace et celle de la verticale d'un lieu relativement à l'axe du
monde. Ainsi disparaît tout le cortège des constantes instrumentales ou
théoriques que les autres méthodes traînent après elles, et qu'elles sont
obligées ou de supposer connues, ou de déterminer en même temps que
l'inconnue principale, au grand détriment de la précision.
» Les recherches les plus récentes ont donc eu pour résultat de mettre
en lumière les avantages de la nouvelle méthode et de rendre une appli-
cation pratique plus désirable. A un point de vue plus général, on peut
dire que tous les procédés employés jusqu'à ce jour pour la recherche de
la constante de l'aberration présentent entre eux une certaine affinité. Il
était important de s'assurer si, par un changement complet d'instruments
et de méthodes, on serait conduit à modifier, d'une manière notable, la
valeur numérique précédemment admise.
» Enfin la marche suivie pouvait encore jeter quelque lumière sur une
question intéressante de Physique céleste. On admet généralement que la
loi de la propagation de la lumière est indépendante du mouvement de la
source lumineuse. Les lois de la réflexion restent-elles aussi les mêmes
quand la surface réfléchissante est animée d'un mouvement rapide? En
d'autres termes, un observateur placé à la surface de la Terre trouvera-t-il
la même aberration pour la lumière réfléchie et pour la lumière directe? Il
doit en être ainsi, en vertu de considérations développées par notre Con-
frère M. Fizeau. A l'appui de cette déduction théorique, nous pouvons
apporter aujourd'hui le témoignage de l'expérience. Nos observations,
faites sur des rayons triplement réfléchis, donnent pour la constante de
l'aberration une valeur égale à celle que l'on déduit d'expériences directes.
» Le programme d'observations que nous avions arrêté, et qui s'étend
sur environ dix mois, est aujourd'hui rempli presque en entier. Nous ne
nous attendions pas à obtenir par cette première épreuve un résultat défi-
nitif, jouissant de toute l'exactitude dont la méthode est susceptible. Fixer
( 555 )
dans tous ses détails la marche à suivre pour l'application pratique du
nouveau procédé, soumettre à l'épreuve de l'expérience la démonstration
de M. Fizeau, reconnaître si la variabilité des latitudes, ou toute autre cause
d'erreur systématique, entache d'une manière grave les déterminations
anciennes, pouvaient paraître un programme suffisant pour une première
année de travail. Une seconde détermination, faite dans des conditions
plus rigoureuses, en mettant à profit l'expérience acquise, mènerait sans
aucun doute à des conclusions plus précises.
» Cette réserve nous était, d'ailleurs, inspirée par l'exemple de nos de-
vanciers. Toutes les méthodes dont les astronomes font usage ont déjà
bien des années d'existence et ne se sont perfectionnées que par une pra-
tique assidue. Bien que le nouveau procédé se recommandât par un carac-
tère particulièrement simple et direct, rien n'autorisait à penser qu'il dût
faire exception d'une manière complète à cette règle générale. Quoique à
l'heure actuelle la discussion de nos résultats ne soit pas encore terminée,
nous croyons pouvoir dire qu'ils ont surpassé notre attente. L'examen
spécial auquel nous avons soumis les observations de quatre couples d'é-
toiles sur dix-huit permet d'énoncer les conclusions suivantes, qui ne
seront sans doute pas modifiées par une analvse plus complète :
» i° Le chiffre 20", 445 proposé par Struve est très rapproché de la
vérité. Il serait encore prématuré, à notre avis, de vouloir le modifier;
» 2° Ainsi que l'a prévu M. Fizeau, les rayons réfléchis se comportent,
au point de vue de l'aberration, comme les rayons directs ;
» 3° La méthode nouvelle pour la recherche de l'aberration peut être
regardée comme éprouvée et définitive ;
» Dans une prochaine Communication nous donnerons quelques dé-
tails sur le procédé suivi, les observations effectuées sur quatre couples
d'étoiles et la valeur numérique qui en résulte pour la constante. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. -- Sur l' équilibre des diélectriques fluides
dans un champ électrique. Note de M. H. Poino.aré.
« D'après la théorie de M. von Helmholtz (Annales de Wiedemann,
t. XIH), lorsqu'un fluide diélectrique est placé dans un champ électrique,
il faut dans les équations de l'Hydrostatique introduire des termes complé-
mentaires pour tenir compte de l'action de ce champ.
( 556 )
» Soient
p la pression du fluide;
v son volume spécifique;
R son pouvoir inducteur spécifique:
F l'intensité du champ.
» Supposons que les forces extérieures (autres que celles qui sont dues
à l'action du champ) se réduisent à la pesanteur; les équations de Helm-
holtz s'écriront
» Il suit de là que
^dJL-gzd
doit être une différentielle exacte. Cette différentielle doit être considérée
comme nulle dans l'intérieur d'un même fluide et si la température est
constante. En effet, un liquide est incompressible et, par conséquent, -
et K sont des constantes, car K. ne peut dépendre que de v.
» S'il s'agit d'un gaz, - peut être regardé comme nul, et K étant sensible-
ment égal au pouvoir inducteur du vide peut être regardé comme con-
stant.
» Mais si l'on a plusieurs fluides chimiquement différents, notre diffé-
rentielle sera, au contraire, très grande dans la couche de passage qui les
sépare. Cela nous permet d'écrire l'équation de la surface de séparation
de deux fluides diélectriques quelconques.
» Soient v , et r, les volumes spécifiques des deux fluides, K, et R2 leurs
pouvoirs inducteurs.
» La force électrique F n'est pas continue et subit un saut brusque quand
on franchit la surface de séparation. Soient N, la composante normale etT,
la composante tangentielle de cette force dans le voisinage de la surface
de séparation et dans le premier fluide. Soient N2 et T. les mêmes compo-
santes dans le voisinage de la surface de séparation et dans le second
fluide. On aura, d'après la théorie classique des diélectriques.
Ï\ = T., R,N. = R„N.,.
( 557 )
» Alors l'équation de la surface de séparation devient
5-1 ( K, — K., ; -H -^-L v- - r- — ff-s -= const.
» Il serait curieux de comparer cette forme de l'équation de Helmhollz
avec certaines expériences de M. Quincke, qui pourraient, sans doute, s'ex-
pliquer ainsi sans qu'on ait à faire intervenir, comme l'on a cherché à le
faire, les tensions qui, selon Maxwell, régneraient dans le sens des lignes
de force et les pressions qui existeraient perpendiculairement à ces lignes;
ces expériences ne pourraient plus alors être regardées comme la démons-
tration de l'existence réelle de ces tensions et de ces pressions.
» Cette théorie est d'ailleurs incomplète, car il existe peut-être à la
surface de séparation de deux diélectriques une différence de potentiel
dont il faudrait tenir compte. »
PHYSIQUE. — Sur les différentes manifestations de la phosphorescence des mi-
néraux sous l'influence de la lumière ou de la chaleur. Mémoire de M. Henri
Becquerel. (Extrait.)
« Dans le cours des recherches que je poursuis depuis plusieurs années
sur la phosphorescence, j'ai été conduit à examiner les particularités que
présente ce phénomène lorsqu'il est excité soit par la lumière, soit par la
chaleur, et à comparer les spectres d'émission des corps sous ces diverses
influences.
» Les corps qui se prêtent à ces comparaisons sont peu nombreux; ils
doivent être à la fois lumineux dans le phosphoroscope et phosphorescents
par la chaleur. Divers échantillons de spath fluor et de leucophane ont
rempli ces conditions. L'éclat, généralement très faible, des lueurs phos-
phorescentes n'a pas permis d'employer une grande dispersion. Les obser-
vations ont été faites avec un spectroscope à un seul prisme de flint. Les
positions des bandes lumineuses des spectres, rapportées à l'échelle du
spectroscope, ont élé évaluées en longueurs d'onde, par comparaison avec
les positions des principales raies du spectre solaire. Pour l'observation
des spectres d'émission avec le phosphoroscope, on amenait simplement la
fente du spectroscope près de l'ouverture de l'appareil. Four les autres
observations, on disposait le corps à étudier très près de la fente du spec-
troscope. S'il s'agissait de l'illuminer par une étincelle électrique, on dis-
C. R., i8ot, i" Semestre. (T. CXII, N« 11.) 7^
C 558 )
posait deux pointes d'aluminium, de sorte que l'étincelle éclatât sur le
corps lui-même. Si l'on se proposait d'échauffer le cristal, on le plaçait au
fond d'un petit tube en verre, fermé à la lampe, maintenu verticalement
près de la fente et au-dessus d'un petit brûleur à gaz.
» Tous les relevés des spectres étaient comparables entre eux; cepen-
dant, pour contrôler certaines comparaisons délicates, on a fait usage du
prisme réflecteur placé en avant de la fente, et l'on a superposé dans l'ap-
pareil deux des spectres à comparer.
i) Le Tableau ci-joint donne le relevé des bandes lumineuses observées,
avec quelques-uns des cristaux étudiés.
Spectres de phosphorescence (longueurs d'onde approchées, exprimées
en millionièmes de millimètre.
Chlorophane verte
n° T
Fluorine de Titlis.
]
Fluorine
Chlorophane
viol f*f t p
Phospho-
roscope.
Chaleur.
verte (a).
Chaleur.
violette.
Chaleur.
bleue.
Chaleur.
Phosphoroscope.
Chaleur.
v iuiç ttc •
Chaleur.
643 trace
643
trace
643 forte
643 forte
606 faible
606
forte
607 forte
608 forte
6o5
»
607
092
592
592
59o )
592 )
592 )
de 5go j
»
»
»
"
583 j
583 \
à >
573 trace
573
> forte
:'7 1
072 )
572
574
568 )
564 trace
564
062
562
557 forte
007
".5-
»
557
552 forte
de 552
\ lueur
549 forte
à
> faible
549 \
546 tr. faible
546
) tr. forte
546 forte
546 forte
546
J
542 tr. forte
0 4 2
542 forte
542
542 F
526 trace
026 tr.forti
: Ô2(i tr. fo
rte
V faibl.
5 10 trace
L
497
497 j
497 )
497
497 j
]
492 forte
492
forte
à .■
à >
à
à
490 /
478
478
472
407
forte
faible
faible
478 )
478 )
478
478 J
481.
» Parmi ces corps, un des plus intéressants est une variété de spath
fluor, appelée chlorophane, dont le spectre d'émission au phosphoroscope
avait été autrefois étudié par mon père ('). En tournant les disques du
phosphoroscope avec des vitesses progressivement croissantes, cette sub-
(') E. Becqleiiel, la Lumière, ses causes et ses effets, p. 334 et suivantes.
( 559 )
stance émet des lueurs de teintes différentes; elle est d'abord bleu ver-
dàtre pour une rotation 1res lente, puis devient jaune orangé, et enfin
vert clair pour une rotation rapide des disques du phosphoroscope. Ces
teintes correspondent à l'apparition, dans le spectre d'émission, de bandes
lumineuses ayant des réfrangibilités différentes, et pour lesquelles ce
corps a des durées de persistance inégales. Ainsi, pour un mouvement
très lent des disques, on observe d'abord, au spectroscope, une lueur
continue verte et bleue, dont les longueurs d'onde limites sont environ
543 et 478. Le maximum est compris entre 1 = 53 1 et 1 = 497- Cette
lueur disparait pour des rotations rapides. On voit ensuite apparaître les
bandes 557, 5q2 et 606, 492-478, puis, la vitesse de rotation augmentant,
apparaît une bande X= 542, qui devient bientôt la plus brillante de
toutes, ainsi cpie 492-478, qui remplace la bande primitive 53 1-497- P°ur
un mouvement très rapide des disques, on voit toutes les bandes inscrites
dans le tableau, puis celles-ci s'étalent et on aperçoit, en outre, une
lueur continue très faible, de 542 à 5 10, où elle est brusquement limitée.
Les effets observés au phosphoroscope sont les mêmes lorsque le cristal
est naturel ou lorsqu'il a été préalablement calciné, et n'est plus phospho-
rescent par la chaleur.
» On retrouve les mêmes caractères dans l'émission de lumière obte-
nue en échauffant ce corps, lorsqu'il n'a pas encore été calciné. Il prend
des teintes diverses à mesure que la température s'élève; ces lueurs, exa-
minées au spectroscope, donnent des spectres de bandes presque iden-
tiques à ceux qu'on observe au phosphoroscope. Dans les premiers mo-
ments de réchauffement du cristal, on voit d'abord apparaître des traces
des bandes 573 et 478, puis la lueur verte 53 1-497, qui se superpose à ces
bandes et disparaît bientôt, puis, pour une température convenable,
toutes les bandes rapportées plus haut sont visibles. Enfin, lorsque le
spectre s'évanouit, les bandes 573 et 478 sont les dernières dont on
puisse suivre le plus longtemps la trace. En comparant ce spectre à
celui qu'on obtient au phosphoroscope, on reconnaît, d'une manière gé-
nérale, que les groupes de bandes coïncident, mais l'intensité relative des
bandes n'est pas la même. Ainsi la bande 542 du spectre au phosphoro-
scope n'est pas visible dans le spectre par la chaleur; c'est la bande voi-
sine 546, ainsi que 573, qui sont les plus intenses.
» Lorsqu'on soumet à l'action lumineuse d'une étincelle électrique un
fragment de cette chlorophane déjà calciné et qu'on l'examine aussitôt
après l'étincelle, on observe les mêmes bandes et surtout la lueur verte
53 1-497 tr^s intense.
( 56o )
» Le cristal calciné était devenu inactit; l'illumination par l'étincelle l'a
rendu de nouveau phosphorescent par la chaleur. Si l'on élève alors la tem-
pérature, il devient beaucoup plus bleu que quand on chauffe un cristal
naturel, et émet, avec une vive intensité, la lueur verte 53 1-478, ainsi que
546-542. La lueur continue présente deux maxima, l'un de 53o-5io,
l'autre de 488 à 480. — Lorsque la température s'élève, le cristal devient
blanc jaunâtre et le spectre présente les bandes 546. 573, 592-600 ainsi
que 492-478. Au lieu de chauffer le cristal immédiatement après l'action
de l'étincelle, on peut attendre plusieurs jours, l'effet est le même. La
faculté d'être phosphorescent par la chaleur a été restituée d'une manière
permanente.
» Les divers échantillons de spath fluor étudiés n'ont pas tous pu être
observés au phosphnroscope. On a donné leur spectre d'émission de phos-
phorescence par la chaleur. Les résultats sont analogues à ceux qui
viennent d'être décrits; des bandes très intenses avec certaines sub-
stances sont invisibles avec d'autres. Telle est la bande 526. On jugera
de ces variations en jetant un coup d'ceil sur le Tableau qui précède.
» Sans décrire ici avec détail les apparences des divers spectres ob-
servés, j'indiquerai seulement, pour quelques échantillons intéressants,
l'ordre d'apparition des bandes, lorsqu'on échauffe progressivement les
cristaux.
» Avec un échantillon de fluorine verte provenant de Titlis, près En-
gelberg (Saint-Gotbard), les bandes 526 et 497-478 se montrent les pre-
mières, puis la bande 643 devient très forte, ainsi que 607, 574, 546. Ce
spectre disparaît rapidement et il reste deux bandes, 592 et 562, sans
doute masquées par les autres au moment du plus vif éclat, et qui per-
sistent encore pendant longtemps. La même substance, sous l'illumination
de l'étincelle, donne le même spectre qu'au phosphoroscope, les bandes
542 et 557, ainsi que des traces de 592-074 et 497-478.
» La succession des bandes différentes, lorsque la température s'élève
régulièrement, s'observe encore plus nettement avec un échantillon de
spath fluor violet, de provenance inconnue. Quand on le chauffe on voit
d'abord les bandes 5q2 et 497-478, puis ces bandes disparaissent et font
place à un nouveau spectre, 6o5, 572 et 562. Comme fait caractéristique,
on doit citer l'absence des bandes entre les longueurs d'onde 557 et ^26,
que présentent tous les autres échantillons.
« Une chlorophane légèrement violette donne des résultats de même
nature : on observe d'abord, en l'échauffant, deux bandes diffuses 590-568
et 490 481, puis une lueur verte très intense se manifeste donnant un
( 56 1 )
spectre continu 5/19-490; cette lueur disparaît ensuite, laissant apercevoir
la bande étroite 542 qui apparaît faiblement.
» Sans multiplier ici ces exemples, j'ajouterai que l'échantillon de leu-
cophane de Brewig (Suède) a donné au phosphoroscope une lueur entre
6i5-56o, et parla chaleur, un spectre formé par deux régions lumineuses,
de 649 à 5ia et de l\S8 à 4i5. Le phénomène est le même qu'avec la fluo-
rine.
» Les comparaisons qui précèdent, bien que s'appliquant à un corps
particulier, la fluorine, permettent de formuler les considérations sui-
vantes, dont la portée est plus générale.
» i° Au phosphoroscope, on reconnaît, comme l'avait observé mon
père, qu'un même corps peut émettre plusieurs spectres différents; ces
spectres se distinguent entre eux par la durée de la persistance de l'émis-
sion lumineuse. Les recherches que j'ai publiées il y a plusieurs années,
sur les variations des spectres d'absorption et sur leurs relations avec
les spectres de phosphorescence, permettent de conclure que les divers
spectres d'un même corps sont dus à la présence dans ce corps de sub-
stances différentes, ou de composés différents d'une même substance.
» 20 La lumière de l'étincelle électrique éclatant près des corps pro-
voque la phosphorescence comme la lumière solaire, et les spectres
d'émission sont les mêmes. Dans ce cas la durée de la phosphorescence
est considérablement augmentée, sans doute en raison de l'intensité des
rayons actifs et, peut-être, de la présence de radiations très réfrangibles.
La phosphorescence initiale est plus vive, de sorte que la lueur émise
par le corps qui s'éteint met plus longtemps à atteindre la limite inférieure
d'intensité pour laquelle l'œil perçoit encore une impression lumineuse.
» 3" La chaleur fait rendre aux corps, sous forme lumineuse, une quan-
tilé limitée d'énergie. Lorsque cette quantité est épuisée, les corps ne sont
plus phosphorescents par la chaleur. Si, par l'action d'une étincelle élec-
trique ou par une exposition à la lumière, on leur redonne l'énergie néces-
saire, ils peuvent la rendre de nouveau lorsqu'on les échauffe. A partir
du moment où ils ont été soumis à l'action excitatrice de la lumière, les
corps phosphorescents, maintenus à une température constante, émettent
de la lumière qui cesse d'être perceptible au bout d'un temps plus ou
moins long, variant d'une petite fraction de seconde à plusieurs jours,
puis le corps s'éteint. Si l'on élève alors la température à un degré qu'on
maintient de nouveau constant, le corps devient lumineux, puis s'éteint
de nouveau; en élevant encore la température à un degré supérieur, on
( "M )
d'ajouterà l'eau des substances destinées à éviter l'attaque du verre. Ce
n'est donc pas sur de l'eau pure qu'il a opéré. D'ailleurs la disposition
même de son expérience ne lui permettait qu'une évaluation très incom-
plète de la pression critique. Nous avons repris nous-mêmes ces essais sans
plus de succès, l'explosion des tubes ayant toujours mis fin à l'expérience
avant que la température nécessaire ait pu être atteinte.
» Les recherches que nous avons publiées précédemment sur l'État de
la matière au voisinage du point critique (') nous ont permis d'aborder la
question par une autre méthode, qui permet d'opérer sans voir le liquide
et qui donne, par suite, la possibilité de l'enfermer clans des tubes métal-
liques très résistants.
» Ces expériences ont montré que si l'on introduit, dans un tube de
capacité connue, un poids de liquide variable, suffisant pour pouvoir
fournir de la vapeur saturée jusqu'au point critique, mais insuffisant pour
remplir totalement, par sa dilatation, l'espace qui le contient, on constate
que la courbe des tensions de la vapeur saturée est toujours la même, jus-
qu'à la température criticpie, quels que soient les poids du liquide em-
ployés. Mais, au-dessus de cette température, une courbe particulière
correspond à chaque poids de matière emprisonné dans le tube.
» Supposons donc qu'on enferme des poids variables du liquide en ex-
périence dans un tube métallique, de capacité déterminée, relié à un ma-
nomètre. Chauffons ce liquide; notons pour chaque température, la pres-
sion correspondante, et figurons dans chaque cas le résultat par une
courbe, en prenant pour abscisses les températures, et pour ordonnées les
pressions. Toutes ces courbes coïncideront jusqu'à un certain point où cha-
cune d'elles prendra une direction cpii dépendra du poids de liquide sur
lequel on a opéré. L'abscisse de ce point ne sera, comme on le voit,
autre chose que la température critique.
» Cette méthode a l'avantage de donner, en même temps, non seule-
ment la pression criticpie, mais la courbe des tensions de la vapeur saturée
du liquide jusqu'au point critique.
» Nous avons appliqué, en particulier, cette méthode à la détermina-
tion des éléments critiques de l'eau et à la mesure des tensions de la vapeur
d'eau saturée.
» Nous avons mesuré ces tensions élevées au moyen d'un manomètre
à hydrogène comprimé loat la graduation théorique laisse toujours quel-
le) Annales de Chimie et de Physique, 6e série, t. XVIII, octobre 1889.
( 565 )
ques incertitudes. Nous croyons devoir attendre, pour publier les déiails
de nos appareils et les résultats numériques de nos recherches, terminées
depuis longtemps déjà, qu'une vérification directe de ce manomètre à
hvdrogène ait pu être faite au moyen du manomètre à air libre de la tour
Eiffel. Ce manomètre, dont la construction est à peu près complète et cpii
est installé dans les meilleures conditions, permettra de mesurer avec une
grande précision des pressions pouvant atteindre 4oo atmosphères. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur les fossiles trouvés à Gourbesville par M . de Lapparent.
Note de INI. Albekt Gaudry.
« J'ai présenté dernièrement à l'Académie une Note de M. de Lapparent
sur le conglomérat à ossements de Gourbesville, dans la Manche. Parmi
les ossements les moins roulés qui m'avaient été communiqués, j'avais re-
marqué des débris de Y Tlalilhcrium fossile, commun dans les faluns helvé-
tiens, et du Dinotkerium Cuvieri, des sables de l'Orléanais.
» Depuis que cette Note a été présentée, j'ai vu de nouvelles pièces.
Les os bien reconnaissables d: ' Halilherium abondent. Un morceau de mo-
laire de Mastodon angustidens vient confirmer l'indication fournie par le
Dinotkerium, en même temps que de grandes dents très usées de Carclta-
rodon complètent la similitude du falun remanié avec ceux de l'Anjou et
de la Rance. Mais ce qui est très intéressant, et tout d'abord m'a fort
surpris, c'est une dent molaire que j'ai reconnue comme appartenant au
Palœotherium magnum, caractéristique du gypse parisien. Le cailloutis à
ossements renferme des morceaux roulés d'un calcaire lacustre qu'on
avait d'abord rapporté à l'étage du calcaire de Beauce, mais que M. Vas-
seur avait supposé pouvoir être un équivalent du gypse parisien. M. de
Lapparent pense que la dent de Palœotherium magnum vient de ce calcaire
lacustre; elle confirmerait ainsi l'opinion de M. Vasseur. »
zoologie. — Effet du froid sur les poissons marins. Note
de YL A. -F. Mariox.
« Les froids exceptionnels qui ont régné en Provence, au mois de
janvier, m'ont fait connaître quelques particularités intéressantes au sujet
Cl;., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, !V° 11.) 7't
( 566 )
de la sensibilité ou de la résistance de certaines espèces de poissons marins.
Mes observations constituent deux catégories bien distinctes : les unes ont
porté sur des animaux gardés en captivité, les autres se rattachent à des
phénomènes qui se sont produits en pleine nature, dans l'étang saumàtre
de Berre.
» Au laboratoire maritime d'Endoume (Marseille), plusieurs bacs de
8o.6lit, absolument isolés, établis dans une vaste salle au rez-de-chaussée,
non chauffée, étaient peuplés depuis plusieurs mois de divers poissons, la
plupart adultes, quelques-uns encore à l'état d'alevins et en voie de
croissance, tous bien adaptés au milieu et prenant la nourriture qui leur
était régulièrement distribuée. Il s'agit donc d'individus en parfait état de
vigueur. Cette collection ichthyologique comprenait les espèces suivantes :
Hippocampus guttulatus Cuv. Blennius pavo Risso.
Blennius tentaculaiis Brun. Gobius capito Val.
Sargus vulgaris S. S' H. Sargus Rondeletii C. et V. (adultes et
BoxsalpaL. alevins).
Pagellus bogaraveo Brun. Oblada melanura L. (jeunes).
Crenilabrus massa Risso (et Var.). Smaris vulgaris Cuv. et Val.
Julis Giofrcdi Risso. Julis vulgaris Cuv. et Val.
Motella fusca Risso, Mugil auratus R. (jeunes).
» Peu de temps après les premières gelées de décembre, la température
des bacs descendit à + 8°C. Ce refroidissement, qui ne me semblait pas
encore devoir être bien grave, fut cependant immédiatement ressenti à des
degrés divers par nos poissons. Tous devinrent moins actifs et refusèrent
la pâture d'amphipodes vivants sur laquelle ils se jetaient auparavant avec
avidité. Les Girelles ne lardèrent pas à manifester un malaise plus accentué.
Au bout de deux jours, durant lesquels la température de +8° s'était main-
tenue, elles moururent, à l'exception d'une seule, d'assez forte taille, qui
avait déjà résisté à des blessures provenant de morsures des Oblades et qui
ne périt que plus tard, à -t- 4°C.
» Après quelques journées d'accalmie, le froid s'établit d'une manière
persistante et progressive à partir du 6 janvier jusqu'au 23, atteignant, le
18, au jour, en dehors du laboratoire, — 9°, 5. A l'intérieur, l'eau de nos
bacs, qui, à dessein, ne fut plus renouvelée, descendait progressivement,
d'abord à -+- 5 le io janvier, puis à ■+- 3 le 17, à + 2 les 20, 21 et 22,
pour remonter, à partir du l'i jusqu'au 3i, d'abord à -1-4» Plus a + D'
-+- 8 et à -f- 9 le 26, moment où s'est arrêtée la mortalité de nos poissons.
Tous résistaient encore, à l'exception des Girelles, du 10 au 12 janvier, et
( 567 )
subissaient la température de -+- 1\. Bientôt, cependant, on en voyait quel-
ques-uns nager avec affolement, puis perdre l'équilibre de leur altitude
habituelle et arriver le ventre en l'air à la surface, s'agitant encore lente-
ment un jour ou deux lorsqu'on les excitait, montrant de véritables con-
testions dans les orbites et au voisinage des ouïes, et finissant par périr,
alors même qu'on les plaçait à ce moment dans de l'eau plus chaude. Les
Box salpa, les Oblada melanura, les Page/lus bogaraveo, les Smaris vulga-
ris, les Sargus vulgaris, les Sargus Rondeletii ont été frappés successivement,
montrant plus ou moins de résistance individuelle, après avoir été exposés
durant quatre jours à la température de + 4°- Tjes individus les plus en-
durants de ces espèces s'éteignaient quelques jours plus tard, lorsqu'ils
avaient subi l'abaissement à -+- 3 et à + i. Ace moment, les alevins de
Sargus Rondeletii ont manifesté à leur tour du malaise et ont succombé au
bout de trois jours, en même temps que l'Hippocampe, les Blennies, l'un
des petits Mugils et quelques Crénilabres.
» Il ne survivait, le 26 janvier, quand l'eau des bacs était remontée à
4- 90, que les deux tiers de nos Crénilabres, un Mugil auratus jeune, les
Motella fusca et tous les Gobius capito. On remarquera que ces poissons
vivent d'ordinaire dans la zone littorale, où ils doivent être exposés plus
que tous les autres aux oscillations thermiques. Ils n'auraient pas été sou-
mis d'ailleurs, en liberté, à de si rudes épreuves. En effet, tandis que la
neige couvrait le rivage, avec un froid de — 70 à — 90, les eaux de la mer,
à la côte, dans l'anse des Cuivres, n'étaient pas descendues au-dessous de
-+- io°. Toutes nos bêtes, sans excepter les Girelles, auraient donc pu tra-
verser cette période critique sans se réfugier dans les zones plus pro-
fondes.
» Les conditions favorables de la pleine mer ne se maintiennent pas,
on le comprend aisément, dans nos lagunes et aux embouchures du Rhône,
ni même dans le grand étang saumàtre de Berre, qui a éprouvé cette année
une dépopulation extraordinaire, du moins en ce qui concerne sa faune
ichthyologique adventice. Je rappelle que l'étang de Berre est une petite
mer intérieure, de plus de i5ooo hectares de superficie, mais dont la pro-
fondeur maximum ne dépasse pas 8m à 1 om. La salure des eaux varie, suivant
les points et les circonstances, entre o°, 5 B. et 2°,5; tandis qu'au
même densimètre et à la même température la mer, au large du labora-
toire de Marseille, accuse 4° B. Presque chaque année le froid tue ou en-
dommage dans l'étang une certaine quantité de poissons. Ce phénomène
est connu sous le nom de marlegado. Les sardines sont frappées les pre-
( 568 )
mières, en décembre; au contraire, les Melettes (Me/etta phalerica) , les
Esprots méditerranéens, résistent aux plus basses températures. Toutefois
les eaux ne cèlent qu'exceptionnellement. Cette année, la surface totale
de l'étang a été couverte de glaçons qui, chassés par le vent de nord-
ouest, se sont entassés vers la rive sud et y ont persisté plusieurs semaines. Il
résulte des observations faites par M. le commissaire fie la marine Dangi-
beaud que, du 18 au 24 janvier, dans les canaux secondaires de Mar-
tiques, la température était descendue, jusqu'à un mètre sous la glace, à o°
et même à — i°; et que le maximum dans le Canal maritime, à 6m de
profondeur, même avec les courants d'entrée amenant de la « Grande
Mer » une eau plus chaude, n'avait pas dépassé -l\°, ^5°, H- 6°, et
n'était que de •+- i° le 22 janvier, au moment de la sortie des eaux de
l'étang vers la mer.
» Les Muges (Mugil chelo, cephalus, capito, auratus) et les Loups (La-
brax lupus), qui sont les espèces nomades les plus importantes, ont été
absolument anéantis. Les Anguilles ont été aussi fortement atteintes, à
l'exception de celles qui, dans les endroits les plus profonds, ont pu s'en-
vaser au début du froid. On aura une idée exacte de ce dommage par les
chiffres suivants, représentant les quantités de poissons de cette catégorie
péchés dans l'étang en 1889.
kg
Muges 148679
Loups 39012
Anguilles :,<,:,-:,
» Il était important de constater l'état de la faune sédentaire dont les
espèces doivent nécessairement posséder plus de rusticité. Cette popu-
lation spéciale comprend les animaux suivants :
» Hippocampus guttulatus, Siphonosloma argentatum, Syngnalhus buccu-
lentus, Nerophis ophidion, Gobius lola, Gobius jozo, Blennius pavo, Crenila-
brus massa oarietas, Flessus passer, Atherina mochon.
h J'ai reconnu les 23 et 24 février, en exécutant et en suivant les pêches
usuelles, que si un certain nombre d'individus de ces espèces avaient
succombé, saisis par le froid dans les parties côtières peu profondes, il en
persistait du moins de grandes quantités en parfait état, dans les fonds
de 6,u à iom. Les eaux de l'étang n'étaient encore, le 24 février, à im,
qu'à -I- 5°C. Les Melettes, les Atherina hepselus , les Anchois et les
petits Gobius minutus commençaient cependant déjà leur mouvement
d'entrée. Les Aiguilles (fielone acus) qui se présentaient avec eux étaient,
( 569 )
par contre, fâcheusement impressionnées par ces eaux Ironies ; leurs
bandes rebroussaient chemin et quelques-unes se laissaient prendre à
demi mortes.
» J'ai noté ces remarques, que je ne puis exposer plus longuement ici,
parce qu'elles me semblaient avoir quelque importance au point de vue
de la distribution géographique des espèces. »
M. H. Poixcaré présente à l'Académie un Ouvrage qu'il vient île publier
sous le titre : « Électricité et Optique; Tome II : Les Théories de Helm-
holtz et les expériences de Hertz >■.
M. A. Geikie, Correspondant pour la Section de Minéralogie, t'ait hom-
mage à l'Académie de quinze Brochures qu'il a publiées sur différentes
questions de Géologie.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix, chargées de juger les Concours de l'année 1891 .
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Prix Desmazières. — MM. Duchartre, Bornet, Van Tieghem, Chatin,
Trécul réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux,
ont obtenu le plus de voix sont MM. Duclaux et Blanchard.
Prix Bordin (Étudier les phénomènes intimes de la fécondation chez les
plantes phanérogames, en se plaçant particulièrement au point de vue de la
division et du transport du noyau cellulaire. Indiquer les rapports qui existent
entre ces phénomènes et ceux qu'on observe dans le règne animal). — MM. Du-
chartre, Van Tieghem, Bornet, Trécul réunissent la majorité des suffrages.
Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Ramier
et Naudin.
Prix T/tore. — MM. Duchartre, Van Tieghem, Blanchard, Bornet,
Chatin réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux,
ont obtenu le plus de voix sont MM. Trécul et A. Mil ne-Edwards.
( 57o )
Grand Prix des Sciences physiques ( Des organes des sens chez les Invertébrés
au point, de vue anatomique et physiologique. Le prix pourra être donné à un
travail complet sur l'un des organes des sens, dans un groupe d'Invertébrés) . —
MM. Blanchard, A. Milne-Edwards, de Lacaze-Duthiers, de Quatrefages,
Ranvier réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux.
ont obtenu le plus de voix sont MM. Sappey et Brown-Séquard.
Prix Bordin {Étude comparative de V appareil auditif chez les animaux
vertébrés à sang chaud, Mammifères et Oiseaux). — MM. A. Milne-Edwards,
de Quatrefages, Blanchard, de Lacaze-Duthiers, Ranvier réunissent la ma-
jorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de
voix sont MM. Sappey et Marey.
MEMOIRES PRESENTES.
M. P. Berger soumet au jugement de l'Académie une Note relative à
une « Machine fondée sur le même principe que la presse hydraulique ».
(Renvoi à l'examen de M. Resa!.)
CORRESPONDANCE.
M. Sire, nommé Correspondant pour la Section de Mécanique, adresse
ses remerciements à l'Académie.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une application des groupes de M. Lie.
Note de M. L. Autgnxe, présentée par M. Picard.
« Soit une équation différentielle du premier ordre
f{t,y,7i )= o, y, = -g,
sur un certain plan E, lieu des points <; et r,. Dans un Mémoire présenté
à l'Académie (mention honorable au concours pour le grand prix des
Sciences mathématiques, en 1890), j'ai développé une méthode pour re-
présenter birationnellement tout élément (E, r,,-/)') du plan E par un point
( 57i )
(oc, y, z) dans un espace R. L'équation différentielle se représente par une
certaine surface / de l'espace R et les intégrales par des courbes inté-
grantes tracées sur /"et ayant leurs tangentes situées sur un complexe li-
néaire, toujours le môme. Les intégrantes sont définies par la relation in-
finitésimale
dz — y dx -+- x dy = o ,
laquelle représente dans l'espace R la relation d-i\ — r' di = o du plan E.
» La recherche des intégrales de l'équation / — o se confond ainsi avec
le problème des intégrantes sur la surface/; c'est ainsi que je l'ai traitée
dans le Mémoire précité.
» Actuellement, je me propose de signaler quelques résultats obtenus
par l'introduction dans ma théorie de la notion si importante de groupes
continus de transformations due a M. Lie.
» Soient P et R deux fonctions de x,y et z liées par L'identité
P* P,
R, R,
• L> JP D
OU Pr = —, • • -, R.:
dx
vz
P
Pr
.rPx-f-yl\
R.-
R
K
rRr+jR>
dK
dx
—
= o,
» Grâce aux principes généraux posés par M. Lie, on s'assure aisément
des faits suivants :
» Les deux transformations infinitésimales
>.'jj-
= *P,-P,,
si
28 Y
0
•20;
■i 0 r
~Jt
XR;~ R},
engendrent un groupe fini continu G à deux paramètres. Chaque trans-
formation finie ou infinitésimale de G : i° change toute courbe intégrante
de l'espace en une autre intégrante; 2" transforme en elle-même toute-sur-
face du faisceau r,
otP -+- p R = o, *, (i = const.
Les transformations de G représentent dans l'espace R des transformations
de contact du plan E.
» Cela posé, une marche analogue à celle de M. Em. Picard, dans son
( 572 )
Mémoire couronné de 1888 (Chap. III), m'a permis de résoudre le pro-
blème des intégrantes sur une surface quelconque /du faisceau I\ définie
par l'équation
H = P0R-R„P = o, P„ et R„=const.
» Désignons, en effet, par Q la valeur commune sur/des deux expres-
sions P : P0 et R: R„; x,y,z étant liées par la relation H = o, les deux
expressions
^ Rz(«fo — ydx-hxdy) — R„rfQ /„ dK v _ dH \
2(^)11- \ z dz oz J
, _ P.(dz — y rf.r + ^rfr)- Pq dQ
~ V' ~~ ~ 2QHC
sont des différentielles totales; les coordonnées d'un point sur/sont fonc-
tions des deux variations 1 et (/., et les intégrantes sont données par l'équa-
tion
_ . „ fdz — y dx -h x dy , .
PnA -f- n0a = / — -r ~ = const. arbilr.
La quantité sous le signe/ est évidemment une différentielle totale, etQ-1
joue le rôle d'un véritable facteur d'intégrabilité.
» On est ainsi ramené à des intégrales des différentielles totales sur une
surface; si P et R sont rationnelles en x, y et s, les intégrales \ et f/. peu-
vent être traitées par des méthodes générales dues à M. Ém. Picard. C'est
ce que je me propose de faire dans une Communication ultérieure.
» Il y a enfin un cas où l'on est dispensé de toute quadrature. Si H est
en z de degré zéro ou un, et fonction entière en z, les intégrantes sont dé-
coupées sur y* par le faisceau de surfaces
G-= const. arbitr.,
G = o étant une surface quelconque du faisceau T.
» Les résultats précédents sont à rapprocher d'un théorème bien connu
dû à M. Lie :
» Si l'on a une équation différentielle du premier ordre résolue par rapport
à la dérivée
\ ( Ê, 7) ) de, — Y ( ; , y] ) dl = o
et une transformation infinitésimale (ponctuelle ou de contact) qui transforme
( ^ )
l'équation en elle-même, la connaissance de cette transformation (?) permet
de construire un facteur d'intégrabililè, et ion est ramené aux quadratures.
» La transformation infinitésimale
M ! = '*■ l = ?Y
possède bien la propriété requise, mais ne sert à rien pour l'intégration.
Les deux transformations infinitésimales (c) et (t) n'engendrent pas, en
général, un groupe fini continu à deux paramètres. J'ai donc restreint,
dans l'analyse résumée dans la présente Note, la généralité des hypothèses
initiales de M. Lie. »
PHYSIQUE. — Méthode graphique pour déterminer les valeurs relatives de la
gravité en différents lieux. Note de M. Alphonse Berget, présentée par
M. Lippmann.
« Je me suis proposé, dans la méthode qui va suivre, d'enregistrer gra-
phiquement les oscillations d'un pendule pendant une durée déterminée,
sans imposer à ce pendule le moindre organe qui pût entraver la liberté
absolue de ses oscdlations.
« L'enregistrement électrique se trouve par cela même éliminé, et j'ai
eu recours à l'enregistrement photographique. Deux dispositifs ont été
successivement employés à cet elfet.
» Dans le premier, le pendule est muni à sa partie inférieure d'une
lame percée d'une fente dont la direction coïncide avec l'axe de symétrie
de l'appareil sur cette fente; quand le pendule est au repos se produit
l'image réelle d'une fente fixe éclairée fortement; cette image est fournie
par une lentille cylindrique. Une lentille ordinaire placée de l'autre côté
de la fente portée par le pendule produit sur une bande mobile de pellicule
Eastman un trait lumineux très fin, qui, dès que le pendule oscille, n'ap-
paraît que par intermittence chaque fois que le pendule passe par la ver-
ticale. On aura donc, à l'aide de ce procédé, un enregistrement de toutes
les oscillations si la bande se déroule d'un mouvement continu.
» Le second dispositif me semble préférable. Il consiste à enregistrer,
non pas les passages dans la verticale, mais l'oscillation tout entière, sous
forme de sinusoïde. A cet effet, le pendule porte, non plus une fente, mais
une petite lentille qui donne sur la bande visible un point lumineux,
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N- 11.) 7J
( $74 )
image très fine d'un petit trou vivement éclairé par une lampe à pétrole.
On a ainsi une courbe continue qui permet de suivre, à chaque instant»
l'oscillation du pendule et d'en connaître l'amplitude, dont la trace est
ainsi conservée.
» Cette méthode est si simple et si précise que j'ai pensé l'employer à
la mesure de l'accélération de la pesanteur. Remarquons d'abord qu'elle
peut s'appliquer à toute espèce de pendule : de Borda ou de Rater. Toute-
fois, voici la façon dont je propose de disposer l'expérience.
» Supposons que l'on connaisse la valeur absolue de g en un lieu déter-
miné, à Paris, par exemple. Nous prenons un pendule invariable, terminé
par une masse très lourde, et nous le faisons osciller à Paris pendant un
temps déterminé, puis à un autre endroit, dans les mêmes conditions et
pendant le même temps. /, longueur du pendule simple synchrone, n'ayant
pas varié, on pourra déduire le rapport des accélérations de la pesanteur
aux deux endroits de la connaissance des nombres respectifs d'oscillations
aux deux stations pendant le même temps.
» Pour réaliser des temps rigoureusement égaux, je propose de sup-
primer l'horloge de comparaison et d'employer l'étalon de temps qui est
le jour sidéral. Pour cela il suffit de commencer à compter les oscillations
du pendule au moment du passage d'un astre au méridien et d'arrêter
la numération au moment du passage suivant vingt-quatre heures après.
Il faut pour cela être sûr que le pendule effectuera pendant un jour des
oscillations d'une amplitude assez grandes pour pouvoir être enregistrées.
J'ai installé au laboratoire des recherches un pendule lourd, dont la masse
pèse i9kg,8oo; il a oscillé pendant cinquante-deux heures, et j'ai fait de
bonnes expériences d'enregistrement trente-six heures après sa mise en
oscillation. Toute difficulté de ce chef me semble donc levée.
» Il est possible d'obtenir, sur les graphiques mêmes qui enregistrent
les oscillations, la trace du commencement et de la fin d'une expérience.
Ces deux époques sont déterminées par des passages méridiens, observés
naturellement à l'aide d'une lunette méridienne dont le réticule porte plu-
sieurs fils, cinq par exemple à chaque passage de l'astre choisi devant un
des fils, un déclenchement amenant un petit obturateur qui intercepte le
rayon lumineux : la sinusoïde présentera donc, vers son début, cinq inter-
ruptions, qui marqueront les cinq passages aux fils du réticule. Cinq inter-
ruptions semblables seront la trace matérielle de la fin de l'expérience.
Dans le cas de l'enregistrement des passages par la verticale, on démas-
quera une partie supplémentaire de la fente fixe : on aura alors cinq traits
( 5?5 )
qui feront vernier avec les traits d'oscillations. De toute façon, l'enregis-
trement de l'origine et de la fin de l'expérience se fait avec facilité et pré-
cision : des expériences préalables m'ont permis de le vérifier.
« Je propose enfin de faire osciller le pendule invariable dans le vide et
à zéro : on écrit ainsi toutes corrections plus ou moins incertaines. Je
pense que, ainsi réalisée, la détermination de la gravité en différents lieux
serait chose facile et précise; le jour sidéral s'appréciant à os, i près, la
mesure du temps se ferait sensiblement au millionième; un avantage pré-
cieux est qu'il reste un témoin inscrit de l'expérience, conservant indéfini-
ment la trace du nombre et de l'amplitude des oscillations. On pourrait
donc faire par cette méthode des mesures très exactes de la gravité en
fonction de sa valeur à Paris, valeur que l'on peut considérer comme défi-
nitive depuis les belles déterminations du commandant Defforges (' ). »
PHYSIQUE. — Sur le degré de complexité des molécules gazeuses.
Note de M. Marcel Brili.ouiiv, présentée par M. Mascart.
« I. Le spectre des gaz et des vapeurs incandescents est composé d'un
grand nombre de raies dont la période parait invariable pour de très
grandes variations de température et de pression, sauf l'élargissement des
raies les plus intenses. Diverses particularités physiques caractérisent des
groupes qui présentent une ressemblance très grande pour des vapeurs
différentes, et dont les caractères suivants méritent une mention spéciale :
la période d'une raie de rang n décroit quand le rang de la raie augmente,
mais en tendant vers une limite finie très différente de zéro (longueurs
d'onde dans l'air en millièmes de millimètre [x, o*\3645, 0^,200, 0^,200
environ pour la limite des groupes de l'hydrogène, de l'aluminium et du
thallium, comparés par M. Cornu, 1 886). Les périodes des raies d'un même
groupe ne sont pas commensurables. (Le groupe de l'hydrogène a ses
périodes données très exactement en fonction du rang par la formule
("~2)î ,, Balmer, 1886.)
(« — ■!■)-— 4
» IL On peut faire trois hypothèses principales sur la constitution de la
molécule gazeuse et ses relations avec l'élher, pour expliquer ce grand
nombre de périodes distinctes.
(') Ce travail a été fait au Laboratoire fies recherches (Physique) de la Sorbonue.
(576)
a. Les périodes résultent de mouvements internes des parties consti-
tuantes de la molécule et se communiquent sans altération à l'éther. On
compare la molécule à un corps sonore vibrant, et les périodes de son
mouvement aux périodes du corps sonore, déterminées en fonction d'un
ou plusieurs nombres entiers par une équation généralement transcen-
dante qui dépend de la forme du corps. Les conséquences sont les sui-
vantes : les périodes tendent vers zéro, en même temps que le nombre de
subdivisions augmente indéfiniment, et nous ne trouvons de limite infé-
rieure des périodes qu'en supposant aussi une limite au nombre de subdi-
visions possibles du corps, c'est-à-dire, une constitution par grains indivi-
sibles, se mouvant toujours comme un bloc, de véritables atomes. L'atome
chimique d'un corps simple devrait être considéré comme une aggloméra-
tion d'un nombre extrêmement grand, mais limité, d'atomes distincts
d'une autre matière. Dans le corps ainsi constitué, chaque période corres-
pond à un mouvement simple qui peut exister seul, indépendamment de
tons les autres; à chaque raie correspondrait une déformation indépen-
dante dans la molécule; autant de raies, autant de variables géométriques
dont il faudrait donner la grandeur pour fixer la forme de la molécule :
quelques centaines pour le fer.
» C'est une bien grande complexité pour un gaz simple, et il semblera
bien étonnant que l'aspect du spectre d'un même gaz pur change si peu,
que l'ordre d'apparition et les intensités relatives des différentes raies
soient toujours les mêmes, si chacune de ces périodes correspond à un mou-
vement que la constitution de la molécule laisse indépendant et dont l'am-
plitude n'est déterminée que par l'état initial.
» b. On est ainsi conduit à une autre comparaison plus satisfaisante.
La molécule est constituée par un très petit nombre d'éléments distincts
dont la position relative est définie par très peu de variables indépendantes,
une par exemple. Les équations du mouvement, au lieu d'être, comme
dans le cas précédent, des équations linéaires (aux dérivées partielles, ou
différentielles ordinaires en très grand nombre), sont des équations diffé-
rentielles ordinaires, en très petit nombre, mais non linéaires: les mêmes
que celles du pendule, ou mieux d'un cylindre pesant, de section quel-
conque roulant sur un plan, lorsque la molécule est formée de deux atomes
seulement. Le mouvement peut être exprimé en fonction du temps par
une série de termes sinusoïdaux, dont les amplitudes et les phases, loin
d'être indépendantes, sont déterminées par la valeur d'une seule quan-
tité, l'amplitude de l'écart initial. La loi des périodes, celle des amplitudes
( 577 )
et celle des phases définissent la loi d'action des deux atomes constituants
de cette molécule, en fonction de leur distance.
» On concilie ainsi une constitution extrêmement simple de la molé-
cule avec l'existence d'un nombre considérable de périodes différentes,
le nombre de variables nécessaires pour définir la forme de la molécule
étant égal, non plus au nombre de raies, mais seulement au nombre de
groupes distincts. Ces variables, les distances mutuelles des atomes, sont
respectivement au nombre de o, i, 3, 6, 9 3(/? — 2) indépendantes,
suivant que la molécule est formée de 1,2, 3, 4. 5, .. , n atomes iso-
tropes.
« c. Enfin une troisième hypothèse est compatible avec une constitu-
tion plus simple encore de la molécule gazeuse, cpii pourrait se réduire à
un seul atome indéformable. La lumière émise résulte des vibrations exci-
tées dans l'éther par la translation rapide des molécules gazeuses. Dans les
gaz, la molécule serait comparable à une baguette qu'on déplace rapide-
ment à travers l'air; dans les solides, à une lame vibrante. Les faits
observés exigeraient que les molécules et l'éther satisfassent aux conditions
suivantes, nullement inadmissibles ; les périodes des rides excitées dans
l'éther sont indépendantes de la vitesse de translation de la molécule, et
ne dépendent que de sa forme et de ses dimensions; ces périodes dépen-
dent des propriétés de l'éther, quand sa déformation devient trop grande
pour que les équations de son mouvement restent linéaires. Rien d'éton-
nant dans ce cas à ce que les spectres d'un grand nombre de vapeurs pré-
sentent des groupes semblables; rien d'étonnant à ce qu'une vapeur d'un
composé, même sans se dissocier, montre les rides produites par certains
de ses atomes composants, particulièrement actifs. Le nombre de groupes
de raies correspondrait alors au nombre d'espèces d'atomes, au nombre
de corps simples différents, qui composent la molécule.
» III. Il me semble qu'il v a, dès à présent, de fortes raisons de rejeter
la première hypothèse; pour être affirmatif, il faudrait savoir s'il est pos-
sible d'obtenir des variations notables de distribution de la lumière entre
les raies d'un même groupe, en corrigeant, bien entendu, de l'inégale ab-
sorption par tous les milieux interposés, depuis le gaz jusqu'à l'appareil de
mesure. Quant aux deux autres hypothèses, je ne crois pas qu'il y ait à
choisir l'une à l'exclusion de l'autre, mais plutôt à chercher quels groupes
dans les spectres divers doivent être rapportés à l'une ou à l'autre cause.
» J'examinerai prochainement à un point de vue analogue les phéno-
mènes d'absorption. »
(578 )
CHIMIE. — Sur les transformations qui accompagnent la carburation du fer
par le diamant. Note de M. F. Ossio.vd, présentée par M. Troost.
« La carburation du fer par le diamant a été maintes fois réalisée, no-
tamment par Clouet, Guyton de Morveau, Pepys, Margueritte, Hempel,
mais toujours au sein d'une atmosphère gazeuse; on pouvait donc se de-
mander si les gaz n'avaient pas servi de véhicule au carbone.
» M. W.-C. Roberts-Austen ('), en répétant la même expérience dans
le vide, après extraction préalable des gaz occlus, parait avoir démontré
d'une façon définitive la carburation directe du fer par le diamant. Je con-
sidérerai donc la question comme résolue et ne m'occuperai ici que du
mécanisme de la cémentation et de la température à laquelle elle se pro-
duit.
» Tous mes essais ont été faits dans une atmosphère d'hydrogène pur.
Le fer employé était du fer électroly tique; les diamants étaient en petits
fragments de la catégorie nommée uitschot et avaient été libéralement
fournis par M. Jacobs. Je les ai purifiés par calcination au rouge sombre
et digestion dans l'acide fluorhydrique chauffé au bain-marie.
» Expérience I. — Un morceau de fer pesant osr, o,3o a été chauffé pendant une
heure avec de petits diamants posés sur sa surface et pesant ensemble 4om°,5. La tem-
pérature a été maintenue presque constamment entre io35° et io55°, et n'a pas dé-
passé io65°; c'est-à-dire qu'elle est restée inférieure au point de fusion delà fonte
blanche pure (io85°). Après refroidissement, les diamants paraissaient intacts, mais
ils avaient perdu 2,5 pour ioo de leur poids, adhéraient au fer et étaient devenus
noirs au point de contact. La surface du métal, polie et légèrement attaquée par l'a-
cide nitrique, montra une petite tache noire en chacun des points où elle avait été
touchée par un diamant. Ces taches elles-mêmes, examinées au microscope en lumière
verticale, se décomposaient en une partie centrale plus foncée, recoupée par un réseau
polygonal brillant et une zone périphérique homogène d'un noir moins franc et plus
terne. La coupe du fer par le travers d'une tache a montré que le carbone avait pé-
nétré de omm, 2 à omm,3. La cémentation, à la température indiquée, est donc incon-
testable, mais lente.
» Expérience II. — Même essai que le précédent; on a seulement maintenu la
température un peu plus haute, entre io85° et £125", c'est-à-dire un peu au-dessus du
point de fusion de la fonte blanche; on a obtenu un culot de fonte blanche; tous les
diamants avaient été dissous, sauf un qui était devenu noir.
(') Journal of the Iron and Steel Inst., p. 8i; 1890.
( 579 )
» Expérience III. — Même essai que le précédent, mais en doublant la proportion
du diamant par rapport au fer (8 pour ioo au lieu de 4 pour ioo); on avait ainsi deux
fois plus de diamant qu'il n'en fallait pour saturer le fer de carbone. La température a
été maintenue entre io85° et n35° pendant trois quarts d'heure; on a obtenu un culot
de fonte grise bien fondue, quoique la température fût restée inférieure au point de
fusion de la fonte grise : le fer a donc servi d'intermédiaire pour la transformation du
diamant en graphite. Trois fragments de diamant noircis adhéraient à la surface du
culot.
» Ou voit que la cémentation devient rapide et complète dès qu'on dé-
passe le point de fusion de la fonte blanche.
« Ces essais définissent aussi les conditions d'incompatibilité entre le
fer et le diamant, ce qui peut offrir un certain intérêt pour l'étude des
fers météoriques, où la présence du diamant a été indiquée.
» Les diamants noircis, obtenus dans les expériences ci-dessus et quel-
ques autres analogues, ont fait l'objet d'un examen spécial. L'enduit noir
tache les doigts et le papier à la manière de la plombagine ; traité par l'a-
cide chlorhydrique, il lui cède du fer avec dégagement d'hydrogène; mais
il garde encore un peu de fer, même après ce traitement prolongé, car il
laisse, après combustion dans l'air au rouge un peu sombre, une pellicule
rougeàtre de peroxyde de fer à la surface du diamant. Après dissolution
de l'oxyde dans l'acide chlorhydrique, le diamant redevient incolore, mais
il reste dépoli ( ').
» Il résulte de là :
» i° Que le diamant lui-même ne cémente pas le fer, mais subit d'abord,
au contact de ce métal, une transformation moléculaire qui le rend apte à
la cémentation;
» 2° Que la diffusion du carbone dans le fera pour corollaire unediffu-
sion du fer dans le diamant transformé (2).
» J'ai encore utilisé le diamant qui avait été mis à ma disposition pour
suivre le refroidissement de ce corps avec le couple de M. Le Chatelier.
Entre 12000 et 6oo°, le refroidissement dans l'hydrogène n'a montré ni
dégagement ni absorption anormale de chaleur. Il n'en est peut-être pas de
même pour toutes les variétés de carbone. Le refroidissement du graphite
des cornues semble présenter un faible ralentissement entre 725° et 685°,
et celui du charbon de sucre un ralentissement un peu plus marqué dans
(1) M. Roberts-Auslen a aussi constaté la présence de diamants noircis ( black-
coated) dans son expérience sur la cémentation dans le vide.
(2) Cf. Colson, Comptes rendus, t. XC111, p. io~4-
( 5Ho )
le même intervalle. Mais ces ralentissements se rapprochent trop de la
limite des erreurs possibles pour ne pas rester douteux. Si je les signale,
c'est que la température 7 25°-685° se rapproche beaucoup de celle de la
recalescence des aciers, ce qui n'est peut-être pas une coïncidence fortuite,
et aussi pour appeler l'attention des savants qui auraient l'occasion d'exa-
miner les propriétés des divers carbones aux températures élevées ('). »
CHIMIE. — Sur la formation des laques colorées. Note de M. Léo Vignon.
« On sait que certains oxydes métalliques, obtenus avec l'étain, le
plomb, l'aluminium, possèdent la propriété de fixer les matières colo-
rantes en formant des laques: c'est là un phénomène analogue à la tein-
ture des textiles.
>» Comme suite aux recherches que j'ai entreprises sur l'étude thermo-
chimique des textiles et la teinture du coton (Comptes rendus, 10 février,
28 avril et 2 mars 1891 ), j'ai déterminé s'il existait un rapport entre la
présence de la fonction acide ou basique dans les oxydes métalliques et la
fixation des matières colorantes.
» A ce point de vue, j'ai étudié la formation des laques colorées obte-
nues avec l'oxyde stannique possédant un caractère acide très net et la
safranine, matière colorante basique. L'oxyde stannique offre cette parti-
cularité remarquable que, par les polymérisations successives, il est ca-
pable de subir une série de condensations en fournissant des corps dont
les fonctions acides sont décroissantes.
» J'ai étudié en détail ces polymérisations (Comptes rendus, 20 mai 1 889)
et montré qu'elles correspondent à une série
SnO'H2, Sn205H2,H20, ..., Sn"(J2"+l H2(H20)"-'.
» Il était intéressant de rechercher commentsecomporteraient, vis-à-vis
des matières colorantes basiques, ces oxydes dont la fonction acide diffère.
» Je me suis adressé à l'acide stannique soluble et à l'acide métastan-
nique, les fonctions acides de ces deux corps étant caractérisées et mesu-
rées par leur chaleur de dégagement avec la soude.
» Ces acides dégageaient, pour un même poids d'anhydride Sn02con-
(') Ce travail a été fait au Laboratoire des Hautes Etudes, à la Sorbonne.
( 58 1 )
tenu dans leur molécule et pour la réaction SnOs étendu -t- 4 K. OH dissous,
L'acide stannique 3aCal,7
L'acide métastannique 20al, 3
» Le rapport — '■-- peut être pris comme mesure des intensités relatives
des lonctions acides particulières à ces deux oxydes.
>! J'ai préparé deux bains spéciaux, A etB, pour la formation de laques
colorées avec ces deux acides stanniques :
» A. Acide stannique correspondant à i6r SnOs :
5oc' solution de sulfate de sodium ;i io pour ioo,
5occ solution de safranine à i?r par Litre.
» B. Acide métastannique séché à l'air correspondant à i"1" SnO2 :
5oM solution de sulfate de sodium à io pour ioo,
Jo,r solution de safranine à is1 par litre.
» La safranine employée était de la phénosafranine pure
CGH4. | )C°H3,NH2
XAz(
| XC°H\NIF
Cl
» On a fait bouillir chacun de ces bains pendant un quart d'heure, puis
on a filtré pour recueillir les précipités: ceux-ci ont été lavés jusqu'à ce
que les eaux de lavage ne soient plus colorées.
» La liqueur filtrée et les eaux de lavage provenant de la filtration de
chaque bain ont été mélangées et amenées, avec de l'eau distillée, à un
volume de 5oocc; on a comparé entre eux les précipités : la laque obtenue
avec l'acide stannique était fortement colorée en rouge; la laque provenant de
l'acide métastannique était blanche, à peine teintée de rose.
» D'autre part, on a évalué la quantité de safranine restant dans les
eaux provenant de chaque bain, en procédant par comparaison calorimé-
trique avec une solution type T formée de
5occ safranine à isi par titre,
5occ solution sulfate de sodium à io pour ioo,
4oorc eau distillée ;
C. K., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, M- 11.) 76
( 582 )
on a trouvé les équivalences suivantes :
5occ A = i8cc T amenés à 5occ avec de l'eau distillée,
5o« B — 5o« T.
» Ainsi donc, le ain B renferme sensiblement toute la safranine initiale,
tandis que le bain A n'en contient plus que 36 pour ioo. Nous sommes
donc en droit de dire que l'acide stannique s'est combiné à 64 pour ioo
de la safranine dissoute dans le bain, tandis que l'acide métastannique n'en
a fixé aucune partie.
» Ces expériences montrent l'absorption d'une matière colorante basi-
que coïncidant avec l'existence, dans la substance absorbante, de proprié-
tés acides intenses; quand celles-ci s'atténuent, le pouvoir absorbant
s'affaiblit et disparaît. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur (a dispersion dans les composés orga-
niques (élhers). Note de MM. Pu. Barbier et L. Roux, présentée par
M. Friedel.
« Nous avons donné dans une précédente Note (Bull. Soc. chim.,
3e série, t. IV, p. 6i4) les pouvoirs dispersifs des éthers oxydes, et nous
avons mis en évidence les relations qui existent entre la dispersion de ces
composés et celles de leurs composants. Pour compléter ces recher-
ches, nous publions aujourd'hui les résultats relatifs aux éthers propre-
ment dits.
» Notre étude a porté :
» i° Sur les éthers éthyliques des principaux acides gras;
» 2° Sur les éthers acétiques des principaux alcools : alcools formé-
niques, allylique et benzylique.
I. — Éthers éthyliques.
Éthers.
Formiate d'éthyle. . . i6,4
Acétate 17,1
Propionate 17, 3
lButyrate 16, 5
Isobutyrate i3,6
isovalérate '3,7
";,•
»,-
li.
B
cl'
Observé.
5 M.
ci
Calculé.
1,3689
1 ,3598
o,3656
0,3976
29,42
3o,o5
1,3802
1 ,3710
0,3724
0,4114
36,2i
36,55
'-3919
i,3825
o,38o5
0,4255
43,4o
44, o5
1,8996
1,3899
0,3897
0,4420
51,27
52,25
•>3977
1 ,388i
o,3857
0,4407
5i , 12
5i,45
1 ,4067
1 , 3g68
o,3988
0,4554
59,21
5g,25
( 583 )
» L'ensemble des résultats contenus dans ce Tableau montre :
» i° Que, dans cette série d'éthers, les pouvoirs dispersifs spécifiques
vont en croissant en même temps que la condensation moléculaire;
» 2° Que la moyenne des différences entre deux valeurs consécutives des
pouvoirs dispersifs moléculaires est sensiblement constante et égale à 7, 5 ;
» 3° Que dans ce cas, comme dans celui des éthers-oxydes, le pouvoir
dispersif moléculaire de l'éther est égal à la somme algébrique des pou-
voirs dispersifs moléculaires des composants (acide -:- alcool -- eau). C'est
ce qui résulte de l'examen de la dernière colonne du Tableau précédent.
II. — Éthers acétiques.
Éthers, /'. n... n. B.
B d
d observé. calculé.
Acétate de méthyle.. 1 5 , 3 1,3710 1,3620 0,3599 o,3843 28, 44 28,75
» d'éthyle.... 17,1 1,3802 1,3710 0,3724 0,4127 36, 21 36,55
» depropyle.. 1 5 , 9 i,3g38 i,384a o,3857 o,433i 44, '8 44, 5i
» d'isobutyle . 16,0 1,3988 i,38io o,3g58 o,4533 52,5g 52, 10
» d'isoamyle.. 12,2 1,4122 1,4020 o,4ïi5 0,4722 61,39 60, 2.5
» d'allyle i3,6 1,4169 i,4o45 0,4976 o,53ig 53, 19 52,55
» debenzyle.. 1 3 , 7 1,4722 1 , 44§9 o,g38i o,885o 122,12 120,79
» Les mêmes remarques que précédemment s'appliquent aux nombres
ci-dessus.
» Nous ferons observer toutefois que, si l'on compare entre eux les iso-
mères, par compensation, contenus dans les deux Tableaux précédents, et
tels, par exemple, que le formiate d'éthyle et l'acétate de méthyle, le pro-
pionate d'éthyle et l'acétate de propyle, etc., on obtient des valeurs diffé-
rentes pour les pouvoirs dispersifs de ces isomères:
B.
Formiate d'éthyle o,36j6
Acétate de méthyle 0,3099
Propionate d'éthyle o,38o5
Acétate de propyle o,38"i-
Isobutyrate d'éthyle o,3857
Acétate d'isobutyle 0,3958
Isovalérate d'éthyle 0,3988
Acétate d'isoamyle o,4n5
il'
>
0,3976
29,42
o,3843
28,44
o,4255
43, 4o
o,433i
44, »8
0,4407
5i , 12
o,4533
52,59
o,4554
5g, 21
0,4722
61, 3g
( 584 )
leurs de
pour les alcools à chaînes les plus longues ('). »
R R
» On remarquera que les valeurs de B, ~, —. M sont les plus élevées
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les ptomaïnes. Note
de M. OECHSNER DE Co\IXCK.
b J'ai terminé l'étude chimique de la ptomaïne en C,0H,5Az, en déter-
minant la composition du hromhydrate, du sel modifié de platine et du
chloraurate, et en fixant les réactions colorées de l'iodométhvlate. Dans
une Communication antérieure (séance du a3 juin 1890), j'ai décrit le
chlorhydrate et j'ai publié l'analyse complète du chloroplatinate.
» Bromhydrate C,0H,5Az, HBr. — La préparation de ce sel exige les
mêmes précautions cpie celle du chlorhydrate; il cristallise en un lacis
d'aiguilles blanches, se colorant en rose au contact de l'air; il est déli-
quescent, très soluble dans l'eau, moins soluble dans l'alcool concentré,
presque insoluble dans l'éther pur.
Analyse.
Calcule-. Trouvé.
Br, pour ioo 34,78 34, 5o
» Sel modifié ( C" H' \\z )2 -+- PtCl'. — J'ai déjà donné quelques indica-
tions relatives à la préparation de ce sel (/oc. cil.) qui demande du temps.
L'emploi de l'eau tiède, préalablement bouillie, est nécessaire, si l'on veut
obtenir un rendement satisfaisant.
» Le sel modifié est en paillettes d'un brun clair; insoluble dans l'eau
froide, il se dissout dans l'eau bouillante, mais ne tarde pas à être décom-
posé, si l'on prolonge l'ébullition; il fond vers 2060, il est stable a l'air
humide, différant en cela du chloroplatinate.
tnalyse.
» J'ai dosé le platine et le chlore :
Pt, pour 100
Cl, pour 100
Calculé.
Trouvé.
30,9?.
3o,63
22,29
21,95
(') Faculté des Sciences de Lyon. Laboratoire de Chimie générale.
( 585 )
» Chloraurate (CI0H15 Az, HCl) + AuCl3. — Ce sel constitue un pré-
cipité jaune clair, insoluble dans l'eau froide, se dissolvant dans l'eau
tiède, décomposable par l'eau bouillante; il est assez stable en présence
de l'air humide.
Analyse.
» J'ai dosé l'or et le chlore :
Calculé. Trouvé.
Au, pour ioo 4o,28 39,94
Cl, pour 100 39,03 28,82
» Réactions colorées. — L'iodométhylate de la ptomaïne, C'°H15 Az, Cil3 1,
a été dissous dans l'alcool absolu; la solution encore chaude a été addi-
tionnée d'une seule goutte de lessive de potasse concentrée; une belle
coloration d'un rouge vif s'est aussitôt développée, mais elle n'a pas tardé
à virer au brun; la liqueur foncée présentait, au bout d'une heure environ,
une fluorescence bleu Aerdàtre qui a persisté longtemps. La rapidité avec
laquelle la coloration rouge vif, observée au début de l'expérience, a dis-
paru, doit être attribuée à l'extrême oxvdabilité de la ptomaïne.
» C'est cette oxvdabilité qui a rendu si difficile la préparation à l'état de
pureté des sels que j'ai étudiés et de l'iodométhylate.
» En résumé, les deux ptomaïnes (C8HMAz et C'°H'5Az), dont j'ai
communiqué la découverte et présenté l'étude chimique à l'Académie,
appartiennent bien à la série pvridique; elles se distinguent des ptomaïnes
obtenues par différents auteurs, en ce qu'elles ne constituent pas des
hydrures de cette série. Cependant, il importe de reconnaître que leurs
sels doubles sont moins stables, en général, que ceux des alcaloïdes pvri-
diques.
» Il me reste à faire connaître quelques-unes de leurs actions physiolo-
giques; cette étude fera l'objet de nouvelles Communications. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Influence exercée par les matières e.vlractives sur le
titre alcoolique réel des spiritueux. Note de M. Ch. Blarez.
« I. Les eaux-de-vie et les rhums renferment toujours naturellement
une petite quantité de matières extractives diverses, provenant, la plupart
du temps, des matières solubles des fûts dans lesquels ils ont séjourné ou
vieilli. Ces matières astringentes et colorées n'excèdent généralement pas
( 586 )
la proportion de 2gr à 3gr par litre, et elles n'influent sur le titre alcoolique
réel que d'une manière négligeable. Il n'en est plus de même lorsqu'on
ajoute directement au liquide alcoolique du sucre cristallisable, de la
glucose ou de la glycérine, dans le but, soit de modifier sa saveur en le ren-
dant plus agréable au palais, soit dans celui de fournir un titre apparent
notablement inférieur au titre réel : d'où la nécessité de procéder à une
distillation lorsqu'on veut connaître ce dernier. Cette distillation, facile à
conduire lorsqu'il s'agit de liquides pesant moins de5o°, devient très diffi-
cultueuse, lorsqu'on est en présence de spiritueux à titres élevés, si l'on ne
veut pas avoir de pertes. L'opération, qui consiste à réduire le titre al-
coolique par dilution préalable, entraîne très souvent des erreurs que l'on
multiplie ensuite.
» Le but de cette Note est d'indiquer un procédé opératoire permettant,
dans tous les cas, une vérification de la distillation et souvent d'y suppléer.
» 2. Un liquide alcoolique étant donné, son titre alcoolique apparent,
son titre réel et sa teneur en matières extractives, sont trois cboses reliées
entre elles par une relation que nous avons étudiée.
» Nous avons eu occasion d'analyser, à ce point de vue, un grand nombre
d'eaux-de-vie, de rhums et de tafias : la force de ces liquides a varié de 280
à 760, en même temps que nous y avons trouvé des matières extractives
oscillant entre ogr et /jogr par litre. Cette matière extractive, à part une ou
deux exceptions, était formée en presque totalité de sucre.
» Les résultats de ces expériences, faites avec des produits industriels et
commerciaux, nous ont montré qu'il était possible de passer par le calcul
du titre apparent au titre réel, en ajoutant au premier un nombre de degrés
obtenu en multipliant le nombre de grammes de matières extractives par
litre par un certain coefficient. Nous avons trouvé, en outre, que ce coef-
ficient variait avec la force alcoolique réelle du liquide analysé.
» En inscrivant sur un papier quadrillé les différentes valeurs observées
se rapportant à des titres alcooliques divers et en réunissant par une ligne
les points ainsi marqués, nous avons obtenu une parabole assez régulière.
» 3. Pour éviter autant que possible les causes d'erreurs et en tenant
compte de ce que, presque toujours, le sucre constitue la majeure partie de
l'extractif, nous avons fait en même temps des expériences sur des liquides
synthétiques obtenus avec de l'alcool, de l'eau et du sucre, en faisant va-
rier les proportions de ce dernier de 5gr à 4ogr par litre.
» Les résultats moyens de tous ces essais nous ont servi à obtenir la
( 587 )
formule suivante, donnant le coefficient à employer en fonction du titre
alcoolique réel S :
coefficient = o,58 — 0,01088 -t- o,ooooo648J.
» La Table suivante représente, dans la colonne A, les coefficients cal-
culés pour un certain nombre de titres alcooliques réels :
a. b. c.
Pour un titre réel tle 25 o,35 o,3g3 o,233
» 3o o,3o o,36o 0,21 5
« 35 0,28 0,307 0,186
» 4o o,25 0,269 0,164
» 45 0,223 » »
» 5o 0,20 0,218 < > , 1 3 7
» 55 °> '79 " "
» 60 0,16 0,194 0,126
» -o o,i5i "''77 0,118
» 80 0,125 . » »
» 4. Pour appliquer ces données, il faut : iu déterminer exactement le
titre alcoolique apparent du spiritueux à i5°; 20 évaluer la teneur en
matières extractives, en grammes et par litre, par évaporation de 20°° du
liquide; 3° faire un premier calcul en employant le coefficient applicable
au titre apparent trouvé, et ajouter le produit obtenu à ce titre apparent :
on se rapprocbe ainsi du titre réel. Mais, pour avoir ce dernier, il faut
faire un second calcul, en utilisant, cette fois-ci, le coefficient correspon-
dant au titre réel approximatif; car ce coefficient est calculé en fonction,
non pas du titre apparent, mais bien du titre réel.
» C'est ce dernier produit qui doit être ajouté au titre apparent.
» Si la matière extractive est faible, 4S' à 5gl' par litre, un seul calcul est
suffisant. Si elle est plus considérable, non seulement il faut les deux calculs
successifs, mais on doit encore en examiner la nature. Si l'on avait affaire
à un alcool glycérine, il faudrait employer les coefficients inscrits dans la
colonne G. Si la matière extractive était formée de glycérine et de sucre,
on pourrait prendre un coefficient intermédiaire.
» 5. On peut aussi calculer empiriquement ces coefficients, en admet-
tant que la matière extractive soit uniquement formée de sucre, et que ce
dernier corps se dissout dans le liquide alcoolique sans changement de
densité (1,6).
( 588 )
» Un exemple suffira à montrer la marche à suivre :
iHt d'alcool, à 5o° centésimaux et à i5°, pèse 934sr,8oo
Si l'on enlève 2occ du liquide, il en restera 9i6?1', io4
Si on les remplace par 20cc de sucre pur (dont le poids sera de
326'), on aura 948sr, 1Q4
L'augmentation de poids résultant de cette substitution est donc de. 13°'', 004
rapportable à 32Sr de sucre par litre, soit o§'', 4*57 par gramme de
sucre, c'est-à-dire que la densité est modifiée de -+- 0,0004107
» D'un autre côté :
La densité, à i5°, de l'alcool à 5o° C. étant 0,9348
» à i5°, » 49° '' ° 19367
On voit que la différence, pour i° d'alcool, est de 0,0019
Si cette différence 0,0019 se rapporte à i°, celle de 0,0004107 devra s'appliquer à
o°,2i8. Ce nombre est très voisin de o°,2o, fourni par l'expérimentation directe.
» C'est ainsi que nous avons calculé certains coefficients qui se trouvent
inscrits dans la Table précédente à la colonne B.
» 6. En appliquant les raisonnements ci-dessus à des alcools glycérines et
en admettant encore ici que, dans ces mélanges, la glycérine ne change
pas de densité (1,26), on peut calculer les coefficients relatifs à la pré-
sence de ce corps dans les spiritueux. Nous avons donné ces coefficients
dans la colonne C.
» Voici maintenant quelques résultats de contrôle :
Force alcoolique réelle. j."> ,.x. 39°, 6. 42",4- H*>°>'- 62°, i.
Coefficient expérimental. . . 0,227 0,162 o,i56 o,i33 0,126
» calculé 0,228 0,1 65 0,160 0,101 0,124
» En moyenne, le coefficient se rapportant au sucre est 1,6 fois celui
qui s'applique à la glycérine.
» 7. Avec la glucose, dont la densité est égale à 1 , 55, les résultats sont
presque identiques à ceux cpie donne la saccharose. On doit toutefois em-
ployer les coefficients de la colonne A. »
( 589 ï
PATHOLOGIE expérimentale. • De la toxicité des produits solubles des
cultures tuberculeuses. Note de MM. J. Héricourt et Charles Riciiet,
présentée par M. Verneuil (').
« Nous avons étudié la toxicité des produits solubles des cultures tuber-
culeuses préparées de la manière suivante :
» Soient des cultures de tuberculose aviaire en milieu liquide, d'après
la formule de MM. Nocard et Roux; au bout d'un mois, ces cultures, très
chargées de microbes, sont exposées à une température de 65° pendant
dix jours, et évaporées jusqu'à consistance sirupeuse. La masse est alors
mise en digestion avec l'alcool à 900, pendant quarante-huit heures. Le
précipité insoluble estformépar la peptone, les bacilles tuberculeux morts,
et d'autres produits insolubles dans l'alcool, lequel a dissous la glycérine
et divers produits extractifs.
» Cet extrait insoluble dans l'alcool peut être dissous dans l'eau et in-
jecté à des lapins, de manière à déterminer sa puissance toxique (2).
» Cette étude est fort difficile; car, contrairement à ce qui existe pour
la plupart des substances toxiques, il y a des morts tardives, à cinq, dix,
huit, même quinze jours de distance. Cette mortalité tardive nous a paru
très irrégulière, pour des causes que nous ne connaissons pas encore.
» Aussi, pour simplifier, ne traiterons-nous pas de ces actions toxiques
à longue échéance, mais seulement des intoxications immédiates, c'est-
à-dire survenant vingt-quatre ou au plus tard quarante-huit heures après
l'injection.
( ' ) Bien qu'au point de vue pratique le procès de la lymphe du professeur h.och soit
jugé sans appel possible, il n'est pas sans intérêt, au point de vue scientifique, de faire
connaître les résultats de recherches expérimentales sérieusement faites sur la pro-
priété des cultures tuberculeuses.
Ces recherches, faites par MM. Héricourt et Ch. Richet, confirment en partie les
faits annoncés par le professeur de Berlin, et montrent en même temps combien il eût
été nécessaire d'étudier ces dangereuses cultures avant d'en faire imprudemment l'em-
ploi chez l'homme malade. (Note de M. Verneuil.)
(2) Les cultures tuberculeuses en milieux liquides deviennent de moins en moins
virulentes par leurs passages successifs de milieu liquide à milieu liquide.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N- 11.) 77
( 59o )
» Voici le résume de trente-six expériences, faites sur des lapins nor-
maux, pesa ni à peu près 2kg :
Quantités injectées.
3
Vie
Inj.
périton.
2
Mort prompte
Id.
1 , 5o
Vie
Id.
I , 20
Vie
Inj. vein.
I ,oo
Vie
Inj
. périton.
o,75
Vie
I
nj. vein.
V expériences. . .
o,5o
Vie
Id.
o,4o
Vie
Id.
o,3o
Vie
Id.
XV expériences. . .
0,25
Vie
Id.
O, 22
Mort
Id.
III expériences. . .
0,20
Vie
kl.
II expériences. . .
O, IO
Vie
Id.
o,o5
Vie
Id.
o,o3
Vie
Id.
» Nous pouvons donc éliminer, comme tout à fait exceptionnelle,
l'expérience dans laquelle o%r, 22 ont déterminé la mort, et considérer que
la dose toxique est voisine de 2gr.
» Mais, sur des lapins tuberculeux, et restant, malgré leur tuberculose,
en bon état de santé (quelque paradoxale que puisse paraître cette
expression), la dose toxique est tout à fait différente, comme l'indi-
quent les expériences suivantes, faites avec les mêmes extraits, dans des
conditions tout à fait comparables :
Quantités injectées.
o,4o
mort
0,35
mort
o,3o
mort (tardive, le neuvième jour
o,25
mort
0,25
mort
o,2.5
mort
o,25
mort (tardive, le sixième jour)
o,25
vie
o,2.5
vie
o,2.5
vie
o,a5
vie
» Donc, chez les lapins tuberculeux à des degrés divers, et qui auraient
( 59T )
sans doute vécu plusieurs semaines ou plusieurs mois s'ils n'avaient pas
reçu cette injection d'extrait tuberculeux, la dose toxique est très voisine
de o,25, c'est-à-dire huit fois plus faible que la dose toxique chez les lapins
non tuberculeux.
» L'explication de ces résultats remarquables est évidemment difficile;
aussi est-ce à la constatation des faits que nous avons donné toute notre
attention, sans nous attacher à en tirer une déduction théorique ou théra-
peutique ('). M
M. Darboux, en présentant le premier numéro de la « Revue bourgui-
gnonne de l'Enseignement supérieur », s'exprime en ces termes :
« Les professeurs des Facultés et de l'Ecole de Médecine et de Phar-
macie de Dijon ont suivi l'exemple qui leur était donné dans d'autres
centres universitaires. Le nouveau Recueil, que je me permets de recom-
mander à toute la bienveillance de l'Académie, est destiné à faire connaître
leurs travaux, qui se rattachent aux quatre branches de l'Enseignement
supérieur, droit, sciences, lettres, médecine. On comprendra que je
signale plus particulièrement ici un article de M. Mérav Sur la théorie des
radicaux, qui sera lu avec intérêt par les géomètres. »
M. G. Barbier adresse une Note sur les « Combinaisons des phénols
avec la diméthyloxyquinizine ».
M. J.-P. Metzler adresse un Mémoire ayant pour titre : « La Terre,
sa formation et celle de ses êtres » .
La séance est levée à 4 heures un quart. J. B.
*
(') Travail du laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Paris.
( 592 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du ■>, mars 1891.
Collections de Mémoires relatifs à la Physique, publiés par la Société fran-
çaise de Physique. — Tome V : Mémoires sur le pendule, seconde Partie.
Paris, Gauthier-Villars et fils, 1891 ; un vol. gr. in-8°. (Présenté par
M.Wolf.)
Échinides éocénes de la province d'Alicante; par M. G. Cotteau. IIe fasc,
Pi. IX-XVI (Mémoires de la Société géologique de France). Paris, au siège
de la Société, 1891 ; in-f°.
Traité de Zootechnie générale; par Cn. Corisevin. Paris, J.-B. Baillière et
fds, 1891 ; un vol. gr. in -8°. (Présenté par M. Chauveau. — Renvoyé au
concours Montyon, Physiologie expérimentale.)
Dépôts carbonifères et puits artésiens dans la région de Moscou. — Carte
géologique générale de la Russie, feuille 57; par S. Nikitin. Saint-Péters-
bourg, Eggers et Cie, 1890; 2 vol. in-f°. (Présenté par M. Albert Gaudry.)
Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d' Angers.
Tome quatrième (année 1890). Angers, Lachèse etDolbeau, 1891; in-8°.
Origine des forces de la nature. Nouvelle théorie remplaçant celle de l'at-
traction ; par Guillaume Poche. Paris, G. Masson; 1 vol. in-18.
Studies of old case-books ; by Sir James Page t. London, Longtnans,Green.
and Co, 1891 ; in-8°. (Présenté par M. le baron Larrey.)
Catalogue of the Crawford library of the royal Observatory Edinburgh .
Edinburgh, published by autorityofHerMajest's Government, MDCCCXC;
gr. in-4°.
« The electrician », electrical t rades' direc tory and handbooek for 1891
London, 1891 ; gr. in-8°.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, n" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Us forment, à la fin de l'année, deux volumes m- i°. D
blés, l'une par ordgj alphabétique do matières, l'autre par ordre alphabétique do noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est ann
pari du icr janvier.
Le prix de l'abonnement est Jîxé ainsi qu'il .suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
en Michel et Médan.
( Gavault Sl-Lager.
°er J Jourdan.
| Ruff.
liens Hecquet-Decobert.
gers
i Germain et Grassin.
? Lachèseet Dolbeau.
yonne Jérôme.
anço/i Jacquard.
; Àvrard.
deaux ! Duthuff.
' Muller (G.).
irges Renaud.
Lefoux'uier.
F. Robert.
J. Robert.
V Uzel Carofl".
i Baër.
I .Massif.
imber) Pcrrin.
, i Henry.
'/■bourg ,,
° ' Marguerie.
st..
rmont-Ferr.
i Rousseau.
/ Ribou-Collay.
i Lamarche.
Ratel.
' Damidot.
( Lauverjat.
' Crépin.
\ Drevet.
( G ia lier.
liochelle liubin.
■lavre \ B"liriliSnon.
Donibrc.
Ropiteau.
Lefebvre.
Quarré.
noble.
chez Messieui :
, Baumal.
Lonent .
( M"" Texier.
(Beâud.
i leorg.
Lyon < Mégret.
Palud.
Vitte et Péi iissel.
Marseille . . Pessailhan .
\ Calas.
Montpellier. ■ • • ) C,H1,,,
Moulins Martial Place.
/ Sordoillet.
Nancy ■ • Grosjean-Maupin.
| Sidot i rères.
i Loiseau.
I\ anles ........ J «._. „ i
I M"" \ elopp
t Barma.
Nice .. . „..
' \ isconti et (." .
.\ (mes Thibaud.
Orléans ■ . ■ Luzeray.
. . ( Blanchier.
Poitiers ,,
i I >i uni. nul.
Hennés Plihon et Hervé.
Oockeforl Boucheron - Rossi -
i Langlôis. ! gnol.
Ilouen , , ■ ,
( Lestringant.
S'-Êtienne Chevalier.
i Bastide.
Toulon .
( Rumebe.
( Giinet.
Toulouse „ .
' Privât.
. Boisselier.
Tours •. Péricat.
' Suppligeon.
,, , \ Giard.
I alenciennes ,
' Lcraaitre.
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
, i . , \ Robbers.
Amsterdam J _ ., _ ,
/ Feikema Caarelsen
Athènes Beck. et < '.
Barcelone Verdaguer.
. Asher et C'°.
' Calvary et C;".
i Friedlander et fils.
' Mayer et Muller.
oei.ne \ Schraid, Francke el
( '
Bologne . . Zanichelli et C".
i Ramlot.
Bruxelles Mayolez.
I Lebégue el C'".
i Haimanu.
Hachai-est , .
' Kamsteanu.
Budapest Kilian.
; idge Deighton, Bell
Christiania Cammermeyer.
Consiantinople. . Otto et Keil.
( 'àpenhague. . . Hôsi el lil>.
Florence Lœscher et Seeber.
Gand Hoste.
Gènes lîeuf.
Cherbuliez.
Genèvi Georg.
( StapeLmohr.
La Haye Belinfante frères.
, Benda.
Lausanne! , ,
I I .i\ ni.
Barth.
I Brockhaus.
Leipzig ' Lorentz.
Max RUbe.
Twietmeyer.
, I lesoer.
Liège _
I Gnuse.
chez Messieurs :
, i Dulau.
Londres
( Nutt.
Luxembourg ... . V. I!iick.
Librairie Guie
\ berg.
Madrid Gonzalés e hijos.
Yravedra.
F. Fé.
,,., I Duiuolard frères.
Milan
' llœpli.
Moscou Gautier.
/ Furcheim.
Naples | Marghieri ih Giu
' Pellerano.
. Christern.
New-York ■ Stechert.
' Westermanri.
.a Rousseau.
Oxford Parker el O.
fulerme Clausen.
Porto Magalhaès.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
( Bocca frère
Home •il i
' Locscnerel
Rotterdam Kramers et lils.
Stockholm Samson et Wallit)
. . . Zinserling.
!,' Petersbourg. ■ ... .„.
( VVolll.
1 Bocca frères.
Brero.
j G I a u
[ RosenbergetSellie
Varsovie Gebethner et YVol
Vérone Drucker.
1 Frick.
i tenue J . .
I Gerokl et ( .".
Zurich Meyer et Zeller.
Tomes 1« à 31. -
Tomes 32 à 61.
Tomes 62 à 91.
15 fr.
15 fr.
15 fr.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
(3 Août i835 à 3i Décembre 1 8 Jo. ) Volume in-i"; :tr>i- Prix
( ier Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix
(i™ Janvier 1866 à ii Décembre 1880.) Volume in-j "; 1889. Prix
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
me I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. .Y. DERBÊset A.-J.-ï. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent le
êtes, par M.IIansen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matière
ses, par M. Claude LSerjurd. Volume in-4°, avec 02 planches ; 1SJ6 15 fi
me II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en iS5o par l'Académie des Science
le concours de i853, et puis remise pourcelui de 1806, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi
intaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la natur
s rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-'|°, avec 27 planches; 1861... 15 fi-
la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N° 11.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 16 mars 1891.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
Pages. I
MM. Lœwy et Poiseux. — Détermination
de la constante de l'aberration 549
M. H. Poincaré, - Sur l'équilibre des dié-
lecti iques fluides dans un champ électrique. > i5
M. Henri Becquerel. — Sur les différentes
manifestations de la phosphorescence des
minéraux sous l'influence de la lumière
ou de la chaleur 5 ">~
MAI. L. Caii.lktet et E. Colardeac. — Sur
une nouvelle méthode de détermination
«les températures et pressions critiques et.
en particulier, de relies de l'eau 563
Pages.
M. Albert Gaudry. — Sur les fossiles trou-
vés à Gourbesville par M. de Lap parent. 565
M. A. -F. Marion. — Effet du froid sur les
poissons marins 565
M. II. Poincaré présente à l'Académie un
Ouvrage qu'il vient de publier sous le
litre : « Electricité et Optique. Tome II :
Les Théories de Helmholtz et les expé-
riences de Hertz » 56g
M. \. Geikie lait hommage à l'Académie de
quinze brochures qu'il a publiées sur dif-
férentes questions de Géologie 56g
NOMINATIONS.
Commission chargée de juger le concours
du prix Desroazières de l'année 1891 : MM.
Duchartre, Bornet, Van Tieghem, ('bu-
tin. T recul 56g
Commission chargée de juger le concours
du prix Bord in (Étudier les phénomènes
intimes de la fécondation chez les plantes
phanérogames, en se plaçant particulière-
ment au point de vue de la division et du
transport du noyau cellulaire. Indiquer
les rapports qui existent entre ces phéno-
mènes et ceux qu'on observe dans le règne
animal) de l'année 1891 : MM. Duchartre,
Van Tieghem, Bornet, Trécul 56g
Commission chargée de juger le concours
du prix Thore de l'année in<h : MM. Du-
chartre, Van Tieghem, Blanchard, Bor-
ne/, Chatin 56q
Commission chargée de juger le concours
du Grand Prix des Sciences physiques
( Des organes des sens chez les Invertébrés
au point de vue anatomique et physiolo-
gique. Le prix pourra être donné à un tra-
vail complet sur l'un des organes des sens,
dans un groupe d'Invertébrés) de l'an-
née 1S1, 1 : MM. Blanchard, A. Milne-Ed-
wards, de Lacaze-Duthiers, île Quatre-
fages, Banvier 570
Commission chargée de juger le concours
du prix Bordin (Étude comparative de
l'appareil auditif chez les animaux ver-
tébrés à sang chaud, Mammifères et Oi-
seaux) de l'année 1891 : MM. A. Milne-
Edwards, de Quatre/âges, Blanchard,
de Lacaze-Duthiers, Banvier 370
MEMOIRES PRESENTES.
M. P. Berger soumet au jugemenl de l'A-
cadémie nue Note relative à une « .Ma-
chine fondée sur le même principe que la
presse hydraulique »
CORRESPONDANCE .
M. Sire, nommé Correspondant pour la Sec-
lion de Mécanique, adresse ses remercie-
ments à l'Académie
M. L. AiTONNE. — Sur une application des
groupes de M. Lie
M. Alphonse Berget. Méthode graphique
pour déterminer les valeurs relatives de
la gravité en différents lieux
M. Marcel Brillouin. — Sur le degré de
complexité des molécules gazeuses
M. F. Osmond. — Sur les transformations
qui accompagnent la carburation du 1er
par le diamant
M. Léo Yioxon. — Sur la formation des
laques colorées
MM. l'n. Barbier et L. Houx. — Recher-
ches sur la dispersion dans les composés
organiques (éthers)
Bulletin bibliographique
5i3
a8o
58a
M. OEchsner DE CoNlNCK. — Sur les pto-
maïnes
M. Cu. Blarez. — Influence exercée par les
matières extractives sur le titre alcoolique
réel des spiritueux
MM. J. Hericourt et Charles Richet. —
De la toxicité des produits solubles des
cultures tuberculeuses
M. Darboux présente le premier numéro de
la « Rexue bourguignonne de l'Enseigne-
ment supérieur. »
M. G. Barbier adresse une Note sur les
« Combinaisons des phénols avec la dimé-
thyloxyquinizine »
M. J. -P. Metzi.eu adresse un Mémoire ayant
pour titre : « La Terre, sa formation et
celle de ses êtres. »
584
585
58g
agi
agi
;„,i
5ga
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLA.RS ET FILS,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1891
PREMIER SEMESTRE.
M/
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR ITIM. EES SECRÉTAIRES PERPETUELS.
TOME CXII.
N°12(23 Mars 1891).
. ■»»»'
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Quai des Grands-Augusiins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
ADQPTL DANS LES SÉANCES DES 23 JUIN l8'62 ET 2^. MAI I 876.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
['Académie se ((imposent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
l\6 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
11 v a deux volumes par année.
Article
Impression des travaux de l'Académie.
Les Programmes des prix proposés par l'Académi
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autan
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2 . — Impression des travaux des SavanuM
étrangers ci l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personne
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac; ;
demie peuvent être l'objet d'une analyse nu d'un rc
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger del'Académie comprennent SUmé qui ne dépasse pas 3 pages
au plus (3 pages par numéro. Leg Membres qui présentent ces Mémoires s
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux | temis ,]c jes réduire au nombre de pages requis. I,
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Membre qui fait la présentation est toujours nomme
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extra
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le for
pour les articles ordinaires de la correspondance oiï
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, 1
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- jeudi à i o heures du matin ; faute d'être remis à tempi
vernement sont imprimés en entier. le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rend
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui
les correspondants de l'Académie comprennent au vaut, et mis à la fin du cahier
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de !
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont j
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, >
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Noies ne
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports e
les Instructions demandés par le Gouvernement. I
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fai
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de j l'impression de chaque volume,
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Me- Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré
moires sur l'objet de leur discussion. sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
■«asaaaag
SÉANCE DU LUNDI 25 MARS 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie que, en raison des fêtes de
Pâques, la séance de lundi prochain sera remise au lendemain, mardi
3i mars.
M. le Président, en annonçant à l'Académie la perte douloureuse qu'elle
a faite dans la personne de M. Cahours, Membre de la Section de Chimie,
décédé le 17 mars, s'exprime comme il suit :
« L'Académie vient d'éprouver une grande perte par le décès de M. Ca-
hours, survenu mardi dernier, 17 de ce mois, non à la suite d'une maladie
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 12.) 7'^
( 5&4 )
aiguë, mais par l'effet d'un affaiblissement dont nous avions tous pu con-
stater, depuis plus d'une année, les visibles et incessants progrès. En lui,
la science perd l'un des hommes qui, depuis près d'un demi-siècle, ont le
plus contribué à étendre son domaine, et nous, nous perdons, les uns un
cher et excellent ami, les autres un aimable et toujours bienveillant Con-
frère.
» Je ne saurais, faute d'une compétence suffisante, faire ressortir comme
il conviendrait toute l'importance des travaux dont M. Cahours a doté la
Chimie et la Physique; je puis dire toutefois que la grande valeur de la
plupart d'entre ceux qu'on lui doit avait été déjà reconnue et proclamée,
dès 1868, par l'Académie lorsqu'elle l'appela, dans la Section de Chimie,
à remplacer l'illustre Dumas qui venait d'être élu par elle Secrétaire per-
pétuel; je dois ajouter que, depuis cette époque, notre laborieux Confrère
avait su se créer de nouveaux titres à la hante estime du monde savant. Au
mérite supérieur qui le distinguait comme homme de Science, ceux qui
l'ont vu de près savent qu'il joignait les plus rares qualités de l'esprit et du
cœur; aussi sa mort cause-t-elle, à ces divers points de vue, de profonds
et durables regrets. »
CHIMIE. — Action de la chaleur sur l'oxyde de carbone; par M. Berthelot.
« L'oxyde de carbone subsiste jusqu'aux températures les plus élevées,
et sa densité gazeuse demeure constante, c'est-à-dire sensiblement iden-
tique à celle de l'azote, jusque vers 4ooo°, d'après les expériences sur les
mélanges gazeux explosifs. Cependant, ce composé si stable donne lieu à
des indices de décomposition, avec production de traces de charbon et
d'acide carbonique, à des températures beaucoup plus basses, telles que le
rouge vif, d'après H. Sainte-Claire Deville, et même le rouge sombre,
suivant mes anciennes observations. Ces phénomènes sont-ils dus à une
dissociation véritable, comme on l'a pensé jusqu'ici, une quantité con-
stante d'oxygène étant unie au carbone en deux proportions différentes et
tendant à se séparer successivement, suivant l'équation de dissociation
02C2 = 02C + C?
» Mais il paraît difficile de comprendre comment une semblable tension
de dissociation, déjà sensible vers 6oo° à 700", au lieu de s'accroître rapide-
( 595 )
ment avec la température, suivant la loi générale de cet ordre de phéno-
mènes, demeurerait toujours excessivement faible, jusque vers 3ooo° ou
4ooo".
» L'apparition directe du charbon dans une dissociation supposée ac-
complie à une température relativement peu élevée doit augmenter encore
les doutes, si l'on se rappelle que le charbon n'est point le véritable élé-
ment carbone, mais seulement un polymère plus ou moins élevé de cet
élément, ainsi que je l'ai montré d'ailleurs (') : aussi le charbon n'appa-
raît-il jamais comme produit direct des décompositions accomplies à basse
température.
» Ce sont là des questions fort importantes pour la discussion des théo-
ries thermodynamiques de la Chimie.
» Aussi ces faits et ces considérations m'ont-ils engagé à étudier de
plus près l'action de la chaleur sur l'oxyde de carbone. J'ai reconnu que
si l'on soumet ce gaz à des températures de plus en plus abaissées, il arrive
un degré tel que l'acide carbonique continue à se manifester, précisément
comme aune température plus haute, mais sans qu'il apparaisse la moindre
trace de charbon. Le phénomène est très sensible dans des tubes de verre
desséchés rigoureusement, remplis d'oxyde de carbone tout à fait pur,
scellés à la lampe, puis maintenus pendant une heure ou deux à une tem-
pérature voisine de ooo° à 55o°, voisine de celle du ramollissement du
verre. J'ai répété un grand nombre de fois l'expérience avec des soins
minutieux, afin d'exclure absolument la moindre trace d'air et d'humi-
dité. L'oxyde de carbone était tiré par ébullition d'une solution saturée de
ce gaz dans le chlorure cuivreux acide, solution préparée elle-même au
moyen d'un gaz déjà dissous dans une première solution semblable;
l'oxyde de carbone était d'ailleurs purifié d'abord par la potasse liquide,
puis par la potasse solide, lavé dans le protochlorure de chrome, pour
éviter toute trace d'oxygène, enfin desséché rigoureusement, au moyen de
l'acide sulfurique et de la potasse fondue. Dans ces conditions, j'ai con-
stamment obtenu de l'acide carbonique : la dose formée est faible, 3 à
4 millièmes environ; mais elle est, sinon identique, du moins comparable
à celle que l'on obtient en faisant passer très lentement l'oxyde de carbone
dans des tubes de porcelaine chauffés au rouge. A ce point de vue, la réac-
(') Essai de Mécanique chimique, t. Il, p. \Z~. — Annales de Chimie et de Phy-
sique, !\a série, t. IX, p. 4y6; 1866.
(«96)
tion, je le répète, est la même ; la proportion d'oxyde de carbone décom-
posée variant peu, soit vers 5oo°, soit au rouge sombre, soit au rouge vif.
Mais voici la différence : au rouge vif, et même au rouge modéré, il se dé-
pose vers les extrémités des tubes deux anneaux de charbon très visibles;
tandis que vers 5oo° à 55o°, avec une dose comparable d'acide carbonique
formé, il a été impossible d'observer la moindre trace de charbon (').
» C'est là une circonstance fondamentale. En effet, elle exclut l'idée
d'une dissociation directe de l'oxyde de carbone. L'acide carbonique ne
saurait résulter ici que d'une décomposition proprement dite, c'est-à-dire
d'une condensation moléculaire, avec formation d'un produit complémen-
taire, stable vers 5oo°, mais qui se décompose au rouge en déposant du
charbon. C'est en vertu du même mécanisme que l'acide carbonique est
formé aux dépens de l'oxyde de carbone par l'action de l'effluve, action
comparable sous bien des rapports à celle de la chaleur, dont elle se dis-
tingue surtout par sa durée excessivement courte. Or l'effluve condense
plusieurs molécules d'oxyde de carbone, en donnant lieu à la fois à de
l'acide carbonique et à des sous-oxydes, par exemple
5C202 = C808+C20\
» Ces sous-oxydes dérivent sans doute d'une polymérisation initiale de
l'oxyde de carbone, qui est un anhydride formique, composé incomplet et
dès lors très apte à éprouver de semblables condensations (2).
» En opérant par la chaleur, vers 5oo° à 55o°, la dose d'acide carbo-
nique est faible et il ne m'a pas été possible d'isoler soit en refroidissant
les pointes des tubes, soit autrement, le sous-oxyde complémentaire;
sans doute parce qu'il se trouve, à l'état de gaz ou de vapeur, noyé dans
l'excès d'oxyde de carbone.
» Mais l'apparition même de l'acide carbonique, à dose comparable,
soit au rouge, soit à 55o°, tantôt avec production de charbon, tantôt sans
dépôt de cet élément, ne laisse guère de doute sur le mécanisme même de
la décomposition. Ce n'est pas une dissociation simple; mais la décompo-
sition doit être précédée par une polymérisation, le produit condensé se
séparant aussitôt en acide carbonique et sous-oxydes : entre ces composés,
(') Le verre, d'ailleurs, n'est pas attaqué à l'intérieur des tubes.
(2) Voir à cet égard dans ma Leçon sur l'isomérië, professée devant la Société
chimique de Paris le 27 avril i863, p. 19, la Théorie de la polymérte.
( 597 )
on conçoit d'ailleurs l'existence d'une dissociation complexe, oii inter-
vient l'oxyde de carbone et qui limite la transformation ('). Le méca-
nisme de cette transformation singulière rentrerait, dès lors, dans les
mêmes lois que les polymérisations et décompositions pyrogénées des car-
bures d'hydrogène (-). »
CHIMIE. — Sur une réaction de l'oxyde de carbone; par M. Iîeuthelot.
« Dans le cours des recherches précédentes, j'ai observé une réaction
caractéristique de l'oxyde de carbone et qu'il me parait utile tle signaler .
ce gaz réduit l'azotate d'argent ammoniacal. On prépare le réactif en ajou-
tant à une solution étendue d'azotate d'argent de l'ammoniaquediluée
goutte à goutte, jusqu'à la limite où le précipité formé d'abord se redissout
entièrement, mais sans aller plus loin. Si l'on fait passer dans cette liqueur
quelques bulles d'oxyde de carbone, elle ne tarde pas à brunir, même à
froid; à l'ébullition, elle donne lieu aussitôt à un très abondant précipité
noir. La réaction a lieu également avec une solution aqueuse d'oxyde de
carbone. Elle est extrêmement sensible et s'effectue même en présence
d'une grande quantité d'air. Elle pourra dès lors servir à reconnaître la
présence d'une trace d'oxyde de carbone dans une atmosphère gazeuse,
pourvu qu'il n'y ait point d'autre substance réductrice. La réaction est
d'autantplusdigned'intérêlquelesformiatesalcalins ne réduisent pas l'azo-
tate d'argent ammoniacal et que l'hydrogène pur ne le réduit pas davan-
tage; du moins lorsqu'il a été lavé avec soin dans une solution de perman-
ganate de potasse, afin de le débarrasser de toute trace de gaz réducteurs.
» Cette réaction fournit un nouveau rapprochement entre l'oxyde de
carbone et les aldéhydes, composés incomplets, du même ordre à certains
égards. »
(') On aurait en général
/iC202 = C2"02",
C2" 02« = C2"-202"-'' + C20''.
Le plus simple de ces sous-oxydes répondrait à l'acétylène, soit C402 ou G20- en
atomes, et serait probablement gazeux.
(-) Essai du Mécanique chimique, t. II, p. i32.
( 59« )
CHIMIE AGRICOLE. — Sur l 'odeur propre de la terre;
par MM. Berthelot et G. Axdré.
« On connaît l'odeur spéciale et qui n'est pas sans agrément, émise par
la terre végétale récemment mouillée, après une courte pluie par exemple.
Nous avons fait quelques essais pour en rechercher l'origine. Ces essais
tendent à établir que le principe essentiel de cette odeur réside, dans un
composé organique, neutre, de la famille aromatique, et qui est en-
traîné par la vapeur d'eau, à la façon des corps possédant une très faible
tension. L'odeur en est pénétrante, presque piquante, analogue à celle
des matières camphrées, distincte d'ailleurs de celle des nombreuses sub-
stances connues de nous. Quant à la proportion, elle est extrêmement
faible et peut être regardée comme voisine de quelques millionièmes.
» Ce nouveau principe n'est ni un acide, ni un alcali, ni même un
aldéhyde normal ; ses solutions aqueuses concentrées sont précipitables
par le carbonate de potasse, avec production d'un anneau résineux.
Chauffées avec la potasse, elles développent une odeur acre, analogue à
la résine d'aldéhyde. Elles ne réduisent pas le nitrate d'argent ammo-
niacal. Enfin elles donnent lieu, dans les conditions connues, c'est-à-dire
par l'emploi de la potasse et de l'iode, à une abondante formation d'iodo-
forme (' ), propriété commune d'ailleurs à un grand nombre de substances.
» Voici comment nous avons constaté ce principe. On a pris 3kg de
terre végétale, mélange de sable argileux faiblement calcaire et de matière
humique qui constitue le sol des prairies de la Station de Chimie végétale
de Meudon. Après l'avoir minutieusement débarrassée de tous débris orga-
nique visible, on l'a placée dans un alambic de verre, en s'arrangeant pour
que la matière contint 10 à 12 centièmes d'eau au moins. L'alambic a été
plongé dans un bain-marie et maintenu, vers6o°, pendant plusieurs heures.
L'eau condensée s'écoulait à mesure par le bec de l'alambic. On en a re-
cueilli 1 75cc, doués de l'odeur spécifique. Cette eau distillée a été rectifiée
(') Cependant nous. n'avons rencontré dans les produits volatils émis par la terre
végétale que nous étudiions ni furfurol, ni acétone, non plus que l'alcool ordinaire,
signalé par M. Muntz dans certaines terres, où son existence est d'ailleurs facile
à expliquer. Mais elle ne paraît pas constituer un fait général.
( 599 )
de nouveau, de façon à obtenir seulement 20"'. L'odeur s'exalte dans le
produit volatilisé, sans cependant disparaître entièrement dans le résidu
non évaporé : ce cpii atteste la faible tension de vapeur du produit, assimi-
lable sous ce rapport au camphre ou au menthol. Ce liquide offre une
réaction alcaline; il contient de l'ammoniaque et réduit le nitrate d'argent
ammoniacal; dernière réaction due à quelque alcali pyridique ou analo-
gue, car il suffit de distiller de nouveau avec une trace d'acide sulfurique
étendu pour obtenir un liquide neutre, privé d'action réductrice, et qui
cependant conserve toujours son odeur propre. L'addition d'un alcali à la
liqueur ne fait pas davantage disparaître l'odeur, du moins immédiate-
ment.
» Les 20cc ont été réduits par deux nouvelles distillations à icc. L'odeur
s'exalte de plus en plus. A ce centimètre cube on a ajouté du carbonate de
potasse pur et cristallisé : la liqueur s'est troublée aussitôt; il a fallu quel-
ques heurespour l'éclaircir et il s'est formé à sa surface un anneau résineux,
presque insensible, représentant tout au plus 1 à 2 centigrammes d'une
matière que nous n'avons réussi à identifier avec aucun principe connu;
mais les réactions décrites plus haut permettent au moins d'en assigner le
caractère général.
» La distillation de la terre chauffée au bain-marie, après mélange avec
un peu de chaux éteinte, a formé un liquide plus riche en alcalis volatils,
comme on devait s'y attendre; mais le principe neutre et aromatique s'y
trouvait également, sans cpie la proportion en parût augmentée. »
BOTANIQUE. — Contribution à la biologie des plantes parasites;
par M. A. Chatis
« L'idée que les plantes parasites puisent une nourriture qu'elles n'au-
raient presque plus à modifier a été formulée par le grand botaniste
Pyrame de Candolle en ces termes :
)) Les plantes parasites dépourvues de feuilles tirent d'autres plantes feuillées un
suc déjà élaboré, et ensuite porté dans les tleurs et les fruits ( ' ).
)> Après avoir énoncé le fait de la non-élaboration de la sève par les
parasites privés de matière verte, de Candolle l'explique par l'absence,
(') D. C, Physiologie, p. 208.
( 600 )
dans ces plantes, de stomates et de vaisseaux spiraux ('), ce qu'appuyait
un certain nombre d'observations anatomiques de son temps, signalant
l'absence de stomates dans la Cuscute, le Cytinus et le Rafjlesia, auxquels
on peut en ajouter quelques autres, tels que l'Orobanche du Chanvre et le
Lathrœa Squammaria.
» Mais des stomates ont été vus par M. Duchartre dans la Clandestine,
par Vaucher dans une Orobanche, par moi-même dans le discuta Epithy-
mum (rare), les Cassytha, qui les ont nombreux et transverses, les Oro-
banche atrorubens, Epithymum, Eryngii, Galii, les Phelipea cœrulea et are-
naria, Y Anoplanthus , YEpiphegus, le Conopholis, WEginetia, le Bosniakia,
YEyobanche.
)> Quant aux trachées, si elles manquent au Clandestina et au Lathrœa, je
les ai trouvées, souvent même assez déroulables, chez les Cytinus, Hydnora,
Cynomorium, Balanophora, Helosis, et dans toutes les Orobanchées.
» A noter que souvent les vaisseaux, courts et simplement ponctués ou
rayés dans le suçoir et la tige des parasites, s'allongent et passent à la
trachée dans les écailles des mêmes espèces.
» On put regarder, comme témoignant de la non-élaboration par les
parasites, le Gui du Chêne, plus riche en tanin et doué, disait-on, de plus
de vertus médicales que celui des autres arbres et, surtout, la présence de
la strychnine chez des Loranthus venus sur le Slrychnos Nux-vomica.
» On verra ce que valent ces prétendues preuves; mais nous ferons
tout d'abord remarquer que l'opinion suivant laquelle les parasites n'éla-
boreraient pas, ou peu, la sève puisée dans leurs nourrices, ne tient pas
devant celte simple considération : qu'elles forment elles-mêmes leurs
tissus, la charpente de tous leurs organes, dont les aliments n'ont pu leur
arriver qu'à l'état de dissolution.
» J'ajoute que, d'après mes recherches, le Gui, quelle que soit sa prove-
nance, qu'il ait vécu sur le Chêne ou le Pommier, le Peuplier ou le Ro-
binier, etc., ne renferme pas le tanin bleu du Chêne, mais uniquement le
tanin vert.
» Quant au Loranthus du Slrychnos, je peux affirmer qu'il ne contient
aucune trace de strychnine ni de brucine, alcaloïdes que j'ai inutilement
recherchés, il y a bientôt vingt ans, dans un assez gros lot de ce Loran-
thus. L'extrait de cette plante n'avait d'ailleurs aucune action toxique sur
de petits oiseaux et les souris; des résultats analogues ont été fournis par
(, ' ) De Candolle, Physiologie végétale, t. III, p. i4o5
( 6oi )
des Balanophora qui, développés sur le Ginchona Calisaya, no renfermaient
aucun des alcaloïdes du Quinquina.
« Des faits qui précèdent, je rapprocherai les suivants :
» Les Loranlhus venus sur des Orangers ne participent pas à la colora-
tion jaune du bois de ceux-ci ;
» L'Orobanche du Chanvre n'a rien de son odeur vireuse:
» L Hydnora a/ricana si recherché, comme aliment, par les Hottentots
et les habitants du Cap, qui le nomment Knnimp, Kanip, croît sur une
Euphorbe acre et môme vésicante.
» A la suite des faits établissant que les plantes parasites élaborent, au
point de les faire disparaître, certains principes de leurs nourrices, s'en
placent beaucoup d'autres démontrant qu'elles peuvent créer, avec les
éléments absorbés, des produits nouveaux-.
» Et tout d'abord la glu, cette substance si abondante dans le Gui de
toute origine, manque à ses nourrices : donc la glu est formée par le Gui.
» Ees granules rësinoïdes que contiennent les utrieules du Cytinus et du
Cynomorium ne se retrouvent pas dans les Cistes, etc., sur lesquels vivent
ces parasites ; il en est de même de l'huile que l'on trouve formant de nom-
breuses et grosses gouttelettes dans les cellules des Balanophora, Brus,-
mansia, Langsdorfia et Ombrophytum.
T, a fécule abonde dans le parenchyme et, parfois ( Lepidoceras), jusque
dans les fibres du bois, d'un grand nombre de plantes parasites chez les-
quelles elle s'est nécessairement organisée. (Cytinus, Hydnora, Balano-
phora, Hclosis, Lophophytum, Ombrophytum, Brugmansia, Langsdorfia, Raf-
flesia, Frostia, Apodanthes, discuta, Cassylha, Orobanche, Byobanche,
Viscum, Loranthus, Misodendron, etc.).
» Cette abondance de fécule, qui fait de quelques espèces parasites
aphylles et charnues des sortes de tubercules amylacés, explique leur
emploi dans l'alimentation de certains pays.
•> Des liquides de couleur bleue, jaune, ronge, etc., manquant aux nour-
rices, sont contenus dans les cellules épidermiques, et parfois, dans le pa-
renchyme des Phelipœa cœru/ea et arenaria, Orobanche attirai et cruenla,
Cuscuta Epithymum, densijlora et major, Cytinus et Cynomorium, Pedicularis
palus tris elsilvatica, Melampyrumarven.se, cristatum, nemorosumetsilvaticum,
pour ne citer que des espèces très répandues ( ' ).
(1) Je cite ces Rhinanthacées, comprises dans cette étude, comme le Gui et le Lo-
runthus, quoique pourvues de chlorophylle.
C. K., 1891. f'Semestre. (T. Ci.ll, N° 12.) 79
( G02 )
» On pourrait multiplier, par une analyse moins. sommaire, les exemples
de produits existant dans les parasites, à l'exclusion des espèces nourri-
cières, mais je ne citerai plus que le fait suivant, qui intéresse à la fois
les agriculteurs et les botanistes :
» Les propriétaires de prairies ne le savent que trop, et aussi les pré-
parateurs d'herbiers, sans que ni les uns ni les autres n'aient trouvé encore
un moyen satisfaisant de s'y opposer, toutes les Rhinanthacées vraies, et.
en particulier les Rhinanthus glabra et hirsuta, fort répandus dans les
prés secs, le Melampyrum arvense, qui envahit les luzernes de nouvelle
création, succédant aux blés, le Pedicidaris paltistris des prairies basses,
déprécient les fourrages par la coloration noire qu'ils prennent en sé-
chant; quant aux botanistes, ils ont le chagrin de ne plus avoir en her-
bier que des herbes noircies, au lieu de Rhinanthacées {Melampyrum ar-
vense, cristatum , nemorosurn , Pedicidaris palustris, gyrqflexa, incarnata,
rosea, rubens, versicolor, etc.), aux teintes si brillantes au moment où ils
les cueillaient. Or cette matière, incolore et inaltérable dans les sucs
végétaux, tant qu'elle y est protégée par la vie, et qui noircit dans la
plante morte en donnant naissance, ainsi que je l'ai constaté dans les
essais auxquels je me suis livré à l'effet de. conserver leur coloration
naturelle aux échantillons d'herbier, à de l'acide carbonique avec I oxy-
gène de l'atmosphère ambiante (phénomène qui s'accélère au contact des
alcalis, se ralentit sous l'influence des acides), n'existe chez aucune des
espèces nourricières, lesquelles appartiennent, du reste, pour la plupart,
à la famille des Graminées (' ).
» Or on ne saurait refuser aux Rhinanthacées d'élaborer, de former
elles-mêmes ce principe spécial, noircissant à l'air, qui n'existe pas
chez leurs nourrices.
» Peut-être voudra-t-on, comparant les suçoirs des parasites aux
racines des autres végétaux, ne voir en eux que les représentants de celles-
ci; mais cet aperçu, juste à plusieurs égards, ne saurait être poussé trop
loin, tant, au point de vue de l'anatomie qu'à celui de la physiologie :
» i" Parce que, le suçoir n'ayant pas de piléorhize (organe découvert
dans les racines et dénommé par M. Trécul) absorbe par sa pointe même,
ce qui n'a pas lieu pour la racine;
» 20 Parce que cette pointe du suçoir (que j'ai appelée cône perforant),
(') J'ai observé une fois le Pedicidaris palustris fixé sur les racines du Valeriana
dioïca !
( 6o3 )
que forme un tissu utriculaire fort délicat, au lieu de s'avancer sans
rencontrer de résistance, comme la racine le fait dans le sol, pénétre, il
est vrai, dans les bois les plus durs, mais par une action toute spéciale,
ramollissant et dissolvant, au point de contact, les tissus qui font obstacle
à sa marche;
» 3° Parce que les plantes à suçoirs sont loin d'avoir, pour le choix du
substratum, la même indépendance que les plantes à racines.
» En effet, tandis que celles-ci ne forment, à ce point de vue, que trois
catégories : les calcicoles, les silicicoles ou calcifuges et les indifférentes,
les espèces parasites sont, pour un grand nombre d'entre elles, limitées
dans leur possibilité de vivre à une seule plante nourricière : telles sont
les Orobanches du Lierre, du Chanvre, de la Mille-feuille, de l'Armoise
champêtre, àel'Eryngium, du Caille-lait, la Cuscute du Lin et celle de la
Vigne, le Cylinus des Cistes, le Rafflesia des L'issus, Y Hydnora de YEuphorbia
obtusifolia, espèces qu'on peut comprendre sous les noms de parasites
monophyles ou imicolcs.
» Toutefois, un certain nombre d'autres parasites que nous appellerons
polyphytes ou phincoles ont, relativement aux précédentes, une certaine
indépendance dans le choix des nourrices : tels le Gui, qui croît sur un
grand nombre d'arbres (de Candolle en comptait déjà vingt-quatre il y a
soixante ans); le Loranthus europœus, trouvé sur quatre espèces de Chênes,
le Châtaignier et l'Oranger; (elle surtout la Cuscute commune (discuta
Epylhymum), cette terrible ennemie des Luzernes, etc., que de Candolle
a vue se fixer, par suite de la chute d'une charretée de Trèfle cuscute près
la porte du Jardin botanique de M. d'IIauteviile, à Vevey, surdes plantes
appartenant à trente familles différentes!
» Sous ce rapport, on peut faire la remarque que les parasites fixées
sur racines ou radicicoles (Cylinus, Orobanche, Latlnœa, Rafflesia, etc.) ne
vivent que sur une seule plante ou un petit nombre d'espèces ordinaire-
ment voisines entre elles, contrairement aux parasites caulicoles (Cuscute,
Gui, Loranthus), lesquelles prennent avec une sorte d'indifférence les
nourrices les plus diverses.
» Cependant les espèces de cette dernière catégorie ont encore des pré-
férences marquées : le Gui est commun sur le Pommier, dont il va jusqu'à
atrophier les branches; encore assez commun sur le Peuplier et le faux
Acacia, rare sur le Poirier, le Chêne et l'Aubépine.
» Au résumé, de tout ceci il ressort que, s'il faut aux espèces parasites
une nourriture déjà élaborée et spéciale, celles-ci procèdent à une élabo-
( M )
ration nouvelle et complémentaire, déterminant : d'une part, la transfor-
mation de certains principes; d'autre part, la création de substances nou-
velles.
» Ce pouvoir d'élaboration, varié comme en témoignent ses produits,
sera d'autant plus remarqué, surtout dans les parasites aphvlles et
arhizes (Cvtinus, Rqfflesia, Baîanophora, discuta, etc. ) que, comme je l'ai
constaté pour le Cytinus et après M. • Lory pour les Orobanches, ces
végétaux privés de fonctions chlorophylliennes, sont réduits, comme les
animaux, à la faculté de former de l'acide carbonique aux dépens de leur
propre carbone, emprunté tout entier à Ja sève des espèces nourricières.
» L'action des parasites aphylles sur l'atmosphère ne diffère pas,
d'ailleurs, de celle des fleurs, bien connue depuis Théodore de Saussure ('),
physiologiquement véritables parasites appelant à elles, pour en formel-
les couleurs les plus brillantes et les arômes les plus divers, la sève
qu'elles tirent des rameaux feuilles qui les portent. »
chimie physiologique. — Sur le pouvoir glycofyiique du sang
chez l'homme; par MM. R. LÉpine et Barrai,.
k On sait que nous appelons pouvoir glycolytique du sang la perte pour
iou de sucre que ce sang subit s'il est maintenu une heure dans un bain-
marie à 38°-3c)0 C. Avant eu l'occasion de saigner quelques malades, nous
avons pu déterminer le pouvoir glycolytique de leur sang, d'après la mé-
thode que nous avons précédemment indiquée. Voici les chiffres obtenus :
Quantité en grammes
de sucre pour 1000
-™»- — mnm Perle pour ioo
immédia- après Perle (pouvoir
lement. une heure à !a°. absolue. glycolytique).
1er pneumonique 1,20 0,78 0,42 35
■i" pneumonique i,o4 0.78 0,26 25
Urémique 1,0 "-77 o,23 20
Obèse 1,17 °>§9 0,28 24
Ier diabétique &J07 4>9 0,17 3,3
2e diabétique 4.5-'i i>47 °)°7 1 ,6
3e diabétique .'!.'|^ 3,23 0,25 7
4° diabétique 2,17 2,o5 0,12 5,5
5e diabétique 3,38 3,3 0,08 2,1
( ' ) L'é minent naturaliste dont j'avais l'honneur d'inaugurer naguère, comme délégué
de l'Académie -des Sciences, la statue à Ghamonix.
( 6o5 )
» Les cas précédents sont tous pathologiques; mais, si l'on tient compte
de nos résultats antérieurs avec le sang de chien et de quelques-uns des
chiffres précédents, notamment de ceux se rapportant aux malades uré-
miqueet obèse, qui certainement ne jouissaient pas d'un pouvoir glycoly-
tique normal, on peut estimer que, chez l'homme sain, ce pouvoir est
notablement supérieur à 2.5.
» Cela étant, on remarquera qu'il tombe très bas chez les diabétiques
(parfois au-dessous de 2). On notera surtout que la perte absolue est très
faible chez la plupart d'entre eux. Ce fait est d'autant plus important
qu'une forte proportion de sucre, pour une même quantité de ferment, est
une condition favorable à l'augmentation de la perte absolue, ainsi que
le démontrent des expériences sur lesquelles nous reviendrons ultérieure-
ment, u
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, a la nomination de Com-
missions de prix, chargées de juger les Concours de l'année 1891.
Le dépouillement du scrutin donne les résultais suivants :
Prix Savigny (fonde par Mtle Letvilier). — MM. de Quatrefages,
A. Milne-Edwards, Blanchard, de Lacaze-Duthiers, Grandidier réunissent
la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus
de voix sont MM. Sappey et d'Abbadie.
Prix Da Gaina Mâcha 10. — MM. A. Milne-Edwards, Blanchard, de Qua-
trefages, de Lacaze-Duthiers, Ranvier réunissent la majorité des suffrages.
Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Sappej
et Brown-Séquard.
Prix Monlyon {Médecine et Chirurgie ). -- MM. Bouchard, Marev, Ver-
neuil, Kichet, Charcot, Brown-Séquard, Larrey, Sappey, Ranvier réunis-
sent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le
plus de voix sont MM. Pasteur et Chauveau.
Prix Godard. — MM. Bouchard, Verneuil, Brown-Séquard, Bichet,
Charcot réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux,
ont obtenu le plus de voix sont MM. Larrey et Sappey.
( 606 )
MÉMOIRES PRÉSENTES.
M. J. Pakaire adresse une Note « Sur le maximum de rendement delà
machine à vapeur ».
(Commissaires : MM. Cornu, Sarrau.)
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Observations de la planète Millosevich m'; , faites à l' Obser-
vatoire de Paris (Équalorial de la tour de l'Est); par M"e D. Klumpke,
présentées par M. Mouchez.
Etoiles
Dates
de
1801..
comparaison.
Grandeur
aïs i3.. .
a
8,2
i3...
b
9'5
17...
c
9>5
Planète
— *.
Nombre
de
M.
48^61
22,90
11,67
J3.
-e^; i
4-5.42, 1
4-3.2 1 ,0
comparaisons
3:4
6:4
6:4
Positions des étoiles de comparaison.
Asc. droite
*•. moy. 1891,0.
1
b ai s
a = 2108 BD 4- 17° = 5g5 W. 9.30.17,52
6 = 2107 BD 4- 170 9.29.50,39 4-0, 83
c = 2101 BD 4- 170 9 27.45,13
Positions apparentes de la planète.
Réduction
Réduction
au
Déclinaison
au
jour.
moy. i8gi,o.
jour. xVutorités.
4-0, 83
4-17.43. 4,2
—0,7 Weisse
4-o,83
17.30.47,2
— 0,7 Bap. à a
4-0,80
17.32.45,9
—o,5 BDt.VI
Ascension
Dates
Temps moyen
droite
Log. fact.
Déclinaison
Log. fact
1891.
de Paris,
h m s
apparente.
Il m s
parall.
apparente.
parall.
Mars i3. . .
i4.3g.52
9.29.29,74
1,585
4-17 . 36. 2 1
1
°>759
i3...
1 5. 26. 27
9.29.28,32
T , 609
17.36.28
6
0,784
17...
• 10.27.49
9.27.34,36
2,865
17-36. 6
4
0,666
» Remarques. — La planète est de grandeur 12, 8-1 3. Les observa-
tions ont été faites par angles de position et distances; celle du i3 mars
( 6o7 )
(i4h 39™) présentait plus de difficultés que les deux autres, à cause de la
grande distance des astres, planète et étoile.
» L'étoile b a été rapportée à l'étoile a par 3:3 comparaisons d'angle
de position et de distance. On a trouvé
* b — * a, a R = — 27s,i3, i(D = — 12' 17", o. »
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. -- Sur fa théorie des surfaces applicables.
Extrait d'une Lettre de M. J. Weingarten à M. Darboux.
« L'étude de vos Leçons sur la théorie des surfaces me conduit à vous
présenter une remarque que j'ai faite, il y a quelques années, concernant
les surfaces, dont le carré de l'élément linéaire possède la forme
ds2 = du'- -;- (h -f- av ) dv"1,
contenue dans les équations (27), page 234 de la TIF Partie des Leçons.
» En déterminant la situation d'un point P d'une surface par sa distance
à l'origine des coordonnées rectilignes a-, y, z, et parla longueur de la
normale abaissée de cette origine sur le plan tangent au point P, c'est-
à-dire en introduisant les paramètres
<jr = - — ■—- —■> p = xc -\-yc + zc ,
et conservant vos notations, on trouvera les relations
, , dx , de (lr (1c , , de
(0 iîp-1 _p?^' dj==dï + (? + ?)àj'
et les quatre analogues qui en découlent si l'on remplace x, c par y, c et
z, c". les lettres p, p' désignent les rayons de courbure principaux de la
surface.
» Supposons que cette surface appartienne à la famille déterminée par
l'équation aux dérivées partielles du second ordre
(>) ^ -+- < ? -^ P ) 7^77 "^ ?? d^ = °'
dans laquelle <p représente une fonction donnée des variables/), q.
» Alors je ri is que, pour tous les individus do cette famille, on aura les
équations
(3)
i i ~ -\- cd ^ = ':.
0<7 0/'
7 </C , / 0 S 7
V<7 ,-'- -)- r i7^4 = <-/•/-,
r/E, r/rM rf'C étant des différentielles exactes.
» En effet, donnons à de, la forme ;, ^ -+- E2 r/17, on trouve, en faisant
usage des équations (1),
dl di. Oc
<)■
d1® . <r--,
-~ -t-(? + p ) 'r- H- ;
Oij dp O'i L'7'" op dq <)'/-
= o,
à cause de l'équation ( 2), supposée remplie.
» Le carré de l'élément linéaire des surfaces dont les points Q sont
déterminés par les coordonnées ;, -r\, Z correspondantes aux individus tic
l'ensemble des surfaces définies par l'équation (2) sera donné par la
formule
17, , ., ,y,, ( , <?<o\2 7 ()'J 7da ( 1dl>\°
dt- -+- drr -H dC- = 2(7 \d-~) H- L'/)rf -— r/ ■- - -+- rf-^ ,
'\ dq) ' dq dp \ dq)
qui démontre que toutes ces surfaces sont applicables les unes sur les
autres, au moins dans celles de leurs parties qui correspondent au même
domaine des variables p. q.
» Déterminons la fonction <p par l'équation
(4)
?=--P9-P*ï -y-
» Le carré de l'élément linéaire des surfaces (3) correspondantes de-
viendra
de2 + drr 4- r/'C" = 27 dp- 4- 2/J r//; c/( q — p/i — />= ) 4- [d(q — fi/j - p1 ) |2
(iq-p"-)dp-
7 - P/> - Ç
» La substitution
= .'/
P/» H" Ç
lui donne la forme
r/r2 + ^/r.5 + f/i:2 = r///2 4- a («-H Vp)dp*,
( 6d9 )
laquelle, après la substitution
p — -^ ; p = a N/a ,
\ -'
ne diffère plus de la vôtre ci-dessus mentionnée.
» Du reste, toute la famille de surfaces définie par l'équation
? -+- ?' = -/' ■+■ ?
doit être regardée comme connue. Car cette équation a"x différences par-
tielles s'intègre aisément. Dans le cas où (3 = o, cette famille coïncide avec
celle qui a été étudiée par M. Appell. Les surfaces (3) relatives à ce cas
sont les surfaces des centres de courbure des surfaces minima que j'ai si-
gnalées depuis trente ans.
» Mais, dans le cas où (3 ne s'évanouit pas, en rejetant un facteur con-
stant de l'élément linéaire on peut faire p = i. L'équation
ils'- = du2 ■+■ 2 (m -I- v ) dv1
se change par une simple transformation en
ds- = l1 dr +- (J2 — i)dl- — dl- + dr? -f- ^'C2-
» En conséquence, la famille de surfaces applicable sur la surface de
révolution
X = a/cos , Y = y-l sin , Z =• / Jt~ — a? -^ i f//
7. X t/ *
est déterminable par quadratures.
» Par un théorème que j'ai donné, il y a trente ans, dans le Journal de
Creile, il est aisé de voir que l'on déterminera aussi par des quadratures
les surfaces vérifiant l'équation
a(p'— p)=s(2P + 2?')>
eG _ e-C.
S(G) désignant la quantité
» Introduisant les paramètres des lignes de courbure de ces dernières
surfaces, on donnera de la manière la plus générale au carré de l'élément
linéaire de la sphère de rayon i la forme
, ., '/il' f/''2
as2 = 1 7—
C. R., 1891, 1» Semestre. (T. CXU, N° 12.) OO
( 6io )
S et C désignant les sinus et cosinus hyperboliques. Ces relations se rat-
tachent d'une manière curieuse à celles que j'ai données autrefois. »
MÉCANIQUE MOLÉCULAIRE. — Des déformations que présente après l irnbibi-
tion un système formé par la supeiposition de deux lames hygroscopiques,
minces et homogènes, à propriétés différentes. Note de M. J. Verschaffelt.
« La dilatation que subit une lame mince homogène, par suite de l'im-
bibition, peut être la même dans toutes les directions, et, dans ce cas, la
lame est dite isotrope; ou bien la dilatation est inégale, et alors la lame est
anisotrope. Les mêmes cas peuvent se présenter pour une contraction due
à la dessiccation; nous considérerons une contraction comme une dilata-
tion à coefficient négatif.
» Lorsqu'une lame mince anisotrope se dilate, on observe toujours qu'il
y a dans son plan deux directions perpendiculaires entre elles, telles que
la dilatation est maxima suivant une de ces directions, et minima suivant
l'autre; la dilatation totale d'une telle lame peut être considérée comme
la résultante de deux dilatations anisolropes simples, dont les directions
sont celles des dilatations maxima et minima ; j'appelle dilatation anisotrope.
simple une dilatation qui consiste en ce que, dans le système, toutes les
lignes parallèles à une certaine direction ne subissent aucun allongement
et s'écartent les unes des autres d'une quantité proportionnelle à la distance
qui les sépare.
» On peut démontrer le théorème suivant : Tout système de dilatations
anisotropes simples et isotropes se compose en un système de deux dilatations
anisolropes simples, perpendiculaires entre elles. Ce théorème s'applique
aussi bien à des dilatations à coefficient négatif qu'à des dilatations à coef-
ficient positif.
» Ces généralités permettent de trouver toutes les formes que peut
affecter, après l'imbibition (ou la dessiccation), le système en question.
Remarquons d'abord que la déformation produite par la dilatation d'une
des lames est la même que celle à laquelle donnerait lieu une contraction
équivalente de l'autre. Cette remarque nous permet de considérer une des
lames comme seule active; et si au système de dilatations théoriques et
réelles, subies par celle-ci, on applique le théorème énoncé plus haut,
on voit qu'on peut considérer cette lame comme subissant théoriquement
deux dilatations anisotropes simples, perpendiculaires entre elles; l'autre
lame est considérée comme inerte.
( 6.i )
» On peut faire voir que chacune de ces dilatations tend à produire une
déformation cylindrique du système, qui, par la combinaison de ces deux
actions, se courbe dans les deux directions de ces dilatations, en présentant
dans chacune de ces directions une courbure proportionnelle à la dilata-
tion correspondante.
» D'après cela, on peut classer toutes les formes que peut affecter le
système en deux groupes : au premier se rattachent toutes les formes pré-
sentant des courbures principales de même signe; on les obtient lorsque
les deux dilatations ont le même signe; au second se rattachent toutes les
formes présentant des courbures principales de signe contraire; dans ce
cas, les dilatations ont un signe différent. Le cylindre, qui correspond au
cas où une des dilatations est nulle, peut être considéré comme une forme
de transition, et la sphère (deux dilatations égales et de même signe) est
un cas particulier du premier groupe.
» Pour obtenir ces diverses formes, j'ai soumis à l'imbibition des figures
(carrés, cercles, etc.) découpées dans une lame formée de deux feuilles
de papier collées l'une sur l'autre, au moyen de gélatine ou d'une solu-
tion de caoutchouc dans la benzine. Le papier est anisotrope, et les
coefficients de dilatation maxima et minima varient d'une espèce à l'autre.
On conçoit que, par des combinaisons convenables de feuilles à coeffi-
cients connus, il soit possible de donner aux dilatations théoriques d'une
de ces feuilles les valeurs nécessaires pour obtenir une forme déterminée.
Toutefois, je n'ai pu réaliser le cylindre et la sphère que d'une manière
approchée.
» On peut également obtenir ces formes par la dessiccation, et alors elles
ont l'avantage de pouvoir être conservées. »
CHIMIE. — Sur l'action de l'acide iodhydrique sur le chlorure de silicium.
Note de M. A. Bessox, présentée par M. Troosl.
« L'acide iodhydrique sec est sans action sur le chlorure de silicium à la
température ordinaire; mais, à température élevée, on obtient des produits
de substitution partielle, grâce à la différence de chaleur de formation de
l'acide chlorhydrique résultant et de l'acide iodhydrique employé et de la
dissociation partielle de ce dernier à cette température.
» La théorie permet de prévoir l'existence de trois chloroiodures de Si :
Si2 Cl3 1, Si2Cl2P, Si2Cll3; les deux premiers ont été obtenus par cette
( 6l3 )
méthode à l'état de pureté; le dernier, en très petite quantité, n'a pu être
isolé complètement pur ; enfin le dernier terme de l'ioduration Sri4 n'a
pas été atteint.
» On dirige, à travers un tube de verre vert chauffé au rouge, un cou-
rant de gaz iodhydriqne sec entraînant des vapeurs de chlorure de Si ;
pour qu'il y ait réaction sensible, il faut que le courant gazeux soit rapide
et la température élevée et, malgré ces conditions optima et en présence
d'un excès de HI, la quantité de chlorure de Si, qui a réagi après un pre-
mier passage, ne dépasse pas ~; on recommence la même opération à
plusieurs reprises avec les parties les plus volatiles formées de chlorure
de Si et, finalement, le liquide fortement coloré par de l'iode est mis à
digérer avec du mercure pour détruire l'iode libre, puis soumis à une série
de distillations fractionnées qui ont permis d'en séparer :
» i° Un liquide incolore distillant de i i3°-i i4°, ne se solidifiant pas à
— Go°, qui correspond à la composition de Si^CPl, comme le vérifient les
analyses suivantes :
Poids Cl
delà S I
substance. pour ioo. Pour 3AgCI -H Agi.
Pour ioo.
o,648 253)77 j j01; fc>® \ z 88,68
0,718 25i,82 j?1- S'3? |
Poids
delà
substance.
Si
pour ioo
0,818
io,6i
i i I
Théorie pour
Si!Cl3I...
10,70
I.. 48,23 J
Cl. 4o,3o
I.. 48, o5
Théorie pour _. ,
Si*CPI... 254,49 jT.; H% \ 2 = 89,28
» Ce chloroiodure s'obtient encore dans l'action de l'iode sur le silici-
chloroforme en tube scellé à 2oo°-20o° avec départ de HI :
Si2HCP -+- 2I = Si2Cl3I+ HI.
» Ce liquide se colore rapidement à l'air par mise en liberté d'iode ; la
lumière active cette décomposition, mais ne suffit pas à la produire, car
si l'on expose à la lumière solaire le chloroiodure en tube scellé avec un
peu de mercure, cpii permet de détruire l'iode mis en liberté par l'agi-
tation, on constate qu'au bout de peu de temps la décomposition cesse
quand tout l'air du tube a été détruit. Il fume à l'air, décomposable par
l'eau.
» Ce chloroiodure se combine directement avec le gaz ammoniac el donne
( G. 3 )
unecombinaison présentant la composition 2 Si2CPl, 1 1 AzH3 ; corps solide
blanc amorphe décomposable par l'eau avec production d'une liqueur
légèrement alcaline. Il ne donne pas de combinaison avec PU1, même
sous l'action simultanée du froid et de la pression ; si l'on comprime dans
le tube Cailletet PH\ en présence d'une petite quantité de Si2Cl3I, on
voit deux couches liquides distinctes qui persistent même quand on re-
froidit à — 22°.
» 2" Un liquide qui se colore rapidement par mise en liberté d'iode
qui distille à 17a0 et ne se solidifie pas à — 6o°; sa composition correspond
à Si2Cl2I2.
Poids Poids CI
delà Si delà gI
substance. pour substance. pour 100. Pour sAgCl -+- 1 Agi.
Pour 100,
0,843 8,52 0,534 2i2,,,* if1; ll\f2\ —92,4s
o,955 7,42 0,678 2,4,60 jjL jllU] S = 93,21
Théorie pour Théorie pour [ fl a )
Si'Cl'F... 7.93 Si2Cl2F... 224,64 , ' ' - 2 = 92,06
f 1 . . 7 I , 9,J ;
» Ce second chloroiodure se trouve en petite quantité dans le produit
de la réaction précédente ; on en obtient aussi en chauffant le premier
chloroiodure Si2Cl3I en présence de HI sous pression; à cet effet, on le
sature de ce gaz à — 220, température à laquelle il en dissout de grandes
quantités, on scelle le tube et on le chauffe pendant vingt-quatre heures
à 2 5o°.
» Il fume à l'air, décomposable par l'eau ; sa vapeur est combustible
avec mise en liberté d'iode.
» Il se combine directement avec AzH3 et, pour éviter une trop forte
élévation de température, il est utile de prendre un dissolvant, le tétra-
chlorure de carbone par exemple ; la combinaison présente la composition
Si2Cl2I2, 5AzH\
corps solide blanc amorphe décomposable par l'eau.
» 3° Quelques gouttes d'un liquide distillant vers 2200, dont la compo-
sition se rapproche de Si2ClI3 ; il se solidifie à basse température en pré-
sentant une surfusion marquée que l'on fait cesser par l'agitation ; le
corps solide blanc obtenu fond vers — 3o°.
( M )
» Liquide incolore fumant à l'air, se colore rapidement en rouge; sa
Aapeur est combustible, donne une combinaison avec le gaz ammoniac. »
CHIMIE. — Transformation du pyrophosphitc de soude en phosphite.
Note de M. L. Amat, présentée par M. Troost.
« Dans une Note précédente ( ' ), on a montré que les acides accélèrent
considérablement la transformation du pyrophosphite de soude en phos-
phite.
» Influence de la dilution. — Dans chaque expérience on a opéré sur 20cc d'une
dissolution contenant 92s1', 6 de pyrophosphite de soude par litre; à ces 2occ on a
ajouté io« d'acide sulfurique équivalant à 10^,7 de soude à omol,44i5 par litre, puis
de l'eau, de manière à faire un volume total V :
Température 2I°
Durée de l'expérience ih
<p _j_, 0,7 = volume de soude (omol,44i5) Pour atteindre la neutralité à la phtaléine
/ — 44", o, ç„=2",i5.
\. .;. I — o. log- — £° = Kloge.
/ — ?
ce cc cc
3o 33,55 io,45 o , 6o3
5o 3o,5 i3,5 0,491
60 29,o5 14,95 o,447
80 26,9 17,1 0,389
120 26,8 17,2 o,386
» Ces expériences montrent donc que : i° la transformation est d'autant
plus rapide que les dissolutions sont plus concentrées; i° la dilution prend
une influence de moins en moins grande à mesure que les liqueurs sont
plus étendues.
» Influence de la quantité d'acide. — Dans chaque expérience on a opéré sur
20cc d'une dilution contenant g5sr de pyrophosphite de soude par litre; à ces 20cc on a
ajouté un volume v d'acide sufurique à 2V de molécule par litre, puis de l'eau de ma-
nière à obtenir un volume total toujours égal à 6occ :
Température 1 4°, 2
/ = limite de <p 36cc, 1
<?o 'c°>6
Durée de l'expérience 7'1 40'"
(') Comptes rendus, t. CXII, p. 527.
( 6i5 )
Soude totale , / — '9. 1 . / — ?
(o-.584). f- losr=r -,,og7^-
ce ce ce
2,5 6,7 6,25 o,o63 0,0264
5 ii,25 io,35 0,127 0,0261
10 19,3 17,5 0,268 0,0268
20 29,3 25,75 o.523 0,0254
4o 4o,2 33,i i,o55 0,0202
» La dernière colonne du Tableau précédent montre que - log .—
est une constante et que, par suite, les dissolutions étant assez étendues
pour que la dilution ait peu d'influence, la vitesse de transformation est
proportionnelle à la quantité d'acide.
» Influence de la nature de l'acide. — Dans chaque expérience on a opéré sui-20cc
d'une dissolution contenant 93sr,4de pyrophosphite par litre; à ces 2occon a ajouté 5occ
d'une dissolution acide (acide sulfurique, azotique, etc.). Ces 5occ d'acide étaient neu-
tralisés, vis-à-vis de la phtaléine, par 8cr,9 de soude à omol,564 par litre.
Température i8°,5
Durée de l'expérience .... ih
<?o=icc,7-
/ = limite de œ — 34cc, 9
/ — »
Soude totale. a. — o. log, &=klnge
ce ce ce
Acide chlorhvdrique ... . 33, o >4-' 10>8 o,4g
Acide azotique 32,9 24,0 10,9 o,48
Acide sulfurique 3o.7< 21, 85 i3,o5 o,4i
Acide phosphoreux (l). . 38,4 2<>>6 i4>3 °>37
Acide acétique ii,4 2,6 32,3 0,01
» Les acides qui ont servi à ces expériences doivent donc se placer, au
point de vue de leur action sur le pyrophosphite de soude, dans l'ordre
suivant :
1» Acide chlorhvdrique j ^ c rlenl sensibiement de la même manière.
2° Acide azotique )
3° Acide sulfurique.
4° Acide phosphoreux.
5° Acide acétique, ce dernier acide agissant le moins énergiquement.
(') A cause des propriétés particulières de l'acide phosphoreux vis-à-vis de la phta-
léine, la soucie totale a dû être diminuée de 2 x 8,9 = 17,8.
(616 )
» Action des alcalis sur le pyrophosphite de soude {liqueur alcaline à la
phtalèine). — Cette action est soumise à des lois semblables à celles que
nous avons rencontrées.
» Si l'on admet que la vitesse de transformation est à chaque instant
proportionnelle : i° à la quantité de pyrophosphite; 2° à la quantité de
soude libre, on trouve que - los P r-> doit être une constante. Dans
1 x 8 (<y -\-a)h
cette formule q représente la quantité de soude libre; h la valeur de q au
commencement de l'expérience; ce le temps; a la quantité de soude ca-
pable de transformer en phosphite neutre le pyrophosphite restant lors-
que q = o.
» Dans chaque expérience on a opéré sur 5occ d'une dissolution contenant 1 isr, ia
de pyrophosphite par litre. A ces 5occ on ajoule iocc de soude à omol,564 par litre.
Température. ,. 18°.
a ûrc,3
h 9CC,5
x i q{h + a)
eu minutes. x {q + a)h
ce
o 9,5 »
5 4 ,25 0,024
9,5 2;95 0,023
i5 1 ,t) o,o25
20 i,5 0,025
3o . 1,0 0,026
4o 0,8 0,024
80 0 . '1 0,022
» Les nombres de la dernière colonne du Tableau précédent sont sen-
siblement les mêmes; ce qui démontre que la vitesse de transformation
est à chaque instant proportionnelle, non seulement à la quantité de py-
rophosphite qui se trouve dans la dissolution, mais encore à la quantité de
soude qui provoque cette transformation. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les sels bromoazotés du platine ('). Note de
M. M. Yèzes, présenlée par M. Troosl.
« I. Lorsqu'on fait agir le brome sur une solution concentrée de plato-
nitrite de potassium, en chauffant très légèrement pour activer la réaction,
( ') Travail fait au laboratoire de Chimie de l'École Normale supérieure.
( 6i7 )
on obtient un dépôt abondant d'une poudre cristalline jaune vif. L'examen
microscopique de cette poudre montre qu'elle est constituée par de petits
cristaux prismatiques jaunes, agissant fortement sur la lumière polarisée.
» D'après l'analyse elle renferme, pour i atome de platine, 2 atomes
de potassium, 2 de brome et 4 d'azote. Du reste, sa formation n'est accom-
pagnée d'aucun dégagement gazeux, et elle ne perd rien à ioo°-no°. On
est donc conduit à admettre pour ce composé la formule
Pt.4AzÔ2.K2.Br2,
que justifient d'ailleurs pleinement les nombres trouvés. Ce corps est donc
un produit d'addition du platonitrite Pi. '|Az02.K2, et il semble naturel
de lui donner le nom de platibromonitnte de potassium.
» Ce sel est très peu soluble dans l'eau froide, assez soluble dans l'eau
chaude. Par refroidissement, sa solution saturée à chaud l'abandonne en
beaux cristaux jaune orangé, pourvu qu'elle n'ait pas été maintenue trop
longtemps à une température voisine de 8o°.
» II. Si en effet on fait subira cette solution, ou à l'eau-mère de la pré-
paration du sel, une longue digestion au voisinage de cette température,
on constate un dégagement de vapeurs nitreuses, et la liqueur passe du
jaune ou du jaune orangé au rouge vif. Concentrée à une douce chaleur
ou dans le vide sec, elle laisse alors déposer une nouvelle combinaison
sous forme de beaux cristaux rouges, lixaminé au microscope, ce corps
se distingue du bromoplatinate de potassium, avec lequel sa couleur per-
mettra de le confondre, de même que sa forme prismatique ou tabulaire
et son action sur la lumière polarisée.
» Ces cristaux restent inaltérés à ioo"-i 10". [j'analyse conduit à leur
assigner la formule
Pt.Br'.AzO.a V/.O'.K-.
Les dosages du platine, du potassium, de l'azote donnent, en effet, des
nombres qui sont en parfait accord avec cette formule; quant au brome,
il n'a pu jusqu'ici être dosé avec certitude, sa détermination présentant
des difficultés toutes particulières, sans doute à cause de son association
avec l'acide azoteux.
» Ce sel (platibromonitrosonitrite de polassium) est beaucoup plus
soluble dans l'eau que le platibromonitrite, surtout à chaud. Mais, comme
lui, il est détruit par une digestion trop prolongée au voisinage de l'ébul-
lition; il se produit alors un nouveau dégagement de vapeurs nitreuses,
C. H., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 12.) 8l
( 6i8 )
et la liqueur laisse déposer, par refroidissement, des octaèdres réguliers
rouge foncé, à reflets bleuâtres, de bromoplatinate de potassium.
» III. Dans la préparation des deux sels que je viens de décrire, on
peut remplacer le brome par l'acide bromhydrique; mais la réaction est
alors plus difficile à régler. Si l'on fait passer, en effet, dans une solution
concentrée de platonitrite de potassium, un courant lent de gaz bromhy-
drique, la liqueur, d'abord jaune pâle, passe à l'orangé, puis au vert.
Bientôt se dégagent des vapeurs nitreuses, en même temps qu'il se forme
un dépôt jaune de platibromonitrite. Ce dépôt contient déjà quelques
cristaux rouges de platibromonitrosonitrite, et, à mesure que la réaction
se prolonge, la proportion du sel rouge formé va en augmentant. Cette
méthode donne donc un mélange des deux sels; mais on peut, par des
lavages à l'eau chaude, séparer la totalité du sel rouge tout en ne dissol-
vant qu'une faible proportion de sel jaune.
» IV. On voit donc que l'action, soit du brome, soit de l'acide bromhy-
drique, sur le platonitrite de potassium, ne produit sa transformation com-
plète en bromoplatinate, avec élimination totale de l'azote, qu'après avoir
donné naissance à des produits bromoazolés intermédiaires. Inversement,
si l'on chauffe avec un excès d'azotite de potassium une solution de bro-
moplatinate ou de l'un des sels bromoazotés, on élimine la totalité du
brome, et la liqueur décolorée donne, par refroidissement, une cristalli-
sation de platonitrite. La série des sels bromoazotés est constituée de la
façon suivante :
Platonitrite Pt.4AzO-.k2,
Platibronionitrite Pt.4 Az02.K2.Br2,
Platibromonitrosonitrite. . . . Pt.Br3. AzO.2 Az02.K2,
Bromoplatinate Pt Br4 . K2 Br2.
» Je n'ai pu réussir jusqu'ici à préparer le bromoplatinate nitrosé
Pt.Br3. AzO.K2Br2, analogue au chloroplatinate nitrosé Pt. Cl3. AzO.K2Cl-,
que j'ai décrit antérieurement (Comptes rendus, t. CX, p. 757).
» Rapprochons de cette série de sels bromoazotés celle des composés
chloroazotés intermédiaires entre le platonitrite et le chloroplatinate : elle
comprend, outre le chloroplatinate nitrosé, facile à obtenir à l'état de pu-
reté par le platonitrite et le gaz chlorhydrique; le platichloronitrite
Pt.4AzO-.K2.Cl2, analogue au platibromonitrite, comme lui déjà signalé
par Blomstrand (Journal fur praktische Cliemie, (2), t. III, p. 214), et dont
j'ai vérifié la composition par plusieurs analyses concordantes. Quanta la
( 6ig )
série iodoazotée correspondante, elle ne comprend encore qu'un seul
terme bien connu, le platoiodonitrite Pt.2 Az02.K2.I2 décrit par Nilson
(Journal fur praktisehe Chemie, (2), t. XXI, p. 172). On voit donc qu'en
désignant par X l'atome d'un élément halogène quelconque, les composés
actuellement connus qui servent d'intermédiaires entre le platonitrite et le
sel haloïdc saturé constituent la série suivante :
Pt.4Az02.K2,
Pt.4Az02.R2.X2,
Pt.2Az02.R2.X2,
Pt.X3.Az0.2Az02.K-,
Pt.X3.AzO.K2X2,
PtX4.K2X2,
série dont certains termes peuvent taire défaut dans l'une ou l'autre des
trois séries chlorée, bromée ou iodée. »
MÉCANIQUE CHIMIQUE. - Sur la désagrégation par l'eau de sels neutres
d'aminés de la série grasse. Note de M. Albert Colson.
« Un sel formé d'une base forte et d'un acide faible, ou inversement, se
dissocie dès qu'on le met au contact de l'eau. M. Berthelot, qui a établi ce
fait, en a aussi déterminé les lois : il a constaté que la dissociation de ces
sels varie avec la température, la concentration des liqueurs et la présence
d'un excès d'acide ou d'un excès de base, et montré que ce genre de dis-
sociation doit être rapproché des réactions limitées telles que l'éthérifica-
tion. Je vais établir expérimentalement que des sels constitués par la com-
binaison d'un acide fort avec une base forte se comportent, au contact de
l'eau, comme les sels étudiés par M. Berthelot. Je comparerai, en outre, à
son origine, la désagrégation par l'eau de deux bases de même ordre.
» .l'admets avec ce savant que, si un chlorhydrate d'aminé est dissocié
par l'eau, l'acide devenu libre formera une combinaison stable avec l'eau,
tandis que l'aminé libre, au moins pour la portion exempte d'affinité chi-
mique à l'égard du liquide, tendra à se dissoudre à la façon d'un gaz et
possédera, par conséquent, une tension fixe à une température donnée.
En faisant barboter lentement de l'air dans la solution, cet air saturé de
vapeur d'eau formera un volume gazeux où l'aminé possédera une tension
( C)20 )
proportionnelle à sa tension dans le liquide. Comme contrôle de cette
première série d'essai, j'ai utilisé un fait connu, la décomposition des sels
d'aminés par concentration.
» J'ai comparé les chlorhydrates de diisobutylamine et de triéthylamine,
bases de même ordre, dont la dissolution dans l'eau est accompagnée d'un
grand dégagement de chaleur et qui sont plus solubles à froid qu'à
chaud ('). Des solutions chlorhydriques neutres de ces bases, renfermant
une molécule par litre, sont placées dans des appareils identiques. L'as-
piration d'air, étant réglée de la même façon à ^ près, permet de faire passer
7lir d'air en six heures. Au bout de ce temps, on dose, par liqueur titrée,
l'acidité de la dissolution finale. On trouve que, à 10
Le chlorhydrate fie diisobutylamine a perdu 2Ddlv
» triéthylamine » i3div
» En valeur absolue (2) ces nombres correspondent à une tension de
vapeur de ^ et j^.
;> Comme contrôle, j'ai évaporé des solutions identiques, de façon
qu'elles perdent le même volume d'eau dans le même temps. J'ai trouvé,
comme perte en alcali.
Deuxième expérience.
Pour le chlorhydrate de dibutylamine ioo ioo
» triéthylamine 4° 7°
m On voit que les valeurs relatives sont sensiblement celles qui ont été
trouvées dans la précédente expérience.
» Influence de la température. — Dans des solutions à i molécule par
litre maintenues pendant six heures entre 56° et 58°, j'ai fait barboter des
quantités d'air sensiblement égales :
Le sel de diisobutylamine a perdu.
-div
/
» triéthylamine a perdu 3dlv
» Les tensions sont moindres, mais sensibles, et leur rapport est encore
voisin de 2.
i Influence de la concentration . — Faisons barboter une même quantité
(') D'après M. Le Chatelier, les deux phénomènes sont corrélatifs (Annales des
Mines, i888). La moindre élévation de température trouille la solution de dibutyla-
mine.
('-) Ces nombres ont été trouvés en taisant usage des barboteurs en usage pour
recueillir l'acide carbonique dans les analyses organiques.
( fol )
d'air pendant cinq à six: heures, dans des solutions à 1 molécule et à | mo-
lécule par litre, à ioo° :
Première expérience
Seconde expérience
Perle en a
à i mol -
i i
leal
id
ans la sol. :
à i mol.
8,5
1 1
5
i:
apport.
i . 3
i ,36
Contrôle par évapora
ti
on. .
7
'.4
Si l'on compare la perte en alcali produite par évaporation d'une so-
lution à i molécule et d'une solution à -j- de molécule, on trouve, dans le
premier cas, i7'liv; dans le second cas, i2div. Rapport : i,\.
» Ces résultats tendraient à prouver que la tension de la désagrégation
actuelle diminue notablement quand on dilue les liqueurs.
- Influence d'un excès d'acide. -- L'addition d'un faible excès d'acide
(tïïô ('c l'acide contenu dans le sel) suffit pour empêcher un entraînement
sensible d'alcali par de l'air barbotant pendant six heures, à ioo°.
» En résumé, les sels constitués par des aminés capables de ramener au
bleu le tournesol rougi par l'acide minéral auquel elles sont combinées
sont sensiblement dissociées par l'eau, même vers 5o°, et leur désagréga-
tion est réglée par les lois que M. Bertbelot a établies si nettement poul-
ies sels faibles, dans l'Essai de Mécanique chimique.
» La méthode que nous avons employée ne s'applique pas aux alcali;
fixes, potasse, chaux, etc.,. qui donnent des combinaisons stables avec
l'eau.
» M. Berthelot a insisté sur ce point, que l'action d'une base sur un
sel est fonction de la dissociation des sels par l'eau. Ce genre de dissocia-
tion étant régi par les lois des réactions limitées et réversibles qui, d'après
une théorie de M. Lemoine, sont à peu près indépendantes des chaleurs
de formation des sels, on comprend que la décomposition d'un sel par
une base puisse se faire avec absorption de chaleur, la base s'emparant
d'abord de la portion d'acide rendue libre par la dissociation du sel initial,
et celle-ci se reproduisant incessamment, comme il arrive dans la trans-
formation du carbonate de soude par le chlorhydrate d'ammoniaque. Tel
est, en particulier, le cas des bases que nous venons d'étudier : la diiso-
butylamine est chassée de son chlorhydrate, malgré une absorption de
chaleur de — ioca,,G par molécule de dibutylamine sortie du liquide à
l'état insoluble vers io°. Or, nous venons de voir que ces chlorhvdrates
( 622 ;
sont notablement dissociés par l'eau, et que le sel de butylamine est deux
fois plus dissocié que l'autre, malgré la faible volatilité de la dibutyla-
mine ('). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles combinaisons de la pyridine.
Note de M. Raoul Yauet.
« 1. Bromozincate de pyridine. — Dans de la pyridine chauffée vers 4°°> on dis-
sout du bromure de zinc sec, jusqu'à saturation; il se passe une réaction assez vive
et la pyridine entre en ébullition. La liqueur, par refroidissement, se prend en une
belle masse cristalline, constituée par de fines aiguilles prismastiques qui répondent
à la formule
ZnBr.C">H5Az.
» C'est un corps très peu altérable, on peut le chauffer à i io° sans qu'il perde de
pyridine. 11 est très soluble dans l'eau et dans la pyridine.
» II. Bromonicklate de pyridine. — Quand on maintient à l'ébullition, pendant
une heure, de la pyridine tenant en suspension du bromure de nickel anhydre fine-
ment pulvérisé, ce dernier perd sa couleur jaune et se transforme en une poudre
verte qui, séchée très rapidement, entre des doubles de papier, répond à la formule
NiBr.2C10H5Az.
» C'est un corps altérable à l'air; quand on le chauffe, il perd de la pyridine et
devient jaune; il est très soluble dans la pyridine.
» III. Bromocuivrate de pyridine. — On projette du bromure de cuivre anhydre,
et finement pulvérisé, dans de la pyridine chauffée au bain-marie; une réaction très
vive se produit, la pyridine entre en ébullition, tandis que le bromure de cuivre aug-
mente considérablement de volume et forme une bouillie verte. On ajoute alors un
petit excès de pyridine et l'on chauffe au bain-marie pendant une heure, en agitant
continuellement. La liqueur refroidie est filtrée pour séparer l'excès de pyridine, et
le produit solide, non dissous, est séché très rapidement entre des doubles de papier :
ce sont de petits cristaux durs, d'un beau vert foncé et qui répondent à la formule
CuBr.3Cl0H5Az.
» C'est un corps très altérable, il exhale une forte odeur de pyridine. Quand on le
chauffe ou quand on l'expose à l'air, il perd de la pyridine en changeant de couleur,
il devient vert vil. Il est soluble dans l'eau et dans la pyridine.
(•) Dans une Note précédente {Comptes rendus, décembre 1S90), j'ai cité à tort,
parmi les exemples de réactions à la fois endothermiques et contraires au maximum
thermique, la décomposition de l'oxalate de diisobutylamine par la triéthylamine. En
continuant l'étude de ce sel, j'ai constaté que c'est un oxalate acide, tandis que j'avais
admis, dans mes calculs, que ce sel était neutre.
( 623 )
» IV. Argentoiodure de pyridine. — Dans un petit ballon muni d'un réfrigérant
ascendant, on maintient à l'ébullition, pendant deux heures environ, de la pyridine
additionnée d'iodure d'argent bien sec. La pyridine se colore légèrement en brun; on
liltre pour séparer l'iodure non dissous et on l'abandonne dans un endroit froid, à
l'abri de la lumière. On obtient tantôt de fines lamelles, tantôt des aiguilles prisma-
tiques, groupées en petits mamelons. Ces cristaux séchés entre des doubles de papier
répondent à la formule
\.gI.C10A3Az.
» C'est un corps altérable à l'air; assez soluble dans la pyridine, surtout à chaud.
Traité par l'eau chaude, il est décomposé instantanément; l'eau froide le décompose
aussi, mais moins rapidement. Il perd toute sa pyridine quand on le chauffe à i io°.
» V. Argentobromure de pyridine. — La pyridine chaude ne dissout pas le bro-
mure d'argent et ne se combine pas avec lui; mais si l'on abandonne un mélange de
ces deux corps à l'abri de la lumière, le premier étant en excès, il y a combinaison ; le
bromure d'argent se décolore et se transforme en grandes aiguilles prismatiques
blanches, à reflets nacrés. Ces aiguilles, séchées très rapidement entre des doubles de
papier, répondent à la formule
\.gBr.C'°H5Az.
» C'est un corps très instable; soluble dans la pyridine froide, insoluble dans l'eau
qui le décompose. Il perd toute sa pyridine à ioo°.
» VI. Argentochlorure de pyridine. — Je n'ai pas réussi à obtenir une combi-
naison de pyridine avec le chlorure d'argent; si un tel composé existe, il n'est pas stable
à la température ordinaire. La pyridine froide dissout le chlorure d'argent, mais, dès
qu'on chauffe celte solution ou qu'on y ajoute de l'éther, il y a précipitation de AgCl.
On voit que L'affinité des sels halogènes d'argent pour la pyridine va en décroissant de
l'iodure au bromure et au chlorure; c'est l'inverse qui a lieu avec l'ammoniaque. »
chimie organique. — Sur la théorie des phénomènes de.teinture.
Note de M. Léo Vignon.
« Dans plusieurs Communications {Comptes rendus, 10 février,
28 avril 1890, 2 et 6 mars 1891), j'ai présenté des expériences dont je
demande à synthétiser les résultats. Ils peuvent, en effet, apporter quelque
éclaircissement à la théorie des phénomènes de teinture.
» i° J'ai montré, par la méthode thermochimique, que les fibres textiles
animales, se teignant facilement, possèdent les fonctions basiques ou
acides, tandis que les fibres végétales, ayant peu d'aptitude pour la tein-
ture, manifestent des fonctions chimiques très faibles, et notamment pas
de fonctions basiques.
» 20 Le coton soumis à l'action de l'ammoniaque, fixe de l'azote, ac-
( 6*4 )
quiert des fonctions basiques et devient apte à absorber en bain acide des
matières colorantes acides.
» 3° L'acide stannique fixe les matières colorantes basiques, telles que
la safranine, tandis que l'acide métastannique, qui n'est autre chose que
de l'acide stannique polymérisé, ayant subi une grande atténuation dans
ses fonctions acides, n'exerce aucun pouvoir absorbant sur la safra-
nine.
» On sait, d'autre part, que tous les mordants employés dans la tein-
ture du coton, acide tannique, oxydes métalliques, etc., sont capables de
donner des sels.
» Mais ces faits sont relatifs aux substances absorbantes textiles,
oxydes métalliques, mordants; voyons les indications qui se dégagent de
la constitution chimique des corps absorbés,- c'est-à-dire des matières co-
lorantes.
» On trouve que toutes les matières colorantes solubles, artificielles ou
naturelles, renferment ou bien un groupe OH salifiable, ou des groupes
basiques AzR2, ou des radicaux acides AzO2. On ne connaît aucune matière
colorante, constituée seulement par un carbure ou ne possédant d'autres
fonctions chimiques que les fonctions d'alcool, d'acétone ou d'aldéhyde.
» Il n'existe, en somme, aucune matière colorante proprement dite qui
ne possède des fonctions basiques ou acides, ou les deux fonctions réunies.
>- La conséquence de ces faits, c'est que tous les phénomènes de tein-
ture, obtenus avec les matières colorantes solubles, qu'ils se manifestent
avec les textiles ou avec les oxydes métalliques nécessitent deux condi-
tions essentielles :
» i° La présence de fonctions acides ou basiques dans les absorbants;
» 2° La présence de ces mêmes fonctions dans les matières colorantes.
» La seule exception qui existe à cette règle est celle des matières colo-
rantes tétrazoïques, à la vérité basiques ou acides, mais que le coton ab-
sorbe sans mordant, dans un bain alcalin.
» Si on laisse provisoirement de côté ce cas, qui nécessiterait une étude
spéciale, on est en droit de dire que les phénomènes de teinture obtenus
avec les matières colorantes solubles sont d'ordre purement chimique, et
que les règles de l'action chimique suffisent à les expliquer. »
( 6a5 )
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Méthode pour enregistrer simultanément, l'onde
électrique d'excitation et la contraction musculaire résultante ( ■ ). Note de
M. A. d'Arsoxvai..
« Les courants brefs (décharges de condensateur, courants d'induc-
tion, etc.), sont constamment employés en Physiologie et en Médecine pour
exciter les nerfs et les muscles.
» Les réactions qui résultent de ces excitations sont liées étroitement à
la forme de l'onde émanant de l'appareil électrique, ainsi que je l'ai mon-
tré par de nombreuses expériences, depuis 188 i , dans mes cours du Collège
de France. Il est donc extrêmement important de pouvoir : t° connaître
la forme de celte onde, que j'ai appelée caractéristique de l'excitation, et 2"
d'avoir la possibilité de faire varier celle forme à volonté.
» La courbe qui représente la caractéristique à" excitation est fonction de
trois variables qui sont : i° le potentiel maximum de la décharge; i" le temps
de variation du. potentiel; 3° la quantité d'électricité traversant l'organe
excité. Chacun de ces trois facteurs modifie l'excitation, dans des propor-
tions qu'il est indispensable d'étudier séparément pour chacun d'eux.
» La méthode que je vais décrire permet de faire varier isolément chacun
des trois facteurs d'une façon continue et de combiner de plus ces varia-
tions deux à deux ou trois à trois. C'est donc une méthode générale à l'aide
de laquelle on peut inscrire directement sur un cylindre enregistreur la
courbe de l'onde électrique, et, immédiatement au-dessous, la courbe de
la secousse musculaire provoquée par cette excitation. La comparaison
entre la cause et l'effet est rendue de la sorte extrêmement simple. Le
schéma ci-joint est destiné à faciliter l'intelligence de la description.
» Soit P une source constante d'électricité (accumulateurs ) dont le cir-
cuit est fermé au travers d'une colonne verticale de mercure contenu dans
un tube de verre. Le courant entre par le haut et ressort par le bas du tube
au moyen de contacts appropriés en cuivre nickelé. Le pôle négatif de la
pile et le fond du tube sont reliés à la terre, et, par suite, au potentiel
zéro. La partie supérieure de la colonne de mercure est, au contraire, à
un potentiel positif de 10 volts, par exemple. Le potentiel décroît réguliè-
(') Voir Comptes rendus de In Société de Biologie, séance du rer avril 1883. Cette
méthode a été imaginée à la fin du Congrès de 1881.
C. R., 1891, r" Semestre. (T. CXIT, N° 12.) "2
( 6?.6 )
remenl de + 10 volts à zéro le long de la colonne de mercure, d'après
une loi bien connue. Supposons qu'un fil métallique P', isolé jusqu'à sa
pointe inférieure, puisse monter et descendre le long de la colonne de
mercure. Si nous supposons la pointe au fond du tube, son potentiel est
zéro; mais, en relevant le fil, son potentiel va croître régulièrement de zéro
à _|_ 10 volts. Attachons rigidement ce fil à l'extrémité d'un levier mobile
autour du point L, l'autre extrémité se déplaçant le long d'un cylindre en-
fumé F. Il est facile de voir que les déplacements de la pointe du levier L
sur le cylindre F inscriront les phases et les grandeurs de la variation du
potentiel du fil plongeur P'.
» Pour avoir une courbe déterminée à l'avance, je fais osciller le levier L
par la rotation d'un excentrique E, dont on taille le profil en conséquence.
En pratique, j'attache le fil P' soit à une tige vibrante, soit à un pendule,
qui me donnent une variation sinusoïdale du potentiel. J'obtiens toute
autre forme et toute vitesse en attachant ce fil P' à un ressort plus ou moins
tendu (fil de caoutchouc), que je déclenche mécaniquement pour produire
l'excitation. Si le fil P' était mis simplement en rapport avec le nerf N,
communiquant à la terre, cet organe serait constamment traversé par un
courant dérivé qui en altérerait l'excitabilité; de plus, on n'aurait aucun
moyen de graduer la quantité d'électricité qui le traverse. J'évite cet in-
convénient en faisant passer le courant dans le fil primaire d'une bobine
d'induction de du Bois-Revmond, ou encore, comme cela est représenté
dans la figure, en interposant un condensateur étalonné en C. De cette
manière, aucun courant dérivé ne traverse le nerf tant que le plongeur P'
est au repos. De plus, pour un même déplacement de P', c'est-à-dire pour
une même variation du potentiel, la quantité d'électricité qui traverse le
nerf N est rigoureusement la même et connue d'avance.
» Le muscle M, animé par le nerf N, est attaché au levier myogra-
phique L', qui trace la courbe de la secousse musculaire immédiatement
( 627 )•
au-dessous de la caractéristique d'excitation, tracée par le premier levier L.
» La courbe inscrite par le levier I, donne donc bien : i° la quantité
d'électricité traversant le nerf à chaque excitation; 2" la variation du
potentiel; 3° les phases de cette variation; 4° et enfin sa durée.
» De plus, on fait varier chacun de ces facteurs d'une manière indé-
pendante, savoir : 1" la quantité, en modifiant la surface du condensa-
teur G; 20 le potentiel, en modifiant soit la course du levier L, soit le
nombre d'éléments de la pile P; 3° les phases de la variation du potentiel,
en changeant le profil de l'excentrique E; 4° enfin le temps de la variation,
en modifiant la rapidité d'oscillation du levier L.
» Le uerf est traversé par des courants de sens inverse, correspondant
à la charge et à la décharge alternatives du condensateur; il ne peut donc
se polariser. Dans le cas d'une excitation unique, j'évite la polarisation en
déchargeant le condensateur C dans le fil primaire d'une bobine d'induc-
tion, d'après la méthode que j'ai signalée antérieurement à l'Académie (').
» Dans une prochaine Communication, je ferai connaître les résultats
obtenus à l'aide de cette méthode (2)
PHYSIOLOGIE EXPÉBIMENTALE. - - De l'action de L'acide phénique sur les
animaux ('). Note de MM. Simox Dcplay et Maurice Cazi.v, présentée
par M. A. Milne-Edwards.
« La Communication que M. Zwaardeniaker a adressée récemment à
l'Académie, sur les effets produits par l'acide phénique chez le chat, nous
donne l'occasion de rapprocher des résultats de ce travail ceux, que nous a
fournis récemment une série d'expériences nombreuses, faites accessoire-
ment au cours de recherches dirigées dans un autre but.
« C'est en effet en étudiant sur des animaux sains l'action du liquide de
(') Voir Comptes rendus, 27 juin 1881.
(2) Conformément aux idées échangées au Congrès international des Électriciens de
1881 (Commission d'électrophysiologie, séance du 22 septembre 1S81), entre
MM. Helmholtz, Marey, Joubert, d'Arsonval, du Bois-Reymond, Lippmann, etc., j'ai
d'abord essayé d'obtenir l'onde électrique en faisant tourner une bobine dans un
champ magnétique, ou inversement. Je n'ai pas tardé à renoncer à ce procédé qui
présente de grosses difficultés et des causes d'erreur que je ne peux développer ici.
(') Travail du Laboratoire de Clinique chirurgicale de la Charité.
•( 628 )
Koch, que nous avons été frappés des phénomènes convulsifs, plus ou
moins marqués, que produit chez certains animaux, et notamment chez
les souris, les rats et les cobayes, l'injection de lymphe diluée, suivant la
technique employée en Allemagne, dans une solution d'acide phénique à
5 pour 1000.
» Chez les souris, l'injection de isr d'une solution phéniquée à 5 pour iooo, renfer-
mant ims'' de lymphe de Koch, déterminait presque instantanément l'apparition de
convulsions cloniques généralisées, suivies de mort après un temps variant entre
trois et quatre heures.
» L'injection de i-' de la même solution chez des rats, et de 2s1' ou 3°'' chez des
cobayes, produisait seulement quelques secousses convulsives.
« .N'ayant obtenu aucun trouble analogue, même avec des doses de
lymphe de Koch relativement plus fortes, chez les animaux de plus grande
taille (lapins, poules, chiens), pour lesquels la quantité de liquide ser-
vant de véhicule à la lymphe était, proportionnellement à leur poids,
beaucoup plus faible, nous avons été conduits à penser que les troubles
obtenus chez les souris, les rats et les cobayes devaient être imputables
à l'action propre de l'acide phénique en solution dans le liquide injecté;
les symptômes observés étaient, en effet, ceux qui ont été particulièrement
bien décrits par P. Bert et Jolyet dans l'intoxication du chien et du lapin
par l'acide phénique, et nous rappelaient des accidents convulsils analo-
gues que nous avions eu l'occasion d'observer sur de petits animaux, tels
que des rats ou des chats de quelques semaines, dans des expériences de
laboratoire où des solutions phéniquées fortes avaient été employées.
» Différentes doses d'acide phénique furent alors injectées sous la peau de neuf sou-
ris, d'un poids variant entre j»1' et i8sr. 5msr d'acide phénique en solution dans iS1'
d'eau, comme dans notre dilution de lymphe au millième, suffisaient à déterminer la
mort après deux heures de convulsions cloniques généralisées; la plus petite dose
injectée, qui comportait osr,ooo3 d'acide phénique, produisait seulement quelques
secousses convulsives qui disparaissaient rapidement; la plus forte dose, comportant
o8r,025 d'acide phénique, en solution dans os1', 5 d'eau, déterminait la mort en quelques
minutes.
» Les mêmes expériences ont été répétées, avec des doses variables
d'acide phénique, chez une vingtaine d'autres animaux (rats, cobayes, la-
pins et chiens). Nous n'énumérerons pas le détail de ces expériences et
nous nous contenterons d'en rapporter les résultats comparatifs, établis
proportionnellement aux poids des différents animaux employés.
( 6ag )
» Les doses d'acide phénique avec lesquelles nous avons constamment,
au moyen d'injections sous-cutanées, déterminé la mort en quelques heures,
représentaient, pour un kilogramme d'animal, un poids d'acide phénique de
ogl, 296 pour les souris, de ogr, 657 Pour 'es rats> ('e ogr,G8o pour les cobayes,
de ogr, 5i4 pour les lapins.
» D'autre part, nous avons pu atteindre, sans déterminer la mort et en
provoquant seulement des troubles convulsifs, très accentués chez la sou-
ris, le rat et le cobaye, et très peu accentués chez le chien, des doses d'a-
cide phénique représentant, pour un kilogramme d'animal, un poids de
oer,i25 chez la souris, de 0^,217 chez le rat, de oB'', V'p chez le cobaye et
de og,',266 chez le chien.
» Enfin les effets ont été nuls ou presque nuls avec des doses représen-
tant, pour iKr d'animal, un poids d'acide phénique de oK'',o43 chez la
souris, de 0^,077 chez le rat, de os',o88 chez le cobaye, de ogl, i3g chez le
lapin, et de ogl', 10G chez le chien.
» Nous n'avons pas étudié spécialement les elïets de l'acide phénique
sur le chat, chez lequel M. Zwaardemaker signale une sensibilité extrême
pour l'acide phénique, et nous ne pouvons pas comparer avec nos résul-
tats, d'une façon suffisamment précise, les doses toxiques qu'il indique
dans sa Communication, attendu que les chiffres qu'il donne se rapportent
à des injections intraveineuses, tandis que les nôtres se rapportent à des
injections sous-cutanées; mais, d'après les quelques faits que nous avons
observés dans le cours d'expériences de laboratoire, nous croyons volon-
tiers, comme M. Zwaardemaker, que le chat est plus sensible à l'action de
l'acide phénique que le chien, le lapin, le cobaye et le rat.
» Comme le montrent les exemples que nous venons d'énumérer, les
effets toxiques de l'acide phénique n'apparaissent, en général, chez les
animaux qui ont servi à nos expériences, qu'à des doses relativement très
élevées, doses qui se trouvaient réalisées pour les petits animaux avec
l'emploi de dilutions de lymphe de Roch dans une solution phéniquée à 5
pour 1000; les accidents obtenus chez ces animaux à la suite des injec-
tions de lymphe provenaient donc uniquement de l'action de l'acide phé-
nique, et ils ne se sont jamais reproduits avec l'emploi de dilutions de
lymphe dans de l'eau bouillie.
» En comparant entre eux les chiffres cités plus haut, on voit que l'ac-
tion de l'acide phénique s'exerce dans des proportions très inégales chez
les différentes espèces animales, et que la souris notamment est évidem-
( 63o )
ment beaucoup plus sensible à l'action de l'acide phénique que le rat, le
cobaye, le lapin et le chien, puisque, pour un même poids d'animal, des
doses qui produisent des troubles très accentués chez la souris ne don-
nent aucun résultat appréciable chez le lapin et le chien, de même que des
doses qui sont mortelles pour la souris provoquent seulement des phéno-
mènes convulsifs d'une durée plus ou moins longue, et non suivis de
mort, chez le rat et le cobaye, et déterminent à peine quelques troubles
chez le chien. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Observations aclinomêtriaues faites à i Observatoire
de l'Académie Petrowsky, près de Moscou. Noie de MM. R. Colley,
N. Michkine et M. Kazixe, transmise par M. Crova.
« Le but principal que nous nous sommes proposé était de déterminer
l'intensité totale des radiations émises par le Soleil et de celles qui sont
diffusées par toute l'étendue du Ciel, sur l'unité de surface horizontale du
sol. La détermination de cet élément a une importance de premier ordre
pour la Météorologie, puisque c'est de lui que dépendent tous les autres,
et pour l'Agriculture, en raison de son influence prépondérante sur la
fonction chlorophyllienne et sur la nutrition des plantes.
» Ces observations ont été commencées le Ier juin 1889 et ont été con-
tinuées sans interruption jusqu'au 23 octobre, l'actinomètre que nous
avons employé ayant cessé de fonctionner régulièrement quand la tempé-
rature de l'air s'abaissait au-dessous de — io°.
» Nous nous sommes servis de l'actinographe de MM. Richard frères,
et nous avons réduit ses indications en mesures absolues, c'est-à-dire en
-
calories (gramme-degré) reçues sur un centimètre carré de la surface
horizontale du sol. Cette réduction a été faite au moyen du pyrhéliomètre
de M. Crova, qui a été observé comparativement aux indications de
l'actinographe.
» Ce dernier appareil, totalisant la radiation directe du Soleil et celle
du Ciel, les comparaisons avec le pyrhéliomètre ont été faites par de très
belles journées, pendant lesquelles, à cause de la pureté du Ciel, sa
radiation était négligeable, en présence de celle du Soleil, ce qui nous a
permis d'évaluer, avec une grande approximation, le coefficient de pro-
portionnalité des deux instruments.
( 63 1 ;
» L'actinographe recevant les radiations sur une surface constante qui
est égale pour toutes, quelle qu'en soit la source, à la section diamétrale
de la boule qui reçoit la radiation, il était nécessaire, pour la ramener à
celle qui est reçue sur l'unité de surface horizontale, de calculer un coeffi-
cient de réduction, fonction de la latitude et de la déclinaison du Soleil à
midi. Ce calcul est facile, et notre Mémoire contient la Table des valeurs
de ce coefficient pour tous les jours de l'année.
» Voici les principaux résultats de nos observations :
» La marche diurne de la radiation, par des journées très sereines, pré-
sente, à Moscou, les mômes caractères typiques, qui ont été trouvés par
M. Crova à Montpellier; ainsi :
» i° La courbe de la marche diurne n'est pas symétrique par rapport
à l'ordonnée de midi.
» 2° Les maxima principaux ont lieu, en été, vers ioh du matin et a 3h
après midi ; ils sont séparés par un minimum secondaire. En automne, les
deux maxima se rapprochent île l'heure de midi.
i> Notre Mémoire contient 23 Tableaux, donnant, pour tous les jours de
chaque mois, la radiation totale reçue sur l'unité de surface horizontale et
la comparaison des résultats obtenus avec ceux de l'actinomètre Arago.
L'un des deux instruments de ce genre que possède l'Observatoire donnait
des indications plus ou moins proportionnelles à celles de l'actinographe
Richard et du pyrhéliomètre ; le second était en discordance complète
avec les autres.
» Nous donnons aussi, dans notre Mémoire, le calcul des degrés de pré-
cision que l'on peut atteindre dans ces observations.
« Voici un Tableau résumé de l'ensemble de nos observations :
Nombre de jours par mois pour' lesquels V intensité totale de la radiation a été
Inférieure Comprise entre Supérieure
;i 5oo"'. ' et iooo"1. a 1000™'.
Juin ro 19 1
Juillet 5 28 3
Août m 20 i>
Septembre 28 2 o
» On voit que l'insolation est plus intense pendant le mois de juillet
que pendant les mois de juin et d'août, tandis que, théoriquement, elle
devrait être la plus forte en juin; la transparence atmosphérique est donc
( 632 )
plus faible pendant le mois de juin que pendant les deux mois suivants,
et cependant la durée totale de l'insolation est plus grande en juin qu'en
juillet, comme le montre le Tableau suivant :
Durée totale de 1 insolation .
Juin [72,12
Juillet ifi6,25
Aoù t 1 90 , 33
Septembre 32,70
Remarques sur les Observations de MM. R. Colley. TI. Michkine et M. Razine:
par M. A. Crova.
» Ces observations ne sont pas directement comparables à celles que
j'ai faites à Montpellier et à celles de M. Savélief à Rief, car elles donnent
les radiations totalisées du Soleil et du Ciel, tandis que les précédentes
donnent seulement celles du Soleil; déplus, l'actinographe employé est
influencé par diverses causes, et principalement par l'action du vent, qui
tend à diminuer la différence de température des deux boules d'autant
plus qu'il est plus violent.
» Néanmoins, il est intéressant de constater que la dépression de midi a
été observée à Moscou, comme à Rief et à Montpellier; celle-ci est donc
due à une cause générale indépendante des circonstances locales ; le rap-
prochement des deux maxima secondaires en automne a été aussi constaté
dans ces trois stations; enfin la dépression de la radiation au mois de juin
est un caractère commun aux trois stations. Une série d'observations em-
brassant la durée totale de Tannée aurait probablement mis en évidence
des coïncidences plus étendues.
» Il était important de comparer l'intensité et la durée de l'insolation
à Montpellier et à Moscou. Les observations de ce genre, publiées réguliè-
rement depuis quelques années dans le Bulletin météorologique de l'Hérault,
rendent cette comparaison facile :
» J'avais donné, il y a quelque temps ('), une méthode d'évaluation de
la quantité totale de chaleur reçue sur l'unité de surface horizontale du
sol; dans un travail publié dans le Bulletin météorologique de l'Hérault
(') An na les (le Chimie et de Physique, 5e série, t. Xl\, p. \(\~.
( 633 )
(année 1889-), M. Houdaille ( ') s"cst préoccupé d'évaluer cette quantité,
en se basant sur les observations faites à Montpellier et sur les Tableaux
calculés par M. Angot (2). En appliquant sa méthode aux observations
laites pendant les mois de juin, juillet, août, septembre et octobre 1889,
M. Houdaille a dressé le Tableau suivant :
Moyenne diurne des calories
Nombre mensuel reçues sur rci de
d'heures d'insolation surface horizontale du sol
1889. à Moscou, à Montpellier. à Moscou, à Montpellier. ItilTérence.
Ii h cal cal
Juin 172 232 38o 262 —118
Juillet 166 27.5 \>.n 307 — 1 1 3
Août 190 289 320 34o -+- 20
Septembre. .. . 52 207 123 236 +ii3
Octobre 1 i(i 110 1 1 2 m'i — 8
» On voit que, quoique, en raison de sa latitude plus élevée, le nombre
d'heures d'insolation dût être supérieur à Moscou, pour l'intervalle com-
pris entre le Ie' juin et le 21 septembre, cette somme est cependant infé-
rieure à ce qu'elleest à Montpellier, le mois d'octobre lui est un peu supé-
rieur, ce qui s'explique par les circonstances météorologiques du mois
d'octobre 1889 à Montpellier; en été, le nombre d'heures d'insolation a
donc été moindre à Moscou qu'à Montpellier.
» Quoique la comparaison du nombre des calories ne soit pas rigoureu-
sement légitime entre les deux stations, vu la dillérence entre la nature des
phénomènes observés, on voit cependant que l'excès de l'intensité de la
radiation observée à Moscou est si considérable pendant les mois de juin
et de juillet, qu'il peut être attribué à l'excès dû à la radiation diffusée par
le ciel, et cependant la hauteur du Soleil était moindre à Moscou. On peut
donc conclure de cette comparaison que la transparence atmosphérique a
été, pendant ces deux mois, plus grande à Moscou qu'à Montpellier. Cette
conclusion est confirmée par les valeurs très élevées de la radiation obser-
vées pendant certaines journées à Moscou, et qui sont de beaucoup supé-
rieures à celles que nous avons obtenues à Montpellier. Si nous rappro-
chons ces résultats de ceux qu'a obtenus M. Savébef, à Rief (3), pendant
l'hiver, et qui donnent, malgré la moindre hauteur du Soleil à Rief, d«js
(') Annales du Bureau central météorologique, i883.
(-) Bulletin météorologique de V Hérault, année 1889.
(3) Comptes rendus, t. CV1II, p. 287; 1889, et t. GXII, p. 481 ; 1891.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N» 12.) 83
( 634 l
valeurs plus élevées qu'à Montpellier à la même époque, nous pouvons
conclure que la situation continentale des deux stations russes donne à
leur atmosphère une transparence calorifique plus grande qu'à Montpel-
lier, dont la situation, plus méridionale et au bord de la mer, augmente la
masse des A'apeurs absorbantes de son atmosphère. Quoique le Soleil y
brille plus souvent, la transparence atmosphérique y est moindre. »
M. J. Dettweileb adresse une îNote relative à un projet d'utilisation,
comme force motrice, de la déviation du mouvement d'un pendule par la
rotation de la Terre.
M. Déclat adresse une Note tendant à établir qu'il a, le premier, fait
usage d'injections hypodermiques antiseptiques, dans le traitement de la
tuberculose. Les premières injections ont été faites avec une solution
d'acide phénique à 2^ pour ioo.
La séance est levée à 3 heures trois quarts. M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 9 mars 1891.
Georges Sire. Mémoire sur le polytrope et quelques autres appareils servant à
V élude des mouvements de rotation ( 1862); br. in-8°. — Etude sur la forme
globulaire des liquides (i863); br. in-4°. — Nouvelle disposition de l'hygro-
mètre à cheveu (1872); in-8°. — Sur un nouveau voluménome'tre (1871):
br. in-8°. — Démonstration nouvelle du principe. d'Archiméde (1873); br.
in-8". — Trois types nouveaux d'hygromètres à condensation (i885); br.
in-8°. — Le dévioscope (1881); br. in-8°. — Pipette à capacité variable,
pour l'essai des matières d'argent par la voie humide (1872); br. in-8°. — Sur
un appareil à niveau constant, pour l'essai des matières d'argent par la voie
humide (1872); br. in-8°. — Observations sur la prise d'essai pour la déter-
mination du titre des ouvrages d'argent (1877); br. in-8".
( 635 )
Giorgio Sire. La Meccanica délie rotazioni. Traduzione dal francese di
Ugo Bagnoli. Siena, Enrico Torrini, editore, 1889; br. in-8".
Annuaire de l'Observatoire royal de Bruxelles; par F. Folie. Bruxelles,
F. Hayer, 1891 ; 1 vol. in-16.
Résumé des observations météorologiques faites par M. Hervé Mangon à
Brécourt {Manche), de 1868 à 1889; par M. Th. Moureaux. Paris, Gauthier-
Villars et fils, 1891 ; br. gr. in-4".
L'année scientifique et industrielle; par Louis Figuier. Paris, Hacbette
et C'e, 1891 ; 1 vol. in-16. (Présenté par M. Bouquet de la Grye.)
Note sur la forme des chiffres usuels; par Georges Dumesnil. (Extrait de
la Revue archéologique.) Paris, Ernest Leroux, 1890; br. in-8°. (Deux
exemplaires.)
W. Nicati. La glande de l'humeur aqueuse. Analomie, Physiologie, Patho-
logie. Paris, G. Steinheil, 1891 ; br. in*8°. (Présenté par M. Banvier.)
Recherches nouvelles sur la fièvre scarlatine ; par les Drs Fox sart et Ehrmann .
Compiègne, Henry Lefebvre, 1890; br. in-8". (Renvoyé au concours Mon-
tyon, Médecine et Chirurgie.)
Traité pratique du pied bot; par E. Duval. Paris, J.-B. Baillière et fils,
1891; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. de Quatrefages.)
Expériences sur l'influence de l'électricité sur les végétaux; par Selim
Lemstrom. Helsingfors, J.-C. Frenckell et fils, 1890; br. in-4°. (Présenté
par M. Mascart.)
Recherches sur le développement et la classification de quelques algues vertes ;
par François Gay. Paris, Paul Klincksieck, 1891 ; br. in-8".
Les virus; par le Dr S. Arloixg. Paris, Félix Alcan, 1891; 1 vol. in-8°.
(Présenté par M. Chauveau.)
Le Nématode de la betterave à sucre; par Georges Dureau. Paris, Bureau
du Journal des Fabricants de sucre, 1889; br. 1:1-12.
Revista argentina de Eistoria natural, dirijida por Florentino Ameghino.
Febrero i° 1891; Torao I, entrega I". Buenos-Aires, Jacobo Penser, 1891 ;
br. £T. in-8°.
Astronomical and magnelical and meteomlostical ' obser valions made at the
Royal Observatory, Greenwich, in the y car 1888, under the direction of
W.-H.-M. Christie. London, printed for Her Majesty's stationery office,
1891); 1 vol. gr. in-4°.
Greenwich spectroscopic and photographie results, 1888 and 1889; 2 br.
gr. in-4°.
( H36 )
Transactions of the Connecticut Academy of Arts and Sciences; Vol. VIII,
Part I. New Haven, published by the Academy, 1890; 1 vol. in-8°.
Proceedings of the Academy of natural Sciences of Philadelphia. Part. III,
october-december 1890. Philadelphia, Academy of natural Sciences, 1891;
1 vol. in-8°.
Ueber Tundren und Sleppen der Jelzl-und Vorzeit, mit besonderer Beruck-
sichtigung ihrer Fauna; rorc Dr Alfred Nehring. Berlin, Ferd. Dummlers,
1890; 1 vol. in-8°.
ERRATA.
( Séance du 16 mars 1 891.)
Page 56g, Prix Bordin (Etudier les phénomènes intimes de la fécondation chez les
plantes phanérogames, etc.), ajouter le nom de M. Chatin à la liste des commissaires
(MM. Duchartre, Chatin, Van Tieghem, Bornet, Trécul).
Page 591, ligne 6 en remontant, au lieu de G. Barbier, lisez G. Barbey.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER - VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, u" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. [ls forment, à la lin de l'année, deux volumes in-4°. Dei
ibîes, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Autours, terminent chaque volume. L'abonnement est annu
part du ier janvier.
Le prix de ^abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 l'r. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
■en Michel et Médan.
1 Gavaull St-Lagcr.
»ec ' Jciunlan.
I Ruff.
liens Ilecquct-Decobert.
j Germain etGrassin.
> Lachèse et Dolbeau.
yoniie Jérôme.
ançon lacqnard.
, Avrard.
■deaux DuLliull'.
' Millier (C).
wges Renaud.
/ Lefouriiier.
\ F. Robert.
>st. ■ . <
i J. Robert.
I V Ùzel Caroff.
t Baër.
( Massif.
ambei) l'errin.
, 1 Henry.
entoure , ,
" ( Marguene.
, _, i Rousseau.
'.rmont-Ferr...
( Ribou-Collay.
, Lamarche.
o/l liatel.
' Damidot.
\ Lauvcrjat.
nu . . '
! Crépiii.
, .,/ i Drevet.
'.nome-
( Gratter.
Rochelle Robin.
Havre ( Uourdignon.
| I (ombre.
, Ropiteau.
e ■ Lefebvre.
' Quarré.
riiez Messieurs
,. ' . i Baurnal.
Lorient J
( jM"° lexier.
(Beaud.
Georg.
Lyon , Megrct.
Marseille.
Montpellier
I Palu.l.
1 Vitte et Pérussel.
Pessailhan .
( Calas.
I Coulet.
Nantes
Nice
Moulins Martial Plai e
/ Sonlolllrl.
\ Nancy Grosjean-Maupin.
' Sidot frères.
( Loiseau.
| \i \ elopp
ma.
' \ isconti '■! i ! .
Nîmes Thibâud.
Orléans ... Luzeray.
. . i Blanchicr.
Poitiers , ,
' I iruinaud.
Rennes Plîhon et Hervé.
RoChefort Boucheron - Rossi
I Langlois. I gnol.
Rouen ,
' Lestnngant.
S'-Êtienne ...... Chevalier.
( Bastide.
( Rumèbe,
\ Gimet.
( Privât.
i Boisseher.
I Tours Péricat.
' Suppligeon,
j Giard.
I Lemaitre.
Toulon
Toulouse...
Valenciennes.
chez Messieurs :
, , | Robbcrs.
Amsterdam ,, ., „ .
' Feikema Caarelsco
Athènes Beck. [et O.
Barcelone. Verdaguer.
i ^sher et G".
„ ii lalvârj et C
Berlin •,.-,, i
I l' riedlander et Ris.
' Mayer ci Millier.
/,.,.,.„,. \ Schmid, FràncUe el
Bologne Zanichelli et C'\
i Ramlot.
Bruxelles Mayolez.
I Lcbègue el C'*.
_ , s Haimann.
Bucharest , ,,
' Ramsteanu.
Budapest Kilian.
Cambridge. Deighton, BelletC0
Christiania. ■ ' Cainmenneyer.
Constantinople. . Otto ci Keil.
Copenhague Hiist el fils.
Florence Lœscher el Seebi
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
I Cherbuliez.
Gt ii' ce < ieorg.
' Stapelmohr.
La Haye Belinfante frères.
, Bcnda.
Lausanne , ,
( Payot.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig.. . - I Lorentz.
J Max Rube.
' Twietmeyer.
1 Desoer.
Liège.
3 ' GnUSe.
Londres
nbourg
Madrid
chez Messieurs :
\ Dulau.
I Nuit.
V. Bttck.
Librairie Gutcn
\ berg.
i îonzalès c liijos.
> ravedra:
F. Fé.
.,.. i Dumolard frères.
Milan
' Hœpli.
Moscou • Gain ier.
[ Furcheim.
\ aptes Marghieri di Gius
( Pellerano.
, Chris ter n.
\ew- York . . Stechert .
' Westerinann.
Odessa . ..'. Rousseau.
Oxford. Parker et C'".
p. derme Clausen.
Porto Magalhaès
Prague ■ RiN nac.
Rio Janeiro Garnier.
I Bocca frères.
' Loescheret C1'.
Rotterdam Krainers et fils.
iiolm Sainson et Wallin.
i Zinserling.
/ Wollf.
h'iri-j frères.
lirero.
( llausen.
RoscnbergetSellïei
Varsovie. . ... Gebethner et VVolfl
Vérone Drucker.
\ Frick.
I Gerold et C*.
Zurich Meyer et Zeller.
Rome.
S' Pétersbourg.
Turin .
Vienne .
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1er à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-i°; (853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91. — ( i'' Janvier 18G6 à 3i Décembre 1S80.) Volume in-4°;i88g. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Mnel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Vignes, par M\I. V. Herbes et A.-J.-J. Souer. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent le:
s îetes, par M. Hanses. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matière
S'ses, par M. Claude Bernard. Volume in-$°, avec 01 planches; iS56 15 fr
ome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vas Besedes. — Essai d'une réponse a la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Science
Jr le concours de i853, et puis remise pour celui de 1806, savoir : .1 Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
• entaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée.— Rechercher la naturi
" ;s rapports qui existent entre l'état actuel du régne organique et ses états antérieurs », par AI. le Professeur BbonN. In-4°, avec 27 planches; 1861 ... 15 fr
. la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N° 12.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 23 mars 1891.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pag
M. le Président annonce à l'Académie que,
en, raison des fêtes de l'àques. la séance
de lundi prochain sera remise au lende-
main mardi, ii mars
M. le Président annonce a l'Académie la
perle douloureuse qu'elle a faite dans la
personne de M. Cahours
M. Berthelot. — Action de la chaleur sur
l'oxyde de carbone
Pages-
M. Berthelot. - Sur une réaction de l'oxyde
de carbone ~nt-
MM. Berthelot et G. André. — Sur l'odeur
propre de la terre »,s
M. A. Chatin. - Contribution à la Biologie
des plantes parasites 5ag
MM. H. LÉPINE ht BarRAL. — Sur le pou-
voir glycolytique du sang chez l'homme. 6o:j
NOMINATIONS
Commission chargée déjuger le concours du
prix Savigny (fondé par M11' Letellier) de
i'année i^')i : MAI. de Quatrefages, I.
Milne-Edwards, Blanchard, île Lacase-
Duthiers, Grandidier
Commission chargée de juger le concours du
prix Da Gama Machado de l'année 1891 :
MM. I. Milne-Edwards, Blanchard, de
Quatrefages, de Lacaze-Duthiers, Ron-
cier
Commission chargée de juger le concours des
prix Monlyon (Médecine et Chirurgiejde
l'année t8gi : MM. Bouchard, Marey,
Verneuil, Bichet, Charcot, Brown-Se-
quard, Larrey, Sappey, Banvier
Cotninissi.in chargée déjuger le concours du
prix Godard de l'année 1891 : MM. Bou-
chard, Verneuil, Brown-Séquard, Bi-
che 1, Charcot
6o5
6o5
MEMOIRES PRESENTES.
M. .1. Paraire adresse une Note «Sur le maximum de rendement de la vapeur
CORRESPONDANCE.
M"" H. Klumpee. — Observations de la pla-
nète Millosevieli (xiy^. , faites à l'Observa-
toire de Paris (équatorial de la tour de
l'Est)
M. J. Weingahten. — Sur la théorie des
surfaces applicables
M. .1. Verschaffelt. — Des déformations
que présente après l'imbibition un système
forme- par la superposition de deux lames
hygroscopiques, minces et homogènes, à
propriétés différentes
M. A. Besson. — Sur l'action de l'aride
iodhydrique sur le chlorure de silicium..
M. L. Amat. — Transformation du pyro-
phosphite de soude en phosphite
M. M. Vèzes. — Sur les sels bromoazotés
du platine
M. A. Colson. — Sur la désagrégation par
l'eau des sels neutres d'aminés de la série
grasse
M. Raoul Varet. — Nouvelles combinaisons
de la pyridine
Bulletin bibliographique
Errvta
I106
6o7
610
lui
'"i
616
liig
M. Léo Yic.MiN. — Sur la théorie des phéno-
mènes de teinture
M. A. d'Arsonval. — Méthode pour enre-
gistrer simultanément l'onde électrique
d'excitation et la contraction musculaire
résultante
MM. S. Dt.ri.AY et M. Cazin. — De l'action
de l'acide phénique sur les animaux....
MM. R. Colley, N. Michkine et M. Kazine.
— Observations actinométriques faites a
l'Observatoire de l'Académie Petrowski,
près de Moscou
M. A. CltovA. — Remarques sur les Obser-
vations de MM. B. Coller. M. Michkine
et M. Kazine
M. J. Dettweiler adresse une Note rela-
tive à 'in projet d'utilisation, comme force
motrice, de la déviation du mouvement
d'un pendule par la rotation de la Terre.
M. DÉCLAT adresse une Note tendant à éta-
blir qu'il a, le premier, fait usage d'injec-
tions hypodermiques antiseptiques, dans
le traitement de la tuberculose
Ra3
li.'m
63a
liV,
634
836
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILL\RS ET FILS,
Quai des Grands-.Augustins. 55
3âô9 1891
PREMIER SEMESTRE.
'1
lfl9l
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPETREES.
TOME CXII.
N°15 (3J Mars 1891
PARIS,
GAUTHIEft-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
U«ai des Grands-Augustins, Sj.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des h3 juin 1862 et 2<4 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro dos Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
oupar un Associé étrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académù
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autan
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personne
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires son
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L>
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrai
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fon
pour les articles ordinaires de la correspondance offi
cielle de l'Académie.
1
Article .3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis ;
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, li
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à temps
le titre seul du Mémoire est inséré dans leCompte rendi
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fail
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DD MARDI 51 MARS 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRK.
MEVIOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
ASTRONOMIE. — Troisième réunion du Comité international permanent
pour l'exécution photographique de la Carte du Ciel. Note de M. Mouchez.
« J'ai l'honneur de faire connaître à l'Académie que le Comité interna-
tional de la Carte du Ciel vient de se réunir pour la troisième fois à l'Ob-
servatoire de Paris et qu'il a tenu ce matin sa première séance. Vingt de
nos Collègues étrangers ont eu la courtoisie de répondre encore une
fois à notre appel. Ils représentent, à deux; ou trois exceptions près, tous
les observatoires engagés dans celte œuvre.
» Nous allons étudier dans cette troisième réunion les dernières ques-
tions restées encore indécises; elles seront certainement résolues avec la
C R., 1891, t" Semestre. (T. CXII, N° 13.) 84
( 638 )
même cordiale et parfaite entente qui a présidé jusqu'ici à nos précédentes
conférences.
» Bientôt après notre séparation, nous allons pouvoir entreprendre si-
multanément notre grand travail dans les dix-huit observatoires qui y
prennent part et qui, presque tous, ont, depuis quelque temps, ter-
miné leurs préparatifs. Les deux seuls qui soient en retard sont : celui
de Rio-de- Janeiro, parce qu'on s'occupe depuis un an de son transfert à 6km
ou 8kmhors de la ville, et celui de Santiago, à cause des récents événements
politiques du Chili.
» Au nom de notre Comité, je remercie de nouveau l'Académie d'avoir
bien voulu prendre notre œuvre sous son haut patronage et d'en avoir fa-
cilité les débuts par la publication de notre Bulletin international, dont
j'ai l'honneur de lui présenter le sixième fascicule. »
MÉCANIQUE. — Nouvel appareil gyroscopiqup.
Note de M. G. Sire.
« Lorsqu'un tore en rotation est assujetti à tourner autour de deux axes
rectangulaires entre eux, si l'on veut réaliser une rotation alternative
autour de l'un de ces axes, on n'y parvient qu'autant que l'axe du tore
s'oriente parallèlement à cet axe et de façon que les deux rotations aient
lieu dans le même sens.
« Pour mettre en évidence ce genre d'orientation, on a déjà imaginé
divers petits appareils gyroscopiques, continus ou discontinus, dans les-
quels l'inversion de l'une des rotations est produite soit à la main, soit par
la réaction élastique d'une lanière de caoutchouc. Quand on opère à la
main, on éprouve une très grande résistance, dont l'opérateur a seul con-
science. Si l'on emploie une lanière de caoutchouc, comme la tension
élastique de cette substance croît très rapidement quand on l'étiré, il en
résulte que l'action de cette lanière sur l'un des axes s'éteint très vite; par
suite, les inversions de l'axe du tore qu'il s'agit d'observer ont très peu de
durée. D'autre part, il importe de montrer que les effets de l'inversion
des rotations sont réciproques, ce que les appareils jusqu'ici connus ne
démontrent pas.
» L'instrument que j'ai l'honneur de placer sous les veux de l'Aca-
démie réalise ces effets d'une façon très simple, tout en leur donnant une
persistance assez grande.
( 639 )
» Il se compose d'un tore mobile à l'intérieur d'une chape susceptible
de tourner autour des deux axes AB, CD, rectangulaires entre eux. Sili-
ces deux axes, peuvent agir successivement ou simultanément deux res-
sorts emmagasinés dans les petits barillets R, R'. Dans ce but, une petite
corde à boyau s'enroule sur le tambour de chaque barillet et vient se fixer
à volonté sur l'axe qu'elle doit actionner. Comme le diamètre de l'axe est
environ le tiers de celui du tambour, on peut facilement enrouler huit à
^
dix tours de corde sans déterminer une réaction trop intense du ressort;
enfin tout ce système est mobile autour de l'axe vertical AB, tournant sur
un pied massif P, P ayant une stabilité suffisante.
» Voici les différentes manières d'opérer avec cet instrument :
» Premier cas. — Tout d'abord la poulie, sur laquelle s'enroule Ta corde
du barillet R', est enlevée de l'axe CD et placée sur une pièce indépen-
dante E, ce qui donne à cet axe une entière liberté; puis on fait tourner
à la main tout le système autour de AB, de façon à enrouler sur cet axe
huit à dix tours de la corde du barillet R, et l'on abandonne l'instrument
à lui-même. Comme le tore ne tourne pas, le ressort réagit sur l'axe, dé-
roule rapidement la corde en faisant tourner le système en sens contraire
dont la position d'équilibre est dépassée, en vertu de la vitesse acquise, jus-
( 64o )
qu'à ce que la réaction du ressort ait annulé cette vitesse. A ce moment, le
système tourne de nouveau en sens contraire, en vertu des mêmes causes,
et ainsi de suite; en d'autres termes, le système est animé d'un mouve-
ment circulaire alternatif.
» Il en est tout autrement si le tore est en rotation. Cette dernière est
produite par une cordelette de soie préalablement enroulée sur l'axe du
tore et que Ton déroule plus ou moins énergiquement.
» On observe alors que le système n'obéit à l'action du ressort R, qu'au-
tant que l'axe du tore coïncide avec AB, et que les deux rotations tendent
à se faire dans le même sens. Dans ces conditions, les deux rotations s'a-
joutent : il en résulte un enroulement rapide et énergique de la corde
sur AB jusqu'à ce que la réaction du ressort ait annulé la vitesse acquise.
A ce moment, le ressort tend à faire tourner tout le système en sens con-
traire ; mais cela ne se produit pas, car seule la rotation autour de AB a
changé de sens, et, pour que l'entraînement du système ait lieu, il est né-
cessaire que la rotation du tore change aussi, ce qui ne peut se faire que
par un retournement de son axe. Aussi voit-on le tore tourner lentement
de i8o° autour de CD pendant que la chape extérieure acquiert une fixité
complète; mais sitôt que l'axe du tore coïncide de nouveau avec AB, tout
le système est entraîné dans le sens de l'action du ressort. Cet entraîne-
ment est suivi d'un nouvel arrêt, pendant lequel un nouveau retourne-
ment de l'axe du tore se produit, et ainsi de suite.
» Ces curieux effets de la tendance des rotations au parallélisme pro-
duisent des alternances d'autant plus nombreuses que la tension du res-
sort et la rotation initiale du tore sont plus grandes.
» Deuxième cas. — Les rotations alternatives transmises à l'axe AB dé-
terminant des alternances autour de CD, réciproquement celles-ci donnent
naissance aux premières. On le démontre en disposant l'appareil de la
façon suivante.
On supprime l'action du ressort R sur l'axe AB, mais on fait agir le res-
sort R' sur CD, en fixant sur cet axe la poulie sur laquelle s'enroule la
corde du barillet R'. On fait tourner la chape intérieure autour de CD de
façon à enrouler huit à dix tours de corde sur la poulie, on met le tore en
rotation comme précédemment et on abandonne le système à lui-même.
» De suite, on observe un mouvement de précession autour de AB, dont
le sens dépend de la rotation propre du tore et de celle autour de CD,
mouvement qui se continue jusqu'à ce que l'axe du tore coïncide avec AB.
A cet instant, le mouvement de précession se fait en sens inverse, et ainsi
( 64i )
chaque fois que l'action du ressort R' produit le retournement de l'axe du
tore : comme cet axe exécute une série de bascules dans un plan passant
par AB, il y a inversion du mouvement de précession, toutes les fois qu'il
V a coïncidence entre ces deux axes.
» Les bascules de l'axe du tore sont lentes si la rotation autour de AB
est très libre; elles sont plus fréquentes, si cette rotation est retardée
par une pression exercée à l'aide de la vis située à la partie supérieure de
l'instrument.
» Troisième cas. — Enfin, voici ce qu'on observe quand on tait agir si-
multanément les ressorts R, R' sur leurs axes respectifs. Après avoir enroulé
huit à dix tours de corde sur chacun de ces axes et avoir mis le tore en
relation rapide, on ne tarde pas à reconnaître une partie des particularités
observées dans le premier cas, à l'exception de l'immobilité de la chape
extérieure qui ne se produit plus pendant le retournement de l'axe du tore.
Lorsque la vitesse acquise autour de AB est annulée par la réaction du
ressort R, l'intervention du ressort R' fait continuer l'enroulement de la
corde sur AB, pendant que se fait la bascule du tore ; mais, dès que les axes
coïncident, tout le système est entraîné en sens contraire. Il résulte de
cette particularité que la durée des alternances est notablement augmentée,
toutes choses égales d'ailleurs.
» En raison de la réciprocité des effets qui se produisent autour des axes
AB et CD, il y a lieu de désigner l'instrument ci-dessus représenté sous le
nom de gyroscope alternatif à mouvements réciproques. »
ZOOLOGIE. -- Nouvelles observations sur la Sardine de Marseille.
Note de M. A.-F.Marion.
« La pêche de la Sardine a été assez fructueuse durant la campagne 1 890
(372i65kg), bien que les mauvais temps l'aient fréquemment contrariée
au début et qu'elle ait été entravée, au milieu de la saison, par l'arrivée
de bandes considérables de Dauphins, coïncidant avec celle de nombreux
bancs de Thons et de Scombresox Rondelctii (Caslendeu des pêcheurs pro-
vençaux).
» Il est digne de remarque que les grosses Sardines adultes, longues
de i.5cm à i8cm, n'ont pas discontinué de se montrer dans notre golfe pen-
dant tous les mois de l'année. Les pêcheurs affirment que ce phénomène
est déjà ancien et remonte à plus de quinze ans. Auparavant, la Sardine
était notablement plus petite, et les bandes de gros poissons n'apparais-
( 642 )
saient qu'en mars, passaient au large et ne s'engageaient dans le golfe que
pour peu de temps. Leur marche semblait dirigée vers les embouchures du
Rhône, et il est admissible que ces changements dans leurs allures résultent
des modifications apportées aux bouches de l'Ouest par la fermeture des
Graux.
» Le développement des organes reproducteurs a donné lieu à des con-
statations semblables à celles de la précédente campagne. Je ne puis ad-
mettre que la ponte de la Sardine s'effectue en toute saison. La durée de
la maturité sexuelle est, d'ailleurs, assez longue et peut être fixée, sur nos
côtes, du milieu de novembre au milieu de mai. Il y a des bandes à matu-
rité précoce, d'autres à maturité tardive. J'ai constaté cette année l'exis-
tence d'œufs bien formés et à la veille d'être rejetés, dans de grosses Sar-
dines de i7c,u,5, qui, du ioau i5 mai, fréquentaient le voisinage des ports.
Par contre, durant les mois de juin, juillet, août et septembre, toutes les
grosses Sardines étaient vides. L'irrégularité de l'état sexuel, déterminant
des pontes successives, explique l'inégalité des alevins et leur apparition
à diverses époques. Les premières Pontifies se sont montrées, en 1890,
pendant la première quinzaine de mars.
« Les Poulines nues, de 2cm à 3cm, étaient associées à des bandes de Pon-
tifies vêtues, longues déjà de 4cm à 4cm,5. Ces pontines allaient grandissant
et devenaient des Polailles, de 6cm à 7e"1, en avril, tandis que de nouvelles
émissions de Pontines nues se produisaient le 25 avril, et plus tard encore
à deux autres reprises, le 8 mai et enfin le 9 juin. Ces derniers alevins
correspondaient évidemment aux pontes tardives du mois de mai. Comme
à l'ordinaire, les sennes, appelées Issango, ont capturé les Sardinettes de
l'année, arrivées à l'état de Polailles (6cm à 8cm, et plus tard, à la fin de la sai-
son, iocm à iicm). Les premières bandes de Polailles furent capturées par
ces filets le 3o mai, à l'entrée du golfe, au poste de Tiboulen de Maïré.
C'étaient des poissons déjà assez forts pour l'époque et que les pêcheurs
distinguaient des Polailles natives du golfe de Marseille, toujours plus
nourries et colorées d'une manière plus intense. Les bandes de Sardines
de l'année, produites dans le golfe, s'augmentent donc de celles des Sar-
dines les plus précoces, qui se déplacent déjà le long de la côte de Pro-
vence. Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai signalé déjà quant à la croissance
de ces Sardinettes dont la taille, à la fin de la saison, reste cependant
encore assez sensiblement inégale, ainsi qu'il fallait s'y attendre, en con-
statant l'apparition successive des Pontines nues depuis le mois de mars
jusqu'au mois de juin.
(643 )
» Je me suis occupé spécialement de la recherche de l'œuf libre attri-
buable à la Sardine, et mes observations me confirment absolument dans
l'opinion déjà acceptée par moi et d'après laquelle l'œuf pondu flotterait
à la surface. J'ai vu, comme d'autres naturalistes, que les œufs retirés du
corps de la Sardine tombent au fond des vases; mais, ces œufs morts, lors-
qu'ils sont assez avancés, laissent déjà leur capsule (qui est un chorion et
non une membrane vitelline) se gonfler et produire le grand espace péri-
vitellin si caractéristique, que l'on reconnaît dans les œufs flottants ob-
servés par Raffaële, à Naples, et que j'ai retrouvés en abondance, cette
année, dans le fond du golfe, en opérant en février des pêches au filet fin.
Les alevins sortis de ces œufs flottants, longs de 5mm, ont une physionomie
particulière. La position reculée de l'anus les fait reconnaître pour des
Chipes. Ce caractère n'existe que chez les alevins de l'Anchois, du Hareng,
de la Melette et dans ceux que nous attribuons à la Sardine. Les alevins
éclos au laboratoire ont vécu huit jours en captivité. Leur sac vitellin était
déjà presque complètement résorbé, le corps avait pris une forme svelte :
il était long de r]mm, l'œil avait déjà sa teinte bleu irisé, et il ne fallait
plus que de légères modifications dans les nageoires pour réaliser l'aspect
des plus petites Ponlines nues.
» Je remarque que les constatations que je viens de faire, identiques à
celles de Raffaële, reproduisent aussi, trait pour trait, les observations de
Cunningham, à Plymouth. Elles seront exposées d'une manière plus dé-
monstrative, avec dessins à l'appui, dans un fascicule des Annales du labo-
ratoire d'Endoume, que j'aurai l'honneur de présenter sous peu à l'Aca-
démie. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Les tremblements de terre du i5 et du iG janvier
en Algérie. Note de M. A. Pomel.
« Le 1 5 janvier, vers 4'1 du matin, une violente secousse séismique ef-
frayait la population algérienne, et la presse annonçait que l'on avait à dé-
plorer des victimes et des ruines. Deux villages de colons, Gouraya et
Villebourg, à l'ouest deCherchell, ont été les plus éprouvés et peuvent être
considérés comme détruits. Des hameaux indigènes du voisinage ont éga-
lement beaucoup souffert. L'aspect des ruines est navrant, et le désordre
est tel que l'on ne comprend pas qu'il n'y ait pas eu plus de victimes.
» Des pans de mur et des cloisons se sont effondrés dans toutes les directions ; ici,
( 644 )
vers l'est ou vers l'ouest; là, vers le sud ou vers le nord; d'autres, restés debout, sont
craquelés et comme émieltés et sans cohésion. Certains angles se sont disloqués en
forme de pyramide droite; d'autres, plus rares, en pyramide renversée. Des masses
lourdes et volumineuses ont été projetées à plusieurs mètres. Des toitures se sont ef-
fondrées, contribuant par leur poussée au renversement des murailles. Des hangars sur
piliers en briques sont restés debout, bien que ces piliers aient été disjoints près de
leur base, tout en étant restés en place. Des pièces de bois ont été chassées hors des
encastrements de leur support.
» Quelques-uns de ces faits et d'autres encore, que je ne puis détailler,
ne peuvent être expliqués que par une violente poussée verticale. Les sinis-
trés ont, en effet, éprouvé, à la première secousse, la sensation d'un choc
terrible et brusque, comme une sorte de soulèvement que certains ont
estimé supérieur à un demi-mètre ('). Les oscillations et les trépidations
qui ont suivi sont venues de l'ouest pour les uns, du nord pour les
autres, probablement à des instants différents; elles ont achevé la disloca-
tion des assises et déterminé les écroulements des constructions, sur les-
quelles elles ont dû agir avec une grande énergie.
m II ne parait pas y avoir eu de déformation du sol. Quelques falaises
démolies, quelques roches surplombantes éboulées, dont une a effondré
une habitation kabvle et écrasé les gens qu'elle contenait. Les fissures
signalées à Villebourg sont des fentes préexistantes, et un peu amplifiées,
d'un cône argileux d'éboulement. La ligne blanche des Algues calcifères
qui, d'habitude, avoisine le niveau de la mer, est relevée à plus de 3ocm.
Mais une pareille dénivellation se produit sous les fortes pressions et
aurait besoin d'une vérification. Il n'est resté aucune trace de raz de marée,
s'il s'en est produit.
» Les secousses d'intensité variable, souvent répétées dans la journée
du i5 et plusieurs autres à la suite, se sont répercutées jusqu'à Cherchell
à 3okm vers l'est, sans dégâts sérieux. A Alger, les secousses se sont pro-
duites à 4h> 4h45m, 5h3om, 6h45m très approximativement. La première a
été la plus forte et a vivement émotionné la population. Le choc vertical a
été enregistré par le baromètre à mercure enregistreur sous forme d'un
trait vertical de près de 2mm de long, dont les f au-dessous de la ligne de
pression qui s'est continuée sans à-coup ni déviation au delà, comme s'il
(') A Villebourg, on prétend avoir vu des lueurs assez intenses et l'un des sinistrés
affirme qu'elles lui ont permis de se diriger vers un escalier pour son sauvetage. Il est
très probable que ces lueurs étaient, en réalité, des éclairs, car, à ce moment, la
tempête était déchaînée.
( 645 )
n'y avait eu aucun trouble. Les enregistreurs anéroïdes n'ont pas été
influencés. Il est bien à regretter que le séismographe Angot, de l'Ecole
des Sciences, ait été alors en réparation. Un séismographe à boulet, au
service météorologique, a donné sur un papier fixe une figure indéchif-
frable, formée de petits ronds et de traces enchevêtrées, dont l'ensemble
indique un mouvement du traceur vers l'est de 3mm et un autre vers le
nord de même grandeur.
» J'ai pensé qu'il y aurait intérêt à déterminer le périmètre de la zone
ébranlée, et à être renseigné sur des faits de détail. Dans ce but j'ai, sous
le couvert de M. le Recteur de l'Académie, adressé un questionnaire aux
fonctionnaires de l'enseignement primaire, qui m'ont fait parvenir trois
cent quatre-vingts informations utiles.
« Je constate d'abord que le sud des hauts plateaux et le Sahara ont complètement
échappé au mouvement séisrnique. Aïn-Sefra, Géryville, Aïn-Madi, Laghouat, Bou-
Saada, Biskra, Gardaïa, Touggourt et El Oued du Souf n'ont fourni que des renseigne-
ments négatifs.
» Dans le Tell, on délimite une zone principale continue de 400km, depuis Mira
(20 long. E.) jusqu'à Perrégaux (20 i5' long. O.). Assez étroite vers l'est et ne sortant
pas du bassin inférieur du Sebaou, elle évite le massif du Djurdjura; puis elle le con-
tourne à l'ouest pour s'élargir jusqu'à Aïn-Bessem, sans toucher à B ouïra ni à Aumale.
Elle comprend tout le Sahel d'Alger et le massif littoral entre la mer et le Chellif.
C'est en son milieu que se trouvent Gouraya et Villebourg. Tous les centres de popu-
lation de la rive gauche du Chellif ont été ébranlés. Dans les gorges du bas Chellif, il
y a interruption depuis Bosquet jusqu'à Tourrin, et la secousse ressentie à Moslaganem
a dû lui arriver de l'Hilhil par Bouguirat.
» Boghar et Boghari, Teniet-el-Hâd, Tiarel, Saïda avec Aïn-el-IIadjar, jalonnant
le bord des hauts plateaux, ont ressenti les secousses principales et semblent fournir
avec Aïn-Bessem une limite méridionale, uniquement peut-être parce que les infor-
mations sont rares au delà. En efTet, s'il n'y a rien eu à Charef et à Zenina, Chellala
et Djelfa ont été légèrement secouées.
» Vers l'ouest, le bassin del'IIabra n'a pas été franchi, il n'est même touché qu'en
deux points extrêmes, Perrégaux et Saïda. Les ébranlements paraissent être arrivés à
ce dernier point de la vallée du Chellif par Cacherou, Fortassa et Zemmora, évitant
ainsi le massif des Béni-Ghougran, qui est en totalité resté en dehors. Mes informa-
tions ne sont pas tout à fait d'accord sur le nombre et l'importance des secousses
secondaires; ce qui prouve qu'elles ont varié suivant les lieux, et elles étaient parfois
tellement affaiblies qu'on les confondait avec celles de la tempête.
» En dehors de cette grande zone et à d'assez grandes distances, on a perçu des
ébranlements qui paraissent dépendre de la même crise séisrnique. Vers l'ouest, à
Bou-Tlélis, le choc s'est produit à ç/So1" du matin. A Tamzoura, au pied du Tessala,
c'est à 8h du soir. Le défaut de coïncidence pourrait, à la vérité, faire douter de cette
relation.
C. K., 1891, 1» Semestre. (T. CX1I, IV 13.) 85
( 646 )
» Mais vers l'est il n'y a plus à en douter. Kirata, à iookm de Mira, est assez forte-
ment secoué à 7h du matin; plus loin, Saint-Arnaud l'est plusieurs fois entre 3h et 5h
du matin; Aïn-Melouk, près Châteaudun du Rhumal, à 6h3om; Ahmed-ben-Àli, près
Jemmapes, deux fois entre 5h et 6h du matin.
» De Jemmapes à Bou-Tlélis, il y a plus de 8° de longitude et une dis-
tance de 72okm. Entre Tenès et Tiaret, il y a I25kro, qui mesurent la grande
largeur de la zone.
» C'est donc sur une surface de c)oookm'1 que le mouvement séismique a
exercé son action. Une pareille étendue et surtout sa forme ne sont pas
compatibles avec une origine dans des points voisins de la surface.
» La secousse du 16, à ah i5m du matin, à Alger n'a pas eu d'influence sur le baro-
mètre enregistreur à mercure. Elle a été à peine perçue clans la région de l'ouest, si
ce n'est dans le Sahel et dans la région de Cherchell. Mais elle a pris vers l'est une
assez grande intensité en se propageant sur des lieux épargnés la veille : massif du
Djurdjura, Haussonvillers, Fréha, Aït-Lazis, Oued Amizour. Au delà, par Kérata,
Oued Seguin, elle s'est étendue jusqu'à Jemmapes. Ce n'est évidemment qu'une des
phases particulières du même grand phénomène dû à l'action des forces internes.
» Mes informations tendent à établir que pour la grande commotion du
i5, il y a eu presque simultanéité de production dans la zone principale de
l'ouest à l'est; l'effort a dû se produire normalement à cette direction; je
n'ai pas les éléments pour en déterminer la vitesse de propagation. Toute-
fois on peut remarquer que l'influence de l'ébranlement ne s'est manifesté
sur les appareils magnétiques du Parc Saint-Maur qu'avec un retard de dix
minutes au moins.
» Il n'y a pas de relation apparente entre le mouvement séismique ei la
structure géologique de détail. Il y en a un plus manifeste avec la structure
orographique et on ne peut méconnaître l'influence des deux systèmes du
Tatra et des Baléares, prédominant dans la région ébranlée. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix, chargées déjuger les Concours de l'année 189,1.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Prix Lallemand. — MM. Charcot, Sappey, Ranvier, Brown-Séquard,
Bouchard réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après
e:ix, ont obtenu le plus de voix sont MM. Marcv et A. Mil ne-Edwards.
( <% )
Prix Chaussier. — MM. Bouchard, Charcot, Verneuil, Brown-Séquard,
Larrey réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux,
ont obtenu le plus de voix sont MM. Marey et Richet.
Prix Bellion (fonde par Mtle Foe/ir). — MM. Bouchard, Charcot, Ver-
neuil, Brown-Séquard, Marey réunissent la majorité des suffrages. Les
Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Larrey et
Bichet.
Prix Mêge. — MM. Bouchard, Charcot, Marey, Verneuil, Brown-
Séquard réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux,
ont obtenu le plus de voix sont MM. Bichet et Larrey.
Prix Montyon (Physiologie expérimentale). — MM. Marey, Brown-
Séquard, Bouchard, Charcot, Ranvier réunissent la majorité des suffrages.
Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Ver-
neuil et Chauveau
Prix L. La Gaze (Physiologie ). -- MM. Banvier, Chauveau, Larrey réu-
nissent la majorité des suffrages et seront adjoints aux Memhres de la
Section de Médecine et Chirurgie pour constituer la Commission. Les
Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Sappey et
A. Milne-Edwards.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, le 4e fascicule de la « Bibliotheca mathematica, Journal
d'Histoire des Mathématiques », publié à Stockholm, par M. Guslaf
Enestrôm. (Présenté par M. de Jonquières.)
M. Paul Camboué adresse, de Madagascar, ses remerciements pour le
prix Savigny qui lui a été décerné.
ASTRONOMIE. — Nébuleuses nouvelles, découvertes à ï Observatoire de Paris ;
par M. G. Rigourdan. Note communiquée par M. Mouchez.
« Comme les nébuleuses nouvelles dont on a déjà donné les positions
(Comptes rendus, t. CV, p. 926 et 1 1 16), les suivantes ont été découvertes
( 648 )
avec l'équatorial de la tour de l'Ouest, de o"\ 3 i d'ouverture; elles ont été
trouvées principalement dans les années 1887 à 1890.
» Pour la notation des grandeurs, j'appelle i3,5 l'éclat des objets qui,
dans cet instrument, sont à l'extrême limite de visibilité. Par suite, il peut
y avoir doute, sinon sur l'existence, du moins sur le caractère nébuleux
des objets dont la grandeur indiquée est i3,5; il en est de même pour les
amas très faibles, parfois pour les nébulosités qui accompagnent certaines
étoiles, etc. Dans ces conditions, on aurait pu ne pas publier les positions
de ces objets, et c'est même pour ces raisons que, en 1887, quelques-uns
avaient été laissés de côté. Mais il semble aujourd'hui que cette publica-
tion est sans inconvénient, puisque chaque objet est accompagné d'une
description sommaire, et qu'elle présente divers avantages, entre autres,
celui d'appeler l'attention des observateurs qui examinent les nébuleuses
voisines, car la plupart des objets suivants ont été trouvés en étudiant des
nébuleuses déjà connues.
» Voici la signification des principales abréviations employées :
N. G. C. =z New gênerai Cat. of Nebulœ, . . . , par J.-L.-E. Dreyer.
p = angle de position, compté comme pour les étoiles doubles.
d = distance.
Gr. est l'abréviation de grandeur.
Ascension Distance
droite. polaire.
1860,0.
N"
- — -~
103...
b m s
O. I . 1 5
104...
O. )5. 22
105...
o.23.5i
100...
. 0.34.52
107..
o.35. 12
108...
0.52.56
109. ..
o.53. i4
110...
. o.53.i8
111...
0 . 5 '| . 1 1
Description.
63. 4 Etoile double (Gr. : 1 3,3 et i3,4) dont la composante
1 3,4 ne paraît pas bien stellaire; parfois l'ensemble
a paru accompagné de nébulosité.
80. 18 Objet nébuleux soupçonné seulement, à cause de son
extrême faiblesse.
5g. 56 Petit amas de 3o" à 4o" de diamètre et peut-être en-
tremêlé de nébulosité.
61. 7 Gr. : i3,4-i3,5; diffuse, 46" de diamètre, avec con-
densation un peu stellaire, et qui paraît légèrement
excentrique.
61. 6 Objet nébuleux, soupçonné seulement.
5g. 58 Gr. : i3,4-i3,5; peut-être irrégulière, 25" d'étendue,
sans noyau.
97.40 Gr. : 1 3,5 ; soupçonnée seulement.
97.42 Gr. : 1 3,5 ; soupçonnée seulement.
97.32 Gr. : i3,5; soupçonnée seulement.
( 649 )
Ascension
droite.
Distance
polaire.
N-.
112
113.
114.
115.
116.
117.
118.
11!).
120.
121.
122.
123.
124.
125.
126.
127.
128.
129.
130.
131.
132.
133.
134.
1860,0
li m ^
0.54.28
O 1
97 . 3 1
.. 4.37
9 1 . 1 3
1. 7.19
57. 23
I -.19. 4
57.59
1 . 1 2 . 1 7
58. 2
1 . 1 2 . 35
75.53
1 . 17 .25
92 . 1 1
1.17 33
92.19
1.18. 3
57.i4
1.18. 5
57 . i5
I .20.22
5g. 58
I .25.23
59-47
I .25.24
5g . 5o
1.25.33
5g. 5o
1.25.33
60.18
1.25.34
60. i5
1.25.44
60.1 3
1 .25.5o
60. i5
I .25.52
60. 1 4
1.26. 7
5g. 58
.26.18
59.57
43.23 68.4g
2. 1. 8 84.18
Description.
Néb. que le voisinage de i5g BD — 70 empêche de bien
voir. Cette étoile est àp = 1680, d = 2'.
Gr. : i3,5; traces de nébulosité près de i56BD — 1°.
Gr. : i3,4; ronde, 3o" de diamètre, avec noyau assez
stellaire.
Gr. : 1 3,5 ; tout à fait insaisissable.
Etoile i3,3-i3,4 qui paraît accompagnée d'un peu de
nébulosité.
Gr. : i3,5; d'aspect assez stellaire.
Gr. : 1 3 ,3-i 3, "5 ; d'aspect stellaire.
Gr. : i3,3; assez diffuse, ronde, 25" de diamètre, avec-
noyau assez diffus.
Gr. : i3,.">; assez nettement nébuleuse.
Etoile i3,'i qui paraît accompagnée d'un peu de né-
bulosité.
Gr. : i3,ô; faible nébulosité voisine d'une étoile
1 3,3-i 3 , 4 qui gène pour l'apercevoir.
Gr. : 1 3,4 ; difficile à voir à cause du voisinage d'une
étoile double (Gr. : i3,o et i3,o).
Gr. : i3,4-i3,5; très diffuse, 3o" d'étendue, avec très
faible condensation australe.
Gr. : i3,5; soupçonnée seulement près de 24oBD-r-3o°,
à p — 170°, d = 3'.
Gr. : i3.5.
Gr. : 1 3,4-i 3,5 ; difficile à voir; une étoile 10 est voi-
sine à p = 33o°, d -— V .
Gr. : 1 3,4- 1 3,5 ; très diffuse et assez étendue.
Très faible et très diffuse, légèrement plus brillante
vers le centre, sans noyau.
Gr. : 1 3 , 4 ; diffuse.
Gr. : 1 3,4 ; d'aspect assez stellaire ; elle paraît formée
par une étoile 1 3,4 accompagnée de nébulosité de 3o"
étendue.
Gr. : i3,4 ; très diffuse, 3o" d'étendue. Une étoile i3,i
très voisine (à p = no", rf= °'>6), gêne beaucoup
pour l'apercevoir.
Gr. : 1 3,4— 1 3,5 ; presque insaisissable. Une étoile 10, 5
est kp = 358°, f/=4'-
Gr. : i3,4-i3,5; très diffuse, 1' à i',5 d'étendue, sans
nova 11 .
Ascension Distance
droite. polaire.
( 65o )
N".
135...
1860,0.
h m s „
2.15.32 II 1.23
136...
137...
2.3o. II
a.3o.4i
48.53
88.17
138...
2.46. 1 1
77.43
139...
140...
2.57.53
. 3. n. 45
97- 2
92.29
ni...
142...
. 3.i4-i3
3 . 20 . 1 6
49. 6
1 1 1 . 5 1
143...
3.27. 6
g5.35
144...
. 4.i3.56
70.52
145 . . .
. 4.23. 3
go.52
140...
. 4.42. 2
96.32
147...
6.42.23
106.45
148...
. 6.42.54
io6.53
149...
7.10.52
102.55
150 . . .
• 7-59- 7
88.34
151...
. 8.29.5i
88. 5o
15-2. .
. 9.12.29
1 06 . 1 0
Description.
Gr. : i3,4 ; assez diffuse, 3o" de diamètre, avec noyau
assez stellaire et très faible.
Gr. : 1 3,3 ; 35" à 4o" de diamètre.
Gr. : i3,3 ; ronde, 35" à 4°" de diamètre, avec noyau
stellaire qui ressort fortement.
Gr. : 1 3,4 ; ties diffuse, 1' à i',5 de diamètre; passe
ios après 11 34 NGC, et est plus australe de 8'.
Gr. : i3,5 ; sans détail perceptible.
Étoile i3,o, un peu diffuse et entourée de nébulosité,
très faible, de 3o" de diamètre.
Gr. : i3,4 ; fortement stellaire.
Gr. : 1 3,4 ; diffuse, 4o" de diamètre, avec noyau assez
diffus .
Excessivement faible, insaisissable; l'étoile 687 BD-5°,
est à/> = 4o°, c/= 4'-
Étoile i3,4-i3,5 qui paraît accompagnée d'un peu de
nébulosité.
Objet stellaire qui parait être une petite nébuleuse
de 5" de diamètre.
Gr. : i3,5 ; très diffuse, formée peut-être par quel-
ques étoiles i3,5 peu serrées.
Étoile 12,8 qui paraît entourée de nébulosité de 25"
à 3o" d'étendue.
Étoile i3,4-i3,5 qui paraît accompagnée d'un peu de
nébulosité ; pourrait être un petit amas de 2 ou
3 étoiles très voisines et inégales.
Trace de nébulosité dans laquelle on soupçonne 2 ou
3 étoiles i3,5.
Gr. : i3,4, 4o" à 5o" de diamètre, avec petit noyau qui
ressort légèrement.
Objet nébuleux 1 3,5 formé peut-être par plusieurs
étoiles assez voisines.
Nébuleuse brillante, allongée vers p = 970, de i',5 de
long sur 3o" à 4o" de large, plus brillante dans la
partie moyenne, sans noyau.
( 65. )
ASTRONOMIE. — Sur les variations obserx'ëes de la latitude d'un même heu.
Note de M. A. Gaillot, communiquée par M. Mouchez.
« A la suite d'une étude sommaire faite en 1866, nous avons trouvé que
la latitude de l'Observatoire de Paris (centre du cercle de Gambey) pa-
raissait éprouver une variation annuelle de faible amplitude. Nous avions
alors attribué une médiocre importance à ce résultat, convaincu qu'il avait
son origine, non dans un changement réel de la latitude, mais dans des
modifications périodiques de la disposition des couches atmosphériques,
ou bien dans une erreur systématique des déclinaisons des étoiles obser-
vées, erreur variable avec l'ascension droite des divers groupes de ces
étoiles.
» Les observations faites récemment à Berlin, Polsdam et Prague, pa-
raissant confirmer l'existence d'une variation annuelle des latitudes, nous
avons cru devoir reprendre à nouveau, et d'une manière plus complète,
l'étude de cette intéressante question, à l'aide des documents que pou-
vaient nous fournir les Annales de l'Observatoire de Paris.
» Nous avons trouvé, dans l'ensemble des observations faites au cercle
de Gambey, une série suffisamment longue, août i854 à septembre 1 85y,
présentant un concours de circonstances particulièrement favorables pour
l'étude que nous avions en vue : observations nombreuses du nadir et
d'étoiles culminant près du zénith, lectures constamment faites sur les
mêmes traits pour toutes les observations similaires, soirées d'observa-
tions presque toujours commencées et terminées par un nadir. Cette der-
nière circonstance nous a permis de déterminer avec une grande précision
la variation de la lecture aux microscopes en fonction de la température
du cercle. Nous avons trouvé que, la lunette étant constamment dirigée
sur le même point fixe, la lecture diminuait de o",43 pour un accroisse-
ment de i° dans la température du cercle, quels que fussent d'ailleurs la
valeur absolue de cette dernière quantité, l'amplitude de sa variation et
l'intervalle de temps compris entre les deux observations du nadir faites
dans une même soirée. Nous avons tenu compte de cette variation dans
tous les cas.
» Les étoiles dont nous avons discuté les observations sont : x Cassiopée,
a Persée, a. Cocber, -., a, y et vi Grande Ourse, [3 et y Dragon, a et (3 Lyre,
a Cygne et a Céphée. Toutes passent au méridien, soit au sud, soit au nord,
à moins de 160 du zénith.
( 65a )
» Les équations personnelles relatives aux divers observateurs ont été
déduites de l'ensemble des relations que nous avons pu former, en com-
parant la movenne des résultats obtenus par deux observateurs différents,
ayant observé le nadir et une même étoile dans le courant du même
mois.
» Ensuite, tenant compte de la valeur de ces équations personnelles,
nous avons encore comparé la moyenne des résultais fournis, sans distinc-
tion d'observateur, mais toujours dans le même mois, par deux étoiles dif-
férentes. Nous avons formé ainsi un nouveau système d'équations, dont
nous avons déduit la correction, constante pour chaque étoile, à appliquer
aux latitudes observées, pour éliminer les erreurs dues à toutes les causes
qui avaient pu affecter d'une manière invariable les résultats fournis par
cette étoile, telles que l'erreur de la déclinaison moyenne adoptée, l'erreur
des traits du cercle, l'influence de la flexion.
» Nous devons faire remarquer qu'ayant pour but de déterminer, non
la latitude elle-même, mais seulement ses variations, nous n'avions nulle-
ment besoin de connaître la valeur absolue de la correction précédente,
ni celle de l'équation personnelle, mais seulement les différences des va-
leurs correspondant aux diverses étoiles et aux divers observateurs; l'une
de ces valeurs, dans chaque détermination , pouvant être fixée arbitrai-
rement.
» Si, dans les deux recherches précédentes, nous nous sommes tou-
jours astreint à ne comparer que les observations faites dans le même
mois , c'est que nous voulions rendre les résultats obtenus à peu près
indépendants de l'influence éventuelle d'une variation annuelle de la
latitude.
» Les résultats primitifs ayant reçu les deux corrections précédemment
indiquées, nous avons pu comparer toutes les latitudes définitivement
conclues, sans distinction d'origine.
» Cette comparaison est présentée dans le Tableau suivant, sur la dispo-
sition duquel nous n'avons qu'une remarque à faire, c'est que les saisons
que nous avons considérées ne correspondent pas aux saisons réelles du
calendrier, leurs limites étant à égale distance des solstices et des équi-
noxes.
( 653 )
Résultats moyens des observations de la latitude faites au cekci.e de Gamgey (i854-i857).
Latitude observée. Poids.
astronomique. Hiver. Print. Eté. Aut. Année. Hiver. Print. Eté. Aut. Année.
I. — Observations faites dans la journée.
48" 5o' 48° 5o' 48- ôo' 48" 5o' 48° 5o'
Avant •! i
'3,97
11,85
1 1 , 33
11,96
h, 91
°,9
50,9
29>7
10,8
92,3
De 211' ;i o1'.
12,00
11,27
M.i)i
11. 3
n,58
7>°
12,4
12,6
12,8
44,8
Deo1' à 3'\.
11,38
10, 38
...'..',
n,84
n,46
10,1
3 ,8
4,6
18,6
37,1
Après 31' . . .
1 1 ,06
n,74
■
I2,3o
n,64
10, 7
8,0
31,7
i4,4
64,8
11.
— Observations
faites dai
is la soirée.
■
De 5h à 71'. .
11,98
11,90
»
»
i'>97
8,9
1,0
»
»
9,9
De 71' à gh. .
1 1 ,66
1 r,5g
»
11,45
1 1 ,5i
i.,5
28,3
»
73,0
112,8
De gh à ii1'.
.i,39
n,33
11 ,49
II ,07
11,42
.8,1
46,6
93»1
4.,i
198,9
Den'-àiS1'.
11,70
.1,82
..,61
11,45
n,65
n,5
2i,3
57,4
6,1
96,3
Dei3hà i5h.
12,12
n,83
n,94
»
11,93
2, 2
6,1
24,1
»
32,4
Moy. gén.
I I , 5g
11,5g
11 ,62
11,56
1 1 ,60
80,9
178,4
2j3,2
176,8
689,3
» On voit, par l'inspection des nombres de la dernière ligne que les
observations étudiées par nous n'accusent aucune variation annuelle sen-
sible de la latitude.
» Nous avons présenté les moyennes correspondant aux observations
faites clans la journée, pour ne rien omettre des résultats obtenus; mais
ces observations étant généralement assez peu concordantes, nous nous
abstiendrons, au moins provisoirement, d'en rien conclure.
» En ce qui concerne les observations faites dans la soirée, l'existence
d'un minimum, vers les neuf heures, paraît bien établie : les résultats ob-
tenus dans chaque saison étant absolument concordants à cet égard.
» Nous croyons que toute hypothèse relative à la cause du phénomène
serait prématurée. Il importe avant tout d'en vérifier l'existence réelle par
des observations faites spécialement dans ce but; ce à quoi on arrivera
facilement en modifia ut légèrement le plan du travail adopté pour les
recherches relatives à la variation annuelle. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie de la représentation conforme.
Note de M. I*aul Paînlevé, présentée par M. Picard.
« Je me propose d'indiquer, dans cette Note, un moyen rigoureux et
simple de lever l'objection de Harnack relative à la théorie de la repré-
C. R., iSgt, [" Semestre. (T. CXII, ,\" 13.) 86
( 65/, )
sentation conforme. Soit S une aire fermée du plan des (oc, y) de contours,
et '( = c, ■+- it) une fonction analytique de z = x -h iy, qui représente l'aire
S sur le cercle T de rayon i, dont le centre u (origine des axes '(, •/)) cor-
respond au point O, origine des axes x, y. Si l'on pose '( = zek{z) = zes+,,!,
la fonction g(x, y) est la fonction de Green relative à l'aire S et au point O.
Cette condition remplie, la fonction '( = zes+,/' est telle qu'à tout point z
de S correspond un point £ de T et un seul, et réciproquement. Quand z
tend vers un point z0 de s, 'Ç, tend vers la circonférence y de r, mais il
n'est pas certain (et c'est là l'objection de Harnack dans son livre sur le
potentiel logarithmique) que '( tende vers un point déterminé de y. Nous
allons montrer qu'il en est toujours ainsi, pourvu seulement que la tangente
le long de s varie avec l'arc d'une manière continue, sauf en un nombre fini de
points anguleux.
» Supposons d'abord que s soit une courbe convexe le long de laquelle
la tangente varie avec l'arc d'une manière continue. Posons
l = zes+ih=ze'^~\
g(x,y) désignant la fonction de Green relative à l'aire S et au point O.
Appelons r et 6 les coordonnées polaires d'un point s, p et 9 celles d'un
point '(. Aux courbes p = p0(o < p0<[ 1) du plan des (£, yi), correspondent
les courbes C ou g-f-Lr = Lp0 du plan des (x, y), qui tendent vers s
quand p0 tend vers 1 . Soit M un point de S, et w l'angle que fait avec OM la
tangente MT à la courbe G qui passe par M (menée dans le sens des an-
gles 9 croissants). En chaque point (x, ,y)'de S, w a pour valeur
£l(x, y) = arc tang
dg dg
dx • <) y
àg dg
Y -r- — x 1-
Q. est une fonction de x, y harmonique et régulière dans S, car c'est la
partie réelle de la fonction iLii -- -+- t j. Le long de s, l'angle a> prend des
valeurs 0/(5) qui varient avec l'arc s d'une manière continue et restent
comprises entre des limites essentiellement positives a et p; mais la fonc-
tion £i(x, y) tend-elle vers la valeur w'(a;0, y0) quand (x, y) tend vers le
point (x0, y0) de st Pour qu'il en soit ainsi, il faut et il suffit que la fonc-
tion V(r, y), harmonique et régulière dans S, qui prend sur s les valeurs
u\s), coïncide avec (2 (x,y) : c'est ce que nous allons établir.
» A cet effet, considérons un polygone convexe pn de n côtés inscrit
dans s, et la fonction K„(z) = zes»+ih« — zek"{z), où gn désigne la fonction
( 655 )
de Green relative à l'aire P„ (qu'enferme P„) et au point 0 : Ç(s) repré-
sente P„ sur le cercler. Soit ln la longueur du plus grand côté de/v Quand
on fait croître n indéfiniment (^tendant vers zéro), gn{x,y~) tend vers
g (x,y); la fonction Sln(x, y) = arc tang - -p — ^- - tend donc vers
* dx dy
£l(x,y) pour tout point (x,y) de l'aire S. Il nous suffit de prouver que
Y(x,y) est également la limite de Çln(x,y).
» Étudions les valeurs de £in le long de pa. Soit M0 un des points de
l'arc de s sous-tendu par le côté A,Af+, de pn, M0T la tangente a s, <5 le
plus petit angle (en valeur absolue) de M0T et de A, A;+l . Quand M0 décrit
la courbe s, (5 varie avec M0 et est discontinu à chaque sommet A,-. On peut
trouver une longueur / assez petite pour que, ln étant inférieur à /, | S | soit
inférieur à e, quel que soit M0 (s est un nombre positif aussi petit qu'on
veut). Ceci posé, le long de chaque côté A,-A,+1J la fonction £„+Q est
régulière et constante [égale à l'angle <p,- de A,A(+I avecO*]; mais elle
admet les points A,- comme points critiques. Si de A, comme centre on dé-
crit, entre les deux côtés adjacents, un arc de cercle c de rayon très petit,
Ï2rt+ 0 varie le long de c de 9, à <p,-H , en prenant une seule fois les valeurs
intermédiaires. Désignons par p'n le contour de l'aire P'fl intérieure au
polygone et extérieure aux cerclesc : dans P^ et sur p'n, la fonction Qu (x,y)
est régulière, et si M0 et M' sont deux points de s et de p'n qui corres-
pondent à la même valeur de 0, on a, quel que soit 9,
| Qa(oc',y) - co'(.r0, r0) | < e
(pourvu (pie ln soit inférieur à /).
» D'autre part, on peut tracer une courbe s' intérieure à s, sans point
commun avec s, et telle qu'on ait pour tout point (x',yr), intérieure à s et
extérieure à s',
\y(x',y) - u>'(xt,ya) | < s,
M0 et M' étant sur le même rayon vecteur. Si donc on a choisi /assez petit
pour c[ue pn soit compris entre s et s', on aura
\V(x'.,y) ■ - il, x',y ij \o.i
pour tout point (x',y' ) Je p'n, par suite, pour tout point (x,y) de P),, c'est-
à-dire que Qn(x,y) tend vers Y(x, y) quand 1„ tend vers o. Les fonc-
tions V et Q, coïncident.
» Q(x, y) prend donc sur le contour* les valeurs 0/(5), et varie, par
suite, dans S, entre les -limites positives a. et (3. Faisons tendre le point M
( 656 )
de S vers le point M0 de s sur le rayon vecteur OM0, et considérons la
courbe A ou m = f(o) que décrit le point X, correspondant. Tout d'abord,
M ne rencontre qu'une fois chaque courbe C (ou g--f-Lr = Lp0); cm-, si
les points M' et M" de OM„ appartenaient à la même courbe C, 9. s'annule-
rait entre M' et M", ce qui est impossible. Quand M tend vers M„ , p croit
donc constnmmenf et tend vers i; à chaque valeur de p correspond un
point M bien déterminé de OM0, par suite, une valeur déterminée de i2.
Si l'on pose cot& = <Kp)< 'a col""he A, qui coupe chaque cercle p = p0 sous
l'angle Q., satisfait à l'équation différentielle (h = ï-L-, <J,(p) restant fini,
continu et tendant vers cotw' quand p tend vers i . De là résulte immédia
tement(') : i° que (p tend vers une limite <p0 quand M tend vers M0 sur 05 „,
et tend uniformément vers cette limite quand M0 (ou z0) parcourts; 2° que
le point C0 = cos<p0 -+- isin<p0 varie avec r-0 d'une manière continue et par-
court une fois la circonférence quand z0 parcourt s; 3° que '( tend vers '(0
quand z tend vers z0 sur un chemin quelconque et réciproquement. De plus,
les angles sous lesquels les chemins décrits par z et par 'C coupent respec-
tivement s et y sont égaux. La correspondance entre z et C est donc encore
biuniforme et conforme sur la périphérie des aires S et T.
» Il est facile, dès lors, de démontrer la proposition suivante, qui com-
prend le théorème énoncé plus haut sur la représentation conforme :
Soient AB un arc de courbe le long duquel la tangente varie d'une manière con-
tinu* (sauf en un nombre fini de points anguleux), 2 une aire que AB limite
partiellement, Z(s) = X -+- i Y une fonction holomorphe dans 1. Si X(x,y)
prend sur AB une valeur constante, Y prend une suite continue de valeurs le
long de tout fragment A'B' de AB. De plus, l'angle a de deux courbes z qui se
coupent au point z0 de A'B' est égal à l'angle A des deux courbes Z correspon-
dantes. Si, toutefois, s0 est un point anguleux de A'B', a. désignant l'angle
des deux tangentes en ce point, on a A = a — •
» Ce théorème admis, une méthode que j'ai indiquée dans le Mémoire
déjà cité (p. 96-101) permet de démontrer cette proposition plus générale :
Soient AB un arc de courbe tel qw les fondions x(s), )'(s) admettent une dé-
rivée continue d'ordre (p ■+- 2), et Z(s) = X -+- /Y une fonction de z holo-
morphe dans l'aire 2 attenante à AB. Si X(x, y) prend sur AB des valeurs
X, (s), qui admettent une dérivée d'ordre (q -+- 1) intégrable -.^i, ' ; Z(c ) et
(') Voir, à ce sujet, mon Mémoire : Sur les lignes singulières des fonctions in If-
tiques, p. 19-25.
( 657 )
ses dérivées, jusqu'à V ordre n inclusivement . prennent , lelongde tout fragment
A'B' de AB, des valeurs continues : n désigne le plus petit des nombres p et </. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur les pressions à l'intérieur des milieux
magnétiques ou diélectriques. Note de M. P. Duhem, présentée par
M. Darboux.
« Dans une Communication récente, M. H. Poincaré a appelé l'attention
de l'Académie sur la théorie, donnée par M. H. von Helmholtz, des pres-
sions au sein des milieux magnétiques; j'ai repris cette théorie dans deux
récents Mémoires ( ' ) et l'ai développée dans un Ouvrage actuellement en
cours de publication. Te demande à l'Académie la permission de résumer
très brièvement ceux des résultats contenus dans cet Ouvrage qui sont
encore inédits :
» i° L'étude complète de l'équilibre des fluides magnétiques m'a
montré que, contrairement à l'idée de Maxwell, la pression à l'intérieur de
ces fluides était constamment normale à l'élément sur lequel elle agit,
et indépendante en grandeur de l'orientation de cet élément. La densité
n'est pas liée à cette pression par la loi de compressibilité qui régit les mi-
lieux non aimantés, mais par une relation qui dépend du coefficient d'ai-
mantation. Cette relation rend compte des expériences par lesquelles on
avait cru démontrer l'exactitude des vues de Maxwell. Une discussion
approfondie de la théorie de Maxwell m'a permis de mettre en évidence
l'erreur analytique sur laquelle elle reposait.
» Mon analyse s'étend aussi aux corps solides aimantés.
» 2° La théorie thermodynamique de l'aimantation s'étend sans peine
aux corps diélectriques amorphes ou cristallisés.
» Dans un cristal diélectrique dépourvu décentre, le potentiel thermo-
dynamique interne renferme un terme linéaire par rapport aux compo-
santes de l'aimantation. L'étude de ce terme rend compte de toutes les
propriétés des corps pyro -électriques et piézo-électriques, dont la théorie
rentre ainsi dans la théorie générale des corps diélectriques.
» 3° L'étude des pressions à l'intérieur des corps diélectriques cris-
tallisés peut être abordée en suivant les méthodes générales que j'ai em-
ployées dans l'étude des corps amorphes; les lois des déformations de ces
(' ) Sur les propriétés diélectriques {Travaux et Mémoires des Facultés de Lille,
n° 2). — [Sur les propriétés d'un sel magnétique en dissolution {Annales de l'Ecole
Normale supérieure, 1890).
( 658 )
corps renferment un terme qui disparaît dans les cristaux non piézoélec-
triques et dont la présence rend compte des déformations des cristaux
piézo-électriques étudiées par MM. Curie.
» 4° J'ai abordé l'étude des fluides incompressibles aimantés doués
de force coercitive. Lorsqu'un semblable fluide est en équilibre, l'aiman-
tation y est distribuée comme sur un corps parfaitement doux; mais la
fonction cpii joue le rôle de la fonction magnétisante ne dépend pas seule-
ment de la nature du fluide et de son aimantation; elle peut dépendre de
la manière dont l'équilibre du fluide s'est établi.
» Les curieuses expériences de M. P. Joubin sur les corps diamagné-
tiques s'expliqueraient en supposant que l'éther est un fluide magnétique
doué de force coercitive.
» 5° Enfin, j'ai donné une série de propositions sur les actions mutuelles
des corps plongés dans un milieu magnétique ou diélectrique; parmi ces
propositions, je mentionnerai seulement la suivante : la présence d'un
milieu diélectrique, qui laisse, aux actions entre corps conducteurs, la
forme donnée par les lois de Coulomb, mais en modifie seulement la gran-
deur, modifie plus profondément les lois des actions en Ire corps mauvais
conducteurs. Si l'on veut regarder comme sensiblement exactes les lois
classiques des actions électriques non seulement pour les corps bons con-
ducteurs, mais encore pour les corps isolants, on est conduit à attribuer
à l'éther un pouvoir inducteur spécifique très voisin de l'unité.
» Les indications que je viens de donner sur les principaux résultats
nouveaux auxquels je suis parvenu dans mon Ouvrage sont si brèves
qu'elles ne sauraient, dès maintenant, entraîner l'assentiment des physi-
ciens ; mais j'espère que les démonstrations complètes des résultats ici
énoncés ne tarderont guère à être publiées. »
ÉLECTRICITÉ. —Propagation de F ondulation électrique hertzienne dans l'air.
Note de MM. Édouakd Sarasi\ et Lucie.v de la Puve, présentée par
M. A. Cornu.
« Nous avons eu l'honneur de présenter à l'Académie les premiers
résultats que nous avons obtenus en répétant les belles expériences de
M. Hertz sur les oscillations électriques rapides ( ' ). Nous nous étions alors
bornés au cas où l'ondulation électrique se transmet le long d'un fil con-
(•) Comptes rendus, séance du i3 janvier 1890; Archives des Sciences phy s. et
nat., 1890, t. XXVIII, p. n3.
( 659 )
ducteur : depuis nous avons répété une autre des expériences de M. Hertz,
celle qui consiste à suivre la propagation de l'induction électrique à travers
l'air en l'absence de tout conducteur métallique. L'excitateur primaire
est placé en avant d'une grande paroi métallique plane et parallèlement à
celle-ci. Les ondulations électriques qui en émanent se propagent à tra-
vers l'air, arrivent à la paroi métallique, faisant pour elles officede miroir,
les ondes réfléchies formant alors, avec les ondes directes, un système
d'ondes stationnaires, dont le premier nœud est au miroir.
» Pour étudier le système de concamérations qui s'établit en avant du
miroir, on y promène le résonateur circulaire dans deux positions princi-
pales différentes : i° en le maintenant constamment parallèle au miroir et
au primaire, c'est-à-dire dans le plan de l'onde; 2° en le déplaçant dans le
plan mené normalement au miroir par l'axe du primaire, plan de vibra-
lion. Dans les deux cas, les résultats sont absolument concordants quant
à la position des maxima et minima équidistants de force électromotrice.
Outre ces deux procédés opératoires, M. Hertz en a employé un troisième
qui consiste à faire interférer entre elles sur un même résonateur les ondes
lui arrivant d'un même excitateur, soit directement à travers l'air, soit par
un fil conducteur. De ces expériences, il conclut, par les grandes lon-
gueurs d'onde du miroir, que la vitesse de propagation à travers l'air en l'ab-
sence de tout fil conducteur est presque le double de celle que l'on observe
le long d'un fil, que ces deux vitesses sont l'une par rapport à l'autre
environ comme 7 : \, contrairement à la théorie de Maxwell, qui voudrait
que ces deux vitesses fussent égales.
» Vu son importance au point de vue théorique, nous nous sommes particulièrement
appliqués à la vérification de ce point spécial. Ayant reconnu, par nos expériences an-
térieures le long des fils, la constance de la période ondulatoire d'un résonateur circu-
laire donné quel que soit l'excitateur primaire par l'action duquel il est mis en jeu, un
même excitateur permettant au contraire l'observation d'autant de longueurs d'onde
qu'on dispose de cercles de grandeurs différentes, nous nous sommes attachés à com-
parer la longueur d'onde donnée par un même 'résonateur circulaire le long des fils
avec celle qu'il donne dans l'air en l'absence de fils.
» Comme surface réfléchissante, nous nous sommes servis d'un grand rideau de
feuille de plomb de 2m,8o de hauteur sur 3™ de largeur, maintenu plan et vertical par
son propre poids. Les excitateurs primaires et la grande bobine d'induction de Ruhm-
korff étaient les mêmes que ceux que nous avons employés dans nos précédentes re-
cherches. L'excitateur était placé en avant du miroir avec son axe horizontal et son
interruption sur la normale au centre de la paroi métallique. Sa distance à celle-ci a
varié entre 4ra et 'O"1. Le résonateur circulaire était fixé sur un chariot glissant le
long d'un grand banc d'optique en bois déjà décrit.
( 66o )
» Nous avons beaucoup varié les concluions de l'expérience et répété les observations
un grand nombre de fois.
» Nous résumons, dans le Tableau qui suit, les résultats que nous avons obtenus avec
dix. cercles différents (') :
1» 0-,75 O-.ôO 0»,35 0»,35 0",25 0-,25 0»,20 0°,20 0», 10
Diamètre gros fil. gros fil. gros fil. gros fil. fil fin. gros fil. fil fin. gros fil. fil fin. gros fil.
du cercle D. icm d. Qmm d.
ior ventre. .. . 2,11 1,60 1,11 0,76 o,jô o,46 o,54 0,39 0,42 0,21
icr nœud ... . 4>'4 3,oi 0 i)49 'i^1 0,94 1,17 0,80 0,93 o , '1 1
2e ventre ... . » » 2,00 2,37 i,63 1,89 1,24 1 , 55 0,69
2e nœud » » 3,o4 3, 10 2 , 1 5 2,40 1,^9 2,o5 0,79
3e ventre ... . » » » » » 2,71 2,94 » 2,46 0,96
3e nœud 0 » » » » 3,i4? » * » »
{X air 2,o3 1,4.1 i,i' 0,76 0,80 o,Go o,43 o,5i 0,19
{X fil i>9?- r)48 0,98 0,73 » d o,5G » 0,4-5 »
2D 2,00 i,5o 1,00 0,70 0,70 » o,5o o,4o o,4o 0,20
» Nous donnons, dans ce Tableau, les moyennes des mesures obtenues avec chaque
cercle et, pour abréger, nous n'avons pas séparé les unes des autres, celles exécutées
avec des excitateurs primaires de dimensions différentes, ces mesures ne présentant
pas entre elles de différence systématique. Dans ces dernières expériences dans l'air,
comme dans nos recherches antérieures le long des fils, nous avons, en effet, constaté
qu'«« résonateur circulaire donne toujours la même longueur d'onde, quand
même on fait varier les dimensions du primaire entre certaines limites (2). Ainsi
donc, ici encore, on observe ce que nous avons appelé la résonance multiple.
» Dans le cas des grandes longueurs d'onde, cercles de ira et de om,75, qui portent
très vite fort loin du miroir en rapprochant autant de l'action directe du primaire, on
ne peut guère constater d'une manière un peu précise qu'un ventre et un nœud, outre
le nœud qui se trouve au miroir même. Avec les plus petits cercles, pour lesquels les
dimensions du miroir sont aussi plus favorables, on peut facilement déterminer trois
ventres et trois nœuds, y compris celui du miroir. L'équidistance des ventres et des
nœuds est, on le voit, assez satisfaisante (3).
(') La sensibilité de la vis micrométrique est un élément très important pour ce
genre de recherches, surtout avec les petits cercles qui ne donnent que des étincelles
très faibles. En dernier lieu, nous avons employé une vis donnant le ^ de millimètre.
(■*) L'intensité de l'étincelle du résonateur étant plus faible dans cette expérience
que dans celle des fils et diminuant, en outre, beaucoup plus rapidement à mesure qu'on
s'éloigne du primaire, l'observation est en tout moins nette qu'avec les fils. Pour
opérer dans de bonnes conditions, il importe donc de donner au primaire des dimen-
sions à peu près appropriées au diamètre du résonateur. Les limites entre lesquelles
on peut observer convenablement ici la résonance multiple sont moins étendues que
dans le cas des fils, mais varient facilement du simple au double ou même plus.
(3) M. Hertz place le premier nœud à une certaine distance en arrière du miroir;
cette perturbation à l'extrémité ne paraît pas ressortir de nos expériences. Comme on
( 66i )
» Le résultat le plus important de notre travail ressort de la compa-
raison des chiffres des trois dernières lignes du Tableau, qui montrent cpie
la longueur d'onde obtenue, pour chaque cercle dans le cas de la propa-
gation à travers l'air, est très sensiblement égale à celle que ce même
cercle donne le long des fils, le quart de l'une et de l'autre étant lui-même
à très peu près égal au double du diamètre du cercle correspondant. D'où
il suit que ta vitesse de propagation des ondulations électriques hertziennes à
travers l'air est très sensiblement la même (pie celle avec laquelle elles se trans-
mettent le long d'un fil conducteur ( ' ). »
SPECTROSCOPIE. — Méthode nouvelle pour la recherche des bandes faibles
dans les spectres de bandes. Application au spectre des hydrocarbure*.
Note de M. H. Deslaxdres.
« Le spectre de bandes attribué aux hydrocarbures ou au carbone seul,
suivant les auteurs, est fourni par les sources de lumière le plus fréquem-
ment employées (gaz de l'éclairage, arc électrique); il se retrouve dans le
spectre solaire et constitue, en grande partie, le spectre des comètes et
d'une classe particulière d'étoiles. Son importance est donc très grande.
» j'ai étudié ce spectre par une nouvelle méthode, qui m'a permis de
le compléter et de lui adjoindre sûrement trois bandes nouvelles, à savoir :
1 438, 19, >437, i3, 1436,5. Ces bandes ne sont pas données par la com-
bustion des hydrocarbures, mais elles se présentent avec les bandes ordi-
naires des hydrocarbures et du cyanogène dans l'arc électrique et dans la
combustion du cyanogène. Aussi les a-t-on, au début, attribuées à ce der-
nier gaz (2).
le voit, par le Tableau, le premier quart de longueur d'onde ne présente pas une dif-
férence systématique sensible avec les autres.
(') Nous avions déjà donné cet énoncé dans une Communication préliminaire faite
sur ce sujet à la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève, dans sa séance
du Ier mai 1890 (Archives des Sciences phys. et nat., t. XXIII, p. 557); mais nous
avons complètement repris depuis lors ces recherches en variant de quantité de ma-
nières les conditions de l'expérience, et c'est ce dernier travail que nous résumons ici.
De son côté M. Lecker, de Vienne, a trouvé, par une méthode toute nouvelle, que la
vitesse de l'ondulation électrique le long d'un fil est égale à celle de la lumière.
(2) MM. Liveing et Dewar, dans leurs belles recherches sur les spectres du car-
bone, après avoir rapporté ces trois bandes au cyanogène, ont montré ensuite l'inexac-
titude de cette première assertion ; mais comme, dans certaines expériences, ils les ont
obtenues à l'exclusion des bandes ordinaires des hydrocarbures, ils n'ont pu, avec le
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXU, N° 13.) °7
( 662 )
» Or l'application de la loi générale de répartition des bandes que j'ai
posée (Comptes rendus, 1887) pour les spectres de bandes permet de con-
clure que les bandes en question appartiennent sûrement au groupe des
hydrocarbures. Cette application est résumée dans le Tableau suivant, qui
offre ces trois bandes et les seize bandes connues des hydrocarbures, ran-
gées en cinq séries, dans lesquelles les intervalles des bandes, d'après la
loi, croissent en proportion arithmétique, les séries étant d'ailleurs su-
perposables. Les bandes, exprimées en nombres de vibrations, sont dispo-
sées dans les cinq séries verticales, de manière que les intervalles égaux
des séries soient sur une même ligne horizontale. Aux points des séries
où manque une bande, l'intervalle est égal à la somme des intervalles cor-
respondants des autres séries.
Spectre des hydrocarbures en nombres de vibrations (' ).
Série I. Série II. Série III. .Série IV.
N. Intervalles. N. I. N. I. N.
i63,39*
Série
m.
N.
i65
°9*
180
18
196
i5*
212
08
228
21
.66, 61*
10,39
Série V.
1.
N.
1.
'67>94*
182,91
'4,97
1 5 , 1 7
3o,54
,;i ,09
21 3, 45
16, 64
15,89
229,09
i5,64 -.' K* 13,67
l6l»3f .5,8,, I7?'°, ^'92 196'll '5,92 2I82'8^
W'f '6.2 '94'95 .6.4 2,r8 .6,i3
193,60 211,09 228,21
» D'après ce Tableau, on peut, avec les seize bandes connues, en par-
tant de sept de ces bandes, retrouver par le calcul exactement les neuf
autres; or, en prolongeant le calcul clans les mêmes conditions, on obtient
les trois bandes en question, qui, en nombres de vibrations, sont représen-
tées par N 228, 21, N 228, 76, N 229,09. Donc ces trois bandes appartien-
nent au groupe des hydrocarbures.
» On peut même, en poussant plus loin encore le calcul, obtenir la po-
sition de bandes encore plus réfrangibles , par exemple les bandes
1 = 4o8,35 et 1 = 408,17. Mais, d'après toutes les analogies, ces bandes
procédé employé, les ramener sûrement à ce dernier groupe. M. H.-W. Vogel, d'autre
part, les attribue toujours au cyanogène.
(') Les nombres de ce Tableau sont ceux de MM. Kayser et Runge (Annales de
Wiedemann, 1889), dont les mesures faites avec un apppareil très puissant sont ac-
tuellement les plus précises. Pour les nombres non déterminés par eux. et marqués
d'un astérisque, j'ai adopté les nombres d'Angstrom et de Thalen, ramenés à la base
du professeur Rowland choisie par MM. Kayser et Runge, soit D,= 589,608.
( 663 )
seraient très faibles et d'ailleurs noyées dans les bandes très fortes du
groupe du cyanogène.
» Quoi qu'il en soit, par l'adjonction des trois bandes nouvelles, le groupe
des hydrocarbures, considéré dans son ensemble, prend une forme plus
symétrique, plus régulière, et se rapproche plus encore des spectres de
bandes de l'azote, qui sont les seuls étudiés jusqu'à présent d'une manière
complète ('). Ces spectres divers, à mesure que leur étude est poussée
assez loin, se rapprochent d'un type commun, uniforme, dont la constance
est due à des variations semblables des nombres entiers qui les ré-
gissent. •
m Cette application de la loi de répartition des bandes constitue une
méthode nouvelle (3) pour la recherche des bandes faibles qui sont noyées
dans un mélange de groupes de bandes différents. Elle est le premier
exemple de la découverte par le calcul de bandes nouvelles dans les
spectres de bandes, la première découverte analogue pour les spectres de
lignes, ayant été faite, comme on sait, par M. Lecoq de Boisbaudran. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur l'origine des alcools supérieurs contenus dans
les flegmes industriels. Note de M. L. Lindet, présentée par M. Duclaux.
« Dans une précédente Communication (!), j'ai montré que les alcools
supérieurs, dont la proportion augmente régulièrement du commence-
ment à la fin de la fermentation, prennent surtout naissance quand la fer-
mentation est terminée et que le moût se trouve abandonné à lui-même.
J'ai, pour expliquer ce fait, émis l'hypothèse que les alcools supérieurs
sont, pour la plus grande partie du moins, les produits d'une fermentation
secondaire, qui se trouve, au début des opérations, étouffée par la fermen-
(') La bande A43i,9, que donne aussi la combustion des hydrocarbures, d'après
les calculs précédents, n'appartiendrait pas au même groupe que les autres bandes
moins réfrangibles. Ce résultat, qui a été soutenu par M. N. Lockyer est confirmé par
l'examen des bandes résolues en raies fines.
(2) MM. Kayser et Runge, dont j'ai adopté les mesures, ont cherché aussi, avec la
loi de répartition, à retrouver les bandes X = 438; mais l'application de la loi a été in-
correcte; ils n'ont pas placé les bandes dans les séries convenables, et ils sont arrivés
au nombre X = 43-4?9? très différent du nombre observé; lorsque le calcul est fait
exactement comme dans le Tableau annexe, l'accord est complet.
(3) Comptes rendus, t. CXII, p
( 664 )
tation alcoolique normale. Les expériences que j'ai l'honneur de soumettre
à l'Académie viennent confirmer cette conclusion.
» I. Si les organismes étrangers à la levure et qui produisent ces alcools
sont en réalité gênés dans leur développement par la levure elle-même,
ils doivent l'être d'autant plus que la quantité de levure employée pour
ensemencer la cuve aura été plus considérable, et que la fermentation
proprement dite aura été pins active; on doit donc obtenir, en employant
une grande quantité de levure, un flegme plus pur en alcools supérieurs
qu'en faisant usage d'une quantité de levure plus faible. C'est ce qui a eu
lieu en effet dans les deux séries d'expériences que j'ai entreprises.
» Deux solutions de sucre (saccharose), de densité égale, ont été mises
en présence, l'une d'une quantité d'une levure industrielle, qui représen-
tait (à l'état pressé) 80 pour 100 du sucre, l'autre d'une quantité qui n'en
représentait que 20 pour 100. Les deux liquides ont été distillés et les
flegme<, soumis à la distillation fractionnée, dans des conditions absolu-
ment comparables, ont fourni des quantités d'alcools supérieurs insolubles,
qui sont inscrites dans le Tableau ci-dessous.
« La même expérience a été faite non plus avec du sucre pur, mais avec
un produit commercial désigné sous le nom de maltose et qui, provenant
de la saccharificationdu mais par le malt d'orge, contient, en même temps
que du sucre fermentescible, des matières azotées et des matières minérales,
et dont la dissolution constitue par conséquent un véritable moût indus-
triel. Chacune des fermentations représentait un hectolitre et demi. Dans
un cas, le mallose a été mis en contact de 35 pour 100 de son poids de
levure pressée, dans un autre de 2 pour 100 seulement. Les liquides alcoo-
liques obtenus par la distillation de ces moûts ont été traités comme pré-
cédemment et ont fourni également des quantités d'alcools supérieurs
assez différentes les unes des autres pour confirmer l'exactitude de l'hypo-
thèse qui m'avait servi de point de départ.
Première série. Deuxième série.
Moût de sucre pur. Moût de maltose.
Alcools supérieurs Alcools supérieurs
extraits extraits
de ilil,8oo par litre de 2lil,70o par litre
d'alcool pur. d'alcool pur. d'alcool pur. d'alcool pur.
Fermentation avec beau-
coup de levure 2CC,65 icc,47 'ooc, 7 3,c,96
Fermentation avec peu
de levure 4rc, ' 5 2", 3o i 4m, 3 5re, 29
( 665 )
» Les fermentations faites avec beaucoup de levure ont été nécessaire-
ment plus actives, et ont donné à la distillation un rendement en alcool
brut plus élevé que celles où figuraient des proportions plus faibles de le-
vure.
» II. En donnant à une fermentation une activité spéciale, on doit obte-
nir un moût plus pauvre en alcools supérieurs cpie dans le cas où l'on
abandonne la fermentation à elle-même. Cette activité, je l'ai produite ar-
tificiellement en ajoutant au moût une certaine quantité de drèche de bras-
serie, préalablement stérilisée. M. Delbrùck a montré, en effet, que les
moûts qui contiennent de la drèche fermentent plus vivement et donnent
plus d'alcool que les moûts clairs, et il attribue ce fait à ce que la drèche,
soulevée par l'acide carbonique qui se dégage de la fermentation, produit
un brassage incessant de la cuve et amène continuellement à la surface, à
l'air par conséquent, la levure qu'elle entraine. J'ai donc, parallèlement au
second moût de la deuxième série, ensemencé un moût de maltose qui s'est
trouvé dans des conditions de concentration, d'acidité, de température,
identiques au précédent. La seule différence venait de ce qu'il contenait de
la drèche, tandis que l'autre n'en contenait pas. La distillation fractionnée
des flegmes qu'ont fournis l'un et l'autre moût a donné les résultats suivants :
Alcools supérieurs
Alcool produit extraits
pour 100 de 21'1, 700 par litre
du maltose. d'alcool pur. d'alcool pur.
ce ce.
Fermentation avec drèche 3o,g 12,7 '1,70
Fermentation sans drèche 28,2 1 ^ , 3 5, 29
» Les écarts que l'on constate dans les rendements d'alcools supérieurs
tiennent encore à ce fait : que la fermentation du moût pâteux a été plus
active que celle du moût clair.
» III. Je me permettrai enfin de rappeler une série d'expériences que
j'ai publiée autrefois (') et qui montre encore le rôle que peuvent exercer
les fermentations étrangères à la levure. La température de fermentation
influe sur le rendement en alcools supérieurs. Au fur et à mesure que la
température s'abaisse, que les rendements en alcool total augmentent,
et que, par conséquent, la fermentation se fait dans des conditions de
pureté plus grande, on voit la proportion des alcools supérieurs diminuer.
(') Comptes rendus, t. CVII, p. 182.
( 666 )
Température Alcool total Alcools supérieurs
de pour ioo par litre
fermentation. du moût. d'alcool.
ce ce
25-2-°C 5,82 5,9
18-210 5,93 5,4
8-100 6,32 5,2
» De ces expériences, il convient de conclure que les alcools supérieurs
ne sont pas, pour la plus grande partie, les produits normaux de la fermen-
tation alcoolique, mais sont ceux de la vie d'êtres microscopiques, qu'il
s'aeit maintenant de déterminer. Il résulte également de ces expériences
'&
que l'on obtiendra toujours les flegmes les plus purs, chaque fois que l'on
réalisera les conditions d'une fermentation active et exempte d'organismes
étrangers. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'hématine végétale. Note-de M. T.-L. Phipson.
« En 1879, ma Note sur la palrnelline a paru dans les Comptes rendus
et dans plusieurs journaux de Chimie. Cette substance, que j'avais ex-
traite de l'algue Palmella cruenta et qui présente dans sa composition
le fer, donne, déplus, un spectre d'absorption semblable à celui qui est
donné par le sang. Il est évident, d'après la Note publiée par M. Georges
Linossier, Sur une hèrnatine végétale (Comptes rendus, 2 mars 189 1),
dans laquelle ce chimiste décrit une matière colorante extraite des spores
de l' Aspergillus niger, que la substance en question est identique avec la
palrnelline que j'ai découverte il y a plus de douze ans, et qu'en consé-
quence le nom donné en premier lieu à cette substance curieuse doit
être retenu, jusqu'à ce que l'on ait prouvé qu'elle est identique avec l'hé-
matine du sang.
» Je saisis cette occasion pour attirer l'attention sur un rapport intéres-
sant entre la matière colorante du sang et la chlorophylle des végétaux.
Depuis les expériences faites dans mon laboratoire, à Londres, sur la pal-
rnelline, j'ai observé que, dans nos environs, la Palmella cruenta, algue
qui, du temps de Linné, fut appelée Chaos sanguinea, est quelquefois
complètement verte et devient ensuite rouge de sang en achevant sa végé-
tation. On sait que la chlorophylle donne aussi un spectre d'absorption,
et que la biliverdine (dérivé du sang) est d'une couleur verte très sem-
blable à celle de la chlorophylle, et avant aussi un spectre d'absorption
( 667 )
particulier. Il est probable que l'on trouvera la palmelline dans plusieurs
autres espèces de végétaux. »
PHYSIOLOGIE. — Emploi de l'acide carbonique liquéfié pour la filtration
et la stérilisation rapides des liquides organiques. Note de M. A. u'Ab-
SOXVAI, ( ' ).
« Les remarquables effets produits par l'injection sous-cutanée d'extraits
provenant des différents tissus de l'organisme, suivant la méthode de
M. Brown-Séquard, nous ont conduit à étudier, au laboratoire de Médecine
du Collège de France, un procédé rapide et sûr pour stériliser à froid les
liquides renfermant des substances albumineuses ou colloïdes.
» La filtration à travers la porcelaine par le procédé Pasteur-Chamber-
land se fait trop lentement dans ce cas, et, de plus, la bougie retient une
grande partie des colloïdes aux pressions, relativement faibles (5atm à 6atm
d'air), qu'on emploie d'ordinaire. La méthode que je vais décrire stérilise
doublement ces liquides : i° par filtration à travers la porcelaine, et 20 par
l'action spéciale bactéricide qu'exerce la pression du gaz employé (acide
carbonique liquéfié). L'acide carbonique est le gaz qui est normalement
en contact avec les tissus, puisque les éléments anatomiques vivent dans
la lymphe qui en est saturée ; il ne peut donc en altérer la composition d'une
manière notable. Le liquide à filtrer est mis en présence du gaz carbonique
liquéfié à une pression moyenne de 45atm, pression qui agit d'abord pour
stériliser directement le liquide et ensuite le forcer à filtrer rapidement à
travers la bougie.
» L'appareil instrumental figuré ci-contre est des plus simples.
» Une bouteille en fer forgé B, placée verticalement sur un support S, contient
environ 5ooSr de gaz carbonique liquéfié que l'industrie livre couramment aujourd'hui
à très bas prix. Cette bouteille est munie à sa partie supérieure d'un robinet à pointe
d'acier et d'un ajutage P, sur lequel vient se monter le tube KK' qui constitue l'ap-
pareil à filtration et à stérilisation.
» Ce tube (en cuivre ou en acier) est sans soudure et peut résister à des pressions
de 20oatm; sa capacité intérieure est d'environ 3ooc0 dans le modèle courant de mon
appareil. C'est la forme qui, à égalité de poids et de capacité intérieure, résiste le
mieux à la pression. Ce tube est fermé à la partie supérieure par un bouchon mobile K
(') Le principe de cette méthode a été communiqué à la Société de Biologie, en
décembre 1890.
( 668 )
qui sert à introduire le liquide à filtrer, bouchon qui reçoit également dans certains
cas un manomètre gradué jusqu'à iooatm. Le bouchon inférieur K' est également mo-
bile et reçoit la bougie de porcelaine F, qui s'y adapte d'une façon très simple par un
dispositif figuré à part à une échelle plus grande.
» La bougie F est cylindrique; elle pénètre dans un petit tube métallique faisant
corps avec le bouchon K'. On chausse un bout de tube de caoutchouc C à la fois sur
cette bague et sur la bougie. La pression du gaz applique énergiquement le caoutchouc
contre ses deux supports et la fermeture est d'autant plus étanche que la pression est
plus forte.
» Il est extrêmement facile, comme on le voit, d'enlever la bougie pour la remplacer
ou la revivifier en la portant au rouge sur un bec de gaz. Le tout est placé sur le re-
bord d'une table et une éprouvette stérilisée E reçoit le liquide filtré. Si l'on veut sou-
mettre le liquide à la pression du gaz sans le filtrer, on remplace la bougie F par une
tige pleine de même diamètre. Le maniement de l'instrument est des plus simples et
l'on exerce ainsi de très fortes pressions sans la moindre fatigue. L'appareil est peu
encombrant, facilement transportable et ne présente absolument aucun danger, grâce
au soin tout particulier apporté à sa fabrication par M. Ducretet.
» La pâte des bougies doit subir également des modifications dans sa composition,
suivant la consistance du liquide à filtrer et les pressions employées.
» L'acide carbonique, à ces hautes pressions, devient un agent bactéri-
cide extrêmement puissant. Il peut suffire, à lui seul, pour stériliser une
(66g)
solution comme le ferait l'autoclave dans beaucoup de cas. La résistance
des microbes à son action est très inégale, suivant leur nature, comme
on devait s'y attendre. En prolongeant la pression et surtout en l'augmen-
tant par l'intervention d'une température de /jo0, incapable de coaguler
les albuminoïdes, il n'est pas d'être vivant cpii puisse résister. Je revien-
drai, en détail, sur ce point dans une prochaine Communication. En gra-
duant convenablement ces deux facteurs, le temps et la pression, on peut
atténuer certaines cultures, retarder leur développement, etc. Ces diffé-
rents points étant encore à l'étude, je ne peux que les signaler.
» Enfin, si l'on fait intervenir la filtration et la pression, j'ai remarqué
que la richesse en substances colloïdes du liquide filtré était en relation
intime avec la pression exercée sur le liquide. Dans un mélange de pep-
tone et d'albumine d'œuf, par exemple, on peut graduer la pression de
façon que la peptone passe d'abord presque seule; mais, à 5oatm ou 6oatm
de pression, avec des pâtes convenables, tout passe, excepté les corps
figurés.
« Avec des liquides contenant un mélange de ferments divers, comme
le liquide pancréatique, on arrive, en graduant la pression, à avoir des
liquides dont l'action est très différente, certains ferments passant à l'ex-
clusion ou tout au moins beaucoup plus rapidement que d'autres.
» Par une étude minutieuse de toutes ces conditions, étude que je pour-
suis actuellement, ce procédé pourra devenir une méthode d'analyse phy-
sique précieuse pour la Physiologie et la Chimie organique.
» Dès à présent, l'appareil que je viens de décrire est susceptible de
rendre les plus grands services pour la stérilisation à froid des liquides
organiques destinés aux injections sous-cutanées, et est constamment
employé dans ce but, depuis trois mois, avec le plus grand succès, au
laboratoire de Médecine du Collège de Fiance. »
ZOOLOGIE. -- Les mâles chez (es Ostracodes d'eau douce.
Note de M. R. Momez.
« Les Ostracodes d'eau douce sont habituellement cités parmi les ani-
maux chez lesquels les mâles sont le plus rares et où intervient le plus
souvent la parthénogenèse ; toutefois, chez un certain nombre de genres,
presque tous très peu nombreux en espèces et peu répandus, les deux
sexes sont connus et la reproduction est sexuelle.
C. K., 1891, 1" Semestre. (T. CXI1, N° 13.) °°
( «70 )
» Le genre Cypris, tel qu'il est maintenant compris, très riche en es-
pèces dont la plupart sont fort communes, malgré les nombreuses recher-
ches dont il a été l'objet à ce point de vue, était considéré comme ne
présentant pas de mâles, à tel point que Sars (') donne la reproduction
exclusivement parthéno génétique comme un de ses caractères ; on peut dire
la même chose pour plusieurs genres de beaucoup moindre importance et
moins souvent observés, parmi les Ostracodes.
» En dehors de la répugnance que l'on peut avoir à admettre la loi
d'exception suivant laquelle des animaux se reproduiraient d'une manière
exclusivement asexuée, certains faits, comme l'existence, chez les femelles,
d'un receptaculum seminis et d'un appareil destiné à la copulation, sem-
blaient cependant autoriser à croire que les màle.s apparaissaient à cer-
taines époques, au moins, ou dans des conditions à déterminer, comme
cela se passe chez plusieurs autres formes de Crustacés, par exemple.
» Déjà plusieurs auteurs, dont les indications avaient passé inaperçues,
avaient trouvé des mâles chez plusieurs espèces du genre Cypris (s. str.) :
Fischer (2) les mentionne à propos des C. prasina, C. (?) exserla et ma-
reotica, récoltés à Palerme et en Egypte, et Herrick (3) les a rencontrés
chez la C. modesta et chez une deuxième espèce qu'il appelle, à tort,
C. virens.
» Les observations que j'ai pu faire sur les Ostracodes rapportés par
différents vovageurs qui ont bien voulu m'en confier l'étude me permet-
tent d'augmenter, d'une façon très sensible, le nombre des formes chez
lesquelles les mâles sont connus et me portent à croire que tous ces ani-
maux, quand on les connaîtra suffisamment, rentreront dans la règle gé-
nérale.
» C'est ainsi que j'ai trouvé en abondance le mâle des Cypris suivantes :
C. incongrucns Ramd., Algérie, Tunisie; C. virens Jurine, Algérie;
C. Blanchardi, nov. sp.; C. ungulata, nov. sp.; C. mareolica Fischer; C. bal-
nearia, nov. sp.
D'autre part, le genre Erpetocypris, qui compte une dizaine d'espèces,
n'avait pas jusqu'ici fourni de mâles (*) et Sars, dans la diagnose du
(') G.-O. Sars, On somc Freshwater Ostracoda and Copepoda raised front
dried australian Mud (Christiania Videnskabs-Selsk. Forliandl., 1889).
(2) S. Fischer, Beitrag z. Kentniss d. Ostracoden, i855.
(3) C.-L. Herrick, List ofthe Freshwater and marine Crustacea of Alabama, etc.
(Geolog. Siin'ey of Alabama, 1887).
(;) L'/T. spinosa se reconnaît, à première vue, aux épines tronquées, portant une
( 671 )
genre, mentionne également que la reproduction en est exclusivement
parthénôgénétique ; j'ai trouvé, dans les matériaux rapportés d'Asie par
M. Barrois, une forme nouvelle (E. spinosa Mz.) récoltée en avril, et repré-
sentée par des individus des deux sexes ( ' ).
» Les mâles n'étaient pas connus davantage dans le genre Cyprirlopsis,
bien que certaines espèces puissent s'observer parfois en très grande abon-
dance. J'ai observé des individus nombreux de ce sexe, chez les C. vil/osa,
récoltés en Tunisie par M. Letourneux et en Algérie par M. Blanchard.
» Il faut noter que ces diverses espèces, sauf une, le C. spinosa d'Asie,
ont été rencontrées sous les deux sexes, en Afrique, et que toutes ont été
récoltées vers la même époque, soit entre mars et avril.
» Sous quelle influence apparaissent ces mâles? 11 n'est pas impos-
sible, jusqu'ici, de tirer de conclusions, et l'on ne peut qu'appeler l'atten-
tion des zoologistes sur cette intéressante question. On ne peut invoquer
l'époque de l'année ni le climat, car, d'une part, Barrois en Asie, Blan-
chard en Amérique, se sont livrés à leurs recherches à peu près à la même
époque de l'année, et nous n'avons trouvé qu'une seule espèce pourvue
de mâles dans les récoltes du premier, tandis que celles du second en
comprennent sept, qui sont représentées par les deux sexes; d'autre
part, nous n'avons vu aucun mâle parmi les très nombreux individus de
différents Cypris ou Cypridopsis des Açores, récoltés à différentes époques
de l'année, par MM. Barrois, Chaves ou de Guerne. Il n'en existe pas
davantage au milieu des sept espèces représentées, il est vrai, par peu
d'individus, recueillies dans les Indes néerlandaises par M. Max Weber,
et il s'en faut que toutes les espèces rapportées par M. Letourneux soient
représentées par les deux sexes. Ajoutons que nous n'avons pas, jus-
qu'ici, trouvé de mâles dans les Ostracodes récoltés en Chine par
M. Schmacker, non plus d'ailleurs que parmi les espèces collectionnées
à différentes époques de l'année, en plusieurs points de l'Espagne, par
M. Bolivar. En France, nous n'avons encore rencontré de mâles d'Ostra-
codes que chez les genres ou sous-genres qui les présentent habituelle-
ment.
longue soie, qui recouvrent les valves et au réseau, extrêmement serré, qui orne toute
la surface de la coquille.
(') Fischer ( Ub. dus Genus Cypris) parle bien de l'existence de mâles chez sa
C. fasciata (Erpet. Fischeri Lillj.), mais ce qu'il figure comme le testicule n'est
autre chose que le canal enroulé du receptaculum seminis d'une femelle.
(672)
» La salure des eaux n'est pas non plus un facteur, constant du moins,
de l'apparition des mâles ; si, d'un côté, la plupart des espèces rapportées
par Blanchard ont été pêchées dans des eaux d'une richesse en chlorure
supérieure à la moyenne, les Ostracodes trouvées par Barrois dans les
mêmes conditions n'ont présenté aucun mâle, et YErpet. spinosa, comme
le C. balnearia, vit dans l'eau douce. D'autre part, les Cyprides de diffé-
rentes eaux saumàtres d'Europe ne nous ont montré que le sexe femelle,
absolument comme lorsqu'elles se trouvent dans l'eau douce. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Influence de la salure sur la formation de l'ami-
don dans les organes végétatifs chlorophylliens . Note de M. Pierre Lesage,
présentée par M. Duchartre.
« Dans le but de continuer avec plus de fruit mes recherches sur la
biologie des plantes du littoral, j'ai étudié, entre autres, le travail de
M. Brick (') pour comparer ses résultats à ceux que j'ai donnés en
188g (2). Je compte présenter bientôt la discussion des faits principaux;
aujourd'hui, je désire seulement m'arrêter sur un point qui me paraît très
intéressant et que mes cultures permettent de mettre un peu plus en
lumière que les quelques lignes que lui consacre M. Brick.
» Sur six plantes étudiées, l'auteur constate dans trois que l'amidon se
décèle plus ou moins facilement dans les grains de chlorophylle et, clans
le résumé qu'il présente à la fin de son travail, il arrive à dire que la
formation de l'amidon est fortement empêchée chez les halophytes
« vraisemblablement par HCl ». Il se base sur les propriétés des chloru-
res et la théorie de M. Schimper (3) : « en général, dans le processus
» de l'assimilation, il se forme du glucose et l'amidon naît de ce glucose
» quand la quantité de celui-ci a dépassé, dans la cellule, un maximum
» déterminé, variable selon l'espèce. »
» J'ai revu, à ce sujet, les échantillons que je conserve dans l'alcool.
(')C. Brick, Beitrâge zur Biologie und vergleichenden Anatomie der baltischen
Strandpflansen (Schriftend. naturforchenden Gesellschaft su Danzig, t. V, 1888)
(voir aussi : Botanisches Centralblatt, t. XXXLX, 1889).
(2) Pierre Lesage, Influence du bord de la mer sur la structure des feuilles
(Comptes rendus, séance du 29 juillet 1889).
(:i) A.-F.-W. Schimper, Ueber Bildung und Wanderung der Kohlehydrate in den
Laubblàttern (Bot. Ztg., i885, p. 787).
(673)
J'ai constaté qu'il n'y a pas d'amidon dans les feuilles du Zoslera marina
(Saint-Servan). Les feuilles de l'Aster Tripolium n'ont montré que des
traces d'amidon au voisinage des nervures principales dans les échan-
tillons cpie la mer n'atteint que très rarement; rien sur des pieds inondés
à chaque marée (Quelmer).
» Le Salicornia herbacea du Vivier présente à la partie inférieure de
chaque entre-nœud, dans les échantillons les plus avancés sur les vases,
une région palissadique plus développée que sur les pieds ayant poussé
près de la digue; dans les premiers, l'amidon était en moindre quan-
tité que dans les seconds. La tige des Polvgonum aviculare et maritirnum
présente des bandes palissadiques longitudinales chlorophylliennes. Sur
la coupe transversale, ces bandes vont en augmentant d'épaisseur et les
palissades s'y développent davantage en passant du Polygonurn aviculare
de Rennes à celui du bord de la mer (Saint-Enogat) et au Polvgonum
maritirnum de Saint-Malo; au contraire, l'amidon décroît.
» Dans les cultures expérimentales que j'ai instituées en 1888 ('), j'ai
revu des feuilles du Lepidium sativum récoltées le 28 juin. L'amidon est
nul dans les feuilles de* échantillons les plus salés : arrosages à l'eau de
mer pure, à l'eau de mer diluée à ;', ; arrosages aux solutions de chlorure
de sodium dans les proportions de 2.5gl' et 126', 5 par litre; mélanges ter-
reau et sel où celui-ci entre pour j, ~. Il apparaît dans la région moyenne
de la feuille, autour des nervures : mélange de terreau et sel dans les pro-
portions ~, ~ de NaCl.
» Enfin il envahit toute la feuille avec des variations plus ou moins pro-
noncées. Je ne l'ai pourtant pas vu dans les grains de chlorophylle des
cellules stomatiques.
» La conclusion qui découle de ces faits est que la salure a certaine-
ment de l'influence sur la formation de l'amidon dans les organes végétatifs
chlorophylliens. Dans les cas extrêmes, elle empêche la formation de cet
amidon. Il en résulterait un ralentissement dans les phénomènes de l'assi-
milation du carbone. Si je rappelle que j'ai montré déjà qu'une forte salure
est accompagnée d'une diminution de la chlorophylle, ce ralentissement
est confirmé ou trouve son explication dans cette diminution. Je me con-
tenterai, pour le moment, de signaler ces faits. »
(') Pierre Lesage, voir Revue générale de Botanique, 1890, et Influence du bord
de la mer sur la structure des feuilles (Thèse de la Faculté des Sciences de Paris,
1890).
( 674 )
physiologie végétale. — Note sur le dégagement simultané d'oxj -gène et
d'acide carbonique chez les Cactées. Note de M. E. Aubert, présentée par
M. Duchartre.
« De Saussure (') a remarqué que le Cactus Opuntia dégage, à la lu-
mière, une quantité notable d'oxygène. Cet oxygène provient de la dé-
composition de l'acide malique, comme l'a établi Mayer (2) dans ses re-
cherches sur les Crassulacées. Mayer a signalé ce dégagement d'oxygène,
même quand l'atmosphère est dépourvu d'acide carbonique.
» Ainsi les plantes grasses peuvent perdre de l'oxygène à la lumière.
» J'ai constaté un autre fait : c'est que, dans certains cas, les Cactées
peuvent, à la lumière, donner un dégagement simultané d' oxygène et d'acide
carbonique; la plante perd en même temps carbone et oxygène.
» Expériences. — 1/Opuntia tomenlosa et le Mamillaria e/ephantidens, l'un
en forme de raquettes allongées, l'autre cylindrique, ont été étudiés de la
manière suivante :
» Deux plantes identiques ont été renfermées dans des éprouvettes sur le mercure et
exposées, l'une à la lumière, l'autre à l'obscurité, dans une étuve à 35°. (Le ciel était
nuageux et le gaz primitif était formé de 20,61 d'oxygène et 79,39 d'azote.)
» i° Opuntia tomentosa.— Lumière. Résultante de l'assimilation et de la respira-
tion. — Une raquette pesant igsr,o3o, renfermée dans i32cc d'air, adonné à la lumière,
après huit heures, un gaz dont la composition a été déduite des nombres suivants :
Volume primitif 472 I sok ao. d'acjde carbonique.
Volume après traitement par la potasse 462 ' . ;"
1 soit d oxv°*éne.
Vol. après traitement parle pyrogallale de potasse. 364 )
» Calculant la proportion pour 100 de l'oxygène et de l'acide carbonique et ramenant
à 79,39 d'azote, on trouve, pour le gaz final, la composition suivante :
CO- = 2,18, d'où Acide carbonique dégagé — 2, 18;
0:=2i,i5, d'où Oxygène dégagé = 21 , i5 — 20,61=0,54.
1S1' de poids frais de la plante étudiée a, en une heure,
(0
Dégagé i8""DC,9 d'acide carbonique.
Dégagé 4™n">68 d'oxygène.
» Obscurité. Respiration seule. — Une seconde raquette pesant 25s'',993, placée
dans i93cc, 8 d'air, a donné, à l'obscurité, après huit heures dix un gaz dont la com-
(') De Saussure, Recherches chimiques sur la végétation. Paris, 1804.
C2) Mayer, Ueber die Sauerstojfauscheidung einiger Crassulaceen {Landwirth-
schaftl. Versuchs-Stationen, t. XXI, p. 277; 1880.)
(*)
(675 )
position, déduite des nombres 4~6, 457, 378,2, déterminés comme plus haut, est
0= i6,53, d'où Acide carbonique dégagé = 4;
C02 = 4» d'où Oxygène absorbé = 20,61 — i6,53 = 4>°8:
CO2
Rapport -j=r- 3=0,98.
» i"v de poids frais de la plante étudiée a, en une heure,
Dégagé 36mmc,47 d'acide carbonique
Absorbé 3-""ac,ri d'oxygène
» Les nombres (2) expriment les échanges gazeux résultant de la respiration seule
et les nombres (1) représentent les échanges résultant de l'assimilation et de la respi-
ration superposées.
» L' assimilation d'Opuntia lomentosa est donnée par la comparaison des nombres (1)
et (2). On en déduit, en effet,
Oxygène dégagé 4 1 68 4- 37 , 20 = 4 ' , 88
Acide carbonique absorbé 36,47 — 1 8 , go = 17, ~>-
Oxygène dégagé _ 4r,88 = 2 3g
CÔ2 absorbé 17, 57
» 20 Mamillaria elephantidens. — Lumière. — Une tige de 3sr,i20, placée dans
a6cc d'air, a donné, .après huit heures dix à la lumière, un gaz renfermant :
C0*= i,45, d'où Acide carbonique dégagé= 1 ,45;
0 = 21, d'où Oxygène dégagé = 21 — 20,61=0,39.
iS'' de poids frais, en une heure, a
Dégagé i4mmc,77 d'acide carbonique
Dégagé 4mmc>o8 d'oxygène
» Obscurité. — Une tige de 2s1', 719, placée à l'obscurité dans igcc,6 d'air, adonné,
au bout de huit heures vingt, un gaz contenant
C02 = 3,78, d'où Acide carbonique dégagé = 3,78;
0= i6,33, d'où Oxygène absorbé — 20,61 — i6,33 = 4>28:
CO>__3,78
~ô -4^8
i?r de poids frais, en une heure, a
Dégagé 32mmc,78 d'acide carbonique
(3)
j Absorbé 37mmc,o4 d'oxygène
» h'assimilalion de Mamillaria elephantidens est indiquée par le rapport
O dégagé _ 4 ,08 + 37,04 _ 4i,i2 _ ^ „
CO2 absorbé — 02,78 — i4j77 18,01
» Les expériences classiques de Boussingault l'avaient amené à envisa-
CO2
ger, comme égal à l'unité, le rapport -„— de l'acide carbonique absorbé à
l'oxygène dégagé par la résultante de l'assimilation et de la respiration chez
(676)
les végétaux. Cette conclusion n'est pas applicable pour les Cactées pré-
CO2
cédentes; le rapport — — ne peut même pas être évalué, puisque la super-
position des deux phénomènes produit un dégagement simultané des deux
gaz O et CO2. Comme, d'autre part, la respiration est exprimée par les
rapports -jr = 0,98 {Opuntia) et 0,88 (Mami/laria), nombres très voisins
de l'unité comme pour la plupart des plantes ordinaires, c'est l'assimila-
lion seule qui diffère, exprimée d'ailleurs par des nombres à peu près iden-
tiques 2,38 et 2,28.
» L'identité presque absolue des nombres obtenus dans les recherches
concernant les genres Opuntia et Mamillària permet d'envisager le phéno-
mène du dégagement simultané d'oxygène et d'acide carbonique à une lu-
mière d'intensité moyenne et à une température de 35° comme susceptible
d'une certaine généralisation chez les Cactées.
» Interprétation du phénomène. — La cause de ce double dégagement
paraît facile à trouver. L'analyse d'un Opuntia maxima m'a donné ogr,oo2
d'acide malique par gramme. Les Cactées possèdent un parenchyme pro-
fond incolore et un tissu superficiel avec chlorophylle. Ces deux couches
respirent nuit et jour, dégageant une assez forte proportion d'acide car-
bonique, que le tissu superficiel, seul capable d'assimiler à la lumière, peut
ne pas décomposer entièrement. D'où dégagement d'acide carbonique
(que l'on ne constate plus d'ailleurs quand on diminue l'activité respira-
toire par un abaissement de température vers io°ou i5°, ou quand l'in-
tensité lumineuse est notablement accrue). L'oxygène dégagé provient
peut-être de l'acide malique détruit à la lumière.
» Conclusion. — Les Cactées, soumises à une température élevée (35°) et à
une lumière de moyenne intensité, dégagent simultanément de l'oxygène et de
l'acide carbonique.
» Les Cactées perdent, à la fois, dans ces conditions, du carbone et de
l'oxygène pendant le jour, du carbone seul pendant la nuit. Pour éviter
leur dépérissement pendant la mauvaise saison dans nos contrées, il faut
les conserver dans des serres à la température de io° à i.5°. La lumière
très vive des régions voisines de l'équateur détermine la décomposition de
l'acide carbonique qu'elles produisent pendant le jour, de sortequ'elles ne
perdent du carbone que pendant la nuit dans les pays chauds ('). »
(') Ces recherches ont été faites au Laboratoire Je Botanique de la Sorbonne, sous
la bienveillante direction de M. Gaston Bonnier.
(677 )
minéralogie. — Reproduction artificielle de l'amphibole. Note
de M. K. de Kroustchoff, présentée par M. Fonqué.
« Presque tous les minéraux entrant dans la composition des roches
terrestres ont été, dans ces derniers temps, reproduits artificiellement par
divers savants et diverses méthodes : soit par voie sèche, soit par voie hu-
mide. Mais deux minéraux, l'hornblende et la tourmaline, jouant un rôle
si important dans l'évolution de certaines associations minérales, se sont
jusqu'à présent absolument soustraits à toutes les tentatives de reproduc-
tion artificielle. Dans le but de combler cette lacune, j'ai, depuis sept ans,
entrepris toute une série d'expériences Les plus diverses, mais toujours
infructueuses, de sorte qu'un certain découragement m'envahissait déjà.
Enfin, aujourd'hui, j'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie cpie la synthèse
de l'amphibole par voie humide m'a récemment réussi de la manière la
plus satisfaisante. Le mode opératoire adopté celte fois est identique à
celui que j'ai déjà décrit pour mes synthèses de quartz.
» Pour mes synthèses en vase clos, j'emploie toujours de petits ballons
allongés piriformes (en verre vert, facilement fusible), ayant un col étranglé
d'avance et muni d'un petit entonnoir, pour faciliter le remplissage. Un
fourneau cylindrique en tôle renferme plusieurs étuis pareillement en tôle,
dont chacun contient un petit ballon scellé. Dans les ballons, on introduit
successivement les substances suivantes :
» I. Une solution aqueuse de silice dialysée contenant environ 3 pour ioo de silice
anhydre.
u II. Une solution d'alumine aqueuse; on dissout de l'alumine hydratée dans une
solution aqueuse de chlorhydrate d'alumine et l'on soumet ensuite cette liqueur à la
dialyse.
» III. Solution aqueuse d'oxyde ferrique hydraté; on ajoute à une solution aqueuse
de sesquichlorure de fer du carbonate d'ammoniaque, jusqu'à ce que le précipité se
dissolve encore, et l'on dialyse la liqueur rouge.
» IV. Hydrate d'oxyde ferreux, préparé avec beaucoup de précaution (presque
blanc).
» V. Eau de chaux.
VI. Hydrate de magnésie fraîchement préparé, en suspension dans l'eau.
» VII. Quelques gouttes de lessive sodicopotassique.
» Ces matières deviennent, en se mélangeant, une espèce de boue géla-
latineuse; ensuite on fait le vide dans les ballons avec un appareil à mer-
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 13.) 89
(678 )
cure de Sprengel et on les scelle au chalumeau. Plusieurs ballons ainsi
préparés ont été soumis pendant trois mois, dans mon fourneau, à une
température voisine de 55o°C. Les parois intérieures des ballons ont été
fortement attaquées, et leur contenu avait pris l'aspect d'une espèce de
boue d'une couleur sale, dans laquelle on a pu aisément reconnaître à l'œil
nu de petits cristaux prismatiques aplatis, très brillants, presque noirs, me-
surables.
» Sous le microscope, ils présentent une couleur jaune verdàtre et une
forme prismatique aplatie; fréquemment, on y peut distinguer les faces
suivantes : ^'(oio) prédominant, m m(i i o) souvent bien développée,
quelquefois A' ( i oo), e1 (01 i), parfois très nettement visible.
» L'angle (iio):(iio) n'a pu être mesuré qu'approximativement,
tandis que l'angle (o i i): (on) est égal à i48°28'. Le clivage mm très im-
parfait :
Extinction p(oo i): »'(oio) i-°56'
» Le signe optique est négatif; le polychroïsme n'est pas intense :
ng vert bleuâtre
nm vert jaunâtre
np vert jaunâtre (plus pâle)
» L'absorption est ng = nm^> np; l'indice de réfraction moyen i,65;
n-g— np= 0,020; dispersion p]>v; 2v environ 820.
» L'analyse chimique m'a donné la proportion suivante :
Densité à i5°C 3, 2402
Oxygène.
SiO2. 42,35 22,586
A1*03 8,11 3,779 ) - ~
Fe203 7,9i 2.373 S °''D2
FeO 10,11 2,246 ]
MgO i4,33 5,732 11,752 j
GaO i3,2i 3,774 *
Na20 2,18 o,562 )
K20 1,87 o,3i8 )
(H20) Perte au feu. 0,01 rp , , ~, :
v ' 'g lotal. 41,070
Total 100,98
Oxygène de la silice 22,586
» des sesquioxvdes 6, i52
des monoxvdes 12.632
■ J2,632
0,880 )
( 679 )
Rapports de l'oxygène . . . 22,586; i 2,63a ;6,i52
12.632 -t- 6,102
22,586
Quotient de l'oxygène (de M. Roth) o,83i
Relation atomique.
0,2062
Si ig , 763 == 0,7058
Al 4»33o = o,r574
Fe" 5,537 = 0,0988 j
Fe 7 , 863 — o , 1404
Mg 8,598 = o,3582 ' 0,7345 1
Ca Q,436 = o,2359 )
Na .,6.7 = 0,0352 l KK \ °'^
' o,oo;)2 '
h. 1 , 552 = o , 0200 )
0 4 ! ^70 = 2,3356
1, 9327 : 2,3356 = ^fSi =■ o,83G.
» En même temps que la hornblende, j'ai constate la formation des mi-
néraux suivants :
» I. De petits cristaux prismatiques, vert pâle, appartiennent évidemment au sys-
tème monosymétrique ; on y reconnaît (1 1 o), (1 00), plus rarement (o 1 o) et enfin quel-
quefois des faces terminales domatiques. Ils s'éteignent suivant leur position, tantôt
parallèlement à l'axe prismatique, tantôt sous un angle maximum de 370 à partir de
cette direction; l'indice est voisin de 1 ,65 ; «^ — «^ = 0,27; signe optique positif;
ce minéral semble être de nature pyroxénique.
» II. Des grains incolores, isotropes, arrondis ou montrant çà et là quelques facettes
probablement suivant (100); ils sont de nature zéolitique.
» III. De petits cristaux limpides, parfaitement nets de quartz suivant (ioTi),
(oïi 1), (10T0), contenant quelquefois des inclusions liquides à bulles.
» IV. Minces lamelles incolores rhombiques offrant les caractères optiques de l'or-
those adulaire (' ).
« Cette association constitue par elle-même un fait bien remarquable,
et je me propose d'en discuter ultérieurement les conséquences. »
(') Absolument identiques avec les produits de M. le professeur Friedel et les
miens.
( 68o )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Grandes anomalies magnétiques au centre de la
Russie d'Europe. Note de M. le général Alexis de Tîls.o.
« La Société Impériale russe de Géographie a fait explorer, en 1889,
sous ma direction, la région comprise entre les villes de Charkov et de
Roursk, au point de vue de distribution des éléments mngnétiques.Pour la
ville de Bjelgorod, feu J. Smirnoff avait déjà constaté une anomalie ma-
gnétique exceptionnellement grande. Les opérations détaillées sur plus de
cent points ont conduit à la découverte de tout un nombre de centres
très intenses, qui troublent profondément la régularité des phénomènes
magnétiques. Toute la région explorée n'a que 35km de longueur du Nord
au Sud et 25km de largeur de l'Est à l'Ouest, et pourtant, sur cette étendue,
voici les éléments magnétiques dans les centres principaux :
(Unité
Intensité électrique)
Déclinaison. Inclinaison. horizontale. totale.
Nepchœvo village -+- 48 Ouest -t-81 0,11 0,84
Yisloje village —33 Est -4- 5a o,4o o,65
Kisselevo village —38 Est -t- 63 o,33 0,72
Sobinino village -+- 3o Ouest -+- 60 o,38 0,75
Petropaoloka village — 20 Est -1-76 o, 19 0,80
» La plus grande distance entre les points susnommés n'est que de 1 2k"\
et pourtant la déclinaison change de 86°, l'inclinaison de 290.
» Pour donner une idée précise de la grandeur de ces perturbations, je
n'ai qu'à ajouter que les valeurs normales pour la région explorée sont les
suivantes : pour la déclinaison magnétique — i° (Est), pour l'inclinaison
-4-64°, pour l'intensité horizontale o, 21 et totale o, 48 en unités élec-
triques.
» On voit que les centres sont tantôt attractifs, tantôt répulsifs.
» Quoique j'aie dressé des Cartes détaillées des lignes isogoniques,
isocliniques et isodynaniiques de cette région, il me reste à déterminer les
limites de la zone d'anomalie, ce qui sera exécuté cette année-ci.
» La constitution géologique du sol, autant qu'elle est connue, ne permet
pas d'expliquer cette anomalie, tout à fait extraordinaire. Des études com-
plémentaires sont absolument nécessaires pour mettre en évidence ce
phénomène, dont la portée pour la science du Magnétisme terrestre est
considérable. »
( 68. )
GÉOGRAPHIE. — Dépression constatée au centre du continent asiatique.
Note de M. le général x\lexis de Th.lo.
« Un fait d'une portée exceptionnelle vient d'être constaté par les frères
Groum-Grzimailo, pendant leur recentvoyage.au Tibet, exécuté en 1889
et 1890. Aux pieds du Tian-Shan, dans le ïourfan, à un endroit nommé
Loukshine-Kyr, la pression barométrique (en prenant en considération la
correction de l'instrument) a été, le 13/27 octobre 1889, 77 1""", 7, la
température de l'air étant — 20 Celsius. En admettant que, pour ce jour,
la pression barométrique au lieu indiqué fût, au niveau de la mer, égale
à ']Ç>r]mm,o, conformément aux Cartes isobariques de l'Asie publiées par
moi, j'ai calculé que Loukshine-Kyr se trouve à 5om au-dessous du niveau
de l'Océan, avec une erreur probable de 1; 2jm.
» En combinant de différentes manières les observations effectuées à
la même date à Barnaoul, Irkoutsk, Vernoje, Pékin, etc., je suis arrivé à
des résultats qui confirment que, au sud de la ville de Tourfan, au centre
même du continent de l'Asie, se trouve une dépression de jo'" au-dessous du
niveau de l'Océan.
M. Pf.li.erin adresse une Noie sur la réduction de la résine commune
par l'hydrogène naissant.
M. A. -15. Mac Do.vall adresse un relevé des quantités de pluie tombées
à Paris pendant sept années consécutives, de 1870 à 1876.
La séance est levée à 4 heures. J. 13.
lil II ! I l\ Itllil llll,l; VIMIIOI l:.
OuYItAGES KEÇUS DANS LA SÉANCE DU l6 MARS 1 89 1 .
ïraité de Thérapeutique et de Pharmacologie ; par Henri Soulieh; Tome L
Paris, F. Savy, 1891 ; 1 vol. gr. in-8°. (Présenté par M. Charcot et en-
voyé au concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
( 682 )
Traité clinique et pratique des maladies des enfants; par E. Barthez et
A. Sanné. Tome III. Paris, Félix Alcan, 1 891 ; 1 vol. gr. in 8°. (Présenté par
M. Charcol et envoyé au concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Étude sur la grippe [dans la i5e région de corps d'armée; par le Dr P. -A.
Cassederat. Marseille, Barlatier et Barthelet, 1891 ; br. in-8°. (Envoyé au
concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Bactéries et ptomaïnes des viandes de conserve, par M. Cassedebat. Paris,
G-. Masson, 1890; in-8°. (Envoyé au concours Bellion.)
Étude sur le bacille typhique et les bacilles pseudo-typhiques ; par M. le D'
Cassedebat; 3 br. in-8°. (Envoyé au concours Montagne.)
Affections congénitales; par\e Professeur Eannelongue et le D1' V. Ménard.
— I. Tête et cou. Paris, Asselin et Houzeau, 1891 ; 1 vol. in-8°. (Présenté
par M. Verneuil.)
Bystèropexie abdominale antérieure et opérations sus-pubiennes dans les ré-
trodéviations de l'utérus; par Marcel Baudoin. Paris, Lecrosnier et Babé,
1890; i vol. in-8°. (Deux exemplaires.) (Envoyé au concours du prix
Godard.)
Exposition universelle internationale de 1889 a Paris. Classes 1 et 2. Peinture
à l'huile. — Peintures diverses et dessins. — Rapport du jury international;
par M. Geobges Lafenestre. Paris, Imprimerie nationale, MDCCCXC;
1 vol. gr. in-8°.
Mémorial des fêles d'A/ais, octobre 1889. Érection de la statue de Jean-Bap-
tiste Dumas. — Inauguration du lycée. — Inauguration du buste du M's de
la Vare-Alais. Alais, J. Martin, 1890; 1 vol. gr. in-8°.
Bulletin de l'Institut des actuaires français. Paris, E. Warnier, 1891 ; br.
in-8°.
Considérations sur le polymorphisme de quelques espèces du genre Bupleu-
rum ; par le D1 Saint-Eager. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1891 ; br. in-8°.
Note sur la machine à vapeur; par M. Aug. Normand. (Extrait des Mé-
moires de la Société des ingénieurs civils.) Paris, 1891 ; br. in-8°.
Revue bourguignonne, de l'enseignement supérieur, publiée par les profes-
seurs des Facultés et de l'École de Médecine et de Pharmacie de Dijon;
Tome I, n° I. Dijon, Eamarche et Damidot, 1891; 1 vol. in-8°. (Pré-
senté par M. Darboux.)
Cours de Physique mathématique. — Electricité et Optique. II. Les théories
de Helmholtz et les expériences de Hertz. Leçons prof essées pendant le second
semestre 1889-90 par H. Poincaré; rédigées par Bernard Brvnhes. Paris,
Georges Carré, 1891 ; 1 vol. gr. in-8°.
( 683 )
Memorie délia reale Accademia délie Scienze di Torino; série seconda,
Tomo XL. Torino, Carlo Clausen, MDCCCXC; i vol. gr. in-4°.
The hislory of volcanic action during the lertiary period in the british isles;
by Arciiibald Geikie. Edinburgh, published by Robert Granl and son,
1888; in-4°.
On carboniferous volcanic rocks ofthc basin of the firth of Forth; by Arciii-
bald Geikie. Edinburg, MDCCCLXXIX; br. in-l°.
Handbuch der Astronomie, ihrer Geschichte und Litleralur; von Dr. Rudolf
Wolf. In zwei Bânders, zweiter Hajbband. Zurich, Druck und Verlag von
F. Schulthess, 1 89 1 ; in-8°
OUVRAGES REÇUS IIAJÎS LA SÉANCE DU 23 MA11S 1 89 I .
Traite, élémentaire d'Electricité; par J. Joubert; deuxième édition. Paris,
G. Masson, 1891 ; 1 vol. in-8". (Présenté par M. Mascart.)
Traité de l'acide phènique appliqué à la médecine ; par le D' Déclat. Paris,
Lemerre, 1874; 1 vol. in- 18.
Manuel de médecine antiseptique. — Applications de l'acide phènique et de.
ses composés ; par le D1' Déclat. Paris, O. Doin, i8qo; 1 vol. in- 1 8.
Mollusques recueillis au Congo, par M. E. Dupont, entre l'embouchure du
fleuve et le confluent du Kassai ; par Pu. Dautzenberg. Bruxelles, F. Hayez,
1890; br. in-8°.
Le cardinal Haynald, archevêque de Kalocsa, considéré comme botaniste ; par
Auguste Danitz. Traduit par Edouard Martens. Gand, A. Siffer, 1 890; br.
in-8°.
Mémoires de la Société d'émulation de Montbéliard; X.\le volume, ^'fas-
cicule, 1890. Montbéliard, Victor Barbier; br. in-8".
Annales de la Société académique de Nantes et du département de la
Loire-Inférieure; volume I de la 7e série, 1890, deuxième semestre. Nantes,
L. Mellinet et Cie; in-8°.
Di un codicc archelipo sconosciulo dell' Opéra di Giorgio Paehimere (De
quatuor mathematicis). Nota del Socio Enrico Narducci. (Bendiconti délia
R. Accademia dei Lincei.) Roma, 1891; br. in-4°.
Giornale di Scienze naturali ed economiche , pubblicato percura délia Societa
di Scienze naturali ed economiche di Palermo ; vol. XX (anno 1890). Pa-
lermo, Michèle Ameuta, 1890; 1 vol. in-f°.
( 684 )
Ouvrages reçus dans la séance du 3i mars 1891.
Bulletin du Comité international permanent pour l'exécution photogra-
phique de la Carte du Ciel, sixième fascicule. Paris, Gauthier-Villars et fils,
1891 ; in-4°. (Présenté par M. Mouchez.)
Mélanges scientifiques et littéraires; par Louis Passy. 2e série. Paris,
Guillaumin et G. Masson, 1891 ; in-8°. (Présenté par M. Duchartre. )
Transactions 0/ the canadian Institute, n° L, october 1890; vol. I, Part 1.
Toronto, the Copp, Clark Company, 1890: gr. in-8°.
Proceedings of the canadian Institute. Toronto, april 1890; br. in-8°.
Animal report of the canadian Institute, session 1888-89. Toronto, War-
wick et Sons, 1889; br. gr. in-8°.
Annalen der Schweizerischen meleorologischen Central- Anstalt 1888. (Dcr
Sch weizerischen meteorologischen Heobachlungen ) . F iï 11 fundzwa nzigster
Jahrgang. Zurich, Druck von Zûrcher und Furrer; in 4°-
EU RAT A.
(Séance du 22 décembre 1890.)
NotedeMM. A. Delebecque elL. Legay, Sur les soudages du lacd'Annecv :
Page 1000, ligne 3 en remontant, après alpins, aller à la ligne, et au lieu de seuls,
lisez principaux.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLAKS ET FILS,
Quai des Grands-Ausjustins, n" 5.5.
1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement lo Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes ih-4°. Deux
'nue par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque voluino. L'abonnement est annuel
la ier janvier.
Le prix de V abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
Michel et Médan.
( Gavault St-Lager.
i Jourdan.
I Ruff.
Hecquet-Deeobert.
i Germain etGrassin.
r Lachèse et Dolbeau.
Jérôme.
Jacquard.
\vranl.
v Duthufi.
' Mnller (G.).
I Renaud.
/ Lefouruier.
\ F. Robert.
j J. Robert.
I V Uzel Caroiï.
i Baër.
( Massif.
•y Perrin.
, Henry.
/ Marguerie.
\ Rousseau.
( Ribou-Collay.
, Lamarche.
S ! Ratel.
' Damidot.
\ Lauverjat.
( Crépin.
\ Drevet.
' Gratier.
Me Robin.
( Bourdignon.
( Dombre.
, Ropiteau.
Lefebvre.
I Quarre.
Lorien t .
"g
t-Ferr.
chez Messieurs :
( Baurnal.
/ M™ Tcxn-r.
Beaud.
Georg.
Lyon < Mégret.
JPalud.
( Vitle et Pérussel.
Marseille Pessailhan .
... i Calas.
Montpellier ....:_ ,
r I Coulet.
Moulins Maniai Place.
/ Sordoillet.
Nancy -, Grosjean-Maupin.
' Sidot frères.
( Loiseau.
/ M"* Veloppé.
t Barma.
| Visconti el O
Nîmes Tbibaud.
Orléans Luzeraj ,
Blanchier.
Druinaud.
Hennés Plihoa et Hervé.
Ilocheforl Boucheron - Kossi -
( Langlois. [gnol.
\ Lestringant.
S'-Etienne Chevalier.
\ Bastide.
/ Rumèbe.
^ Gimet.
j Privât.
/ Boisselier.
Tours j Péricat.
( Suppligeon.
j Giard.
( Lemaitre.
Nantes
I Nice. . .
Nim
Orlé
Poitiers.
Hennés
/loche/
Rouen.
S'-Êtie
Toulon . . .
Toulouse.
Tours
Valencienn.es.
Amsterdam
Berlin.
chez Messieurs :
\ Robbers.
( Feikcma Caarelsen
Athènes Beck. [et 0°.
Barcelone Verdaguer.
Asher et C'".
Calvary et C18.
Friedlander et lîls.
f Mayer et Millier.
perne l Scbmid, Franckc el
/ C'".
Bologne Zauichclli et C".
i Ramlot.
Bruxelles Mayolez.
( Lcbègiie et C '.
, llaimann.
Bueharest ...
' Ranisteanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et C".
Christiania Cammermeyer.
Constantinople. . Otto et Keil.
Copenhague Ilôst et lils.
Florence. Lœscher et Seeber.
Gand Hoste.
Gênes Beuf.
iCherbuliez.
Georg.
Stapelmohr.
Bel in fa n te frères.
^ Benda.
/ Payot.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig ) Lorentz.
j Max Riibe.
Twietmeyer.
( Desoer.
/ Gnusé.
Londres
Luxembourg.
chez Messieurs :
\ Dulau.
/ Nuit.
V. Biick.
/ Librairie Guten -
I herg.
Madrid Gonzalès e bijos.
I Yravedra.
' F. Fé.
,,., i Dumolard frères.
Milan .,
( Hœpli.
Moscou Gautier.
/ Furcheim.
Naples Margbieri di ' ; i u s
' Pellerano.
Christern.
Genève. . .
La Haye .
Lausanne.
Liège.
Borne .
New-Yovh Stecnert.
' Westermann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C".
Paterme Clausen.
Porto Magalhaès.
Prague Bivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
\ Bocca frères.
( Loescher et C".
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
„. „ . , i Zinserling.
S'-Petersbourg..\Wom
Bocca frères.
Brero.
Clausen.
Rosenberg et Sellier.
Varsovie Gebelhner et Wollf.
Vérone........ . Drucker.
Frick.
Gerold et C".
Zurich Meyer et Zeller.
Turin .
Vienne.
\ Clai
[ Ros
LES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1«» à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i83o. ) Volume in-p; iSM. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61.— ( i" Janvier i85i à 3t Décembre 1 8 1 > > . ) Volume in-4"; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880. ) Volume in-4°;iS8o,. Prix 15 fr.
PLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DcRDEset A.-J.-J. Solier.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
par M. Hansen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
ar M. Claude Bernard. Volume in-4", avec 32 planches; iS56 15 fr.
I : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Brneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en iSôo par l'Académie des Sciences
oncours de i853, et puis remise pourcelui de iS5i>, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
res, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
iports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 27 planches; 1861... 15 fr.
ême Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N° 13.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 31 mars 1891.)
ME3IOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBItES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
Pages.
M. MOUCHEZ. — Troisième réunion du Co-
mité international permanent pour l'i \<-
cution photographique delà Carte du Ciel, 6S7
M. 'G. Sire. — Nouvel appareil gyroscopique. 638
Page-
M. A.-F. MarioN. — Nouvelles observations
sur la S%rdi ne de Marseille 6 j i
M. A. Pomel. — Les tremblements de terre
du i5 et du 16 janvier en Algérie 643
NOMINATIONS
Commission chargée déjuger le concours du
prix Lallcmand de l'année 1891 : MM. ( 'kar-
cot, Sappev, Banvier, Brown-Séquard,
Bouchard
Commission chargée de juger le concours
du prix Chaussier de l'année 1891 : MM.
Bouchard, Charcot, Verneuil, Broivn-
Séquard, Larrey
Commission chargée déjuger le concours du
prix Bell ion (f lé par M"1 Foehr) de
l'année 1891 : MM. Bouchard, Charcot.
Verneuil, Brown-Séquard, Marey
Commission chargée déjuger le concours du
647
prix Mège de l'année 1891 : MM- Bouchard,
Charcot, Marey, Verneuil, Brown-Sé-
quard 647
Commission chargée de juger le concours
du prix Mon ty on (Physiologie expérimen-
tale) de l'année 1891 : MM. Marey, Brown-
Séquard. Bouchard, Charcot, Banvier. 647
'Commission chargée de juger le concours
du prix L. La Caze (Physiologie) de l'an-
née 1891 : MM. Banvier. Chauveau, Lar-
rey et les Membres de la Section de Mé-
decine et Chirurgie G4t
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspondance,
le 4e fascicule de la « Bibliotheca mathe-
matica, Journal d'Histoire des Mathéma-
tiques », publié à Stockholm par M. Gus-
taf EnestrSm
M. l'Ail. Camboué adresse ses remerciements
pour le prix Savigny qui lui a été déi
M. G. Bigourdan. Nébuleuses nouvelles.
découvertes à l'Observatoire de Paris
M. A. Caillot. — Sur les variations obser-
ïées de la latitude d'un même lieu
M. Paul Painlevb. — Sur la théorie de la
représentation conforme
M. P. Duheji. — Sur les pressions à l'inté-
rieur des milieux magnétiques ou diélec-
triques
MM. E. Sarasih et L. de la Rive. — Propa-
gation de l'ondulation électrique hert-
zienne dans l'air
M. H. Deslandp.es. — Méthode nouvelle
pour la recherche des bandes faibles dans
les spectres de bandes. Application au
spectre des hydrocarbures
M. L. Lindet. — Sur l'origine des alcools
supérieurs contenus dans les ûegmes in-
dustriels
Bulletin BiBnoGnAPuiotE
Erh via
"17
.7
647
li'll
657
658
66i
663
M. T.-L. Phipson. — - Sur l'hématine végé-
tale
M. A. d'Arsonval. —Emploi de l'acide car-
bonique liquéfié pour la filtration et la
stérilisation rapides des liquides organi-
ques
M. R. Moniez. — Les mâles chez les Ostra-
codes d'eau douce
M. P. Lesage. — Influence de la salure
sur la formation de l'amidon dans les or-
ganes végétatifs chlorophylliens
M. E. Aubert. — Note sur le dégagement
simultané d'oxygène et d'acide carbonique
chez les Cactées
M. K. de Kroustchofp. — Reproduction ar-
tificielle de l'amphibole
M. A. de Tillo. — Grandes anomalies ma-
gnétiques au centre de la Russie d'Europe.
M. A. de Tillo. — Dépression constatée au
centre du continent asiatique
M. PELLERIN adresse une Note sur la réduc-
tion de la résine commune par l'hydro-
gène naissant
M. A.-B. Mac Donall adresse un relevé des
quanlités de pluie tombées à Paris pendant
sept années consécutives, de 1870 à 1876. -
C66
667
669
673
677
GSo
6S1
681
681
68 1
684
PUilS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-V1LL X.IÎS ET FILS,
Quai de« Grands-Augustins. 55
PREMIER SEMESTRE.
A/l
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR mm. LES SECRÉTAIRES PERPETUELS.
TOME CXII.
N° U (6 Avril 1891).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Ouai des Graads-Augusiins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des a3 juin 1862 et 24 mai 1875.
'
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro dos Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
I! v a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits' des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- ;
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le tont
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remisa 1
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans leCompte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative tait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Lés Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5h. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI G AVRIL 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRIi.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un système d'équations aux dérivées
partielles. Note de M. Emile Picard.
« Dans diverses Communications à l'Académie, je me suis déjà occupé
de la théorie des équations aux dérivées partielles ('). J'ai établi réeem-
(') Ma première Communication sur les équations linéaires générales aux dérivées
partielles remonte au 10 décembre 1888 (t. CVI1 des Comptes rendus); j'ai établi
dans cette Note que, pour une équation du type elliptique, une intégrale continue est
déterminée par ses valeurs le long d'un contour fermé, pourvu qu'il soit suffisamment
petit, et montré de plus comment on peut trouver cette intégrale. Dans les Rendi-
conti délia R. Accad. dei Lincei (1889), M. Bianchi a démontré de son côté, par une
autre méthode que la mienne, qu'il ne pouvait y avoir deux intégrales continues pre-
nant les mêmes valeurs le long d'un contour suffisamment petit.
C. R., 1801, ." Semestre. (T. CXII, N° 14.) 9°
( (iS6 )
ment {Journal de V École Polytechnique, 1890). une proposition relative aux
équations linéaires
, d'2 u ., (V 11 „ d- u ~ du „ du „
A ^— ; + 2 B -r 5- +C-T-; ; + D -^ + E ^- + F« = O,
dx* ox oy dy ox ôy
011 les coefficients sont supposés des fonctions analytiques des deux va-
riables réelles ce ety. Dans la région du plan où
B2 - AC < o,
toute intégrale de cette équation, continue ainsi que ses dérivées partielles
des deux premiers ordres, est une fonction analytique des variables. Ce
théorème fondamental permet d'espérer cpie, dans des cas étendus, les
équations aux dérivées partielles pourront servir à l'étude des classes par-
faitement définies de fonctions. La nature analytique des solutions étant
ainsi précisée, on a pour cette étude une base que ne donnait pas l'idée
vague de solution de l'équation aux dérivées partielles. Je voudrais simple-
ment indiquer aujourd'hui un système particulier où ces vues générales
trouveront leur application.
» 1. Prenons les deux équations en u et v
dv du , du
Ox 0-r oy
<)r du -.du
dy ox dy
où a, b, c, d sont des fonctions analytiques de oc et y. Si l'on considère une
région du plan où ces coefficients sont continus et où
(a — d)2 -h [\bc <[ o,
»(ouc) sera déterminée par les valeurs qu'elle prend sur un contour
fermé, en supposant, bien entendu, qu'elle reste continue à l'intérieur.
Nous pouvons donc dire que, pour ces équations, qui comprennent visible-
ment les équations classiques dans la théorie des fonctions d'une variable
complexe, le principe de Dirichlet subsiste. Il en est de même du théorème
de Cauchy relatif au nombre des racines contenues dans un contour : je
veux dire qu'on peut exprimer par une intégrale définie le nombre des
racines communes aux deux équations
u(cc, y) = m„.
v(x,y) = v„
( 687 )
contenues dans un contour fermé. La raison en est que le déterminant fonc-
tionnel
du Ou
dx dy
eh> dv
dx dy
garde un signe invariable, ce qui est la véritable origine du théorème de
Cauchy.
2. Nous considérons toujours l'ensemble des deux fonctions u et v, que
nous pouvons appeler la fonction (u, c). De même que, dans la théorie
des fonctions uniformes d'une variable complexe, on a étudié comme pre-
mière singularité les pôles, il importe de définir les points singuliers
(x0, y0) qui doivent jouer un rôle analogue au pôle dans l'élude d'une
fonction uniforme («, c). Bornons-nous au pôle simple : dans le voisi-
nage d'un tel point que j'appellerai encore un pôle, u et v seront de la
forme
K(-r,j)
Q(x, y)logR(.r,iy);
P, Q, R sont trois fonctions analytiques de x et y dans le voisinage de
(xa,y0^. Écrivant les termes de moindre degré dans le développement
de P et de R, on a
P(x,y) = x(x - x0) -+- (3(j - y0) 4- . . .,
B.(x, j) = A.(x — x0')2-+- 2.B(x — x0)(y — y0)
(B2 — AC<<.).
CCr-Jo)2
L'ensemble (x, (ï) joue un rôle analogue au résidu dans la théorie des
fonctions d'une variable complexe.
3. Si l'on veut étudier les fonctions à l'infini, il faut évidemment consi-
dérer des systèmes jouissant de quelques propriétés spéciales quand x et y
augmentent indéfiniment. Nous supposerons que a, b, c, cl restent finies
quels que soient x et y, et tendent vers des valeurs déterminées quand le
point (x, y) s'éloigne indéfiniment; de plus, l'inégalité
(a- J)2+46c<o
est vérifiée pour toute valeur de x et y.
X
( 688 )
On emploiera alors une certaine transformation quadratique
zrnrzr,' J = p^.Ah^v^w (H- - GK < o)
Ga:'sH-2Ha;'/+Ky2 ^ Gj'!+ 2H jc'y-f- K/
pour ramener à l'origine le point à l'infini, et nous supposons que, dans
le système transformé, les nouveaux coefficients sont des fonctions analy-
tiques de x' et y dans le voisinage de x' — o,y' = o. Tel sera, pour don-
ner un exemple très simple, le système
dv _
dx
\l ^-t-y + i/ dy
dv
ày =
/ 1 \ du
*~ y + i!+v!+i/^
Dans ces conditions, on peut étudier la nature des intégrales pour le point
à l'infini.
» Une classe intéressante de fonctions («,*') est formée des fonctions
uniformes qui n'ont dans tout le plan que des pôles, même à l'infini. Ce
sont les analogues des fonctions rationnelles. Je considère deux de ces
fonctions pseudo-rationnelles (u,v) et («,,»>,); à une valeur de la fonc-
tion (m, (>) correspondra un nombre limité de valeurs de la fonction (u, , v, )
et inversement. On n'en peut pas conclure, bien évidemment, qu'il existe
entre elles une relation algébrique.
» Je développerai ailleurs la théorie dont je viens d'indiquer le point de
départ. J'ai seulement voulu montrer ici comment certaines équations aux
dérivées partielles peuvent servir à définir des fonctions jouissant de pro-
priétés analytiques déterminées. »
HISTOLOGIE. — Transformation in vitro des cellules lymphatiques
en clasmatocytes ; par M. L. Raxvier.
« Les cellules lymphatiques du sang, sorties des vaisseaux par le méca-
nisme de la diapédèse, voyagent dans les tissus, comme cela a été décou-
vert et établi par von Recklinghausen il y a plus de vingt ans, Les cellules
migratrices ont été distinguées, par cet auteur, des cellules proprement
dites du tissu conjonctif, qui dès lors ont été appelées cellules fixes.
» J'ai montré, dans une Communication antérieure, qu'après avoir che-
miné dans les mailles du tissu conjonctif, les cellules migratrices pouvaient
( 689 )
perdre leur activité amiboïde, se fixer, devenir immobiles et acquérir de
nouvelles propriétés. Ce sont les cellules migratrices ainsi modifiées que
j'ai désignées sous le nom de clasmatocyles, pour les distinguer des cellules
conjonctives avec lesquelles on les avait confondues. Elles en diffèrent
cependant par leur origine, leur forme, leurs rapports et leur rôle physio-
logique et pathologique.
» L'observation sur laquelle je m'étais appuyé pour admettre l'origine
lymphatique des clasmatocytes avait porté sur la comparaison des formes
intermédiaires; mais je n'avais pas assisté à la transformation des cellules
lymphatiques en clasmatocytes.
» Après de nombreuses recherches, je suis arrivé à être témoin de cette
transformation et même à la produire en vase clos dans la lymphe périto-
néale extraite du corps. Voici l'expérience :
» On dépose, au milieu d'une cellule de verre, une goutte de lymphe
péritonéale de la grenouille (R. esculenta ou tcmporaria), recueillie au
moyen d'une pipette stérilisée par le flambage. Celte goutte ne doit pas
remplir entièrement la cavité de la cellule de verre, et, lorsque la lamelle
à recouvrir est ajoutée, il faut qu'il reste une couronne d'air autour de la
lymphe. On borde à la paraffine, puis on examine la préparation au micro-
scope. On y reconnaît, ainsi cpie je l'ai dit dans une Note antérieure, des
globules rouges du sang, des cellules incolores, sphériques et immobiles,
et des cellules lymphatiques amiboïdes. Ces dernières, si l'examen est fait
à la température de 1 5° C, ont des mouvements très vifs. Elles présentent
les diverses transformations que j'ai décrites ailleurs ( Tr. tech. d'hisl.). Les
plus nombreuses, en vertu de leur densité supérieure à celle du sérum,
gagnent le fond de la cellule, s'attachent à la surface de la lame de verre,
s'y étalent et deviennent si minces qu'elles disparaissent pour l'observa-
teur qui ne les a pas suivies dans leur transformation. A cet état, elles sont
très actives. J'en ai vu se multiplier deux fois dans l'espace d'une heure,
par le mécanisme de la division directe; six cellules lymphatiques groupées
dans le champ du microscope, après s'être divisées, ont fourni, au bout
de quarante-cinq minutes, un ensemble de onze cellules. Mais toujours
dans ces conditions, c'est-à-dire à i5°, les cellules lymphatiques ont pré-
senté des mouvements amiboïdes.
» Si l'on veut les voir s'immobiliser en revêtant les formes complexes
qui caractérisent les clasmatocytes, il faut élever un peu la température
et la porter à 25° C. Après avoir mis la lymphe dans la cellule de verre et
( 69o )
l'y avoir enfermée, comme il a été dit plus haut, on la place sur une plaque
métallique, maintenue à 25°, et on l'y laisse pendant une heure.
» Au bout de ce temps, on trouve toujours dans la préparation quelques
cellules lymphatiques qui, après avoir émis des prolongements arborisés
d'une longueur et d'une complexité plus ou moins grandes, sont devenues
immobiles, figées, pour ainsi dire, dans leur nouvelle forme. Tout à côté,
se montrent des cellules lymphatiques qui sont encore en pleine activité
amiboïde. Enfin, il s'en trouve d'autres qui sont munies de longs prolon-
gements arborisés et qui présentent encore des mouvements partiels,
d'une grande lenteur, et des modifications de forme peu marquées que
l'on ne saurait reconnaître sans le secours du dessin. Ces modifications
consistent surtout dans l'apparition ou le retrait de petites excroissances
ou dans le déplacement de granulations intraprotoplasmiques.
» Pour observer les détails de structure des clasmatocytes résultant de
la transformation in vitro des cellules lymphatiques, j'ai fait usage de deux
procédés différents. Le premier consiste à fixer les éléments à l'aide de l'a-
cide osmique et à les colorer ensuite par le violet 5B ou le violet hexa-
éthylé. Dans le second, on fixe par l'acide picrique et on colore ensuite
successivement par l'hématoxyline et l'éosine.
» C'est seulement dans les préparations où les cellules sont fixées et
colorées que l'on peut bien apprécier les formes variées, compliquées,
souvent étranges des clasmatocytes produits artificiellement. Il est à noter
que les prolongements de ces éléments, pas plus que ceux des clasmato-
cytes normaux du tissu conjonctif, quelle que soit leur complexité, ne s'a-
nastomosent jamais entre eux. »
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Essai de vaccination par des doses
minimes de matière vaccinante ; par M. Ch. Bouchard.
« J'ai démontré dans une Note à l'Académie ( ' ) et dans mes Leçons (2)
que, comme les matières bactériennes toxiques, les matières vaccinantes
sécrétées par les microbes dans le corps de l'individu malade s'éliminent
par les urines. Avec les urines stérilisées de lapins atteints de la maladie
(') Comptes rendus, 4 juin 1888.
(-) Thérapeutique des maladies infectieuses. ]>. 140 à i4<3- Paris, 1889.
( <»9i )
pyocyanique, j'avais pu vacciner d'autres lapins en injectant des quantités
qui ont oscillé entre i45ocet iocc. A i45cc se produisaient des accidents
toxiques, bien que cette quantité fût introduite par closes fragmentées.
A 8occ je n'ai pas constaté de symptômes d'intoxication. A ioec, avec une
dose huit fois plus faible que celle qui n'était pas toxique, j'obtenais en-
core l'immunité, ce qui m'a donné à penser que l'immunité n'était pas
due aux matières toxiques.
» J'ai cherché à isoler ou plutôt à séparer la matière vaccinante d'un
certain nombre des autres substances avec lesquelles elle se trouve mé-
langée dans les urines des animaux infectés, et j'ai utilisé ces nouvelles
expériences pour déterminer la dose la plus faible, qui est encore vacci-
nante.
» Expérience I. — Des lapins, inoculés par voie intra-veineuse avec la culture viru-
lente du bacille pyocyanique et qui sont tous morts du fait de cette inoculation, ont
excrété ensemble o,4o''c d'urine.
» Ces urines, évaporées dans le vide à 35°, sont ramenées à iSocr. On ajoute au
liquide ainsi concentré un litre d'alcool absolu. Il se forme un abondant précipité
qu'on lave à l'alcool à 8o0. On le redissout dans l'eau; on précipite une seconde fois
par quatre fois le volume d'alcool absolu et, après un nouveau lavage par l'alcool à 8o°,
on redissout dans l'eau saturée de naphtol-[3. On obtient 22cc de solution. Avec cette
liqueur on prépare des dilutions aqueuses à 4 pour 100, à 2 pour 100 et à 1 pour 100.
Le 2 mars 1891, on injecte à un lapin du poids de i87osr, o/c, 35 de la dilution à
4 pour 100, ce qui représente, par kilogramme d'animal, les matières précipitables
par l'alcool de 8CC, 89 d'urine.
Le même jour, on injecte à un second lapin, du poids de 2o5oSr, iocc de la dilution à
2 pour 100, ce qui représente, par kilogramme d'animal, les matières précipitables par
l'alcool de 4CC, 28 d'urine.
» Le même jour enfin, on injecte à un troisième lapin, du poids de 2470°r, i2c'',35de
la dilution à 1 pour 100, ce qui représente par kilogramme, d'animal, les matières pré-
cipitables par l'alcool de 2CC, i4 d'urine.
» Le 21 mars, dix-neuf jours après les injections, on inocule par voie intra-veineuse,
à chacun de ces trois lapins et à deux témoins deux tiers de centimètre cube de cul-
ture pyocyanique virulente.
» Le 23 mars, les deux témoins sont morts.
» Le 24, le premier lapin succombe.
» Le 28, le troisième meurt.
» Le 3 1, le deuxième meurt.
» La mort a été retardée de un à huit jours. Il y a donc eu immunité
relative conférée par l'injection des matières précipitables par l'alcool de
2cc,i4 à 8CC, 89 d'urine. Mais je n'ai pas, avec ces très faibles doses, obtenu
l'immunité absolue.
( 692 )
)> Cette expérience prouve encore que les matières vaccinantes appar-
tiennent au groupe des substances que l'alcool précipite.
» Ces résultats m'ont engagé à rechercher quelle serait la dose la plus
faible de culture pyocyanique qui se montrerait encore vaccinante.
» Expérience II. — Un lapin, du poids de 1920s', reçoit tous les jours, sous la
peau, du 11 février 1891 au 20 février inclusivement, ^ d'une culture pyocyanique
stérilisée par la chaleur et diluée dans de l'eau également stérilisée; la dilution est
au _i_; elle est faite à raison de icc de culture pour 199™ d'eau.
» Le 23 février 1891, on inocule deux tiers de centimètre cube de culture pyocya-
nique virulente dans les veines de l'oreille du lapin ainsi injecté et dans celles de
deux lapins témoins.
» Les deux témoins meurent le i!\ février. Le lapin qui a reçu la culture diluée
succombe le i5 mars 1891.
» Cette immunité très nette, puisque le vacciné a survécu vingt jours,
tandis que les témoins sont morts en vingt-quatre heures, a été obtenue par
l'injection totale de occ,io4 de culture stérilisée par kilogramme d'animal.
» Expérience III. — Un lapin, du poids de 1770?', reçoit tous les jours, sous la
peau, du 11 février 1891 au 20 février inclusivement, 1" de la dilution à ^ de cul-
ture pyocyanique stérilisée par la chaleur. C'est la dilution qui a servi à l'expérience
précédente.
» Le 23 février 1891, on inocule deux tiers de centimètre cube de culture pyocya-
nique virulente dans les veines de l'oreille du lapin ainsi injecté et dans celles de deux
lapins témoins. Ce sont les témoins de l'expérience IL
» Les deux témoins meurent le 24 février.
» Le 23 mars, le lapin qui a reçu la culture diluée est vivant; il a maigri, il pèse
i5g5s'. Il est bien portant le 6 avril.
» Les témoins étant morts en vingt-quatre heures, le vacciné, bien que
devenu malade, est vivant et bien portant, après quarante-deux jours. Ce
résultat a été obtenu par l'injection totale de occ,o28 de culture stérilisée
par kilogramme d'animal.
» Expérience IV. — Un lapin, du poids de iS3osr, reçoit tous les jours, sous la
peau, du 28 février au 6 mars 1891, deux tiers de centimètre cube d'une dilution au
~ô d'une culture pyocyanique faite comme celle qui a servi aux précédentes expé-
riences. Le 7 mars, le lapin reçoit 1" de la même dilution.
» Le 12 mars, on inocule un demi-centimètre cube de culture pyocyanique viru-
lente dans les veines du lapin ainsi injecté et dans celles de deux témoins.
» Un des témoins succombe le i3 mars, le second le i5 mars.
» Le 23 mars 1891, le lapin qui a reçu la culture diluée est vivant. 11 vit encore.
» Les témoins étant morts en un temps qui a varié de vingt-quatre à
( 693 )
soixante-douze heures, le vacciné ne parait pas malade au bout de vingt-
cinq jours. Ce résultat a été obtenu par l'injection totale de occ,oi5 de cul-
ture stérilisée par kilogramme d'animal.
» Expérience IV. — On prépare avec une culture pyocyanique stérilisée des dilu-
tions au jyj, au yj-ô, au FoT, au yôwô> au TôTô") ?u îoooo-
» De chacune de ces six dilutions, on injecte iooc par kilogramme à six lapins, de
telle sorte que ces animaux ont reçu, par kilogramme, dans une même quantité d'eau.
les quantités suivantes de la culture stérilisée :
ce
Lapin \ 0,001
» B o , oo5
» C O , O I
» D 0,02
» E o,o5
» F 0,1
» Ces injections ont été faites le 16 mars i8ç)i. Le 21 mars, on inocule ces -i\
lapins ainsi que deux témoins; on injecte à chacun dans les veines o", -5 d'une culture
virulente de bacille pyocyanique.
» Le 20 mars, on constate que les témoins sont morts, ainsi que le lapin D
» Le lapin B est trouvé mort le %l\ mars.
a Le lapin C est trouvé mort le 20 mars
a Le lapin F meurt Le 28 mars.
» Le lapin A meurt le 1e1' avril.
» Le lapin E vit encore le 6 avril.
» Il y a eu immunité absolue chez un des vaccinés, immunité relative
chez quatre, absence totale d'immunité chez un.
n J'ai voulu savoir si le milieu nutritif artificiel préparé avec l'asparagine
et quelques sels minéraux, dont font usage MM. Arnaud et Charrin, donne-
rait des cultures contenant comme les autres les matières vaccinantes.
» Expérience VI. — Un lapin, du poids de i54osr, reçoit sous la peau, du 20 au
27 mars 1891 inclusivement, icc chaque jour d'une dilution à 1 pour 200 de culture
pyocyanique faite dans une solution d'asparagine à 5 pour 1000. La dilution a été sté-
rilisée par la chaleur.
» Le 2 avril on inocule par voie intraveineuse, à ce lapin et à un témoin, f de cen
timètre cube de culture pyocyanique virulente.
» Le 3 avril, le témoin est mort.
» Le 6 avril, le lapin qui a reçu la culture diluée et stérilisée parait bien portant.
» Dans cette expérience, une immunité, dont on ne peut pas encore ap-
précier le degré, a été obtenue par l'injection totale de occ,o2G de culture
stérilisée par kilogramme d'animal.
C. R., 1891, i« Semestre. (T. CXII, N° 14.) ') I
( M )
» Si l'on considère que oc,c,ooi de culture n'est pas inactif et que les
cultures dans la solution d'asparagine ne renferment pas plus de 5 pour
iooo de matières bactériennes, dont les \ sont de l'ammoniaque qui n'est
pas vaccinante, on devra conclure que les matières dites vaccinantes peu-
vent agir efficacement à des doses qui ne sont qu'une minime fraction de
milligramme. »
COSMOLOGIE. - - Interprétation du globe de feu peint par Raphaël dans son
Tableau de la « Madone de Foligno » ; par M. Daubrée.
« La Madone de Foligno se distingue par une particularité unique.
» Commandé à Raphaël par Sigismond de Conti, comte de Foligno.
secrétaire particulier du pape Jules II, ce tableau, aujourd'hui dans la
galerie du Vatican, fut probablement destiné à un ex-voto. Il paraît avoir
été exécuté vers i5ia (').
» Dans le ciel, au-dessous des pieds de la Vierge, figure un globe de feu,
ayant sans doute, comme l'arc-en-ciel dont il est voisin, une signification
allégorique.
» Les uns ont vu dans ce corps enflammé le souvenir d'une bombe qui
serait tombée auprès du comte Sigismond, pendant le siège de Foligno, sa
ville natale (2). D'autres y ont trouvé une allusion au danger qu'aurait fait
courir au même personnage la chute de la foudre sur sa maison de cam-
pagne ' i.
» Une troisième interprétation, d'une nature toute différente, vient
d'être proposée par M. Holden, directeur de l'Observatoire de Lick,aux
États-Unis, et appuyée par M. Newton, professeur à New-Haven en Con-
necticut ('). Elle est fondée sur le rapprochement entre l'époque de l'exé-
cution du tableau et la date d'une chute ou pluie de pierres météoritiques
qui eut lieu le 4 septembre i5i i, à quelques lieues au sud-est de Milan, à
Crema, sur les bords de l'Adda. Ce phénomène frappa fortement l'atten-
tion de tous, comme en témoigne une chronique conservée à Milan, dans
la bibliothèque ambrosienne.
(') Passavant, Raphaël, t. II, p. 110. — Le comte Sigismond mourut le 23 février
1D12.
(-) Eug. Montz, Raphaël, p. 3g6.
(;) Vasari, seconde édition, t. IV, p. 'i!\i.
I ) American Journal of Sciences, t. XLI, mars 1 891 .
( 695 )
» Cette dernière supposition me parait être incomparablement mieux
motivée que les autres.
» Le globe de feu, à raison de sa petitesse et de sa signification hypo-
thétique, ne figure pas sur la plupart des gravures qui représentent cette
belle œuvre. Mais heureusement nous en possédons à Paris, à l'École des
Beaux-Arts, une excellente copie à l'huile, exécutée à la dimension de
l'original. Afin de chercher à comprendre quelle a pu être l'intention de
Raphaël, je l'ai examinée de la manière la plus attentive, avec l'obligeant
concours de M. Schommer, l'artiste distingué qui en est l'auteur.
» La forme du corps lumineux rappelle celle d'une goutte de matière
enflammée tombant vers le sol et laissant derrière elle une traînée égale-
ment lumineuse. Il importe d'ajouter qu'aucune fumée ne se montre parmi
les nuages, au voisinage de la masse incandescente.
» On voit avant tout qu'il n'y a ici rien de commun avec un coup de
foudre, que l'on représente d'ordinaire sous la forme d'une ligne de feu
en zigzag.
» Une bombe, au moment où elle éclate et moins encore dans son
trajet, ne présente non plus aucune analogie avec ce corps, entièrement
lumineux, sans cpi'on y distingue quoi que ce soit ressemblant à du fer, en
boule ou en fragments ( ' ).
» D'ailleurs, par sa nature entièrement lumineuse et par sa position,
qui se rapproche de la verticale, rien qui puisse rappeler un boulet.
» Au contraire, la ressemblance est manifeste avec un bolide qui par-
court sa trajectoire. L'imitation est même si parfaite qu'on peut s'étonner
d'une représentation comparable, pour l'exactitude, avec celle donnée
par des savants qui se sont fait une spécialité du sujet
(') Les bombes, c'est-à-dire des globes creux remplis de poudre qu'on lance avec
un mortier et qui éclatent ensuite, au moyen d'une fusée, étaient déjà inventées à
l'époque dont il s'agit, mais encore peu employées. Elles ne paraissent en France
qu'en iSai, au siège de Mézières par Charles-Quint.
(-) Voir notamment les figures données par Haidinger : Der Meteorsteinfall am
9 Juni 1866 bei Knyahinya {Sitzungsberichte der K. Acad. der Wissenschaften
Mien, 1866, p. 1, planche UT.)
Quant aux substances incendiaires qu'on lançait avec des bombardes, dès le
xv° siècle, elles étaient destinées à mettre le feu à des constructions et n'étaient pas
une cause de danger pour les personnes. C'est bien plus tard qu'on a associé ces
corps incendiaires à des projectiles (balles à feu V
( 696 ;
» L'auteur de la chronique dite Istoria di Milano ( ' ), qui s'était fait un
devoir d'enregistrer journellement tous les faits dignes d'intérêt et mérite
toute confiance, dit : « Le 4 septembre, à 2 heures de la nuit, il apparut
» (i5ii) à Milan et dans toute la région, clans l'atmosphère, à la surprise
» et à la terreur de tous, une grosse tête (una gran lesta) d'une telle
» splendeur, qu'elle parut rallumer le jour ». A la suite de ce phénomène,
on recueillit près de Crenia beaucoup de pierres; le nombre en fut évalué
à environ 1200. L'une pesait 120 livres, une autre Go et les autres moins.
Elles tombèrent avec sifflement, comme d'un tourbillon enflammé. Des
oiseaux furent tués en l'air et des brebis dans les champs (2). L'une des
météorites fut apportée à Milan et une autre à la cour de France (3).
Quoique nous possédions des échantillons de plus anciennes, notamment
de celle d'Ensisheim, de 1492, nous devons regretter que ces dernières
aient disparu.
» D'un autre côté, on sait qu'à cette époque des guerres acharnées et
sanglantes désolaient le nord de l'Italie.
» Pendant l'été de i5i 1, les Français avec leursalliés, qui luttaient avec
le pape Jules II, étaient en possession de Gènes, de Ferrare, de Milan et
d'une partie de la Lombardie, c'est-à-dire d'une région où le bolide appa-
rut avec tout son éclat; Crema, lieu où tomba l'averse de météorites
que ce bolide apportait, était aussi entre leurs mains. Mais, à la suite de la
bataille meurtrière de Ravenne, qui eut lieu le 11 avril i5i2, et malgré
leur victoire qui coûta la vie à Gaston de Foix, duc de Nemours, ils ne
tardèrent pas à être expulsés de l'Italie.
» Or, comme, dans les siècles les plus reculés, les phénomènes astrono-
miques et météorologiques étaient, au moyen âge et même plus tard en-
core, considérés comme des présages, comme tels, ils devaient provoquer
des interprétations relativement aux événements contemporains. Il en
(1) Commencée par le cordonnier Giovanni Andréa del Prato, homme distingué et
en rapport avec beaucoup de personnes notables, elle fut continuée, de 1499 à ia 19,
par Bernardino Gorto.
Le récit de la chute de météorites dont il s'agit a été, depuis lors, reproduit maintes
fois, entre autres par Carlo Amoretti, le Père Bonaventure et par Chladni, dans son
mémorable ouvrage Ueber Feuer-Meteore, Vienne, 1819.
(2) Bigot de Morogues, Mémoire sur les chutes de pierres tombées à la surface de
la terre, 181 2.
I Mercati, Metallotheca Vaticaha.
( «97 )
était tout particulièrement ainsi de l'apparition des bolides et de la chute
des météorites. L'antiquité nous en fournit bien des exemples. Dans plu-
sieurs lieux, des météorites, dont l'arrivée sur notre globe avait' été
sûrement constatée, avaient un temple et recevaient un culte. Une autre
preuve manifeste et nouvellement signalée nous montre combien l'arrivée
de ces corps extra-terrestres frappait profondément les esprits. En effet,
un grand nombre de médailles romaines appartenant à divers règnes : à
ceux d'Auguste, de Caracalla, de Trajan, de Vespasien, d'Héliogabale et
d'autres, représentent le corps céleste; souvent c'est une pierre de forme
conique avec une étoile (bolide) au-dessus; quelquefois cette pierre co-
nique, sur laquelle est figuré un aigle, repose sur un quadrige.
» A l'époque qui nous occupe, l'un des principaux acteurs dans les
guerres d'Italie, Fempereur Maximilieu, avait lui-même donné une preuve
de sa superstition à l'égard d'une chute de météorites dont il fut témoin
oculaire dix-huit ans auparavant.
» Le 7 septembre 1492, étant encore roi des Romains, et se trouvant
en Alsace, à Ensisheim, il y vit tomber une météorite, qu'il donna à son
armée comme un présage de la victoire qu'il allait remporter ('). Après
avoir fait transporter dans l'église du village, comme un objet miracu-
leux, la pierre qui était tombée du ciel avec tant de fracas, Maximilieu
défendit d'en enlever aucun morceau, sauf deux, dont il garda l'un et en-
vova l'autre au duc Siçismond d'Autriche.
» On ne saurait donc s'étonner qu'un phénomène aussi extraordinaire,
qui eut lieu à proximité (2) du théâtre de luttes aussi prolongées et où
venaient de se répandre des flots de sang, ait été considéré par chacune
des parties en présence comme le signe d'une intervention divine. Il n'est
pas surprenant non plus que Raphaël, domicilié depuis plusieurs années à
Rome, auprès du pape-guerrier Jules II, l'un des deux principaux belligé-
rants, ait fait allusion à une telle croyance, au moment d'ailleurs où ap-
paraissait comme prochaine une solution, objet sans doute de bien vifs
désirs.
» Ainsi, en dehors de l'importance que les météorites ont acquise au
point de vue de la constitution des corps célestes et de celle de notre propre
globe, l'intérêt de ces corps se manifeste dans l'art, après avoir été signalé
dans l'histoire et la numismatique. »
(') Bigot de Morogues, Ouvrage précité, p. 56.
(-) Crema est à moins de 70^'" de Folignn et plus rapproché encore de Milan.
( 698 )
M. Mascart, en présentant à l'Académie les tomes II et III des « Annales
du Bureau central météorologique » pour 1889, s'exprime comme il suit :
« Le premier volume (t. II) renferme le détail des observations météo-
rologiques faites en France dans 17 stations de premier ou de second
ordre, dans 10 stations en Algérie et 14 dans les colonies ou les postes con-
sulaires à l'étranger. On y a ajouté les résumés mensuels et annuels rela-
tifs à 110 stations en France et 3o, en Algérie.
» Je signalerai en particulier, comme renseignements nouveaux, la pu-
blication des observations au sommet de la tour Eiffel et celle des docu-
ments que nous devons au P. Colin sur les stations de Tananarive et
Tamatave à Madagascar.
» Le tome III (Pluies en France) renferme le détail journalier de la
pluie recueillie en France dans 1959 stations, avec une discussion des ré-
sultats et une série de cartes qui traduisent graphiquement la distribution
annuelle et mensuelle des pluies dans toute l'étendue du pays.
» Je me fais aussi un devoir de signaler la perfection apportée par
MM. Gauthier- Vil lar s dans l'impression si difficile de ces Tableaux numé-
riques. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix, chargées déjuger les Concours de l'année 1891.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Prix Martin- Damourette. — MM. Bouchard, Charcot, Brown-Séquard,
Marey, Verneuil réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui,
après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Chauveau et Ranvier.
Prix Pourat (Fondions du corps thyroïde). — MM. Bouchard, Ranvier,
Verneuil, Sappey, Brown-Séquard réunissent la majorité des suffrages.
Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Charcot
et Chauveau,
Prix Gay (Des lacs de nouvelle formation et de leur mode de peuplement) .
— MM. A. Mil ne-Edwards, Blanchard, de Lacaze-Duthiers, Daubrée, de
Quatrefages réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après
eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Gaudry et Grandidier.
( fo>9 J
Prix Montyon (Arts insalubres). -- MM. Armand Gautier, Schlœsing,
Schiïtzenberger, Larrey, Duclaux réunissent la majorité des suffrages. Les
Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Fremy et
Friedel.
Prix Trémont. — MM. Bertrand, Berthelot, Faye, Marcel Deprez, de
Qualrefages réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après
eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Resal et Léauté.
Prix Gegner. — MM. Bertrand, Berthelot, de Quatrefages, Hermite,
Fremy réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux,
ont obtenu le plus de voix sont MM. Faye et Darboux.
ME3IOIRES PRESENTES.
MM. Badi\ et Escoffier adressent les résultats de leurs recherches sur
le cuvage des vins à vase complètement clos.
(Commissaires : MM. Schlœsing etDehérain.)
M. P. Lagrange soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant
pour titre : « Méthodes de dosage des matières organiques dans les jus de
betteraves, les sucres et les mélasses ».
(Commissaires : MM. Schlœsing et Dehérain. )
M. le Ministre des Affaires étrangères transmet une Note accompa-
gnée d'une épreuve photographique sur un système de frein pour wagons
de chemins de fer, adressée par M. Arnaldi, de Palerme.
Cette Note est renvoyée à l'examen de la Section de Mécanique.
CORRESPONDANCE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
correspondance :
i° Un volume des Acla mathematica, rédigés par M. Mittag-Leffler, con-
tenant le Mémoire de M. H. Poincarê sur le Problème des trois corps et le
( 7°° )
Mémoire de M. P. Appell sur les intégrales de fonctions à multiplicateurs,
Mémoires couronnés par S. M. le roi Oscar II, le 21 janvier 1889.
20 Une Notice sur la vie et les travaux de G. Chancel, par M. R. de F01-
crand.
M. E. Colix adresse, de Madagascar, ses remerciements pour le prix
Jérôme Ponti qui lui a été décerné.
ASTRONOMIE. — Loi suivant laquelle la somme des distances de la Lune à deux
étoiles quelconques varie en fonction du temps. Note de M. L. Cruls,
présentée par M. Faye.
« En recherchant une méthode nouvelle pour la détermination des
longitudes, basée sur la détermination de l'instant où la Lune coupe l'arc
de grand cercle passant par deux étoiles, et la mesure, à ce même instant,
de la distance de l'une de celles-ci à la Lune, méthode que j'espère être
bientôt en mesure d'essayer, une fois que j'aurai à ma disposition le sextant
convenablement modifié ( ') dans ce but, j'ai été conduit à discuter le
problème suivant :
» Déterminer la loi suivant laquelle la somme des distances de la Lune à
deux étoiles quelconques varie en fonction du temps.
» Nous adopterons pour plan de projection le plan tangent à la sphère
au point milieu de l'arc de grand cercle qui joint les deux étoiles. Nous
supposerons, en outre, pour simplifier, que la Lune se déplace en projec-
tion sur ce plan d'un mouvement rectiligne et uniforme. En réalité, il
n'en est pas ainsi, puiscpie les effets réunis de la parallaxe et de la réfrac-
tion altèrent à chaque instant l'uniformité de ce mouvement, lequel, en
outre, est angulaire, au lieu de s'effectuer, comme nous le supposons,
suivant la tangente à l'orbite. Mais si l'on n'a en vue que l'application des
conséquences du problème, dans les limites assez rapprochées assignées
(') Le grand miroir de ce sextant se composera, en réalité, de deux miroirs pou-
vant se déplacer l'un par rapport à l'autre, de façon à pouvoir amener simultanément
dans le champ de la lunette les images de trois astres, situés dans un même plan.
M. Hurlimann, l'habile constructeur bien connu, a été chargé de réaliser cette modi-
fication.
( 7°l )
par la pratique, nous sommes parfaitement en droit de faire l'hypothèse
en question.
» Ceci posé, il est aisé de démontrer que, à chaque instant, la somme
des distances LP, LO (voir figure ci-dessous) de la Lune aux deux étoiles
considérées est égale à la somme des ordonnées y = Lm, y' = Ln, ayant
même abscisse commune x = RL, de deux branches d'hyperboles équi-
latères A, B ayant : i" leurs sommets aux deux étoiles P, Q; 2° pour axe
imaginaire commun la trajectoire de la Lune, et 3° leurs axes transverses
parallèles et situés à une distance RS, que nous représenterons par à
(voir figure ci-dessus, qui ne comprend qu'une des branches de chaque
hyperbole).
» En adoptant pour axe des x l'axe imaginaire commun, et pour celui
des y l'axe transverse de l'hyperbole A, les équations des hyperboles A
et B seront
y- — x1 -\-cr,
Y'1 = (A — x'f 4- b1.
» En cherchant, par l'analyse, la valeur de l'abscisse commune a;, qui
rend minimum la somme des ordonnées y -+- y', on trouve
x =
a -+- b
C. K., 1891, i" Semestre. (T. CXII, N° 14.)
A,
92
( 7°2 )
c'est-à-dire celle qui correspond au point I, pour lequel on a, en effet,
NI = IQ et MI = PI,
d'où
MN = PQ,
et où, en d'autres termes, la somme des distances de la Lune aux deux
étoiles passe par sa valeur minimum.
» Afin de nous rendre compte des conditions les plus favorables à l'ap-
plication de la nouvelle méthode, nous avons cherché l'expression du
rayon de courbure aux points M et N des deux hyperboles. On obtient
ainsi
P
a"
i
P'
- — ■
—
[a(A-
oo'-y
4-
6»]'
h*
» Mais, au lieu d'exprimer p et p' en fonction des demi-axes transverses
a et b et de A, il est plus simple de le faire en fonction de l'angle a que
font les droites RS et PQ, c'est-à-dire l'angle de la trajectoire lunaire avec
le grand cercle passant par les étoiles; on trouve ainsi
P
=
-a(
2 -1- tang'a
tan g2 a
?'
—
-b
2 -+- tang2a
» On en conclut que, pour une même valeur de a et b, les rayons de
courbure diminuent lorsque a augmente; en d'antres termes, les condi-
tions du problème seront d'autant plus favorables, que les ascensions
droites des étoiles différeront moins entre elles, et seront situées à de
faibles distances de part et d'autre de l'orbite lunaire.
» Pour a. = go°, c'est-à-dire lorsque les deux étoiles ont la même ascen-
sion droite, on trouve
p = «,
valeur minimum du rayon de courbure. Pour a. = 45°, on a
p = 5 , i a .
; 7° 3 )
Presque toutes ces conséquences, d'ailleurs fort simples, étaient aisées
à déduire par des considérations purement géométriques; il m'a paru,
néanmoins, assez intéressant de le faire par l'analyse. »
ASTRONOMIE. — Nébuleuses nouvelles, découvertes à l' Observatoire de Paris |
par M. G. Bigourdan. Note communiquée par M. Mouchez.
Ascension Distance
droite. polaire.
1860,0.
V". ,. — i — — Description.
li m s n
153.... g.i3.i5 io4- 6 Objet de grandeur 1 3 , 5 ; un peu nébuleux et qui
ne paraît pas être 2846 N. G. C.
154. .. . 9.19.18 66.23 Étoile i3,2, qui paraît entourée de nébulosité très
faible. Ne paraît pas être 2885 N. G. C.
155.... 9.24.29 io4-io Gr. : i3,2; allongée vers />= 100°, de 80" de long
sur 4o" de large, diffuse, sans noyau. Elle est dis-
tincte de 2902 N. G. G.
156. . . 9.42.57 76.02 Gr. : i3,4-i3,o; soupçonnée près de 3024 N. G. C
àp = 5o°, d = 2'.
157. . 9.52. 11 76.19 Etoile i3,4, accompagnée de nébulosité excessive-
ment faible et de 3o" de diamètre.
158. io.3o.28 ii6.5o Gr. : i3, 3- 1 3, 4; très diffuse, dans laquelle on soup-
çonne au moins deux étoiles. Pourrait être un
amas.
159. io.38.56 54.3i Gr. : 1 3, 3; diffuse, allongée vers/? = 104°, de 80" de
long sur 35" de large. Pourrait être une nébuleuse
double.
160. . . . 10.39.57 54.36 Gr. : i3,4; très diffuse, 1' de diamètre, sans noyau.
161.... 10.47.40 7J'39 Petit amas de 25" de diamètre, entremêlé peut-être
de nébulosité.
162. ... 11. 14. 19 86.28 Objet de grandeur 1 3, 5, et d'aspect nébuleux.
163. . . . 11. 14.22 86.24 Petite nébuleuse que le voisinage d'une étoile 12,8
(située à/>=;2i4°, oï=o',5) empêche de bien
apercevoir.
164.... 11.27.28 72.23 Objet excessivement faible soupçonné près de
2374 BD--17, à/; = 10°, d = 3'.
165.... ii.38.44 68.47 Gr* : i3,5; excessivement diffuse, avec deux points
un peu plus brillants.
166... i i.56. 17 36.34 Traces de nébulosité, soupçonnées à côté d'une étoile
de grandeur 12.
(') Voir p. 647 de ce Volume.
176.
Ascension Distance
droite. polaire.
1860,0
N".
- - i -^_
167...
h ni s
. H.58. o
68° 58
168...
12. 3.23
73. 5
169. ..
12. 5. I I
60. 1
170. . .
. 12. 8. II
65.i4
171...
12. I I .45
76.20
172...
12 . 12.56
74.i5
173...
• 12.19.29
80.12
174. . .
12. 3o.28
14. 56
175...
. i2.34.58
69.17
12.37.31 99.26
177...
1 2 . 4o . 58
62. 2
178. . .
12.45. 7
io4.46
179.. .
1 2 . 5 1 . 3 1
61. 6
180. . .
13.27.12
71 .35
181...
i3.53.23
92.16
182...
13.59. I0
94-49
183...
i3.5g.i5
94.51
184-...
i4- io. 6
49.33
18o...
14.27.37
39.28
186...
. i5. o.38
46-47
187...
i5. 0.39
roo.36
188...
. i5. 2.36
33. 5i
189...
i5. 2.53 •
107.58
( 704 )
Description.
Assez brillante, allongée vers p = 980, de 90" de long
sur 4o" de large, sans noyau.
Gr. : i3,5; soupçonnée près de 4i52 N. G. C-, à
p = 347°, d — 6'.
Très faible; se distingue difficilement de 4 169 N.G. G.
dont elle est très voisine.
Gr. : 1 3 , 4 ; petite, 12" à iV de diamètre, d'aspect
fortement stellaire.
Gr. : 1 3 , 3-i 3 , 4; 3o" de diamètre, avec noyau stellaire
qui se détache vivement.
Gr. : i3,4; très diffuse, 3o" d'étendue, sans noyau.
Gr. : 10,4; 10" de diamètre, très voisine de 44io N.
G. C.
Gr. : 1 3, 3-i 3, 4; 3o" de diamètre, d'aspect fortement
stellaire.
Petit amas un peu nébuleux de 3o" de diamètre, dans
lequel on distingue deux ou trois étoiles très
faibles.
Etoile 1 3, 2-1 3, 3, un peu nébuleuse et entourée de
nébulosité de 10" de diamètre. Est distincte de
4658 N. G. C.
Soupçonnée près de 4692N.G.C. à p=22o°, d= i',5.
Étoile i3,4 entourée de nébulosité excessivement
faible de 3o" à 4o" d'étendue. Est distincte de 4756
N. G. C.
Gr. : i3,5; petite d'aspect stellaire.
Gr. : 1 3 , 5 ; située près de 5217 N. G. C., àp = io5°,
r/ = 3'5.
Gr. : 1 3, 4-i 3, 5; de 10" de diamètre et d'aspect stel-
laire.
Gr. : 1 3, 4-i 3, 5; d'aspect assez stellaire.
Objet un peu nébuleux situé près de 5465 N. G. C.,
à /> = io5°, rf = i'8.
Gr. : 1 3, 4-i 3, 5; très diffuse de 3o" à 4o" de diamètre.
Gr. : i3,o; assez petite, un peu allongée, i5" d'éten-
due, avec noyau demi-stellaire.
Objet excessivement faible et qui paraît nébuleux.
Gr. : i3,4-i3,5; diffuse, 4o" de diamètre sans noyau.
Gr. : i3,4-i3,5; pourrait être une simple étoile.
Gr. : 1 3,4; de 25" à 3o" d'étendue, avec faible con-
densation un peu stellaire.
N".
190.
191.
192.
Ascension Distance
droite. polaire.
1800,0
h m s o '
5. 5.29 94-33
5 . 1 3 . 1 3
5.22.32
l4- 2
81.53
193 . .
i5.24- 3
46.38
194 . . .
i5.28. 4
84.32
195..
1 5 . 3 j .20
72.18
196.
i5.42.52
70.30
197..
i5.55 .34
ig. 1
198..
i5.58.33
71.39
199. .
i5.58.4a
71.45
200. .
i5.5g. 1
71.29
201 . .
1 5 . 5g. 5
71.18
202. . .
15.5g. 9
7 1 . 3o
203 .. .
15.59.19
71 .5i
204 . .
i5.5g.25
7'-49
205...
1 5. 5g. 26
71.54
206 .. .
i5.5g.34
.9. 3
207 .. .
16. 7.34
20. 1
208...
16. 8.37
78.21
( 705 )
Description.
Gr. : 1 3 , 5 ; sans détail perceptible à cause de son ex-
trême faiblesse.
Gr. : i3,4-i3,5, et qui, par un ciel assez beau, a pré-
senté un aspect nébuleux; revu par un beau ciel,
il a paru douteux que cet objet fût réellement né-
buleux.
Gr. : i3,5; de 3o" à 4o" d'étendue, avec noyau stel-
laire excessivement faible.
Gr. : i3,4; de 10" d'étendue, assez stellaire.
Étoile i3,o; près de laquelle on soupçonne quelques
traces de nébulosité.
Gr. : i3,5 voisine de 3388 BD + 17°. Tout près à
/) = 220°, c/ = i',5 à 2' on soupçonne un autre objet
nébuleux plus faible encore.
Gr. : i3,4-i3,5; paraît être un petit amas; il est
situé près de 3o2i BD -t- ig°, à p = 1200, <-Z = t',3.
Etoile i3,3 qui paraît accompagnée d'une trace de
nébulosité.
Etoile autour de laquelle on soupçonne un peu de né-
bulosité.
Gr. : i3,4; diffuse, 25" de diamètre, avec noyau stel-
laire.
Objet d'aspect un peu nébuleux, et qui, par rapport
à 6o55 N. G. C. est à/? =275°, d = i',5.
Gr. : i3, 5; situé pires de 3m BD + i8°, àp — 345°,
rf=4'.
Petite étoile qui paraît accompagnée d'un peu de né-
bulosité ; elle est voisine de 6o55N.G.C., àp= 2200,
rf=i/,3.
Gr. : 1 3,4-i 3,5; de i5" de diamètre, fortement stel-
laire. Une étoile 10,7 est à p = 2400, d = 1'.
Étoile 1 3, 3 qui paraît accompagnée de quelques
traces de nébulosité.
Étoile 1 3 , 3 accompagnée de nébulosité de 20" d'é-
tendue.
Étoile i3,4-i3,5 accompagnée de nébulosité.
Gr. : 1 3, [\-i 3, 5; 20" de diamètre, avec noyau stel-
laire. Une étoile 1 1 est à p = ioo°, <j?= 3'.
Excessivement faible ( trouvée en cherchant la comète
de d'Arrest, le 28 juin 1890). Parait être identique
à 81 Swift,.
Nombre
de
Log. fact.
Log. fact.
comp.
m app.
parall.
^ app.
parall.
*
( 706 I
ASTRONOMIE. — Observations de la planète /m) , découverte à l'Observatoire
de Marseille, èqaalorial Eichens (ouverture : om,258); par M. Bor-
RELLY.
Temps moyen
Dates de
1891. Marseille. AjR. &®.
h m s m s ' '/ h m s 0 ' »
Mars 3i. 11. 0.22 --1.12,75 +5.47,4 4:4 i2.24.48,i3 -2,960 9i.55.3i,5 — 0,785 1
3i. . ii.53.53 -;-i. 11,06 :-5.34,3 5;5 12. 24-46, 44 1-3,900 91.55.18,4 — 0,800 1
Avril t.... 9. 3.3o h-o.3o,i5 — 0.17,7 5;5 12.24. 5,53 — ï,449 9i-49-26,4 — °>797 '
4 ... 9.20.2g — 2. 5g, 80 -i-8.57,6 5;5 12.21.45,43 — 7,368 91.29.25,7 —0,796 2
Positions des étoiles de comparaison.
Réduction Réduction
Asc. droite au CS au
*. Gr. moy.pouri8gi,o. jour. moy. pour 1891 ,0. jour. Autorités.
!] m s s „ , „ ,,
1 7-8 12.23.34,37 +1,01 91. 4g. 37,1 -1-7,0 362 Weisse (a.c) H. XII
2 g 12.24.44,20 4-i,o3 g 1.20. 2 1,1 -1-7,0 376 Weisse (a.c) H. XII
» La planète est de 11e grandeur. »
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur la théorie des surfaces applicables sur
une surface donnée. Extrait d'une Lettre de M. J. Weingarten à
M. Darboux.
« Permettez-moi devons donner une application nouvelle et d'un in-
térêt particulier de la formule (2) de ma Lettre précédente ( l
» Choisissant pour <p la forme
9 == pq + P,
où P désigne une fonction de la seule variable/», on aura
d\- ■+- dif + dZ,2 = du- -:- 2(11 — n) dp",
où
n = p'-+-/;2.
( ' ) Voir Comptes rendus, p. 607 de ce Volume.
( 7°7 )
Cherchons quelle doit être l'expression de II pour que cet élément linéaire
puisse se ramener à la/orme de Liouville
(A -B) (do.2 + . dp2).
Avec les moyens que vous avez donnés, il n'est pas difficile de répondre à
cette question.
» On trouve, en négligeant des constantes qui n'altèrent pas la généra-
lité de l'application,
P'+/>!=- ïP + &(*'-*)>
b étant une constante.
» Mais c'est un résultat bien inattendu que l'équation
p-!-p'+P"=0
devient aisément intégrable et même par l'équation
du ôv
de Liouville.
» En conséquence, on peut signaler une nouvelle classe de surlaces
applicables les unes sur les autres dont l'élément linéaire prend la forme
de Liouville
A» = («_P)[£('« - 2) - *£(? - 2)],
et dont les individus sont déterminables par de simples quadratures.
» Les surfaces que j'ai données autrefois (Gôttinger Nachrichten; 1887 I
et dont l'élément linéaire a pour expression
ds2 = {z3-hp)(d«.2+-d$2)
correspondent à II = p2 ou à b = o, cas limite. »
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur la théorie des surfaces applicables.
Note de M. E. Goursat, présentée par M. Darboux.
« Le théorème donné récemment par M. Weingarten (Comptes rendus.
t. CXII, p. 607), concernant les surfaces dont le carré de l'élément linéaire
a
( 708 )
possède la forme ( ' )
dsi = du- + (h + w>) dvi
peut être généralisé. Conservant les notations de ce géomètre, désignons
par oc, y, z les coordonnées d'un point M d'une surface S, par c, c', c" les
cosinus directeurs de la normale à la surface, par q la moitié du carré de
la distance du point M à l'origine, par p la distance de l'origine au plan
tangent, par p et p' les rayons de courbure principaux, et supposons que 1
surface S vérifie l'équation aux dérivées partielles du second ordre
où <p est une fonction donnée de p, q. Alors, d'après la proposition de
M. Weingarten, on pourra poser
(2) *d%+ed%=*>
et deux équations analogues; si l'on considère l, r,, l comme les coordon-
nées d'un point d'une surface 2, le carré de l'élément linéaire de cette sur-
face sera donné par la formule
(3) A.=,,(4^^g4;+(;,g)'.
Inversement, si l'on connaît une surface I admettant cet élément linéaire,
les formules (2) feront connaître une surface S satisfaisant à l'équa-
tion (1).
» Cela posé, je prends pour ?(/?, q) la fonction
(A) 9=M-P 'î-*T'
un peu plus générale que celle de M. Weingarten. L'équation ( 1) prend
la forme
(5) p + p'=2ayo+ p.
(') Il me paraît utile de rappeler que cette forme caractérise les surfaces applica-
bles sur le paraboloïde de révolution. Ces surfaces ont été déterminées dans le 2e fas-
cicule du t. III des Leçons sur la théorie des surfaces de M. Darboux.
( 7°9 ;
Quant à l'élément linéaire (3), il s'écrit, en posant
r, ( 2 a — i ) ,
9 = Vp + -7— V-î-".
r/.r = cfrr +- [2H + 2 (a— i)/r + 2[ï/>] r//r
ou, après la substitution
c
P = l= '
Va
(f,) r/i2 - t/u2 -+- (11 . /h : A>) dv\ k- —^, lr=-^F
1
» Laissons de côté le cas où a 1, qui a été traité par M. Weingarlen;
on peut, sans diminuer la généralité, supposer fi = o, car cela revient à
remplacer les surfaces S par des surfaces parallèles. La détermination des
surfaces qui admettent l'élément linéaire donné par la formule (6) se ra-
mène donc à l'intégration de l'équation aux dérivées partielles
p -I- p'= 2 a/),
c'est-à-dire à la recherche des surfaces pour lesquelles la somme des
rayons de courbure principaux est proportionnelle à la distance d'un point
fixe au plan tangent. Or, dans un Mémoire inséré au Tome X de Y Ameri-
can Journal 0/ Mathematics, j'ai montré que la recherche de ces surfaces se
ramène à l'intégration d'une équation de la forme E(jî, [3) [voir Darboux,
Leçons sur la théorie des surfaces, t. II, p. 54], dont l'intégrale générale
peut être obtenue sous forme finie pour une infinité de valeurs de la con-
stante «. En rapprochant ce résultat de ce qui précède, on voit donc qu'il
existe une infinité de valeurs de la constante k pour lesquelles on peut détermi-
ner, par des quadratures, toutes les surfaces qui admettent i élément linéaire
donné par la formule
ds- ■. du* -\- {u + kv2-\-U')dva\
si le est quelconque, la détermination de ces surfaces se ramène à r intégration
d'une équation E(P, (3).
» Les lignes géodésiques sont représentées, si /• n'est pas nul, par le
système des deux équations
„2
ikv -h / = (p'(«), « = , zrti + -çr '
C. K., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 14.) fP
( 7'° )
où / désigne une variable auxiliaire, o(t) l'intégrale générale de l'équation
linéaire du second ordre
(i-!»)f£ = 4*ç.
qui se ramène à l'équation de la série hypergéométrique. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un problème d'Analyse qui se rattache
aux équations de la Dynamique. Note de M. R. Liouville, présentée
par M. Darboux.
« Quand le mouvement d'un point ou d'un système matériel dépend
seulement de deux variables, on sait obtenir tous les cas où il existe, avec
l'intégrale des forces vives, une autre intégrale du second degré à l'égard
des vitesses. Si le mouvement dépend de trois paramètres, la question
présente plus de difficultés et l'on rencontre des résultats bien diffé-
rents.
» En profitant d'une remarque faite par M. Darboux, il est permis de
supposer que la fonction des forces est réduite à une constante. Soit
alors
* = *(%}+?($)'+?($)''.
la force vive du système matériel, rapporté à des coordonnées convenables,
et cherchons à choisir pour les fonctions a, (3, y des expressions telles que
les équations différentielles du mouvement puissent être déduites, soit de
la forme quadratique précédente, soit d'une seconde forme, où entrent en
général les produits — - ~^-, • ■ •
» Ce problème diffère en un point essentiel de celui qui se présenterait
si les paramètres x n'étaient qu'au nombre de deux. Dans ce cas, en effet,
l'équation différentielle des trajectoires est aussi celle des lignes géodési-
ques sur les surfaces qui admettent un élément linéaire commun
( 2 ) e dx\ -+- ij dx, dx2 -+- g dxi .
» Cela étant, je représente par à2 le déterminant eg -/', par A(s),
A (s), A (s) trois expressions linéaires et du second ordre en s, qui
( 711 /
dépendent uniquement de l'équation des trajectoires ('). Pourvu que
l'élément (2) ne soit point celui d'une sphère, la mesure k de la courbure
en un point des surfaces auxquelles il appartient est donnée par l'une
quelconque des formules
(3) à(s~*) =-«**"*, a'(jt *)=/**"*, A"($r*)=-gk?rji
ou par celle-ci
(6) A ( 8~*) A"(?P j - A'2 (&"*) = *»**,
qui en est une conséquence évidente. Il suffit donc de connaître S pour
déterminer k et, par ce moyen, e, /, g, quand l'équation des géodésiques
est donnée. L'exception signalée pour les surfaces à courbure constante a
lieu quand A, A', A" s'évanouissent à la fois.
» Il en est autrement quand les paramètres;» sont au nombre de trois :
outre une exception semblable à la précédente et que l'on rencontre si
l'expression y x-f/.e', 4- ^ dx\ -;- y2 dx\ représente la distance des points
infiniment voisins dans l'espace rapporté à des coordonnées orthogonales,
il existe des cas où, les équations des trajectoires étant données, il ne suf-
fit pas de connaître le discriminant <52 de la forme (1) pour en conclure
cette forme même. C'est dire que l'on peut choisir a, (3, y de telle manière
qu'une seconde forme, de même discriminant, corresponde aux mêmes
trajectoires.
» Tous les cas de cette espèce sont donnés par les relations
. w, d$ do dy d<? d$ dy
y dx3 dxî ' p àx» ~ dx3 ' dxx dxx
jointes à l'une des suivantes
/ dy. . da
l cos<p -Q-, — — sincp — ; — — o,
) r ?dx, ryd.r3
j . dy. dy
I sincp F—, — . - coso — : — = o.
T [idx2 ' ydx3
» L'expression de T est alors réductible à lune de celles-ci, par un choix
(' ) Joui nal de l'École Polytechnique, LIXC Cahier, p. i^.
-' 7" )
approprié des variables
(7) 2T 4P =[$!>,, ¥ '('X3) -i/(Xî)]<&;?+rfX2rfX,}.
» Il n'y a aucune difficulté à calculer la seconde forme quadrique T,,
associée à T, et il est clair que l'équation
T
— • = const.
est toujours une intégrale des équations différentielles des trajectoires. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE . — Sur (es /raclions continues régulières relatives à ex.
Note de M. II. Padé, présentée par M. Picard.
« Le Tableau (') des fractions rationnelles approchées de la fonction ex
est uniquement composé de fractions normales. Comme cas particulier
des belles formules données par M. Hermite, dans les premières pages de
son profond Mémoire Sur la fonction exponentielle, il est aisé d'obtenir
toutes les fractions continues régulières qui correspondent à ex. Chacun
des deux types de fractions continues de la première sorte est représenté
par une infinité de fractions continues, comme cela résulte d'ailleurs de la
théorie générale. Parmi les fractions continues de la deuxième sorte, la pre-
mière et la deuxième famille sont seules représentées. Il y a une infinité
de fractions continues de la première famille qui appartiennent au pre-
mier type; deux seulement appartiennent au second type; la deuxième
famille ne renferme que deux fractions continues.
» Voici le Tableau complet de ces fractions continues. Pour les écrire
nous faisons usage des symboles +, — définis par les formules
a ■ a a ■ a
T + c — u > û ~ c — i.
b ii + c 0 b — c
» Dans les formules (1) à (6), il faut donner à n successivement les
valeurs o, i , 2, 3, ....
Voir Comptes rendus, séance du 10 novembre 1890.
( 7'3 i
I. — Fractions continues régulières de la première sorte.
Premier type.
x x* x"
( i ) I --! 1 1- . . • H r -
>■ / i 1.2 n !
(■>)
n -+- i — oc « + 2 — x n 4- 3 — 3; /i -h 4 — a?
1 • // ! • jr 2 a; • 3 x
a; a:2 (— i )" a." « -!- i -+- a; « + 2 -+- « 71 -j- 3 + x » -+- 4 -i- a;
1 1 . . ■ — .
1 1.2 ni
Second type.
I X , x2 x" x" ■ ' • (/l -t- I ''
I ' 1.2 ' ' ' n\ (« -hl)! 71-1-2
x ■ (n -+- i)x • 2x ■ (n + 3)x • 3 x
n -H 3 « -H 4 n -h 5 « -t- 6 n , -
( i)">x'"' ■ (n-i-i)x
(3)
;
a; a-- ( — i)"a;B 1)! « -f- 2
— h . . . -1
( 'l / < 1 1.2 n !
/ • x ■ ( « -f- 2 ) a; ■ 2 a; ■ (/i'+3)œ • 3 .r
/« :- 3 «1 '1 n i- 5 « -, 6 "7
II. - Fractions continues régulières de la seconde sorte.
PREMIÈRE FAMILLE.
Premier type.
x x'1 xn n +- 2) xn+l
I -i- - H- - -f- . . . +- -
1 1.2 /( ! ' ( « - i - 2 )!—(«[- 1 ) ! .r
(« + 3)(«-r3) • («_ h-3)(n j- 4)!(" +5) • (n-+-5)(n -1- 6)2 {n + 7)
// / «.r «.r
I — .— —r-, n 1 — .— —tt-, —ït I
(rt-i-2)(rt-t-4) («+4)('» + 6) (»-h'6)(/H-8)
1 ^ (— i)"+'(w + 2)a:" '
.r ^Z2 ~ (- I )"./■" ' (7H-2)! -t-(rt-hl)! x
11.2 « !
(6) { i(n+i) , 2jn 2) 2 3i/( 3)
• (w + 2)(/t + 3) ; (B + 3)(«-i-ff(fl + 5) •_ (/i + 5)(« + 6),(ra-;-7)'
1 -H t w 7T ! + 7 rr-^- — et ' H
(«■+a)(n + 4) (/» H- 4) (« -î- 6) ' (« -t-6)(«-i-8)
Second type
(7)
ix ■ i .2 x- • 2.3 a;5
1 H 2-x ' 3.4 ' 5.6
(8)
I • 2X ' I.2I! • 2.3 ./ "
i 2 -\- x 3.4 5.0
(, 7'4 )
3.4 x*
3.4a;2
SECONDE FAMILLE ( ' ).
X* I X*
, N 12a; • 3.5 4 " 5.72.q 42 ' q.ii2.i3 42
v 12 — 6 + r-
1 a;- 1 a;- 1 x-
1 + „— 1 -h ■ H = —
i.72 7. 112 11.13 2
1 ./ 1 ./ ' la;4
(10) 7
12a; • 3.5 4 " 5 . 72. ç) 42 • 9. 1 12. 1 3 42
12 ■i-6x+Xi I a;2 1 x% 1 ,r2
3.72 7. 112 II. 10 2
» Parmi toutes ces fractions continues, les seules qui avaient été obte-
nues jusqu'ici sont au nombre de cinq. Elles se déduisent des précédentes
en faisant n = o dans les formules (2), (3 ), (4), n = i dans ( 5), enfin la
dernière, est la fraction (7) elle-même.
» Le Tableau précédent renferme toutes les fractions continues régu-
lières relatives à ev. Toutes ces fractions sont convergentes et ont pour limite er,
dans tout le plan. Si l'on considère la suite des réduites de la fraction (1),
les numérateurs tendent vers l'unité, et les dénominateurs vers e~x ; pour
la fraction (2), au contraire, les numérateurs tendent vers ex et les déno-
minateurs vers l'unité ; enfin, pour l'une quelconque des autres fractions,
les numérateurs tendent vers e2 et les dénominateurs vers e " : dans tous
les cas, la limite du quotient est donc bien e' . »
(') Nous avons reconnu que, dans une fraction continue régulière de la deuxième
sorte, le degré commun aux. dénominateurs partiels ne peut dépasser la moitié du
degré communaux numérateurs partiels; la seconde famille ne peut donc renfermer
que trois types et non pas quatre, comme nous l'avons dit autrefois, la troisième fa-
mille quatre types et non pas six, .... Les deux fractions continues (9) et (10) doivent
donc être regardées comme appartenant au premier type de la famille, et non pas au
second.
( 7'5 )
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Surlemode.de vibration des membranes et le rôle
du muscle thyro-aryténoïdien. Note de M. A. Hubert, présentée par
M. A. Cornu.
« Les membranes sur lesquelles j'ai opéré constituaient la paroi supé-
rieure d'une série de petites caisses métalliques à section droite carrée
qui pouvaient être montées sur une soufflerie; le côté de la section droite
carrée et par conséquent de la partie vibrante de la membrane, variable
d'une caisse à l'autre, a été successivement de 3ein,5, 6™, f)cm, i5cm. L'un
des bords de la membrane, amené tout près de l'une des arêtes horizon-
tales supérieures de la caisse, ménageait un orifice de sortie à l'air de la
soufflerie et pouvait entrer en vibration. Les bords de la membrane, per-
pendiculaires au bord vibrant, étaient saisis entre des pinces au moyen des-
quelles on pouvait exercer une traction parallèle à ce bord vibrant. Dans
l'intérieur de chaque caisse, et à 3 '" environ au-dessous de la membrane,
était fixée une plaque métallique percée d'un assez grand nombre de
petites ouvertures, afin de répartir aussi uniformément que possible
l'action de l'air de la soufflerie et de diminuer tout au moins les effets
possibles de résonance.
> Des lignes équidistantes, tracées à l'encre à la surface de la membrane,
les unes parallèles, les autres perpendiculaires au bord vibrant, donnaient
à chaque instant la topographie exacte et complète de la membrane en
vibration.
i) La membrane, soumise ainsi seulement à une tension parallèle à son
bord libre, se subdivise, lorsqu'elle est mise en vibration par l'air de la
soufflerie, en quatre parties limitées par trois lignes nodales à peu près
rectilignes et parallèles au bord vibrant.
» Ce mode de subdivision se produit quelles que soient les dimensions
de la caisse et par suite de la partie vibrante de la membrane.
» Les distances du milieu des lignes nodales au bord libre sont sensible-
ment entre elles comme les nombres i, 3, 6, et sensiblement proportion-
nelles, pour des nodales de même ordre, au côté du carré qui constitue la
partie vibrante.
» Par contre, ces distances sont à peu près indépendantes de l'épaisseur
de la membrane; elles sont sensiblement les mêmes, toutes choses égales
d'ailleurs, pour une membrane en caoutchouc et une membrane en cuir.
( 7*6 )
« Les lignes nodales ne se déplacent pas sensiblement lorsqu'on fait
varier la traction exercée parallèlement an bord vibrant.
» Si l'on exerce, en outre, une traction croissante perpendiculairement
au bord vibrant, les lignes nodales se rapprochent de ce bord et la hauteur
du son s'élève. Pour une traction convenable les deux lignes nodales
extrêmes disparaissent, la ligne nodale intermédiaire subsiste seule et la
hauteur du son s'abaisse brusquement. Si la traction perpendiculaire au
bord vibrant augmente encore, le son s'élève encore progressivement jus-
qu'au moment où survient une nouvelle chute brusque de hauteur corres-
pondant à la disparition de la dernière ligne nodale. Toutefois, je n'ai
observé ce dernier fait que sur les membranes dont la partie vibrante avait
3C'",5 de côté; pour des dimensions plus grandes le bord vibrant devient,
en effet, rapidement concave et la membrane demeure immobile.
» Les mêmes phénomènes de subdivision se produisent si la membrane
est soumise à une traction encore parallèle au bord vibrant, mais exercée
seulement dans le voisinage de celui-ci. L'état de tension de la membrane
u
est alors tout à fait analogue à celui de la muqueuse du larynx, le bord
vibrant représentant l'une des cordes vocales.
» Dans ces conditions, si l'on supprime en quelque sorte des portions
de plus en plus grandes de la région postérieure de la membrane en appli-
quant sur celle-ci une plaque rigide, l'intensité du son rendu augmente
d'une façon notable. Un corps pesant, simplement posé sur la membrane,
produit un effet analogue. Lorsqu'un changement de hauteur accompagne
l'augmentation d'intensité il se forme un nouveau système de lignes no-
dales; la même hauteur de son peut alors être obtenue en déterminant le
même système de nodales au moyen de fds rigides appliqués sur la mem-
brane et ne la surchargeant pas.
« Il semble difficile, d'après ces faits, de conserver au muscle thyro-
aryténoïdien le rôle qu'on lui a attribué dans la production de la voix de
poitrine et de la voix de fausset.
» Le rôle du faisceau interne de ce muscle doit être, d'après les faits
énoncés plus haut, de supprimer, en quelque sorte, la partie de la mu-
queuse laryngienne, c'est-à-dire de la membrane vibrante, dans la région
immédiatement sous-glottique où elle n'est soumise à aucune tension, et
d'accroître ainsi l'intensité du son rendu. Le même rôle paraît, d'ailleurs,
dévolu, quoique à un degré moindre, au muscle crico-aryténoïdien latéral
dans le voisinage de son insertion cricoïdienne, ainsi qu'au cartilage cri-
coïde.
( 7'7 )
» Les variations de hauteur, dont j'ai parlé plus haut, et que l'on con-
state lorscpie l'on exerce une légère traction perpendiculairement au bord
vibrant, démontrent l'utilité des mouvements d'élévation et d'abaissement
du larynx, dont on n'avait pas encore expliqué les effets, mouvements que
l'on observe chez les chanteurs aux limites supérieure et inférieure de la
voix chantée. Par ces mouvements, en effet, le chanteur provoque un léger
degré de tension ou de relâchement de la muqueuse des cordes vocales
dans une direction perpendiculaire au bord vibrant, ce qui entraîne une
augmentation ou une diminution de la hauteur du son. »
CHIMIE. — Préparation et proprié lé s du triiodure de bore.
Note de M. Henri Moissan.
« On sait que le chlorure de bore préparé par Dumas à l'état gazeux; a
été étudié et obtenu pur par Henri Sainte-Claire Deville et Wœhler. C'est
un liquide bouillant à i8°,3. Le bromure de bore, découvert par Poggiale,
a été de même préparé en notable quantité par Deville et Wœhler. Les
efforts tentés pour préparer l'iodure de bore ont été infructueux jusqu'ici.
» Nous avons pu préparer le triiodure de bore :
» i° Par l'action de l'acide iodhydrique gazeux sur la vapeur de chlorure
de bore à haute température; ce mélange était entraîné dans un tube de
porcelaine porté au rouge;
» 20 Par l'action de l'iode sur le bore à une température de 700" à 8oo°;
» 3° En faisant réagir le gaz acide iodhydrique sur le bore amorphe de
Deville et Wœhler.
» Cette dernière réaction est celle qui nous a fourni le meilleur procédé
de préparation, procédé que nous allons décrire rapidement.
» Préparation. — Le bore amorphe, préparé exactement comme l'ont
indiqué Deville et Wœhler, est séché à 2000 au bain d'huile dans un cou-
rant d'hydrogène. Lorsqu'il est bien refroidi, on le place dans un tube
de verre de Bohème que l'on fait traverser ensuite par un courant de gaz
acide iodhydrique séché avec soin sur l'iodure de calcium poreux. Le tube
de verre, disposé sur une grille à analyse, est maintenu à une tempéra-
ture voisine de son point de ramollissemciil.
» Au début de l'expérience il se produit une petite quantité de vapeurs
d'iode qu'on laisse perdre, puis, dans une allonge bien sèche, disposée à
l'extrémité du tube, on recueille bientôt un produit de couleur plus ou
moins foncée, cristallisé en grandes lamelles. Au moment où la réaction
C R., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, N° 14.) 94
( 7'» )
devient énergique, il se dégage de l'hydrogène à peu près pur, ne contenant
plus que des traces d'acide iodhydrique.
» Le corps ainsi préparé possède une belle couleur rouge pourpre.
Cette coloration tient à une petite quantité d'iode; car, si l'on reprend ces
cristaux par le sulfure de carbone dans lequel ils sont solubles, on obtient
un liquide qui, après agitation avec du mercure, est tout à fait incolore. Ce
sulfure de carbone, rapidement évaporé dans un tube de verre, fournit des
lamelles nacrées, transparentes et bien cristallisées.
» Propriétés physiques. — Le triiodure de bore se présente donc en cris-
taux incolores, très facilement altérables par Faction de la lumière. La so-
lution sulfocarbonique incolore, dont nous venons de parler, abandonnée
pendant une demi-heure à la lumière diffuse, prend la teinte rouge des
solutions d'iode dans le sulfure de carbone.
» Le triiodure de bore est un corps éminemment hygroscopique. Il est
impossible de le manier en présence de l'air; il attire l'humidité avec une
grande énergie en se décomposant aussitôt.
» Il fond à la température de 43°; parle refroidissement il se contracte
et cristallise avec la plus grande facilité. Il entre en ébullition à 2100 sans
décomposition et sans production de vapeurs d'iode. Porté au rouge, dans
un tube de verre, il brûle au contact de l'air en produisant une flamme
fortement colorée par la vapeur d'iode.
» Il nous a été impossible de prendre la densité de ce composé solide
par la méthode du flacon, car nous n'avons pu trouver aucun corps liquide
qui ne s'y combine pas ou qui ne le dissolve en petite quantité. La
densité du triiodure de bore liquide est environ 3,3 à 5o°.
» Ce nouveau composé est très solubledans le sulfure de carbone, dans
le tétrachlorure de carbone, dans la benzine; il l'est aussi, mais à une dose
plus faible, dans le trichlorure de phosphore, dans letrichlorure d'arsenic
et dans un grand nombre de liquides organiques.
» Un courant de 5o volts ne traverse pas le triiodure liquide, les élec-
trodes étant placées à i""u de distance.
» Propriétés chimiques. — Le triiodure de bore fournit des réactions très
énergiques.
» Au contact de l'eau, il est de suite décomposé en acide borique et en
acide iodhydrique
13oP + 6HO = BoO\3HO + 3HI.
» Cette décomposition se fait d'une façon très nette, et lorsque l'on part
d'un iodure bien blanc, la solution d'acide borique et d'acide iodhydrique
( 7'9 )
obtenue est tout à fait incolore ; il n'y a donc pas de mise en liberté d'iode.
» L'hydrogène ne réagit pas au rouge-cerise sur l'iodure de bore.
» Chauffé dans l'oxygène, le triiodure de bore brûle facilement avec une
flamme éclairante en fournissant de l'iode et de l'anhydrique borique. Le
soufre fondu attaque l'iodure de bore avec énergie; il se volatilise de l'iode
et, en reprenant ensuite le résidu par l'eau, on obtient un dépôt de soufre
et un léger dégagement d'hydrogène sulfuré.
» Le phosphore réagit à froid sur l'iodure de bore. Aussitôt qu'il y a
contact entre les deux corps il se produit une violente incandescence.
» Le silicium n'est pas attaqué au rouge sombre.
» Le sodium ne réagit pas sur ce composé à la température de 5o" ; on
peut même le distiller sur le métal alcalin. Au rouge, réaction avec incan-
descence.
» Le magnésium l'attaque à 5oo° avec incandescence, l'aluminium ne
réagit pas.
» L'argent est sans action sur l'iodure de bore fondu à une température
de 5oo°. Le fluorure d'argent réagit à froid avec incandescence sur cet
iodure; il se produit de l'iodure d'argent et un violent dégagement de fluo-
rure de bore.
» L'oxychlorure de phosphore est attaqué énergiquement par le triio-
dure de bore. La masse s'échauffe et il se dépose une combinaison bien
cristallisée. Le chloroforme, la plupart des étherset des carbures d'hydro-
gène, les ammoniaques composées réagissent aussi avec énergie sur cet
iodure de bore.
» L'alcool éthylique anhydre est de suite attaqué par l'iodure de bore;
la température du mélange s'élève beaucoup, et il se forme un magma d'où,
par distillation, on sépare un liquide bouillant à 720 et présentant toutes
les propriétés de l'iodure d'éthyle. Le corps solide restant comme résidu
est l'acide borique trihvdraté.
» Cette réaction peut être représentée par la formule
3C4H6024- BoP=Bo*3HO + 3C"H'I.
» L'éther ordinaire réagit aussi avec un grand dégagement de chaleur;
il se produit de suite un liquide brun qui, repris par l'eau, donne de l'iodure
d'éthyle, de l'acide borique et de l'alcool que l'on peut caractériser par
l'iodoforme. En résumé, il se fait d'abord de l'iodure d'éthyle et de l'éther
borique et une petite quantité d'eau détruit ce dernier composé
6C"H50 4- Bol3 = 3C4H5I 4- Bo03,3C4H50.
( 72° )
» Analyse. — L'analyse cl u triiodure de bore a été faite sur des échan-
tillons incolores et très bien cristallisés. Un poids donné du corps était
repris par un grand excès d'eau, et dans un volume déterminé de ce liquide
on dosait l'iode à l'état d'iodure d'argent et le bore à l'état de borate de
chaux (' ).
Trouvé.
1.
2.
3.
Théorie.
Iode .
Bore. .
• 96.7
. 3,,
97,3
96,7
3,o
97>2
2,8
» Ce premier travail fait partie d'un ensemble de recherches sur le bore
et ses composés, recherches que nous aurons l'honneur de soumettre
bientôt à l'Académie des Sciences. »
CHIMIE. — Sur un nouveau composé oxygène du molybdène.
Note de M. E. Péchard (2).
« L'addition de quelques gouttes d'eau oxygénée à une dissolution
d'un molvbdate alcalin produit une coloration orangée qui persiste même
quand on porte le mélange à l'ébullition.
» Cette intéressante réaction, déjà signalée par Schcene (3), est telle-
ment sensible qu'elle a été indiquée par M. Denigès('') comme pouvant
caractériser des traces d'eau oxygénée; mais ces savants n'ont pas poussé
plus loin l'étude de cette réaction.
» L'hydrate molybdique jaune M0O3, 2HO, insoluble dans l'eau et dans
les acides, se dissout rapidement dans l'eau oxygénée, sous l'influence
d'une douce chaleur, en donnant un liquide jaune.
» Les liqueurs colorées obtenues ainsi par l'action de l'eau oxygénée
sur les molybdates alcalins ou sur l'hydrate molybdique ne présentent
plus la propriété caractéristique des liqueurs molybdiques, de donner en
liqueur acide un précipité de phosphomolybdate d'ammoniaque.
» L'eau oxygénée a aussi une action sur les tungstates alcalins. Du pa-
ratungstate d'ammoniaque, peu soluble dans l'eau, se dissout rapidement
dans l'eau oxygénée en donnant une dissolution jaune pâle.
(' ) Nous donnerons ultérieurement les détails de ce procédé analytique.
(- ) Travail fait au laboratoire de Chimie de l'Ecole Normale supérieure.
(3) Scboene, Zeitsclirift anal. Chemie, t. IX, p. 4'; 1870.
(4) Dexigès, Comptes rendus, t. CX, p. 1007; 1890.
( 721 )
» Une dissolution incolore de paratungstate de soude jaunit également
sous l'influence de ce réactif, et dans les dissolutions ainsi obtenues les
acides forts ne peuvent plus, même à chaud, mettre en liberté l'acide
tungstique. J'ai commencé une étude approfondie de ces réactions et cette
étude est assez avancée pour que je puisse donner ici les premiers résultats
obtenus avec les molybdates.
» I. Action de l'eau oxygénée sur le trimolybdate de potasse. — Le trimo-
lybdate de potasse obtenu par voie sèche se dissout difficilement dans
l'eau; en présence de l'eau oxygénée la dissolution se fait rapidement et
la liqueur qui en résulte est jaune orangé. Cette dissolution, concentrée
à une douce chaleur, laisse déposer de beaux cristaux jaunes par refroi-
dissement.
» Chauffés doucement dans le vide, ces cristaux abandonnent de
l'eau, puis de l'oxygène et laissent un résidu blanc d'un molybdate acide
de potasse. Ils ont une composition qui correspond à la formule
RO,4HO,Mo207.
Calculé. Trouvé.
47 ao »
4110 36 i5,4 i6,5
MO'-O6 iVi 6i,3 60,2
O s 3,3 3.i
a35 100,0
» Ces cristaux paraissent appartenir au système triclinique.
» Ce sel de potasse est soluble dans l'eau, à chaud, et peu soluble dans
'alcool, qui le précipite de ses dissolutions aqueuses.
» II. Action de l'eau oxygénée sur le molybdate d'ammoniaque. — En
soumettant à l'évaporation à ioo° un mélange d'eau oxygénée et de mo-
lybdate d'ammoniaque ordinaire, j'ai pu préparer un sel ammoniacal ana-
logue au sel de potasse.'
» L'évaporation dans le vide sec de la liqueur précédente ainsi concen-
trée donne de beaux cristaux jaunes, qui sont très solubles dans l'eau et
insolubles dans l'alcool. Chauffés modérément dans le vide, ces cristaux
foisonnent et laissent dégager un mélange d'ammoniaque, d'eau et d'azote.
Le résidu est de l'acide molybdique.
» En supposant pour ce sel une composition analogue à celle du sel de
potasse et représentée par la formule AzH'O, 4 HO, Mo2 O', j'ai trouvé pour
( 722 )
le poids d'acide molybdique
Calculé 28% 1 15 Trouvé 2?', 127
» Les cristaux ainsi obtenus paraissent clinorhombiqu.es.
» III. Action de l'eau oxygénée sur l'hydrate molybdique. — La dissolu-
tion d'hydrate molybdique dans l'eau oxygénée, évaporée dans le vide
sec, laisse un résidu jaune rougeàtre, non cristallisé et insoluble dans
l'eau. ,
» Les deux sels alcalins que je viens de décrire suffisent pour caractéri-
ser un composé suroxygéné du molybdène. J'indiquerai encore quelques
réactions qui confirment l'existence de ce composé par sa décomposition
en présence de certains réactifs :
» i° Les alcalis détruisent les sels que je viens de décrire avec dégage-
ment d'oxygène. C'est pourquoi, dans leur préparation, il est nécessaire
d'employer des molybdates acides.
» i>° L'acide chlorhydrique est décomposé à chaud par une dissolution
de ces sels avec dégagement de chlore. L'iodure de potassium brunit rapi-
dement dans les mêmes conditions par suite de la mise en liberté de
l'iode.
» Les réactions si nettes que présentent les nouveaux sels de potasse et
d'ammoniaque que je viens de décrire et leur grande stabilité permettent
donc d'affirmer l'existence d'un acide suroxygéné du molybdène, l'acide
hypermolybdique Mo207, Aq, dont je poursuis l'étude. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur un nouveau mode de séparation du fer d'avec le
cobalt et le nickel. Note de M. G. -A. Le Roy, présentée par M. P. Schùt-
zenberger.
« On sait que l'une des meilleures méthodes analytiques pour doser le
cobalt ou le nickel consiste à électrolyser la dissolution saline de ces mé-
taux en un milieu alcalin ou neutre, ou même légèrement acide.
» On sait que pour ce dosage électrolytique le manganèse, qui peut se
trouver mélangé au cobalt ou au nickel, ne gêne pas, puisqu'il se dépose
au pôle positif, sous forme d'hydrate de peroxyde, sans entraîner de
cobalt ; mais qu'il n'en est pas de même du fer, que l'on doit au préalable
séparer par l'une des méthodes ordinaires de précipitation. Or les méthodes
de séparation du fer d'avec le cobalt ou le nickel sont longues et ennuyeuses,
les séparations devant être répétées plusieurs fois.
( 7*3 )
» J'ai cherché une méthode qui permît d'effectuer la séparation du fer
par l'action du courant voltaïque. C'est cette méthode que j'ai l'honneur
de présenter à l'Académie.
» Les métaux cobalt ou nickel, manganèse et fer (au maximum d'oxy-
dation), sont mis en solution sulfurique. On additionne la liqueur d'une
quantité aussi faible que possible d'un acide organique non volatil (j'ai de
préférence employé jusqu'ici l'acide citrique). On ajoute ensuite un large
excès d'une solution concentrée de sulfate d'ammonium rendue très forte-
ment ammoniacale. Dans ces conditions, en présence de l'acide citrique,
le peroxyde de fer ne se précipite pas.
» On immerge dans la solution ammoniacale des sulfates métalliques
les électrodes en platine d'un appareil électrolyseur quelconque. Puis on
laisse agir le courant de deux éléments Bunsen ou Poggendorff ( = 3oocc de
gaz tonnant à l'heure). Le manganèse se dépose au pôle (+); le nickel ou
le cobalt se déposent avec le fer au pôle (— ).
» Après dépôt complet des métaux on interrompt le courant. On en-
lève l'électrode négative, on lave rapidement cette électrode à l'eau distil-
lée bouillante, puis on la porte dans une solution concentrée de sulfate
d'ammonium pur sursaturé par l'ammoniaque caustique; on la relie, cette
fois, au pôle (+) de la batterie. Dans la solution ammoniacale on plonge
une seconde électrode en platine, préalablement tarée, que l'on met en
communication avec le pôle ( — ). On laisse de nouveau agir le courant
voltaïcjue (= ioocc de gaz tonnant à l'heure). Dans ces conditions l'élec-
trode, où sont déposés Co, Ni et Fe, joue le rôle d'électrode soluble; sous
l'influence du courant les métaux s'oxvdent; mais, tandis que l'oxyde de
cobalt et de nickel se dissolvent dans la liqueur ammoniacale et Aont se
déposer à l'état métallique sur l'électrode négative, le fer, transformé en
hydrate ferrique insoluble dans la liqueur ammoniacale, reste en partie
sur l'électrode négative, et flotte en partie dans la liqueur électrolytique. Le
précipité d'hydrate ferrique, formé dans ces conditions, n'entraîne pas de
traces appréciables de cobalt ou de nickel, et ces métaux se déposent en
totalité au pôle négatif. »
( 'M )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la dyssymétrie et la création du pouvoir rolaloire
dans les dérivés alcooliques du chlorure d'ammonium. Note de M. J.-A.
Le Bel, présentée par M. Arm. Gautier.
« Lorsque l'on substitue à l'hydrogène dans le chlorure ammonique
AzH^Cl un nombre de radicaux alcooliques inférieur à quatre, on n'ob-
serve pas d'isoméries. Or il semble évident que, dans ce cas, si les cinq
radicaux unis à l'azote (lé chlore et l'hydrogène étant comptés comme
radicaux) occupaient dans l'espace des positions fixes, ces positions ne
pouvant être distribuées régulièrement par rapport à l'azote, il devrait
exister plusieurs isomères de ces corps substitués. Ce n'est là toutefois
qu'une conséquence géométrique, et, pour qu'un isomère soit réalisé, il
faut qu'il satisfasse aux conditions dynamiques de l'équilibre.
» Dans le cas de trois radicaux alcooliques substitués, pour s'expliquer
l'absence des isomères on peut faire deux hypothèses : ou qu'un seul des
isomères prévus géométriquement soit stable et possède une forme inva-
riable; ou qu'il puisse se faire des permutations entre quelques-uns des
radicaux unis à l'azote, l'effet de ces permutations réciproques et conti-
nuelles étant évidemment de faire disparaître toute isomérie expérimen-
talement réalisable.
» Pour trancher la question, j'ai fait agir les moisissures sur le chlorhy-
drate de méthyléthylpropylamine, qui, si les radicaux sont fixes, devrait
être dédoublable en deux isomères doués du pouvoir rotatoire d'après les
considérations que j'ai présentées autrefois sur la dyssymétrie moléculaire.
Deux cultures, faites sur des cpiantités importantes, ne m'ont pas donné le
pouvoir rotatoire que je cherchais. Il résulte de là qu'il y a lieu d'ad-
mettre que, dans ce cas, certains radicaux permutent entre eux, chose qui
se réalise même dans la série grasse, par exemple quand on chauffe vers
3oo° l'amylate de sodium pour le rendre inactif.
» J'ai établi, dans un Mémoire inséré au Bulletin de la Société chimique,
t. II, p. 788 (1890), que, lorsque la molécule possède une forme géomé-
trique invariable, cela est dû aux répulsions qui s'exercent entre ses par-
ties constituantes, ces forces répulsives étant les mêmes que celles qui
empêchent les gaz sous haute pression de se comprimer suivant la loi de
Mariottc. Ces nouvelles considérations font prévoir que les chqses vont
changer de face dans le chlorure ammonique, lorsqu'on y substituera des
radicaux plus élevés de la série alcoolique, parce que les sphères répul-
( 725 )
sives de plus en plus grandes arriveront à se toucher. A ce moment, les
sphères de ces radicaux venant pour ainsi dire à se coller entre elles, les
permutations deviendront difficiles ou impossibles et la forme géométrique
acquerra sa fixité.
» Cette conséquence théorique paraît réalisée dans le chlorure de tri-
méthylisobutylammonium, qui présente, en effet, deux isomères, ainsi que
je l'ai annoncé l'année dernière dans ce Recueil. L'existence de ces deux
isomères prouve que la molécule possède dans ce cas une forme géomé-
trique fixe; mais nous avons vu plus haut que la réciproque n'est pas
exacte et qu'il n'est pas forcé que les isomères existent tous à l'état stable.
Nous n'avons d'ailleurs aucun procédé certain de les préparer.
» Pour établir ces conséquences de la théorie par de nouvelles preuves,
au lieu de chercher au hasard à préparer d'autres isomères avec les termes
suivants de la série, j'ai préféré vérifier l'absence de permutations en dé-
montrant que ces corps peuvent être rendus actifs; le pouvoir rotatoire
devait, en effet, s'observer sur un corps à quatre radicaux différents, à la
condition qu'on choisisse ces radicaux plus élevés dans la série cpie ceux
du triméthylisobulylammonium.
» Ayant préparé le chlorure d'isobutylpropyléthylmélhylammonium
' les radicaux sont ici nommés dans l'ordre de leur introduction dans la
molécule), j'ai obtenu, en effet, par les moisissures, deux préparations
qui, telles quelles, avaient déjà des pouvoirs de — 3o' et — 2.5' et dont
le pouvoir rotatoire spécifique, déduit des observations sur des solutions
concentrées, dépasse — 70 et — 8°. Ces chiffres considérables ne laissent
aucun doute sur l'activité du sel, dont, après l'action des moisissures, on
a analysé le chloroplatinate et le chloraurate. De plus, les impuretés, ou
les produits d'altération par le microbe, ne pouraient être que des corps
à deux radicaux égaux qui sont inactifs, comme on le verra plus loin.
» Il était à prévoir que la stabilité de ce corps actif serait seulement un
peu plus grande que celle des deux isomères triméthylisobutyliques, puis-
qu'elle dépend de la grandeur des radicaux et que le corps actif n'en ren-
ferme que deux plus grands (i'éthyle et le propyle qui remplacent deux
méthyles). C'est ce que l'on observe en effet : le sel actif se conserve bien,
il supporte la dessiccation et une certaine température à condition d'être
neutre. On a pu le transformer en acétate actif par l'acétate d'argent,
mais pas en sulfate actif. Je n'ai pas non plus réussi à préparer le sulfate
actif parles moisissures. Le pouvoir disparaît encore quand on traite le
chloromercurate et le chloroplatinate par l'hydrogène sulfuré, pour régé-
C. R.. 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N 14.; Ç)5
( 7?6 )
nérer le chlorure de la base; avec le chloraurate, il reste un pouvoir très
faible. Ces faits s'expliquent par l'action de l'acide chlorhydrique mis en
liberté, qui suffit pour altérer le pouvoir rotatoire, ainsi que je m'en suis
assuré directement.
» J'ajoute que, dans la dernière condition il apparaissait un pouvoir
dextrogyre assez notable, peut-être dû à l'existence d'un second isomère
actif, chimiquement distinct du premier. La théorie géométrique prévoit
en effet, au moins, quatre de ces isomères l
» Enfin, lorsque deux radicaux deviennent égaux, la théorie géométrique
indique l'existence d'isomères actifs et celle d'isomères inactifs. J'ai pré-
paré et fait moisir les solutions des quatre sels suivants : le chlorure
d'éthylpropyldiméthylammonium, celui d'éthyldipropylméthylammonium,
celui d éthyldipropylisobutylammonium et d'éthylpropyldiisobutylammo-
nium; tous sont restés inactifs, ou bien ont donné des chiffres très faibles.
Ici on pourrait avoir comme impuretés des corps actifs à quatre radicaux
différents, on ne peut donc affirmer la présence des isomères actifs; en
tout cas, ils ne forment, s'ils existent, qu'une faible fraction de la masse du
produit.
» En résumé, quand on substitue dans le chlorure d'ammonium quatre
radicaux alcooliques suffisamment élevés dans la série, la molécule parait
atteindre une forme géométrique invariable, qui se traduit expérimentale-
ment par l'existence de plusieurs isomères et l'apparition du pouvoir rota-
toire lorsque ces quatre radicaux sont différents. Quant aux dérivés ren-
fermant deux radicaux égaux, ils nous paraissent prendre la forme de
l'isomère inactif indédoublable (-). »
(') L'une des formules possibles du chlorure aminonique est AzH(H3Cl), l'autre
est ÀzH2(H-Cl), formules où les atomes d'hydrogène groupés seraient chimiquement
équivalents; elles conduisent pour quatre radicaux différents l'une à quatre, l'autre à
six isomères actifs; l'expérience tranchera un jour entre les deux. Pour le moment
nous savons seulement qu'il faut rejeter la formule de M. Ladenburg, AzH3(HCl). qui
conduit à des conséquences inexactes.
i : ) Ce travail a été fait au laboratoire de M. A. Gautier, à l'iicole de Médecine.
( 727 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les dérivés nitrés de l 'ortho-anisidine dirnéthylée.
Note de MM. E. Grimaux et L. Lefèvke, présentée par M. Armand
Gautier.
« Dans une Communication récente à l'Académie, l'un de nous (') a
montré la différence de réactions cpie présentent l' ortho-anisidine dirné-
thylée et son isomère, la méta-anisidine dirnéthylée au point de vue de la
formation des matières colorantes, et indiqué ainsi l'influence de la position
des groupes oxyalcoylés sur les propriétés des deux bases isomériques
Âz(CH:!)2
XOCH3
» Il nous a paru intéressant d'étudier ces deux bases au point île vue de
la formation des dérivés nitrés. Ce premier travail comprend la descrip-
tion de quelques dérivés nitrés de l'ortho-anisidine dirnéthylée.
Az(CH3)2
» Dérivé mononilrè C°H:)- AzO2 f(AzCH»)3, AzO2, OCII\ i, 4, 6].-
xOCH3
On l'obtient dans diverses circonstances. Quand on ajoute, peu à peu.
i partie de la base à G parties d'acide azotique fumant, placé dans un mé-
lange réfrigérant et qu'on précipite après une demi-heure par l'eau glacée,
on sépare d'abord un corps jaune rougeàtrc fondant vers 1700, qui parait
être un dérivé dinitré, mais qui n'a pas été encore obtenu à l'état de
pureté absolue; puis, en neutralisant les eaux mères par le carbonate de
soude, on obtient un précipité que l'on sépare par agitation avec l'éther.
Celui-ci abandonne un liquide huileux, qui se solidifie après vingt-
quatre heures, et qu'on purifie par cristallisation dans l'alcool bouillant.
Mais le meilleur procédé pour obtenir ce corps consiste à traiter la base
en solution sulfurique par l'azotite de sodium en excès. On dissout
1 partie de la base dans 2 parties d'acide sulfurique étendu de 10 parties
d'eau, et l'on ajoute, peu à peu, 3, 2 parties d'azotite de sodium dans
60 parties d'eau. Le liquide se remplit d'une masse de petits cristaux
jaunes que l'on purifie par cristallisation dans l'alcool bouillant.
» Le dérivé mononitré se présente sous l'aspect de longues aiguilles
très fines, d'un jaune citron, fusibles à 990 ; il est facilement soluble dans
l'alcool bouillant, très peu soluble dans l'alcool froid.
( ' ) Comptes rendus, janvier 1S91.
,/CH»
( 728 )
» Par réduction au moyen du zinc et de l'acide chlorhydrique, il donne
une base cristallisable, en fines aiguilles incolores, se colorant rapide-
ment à l'air en rose, fondant à 83°, et sur laquelle nous reviendrons
dans une prochaine Communication.
» Chauffé pendant cinq minutes à l'ébullition avec 20 pour 100 de son
poids d'acide nitrique ordinaire, il donne un corps fusible à 118-119, qui
constitue une nitrosamine nitréede l'ortho-anisidine diméthylée que nous
décrivons plus loin.
/ ' kz'
\CH2 (AzO2)
» Dérivé trinitré Ce H2 { AzO- - La constitution de ce
X AzO2
\OCH3
corps est indiquée par ses dédoublements. On l'obtient en chauffant l'or-
tho-anisidine diméthylé avec de l'acide azotique ordinaire, jusqu'à appa-
rition de vapeurs nitreuses, et précipitant immédiatement par l'eau. Pu-
rifié par des recristallisations dans l'alcool bouillant, il se sépare sous
la forme de prismes groupés en feuilles de fougère, assez volumineux,
incolores, fusibles à i35°, solubles dans l'alcool bouillant, peu solubles
dans l'alcool froid. Les analyses conduisent à la formule d'un dérivé
trinitré; mais l'action de la potasse prouve que deux groupes AzO2 seule-
ment se trouvent dans le noyau benzénique. En effet, quand on le fait
bouillir une heure ou deux heures avec une solution aqueuse de potasse à
10 pour 100, il dégage des vapeurs alcalines et il se fait du dinitrogaïacol
C°H2(OCH3)(OH)(Az02)2, fusible à i2T°-i22°.
» Ce dédoublement indique en même temps la position des groupes
AzO2 dans le noyau; M. von Romburgh ayant montré, en effet, que les
dérivés di-ortho ou ortho et para des acides aromatiques sont les seuls qui
se transforment en phénols par l'action de la potasse, nous devons admettre
pour le dérivé trinitré de l'ortho-anisidine diméthylée la formule de con-
stitution suivante :
CH3
\
kz{
GH2(Az02)
CH*0/\ Az02
\
V
AzO-
» Dérivé trinitré de l'ortho-anisidine monomèthylèe C6 H2
( 729 )
» Si l'on iait bouillir ce dérivé avec île l'acide azotique ordinaire jusqu'à
cessation de vapeurs nitreuses, on le transforme en dérivé trinitré de
l'ortho-anisidine monomèthylèe.
\Azcr
AzO2 .
AzO2
\OCH3
— C'est le dérivé ultime de l'orthoanisidine diméthylée par l'action de
l'acide azotique. On l'obtient en faisant bouillir avec l'acide azotique ordi-
naire ( 1 5 à 20 parties), jusqu'à cessation de vapeurs nitreuses, soit
l'ortho-anisidine diméthylée, soit le dérivé mononitré fusible à 9g0, soit le
dérivé trinitré fusible à i35°. Il se produit également quand on laisse en
contact, à o", l'orthoanisidine diméthylée pendant plusieurs heures avec
l'acide azotique fumant. On précipite par l'eau et on lave le précipité avec
un peu d'éther, dans lequel il est très peu soluble; on le fait recristalli-
ser dans 10 fois son poids d'alcool bouillant. Il forme des lamelles inco-
lores ou un peu ambrées, fusibles à Ii8°-ii9°. Peu soluble dans l'éther et
dans l'alcool froid, soluble dans environ 8 fois son poids d'alcool bouillant,
il est très soluble dans l'acétone, qui, par évaporation lente, l'abandonne
sous forme de tables rhomboédriques assez volumineuses.
» Chauffé pendant deux ou trois heures avec une solution à 10 pour 100
de potasse, il dégage des vapeurs alcalines et se convertit quantitativement
en dinitrogaïacol, fusible à I2i°-i22°.
» L'analyse et le dédoublement de ce corps lui assignent la formule
CH3
Az
/
OCII
^AzO-
\Az02
AzO2
c'est-à-dire en font une uitramine diuitrée de l'ortho-anisidine monomè-
thylèe; comme ce corps se produit aussi avec le dérivé mononitré de l'or-
tho-anisidine diméthylée, la constitution de ce dérivé mononitré se trouve
établie, ainsi que la constitution encore inconnue du dinitrogaïacol.
» Ces recherches prouvent en même temps que. dans l'action de l'acide
( 73o )
azotique sur l'ortho-anisidine diméthvlée, c'est le groupe Az(CH3)2 qui
influe sur la position des groupes AzO2, qui se placent en ortho et en para
comme dans les dérivés nitrés de la diméthvlaniline. »
chimie organique. — ■ Sur la transformation pyro gênée des camphosulfo-
phénols en homologues du phénol ordinaire. Note de M. P. Cazeneuve,
présentée par M. Friedeî.
« Nous avons démontré, dans les camphosull'ophénols, l'existence des
groupes S03H, puis SOa et, enfin, des groupes OH phénoliques ('). En
traitant ces corps en solution sulfurique lors de leur préparation par le car-
bonate de baryte, on ne sature que les groupes S03H; on laisse libres
les groupes phénoliques.
« Ce sont ces sels de baryte que nous avons soumis à la distillation sèche,
en opérant sur le mélange des cinq corps précédemment isolés et dé-
crits (2 ). Il se dégage des gaz, de l'eau, du soufre, quelques hydrocarbures
et, enfin, une forte proportion d'homologues du phénol ordinaire.
» Nous avons caractérisé parmi lez gaz : l'hydrogène sulfuré, l'acide sul-
fureux, l'acide carbonique, le méthane et probablement le propylène ou le
propane.
» Le liquide distillé a été traité par la soude pour séparer les phénols
des hydrocarbures condensés, parmi lesquels nous avons constaté, en pe-
tite quantité, un corps présentant absolument l'odeur du paracymène.
w Ces hydrocarbures sont en très faibles proportions.
» Le liquide sodique, traité par le noir animal, filtré, puis précipité par
l'acide sulfurique, a été agité avec de l'éther. Ce dernier, évaporé douce-
ment, a abandonné les phénols que nous avons soumis à la distillation frac-
tionnée. Le rendement est élevé : nous avons opéré sur une centaine de
grammes de produit provenant de 4oos' environ de camphosulfophénol ba-
ry tique.
» La distillation a commencé à 1900. Nous avons recueilli les produits
de >" en 5° jusqu'à 235°, point où le thermomètre s'arrête brusquement.
Tl reste un faible résidu visqueux, bouillant de 2 5o°-3oo°.
« Les parties bouillant de io,o0-2io°, soumises à un froid de ■ — 1 5°, don-
nent une cristallisation abondante. Le corps, purifié par expression et nou-
( ' ) Bulletin de la Société chimique, 3° série, t. IV, p. 715.
(-) Loc. cit.
( 7^1 )
velle cristallisation, fond exactement à 3i° et bout à 1860. Il présente
tons les caractères de l'orthocrésol. Le point de fusion exact cpie nous avons
obtenu éloigne toute idée de mélange avec le paracrésol cjui fond à 36°.
» La partie liquide, séparée par une aire en plâtre des cristaux d'ortho-
crésol, puis isolée du plâtre par l'éther, bout à 20o°-2o5°. C'est là du mé-
lacrésol légèrement impur, lequel fond à 20 1°. L'analyse élémentaire
donne des chiffres sensiblement satisfaisants.
» Les crésols obtenus colorent en violet le perchlorure de fer; mais la
teinte se modifie peu à peu et tourne au vert sale. Une impureté, .peut-
être de nature thionique, que nous n'avons pas pu préciser, faute de ma-
tière, est sans doute cause de cette réaction secondaire.
» Ajoutons que, dans ces premières portions, nous n'avons pas constaté
traces de phénol ordinaire. Les portions bouillant de 2io°-235° n'ont pu
être solidifiées à — i5°, puis à — 400.
» L'analyse élémentaire de ces portions concorde avec un mélange de
crésols et de propylphénols, puis de propylphénols et de cymophénols.
Ces produits augmentent de viscosité à mesure que le point d'ébullition
s'élève. Rectifiés, ils sont sensiblement incolores et peu altérables a l'air
et à la lumière. Le perchlorure de fer les colore légèrement en vert.
» Faute de matière, nous n'avons pu caractériser davantage ces corps
par l'étude des dérivés. Nous ne croyons toutefois à la présence ni du
thymol, ni du carvacrol, ni du carvol. Nous n'avons pu obtenir la combi-
naison sulfhydrique de ce dernier, cependant assez caractéristique.
» La théorie prévoit dix cas d'isomérie pour les cymophénols et autant
pour les isocymophénols. Les considérations de stéréochimie en admet-
traient bien davantage. Sans aucun doute, les corps obtenus constituent
quelques-uns de ces isomères, dont l'étude, aussi ardue que celle des com-
posés de la créosote, nécessiterait beaucoup de matière.
« L'acide chlorhvdrique concentré, chauffé pendant quatre heures, à
i3o°, avec ces phénols, n'a pas donné traces de chlorure de méthvle ou
autres chlorures alcooliques. Il n'y a pas lieu de soupçonner dans ces phé-
nols des éthers méthyliques ou autres.
» Soit l'analyse élémentaire, soit le peu d'altération de ces corps à l'air
et à la lumière de ces phénols pvrogénés éloignent l'hypothèse de poly-
|)hénols. Ce fait a son importance au point de vue de la constitution des
ramphosulfopliénols.
» Ce passage des phénols de la série camphénique à la série aromatique
proprement dite, bien qu'effectué dans une réaction pyrogénée, nous
7^2 )
semble avoir un réel intérêt. La forte proportion de phénols obtenus, sois
7.5 pour ioo environ, est en relation avec un mode de décomposition rela-
tivement simple et des modifications moléculaires peu profondes. Il ne faut
— SO\
pas oublier que les )Ba restés comme résidu à l'état de SO*Ba
- SOa/
représentaient un poids notable de la matière chauffée.
» Les hydrogènes en excès du noyau camphénique ont donné de l'hy-
drogène sulfuré et de l'eau aux dépens de SO2 et du CO du camphre. Des
équations simples peuvent, en somme, exprimer la transformation. »
chimie organique. — Sur le térébenthine. Note de M. Raoul Varet.
« Gustavson a montré que le brome en excès agissant sur le cymène à o°
et en présence du bromure d'aluminium le décompose quantitativement
en toluène pentabromé et en bromure d'isopropyle. Il m'a semblé inté-
ressant de rechercher si le térébenthène, que l'on regarde quelquefois
comme un hydrocymène, serait dédoublé de la môme manière avec mise
en liberté de bromure d'isopropyle. J'ai d'abord étudié l'action du chlorure
d'aluminium sur l'essence de térébenthine soigneusement rectifiée, afin de
déterminer les modifications que ce réactif pouvait faire subir à cet hydro-
carbure.
» I. Action du chlorure d'aluminium sur le térébenthène. — a. Quand on
projette du chlorure d'aluminium anhydre dans de l'essence de térében-
thine froide, on constate simplement une légère élévation de température,
sans autre réaction apparente, même après deux heures de contact. Mais si
l'on chauffe légèrement ce mélange ou qu'on y ajoute quelques gouttes de
benzine, une réaction très violente se produit, et le térébenthène est trans-
formé en produits goudronneux. J'ai pu en extraire du cymène et du to-
luène. D'autres carbures benzéniques prennent aussi naissance, mais en
petite quantité.
» b. Ces résultats étant peu satisfaisants, j'ai alors dissous le térében-
thène dans le sulfure de carbone, comme le recommandent MM. Friedel et
Craft, pour les cas où le chlorure d'aluminium exerce une action trop
énergique sur -les produits en présence.
» On introduit par petites portions le réactif, le carbure dissous, dans
trois fois son volume de sulfure de carbone et l'on aeite vivement le mé-
( 733 )
lange. On observe une réaction énergique, accompagnée d'un dégage-
ment de chaleur considérable. On la conduit modérément par des additions
successives de chlorure d'aluminium et en ayant soin de refroidir, afin
d'éviter que le sulfure de carbone distille. On constate bientôt que, par de
nouvelles additions de chlorure, le liquide ne s'échauffe plus que faible-
ment et qu'il s'est formé au fond du ballon un amas solide, rouge-sang. On
arrête l'opération.
» Les produits de la réaction sont traités par l'eau, afin d'éliminer le
chlorure d'aluminium; l'eau est décantée et le liquide huileux est lavé avec
une lessive de soude, puis agité avec de l'eau. On le soumet ensuite à des
distillations fractionnées, après avoir éliminé le sulfure de carbone. On
obtient comme produits principaux :
» Un liquide, le métatérébenthène de M. Berthelot ;
» Un solide, le tétratérébenthène de M. Riban.
» Il se forme aussi ducymène, du colonhène et d'autres carbures, mais
en quantités moindres.
» On voit que le chlorure d'aluminium polymérise l'essence de térében-
thine ; il y a en même temps formation de cymène et de divers autres hydro-
carbures. La réaction est du reste identique à celle observée par M. Riban
avec le chlorure d'antimoine.
» II. Action du brome en présence du chlorure d'aluminium sur le tërêben-
thène. — Dans une solution de brome dans le sulfure de carbone (i vol. de
Br pour 3 vol. CS2) refroidie au-dessous de o° et tenant en suspension du
chlorure d'aluminium anhydre, on fait tomber goutte à goutte de l'essence
de térébenthine. Il y a une réaction énergique et dégagement d'acide brom-
hydrique. On ajoute ainsi i36gr de C20 H'° pour 8ooSr de Br, puis on laisse
en contact jusqu'à cessation du dégagement de HBr, ce qui exige plusieurs
heures. Les produits de la réaction sont traités par l'eau, puis par une les-
sive de soude, et distillés après un nouveau lavage à l'eau et élimination du
sulfure de carbone. On obtient une petite quantité de bromure d'isopro-
pyle, variable suivant les expériences, et une huile bromée, lourde, à l'as-
pect goudronneux, se décomposant en dégageant de l'acide bromhydrique
quand on veut la distiller : c'est un mélange de divers corps résultant de
l'action du brome sur les polymères du térébenthène.
« Le térébenthène, sous l'influence du brome et du chlorure d'alumi-
nium, n'a pas été dédoublé en bromure d'isopropyle et en un dérivé brome
du toluène. Si ce dédoublement avait eu lieu, on aurait obtenu i23gr de
C° H7 Br au lieu de 3gl . Le bromure d'isopropyle formé provient de l'action
(J. R., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, N° 14.) 9"
( 734 )
du brome et du chlorure d'aluminium sur le cymène qui a pris naissance
pendant la transformation du lérébenthène en polymères. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le malonate d'éthyle et le malonate double d'éthyle
et de potassium i ! ;. Note de M. G. Massol.
« Hoff(#e/\, t. VII, p. 1.571) et Freund(5e/\, t. XVII, p. 780) signalent
l'étlrylmalonate de potasse obtenu par la saponification du malonate neutre
d'éthyle avec la potasse en solution alcoolique, mais aucun d'eux ne parle
de l'acide correspondant.
» Aussi instable que son homologue, l'acide éthyloxalique, le malonate
acide d'éthyle se saponifie avec la plus grande facilité, notamment sans la
plus légère élévation de température; aussi est-il impossible d'évaporer au
bain-marie les solutions aqueuses de cet acide éther.
» J'ai pu l'isoler en traitant la solution aqueuse du sel potassique par la
quantité d'acide sulfurique exactement nécessaire, évaporant dans le vide
à la température ordinaire en présence d'acide sulfurique et épuisant le
résidu par l'éther.
» La solution éthérée est d'abord distillée, puis abandonnée à l'évapo
ration spontanée; il se sépare quelques cristaux d'acide malonique prove-
nant d'une saponification partielle; je les sépare par décantation et le pro-
duit est finalement abandonné quelque temps sous cloche en présence
d'acide sulfurique.
» J'obtiens ainsi un liquide légèrement sirupeux, d'une odeur faible et
aromatique, très soluble dans les dissolvants ordinaires.
« L'analyse a donné les résultats suivants :
» I. Acidité évaluée en acide malonique :
Calculé
pour
Trouvé. l'acide anhydre.
38,85 39)3
» IL Analyse élémentaire :
Trouve. Calculé.
Carbone '15,80 15,45
Hydrogène 6,12 6,06
(') j'emploie de préférence la dénomination de malonate acide d'éthyle pour dési-
gner le produit CO.OH-CH2-CO OC'2H5 et le différencier de son isomère l'acide
éthvlmalonique GO OH-CH(C2rF)-CO OH.
( 7^5 )
» La densité à o° est de i ,20 1 .
» L'indice de réfraction à 220 est pour la lumière blanche 1 ,333 et pour
la lumière jaune du sodium 1,337.
» La dissolution dans l'eau s'accompagne d'un léger dégagement de
chaleur :
C3H3(C2H3)Ov(pur = 6,il)-r Aq. = acide diss + 0e"1, 60
» La neutralisation par la potasse dégage -hi3Cal,45 :
C3H3(C!Hs)Ot(pur = 6'i')4-KOH(pur = 2llt) =C3HsK(G2H5)0*diss. -+-i3c»»,45
quantité qui diffère peu de celle fournie parla neutralisation du malonate
acide de potasse
C3H3K04(pur = 6Ut)+-KOH(pur — 21" : - C31I2K204 diss -+-i3Cal,95
» III. On obtient le malonate d'éthyle et de potassium en évaporant la
solution de malonate acide d'éthvle exactement neutralisée par la potasse.
Le sel cristallise en belles lames incolores, anhydres.
Trouvé Calculé pour
mu;. . .le ', échanl . C" H' K (C> H) 0*.
Potasse 28,1 S 27,64
» Il est très soluble dans l'eau ; sa chaleur de dissolution (pur, dans 81")
est de — oCal,G5, très différente de celles du malonate acide de potasse
anhydre ( — 5Cal, 1 r) et du malonate de potasse neutre anhydre (+ 2CaI, 1
Ces diverses données ont permis de calculer la chaleur de formation à
partir de l'acide anhydre (liquide) et de la base hydratée solide
C3H3 (C2H5) O4 liq -4- KOH sol = G3 H*K (C'H5) 0' sol -+- H20 sol 4- 28e»1, 6
nombre peu différent de celui que j'ai déjà publié pour la chaleur de for-
mation du malonate acide de potasse,
C3 H4 O4 s,. 1 4- KO H sol = C3 H3 KO4 sol -j-H2Qsol -t-27Cal,5
mais notablement supérieur à la chaleur de formation du malonate neutre
de potasse, à partir du malonate acide anhydre
C3H3K04sol-+-KOHsol = C3H2K2Ovsol + H2Osoi +2oCal,7
( 736 )
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Des micro-organismes que /' on rencontre sur les rai-
sins mûrs et de leur développement pendant la fermentation. Note de
MM. V. Martixasd et M. Rietscii.
« Pour nous rendre compte de la nature et du nombre des micro-orga-
nismes à la surface des raisins, nous avons d'abord, suivant le procédé
employé par Pasteur ( ' ), introduit des grains isolés dans des tubes à essai
contenant un liquide sucré, stérilisé, et nous avons observé pendant plu-
sieurs jours :
» Pour les raisins de Fleurie, Pouilly blanc, Volney, Montrachet, Aloxe,
Corton, Clos-Vougeot, Chambertin, Folle blancbe de Saujon et une espèce
commune du Midi, tous les tubes se sont remplis de moisissures sans fer-
menter. Pour trois espèces communes (sur 10) du midi de la France et de
l'Algérie, trois lots des Côtes rôties, la Chapelle de Guinchay, Chenas,
Thorins, Bordeaux, Cabernet-Sauvignon, tous les tubes au contraire ont
fermenté. Pour d'autres lots les tubes à moisissures seulement et sans
fermentation ont varié dans la proportion de 20 à 80 pour 100, tandis cpie
le reste des tubes fermentait. Enfin dans l'ensemble de nos essais les
6 centièmes des tubes sont restés simplement limpides (2 ).
v Le liquide sucré en fermentation a été ensemencé sur plaques dans un
certain nombre de cas; pour chaque cas plusieurs colonies prélevées
méthodiquement ont été transportées sur agar et soumises à une étude
ultérieure. On a constaté ainsi que 5 tubes ensemencés avec des raisins
communs (sur8 examinés) ne contenaient guère à ce moment que des
Saccharomyces apiculatus ; même résultat pour les tubes de Côtes rôties,
d'Aloxe et de Bordeaux soumis à ce contrôle. Trois tubes de raisins com-
muns n'ont donné que 20 pour 100 environ de S. ellipsoideus, le reste
étant formé surtout par des mycodermes et des S. apiculatus.
» Nous avons cherché à déterminer approximativement le nombre des
micro-organismes existant sur la pellicule des raisins et susceptibles de se
développer en milieu acide. Pour cela une fraction de grappe exactement
pesée a été lavée à plusieurs reprises avec de l'eau et un pinceau stérilisés;
icm ou quelques centimètres cubes des eaux de lavage diluées sont ense-
( ') Études sur ta bière.
{ - ) Voir les résultats obtenus par Pasteur dans Études sur la bière.
( 73; )
mencées sur plaques clans du malt gélatinisé; on compte les colonies et
l'on rapporte leur nombre à igl' de raisin. On a trouvé, pour un raisin
d'Algérie, 4320000 colonies; toutes celles examinées étaient dues à \' api-
culatus; point de moisissures. Un raisin des Côtes rôties a donné 280000
colonies de moisissures et 192000 d'apiculatus ; le pouilly i3oo moisissures
et 170 autres colonies diverses; le corton-bressende 640000 moisissures et
i44°oo° diverses; le bordeaux 90000 moisissures et 20000 diverses; un
raisin du marché de Marseille 4 000 moisissures et 190000 de levures et
mycodermes; un autre de même provenance 68000 moisissures et seule-
ment 200 autres colonies; la folle-blanche 128000 moisissures et pas d'au-
tres colonies.
» Nous avons encore abandonné à la fermentation divers lots de raisins
écrasés; après vingt-cpiatre heures, le liquide a été ensemencé sur plaques.
Pour vingt lots de divers crus du Beaujolais, de la Bourgogne, du Borde-
lais, de la Charente, des Côles rôties, les colonies en gélatine n'étaient
guère formées que par des moisissures et des apiculatus; ce n'est qu'à
l'aide d'ensemencements répétés que l'on réussissait à trouver quelques
colonies de S. ellipsoideus.
» Nous avons alors sur 4 lots suivi la marche de la fermentation pen-
dantplusieurs jours, en faisant toutes les vingt-quatre heures un ensemence-
ment sur plaques. Après soixante-douze heures, le meursault n'a donné que
des apiculalus; après quatre-vingt-seize heures, un mycoderme particulier
tient presque toute la place; après cent vingt heures, ce sont de nouveau
les apiculatus qui prédominent; après cent quarante-quatre et cent soixante-
huit heures, les S. cllipsoideus se montrent enfin en majorité. Pour la ro-
manée-conti le début est le même; après soixante-douze heures seulement,
les S. ellipsoideus se montrent à côté des upiculatus ; mais ceux-ci persistent
nombreux jusqu'à la fin de la fermentation (cent soixante-huit heures). Un
lot de Belmont (Ain) ne donne, après soixante-douze heures, que des api-
culatus qui se maintiennent encore jusqu'à la fin; les ellipsoidcus apparais-
sent seulement au bout de quatre-vingt-seize heures. Le quatrième lot du
marché de Marseille n'a fourni que des apiculatus pendant toute la fermen-
tation et même après un mois (vin très doux et peu alcoolique).
» Le même procédé a été employé encore pour des lies quarante à cin-
quante jours après la fermentation. Les plaques de la Chapelle de Guin-
chay ont été envahies par les moisissures ; de même celles de Pierry (Cham-
pagne) qui prirent de plus une forte odeur acétique. Même odeur poul-
ies plaques de Verrenay et Romont (Champagne) et de Moulin-à-Vent;
( 738 )
l'absence de moisissures permet ici de distinguer de nombreuses colonies
bacillaires. Dans les plaques de Vollraths, de Markobrunn (Rhin), 80 pour
100 au moins des colonies sout dues à Y apiculatus ; dans celles de Johan-
nisbcrg 25 pour 100. î 1 apiculatus se retrouve encore dans des proportions
un peu moindres sur les plaques de Moussy, Bouzy, Chouilly, Ay, Haute-
vil liers (Champagne ).
» Les lies que nous avons examinées après deux mois ont montré une
meilleure composition ; les moisissures, les ferments acétiques, les apicula-
tus tenaient moins de place dans les lies des Charentes, de Ribeauvillé
(Alsace) et des crus du Rhin précités. Deux lies de Bourgogne (Volnay et
Santenay) de 1889, examinées neuf mois après les vendanges, n'ont donné
qu'un nombre relativement faible de microbes vivants, constitués surtout
par des S. elHpsoideus, avec une quantité non négligeable de ferment acé-
tique; une macération stérilisée de raisins secs ensemencés directement
avec ces lies s'est transformée en vinaigre dans un quart des matras.
» En résumé, les microbes susceptibles de se développer en milieu acide
(les seuls qui soient intéressants au point de vue de la vinification) existent
en nombre très variable à la surface des raisins. Les moisissures et les
S. apiculatus sont bien plus répandus que les S. elHpsoideus ; les bacilles fa-
briquant des acides et des mycodermes ne sont pas rares. La fermentation
spontanée des raisins est ordinairement produite pendant les quarante-
huit premières heures par les S. apiculatus ('), qui cèdent ensuite succes-
sivement la place aux elHpsoideus, sans cependant disparaître complète-
ment. Les bactéries et les mycodermes se rencontrent non seulement au
début de la fermentation, mais encore dans les lies, ce qui porte à croire
cpi'il y a lieu de chercher, souvent au moins, l'origine des maladies du
vin sur la pellicule des raisins plutôt que dans une contamination ulté-
rieure par l'air ou par les récipients. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Contributions à l'élude de la théorie du blan-
chiment à l'air. Note de MM. A. et P. B usine, présentée par M. Du-
claux.
« Beaucoup de produits organiques naturels sont, à l'état brut, plus
ou moins colorés; telles sont, par exemple, les fibres textiles, les matières
grasses, etc.
( ') Ce fait avait déjà été entrevu par Ress (Alkoholgâhrungspilze, 1870.)
( 739 )
» Les matières colorantes n'existent souvent dans ces produits qu'à
l'état de traces; on n'a pas pu jusqu'à présent les isoler à l'état de pureté
et leur composition n'est pas connue ; on sait cependant que généralement
elles sont assez fugaces et facilement détruites par une simple exposition à
l'air et à la lumière. On profite de cette propriété pour décolorer certains
produits organiques : le lin, la cire, etc.
» Nous avons eu l'occasion d'étudier le blanchiment à l'air de la cire
des abeilles et nous avons observé certains faits qui pourront contribuer
à l'établissement de la théorie du phénomène; c'est pourquoi nous croyons
devoir les signaler.
» La cire des abeilles est décolorée comme on blanchissait autrefois les
toiles sur le pré; on la coule en copeaux et ceux-ci sont exposés à l'air, sui-
des claies, à la campagne, et autant que possible au soleil.
« Pour que la décoloration se fasse rapidement, il faut à la fois l'action
de l'air et de la lumière; c'est sous l'influence directe des rayons du soleil
que le blanchiment se fait le mieux. L'opération nécessite, en tout cas, la
lumière. Si, en effet, on place de la cire jaune en copeaux dans un flacon
tenu à l'obscurité, dans lequel circule de l'air, la cire ne se décolore pas.
Il en est de même si l'on remplace l'air par un courant d'oxygène pur:
même après plusieurs mois, on n'observe aucun changement dans la teinte
du produit. Mais, si l'on fait intervenir la lumière, et principalement les
rayons directs du soleil, le blanchiment se fait très rapidement, surtout
dans l'oxygène.
» Dans le blanchiment des toiles sur le pré on attribue généralement le
principal rôle à l'ozone; on admet qu'il est l'agent actif du blanchiment et
que, sous son influence, les matières colorantes subissent une combustion
totale, tandis que le produit qu'elles souillent, toujours beaucoup plus
stable, reste intact dans ces conditions. Nous avons voulu vérifier le fait
sur la cire.
» Pour cela, nous avons fait passer un courant d'oxygène fortement
ozone, tel qu'on l'obtient par l'appareil à effluves de M. Berthelot, dans un
flacon tubulé, contenant de la cire jaune coulée en copeaux, avec toutes
les précautions nécessaires pour éviter la décomposition de l'ozone avant
son arrivée sur la cire. Dans l'obscurité, il n'y a pas destruction de la ma-
tière colorante, même après un contact prolonge de la cire avec l'oxygène
ozone; mais, si l'on vient à mettre le flacon au soleil, la réaction est très
rapide et le blanchiment est obtenu en quelques heures.
» Ce n'est donc pas, comme on l'admettait jusqu'à présent, simplement
( 74<> )
l'ozone qui effectue la combustion de la matière colorante; de même que
l'oxygène pur ou l'oxygène de l'air, il ne devient actif, c'est-à-dire apte à
produire cette combustion qu'en présence des rayons solaires.
» Pour que la décoloration se fasse rapidement, il faut à la fois l'oxy-
gène de l'air et le soleil; mais l'air n'est pas absolument nécessaire : le
phénomène peut s'accomplir sans qu'il intervienne.
» Bien exposée à l'action des rayons solaires, la cire, en effet, se déco-
lore, beaucoup plus lentement, il est vrai, dans le vide et aussi dans
l'acide carbonique et l'azote.
» Si l'on détermine comparativement la composition d'une cire brute et
celle de la même cire blanche à l'air et à la lumière, on constate, outre la
disparition des matières colorantes, certaines modifications dans la com-
position du produit. Les matières colorantes ne sont donc pas seules atta-
quées et détruites. Dans la cire blanchie, les acides libres n'augmentent
que très peu; mais une forte proportion des acides non saturés de la série
oléique et des hydrocarbures non saturés que renferme la cire brute dis-
paraît.
» Il en résulte que, dans le blanchiment à l'air, outre la matière colo-
rante qui subit une combustion totale, les principes non saturés de la cire,
les acides de la série oléique et les hydrocarbures fixent de l'oxygène pour
donner des composés saturés. Ce sont, du reste, ces produits qui, on va le
voir, en s' oxydant entraînent la combustion de la matière colorante.
» On observe les mêmes modifications sur toutes les matières grasses
exposées à l'air; ce sont d'abord les principes colorants et odorants, c'est-
à-dire les composés les plus fugaces, qui disparaissent en même temps
qu'une forte proportion de l'acide oléique qu'ils renferment; celui-ci
passe à l'état d'acide oxystéarique.
» Dans la pratique on blanchit rarement la cire jaune pure. Avant de la
couler en copeaux on ajoute au produit une petite quantité de suif, i à 5
pour ioo. Dans ces conditions, le blanchiment, cela a été constaté depuis
longtemps, est beaucoup plus rapide, mais le rôle du suif était resté inex-
'pliqué.
» On comprend, d'après ce que nous venons de dire, le mode d'action
du suif; il agit surtout par l'acide oléique qu'il renferme, il apporte l'élé-
ment combustible dont la combustion entraîne celle de la matière colo-
rante. L'acide oléique ainsi introduit disparaît, du reste, en grande partie
en même temps que celui de la cire.
» Il en résulte que, plus il y aura dans la cire de composés susceptibles de
( 74i )
s'oxydera l'air, plus le blanchiment devra être rapide; c'est, en effet, ce
qu'on observe. D'autres produits, ajoutés en petite quantité à la cire, se
comportent comme le suif dans l'opération du blanchiment; telle est, par
exemple, l'essence de térébenthine. Elle agit, dans ce cas, comme l'acide
oléique, s'oxyde à l'air sous l'influence de la lumière et son oxydation faci-
lite celle de la matière colorante; elle disparaît, d'ailleurs, complètement;
le blanchiment effectué, on n'en retrouve plus trace.
» Ce résultat est dû probablement à l'ozone dont on a constaté la for-
mation sur l'essence de térébenthine exposée à l'air et à la lumière. L'ex-
plication pourrait, du reste, s'appliquer au suif qui, pendant le rancisse-
ment, présente une odeur franche d'ozone.
» En résumé, ces produits, ajoutés à la cire, activent le blanchiment,
parce cpie, en s'oxydant à la lumière, ils donnent naissance à de l'ozone,
lequel agit alors sous l'influence des rayons solaires sur les matières. colo-
rantes et les brûle. «
ANATOMIE COMPARÉE. — Loi de la position des centres nerveux.
Note de M. Alexis Jclîev, présentée par M. de Quatrefages.
<c Trois types de centres nerveux. — Les centres nerveux sont ventraux
chez les Rayonnes, dorso-ventraux chez les Annelés et les Mollusques,
dorsaux chez les Vertébrés. On peut donc dire que ces centres se rédui-
sent à trois types bien distincts : ventral, dorso-ventral et dorsal. Mais ne se-
rait-il pas possible de découvrir un caractère commun permettant de les
embrasser tous les trois dans une même formule?
» Énoncé de la loi. — En les comparant attentivement, j'ai été amené à
trouver une loi biologique générale, que j'appellerai loi de la position des
centres nerveux et que je formulerai ainsi : Il y a un rapport constant entre la
position des principaux centres nerveux et celle des principaux organes senso-
riels et locomoteurs.
» Un exemple emprunté à chacun des trois types offerts par les centres
nerveux me permettra de démontrer cette loi.
» Rayonnes. — Le système locomoteur (système ambulacraire) des As-
térides àcinq rayons est formé par un canal circulaire (canal circum-buccal)
placé autour de la bouche, et donnant naissance à cinq canaux (canaux am-
bulacraires) situés sur la face ventrale des cinq rayons. Chacun de ces ca-
naux porte des organes tactiles et se termine assez souvent par un organe
visuel.
C. K., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 14.) 97
( 742 )
» Le canal circum-buccal est en rapport avec un anneau nerveux (an-
neau circum-buccal), muni de renflements ganglionnaires, et donnant nais-
sance à cinq troncs nerveux (troncs ambulacraires). Chacun de ces troncs,
pourvu d'un renflement ganglionnaire, se termine dans l'œil placé à l'extré-
mité des rayons.
» Les principaux centres nerveux des Rayonnes sont doue ventraux
comme leurs principaux organes sensoriels et locomoteurs.
» Annelés. — Chez les Annélides, les principaux organes sensorieis
(visuel, auditif) sont logés sur la face dorsale de la tête : les centres ner-
veux de la tête (ganglions céphaliques ou cérébroïdes) sont aussi dorsaux;
ils répondent à la face dorsale du tube digestif.
» Les principales masses musculaires du tronc sont, au contraire, ven-
trales : les centres nerveux du tronc sont également ventraux; ils répon-
dent à la face ventrale du tube digestif.
» Les principaux centres nerveux des Annelés sont donc dorsaux comme
leurs principaux organes sensoriels, et ventraux comme leurs principaux
organes locomoteurs : d'où le type dorso-ventral affecté par ces centres :
d'où aussi le collier œsophagien qui est mi-dorsal et mi-ventral (l'anneau
circum-buccal des Rayonnes est entièrement ventral ).
» Mollusques. — Les principaux centres nerveux des Mollusques, qui
affectent aussi le type dorso-ventral, sont également dorsaux comme leurs
principaux organes sensoriels, et ventraux comme leurs principaux organes
locomoteurs.
» Vertébrés. — Comme ceux des Annelés et des Mollusques, les princi-
paux organes sensoriels (olfactif, visuel, auditif) des Poissons sont placés
sur la face dorsale de la tête : les centres nerveux de la tête (encéphale)
sont également dorsaux.
» Au niveau du segment caudal du tronc, les muscles sont à peu près
également répartis sur les faces dorsale et ventrale. Mais, entre la tête el
la queue, c'est-à-dire au niveau du segment viscéral du tronc, les muscles
dorsaux ont un rôle locomoteur beaucoup plus important que celui des
muscles ventraux; car ceux-ci servent surtout à former les parois de sou-
tènement de la cavité viscérale. En somme, les principales masses muscu-
laires du tronc sont dorsales: les centres nerveux du tronc (moelle épi-
nière) sont dorsaux comme elles.
» Les principaux centres nerveux desVertébrès sont donc dorsaux comme
leurs principaux organes sensoriels et locomoteurs ; ils sont placés tout en-
tiers sur la face dorsale du tube digestif.
( 743 )
» Résumé. — En résumé :
» i° Chez les Rayonnes, les principaux centres nerveux sont ventraux
comme les principaux organes sensoriels et locomoteurs.
» 2° Chez les Annelés et les Mollusques, les principaux centres nerveux
sont dorsaux, comme les principaux organes sensoriels, et ventraux comme
les principaux organes locomoteurs.
» 3° Chez les Vertébrés, les principaux centres nerveux sont dorsaux
comme les principaux organes sensoriels et locomoteurs.
» Conclusion. — J'ai donc le droit de conclure : Il y a un rapport constant
entre la position des principaux centres nerveux et celle des principaux organes
sensoriels et locomoteurs.
» Explication physiologique de la loi anatomique. — La caractéristique
de l'Animal est constituée par la sensibilité et la motricité.
» A la sensibilité correspond l'appareil indicateur, nu système cutanéo-
sensoriel, qui comprend la peau et les organes sensoriels.
» A la motricité correspond l'appareil locomoteur, qui comprend les sys-
tèmes squelettique (organes passifs) et ambulacraire ou musculaire (organes
actifs).
» Au point de vue fonctionnel, les appareils indicateur et locomoteur
sont intimement liés au système nerveux qui les tient sous sa dépendance.
Le système nerveux constitue, en effet, l'appareil récepteur des impressions
subies par la peau et les organes sensoriels, et l'appareil excitateur des mou-
vements; il sert à la régulation et à l'harmonisation de la sensibilité et de
la motricité.
» N'est-il pas rationnel qu'un rapport anatomique constant lie des ap-
pareils si étroitement unis au point de vue physiologique?
» Corollaire delà loi. — Contrairement à l'opinion d' Ampère et d' Etienne
Geoffroy Saint-Hi/uirc, le Vertébré n'est donc pas plus un Annelé retourné que
l Annelé n'est un Vertébré retourné.
» Le Vertébré est un Animal dont les principaux organes sensoriels et
locomoteurs, et partant les principaux centres nerveux, sont dorsaux.
» L'Annelé est un Animal dont les principaux organes sensoriels sont
dorsaux, tandis que ses principaux organes locomoteurs sont ventraux: par
suite, ses principaux centres nerveux sont en partie dorsaux et en partie
ventraux. »
( 744 )
ZOOLOGIE. — Nouvelles observations sur la Sardine océanique.
Note de M. G. Pouchet ( ' ).
« La Note présentée dans la dernière séance par M. le professeur Marion
sur la Sardine de la Méditerranée m'engage à faire connaître, de mon côté,
le résultat de mes recherches sur la Sardine océanique et, en particulier,
les points par lesquels elle semble notablement différer de la variété médi
terranéenne.
» 1. M. le professeur Marion attribue à la Sardine adulte de la Médi-
terranée la taille de i.5cm à i8cm. La Sardine de l'Océan, parvenue à toute
sa taille, atteint environ et dépasse même parfois 2jcm.
» 2. M. Marion fixe pour la Sardine méditerranéenne la durée de la
maturité sexuelle du milieu de novembre au milieu de mai. Une série de
plus de trois cents observations ( voir Rapport sur le fonctionnement du labo-
ratoire de Concarneau en 1889 et sur la Sa/rline) réparties sur cinquante-six
journées, du 7 novembre 1889 au 3 mai 1890, et sur tous les points de la
côte, des Sables-d'Olonne à Douarnenez, ne nous ont laissé voir de no-
vembre au commencement d'avril que des organes génitaux encore très
loin de l'état de maturité. A deux reprises seulement en trois ans, bien
que mon attention se soit portée spécialement de ce côté, le 29 mai 1888
et le 3 avril 1890, j'ai pu observer des femelles, prêtes à pondre, avant le
ventre gonflé et dont les œufs déjà détachés de l'ovaire tombaient seuls de
l'orifice génital; mais, les deux bancs qui ont offert cette apparence n'ont
fait que passer, comme c'est toujours le cas. J'ai démontré que les très rares
bancs de Sardines prêtes à pondre, amenés par les hasards de leur course
dans les eaux françaises, n'y séjournent pas plus que les bancs de la jeune
Sardine qu'on pêche à la rogue, les uns et les autres étant en continuel
déplacement.
» 3. L'étude des œufs mûrs recueillis dans les deux circonstances qui
viennent d'être indiquées a été faite par moi-même et reprise par mon
assistant, M. Biétrix (voir Rapports pour 1888 et pour 1889). Nous avons
constaté qu'ils sont, en tous cas avant la fécondation que nul ne connaît
encore, plus denses cpie l'eau de la mer; ils mesurent 1123 à i25o y. de
diamètre. Enfin, nous avons minutieusement décrit l'apparence de la mem-
(') Voir Comptes rendus des iir, ia et 29 juillet j 88g.
( 745 )
brane vitelline qui, avec ses autres caractères morphologiques, permettra
toujours de reconnaître cet œuf.
» Or la pêche au filet fin, pratiquée tous les jours depuis trois ans à la
surface de la mer en baie de Concarneau, nous a bien offert au printemps
un œuf actuellement étudié par M. Biétrix, mais qui n'est en aucune façon
un œuf de Sardine. Jamais celui-ci ne s'est présenté à nous.
» 4. Jamais on ne voit et l'on ne pêche sur la côte océanique de Sardines
mesurant moins de 6cm environ, c'est-à-dire ayant les dimensions de la Pa-
laille méditerranéenne. S'il en était autrement, les pêcheurs particulière-
ment intéressés n'auraient pas manqué de le remarquer. La jeune Sardine
océanique ne visite donc que très tard la côte. Nous pouvons ajouter que
la plus jeune que l'on puisse observer chaque année ne se montre jamais
au début de la saison et n'apparaît en général qu'au mois de juillet et
plus souvent encore aux mois d'août ou de septembre.
» 5. En prenant pour loi de croissance de la Sardine océanique les
chiffres donnés par M. Marion pour la Sardine stationnaire du golfe de
Marseille, chiffres auxquels, de mon côté, je m'étais arrêté a priori d'après
ce que l'on sait du Hareng, il est facile de s'assurer, par l'étude des nom-
breux tableaux que nous avons publiés jusqu'à ce jour du régime de la Sar-
dine sur la côte de l'Océan, qu'il est impossible de fixer pour cette Sardine
océanique une période de frai répartie, même comme l'admet M. Marion,
sur la moitié entière de l'année.
» Je me permets de rappeler une fois de plus, en terminant, que c'est
grâce au concours toujours bienveillant et toujours empressé de la Marine
que j'ai pu, depuis plusieurs années, poursuivre une étude dont la diffi-
culté n'a d'égale que son importance au point de vue des intérêts mari-
times et industriels de nos départements de l'Ouest. »
ANTHROPOLOGIE. — Sur le prétendu ci âne de Moctezuma II. Note
de M. E.-T. Hamy, présentée par M. de Quatrefages.
« Il existe, dans les galeries d'Anthropologie du Muséum d'Histoire
naturelle de Paris, sous le n° 1243, une pièce anatomique qui a longtemps
excité l'admiration des visiteurs à cause de son étiquette. On lisait, en
effet, imprimés sur une planchette fixée au-dessous de cette pièce, ces
mots qui attiraient les regards Crâne de l'empereur Moclezuma. Don de M. le
Dr Ghiesbrechl, 28 avril i854 (')•
(') Sur le crâne est en outre écrit, en grosses lettres cursives, Emper1' Moctesuma.
( 746 )
» Augustin Ghiesbrecht, qui vivait encore, il y a quelques années, à
San Cristobal de Chiapas où il s'est retiré, après une longue carrière d'ex-
plorations scientifiques ('), s'était procuré ce crâne, soi-disant impérial, à
Mexico, pendant qu'il exerçait, dans cette capitale, les fonctions de
médecin attaché à la résidence de Belgique, et il avait envoyé à Serres ce
qu'il considérait comme un document de la plus haute importance pour
l'Anthropologie mexicaine.
» Ce crâne sans face porte, au sommet du front, une blessure béante,
irrégulièrement ovale, un peu déchiquetée sur ses bords et mesurant i"jmm
sur 19™™; des deux extrémités de l'ovale partent deux sillons profonds,
qui gagnent par un trajet contourné les bords des orbites.
» Ghiesbrecht avait lu Prescott et connaissait la fin tragique du faible et
malheureux Moctézuma. Il savait notamment que, tentant d'arrêter l'as-
saut furieux que ses sujets donnaient à la forteresse où il était enfermé
avec les Espagnols, l'infortuné monarque avait reçu au front une pierre
lancée avec tant de violence qu'il était tombé inanimé sur le sol. Le crâne
ancien, découvert à Mexico, portait une profonde blessure au front; il
n'en fallut pas davantage pour qu'on en fit la tête de Moctézuma.
» Mais, l'empereur est mort trois jours seulement (2) après avoir été
frappé (27-30 juin iSai), tandis que le crâne que lui attribuait Ghies-
brecht porte une blessure guérie à la suite d'une lente cicatrisation. Les
bords externes de l'ouverture sont épaissis et mousses, des stalactites
osseuses hérissent les bords internes. A la face profonde du frontal, toute
la région entre le trou et les sinus est couverte de boursouflures irrégu-
lières.
» Il est, d'ailleurs, bien manifeste que ce n'est pas une blessure con-
tondante, et surtout un enfoncement tel que le produirait une pierre, qui
a ainsi mutilé le crâne du soi-disant Moctézuma. Les deux sillons, dont
nous avons parlé, ne sont autres que les lèvres rapprochées et cicatrisées
d'une incision, oblique de haut en bas et d'arrière en avant, qui avait dé-
coupé une énorme tranche du frontal, comme l'aurait pu faire un coup de
sabre ou un coup de hache, très vigoureusement asséné. Enfin, la pièce est
moderne, les os ont un aspect récent, et les mesures qu'on y peut prendre
sont presque identiques à celles que donne un métis de Puebla, mort à Vera
(') Cf. T. Maler, Mémoires sur l'État de Chiapas {Revue d? Ethnographie, l. III,
p. 3i3; i884).
(2) Cf. Orozco y Bebra, Historia antig. y de la conquista de Mexico, I. IV,
p. 424-439. Mexico, 1880; in-8".
' ■>
( 747 )
Gruz pendant l'occupation française, et autopsié par le Dr Fuzier. Les dia
mètres égalent chez l'un i68mm, i/]Omm et i36mm; chez l'autre, i66min
i39mm et i34mm et les indices du premier étant 83mm,3, 79'um,7, 9Dmm, 7
ceux du second sont 83mra, 7, 8omm, 7, 9(5mm,4- La courbe horizontale
atteint 493""" sur le premier, 494mm sur le second et la transverse totale,
qui présente les écarts les plus considérables que nous ayons trouvés entre
les deux pièces, varie seulementde 5mm (44§mm au heu de 443œm).
» Nous nous bornerons à relever ces quelques chiffres à titre d'exem-
ples, et nous terminerons cette courte Note en faisant observer que le
maxillaire inférieur du crâne pseudo-impérial, envoyé à Serres par
M. Ghiesbrecht, provient d'un autre sujet que le crâne auquel il est at-
taché et manifeste, par ses formes et ses proportions, une origine incon-
testablement européenne. »
GÉOLOGIE. — Sur l'existence de tufs d'andésite dans le flysch de La Clusaz
^Haute-Savoie). Note de M. P. Tekmier, présentée par M. Mallard.
« Au cours d'une excursion géologique, faite au mois de juillet dernier,
par l'École des Mines de Saint-Etienne, j'ai eu l'occasion d'étudier, à La
Clusaz (Haute-Savoie), la puissante formation des poudingues, grès et
schistes du flysch qui surmonte immédiatement les calcaires nummuli-
tiques. Entre La Clusaz et le hameau de Gotty, à quelques centaines de
mètres de La Clusaz, en suivant la route qui monte au col des Aravis, mon
attention fut appelée sur le faciès particulier d'un poudingue que l'on voit
affleurer dans les champs qui dominent le chemin.
» Ce poudingue montre à l'œil nu des galets peu volumineux de quartz
et de roches variées, englobés dans un ciment gris verdâtre. En observant
le ciment avec un peu d'attention, on y découvre de nombreux cristaux de
feldspath, généralement très allongés, et des grains noirs, plus rares et de
moindre dimension, semblables à des grains d'augite. Dans certaines
régions, le ciment entoure des enclaves plus compactes et de couleur plus
sombre : ces enclaves, examinées à la loupe, semblent formées d'une
roche homogène analogue aux andésites et aux labradorites du Plateau
central.
» L'examen micrographique a confirmé ce diagnostic. Le poudingue en
question n'est autre chose qu'un tuf d'andésite à labrador et pyroxène,
contenant de nombreux débris roulés de la roche éruptive franche, et
( 748 )
mélangé à un sédiment argilo-sableux. Les matériaux éruptifs forment
environ les quatre cinquièmes de la masse.
» Les débris de roche éruptive franche montrent la composition sui-
vante :
•» I. Fer oxydulé, fer titane, olivine rare, augite, labrador.
» IL Pâte très fluidale composée de microlitesd'oligoclase et de micro-
btes d'augite.
» IIL Matière serpentineuse d'un vert jaunâtre, tantôt isotrope, tantôt
chargée de fibres biréfringentes; cette matière provient probablement de
la résorption des microlites magnésiens (augite et olivine); elle remplit
aussi quelques sections à contours vaguement géométriques qui ont peut-
être appartenu à l'olivine de, première consolidation. Calcite.
» L'aueite, d'un noir brillant à l'œil nu, est incolore en lames minces.
Les cristaux ont fréquemment un demi-millimètre de longueur. Ils sont
souvent maclés.
» Les grands cristaux de labrador sont extrêmement nombreux et, pres-
que toujours, d'une admirable fraîcheur. Ils sont généralement très allongés
parallèlement à p-g* . La plupart sont maclés suivant la loi de l'albite;
quelques-uns présentent en outre la macle du péricline; quelques-uns ne
présentent aucune macle, mais une disposition zonaire très marquée. Le
diagnostic du minéral est facile, car on trouve aisément des sections per-
pendiculaires à g'. Dans ces sections, l'extinction des lamelles hémi-
tropes, symétrique par rapport à ta trace de g' , est presque toujours très
oblique (jusqu'à 32°).
» Ce labrador contient d'assez nombreuses inclusions vitreuses. Les
cristaux ne sont point roulés. Ils sont orientés dans le sens général de la
fluidalité.
» Les microlites feldspathiques sont, pour la plupart, à lamelles mul-
tiples. Presque tous éteignent sensiblement à zéro leurs deux systèmes de
lamelles. Ils semblent donc appartenir, au moins en grande partie, à l'oli-
goclase. On voit aussi quelques microlites rectangulaires, non maclés,
s'éteignant à zéro : ils sont peut-être formés d'orthose.
» Les microlites d'augite sont très petits et très nombreux.
» On remarquera l'absence du sphène , si abondant dans les roches
acides, si rare, au contraire, dans les andésites et les labradorites.
» La roche éruptive franche est donc une andésite augitique à labrador
et pyroxène.
» Le tuf est formé d'une argile vert jaunâtre, en grande partie isotrope,
( 749 )
contenant en très grande abondance les cristaux de première consolida-
tion de la roche éruptive. Ces cristaux sont disposés confusément et non
pas orientés comme dans la roche franche. Les feldspaths sont roulés,
souvent brisés; ils ont éprouvé, pour la plupart, un commencement de
kaolinisation.
» Au sein de ce chaos de cristaux charriés apparaissent les matériaux
sédimentaires. Ce sont des grains de quartz ou de quartzite, de granulite
à microcline, de schistes quartzeux micacés et amphiboliques, de calcaire
compact avec traces de polypiers, enfin quelques galets d'une magnifique,
diorite ophitique. Aucun de ces matériaux ne paraît avoir subi d'altéra-
tion par suite de l'irruption du tuf.
» La roche présente de nombreuses amygdales, parfois remplies de cal-
cite cristallisée, parfois tapissées de produits serpentiheux verdâtres.
» En résumé, la formation arénacée du flyscb de la Haute-Savoie con-
tient, à La Clusaz, des nappes interstratiliées d'un véritable tuf volca-
nique, dans lequel les matériaux éruptifs sont beaucoup plus abondants
que les matériaux sédimentaires.
» On a donc la preuve formelle de la venue, dans cette région des
Préalpes, à l'époque éocène, c'est-à-dire longtemps avant le plissement
des chaînes subalpines, d'andésites à labrador etpyroxène, fort semblables
à celles qui ont surgi plus tard, à l'époque pliocène, en de nombreux points
du Plateau central.
» Ce fait est à rapprocher de ceux déjà signalés par M. Potier ('), dans
les Alpes-Maritimes. Les poudingues éocènes de l'Estéron contiennent des
galets de la dacite d'Agay (porphyre bleu de Saint-Raphaël). De même,
les labradorites d'Antibes, de Biot, du Cap-d'Ail semblent devoir être rap-
portées à l'éocène.
» Cette série microlitique serait contemporaine de celle du Vicentin et
de la série granitoïde et basique de la Moravie (Teschen), de la Bosnie et
de la Serbie. Elle correspondrait (2), comme la venue serpentineuse et
euphotidique de la Toscane, aux premiers mouvements alpins. »
(') Légende de la feuille d'Antibes, de la Carte géologique détaillée.
(2) Marcel Bertrand, Bulletin de la Société géologique de France, 3e série,
t. XVI, p. 606.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 14.)
( 75o )
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur les phénomènes consécutifs à l'altéra-
tion du pancréas déterminée expérimentalement par une injection de paraf-
fine dans le canal de Wirsung. Note de M. E. Hédox, présentée par
M. Bouchard.
« Après avoir étudié les résultats de l'extirpation du pancréas (produc-
tion du diabète sucré) ( '), j'ai cherché à savoir si l'on ne pourrait pas
obtenir les mêmes phénomènes, en provoquant une altération de la
glande par une injection de paraffine dans ses canaux. La méthode n'était
pas nouvelle, Cl. Bernard injectait de la graisse, mais ses animaux mou-
raient presque tous de péritonite. Schiff proposa d'injecter de la paraffine,
modification heureuse, car les animaux survivent alors très bien. Ainsi,
sur trente opérations que j'ai faites, quatre chiens seulement sont morts.
Immédiatement après l'injection de paraffine dans le canal de Wirsung, je
pratiquais l'extirpation de la portion verticale de la glande. On diminuait
ainsi la fonction pancréatique encore plus que ne l'aurait fait une simple
injection de paraffine et tel était le but que l'on se proposait. Le tissu de
la portion horizontale présentait, au bout de quelques jours, de profondes
modifications (sclérose et altérations des acini); mais la paraffine ne se
retrouvait plus dans les canaux; elle était en effet promptement éliminée
dans l'intestin, malgré la ligature du canal de Wirsung.
» Contrairement aux résultats de Schifî, les animaux opérés présentèrent des trou-
bles profonds de la nutrition : troubles digestifs passagers (décrits par Cl. Bernard),
polyphagie, amaigrissement considérable, polyurie, azoturie et, dans quelques cas,
glycosurie passagère.
» La glycosurie se montrait huit à dix jours après l'opération; elle était peu impor-
tante (maximum iasr de sucre pour iooo) et très fugitive (maximum pendant quatre
jours). Après sa cessation, on ne pouvait plus la constater, aussi longtemps qu'on
prolongeât l'observation.
» La perte de poids était très rapide et atteignait, dans certains cas, 2ks en moins
de i5 jours, malgré la grande voracité des animaux et la nourriture abondante qu'ils
ingéraient.
» Tous ces symptômes pouvaient être mis sur le compte des troubles digestifs ré-
sultant de l'absence du suc pancréatique dans l'intestin, car ils se montraient avec
intensité, précisément dans le temps que le suc digestif ne pouvait arriver dans le
(,') Noir Archives de Médecine expérimentale, janvier :Sg i .
( 75i )
duodénum et s'amendaient singulièrement lorsque les matières fécales reprenaient
leur aspect normal. Il fut néanmoins possible de constater qu'il y avait une certaine
indépendance entre les troubles digestifs et les altérations de la nutrition, et de rat-
tacher ces dernières à une autre cause qu'au défaut de sécrétion du suc pancréatique
dans l'intestin. Sur un chien du poids de igks, tous les symptômes que j'ai énumérés
se sont montrés persistants malgré la cessation des troubles digestifs, sauf la glyco-
surie qui ne dura que trois jours. Le vingt-huitième jour après l'opération, l'animal
ne pesait plus que i5ks,55o; il était d'une maigreur squelettique et d'une voracité
incroyable, et telle que je n'en ai point encore observé de plus grande, même chez
les chiens, qui avaient subi l'extirpation totale du pancréas. En lui donnant iks de
viande et ik° de pain par jour, on parvint à le faire un peu augmenter de poids. La
perturbation profonde de la nutrition causée par la lésion du pancréas chez cet
animal ne paraissait point due à des troubles digestifs. Depuis longtemps, les ma-
tières fécales avaient repris leurs caractères normaux. On s'était assuré, en faisant
ingérer à l'animal une forte quantité de graisses et de féculents, que ces substances
n'apparaissaient pas dans les fœces. Le quarante-cinquième jour, on fit l'expérience
suivante, pour savoir comment l'azote des aliments était utilisé. Pendant plusieurs
jours, on dosa l'azote total dans les aliments, dans les matières fécales et dans l'urine,
par la méthode de Kjeldahl. Résultats comme moyenne de sept jours :
Aliments.
iks de viande Urine.
(muscledecheval)-f- — ^ — — — — ^»-
3oo&r de pain Azote
contiennent Fœces. Quantité. Urée. total.
Azote par jour, en grammes 38s1' [8r,52 84occ 628r,23 3oE,,,i8
» La digestion des matériaux azotés se faisait donc très bien, puisque l'azote était
résorbé dans l'intestin en moyenne pour 96 pour 100. Mais la forte azoturie parais-
sait être l'expression d'un trouble dans l'utilisation de l'azote par les tissus. La faible
différence qu'il y avait, entre la quantité d'azote des excrétions, est du reste en partie
couverte par les erreurs d'expérience, car on était bien sûr de doser tout l'azote des
aliments, mais non de recueillir rigoureusement tout l'azote des excrétions. En fait,
le poids de l'animal ne variait pas sensiblement pendant toute la durée de l'expérience.
La forte quantité de nourriture qu'on lui donnait équivalait pour lui à la ration d'en-
tretien.
» En présence de ces faits, je pense que l'on est en droit de rapprocher
les symptômes observés chez cet animal de ceux qui se montrent dans le
diabète insipide azottirique, à forme consomptive.
» Toutefois, il reste un point à élucider. Une azoturie considérable se
montre dans l'expérience précédente comme une conséquence de la poly-
pbagie et d'une alimentation très riche en azote.
» Or, si l'on diminuait la ration alimentaire, la quantité d'urée baissait
dans l'urine, mais la consomption se produisait.
( 7^2 )
» Eu tenant compte des travaux de M. le Professeur Bouchard sur l'azo-
lurie dans le diabète, je cherchai à établir les rapports qui devaient exister
entre la consomption et l'azoturie par l'expérience suivante:
» Un chien après l'injection de paraffine dans le canal pancréatique lut
soumis au jeune peendant douze jours, après qu'il fut complètement
remis du traumatisme opératoire. Les chiffres suivants expriment les
résultats inovens de cette expérience, à partir du quatrième jour de
jeûne (poids de l'animal i8kg, 800). La perte de poids par jour fut en
movenne de 32gr, 33 par kilogramme d'animal. La quantité d'urée excrétée
journellement de 27s1', 6; chose remarquable, elle augmenta beaucoup
du septième au dixième jour et atteignit un chiffre véritablement très
élevé pour un chien maintenu au jeûne absolu (pendant cette dernière
partie de l'expérience, on ne donnait pas d'eau à boire à l'animal).
Le maximum fut atteint le huitième jour (3-]sr,2 d'urée pour vingt-
quatre heures) ; le neuvième el le dixième jour, l'azoturie se maintint à 3 7 , 1
et 35, 1 d'urée. Le chiffre de l'urée était encore de i8gr le onzième jour.
Il tomba brusquement à is'",3 le douzième jour; mais alors l'animal était
complètement usé par la consomption. Il survécut cependant encore cinq
jours; chez un chien normal du poids de i5''%4oo, qu'on soumettait égale-
ment au jeûne dans le même temps, la perte de poids était en moyenne
de 26gr,3i par kilogramme d'animal; la quantité d'urée excrétée baissait
rapidement; le huitième jour, elle n'était que de 5gr,8; elle ne fut en
movenne que de 5sr,o, en vingt-quatre heures ».
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur les troubles consécutifs à la destruction
du vancréas. Note de M. E. Glev, présentée par M. Bouchard.
» Les expériences de von Mering et de Minkowski (' ) ont montré que
l'extirpation complète du pancréas détermine toujours le diabète chez le
chien. Ce diabète n'est pas attribuable à la suppression du pancréas en
tant qu'organe servant à la digestion; car la ligature des canaux pancréa-
tiques n'amène pas un trouble profond de la nutrition. C'est que le pan-
créas n'est pas seulement une glande qui élabore des ferments digestifs
bien connus, mais aussi un organe qui peut être considéré comme une
(') Diabètes inellitus nach Pancreasextirpation (Arch. f. exper. Pathol. und
Pharmak., Bel. 26, p. 'i-i ; janvier 1890).
( 753 )
glande vasculaire sanguine, apportant par conséquent dans le sang des
produits susceptibles de transformer les matériaux sucrés de l'économie.
» Cependant rien ne prouve jusqu'à présent, d'une façon directe, que
le pancréas joue effectivement ce rôle de glande vasculaire sanguine (').
Or, j'ai pu obtenir le passage du sucre dans les urines, chez le chien, après
la ligature des veines pancréatiques.
» L'opération n'est pas facile à bien réaliser. Le plus simple est de lier
la veine splénique à son embouchure dans la veine porte et, en outre, les
quelques petites veines du pancréas qui s'anastomosent avec des veinules
du mésentère ou avec des veines de l'estomac ; on peut aussi, après avoir
lié ces dernières, disséquer toutes les veines pancréatiques l'une après
l'autre et les lier à l'endroit où elles se jettent dans la veine splénique.
Dans le premier cas, oïi risque presque à coup sur de perdre très vite
l'animal expérimenté, à cause du trouble profond apporté à la circulation
du duodénum. Dans le second cas, outre que l'opération est très labo-
rieuse, il est extrêmement difficile de s'assurer que l'on a bien là toutes
les veines qui sortent du pancréas. De quelque façon que l'on procède,
d'ailleurs, il faut s'attendre, c'est ce que l'expérience m'a montré, à ne
pas obtenir sur tous les animaux le résultat cherché, parce qu'on n'est
jamais sûr d'avoir supprimé toutes les voies veineuses.
» De fait, sur les chiens que j'ai opérés dans le but indiqué, depuis le
mois de mai 1890, sur sept de ces animaux je n'ai vu que trois fois le sucre
passer dans les urines à la suite de l'opération. Dans un cas cette glyco-
surie n'a duré que vingt-quatre heures ; dans les deux autres cas, l'animal
est mort le lendemain de l'opération; dans un cas la quantité de glucose
éliminée s'est élevée à i2gr pour 1000.
« Ces faits semblent néanmoins suffisants pour admettre que, normale-
ment, il est nécessaire que la circulation veineuse du pancréas ne soil.
pas complètement supprimée pour que l'organe puisse agir sur les matières
sucrées de l'économie.
» Dans d'autres expériences, j'ai cherché à détruire le pancréas autre-
ment que par l'extirpation. Cette opération est en effet des plus laborieuses
et, à cause de sa longueur et de l'épuisement nerveux qu'elle amène et des
hémorragies qu'elle entraine très souvent, elle est fréquemment suivie
(') Il faut noter cependant que M. Lépine, constatant que le sang de la veine porte
perd plus de sucre in vitro que le sang artériel {Comptes rendus, 19 janvier 1891), a
admis cette opinion.
( 754 )
de la mort de l'animal. A la vérité, M. Hédon (de Montpellier) a fait
récemment connaître un bon procédé d'extirpation (Arch. de Mèd. expèr.,
Ier janvier 1 891 ). Le procédé que j'emploie offre, outre sa commodité,
un intérêt historique.
» On sait que Claude Bernard a tenté l'ablation du pancréas (Leç. de
Physiol. expér., t. II, 1886); ayant renoncé à l'opération comme étant
toujours fatale, il songea à détruire la glande par des injections de sub-
stances étrangères dans le canal de Wirsung. Quand on lit avec soin les
pages que Claude Bernard a consacrées à l'exposé des résultats qu'il a
ainsi obtenus, on ne peut être que très frappé de la concordance qui
existe entre certains de ces résultats et ceux des expériences de von
Mering et Minkowski : plusieurs des chiens opérés ont présenté tous les
symptômes du diabète, à l'exception de la glycosurie, que Bernard mal-
heureusement n'a pas recherchée.
» J'ai repris systématiquement ces anciennes expériences de Cl. Ber-
nard et me suis servi, pour arriver à détruire la glande, d'injections dans
le canal de Wirsung, après ligature préalable du conduit accessoire, faites
avec un mélange d'huile d'olive et de glycérine, par parties égales, ou un
mélange de carbonate de soude et de glycérine, ou avec de la gélatine ou
encore avec du suif fondu à 4o°. Mais on n'est pas sûr, par ce procédé, de
détruire toute la glande, parce qu'on ne voit pas si la matière injectée pé-
nètre partout. Pour parer à cet inconvénient, j'emploie de la gélatine colorée
par le bleu C4B ou du suif coloré par le violet 5B. Par cet artifice très
simple, on voit immédiatement si toute la glande s'injecte. Il arrive souvent
qu'en raison de dispositions spéciales des canaux excréteurs (je ne puis
entrer ici dans des détails anatomiques) une portion plus ou moins grande
de l'organe échappe à l'injection; rien de plus facile alors que de détruire
cette portion avec le thermo-cautère.
» Dans tous les cas où l'injection de gélatine bleue ou de suif violet a été
complète, j'ai vu la glycosurie survenir le lendemain de l'opération. Les
quantités de glucose éliminée ont varié entre 20 et 35 pour 1000. Cepen-
dant cette glycosurie n'a été que transitoire durant un très petit nombre
de jours. Pour des raisons dans le détail desquelles je neveux pas entrer,
mes expériences sur ce point n'étant pas terminées, je crois néanmoins que,
par ce procédé, on peut, comme par l'extirpation, arriver à obtenir une
glycosurie permanente. Les résultats actuellement acquis ne peuvent tou-
tefois pas manquer d'accroître l'intérêt des anciennes expériences de
Cl. Bernard. De plus, ils ajoutent un argument à ceux qui ont été déjà pro-
( 755 )
diiits contre l'hypothèse que le diabète par extirpation du pancréas pouvait
être dû à des lésions nerveuses concomitantes.
» D'autre part, j'ai vu, ainsi que Bernard l'avait bien montré, que les
animaux ainsi traités présentent des troubles profonds de la nutrition. Par
exemple, un chien vigoureux, pesant i4kg, dont la plaie était guérie au bout
de huit jours par première intention, a énormément maigri en deux mois :
son poids a diminué de 2kg, 700; cependant il mange avec voracité, soit ikg
de viande maigre par jour, ou bien 6oogr de viande et 25osr de pain avec
un peu de graisse. Cette dénutrition doit être évidemment en partie attri-
buée à la suppression des fonctions digestives du pancréas, mais elle pré-
sente aussi quelque chose de particulier. En effet, voici un chien qui, au
moment de l'opération, pesait iokg; il est guéri par première intention;
pas de glycosurie; cinquante et un jours après, malgré la suralimentation,
il ne oèse toujours que iokg; depuis longtemps les fèces étaient redevenues
normales. On le sacrifie et, à l'autopsie, on constate que la perméabilité
des deux conduits pancréatiques est rétablie. Dans ce cas, les fonctions
digestives du pancréas s'étaient donc, au moins en grande partie, rétablies
et cependant, quoique l'animal n'eût pas été glycosurique, la nutrition
était restée troublée.
» Ainsi l'opération décrite ci-dessus amène des troubles graves, parmi
lesquels la glycosurie. Bien que mes expériences ne soient pas terminées,
ces résultats peuvent paraître sûrs, puisque M. Hédon, qui n'avait pas re-
marqué ces phénomènes dans sa première série de recherches (voir Mé-
moire cité), les. annonce aujourd'hui même à l'Académie. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Recherches chimiques sur les sécrétions microbiennes.
Transformation et élimination de la matière organique azotée par le bacille
pyocy unique dans un milieu de culture déterminée. Note de MM. A. Ar-
naud et A. Charrix.
« La pyocyanine, cette matière colorante si caractéristique de la cul-
ture du bacille pyocyanique, est-elle en rapport direct, comme quantité,
avec l'activité fonctionnelle du bacille? Telle est la première question qui
se présente à l'esprit quand on cherche à se rendre compte de l'utilisation
et des transformations que subit la matière organique introduite comme
aliment dans une culture.
» Les analyses montrent que la formation de la pyocyanine (') est très
(') Dans d'autres milieux, on peut, dit-on, augmenter la production de la pyocyanine.
( 756 )
secondaire, sa proportion varie dans de faibles limites, de 3mgr à 6mgr par
litre, même dans les cultures relativement assez colorées; inversement,
dans telle culture prescpie incolore, on peut constater qu'une quantité
considérable de matière organique azotée a été transformée par le bacille
en produits presque élémentaires.
w Les produits principaux qui prennent naissance sont l'ammoniaque et
l'acide carbonique, nous avons cherché à suivre les phases et les étapes de
ces transformations, à en étudier le mécanisme.
» Nos premiers essais avaient pour point de départ le bouillon de bœuf
additionné de sels nutritifs; mais, dans ce milieu trop complexe, il est
fort difficile de suivre les modifications de la matière organique, aussi
avons-nous eu recours ultérieurement à un liquide de culture artificiel et
de composition chimique déterminée, afin de restreindre le champ des
recherches.
» Le milieu suivant est tout particulièrement favorable au développe-
ment du bacille :
POKH2 oTioo
PONa2H + i2Aq o, ioo
C03KH o,i34
CaCl2 , o,o5o
MgS04+7Àq o,o5o
Asparagine cristallisée 5,ooo
lïau, quantité suffisante pour faire un litre.
» Vingt-quatre heures après l'ensemencement de ce liquide, la tempéra-
ture étant maintenue entre 25° et 3o°, la coloration vert bleu se manifeste
nettement, elle va en s'accentuant jusqu'au sixième ou septième jour.
« Par des dosages précis, on a suivi, pour ainsi dire d'heure en heure,
les progrès de l'assimilation de l'asparagine.
» On constate ainsi que la proportion d'azote ammoniacal capable d'être
mis en liberté par MgO, nulle au début, va sans cesse en augmentant jus-
qu'au quinzième ou seizième jour, époque où la culture s'arrête faute
d'aliments.
» L'asparagine décroît très rapidement : soixante heures après le départ
de la culture il n'est déjà plus possible d'en déceler la présence; pat-
contre, dès le début, on peut constater la formation d'acide asparlique (' )
(') L'assimilation de l'acide aspartique paraît être un phénomène essentiellement
vital, propre au bacille pjocyanique; nous n'avons pas pu constater la présence de
produits intermédiaires entre lui et l'ammoniaque.
( ih )
combiné à l'ammoniaque; cet acide est du reste assimilé au fur et à mesure
de sa production : il disparaît vers la soixante-douzième heure; à ce
moment, l'examen des courbes du diagramme ci-dessous indique, en effet,
que presque tout l'azote est déjà passé à l'état d'ammoniaque, sauf, bien
entendu, ce qui a concouru à la formation du protoplasma du bacille. Il
faut tenir compte aussi d'une faible proportion d'azote qui est entré dans
des combinaisons non encore définies, probablement fort intéressantes au
point de vue physiologique et dont nous ne nous occuperons aujourd'hui
que pour en déterminer la quantité relative. Le diagramme et le Tableau
qui suivent donneront une idée des résultats obtenus.
Phases des transformations de la matière azotée.
mon
M f
r Ai
tsn
son
l
6 50
\-
800
750
-4
__/
zo
f
A m
mç
700
%\
fcsn
* 1
600
550
son
G
tsn
<
a \
ton
isn
.100
?Sl>
/-
?nn
4\
\"-i
îsn
$/
\°
inn
V
sn
S^
V
Ai
rf<
n
iat-
na
n \dét
cm
/nt
e
__.
— ,
.
;_
--.
—
0h*une J2 2<f 36 *8 60 72 8t 96
120 132 t¥> 156 168 180 192 2» 216 228 2»0 252 26k 276 283 300 312 32t 336 3W 360 372
Quantité respective des substances élaborées aux dépens de la matière azotée.
gr
Azole contenu dans les 5?r d asparagine de ilu de culture. . o,()33
Azote éliminé à l'état d'ammoniaque (A) par hydratation
de l'asparagine sous l'influence de la diastase pyocya- Pour >oo.
nique o,4665 5o,o
Azote éliminé à l'état d'ammoniaque par l'action vitale pro-
prement dite du bacille sur l'acide aspartique, formé par
la diastase 0,3835 L\i , i
Azote retrouvé clans le protoplasma du bacille (le poids de
celui-ci étant de o8r,4io) (Bj o,o435 4,66
Azote entré dans les combinaisons organiques non encore
déterminées (D) o,o385 4>°4
Azote de la pyoevanine. Perte o,ooo3
0,933
G. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 14.) 9D
( 7*8 >
» Observations. — A. Les bases volatiles sont constituées par l'ammoniaque : on
a analysé les sels cristallisés, oxalate et chloroplatinate; il se forme cependant une
trace de méthylamine dont on a pu déceler la présence par le traitement approprié
d'une grande quantité d'oxalate des bases volatiles totales.
» B. Le poids des microbes varie avec l'âge de la culture : il peut atteindre 0^,670
vers le sixième ou septième jour.
» C. En faisant varier le poids de Fasparagine (nous avons employé 2osr de cette
substance par litre) ou obtient dans le même temps et absolument en quantité pro-
portionnelle les mêmes produits ; nous donnerons plus tard les changements qui se
produisent quand on fait varier le milieu de culture, en employant par exemple la
gélatine à la place d'asparagine.
» D. Le poids de ces substances peut être évalué à osr, 3oo, par la différence de poids
des extraits de la culture filtrée à la bougie ou non filtrée et l'évaluation des matières
minérales.
» Ajoutons que, d'après les expériences suivantes, le bacille dédouble
l'asparagine par hydratation au moyen d'une diastase ; en effet, si le liquide
de culture filtrée à la bougie n'a presque pas d'action sur l'asparagine in
vitro, les bacilles recueillis sur la bougie, lavés et délayés dans une solution
d'asparagine contenant du chloroforme ( ' ) pour empêcher toute action
vitale, dédoublent celle-ci suivant l'équation connue
CO.AzH2-CH. AzH2-CH2-C02H + H20 = C02AzIT-CH. AzHa-CH2-CO*H.
» On s'explique facilement pourquoi cette diastase reste fixée en majeure
partie sur le protoplasma microbien plutôt que de passer dans le liquide
filtré, par les belles expériences de Wurtz (•) sur la fixation de la pa-
païne (3) sur la fibrine. Dans une autre Note, nous donnerons les résultats
se rapportant à l'assimilation du carbone de la matière organique dans la
même culture et nous mettrons en évidence le rôle prépondérant de l'oxy-
gène dans la vie du bacille pyocyanique. »
La séance est levée à 4 heures trois quarts. M. B.
(') Ce liquide reste acide, contrairement à ce qui se passe dans la culture où le
microbe évolue.
(2) Wurtz, Comptes rendus, t. XC, p. 1379, t. XC1, p. 787.
(3) La bougie ne retient pas, croyons-nous, les vraies diastases étendues. Expé-
riences inédites.
( 75g )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 6 avril 1891.
Acta mathematica, journal rédigé/wwG. Mittag-Leffler. i3. Stockholm,
F. et G. Beijer, 1890; 1 vol. in-4°.
Annales du Bureau central météorologique de France, publiées par M. E.
Mascart; année 188g. 11. Observations. [IL Pluies en France. Paris, Gau-
thier-Villarset fils, 1 891 ; 2 in-4°. (Présenté par M. Mascart.)
Reconnaissance hydrographique des côtes de Tunisie (1 882-1 88G). Exposé
des opérations; par MM. L. Manen et G. Héraud. Triangulation; par M. F.
Hanusse. Paris, Imprimerie nationale, MDCCCXC; in-4°. (Présenté par
M. Bouquet de la Grye.)
Instructions nautiques sur les côtes du Brésil (du cap San Boque au Rio de la
Plata) et le Rio de la Plata, : par M. le contre-amiral Mouchez. 3e édition,
revue et complétée par M. de Roquemaurel. Paris, Imprimerie nationale,
MDCCCXC; gr. in-8°.
Travaux et Mémoires des Facultés de Lille. Tome I. Mémoire n° 4, A. et P.
Buisine : la Cire des abeilles (Analyse et falsifications). Lille, au siège des
Facultés, 1891 ; gr. in-8°. (Présenté par M. Duclaux.)
Notice sur la vie et les travaux de M. G. Chancel; par M. R. de Forcrand.
Paris, G. Masson, 1891 ; br. in-8°.
Conférence sur la Science et l'Art industriel, année 1890 (Bibliothèque
Forney). Paris, J. Michelet. 1 vol. in-18.
Harmonies de formes et de couleurs ; par M. Charles Henry. Paris, A. Her-
mann, i8gi;br. in- 16.
Les régicides dans l'histoire et dans le présent; par le Dr Emmanuel Régis.
Lyon, A. Storck et Paris, E. Masson, 1890 ; br. in-8°. (Envoyé au concours
du prix Chaussier. )
La pathogénie dans les milieux militaires ; par M. Kelch. Paris, Vve Rozier,
1891 ; br. gr. in-8°. (Présenté par M. le baron Larrey. )
Annales de T Institut de pathologie et de bactériologie de Bucarest, publiées
par Victor Babes. XIe année, 1888-89; lre Partie. Bucuresci, Imprimerie
Statului, 1890; gr. in-4°. (Présenté par M. Bouchard.)
La grande chirurgie de Gvy de Chavliac, composée en l'an i363, revue
( ?6o )
et collectionnée sur les manuscrits et imprimés latins et français, ornée
de gravures avec des Notes, etc. ; par E. Nicaise. Paris, Félix Alcan, 1890 :
1 vol. gr. in-8°. (Présenté par M. Bouchard.)
Recherches sur les tubercules du Rupia rostellata et du Zanichillia polycarpa,
provoqués par le Tetramyxa parasitica; par Edouard Hisinger. I. Notice pré-
liminaire; Helsingfors Simelius, i887;br. in-8°.
Bulletin de la Société de Statistique des Sciences naturelles et des Arts indus-
triels du département de l'Isère; 3e série. Tomes XIII et XIV. Grenoble,
Breynatet Cie, 1884-90; 2 in-8°.
Anna/es de la Société géologique de Belgique. Tome XVI, 2e livraison. —
Tome XVII, 4e livraison. Liège, H. Vaillant-Carmanne, 1890; 2 in-8°.
ERRA TA .
(Séance du 3i mars 1890.)
Note de M. G. Sire, Sur un nouvel appareil gyroscopique, page 639 :
La figure qui aurait dû être annexée à la description du gyroscope alternatif de
M. Sire, page 1 55, a été reportée à la page 63g.
Note de M. A. -F. Marion, Nouvelles observations sur la Sardine de
Marseille :
Pages 64i, 642 et 64'!, au lieu de Poulines, Polailles, Issango, lisez partout Pou-
lines, Palailles, Issaugo.
Note de M. R. Moniez, Les mâles chez les Ostracodes d'eau douce :
Page 670, le renvoi (4) doit être remplacé par le renvoi (') de la page 671, et réci-
proquement.
Page 671, ligne 12, au lieu de impossible, lisez possible.
Page 671, ligne 16, au lieu de Amérique, lisez Afrique.
Page 672, ligne 3, au lieu de chlorure, lisez chlorures.
K 14.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du G avril 1891.)
MEMOIRES ET C03IMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
Pages
M. Emile Picard. — Sur un système d'équa-
tions aux dérivées partielles
M. !.. Rànvier. - Transformation in uitro
des cellules lymphatiques en clasmato-
cytes
VI. Cu. Bouchard. — Essai de vaccination
par des doses minimes de matière vacci-
Pages,
"an le
68j M. Daubrée. — Interprétation du globe de
feu peint par Raphaël dans son Tableau
de la .. Madone de Foligno »
688 M. Mascart présente les Tomes 11 et III des
h Vnnales du Bureau central météorolo-
gique " pour i88g
mi
NOMINATIONS .
Commission chargée de juger le concours du
prix Martin-Damourette de l'année 1891 :
MM. Bouchard, Charcot, Brosvn-Sé
quard, Marey, I erneu.il
Commission chargée de juger le concours du
prix Pourat (Ponctions du corps thyroïde)
de l'année 1891 : MM. Bouchard, Ranyier,
Vemeuil, Sappey, Brown-Séquard
Commission chargée déjuger le concours du
prix Gaj (Des lacs de nouvelle formation
et de leur mode de peuplement ) de l'an-
née 1891 : MM. A. Milne-TSdwards, Blan-
chard, de Lacaze-Dutkiers, Daubrée, de
Quatrefages
Commission chargée de juger le concours du
prix Môntyon ( \ri~ insalubres) de l'an-
698 née isi|i : MM. Armand Gautier, Schlœ-
sing, Schufzenberger, Larrej . Duclaux..
Commission chargée d-' juger le concours du
prix Trémont de l'année 1891 : MM. Ber-
698 trand, Berthelot, Faye, Warcel Deprez,
de Quatrefages
Commission chargée déjuger le concours du
prix Gegner île l'a ie 1891 : MM. Ber-
trand, Berthelot, de Quatrefages, Her-
mite, Fremy
MEMOIRES PRESENTES.
MM. Badin et Escoffier adressent les résnl
tats de leurs recherches sur le cuvage des
vins à vase complètement clos 69g
M. P. Lagrange adresse un Mémoire ayant
pour titre : « Méthodes de dosage des ma-
tières organiques dans les jus de bette-
COHKESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpéti 1.1. signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance : 1" un volume des Actamathema
tica; 2° une Notice sur la vie et les tra-
vaux de G. Chancel, par M. fi. <!<■ For-
crand ...
M. E. Colin adresse, de Madagascar, ses re-
merciements pour le prix Jérôme Ponti
qui lui a été décerné
M. L. Cruls. — Loi suivant laquelle la
somme des distances de la Lune à deux
étoiles quelconques varie en fonction du
temps
M. G. Bigourdan. - Nébuleuses nouvelles,
découvertes à l'Observatoire de Paris
M. IioiiREELY. — Observations de la planète
(309! 1 découverte à l'Observatoire de Mar-
seille, équatorial Eichens (ouverture :
o-,258)
M. J. Weingarten. - Sur la théorie des
surfaces applicables sur une surface don-
née
M. E. Goursat. - Sur la théorie des sur-
faces applicables
69g
M. R. Liocville. — Sur un problème d'Ana-
lyse qui se rattache aux équations de la
Dynamique
M. II. Padë. — Sur les fractions continues
régulières relatives a <■■
M. V. Hubert. — Sur le mode de vibration
des membranes et le rôle du muscle thyro-
aryténoïdien
M. Henri Mqissan. — Préparation ei pro-
priétés du triiodure de bure
\l. K. Péchard. — Sur un nouveau e posé
oxygéné du molybdène
VI. G.-A. LEROY. — Sur nu nouveau mode
de séparation du 1er d'avec le cobalt et le
nickel
M. J.-A. Le Bel. Sur la dyssymétrie et
la création du pouvoir rotatoire clans les
dérivés alcooliques du chlorure d'ammo-
nium
MM. L. G-rimaux et L. Lefèvre. — Sur les
dérivés mirés de l'ortho-anisidine dimé-
llivlée
.M. P. Cazëneuve. — Sur la transformation
pyrogénée des camphosulfophénols en ho-
mologues du phénol ordinaire
'il
lu, S
raves, les sucres et les mélasses. »
M. le Ministre ues Affaires étrangères
transmet une Note sur un système de frein
pour wagons de chemins de fer, adressée
par M. Irnaldi, de Palerme
"i'i
lioo
09g
bgg
bgg
T'I
N° 14.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages.
M. Raoul Varet. — Sur le térébentbène. . . 7 I la
M. G. Massol. — Sur le malonate d'éthyle
et le malonate double d'éthyle et de po-
tassium 734
MM. V. MartiiCand el M. Rietsch. — Des
micro-organismes que l'on rencontre sur
les raisins murs et de leur développement
pendant la fermentation 786
MM. A. et P. Buisine. — Contributions i
l'étude de la théorie du blanchiment à
l'air 708
M. Alexis Julien. — Loi de la position des
centres nerveux 7^1
M. G. PoDCHET. — Nouvelles observations
sur la Sardine océanique 744
M. 15. -T. Mamv. — Sur le prétendu crâne de
Bulletin bibliographique
Errata
Pai
Moctézuma II
M. P. Termier. — Sur l'existence de tufs
d'andésite dans le fiysch de La Clusaz
( Haute-Savoie )
M. E. Hêdon. — Sur les phénomènes consé-
cutifs à l'altération du pancréas détermi-
née expérimentalement par une injection
de paraffine dans le canal de Wirsung...
M. E. Gi.ey. Sur les troubles consécutifs
à la destruction du pancréas
MM. A. Arnaud el A. Charrin. — Recher-
ches chimiques sur les sécrétions micro-
biennes. Transformation et élimination
de la matière organique azotée par le ba-
cille pyocyanique dans un milieu de cul-
ture dé ter minée
7 17
7 >-'
760
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET KILS,
Quai des Grands-Ausustins. 55
3â&
1891
PREMIER SEMESTRE.
or 1891
COMPTES REINDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. LES SECRETAIRES PERPETUELS.
TOME CXII.
N°15 (15 Avril 1891
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS et fils, imprimeurs-libraires
DES COMPTES KENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
(Juai des Graads-Augusiins, 55,
1891
REGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 1(1. mai i 8t5.
-■^-■' '
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
ï Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article Ie' . — Impression des travaux de i Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger del'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
1 101 j es Membres qui présentent ces Mémoires s!
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux j tenus de ]es ré(iuire au nombre de pages requis. J
Comptes rendus plus de 5o pages par année. I Membre qui fait la présentation est toujours nomil
Les communications verbales ne sont mentionnées mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extn
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fo
Les Programmes des prix proposés par l'Académ
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Ra
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'auta
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance p
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personn
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Ac
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un|
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
:
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
pour les articles ordinaires de la correspondance of
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à temp
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rem
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu su
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports (
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fail
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne i im Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de I l'impression de chaque volume.
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de \(
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivanti
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 13 AVRIL 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégration algébrique des équations
différentielles. Note de M. II. Poixcaré.
« La question de l'intégration algébrique des équations différentielles
du premier ordre et du premier degré n'a pas attiré l'attention des géo-
mètres autant qu'elle le méritait. La voie a été ouverte, il y a vingt ans,
par un admirable travail de M. Darboux; mais les analystes ont été fort
longtemps sans s'y engager, et ce n'est que tout récemment que le pro-
blème a été repris par MM. Painlevé et Autonne, dans deux Mémoires que
l'Académie vient de récompenser. L'importance du sujet me décide à pu-
blier quelques résultats qui s'y rapportent, bien qu'ils soient fort in-
complets.
G. R., 1891, ■" Semestre. (T. CXII, N° 15.) IO°
( 762 )
» J'écrirai l'équation différentielle sous la forme suivante
dx dy dz
x y z = o,
I, M N
L, M, N étant trois polynômes entiers, homogènes et de degré m en r, y
et z. Le nombre m s'appellera la dimension de l'équation.
» Si l'intégrale générale est algébrique, elle s'écrira
/-+- C<p = o,
C étant une constante arbitraire, et / et <p étant deux: polynômes homo-
gènes d'ordre p en x, y et z. J'appellerai remarquables les valeurs de C pour
lesquelles le polynôme /+ Crp n'est pas irréductible. Si l'intégrale géné-
rale algébrique a été mise sous sa forme la plus simple, ce que nous sup-
poserons, le nombre des valeurs remarquables est fini.
» Le problème de l'intégration algébrique des équations différentielles
serait résolu si l'on avait, dans tous les cas, une limite supérieure du
nombre p.
» Les points singuliers de l'équation différentielle sont donnés par les
équations
L _ M __ N
x~ y " n
Ils sont au nombre de m2 -+- m -t- 1 ; nous les supposerons tous distincts.
» Soient alors x0, y0, z0 un de ces points singuliers; dans le voisinage de
ce point, l'intégrale générale peut se mettre sous la forme
X^X^const.,
S étant une constante, et X, et X2 étant deux séries ordonnées suivant les
puissances de ~r> ~r ~ et «annulant au point singulier.
» Il v a quelques cas d'exception; s'ils se présentaient, on serait cer-
tain que l'équation n'est pas intégrable algébriquement; on en serait cer-
tain également si, pour un des points singuliers, l'exposant S n'était pas
réel et commensurable.
» Supposons donc que S soit réel et commensurable; nous appellerons
nœuds les points pour lesquels cet exposant est positif, cols ceux pour les-
quels il est négatif.
( 7°3 )
» Nous poserons S = - pour les nœuds, S = — - pour les cols, [j. et v
étant deux entiers premiers entre eux.
» J'envisage un nœud et je suppose que la courbe
/+C? = o
ait en ce nœud X branches distinctes; ce nœud sera d'ailleurs, en général,
un point singulier pour chacune de ces branches.
» Je démontre que l'on a
p- = s X2 p, (m -t- i)p = S X([a -+- v ),
les sommations du second membre devant être étendues à tous les nœuds.
» M. Painlevé a posé le problème suivant : Reconnaître si l'intégrale gé-
nérale de l'équation différentielle est une courbe algébrique de genre donné.
et il a énoncé un certain nombre de remarquables propositions qui peu-
vent aider à trouver la solution, au moins dans certains cas particuliers.
» Je trouve, en appelant q le genre,
= 1 + S - ( u. H- v) ■ 1 ;
cette formule contient la solution du problème de M. Painlevé toutes les
fois que m >■ l\.
» Considérons une valeur remarquable de C et supposons que/+ Csp
ne se réduise pas à une puissance d'un polynôme irréductible; je démontre
que la courbe/-!- Cep = o va alors passer par un col.
» Je montre encore que le nombre total des valeurs remarquables ne
peut dépasser le nombre des cols de plus de deux unités.
» Voici quelques autres résultats :
» Si tous les nœuds ont pour exposant S = + 1 , le nombre de ces nœuds
. , , ( m -I- 2 )2
est au moins ceal a -.
& 4
» Si S = -+- 1 pour tous les nœuds et que S = — 1 pour tous les cols, le
, . , 1 . (m -t- 2)2
nombre des nœuds est précisément égal a 7
» Si, pour tous les cols, on a S = — 1, on a la formule
a.,x.2(m -+- 2) =p(<x-, + «2).
a, et a2 étant deux entiers premiers entre eux.
( 7^4)
» Cette formule limite le nombre p et, par conséquent, résout complè-
tement le problème dans ce cas particulier.
» Le principe qui m'a conduit à ce résultat est peut-être susceptible
d'être étendu à des cas plus généraux; j'espère que plus d'un cbercheur
s'y efforcera dès que mes démonstrations seront publiées. »
PHYSIQUE. — Description du manomètre à air libre de 3oo mètres établi
à la tour Eiffel; par M. L. Cailletet.
« On sait que la mesure des pressions des gaz ou des liquides ne peut
être pratiquement obtenue, d'une façon précise et avec une approximation
constante, qu'à l'aide de manomètres à air libre; c'est pour cette raison que,
dans des expériences antérieures, j'avais installé, d'abord sur le flanc
d'un coteau, puis plus tard, dans le puits artésien de la Butte-aux-Cailles,
un manomètre à air libre de grande dimension. Cette disposition a été
reproduite depuis par divers physiciens; mais les difficultés de manœuvre
et d'observation d'un instrument installé dans ces conditions en limitent
l'emploi et laissent subsister des incertitudes sur la précision des résultats.
» La construction de la tour Eiffel offrait des conditions exceptionnel-
lement avantageuses pour l'installation d'un manomètre à air libre de 3oom,
dont tous les organes, liés d'une façon invariable à la tour elle-même,
fussent rendus accessibles à l'observateur sur toute son étendue.
» La pression de 4°° atmosphères, que mesure un pareil manomètre
ne pouvant être maintenue dans un tube de verre, on a dû recourir à un
tube d'acier doux, de 4,um>5 de diamètre intérieur, relié par sa base à un
récipient de mercure. En comprimant à l'aide d'une pompe, d'après le dis-
positif bien connu, de l'eau sur le mercure, on peut l'élever graduel-
lement jusqu'au sommet de la tour.
» L'opacité du tube d'acier s'opposant à la lecture directe du niveau du
mercure, on a disposé de 3m en 3m, sur le trajet de ce tube, des robinets
à vis conique, dont chacun communique avec un tube de verre vertical,
d'un peu plus de 3m de hauteur.
» Lorsqu'on ouvre un de ces robinets, on met l'intérieur du tube d'acier
en communication avec le tube de verre dans lequel peut alors pénétrer le
mercure. La position du niveau est donnée par une échelle graduée placée
derrière ce tube. On a adopté pour la confection de ces échelles le bois
verni, de préférence aux métaux. On sait, en effet, que le bois n'éprouve
( 765 )
que des variations insignifiantes dans le sens de ses fibres, même sous des
influences atmosphériques très différentes. Afin d'assurer la stabilité de
ces règles graduées, on les a fixées solidement, dans une position bien ver-
ticale, contre des supports de bois, boulonnés eux-mêmes sur les pièces
métalliques de la tour.
» Pour réaliser, à un moment donné, une pression déterminée, il suffit
d'ouvrir le robinet qui porte la division correspondant à la pression. On
fait agir la pompe hydraulique, et, quand le mercure arrive au robinet, il
s'élève en même temps dans le tube de verre et clans le tube d'acier.
» On l'amène alors exactement à la division voulue en agissant très
lentement sur la pompe hydraulique; si, en opérant ainsi, on a dépassé le
niveau cherché, on laisse échapper une certaine quantité d'eau par un ro-
binet de décharge placé dans le voisinage de la pompe. Le liquide qui
s'échappe pénètre clans un tuhe de verre gradué, placé verticalement et
son élévation indique l'abaissement correspondant de la colonne de mer-
cure. Cette manœuvre, qui se fait dans le laboratoire installé à la base de
l'appareil, est rendue très simple au moyen d'un téléphone, que l'obser-
vateur emporte avec lui et qui, à chaque robinet, peut être mis en relation
avec le poste inférieur.
» Auprès de la pompe hydraulique, se trouve un manomètre métallique,
de grande dimension, communiquant avec le liquide comprimé. Ce mano-
mètre porte une première graduation en atmosphères; une seconde gra-
duation correspond aux numéros d'ordre des divers robinets : on sait ainsi
immédiatement et par avance, dans quel tube de verre devra s'élever le
mercure sous une pression donnée, ce qui permet de trouver sans hésitation
le robinet à ouvrir.
» Si, pour une cause quelconque, le mercure vient à dépasser le sommet
de l'un de ces tubes de verre, il se déversera dans un tube de retour en
fer destiné à le ramener au pied de l'appareil.
» La direction inclinée des piliers de la tour ne permettait pas l'installa-
tion du tube d'acier dans une direction toujours verticale. De la base de la
tour à la première plate-forme, c'est-à-dire jusqu'à une hauteur de 6om
environ, ce tube est fixé contre le plan incliné d'un des rails de l'ascenseur ;
un escalier en fer le suit clans toute sa longueur.
» Entre la première et la deuxième plate-forme, c'est-à-dire sur une
hauteur à peu près égale à la précédente, l'appareil manométrique est in-
stallé contre l'escalier hélicoïdal. Celui-ci se divisant en plusieurs tronçons
verticaux, non superposés à cause de l'obliquité du pilier, il eu est de
( JM )
même du tube manométrique qui s'incline pour passer d'un de ces escaliers
à l'autre, en conservant une pente assez grande pour assurer la descente
du mercure au retour.
» Enfin, de la deuxième plate-forme au sommet, le tube est disposé de
la même manière contre les escaliers verticaux en hélice.
» L'observation facile est donc assurée, comme on le voit, de la base au
sommet. Les échelles graduées qui accompagnent chaque tube de verre
n'étant pas superposées verticalement, on a opéré de la manière suivante
pour raccorder leurs graduations :
» On a fixé d'abord, sur le trajet du tube manométrique, un certain
nombre de points de repère. A l'aide d'un niveau à lunette employé dans
les nivellements géodésiques, on a relevé leur altitude au-dessus d'un trait
fixe gravé à la base du récipient de mercure. Pour le raccordement de deux
règles graduées consécutives, on s'est servi de deux vases communicants
remplis d'eau et réunis par un tube en caoutchouc. Les deux niveaux
étant dans un même plan horizontal, c'est dans ce plan amené à coïncider
avec le sommet de l'une des échelles que l'on a fixé la base de l'échelle
suivante.
» Comme la précision des mesures fournies par l'appareil dépend en
grande partie de l'exactitude de ce nivellement, on a contrôlé l'opération
précédente à l'aide d'une règle d'acier s'appuyant sur la base et le sommet
de deux échelles consécutives. Un niveau à bulle d'air constatait la par-
faite horizontalité de la ligne de raccordement ; d'ailleurs, les points de
repère dont on a parlé plus haut ont servi eux-mêmes successivement de
contrôle, à mesure qu'on s'élevait dans l'installation des échelles. Enfin,
pour éliminer toute incertitude, une dernière vérification de cette gradua-
tion sera faite prochainement par un procédé trigonométrique.
» Le calcul de la valeur exacte de la pression, d'après la mesure de la
colonne de mercure soulevée, nécessite, pour chaque expérience, un cer-
tain nombre de corrections qui dépendent de la connaissance de plusieurs
éléments.
» La température modifie la densité du mercure et fait varier la hauteur
de la tour et, par conséquent, du tube manométrique. Un calcul simple
montre qu'un écart de température de 3o° ne fait guère varier cette hau-
teur que de i décimètre, soit j^-a de sa valeur. La correction due à la den-
sité variable du mercure est plus importante : elle serait d'environ -^ pour
le même écart de 3o°.
» La mesure de la température moyenne nécessaire à cette double cor-
( 7«7 )
rection est obtenue par la variation de la résistance électrique qu'elle
communique au fil téléphonique qui suit la colonne mercurielle sur tout
son parcours. Des thermomètres enregistreurs, installés à chaque plate-
forme, donnent d'ailleurs pour chaque expérience une indication souvent
suffisante.
» Les autres principaux éléments qui interviennent dans les corrections
sont : la compressibilité du mercure, la diminution de la pression atmo-
sphérique à mesure que la colonne s'élève dans le tube manométrique, la
variation du niveau du mercure dans le réservoir inférieur, etc.
» Le laboratoire qui contient tous les accessoires du manomètre est
installé dans le pilier ouest de la tour, où des recherches sur la tension
des vapeurs et la compressibilité des gaz sont actuellement en voie d'exé-
cution.
» M. Eiffel, en se chargeant de toutes les dépenses et en mettant à ma
disposition le personnel nécessaire à la construction, a tenu à montrer une
fois de plus l'intérêt dévoué qu'il porte à la Science. J'espère donc que
l'Académie tiendra à s'associer aux sentiments de reconnaissance que je
suis heureux d'adresser ici à M. Eiffel. »
M. Tisserand présente à l'Académie le tome VIII des « OEuvres de
Laplace » ; c'est, après la Mécanique céleste et le Calcul des probabilités,
le premier volume des Mémoires de Laplace.
M. Haton de la Gol'pillière fait hommage à l'Académie de son « Traité
des machines à vapeur » . Cet Ouvrage, qui fait suite à la Thermodynamique
du même auteur, forme le premier fascicule du tome second de son Cours
de Maclùncs.
M. H. Resai. fait hommage à l'Académie d'un volume qu'il vient de pu-
blier, sous le litre : « Exposition de la théorie des surfaces ».
( 7^8 )
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions, chargées de juger les Concours de l'année 1891 ou de présenter
des cpiestions de prix.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Prix Petit d'Ormoy (Sri nces mathématiques). — MM. Hermite, Picard,
Darboux, Foincaré, Bertrand réunissent la majorité des suffrages. Les
Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Jordan et
Ossian Bonnet.
Prix Petit d'Ormoy (Sciences nature/les). — MM. de Quatrefages, A.
Mil ne-Edwards, Duchartre, Blanchard, Daubrée réunissent la majorité des
suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont
MM. de Lacaze-Duthiers et Van Tieghem.
Prix Cuvier. — MM. Daubrée, Gaudrv, Fouqué, de Quatrefages, A.
Milne-Edwards réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui,
après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Blanchard et de Lacaze-
Duthiers.
Prix Jean Reynaud. — MM. Bertrand, Hermite, Darboux, de Quatre-
fages, Fremy réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après
eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Berthelot et Fizeau.
Commission chargée de présenter une question de Prix Bordin (Sciences
physiques) pour l'année i8g3. — MM. Daubrée, de Quatrefages, Fizeau,
Duchartre, Fremy réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui,
après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Cornu et Schlœsing.
Commission chargée de présenter une question de Prix Fourneyron pour
l'année i8<)3. — MM. Maurice Lévy, Boussinesq, Sarrau, Léauté, Resal
réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont
obtenu le plus de voix sont MM. Marcel Deprez et Haton de la Goupil-
lière.
( 7«% )
RAPPORTS.
MÉCANIQUE. - Rapport sur un Mémoire de M. de Sparre, ayant pour titre :
« Sur le pendule de Foucault » .
(Commissaires : MM. Hermite, Sarrau, Léauté, etResal, rapporteur.)
« L'auteur a pour objet de traiter la question, quelle que soit la gran-
deur de l'écart initial du pendule par rapport à la verticale de suspension.
» A la suite d'une discussion à laquelle nous ne croyons pas devoir
nous arrêter, M. de Sparre estime que, tout en ne tenant compte, finale-
ment, que de la première puissance de la rotation diurne, il convient, au
point de vue de la rigueur, d'avoir égard à certains ternies de l'ordre du
carré de cette rotation, auxquels il assimile les effets de causes secon-
daires. Il établit, en conséquence, les équations du mouvement du pendule
en affectant de coefficients, fonctions du temps, et sous une forme géné-
rale, les termes dépendant du carré de la rotation diurne, termes qui dis-
paraissent plus tard.
» Nous arrivons maintenant à la parlie principale du Mémoire. L'auteur
a eu l'ingénieuse idée de substituer au pendule sa projection sur ce qu'il
appelle le plan d'oscillation. Il remplace ainsi l'écart du pendule par une
quantité angulaire algébrique. Sa méthode, couronnée d'un grand succès,
consiste à introduire dans son analyse les intégrales auxquelles Cauchy a
donné le nom d'intégrales singulières. Des études récentes sur la considé-
ration, due à Riemann, des discontinuités appelées coupures, ont rappelé
l'attention sur les intégrales de Cauchy.
»• C'est en suivant cette voie que M. de Sparre est parvenu à ramener la
solution du problème du pendule de Foucault à deux quadratures, qu'il
développe en série.
» En résumé, M. de Sparre a fait une application très intéressante de la
méthode des intégrales singulières de Cauchy à un problème dont les
équations différentielles ne paraissent pas pouvoir s'intégrer par les procé-
dés ordinaires.
» En conséquence, la Commission propose à l'Académie d'ordonner l'in-
sertion du Mémoire de M. de Sparre au Recueil des Savants étrangers. <>
Les conclusions de ce Rapport sont mises aux voies et adoptées.
C R., 1891, (•• Semestre. (T. CXII, N° 15.) ,01
( 77° )
MEMOIRES LUS.
GÉODÉSIE. — Sur la mesure d'une nouvelle base de la triangulation française.
Note de M. le général Derrécagaix.
« Le Service géographique a procédé, pendant l'été de 1890, à la me-
sure d'une base fondamentale de la triangulation française.
» La constitution de la Commission internationale des poids et mesures
et la nouvelle définition du mètre avaient, en effet, rendu indispensable
une nouvelle détermination du rapport de l'unité fondamentale de mesure
et du côté de départ de nos triangulations primordiales.
» Choix de la base. — L'impossibilité de reprendre l'ancienne base de
Delambre, entre Melun et Lieusaint, étant bien établie, la base actuelle a
été choisie sur l'emplacement de l'ancienne base de Picard, c'est-à-dire sur
l'accotement est de la route de Paris à Fontainebleau, entre Aillejuif et
Juvisy. Il n'a pas été possible, cependant, d'utiliser les termes de Picard,
marqués par deux belles pyramides qui sont la propriété de l'Académie.
L'une de ces pyramides, en effet, se trouve aujourd'hui, par suite de l'ex-
tension du village de Villejuif, englobée dans les habitations et est devenue,
au point de vue d'une mesure régulière, entièrement inabordable.
» Les termes de la nouvelle base ont été établis : le terme nord à 200'°
au nord de l'intersection de la route de Fontainebleau et de la route de
Versailles à Choisy-le-Roi ; le terme sud, au nord du hameau de Fromen-
teau, à l'intersection de la route de Fontainebleau avec le chemin de Fro-
menteau à Athis.
» Ces termes consistent dans une chambre souterraine en pierre dure de
Lorraine, fondée sur un fort massif de béton et recouverte d'une dalle affleu-
rant le sol. Un pilier indépendant, enchâssé dans le béton, porte un repère
cylindrique en platine, dont l'axe définit l'extrémité de la ligne mesurée.
» La dalle supérieure, mobile, permet de découvrir le repère.
» Après la mesure, les dalles, remises en place, ont été recouvertes
d'une pyramide surbaissée en granit, de im,4° de hauteur, destinée à pro-
téger les termes et à en marquer l'emplacement.
» La base est brisée aux f de sa longueur à partir du terme sud. L'angle
des deux segments est de i4' centésimales. Un terme intermédiaire, de
dimensions plus restreintes, a été établi au sommet de la brisure.
» Appareil employé. — L'appareil employé à la mesure est l'appareil
bimétallique ( cuivre et platine), construit par Brunner frères pour le
( 7/1 )
Service géographique; il peut être considéré comme un modèle de con-
struction contemporaine.
» Les règles ont été étalonnées par rapport au mètre international et
les coefficients de dilatation mesurés à Breteuil, au Bureau international
des Poids et Mesures, par MM. Benoit, Directeur actuel du Bureau, le
lieutenant-colonel Bassot, le commandant Defforges et le capitaine Tracou.
» On a ainsi obtenu pour les deux règles les équations suivantes :
P
L(f)
w = 4ooo32<f4- (34<\463 -+- 0^,006760?.
40007351*+ (72^,333 -t- oi\o2628;)/.
» Une nouvelle détermination directe de la longueur des deux règles,
exécutée après la mesure au Bureau international, a donné des résultats
qu'on peut considérer comme identiques aux précédents.
» Pendant la mesure, les portées successives sont définies parles axes
optiques de microscopes verticaux fermement établis sur l'alignement de
la base. La lecture des deux règles fournit, par la différence de leurs lon-
gueurs, leur température commune et, par conséquent, la distance exacte
des deux repères (traits o et 4000) de la règle de platine.
)> Dans le but d'égaliser autant que possible la température, les deux
règles ont été enveloppées, pendant les opérations, d'une étoffe de laine
épaisse laissant librement circuler l'air.
» Résultats de la mesure. — La mesure a été exécutée pendant les mois
de juin, juillet et août 1890, sous la direction de M. le lieutenant-colonel
Bassot et de M. le commandant Defforges, par les officiers de la section de
géodésie, MM. les capitaines Brullard, Couderc de Foulonque, Guéneau
de Mussy, Bourgeois, Barisien, Dumay, Dumézil, répartis en deux brigades
de quatre officiers chacune, qui se relevaient toutes les semaines. Ils étaient
assistés d'un personnel auxiliaire s'élevânt à cinquante-sept hommes, sous-
officiers, secrétaires et soldats.
( 77^ )
» Par une application minutieuse de la division du travail, la vitesse
maximum a pu être portée jusqu'à cent trente portées par jour, la portée
étant exécutée en moins de deux minutes. La vitesse normale, avec le per-
sonnel indiqué, serait de cent portées par jour.
» La base a été mesurée deux fois :
» La première mesure a duré vingt-cinq jours;
» La seconde mesure a duré dix-huit jours.
» La base a été fractionnée en segments par des dalles solidement fon-
dées et scellées dans le sol, munies de plaques de cuivre enchâssées, por-
tant sur leur surface polie un repère délié.
» Le Tableau ci-dessous contient la longueur obtenue pour chaque
segment dans les deux mesures.
Numéros
des
repères.
Longueurs totales
Nombre entre les repères. Différences :
dc __ ■ i" mesure,
portées. i" mesure. 2e mesure. 2* mesure.
Premier ses ment.
Terme sud, repère n° 1 20
Repère n° 1, repère n° 2 52
Repère n° 2, repère n° 3 76
Repère n° 3, repère n° k 80
Repère n° 4-, repère n° 5 4°
Repère n° 5, repère n° 6 72
Repère n° 6, repère n° 7 72
Repère n° 7, repère n° 8 68
Repère n° 8, repère n° 9 80
Repère n° 9, repère n° 10 80
Repère n° 10, repère n° 11 80
Repère n° 11, terme inte 4a
Longueur du premier segment.
Second
Terme int,e, repère n° 13 80
Repère n° 13, repère n° li 80
Repère n° Ik, repère n° 15 80
Repère n° 15, repère n° 10 92
Repère 11° 16, repère n° 17 72
Repère n° 17, repère n° 18 80
Repère n° 18, repère n° 19 84
Repère n° 19, repère n° 20 84
Repère n° 20, repère n° 21 92
Repère n° 21, repère n° 22 100
Repère n° 22, repère n° 23 100
Repère n° 23, terme nord 100
Longueur du second segment. . .
Somme des deux segments
Réduction à la ligne droite
Longueur totale de la base
m mm
m moi
mm
80.019,2
8o.Ol8,2
+
1,0
208.049,4
2o8.o49,3
+
0,1
304.077,6
3o4.077,3
-t-
0,3
320.080, I
320.o8l ,0
—
0,9
i6o.o35,2
i6o.o35,2
0
288.064,3
288.064,8
—
o,5
288.074,4
288.075,0
—
0,6
272.077,5
272.077,2
+
o,3
320. 100,4
320.099,5
-t-
0,9
320.o-j,q
320.075,9
0
320.069,0
320.068,3
■+-
0,7
i68.6i5,6
l68.6l4,9
■+-
°>7
3o49- 338,6
3o49-336,6
2,0
egment.
m u)m
iu mm
mm
320.o56,4
32o.o55,9
-+-
0,5
320.o52,8
320.o53,6
—
0,8
320.057 ,2
320.(1.")", . -
■,5
368.0- 1 .ci
368.073,6
—
2,6
288.o46,3
288:046,4
—
0,1
32o. 0J7 ,4
320. o58, 1
0,7
336.o56,g
336.o55,7
-F
r,4
336.069,9
336.071 ,3
—
1,4
368. 080, 6
368. 082, 5
—
1,9
4oo.o63,2
4oo . o65 , 2
—
2 ,0
4oo.o65, 1
4oo . 067 , ô
—
2,4
400.876,4
400.878,6
4177.064,1
—
2 ,2
4177.553, !
—
• 0,9
7226. S91 ,8
7226.900,7
4,o
4 . 0
7226,887,8
7226.896,7
—
8,9
(773)
» Eu tenant compte de la réduction au niveau de la mer, — om. ogg""11, 8,
la longueur de la base est à ig°,26 du thermomètre centigrade
7226m,792,
avec une erreur qui ne paraît pas dépasser le centimètre.
» Si l'on calcule, par l'enchaînement de la nouvelle Méridienne, la
valeur du côté Melun-Lieu saint à partir de la nouvelle base, on trouve :
m
Melun-Lieusaint (nouvelle base) 11842, i4
» (Delambre) 11842, i5
Différence — 0,01
» Il y aurait donc, au point de vue géodésique, identité absolue entre la
base de Delambre, telle qu'elle a été mesurée avec les règles de Borda, et
la nouvelle valeur déduite d'une opération faite avec un appareil dérivant
du nouveau mètre international. Il faut remarquer, cependant, qu'une
concordance aussi parfaite, des deux valeurs du côté Melun-Lieusaint doit
provenir d'une heureuse compensation d'erreurs. L'incertitude introduite
sur la première parla triangulation de raccordement peut être en effet éva-
luée à un demi-décimètre (au maximum).
» Mais si l'on calcule, à partir de la nouvelle base, les côtés de jonction
de la nouvelle méridienne avec les triangulations anglaise, belge, italienne
et espagnole, on trouve les discordances systématiques suivantes :
Valeurs Différences
étrangères. françaises. absolues. relatives.
Avec l'Espagne (côté Forceral-Canigou ) . 3o 1 4 ' , « 5 3oi4i,5o, — o,44
Avec la Belgique (côté kriiuiiel-Cassel). 22981,49 22981,80 — o,3i
Avec l'Angleterre (côté Harlettes-Cassel) . 3745g, 64 37460,32 —0,68
Avec l'Italie (côté Mounier-Tournairet). 26009,80 26010, 3i — o,46
1
1. 8000
1
74000
1
55000
1
57000
» D'après ces différences, avec la nouvelle définition du mètre, le rap-
port au mètre international des différents étalons géodésiques étrangers
(toise de Bessel, toise de Struve, règle espagnole de 4m), tel qu'il résulte
des comparaisons anciennes, parait systématiquement trop faible. Il ap-
partient aux métrologistes d'en donner la raison. Il serait, en tous cas, du
plus haut intérêt de comparer à nouveau, avec toute la précision des mé-
thodes modernes, les divers appareils de base au mètre international et
peut-être aussi de remesurer quelques-unes des bases fondamentales de
l'Europe, pour en raccorder scientifiquement les triangulations. »
( 774 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Transformation de la cupréine en quinine.
Note de MM. E. Grimaux et A. Arxaud.
« La cupréine, extraite du Quina caprea ou Remijia peduneulata, par
MM. Paul et Cownley, est une base soluble dans les alcalis, se colorant
par le perchlorure de fer et qui paraît avoir un caractère phénolique. Si
l'on compare sa formule C,9H22Az202 à cellede la quinine C20!^ Az202,
ces deux corps paraissent avoir la même relation que le phénol CcH60 et
son éther méthylique C7H80.
» La cupréine étant un corps de fonction mixte, moitié base, moitié
phénol, la quinine en serait l'éther méthylique ('). Les expériences sui-
vantes ont complètement confirmé cette prévision.
» La cupréine qui a servi à nos essais a été purifiée avec soin et débar-
rassée de toute trace de quinine. Sa pureté absolue a été démontrée par sa
solubilité dans les alcalis, son caractère cristallin, son pouvoir rotatoire,
l'absence de fluorescence de son sulfate acide.
» La cupréine additionnée d'une quantité théorique de sodium, en solution dans l'al-
cool méthylique, a été chauffée au réfrigérant ascendant pendant quelques heures avec
un excès d'iodure de méthyle. Dans ces conditions, il se forme de la quinine ou méthyl-
cupréine; mais le phénomène se complique d'une réaction secondaire: l'iodure de mé-
thyle se fixe sur l'azote pour donner des iodométhylates de quinine, que l'on sépare
par des cristallisations dans l'eau et dans l'alcool. On sépare ainsi le monoiodométhylate
en fines aiguilles blanches et le diiodométhylate en prismes jaunes : ces deux corps se
confondent parleurs caractères et leurs points de fusion avec les deux iodométhylates
que fournit la quinine naturelle.
» Si l'on opère en vase clos, avec l'iodure de méthyle en excès et la cupréine sodée,
on obtient seulement le diiodométhylate de méthylcupréine dont les propriétés sont
identiques avec celles du diiodométhylate de quinine naturelle, comme le montrent
les points de fusion, les pouvoirs rotatoires et la teneur en iode.
Diiodométhylate de quinine
synthétique. naturelle.
Point de fusion avec décomposition partielle... . i67°-i68° i67°-i68°
Pouvoir rotatoire (a)<tf— — i5o°,8 {a)d — — i5t°,6
Iode pour ioo 1 1 . 3^ 41 ? 77
(' ) M. Hesse avait déjà émis cette opinion, et avait essayé de la vérifier, mais ses
expériences l'avaient conduit à une conclusion contraire. Ce n'est pas la première er-
reur de ce genre qu'il ait commise : quand l'un de nous eut annoncé la transforma-
tion de la morphine en codéine, M. Hesse commença par nier la vérité de ce fait en
opposant ses propres expériences; ce n'est que plus tard qu'il reconnut son erreur.
(Voir E. Grimaux, Bulletin de la Société chimique, t. XLV, p. i5.)
( 775 )
» De plus, les iodométliylates des deux origines ont la propriété de se dissoudre
avec une fluorescence d'un beau bleu dans l'acide sulfurique étendu (').
« En remplaçant dans l'expérience précédente l'iodure par le chlorure de méthyle,
on obtient la quinine libre. On chauffe à ioo° en tubes scellés, pendant douze heures,
un mélange d'une molécule de cupréine, un atome de sodium, une molécule de chlo-
rure de méthvle, le tout dissous dans l'alcool méthylique. On évapore à sec le produit
de la réaction, on traite par la soude faible pour enlever la cupréine qui n'aurait pas
réagi et l'on agite avec de l'éther qui s'empare de la quinine. Celle-ci est transformée
en sulfate par les procédés ordinaires (2).
» Le sel ainsi obtenu présente les caractères du sulfate de quinine; il est en fines ai-
guilles légères, groupées en faisceaux, d'une saveur fortement amère, soluble avec
une fluorescence bleue dans l'eau acidulée d'acide sulfurique. La solution, additionnée
de potasse, donne un précipité blanc, amorphe, soluble dans l'éther.
» Les expériences précédentes prouvent que la cupréine, étant un corps
à fonction phénolique, la quinine en constitue l'éther méthylique. Il y a
lieu de remarquer que les produits naturels extraits des végétaux renfer-
ment souvent le groupe méthylique et jamais le groupe éthylique; ainsi
l'alcali de la ciguë est un mélange de cicutine et de méthylcicutine, la mor-
phine est accompagnée dans l'opium de méthylmorphine ou codéine, la
quinine est une méthylcupréine, l'eugénol, l'essence de Gaultheria, l'es-
sence d'anis, etc., sont des éthers méthyliques de corps phénoliques. La
raison de ce fait paraît devoir se trouver dans le mode de nutrition des vé-
gétaux qui, absorbant l'acide carbonique, le transforment, par un acte de
réduction, en aldéhyde méthylique, puis en alcool méthylique.
» La transformation de la cupréine en quinine ne fournit qu'un faible
appoint à l'établissement de la formule de constitution de la quinine; elle
démontre cependant par voie synthétique l'existence dans la quinine d'un
groupe OCH3. Mais elle présente un intérêt d'un autre ordre : elle per-
mettra d'obtenir une foule de bases nouvelles analogues à la quinine, con-
stituant comme elle des éthers de la cupréine. Ces bases, dont il faudra
étudier l'action physiologique, fourniront peut-être de nouvelles res-
sources à la thérapeutique.
» Nous continuons l'étude des éthers de la cupréine. »
(') Nous avons aussi préparé le diiodométhylate de cupréine pour le comparer au
diiodométhylate de quinine. Son point de fusion beaucoup plus élevé est de 235° 287°.
(-) C19H21Az20, ONa + CH3C1 = NaCl + C19H21AzjO, OCH3.
Cupréine sodée. Méthylcupréine (quinine).
( 77^ )
M. de Hacker donne lecture d'un Mémoire « Sur les vaccinations anti-
tuberculeuses en général et sur le remède du Dr Koch en particulier. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Jules Gernaert soumet au jugement de l'Académie un Mémoire
ayant pour titre : « Conservation des bois, créosotage des traverses de
cliemins de fer ».
(Commissaires : MM. Van Tieghem, Schlœsing, Bouquet de la Grye,
de Bussy, Chambrelent.)
M. P. Mauvexu adresse la description d'un « Système d'arrêt des stea-
mers, permettant d'éviter les collisions en mer ».
(Commissaires : MM. Paris, Jurien de la Gravière, de Bussy.)
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Barnard- Denning et des nou-
velles planètes Borrelly et Palisa, faites à l Observatoire d'Alger, au téles-
cope de om, 5o ; par MM. Rambaud et St. Note présentée par M. Lcewy.
Étoiles
Nombre
Dates
de
de
1891.
Planètes
comparaison.
Gr.
A«.
AtO.
compar.
Obs
Comète Barnard-Den.mnt,.
B.B. t. M 4-38°, n°249
9,3
m s
— O.54,o8
-+-
o.5o,5
8:8
B
4...
»
)>
—0.53,43
-+-
0. 20,2
6:6
S
5
b
W2'ih, n°373
9
-i.i9,48
■+-
o.25,6
10: 10
S
6
c
B. B. t. VI + 36°, n° 253
7>D
-ho. 5,52
—
6. i3,o
20: 10
B
6
c
»
»
H-o. ;,3i
—
6.48,4
20: 10
S
!■■
d
W, ih, n° 488
9
— 1 . 3 r , 90
r-
7-3i,4
10: 10
B
Planète
BoRItEIXY.
Avril 4 ■ ■
e
W, iah, n° 285
9>5
-Hi .48,5o
-r-
3. 7,1
10: 10
B
4-.
»
»
-t-i.47>7a
+
3. i3, 1
10: 10
S
6
••• /
W, \i^, n° 3oo
9.°
—0.42,97
+
0.09,9
12:12
B
6
... /
»
»
— 0.43,52
+
1. 4,o
• 4:<4
S
Dates
1891.
( 777 )
Htoiles
de
Planètes. comparaison.
Gr.
A. 11.
Planète
PALIS
m
g Lamonl. - - 6°, ii "
i44a
IO
-f-0.48, i5
g
10
4-0.47,27
40
•10. i 1 , a
\ >iiihre
de
com])ar. 0>:
\o\ 10
Positions des étoiles de comparaison.
Dates
1891.
Avril 4
(i
a
b
c
à
c
I
Ascension
droile
moyenne 1891,0.
Il m s
i.i6. 58,63
'■'9-47,79
1 .2o.3g,44
t. 24. 26, 71
12.19.54,71
I2.20.53, io
12 .3g. 30,98
Réduction
au
jour.
— 2,0D
— 2,01
-•,98
— 1 , 94
-i-1 ,02
-t-i,o3
-+- 1
I déclinaison
moyenne iSgi,o.
+38°. 54.23",i
+37.51 .22,0
4-36.55.43,2
4-35.28.28,8
— 1.32.19,4
— 1 . 17 . 0,8
— 6.21. 3o , 5
Réduction
au
jour.
Il
-5,4
— 5,5
-5,7
— 5,6
-7,o
-7,o
-7,5
Autorités.
B. B., t. V
Weisse2
B. B., t. V
Weisse2
Weissej
Weissej
Laniont
Positions apparentes de lu comète et des planètes.
Dates
Temps moyen
Asc. droite
1 faci
Déclinaison
Log. fuel
1891.
d'Alger.
apparente.
parall.
apparente.
parall .
Comète Barnard-Denning.
Avril .'
7
35
i5
1.16. 2,5o
■'>7<M
-^38.55. 8,2
o,44o
7
46
1
1 . 1 (3 . 3 , 1 5
1 ,756
4-38.54.37,9
,,. ',, ,7
7
•47
1
1 . i8.26,3o
1,748
4-37.51 .42, 1
0 , \ 1 6
7
.36
58
1 .20.42,; i
T,748
4-36.49.24,5
0,400
7
.52
/
1.20.44,77
1 .737
4-36.48.49,"
0,4l0
7
42
38
1 .22.52,87
1 ,7;!;
4-35.45.54,6
0, 1 Jg
Avril 4 g . 4° . 37
4 '»• 4-57
6 10.3- . 1 1
6 io.52 .5o
Planète Borrelly.
12 . 21 .44,23 T,338;;
12.21 . 43 1 45 7,23ù„
12.20.11,16 5,95o„
12.20.10,61 2,756,,
1.29.19,3
1 .29. 1 3, 3
1.16. 7, g
1.16. 3,8
0,736
o,-.î6
0,705
0,735
Planète Palisa.
Avril 7 ii.23.i4 12.40.20,16 2,444«
7 ii.36.3g 12.40.19,28 4,62g
C. K., 1891, 1" Semestre. (T. CXVI, K° 15.)
6.11.16,7 0,77g
6.11 .20,2 0,77g
U)2
I 77* I
analyse MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentielles linéaires.
Note de M. E. Vessiot, présentée par M. Picard.
« Dans une Note des Comptes rendus (i883) cl. dans un Mémoire des
Annales de Toulouse (1887 ), M. Picard a établi, à l'égard des équations
différentielles linéaires, un théorème analogue au théorème fondamental
de Galois sur les équations algébriques. Cette proposition peut être com-
plétée et servir ainsi de fondement à une théorie de l'intégration des équa-
tions linéaires semblable à la théorie de Galois.
» Soient x.. x2, .. xn des fonctions indéterminées d'une variable /;
elles forment un système fondamental d'intégrales d'une équation linéaire
d" ./' d"-'.r
(0 dF+P'Hï^- -Pn*=0.
Nous désignons, pour abréger, par R ( r , . . ., xn) une fonction rationnelle
de t, de x. , . ., xn et leurs dérivées, et nous considérons les diverses
fonctions qui s'en déduisent par les transformations linéaires' et homo-
gènes enx, .r„.
» On sait, d'après un théorème de M. Appell, cpie si R admet toutes ces
transformations, elle s'exprime rationnellement au moyen de /, de », , p„
et leurs dérivées. En général, R admet seulement un certain groupe (algé-
brique) de ces transformations ayant, par exemple, p = n~ — s paramètres,
c'est-à-dire admet un groupe de p transformations infinitésimales linéaires
et homogènes. Alors R est intégrale d'une équation différentielle algébrique
d'ordre s, à coefficients rationnels en t, en /;,. . .., pn et leurs dérivées.
Cela résulte du théorème suivant, qui se déduit facilement de la théorie des
groupes de M. Lie.
» Théorème I. — ,SÏ l'on effectue dans une fonction $(.r, xn) la
transformation générale d'un groupe à r paramètres en x, , . . . , xn, /u fonction
obtenue dépend de r — p paramètres essentiels, si $ admet précisément p trans-
formations infinitésimales du groupe.
» Soit maintenant S(x{, . . ., xn) une autre fonction de la même nature
que R. La théorie de M. Lie sur les invariants différentiels conduit à un
théorème cjui correspond au théorème de Lagrange, dans la théorie des
substitutions.
» Théorème II. — Si S admet toutes les transformations infinitésimales de
( 779 )
R , elle s'exprime algébriquement au moyen de t, de pt, . . . , p„, R et de feu/s
dérivées.
» On peul aussi établir une autre proposition, qui complète la précé-
dente :
» Théorème II bis. — Si S admet toutes les transformations finies (linéaires
et homogènes') que R admet, elle s'exprime rationnellement au moyen de
de p, . . . , pn, Re/ de leurs dérivées.
» Enfin, si S admet seulement p' des transformations infinitésimales
de R, elle dépend, en vertu du théorème I, d'une équation différentielle
algébrique d'ordre p — p', dont les coefficients sont rationnels en /,
pt, ..., pn, R et leurs dérivées. Le cas où les transformations infinitési-
males de R que S admet sont au nombre de p — i et forment un sous-
groupe invariant du groupe de R offre, pour la suite, un intérêt spécial.
L'équation précédente est alors du premier ordre et s'intègre par qua-
dratures.
» Supposons maintenant que l'équation (i ) soit une équation particu-
lière donnée; alors les théorèmes II et II bis conduisent aux deux théorèmes
suivants, analogues au théorème fondamental de la théorie de Galois.
» Théorème III. — A toute équation linéaire ( i ) correspond un groupe T de
transformations infinitésimales linéaires et homogènes, tels que : i° toute
/onction R qui s'exprime algébriquement au moyen de t, de pK, . . ., pn (des
fondions adjointes, s'il y en a ) et de leurs dérivées, admet le groupe Y ;
2° toute fonction R qui admet ce groupe s' exprime algébriquement en fonction
des mêmes cléments.
» Théorème III bis. — A toute équation linéaire (i) correspond un groupe G
de transformations finies linéaires et homogènes, tels que : i° toute fonction R
qui s'exprime rationnellement (toujours au moyen des éléments précédents
admet le groupe G ; 2° toute fonction R admettant le groupe G s'exprime ra-
tionnellement (en fonction des mêmes éléments).
» Le groupe G est celui que M. Picard a nommé le groupe de transfor-
ions de l'équation, T est le plus grand groupe de transformations infi-
nitésimales contenu dans G. M. Picard avait déjà démontré la première
partie du théorème précédent.
» Les théorèmes sur la réduction du groupe T ou G par l'adjonction
d'intégrales d'équations auxiliaires sont analogues aux théorèmes connus
de la théorie de Galois. Combinés avec les remarques précédentes, ils
duisent aux résultats suivants :
) Théorème IV. - Pour que l'équation ( i ; soit intégrable par quadratures,
( 7»o )
il faut et il suffit que le groupe Y soit un groupe intégrable, c'est-à-dire con-
ti une un sous-groupe invariant à un paramètre de miins, celui-ci de même, et
ainsi de suite.
» Corollaire. — Une équation linéaire d'ordre supérieur au premier n'est
pas en général intégrable par quadratures.
» On peut donner à l'énoncé précédent une autre forme, analogue à
un théorème de Galois sur les équations algébriques de degré premier.
» Théorème VI. — il étant un invariant rationnel du groupe
df df df df df df v df df
pour que l'équation ( ; ) soit intégrable par quadratures, il faut et il suffit que
l'équation d'ordre — — — dont dépend il ait une intégrale rationnelle.
» Dans le cas du deuxième ordre il — -~ et on retombe sur un théo-
rème connu de Liouville.
» Plus généralement, la connaissance du groupe Y ou G permet de
réduire l'intégration de l'équation (i) à celle d'une suite d'équations plus
simples.
» Ajoutons enfin que la théorie précédente s'étend, dans ses points
;entiels, à toutes les équations différentielles qui jouissent,. comme les
é -nations linéaires, de cette propriété que leur intégrale générale s'ex-
prime, par une formule connue, en fonction d'un certain nombre d'inté-
grales particulières. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe de nombres complexes. Noie
de M. André Markoff. Extrait d'une Lettre adressée à M. Hermite.
« Je considère les nombres entiers algébriques qui dépendent de y/A,
A étant un nombre entier ordinaire.
» Par les théories de MM. Dedekind et Zolotareff, la décomposition en
facteurs des nombres entiers qui dépendent de la racine d'une équation
algébrique se réduit à celle des nombres entiers premiers ordinaires.
» En supposant A = a2 b, où le produit ab n'est divisible par aucun
carré, et en décomposant en facteurs premiers idéaux (ou existants) a,
p, y les nombres p premiers ordinaires, je parviens aux résultats suivants :
» i" d est un diviseur de b : n = a3, où a est le facteur commun de pet
de vÂ;
( 78' )
» 2° p est un diviseur de a : p= a3, où a. est le facteur commun de p et
, (A ; n — ■
de — - = <Jau- ;
(Y V
» 3° p = 3k — i ne divise pas A : p = «p.
» Dans ce cas, a est le facteur commun de p et de a? — y/A et p le fac-
teur commun de/; et de xz + x y/ A 4- y/A2 , où a? est un nombre entier ordi-
naire, pour qui a3 — A est divisible par p et n'est pas divisible par/)2.
» 4° />= 3/5- + i est un nombre algébrique premier, si A n'est pas un
résidu cubique de/J.
» 5° p = 3k -f- i — oepy, si A = 2, 4, J, 7 (mod 9), 3 est cube d'un divi-
seur de 1 zc y/A.
» f>° /; = 3, .4 = 2, 4, 5, 7 (mod 9). On a, 3 = a3, x étant le diviseur
commun de 3 et de y/A2 — 1 .
» 70 p = 3, A = iog-, 19^ (mod 27 i,£==±i. Dans ce cas/) = 3 = a2(ï,
où a est le facteur commun de Z et de - ^4 V— et (3 est le facteur
commun de 3 et de — q-2-- ■
» 8° p — 3, A e= g (mod 27 ; . g' = ± î. Dans ce cas p = 3 = y.2 [i, ou a
est le facteur commun de 3 et de - :L^— et (3 est le facteur com-
mun de 3 et de —
,j
» Je parviens à ces résultats en suivant les idées de Zolotareff.
» Quant à la forme des nombres entiers, qui dépendent de y/A = y a3 />.
elle est
Z H- Y sjdÀb -+- Z\iaù'- ,
si a2/> 2, 3, 4i >. "'• ; mod 9 | et
_. 1 h \la%b -+- a Jab"- v • —77- ^ */"" r^
si crb".— mod 9), X, Y, Z étant des nombres entiers ordinaires.
» Je remarque encore que, dans le domaine des nombres algébriques
qui dépendent de y/3 et de y/10, tous les facteurs idéaux se réduisent aux
nombres existai! '. .
( 7«2 ;
» On a, en effet,
2 = (3y/3 - ^(l/y + lfi-i-, ,
3 = (y3)s,
5 = (_3v/3 + 2)(v^-4-2v/34- | .
7 = nombre premier,
r t = (ï/3 + 2)(N/3Ï_ 2 y/3 +. 4),
i3 = nombre premier,
i7 = (83/'3T + i23y3 + i7)(8v/3* - i23v/3 + i),
19 = nombre premier,
23 = (43v/^ ■+- 5 3y/Z -h 8) (- 7 v''3^ + 8^/3 -+- 4) ■
67 = (v/3 + 4) (4\/3 -f- 5) (3 V/3Ï+ 4 \/3 + 1 .
» J'indique ensuite ces exemples numériques pour les nombres com-
plexes qui dépendent de y^io.
2 = (y/io — s)3 (181 + 84v/'° ^: 39\/iooj l'unité complexe,
., / 1 + y/io h- y/ioo V (\/io — 1)
3
3/
5=(5 + 2yio -f-y/ioo)3 (1 -+- Gy'io — 3 y roo) l'unité complexe,
y = nombre premier,
37 — (3 -+- ^io) (i3 + 6\' 10-1- 3 y 100) (3 + 3^/io — 2 y'ioo),
. __ i3 -+- 7v/io ■+- 4^/100 —37 + 23^/70 — ^/100
q I — -, X 5 >
» La théorie de la décomposition des nombres entiers, qi:i dépendent
d'une racine cubique y A, en facteurs premiers, peut être exposée d'une
manière très simple et expéditive, en suivant les idées. de Zololareff. »
783 i
ÉLECTRICITÉ. — Rapport entre l'unité électromagnétique et l'unité électrosta-
tique d'électricité. Note de M. H. Pellat, présentée par M. Cornu.
« Le rapport qui existe entre l'unité électromagnétique et l'unité élec-
trostatique d'électricité est le même, comme il est facile de le voir, que le
rapport du nombre qui exprime en unités électromagnétiques une diffé-
rence de potentiel à celui qui exprime cette même différence en unités
électrostatiques. C'est ce dernier rapport que j'ai mesuré.
» En vertu de la relation d'Ohm (e '/•), la mesure absolue en unités
électromagnétiques a été ramenée à la mesure absolue d'une résistance (r)
et à celle d'un courant (i); cette dernière mesure a été obtenue au moyen
de mon électrodynamomètre absolu (' |. Pour la mesure de résistance j'ai
admis que l'ohm vrai était les i|^ de l'ohm légal. Enfin la mesure en
unités électrostatiques a été faite avec l'électromètre absolu rie Sir W.
Thomson. Voici la description de la méthode employée.
» Le courant fourni par une pile (A) de plusieurs centaines de petits
éléments passe dans une grande résistance (R) composée de n résistances
égales (R' = ioo ooo'"). La différence de potentiel aux extrémités d'une de
ces résistances R' était opposée à la force électromotrice d'une pile (B) de
treize éléments Latimer Clark. La compensation, observée au moyen d'un
électromètre capillaire, était produite et maintenue exactement en ajou-
tant ou retranchant, à l'aide d'un commutateur convenable, soit quelqui
éléments, soit une fraction d'élément à la pile A. Cette opération, dont un
aide était chargé, assurait la constance du courant de la pile A pendant les
mesures; la différence de potentiel aux extrémités de la résistance R, qui
était mesurée à l'électromètre Thomson, valait ainsi exactement n fois la
force électromotrice (E) de la pile B. Pour obtenir E, on comparait par
opposition chacun clés treize éléments de B, avec un latimer-clark étalon
(T) pourvu d'un thermomètre, en complétant la légère différence par une
dérivation prise sur un courant et en se servant d'un éleclromètre capil-
laire très sensible. Enfin la force électromotrice de l'élément T, donnée
d'après sa température dans chaque expérience, était déterminée en valeur
absolue de temps en temps (tous les trois mois environ) de la manière
suivante. L'élément T était opposé à la différence de potentiel produite
(') Comptes rendus, t. CM, p. n!Sy; i'sS<'.
7^-1 )
aux extrémités d'une résistance (r)par le passage d'un courant (i), mesuré
au moyen de l'électrodynamomètre absolu; la compensation observée au
moyen d'un électromètre capillaire très sensible était obtenue et maintenue
à l'aide d'un rhéostat placé dans le circuit du courant (i); cette opération,
dont un aide était chargé, assurait l'invariabilité du courant (i) pendant
la mesure à l'électrodynamomètre. La résistance (/■), en fil nu, était placée
dans un bain de pétrole dont la température, rendue uniforme par l'agita-
tion, était mesurée; cette résistance a été, à plusieurs reprises, comparée
aux étalons mercnriels de M. Benoit. La relation e = //fournissait la force
électromotrice (e) de l'élément T.
» La mesure à l'électromètre absolu se faisait en alternant, à l'aide
d'un commutateur soigneusement isolé, les communications entre les ex-
trémités de la résistance R et soit le plateau attractif soit l'armature exté
rieure de la bouteille de Leyde de l'électromètre. De cette façon, le
déplacement du plateau attractif mesurait le double de la force électro-
motrice (/*E) existant aux extrémités de la résistance R. En croisant ainsi
les expériences à des intervalles égaux (3o secondes), on éliminait l'erreur
due à la déperdition, très faible du reste, de la bouteille de Leyde. Chaque
détermination comprenait de dix à vingt expériences croisées.
i) Après une étude de la disposition expérimentale, qui a duré plus de
trois ans, deux séries définitives d'expériences ont été effectuées. La pre-
mière (mai-juin 1890), comprenant vingt déterminations, a été faite en
employant une résistance R d'un mégohm, aux extrémités de laquelle se
trouvait une différence de potentiels de 189 volts; elle a donné comme
résultat v = 3,0098 X 1010. La seconde (octobre-décembre), comprenant
trente-trois déterminations, a été faite en employant comme résistance R
deux mégohms, aux extrémités de laquelle se trouvait une différence de
potentiel double de la précédente (378 volts); elle a donné sensiblement
le même résultat (f = 3,0091 X io' .
» Ce nombre 3,009 X io10 ne diffère que de ~ du nombre trouvé par
M. Cornu pour la vitesse de la lumière (3,oo4 X io10); or, l'électromètre
Thomson, tel qu'il est construit, ne permet pas une précision absolue su-
périeure à jjg (les autres causes d'erreurs sont à peu près négligeables vis-
à-vis des erreurs de la mesure éleclrométrique).
» Dans un prochain Mémoire, je donnerai les détails nécessaires sur la
manière d'obtenir la tare de l'électromètre, sur les corrections que com-
porte cet instrument, sur la mesure du pas de la vis, etc.
» Ces expériences ont été faites à l'Ecole Polytechnique, dans le labo-
( 7«5 )
ratoire de M. Potier. Qu'il me soit permis de remercier bien vivement
M. Potier pour l'intérêt qu'il n'a cessé de porter à mon travail et pour son
aimable hospitalité. »
PHYSIQUE. — Sur la variation du point de fusion avec la pression. Note
de M. B.-C. Damiex, présentée par M. Lippmann.
« L'appareil employé diffère peu de celui que j'ai décrit dans une Com-
munication antérieure (voir Comptes rendus, 3 juin 1889). Les pressions
sont mesurées par un manomètre étalonné de M. Cailletet. J'ai pu obtenir
des pressions voisines de 2ooatm au moyen d'une pompe de Natterer où les
soupapes en ébonite, qui sont brûlées par de l'air comprimé, ont été rem-
placées par des soupapes en aluminium. L'appareil à fusion peut être isolé
de la pompe par un robinet spécial et la pression peut y être maintenue
aussi longtemps qu'on le veut. Une demi-heure suffit d'ailleurs pour faire
un grand nombre de mesures par le simple jeu de robinets; chaque tem-
pérature de fusion, sous une pression donnée, est la moyenne de dix déter-
minations.
» I. Les substances étudiées, toutes fusibles à une température infé-
rieure à 100", sont : le blanc de baleine, la paraffine, la cire, la naphtaline,
la mononitronaphlaline, la paratoluidine, la diphénylamine et la naphtyla-
mine. La plupart d'entre elles ont été déjà étudiées par M. Batelli, mais
sous de faibles pressions, inférieures à i6atm.
» Les résultats des expériences peuvent se représenter par la formule
(i) t = ta-ha(p -0 — h(p — 1)2,
où t0 et t sont les températures de fusion sous les pressions iatm et />atm.
» Le Tableau suivant donne les résultats obtenus avec le blanc de
baleine et la comparaison des mesures directes avec les nombres calculés
par la formule
2
/ = 480, 10 +- o,o22o34(/J — 1) — o,ooooi66(/j — 1)
Températures de fusion
Pressions. observées. calculées Différences,
alm o o
11 48;33o 48 , 3 1 8 +-0,012
20 4^,644 48,5i2 h o, 182
29 48,680 48,699 - 0,019
C R., i8yi, 1" Semestre. (T. CXII, IS 15.) " ! ■ '»
( 786 )
Températures de fusion
Pressions. observées. caleulées. Différences.
attii
43 48,87i 48,996 - o,i25
56 49,363 49>|6a -+- 0,201
73 4g,5i8 49,600 -0,082
96 5o,ioo 5o,o43 -t- 0,057
m 5o, 141 5o,323 - o, 182
i4i 5o,goo 5o,859 •+- o,o4i
164 5i,343 5 i,25i -+- 0,092
182 5i ,382 5 1,544 — o, 162
» Pour les autres corps on a eu, pour les coefficients a et h de la for-
mule générale :
a. b.
Paraffine 0,029776 o,oooo523
Cire o,o2o523 o,ooooi3o
Naphtaline o,o3584o 0,00001 55
Mononitronaplitaline o,02io56 0,0000610
Paratoluidine O,oi42i5 o,oooo43o
Diphénylamine 0,0241 56 o,oooo85o
Naplitvlamine 0,017012 o,oooio3o
» II. La forme parabolique de l'équation (1) conduit à des conséquences
importantes, vérifiables en partie par l'expérience.
« On a, en effet,
*=a-26(/»-i);
par conséquent, pour une pression pc donnée par l'équation
dt . .
-t est nul.
dp
» Si l'on considère, en outre, la formule de James Thomson, on voit
que :
dt.
» iu Pour des pressions inférieures à pc, -j- est positif; le volume spé-
cifique du solide est plus petit que celui du liquide, la pression accroît le
poids de fusion : c'est le type paraffine, blanc de baleine, etc. ;
» 20 A la pression pc, -j- = o, les volumes spécifiques sont les mêmes à
l'état solide et à l'état liquide;
( 7«7 )
» 3° Pour des pressions supérieures à pe, -r- est négatif; le corps diminue
de volume en fondant, la pression abaisse le point de fusion : c'est le cas
de la glace.
» En résumé, suivant la partie de la courbe considérée, un même corps
peut présenter les deux types, blanc de baleine et glace, que l'on regardait
comme distincts.
» Pour les quatre premiers corps, la vérification des conséquences pré-
cédentes est impossible : pc est donnée par une extrapolation complète-
ment en dehors des limites de l'expérience. On a, en effet,
atm
Blanc de baleine 664,6
Paraffine 285,6
Cire 79°i 3
Naphtaline 1 1 67 , i
» Pour les trois suivants, on obtient, pour/?,., i75atm, i66atm et i43atm;
les mesures ayant été faites jusqu'à près de ic)oa,m, la vérification était
facile et elle est aussi satisfaisante que possible.
» La naphtylamine permet une vérification plus complète encore.
•» La formule générale donne t = t„, pour p' = -=■ -+- 1; alors le point de
fusion est le même qu'à la pression atmosphérique. Au delà, la tempéra-
ture de fusion est inférieure à /0. On a ici, d'après la formule,
/>e^83atm,5 et // = i66atiu.
» On a trouvé :
t
p. calculé. observé.
0 o
1 » 49>75
62 5o,4o4 50,487
81 5o,45i 5o,543
g3 5o,443 5o,32g
i43 5o,o33 5o,oi2
166 49,752 49-834
173 49,629 49,646
» III. J'ai également étudié quelques alliages fusibles au-dessous de
ioo°, notamment ceux de Lipowitz
(BinPb6Sn5Cd<)
et de Wood
(Bi*PbCd2Sn2).
)ilïér
0
ences
»
+0.
,083
+o;
092
— o,
1 1 4
— 0
,026
+o:
,082
-4-0.
017
( 7»8 )
Malheureusement la liquation empêche les fusions successives et les expé-
riences manquent de précision. »
CHIMIE. — Sur l'action de l'acide bromhydrique sur le chlorure de silicium,
Note de M. A. Bessox, présentée par M. Troost.
« La théorie permet de prévoir l'existence de trois chlorobrom lires de
silicium Si2Cl3Br, Si2Cl2Br2, Si2ClBr3; les deux premiers ont été obtenus
par M. Friedel dans l'action à ioo° en tube scellé du brome sur le silici-
chloroforme; le premier, résultat de substitution du brome à l'hydrogène
Si-HCI3+ 2Br = Si2Cl3Br -4- HBr, le second résultant de l'action de l'a-
cide bromhydrique ainsi formé sur ce chlorobromure
Si2Cl3Br + II Br = Si2 Cl2Br2 -+- HCl.
» Les trois chlorobromures m'ont été tous trois fournis par l'action de
HBr sur Si2 Cl4.
» L'acide bromhydrique sec est sans action à la température ordinaire
sur Si2 Cl4 ; mais la substitution partielle du brome au chlore s'obtient à
température élevée, grâce à la différence des chaleurs de formation des
acides chlorhydrique et bromhydrique et de la dissociation partielle de ce
dernier à la température où l'on opère.
» On dirige à travers un tube de porcelaine chauffé au rouge un cou-
rant de HBr entraînant des vapeurs de Si2Cl4; le produit, légèrement co-
loré par du brome, est formé en majeure partie de Si2 Cl" que l'on soumet
à un nouveau traitement semblable et ainsi de suite : le produit brut est
mis à digérer avec du mercure, puis soumis à des distillations fractionnées
répétées qui permettent d'en séparer Si2 Cl4, le reste étant formé en ma-
jeure partie du premier chlorobromure Si2Cl3Br, et, pour obtenir les chlo-
robromures suivants en quantité notable, il est utile d'isoler complète-
ment ce premier chlorobromure et d'opérer sur lui comme on l'a fait
précédemment sur Si2 Cl4.
» On sépare assez aisément par des distillations fractionnées le chloro-
bromure Si2Cl3Br, qui bout à + 8o° de Si2 Cl4 bouillant à + 5o,°; ce chlo-
robromure ne se solidifie pas à — 6o°.
» Le chlorobromure Si2 Cl2 Br2 a été indiqué comme bouillant vers ioo°;
je crois pouvoir fixer son point d'ébullition comme compris entre io3° et
io5°; il ne se solidifie pas à — 6o°.
( 7*9)
» Il m'a été impossible de séparer le dernier chlorobromure Si2ClBr3,
du précédent par des distillations fractionnées, les portions successives
distillant toujours dans des conditions à peu près identiques malgré la
multiplicité des distillations.
» J'ai profité alors de ce que, refroidissant énergiquement le liquide qui
avait distillé de T20°-i3o°, il se prenait en masse, tandis que Si2 Cl2 Br2 ne se
solidifie pas à — 6o°, et, rejetant la tête et la queue de solidification, j'ai
séparé de la portion intermédiaire par une distillation un liquide distillant
de i26°-i28°, se solidifiant sous l'action du froid en présentant un phéno-
mène de surfusion marqué; on peut le refroidir à — 5o° sans qu'il se soli-
difie ; mais, à cette température, la.moindre agitation le fait prendre en masse
solide blanche cristalline, en même temps que le thermomètre remonte à
— 3p/\ qui est la température de fusion de ce chlorobromure.
» Sa composition est représentée par Si2ClBr3, comme le montrent les analyses :
Poids
de subsl.
Si
ASC1
PrAgCl-t-3AgBr
pour 100.
pour 100.
pour 100.
I , 1 1 4
9,2i
»
»
0,744
»
237, 23
(Cl.
IBr.
••• 11,9°) -.
Q ; £ = 92,37
... 8o,47| y J
1,092
»
236, 10
(CI.
JBr.
(Cl.
(Br.
\ E = 9 1 , o3
. . . 80,09 ) v ^
»
9,22
233, 10
... 1 1 , 69 )
3 £ = 00,76
... 79-07) y ;
Théorie pour Si2 Cl Br3.
» Le résidu de l'opération est formé, en majeure partie, d'oxychlorure de Si dont la
formation est inévitable dans la préperatiou précédente.
u Le chlorobromure Si2Cl3Br donne une combinaison directe avec le gaz ammoniac
sec; elle a pour composition 2Si2Cl3Br, 11 AzH3, corps solide blanc amorphe décom-
posé par l'eau :
AzH>
Si
4 cl
AeBr
PrSAgCl+AgBr
pour 100.
pour 100.
pour 100.
pour
I0O.
3o,o4
9>°7
193,88
(Cl...
(Br...
33,38
25,07
3o,55
8,92
9>°9
190,92
(CI...
(Br...
(Cl...
{Br...
32,87
24,69
3o,35
»
34,57
25,97
Théorie pour 2 Si2 Cl3 Br, 1 1 Az H3 .
» Il donne une combinaison avec l'hydrogène phosphore sous pression dans le tube
Cailletet; à o°, sous 25atm ou à ■ — 220 sous i7atm de pression, tout le liquide se trans-
( 79° )
forme en un corps solide blanc qui persiste quand on cesse la compression, mais se
résout en ses éléments si l'on vient à chauffer légèrement le tube.
» Le chlorobromure Si2Cl2Br2 donne une combinaison ammoniacale
Si2Cl2Br2, 5AzH3 :
AzH>
Si
A C1
A*Br
PrîAgCl
+2AgBr
pour ioo.
pour 100.
pour 100.
pour
100.
24,43
7>92
192,06
(CI...
j Br...
20, 56
46,35
23,83
7,82
182
(Cl...
JBr...
ICI...
Br,..
i9>49
43,92
24,70
8,i3
20,63
46, 5i
Théorie pour Si*Cl*Br?, 5AzH3 24,70
corps solide blanc amorphe décomposable par l'eau.
» Le chlorobromure Si2ClBr3 donne une combinaison ammoniacale
2Si2ClBr3, nAzH3 :
Azll= Si Aggr
pour 100. pour 100. pour 100.
23,19 7,35 175,75
23,45 7,79 176,80
PrAg
Cl+3AgBr
po
ur 100.
Cl.
. 8,81
Br.
• 59,6l
Cl.
■ 8,87
Br.
• 59,97
Cl.
8,92
Br.
6o,45
Théorie pour 2Si2ClBr3, 11 AzH3.... 23,35 7,o5 »
corps solide blanc amorphe décomposable par l'eau.
» Poursuivant l'étude de l'action des acides bromhydrique et iodhy-
drique sur les chlorures et bromures de métalloïdes, j'ai été amené à tenter
d'obtenir, avec le chlorure de bore, des composés analogues à ceux que
j'ai obtenus avec le chlorure de silicium; mais BoCl3 se prête mal à ces
phénomènes de substitution à cause de sa stabilité; avec l'acide bromhy-
drique, et même au rouge vif, je n'ai obtenu aucun produit de substitu-
tion; avec l'acide iodhydrique au rouge, j'ai séparé, par distillation, de
l'excès de chlorure de bore, une petite quantité d'un liquide coloré qui
semble être un chloroiodure de bore. L'acide iodhydrique réagit beaucoup
plus aisément sur le bromure de bore et donne des produits de substitu-
tion qui seront décrits prochainement en même temps que ceux obtenus
avec le bromure de silicium. La substitution, qui est partielle avec les com-
posés du bore et du silicium, est totale avec ceux du phosphore et de l'ar-
( 791 )
senic. Enfin, les combinaisons du gaz ammoniac et de l'hydrogène phos-
phore avec le bromure de bore sont à l'étude. »
CHIMIE. — Étude calorimétrique du chlorure platinique et de ses combinaisons.
Note de M. L. Pigeon, présentée par M. Troost (' ).
« I. Lorsqu'on projette dans l'eau le chlorure platinique anhydre, la
dissolution se produit d'une façon très rapide, avec un vif dégagement de
chaleur. La chaleur dégagée, à i8°, dans la dissolution d'une molécule de
chlorure platinique est égale à igcal, 58 : moyenne de deux déterminations
qui ont donné 19, 41 et '9>76. Ces deux expériences ont été faites avec
des échantillons de chlorure platinique obtenus par des méthodes entière-
ment distinctes : le premier résultait de la calcination de l'acide chloropla-
tinique PtCl\ 2HCI, 6H20, dans une atmosphère de chlore, à 36o°; le
second avait été préparé en desséchant dans le vide, à i5o°, l'hydrate
PtCI\4H2C)- Il est à remarquer que, lorsqu'on fait cette dissolution, la
liqueur n'est pas entièrement limpide : il s'y forme un louche qui provient
sans doute de la formation d'une trace d'oxychlorure. L'addition d'une
très petite quantité d'acide fait disparaître le trouble; la liqueur redevient
aussi tout à fait limpide lorsqu'on la chauffe légèrement ou qu'on l'aban-
donne à elle-même pendant quelques heures. En résumé, on a
BtCl* + Aq = PtCP dissous + igcal,58
» IL On peut conclure de ce nombre celui qui correspond à la forma-
tion du chlorure dissous à partir des éléments. J'ai fait voir (Comptes rendus,
t. CX, p. 77) que Ton a
Pt + CP = PtCP solide + 5g"1, 82
» On a donc
Pt -t- CP -+- Aq — PtCP dissous + 79e»1, 4©
» Cette dernière réaction a été soumise à une vérification directe, ser-
vant de contrôle pour les opérations précédentes. La réduction de la
liqueur aqueuse par le cobalt a dégagé, vers 180, 109e31, 98. Ce nombre
est la moyenne de deux déterminations, qui ont donné 109,68 et 1 10, 28.
Or, d'après Thomsen, la formation du chlorure de cobalt dissous, à partir
(') Ce travail a été fait au laboratoire de Chimie de l'Ecole Normale supérieure.
( 792 )
du métal, du chlore et de l'eau, correspond, pour 2 molécules, à i8o,cal,64
dégagées. On trouve ainsi que
Pt -+- Cl1 4- Aq = PtCl4 dissous +79cal, 66
résultat qui est d'accord avec le précédent.
» III. Il existe, comme l'a montré Norton en 1870 (Journal fur praklische
Chemie, t. II, p. 469), un hydrate cristallisé de chlorure platinique. Il
répond à la formule PtCl*,4H20. On l'obtient en faisant réagir sur une
molécule d'acide chloroplatinique deux molécules de nitrate d'argent en
liqueur aqueuse. Ces cristaux se dissolvent dans l'eau avec une faible
absorption de chaleur. On a
PtCIS4H20+Aq=PtCl4dissous — ica,,74
» En comparant ce nombre avec celui que donne la dissolution du chlo-
rure anhydre, on trouve
PtCP solide -l- 4H20 liquide = PtCl\4H20 solide. +21,32
» IV. Lorsque l'on fait réagir une molécule de chlorure platinique sur
deux molécules d'acide chlorhydrique ou d'un chlorure alcalin dissous, le
produit de la réaction étant également dissous, on doit obtenir, d'après
Thomsen, le même dégagement de chaleur. Ce résultat a été établi par
l'auteur, non par une expérience, puisque le chlorure platinique n'était
pas connu de lui à l'état libre, mais par un raisonnement que l'on peut
résumer comme il suit. L'acide chloroplatinique Pt Cl4, 2 II CI, 6H20 exige
pour sa saturation deux molécules de soucie, comme l'acide chlorhydrique
qu'il contient. La chaleur dégagée est aussi la même dans les deux cas,
l'expérience ayant fourni les nombres 27,2 et 27,4. Supposons alorsformés
les deux cycles suivants :
1 PtCl4+2HCl dissous Q
| PtCl6H2dissousH-2NaOH dissous Q'
( 2 H Cl dissous -+- 2 Na OH dissous Q,
i PtCP+ 2NaCldissous Q',
» On vient de voir que Q' = Q, ; donc Q = Qj .
» On peut vérifier directement, au calorimètre, que la chaleur dégagée
est sensiblement la même lorsqu'on réduit par le cobalt, le chloroplati-
( 79^ )
nate de soude et celui de potasse. Ce dernier corps est assez soluble dans
l'eau pour que l'opération réussisse. On trouve ainsi
PH-CI'-H aNaCl dissous = PtCl4, aNaCl dissous 4- 83,09
Pt-h Cl* 4- 2 KC1 dissous = PtCl4, 2 KC1 dissous +83,33
et, par conséquent,
PtCl4 4- 2Ï\TaCl dissous = PtCl1, 2i\aCl dissous 4-25,29
PtCl44- 2KCI dissous = PtCl4, 2KCI dissous 4- 23,53
On a d'ailleurs
PtCP+aHCl dissous = PtCl1, 2HCI dissous 4-2^,8
» V. Lorsqu'on prépare l'hydrate de chlorure platinique par la mé-
thode de Norton, la liqueur qui provient du mélange est d'abord inco-
lore et exempte à la fois de platine et d'argent; elle contient un précipité
jaune que l'on doit regarder comme du chloroplatinate d'argent. Cette
réaction, opérée au calorimètre, dégage 1 4ral,33. On en conclut que l'union
du chlorure platinique avec le chlorure d'argent dégagerait 7™', V2-
» Ce premier état de la liqueur se modifie par la suite. A la longue, sur-
tout si l'on chauffé, le précipité jaune devient plus clair en môme temps
que la liqueur incolore devient jaune. On s'explique cette curieuse réac-
tion si l'on remarque que l'union du chlorure platinique avec l'eau dégage
une quantité de chaleur très considérable, de sorte que l'on a
PtCl1, 2ÀgCl + Aq=r PtCl4, Aq + 2 AgCI 4- I2cal,i6
réaction qui est, comme on le voit, fortement exothermique. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage du rhodium par voie électroly tique.
Note de MM. A. Joly et E. Leidu':, présentée par M. Troost.
« Le rhodium peut être dosé avec une très grande précision dans les com-
binaisons qui ne renferment pas d'autres métaux que les métaux alcalins,
par voie d'électrolyse. Examinons tout d'abord le cas du sesquichlorure
ou de ses combinaisons avec les chlorures alcalins.
» La dissolution aqueuse est acidulée légèrement par l'acide chlorhy-
drique; pour que le dépôt métallique, formé au pôle négatif, soit bien
cohérent, il ne faut pas que la concentration dépasse /jsr de métal par litre ;
au début de l' électroly se, la température a été portée à 'io°-6o°, et l'in-
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N' 15.) '°4
( 794 )
tensité du courant a été de oanip,o5; puis l'opération a été terminée à la
température ordinaire et l'intensité du courant portée à oamp,i.
Electrolyse du chlorure double RhCl3, 2 KO.
Volume. Rh calculé. Rh trouvé.
ce gr gr
5o o,o544 o,o543
5o o , 0660 o , 0660
60 o , o6o3 o , 060 1
60 0,209,3 0,2091
60 o , 2093 o , 2090
» Soit encore l'analyse du chlorure RhCl3, 3KC1 + ^H20 :
Poids du sel hydraté 0,2412 0,2928
Rhodium déposé o,o543 22, 5i p. 100 o,o665 22,71p. 100
Chlorure de potassium 0,1168 48,42 »
Poids du sel desséché à 1100. o,2oi3 23,99 m
Rhodium déposé o,o6o3 » »
» Calculé : sel hydraté Rh = 22,3g; K Cl =48, 58; sel anhydre
Rh= 23,78.
» Le chlorure alcalin est dosé par évaporation de la liqueur électrolysée
et l'on peut, par l'examen du résidu salin, s'assurer que la séparation du
métal a été complète.
» L'électrolvse réussit tout aussi bien avec les chlorures doubles formés,
avec le chlorure de sodium et le chlorure d'ammonium.
» Lorsqu'on se propose non plus de doser, mais de séparer le métal d'un
de ses chlorures doubles, on peut, sans inconvénient, opérer en liqueur
plus concentrée; le dépôt est alors plus cristallin, mais moins adhérent.
» Un grand nombre de combinaisons du rhodium pouvant être ramenées
à l'état de chlorure ou de chlorure double alcalin, les opérations précé-
dentes s'appliquent au dosage du rhodium dans bien des cas. C'est ainsi
que pour l'analyse des azotites doubles alcalins dont l'un de nous a fait
l'étude, le dosage électrolytique du rhodium a été employé avec la plus
grande rigueur.
lïli trouvé. lili calculé.
... | 0,2078 0,2093
Azotite potassique •, J „
( 0,2101 0,2093
... I o,238a o,23o6
Azolite ammoiuque „__ „ „
1 / o,2388 o,23gb
.... ( 0,23)2 0,23l6
Azotile sodique { „.
1 (0,2014 o,23 16
.... ( o, 1789 o, 1776
Azotite barytique ' ,.
\ 0,1770 0,1776
( 795 )
» Ce dosage du rhodium en liqueur chlorhydrique, est analogue au do-
sage du platine qui peut être réalisé dans des conditions presque iden-
tiques. Depuis plus d'une année, tous les dosages de platine et de rhodium
effectués au laboratoire de Chimie de l'École Normale, l'ont été par cette
méthode.
» Le rhodium peut aussi s'électrolyser en liqueur- sulfurique; et ce fait
présente quelque intérêt en raison du mode même de séparation du rho-
dium des autres métaux du platine, à l'aide du bisulfate de potasse. Le
seul inconvénient que présente la méthode électrolytique, c'est que le sul-
fate de rhodium n'est stable qu'en présence d'un grand excès d'acide libre,
et que le dépôt manque quelquefois d'adhérence. On obtient cependant
de bons résultats en opérant très lentement le dépôt. L'électrolyse d'une
dissolution renfermant, sous le volume de 6occ, ogr,2356 de rhodium et
3sr,6 de SCVH2 total, a exigé quarante-huit heures.
' » En liqueur azotique, suivant la concentration, on peut obtenir ou non
une électrolyse.
» Si la liqueur renferme plus de 20 pour 100 d'acide libre (25 pour 100
dans le cas où l'on a expérimenté), le dépôt de rhodium est nul.
» La proportion d'acide dépassant 10 pour 100, le dépôt métallique se
fait difficilement; en vingt-quatre heures on a déposé, avec une intensité de
CV""P,2,
08r,ooi4 rhodium en présence de ii,a5 pour 100 Az03H ) Volume éleclrolvsc
osr,ooi3 » [5,84 » (' 6occ.
au lieu de o»r,25oo.
» En trente-six heures, on a déposé (oamP, 2),
os'',o4o,8 rhodium en présence de 3,53 pour 100 Az03H ) Volume électrolvsé
0g.-0'r,s » 6,a5 » ) 60^.
au lieu de OF, 2000.
» Dans le cas des fortes acidités, la liqueur prend une couleur verte
intense.
» Si le rhodium se trouve engagé dans une combinaison avec l'acide
oxalique, le dépôt du métal au pôle négatif est nul; mais la liqueur verdit
et l'on recueille au pôle positif un dépôt vert foncé qui se dissout dans
l'acide chlorhydrique avec dégagement de chlore, et, par conséquent, est
un peroxyde de rhodium.
( 796)
» En résumé, c'est sons la forme de chlorure et de sulfate que doivent
se présenter les dissolutions du rhodium pour être utilisées au dosage
électrol) tique. Dans ce cas, un excès d'acide retarde, sans l'empêcher, le
dépôt du métal, et la décomposition s'effectue sans donner autre chose que
du métal au pôle négatif et les produits de décomposition de l'acide au
pôle positif.
» Cette étude sur la séparation électrolylique du rhodium est la pre-
mière phase d'un travail très étendu que nous avons entrepris sur la sépa-
ration des métaux du platine entre eux ou avec les métaux communs qui
les accompagnent dans leurs minerais ou que l'on introduit dans le cours de
leur préparation, tels que cuivre, plomb, fer, bismuth, zinc. Nous montre-
rons dès maintenant comment, par l'emploi simultané de la méthode élec-
trolytique ou de réactions chimiques simples, l'analyse d'un mélange ou la
préparation industrielle des métaux; du platine peut être réalisée. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un amidoisoxazol. Note de M. Hanriot,
présentée par M. Friedel.
« Dans des Communications antérieures, nous avons fait connaître,
M. Bouveault et moi, les propriétés du propionylpropionitrile, et princi-
palement sa condensation avec diverses aminés. L'action de l'hydroxyl-
amine sur ce même corps m'a fourni des résultats intéressants que je
résume dans la Note actuelle.
» Si l'on dissout le propionylpropionitrile dans la potasse concentrée et
que l'on ajoute à la solution du chlorhydrate d'hydroxylamiiie, le liquide
s'échauffe fortement et il se sépare une couche huileuse que l'on décante.
Le liquide, épuisé à l'éther, lui cède encore une petite quantité du même
composé. Pour le purifier, on fait, passer dans la solution éthérée un cou-
rant de gaz chlorhydrique qui précipite son chlorhydrate à l'état de pu-
reté; celui-ci, décomposé par la potasse, régénère le produit de conden-
sation à l'état de pureté.
» Il cristallise en longues aiguilles, restant aisément en surfusion, fon-
dant à 44° et bouillant à 1800 sous une pression de 2oomm de mercure. Il
est un peu soluble dans l'eau, très solnble dans l'alcool, l'éther, le chloro-
forme, insoluble dans le pétrole. Sa composition répond à la formule
C6H,0Az2O
( 797 )
ayant fourni à l'analyse les chiffres suivants :
Théorie.
C 37,39 5j, i4
H 8,3' 7,93
Az 22 , 37 22,25
» Cette formule est celle de la monoxime du propionylpropionitrile
C2H5-C(AzOH)-CH(CH3)-CAz.
J'indiquerai plus loin les raisons qui m'empêchent d'admettre cette con-
stitution. Ce corps forme un chlorhydrate bien cristallisé renfermant 2 1 ,43
de chlore (la théorie pour CuH,0Az2O, H Cl indique 21,60) et un chloro-
platinate peu soluble dans l'eau, cristallisé en octaèdres orangés. Le chlor-
hydrate et le chloroplatinate sont peu stables en solution; au bout de
quelque temps la solution brunit et le corps primitif s'est dédoublé. Ce
dédoublement s'obtient plus aisément en chauffant l'oxime avec de l'acide
chlorhydrique à 1200; il se forme du chlorure d'ammonium, de la diéthyl-
cétone et du chlorhydrate d'hydroxylamine.
» Le chlorure d'acétyle se fixe sur l'oxime en solution éthérée; il se pré-
cipite un corps fusible à i6o°-i62°, peu soluble dans l'eau, l'éther et le
chloroforme, très soluble dans l'alcool et dans l'acétone dont il se dépose
bien cristallisé. Un dosage d'acide acétique dans ce corps a fourni 39,04,
la théorie pour CBH9Az20(C2H30) exigeant 35,71.
» L'acide nitreux réagit énergiquement sur l'oxime en solution dans
l'acide chlorhydrique étendu; il se sépare un corps en lamelles jaunes
fusibles à 65°, détonant violemment au-dessus de ioo° et ne pouvant être
distillé même dans le vide. L'analyse a fourni pour ce composé les chiffres
suivants :
Théorie
pour
C"H'6Az<0'.
c 54,41 54,54
H 6,08 6,06
Az 21,27 21,21
» Ce composé se dissout dans les alcalis avec une coloration rouge et en
est précipité par les acides; les divers réactifs que l'on fait agir sur ce com-
posé le résinifient, et nous n'avons pu établir sa constitution.
» L'oxime en solution dans l'éther anhydre fixe 1 molécule de brome
et laisse déposer un dibromure, sur lequel nous revenons plus loin.
( 79« )
» La plupart des réactions ci-dessus ne s'accordent pas avec la consti-
tution de la monoxime du propionylpropionitrile. Un tel composé devrait,
en effet, se combiner avec la potasse comme toutes les oximes; il ne devrait
pas être basique; enfin, ce corps étant saturé ne devrait pouvoir fixer de
brome. Ces diverses réactions s'expliquent, au contraire, aisément de la
façon suivante. La monoxime qui prend d'abord naissance fixe i molécule
d'eau
C2H5-C(AzOH)-CH(CH3)-CAz +■ H20
= C2H5-C(AzOH)-CH(CH3)-COAzH2
et le corps ainsi formé perd i molécule d'eau sous l'action de la chaleur
ou de la potasse concentrée
Œ'-C= <A,H'
C2Hs-C(AzOH)-CH(ÇH3)-COAzH2=: C2HS _£ _ ^ po .
» Ce corps, isomère de l'oxime primitive, serait le méthyléthylamido-
isoxazol et posséderait bien les propriétés que nous avons constatées chez
le produit de la réaction; il n'offre pas de propriétés acides, possède un
groupe AzH2 faiblement acide à cause du voisinage de l'oxygène; enfin il
peut fixer deux atomes de brome, toutes propriétés que nous avons con-
statées.
» Le corps qui résulte de l'action du brome sur l'amido-isoxazol est
amorphe; si on le traite par l'eau froide, il se dédouble quantitativement
d'après l'équation
C°H<0BrîAz2O + H20 = AzH'Br + CrFBrAzO2:
le corps qui se forme a donné à l'analyse
Calculé.
C 34 , 90 35,o8
Az 6,r3 6,79
Br 38,85 38,83
c'est donc la bromométhyléthyloxazolone
CH3-GBr-CO\
C2H5-C=Az /
Elle cristallise en octaèdres volumineux, très réfringents, insolubles dans
l'eau, très solublesdans l'alcool, l'éther et le chloroforme, fusibles à 'n"
( 799 )
et se décomposant avant de distiller, même dans le vide. Elle se dissont
dans les bisulfites alcalins et donne un composé cristallisé avec le chlor-
hydrate d'hydroxylamine. L'amalgame de sodium lui enlève tout son
brome et fournit deux composés cristallisés dont je poursuis actuellement
l'étude. »
chimie organique. — Sur V emploi de la phénylhydrazine à la détermina-
tion des sucres. Note de M. Maquenne, présentée par M. Berthelot.
« 1 /action de la phénylhydrazine sur les sucres réducteurs, découverte
il y a quelques années à peine par M. Fischer, et devenue aujourd'hui clas-
sique, offre le seul moyen connu de précipiter ces corps, sous une forme
définie, des solutions où ils se trouvent mélangés à d'autres substances.
Les osazones que l'on obtient ainsi sont ordinairement peu solubles dans
les réactifs usuels, en sorte qu'il est facile de les obtenir pures lorsqu'on
dispose d'une quantité de matière suffisante; mais, si le sucre à étudier
est rare, s'il renferme surtout plusieurs corps réducteurs distincts, la re-
cherche est plus délicate; on peut alors confondre plusieurs osazones à
point de fusion voisin, par exemple la glucosazone avec la galactosazone;
il devient enfin impossible, par le seul emploi de la phénylhydrazine, de
distinguer la glucose ou la mannose d'avec la lévulose, seule ou mélangée
à ses isomères; on sait, en effet, que ces trois sucres donnent, avec l'acé-
tate de phéuvlhydrazine, la même phénylglucosazone fusible vers 201°.
» J'ai reconnu que le poids des osazones qui se précipitent, lorsqu'on
chauffe pendant le même temps un poids donné de différents sucres ré-
ducteurs avec la même quantité de réactif hydrazinique, varie de l'un à
l'autre entre des limites extrêmement étendues, tout en restant constant
pour chacun d'eux si l'on opère dans des conditions rigoureusement iden-
tiques.
» On a donc, dans la pesée des osazones produites, un nouveau carac-
tère particulièrement net et surtout comparatif des divers sucres à fonc-
tion d'aldéhyde ou d'acétone; les chiffres suivants ont été obtenus en
chauffant pendant une heure, à ioo°, igr de sucre avec ioocc d'eau et 5CC
d'une dissolution renfermant 4ogl de phénylhydrazine et 4°6' d'acide
acétique cristallisable pour ioocc.
» Après refroidissement du liquide, les osazones ont été recueillies sur
( Soo )
un filtre taré, lavées toutes avec ioocc d'eau, enfin séchées à uo° et
pesées :
Poids
Nature des sucres. des osazones. Observations.
Kl"
Sorbine crist. (') 0,82 Trouble après 12 min.
Lévulose crist. (2) 0,70 Précipité après 5 min.
Xylose crist. (3) o,4o » i3 min.
Glucose anhydre (3) o,32 » 8 min.
Arabinose crist. (3) 0,27 Trouble après 3o min.
Galactose crist. (3) o,23 Précipité après 3o min.
Rbamnose crist. (-) o, i5 » 25 min.
Lactose crist o, 1 1 Ne précipite qu'à froid.
Maltose crist. ( ') o,ii »
» Avec des solutions deux fois plus étendues, les différences relatives
sont encore plus sensibles et les différents sucres viennent se rang* r à peu
près dans le même ordre, sauf la lévulose qui l'emporte alors d'une petite
quantité sur la sorbine et vient ainsi prendre le premier rang.
» Il résulte de ces observations que la sorbine et la lévulose donnent
infiniment plus d'osazones, pendant le même temps, que les autres sucres
réducteurs; il sera donc facile de les caractériser de cette manière et de
reconnaître leur présence ainsi, même dans des mélanges fort complexes
où l'examen polarimétriquc seul ne pourrait fournir que des indications
incertaines.
» Il est remarquable que ces deux sucres soient précisément les seuls,
parmi les isomères ou les homologues de la glucose actuellement connus,
qui possèdent la fonction d'acétone; il n'y a pas lieu d'ailleurs de les con-
fondre, car laglucosazone forme de belles aiguilles ordinairement visibles
à l'œil nu, tandis que la sorbinazone, huileuse à chaud, ne donne jamais
que des cristaux indistincts.
» La même méthode permettra également de distinguer la glucose de la
galactose, dont l'osazone est aussi bien cristallisée et fond presque à la
même température que la phénylglucosazone; enfin on observera que les
saccharoses réductrices donnent moins d'osazones que les sucres non
hydrolysables, et par conséquent que leurs produits d'interversion.
(1) Fournis par la maison Schuchardt.
(2) Fournis par la maison Billault.
(3) Préparés au laboratoire de M. Dehérain.
( 8oi )
» C'est surtout dans cette étude îles polvglucoses (bioses ou Irioses de
Seheibler) que ce nouveau mode d'emploi de la phénylhydrazine nous
paraît avantageux : il suffit en effet de comparer le poids des osazones
fournies par leurs produits de dédoublement à celui que donne dans les
mêmes conditions un mélange de glucoses connues pour avoir une vérifi-
cation très sûre des probabilités résultant de l'examen chimique et optique
du mélange que l'on étudie.
» Toutes les polvglucoses que j'ai examinées à ce point de vue donnent
des résultats fort nets : les nombres qui suivent sont relatifs à igr de sucre,
complètement interverti par l'acide sulfurique étendu, dissous dans ioocc
d'eau et additionné de 26r de phénylhydrazine, autant d'acide acétique, et
581* d'acétate de sodium cristallisé.
. » Toutes ces dissolutions ont été comparées à des mélanges artificiels des
glucoses correspondantes avec les mêmes quantités des mêmes réactifs;
les osazones ont été, comme précédemment, recueillies après une heure
de chauffe à ioo° et pesées après lavage et dessiccation.
Nature des sucres. Poids des osazones.
gr
i Saccharose ordinaire °i7'
( Glucose et lévulose (o«',5 ><> chacun) <J;73
i Maltose o,55
1T
( Glucose (isp, o52 ) o, 58
( Raffinose cristallisée ( ' ! o, 48
III. •
l Lévulose, glucose et galactose (osr,3o3 chacun") o,53
1 Lactose cristallisée o,38
IV. '
I Glucose et galactose (o'»',5oo chacun) o, !<)
» On voit que l'accord est, pour chaque saccharose, aussi satisfaisant
que possible; les nombres obtenus avec les produits d'interversion sont
toujours un peu faibles, à cause de l'action destructive que l'acide sulfu-
rique exerce sur les sels réducteurs, et en particulier sur la lévulose; les
différences sont surtout sensibles lorsque le produit doit être chauffé long-
temps avec l'acide sulfurique pour s'intervertir d'une manière complète;
mais on peut toujours remédier en grande partie à ce léger défaut de la
méthode en amenant les liqueurs à comparer, par des additions convena-
bles d'eau, au même pouvoir réducteur.
« En étudiant ainsi la mélézitose, dont l'interversion, très lente, donne
(') Échantillon gracieusement offert par M. Lindet.
C R., 1891, 1" Semestre (T. CXII, N» 15.) IO:*
( 802 )
toujours naissance à des produits colorés, on a reconnu que deux solutions
également réductrices et renfermant, l'une de la mélézitose intervertie,
l'autre de la glucose pure (environ oSr,i5 pour 20cc), donnent en une demi-
heure des poids de glucosazone égaux respectivement à os',oG6 et ogr,o64-
» La mélézitoze donne donc uniquement de la glucose à l'interversion
forte, ce qui est conforme aux conclusions déjà formulées par M. Alek-
hine (' ) ».
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles combinaisons obtenues avec certains
sulfites métalliques et l'aniline. Note de M. G. Denigès.
« Dans le cours de recherches entreprises sur l'action des réducteurs
sur diverses matières colorantes dérivées de l'aniline, j'ai observé la for-
mation d'une combinaison de sulfite de zinc et d'aniline remarquable par
la facilité de sa préparation et sa cristallisation en belles lamelles hexago-
nales, malgré sa grande insolubilité et la rapidité de sa précipitation dans
les milieux où elle prend naissance.
» Généralisant ce fait avec d'autres sulfites métalliques et les homo-
logues de l'aniline et l'étendant aussi à d'autres sels d'acides polybasiques
et à d'autres aminés aromatiques secondaires et tertiaires, je suis arrivé à
obtenir toute une série de nouvelles combinaisons du même ordre.
» Dans la présente Note, je m'occuperai seulement des composés formés
par l'aniline et les sulfites de cuprosum, cadmium, zinc, manganèse, fer-
rosum, cobalt, nickel et mercuricum.
» Sauf le sulfite de zinc, les sulfites neutres des autres métaux que je
viens de citer ne contractent pas de combinaison avec l'aniline.
» Les bisulfites, au contraire, s'y combinent aisément en fixant deux
molécules d'aniline pour une molécule de bisulfite, excepté le sel mercu-
rique qui n'en fixe qu'une.
» Ces combinaisons, au point de vue des résultats immédiats fournis
par leur analyse et leur mode de formation, peuvent être représentées par
la formule générale
(S03)2M"H2, 2 Az— H .
f \H \
(') Annales de Chimie et de Physique, Ge série, t. XVII, p. 532.
( 8o3 )
» On les obtient aisément en traitant, par une solution aqueuse d'ani-
line, les bisulfites des métaux cités; mais on les obtient aussi facilement et
plus commodément, à cause des matières premières mises en œuvre, en
traitant, par de l'eau d'aniline, un mélange de bisulfite de soude et d'un
sel soluble du métal que l'on veut unir à la base aromatique ou encore en
saturant d'acide sulfureux la solution de ce sel et ajoutant une quantité
suffisante d'eau d'aniline.
» Les corps obtenus se présentent tous en lamelles hexagonales très
nettes, ils sont très peu solubles clans l'eau, l'alcool et tous les dissolvants
neutres que j'ai essayés. Seules l'aldéhyde et l'acétone paraissent dissoudre
certains d'entre eux, mais en contractant une combinaison, et ne peuvent
les abandonner en nature par évaporation.
» Après lavage, on peut les essorer, mais il est préférable de les dessé-
cher sur des plaques poreuses. Secs, ils sont très stables à la température
ordinaire ; la chaleur les dissocie.
( /™)
» Bisulfite de cuprosum et d'aniline : ( SO' ,JCirH2, 2 Az— H . — On
( \H )
mélange 25occ d'une solution bouillante de sulfate de cuivre à 10 pour 100,
acidulée de 21 pour 100 d'acide sulfurique, avec 4oocc d'eau d'aniline égale-
ment très chaude, à i- pour 100 de base, enfin on ajoute 4occ de bisulfite
de soude (de densité i,38) étendus avec 2oocc d'eau froide; il se forme
aussitôt des lamelles hexagonales soyeuses blanc jaunâtre qu'on ne filtre et
qu'on ne lave que lorsque le mélange est tout à fait froid ; le précipité lavé
est desséché rapidement en l'appliquant en coijches minces sur des plaques
poreuses. Le sel sec est, chose remarquable, inaltérable à l'air et à la lu-
mière; il se dissout dans l'ammoniaque et l'acide chlorhydrique.
Composition.
Trouvé.
I. II. Calculé.
SO2 26,95 26,3o 26, i5
CuO 33, 4o 33,35 33,33
H 3,5o 3,43 3,37
C 3o,2o 30,09 3o,32
» Bisulfite de cadmium cl d'aniline : ( SO 3 )- Cd H2 , 2 Az — H . — 1 2e1
\H )
de sulfate de cadmium ont été dissous dans 20occ d'eau, la solution froide
( M )
est saturée de gaz sulfureux, puis additionnée de i,u, 5 d'eau et d'une solu-
tion aqueuse d'aniline à 20gr par litre jusqu'à cessation du précipité (il en
a fallu environ iUt).
» Il se précipite aussitôt des lamelles hexagonales blanches, qui ont donné
à l'analyse :
Trouvé.
I. II. Calculé.
SO2 27,84 27,52 27,82
SO'Cd 45 45,o5 45,22
Aniline 4o,64 » 40,87
. /C6HS,
» Bisulfite de zinc cl d'aniline : (S03)2ZnH2, 2 Az H . -- Il s'ob-
( \H )
tient comme le sel de cadmium, auquel il ressemble fortement.
Inal/se.
Trouvé.
I. II. Calcule.
SO2 00,72 30,99 00,97
z"0 19,90 19,50 19,67
Aniline 44j5o 44>72 45
» Le bisulfite de manganèse et d'aniline est en lamelles hexagonales
blanches, faiblement teintées de rose; il a pour composition
\ (;C[15/
(SO*)»MnH*,2 Az-H .
/ SI \
("6 Ui
\ ' /
» Le bisulfite de cobalt et d'aniline (SO,)2CoHa, 2 Az— H est d'un
/ II \
beau rose.
rôtis
\ I
» Le bisulfite de ferrosum et d'aniline (S0')sFeH2,2 j Az — H est
( H )
jaune et ressemble un peu à l'oxalale ferreux.
» Le bisulfite de nickel et d'aniline (S03)2NiH-,2 Az -H se pré-
( H )
sente en croûtes cristallines d'une couleur jaune verdâtre.
( 8o5 )
« Ces quatre sels se préparent en traitant directement la solution éten-
due de leur sulfate ou de leur azotate par l'eau d'aniline et le bisulfite de
soude. Leur analyse correspond rigoureusement à la composition indiquée.
/C°H5
» Bisulfite de mercuricum et d'aniline : ( SO')2HgïI2, Az — H -+- Aq. -
\H
Il se distingue des sels précédents en ce qu'il ne contient qu'une molécule
d'aniline, mais renferme une molécule d'eau de cristallisation.
» Il se présente sous forme de lamelles cristallines blanches obtenues
en ajoutant 5occ de bisulfite de soude à une dissolution de i5gr de bichlo-
rure de mercure dans i1'1 à i1", 5 d'eau, puis immédiatement après 5oocc
d'eau tenant en dissolution iogr d'aniline. Au bout de très peu de temps il
se forme un précipité volumineux en belles lamelles hexagonales, ayant
donné à l'analyse :
Trouvé. Calculé.
S< >J 27,06 27,06
11- *3,54 43,28'
Aniline iy,8o '9,66
» Dans une prochaine Communication, je décrirai les composés paral-
lèles avec les toluidines et la métaxylidine. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une matière colorante violette dérivée de la
morphine. Note de M. P. Cazexeuve, présentée par M. Friedel.
« L'action de la paranitrosodiméthylaniline soit sur les phénols, soit sur
les aminés aromatiques, qui aboutit, comme on le sait, à la formation des
indophénols et des safranines, méritait d'être expérimentée sur la mor-
phine. La fonction phénolique bien démontrée de cette dernière, d'autre
part la facilité avec laquelle elle s'oxyde sont autant de circonstances ren-
dant intéressante l'intervention de la paranitrosodiméthylaniline.
» La réaction précisément n'aboutit à la formation ni d'un corps ana-
logue aux indophénols, ni d'une safranine, mais bien à celle d'une azine
ou d'une indamine. Nous ne sommes pas encore fixé sur ce dernier point,
bien que la production d'une indamine nous paraisse plus probable.
» Ajoutons que la nature de la pseudomorphine, qui a été l'objet de
nombreuses controverses, est particulièrement éclairée par la composition
( 8of
de cette indamine, qui est une belle matière colorante violette répondant
à une formule nettement définie.
» Les conditions les plus favorables à la production de cette matière
colorante sont les suivantes : on fait bouillir pendant cent heures au réfri-
gérant ascendant, au sein de 5oogr alcool méthylique ou éthylique, 7gr de
morphine avec 5B'' chlorhydrate de paranitrosodimélhvlaniline, soit poids
moléculaire pour poids moléculaire.
» La solution a pris une teinte rouge. Il s'est formé un dépôt cristallin,
offrant tous les caractères et la composition du tétraméthyldiamidoazo-
benzol signalé déjà par MM. Barbier et Vignon, en faisant réagir l'aniline
sur la paranitrosodiméthylaniline pour la production de la phénosafra-
nine ('). Le liquide alcoolique isolé de l'azoïque par filtration est évaporé
à siccité. On reprend par l'eau bouillante, qui laisse un résidu insoluble;
on fdtre pour évaporer de nouveau à siccité et reprendre par de l'acide
çhlorhydrique pur étendu de deux fois son volume d'eau. La solution,
d'un beau violet, est additionnée d'un excès de soude, qui précipite la
matière colorante, peu soluble dans le chlorure de sodium formé. On
lave à l'eau alcaline pour enlever la morphine libre, puis à l'eau distillée.
On sèche et on épuise par l'alcool amylique, qui laisse une matière colo-
rante bleue insoluble, et dissout la matière colorante violette. Évaporé, il
abandonne cette dernière à l'état pur. En additionnant cette solution amy-
lique de son volume d'alcool à q3°, puis d'élher et enfin d'une solution
alcoolique de chlorure de platine, on précipite le chloroplatinate de la
matière colorante. A l'analvse, nous avons obtenu :
Matière 0,4209
P t o , 096 1
Soit pour 100 22,83
La formule PtClv(aHCl, Az (. ^...u\„ a ru e\iye Pt pour 100. 23,02
» Cette matière colorante nous paraît comparable à la diméthylamido-
diphénylimide ou vert de Bindschedler. De toute façon, il ne se forme pas
de safranine, c'est-à-dire que deux molécules de morphine n'intervien-
nent pas dans la réaction pour donner deux groupements de morphine
unis au résidu delà paranitrosodiméthylaniline. D'un autre côté, la sou-
dure n'a pas lieu par l'oxygène du groupe OH phénolique, comme dans
(') Voir Bulletin de la Soc. Ciiim., t. \LYU1, p. 636; 1887.
( -So7 )
les indophénols, car la codéine, on él fier méthvlique du groupement phé-
nolique de la morphine, donne une matière colorante analogue que nous
décrirons prochainement et dans laquelle le méthyle greffé sur l'oxygène
empêche d'admettre la soudure de ce dernier avec l'azote. Par analogie il
doit en être de même pour le violet de morphine.
» Il est logique d'admettre que cette matière colorante se forme çràce
à la tendance de la morphine à donner une oxymorphine (Schiïtzenberger),
fait que Hesse interprète en démontrant que la morphine, en s'oxydant,
perd en réalité deux atomes d'hydrogène pour faire de l'eau qu'elle retient
énergiquement jusqu'à i3o° de température.
» La composition de ce violet de morphine infirme, dans tous les
cas, l'idée de Polstorff regardant la pseudomorphine comme deux molé-
cules de morphine soudées avec perte de deux atomes d'hydrogène
(CI7H18 AzO:!)2. Si telle était la composition de la pseudomorphine, la
paranitrosodiméthylaniline aurait dû donner une safranine avec la mor-
phine et non une indamine.
» Ce violet de morphine est amorphe, un peu soluble dans l'eau, pré-
cipitable, comme beaucoup de colorants, par les solutions concentrées de
sel marin. Il est très soluble dans les alcools méthvlique, éthylique et amy-
lique au sein desquels il revêt une teinte dichroïque très marquée. Rouge
par réflexion, il est violet par transmission. Il teint directement la laine,
la soie, le fulmi-coton. La teinte, qui est d'un beau violet très franc, est
altérable à la lumière.
» Ce violet nous paraît être la première couleur dérivée d'un alcaloïde
naturel (' ).
» On peut l'envisager, en outre, comme une matière colorante dérivée
du phénanthrène, puisque la morphine paraît construite sur le noyau
phénanthrénique. La formation de ce violet de morphine a donc à ces
points de vue un nouvel intérêt.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une hématine, végétale, iaspergilline. Note de
M. Georges Lixossier, présentée par M. A. Chauveau.
» A propos de ma récente Communication sur Yaspergilline, pigment
des spores de l' Aspergillus niger (Comptes rendus, t. CXII, p. 489), M. Phip-
(') Le bleu de morphine de MM. Chastaing et Barillot {Comptes rendus, t. CV,
p. 1012) ne paraît pas être une matière colorante proprement dite.
( 8o8 )
son rappelle qu'il a décrit en 1879, S0l,s 'e nom ('e pàlmelline, un pig-
ment de L'algue Palmella cruenla, et ajoute qu' « il est évident que
l'aspergilline est identique avec la pàlmelline, et qu'en conséquence le
nom donné en premier lieu à cette substance curieuse doit être maintenu » .
« Or la pàlmelline, d'après M. Phipson, est rouge rose, d'aspect cristal-
lisé au microscope, soluble dans l'eau. Sa solution, d'un rouge rose
magnifique par transmission, jaune orangé par réflexion, se coagide par
la chaleur, par l'alcool, l'ammoniaque et la potasse, mais non par l'acide
ehlorhydrique. Brûlée, elle laisse, comme les tissus végétaux en général,
des cendres complexes dans lesquelles on reconnaît aisément de la chaux,
du chlore et du fer. L'auteur ne fait allusion à aucune action parti-
culière des agents réducteurs.
» L'aspergilline, comme l'hématine du sang, est noire, amorphe, inso-
luble dans l'eau. L'ammoniaque et la potasse la dissolvent, et les dissolu-
tions, qui sont brunes, ne sont coagulées ni par la chaleur, ni par l'alcool.
L'acide ehlorhydrique les précipite. Brûlée, elle laisse des cendres con-
stituées par l'oxyde de fer. Elle est réduite par l'kydrosulfite de soude, et
le produit de la réduction absorbe énergiquement l'oxygène de l'air.
» Il ressort de ce parallèle que la pàlmelline de M. Phipson, bien loin
d'être identique à l'aspergilline, ne présente avec cette substance, pas
plus cpi'avec l'hématine du sang, aucune analogie. »
CHIMIE. — Influence exercée par la présence des sels minéraux neutres
de potassium sur la solubilité du bitarlrate de potassium. Note de M. Ch.
Blarez.
« Nous avons, dans une précédente Communication, représenté l'action
exercée par le chlorure de potassium sur la solubilité de la crème de tartre
par deux formules : l'une relative à de très petites quantités de ce sel, et
l'autre à des proportions plus fortes. Cette dernière peut être écrite, sans
grand changement, sous la forme
/ x ~ o,o5 -4- o,ooooo563
(,) Qd = ^ w
» Pour l'obtenir, nous avons établi, en premier lieu, des séries d'expé-
riences à température constante, en faisant varier la proportion de chlo-
rure de potassium. L'examen des résultats nous a montré :
» i° Que si l'on multipliait la quantité de crème de tartre dissoute par
( 8o9 )
la racine carrée dujjpoids du potassium combiné clans le chlorure, on obte-
nait un produit constant, d'où cette première expression
crème de tartre X yK = const.
» 2° Que cette constante variait et augmentait avec la température de
laquelle elle dépendait. Cette dernière remarque nous a obligé d'étudier
la courbe de solubilité de la crème de tartre dans une solution à titre
connu (5 pour ioo) de chlorure de potassium. La courbe obtenue peut
se calculer avec la formule approchée que voici
Q9 = o,o3 4- o,ooooo3203.
» En tenant compte de ce que la quantité de potassium contenue dans
:')fir de chlorure est de 2er,6i5, dont la racine carrée est i,63, nous avons
pu avoir la formule de notre constante en fonction de la température. En
effet, dans ces expériences, la crème de tartre dissoute à 0° étant égale à
(o,<>3 + o,ooooo32f)3 '); et, d'un autre côté, la constante à 0° étant égale
nu produit du bitartratre potassique par la racine carrée du potassium,
nous avons eu, en remplaçant ces deux quantités par leurs valeurs,
l'expression complète nous permettant d'établir la formule indiquée clans
notre précédente Note.
» Ces deux formules, par lesquelles nous représentons ces phénomènes,
ne peuvent être qu'approchées seulement, car elles représentent des lois
d'ordres distincts qui s'enchevêtrent mutuellement.
o Toutefois, le fait essentiel de ce qui précède, c'est que les phéno-
mènes de solubilité cpii répondent à la seconde formule dépendent unique-
ment de la température et du potassium. L'élément électronégatif qui lui
est adjoint (le chlore, clans le cas actuel) ne parait pas exercer une action
manifeste. En conséquence, on pourrait établir a priori que, quel que soit
le sel de potassium ajouté dans les solutions, les résultats généraux seront
les mêmes, et que la solubilité sera modifiée également, si l'on ajoute des
poids de sels divers renfermant la même quantité de potassium, c'est-à-dire
des quantités proportionnelles aux équivalents de ces corps. C'est, en réalité,
ce qui arrive.
» Nous avons étudié, à ce point de vue, l'action exercée par quelques
sels de potassium neutres. De minimes quantités de l'un quelconque d'entre
ceux dont nous allons parler ont pour effet d'insolubiliser un poids égal de
crème de tartre, comme nous l'avons dit à propos de l'action du chlorure
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N' 15.) ' °t>
: 8 I O
de potassium. Des quantités plus importantes produisent des actions c; I-
culables par ia formule I
» Voici, ci-dessous, les résultats de quelques expériences de contrôle :
Quantité
de sel pour xoo.
o,488.
i . 525 .
2 ,000 .
2 , j 35 . ,
3,o5o .
î' lassium
a ridant.
A.
■ e ■
o, iGo
o,3oo
. . ' o, 5oo
0,654
. 700
4,000
1,004
2,o85
2, 128
3,447
4,256
I ,000
i,575
3,ooo
3,i4i
I,295
2,090
3,ooo
4,000
/'-
1 , 00b
1 ,3oo
B.
gr
o,25o
0,490
0,000
0,810
1,000
l/s.
o , 400
■
0,810
o,835
1 ,000
i,i4o
0,000
0,700
0,706
0,900
1 ,000
Trouvé
Calculé
Température.
pour 100.
pour 100
e de potassium.
0
1
gr
o,3io
0,3l2
i
0,222
O, 223
0 .17-1
°.'77
1 3 , 5
0,076
0,076
■> i
0,129
0,1 3g
1 5 , 25
0.068
0,067
• 4
o,o"> 3
o.o55
de potassium.
0
i5, 2.5
gr
o,i48
g1'
0, i35
i5
0,099
0,095
i5,25
0,094
0,095
i5
0,075
0,074
»
0,067
0 , 066
C. — Avec le chlorate de potassium.
gr o 1
o,320 0,570 17 0 , ! ':''
o , 5oo o , 706 6,5 o , 064
0,960 0,980 17 0,081
1 ,000 1 ,000 9 o,o5i
D. -
o,5oo
!., OOO
I
ivec l'azotate de potassium.
o
i5,4
9
i4,5
"■
0
,706
I
000
J
I
,080
47
0,114
0,04s
o,o65
o,o63
o . 1 3o
0,061
0,076
o,o52
0,114
0,002
0,060
o , 009
» Toutes ces expériences ont été faites en agitant pendant quarante-huit
:res consécutives, dans une enceinte fermée, à température constante,
les solutions salines avec un excès de tartre pulvérisé. Nous aurions pu
joindre à ces Tableaux beaucoup d'autres nombres obtenus par le même
mode opératoire ou bien par la méthode de cristallisation par refroidisse-
ment; mais, dans ce cas, les résultats sont beaucoup plus variables. Quels
que soient, au reste, les soins qu'on apporte dans ces déterminations, il y
a presque toujours entre deux expériences consécutives de légères varia-
tions, et ce n'est que d'après un grand ensemble de résultais que l'on peut
arriver à voir la marche du phénomène.
•» En examinant attentivement ! ci-dessus, on peut constater
que le chlorure, le bromure, l'iodure, le chlorate et l'azotate de potassium,
qui contiennent loi;sdes radicaux monobasiques, produisent des effets qui
répondent bien à la loi que l'étude faite avec le chlorure de potassium dans
son action sur la solubilité du tartre nous a fait énoncer. En résumé, pour
ces sels, une même influence exercée sur la solubilité du bitartratc potas-
sique, toutes autres choses étant égales, est produite par des quantités de
sels proportionnelles à leurs poids moléculaires. Ces phénomènes de. solu-
bilité se rattachent donc, comme beaucoup d'autres d'ordre tout différent,
aux grandes lois générales qui régissent les équivalents, et il est plus que
probable que ceci ne s'applique pas uniquement à la solubilité du bitar-
tratc de potasse. C'est ce que, au reste, nous pourrons démontrer pro-
chainement. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur la caractéristique du vin de figue.
Note de M. P. Carles.
« A côté des raisins secs, qui pendant plusieurs années ont servi à la
ude des vins français, se trouvent les s, que l'on emploie en ah
dance, en Algérie surtout, soit dans le même but, soit pour écouler de l'a!
il en franchise de droits.
o Ces figues croissent en abondance dans les contrées méditerra-
nnes, mais on préfère celles de l'Asie Mineure qui sont plus communes
encore et d'un prix plus modique par rapport à leur richesse saccliari,
» Lorsqu'on arrose ces fruits avec une quantité convenable'd'eau tiède
acidulée d'acide tartrique, ils entrent rapidement en fermentation et four-
nissent vite une boisson vineuse de 8° environ, si neutre et si peu coûteuse
qu'elle défie toute concurrence viticole, algérienne ou autre. Si on ta
soumet à une analyse, même détaillée, on trouve qu'elle contient bien tous
s éléments constituants du vin et que les légères différences que l'on
relève dans leur proportionne permettent de suspecter aucune fraude.
•■> T/i dégustation est aussi impuissante à affirmer son origine, surtout
lorsque la vinosité du liquide a été relevée à l'aide d'un peu de vin normal.
O.-, an dire du président du comice agricole d'Alger, à l'instigation de qui
( Si a )
celle élude a été faite, c'est là ce que savent et pratiquent un grand nombre
de viticulteurs sans vignes, au détriment des vrais colons algériens.
» La production du vin de figue est encore préjudiciable aux intérêts
du Trésor. Les Algériens, en effet, ayant la faculté de viner leur récolte
à i5°, présentent ce vin factice en autorisation de vinage, non seulement
une fois, mais plusieurs fois de suite, après l'avoir dédoublé par mouillage,
ce qui leur permet d'écouler facilement de l'alcool en franchise de droits.
» La Chimie montre cependant que la caractérisation du vin de figue
n'est pas impossible et voici comment. Lorsqu'on évapore ioocc de cette
liqueur en consistance de sirop et qu'on l'abandonne en lieu frais et sec, le
résidu, au lieu de rester liquide, non seulement se prend en masse dans les
vingt-quatre heures, mais il présente encore la particularité de se diviser
en îlots cristallins indépendants. Si, après avoir lavé ces cristaux à l'alcool
froid à 85°, de façon à enlever la glycérine, un peu de sucre et les acides
organiques, on épuise le résidu, mélangé de noir, par le même alcool bouil-
lant, on en sépare, après évaporation de ce dissolvant, une substance cris-
tallisable que ses propriétés organoleptiques, physiques et chimiques dé-
noncent comme formée de marmite pure.
» Depuis que M. Bourquelot a démontré le mode et l'époque de la pro-
duction de ce sucre dans les champignons, il n'était pas difficile de prévoir
que pareils phénomènes devaient se produire dans les figues, non seule-
ment après leur cueillette, mais même déjà sur l'arbre, à partir du moment
de leur maturité, et l'on pensait qu'une transformation analogue des gly-
coses doit avoir lieu dans d'autres fruits indigènes ou tropicaux, surtout
dans ceux qui se conservent longtemps à l'état de fraîcheur dans les frui-
tiers.
» Mais, à cause de cela même, peut-on considérer cette mannite comme
caractéristique du vin de figue? On l'a retrouvée, il est vrai, dans certains
vins et nous l'avons extraite nous-même de quelques vins blancs giron-
dins; mais, ici, comme dans les vins de raisins secs ou quelques autres vins
normaux, ce n'a jamais été qu'exceptionnellement et à la dose de quel-
ques décigrammes par litre, tandis que les vins de figue en contiennent de
6gr à 8sr par litre. Bien mieux, à l'aide d'expériences synthétiques, nous
avons pu nous assurer que le dosage de cette mannite peut servir à déceler
un coupage de vin normal algérien, avec moitié et même un quart de vin
( 8i3 )
CHIMIE industrielle. — Sur un moyen de reconnaître la margarine mêlée
au beurre. Note de M. R. Lézé, présentée par M. Troost.
« Nous avons donné, il y a quelque temps déjà, le résultat des recherches
entreprises pour découvrir les fraudes des beurres.
« Nous avons montré qu'en turbinant les beurres à la température de leur
fusion, à la vitesse de 6om environ par seconde et cela pendant une heure,
on séparait la matière alimentaire en trois constituants : l'eau à la partie
inférieure, une émulsion blanchâtre et enfin, au-dessus, la matière grasse
purifiée. Nous avons montré que l'émulsion blanchâtre était maxima dans
les beurres purs, nulle dans les margarines.
» Depuis notre Communication nous avons souvent vérifié l'exactitude
de nos conclusions premières; mais il n'y avait pqs à se dissimuler que la
réalisation de ces expériences était difficile, puisqu'il faut posséder une
écrémeuse à vapeur et un pasteurisateur.
» Nous nous sommes préoccupés de simplifier ce matériel coûteux et
île diminuer le temps de l'opération.
» L'examen microscopique des margarines de commerce montre que
ces graisses, qui sont préparées à la baratte, contiennent de fortes pro-
portions d'air émulsionnées dans la masse et ces petites bulles d'air empri-
sonné donnent un aspect laiteux à la margarine récemment fondue; peu
à peu, à la chaleur, l'air se dégage et la margarine prend l'aspect d'une
huile.
» Pour mettre mieux ce phénomène en évidence, nous avons eu l'idée
d'ajouter à la graisse fondue une substance assez avide d'eau pour hâter la
séparation de l'eau que contiennent toujours les graisses alimentaires, dans
la proportion de 10 à 12 pour 1 00 en moyenne ; il fallait trouver une matière
n'ayant, dans les circonstances de l'essai, aucune action désorganisatrice :
le sirop de sucre, remplit très bien les conditions requises; il était à pré-
voir que le sirop de sucre, en hâtant la séparation de l'eau et en donnant
avec elle une dissolution de densité assez forte, séparerait plus nettement
l'émulsion blanchâtre dont nous avons parlé.
» L'action du sirop de sucre est, en effet, remarquable et des plus
promptes.
« L'expérience nous a montré qu'on obtenait les réactions les puis nettes
avec du sirop de sucre bien saturé et employé dans la proportion d'un
sixième environ du volume du beurre en expérience.
» On verse icc,o du sirop concentré dans un tube de verre bouché et
portant un trait à iocc, on place ce tube dans un bain-marie tiè !c et l'on
ajoute par petites portions le beurre à essayer, jusqu'à ce que le niveau at-
teigne le repère 10; le beurre fondant à mesure, ce point est très facile à
observer.
» On bouche et l'on agite légèrement le tube chaud ; puis, en l'attachant
avec une ficelle, on le fait tourner quelques instants en fronde. Cette der-
nière opération est quelquefois même inutile.
» Le beurre pur se reconnaît aussitôt ; la matière grasse est transparente
et limpide, l'émulsion blanchâtre est volumineuse, bien rassemblée si l'on
fait tourner suffisamment le tube.
» Dans les beurres margarines, la matière grasse reste soluble et lai
teuse : cette réaction est,nette et sensible; nous n'avons, jusqu'à présent,
pas éprouvé la moindre incertitude à condamner comme fraudés des
beurres contenant 20 pour 100 et même i5 pour 100 de margarine et nous
avons répété ces essais sur des beurres et des margarines d'origines très
diverses. Les beurres salés donnent les mêmes réactions que les beurres
frais. L'aspect de la matière grasse fondue est caractéristique, mais il y a plus.
» On sait que les oléo et les margarines du commerce présentent nor-
malement le phénomène de la surfusion; elles communiquent cette cu-
rieuse propriété aux graisses et l'on remarque très bien, lorsque L'on fait
des études comparatives, que des tubes préparés ensemble, fondus en
semble, se figent à des moments différents.
» Les beurres, en se refroidissant, deviennent pâteux et se troublent,
c'est eux qui deviennent opaques alors que les mélanges conservent une
demi-transparence et leur aspect de matières fondues.
» De légers chocs imprimés de temps à autre à tous ces tubes montrent
que les tubes à beurre sont pris, tandis que les graisses contenant de l'oléo
sont encore à l'état liquide.
« Pour la facilité de ces expériences, nous avons fait construite des
tubes bouchés composés de deux parties cylindriques de diamètres diffé-
rents, mais de même longueur, 5cm. La partie inférieure est étroite, elle
comporte 3CC divisés en dixièmes; c'est au moyen de cette graduation que
l'on mesure le sirop de sucre; la partie supérieure, plus large, est simple-
ment divisée en centimètres cubes jusqu'à 12.
( 8 1 \
» Nous avons fut également disposer des tubes do bois qui servent à
recevoir ces tubes de verre que l'on doit faire tourner.
» Une forte ficelle tenue à la main permet de communiquer au tube une
vitesse de 3m à 4™ par seconde, bien suffisante dans ce cas.
» Nous avons indiqué la marche des opérations fournissant les meil-
leurs résultats, mais les chiffres et proportions peuvent être variés sans
grand inconvénient, pourvu que l'on fasse agir du sirop de sucre sur la
matière fondue ; la réaction est toujours rapide et nette, elle peut se faire
dans un verre ou même dans une assiette chauffée.
» Nous ne pouvons affirmer que ce procédé soit infaillible, mais noir;
pensons qu'un beurre ne se clarifiant pas doit être considéré.comme sus-
pect, et comme tel examiné plus à fond à l'analyse ou à l'oléoréfracto-
mètre. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur l'épuration d'un flegme d'alcool de mélasse
pendant le travail de la rectification. Note de Ed. Mouler, présentée par
M. Troost.
« Nous avons appliqué, à la détermination de la marche qui suit l'épu-
ration d'un flegme d'industrie pendant le travail de la rectification, la mé-
thode d'analyse des alcools présentée à l'Académie dans sa séance du
5 janvier 1891.
» Pour cela, nous avons chargé la chaudière de l'appareil à rectifier (système Sa-
valle) avec une quantité de flegmes représentant la valeur de ioohlit d'alcool à 100",
et, après les avoir neutralisés par addition de lessive de soude, nous les avons étendu
d'eau jusqu'à production d'un volume total de 3oohlit.
» Le tout a été soumis à la distillation; cette opération a duré cinquante-trois
heures, et l'alcool recueilli correspondant aux sept qualités que l'on appelle dans l'in-
dustrie mauvais goûts de tête, moyens goûts de tête, surfin de tête, extra-fin, sur-
fin de queue, moyens goûts de queue elmauvais goûts de queue, mis à part chacun
dans un broc spécial, dont on préleva 21U qui fuient soumis à l'analyse.
» Le résultat de ces analyses, exprimé en grammes par hectolitre d'r
; à ioo°, est consigné dans le Tableau suivan! :
( Si6 )
III
<n £
a,
m
S
'Sas
o
u
s y: u
S -a
a>
c
o
o
tn
in CJ
O
O
i>>
O -1
bu o
c
co
S
13
o
a.
o
o
1.0
o
o
o
d
3
p
0
CO
00
00
O
en
CJ
S
O
00
0
CN
VO
t/i
- —
»
H
c
tri
Cl
0
0
Cl
•j*
o
o
o
o
o
Ol
o
:
00
3 ï
0 &
CO
t£>
o *
c/i
S — 1 ai cli
O ■*> T3"Ô
"■' ■£: C' £? S
ai ^ -ai -al e*
O
c:
o
o
00
o
te
C.
co
ai
o
ci
00
co
co
co
o
00
'1
•W
00
•0
O!
v —
O
O
C!
O CO
O
v3"
C
CN
lO
9
-
01
V]
0)
O
b£>
<U
-
r^
Çj
c^
(fi
Wl
a>
O
O
— .
<£>
C/î
**
3
00
C
ai
(M
a»
3
00
0
CO
0
C
cr; ■
m
^r
c
l >
'
c/:
,
1
1
1
!
-01 -<B 1
1
-il
d
0
p
«
—■ c/1 CC
OJ
(D
O
B
0
^s"
O
ll^
z
CS
en
a
s
-
c
C
0)
01
-a
ai
Cl- ^
■3^
ai
■g
et
1
■
-02
■-
1)
s
O
0 «s
—
—
-
cd
eu
c
3
"c
3 _re
O
"^
p
O
O
"o
~"b -es
"•3
;
Q
H
>
H
00
o
co
ai -e>
» JJ fl
v^f
00
i- '— ■
z.
00
CO
9 9
c/l
-
&, ÛH
V
CO
0
s s
co
>— 1 *— *
0 0
!£>
M
0
•Jt 0
^3"
CO
in
~ ~
»-
r^ 00
1T5
■J-
0
— r^
ai
C5
0
^T C
CD
Cl
10 m
0
co -
in
-01
c
-ai
bc
C8 L^
Ïh «
m
m
-V
-ai
~/
eu
ai
h
u
~
9
Cl,
a.
s
G
( 8'7 >
» Il ressort de ce Tableau que les alcools bon goût (surfins et extrafins), conslituenl
80 pour 100 du volume total du flegme soumis à la rectification et peuvent être con-
sidérés comme presque chimiquement purs, puisqu'ils ne contiennent qu'une propor
lion d'impureté variant de 70 à i8g,nïr par litre;
» Que les mauvais goûts de tète ne renferment pour ainsi dire que des éthers et de-<
aldéhydes et sont plus de dix fois moins impurs que les mauvais goûts de queue, qui
contiennent une très grande quantité d'alcools supérieurs, principalement de l'alcool
amylique, et une petite quantité d'éthers et d'aldéhydes à point d'ébullition élevé.
» Si l'on se reporte à l'analyse du flegme, on constate que, d'une part, lefurfurol et le-
bases étant en quantité négligeable et, d'autre part, les acides libres très facilement
enlevés par saturation à la soude, il ne reste plus, comme élément important, que les
alcools supérieurs qui viennent en première ligne, puis les éthers et enfin les aldé-
hydes. L'analyse des alcools passés à la distillation fait ressortir que le surfin de tète
etl'extrafin sont exempts d'alcools supérieurs, que le surfin de queue, seul en contient
une petite quantité, tandis que la presque totalité a passé sous le petit volume
de 7hIit,43 de moyens et mauvais goûts de queue.
» Il en résulte que l'importance de la proportion des alcools supérieurs, tout en
étant quantitativement très grande, est cependant secondaire au point de vue de la rec-
tification, puisque ces produits sont aussi facilement éliminables de l'alcool.
» 11 en est de même pour les aldéhydes, dont la presque totalité se concentre dans
les iohlit,l8 de mauvais et moyens goûts de tête.
» Quant aux éthers, ce sont les produits qui paraissent être les plus difficiles à
séparer de l'alcool par la rectification, puisqu'il eux seuls ils constituent les 70,74
et 65 pour 100 des impuretés passées dans les alcools bons goûts.
» Si maintenant on considère la totalité des impuretés passées à la distillation, on
remarque qu'elle constitue les 66,65 pour 100 de la totalité des impuretés contenues
dans le flegme.
» Parmi ces 66,65 pour 100 d'impuretés, 1,91 pour 100 seulement se retrouvent
dans les 8ohlit d'alcools bons goûts produits pendant la rectification, tandis que la
presque totalité, 64,74 pour 100, a passé dans les i 7,lUt, 61 d'alcools mauvais goûts.
» Les 33,35 pour 100 d'impuretés restant se retrouvent partiellement dans les eaux
résiduaires restées dans la chaudière, le reste constitue la perte et les erreurs d'a-
nalyse.
» Ces eaux résiduaires contiennent, à l'état de sels de soude, la presque totalité des
acides, et 39,1 pour 100 du poids total des éthers; elles renferment en outre 18, >.
pour ioo des éthers à l'état libre et 75,6 pour 100 du poids total des vases.
» Ces 3g, 1 pour 100 d'éthers contenus dans les eaux résiduaires à l'état de sels de
soude, proviennent de l'action du carbonate de soude formé pendant la neutralisation
du flegme sur les éthers qui y sont contenus.
» Si l'on prend l'acidité du flegme en présence et en l'absence d'acide carbonique,
la différence donne la quantité de soude qui, à l'état de carbonate, a saponifié une
partie des éthers.
» En résumé, il résulte de ce travail que la rectification des flegmes
donne des alcools bons goûts presque entièrement purs, dont la toxicitc,
C. K., 1891, 1" Semestre. (T. CXIl, N° 15.) 1(>7
( 8i 8 )
attribuable aux produits étrangers à l'alcool éthvlique, peut être consi-
dérée comme nulle;
» Qu'au contraire les alcools mauvais goûts contiennent une très
grande proportion de produits nocifs, étrangers à l'alcool éthvlique;
» Que si les premiers étaient seuls livrés au commerce, ils constitue-
raient un danger moindre pour la santé publique, et qu'il existe une mé-
thode analytique capable de reconnaître facilement la pureté des uns et
l'impureté des autres. »
MINÉRALOGIE. — Reproduction artificielle de la daubreelite.
Note de M. Stanislas Meuxier.
« Parmi les sulfures météoritiques, le plus caractéristique, parce qu'il
ne fait pas partie, au moins jusqu'ici, de la minéralogie terrestre, est sans
doute la daubreelite. C'est un composé où le fer et le chrome sont com-
binés au soufre et qui, entrevu par Shepard qui l'appelait Schreibersite,
puis par de Haidinger qui l'appelait Shcpardite, a été bien étudiée par
Lawrence Smith. Sa constitution est celle du fer chromé où le soufre
remplacerait l'oxygène.
» La synthèse expérimentale de ce composé intéressant avait, à mes
■veux, d'autant plus d'importance, que son association avec les alliages de
fer nickelé et avec la pyrrhotine indiquait l'intervention, lors de sa pro-
duction naturelle, d'un ensemble de réactions compatibles avec celles qui
ont produit ces autres substances. Le succès que j'ai obtenu paraît con-
firmer l'opinion déjà exprimée, que la fusion sèche n'est pas la voie par
laquelle ont pris naissance les holosidères types, reconnaissables à la
beauté des figures de Widmannstai'tten que dessinent les acides sur des
surfaces polies. En d'autres termes, c'est par le moyen de réactions ga-
zeuses que la daubreelite se produit artificiellement avec toutes ses pro-
priétés naturelles.
» J'ai obtenu la daubreelite en traitant au rouge par l'hvdrogène sul-
furé : i° un mélange en proportion favorable de protochlorure de fer et
de sesquichlorure de chrome ; 1° le fer chromé naturel très finement pul-
vérisé ; 3° un alliage convenable de fer et de chrome. C'est cette dernière
méthode qui fournit le résultat le plus satisfaisant.
>< Déjà j'ai eu l'occasion de décrire l'alliage métallique dont il s'agit ( ' )
(') Comptas rendus, t. CX, p. 424i 1890.
( 8.9 )
et de signaler la grande facilité avec laquelle il procure, par simple oxyda-
tion dans la vapeur d'eau à la température rouge, la synthèse complète du
fer chromé. J'ai opéré sur des feuilles métalliques très souples et très
cohérentes produites sur les parois internes des tubes de porcelaine par la
réduction , à l'hydrogène pur, du mélange des chlorures de fer et de chrome.
L'alliage est mélangé d'un excès de fer métallique, qu'on aurait pu enlever
à l'aide d'un acide, mais dont la présence n'avait ici aucun inconvénient.
» Après l'expérience, les feuilles métalliques n'ont pas perdu leur
forme, mais elles sont devenues plus foncées en couleur et sont extrême-
ment fragiles. A la loupe, et mieux au microscope, on v reconnaît une
structure entièrement cristalline et la coexistence de deux substances que
leurs nuances distinguent aisément l'une de l'autre. L'une est à reflets
bronzés et présente en divers points des contours hexagonaux très nets ;
c'est de la pyrrhotine (troïlite); l'autre est en grains plus petits et parfai-
tement noirs. Ce mélange, soumis à l'acide chlorhydrique chaud, fournit
un abondant dégagement d'hydrogène sulfuré et toute la pyrrhotine est
bientôt dissoute ; il est remarquable que la liqueur contient une propor-
tion sensible de chrome. Le résidu consiste en une fine poussière entière-
ment cristalline, noire, qui renferme peut-être un peu de sesquisulfure
de chrome, mais qui est, avant tout, formée parla daubréelite cherchée.
» J'ai pu sans difficulté réunir plusieurs grammes de ce composé et en
faire l'étude. Il présente tous les caractères de la daubréelite naturelle,
provenant du fer météorique de Cohahuila et donnée au Muséum par
Lawrence Smith. Sauf une couleur plus foncée, due sans doute à une plus
grande ténuité de la poussière, l'aspect est le même; la densité est sensi-
blement égale à 5. Au chalumeau, il est facile de reconnaître la présence
simultanée du chrome, du fer et du soufre : une perle de sel de phosphore
se colore en vert intense; après calcination, la matière devient sensible-
ment magnétique; enfin, sur le charbon, l'odeur de l'acide sulfureux est
très nette. La solution dans l'acide azotique a permis le dosage du soufre
sous la forme de sulfate de baryte et du fer sous celle de sesquioxvde : le
chrome a été évalué par différence. Les résultats sont tout à fait voisins de
ceux que réclame la formule FeS, Cr'-S3 :
Calculé.
Soufre 45 , o i 44 > 29
Fer 19,99 '9>38
Chrome 35, 00 36,33
! "i . , OO I OO , 01 >
( 820 )
» Au microscope, l'aspect de la substance est remarquablement iden-
tique à celui de la tlaubréelite météoritique; c'est une poussière dont les
grains anguleux, mais irréguliers, ne présentent qu'exceptionnellement
des indices de formes cristallines. On voit des clivages très nets et très
brillants.
» Il y a lieu d'insister sur l'association de ce sulfure avec la pyrrhotine,
qui est son compagnon fidèle dans les fers météoriques. Dans le fer de
Cohahuila un même rognon sulfuré est moitié de pyrrhotine et moitié de
daubréelite. D'un autre côté, on remarquera qu'un fer à rognon sulfuré,
s'il était soumis à la fusion, perdrait tous ses caractères, et à supposer
(ce qui est contraire aux faits) qu'on arrive, par un refroidissement lent, à
provoquer le départ par liquation des alliages associés, toujours reste-t-il
manifeste que les sulfures, très fusibles et relativement peu denses, se sé-
pareraient du métal, formeraient un enduit à la surface du culot et dans
aucun cas ne se réuniraient en nodules dans ses parties centrales. Au con-
traire, une émanation gazeuse convenable se faisant jour dans un fer déjà
constitué, fissuré et chauffé bien au-dessous de son point de fusion, pro-
duirait la cristallisation des sulfures. J'ai, à cet égard, de nouveaux résul-
tats positifs qui seront publiés. Pour le moment, il suffit de constater que
les faits précédents s'ajoutent à ceux qui concernent l'histoire des alliages
de fer nickelé, celle du fer chromé et celle du platine ferrifère, pour per-
mettre d'affirmer l'existence d'une catégorie nombreuse de roches de con-
crétion et non de fusion, représentée à la fois dans la série des météorites
et dans l'épaisseur de la croûte terrestre. »
BOTANIQUE. — Sur les Clusia Je la section Anandrogyne. Note de
M. J. Vesque, présentée par M. Duchartre.
« La plupart des espèces ont les loges de l'ovaire multiovulées; quel-
ques-unes seulement ne renferment que deux ovules par loge, et les
loges peuvent même devenir monospermes par avortement. Deux de ces
dernières, les Cl. Ducu Bnth. (Colombie) et trochiformis Yesque (Pérou,
Toi'omita Spruceana Engl.), ne semblent différer que par le nombre des brac-
téoles, l'épharmonie étant essentiellement la même, et trahissant une
adaptation à des conditions moyennes : hypoderme de 3 à 4 assises,
mésophylle environ 12-sérié, à 2-3 rangées de cellules en palissades
décroissantes, stomates à peine plus grands que les cellules épider-
( 82J )
iniques, pétiole grêle, ni ailé, ni marginé. Le Cl. Pseudo-Havetia Pi. et Tr.
(Pérou) s'en distingue par la multiplication extraordinaire des assises cel-
lulaires du mésophylle (plus de 20), par son hvpoderme de 6-7 assises, et
par un tissu aquifère qui occupe le tiers inférieur du mésophylle. Le
Cl. sphœrocarpa Pi. et Tr. (Pérou) ressemble beaucoup plus au Cl. Ducn ;
mais son inflorescence est plus pauvre, et les stomates sont sensiblement
plus grands que les cellules épidermiques. Les deux dernières piaules se
rattachent évidemment d'une manière indépendante au groupe Ducu-trochi-
formis qui occupe dans l'ensemble une position centrale et en représente le
« groupe nodal ». A ces espèces viennent s'en rattacher deux autres,
malheureusement moins bien connues, le Cl. havelioules Pi. et Tr. (Ja-
maïque) à anthères arrondies, comme chez le Cl. Ducu (non linéaires)
à pétiole un peu dilaté; sa structure anatomique est peu différente de
celle de cette dernière espèce. La position du CL popayanensis, que je ne
connais que par la description de Planchon et Triana, est beaucoup moins
certaine; il partage néanmoins avec le Cl. Ducu un caractère très rare chez
les Anandrogyne, 4 bractéoles calycinales au lieu de deux, et me parait, par
conséquent, ne pas s'en éloigner beaucoup.
» Les cas incertains étant comptés, nous voyons donc partir du groupe
nodal en question quatre branches indépendantes et monotypes.
» Si nous passons maintenant aux espèces à loges ovariennes multiovu-
lées et à pétiole dilaté ou même entièrement supprimé, nous trouvons un
groupe nodal de 3 espèces adaptées à des conditions moyennes : les Cl.
tkurifera Pi. et Tr. (Pérou), tatipes Pi. et Tr. (Colombie) et Mangle L. C.
Rich. (Guadeloupe), différant entre elles par la forme de la feuille et sur-
tout par le raccourcissement graduel du pétiole; le Cl. latipes a en outre
des graines ascendantes, ce qui est rare chez les Clusia. Trois branches
partent de ce groupe nodal : i° le Cl. cassinoi'les Pi. et Tr. (Pérou ). de
même épharmonieque le CL thuri/era, mais à pétiole non marginé, à cuti-
cule ornée de perles irrégulières et à stomates plutôt circulaires, non
elliptiques; il constitue l'intermédiaire entre les groupes nodaux thurifera
et Ducu; 20 le CL clliptica H. B. K.. (Pérou), à pétiole court, ailé, de même
épharmonie, mais un peu plus xérophile que le groupe nodal, à inflores-
cences 3-flores, à stomates plus grands que les cellules environnantes, à
cuticule striée en dessus, perlée en dessous; 3° le (7. Pseudo-Mangle PI. et
Tr. (Pérou), à stomates beaucoup plus grands que les cellules épider-
miques, à feuilles semblables à celles du Cl. Mangle, mais de structure très
différente : hvpoderme de j assises, mésophylle de 25-3o assises, dont les
( 822 )
4 supérieures en palissades. Cette lignée hélio-xérophile se continue par
le Cl. mu/tifloraH. B. K. (Quindiù), chez lequel ces caractères sont encore
exagérés, jusqu'au Cl. atataVl. et Tr. (Colombie). Chez ces deux dernières
espèces, les cellules de l'épiderme supérieur sont divisées verticalement
par une multitude de cloisons parallèles, orientées de manière à laisser ap-
paraître le contour des cellules primordiales (simple exagération de ce
qui existe à l'état d'ébauche chez d'autres Clusia).
» Le même caractère se retrouve chez le Cl. Pavonii Pi. et Tr. (Pérou),
dont le mésophylle est beaucoup moins développé, mais macrocvte, à 2 as-
sises de palissades. Le Cl. volubilis H. B. K. (Colombie), assez semblable
au précédent, à hypoderme de 4 assises, à subdivisions épidermiques moins
fréquentes, s'en distingue surtout par des cellules scléreuses disséminées
au milieu du parenchyme spongieux de la feuille.
» En résumé, malgré les lacunes que même nos grandes collections ne
m'ont pas permis de combler, l'image qui résulte de cette étude est assez
nette et contraste, me semble-t-il, d'une manière frappante avec la pau-
vreté des indications taxinomiques antérieures. En effet, jusqu'à présent,
les auteurs s'étaient bornés à juxtaposer les espèces, sans même essayer de
les classer. C'est d'ailleurs tout ce qu'on pouvait faire sans les caractères
épharmoniques et l'idée des groupes nodaux.
» Il y a donc, dans la section Anandrogyne, deux groupes nodaux, un
pour les espèces à loges 2-ovulées (Ducu-trochi/ormis), portant les deux
branches monotypes sphœrocarpa et Pseudo-Havetia, et probablement en-
core deux autres, également monotypes, havectioides et popayanensis, qui
conduisent, par l'intermédiaire du Cl. cassinoides, au groupe nodal des
espèces à loges multiovulées thurifera-Mangle-ladpes; peut-être le Cl. Pen-
tarhyncha (PI. et Tr.), mal connu, se rattache-t-il au Cl. lalipes; mais nous
voyons surtout deux branches, l'une conduisant au Cl. elliplica, l'autre
aboutissant à un groupe secondaire xérophile et' hélioohile d'espèces
affines Pseudo-Mangle-mulliJlora-alata, qui est au second groupe nodal ce
que le Cl. Pseudo-Havetia est au premier, grâce à un cas remarquable
d'épharmonies convergentes.
» La distribution géographique des Clusia de la section Anandrogyne est
assez curieuse. Tandis que le genre Clusia, pris dans son ensemble, occupe
tout l'espace situé au nord-ouest d'une ligne allant du Pérou à Rio-de-
Janerio, jusqu'aux Antilles et au Mexique méridional, nous vovons les
Anandrogyne échelonnés suivant une bande allant du Pérou, par la Co-
lombie, jusqu'à la Jamaïque et la Guadeloupe. Le grand axe de l'aire oc-
( 8 a3 )
cupée par ces plantes est presque perpendiculaire au grand axe de celle
des Clusia en général, qui semblent se ressentir davantage de la marche
des isothermes dans cette région du globe. »
BOTANIQUE. — Sur V existence du liber médullaire dans la racine.
Note de M. J. Hérail, présentée par M. Duchartre.
« On sait aujourd'hui, à la suite de travaux nombreux, que certaines
espèces de plantes, appartenant surtout au groupe des Gamopétales, pos-
sèdent du liber à la partie interne de leurs faisceaux conducteurs. Ces
faisceaux, ainsi pourvus d'un double liber, ont reçu de du Bary, le nom de
faisceaux bicollatêraux, et l'exactitude de cette dénomination semblait de-
voir être entièrement confirmée par les recherches ultérieures de M. Pe-
tersen. Pour cet auteur, en effet, le liber interne procède comme le
liber externe du procambium aux dépens duquel s'est différencié le lai-
sceau conducteur tout entier; il serait donc d'origine procambiale au
même titre que le liber externe. Or j'ai montré le premier, dans mon
étude sur les anomalies de la tige ('), que le liber interne était une for-
mation anormale due à une évolution spéciale de quelques cellules paren-
chymateuses de la moelle et indépendante de la formation du faisceau
libéro-ligneux auquel il est adjoint. Aussi, afin d'éviter toute fausse inter-
prétation d'origine, ai-je proposé de donner au liber interne la dénomma
tion de liber médullaire. Un tout récent travail de M. Lamounette con-
firme pleinement ma manière de voir et la généralise dans la plus large
mesure possible.
» Cette formation anormale est donc fort bien connue au point de vue
de sa manière d'être et de son origine, et cependant il y a lieu de s'étonner
qu'elle ait été signalée dans tous les organes des plantes, excepté dans la
racine. Il semblerait, en effet, si l'on en juge par la lecture des Mémoires
spéciaux, que cet organe est, dans tous les cas, dépourvu de liber interne.
Cependant, dans son Mémoire remarquable sur la racine (2), M. Van
Tieghem a entrevu cette formation dans les racines adventives du Cucur-
bita maxima, et il s'exprime à ce sujet en ces termes :
» Après ([ue les faisceaux secondaires sont déjà bien formés, on voit les cellules
(') Hérail, Recherches sur l'anatomie comparée de la tige des Dicotylédones
( \rui. des Sciences nat., 7e série, t. Il; 1 8S5).
(-) Ann. des Sciences nat., Bot., 5" série, t. Mil ; 1870.
( 82', )
conjonctives qui se trouvent eu dedans des lames vasculaires primitives, et celles qui
sont en dedans du bois des faisceaux secondaires se diviser et se transformer de dedans
en dehors en cellules libériennes larges, grillagées. Il se forme donc ici, en dedans de
chaque groupe vasculaire primitif ou secondaire, un faisceau libérien secondaire à
accroissement centrifuge, et ce caractère est assez rare en dehors de la famille des
Cucurbi lacées pour mériter une attention spéciale.
» C'est, à ma connaissance, la seule mention qui ait été faite de la pré-
sence du liber médullaire dans la racine; aussi ai-je entrepris de recher-
cher et d'étudier cette formation dans les racines des plantes chez lesquelles
on a signalé du liber médullaire dans les autres organes. Ce sont les pre-
miers résultats de ces recherches que je tiens à exposer ici pour prendre
date.
» Il convient, avant toutes choses, de se demander quelles sont les con-
ditions essentielles que doit réaliser une racine pour qu'il lui soit possible
de former du liber médullaire. Ces conditions se réduisent à deux : i° il
faut que les lames vasculaires ne se rejoignent pas au centre, en un mot,
qu'il y ait une moelle; 2° il est nécessaire que cette moelle demeure paren-
chymateuse et ne se sclérifie pas de bonne heure. On aura donc peu de
chances de rencontrer du liber médullaire dans le pivot de la plante ou
dans les radicelles que porte ce pivot, car on sait que, chez les Dicotylé-
dones tout au moins, il est le plus souvent dépourvu de moelle.
» On devra donc s'adresser surtout aux racines adventives qui ont un
cylindre central relativement large et qui, dans bien des cas, offrent une
moelle plus ou moins développée; c'est sur elles qu'ont principalement
porté mes recherches.
» Une jeune racine adventive de Vinca major montre, en coupe transver-
sale, la structure normale de la racine ; le nombre des formations primaires,
ligneuses et libériennes, varie de 5 à 8 suivant la racine considérée; elles
entourent une moelle assez large. Sur une racine un peu plus âgée, on voit
nettement que chacune des cellules de la moelle, située en dedans de
chaque lame vasculaire, se divise d'abord par une cloison tangcntielle,
puis par des cloisons obliques, pour donner naissance à un amas libérien.
Plus tard, ces cloisonnements ont leur siège dans certaines cellules, situées
entre les lames vasculaires et en dedans des vaisseaux du bois secondaire.
Enfin, dans une racine âgée, on trouve un cercle à peu près complet de
liber médullaire, situé en dedans de l'anneau ligneux et appliqué contre
lui.
» Dans les racines adventives du Vinca média, on observe encore une
( 825 )
formation de liber médullaire; mais elle est beaucoup plus tardive que
dans l'espèce précédente. Les cloisonnements des cellules de la moelle ne
commencent à se produire que lorsque les formations secondaires sont
déjà très développées.
» Dans les racines du Vinca ininor, on trouve encore une moelle, qu'en-
tourent de trois à six formations primaires; mais cette moelle se sclérifie
en totalité de très bonne heure et avant que le liber ait pu commencer à se
former. Il en résulte que cette espèce est dépourvue de liber médullaire.
» Des recherches sur un certain nombre d'espèces de Solanées m'ont
donné des résultats négatifs, soit parce que les racines étaient dépourvues
de moelle, soit parce que celle-ci avait subi une sclérification hâtive.
» Quoi qu'il en soit, ces quelques observations préliminaires montrent
qu'il n'est pas exact de supposer que la racine soit le seul organe de la
plante dépourvu de liber médullaire. Il y a, au contraire, tout lieu de pen-
ser cpie cet organe, étudié dans les plantes pourvues de liber médullaire,
présentera cette formation s'il réalise les deux conditions indispensables
déjà énoncées. C'est ce que démontreront, sans nul doute, les recherches
que je poursuis en ce moment sur ce sujet. »
M. Ellixger adresse, de Copenhague, les résultats des expériences qu'd
a faites au moyen de l'oléoréfractomètre de MM. Jean et Amagal sur l'in-
dice de réfraction du beurre.
L'auteur classe les observations relatives à 5io échantillons de beurre
danois et insiste spécialement sur les grandes variations dues à la saison,
l'indice du beurre pur augmentant en automne et diminuant beaucoup pen-
dant les derniers mois de l'année, particulièrement en décembre.
M. Ch.-L. Deiss, à propos des récentes Communications de M. Bouchard
et de MM. Arnaud et Charrin, rappelle que, dans une brochure sur la mé-
thode de Roch et les infiniment petits, qu'il a publiée en janvier dernier,
il a émis l'idée « que les produits de sécrétion des microbes sont suscep-
tibles d'agir comme des ferments et de produire directement comme les
diastases des dédoublements ».
M. Ern. Aubert adresse un projet d'appareil pour arrêter les chevaux
emportés.
C. H., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 15.) I 08
( 826 )
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 6 avril iSgi.
(Suite. )
Mittheilungen aus der medicinischen Facultàt der kaiserlich-japanischen Uni-
versitdt. Band. T, n° 4. Tokyo, Japan, 1890; in-4°.
L. Kronecker, Zur Théorie der elliptischen Functionen. — Ueber die arith-
metischen Sâtze, welche Lcjeune-Dirichlet in seiner Breslauer Habilita-
tionsschriftenwickelt hat. — Demerkungen ïtber Dirichlet's letzte Arbeiten. —
Zur Théorie der elliptischen Functionen. — Zur Théorie der elliptischen Func-
tionen (Art. XIV-XXI). — Die Décomposition der Système von n% Grôssen
und ihre Anwendung au/ die Théorie der Invarianlen. — Ueber orthogonale
Système. — Ueber die Composition der Système von n- Grôssen mit sich selbst.
— Algebraische Réduction derSchaaren bilinearer Formen. — Algebraische Ré-
duction der Schaaren quadratischer Formen. Berlin (Sitzungsbcrichte der Ko
niglich preussischen Akademie der Wissenschaften.) 1888-91 ; 7 br. in-8°.
Première partie du Chapitre XIII de la Note sur la théorie des résidus qua-
dratiques; par Angelo Genocchi. — Beweis des Reciprocitàtsgesetzes fur die
quadratischen Reste; von L. Kronecker. — Paul du Bois-Reymond. Bemer-
kungen uber die Darstellung vonReihen durch Intégrale; von L. Kronecker.
— Bemerkungen ùber die Jacobischen Thetaformeln ; von h. Kronecker. —
Fin Fundamentalsatz der allgemeinen Arithmetik; von h. Kronecker. —
Ueber den Zahlbegriff; von L. Kronecker; 5 br. in-4°. — Ueber die Dirich-
letsche Méthode der Werlbestimmung der Gausschen Reihen; von L. Kronec
ker; br. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du i3 avril 1891.
Œuvres complètes de Laplace, publiées sous les auspices de l'Académie des
Sciences, par MM. \\es Secrétaires perpétuels. Tome huitième. Paris,
( »27 ;
Gauthier-Villars et fils, MDCCCXCI; i vol. in-4°. (Présenté par M. Tisse-
rand.)
Exposition de la théorie des surfaces; par M. H. Resal. Paris, Gauthier-
Villars et fils, 1891 ; 1 vol. in-8°.
Cours de machines ; par M. Haton de la Goupillière. Tome second, pre-
mier fascicule : Machines à vapeur. Paris, Vve Ch. Dunod, i8gr; 1 vol.
in-8°.
Acla mathematica. Journal rédigé par G. Mittag-Leffler. 14 : 3. Stock-
holm, F. et G. Beijer, 1891; br. in-4°.
Des cartes topo graphiques européennes; par le général Derrécagaix. Paris,
Bibliothèque des Annales économiques, 1 891 ; br. gr. in-8°.
H. Hermite. Géologie. Principes. Explication de l'époque quaternaire sans
hypothèses. Neuchâtel, Attinger frères, 1891; 1 vol. in-8°. (Deux exem-
plaires.)
L'enseignement de l'Agriculture dans les Ecoles normales et primaires en
France. — Notes sur l'enseignement du travail manuel; par Edouard de Kova-
levsky. Saint-Pétersbourg, 1891 ; br. in-/j°.
Ivrognerie. Ses causes et son traitement; parP.-J. Kovalevsky, traduit en
français par Woldemar de Holstein. Kharkoff, M. -F. Sylberberg, 1889;
br. in-16.
Hygiène et traitement des maladies mentales et nerveuses; par P.-J . Kova-
levsky. Traduit en français par Woldemar de Holstein. Paris, Félix Alcan,
1890; 1 vol. in-8°.
Recueil d'Hygiène et de Médecine vétérinaires militaires; ie série, tome
quatorzième. Paris, L. Baudoin et Cie, 1890; 1 vol. gr. in-8°.
Traité de l'hygiène publique d'après ses applications dans différents pays
d'Europe ; par 'le Dl" Albert Palmberg. Traduit du suédois sous la direction
de M. A. Hamon. Paris, Octave Doin, 1891; 1 vol. gr. in-8°. (Présenté
par M. Arm. Gautier et renvoyé au concours du prix Bellion.)
Du paludisme et de son hématozoaire; par A. Laveran. Paris, G. Mason,
1891 ; 1 vol. gr. in-8°.
L'oreille et le bruit, ou traumatisme de l'organe par vibrations violentes;
par Et. Ferrand. Lyon, Association typographique, 1890; br. gr. in-8°.
Lannelongue. Traité de U ostéomyélite aiguë. — Traité de V ostéomyé-
lite chonique ou prolongée . — Abcès froids et tuberculose osseuse. — Coxotu-
berculose. — Traité des kystes congénitaux. — Tuberculose vertébrale. —
Traité des affections congénitales. 7 vol. in-8°. (Envoyé au concours Mon-
tyon, Médecine et Chirurgie. )
( 828 )
Traité clinique des maladies du cœur; par le Dr P. Duroziez. Paris,
G. Steinheil, 1891 ; 1 vol. gr. in-8°. (Renvoyé au concours Montyon, Mé-
decine et Chirurgie.)
Carta geologica délia Liguria e territori confinanli ; di A. Isselc S. Squi-
nabol. ,00'00u con note esplicatwe. Genova, H. Donath; Parigi, Baudry et C,e,
1891.
Proceedings of the royal institution of Great Britain; vol. XIII, Part. I,
n°84; in-8°.
The Proceedings of the linnean Society qf New South Wales; vol. V, Part
the first. Sydney, F. Cunninghamand C°, 1890; in-8°. (Deux exemplaires. |
Annals of the astronomical Obseivatory of Harvard Collège, vol. XXIII :
Part. I, vol. XXVII ; 2 vol. in-4°.
Minutes of proceedings of the Institution of civil engineers, vol. CIII.
London, 1891; 1 vol. in-8°.
EBRATA.
( Séance du 6 avril 1 89 1 . )
Page 715, ligne 2, au lieu de M. A. Hubert, lisez M. À. Lmbert.
Note de M. E. Gley, Sur les troubles consécutifs à la destruction du pan-
créas :
Page 75^, ligne 5, en remontant au lieu de un, lisez ce.
Page 753, ligne 16, au lieu de là, lisez lié.
Page 754, ligne 6, au lieu de 1886, lisez i856.
N° 15.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 13 avril 1891.)
MEMOIRES ET C03IMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
Pages.
M. H. PoiNCARÉ. — Sur l'intégrati Igé-
brique des équations différentielles
M. L. Cailletet. — Description du mano-
mètre à air libre de 3oo™ établi à l.i tour
Eiffel
M. Tisserand présente à l'Académie le
tome VIII îles «. Œuvres de Laplace »...
M. ll.YTON DE LA GOUPILLIÈHE fait hoillIIKIv,c
à l'Académie de son « Traité des machines
à vapeur »
M. 11. Resal fait hommage a l'Académie
d'un volume qu'il vient de publier sous
le titre : « Exposition de la théorie des
s a ti'a ces »
NOMINATIONS.
Commission chargée de juger le concours
du prix Petit d'Or y (Sciences mathé
matiques) de l'année i*qi : MM. /Termite,
Picard, Darboux, Poincaré, Bertrand..
Commission chargée de juger le concours
du prix Petit d'Ormoy (Sciences natu-
relles) de l'aune, ■ 1891 : MM. de Quatre-
fages, A. Milne-Edwards, Duchartre,
Blanchard, Daubrc'e
Commissi chargée de juger le c jours du
prix Cuvicr de l'année' 1891 : MM, llaii-
brée, Gaudry, Fouqué, de Quatrefages,
A . Milne- Edwards
Commission chargée de juger le concours
ilu prix Jean Reynaud de l'année 1891 :
MM. Bertrand, Hermite, Darboux, de
Quatrefages, Fremy
Commission chargée de présenter une ques-
tion de prix Bordin (Sciences physiques)
pour l'année 1893 : MM. Daubre'e, deQua-
trefages, Fiseau, Duchartre, Fremy...
Commission chargée de présenter une ques-
tion do prix Ko 11 nie v ion pour l'année i8g3 :
MM. Maurice Lévy, Boussinesq, Sarrau,
I. came, Resal
7''7
7"7
7C8
RAPPORTS.
M. Resal. — Rapport sur un Mémoire de
.M. de Sparre% ayant pour titre : « Sur le
pendule de Foucault
nf)8
T'"»
MEMOIRES LUS.
M. le généra! DERRÉCAGAIX. — Sur la
sure d'une nouvelle base de la triangula-
tion liane. lise
MM. B. Grimai x ci \. A.rnaud. Trans-
formation de la cupréine en quinine
M. de Backer donne lecture d'un Mémoire
■ Sur les vaccinations antituberculeuses
en général et sur le remèdi du Dr ICoch
en particulier 770
MEMOIRES PRESENTES
M. Jules Gernai ci soumet au jugement de
l'Académie un Mémoire ayant pour titre :
« Conservation des bois, créosotage des
traverses de cliemius de fer
M. P. \Iac\i;m adresse la description d'un
« Systèi l'arrèl des steamers, permettant
d 1 \ iter les 1 ollis s en mer 1
CORRESPONDANT!
MM. Rambaud ci s,. Observations de là
comète Barnard-Denning et des nouvelles
planètes liorrclly et t'alisa, laites à l'Ob
servatuire d'Alger, au télescope de o,n,5o. '-/■
M. E. Vessiot. — Sur les équations diffé-
rentielles linéaires --'■■
M. André Markoff. — Sur une classe Je
nombres complexes 780
M. H. Peli.at. — Rapport entre l'unité élec
tromagnétique ci l'unité électrostatique
d'électricité 7 s.
M. B.-C. Damiex. — Sur la variation du
point de fusion avec la pression 78Ô
.M. A. Besson. — Surl'actionde l'acidebrom-
hydrique sur le chlorure de silicium
M. I-. Pigeon. Étude calorimétrique du
-chlorure platiniquc ci de ses combinaisons.
MM. A. Joi.v et E. Lf.idie. — Sur le dosage
du rhodium par voie électrolytique
M. Hanriot. Suc un amidoisoxazol
M. Maquenne. — Sur l'emploi de la phényl-
hydrazine a la détermination des sucres.
M. ('■. Denigès. — Nouvelles 1 binaisons
obtenues avec ceci. uns suintes métalliques
et l'aniline
M. I'. Cv/.i,M rvi:. — Sur une matière colo-
rante violette dérivée de la morphine....
M. Georges Linossier. -- Sur unehématine
-s.s
79'
793
;,,!,
799
s,, .
8o5
K 15.
SUITE DE LA TARLE DES ARTICLES.
Pages.
végétale, l'aspergilline 807
M. Ch. Blakez. — Influence exercée par la
présence des sels minéraux neutres de po-
tassium sur la solubilité du bitartrate de
potassium *os
M. P. Cables. — Sur la caractéristique du
vin de ligue '. . 8îi
M. FI. LÉzÉ. — Sur un moyen de reconnaître
la margarine mêlée au beurre 8i3
M. Ed. Mouler. — Sur l'épuration d'un
flegme d'alcool de mélasse pendant le tra-
vail de la rectification 8i5
M. Stanislas Meunier. — Reproduction ar-
tificielle de la daubréelite 818
M. J. Vesque. — Sur les Clusia de la sec-
tion Anandrogyne s"
Bulletin bibliographique
Errata
Paj
M. .1. IIlk.ul. — Sur l'existence du liber
médullaire dans la racine
M. Ellinger adresse les résultats des expé-
riences qu'il a faites au moyen de l'oléo-
réfractométre de MM. Jean h Amagat
sur l'indice de réfraction du beurre
M. Cu.-L. Deiss, a propos des récentes Com-
munications de iM. Bouchard et de MM.
Arnaud et Charrin, rappelle qu'il a déjà
émis l'idée « que les produits de sécrétion
des microbes sont susceptibles d'à 211
comme des ferments et de produire direc-
tement comme les diastases des dédouble-
ments ■>...,
M. IÎRN. Aubert adresse un projet d'appa-
reil pour arrêter les chevaux emportés...
es.
- • ;
- ! 1
s .5
826
828
P\RIS. — IMPRIMERIE GXUTHIER-VILIARS ET FILS,
Quai des Grands-Xususiins, 55
1891
PREMIER SEMESTRE.
_
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR ITOI. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CXII.
I\° 16 (20 Avril 1891).
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Ouai des Grands-Augusiins, 55.
&» 1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté da^s les séances des 23 juin 1862 et 2^ mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro d';s Comptes rendus a
jS p»g 53 ou G feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
l! v a deux volumes par année.
Article
Impression des travaux de ï Académie .
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger del'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier v
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par ! actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu si
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Les Programmes des prix proposés par l'Acadér
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Ra^
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autat
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pi
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des persona
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'A
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un n
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires so
tenus de les réduire au nombre de pages requis
Membre qui fait la présentation est toujours nomrd
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extr
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le f<
pour les articles ordinaires de la correspondance o
ciclle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remij
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à terni
le titre seul du Mémoire est inséré dans leCompte rei,
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
vaut, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports el
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fai
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le;
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5h. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 20 AVRIL 1891,
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
THERMOCHIMIE. — Sur quelques données calorimétriques.
Note de M. Berthelot.
I. _ Sur l'acide aspartique et sa fonction mixte.
« L'acide aspartique est le dérivé alcalin de l'acide malique, acide à
fonction mixte, deux fois acide et une fois alcool,
C»H"O'0 = C8H*(H2O2)(O«)2.
„ La fonction alcoolique déterminant la formation d'un alcali par sub-
stitution des éléments de l'eau, par ceux de l'ammoniaque
C8rT(AzH3)(0')2.
C. R., 189., i« Semestre. (T. CS.II, N" 16.)
( 83o )
ou, ce qui revient au même, de I'hydroxyle par l'amidc : HO2 par AzH2, le
corps résultant doit être à la fois un acide bibasique et un alcali.
» Il existe un corps isomère, l'acide malamique, véritable amide, dérivé
du bimalate d'ammoniaque par perte d'eau, mais qui se distingue parce
qu'il doit jouer le rôle d'un acide monobasique, joint à celui d'un alcool.
» L'acide malamique, porté à l'ébullition avec une base forte, telle que
la potasse, dégagera rapidement tout son azote, sous forme d'ammoniaque;
tandis que l'acide aspartique ne se dédouble pas de la même manière, à
ioo° du moins.
» Telles sont les prévisions de la théorie, prévisions vérifiées d'ailleurs
par l'expérience. Maison peut se demander si, l'acide aspartique réunissant
en théorie la double fonction d'acide bibasique et d'alcali, ces deux fonc-
tions ne sont pas influencées l'une par l'autre dans l'intérieur même de
la molécule. En d'autres termes, avons-nous affaire à un acide bibasique
véritable, comparable de tous points à l'acide succinique par son aptitude
à saturer les bases?
» Les expériences faites par mon fds Daniel sur la conductibilité élec-
trique de dissolutions de l'acide aspartique et de ses sels tendent en effet
à établir que ce n'est pas un acide bibasique véritable, bien qu'il manifeste
réellement deux basicités successives, même dans des solutions très éten-
dues; mais le caractère en est différent et assez analogue à celui des sels
formés par les acides phénols, ou bien encore à celui des phosphates
polybasiques. Il m'a paru intéressant de contrôler ce résultat par des me-
sures calorimétriques.
» J'ai dissous is*', 33 d'acide aspartique pur (') dans 5oocc d'eau, à i6°,
ce qui a absorbé
C8H7A7.0s(r33"'')-t- r>olu(eau) — -^\->.j
» J'ai ajouté
NaHO'-(i''i=: a1'*), ce qui a dégagé +- .3Cal,o
Un second équivalent, NaH02(i*i= a1") . . h- 3Cal,5
Un troisième équivalent Résultat nul
(') Pour purifier l'acide du commerce, il faut le dissoudre et le faire bouillir pen-
dant quelques minutes dans la potasse, ce qui détruit les petites quantités d'asparagine
qui y subsistaient encore. On reprécipite par l'acide chlorlivdrique, après refroidisse-
ment. On recueille l'acide aspartique, très peu soluble à froid, on le lave avec de
petites quantités d'eau froide et on le fait recristalliser dans l'eau bouillante.
( 83i )
» Comme contrôle, j'ai dissous i3gr,3o d'acide aspartique cristallisé
dans 4oocc de soude (i équivalent = 4'")» à i5°,4i ce fIm a dégagé
+ 6Cal,o6, répondant à i molécule dans 4ht- L'addition de 200cc de soude
(i équivalent = 2llt) : -I- 3Cal,C)r.
» Si l'on admet, pour la neutralisation de l'acide aspartique dissous, le
chiffre -t- i3Cal,o, sa dissolution même aurait dû absorber — 7Cal,o : chiffre
concordant avec le précédent, dans les limites d'erreurs et de variations
attribuables à des solutions si étendues. — L'action du deuxième équiva-
lent de soude dégage en solution concentrée -(- 3Cal,9; en solution étendue,
— I— 3CaI, 5 ; la différence étant attribuable à l'inégale dilution.
» Il résulte de ces mesures que la seconde basicité de l'acide aspartique
n'est pas équivalente à la première, ni, par conséquent, à celle des acides
bibasiques à fonction simple. Le même fait existe d'ailleurs pour les acides
alcalis monobasiques, tels que l'acide oxyacétaniique (glvcollamine ou
acide amidoacétique), dont la chaleur de neutralisation -+- 2Cal,g est même
fort voisine du nombre relatif à la seconde basicité de l'acide aspartique.
La complexité de la fonction influe donc sur la nature de la manifestation
delà fonction acide du composé. lien est de même dans un grand nombre
d'autres circonstances, et on peut même tirer de là de nouvelles caracté-
ristiques des acides, tant organiques que minéraux.
II. — Sur le chlorure malonique.
» M. V. Auger ayant bien voulu mettre à ma disposition une certaine
quantité de chlorure malonique pur, préparé avec grand soin, j'en ai dé-
terminé la chaleur déformation, en dissolvant ce composé dans l'eau et
dans la potasse étendue. L'opération s'effectue aisément et la décomposi-
tion est très rapide, par suite d'une agitation convenable. J'ai opéré sui-
des poids voisins de 5e', 5, renfermés dans des ampoules de verre, mis en
présence de 4oocc d'eau, en suivant ma marche ordinaire. J'ai obtenu,
à ii° :
CeH204Cr2H-2H-2Oï+Eaur=C6H408étendu-h2HClét.,dég.:-i- 44e"1, 26 et + 44^,80.
Moyenne -+- 44Cal>5.
CcH204Cl!! + 4(NaO,HO) étendue = C6HaNa208 étendu -+-2NaCl étendu 4-2 H2 Os
dégage + 99e'1, 7.
» En retranchant la chaleur de neutralisation de-, acides malonique
( + 2'7Cal>i) et chlorhydrique (h- 28Cal,4) <l cette température, il reste
( 832 )
-i- 44e'1? '-> valeur concordante avec la précédente : ce qui prouve que la
réaction de l'eau sur le chlorure malonique est immédiate.
» Le chiffre relatif au chlorure malonique est sensiblement double de
celui qui répond à la décomposition du chlorure acétique par l'eau, soit
-+- 23Cal,3 vers 200, d'après les expériences que j'ai faites avec M. Lougui-
nine. Le chlorure butyrique a donné à M. Louguinine -f- 2iCal, 7, tous nom-
bres fort voisins pour la même réaction.
» On déduit encore de ces chiffres :
C6H2Cl204liq. ,- 2H!02liq.= C6H*08crist.-l-2HClgaz -+-i4Cal,2
» Les considérations de Mécanique chimique qui découlent de ces
nombres sont les mêmes que pour le chlorure acétique (Ann. de Ch. et de
Phys., 5e série, t. VI, p. 298), à cela près qu'une molécule malonique se
comporte comme deux molécules acétiques juxtaposées, conformément à
la théorie générale.
III. — Sur la formation comparée des tartrates isomères solubles et insolubles.
» Voici quelques expériences nouvelles sur cette question, qui n'est pas
sans intérêt pour l'étude de l'isomérie symétrique.
» 1. Lorsqu'on mélange une solution de tartrate droit (ordinaire) de
soude neutre avec une solution de chlorure de calcium, il ne se forme pas
immédiatement de précipité, et cependant il se produit un dégagement de
chaleur, qui atteste un certain échange initial des bases dans le milieu li-
quide. Puis, auboutde quelques minutes, la précipitation se produit, avec
un nouveau et plus considérable dégagement de chaleur : on peut rendre
immédiate cette précipitation à l'aide de quelques cristaux de tartrate
déjà formés. J'ai insisté ailleurs (') sur la mesure calorimétrique de ces
phénomènes. V oici de nouvelles mesures :
C8H*Na20,2< 1 molécule = i2Ut) + 2CaCl(i équivalent = aUt) à iou,4.
Effet immédiat, sans précipitation -+- oCa',g8
Précipitation consécutive, avec formation d'un tartrate de chaux
insoluble hydraté, nouvel eflét -+- 2Cal,68
» 2. Le tartrate gauche donne lieu exactement aux mêmes effets, avec
(') Ann. de Chim. et <lc Phys., 5" série, t. IV, p. 1 63.
( 833 )
des dégagements de chaleur qui peuvent être regardés comme identiques,
soit
Mélange, sans précipitation -+- oCal,o,2
Précipitation consécutive -+- 2e"1, 60
C'est un fait fort intéressant que l'échange initial des bases avec dégage-
ment de chaleur dans un milieu liquide et avant toute précipitation : il
montre, par un nouvel exemple, l'inexactitude des anciens principes de la
thermoneutralité saline et des constantes ou modules de substitution,
d'après lesquels l'échange des acides et des bases dans une liqueur neutre,
sans précipitation, ne devrait donner lieu à aucun phénomène thermique.
» 3. Si l'on mélange d'abord les dissolutions des deux tartrates neu-
tres de soude, droit et gauche, à poids moléculaire égal, opération qui ne
donne lieu qu'à un effet thermique insensible, puis qu'on y verse la solu-
tion équivalente de chlorure de calcium, la précipitation du paratartrate
commence aussitôt; mais la totalité de la chaleur ne se dégage pas instan-
tanément. La chaleur observée dans les premiers moments (pour aCaCl)
était de +2Cal,20 et s'élevait au bout de quelques minutes à -f-6Cal,3;
sans qu'il y ait d'ailleurs d'arrêt, soit initial soit intercurrent, dans le déga-
gement de chaleur.
» 4. La chaleur de neutralisation par la soude des quatre acides tar-
triques isomères a été trouvée sensiblement la même, H- 1 2Cal , 7 pour
1 équivalent de soude, dans des conditions pareilles de température et de
concentration..
» 5. D'autre part, la solution faite directement avec le sel de soude
de l'acide paratartrique, puis précipitée par le chlorure de calcium, a
donné lieu au même résultat total, -)-6Cal,2 ('); cette valeur, rapprochée
de la précédente, fournit une nouvelle preuve de L'identité des deux solu-
tions, obtenues l'une avec le paratartrate de soude, l'autre avec le mélange
des deux sels droit et gauche.
» 6. L'acide tartrique inactif véritable, c'est-à-dire son sel de soude, a
fourni tout d'abord, dans les mêmes conditions, un tartrate de chaux inso-
luble, en dégageant seulement -f-3Cal,o.
» 7. Ces expériences ont été répétées en précipitant les divers tartrates
(') Ces nombres se rapportent à un paratartrate renfermant 2 équivalents (4°sr)
de calcium ; mais, eu réalité, ils doivent être doublés, pour répondre à la véritable mo-
lécule des paratartrates et de l'acide paratartrique.
( 834 )
de soude neutres par l'azotate d'argent, en proportion équivalente. Avec
les tartrates droit et gauche, la précipitation donne lieu également à des
dégagements de chaleur successifs, mais entre lesquels il n'a pas été pos-
sible de marquer une ligue de démarcation précise. Soit :
Pour C8H4Ag2012 droit, de -H iCa,,i à -t-4Cal,5 (total)
» gauche, de -+- iCa',5 à -t- 40al>6 (total)
Avec le mélange des deux sels de soude (pour Ag-). . -+- 5Cal,8 ) , . . ...
, , . „.1 ~r i r \ reaction immédiate.
Avec le paratartrate de soude (pour Ag-) -+- jta,,o )
» Ainsi dans tous les cas la chaleur de formation du paratartrate inso-
luble surpasse notablement celle de tous les autres sels isomères : précisé-
ment comme nous l'avons observé, M. Jungfleisch etmoi((), pour l'acide
paratartrique solide, formé avec dégagement de chaleur, -f- 4CaI?4 f » cn Par"
tant d'une molécule de chacun des acides droit et gauche solides (2). »
MINÉRALOGIE. — Sur la forme cristalline et sur les propriétés optiques de la
nouvelle variété cristallisée de soufre de M. Engel (*). Note de M. C.
FlUEDEL.
« Les cristaux de soufre obtenus par M. Engel en agitant avec le chlo-
roforme une solution d'hyposulfite de sodium traitée par l'acide chlorhy-
drique concentré, et en laissant évaporer la liqueur chloroformique, se
présentent habituellement en petits prismes, sans modifications, qui tantôt
sont allongés parallèlement à l'une de leurs arêtes, tantôt montrent trois
arêtes égales et un aspect rhomboédrique.
» Tls appartiennent bien réellement au type rhomboédrique; en effet, au
microscope polarisant en lumière convergente, on peut y voir, pour les
cristaux qui ont cristallisé, dans le verre de montre ou dans le petit cris-
tallisoir, de manière à se présenter dans une direction convenable, la
croix et les anneaux des substances biréfringentes à un axe. La substance
est négative.
» Lorsque le cristal se trouve placé sur un des sommets du rhomboèdre,
(') Annales de Chimie et de Physique, 5e série, t. IV, p. i5i.
(2) L'acide cristallisé renferme en plus une double molécule d'eau, dont la fixation
accroît de +iCal,5 x 2 la chaleur dégagée.
(3) Voir plus loin, page 866.
( 835 )
on peut apercevoir simultanément, sur les bords du champ, trois systèmes
de croix et d'anneaux, correspondant aux trois faces du rhomboèdre.
» Ce qui permet d'obtenir ainsi les anneaux, même sans un dispositif
spécial, c'est que le rhomboèdre est très aplati. On peut s'en assurer sur
ceux qui se présentent par les arêtes latérales et encore mieux par la me-
sure des angles, qui peuvent être faites malgré la très faible dimension des
cristaux, lorsque ceux-ci sont fraîchement préparés, grâce à la netteté de
leurs faces.
» On a trouvé, comme moyenne d'une quinzaine de mesures faites sur
plusieurs cristaux et, pour quelques-uns, sur deux arêtes différentes,
pp ( normales ) = 40" 5o'.
» Il reste, dans cette détermination, une incertitude que j'estime pouvoir
monter à une dizaine de minutes.
» Elle suffit pour montrer que le soufre de M. Engel, indépendamment
de ses propriétés physiques et chimiques, se différencie complètement, par
sa forme cristalline, de toutes les variétés de soufre cristallisées connues.
» On en connaît actuellement quatre, dont une orthorhombique et trois
clinorhombiques : la variété de Mitscherlich, celle de M. Gernez, dont la
forme a été déterminée par M. Muthmann (') et une dernière découverte
par ce savant. Elle se produit en même temps que la précédente lorsqu'on
abandonne une solution de soufre dans le sulfure d'ammonium alcoolique.
» Les angles indiqués plus haut ne se rapprochent pas de ceux don-
nés par M. Muthmann, sauf peut-être d'un biseau appartenant à la troisième
modification, dont l'angle est de 3o,° 6' (Muthmann), de l\o" il\ (Bruhns).
» Ce qui mérite d'être rappelé, c'est que le tellure cristallise dans le
type rhomboédrique, et que M. Muthmann a découvert une variété du
sélénium à aspect métallique, qui est rhomboédrique et formée d'un prisme
hexagonal surmonté d'un rhomboèdre. Celui-ci n'a pas pu être mesuré
directement, mais ses angles plans ont des valeurs voisines de celles cor-
respondantes du tellure. Ce fait me semble donner plus d'intérêt encore à
la découverte d'une nouvelle variété du soufre appartenant au même type
cristallin. »
(') Zeitschrift fur Krystallbgraphie, 1. XVII, p. 336.
( 836 )
ZOOLOGIE. - Une excursion au laboratoire Arago et à Rosas (Espagne).
Note de M. de Lacaze-Dutiiieks.
« Je demande à l'Académie la permission de l'entretenir quelques in-
stants d'une excursion que, pendant les dernières vacances de Pâques, je
viens de faire au laboratoire Arago et en Espagne.
» Le mercredi 20 du mois dernier, vingt-six étudiants de l'École des
Hautes Études, ayant suivi mes Cours pendant le semestre d'hiver, par-
taient de Paris et arrivaient à Banyuls le lendemain, jeudi soir.
y, M. Blagé, directeur de la Compagnie du Midi, avait bien voulu, sur ma
demande, accorder demi-place et écrire aux Compagnies d'Orléans et de
Paris-Lyon-Méditerranée, pour que le train direct de Paris à Cerbère prît
les excursionnistes aux mêmes conditions.
»> Je tiens à remercier M. A. d'Eichthal, président de la Compagnie, et
M. Blagé, directeur, de l'empressement qu'ils ont mis à favoriser l'excur-
sion que j'avais organisée.
» Voici l'emploi du temps :
» Vendredi 27. — L'aquarium étant richement peuplé, toute la matinée
s'est passée en causeries devant les bacs, où les animaux vivants et épanouis
se présentaient, on peut dire, à l'état naturel.
» Le bac des Alcyonaires était particulièrement beau, et l'on y pouvait
étudier comparativement quelques types des plus intéressants, tels que Gor-
gones de plusieurs espèces (Gorgonel/a sarmentosa, Gorgoma graminea,
G. subti/is, G.verrucosa, Muricea violacea, Sympodium coralloïiles) variant du
rouge au blanc, au jaune, au violet; des Alcyons (Alcyonium palmatum) at-
teignant, dans leur épanouissement, la taille d'un pied et formant de véri-
tables bouquets épanouis où les caractères étaient aussi faciles à recon-
naître qu'à dessiner en les opposant à ceux du Paralcyonium elegans, P.
Edwarsii.
» Dans ce bac vivaient aussi des Zoanthaires à polypiers dans un état d'é-
panouissement dont ne donnent aucune idée les figures des Ouvrages. On-
avait sous les yeux, réunis côte à côte, des Balanophyllies et des Dendro-
phyllies, genres à polypiers poreux, dont il était facile d'apprécier la
caractéristique des animaux en les comparant aux Caryophyllies et aux
Flabellum, Zoanthaires à polypiers compacts.
» Parmi les Zoanthaires sans polypiers, les Ilyanthes, vivant depuis plus
( 837 )
d'un an, et des Palythoa axine/lœ, type jadis rare et aujourd'hui commun
dans l'aquarium de Banyuls, ainsi que de nombreuses espèces d'Actinies,
offraient un sujet fort intéressant d'observation pour l'étude delà symétrie
radiaire de ces animaux.
» En plus d'une occasion, j'ai dit combien étaient bonnes les conditions
de vitalité présentées par l'aquarium Arago; on a pu constater le fait une
fois de plus en voyant d'innombrables animaux nés dans les bacs et en
particulier des Botrilles ayant produit des plaques grandes comme la main,
des Bonellies vertes s'allongeant de près d'un mètre, des Filigranes encom-
brantes par leur multiplication, etc., etc.; tous ayant été portés à l'état
d'embryons avec l'eau puisée par la pompe dans la mer.
» Pendant que l'on étudiait ainsi les animaux vivants dans l'aquarium,
le bateau du laboratoire sortait et ramenait bientôt son chalut rempli
d'animaux et de débris sous-marins de toute sorte. Alors, sur le pont, aidés
par les marins et guidés par le personnel du laboratoire, les excursion-
nistes ont retiré du filet, au milieu de la vase, des poissons variés, des As-
cidies (Cynthiadés, Molgulidés, Phallusiadés)en nombre considérable, des
Étoiles de mer, des Ophiures, des Comatules, des Holothuries, des Alcyons,
des Vérétilles, des Pennatules, des Caryophyllies, des Hydraires, des Mol-
lusques gastéropodes et acéphales, aussi nombreux que variés.
» Après cette triaille, chacun a pu porter les sujets choisis sur sa table
de travail, les déterminer, les étudier, en prendre des dessins et constater
la richesse de la faune dans les environs du laboratoire.
» On peut l'affirmer, pour un zoologiste, il n'est pas un exercice plus
instructif que celui de la recherche des animaux dans le sac d'un chalut
traîné quelque temps sur un fond aussi riche que celui de la mer de
Banyuls.
» Dans la soirée du vendredi, les observations ont été continuées dans
l'aquarium à la lumière électrique. Les Vérétilles, les Pennatules, les Ser-
puliens péchés le matin, causaient, par leur épanouissement, leurs belles
couleurs comme par leur délicatesse, l'admiration des visiteurs. Les Véré-
tilles surtout, plantées dans le sable du fond des bacs par la partie de leur
zoanthodème dépourvu de polypes s'élevaient comme des colonnes de
3ocm et 4ocm, couvertes de fleurs dont la transparence permettait, à l'aide
de l'éclairage intense d'une lampe à arc, de découvrir les moindres détails
de leur organisation ; elles faisaient un singulier contraste avec les figures
ridicules données dans certains livres sur la mer, faits, on le pense bien,
dans le cabinet et non en face de la nature.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 16.) ' Iu
( 838 )
» Samedi 28 mars. — Au point du jour, ij excursionnistes s'embar-
quaient à bord du bateau du laboratoire et, ayant bon vent arrière, se ren-
flaient dans les eaux du cap l'Abeille pour pêcher avec la drague et l'engin
des corailleurs.
» Les résultats de cette sortie ont été heureux : du Corail, des Bra-
chiopodes (Cranie, Argiope) et de nombreux Amphioxus ont été apportés
par les engins de pêche.
» N'est-il pas intéressant de constater que nos élèves des Hautes Etudes
ont fait eux-mêmes la pêche du Corail et de quelques animaux réputés
aussi rares que curieux?
» Une remarque se présente ici très naturellement : dans ces parages,
où les conditions orographiques causent de si brusques modifications du
temps, les vents contraires auraient pu se lever et contrarier beaucoup la
réussite de l'excursion. C'était à redouter ; aussi la nécessité d'une embar-
cation à vapeur se fait-elle vivement sentir. Aujourd'hui, on peut le dire,
cette amélioration s'impose comme conséquence du développement pris
par le laboratoire Ara go.
» Dimanche 29. — Journée libre. Quelques-uns travaillent à la bi-
bliothèque; d'autres, par un temps superbe, font des excursions dans la
montagne, à la tour de Madeloc, d'où un admirable panorama se déroule.
» Lundi 3o mars. — Visite des ports de Collioure et de Port-Vendres.
Dans ce dernier, le long du quai, j'ai fait recueillir des pontes de Mol-
lusques, des Vermets, des Tarets, des Comatules, des Spirographis, des
Bulles, des Cérithes, des Oursins, etc.
» Six personnes sont descendues en scaphandre et ont rapporté des ani-
maux variés.
« Mardi 3i. — Dans la matinée, conférence et exercices pratiques, par
M. le D1 Prouho, sur les Bryozoaires vivant dans les bacs et péchés pen-
dant les sorties du bateau.
» Dans la soirée, conférence sur les poissons de la localité, par M. le
D1 Guitel.
» Promenade sur les rochers voisins du laboratoire, conduite par le
Directeur, où l'on a recueilli des Oursins, des Actinies et où l'on a appris
à trouver le Gadinia Garnolii siphonaire, qui vit, avec beaucoup d'autres
animaux, dans les trottoirs formés à la limite des eaux par une algue s'in-
crustant de calcaire.
» Mercredi ier et jeudi 2 avril. — Excursion en Espagne, à Rosas.
» Départie Ie' , à G1' du matin; passage à Figueras, où nous sommes
( 839)
reçus très chaleureusement; arrivée le soir à Rosas, où déjà le bateau du
laboratoire était au mouillage.
» Je dois remercier M. le consul d'Espagne à Perpignan, qui avait mis le
plus grand empressement à faire disparaître toutes les causes de retards
que les formalités administratives auraient pu nous susciter.
» A Rosas, nous avons dû renoncer à visiter la madrague pour la pêche
du thon, un bateau à vapeur l'ayant fort endommagée. Je l'ai regretté, car
c'était l'une des visites les plus intéressantes de cette partie de l'excursion.
» Le temps, devenu pluvieux, et le vent trop faible ne permirent pas
d'effectuer les dragages que je tenais cependant beaucoup à faire exécuter ;
toutefois nous avons pu visiter l'établissement d'ostréiculture de Ro-
damar et nous rendre compte de la faune des lieux.
» En suivant la grève pour arriver à l'établissement, on a fait de bonnes
récoltes, car on a rencontré des objets fort intéressants. En effet, on a
trouvé rejetés par la lame des coquilles d'Acéphales, de nombreuses es-
pèces de Gastéropodes, des tests d'Amphidetus (Echinocardium mediter-
raneum), une Tethys léporine vivante, des Bryozoaires, des Ascidies, toutes
ces choses montrant et la nature et la richesse du fond de Rosas.
» L'établissement d'ostréiculture est situé à l'embouchure de la petite
rivière appelée Lloregat. L'établissement est formé de bassins assez élevés
pour être à l'abri des fortes crues de la rivière et des grosses lames de la
mer. Il est alimenté d'eau de mer par un moulin automoteur actionnant
une pompe.
» Les huîtres y sont placées sur des cadres grillagés de fil de fer et peu-
vent être visitées facilement.
» Leur origine est française. Une première fois, du naissain a été apporté
d'Arcachon à Rodamar (c'est le nom de l'établissement) et s'y est bien
développé; mais un envoi fait cette année même a été saisi à la frontière
par la douane française sous le prétexte que les huîtres n'avaient pas la
taille marchande.
» A un certain point de vue la chose est fâcheuse. En effet, la vente du
naissain peut être une source de revenu fort rémunérateur pour les éleveurs
placés dans des conditions favorables à la reproduction de l'huître. Il arri-
vera certainement un moment où l'élevage, d'une part des huîtres pour la
consommation et d'autre part pour la production du naissain, constituera
deux branches distinctes de l'ostréiculture; cette division du travail
existe déjà dans quelques localités. Pourquoi entraver cette industrie sous
( 84o )
le prétexte que les huîtres, petites, à l'état de naissain, ne sont pas mar-
chandes?
» Le propriétaire de Rodamar a, dans ce moment-ci, de bonnes et belles
huîtres qu'il se propose de conserver et d'utiliser pour la production du
naissain; il a préparé ses collecteurs : s'il réussit, il a devant lui un bel
avenir.
» Dans le lit de la rivière, des pilotis nombreux ont été implantés; et,
suivant la méthode usitée dans les baies de Charrons et de l'Aiguillon, on
cultive les moules, qui prennent une belle taille.
» Vendredi 3. -- A notre retour d'Espagne, nous avons trouvé mon
excellent collègue et ami, M. le professeur Flahault, qui doit au mois de
mai prochain guider la Société de Botanique dans les Albères, et qui était
venu pour se rendre compte de l'état de la végétation. Il a passé quelque
temps à Banyuls, ce qui a été une bonne fortune pour les excursionnistes,
car sous les murs mêmes du laboratoire il a fait une herborisation des
plus instructives, pendant laquelle il a fait recueillir de nombreuses
espèces d'algues en donnant sur elles les renseignements les plus détaillés.
» Mon cher collègue de Montpellier a droit à tous nos remerciements.
» Deux observations particulièrement importantes pour les étudiants
ont été faites pendant l'excursion : on sait que la reproduction des Cépha-
lopodes a vivement intrigué les zoologistes. Ces animaux, pour vivre en
captivité, doivent être dans un milieu parfaitement approprié à leur mode
d'existence. Dans le bassin à jet d'eau du milieu de l'aquarium, tous les
excursionnistes ont pu, à loisir, voir une belle Sépia entourant une tige
dénudée de zoster avec la pointe de ses bras, pour déposer ses œufs et
former peu à peu un groupe de raisins de mer, comme disent les marins.
La ponte, que je mets sous les yeux de l'Académie, a été faite en un jour
et avait commencé la veille, le soir, à la lumière électrique.
» Mais, ce qui surtout a beaucoup été remarqué, c'est la ponte et le
développement des Comatules. Le bac où se trouvaient ces animaux était
l'objet de l'admiration de tous les visiteurs. La ponte a eu lieu au commen-
cement d'avril ; en peu de temps, les glaces et les pierres du bac, les tiges
d'épongés (Axinella) ont été couvertes d'innombrables embryons à tous
les états de développement. Après deux jours, les pentacrines étaient
formés et l'on pouvait, à la loupe, contre les parois des glaces, observer
leurs bras et leurs pinnules.
» A Roscoff, c'est surtout dans le mois de juillet, fin juin et au commen-
( 84i )
cément d'août que la ponte s'accomplit. Il me souvient, d'antre part,
d'avoir trouvé des tapis de pentacrines sous les pierres de la jetée de
Frontignan à Cette en août et septembre. En rapprochant ces observa-
tions, on serait tenté de conclure que, dans la Méditerranée, la période de
reproduction des Comatules est plus longue que dans la Manche. J'ai retenu
longtemps les excursionnistes devant ce bac, et, dans des entretiens fami-
liers, qui ne sont pas les moins instructifs, j'ai insisté sur l'importance
des faits qui se passaient sous leurs veux. Ils ont tous, en effet, pu vérifier
cette observation, l'une des plus curieuses et des plus importantes de la
Zoologie moderne, faite par Wywilhe Thompson et Carpenter, à savoir
que la forme pentacrine est la forme larvaire et embrvonnaire pour les
Comatules vivantes de nos parages. De ce qu'ils constataient de visu.
ils ont pu tirer cet enseignement précieux, que l'étude de l'évolution des
êtres est, sous peine d'erreur, inséparable de l'histoire des animaux.
» L'excursion s'est terminée le 5 avril, après une conférence du Dr Pru-
vot.
» Un jour, nous avons été quarante-cinq personnes au laboratoire.
MM. le professeur Geddes, de Dundee, accompagné de deux élèves; le
professeur Yung, de Genève; le professeur Flahault, suivi par un natura-
liste de Schaffhouse, et un étudiant américain, s'étaient joints à nous; deux
Russes, un Roumain et un docteur belge avaient tait aussi partie de l'ex-
cursion, ainsi qu'un étudiant de la Faculté de Clermont.
» Je ne puis taire combien j'ai été heureux de voir un aussi grand
concours de naturalistes venir d'aussi loin au laboratoire Arago.
» C'est la seconde fois que j'organise une telle excursion : la première,
en 1890, fut modeste; celle de cette année a pris de plus grandes propor-
tions; aussi, m'appuyant sur cette liberté et cette indépendance d'action
qui caractérise l'École des Hautes Etudes, prenant encore pour base
d'opérations le laboratoire Arago, puis-je espérer l'année prochaine de
pousser plus loin les excursions secondaires et de revoir peut-être les îles
Baléares, où nos moissons seront non moins riches et présenteront l'attrait
d'un pavs fort curieux et peu exploré. »
( 842 )
ANATOMIE GÉNÉRALE. — De V endot hélium du péritoine et des modifications
qu'il subit dans l'inflammation expérimentale ; comment il faut comprendre
la guérison des plaies par réunion immédiate; par M. L. Ra.wier.
« On observe facilement, chez le cochon d'Inde, la structure de l'endo-
thélium du péritoine, que je vais décrire. Il convient de choisir un animal
jeune. Après l'avoir sacrifié, on ouvre la cavité péritonéale, on détache le
grand épiploon. La membrane étant ensuite étendue sur une lame de verre,
on laisse tomber à sa surface quelques gouttes d'une solution d'acide os-
mique à i pour ioo. Une minute et demie après, montre en main, on lave
et on colore par le violet de méthyle 5B, 5R ou hexaéthylé, en solution
aqueuse. La coloration se fait rapidement. Lorsqu'elle est produite, on
recouvre d'une lamelle et l'on examine au microscope, à une bonne lu-
mière et à un grossissement de 3oo à l\oo diamètres.
» L'endothélium qui recouvre la surface de la membrane se reconnaît
de suite à ses noyaux, qui sont bien colorés, superficiels, ovalaires et aplatis.
Chacun de ces noyaux est entouré d'une couche de protoplasma granuleux,
de laquelle partent en rayonnant des travées protoplasmiques qui s'anasto-
mosent entre elles et avec les travées de même nature, émises par les cel-
lules endothéliales voisines. La masse protoplasmique qui entoure les
noyaux et les travées qui en partent, étant assez vivement colorées par les
violets de méthyle, se montrent nettement.
» Si l'on combine ces notions nouvelles avec celles que l'on possédait
déjà sur la constitution des endothéliums, on arrive à la conception mor-
phologique suivante : chaque cellule endothéliale contient un noyau et se
limite à la surface par une plaque très mince, constituée par du proto-
plasma condensé. Cette plaque, plaque endothéliale, forme le champ de
la cellule, qui se montre si nettement circonscrit dans les imprégnations
d'argent. Le protoplasma situé au-dessous de la plaque, et dans lequel le
noyau de la cellule est compris, n'est pas individualisé ; son réticulum se
poursuit sans discontinuité de cellule à cellule. Il en résulte qu'un revê-
tement endothélial constitue une colonie dont les éléments, quoique dis-
tincts, n'en sont pas moins étroitement liés entre eux.
» Cette manière de comprendre les endothéliums est confirmée par
des recherches d'histologie pathologique expérimentale que j'ai faites ré-
( 843 )
cemment sur le grand épiploon de quelques mammifères. Ces recherches
complètent et étendent celles qui sont déjà consignées dans la ire édition
(1869) de notre Manuel d'Histologie pathologique, en collaboration avec
M. V. Corail.
» Mes expériences nouvelles ont porté sur le lapin, le cochon d'Inde et le
rat. On a provoqué chez ces animaux une péritonite légère, en injectant dans
la cavité péritonéale, au moyen d'une seringue hypodermique, six gouttes
d'une solution de nitrate d'argent à trois pour mille. Les animaux ont été
sacrifiés un, deux, trois, six et neuf jours après l'injection de la substance
irritante. J'ai fait l'étude du grand épiploon enflammé en suivant exacte-
ment la méthode indiquée plus haut.
» Au bout de vingt-quatre heures, on constate que les régions de la
membrane qui ont été atteintes le plus fortement par la solution caustique
sont entièrement dénudées; leurs cellules endothéliales ont été nécrosées
et éliminées, ou bien, après s'être gonflées, elles sont tombées dans la
cavité péritonéale. Sur d'autres points où l'action du nitrate d'argent a été
plus faible, l'endothélium est encore en place; mais il a subi des modifica-
tions importantes. La plaque endothéliale a disparu ; le noyau est légère-
ment gonflé et le protoplasma qui l'entoure a pris une forme nouvelle;
certaines travées du réticulum protoplasmique ont disparu, tandis que les
autres ont subi une hypertrophie notable. Il en résulte que le pavé-endo-
thélial est transformé en un réseau de cellules étoilées, ramifiées et ana-
stomosées les unes avec les autres par leurs prolongements. Ces cellules
sont semblables aux cellules conjonctives, ou plutôt ce sont des cellules
conjonctives.
« Chez les animaux sacrifiés trois jours après l'injection intrapérito-
néale de nitrate d'argent, surtout chez le rat et le cochon d'Inde, j'ai
constaté que les cellules étoilées qui recouvrent les travées du grand épi-
ploon ont pris un développement considérable. Certaines ont émis des
prolongements d'une grande longueur qui s'entre-croisentou se fusionnent
avec les prolongements des cellules voisines. En quelques points, surtout
dans le voisinage des travées vasculaires, ces cellules, dont quelques-unes
ont plus de 100 pi de diamètre, s'étendent par-dessus les mailles du réseau
épiploïque et les bouchent. Une observation un peu attentive conduit à re-
connaître qu'elles sont fixées à des filaments de fibrine qui leur servent de
supports. Je m'explique : dans les premières phases du processus inflam-
matoire, c'est-à-dire dans les deux premiers jours, le liquide péritonéal est
devenu plus abondant et présente tons les caractères d'un exsudât inflam-
( 844 )
matoire. Il donne naissance à de nombreux filaments de fibrine qui se fixent
à la surface des travées épiploïques et couvrent les mailles du grand épi-
ploon comme d'une toile d'araignée. Les cellules conjonctives, nées des
cellules endothéliales, ont la propriété de se fixer aux surfaces et de s'y
étaler; elles s'étendent aussi bien sur la fibrine que sur les faisceaux de
tissu conjonctif; on en voit dont les prolongements s'appliquent sur des
fdaments fibrineux et les accompagnent sur un trajet de plusieurs dixièmes
de millimètre. La fibrine forme donc une sorte de charpente qui sert de
support à un nouvel édifice constitué par des cellules ramifiées et anasto-
mosées.
» Tout cela peut se produire avant qu'il y ait de multiplication cellu-
laire. Celle-ci ne commence pour les cellules endothéliales et conjonctives
qu'à la fin du deuxième jour. Elle se fait par le mécanisme de la division
indirecte ou karyokinèse, ainsi que cela a été observé par M. Toupet (').
» Je laisse de côté tout ce qui, dans le processus inflammatoire, est
relatif aux cellules lymphatiques et aux clasmatocytes, me proposantd'en
faire, à cause de son importance, le sujet d'une Communication spéciale.
» A partir du quatrième jour, la réparation des tissus se produit rapide-
ment, dans les conditions expérimentales où je me suis placé. Les cellules
conjonctives redeviennent peu à peu des cellules endothéliales, tout en
continuant de se multiplier activement par le mécanisme de la division
indirecte. Elles arrivent même à être plus nombreuses qu'il n'est néces-
saire pour garnir toute la surface de la membrane. Quelques-unes d'entre
elles, ne trouvant plus qu'une place restreinte sur les travées de l'épiploon,
y sont fixées seulement par une sorte de pied auquel leur corps, libre dans
la cavité péritonéale, est relié par un pédicule plus ou moins long. Ces
cellules deviennent souvent vésiculeuses et revêtent alors les formes sin-
gulières des cellules du cancer colloïde du péritoine. J'ai vu leur pédicule
canalisé.
» En général, vers le neuvième jour, l'endothéliiun est complètement
reconstitué, mais les cellules qui le composent n'ont pas encore repris leur
disposition normale. Leur protoplasma réticulé est formé de travées plus
grosses, moins nombreuses et plus granuleuses que chez l'animal adulte et
même chez le jeune. Aussi ces cellules sont-elles plus épaisses et forment-
elles de légères saillies. Il en résulte que les travées épiploïques, au lieu
d'être régulières, paraissent mamelonnées.
(') Toupet, Modif. cell. dans l'infl. simple du péritoine, th. 1887.
( 845 )
» Je pense que les faits exposés dans cette Note jettent une certaine lu-
mière sur une question fie Pathologie générale importante et encore fort
obscure. Comment se fait la guérison des plaies par réunion immédiate?
» Il est clair que l'on ne saurait plus admettre aujourd'hui la théorie de
J. Hunter, théorie d'après laquelle il transsuderait des lèvres de la plaie
une lymphe plastique qui s'organiserait par la suite. Il est établi, en effet,
que les cellules ne se forment pas plus aux dépens d'un blastèmc que les
microbes dans un bouillon de culture stérilisé.
» La théorie de Virchow et de Billroth, qui admet l'édification d'un tissu
cicatriciel dont les éléments seraient fournis par les cellules du tissu con-
jonctif proliféré, n'est pas soutenable en ce qui regarde la réunion immé-
diate, puisque la multiplication des éléments cellulaires du tissu conjonctif
par division indirecte ne commence que \ ers la fin du troisièmejour et qu'à
cette époque la réunion immédiate est déjà produite.
» Nous avons vu que la multiplication des cellules connectives est pré-
cédée de leur hypertrophie et que, sous l'influence du mouvement nutritif
intense résultant de l'irritation, ces cellules émettent des prolongements
d'une grande longueur qui s'appliquent sur les filaments de fibrine de
l'exsudat inflammatoire, les suivent dans leur trajet, rencontrent des pro-
longements de même nature émanés des cellules voisines et se fondent
avec eux.
» Il se produit probablement, je pourrais presque dire certainement,
des phénomènes analogues dans la réunion immédiate des plaies. Il se fait
d'abord un exsudât plus ou moins hémorragique duquel se séparent des
filaments fibrineux qui se fixent aux faisceaux de tissu conjonctif et consti-
tuent une première charpente entre les deux lèvres de la plaie. Bientôt, à
la suite de l'irritation, les cellules de tissu conjonctif grossissent, leurs pro-
longements divisés s'accroissent, il s'en fait de nouveaux.
» Ces prolongements s'accolent aux filaments de la charpente fibrineuse,
les suivent, se soudent les uns aux autres et forment ainsi une seconde
charpente plus solide que la première, plus vivante et qui va bientôt tra-
vailler à l'édification définitive de la cicatrice par le développement de
faisceaux conjonctifs et de fibres élastiques.
» Il n'est pas nécessaire d'insister sur la différence de cette théorie avec
les théories anciennes. Elle seule peut expliquer la réunion si rapide des
plaies par première intention, réunion qui se produit avant que les cel-
lules de tissu conjonctif aient pu se multiplier par division et qui cepen-
dant s'effectue sous l'influence de ces cellules. »
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N» 16.) l i l
( 846 )
M. le Paësidevt annonce à l'Académie la perte qu'elle a faite dans la
personne de M. Ledieu, Correspondant pour la Section de Géographie et
Navigation, décédé à Toulon le 17 avril 1891.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Corres-
pondant pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de
feu M. Pissis.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 48,
M. de Serpa Pinto obtient 4 2 suffrages
M. le Prince de Monaco obtient 5 »
Il y a un bulletin blanc.
M. de Serpa Pixto, ayant obtenu la majorité des suffrages, est élu
Correspondant de l'Académie.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions, chargées de présenter des questions de prix.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Commission chargée de présenter une question de Prix Gay {Géogra-
phie physique) pour l'année i8g3. — MM. Grandidier, Bouquet de la
Grye, d'Abbadie, A. Milne-Edwards, Jurien de la Gravière réunissent la
majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus
de voix sont MM. Daubrée et Paris.
Commission chargée de présenter une question de Prix Pourat {Physio-
logie) pour l'année i8o,3. — MM. Bouchard, Marey, Ranvier, Brown-
Séquard, Chauveau réunissent la majorité des suffrages. Les Membres
qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. A. Milne-Edwards
et de Quatrefages.
Commission chargée de présenter une question de Grand prix des
Sciences physiques pour l'année i8q3. — MM. de Quatrefages, Duchartre,
Daubrée, Fizeau, Fremy réunissent la majorité des suffrages. Les Mem-
bres qui, après eux, ont obtenu le plus de voix sont MM. Blanchard et
Marey.
( «47 )
Commission chargée de présenter une question de Prix Damoiseau pour
l'année 1894. — MM. Faye, Tisserand, Wolf, Lœwy, Janssen réunissent
la majorité des suffrages. Les Membres qui, après eux, ont obtenu le plus
de voix sont MAI. Mouchez et Poincaré.
MEMOIRES PRESENTES.
M. Folie adresse un travail ayant pour titre : « Note sur la nutation ini-
tiale de l'axe du inonde et résumé des déterminations obtenues jusqu'ici. »
(Commissaires : MM. Fave, Lœwy, Tisserand.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel présente le premier volume des « Leçons
sur les métaux » publiées par M. Ditle et appelle l'attention de l'Académie
sur l'intérêt que présente cet Ouvrage pour l'exposition des idées et des
méthodes de la Mécanique chimique.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Le premier numéro pour 1891 du «Journal d'Histoire des Mathéma-
tiques», publié à Stockolm par M. G. Enestrôm. (Présenté par M. Hermite.)
i° Trois volumes sur le terrain houiller de Commentry, ayant pour
titres: m Lithologie et stratigraphie»; par MM. de Lau/iav et Stanislas
Meunier. « Flore fossile » ; par MM. />'. Renault et R. Zeiller. « Faunes ichtvo-
logique et entomologique » ; par MM. Charles Brongniart et Emile Sauvage.
( Présentés par M. Daubrée.)
Le Comité hongrois du second Congrès orxithologique international
informe l'Académie que le Congrès se réunira à Budapest le 17 mai prochain.
M. le Maire de la ville de Dax invite l'Académie à se taire représentera
l'inauguration de la statue de Borda qui aura lieu le il\ mai prochain.
( 8^8 )
ASTRONOMIE. — Nébuleuses nouvelles, découvertes à T Observatoire de Pans Q);
par M. G. Bigourdas. Note communiquée par M. Mouchez.
Ascension
droite.
1860,0.
N-.
— — —
209..
h m
. i6.3i.36
210.. .
16.37.45
211...
16. 5o. 17
212. . .
i6.5o.49
213...
iG. 54.5i
214... .
. 16.S9.19
215...
. 17. 8. i3
216...
. 17. 8.3i
217. . .
17.13. 26
218. . .
17.59.11
219...
17.59.20
220...
18. 4.56
221. .
. 18. 5.ii
222. . .
. 18. 6.38
223. . .
. 18. 8. 6
224...
18.10.26
225...
. 19. 11. 16
226. . .
20.IO.3o
Distance
polaire.
Description.
O '
53. 3 1 Gr. : i3,4; ronde, 20" de diamètre, avec noyau stel-
1 aire excessivement faible.
3i. 7 Gr. : 1 3 , 3 ; ronde, 25" de diamètre, avec noyau stel-
laire et accompagnée de quatre étoiles voisines.
32.52 Gr. : i3,5; parait formée par plusieurs étoiles, avec
un peu de nébulosité.
26.39 Gr. : i3,4-i3,5; dilTuse, 40" à 5o" d'étendue. L'étoile
1 3 1 o BD -+- 63" est à p = 53°, d = 3',5.
66-46 Gr. : i3,4; avec noyau stellaire excessivement faible.
28.45 Trace de nébulosité, soupçonnée près de i63iBD-+-6i°,
À p = 60°, </ = 3'.
69.36 Gr. : 1 3 , 5 ; d'aspect un peu nébuleux. Une étoile de
10e grandeur est k p = 35o°, d = i',3.
102.38 Objet fortement stellaire, accompagné d'un peu de
nébulosité. L'étoile 4698 BD — 12° est à p = 2080,
d = o',j.
02.28 Gr. : i3,4-i3,5; de 4o" d'étendue et située contre
une étoile 12, 5 qui gêne fortement pour l'aper-
cevoir.
64- 55 Petit amas.
64-53 Gr. : i3,4; paraît être un amas entremêlé de nébu-
losité. Une étoile 10 est à p = 870, d = 3'.
5g. 2 Petit amas.
58.53 Gr. : i3,4; de i5" de diamètre; on v soupçonne plu-
sieurs étoiles.
64.22 Etoile i3,4 qui n'est pas nettement stellaire.
68.56 Gr. : i3,5; on y soupçonne deux ou trois étoiles très
faibles.
64 .57 Petit amas.
91 .52 Paraît être un amas "de 25" à 3o" de diamètre, et voi-
sine de 6778 N. G. C., qui est à p = 2700, d = 3'.
72.24 Gr. : i3,4-i3,5; très diffuse, de i',5 à 2' d'étendue.
(') Voir p. 647 et 7o3 de ce Volume.
( «49 )
Ascension
Distance
droite.
polaire.
V".
1860,0.
227.. .
h m 9
aO.II.43
0 '
59.45
228...
20. i5.33
83.55
229...
2 1 . 5 1 . 36
89-'9
230. ..
21 .52.26
89. .3
231...
. ai. 56. 18
79-29
232.
233.
234-.
235.
236.
237.
238.
239.
240.
241.
24-2.
24.3.
244.
2 1.09. 09
22. 9.10
22. 3 i .34
22.3g. 2
22.48. 8
22.D1 .34
8o.35
5b.ii
79.53
96. iS
82 . 2 I
22
55
.59
_ /
, 1
10
23
1 1
10
80
27
23
1 1
56
79
26
23
16
49
8.
/
23
24
20
78
29
23
43
55
63
42
2 3
43
56
63
44
Description.
Étoile 1 3, 2-1 3, 3 qui paraît accompagnée de nébu-
losité excessivement faible.
Trace excessivement faible de nébulosité, soupçonnée
seulement.
Trace excessivement faible de nébulosité, située près
de 4802 BD -+- o° qui est à p = 3o8°, d = 8'.
Trace excessivement faible de nébulosité.
Gr. : 1 3, 4-i 3, 5; i5" de diamètre, très difficile à dis-
tinguer de 7190 N. G. C, par rapport à laquelle
elle se trouve à la position p = 1010, d=i'. Elle ne
parait pas se trouver dans les listes de M. Stéphan,
qui a découvert 7190 N. G. C.
Nébuleuse soupçonnée près d'une étoile de gr. 1 1.
Nébuleuse excessivement faible de 20" de diamètre
avec petit noyau stellaire.
Gr. : 1 3, 3-i 3, 4; de 10" de diamètre et d'aspect stel-
laire.
Gr. : i3,4; très petite, d'aspect fortement stellaire.
Gr. : 1 3 , 5 ; parait être une nébuleuse voisine de
6097 BD — 6° qui est à p = i4o°, d =1'.
Gr. : i3,4; de 5" à 6" de diamètre. Pourrait être une
simple étoile.
Gr. : 1 3, 3-i 3, 4; parait être un petit amas.
Gr. : 1 3, 4-i 3. 5; très diffuse, 3o" de diamètre, sans
noyau.
Petit amas de 20" de diamètre, accompagné peut-être
d'un peu de nébulosité.
Gr. : i3,2-i3,3; de i5" de diamètre, sans noyau.
Gr. : 1 3 , 5 ; soupçonnée seulement.
Gr. : i3,4; soupçonnée près d'une étoile de gran-
deur 12,5.
Étoile i3,2 qui paraît accompagnée de nébulosité.
v.
71
114
147-148
Rectifications et remarques.
Pour la distance polaire, au lieu de 68°4i', lisez Ç>ç)°o'.
Cette nébuleuse déjà indiquée en 1887 (Remarques), est re-
produite ici parce qu'elle n'avait pas reçu de numéro.
Trouvées en cherchant 2296 N. G. C que j'ai pu apercevoir à
sa place.
( 85o )
N".
817 N. G. G. 1889 oct. 3o Non trouvée à la position de N. G. C, mais
26" après.
992 N. G. C. 1889 oct. 3i Elle passe ;s avant ia position de N. G. C.
2618 N. G. C. 1890 mars i5 Trouvée i2s après la position de N. G. C.
4572 N. G. C. 1887 juillet 12 Trouvée 34s après la position de N. G. C.
5863 N. G. C. 1889 avril 3o Non vue à la position de N. G. C. ; mais à la
position yR=i5h2m53s, T= i07°.">8\ j'ai
aperçu une nébuleuse de grandeur i3,4
(n° 189) qui, d'ailleurs, ne répond pas à la
description de N. G. C.
5941 et 5942 N. G. C. 1890 juin 10 La première de ces deux nébuleuses est la
plus australe, tandis que, d'après le N.G.C.,
elle serait la plus boréale.
6059 N. G. C. 1890 juin 19 Je l'ai trouvée n5 après la position de
N. G. G.
GÉOMÉTRIE. — Sur la déformation des surfaces spirales.
Note de M. L. Raffy, présentée par M. Darboux.
« En vue d'étudier certains problèmes relatifs à l'importante classe des
spirales, j'ai cherché à caractériser les surfaces qui résultent de leur dé-
formation. Le problème se pose en ces termes :
» Étant donné un élément linéaire, exprimé au moyen de variables quel-
conques, reconnaître s'il existe des spirales admettant cet élément linéaire.
» Nous supposerons l'élément linéaire donné sous la forme Idxdy.
Mais, comme la solution de ce cas ne comportera que des opérations à
effectuer sur des paramètres différentiels, elle sera valable dans tous les
svstèmes de coordonnées.
» Pour qu'un élément linéaire idxdy convienne à des spirales, il faut
et il suffit que, par un changement de variables
, dx , dy
du = -zr-, — ; , av —
la fonction ï&i\ prenne la forme é-^a~v) $(h + r), ce qui s'exprime par la
relation
(1) (£' — r,' 4- 2i)\ + ;"a',. - rik'j - o.
Dans l'énoncé des conditions que cette identité entraîne, je représenterai
( 85i )
la courbure totale par — -iê et j'emploierai pour les paramètres différen-
tiels les notations qu'on trouvera définies dans la Théorie des surfaces de
M. Darboux (Livre VII, Chap. I).
» Quand l'invariant e~°A0 ne se réduit pas à une constante, on déduit
de l'équation (i) que les deux invariants
e(<?-9A6, G) (e-flA6)
A(e-f)A0) ' A(e-»A6)
sont des fonctions de e_6A9, et que ces conditions sont suffisantes.
» Quand l'invariant e_0 A9 se réduit à une constante, on déduit de l'équa-
tion (i) que les deux invariants
e(e-° A.,o,m A,(e-eA2e)
A(e-°A20) i((r°l28)
doivent être des fonctions de e_0 A20, si toutefois cette expression n'est pas
une constante.
» Pour réduire le nombre de ces conditions et traiter le cas exceptionnel
où les deux invariants e~9A6, e_9A28 sont constants, je prends l'élément
linéaire
ds'- = du'1 -+■ pr; rff a
des surfaces à lignes d'égale courbure parallèles, et je détermine la fonc-
tion U par la condition e-9A9 = const. Je forme ensuite l'invariant e~8 A2Ô
et je montre que, s'il est constant, les surfaces correspondantes, qui sont
applicables sur des surfaces de révolution, sont applicables aussi sur des
spirales. Supposant enfin que c_JA_.0 n'est pas une constante, je calcule
l'invariant 0(e-6 A20, 0 ) : A(e fJ A20) et je prouve que, s'il est fonction de
e~e A29, les surfaces sont toujours applicables sur des spirales, ce qui montre
que la troisième condition obtenue d'abord peut être laissée de côté. J'ar-
rive ainsi à ces conclusions :
» Pour reconnaître si un élément linéaire, donné sous une forme quelconque,
convient à des spirales, on calculera la courbure totale — iê (qui ne peut être
constante sans être nulle), et l'on formera l'invariant e~° A9.
» S'il ne se réduit pas à une constante, on formera les deux invariants
e(e-6A0,O) A2(e-6A9)
A(e-OAO) ' A(e-6A6) '
et l'on devra vérifier que chacun d'eux est une fonction de e~'' A9.
( 852 )
» Si e~°AO est une constante, on calculera l'invariant e~9A29. Si ce dernier
est constant aussi, l'élément linéaire donné convient à des spirales en même
temps qu'à des surfaces de révolution. Si e-5A20 n'est pas une constante, on
formera
A(e-6AS8) '
et ce nouvel invariant devra être une fonction de e"°A29.
» Remarquons qu'en égalant à zéro les deux invariants 0( e^ÀÔ, 0) et
0(e-9A29, 6), on aurait les caractères spécifiques des surfaces applicables
sur les surfaces de révolution.
» Les conditions à la fois nécessaires et suffisantes que nous venons
d'énoncer et qui résolvent, dans tous les cas, le problème proposé, per-
mettent encore de déterminer des fonctions inconnues d'une variable,
figurant dans un élément linéaire, parla condition cpie cet élément linéaire
convienne à des spirales. Soit par leur emploi, soit au moyen de considé-
rations directes, on peut établir les théorèmes suivants :
» Les éléments linéaires qui conviennent à la fois à des spirales et à des sur-
faces moulures sont tous compris dans les formules
ds2 = du2 + a2 (um - v7^') dv2, ds2 = du2 + a2(log« — loge )2 dv2,
où a et m sont des constantes arbitraires.
» Les éléments linéaires qui conviennent à la fois à des spirales et à des sur-
faces réglées sont tous compris dans la formule
ds2 = du2 -+- (a ^ -+- b - -+- c ) dv2,
où a, b, c sont trois constantes arbitraires.
L'hypothèse a = o, qui donne
ds2 = du2-+-(b--+- c) dv2 = {J + p3 )(dx- 4- dV),
doit être signalée. En effet, M. Weingarten a récemment déterminé
(p. 7o5 de ce Volume) toutes les surfaces applicables sur les paraboloïdes
cjui ont un plan directeur tangent au cercle de l'infini. (Voir à ce sujet la
fin d'une Note insérée aux Comptes rendus, t. CX, p. 223.) On peut donc,
en particulier, trouver toutes les surfaces dont l'élément linéaire a la forme
ci-dessus. »
( 853 )
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie de la lumière.
Note de M. C. Raveau, présentée par M. Lippmann.
« Maxwell a montré que les composantes du potentiel vecteur dans un
milieu isotrope satisfont aux mêmes équations différentielles du second
ordre que les composantes de l'élongalion dans la théorie de l'élasticité;
il a étendu ensuite sa théorie au cas des milieux homogènes cristallisés et
retrouvé l'équation aux vitesses de Fresnel. Depuis, plusieurs auteurs ont
établi des relations entre les différents vecteurs qui s'introduisent dans la
théorie électromagnétique de la lumière et dans les diverses théories élas-
tiques, mais ils se sont bornés à la considération des équations linéaires
et au cas des ondes planes. Il m'a semblé intéressant de serrer de plus
près les analogies en considérant les diverses expressions de l'énergie.
» Je me bornerai dans celte première Note à l'étude d'un milieu homo-
gène possédant une perméabilité magnétique sensiblement constante dans
toutes les directions, ce qui est à peu près vrai pour la plupart des cris-
taux, et je prendrai pour axes de coordonnées les trois axes de l'ellipsoïde
d'induction électrostatique.
» L'énergie par unité de volume est, avec les notations de Maxwell,
W=^(K,P2-+-K2Q2-r-K3R2) + J-(^ + ;^ + ^);
il s'agit de mettre une partie de cette expression sous la forme d'une
énergie cinétique, et l'autre sous la forme d'une énergie potentielle élas-
tique, c'est-à-dire sous la forme d'une fonction quadratique des dérivées
des composantes de l'élongation par rapport à l'espace.
» Ou peut y arriver de deux façons :
» i° En exprimant les composantes des forces électrique et magnétique
en fonction du moment électromagnétique; des relations connues on
déduit pour l'expression de l'énergie
W< = i
K<U) +M777) +Mdï
87:
En écrivant que la variation par rapport au temps de l'intégrale de
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N" 16.) ' 12
( 85/, )
cette expression prise dans tout l'espace est nulle, on obtiendra, par la
méthode de Lagrange, des équations identiques à celles qu'a données
M. Glazebrook, et qu'on déduit de la théorie de M. Sarrau. La considéra-
tion de ces équations seules n'aurait pas permis d'identifier le vecteur de
M. Glazebrook plutôt avec le moment électromagnétique qu'avec la force
électrique par exemple, puisque ces équations ne sont pas modifiées quand
on différencie un nombre quelconque de fois par rapport au temps.
» 2° On peut introduire un autre vecteur X, id>, S, que Maxwell n'a pas
considéré et cpie je définirai par les équations
d i.
il y
dwh
a="777'
dz
a M
-K,Q = £
de
dx
de
" - ~~dï'
- *.« = £
dx,
Or
dans lesquelles le sens de rotation positif est celui qu'adopte Maxwell.
» L'expression de l'énergie devient
v>2— 8* [Kl \djr dz ! ^ K,\ dz
i
8^
dx I K3 \ dx ôy
fdS
V. I — 77- ) ■+- <J-
(Il
l'expression qu'avait donnée Mac Cullagh en fonction des composantes de
l'élongation est identique à celle-là, sauf, bien entendu, la signification
physique des constantes. On pourrait également en déduire les équations
de Lamé. Ainsi, la force magnétique ne correspond pas, comme on le dit
souvent, au vecteur de Mac Cullagh, mais à la dérivée de ce vecteur par
rapport au temps.
« On remarquera que l'énergie magnétique, que Maxwell considérait
comme cinétique, correspond à l'énergie cinétique de Mac Cullagh; elle
correspond, au contraire, à l'énergie potentielle dans la théorie de
Sir William Thomson et de M. Glazebrook, dans lesquelles la vibration
est perpendiculaire au plan de polarisation. Toutefois, on peut faire un
rapprochement entre les idées de Fresnel et celles de Maxwell. Pour l'un,
la force électrique est fonction linéaire des composantes du déplacement
électrique; pour l'autre, la force élastique est fonction linéaire des corn-
( 855 )
posantes de l'elongation ; l'énergie électrostatique d'une pari, l'énergie
potentielle de l'autre, auront des expressions semblables.
» Il n'en est plus de même pour l'énergie cinétique. Pour Fresnel, cette
énergie était la force vive, proportionnelle au carré de la dérivée de
l'elongation par rapport au temps; pour Maxwell, au contraire, elle n'est
autre que le potentiel électrodvnamique des courants de déplacement,
dont l'expression en fonction des composantes du déplacement est tout
autre que celle d'une force vive. Or, la somme des deux énergies est con-
stante, par hypothèse, dans la théorie de Maxwell; donc la théorie de
Fresnel, dans laquelle cette somme est différente, ne satisfait pas au prin-
cipe de la conservation de l'énergie. On constate ainsi, par une voie nou-
velle, le manque de rigueur de la théorie de Fresnel. »
CHIMIE. — Dissociation du bromhydrate d'amylêne sous de faibles pressions.
Note de M. Georges Le.moi.xe.
« L'influence de la pression sur la limite de la dissociation est l'une des
questions les plus intéressantes soulevées par nos théories d'équilibres chi-
miques. J'ai pris comme sujet d'expériences le bromhydrate d'amylène,
déjà étudié par M. Wurtz, mais seulement à la pression ordinaire. Sa va-
peur se dissocie progressivement entre i5o°et 36o° en donnant un sys-
tème homogène où la décomposition totale correspondrait à un volume
double de celui de la combinaison.
» Analyses. — Le bromhydrate, préparé comme d'habitude, était pu-
rifié par six ou sept rectifications dans le vide, avec un appareil à quatre
boules.
Composition
d. b. c. <!■ Lhéoriquc.
Point d'ébullition de l'amylène primitif. . . 37-40 33-42 33-36 34-42
Point d'ébullition du bromhydrate 103-107 107-110 106-108 io5 106
Brome (méthode de Carius) 53,2 62,7 52 1 3 5^8 53'°
Hydrogène 7>5 7.4 j ' j " 7>:l
. ,, ., i 4' !° | ■>
Carbone 4?, 6 •>9>J 39,3 " 9'y
( 35fi )
» Températures d èbullilion à de basses pressions (appareil de M. Berthelot).
mm mm
Pressions 764 4">'2 238 121 43 3
Température d'ébullition (écliantillon a) to5 90 71 55 34
» Poids spécifiques (échantillon a bouillant à io5°).
Températures o°, 1 7°,2 1 S", 6 38" Gi° 900 97"
Poids spécifiques.... 1,224 1 , a 1 5 1,200 i,i7<3 1 , 1 J6 r , io'6 1,100
D, = D„(i — 0,00102/ — o, 0000004 L-) ■
» Chaleurs spécifiques (en commun avec M. Albert Colson) déterminées
avec le calorimètre et par les méthodes de M. Berthelot :
Intervalles de température
de Ô2° à i5°. de 58° à 16°. de 87° à 17°.
Chaleurs spécifiques (écliantillon a)... o,3'24 0,325 o,33o
» Dissociation à la pression ordinaire. — Les mesures de densité de va-
peur étaient faites par la méthode de Dumas avec des ballons de très
s
ande capacité.
» Wurtz a donné (Comptes rendus, t. LX, p. 729) 21 densités, dont
17 se placent assez bien sur une courbe régulière, mais il avait dit déjà
que la durée de l'expérience « n'est pas sans influence sur les nombres
» obtenus ». Mes déterminations indiquent une décomposition plus
avancée que les siennes, car on voit dans le Tableau ci-après (p. 858) qu'il
faut aller au delà de la durée habituelle d'une densité de vapeur.
» Diverses expériences ont été prolongées plusieurs heures, grâce à
l'emploi de régulateurs de température, afin d'atteindre la limite de dé-
composition. Vers i5o°, c'est-à-dire un peu au-dessus du point d'ébullition
(to5°), la densité reste la même quelle que soit la durée de l'expérience;
ainsi vers 1 5o° le bromhvdrale d'amylène existe bien à l'état de combi-
naison moléculaire : quelques fumées blanches (HBr) indiquent seule-
ment déjà une trace de décomposition.
» Un caractère très saillant du phénomène est la variation énorme que
subit la densité entre 1 7 V' vl 1900.
» Dissociation à de faibles pressions, £ et ~ d'atmosphère. — Je me suis at-
taché surtout à l'étude des plus faibles pressions, car c'est pour elles que
les différences des résultats sont les plus marqués. Les densités de vapeur
obtenues sont notablement inférieures à celles qu'on a pour la pression
ordinaire. Cette différence se constate dès i5o°; elle semble même appa-
( «57 )
raître dès ioo°, car, avec un vide partiel, on peut descendre jusqu'à cette
température à cause de l'abaissement du point d'ébullition. Les nombres
obtenus seraient d'ailleurs des maxima si, malgré mes efforts, la température
n'avait pas été assez prolongée pour atteindre la limite de la dissociation :
on sait, en effet, que celle-ci s'établit toujours plus lentement dans les gaz
très dilués, comme je l'ai montré pour l'acide iodhydrique.
» Conclusion. — En restant uniquement ici sur le terrain de l'expérience,
on voit que pour le bromhydrate d'amylène, formé avec condensation, la
dissociation est facilitée par une diminution de pression. En discutant sur un
tracé graphique l'ensemble des déterminations dont une partie seulement
est donnée ci-dessous, j'admets approximativement les nombres suivants :
Température :
Densités de vapeur à inlm..
_!_atni
10
100°.
150".
175".
185°.
200°.
225°.
300°.
»
5,2
5,o
4,«
3,5
3,o
2,6
),0
4,6
4.i
3.4
3,i
,,8?
2,6
d'où, par un calcul facile
Fraction de la masse décomposée à ia
» » «
1 :itm
l «
<->, I 1
0,OD
0,28
°>:
0,28 o,5'i 0,69 0,87'
« M. Calvet et M. Ferrières m'ont prêté successivement dans ces re-
cherches leur meilleur concours : je les prie de recevoir tous mes remer-
ciements.
Dissociation du bromhydrate d'amylène à différentes pressions.
Températures.
(Yoir le Tableau ci-après.)
( 858 )
1 lurée
Désignation
de
des
Tem-
l'expé-
Pres-
échantillons.
pérature.
rience.
sion.
Excès de poids
Haro- Volume Densité
mètre « I < ■ Air de
à o. ballon, restant, vapeur.
Pression atm osphériq u e .
» Les expériences faites vers une même température sont rangées d'après leur durée, pour mon-
trer que celles qui sont trop courtes, dans la période de dissociation, donnent des densités trop fortes.
La combinaison totale correspond à la densité 5,24
La décomposition totale correspond à la densité 2.62
o in î II gl' <i [Il m ce rc
C 125 46 "
// / 1 56 io »
b | i54 So »
c < i54 180 »
c / 1 54 36o »
c \ 1 53 36o »
a 160 7 »
a 173 11 »
a 1' i86,3 9 »
a , i83 52 »
a | i84 5i
a / 208 4 "
ci < 200 34 »
C ' 200 180 )>
a / 227,5 6 »
cl ] 229,5 3o »
a (224,5 43 »>
Pression de -^ d'atmosphère.
o min mm gr o mm ce ce
a 98 22 237 +0,070 à 8,6 7.50 4 1 7 0,6 4,75
d i83 44 236 — o,i65 à 12, 3 -43 4!8 0,1 3,4
a 228 io 242 —0,194 à io,5 709 3n 0,8 2,8
1 ,535
à
10,4
760
436
2,0
5 , 1
',649
à
11,2
743
52q
6,3
5,4
i,4o4
à
17,0
749
447
5,8
5,4
i,453
à
12,0
769
467
5,o
5,3
1,788
à
17,0
761
544
M
5,5
1 ,457
à
9,8
762
453
1 , 5
5,4
1,287
à
.7,5
75 1
421
5,2
5,3
!'°77
à
i5,3
754
392
4,2
5,i
0,872
à
i3,3
753
406
4,2
4,5
o,836
à
10,9
757
45 1
0,4
4,i
0,982
à
10, 1
761
49°
1.3
4,2
0,812
à
ii,i
753
525
7>2
3,9
o,5i3
à
12,1
755
4io
3, 2
3,4
o,848
à
12,0
745
583
10, 2
3,7?
o,449
à
'7,1
7.53
386
2>7
3 , 4
o,336
à
8,0
758
44'2
5,o
2,9
o,368
à
">7
76.
434
o,3
2,9
Pression de £$ d'atmosphère.
mm gl' o in m
cl \ 99 64 77 — 0,402 à 11,6 761 5i8 o,3 4,85
d I 100 120 80 — 0,424 à 1 3 , 3 731 599 0,7 5,i
d I i52 4o 81 — o,333 à 11, 4 748 4'3 1,0 4,8
d j 1 49 , 5 92 78 — o,488 à i3,o 761 56g 1,1 4,6
d '79,5 64 76 — o,54o à 18,0 761 606 o,4 4,1
a 184 118 76 — 0,532 à ii,3 763 0,4 0,9 3,i
a 20i,5 82 77 — o,563 à 12,8 762 556 1,1 3,i
( 859 )
chimie. — Sur la préparation et la réaction des chlorures ammoniacaux
de mercure. Note de M. G. André.
« La dissolution de l'oxyde jaune de mercure (2osr) dans une solution
bouillante de sel ammoniac (ioog,'dans 35oer d'eau) fournit, par refroidisse-
ment, un précipité cristallin peu abondant dont la composition n'est
pas constante. Cette composition se rapproche de celle du chlorure
HgCla. 2AzH3 plus ou moins hydraté. L'étude de l'action de l'ammoniaque
sur l'eau mère de ce produit conduit à plusieurs remarques importantes
relatives à la production du chlorure ammoniacal de mercure. Elle conduit
aussi, ainsi que je vais le dire, dans certains cas, à la préparation du chlor-
amidure et du chlorure d'oxydimercuriammonium, et cela conformément
aux vues que j'ai émises antérieurement (').
» I. La dissolution de l'oxyde jaune dans le sel ammoniac étant effec-
tuée comme plus haut et la solution froide étant séparée du précipité cris-
tallin, on traite cette dissolution par de l'ammoniaque du commerce étendue
de son volume d'eau, jusqu'à odeur fortement ammoniacale. Le précipité
blanc, caséeux, qui prend naissance, est lavé rapidement par décantation
jusqu'à disparition d'odeur, puis séché à too°. Un premier produit ainsi
préparé fondait dans un petit tube sans donner d'eau; il avait une appa-
rence cristalline et répondait à la combinaison d'un chlorure ammoniacal
avec le chloramidure HgCl2. 2 AzH3+ HgCl AzH2 (2). En effet, la réac-
tion
HgCl2,2AzIP = HgCl, \/.IIa + AzH'Cl
se produit très vite au contact de l'eau. Mais, si le corps que je viens de
décrire est' lavé avec le moins d'eau possible, le sel ammoniac en excès dans
la dissolution empêche le chloramidure d'être décomposé plus avant par
l'eau. Ce composé me paraît donc contenir du chloramidure. En opérant de
la même façon, mais en tube scellé vers 2000, et en présence seulement
d'une petite quantité d'ammoniaque, j'ai obtenu des corps analogues.
» Dans deux autres expériences dans lesquelles le précipité caséeux a
(' ) Voir Comptes rendus, t. CVIII, p. a33 et 290.
,} Calculé... Gl= 19, i3' Hg = 7.,87 Az'^7,54
Trouvé... CI =19,20 Hg = 72,36 Az = ;,i6
( 86o ;
été longuement lavé, on a obtenu un composé qui, ainsi qu'on pouvait le
prévoir, ne renferme plus de chlorure ammoniacal, mais bien une combi-
naison de chloramidure et du chlorure AzH2(Hg, 0,Hg)Cl. Un lavage en-
core plus prolongé ne laisse que ce dernier corps.
» Un lavage peu prolongé et rapidement conduit fournit le chloramidure
lui-même très pur, ainsi que je l'ai vérifié. Mais on peut facilement dépas-
ser la limite et obtenir une série de combinaisons de chloramidure et de
chlorure d'oxydimercuriammonium.
» II. Si le précipité caséeux produit par la réaction de l'ammoniaque
sur la dissolution d'oxyde jaune dans AzH'1 Cl est chauffé en présence d'un
excès d'ammoniaque en tube scellé, vers 2000, il fournit, par refroidisse-
ment, un corps cristallin qui, lavé avec très peu d'eau froide, répond à la
formule du chlorure ammoniacal bien connu HgCl2 . 2 AzH3. On peut en-
core préparer ce chlorure, ou un hydrate, en ajoutant peu à peu à froid de
l'ammoniaque à la dissolution d'oxvde jaune tant que le précipité, d'abord
formé, se redissout. Le liquide, exposé sur de la chaux vive pendant plu-
sieurs semaines, abandonne peu à peu le chlorure ammoniacal bien cris-
tallisé. On peut également, ou bien ajouter à de l'ammoniaque légèrement
tiède la dissolution d'oxyde jaune, ou bien faire passer pendant longtemps
un courant de gaz ammoniac dans la dissolution d'oxvde jaune chaulfée
doucement. Le précipité caséeux d'abord formé se redissout partiellement
et, après filtration et refroidissement, on obtient le chlorure
HgCl2.2AzH34H20 (.<).
» III. Débarrassée des cristaux du chlorure ammoniacal, l'eau mère
précipite en blanc par un grand excès d'eau. Lavé et séché à ioo°, ce corps
amorphe n'est autre que le chlorure d'oxydimercuriammonium
AzH2(Hg.O.Hg)CI.
Il existe, en effet, en dissolution, du chlorure ammoniacal; celui-ci s'est
décomposé sous l'influence d'un excès d'eau. Les équations suivantes tra-
duisent ces diverses réactions :
2A/.H"Cl -+- HgO = HgCI2,2AzII3 + HH),
2(HgCl2.2ÀzH3) + ll20 = AzII2(Ilg.O.IIg)Cl i- 3AzHlCl,
OU ne se forme, dans aucun cas, un composé tel que Hg Cl2. 5 AzH3, si facile à ob-
tenir dans de semblables conditions avec le chlorure de zinc.
( 86i )
et, enfin,
AzH4Cl 4- 2HgO,= AzHa(Hg.O.Hg)Cl -f-H30.
» IV. On sait que le chlorure ammoniacal cristallisé IlgCl2. 2 AzII3, dont
il vient d'être question, a été préparé d'abord par Mitscherlich en ajoutant,
peu à peu et jusqu'à commencement de trouble persistant, une solution
de sublimé dans une liqueur bouillante contenant un mélange de sel am-
moniac et d'ammoniaque. Or, la même opération, faite en ajoutant un
excès de sublimé, conduit à un autre composé. En effet, si, dans une solu-
tion de sel ammoniac additionnée d'ammoniaque, on ajoute peu à peu, sans
chauffer, une solution de chlorure mercurique, il y a d'abord dissolution,
puis, si on dépasse ce terme, formation d'un précipité caséeux. Ce préci-
pité, lavé par décantation à l'eau froide jusqu'à perte d'odeur ammonia-
cale, puis séché à ioo°, répond à la combinaison d'un chlorure ammoniacal
contenant molécules égales de chlorure et d'ammoniaque • HgCl2. AzII3 (').
Si la même opération est effectuée à l'ébullition, comme pour préparer le
chlorure de Mitscherlich, mais en ajoutant un excès de chlorure mercu-
rique, on obtient encore le corps HgCl2. AzII3, sous forme d'un précipité
caséeux. Ces deux précipités lavés à l'eau froide, en évitant qu'une action
trop prolongée ne les jaunisse, sont décomposés et fournissent du chlora-
midure, car
2HgCl2.AzHs AzHa.HgCl -h AzrPCLHgCP. »
CHIMIE. — Sur les sels de sous-oxyde d'argent. Note de M. Gu.vtz.
« La question de l'existence des sels de sous-oxyde d'argent a été très
discutée. Les résultats de Wohler qui semblaient établir leur existence ont
été contestés, et la majorité des chimistes semble nier leur existence.
. J'ai montré dernièrement l'existence d'un sel de sous-oxyde d'argent
parfaitement défini et cristallisé, le sous-fluorure d'argent Ag2F. En par-
tant de ce produit, il est facile d'obtenir les autres sels de sous-oxyde
d'argent.
» Lorsqu'on fait arriver un courant de HCl sec sur du sous-fluorure
(■) Calculé Hg = 69,4'i; Cl = a4,65; Az = 4,86.
_, . |(i) Hg = 69,91 -70,02; Clc=24,3o; Az = 4-84.
( (2) Hg = 69,95; Cl =23,74; Az =4,79-
C. R., 1891. 1" Semestre. (T. CX1I, N° 16.) ' ' '
( 862 )
d'argent, il se colore immédiatement et prend une teinte violette. Si l'on
dose H Cl absorbé, on trouve que l'absorption de H Cl est assez faible. Si l'on
prend la substance ainsi obtenue, elle paraît homogène; mais si, après
l'avoir broyée on la regarde à la loupe, on voit nettement une grande quan-
tité de points jaunes qui sont encore du sous-fluorure d'argent non atta-
qué. Au lieu d'employer HCl gazeux, il est plus facile d'employer un autre
chlorure; les chlorures de carbone, de silicium, de phosphore, etc., don-
nent tous le fluorure correspondant et le sous-chlorure d'argent.
» J'ai trouvé ainsi, suivant les préparations :
1 84, 08 )
As { J au lieu de 85,88 pour 100
b / 83,35 ) '
m * '^'r9 ) r a k
CI > au heu de 1 5, 12 pour 100
» Ces analyses indiquent toutes dans le produit un peu de AgCl dont la
présence n'a rien d'anormal.
» J'ai préparé de même Ag2I en faisant passer un courant de HI sur
Hg2F, la réaction a lieu avec un très grand dégagement de chaleur; le
sous-sulfure d'argent Ag4S par l'action de H2 S sur Ag2F. Le sous-sulfure
obtenu contenait 92,37 d'argent, la théorie exige 93,08; le sous-oxyde
d'argent se produit par l'action de la vapeur d'eau à 160° sur Ag2F.
» Je me propose de déterminer la chaleur de formation du sous-chlo-
rure d'argent et de vérifier son identité avec le produit d'altération par la
lumière du chlorure d'argent. »
CHIMIE. — Sur le sulfure de bore. Note de M. Paul Sabatier.
« J'ai préparé le sulfure de bore par l'action de l'hydrogène sulfuré sec
sur le bore amorphe chauffé au rouge (méthode Sainte-Claire Deville et
Wœhler). La réaction ne commence qu'au rouge, tout près de la tempé-
rature de ramollissement du verre. L'attaque du bore est lente et n'est
jamais complète.
» Les gaz entraînent du sulfure borique sous forme d'une poudre blanche
cristalline très ténue, qui se dépose très difficilement et peut obstruer les
tubes abducteurs. La majeure partie du sulfure se condense dans les par-
ties du tube voisines de la portion chauffée au rouge : c'est d'abord une
masse fondue, transparente, opaline après refroidissement; au delà, on
( 863 )
voit un dépôt de matière opaque, porcelanique, d'aspect un peu nacré,
se détachant assez aisément en éclats conchoïd es ; plus loin encore, se forme
un anneau de belles aiguilles brillantes très légères, semblables à celles
qu'on obtient dans le procédé de M. Fremv.
» Les aiguilles sont constituées par du sulfure pur : la matière vitreuse
contient toujours un excès de soufre, dû sans doute à la dissociation que
l'acide sulfhydrique éprouve pour son compte à la température de forma-
tion du sulfure. Cet excès de soufre est de 11 à 17 pour 100 selon les
échantillons.
» Ces diverses variétés de sulfure sont attaquées par l'eau avec une
violence extrême. Néanmoins je suis parvenu à mesurer la chaleur que
dégage cette réaction, en me servant du dispositif que j'avais imaginé, en
1880, pour les sulfures de silicium et d'aluminium ('). Le sulfure est en-
fermé dans un tube de verre mince immereié dans l'eau du calorimètre;
une ampoule à robinet permet d'y introduire un volume connu d'eau, suf-
fisant pour dissoudre tout l'acide borique formé. Le gaz sulfhydrique, qui
se dégage très brusquement, circule dans un serpentin noyé dans le calo-
rimètre, puis est absorbé par un volume connu de liqueur titrée d'iode.
Un deuxième flacon, placé au delà, contient de l'iode dont le titre doit
demeurer invariable. A la fin de l'expérience, on balaye rapidement le gaz
par un courant d'hydrogène : la variation du titre de l'iode indique le poids
de sulfure détruit. On tient compte d'ailleurs du poids de gaz sulfhydrique
qui demeure dissous dans l'eau du petit tuhe.
» On a trouvé ainsi que la réaction
Bo2S3 -+- 3H20liq. = 2Bo(OH)3 diss. -+- 3R2S diss.
dégage, pour Bo2 S* = 1 188'',
Sulfure aciculaire 58Cal
Sulfure vitreux 56Cal
» Moyenne : 57e3' (vers 120).
» D'autres essais thermiques ont été effectués en dissolvant directement
le sulfure dans une solution titrée d'iode employée comme liquide calori-
métrique et renfermée, à cet effet, dans une fiole mince fermée. Le sul-
fure pesé était scellé dans une ampoule convenablement Ieslée par une
lame de platine. La rupture de l'ampoule étant déterminée par une se-
(') Ann. de Chim. et de P/ijs., 5e série, t. XXII, i>
( »^4 )
cousse brusque, la réaction se produit très rapidement sans aucune perte
de gaz. La chaleur dégagée dans celte réaction a été trouvée de
I24Cal,6.
» Si nous retranchons de cette valeur la chaleur dégagée par l'action
de l'iode dissous sur l'acide sulfhydrique gazeux, soit 22Cal x 3, ou 66Ca\
nous devons retrouver la chaleur relative à l'action de l'eau sur le sulfure.
On trouve ainsi
58Cal,6,
valeur sensiblement identique à celle obtenue par la mesure directe. Nous
adopterons, comme moyenne,
57Cal,8.
» Les résultats thermiques déjà acquis permettent de déduire aisément
de ce nombre la chaleur de formation du sulfure borique à partir des
éléments ; il suffit de considérer les deux cvcles de réactions qui suivent :
i" Bo2 amorphe -+- S3 sol. — Bo2S' sol., dégage x
6H + 30 — 3H-01iq 69 x 3
Bo2S3 sol. + 3H20 liq. = 2Bo(OH)3 diss. + 3H2S diss . . 67,8
20 Bo'2 amorphe -1- O3 — Bo203 3 12, 6
Bo203+ Aq. = 2Bo(OH)3diss 7,2
6 H -1- 3 S sol . =: 3 H2 S disso us 9 , ax3
» On en tire
x— 82°*', 6.
valeur bien inférieure à la chaleur dégagée par la formation de l'oxyde,
et même de la dose équivalente de chlorure. Les analogies indiquent
qu'elle doit aussi être inférieure à celle de l'iodure. Aussi j'ai tenté défaire
agir l'iode sur le sulfure borique : l'action est nulle à basse température ;
mais, au rouge sombre, le passage lent de la vapeur d'iode détermine la
destruction du sulfure, et la formation de lamelles brunes moins volatiles
que l'iode qui, au contact de l'eau, donnent de l'acide iodhydrique et de
l'acide borique. C'est de l'iodure de bore semblable à celui que M. Moissan
vient de préparer par action directe. »
( 865 )
chimie. — Sur l'hydrogène bord. Note de M. Paul Sabatieu.
<( On est mal fixé sur l'existence réelle de l'hydrure de bore. Jones se-
rait parvenu à l'obtenir, mélangé d'hydrogène, en attaquant par l'acide
chlorhvdrique le borure de magnésium.
w Pour contrôler cette assertion, j'ai préparé le borure de magnésium en chauffant
au rouge vif, dans des nacelles de fer, au sein d'une atmosphère d'hydrogène, un mé-
lange de 10 parties d'anhydride borique et de i[\ parties de magnésium en poudre. On
obtient une masse brune qui, attaquée par l'acide chlorhvdrique pur, donne une ef-
fervescence très vive. Après l'attaque, il reste un résidu noirâtre, constitué par du bore
amorphe qui retient un peu de magnésium, même après un contact prolongé avec un
excès d'acide (').
» Le gaz qui se dégage (l'hvdrogène bore de Jones) possède une odeur
infecte, et brûle avec une très belle flamme verte. Il fournit avec le nitrate
d'argent un précipité brunâtre, soluble dans l'acide nitrique. Dirigé au
travers d'un tube de verre chauffé au rouge sombre, il perd immédiate-
ment ses caractères, et sort à l'état d'hydrogène pur inodore, en même
temps qu'un anneau de bore très divisé se dépose dans la partie la plus
chaude.
» La potasse le ramène immédiatement à l'état d'hydrogène inodore,
brûlant avec une flamme invisible, et on observe une faible augmentation
du volume gazeux (-^ environ). L'eau ne l'altère qu'à la longue. Le gaz
se conserve bien sur le mercure pendant plusieurs jours; néanmoins, le
mercure est attaqué et se recouvre d'une légère couche brune. Les étin-
celles électriques le ramènent promptement à la forme d'hydrogène.
» Ces divers résultats montrent que le gaz de Jones est constitué par de
l'hydrogène renfermant une très petite quantité d'hydrure de bore. Ce
dernier est visiblement un gaz extrêmement fétide, brûlant avec une ma-
gnifique flamme verte, détruit en ses éléments par la chaleur rouge et par
les étincelles électriques, attaquant le mercure, et immédiatement décom-
posé par la potasse avec accroissement de volume (qui devient sans doute
triple). »
(') En opérant sur divers mélanges plus riches en anhydride borique, on obtient
une matière plus dure, d'où l'acide chlorhvdrique dégage un gaz de caractères iden-
tiques; mais le résidu de bore amorphe est plus abondant.
( 866 )
CHIMIE MINÉRALE. — Sur deux nouveaux états du soufre.
Note de M. Engel, présentée par M. Friedel.
« On sait que M. Berthelot a distingué deux étals essentiels du soufre,
limites stables auxquelles tous les autres états peuvent être réduits, à
savoir : le soufre octaédrique et le soufre insoluble dans les dissolvants
proprement dits.
» Au soufre octaédrique se rattachent le soufre prismatique et le soufre
mou émulsionnable des polysulfures, tous deux transformables en soufre
octaédrique sous la seule influence du temps.
» Le soufre insoluble comprend plusieurs variétés distinctes, parmi les-
quelles le soufre mou des hyposulfiles. Une fois ramenées à l'état solide,
ces variétés possèdent deux caractères communs : l'absence de toute forme
cristalline et l'insolubilité dans le sulfure de carbone.
» I. J'ai pu préparer un soufre cristallisé qui se rattache à ce deuxième
état limite, c'est-à-dire qui se transforme sous la seule influence du temps,
non plus en soufre octaédrique comme toutes les variétés cristallisées
actuellement connues, mais en soufre amorphe et insoluble. La formation
de ce nouveau soufre a été observée au cours d'une étude sur la stabilité
différente de l'acide hyposulfureux en présence de quantités variables
d'acide chlorhydrique. Voici comment on le prépare :
» On verse, en agitant, dans deux volumes d'une solution d'acide chlor-
hydrique, saturée à ib" ou 3o° et refroidie à io° environ, un volume d'une
solution également saturée à la température ordinaire d'hyposulfite de
soude. Il se précipite du chlorure de sodium et l'acide hyposulfureux mis
en liberté possède, dans ces conditions, une stabilité suffisante pour cpi'il
soit possible de filtrer le liquide qui passe incolore au début de la filtra-
tion. Peu à peu le liquide filtré jaunit et l'intensité de la coloration aug-
mente, comme si un soufre soluble faisait équilibre à la décomposition de
l'acide hyposulfureux; en même temps, de l'acide sulfureux se dégage.
Lorsque la teinte jaune est devenue très prononcée et avant que le li-
quide se trouble par la précipitation de soufre, on agite la solution
filtrée avec son volume de chloroforme. Celui-ci se colore fortement en
jaune en diminuant la teinte de la portion aqueuse. On sépare le chlo-
roforme à l'aide d'un entonnoir à robinet, on filtre et on abandonne à
( 867 )
cristallisation. On obtient ainsi très rapidement de petits cristaux de
soufre cpii diffèrent absolument du soufre octaédrique.
» Ces cristaux, dont M. Friedel a bien voulu faire l'examen cristallogra-
phique ('), sont plus denses que le soufre octaédrique. Densité = 2,1 35.
Au moment de leur préparation, ils sont transparents. Après trois ou quatre
heures, ils commencent à s'altérer, augmentent de volume et passent peu
à peu à l'état de soufre insoluble. Us fondent au-dessous de ioo° et le
soufre est alors devenu analogue au soufre mou des hyposulfites récem-
ment préparé, c'est-à-dire qu'il présente encore une solubilité partielle
dans le sulfure de carbone. Après évaporation de la solution dans le sul-
fure de carbone, une nouvelle portion devient insoluble et ainsi de suite
jusqu'à ce que toute la masse soit devenue insoluble. La coloration de ces
cristaux est jaune orangé et non jaune citron, comme celle du soufre
octaédrique. Leur analyse a montré qu'ils ne sont formés que de soufre.
Lorsqu'on les volatilise dans une cloche courbe en présence d'un gaz
inerte ou d'air, le volume gazeux reste rigoureusement le même avant et
après l'opération, ce qui exclut la présence même de traces d'hydrogène.
» II. La solution d'acide hyposulfureux dans l'acide chlorhydrique,
préparée comme il a été dit plus haut, donne, lorsqu'on l'abandonne à
elle-même, un précipité de soufre qui ne tarde pas à se réunir en flocons
jaunes. Dans cet état, le soufre est entièrement soluble dans l'eau. Non
seulement il se redissout lorsqu'on ajoute de l'eau au liquide qui le tient
en' suspension, mais il peut être séparé par décantation de la majeure
partie du liquide, puis jeté rapidement sur un filtre, tout en conservant sa
solubilité dans l'eau. La solution obtenue est jaune et se décompose très
rapidement en donnant le soufre mou ordinaire des hyposulfites. Ces flo-
cons de soufre soluble dans l'eau, ne tardent pas à s'agglomérer en se trans-
formant en soufre mou. Ils ont alors perdu leur solubilité dans l'eau. Cette
transformation s'effectue sans qu'il .--oit possible de saisir un dégagement
d'hydrogène sulfuré. Ce fait exclut l'idée que ce corps pourrait être un
polysulfure d'hydrogène. Ces polysultures sont d'ailleurs insolubles dans
l'eau et donnent en se décomposant du soufre octaédrique.
» III. L'interprétation de ces faits me paraît être la suivante : l'acide
hyposulfureux, dans les conditions où il a été préparé, subit une décom-
position progressive en eau, acide sulfureux et soufre. Ce soufre est à
l'état atomique ou, du moins, à un état peu avancé de condensation et
(') Voir plus haut, p. 834-
( 868 )
limite la décomposition de l'acide hyposulfureux. Peu à peu le soufre se con-
dense. Cette condensation se fait de deux manières différentes, suivant que
le soufre a été isolé ou non du liquide générateur par le chloroforme.
Dans le premier cas, le soufre passe d'abord par l'état cristallisé qui a été
décrit plus haut ; dans le second cas, il se transforme en soufre amorphe,
solide, soluble dans l'eau avant d'atteindre la condensation limite qui
répond à l'état du soufre amorphe et insoluble de M. Berthelot.
» Des expériences préliminaires me font espérer cpi'il sera possible de
fixer la grandeur moléculaire du nouveau soufre cristallisé ou tout au
moins de la limiter entre deux valeurs très voisines. J'aurai l'honneur de
communiquer à l'Académie les résultats de ces recherches. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'urée sur l'acide sulfanilique .
Note de M. J. Ville, présentée par M. Friedel.
« Désirant étudier l'action physiologique de l'acide sulfanilique et
rechercher si cette aminé acide s'élimine à l'état d'acide uramique, j'ai
voulu d'abord essayer d'obtenir svnthétiquement ce dernier composé, en
faisant agir l'acide sulfanilique sur l'urée (*).
» Le mélange intime de ces deux corps finement pulvérisés dans les
proportions de i molécule d'acide sulfanilique anhydre pour i,5 molécule
d'urée, devient pâteux à io5° et commence à fondre vers iio°. La masse
demi-fluide ainsi obtenue perd sa fluidité de n5°à 1200 et se solidifie en un
corps blanchâtre très consistant. On porte à 12 V' et on maintient pendant
trois ou quatre heures à cette température. Dans cette réaction, il v a déga»
gement d'ammoniaque. Après refroidissement, on dissout dans l'eau, et la
solution aqueuse, additionnée d'un excès d'hydrate de baryte, est placée
pendant quarante-huit heures dans le vide au-dessus de l'acide sulfurique.
On décompose ainsi le sel ammonique provenant de la neutralisation par-
tielle, par l'ammoniaque, du produit acide qui se forme pendant la réac-
tion, et l'on transforme en sel de baryum ce produit acide.
» La liqueur filtrée, débarrassée de l'excès de baryte par un courant
(') MM. G. Pellizzari et V. Matteucci (Giornale VOrosi, mai 1888) ont obtenu le
carbamidophényl-sulfate de potassium CO(AzH2) ( AzHC6H\ S03K) en faisant
bouillir un mélange d'une solution aqueuse de eyanate de potassium et d'acide sulfa-
nilique, et en évaporant à siccité.
( 8<>9 )
de gaz carbonique et concentrée par évaporation au bain-marie, donne,
par addition d'alcool absolu, un abondant précipité blanc de selbarytique.
Pour assurer la purification du produit, il est bon de procédera plusieurs
précipitations successives de sa solution aqueuse par l'alcool absolu. Ce
sel de baryum, bien lavé à l'alcool à 900 pour enlever toutes les traces
d'urée en excès, est dissous dans l'eau et l'on précipite le baryum par une
quantité exactement calculée d'acide sulfurique. La liqueur séparée par
Pdtration est concentrée au bain-marie et placée dans le vide sec.
» On obtient ainsi un produit cristallisé en lamelles microscopiques
penniformes.
» Ce corps, très soluble dans l'eau, se dissout assez facilement dans
l'alcool absolu; il est complètement insoluble dans l'éther, le chloroforme
et la benzine.
» [1 présente une réaction fortement acide, décompose les carbonates
et donne avec les bases des sels cristallisés.
» L'analyse montre que ce corps répond, par sa composition, au pro-
duit formé par la combinaison d'une molécule d'acide sulfanilique et d'une
molécule d'urée avec perte d'une molécule d'ammoniaque :
1 lalculé pour
VI. C'H'Az'SO'.
C 38,4' 38,5g » » » » 38,8g
H 4 > 1 2 4 1 °- " " » " ' ■ 7 ' '
Àz » » [2,84 12,55 » )) I ! , 96
S » » » »> 1 î . 7 ■> 1 i • ' Ç l 4 , 82
O » » » " » » 29,63
» Le sel de baryum cristallise en prismes clinorhombiqu.es solubles
dans l'eau, insolubles dans l'alcool. Il renferme 3 molécules d'eau de cris-
tallisation, qu'il perd quand on le chauffe, vers o,5°, dans un courant d'air
sec (H2(J trouvé, en centièmes, 8,71; théorie, S, 6g). Le sel anhydre a
donné, en centièmes, les nombres suivants à l'analyse :
Tro
nvé
en
enl ièmes.
I.
II.
III.
IV.
V.
38,4.
38,5g
»
»
))
4,12
4 , 02
»
»
»
By.
S..
Az.
Calcule-
pour
rrouvé.
(C'H'Az"SO*)!Ba.
2 i , 08
24,l6
1 1 . >; '1
11,29
1 1 . 1 i 1
9,88
» L'action des agents d'hydratation, venant confirmer les données
C R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 16.) I ' I
(87o )
fournies par l'analyse, montre que l'acide obtenu est un acide uramique.
» Quand on le chauffe en vase clos, vers i3o°, avec un excès d'eau de
baryte, il se dédouble en ammoniaque, acide carbonique et acide sulfani-
lique, ces deux derniers se transformant en sels de baryum :
C7H8Az-S04 + H20 = AzH3 + CO- + C6H4.AzH2.S03H.
Le précipité blanc formé dans cette réaction, recueilli sur un filtre et
lavé, se dissout complètement, avec effervescence, dans l'acide chlorhy-
drique étendu. La licjueur, séparée par iiltration du précipité de carbo-
nate de baryte, donne, par addition d'acide chlorhydrique, des lamelles
rhumbiques brillantes d'acide sulfanilique.
» Si l'on rapproche de ce fait le dégagement d'ammoniaque observé
pendant la réaction de l'acide sulfanilique sur l'urée, on voit que la for-
malion de l'acide qui nous occupe répond à l'équation suivante
AzIL.C'rL.SO'H-r COAz2H' = AzfP 4- (AzH2.CO-AzH.C°H\S03H),
et que la constitution de ce corps, qui peut être désigné sous le nom
d'acide sulfanilocarbamique, est exprimée par la formule
/AzH-CO.AzH2
C H \S03H
» Je me propose de rechercher si l'acide sulfanilique, introduit dans
l'économie, s'élimine sous la forme de cet acide uramique dont je viens de
faire l'étude. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles combinaisons obtenues avec les sulfites
métalliques et les aminés aromatiques. Note de M. G. Dexigès.
« Les combinaisons fournies par les bisulfites de cadmium, cuprosum,
manganèse, nickel, cobalt, fer et mercuricum avec l'orthotoluidine, la pa-
ratoluidine et l'a-métaxylidine, sont de tout point comparables, comme com-
position et comme caractères, aux dérivés correspondants de l'aniline
décrits dans ma précédente Note; seul, le bisulfite de nickel, et d'orthotolui-
dine n'a pu être obtenu. Quant au bisulfite de zinc, il se comporte, vis-à-vis
de ces aminés aromatiques, d'une manière toute spéciale.
( 87i )
» Les combinaisons du cadmium, manganèse, fer, cobalt et nickel ont
été préparées en mélangeant à une solution bouillante de iog1' de l'azotate
ou du sulfate de ces métaux une solution également bouillante de iogrde
l'aminé à combiner dans ioccà i5cc d'acide acétique ou mieux chlorhy-
drique et 200cc d'eau, et, versant dans la liqueur très cbaude 5occ à 6occau
moins de bisulfite de soude (de D = i,38), il se forme bien vite un préci-
pité blanc avec les sels de cadmium et de manganèse (ces derniers sont,
en effet, à peine teintés de rose), jaune chamois avec le fer, rose avec le
cobalt et jaune clair avec le nickel. Ces précipités consistent en lamelles
hexagonales ou en sphérules cristallines; les cristaux sont plus petits et
plus grenus dans les dérivés xylidiques que dans ceux obtenus avec les to-
luîdines.
» Avec le cobalt et la paratoluidine, on obtient, au bout de vingt-quatre
heures, de grosses granulations d'un rose très vif, formées de lamelles
cristallines enchevêtrées et très adhérentes aux parois des vases, si, avant
l'addition du bisulfite de soude, on a eu soin de diluer à i'", j environ le
mélange de nitrate de cobalt et de paratoluidine, et de le porter à l'ébulli-
tion.
» Les divers composés ainsi obtenus répondent à la formule générale
(SG3)2M"ir-,2 Az— H ,
' \h)
dans laquelle M" est un des métaux bivalents cités, et X un noyau aroma-
tique.
» Les analyses effectuées concordent très bien avec cette formule.
» Combinaisons du cuprosum. — Ces composés, qui se forment avec la
plus grande facilité, se préparent en ajoutant 4ooc de bisulfite de soude
(D = i,38) dilués avec ioocc d'eau dans un mélange chaud d'une solution
bouillante de 25gr de sulfate de cuivre dans 25occ d'eau et d'une solution
de iogr d'aminé aromatique dans 3oocc d'eau et ioccà i2,c d'acide acétique.
» Dans le cas de la paratoluidine il se produit en effectuant ce premier
mélange un sulfate double de cuivre et de l'aminé aromatique, et c'est
seulement après filtration que la liqueur doit être traitée par le bisulfite de
soude. Il se forme très vite des cristaux lamellaires hexagonaux blanc jau-
nâtre, qui, lavés à l'eau froide puis rapidement desséchés sur des plaques
poreuses, se conservent à l'air et à la lumière.
(87a)
» Par calcination ces produits laissent aisément de l'oxyde cuivrique pur,
qui permet de doser aisément le cuivre qu'ils renferment.
h J'ai ainsi obtenu :
/ /OH'.CHM
» Le bisulfite de cuprosuœ et d'o.-tolùidine (SO*)sCuïH!,2 Az — H >.
' \H(i,2) )
Calcul.-. Trouvé.
CuO 3 1 . 6 1 3i ,5o
/ /C6H4.CH3)
» Le bisulfite de cuprosum et de p.-toluidine i >i > ; i-Cu2II2, 2 •' Az — H >.
' \H(i,4) )
Calculé. Trouvé.
CuO 3i,6i 3t,6o
« Le bisulfite de cuprosum et de m.-*ylidine( SO!)sCusH2, 2 jAz — H ,'.
' \H(i,3,4) '
Calculé. Trouvé.
CuO 29,94 29,80
» Combinaisons mercuriques. -- Elles s'obtiennent comme les composés
correspondants de l'aniline, en ajoutant à 20occ d'une solution saturée à
froid de bichlorure de mercure 5occ de bisulfite de soude (deD= r,38)
et immédiatement après i1'', 5o à 2Ut d'eau, dans laquelle on a dissous par
agitation iogrde base aromatique.
« Avec la paratoluidine qui est solide, il faut, pour effectuer la dissolu-
tion, chauffer légèrement le mélange d'eau et d aminé pour amener la fu-
sion de cette dernière, bien agiter jusqu'à obtention d'un mélange homo-
gène et laisser refroidir avant d'ajouter la liqueur au bichlorure de
mercure et au bisulfite.
> Au bout de peu de temps après le mélange, il se précipite abondam-
ment des lamelles hexagonales renfermant les éléments d'une molécule de
bisulfite de mercure, une molécule d'aminé aromatique et une molécule
d'eau :
/CCH\CH3
„ Bisulfite de mercure et d'o.-toluidine (S03)2Hy li-, Az— H + H20.
\H(.,2)
Calculé, Trouvé.
Hg 41,07 4o,88
SO2 26, 28 26,04
H 2,67 2.82
( «73 )
/C6hSçh3
» Bisulfite de mercure el de p.-toluidine (S03)2HgH* \z— H -+- H-< >.
\H(i,4)
Calculé. Trouvé.
Hg 41,07 4',00
SO2 36,28 25,90
H 2,67 ■■--
/C H XCH:i
» Bisulfite de mercure et de m.-xylidine (S03)2HgH!, Az< — II +H»0.
\H (i,3,4)
Calcule Trouve.
Hg 39 , 92 3g , 60
SO2 25,55 20,60
H 2 , 99 3,io
» Je communiquerai prochainement les composés zinciques et les re-
cherches que j'ai faites à propos de la constitution de ces divers sulfites. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Dosage de V acétone dans des alcools dénaturés.
Note de M. Lko Vigbtojt.
« J'ai étudié et décrit dans quelles conditions la réaction de Lieben
pouvait être mise en œuvre pour le dosage de l'acétone dans les méthy-
lènes de dénaturation (Comptes rendus, t. CX, p. 534; T8f)o).
» La méthode que j'ai formulée à celle occasion n'est pas applicable, a
priori, en présence de l'alcool éthylique. Toutefois, une nouvelle étude m'a
montré, qu'en prenant certaines précautions, l'acétone pouvait être dosée
dans les alcools dénaturés, par transformation en iodoforme. Voici les
expériences qui ont servi de hase à la méthode nouvelle :
» I. Si l'on fait agir l'iodeet la soude sur l'acétone en présence de l'eau,
deux réactions distinctes (a) et (M se manifestent
(a) (CHs)2CO + 6I + 4NaOH=:CH3-COONa + CHI3 + 3NaI + 3H20,
(6) 6l4-6NaOH = .'5NaI + NaI03--r-3H20.
Suivant les milieux, l'une de ces réactions prédomine plus ou moins. Dans
le cas le plus favorable, en supposant que la réaction { b) soit sensiblement
( «74 )
nulle, on trouve que, pour transformer en iodoforme i molécule d'acé-
tone (58), il faut 6 atomes d'iode (6 X 127 = 762), soit
Acétone i6r
Iode i3sr
Mais cette condition ne se rencontre pas dans la pratique. Les réactions
(a) et (b) coexistent toujours, et parfois la réaction (b) prédomine, à tel
point que, pour transformer tout l'acétone en iodoforme, il faut employer
jusqu'à i45 atomes d'iode, ou 24 fois la quantité théorique.
» II. En présence de l'alcool méthvlique en excès, avec des mélanges
renfermant de 20 à 25 pour 100 d'acétone, pour transformer 1 molécule
d'acétone en iodoforme, il est nécessaire de mettre en œuvre i3a. 7 d'iode,
soit
Acétone iP
Iode 3oe'
» III. L'alcool éthvlique exerce sur le sens de la réaction une influence
remarquable :
» Seul, il ne donne pas a" iodoforme; mélange à l'acétone, il s'oppose à la
formation de V iodoforme et tend à faire prédominer la réaction (b).
» En effet, 5CC d'une liqueur formée d'acétone et d'eau distillée, traitée
par l'iode et la soude, ont donné une quantité d'iodoforme correspondant à
Acétone pour ioorc 55sr,34
En additionnant préalablement l'acétone de son volume d'alcool absolu,
toutes choses étant égales, on trouve
Acétone pour ioocr 2S?r, 04
» IV. L'aldéhyde favorise la formation de l' iodoforme. L'acétone em-
ployée dans les essais précédents, additionnée de son volume d'aldéhyde,
puis traitée par l'iode et la soude, accuse une teneur de
Acétone pour ioocc q5sr, p,3
» V. Un mélange M, formé en majeure partie d'alcool éthvlique,
exempt d'aldéhyde, renfermant 5 pour roo en volume d'acétone pure, a
servi à préparer avec l'eau distillée trois liqueurs A, B, C, renfermant 5°°,
iocc, 25cc de mélange M dans 25occ. Après avoir traité 5CC de chaque li-
( 875 )
queurpar iocc NaOH binormale, 5CC iode binormal, l'iodoforme étant pesé,
on a obtenu les résultats suivants :
Quantités de M Acétone Théorie
employées. trouvée. pour ioo.
ce ce ce
A o , i 3 , 92 4 • 07
B 0,2 3,62 4,07
C o,5 3,02 4 > 07
» Pour transformer complètement (liqueur A) — — ; - = 0,004 d'acé-
tone en iodoforme, on a dû employer 5CC d'iode binormal ou ioc, 27 iode
libre, soit pour
Acétone (1 molécule) isr
Iode (i45 atomes) oi;-1'
» Il est donc indispensable d'employer l'iode en très grand excès pour
doser l'acétone, par transformation en iodoforme, dans les alcools déna-
turés.
» L'alcool à examiner, étant préalablement privé d'aldéhyde si c'est né-
cessaire, suivant les indications de M. Bardy, on prendra, par exemple, 5CC
de cet alcool et l'on étendra à 25occ avec de l'eau distillée. Puis on fera
agir sur 5CC de ce mélange (correspondant à occ,i d'alcool) iocc de soude
binormale, puis 5CC d'iode binormal. On effectuera un second essai avec
2occ de soude et 10e0 d'iode. Ce n'est que lorsque deux essais consécutifs,
avec les quantités diode double l'une de l'autre, auront donné le même
résultat qn'on pourra considérer le dosage comme définitif.
» Tous les détails de l'opération sont indiqués dans ma Communication
précédemment citée. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur l'épuration des eaux industrielles et des eaux
d'égout. Note de MM. A. et P. Buisine.
« Le sulfate ferrique n'a guère été utilisé, jusqu'à présent, pour l'épu-
ration des eaux, faute d'un moyen économique pour le fabriquer.
» Nous sommes parvenus à le préparer au moyen de la pyrite grillée,
résidu des usines de produits chimiques, qu'on peut se procurer abondam-
ment à très bas prix.
» Si l'on arrose de la pyrite grillée avec de l'acide sulfurique à 66° B.,
(876)
de façon à faire une bouillie épaisse, et si l'on maintient la masse, en re-
muant, à ioo-i5o°, pendant quelques heures, la pyrite se couvre d'une
couche blanchâtre de sulfate ferrique. Quand la masse est redevenue
sèche et pulvérulente, l'acide est à [jeu près complètement saturé. Il suffit
alors de la traiter par de l'eau, en quantité convenable, pour avoir une
solution de sulfate ferrique au degré voulu.
» En opérant méthodiquement, on arrive à dissoudre la totalité de la
pyrite grillée, sous forme de sulfate ferrique.
» La solution de sulfate ferrique ainsi obtenue constitue un excellent
réactif pour l'épuration des eaux industrielles et des eauxd'égout; son prix
de revient rend possible son emploi pour l'épuration de grands volumes
d'eau.
» Nous avons essavé son action comparativement à celle des différents
réactifs proposés pour l'épuration chimique de ces eaux. Nous avons sur-
tout opéré sur des eaux très impures, les eaux de la Deule, rivière qui
raçoit le produit des égouts de Lille, les eaux d'amidonnerie, les eaux de
lavage des laines et les eaux de l'Espierre, petit ruisseau dans lequel ar-
rivent les eaux résiduaires du centre industriel, formé par les villes de
Roubaix et Tourcoing, où se trouvent des teintureries, de nombreux la-
vages de laines, etc. Cette dernière eau, qui renferme les matières grasses
et autres enlevées à la laine en suint, est une des plus difficiles à épurer.
» Pour les eaux de l'Espierre, en particulier, nous avons constaté, par
l'emploi du sulfate ferrique, les avantages suivants :
» Le sulfate ferrique, qui est soluble, produit une épuration plus com-
plète que l'addition de lait de chaux, procédé suivi actuellement pour
l'épuration de ces eaux, et le prix du réactif nécessaire pour amener la
précipitation complète de l'eau ne dépasse pas celui de la chaux em-
ployée. En outre, l'eau épurée parle sulfate ferrique est parfaitement claire,
décolorée, dépourvue d'odeur, neutre ou très légèrement acide, tandis
que, par l'emploi de la chaux, l'eau est alcaline, reste colorée, conserve
une odeur désagréable, et, comme elle retient une forte quantité de ma-
tières organiques en dissolution, elle devient rapidement le siège d'une
fermentation putride.
» Le précipité produit parle sulfate ferrique se dépose très rapidement
et ne présente pas à un haut degré l'inconvénient du dépôt calcaire, qui
entre rapidement en putréfaction dès que la température s'élève. De plus,
par un lavage au sulfure de carbone, après dessiccation, on peut enlever
la graisse qu'il renferme ; la matière grasse, en effet, à cause de la petite
( «77 )
quantité d'acide libre que contient le réactil, existe, dans ces dépôts, à
l'état de liberté. »
PHYSIOLOGIE. — Contribution à l'histoire de la fécondation.
Note de M. Hermann Fol, présentée par M. Ranvter.
« En 1873, décrivant pour la première fois les figures étoilées qui se montrent au\
extrémités d'un noyau de cellule en voie de division, je leur attribuai le rôle de
centres d'attraction indépendants du noyau. C'était, du premier coup, l'ébauche de
la théorie centrocinétique.
» En 1877 et en 1879, j'apportai de nouveaux faits à l'appui de cette théorie, mais
sans réussir à la faire prévaloir. Ant. Schneider (1873), Butschli (187^), O. Ilertwig
(187a) et beaucoup d'autres soutenaient, au contraire, que le noyau s'allonge et se
partage de son propre mouvement. Cette théorie caryocinétique avait fait oublier la
théorie centrocinétique à laquelle on revient maintenant de toutes parts. Il ne me
parait pas inutile de rappeler quel en fut l'auteur.
» La vogue nouvelle de la théorie centrocinétique date de la découverte faite par
E. van Beneden et par Boveri de la persistance des centres cinétiques et de leur par-
tage comme point de départ de la division cellulaire.
» Nous ne savons pas quelle est l'origine première de ces centres. J'ai bien montré,
en 187g, que le pronucléus ovaire, après la sortie des cellules polaires, s'enfonce dans
le vilellus précédé d'un centre (Recherches sur la fécondation, PL VIII, fig. 10 et
16, a) que j'appellerai Vovocentre, et que le pronucléus spermatique est précédé aussi
d'un centre (PL X, fig. 6) qui sera notre spermocentre. Mais les recherches récentes
n'ont fait que confirmer ces résultats, sans les étendre.
u Pour élucider cette question, je me suis adressé surtout à l'œuf d'oursin, niais en
faisant usage d'une méthode qui ne lui a pas encore été appliquée, celle des coupes
minces.
» Le zoosperme, cinq minutes après la fécondation, est encore conique
{fig. 1); de sa pointe se détache un pelit corpuscule, le spermocentre
(fig- 2)-
Fis- i- F'S-
» Le pronucléus spermatique se gonfle ensuite et atteint le voisinage du
pronucléus ovaire, toujours avec son spermocentre en avant (fig. 3).
» Le pronucléus ovaire est muni de son ovocentre qui est situé (le tait
est visible chez l'Astérie) au côté opposé à celui qui a donné naissance aux
C. R., 1891. 1" Semestre. (T. CXI1, N° 16.) ' lD
( 878 )
globules polaires. Le spermocentre se place à côté de lui, c'est-à-dire au
côté polaire du pronucléus ovaire (fig. /|); le pronucléus spermatique
s'applique contre une face latérale de ce dernier (fig. 5).
» Il survient maintenant deux phases prolongées : la phase solaire et
celle de l'auréole, que je nomme ainsi d'après la forme de la tache claire
qui entoure les pronucléus réunis. Ces phases, que j'ai décrites en 1879,
ont été négligées ou mal comprises, non seulement par mes prédécesseurs,
mais aussi par les auteurs postérieurs à mon Mémoire.
Fig. 4-
Fig. 5.
« Au début de la phase solaire, le spermocentre et l'ovocentre sont sub-
divisés en forme d'haltères qui ne sont pas placées dans un même plan.
A la fin de cette phase, les haltères sont parallèles et situées dans un plan
qui sera celui de l'auréole {fig. 6).
Fis. s.
SÊÊ
» Pendant la phase de l'auréole, le spermocentre et l'ovocentre achè-
vent de se diviser et les moitiés, parcourant en sens inverses {fig. 7) le
quart de la circonférence du noyau combiné, vont se rencontrer à angle
droit de leur position première (fig. 8). C'est la marche du quadrille.
(879)
» Au moment où les demi-spermocentres sont sur le point de toucher
les demi-ovocentres, l'auréole disparait rapidement, et l'on voit apparaître
des asters véritables, composés de fibrilles parfaitement nettes et isolables
(/?£"• 9)» différentes des simples radiations plasmiques visibles jusqu'alors.
F'g- 9-
Fis. 10.
Les demi-centres s'unissent et se confondent pour devenir les premiers
aslrocentres, tandis que le premier amphiaster achève de se constituer
(fig. 10).
» Je conclus de là que :
» La fécondation consiste, non seulement dans l'addition de deux demi-
noyaux provenant d'individus de sexes différents, mais encore dans la réunion
de deux demi-spermocentres avec deux moitiés d'ovocenlres pour constituer les
deux premiers aslrocentres.
» Tous les astroci ntres du descendant, étant dérivés par divisions successives
des aslrocentres primitifs, se trouvent provenir, par parties égales, du père et de
la mère. »
ZOOLOGIE. — Sur les organes gustatifs de la Baudroie [L. piscatorius (')].
Note de M. Fiîkdkric Guitei., présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« Quand on examine les replis cutanés qui accompagnent les diverses
rangées de dents de la Baudroie on remarque qu'ils portent de place en
place de petites taches d'un blanc brillant souvent situées au sommet d'un
mamelon peu élevé. Ces taches, qui atteignent omm, 5 et plus de diamètre,
ont généralement le centre d'un gris uniforme et sont des groupes de ter-
(') Ce travail a été fait au laboratoire A.rago| Banj uls-sur-Mer 1 Pyrénées-Orientales) |.
( 88p )
minaisons nerveuses que tout porte à considérer comme des organes du
«oût. Le but de cette Note est d'examiner successivement la distribution
topographique, l'innervation et l'histologie de ces amas de corpuscules
gustatifs.
» i° Parmi tous les organes dont il est question ici, ceux qui sont le plus
développés et qui attirent immédiatement l'attention sont ceux qui accom-
pagnent les dents pharyngiennes.
» Les os pharyngiens inférieurs portent chacun une rangée de dents
affectant la forme d'une demi-ellipse à convexité antérieure. Un bourrelet
cutané assez saillant borde en dehors cette rangée de dents et se relève de
place en placée pour former de petits mamelons terminés chacun par une
papille gustative. Ces papilles reçoivent des nerfs issus de la branche du
pneumogastrique destinée au quatrième arc branchial.
» Les pharyngiens supérieurs, qui appartiennent respectivement aux
deuxième, troisième et quatrième arcs branchiaux, portent chacun un
groupe de dents à pointe recourbée en arrière. En avant de chacun de ces
groupes de dents se trouve un bourrelet cutané recouvert de papilles gusta-
tives disposées sur plusieurs rangs et innervées respectivement pour chaque
bourrelet par des rameaux des branches du pneumogastrique destinées
aux deuxième, troisième et quatrième arcs branchiaux.
» 2° Chaque os intermaxillaire est muni de deux rangées de dents : l'une
s'étend sur toute la longueur de son bord supérieur, l'autre n'occupe que
la moitié interne de son bord inférieur. Une série d'organes gustatifs, dis-
posée sur un bourrelet cutané peu saillant, court au-dessus de la rangée de
dents supérieure ; une deuxième série est située au-dessous et enfin une
troisième, de moitié plus courte que les deux précédentes, se trouve au-
dessous de la rangée inférieure; de plus, au niveau de la symphyse des
deux intermaxillaires, on observe un mamelon porteur d'un petit groupe
de papilles. Tous ces organites satellites des dents des intermaxillaires sont
animés par des nerfs issus des branches maxillaire supérieure et palatine du
trijumeau.
» 3° Le palatin est garni sur son bord antérieur d'une rangée de fortes
dents qui est longée en arrière par une série de papilles gustatives absolu-
ment semblables à celles dont nous avons déjà constaté la présence ailleurs.
Ces papilles reçoivent des fdets nerveux provenant de la branche palatine
du trijumeau.
» 4° Le vomer porte toujours quelques dents, formant de chaque côté
un petit groupe entouré d'un léger bourrelet muni de plusieurs papilles
( 88i )
gustatives innervées, comme celles des dents palatines, par des ramuscules
issus de la branche postérieure du trijumeau.
» 5° La longue rangée de dents implantées dans les deux os dentaires
est bordée en dehors par un bourrelet saillant qui, de chaque côté, con-
tourne en arrière la dent la plus postérieure et se continue avec un large
repli labial horizontal situé dans la concavité de la mâchoire inférieure,
en arrière de la rangée de dents de celte dernière. Cette sorte de voile,
très large au niveau de la symphyse, diminue progressivement jusqu'au
point où il contourne la dernière dent pour se continuer avec le bourrelet
cutané externe, dont il a été question plus haut. Une série d'organes gus-
tatifs se trouve située sur le bourrelet cutané externe et dans cette série
les papilles sontd'autanl plus rapprochées qu'elles sont plus postérieures.
D'autres papilles très aplaties se trouvent dispersées sans ordre à la face
supérieure du voile labial interne.
» Je n'ai pas disséqué les fins ramuscules nerveux qui se rendent aux
organites satellites des dents de la mâchoire inférieure, car, dans un travail
qui paraîtra prochainement dans les Archives de Zoologie expérimentale de
M. de Lacaze-Duthiers, je montrerai que la mâchoire inférieure de la Bau-
droie est exclusivement innervée par un plexus que forment le nerf maxil-
laire inférieur du trijumeau et le nerf mandibulaire du facial.
» Il n'est donc pas douteux que les papilles gustatives de la mâchoire
inférieure ne reçoivent leurs nerfs de ce plexus.
» 6° Enfin, dans certains individus, on observe des papilles gustatives
sur la face supérieure des arcs branchiaux et sur la partie de la muqueuse
buccale située en avant des pharyngiens inférieurs et des fentes bran-
chiales.
« Les coupes faites dans les bourrelets cutanés pourvus de papilles
gustatives montrent que les terminaisons nerveuses qu'elles renferment
sont des organes cyathiformes (Cecherfurmige Organe, Leydig, Schulze;
Corps ovoïdes, Jobert, Jourdan; Endknospen, Merkel), qui tantôt sont dis-
persés sur toute l'étendue de la face supérieure de ces papilles, tantôt y
forment seulement une couronne. Dans ce dernier cas, la partie centrale
de la couronne est occupée par de l'épiderme normal. Quel que soit le
mode de répartition des organes cyathiformes au sommet des papilles, ils
sont dans la grande majorité des cas séparés par des cellules muqueuses
volumineuses absolument semblables à celles qui constituent l'assise supé-
rieure de l'épiderme.
» En résumé, la Baudroie possède un très grand nombre d'organes
( 882 )
cyathiformes buccaux réunis par petits groupes, eux-mêmes disposés en
séries clans le voisinage immédiat de ses nombreuses rangées de dents.
Ces organes, qu'il y a tout lieu de considérer comme des organes gus-
tatifs, sont innervés par le pneumogastrique, le facial et le trijumeau. »
ANATOMlE COMPARÉE. — L'innervation de la trompe des Glycêres. Note
de M. Et. Jourdax, présentée par M. A. Milne-Edwards.
« Le pharynx des Annélides est généralement considéré, à cause de sa
structure musculaire et des pièces chitineuses dont il est armé, comme un
organe de préhension des aliments et de défense. Je ne connais aucune
description cpii permette de considérer cette partie antérieure du tube
digestif de ces animaux comme susceptible de se transformer en un organe
de sensibilité tactile. L'étude du pharynx protactile des Annélides du
genre Glycera ou Rhynchobolus m'a révélé plusieurs faits nouveaux, ca-
pables de modifier les idées des zoologistes à cet égard et que je crois
devoir faire connaître.
» La trompe des Glvcères est remarquable par son volume, par la ra-
pidité avec laquelle elle peut être projetée. Lorsqu'on étudie sa structure,
on voit qu'elle est surtout constituée par des couches musculaires dont je
néglige ici la disposition. Cette gaine musculaire est recouverte par une
formation épithéliale dont j'ai fait connaître, dans une Note précédente,
les éléments constitutifs essentiels.
» Au-dessus de la gaine musculaire, on remarque des filets nerveux au
nombre de dix-huit, ainsi qu'il est possible île le constater sur les coupes
transversales. Ces petits nerfs vont aboutir à un collier disposé autour de
l'ouverture de la trompe, qui renferme de nombreuses cellules nerveuses
et constitue là une sorte à' anneau nerveux proboscidien.
» Les fibres formant les nerfs qui montent dans l'épaisseur de la trompe
se séparent à des hauteurs différentes, pénètrent dans la couche épithé-
liale et vont se distribuer dans les papilles fort curieuses que l'on re-
marque à la surface de cet organe. A l'extrémité de la trompe, les élé-
ments nerveux entrent en relation avec un bourrelet épithélial disposé en
couronne en arrière des crochets.
» Les papilles de la trompe des Glvcères sont de deux types : les unes
sont cylindroconiques, les autres, irrégulièrement sphériques, sont ana-
logues à nos papilles fungiformes. Elles ne possèdent pas des structures
( 883 )
différentes. La cuticule qui les recouvre est très mince et percée d'un trou
en un point qui correspond au sommet de ces petits organes. Le corps de
chacune de ces papilles est constitué par un protoplasma pigmenté qu'il
est impossible d'isoler en plusieurs corps cellulaires. Ce protoplasma
contient le plus souvent un noyau sphérique, quelquefois cependant
on en remarque deux. Ce noyau et ce protoplasma correspondent à
la cellule qui a édifié la papille. Mais celle-ci contient dans son sein
d'autres éléments cellulaires qui paraissent avoir une tout autre fonction.
Les coloranis nucléaires purs nous révèlent, en effet, l'existence, au mi-
lieu de la papille, de trois ou quatre noyaux qui diffèrent complètement
des précédents par leur forme ovoïde et par la coloration intense qu'ils
peuvent prendre. En combinant ces colorants nucléaires à l'action de
l'acide osmique et d'un agent capable de colorer le protoplasma, tel que
l'éosine, on voit que ces noyaux appartiennent à des cellules fusiformes
groupées en faisceau et traversant la papille suivant sa longueur. Ces cel-
lules, par leur extrémité périphérique, se mettent en relation avec le pore
dont la papille est percée à son sommet; elles ont des prolongements basi-
laires filiformes qui vont se perdre dans la couche fibrillaire sous-jacente,
et il n'est pas douteux qu'elles ne soient ainsi en rapport de continuité
avec les fibres nerveuses.
» Le bourrelet annulaire, situé en arrière des crochets et que j'ai signalé
comme étant le point de terminaison d'une partie des fibres nerveuses de
la trompe, représente une région dans laquelle les éléments sensitifs des
papilles se sont groupés en un organe plus volumineux et ayant une autre
apparence morphologique. Ce bourrelet est donc entièrement formé
de cellules fusiformes sensitives, mélangées à quelques éléments cylin-
driques, et il est situé lui-même dans une zone où les cellules épidermiques
sont devenues vibratiles.
» Il nous a semblé qu'une pareille structure était assez intéressante
pour être signalée, et que l'existence d'éléments nerveux et de cellules
sensitives, dans un pharynx déjà bien transformé dans son aspect morpho-
logique, devait donner, à cette partie du tube digestif, une sensibilité tac-
tile des plus délicates, ainsi que le démontre, d'ailleurs, l'observation de
ces animaux. »
( *84 )
ANATOMIE GÉNÉRALE. — Sur une mélanine artificielle. Note
de M. Georges Pocchet.
« J'appelle ainsi un corps ayant les propriétés générales ries mélanines,
qu'on peut rencontrer dans d'anciennes préparations anatomiques con-
servées dans l'alcool (fœtus d'éléphant), et auquel on donne naissance en
traitant le sang frais par l'alcool et le bichlorure de mercure (chien nou-
veau-né, cheval).
» L'apparition de cette mélanine dépend de circonstances que je n'ai
pu encore rigoureusement définir. Dans les cas les plus favorables et alors
qu'il n'existait rien de semblable, soit dans le sang normal, soit dans le sang
simplement traité par l'alcool, j'ai obtenu, par l'alcool et le bichlorure de
mercure, cette mélanine en abondance, sous forme de grains absolument
noirs, mesurant environ de iou.à 4of- et même 5o[x., à contours nets, mêlés
aux hématies, tantôt isolés, tantôt rapprochés et groupés en amas irré-
guliers.
» Ces grains de pigment sont insolubles dans l'alcool, l'étber, le sulfure
de carbone et dans l'acide chlorhydrique, tandis que toutes les autres
matières du sang sont dissoutes par ce dernier réactif. Ceci permet d'isoler
les grains par des lavages et des décantations successives dans l'acide de
plus en plus étendu et de les obtenir finalement sous forme d'une poussière
noire dans l'eau.
» Les grains sont immédiatement dissous par une solution de potasse
à 2 pour ioo. La solution, traitée de nouveau par l'acide chlorhydrique,
fournit un dépôt floconneux de matière brunâtre.
» L'acide azotique gonfle et désagrège les grains en les réduisant eh
particules vaguement anguleuses qui laissent transparaître une nuance
brun roux.
» Ils sont immédiatement solubles dans l'acide sulturique où ils forment
d'abord un nuage lie de vin sale. Si l'acide est très légèrement étendu, ils
se gonflent et laissent transparaître une nuance ponceau foncé.
» Ils se décolorent rapidement, de la périphérie au centre, dans l'eau
oxygénée et la solution de chlore. Décolorés, ils paraissent formés de
plusieurs masses séparées par des plans rayonnants; sur les plus gros
grains le centre semble granuleux, moins homogène que la périphérie.
» En contact avec l'acide chlorhydrique et le ferrocyanure de potas-
sium, ces grains ne présentent point la coloration bleue.
( 885 )
» Historique. — J'ai annoncé, en 1880 (Soc. de BioL), la possibilité de
produire, en partant du sang normal, une substance ayant toutes les appa-
rences des pigments de la choroïde, des tumeurs mélaniques, etc. Une
nouvelle observation me permettait, en 1887 (ibid.), de renouveler mon
affirmation. Je n'ai rien trouvé, dans les recherches récentes de J.-S. Abel,
M.-B. Schmidt, E. Hirschfeld sur les mélanines, qui se rapportât aux
faits que je signale. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Recherches nouvelles d'olfaclométrie.
Note de M. Charles Hexry.
« Dans une précédente Communication {Comptes rendus, 9 février), j'ai
considéré le minimum perceptible de l'odeur comme le poids de vapeur
odorante qui a passé successivement du réservoir dans le tube de l'olfac-
tomètre divisé par le volume total parfumé. Les nombres ainsi calculés
étaient évidemment trop grands, car la vapeur odorante n'est jamais en-
tièrement absorbée par les narines. Comment déterminer le poids de va-
peur restant dans l'instrument? C'est le problème qu'il importait de ré-
soudre pour resserrer entre des limites plus étroites et plus approchées de
la vérité l'évaluation, nécessairement toujours trop forte avec les moyens
expérimentaux actuellement possibles, des minima perceptibles.
» Considérons, dans un tube V0 de la forme et de la capacité du tube de
l'olfactomètre, un mélange d'air et d'un gaz, comme l'acide carbonique,
qu'il est facile de doser, et dont la densité, comme celle de la majeure
partie des vapeurs odorantes, est supérieure à celle de l'air; soit vu le vo-
lume d'air et d'acide carbonicpie absorbé à chaque inspiration; il s'agit de
déterminer le rapport^» évidemment indépendant de la nature du gaz.
Soient Va le volume de l'air introduit dans le tube, VY le volume de CO2
ajouté; V^ le volume de l'air, Vy le volume de CO2, qui restent dans le tube
après les inspirations; on a
v0 = v8+vT=v'a-t-v;.
Si ev désigne le volume de CO2 enlevé à chaque inspiration, n le nombre
des inspirations, on peut poser avec une approximation permise, car l'ex-
périence a démontré que VY change très peu à chaque inspiration,
m'ï = Vf ~ Vy' ;
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 16.) 1 l<>
( 886 )
pour la même raison on peut adopter, pour le rapport—, la moyenne
j-0_ _ 2(VT — Vy)
V0 - «(VY+VT)"
Pour V0 = 5icc,VY= 19e0, n — 9, l'expérience adonné VY= i6cc (moyenne);
si l'on admet que le volume v absorbé à chaque inspiration est dans les li-
mites très étroites de l'accroissement de volume du tube de l'olfactomètre
proportionnel à l'espace parfumé V, on obtient ainsi t? = *r = 0,0173.
» Connaissant, par le pneumographe, l'intensité de l'inspiration du
sujet dans l'expérience précédente, il est facile de calculer v pour tout
autre sujet dont on connaîtrait par le même instrument l'intensité d'inspi-
ration. Soient
v la valeur de v pour ce second sujet;
R' son rayon thoracique;
oc' l'arc décrit dans ce cas par le stylet inscripteur;
R le rayon thoracique du premier sujet;
y. l'arc décrit pour ce sujet par le stylet inscripteur. Un calcul simple montre
qu'on a
, R'a'e
Ra
» Le même calcul s'applique évidemment aux inspirations différentes
déterminées chez un même sujet par l'olfaction des différentes odeurs
(comme on pouvait s'y attendre, les odeurs les plus agréables augmentent
l'amplitude des inspirations).
» Soient
P0 le poids de vapeur odorante qui a passé du réservoir dans le tube de
l'olfactomètre;
p le poids de vapeur absorbé à chaque inspiration ;
P le poids de parfum restant dans l'appareil;
on a, en appelant
R le rayon du tube de papier ;
Q' le poids de vapeur qui passe par unité de surface dans l'unité de temps
du réservoir dans le tube;
( ««7 )
; la hauteur découverte;
a la vitesse constante de soulèvement ;
t le temps,
rfp=„RQ'g</f
a '
mais, si r désigne le rapport 0,01 73 ci-dessus défini, on a
p = P0r.
En appelant - la durée totale d'une inspiration et d'une expiration con-
sécutives, on peut poser
dp _ dt
d'où
' <(-
et par conséquent
, 2-nRQ'zdz iVrf-
a ai
» dette équation, qu'on sait intégrer rigoureusement, peut s'intégrer
avec une approximation suffisante en intégrant le premier terme :
en substituant cette valeur dans le second :
, 2T.TiQ'zdz KRQ'r&dz
aL-
en intégrant successivement les deux termes
0)
P =
itRQ's1 t.RQ'/z'
a ici--
d'où, comme / = n-.
(3)
P„nr
» Les équations (1), (2) et (3) résolvent le problème.
» C'est par cette dernière formule que j'ai calculé sur moi-même les
minima perceptibles suivants en millièmes de milligrammes : Ylang-
Ylang, o,33i; Wintergreen, 12,22; Menthe, 37,9; Lavande, i3'i3,i . »
( 888 )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — L'assimilation chez les Lichens ('). Note de
M. Hexrï Jumelle, présentée par M. Duchartre.
« L'union de l'Algue et du Champignon qui, comme on sait, constitue
le Lichen, est généralement considérée comme une sorte d'association à
bénéfice réciproque, où l'Algue fournit les principes hydrocarbonés que
tout organe vert est apte à produire, par la décomposition de l'acide car-
bonique de l'air sous l'influence de la lumière.
» Il importe toutefois de remarquer que, chez la plupart des Lichens,
la masse du Champignon prédomine de beaucoup sur l'ensemble des
Algues et on est alors amené à se demander si la respiration du Champi-
gnon ne l'emporte pas toujours, même à la lumière, sur l'assimilation de
l'Algue. Dans le cas où cette prédominance aurait constamment lieu, le
Lichen devrait donc emprunter à une source autre que l'air le carbone
qui lui est nécessaire. Une Note de MM. Bonnier et Mangin (2) avait déjà,
pour certains cas, résolu la question en ce sens.
» Cependant, au coursd'un précédent travail (3), nous avons eu, inci-
demment, l'occasion de constater que cette prédominance de la respiration
sur l'assimilation n'est pas générale, et que la prédominance contraire peut
également être observée. Mais il eût été imprudent d'étendre aussitôt à
l'ensemble des Lichens les conclusions fournies pour quelques-uns.
■» On sait, en effet, combien varie, avec les espèces, la couleur du thalle
et combien l'assimilation elle-même varie avec la coloration. La question
nous a semblé mériter une étude plus complète; nous résumons ici les ré-
sultats obtenus avec le plus grand nombre d'espèces possibles, présentant
les couleurs et les formes les plus variées.
» Les expériences qui vont suivre ont été faites à plusieurs reprises, de
novembre à avril. L'air des éprouvettes dans lesquelles ont été placés les
Lichens a été analysé avant et après l'exposition à la lumière. Afin de dé-
crire plus rapidement ces expériences, nous ne donnerons que la propor-
(') Ce travail a été fait au laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau, dirigé
par M. Gaston Bonnier.
(2) Bonnier et Mangin, Sur les échanges gazeux entre tes Lichens et l'atmosphère
(Bulletin de la Société botanique, mars 188/4).
(3) Henri Jumelle, L,a vie des Lichens pendant l'hiver (Mémoires de la Société de
Biologie, décembre 1890).
( 889 )
tion, pour ioo, de l'acide carbonique disparu et de l'oxygène rejeté. Pour
la question qui nous préoccupe ici, il nous suffira, en effet, de constater
si, dans des conditions données, il y a eu décomposition d'acide carbo-
nique et rejet d'oxygène, ou. inversement, absorption d'oxygène et exha-
lation d'acide carbonique.
» Nous distinguerons dans ces expériences trois séries :
» La première comprend les Lichens dont le thalle, bien développé, en
touffes ou en plaques, est vert ou verdâtre. La prédominance de l'assimi-
lation chez ces Lichens n'a rien qui doive particulièrement étonner.
» Dans la seconde série, nous ferons rentrer les Lichens dont le thalle
est encore bien développé, mais prend des teintes variées où la couleur de
la chlorophylle disparaît plus ou moins complètement. Le fait de l'assimi-
lation devient ici bien moins évident.
» Enfin la troisième et dernière série sera composée de Lichens dont la
plupart appartiennent au type dit crustacé. Le thalle de ces Lichens s'ap-
plique étroitement, comme on sait, sur les pierres et sur les écorces, dont
il serait souvent impossible de les détacher. Il devient ici bien difficile
d'affirmer, en dehors de toute expérience, la prédominance et l'assimila-
tion de tels Lichens formant le plus souvent de simples taches blanches,
noirâtres ou jaunâtres.
» Nous avons obtenu les résultats suivants avec ces différents Lichens :
» Les Lichens de la première série, exposés à la lumière diffuse, ont ainsi modifié
l'atmosphère :
Acide carbonique
absorbé Oxygène dégagé
pour ioo. pour 100.
Peltigera canina . i ,j3 i ,[\o
Pli yscia ciliaris 3,45 4 > ' 6
Parmelia acetabulum 3,76 4>97
Ramalina fraxinea 3, 00 3,88
Ramalina farinacea 3 , i5 3 , 65
Cladonia rangijerina 0,42 o,58
Cladonia furcata 1 ,32 1 ,86
Evernia Prunastri 4j23 5, 00
Usnea bar bâta 1 , 00 1,20
» Mêmes résultats ont été obtenus avec le Cladonia çervicomis, le Cladonia endi-
i'icefolia et le Physcia stellaris. Pour tous, nous avons constaté une fixation de
carbone.
( «90 )
» Les Lichens de la deuxième série ont été également e\.|josés à la lumière difluse.
Le milieu s'est trouvé ainsi modifié :
CO absorbé Oxygène dégagé
pour i'oo. pour ioo.
Umbilicaria pustulata (thalle vert jaunâtre). .. . 2,28 2,60
Parmelia caperatq (thalle jaune) 1 , 37 1 ,57
Physcia parletina (thalle jaune) 1 ,27 1 ,43
Physcia aipolia (thalle vert bleuâtre) 2,22 2,58
Parmelia perlata (thalle vert pâle) 1 ,5o 1 , 75
» Il en est de même pour le Parmelia o/ivacea et le Parmelia omphalodes.
» Pour la dernière série de Lichens, nous avons opéré, non plus comme précédem-
ment à la lumière diffuse, mais à la lumière solaire directe. L'atmosphère a été alors
ainsi modifiée :
CO2 absorbé O dégagé
pour ioo. pour 100.
Lecanora hœmatomma (thalle verdâtre) 3, 1 1 3,55
Lecanora subfusca (thalle blanchâtre) 1,7» 2,81
Pertusaria commuais (thalle blanchâtre). ... 0,78 1 ,3i
Pertusaria amara (thalle blanchâtre) o,5->. 1 ,58
Lecidea sy.pera.ns (thalle noirâtre) 1 ,00 1 . J4
Opegrapha notha 1 , 00 1 , 5o
Lecidea atroalba o,3o 0,60
« Nous avons fait remarquer que les expériences sur cette dernière série de Lichens
ont été faites à la lumière solaire directe. Répétées à la lumière difluse, elles ont
donné îles résultats tout autres. Sauf pour le Pertusaria commuais, nous avons tou-
jours vu alors la respiration l'emporter sur l'assimilation.
» Un Lecanora hœmatomma, par exemple, a, dans ces conditions, modifié ainsi
l'atmosphère :
CO2 dégagé 1 ,27 Oxygène absorbé 1,81
» Il en est de même pour les Lecidea, Pertusaria et Opegrapha cités plus haut.
Tous sont aptes à fixer du carbone, mais exigent une lumière intense.
» Les expériences précédentes nous permettent d'énoncer les conclu-
sions suivantes :
« Lorsque certaines conditions favorables de lumière, d'humidité et de saison
sont réalisées, tous les Lichens sont capables de décomposer l'acide carbonique
de l'air assez- ènergiquement pour que cette décomposition l'emporte sur le dé-
gagement d'acide carbonique dû à la respiration. Jl y a alors gain de carbone
pour le. Lichen.
» Cette intensité assimilatrice du Lichen varie toutefois énormément
( 89' )
avec l'espèce considérée; relativement forte dans les Lichens fruticuleux.
ou foliacés, comme les Cladonia, les Parmelia, etc., elle peut devenir dans
d'autres cas si faible, que la décomposition de l'acide carbonique n'est
plus observable qu'à un fort éclairement. C'est ce qui a lieu pour la plupart
de ces Lichens dits crustacés, qui, comme les Lecidea, forment souvent, sur
les arbres ou sur les rochers, de simples taches, aux couleurs variées.
» Les recherches faites sur les Lichens de la dernière série montrent,
en outre, qu'il nry a pas pour les Lichens d'optimum d éclairement. Toutes les
autres conditions restant les mêmes, la lumière, solaire directe est préférable à
la lumière diffuse. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Influence de la salure sur la quantité de l'amidon
contenu dans les organes tiégélatifs du Lepidium sativum. Note de
M. Pierre Lesage, présentée par M. Duchartre.
« J'ai montré tout dernièrement ( ' ) que la salure a une influence réelle
sur la formation de l'amidon dans les organes végétatifs chlorophylliens;
je désire augmenter, à ce sujet, les faits acquis par les cultures expérimen-
tales du Lepidium sativum.
» J'ai cherché, dans la tige et la racine de cette plante, et sur des points
aussi homologues que possible d'échantillons provenant de cultures diffé-
rentes, la quantité d'amidon qu'elles contiennent à un moment donné.
» Dans la tige, l'écorce, composée de l'endoderme et de trois ou quatre
assises parenchymateuses, renferme des grains de chlorophylle plus ou
moins abondants et, suivant les cas, amylifères.
» Dans la racine, j'ai fait des coupes à des hauteurs différentes. Dans
chaque cas examiné, la section peut se diviser en deux régions : l'une qui
est formée par un cordon axile lignifié, à part quelques rares cellules mé-
dullaires; l'autre, par un manchon externe comprenant le cambium, le
liber secondaire et les restes de l'écorce secondaire. C'est dans ce man-
chon, surtout dans sa partie interne, que se trouve l'amidon.
» Comme pour la feuille ('), cet amidon fait complètement défaut dans
la tige et la racine quand la salure est très forte.
» Quand il y a de l'amidon, il devient assez difficile d'en mesurer exac-
(') Voir Pierre Lesage, Influence de la saluresur la formation de l'amidon dans
les organes végétatifs chlorophylliens {Comptes rendus, séance du 3i mars 1891).
( 892 )
tement la quantité pour arriver à dire sûrement que tel échantillon en ren-
ferme plus que tel autre. D'autre part, il ne faut pas perdre de vue que cette
quantité varie pour une même plante, pour un même organe, selon l'époque
de la récolte et même l'heure de la journée ('). Cependant, comme les
échantillons étudiés ont été recueillis à peu prés à la même heure et se sont
trouvés soumis aux mêmes conditions de milieu, la salure des arrosages
étant seule exceptée, ils sont vraiment comparables. Je puis donc présen-
ter les différences reconnues, plus ou moins approximativement, dans les
Tableaux qui suivent et où les termes de comparaison sont figurés : pas d'a-
midon, par O; traces, T; très peu, TP; peu, P; beaucoup, B.
» Les plantes étudiées ont poussé sur du terreau arrosé avec de l'eau de
la Vilaine, ou i° avec des solutions contenant igl", igr,66, 2gr,5, 5gr, i2gr,5,
25grde NaCl par litre, ou 2° avec des dilutions renfermant —, yg, yj, g, t, i
d'eau de mer (2). Je donne les résultats pour la feuille, la tige à icm au-des-
sus de cette feuille, et la racine à deux hauteurs différentes.
i° Quantité d'amidon correspondant aux arrosages avec des solutions de NaCl.
Eau de
Vilaine. i^'. i«r, 66. v,j. 5sc. i2sr,5. 25sr.
Feuille B. B. P. B. B. O. O.
Tige B. B. B. B. P. T. O.
Bacine, en haut. . B. B. P. B. T. P. T. O.
Bacine, plus bas.. B. B. B. T. P. P. T. O.
2° Quantité d'amidon correspondant aux arrosages avec des dilutions
d'eau de mer.
Eau de
Vilaine.
t
S5
i
"i h
i
1 0
s
a
Pure
Feuille
B.
B.
P.
B.
B.
0.
0.
Tige . .
B.
B.
T. P.
P.
T. P.
0.
»
Bacine,
en
haut. .
B.
B.
T. P.
P.
P.
0.
M
Bacine,
plus bas. .
B.
B.
B.
B.
T.
T. P.
)>
» Ces Tableaux indiquent nettement qu'acec des arrosages contenant
12 à i5gr de sel par litre, l'amidon disparaît complètement.
(') Voir A.-F.-W. Scuimper, Ueber Bildung und Wanderung der Kohlehydrate
m den Laubblàttern {Bot. Ztg.; i885).
(2) Voir Pierre Lesage, Revue générale de Botanique, 1890, et Influence du bord
de la mer sur la structure des feuilles. IP Partie, Étude expérimentale, p. 81 (Thèse
de la Faculté des Sciences de Paris).
( «93 )
» le veux insister sur une autre conclusion : la diminution de l'amidon
ne se fait pas proportionnellement à l'augmentation de la salure. C'est ce
qu'on verrait immédiatement si, à ces Tableaux, je substituais des courbes
construites en prenant pour abscisses les quantités de sel et, pour ordon-
nées, les quantités d'amidon.
» Je dois dire que ces courbes seraient très comparables à celles que
j'ai représentées ailleurs ('); en particulier, elles seraient sensiblement
parallèles à la courbe des surfaces des feuilles dans les mêmes échantillons
de cette plante.
» En étudiant ces mêmes courbes, on s'assurerait que la quantité d'ami-
don, avant une certaine valeur dans les arrosages à l'eau de Vilaine, passe,
le plus souvent, par un minimum au voisinage de igl',66 et de -^ dans les
deux groupes de séries, puis se relève pour atteindre un maximum aux
environs de 2S'',3 à 5Br et de -^ à *- et, enfin, dans les cas considérés, s'in-
cline définitivement pour atteindre le zéro vers i 2sr,.> et '-,. Cette inflexion
vers i,66 et -^ est intéressante à considérer; elle impose la comparaison du
maximum suivant à la quantité d'amidon de l'arrosage avec l'eau de Vilaine.
En effet, dans les huit séries, il en est au moins trois où. avant et après le
minimum, l'amidon est représenté de la même manière, B, ce qui amène
à se demander si, en ayant à ma disposition des moyens de mesurer plus
précis, je ne pourrais pas reconnaître au maximum intermédiaire une
valeur égale ou plus grande que celle d'un premier maximum qui se
trouve quelque part entre l'arrosage à l'eau pure et l'arrosage à is',66
ou ~^. La solution de cette question pourrait être immédiatement utili-
sable dans la pratique; c'est ce qui donne de l'intérêt au problème et
m'engage à faire ressortir ce point particulier, de même qu'à présenter les
Tableaux précédents qui, quoique approximatifs, n'en fournissent pas
moins des repères que l'expérimentateur est toujours heureux déposséder.
» D'autres considérations plus générales pourraient encore se tirer de
ces mêmes Tableaux, par exemple pour ce qui concerne les rapports de la
racine à la tige et à la feuille; mais l'occasion d'y revenir ne peut
manquer. »
( ' ) Noir PiEîiRs Lksa .. , Thèse, p. 95.
C. R., 1891, i« Semestre. (T. CXU, N° 16. Il
( «94 )
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Le Seigle enivrant . Note de M. Priixieux,
présentée par M. Duchartre.
« Dans quelques communes situées dans le département de la Dordogne,
près des limites de la Haute-Vienne, particulièrement sur les territoires
de Firbeix, de Mialet et de Saint-Saud, le Seigle de la récolte de l'an der-
nier a présenté des propriétés toxiques singulières et très nettement mar-
quées.
» Dans un village près de Mialet, un des colons du Dr Millet, conseiller
général de la Dordogne, à qui je dois la connaissance de ces faits, s'était
empressé de faire moudre un sac de Seigle aussitôt après la récolte et d'en
fabriquer du pain. Ce pain a rendu toutes les personnes de la maison ma-
lades environ deux heures après leur repas. Elles ont été atteintes d'un en-
gourdissement général et se sont trouvées, pendant vingt-quatre heures,
dans l'impossibilité de se livrer à un travail quelconque; elles ont même
été obligées de se coucher. Dans plusieurs villages voisins aussi, toutes les
personnes qui ont mangé du pain fait avec les Seigles de la même récolte
ont été malades. Des hommes qui étaient allés travailler dans les champs
après le repas du matin se sont trouvés dans un état de torpeur et de ma-
laise tel qu'on a dû les aller chercher pour les ramener chez eux; ils
étaient incapables de revenir seuls.
» Les animaux, chiens, porcs et volailles auxquels on a donné de
ce même pain sont devenus mornes, engourdis, et ont refusé de manger
et de boire pendant vingt-quatre heures.
» Les effets produits par ce Seigle vénéneux ne ressemblent pas à ceux
que cause l'ergot, mais plutôt à ceux de l'Ivraie avec une action plus in-
tense et plus rapide.
» Des faits fort semblables à ceux qui viennent de se produire dans la
Dordogne ont été récemment constatés à l'autre bout du monde, à l'ex-
trémité de l'empire russe, au delà de la Mandchourie, dans l'Oussourie
méridionale, auprès de Vladivostok. M. Woronine a reçu de ce pays des
échantillons du Seigle signalé comme présentant de même des propriétés
stupéfiantes et enivrantes et il les a étudiés. Il a reconnu qu'ils étaient en-
vahis par un grand nombre de Champignons de diverses sortes qu'il a énu-
mérés; mais, comme il a constaté en même temps que plusieurs grains
avaient commencé à germer, il a regardé l'altération comme due auxmau-
( 8<P )
vaises conditions dans lesquelles la moisson avait été faite. Néanmoins,
c'est à la végétation cryptogamique qui s'est développée alors que M. Wo-
ronine attribue les propriétés toxiques signalées, sans pouvoir déterminer
à quelle espèce elles sont dues; il a cependant indiqué spécialement quatre
formes : Fusarium roseum, Giberella Saubinetii, Hetmintosponum sp. et Cla-
dosporium herbarum, comme devant être soupçonnées d'avoir produit les
accidents.
» L'étude des grains du Seigle enivrant, que j'ai reçus de M. le D1' Mil-
let, m'a permis de reconnaître qu'aucune des espèces incriminées parle
savant russe n'est la cause des effets toxiques constatés. Ces grains sont
de fort médiocre apparence, petits, légers et resserrés, comme sont tou-
jours ceux qui, pour une cause quelconque, se dessèchent, sans être par-
venus à leur développement complet; mais ils ne présentent pas à leur
surface ces nombreuses espèces de Champignons saprophytes qu'a obser-
vées M. Woronine sur les Seigles de l'Oussourie. C'est à leur intérieur que
l'examen microscopique fait reconnaître l'existence d'un Champignon,
toujours le même, et dont le mycélium envahit la couche externe de l'al-
bumen.
» On sait que cette couche se distingue nettement, sur une coupe trans-
versale, par la forme carrée de ses cellules et leur contenu, constitué seu-
lement de fins granules protéiques. Dans les grains de Seigle enivrant,
cette couche est à peine reconnaissable sur quelques points; elle est en-
vahie par de nombreux filaments de Champignon entrelacés, de façon à
former une lame de stroma plus ou moins épaisse en dedans des tégu-
ments et autour de l'albumen. Dans les cellules qui contiennent le gluten
et les grains d'amidon, ceux-ci présentent à leur surface une corrosion
bien visible, qui est due sans doute à l'action d'une diastase sécrétée Ital-
ie Champignon.
» Ça et là des filaments s'échappent de la surface extérieure du stroma
et pénètrent dans les téguments du grain. Espérant voir ce Champignon
se développer hors du grain et y fructifier, j'ai mis des grains de Seigle
enivrant, à l'intérieur desquels j'avais constaté l'existence du stroma, dans
l'air saturé d'humidité d'un germoir de terre poreuse dont le fond plongeait
dans l'eau. Au bout d'une quinzaine de jours, par une température variant
entre i5° et i8°, il s'était développé à la surface de ces grains de petits
coussinets de couleur blanchâtre, arrondis et un peu déprimés au sommet.
Une coupe transversale m'a montré qu'ils ne sont rien autre chose que l'é-
panouissement au dehors du stroma intérieur du grain. Ils sont formés de
(896)
touffes pressées de filaments ramifiés dont les rameaux, aboutissant à la
surface du coussinet, produisent des spores à leur extrémité.
» Il semble que cette organisation réponde à celle du genre Dendrodo-
chium de Bonorden, mais le Champignon du seigle enivrant présente, dans
la formation de ses spores, une disposition fort particulière qui n'a été ob-
servée dans aucun Dendrodochium et dont on ne connaît que de très rares
exemples. Elle est analogue à celle qu'a décrite M. de Sevnes dans une
moisissure de l'Ananas qu'il a nommée Sporochisma paradoxum. Les spores
sont produites, non pas comme d'ordinaire extérieurement au bout des
rameaux fructifères, mais dans l'intérieur de ces rameaux eux-mêmes. Le
plasma qui remplit le dernier article du rameau se différencie à son extré-
mité et s'organise en une spore qui s'isole complètement, puis sort par une
ouverture qui se fait au sommet du tube qui la contenait. Celui-ci reste
ouvert et béant après la sortie de la spore; on distingue sa paroi hyaline
au delà du point où est le plasma. Ce dernier continue à produire succes-
sivement à son extrémité, au fond du petit cylindre ouvert, une nouvelle
spore qui se détache et est expulsée au dehors comme la précédente. Il
s'en forme ainsi successivement au moins trois ou quatre.
» Cette organisation très singulière paraîtra sans doute justifier la créa-
tion d'un genre nouveau. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la découverte d'une source au fond du lac
d'Annecy. Note de MM. A. Delebecqie et L. Légat, présentée par
M. Daubrée.
« Dans une précédente Communication (t. CXI, p. iooo), nous avons
parlé d'un entonnoir, dit le Boubioz, qui s'ouvre sur le talus du lac
d'Annecy, par des profondeurs de 25m à 3om, suivant une ellipse ayant pour
longueurs d'axes 2oom et 25om; entonnoir dont les parois, vaseuses, ont
une inclinaison variant entre 200 et 4o° et dont le fond, rocheux, se trouve
à 8om,Go au-dessous du niveau de l'eau, soit i6m plus bas que le plafond
du lac. Nous avons signalé la singularité de cet accident que l'on n'avait
jamais rencontré dans les lacs alpins, dont les talus présentent quelquefois
des monticules, mais jamais de trous.
» Ayant trouvé à diverses reprises une température sensiblement uni-
forme dans toute l'étendue de cet entonnoir, nous disions qu'il servait
probablement d'émissaire aux eaux du lac, dont une partie se serait ainsi
( «97 )
écoulée souterrainement. Mais à cause de la mobilité du bateau et de la
difficulté de nous repérer, nous n'avions jamais pu, dans nos sondages
thermométriques, atteindre exactement le sommet de l'entonnoir. Notre
supposition était erronée.
» Une circonstance exceptionnelle, la congélation du lac d'Annecy, qui
s'est produite en février dernier, nous a permis d'exécuter nos son-
dages dans des conditions particulièrement favorables. En perçant des
trous dans la glace, nous sommes arrivés par des tâtonnements méthodiques
à trouver le sommet cherché et nous avons mesuré au fond du Boubioz,
avec le thermomètre à renversement de Negretti et Zambra, une tempé-
rature de n°, 8, tandis que nous ne trouvions que 3°, 8 sur le plafond du
lac, à Ja profondeur de 65m. Cet écart ne peut être attribué qu'à une
source sous-lacustre. Cette source, au point où elle jaillit, empêche le dépôt
de la vase qui, tout autour, s'éboule en forme d'entonnoir.
» La température de cette source est peut-être notablement supérieure
à 1 1°, 8; car nous ne pouvions prendre que la température d'un mélange
de l'eau de la source avec celle du lac.
» L'existence de sources au fond du lac d'Annecy avait, d'ailleurs, élé
pressentie dès 1870 par M. Carnot, Président de la République, alors
ingénieur des Ponts et Chaussées à Annecy. Remarquant, dans ses études
relatives à la régularisation du niveau du lac d'Annecy, que le débit des
émissaires est considérable relativement à la quantité de pluie tombée sur
le bassin du lac, il était arrivé à la conclusion que des sources sous-la-
custres amènent de l'eau provenant de bassins supérieurs situés en dehors
du périmètre apparent de celui du lac.
» La présence d'une source est, d'autre part, pleinement confirmée par
une analyse faite par M. Duparc, professeur à l'Université de Genève.
L'eau que nous avons recueillie au fond du Boubioz contient, en effet,
ogr,i73 de résidu fixe par litre, tandis que l'eau prise au milieu du lac n'en
contient que oêr,i5i.
» L'eau de cette source se diffuse très rapidement dans celle du lac.
Ainsi, à 5m au-dessus du fond, la température n'est plus que de 4°>4- Néan-
moins l'influence réchauffante de la source se fait sentir dans toute l'éten-
due du trou. Le 28 février, à 3om de profondeur, la température était
encore de 4°, 2 sur l'axe de l'entonnoir, tandis qu'elle n'était que de 3°, 4
au milieu du lac. Dans les couches supérieures, à moins de 25m de pro-
fondeur, toute différence disparaissait et, à la surface, la glace avait o'u,i6
a < >'", 1 8 d'épaisseur, à peu près autant que partout ailleurs.
( «9« )
» En supposant que cette source, par analogie avec celles que nous
voyons sur les pentes des montagnes voisines, ne produise pas d'effondre-
ment sensible dans le talus primitif du lac et constitue seulement un
obstacle au dépôt de la vase, nous pouvons, ce qui est d'une grande im-
portance pour l'étude des lacs, avoir une idée assez exacte de l'épaisseur
de cette vase. Il suffit de prendre la différence de niveau entre l'ouverture
et le fond de l'entonnoir; nous trouvons ainsi une épaisseur de 5om à 55"'.
» Quelques autres petites sources chaudes jaillissent encore sous l'eau
non loin du Boubioz, près de la rive occidentale du lac, mais par des
profondeurs ne dépassant pas -i'" ou 3m. »
GÉOLOGIE. — Sur les sondages exécutés dans le Pas-de-Calais en 1890. Note
de M. J. Rexaud, présentée par M. Bouquet de la Grye.
« Les sondages que j'ai exécutés, l'an dernier, dans la Manche, avec la
collaboration de M. Hersent, avaient pour but de rechercher la nature
géologique des fonds sous-marins du détroit, entre le cap Gris-Nez et Fol-
kestone, et l'épaisseur des sables et des alluvions qui les couvrent. Cela
nécessitait des forages de plusieurs mètres, par des fonds de 55m à 6om, et
la difficulté était accrue par la violence des courants et par l'agitation
presque constante de la mer.
» Aussi était-il nécessaire de modifier les méthodes habituelles des
forages. Il était d'abord impossible d'utiliser le svstème de vissage usité à
terre; quant au procédé imaginé par M. Bouquet de la Grye lors d'une
mission à la Rochelle et qui consistait à faire agir sous l'eau un mouton
sur une lance, il fallait, de toute nécessité, le modifier, la profondeur delà
Manche étant dix fois plus grande.
» Dans les parties où la roche était dénudée ou recouverte d'une mince
couche d'alluvions, nous nous sommes bornés à envoyer de haut en bas
une tige de fer (lestée de fortes rondelles de plomb) qui, arrivant sur le
sol avec une grande vitesse, en raison de sa forme effilée, y pénétrait suf-
fisamment. A l'extrémité inférieure de la tige étaient fixés des tubes
munis de clapets dont les dispositions variaient selon la nature des ter-
rains rencontrés.
» Le deuxième appareil était descendu lentement au fond de la mer ; la
tige était maintenue verticale par un trépied et enfoncée à coups de mou-
ton dans le sol; les tubes et les clapets du bas de la tige étaient les
( «99 )
mêmes que ceux du premier appareil. Ces deux instruments ont donné
d'excellents résultats.
» Le troisième appareil servait à mesurer l'épaisseur des alluvions dé-
posées au-dessus du terrain en place; il était formé d'un tube bien lesté, à
l'intérieur duquel on injectait de l'eau, et qui descendait tant que l'eau
injectée mettait en mouvement et refoulait les alluvions à la partie infé-
rieure du tube.
» Pendant la campagne, il a été fait environ 2700 sondages et 4«o fo-
rages. Ces opérations ont permis de déterminer exactement le relief sous-
marin du Pas-de-Calais, d'étudier le mode de distribution des alluvions
dans ces parages, et enfin de dresser une Carte géologique du détroit
faisant suiteàcelle qui avait été levée plus au nord, en 1876, par MM. La-
rousse, de Lapparent et Potier.
» Cette Carte, que nous reproduisons ici, permet de suivre, au fond de
la mer, la continuation des affleurements des étages jurassiques du Boulon-
nais dans la partie sud-est du détroit; elle montre le soulèvement du Port-
landien qui a donné naissance aux deux bancs du Varne et du Colbert, et
elle délimite, dans l'ouest du Pas-de-Calais, les prolongements sous-marins
des assises du Wéaldien et des sables verts qui forment les terrains du
comté de Kent en Angleterre.
» Les courants sous-marins du détroit ont été aussi l'objet de fréquentes
observations pendant la campagne ; il a été reconnu qu'ils sont les mêmes
( <)°° )
au fond qu'à la surface, en vitesse et en direction, et que l'étalé se produit
en même temps dans toute la masse d'eau. »
GÉOLOGIE. — Sur les terrains métamorphiques des Alpes de Savoie.
Note de M. P. Termier, présentée par M. Mallard.
« Dans le courant de l'été de 1890, nous avons exploré, pour le service
de la Carte géologique détaillée, le pays de hautes montagnes compris
entre Modane et lignes (massif de la Vanoise). On y rencontre quatre ter-
rains : les Schistes lustrés, le Houiller, le Permien et le Trias. Le plisse-
ment a été, dans toute la région, d'une intensité exceptionnelle : les plis
sont fréquemment renversés et écrasés; les couches se suppriment, par
étirement, sur des centaines de mètres d'épaisseur. En même temps, les
dépôts sont profondément métamorphiques : beaucoup ne montrent plus
aucune apparence détritique. Il nous a semblé intéressant de résumer ici
les résultats de l'étude microscopique de ces divers terrains.
» Schistes lustrés. — On sait que ces Schistes sont rattachés au Prépa-
léozoïqueparM. Zaccagna. Les travaux de MM. Potier, Bertrand et Kilian
ont clairement démontré qu'ils sont antérieurs au Houiller. Nous ne les
avons étudiés qu'au nord-est de la Vanoise (chaîne de la Sana), où ils sont
en recouvrement sur le Trias.
» A. Faciès habituel. Schiste gris à séricite avec lits alternants de quartz et de cal-
cite cristallisée (ou de dolomie ferrifère). Ilménite et rutile, oligisle ; anthracite.
A la séricite s'associe habituellement la chlorite, plus rarement le mica noir. Pas
d'éléments détritiques. Quart;- fin, en mosaïque, généralement antérieur aux phyllites.
» B. Schiste vert sans carbonates. Pyrite. Rutile très abondant en aiguilles excessi-
vement fines. Tourmaline. Séricite et chlorite: quartz. — G. Roches vertes variées,
peut-être intrusives : amphibolites et pyroxénites à grenat et sphène, chargées d'épidote
et de serpentine. Feldspath rare.
» Boitiller. — Ce terrain est bien connu entre Saint-Michel en Mau-
rienne et Bozel ; il reparaît à l'est de Champagny, sous le Permien.
Le métamorphisme est peu intense à l'ouest du méridien de Bozel : bien que la
plupart des couches contiennent delà séricite de métamorphisme, elles montrent en-
core, au moins au microscope, de nombreux galets détritiques. Le Houiller de Cham-
pagny est beaucoup plus cristallin. Schistes plus ou moins quartzeux, gris ou noirs.
luisants et satinés, à clivage plissoté. Pyrite, ilménite, anthracite, rutile, séricite et
quartz. Vers le sommet de l'étage, les phyllades deviennent plus homogènes : la chlo-
rite, la tourmaline, les feldspaths (ortkose et albite) apparaissent.
( f)OI )
» Permien. — Nous rattachons au Permien les phyllades intercalés, sans
aucune discordance de stratification, entre le terrain à anthracite et le
Trias. Il est possible qu'une forte partie de ces phyllades appartienne au
Houiller supérieur.
» Les Schistes cristallins permiens ont été rapportés par Lory au Primitif. M. La-
chat a depuis longtemps proposé d'attribuer au Houiller les chloritoschistes à noyaux
feldspathiques de Modane et de Bozel. Les mêmes assises sont signalées comme per-
miennes par M. Zaccagna. En réalité, l'extension du Permien est énorme dans toute la
région On le suit de Modane à Bozel, par Polset, le glacier de Gébroulaz, le col du
Fruit, la vallée de Saint-Bon. Il forme, à l'est de Bozel, le massif de la Becca-Motta,
et, plus au Nord ('), le massif du Mont-Pourri. On le suit également de Modane à
Entre-deux-Eaux, par la Pointe-de-1'ÉchelIe, le Dôme de Chasseforêt, les gorges du
Doron. Le métamorphisme est intense, surtout à l'est du méridien de Pralognan. Dans
la région d'Entre-deux-Eaux, la cristallinité est comparable à celle du Primitif, mais
les minéraux de métamorphisme sont les mêmes de pari et d'autre dudit méridien; la
continuité des assises permiennes, évidente stratigraphiquement, est pétrographique-
ment palpable.
» A. Quartzites fins, à zones phylliteuses. l'as d'éléments détritiques. Zircon,
rutile, tourmaline, sphène, un peu ftilménite et d'oligisle. Chlorite et séricilc.
Quartz fin. Orlhose et albite rares.
» B. Schistes gris ou violets, luisants cl satinés. Galets de quartz ou de quarl-
zite, plus ou moins recristallisés sur les bords. .Mêmes minéraux que ci-dessus. Noyaux
feldspathiques abondants, développés après les phyllites, souvent transversalement à
la schistosité. Calcite et sir/érose fréquentes.
» G. Chloritoschistes verts, souvent feldspathiques. Structure plus homogène.
Pas d'éléments détritiques. Beaucoup de rutile ou de sphène. Tourmaline, parfois
visible à l'œil nu. Noyaux feldspathiques, nés nombreux, englobant ou repoussant les
phyllites, déviant les files d'ilménite, de rutile ou de sphène. Parfois, un peu de glau-
cophane. Calcite et sidérose fréquentes.
» D. Schistes moins luisants. Inthracite. Sphène nés abondant. Epidote et
zoïsite. Chlorite, sérieite et quartz.
» E. Amphibolites à glaucophane. Glaucophane, généralement visible à l'oeil nu.
Sphène, chlorite. épidole el zotzite. l/bite en grandes plages englobant tous les
autres minéraux.
» On observe des passages entre ces cinq types. Le grenat et la magnétite, si abon-
dants dans le primitif, sont ici fort rares. Le sphène et le rutile ne vont généralement
pas ensemble. Le zircon est très fréquent, mais toujours en cristaux isolés. L'ilmé-
nite, l'oligisle, le rutile sont les minéraux les plus anciens. La tourmaline, qui leur est
postérieure, est antérieure aux phyllites. Les feldspath sont postérieurs à tous les mi-
néraux, sauf les carbonates. Le quartz contient des inclusions de rutile et quelques
inclusions liquides, parfois à bulle mobile. L'absence du mica noir, l'extrême ténuité
(') D'après M. Marcel Bertrand.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N« 16.) l '^
( 9°2 )
du rutile, l'enveloppement par les phyllites d'une grande partie du quartz, la disposi-
tion du feldspath en noyaux, chargés d'inclusions, le remplacement de l'oligoclase par
l'albite, un aspect toujours un peu hétérogène, distinguent les phyllades permiens de
ceux du primitif (' ).
» Trias. — Le Trias comprend deux termes fort différents : les quartzites
et les calcaires.
» Les quartzites sont des grès métamorphiques à galets détritiques rares. Quartz
fin avec séricite, plus rarement chlorite, englobant ilménite, oligiste, rutile, zircon,
tourmaline. Presque toujours un peu d'orthose ou d'albite. En somme, même com-
position que les quartzites permiens.
» A la base des calcaires, on observe une alternance des marbres phylliteux et de
schistes noirs, gris ou verts. Les marbres contiennent : ilménite, oligiste (jusqu'à
20 pour ioo), rutile, tourmaline, quartz-, chlorite, séricite, calcite et dolomie. Les
Schistes sont identiques aux phyllades à rutile et tourmaline du Permien ou des
Schistes lustrés. Marbres et Schistes contiennent de Vorthose et de Yalbite. Exception-
nellement, on y observe de beaux cristaux de chloritoïde, parfois visibles à l'œil nu.
Puis viennent des calcaires siliceux et cristallins, peu phylliteux, et enfin une énorme
série de calcaires gris. Tous ces calcaires contiennent de Vorthose, de ïalbite et du
quartz. Dans les régions les plus plissées (Grande-Casse), ils deviennent tous un peu
sériciteux. Des cargneules et des gypses apparaissent çà et là, surtout à la base des
calcaires. Ils sont dus à des transformations chimiques tout à fait indépendantes du
métamorphisme dont nous parlons.
» Résumé et conclusions. — Les divers terrains d'âge fort différent, dont
se composent les montagnes de la Vanoise, semblent avoir été soumis à la
même cause de métamorphisme. Partout où cette cause a agi sur des dépôts
identiques, de quelque âge qu'ils fussent, elle a produit les mêmes trans-
formations. Les différences de faciès, dans une même région, s'expliquent
aisément par la diversité originelle de composition des sédiments. Si le
Permien est, toutes choses égales d'ailleurs, plus métamorphique que les
autres terrains, c'est qu'il était plus riche en magnésie, soude et potasse.
Les différences de métamorphisme d'une région à l'autre semblent liées
aux différences dans l'intensité des efforts orogéniques. Le maximum de
cristallinité s'observe sur les points où l'étirement a été le plus intense
( Enlre-deux-Eaux).
» Nous concluons de là que le métamorphisme est dû à la chaleur dé-
(') D'après leurs caractères micrographiques, nous n'hésiterions pas à attribuer au
permien les Schistes cristallins de Plumet (Savoie), rapportés jusqu'ici au Primitif. Ces
Schistes nous ont d'ailleurs paru concordants avec le Trias.
( 9°3 )
gagée par le plissement. Cette chaleur semble s'être produite lentement
(température peu élevée); mais elle n'a pu se dissiper que très lentement
aussi, à cause de la faible conductibilité des roches. L'action, prolongée
pendant une longue suite d'années, d'une température de 2000 ou a5o° ('),
suffit probablement pour recuire les sédiments et provoquer une recristal-
lisation complète des éléments qui les composent. La même action, pro-
longée plus longtemps encore, produirait des assises sans doute identiques
à celles que nous appelons primitives, à la différence près qui tient aux deux
agents transformateurs de la plus grande partie des terrains primitifs, le
granité et la granuhte.
ÉCONOMIE RURALE. — Contribution à l étude de la culture du Colza. Mémoire
de MM. E. Louise et E. Picard, présenté par M. P. -P. Dehérain.
(Extrait par les Auteurs.)
« Dans un Travail communiqué à l'Institut (2), M. S. Pierre rechercha,
aux diverses époques du développement du Colza, la production et la
répartition, dans ses différentes parties, de la matière organique, des sub-
stances azotées et des principaux éléments minéraux. Le savant agronome
arriva à conclure que :
» i° Le poids total de la matière verte atteint son maximum à l'époque
de la formation de la graine ;
» 2° Qu'il y a transport continu de l'azote et des autres éléments miné-
raux fertilisants de la partie inférieure de la plante vers l'extrémité des
rameaux;
» 3° Que ce transport atteint son maximum d'activité lors de l'appari-
tion de la graine.
» Plus récemment M. Miïntz, en étudiant la maturation des graines en
général et de celle du Colza en particulier ('), est arrivé à un résultat du
même ordre en constatant que les hydrates de carbone, aux dépens des-
quels se forme la matière grasse de la graine, s'accumulent dans la silique,
(') Les récentes découvertes de la Chimie et de la Métallurgie semblent indiquer
que cette température de 2000 à 25o° agit d'une façon remarquable sur la plupart des
corps.
(2) 5 mars 1S60.
(3) Annales des Sciences naturelles (Botanique), 7' série, t. III, p. 65.
( «jo4 )
d'où ils passent progressivement dans la graine, à mesure que la maturité
s'avance.
» La production du Colza intéresse tout particulièrement le départe-
ment du Calvados, non seulement à cause des bénéfices qu'elle procure,
mais encore par l'heureuse influence qu'elle exerce sur le rendement des
céréales; nous avons donc cherché à compléter les importants travaux de
Physiologie végétale que nous venons de citer par une étude de la culture
rationnelle de cette plante.
» Notre travail se divise en deux parties : la première comprend l'étude
des exigences élémentaires de la plante croissant dans un terrain ordinaire ;
la deuxième l'étude des engrais les plus favorables à sa végétation et les
plus capables d'en augmenter les rendements en produits utiles. Nous ne
communiquerons ici que le résumé de la première partie dont les détails
sont publiés ailleurs ( ' ).
» Le premier point à établir était l'appauvrissement du sol pour une ré-
colte ordinaire.
» Nous avons choisi une graine de Colza type appartenant à la variété
la plus répandue dans le Calvados. Cette graine a été analysée, puis semée
dans un terrain de composition connue.
» Dès le mois de février, la plante commençant à végéter, nous préle-
vâmes de mois en mois un échantillon dont la composition chimique fut
déterminée par l'analyse particulière des racines, des tiges et des feuilles.
» L'examen de la composition centésimale des différentes parties du
Colza permet de conclure cpie, pendant la période de végétation comprise
entre le commencement de février et le 28 juin, maturité complète :
» i° La quantité d'azote pour 100 décroît d'une manière continue dans
les racines et les tiges, tandis qu'elle augmente dans les feuilles;
» 20 L'acide phosphorique va également en décroissant d'une manière
continue dans les racines et les tiges, tandis que, dans les feuilles, il passe
par son maximum vers le 8 juin ;
» 3° La potasse, qui va sans cesse en diminuant dans les racines et les
feuilles, reste, au contraire, presque stationnairedans la tige;
» 4° Ija chaux va constamment en augmentant dans chacune des parties
de la plante jusqu'au 8 juin, époque à laquelle elle passe par son maximum;
» 5° La magnésie, comme la chaux, augmente d'une façon continue
dans chaque partie de la plante.
(') Annales agronomiques.
( 9°5 )
« Ces conclusions sont conformes à celles que M. Is. Pierre avait dé-
duites de son travail; mais il n'en est pas de même pour les nombres qui
diffèrent sensiblement. Ce fait s'explique aisément par le perfectionnement
des procédés de culture et par la différence des conditions climatériques.
» En même temps que la composition centésimale des diverses parties
de la plante, nous avons déterminé la quantité de substance sèche que
chacune d'elles fournit ; nous avons obtenu ainsi les éléments nécessaires
au calcul des quantités de matières fertilisantes enlevées à l'hectare.
» On trouve ainsi que, si la quantité centésimale de ces matières va
constamment en diminuant dans la plante, du i3 février au 28 juin, la
quantité totale enlevée à l'hectare par la récolte, va sans cesse en crois-
sant. Les courbes représentatives de ces résultats ne laissent aucun doute
à cet égard, et nous permettent encore de constater que, par ordre dé-
croissant d'importance, le colza prélève sur le sol : la chaux, la potasse,
l'azote, l'acide phosphorique, la magnésie.
» L'appauvrissement du sol, néanmoins, ne suit pas le même ordre ; il
résulte nécessairement du rapport qui existe entre la quantité d'éléments
fertilisants enlevés par l'exportation des produits de la récolte et la quan-
• lité de ces mêmes éléments, contenus dans le sol avant qu'on lui confie la
plante.
» Dans notre région, toute la récolte, sauf les feuilles, est exportée du
domaine. Or, notre échantillon du 28 juin étant entièrement dépouillé de
ses feuilles, on peut donc admettre qu'il représente la somme des élé-
ments fertilisants exportés.
» En rapportant ces quantités à celles que contenait le sol, on trouve
que le colza a enlevé :
Acide phosphorique primitivement contenu dans le so. . .1. -^
Azote » . js
Potasse » . Jg
Magnésie » . ■£,
Chau\ » . j-|y
» Il résulte des observations précédentes que le colza appauvrit surtout
le sol en acide phosphorique, azote, potasse.
» Nous ne sommes pas surpris de voir l'acide phosphorique occuper le
premier rang dans ce calcul, car cet élément fertilisant est exporté en
quantité considérable avec le squelette des nombreux animaux que nourrit
la plaine de Caen.
( 9°6 )
» On peut donc, sans anticiper sur nos recherches ultérieures, attribuer
à l'acide phosphorique une importance considérable dans la composition
des engrais destinés à la culture du colza dans le département du Cal-
vados. »
M. J.-P. Metzler adresse un Mémoire ayant pour titre : « la Lumière;
le Soleil ».
M. E. François adresse une Note intitulée : « Boussole cadran solaire ».
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts. M. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages keçus dans la séance du 20 avril 1891.
Leçons sur les métaur professées à la Faculté des Sciences de Paris; par
Alfred Ditte. Premier fascicule. Paris, Vve Ch. Dunod, MDCCCXCI;
1 vol. in-4°-
Paléontologie française. 2e série. Végétaux. Terrain jurassique. Livraisons
45 et 46. Types proangiospermiques et supplément final; par M. le marquis
de Saporta.
Études sur le terrain houiller de Commentry. Livre premier : Lithologie et
stratigraphie. Quatrième partie; par MM. de Labnay et Stanislas Meunier.
Livre deuxième. Flore fossile; par MM. B. Renault et R. Zeiller. Livre
troisième : Faunes ichtyologique et entomologique ; par M. Charles Bron-
gniart et M. Emile Sauvage. Saint-Etienne, Théolier et Cie, 1888-1890;
3 vol. gr. in-8° et un atlas. (Présenté par M. Daubrée.)
Précis d'hygiène publique ; parle Dr Bedoin. Paris, J.-B. Baillière et fils,
1891; 1 vol. in-16. (Présenté par M. le baron Larrey et renvoyé au con-
cours Montyon, Arts insalubres.)
( 9°7 )
Traite pratique du pied bot; par E. Duval. Paris, J.-B. Baillière et fils,
1891 ; 1 vol. in-8°. (Renvoyé au concours du prix Barbier.)
Statistique des vaccinations au moyen de la culture atténuée du microbe de
la fièvre jaune, pendant le paroxysme épidémique de 1889- 1890. Cinquième
statistique; par le Dr Domingos Freire. Berlin, Druck und Verlag von
Imberg und Lefson, 1891 ; br. in-8°. (Deux exemplaires.)
Recueil zoologique suisse; publié sous la direction du Dr Hermann Fol.
Tome cinquième et dernier. N° 3, sorti de presse le i5 décembre 1890. Ge-
nève-Bàle, H. Georg; 1 vol. in-8°.
La réforme monétaire universelle ; par L. Baillv. Paris, Gauthier-Villarset
fils, 1890; br. in-8°.
R. Ufficio geologico. — Memorie descrittive délia carta geologica d'Italia.
Vol. VI : Osservationi fatle nella colonia Eritrea; da L. Baldacci. Roma, Tipo-
grafia nazionale, 1891 ; br. gr. in-8°.
R. Osservalorio astronomico di Rrera in Milano. — Osservaziom meteorolo-
giche eseguite neU'anno 1890 col riassunto composto sulle medesime ; da E.
Pini ; br. in-4°-
Die Erndhrung des Menschen und seine Nahrungs und Genussmittel ; von
Friedrich Strohmer. Wien, 1889, Verlag von Cari Graeser; 1 vol. in-8°.
(Présenté par M. Dehérain.)
ERRATA.
(Séance du i3 avril 1891.)
Note de M. Ch. Rlarez, Influence exercée par la présence des sels miné-
raux neutres de potassium :
Page 810, ligne 5, au lieu de fk, lisez yTv.
N" 16.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 20 avril 1891.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DÉS MEMBHES ET DES CORRESPONDANTS DE L' ACADÉMIE.
Sur quelque
Pages,
tonnées ca-
Pages.
M. Berthklot
lorimétrique
M. L. Friedel. Sut la forme cristalline
et sur les propriétés optiques de la nou-
velle variété cristallisée de soufre de M. Kn
?ei
M. de Laçazé-Duthiehs. Une excursion
.m laboratoire Vrago et à Rosas (Espagne).
M. !.. Ranvier. De l'endothélium du pé-
830'
i-itoine ci îles modifications qu'il subit dans
l'inflammation expérimentale j comment il
faul comprendre la guérison des plaies par
réunion immédiate
M. le Président an ice à l'Académie la
perle qu'elle a faite dans la personn di
M. Ledieu, Corresj lant | ■ la Section
<lr Géographie cl de Navigation, décédé à
Toulon le 17 avril 1X1)1
NOMINATIONS.
\i. dr Serpa I'im'i es( élu Correspondanï
pour la Section de Géographie el Naviga-
tion, en remplacemenl de feu M. Pissis, Kijh'
Commission chargée de présenter une ques
tion de prix Gaj (Géographie physique)
pour l'année rSo3 : MM. Grandidier, !:<>t<
guet de la Grye, d' Xbbadie^ A. Milne-
Edwnnîs, Juj'ien de la Grctvîère
Commission chargi e de présenter une ques-
tion 1I0 prix Pourai (Physiologie) pour l'an-
née 1S93 : MM. Bouchard, Wun 1 . Hun-
1 / r, Brown.~Sèquardi Cliauveau
Commissi îhargée de présenter une ques-
tion de Grand prix des Sciences physiques
pour l'année 1893 : MM. de Quatrefages
DucJiarire, Daubrée, Fiseau, Fremy..
Commission chargée de présenter une ques
lion de prix Damoiseau pour l'année 189.I
MM. Fu\c, Tissi rand, II"//. Lœwj tJans-
sen
,S,h
MEMOIRES PRESENTES
.M. Folie adresse une ■■ Note sur la nutation
initiale de Taxe du monde et un résumé des
déterminations obtenues jusqu'ici
COIUlESI>Oi\l>AXCE.
M. le Secrétaire pi rpi ruEi présente le pre-
mier volume des » Leçons sur les métaux
publiées par M. Ditte v'i7
M. le SecrétaiRi perpétuel signale, par-
mi les pièces imprimées de ta Correspon-
dance, le premier numéro pour iNiii du
« Journal d'Histoire des Mathématiques
publié à Stockholm, par M. A'. Enestrôm,
et trois volumes soi le terrain houillcr
de 1 lommentry *Î7
Le Comité hongrois du second Congrès or-
nithologique international informe l'Aca-
démie qne le Congrès se réunira à Buda-
pest le 17 mai prochain 847
M. le Maire de la ville de Dax invile l'A-
cadémie à se faire représenter à l'inaugu-
ration de la stator de Borda, ijiii aura lien
le >'| mai 847
M. G. ISigoukdan. - Nébuleuses nouvelles
découvertes à l'Observatoire de- Paris . ... 848
M. L. Raffy. Sur la déformation des sur-
faces spirales 85o
M. Rave.ui. — Sur la théorie de la lumière, s i3
M. Georges Lemoine. - Dissociati lu
bromhydrate d'amylène sous de faihles
pressions 55 ï
M. G. André. — Sur la préparation el la
réaction des chlorures ammoniacaux de
mercure - 85q
M. Guntz. — Sur les sels de sous-oxyde d'ar-
gent
M. Paul Sabatiek. Sur le sulfure de
bore
VI. Paul s lis un ti. Sur l'hj drogéne bore
VI. Ensel. — Sur deux nouveaux états du
soufre
VI. I. \ 11.1.1:. — Vction <!<■ l'urée soi l'acide
siilfanilique
M. O. Denioès. — Nouvelles combinaisons
obtenues avec les sulfites métalliques el
les a mi mis aromatiques '
M. Léo Vibnon. Dosage de- l'acétone dans
des ah <"ds dénaturés
MM. \.ct P: Buisine. Sur l'épuration des
eaux industrielles 1 des eaux d'égout...
M. Hermann Fol. — Contribution à l'étude
de la fécondation
M. Frédéric Guitel. Sur les organes gus-
tatifs de la Baudroie 1 A. piscatorius). ..
M. Et. Jqurdan. L'innervation de la
trompe des 1 ilycères
M. Georges Pouchet. Sur une mélanine
artificielle
M. Charles Henri. Recherches nouvelles
d'olfaeloméli ic
M. Henri Jumelle. — L'assimilation chez
les Lichens
M. Pierre Lesage. — Influence de la salure
N-.i
S--
8/9
88 ■
ss;
sss
iY 16.
SUITE DE LA TABLE DES ARTICLES.
Pages.
sur la quantité de l'amidon contenu dans
les organes végétatifs du Lepidium sati-
vum 8gj
M. Prillieux. — Le seigle enivrant 8tf^
MM. A. r> i: i Bi i 'i i el !.. Li say. — Sur la
découverte dune source au fond du lac
d1 Annecy S07
M. J. Renaud. — Sur les sondages exécutée
dans le Pas-de-Calais en 1890 8g8
Bulletin bibliogimphioi'e
l'age-
M. P. Termier. — Sur les terrains méta-
morphiques des Alpes de Savoie
MM. E. Louise et E. Picard. — Contribu-
tion à l'élude de la culture du colza
M. J.-P. Metzler adresse un Mémoire ayanl
pour titre : « la Lumière; le Soleil »
M. E. François adresse une Note intitulée :
« Boussole cadran solaire •■
(,0fi
I II 16
006
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Xugusiins, 55.
1891
$A1Q PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES ,q,-n
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. EES SECRÉTAIRES PERPETUELS.
TOME CXII.
N°17 (27 Avril 1891
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS UT FILS, IMPRIMEUKS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
Oiai des Grands-Augustins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopte dans les séances des 2.3 juin 1862 et a4 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
[Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personne
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-.
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans XeCompte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 27 AVRIL 1891.
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel donne lecture de l'extrait suivant du testa-
ment de M. Cahours.
« J'ai fréquemment eu l'occasion de constater, dans le cours de ma
carrière scientifique, que des jeunes gens fort distingués et doués d'une
vocation réelle pour les Sciences se voyaient obligés de les abandonner,
faute d'avoir trouvé, à leur début, un secours efficace qui leur eût permis
de subvenir aux premières nécessités de la vie et de pouvoir s'adonner ex-
clusivement aux études scientifiques.
» Dans le but d'encourager de jeunes travailleurs qui, faute de res-
sources suffisantes, se trouvent dans l'impuissance de terminer des travaux
en cours d'exécution et en souvenir de mes bien-aimés enfants qui, eux
C. R., 1S91, 1" Semestre. (T. CXII, N° 17.) 1 I<)
( 9IQ )
aussi, entraient dans la voie scientifique au moment où la mort est venue
me les prendre, je lègue à l'Académie des Sciences, qui m'a fait l'honneur
de m'admettre dans son sein, une somme de cent mille francs.
» Je désire que les intérêts de cette somme soient distribués chaque
année à titre d'encouragement à des jeunes gens qui se seront déjà fait
connaître par quelques travaux intéressants, et plus particulièrement par
des recherches de Chimie.
» Pour assurer cette préférence, indépendamment de la recommanda-
tion expresse que j'en fais ici à mes successeurs, je veux que, pendant au
moins vingt-cinq ans après l'entrée en jouissance de l'Académie, trois
membres au moins de la Section de Chimie fassent partie, chaque année,
d'une Commission de cinq membres chargés par l'Académie de distribuer le
prix. J'exprime en outre ici le désir formel que ce choix porte, autant que
possible, sur des jeunes gens sans fortune n'ayant pas de places salariées
et qui, faute d'une situation suffisante, se trouveraient hors d'étatde pour-
suivre leurs recherches.
» Ces encouragements pécuniaires pourront être donnés pendant plu-
sieurs années aux mêmes jeunes gens, si la Commission reconnaît que leurs
productions aient une valeur qui leur permette d'obtenir cette faveur.
» Néanmoins, pour faire participer le plus grand nombre de jeunes tra-
vailleurs au legs que j'institue, je désire que les encouragements cessent à
partir du jour où les jeunes savants qui en ont joui obtiendraient des posi-
tions suffisamment rémunérées. »
Remarques à l'occasion du legs de M. Cahours; par M. J. Janssen.
ce Le legs qui vient d'être fait à l'Académie, par notre si éminent et si
regretté Confrère, me paraît avoir une portée considérable, non seule-
ment par son importance, mais surtout par la voie qu'il ouvre et l'exemple
qu'il donne à tous ceux qui désormais voudront encourager les Sciences
par leurs libéralités.
» M. Cahours, qu'un jugement sûr et une longue expérience avaient mis
à même de connaître les plus urgentes nécessités de la Science, était
arrivé, comme la plupart d'entre nous, à sentir la nécessité d'introduire
une forme nouvelle dans l'institution des récompenses scientifiques.
» Nos prix continueront toujours à répondre à un grand et noble be-
soin; leur valeur, la difficulté de les obtenir, l'éclat qu'ils tirent de l'illus"
( 9" )
tration du corps qui les décerne en fei-ont toujours les plus hautes et les
plus enviées des récompenses.
» Mais la valeur même des travaux qu'il faut produire pour y prétendre
en interdit la recherche aux débutants. C'est un tournoi qui n'est acces-
sible qu'aux talents mûris et formes.
» Or, derrière ces savants qui ont déjà le pied assuré dans la carrière,
il y a tous les jeunes gens doués de précieuses aptitudes, poussés par leur
goût pour la Science pure, mais détournés trop souvent de cette carrière
enviée par les difficultés de l'existence et prenant à regret une direction
donnant des résultats plus immédiats. Et cependant, parmi eux, combien
de talents en germes qui, bien cultivés, eussent fait l'honneur et la force
de la Science !
» Il faut bien le dire, c'est au sortir des études que se trouvent les plus
difficiles épreuves pour ceux qui veulent se vouer à la Science pure, et ces
difficultés augmentent tous les jours par la marche si rapidement ascen-
dante des exigences de la vie.
» Il faut porter un prompt remède à cet état de choses, si l'on ne veut
voir tarir, dans ses sources mêmes, le recrutement delà haute Science.
» Cette vérité, du reste, commence à être généralement sentie. Le Gou-
vernement a déjà créé des institutions, des bourses, des encouragements,
qui répondent en partie à ce besoin. De généreux donateurs sont en-
trés également dans cette voie. Je citerai notamment la noble fondation
de"M"e Dosne qui fait élever en ce moment un hôtel où des jeunes gens,
ayant montré des aptitudes distinguées pour la haute Administration, le
Barreau, l'Histoire, recevront, pendant trois années, tous les moyens de
poursuivre de hautes et paisibles études.
» Disons donc bien haut, et, en parlant ainsi, nous ne sommes que le
faible écho des plus illustres Membres de l'Académie, disons que c'est en
suivant la voie si noblement ouverte par Cahours qu'on servira le plus
efficacement les intérêts et l'avenir de la Science. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur les expressions des pressions clans un corps
élastique homogène; par M. H. Resal.
« Je rappellerai que, en 1832, Lamé est parvenu, par une notion pré-
maturée sur la traction et la torsion et par une transformation de coor-
données, à réduire de 3G à 1 le nombre des coefficients qui entrentdans les
( gi2 )
expressions dont il s'agit. En i85G, de Saint-Venant est arrivé au même
résultat d'une manière plus simple, par la considération des plans et axes
d'élasticité.
» Je propose de substituer à l'une ou l'autre de ces méthodes la sui-
vante, qui me parait plus courte et plus satisfaisante.
» Soient mx, my, mz- trois axes rectangulaires quelconques partant d'un
point d'un corps élastique à l'état naturel :
( i ) pxz = A \ 4- B o, -t- C %z 4- D yEy 4- E Tx3 + F y,y ,
Pxy= A'BZ+ B'^-f-C'^ + D'yzy + E'ïxz + F'ïxr
Comme mx, my, mz sont des axes de symétrie moléculaire, on obtient, par
des permutations de lettres, en remarquant que y.- = o,
(V) Pn = B&Œ 4- A\ 4- Clz 4- Ey„ H- DTxz 4- Fy.r,
pxz = A.% 4- C% 4- B% 4- F'yxz H- E'y,,v,
pMJ = G K + K% + i% -h F'y,, 4- D'y.o .
» Si l'on remonte maintenant àe px:, p:, 3Lpxr, on trouve
pXi = h.% 4- B% 4- CL 4- E'Tm + F'y^,
Pxy = + D1V +• F'ï*r
» De la comparaison entre les trois expressions ci-dessus de pxy, on
conclut que D' = o, E' = o, et alors on a simplement
I Pxy - A% 4- B'o, + C'K + F'y^-,
(2) UI2=A'UC'^ + B\ + F'ÏW)
( ^ = C'S, 4- A'^ 4- B'&_- 4- F'y,s.
» Soit mx' une droite quelconque tracée dans le plan xmy, faisant
l'angle a avec mx; on sait que
( /?xV = /«.r*cos2oi +-p}.3 sia-y. + pX) sin2x,
(a) ! ^,r = i (/>„■ - /»«,) sin 2 y. 4- /^ cos 2 *,
| ^.,_ =^r;:cosa 4-/>,-sina.
0,. = B^cos2* 4- 8rsin2a 4- ^y^ sin 2a,
By = Sx sin2 « + 5, cos2 a — ^yXJ sin 2 a,
(2>) | y^y = (h ~ K) sin 2 a + Y** cos 2a,
Y«'« = yj:cos«4-y/:sina,
-y. = — yr. sin a 4- y_,s cos a.
( 9*3 )
» Comme mx' est un axe de symétrie, la pression pxxdoil s'exprimer au
moyen de l'équation (i) en accentuant x, y, puis remplaçant les dilata-
tions et glissements par leurs valeurs (b). Si l'on identifie l'expression
ainsi obtenue à celle des formules (a), on aura, en ayant égard à (i),
A(<\,. cos2?. -t- $y sin2 a. + ~ •;.,.,. sin 2a)
-I- B (ùx sin2 a -f- ôj, cos2 a — ~ yxy sin 2 x) -t- C 8-
-f- D(— yxs sina + 7^ COSa)
-4- E(yr-cosa + y,;siny.)-+-F[(<\, — §x) sin 2a -t- yXJ cos 2 a]
= (A cos2 a. -I- Bsin2a) S,
-4- (B cos2 a -+- A sin2 se) Sv -f- C &,+ (D cos2a -H E sin2x)y,.z
-I- ( E cos2 a. ■+• D sin* a ) y , 3
- F y.o + ( V ï-r ■+" B' *.. + C' ^ " F' T- ) sin 2 *■
» Si l'on identifie les coefficients des dilatations et glissements sembla
blés, quel que soit a, on obtient
( A = B + 2F\ D = o, E = o.
(C)
I F = o, A'=o, B =0, C =0.
» En ayant égard à ces valeurs, les conditions relatives à pxy, pxz de-
viennent des identités. On a donc
Pxy = F"Y*J - #w = F'y**' />.vz = F'ï^ •
» Si dans les deux premières de ces expressions, on change respective-
ment x, y en z, et qu'on identifie les deux valeurs obtenues pour pzz on
obtient
C = B.
En faisant A = èx-+- S, -4- \, B = — a, F' = - [a, on retrouve les formules
connues
' l'ry — \J- ixy
» On peut s'assurer, ainsi qu'il suit, que ces formules sont indépen-
( 9i4 )
dantes de l'orientation des axes coordonnés. Soient en effet mx' , my' ' ,
mz' trois nouveaux axes rectangulaires. D'après notre manière d'opérer,
on peut amener le plan zmx, en le faisant tourner autour de mz, à coïn-
cider avec le plan zmx' . En faisant tourner le plan ymx autour du nouvel
axe my, on fera coïncider mx avec mx . Enfin un déplacement rotatoire
autour de mx' ramènera l'axe my à coïncider avec my. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie de l'élasticité.
Note de M. H. Poixcaré.
« Dans le tome XIII du Bulletin des Sciences mathématiques, M. Brillouin
a rendu compte de mon ouvrage sur la Théorie mathématique de la lumière;
dans cette analyse, d'ailleurs très bienveillante et dont je le remercie,
il m'adresse quelques critiques de détail auxquelles je désirerais répon
dre. Je ne l'ai pas fait plus tôt, parce qu'elles méritaient un examen ap-
profondi et que j'étais distrait par d'autres travaux. La plus importante
de ces critiques se trouve à la page 196 du Bulletin et se rapporte à ce que
j'ai dit de la polarisation par diffraction. Je n'y reviendrai pas, parce qu'il
me semble que mes Notes récentes sur les expériences de M. Wiener
ont suffisamment éclairci le malentendu sur lequel elle repose et que la
concision de ma première rédaction avait pu faire naître.
» Mais il est une autre critique que je ne puis laisser sans réponse. Pour
faire rentrer certaines théories optiques de la double réfraction, telles que
celles de Cauchy et de Fresnel, dans les cadres de la théorie générale de
l'élasticité, j'ai dû élargir un peu ces cadres et généraliser les conceptions
de Lamé. J'ai écrit la fonction fondamentale qui définit l'élasticité d'un
corps et que j'ai désignée par W2 avec 27 coefficients arbitraires au lieu
de 21. M. Brillouin conteste la légitimité de cette extension (notes des
p. 176 et 189), parce que la pression Pry ne serait plus égale à la pression
Vyx, ce qui rendrait impossible l'équilibre du corps élastique.
» C'est là une erreur que j'ai quelque temps partagée, mais qu'il est
aisé de rectifier. J'adopterai les notations que j'ai employées dans ma
Théorie mathématique de la lumière et qu'il est inutile de rappeler ici, puis-
que aussi bien la présente Note ne pourra intéresser que les personnes qui
ont lu cet ouvrage et l'analyse de M. Brillouin.
» On peut être tenté de croire que
cPN , r/W j dW ,
— - ,r. i/o), — -j—rdiù, — -=7- diù
d{c d^ dlx
( 9l5 )
sont les trois composantes de la pression qui s'exerce sur un élément de
surface rfto orienté perpendiculairement à l'axe des x. Ce sont, en réalité,
les trois composantes de la pression qui s'exerce sur un élément de surface
qui, avant la déformation, avait pour aire do, et était perpendiculaire à l'axe
des x. Cet élément, quand la déformation a eu lieu, ne conserve pas son
aire et son orientation, et ses projections sur les trois axes deviennent (en
négligeant, bien entendu, les carrés de l, •/), '()
(/u(i + m' -4- Q, — dtù\' , — dt
coE:
Si donc nous appelons
¥xxdu, PVJ,rAo, Pza!d<
or
les trois composantes de la pression qui s'exerce sur un élément qui, après
la déformation, se trouve avoir pour aire du, et être orienté normalement
à l'axe des x, on devra avoir
m- = - p„(i h- „;+£) + p^+p«ç;.
(')
(g = -prœ(i + v,;+Q + py^;+p^:
et non pas ^7- = — P*.,.
» Il est aisé de calculer les valeurs de -wr, -r-r, ... et celles de Pxx,
'l-.r <<', ,
P
» On voit alors que les conditions (i) sont remplies en négligeant les
carrés des ç, et que l'on a
P — P
» L'objection de M. Brillouin se trouve ainsi écartée. J'ai cependant un
mot à ajouter : M. Brillouin fait observer que les termes additionnels que
j'introduis devraient exercer une influence sur la stabilité de l'équilibre,
et que cependant ils disparaissent des équations définitives du mouvement.
Cela n'est pas tout à fait exact. La condition nécessaire et suffisante de la
stabilité n'est pas que la forme quadratique W2 soit définie et négative. Il
faut, en effet, dans la recherche de cette condition, tenir compte du tra-
vail des pressions extérieures; on voit ainsi que, au moins pour les corps
isotropes, nos termes additionnels ne doivent pas intervenir. »
( 9'6 )
CHIMIE VÉGÉTALE. — Recherches sur les substances humiques,
par MM. Berthelot et G. André.
« La terre végétale est constituée par l'association de divers composés
minéraux, tels que silicates, sels d'alumine, carbonate de chaux, etc.,
avec des composés organiques bruns, appartenant à la famille des corps
humiques, et qui jouent un rôle essentiel dans la fertilité du sol et dans la
végétation. Toutefois ce rôle a été jusqu'ici plutôt constaté par l'observa-
tion des praticiens que défini et analysé par l'expérimentation des savants:
c'est une des grandes inconnues de l'agriculture.
» Non seulement ces composés, ou plutôt les produits de leur transfor-
mation, jouent un rôle essentiel dans la nutrition des plantes et spéciale-
ment dans la circulation des produits azotés; mais ils concourent dans une
certaine mesure à l'aptitude du sol à retenir certains sels minéraux et à
les conserver en réserve, malgré l'action dissolvante de l'eau qui traverse
les terrains : aptitude résumée par le mot mal défini de pouvoir absor-
bant (').
» Quel que soit l'intérêt agricole que présentent les matières humiques,
les chimistes paraissent avoir été rebutés par leur fixité, leur insolubilité,
leur nature incristallisable. Il n'est guère possible, dans l'état présent de
nos connaissances, de les représenter par ces formules de constitution qui
préoccupent tant les savants livrés à la Chimie organique. Cependant, leur
étude présente des problèmes non moins intéressants au point de vue
général de la végétation et de la Mécanique chimique, en raison des phé-
nomènes d'hydratation et de déshydratation, de condensation moléculaire,
de transformation de corps colloïdaux, qui s'y présentent. On aperçoit
même dans ces transformations, ainsi qu'il sera dit ultérieurement, quel-
ques-uns des mécanismes physiologiques, en vertu desquels peut se pro-
duire l'emmagasinement des énergies extérieures qui préside à la vie
végétale.
» Telles sont les raisons qui nous ont engagés à entreprendre l'étude
méthodique des matières humiques, dérivées des hydrates de carbone.
(') Ce pouvoir dépend aussi des silicates basiques, étudiés surtout par M. van Beni-
melen, dans des travaux très bien faits, publiés de 1877 à 188S dans les handw.
Versuch. Stationen, et qui paraissent presque inconnus en France.
( 9[7 )
Nous avions examine d'abord celles qui sont contenues dans la terre
végétale; mais elles sont complexes, azotées, d'origine incertaine, et il
nous a paru opportun de nous attacher d'abord à des matières humiques
formées artificiellement au moyen de principes bien définis, par des pro-
cédés connus, et renfermant seulement du carbone, de l'hydrogène et de
oxygène.
» Nous parlerons seulement aujourd'hui de la matière obtenue au moyen
du sucre de canne et désignée sous les noms d'ulmine et d'acide ulmique.
Elle a été étudiée successivement par Boullay, par Malaguti et par Mulder.
Mais la formation de sels de potasse insolubles parait avoir été méconnue
dans certains cas, ces sels étant pris par erreur dans les analyses pour des
principes neutres exempts d'alcali, qui auraient été séparés par la potasse
de principes acides, solubles dans cet alcali. Les phénomènes que nous
avons observés nous paraissent susceptibles d'une interprétation toute
différente et que nous croyons utile de présenter d'abord, pour plus de
clarté.
» Le composé brun et insoluble, formé par l'action de l'acide chlorhv-
drique sur le sucre, doit être regardé comme un anhydride condensé (ou
un mélange de plusieurs anhydrides), dérivé de certains acides qui résul-
tent de la métamorphose du sucre. Sous l'influence des alcalis étendus, cet
anhydride se gonfle à la façon des colloïdes, et il s'établit un équilibre,
donnant lieu à la fois à une faible quantité de sels basiques solubles, et
même à des sels dérivés d'acides plus hydratés que le corps primitif, et à
des sels insolubles qui forment le produit principal. L'insolubilité de
ces derniers est telle qu'ils peuvent enlever à l'eau la potasse ou la
soude qu'elle renferme, presque en totalité. Il existe deux séries de sels
de cette espèce : les uns, formés dans les liqueurs alcalines concentrées,
contiennent une dose équivalente" d'alcali sensiblement triple du sel qui
résiste aux lavages et demeure définitivement.
» Ce dernier sel insoluble est décomposé complètement par l'acide
chlorhydrique étendu en excès, qui lui enlève la totalité de sa potasse.
Cependant, si l'on met l'anhydride brun initial en présence d'une solution
de chlorure de potassium, il décompose une trace de ce sel, en déplaçant
de l'acide chlorhydrique, qui rend les liqueurs acides. Avec roo^1' d'anhy-
dride humique et une solution contenant 4 centièmes de chlorure de po-
tassium, on a trouvé, après quatre jours de contact à froid, o&, \l\ d'acide
chlorhydrique libre; à 100" : oe',32.
» La soude, la baryte, la chaux se comportent à peu près comme la
G. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXU, N° 17.) I 20
(9'» )
potasse. Quant à l'ammoniaque, elle forme des sels amidés, conformément
à son action connue sur les anhydrides d'acides polybasiques.
» Entrons maintenant dans le détail des faits, ou plus exactement ré-
sumons les plus importants.
» 1. i 5oogr de sucre de canne, dissous dans l'eau et portés à l'ébulli-
tion avec de l'acide chlorhydrique pur et concentré, ont fourni, après la-
vages prolongés à l'eau bouillante, 236gr de matière. Cette matière, séchée
à ioo°, renfermait :
C 66,4:
H 4,5;
0 29,02
ni cendres ni chlore retenus.
» Dans une autre préparation séchée à 1000, on a obtenu C = 63, 91,
H = 4,58, 0 = 3i,5i.
» La composition n'est pas fixe, parce que le degré de déshydratation du
composé varie avec l'intensité de l'action de l'acide chlorhydrique. Les
premiers chiffres conduiraient à la formule C31' H' ' O12; les seconds à la
même formule augmentée d'une certaine dose d'eau un peu inférieure à
1 molécule : soit C36H,C0'4. C'est à cette dernière formule que répond
aussi l'acide brun, tel qu'on l'obtient ensuite en le séparant de ses sels
alcalins à froid, par l'action d'un excès d'acide chlorhydrique. L'équiva-
lent de ces corps est déterminé, comme il va être dit, par l'analyse de
leurs sels. Nous appellerons le premier composé anhydride humique; le
second représentant l'acide proprement dit, lequel est susceptible d'une
hydratation encore plus avancée sous l'influence prolongée des alcalis.
» 2. L'anhydride, ou l'acide humique, mis en contact avec l'eau, s'y gonfle
peu à peu et finit par acquérir une consistance gélatineuse; il se comporte
comme un colloïde.
» 3. ioog1' d'anhydride humique ont été mis en contact à froid pendant
deux jours avec 2 litres de potasse au dixième; au bout de ce temps, on a
filtré et lessivé la partie insoluble à l'eau froide (8 litres), jusqu'à absence
de réaction alcaline.
» La matière ainsi obtenue renfermait les quatre cinquièmes en poids
du composé initial.
» Elle contenait : C = 53,8, H = 3,9, KO = 9,95; O excédant = 33,7-
» La formule C36 H'5 KO'1 exigerait C = 53, 2, H = 3, 7, KO = 9,62.
» Ce composé parait identique avec la prétendue ulmine de Malaguti,
( 9'9 )
qui a méconnu la présence de la potasse. La formation de ce sel de potasse
résulte de l'hydratation de l'anhydride humique.
» Un cinquième de la matière initiale environ est changé tout d'abord
en un sel basique soluble; l'acide sulfurique étendu en précipite un acide
brun, de même composition que le précédent, d'après l'analyse. Par une
digestion prolongée avec les alcalis, on parvient à des acides plus hydra-
tés encore et qui finissent par devenir définitivement solubles à la façon des
acides lévulique, dextronique, gluconique et congénères, à la famille des-
quels ils se rattachent évidemment.
» Nous nous attacherons surtout aujourd'hui au sel insoluble de potasse.
sel qui mérite une attention particulière, en raison de son rôle clans l'ex-
plication du pouvoir absorbant des corps humiques.
» Ce sel résiste avec une certaine énergie à l'action dissolvante de l'eau.
En effet, nous l'avons lessivé de nouveau à froid avec 4 litres d'eau :
il renfermait, après cette opération, 9,71 centièmes de potasse, chiffre sen-
siblement identique au précédent. On l'a fait ensuite bouillir, pendant une
heure, avec 120 fois son poids d'eau. Après filtration, la matière avait perdu
un sixième de son poids. Elle renfermait encore 8,4 de potasse. Le sixième
dissous dans l'eau contenait, d'après dosage, 17 centièmes de potasse. Ce
sel est donc légèrement dissocié par l'eau, mais avec une extrême difficulté.
L'acide chlorhydrique en excès lui enlève au contraire, même à froid,
la totalité de la potasse. Le composé humique qui reste renfermait
C = 63, 5 : H = 4» 5, c'est-à-dire qu'il avait fixé presque 1 molécule d'eau,
et répondait à la composition du sel potassique.
» Un courant d'acide carbonique n'exerce à froid qu'une action peu
sensible sur le sel de potasse.
» La formation de ce composé a lieu même avec de la potasse (en excès)
dissoute dans cent vingt fois son poids d'eau, l'anhydride humique enlevant
à l'eau la dose d'alcali nécessaire pour constituer le sel insoluble. On peut
même dépouiller ainsi presque entièrement de potasse une solution
aqueuse, fût-elle très étendue.
» Ainsi, par exemple, 5gr d'anhvdridc humique, et 6occ d'une solution
contenant oB'\ 565 de potasse (KO = 47,1) ayant été agités ensemble pen-
dant quatre jours à froid, 100 parties de la matière initiale, après lavages
prolongés, ont conservé 10,7 centièmes d'alcali. D'après l'analyse, en effet,
le produit insoluble contenait ogr, 536 de potasse, soit. 9,7 centièmes de
son poids; tandis que la liqueur retenait en dissolution seulement 0^,029
de potasse.
( 92° )
» 4. Le composé insoluble qui vient d'être décrit s'obtient par un la-
vage prolongé. Mais si l'on examine la potasse fixée du premier coup,
toujours à l'état insoluble, mais sans aucun lavage, sur l'anhydride hu-
mique, cette dose (obtenue en présence d'un excès d'alcali) est triple de
la précédente. En présence de la potasse au dixième, employée sous un
poids de potasse (KO) égal à celui de l'anhydride, ce dernier se gonfle
extrêmement. Cependant on peut arriver à isoler par filtration une partie
du liquide, et l'analyse montre que la matière humique initiale a fixé
3o centièmes de son poids de potasse. L'expérience a été répétée avec les
mêmes proportions relatives d'anhydride et d'alcali, mais, en dissolvant
ce dernier dans cent vingt fois son poids d'eau, ce qui a fourni, après
quatre jours de contact à froid, toujours sans lavages, une dose de potasse
fixée, égale aux 3i,4 centièmes du poids de l'anhydride primitif.
» Ainsi, il se forme par réaction directe, en présence d'un excès d'alcali,
un sel de potasse tribasique, insoluble, colloïdal, que les lavages prolongés
à froid décomposent, en lui enlevant les deux tiers de l'alcali qu'il ren-
ferme. Ce sel répond à la formule C3GH,3K.30M + «H202.
» Enfin il existe un dernier sel, celui-ci soluble dans l'eau, qui répon-
drait, d'après l'analvse des liqueurs, à un sel sébasique,
C=>°H,0K.6OM + mHH)8.
Mais, comme H n'a pas été isolé, sa composition est moins bien établie.
5. En opérant avec l'anhydride humique et la soude, on a obtenu des
résultats tout à fait analogues. En effet, le produit a conservé, après la-
vages prolongés, 7 centièmes de soude (NaO = 3i) fixée, en formant un
sel de soude insoluble, voisin de la formule C36H,5NaO<4.
» La soude, fixée sans lavages, au moyen d'une solution à 6,2 cen-
tièmes d'alcali, employée en excès, s'élevait à 17,9 centièmes du poids
initial de l'anhydride humique : ce qui ne fait pas tout à fait une dose triple
de la précédente. Avec une solution dix fois plus étendue, on a trouvé
18 centièmes. Mais les lavages prolongés à froid ont ramené cette dose
dans le précipité à NaO = 7,1, comme plus haut.
» 6. L'eau de baryte en excès, agissant à froid, a donné lieu à une fixa-
tion de 66 centièmes du poids initial de l'anhydride. Mais les lavages ont
enlevé les deux tiers de la baryte, et fourni un produit final contenant 18 à
20 centièmes decetalcali. L'eau de chaux a fourni des résultats analogues,
la dose fixée tout d'abord étant à peu près triple de celle qui demeure
dans le corps insoluble, après des lavages prolongés.
( !)21 )
» 7. Venons à l'action de l'ammoniaque. Nous l'avons étudiée à froid
et à chaud.
» A froid, par une digestion de 4 jours, en vase clos, de 5ogr d'anhy-
dride humique avec un excès d'ammoniaque étendue (33gr au litre), on a
obtenu une matière gélatineuse insoluble. D'après le titre de la liqueur
filtrée, l'anhydride humique avait fixé, sans lavage, iog',i, c'est-à-dire
20 centièmes d'ammoniaque (AzH3=i7)à l'état insoluble, soit environ
4AzH\
» On a lavé cette matière à l'eau froide jusqu'à réaction neutre, et on
l'a séchée, à 4o°, dans un courant d'hydrogène : opération qui ne lui a pas
enlevé d'ammoniaque en dose sensible; puis on l'a portée à ioo°, toujours
dans le courant d'hydrogène, ce qui lui a enlevé, en 18 heures, ogr, 283 d'am-
moniaque, soit 0,62 centièmes d'azote.
» On a fait bouillir le résidu avec de l'eau et de la magnésie, ce qui a
dégagé encore Az = 0,76 centièmes. La chaux sodée, au rouge, a déplacé
ensuite 2,07 centièmes d'azote. Le carbone et l'hydrogène ont été dosés.
Les nombres obtenus s'écartent peu de la formule C'2H33Az021', qui
serait celle d'un acide amidé, formé aux dépens de 2 molécules d'anhy-
dride humique ; acide résistant à la magnésie et comparable à l'acide aspar-
tique.
» On voit que cet acide forme un sel ammoniacal peu stable, lequel
perd déjà une partie de son ammoniaque pendant les lavages et la dessic-
cation.
» En chauffant l'anhydride humique avec une solution d'ammoniaque
de même titre que la précédente, à 100", en tubes scellés, pendant deux
heures, on a trouvé que l'ammoniaque fixée à l'état insoluble (par simple
fillration et sans lavages) s'élevait à o, centièmes seulement. Le produit,
lavé et séché à 1000, a fourni, par la magnésie, à l'ébullition: Az ammo-
niacal = o, 32; puis par la chaux sodée : azote amidé = 3,54 centièmes,
dose presque double de l'azote fixé à froid sous la même forme. En em-
ployant une liqueur ammoniacale dix fois (dus étendue, sous le même vo-
lume, l'azote amidé fixé a été moindre et précisément le même qu'à froid
(2,08 centièmes).
» On voit- que l'ammoniaque se fixe sur l'anhydride humique, en four-
nissant les sels ammoniacaux d'acides amidés d'un caractère spécial et qui
se rapprochent par leur stabilité des acides dérivés de la fonction alcoo-
lique.
» D'après l'ensemble de ces observations, l'anhydride humique participe
( 922 )
à la fois des propriétés des anhydrides acides et des anhydrides alcooliques
et il est comparable à certains égards aux lactones. Il tend donc à rentrer
dans les cadres connus de la Chimie organique. C'est d'ailleurs ce que
son origine, en tant que dérivé des glucoses, aldéhydes-alcools polyato-
miques, permettait de prévoir. En tous cas, le rôle des matières humiques
dans la végétation pour la fixation de l'azote, aussi bien que pour la fixa-
tion des alcalis, tire des expériences actuelles une nouvelle lumière. »
ANATOMIE GÉNÉRALE. — De l'origine des cellules du pus et du rôle de ces
éléments dans les tissus enflammés ; par M. lu. Ranvier.
« L'étude histologique du grand épiploon normal ou expérimentalement
enflammé (voir Comptes rendus, 20 avril 189 r) m'a conduit à rechercher
l'origine et la signification physiologique des cellules du pus.
n A l'époque où l'on croyait que toutes les cellules se formaient dans un
blastème, comme des cristaux dans une solution saturée, on admettait ce
mode de formation pour les cellules du pus aussi bien que pour les autres
cellules.
» Plus tard, lorsque Virchow, probablement inspiré par Bichat, fit
dériver toutes les néoformations pathologiques du tissu conjonctit, on
crut que les cellules du pus provenaient des cellules conjonctives proli-
férées.
» Il y a vingt-cinq ans à peu près, Cohnheim, ayant repris les observa-
tions de Dutrochet et de Waller sur le passage des globules sanguins à
travers la paroi vasculaire et ayant donné beaucoup d'éclat et une grande
publicité à ses recherches, fit admettre à tous les histologistes que les cel-
lules du pus ne sont autre chose que des globules blancs du sang, sortis
des vaisseaux au moment même où se produit la suppuration.
» Aujourd'hui, ce mécanisme de la formation du pus, connu sous le nom
de diapédése, est généralement accepté. Il est cependant difficile de croire
qu'il puisse sortir du sang, en un temps relativement court, cette quan-
tité énorme de pus que l'on observe dans certaines maladies infectieuses,
l'infection purulente des blessés et des opérés, par exemple.
» La diapédése est un phénomène réel. Personne ne peut songer à la
mettre en doute. Elle se produit à l'état normal. Elle est plus abondante
dans certains états pathologiques qui ne relèvent pas de l'inflammation,
par exemple dans l'œdème déterminé par la ligature des veines et la section
( 9^ )
des nerfs ('). Dans le processus inflammatoire, elle est encore plus accu-
sée. Mais, de ce que les cellules lymphatiques peuvent sortir du sang pour
constituer des cellules de pus, il n'en résulte pas que toutes les cellules du
pus proviennent de la diapédèse.
» Le but de cette Communication est précisément de montrer qu'elles
ont une autre origine.
» Dans le grand épiploon de divers Mammifères : Chien, Chat, Lapin,
Cochon d'Inde, Rat, préparé par l'application méthodique de l'acide
osmique et des violets de méthyle (Comptes rendus, 20 avril 1891), on ob-
serve, dans la charpente conjonctive de la membrane, des cellules migra-
trices et des clasmatocytes. Ces derniers éléments dérivent des cellules
migratrices qui ont perdu leur activité amiboïde et se sont fixées, ainsi que
je l'ai dit dans une Note antérieure.
» Les clasmatocytes des Mammifères, comme ceux des Batraciens, ont
des prolongements qui ne s'anastomosent pas entre eux et qui se terminent
par des extrémités mousses; mais, sous l'influence du violet 5 B ou du
violet hexaéthylé, ils ne prennent pas une teinte aussi caractéristique,
bien qu'ils se colorent fortement (2).
» Vingt-quatre heures après avoir pratiqué une injection intra-périto-
néale de nitrate d'argent à 3 pour 1000, on constate, dans le grand
épiploon, préparé comme il a été dit plus haut, que les clasmatocytes ont
presque entièrement disparu et qu'ils sont remplacés par un grand nombre
de cellules lymphatiques. Entre les cellules qui ont conservé l'appa-
rence des clasmatocytes et les cellules lymphatiques, on observe facilement,
surtout dans les points où l'irritation n'a pas été trop forte, toutes les
formes intermédiaires. Les clasmatocytes irrités sont redevenus embryon-
naires, ils se sont transformés en leucocytes, puis ceux-ci se sont multi-
pliés par le mécanisme de la division directe.
» Cette proposition est confirmée par des expériences simples que j'ai
faites chez la grenouille. Après avoir ouvert largement la bouche de l'ani-
(') Comptes rendus, 20 décembre 1869.
(2) On observe chez le Rat, dans les mailles du tissu conjonctif, principalement
dans le voisinage des vaisseaux, des cellules arrondies, granuleuses, qui rentrent
dans le type créé par Ehrlich, sous le nom de Mastzellen. Il existe des cellules analo-
gues à l'état de liberté dans la sérosité péritonéale du même animal, ainsi que je l'ai
montré dans une Communication antérieure. Elles manquent, aussi bien dans le tissu
conjonctif que dans la cavité du péritoine, chez les autres Mammifères sur lesquels j'ai
fait des expériences, c'est-à-dire : le Chien, le Chat, le Lapin et le Cochon d'Inde.
( 9^4 )
mal, j'introduis dans l'estomac un crochet mousse, et au moyen de trac-
tions ménagées j'amène l'oesophage dans la cavité buccale. Alors, de deux
choses l'une : ou je pratique une cautérisation ponctuée de l'œsophage
avec un fer rouge, ou j'injecte, dans le sac périœsophagien, une goutte
d'une solution de nitrate d'argent à 3 pour 1000. La grenouille est sacri-
fiée vingt-quatre heures après et la membrane périœsophagienne est exa-
minée. Dans le premier cas, je constate que les clasmatocytes ont disparu
en presque totalité dans le voisinage du point cautérisé; dans le second,
que ces éléments sont remplacés presque partout dans la membrane par
des cellules lymphatiques ordinaires.
» Ces expériences, comme celles que j'ai pratiquées chez les Mammi-
fères, montrent que les clasmatocytes sont des éléments qui réagissent
vivement et rapidement sous l'influence de l'irritation, et qu'ils se trans-
forment en cellules lymphatiques avec la plus grande facilité. Or nous
savons que les cellules lymphatiques, sous les mêmes influences, se mul-
tiplient par division en très peu de temps. Chez les Batraciens, j'ai vu
cette multiplication se produire en moins d'une heure. Chez les animaux à
sang chaud, il faut encore beaucoup moins de temps; quelques minutes suf-
fisent. J'ai fait ces dernières expériences au moyen de la méthode du bain
chaud, que j'ai imaginée l'année dernière, et j'en ai rendu témoins plu-
sieurs personnes, entre autres le professeur Stirling, de Manchester, phy-
siologiste bien connu.
» Je reviens à la péritonite expérimentale produite chez les Mammifères
par l'injection de nitrate d'argent. Un jour après l'injection, le liquide
péritonéal est abondant, louche, purulent et coloré en rose par des glo-
bules rouges du sang; il se coagule rapidement. Il n'y a là rien d'absolu-
ment différent de l'état physiologique, puisque la sérosité normale du
péritoine contient des cellules lymphatiques, des globules sanguins et de
la fibrine; mais tous ces éléments sont en plus grande abondance, et c'est
ce qui donne à l'exsudat inflammatoire son aspect particulier.
» Je ne veux pas nier qu'une partie des cellules lymphatiques ou cel-
lules du pus, que l'on trouve dans la sérosité purulente du péritoine et
dans les interstices de l'épiploon, provient directement des vaisseaux
par diapédèse; mais il me paraît hors de doute qu'il en vient aussi beau-
coup, peut-être davantage, des clasmatocytes qui, sous l'influence de l'ir-
ritation, reviennent à l'état embryonnaire et prolifèrent. Je suis convaincu
que tous ceux qui répéteront mes expériences seront de cet avis.
( 925 )
« Je passe maintenant à la seconde question que je me propose de trai-
ter aujourd'hui : quel est le rôle des cellules du pus?
» Dans les nombreuses expériences que j'ai faites sur l'inflammation du
grand épiploon, j'en relève deux qui sont fort instructives.
» Chez deux rats, j'ai injecté dans la cavité péritonéale six gouttes
d'une solution de nitrate d'argent à 3 pour iooo. Ces animaux ont
été sacrifiés, l'un au bout de vingt-quatre heures, l'autre au bout de trois
jours. Chez le premier, il y avait une grande quantité de sérosité puru-
lente dans la cavité du péritoine ; chez le second, il n'y en avait pas, à tel
point qu'il m'a été impossible d'en recueillir une goutte pour l'examiner au
microscope.
» Donc les cellules de pus, une fois produites, doivent être résorbées,
s'il ne se forme pas d'abcès, et, à une certaine période de l'inflammation,
qui coïncide avec la réparation, il se peut que, dans les mailles des tissus,
il y ait moins de cellules lymphatiques et moins de plasma qu'il n'y en a à
l'état physiologique.
» L'observation microscopique de la sérosité péritonéale du premier
rat, celui qui a été sacrifié au bout de vingt-quatre heures, conduit à com-
prendre quel est le rôle des cellules de pus dans les premières phases du
processus inflammatoire. L'injection d'une solution de nitrate d'argent,
liquide caustique, a déterminé la nécrose d'un grand nombre d'éléments
cellulaires. Les éléments frappés de mort doivent être éliminés et le ter-
rain nettoyé, pour que la réparation des tissus puisse s'effectuer utilement.
Les cellules de pus paraissent destinées à jouer ce rôle éminemment utile.
» Déjà, dans mes recherches sur la dégénération et la régénération des
nerfs sectionnés, j'ai montré que les cellules lymphatiques font disparaître
la myéline de l'extrémité du segment central du nerf et préparent ainsi le
travail de régénération.
» Ces dernières années, M. Metchnikoff a beaucoup insisté, avec juste
raison, j'en suis convaincu, sur l'importance des cellules lymphatiques
dans le combat de l'organisme contre les microbes. Dans l'inflammation
simple, déterminée par les agents caustiques ou irritants, leur rôle n'est
pas moindre. Il se traduit, dans l'expérience que j'analyse en ce moment,
par un phénomène qui frappera tout observateur, alors même qu'il sera
prévenu par les considérations que je viens de formuler : la plupart des
cellules lymphatiques qui sont à l'état de liberté dans la sérosité périto-
néale, ou sont maintenues à la surface du grand épiploon par des filaments
de fibrine, sont chargées de débris de forme et de grandeurs variées. On y
C R., 1S91, 1" Semestre. (T. CXII, N" 17.) 121
( 926 )
observe aussi des globules rouges, des granulations graisseuses, des grains
d'albuminate d'argent, etc. Je crois inutile de développer davantage les
idées générales qui découlent des faits exposés dans cette Note. Tous les
histologistes comprendront. »
MÉCANIQUE NAVALE. — Sur le rendement des machines mannes et celui des
hélices. Méthode géométrique pour calculer le premier de ces rendements
sans dynamomètre. Note de M. A. Ledieu (' ).
« I. On se préoccupe depuis quelques années de raffiner de plus en
plus, comme du reste dans les autres branches de la Mécanique appliquée,
l'appréciation de tous les éléments de fonctionnement des machines à va-
peur et les moyens de les améliorer,
» Ainsi, surtout aux Etats-Unis, sous l'impulsion de M. Thurston ('),
directeur du remarquable laboratoire du Sibley Collège, à Ithaque, les expé-
riences suivantes sont devenues d'un usage courant :
» i° Détermination directe de la chaleur de combustion rejetée dans
l'atmosphère par la cheminée.
» 2° Calcul du calorique utilisé, d'après la quantité d'eau vaporisée.
» 3° Appréciation de l'intervention calorifique des parois des cylindres,
à l'aide des diagrammes d'indicateur. De là et de 2° on déduit unecorro-
boration du rendement du combustible déjà obtenu par la méthode i°,
puis le rendement calorifique de la machine, en même temps que l'on se
rend compte de l'influence de ladite intervention suivant le système de la
machine.
» 4° Mesure du travail sur les pistons à l'aide d'indicateurs délicats, et
sur l'arbre de couche au moyen de dynamomètres de rotation ou de freins
de Pronv perfectionnés, capables d'absorber jusqu'à 6oo chevaux.
» 5° Evaluation des vitesses des pièces au moyen d'indicateurs dunombre
de tours, de takvmètres à lecture instantanée, et enfin de chromographes
inscripteurs, disposés pour s'atteler aussi aux tiges des pistons et donner
la loi de leurs allées et venues.
» C'est au moyen des relevés obtenus avec les appareils de mesure in-
(') Cette Note avait été envoyée à l'Académie par M. Ledieu quelques jours avant
son décès.
(2) Voir l'Ouvrage de cet auteur, Engine and Boilez Trials. New- York; 1890.
( 927 )
cliques en 4° et 5°, qu'on détermine le rendement organique des machines
de terre.
» II. En marine, rien ne s'oppose aux expériences suspécifiées pour
trouver aussi le rendement du combustible ainsi que l'influence thermique
des parois des cylindres; et plusieurs essais de l'espèce ont été exécutés.
Mais les freins Prony étant inapplicables à bord, et d'ailleurs se trouvant,
en général, de puissance trop limitée, il n'y a moyen d'obtenir le rende-
ment organique qu'à l'aide de dynamomètres de rotation du type Taurines,
expressément à ressorts; car les systèmes hydrauliques ne donnent rien
de bon pour les rotations. Malheureusement, les meilleurs fabricants ne
sauraient construire de tels instruments pour des forces de plus de
iooo chevaux indiqués (c'est-à-dire de yS^"1 à l'indicateur). Or la plupart
des appareils marins actuels dépassent ce chiffre et même considérable-
ment sur les derniers gros cuirassés, les grands croiseurs et les paquebots
extra-rapides. A bord de ces bâtiments, la force totale atteint jusqu'à
18000 à 20000 chevaux avec hélices jumelles, ce qui donne 9000 à
10 000 chevaux par machine simple, chiffre qui, du reste, n'a pas été dé-
passé avec les hélices uniques. Donc, en principe, les dynamomètres de
rotation sont insuffisants aujourd'hui pour la mesure de la puissance sur
l'arbre de couche de la plupart des machines marines.
» Si le travail des résistances passives et des pompes auxiliaires était con-
stant et indépendant de la grandeur de la résistance utile, au moins pour
chaque marche, on pourrait, en débrayant l'hélice et en réduisant l'intro-
duction de vapeur, faire fonctionner la machine à l'allure considérée, et
obtenir le travail en vue au moyen de l'indicateur. De là on tirerait facile-
ment le rendement organique de la machine correspondant à cette allure.
» III. M. Thurston, d'après de nombreux essais, a pu établir que l'hy-
pothèse précédente était acceptable pour de petites machines à diverses
pressions et de différents systèmes, mais dont aucune ne dépassait 100 che-
vaux (').
» Mais il n'en est plus de même pour les machines marines. Aussi n'est-il
pas licite d'admettre que leur rendement organique r peut se calculer
comme il vient d'être indiqué.
» Cependant la détermination de cet élément r serait précieuse en y
(') Etudes sur le frottement et le graissage des machines, réparties dans une tra-
duction (Bernard; 1887), dans le Journal 0/ the Franklin Institute (1886-88) et
dans le Scientijic American (1888).
( 9^8 )
joignant le rendement r' des hélices, déduit de leur poussée d'après un
bon dynamomètre, qui ici pouvant être du système hydraulique serait aussi
puissant qu'il serait nécessaire. Les documents en question permettraient
d'estimer simultanément la valeur du propulseur et du moteur; puis la
poussée servirait encore à calculer le coefficient de résistance R de la ca-
rène.
» La connaissance de toutes ces données, du reste sensiblement va-
riables avec le sillage, devient de plus en plus désirable pour apprécier la
performance des navires, c'est-à-dire l'ensemble de leurs qualités nautiques,
principalement au point de vue propulsif, eu égard à la force développée.
» IV. En l'état actuel des choses, les ingénieurs n'ont à leur disposition,
pour l'étude des trois coefficients r, r' et K, que la relation évidente
(t) Fxrxr = -g ,
où F est la force indiquée, B2 la surface immergée du maître couple en
mètres carrés, et V la vitesse en nœuds.
» On tire de là un élément complexe, appelé l'utilisation du navire,
» Ce coefficient a été choisi comme se prêtant commodément à la pré-
vision de la vitesse d'un bâtiment en projet d'après des navires similaires
déjà construits et expérimentés, et comme facilitant la comparaison des
navires entre eux pour leur performance.
» V. Au besoin, on peut recourir à une méthode graphique pour trouver,
sans instrument, une valeur plus ou moins approchée du rendement r du
moteur et de la poussée réelle/? de l'hélice.
» Désignons par cr le pas de l'hélice, p son recul, N son nombre de
tours à la minute, et par v la vitesse du navire en mè/res à la seconde. Con-
servons d'ailleurs aux au très lettres les mêmes significations que ci-dessus.
On a la série de relations suivantes :
(3) F X 75 X 60 X rx r' — p X v=p X N X a(i — p)= K.B2r\
: 75 x 60 x /■
M x ra ( 1 — p ;
.,. F x 75 x 60 x /• x /•' „m ,
(4)
_ F x -5 x 60 ,, .u , ,, ,
» Posons — ^ = P. quantité que nous appellerons la poussée.
( 929 )
indiquée. I/équation (4) deviendra
(5) Pxr = P-P(i-r) = RB8-
« On est libre de tirer de cette égalité l'équation d'une parabole, à
savoir
(G) Y-V,(i-r,)=Ltx*.
avec L, - —> et K.,, p,, r\, P, et r, correspondant à l'expérience
' i
où l'on aura relevé F, , N, et v , .
» Chaque allure essayée de la machine fournira une pareille parabole.
Eu égard à la très faible variation de L, et de P, (i — /•,) avec les change-
ments de vitesse, l'enveloppe de toutes ces paraboles pourra être regardée
comme se confondant avec la courbe qui se tracera à la main en déter-
minant un certain nombre de points, dont les abscisses seront les vitesses
v des diverses allures, et les ordonnées, les poussées indiquées P corres-
pondantes.
» Cela posé, menons graphiquement par le point (P,, c,), par exemple,
une droite tangente à cette dernière courbe. Celte droite sera aussi une
tangente à la parabole (6); et nous servira, sans qu'il soit besoin de tracer
celle-ci, à déterminer graphiquement aussi la quantité P, (i — r, ), incluse
dans son équation. Cette quantité est, en effet, l'ordonnée du sommet de
la parabole située d'ailleurs sur l'axe des y. Or, comme il est facile de le
démontrer, la tangente horizontale menée par ce sommet rencontre, en
principe, la première tangente en un point qui a pour abscisse la moitié de
l'abscisse du point de contact (P,, «', ), et d'où il suffira, par conséquent,
de mener une parallèle à l'axe des x pour avoir ladite horizontale. Il im-
porte de noter qu'en général les sommets des diverses paraboles instanta-
nées seront distincts, et échelonnés le long des axes des y, tout en ne
pouvant être parfois très rapprochés. Il va de soi que, pour obtenir une
certaine exactitude dans les résultats, il faudra exécuter les tracés à
grande échelle.
» Une fois P,(i — r,) connu, on en tirera le rendement r, de la ma-
chine propre à la marche considérée; et l'on opérera de même pour
chaque allure. Quant au rendement r\ du propulseur, il restera engagé
dans la relation
/ Q \ l'i X rl X ''i ,,
(9^ )
et l'on ne pourra l'obtenir. Toutefois, il sera possible de tirer de là une
valeur approchée de p{, en supposant que, d'une manière générale,
'"' = i, ce qui revient à admettre que le frottement de l'eau contre les
i — P
ailes de l'hélice est négligeable.
» La méthode géométrique que nous venons d'exposer (') ne saurait
jamais donner, même pour r, que des valeurs peu rigoureuses; car ces
valeurs sont notablement affectées par les erreurs inévitables sur le tracé
graphique des tangentes employées. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Corres-
pondant pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de
feu M. de Tclahatchef.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5a,
M. le Prince Albert de Monaco obtient. . 38 suffrages.
M. le général de ïillo 9 »
M. Fridtjof Nansen 2 »
M. Schweinfurth 1 "
Il v a deux; bulletins blancs.
M. le Prince Albert de Monaco, ayant obtenu la majorité absolue des
suffrages, est élu Correspondant de l'Académie.
(•) Froude, en Angleterre, avait proposé une méthode analogue. Mais son exposé
est incomplet, obscur et inexact. Ainsi il n'a pas tenu compte de la variabilité de K
et, dès lors, de la nécessité de considérer des paraboles instantanées, au lieu de re-
garder la courbe tracée à la main comme une parabole rigoureuse et unique. Or ceci
suppose implicitement que, même dans le cas où K serait réellement constant, toutes
les paraboles instantanées n'en feraient qu'une, ce qui est faux, et revient à admettre
gratuitement, que (1— /•) est une quantité fixe pour toutes les marches. De plus, au
lieu d'employer les 9 pour abscisses, Froude a pris les X, ce qui est la conséquence
d'une mauvaise interprétation du rendement de l'hélice.
( 93i )
CORRESPONDANCE.
ÉLECTRICITÉ. — Constante diélectrique du mica. Note de M. E. Routy,
présentée par M. Lippmann.
« En opérant sur des condensateurs en mica de bonne construction
(microfarad Carpentier), j'ai prouvé (') que la capacité de ces étalons
varie peu avec la durée de charge, même quand on réduit celle-ci à ■— de
seconde, par exemple. J'ai d'ailleurs indiqué une formule qui permet de
calculer ces variations ou résidus à l'aide de deux observations sur chacune
des capacités à utiliser.
» M. Carpentier ayant bien voulu mettre à ma disposition les lames de
mica qu'il emploie, j'ai cherché s'il est possible de caraclériser complèle-
menl leurs propriétés diélectriques à l'aide d'une ou de plusieurs con-
stantes. L'étude des étalons avait établi que la variation de capacité entre
o", i et i" est, en général, inférieure à ~; il y avait lieu de chercher si,
dans les mêmes limites et au même degré d'approximation, on peut attri-
buer au mica une constante diélectrique invariable, c'est-à-dire si la capa-
cité de lames de surface utile S et d'épaisseur e quelconques sont fidèle-
ment représentées par la formule
(i) c= , — ,
i ~''
avec une valeur constante de k.
» L'épaisseur e était toujours inférieure à ocm,oi, S supérieur à 5ocq. Au
degré d'approximation accessible, il était donc superflu de recourir à l'ar-
tifice de l'anneau de garde, et l'on avait le droit d'appliquer la formule (i)
en prenant pour S la totalité de la surface armée. Les mesures ont été effec-
tuées par une méthode très simple, fondée sur l'emploi de l' électromètre
capillaire de M. Lippmann et d'un microfarad auxiliaire : elle dérive immé-
diatement de celles que j'ai appliquées à la mesure des résidus.
» Les lames à étudier étaient d'abord argentées par le procédé Martin ;
on enlevait l'argent sur les bords à l'aide d'acide azotique, et. par des la-
vages et des dessiccations répétées, on débarrassait le plus possible leur
\l ) Comptes rendus, t. C\, p. i362.
( 9^ )
surface libre de toute trace d'électrolytes. Enfin, on vernissait les bords à
la gomme laque et l'on desséchait à i4o°. Voici les valeurs de k obtenues :
S. e. /..
cq V-
4g, 5o i4>7J 7>9'
65,34 29,09 ) g q
65,n.. 34,88 )
66, 4i 5o,75 7,91
64, i5 89,00 8,09
Moyennes 7>98
» Dans une direction normale aux plans de clivage, le mica possède donc
une constante diélectrique bien déterminée , pour laquelle nous adopterons le
nombre 8. On remarquera que ce nombre est plus de trois fois supérieur
au carré de l'indice moyen du mica et que, d'après ce qui précède, l'écart
diminuerait peu si l'on abaissait la durée de charge à j~ de seconde.
» Si l'on cherche à déterminer la constante diélectrique du mica à l'aide
de lames étamées, on obtient des valeurs de /• très discordantes et beau-
coup trop faibles. De plus, toutes ces lames augmentent de capacité dans
un rapport considérable quand on les charge de poids. Ces effets sont dus
à l'interposition d'une couche d'air irrégulière entre l'étain et le mica.
Admettons pour cette double couche une épaisseur moyenne de 5,J" seule-
ment; elle équivaut à une épaisseur de mica huit fois plus forte (') et
:;a présence réduira à moitié la constante diélectrique apparente d'une
lame de mica d'épaisseur égale à 40^. Il suffit de rétablir la continuité
entre le mica et l'étain par l'interposition d'une goutte d'eau distillée ou
d'alcool absolu (2) pour retrouver la constante diélectrique normale. On
retrouve la même constante en faisant flotter sur du mercure bien sec une
cuvette de paraffine remplie de mercure et fermée à sa base par une laine
de mica préalablement bien desséchée.
» En ce qui concerne les résidus, il ne semble pas y avoir entre les
diverses lames que j'ai étudiées de différence spécifique. Mais, pour une
(') 11 suit de là que dans la construction des étalons montés à l'étain, on emploie
beaucoup plus de mica qu'il n'est nécessaire, ce qui augmente, sans profit, leur volume
et leur poids.
('-) Cette expérience de démonstration exige des précautions spéciales pour éviter
que l'électrolj le introduit n'atteigne les bords : elle ne se prèle pas à des mesures pré-
cises.
( 9" )
même lame argentée, le résidu varie dans des proportions si énormes avec
l'état de la couche superficielle de mica non armé, qu'il est impossible
d'être absolument affirmatif à cet égard. Ainsi, il suffit parfois d'un simple
lavage à grande eau, suivi d'une dessiccation de dix minutes à i/(00, pour
réduire au quart le résidu d'une lame déjà portée pendant plusieurs heures
à la même température. L'origine incontestable des grands résidus est l'élec-
trolyse de traces de substances étrangères localisées dans la couche superficielle.
» Par des tâtonnements répétés, je suis toujours arrivé à réduire le
résidu formé entre deux secondes et cinq minutes de charge à des valeurs
variant de ~ à ■— de la charge principale; c'est à peu près la moitié du
résidu fourni par les diverses subdivisions du microfarad Carpentier que
j'avais étudié précédemment. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur un moteur à courants aller natifs. Note de MM. Maurice
Hutix et Maurice Leblanc, présentée par M. A. Cornu.
« Nous sommes parvenus à constituer un moteur pour courants alter-
natifs qui, bien que dépourvu de tout commutateur, est susceptible d'uti-
liser un courant alternatif ordinaire débité par une ligne unique, et dans
lequel le couple développé est indépendant de la vitesse de rotation,
comme cela a lieu pour les machines à courants continus munis de collec-
teurs.
» Il se compose de deux anneaux : l'un fixe et l'autre mobile. Chacun
est recouvert de deux circuits distincts, comportant in bobines. L'enrou-
lement est fait de telle manière qu'un courant lancé dans chaque circuit
y développe in pôles alternativement positifs et négatifs. Les deux circuits
de chaque anneau sont disposés symétriquement l'un par rapport à l'autre.
Les deux circuits mobiles peuvent être fermés individuellement sur deux
résistances sans self-induction, variables à volonté. Les deux circuits fixes
sont montés en dérivation entre les bornes d'arrivée et de départ du cou-
rant alternatif que l'on veut utiliser. Les conducteurs enroulés sur chacun
d'eux n'ont pas la même section; enfin, l'un d'eux est coupé par un con-
densateur.
» Nous allons démontrer qu'en disposant convenablement du rapport des sections
des fds enroulés sur les deux circuits fixes, de la capacité du condensateur et en fai-
sant varier, suivant une certaine loi, les résistances sur lesquelles sont fermés les cir-
cuits mobiles, on développera sur l'axe de la machine un couple moteur dont l'inten-
sité sera indépendante de sa vitesse. Nous appellerons :
G. K., 1S91, i" Semestre. (T, CXII, iV 17.) 122
( 934 )
M,, Mi, M',, M, les coefficients d'induction mutuelle des quatre circuits; L, L' les
coefficients de self-induction des circuits fixes; A celui de chaque circuit mobile; R,
R' les résistances des circuits fixes; p celle de chaque circuit mobile; I, 1', J, J' les
intensités des courants dans les circuits fixes et mobiles; in le nombre des pôles de
chacun des circuits; Q. la vitesse de rotation et T la période du courant utilisé.
» Nous supposerons d'abord que les conducteurs enroulés sur les deux circuits
fixes aient même section. Nous aurons alors R— R', L: L', et, en désignant par jjl
une constante,
M, = u.sin2-(/i<2)<, M2=:;xcos2-(rtQ)«, M',— \xcos ir^{nQ.)t, Mo— — |isin 2-(nii)t.
» Intensités 1 et V . — Nous supposerons que, par un procédé quelconque, on ait
établi une différence de phases de \ d'onde entre les variations de ces deux intensités,
que ces variations aient même amplitude A et que l'on puisse écrire
1 = Asin2ir: ç,
I'=A COS21
» Intensités J et J'. — Nous aurons à chaque instant
° = ?J + A § + ^[m,i + m;i'], o = ?j'+ a d± + ^pw+Mii'],
d'où, en posant J0
^^-(«lîl^xA
J = J0sin2T:
T-(
nû)lf — <p , J' = — J0cos2tc||^ — (nû
rHr
t — (S
a Travailla développé par- la machine (par seconde). — Nous aurons
de
c/M,
dt
d\l\
dt
]
.1
,/M,
~77T
dM',
~dt
Ws(«û)
d'où
-(««>)
■(»Û)
pu."
A-.
» Ce travail sera maximum si nous faisons p = a-
T-(«û)
A. Nous aurons alors
S = u(«Q)^A*.
» Forces électromotrices nécessaires pour déterminer le passage des courants
d'intensités I et I'. — Nous aurons, en faisant p
or- u2
R
T-(«U)|A,
RI-uL^-1 + ^[M.J +M,J'l
dt d.
b-=ri'h-l^ + ^[m;j + m;j']=
T aA
1 2 A
. t a»f
Acosa^-^--
!■()-. '•>. ~
Asiuar = ■
( 935 )
» Posons, pour simplifier l'écriture,
E= «Asin2- - -+- ç'Acos2tc -, E' = «Acos2tt = — v Asin2it =•
» Les quantités u et v sont indépendantes de la vitesse 12.
» Supposons maintenant que, tout en enroulant le même poids de cuivre sur cha-
cun des deux circuits fixes et faisant en sorte que la densité des courants soit la même
dans les deux conducteurs, on donne une section k fois plus grande au conducteur du
premier circuit fixe qu'à celui du second, et que l'on coupe le second circuit fixe par
un condensateur de capacité c.
» Faisons passer un courant d'intensité 1 =: AsinaTt ^ dans le premier circuit fixe,
et un courant d'intensité I'= -=_ C0S2t; =, dans le second circuit fixe, nous aurons
E — u A sin2 7ï — 4- i'A COS2 7I —, E' — ku A cos2t; ,=
T 1 . t
/ v Asin2T;— •
aitcAJ 1
» Pour que le courant qui alimente la machine se décompose naturellement en deux
courants d'intensités convenables dans chacun de ses circuits fixes, il faut et il suffit
que l'on ait
T- EV 1, • I '' T «2 i .
E = E', don K -, c:
u 2it r «--t- r-
» Force clectromotrice nécessaire aux bornes de la machine et effets de self-
induction. - La force électromotrice nécessaire aux bornes de la machine a pour
expression E -.— uA sin 2tc m -H f'A cos2tc = - L'intensité X du courant débité par la
ligne est X —A I sin2rc — -)- -00527:= I- Désignons par r la résistance effective de la
machine et par / son coefficient de self-induction apparent, nous aurons
E — rX-hl-j-, d'où r=u- -, _/=_>__ '.
» On pourra annuler complètement les effets de self-induction en intercalant,
dans la ligne qui alimente la machine, un deuxième condensateur de capacité
T ,r\-v-
2- V (,!'■-■ U' )
» Il suffit de régler une fois pour toutes les valeurs du coefficient k et
de la capacité c. Pour mettre la machine en marche, il faut introduire des
résistances convenables dans chacun des circuits mobiles et les diminuer
successivement, au fur et à mesure que la vitesse augmente.
» Si, pendant ce temps-là, on maintient une différence de potentiels
constante entre les bornes de la machine, le couple moteur développé sur
son axe est aussi constant. Lorsque toutes les résistances ont été suppri-
( 936 )
mées, la vitesse continue à augmenter, mais le couple moteur décroît très
rapidement. Alors, pourvu que le couple résistant opposé au mouvement
de la machine ait une valeur plus petite que celle donnée par l'expression
77 (n) — A2, le fonctionnement de la machine doit être parfaitement stable.
» Un moteur de ce système a été construit et l'expérience a complète-
ment justifié la théorie précédente. Ce moteur démarre en charge avec la
plus grande facilité et, une fois mis en vitesse, fonctionne avec une régu-
larité parfaite tant que le couple résistant opposé à son mouvement n'est
pas supérieur aux | de la valeur maxima donnée par le calcul pour son
couple moteur.
» Ce moteur avait été étudié pour fonctionner avec un courant de
120 périodes par seconde, et devait faire, dans ces conditions, 20 chevaux
avec un rendement de 88 pour 100. Nous n'avons pu nous procurer de
génératrice fournissant un courant de plus de 70 périodes par seconde :
le moteur a fourni avec ce courant environ 1 1 chevaux avec un rendement
de 78 pour 100. Il convient, avec ce système, d'employer des courants
alternatifs de grande fréquence. »
CHIMIE. — Études quantitatives sur l'action chimique de la lumière. Première
partie : Mesure de V absorption physique. Note de M. Georges Lemoixe.
« J'ai étudié numériquement, dans des conditions très variées, l'action
chimique de la lumière et établi des lois de coordination entre mes diffé-
rentes expériences. Le réactif employé est le mélange de chlorure fer-
rique et d'acide oxalique
2Fe2Cl3 + C*H208= (FeCl + 2HCI + 4CO2.
» La première difficulté pour une étude approfondie est l'absorption
physique que subit la lumière en traversant ce réactif. Il est jaune rou-
geàtre. Au spectroscope, il laisse passer le rouge et le jaune, mais il
absorbe, progressivement avec l'épaisseur, le bleu et même le vert.
» Méthode chimique pour mesurer les absorptions. - - Deux cuves à faces
parallèles, identiques, contenant le réactif, reçoivent respectivement la
lumière solaire, directe ou ayant traversé le milieu quelconque dont on
cherche l'absorption. On compare les deux décompositions.
» Pour doser dans iocc le chlorure ferreux formé, on traite une heure par 2?r de
( 937 )
carbonate de chaux précipité qui retient G4H208 et Fe203 : on filtre rapidement, on
lave à l'eau bouillie, on verse du permanganate de potasse titré.
» Distinction entre les transmissions réelle et apparente.— Cette expérience
donnerait immédiatement l'absorption si la lumière était homogène, 011 si,
avec une lumière complexe, le réactif servant de témoin n'avait qu'une
épaisseur infiniment mince. On se rapproche de cette dernière condition
avec un mélange très dilué (liquides T'- normaux dans les cuves de imm ):
seulement la sensibilité des mesures est alors très restreinte.
» Dans le cas général, les différentes radiations agissent très inégale-
ment sur notre réactif coloré. Le jaune impressionne les dernières couches
presque autant que les premières: avec le bleu, l'action, quoique très éner-
gique, est presque limitée aux premières couches. L'ensemble des réactions
ne donne donc qu'une transmission apparente. On va voir que le calcul peut
ramener ce casa celui d'une cuve infiniment mince, et réciproquement.
» Comme définition de l'intensité lumineuse, je prends la décomposi-
tion de l'unité de poids du mélange actif, en choisissant cette unité assez
petite pour que, quelle que soitla concentration de sa dissolution, l'absorp-
tion physique rie la lumière la traversant soit négligeable : ce sera, par
exemple, un millionième de milligramme.
» Calcul des transmissions. — Soit une lumière composée d'une série de radiations
d'intensités n, n' , n", ... et soit I la somme de ces intensités. Un milieu absorbant
quelconque d'épaisseur / réduira chaque radiation n à na'. Les intensités totales, à
lentrée et à la sortie, seront donc
(i) 1 /; -!- /(' -;- n" +...,
I 2) i na' ; n'a"-\ n" a": -t-
' ,. , . / i
La transmission réelle est , > l'absornti
ion i ■
1 \ '
» Dans une première série d'expériences, nous comparons ces intensités i et I par
leurs actions chimiques sur notre réactif très dilué placé dans des cuves très minces.
Ln faisant des mesures pour un nombre suffisant de valeurs de /, nous pourrons déter-
miner approximativement /(, n' , . . correspondant à a, a' Ce sera une première
valeur provisoire de la transmission.
» Faisons maintenant passer les lumières 1 et i dans le réactif contenu dans deux
rectangles d'épaisseur quelconque X. Ce réactif, dont nous négligions tout à l'heure
l'absorption, en exerce une, pour chaque radiation, d'après une loi particulière a'-.
Cette radiation d'intensité n y décompose n rt"k dans la première couche, na)- d\ dans
la dernière : pour l'ensemble de toute l'épaisseur À, la décomposition totale est
,)
/; / v (//.. Chacune des radiations agit suivant la loi qui lui est propre. Dès lors, les
( 93S )
décompositions effectuées par les lumières I et i seront respectivement
Je r'~
ci '(/'/, 4 ,■/' I ■/> d\ -+-
« "-Ai
( ', ) s = lia' I y.1 cil - - n'a'1 l y.'1 dX +
•A) •'o
qui se réduisent à 1 et i si À = o.
. . s
» La transmission apparente est ^»
» Bornons-nous enfin au cas spécial où le milieu, dont on mesure l'absorption, est
le chlorure ferrique. Si sa concentration est telle qu'il ait la même transparence que
le mélange de chlorure ferrique et d'acide oxalique pris comme témoin ('), on a
n Si le mélange actif employé est plus dilué que le précédent, on remarque qu'une
même absorption correspond à une épaisseur proportionnelle à la dilution : ainsi,
avec des liquides dix fois plus dilués, a1"'- devra remplacer a' dans la formule pour
que les effets soient les mêmes.
» On voit qu'on peut maintenant calculer la transmission apparente correspondant
à la seconde série d'expériences (3) et (4), d'après la transmission réelle correspon-
dant à (i) et (2). S'il y a identité avec l'observation, c'est que les formules primitives
(1) et (3) sont exactes. S'il y a une différence, on en retouchera les constantes pour .
faire un calcul de seconde approximation, et ainsi de suite. La formule, une fois
établie doit vérifier toutes les autres expériences faites pour un même état de l'at-
mosphère.
» En pratique, une formule de coordination à 4 termes est suffisante. Les intégra-
rl -, ,- «x
tions se t'ont facilement, car / a1 a h — j —
*• 0
» Dans la plupart des expériences, j'ai pris pour témoin le mélange de liquides
actifs ! normaux dans des cuves de 4nl : 'es expériences avec les liquides -^ normaux,
dans des cuves de lm, n'ont fait que diriger les calculs.
» Résultais des expériences faites sur le chlorure ferrique avec la lumière du
solei(, — Les absorptions varient avec l'état de l'atmosphère, mais assez
peu lorsqu'on est dans la belle saison, avec un ciel bien pur, entre io1' et 31'.
Voici quelques spécimens de mes expériences : je les rapproche des résul-
tats d'une formule de coordination approchée, se rapportant au chlorure
(') L'expérience montre que l'acide oxalique en dissolution a ici la même transpa-
rence que l'eau, de sorte que le mélange de Fe-Cl3 et de CV1L208 normaux équivaut
optiquement à Fe2C.l3^ normal.
( 9*9 )
fenique ™ normal
i= 0,01(0,986)'+ 0,07(0,40)'+ o, t3(o, ioY + 0,79(10"'"/.
Epaisseurs / :
Transmissions pour 100 île lumière incidente. 1. 4. 10. 25.
i élémentaires, avec cuves infiniment minces : théorie. 5,i 1,1 0,9 0,7
avec cuves de im et liquides ,'„ -normaux : théorie 9,6 2,2 1,7 1,4
(10 3 2
Fe'Cl' >> EXPERIENCE.. _ „ „
, 6 5 2 0,8
normal 1 ,,,--,, ...
avec cuves de 4™ et liquides ; normaux : théorie 28,6 1 1 , 1 g, 3 7,5
i 24 11 6
EXPERIENCE.. > 33 ? „ g
j élémentaires, avec cuves infiniment minces : théorie. 25,6 n.o 5,i 1,7
avec cuves de im et liquides -,j„ normaux : théorie 38,7 '8>4 '>•'' Vt
Fe'Cl" 1 » expérience. 38 22 9 3,5
normal j avec cuves de 4° et liquides } normaux : théorie 72,2 4g, • 38,6 10,8
( 77 55 37 ?
EXPERIENCE, jgg M 35
_ „, / i élémentaires, avec cuves infiniment minces : théorie. 0,0 o,0' o,3 0,1
Fe'Cl' \
,) avec cuves de 4m et liquides v normaux : théorie 0,6 6,8 3,5 0,7
uuadrinormal / ,„ _ , _
( » EXPERIENCE. .10 5 4 3
» Expériences avec des lumières colorées. — Voici, à titre de comparaison,
les formules semblables correspondant aux lumières bleue et jaune :
Bleu (eau céleste), i = 0,002(0,986)'+ o,o33(o, 4o)'-t- 0,075(0, io)' + o,89(io-10)'
Jaune (KO, CrO3). î' = o,85 (0,986)'+ o, i5 (o,4o)'.
» Notre réactif impressionnable équivaut, comme transparence, à du
chlorure ferrique dilué : ces mesures nous permettront donc de calculer
l'absorption physique qu'il fait subir à la lumière et de ramener l'action
chimique à une épaisseur infiniment mince. »
0,4
0,8
0,7
'l,3
0,9
1,8
0,7
6
CHIMIE. — Action exercée par la présence des sels haloïdes de potassium sur
la solubilité du sulfate neutre de potassium. Note de M. Ch. I»i vit 1:/.
« 1. La solubilité du sulfate neutre de potassium dans l'eau croit à peu
près comme la température. On peut, dans des limites comprises entre o°
et 3o°, représenter la quantité dissoute dans 100 parties par la formule
(0
Q0 = 8,5 + 0,126.
» 2. Lorsqu'on ajoute, à une solution saturée de ce sel, une très petite
quantité d'un sel haloïde de potassium, il v a une certaine quantité de
( f)4" )
sulfate insolubilisée, inférieure toutefois à la quantité pondérale du sel de
potassium ajouté à la solution.
» Exemples :
gr
ioocc d'eau à i4° ont dissous 10, 1G de S04K-
» additionnés de o8r, 20 de KO ont dissous. . 10,02
» » o?r, 4o » .... 9 , S '|
)) » Oôr, 60 » ... 9 , ^O »
» !) OS1', 80 » ....9,58 ))
» En augmentant la dose de chlorure, la somme des sels dissous aug-
mente continuellement jusqu'au moment où une action inverse se produit,
c'est-à-dire lorsque le sulfate commence à agir sur la solubilité du chlo-
rure de façon à l'insolubiliser en partie. Le bromure et l'iodure de potas-
sium agissent de la même manière.
» Il n'y a pas une relation simple entre la quantité de sulfate restée dis-
soute et le poids total du sel de potassium ajouté ; mais cette relation simple
existe si l'on fait intervenir une fraction seulement du poids du sel
étranger: la moitié environ lorsqu'il s'agit du chlorure, le tiers pour le
bromure et le quart pour l'iodure. Ce sont, au reste, Là les proportions
approximatives de potassium contenues dans chacun de ces composés.
» 3. Les expériences suivantes ont été faites à la température de r4°
avec des quantités croissantes de bromure de potassium; elles vont mon-
trer que la somme du sulfate de potassium resté en dissolution et du potas-
sium du bromure ajouté est à peu près constante.
KBr K SO«K2 Somme
pour 100. correspondant. dissous pour 100. SO*K' + K.
1 • 0.327 9>43 9,76
2 o,654 9> 10 9 . ;J
3 0,980 8,34 9,32
4 1 ,3o8 8,14 9.4a
6 i,96° 7>5a 9>48
8 2,616 6,56 9,10
12 3,924 5,62 9,54
Moyenne 9; 49
» Donc on peut dire
(2) S04K2 dissous = constante — Rde sel ajouté.
» 4. Ce nombre constant varie avec la température. Pour étudier ces
variations, nous avons cherché la combe de solubilité du sulfate de po-
( 94i )
tassium dans une solution à (>"', 10 pour ioo de bromure de potassium,
c'est-à-dire la quantité de ce sel renfermant 2e1' de potassium.
» Entre o° et 3o°, cette courbe est à peu près une ligne droite calcu-
lable par la formule très simple et très approchée que voici :
(3) Qe-5,5 h 0,1415
» En ajoutant à cette expression le nombre 2 qui correspond à la pro-
portion de potassium contenu dans les Ggr, 10 de bromure, nous avons la
valeur de notre constante pour toutes les températures comprises entre o"
et 3o° :
(4) constante à 8°= 7,6 -t- 0,1417^.
« En portant cette valeur dans la formule (2), nous avons
1 5 ) SO" K2 dissous à 6 — 7,.^ + o, 14176 — K du sel ajouté.
» 5. Si la formule ci-dessus est fonction de la température et du po-
tassium du sel ajouté, nous pourrons calculer l'action exercée pour n'im-
porte quel sel haloïde de potassium.
» Voici une série d'expériences de contrôle établies à cet effet, faites
avec le chlorure, le bromure et l'iodure de potassium en proportions va-
riables et à diverses températures :
Sulfate de potasse
dissous pour ioo.
Quantité K Tempe- — — —
Sel ajouté. pour 100. correspondant. rature. Trouvé. Calculé.
KCI 1,91 l 12,5 8,34 8,27
KG! 3,82 2 » 7,17 7,27
KCI 3,82 2 26 8,95 9,18
KG! 5,73 3 12,5 5,98 6,27
KCI 5,73 3 26 S, 27 8,18
KB: 3,o5i 1 i2,5 8,45 8,27
KBr 6,102 2 » 7,24 7>27
KBi 6,102 2 14 7,39 7,48
KBr 6,102 2 29 9,57 9,60
KBr g,i53 3 12,5 5,93 6,27
Kl 4,256 r » 8,27 8,27
Kl 8,5i2 2 » 7,o5 ;. >-
K! 12,768 3 » 5,79 6,27
» Les nombres trouvés et calculés, qui sont inscrits dans le Tableau
C. R., 1891, 1" Semeitrr. (T. CXII, N' 17.) I2^
( 9^ )
ci-dessus, ne sont pas absolument identiques; mais il faut faire la part des
erreurs inhérentes à ces expériences très délicates; il faut tenir compte, en
outre, de ce fait que la formule qui sert à faire le calcul n'est qu'approchée,
et enfin qu'il y a d'autres causes perturbatrices qui agissent. Toutefois ces
résultats sont assez nets pour bien montrer que, comme pour les solutions
de bitartrate de potassium, l'action précipitante des sels haloïdes de potas-
sium sur des solutions saturées de sulfate neutre de potasse est proportion-
nelle à /'équivalent du sel ajouté. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur /' isocinchonine. Note de MM. E. Jungfleiscii
et E. Léger.
« Dans un Mémoire récent ( ' ), M. Hesse exprime l'opinion que la sub-
stance qu'il a désignée en 1887 sous le nom à' isocinchonine est identique
avec la cinchonigine, l'une des bases que nous avons obtenues par modi-
fication de la cinchonine (-), et il revendique la découverte de ce dernier
composé. Nous nous proposons de montrer que cette opinion n'est pas
conforme aux faits; nous dirons aussi quelques mots de la revendication,
bien qu'elle présente un très faible intérêt, la cinchonigine ayant été
aperçue à peu près simultanément par trois groupes de chimistes travail-
lant dans des directions très diverses, MM. Comstock et Kcenigs, MM. Ca-
ventou et Ch. Girard, et nous-mêmes.
)> En 1887, dans une première publication, M. Hesse a consacré trois
pages environ à l'action exercée par l'acide sulfurique sur plusieurs alcalis
des quinquinas. Faisant agir à froid 10 parties d'acide concentré sur 1 partie
de sulfate d'alcaloïde, il obtenait un produit qu'il considérait, sans publier
d'analyse, il est vrai, comme un isomère de l'alcaloïde original et qu'il
distinguait de celui-ci par le préfixe iso. Ce que M. Hesse écrivait alors de
l'isocinchonine est assez court pour être traduit littéralement et complète-
ment. « L'isocinchonine enfin, disait-il, se dissout très facilement dans
» l'éther. Par évaporation de sa solution éthérée, il reste un résidu
» amorphe, qui cependant se prend, après un temps court, en une masse
» cristalline etrayonnée. » Ainsi donc, à cette époque, la matière soluble
(') Annalen der C hernie, t. CCLX, p. 21 3.
(2) Comptes rendus, t. GVI, p. 357.
(3) Annalen der Chemie, t. GCXLIII, p. i3i.
( 943 )
dans l'éther, que fournit la cinchonine traitée par l'acide sulfurique, était
pour M. Hesse un principe défini, l'isocinchonine. C'est précisément la
relation existant entre cette isocinchonine et la base que nous avons étu-
diée sous le nom de cinchonigine que nous avons à établir.
» L'action de l'acide sulfurique sur la cinchonine nous a donné trois
alcalis solubles dans l'éther : la cinchonigine, la cinchoniline (' ) et une
base non dénommée, dont nous possédons une grande quantité, mais que
nous n'avons pas encore décrite parce qu'elle est incristallisable, ainsi que
ses sels. En modifiant de manières assez diverses le traitement qui produit
ces composés, nous avons constaté qu'on change surtout leurs proportions
respectives. Malgré quelques particularités dans sa production, l'isocin-
chonine, telle qu'elle a été définie dans la publication de M. Hesse anté-
rieure aux nôtres, était donc pour nous très vraisemblablement un mélange
des trois alcaloïdes précités. La conclusion contraire du récent travail du
même chimiste nous a conduits à vérifier notre hypothèse en reproduisant
exactement les circonstances expérimentales, d'ailleurs assez variées, indi-
quées par M. Hesse. D'une manière constante, nous avons pu isoler dans
le produit soluble à l'éther les trois bases dont il s'agit. Nous préciserons
par un exemple.
» On a dissous à froid 6ogr de sulfate de cinchonine pur, préalablement
pulvérisé, dans 36oB' d'acide sulfurique pur et concentré. Le mélange, qui
s'est d'abord échauffé spontanément, a été abandonné pendant vingt-quatre
heures dans une pièce à 170, puis versé dans l'eau froide. Après sursatu-
ration par la soude et refroidissement, on a épuisé la masse par des agi-
tations répétées avec l'éther. Après distillation, celui-ci a laissé l'isocin-
chonine de M. Hesse. Ce produit, dissous à chaud dans l'acide chlorhydrique
dilué, a donné, après neutralisation et refroidissement, du chlorhydrate de
cinchonigine; la liqueur, évaporée, a fourni de nouveau quelques cristaux
du même sel. L'eau-mère sirupeuse contenait encore des alcalis en abon-
dance; ceux-ci ont été mis en liberté par la soude, repris par l'éther et
neutralisés par l'acide iodhydrique incolore; la liqueur, additionnée d'une
nouvelle quantité du même acide un peu supérieure à celle exigée pour la
neutralisation, a produit une abondante cristallisation d'iodhydrate neutre
de cinchoniline, en cristaux d'un jaune vif. En répétant sur les bases de
l' eau-mère iodhydrique les deux traitements successifs à l'acide chlorhy-
drique et à l'acide iodhydrique, on a séparé les petites quantités de cincho-
(') Comptes rendus, l. CVI, p. 607.
( 944 )
nigine et de ciuchoniline ayant échappé au premier traitement. Le résidu
contenait la base incristallisable.
» Les 6ogr de sulfate de cinchonine, contenant un peu plus de ^8er de
cinchonine, nous ont donné ainsi t4gr de chlorhydrate de cinchonigine,
soit nsr,8 de cinchonigine et 24g1' d'iodhvdrate neutre de cinchoniline,
soit i2gv,7 de- cinchoniline. Quant à la base incristallisable, elle était,
comme d'ordinaire, notablement moins abondante.
» La matière à laquelle M. Hesse a donné le nom à'isocinchonine, dans
la publication citée plus haut intégralement, la seule qui ait précédé les
nôtres, est donc un mélange dont la cinchonigine forme beaucoup moins
de la moitié. Elle ne constitue nullement un principe défini. Dans son
nouveau Mémoire, publié plus de dix-huit mois après notre étude de la
cinchonigine, M. Hesse, employant le. même traitement que nous, sépare à
l'état de chlorhydrate la cinchonigine dans son isocinchonine, et il l'iden-
tifie avec cette dernière : il prend évidemment la partie pour le tout. Or,
la question d'antériorité qu'il pose en même temps ne saurait, sans cette
identité, se juger conformément au désir de M. Hesse. Quoi qu'il en soit,
nous attachons beaucoup moins d'intérêt à cette question qu'à l'utilité de
ne pas laisser s'établir certaines confusions dans un sujet déjà dif-
ficile.
» La nouvelle étude de la cinchonigine ne diffère de la nôtre que par
quelques détails sans importance, dont la discussion ne saurait trouver
place ici. Les divergences entre les résultats de M. Hesse et les nôtres
sont plus accentuées en ce qui concerne les bases de même origine, inso-
lubles dans l'éthcr; nous les examinerons ultérieurement. Dès maintenant,
cependant, nous dirons que nous ne pouvons admettre l'hypothèse au
moyen de laquelle notre savant contradicteur les explique; il suppose gra-
tuitement que notre matière première est le sulfate de cinchonine ordi-
naire du commerce, qu'elle contient de l'hydrocinchonine et que cette
dernière est l'origine de tel de nos produits qu'il n'a pas réussi à isoler.
Dès le début de nos recherches, la pureté de la cinchonine traitée a été re-
connue indispensable; dès notre première Note, nous l'avons affirmée par
une mention en italiques. D'ailleurs, comment pourrait-on attribuer avec
vraisemblance à une base relativement abondante l'origine de principes
que nous obtenons avec des rendements élevés et dont nous détruisons
des quantités assez considérables dans des recherches poursuivies actuel-
lement? »
( 945 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un carbure de. la série terpénique contenu dans
les huiles du gaz comprime. Note de MM. A. Etard et P. Lambert, pré-
sentée par M. Schiïtzenberger.
« L'industrie du gaz comprimé, dit gaz portatif, met surtout en œuvre,
comme matière première, les huiles lourdes à paraffines des schistes bitu-
mineux de la région d'Autun, plus rarement les produits analogues du bog-
head d'Ecosse. Ces carbures sont pyrogénés au rouge-cerise dans de longs
tubes en fonte et le gaz résultant comprimé dans des cylindres. Il se con-
dense dans celte opération des liquides très légers tenant en dissolution
des gaz tels que les butylènes, l'éthylène, l'érythrène, etc. Il nous a paru
intéressant de rechercher si, dans les liquides précités, la partie bouillant
au-dessus de ioo°, et qui n'a été encore que très peu étudiée, ne contien-
drait pas, elle aussi, des carbures incomplets.
m Nos expériences ont porté sur deux échantillons de 6oUl chacun, pro-
venant l'un des paraffines d'Autun, l'autre des bog-head. Les substances
obtenues dans les deux cas sont identiques; seule leur odeur peut être
modifiée par des traces de mercaptans ou de carbylamines. Les carbures
du gaz comprimé entrent en ébullition de -+- 200 à -f- 36o° et il reste en-
core tles coudrons.
» Par un premier fonctionnement, on sépare environ 60 pour 100 de
benzine, 10 pour 100 de toluène, 6 pour 100 de carbures non saturés lé-
gers, et enfin 10 pour 100 d'huiles précédant immédiatement les résidus
goudronneux et passant entre 1 4o° et 1900.
» En poursuivant l'étude de la fraction i4o°-i9o°, qui fait le principal
objet de cette Note, on remarque l'impossibilité d'obtenir un point d'ébul-
lition fixe, en même temps on voit le produit principal diminuer à chaque
tour de fractionnement et s'accumuler dans les « têtes » si le serpentin est
bien refroidi. Dans cette distillation, le thermomètre se fixe le plus long-
temps aux environs de 167". Là se place, non un point d'ébulhtion véri-
table, mais une décomposition ou dissociation lente. Si l'on fractionne
plusieurs fois, le jour même, les huiles légères formées, on isole un carbure
CMI" bouillant à 4a°, 5. Densité : o,8o3.
Théorie.
G 9°>8 9°>4 9°>8 9°>9
H 9-3 9>6 9>2 9-'
Densité de vapeur : 2,4e»; théorie : 2,35.
( 946 )
» En raison de son origine, nous appellerons ce carbure pyropen-
I y le ne.
» Ce pyropentylène de gaz comprimé a la curieuse propriété de se poly-
mèriserà froid. Deux de ses molécules se transforment en une seule de di-
pyropentylène,
2C5H6 = C,0H12.
Ce dernier est un carbure solide fusible à 4- 8°. D = ioo3°. Il a les proprié-
tés principales des terpènes.
» La polymérisation est mise en évidence surtout par la variation des
densités en fonction du temps, variation que l'on peut représenter d'une
façon très satisfaisante par une branche d'hyperbole. Voici d'ailleurs les
nombres portés sur un graphique.
. ... Câ28 035J. CS84. 0371 OSW 83» 0&35 0S87 P990 I
0803
15 38 63 120 18* 232 310 381 *53 525 537
» Il s'agit ici, comme le montre la figure, d'une action régulière. On en
pourra sans doute tirer parti en Chimie générale pour étudier les vitesses
de réaction sous diverses influences, d'autant mieux que, circonstance rare,
la transformation peut se faire à température constante, dans un milieu
absolument homogène physiquement et chimiquement, ce qui ne paraît pas
s'être rencontré jusqu'à présent.
» Les carbures non saturés de ces séries sont formés, comme l'a montré
ML Berthelot, avec absorption de chaleur, et il n'est pas douteux, d'après
les circonstances de sa préparation, que le pyropentylène Cs 11° ait pris
naissance dans une décomposition endothermique. La chaleur qu'il a ab-
sorbée se dissipe spontanément pendant la formation du dipyropentvlène,
de sorte que ce dernier semble se produire uniquement sous l'influence
du temps. La transformation est facilement réversible et, en chauffant de
nouveau le dipyropentvlène, on remonte en quelque sorte la réaction pour
refaire du pyropentylène. On conçoit que C5 H" n'existe pas libre dans les
huiles légères de gaz, il y est au bout de peu de temps sous la forme stable
C,0H'- dont nous ferons ultérieurement une étude spéciale. Le carbure
( 947 )
C5H" du gaz comprimé a une saveur poivrée 1res vive et une odeur spé-
ciale.
» Les sels ammoniacaux d'argent et de cuprosum qui, comme on sait,
précipitent les carbures acétyléniques, sont sans action sur lui. Toutefois
les solutions aqueuses concentrées d'azotale d'argent produisent rapide-
ment un précipité blanc aciculaire. Les solutions ammoniopotassiques
d'argent, en présence d'une goutte de C5II° argentent le verre en miroir.
» Voici une réaction nouvelle qui pourra peut-être servir pour carac-
tériser d'autres carbures incomplets : C5 11° agité avec une solution aqueuse
d'acide sulfureux s'v combine directement comme le ferait un aldéhyde
avec un bisulfite; il se forme bientôt des cristaux blancs d'un produit d'ad-
dition sulfureux C" H12, 2 SO'H2.
Théorie.
G 4°>8 4'ï 2 4o,5
H 5,5 5,6 .".. i
» Ce dérivé blanc est insoluble dans presque tous les réactifs, sauf les
alcalis. Il a une tendance remarquable à retenir les petites quantités de fer
contenues dans les réactifs. L'échantillon analysé ci-dessus en avait pris
1 ,5 pour 100.
» Il est impossible de combiner le pyropentylène : avec les acides halo-
géniques, il y a résinification rapide ou explosion. Les agents d'oxydation,
même étendus, provoquent une destruction complète. Le brome donne
uniquement des dérivés liquides.
» Le pyropentylène n'est identique ni avec le valylène (E~6o°), ni
avec le piry!ène(E = 70°), qui appartiennent aussi numériquement à la sé-
rie terpénique. C'est un isomère qui possède en réalité, comme nous le
montrerons prochainement, des relations de propriétés avec lesterpèues. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur la tréhalose. Note de M. Maquenne,
présentée par M. Dehérain.
« On sait, d'après M. Mûntz, que la mvcose de Wiggers et de Mitscher-
lich, primitivement extraite du seigle ergoté, est identique à la tréhalose de
M. Berthelot. M. Rourquelot, étudiant plus tard sa distribution dans diffé-
rentes espèces de champignons, a reconnu que cette substance .se trans-
lorme rapidement en mannite dans le tissu même des végétaux qui la
contiennent.
( 9'»8 )
» Cette circonstance montre une relation évidente entre la tréhalose et
la mannite ou ses dérivés; d'autre part, M. Berlhelot a obtenu, par l'inter-
version de la tréhalose, un liquide qui présentait sensiblement le pouvoir
rotatoire de la glucose ordinaire; le même auteur a reconnu que la tréha-
lose peut s'éthérifier comme les autres sucres lorsqu'on la chauffe avec
certains acides organiques, mais il règne encore une certaine obscurité
sur sa constitution et même sur sa véritable formule, que l'on n'a jusqu'à
présent écrite en C<2 que par analogie avec la saccharose.
» J'ai repris l'étude de ce corps en partant d'un échantillon de tréhalose
que j'ai extraite moi-même, au moyen de l'alcool, du tréhala de la Perse.
» 65oS'' de coques, séparées des insectes qu'elles renferment, m'ont ainsi
donné i35gr de tréhalose pure, ce qui correspond à un rendement de 20, 8
pour 100; le résidu est une sorte d'amidon, transformable par les acides
en glucose ordinaire.
» L'analyse du produit cristallisé confirme exactement la formule
C'2H220" -+- 2H20 que l'on admet d'ordinaire pour la tréhalose.
Trouve Calculé.
Carbone 38, oç) 38,09
Hydrogène 6,80 6,88
» Poids moléculaire. — Deux dissolutions renfermant iGgI' et 8gl' de tré-
halose cristallisée pour 100 d'eau se sont congelées respectivement à
— o°, 895 et — o°, 43; il en résulte, d'après la formule de M. Raoult, une
valeur de 35o environ pour le poids moléculaire de la tréhalose.
» Ce nombre, sensiblement inférieur au chiffre théorique 3^8, ne nous
autorise pas à adopter définitivement la formule des auteurs, mais il nous
permet d'écarter sûrement la tréhalose de la classe des trioses, dont le poids
moléculaire est beaucoup plus élevé.
Interversion. — On sait que l'interversion de la tréhalose est fort pé-
nible : ce corps ne peut être entièrement dédoublé que par deux heures
de chauffe à 1 io°, en présence d'acide sulfurique à 5 pour 100; les produits
obtenus sont alors colorés et l'examen polarimélrique reste indécis. S'il
est vrai, d'autre part, que le liquide cristallise aisément après qu'on l'a neu-
tralisé et amené par évaporation à consistance sirupeuse, il a été impos-
sible, à cause des pertes qu'entraînent les cristallisations successives et
les traitements au noir, d'obtenir ainsi une proportion de glucose pure égale
seulement à la moitié du poids de la tréhalose intervertie; on ne saurait
donc encore affirmer que cette substance est une vraie diglucose.
( 949 )
» J'ai alors songé à appliquer à la tréhalose la méthode que j'ai fail
connaître dans une Communication antérieure (H ) et qui consiste à compa-
rer les liquides intervertis à une solution équivalente de glucoses connues,
au point de vue de leur action sur la phénvlhydrazine.
» ogr, 5oo de tréhalose, complètement intervertie par l'acide sulfurique,
mélangés à 2gr,5 de phénvlhydrazine, autant d'acide acétique et 5^ d'acé-
tate de sodium, ont ainsi donné en une heure, à ioo°, ogr,4od'un produit qui
présentait tous les caractères de la phénvlglucosazone; un égal volume
d'une solution de glucose ordinaire, étendue de façon à présenter exacte-
ment le même pouvoir réducteur, a donné, dans les mêmes conditions, le
même poids d'osazone. Les deux liqueurs renfermaient donc la même es-
pèce de sucre réducteur, et nous pouvons conclure de cette comparaison
que la tréhalose se transforme uniquement en glucose par hydratation ; il en
résulte que sa formule est hien en C12.
» Acêtine de la tréhalose C,2HMOn(C2H30)8. — Aucun éther de la tré-
halose n'a pu être jusqu'ici obtenu à l'état de pureté, en sorte que la va-
lence de cet alcool est encore indécise; j'ai réussi à préparer i'acétine de
la tréhalose en chauffant ce corps à l'ébullition, avec un excès d'anhydride
acétique et un fragment de chlorure de zinc; après refroidissementdu mé-
lange, l'eau précipite une huile épaisse qui se concrète peu à peu en une
masse cristalline. Ce produit, purifié par une nouvelle cristallisation dans
l'alcool, fond à 97°-o,80, à peu près à la même température que l'hexacétine
de la sorbite; sensiblement volatil, il brûle à l'air avec une belle flamme
blanche; la baryte, à ioo°, le saponifie rapidement et régénère la tréhalose
primitive.
» L'analyse montre que cet éther renferme 8 molécules d'acide acétique
et qu'il est. par conséquent, isomère des acétines déjà connues de la saccha-
rose, de la maltose et de la lactose.
Trouvé. Calcule.
Carbone total ',(,,07 4g, 56
Carbone acétique 28, 1.! 28,3a
Hydrogène 5,5? 5, 61
« En résumé, la tréhalose anhydre est un alcool octoatomique, isomère
des saccharoses proprement dites et très voisin de la maltose par sa con-
stitution moléculaire, puisque, comme cette dernière substance, il ne
donne que de la glucose à l'interversion; il en diffère essentiellement en ce
(') Comptes rendus, t. CXII, p. 799.
C. K., 1891, 1" Semestre (T. C\II,N° 17.) I ?4
( 9> )
qu'il ne renferme plus de fonction d'aldéhyde et doit être rapproché sous
ce rapport de la saccharose ordinaire. »
CHIMIE ORGANIQUE. — De l'action des composés oxyhydrocarbonés sur les
azotures et les hydroazotures. Note de M. Raymond Yidal, présentée
par M. Friedel.
« J'ai été amené, en cherchant une méthode simple pour la préparation
des aminés, à étudier l'action des azotures sur les alcools. J'ai d'abord
essayé les azotures métalliques. La réaction ne m'a fourni que de l'ammo-
niaque et des hydrocarbures éthyléniques; mais les azotures métalloïdiques
m'ont donné de meilleurs résultats.
» Mes premiers essais ont porté sur le phospham PAz2H. En faisant
arriver des vapeurs d'alcool, soil mélhylique, soit éthylique, sur ce com-
posé, préalablement chauffé entre ido° et 2000, il se forme du métaphos-
phate de monamine primaire, pendant qu'il distille de l'alcool, présentant
une forte odeur ammoniacale, due à la présence d'une aminé secondaire.
» Le métaphosphate de monamine primaire se présente sous la forme
d'une masse pâteuse, durcissant par le refroidissement, contenant de
l'acide métaphosphorique libre et des parcelles de phospham non attaqué.
Ce produit est déliquescent, et sa dissolution, chauffée avec les alcalis,
dégage un gaz présentant tous les caractères de la méthylamine ou de
l'éthylamine, suivant l'alcool employé.
» La solution alcoolique, saturée par un acide, laisse par évaporation
un résidu cristallin. Celui-ci, traité à chaud par la soude caustique, fournit
des vapeurs constituées par une aminé secondaire avec traces d'aminé pri-
maire.
)> Si, au lieu d'opérer à la pression ordinaire, on agit en vase clos, la réac-
tion est plus nette : tout le phospham disparaît. Après distillation des com-
posés volatils, il reste du métaphosphate d'aminé primaire cristallisé, tandis
que les produits condensés ne renferment plus qu'une aminé secondaire.
Il est nécessaire d'employer un excès d'alcool, cpii sert à dissoudre l'aminé
secondaire libre.
» On peut exprimer l'action de l'alcool sur le phospham par l'équation
suivante
PAz2H -4- 4ROH = PO'(AzH-Fr-)2.
» Mais le phosphate d'ammoniaque ainsi obtenu perd, sous l'influence
( 931 )
de la chaleur, une molécule d'alcool et donne naissance à une ammo-
niaque secondaire, qui distille, et à un métaphosphate d'aminé primaire.
PO*H(AzH2R2)2 = ROH -+- P03AzH3R-r- AzHR-.
» En remplaçant, dans l'opération précédente, l'alcool par l'oxyde
d'éthyle et opérant toujours en vase clos, on obtient les mêmes produits
qu'avec l'alcool. Ce fait paraît dû au dédoublement de l'éther en alcool et
éthylène. L'aldéhyde, réagissant sur le phospham sous pression, donne
naissance à des produits résineux et ammoniacaux, dont je n'ai pas encore
déterminé la nature.
» L'action des alcools méthyliques et éthyliques sur le phospham
permet d'admettre que des réactions de même ordre se passent avec les
alcools supérieurs, les phénols, les alcools polyatomiques et les mélanges
d'alcools différents. Je me réserve d'en entreprendre l'étude.
» Enfin je me suis assuré que la réaction du phospham sur les hydrates
alcooliques n'est point un fait isolé. Une réaction semblable a lieu avec
différents azotures, tels que l'azoture de bore, etc. Je ferai prochainement
connaître les résultats que j'ai obtenus avec ce dernier composé. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la constant ion des dissolutions aqueuses
d'acide tartrique. Note de M. Aigx.vx.
« Considérons une dissolution d'acide tartrique (N = i5o) de den-
sité S et de concentration s. I^es expériences de Biot (') sur le pouvoir
rotatoire peuvent s'expliquer, en admettant soit que l'acide tartrique dis-
sous forme avec l'eau, en proportions définies, un hydrate partiellement dis-
socié, soit que l'acide tartrique, se combinant à lui-môme, possède une
molécule physique double de sa molèciue chimique, cette molécule physique
étant partiellement dissociée par la dissolution :
» i° Si nous admettons que l'acide tartrique forme avec l'eau un hydrate
C''H°0° -+- rcrFO partiellement dissocié par dissolution, la discussion des
résultats trouvés par Biot conduit à énoncer la loi suivante :
» La proportion d'acide tartrique qui se combine dans un rapport fixe
avec n molécules d'eau, à l'état d'hydrate non dissocié, est égale à la propor-
tion d'eau dans la dissolution.
(') Mémoires de l'Institut de France, I. XV.
( 95a )
» Et, dans ce cas, ou trouve que la dissolution considérée doit avoir
pour pression osmotique
-, = rt4-é;
ioo
» 2U Si l'on suppose, au contraire, que la dissolution d'acide tartrique
contient le polymère (C4H606)2 partiellement dissocié, les résultats expé-
rimentaux de Biot permettent d'énoncer la loi suivante :
» La proportion de composé (C* rFO6)'2 dissocié par dissolution est égale à
la proportion de dissolvant dans la liqueur examinée.
» Ou encore :
» Le poids de composé actif ( C* HB 0° )2 dissocié par dissolution est égal au
produit du poids du dissolvant par la concentration t de la dissolution.
» Et, dans ce cas, la pression osmotique de la dissolution considérée
prend la valeur
^ = RT 4- ( s -
ioo V
» La détermination de la pression osmotique de la dissolution d'acide
tartrique permet donc de choisir entre les deux hypothèses.
» Il serait difficile de mesurer directement par la méthode de Pfeffer la
pression osmotique d'une dissolution d'acide tartrique, mais il est beau-
coup plus facile de comparer une semblable dissolution à une liqueur
titrée de sucre dans l'eau distillée.
» L'une des liqueurs à comparer étant mise dans un osmomètre et
l'autre dans le vase où plonge l'osmomètre, le sens du mouvement du
liquide dans la tige de l'osmomètre doit faire connaître quelle est la li-
queur dont la pression osmotique l'emporte. Si le niveau du liquide reste
absolument invariable dans la tige de l'osmomètre, on peut conclure que
les deux liqueurs sont isotoniques.
» J'ai préparé une dissolution (D) d'acide tartrique contenant, par kilo-
gramme, 49e1', 47 d'acide pur et ayant pour densité S = 1,02241. Si l'acide
est simplement dissous ou combiné à l'état d'hydrate avec une certaine
quantité d'eau, la pression osmotique de cette dissolution sera
-, = RT x —=- s = RT : <>,ooo':S:>7i<i,
100 • •'
et la dissolution acide doit être isotonique avec une liqueur titrée de sucre
contenant ii5er,32 de sucre pur par litre. Soit (A) cette dissolution de
sucre.
( 953 )
» Dans le cas où l'acide tartrique formerait eu dissolution dans l'eau un
polymère partiellement dissocié, la pression osmotique de la dissolution
(D) doit être
Wl= RT > 4- (i - -) = RTX o, 0003288-
1 00 \ 2 /
et, dans ce cas, la dissolution doit être isotonique avec une liqueur sucrée
contenant, par litre, 1 1 2gr, 47 de sucre. Soit(B) cette dernière dissolution.
» Outre ces dissolutions (A) et (B), j'en ai préparé une troisième (C),
qui contenait 1 op/1', 55 de sucre par litre, et dont la pression osmotique
était par suite inférieure à t..,.
» La comparaison de la liqueur acide (D) aux; trois liqueurs sucrées
(A), (B), (C) a montré:
» i° Que la pression osmotique de (D) est inférieure à eelle de (A) et supé-
rieure à celle de (C);
» 20 Que les deux liqueurs (D) et (B) sont isotoniques.
» Conclusion. — L'acide tartrique en dissolution dans l'eau existe à l'état
de polymère (C4H0O0)2 partiellement dissocié suivant la loi que nous
indique la discussion des expériences de Biot. Cette composition de l'acide
tartrique est conforme aux indications qu'on peut tirer des diverses expé-
riences de MM. Berthelot, Raoult, Ostwald sur les différents acides tar-
triques et de M. Ludeking sur les acides de la série grasse. »
CHIMIE MINÉRALOGIQUE. — Recherches sur la production artificielle de
l'hyalile à la température ordinaire. Note de M. Stanislas Meunier.
« Un grand nombre d'expérimentateurs ont étudié déjà les propriétés
de la silice extraite des silicates alcalins par les acides, et tout le monde
s'accorde pour admettre qu'on ne produit ainsi que déshydrates amorphes
plus ou moins analogues à l'opale, devenant opaques par la calcination et
pouvant reprendre de la transparence au contact de l'eau. Le plus souvent
on s'est préoccupé de réaliser la décomposition très lentement et l'on a fait
usage de dissolutions très étendues.
» Je demande à appeler l'attention sur les résultats que m'a fournis
le même ordre de phénomènes dans des conditions qui me paraissent
nouvelles. L'expérience consiste à immerger dans du silicate de soude
sirupeux un vase poreux de pile électrique, rempli d'acide sulfurique
fumant dit de Nordhausen.
(954)
» En moins de quarante-huit heures tout le silicate alcalin est remplacé
par une matière grenue, hyaline, incolore et fragile.
» Après une ébullition prolongée dans l'acide sulfurique ordinaire
renouvelé plusieurs fois, on constate que tout le sulfate de soude a été
extrait, et la substance ne contient plus que de la silice avec une petite
quantité d'eau.
» J'ai d'abord extrait l'acide sulfurique interposé en soumettant la ma-
tière à un courant de gaz inerte (hydrogène) dans un tube chauffé à
no°; ensuite j'ai constaté qu'on peut, sans inconvénient, faire tous les
lavages à l'eau distillée bouillante sans modifier le produit.
» Le dosage de l'eau a donné, comme moyenne de trois opérations,
5,69 pour 100, ce qui est inférieur à ce que donnent la plupart des silices
précipitées. Mais il faut ajouter que tous les grains ne sont évidemment
pas hydratés au même degré. En effet, le résultat de la calcination montre
des parties qui sont devenues opalines et opaques tandis que d'autres, très
nombreuses, sont restées absolument hyalines et transparentes. Ces der-
nières, bien qu'elles soient solubles dans les lessives alcalines concentrées,
se montrent extrêmement actives sur la lumière polarisée. On n'y voit pas
de formes cristallisées, mais des cassures planes qui rappellent des clivages
et qui donnent aux fragments anguleux des formes allongées; l'extinction
se fait suivant l'allongement. Beaucoup de cassures sont conchoïdales. On
retrouve tous ces caractères dans l'opale de Pont-du-Chàteau.
» Parmi les portions qui ne se modifient aucunement par la calcination
au rouge blanc dans le creuset de platine, il faut mentionner des pla-
quettes minces à surfaces parallèles, souvent larges de plus d'un centimètre
et dont l'aspect simule à s'y méprendre celui de lamelles de verre. Elles
donnent en une foule de points, entre les niçois croisés, des croix noires
comme celle de l'opale sphérulitique.
» Je poursuis l'étude de ce produit. »
ZOOLOGIE. — Sur la digestion stomacale de la grenouille.
Note de M. Ch. Co.ntejeax, présentée par M. A. Chauveau.
» Les glandes de l'estomac des Mammifères sont constituées par deux
sortes de cellules : les unes, à contenu clair (cellules principales de Heiden-
hain, cellules adélornorphes de Rollett), entourent la lumière des acini; les
autres, à contenu trouble et granuleux (cellules de bordure ou cellules dé-
( 955 )
lomorphes), occupent une situation excentrique par rapport aux premières.
» D'après Heidenhain, l'élaboration des ferments digestifs est exclusi-
vement dévolue aux cellules principales, tandis que la sécrétion des acides
reviendrait aux cellules de bordure. Parmi les nombreux arguments que
lui et ses disciples apportent à l'appui de cette opinion, l'un des plus im-
portants est le suivant : chez la grenouille, ces deux sortes de cellules ne
sont plus réunies dans une même glande; les cellules principales forment
des amas glandulaires en grappe dans les parois de l'œsophage, et les
glandes en cul-de-sac de la muqueuse stomacale sont uniquement con-
stituées par des cellules identiques aux cellules de bordure. D'après les
recherches de H. von Swieciçki (PJlugers Archiv, 1876), confirmées par
C. Partsch (Arch. f. mikr. Anat., 1877), chez cet animal, la pepsine est
fabriquée en totalité dans les glandes œsophagiennes, les acides, dans les
glandes stomacales. Les faibles quantités de pepsine que les digestions ar-
tificielles révèlent dans la muqueuse de l'estomac proviennent, dans leur
opinion, des glandes de l'œsophage et ont été entraînées par déglutition.
Grùtzner {PJlugers Arc/u'v, 1878), lui aussi, n'a trouvé du lab-ferment que
dans les glandes de l'œsophage.
» Dans le but de contrôler ces faits, j'ai exécuté les expériences sui-
vantes :
» Sur une série de grenouilles l'œsophage est ligaturé au-dessus du cardia. Le
cul-de-sac œsophagien ainsi formé est lavé par plusieurs injections d'eau salée à
7 pour 1000, pratiquées par la bouche. Les jouis suivants, on s'assure que la sécrétion
de l'œsophage est bien alcaline au tournesol. De la viande introduite dans ces culs-
de-sac œsophagiens est restée indéfiniment sans se digérer, mais s'est complètement
dissoute dans de l'acide chlorhydrique à Toâû- Après avoir précipité dans les liqueurs
ainsi obtenues les matières albuminoïdes autres que les peptones par la méthode de
Hofmeister, et après filtration, la présence des peptones a été constatée par différentes
réactions (réaction de Milton, r. du biuret, r, xanthoprotéique). Si la viande avait
été préalablement imbibée d'acide à -j-L, elle se dissolvait totalement dans l'œsophage
en un ou deux jours. Les bouches des grenouilles ayant servi à ces dernières expé-
riences avaient été cousues, pour empêcher le vomissement possible.
» Sur une deuxième série de grenouilles, on lave l'estomac en injectant lentement
200§r d'eau salée par une canule liée sur le pylore; le liquide en excès s'écoule par la
bouche. On constate ensuite qu'un papier de tournesol bleu ne rougit plus au contact
de la muqueuse stomacale; alors, on place une ligature serrée en dessous du cardia, on
introduit dans l'estomac, par l'orifice pylorique, un morceau d'albumine coagulée, et
on lie le pylore.
» Quatre ou cinq jours après, la digestion est complète, l'estomac, qui ne contient
pas de gaz, est distendu par un liquide fortement acide, limpide, et ne répandant au-
cune odeur de putréfaction.
(<p6 )
» Ces expériences montrent que les glandes de l'œsophage sécrètent ef-
fectivement de la pepsine, mais que, contrairement à l'opinion courante,
les glandes stomacales, tout en sécrétant des acides, fabriquent aussi de la
pepsine.
» Quant au lab-ferment, d'après une expérience de Grùtzner, les glandes
œsophagiennes seules le produiraient chez la grenouille.
» .T'ai préparé, par digestion dans l'acide chlorhydrique au millième, des
extraits de muqueuses œsophagiennes et de muqueuses stomacales; ni les
uns, ni les autres, neutralisés ou non, n'ont coagulé le lait, même après un
séjour de vingt-quatre heures dans l'étuve à 3o°.
» J'ai constaté aussi que les glandes œsophagiennes et stomacales ne sé-
crètent pas de ferment saccharifiant l'amidon.
» J'ai cherché ensuite, au moyen de digestions artificielles, à établir le
rapport des quantités de pepsine élaborées dans l'œsophage et dans l'esto-
mac, et à me rendre compte de leur mode d'action sur les matières albumi-
noïdes. Je citerai une expérience entre toutes :
» La partie antérieure du tube digestif d'une grenouille à jeun depuis plusieurs
mois est fendue longitudinalement et étalée sur une plaque de liège. Elle est placée
sous un robinet d'eau pendant un quart d'heure, puis la zone cardiaque est réséquée.
L'estomac et l'œsophage sont séparément placés dans deux flacons d'Erlenmeyer, con-
tenant chacun iocc d'acide chlorhydrique à 2 pour 1000. Après un séjour de dix-huit
heures dans l'étuve à 3o°, 90e0 d'eau acidulée à 2 pour 1000 et un morceau d'albumine
coagulée pesant 2Sr,5 environ, sont ajoutés à chacun de ces flacons. Vingt-quatre
heures après, les flacons sont retirés de l'étuve. La digestion est plus avancée dans
celui qui contient l'extrait œsophagien. Les deux liqueurs filtrées sont très limpides;
neutralisées exactement, elles présentent une légère opalescence; elles sont ensuite
saturées de chlorure de sodium et portées à l'ébullition ; il se forme de part et d'autre
un précipité de syntonine que l'on sépare sur des filtres tarés. Ces précipités sont
lavés, séchés à l'étuve et pesés. On trouve ainsi, entre les poids de syntonine fabri-
qués par la digestion stomacale et par la digestion œsophagienne, le rapport f^.
» Les liqueurs filtrées et limpides sont divisées en deux portions égales. Les pre-
mières portions ne font que louchir légèrement quand on y ajoute de l'acide acétique
et du ferrocyanure de potassium. Comme des solutions de syntonine de l'œuf dans
de l'acide chlorhydrique à 2 pour 1000, traitées de la même manière que les digestions
artificielles, donnent le même trouble avec ces réactifs, on peut conclure à l'absence
totale de propeptone dans ces digestions.
« Dans les deuxièmes portions, on dose les matières organiques par le permanga-
nate de potasse au j^j. On retranche des nombres obtenus le nombre fourni par le
dosage des matières organiques dans un même volume de liquide provenant d'un
flacon témoin contenant primitivement 2?r, 5 d'albumine coagulée dans ioocc d'eau aci-
dulée, mis vingt-quatre heures à l'étuve, et ayant subi les mêmes manipulations que
( 957 )
les digestions artificielles. Les nombres ainsi corrigés sont proportionnels aux quan-
tités de peptones produites dans ces digestions. On trouve ainsi entre les chiffres ob-
tenus pour l'estomac et pour l'œsophage le rapport -fâ. D'autres expériences ont fourni
un rapport encore plus voisin de l'unité.
» En résumé, cette expérience montre : iu que la pepsine sécrétée par
l'œsophage est plus abondante ou plus active que celle de l'estomac;
2° que les pepsines œsophagienne et stomacale transforment l'albumine
coagulée en syntonine, puis en peptone, sans passer par le stade de pro-
peptone; 3° que la prédominance d'action delà pepsine œsophagienne sur
la pepsine stomacale se traduit surtout par la quantité plus grande de syn-
tonine qu'elle produit ( '). »
ZOOLOGIE. — Sur /'évolution sexuelle des Truites des Pyrénées.
Note de M. A. Cannieu, présentée par M. A. Milne-Edwards.
>< Les Saumons, ainsi que nous l'ont appris les découvertes de Runstler,
ne se reproduisent qu'après être arrivés à un état spécial, bien différent île
celui qui les caractérise à leur venue de la mer.
» L'influence des chaleurs estivales, l'action débilitante des eaux douces,
et enfin l'évolution sexuelle, entraînant avec elle des changements physio-
logiques, ont été invoquées tour à tourou môme à la fois, sans que l'on ait
pu accorder à l'un de ces trois facteurs une prédominance justifiée dans ces
phénomènes.
» De nos recherches sur la Truite des Pyrénées il ressort que ces ani-
maux subissent une transformation analogue à celle du Saumon, s'el'fec-
tuant d'une façon lente et progressive, dans laquelle l'évolution sexuelle
joue le rôle de facteur principal.
» Nos observations, en effet, ont porté sur deux espèces de Truites et
concordent dans les deux cas. Ces animaux se trouvent dans le lac d'OEstu
et d'Eslaès Amsique, dans le gave de la vallée d'Aspe. Pendant lotit l'été
ils conservent leur aspect normal : le dos est vert noirâtre et le reste du
corps blanc argenté, ponctué ça et là de taches d'un rouge sombre. Vers
le mois de septembre, un changement sensible apparaît dans leur aspect
extérieur. Ces animaux sont alors d'une teinte légèrement cuivrée, deve-
nant de plus en plus marquée et rappelant celle du Hareng fumé. Cette
(') Travail du laboratoire de M. Cliauveau.
C. K., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 17 ) l 2a
( 9*8 )
coloration devient de plus en plus foncée, pour faire bientôt place, vers le
mois d'octobre, à une teinte grisâtre assez pâle en commençant, mais s'ac-
centuant davantage à mesure que ces poissons approchent de l'époque du
frai. Les taches rouges sont alors à peine apparentes, le maxillaire infé-
rieur se déforme et présente en son milieu un crochet, sorte de petit
tubercule noirâtre; le corps de l'animal, qui a beaucoup maigri, paraît
s'allonger; sa chair perd sa saveur et devient fade. Vers la seconde moitié
d'octobre, les mâles laissent abondamment couler leur laitance; les œufs
ne sont plus petits comme chez les formes blanches, mais ont atteint à
cette épocpie la grosseur normale.
» Si pour le Saumon on peut vraisemblablement invoquer l'action des
eaux douces, l'influence du milieu, sur sa transformation, si l'on peut com-
prendre que des conditions d'existence absolument différentes doivent
entrer en ligne de compte pour expliquer les changements sensibles dans
la couleur et l'amaigrissement de ce poisson.il est incontestable que l'exa-
men le plus superficiel des mœurs de la Truite ne nous permet pas de
chercher dans cette cause l'explication de sa métamorphose. Son aspect,
en effet, est le même durant la plus grande partie de l'année; vers la fin
de l'année seulement elle change d'aspect sans avoir jamais abandonné le
milieu qu'elle continue à habiter.
» L'action de la chaleur semblerait tout d'abord d'une probabilité plus
grande. Cependant le peu d'intervalle du frai chez les Saumons du nord
et du midi de l'Europe diminue beaucoup la valeur de cette explica-
tion ('). Du reste, nous ne croyons pas que l'on puisse considérer l'in-
fluence des chaleurs estivales comme la cause dominatrice de ces change-
ments pour les Truites du lac d'Estaès, qui n'en subissent pas moins les
transformations dont nous avons parlé. En effet, les eaux de ce lac, dont
le trop-plein se déverse exclusivement par infiltration, restent toujours à
une température fort basse, vu l'altitude élevée de ces régions (i8oom)
et leur alimentation constante par la fonte des neiges.
» Quant à l'évolution sexuelle, elle semble, au contraire, jouer ici le
rôle le plus important. Ce n'est pas un phénomène isolé dans le règne ani-
mal que ces changements profonds et physiologiques qui apparaissent
concurremment avec le développement des produits sexuels. Les auteurs
qui accordent au Saumon en état de reproduction les couleurs brillantes,
qui constituent ce qu'ils appellent improprement la parure de noce de ces
(M Kunstlek, Comptes rendus, séance du 10 novembre 1890.
( 959 )
poissons, reconnaissent par cela même, et tout en avançant une interpré-
tation non fondée, l'existence de leur transformation. Du reste, l'impor-
tance de cette cause, pour ces derniers animaux, est démontrée par la
constatation que les jeunes individus, qui remontent bien après les grands,
arrivent à la maturité sexuelle à peu près à la même époque (').
» En résumé, nous pensons que, si l'influence des eaux douces est pro-
blématique, celle de la chaleur doit seulement être considérée comme
secondaire; son action ne parait qu'indirecte et s'exerce comme cause accé-
lératrice de l'évolution sexuelle, tandis que celle-ci est le facteur principal
des métamorphoses citées plus haut.
» La Truite est carnassière ; on la pêche à la ligne et au filet. On a affirmé
que le Saumon ne mangeait pas dans l'eau douce, en se fondant sur ce fait
que les intestins sont vides lorsqu'on les capture. Nos expériences de labo-
ratoire nous ont démontré que ces animaux ne sortent de leur refuge que
lorsque leur digestion est achevée; dès qu'ils ont saisi une proie, ils se
cachent et vont digérer tranquillement, an fond des eaux, de telle sorte
qu'on ne saurait capturer que des animaux à jeun : d'ailleurs, ces poissons
se pèchent à la ligne et ce que nous savons des mœurs de la Truite à ce
sujet concorde parfaitement avec ces données. »
EMBRYOLOGIE. -- La métamérie de l'endoderme et du système circulatoire
primitif dans la région post branchiale du corps des Vertébrés. Note de M. F.
Houssay, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
c Les faits que j'ai recueillis sur des embryons d'Axolotl me portent à
admettre une métamérie complète pour l'endoderme et les vaisseaux san-
guins jusqu'au delà de l'anus (Endodermérie, Angiomérie).
» I. Endodermérie. — Peu de temps avant l'apparition des bourgeons
destinés à former les branchies externes, on voit que l'endoderme pousse,
entre les myotomes, deux séries de diverticules latéraux que l'on peut suivre
depuis la fin de la région branchiale jusqu'au delà de l'anus. L'intestin
pénètre dans ces diverticules et présente Y aspect d'un inleslin d'Amphioxus
à un certain stade. Les deux stades, néanmoins, n'ont de comparable que
leur métamérie. En effet, les poches latérales de l'Amphioxus sont des en-
térocèles destinés à former les somites mésoblastiques; chez l'Axolotl, au
(') Kunstler (J.), Notice sur le Saumon de la Dordogne, octobre 1890.
( 9Go )
moment dont je parle, lessomites mésoblastiqiies sont formés depuis long-
temps par schizocêlie (abréviation du processus précédent). La disposition
que je signale n'est donc comparable ni à l'une ni à l'autre des deux pré-
cédentes, elle leur est consécutive et reproduit, dans tous les métamèresdu
corps, l'état initial des fentes branchiales de la région antérieure.
» Rappelons, en effet, que celles-ci débutent par des évaginations en-
dodermiques qui s'avancent entre les myotomes (head-cavilies). lue déve-
loppement maximum des divertïcules du tronc précède de peu la sortie
des bourgeons branchiaux externes; à mesure que ceux-ci s'allongent, on
voit régresser les poches intestinales, mais on retrouve encore longtemps
leurs traces.
» Ces poches intestinales ne disparaissent pas toutes : quelques-unes per-
sistent et changent de fonction.
» Ainsi, l'ébauche du foie (sinon double, du moins bilobée) est le pro-
longement ventral de la première paire de ces poches intestinales, en sorte
que le foie serait comme un agrandissement et une hypertrophie d'une
paire de poches primitivement respiratoires et qui ont perdu cette fonc-
tion. C'est dans cette mesure que j'admettrais l'hypothèse bien connue de
Dohrn relativement à la thyroïde; celte glande et le foie me semblent deux
productions homodynames.
» D'autre part, une paire de ces poches intestinales se trouve juste en
face de l'anus. Chez les Batraciens, l'anus est l'ancien blastopore, la paire
de diverticules en question formera le cloaque; mais, chez les autres Ver-
tébrés où le blastopore se ferme, l'anus secondaire est vraisemblablement
produit par l'ouverture et la soudure de ces deux poches latérales. Cette
hypothèse, émise par Dohrn et considérée par beaucoup d'embryologistes
comme paradoxale, serait donc l'expression d'un phénomène réel.
» II. Angiomërie. — Les connexions du système vasculaire primitif
avec ces diverticules latéraux de l'intestin précisent encore leur significa-
tion de fentes branchiales rudimentaires. Par système vasculaire primitif
j'entends, avec Balfour et P. Mayer, l'ensemble formé par l'aorte et la veine
subintestinale (avan! l'apparition des veines cardinales). P. Mayer (Milth.
Zool. St.Neap., 1887) a reconnu que, chez les Sélaciens, la veine subintesli-
nale est primitivement double et réunie par des anastomoses transversales
avec l'aorte. Chez l'Axolotl, il en est de même: deux veines subintestinales
prolongent le cœur en arrière et sont réunies avec l'aorte par des vais-
seaux transversaux, mélamériques, alternes avec les diverticules latéraux de
l'intestin.
( 96i )
» En résumé : i° un système longitudinal dorsal : carotides et aortes
(Dohrn); 2° un second système ventral : bulbe artériel, cœur, veines sub-
intestinales. En négligeant pour l'instant la lète préorale, nous voyons que,
depuis la bouche jusqu'au delà de l'anus, ces deux systèmes sont réunis
par des vaisseaux transversaux métamériquement alternes avec les diverti-
cules de l'intestin, que ces diverticules atteignent l'ectoderme ou non.
» Ces vaisseaux transversaux forment une seule série morphologique,
mais pliysiologiquement ils en forment deux. Dans les premiers (vaisseaux
branchiaux), le sang court du ventre vers le dos; dans les suivants, au
contraire, du dos vers le ventre pour revenir au cœur parles veines subin-
testinales.
'i Si les poches intestinales postérieures étaient aussi développées que
les antérieures, il n'y aurait aucune raison pour que le cours du sang ne fût
pas le même dans tous lesvaisseaux métamériques. Il y aurait alors simple
balancement du sang produit par les contractions du système cardio-
subintestinal (la veine subintestinale présente encore des contractions
chez les embryons de ïéléostéens, Balfour, Comp. Emb.)\ et ce stade de
simple balancement nous a été conservé par les Ascidies.
» Le cours du sang s'est renversé dans les vaisseau s postérieurs à la
suite des deux faits suivants, d'ailleurs liés entre eux :
» i° Localisation de la fonction respiratoire dans quelques-uns des di-
verticules endodermiques (Fentes branchiales);
a 2U Localisation de la fonction de contraction rythmique à la partie
du système vasculaire ventral, voisine de la région respiratoire (Cœur). »
HISTOLOGIE. - Contribution à l'élude du mécanisme de la sécrétion urinaire.
Note de M. O. Van dek Strïcht.
« Malgré des recherches très nombreuses, la Physiologie ne possède
que peu de données sur les phénomènes intimes de la sécrétion urinaire.
Heidenhain nous a fait connaître une disposition protoplasmique toute spé-
ciale au niveau de la zone périphérique des cellules sécrétantes. Klein.
Marchand, Lebedeff, Cornil et Brault, Langhans, Lorenz, Nussbaum,
Tornieront signalé la présence d'une bordure particulière, tapissant l'extré-
mité interne de ces cellules. Ils l'interprètent de façons très diverses.
» Jusqu'ici on n'a point découvert des détails de texture propres à nous
renseigner sur la manière dont ces cellules fonctionnent.
( 9^ )
» Nous avons fixé des reins d'homme, de chien, de lapin, de chauve-
souris, par la liqueur de Hermann, et nous avons coloré les coupes à l'aide
de la safranine. Sous l'influence de ces réactifs, le protoplasme des cellules
tapissant les canaux excréteurs reste clair et pâle. Les cellules sécrétantes,
au contraire, prennent une coloration brun noirâtre et un aspect beaucoup
plus compact. Examinées à l'aide d'un objectif apochromatique Zeiss ocu-
laire 8, elles présentent, du côté périphérique, le strié caractéristique de
Heidenhain. Du côté interne elles sont munies d'un plateau épais et compact,
véritable production cuticulaire. Celle-ci est tantôt homogène dans toute
son étendue; d'autres fois elle montre quelques rares stries claires, reliant
le corps cellulaire à la lumière du canalicule. Quand les stries sont plus
nombreuses, le plateau paraît comme décomposé en disques ou en cils.
» Le protoplasme cellulaire est formé d'un réticulum, circonscrivant
des mailles plus ou moins larges, occupées par un liquide clair. Dans ces
espaces et sur le trajet des trabécules protoplasmiques, se trouvent des gra-
nulations nombreuses. Elles sont très volumineuses dans le rein d'embryon
de chien à terme et y occupent surtout la périphérie cellulaire. Déjà, à cette
époque de la vie, mais principalement après la naissance, les trabécules
s'allongent au niveau de l'extrémité externe de l'épithélium. Les granula-
tions situées sur leur parcours se serrent les unes contre les autres et
donnent ainsi naissance au strié de Heidenhain. Dans le voisinage de la
cuticule, entre celle-ci et le novau, existe souvent une zone plus claire,
grâce à l'abondance du liquide compris dans les mailles du réticulum.
» Sous le plateau interne on voit apparaître, dans les mailles du réticu-
lum, des productions spéciales, formées par une accumulation de liquide.
Ce sont de simples stries parallèles à l'axe de la cellule, ou bien des
vacuoles ou des vésicules fusiformes ou pyriformes, prenant leur point de
départ entre les bâtonnets périphériques pour aboutir à l'extrémité interne
de la cellule. Elles sont caractérisées par leur aspect clair, homogène,
hyalin, tranchant sur la teinte foncée du protoplasme environnant et ana-
logue au liquide renfermé à l'intérieur des canalicules contournés. Tantôt
on n'observe qu'une seule vésicule dans une cellule. Dans ce cas elle peut
atteindre un volume considérable et remplir la plus grande partie du corps
protoplasmique. D'autres fois on y rencontre deux ou plusieurs stries ou
vacuoles plus petites. Le noyau cellulaire occupe parfois le milieu d'une
vésicule hyaline très volumineuse.
» Les stries et les vacuoles hyalines présentent souvent des rapports avec
la lumière des canalicules. Dans ce cas, le plateau est divisé par un ou plu-
( 963 )
sieurs interstices en deux ou plusieurs fragments, entre lesquels on aperçoit
des lignes claires, signalées plus haut. Ce sont des prolongements plus ou
moins volumineux des accumulations liquides.
» Enfin on trouve des cellules épithéliales dont le plateau est traversé par
une ou plusieurs boules claires, sur le point de passer à l'intérieur du cana-
licule contourné. Des fragments de la cuticule sont alors souvent soulevés
et nagent librement dans le liquide ambiant. Quelques cellules sont même
totalement privées de cette bordure caractéristique.
» Tous ces détails de texture histologique doivent être rapprochés de
ceux, mis en lumière par Van Schuchten dans sa très intéressante étude
sur la sécrétion intestinale chez la larve du Ptychoptera contaminata. Nous
leur attribuons une importance physiologique analogue dans la sécrétion
urinaire. De ce qui précède nous croyons pouvoir tirer les conclusions
suivantes :
» i° Le plateau qui recouvre la surface interne des cellules sécrétantes
du rein doit être considéré comme un véritable organe de protection, des-
tiné à écarter du corps protoplasmique toutes les substances capables
d'entraver leurs fonctions. Lorenz a émis le premier cette idée.
» 2° La structure de cette cuticule varie beaucoup d'après le fonctionne-
ment des cellules épithéliales. A l'état de repos complet, elle est homogène
(rein de chauve-souris après hibernation). A l'état d'activité elle est tra-
versée par une ou plusieurs stries claires. Quand celles-ci sont très nom-
breuses, elle peut paraître constituée par l'agrégation d'un grand nombre
de petits bâtonnets, séparés par un suc intermédiaire clair. Souvent aussi
le plateau est divisé en plusieurs fragments, soulevés par le liquide accu-
mulé à l'intérieur du protoplasme. Enfin, à la suite d'une activité exagérée,
la cuticule peut être détachée et entraînée avec l'urine.
» 3° Les produits de la sécrétion rénale s'accumulent à l'intérieur des
cellules épithéliales sous forme d'amas liquides, présentant l'aspect de
stries, de boules ou de vésicules de volume très variable, d'une apparence
homogène, hyaline, analogue au contenu des canalicules contournés. Ils
sont déversés à l'intérieur de ces derniers par des interstices plus ou moins
larges du plateau.
4° Des amas liquides volumineux font souvent irruption à travers la
cuticule de revêtement à l'intérieur des canalicules. Ils la soulèvent et
l'entraînent quelquefois à leur suite. »
( y64 )
physiologie VEGÉTALK. — Répartition hivernale de l'amidon dans les
plantes ligneuses. Note de M. Emile Mer, présentée par M. Ducharlre.
« On croit généralement qu'après la chute des feuilles les tissus de ré-
serve des plantes ligneuses restent remplis d'amidon jusqu'au printemps,
époque où cette substance émigré pour servir à l'évolution des bourgeons,
au développement des racines et à la formation d'une nouvelle couche de
bois. La période hivernale est, par suite, considérée comme celle où la ré-
serve amylacée est la plus abondante. Il résulte de mes recherches qu'il
n'en est point ainsi. Du mois d'octobre au mois d'avril, j'ai étudié la ré-
partition de l'amidon dans nos principaux arbres et arbustes indigènes, à
feuilles caduques ou persistantes, et j'ai constaté qu'elle est loin de rester
constante dans le cours de cette période. C'est ce qui ressort des observa-
tions suivantes :
» Vers le milieu d'octobre, l'écorce, le liber et le bois de tous les organes sont en
général remplis d'amidon. Mais, un mois plus tard, il s'est déjà opéré un grand change-
ment; cette substance a disparu presque entièrement de l'écorce et du liber, du moins
dans les branches, ainsi que dans les parties moyenne et supérieure du tronc. Quant
au bois, la réserve amylacée varie beaucoup avec les essences. Tandis qu'elle est encore
abondante, moins toutefois qu'en été, dans les arbres à bois dur, elle a notablement
diminué dans ceux dits à bois blanc; enfin les plantes à feuilles persistantes n'en con-
tiennent presque plus, sauf à la base du tronc, ainsi que dans les brandies de l'année,
principalement au niveau des bourgeons. Un mois plus tard la résorption de l'amidon
s'est encore accentuée.
m Cette résorption est graduelle et s'opère à peu près dans l'ordre suivant : l'amidon
passe du bois dans le liber; ce sont les rayons médullaires qui se vident les premiers,
et, parmi ceux-ci, les petits avant les gros, puis le parenchyme ligneux, enfin les cel-
lules de la moelle annulaire et de la moelle, quand celle-ci est amylifère. Dès qu'elle est
achevée dans le bois, la résorption s'effectue dans le tissu cortico-libérien ; c'est dans
les rayons du jeune liber qu'on rencontre l'amidon en dernier lieu.
» Cet état reste stationnaire jusqu'au commencement de mars. A cette époque, sur-
tout si le temps est doux et si le soleil brille, on voit réapparaître des graines amyla-
cées dans l'écorce verte des rameaux, puis dans le liber. Cet amidon se répand peu à
peu dans le bois des parties supérieures, puis dans le liber et le bois des parties basses,
enfin dans les racines. La réapparition est graduelle comme l'a été la disparition, mais
suivant un ordre à peu près inverse. C'est dans la moelle annulaire que l'amidon se dé-
pose en premier lieu, puis dans le parenchyme ligneux, enfin dans les gros et les petits
rayons. Le corps du végétal se remplit ainsi plus ou moins rapidement, suivant l'espèce
et les conditions extérieures. En général, vers la fin d'avril, époque oii commence l'é-
( 9<55 )
volution des bourgeons, la réserve amylacée est à peu près redevenue ce qu'elle était
au mois de septembre.
» La résorption d'amidon semble devoir être attribuée à la combustion
respiratoire exercée par les tissus ligneux et libérien depuis le moment où
les feuilles ont perdu leur activité assimilatrice jusqu'au début du sommeil
hivernal. Cette opinion s'appuie sur les expériences suivantes :
» a. Des Hêtres furent dépouillés, au mois d'août, de leurs brandies et de leurs
racines, et leurs troncs furent abandonnés sur le sol. Au mois d'octobre l'amidon
avait complètement disparu. Des rondelles de Sapin, placées dans une chambre, per-
dirent, en deux mois, la totalité de l'amidon qu'elles contenaient, sauf sur les surfaces
de section où le bois s'était desséché rapidement.
» b. Au mois de juin, des Chênes, Hêtres, Sapins, Épicéas, Pins, furent décortiqués
aunulairement à 8m du sol; l'amidon disparut île tous les tissus situés au-dessous de la
décorlication, avec plus ou moins de rapidité, selon les essences (').
» c. Des fragments déjeunes branches (Chêne et Hêtre) privés de leurs bourgeons
et de leurs feuilles, ayant été, à l'abri de la lumière, maintenus immergés dans l'eau,
avaient perdu leur amidon après deux mois pour la première essence, après trois ou
quatre pour la seconde.
» Tant cpie persiste un certain degré d'humidité dans les tissus, même
isolés, la vie s'y maintient et il peut arriver que la réserve amylacée soit
entièrement résorbée. De même, après la chute des feuilles, les plantes
ligneuses conlinuent encore un certain temps à végéter et à respirer;
c'est dans le liber que cette fonction parait être le plus active et le plus
persistante.
» Ce n'est pas seulement une résorption plus ou moins complète de la
réserve amylacée qui se produit à l'automne; il s'opère encore dans sa
répartition un changement profond, du à ce que les foyers d'attraction se
sont déplacés. On sait en effet que cette substance se porte toujours sur les
points où la vitalité est le plus développée. Or, en cette saison, les seules
régions où persiste encore un reste d'activité végétative sont, d'une part,
les bourgeons que portent les jeunes branches, d'autre part les racines,
dont la végétation se prolonge un certain temps après celle des organes
aériens exposés aux premiers froids.
» A mesure que la saison avance, la combustion respiratoire se ralentit.
(*) Cette expérience montre en outre que l'amidon ne chemine pas verticalement
dans le bois, puisqu'il ne peut passer de la région située au-dessus de la décorlication
dans celle qui est placée au-dessous.
C. R., .891, 1" Semestre. (T CXII, N« 17.) I-l()
( 9^6 )
et, à partir du moment où le végétal entre clans la période de vie latente,
la distribution de l'amidon reste stationnaire pendant près de trois mois.
Dans les espèces à réserve amylacée abondante, ce moment arrive avant
qu'elle soit entièrement épuisée : aussi leur bois reste-t-il en hiver assez
pourvu d'amidon. Dans les arbres à faible réserve, celle-ci est résorbée en
grande partie dès la fin de l'automne. Enfin, s'il ne subsiste que des traces
d'amidon dans les plantes à feuilles persistantes, c'est d'abord parce que
ces plantes en renferment peu , même en été , et aussi parce que les
feuilles continuent à l'utiliser pour leur respiration jusqu'à l'entrée de
l'hiver.
» Au printemps, le phénomène inverse se produit. Les tissus verts
(feuilles persistantes et jeunes écorces) qui, en automne, ont contribué
dans une large mesure à épuiser la réserve amylacée, cherchent à la re-
constituer avec une rapidité remarquable, dès que les grands froids ont
disparu. Le préjudice causé à la plante par la prolongation de la vie active à
l'arrière-automne se trouve ainsi réparé dès que le moment est arrivé pour
les bourgeons de se développer. Afin de bien établir que cet amidon pro-
vient de la chlorophylle de l'écorce, j'ai eu recours à plusieurs expériences.
J'ai pratiqué à la fin de février sur de jeunes rameaux des décortications
annulaires pour les isoler des autres sources d'amidon qui pouvaient se
trouver dans la plante. J'en ai sectionné d'autres, dont l'extrémité fut
maintenue immergée à la lumière. Au début de l'expérience, tous ces ra-
meaux isolés ne renfermaient presque pas d'amidon. Quinze jours après,
ils en étaient remplis.
» Il résulte de ces recherches qu'il se produit dans la végétation des
plantes ligneuses deux actes qui, jusqu'à présent, avaient passé inaperçus:
l'un de résorption d'amidon à la fin de l'automne, l'autre de genèse au
commencement du printemps, chacun d'eux ayant à peu près une durée de
six semaines à deux mois. Il en résulte que l'hiver, loin d'être la saison
pendant laquelle la réserve amylacée est le plus considérable, ainsi qu'on
le croyait, est précisément celle où elle l'est le moins. »
( 967 )
BOTANIQUE. — Sur quelques points de l'analomie des organes végétatifs des
Opliioglossëes. Note de M. Georges Poirault ('). présentée par M. Du-
chartre.
« Au cours d'observations sur les Ophioglossées, j'ai été amené à con-
stater un certain nombre de faits qui avaient échappé aux précédents
auteurs et que je résumerai rapidement. La plus grande partie des mem-
branes cellulaires des Ophioglossées que j'ai pu étudier (Ophiog/ossum vul-
gatuin et lusilanicum ; Botrychium Lunaria) est constituée par une cellulose
présentant des réactions assez spéciales; traitées par la potasse faible et
lavées à l'eau, ces membranes se colorent en bleu pâle par les solutions
iodées. Cette coloration est particulièrement nette dans le parenchyme
cortical et les tubes criblés de la racine du Botrychium et de V Ophioglossum
vulgatum.
» M. Van Tieghem a fait connaître, en 1870, la singulière anomalie de
la racine de nos Ophioglosses indigènes et de quelques autres espèces. Il
a montré que, dans la racine binaire de ces plantes, l'un des faisceaux libé-
riens se développe seul et que l'autre avorte complètement. Au milieu des
racines anomales qui sont de beaucoup les plus nombreuses, j'ai trouvé
des racines dans lesquelles le deuxième liber s'était normalement déve-
loppé, et je me suis assuré qu'en pareil cas le mode d'insertion des racines
sur la tige et la disposition des faisceaux caulinaires ne différaient en rien
de ce qu'on observe dans le cas des racines anomales. Dans la racine du
Botrychium Lunaria il y a un péricycle distinct; toutefois il se développe
par places un tube criblé dans ce péricycle. Ce fait n'est d'ailleurs pas
isolé et se retrouve dans les racines de beaucoup de Mouocotylédons aqua-
tiques, comme l'a montré M. Sauvageau.
» Les tubes criblés des Ophioglossées sont dépourvus de cals, différant
en cela de ceux de beaucoup de Fougères, dans lesquelles j'ai pu mettre
les cals en évidence, même dans les tubes criblés des racines. J'aurai occa-
sion de revenir ailleurs sur ce sujet intéressant.
» Dans les Ophioglosses, la racine s'édifie par les cloisonnements d'une
seule cellule tétraédrique et l'on observe, comme dans les Fougères, le dé-
doublement des calottes de coiffe signalé par M. Van Tieghem. Le segment
(') Travail du laboratoire fie M. le professeur Van Tieghem.
( 9*>8 ) .
détaché de la cellule terminale et qui contribuera à former le corps même
de la racine se divise à l'origine en deux initiales, l'une pour l'écorce
externe, l'autre pour l'écorce interne et le cylindre central. Les choses
se passent donc, sous ce rapport, comme dans le Mursilia et les Polypo-
diacées.
» Le principal intérêt que nous offrent ces racines réside dans leur pou-
voir gemmipare, et ce mode de multiplication est, à mon avis, le seul que
présente Y Ophioglossum vu/gatum, chez lequel on ne trouve jamais de
prolhalles. Le bourgeon, né sur une racine, ne résulte pas de la transforma-
tion du sommet végétatif de la racine, comme c'est le cas pour les Platy-
ceriurn ou certains Diplazium, dans lesquels la cellule mère produit directe-
ment une tige. Dans l'Ophioglosse, la cellule mère se conserve, et l'on voit
apparaître, très près du sommet, dans la partie externe de l'un des seg-
ments, une cellule tétraédrique qui, par ses cloisonnements répétés, don-
nera naissance à un jeune bourgeon. Chaque segment, détaché de la cel-
lule initiale, isole d'abord une cellule interne qui donnera la moelle (écorce
incluse), puis une cellule moyenne qui donnera le faisceau; la cellule
externe, qui se dédouble en deux étages superposés, donnera naissance à
l'écorce. C'est cette même cellule externe qui, dans certains cas, produira
la feuille, laquelle s'accroît par une cellule unique. Cette feuille demeure,
comme on sait, enfermée dans une sorte de sac, qui est de nature stipulaire.
» Si l'on fait une coupe longitudinale passant par l'axe de la racine
mère et le bourgeon complètement développé, on voit que l'endoderme de
la racine est brusquement interrompu à la base du pédicule gemmaire. Il
est donc inexact qu'il y ait, même à la base de la tige des Ophioglosses,
un endoderme externe caractérisé. Quant à l'endoderme interne des Bu-
trychium, que j'ai vu pour la première fois il y a quelques mois ('), il se
pourrait bien qu'on ne le rencontre que dans les plantules de germination
et qu'il manque aux tiges développées sur des racines. Je reviendrai sur ce
point en décrivant la genèse des bourgeons dans le Botrychium Lunaria »
(') Ph. Van Tieghem, Sur la structure de la tige des Ophioglossées (Journal de
Botanique, p. 4t>5; 1890).
( 9<>9 )
GÉOLOGIE. — De l'existence des Diatomées, dans le landénien inférieur
du nord de la France et de la Belgique. Note de M. L. Cayeux, présentée
par M. Fouqué.
« Le tuffeau à Cypiina planata (landénien inférieur) du nord de la
France et de la Belgique constitue un gisement important de Diatomées,
dont on constate l'existence en une foule de points de la région et que
décèle l'examen micrographique.
» Comme ces Algues ont joué un rôle, parfois considérable, dans la
constitution des sédiments anciens et récents, et qu'elles sont jusqu'à pré-
sent inconnues dans le bassin de Paris, je crois utile de signaler cette dé-
couverte.
» Le tuffeau à Cyprina planata résulte de l'agglutination des sables du
même niveau, par un ciment de silice colloïde ou calcédouieuse. Les pro-
portions relatives du ciment et des éléments du sable sont extrêmement
variables : tantôt les grains sont presque juxtaposés, la place réservée au
ciment étant très faible, tantôt le ciment est très prépondérant.
» C'est au sein de ce dernier que se trouvent réunies les Diatomées.
Plusieurs genres sont représentés; parmi les plus répandus, se trouvent
Synedra, Triceratium et Coscinodiscus.
» Tous les tuffeaux à C. planata que j'ai examinés, jusqu'à ce jour, en
renferment. Lille, en particulier, Baisieux (Nord) et les environs de Pé-
ronne (Somme), en France; Tournay et Angre, en Belgique, sont les lo-
calités où le tulïeau en est le mieux pourvu. »
ÉCONOMIE RURALE. — Sur l' hydratation des blés. Note de M. Balland.
« On sait que les blés, suivant les climats, mûrissent plus ou moins vite
et renferment plus ou moins d'eau au moment de leur récolte. C'est ainsi
que j'ai constaté à Orléansville, un des centres les plus chauds de l'Algé-
rie, que les blés de la plaine du Chéliff contiennent moins d'eau que les
blés de France, et qu'ils peuvent atteindre leur maturité en 180 jours,
alors qu'il en faut en moyenne 270 en Normandie ( ' ).
» Il était intéressant de suivre, dans nos magasins de France, ces blés ré-
coltés dans des conditions de chaleur exceptionnelle, et le Comité de l'In-
(') De l'influence des climats sur la maturation des blés {Comptes rendus,
1880).
( 97° )
tendance a pensé qu'il pourrait y avoir quelque utilité pour l'administra-
tion de la guerre à entreprendre cette étude au point de vue spécial de
l'hydratation. Sur la proposition du Comité, une décision ministérielle
prescrivait, le 18 juillet dernier, une série d'expériences sur les blés et les
farines de la plaine du Chéliff. Ces expériences devaient être faites, suivant
un programme arrêté, à Orléansville, parle pharmacien-major de l'hôpi-
tal militaire, et à Paris, par le laboratoire des Invalides.
» Les trois blés examinés, d'essence dure, ont été récoltés : l'un au nord
de la plaine, l'autre au midi, le troisième au centre.
» Les trois échantillons de farine, de même essence, ont été prélevés :
l'un dans une boulangerie de la ville, et les deux autres à la Manutention
militaire.
» Le dosage de l'eau dans les farines a été pratiqué avec les soins habi-
tuels en chauffant progressivement l'étuve à ioo° et en maintenant cette
température jusqu'à poids constant. On a opéré de même sur les blés,
préalablement amenés à l'état de poudre grossière à l'aide d'un moulin à
café ordinaire.
» L'eau a été ainsi déterminée à sept reprises différentes :
» i° A Orléansville, le 4 août, sur les produits récemment récoltés;
» 2° A Paris, le 20 août, sur les mêmes produits expédiés dans des sacs
en toile;
» 3° Le i5 octobre, sur les mêmes produits, déposés, depuis le 20 août,
dans un local très sec ;
» 4° Le 24 novembre, sur les mêmes produits, placés, depuis le id oc-
tobre, dans un local ayant libre accès avec l'air extérieur;
» 5° et 6° Les 6 et 3i décembre, après un séjour dans une pièce hu-
mide remontant au 24 novembre.
» 70 Enfin, le i3 février, sur les produits retirés de la pièce précédente
le 3i décembre et remis dans un lieu sec modérément chauffé.
» Le Tableau suivant donne l'ensemble des résultats obtenus :
Eau pour 100 parties.
4 août. 20 août. i5 oct. 24 nov. 6 déc. 3i déc. i3févr.
1 Blé du Nord (récolte de 1890) 9,o3 11,26 n, 5o i5,o5 i5,io i5,4o 12,60
II! Blé du Sud » 8>83 ll>°° ' '>5° '4,58 "+-7° ,6>4<> 12, 5o
IIL Blé du Centre » 9>83 "'6o "'9° "4,28 1/4,80 15,90 12, 4o
IV. Farine n°l (Manutention militaire). io,6o(') 1 1 ,48 12, 3o 14,08 16,00 16,70 i3,8o
Y.' Farine n°2 » » 10,70 11,68 12, 3o i4,i8 i5,4o iy,5o i3,oo
VI. Farine n° 3 (boulangerie civile) 10,20 12, 34 12, 4o )4,io 15,70 16,60 i3,20
( ') Les blés ont été mouillés au moment de la mouture; de là une quantité d'eau plus élevée
dans les farines.
( 971 )
» Voici, d'autre part, une série d'expériences sur les mêmes blés en
grains conservés sous une cloche reposant sur une terrine contenant de
l'eau, de façon à se trouver dans une atmosphère saturée d'humidité, mais
sans contact direct avec l'eau.
» La mise sous cloche a commencé le 3i décembre, dans un local dont
la température maxima n'a pas dépassé 8° à io° ; les expériences ont été
arrêtées le 8 février. A ce moment le blé présentait quelques moisissures.
Eau pour 100 parties.
3i déc. 10 janv. 18 janv. a5janv. 1" févr. 8 févr.
1. Blé du Nord i5,4o r6,o5 16,67 '7>10 '7j4° 17,60
II. Blé du Sud 16,40 16,91 17,44 17,80 18,07 18 , 3^
III. Blé du Centre i5,ç)0 16,02 17,39 17,98 18,17 '8. •>'
» Les farines placées dans les mêmes conditions renfermaient, après
six jours, 18 pour ioo d'eau, et, après dix jours, 20 à 21 pour 100 d'eau.
C'est un maximum qui n'a pas été dépassé.
» Il résulte de ces dosages, tous effectués dans les mêmes conditions,
que les céréales d'un climat chaud et sec contenant 15 à 9 pour 100 d'eau
au moment de leur récolte peuvent, par le fait de leur séjour en d'autres
régions ou dans des locaux plus ou moins humides, comme les entrepôts
qui avoisinent la plupart des ports, prendre facilement 14, 16 et même
18 pour 100 d'eau, c'est-à-dire une augmentation de poids de 6 à 10
pour 100.
» H y a donc intérêt pour l'Administration de la guerre, qui dispose de
moyens de transport spéciaux, à acheter en particulier les blés de la plaine
du Cliéliff immédiatement après la moisson. Ces blés, très lourds sous un
petit volume, sont susceptibles d'une longue conservation; ils sont très
riches en gluten, et leur mélange avec les blés de France relèverait la va-
leur alimentaire du pain de munition, qui reste sensiblement amoindrie
depuis que l'on écarte de nos établissements militaires les blés étrangers,
généralement beaucoup plus azotés que nos blés indigènes. »
VITICULTURE. — Sur le traitement des vignes phyUo.rerées par le sulfure
de carbone mélangé de vaselines. INote de M. P. Cazexeuve, présentée
par M. P. -P. Dehérain.
« La reconstitution du vignoble français par les plants américains gref-
fés n'a point paralysé les efforts tentés pour la conservation des vignes
Irançaises phylloxérées, à l'aide des insecticides.
( 972 )
» Le sulfure de carbone, soit pur, soit dissous dans l'eau, les sulfocar-
honates, la submersion, continuent à être employés, avec des succès va-
riables, tenant à la nature du terrain, aux soins concomitants dont on en-
toure la vigne et à la vigueur spécifique de tel ou tel plant.
» Ces divers moyens ne sont pas tous d'une application générale : la
submersion est forcément limitée à certaines régions; les sulfocarbonates
exigent aussi de l'eau et des manipulations coûteuses qui ne sont pas à la
portée de tous les viticulteurs; le sulfure de carbone, dissous dans l'eau,
demande également un outillage, dont la grande propriété seule peut faire
les frais.
» Le sulfure de carbone pur, en fin décompte, est l'insecticide qui a
donné, ces dernières années, les résultats les plus sûrs, et qui a permis de
sauver une grande partie du vignoble français.
» La pratique démontre, toutefois, que, dans les terrains forts, très
argileux ou dans les terrains très caillouteux, le sulfure de carbone a
donné des résultats moins probants. Difficilement diffusible dans les pre-
miers terrains, vapc; isé trop rapidement dans les autres, le sulfure exerce,
dans ces conditions, une action insecticide moins certaine. C'est ainsi que
delà pratique des sulfurages est ressortie cette opinion courante, que le sul-
fure de carbone convient à certains terrains et ne convient pas à d'autres.
» Dès 1887 M. le Dr Albin Meunier, propriétaire dans le Bugey (Ain),
a cherché à régulariser cette action du sulfure de carbone, à en assurer
la diffusion dans les terrains forts, à en retarder l'évaporation dans les
terrains trop légers, enfin à éviter cette action sidérante sur la vigne, par
le fait d'une vaporisation en masse dans des sols réchauffés par le soleil
d'été.
» Il a mélangé le sulfure de carbone avec les portions des pétroles
bouillant de 3oo°-35o° (vaselines), d'une densité de o,85o à 0,910, les-
quelles n'ont aucune action malfaisante sur la végétation, même à haute
dose. De nombreuses expériences directes ont été faites sur la vigne avec
ces hydrocarbures.
» Ces corps, à point d'ébullition élevée, jouissent d'une propriété phy-
sique facile à contrôler. Ils ralentissent l'évaporation du sulfure de carbone,
en contractant sans doute avec lui une combinaison moléculaire qu'on re-
trouve pour de nombreux mélanges de liquides organiques. Le sulfure de
carbone est ainsi difficilement sépara ble de l'alcool ordinaire par distilla-
tion fractionnée (Berthelot). L'alcool méthylique et l'acétone, la benzine
et le toluène sont des exemples à citer au milieu de tant d'autres.
» Si la distillation fractionnée permet de séparer le sulfure de carbone
(973)
des vaselines, vu la différence notable des points d'ébullition, du moins à la
température ordinaire, la vaporisation du sulfure de carbone est considé-
rablement ralentie par les vaselines, qui en retiennent des quantités
notables pendant de longs jours, malgré une surface d'évaporation consi-
dérable.
» Dans les terrains très légers et caillouteux, le rôle des vaselines devait
être a priori favorable. D'autre part, ces vaselines, d'une nature physique
comparable à celle des corps gras, pénètrent facilement dans l'argile. Leur
intervention dans les terrains forts (argileux et argileux-siliceux) était
théoriquement avantageux.
» L'expérience seule pouvait justifier ou infirmer ces conceptions théo-
riques.
» Dès 1887, j'ai encouragé de nombreuses recherches expérimentales
dans cette voie.
» 5700^ de sulfure de carbone, mélangé soit par moitié, soit par deux
tiers, avec les vaselines, ont été expérimentés dans le département du
Rhône, sur divers points, à Vaugneray, Saint-Étienne-la-Varenne, Villié-
Morgon, etc.
» En 1888, 25oookg étaient fournis aux divers propriétaires de la région
du Rhône qui obtinrent des résultats tels, que, en 1889, 89.5856g et, en 1890,
2^2>92kg ont été utilisés par un grand nombre de viticulteurs dans les dé-
partements suivants : le Rhône, l'Isère, l'Ain, la Saône-et-Loire, la Côte-
d'Or, la Loire, l'Ardèche, la Drôme.
» La campagne de printemps 1891 s'est effectuée dans des conditions
telles, que l'on peut estimer à plus de 5oooooks la quantité de sulfure de
carbone mélangée de vaseline, qui sera employée dans l'année totale.
» L'application du sulfure vaseline se fait avec le pal ordinaire comme
pour le sulfure pur. La pratique enseigne que l'efficacité augmente en don-
nant un coup de pal à iocm ou i5cm du pied du cep et en répartissant le
reste de la dose sur la surface d'un hectare. Actuellement 2000 à 2000 hec-
tares de vigne sont en cours de traitement par le sulfure vaseline.
» Cette consommation croissante a pour cause unique la constatation
évidente du relèvement des vignes malades et la conviction faite dans l'es-
prit des observateurs.
» Depuis quatre ans j'emploie le sulfure de carbone vaseline sur mes
propriétés, d'une étendue de quinze à vingt hectares, sises à Saint-Etienne-
la-Varenne (Rhône). Cette propriété était maintenue en production
moyenne; avec le sulfure de carbone pur, la production a été triplée par
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 17. I27
( 974 )
le nouveau traitement. On ne constate pas de Phylloxéra sur les racines ;
la végétation est luxuriante; de nombreuses radicelles de néoformation
ont apparu, indice d'un accroissement certain de vitalité.
» La fumure, depuis dix ans, n'a pas varié ; on ne peut rapporter cette
amélioration qu'à l'emploi d'un insecticide plus rationnel.
» Ces résultats nous engagent à rappeler l'opinion de M. Balbiani, émise
dans ses Mémoires de 1876 sur le Phylloxéra :
« Le germe ou l'embryon est bien moins sûrement atteint par des doses élevées
d'une vapeur toxique, agissant pendant un court espace de temps que par des quan-
tités quelquefois très faibles, mais dont l'action est lente et durable. »
» Le sulfure de carbone mélangé de vaseline répondait théorique-
ment à ce desideratum. Un ensemble de faits absolument importants, dont
nous n'avons esquissé que les grandes lignes, ne permettent plus de douter
de l'efficacité, comme insecticide, contre le Phylloxéra, de ce mélange sul-
focarboné, sur lequel nous avons l'honneur d'appeler la bienveillante
attention de l'Académie. »
M. Daubrée présente, au nom de M. Federigo de Botella, une « Carte
hypsométrique de l'Espagne et du Portugal » à l'échelle de 30(,Ô00U- Au
moyen de courbes de niveau, tracées de ioom en ioom pour les altitudes
inférieures à i5ooin, et de 5oom en 5oom pour des altitudes supérieures, et
grâce à des couleurs conventionnelles, cette Carte représente d'une ma-
nière très claire la répartition des divers massifs montagneux de la Pénin-
sule. En outre, le relief sous-marin, figuré par des courbes tracées
d'après des sondages de la marine espagnole et des marines étrangères,
complète la physionomie caractéristique de cette extrémité du Continent
européen ainsi que sa connexion avec l'Afrique.
M. Toxdini adresse un projet d'adaptation du système américain des
vingt-quatre fuseaux horaires au méridien chronologique international de
Jérusalem-Nyanza. Ce projet permettrait de garder exactement les mêmes
fuseaux que dans le système américain et de constater immédiatement soit
l'heure, soit la date universelles.
M. G. Dexigès adresse une Note « Sur les combinaisons obtenues avec
le sulfite neutre de zinc et les aminés aromatiques ».
( 975 )
M. Delaurier adresse une Note ayant pour titre : « Des causes probables
de la discordance de la radiation solaire trouvée à Montpellier et à Moscou » .
La séance est levée à 4 heures et demie. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 27 avril 1891.
Dix années de voyages clans l'Asie centrale et l'Afrique équatoriale ; par le
Dr Potagos. Traduction de MM. Adolphe Mayer, Jules Blancard, Laur,
Labadie. Avec des notes et des observations par M. Emile Burnouf. Tome
premier, Paris, Fischbacher, i885; 1 vol.gr. in-8°. (Deux exemplaires. )
Canal interocéanique de Panama. — Mission de 1890-91 en Colombie. —
Rapport général; par Lucien N.-B. Wyse. Paris, Achille Heymann, 1891 ;
1 vol, in-4°
Revue des institutions de prévoyance ; sous la direction de M. Hippolyte
Maze. 4e année, 1890. Paris, Berger-Levrault et Cie; 1 vol. gr. in-8°.
Albert Poisson. Théories et symboles des alchimistes. Le grand œuvre.
Bibliothèque Chacornac, 1891 ; 1 vol. pet. in-4°. (Présenté par M. Armand
Gautier. )
Notice sur une nouvelle carte géologique des environs de Paris; par Gustave
F. Dollfus. (Extrait du compte rendu de la 3e session du Congrès géolo-
gique international.) Berlin, 1 885, L. Schade; 1 vol. in-4°.
Coquilles nouvelles ou mal connues du terrain tertiaire du Sud-Ouest ; par
Gustave F. Dollfus; 2 br. in-8°.
Ribliographie de la conchyliologie du terrain tertiaire parisien; par G. Doll-
fus et G. Ramond. Typographie Obertbur, Rennes-Paris, 1886; br. in-8°.
G. Lionnet. Excursions à Tancaiville, Lillebonnc, Rolbec, Mirville, Fécamp.
— Contribution à l'étude des roches erratiques du terrain crétacé inférieur de la
Héve. Havre, E. Hustin, 1884-86; 3 br. in-8°.
Quelques faits relatifs à la formation du terrain des Landes de Gascogne; par
Georges Beaurain. Paris, Ch. Delagrave, 1891; br. in-8°. (Deux exem-
plaires. )
(97M
Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou; publié sous la
rédaction du Prof. Dr M. Menzbier. Année 1890, n° 2. Moscou, imprimerie
de l'Université impériale, 1890; 1 vol. gr. in-8°.
Mémoires de la Société zoologique de France pour l'année 1890. Tome III,
cinquième Partie, feuilles 26 à 35, planches IX à XII. Paris, au siège de la
Société zoologique de France, 1890; 1 vol. gr. in-8°.
Les parcs à huîtres de Saint-Vaast-La-Hougue (Manche) ;parM. S. Jourdain,
au siège social de la Société nationale d'Acclimatation de France, 1891;
br. in-8°.
Laboratoire d'études de la soie fondé par la Chambre du commerce de Lyon.
— Rapport présenté à la Chambre de commerce de Lyon par la Commission
administrative, 1 887-1 888. Lyon, Pitrat aîné, 1889; 1 vol. in-4°-
Sobre lacarpocapsa saltitans y la grapholita motrice ;pore[lL)r Carlos Berg.
Buenos-Aires, Pablo e Coni e hijos, 1890; br. in-8°.
Examen quimico y bacteriologico de las a guas potables; porA.-E. Salazar
y C. Newman, con un capitula del Dr Rafaël Blanchard, sobre los animales
parasitos introducidos por el agua en elorganismo. Londres, Burns Oates,
1890; 1 vol. in-8°.
ERRATA.
(Séance du i3 avril 1891.)
Note de M. G. Denigès, Nouvelles combinaisons obtenues avec certains
sulfites métalliques et l'aniline :
Page 8o3, ligne 18, au lieu de 21 pour 100, lisez 2 pour 100.
(Séance du 20 avril 1891 . )
Note de M. L. Raffy, Sur la déformation des surfaces spirales :
Page 852, ligne 5, au lieu de 0(e-°AO, 6), lisez 0(e-9A26, 0).
Même page, ligne 8 en remontant, au lieu de a = o, lisez a = c — 2&2= o.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, u" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes iii-4°. Deux
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel
et part du \" janvier.
Le prix île r abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 l'r. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. -f- Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Igen Michel et Médan.
I Gavaull St-Lager.
llger ' Jourdan.
I Ru IV.
[miens Hecquel-Decobert.
\ Germain etGrassin.
° "' '.'. i Lachèseel Dolbeau.
laponne Jérôme.
esançon. Jacquard.
, Avrard.
'ordeaux Duthull.
. ' Muller (Ci.).
ourges Renaud.
/ Lefoumicr.
) F. Robert.
J. Robert.
V Uzel Carofl
i Baër.
/ Massif.
Perrin.
( Henry.
/ Marguerie.
j Rousseau.
( Ribou-Collay.
. Lamarclie.
ijon > Ratel.
' Damidot.
\ Lauverjal
->•«" ) r- ■ ■
( Crepin.
,, i Drevel.
renoble '
( Gratier,
i Rochelle Robin.
( Bourdignon.
( Dombre.
Ropiteau.
Ile Lei'ebvre.
' Quarré.
hambery
Iterbourg... .
lermont-Feri
Havre.
chez Messieurs :
i Baumal.
Lorient ' _,
/ M"* lexier.
' Beaud.
\ Georg.
Lyon < Mégret.
J Palud.
' Vitte et Pérussel.
Marseille Pessailhau .
i Calas.
Montpellier
' I Cotilet.
Moulins Martial Place.
i Sordoillct.
Nancy Grosjean-Maupin.
I Siilot frères.
j Loiseau.
' M" Veloppé.
i B.inua.
' Visconti i I i :
Nîmes Tbibaud.
Orléans Luzeray.
I Blanchier.
( Druinaud.
Rennes Plihon et Hervé.
floche fort Boucheron - Rossi
( Langlois. [gnol.
I Lestringant.
Chevalier.
\ Bastide.
/ Rumèbe.
\ C.iiuct.
' Privât.
i Boisselier.
Tours i Péricat.
' Suppligeoh.
Nantes
Nice . . .
Poitiers..
Rouen
S'-Étienne
Toulon. . . ■
Toulouse...
l 'alenciennes.
\ Giard.
' Lemaltre.
On souscrit, à l'Étranger,
Amsterdam .
Berlin.
Bucharest .
chez Messieurs :
( Robbers.
( Feikema Caarelsen
Athènes Beck . [et G".
Barcelone Verdaguer.
i Asher et G".
' Calvary et G".
i Friëdlander et fils.
I Mayer et Millier,
o 7 ( Schmid, Francke et
Bologne Zanichelli et Cle.
Ramlot.
Bruxelles ' Mayolez.
' Lebègue et C'".
I Haiinann.
' Ranisteanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, Bell et C°
Christiania Cammermeyer.
Constanlinople. . Qtto et Keil.
Copenhague Host et fils.
Florence Lœscher et Sécher.
Gond Hostc.
Gènes Beuf.
Cherhuliez.
Genève j Georg.
( Stapelmohr.
La Haye Bel in fa nie frères.
( Benda.
' Payot.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig - Lorentz.
Lausanne .
j M;<\ Rttbe.
' Tvvietmeye
neyer.
Liège.
\ 1 lesoer.
' Gnusé.
Londres
Luxembourg.
Milan .
chez Messieurs :
\ Dulau.
I Nutt.
V. BUck.
/ Librairie Guten ■
berg.
Madrid , Gonzalès e hijos.
/ Vravedra.
' F. Fé.
^ Dumolard frères.
( Hcepli.
Moscou Gautier.
I Furcheim.
Naples Marghieri di Gius
I Pellerano.
/ Christcrn.
New-York j Stechert.
' Westeruianii.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et G*.
Palerme Clausen.
Porto Magalhaès.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
i Bocca frères.
Rome
' Loescher et C1'.
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Sa oison et Wallin.
Zinserling.
Wolff.
Bocca frères.
Brero.
S'-Pètersboun
Turin .
\ Clausen.
' Rosenberg
et Sel lier.
Varsovie Gebethner et Wollf.
Vérone. Drucker.
Frick.
Gerold et G'.
Zurich Meyer et Zeller.
Vienne.
Tomes 1er à 31. -
Tomes 32 à 61.
Tomes 62 à 91.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
(3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4"; 18 53. Prix 15 fr.
( ier Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-.'(°; 1870. Prix 15 fr.
• (1™ Janvier i8<><> à îi Décembre t88o.),Volume in-40; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
l'orne I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DERDÈset A.-J.-J. Souer. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
mètes, par M. Haxsen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le râle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
isses, par M. Claude Bernard. Volume in-4", avec 32 planches ; iS56 15 fr.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
ht le concours de i853, et puis remise pourcelui de i856, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi-
nentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nature
les rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 27 planches; 1861... 15 fr.
V la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N° 17.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 27 avril 1891.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
Pages.
M. le Secrétaire perpétuel donne lecture
de I 'extrail du testa ni <lc .M. Cahours. 90g
M. ,1. Janssen. — Remarques à l'occasion
du legs de M. Cahours 910
M. II. Resal. — Sur les expressions des pres-
sions dans un corps élastique homogène. 911
AI. H. PoiNCARÉ. .Sur la théorie de l'élas-
ticité ' 1 ■ 1
MM. Berthelot et G. André. — Recherches
Pages.
sur les substances humiques 91''
M. L. Ranvier. De l'origine des cellules
du pus ci du rôle île ces éléments dans les
tjssus enflammes
M. A. Ledieu. — Sur le rendement des
machines marines et celui des hélices. Mé-
thode géométrique pour calculer le pre-
mier île ces rendements sans dynamo-
mètre
NOMINATIONS
M. le Prince Vibert de Monaco est élu Cor-
respondant de l'Académie pour la Section
de 1 ""
grapl
el Navigation.
CORRESPONDANCE.
M. E. BoUTY. — Constante diélectrique du
mica 9"
MM. Maurice Hutin et Maurice Leblanc.
— Sur un moteur à courants alternatifs.. g33
M. Georoes Lemoine. — Études quantita-
tives sur l'action chimique de la lumière.
Première partie : Mesure de l'absorption
physique 936
M. C11. Blarez. — action exercée par la pré-
sence des sels ha huiles de potassium sur la
solubilité du sulfate neutre de potassium. 939
MM. E. JuNGFLElSCH el E. Liai:R. — Sur
l'isocinchonine g'i '
MM. A. Etard et P. Lambert. — Sur un
carbure il'- la série terpénique contenu
dans les huiles du gaz comprimé 91 5
M. Maquenne. — Recherches sur la tréha-
lose 9 '17
M. Raymond Vidal. — Me l'action des com-
posés oxyhydrocarbonés sur les azotures
et les hydroazolures 95
M. Aionan: — Sur la constitution des disso-
lutions aqueuses d'acide tartrique gji
M. Stanislas Meunier. — Recherches sur
la production artificielle de l'hyalile à
la température ordinaire g53
.M. Cn. Contejean. — Sur la digestion sto-
macale de la grenouille n5.'(
M. \. Cannieu. — Sur l'évolution sexuelle
des Truites des Pyrénées gSn
M. I". Houssay. — La métamérie de l'endo-
derme el du système circulatoire primitif
Bulletin bibliographique
EliR VTA
dans la région postbranchiale du corps des
Vertébrés
M. O. V\\ mi; Stricht. — Contribution à
l'étude du mécanisme de la sécrétion uri-
nairc
M. Emile Mer. — Répartition hivernale de
l'amidon dans les piaules ligneuses
M. Georges Poirault. — Sur quelques
points de l'anatomie des organes végéta-
tifs des 1 iphioglossécs
M. L. Cayelx. — De l'existence des Diato-
mées, dans le landénien inférieur du nord
de la France et de la Belgique
M. Balland. - Sur l'hydratation des blés. .
M. I'. CAZENEUVE. — Sur le traitement des
vignes phylloxérées par le sulfure de car-
bone roi langé- île vaselines
M. Daubrée présente, au nom de M. Fede-
rigo de Botella, une .. Carte bvpsométrique
de l'Espagne et du Portugal » à l'échelle
de ' -
M.Tondini présente un projet d'adaptation du
système américain desvingt-qnatrefuseaux
horaires .m méridien chronologique inter-
national de Jérusalem-Nyanza
M. G. DenigÈs adresse une Note « Sur les
combinaisons obtenues avec lèsulfi te neutre
de zinc et, les aminés aromatiques >>
M. Delaurieh adresse une Note ayant pour
titre : k Des causes probables de la discor-
dance de l.i radiation solaire trouvée à
Montpellier ci a Moscou ••
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHTËR-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-\ueustins, 55.
I !
926
,, >0
i,l 1 1
964
967
969
i)Ri,
07 1
97 '
9/5
97«
3c&
i
1891
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES PENDUS
HEBDOMADAIKS
DES SÉAICES
DE L'ACADÉMIE DîS SCIENCES,
PAR M. LES SECRÉT.UBS PEBPÉllELS
TOME CX,
N° 18 (4 Mai 1891
RIMËURS-LIBRAIRES
PARIS
GAUTHIER-VILLARS ET FILS. PI
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES D [.ACADÉMIE DES SCIENCES,
Uuai des Giaods-Augins, 5S.
1891
RÈGLEMENT REL/TIF ALI COMPTES RENDLS,
Adopté dans les séaces des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des sinces de | Les Programmes des prix proposés par l'Académie
l'Académie se composent des extraits des tivaux de j sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rad
ses Membres et de l'analyse des Mémoires 1 Notes
présentés par des savants étrangers à l'Acadnie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes indus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il y a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Aclémie.
Les extraits des Mémoires présentés par un embre
ou par un Associé étranger de l'Académie compnnent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut don;r aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentinnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une naction
écrite par leur auteur a été remise, séance liante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à linême
limite que les Mémoires; mais ils ne sont p com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Mebre.
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autan
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sonl
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrai
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fonl
pour les articles ordinaires de la correspondance offi
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis S
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus lard, le
Les Rapports et [nslructions demandés par Gou- jeu(ji ;', m heures du matin; faute d'être remisa tempsB
vernement sont imprimés en entier. \e tjtre sei,i ,in Mémoire est inséré dans leCompte renduk
Les extraits des Mémoires lus ou communies par actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-â
les correspondants de l'Académie comprenmt au vant, et mis à la fin du cahier.
plus 4 pages par numéro.
Article 4 . — Planches et tirage a part.
Un Correspondant de l'Académie ne peutmner
plus de 32 pages par année. Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit is les I Le liraSc 'l Part des articles est aux frais des au«
discussions verbales qui s'élèvent dans le m de teurs; U "')' a d'exception que pour les Rapports ejj
l'Académie; cependant, si les Membres qir ont les Instructions demandés par le Gouvernement.
pris part désirent qu'il en soit fait mention, doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes somiires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avance les
remettre au Bureau. L'impression de ces Nos ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membs de
lire, dans les séances suivantes, des Notes 1 Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Article 5 .
Tous les six mois, la Commission administrative fait]
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire psenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qu'Précède séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 4 MAI 1891.
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur la durée de l'cvaporation dans les générateurs ;
par M. Hatox de la Goupillière.
« 1 . L'une des causes les plusgravesetlesplusfréquentesd'explosion pour
les générateurs consiste dans l'abaissement du plan d'eau au-dessous de la
ligne des carneaux, si le chauffeur cesse d'alimenter en temps utile. En sup-
posant que la consommation de vapeur par le moteur se continue de manière
que la pression conserve sa valeur, il peut être utile de déterminer la plus
ou moins grande rapidité de cet abaissement, soit pour une étude a priori,
soit en vue d'apporter, le cas échéant, avec toute la prudence nécessaire en
aussi grave matière, un élément d'appréciation à l'instruction qui suit un
accident. M. Guchez, ingénieur au Corps des Mines de Belgique, a traité
C. P.., 1891. 1" Semestre. (T. CXII, N" 18.) Ia"
( 978 )
ce problème dans une brochure intéressante (') en ce qui concerne un
corps cylindrique horizontal. Il m'a semblé utile d'élargir le sujet en l'éten-
dant à des formes quelconques de chaudières, et le complotant, pour la
question même qu'a envisagée l'auteur, par la prise en considération d'ef-
fets complémentaires dont le desideratum avait été signalé par ce dernier.
Tel est l'objet de la présente Note.
» On doit ici distinguer deux cas, suivant que l'amplitude d'abaissement
soumise au calcul se trouve comprise au-dessus ou au-dessous de la ligne
des carneaux. Si elle passe d'un côté à l'autre, on envisagera séparément
chacune de ses deux parties. La première question ne donne lieu à aucune
difficulté. Il suffit de cuber, par les moyens que fournit le Calcul intégral,
le volume disparu, et de le diviser par le produit de la surface invariable de
chauffe et ducoefficient spécifique d'évaporation rapporté au mètre carré.
« Le second cas nécessite au contraire une recherche spéciale, la sur-
face de contact du métal avec le liquide variant incessamment pendant l'a-
baissement du plan d'eau. Nous supposerons que l'on parte pour cela de
la ligne des carneaux ; d'un côté parce que c'est en effet ainsi que les choses
se passent dans la réalité, et que d'ailleurs la considération d'un intervalle
quelconque résulterait de la différence de deux semblables évaluations.
» 2. L'équation de la surface du générateur est rapportée à trois axes
rectangulaires oc, y, z. A une altitude fixe z0 se trouve le plan horizontal
de la ligne des carneaux, au-dessous duquel s'étend la surface totale de
chauffe S0. Quand le niveau s'abaisse à une hauteur z, celte superficie se
réduit à S, et au-dessus d'elle règne une zone surchauffée S0 — S. Le gé-
nérateur se termine à sa partie inférieure par un ou plusieurs points mi-
nima situés à une hauteur z,, parfois par une ligne horizontale (s), autre-
fois même par un fond plat.
» Nous appellerons v le volume d'eau en mètres cubes que vaporise par
seconde le mètre carré de surface métallique. Sa valeur change d'un cas à
l'autre, d'après la plus ou moins grande efficacité du système de construction
de la chaudière. Pour fixer les idées, nous admettrons dans cette étude une
évaporation de 36kg à l'heure; résultat qui s'observe fréquemment pour
des générateurs d'une certaine vivacité, et qui présente l'avantage de nous
. . , . , , . . o,o36 i
conduire a la valeur très simple : v = , — - = •
" oo .< bo i o'
(') F. Glxuez, Note sur un problème relatif à l' évaporation de l'eau dans les chau-
dières cylindriques simples. In-S° de i3 pages; 1881 (chez Callevaert, à Bruxelles).
(2) Sauf une légère inclinaison que nous négligerons dans cette recherche.
( 979 )
» La conductibilité directe qui s'opère à travers la surface S avec l'acti-
vité v constitue le facteur prépondérant du phénomène, mais non le seul.
Une certaine conductibilité indirecte s'effectue entre le métal rousn et la
zone adjacente de tôle mouillée. Nous admettrons de ce chef un supplé-
ment d'efficacité w par mètre courant du périmètre n du plan d'eau.
« Enfin la surface échauffée exerce par son rayonnement sur le bain
liquide s une action spéciale u que nous rapportons en bloc, comme les
précédentes, au mètre carré de la superficie S0 — S. On peut considérer ce
troisième élément comme résumant en même temps dans son influence
l'accroissement d'activité que devrait convenablement subir le coefficient
v lorsque, par l'abaissement du niveau, son application se concentre sur des
portions attaquées de plus en plus directement par les flammes.
» Les expressions de S, s, n se déduiront de l'équation proposée à l'aide
des méthodes que fournit le Calcul intégral. Quant aux coefficients u, w.
ils ne paraissent pas avoir été encore pris en considération, et il serait sans
doute prématuré de leur attribuer ici des valeurs numériques déterminées.
La plupart du temps on se contentera de les annuler. Cependant il serait
désirable de voir l'attention des praticiens se porter sur cette lacune.
» 3. Il nous est maintenant facile de former l'équation différentielle du
phénomène. La valeur absolue — sdz de la tranche qui disparaît dans un
temps dt représente le total des trois influences précédentes :
- s dz = [t'S + w<s -hu(S0— S)] dt,
dt = —
.v f/z
■=/
( (' — u ) S -h w
s dz
(i> — a) S --■ u'<j -h mS0
expression dans laquelle u, v, w représentent, ainsi que S„, des constantes
numériques; S, s, <s des fonctions déterminées de z.
f> \. Envisageons, comme première application, une chaudière verti-
cale, constituée à l'aide d'un cylindre de forme quelconque, qui est foncé
à sa partie inférieure par une surface arbitraire.
» Les chaudières métallurgiques, les types Field, Thirion, Decoster-
Rikken, etc. rentrent dans cette donnée. La chaudière à lombeau-de Watt
ne s'en écartait pas beaucoup. Le périmètre n et l'aire s de la section
droite restent constants, si nous supposons que l'abaissement se main-
tienne dans le corps cylindrique sans atteindre la fonçure. On a, en outre,
S„ - S = g(z0 -z), S = (S0- m0) -+- *z.
( ()8o )
Il vient, dans ces conditions,
dz
t —
»'S0-H ws I (V— u)a
T.,7. ' z zo>
»'S0-I- W
et en intégrant avec un logarithme népérien
« = : r L I + -g— - - (Z — Z„) .
(M— <>)a L cSo + WO 0/J
» 5. Supposons, en particulier, un cylindre circulaire de hauteur H, de
rayon R, de périmètre cr = 2ttR, de section s = 7rR2, foncé à l'aide d'un
hémisphère, de telle sorte que S0 = 2tcR2 : 2-RH. On trouve, dans ce
cas, pour un ahaissement : r0 — 3 = h,
» Nous aurons avec l'hypothèse simplifiée u — o, w = o,
R T / A
2c \ R+H
Admettons, par exemple, cpie l'évaporation s'effectue sur toute la hauteur
H, supposée égale au diamètre. Il vient alors
T — L3 = -. io5. 2,3026. los3 = 5/in3oR,
et pour un diamètre égal à im,
T ^27465s=.7"37"'45s.
» Si l'on calculait directement en supposant constante la surface de
chauffe, on obtiendrait un résultat trop faihle dans le rapport 0,9102.
Pour le diamètre de im, l'erreur absolue en moins serait 4im5s. Si, pour
essayer de tenir grossièrement compte de la variation de S par un procédé
élémentaire, on adoptait pour son évaluation fixe la moyenne arithmé-
tique entre ses valeurs initiale et finale, on trouverait un chiffre 1,2137 fois
trop fort; et l'erreur en plus serait, pour l'exemple précédent, ih37m49s.
» Ces'écarts sont importants, mais nous en rencontrerons de bien plus
considérables encore, qui arrivent à dénaturer totalement les résultats,
mettant par là en évidence la nécessité d'employer des formules plus
exactes.
» 6. Considérons, en second lieu, une surface de révolution quelconque,
( 9«> .)
représentée par l'équation de sa méridienne entre x et z. On aura alors
2 77.T, S = T.X-, S = T. f xdz i T + ( ' , ' )
f/.-y '
(0 < =
('-">X^vM£)'--i'.W' ■(£)'
» 7. Envisageons, par exemple, la forme sphérique qui était usitée
avant Watt, soit par elle-même dans la chaudière de Savery, soit dans
celle de Papin avec un fond plat, pour lequel le calcul se ferait sans dif-
ficulté. On aura, en plaçant l'origine au pôle inférieur
;r2 -3(2R s), S = 2tîEs;
Z ( 2 li ; ) dz
l —
\r
w\ z(aR- z) -f- (v - - u)Rz-\- uRz0
expression intégrable en termes finis par les méthodes ordinaires.
» Quand on annule u et v, il vient simplement
(4R-*.-*)(*i-«)
^ïW <»»-«>* L4-
4cR
Si l'on place la ligne des carneaux dans le plan de l'équateur,
(3R-*)(R-*)
t —
4 c H
Pour vider, par exemple, l'hémisphère entier, nous ferons z = o, ce qui
donne T = -7- , et avec i m de ravon
4 c
T= 75ooos- 2o''5om.
» En calculant avec la surface initiale, on trouverait un chiffre o,4444
fois trop faible, déterminant, pour un rayon de im, une erreur en moins
de iih35m, plus considérable que le nombre obtenu lui-même, ce qui
constitue un résultat véritablement absurde. Avec la moyenne arithmé-
tique, il serait encore o,8888 fois trop huble, donnant, pour le problème
précédent, une erreur en moins de2h20m.
» 8. En quittant pour un instant le domaine de la pratique, nous ren-
verserons les termes du problème, et nous nous proposerons de déter-
miner le profil que devrait présenter la méridienne pour réaliser une loi
d'abaissement assignée a priori. Il faut alors se donner directement, dans
( 9«s )
l'équation différentielle (i), l'expression de la vitesse — -*-• Le plus na-
turel serait de la représenter par une fonction de z. Mais la relation reste
alors rebelle à l'intégration ('). Elle se ramène, au contraire, à une qua-
drature, si l'on formule la vitesse d'abaissement en fonction de la surface
d'évaporation, ou du rayon x, sous la forme — -5- = F(x). Nous aurons
ainsi
., dz
X'-TT = 1WX
dt
H- u S0 -+- (y — u) f x dx y i •+- ( -7- ) >
xdx i , i -f- ( -j—) = x2 F(x') — iwx — /iS0,
et en différenciant
(v — u)x t / n- (-r- ) — #2 F'(a?) -4- 2.x F (x) — iw.
En élevant au carré, et résolvant par rapport à dz, on obtient
/
-7=5- — J '•
» Cherchons, par exemple, le profil qui procurerait une vitesse constante
d'abaissement V. Il vient, à cet effet,
I /v-ïN
\ *Vï=:/--'-
expression immédiatement intégrable par les méthodes connues. Si, en
particulier, on suppose m = o, w = o, le calcul indique un cône de révo
lution ; forme d'ailleurs inadmissible.
» 9. On peut effectuer la même recherche en se donnant directement,
(') Sauf le cas particulier où, en négligeant la conductibilité indirecte w o, l'on
admettrait l'égalité fortuite « = v de la conductibilité directe et du rayonnement.
Alors la relation (i) fournit immédiatement l'équation du profil cherché
*»=- "S°
dz
'tll
( 983 )
au lieu de l'abaissement linéaire ~ -j-> Pévaporation en volume
., ClZ s v
'T"x'dl =TC?(aî)-
Il suffit pour cela de faire, dans le calcul précédent,
ce qui donne
» Si, par exemple, on a en vue l'évaporation proportionnelle au temps,
on obtient une courbe assez compliquée, ayant pour ordonnée la somme
de celles d'un cercle et d'une ligne dont les abscisses seraient réciproques
de celles d'une chaînette.
» 10. L'hypothèse simplifiée u = o. w = o nous donne
-f**\ Pï
- I,
expression qui s'intègre notamment pour une loi d'évaporation propor-
tionnelle à une puissance absolument que/conque de la surface ou du rayon
du plan d'eau
<f(x) = kœm.
» On trouve alors
fer%=\/,-^^2m-:-L(V'
»"
m2X-
MEMOIRES PRESENTES.
M. le Prince Nicolas de Tourquistanoff soumet au jugement de l'Aca-
démie un « Calendrier vérificateur ».
( Renvoi à l'examen de M. Wolf. )
( 9^4 )
CORRESPONDANCE .
M. de Serpa Pinto, nommé Correspondant pour la Section de Géogra-
phie et Navigation, adresse ses remerciements à l'Académie.
M. le Prince Albert de Monaco, nommé Correspondant pour la Section
de Géographie et Navigation, adresse ses remerciements à l'Académie.
GÉOMÉTRIE. - - Théorème de Géométrie. Note de M. Tarry,
présentée par M. Hermite.
<> Si deux points A et B d'une figure de similitude constante parcourent
deux droites fixes qui se coupent en un point/? :
» i° Il existe sur la figure semblablement variable un coude dont chaque
point décrit une ligne droite passant par le point p.
» Ce cercle passe constamment par le point p.
» 2° Tous les autres points de la figure dérivent des courbes du même
ordre.
» 3° Le nombre de ces courbes est égal à la classe de la courbe inverse,
par rapport à l'origine p de l'enveloppe des cercles PAB.
>.' Dans le cas particulier où le point O est à l'infini, l'ordre des courbes
est égal à la classe de l'enveloppe de la droite AB.
» Démonstration. - i° Sur la figure sensiblement variable considérons
un point C, situé sur le cercle circonscrit au triangle PAB.
» L'angle APB est égal à l'angle constant ACB ou en diffère de : -.
» Par conséquent, la droite PB a une position fixe.
» 2° Soient D et E deux points de la figure mobile, non situés sur le
cercle PAB. En vertu d'un théorème connu, si l'un des points D ou E décrit
une droite, l'autre point décrit aussi une droite.
» On déduit de là immédiatement que les points D et E décrivent des
courbes du même ordre.
» Le centre O du cercle PAB est évidemment l'un des points de la figure
sensiblement variable.
i> 3° L'ordre de ces courbes est le même que celui de la courbe décrite
(9»5 )
par le point O et, par suite, par le point Q, diamétralement opposé au
point P dans le cercle PAB.
» Construisons la polaire réciproque de la figure par rapport à un cercle
de centre P.
» On voit aisément que les polaires du point Q sont des tangentes à la
courbe inverse, par rapport à l'origine P, de l'enveloppe des cercles OAB,
ce qui démontre le théorème.
» La démonstration relative au cas particulier où le point O est à l'infini
a été donnée par M. d'Ocagne, à qui j'avais communiqué l'énoncé (Nou-
vclles Annales de Mathématiques, septembre 1890). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe d'équations différentielles
linéaires ordinaires. Note de M. Jules Cels, présentée par M. Dar-
boux.
« J'applique la méthode que j'ai indiquée ( ' ) à l'équation
ri'1- ri11—'1- r/"--~ ri-
(E) .r"~' ^4 + ace"-* 5—^ + bx»"3 ~~ -f-. ..+ hx ^ + x"^ z = o,
x ' cLv" il.r"' ' dX" - tir
oii a, b, . .., h sont des constantes.
Soit donc la suite
Xj_ 2(1 • • • L* | Lj1j| 1 . . Ujni . . 1
» Toutes les équations de la suite sont du même type que l'équation E
et on a les formules de récurrence
— j"~l dx x"~l dx -'" — •? J ••• J --îgUX,
le nombre de dérivations étant/;, le nombre d'intégrations q.
» L'intégration de l'équation E se fait très facilement lorsque dans la
suite qui lui correspond se trouve l'équation
(0 xn~'ë + x"~,z = °'
c'est-à-dire
d" ;
—, h S = O,
dx" '
(l) Voir Comptes rendus, 1 5 juillet 1890.
C. K., 1891, 1" Semestre. (T. CMI, N' 18.) I 29
( 9»6 )
ou
(2) .r-' DZ 4- np.r"^ J^ + <*-< = = o;
c'est-à-dire
pétant un nombre entier. L'équation (i) s'intègre de suite. Pour l'inté-
gration de l'équation (2) on pose z =yéKx. On trouve alors l'équation
(3)
i _|_ ïnV'-'.r -+-n(n — 1) pV1"*] ^ 4- [cc(V + 1) + rap\] v = o.
» Si l'on se rapporte à une précédente Communication ( '), on voit que,
si l'on détermine 1 par l'équation V -+- 1 = o, p étant un nombre positif,
l'équation (3) a comme solution particulière un polynôme de degré p,
soit P. L'équation (2) aura alors comme solution particulière Pe)x; sip était
un nombre négatif, l'adjointe de Lagrange de l'équation (3) admettrait,
comme solution particulière, un polynôme Q de degré p — j et, comme il
serait facile de le voir, l'adjointe de Lagrange de l'équation (2) aurait la
solution Qe~lx. Puisque 1 prend n valeurs, il suit de là que, dans les deux
cas, on a l'intégrale générale de l'équation (2).
» Il reste à donner un moyen de voir sur l'équation E les cas où ces
intégrations sont possibles. J'établis les propositions suivantes :
» Quand on passe d'une équation E à son adjointe de Lagrange, les racines
de l'équation déterminante du point critique o sont changées de signe; quand
un passe de l'équation E à l'équation correspondant à la première ligne de son
déterminant fondamental, les racines de /' équation déterminante du point cri-
tique o (la racine o exceptée) sont changées de signe et augmentées de n.
» L'application répétée de ces résultats conduit à ceux-ci :
» Quand on passe de l'équation E à l'équation E2 ., les racines de l'équation
déterminante du point o (la racine o exceptée) augmentent de pn ; quand on
passe de l'équation E à l'équation E_2?, elles diminuent de qn.
» Cela posé, les racines de l'équation déterminante de l'équation (1)
étant o, 1, 2, ..., n — i,on voit que :
» 1. Quand les racines de l'équation déterminante du point critique o pour
(') Voir Comptes rendus, 8 décembre 1890.
( 9«7 )
une équation E sont
o, t — pn, i — pn, . . ., (n — i) — /?/? :
» i° Si p est un nombre positif, les solutions de l'équation E sont données
par
i d i d „_
" " ..- ' ' ,Zr ,. '-' <&: '
le nombre des dérivations étant p, et a. étant racine de V équation r"+i = o.
» 2° Si p est un nombre négatif, elles sont données par
z =- /..■" ' dxfx" ' <l.v...féXTd.\\
le nombre d'intégrations étant p.
» Dans le second cas, on peut éviter les quadratures par l'emploi de
l'adjointe de Engrange de l'équation E. Son équation déterminante aurait
les racines
o, (n-f)-hpn, (n—2)-\-pn, i +/w,
et l'on serait dans le premier cas.
» L'équation E pour le second ordre est l'équation de Bessel et le ré-
sultat précédent l'intègre, comme c'est bien connu, quand l'intégrale gé-
nérale est uniforme autour du point critique o.
» On arrive de la même façon au résultat.
» 2. Pour qu'une équation ait dans la suite qui lui correspond une équa-
tion du type (i), il faut et il suffit que les racines de l'équation déterminante
du point critique o soient
ou
o, î — pn, 2 — pn, ( n — 2) — pn, (n — 1)— qn,
u, («—1) — pn, (n—2)—-pn, (i) — p, 1 — qn,
0 et q étant des entiers.
» Les résultats 1 et 2 intègrent l'équation du troisième ordre, dans
tous les cas où l'intégrale générale est uniforme autour du point critique o.
11 n'en est pas de même quand il s'agit dune équation d'ordre n. Il est en
effet facile d'établir :
» 3. Pour que l'équation E ait son intégrale générale uniforme dans tout
le plan, il faut et il suffit que les racines de l'équation déterminante du point
critique o (excepté la racine o) soient respectivement 1, 2, . . .. (n — 1) à un
multiple de n près, qui n'est pas le même pour toutes ces racines.
(9«8 )
» Je termine en indiquant la formule
- - A _i_ L_ *** . $(g + /») ^+2»
/(Ê + «) fH+ »)/(* + a»)
, E(Ç-H/i)(g + 2tt) £+3„
où
f(r)= — /■(/• — i). ..(/■ — n-f- i) — ,/•'. . . (r— « + 2). .. — fts,
qui représente le développement d'une intégrale autour du point cri-
tique o, \ étant racine simple de l'équation déterminante et étant telle
que sa différence avec l'une quelconque des autres racines ne soit pas un
nombre entier. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la convergence des fractions continues
simples. Note de M. H. Padé, présentée par M. Picard.
« Les fractions qui ont pour numérateurs des monômes en x à coeffi-
cients et exposants différents de zéro, et pour dénominateurs partiels des
polynômes en x à terme constant différent de zéro, jouent, dans l'étude
des fractions continues, le même rôle que les séries entières dans l'étude
des séries; nous les noramons/racto/iî continues simples.
» Soit
sont des fractions ration-
(0
a. -h —
-h — +.
«3
• • »
une
telle
fraction ;
ses
■A ■♦ U'
réduites y-
U, u,
' v7' v;'
sont
nelles irréductibles
et 1
'on a, pour
q>p>
(2)
uf_
_u„ (-
i)''+1
aia.3...ap+l |
» /J4-1
2<*3-
■ *a p »- 2
■ v„ +
v.
V
2
( — i)'iy-2y.,...i„
' V Y
» Par cette formule, l'étude de la convergence de la fraction continue
est ramenée à celle de la série illimitée,
,cx (-0"'-' ».*.,- ••«„+. , (-i)p+i *!*,...*„+* ,
\^ ' V V V V ■-!-....
» Soit (C) le cercle de convergence de la série entière
(S') aa — a, a, + ct2xixA — . . . + ( — l)"a2a3. . . x„ -t-. . . ,
< 9«9 )
et considérons un ensemble (E) de points du plan, tels que, pour chacun
d'eux et pour toutes les valeurs de l'entier i, supérieures à un nombre posi-
tif fixe N, on ait
a < | V,- ! < A,
a et A désignant deux nombres positifs fixes. Pour chacun des points de
l'ensemble (E), la série (S), où l'on suppose/? plus grand que N, et la sé-
rie (S') sont convergentes et divergentes en même temps. Ainsi, en se bor-
nant aux points de l ensemble (E), on peut parler du centre de convergence (C)
de la fraction continue.
» Supposons que tous les points d'une partie (y) du plan intérieur au
cercle (C) appartiennent à l'ensemble (E); dans le champ (y) la fraction
continue définit une fonction analytique continue uniforme de x.
» La principale difficulté de l'étude de la convergence se trouve dans la
détermination de l'ensemble (E). Un cas où il est particulièrement facile
de déterminer quels sont ceux des points d'une partie donnée (A ) du plan
qui appartiennent à cet ensemble est celui où, dans celte partie (A), la
suite illimitée V, , V2, V.,, .... tend uniformément vers une fonction continue.
Dans ce cas, tous les points de (A), sauf ceux qui correspondent à des ra-
cines de la fonction continue, sont des points de l'ensemble (E). En parti-
culier, pour la fraction continue d'Euler, tous les polynômes V,, V2,
sont des constantes égales, si l'on veut, à l'unité; cette fraction est donc
convergente dans le cercle (C) et divergente en dehors, ce qui s'accorde
avec'le théorème d'Abel sur les séries entières.
» Les fractions rationnelles approchées d'une fonction forment une
suite infinie à double entrée, d'où l'on peut, d'une infinité de manières,
extraire des suites illimitées, à simple entrée, de fractions rationnelles qui
soient les réduites successives d'une fraction continue simple; le choix de
ces fractions peut être fait de telle sorte que les éléments de la fraction
continue suivent une loi régulière ; il en sera alors de même des dénomina-
teurs V,, V2, V3, . . .; c'est donc pour ces fractions continues simples parti-
culières que l'étude de la convergence présentera le plus de facilités, et
les fractions appartenant à un même type régulier se diviseront en général
en fractions toutes convergentes ou divergentes en même temps.
» Ainsi toutes les fractions continues simples régulières relatives à ex sont
convergentes dans tout le plan ; pour chacune d'elles le rayon du cercle (C)
est infini, tandis que les dénominateurs des réduites tendent uniformément
soit vers i, soit vers e ~, soit vers e~j:, fonctions continues qui n'ont aucun
zéro à distance finie.
( 99° )
» Considérons encore la fonction
\ ^- «J *.' *.'
- I + 5 -H — H !-
2 y/5 ' — \/s " 3 ' 5
et l'une quelconque des fractions continues simples régulières, qui ont
pour réduites successives des fractions rationnelles approchées dont les
dénominateurs soient d'un même degré g, tandis que les degrés des numé-
rateurs sont o, i, 2, 3, ... ; pour une telle fraction continue, le rayon du
cercle (C) est égal à l'unité, tandis que le dénominateur de la réduite tend
uniformément vers (i — xf . La seule racine de cette fonction est x = t ,
donc l'ensemble (E) se compose de tous les points du plan, hormis le
point i. Toutes les fractions continues considérées convergent donc dans
le cercle (C) et divergent en dehors de ce. cercle. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur un inclinateur à induction. Note de M. H. Wild,
présentée par M. Mascart.
« Dans un article inséré au Bulletin de l'Académie impériale des Sciences
de Saint-Pétersbourg (t. XXVII, mai 1881), j'ai brièvement décrit une
nouvelle méthode de détermination de l'inclinaison magnétique avec la
boussole à induction de Weber, méthode qui élimine expérimentalement
l'erreur provenant de ce que la sensibilité des galvanomètres employés.varie
avec l'angle de déviation de l'aimant. J'ai décrit la méthode et les résulttats
obtenus avec un instrument provisoire dans un article inséré aux Comptes
rendus de i88/j, t. XCVIII, p. 91. Convaincu que la boussole à induction
convenablement construite permettrait de déterminer enfin l'inclinaison
absolue avec la même exactitude que la déclinaison absolue, j'ai fait con-
struire, dans l'atelier de l'Observatoire physique central, une boussole à
induction de grande précision. Elle a été établie, au printemps de 1890,
à l'Observatoire magnétique de Pawlowsk et je l'ai décrite, ainsi que les
nombreuses expériences qui ont été faites de juin à décembre de l'année
dernière par trois personnes différentes, dans le Mémoire présenté. Il ré-
sulte de ces expériences cpie l'inclinaison absolue peut être déterminée,
avec la nouvelle boussole et par ma méthode, à l'aide d'une seule ob-
servation, avec une erreur moyenne de ± !{ , 5. Dans le commencement de
l'année 1891, grâce à l'habileté de nos observateurs, cette erreur estmême
devenue rfc 2", 5. Ainsi se trouve résolu le problème de déterminer l'incli-
naison, au moins avec la même exactitude que la déclinaison. »
( 99* )
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur un procédé de construction des vis de haute
précision pour les appareils de mesure de la Carte du Ciel. Note de M. P.
Gautier, présentée par M. Mouchez.
« Les vis employées jusqu'à présent dans les appareils de mesure étaient
simplement filetées avec soin ; on avait à compter avec des erreurs prove-
nant de la vis conductrice et de l'outil qui s'usait plus ou moins suivant le
nombre de filets à couper; il en résultait la nécessité de faire de la vis une
longue et pénible étude pour trouver les corrections à lui appliquer.
» J'ai pensé qu'il était possible de pousser beaucoup plus loin la préci-
sion dans la construction d'une vis. Supposons, en effet, une vis filetée
dans les conditions ordinaires; si, après avoir insufflé sur elle une pous-
sière très fine d'émeri, nous la faisons passer dans un écrou en cuivre
d'égale longueur, il y aura modification de l'écrou par la vis et récipro-
quement de la vis par l'écrou. Ccite modification mutuelle de la vis et de
l'écrou s'opère ainsi par un véritable rodage; il en résultera nécessaire-
ment une amélioration successive de l'une et de l'autre, et le degré de
précision qui pourra être atteint dépendra à la fois des précautions de di-
verses natures prises dans le rodage et du temps qu'on y aura consacré.
» J'ai appliqué ce procédé à la construction d'une vis de om, 26 de lon-
gueur et de om,oi3 de diamètre. Il y avait une difficulté considérable à
obtenir un écrou d'une (elle longueur parfaitement rectiligne, d'un écar-
tement de filets et d'une dilatation identiques à ceux de la vis. Pour tour-
ner cette difficulté, j'ai employé l'artifice suivant : j'ai formé un écrou par
la réunion, sur une même base d'acier, de 10 petits écrous de forme
cubique de om,02ode côté, séparés l'un de l'autre par un intervalle
de om,oo5.
» Ces écrous étaient fendus suivant leur axe, de manière à permettre
de faire varier à volonté au moyen d'une vis de pression l'ouverture de
leur trou; j'ai vissé ces écrous partiels sur la vis que je me proposais de
corriger et, avant de les fixer à la base d'acier, j'ai rodé ensemble les sur-
faces des écrous qui doivent s'appuyer sur cette base.
» Ayant ainsi composé mon écrou, j'ai fait passer la vis d'un bout à
l'autre un très grand nombre de fois, en la retournant à chaque nouveau
passage, bout pour bout.
» La vis corrigée par le procédé qui vient d'être décrit est actuelle-
ment montée sur une machine à diviser qui sert au tracé des réseaux sur
verre argenté, destinés à la Carte photographique du Ciel.
( 992 )
» D'après les mesures faites avec des microscopes sur l'une de ces
plaques à réseaux par MM. Trépied et Henry, il a été constaté que l'erreur
maximum ne dépassait pas omm,ooo6. »
CHIMIE. — Études quantitatives sur l'action chimique de la lumière. Deuxième
partie : Réactions sous différentes épaisseurs et avec différentes formes de
vases. Note de M. Georges Lemoine.
« Lorsque la lumière décompose un mélange d'acide oxalique et de
chlorure ferrique, elle subit en le traversant une absorption qu'on peut
admettre être la même que si l'eau remplaçait l'acide oxalique. En effet,
devant deux vases identiques contenant le réactif, plaçons deux cuves de
25°"", l'une avec de l'eau, l'autre avec de l'acide oxalique : les décompo-
sitions seront les mêmes. Il suffit donc de mesurer les absorptions du chlo-
rure ferrique.
)> Calcul des quantités de réactif décomposées pour différentes épaisseurs. —
Soit une courbe i=f{l) donnant les proportions de lumière transmises
pour différentes épaisseurs /. Dans une couche très mince dl, le poids de
réactif décomposé est proportionnel à l'intensité lumineuse i : il peut
donc se représenter par un petit rectangle mm'nn' dont la surface est idl.
On voit ainsi que le poids total de réactif décomposé dans un rectangle
d'épaisseur / pendant un temps très court est proportionnel à la surface de
la courbe i = /(/). En d'autres termes, on l'obtiendra par une intégration.
» On n'a ainsi qu'une première approximation pour deux raisons qu'on trouvera
discutées dans mon Mémoire et qui, en fait, n'ont pour les résultats qu'une importance
secondaire. D'abord, dans notre mélange il peut y avoir partage des deux acides, et
l'on suppose implicitement que le chlorure ferrique et l'oxalate ferrique (qui ont la
même teinte) ont le même pouvoir absorbant. D'autre part, outre l'absorption phy-
sique, il peut y avoir une autre absorption correspondant au travail moléculaire de
décomposition que produit ou excite la lumière : il faudrait alors, au lieu de la
courbe i, prendre une autre courbe, un peu au-dessous, exprimant l'absorption totale.
Mais la différence est faible. On va voir en effet que les décompositions observées sont
à peu près égales aux décompositions calculées sans attribuer aux radiations lumi-
neuses aucune dépense spéciale d'énergie en dehors de l'absorption physique.
( 993 )
» Résultats des expériences dans les premiers temps de la réaction. —
I. Pour les cuves rectangulaires on part des formules de transmission
du chlorure ferriqne | normal avec un ciel bien pur dans la belle saison
(Comptes rendus, 27 avril 1891, p. 939). La décomposition du mélange
optiquement équivalent, de chlorure normal et d'acide oxalique normal,
en sera l'intégrale, d'après les relations
jt _l_ nl sè'I _4_
1 = nal -+- n a
al n'a'l
La'
n
\Ta
11
La1
» II. Les tubes circulaires peuvent être décomposés en petits rectangles
à chacun desquels s'applique le calcul précédent : cela revient à une inté-
grale double.
» L'expérience ne peut donner que des mesures comparatives : nous
devrons donc considérer comme égale à l'unité là décomposition effectuée
pour l'une des épaisseurs considérées. Voici quelques spécimens :
Épaisseur
des rectangles
ou diamètre
des cercles.
Décomposition
totale
./
S = / i ill
Décomposition
moyenne
pour imn"i
Rapports
entre les
décompositions
moyennes.
f i dl. s= l- f
' 0 ' t 0
idl. Théorie. Expérience.
o , 1 4o8
Rectangles : lumière blanche.
t Dix expériences
0,1/408 2,76 2,8 donnent de
2,68 à 3,00
4
0,204l
o,o5io i
1
65
0,5925
0,0091 0,18
Rectangles : lumière bleue,
0,15
1
0,09l5
0 , 09 1 5 3,2i
"j 3,44 j
i 3,32 )
Réaction
très rapide
-1
o,u4i
0,0285 1
Rectangles : lumière jaune
1
1
°>94'7
0,9417 1,09
( 116 )
1,12
( 1,08 )
Réaction
très lente
4
3,473o
o,8658 1
Cercles : lumière blanche.
1
6
1,246
o,o44i ',82
j 1,56
I 1,85
■ 4
3,732
0,0242 1
i
27
9,368
0,0164 0,68
j 0,80
! 0.67
C P..,
1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 18.)
i3o
( 994 )
» III. Les différences pour les deux extrémités du spectre se conçoivent
très bien. Avec le jaune, qui est la couleur de notre réactif, l'absorption
est presque nulle : le rapport entre les décompositions moyennes est donc
très rapproché de i. Avec le bleu, l'absorption se fait dès les premières
couches, qui seules sont décomposées énergiquement : dès lors, si d'une
cuve de im on passe à une cuve de 4m> l'épaisseur ajoutée n'accroîtra
presque en rien la décomposition totale : donc le rapport des décomposi-
tions moyennes se rapprochera de l\.
» Vitesse de la réaction : théorie et expériences. — A mesure que la dé-
composition s'avance, sa vitesse varie pour deux causes agissant en sens
inverse : i° la diminution de la teneur en matière décomposable; 2° le
changeaient de transparence qui en résulte, puisque le chlorure ferrique,
coloré, est remplacé par du chlorure ferreux presque incolore. Si ce chan-
gement physique n'avait pas lieu, la décomposition dy, dans le temps dt,
serait proportionnelle au poids (p — y) de matière décomposable existant
actuellement et à l'intensité moyenne s de la lumière dans le vase consi-
déré, soit, en appelant R' une constante,
(0 % = v>(p-y)'
» Pour apprécier le changement de transparence, représentons graphi-
quement les valeurs de s (toutes connues par nos formules) pour les dif-
férentes dilutions de notre réactif : s = <p(/>). A mesure que p se change
en (p — y), il faut, dans (i), prendre pour s une valeur nouvelle. En pra-
tique, on peut, dans un certain intervalle, remplacer la courbe s = <?(/>)
par un arc d'hyperbole, tel nue -, — r> d'où la formule suivante, qui
i ji i h _(_ (p _ , ) i
peut s'intégrer par décomposition en fractions rationnelles
dy „, y v a rr p — y
777 =- lv KP—y)b + (p_y) — v77^:(y0_7)'
» Comme tout est comparatif, on se donne la durée t de l'une des obser-
vations, et l'on y rapporte les autres. Voici quelques spécimens pour la
lumière blanche et les liquides normaux, pendant de belles journées :
Rectangle de im Kt^z 5, 3g6 0,8802: Iog f 1 — — J ,
Rectangle de 4m Kt=. 8,4i5 |"i ,8.958 £ — logfi- |jl,
Cercle de i4m Kt=2i,i5j 1 ,6190 2- — log ( 1 — =- j •
( 995 )
Rectangle
de 1™.
Rectangle
de 4».
Dosage de
FeCl.
Dosage de
FeCl.
y.
p Expérience.
Théorie.
y
p'
Expérience.
Théorie.
min
0,452 1 = 12 1
min
! = IO,5
0
,22
ni in
< = 20
min
t =21
o,744 20
20 donnée
0
,32
31
3i donnée
0,935 30
3a
0
,4o
40
4o
» »
»
0
, 5o
50
5o,5
» »
»
0,
66
69
69
Cercle de i4°°.
Mesure du gaz dégagé : p = a3g".
(gaz) Expérience.
Théorie.
63 t— 48 * = 46
82 60 61
1 10 84 84 donnée
r 20 91 93
142 113 112
CHIMIE. — Sur quelques composés formés par le chlorure mercurique.
Note de M. G. André.
« Je réunis dans cette Note l'étude d'un nouveau sel double formé par
le chlorure mercurique et celle des combinaisons de ce même chlorure
avec l'aniline et la benzylamine.
» I. J'ai réussi à préparer certains chlorures doubles ammoniacaux de
zinc et de mercure en dissolvant dans le chlorure d'ammonium, soit les
deux oxydes, soit un oxyde et un chlorure.
» Je dissous à chaud de l'oxyde de zinc dans une solution concentrée
de sel ammoniac, et j'ajoute peu à peu à l'ébullition du chlorure mercu-
rique à refus. Après refroidissement, la masse cristalline est égouttée sur
du papier. Elle représente un chlorure double ammoniacal de zinc et de
mercure, de composition assez constante :
4ZnCl2.HgCl-.ioAzH3+2H20 (').
Il semble que chaque chlorure ait conservé dans le sel double son type
primitif de chlorure ammoniacal. En effet, le chlorure de zinc ammoniacal
qu'on obtient par dissolution de l'oxyde dans le sel ammoniac, ou celui
qu'on prépare par dissolution du chlorure de zinc dans l'ammoniaque,
contiennent, tous deux, pour une molécule de chlorure, deux molécules
d'ammoniaque. H en est de même du chlorure ammoniacal de mercure,
dont j'ai parlé dans une Note précédente et dont la formule est
HgCP.aAzIP.
( ') Calculé.
Trouvé.
Cl = 34,77;
Cl = 34,59;
Zn = 25,46; Hg=[g.58; Az = 13,71
711 = 24,70-24,92; Hg = i9,28; Az=i3,9i
(996)
Dans le sel double que je viens de décrire, il existe bien 10 molécules
d'ammoniaque pour 5 molécules des chlorures. Ce sel, chauffé dans un petit
tube, dégage de l'eau, fond et donne un sublimé blanc avec dégagement
d'ammoniaque. L'eau bouillante ne le dissout pas, mais le décompose en
donnant un corps amorphe, mélange d'oxychlorure de zinc et de chlorure
d'oxvdimercuriammonium. Il se dissout aisément dans l'acide chlor-
hydrique.
» II. On obtient un chlorure double, de formule analogue, en dissolvant
simultanément 20gr d'oxyde de zinc et 20gr d'oxyde jaune de mercure dans
une solution bouillante contenant ioogr de sel ammoniac. La dissolution de
ce dernier oxyde est assez lente et exige une bonne ébullition. Le com-
posé cristallin déposé par refroidissement est séché sur du papier. Il ré-
pond à la formule 2ZnCl2.HgCI2. 6AzII3 -h ^H20 ('). Il se conduit
comme le précédent dont il possède, comme on voit, le même type de
formule.
» III. L'aniline agit sur le chlorure mercurique en donnant, comme
l'ammoniaque, deux sortes de composés : i° un composé d'addition bien
connu : (C°H5 AzH2)2.HgCl2, et 2° un composé de substitution
C8H5AzH.HgCl
décrit par Forster (Berichte, t. VII, p. 294). On peut facilement préparer
un autre composé d'addition en agitant à froid imo1 de sublimé dissous
dans l'eau avec 2mo1 d'aniline. On filtre, on lave le précipité blanc et on le
sècheà 1 io°. Sa formule est CfPAzH2. HgCl2 (2). Si l'on mélange à froid
des solutions aqueuses de sublimé et d'aniline avec excès d'aniline, il se
précipite, par un contact prolongé, des corps qui, lavés à l'eau et séchés
à 1100, donnent à l'analyse un excès de mercure par rapport au chlore,
excès dû probablement à de l'oxyde. Car ces composés, chauffés dans un
petit tube, dégagent un peu d'eau. On n'arrive pas à un meilleur résultat
avec des solutions alcooliques bouillantes.
» J'ai préparé un composé de substitution, différent de celui signalé
plus haut, en versant peu à peu dans une solution bouillante d'aniline
(8 molécules) 1 molécule de sublimé. Le corps jaunâtre qui se précipite
(') Calculé.. . Cl = 32,56; Hg = 3o,58; Zn = 19,87 ; Az = 12,84
Trouvé... Cl == 32,42; Hg = 3o,i2; Zn = 2o,3o; Az= 12,70
(-) Calculé. .. C = 19,79; H = 1 ,92 ; Cl = 19,50; Hg = 54, g4 ; Az = 3,85
Trouvé. . . C = 19,24; H = 2,07 ; CI = 19, 34; Hg rr 55, i5 ; Az = 3,5o
( 997 )
a été lavé et séché à i io°; il répond à la formule
5C6H5.AzH.HgCl4-2HgCl2 (').
Ce corps qui représente une combinaison de chlorure mercurique avec le
corps substitué est l'analogue du composé Az II2. HgCl -f- HgCl2 obtenu par
Millon dans l'action de l'ammoniaque sur un grand excès de sublimé. Il
est très stable; en effet, chauffé avec de l'alcool ou avec de l'eau pen-
dant plusieurs heures, il n'abandonne pas de chlorure mercurique, mais
se transforme seulement dans le composé
3CnH5AzH.HgCl + 2HgCl2 (.*).
Je n'ai pas réussi à préparer uniquement un composé de substitution tel
que celui indiqué par Forster, et j'ai toujours obtenu, dans les différentes
opérations que j'ai effectuées, les deux composés susindiqués.
» IV. Avec la benzylamine les résultats sont plus nets; la présence de
AzH2 dans la chaîne latérale rapprochant ce corps de l'ammoniaque ou
des aminés grasses, lesquelles donnent si facilement, avec HgCl2, des
composés d'addition et de substitution.
» On obtient un composé d'addition en faisant bouillir un excès de
sublimé (4 molécules) et ajoutant peu à peu i molécule de benzylamine
dissoute. Le précipité blanc formé a été chauffé avec de l'eau plusieurs fois
et finalement séché à i io°. Il répond à la formule
CIP.CH2. AzH2. HgCl2 (3).
On obtient encore ce même composé en chauffant à l'ébullition i molé-
cule de sublimé avec i molécules de benzylamine, les deux corps étant en
solution alcoolique.
» Quant au composé de substitution, on le prépare en versant dans
4 molécules de benzylamine, en solution aqueuse bouillante, i molécule de
chlorure mercurique. Il faut ensuite faire bouillir pendant longtemps le
précipité blanc avec de l'alcool, puis le sécher à i io°. Sans cette précau-
(') Calculé .
Trouvé .
(2) Calculé .
Trouvé .
(!) Calcul
C — i6,5i; H = i,38; Cl=i4,66; Hg = 64,24; Az = 3, 21
C = i6,3i; H=i,47; C1=j5,o5; Hg — 64,38; Az=2,64
C = 14,17; H = 1,18; Az = 2,75; Hg = 65,6o; Cl=i6,3o
Cr=i4,33; H = i,38; Az=2,74; Hg = 65,3i; Cl =16,47
C=22,22; H = 2,39; Az = 3,70; Hg = 52,o,i; 0 = 18,78
Trouvé.. C=22,o5; 11=2,45; Az = 3,88; Hg = 53,36; CI = i8,43
e .
( 99» )
tion, le composé renfermerait un excès de mercure, peut-être à l'état
d'oxyde combiné. Sa formule est
CcrF.CH2.AzH.HgCl (').
Il est insoluble dans l'eau bouillante, tandis que le composé d'addition s'y
dissout bien. »
CHIMIE. — Énoncé d'une loi générale déterminant, en fonction simple de la
constitution chimique des corps, les températures de leurs changements d'état
sous toutes les pressions. Note de M. G. Hixrichs.
« Les composés linéaires normaux, comme les paraffines, les alcools, les
acides, ont une forme atomique à peu près prismatique. Tous les autres
composés sont référables à ceux-là, ou par substitution ou par isomérie.
Il v a une vingtaine d'années déjà, j'ai montré comment les changements
d'état des composés isomériques et de substitution sont déterminés en
mécanique moléculaire (Comptes rendus de 1873 et de 1873). Reste donc
à trouver les lois fondamentales pour les composés prismatiques.
» La température t d'ébullition d'un composé prismatique est une
somme de deux fonctions distinctes
(1) t=yA-+-'y2
où
(2) y, = kt(\oga -loga,)
et
(3) v2=X-2(loga, — logrt)2.
» Les a, et a2 représentent des valeurs définies du poids atomique a,
kt et X2 sont des constantes.
» Pour toute valeur du poids atomique a excédant oc2, (1) se réduit à
t = y,, dont l'expression (2) détermine en fonction de ac = loga la ligne
droite dey, que j'appelle la limite logarithmique. Pour toute valeur inférieure
(') Calculé... C = 24,6o; H = 2,35; Az = 4,io; Hg = 58,56; Cl = io,3o,
Trouvé... C = 24,32; H = 2,5o; Az = 4,o8; He; = 58,9o; Cl = io,23
( 999 )
à a2 il faut ajouter à la valeur y, l'ordonnée parabolique y., déterminée par
(3). La courbe des points d'ébullition pour une série homologue de forme
atomique prismatique se compose donc d'un arc parabolique (3) tangent
à la limite logarithmique (2) au point déterminé par a = oca. La valeur kt
détermine l'inclinaison de la limite logarithmique et j'appelle k2 le paramètre
de l'arc parabolique.
» Tous les composés dérivables par substitution terminale des paraf-
fines normales n'ont qu'une seule limite logarithmique donnée par
/ï-, = 583°,75 et a, = 72, 78,
la pression étant 760°"". De plus, chaque série homologue comprise dans
ce grand nombre de composés est complètement représentée par les va-
leurs spéciales des deux constantes a2 et k2. Par exemple, les trente-cinq
paraffines normales C„H2n+2 sont représentées par a2 = 20 1° et k2 = 2000.
Pour les monamines, on trouve toutes les valeurs 2780 et 225°, et ainsi de
suite. De plus, ces constantes sont fonction de l'atome ou du radical for-
mant la tête substituante de l'atome prismatique général.
» Si l'on adopte un troisième axe de coordonnées pour logp = :■, où p
est la pression des vapeurs saturées, les valeurs des constantes citées de
(1) à (3) appartiennent au plan XY déterminé par la valeur z = log7Ôo.
Pour le plan XY passant par z = logi5, la limite logarithmique (1) est
déterminée par k{ = 5i7°,o et a, = 1 13°, 81. On voit qu'elle fait un angle
moins grand avec l'axe des X et s'est déplacée du côté droit. La surface
limite logarithmique de tous ces composés pour toutes pressions est le para-
boloïde hyperbolique déterminé par les limites dans les plans de i5mm
et 760™'".
» Pour un liquide quelconque, la température absolue T d'ébullition
sous pression p (en atmosphères) est déterminée par la même loi générale
un peu spécialisée, comme il suit :
(4) T = Y,+ Y2,
où
(5) Y< = K1(i,4 + log/»)
et
(6) Y2 = K2(logu — logpy.
( IOOO )
» Les limites logarithmiques (5) de tous les liquides passent par le
même point de zéro absolu, déterminé par
ï = o = — 273 et \ogp = — 1,4.
Pour chaque liquide, cette limite s'étend supérieurement jusqu'au point
critique p = t. et T = 0. Pour beaucoup de composés, ce point peut se
calculer d'après la composition chimique, ainsi que la valeur du para-
mètre K2. On comprend que la courbe parabolique est tangente à la limite
logarithmique au point critique.
» Il va sans dire que la même loi est applicable aux tensions de disso-
ciation et même à la solubilité des solides dans les liquides.
» Les températures de fusion s'obtiennent simplement en changeant un
signe dans (1), ou
(7) t=y,-y*>
ce qui place la courbe parabolique au-dessous de la limite logarithmique.
)> Un des résultats les plus remarquables de cette recherche est la dé-
termination mécanique de la position vraie des atomes de carbone dans les
séries organiques et l'explication complète de la différence du point de
fusion des composés contenant un nombre pair ou impair de carbone.
» En posant loga = x, log/> = z et, de même, logoc = \ et logir = L,, les
formules (1) à (7) deviennent
y., = /c.2(l2 — x)2,
Y, = K, (£ — *)*.
Ces formules font voir toute la simplicité des lois énoncées, et aussi déter-
minent les surfaces résultantes par les coordonnées x, z et y = t = T en
général. »
chimie. — Sur le sëléniure de bore. Note de M. Paul Sabatier.
« On n'avait jamais, jusqu'à^ présent, obtenu de combinaison du sélénium
avec le bore. Je suis parvenu à préparer le séléniure de bore en faisant
arriver des vapeurs de sélénium sur le bore amorphe chauffé au rouge. On
opère plus régulièrement en se servant d'un courant d'hydrogène sélénié
(8)
t = y<± j2.
J«
= kt{œ-l),
(9)
T = Y, + Y2,
Y,
= K, (*-£.).
( IOOI )
bien sec, qu'on dirige lentement sur le bore maintenu au bon rouge dans
un tube en verre de Bohème.
» Le bore brun noirâtre est entièrement transformé en séléniure gris
jaunâtre ne présentant aucune trace de fusion ('). Au delà de la nacelle
qui contient la matière, les parois du tube sont tapissées d'un mince dépôt
pulvérulent de séléniure borique jaune clair où apparaissent, un peu plus
loin, de fines gouttelettes de sélénium vitreux, puis du sélénium rouge
écarlate pulvérulent.
» Le séléniure de bore est donc moins fusible et moins volatil que le
sulfure.
» Au contact de l'eau, il réagit vivement en donnant un dégagement
tumultueux d'hydrogène sélénié; il apparaît en môme temps une certaine
dose de sélénium rouge pulvérulent, mis en liberté.
» Le séléniure jaune, condensé sur les parois du tube, est détruit par
l'eau sans dépôt de sélénium, et donne seulement de l'acide borique et de
l'hydrogène sélénié, dont la dissolution, d'abord limpide et incolore, ne
tarde pas à s'oxyder en se remplissant de sélénium rouge.
» Le séléniure de bore dégage une odeur extrêmement irritante et
pénible, due visiblement à l'acide sélénhvdrique que l'humidité de l'air
fait apparaître.
» L'action de l'eau sur le séléniure jaune montre que sa composition
est comparable à celle du sulfure ou de l'anhvdride borique, et se trouve
représentée par la formule B2Se3. Une analyse rapide de la matière grise
m'a conduit à un résultat semblable. Je poursuis en ce moment des re-
cherches sur la chaleur de formation de ce composé, ainsi que sur le tel-
lurure de bore. »
CHIMIE. — Sur l'action de l 'acide iodhydrique sur le bromure de bore.
Note de M. A. Bessox, présentée par M. Troost.
« L'acide iodhydrique sec sans action sur le bromure de bore BBi :t à
la température ordinaire donne, à une température plus élevée, trois pro-
duits de substitution :
BBr-I, BBrP, BP.
(' ) Cette absence de fusion favorise la transformation totale de la matière ; on a vu.
dans ma précédente Communication (même Tome, p. 862), qu'il n'en est pas ainsi poul-
ie sulfure.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, N° 18.) l3t
( 1002 )
» On dirige à travers un tube de verre chauffé à une température voisine
de 3oo°-4oo° un courant de gaz iodhydrique entraînant des vapeurs de
bromure de bore et l'on répète cette opération à plusieurs reprises avec les
parties les plus volatiles du produit recueilli. Le liquide obtenu, fortement
coloré par de l'iode, est mis à digérer avec du mercure, puis Ton sépare
par des distillations le bromure inaltéré qui se trouve en majeure partie.
» Le rendement est très mauvais et, malgré plusieurs opérations suc-
cessives, qui ont porté sur près de Soo61, de bromure de bore, la quantité de
produit substitué a été si petite qu'il n'a pu être soumis qu'à deux frac-
tionnements, ce qui n'a pas permis d'isoler les bromoiodures à l'état de
pureté complète; l'iodure de bore se sépare facilement des produits qui
précèdent. Les essais tentés pour obtenir un meilleur rendement ont été
nombreux; au rouge vif la substitution est nulle.
» Les bromoiodures, comme l'iodure de bore, se colorent rapidement à
l'air et à la lumière par mise en liberté d'iode; la lumière seule semble
incapable de produire cette décomposition. Le mécanisme de cette décom-
position paraît être le suivant : l'humidité de l'air met en liberté de l'acide
iodhydrique qui, en présence de la lumière et de l'oxygène de l'air, est
décomposé avec mise en liberté d'iode. Ils sont décomposés par l'eau avec
violence.
» Le bromoiodure BBr2I est un liquide incolore, qui distille vers 125°.
» Voici une analyse de ce corps : le bore a été dosé à l'état d'acide bo-
rique B03,3HO en évaporant à une douce chaleur (5o°-6o°), dans un
courant d'air, le produit de la décomposition par l'eau.
Théorie pour BBr2l. ,
Théorie pour BBrI2. .
Poids
de
Bo
A»Br
A" I
Pour 2AgBr + AgI
substance.
pour 100
pour 100.
pour 100.
0,6g4
4,26
n
»
0,55a
»
210, i5
( Br... 55, o3 )
|I.... 43,68 |S = 98'7'
»
3,73
»
jf'-- f'6fi9U = 96,3o
/ I 42,61 )
iBBrl2,
liquide
incolore.
distille vers 1800 :
Poids
, Br
de
Bo
Ag ,
Pour Ag Br + 2 Ag I
substance.
pour 100.
pour too.
pour 100.
l,o38
3, 12
»
»
0,711
»
3,01
192,40
! ?.'::: S ! ■=«•«
»
»
!,Br::: £2.1*=**
( ioo3 )
» Enfin l'iodure de bore a donné à l'analyse :
Poids
de B I
substance, pourioo. pour 100.
i , i If) 2,53 »
0,996 » 98, 20
Théorie pour HP. .. . » 2,81 97 , 19
CHIMIE. — Sur les chromites basiques de magnésie et de zinc et sur le chromite
neutre de cadmium. Note de M. G. Viakd, présentée par M. Troost.
« Bien qu'on n'ait obtenu, par voie sèche, que des chromites neutres
MO, Cr2 O3, il est facile de préparer des chromites basiques de magnésium
et de zinc, tandis que le cadmium, dans des conditions semblables, ne
fournit qu'un chromite neutre. Les principales circonstances de formation
de ces composés sont : la calcination du chroma te, l'action, au rouge
sombre, du bichromate de potasse sur l'oxyde, l'action du chromate ou du
bichromate de potasse sur le chlorure.
» Quel que soit le mode de préparation, il faut toujours les traiter par
l'acide chlorhydrique bouillant pour enlever l'oxyde non combiné qui se
trouve mélangé au chromite inattaquable par les acides; on doit ensuite
laver et recueillir ces composés par décantation, parce qu'ils passent à tra-
vers les filtres lorsqu'ils sont bien lavés.
» Les analyses ont été faites, soit en les fondant avec un mélange de
carbonate de soude et de chlorate de potasse, soit en les attaquant par un
mélange d'acide nitrique et de chlorate de potasse.
» Curojhtes de magnésie. — i° Calcination du chromate de magnésie. — La calci-
nation du chromate de magnésie au rouge naissant fournit une poudre brun clair, cor-
respondant à la formule 2MgO, Crs03 :
Calculé
Trouvé. pour aMgO, Cr'O'.
MgO 34,53 34,33
Cr203 65,62 65,67
» Si l'on opère la calcination à des températures de plus en plus élevées, des quan-
tités croissantes de magnésie se séparent de la combinaison avec l'oxyde de chrome,
jusqu'à une limite 5MgO, 4Cr203, que l'on atteint un peu au-dessus de la fusion de
l'argent et qui ne se modifie pas quand on élève la température jusqu'au rouge blanc;
la teinte seule varie, et, de gris jaune vers la fusion de l'argent, elle passe à très haute
Calculé
pour
II.
5MgO,4Cr20>.
■24 , 53
24,63
75,42
75,37
( ioo4 )
température au vert grisâtre. Voici les analyses de deux produits obtenus à ces deux
températures :
I.
MgO 24,52
Cr203 75,72
« Ce composé 5MgO,4Cr203 prend encore naissance quand on chauffe fortement
un mélange de chromate neutre de potasse, de sulfate de magnésie déshydraté et de
sulfate de potasse : deux préparations ont donné des produits renfermant respective-
ment 24,44 et 24, 5o pour 100 de magnésie.
» La calcinalion du chromate double de magnésie et de potasse fournit exacte-
ment les mêmes produits que celle du chromate simple dans les mêmes conditions.
» 20 Action du bichromate de potasse sur la magnésie. — Elle permet d'obtenir
un composé intermédiaire entre les deux précédents. En chauffant au rouge sombre
un mélange de magnésie et de bichromate de potasse, il se dégage de l'oxygène et il se
forme une poudre brune d'un chromite de magnésie, qui a pour formule
3MgO,2Cr203,
quelles que soient les proportions de bichromate et de magnésie employées.
» Voici les analyses des trois produits obtenus en chauffant respectivement 1 équi-
valent de magnésie avec 1, 4 et 6 équivalents de bichromate :
Calculé
pour
1.
11.
m.
Moyenne.
3MgO,2Cr:0
MgO
.... 28,43
28, i5
28,16
28,25
28,17
Cr203
71,25
7i»84
71,82
71, 63
7i,83
» 3° Action des chromâtes alcalins sur le chlorure de magnésium. — Bien qu'en
traitant au rouge sombre le chlorure de magnésium, soit par le chromate neutre, soit
par le bichromate de potasse, on obtienne des produits voisins de 3Mg0,2Cr203 et
de 5MgO,4Cr203, je ne crois pas cette réaction susceptible de fournir des composés
bien purs, à cause de la facilité avec laquelle l'oxygène mis en liberté attaque le chlo-
rure de magnésium. Or M. Fremy ayant montré que le chlore, agissant au rouge sur
les chromâtes alcalins, fournit Cr203, on doit craindre, dans ces conditions, d'obtenir
un chromite de magnésie plus ou moins mélangé d'oxjde de chrome. C'est, du reste,
ainsi que, en faisant passer de la vapeur de MgCl sur du chromate neutre de potasse
fortement chauffé, on obtient un produit cristallisé que l'examen microscopique
reconnaît être un mélange de lamelles d'oxyde de chrome et d'octaèdres de chromite
de magnésie.
» Curomites dis zinc. — i° Calcination du chromate de zinc. — Le chromate de
zinc se décompose déjà, quoique lentement, à 44o°, en fournissant une poudre d'un
noir violacé correspondant à la formule 3ZnO, 2 Cr203.
Calculé
Trouvé. pour 3ZnO, 2 CraO.
ZnO 44, o3 44,35
Cr203.. 55,g5 55,65
( ipo.5 )
» Si l'on effectue cette calcination à des températures de plus eu plus élevées, des
quantités croissantes de ZnO se séparent de la combinaison avec l'oxyde de chrome ;
mais, tant que la température n'est pas très élevée, ce dédoublement ne se fait que
lentement. A très haute température, on obtient des produits dont la composition se
rapproche de plus en plus de celle du chromite neutre ZnO,Cr203, mais sans arriver
à concorder exactement avec elle : ainsi, après plusieurs heures de chauffe au rouge
blanc, la teneur en ZnO était de 36, 3o, soit i ,60 de plus que ne le comporte la for-
mule ZnO,Cr203. Ces produits présentent un changement de teinte analogue à celui
qu'on observe dans le cas de la magnésie : du gris violacé, ils passent au vert sale
quand la température de la calcination atteint le rouge blanc.
» 2° Action du bichromate de potasse sur l'oxyde de zinc. — ■ En chauffant au rouge
sombre un mélange d'oxyde de zinc et de bichromate, on obtient une poudre d'un
brun rougeâtre ayant pour composition 6ZnO, 5Cr203, quelles que soient les propor-
tions respectives d'oxyde et de bichromate. Voici les analyses des produits obtenus
en chauffant 1 équivalent de ZnO avec 0,8, 1 , 2 et 4 équivalents de bichromate.
Calculé
1. 11. 111. IV. Moyenne, pour 6ZnO,5Cr'0J.
ZnO 38,65 39, 42 38,6; 3g, 09 38, 96 38 ,g4
Cr203 6i ,56 60,57 fi 1 . 77 60,80 61,17 61,06
» 3° Action du chromate neutre de potasse sur le chlorure de zinc. — L'action
du chromate neutre sur le chlorure de zinc, au-dessous du rouge, fournit des produits
dont la composition dépend de la proportion des réactifs employés tant que l'un d'eux
n'est pas en notable excès par rapport à l'autre. Suivant que c'est le chromate ou le
chlorure qui domine, on obtient soit 6ZnO, 5Cr203, soit 3ZnO, aCr203; avec des
proportions intermédiaires, on obtient des produits qui doivent être considérés comme
des mélanges des deux chromites précédents. Il en est du moins ainsi quand on effec-
tue cette réaction au-dessous du rouge; car, lorsqu'on fait passer le chlorure en vapeur
sur le chromate chauffé au rouge blanc, on obtient, comme je l'ai indiqué {Comptes
rendus, t. CIX), le chromite neutre en octaèdres réguliers.
» 4° Action du bichromate de potasse sur le chlorure de zinc. — Cette action,
effectuée au-dessous du rouge, fournit des produits dont la teneur en oxyde de zinc
oscille entre 43, 4o et 36,23. On doit donc les regarder comme des mélanges de chro-
mite neutre avec les deux chromites basiques précédents.
» La calcination au rouge d'un mélange de chlorure de zinc et de bichromate, indi-
quée, en 1877, par M. Gerber comme fournissant le chromite neutre, peut donner, en
effet, ce composé, mais seulement à la condition que le bichromate soit employé en
très notable excès (5 équivalents de bichromate pour i équivalent de chlorure).
» Chromite neutre de cadmium. — Le cadmium présente des résultats
bien moins complexes que le magnésium et le zinc; il ne fournit qu'une
seule combinaison, le chromite neutre CdO,Cr203.
» i° Calcination du chromate de cadmium. — Le chromate de cadmium, beau
coup plus stable que celui de zinc, n'éprouve aucune décomposition à 44o°; il faut le
( iooG )
chauffer au rouge pour le décomposer, el il fournit alors une poudre verte de chro-
mite neutre :
Calculé
Trouvé. pour CdOCr'O'.
CdO 4-5,46 4-5,56
Cr-O3 54,20 54,44
» 20 Action du bichromate de potasse sur l'oxyde de cadmium. — En chauffant
au rouge un mélange de bichromate et d'oxyde, soit au-dessous, soit au-dessus de la
fusion de l'argent, on obtient le même composé. Voici les analyses de deux produits
obtenus, l'un au-dessous, l'autre au-dessus de la fusion de l'argent :
CdO 46,2o 45,io
Cr-O3 53,85 54,27
» 3° Action des chromâtes alcalins sur le chlorure de cadmium. — Ce n'est
qu'en faisant passer le chlorure en vapeurs sur le chromate neutre fortement chauflé
qu'on obtient {Comptes rendus, t. CIX) le chromite neutre cristallisé. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation de l'éry limite disodique.
Note de M. de Fokcrand.
« J'ai décrit récemment (') des érythrates de potassium et de sodium
hydratés et monobasiques qui se forment à froid par l'action de 1 équiva-
lent d'érvthrite sur 1 ou 2 équivalents de potasse ou de soude, en dissolu-
tion concentrée. L'action de la chaleur change ces corps en érythrates
anhydres C8H9R08 et C8H9Na08.
» Dans la préparation de l'érythrate de potassium, j'ai toujours obtenu
le même composé en augmentant les proportions de potasse, de 2 à
25 équivalents. Au contraire, avec la soude, j'ai pu préparer plusieurs éry-
thrates nouveaux et polybasiques en employant une quantité de cette base
supérieure à 2 équivalents.
» I. Èrythrate disodique. — Il suffit, pour l'isoler, d'abandonner pen-
dant deux ou trois jours, à l'abri de l'air extérieur et en présence d'acide
phosphorique anhydre , un mélange de 1 équivalent d'érythrite et de
3 équivalents de soude, l'une et l'autre en dissolution aqueuse concentrée.
On peut aussi dissoudre directement l'érythrite pulvérisée dans une disso-
lution de soude au maximum de concentration (ogl',425 de Na par centi-
(' ) Comptes rendus, t. CXII, p. 4§4 et 532.
( !OQ7 )
mètre cube) et légèrement chauffée. Il se dépose peu à peu, et plus rapi-
dement dans le second cas, des cristaux groupés en étoiles. On les
recueille avant qu'ils aient envahi toute la masse, et on les prive de l'eau-
mère au moyen de plaques poreuses de porcelaine. Ils contiennent :
., l dosé alcalimétriquement. . iq.aS
Na pour 100 • . , , ,,, , ,, ,
( dose a I état de sulfate ... 19,24
u La formule C"H8Na208, 8HO correspond à 19,33.
» Ce composé est donc un érythrate disodique hydraté.
« Il perd exactement 8 équivalents d'eau (3o,25 pour 100 de son poids)
lorsqu'on le chauffe entre i35° et i/jo0 dans un courant d'hydrogène. Le
résidu blanc, amorphe, poreux, très hygroscopique, est formé par de l'é-
rvthrate disodique parfaitement pur : C8H8Na208.
» L'analyse a donné :
,, l dosé alcalimétriquement. . 37,57
Na pour 100 ,,.,,. , ,• -
/ dose a 1 état de suliate . . . 27,52
» La formule C8H8jNa208 exige 27,71 pour 100.
» Ce corps est le premier alcoolate disodique que l'on ait préparé à l'état
de pureté; car j'ai montré précédemment que ni le composé décrit autre-
fois par Wurtz sous le nom de glycolalcoolate disodique, ni le glycérinate
disodique que j'ai obtenu moi-même n'ont exactement la composition d'al-
coolates bibasiques.
« IL Érythrate disodique combiné à l'hydrate de soude. — Si, dans l'expé-
rience précédente, on augmente encore l'excès de soude jusqu'à 5 équi-
valents, on n'obtient pas une substitution plus complète du sodium à l'hy-
drogène de l'érythrite. Les cristaux, recueillis et desséchés comme les
précédents, donnent à l'analyse les nombres suivants :
l dosé alcalimétriquement. .. . 22,25
Na pour 100 , , . .,, . ,,
r ( dose a 1 état de sullate 22,07
C pour 100 1 1 , 48
H pour 100 6,g3
Ces résultats correspondent exactement à la formule
C8H8Na208+2NaH02 + i9HO
qui exige
Na 22,06 C 11, 5i H 6,95
( ioo8 )
C'est donc un érythrate disodiquc combiné à 2 équivalents d'hydrate de
soude et à 19 équivalents d'eau. La soude n'y est pas simplement mélangée,
ainsi que je m'en suis assuré en faisant l'étude thermique de ce corps.
» Ce composé, chauffé à i35°-i4o° dans un courant d'hydrogène sec,
entre en fusion et perd beaucoup d'eau. Lorsque le poids est devenu con-
stant, la matière est de nouveau solide et la diminution du poids est de
40,96 pour 100, ce qui correspond exactement à 19 équivalents d'eau
(4i,oi pour 100).
» Le résidu blanc, amorphe, est donc formé par le corps
C8H8Na208, 2NaH02.
Son poids reste ensuite constant, même à ido° et 1G00; à une température
plus élevée, il se colore et se décompose profondément.
» Les quatre érythrates nouveaux dont je viens d'indiquer la préparation
ont donc pour formules
C8H8Na208,
C8H8Na208,8HO,
C8H8Na208,2NaH02,
C8H8Na208,2NaH02,i9HO.
» L'analyse du premier ne peut conduire à une autre formule; quant
aux trois autres, je me suis assuré, en en faisant l'étude thermique, que ce
sont bien aussi des érythrates disodiques et que leur constitution est celle
qu'indiquent les formules que je propose.
» III. Il résulte de ces recherches que, tandis qu'on peut remplacer fa-
cilement le premier et le second équivalent d'hydrogène alcoolique de
l'érythrite par le sodium, les deux autres résistent à cette action, même en
présence d'un excès de soude, etne se prêtent pas à une substitution dans les
mêmes conditions. L'excès de base s'ajoute simplement à F érythrate diso-
dique et refuse d'entrer dans la molécule. Ce fait a une certaine impor-
tance en raison de la constitution des alcools polyatomiques supérieurs au
glycol et, en particulier, de l'érythrite, où se trouvent réunies quatre
fonctions alcooliques dont deux sont primaires et deux secondaires. Déjà,
en étudiant les glycérinates polybasiques, j'avais isolé un corps ayant à peu
près la composition du glycérinate disodique, mais je n'avais pas pu ob-
tenir la troisième substitution qui correspondrait à la fonction d'alcool se-
condaire. On est donc conduit à se demander si les alcools secondaires
( IOOÇ) )
peuvent former de véritables alcoolates et dans quelles conditions. On sait
déjà que les aldéhydes secondaires ne se comportent pas vis-à-vis des bases
comme les aldéhydes primaires. Il y aurait intérêt à rechercher si ces dif-
férences sont du même ordre et quelle est exactement leur nature. J'ai en-
I repris dans ce but des expériences encore inachevées sur l'alcool isopro-
pylique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Discussion des expériences de Biot relatives aux dis-
solutions dans l'eau de l'acide tartrique en présence de la potasse ou de la
soude. Note de M. Aignan.
« Pour étudier à l'aide du polarimètre les combinaisons susceptibles de
se former dans les dissolutions de substances actives, Biot déduisait, de
l'observation de la rotation <u imprimée au plan de polarisation d'un rayon
lumineux par une colonne de liquide de longueur /, la quantité
( s. M eu
(«->)= PT8'
M désignant la masse de dissolution contenant un poids P de corps actif
et S étant le poids spécifique de la dissolution. Ayant représenté graphi-
quement les résultats de ses mesures, il trouva que la ligne représentative
des valeurs de (o>) pour les dissolutions d'acide tartrique dans l'eau, au
lieu de deux droites se coupant que l'on pouvait attendre a priori, repré-
sentait une hyperbole équilatère. Ce résultat conduisit Biot à admettre
qu'il se formait, dans la dissolution examinée, des combinaisons en pro-
portion continûment variables. Je crois pouvoir établir qu'on peut donner,
de ce résultat et des résultats analogues que peuvent présenter les autres
dissolutions, une interprétation différente en admettant que les dissolu-
tions sont le siège de phénomènes de dissociation.
» Biot examina ensuite les dissolutions de l'acide tartrique dans l'eau,
en présence de la potasse ou de la soude ( '). En appliquant ma théorie au
cas présenté par ces dernières dissolutions, je trouve que la ligne repré-
sentative des valeurs de (w) doit, ainsi d'ailleurs que celle de w, pré-
senter, au lieu des deux droites qu'indique la théorie de Biot, des arcs de
courbe se coupant en des points anguleux. Biot, qui avait multiplié les
(') Mémoires de l'Institut de France, t. W i.
C. H. 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 18.) 1^2
( I.OIO )
mesures quand il s'agissait de la dissolution de l'acide tartrique dans l'eau
ou dans l'alcool, en fit seulement un petit nombre pour les dissolutions
d'une même série dans ce nouveau travail. Persuadé, sans doute, que les
phénomènes devaient être analogues dans les deux cas, il ne détermina,
dans chaque série d'expériences, les valeurs de (w) = -r^ que pour cinq
ou six liqueurs au plus; et, comme les nombres obtenus variaient régu-
lièrement, il en conclut que, cette fois encore, il se produisait, dans la
dissolution, des combinaisons en proportions continûment variables.
» Pour me permettre de vérifier mes conjectures à ce sujet, les résultats
de Biot n'étaient pas suffisamment nombreux et je me suis proposé de
les compléter. Cette étude était particulièrement intéressante, car je pou-
vais soupçonner d'avance la position d'au moins deux points anguleux.
Comme l'acide tartrique forme, avec la potasse et la soude : i° un bitar-
trate; 20 un tartrate neutre, on prévoit, en effet, que les dissolutions qui,
pour un poids invariable (i.5ogr= 1 équivalent) d'acide tartrique, contien-
dront des poids de soude graduellement croissants à partir de zéro, pré-
senteront des points anguleux correspondant : i° à 1 équivalent; 20 à
2 équivalents de soude.
» Les dissolutions que j'ai préparées contenaient toutes, pour une
masse M = 4ooogr, 1 équivalent = i5og'' d'acide tartrique et des poids de
soude variant de o à " d'équivalent. Ces dissolutions ont été examinées à
la température de i4°, dans un tube ayant une longueur de om, 5o, et elles
m'ont fourni les résultats suivants :
Quantité
Q
uantitc
de
Rotation
Densité
,,1 Mu
de
Rotation
Densité
r 1 Ml
soude.
wD-
S.
M-PÏS-
soude.
»i.
S.
M = F7
O
+2^ 36'
1,0172
i3,66
1 1
d'éq...
--7°,43'
i ,o36i
39>69
{d'éq....
3,4
l ,0189
i6,o5
12
5
» . .
7,42
1 ,o38o
39,66
» ...
»
»
»
1 3
» . .
7.4a
1 , 0406
39,46
!» ...
4,4
I ,0221
21 .22
14
» . .
7.4i
1,0428
39,3o
t » •••
4,3;
1,0237
24,02
1 5
3 éq.
7; 42
1 ,o45o
3g, 3o
1 -- 1 éq.
0,12
1,02 O4
27,05
1 r.
5
»
; i i
1,0472
3g, 38
! » ■
5,4i
1,0271
29,51
»
)i
))
))
s » ■
6,9
1,0288
3i,88
18
5
))
7,4.
1 , oô 1 6
38, g7
! » •
6,37
1 ,o3o5
34,24
}>
)>
»
»
I » .
7,4
I ,0322
36, 5 1
20
5
= 4éq.
7,4'
1 ,o55g
38, 81
V =2éi-
7,3o
1 ,o33g
39,20
»
»
»
»
iV» » -
7,4o
1 ,o35o
39 , 5 1
2 2
5
))
7,42
1 ...;„,,,
38, 75
( 'on )
» Sur la représentation graphique de ces résultats, on peut faire les
remarques suivantes :
» i° Pour des poids de soude variant de o à i équivalent, (w) est repré-
senté par un arc de courbe s'écartant peu d'une droite ; cette courbe tourne
sa convexité vers l'axe des x (sur lequel sont portés en abscisses les poids
de soude) ;
» 20 Pour des quantités de soude comprises entre i et 2 équivalents,
(w) est représenté par une droite. Cette droite coupe le premier arc de
courbe sous un angle très ouvert; cependant, pour faire disparaître cet
angle, il faudrait admettre, pour la valeur de (10) qui correspond au som-
met, une erreur de —, qui n'a pu être commise. Ce point anguleux indique
la formation du bitartrate de soude.
» 3° De 2 équivalents à 3 équivalents de soude, l'allure de la courbe
est toute différente. Le nouvel arc coupe nettement le précédent, ainsi que
le faisait prévoir ma théorie, au point qui correspond «à la formation dutar-
trate neutre. De plus, cet arc montre que (10) atteint une valeur maximum
pour " d'équivalent de soude environ, puis (w) décroît lentement.
» 4° Enfin, pour 3 équivalents de soucie, on trouve un nouveau point
anguleux, ce qui indiquerait la combinaison d'un troisième équivalent de
soude à 1 équivalent d'acide tartrique. A partir de là, après avoir augmenté
de nouveau légèrement, (w) décroît lentement et paraît tendre vers une
valeur limite, au moins dans les conditions de dilution et de température
où je me suis placé.
« L'existence de cette troisième combinaison pouvait être prévue. En
effet, M. Berthelot a trouvé que l'addition à l'acide tartrique dissous d'un
troisième équivalent de soude dégageait oCal,3. On pouvait admettre qu'il
se formait ainsi un véritable alcoolate, la soude s'unissant à un groupe al-
cool de l'acide tartrique. Il résulte de mes observations que ce composé
serait partiellement dissocié en dissolution.
» Une interprétation identique à celle que je viens de donner des expé-
riences de Biot peut s'appliquera la belle série d'observations dont M. Cer-
nez a enrichi l'étude des dissolutions de substances actives et elle conduit
à des résultats analogues. »
( IOI2 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Formation d'acide diméthylacrylique dans la prépa-
ration des acides amidés de l'acide isovalérique. Note de M. E. Duvii.lieiî,
présentée par M. Friedel.
« Dans le cours de mes recherches sur les acides amidés, l'acide isova-
lérique m'a toujours donné des rendements moins satisfaisants que les
acides acétique, propionique, butyrique normal et caproïque normal. Ayant
constaté la formation d'une très notable quantité d'acide diméthylacry-
lique (') dans l'action de la triméthy lamine sur l'éther bromoisovalérique,
j'ai pensé cpie les rendements plus faibles, que j'avais obtenus en préparant
les acides amidés de l'acide isovalérique, devaient tenir à la formation si-
multanée d'acide diméthylacrylique, qui avait échappé jusque-là, sans
doute à cause de la volatilité de cet acide.
» Pour préparer les acides amidés de l'acide isovalérique, j'ai suivi la
méthode ordinaire, qui consiste à faire réagir l'acide bromoisovalérique sur
une ammoniaque. Mais, après avoir décomposé par la baryte les sels ammo-
niacaux, chassé l'ammoniaque par l'ébullition et précipité la baryte par
l'acide sulfurique, au lieu dé mettre l'acide amidé en liberté, par l'oxyde
d'argent, j'ai soumis au préalable le liquide à la distillation. J'ai recueilli un
produit acide, qui, après saturation par la soucie, évaporation à sec et
traitement par l'acide sulfurique, fournit, en quantité notable, un acide
huileux, très peu soluble dans l'eau, distillant de 17.5° à 193°, absorbant
le brome et l'iode, et cristallisant en partie.
» Les cristaux ont la composition et les propriétés de l'acide diméthyl-
acrylique.
» J'ajouterai que, dans les mêmes conditions, l'action des ammoniaques
sur les acides y.-bromés normaux ne m'a pas fourni d'acides non saturés,
ou du moins, s'il s'en est formé, il ne s'en est formé que des traces.
» La formation d'acide diméthylacrylique comme produit secondaire des
acides amidés de l'acide isovalérique doit tenir à la nature même de l'acide
isovalérique, car nous venons de constater, M. Chancel et moi, que l'ac-
tion de l'ammoniaque sur l'acide bromoisobutyrique, qui a une constitution
analogue à celle de l'acide bromoisovalérique, donne aussi un acide non
(') Bulletin de la Société chimique de Paris, 3e série, t. III, p. 5o- ; 1890.
( roi3 )
saturé, très probablement l'acide méthacrylique. Nous poursuivons cette
étude. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Méthylcyanosuccinate de méthyle : èther méthylélhè-
nyltricarbo nique. Note de M. L. Bakthe, présentée par M. Friedel.
« Dans une Communication antérieure ('), j'ai montré qu'en traitant du
sodocyanacétate de méthyle par du monocbloracétate de méthyle, on ob-
tient du cyanosuccinate de méthyle et, par réaction secondaire, du cyano-
tricarballylate de méthyle, ce dernier en magnifiques cristaux.
» Comme son homologue supérieur, l'éther éthylique, le cyanosuccinate
de méthyle se prête aux substitutions et m'a permis de préparer un certain
nombre de dérivés alcoylés.
/CAz
» Méthylrvanosuvcnile de mc(/iv/e CH3 .C — C02CH3 . — A 2oer de cyano-
i
Cf]2.C02CH3
succinate de méthyle dissous dans 6oS' d'alcool méthyliquc, on ajoute une
solution de 281', 38 de sodium dans ioos' d'alcool méthylique. Le mélange,
additionné de i6g,',6o d'iodure de méthyle rectifié à t\'i°, est chauffé au
bain-marie dans un ballon muni d'un réfrigérant ascendant, pendant
cinq heures. La température ne doit pas dépasser 'jo°-']50. La réaction du
mélange étant neutre au tournesol, on filtre pour séparer l'iodure de so-
dium qui s'est précipité, et on distille l'alcool. Le résidu, additionné d'eau,
a laissé déposer une huile rougeàtre qui a été reprise par l'éther. La
solution éthérée, mise à digérer sur du chlorure de calcium, a été ensuite
distillée au bain-marie d'abord, et ensuite au bain d'huile dans le vide re-
latif. Sous une pression de om,o6, de 195°- 2000, on a recueilli un liquide
huileux, incolore, homogène, qui, rectifié et soumis à l'analyse, a donné des
chiffres qui conduisent à la formule C8 H'' AzO\ Ce composé est le méthyl-
cyanosuccinate de méthyle, qui se forme en vertu delà réaction suivante :
/CAz /CAz
CNa— COaCH3 + Cil3 1 = C1L,.C— C02CÏI3 4- NaL
1 1
CH2.CG2CH3 CH2.C02CH;'
(M Comptes rendus, t. CXI, p. 342-343.
( io.4 )
» J'ai déjà obtenu le même produit en cherchant à préparer, dans des
conditions particulières, le méthylcyanosuccinate d'éthyle
/Ckz
CH3.C— C02C2H5 .
i
cir-.co2c2H5.
En effet, si l'on vient à produire du cyanosuccinate d'éthyle sodé, en
mélangeant de l'éther cyanosuccinique à du sodium dissous dans de l'al-
cool métbylique, et si l'on vient à faire agir, comme dans la préparation
précédente, de l'iodure de méthyle, on obtient du méthylcyanosuccinate
de méthyle.
» Ce déplacement de l'alcool éthylique par l'alcool métbylique ou par
un autre alcool quelconque a été déjà signalé par M. Purdie (') à diffé-
rentes reprises, par Peters (2), Haller et Held (3) et plus anciennement
par M. Fricdel et Crafts (*). Nous allons en rapporter de nouveaux
exemples.
» J'ai en effet cherché à préparer le cyanosuccinate de métbvle-éthvle.
/CAz
CH — C02CH3 par l'action des monocbloroacétates de méthyle ou d'éthyle
CH2.C02G2H5
sur les cyanacétates d'éthyle ou de méthyle sodés. Dans ces conditions, en
opérant sur les quantités théoriques de ces corps mis en présence, je n'ai
pu obtenir que des cyanosuccinates de méthyle ou d'éthyle, suivant qu'on
opérait au sein de l'alcool méthylique ou éthylique. J'aurai d'ailleurs l'oc-
casion de donner plus de détails sur ces diverses réactions.
C02CH3
» Ether méthylèthényltncarbonique : CH3 ,C — C02CH3. — La fonction
i
CH\C02CH3
nitrile du méthylcyanosuccinate de méthyle a été saponifiée au moyen de
l'alcool méthylique saturé d'acide chlorhydrique. A froid, par simple con-
tact, la saponification ne s'opère pas, même au bout d'un temps très long.
(') Berichte, t. XX, p. i555.
{-) IbicL, p. 33 1 8.
(3) Bulletin de la Société chimique, t. XLIX, p. 247. et Annales de Chimie et de
Physique, 6e série, t. XVII, p. 226
(4) Comptes rendus, t. LVII. p. 877 et 986.
( IOID )
Il faut opérer en tubes scellés à la température de y5° environ, pendant
une ou deux heures seulement. Il se dépose du chlorhydrate d'ammoniaque.
» On évapore le liquide au bain-marie, et on lave le résidu avec une so-
lution de carbonate de soude. Il se précipite une huile qui est reprise par
de l'éther. Cette solution, desséchée sur du chlorure de calcium, est distillée
dans le vide partiel; sous une pression deoatm,o5, 3217° environ, la majeure
partie du produit distille. L'analyse de ce liquide rectifié a donné des chiffres
qui correspondent à ceux de l'éther méthvléthényltricarboniquc, formé en
vertu de l'équation suivante
/CAz /COaCH3
CH3,C - C02CH3-i- 2CH3,OH + 2HCI = CH3,C — C02CH3 -f- AzH'Cl -+- CH3
1 1
CH2,COCH3 CH2,C02CHs
» Le cyanosuccinate de méthyle, de même que ses dérivés substitués,
participe donc des propriétés du cyanosuccinate d'éthvle et des composés
qui en dérivent. Dans une prochaine Communication, je ferai connaître
des composés nouveaux, obtenus avec l'éther cyanacétique et l'éther cya-
nosuccinique ( ' )•
ZOOLOGIE. — Sur la dextrorsitê de certains Gastropodes dits « sénestres » (La-
nistes, Peraclis, Limacina, larves des Cymbuliidae). Note de M. Paul
Pelseneer.
« I. M. Bouvier a montré, dans le présent Recueil (2), que les Ampul-
laria à enroulement sénestre (Lanùles) sont dextres par leur organisation
anatomique.
» De mon côté, j'ai fait voir ( 3 ) que, chez les « Ptéropodes » à coquille
enroulée (Limacinidœ, Cymbuliidœ à l'état larvaire), malgré la sinistror-
sité de la coquille, l'organisation de l'animal est absolument dextre, c'est-
à-dire que l'anus, l'orifice génital, le pénis et le plus gros ganglion viscéral
se trouvent à droite.
(') Travail fait au laboratoire des travaux de Chimie et de Pharmacie de la Faculté
de Médecine de Bordeaux.
(2) Bouvier. Comptes rendus, t. CIII, p. 1276; 1886.
(3) Pelseneer, Zool. Challenger Exped., Part LXVI, p. 6 à 12; 1888.
( ioi6 )
» II. Cette anomalie apparente restait sans explication, jusqu'à ce que
Simroth (') et von Jhering (2) aient émis, indépendamment, une hypo-
thèse qui permettrait d'en rendre compte, et dont voici le résumé :
» Chez les Gastropodes où la coquille enroulée en spirale est formée de tours peu
saillants, la « spire », en s'aplatissant davantage, a pu finalement devenir rentrante
et se transformer en un faux ombilic.
» Mais cette explication très plausible n'était pas appuyée d'une preuve
démonstrative.
» III. Celle-ci peut se trouver dans la conformation de l'opercule.
» On sait, en effet, que, si ce dernier est spirale, il possède une spire in-
verse de celle de la coquille (sënestre chez les Gastropodes à coquille
dextre; dextre chez ceux à enroulement sénestre : Trifons, Lœocochlis, etc.).
» Si donc les formes dont il est question ici ont un faux enroulement
sénestre, comme le suggèrent Simroth et von Jhering, leur opercule (s'il
est spirale), doit être à spire sënestre, lorsqu'il est observé en place.
» L'opercule de Lanistes n'est pas spirale, mais il l'est dans tous les
Ptéropodes à coquille enroulée. Or sa spire est sénestre :
» i° Chez Peraclis ( 3); 20 Chez les larves des Cymbuliidœ (''); 3° chez
Limacina (Spirialis) retroversa, Flemming(== balea, Môller), que je viens
d'examiner spécialement à ce point de vue (°) ;
» Déplus, dans tous les Gastropodes enroulés (qu'ils soient réellement
dextres ou réellement sénestres), la partie initiale de l'opercule spirale se
trouve dirigée vers le côté ombilical de la coquille. Or, dans les trois cas
ci-dessus, cette spire est dirigée vers la « spire » de la coquille.
« Il est donc certain que la spire des Ptéropodes enroulés correspond
à l'ombilic des Bullidés et des autres Gastéropodes,
» C'est, par conséquent, au processus indiqué plus haut, d'après Sim-
roth et von Jhering, qu'est due l'acquisition de la sinistrosilé de la
(') Simroth, Zeit.se/ir. f. Nalurwiss. {Halle), Bd. LXX1L p. 88; 1889.
(2) Von Jhering, Bull. Scienlif. Fiance et Belgique, t. XXIII, p. 180.
(3) Pelseneer, Zool. Challenger Expedit., Pari LXV, PI. 1, fig. 8; Part LXVI,
p. 3i.
{») Ibid., Part LXV, PI. II, fig. i4-
(>) Les auteurs qui ont figuré des opercules de Limacina {ou Spirialis) (Souleyet,
Sars), les ont représentés comme dextres, mais alors séparé? du corps de l'animal ;
dans le cas où l'on en voit au contraire in situ (Soulejel, Bonite, PI. XIII, fig. 36,
« Spirialis » bulimoides), la spire y est sénestre.
( ioi7 )
coquille, dans le cas spécial où celte sinistrosité laisse inaltérable la dextro-
sité de l'organisation, ou vice versa, comme c'est probablement le cas chez
Choanomphahis et Pompholyx.
» IV. Il résulte de ce qui précède que Lanistes, les Limacinulœ et les
larves des Cymbu/iidœ sont ultra-dextres et qu'il n'y a de réellement
sénestres que les Gastropodes chez lesquels il y a situs inversus complet,
normal (Triforis, Physa, etc.), ou tératologique [Buccinum (von Jhering),
Hélix, Limnœa, etc.]. »
ZOOLOGIE. — Sur la structure de f œil composé des Crustacés macroures.
Note de M. H. Viali.axes, présentée par M. Milne-Edwards.
« Dans le travail d'ensemble que M. Grenadier a publié, sur les organes
visuels des Arthropodes, ce savant est arrivé, quant à la constitution géné-
rale de l'œil composé des Crustacés supérieurs, aux conclusions suivantes.
L'œil composé, limité en dehors par la cornée à facettes, en dedans par
la membrane basale, est formé par la réunion d'un grand nombre d'yeux
élémentaires ou ommatidies . Chaque ommatidie comprend, comme parties
principales, i° le cône cristalloïde, formé de quatre segments accolés sui-
vant l'axe; 20 la rétinule, située entre l'extrémité du cône et la membrane
basale. La rétinule est formée par sept bâtonnets ou rhabdomères soudés
ensemble suivant la ligne axiale pour former un corps désigné sous le nom
de rhabdome. La surface libre de chaque rhabdomère est revêtue par une
cellule fortement pigmentée, désignée sous le nom de cellule rétinienne et
qui sécréterait pour ainsi dire celui-ci. Des recherches plus récentes dues
à M. Patten (') tendent à infirmer ces conclusions et à prouver que le
rhabdome ne dépend point des cellules rétiniennes, mais bien du cône
avec la substance duquel il se continuerait.
» Les recherches que je viens d'entreprendre sur la Langouste m'ont
permis de constater des particularités qui avaient échappé à l'un et à
l'autre des auteurs que je viens de citer. Le cône ne se termine pas au
niveau de l'extrémité externe du rhabdome, comme le pense M. Grenacher;
il ne se continue pas non plus avec la substance de celui-ci, comme le vou-
drait M. Paten. Mes préparations montrent, en effet, que chacun des
quatre segments constitutifs du cône se termine par un filament extrème-
(') Eyes of Molluscs and Arthropods (Mitiheil. Zool. Stat. Napol., 1886).
C. K., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N* 18.) ' ^3
( ioi8 )
ment lénu qui chemine le long du rhabdome, entre les cellules réti-
niennes, pour aller s'attacher à la membrane basalc.
» Quelles parties de l'ommatidie s'unissent et comment s'unissent-elles
avec les tubes nerveux, dits fibres post-rétiniennes, chargés de transmettre
aux centres les impressions lumineuses? C'est un point capital à élucider
si l'on veut déterminer le rôle physiologique des diverses pièces qui con-
stituent l'ommatidie. M. Grenadier n'a point abordé cette difficile re-
cherche; M. Patten, qui s'en est occupé, ne me parait pas avoir été heu-
reux dans ses résultats, en raison sans doute du mauvais choix des types
zoologiques auxquels il s'est adressé. Je ne puis aujourd'hui entrer dans
aucune discussion à ce sujet. Je me contenterai d'attirer l'attention de
l'Académie sur les conclusions auxquelles m'ont conduit les recherches
que j'ai entreprises sur la Langouste, type éminemment favorable à la
solution du problème que je signalais plus haut.
» Le rhabdome de la Langouste est un corps allongé, terminé à son
extrémité externe par une pointe effilée; sa surface est pourvue de sept
côtes longitudinales très saillantes, répondant aux sept rhabdomères qui
se soudent pour le former. Vers l'extrémité interne du rhabdome, les sept
rhabdomères se séparent. Une coupe transversale pratiquée à ce niveau
nous montre ceux-ci symétriquement disposés en cercle autour d'un point
qui répondrait à l'axe de l'ommatidie. Plus près de la membrane basale,
la symétrie, de radiale qu'elle était, devient bilatérale; six des rhabdo-
mères se disposent symétriquement par rapport à un plan qui passerait
par le septième. Nous pouvons donc distinguer à ce niveau un rhabdomère
asymétrique (que nous appellerons antérieur) et six rhabdomères disposés
par paires en arrière de celui-ci. Les rhabdomères de la première paire
sont très écartés de ceux de la deuxième; ceux de la deuxième paire sont,
au contraire, très rapprochés de ceux de la troisième.
» Chacun des sept rhabdomères, après s'être ainsi disposé, se continue
directement avec le contenu protoplasmique (ou cylindre-axe) d'un tube
nerveux qui se revêt de sa graisse propre en traversant la membrane ba-
sale pour aller (sous le nom de fibre post-rétinienne) gagner le ganglion op-
tique.
» La membrane basale est percée de trous pour livrer passage aux sept
tubes nerveux qui se rendent à chaque ommatidie. Ces trous sont dispo-
sés avec une symétrie très grande, mais entièrement différente de la sy-
métrie heptagonale des rhabdomes. Afin de faire comprendre cet arrange-
ment nous distinguerons les ommatidies voisines par les lettres A, B,C, . . . .
( IOI9 )
Autour du point qui répond à l'axe de l'onimatidie A, la basale est percée
de cinq trous disposés en pentagone allongé. Un des trous est impair, les
quatre autres sont symétriquement disposés en deux paires.
» Le trou impair donne seulement passage au tube nerveux venant du
rhabdomère impair del'ommatidie A.
» Le trou de la première paire donne passage a trois tnbes qui viennent :
l'un du rhabdomère de la première paire de l'ommatidie A, les deux autres
des rhabdomères de la deuxième et de la troisième paire d'une ommatidie
voisine B.
» Le trou de la deuxième paire donne passage à trois tubes qui vien-
nent : l'un du rhabdomère de la première paire d'une ommatidie C, les
deux autres des rhabdomères de la deuxième et de la troisième paire de
l'ommatidie A.
» Sans insister davantage sur ces curieuses dispositions, je résumerai
brièvement ceux des résultats auxquels je suis arrivé et qui me semblent
avoir le plus d'importance.
» i°Les théories morphologiques et physiologiques auxquelles M. Patten
a voulu donner un caractère si général ne peuvent se soutenir en pré-
sence de ce fait que chacun des segments du cône, loin de se continuer
avec le rhabdome, se termine, ainsi que je l'ai montré plus haut, en un
filament qui va s'attacher à la membrane basale. Il faut donc, à l'encontre
du naturaliste américain, voir dans le cùne seulement un organe de ré-
fraction.
» 20 Les plus nerveuses ne se terminent pas dans le protoplasma des
cellules rétiniennes, comme le voulait ce même auteur, mais s'unissent
directement avec le rhabdome.
» 3° Chacun des sept rhabdomères s'unit à un tube nerveux spécial ;
il est donc infiniment probable que chaque ommatidie peut être le point
de départ d'au moins sept sensations lumineuses distinctes (' ). »
(') Ce travail a été fait à la station zoologique d'Arcachon.
( 1020 )
BOTANIQUE. — Structure comparée des racines renflées de certaines Om-
belliféres ('). Note de M. Géxeau de Lamarlière , présentée par
M. Duchartre.
a Les racines adventives renflées en tubercules des OEnanthe présen-
tent, d'après M. Courchet (2) et M. Gérard (a), une structure anormale.
En reprenant cette étude et en l'étendant à d'autres genres d'Ombellifères
qui présentent aussi des racines renflées (Caru/n, Cicuta et Sium), j'ai
trouvé une série de transitions entre le type anormal des OEnanthe et la
structure normale présentée par le pivot ou les racines latérales des autres
espèces de la même famille.
» On sait, en effet, que la partie mince de la racine d'un Daucus Carota
comporte deux faisceaux ligneux primaires, alternant avec deux faisceaux
libériens; mais, dans la partie épaissie de cette racine, les faisceaux du bois
primaire montrent leurs vaisseaux dissociés et dispersés au milieu d'un
parenchyme abondant et non lignifié. Chacun de ces vaisseaux ainsi isolés
est bordé d'un cercle de cellules parenchymateuses disposées en rayon-
nant tout autour.
» Cette structure est fréquente dans les tubercules, et je l'ai observée
dans les racines de YApium graveolens, de Y Angelica silvestris, de YAn-
thriscus silvestris et du Chœrophyllum bulbosum. Il n'est pas rare de rencon-
trer, dans ces mêmes espèces, des groupes de plusieurs vaisseaux accolés et
entourés de parenchyme rayonnant.
» Enfin tout un faisceau du bois primaire peut présenter la même parti-
cularité, et c'est le cas des racines adventives des OEnanthe, du Carum ver-
licillatum, du Sium latifolium et du Cicuta virosa.
» Dans Y OEnanthe pimpinelloides, il y a trois faisceaux primaires qui
tantôt se rejoignent au centre, tantôt sont un peu écartés les uns des
(') Ce travail a été fait au Laboratoire de Biologie végétale de Fontainebleau, sous
la bienveillante direction de M. Gaston Bonnier.
(-) Courchet, Etude anatomique sur les Ombellifères et leurs principales ano-
malies (A/ni. des Se. nat., Bot., 6e série; 1 884 ) -
(3) R. Gérakd, Structure de l'axe des OEnanthe et considérations sur les forma-
tions anomales {Comptes rendus, novembre i883, et Bull, de la Soc. bot. de Fr..
2e série, t. V; i883).
( 102 1 )
antres, surtout dans la partie renflée de la racine. Sur sa face externe et
sur ses faces latérales, chacun de ces faisceaux est entouré d'une couche
génératrice secondaire. La même disposition se rencontre chez le Sium
latifolium. La couche génératrice peut même parfois s'étendre sur la face
interne du faisceau : c'est ce qu'on observe chez le Cicuta virosa.
» Dans YOEnanthe Lachenalii, l'écartement des faisceaux est bien plus
accentué, l'assise génératrice étant beaucoup plus active sur la face interne
que dans les espèces précédentes. Cet écartement est porté à l'extrême
dans Y OEnanthe peucedanijolia, YOE. crocata et le Carurn verticillalum.
» Comment se comportent le bois et le liber secondaires dans ces
racines anormales? Dans le Daucus, Y Apium, etc., la couche génératrice
ne produit d'éléments lignifiés que sur les faces latérales des faisceaux du
bois primaire; sur la face externe, il ne naît que du parenchyme non li-
gnifié. Sur une coupe transversale, l'ensemble du bois secondaire prend
l'aspect d'une ramification dichotomique, par suite de la formation de
rayons médullaires larges qui se terminent vers l'intérieur à des distances
inégales du centre.
« Dans les racines adventives du Cicuta virosa, les formations secon-
daires présentent la même disposition. Cependant, la couche génératrice
fonctionne moins activement en face des rayons médullaires que dans ses
autres points.
» Chez le Sium latifolium et l' OEnanthe pimpinelloid.es, le bois secondaire
est moins abondant et ne présente plus l'aspect d'une ramification dicho-
tomique. Ce.bors est produit sur les faces latérales des faisceaux ligneux
primaires, et quelquefois aussi sur la face dorsale, comme c'est le cas du
Sium latifolium.
» Ces formations secondaires internes à la zone génératrice sont moins
abondantes encore dans YOEnanthe peucedanijolia et le Carurn verticillalum.
Chez cette dernière espèce, il n'y a plus que quelques vaisseaux entremêlés
à un petit nombre de cellules parenchymateuses sur les faces latérales des
faisceaux du bois primaire.
» Quant à ce qui représente le liber secondaire dans ces racines ren-
flées, c'est dans tous les cas un parenchyme très développé même lorsque
le bois secondaire est presque nul; c'est dans ce tissu du liber secondaire
que s'accumule la majeure partie des réserves.
» Conclusion. — L'anomalie qu'on observe chez les racines latérales ren-
flées de certaines Ombellif ères (OEnanthe, Carurn), est plutôt apparente que
réelle. On peut trouver, dans les plantes de la même famille, une série d'inlermé-
( I«)22 )
diaires entre, cette structure dite anormale et la structure d'une racine renflée
normale (Daucus, Apium) ».
GÉOLOGIE. — Sur la structure microscopique des roches phosphatées du Dekma
(département de Constantine). Note de M. Bleicher, présentée par
M. Albert Gaudry.
« Dans une première Note du 9 juin 1889, Sur la nature des massifs de
Dekma (département de Constantine), nous présentions l'étude de quel-
ques roches phosphatées de ce gisement, provenant d'un envoi fait, par
M. Vetterlé, de Souk-ArrasàM. Thomas, vétérinaire en 1e1' au 10e hussards-
auteur de la découverte des phosphates en Tunisie. De nouveaux envois
d'échantillons de même provenance, augmentés de ceux que M. G. Le
Mesle a recueillis sur les flancs du Dekma, permettent de compléter ces
recherches par des observations microscopiques plus précises et plus nom-
breuses.
» La caractéristique des roches phosphatées du Dekma, qu'elles provien-
nent des flancs du massif ou du sommet, consiste dans l'abondance plus on
moins grande de débris osseux visibles extérieurement ou incorporés à la
masse, de nodules généralement petits, marno-calcaires, pénétrés de phos-
phate, d'une matière minérale verte, écailleuse ou terreuse, de grains
quartzeux, même de quartz bipyramidé.
» C'est dans les parties les plus riches en grains quartzeux, en matière
minérale verte et aussi en fer que les débris osseux dominent.
» Une roche notée n° 0 dans la collection envoyée par M. Vetterlé à
M. Thomas, présente ces caractères au plus haut degré. Elle provient des
flancs du Dekma, non loin de Tarja, des couches supérieures au gypse. La
coupe, qui a pu être photographiée, montre, au milieu d'un ciment calcaréo-
ferrugineux peu abondant, des grains quartzeux, des ébauches de quartz
bipyramidé, des grains ou écailles de cette substance verte dont nous avons
parlé plus haut, à différents degrés de décomposition qui révèlent sa
richesse en fer, des débris nombreux d'os et d'émail.
» Les débris d'os, grâce à la conservation de leurs ostéoplastes, sont
faciles à reconnaître; ils paraissent souvent arrondis sur leurs bords, di-
visés en fragments réguliers circonscrivant des îlots osseux. Il n'en est pas
de même des fragments d'émail, qui se présentent avec une teinte jaune
d'ambre et n'ont, pour les caractériser, au point de vue histologique, que
( 1023 )
des stries plus ou moins parallèles ou un pointillé très fin, suivant le sens
de la section. Des préparations faites sur des dents revêtues de leur
émail permettent de déterminer la nature de ces débris animaux par com-
paraison, et de constater que, dans certaines roches du Dekma, les dents,
et peut-être les écailles émaillées de certains poissons ont été macérées et
dissociées au point que l'émail en menus fragments détachés de la partie
osseuse a pu rester seul témoin de leur existence. Nous avons pu constater
le même fait dans les roches de calcaire rubané, riche en débris de pois-
sons, du muschelkalk supérieur des environs de Lunéville.
» Tout autre en apparence est une roche phosphatée jaunâtre, nodu-
leuse, de la partie supérieure du nummulitique du Dekma, provenant d'un
envoi fait par M. Vetterlé. L'élément calcaire y domine, mais il s'y pré-
sente sous forme de ciment et de nodules pénétrés de phosphate. Les
dents et les os, assez abondants, sont faciles à dégager par simple dissocia-
tion dans l'eau; quant aux écailles de matière minérale verte et aux grains
de quartz, ils sont en faibles proportions.
» A côté de ces deux catégories de roches phosphatées que nous avons
choisies comme les deux extrêmes de la série riche en débris animaux, il
convient d'en signaler d'autres qui, dans les échantillons soumis à nos re-
cherches, n'en contiennent pas de traces.
» Ce sont alors les foraminifères surtout qui paraissent avoir concentré
le phosphate dans leur test. Deux cas se présentent ici. Une roche calcaire
jaunâtre assez dure, tachée de points verts, provenant du massif du
Dekma, se montre uniquement formée, d'après une coupe, de nummulites
noyées dans un ciment calcaire peu abondant. Elle paraît assez riche en
phosphates d'après l'essai qualitatif, et l'on peut admettre (la roche étant
trop compacte pour qu'on puisse dégager ces foraminifères et les étudier
directement) que ce minéral est contenu dans leur test.
» M. G. Le Mesle a recueilli dans un petit affleurement, entre la route et
le Dekma, à nkm de Souk-Arras, une roche marno-calcaire finement gre-
nue, se débitant facilement en grains qui, par simple lavage, peuvent être
facilement caractérisés comme foraminifères.
» Quoiqu'elle contienne aussi de petits moules de coquilles bivalves et
gastropodes et d'autres organismes d'interprétation difficile, les foramini-
fères nous ont paru plus intéressants à étudier au point de vue de ce qu'on
pourrait appeler la localisation du phosphate.
» Ces organismes microscopiques sont entourés d'une coque calcaire
dont on peut se débarrasser, en partie au moins, par l'acide acétique. Les
( I02/4 )
foraminifères les plus petits, qui ont été soumis à cette action préalable,
donnent, par l'action de l'acide nitrique étendu, suivie d'addition de mo-
lybdate d'ammoniaque, la réaction des phosphates avec un résidu siliceux.
En coupe, ces foraminifères montrent leur test bien conservé et, dans les
préparations obtenues après action de l'acide acétique, les détails de struc-
ture deviennent visibles. Notons que la matière minérale verte qui accom-
pagne partout les phosphates est représentée également ici.
» En résumé, il résulte de nos observations que les roches phosphatées
du Dekma ont une composition assez uniforme, quel que soit leur niveau
géologique, et que les débris organiques de toute nature qu'on v ren-
contre peuvent servir à expliquer la richesse de ce massif en phosphate de
calcium. »
PALÉONTOLOGIE. — Note sur les gisements quaternaires d'Èragny
et de Cergy (Seine-et-Oise); par M. E. Rivière.
« A plusieurs reprises j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie le
résultat de mes recherches paléontologiques et anthropologiques dans les
sablières quaternaires du bassin parisien, et notamment dans celles du
département de la Seine, telles que Billancourt, le Ferreux, Nogent-sur-
Marne, Neuilly-sur-Marne, etc., où j'ai trouvé et étudié une faune inté-
ressante par les Vertébrés quaternaires plus ou moins nombreux qu'elles
renfermaient.
» Aujourd'hui, les recherches qui font l'objet de cette Note sont relatives
à des carrières beaucoup plus éloignées de Paris, mais également qua-
ternaires, qui m'ont été signalées par M. P. Toussaint, dans le départe-
ment de Seine-et-Oise, à peu de distance de Pontoise, et situées les unes
sur la rive gauche de l'Oise, les autres sur sa rive droite.
» I. Sablières d'Èragny. — Le premier gisement se trouve sur le territoire
de la commune d'Èragny, entre Conflans-Sainte-Honorine et Saint-Ouen-
l'Aumùne. Il est représenté par trois sablières presque contiguës, dont
l'une, abandonnée déjà depuis quelque temps, ne m'a fourni aucun élé-
ment d'étude et sur laquelle je n'ai pu avoir aucun renseignement.
» Les deux autres, la sablière Plaudet et la sablière Leveau, sont en
pleine exploitation. Elles sont situées à un demi-kilomètre environ des
bords de l'Oise, sur sa rive gauche, entre le chemin vicinal d'Èragny à
Saint-Ouen-1'Aumône et la voie ferrée, qu'elles côtoient dans toute leur
longueur.
( 1025 )
» Ces deux carrières sont exploitées et pour le sable fin et pour le gros
caillou qu'elles renferment, jusqu'à la profondeur de 5m environ, pro-
fondeur au-dessous de laquelle j'ai rencontré une nappe d'eau correspon-
dant au niveau de l'Oise, s'élevant avec celui-ci dans toutes ses crues,
s'abaissant, au contraire, en même temps que ses propres eaux à certaines
époques de l'année.
» Les lits de sable, de gravier et de gros cailloux sont surmontés d'une
couche de terre végétale qui varie entre 6ocm et 90e"1 d'épaisseur. Les os-
sements d'animaux, ainsi que les silex taillés qui y ont été trouvés gisaient
dans une couche de moyens graviers mêlés de sable, située à 3m,4ode
profondeur et de 60e"1 à 70e"1 d'épaisseur.
» Les animaux, dont les restes y ont été découverts et recueillis pour
la plupart par un ouvrier carrier de Pontoise, chez lequel j'ai pu les exa-
miner, sont :
» i° \J Elephas primigenius, représenté par deux dents molaires presque
entières et par une série de lames brisées et détachées les unes des autres
provenant d'une troisième dent;
» 20 Un Équidé de grande taille, très probablement YEquus caballus
fossilis, représenté aussi : (a) par des dents molaires supérieures et infé-
rieures, et par plusieurs incisives, les unes entières, les autres brisées;
(è) par un métacarpien entier et bien conservé.
» 3° Le Bos primigenius caractérisé : (a) par un certain nombre de dents
molaires supérieures et inférieures, les unes entières et bien conservées,
les autres brisées; (è) par un astragale de fortes dimensions.
» J'ai trouvé aussi moi-même, en place, dans la sablière Plaudet, deux
fragments de molaires d'Equidé, dont un roulé, presque méconnaissable,
ainsi qu'une dent molaire inférieure de Bovidé.
» De plus, un certain nombre de diaphvses d'os longs fendus et brisés,
absolument indéterminables, au point de vue non seulement de l'animal
dont elles proviennent, mais encore de la nature de l'os lui-même, ont été
mises à découvert dans ces mêmes sablières et recueillies par les ouvriers.
Mais jusqu'à présent le Khinocéros et le Renne, que j'avais trouvés dans
les sablières des environs de Paris, notamment à Billancourt et à Mon treuil,
font complètement défaut dans les carrières de sable d'Éragny, ou plutôt
je n'en ai pas vu la moindre trace; il en est de même des animaux carni-
vores dont je n'ai trouvé ni dents, ni ossements.
» Par contre, les échantillons de bois fossiles plus ou moins roulés sont
très nombreux. Je me propose d'en faire ultérieurement une étude ana-
C. R., 1891, i« Semestre. (T. CX1I, N» 18.) l ^4
( IO20 )
logue à celle que j'ai faite des bois trouvés dans les sablières de Billan-
court et du Perreux.
« Quant à l'industrie de l'homme quaternaire, les ouvriers des sablières
d'Éragny ne sachant pas ce que c'est qu'un silex taillé, n'en ont jamais re-
cueilli un seul. J'ai eu, au contraire, la bonne fortune d'en trouver
quelques-uns, non pas en place, mais en explorant les tas de cailloux de la
carrière Plaudet. Je citerai notamment : i° une sorte de disque irrégulier
pourvu de son bulbe de percussion à la face inférieure; 2° une petite lame
triangulaire en silex blanc: 3° un nucléus long deom,o89, large de om,o27
et épais de om,024- D'autre part, M. Toussaint m'a annoncé, il y a quatre
jours, la découverte, dans la carrière Leveau, avec quelques dents d'E-
quidé : i° de deux silex taillés, l'un en forme de couteau long de oin,oo,8,
l'autre en forme, dit-il, de lame-racloir, dont les dimensions sont de
om,o85 sur om,074î 2° d'une lame 'en grès, taillée, longue de om,095, qui
reposait sous une couche de sable fin.
» II. Sablière de Cergy. — Cette sablière, qui appartient à un entrepre-
neur de Paris, se trouve au milieu d'un petit bois situé un peu au delà du
village de Cergy et à un quart d'heure de marche environ de la rive droite
de l'Oise.
» La hauteur des couches exploitées est la même qu'à Eragny et c'est
dans le même milieu de sable et de gravier qu'un assez grand nombre d'os-
sements y ont été trouvés; malheureusement tous ont disparu, soit qu'ils
aient été jetés de côté et brisés comme pièces de nulle valeur, soit qu'ils
aient été vendus par les ouvriers de la carrière, à l'exception des pièces
suivantes recueillies avec des silex taillés par M. Toussaint, qui a bien
voulu me les communiquer pour les déterminer :
» a. Ecjuus eaballus fossilis, deux dents, une incisive et une molaire inférieure;
» b. Bos primigenius, un astragale et une dent molaire supérieure;
» c. Cervus. .... un fragment de scapulum d'un ruminant du genre Cerf;
» cl. Enfin de nombreux morceaux de diaphyse d'os longs fendus et brisés comme
dans les sablières d'Eragny.
» Les silex taillés trouvés dans la carrière de Cergy sont au nombre de
treize. Ce sont : (a) des lames dont la plus longue mesure o^io de lon-
gueur, et la plus petite, oni,o34; (b) des pointes du type moustérien, mesu-
rant, la plus grande, o'",o4 de longueur, la plus petite, om,o34; (c) un
disque peu épais, tranchant et retaillé sur ses bords, mesurant om,oG dans
son plus grand diamètre.
» Telles sont les principales pièces paheoethnologiques trouvées jusqu'à
( '027 )
présent clans les sablières d'Eragny et de Cergy, dont je poursuis l'étude
et dont M. P. Toussaint veut bien me faire réserver toutes les trouvailles,
avec une note précise sur le milieu dans lequel elles ont lieu, afin d'en
publier, à un moment ilonné, les résultats. »
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. -- Sur la production de la glycosurie et de
Uazolurie, après V extirpation totale du pancréas. Note de M. E. Hédon,
présentée par M. Bouchard.
« La glycosurie se montre toujours chez le chien, à la suite de l'extirpa-
tion totale du pancréas. Il n'y a pas d'exceptions. Mes expériences confir-
ment entièrement sur ce point la découverte de von Mering et Minkowski.
Mais j'ai observé de plus que, dans quelques cas, la glycosurie peut dispa-
raître complètement, sans que pour cela l'animal cesse d'être diabétique
(jusqu'à présent ce phénomène n'a été noté que chez des chiens qui avaient
subi l'extirpation du pancréas longtemps après l'injection de paraffine dans
les conduits de la glande).
» L'étude des courbes de la glycosurie et de l'azoturie que j'ai dressées
pour toutes mes expériences permet de distinguer deux formes à la maladie
créée par l'extirpation du pancréas.
» A. Une forme de diabète à marche rapide, dans laquelle l'élimination
du sucre et de l'azote est excessive et amène promptement une cachexie
profonde et la mort au bout de quinze à trente jours. La courbe de l'azo-
turie est parallèle à la courbe de la glycosurie, mais lui est inférieure et la
glycosurie est le symptôme dominant. Ces courbes présentent deux pé-
riodes assez régulières, l'une d'ascension, l'autre de descente.
» B. Une forme de diabète à marche lente. L'animal ne succombe qu'au
bout de plusieurs mois à la cachexie. La glycosurie est intermittente;
quand sa courbe s'abaisse, on peut voir parfois la courbe de l'azoturie
s'élever beaucoup. La glycosurie peuL manquer totalement, pendant de
longues périodes de la maladie; mais l'élimination de l'azote est toujours
considérable, et dans cette forme c'est l'azoturie qui est le symptôme domi-
nant de l'affection. Tous les symptômes diabétiques persistent malgré l'ab-
sence de la glycosurie; la polydipsie et la polyurie en particulier sont très
accentuées. Les chiffres suivants donneront une idée de l'état de la nutri-
tion azotée chez un chien le soixante-quatrième jour après l'extirpation.
( 1028 )
alors que la glycosurie a complètement cessé depuis quelque temps. Poids
de l'animal i3kg,4oo. Pour une alimentation exclusive de viande (par jour
ikg de muscles de cheval, renfermant 35gr d'azote), l'animal rend :
Matières fécales. Urine.
Vzote Quantité Urée
en en de la totalité
Jours. Poids. grammes. cent, cubes. Densité. de l'urine.
i" o o 9.30 10/40 5i,3
2e 280 8,1 n5o io35 56,i
3e o o io3o io4i 54,3
^ 117 3,25 i45o io4o 76,5
5" 118 3,52 800 io5o 72,8
6e o o n5o io^o 62,4
» La digestion des matières albuminoïdes n'est pas très troublée ; l'azote
est résorbé dans l'intestin en moyenne pour 92,9 pour 100; mais l'azoturine
est considérable. L'urine ne renferme pas seulement une forte, quantité
d'urée, mais les autres principes solides s'y trouvent aussi dans une pro-
portion exagérée (en particulier les phosphates).
» Il faut noter que, chez l'animal en expérience, la cessation de la gly-
cosurie était complètement indépendante des variations apportées dans le
réeime alimentaire.
» Pour savoir comment le sucre absorbé par la voie intestinale serait
utilisé, on mélangea un jour aux aliments 3ogr de glycose chimiquement
pur. Le lendemain, l'urine contenait nSI', 2 de sucre, mais elle n'en ren-
fermait plus le surlendemain, ni les jours suivants. La consommation du
sucre se faisait donc bien mieux que chez les chiens glycosuriques; car,
chez ces derniers, tout le sucre ingéré apparaissait dans l'urine.
» Pour interpréter les résultats de cette expérience, en s' appuyant sur
la théorie de M. le professeur Lépine, on admettra que le sang de l'animal
avait conservé en grande partie son pouvoir glycolytique, malgré l'extir-
pation totale du pancréas.
» Conclusions. — Voici ce qui me paraît résulter des faits que j'ai
exposés dans cette Note et dans ma précédente Communication à l'Aca-
démie (6 avril 1H91) :
» i° Le pancréas a une action très importante, comme glande vascu-
laire sanguine, sur les échanges nutritifs.
» 20 A la suite des lésions provoquées ou de l'extirpation de cette
( Ioa9 )
glande, il se produit une dénutrition considérable qui ne doit pas être
exclusivement attribuée aux troubles digestifs.
» 3° La glycosurie et l'azoturie sont les deux symptômes principaux que
Ton observe après l'extirpation totale du pancréas.
» La glycosurie apparaît toujours, et étalement à la suite de cette opé-
ration; mais elle peut être intermittente et cesser complètement pendant
de longues périodes de la maladie; dans ce cas l'azoturie devient le sym-
ptôme prédominant de l'affection, ainsi que cela se trouve quand on se
borne à provoquer la sclérose du pancréas, au moyen d'une injection de
paraffine dans ses canaux. Par conséquent, la forme diabète insipide peut
alterner avec la forme diabète sucré lorsque la maladie a une marche
lente.
» 4° Pendant la période où la glycosurie fait défaut, le sucre absorbé
avec les aliments est utilisé en grande partie. Pour ce motif, je pense qu'il
y a lieu de rechercher s'il se peut que le pancréas soit à la longue suppléé
par d'autres organes. »
MÉTÉOROLOGIE. — Observations météorologiques sur les Pamirs.
Note de M. Guillaume Capus, présentée par M. Mascart.
« Ces observations ont été faites pendant une traversée du massif pami-
rien, du nord au sud, en 1887, de la chaîne de l'Alaïà celle de l'Hindou-
Rouch. La période envisagée va du i3 mars au 19 avril. Il convient de
faire remarquer que la région alaïenne, quoique faisant partie du système
orographique pamirien, s'en distingue par quelques conditions météoro-
logiques et notamment la quantité de météores aqueux qui s'y accumulent
en hiver. L'Alaï n'est séparé de la grande dépression turkestanienne que
par une chaîne bordière. La large vallée alaïenne n'atteint au thalweg que
3ioom d'altitude, tandis que les vallées moins régulières, en général, des
Pamirs, ont une altitude de 425o"' au Mouss-K.oul, de 3io,7m au lac Grand
Kara-Roul, de 4o25m au lac Rang-Roul, de 4i3omau petit Pamir, etc. Le
Trans-Àlaï, chaîne de premier ordre, mitoyenne entre l'Alaï et les Pamirs,
s'épointe en pics qui atteignent jusqu'à 7000"" d'élévation.
» Un premier fait général, accusé par nos chiffres d'observation du ther-
momètre, est la non-constance des grands froids, contrairement à la pré-
vision. Si le point de congélation du mercure est quelquefois atteint à cette
( io3o )
époque pendant la nuit, les journées rehaussent souvent la température
jusque dans le voisinage de o° C. et dépassent même ce point.
» Toutes conditions égales d'ailleurs, le maximum de la journée semble
tomber entre midi et ih. Le chiffre de ce maximum est influencé surtout à
l'ombre par l'état du ciel, étant notablement plus élevé par un ciel cou-
vert. Nous l'avons vu atteindre jusqu'à H-i°, 2 C. à Palpoukh (Alaï), le
i^mars à iah3om; +i°,8 C, au Rang-Koul (Pamir), le 3o mars à ih3om;
-+- 1° C. à Djal (Pamir), à ih3om le 7 avril, et jusqu'à -M 3° C. le 12 avril à
midi sur le petit Pamir.
» D'ordinaire, ce maximum de la journée restait de quelques degrés
au-dessous de zéro, et le plus faible maximum du milieu de la journée,
constaté entre midi et 21', a été de — 1 1°, 5 C. le 3i mars à ih s., au Ranç-
Roul, par un ciel libre. Suivant l'état du ciel, le maximum de la journée
est parfois reporté plus tard dans l'après-midi, et jamais avant midi.
» Les nuits sont, en général, excessivement froides, mais variables. Le
minimum semble coïncider, toutes conditions égales, avec le lever du so-
leil. La température nocturne est fortement influencée par l'état du ciel,
c'est-à-dire le rayonnement. Sur l'Alaï, tandis que le ciel est couvert, le
thermomètre marque — i3° C. le 18 mars à 6h m., et — 2.5°, 5 C. le lende-
main par un ciel pur. Le minimum nocturne a été constaté, dans la nuit
du 3o au 3i mars, au lac Rang-Koul, où le mercure était à l'état solide.
D'après le temps qu'il a mis à dégeler, après le lever du soleil, j'estime le
minimum de la nuit à — 44° C. Ce chiffre n'est certainement pas l'expres-
sion de la plus basse température sur le Pamir.
» Le thermomètre accuse une marche rapidement ascendante et des-
cendante, notamment en présence d'un ciel découvert.
» Ex. : .Ifarkane-Sou (Pamir), 23 mars, 71' m., - 24°, 2 C; qh m.,
— 200, 5 ; midi, — 20 C.
» Palpoukh (Alaï), 18 mars, 5h iom s.. — 1 1°, 5 C. ; 6h20m s., — 160, 5 C. ;
7h45m s.. — 20°C.
» Le 24 mars, au bord du lac Grand Kara-Koul, la température est
tombée, en cinq heures (de 41,20m s. à 9h20m s.), de -t- i° C. à — io,°,2 C.
» C'est là une des particularités caractéristiques du climat pamirien.
Nous avons constaté une amplitude extrême de 6i° entre le minimum et le
maximum absolus, et de 4i° entre le minimum et le maximum à l'ombre
dans la même journée. Les écarts journaliers, du lever du soleil au maxi-
mum de la journée et de ce maximum au coucher, sont également consi-
( io3i )
dérables et atleignent plus de 25° C. ; ex. : Alaï, 17 mars, thermomètre à
l'ombre, 6h m., -i9°,5 C, et 2h s., -I- 70, 5 C. ; Rang-Koul, 3o mars,
ih3ora s., + i°,8 C. et 7" s., - 160 C.
» Les chiffres obtenus au soleil sont influencés fortement par l'exposi-
tion et la réverbération variable, selon la couverture et la nature du sol.
Les plus grands écarts dans nos chiffres entre les températures prises au
même moment à l'ombre et au soleil, ont été : Alaï, 21 mars, à ih45m s.,
— 4°C. et +34°, 5C; Markhanesou, 23marsàmidi, — 2°C. et -t-3o°C;
Kara-Koul, àc;hi5,n m., -- i5°C. et -4-23°,5C; Rang-Koul, 3i mars, à
iohi5m m., ■ i9°C. et + i6°C; Rang-Koul, Ier avril, à ioh35m m.,
— 70, 5C. et -+- 29°('.; soit un écart maximum observé de 38°, 5 C. Le fdet
d'eau de neige fondue au contact d'un objet de couleur sombre regèle de
suite, dès qu'il arrive à l'ombre de ce même objet.
» Cet écart, déjà considérable, le devient davantage en été et Ssévertzow
cite les chiffres de — io°C. à l'ombre et de -f- 70°C. au soleil. En prenant
le chiffre de -h 70°C. et celui de — 5o°C. (probablement dépassé en hiver),
l'amplitude extrême annuelle est au moins de 1200.
» En résumé, la marche des thermomètres sur le grand massif pamirien
en hiver se distingue par des amplitudes considérables. Cette marche est
rapidement ascendante et descendante avec la hauteur du soleil. Les plus
basses températures sont accompagnées d'accalmies de vent et un ciel libre.
Alors les effets du rayonnement se font sentir avec force, tandis que le ciel
couvert amène des températures plus élevées. En comparant les oscilla-
tions des températures sur les Pamirs à celles des dépressions adjacentes,
du Turkcstan par exemple, on voit que les effets de la situation géogra-
phique continentale, déjà bien prononcés dans la dépression, sont exagérés
dans une mesure exceptionnelle sur les Pamirs.
» Cependant les grands froids y sont moins fréquents et persistants à
l'époque de l'année envisagée qu'on ne le croyait jusqu'alors et compen-
sés par des périodes journalières d'élévation de température, qui permettent
à la vie animale, représentée par un assez grand nombre d'espèces, y
compris l'homme, de se maintenir à travers tout l'hiver dans des conditions
physiologiques supportables, quoique très précaires pour quelques-unes. »
M. L.-S. Lucas adresse une^ote sur les effets d'une trombe à Issy-sur-
Seine.
La séance est levée à 3 heures et demie. M. B.
( I032 )
ERRATA.
( Séance du 27 avril 1 891 . )
Note de MM. E. Jungfleisch et E. Léger, Sur l'isocinchonine :
Page g44, ligne 35, au lieu de base relativement abondante, lisez base relativement
peu abondante.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER - VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Aûgustitis, u" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, a la fin do l'année, deux volumes in-4". De
Taliles, l'une par ordre alphabétique do matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est anm
et part du ier janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 IV. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Agen Michel et Médan.
| Gavault St-Lager.
Alger ' Jourdan.
I Ru il'.
Amiens Hecquet-Decobert.
( Germain etGrassin.
Angers i . . . , , .,
n ( Lacheseel Dolbeau.
Bayonne Jérôme.
Besançon Jacquard.
; Avrard.
Bordeaux j DuthuiT.
( Millier (G.).
Bourges Renaud.
iLefouriiMi .
F. Robert.
.1. Robert.
V" Uzel Caroff.
i Baër.
' aen ,. ..
' Massif.
C fiambér y Perrin.
,,, . » Henry.
Cherbourg ,,
( Margucrie.
„, , ,, l Rousseau.
Llermont-Ferr... )
( Ribpu-Collay.
i Lamarche.
Dijon Ratel.
' Damidot.
,, . i Lauverjat.
Douai . J
. ( Crêpai.
„ . , i I irevet.
Grenoble
( Graticr.
La Roc/telle Robin.
, ,, i Bourdignon.
Le Havre a
( Dombre.
Ropiteau.
Lille Lefebvre.
' Quarré.
chez Messieurs :
r . i Baumal.
Lonent .,.
' M I exier.
/ Bcaud.
i Georg.
Lyon , Mégret.
J Palud.
' Vitte et Pérussel.
Marseille Pessailhan.
(Calas.
Montpellier _
' Coulet.
Moulins Martial Place.
/ Sordoillet.
Nancy Grosjean-Maupin.
I Sidol frères.
, Loiscuu.
Nantes
/ M°" \ eloppe.
i Barma.
Nice ... . , ,
' \ isconti el i .
l\ (mes Thibaud.
Orléans Luzei .n
. . ( Blanchier.
Voiliers ,
( Druinaud,
/tenues Plihon et Hervé.
Rochefort Boucheron- Rossi
\ Langlois. I gnol.
Bouen
' Lesl i ingant.
S'-Etienne Chevalier.
„ , i Ba lide.
Toulon .
I Kumube.
-, , I Gimet.
Toulouse ,. .
I Privât.
Boisselier.
Tours Péril al
' Suppligeon.
. y Giard.
I ulenciennes '
I I. rrn.nl l'-
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieurs :
. . , \ Robbers.
Amsterdam ,
' Feikema Caarelsen
Athènes Bèck. [et C".
Barcelone Verdaguer.
i Aslier et C'".
_ , ' Calvary et C".
Berlin ■
1- nedlander et lils.
' Mayer et Miiller.
jjerne \ Schmid, Francke et
Bologne Zaaichelli et C' ".
j Ramlot.
Bruxelles Mayolez.
( Lebègue et C. "'.
| ll.lllll.UIII.
Bûchai est , ,
' Ramstcanu.
Budapest Ki liait .
Cambridge Deighton, Bell et C
Christiania ( '.annuel meyer.
Constantinople. . Otto et Keil.
Copenhague Hijst et fils.
Florence Lcescher et Seeber.
Gand Iloste.
Gènes lieul.
/ Cherbuliez.
Genève ! Georg.
' Stapelmohr.
La Haye Belinfante frères.
. Benda.
Lausanne
' l'a yol.
Barth.
I Brockhaus.
Leipzig Lorenl z.
i Max RUbe.
Twietineyer.
, .. i I lesoer.
Liège ' .
( Gnuse:
chez Messieurs :
, , \ Diilau.
Londres ,,
/ Nutt.
Luxembourg. .. . V. Uûck.
I Librairie Gutei)
berg.
mauna Gonzalès e liijos.
I Yravedra.
' F. Fé.
.,.. i Dumolàrd frères.
Mdan
( Hœpu.
Moscou Gautier.
I Furcheim.
Naplcs Marghieri di tous.
( Pellerano.
i Christern.
New-York ■ Stecherl .
' Westermann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C".
Palerme Clausen.
Porto Magalhaès.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
\ ffocca frères.
\ Loescheret C'°.
Rotterdam Kramcrs et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
„, . j Zinserling.
y-Pe,ersbourg..)Wom
IBocca frères.
Brero.
j Clausen.
[ Rosenberg et Sellier
l 'arsovie Gebetliner et Wolll'.
Vérone , . Drucker.
,r. { Frick.
Vienne I , ,
! Gerold et C".
Zurich Meyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes l** à 31. — (3 Août i833 à il Décembre i85o. ) Volume in-i°; i853. Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61. — i i" Janvier i85i à 3i Décembre i86j.) Volume in-4"; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à îi Décembre 1880.) Volume in-4"; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des algues, par MM. v. DEitBEset A.-.I.-J. Sonna. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les
Comètes, par M. Hansen. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du sur pancréatique djtns les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières
grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 3a planches; i856 15 fr.
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — l-j^s.ii d'une réponse i la ■ [ in-^t ion de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences
pour le concours de iS33, et puis remise pourcelui de iS36, savoir : .( Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles1 dans lès différents terrains sédi-
» mentaires, suivant l'ordre de Icu.- superposition: — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée.— Rechercher la nature
» des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique el ses états antérieurs », par M. le Professeur BnoNX. In-4°, avec 27 planches; 1861. .. 15 fr.
• A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N" 18.
TA RLE DES ARTICLES. (Séance du A mai 1891.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Piiges.
M. HATON ru-, LA GouPILLIÈRE. — Sur la
durée de l'évaporation dans les généra-
Pages.
■• 977
MEMOIRES PRESENTES.
\l. le Primée Nicolas de Tourquistanoff
soumet au jugemenl de l'Académie nu
« Calendrier vérificateur ■
CORRESPONDANCE.
M. de Skiipa Pinto, nommé Correspondant
pour la Section de Géographie et Naviga-
tion, adresse ses remerciements à l'Aca-
démie i 8 i
M. le Prince Albert ni: Monaco, nommé
Correspondant pour la Section de Géo-
graphie et Navigation, adresse ses remer-
ciements à PAcadémie 984
M. Tarry. — Théorème de Géométrie 'is'i
M. Jules Cels. — Sur une classe d'équa
tions différentielles linéaires ordinaires.. 98a
M. H. Padé. — Sur la convergence des frac-
tions continues simples 988
M. H. Wii.d. — Sur un inrlinaleur à induc-
tion 990
M. 1'. Gautier. — Sur un procédé de con-
struction des vis de liante précision poul-
ies appareils de mesure de la Carte du
Ciel 01
M. Georges Lemoine. — Etudes quantita-
tives sur l'action chimique de la lumière.
Deuxième Partie : Réactions sous diffé-
rentes épaisseurs ci avec différentes formes
de vases 99a
M. G. A.UDRÉ. — Sur quelques composés
formés par le chlorure mercurique 995
M. G. HiNRlCHSi — Enoncé d'une loi géné-
rale déterminant, en fonction simple de la
constitution chimique des corps, les tem-
pératures de leurs changements d'état sous
toutes les pressions 998
M. Paul Sabatier. — Sur le séléniure de
bore 1
M. A. BESSON. — Sur l'action de l'acide
iodhydrique sur le bromure de bore 1001
M. C.Viaiid. — Sur les chromites basiques
Errata
de magnésie et de zinc et sur le chromite
neutre de cadmium
AI. de Forcrand.- Préparation de l'érvthrate
disodique
M. Am.naw — Discussion des expériences de
Biot relatives aux dissolutions dans l'eau
de l'acide tartrique en présence de la po-
tasse ou de la soude
M. E. Duvillier. - Formation d'aride di-
méthvlacryliquc dans la préparation des
acides amidés de l'acide isovalérique
M. L. Barthe. — Méthylcyanosuccinate
de méthvle. Ether méthyléthényltricarbo-
nique
M. Paul Pelseneer. — Sur la dextrorsité
de certains Gastropodes dits « sénestres »
{ l.anistes. Peraclîs, Limacina, larve- des
Cytnbuliidce )
M. 11. Viallanes. Sur la structure de
l'œil composé des Crustacés macroures..
M.Gene u de Lamarlière . — Structure com-
parée des racines renflées de certaines
Qmbellifères
M. BleICRER. — Sur la structure microsco-
pique des roches phosphatées du Dekma
( département de Constantine )
M. E. Rivière. — Note sur les gisements
quaternaires d'Eragny et de Cergy (Seine-
et-Oise)
M. E. IlicnoN. — Sur la production de la
glycosurie et de l'azoturie, après l'extir-
pation totale du pancréas
M. lirn.iAi mi-. Cuis. — Observations mé-
téorologiques sur les Pamiis
M. L.-S. Lucas adresse une Note sur les ef-
fets d'une trombe à Issy-sur-Seine
ioo3
1006
10>/|
lOil
In '
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Xugustins, 55.
3ozq
1891
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAB MH. EES SECRÉTAIRES PEBPÉTl'ELS.
TOME CXII.
N° 19 (Il Mai 1891)
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
(Juai des Grands-Augustins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il v a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de /' 'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger del' Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans \e Compte rendu
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5 .
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5h. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
JUN 1 1891
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 11 MAI 189Î.
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMJE.
M. le Président annonce à l'Académie que, en raison des fêtes de la
Pentecôte, la séance de lundi prochain 18 mai est remise au mardi ig.
MÉCANIQUE. — Essai de dynamique graphique pour l' étude des périodes
de trouble dans les moteurs hydrauliques; par M. M. Léauté.
« L'étude du mouvement des machines, dans la période de trouble com -
prise entre une perturbation brusque et le régime reconstitué, présente une
haute importance pour le mécanicien. C'est dans cette période, en effet,
que surgissent les accélérations dangereuses ou les ralentissements trop
considérables et que prennent naissance ces oscillations prolongées de la
C !'. , 1891, 1" K.en,esire. (T. CXII, N 19.) f«JO
( io34 )
vitesse auxquelles il est souvent si difficile de porter remède; d'autre part,
c'est par la manière dont se comporte le moteur dans ces circonstances que
l'on peut le plus souvent juger de ses qualités véritables et des services
qu'il est capable de rendre.
» Dans mes études précédentes sur ce sujet, j'ai indiqué les formules
générales qui donnent une solution approchée du problème dans les cas
usuels de la pratique et qui permettent de se rendre compte, sans calculs
compliqués, des principaux effets des perturbations ordinaires auxquelles
on est exposé.
» Mais, pour arriver ainsi à des règles ayant quelque généralité, il a
fallu se placer dans les circonstances moyennes et faire abstraction des
particularités qui différencient les diverses machines motrices. On a sup-
posé que ces machines fonctionnaient dans des conditions voisines du
maximum de rendement, que la quantité d'eau consommée était propor-
tionnelle à l'ouverture de vanne, que les écarts de vitesse étaient peu con-
sidérables, et l'on a pu de la sorte ne pas tenir compte des caractères spé-
ciaux qui correspondent à chaque moteur. Les formules ainsi obtenues ne
sauraient naturellement présenter une rigueur complète, ni s'appliquer
aux cas, relativement exceptionnels, qui s'écartent trop des restrictions
faites.
» C'est, cependant, pour ces cas exceptionnels qu'il y a souvent le plus
d'intérêt à être renseigné sur les phénomènes de la période troublée,
puisque la comparaison avec des installations existantes cesse d'être pos-
sible, et que l'on ne possède plus ainsi de points de repère d'aucune sorte.
» Il est donc utile d'examiner la question dans les circonstances spé-
ciales où les formules approchées ne s'appliquent plus avec une précision
suffisante et d'indiquer le principe d'une solution pratique n'exigeant pas
d'hypothèses restrictives.
» C'est là l'objet de ce travail, dont je ne puis songer, en raison de ses
dimensions mêmes, à exposer ici le détail et qui paraîtra dans un autre
Recueil {' ). Il termine la série des recherches que, depuis dix ans, j'ai en-
treprises sur la régularisation du mouvement, en visant d'une façon spé-
ciale les régulateurs à action indirecte.
» Pris dans toute sa généralité, le problème présente une complexité
extrême, car il dépend de tous les éléments qui caractérisent le mode
d'action du moteur.
(') Journal de l'École Polytechnique.
( io35 )
» La loi d'après laquelle le rendement est modifié suivant la vitesse,
celle qui le fait dépendre de la quantité de fluide consommé, la manière
dont varie cette quantité avec l'ouverture d'admission, sont autant de con-
ditions dont il faut tenir compte ; or ces conditions ne sont presque jamais
données que sous une forme empirique, ainsi que cela se produit, d'ailleurs,
toutes les fois que l'on cherche à pénétrer complètement dans le domaine
de la pratique.
» Une solution purement analytique se trouve, dès lors, rendue impos-
sible et la question, comme toutes celles que la Statique graphique a si
heureusement résolues, ne peut être utilement traitée que par une mé-
thode mixte et par des procédés graphiques.
» Il faut, avant tout, avoir une représentation claire et complète du
mode d'action du moteur; j'y arrive à l'aide du tracé d'un certain nombre
de-lignes qui mettent à la fois sous les yeux, dans une seule épure, tous
les éléments de ce mode d'action; j'indique en même temps comment va-
rient les formes de ces courbes pour les moteurs usuels et comment elles
se déduisent des résultats habituellement donnés par les traités spéciaux.
» Cette représentation obtenue, le problème revient à l'intégration dune
équation différentielle du premier ordre sous sa forme générale et se ra-
mène au tracé d'une courbe qui coupe une série de lignes données sous
des angles également donnés.
» La manière de faire ce tracé étant indiquée, on a ainsi, par une suite
de constructions graphiques simples, la représentation complète du mou-
vement delà machine pendant la période de trouble; on peut, dès lors,
connaître, à un instant quelconque, la vitesse, l'ouverture de vanne, le
chemin parcouru et l'on est, par suite, à même de déterminer tous les élé-
ments du mouvement troublé, c'est-à-dire la durée qu'il aura, les oscilla-
tions qui le constitueront, les plus grands écarts de vitesse qu'il présentera.
» Afin de rendre cette méthode tout à fait claire, je l'applique, dans le
dernier Chapitre du Mémoire, à l'un des cas les plus compliqués qui se
[missent rencontrer, celui d'une turbine munie d'un appareil de régulation
à fermeture rapide, pour laquelle la résistance varie- brusquement du
simple au double ou inversement et qui peut être noyée ou dénoyée ; une
série de planches donne la représentation du mouvement troublé dans ces
quatre cas.
» Ces épures, en même temps qu'elles établissent la simplicité d'exécu-
tion du procédé, montrent que l'emploi des tracés graphiques n'est pas
( io36 )
forcément limité à la résolution des équations ordinaires et au calcul des
quadratures, mais qu'il peut donner aussi une solution pratique des pro-
blèmes qui dépendent de l'intégration d'une équation différentielle quel-
conque du premier ordre.
m En résumé, la méthode dont j'indique le principe pour les moteurs
hydrauliques est un essai de Dynamique graphique; elle donne aux méca-
niciens le moven de calculer, en toutes circonstances, le mouvement que
prendront leurs machines après une perturbation, absolument comme la
Statique graphique donne aux constructeurs le moyen de prévoir les efforts
que subiront leurs constructions sous l'action de toute charge acciden-
telle. »
mécanique APPLIQUÉE. — Abaissement du plan d'eau dans un corps
cylindrique horizontal', par M. Hatox de la Goupillière.
« Dans une précédente Communication ('), j'ai étudié la durée de l'a-
baissement du plan d'eau qui s'opère dans un générateur de forme quel-
conque, abandonné à lui-même par défaut d'alimentation; et j'ai appliqué
la méthode générale aux exemples qui se prêtent le plus directement au
calcul. Je crois utile de revenir avec les mêmes compléments sur le cas
spécial qui avait été traité originairement par M. Guchez (-) : celui d'une
chaudière horizontale à corps cylindrique (a), assez longue pour nous
permettre de faire abstraction de l'influence des fonds. La durée étant
alors indépendante de la longueur, nous pouvons supposer celle-ci égale à
l'unité, ce qui donne, en conservant les mêmes notations que dans le pré-
cédent article,
n = 2, s = i y/s(2R — z), S = -R -+- 2 Rare sin
,D, r'-" d:-(2R — z) riz
{v — u)Rt —
— R i / c-ït 2w . s„ — R
arc sin — ■: 1 | 1 — ^r — (- n arc sin — =r —
2 K H
(') Comptes rendus, t. CXI1, p. 977.
(!) Loco citato (voir ci-dessus, p. 978).
(b) Les chaudières à foyer intérieur ou à bouilleurs se traiteraient de la même ma-
nière, au prix de calculs plus laborieux.
( io37 )
» Posons, pour abréger,
2 f V- 2 11' . Z„—l
a = h — tt- -f- m arc sin — jj-
. s — R
y. = 2 arc sin — fi h (/,
ii
d'où il suit
: — R . a — rr , 1 1 a — « , — — 5 — — r D i
- = sin > tlz — cos - rfx, \ s(aR — 3) = R cos
R ■>. 2 2 V
t' — ii /' " ., /a — a\ (h f "j -f- cos (a — a) ,
2T-«=J 2cos-( —)T--=j — -d*
/" ' (i + cos a) — cos«(i — cos al -t- sin a sin a ,
» Les intégrales de ce type ne sont pas connues en termes finis; mais
nous aurons, en employant le développement en séries,
2 — r. — £ = 2 COS2 - L — ' + si 11 a (y. — - — —^ -+- - - — 0 . ,
K 2 a \ i i .1.6 5 I . 2 .3.4.!
/ 1 a'2 1 ' ' 1 a6
— cosa 7 ■ 5-7 +
2 1.2 '1 t .2.3.4 6 1.2.3.^.5.6
avec des suites encore plus convergentes que celles du sinus et du cosinus.
» Il vient, en particulier, pour L'hypothèse simplifiée, u = 0, w = o,
«
a = w, sina = o, cosa = — 1, cos- = o,
d'où
■?.( (' — « ) ,| a- 1 a'' 1 a6 \ ''
~R ir=z [i 1 . • "4 1.2.3.4 + 6 1.2.3.47.57(1 ~ '"Je
» Cette série donne, par ses six premiers termes,
4 96 432o 322 56o 36288000 0748019200
ou encore
o,25o 000 000 000 y.2 — 0,010 4 ib\ 666 667a* + 0,000 23 1 481 483a6
— 0,000 oo3 100 198a.8 -h 0,000000 027 55^ a.10 — 0,000000000 173a'-.
» La variable a est croissante depuis zéro, pour le point le plus bas,
jusqu'à 277 au sommet. Mais le plan des carneaux ne dépassera guère en
pratique le milieu du rayon vertical, pour lequel a = -„- ■
( io38 )
» Le quotient du septième terme 0,000 000000 000 7437.' \ par l'en-
semble des deux premiers, constitue une limite supérieure de l'erreur
relative que l'on commet en s'arrêtant au sixième. Elle prend, dans ci-
cas, le plus défavorable de tous, la valeur 0,000 38o dont l'extrême peti-
tesse, pour une question de cette nature, montre que l'on pourra ordi-
nairement se borner à un nombre de ternies très restreint ( ' ).
» Si l'on place, en particulier, le plan des carneaux dans le méridien
horizontal, en faisant «0 = -, il faudra pour la vidange complète 0,825 -,
et avec le rayon de im : 82 5oos= 22b55m. En calculant au moyen de la
surface initiale, on trouverait un chiffre 0,606 fois trop faible, et un écart
en moins de c/1 im4°s pour le cas précédent. Avec la moyenne arithmétique,
on obtient un résultat 1,21-2 fois trop fort et, pour le rayon de im, une
erreur en trop de 4h5ira4°s- "
MEMOIRES LUS.
ZOOLOGIE. — Sur fa dé/imitation des zones littorales. Note de M. Lfcov
Vaiixant.
(Commissaires : MM. de Quatrefages, de Lacaze-Duthiers,
Milne-Edwards).
« En 1871 (2), j'ai cherché à montrer que l'observation de certains
animaux marins sédentaires fixés était de nature à donner les limites des
divisions en lesquelles les auteurs ont partagé la région littorale. Ainsi le
Balanus balanoicles, Linné, s'élève à Saint-Maloau niveau des pleines mers
minimums de vives eaux, c'est-à-dire marquerait la limite inférieure de la
zone subterrestre.
» Des études poursuivies, depuis deux années, sur le Leucoclore ci/ialus,
Johnston, Annélide très commun sur les côtes de Picardie et de Nor-
(') C'est surtout pour les valeurs de a inférieures à l'unité que la convergence serait
la plus accusée; mais elles ne seront jamais pratiques, car elles ne s'étendent pas au
delà de 28°38'52" du point le plus bas.
(2) L. Vaillant, Remarques sur les zones littorales (Mémoires de la Société de
Biologie pour 1871, t. XXIII, p. i65, PI. V. Paris; i873).
( io39 )
mandie, m'ont fait trouver un second niveau, qui répondrait également
à un point déterminé du flot.
» Cet animal se rencontre en quantité inimaginable dans la craie mar-
neuse, qui s'étend de l'embouchure de la Seine à l'embouchure de la
Somme sans interruption sensible, et perfore le calcaire pour s'y creuser
une demeure ayant la forme générale d'un tube en U, dont chaque
branche est extérieurement prolongée en un canal formé de particules
arénacées et autres, réunies par une substance muqueuse; on ne trouve
pas moins de vingt-cinq à trente habitations par centimètre carré, ce qui
donnerait 210000 à 3ooooo individus par mètre superficiel. Aussi, bien
que la longueur de ces vers, très menus, ne dépasse pas iomm à i2mm,
n'en doivent-ils pas moins être regardés comme d'actifs agents dans la
destruction graduelle de ces rivages.
» Il fallait d'abord définir le point auquel s'élèvent ces animaux. Celui-
ci diffère en effet suivant qu'on examine soit des roches en pointemenl,
sur lesquelles, lors du jusant, l'eau ne peut se maintenir, soit des roches
plus ou moins élargies à leur partie supérieure avec des excavations où
l'eau séjourne. Dans ces sortes de petites mares permanentes, les Leuco-
dores se rencontrent à des niveaux supérieurs à celui qu'ils occupent sur
les parois verticales de la roche ou sur les pointements calcaires. Ce der-
nier niveau, étant plus régulier, peut être considéré comme normal : la
constatation en est aussi plus facile.
» Ce niveau répondait en 1890 à celui du pied d'un barrage placé à la
partie ouest de la plage des bains du bourg d'Ault et destiné à maintenir les
galets en vue de protéger la falaise. Pour déterminer la hauteur de ce point
au-dessus du zéro des cartes marines, un certain nombre d'observations
ont été faites sur la façon dont ce barrage était recouvert à la mer étale.
En estimant l'élévation du point auquel l'eau montait au moyen des hau-
teurs données pour la région dans V Annuaire des marées, l'élévation du
pied du barrage s'obtient en retranchant de cette hauteur, pour chaque
marée observée, la distance verticale entre ce point et le pied, distance ver-
ticale facile à mesurer directement sur le barrage. Trois observations, faites
dans des conditions favorables, par temps suffisamment calme, ayant donné
pour cette hauteur 5,u, 77, 5m,72el 5m,32, la moyenne 5m, 60 peut être re-
gardée comme exprimant d'une manière très approchée le niveau du pied
du barrage et par conséquent l'élévation normale des Leucodores au-dessus
du zéro des cartes marines.
» En prenant les limites des zones et sous-zones de la région littorale,
( lofa )
telles qu'Àudouin et Milne-Edwards les ont théoriquement établies, si l'on
calcule pour chacune d'elles les hauteurs correspondantes des marées au
bourg d'Ault en 1890, on a le Tableau suivant :
Dl
Pleine mer max. d'équinoxe 10, 5
Zone subterrestre
Pleine mer min. de vives eaux 9,2
Sous-zone I.
1 Pleine mer min. de mortes eaux .... 7,2
Région littorale. / Zone littorale . { Sous-zone II. Niveau moyen de la mer 5,3
1 Basse mer max. de mortes eaux 3,3
I ' Sous-zone III.
| Basse mer max. de vives eaux 1 ,4
Zone sublittorale.
Basse mer min. d'équinoxe 0,4
» Le niveau supérieur 5m,6, auquel atteignent les Leucodores, diffère
à peine, on le voit, du niveau moyeu de la mer,
» D'un autre côté, le point extrême auquel s'élèvent les Balanes, sur le
barrage dont il a été question, serait un peu supérieur à 8m,6. La limite
inférieure de la zone subterrestre étant, d'après le tableau susdonné, de
9m, 2, pleine mer minimum de vives eaux, ces chiffres se rapprochent assez,
eu égard à la nature de ces études, pour y trouver la confirmation des
observations précédemment faites à Saint-Malo.
» On peut donc penser qu'il serait possible d'établir, par l'observation
des espèces littorales et particulièrement des animaux fixés, une sorte
d'échelle indiquant au premier coup d'œil avec une certaine approxima-
tion la hauteur à laquelle s'élèvent les eaux dans les différentes marées.
Sur les côtes calcaires, car la nature des roches comme substratum a une
influence très grande sur la faune et pourrait, sans doute, modifier la hau-
teur à laquelle s'élèvent certains êtres, le Leucodore cilialus, Johnston,
donne, par le point extrême qu'il atteint, le niveau moyen de la mer; le
llalanus balan.oides, Linné, d'autre part, s'élevant à la limite supérieure
de la zone littorale, la distance qui sépare ces deux points représente la
demi-hauteur de cette zone ; or, le balancement des marées étant assez
régulier pour qu'on puisse regarder l'abaissement comme égal à l'éléva-
\alion, ceci permet de déduire la limite inférieure, c'est-à-dire le niveau
îles basses mers minimums de vives eaux. »
( >o4i )
MEMOIRES PRESENTES.
M. Devaux adresse «ne Note sur « un nouveau système de moteur hydrau-
lique ».
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
IM. V.v\ Weddingex soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur
la direction des aérostats et un Mémoire « sur un nouveau mécanisme lo-
comoteur ».
(Commissaires : MM. Resal, Cornu. >
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE.— Observations de la planète m) {découverte k3i mars 1891),
faites à l' Observatoire de Marseille, par M. Bokrellv, avec l'èqaatorial
d'Eichens {ouverture om, 258 ).
Dates
1891.
Avril 6.
7-
8.
1 i-
i5.
16.
'7-
18.
20.
26.
2
29.
3o.
Temps moyen
de
Marseille.
Il III s
8.54.56
9.12.41
8.55.09
8.54.14
10.16.18
g.i5. 5
A.tt.
U) S
—0.39,38
-x.24,43
— 2. 8,58
-1.16,90
—a- i,99
—4. 2,3l
9. 2.42
8.49.22
— o.25,45
— 1. 2,85
9.i5.5o — i.4o,88
9. 9.87 — 2.i6,83
8.45.12 -(-1.40,09
8.3l.54 -t-I.l3,20
8.59.25 -+-1 12,47
8.54.20 +0.49,10
9. 1 . 16 -ho. 27,2.5
R., 1S91, 1" aemeîii i . 1 '.
— 0.3l,2
— 6.53,3
1 3. 12,4
4-12.58,5
-+- 6.35,o
— I O . '| i ' • i
-1-18.19,0
+ !'!.50,7
+ 7- '7.-1
-h 2. 3,9
H- .,18,.
— 2.45,0
-+- 8.3i),.S
-+- 4-47.9
-+- 1.22.5
CXII, N- 19.
M app.
Il III s
12.20. 1 1,77
12.19.29,72
12.18. '1 5.57
12.17. 19,55
12.16.'' i. J6
12. l4-3 ';, I i
I 2, I 3.55,29
12.1.;. 17,89
12. i2.3().87
12.12. 3,92
I ■>.. 8.22,11
12. 7.55,22
12. 7. 4,19
12. 6.40,82
12. 6.18,96
Log. facl.
parall.
— 7,4 12
-T,348
—7,385
-7,363
—2,888
— 7,224
—7,24g
-7,285
— 7,i4o
-7,171
— 1,110
— 7,i6i
-2,894
—2,912
-2,768
LX app.
O / il
91.1 6.3i ,6
91.10. 9,5
91. 3.5o,4
90.5 1 .3o,i
g 1. i5. 6,6
90.27.45,2
90.22. 5,6
90.16.37,3
90.1 1 . 4>o
90. 5.5o,5
89.32. V; 2
89.28. '.'m
89.20.41,2
89.16.58,3
8g.i3.32,8
Log. fact.
parall. * .
—0,794
— °>794
—o,793
-0,792
0,792
—0,789
-0,7X8
—0,788
-0,787
—0,78.5
— 0,782
-0,782
— 0,780
— 0.780
— 0,780
i36
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
1 1
12
i3
14
i5
( ro42 )
Positions des étoiles de comparaison.
7-
8.
9-
10.
1 1
12.
Gr.
IO
4
»
»
i)
IO
»
8-9
»
R ni oy. i8gi,o.
Réduction Réduction
au au
jour. <A moy. 1891,0. jour.
Autorité.
12.20.53,12 -t-1,00 9n6.55,8 7,0 3jo8 Lamont
» » » » » »
>> » » » » »
g-10 12. 18. 35, (2 + i,o3 go.38.2'1,7 +6,9 368g Lamont
12.14.19,71 + i,q3 90. 3. 3g, 8 +6,8 r, Vierge. Conn. des Temps
» « » » »
» + 1 , Oq » » »
)) )) » » n
12. 6.41,04 +o,g8 8g.3i.23,8 +6,3 36i2 Lamont
» » » » j>
12. 5.5o,7.5 +0,97 89. n. :j,3 +6,1 3607 Lamont
» » » n n
» +0,96 » +6,0 »
» Dans le n" 14 des Comptes rendus (6 avril 1891), cette planète est
donnée comme affectée du n° 309; mais depuis lors on a reconnu que la
planète, rencontrée par M. Charlois, le 11 février 1891 et considérée d'a-
bord comme nouvelle, est identique avec 208 Lacrymosa. »
ASTRONOMIE. - - Éléments de la nouvelle planète Borrelly (ans).
Note de M. Fabry.
Epoque : 1 Sg 1 , avril 10, midi moyen de Paris.
Anomalie moyenne 1^9 • 1 1 . 07
Distance du nœud au périhélie. . 217.20.28
Longitude du nœud 182.24.14
Inclinaison 4-37-17 > Equinoxe moyen 1891,0
Logarithme de l'excentricité.... 2,57633
Moyen mouvement diurne 790", 370
Logarithme du demi grand axe.. o, 43479
» Ces éléments ont été calculés par la méthode exposée par Y. Villar-
ceau (Annales de l'Observatoire de Paris, t. III), en faisant usage des for-
( io43 )
mules spéciales au cas où les latitudes et leurs dérivées sont très petites.
Les 21 observations suivantes ont servi de base pour le calcul :
» 17 observations faites à Marseille (mars 3i, avril 1, 4» 6, 7, 8, 10, 11,
i4, 1 5, it>, 17, 18, 2.5, 26, 28, 29).
» 2 observations faites à Hambourg (avril 3, 4 )•
» 2 observations faites à Alger (avril 4, 6).
» L'éphéméride suivante a été déduite des éléments ci-dessus :
Lieux moyens 1891,0.
1 >.u temps moyen de Paris.
1891. \scension droite,
h m *
Mai 12 12. 3 .36
i'i 3.28
16 3.26
18 3.3o
20 3.38
■> •! 3.52
24 -',. M
26 i.35
28 :.. 1
3o 5.38
Juin 1 (i. 1 li
3 7.0
5 7-48
7 s- i"
'i 9-37
11 io.;;s
i3 1 2 . 1 1 . 44
ASTRONOMIE. — Éléments provisoires de la planète @! Borrelly , déduits des
observations faites à V Observatoire de Marseille les 3i mars, 8 avril,
18 avril et 26 avril 1891. Note de M. Esmiol.
Époque : 1891 mars 3i, minuit moyen de Paris.
M i58"4o'.43,6
7t 28. l3.43,0 j
Q 182.21.26,1 > Equinoxe moyen de 1891,0
i 4.30.45,7 )
m I . 4o. 0,2
I* 787". 69
logff 0,43577
)éclinaison.
logA.
-t-i°.i6,4
,,.:; Mis
1.18.9
)>
1 .20,9
o,3 • V-
I .22,2
»
1 .22,g
0,334g
1.22, g
)>
1 .22,3
1 / ' ■>
1.21,0
t)
1 .19,2
0,3537
1 . 16,8
»
1 . 1 3 , 9
o,3632
1.10,4
»
1 . 6,4
<j-:;;'7
1 . 1,8
»
0.56,7
0,3 • 1
0 . 5 1 , 1
»
1 » . \5 , 0
0,3915
( io/|/i )
Comparaison avec les lieux moyens.
( rfXcosp +o",o3 dXcosp +o",o5
obs-"Calc |(i) <n +8",2 (2) rfp +w.\
Ephéméride.
Positions apparentes.
1891. Ascension droite. Déclinaison. logA.
Mai 8 12.4. 8,8 +1. 9. 5
10 i2.3.5o,4 1.12.59 o,3io2
i2 12.3 . 37,6 1 . 16. i3
1 ', i2.3.3o,2 1.18.47 0,3190
16 12.3.28,3 1.20.42
18 12.3.31,7 1.21.57 0,3280
20 i2.3.4o,5 1.22.34
22 12.3.54,5 1.22.33 0,3373
24 12.4.13,7 i.2i.55
26 i2.4.38,o 1.20.41 0,3^66
28 12.5. 7,3 1 . iS.5i
3o i2.5.4i,5 1. 16.26 o,356i
Juin i 12.6.20,5 i.i3.a6
3 12.7. 4,3 1-9-54 o,3655
5 12.7.52,7 1 . 5.48
7 12.8.45,7 J.-'- '-'o o,375o
» L'éphéméride ci-dessus a été calculée par M. Lubrauo au moyen des
éléments trouvés par M. Esmiol. »
»
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations solaires faites à l'Observatoire royal
du Collège romain pendant le premier trimestre de i^gi. Note de M. Tac-
CHl.M.
« Le nombre des jours d'observation a été 64 pour les taches et les
facules, savoir : 16 en janvier, 26 en février et 22 en mars. Voici les résul-
tats :
Fréquence relative Grandeur relative Nombre
des des jours des des groupes
1891. taches, sans taches. taches. facules. par jour.
Janvier i,56 o,3o 18, 5o 16,88 1 , 38
Février 2,3i 0,1 5 24,04 89,62 2,38
Mars 1,27 0,1 4 ll>91 4>>82 E>45
( io45 )
» Le phénomène des taches et des facules solaires a été, pendant le
premier trimestre de 1891, bien plus prononcé que dans le trimestre pré-
cédent. On a constaté aussi un maximum secondaire dans le mois de fé-
vrier, et, en raison d'une plus grande activité solaire, le nombre des jours
sans taches a été plus petit qu'auparavant.
» Pour les protubérances hydrogéniques, nous avons obtenu les résul-
tats suivants :
Nombre
Protubérances
des
__ — -«
■
jours
Nombre
Hauteur
Iîx
tension
1891.
d'observation.
moyen.
moyenne.
moyenne.
l3
4,62
36,9
0
i,3
Février .
22
7,55
44,'
i,8
Mars
.... 1-
6,12
40,1
i,5
» Les protubérances solaires, comme les taches, ont donc été, pendant
celte période, bien plus nombreuses que dans le dernier trimestre de
l'année précédente, et l'on a trouvé aussi un maximum secondaire comme
pour les taches et les facules ; de sorte qu'on peut affirmer que, pendant
le mois de février 1 891 , une plus grande activité s'est manifestée à la sur-
face du Soleil, par rapporta chaque espèce de phénomènes ; on a même
observé des éruptions métalliques. »
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur le mouvement du périgée de la Lune.
Note de M. «I. Perchot, présentée par M. Poincaré.
« La variation des éléments de l'orbite de la Lune est déterminée par
les équations
1 )
/ dil
d\\
ûfG, (ïi'y
dh
<m
dl
dh '
dl de 1 '
dt
dl'
1 dh
\ ~dï'~
dli '
dg , ,H: _
cil l/u,
dl
m
àR
L = \Ju[j.,
G,
= 2L y/i — e-,
H =
^G.cos
/désigne l'anomalie moyenne de la Lune;
g = 2g, la distance angulaire du nœud ascendant au périgée;
h la longitude du nœud ascendant.
» Je néglige les variations des éléments de l'orbite de la Terre, de a ou
( >o46 )
de L, et aussi les inégalités périodiques de l. Alors
R = A -4- 2R cos[(Û2 -t- in')t + ii" g\ h ï"h +■ f/\.
» On sait que g, augmente de 277 dans le temps T = 646 'jj et que h di-
minue de 277 en 6793J, ce qui diffère relativement peu de T.
» Je détermine x par la condition
aT = 277, 7. — 200", 4.
et je pose
xt = k.
On a
(in -t- i' n')t = i, xt 4- tt, 1 < ?..
» Dans chaque terme de R je remplace (m -4- i' n')t par i, xt — /, /• et je
considère, au lieu du système (1), le système (2),
(2)
<l> = <I>„ -f- Ti"2(l-$, +
» Je néglige dans R ou dans $ les termes du quatrième ordre et je ne
considère que les cinq termes périodiques qui, d'après Delaunay, peuvent
donner des inégalités du premier ordre dans g, et h.
» Je ramène le système (2) à la forme des systèmes pour lesquels
M. Poincaré a démontré l'existence de solutions périodiques; j'y remplace,
à cet effet, la fonction $ par F,
, dH ô*
7/7 r dh '
dt dffl'
dK <>*
77 = M
\ dh <?*
c/g-, J*
7/7 = : ~~ àGl'
dk d*>
dt ~~ dK
$=-*R. + A
+
IBcos (/',/' -f- ii\
g, -+- i"h + q
et je détermine par la méthode de M. Poincaré une solution périodique
C
de ce système, de période T, = T -^-1 C, et C étant des constantes conve-
nablement choisies.
C
» En remplaçant, dans cette solution, / par t ~- et pt. par n - a? . |'aurai
une solution périodique de (2) de période T.
» Or, prendre pour valeurs initiales des éléments celles qui corres-
pondent à cette solution périodique, cela revient à supposera = \, sans
( IQ47 )
rien changer aux autres conslantes a, a , rt, ri, ... ; et, par conséquent, la
solution périodique représentera la variation de gK dans une première
approximation.
» En faisant les calculs, comme M. Poincaré l'indique, je suis arrivé à
la formule suivante
g= -iv.l -+- 7 ,. o - sin(678oc/ -+-?))— t - — — - sin(2o4a/ 4-y2)
b 4 /(.678a e ■ ' \ n.2o4<* e * '
- S TiT^l 7 *in(237oc* - ch) - T -^ sm(37a/ , c,, )
i T i5«'2 g n'-'a h'2 /«"«'VoeH . ,„ , s
■+" 7 — ââ- ■+■ - ~r ââ- - 1— aF sin(33a/ H- r/5),
4L ".33 a 2 G, /t. 33 a ' (,, / 6b J ' '
et, en v remplaçant les lettres par leurs valeurs numériques,
£- = 4oo"8*+CTi+ o°,Gsin(37",6G/ + qt) — 6°,9sin(n°,33/ + ç.À)
— i'\3 sin(i3°, i6t-\- qs) — i°,5 sin(2°,o55t+ qA >
-+-(a°,2 -I- 2°,G2p + o°,ioPî)sin( i".88/ + q, ).
» Celte méthode sera encore applicable lorsqu'on tiendra compte des
principales inégalités périodiques de /.
» Enfin la constante [i qui entre dans l'expression de g sera déterminée
de façon que la formule précédente représente le plus exactement pos-
sible les variations de g données par les Tables de la Lune. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les permutations limitées.
Noie de M. C.-A. Laisaxt, présentée par M. Sarrau.
« Etant donnés n objets a, b, c, ... I, supposons que l'on ait tonné
le Tableau de toutes les permutations telles que le premier rang, le
deuxième, etc., ne puisse être occupé, dans chacune d'elles, que par
certains de ces objets; et proposons-nous de déterminer le nombre de ces
permutations.
» Désignons, parmi les objets a, ù, c /, par
a,, bit ct , . . ceux qui peuvent occuper le premier rang,
«2, b.,, c2, ... ceux qui peuvent occuper le deuxième rang,
et ainsi de suite.
( 'o48 )
» Formons maintenant le produit
(«, + ^ -H c, + ... )(fl2 H- &2 + c2 4-... )...(«„+/;„ ! cn \ ....
qui est évidemment une fonction entière homogène et du degré n,
V(a,b, c /)
des lettres a, b, c '.
» Si l'on développait ce produit, on y trouverait toutes les permuta-
tions demandées et, en outre, des termes contenant certaines lettres à un
degré supérieur au premier; dans ces termes, par conséquent, manque-
raient certaines autres lettres.
» Il est clair qu'en prenant la n"'me dérivée par rapport à a, b, c, ...,/.
successivement, d'un des termes représentant l'une des permutations
cherchées, nous aurons l'unité pour résultat. En prenant la même dérivée
d'un terme contenant des exposants supérieurs à l'unité, le résultat sera
zéro.
» Donc, en appelant K Je nombre des permutations demandées, nous
avons
__ d" Y (a. />, c, /)
da db de ... di
» Cette formule, très générale, n'a guère qu'un intérêt théorique, car
elle permettrait rarement, dans la pratique, le calcul effectif des permuta-
tions pour chaque problème particulier. Elle peut cependant offrir une
ressource précieuse pour vérifier des solutions obtenues, soit sous forme
déterminée, soit sous forme récurrente, par des méthodes directes.
» Nous ferons remarquer enfin que cette formule donne la solution
générale d'un problème récemment étudié par M. G. de Longchamps,
et qui peut s'énoncer de la manière suivante :
» Dans le déterminant
A
a, «.. ... an\
A, h2 ... b,
/, L ... I,
I!
un certain nombre d'éléments venant à s'annuler, combien le déterminant
A aura-t-il de termes?
» Il est clair qu'en formant les sommes des éléments de la première,
de la deuxième colonne, etc., et en effectuant le produit après avoir sup-
{ '"49 )
primé les indices, nous aurons la fonction F ci-dessus qui nous donnera la
solution cherchée.
» Le nombre des termes disparus sera
. d"F(a, b /)
/il — : : i.
<la db ... ai
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe de nombres complexes.
Note de M. Markoff, présentée par M. Hermile.
« Les nombres entiers qui dépendent de '\Jab- (a, b sont les nombres
entiers rationnels non divisibles par aucun carré) et ont la forme fraction-
naire
x-V- y \/ ah'1 + ; '{/a1 b
3
x, y, :■, étant les nombres entiers rationnels non divisibles par 3, se divi-
sent en deux classes :
» i° Les nombres premiers avec 3;
» 2° Les nombres non premiers avec 3.
» Les carrés des nombres de première classe se réduisent à la forme
X+Yv'ôF ~i-Zv«»Â,
X, Y, Z étant les nombres entiers rationnels.
» Quant aux nombres de seconde classe, toutes les puissances de ces
nombres ont aussi la forme fractionnaire. Les unités complexes appartien-
nent à la classe première et nous voyons que le carré d'unité complexe
■'.'i -+- 1 1 j/io -+- 5 \/ioo
3
est égal à
i 8i 4- 84 \J io ■+- 3c)\ ioo.
» J'ai trouvé encore que l'unité complexe
M H) - «
est égale au carré
Ah- a i ni t n/ y
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXU. N° 19.) l3j
( io5o )
» Or, dans le domaine des nombres dépendants de y'17, il n'existe au-
cune unité complexe de la forme fractionnaire, car l'unité fondamentale
est égale à
324 -I- 1 26 yi~7 -!- /jo \ 1 ~~- »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Expression du nombre - par une série
très convergente . Note de M. Félix Lucas.
« la formule de Leibnitz
, .. - 1 1 1 1
(D - = --- + '- — - .+ ...
-1 1007
peut s'écrire sous les deux formes suivantes
: _ 2 y !
^d (4 m -t- 1) (4 m -+- 3 )
(2)
m=0
22ffi
4 ^(4m+3)(4w-f-5)
m —0
» On en déduit, par différence,
rn =z<o
(3) I=4V77 ^ r-
et, par addition,
m= x
Ci) - = i+8V
id (4«î + 1) (4/m -t-3) (4«; +5)
m — 0
» Nous connaissons, d'autre part, la formule
(5) _ = _ + - + - + ^ +-...,
que nous pouvons écrire sous les deux formules suivantes
111 = ce
[ ff _ Y ^"l + 3)'2— 2(4/M -+- 3) + 2
| 8 2^d~ (477H-t)»(4OT-J-3)2
(6)
^^ ^ Y (4^ + 3)2-+-2(4/» +3) +
m = 0
( io5i )
» On en déduit, par différence,
(7) 1 = 8 v
(4m-+-i)s(4/ra + 5)!
et, par addition,
^ _ T , / V (-!»' + 3)*— a(4'» +
u; 4 " ""'— <(4»< + ')';(4«< + 3r-(4
» Retranchons (4) de (7), nous obtiendrons
m = *
(9) Ï==I-16.
3)2-t-8
m + ô )s
1 \m -+- i)2 (4"î -I- 3) (4 '« -t- 5 )2
série dont la convergence est remarquable.
» Ecrivons cette équation sous la forme
( v ^ 1 m -+- 3 j jre .
(I°-) ^r4/;iH-i)2(4w + 3)-(4'«-+-5)2 16 64'
remarquons, d'ailleurs, que les équations (3) et (8) donnent
m =<x>
v (4»' + 3V+4 ^ _ 1.
Zà{^m + i)2(4//n-3)2(4'"-+-5)5 3a 4'
nous déduisons de (10) et (i i) les deux formules suivantes
TtJ — 2 -
(ia)
Zj If.
(4/?i-Hi)2(4w-t-3)2 " 3a
(4m + 3)'(4/» + 5)2 32
Pour constater la grande convergence de la série (9), il suffit d'en calculer
les quatre premiers termes; on trouve ainsi
Tt = A — 6A(j--i--J-— + —\ h^Vg ) = 3,i4i6. »
^ \7a 1 4 175 U0579 732610/
( IO:52 )
BALISTIQUE INTÉRIEURE. — Sur un manomètre enregistreur applicable aux
bouches à feu. Note de M. P. Vieille, présentée par M. Sarrau.
« Nous nous sommes proposé de déterminer la loi de développement
des pressions dans les bouches à feu, jusqu'à l'instant du maximum de
pression, en utilisant le fonctionnement normal des manomètres à écrase-
ment adoptés par l'artillerie pour l'évaluation des pressions maxima.
» Ce résultat a pu être obtenu, dans des conditions de simplicité ines-
pérées, par une transformation des appareils en usage qui n'en complique
pas l'emploi et n'entraîne aucune modification du canon sur lequel ils sont
installés ('). Il suffit, en effet, de munir la tête du piston écraseur d'un
petit tableau enfumé, de moins de icq de surface, sur lequel trace, pendant
son mouvement, une lame vibrante fixe déclenchée automatiquement par
le premier déplacement du piston.
» Ce dispositif s'applique indistinctement aux manomètres placés soit
dans la chambre à poudre, soit en avant de la ceinture du projectile.
» La valeur de la période de vibration de la lame étant connue, il suffit
de lire au micromètre les longueurs interceptées par les ondulations sur
l'axe du tracé, pour obtenir la loi de l'écrasement en fonction du temps.
» Voici les résultats généraux auxquels nous a conduit l'étude de plus
de i.jo tracés obtenus dans les canons de 3']cm, 27e111, 24°"% i6cm, i4cm de
la Marine et dans les canons de gotum et 1 5 V1"" de la Guerre.
» 1" L'appareil crusher placé dans la chambre à poudre fonctionne
slatiquement, c'est-à-dire qu'il y a sensiblement équilibre, à tout instant
de l'écrasement, entre la pression motrice et la résistance du cylindre. Ce
résultat a même été obtenu avec des poudres beaucoup plus vives que les
poudres réglementaires. Il en résulte cpie, non seulement la résistance finale
du cylindre écrasé mesure bien la pression maximum, mais qu'il suffit de se
reporter à la table de tarage statique des cylindres pour déduire, de l'é-
crasement observé à chaque instant, la pression correspondante et recon-
stituer, par suite, la loi de développement des pressions en fonction du
temps jusqu'à l'instant du maximum. L'appareil constitue donc un véritable
manomètre enregistreur.
(') Ces nouveaux appareils ont été construits dans les ateliers du laboratoire cen-
tral île la Marine, oii les détails d'exécution ont été étudiés avec une grande habileté.
( '°'->3 )
» La connaissance de la loi de développement des pressions en fonction
du temps permet de passer, d'une façon simple, à la loi des vitesses et à
celle des déplacements du projectile en fonction dn temps.
« 20 L'appareil crusher, placé en avant de la ceinture du projectile,
fonctionne dynamiquement, comme le faisait prévoir la théorie (').
» Les essais effectués dans le canon de i4cm de la Marine, avec le
boulon crusher placé à quelques centimètres en avant de la ceinture, ont
mis en évidence ce changement complet dans le mo<!e de fonctionnement
de L'appareil crusher, ainsi qu'il résulte de l'examen des tracés obtenus
dans deux coups identiques, au moyen du même appareil placé successi-
vement dans la chambre à poudre et en avant de la ceinture.
» Les écrasements observés ont été de imm,34 dans la chambre à poudre
et de 2mm,6o en avant de la ceinture. L'écrasement dans la chambre à
poudre a élé effectué lentement dans la durée de \i vibrations du dia-
pason, soit j^ de seconde; l'écrasement produit par l'application brusque
delà pression, lorsque le projectile a démasqué l'orifice du crusher placé
en avant de la ceinture, a été effectué dans un temps inférieur à la durée
d'une demi-période de la laine vibrante. Cette durée, de y~ de seconde
environ, est très voisine de celle que la théorie assigne à l'écrasement
dynamique du cylindre par un piston de 3ogr. Dans ce cas, la théorie
indique que l'écrasement est double de celui qui répondrait à la pression
sous laquelle a fonctionné l'appareil si cette pression était appliquée stati-
quement, ce qui est conforme au résultat expérimental.
» 3° Les premières recherches entreprises à l'aide de ces appareils ont
également mis en évidence des anomalies de fonctionnement des poudres
dans les bouches à feu que la simple mesure des pressions maxima ne per-
mettait pas de soupçonner : ces recherches ont permis de déterminer les
conditions dans lesquelles les anomalies dans le mode de répartition des
pressions pourraient être supprimées. »
(') Sarrau et Vieille, Elude sur l'emploi des manomètres à écrasement [Mémo-
rial des Poudres et Salpêtres, l. I, p. 4ao).
( 'o54 )
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Théorie élastique de la plasticité et de la
fragilité des corps solides. Note de M. Marcel Bkillouin, présentée par
M. Mascart.
« Dans la théorie ordinaire de l'élasticité, on suppose que les forces
élastiques sont liées aux déformations par des relations linéaires. On ne
rencontre naturellement que les phénomènes de déformation temporaire
dans lesquels le corps solide déformé revient exactement à sa forme pri-
mitive dès cpie cesse l'application des forces. On laisse systématiquement
à part des cas d'indétermination, qui ont pourtant, comme on va le voir,
une importance physique considérable; ils correspondent, en effet, à des
états instables, qui ont pour conséquence la rupture ou l'écoulement du
corps. J'énoncerai rapidement quelques-uns des résultats auxquels m'a
conduit l'étude de ces cas; l'hypothèse fondamentale est la môme que celle
de la théorie de l'élasticité :
» A une déformation homogène déterminée d'un corps correspond tou-
jours un système de forces élastiques unique, déterminé sans aucune am-
biguïté. Mais à un système de forces élastiques déterminées ne correspond
pas nécessairement une déformation déterminée.
» Il y a des corps incapables d'exercer sur d'autres certaines actions
élastiques, et, par suite, de subir les réactions correspondantes. Si l'on
réussit à donner aux divers points de ces corps un système de déplace-
ments et de vitesses initiales qui, pour rester fini, exigerait le développe-
ment de pareilles forces, ces corps coulent ou se séparent. Ils coulent,
comme les liquides ou les gaz, lorsque aucune déformation ne fait naître de
force élastique tangente à la surface ; les glissements sont alors indéter-
minés. Ils se rompent lorsque c'est la densité qui devient indéterminée et
peut diminuer indéfiniment.
» Lorsqu'une déformation particulière ne fait naître aucune réaction
élastique dans un corps, l'équilibre du corps est indifférent ou instable
pour cette déformation, suivant qu'elle est produite dans le corps sans
vitesses ou avec vitesses initiales. Si cette déformation particulière ne pro-
duit pas de variation de densité, elle s'accroît sans rupture. Si cette défor-
mation particulière produit une variation de densité, elle entraine rapide-
ment la rupture dans les régions où la dilatation cubique est la plus
grande.
( io55 )
» Un corps fragile est un corps dont de faibles déformations préalables
altèrent assez l'élasticité pour rendre instables les variations de densité, en
rendant nuls, puis négatifs, les accroissements de tension correspondant à
une diminution de densité.
» Un corps plastique est un corps dont de faibles déformations préala-
bles altèrent assez l'élasticité pour rendre instable un glissement sans va-
riation de densité, en rendant nul, puis négatif, l'accroissement de force
tangentielle résultant de ce glissement.
» Ces énoncés sont relatifs à un corps pris en masse limitée et soumis à
des forces élastiques variables avec la direction, mais uniformes dans
toute l'étendue du corps.
» La condition d'instabilité obtenue par l'indétermination des défor-
mations est aussi celle à laquelle conduit l'existence d'un mouvement vi-
bratoire de période infinie ou imaginaire. Pour un corps indéfini, ou pour
un corps limité soumis à une action déformatrice localisée en un point, la
condition est plus simple et ne dépend que des équations du mouvement
interne. La condition d'instabilité est alors que la surface des vitesses nor-
males des ondes passe par son centre; il y a rupture lorsque l'onde plane,
dont la vitesse de propagation est nulle, est accompagnée de variations de
densités. Telle est la condition qu'il faut appliquer quand la rupture est
produite par le choc d'une pointe ou d'une lame de couteau, en particu-
lier dans le cas du clivage des cristaux (').
» Dans toutes ces recherches je ne suis point remonté à la source des
forces élastiques, aux forces moléculaires elles-mêmes. Ce qu'on appelle,
dans la théorie de l'élasticité, la théorie moléculaire pure, est insoutenable ;
elle doit être complétée. Cette théorie conduit, comme on sait, à un rapport
fixe entre le coefficient d'élasticité de glissement et le coefficient de com-
pressibilité; et l'expérience montre que ce rapport est variable avec la tem-
pérature.
(' ) L'écoulement des solides sous de fortes pressions étudié par M. Tresca tient à
la fois du premier et du second cas; j'ai dû rechercher à quelles équations obéissaient
les petits mouvements d'un corps soumis à de très fortes pressions inégales en divers
sens; et dans cette partie de mes recherches, effectuée il y a plus d'un an, mais non
encore publiée, le classement de toutes les formes de surfaces d'ondes instables
m'ayant pris beaucoup de temps, j'avais reconnu les erreurs que M. Poincaré a rele-
vées à juste titre dans une Note récente, et je me proposais de les rectifier en rendant
compte, dans la publication même où elles avaient paru, du nouveau Livre de M. Poin-
■caré.
( ro"(i )
» Bien plus, la fixité de ce rapport a pour conséquence l'impossibilité
de l'état liquide, et cette remarque montre quelles précautions l'on doit
apporter dans l'exposition des théories capillaires, fondées comme celles
de Laplace et de Gauss, sur l'hypothèse moléculaire pure. Loin de moi la
pensée de renoncer à cette hypothèse : il faut seulement la compléter, et la
théorie cinétique des gaz montre dans quel sens. Il ne faut plus regarder
les molécules comme immobiles dans l'état d'équilibre, ni comme obéissant
exclusivement aux déplacements d'ensemble que définissent les équations
de l'élasticité, mais comme animées de mouvements indépendants, d'ampli-
tude petite dans les vrais corps solides, suffisante néanmoins pour que les
actions mutuelles moyennes soient un peu modifiées. Dans les liquides, ces
mouvements de progression, que montre d'ailleurs suffisamment la dif-
fusion, seront assez rapides et assez étendus pour rétablir instantanément
l'isotropie troublée et justifier ainsi le mode de calcul de Laplace et de
Gauss.
» Sous l'influence des fortes pressions, ces mouvements pourront cesser
d'avoir même amplitude en tous sens, et si, dans une direction, le mouve-
ment d'oscillation fait place à un mouvement de progression, le solide
pourra couler dans ce sens sans se rompre, prendre une déformation con-
sidérable, et la conserver, si le refroidissement ou la suppression des forces
extérieures arrête le mouvement de progression moléculaire et le ramène
à un mouvement d'oscillation sur place. Tel est, sans entrer dans plus de
détails, le mécanisme par lequel seraient produites, outre les déformations
progressives très lentes, les variations des coefficients d'élasticité et les
indéterminations que j'ai acceptées comme point de départ, et dont j'ai
cherché à montrer les conséquences. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la surface d'onde dans les cristaux.
Note de M. C. Raveau, présentée par M. Lippmann.
« Toutes les théories de la lumière, qu'elles considèrent l'éther comme
un corps élastique homogène ou qu'elles fassent intervenir, plus ou moins
directement, l'action des molécules matérielles, présentent un point com-
mun : des deux espèces de propriétés différentes, les unes élastiques, les
autres dynamiques, qui caractérisent le milieu, elles supposent toujours
qu'il n'y en a qu'une seule qui soit variable. Par exemple, dans la théorie de
Mac Cullagh, l'éther aune densité constante, indépendante delà nature du'
( ro.T7 )
corps transparent et de la direction dans ce corps; dans celle de M. Sarrau,
c'est l'élasticité qui ne varie pas; la plupart des physiciens anglais semblent
admettre aujourd'hui que la densité de I'éther est variable et son élasticité
constante; etc.
» Dans une Note précédente ('), j'ai montré qu'on pouvait donner deux
théories élastiques de l'électromagnétisme, théories dans lesquelles on
fait correspondre l'énergie élastique et l'énergie magnétique respective-
ment à l'énergie cinétique ou à l'énergie potentielle ; d'après ce qui
précède, l'identification ne pourra être complète que si la perméabilité
magnétique, ou la perméabilité électrique de tous les corps est la môme;
j'ai adopté la première de ces hypothèses, mais elle ne saurait être vraie en
toute rigueur, sans quoi nous ne connaîtrions pas les phénomènes d'aiman-
tation par influence.
» A ce point de vue, l'accord satisfaisant qui existe entre les théories
mécaniques et l'expérience résulte de ce qu'on n'a étudié que des corps
dont les propriétés magnétiques étaient peu énergiques et sensiblement
indépendantes de la direction; la théorie électromagnétique se sépare
nettement de toutes les autres, elle se manifeste comme plus générale et
il importe de rechercher si les conséquences qu'on en déduit sont vérifiées
par l'expérience.
» Une de ces conséquences est la suivante : dans les cristaux qui pré-
sentent à la fois une anisolropie notable au point de vue électrique et au
point de vue magnétique, la surface d'onde ne sera plus celle de Fresnel;
pour les systèmes qui présentent trois plans de symétrie, l'équation con-
tiendra les six coefficients d'induction principaux (M. Hertz a donné
l'équation delà surface dans ce cas); pour les autres, elles renferment, en
outre, les paramètres qui définissent la position des ellipsoïdes d'induc-
tion par rapport au réseau et la surface aura seulement le même degré de
symétrie que le cristal. L'existence de trois plans de symétrie optique dans
tous les systèmes cristallins, qui était, a priori, une difficulté et qui n'avait
jamais été, je crois, vérifiée avec une très grande précision, n'apparaît
plus comme nécessaire.
» Une autre conséquence remarquable est cpie, dans les cristaux, s'il en
existe, cpii seraient isotropes au point de vue électrique et anisotropes au
point de vue magnétique, la surface d'onde serait celle de Fresnel, mais
qu'en chaque point les directions de la force électrique et de la force ma-
(') Comptes rendus, t. CXII, p. 853.
C R., 1891, 1" Semestre. (T. CXH, N° 19.) lào
( io58 )
gnétique sont interverties, et le plan de polarisation aura tourné d'un
angle droit.
» Je commence actuellement (' ) des recherches expérimentales ayant
pour but de contrôler les diverses conclusions que je viens d'indiquer. Si
elles sont vraies, il sera nécessaire de généraliser les diverses théories mé-
caniques de la lumière et en même temps la théorie électromagnétique
recevra une importante confirmation. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur la détermination de la constante diélectrique du verre à
l'aide d'oscillations électriques très rapides. Note de M. R. Blondlot, pré-
sentée par M. Lippmann.
« Les oscillations électriques très rapides, telles que les produisent les
appareils de M. Hertz, ont été utilisées par M. J. Thomson pour la mesure
de la constante diélectrique (2). M. J. Thomson tire de ses expériences
la conclusion suivante : « Pour des oscillations au nombre de 25oooooo
par seconde, la capacité inductive spécifique du verre est très près d'être
égale au carré de l'indice de réfraction et est beaucoup moindre que par
des renversements plus lents. »
» On peut objecter, contre cette conclusion, l'emploi de la formule
donnant la période des oscillations, formule dont l'exactitude est douteuse
dans le cas des oscillations très rapides. Plus récemment, M. E. Lécher a
mesuré les constantes diélectriques de plusieurs substances à l'aide d'une
méthode fondée également sur la détermination de la longueur d'onde
d'oscillations très rapides, mais sans l'intervention d'aucune formule.
» Les conclusions de M. Lécher sont diamétralement opposées à celles
de M. J. Thomson : « Non seulement, dit-il, la constante diélectrique,
» calculée à l'aide de la capacité, ne devient pas plus petite pour des oscil-
» lations très rapides, mais même elle croît notablement. »
» Ces conclusions contradictoires m'ont engagé à de nouvelles recher-
ches ; la méthode que j'ai employée repose sur l'emploi d'oscillations très
rapides, mais je ne me sers d'aucune formule.
(') Au Laboratoire d'enseignement de la Physique, à la Sorbone.
('-') J.-J. Thomson, Capacité inductive spécifique des diélectriques quand ils sont
soumis à l'action de forces électriques à alternatives rapides ( Proceedings of Ilic
Royal Society, 20 juin 1889.
( Io59 )
» Une grande plaque rectangulaire en laiton AA' est fixée verticalement;
une seconde plaque BB', plus petite, forme condensateur avec la première.
Ce condensateur peut se décharger sur lui-même par l'intermédiaire des
boules a et b ; a est en communication avec les tuyaux de gaz, b avec l'un
des pôles d'une bobine d'induction dont l'autre pôle communique avec
les tuyaux de gaz. Lorsque la bobine fonctionne, le condensateur AB est
le siège de charges et de décharges oscillatoires dont la période est de
l'ordre des
le seconae.
D ! D
~Ô3-
_£2_
B'
» On a ainsi, dans l'espace situé du côté de AA' opposé à BB', un champ
électromagnétique périodique cpii, c'est ici le point capital, admet XX
comme plan de symétrie.
» Fixons dans ce champ deux plaques carrées CD, CD' parallèles à
AA' et symétriques par rapport à XX, puis soudons aux milieux DD' de
leurs bords internes deux (ils aboutissant en E et E' à deux pointes de
charbon à lumière maintenues en regard à une distance très petite.
» Bien que la bobine fonctionne, on n'observe entre E et E' aucune
lueur : cela résulte de la symétrie de l'appareil. Interposons entre AA' et CD
une lame de verre, aussitôt des étincelles jaillissent entre E et E'; cela ré-
sulte de ce que l'induction reçue par CD est devenue plus forte que celle
que reçoit CD'.
» Interposons maintenant entre AA et CD' une lame de soufre ; si nous
lui donnons une épaisseur telle que l'action inductrice sur CD' soit égale
( io6o )
à l'action sur CD, les étincelles disparaîtront en EE'. Réciproquement, la
disparition des étincelles en EE' indiquera que les inductions transmises
à CD et à CD' sont égales; il suffira alors de mesurer les épaisseurs des
deux: lames diélectriques pour déterminer par un calcul facile le rapport
des constantes diélectriques du verre et du soufre. Grâce à des précautions
expérimentales que je ne puis indiquer ici, j'ai pu rendre cette méthode
sensible et précise.
» La plaque de verre que j'ai employée à exactement 3cm d'épaisseur.
D'autre part, j'ai coulé deux plaques de soufre en forme de prismes de même
angle, de façon qu'en les accolant, comme dans le compensateur de Ba-
binet, on reforme une lame à faces parallèles dont on peut faire varier
l'épaisseur. J'ai trouvé 3e™, 1 5 pour l'épaisseur de la lame de soufre com-
pensant exactement la lame de verre. Pour achever de déterminer la con-
stante diélectrique du verre, il fallait connaître celle du soufre; cela était
facile, puisque le soufre est un diélectrique presque parfait. J'ai employé
la méthode indiquée par M. J. Curie (' ), et j'ai trouvé le nombre 2,94 ; on
en déduit, pour la constante diélectrique du verre, le nombre 2,8 = C i.Gy)2.
» Comme on le voit, ce résultat est presque identique à celui de M. J.
Thomson. La loi de Maxwell n'est pas vérifiée exactement, car l'indice
moyen de ma lame de verre est i,5i environ, mais l'écart est beaucoup
moins grand que celui que donnent les valeurs des constantes diélectriques
obtenues à l'aide de méthodes plus lentes. Ma conclusion est la même
que celle de M. J. Thomson. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouveau composé oxygéné du tungstène.
Note de M. E. Péchard ( - ), présentée par M. Troost.
« Dans une précédente Communication ('), j'ai annoncé que l'eau oxy-
génée transformait les paratungstates alcalins en combinaisons plus so-
lubles. Il était intéressant de rechercher si cette réaction donne naissance
à des sels d'un acide surox\géné, c'est-à-dire à des hypertungstates ana-
logues aux hypermolybdates que j'ai fait connaître.
» Une dissolution de paratungstate de soude, additionnée d'eau oxy-
(') Annales de Chimie et de Physique, 1889.
( = ) Travail fait au laboratoire de Chimie de l'Ecole Normale supérieure.
(3) Comptes rendus, t. CXI1, p. 720.
( ro6i )
gênée et portée à I'ébullition pendant quelques minutes, prend rapidement
une teinte jaunâtre. Dès ce moment, la liqueur ne contient plus de para-
tungstate de soude, car, si l'on y verse de l'acide nitrique, on ne voit pas
se produire un précipité d'acide tungs tique, même en portant ce mélange
à l'ébullition.
» La liqueur jaune ainsi obtenue, soumise à l'évaporation dans le vide-
sec, donne un liquide sirupeux, très dense, d'où se déposent de petits
cristaux blancs radiés. Ces cristaux se distinguent déjà du paratungstate de
soude par leur grande solubilité dans l'eau; on peut les purifier par plu-
sieurs cristallisations.
» Chauffés progressivement dans le vide, ces cristaux abandonnent
d'abord de l'eau, et, si l'on continue à les chauffer, ils foisonnent brusque-
ment en laissant dégager de l'oxygène. Le sel qui reste après cette opéra-
tion est un tungstate de soude qui est jaune à chaud et devient blanc par
le refroidissement.
» La destruction de ce sel par la chaleur m'a permis d'en déterminer la
composition; elle correspond à la formule
NaO, aHO.Tu'O7.
ainsi qu'il résulte des nombres suivants :
Calculé. Trouvé.
NaO 3i 10,72 10,74 »
?A10 18 6,a3 6,29
Tu207 232 80,28 79>96 »
0 8 2,77 2,82 2,93
289 100,00 99,81
» Les volumes d'oxygène recueilli dans ces deux analyses étaient de 55cc
et 33cc pour 2^,79/48 et isr,6i33 de matière.
» Le paratungstate d'ammoniaque traité par l'eau oxygénée donne éga-
lement un sel blanc, très soluble dans l'eau, indécomposable par l'acide
nitrique et foisonnant sous l'action de la chaleur.
» Les analyses qui précèdent montrent donc que l'eau oxygénée trans-
forme l'acide tungstique des tungstates alcalins en un acide suroxygéné
Tu207,Aq, et ce fait peut être montré encore par les réactions suivantes :
i° Les alcalis détruisent les sels que je viens de décrire et mettent en
liberté de l'oxygène. C'est pourquoi il est nécessaire de s'adresser, pour
( 1062 )
leur préparation, aux paratungstates et non aux tungstates neutres, qui sont
toujours alcalins.
20 Une dissolution de ces sels chasse l'iode de Fiodure de potassium et
décompose l'acide chlorhydrique en dégageant du chlore. Le tungstate
alcalin qui reste dans la liqueur est alors décomposé et de l'acide tung-
stique est mis en liberté par l'excès d'acide chlorhydrique.
» En résumé, l'eau oxygénée exerce sur les tungstates alcalins une
action analogue à celle que j'ai déjà étudiée pour les molybdates. Elle
donne des hypertungstates dérivant d'un acide suroxygéné du tungstène. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Élude thermique des acides organiques bibasiques
à fonctions simples. Note de M. G. Massol.
« Pour déterminer Y affinité ou Y énergie de combinaison des acides, on
s'était borné autrefois à mesurer les chaleurs de neutralisation, c'est-à-dire
les chaleurs dégagées par la combinaison de imo1 d'acide avec une ou plu-
sieurs molécules de base, pour former un sel, tous les corps étant dissous
dans une quantité d'eau considérable (aUt pour chaque acidité ou basicité.)
» Or les chaleurs de neutralisation ne représentent pas exactement les
quantités de chaleur dégagées par la combinaison de l'acide avec la base ;
il se produit le plus souvent des actions secondaires, telles que dissocia-
tion des sels, formation d'hydrates, etc., et l'effet thermique observé n'est
qu'une résultante.
» Pour éviter ces causes d'erreur, il suffit de rapporter tous les corps
à l'état solide, ainsi que l'a indiqué M. Berthelot (' ) il y a plusieurs an-
nées : il a donné la chaleur de formation des sels solides, depuis l'acide et
la base, comme la véritable mesure des affinités qui concourent à leur
production. Je vais faire quelques applications nouvelles de ce principe
aux sels des acides de la série oxalique. Leur chaleur de neutralisation
en solution étendue est comprise entre -Hi3Cal et +i4Cal par équivalent de
base. Dans certains cas, la deuxième molécule de base dégage un peu
plus de chaleur que la première (acides oxalique, inalonique, ainsi que les
acides minéraux sulfurique, arsénieux, sélénique, etc.); pour d'autres
acides, c'est la première molécule de base qui dégage le plus de chaleur
(') Annales de Chimie et de Physique, 5e série, l. IV. p. 74, etsurtout p. 122 et
suivantes, p. i3o, etc. — Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1888, p. 612.
( io63 )
(acides succinique, tartrique et sulfureux, sélénieux, arsénique, etc.). Ces
différences varient de oCa,,5 à iCal
» Mais, si l'on calcule les chaleurs dégagées : i° par la formation du sel
acide solide, 2° par la transformation du sel acide en sel neutre solide, on
observe les résultats suivants, les réactions générales étant indiquées par
les deux équations
C«H2n-*04sol . :-M'OHsol . = C"HM 3M'0*sol. + H2Osol. : + Q
C»H2n-3M'04sol. + M'OHsol.= CnH2*-*M'204sol. + H2Osol. : -+- Q'.
Acide
oxalique. malonique. succinique. sulfurique.
i"KOH -t-34%8 +27C,87 +25%6 + 47!s
2e KOH +24,69 +20,70 +2 1,1 5 +33,6
Total ,+ 58,97 + 48,57 + 46, 4" +81, 4
i"NaOH +28,3 +25,8 » +42,7
2eNaOH +24,7 +i5,6 » f-26,6
Total +53,o +4i>4 +4o,o +69,3
» Il ressort nettement des résultats ci-dessus que : r° contrairement à
ce que semblent indiquer les chaleurs de neutralisation, la combinaison
avec une première molécule de base, qui donne naissance au sel acide,
dégage plus de chaleur que l'action d'une deuxième molécule de la même
base qui transforme le sel acide en sel neutre.
» L'acide sulfurique, que je prends comme type de diacide minéral à
constitution symétrique, se comporte de même; la première acidité est
plus énergique que la seconde.
» 20 En réalité, ces différences thermiques n'impliquent point, à mon
avis, une constitution dyssymétrique : je les attribue à une action réciproque
des deux groupements acides. Si dans l'acide formique H.C02H, qui dé-
gage + 23Cal,8 avec la potasse, l'on remplace l'atome d'hydrogène par un
autre groupe C02H, ce dernier, par sa présence, renforce l'acidité de tout
le système, et cette acidité devient supérieure à celle de 2 molécules d'acide
formique (25Cal,8 x 2 = 5iC:,',6 au lieu de 58Cal, 8). Mais, la première aci-
dité neutralisée, le sel acide se comporte comme un monoacide : dans le cas
actuel, comme l'acide formique.
» 3° Dans l'acide malonique les deux groupements C02H sont séparés
par un groupe hydrocarboné, et leur dépendance fonctionnelle est
( io64 )
moindre. La première acidité, bien que supérieure à celle de l'acide
formique, est notablement moindre que celle de l'acide oxalique. Après
saturation, le groupe C02H restant se comporte comme l'acide acé-
tique.
» 4° Enfin, pour l'acide succinique, l'acidité totale est un peu plus
faible que celle de l'acide malonique; mais elle est supérieure de -+- 3Cal à
celle de 2 molécules d'acide acétique. »
Remarque sur la Note précédente; par M. Iîertiielot.
« Les observations intéressantes de M. Massol renferment des faits nou-
veaux relatifs aux sels des acides malonique et succinique. Quant à la con-
clusion relative à la prépondérance, dans l'état solide, de la chaleur dé-
gagée par la réaction du premier équivalent de base sur celle que dégage
le second équivalent, dans leur union avec un acide basique, c'est une
conséquence nécessaire de ce fait constaté ( ' ) : que l'union d'un acide biba-
sique avec son sel neutre pour former un sel acide, dans l'état solide, dégage
de la chaleur. Soit, en effet, un acide bibasique RH208 et une base alcaline
MHO2. Soit la formation du sel neutre
RH20: +-2MH02 = RM2Os+2lI202, dégage -+-2Q
et l'union du sel neutre avec une nouvelle proportion d'acide,
RM208 + RHs08 = 2RHMO8 + Q'
Q et Q' étant des quantités positives. 3
» Ajoutons ces deux équations, on aura
2RH208 + 2 MHO2 = 2RHMO»+ all202 2Q + Q'
» La chaleur de combinaison rapportée à un seul équivalent de base
0' O'
sera Q pour le sel neutre, Q + — pour le sel acide, et dès lors Q —
pour l'union du deuxième équivalent de base avec le sel acide.
» C'est précisément par cet écart entre les chaleurs de formation du sel
acide et du sel neutre que j'ai expliqué les actions réciproques et les équi-
libres entre un acide monobasique et un acide bibasique, par exemple
( ' ) Annales de Chimie cl de Physique. 5e série, l. IV, p. i3o; 1S7Ô.
( io65 )
la décomposition des sulfates neutres par les acides azotique et chlorhy-
drique (' ). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le quatrième alcool amylique ■ primaire. ÏNote
de M. Li. Tissier, présentée par M. Friedel.
« La théorie permet de prévoir, dans la série amylique, outre trois
alcools secondaires et un alcool tertiaire qui sont connus, quatre alcools
primaires de constitutions différentes :
Alcool normal CH3 - (CH2)3 - CH2OH
Alcool isoamylique (CH3)2 = CH- CH2 - CH2OH
CH3 \
Alcool amylique actif Z, , \ CH - CH2OH
Alcool triméthyléthylique (CH3)' = C - CIPOII
» Sur ces derniers, trois seulement étaient connus.
» Il était d'autant plus intéressant de rechercher ce quatrième alcool
(CH3)3 = C-CH2OH, correspondant à l'acide triméthylacétique, que les
trois groupes méthyle, attachés à un même carbone, devaient lui donner
des propriétés particulières. Afin de l'obtenir, j'ai préparé d'abord l'aminé
correspondante, au moyen du cyanure de butyle tertiaire, cette aminé
devant donner l'alcool cherché par substitution du groupe (OH) au
groupe AzII2.
» Triméchylèthylamine (CH:i): = C - CIPAziï'-'. -- Le cyanure de butyle
tertiaire, obtenu par l'action de l'ioduré de triméthylcarbyle sur le cyanure
double de mercure et de potassium à la température de 4°. suivant le pro-
cédé de Bouttlerow, a été dissous dans environ vingt-cinq fois son poids
d'alcool absolu.
» Le mélange porté à l'ébullition, dans un ballon muni d'un réfrigé-
rant ascendant et additionné peu à peu d'un excès de sodium, laisse déga-
ger des vapeurs alcalines, à odeur de marée, qu'on peut recueillir dans
l'acide chlorhydrique étendu d'eau. Par évaporation de la solution chlor-
hydrique , on obtient des cristaux qui , décomposés par la potasse ,
mettent en liberté la triméthyléthylamine, liquide incolore, bouillant de
8i° à 820.
(') Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 586.
C. R., 1891 1" Semestre. (T. CXII, N° 19.) Ï^O,
( io66 )
» Le chlorhydrate fond, en se décomposant, vers 85° ; c'est un corps
soluble dans l'eau et dans l'alcool absolu.
» Chbroplaiinaie | (CH3)3 - C-CH2AzH2-HClJ2PtCl\ - Le chlorhy-
drate est précipité de ses solutions aqueuses ou alcooliques par le chlorure
de platine, en feuillets jaune d'or, peu solubles dans l'alcool bouillant.
» On a préparé de même le chloraurate et le chloromercurate.
» Plus de trois mois après la publication de ces faits (Bull. Soc. c/iim.,
3e série, t. III, p. 497). MM. Freund et Senze, en Allemagne, communi-
quaient les mêmes résultats, sans tenir compte de mes recherches, inter-
rompues pendant les mois d'août et septembre; de plus, faisant agir, ainsi
que je l'avais déjà indiqué, l'azotite d'argent sur le chlorhydrate de trimé-
thyléthylamine, ils obtenaient un alcool bouillant à io2°-io3°, qu'ils pré-
sentaient comme l'alcool triméthyléthylique.
» Or on sait que l'action de l'acide nitreux sur les aminés primaires
donne facilement, par transposition moléculaire, des alcools secondaires
ou tertiaires. Dans le cas présent, on pouvait retomber sur un alcool amy-
lique tertiaire, le diméthyléthylcarbinol obtenu pour la première fois par
Wurtz,
(CH3)3 ^ C-CH2AzH2 + Az02H = ^'^ C-OH -+- H20 4- Az3;
et, en effet, le diméthyléthylcarbinol bout à 102^.3 comme l'alcool indiqué
précédemment.
» J'ai alors pensé à vérifier la formule de l'alcool dérivé de l'aminé :
» iu En comparant ses propriétés à celles du diméthyléthylcarbinol,
ce qui m'a fourni le Tableau suivant :
Alcool Liquide incolore. Odeur camphrée. Ebull. i02°,5
Acide acétique, S04H2.
Acétone, pas d'acide suliamylique.
Oxydation.
Diméthyléthylcarbinol Liquide incolore. Odeur camphrée. Ébull. io2°-io3°
_ , . \ Acide acétique, SO4 II-.
Oxydation. ^
J ( Acétone, pas d acide suliamylique.
» Tout est donc pareil de part et d'autre.
» 20 En préparant par une autre voie l'alcool triméthyléthylique. Je me
suis adressé à la réduction des chlorures d'acides par l'amalgame de so-
dium.
» Alcool triméthyléthylique (C5H,20) (CH3)3 = C-CH2 OH. - On verse
peu à peu un mélange de iog1' de chlorure d'acide triméthylacétique avec
( io67 )
20gr du même acide sur 25ogr d'amalgame de sodium à 3 pour ioo placé
dans un flacon de verre, en ayant soin d'agiter constamment. Au bout de
vingt-quatre heures, on ajoute de l'eau et, après saturation du liquide par
la potasse, on obtient à la distillation environ 8grd'un liquide huileux qui,
fractionné, se sépare en plusieurs portions bouillant de 65° à 8o°, de io5°
à i2o°, de i5o°à i8o° et enfin au-dessus de i8o°.
» La portion passant de io5° à 1200 rectifiée se prend en une masse
cristalline sans action sur la lumière polarisée ('), fondant à 48°-5o°, bouil-
lant «à ii2°-ii3°, d'une tension de vapeur très grande, même à la tem-
pérature ordinaire. Des traces d'éther suffisent à la dissoudre. Ce pro-
duit possède les caractères d'un alcool.
» Il donne, avec l'acide sulfurique, un acide amylsulfurique qui four-
nit un sel de baryte cristallisé.
» Par oxydation de l'alcool avec l'acide chromique, on obtient l'acide
triméthylacétique.
» La vitesse et la limite d'éthérification, mesurées à i53°-i54° au moyen
d'un mélange d'acide acétique cristallisable, fondant à i6°,6 et d'alcool à
molécules égales, ont donné les résultats suivants :
Vitesse 4o,75; 40,6g; 40,71 Limite 66,99; 67,2
» Pour obtenir le chlorure d'acide nécessaire, il est avantageux de pré-
parer l'acide triméthylacétique par oxvdation de la pinacoiine, suivant le
procédé qui l'a donné pour la première fois à MM. Friedel et Silva
(Comptes rendus, t. LXXVII, p. 48); puis à faire réagir à froid le trichlorure
de phosphore, à raison de deux molécules d'acide pour une de trichlorure;
la réaction est terminée au bout de vingt-quatre heures, avec un rende-
ment de g5 pour 100 de la théorie.
» Éther triméthylacétique (CIL1)3 : C-CH2-0-OC -C= (CH3)\ •
La portion la plus importante des huiles brutes, passant à i4o°-i8o°, est
composée d'éiher triméthyléthylacétique. C'est un liquide incolore, d'odeur
agréable, bouillant, après rectification, à iG4°-i66°. Par la potasse sèche,
il se décompose rapidement, à l'ébullition, en alcool triméthyléthvlique et
triméthylacétate de potassium.
» Éther acétique (CH')8 = C-CH2-0-OC2Hs. Si l'on fait réagir
sur l'alcool triméthylacétique soit l'acide acétique cristallisable, soit le
( ') Nous rappellerons que l'acide triméthylacétique cristallise de même en masses
et en dendrites sans action sur la lumière polarisée.
( io68 )
chlorure d'acétyle, surtout à chaud, en tube scellé, on obtient un liquide
incolore à odeur de pommes, bouillant vers 1260.
» Aldéhyde triméthylacétique (CH3)3ese C-COH. — Les premières por-
tions des huiles obtenues dans la réduction du chlorure de triméthylacé-
tyle, bouillant de 65° à qo°, réduisent le nitrate d'argent ammoniacal
et forment avec le bisulfite de soude une combinaison d'où l'on peut
tirer, après purification, un liquide bouillant à F]l\°-'J^0, fondant à +3°.
Densité = 0,7927 à 180.
» Par réduction au moyen de l'amalgame de sodium, elle donne l'al-
cool triméthyléthylique. Je me propose de continuer l'étude de cet alcool
et de ses dérivés ( ' ). »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la diffusion de l'eau douce dans l'eau de mer.
Note de M. J. Thoulet.
« J'ai commencé, le 1e1' décembre 1890, l'expérience suivante, relative
à la diffusion de l'eau douce dans l'eau de mer.
» Dans un flacon cylindrique de 6oocc divisé en parties d'égale hauteur
et d'égale capacité, j'ai versé 3oocc d'eau de mer amenée par évaporation à
la densité 1,0646; j'ai déposé à la surface du liquide six petites sphères de
cire lestées de poussière de quartz, de façon à posséder des densités diffé-
rentes intermédiaires entre les densités de l'eau salée pure et mélangée de
son volume d'eau douce. J'ai alors introduit dans ce flacon très doucement,
pour ne provoquer aucun mélange, 3oocc d'eau distillée. Le flacon bouché
à l'émeri était déposé dans une cage de verre mastiquée et contenant, avec
un thermomètre à maxima et minima, des fragments de chaux vive pour
dessécher l'air et le rendre mauvais conducteur de la chaleur. La cage
portée sur un support maçonné était recouverte d'une caisse en bois à
fenêtres vitrées et le tout se trouvait dans une cave dont la porte était
rembourrée par des paillassons. Les sphères ont commencé à s'écarter, les
unes montant, les autres descendant à mesure que la diffusion s'accom-
plissait ; à des intervalles de temps connus, on notait la position des sphères
et l'on traçait ainsi la courbe de chacune d'elles. La température était
mesurée. La diffusion s'est effectuée d'une manière si lente que, d'après
ce qui se passe depuis cinq mois, il faudra environ dix-huit mois pour que
(') Ce travail a été lait au laboratoire Je M. Friedel
( Io69 )
toutes les boules soient descendues jusqu'au fond ou remontées jusqu'à la
surface, ce qui indiquera que le liquide est de densité homogène.
» Cette expérience n'avait pour moi d'autre but que de constater la len-
teur extrême de la diffusion qui m'était indispensable pour appuyer cer-
taines considérations relatives aux eaux abyssales. Néanmoins les courbes
afférentes à chaque sphère offrent un caractère sur lequel il ne semble
pas inutile d'appeler l'attention des physiciens, car, en outre de la diffusion,
la question touche au problème si complexe de la conductibilité thermique.
» Si l'on prend trois ordonnées au hasard, en admettant que la tempé-
rature soit restée constante (en réalité, elle a varié entre o" et -+- 6° pendant
l'hiver, qui a été très rigoureux), qu'il ne s'est produit aucune contraction
de volume, que les quantités de liquide comprises entre deux courbes pos-
sèdent respectivement une densité uniforme, moyenne arithmétique entre
celles des deux sphères correspondant à la courbe inférieure et à la courbe
supérieure, et, si l'on considère chacune de ces solutions comme consti-
tuée par un mélange d'eau salée à la densité 1,0646 et d'eau distillée, puis
qu'on calcule la proportion pour 100 d'eau douce afférente à chacune de
ces solutions, on remarque que celle-ci est sensiblement constante après
un même temps et sur chaque ordonnée.
Après 3 16 heures, ij pour ioo d'eau douce pour 100 de solution
» 636 ri 3 1 » »
» 1228 » 8 » »
» On pourrait énoncer comme il suit la disposition de ces courbes :
L'eau douce semble pénétrer dans la solution salée comme si ses mo-
lécules s'intercalaient entre les molécules de sel; elle progresse de telle
sorte que, à un moment quelconque, la quantité d'eau douce est la même
dans chaque tranche horizontale du liquide, et il en résulte que la vitesse
de diffusion élémentaire est la même, quelle que soit la teneur en sel de la
solution.
» La vitesse de diffusion ou de pénétration de l'eau douce dans l'eau
salée se ralentit avec le temps, c'est-à-dire à mesure que l'intervalle entre
deux molécules de sel et que le volume total de liquide salé dont la densité
doit s'abaisser par l'introduction de l'eau douce deviennent plus considé-
rables. En d'autres termes, la vitesse se ralentit à mesure qu'il faut plus
de molécules d'eau pour un même nombre de molécules de sel afin de
produire l'équilibre stable de diffusion, c'est-à-dire une solution de den-
sité homogène dans toute son étendue
( i°7° )
» Le ralentissement n'arrive pas à être infini; car, dans ce cas, l'équi-
libre de diffusion n'aurait jamais lieu, et deux solutions de salures diffé-
rentes ne se mélangeraient jamais complètement. »
MINÉRALOGIE. — Sur la théorie des feldspaths de M. Tschermak.
Note de M. K. de Kroustciioff, présentée par M. Fouqué.
« En étudiant une roche granitique à grands sphéroïdes (mesurant iocm
à i2cm) de l'Altaï, j'ai trouvé un plagioclase offrant certains caractères
physiques et chimiques d'une grande importance au point de vue de l'intel-
ligence théorique définitive de cette espèce minérale si intéressante. D'une
des calottes intérieures des vacuoles on peut obtenir, en utilisant les cli-
vages p(ooi), g' (oio),f(no)ou /(no), de très belles plaques minces sui-
vant ces directions.
» Plaque extrêmement mince suivant p(ooi) : lamelles hémitropes assez
étroites suivant la loi de l'albite ; l'extinction ne s'écarte que d'un angle très
petit, presque insignifiant, de la trace du plan des macles.
» Plaque extrêmement mince suivant g' (oio) : masse feldspathique
absolument homogène et s'éteignant uniformément; les clivages /j(ooi)
et l(iio) ou /(i 10) sont parfaitement rectilignes; extinction presque pa-
rallèle à la trace du clivage P(ooi).
» De pareilles propriétés optiques sont en relation avec les nombres
que fournit l'analyse chimique. Une partie du morceau, m'ayant fourni
les plaques minces, a été analysée par moi il y a deux ans, et, tout récem-
ment encore, par M. Chéchoukoff (adjoint au laboratoire de Chimie à
l'Université de Saint-Pétersbourg); voici nos résultats :
Kroustchoff. Chéchoukoff.
Densité à i^°C = 2,6769 à i3°-jC= 2,6778
Silice 58,891 59>!99
Alumine 25,382 25,281
Oxyde ferrique » »
Chaux 4,684 4,818
Magnésie 0,120 »
Soude 7,65a 7,53o (+0,79 = 8,32 Na20)
Potasse i,354 1 , 192 (=1 soude 0,79)
Perte au rouge 1 , i65 1 ,626
Total 99.248 99,646
ma -+- ne, =
59,2, a = 68,6, o?=ir,8,
md -t- nh =
8,3, e =43,0, h = 0,
uil
m 357
n " 129'
c'est-à-dire AZ> : An = 2, 73 : 1 ,
( io7ï )
» Pour calculer, d'après les données de M. Schuster ('), la teneur en
anorthite de ce feldspath, je me suis servi avec beaucoup d'avantage
d'une méthode extrêmement simple, due à M. Fédoroff. En désignant les
valeurs considérées par M. Schuster comme typiques pour l'albite, par a
(silice), b (alumine), c (chaux), (/(soude), et, pour l'anorthite, par e
(silice), / (alumine), g (chaux), h (soude), appelant m la teneur du
feldspath étudié en albite, n sa teneur en anorthite, on a les relations
suivantes :
» I. Silice et soude :
d'où l'on déduit
c'est-à-dire 27 pour 100 d'anorthite.
» IL Silice et alumine :
ma -h ne = 5g, 2, a = 68,6, e = 43,o,
mb -+- «/= 25,3, 6= if), 6, /"=36,9,
d'où l'on déduit
m iog5 , , j. ,
— = -ë-^-j c est-a-dire Ao:An = 1,0:1,
a 070 ' J
c'est-à-dire environ 34 pour 100 d'anorthite.
» III. Silice et chaux :
ma -+- ne =39,2, a = 68,6, c = o,
me -F ng = 4.8, c=43,o, g- =20,1,
d'où l'on calcule
— = % — > c est-a-dire Ao:An= 2,0:1,
n 329 ; J
c'est-à-dire 25 pour 100 d'anorthite.
(') M. Schuster, Ueber die optische Orientirung der Plagioclase (Tschermak's
Min. 11. Petr. Mitth., t. III, p. i53).
( i°72 )
» En prenant la moyenne, nous aurons 29 (28,83) pour 100 d'anor-
thite; par conséquent, le plagioclase, dont nous avons fait l'étude, corres-
pond à un mélange isomorphe de 71 parties d'albiteavec 29 parties d'anor-
thite (•jiAb-hiyAn). Or, les propriétés optiques, aussi bien que la
constitution chimique de ce feldspath, lui assignent une place (déjà prévue
dans la théorie) très voisine du point d'intersection des deux courbes con-
tenant les extinctions sur p(ooi) et g-(oio) de la série feldspathique
entière dessinées par M. Schuster et calculées par M. Michel Lévy.
Voici donc une confirmation vraiment remarquable (crucial test) de la
théorie classique du célèbre professeur de Vienne. ><
ZOOLOGIE. — Sur les organes génitaux des Tnslomiens.
Note de M. G. Saixt-Remy, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
.< Nous avons étudié, au point de vue de la structure île l'appareil géni-
tal, cinq espèces appartenant à cinq genres différents de la famille desTri-
stomiens : Trislomum molœ Blanch. et Phyllonella soleœ, v. Ben.-Hessedela
sous-famille des Tristomides, Pseudocolyle squatinœ, v. Ben.-Hesse etMicro-
bothrium apiculatum Olss. parmi les Monocotylides, Udonclla pollaclui,
v. Ben -Hesse parmi les Udonellides. Ces genres avaient déjà été l'objet
de recherches de la part de Blanchard, Kolliker, Taschenberg, Vogt, etc.
Nous n'insisterons que sur les points où nous sommes arrivés à des résul-
tats nouveaux ( ' ).
» L'appareil mâle se montre constitué sur un plan unique ; il atteint son
plus haut degré de complication chez les Tristomides, et présente sa plus
grande simplicité chez les Udonellides. Partout on retrouve les mêmes or-
ganes, mais plus ou moins développés. Chez les Tristomides et les Udonel-
lides (et aussi chez Calicotyle d'après Wierzejsky ), il existe des glandes
spéciales sécrétant un liquide destiné à se mêler aux spermatozoïdes; dans
ces deux familles, ces glandes prostatiques déversent leur produit dans un
réservoir communiquant avec le canal éjaculateur (vésicule prostatique) et
soumis à l'influence de l'appareil musculaire qui préside à l'éjaculation. Il
existe, en outre, chez Phyllonella, des cellules glandulaires particulières, ta-
(') Ces animaux ont élé récoltés au laboratoire de Roscoff, où M. de Lacaze-Du-
thiers avait bien voulu nous accueillir de la façon la plus libérale, et nos recherches
continuées à la Faculté des Sciences de Nancv.
( io73 )
pissant une partie du canal séminal : c'est une forme analogue qui a été
observée seule par von Linstow chez Epibdella, bien que ses figures fassent
croire que le premier système glandulaire existe aussi.
» La portion terminale de l'appareil mâle était jusqu'ici la plus mal con-
nue. Nos observations nous ont montré qu'elle est partout formée sur le
même plan.
» L'appareil d'éjaculation comprend partout une vésicule éjaculatrice sou-
mise à l'action de muscles plus ou moins puissants et un canal ëjacidateur,
situé, chez les Tristomides et les Monocotylides étudiés par nous, dans un
organe musculaire érectile ou pénis; ce pénis est logé dans une invagination
profonde de la paroi du corps. Chez les Udonellides on ne trouve pas d'or-
gane copulateur, et l'appareil se limite aux organes d'éjaculation. Si l'on
tient compte de ce fait, que les données que nous possédons sur l'appareil
copulateur de quelques autres formes sont très incomplètes et paraissent
inexactes, on peut croire que chez aucun Tristomien il n'existe de cirre,
c'est-à-dire un organe copulateur consistant en un canal dont la paroi in-
terne peut se dévaginer à l'extérieur en se réfléchissant sur ses bords. Enfin
il n'y a pas lieu d'admettre un type spécial d'organe copulateur pour Pseu-
docolyle et Calicotyle, l'espèce de canule chitineuse décrite n'étant que la
paroi du canal éjaculateur.
» Les organes femelles sont également constitués sur un plan général
commun, et, de même que pour les organes mâles, c'est sur l'appareil de
copulation que portent les modifications principales. On trouve constam-
ment un réservoir ou réceptacle séminal en relation avec les conduits gé-
nitaux femelles, dans lequel les spermatozoïdes sont emmagasinés avant
d'être utilisés; mais la voie qu'ils suivent pour venir s'y accumuler est dif-
férente suivant les genres d'une même sous-famille. Chez certains types,
il existe un ou deux conduits particuliers (vagins) mettant le réceptacle en
communication directe avec l'extérieur, et par lesquels le sperme est versé;
chez d'autres, il n'existe pas d'organe semblable, et la fécondation doit for-
cément avoir lieu par l'orifice de ponte. Chez Udonella, on ne trouve ni
organe copulateur mâle ni vagin : il est probable qu'il se produit une auto-
fécondation par l'intermédiaire du cloaque génital.
» Un cloaque génital, dans lequel se confondent l'orifice de ponte et
l'orifice de l'invagination tégumentaire renfermant le pénis, est la règle
chez les Tristomiens; le genre Trislomum fait exception.
» Enfin nous n'avons pas trouvé, dans cette famille, de formation homo-
C. R., )8ç)i, V Semestre. (T. CXII, N° 19.) ! 4°
( i(>74 )
logue au « canal vitello-intestinal » connu maintenant chez bon nombre de
Polvstomiens.
» Nous ajouterons que, d'après nos observations, on doit maintenir le
genre Microbothrium Olss., supprimé par Taschenberg et rattaché au genre
Pseudocotyle, car il diffère considérablement de ce dernier par plusieurs
caractères anatomiques importants; de même que Monticelli fait erreur
en supposant que Phvltonella possède deux ventouses antérieures : les
coupes montrent que les anciennes observations sur ce point sont
exactes. »
BOTANIQUE. — Sur la constitution des noyaux sexuels chez les végétaux.
Note de M. Léox Guigxard, présentée par M. Duchartre.
« On sait aujourd'hui que, pour une espèce végétale donnée, les noyaux
sexuels qui doivent s'unir dans l'acte de la fécondation, renferment un
nombre déterminé d'éléments chromatiques et que ce nombre est le même
dans le novau mâle et dans le noyau femelle : fait important au point de
vue de la transmission des propriétés héréditaires.
» J'ai montré, en outre ('), que les noyaux de l'embryon possèdent un
nombre de segments ou bâtonnets chromatiques qui est exactement le
double de celui des noyaux sexuels. Dans un Lis, par exemple, il y en a
douze dans ces derniers, tandis qu'on en compte vingt-quatre dans les
noyaux des tissus embryonnaires. Il se fait donc, au cours du développe-
ment, une réduction de moitié dans le nombre des éléments chromatiques.
» Mais à quel moment et de quelle façon a lieu cette réduction, dont la
nécessité est facile à concevoir, puisque sans elle ces éléments iraient sans
cesse en augmentant à chaque fécondation? Pour répondre à cette ques-
tion, sur laquelle on ne possède aucune donnée précise, je prendrai encore
pour exemple le Lis Martagon, en examinant successivement l'organe mâle
et l'organe femelle.
» 1. L'étude des divers membres de la plante, à partir de l'embryon
renfermé dans la graine jusqu'à la formation des organes reproducteurs,
m'a permis de constater que les divisions nucléaires offrent vingt-quatre
( ' ) Etude sur les phénomènes morphologiques de la fécondation (Bull, de la Soc.
Bot. de France, 1889).
( io75 )
segments chromatiques. Il en est de même dans les jeunes tissus de l'anthère,
tant que les cellules mères primordiales du pollen continuent à se multi-
plier pour donner les cellules mères définitives ; par suite, les noyaux de
ces dernières reçoivent chacun vingt-quatre segments au moment de leur
formation, qui ne diffère en rien de celle des noyaux des tissus végétatifs.
« Après la différenciation complète des cellules mères, il s'écoule un
assez long stade de repos avant les deux divisions successives qui fournis-
sent les grains de pollen. Les noyaux des cellules mères grossissent et re-
vêtent des caractères spéciaux. Lorsque la division se manifeste, le noyau
présente la série des phénomènes qui caractérisent la marche normale de
la karyokinèse : contraction et épaississement des replis de la charpente
chromatique, dédoublement longitudinal du filament pelotonné, etc. Mais,
quand les segments chromatiques apparaissent distincts dans la cavité nu-
cléaire, on n'en compte plus que douze.
» C'est donc pendant les premières phases de la division du noyau de
la cellule mère que le nombre des segments chromatiques se montre ré-
duit exactement et brusquementde moitié. Les douze segments se retrouvent
dans les deux divisions qui se succèdent pour former d'abord les quatre
grains de pollen, ensuite les noyaux mâles qui en dérivent. Or rien ne
permet de dire que, pendant la formation du noyau de la cellule mère, les
vingt-quatre segments se sont soudés deux à deux, soit bout à bout, soit
parallèlement, pour en donner seulement douze; en outre, après l'appa-
rition des douze segments dans ce même noyau entré en division, les deux
files de granulations qu'on observe dans chacun d'eux ont exactement la
même longueur, ce qui n'aurait pas lieu si elles représentaient deux des
vingt-quatre bâtonnets primitifs accolés longitudinalement, car la longueur
de ces derniers n'est pas absolument la même pour tous; d'autre part, il
est certain qu'il ne se fait aucune élimination de substance nucléaire, ni
pendant la période de repos, ni au moment de l'entrée en division; par
conséquent, il y a tout lieu d'admettre qu'un filament unique existe à un
moment donné dans le noyau de la cellule mère et qu'il se partage plus
tard en douze segments.
» 2. Dans le nucelle ovulaire en voie de formation les noyaux possèdent
également vingt-quatre segments chromatiques. La cellule qui devient le
sac embryonnaire renferme un noyau qui reçoit aussi, au moment de sa
formation, le même nombre de segments; mais, quand ce noyau se divise,
après un long stade de repos pendant lequel il grossit et revêt des carac-
tères particuliers, il n'offre plus, de même que les noyaux des cellules
( io7g )
mères du pollen à la phase correspondante, que douze segments chroma-
tiques, et ce dernier nombre se retrouve également dans les divisions ul-
térieures qui fournissent l'appareil sexuel femelle. Ici encore, la réduction
se fait tout d'un coup et de la même façon que dans l'organe mâle.
» Le noyau d'une cellule mère pollinique adulte est donc comparable
au noyau du sac embryonnaire; l'un et l'autre se constituent à l'origine
avec vingt-quatre segments chromatiques; mais, au moment de leur divi-
sion, ils n'en offrent plus que douze.
» Une réduction analogue se manifeste de la même façon chez d'autres
plantes, où le nombre des segments dans les noyaux somatiques en division
est exactement le double de celui qu'on observe dans les noyaux sexuels
(Fritillaria, Tulipa, Ailium, Alstrœmeria, Listera, etc.).
» Le même phénomène a été constaté chez les animaux. Toutefois, les
résultats publiés récemment sur deux espèces seulement ne concordent
pas quant au moment où la réduction numérique des segments nucléaires
se produit. O. Hertwig (') admet que, chez Y Ascaris megalocephala, lors
de la formation des quatre spermatozoïdes qui naissent dans une cellule
mère séminale de la même façon que les quatre grains de pollen, cette
réduction ne s'effectue qu'au moment de la seconde bipartition nucléaire.
Il en serait de même dans la formation des globules polaires, qui dérivent,
ainsi que le pronucléus femelle, d'une cellule mère entièrement compa-
rable à la précédente. D'autre part, chez le Pyrrhocoris apterus, Hen-
king (2) a vu le phénomène se produire dès la première division de la
cellule mère. Il y a donc concordance entre ce second cas et les plantes
que j'ai étudiées et chez lesquelles il n'existe sous ce rapport aucune dif-
férence.
» En résumé, chez les végétaux, les noyaux sexuels sont, quant au
nombre des segments chromatiques, des demi-noyaux. La réduction de
nombre se produit tout d'un coup, à la même phase, dans l'organe mâle
et dans l'organe femelle; elle se manifeste au moment de la première bi-
partition de la cellule mère du pollen ou du sac embryonnaire. »
(') Vergleiche der El- und Samenbildung bei Nematoden (Arch. fur mikr.
Anat.; 1890).
('-) H. HtNKiNG, Cntersuch. iiber die ersten Enhvicklungsvorgànge in den
Eiern der Insekten (Zeitschrift fur wissensch. Z00L, t. LI, p. 4; 189;).
( i°77 ^
BOTANIQUE. — Les groupes nodaux et les épharmonies convergentes dans le
genre Clusia. Note de M. J. Vesque, présentée par M. Duchartre.
« J'ai montré, dans une Note précédente (séance du i3 avril), par quelle
méthode on parvient à désigner, dans un ensemble naturel d'espèces, les
groupes nodaux, autour desquels les autres espèces, adaptées progressive-
ment à des conditions de plus en plus éloignées de ce qu'on pourrait appe-
ler les conditions moyennes, rayonnent suivant des lignes de différencia-
tion faciles à saisir.
» Il n'y a rien d'arbitraire dans la méthode, car, si l'on voulait, par la pen-
sée, faire dériver une espèce à épharmonie spéciale d'une autre espèce à
épharmonie également spéciale, mais différente, il faudrait d'abord dépouil-
ler celle-ci de ce qu'elle a acquis de particulier, pour la revêtir ensuite des
particularités de la première, ce qui reviendrait à la faire rentrer dans le
groupe nodal.
» Je puis donc me borner maintenant à reproduire ici les résultats que
l'on obtient en appliquant cette même méthode aux autres sections du
genre, dont chacune a subi séparément l'épharmonisme et possède par con-
séquent son histoire propre.
» 1. Thysanoclusia. — Sect. I. — Anandrog'yne (voyez la Note précé-
dente).
» Sect. 2. — Criuva. Différentiation morphologique en sous-sections,
antérieure à l'épharmonisme. — a, sous-sect. Clusiastrurn; groupe nodal :Cl.
cuneata, portant la branche Cl. Scliomburgkii (espèce nouvelle, à 5 sépales,
comme \eCl. cuneata), qui se différencie épharmoniquement par l'épaissis-
sement de la cuticule et les caractères éminemment héliophiles du méso-
phylle, pour aboutir au Cl. crassifolia, à \ sépales, espèce en effet crassifo-
liée, puisque le mésophylle compte i> j assises de cellules au lieu de 12 chez
le Cl. cuneata et 16-18 chez le Cl. Schomburgkii, et qui est en épharmonie
convergente avec les Cl. Pseudo-Havetia et Pseudomangle, de la section Anan-
drogyne. — b, sous-sect. Eucriuva. N'est qu'un groupe nodal, espèce collec-
tive, comprenant les Cl. Criuva vera, paivijlora, Sellowiana, Carnbessedii et
Ildefonsiana, d'où se détache peut-être une espèce nouvelle très singulière,
le Cl. calyplrata. — c, sous-sect. Criuvopsù. Groupe nodal : Cl. amazo-
nica, accompagné du Cl. penduliflora, très distinct par ses stomates. J^es
( io78 )
autres espèces du groupe, au nombre de trois, et créées récemment par
M. Engler, me sont inconnues.
» Sect. 3. — Stauroclusia. Groupe nodal : Cl. mexicana (espèce nou-
velle), auquel se rattachent quelques espèces voisines, mais mal connues :
Cl. ovigera, Cl. Brongniardana et Cl. alba, et qui porte une branche mono-
type crassifoliée, le Cl.flava, en épharmonie convergente avec les espèces
crassifoliées déjà citées.
» Sect. 4. — Phloianthera. — Division préalable en sous-sections : a..
sous-sect. Phloianthera s. s. : rudiment du pistil nul, étamines toutes fer-
tiles. Groupe nodal : CI. lanceolata. à torus élevé, auquel se rattachent
trois espèces à torus aplati, à épharmonies peu accentuées, les CL Gaudi-
chaudii, microstemon et myriandra, puis une deuxième branche, aboutis-
sant au Cl. Hilariana, à mésophylle de 24 assises (au lieu de 10 à 16 dans
le groupe nodal), en épharmonie convergente aArec les types crassifoliés
précédents. Les fleurs mâles des Cl. minor et parvicapsula (esp. nouv.)
étant inconnues» la position de ces espèces reste douteuse; la troisième
branche conduit à b., sous-sect. Androstylium : rudiment du pistil nul,
étamines externes stériles. — c, sous-sect. Arrudeopsis, rudiment du pistil
volumineux. Je n'en connais que deux espèces, le Cl. Arrudea, dont l'é-
pharmonie est voisine de celle du groupe nodal lanceolata, et le Cl. purpu-
rea, type crassifolié de la sous-section et qui est au Cl. Arrudea ce que le
Cl. Hilariana est au Cl. lanceolata.
» Sect. 5. — Euclusia. — Groupe nodal : Cl. nemorosa; première branche
monotype : épaississement delà cuticule et agrandissement des stomates;
Cl. grandiflora; deuxième branche : mésophylle subcentrique et hypo-
derme double : Cl. viscida et Cl. palmicida, à hypoderme parenchymateux,
Cl. insignis, à hypoderme scléreux ; troisième branche, épaississement du
mésophylle et macrocytie; Cl. rosea, en épharmonie convergente avec les
autres espèces crassifoliées.
» II. Cordyloclusia. — Sect. 0. — Corylandra. — Sous-sect. Eucorylandra;
groupe nodal : Cl. organensis et Cl. renggerioides; une branche conduisant
à deux espèces crassifoliées : CI. fluminensis et Cl. polysepala. — b. Sous-
sect. Quapoya; groupe nodal : Cl. Pana-Panare, se rattachant peut-être au
groupe nodal précédent et près duquel trouvent place deux espèces à moi
inconnues, les Cl. colorans et microphylla . Dans cette section, les différen-
ciations, épharmoniques sont accompagnées de très fortes différences orga-
nographiques. Dans la suivante, sect. 7, Relinostemon, ces dernières
( io79 )
priment absolument l'anatomie ; toutes les espèces, très distinctes par leur
androcée, font partie d'un seul et même groupe nodal. Le genre Clusia a
dû être ainsi avant les différenciations épharmoniques, de sorte que nous
avons réellement sous les yeux un genre en voie de formation, et dont
aucune espèce ne s'est encore épuisée dans les adaptations extrêmes.
» Il en est exactement de même pour les espèces du sous-genre Omphalo-
clusia, très distinctes parleurs caractères floraux, très semblables, au con-
traire, par l'épharmonisme. Quant aux Polythecandra, le quatrième sous-
genre, les quelques plantes qui le composent sont si voisines entre elles au
double point de vue organographique et anatomique, qu'elles ne sont
peut-être que des variétés d'une seule et même espèce.
» Si nous considérons les nombreux cas d'épharmonie convergente que
je viens de signaler, sans perdre de vue les groupes nodaux, qui sont éga-
lement semblables par épharmonie convergente, nous serons forcés de
reconnaître que la méthode logique que nous avons suivie et qui nous a
enseigné une saine subordination des caractères, nous a empêchés d'adopter
une classification artificielle quelconque. Un classement purement anato-
mique eût été une absurdité. »
BOTANIQUE. — Le Champignon parasite de la larve, du hanneton.
Note de MM. Prillieux et Delacroix, présentée par M. Duchartre.
« Dans une Communication qu'il a faite l'an dernier à l'Académie des
Sciences (séance du 3 novembre 1890), M. Le Moult a signalé une mala-
die des larves de hanneton due à une sorte de moisissure qui envahit le
corps de ces insectes, les tue, et, se propageant en terre autour des larves
tuées, infeste les larves saines.
» Nous avons reçu de diverses localités, au Laboratoire de Pathologie
végétale, de ces larves de hanneton envahies par un Champignon. Outre
celles que M. Le Moult nous a envoyées de l'Orne, on nous en a adressé à
plusieurs reprises de la Mayenne et de la Seine-Inférieure. Toutes présen-
taient les mêmes caractères. Elles étaient couvertes de touffes blanches
qui, sur les vers récemment tués par le parasite, sont uniquement consti-
tuées par les filaments du Champignon.
' Si l'on replace une de ces larves dans la terre humide, le parasite con-
tinue de se nourrir et de se développer aux dépens du corps de l'insecte;
à mesure que ce milieu nutritif est consommé, on voit le Champignon pro-
( io8o )
duire des spores en quantités de plus en plus considérables. Au bout d'un
certain temps, quand le corps de la larve est transformé en un véritable
slroma de mycélium, les fructifications apparaissent à la surface du sol
sous l'apparence de petites masses hémisphériques ou un pea claviformes,
d'un blanc pur, qui produisent des quantités innombrables de spores.
» M. Giard a attribué à un Isaria cette maladie des larves de hanneton.
Nos observations n'ont pas confirmé cette opinion. Les fructifications
qu'a produites le parasite des larves de hanneton dans nos cultures sont
celles d'un Botrylis très voisin du Botrytis Bassiana, qui produit la muscar-
dine du ver à soie. Il a été décrit par Saccardo sous le nom de Botrylis te-
nella comme variété du Botrytis Bassiana, mais il en diffère notablement
par la forme et la taille de ses spores. Elles sont ovales-oblongues dans le
Botrytis du hanneton, globuleuses et notablement plus petites dans le Bo-
trytis du ver à soie.
» Bresadola a trouvé le Botrytis tenella parasite sur le hanneton, à l'état
parfait, dans le territoire de Trente (Autriche). Nous avons pu comparer
nos échantillons avec le sien et nous assurer de la parfaite identité du
Botrytis tenella et de notre parasite du ver blanc.
» Une fois seulement nous avons observé sur une larve tuée des fructi-
fications d'Jsaria; mais la présence de ce Champignon y était sans doute
fortuite. Nous sommes disposés à considérer cette forme Isaria comme
l'état conidial du Melanospora parasitica. Sphériacée qui vit en parasite sur
le Botrylis Bassiana et sur quelques autres Mucédinées du même genre. La
larve sur laquelle s'était développée Y Isaria portait aussi quelques fructi-
fications de Botrylis tenella, mais la quantité de spores produites par cette
dernière espèce était très réduite. La présence de Ylsaria constitue une
condition désavantageuse pour la culture du Botrytis parasite du ver blanc.
» C'est bien au Botrylis tenella, et non à Y Isaria, que l'on doit attribuer
la maladie et la mort des larves de hanneton. Nous en avons fait la preuve
expérimentale.
» Avec des spores recueillies sur des larves tuées, nous avons ensemencé
divers milieux stérilisés et obtenu des cultures absolument pures de Botry-
tis tenella.
» Dans les milieux pauvres en matière azotée, tels que la Pomme de
terre et les jus sucrés, les spores apparaissent promptement et en très
grand nombre; le Champignon se développe peu en mvcélium. Sur les
milieux plus riches en matière azotée, comme la gélatine pure ou addi-
tionnée de jus sucrés, de peptone, etc., la végétation filamenteuse prend
( io8i )
un développement considérable; mais les spores font défaut ou ne se pro-
duisent que tard et en petit nombre lorsque le milieu nutritif s'épuise.
» Une faible quantité de glycérine, ajoutée au milieu nutritif, nous a
paru hâter l'apparition des spores et en augmenter la production.
» En délayant dans l'eau le produit de notre culture du Botrylis sur la
Pomme de terre, nous avons obtenu un liquide très chargé de spores que
nous avons répandu sur la terre de grands pots, dans laquelle vivaient des
larves de hannetons récollées et enterrées soigneusement à l'abri de la
contagion. Deux semaines plus tard, toutes les larves étaient tuées, et
bientôt elles se sont couvertes de la moisissure caractéristique. Les plantes
continuaient à végéter très bien, comme on devait le prévoir, sur la terre
envahie par le mycélium du Botrytis.
» Il est établi par ces recherches : i° que c'est le Botrytis tenella qui est
vraiment le parasite qui attaque dans le sol les larves du hanneton et les
tue; 2° que ce parasite peut être aisément cultivé à l'état de pureté dans
certains milieux nutritifs; 3" enfin que les spores provenant de ces cul-
tures et répandues sur le sol causent la mort des larves de hanneton qui y
sont contenues, sans nuire à la végétation qui le couvre. »
ÉCONOMIE RURALE. — Le parasite du hanneton. Note de M. Le Movi.t,
présentée par M. Blanchard.
•> Au mois de novembre dernier, nous avons eu l'honneur d'appeler
l'attention de l'Académie sur une maladie de la larve du hanneton : ma-
ladie déterminée par un champignon dont nous ne pouvions déterminer
la nature.
» A cette époque, nous n'avions remarqué les effets du parasite que
dans une prairie dépendant du domaine de la Pierre, en Céaucé (Orne),
et, malgré nos recherches, il nous avait été impossible de trouver dans les
parcelles environnantes des larves ayant succombé sous les attaques de ce
curieux champignon.
» Nous avions formé le projet de contaminer d'autres parcelles à l'aide
de larves parasitées, recueillies dans la prairie.
« En effet, dans une pelouse dont le gazon avait été complètement dé-
truit par le ver blanc, nous avons enfoui, en différents endroits, quelques
malades avec la terre les enveloppant.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXI1, N° 19.) '41
( 1082 )
» Au mois de mars, cette pelouse ayant été refaite, nous avons eu la sa-
tisfaction d'y trouver une trentaine de larves parasitées là où nous n'en
avions mis que trois ou quatre. Nous devons ajouter qu'à ce moment il
faisait encore très froid et qu'il ne faut pas trouver étonnant que la pro-
pagation de la maladie n'ait pas été plus rapide.
» Cependant, quelques jours après cette première observation, nous as-
sistions aux labours faits par le fermier de la Pierre dans un champ distant
de i/jom de la prairie où nous avions découvert la maladie, et quelle n'a pas
été notre surprise de voir la charrue ramener à la surface un nombre
considérable de vers momifiés, à tel point que la terre paraissait avoir été
récemment chaulée ! Or ce champ ne contenait au mois de novembre que
des vers absolument sains.
» Les fouilles que nous avons faites dans la prairie ont seules pu occa-
sionner une aussi rapide propagation de la maladie, ces travaux ayant eu
pour effet de découvrir les spores que le vent a certainement emportées
en nombre très considérable et à des distances probablement très grandes.
Plus tard, en effet, nous avons constaté l'infestation plus ou moins avan-
cée de champs reconnus autrefois comme ne renfermant que des vers sains.
» Aujourd'hui le parasite existe sur presque tout le territoire de Céaucé.
Nous ne voulons pas dire pour cela que tous les vers blancs soient détruits,
et il y en a même encore beaucoup; mais la nature continuant son œuvre,
il est certain qu'une grande partie de ces larves malfaisantes trouveront
encore la mort et que le parasite attaquera ensuite les nymphes et les in-
sectes parfaits.
» Nous avons parcouru la plus grande partie de la commune de Dom-
front, distante de iokœ de celle de Céaucé, et nous y avons encore constaté
la présence du parasite. Mais plus on s'éloigne de Céaucé et plus les vers
malades deviennent rares, ce qui démontre bien que le foyer de la maladie
est à Céaucé et que la contamination se produit cependant d'une manière
rapide et assez régulière, ne laissant pas certaines zones pour envahir des
zones plus éloignées.
» Il nous a été permis, depuis le mois de mars, de suivre le développe-
ment du champignon sur les vers malades et de nous convaincre que c'est
au printemps et non à l'automne, comme nous l'avions pensé, que ce cham-
pignon commence à reprendre toute sa vigueur.
» Les premiers vers que nous avons trouvés étaient tout simplement
enveloppés d'une couche île mycélium. Dès les premiers jours d'avril, les
( io83 )
ramifications commençaient à devenir abondantes et, enfin, vers les der-
niers jours du mois, autour de chaque ver parasité, la terre était traversée
dans ions les sens par de nombreux filaments dont quelques-uns étaient
couverts d'une matière farineuse qui, examinée au microscope, nous a
paru composée de spores de notre champignon.
» En résumé, pendant que nous faisions en petit nos essais d'infesta-
tion, la nature opérait de son côté, mais bien plus rapidement et bien plus
efficacement que nous ne pouvions le faire, le vent se chargeant de trans-
porter les spores dans toutes les directions.
Toutefois, l'action de la nature, si rapide qu'elle soit, ne l'est pas assez
pour débarrasser à bref délai l'agriculture française de ce terrible fléau, et
nous devons l'aider dans son action : non pas seulement en transportant
d'un terrain dans un autre des vers parasités, mais surtout en produisant
artificiellement et en grandes quantités les spores du champignon destruc-
teur, de façon à pouvoir les expédier dans toute la France.
» La chose est d'ailleurs possible, les savants ayant réussi dans leurs
essais de culture artificielle.
» Il importe donc, sans perdre de temps, d'entreprendre la culture en
grands vases, et nous ne demandons qu'à pouvoir nous livrer immédiate-
ment à ce travail. »
GÉOLOGIE. — Sur un témoin d'un nouveau pli couché prés de Toulon; phyl-
lades superposés au trias. Note de MM. Marcel, Bertrand et Zurciier,
présentée par M. Daubrée.
« Dans une petite crique au-dessous du fort Sainte-Marguerite, près de
Toulon, on voit apparaître d'une manière inattendue, au milieu des cal-
caires du Muschelkalk, un étroit affleurement de phyllades, accompagné
par des lambeaux de terrains rouges (permien ou grès bigarré). Cet affleu-
rement ne figure pas sur la Carte géologique de Toulon; c'est postérieure-
ment à la publication de cette Carte que l'un de nous, ingénieur à Toulon,
l'a découvert et a pu le délimiter en partie, lors des études préparatoires
du tunnel qui doit conduire à la mer les eaux de l'Eygoutier. Les phyllades
forment au milieu du Trias une bande de quelques mètres de largeur,
reconnue sur 5oom de longueur environ, et jalonnée sur ce parcours par
la croissance des chênes-lièges.
( io84 )
» Cet affleurement, si restreint qu'il soit, présente un intérêt considé-
rable, parce qu'il semble de nature à jeter quelque jour sur les rapports
stratigraphiques, encore mal expliqués, des phyllades et des terrains per-
motriasiques aux environs de Toulon, et, comme conséquence, sur le rôle
du massif cristallin des Maures dans la formation des plis de la Provence.
» Les phyllades (schistes précambriens) forment le long de la côte tou-
lonnaise des massifs à contours complexes et sinueux, et celte sinuosité
est d'autant plus remarquable que la ligne qui les limite semble presque
partout une ligne de faille : ce ne sont pas les termes les plus anciens, mais
au contraire les termes les plus récents de la série permo-triasique, les
grès bigarrés et le Muschelkalk, qui viennent s'appuyer contre les phyl-
lades, paraissant tantôt buter contre les schistes froissés, tantôt s'enfoncer
au-dessous d'eux. L'affleurement mentionné sous le fort Sainte-Marguerite
semble établir comme un trait d'union entre les deux massifs principaux
de phyllades, celui du cap Brun, promontoire relié à la grande masse du
cap Sicié, et celui du Pradet (au nord-ouest du cap Garonne), îlot com-
plètement isolé au milieu du Trias. L'idée qui s'offrait naturellement à
l'esprit était de voir dans cette bande étroite la trace d'un pli anticlinal
écrasé, reliant les deux massifs. Le tunnel de l'Eygoutier, ouvert à ses
deux extrémités dans le Muschelkalk, devait passer sous l'affleurement
de cette bande de phyllades et promettait ainsi des observations intéres-
santes sur l'allure et sur les contacts des couches dans ce pli écrasé. Mais
contrairement aux prévisions, le tunnel n'a rien rencontré d'anormal; il
est resté dans les grès bigarrés, qui forment une large voûte régulière, et
n'a présenté aucun accident notable. Le percement, il est vrai, n'est pas
entièrement achevé; mais on a passé depuis longtemps sous l'affleurement
des phyllades, et tout porte à croire qu'on n'en peut désormais rencontrer
aucune trace.
» Nous sommes allés dernièrement nous livrer à une étude plus atten-
tive des affleurements ; nous avons pu obtenir l'accès des propriétés privées
qui bordent la côte, et, dans celle de M. Tassy, ingénieur des ponts et
chaussées en retraite, nous avons découvert, sur le flanc même de la falaise
abrupte qui descend à la mer, une coupe très nette et tout à fait décisive :
sur le Muschelkalk, presque horizontal, reposent 2m environ de grès et
d'argiles rouges, et sur ces argiles reposent les phyllades froissés. Au con-
tact des deux terrains, on distingue même om,5o de quartzites, dans les-
quels on peut reconnaître l'équivalent réduit des gros bancs de quartzites
( io85 )
qai, au château d'Hyères et à Six-Fours, forment la partie supérieure du
système des phyllades. Ainsi les phyUades sont superposés au Muschelkalk, et
séparés de lui par 2'n de terrains renversés, correspondant au laminage d'une
série dont l'épaisseur normale est de prés de mille mètres. Ce sont bien là les
phénomènes qui.accompagnent ordinairement les grands plis couchés de la
Provence : à la rigueur, il est vrai, on pourrait songer à expliquer les faits
sans recourir à de grands déplacements horizontaux, et à ne voir dans la
coupe de la propriété Tassy que le déversement local d'un anticlinal
écrasé; mais la coupe du tunnel met à néant cette hypothèse : la bande de
phyllades n'a pas de racine en profondeur.
« Il n'est peut-être pas inutile de faire remarquer que, dans le seul
point où ce nouvel affleurement de phyllades est observable en dehors des
clôtures privées, c'est-à-dire dans l'anse à l'est du fort, lesapparences sont,
à première vue, tout à lait contraires à ce résultat. Les phyllades s'y
montrent à peu près verticaux, en contre-bas de deux escarpements de
Muschelkalk. L'explication de cette disposition est la suivante : un affaisse-
ment local s'est produit dans les calcaires, et a permis aux terrains super-
posés de s'y enfoncer et de s'y enfouir en forme de V. Comme ces terrains
superposés étaient, par le fait du recouvrement, des terrains plus an-
ciens, ils semblent naturellement venir de la profondeur; on se les figure
dressés en forme de A, c'est-à-dire en forme d'anticlinal, tandis qu'en
réalité on est en face d'une cuvette, où les terrains les plus récents enve-
loppent au centre les terrains les plus anciens.
» Si l'on jette maintenant les yeux sur la Carte géologique, on voit que
notre lambeau de phyllades ne peut guère être venu que du massif, au-
jourd'hui submergé, qui réunissait la pointe de Sicié à la presqu'île de
Gien. Il y a donc eu trajet horizontal d'au moins cinq kilomètres. De nou-
velles études sont nécessaires pour savoir l'étendue exacte des parties
superposées au Trias ; mais, sans en attendre le résultat, cette petite bande
de phyllades, insignifiante comme étendue superficielle, nous permet de
reconstituer un des déplacements horizontaux les plus importants qu'aient
subis les terrains de la Provence. C'est un nouveau pli couché qui s'ajoute
aux quatre grands plis déjà décrits.
» L'intérêt de ce nouveau pli couche réside surtout dans le fait qu'il
intéresse les terrains cristallins des Maures, et dans la preuve ainsi fournie
que ces terrains ont pris part, de la même manière que les terrains sédi-
mentaires plus récents, aux grands déplacements horizontaux. On ne peut
( io86 )
plus, comme l'avait fait un de nous précédemment, considérer les Maures
comme un massif résistant, dont le rôle principal aurait été de dévier les
plis, en ne subissant pour sa part que des déplacements d'une moindre im-
portance. Les schistes cristallins ont été, eux aussi, mis en mouvement
par les énormes compressions qui ont bouleversé la Provence; et de
même que le massif du Brévent et du mont Blanc dans les Alpes, le massif
des Maures est, pour une de ses parties du moins, le centre d'un grand
pli couché, rasé par la dénudation. »
GÉOLOGIE. — Sur la permanence de l'effort orogénique dans les Pyrénées
pendant les périodes géologiques. Note de M. Roussel, présentée par
M. Fouqué.
« Les Pyrénées présentent de nombreux phénomènes de recouvrement
que les géologues avaient juscpi'à ce jour attribué à d'immenses failles,
mais dont la cause est différenle. Ils sont dus à des poussées horizontales
persistantes qui ont produit, d'une manière continue, le ridement du
terrain pendant la formation des couches.
» En dressant le tableau stratigraphique des Pyrénées, on remarque
que, suivant certaines directions qui sont manifestement d'anciennes
lianes de rivage, les assises récentes butent contre les anciennes de
manière à les recouvrir plus ou moins, et que celles-ci ont été redressées
et plissées par degrés pendant la formation des premières.
» C'est ce que révèle particulièrement l'étude de la partie supérieure de
la vallée de l'Ariège.
» Dans la région de Tarascon et des Cabanes, cette vallée est encaissée
du côté sud par les gneiss de la ligne de faite des Pyrénées, et du
côté nord par ceux de la haute montagne de Tabe. Entre ces deux masses
de gneiss sont les terrains primaires et secondaires qui s'appuient, en
stratification plus ou moins concordante, sur la première masse et butent
contre la seconde.
» Or, en étudiant ces terrains dans le bassin de Tarascon, on constate
que le cristallophyllien de la montagne de Tabe, dont les strates pendent
au nord avec régularité, s'avancent fort avant sous le secondaire, sans que
le primaire s'interpose entre les deux formations.
» A Lordat, j'ai pu faire une observation encore plus probante. Il existe
( io87 )
là des calcaires amygdalins d'une grande épaisseur qui sont la continuation
d'une série nombreuse de couches schisteuses. Ces couches deviennent
calcaires en passant obliquement sous les ruines du château de Lordat et
sous le village, et cessent de l'être au delà. Il y avait lieu de supposer, en
ce point, un fond sur lequel les goniatites avaient pu s'établir et vivre pen-
dant la période dévonienne ; or ce fond s'observe effectivement à la sortie
de Lordat, en suivant la route de Bestiac. Là, sous le calcaire et les schistes
dévoniens et carbonifères affleurent des gneiss mis à nu par dénudation.
» Donc, dans la vallée de l'Ariège, le gneiss de la montagne de Tabe
s'avance sous le carbonifère et le dévonien de même que sous le secondaire.
En outre, dans cette région, les divers termes de la série rudimentaire sont
en retrait les uns sur les autres du sud au nord. Il résulte de ces deux
faits que chacun de ces termes s'appuie d'un côté sur celui qui est antérieur
dans la série géologique, et de l'autre, sur le gneiss : ils se recouvrent y
la manière des briques d'un toit. Ils se sont donc formés dans un synclinal
dont l'aile sud était en voie de soulèvement, tandis que l'aile nord était
refoulée d'une manière continue.
» Cette découverte permet de se rendre compte de la position étrange
des couches primaires de Mérens au milieu des gneiss. Ce phénomène est
dû à la permanence de l'effort orogénique. Pendant que les terrains pri-
maires se déposaient, le gneiss de la ligne de faite des Pyrénées était émergé
et disposé en un pli anticlinal dont l'aile sud était refoulée vers le nord, et
de ce côté la mer gagnait du terrain, tandis qu'elle en perdait du côté
opposé. Dans l'aile nord, les couches primaires et les couches secondaires
sont donc en retrait les unes sur les autres et imbriquées sur le gneiss. Dans
l'aile sud, au contraire, les assises primaires se sont superposées de ma-
nière à se recouvrir transgressivement les unes les autres et elles se
sont fortement avancées sur la tète des strates cristallophylliennes; et
lorsque sont survenues les débâcles qui ont soulevé et ployé toutes les
couches, les terrains primaires transgressits de la partie méridionale ont
formé une sorte de voûte qui coiffait le gneiss de l'aile sud de la ride pri-
mitive. Plus tard, d'énormes dénndations ont enlevé la clef de cette voûte
et seuls les côtés existent encore, formant, d'une part, les schistes et les
calcaires de Mérens, et, de l'autre, les schistes de l'Hospitalet.
» Pour vérifier cette explication, conçue a priori, j'ai suivi les terrains
primaires de Mérens et de l'Hospitalet dans les régions désolées où ils se
prolongent de part et d'autre de la vallée de l'Ariège, et je me suis assuré
que dans les lieux où la transgressivité est moins grande et où les couches
( io88 )
ont été moins fortement ridées, la voûte des terrains primaires existe
encore.
» Du côté de l'est, les schistes de l'Hospitalet se raccordent avec ceux
de Mérens au delà de la vallée de l'Ariège, aux étangs des Camporeils et,
du côté de l'ouest, au pic de Serrère.
» D'après les idées théoriques qui m'avaient conduit à cette constatation,
les couches les plus récentes du pli devaient se trouver du côté nord, au
contact du gneiss. C'est ce qui a lieu en effet, car, en suivant la rivière de
Galbe, on trouve, dans les schistes de Mél'ens, les fossiles du silurien
moyen et du silurien supérieur. Les schistes de ce dernier étage sont car-
bures et renferment des calcaires à orthocères et à tiges d'encrine. Au-
dessus viennent les calcaires dévoniens, dont quelques-uns sont amygda-
lins, et, plus loin, on trouve à la suite les schistes carbonifères.
» La disposition que nous venons de constater dans les Pyrénées cen-
trales existe aussi dans les Pyrénées occidentales, car le carbonifère de la
Maladetta, du port de Gavarnie et de la partie supérieure de la vallée
d'Ossau et de la vallée d'Ayre constitue le prolongement de la formation
de Mérens.
» J'ajouterai, en terminant, que la permanence des mouvements orogé-
niques s'est maintenue pendant toute la durée des périodes géologiques.
J'ai dressé, en effet, le Tableau slratigraphique de tout le versant français
des Pyrénées, et constaté que partout le plissement est la règle. Or, dans
tous les plis, quel qu'en soit l'âge, les couches sont en retrait d'un côté,
et de l'autre s'imbriquent et luttent contre les formations d'un autre anti-
clinal.
» Partout la permanence de l'effort orogénique a produit son effet. »
M. H. Arnaud adresse, en réponse à une Communication de MM. Lépine
et Barrai du 23 février 1891, une Note » sur le ferment glycolytique du
sang ».
M. E. François adresse un complément à sa Note du 20 avril dernier,
sur une « boussole cadran solaire ».
M. Burgal adresse un Mémoire sur la gravitation universelle.
La séance est levée à !\ heures et demie. M. B.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, n" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. [|s forment, à la fin de l'année, deux volume, in- r Deu
Tables, une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est ann..f
et part du ier janvier.
Le prix de Vabonnement est Jlxé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 fr. - Départements : 30 fr. - Union postale : 34 fr. - Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
Agen.
Angers.
chez Messieurs :
.... Michel et Médan.
I Gavault St-Lager.
Alger / Jourdan.
I Ru 11.
Amiens Hecquet-Decobert.
( Germain etGrassin.
[ Lachèse et Dolbeau.
Bayonne Jérôme.
Besançon Jacquard.
, Avrard.
Bordeaux ! Duthuiï.
' Muller (G.).
Bourges Renaud.
iLefournier.
!<'. Robert.
J. Robert.
V" Uzel Caroflf.
) Baer.
( Massif.
Chambery Perrin.
ni i \ Henry.
Cherbourg J
( Marguerie.
Brest.
Caen .
I
Clermont-Ferr.
Dijon.
\ Rousseau.
( Ribou-CoIIay.
!Lamarche.
Ratel.
Damidot.
'Jouai (Lauverjat.
( Crépin.
Grenoble ( Drevel.
( Gratier.
'.a Rochelle Robin.
.e Havre j Bourdignon.
( Dombrc.
/ Ropiteau.
■Me Lefebvre.
' Quarré.
chez Messieurs :
Lorient ( Baumal.
I M»" Texier.
(Beaud.
Georg.
< Mégret.
Palud.
Vitte et Pérussel.
Marseille Pessailhan.
\ Calas.
i Cnulet.
Martial Place.
, Sordoillet.
Grosjean-Maupin.
' Sidot frères.
\ Loiseau.
' M Veloppé.
Banna.
' Visconti et C".
Ntmes Thibaud.
Orléans Luzeray.
Blanchier.
Druinaud.
Bennes Plihon et Hervé.
Rochefort Boucheron - Rossi
Rouen J LanSh,is. [gnol
( Lestringant.
S'-Élienne Chevalier.
» Bastide.
I Ruinèbe.
-, , i Gimet.
Toulouse „ .
' Privât.
i Roisselier.
Tours < Péricat.
' Suppligeon.
Giard.
Lemaitre.
Lyon.
Montpellier
Moulins
Nancy
Nantes .
Nice
JJoitiers. .
Toulon .
Va/enciennes..
chez Messieurs :
. , ■ ( Robbers.
Amsterdam
( Feikema Caarelsen
Athènes Beck. [et Cia.
Barcelone Verdaguer.
i Asher et C".
Berlin J Calvary et C".
Fiiedlander et fils.
Mayer et Millier.
Berne ' Schmid, Francke et
C1".
Bologne Zanichelli et C'".
R.milol.
Bruxelles ' Mayolez.
Lebègue et C" .
„ , l Haimann.
Bucharest
( Ranisteanu.
Budapest Kilian.
Cambridge Deighton, BelletO
Christiania Cammermeyer.
Constantinopte. . Otto et Keil.
Copenhague Host et (ils.
Florence Lceseher et Seebe
Gand Hoste.
Gènes Beuf.
/ Cherbuliez.
Genève Georg.
( Stapelmohr.
La Haye Belinfante frères.
^ Benda.
I Payot.
Barth.
Brockhaus.
Leipzig ( Lorentz.
Max Rùbe.
Twietmeyer.
\ Desoer.
' Gnusé.
hez Messieurs :
Londres j Dulau'
| Nuit.
Luxembourg.
Madrid .
Lausanne.
Liège.
V. Buck.
Librairie Guten
berg.
Gonzalès e hijos.
j Yravedra.
' F. Fé.
Milan jDumoIard frères.
' Hœpli.
Moscou Gautier.
| Furchèim.
Naples Marghieri di Gius.
' Pellcratio.
i Chrislern.
New-York Stechert.
Westermann.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C1".
Paterme Clausen.
Porto. Magalhaès.
Prague Rivnac
Bio-Janeiro Garnier.
Borne | Bocca frères.
( Loescheret C1".
Rotterdam Kramers et fils.
Stockholm Samson et Wallin.
( Zinserling.
/ Wolff.
: Bocca frères.
I Brero.
Clausen.
Rosenbergel Sellier
Varsovie Gebethner et Wolff.
Vérone ...... Drucker.
Frick.
Gerold et C".
Zurich Meyer et Zeller.
S'-Pétersbourg.
Turin .
Vienne.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Tomes 1er à 31.
Tomes 32 à 61
Tomes 62 à 91
i 3 Août i835 à 3i Décembre i85o.) Volume in-40; 1 853. Prix
11er Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix.
(1" Janvier 1S66 à 3i Décembre t88o.) Volume in-40; 1889. Prix .
15 fr.
15 fr.
15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Derues et A.-J.-J. Solier. - Mémoire sur le Calcul des Pertnrh-.ti,.,, - ,„• •
»«.,«,. ,.„.„, ,;„„,,, ,,, ,„ ,„pl,.p0111io^ _ „,„,„ ,. „«„„, J. leur ,p,„i,iàn „ de l.e .p.riJ, „L,„ Z T m' l^X ,'"«""
.... r.pp.,1, ,„, e,„«„, ,„,„ ,.él„.c,ud ,lu ré,.. „,«,„i,„. a ,e, éui, „,éri„„ .. p„ „. ,e p,,,,,,,,,, B„„. le-J-, „ee " pî„e L, Z, . «"
A la même Libr
irie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N° 19.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du II mai 1891.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE
Pages. I
M. le Président annonce à l'Académie que,
en raison des fêtes de la Pentecôte, la séance
du hindi ixe*t remise au mardi 19
M. 11. Léauté. — Essai de dynamique gi<i-
phique pour l'étude des périodes de trouble
Pages.
dans les moteurs hydrauliques io 13
M.Hatonde la Goupillière. — Abaissement
du plan d'eau dans un corps cylindrique
horizontal "l ■'
MEMOIRES LUS.
M. Léon Vaillant.
Sur la délimitation des zones littorale
,38
MEMOIRES PRESENTES.
M. Devaux adresse une Note sur un « nou-
veau système de moteur hydraulique "...
M. \ w We W5EN soumet au jugement do
l'Académie un Mémoire sur la direction
des aérostats et un Mémoire « sur un nou-
veau mécanisme locomoteur» loiji
CORRESPONDANCE.
M. Borreli.ï. — Observations de la pla-
nète (S08) (découverte le 3i mars 1S91),
laites à l'Observatoire 'le Marseille avec
l'équatbrial d'Eichens (ouverture om, i58).
M. F.UitiY. - Éléments de la nouvelle pla
néte liorrell y , 3(18 ;
M. ESMIOL. — Eléments provisoires de la pla
nete ! 308 j Borrelly, déduits des observa-
tions faites à l'Observatoire de Marseille
les 3i mars, 8 avril. 18 avril e( 26 avril
l!S.)I
M. Tacchini. — Observations solaires faites
à l'Observatoire royal du Collège romain
pendant le premier trimestre de 189.1....
M. J. Perch'ot. — Sur le mouvement du pé-
rigée de la Lune
M. C.-A. Laisant. — Sur les permutations
limitées
M. Markoff. — Sur une classe de nombre*
complexes. . ~
M. Félix Lucas. — Expression du nombre
■jî par une série très convergente
M. P. VIEILLE. — Sur un manomètre enre-
gistreur applicable aux bouches à l'eu. . . .
M. Marcel Brillouin. — Théorie élastique
de la plasticité et de la fragilité des corps
solides
M. C. Rayeau. — Sur la surface d'onde dans
les cristaux
M. H. Blondlot. — Sur la détermination
de la constante diélectrique du verre à
l'aided'oscillations électriques très rapides.
M. E. PÉCHARD. Sur un nouveau composé
oxygéné du tungstène
10(1
,,,',3
"•'(1
1 0 '| . 1
1 " i 7
H'I'I
Mi) |
1 1 i.'il 1
io58
1060
M. G. Massol. Elude thermique des
acides organiques bibasiques à fonctions
simples
M. Bkrthelot. — Remarque sur la Note
précédente
M. L. Tissier. — Sur le quatrième alcool
amylique primaire
M. J. Tiioulet. — Sur la diffusion de l'eau
douce dans l'eau de mer
M. K. m Kroustchofp. — Sur la théorie des
feldspaths de M. Tschermak
.M. G. Saint-Kemy. —Sur les organes géni-
taux des Tristomisns
M. Léon Guignard. — Sur la constitution
des noyaux sexuels chez les végétaux
M. .1. Vesque. — Les groupes nodaux et les
épharmonies convergentes dans le genre
Clusia
MM. Prillieux et Delacroix. — Le cham-
pignon parasite de la larve du hanneton..
M. Le Moult. — Le parasite du hanneton.
\IM. M \i:i el Bertrand et Zurchér. — Sur
un témoin d'un nouveau pli couché près
de Toulon; phyllades superposés au trias.
M. Roussi t.. -— Sur la permanence de l'effort
orogénique dans les Pyrénées pendant les
périodes géologiques
M. Arnaud adresse, en réponse à une Com-
munication de MM. Lépine et Barrai du
•i3 février 1891, une Note « sur le ferment
glycolytique du sang »
M. E. François adresse un complément à
sa Note du 20 avril dernier, sur une
« boussole cadran solaire
M. BuRGAL adresse un Mémoire sur la gra-
vitation universelle
mi.-
.06I
m'i'i
1.068
107U
1072
'"7 1
1079
111S1
1 088
iihSS
1088
PAK1S. — IMPRIMERIE G\UTHIER-V1LLM\S ET FILS,
Quai des Grands-\ueusiins, 55.
1891
L
3ô&Q PREMIER SEMESTRE.
if.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAK MM fclES SECRÉTAIRES PEKPÉ11ELS
tome cxn.
N°20 (19 Mai 1891
~~ >»0-w~
PARIS,
o.s cnG^H'E8"VILLARS H '"'LS' 'WHIMfiORS-UBRAmES
«s c„„PTES ™„s ÉiNCES „E l,acad6ji|e oes
0»ai des Grands-Aujustins, 55. '
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopta dans Les séances des 28 juin 18*62 et 24 mai i8t5.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de j Les Programmes dés prix proposés par l'Académie
l'Académie se composent des extraits des travaux de sont imprimes dans les Comptes rendus, mais les Rap
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par îles savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou (i feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il v a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l' Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ouparun Associé étrangerdel'Académie comprennent
au plus G pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus. ,
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personne:
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires son
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extra
pour les articl
cielle de l'Académie.
es ordinaires de la cor
resp
ondanec off
Article 3.
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le for
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard,
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à temp
le titre seul du Mémoire est inséré dans \eComple rem
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu si
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
prëjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
vant, et mis à la fin du cahier
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des a
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative f
un Rapport sur la situation des Comptes rendus api
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du p:
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie ttui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séanee, avant b'\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivai
16 1891
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 19 MAI 1891.
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président rappelle à l'Académie la perte douloureuse qu'elle a
faite dans la personne de M. Edmond Becquerel, Membre de la Section de
Physique, décédé à Paris le 1 1 mai dernier.
Les obsèques ont eu lieu le i4 niai.
ASTRONOMIE. — Détermination de la constante de l'aberration. Valeurs
numériques déduites de l'observation de deux groupes de quatre étoiles ; par
MM. Lœwy et Puiseux ( ' ).
« Dans une récente Communication, nous avons eu l'honneur d'expo-
ser à l'Académie le principe d'une méthode nouvelle pour l'étude de
(') L'Académie décide que cette Communication, bien que dépassant les limites
réglementaires, sera insérée en entier.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 20.); J4a
( io9° )
l'aberration annuelle et les conclusions générales qui se dégagent du tra-
vail d'observation commencé au printemps de l'année dernière et terminé
en janvier 1891. Nous nous proposons aujourd'hui de faire connaître, le
mode d'opération suivi, les procédés de calcul employés pour la réduc-
tion, et les valeurs numériques fournies par l'observation de deux groupes
de quatre étoiles. L'ensemble complet des mesures, ainsi que la discussion
approfondie des résultats feront l'objet d'un Mémoire ultérieur.
» Chaque observation dure une heure au plus. Elle consiste essen-
tiellement à mesurer la différence des arcs qui séparent deux couples
d'étoiles A et B. Les deux couples sont choisis de telle sorte que les quatre
étoiles arrivent simultanément à la même hauteur, à quelques minutes près.
Pour chaque couple, on ramène la distance observée à sa valeur maximum,
qui se produit au moment de l'égalité de hauteur. La correction qui
doit être appliquée pour avoir égard au changement de la réfraction est
toujours de même signe, et ne dépasse pas en moyenne une seconde
d'arc. Par suite du choix des coordonnées des étoiles, l'écartement des com-
posantes du couple A devient un maximum, sous l'influence de l'aberra-
tion, quand la distance du couple B passe par un minimum. Le phéno-
mène inverse se produit à six mois d'intervalle, en sorte que la différence
mesurée a éprouvé au total une variation qui équivaut à quatre fois la
constante cherchée.
» L'emploi simultané de deux couples assure l'élimination de deu^
légères causes d'erreur, dont il serait difficile d'assigner la valeur a priori,
en raison de leur caractère vague et problématique. Ce sont l'imperfection
de la mise au foyer et la variation possible de l'angle du prisme dans l'in-
tervalle des mesures. Chaque différence mesurée dans une soirée fournit
une équation de condition où figurent comme inconnues :
» i° La correction de la valeur admise pour la constante de l'aberration ;
2° la différence des arcs des deux couples supposés observés l'un et
l'autre à l'époque d'égale hauteur, et corrigés des effets de l'aberration et
des mouvements propres.
» En réalité, il serait peu pratique d'étendre les observations d'un
même couple sur une période de six mois entiers. On peut rendre le tra-
vail beaucoup moins pénible sans diminuer d'une manière appréciable
l'exactitude du résultat. Les couples sont choisis de manière à donner à
cet égard une certaine latitude. On effectue d'abord les mesures relatives
à une combinaison de couples pendant l'intervalle d'un mois ou six se-
maines, où le coefficient de l'aberration dans la différence des arcs varie de
( io9< )
+ 1,7 a + 1,0. Le travail est alors interrompu, repris quand le coefficient
de l'aberration, après avoir passé par o, atteint la valeur -- 1,0, et défi-
nitivement terminé quand ce coefficient est devenu — 1 ,6 ou — r ,7.
» On peut utiliser, pour le calcul numérique de l'inconnue toutes les
équations isolées en nombre égal à celui des mesures. Mais, d'autre part,
certaines raisons, que nous allons indiquer, conduisent à grouper, deux
par deux, en deux séries, les observations suivant une règle invariable
qui ne laisse aucune place à l'arbitraire. Admettons, par exemple, que
l'on ait obtenu dans la période des coefficients positifs seize observations.
On peut concevoir que l'on associe ensemble la première et la neuvième,
la deuxième et la dixième, et ainsi de suite. On forme ainsi, en quelque
sorte, des lieux normaux reposant chacun sur deux observations, et à cha-
cun de ces lieux normaux correspondra une équation de condition. L'in-
connue cherchée s'obtient ainsi par deux procédés de calcul différents,
susceptibles de se contrôler l'un l'autre. L'emploi des observations grou-
pées deux par deux, comparé à l'emploi des observations isolées, est ici,
jusqu'à un certain point, plus conforme à l'esprit de la méthode des moin-
dres carrés, qui suppose les mesures faites dans des conditions équiva-
lentes au point de vue de la précision.
» En effet, le mode de division adopté atténue l'influence des termes
extrêmes de la série, presque toujours obtenus dans des conditions de
visibilité imparfaite, au voisinage du lever et du coucher du Soleil et, par
suite, sujets, le plus souvent, à une plus forte erreur accidentelle.
» Cette disposition est également avantageuse pour combattre l'influence
possible d'une variabilité passagère de l'équation personnelle, pouvant
affecter, dans le même sens, des mesures faites à peu de jours d'intervalle.
» Enfin, le nombre des données que l'on fait intervenir ainsi pour
former chaque équation de condition est précisément celui qu'il convient
d'adopter pour mettre en évidence l'erreur probable d'une mesure. Le
chiffre obtenu dans chaque soirée est, en effet, la différence des valeurs
trouvées pour les distances de deux couples d'étoiles. En formant la
moyenne des résultats de deux soirées, on a un nombre affecté de la même
erreur probable que la mesure directe d'un couple unique, exécutée à
l'aide du double miroir. L'emploi des observations groupées deux par deux
serait donc préférable à celui des mesures isolées, si l'on n'avait pas à
craindre un affaiblissement trop sensible du coefficient de l'inconnue. Il
est à croire que la vérité se trouve entre les deux résultats et que l'un et
l'autre devront être pris en considération.
( i<>92 )
» Quelle que soit la méthode choisie pour former les équations de con-
dition, on peut encore, avant d'en effectuer la résolution numérique, les
partager en groupes, de diverses manières. Il est utile de former ces combi-
naisons qui, toutes, peuvent se justifier, soit par des raisons tirées de la
théoriedes probabilités, soit par la possibilité qu'elles donnentde faire ap-
paraître des causes d'erreurs systématiques si toutefois elles existent. On
arrivera ainsi, par la comparaison de ces résultats multiples, à se faire une
idée plus juste de la précision des valeurs trouvées et l'on aura plus de
chances de découvrir les dernières sources d'inexactitude qui nous auraient
encore échappé, malgré le caractère, en quelque sorte doublement diffé-
rentiel, des mesures. On pourra donc successivement :
» i° Résoudre à part les équations relatives à chaque couple, en mainte-
nant la distinction des observateurs;
» 2° Conserver la séparation des couples, en réunissant les observations
d'un même couple dues à deux observateurs différents;
» 3° Réunir ensemble les équations de condition relatives à tous les
couples, en maintenant la distinction des observateurs;
» 4° Réunir indistinctement toutes les observations.
» Chacune de ces solutions se subdivise en deux, suivant que l'on em-
ploie les observations isolées ou les observations associées deux par deux.
» On a donc douze résultats distincts, même en ne comptant que pour
un seul l'ensemble des valeurs de la constante fournies par les différents
couples. La séparation des couples a l'avantage de faire apparaître des
nombres obtenus dans une période limitée et relatifs à des saisons diffé-
rentes. Par là on peut être mis sur la voie d'une erreur systématique dé-
pendant de la saison ou de l'éclat exceptionnel d'une étoile. Cette solution
fait acquérir aux couples les mieux observés la prépondérance qu'ils doi-
vent avoir, en raison de la petitesse de leur erreur probable. D'autre part,
il peut arriver que, en raison du petit nombre des observations, elles pré-
sentent une concordance en partie fortuite qui conduise à leur attribuer
une précision illusoire. La confusion des couples fait prédominer les
coefficients élevés, et fait reposer les valeurs conclues sur un plus grand
nombre d'observations, ce qui diminue les chances d'une compensation
accidentelle d'erreurs, et atténue l'influence possible des saisons. D'autre
part, cette solution a l'inconvénient de mettre les couples les moins bien
observés sur le même plan que les autres.
» La séparation des nombres relatifs aux deux observateurs a pour effet
de déceler les équations personnelles qui peuvent prendre naissance dans
( rn93 )
l'évaluation des distances. En confondant les observateurs et les couples,
on garde les avantages qui résultent du grand nombre des équations.
Cette solution, tout algébrique, est celle qui a le moins d'égard aux cir-
constances particulières de l'observation.
» Il v a lieu de croire que la vérité est entre ces diverses hypothèses et
qu'en adoptant la moyenne générale on sera plus près de la vérité qu'en
se limitant à une solution unique. Il conviendra toutefois, par prudence,
d'adopter le chiffre le plus élevé pour l'erreur probable.
» Les nombres que nous avons trouvés dans cette première campagne
ne donnent certainement pas une juste idée de la précision dont la mé-
thode est susceptible. Désireux d'éprouver, dans le plus court délai pos-
sible, les ressources du nouveau procédé, et devoir ce que donneraient
des observations, même faites dans des conditions défectueuses, nous
avons mis à profit toutes les circonstances où le travail a été possible. Sou-
vent les mesures, contrariées par les nuages, la brume ou la lumière du
jour, ou prolongées trop près de l'horizon, ont dû être de qualité infé-
rieure. Nous n'avons, toutefois, supprimé pour ces divers motifs que six
observations sur 38o. Mais, dans certains cas, il nous a semblé rationnel
de n'attribuer à la moyenne de deux séries, faites dans des conditions évi-
demment défectueuses, que la valeur d'une observation normale.
» Quand le ciel et la température sont favorables, les mesures se font
sans difficulté, et la qualité des images, sous un grossissement de i5o fois,
est égale à celle que l'on obtient dans les meilleurs instruments par vision
directe. Ces conditions toutefois n'ont pas toujours été réalisées. Quelques
obstacles matériels dont il sera aisé de s'affranchir dans l'avenir ont cer-
tainement abaissé la précision de notre travail dans une proportion sen-
sible. Indiquons brièvement en quoi ils consistent :
» L'équatorial coudé dont nous avons fait usage, premier type de ce genre
d'instruments, présente diverses imperfections, inévitables dans un mo-
dèle absolument nouveau. Nous avons dû, au cours des observations,
remplacer par un système d'éclairage électrique la lampe à gaz jusqu'alors
employée pour l'illumination des fils et du champ. Cette lampe produisait,
dans certaines positions, un échauffement du tube de la lunette et une
colonne d'air ascendante sur le trajet des rayons.
» L'instrument, abrité sous une cabane trop exiguë et imparfaitement
aérée, s'échauffe fortement dans les après-midi d'été. Il en résulte une dé-
formation des miroirs, sensible encore plusieurs heures après le coucher
du Soleil, un allongement des images et un accroissement dans l'erreur
( If>94 )
accidentelle des mesures. Malgré les précautions prises pour aérer l'instru-
ment, cette cause place nos observations d'été dans un état d'infériorité
par rapport aux autres. La déformation des miroirs par la chaleur, inappré-
ciable dans les conditions ordinaires, devient visible quand une partie
seulement des surfaces réfléchissantes est utilisée pour le passage des rayons
lumineux. Nous avons toujours eu soin, au cours des mesures, de faire
tourner le double miroir de i8o° autour de son axe, ce qui annule l'effet
possible d'une déformation des faces du prisme. Mais l'effet, sans doute
beaucoup plus nuisible, d'une courbure accidentelle des autres miroirs n'a
pu être éliminé. Il n'est pas probable qu'avec des observations également
réparties sur les diverses saisons, il puisse subsister de ce chef une erreur
systématique appréciable, mais le désaccord des mesures en est certaine-
ment augmenté d'une manière notable. Vu le caractère spécial de cette
anomalie, il est, pour nous, certain que l'on y échapperait complètement
avec un instrument droit. C'est un des cas exceptionnels où les lunettes
ordinaires paraissent devoir être préférées à l'équatorial coudé.
« Nos observations ont porté sur 18 couples d'étoiles, soit g combinai-
sons doubles. Le travail de réduction n'est pas encore terminé et fera l'ob-
jet d'une publication ultérieure. Dès aujourd'hui, nous donnerons le Ta-
bleau des observations faites sur deux combinaisons de couples et des
valeurs qui en résultent pour les inconnues.
» Les étoiles sont indiquées par les numéros qu'elles portent dans les
zones d'Argelander. Le degré de la zone figure sous forme d'indice.
» Le signe 0 représente la longitude du Soleil pour l'époque moyenne
de l'observation ; dA est l'effet de l'aberration sur la différence des dis-
tances des deux couples, calculé avec la valeur provisoire 20", 445 1; cl est
la différence des arcs des deux couples, ramenés, pour chacun d'eux, à
l'époque d'égale hauteur; dk' , d! sont les quantités correspondantes pour
une autre observation que l'on associe à la première, suivant la règle expli-
quée plus haut; est la moyenne des différences observées, corrigées
l'une l'autre de l'aberration, avec la valeur provisoire 20", 445i.
» Dans le troisième Tableau, la solution (I) est celle qui résulte des
valeurs trouvées séparément par les deux observateurs, et combinées avec
les poids qui résultent des erreurs probables respectives ip. La solution (II)
a été obtenue en réunissant indistinctement les mesures faites par les deux
observateurs, mais en traitant comme deux inconnues distinctes les valeurs
trouvées par eux pour une même distance.
( io95 )
Juin
3..
73.23,6
—28,04
332,53
3o4,4g
i5..
84.49,8
—22,78
326,35
3o3,57
19...
88.38,7
—20,82
324,43
3o3,6i
Sept. iG...
173.52,4
+28,40
275,25
3o3,65
28...
■85.34, 9
+ 32,52
271,42
3o3,g4
29...
186.34,0
+ 32, 81
271 ,61
3o4,42
3o. . .
187.32,4
+33,09
270.-4
3o3,83
Oct. a..
i8g.3o,i
+33,6i
269 ;93
3o3,54
3...
190.29,1
+33,86
269,53
3o3,3g
TABLEAU I. — Couples de i9h (369^-2786,,) (4384_0-424_a).
rM. ,/. A = </ rd\. Dates. O- tl\\
Observateur : Lœwï.
Juin
Juill.
A'=rf+rfA'
Oct.
A+A
20. . .
Sg.36,3
— 20, 3o
823,62
3o3,32
3o3",53
24...
93.24,4
— 18,24
321 ,53
■ '"'■'' . .'')
3o3,Sg
I . . .
100. 3,5
—14,42
317,86
3o3,44
3o3,5i
OC).
.4...
104.48,6
112.24,4
— n,58
— 6,87
3i5,7i
3n,28
•'■'°-'l ,22
3o3,9i
5. . .
192.27,5
+34,33
268,69
3o3,02
3o3,34
5('),
ig4.25,8
+34,71
268,85
.'in.';,. ,6
3o3,75
8...
195.25,8
+34,96
■iiis,s«;
3o3,82
3o4,i2
12. . .
199.22,0
+35,64
268,36
3o4,oo
3o3,gi
22. . .
209.17,1
+36,62
267,76
3o4,38
3o3 , 96
28...
2l5. 16,0
+36,68
267,04
3o3,72
3o3,56
Juin 2 . .
72-27,4
-28,43
332,26
3o3,83
/ • ■
77.12,5
— 26,40
33o,32
3o3,g2
16..
85.47,2
—22,29
325,7.3
3o3,46
Août 22..
149.40,5
+16, 36
287 ,3a
3o3,68
25..
i52.33,7
+ 18,00
281,89
3o2,8g
28..
155.27,7
+ 19,69
283,o6
3o2,66
Sept. 5..
i63.io,8
+2.3,59
279,52
3o3,n
6..
164. 9,1
+24,07
279,05
3o3 ,12
g..
167. 3,5
+25,43
278,55
3o3,92
10. .
168. 1,6
+25,88
277.48
3o3,36
TABLEAU II. -
— Cou pi
Observateur : Puiseux.
Juiu 25...
Juill. 17...
Sept.
Oct.
i5.,
6..
9--
11..
i3..
16..
27 ■*
94.21,0
1 1 5 . 1 5 , g
119. 4,1
172.54,0
193.26,5
196.24,0
198.22,7
200.21,5
203.19,9
214 . i5,5
— 5,o6
- 2,64
+28,00
+34,54
3,14
+3
+35, 4g
+35,79
+3i,i6
+36,70
321 ,61
.'.(((,, xi
3o6, 27
275,56
269,75
260, i3
268,98
268,78
267,43
267,39
Couples de o1' (48_„ — i4i8„) (1779,,— 5346_J.
Observateur : Lœwï.
3(i ;.(,.(
3o4,,4
3o3,64
'.((.; ,3(,
3o4,2g
3o4,27
3o4,47
304,57
3o3,5g
3o4,og
3o3,87
3o4,o3
3o3,55
3o3,62
3o3,5g
3o3,46
3o3,7g
3o3,84
3o3,7g
3o3,73
Sept.
■ 5..
. i73. 5,o
+35,20
21 ,57
56 ,'77
Oct.
6..
• i93-36,7
+30,17
27*54
57", 71
57, "24
23..
180.52,4
+33.79
22,52
56, 3 1
8..
195.34,9
+29,47
28,78
57,25
56, 78
25. .
. 182. 4g, 6
+33,34
24,04
57,40
9--
196.34,3
+29,10
2S,I0
57,2o
57,30
29..
. 186.44,2
+ 32,32
24,87
57,19
10. .
ig7.35,g
+28,72
28,43
57. '7
57, .8
Oct.
2 .
• 189.40,8
+3i,46
25,6o
57,06
11 . .
igS.32,6
+28,35
29,32
57,67
57,37
3..
• 'yj-3g,i
+3i ,i5
25,85
67,00
12. .
199.34,3
+27,95
' ,9
56, 87
56,94
4-.
1 g 1 . 38 , 3
+3o,83
26,72
."17 . 55
i3..
200.3l,I
+27,56
2g,86
57,42
57,49
5..
• 192.37,5
+3i ,5i
26,73
57,24
21 . .
208.28,9
+24,07
3i .,,.,
55,97
56, 61
Nov.
28.
. 246.34,3
+ 2,35
54,74
57,«9
Dec.
22,
270.53,0
— 12,67
69,88
57,21
57,i5
Dec.
9--
. 257.4 1,6
— 4,63
1.1 ,86
57,23
Janv.
1 . .
281. 3,0
—18,45
75,25
56, 80
57,02
11..
. 259.43,1
— 5,90
63, 06
J7.>6
■ 2. .
282. 4,3
— 19,00
75 , 77
56,77
56,97
12. .
260.44,1
— 6,53
63,34
56, gi
5. .
285. 8,4
— 10, l'y
78,04
57,42
57-'7
i3. .
. 261.44,6
-7. '5
63,72
56, 57
!■■
287.10,1
— 2 1 , 65
79- 59
57,94
57,26
1.4..
262.45,5
— 7.77
ijj .((()
57,32
9--
289.12,9
— 22,67
78,94
56,27
56, 80
i5..
. 263,46,8
— 8,4i
65,02
56, 61
1 1 . .
291. i5, 5
—23,6./,
80, 83
56,94
56, 90
(') Juillet G et 14, séries incomplètes réunies; octobre 5, réunion des observations défectueuses des 4 et 10 octobre.
( io96 )
TABLEAU II (suite)
A+A'
Dale«.
O-
<M.
(/.
A = ,/ + ,(A.
Date,
O-
</A\
d .
A'=J'+dA'.
2
Observateur : Pi
ISEU
X.
Août
22. .
i4g.5o,6
+35,49
19.96
55,45
Oct.
0 .
• 189-42,9
+3 1,45
24.93
56,38
55,92
27..
|54. 3g, 3
+35,92
20 , 29
56,2i
3.
190.42,0
+3i,i4
24,80
55, g4
56, 08
24..
i56.35,i
+36 , 02
21 , 10
57, 12
4-
191.40,6
+3o,82
26,06
56,88
57,00
3o..
. 157.32,7
+36, o5
21 ,25
! 57, o3
5.
. ig2.3g,8
+30,49
25,19
55,63
56,36
Sept.
2. .
160.27.3
+36,og
20,67
8.
. 195.37,2
+29,46
26,73
56,19
56, i3
6..
164.19,3
+36,oo
20,07
56,07
9-
. 196.36,4
+29,09
28,07
07. 16
56,97
8..
166. i5, 9
+35,90
20,87
56.77
10.
. 197.33,6
- >8l74
9
56.72
56,49
9--
. 167.13,9
+35,83
20,42
56,25
1 1 .
• 198-34.9
+28,34
28,70
-,;,.',
56,94
10. .
. 168. n,6
+35,75
21,08
56,83
12.
. "199.32,2
+■-'7-97
3o,o8
58, o5
5" ,20
12. .
170. 8,5
+35,56
20 ,7*
56,34
i3.
20o.33,i
*7>55
29 , 01
56 , 56
j'i.Ji)
i3..
171 . 7,0
+35,46
21 ,i5
."1 1 ' . 1 . 1
Nov.
28..
. 246.33,4
+ 2,37
54,28
56,65
Dec.
i5.
. 263,48,8
— 8,43
65,25
56,82
56,74
Dec.
2. .
25o.36,9
— 0,19
56,29
56,io
19.
267.51,5
— io,8S
1.7,1".
56,27
56,i9
8..
256.4i,6
— 4)°'
61,24
56,23
20.
. 268.52,4
—ii,48
68,23
56.75
56,4g
9--
. 257.43,6
- 4,65
60,96
56, 3i
24-
. 272.57,0
— i3,8g
71,21
57,32
56,8a
11 . .
. 209.44.7
— 5,92
62,48
56,56
Janv.
I .
. 281. 4,8
—i8,46
75,18
56,72
56,64
12. .
260.45,4
- 6,54
62,69
56 , 1 5
iSgi
2.
. 282. 5,9
— ig,oi
75>9J
56,90
56,53
i3..
. 201.46,2
- 7. *7
63.45
56,28
8.
. 288.12,4
—22 . 17
78,4'
56,24
56, 26
14.
. 262.47,0
— 7.79
t. ',.32
56,63
I j.
16.
. 295.20,0
296. 20,9
—25,53
, 08
81,96
82,25
56,35
56,4g
TABLEAU III.
Ob
servateur>.
Combinaison sans
distinction d'observ
ateur.
Solution I. Solution II.
dis.. zp. dK. zp
Couples de io,h.
Couples de o1'. .
Lcewy. Puiseux.
rfK. zp. dli. £/>.
Équations basées sur chaque mesure effectuée.
+o,oi5 ±o,o43 — 0,010 +0,069 +0,011 ±o,o36 +o,oo5 ±o,o4i
— 0,028 +o,o43 +0,006 ±o,o53 — o,oi5 +o,o33 — 0,010 ±o,o36
Équations basées sur la moyenne des observations réunies deux à deux.
Couples de 1911 . . +o,oo5 ±o,o4i
Couples de oh
-0,049
:o,o43
+0,094
— o,oi5
:o,o39
:o,oo7
+0,062 ±0,028 +o,o3g ±0,028
— o,o36 ±o,o34 — o,o3i ±o,o36
» Si l'on examine d'abord les solutions déduites des mesures indivi-
duelles, on voit que les discordances qui résultent soit de la comparaison
des observateurs, soit de la comparaison des couples, sont très inférieures
aux limites conciliables avec la grandeur des erreurs probables.
» La môme conclusion s'applique aux solutions fondées sur les obser-
vations groupées deux à deux. On remarquera toutefois que ce procédé
( io97 )
de calcul semble avoir pour effet d'accentuer la discordance entre les
deux couples, tout en diminuant les erreurs probables. Ce groupement des
observations est donc jusqu'à un certain point justifié, et la comparaison
des deux solutions fournit une indication précieuse sur l'incertitude réelle
que comportent les résultats et l'évaluation des erreurs probables.
» En somme, aucun de ces résultats n'autorise à conclure à l'existence
d'erreurs systématiques tenant soit aux observateurs soit aux couples.
Nous adopterons comme résultat définitif pour chaque groupe de quatre
étoiles la moyenne arithmétique des corrections trouvées ainsi que des
erreurs probables. On trouve ainsi :
Couples de 191' -t- o",027 ± o", o33
Couples de o'1 — o", 023 ± o", o35
d'où, pour la valeur finale de la constante de l'aberration
20", 447 ± 0",024.
» On remarquera que ces observations sont faites dans des conditions
très variées, celles du premier groupe étant comprises dans la période
d'été pendantque celles du second groupe s'étendent sur les mois d'hiver.
Les valeurs conclues pour la constante de l'aberration ne paraissent dé-
pendre en aucune manière de l'observateur.
» La marche des nombres ne révèle pas d'erreur systématique tenant à
réchauffement irrégulier des miroirs. Toutefois cette cause, qui détériore
si évidemment les images, a dû, dans certains cas, altérer aussi les dis-
lances. En excluant les séries faites dans des conditions nettement défa-
vorables et faisant usage d'un équatorial droit, on serait conduit à des ré-
sultats d'une précision bien supérieure. L'équilibre plus ou moins parfait
de température entre les diverses parties de l'instrument ne serait plus
alors la source d'aucune difficulté.
» Les autres séries, cpie nous ne reproduisons pas, accusent le même
degré d'exactitude. On peut ajouter qu'en raison du nombre des étoiles
employées, de leur distribution dans une région étendue de la sphère cé-
leste, on est indépendant, à un plus haut degré que dans les recherches
antérieures, de divers éléments dont on ne peut évaluer l'influence exacte
dans l'état actuel de nos connaissances. De ce nombre sont les mouve-
ments propres des étoiles, la translation du système solaire, le mouvement
d'ensemble du système galactique. Ces raisons, jointes à celles qui ont été
données plus haut, nous permettent de considérer la nouvelle méthode
C. K., 1S91, 1" Semestre. (T. CM], N 20.) '4^
( io98 )
comme ])lus rapide et plus efficace cpie toutes celles qui ont été données
antérieurement pour le même objet. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur le passage de Mercure.
Note de M. J. Jaxsse.v.
« Le passage de la planète Mercure sur le Soleil, qui a eu lieu le 10 ma i
dernier, se présentait, malheureusement pour nos régions, dans de très
mauvaises conditions.
» Malgré ces circonstances défavorables, nous nous étions préparés, à
Meudon, à faire certaines constatations touchant les phénomènes de la sor-
tie et de la visibilité du disque de la planète en dehors du Soleil.
» Mais l'état du ciel à Paris, au moment du phénomène, a absolument
empêché toute observation.
» L'Académie se rappelle sans doute qu'en 1874. àla station du Japon,
j'avais constaté la visibilité du disque de Vénus, sur le fond du ciel, alors
que la planète était encore à 1' ou 3' du bord solaire. Ce phénomène indi-
quait la présence d'un fond lumineux situé derrière la planète et sur lequel
celle-ci se détachait en sombre. C'était évidemment l'atmosphère coronale
dont l'illumination produisait le phénomène, et ia présence de cette atmo-
sphère se trouvait ainsi confirmée par un phénomène tout différent de ceux
des éclipses totales et à l'abri des objections que ceux-ci ont soulevées.
» Il sera intéressant de reprendre cette observation au prochain passage
de Mercure.
» Mais il est encore une observation d'un haut intérêt et que je désire
signaler ici.
» On se rappelle que M. Huggins, notre é mi rient Correspondant, a pro-
posé une méthode pour obtenir la photographie de la couronne en dehors
des éclipses. Celte méthode a soulevé certaines objections; cependant il
serait bien important qu'elle répondît à notre attente.
» Or le passage de Mercure fournirait un moyen de contrôle intéres-
sant. Si la planète se voyait sur l'image photographique tout à fait en
dehors du Soleil et à une distance où les lunettes ne peuvent plus en
déceler la présence, on aurait un témoignage de l'origine réellement
solaire des phénomènes photographiés.
» Mais c'est ici, pour les phénomènes de cet ordre, qu'il y a lieu d'in-
sister sur l'importance des hautes stations et de la facilité considérable
qu'une atmosphère pure et dégagée de vapeurs apportera pour le succès
de ces études.
( 1099 )
» Il y aurait lieu d'étudier aussi si, au moyen d'ascensions eu ballon, à
grande hauteur, on ne pourrait pas, au moyen de dispositions instrumen-
tales convenablement combinées, obtenir, surtout par ta photographie,
des constatations du genre de celles dont je parle, quand les conditions at-
mosphériques s'annoncent défavorables. »
MÉCANIQUE PHYSIQUE. — Sur i 'explication physique de la fluidité;
par M. J. Boussinesq.
» La publication par M. Marcel Brillouin, vers la fin d'un article sur la
plasticité et la fragilité des corps solides inséré dans le dernier Compte rendu
(p. io56), de certaines idées concernant l'explication de la fluidité,
m'engage à publier également ici quelques notes assez analogues, sur le
même sujet, du Cours de Mécanique physique que je professe depuis 188G
à la Faculté des Sciences, Cours dont la première Partie seule, où se
trouve indiquée l'explication corrélative de l'élasticité des solides (p. 83),
a paru chez MM. Gauthier-Villars, en juillet 1889, sous le titre : Leçons
synthétiques de Mécanique générale, servant d'introduction au Cours de Méca-
nique physique de la Faculté des Sciences de Paris. Quoique le but de cette
première Partie ne me permit pas d'y entrer dans les détails, on peut
y voir cependant, déjà développée (pp. 72 à 77, 83 à 8/j, 10 5 à 107, etc.),
une pensée qu'a eue de son côté M. Marcel Brillouin et qu'il exprime
ainsi à la page citée (io5G) des Comptes rendus : « Il ne faut plus regarder
» les molécules comme immobiles dans l'état d'équilibre, ni comme obéis-
» sanl exclusivement aux déplacements d'ensemble que définissent les
» équations de l'élasticité, mais comme animées de mouvements indépen-
» dants, d'amplitude petite dans les vrais corps solides, suffisante néan-
-1 moins pour que les actions mutuelles moyennes soient un peu rpo-
» difiées. « Or mes notes encore manuscrites, relatives à la fluidité,
contiennent de même le développement de la phrase suivante de M. Bril-
louin : « Dans les liquides, ces mouvements de progression, que montre
» d'ailleurs suffisamment la diffusion, seront assez rapides et assez étendus
» pour rétablir instantanément l'isotropie troublée... » Voici ces notes,
qui ont fait déjà plusieurs fois l'objet de mon enseignement à la Sorbonne,
notamment durant le premier trimestre de 1887 et à la fin de 1889 :
» Les lluides sont, par définition (pour le géomètre), des corps isotropes ayant
comme propriété caractéristique de recouvrer spontanément leur isotropie après
toutes les déformations possibles, et même de la garder à fort peu près durant ces
( I lOO )
déformations, pourvu qu'elles s'effectuent avec une lenteur suffisante. Il se produit
dans leurs moindres particules, pendant les mouvements moyens locaux, ou obser-
vables que nous y constatons, d'imperceptibles mais incessantes modifications des
groupements moléculaires, tendant à y égaliser les intervalles dans les diverses direc-
tions et, par suite, à y maintenir une constitution pareille en tous sens.
» Cet effet de régularisation a lieu très vite dans les fluides sans viscosité appré-
ciable, ou proprement dits, comme les gaz, l'eau, l'alcool, etc.; et l'on peut alors
presque toujours, à une assez grande approximation, y supposer atteint à tout instant,
même pendant des mouvements rapides, cet état de la matière, que nous avons appelé
élastù/ue, où la configuration interne propre de chaque groupe moléculaire est réglée
uniquement (au moins entre certaines limites de déformation s'il s'agit d'un solide)
d'après les situations relatives occupées par les centres de ce groupe et des groupes
environnants, c'est-à-dire d'après l'état statique moyen local, ou visible, dont les
changements sont définis par les déformations d'ensemble d, g de la particule.
» Au contraire, dans les fluides un peu ou fortement visqueux (l'huile, les liquides
pâteux, etc.), l'évolution interne des groupes se fait avec lenteur et il faut un temps
plus ou moins apjsréciable pour que l'état élastique se reconstitue.
» Mais, quel que soit le degré de viscosité, cet état élastique, une fois produit, est,
dans tous les fluides, éminemment simple, puisqu'il ne varie, à température constante,
qu'avec la place ou l'étendue totale laissée à chaque petit volume matériel pour y ré-
partir uniformément ses molécules, c'est-à-dire, en d'autres termes, qu'avec la den-
sité actuelle p, et puisqu'il n'est astreint par suite à la conservation d'aucun mode
spécial de la contexture, en ce qui concerne la place de chaque molécule prise indivi-
duellement ou suivie dans son identité aux divers endroits qu'il lui arrive d'occuper.
» La régularisation interne, le rétablissement incessant de l'isotropie, sont rendus
possibles par l'amplitude des vibrations calorifiques, assez étendues dans tous les
lluides pour dégager les molécules les unes des autres, et qui permettent à la ma-
tière d'y prendre, dans chaque cas, la disposition la plus stable, laquelle est naturelle-
ment la plus simple, c'est-à-dire la plus égale en tous sens, la plus homogène. Les
mouvements browniens ne sont sans doute que la partie visible de cette agitation,
celle des particules qui, exceptionnellement, progressent dans une même direction
durant un temps perceptible.
» Le tassement d'une masse de sable, contenue dans un vase, au moyen de secousses
multipliées imprimées au vase, phénomène où nous voyons de même les grains de
sable affecter successivement un grand nombre de modes de groupement qui leur sont
offerts et acquérir finalement le plus homogène possible pour le conserver désor-
mais, peut nous faire comprendre comment l'agitation calorifique produit sans cesse
un effet analogue, mais encore plus complet, dans les fluides.
» Les forces élastiques se réduiront donc, en chaque point de ceux-ci, à ce que
nous avons appelé la pression moyenne p [égale à — \ (N^ -+- Nr -+- Ns)], qui est une
pression normale, de même valeur sur tous les éléments plans se croisant en sens
divers; de plus, à une température t donnée, cette force/) dépendra uniquement de p,
en sorte qu'elle sera une certaine fonction, bien déterminée, de deux variables seule-
ment, la densité p et la température x. Cette fonction croîtra généralement avec p et 7,
à cause des énormes répulsions exercées entre les molécules les plus voisines, et qui
( »oi )
grandissent très vite pour peu qu'augmente le rapprochement mutuel de celles-ci,
comme il arrivera sans cesse pour un grand nombre d'entre elles, si seulement les vi-
brations calorifiques s'amplifient, sans même que les situations moyennes changent.
» Considérons, en particulier, à température constante, le cas des liquides soit fixes,
soit peu volatils, pour lesquels il existe un état où, la densité p étant notable, la pres-
sion p comprend une somme d'attractions (exercées aux distances intermoléculaires les
moins petites) égale à celle des répulsions et, par conséquent, s'annule. Alors quand, à
partir de cet état, la densité p croit, la pression due aux actions intermoléculaires
exercées aux distances /• où il y avait déjà de telles actions avant cet accroissement
de p, varie, dans tous ses termes correspondant aux diverses valeurs de r, proportion-
nellement à une même fonction de la densité p (à raison surtout du nombre des ac-
tions élémentaires à travers chaque élément plan, nombre qui grandit comme le carré
de la densité), et elle reste nulle'. Mais il s'y ajoute les fortes répulsions s'exerçant
entre les molé#cules venues à des dislances moindres que les précédentes distances
ininima de l'état où p s'annulait; et de là résulte sans doute l'énergique pression que
l'on observe alors, à laquelle est due la quasi-incompressibilité des liquides.
» Les changements arbitraires de forme d'un fluide, produits avec une lenteur suf-
fisante, qui n'altéreront pas la densité, ne feront donc naître dans le fluide aucune
résistance sensible, capable de s'opposer à leur continuation ou de les maintenir entre
certaines limites. Aussi ces déformations pourront-elles, sans que leur cause devienne
sensible, atteindre des valeurs quelconques; et, en particulier, le fluide se moulera
parfaitement sur tout solide, qui le touchera si légèrement que ce soit. Ce phénomène
de déformation illimitée s'appelle écoulement; et la propriété qu'ont les corps dont il
s'agit de le présenter, c'est-à-dire de couler, sous des efforts tellement faibles qu'ils
échappent à nos mesures, est précisément celle qu'on appelle fluidité, et qui leur a
fait donner le nom de fluide. Elle est, en effet, plus apparente que leur isotropie per-
sistante ou continue, dont, au fond, elle dérive.
» La viscosité consiste essentiellement en ce que la pression p puisse recevoir des
valeurs négatives, ou, le corps, exercer des tractions. Donc, dans les fluides non vis-
queux, comme l'eau, l'air, etc., elle ne descendra jamais au-dessous de zéro d'une ma-
nière appréciable; et une condition nécessaire de non-rupture, ou de conservation de
la continuité apparente de la matière, y sera p~> o. Cette inégalité tiendra lieu, poul-
ies fluides dont il s'agit, de celle qui, dans la théorie de la résistance des solides,
astreint les dilatations linéaires à ne dépasser nulle part une certaine limite positive
d'élasticité.
» Toujours à l'état élastique, l'énergie interne U d'une particule fluide par unité de
masse ne pourra également dépendre, à une température donnée t, que de l'espace
total occupé par sa matière et d'après l'étendue duquel se rangent ses molécules : ce
sera donc, comme p, une certaine fonction des deux seules variables p, t; et l'on aura
ainsi, pour chaque fluide à l'état d'équilibre interne, deux certaines équations carac-
téristiques
(p, U) = des fonctions de p et de -.
» Il est clair que ces lois simples d'état élastique, dont je viens de parler, ne s'ob-
serveront généralement plus dans les fluides en mouvement doués de viscosité. Même
( 1 102 )
dans ceux qui le seront le moins ou ne le seront pas d'une manière appréciable, comme
l'eau et les gaz, les groupes moléculaires n'auront pas le temps, si les déformations
d'ensemble de la particule considérée sont rapides, d'atteindre tout à fait, à chaque
instant, leur disposition interne appropriée à la disposition actuelle des centres de ces
groupes, et qui constituerait leur forme permanente si cette disposition persistait.
Seulement, les écarts qu'il y aura entre la configuration moléculaire effective de la
particule et sa configuration isotrope ou élastique, seront assez faibles pour ne modi-
fier d'ordinaire les pressions que de petites fractions de leurs valeurs, et, vu d'ail-
leurs l'extrême rapidité avec laquelle ils s'évanouiraient si les déformations d'ensemble
de la particule venaient à s'arrêter, ils ne dépendront à fort peu près que du mouve-
ment actuel, caractérisé par les vitesses, non des mouvements antérieurs, définis jus-
qu'à un certain point par les dérivées de divers ordres des vitesses par rapport au
temps, et dont les effets sur l'état statique interne des groupes moléculaires se seront
déjà effacés.
» Donc, étant donnée ïn outre l'isotropie du lluide dans son état élastique, consi-
déré comme état primitif ou état type relativement à son état vrai, les parties non
élastiques des pressions, celles qu'ajoutent à la pression élastique ou primitive, uni-
forme et normale, les écarts de configuration interne dus au mouvement, se trouveront
à fort peu près pareilles dans deux particules fluides de même nature, prises tant à
une même densité qu'à une même température, et subissant actuellement durant un
temps très court le même ensemble de déformations rapportées à l'unité du temps,
quelle qu'en soit l'orientation. Les composantes tangentielles de ces parties non élas-
tiques des pressions sont, à proprement parler, les forces auxquelles ou a donné le
nom de frottement intérieur du fluide. Il nous sera facile, un peu plus loin, du moins
dans le cas de déformations bien continues, de les évaluer, ainsi que les parties analo-
gues des composantes normales des pressions.
» Il est clair que, de même, l'énergie interne U, également fonction de la tempéra-
ture et de l'état statique vrai des groupes moléculaires, deviendra, elle aussi, fonction
des vitesses de déformation de la particule, auxquelles se trouvent liés les écarts de
l'état interne réel d'avec l'état élastique. »
THERMOCHIMIE. — Sur la chaleur de combustion et de formation
des corps chlorés; par MM. Bertiielot et Matigno.v.
La chaleur de combustion de tous les corps hydrocarbonés, fixes, vola-
tils ou gazeux, peut être déterminée avec une très grande précision dans
la bombe calorimétrique, et cette méthode comprend à la fois et sans com-
plication aucune les composés où le carbone est associé à l'hydrogène, à
l'oxygène et à l'azote, les combustions étant totales et la mesure presque
instantanée. L'un de nous a montré comment cette méthode est également
applicable aux composés sulfurés et comment on peut réaliser un état fi-
nal complètement défini, reposant uniquement sur la formation de corps
( no3 )
complètement oxydés, tels que l'eau, l'acide carbonique et l'acide sulfu-
rique étendu. Nous nous proposons de montrer aujourd'hui comment on
peut atteindre un état final absolument défini par la même méthode, au
moyen des composés organiques chlorés. La combustion de ces corps
offrait jusqu'ici, au point de vue calorimétrique, de grandes difficultés.
» En effet, cette combustion, dans les conditions ordinaires, ne fournit
pas le chlore sous une forme unique et définie ('). Entre le chlore et
l'oxygène, mis en présence de combinaisons hydrogénées, il se produit
constamment, pendant la combustion, un certain équilibre, qui engendre
à la fois de l'acide chlorhvdrique, de l'eau, du chlore libre et de l'oxygène
libre : il est donc nécessaire de mesurer, par une détermination complé-
mentaire, la dose de chlore libre parmi les produits de la combustion et
de déduire par le calcul les phénomènes thermiques correspondants.
Cette mesure est d'autant plus délicate, que le chlore, demeuré libre après
la combustion, se trouve dans des conditions nouvelles, où il continue à
réagir lentement et d'une manière continue sur l'eau : de telle façon que
la mesure accomplie au bout d'un certain temps ne représente plus les
résultats obtenus au moment même de la combustion. Ce n'est pas tout :
l'acide chlorhvdrique ne conserve que partiellement l'état gazeux; comme
il prend naissance en présence d'une certaine dose d'eau, il constitue des
hydrates liquides; dès lors sa chaleur de formation varie avec la dose de
cette eau. L'incertitude résultante peut être évaluée, lorsqu'on opère dans
un vase clos, où les produits gazeux demeurent en présence de leau.
Mais on est exposé à des erreurs considérables, si les gaz de la combus-
tion sont entraînés et dosés en dehors du calorimètre, l'état d'hydrata-
tion de l'acide chlorhvdrique qui demeure en suspension dans les gaz étant
alors en réalité inconnu. Les expériences de M. Thomsen sur les composés
chlorés sont rendues plus incertaines encore par 1 addition d'un excès
d'hydrogène, nécessaire dans le cas des chlorures de carbone, ainsi que
par l'emploi du brûleur universel, destiné à vaporiser les corps; lequel in-
troduit toujours une quantité de chaleur étrangère et inconnue et dès lors
entache, comme on l'a reconnu généralement, d'une erreur plus ou
moins considérable tous les résultats obtenus par son intermédiaire.
» Nous avons réussi à nous mettre à l'abri de ces causes d'erreur mul-
tiples et à réaliser un état final absolument défini, la totalité du chlore se
(') La même observation s'applique aux corps bromes. Au contraire, les corps iodés
laissent par leur combustion tout l'iode à l'état libre.
( >io4 )
trouvant à l'état d'acide chlorhydrique étendu, en opérant dans la bombe
calorimétrique avec certaines précautions. Pour cela, il suffit d'y placer, à
l'avance, une dose convenable d'eau renfermant en dissolution de l'acide
arsénieux; ce corps transforme, en effet, la totalité du chlore en acide
chlorhydrique, ainsi qu'on peut le vérifier par l'examen des produits de la
combustion, évacués au bout de quelques minutes, 8 à 10 au plus. Les
gaz ainsi dégagés de la bombe ne renferment pas la plus légère trace de
chlore libre. Aucune correction de ce chef n'est donc nécessaire. En outre,
l'acide chlorhydrique se trouve entièrement dans l'état final d'acide étendu.
Les résultats sont donc irréprochables. Dans le cas des chlorures de car-
bone et analogues, on ajoute une dose pesée de camphre pour déterminer
la combustion, et l'on en tient compte. Nous avons vérifié que la solution
acide d'acide arsénieux est sans action à froid, dans l'espace de trois
heures et demie, sur l'oxygène comprimé à 20 atmosphères.
» La combustion finie, on dose l'acide arsénieux restant, afin de tenir
compte du chlore qu'il a absorbé dans le cours de l'expérience. On dose
également les traces d'acide azotique produites par l'oxydation de l'azote,
comme à l'ordinaire. A l'aide de ces données, le calcul de la chaleur de
combustion et, par conséquent, celui de la chaleur de formation du com-
posé, s'effectuent sans difficulté.
» Nous avons réalisé cette méthode avec succès : d'abord sur les chlor-
hydrates de térébenlhène, de camphène et de citrène; puis sur la benzine
bichlorée et sur la benzine perchlorée; enfin sur les dérivés chlorés du
formène, y compris le perchlorure de carbone; sur l'éthylène perchloré
et sur son chlorure; enfin sur la benzine perchlorée (chlorure de Julin).
La méthode de combustion dans la bombe calorimétrique se généralise
ainsi et devient universelle. Nous allons résumer ces résultats, dont la ré-
gularité confirme l'exactitude. Nous ne parlerons pas aujourd'hui des
chlorhydrates de térébenthène, de camphène et de citrène, sur lesquels
nous nous proposons de revenir à d'autres points de vue ; mais nous allons
relater nos observations sur les benzines chlorées, sur les dérivés chlorés
du formène et sur les chlorures de carbone.
» I. Benzine dichlorée, ortho : CH6Cl2 = i47gr; cristallisée. — Cha-
leur de combustion : en présence de l'eau et avec le concours du camphre
C6II*Cl2sol.+ i3 0=iiC02SazH-H20+2lICI('l. : + 676^', 4à v.c; + 676e»1, 7 à p. c.
» Chaleur de formation : On en déduit :
C6 (diamant) + H4 -+- Cl! gaz = C6 H*C1S crist -h 36c»1, 7
( moi)
» Action du chlore sur la benzine :
C6H6gaz + 2Gl2:"C6HlCI2 solide + 2 HC1 gaz i-gi0"1, i
chiffre qui se réduirait aux environs de + 8oCal pour tous les corps gazeux :
soit +4oCal,o environ pour chaque suhstitution chlorée à l'état gazeux,
en réalité ■+- 45Cal à l'état actuel. Ces nombres étant à peu près doubles de
la chaleur de formation du gaz chlorhydrique (HCl, -+- 22e-'1), il en résulte
que la première action du chlore sur la benzine dégage, à poids égal de cet
clément, la même quantité de chaleur qu'avec l'hydrogène. Mais c'est là
un maximum, la chaleur décroissant à mesure que la substitution devient
plus avancée, ainsi qu'il va être dit.
» II. Benzine perchlorée (chlorure de Julin), C6Cl" = 28,">Er. - Chaleur
de combustion : d'après la réaction suivante
C6Cl6soI.+9O-+-3H201iq.=6CO2gaz-l-6JIClét. : +532c-ll,/| à v. c; -t- 53i,:,l,6àp.c.
» Chaleur de formation :
Ci(dissous) + Cl6 = Cs Cl6 solide -+- 63Cal
» Action du chlore sur la benzine :
C6H6gaz-h2Cl6=CcCL6sol. + blICIga7. -\-iohc«\i
soit + 34Cal, 2 pour chaque substitution chlorée, le produit étant solide;
environ H- 32Cal, s'il était gazeux.
» III. Ethane perchloré (sesquichlorure de carbone), C2C1" = 237gr.
— Chaleur de combustion :
C2Cl6sol.+3H201iq.-+-0=2CO!gaz4-6HClétendu:-(-i32C!"l,oàv.c.;+i3Ifi»i,aàp. c.
« Chaleur de formation :
C2(diamant) -h Clf' = C!Cl6 solide -hSl0'1^.
» Action du chlore sur l'c/hane (') :
C2H6+6Clî = C2Clcsol. + 6HClgaz -4- 19 3e"1,
soit =32Cal,2 pour chaque substitution chlorée, le produit étant solide;
pour le produit gazeux, environ -+- 3oCal.
» D'après les mesures antérieures de l'un de nous (en commun avec
M. Ogier) relatives à l'éther chlorhydrique, mesures exécutées par un
(') En admettant la chaleur de combustion -+- 370Cal, 4, qui parait se rapporter au
gaz le plus pur : d'où résulte C2( diamant) -+- H6 = C2!!15 : -+- 25e'1, 2.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, N- 20.) T44
( iïo6 )
procédé moins parfait, on aurait
C2H6 + Cl2 = C2H5CI gaz + MCI gaz -,- 36Cal,5 ;
valeur voisine, et un peu supérieure, la substitution étant à son début. Le
chlorure d'éthylidène a fourni des chiffres plus faibles ( + 54Cal pour deux
substitutions); mais c'est un corps dont la pureté est difficile à garantir.
» IV. Éthylène perchloré, C2CP — 166s1'. — Chaleur de combustion :
0*0+ 2 H2 O 4- 2 0=:2G02-H^HC1 étendu.. -!- i8aCal3 à v. c; 4- i8iCal,8 à p. c.
» Chaleur de formation :
C2 (diamant) 4- Cl4= C2C14 liquide 4- 26e»1, o.
» Action du chlore sur l' éthylène :
C2H44- 4C12= CCI* liq. 4- 4HG1 gaz -h 128^,8,
soit _)-32Ca',2 par chaque substitution, le produit étant liquide; pour le
produit gazeux, environ + 3oCal.
>> Ce sont à peu près les mêmes valeurs que pour l'éthane perchloré;
ce qui constitue une vérification.
» La chaleur dégagée par la fixation du chlore sur l'éthylène chloré :
G2 CI* liquide 4- Cl2 — C2 CI6 solide 4- 60e»1, o
» Ce nombre est sensiblement double de la chaleur dégagée par la sub-
stitution avec élimination d'acide chlorhydrique; c'est-à-dire que la chaleur
dégagée peut être regardée comme partagée en deux fractions voisines,
l'une due à la substitution proprement dite, l'autre à la fixation de l'acide
chlorhydrique sur le produit substitué.
» V. Formène perchloré, C Cl* = io/j61'- -- Chaleur de combustion :
CCI4 liq. 4-aH20 liq. = C02 gaz 4- 4HC1 étendu. 4-5gCal,3 à v. c; 4-58c»',8 à p. c.
» Chaleur de formation :
G ( diamant) 4- 2 Cl2 — CCI* liquide 54Cill,2; gaz 4-47Ca>
» Action du chlore sur le formène :
CH44-4C12=CC14 gaz4-4UCl 4-n6tol,5; 4- 123e»1, 7 liq.
c'est-à-dire 4-32Cal pour chaque substitution dans l'état liquide; 4-2f)c'll,i
dans l'état gazeux.
» Ces valeurs concordent bien avec les chiffres relatifs à l'éthane per-
chloré, à l'éthylène perchloré, et elles sont également voisines de ceux de
( iio7 )
la benzine perchlorée. On peut, je crois, en adopter la moyenne, comme
valeur générale approchée des substitutions chlorées dans les carbures
d'hydrogène, poussées jusqu'à leur dernier terme.
» VI. Formène trichloré (chloroforme), C H Cl3 = 119,5. — Chaleur de
combustion :
CHCl3Iiq.-hir-01iq.-(-0=zC02gaz + 3HClét.: -hiôoM,'i5à v. c; +99^,9.5 à p. c.
» Chaleur de formation :
G (diamant) -+- H 4- Cl3r= GHC13 liq 4-43c»',2; gaz +35Cal,9
<> Action du chlorure sur le formène :
CH1 gaz + 6Cl — CHCI3gaz + 3HClgaz +83&'\,i; +9oCa,,4 Hq.
c'est-à-dire -t-3oCal, 9 pour chaque substitution dans l'état liquide; -\--ijc'd\-
dans l'état gazeux.
« Ces nombres concordent avec les précédents.
» Les anciennes expériences de MM. Berthelot et Ogier sur le for-
mène monochloré, CH3C1, donnent pour la réaction :
CHtH-CI! = CH»Clgaz-i-HGI -+-32c»i,3
et pour le formène bichloré :
CH*+2Cls=C2H8Cl!gaz + 2 HCI + 58e»1, 3 ou +29^ix 2;
nombres qui ne s'écartent pas sensiblement des valeurs précédentes.
» En résumé, les substitutions chlorées opérées dans l'état gazeux déga-
gent des valeurs voisines de 3oCal à 32CaI, pour chaque équivalent d'hydro-
gène substitué dans la série grasse, avec formation de gaz chlorhydrique ; Cl"
substitué à 11" dégage ainsi 3onCal. D'après les données ci-dessus, l'addi-
tion de Cl" à un carbure dégagerait à peu près la même quantité de cha-
leur.
» Dans la série de la benzine, la valeur thermique est voisine, quoique,
scmble-t-il d'après les cas cités plus haut, un peu plus forte. On ne saurait
d'ailleurs attendre un accord absolu pour des substitutions qui changent les
fonctions réelles des corps aussi profondément que la substitution chlorée.
La concordance des chiffres précédents n'en est que plus digue d'intérêt. 0
( rio8 )
MÉTÉOROLOGIE OPTIQUE. — Sur un double halo avec parhélies observé
le i5 mai 1891. Note de M. A. Corxu.
<c Vendredi dernier i5 mai, entre 8h3om et gh du matin, j'ai observé un
halo offrant le caractère particulier que j'ai déjà eu l'occasion de signaler
plusieurs fois à l'attention des météorologistes en vue de la prévision
du temps (').
» Le phénomène se composait de trois parties : i° le halo circulaire
de 220; 20 le halo elliptique circonscrit au précédent; 3° deux parhélies
situés en dehors du halo de 220 : ils offraient le maximum d'intensité sur
la circonférence du halo elliptique (2)et se prolongeaient à l'oppositedn
Soleil par deux arcs estompés et recourbés vers le haut.
» Au point de tangence supérieure des deux halos, le phénomène pré-
sentait une intensité tout à fait extraordinaire : c'est là le caractère parti-
culier dont j'ai indiqué l'importance probable; sur le reste du contour,
l'éclat allait en s'affaiblissant, sauf au point de tangence inférieure où il y
avait un redoublement de lumière.
» Les colorations spectrales très vives se présentaient dans l'ordre ac-
coutumé, le rouge en dedans, le bleu en dehors.
» Les spectres parhéliques présentaient aussi de vives couleurs.
» L'aspect du phénomène m'a rappelé exactement ceux que j'avais ob-
servés antérieurement et qui avaient précédé de grandes perturbations at-
mosphériques (3). Les bourrasques survenues depuis montrent que les
prévisions fondées sur l'apparition du halo elliptique circonscrit méritent
d'être prises en considération. »
(') Comptes rendus, t. G, p. i3a4; i885; t. GH, p. 1210; 1 886 ; t. CV, p. 910;
1887; t. CX, p. 497Î l89°-
(2) Au début de l'observation, les parhélies paraissaient intérieurs au halo ellip-
tique : à la fin, ils étaient très exactement sur la circonférence de ce halo. Ce dépla-
cement, qui m'avait d'abord semblé singulier, est tout à fait conforme à la théorie
[voir Bravais, Mémoire sur les halos (Journal de l'École Polytechnique, XXXIe Ca-
hier, p. 73)]. En effet, à la fin de l'observation, la hauteur du Soleil atteignait l'angle
de 43° 1 5' pour lequel le parhélie est sur la circonférence même du halo : au-dessous
de cette hauteur, le parhélie est en dedans; au-dessus, en dehors.
( ! ) Loc. cit., t. CX, p. 497.
( iio9 )
MÉTÉOROLOGIE. — Sur un Mémoire de M. W. von Bezold relatif
à la théorie des cyclones. Note de M. Faye.
« M. le Directeur du Bureau central météorologique de Prusse a fait,
le 4 décembre dernier, devant l'Académie de Berlin, la déclaration
suivante ( ' ) :
» Quand on suit attentivement la littérature météorologique de ces dernières an-
nées, on est forcé de reconnaître qu'il se prépare peu à peu une importante révolution
dans la conception des grands mouvements de l'atmosphère.
» Il peut se produire deux sortes de tourbillons. Les uns prennent
naissance à ras de terre, par suite de réchauffement anormal du sol, et de
là s'élèvent en tournoyant jusqu'à une certaine hauteur, lorsque la consti-
tution locale de l'atmosphère s'y prête. Les seconds sont engendrés dans
les courants élevés qui se produisent en certains cas entre l'équateur et
l'une ou l'autre région polaire. Dans ces fleuves aériens de déversement
chargés de cirrus, des tourbillons descendants naissent absolument comme
ceux des cours d'eau, et leur énorme trajectoire est dessinée par les
ravages qu'ils exercent en bas sur les accidents du sol dont ils sont com-
plètement indépendants.
» Les météorologistes, ignorant l'existence des seconds, persuadés qu'il
n'y a dans la nature qu'un seid procédé pour mettre en jeu l'énergie em-
pruntée à la rotation terrestre, crurent que les tempêtes ne pouvaient
être attribuées qu'aux premiers (2). Ce n'est que bien plus tard que l'étude
directe des tempêtes mit en évidence tant de points île désaccord entre
les faits et cette théorie, qu'on en vint à soupçonner celle-ci. Nous allons
jeter un coup d'œil sur la littérature météorologique de ces dernières
années, et constater que la révolution pressentie tient à ce que l'on com-
mence à entrevoir que la vérité est tout entière du côté de la seconde
théorie.
» Le phénomène capital, c'est assurément que les tempêtes, au lieu de
(') Zur Théorie der Cyclone, von Wilhelm von Bezold, p. 1.
(-) Ce qui explique jusqu'à un certain point cette erreur, c'est que les deux ordres
de phénomènes donnent également lieu à une dépression barométrique, quoique par
des raisons différentes.
( '"° )
naître et de se dissiper sur place comme on l'a cru si longtemps, voyagent
à grande vitesse sur des trajectoires géométriquement définies. Voici ce
qu'on en dit aujourd'hui dans un livre qui, depuis son apparition en 1 885,
fait autorité ( ' ) :
» En quoi consiste le mouvement de translation d'un tourbillon? L'observation nous
apprend que des tourbillons immobiles, tels qu'on les a toujours supposés jusqu'ici,
ne sauraient être que des exceptions.
» Puis, l'auteur emploie vingt-six pages à discuter les hypothèses qu'on
a faites sur cette question capitale. Mais comment mettre d'accord des faits
comme ceux-ci : un tourbillon né en mer, à proximité des côtes d'Afrique,
voyage vers l'ouest en déclinant peu à peu vers le nord, atteint les Iles-
du-Vent, va ravager Cuba, passe sur la Floride, se recourbe au nord, puis
au nord-est, suivant les côtes de l'Amérique en semant son long trajet
d'effroyables naufrages, et finalement recouvre une grande partie de
l'Atlantique, etc., ou encore comme ceux-là : une tempête est née à l'est
sur l'hémisphère austral, passe sur les îles Mascareignes, atteint Mada-
gascar, et se perd finalement dans l'océan Indien en parcourant une courbe
symétrique, par rapport à l'équateur, de celles que suivent invariablement
les tempêtes de l'autre hémisphère, sans égard aux obstacles d'aucune es-
pèce; comment faire cadrer, dis-je, des faits pareils avec une théorie qui
fait naître les tempêtes de réchauffement local des couches d'air et d'un
trouble particulier aux couches atmosphériques qui surmontent cette ré-
gion? Aussi arrive-t-on, après de longues discussions, à conclure que (2) :
» Pour rendre compte du mouvement de translation des tourbillons atmosphériques,
aucun des principes mis en avant jusqu'ici ne saurait suffire.
» Si l'air était ascendant dans une tempête, jamais on n'y constaterait
cet imposant phénomène où, après la furie des vents, on pénètre tout à coup
dans une région centrale de calme absolu. Cette région est limitée étroite-
ment par les vents qui soufflent tout autour, en sorte que le navigateur qui
la traverse peut croire la tempête finie lorsqu'elle va au contraire, après
cette heure de calme et d'éclaircie, recommencer avec la même vio-
lence et avec des vents soufflant dans une direction diamétralement op-
posée. Bien plus, l'air, au lieu d'y monter, y descend au contraire, et prouve
par l'élévation subite de la température, par sa sécheresse non moins su-
( ') Sprung, p. 244-
(2) le/., p. 270.
( II II )
bite, et par l'aspect du ciel dégarni de nuages, qu'il n'a pas subi l'action des
cirrus cpii partout ailleurs, autour de lui, amènent le froid et la condensation
des vapeurs. Forcé de constater ces phénomènes, l'auteur cité est obligé de
conclure ( ' ) :
a Ces phénomènes si caractéristiques ne peuvent évidemment s'expliquer qu'en ad-
mettant qu'il existe au centre du tourbillon un courant d'air descendant.
» Pour ne pas citer toujours des auteurs allemands, passons maintenant
à des auteurs anglais. Nous enregistrons d'abord une concession. Au lieu
de faire débuter les ouragans et les tornados en bas, on admet qu'ils com-
mencent en haut (2).
» M. Faye part de ces deux idées : i° le mouvement commence en liant ; •>." il se
propage vers le bas et est accompagné d'une giration autour d'un axe vertical.
» La théorie combattue par AI. Faye en est exactement le contrepied : i" l'action
débute au ras du sol; 20 elle se propage vers le haut; 3" elle emprunte sa giration à
celle de la Terre.
» Nous ne croyons pas que les chefs d'école de la Météorologie moderne persistent
à soutenir cette dernière théorie. La surface de la Terre est ce qu'il y a de moins
propre à donner naissance à un tornado, à un cyclone ou à uue trombe. Four main-
tenir un courant ascendant, il faut que l'air soit à peu près saturé d'humidité ; or cela
n'arrivera généralement que dans la plus basse couche de nuages ou tout près de celte
couche. Le gradient vertical de température et les perturbations qui déterminent
l'action se trouveront réunis précisément à ce niveau, en sorte que toutes les condi-
tions nécessaires pour faire naître un tornado commenceront à se produire à une cer-
taine hauteur au-dessus de la surface de la Terre. Sur cette question, par conséquent,
nous pouvons inviter M. Faye à reconnaître son accord avec nous.
» Malheureusement la théorie qu'on y adapte est difficilement intelli-
gible.
» Dans ces derniers temps, les travaux de M. Hann, directeur du ser-
vice météorologique à Vienne, paraissent devoir porter un coup fatal à
cette même théorie (3). Pour que l'air continue à monter jusqu'au sommet
d'un cyclone, en opérant en bas un appel énergique sur les couches d'air,
(') Sprint., p. 241.
(2) Nature, i!\ juin 188S, Article intitulé : M. Faye's Theory of storms.
(3) M. W. Ferrel, l'éminent météorologiste américain, a discuté les assertions du
O1 Hann dans le journal anglais Nature, du 19 mars 1891. Je me propose de donner
moi-même, à ce sujet, quelques explications sur les circonstances auxquelles sont dus
les courants générateurs des cyclones, lesquels exigent pour leur production une no-
table accumulation de cirrus.
( TI1^ )
il faut que la température soit partout plus élevée que celle des régions
qu'il traverse. M. Hann a cherché à vérifier cette condition par des obser-
vations faites à de grandes hauteurs. Voici la conclusion (') :
» Nous sommes redevables aux. observatoires de montagnes, érigés dans ces derniers
temps, d'être désormais affranchis du préjugé d'après lequel la température dans les
cyclones et les anticvclones devait être la condition première de ces phénomènes.
» L'argument le plus solide, celui qu'on m'opposait toujours pour
prouver que l'air était ascendant dans les cyclones, à savoir le fait que les
isobares étaient partout et toujours coupés sous un angle notable par les
flèches des vents, de manière à accuser une tendance nettement centri-
pète, disparaît à son tour. Certes, les flèches des vents accusent cette ten-
dance centripète lorsqu'il s'agit de ces tourbillons ascendants qui se mon-
trent souvent dans la nature, mais qui n'y jouent qu'un rôle effacé; mais
s'agit-il d'un cyclone, d'une tempête, d'un tornado, les choses se pas-
sent tout autrement, et voici ce que disent les maîtres de la Science ac-
tuelle (2) :
» Dans les cyclones bien développés, les Cartes synoptiques montrent que les flè-
ches du vent sont très fréquemment parallèles aux isobares, c'est-à-dire que les venir,
soufflent précisément dans la direction de la tangente à ces courbes.
» Et comment pourrait-il en être autrement, lorsque ces vents soufflent
autour d'un espace parfaitement calme de plusieurs lieues de diamètre?
» Je me rappelle le temps où l'on croyait avoir tout dit contre ma théo-
rie lorsqu'on invoquait les Cartes synoptiques et qu'on y montrait des cas
nombreux où les flèches du vent obliquaient vers l'intérieur des isobares.
Quelle révolution que la thèse opposée! Si les vents, dans une tempête,
dans un véritable cvclone, soufflent le long des isobares, il n'y a pas de
tendance centripète, pas d'aspiration, pas d'appel d'air vers le haut, pas
de colonne ascendante, et la théorie qui prétendait ramener les tempêtes
à cette forme de giration s'évanouit aussitôt.
» Enfin, les phénomènes des orages, des grêles, des averses, des tor-
nados sont liés à ceux des grands mouvements giratoires, c'est-à-dire aux
tempêtes, par des lois constantes qui ne laissent aucun doute sur leur na-
ture. Tous ces épiphénomènes sont dus à l'affluence des cirrus sur le côté
droit de la trajectoire. Ils se produisent sur ce côté, mais à une distance du
(') Denkschriften der M. N. Classe dcr A. Académie, Band lvii, 1890.
(s) Wm. von Bezold, p. 7.
( i»3 )
centre plus grande que le rayon du cercle où les girations de la tempête
atteignent le sol, et plus petite que le rayon du cercle sur lequel la dimi-
nution dépression se fait sentir ('), et ils suivent, malgré cette énorme
distance, des lignes parallèles à la trajectoire centrale. Or cette association
intime des orages et des tornados avec les tempêtes génératrices est ab-
solument inconciliable avec l'ancienne théorie.
» On voit par ces détails combien les choses ont changé d'aspect depuis
l'époque où l'on s'est mis sérieusement à l'étude de ces grands phénomènes,
et comment la théorie nouvelle s'est adaptée d'elle-même à ces faits, tandis
(pie la théorie ancienne, en dépit de tous les raccommodages, s'est montrée
impuissante à en suivre le développement.
» Ainsi l'éminent météorologiste de Berlin a bien raison de dire qu'une
grande révolution se prépare dans la Science qu'il cultive, et je suis flatté
de la pensée qu'il exprime à la fin de son récent Mémoire (2) :
» Cette révolution aura pour résultat de ramener à une juste mesure les vues sou-
tenues par M. Faye sur les mouvements descendants à l'intérieur des cyclones, et de
les concilier jusqu'à un certain point avec les opinions qui régnaient naguère presque
exclusivement.
» Mais j'avoue que mes espérances vont encore plus loin. »
VITICULTURE. — Remarques sur l'emploi du sulfure de eatbonc au traitement
des vignes pliylloxérèes. Note de MM. A. -F. Mariox et G. Gastixe.
« La Note présentée par M. Cazeneuve dans la séance du 27 avril, au
sujet de l'emploi contre le Phylloxéra des mélanges de sulfure de carbone
et de vaselines, nous met dans la nécessité de rappeler les expériences
déjà anciennes qui ont servi, en 1877, à asseoir sur des bases scientifiques
la méthode insecticide la plus répandue actuellement.
» Lorsque, à l'instigation du regretté Directeur général de la Compagnie
des chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée, M. Paulin Talabot, nous
avons eu à étudier les propriétés insecticides du sulfure de carbone, nous
nous sommes préoccupés d'apporter, en outre des données simplement
culturales qui laissent tant de place aux conjectures, des vérifications d'un
(') C'est la région mnm' n! de la ligure que j'ai donnée dans les Comptes rendus
(■29 juin 1890) sous le titre : Plan et coupe verticale d'une tempête.
(-) M. von Bezold, p. 24.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, N» 20.) l'V»
( »i4 )
ordre plus concret, c'est-à-dire des expériences méthodiques qui, en nous
servant à nous-mêmes pour établir notre jugement, devaient avoir pour
conséquence naturelle d'inspirer au public une plus grande confiance dans
les conclusions de nos travaux.
» C'est en vertu de ce programme que nous avons étudié par des pro-
cédés spéciaux la diffusion du sulfure de carbone au sein du sol, en faisant
varier les conditions de dosage, de nature des terrains, d'époques des trai-
tements. Ces expériences nous ont montré que la volatilité du sulfure de
carbone était l'une des propriétés les plus précieuses de cet agent, car elle
assurait la distribution de ses vapeurs toxiques dans la masse arable. Nous
avons pu, par les connaissances acquises sur la zone de pénétration et la
durée de persistance des vapeurs du sulfure de carbone autour des trous
d'injection, régler les modes de distribution et les dosages les plus conve-
nables à la réussite des opérations culturales.
» Parallèlement à ces essais, nous en avons institué d'autres, afin de
contrôler sur l'insecte lui-même l'action de l'agent toxique. Dans des tubes
en toile métallique, nous avons introduit des fragments de racines phyl-
loxérées de dimensions uniformes, également garnies d'insectes. Au nombre
d'une centaine, ces tubes ont été disposés en terre par série de s5 aux lieux
et places qu'auraient occupés, dans une plantation normale, les ceps de
vigne. Sur les carrés d'essais ainsi constitués dans des sols variés, nous
avons fait des traitements avec des doses diverses de sulfure de carbone
appliquées en une fois ou par portions successives ; nous avons essayé aussi
comparativement le sulfure de carbone employé en mélange avec cer-
taines substances.
» Dans chaque série d'expériences plusieurs tubes étaient réservés
comme témoins afin d'acquérir l'assurance que, dans les circonstances où
nous opérions, les racines fragmentées remplissant les tubes offraient une
alimentation suffisante aux Phylloxéras et assuraient même leur abondante
multiplication. En examinant ensuite le contenu des tubes de manière à
dresser la statistique des racines ne portant plus que des insectes morts
par rapport à celles qui recelaient encore des parasites vivants, nous
avons pu déduire, d'essais multipliés, les coefficients insecticides moyens se
rapportant à chaque mode de traitement. Pour le détail de ces expériences
et leur discussion, nous renverrons au Mémoire qui a été publié par la
Compagnie des Chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée. Il nous suffit ici
de rappeler le dispositif de ces méthodes de recherches comparatives (').
(') A.-F. Marion, Gasti.ne, Catta, Traitement des vignes phylloxérées par le
( in5 )
» Parmi les essais que nous avons réalisés, plusieurs ont eu précisément
pour but d'examiner s'il existait un avantage à mélanger le sulfure de car-
bone avec des corps peu volatils destinés à le retenir plus ou moins éncr-
giquement. Cette pensée d'abaisser la tension de vapeur du sulfure de
carbone pour prolonger la durée de son action avait à cette époque de
nombreux adhérents, notamment l'Association viticole de Libourne, qui
conseillait l'emploi d'un mélange de sulfure de carbone avec le goudron
de gaz, M. Roussellier qui préconisait, dans le même but, l'huile de ré-
sine, etc.
» De telles additions ne nous paraissaient présenter que des inconvénients
en diminuant justement la propriété qui assure au produit sa distribution
mécanique dans le terrain. Une partie notable du sulfure de carbone, ioà
i5 pour ioo, par rapport à la quantité du corps inerte ajouté est retenue,
dans le cas de ces mélanges, et reste sans emploi, ne pouvant fournir une
émission de vapeurs toxiques. On sait avec quelle énergie les huiles con-
densent les vapeurs de sulfure de carbone. Certaines méthodes de dosage
de ce composé (méthodes de Mùntz, de Delachanal) reposent sur cette
propriété. En outre, la tension des vapeurs du sulfure de carbone dans
les mélanges reste assez voisine de celle du sulfure pur, tant que la pro-
portion de ce corps atteint ou dépasse le taux de 5o pour ioo, mais elle
décroît ensuite rapidement à mesure que la proportion du sulfure s'abaisse.
Recourir à un artifice de cette nature ne peut donc, en aucune manière,
régulariser la diffusion ; C'est le contraire qui a lieu, la diffusion étant en
rapport direct avec la tension des vapeurs. Dans un mélange, la diffusion,
d'abord presque aussi active qu'avec le sulfure pur, se réduit ensuite gra-
duellement jusqu'à devenir sensiblement nulle alors qu'il reste cependant
une proportion encore très notable de sulfure de carbone à l'état liquide.
Telles étaient les remarques que nous suggéraient les propriétés connues
des liquides volatils et nos propres expériences sur la diffusion. Les essais
en tube ont pleinement confirmé ces inductions, car les coefficients insec-
ticides observés avec les mélanges d'une huile lourde de houille (résidu de
distillation par anthracène) ont été constamment et de beaucoup infé-
rieurs à ceux fournis par l'emploi du sulfure de carbone pur. Afin de
rendre les essais comparables, nous opérions, cependant, dans chaque
cas, avec des quantités identiques de sulfure de carbone à l'état pur ou à
L'état de mélange.
sulfure de carbone. Rapport sur les expériences et les applications en grande cul-
ture effectuées en 1877 (Paul Dupont, 1878, Paris).
( '"6)
« Rien n'autorise à supposer que les huiles lourdes de pétrole, les vase-
lines, puissent agir d'une manière différente. Nous devons admettre, au
contraire, qu'ici encore une partie notable de sulfure de carbone se trou-
vera définitivement immobilisée en pure perte par l'affinité de l'excipient.
Une autre partie sera tellement retardée dans son évaporation qu'elle ne
pourra donner lieu qu'à une atmosphère insuffisamment toxique. Dans
les premiers temps seulement, tant que le sulfure de carbone sera abon-
dant dans le mélange, la diffusion restera assez active pour compenser les
pertes constantes de vapeurs qui s'effectuent par la surface du sol et, par
suite, pour procurer un effet insecticide certain. Les mélanges ont donc
un résultat contraire à celui que l'on cherche à faire valoir en leur
faveur : ils réduisent la durée d'action des vapeurs toxiques. C'est par
suite d'une connaissance imparfaite de ces questions que tant d'auteurs
se sont ingéniés dans une voie que nous n'avons jamais cessé de critiquer.
» Bien loin de réaliser un progrès dans la pratique des sulfurages,
l'emploi de tels mélanges, car l'observation s'étend à toutes sortes d'in-
grédients, bitumes, gélatines, etc., constitue un retour à d'anciennes pra-
tiques dont les défauts ont été vite reconnus. Ces pratiques n'offrent plus
qu'un intérêt purement historique ('). Pour prétendre le contraire, des
expériences méthodiques et vraiment scientifiques sont indispensables.
» La réduction des doses du sulfure île carbone, conseillée trop sou-
vent par des observateurs superficiels, a eu des effets funestes. Nous nous
sommes souvent élevés contre ces indications qui n'étaient que trop dans
les tendances des propriétaires, toujours portés à réaliser une économie
sur l'insecticide. L'emploi des mélanges, en immobilisant en pure perte
une part importante du sulfure de carbone, présente les mêmes inconvé-
nients, contre lesquels nous ne saurions trop mettre en garde les viticul-
teurs. C'est en réduisant ainsi à l'excès les dosages que l'on est arrivé à
croire que la défense des vignes n'est possible que dans des terrains spé-
cialement favorables, homogènes et perméables, dont les granités délités
du Beaujolais nous montrent le type accompli. En réalité, les doses de
220k£ à 25okg par hectare qui suffisent dans ces sols légers deviennent im-
puissantes souvent dans les calcaires et les argiles. Mais, en élevant à 3ookg,
35okg la quantité de sulfure de carbone, la défense est au contraire assu-
(') Des expériences récentes faites à la Station viticole de Villefranche sur la des-
truction des vers blancs, avec le sulfure vaseline comparé au sulfure pur, confirment
nettement l'infériorité de tels mélanges (Pf.rrauu. Bulletin n" h, 1890, de la Revue
publiée par ladite station).
( Iri7 )
rée, même clans ces terrains soi-disant réfractaires. A l'appui de ce qui
vient d'être dit, nous pouvons citer le beau vignoble de M. Cachar, situé
dans les terres calcaires de la Cadière (Var), vignoble dont certaines par-
ties sont traitées à raison de 4ookg et 42okg par hectare. Ces doses élevées
n'affectent en aucune façon des vignes vigoureuses, tandis que des quanti-
tés minimes de sulfure de carbone éprouvent les ceps épuisés dont le sys-
tème radiculaire a été détruit par le parasite.
» Le seul moyen d'économiser le sulfure de carbone est d'en faire l'ap-
plication dans les conditions que nous avons fait connaître en 1877, en
précisant par des expériences démonstratives les avantages procurés par
les traitements réitérés. Dans ces opérations, la dose totale du sulfure de
carbone est répartie en deux applications distinctes effectuées à quelques
jours seulement d'intervalle. On obtient ainsi la prolongation d'action des
vapeurs sans diminuer leur densité toxique. Il convient en effet de ne point
faire un emploi abusif de l'opinion de Balbiani en ce qui concerne l'action
prolongée de minimes doses des corps toxiques.
» Le trou d'injection disposé à iocm du pied des vignes et à une profon-
deur à peu près égale est une excellente pratique que nous avons indiquée
depuis fort longtemps. Une dose de 5gr à 6gr de sulfure de carbone appli-
quée en cette place assure, en effet, la destruction des colonies établies
sur le collet de la plante et prévient ainsi les réinvasions précoces sur l'en-
semble des racines.
» Le rôle que les viticulteurs nous reconnaissent dans l'établissement
et la vulgarisation des méthodes insecticides nous faisait une stricte obli-
gation de déclarer que, jusqu'à présent, rien n'est venu modifier les règles
essentielles que nous nous sommes attachés à définir avec précision. »
CORRESPONDANCE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intégrales intermédiaires des équations
aux dérivées partielles du second ordre. Note de M.E. Goursat, présentée
par M. Darboux.
« Etant donnée une équation aux dérivées partielles du second ordre,
de forme quelconque.
(1) F(.r, j, z,p,q,r,s,t) = o,
( i»8 )
les conditions pour que cette équation admette une intégrale du premier
ordre dépendant de deux constantes arbitraires V(.r, y, z,p, q, a, b) = o
sont de deux sortes ('). Il faut d'abord que l'équation (i), où l'on regarde
a-, y, z, p, q comme des constantes et r, s, l comme des coordonnées cou-
rantes, représente une surlace réglée ayant ses génératrices parallèles à
celles du cône
(2) .v2 — rt = o.
» Supposons cette condition remplie et soient
l r = ms ■+■ [j.,
s = ml ■+- v
(3)
les équations d'une génératrice de la surface ; les paramètres m, a, v de-
vront vérifier deux équations de condition, qui dépendront de la surface
considérée,
(4) A(x,y,z,p, q,m,[j.,v) = 0, B(x,y, z,p, q, m, </., v) = o.
» Posons dans ces relations
dV dV à\ dV _ dV
m =
dq dx dz dy ' * dz
dp dp dp
nous aurons, pour déterminer la fonction inconnue V, deux équations du
premier ordre, cpii devront admettre une intégrale commune avec deux
constantes arbitraires. S'il en est ainsi , la méthode de la variation des
constantes permettra d'obtenir une intégrale du premier ordre dépendant
d'une fonction arbitraire (2) ; mais la présence de cette fonction arbitraire
empêchera en général d'achever l'intégration. Il y a cependant un cas où
l'on pourra achever l'intégration, malgré la présence de cette fonction ar-
bitraire.
» Supposons les équations qui déterminent V mises sous la forme
(5)
àY dV .( dV dV
d\ dV ,„/ d\ d\
dj+<idï=w(oc>y>z'P>r>-àfi->-§q-
(') Voir, par exemple, Backluxd, Mathematische Annalen . t. XI, p. 219.
(-) Darboux, Annales de l'École Normale supérieure, p. 173; 1870.
( i"9)
d\ dV
<1> ol W étant des fondions homogènes et du premier degré de -j-> y- > et
considérons le cas où elles forment un système en involution , c'est-à-dire
où elles admettent une intégrale complète avec trois constantes arbitraires,
abstraction faite de la constante par laquelle on peut multiplier toute solu-
tion. Il est facile de trouver les conditions pour qu'il en soit ainsi; on aura
en particulier
,as dv d<b
(6)
àq
dp
» Cela posé, soit V(x, y, z, p, q, a, b) une intégrale des équations (5);
jaramètres a et b, et en for-
; on vérifie facilement que
da1' db
en différentiant ces équations par rap îortaux
mant les crochets \ , y- \, \ , y
l'on aura
Il suit de là que les trois équations
V = o,
rd\ àvi
\_~da' db\=0-
ôa
d\_
db
= b\
où a, b' désignent deux nouvelles constantes, donnent une intégrale
complète de l'équation V — o. Considérons maintenant les deux équa-
tions
(8)
*(«)» 3Z + ? (a) â = °-
où <p(a) désigne une fonction arbitraire de a; imaginons que de ces rela-
tions on tire a et b en fonction de x, y, z, p, q et désignons par V,, V2,
V3 les fonctions V, -j— j y où l'on aurait remplacé a été par ces valeurs. On
vérifie encore sans difficulté que l'on a
[V,,V2] = o, [V,,V3] = o, |V2,V,] = o,
de sorte que les relations
V, = o, V2 = a', V, = b'
donnent une intégrale complète de l'équation V, = o. En réunissant ces
résultais, on conclut que l'intégrale générale de l'équation proposée sera
( I 120 )
représentée parmi système de deux équations de la forme suivante
( U[x,y, z, a, f(a), ?'(«), '!(«)] == o,
(9) I au du ,, N , du „, . du ,,, N
o(a) et^(a) désignant deux fonctions arbitraires.
» La recherche des équations du second ordre qui s'intègrent de cette
laçon revient à la détermination des fonctions Y(x, y, z, p, q, a, b) satis-
faisant aux relations (7).
» On a une solution assez générale eu prenant
V = Z + «X + iY+o(P + fl,Q -+-A),
<p désignant une fonction homogène et du second degré, et X, Y , Z, I', Q
cinq fonctions donnant lieu à l'identité
d'L - VdX - QdY = ?(dz —pdx - qdy).
» Enfin je ferai remarquer que, si l'on applique ce qui précède aux équa-
tions linéaires, on retrouve les équations étudiées par MM. Sophus Lie et
Darboux, pour lesquelles les équations différentielles des caractéristiques
admettent trois combinaisons intégrables. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une méthode élémentaire pour établir les
équations différentielles dont les fonctions thêta forment les intégrales.
Note de M. F. Casparv, présentée par M. Hermite.
« En poursuivant la voie ouverte par M. Hermite, j'ai prouvé que les
éléments d'un système orthogonal s'expriment par les fonctions thêta d'un
nombre quelconque d'arguments, et j'ai montré que les identités algé-
briques et différentielles qui ont lieu pour lesdits éléments permettent d'en
déduire la théorie des fonctions thêta.
» Dans cette Note, je vais donner une nouvelle application de la liaison
qui existe entre les éléments d'un système orthogonal et les fonctions
thêta, en me proposant d'en tirer une méthode élémentaire pour établir
les équations différent ielles dont les fonctions thêta forment les intégrales.
» Soient amn (/», n = 1, 2, 3) les neuf coefficients d'un système ortho-
( II21 )
gonal etph, vh (A = i, 2, 3) six quantités, définies par les égalités
[ h, k, 1= i, 2, 3
Ph= ~ (a>kdau-h aakdau+ à3kdau) ) _ i
''a = «a, dalK - \ ahl cla,, - 1 ah% dal3 I ' '
» Alors on sait que les quinze quantités amntph, vh> que j'appelle éléments
d'un système orthogonal, s'expriment identiquement par quatre quantités
quelconques. Si l'on choisit pour ces quatre quantités des expressions
convenablement composées des fonctions thêta qui renferment les para-
mètres doublés 2ÏaB, on est conduit, au moyen des transformations du
second degré, à ces expressions dont il s'agit et dont j'ai donné antérieu-
rement, pour les fonctions thêta d'un et de deux arguments, les plus
simples.
» Supposons que ces expressions des éléments d'un système orthogonal
par les fonctions thêta soient établies tout généralement; dès lors les iden-
tités qui existent entre les éléments amtt, ph, vh entraînent des égalités entre
les fonctions thêta et leurs différentielles. Réciproquement, ces égalités,
convenablement choisies et employées, entraînent des équations auxquelles
doivent obéir les éléments du système orthogonal pour être exprimés par
les fonctions thêta d'un nombre déterminé d'arguments. Par conséquent,
ces équations ne sont point des identités ; elles sont différentes selon le
nombre d'arguments des fonctions thêta et en caractérisent le genre. Les
formes sous lesquelles ces équations se présentent sont très nombreuses,
mais elles se séparent en deux classes : équations algébriques et équations
différentielles. Les unes sont précisément celles qui apparaissent dans des
problèmes de Géométrie et de Mécanique et dont on cherche les inté-
grales, tandis que les autres fournissent les relations algébriques par les-
quelles ces intégrales sont liées entre elles.
» En me réservant de communiquer d'autres applications de la méthode
exposée, je vais l'illustrer par une seule qui concerne les fonctions thêta
de Jacobi dans lesquelles entrent deux arguments quelconques.
» D'après le théorème que j'ai établi dans mon Mémoire, inséré au
t. VI du Journal de M. C. Jordan, on a, pour ce cas, les expressions carac-
téristiques
^ Ph= - ia3hmSl/> v3 = - ims (i=^/—i),
my = 6 Y- -1 dw + é±-{ dx -h d logF (y = s, s, , s2, s3 ),
<: R., 1891, i" Semestre. (T. CX1I, N° 20.) ' l'1
( 11.22 )
où F esL une fonction quelconque des arguments quelconques w et x, et
où les indices s, sn s.2, s3 désignent les nombres o, i, ■?., 3 (voir loc. cit.,
p. 374). Supposons maintenant que les arguments w et x soient fonctions
quelconques d'une seule variable /, et posons
p , = p dt, Pi=q dt, p., = r dt ; v3 = v" dt,
— imSs — A ' dt, - imSt = B-' dt, - "»„,= C ' dt.
Alors les identités différentielles
da3h = a3lspr a3tpk
se transforment, sans aucun calcul, dans les équations différentielles
(!) «^)=(B-.C)F. S|Û = (C-A)T. ^=(A-B>?,
qui prennent aussi la forme
(II) ,J=(c_A}T-^*f!.
f r^d'' /a r>\ rflogC
De plus, les identités algébriques
fl3t + al-2 ■+- al.;— !' a3lPl ■+■ «32^2+ "33P3= V3
se changent en les relations qui lient les intégrales, savoir
i A>2 + B2?2 -f-CV2 = 1,
(III) • Art:il/j + Ba33q -\-Ca33r= 1,
I kp- -+- B72 + C/-2 = v",
où A, B, C sont fonctions quelconques de la variable t.
» Les problèmes auxquels conduisent les équations différentielles (1)
ou (II) sont résolus complètement par les expressions des éléments amn,
ph, vh, établies dans mon Mémoire cité, si l'on y détermine encore les
quantités quelconques w, x, F par les fonctions données A, B, C. Tout
particulièrement, on retrouve ainsi les résultats dus, dans le problème de
la rotation d'un corps solide, à Jacobi, à M. Hermite et à M. Padova.
v i i 23 )
« Cet exemple met en évidence l'avantage de la méthode exposée : en
fournissant, au moyen d'identités, les équations différentielles, leurs inté-
grales et les relations algébriques qui existent entre elles, les unes et les
autres renferment encore des arguments et des fonctions quelconques.
Le problème qui reste seul à résoudre, dans les applications, consiste à
déterminer ces arguments et ces fonctions par les données de la question
proposée. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe de nombres complexes.
Note de M. Andké Makkoff, présentée par M. Hermite.
« Les nombres entiers qui dépendent de \Jab2 {a, b et ab sont des
nombres entiers rationnels non divisibles par aucun carré) et ont la forme
fractionnaire
x 4- y y/âh* 4- s y^b
x, y, z étant des nombres entiers rationnels non divisibles par 3, se divisent
en deux classes :
» i° Les nombres premiers avec 3 ;
» 2° Les nombres non premiers avec 3.
» Les carrés des nombres de la première classe (et les produits de deux
nombres de cette classe) se réduisent à la forme
X, Y, Z étant les nombres entiers rationnels.
» Quant aux nombres de la seconde classe, toutes les puissances de ces
nombres ont aussi la forme fractionnaire.
» Les unités complexes appartiennent à la classe première, et nous
voyons que le carré de l'unité complexe
23 4- ii \/io 4- 5yioo
~3
est égal à
1 8 1 4- 84 yio 4- 3g yioo.
» J'ai trouvé encore que l'unité complexe
3 v'k) - 8
( H24 )
est égale au carré
'24-2J/19 — 3s/iQ2\2
3
» Or, dans le domaine des nombres dépendant de v/17, il n'existe au-
cune unité complexe de la forme fractionnaire, car l'unité fondamentale
est égale à
324 + 1 26 y 1 7 -+- 49 y £ 72 :
'8-7 V <:
■> De ce dernier domaine, je prends les exemples suivants
_ 7 H- 2 S -M2 5-4-? — 5=
o __ (2-?)* /4_+2? + ?_2 y
3 V 3 ~ ' '
- __ 16 — ? — a?8 74-H28?+iiÇ!
î)-~ ~3~ "^~
(7 + a8* + i*)'=,3 + S5+ag',
(l6-g3-27=36 + ^--7^
5±4=i2x74 + 28; + 11^9 + 3E-
X 2— - = 7 + oc - jç-.
3
4-f-2S^2Y a8 + nt + 4S*
4 + 2? + ?*Y i45 + 56;-+-22?2
3
l étant égal à ^17. »
CHIMIE. Éludes quantitatives sur l'action chimique de la lumière.
Troisième partie : Influence delà dilution ; par M. Georges Lemoixe.
« Comparons les décompositions réalisées par la lumière dans différents
mélanges d'acide oxalique et de chlorure ferrique pris en proportions tou-
jours équivalentes, mais avec différents excès d'eau. La dilution intervient
( i"5 )
d'abord physiquement en augmentant la transparence de notre réactif co-
loré : on va voir qu'en outre elle intervient chimiquement en facilitant la dé-
composition. T/influence physique de la dilution peut être éliminée, car, si la
loi d'absorption est connue, tout peut être réduit par le calcul à ce qui
se passerait dans une couche infiniment mince; nous aurons ainsi l'ac-
tion chimique proprement dite.
» Calcul de l'action chimique de la lumière pour différentes dilutions en éli-
minant l'influence de l 'absorption. — Bornons-nous aux premiers moments
de la réaction. En partant des expériences d'absorption, nous avons
déjà calculé pour un vase et une dilution quelconques l'intensité moyenne
s de la lumière au travers de notre réactif {Comptes rendus, l\ mai 1891,
P-992)-
» Le poids y de matière décomposé dans un temps très court t est pro-
portionnel à la fois : au poids p de matière décomposable, à l'intensité
moyenne s de la lumière; à un coefficient c correspondant à la dilution.
On a donc, en appelante une constante,
(1)
( •-< )
» Le coefficient c représente donc la fraction de la masse décomposée
dans l'unité de temps avec une cuve rectangulaire infiniment mince, car
alors la lumière garderait son intensité primitive, de sorte qu'on aurait
s — 1. C'est Y action chimique proprement dite correspondant à la dilution
considérée.
» Toutes les expériences sont comparatives; elles nous donneront donc
seulement le rapport de celte action chimique c à celle c0 du mélange de
liquides normaux (1 équivalent dans i'n) que nous prenons pour type
y _
; mesp.
c =
m x s
c \pj i
7 "(£)''
c
» Résultats des expériences faites à la lumière sur V influence de la dilu-
tion. Voici quelques spécimens choisis parmi les expériences où la
( ri 26 )
situation atmosphérique était à peu près celle qui correspond à la formule
d'absorption prise comme base des calculs :
Lumière employée . . . Blanc Blanc Blanc Blanc Bleu Jaune
Rectangles Cercle Rectangles
de im™. de 4°"°- de 25™". dediamètre. de 4°"°- de 4"™-
Intensité moyennes0 de j
la lumière transmise f , _ „ , 0„„
, ,. ... ,0,141 0,001 0,010 0,024 0,020 o,boo
par le mélange de li- j > t »
quides normaux . . . J
Expériences : rapports entre les fractions de décomposition
pour un même temps.
Les expériences simultanées, dans une même colonne, sont indiquées par un astérisque.
| normaux 0,64 0,62 » 0,88 0 »
normaux 1 1 1 1 1 1 Donnée
2,16
x normaux
—
S )
1,85 2,10* (2,58 j 1,40
1,92- 2,11' i 2,57 ( 1,34
( 2,36*
4,31* » 4,48*
4,06'
fcJD
Calcul des rapports entre les coefficients c exprimant l'action chimique
élémentaire.
En éliminant l'influence de l'absorption, conformément à l'équation (3),
d'après les fractions de décomposition précédentes.
normaux ... . 0,84* 0,84 » 0,76 » n Soit 0,8
normaux 1 1 t 1 1 1 1
I ',26
' I'a3 .,35 ,,32 S *^° S *'33 Soit 1,3
1,28 \ i,23 ( i,4o
1,38
l,zy
! normaux » { „„ » 1,61 » « Soit 1.5
1 1 ,00
',47
( ,T27 )
» Ainsi, malgré d'énormes différences dans la forme des vases, dans
l'absorption, dans l'intensité absolue de la lumière, le calcul arrive à dé-
gager l'action chimique propre aux différentes dilutions : il l'exprime par
des nombres qui sont à peu près les mêmes pour les diverses séries
d'expériences et qui croissent régulièrement avec l'excès d'eau.
» Ces résultats sont corrélatifs de l'action chimique du chlorure ferrique
sur l'eau, établie par les expériences de MM. Debrav, Berthelot, etc.; on
conçoit que, lorsque le chlorure ferrique est partiellement décomposé par
un excès d'eau, l'acide oxalique exerce plus facilement son action.
» Comparaison à la réaction effectuée par la chaleur seule. - - J'ai trouvé
que, dans l'obscurité, la même réaction se produit assez rapidement pour
être facilement mesurable, à la condition que la température soit élevée
à environ ioo° {Bulletin de la Société chimique, 1886, t. XLVI, p. 289).
Les quantités de matières décomposées pour une même dilution satisfont
alors à la relation , = c'(j> — j), qui, à l'origine, se réduit à — — c'p et
qui est toute semblable à celle de tout à l'heure. Sans insister aujourd'hui
sur cette étude, je signalerai seulement un rapprochement remarquable :
les rapports entre les coefficients c' de l'action chimique caractérisant
chaque dilution, déterminés par ces expériences faites avec la chaleur
seule, sont à très peu près égaux à ceux que nous venons d'obtenir avec
la lumière.
» Ainsi, lorsqu'on a mis de côté les effets de l'absorption, on trouve
que, au point de vue de l'influence de la dilution, les actions chimiques pro-
voquées ici parla lumière et par la chaleur suivent les mêmes lois.
» Des comparaisons semblables peuvent être faites en examinant l'in-
fluence de divers excès de l'un des réactifs ou celle de différents corps
étrangers : ce sera l'objet d'autres communications.
» M. Calvet et M. Ferrières m'ont prêté, dans ces recherches, leur
meilleur concours; je les prie de recevoir tous mes remerciements. »
CHIMIE. — Calcul des températures de fusion et d'ébullition des paraffines
normales. Note de M. G. Hixrichs.
« La loi générale que j'ai énoncée dans une Communication précé-
dente (') se déduit assez facilement des principes de la Mécanique. Je
(') Comptes rendus du 4 mai 1891, p. 998.
( 1128 )
vais démontrer dans cette Note que cette loi est l'expression exacte des
faits observés.
» La série homologue la plus étendue de la Chimie est celle des pa-
raffines normales C'H2"+i, dont on connaît presque tous les termes
depuis n = i jusqu'à n =35. Comme il y a des isomères dans la série des
hydrocarbures saturés, il est de la plus haute importance de n'accepter ici
que les termes vraiment normaux, ce que nous permettent les importantes
recherches expérimentales de F. Krafft, publiées dans les Berichte der
Chem. Ges., 1882, p. 171 1, et dont j'ai pris connaissance par le Jahrbruch
der Erfindungen, 1882, p. 279 et suivantes.
» Les paraffines normales forment un prisme rectiligne d'un nombre n
de joints ou nœuds identiques CH2, se terminant à chaque extrémité par
un seul atome d'hvdrogène. On peut donc les représenter par
H.CH2.CH2.CFP CH2.CHMI,
et leur poids atomique sera a = \[\n + 2. Pour n = 10, 20, 3o, les valeurs
de a ne s'écartent que de -J-, -^, ^~ de la valeur \\n. Nous pouvons
donc, dans une première approximation, considérer les propriétés des
paraffines comme fonction de n au lieu de a, ce qui rendra notre exposi-
tion plus conforme à l'usage des chimistes.
» Prenons le logarithme du nombre n d'atomes de carbone des paraf-
fines pour abscisse, et les températures d'ébullition et de fusion, obser-
vées par Krafft, comme ordonnées. Alors on voit immédiatement que tous
les points appartenant aux termes supérieurs delà série figurent très exac-
tement une ligne droite, la limite logarithmique de la Note précédente.
Les points des termes inférieurs s'écartent de plus en plus de cette droite,
à mesure que le nombre n s'approche de l'unité. Si l'on rapporte, sans
changement d'abscisse, ces écarts y2 à une droite horizontale, on voit
qu'ils déterminent une parabole [équat. (3)].
» J'ai fait les tracés à grande échelle et avec beaucoup de soin. De ces
tracés j'ai tiré les valeurs des constantes des formules exprimant la loi
générale en fonction de n, comme il suit :
. N l Ebullition /
(,)) (Fusion \y=yt±y*
Limite logarithmique. Courbe parabolique.
(12) yi=ki[logn — gi] (i3) y2— t2[q2— logn]-
( IT2,J )
Ébullition.
Constantes. k,. g . !■ .■ q-
Sous 760™™ 586,3 0,717 190 1,200
Sous i5mm 040 o,g3i 80 i,5.5o
Fusion.
« impair i3i ,8 °>973 '6b' 1 ,5oo
// pair ( ' ) » » 43 ■ , 38o
» Avec ces constantes, les formules (ri), (12), (i3) fournissent les
valeurs calculées pour chaque nombre n donné. Ces valeurs calculées,
comme le montre le Tableau ci-dessous, s'accordent d'une façon satisfai-
sante avec les valeurs observées empruntées aux déterminations de Krafft,
vu la grande difficulté physique et chimique de ces déterminations. Les
écarts sont distribués très irrégulièrement; plus des trois quarts sont au-
dessous de o°,6. Il n'v a pas d'écarts systématiques.
» On voit bien que la loi générale énoncée dans ma Note précédente
est vraiment l'expression fidèle de tous les faits observés, pour tous les chan-
gements d'état et sous toutes les pressions; la température variant de 1600
à 34o°, soit de 5oo°, et la pression de 1 5mm à 7Gomm ; quant à l'atome pris-
matique, il croit de CH' à C35H72, embrassant ainsi toute la série connue.
Température d ébullition Température de fusion
Nombre
n.
sous 760™™ sous i5°"° n impair /; pair
observé. calculé. observé, calculé. observé, calculé. observé. calculé.
1 —160 H — 156,8
2 » — 9°>4
3 >) — 4 ' ; ^
4 ' 0,6
5 37-39 3;,.
6 71 69,0
7 99 98.8
8 123 125,7
g i49)5 i5o,5 » » — ai ■ — 52,i » »
10 1 "3 173,5 » » » » — 32 — 30,71
(') A ajouter aux valeurs calculées pour n impair. Voir ma Note précédente sur ce point
fondamental de Mécanique moléculaire.
(-) Wroblewski donne — i55°, Olzewski — i64°.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CX1I, N' 20.) I'l7
( u3o )
Nombre
n.
i r . . .
12...
i3...
14...
i5...
16...
17...
18...
19...
20 . . .
21 . . .
22 . . .
23...
24...
27...
3i ...
32...
35 . . .
Température
sous 7G0
observe.
194,5
2l4
234
262,5
270,5
287,5
3o3
3i7
33o
calculé
.94,6
214.9
234,0
262 ,0
269,0
28.5,3
3oo,8
3i7,3
329,4
d'ébullition
sous
observé.
81
93
Température de fusion
114
129,5
i44
<57,5
170
i8i,5
ig3
205
2 I 5
224,5
234
243
270
3o3,4
•■>
010
33i
5»"
calculé.
So,2'2
97, 75
n4,io
129,14
i)3 , 5o
167,10
169,66
181 ,96
193,8/i
204,76
2 1 5 , 36
225,44
235,6o
244,82
270,03
302,4
3io,o
33 1 ,0
n impai
observé, calculé.
— 26,5 —26,1
6,2
- 6,1
»
»
10
9,4
)>
»)
22,5
2',9
»
»
32
32,4
»
»
4o,y
*7>7
»
59,5
68,1
74,7
48,3
»
5g,6
68,3
»
70,0
n
pair
observé.
calculé.
»>
»
— 1 2
— n, 3g
»
»
4 . 5
4,27
»
Y)
.8
17,53
»
>i
28
27>99
»
»
36,7
36,g6
»
„
44,4
44,04
.11,1
»
»
70,0
5 1 . 4
70,3
CHIMIE. — Sur l'action qu'exercent les bases alcalines sur la solubilité des sels
alcalins. Note de M. Engil, présentée par M. Friedel.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les conclusions d'un Mé-
moire concernant l'action qu'exercent les bases alcalines (potasse, soude
et ammoniaque) sur la solubilité des sels alcalins. Ce Mémoire fait suite à
la série de recherches déjà publiées sur les variations de solubilité des sels
en général en présence des acides, des bases ou d'autres sels (').
» Tandis que 1 équivalent d'acide chlorhydrique précipite, à l'origine,
sensiblement 1 équivalent de la solution saturée des divers chlorures,
1 équivalent de soude ou de potasse caustique ne précipite que 5 équiva-
lent d'un sel de sodium ou de potassium à acide monobasique. Autrement
dit, 1 molécule de potasse ou de soude anhydre (M'20) précipite sensible-
ment 1 molécule du sel alcalin.
(') Mémoires insérés aux Annales de Chimie et de Physique, t. XIII, p. 102, 344,
37o; t. XVII, p. 338.
( »3i )
m Voici, à titre d'exemple, l'action exercée par la soude sur la solubilité
du chlorure de sodium à la température de o°.
» La deuxième colonne du Tableau ci-dessous indique le nombre de
molécules (en milligrammes) en solution dans iocc du liquide saturé; la
troisième, le nombre de molécules de soude anhydre (Na20); dans la
quatrième colonne, on a fait la somme des molécules du sel et de l'oxyde;
la densité de la solution à la température du laboratoire se trouve dans
une cinquième colonne.
NaCI. Na'O. Somme. Densité.
1 54,7 O 54,7 1,207
II 49,375 4,8 54,175 1,221
III 47>2I'i 6,726 53,937 l.!.!J
IV 42,37j 10,406 52,781 i,236
V 39,55 14,78 54,33 1,249
VI 24,95 3o,5 55,45 1 ,2g5
MI 19,3 37,875 57,17'' 1 , 3 1 4
VIII 09 , 4o8 53 , 25 62 , 66 1 . 362
» L'examen des nombres contenus dans le Tableau ci-dessus montre
cpie la somme des molécules de sel et d'oxyde est d'abord un peu plus
faible, puis plus forte que ne l'indique la loi énoncée ci-dessus, qui n'est
qu'une loi approchée.
» La soude précipite d'une manière semblable l'azotate de sodium de
la solution saturée de ce sel. La potasse agit de même sur les solutions de
chlorure de bromure, d'iodure et d'azotate de potassium.
» Il n'en est plus ainsi dans l'action de l'ammoniaque sur les sels am-
moniacaux. La présence de l'ammoniaque diminue à peine au début la
solubilité du chlorure ammonique, par exemple, et ne tarde pas à l'aug-
menter sensiblement.
» J'ai montré, dans des recherches antérieures, que lorsque l'acide
chlorhvdrique, au lieu de précipiter un chlorure de sa solution, en aug-
mente la solubilité, il se formait un chlorhydrate de chlorure qu'on peut
le plus souvent isoler en beaux cristaux.
» Ici encore l'anomalie que présente l'ammoniaque, en agissant sur la
solution des sels ammoniacaux, s'explique par la formation de combinai-
sons entre l'ammoniaque et le sel ammoniacal. C'est à M. Troost qu'est
due la découverte des composés de l'ammoniaque avec le chlorure ammo-
nique et avec d'autres sels ammoniacaux.
» Dans un prochain Mémoire, je signalerai les relations qui existent
( n3a )
entre ces faits et les abaissements des points de congélation des solutions
saturées. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage de la silice en présence du fer.
Note de M. Leclere.
« On considère souvent la présence d'une grande proportion de (er
comme susceptible d'entraver le dosage de la silice par évaporation à sec.
» On peut éviter la décomposition du perchlorure de fer en l'unissant
au chlorure de potassium, pour former un sel double bien connu et utilisé
depuis longtemps par M. Schlcesing.
» Par exemple, pour le dosage du silicium dans les fontes :
» igl' de métal est attaqué par un mélange de 20cc d'acide nitrique et de
iocc d'acide chlorhydrique. Après l'attaque, on expulse à l'ébullition la
plus grande partie de l'acide nitrique par deux additions successives
de 3occ d'acide chlorhydrique; on ajoute 3gr de chlorhydrate d'ammo-
niaque et l'on concentre jusqu'à consistance sirupeuse. On finit l'évapo-
ration à l'étuve pour dégager à l'état de gaz les dernières traces de com-
posés nitrés. On reprend par de l'acide chlorhydrique; on ajoute 'M1' de
chlorure de potassium pur et assez d'eau pour le dissoudre, puis on laisse
continuer l'évaporation à sec.
» Le sel double de fer et de potassium cristallise en même temps qu'une
certaine quantité de chlorure double de fer et d'ammonium.
» Ces sels sont solubles dans l'eau froide, mais on dissout d'abord par
l'acide chlorhydrique pour enlever les éléments accessoires.
» La silice s'est coagulée sur le résidu de carbone; elle se filtre et se
lave facilement. Après calcination à haute température, elle reste pulvéru-
lente, mais dense et facile à peser.
» Sans la présence du chlorhydrate d'ammoniaque cette silice contien-
drait du manganèse; elle serait de même chargée de potasse si l'on n'avait
pas expulsé tout d'abord l'acide nitrique. Le chrome se redissoul aussi
complètement, à condition de reprendre d'abord par de l'acide concentré ;
il est bon de réduire un peu de chrome à l'état de protochlorure en dis-
solvant dans le liquide un peu de zinc pur ou d'aluminium.
» Les vérifications donnent des résultats concluants.
» Ainsi, en attaquant du quartz pur par du carbonate de soude, on pré-
pare une liqueur contenant par litre ier de silice. iogr de fil de clavecin,
( n33 )
traités comme ci-dessus et additionnés de 20cc de liqueur de silice, en
ont fourni 32IDSl, ce qui porte à 1 2"1S' la quantité introduite par les iogr de
Pd de clavecin.
» Or, quatre prélèvements de igr faits sur le même fil et traités encore
comme ci-dessus, mais additionnés de quantités de silice égales à 5rag1',
iomsr, 5om«', ioomsr, ont donné au dosage : 6msr,/j, iim«'\o, 5i'"s'-,o,
i02,Dgl',o. Les différences avec la quantité calculée ne dépassent pas la
limite de précision des pesées. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la constitution et la chaleur de formation
des e'ry tarâtes bibasiques. Note de M. i»e Forcrand.
« L'élude thermique des quatre nouveaux érythrates de sodium que
j'ai préparés récemment :
(A) C8H8Na208,
(B) C8H8Na208,8HO,
(C) C8H8Na208,2NaH02,
(D) C8H8lNa208,2NaHO-, 19HO
m'a donné les résultats suivants :
» La chaleur de dissolution des deux premiers, dans G1" d'eau, vers
-+- 15°, est de -+- i2Ca\49 et ~ ^Cal,25.
» Celle des deux autres, à la même température et dans ioMt d'eau, de
-+- 29Cal,28 et -+- iCal, 79.
» D'autre part, l'action de NaO (iéc' — 2lil) sur C8H!,Na08 (ié<i = \m),
dégage + oCa,,icp et celle de aNaO (V'i = 2Ut) sur C8H8NaaO* (ié^ = 6,ir)
4- o0,1,i6. D'où
C'diam. + H8 gaz -H Na2 sol . 4- O8 gaz — C8H8Na!08 sol 4- 307e»1, 81
n On peut aussi obtenir la valeur thermique des réactions suivantes :
(>)
C8H9Na O8 sol. 4- NaHO2 sol. = C8H8Na208 sol. -4- H202 sol .
C8H8Na208sol.4-Ha02liq. = C8H9Na O8 sol. -)- NaHO2 sol
(2) C8H9Na O8 sol. 4- NaO sol. = C8H8Na208 sol. 4- HO sol. . .
(3) C8H9Na O'sol. + Nasol. — C8H8Na208 sol. 4- H gaz. . . .
(4) C8H'°08sol. 4-Na2sol. = C8H8Naa08sol.4-H2gaz. ..
Cal
— 0,720
-+- 2, i55
+ 16,28
4-3i , i65
4- 69 , 3o5
( "34 )
Cal
(5)
C8H8]Nas08sol. + 8HOsol. = C8H8Na208, 8HOsoI + 9,02
C8H8Na208sol.-f-SH01iq. = C8H8Na208, 8HO sol f 1 4 7 1
(6) CsH8Na2Ossol. +2NaH02sol.==CsH8Na208)2NaH02sol + 2,g3
; C8H8Na208, 2NaH02sol.-t-i9HOsol.
] = C8H8Na208,2NatI02, iglIOsol -1-13,91
7 | C8II8Na208, 2NalI02sol. + i9H01iq.
I =C8H8Na208. 2NaH02, iglIOsol -+-27,49
» La comparaison de ces résultats amène aux conclusions suivantes :
» i° L'addition de aNaHO2 sol. à C8 H8Na208 sol. dégage + 2Cal,93,
comme le montre l'équation (6). Il se forme donc bien une combinaison
d'hydrate de soude et d'érythrate disodique, comme je l'ai admis précédem-
ment, et non pas un simple mélange.
» 20 La chaleur d'hydratation des érythrates de sodium que j'ai pu
isoler est à peu près constante lorsqu'on la rapporte à un même poids
d'eau sous le même état. Ainsi la réaction (5) donne 4- 9,02 pour 811?)
solide, soit -+- iCal,i3 pour HO sol. La réaction (7) fournit -f- 13,91 pour
19HO sol., soit -+- oCal,73 pour HO sol. J'avais trouvé précédemment pour
HO sol. fixé sur C8HnNa08 sol. le nombre + oCal,875, et, pour 4HOso!.
fixé sur le même corps, C8H9Na08sol. le nombre + 4Cal>24, soit, pour
HO sol., -+- iCal,o6. Toutes ces valeurs sont faibles et très voisines, étant
comprises entre -+- oCal,73 et -+- iCa',i3. Elles expliquent cependant la sé-
paration de ces corps en liqueur aqueuse en raison du changement d'état
de l'eau et du nombre d'équivalents d'eau fixés sur l'érythrate (4, 8
et 19 équiv.), mais aussi la possibilité d'obtenir les érythrates anhydres
par l'action de la chaleur sur ces corps hydratés.
» Ces nombres montrent encore que la constitution des trois composés
(B), (C) et (D) est bien celle que j'ai proposée. En réalité, pour le
corps (A) seul les résultats de l'analyse ne peuvent conduire à une autre
formule que C8H8Na208, tandis que, pour les trois autres, ils s'accorde-
raient également bien avec les formules suivantes :
(B) C8H'Na08,NaH02,6HO, ou C8H10Os, aNaHO2, 4HO.
(C) C8H'°0\/iNaO, ou C8H0Na*O8, 4HO,
(D) C8H'0O8. 4NaH02, i5HO, ou C8HcNa08, 23HO,
mais pour le composé (B) les deux dernières formules sont inaccep-
tables, parce que le système initial C8H8Na208 sol. -+- 8HO sol. qui le pro-
( n35 )
duit devrait, d'après les analogies, absorber de la chaleur pendant la
réaction. Or l'équation (5) montre qu'il dégage -+- r)Cal,02, comme il
arrive pour l'hydratation de beaucoup de corps analogues. On doit donc
adopter pour système final : CsH8Na208, 8HO sol.
» 3° De môme, pour le composé (C), la réaction
Cs II* Na-Os sol. H- NaHO2 sol.
dégage + 2C:Û,C)3. Ce nombre convient très bien pour l'addition de NaHO2
à CH*Na208. Il devrait être négatif s'il se formait C8II,0O8,4NaO, et au
contraire positif et beaucoup plus élevé pour C8H8Na''08, 4HO. De même
encore, pour le composé (D), la réaction de 19HO sol. sur
C8H8Naï08,2NaH02sol.
dégage -4- i3Cal,9i, valeur qui n'a rien d'anormal pour le système final
adopté, tandis que la formation du premier des deux autres systèmes de-
vrait absorber de la chaleur, et celle de l'autre en dégager davantage,
d'après les analogies.
» 4° Chacune des valeurs des réactions (1), (2) et (3) est inférieure de
7Cal à celle des réactions correspondantes que l'on obtient en substituant
dans le premier membre des équations C8II'°08 à CH'NaO8. Déjà à l'état
dissous, les deux fonctions d'alcool primaire de l'érythrate n'ont pas la même
valeur, les chaleurs de neutralisation parla soude étant -+- 0,69 et -+- 0,190.
En liqueurs étendues, tous les alcools polvatomiques étudiés à ce point de
vue donnent ainsi pour la première fonction un nombre supérieur à celui que
fournit la seconde. Beaucoup d'acides polybasiques se conduisent d'une ma-
nière analogue, tandis que pour d'autres la différence est de signe contraire.
En réalité, pour l'état dissous, on ne peut rien conclure de ces différences,
l'addition du second équivalent de base dissous intervenant à la fois posi-
tivement par l'action de la base sur la seconde fonction, et négativement
en dissociant la première combinaison par la masse d'eau qui le dissout.
On ne peut pas davantage conclure en amenant le système final au même
volume, comme avait tenté de le faire M. Colson (') précisément pour
l'érythrate, d'abord parce que les différences deviennent alors tellement
faibles qu'on ne peut en répondre, et aussi parce que dans l'état dissous le
second équivalent de base peut augmenter plus ou moins la stabilité du
premier composé, même à volume égal.
(') Comptes rendus, l. C1V, ]>, 1 1 3.
( n36 )
» Mais mes dernières expériences montrent que, pour la réaction (3),
l'action de Na sur C8H9Na08sol. dégage -+- 3iCa',i65; celle de Na sur
C8H",08sol. + 38Ca\iL tandis que celle de Na sur H202sol. donnerait
H- 3iCal, 87. On peut prendre ces nombres pour caractériser ces trois
corps. La première fonction alcool de l'érythrite a donc une action plus
puissante que H202sol. sur le métal alcalin; la seconde a, au contraire,
une action un peu plus faible que H202 sol., du moins lorsque la première
a déjà subi la substitution sodique, conclusions conformes à celles de l'étude
des glycérinates mono et bibasiques.
» La seconde fonction est donc plus faible que la première, dans les
alcools polvatomiques, du moins lorsque celle-ci a déjà subi la substitution
métallique, les nombres étant rapportés à l'état solide et anhydre.
» Je me propose de rechercher si l'on obtient les mêmes résultats avec
la mannite et surtout avec le glycol, dont les deux fonctions d'alcool pri-
maire ne sont pas associées à des fonctions d'alcool secondaire. Mais déjà
ces conclusions peuvent être rapprochées des faits analogues signalés au
sujet de la valeur des fonctions successives des acides polybasiques. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Données thermiques sur l'acide propionique
et les propionates de potasse et de soude. Note de M. G. Massol.
« I. L'acide que j'ai employé pour ces expériences a été rectifié; il a
passé à la distillation entre i3o,° et i4o° (point d'ébullition indiqué par
Linnemann).
» La dissolution dans l'eau s'effectue avec un léger dégagement de
chaleur : (pm = 74gr dans 21") -+- oCal,62.
» IL Propionate dépotasse. — Chaleur de neutralisation :
C!HtO!(y>m = 2lil) + KOH(;;m =2Iil) -+■ iaCal,95
» La dissolution évaporée au bain-marie a donné une masse blanche
cristalline, qui devient anhydre après dessiccation à ioo°.Il se dissout dans
l'eau avec dégagement de chaleur
C3H302K sol. -+- Aq = C3 H5 02k dissous + 3Ca',oa
» La chaleur de formation du sel anhvdre, à partir de l'acide liquide
anhydre et de la base hydratée solide, a été calculée d'après les données
ci-dessus :
C3H602liq. + k 011 sol. = C3IP02Ksol. +H2Osol... h- 24Ca,,44
( »37 )
nombre identique à celui qui correspond à la chaleur de formation de
l'acétate de potasse anhydre, calculée d'après les données publiées par
M. Berthelot.
C2H4Oiliq.-+-KOHsol.=C2H302KsoI. + H2Osol... + a4Cal,4i
» Propionate de soude. — Chaleur de neutralisation :
C3H602(/)w = alit) + NaOH(/?w = 2m) + t2CaI,49
» La solution évaporée au bain-marie donne une masse blanche, cris-
talline, qui constitue le sel à 21""1 d'eau. Séchée à ioo°, elle devient
anhydre.
« Le propionate de soude anhydre est fort déliquescent et extrêmement
soluble dans l'eau ; il dégage -f- 3Cal,o5 (pm = o.6fi'' dissous dans 4lk)-
» La chaleur de formation du sel solide est la suivante :
C"H«0*liq. + NaOHsol.=:C8Hl,0,Naso].+H*Osol. + 2ic«1,27
» Dans les mêmes conditions, l'acétate de soude anhydre se forme eu
dégageant -f- 20e"1, 7(B.) ; le butyrate de soude anhydre dégage aussi
H-2i"C;",7(B.).
» Il résulte de ces faits que l'acide propionique, en se combinant avec
la potasse et avec la soude, dégage autant de chaleur que ses homologues
supérieur et inférieur, les acides acétique et butyrique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur /a chaleur de dissolution el la solubilité de quelques
acides organiques dans les alcools mètkylique, êthylique et propylique. Note
de M. Timofeiew.
« La dissolution des corps est un phénomène complexe; son étude n'a
pas été faite jusqu'ici d'une façon systématique. En effet, les nombreuses
données expérimentales connues portent toutes sur la solubilité dans les
dissolvants ordinaires : eau, alcool, éther, benzine, etc., corps de consti-
tution chimique absolument différente.
» Pour aborder ce problème dans les conditions les plus simples, je me
suis proposé de comparer la solubilité de corps analogues dans des dissol-
vants comparables et d'étudier en même temps les propriétés physiques
de ces solutions; comme dissolvants, j'ai choisi les alcools primaires et les
acides normaux.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 20.) l4^
( n38 )
» Je communiquerai aujourd'hui les résultats relatifs à la solubilité de
certains acides organiques dans les alcools méthvlique, éthylique et propy-
lique, et la chaleur de dissolution de ces mêmes acides; ces dernières
expériences ont été faites au Laboratoire du Collège de France, grâce à
l'obligeance de M. Berthelot; je lui en exprime ici tous mes remercie-
ments.
» Voici les résultats obtenus pour la chaleur de dissolution en liqueur
étendue (3 à 10 pour ioo), à la température de i 2° à i4° :
Table 1.
Alcool
Substance. méthylique. éthylique. propylique.
Cal Cal Cal
Acide oxalique anhydre ... — 1>27 — 1,88
Acide oxalique hydrat — 5,2t — 5,5(3 — 6,6o ((1 . 72 )
Acide succinique — 4- m — 4j 7^ — 4; 98
Acide benzoïque — 2,8S — 2>7Î — 2-'J7
Acide cinnamique — 3, 80 — 3,^0 — 3,79
Acide salicylique — 2,5 1 — 2,06 — 2,56
» Dans mes expériences sur la solubilité de ces acides (qui seront
bientôt publiées en détail), j'ai obtenu des nombres qui sont exposés dans
la Table II. Tous ces nombres représentent, évaluées en molécules-
grammes, les quantités de chaque alcool qui sont nécessaires pour dis-
soudre une molécule de l'acide à la température donnée.
Table II.
Solubilité dans l'alcool
Substance. Températures. méthylique. éthylique. propylique.
o mol mol ni'ii
Acide oxalique hydraté ... . — 1 7."' 9,65 1 5 , 1
^20 5,90 7,45 9,9
Acide succinique — 1 35,] 00,7 g3
» -H-21 5 19 27 4'
Acide benzoïque h- 3 7,6 6,6 6,8
» +21 5,5 4,9 E>,o
Acide cinnamique o 22,4 20,6 23,2
» +'91 '6 1 i . 6 16
Acide salicylique — 3 10,6 8,3 8,8
» -1—21 6,9 5,6 6,1
» Si l'on compare, dans ces deux Tables, les nombres relatifs aux acides
bibasiques : oxalique et succinique, on remarque qu'en montant dans la
( "3g)
série des alcools dissolvants la solubilité moléculaire diminue en même
temps que la chaleur de dissolution augmente.
» Pour les acides monobasiques : benzoïque, cinnamique et salicyliquc,
la solubilité moléculaire est sensiblement la même dans les trois alcools;
les chaleurs de dissolution sont aussi très rapprochées; cependant la solu-
bilité dans l'alcool éthylique est un peu plus grande que dans les autres,
en même temps que la chaleur de dissolution est plus petite.
» En résumé, dans les cas étudiés, nous pouvons conclure de l'examen
de ces résultats qu'il y a une correspondance entre la solubilité molécu-
laire et la chaleur de dissolution, qui se manifeste de la façon suivante :
la variation de la solubilité moléculaire entraine une variation de sens
contraire de la chaleur de dissolution. »
CHIMIE organique. — Action des chlorures des acides bibasiques sur f et lier
cyanacétique joofe'; Note de M. l*.-Tn. Miller, présentée par M. Friedel.
« M. Haller a démontré que les éthers cyanacétiques so lés
CHNa(CAz).C02R,
fournissent avec les chlorures des acides monobasiques des composés
[J-cétoniques de la forme R'.CO.CH(CAz).C02R, composés qui se com-
portent comme de véritables acides.
» Il a en outre fait voir que les éthers (3-cétoniques cyanés, renfermant
un radical aromatique, se dédoublent sous l'influence de l'eau bouillante
en acétones cyanées et acide carbonique :
R.CO.CH(CAz).C02C2Hs + H20 = R.CO.CH2.CAz + C2H5.OH + CO-.
» Ces acétones cyanées, traitées par l'alcool chlorhydrique, lui ont en-
suite permis de trouver une méthode générale de synthèse des acides
(î-cétoniques :
R.CO.CH2.CAz+C2H5.OH-t-HCl+H20=:R.CO.CH!î.C02C2H3+AzH4Gl.
» Le but du travail que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie est
d'étudier l'action des chlorures des acides bibasiques sur les éthers cyana-
cétiques. Le mode opératoire est identique à celui employé par M. Haller
et la réaction s'accomplit de la même manière.
( n4o )
» On a fait agir les chlorures de succinyle et de phtalyle, et en con-
sidérant ces corps comme dissymétriques, on peut représenter les réac-
tions de la façon suivante :
CH-.CCPv CAz
i )0 + 2CHNa.CÔ2C2Hs
CFP.CO /
CAz CAz
= aNaCl + CHî.COaCaris -:- CH2-C N =Cs
i
CIP.CO
C02C-11'
et
r(]2 CAz
CIL ^O-i- 2CHNa.C0s(:ïHs
CAz c =C(
= aNaCl + CH2-CO-C2IP 4- C»H4< r0/0
CAz
>C02C2H5
» Éther succinocyanacétique. — Dans un ballon muni d'un réfrigérant
ascendant on introduit deux molécules d' éther cyanacétique sodé en sus-
pension dans l'éther anhydre; on ajoute une molécule de chlorure de
succinvle; aussitôt la masse jaunit et s'échauffe un peu. On achève la ré-
action en faisant bouillir au bain-marie pendant une heure et demie. Puis
on filtre rapidement, on lave les produits restés sur le filtre avec de l'éther
chaud, on ajoute cet éther de lavage au premier éther filtré et on aban-
donne au repos pendant douze heures. La liqueur laisse déposer peu à peu
un produit blanc jaunâtre formé de houppes cristallines enchevêtrées qu'on
recueille sur un filtre. En lavant deux ou trois fois ce produit à l'éther
chaud, on obtient un corps parfaitement blanc, soluble dans le chloroforme
froid. La substance cristallisée dans le chloroforme fond à i 25°-i26°.
» L'analyse conduit à la formule
/CAz
CH*-C \ =C(
i )0 \C02C2H5.
cip.co/
h Ether phtalocyanacétique. — J'ai fait agir de la même manière le chlo-
rure de phtalyle sur l'éther cyanacétique sodé en suspension dans l'éther
anhydre. Le produit de la réaction, étant fort peu soluble dans l'éther, reste
en majeure partie mélangé au chlorure de sodium qui se forme simultané-
ment. Pour l'isoler, on traite plusieurs fois à l'eau froide, en essorant à la
( "/,I )
trompe; on purifie la substance en lavant à l'éther chaud, puis on fait
cristalliser dans le benzène ou le chloroforme. L'analyse conduit à la for-
mule
CAz
C =C
CMP O CO-C-H5.
( :o
C'est une substance blanche qui fond vers 173° en se décomposant.
» Sous l'influence de l'eau bouillante, ces corps se dédoublent facilement
en acide succinicjue et acide phtalique d'une part, et en éther cyanacétique
d'autre part
/CAz CfP.COOH /CAz
CH2.C =('/ +211-0 = 1 -+-CH2-C02C2H5.
i () \C02C2rP CH2.COOH
CI! -.(',()
» Si l'on prolonge l'action de l'eau bouillante, l'éther cyanacétique est
décomposé à son tour avec dégagement d'acide carbonique et formation
d'acétate d'ammoniaque. Il est probable qu'il se produit d'abord de l'acé-
tonitrile, lequel fixe ensuite les éléments de l'eau pour donner naissance à
l'acétate d'ammoniaque
/CAz
CII2.C02C2Hs 4- H20 — CH'.CÀz + CO2 + C2H5.OH
et
CH'.CAz h- aH20 = CH3.C02AzH\
» Ces composés ne se comportent donc pas, en présence de l'eau,
comme ceux obtenus par M. liai 1er, qui se dédoublent en acétones cyanées
et acide carbonique.
» Je poursuis l'étude de ces dérivés et me propose de faire réagir en
outre d'autres chlorures sur l'éther cyanacétique sodé (' ). »
(') Tra\ iil fait au laboratoire de M. Haller (Faculté des Sciences de Nancy).
( M/|2 )
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la formation des nitrates dans la tare.
"Note de RI. A. Muntz, présentée par M. Duclaux.
« Lorsqu'on examine la terre végétale, on constate que l'azote oxydé
sons l'influence des micro-organismes s'y trouve presque en totalité à l'état
de nitrates. Les nitrites n'y apparaissent qu'en très minime quantité et
d'une façon accidentelle. Il en est de même des nilrières naturelles ou ar-
tificielles. Cependant, lorsqu'on introduit les organismes nitrifiants du sol
dans les milieux de culture liquides, en usage dans les laboratoires, on est
trappe de l'abondance des nitrites qui se produisent alors, conjointement
avec les nitrates et souvent à l'exclusion de ces derniers.
» Y a-t-il des organismes ayant des facultés d'oxydation différentes et
dont les uns ont une action prédominante suivant les conditions de milieu?
Y a-t-il dans la terre des réactions qui transforment les nitrites en nitrates
à mesure de leur formation?
» Si l'on fait intervenir, dans les faits qui amènent l'oxydation de l'azote,
les données de la Thermochimie, dues à M. Berthelot ('), on constate
d'abord que la combinaison de l'azote et de l'oxygène pour former l'acide
nitreux, qui se produit avec absorption de chaleur, nécessite l'intervention
d'une énergie extérieure et l'on s'explique pourquoi, parmi les organismes
du sol, ceux qui sont doués d'aptitudes spéciales peuvent seuls réaliser cette
combinaison.
» Mais, une fois le premier stade de l'oxydation obtenu, il semble que la
fixation ultérieure d'oxygène, qui doit amener l'acide nitreux à l'état d'acide
nitrique, soit facile, par l'intervention de phénomènes purement chimi-
ques ou par l'intermédiaire des organismes ordinaires de la combustion. Il
ne faut plus alors, en effet, l'apport d'une énergie extérieure, puisqu'il
s'agit de réactions exothermiques énergiques, pouvant se produire sous
l'influence de la plus légère excitation.
» On comprend donc que, même si la production des nitrites est la
fonction habituelle des agents de la nitrification, on ne retrouve dans la
terre que des nitrates, dont la formation serait due à l'oxydation des ni-
trites et se ferait ainsi en deux étapes, au lieu de se faire d'emblée, comme
on pourrait le croire. Ces considérations m'ont conduit à étudier les con-
( ' ) Berthelot, Mécanique chimique fondée sur la Thermo-chimie, l. 1, p. 372.
( u43 )
flitions dans lesquelles les nitrites se transforment en nitrates et à les rat-
tacher aux phénomènes naturels.
>> La chaux étant la base universellement combinée aux acides qui se
forment dans la terre, c'est sur le nitrite de chaux que j'ai opéré. Ce sel,
préparé par double décomposition entre le nitrite d'argent et le chlorure
de calcium, était employé en solution très étendue (quelques millièmes),
c'est-à-dire à un état de dilution voisin de celui qu'il peut avoir dans les
liquides du sol.
» Action directe de l'oxygène. — On pouvait être tenté d'attribuer la
transformation du nitrite en nitrate, au simple contact de l'oxygène, qui
est toujours présent dans l'atmosphère du sol. On sait avec quelle avidité
l'acide nitreux libre absorbe ce gaz, pour se transformer, par une série de
réactions bien connues, en acide nitrique. Mais il n'en est pas de même
des nitrites. Dans mes essais, le sel de chaux en solution très étendue,
oflrant une grande surface au contact de l'air, est resté inaltéré indéfini-
ment; même après six mois, aucune trace d'oxydation ne s'était produite.
Il n'y a donc pas une oxydation directe des nitrites.
» Action de l'acide carbonique . — La combustion incessante qui s'exerce
au sein de la terre donne naissance à de grandes quantités d'acide carbo-
nique. Ce gaz exerce-t-il une action sur les nitrites? En faisant passer dans
une solution étendue de nitrite de chaux de l'acide carbonique pur, obtenu
en chauffant du bicarbonate de soude, j'ai constaté que de l'acide nitreux
est mis en liberté, entraîné par le courant gazeux et qu'il se forme du car-
bonate de chaux. Lorsque l'acide carbonique est pur et le courant gazeu\
rapide, on peut obtenir en très peu de temps cette décomposition, qui
devient beaucoup plus lente lorsque l'acide carbonique est dilué dans un
gaz inerte.
» L'acide carbonique a besoin d'intervenir en grandes quantités; il agit
par sa masse; la réaction tend vers un équilibre sans cesse rompu par le
départ de l'acide nitreux et peut donc devenir intégrale.
» Action simultanée de l'acide carbonique et de l'oxygène. — Puisque
l'acide carbonique met en liberté l'acide nitreux et que ce dernier se com-
bine directement à l'oxygène, on doit s'attendre à voir les nitrites se trans-
former en nitrates sous l'action de ces deux gaz agissant ensemble. En
effet, en faisant passer dans une solution de nitrite de chaux un mélange
d'air et d'acide carbonique, analogue à l'atmosphère du sol, le nitrite est
oxydé et se transforme finalement en nitrate.
» Le nitrite ne saurait donc longtemps persister dans la terre, puisque
( i i44 )
l'acide carbonique et l'oxygène s'y trouvent toujours en contact avec lui.
Aussi, en ajoutant du nitrite au sol, le voit-on rapidement disparaître en
donnant naissance à du nitrate.
» Pour m'assurer que cette oxydation peut se faire indépendamment
des organismes de la nitrification, j'ai incorporé du nitrite de chaux à de la
terre qui avait été chauffée pendant une demi-heure à ioo°, dans laquelle,
par suite, ces organismes si peu résistants étaient tués, mais qui en conte-
nait encore beaucoup d'autres, que cette température ne détruit pas, ca-
pables de produire de l'acide carbonique par la combustion de la matière
organique.
» Dans ces conditions, l'oxydation du nitrite se produit encore et de-
vient complète en quelques jours.
» Il résulte de ces recherches que la rareté des nitrites dans le sol, qui
semble en contradiction avec l'abondance des ferments nitreitx, tient à
l'oxydation rapide des nitrites par l'action simultanée de l'acide carbonique
et de l'oxygène, toujours présents dans l'atmosphère confinée entre les par-
ticules terreuses.
» On sait que cet acide carbonique est le résultat de la combustion des
matières organiques, produite par les organismes nombreux qui peuplent
le sol. C'est encore à l'intervention d'êtres inférieurs, mais qui sont diffé-
rents de ceux de la nitrification, qu'est due l'oxydation finale des nitrites,
c'est-à-dire leur transformation en nitrates.
» L'existence des nitrates n'implique donc nullement celle d'un ferment
nitrique et l'on peut se demander si la fonction générale de ces organismes,
qui ont la faculté spéciale de fixer l'oxygène sur l'azote, n'est pas celle de
ferments nitreux, s'arrètant à la production des nitrites, dont des réactions
ultérieures, auxquelles contribuent l'ensemble des êtres microscopiques
vivant dans le sol, achèvent l'oxydation. »
l'HYSlQUE DU GLOBE. — Considérations sur les eaux abyssales.
Note de M. J. Thoulet.
« L'étude comparée des six cent quatre-vingt-cinq densités absolues
d'eaux de mer, c'est-à-dire ramenées à la même température normale
(i5,5G°C), prises pendant la campagne du Challenger et se rapportant à
cent huit séries dont chacune s'étend du fond de l'Océan jusqu'à sa sur-
face, la discussion des résultats de sondages profonds obtenus par la Pola
( "V> )
en 1890, les diverses théories et expériences relatives à la formation sous-
marine des calcaires par voie chimique avec l'intervention nécessaire des
êtres vivants, les diverses observations et expériences d'océanographie
synthétique dont je m'occupe depuis plusieurs années relativement à la
chute des argiles et à l'existence au sein des océans de deux zones super-
posées d'eaux en repos et d'eaux en mouvement, sont toutes d'accord avec
l'hypothèse ci-après.
» La surface océanique, soumise aux variations climatériques, est le
siège d'une évaporation et d'un échaufferaient plus ou moins intenses; les
variations qui en résultent dans la densité réelle et dans la composition
chimique des eaux ajoutées à l'action mécanique exercée par les vents
donnent lieu à des courants marins horizontaux, plus ou moins verticaux,
se croisant entre eux ou se superposant avec des vitesses et des directions
diverses. Leur ensemble constitue la circulation océanique qui s'effectue
tout entière dans une zone superficielle d'une épaisseur voisine de cinq
cents brasses.
» Faisant abstraction des divers autres modes de remplissage du bassin
océanique, en conséquence de l'évaporation de surface, les substances peu
solubles contenues en solution dans les eaux marines et apportées à l'Océan
par les eaux douces beaucoup plus dissolvantes atteignent à une certaine
profondeur leur limite de solubilité et se précipitent.
» Devenues solides, elles descendent verticalement, pénètrent dans la
zone calme, franchissent rapidement et sans se dissoudre les couches in-
termédiaires tranquilles et parviennent sur le sol sous-marin. Entourées
d'eaux immobiles, devenues maîtresses du temps, elles se dissolvent et
augmentent la proportion de sels contenus dans la couche d'eau la plus
profonde immédiatement en contact avec le sol. Alors intervient la diffu-
sion qui, avec une lenteur extrême, augmente progressivement la salinité
des eaux sus-jacentes et en même temps permet aux couches contigués au
sol de n'être point saturées, et par conséquent de continuer à dissoudre
les nouveaux matériaux qui leur arrivent sans cesse. Le sol sous-marin est
donc une sorte de foyer d'activité chimique alimenté par des phénomènes
de surface et rayonnant avec une grande lenteur vers la surface.
» La véritable zone d'activité chimique est immédiatement contiguë au
fond et son épaisseur ne dépasse pas une centaine de brasses.
» L'activité chimique du fond, conséquence de la concentration îles eaux
sus-jacentes, dépend du climat de la surface.
« Des pôles à l'équateur, dans chaque hémisphère, en suivant le fond,
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, IN' 20.) l49
( .i46 )
les densités absolues sont variables. Ce fait confirme la non-existence d'une
circulation verticale océanique profonde.
)> Au fond, en des points extrêmement voisins, la composition chimique
de l'eau peut être très différente. Et, dans une même région, les eaux des
creux les plus profonds n'ont pas toujours la plus forte densité absolue.
Il en résulte que dans l'Océan actuel, au point de vue spécial considéré ici,
les dépôts sont localisés; leur répartition, leurs dimensions, leur épaisseur
considérable, faible ou nulle, dépendent moins du temps que de circon-
stances intérieures.
» L'étude des variations de la densité, de l'évaporation, du régime des
pluies et des vents à la surface de l'Océan, s'impose. La Météorologie se
lie étroitement à l'Océanographie comme l'Océanographie, qui est la Géo-
logie du présent, se lie à la Géologie du passé. »
BOTANIQUE. — Sur le genre Royena, de la famille des Êbénacees.
Note de M. Paul P.vrmextier, présentée par M. Duchartre.
« J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie des Sciences un compte
rendu historique, très sommaire, extrait des recherches monographiques
et histologiques que je fais en ce moment sur la famille des Ebénacees et en
particulier sur le genre Royena, recherches qui m'ont été suggérées par la
lecture d'un très remarquable Mémoire de M. J. Vesque (').
» La famille des Ébénacées comprend les genres Royena, Euclea, Maba,
Ihospyros et Tetraclis, avec environ 25o espèces.
» J'admets que toutes les espèces du genre Royena descendent d'une
môme souche, d'un seul groupe nodal composé de deux espèces, les
7?. lucida L. et coi data E. Mev., adaptées à des conditions moyennes, c'est-
à-dire ni trop hélioxérophiles ni trop hélioxérophobes. Ces deux espèces
sont probablement variables quant à leurs caractères épharmoniques quan-
titatifs et essentiellement cultivables, parce que nos moyens de culture ne
permettent guère que la réalisation de ces conditions moyennes.
» Ces plantes diffèrent entre elles par la forme des feuilles, l'immergence
du faisceau de la nervure médiane chez Tune d'elles et la forme des sto-
mates.
(') J. Vesque, Caractères des principales familles gamopétales, tirés de l'anato-
mie de la feuille {Annales des Sciences naturelles. -" série, t. I, p. 263 ).
( "47 )
» A ce groupe se rattache directement le fi. sessilifolia Hiern, particu-
lièrement voisin du fi. cordataE. Mey. et différant du groupe nodal : i°par
ses fleurs dioïques, toutes les autres espèces connues ayant des fleurs her-
maphrodites ou subhermaphrodites; et i° par son épidémie onduleux.
Étant donné que ce dernier caractère est isolé dans le genre et que les épi-
dermes des autres espèces sont très semblables entre eux, surtout quant
à l'apparence collenchymatoïde des parois verticales, il convient de lui ac-
corder ici, et exceptionnellement, une valeur plus grande, cela, avec d'au-
tant plus de raison qu'il coïncide avec la dioïcité des fleurs. Cette branche
dérivée ne va pas plus loin; aucune des autres espèces du genre ne possède
d'affinité plus grande avec le fi. sessilifolia qu'avec le groupe nodal lucida-
cordata.
» Les trois plantes que je viens d'étudier ont des feuilles assez grandes,
d'aspect ordinaire; mais il n'en est pas de même des autres. Il semble cer-
tain que les autres espèces se sont adaptées à la sécheresse par la réduc-
tion du système transpirateur des feuilles. Mais, malgré cette similitude,
il ne sera pas permis de les faire partir du groupe nodal suivant une seule
ligne de différenciation. Une espèce, malgré la réduction de la surface de
la feuille, devient héliophobe, perd ses cellules en palissades et ses cris-
taux d'illumination (' ) ; c'est le //. glabra L. (qui n'est pas glabra mais sub-
glabrala).
» D'un autre côté, j'ai une série de trois espèces niicrophylles de plus
en plus hclioxérophiles, se rattachant manifestement au groupe nodal et
formant, à partir du fi. lucida jusqu'au H. hirsuta L., une série insensi-
blement exagérée dans ses tendances. Il serait possible, à la rigueur,
que le fi. glabra descendit de cette série et non du groupe nodal, à cause
de la microphyllie, mais l'inverse est invraisemblable; car, si le fi. rnicro-
phylla Ecltl. descendait du fi. glabraE., ce dernier aurait dû préalablement
perdre ce qu'il avait acquis, c'est-à-dire l'homogénéité du mésophylle, ce
qui l'aurait ramené au groupe nodal. Ce tissu, dans le //. microphylla,
ressemble, en effet, beaucoup à celui des fi. lucida et fi. corda ta. D'un
autre côté, les trois espèces en question ont des poils subramifiés et elles
sont les seules dans ce cas, alors que le />. glabra a des poils simples : il
est donc presque certain que les deux branches, glabra d'une part, micro-
(') Grands cristaux ordinairement simples, logés dans le parenchyme en palissades
et tj ni réfléchissent la lumière vers les tissus assimilateurs voisins. La découverte de
leur fonction et leur nom sont dus a M. Penzie.
( "48 )
phylla-angustifolia-hirsiita d'autre part, sont indépendantes. Ce fait assure
au goupe nodal lucida-cordala la position centrale que je lui ai donnée
dès le début et de propos délibéré. Il me semble, en effet, qu'il était dif-
ficile de procéder autrement.
» Maintenant je considère de plus près la série en question. Le R. mi-
crophylla est un R. lucida microphylle. Le R. angustifolia Willd. est un R.
microphylla héliophile, à fort mésophylle et à palissades beaucoup plus
allongées; il pourrait n'en être qu'une variété, puisque son épharmonie
est qualitativement la même. Le R. hirsuta L. exagère son héliophilie par
le mésophylle franchement subcentrique, avec les palissades sur les deux
faces de la feuille.
» Il n'est pas possible de faire partir le R. lycioides Desf. d'une autre
espèce que du groupe nodal lucida-cordata : nouvelle et dernière preuve
de la position centrale de ce groupe nodal. Ses feuilles sont intermédiaires
entre les grandes et les petites, et ici l'histologie Aient confirmer aussi
nettement qu'on peut le désirer les différences morphologiques. Seul, de
tous, il a un style 3-5 fide, au lieu de 2-fide et un ovaire 6-io-loculaire au
lieu de 4-loculaire; seul aussi, il a sur les vaisseaux du bois secondaire des
ponctuations simples au lieu d'aréolées, et dans ces vaisseaux des dia-
phragmes scalariformes au lieu de diaphragmes percés simplement d'un
trou rond. Nous avons donc affaire à une quatrième branche distincte.
» En somme, autour du groupe nodal lucida-cordata, trois branches
monotypes : i° sessdifolia, i° glabra, 3° lycioides et une quatrième branche
composée de trois espèces : microphylla, angustifolia, hirsuta. »
BOTANIQUE. — Sur un Rasidiomycële inférieur, parasite des grains de raisin.
Note de MM. Pierre Viala et G. Boyer, présentée par M. Duchartre.
« Des phénomènes très particuliers d'altération des grains de raisin,
indépendants des parasites actuellement connus, se sont produits, de 1882
à 1 885, dans la Bourgogne et ont été constatés, en 1882, dans les vignobles
de Thomery. La maladie s'est développée sur des vignes en treille, princi-
palement sur le Frankenthal et les Chasselas. Elle a causé quelques dégcâts
en 1882; mais, depuis cette époque, elle n'a eu aucune gravité. M. J. Ri-
caud, qui a appelé notre attention sur elle, ne l'a observée qu'accidentel-
lement dans ces dernières années.
» Cette maladie se développe pendant les années humides, surtout aux
( "49 )
mois de septembre et d'octobre, au moment de la véraison ou lorsque les
raisins sont presque mûrs. Les grains présentent d'abord une petite tache
sombre sur un point quelconque; cette tache s'étend et devient livide; puis
la peau se déprime et s'affaisse sur une étendue égale au plus au tiers de la
surface du grain de raisin, qui, mou et juteux, se ride et se dessèche. La
partie creusée du raisin est parsemée, avant qu'il soit ridé, de petites
pustules isolées et d'un blond doré, qui forment de petits bouquets peu
consistants, veloutés, d'une hauteur de iio[j. à 200;j..
» Les petits bouquets blonds sont l'organe fructifère du Champignon
qui cause l'altération. Le mycélium, très abondant dans toute la pulpe, est
très ramifié, cloisonné, à pourtour régulièrement sinueux, à contenu
homogène et granuleux. Il est toujours filamenteux, incolore au niveau
des pépins, d'un jaune clair vers la peau; il mesure i <j., 8 de diamètre. Les
branches mycéliennes émergent en grand nombre à l'extérieur du raisin,
dans des directions réciproques obliques ou parallèles. Elles éclatent l'épi-
derme et la cuticule qui forment bordure autour des bouquets blonds;
ceux-ci constituent un hvménium filamenteux.
» Les basides portées, à diverses hauteurs, par les nombreuses branches
mycéliennes ramifiées à l'extérieur du raisin, forment un ensemble peu
consistant et non un stroma dense et continu. Elles sont intercalées avec
quelques branches mycéliennes à sommet terminal stérile. La baside ter-
mine le filament mycélien; un seul filament peut porter deux ou trois
basides, formées par ramification dichotomique, ou alternes à diverses
hauteurs, et obliques les unes par rapport aux autres. L'extrémité du tube
mycélien, séparée par une cloison, se renfle progressivement. La baside
est, par suite, arrondie à son sommet, rétrécie et confondue à sa base avec
le mycélium; elle est remplie d'un protoplasma grumeux et vacuolaire
d'un jaune brun. Quelques rares basides sont aplaties en forme de raquette.
Le diamètre moyen des basides au sommet est de 5 y.; leur hauteur jusqu'à
la première cloison est de 16 <j..
» Sur la surface sphérique du sommet des basides naissent de minus-
cules stérigmates incolores, sortes de pointes visibles à de forts grossisse-
ments. Les spores apparaissent à leur extrémité sous forme de petits bou-
tons blancs; elles sont au nombre assez constant de G, parfois de 4 ou
de i, plus rarement au nombre de 7, 5, 3. Il n'y a pas fixité normale dans
le nombre.
» Les spores mûres sontallongées, cylindriques, arrondies à leurs extré-
mités. Leur face interne est faiblement curviligne et leur base d'insertion
( n5o )
est légèrement plus arrondie que leur sommet; les stérigmates sont insérés
un peu sur le côté de la base de la spore, non loin du centre. Les spores
ont une longueur de 6(j.,25 et un diamètre de i;;.,5. Leur membrane est
lisse, leur contenu homogène et finement granuleux, leur coloration d'un
blond très clair.
« Les caractères particuliers de l'hyménium filamenteux, de la disposi-
tion des basides, ceux de la forme, de la coloration et de la variation du
nombre des spores, nous autorisent à créer, dans le groupe des Hypochnëes,
un genre pour cette nouvelle espèce parasite, que nous nommons Aureoba-
sidium Vitis. Il n'a pas été signalé de parasites dans la famille des Hjpo-
chnées et les Exobasidiées diffèrent essentiellement de l'A. Vitis. »
GÉOLOGIE. — Sur un faciès particulier du Crétacé dans le massif du Bou-
Thaleb {Algérie). Note de M. E. Ficheur, présentée par M. Daubrée.
« Les terrains crétacés du massif du Bou-Thaleb ( sud de Sétif) pré-
sentent un des ensembles les plus complets que l'on puisse observer en
Algérie. Les principales assises sont fossilifères, et la division en étages,
établie par les remarquables observations de M. Brossard, a été complétée
par les recherches de M. Péron.
» Dans l'étude que j'ai faite de cet important massif, pour le service de
la Carte géologique, j'ai pu observer en particulier deux faits d'une cer-
taine importance : i° l'existence de calcaires à rudistes, véritables récifs
inclus dans le Cénomanien; -i" la situation stratigraphique, à la base du
Sénonien, d'une puissante assise de poudingues, amas caillouteux à faciès
de dépôts miocènes, qui occupent une position remarquable dans la partie
nord du massif.
» I. Le Crétacé inférieur, depuis les premières assises du Néocomien à
Belemnites lalus et Ammonites ferrugineuses, présente une série complète
dont la succession a été nettement définie et qui s'étend en pendage
inverse sur les deux versants, en formant à l'est un pli anticlinal bien
marqué.
» Au-dessus, le Gault se montre concordant sur le versant nord; ses
calcaires et marnes, avec un niveau phosphaté, sont caractérisés par une
faune d'Ammonites et d'Echinides.
» L'étage cénomanien n'existe bien défini, sur le versant nord, que
dans la partie orientale, aux flancs du Djebel Mouéssa, principalement au
( n5i )
nord de la maison forestière d'Aïn-Tinzert, à 8km au nord-est de la maison
principale de l'Afghan. La superposition des couches est régulière, avec
inclinaison constante au nord ; à partir de la maison forestière, on observe :
» i° Calcaires à Réquiénies et Orbitolines (Rhodanien);
» 20 Gault : calcaires et marnes à Amm. varicosus, Epiaster incisas, etc.
» 3° Marnes grises et marno-câlcaires riches en fossiles (Ostrea flabel-
lata, 0. Marmeti, 0. syp/tax, Trigonia distans, Ammon. Mantelli, Hemiaster
Heberti, etc.), renfermant en abondance des polypiers, parmi lesquels domi-
nent Epismdia cornucopia, Epism. qfricana, Trochosmilia batnensis. — Cé-
nomanien bien défini.
» 4° Calcaires durs, blancs, compacts, à stratification inégale, formant
un puissant rocher escarpé (kef Malah) ; ils se montrent formés de débris
de rudistes, dont les individus entiers sont difficiles à dégager; quelques
spécimens, recueillis sur les pentes, me paraissent se rapporter au genre
Caprintila.
» 5° Au-dessus, en concordance, alternances marno-calcaires à Ostrea
a) 'ricana, 0. Larteti, 0. Delettrei, etc., indiquant toujours le Cénomanien.
» Les calcaires 4, puissants au maximum de plus de 8om, forment une
zone lenticulaire, d'une étendue de 2km à 3km, atténuée progressivement à
l'est et terminée presque brusquement à l'ouest, où les couches 5 viennent
se superposer à 3, formant un ensemble puissant de plus de 3oom. Ce Céno-
manien se rattache au nord aux îlots bien définis de la plaine des Rirha.
» A l'ouest, d'autres îlots semblables de calcaires à rudistes reparaissent
au milieu du Cénomanien dans des conditions identiques, qui ne peuvent
laisser aucun doute sur l'existence de récifs au sein des dépôts marno-cal-
caires du Cénomanien.
» II. Au-dessus de ce terrain, et formant couronnement en discordance
très nette au kef Abeda, se montrent des poudingues à éléments calcaires
et gréseux, qui s'étendent transgressivement sur les couches du Gault et de
1 étage rhodanien. Ces poudingues, partiellement démantelés, se dévelop-
pent à l'ouest sur le flanc du kef Makrouge, en discordance sur le Céno-
manien, dont les couches arasées s'atténuent peu à peu jusqu'à disparaître.
» Ces conglomérats viennent ainsi se mettre en relation avec le Gault,
près de la maison forestière de l'Afghan; cette situation a pu les faire attri-
buer à la partie supérieure de cet étage, par les précédents observateurs.
» On suit en continuité vers le sud-ouest, ces poudingues puissants, à
coloration rouge parfois très accusée, qui traversent en écharpe toute la
première chaîne, s' élevant depuis le ravin de l'oued Aras jusqu'à la crête,
( I T T2 )
qu'ils traversent pour s'étendre au pied de l'arête jurassique. Dans cetle
zone, on les voit recouvrir successivement les couches du Gault, puis les
assises du Crétacé inférieur pour s'appliquer sur le flanc des terrains juras-
siques, au nord du village d'Anouel.La superposition directe, avec l'érosion
inégale des couches sous-jacentes, que l'on peut observer dans tous les ra-
vins, ne laisse aucune place à l'hypothèse d'une faille de contact. De mes
observations résulte l'évidence d'un puissant phénomène d'arasement des
assises émergées du Néocomien ou Cénomanien, suivi du transport vio-
lent des débris de toutes ces roches qui ont constitué le poudingue. Ces con-
glomérats rouges s'étendent ici sur plus de 3okm ; on les retrouve de chaque
cùlé de l'oued Soubella, d'où ils se poursuivent vers l'ouest. Ils se montrent
également sur le versant sud, au Foum-Anouel.
» Au-dessus viennent des couches irrégulières de grès et argiles rouges
formant passage à une assise de marnes et calcaires, qui se montrent en
bancs puissants, d'une stratification remarquable, sur le flanc du Djebel
Bou-Iche et sur toute la crête qui forme barrière à l'oued Aras.
» L'âge de ces calcaires est indiqué par les fossiles, assez rares du reste,
que j'ai recueillis en plusieurs points, notamment à la crête, à l'est du
Djebel Bou-Iche, près de la maison forestière d'Aïn-Tafrint. Entre autres :
Ostrea Matheroni, 0. cornu arielis, Natica Gcrvaisi, Nerita Fourneli, Flemi-
pneustes n. sp., et un moule de gros Cérithe, variété du Cerithium Encelades,
de Medjès-el-Fonkani.
» Au nord de la maison forestière de l'Afghan, on trouve : Ostrea cornu
arietis, Natica Ge?vaisi, Pterocera Fourneli, Pterocera Cotteani, etc.
» Cette forme établit suffisamment l'âge sénonien de ces calcaires. Il me
paraît impossible de voir dans les poudingues sous-jacents et concordants
autre chose que la base delà formation sénonienne.
» La discordance avec le Cénomanien, après le démantèlement de ses
couches, est l'indice d'une lacune qui explique le retour violent de la mer
et la formation des poudingues. Rien ne me parait représenter l'étage
turonien, auquel on a sans doute rattaché les calcaires à rudistes décrits
ci-dessus.
» Je puis rapprocher ce fait de l'indépendance du Sénonien et du
Cénomanien des observations analogues que j'ai signalées dans la région
d'Aïn-Bessem, et que j'ai reconnues comme la règle constante dans la
Ivabylie de Sétif. La fin du dépôt de la Craie moyenne a donc été marquée
en Algérie par la production de phénomènes dynamiques d'une intensité
considérable. »
I 11
GÉOLOGIE. — Gisement de néphrite exploité en Chine, dans la chaîne de
montagnes de Nan Chan. Extrait d'une lettre adressée par M. Martix à
M. Daubrée, en date du "> janvier 1891 .
« A mon retour du Koukou-nor et en traversant la grande chaîne de
montagnes de Nan Chan, j'ai fait une curieuse et importante découverte
géologique. Il s'agit de la néphrite.
» Depuis quelque temps, j'avais remarqué que les torrents charriaient
des roches d'un caractère très différent de celles que j'avais recueillies
auparavant. Il y en avait de toutes les couleurs, vert mat, vert d'eau,
blanc mat, blanc de lait, et aussi très transparent, jaune de soufre, etc.
» Après maintes recherches que je fis en remontant et descendant le
cours de plusieurs torrents, j'arrivai à découvrir, et cela d'une façon tout
à fait inattendue, un magnifique filon très bien encaissé au milieu d'une
autre roche assez friable. Ce filon, caché au milieu des broussailles, est
d'un vert mat; mais, après de minutieuses recherches, je parvins à décou-
vrir la véritable néphrite, aussi belle que celle de Sibérie que M. Aliberl
vous a rapportée et que j'ai rencontrée à l'ouest du lac Baïkal. C'est à la
suite d'une chasse où je tuai un énorme mouflon, lequel, avant roulé au
tond d'un ravin, vint s'abattre parmi les roches que je viens de vous
signaler. Plus tard, à la suite de mon séjour dans les villes de Kan tcheou
et de In tcheou, j'ai pu me convaincre que l'on faisait un grand commerce
de ces pierres.
» En continuant mes explorations géologiques sur le versant nord de la
chaîne de montagnes de Nan Chan, j'ai remarqué, presque dans chaque
village, un grand nombre de paysans qui travaillent ces pierres et en fabri-
quent pour l'usage des Chinois des objets dont quelques-uns ont une
grande valeur. A Su tcheou, il y en a plusieurs fabriques. Ces roches, de
différentes couleurs et d'une grande dureté, se polissent admirablement.
» J ai réuni une collection géologique intéressante que je continuerai
en me rendant à Kachgar, par le Thibet septentrional.
» J'attends de vos nouvelles à Kachgar, où je compte arriver à la fin
d'avril 180,1. »
C 11., 1891. 1" Semestre. (T. CXII, N" 20.) 1 JO
( "54 )
PALÉONTOLOGIE. — Note rectificative sur un fossile corallien récemment décrit;
Note de M. Stanislas Meunier.
« L'Académie a bien voulu accueillir dans ses Comptes rendus. (') la des-
cription que j'ai eu l'honneur de lui adresser récemment d'un très singu-
lier fossile renfermé dans le calcaire corallien de Verdun et qui semblait
indiquer l'existence d'une nouvelle espèce de Cvcadée représentée par une
feuille séminifère.
» Mon travail ayant été reproduit par le journal Le Naturaliste, avec une
figure très exactement dessinée, M. le professeur Léon Vaillant a bien voulu
appeler mon attention sur la ressemblance du fossile jurassique avec la
forme de certains œufs de poissons holocéphales des genres Chimère et
Callorhynques.
» L'examen des échantillons que le savant ichthyologiste a mis 'a ma dis-
position n'a pas tardé à me convaincre que cette manière de voir est très
certainement exacte. La nouvelle interprétation permet même de com-
prendre nettement certains détails de l'empreinte fossile qui paraissaient
sans importance : par exemple des sillons linéaires longitudinaux qui sont
certainement les assures d'entrée et de sortie de l'eau dans l'œuf de poisson.
» On concevra que je m'empresse de rectifier ma méprise, et aussi que
je cherche à en atténuer la gravité aux yeux des personnes qui ne sont pas
spécialisées dans la matière. Il me suffira pour cela de faire remarquer que
mon cas n'est pas isolé et que je partage ici une fortune commune avec des
paléontologistes éprouvés.
» Il se trouve en effet, par une coïncidence des plus curieuses, que sur
la planche même où Auguste Duméril a, dans l'Atlas de son Ichtyologie,
dessiné un œuf de Chimère, se trouve également la représentation de l'œuf
spirale de Y Heteroclon Plulippi. Or, on peut voir, en tête du récent volume
relatif à la flore fossile de Commentry (-), comment MM. B. Renault et
R. Zeiller reconnaissent avoir publié comme végétal et sous le nom de
Fayolia un vestige qui est évidemment un œuf de Chondroptérygien, très
voisin de l'Hétérodonte.
(') T. GXH, p. 356; y février 1891.
(2) Saint-Elienne, in-8°; 1890.
( ri55 )
» En tous cas, il est évidemment nécessaire de constituer pour l'em-
preinte de Verdun un genre nouveau parmi les poissons cartilagineux. Je
propose de substituerai! nom primitivement donné celui de Vaillantoonia;
l'espèce s'appellera donc V. Virei. »
ANTHROPOLOGIE PRÉHISTORIQUE. — Découverte d'un squelette humain con-
temporain des éruptions volcaniques quaternaires du volcan de Gravenoire
{Puy-de-Dôme). Note de MM. Paul Girod et Paul Gautier, présentée
par M. de Quatrefages.
« La carrière de la Brenne s'enfonce dans le flanc est-nord-est du volcan
de Gravenoire, entamant les scories sur une longueur de aom, atteignant
5om en profondeur. La superposition des couches est la suivante :
m
Terre végétale et éboulis i . 20
Scories remaniées et stratifiées 1,20
Scories en place, à gros éléments 3
Lit de cendres noires avec nodules d'argile o,3o
Argiles jaunes provenant des granits o,So à 1"'
Scories de fond, à éléments moyens \
Arkoses de base.
» Dans le fond de la carrière, d'énormes paquets de lave forment la
base des scories à gros éléments et reposent sur les argiles qui, à leur con-
tact, ont été transformées par la chaleur et ont une teinte rouge-brique
caractérisée. Partout où ces paquets manquent, on trouve le lit de cendres
noires et les tranchées montrent, dans ce lit, des nodules provenant de
l'argile inférieure, emballés et enveloppés par les éléments scoriacés. Il
semble possible d'admettre que, sur ce point, les argiles, qui séparent les
deux couches de scories, marquent une phase de repos entre deux érup-
tions successives. Dans ce cas, les cendres auraient balayé la surface de
l'argile, étant peut-être à l'état boueux, et auraient entraîné avec elles les
parties superficielles de l'argile avec les débris qu'elles supportaient.
» Une des dernières tranchées a intéressé largement ces cendres et les
argiles. C'est au contact de ces deux couches que le chef d'exploitation,
M. J. Bouquel, de Beaumont, a mis à découvert des fragments d'un crâne
humain et quelques débris osseux. Avertis, nous nous rendîmes sur les
- . [56 |
lieux pour relever la position exacte de ces débris. Mais le service du
chemin d'accès de la carrière avait nécessité le remblaiement de la tran-
chée et nous dûmes entreprendre d'importants travaux pour déterminer
avec exactitude l'emplacement du squelette.
» Un puits carré, de 3m de côté, fut largement ouvert, perpendiculaire-
ment à la tranchée; il traversa toutes les couches indiquées, depuis la terre
végétale jusqu'aux argiles, atteignant une profondeur de 5m,8o. La couche
des scories est très compacte, résistante à la pioche, formée superficiel-
lement d'éléments rougeâtres qui passent à des lapilli noirs et à une couche
de cendres avec nodules argileux. Le travail d'extraction est difficile et les
parties délicates des ossements sont brisées par le choc des grosses pioches
des carriers : aussi avons-nous recueilli beaucoup de fragments. Seuls, les
os des membres offrent assez de résistance pour être extraits par portions
plus volumineuses. Nous avons pu, par la découverte de la portion impor-
tante d'un radius, déterminer d'une façon exacte l'emplacement du sque-
lette et, dans l'espoir de compléter le plus largement possible nos trou-
vailles, nous avons fait poursuivre la fouille dans un rayon de 2m autour
de ce point déterminé.
» Les débris du squelette étaient donc placés dans le lit de cendres,
reposant sur les argiles, occupant une situation analogue à celle des
nodules voisins. Les racines des châtaigniers centenaires qui couvrent la
montagne s'intercalent entre les scories et pénètrent la couche de leurs
fines ramifications.
» Les fragments relevés sont les suivants :
» Crâne : fragments des pariétaux, du frontal, des rochers, de l'occipital. Ces os
ont une épaisseur considérable qui atteint 51""1 et niéineS11"" maximum, et une grande
légèreté.
» Humérus droit : extrémité inférieure. — Humérus gauche : même partie avec
portion importante de la diaphyse; pas de perforation dans la fosse olécranienne.
» Cubitus droit : olécràne et deux tiers supérieur de la diaphyse; cette partie offre
l'incurvation accentuée en avant sigualée par Testut dans le squelette de Chance-
lade.
» Divers débris de côtes, parcelles nombreuses.
» Tous ces os ont des dimensions petites ; aucune portion ne se rapporte
aux os des membres inférieurs.
» L'étude du gisement, faite avec la plus scrupuleuse attention, éloigne
toute idée d'un remaniement des scories profondes par des phénomènes
( ii57 )
d'érosion. La couche de scories remaniées est superficielle et la position
des paquets de lave sur les argiles cuites ne laisse aucun doute sur leur
position. De même, on ne peut admettre l'idée d'une exploitation an-
cienne ayant entraîné l'enfouissement d'un carrier sous un éboulement;
les remaniements dus à la main de l'homme laissent des traces trop évi-
dentes dans les couches de scories, et, sur ce point, il est impossible de
constater de semblables traces. Ces ossements sont bien en place, dans
des couches non remaniées, et affirment la contemporanéité de l'homme
et des éruptions du volcan de Gravenoire.
» Est-il possible de fixer une date à ces éruptions et de rattacher du
même coup ces débris squelettiques à une des grandes divisions du paléo-
lithique? Pommerol, qui s'est occupé de l'âge du volcan de Gravenoire,
place l'émission des coulées -Iaviques « entre les deux époques glaciaires »,
mais nous réservons nos conclusions, désirant apporter des données in-
discutables dont l'exposé sera le complément de cette Communication. »
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Recherches chimiques et physiologiques sur les sécré-
tions microbiennes. Transformation et élimination de la matière organique
par le bacille pyocyanique. Note de MM. A. Ar.vaud et A. Cnwtitiv, pré-
sentée par M. Bouchard.
« Dans une Note précédente ( ' ), nous avons fait connaître les transfor-
mations que subit la matière organique (asparagine) sous l'influence vitale
du bacille pyocyanique. Nous avons étudié le mode d'élimination de
l'azote; il reste, entre autres choses, à établir l'emploi du carbone de cette
asparagine.
» Le poids du carbone du liquide de culture est, au départ, de is', 600
par litre, quantité correspondant aux 5°rd'asparagine employée. Le dosage
direct de CO2 dégagé, pendant les quinze jours de l'évolution du microbe,
a donné des chiffres se rapprochant, en moyenne, de ceux qu'il est pos-
sible de calculer, en tenant compte du carbone fixé dans le protoplasma
microbien, et de celui qui entre dans la composition des substances de sé-
crétions, substances non encore déterminées, constituant le résidu fixe.
Les résultais des analyses peuvent se résumer ainsi.
(') Coin/) tes rendus, I. CXII,
( n58 )
Quantités respectives des substances élaborées aux dépens de la matière organique
(élimination du carbone).
Carbone lotal dans iUt de culture 1^,600
Carbone dégagé à l'état d'acide carbonique iS'',i6o ou 72, 5 pour 100
Carbone combiné dans le protoplasma microbien. o,22im^r ou 1 3, S pour 100
Carbone des substances solubles, fixes, produits
de sécrétion non déterminés (') o,2i6rosr ou 1 3, 5 pour 100
Carbone en combinaison dans des produits secon-
daires, pyocvanine, méthylamine, et perte à
l'analyse o,oo3">sr
» La détermination de l'oxygène fixé par le bacille présente de l'inté-
rêt. Nos expériences n'ont pas, jusqu'ici, donné des résultats absolument
concordants. Pour aboutir à des données précises, nous avons entrepris
des dosages par des méthodes différentes. Cependant les analyses, d'accord
avec le calcul, montrent que cette quantité d'oxygène absorbée est en
rapport avec la proportion deCO2 qui a pris naissance; elle peut être évaluée
à une fois et demie à deux fois le volume de la culture.
» Dans le vide, l'évolution se fait mal; CO2 ne permet aucun dévelop-
pement. Dans l'hydrogène, on note une assez grande activité, l'ammo-
niaque se forme; nous n'avons pas encore étudié par quel mécanisme.
» Nous avons complété nos recherches en faisant varier le milieu. Au
lieu d'utiliser l'asparagine, nous avons pris la gélatine, plus complexe
comme constitution, en ayant soin d'ajouter les sels nutritifs nécessaires.
La courbe d'élimination de la matière azotée est alors plus régulière
qu'avec l'asparagine (2); il semble que la diastase du bacille n'intervient
pas et que ce bacille assimile directement les éléments de la gélatine.
» Les résultats se résument dans le Tableau suivant :
Azote total au départ de la culture, le 3o mars 1891 °i757
Azote éliminé à l'état d'ammoniaque, le 3 avril, 90 heures, après le départ, o, i344
(') L'extrait sec à ioo° d'un litre de culture, après évolution du bacille, est de
ier,070. Le même extrait, filtré à la bougie, est de osr,65o. La différence, osr,420, peut
être considérée comme le poids du microbe. La matière minérale atteignant oer, 320,
on en déduit le poids des matières de sécrétions, fixes, non déterminées, égal à o,33o
pour 1000.
(2) Voir le diagramme qui accompagne la Note du 6 avril 1891.
( "59 )
Le 7 avril, 196 heures après le départ o,3444
Le 9 » 234 » o , 4564
Le 1 4 » 36o » o , 5 1 24
Le 16 •> 420 » 0,5272
Le 2 1 » 628 » o , 53o
» A partir de ce moment (22e jour), l'ammoniaque n'augmente plus.
Dans un pareil milieu l'azote, éliminé à l'état d'ammoniaque, est donc de
70 pour 100 de l'azote total, au lieu de 91 pour 100 dans la culture à l'aspa-
ragine. D'un autre côté, on observe que le poids des microbes est plus
considérable; il est, par litre, de 0,990 (0,420 dans le bouillon à Paspara-
gine); le poids des matières organiques solubles fixes atteint o,495(o,33o
dans la culture à l'asparagine). On peut conclure que, pour étudier ces
derniers principes de sécrétion, si intéressants au point de vue physiolo-
gique, il sera préférable d'employer le milieu à la gélatine. Dans ce cas, la
formation de la pyocvanine est presque nulle.
» Malgré l'absence de ce pigment, les produits spéciaux, l'expérience
le démontre, sont actifs. Sur les indications de M. Bouchard nous avons
recherché leurs actions. Ne pouvant, pour le moment, les étudier isolé-
ment, nous avons eu recours à la méthode suivie par cet auteur mesurant
la toxicité des urines. Grâce à des procédés physiques de dissociation, ces
produits ont été séparés en trois groupes (' ) : parties volatiles, parties in-
solubles dans l'alcool, parties solubles dans l'alcool; soit trois extraits.
» Une propriété très nette caractérise le premier, celui des parties sépa-
rées par distillation. Cet extrait agit sur les vaso-moteurs, paralyse le
centre dilatateur, resserre les vaisseaux, toutefois passagèrement.
» Introduites dans l'organisme du lapin, les matières du second extrait,
reprises par l'eau ou la glycérine, déterminent de la diarrhée, de la fièvre,
de l'albuminurie, des hémorrhagies; elles font fléchir la résistance des vac-
cinés, s'opposent à la diapédèse, altèrent les tissus. La chaleur diminue
leur toxicité. A dose infime, cette toxicité est non appréciable, tandis qu'on
constate le pouvoir vaccinant. Ce second extrait renferme les sécrétions
les plus importantes; il est toxique et vaccinant; on peut cependant dimi-
nuer ses effets nuisibles, grâce à la température, aux petits volumes, en
conservant ceux qui sont utiles. Il n'y a pas parallélisme absolu entre ces
deux propriétés.
(') Cette division en groupes renferme naturellement les principes volatils et la
diaslase qui sont compris dans les matières dont il est question.
( I ifin )
» Quant au troisième extrait, il fait apparaître des convulsions, et, si
l'animal ne succombe pas immédiatement, le plus souvent il se rétablit
définitivement, tandis qu'il devient de plus en plus malade, si, sans aller
jusqu'à la dose mortelle, on s'est servi des principes insolubles; ce troi-
sième extrait élève parfois la température, jamais il ne rend réfractaîre,
pas plus que le premier. En sorte qu'il y a des substances microbiennes
qui sont morbifiques, et non vaccinantes.
« Nous devons ajouter que les principes ordinaires de la vie des bacté-
ries, tels que l'ammoniaque, devenant par trop abondants, pourront entrer
en ligne de compte dans la mesure de la toxicité.
» Les diverses propositions avancées sont justifiées chacune par de nom-
breuses expériences. »
M. J. Teguor adresse une Note sur divers sujets de Mathématiques.
La séance est levée à 4 heures et demie. M. l>.
ERRATA.
( Séance du 1 1 mai 1 89 1 . )
Note de M. Léon Vaillant, Sur la délimitation des zones littorales :
Page io4o, dernière ligne, au lieu de basses mers minimums, lisez basses mers
maximums.
On souscrit à Paris, chez. GAUTHIER - VILLARS KT FILS,
Quai des Grands-Augusiins, u" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimmche. [Informent, à la fin de l'année, deux volumes in-i". D<
'.(blés, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est ann
t part du ier janvier.
Le prix île C abonnement est fixé ainsi qu'il .suit :
Paris : 20 IV.'— Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrii, dans les Départements,
tger.
miens,
users.
'Ueuux .
resl.
riiez Messieurs ■
gen Michel et Nédan.
i Gavault Si-f_;n;'r ■.
i Jourdan.
I Ruir.
Hecquet-Decbbert.
[ Germain et Qrassin.
■ Lachèse el Dtlbeau
ayonne Jérôme.
esaneou facquard.
, Evrard.
Dùthuff.
Muller (G.).
Renaud.
Lefouruier.
F. Robert.
.). Robert.
' V l'zol Caror.
i LJaér.
lien . . ■ • - . .
i Massif.
ttambery Perrin.
i Henry.
' Margucrie.
i Rousseau.
( Ribou-.Collav.
I .Mille.
Ratel.
' Haiiihl.il
\ Lauverjat.
' Crépin.
i l irevet.
I Grâtier.
i Hockelle Robin.
\ Bourdignon.
I Dombre.
Ropiteau.
Ile Lefebvre.
' Quarré.
Lorient.
chez Messieurs
t Baumal.
* M"< l'cxier.
Ile, mil.
! Gêorg.
Lyon i Mégret.
Paln.l.
Marseille.. ■
Montpt lliei
'lerbour:
ermont-Ferr.
yun.
■cnoble
Havre.
\
\ Vitle et Pérussel.
Pessailhan.
i Calas.
i Coulet.
Hloulins Marti. d Place.
[ Sordoillel .
Nancy Grosjean Vlaupin.
' Suint rrères.
j Loiseau
Mi ' v*elop|
I Baruia.
' Visconi i el C
Mmcs Thibautl.
Orléans ... Luzeraj
I Blanchie
( Druinaud.
Rennes Plihon el Hervé.
Hoc lie fini Boucberon Kossi
j Langlois. | gnok
' Lestringanl
Chevaliei
| Bastide.
' Rumèbe.
^ G îmet.
I Priv.il.
. Boisselier.
Tours i Péricat.
Supplig "!i
\ Giard.
' Lemaitre.
/Vantes
Nice. . .
Poitiers..
Rouen
^S'-È tienne
Toulon . . .
Toulouse..
Valeneiennes..
chez Messieurs :
, i Robbers.
Amsterdam ., ,
' l'eikeni.l ( ..l.il'elsi'ii
Athènes Beck . [et C'".
Barcelone Verdaguer.
\-lier et C".
, , 1 Calvary et C".
Berlin ,, ,
. Y riedlander et lus.
Mayer et Millier.
t Selniuil. Francke el
B\ logne ■ . /.iniehelli et Cio.
Ramlot.
Bruxelles Mayolez,
( Lebègue el C"\
, Haimann.
Bucharesl ...
' Ramsteanu.
Budapest kilian.
Cambridge Deighton, BelletC
Christiania Cammermeyer.
Constantinopte. . Otto et Keil.
Copenhague Host et (ils.
Florence Lcescher et Seeber.
Gand Hoste.
■ . . ■■'/.' s Beuf.
t îherbuliez.
< îeorg.
' Stapelmohr.
La lliiv . Belinfanle frères;
i Benda.
Lausanne , ,,
I l'aviil.
li.irth.
I Brockhaus.
Leipzig i Lorentz.
Mas Rttbc.
Twietmej er.
, I lesoer.
I " se „
l Gnuse.
chez Messieurs :
, i Dulau.
Londi es
/ Nuit.
Luxembourg.... V. Buck.
Librairie Uuic
\ berg;
Madrid Gonzalés e hijas
j Yravedra.
F. Fé.
,,., i Dumolard frères
( Hœpli.
\foscoii Gautier.
, Furcheiui.
:\u/i/es ' Marghieri < I • Gii
' Pellerano.
, Christern.
,\eie l'or/, Srechert.
Westerm;
Odessa . Rousseau.
Usc/ord Parker ei < :
Païenne Clausen.
Porto • Magalhaès.
Prague Rivnac.
fiio-Janeh'O Garnier.
i Bocca frères-
Rome _ ,
' Loescheret < ".
Rotterdam Kramcrs el fils.
Stockholm Samson et Walli
, . , i Zinserling.
st-pete,sb -ïwnin.
■ Bocca i réres.
... . \ Brero.
Turin -,
i Llausen.
[ Rosenbergol Solli
Varsovie Gebelhuer et Wo
Vérone Drucker.
,. i Frick.
I (i une J _
' Gerold et C™.
Zurich Me ver el Zuller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1er à 31. — i j Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in- 4": i853. Prix 15 l'r.
Tomes 32 àl61.— ( i" Janvier i83i à 3i Décembre 1 865. ) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91.— ( 1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-.j "; [889. Prix 15 IV.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
l'ome I : Mémoire sur i[ueh[ues points de la Physiologie des Algues, par MM. V. DEiiucset A.-J.-J. S01.11.11. - Mémoire sur le Calcul îles Perturbations qu'éprouvent
métes, par M. Hanses.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du su pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des inatiè
isses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; rS56 15
l'ome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. — Essai d'une réponse a la question de Prix proposée en iSjo par l'Académie des Scien
ur le concours de i853, et puis remise pour celui de i85o, savoir ; « Étudier les luis Je la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains séi
nenlaircs, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la nati
les rapports qui existent entre l'étatactuel du règne organique eL ses états antérieurs », par M. le Professeur Bhonn. In-'|°, avec 27 planches; 186t. .. 15
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N° 20.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 19 mai 1891.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE.
Pages.
M. le Président rappelle .1 l'Académie la
perte douloureuse qu'elle a faite dans
la personne de M. Edmond Becquerel,
Membre de la Section de Physique, décédé
à Paris le 11 mai isi|i 1 oSr>
MM. Lœwï el Puiskux. Détermination de
1,1 constante 'le l'aberration; Valeurs numé-
riques déduites de l'observation de deux
groupes de i] liai re étoiles 1089
M. .1. .Ianss! v Sur le passage de Mer-
cure IO98
M. ,1. Boussinesq. — Sur l'explication phy-
I'
sique de la lluidité
MM. Berthi loi et Matignon. — Sur la cha-
leur de combustion et de formation des
corps chlorés
Al. A: Cornu. — Sur un double halo avec
parhélies observé le r5 mai 1891
M. Faye. — Sur un Mémoire de M. W. von
Bezold relatif à la théorie des cyclones...
MM. A. -F. Mahion et G. Gastine. — lie-
marques sur l'emploi du sulfure de car-
bone au traitement des vignes phylloxé-
rées
agis.
1019
1 102
I
CORRESPONDANCE.
M. E. GouRSat. Sur les intégrales inter-
médiaires des équations aux dérivées par-
tielles lu second on Ire 111-
M. F. Caspary. Sur une méthode élémen-
taire pour établir les équations différen-
tielles dont les fonctions thêta forment les
intégrales 1120
AI. André MARKOFF. — Sur une classe de
nombres complexes 1 120
M. Georges Lemoine. — Études quantita-
tives sur l'ai n chimique de la lumière.
Troisième Partie : Influence de la dilu-
tion ; . . 1 1 j '|
M. G. IliNniciis. — Calcul des températures
de fusion el d'éliullilion des paraffines
normales it>-
M. Engel. - Sur l'action qu'exercent les
bases alcalines sur la solubilité des sels
alcalins n.Ho
M. LëCLERE. — Sur le dosage de la silice en
présence du fer 1 i3a
M de Forcrand. — Sur la constitution et la
chaleur de formation des érythrates biba-
siques 1 [33
M. G. Massol. — Données thermiques sur
l'aeide propionique el les propionates de
potasse et de soude ! 1 ;i,
M. Timofeujw. —Sur la chaleur de dissolu-
tion et la solubilité de quelques acides
organiques dans les alcools méthylique,.
éthylique et propylique iiii-
M. P. -Tu. Muller. Action des chlorures
'les acides bibasiques sur l'éther cyanacé-
tique sodé
M. A. MtlNTZ. Sur la formation des ni-
trates dans la terre
M. J. Thoii.it. — Considérations sur les
■ aux abyssales
M. Paul Parmentier. — Sur le genre
Royi'im. 'le la famille des Ébénacées...
MM. Pierre \ iai.a et G. Hoyeu. — Sur un
Basidiomycète inférieur, parasite des grains
de raisin
M. E. FlCHEUR. — Sur un faciès particulier
du Crétacé dans le massif du Bou-Thaleb
( Algérie)
M. Martin. — Gisement de néphrite exploité
eu Chine, dans la élu lue de montagnes
de iN'an Chan
M. Stanislas Meunier. — Note rectificative
sur un fossile corallien récemment décrit.
MM. P.ui. Girod el Paul Gautier. — Décou-
verte d'un squelette humain contempo-
rain des éruptions volcaniques quaternaires
du volcan de Giavenoire (Puy-de-Dôme).
MM. V.Arnaud et V. Charrin. — Recherches
chimiques et physiologiques sur les sécré-
tions microbiennes. Transformation et éli-
mination de la matière organique par le
bacille pyoeyanique
M. J. Te tu •op. adresse une Note sur divers
sujets de Mathématiques
1 :.
>'ïi
11 V'
M 48
ii .,
Errita.
I i.r
Illio
I [60
PARIS. - IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FIl.s.
Quai des Grands-Aususi ins. .i.ô
J'àf.
1891
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. EES SECRÉTAIRES PERPETUELS.
TOME CXII.
N°21 (25 Mai 1891).
FA Kl S,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
yuai dos Grands-Augustins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des i3 juin 1862 et 24 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l' Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il v a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étrangerdel'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au '
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Acadé
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Ra
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'au
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
s
. Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personne
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aci
demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un il
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires soT
tenus de les réduire au nombre de pages requis
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet ExtrJR
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le foi»
pour les articles ordinaires de la correspondance off
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, |lj
jeudi à 1 o heures du matin ; faute d'être remis à temps
le titre seul du Mémoire est inséré dans \eCompte rend
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui I
vaut, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports e
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article r>.
Tous les six mois, la Commission administrative fai
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de le:
-loser au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5h. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
JUN 16 \m
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 25 MAI 1891.
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. -- Recherches sur la série camphënique ;
par MM. Bertiielot et Matignon.
« La série camphénique, c'est-à-dire la série des carbures isomères de
l'essence de térébenthine et générateurs du camphre et du bornéol, est
l'une des plus intéressantes de la Chimie organique : non seulement parce
qu'elle comprend un grand nombre d'essences et de principes naturels,
mais en raison de la multitude des cas d'isomérie qu'elle manifeste et à
cause de ses relations avec la série grasse, dont elle dérive directement par
synthèse et condensation des carbures amyliques
2C3H8 = CI0H";
et avec la série aromatique, dans laquelle elle se transforme aisément par
perte d'hydrogène :
C,0H'8 -H2 = C,0HM.
C. R., 1891, 1"' Semestre. (T. CMI, N' 21.) ' J '
( n6a )
» Parmi ses caractères, l'un des plus remarquables réside dans l'exis-
tence de deux ordres de carbures fondamentaux, tous deux représentés
par une formule commune C'°H10, mais distincts par leur capacité de
saturation relative : les uns fournissant des monochlorhydrates, des hydrates
(bornéols) et des hydrures correspondants C,oH,0.HCl, CIOHIC.H20,
C,0H,6.H2; les-autres, des dichlorhydrates, des hydrates (terpines) et des
hydrures congénères C,0H'°.2HCl, C,oH,0.2H2O, CI0HI0.2H2.
» Cette double série a été l'objet, entre autres, de nombreux travaux de
l'un de nous, qui a découvert les deux hydrures, réalisé la synthèse du
camphre et du bornéol et caractérisé le carbure fondamental typique de
chaque série, c'est-à-dire le camphène cristallisé, générateur du groupe
monovalent, et le terpilène, générateur du groupe divalent.
» Les relations entre ces deux carbures et les essences naturelles de
même comjiosition méritent une attention particulière. Certaines essences
naturelles, en effet, telles que l'essence de citron, appartiennent nettement
au type du terpilène et elles engendrent immédiatement le dichlorhy-
drate. Au contraire, l'essence de térébenthine et ses congénères fournis-
sent à volonté, et suivant les conditions spéciales du traitement, soit le
monochlorhydrate, soit le dichlorhydrate.
» Le térébenthène peut d'ailleurs, par des traitements convenables, être
transformé en isomères d'un type tout à fait déterminé, soit monovalent,
comme le camphre, soit bivalent, comme l'isotérébenthène. D'après ces
faits, il semble que le type moléculaire de ce carbure naturel ne soit pas
encore fixé dans son état actuel, mais qu'il le devienne seulement par
l'acte même de la combinaison qui forme soit le monochlorhydrate, soit le
dichlorhydrate. Les formules dites atomiques actuelles, fondées sur des
représentations purement statiques, soit dans le plan, soit dans l'espace,
sont impuissantes à exprimer une semblable constitution, facile cependant
à concevoir a priori, et qui pourrait répondre à un certain état de mobilité
relative des atomes ou molécules élémentaires, ces molécules n'étant pas
assujetties à des liaisons constantes, comme dans les types à constitution
définie. Une telle mobilité implique une réserve exceptionnelle d'énergie
actuelle ou force vive.
» Nous avons cru intéressant de soumettre ces vues au contrôle des
méthodes thermochimiques, plus propres qu'aucune autre à manifester et à
mesurer les travaux moléculaires et les variations d'énergie des systèmes.
Nous avons trouvé, en effet, que l'essence de térébenthine renferme nota-
blement plus d'énergie que ses isomères à type déterminé du type mono-
( 1 163 )
valent ou du type clivaient, lesquels ne diffèrent, au contraire, que peu
sous ce rapport. Les deux isomères à type fixe suivent, à cet égard, la
relation ordinaire des isomères de même fonction, tandis que leur généra-
teur commun à type non fixé s'en écarte d'une façon considérable. Ce
n'est pas tout : la formation des deux chlorhydrates, à partir des types
fixés, se fait avec des dégagements de chaleur proportionnels; tandis que
la transformation du térébenthène en chlorhydrates répond à une perte
d'énergie plus grande, contenant une dose supplémentaire, laquelle
répond précisément au changement du carbure à constitution mobile en
types désormais invariables : la comparaison des données thermiques ob-
servées dans la combinaison confirme donc les données qui résultent de
l'étude des carbures libres.
» Voici les faits sur lesquels repose la théorie précédente, théorie dont
le principe a été déjà signalé par l'un de nous il y a vingt-cinq ans et plus.
» I. Térébenthène : C,0H" = i36gr. — On a préparé par rectification
méthodique du térébenthène aussi pur que possible; puis on en a mesuré
la chaleur de combustion dans la bombe calorimétrique.
» On a trouvé, pour une molécule,
» Chaleur de combustion :
C'°H'«liq. + 2S0^ioG02+81I2O... +i 4880,6a v. c; - . /4<jo< ■'', S ù p. c.
D'où résulte,
» Chaleur de formation :
C10(diamant) + H16 = C10H16liquidt; + 4,:"',2; gaz — 5Calj2
» II. Citrène : C,0H'C = i36K'. Récemment purifié par M. Bou-
chardat à notre intention.
» Chaleur de combustion :
C10H16liq. + 28O=ioCO2+8HsO... H-i47iCal,ià v. c; +14730,3 à p. c.
» Chaleur de formation :
G10 (diamant) -+- H16 = C10H16 liquide. .. + 2iCai)7; gaz + 120,3
» La chaleur de combustion du citrène est sensiblement la somme de
celle du cymène, déterminée par M. Stohmann (+ i4oi,G), et de celle de
l'hydrogène (+69) : d'où il résulte que l'union du cymène avec l'hydro-
gène, pour former le citrène, ne dégagerait pas de chaleur. Cette réaction
est donc très différente de la formation de l'hydrured'éthylène (et hydrures
( "64 )
analogues) au moyen de l'élhvlène et de l'hydrogène, laquelle constitue
une véritable combinaison exothermique et réalisable par synthèse directe,
d'après les expériences de l'un de nous. Ainsi le citrène et ses isomères ne
sont pas, en réalité, les hydrures des cvmènes, et ils n'appartiennent pas
à la série aromatique, dont on leur attribue souvent, mais à tort, les for-
mules développées. Mais ils se transforment dans cette série, comme les
corps de la série grasse en général, d'autant plus aisément que le change-
ment répond à un phénomène thermique nul dans le cas présent, et qui
s'élève même à un dégagement + i8Cal, dans le cas du térébenthène, ainsi
qu'il va être dit.
» III. Camphène. Rappelons ici les mesures de MM. Berthelot et
Vieille (') sur ce carbure d'hydrogène.
» Chaleur de combustion :
-+- i466Cîll,9 à v. c; -f- i4^7Cal,8 à p. c.
» Chaleur de formation :
C10H16 = C10H16 cristallisé -f-22Cal,8
» Dans l'état liquide, ce chiffre serait diminué de la chaleur de fusion,
probablement 3 à 4Cal-
» Il résulte de ces données que le citrène et le camphène ont des cha-
leurs de formation voisines de -f- 22Cal et peu différentes, comme il arrive
en général pour les isomères de constitution voisine; tandis que le téré-
benthène est formé à l'état liquide avec un dégagement de -+- 4Cal, 2, au lieu
de -f- 2iCaI,7.
» Sa transformation dans le type du citrène dégage donc -+- 1 7Cal, 5, et
dans le type du camphène + i8Ca',6 : à peu près le même chiffre. Cette
perte d'énergie est très considérable, car elle surpasse celle qui répond à
la réunion de 2 molécules en une seule par polymérisation, dans le cas
de l'amylène, par exemple, changé en diamylène (+ 1 iCal,8 état liquide).
» Ce grand dégagement de chaleur ne répond cependant ni aune poly-
mérisation, ni à un changement de fonction chimique, mais à un accroisse-
ment de stabilité d'un système : le poids moléculaire demeure identique,
mais les liaisons des parties deviennent plus étroites et mieux déterminées.
Bref, cette chaleur représente surtout une réserve d'énergie accumulée
(') Annales de Chimie et de Physique, 6" série, t. X, p. 4.54.
( 11(55 )
clans le térébenthène el qui se dissipe, au moment où il passe soit à l'état
de citrène, soit à l'état de camphène.
» Nous allons manifester cette dissipation d'énergie d'une façon déci-
sive, en étudiant les chlorhydrates dont la formation la détermine.
» IV. Chlorhydrate de camphène : ClnH'°.HCl: 172e1', 5. — Ce chlor-
hydrate a été préparé au moyen du camphène cristallisé, par M. Bou-
chardat, à notre intention. Il a été brûlé dans la bombe avec les précau-
tions que nous avons décrites pour les composés chlorés.
» Chaleur de combustion :
C">II16.HCl4-280 = ioC024-8H20 4-HClét. : 4-1467^,63 v. c.;-t- 1469e»1, 8 à p. c.
» Formation, par les cléments :
C'»4-H174- CI = C'°H17C1 cristallisé H- 64e'1, 5
C'«4-H164- HC1 gaz = C'°H17C1 cristallisé 4- 42e»1, 5
» Formation avec le camphène cristallisé :
C'°I1,C crisl. -i-IIClgaz = C,0H"\HCl cristallisé. 4-2ieal,-
Valeur analogue à la formation du chlorhydrate d'amylène :
C51I10 liquide 4- IIC1 gaz = 0' H10. II Cl liquide.. 4- 17e1'1, 6
» V. DlCHLORHYDRATE DE TERPILÈNE : C ° H'° . 2 II Cl = 20t)Bl . — Ce di-
chlorhvdrate a été préparé avec le citrène; il est, comme on sait, privé
du pouvoir rotatoire.
» Chaleur de combustion :
C10H'6.2HCl4-28O = ioCO'24-8H2O4-2HCIét. : 4- 1465e"1, 5 à v. a; 4- 1467e"1, 7 à p. c.
» Formation par les éléments :
Cio+rH,s+ cl, = C'°H'8C12 cristallisé. ... 4-io5e»',9
Cl04-1H164-2HClgaz=C10Hl8Cl2cristallisé.... 4- 61e»1, 9
» Formation avec le citrène liquide :
C10H16liq. 4-aHClgaz. = C10II16.2HC1 cristallisé. -4-4oe°',2
» La moitié de ce chiffre, soit 4- 20Cal, 1, répond à la fixation d'un
équivalent d'acide chlorhydrique : cette valeur est fort voisine de la chaleur
de formation du monochlorhydrate de camphène 4-2iCal,7; c'est-à-dire
que la chaleur dégagée avec les deux carbures monovalent et bivalent est
( n66 )
à peu près proportionnelle à l'acide chlorhydrique fixé, comme il arrive
en général pour les réactions comparables.
» VI. Chlorhydrate de térébenthène cristallisé CI0H,C. HCl= 1^1^,5.
— Ce chlorhydrate a été préparé par l'action directe du gaz chlorhydrique
sur le térébenthène.
» Chaleur de combustion :
( - 1 - i^ôt^''' o à v c
O,0H^HCl + 38O= .oCO- 4- 8H20-+-IIC1 étendu ,.J '
« Formation par les éléments :
C»° + H" + Cl = C'°H17C1 cristallisé -+- 65Cal, 1
Ci" -+- H16 4- HC1 = C'° H" Cl cristallisé -+- 43Cal, 1
» C'est sensiblement la même chaleur de formation cpie celle du chlor-
hydrate decamphène, isomère de même type.
» Formation par le térébenthène liquide :
C">H16 liq. -+- H Cl gaz. = C10H1,;. HC1 cristallisé + 38Cal,9
» La chaleur dégagée ici est presque double de la chaleur de formation
du même type de chlorhydrate, à partir du camphène : soit -+- 2iCal, 7. Mais,
dans le cas du térébenthène, elle se compose de deux parties : l'une répon-
dant au changement de type qui amène le térébenthène à la constitution
du camphène, soit -+-i8Cal,6 d'après la chaleur de combustion; l'autre, à
la formation même du chlorhydrate, soit -+-38,9— 18, G =4- 2oCal,3. La
concordance de cette valeur avec la chaleur île combinaison du camphène
et du gaz chlorhydrique, directement mesurée, +2iCai,y, vérifie notre
hypothèse.
» Nous avons cru utile de pousser plus loin cette discussion, en étudiant
la réaction directe du gaz chlorhydrique sur le citrène et sur le térében-
thène.
» L'étude thermique de cette réaction est plus difficile et plus compli-
quée que celle des chaleurs de combustion des chlorhydrates tout formés.
En effet, la combinaison du gaz chlorhydrique avec les carbures liquides,
tels que le citrène et le térébenthène, n'est pas instantanée. Rapide au
début, elle se ralentit de plus en plus, de façon à rendre difficile l'obser-
vation calorimétrique de sa terminaison. En outre, les chlorhydrates for-
més ne sont pas uniques, comme avec le camphène; mais il se forme plu-
sieurs isomères simultanément, dont certains liquides; de telle sorte que
( n67 )
l'apparition des chlorhydrates cristallisés a lieu seulement vers la fin des
opérations et demeure toujours partielle.
» Ces faits ont été étudiés par l'un de nous, il y a près de quarante ans;
ils ont donné lieu à des observations curieuses sur le changement des types
moléculaires de combinaison, et particulièrement à la découverte de la
formation directe du dichlorhydrate avec le térébenthène.
» Malgré ces complications, l'étude thermique de la saturation progres-
sive du citrène et du térébenthène par le gaz chlorhydrique n'en offre pas
moins un grand intérêt, pour la discussion des phénomènes généraux de la
combinaison chimique.
» VII. Saturation du citrène par le gaz chlorhydrique. — Cette sa-
turation est lente; la combinaison, d'abord rapide, exigeant ensuite un
temps de plus en plus considérable, de telle façon que, vers la fin, la cha-
leur observée résulte à la fois d'une simple dissolution gazeuse et d'une
combinaison proprement dite, surtout lorsqu'on dépasse i équivalent
d'acide chlorhvdrique.
Première expérience {saturation successive).
Chaleur rapportée
à i équivalent MCI.
f.nl
Première action (48 minutes) C10H16 -(-0,489 HC1 fixé -4-19, S
Intervalle l\0 minutes.
Deuxième action (43'"). De nouveau 4-0,379110 fixé +18,3
Intervalle 3h.
Troisième action (48m). De nouveau +0, 129 HC1 li\< -t-i5,9
Total +0,997 11CI |S'7
Intervalle 3 jours.
Quatrième action (3im). De nouveau H-o, 1 43 HC1 fixé 11.2
» On voit que la combinaison se ralentit et qu'au delà de 1 équivalent
elle devient trop lente pour permettre d'en discerner les effets, qui sem-
blent tendre à se confondre avec ceux de la dissolution proprement dite.
Deuxième expérience {saturation immédiate).
» Dans une autre expérience, on a poussé la saturation immédiate jus-
qu'au point où l'absorption était devenue très lente.
Durée 7?.'" Cl0H16 uo,84gHC] -M8Ca\8
Ce résultat, concordant avec celui de l'expérience précédente pour la
( n68 )
même période, montre que, jusque vers le premier équivalent de H Cl, la
combinaison est à peu près immédiate; aucun dégagement de chaleur
sensible n'avant eu lieu pendant les quelques heures de conservation du
système, au moins jusqu'à ce terme.
» Tout demeure ainsi liquide et ce n'est que par un courant très pro-
longé que l'on parvient au dichlorhydrate.
» Pour comparer la chaleur de formation de ce dernier avec celle du
monochlorhydrate de citrène, nous avons mesuré la chaleur de dissolu-
tion du dichlorhydrate cristallisé dans le citrène. On a dissous d'abord 5gl"
de dichlorhydrate dans 56gr de citrène, à i2°,5, ce qui a absorbé, pour
une molécule, C,0H,6.2HCl: — 4Ca',7; puis dans cette liqueur on a dissous
encore ios1' de dichlorhydrate ; d'où, toujours pour une molécule : — 4Cal. 6.
» Si l'on observe que d'après nos déterminations par combustion
C12H16liq. -H2HClgaz:=C10H16.2FtClcristallisé -t-4oCaI,2
on voit que la formation du dichlorhydrate dissous dans le citrène déga-
gerait -+- 40,2 — 4,6 =+ 35e"1, 6.
» L'union du deuxième équivalent de HC1 avec le monochlorhydrate,
dans l'état liquide, dégage donc -4-35,6— 18,7=+ i6Cal,9; c'est-à-dire
un chiffre voisin du premier, mais un peu plus faible. Dans l'état cristallisé :
+ 2iCal,5, en raison du changement d'état.
» Ces valeurs concordent donc avec celles qui sont déduites des cha-
leurs de combustion.
)) "VIII. Saturation du térébenthène par le gaz chlorhydrique.
Première expérience (saturation successive).
Pour H Cl fixé.
Cal
Première action (Sjminutes), C'°H'6. -t-o.i5HCl -+- 19,7
Intervalle, 2h3om.
Deuxième action (35m). on ajoute... -t-o,23HCl H- 18,0
Intervalle, 2ib.
Troisième action (5im), on ajoute... -t-o,2o,HCI -h 23,2
Intervalle, 4U-
Quatrième action (53ul), on ajoute. . . -+- 0,21 H Cl (prise en masse) -1-36,7
Total -+-o,88HCl +24,3
» Dans l'état final, d'ailleurs, on obtient à la fois un chlorhydrate cris-
( "69 )
lallisé et un chlorhydrate liquide, en proportions comparables. Le chiffre
+ 24Cali3 répond à ces deux composés à la fois.
Deuxième expérience {saturation immédiate).
Cil
Première action (3; minutes), C10Hln. -i-o,68HCl -t- a3 ,7
Intervalle, 2om.
Deuxième action (48"'), on ajoute. . . -4-o,24HCl (prise en masse) -+- 41 ,2
Total -t-o,92HCl -+-28,3
» Si le dernier chiffre -4- 28e*1, 3 est supérieur à -H 24°*', 3, c'est proba-
blement à cause de la chaleur perdue par le calorimètre, chaleur qui a
continué à se dégager dans les intervalles de vingt-cinq heures qui ont sé-
paré les saturations successives de la première expérience.
» Pour compléter ces comparaisons, nous avons mesuré la chaleur de
dissolution du monochlorhydrate de térébenthène cristallisé dans le téré-
benthène. Nous avons trouvé :
56er,8 clans iôo»1' de carbure, pour une molécule C'°11"\I1CI. — o';,',7
iôs1' ilans i5os'' — oCa,,8
» Ce nombre est faible et montre que le grand dégagement de chaleur
qui a lieu au moment de la cristallisation, ne résulte pas essentiellement
de celle-ci ; même en tenant compte de ce fait qu'elle pourrait s'étendre
non seulement au chlorhydrate formé actuellement, mais en outre à une
portion du chlorhydrate formé pendant les saturations précédentes. En
raison de la grandeur de la chaleur dégagée, on est obligé de faire inter-
venir aussi un changement d'état moléculaire particulier, pour expliquer
l'excès de
-+- 28Cal,3--2l(:*',7 — -r-6Cal,3
sur la formation du chlorhydrate de camphène, mesurée d'autre part au
moyen du camphène préexistant. Cet excès résulte précisément de la trans-
formation du térébenthène en camphène. Si elle était totale, l'excès
pourrait monter jusqu'à — t— 1 8Gal ; mais une partie seulement du térében-
thène se change en chlorhydrate de camphène; le surplus formant des
chlorhydrates isomériques d'un type différent. Le moment où la produc-
tion du chlorhydrate de camphène commence à se développer est d'ail-
leurs manifesté très nettement dans les expériences ci-dessus : il répond
au dernier quart de la combinaison, et à un dégagement de -I- jo' '', 7 clans
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, IV 21.) l^v-
( "7° )
la première série; de -t- 4iCal, 2 dans la seconde. Ces chiffres sont voisins
des +38Ca,,9 obtenues par l'étude directe (chaleur de combustion) du
chlorhydrate déjà formé. Cette proportion s'accroît d'ailleurs avec le
temps; mais son accroissement tombe alors en dehors des mesures calo-
rimétriques.
» L'ensemble de ces observations jette un jour nouveau sur la combinai-
son chimique, et sur cette vérité fondamentale que la valence ou atomicité
ne préexiste pas d'une façon absolue dans les éléments ou composants
d'une combinaison; mais la valence se manifeste surtout dans la combi-
naison accomplie et dans le type déterminé qu'elle réalise. »
PHYSIQUE. — Recherches sur les tensions de ta vapeur d'eau saturer jusqu'au
point critique et sur la détermination de ce point critique. Note de MM. L.
CA1LLETET et E. CoL.4RDE.4U.
« Dans une Note récente ('), nous avons fait connaître à l'Académie
une nouvelle méthode de détermination des températures et des pressions
critiques. Lorsqu'on opère sur l'eau, les méthodes habituelles ne peuvent
être employées à cause de l'attaque du verre, par ce liquide à haute tem-
pérature. La méthode que nous avons décrite permet d'opérer sans voir le
liquide et, par suite, de l'enfermer dans un tube de métal très résistant. La
quantité d'eau contenue dans ce tube est variable dans les diverses expé-
riences. Elle est suffisante pour fournir de la vapeur saturée jusqu'au point
critique, mais ne peut remplir totalement, par sa dilatation, l'espace qui
la contient. La courbe des tensions de la vapeur saturée est toujours la
même jusqu'à la température critique, quel que soit le poids de liquide.
Mais, au-dessus de cette température, une courbe particulière correspond à
chaque poids de liquide employé.
» Ainsi que nous l'avons dit, les poids variables d'eau étaient enfermés,
lors de nos expériences, dans un tube d'acier relié à un manomètre. Ce
tube étant chauffé dans un bain à température élevée, le manomètre donne,
pour chaque température, la pression correspondante, ce qui permet de
tracer la courbe des résultats en prenant comme abscisses les températures
et, comme ordonnées, les pressions. Il est faede de s'assurer que toutes
ces courbes coïncident jusqu'en un certain point dont l'abscisse, d'après ce
(') Comptes rendus, t. CXII, p. 563 ; 1891.
( "71 )
qui précède, représente la température critique. Au delà de ce point,
chaque courbe prend une direction particulière qui dépend de la quantité
d'eau employée.
» Le tube d'acier T ( ' ) (/%. 1 ) dans lequel l'eau est contenue a environ
i5u,m de diamètre intérieur et une épaisseur de 5mm, suffisante pour résister
à ces hautes pressions. La longueur de ce tube est de om, 20 environ : c'est
cette partie de l'appareil qui est chauffée directement dans le bain VV. La
partie inférieure de ce tube est reliée par un conduit d'acier flexible ABC.
à un autre tube T' également en acier et de même diamètre que T. Enfin,
ce tube T' communique lui-même à un manomètre à hydrogène comprimé
M et à une pompe P, permettant de refouler de l'eau dans T".
fï
F
' : T
L™ — — — ■ 'v
» La pression de la vapeur dans le tube T est transmise au manomètre
par l'intermédiaire de cette eau et d'une colonne de mercure qui oc-
cupe tout l'espace DABCE. Un fil de platine isolé S traverse la paroi T; il
est relié à une sonnerie électrique qui entre en jeu quand le mercure con-
tenu en T' vient à le toucher. Ce dispositif permet, comme on va le voir,
de maintenir rigoureusement constante la capacité DF réservée, dans le
(') Nous nous attendions à être obligés de doubler intérieurement de platine le
tube d'acier, à cause de la décomposition possible de l'eau par le fer à ces tempéra-
tures. Mais nous n'avons jamais constaté de dégagement d'hydrogène aux tempéra-
tures l.-s plus élevées réalisées au cours des expériences. Sans doute il se forme sur la
paroi interne du tube une mince couche protectrice d'oxyde magnétique.
( "7* )
tube laboratoire, au liquide et à sa vapeur. En effet, à mesure que la tem-
pérature s'élève et que la pression s'accroît, le mercure tend à être refoulé
de T en T'. Dès que le fil de platine S, par son contact avec le mercure,
fait fonctionner la sonnerie, on manœuvre très lentement le piston de la
pompe à compression, de façon à ramener le mercure toujours au même
niveau, indiqué par l'arrêt de la sonnerie.
» Le bain liquide, employé d'abord pour le chauffage du tube labora-
toire, était le mercure. Dès nos premières expériences, nous avons con-
staté que son point d'ébullition est inférieur à la température critique de
l'eau. Nous avons eu alors recours à un bain formé d'un mélange à parties
égales de nitrates de soude et de potasse. Ce mélange, notablement plus
fusible que chacun de ses éléments, est liquide à partir de 2200 et permet
de dépasser facilement la température de 400°> Ce bain était chauffé par
plusieurs couronnes de gaz. Pour faire une observation, on réglait la
llamme du gaz, de façon à obtenir une température stationnaire, et l'on
agitait énergiquement le bain pour uniformiser cette température, amenant
alors, par une manœuvre de la pompe, le contact du mercure en S; on
lisait simultanément la pression au manomètre et la température aux divers
thermomètres. Nous avons employé en même temps un thermomètre à
air et deux thermomètres à mercure, construits de façon à pouvoir mesurer
des températures supérieures à 4oo°.
» Les résultats obtenus sont consignés dans la courbe ci-jointe (Jïg. 2).
» La. température à laquelle commencent nos expériences est de 224°
environ; celle à laquelle Regnault s'était arrêté dans les déterminations
des tensions maxima de la vapeur d'eau est de 23o°. On voit que notre
courbe se raccorde exactement avec celle de Regnault, et que l'intervalle
AB, de 224° à 23o°, est un arc commun à ces deux courbes.
» Les points qui ont servi au tracé de cette figure sont au nombre de
60 environ; ils ont été obtenus au moyen de six séries d'expériences réa-
lisées avec autant de poids d'eau différents dans le tube laboratoire T. Les
six courbes obtenues séparément dans chaque série coïncident jusqu'au
point qui correspond sensiblement à l'abscisse 365u; à partir de là, les six
courbes divergent nettement et chacune d'elles prend une direction parti-
culière. Nous devons en conclure que la température critique de l'eau,
déterminée par l'abscisse de ce point de divergence, est de 365°.
» Sur la figure, l'ordonnée qui correspond au même point et qui déter-
mine la pression critique donne, pour celle-ci, la valeur de 200atm,5.
( "73 )
» La courbe expérimentale des tensions de la vapeur saturée ainsi ob-
tenue, il était important de la comparer aux données théoriques actuelle-
ment connues.
a On sait que divers physiciens, el en particulier Glausiiis, ont établi
Fie. 2.
■BBBBBBBBBBBBB BBBBIBBBi
1% BBBBBBBBBBBBBB
Bbbb bbb mm
BpMfl
IMBBBBBBBB BBg»j fgg
BB BHB BrJBfl
BBB RBBB
m BBWi
0r>, courbe de Regnaul.t, construite jusqu'à 2.'5o°.
VM, courbe des tensions de la vapeur d'eau saturée de 223" au point critique.
M, point critique.
DME, faisceau des courbes divergentes au delà du point critique.
des formules mathématiques destinées à représenter la compressibilité de
la matière sous les états liquides et gazeux ; dans un important Mémoire ( ' ),
publié en 1881, Clausius a déduit de ces formules la loi des tensions de la
(') Annalen der Chemie and l'Ins., nouvelle série, t. XIV, p. 279; 1 88 1 . —
i 11 11 a les de Chim. et de P/iys., 5" série. I. XXX, p. 433; i883.
( "74 )
vapeur saturée d'un liquide en fonction de la température et calculé la
valeur numérique de ces tensions, pour l'eau, jusqu'à 332°, 5. Ses valeurs,
comparées à celles de nos expériences, présentent la concordance la plus
satisfaisante. Malheureusement, faute de données suffisantes, Clausius
pensait que cette température de 332°, 5 devait être sensiblement la tem-
pérature critique de l'eau. Nos résultats nous ayant montré que celle-ci
est de 365", nous avons calculé, pour la fonction de Clausius, les valeurs
des coefficients numériques, qui sont la conséquence de cette nouvelle
donnée. Les résultats calculés après cette modification continuent à s'ac-
corder, jusqu'au point critique, avec notre courbe expérimentale.
» Sur la jïg. 2 ci-jointe, il serait impossible, avec l'échelle adoptée, de
tracer séparément la courbe théorique auprès de la courbe expérimentale,
car toutes deux seraient comprises dans l'épaisseur du trait du dessin (').
» M. Bertrand a également proposé (2) une forme de fonction destinée
à représenter la loi des tensions de la vapeur saturée. En calculant, d'après
nos résultats, les coefficients numériques de cette formule pour l'eau, nous
avons obtenu également la meilleure concordance.
» Cette formule, d'un emploi facile et rapide, est assez simple pour être
reproduite ici : T est la température absolue, P la tension de la vapeur
saturée correspondante en atmosphères et G une constante :
^57,074
P = G(T + I27)59,572'- l0gG = I4,00527.
» Ces expériences ont été commencées au laboratoire de Physique, à
l'Ecole Normale supérieure, au mois de février 1890. Bien qu'elles aient
été terminées au mois de mai de la même année, nous avons cru devoir
en différer la publication. Nous avons, en effet, mesuré nos pressions à
l'aide d'un manomètre à hydrogène comprimé; or, l'emploi d'un tel in-
strument comporte un certain nombre d'erreurs ou d'incertitudes (3).
(,') La fonction de Clausius qui résulte de considérations assez compliquées, n'est
pas susceptible d'être résumée sous une forme simple; nous ne pouvons donc la repro-
duire ici.
« (-) J. Bertrand, Thermodynamique, Chap. IX; Paris, 1887.
(3) Les manomètres à gaz comprimés perdent rapidement leur sensibilité à mesure
que la pression s'élève. Nous avons évité cet inconvénient en employant successive-
ment des tubes gradués de même longueur et de même diamètre, soudés à des réser-
voirs de dimensions variables. Le premier tube de la série donnant la mesure des
pressions de oatm à 5oatm avec l'approximation désirée, le second les donne avec la
même approximation de 5oatm à looatm, et ainsi de suite.
< "7> )
Nous avons dû attendre, pour la publication des résultats numériques
définitifs, la possibilité d'étalonner directement nos appareils au moyen
du manomètre à air libre de la tour Eiffel.
« Les nombres que nous donnons plus haut sont cens de nos premières
expériences corrigés d'après cet étalonnage (').
» Nous avons appris tout récemment ('-) que M. Battelli a présenté à
l'Académie des Sciences de Turin, pendant l'année 1890, une série de re-
cherches sur le point critique de l'eau. La publication de notre travail ayant
dû, comme nous venons de le dire, être différée pendant un temps assez
long, nous avions cru devoir déposer, entre les mains de M. le Président de
l'Académie, à la date du 23 juin 1890, un pli cacheté, contenant la des-
cription de notre méthode, le dessin de nos appareils et les résultats provi-
soires de nos expériences, bien que la méthode que nous avons employée
soit entièrement différente de celle de M. battelli et nous ait permis de dé-
terminer, outre le point critique de l'eau, la courbe complète des tensions
de la vapeur saturée, travail qui n'avait pas été fait jusqu'ici, nous prions
M. le Président de vouloir bien ouvrir notre pli cacheté et d'en donner
connaissance à l'Académie à cause de la presque coïncidence des dates de
ces Mémoires, celui de M. Battelli précédant le nôtre de quelques jours
seulement. »
Le pli cacheté, déposé par MM. Caiixetet et Colakdeau le 23 juin [890
et inscrit sous le n° 4559, est ouvert eu séance par M. le Président de l'Aca-
démie, il contient une Note ayant pour titre : Détermination de la tempéra-
ture critique de Veau. Mesure des tensions de la vapeur saturée jusqu'à cette
(') Avant de procéder à cet étalonnage, isavons voulu faire une dernière vérifi-
cation de la bonne installation des règles graduées, qui servent à connaître le niveau
du mercure dans le manomètre de la tour. < >n comprend, en effet, que c'est là l'élément
principal de l'exactitude de l'appareil.
Pour obtenir celte vérification, nous nous sommes servis d'un fil d'acier tendu ver-
ticalement par un poids insuffisant pour donner à ce fil un allongement appréciable.
1 le véritable fil à plomb a été suspendu en différents points de la tour, vis-à-vis de la
graduation de nos échelles, de façon à descendre jusqu'au niveau du laboratoire. L'éva»
lualion de la longueur de ce fil, soumis à la même tension que dans la position verticale,
a été faite le long d'une base horizontale de 20™ mesurée avec grand soin. Les résul-
tats très concordants obtenus confirment l'exactitude de l'installation des régies. En
particulier, pour le niveau de la deuxième plate-forme, qui correspond à peu près aux
pressions réalisées dans nos expériences, les écarts de niveau ne dépassent pas i2""u.
(2) Journal de Physique, 2e série, t. X, p. i35; 1891.
( "7<> )
température. La méthode employée, le dessin des appareils et les résultats
sont conformes à la Communication précédente.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l'analyse de la lumière diffusée par le ciel.
Note de M. A. Crova.
« Dans un travail précédent, j'ai donné (') les résultats de mes pre-
mières recherches sur ce sujet, exposé la méthode d'observation et discuté
les courbes obtenues; dans cette Note, je résume la discussion des résultats
auxquels m'a conduit la méthode de calcul que j'ai adoptée, et la compa-
raison des observations de 1890 avec celles faites antérieurement en
France et à l'étranger.
» La formule de lord Ravleigh, déduite de la théorie de Stokes(- ), est
1 = N-^r,
dans laquelle 1 est l'intensité delà lumière diffractée par an point du ciel,
N le nombre de particules diffringentes contenues dans l'unité de volume
d'air, a l'amplitude de la vibration incidente de longueur d'onde \, et p
un facteur constant pour tous les 1.
» La plupart de mes observations ne pouvant se calculer par cette for-
mule, j'ai cherché la cause du désaccord.
» La formule y^ est basée sur l'hypothèse que le nombre N de corpus-
cules contenus dans l'unité de volume d'air est sensiblement le même
pour toutes les dimensions de ceux-ci; elle ne sera donc vérifiée que si
cette hypothèse est réalisée.
» Si l'on assimile les corpuscules à des globules sphériques de densité D
et de rayons /-différents, tombant dans un milieu de densité p, ils pren-
dront, au bout d'un temps très court, une vitesse constante de chute dans
le milieu résistant, donnée par la formule
\f'
y étant un facteur qui dépend de la nature du milieu.
(') Comptes rendus, t. CIX, p. 4g3; et Annales de Chimie et de Physique, 6e sé-
rie, t. XX, p. 480.
(,'-) Phil. Mag., 4e série, t. XL1, p. 107 (1871).
( H77 )
» Dans l'air, on aurait
V = A \/r.
» Si, à l'origine, les particules diffringentes, en nombre égal pour toutes
les dimensions du même ordre que les X de la lumière incidente, sont uni-
formément réparties dans l'unité de volume d'air et abandonnées à elles-
mêmes, elles prendront des vitesses différentes suivant leurs dimensions,
et l'on peut supposer que, lorsque le régime sera établi, le nombre contenu
dans l'unité de volume varie, pour chaque dimension de particules, en
raison inverse de sa vitesse; dans ce cas, on aurait
"-£■
V'
» Donnons à r les valeurs relatives extrêmes i et 2 qui correspondent
sensiblement aux dimensions des particules qui diffractent [dus spéciale-
B'
ment les X extrêmes du spectre; pour le rouge extrême, N = — et pour le
• , V''
violet extrême N' =B'.
N
» Il faudrait donc, dans la formule précédente, remplacer N par —
V''
N'
ou par — j et la formule deviendrait
K. £ -
» En réalité, on pourra faire plusieurs hypothèses sur ce mode de dis-
N'
tribution; ~~ serait remplacé par N'/(X), la fonction de X dépendant d'une
certaine puissance de la vitesse, et, par suite, des dimensions des molé-
cules.
-> J'ai donc arbitrairement modifié l'exposant de X, de manière à faire
concorder les résultats de l'observation avec la formule — •
k"
» Soit B l'intensité de la lumière bleue diffusée par le ciel, et S l'intensité
de la lumière solaire incidente; faisons de plus égale à 100 la valeur de -~
pour X = 565 ; on aura
B K K ,, , B /565
S=j[ï» 100 = 5355, dou - = ,00^—
C. K., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N" 21.) I 53
( "7« )
n étant un coefficient qui se calcule au moyen des valeurs de g- correspon-
dant à des valeurs déterminées de 1.
» En différentiant, on obtient
565"
tanga = -ioo/i^
et, pour l'ordonnée commune = 100 qui correspond àX = 565,
IOO
bmgcLt = -mn:
n serait donc proportionnel au coefficient angulaire au point d'intersection
de toutes les courbes que l'on obtient en faisant varier n, c'est-à-dire à
l'inclinaison de la courbe en ce point.
» J'ai comparé les résultats calculés par les formules ^ et ^ avec ceux
des observations de lord Rayleigh, en Angleterre ('), et de Vogel (2), à
Potsdam, ainsi qu'avec quelques-uns des résultats de mes observations à
Montpellier.
» Pour cela, j'ai construit les courbes de ces observations et j'ai déter-
miné les valeurs des ordonnées correspondant à
X 635 6oo 565 53o 5io
et j'ai tracé une nouvelle courbe pour laquelle l'ordonnée correspondant à
\ = 565 a été faite arbitrairement = ioo.
» Pour la série de M. Vogel, qui donne, non g- , mais p, c'est-à-dire le
rapport d'intensité de la lumière du ciel à celle du pétrole, j'ai divisé les
P S
rapports p par ceux de p ou de l'intensité de la lumière solaire au pétrole
pour les divers 1 trouvés par M. Vogel, ce qui m'a donné les valeurs cor-
respondantes de s -, et j'ai ramené la courbe à celle qui correspond à une
(') Phil. Mag., 4e série, t. XLI, p. 107.
(2) Berl. Monatsberichte. p. 801-81 1.
( JI79 )
ordonnée = roo pour 1 = 565. Toutes ces courbes sont ainsi comparables :
A. 635. 600. 5G5. 530. 510.
/565V
1 I
iool-y- ) 62,68 78,63 100 128,1 i5o,6
100
(?)"
4g>73 69,73 » 146,7 180,7
100 g- (Angleterre) 58,5g 78,55 » i3o,3 i5 1 , 4
100 ^ (Potsdam) 63, 00 76,00 » 126,0 i46,o
r>
100 =- Montpellier, moy. de janv. 1890.. 58, 3o 76,47 » '4',i 180,8
100 ç- Montpellier, moyenne de 1890. . . » 71,31 » i3o,o »
» On voit, à la simple inspection de ce Tableau :
» Qu'en Angleterre le bleu du ciel observé par lord Rayleigh est plus
saturé que celui qui a été observé à Potsdam par M. Vogel ; il s'accorde assez
avec la loi .— tout en donnant un bleu un peu plus foncé;
» 20 Que le bleu du ciel observé à Montpellier, pendant le mois de jan-
vier 1890, est plus profond que ceux qui ont été observés en Angleterre et
en Allemagne, et qu'il se rapproche davantage de la loi r-^-
A'
» Voici, comme exemple de l'application de cette méthode, les formules
qui donnent la valeur de 100 ^ pour trois observations faites par M. Hou-
daille et moi au sommet du mont Ventoux :
h m y$ /565 ''T'
3 août 188g, 10.40 ^ = 100 I -= — ) Ciel d'un bien pur.
H 565\*>S5
3 août 1889, 10.20 -= = ioo I -y- I Ciel d'un bleu pur.
B /565V-"
3 septembre 188g, 9.4° ~ = 100 I -r— I Ciel d'un bleu profond.
» Les différences entre les valeurs trouvées et calculées sont de l'ordre
des erreurs que l'on peut commettre dans les observations photométriques ;
elles sont quelquefois augmentées par suite de la variabilité extrême de la
teinte bleue du ciel, sous l'influence des causes les plus insignifiantes en ap-
parence. »
( n8o )
GÉOLOGIE. — De l'âge relatif du gisement quaternaire du mont Bol
(Ille-et-Vilaine); par M. Sirodot.
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie les résultats des re-
cherches entreprises dans le but de déterminer, autant que possible, l'âge
relatif du gisement du mont Dol.
» Ce gisement est situé au pied du mont, du côté sud, dans une petite
anse formée par le prolongement d'une courte arête dans la direction du
sud-est. Il est compris dans un sédiment d'origine marine affectant la dis-
position d'un talus appuyé contre des escarpements granitiques.
» Les nombreux débris d'animaux mélangés aux objets de l'industrie
humaine ne sont pas distribués irrégulièrement dans toute l'épaisseur du
talus, mais suivant trois couches, parallèles entre elles et à l'inclinaison du
talus, caractérisées par la présence de blocs granitiques. C'est presque ex-
clusivement entre ces blocs que les objets ont été recueillis; toutes les
autres parties du sédiment se sont toujours montrées très pauvres.
» Du relevé des coupes poussées à fond, il résulte qu'une première
couche de blocs occupe la base du talus, qu'une seconde se trouve vers les
deux cinquièmes de l'épaisseur, qu'enfin la troisième et dernière est su-
perficielle. Dans le voisinage des escarpements, la masse de blocs est con-
tinue.
» Le sol sur lequel repose le sédiment marin a été découvert trois fois
sur une étendue de près de 2omq pour en faire l'étude dans tous ses détails.
» La surface en est sensiblement plane et offre une couche superficielle
formée de sable et d'un limon noirâtre, dans laquelle les fragments de
silex sont si nombreux, qu'on en compte environ i4o par mètre carré; ils
sont mélangés de petits fragments d'os brisés, de bois de cerf; quelques-uns
des fragments d'os sont fortement carbonisés. Au-dessous se trouve, sur
une épaisseur d'environ im,70, un gravier d'eau douce en grande partie
schisteux et reposant sur un schiste azoïque adossé à la masse granitique.
» Ces observations conduisent à penser qu'au pied des escarpements
granitiques, se trouvait une petite pièce d'eau dont le fond limoneux a été
mélangé de débris de diverse nature; et cette manière de voir est confirmée
par d'autres observations qui attestent la présence d'un courant d'eau qui
courait à la surface du sédiment marin, pendant la formation du talus. Il y
avait, en effet, dans la direction du sud-est : à la surface, une bande de
( "8i )
sable fin, lavé, d'un aspect blanc contrastant avec la couleur grise de la
masse; et, dans presque toute la masse, un nombre incalculable de petites
coquilles terrestres parmi lesquelles dominait le Pupa muscorum (Maillot).
» Les objets recueillis sont donc antérieurs à la formation du sédiment
marin, dans lequel ils sont inclus; ils sont distribués entre des blocs et frag-
ments de granité; enfin, un grand nombre d'os volumineux sont en partie
ou totalement écrasés. De cet ensemble d'observations il résulte que tous
ces objets ont été rassemblés dans les escarpements des rochers, avant
que les flots de la mer soient venus les battre et provoquer leur écroule-
ment.
» Ces escarpements ont donc été habités par une famille humaine qui y
avait établi ses foyers. Sa résidence paraît y avoir été de longue durée, si
l'on en peut juger par la quantité de cendres accumulées entre les ro-
chers et au pied même des escarpements ; on peut, sans exagération, évaluer
à iomc la masse de cendres déplacées pendant la dernière année de l'explo-
ration du gisement. L'homme contemporain du Mammouth, habitant le mont
Dol, a dû fuir devant l'envahissement de la mer.
» Le talus de sédiment marin est relevé d'environ 12™ au-dessus du ni-
veau moyen actuel de la mer. Il est recouvert par un dépôt d'une composi-
tion d'un intérêt tout particulier : une masse sablonneuse résultant de la
désagrégation des couches granitiques superficielles, dans laquelle se trou-
vent inclus des blocs à surfaces parallèles de i5cm à 3ocm, exceptionnelle-
ment 35cm d'épaisseur, identiques aux dalles superposées que forment les
hauts escarpements des flancs et du sommet du mont.
» Il était indispensable de suivre cette couche superficielle aussi loin
que possible. Deux séries de puits ont été creusées : la première dans la
direction nord-sud ; la seconde dans la direction du thalweg indiquée par le
courant d'eau douce dont il a été question plus haut, qui traverse oblique-
ment le talus marin dans la ligne du sud-ouest.
» Dans la direction du nord-sud :
» i" Un premier puits a fait reconnaître que le talus marin, à la dis-
tance de 4°m des escarpements, était réduit à une épaisseur de om,3o,
était dépourvu de blocs provenant des éboulements ou n'en présentait
plus que de rares échantillons ;
» 2° Un second puits, à la distance de 200™, a mis en évidence une diffi-
culté insurmontable : il n'a pas été possible de descendre au-dessous de
3m, 5o, le fond mouvant conservait le même niveau ;
» 3° Un troisième puits, à la distance de 8om, a fait constater la dispa-
( Il82 )
rition du talus marin et la continuation de la couche sablonneuse renfer-
mant les dalles régulièrement superposées sur une épaisseur de om,6o à
om,7.5 et reposant sur les roches de quartzite qui forment le fond de la
vallée et ses limites sous les murs de la ville de Dol.
» 4° Un quatrième puits, à la distance de i3olu, a permis de reconnaître
la continuation de la couche sablonneuse avec dalles de recouvrement ;
mais il n'a pas été possible d'arriver jusqu'au quartzite qui constituait le
fond du puits n° 3; un éboulement s'est produit pendant qu'on cherchait
à dégager les dalles du dernier rang.
» Deux puits creusés dans la direction du thalweg ont donné des résul-
tats analogues, avec cette seule différence que le talus marin s'est étendu
plus loin, offrant dans sa partie inférieure une quantité considérable de
coquilles du Cardium cclule.
» Ces recherches, entravées par de grandes difficultés, ont démontré
que la couche sablonneuse avec dalle granitique superposée s'étend au-
dessous des terrains récents, constituant les marais actuels mis en culture
sur une grande partie de leur étendue, principalement dans la direction de
la mer.
» La couche sablonneuse avec dalles granitiques ne peut être expliquée
que par un phénomène de glissement et probablement à la surface de la
glace ou de la neige durcie.
» D'un autre côté, le sol du gisement est relevé de 12™ environ au-dessus
du niveau moyen actuel de la mer. Or il y a un mouvement du sol qui a
relevé les côtes du Danemark et qui parait s'être produit entre les deux
minima de températures reconnus pendant la période glaciaire.
» Enfin, au mont Dol, c'est le Mammouth qui domine, tandis que le
Renne (Cervus tarandus) n'existe qu'à l'état de trace.
» Toutes ces considérations me conduisent à penser que les débris accu-
mulés au mont Dol remontent à une époque antérieure au mouvement qui,
dans les temps quaternaires, a relevé les côtes de certaines régions de la
mer Baltique.
» Le mode de formation des terrains récents du marais se rattache
intimement à l'étude du gisement et fera l'objet d'une nouvelle Commu-
nication. »
( n83 )
VITICULTURE. — Note de M. Mares accompagnant la présentation d'un Ou-
vrage « Sur les Cépages de la région méridionale de la France » .
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les deux premières livrai-
sons de l'Ouvrage que je publie actuellement « Sur les Cépages de la région
méridionale de la France ».
» L'Ouvrage entier comporte trois livraisons et 3o grandes planches
coloriées, dessinées d'après nature, figurant les cépages principaux de la
région. J'espérais pouvoir le présenter moi-même, complètement fini, à
l'Académie dans le courant du mois de mai; mais des lenteurs survenues
dans le tirage du texte et des planches m'obligent à ajourner la fin de cette
publication au mois de juin prochain.
» Dans tous les cas, je n'ai pas voulu tarder davantage à soumettre à
l'Académie les deux premières Parties de mon travail, dans lesquelles sont
exposées la situation actuelle de notre viticulture méridionale, après les
ravages et la destruction presque totale que lui ont fait subir l'invasion du
phylloxéra, et ensuite celle des maladies cryptogamiques.
» Avant d'aborder l'étude de nos cépages français méridionaux, j'ai dû
examiner les moyens de défense et de reconstitution de nos vignobles, et,
dans ce but, après avoir indiqué l'usage des insecticides, l'emploi de la sub-
mersion et la plantation des terrains de sable, moyens qui ne s'appliquent
qu'à des surfaces relativement limitées, traiter la question de la reconsti-
tution par les vignes américaines, dont le caractère est beaucoup plus gé-
néral. C'est ainsi que j'ai examiné les différentes espèces de ces vignes,
soit pour leur production directe, soit comme porte-greffes de nos cépages
français.
» J'ai fait voir que, dans l'état actuel de nos connaissances, le problème
de la reconstitution des vignobles détruits par le phylloxéra se résout de
la manière la plus satisfaisante et la plus générale par la méthode adoptée
dans l'Hérault, centre de la région, et ensuite par les autres départements;
méthode qui consiste à planter les cépages américains, les moins attaqués
par le phylloxéra, ceux qui en sont en quelque sorte indemnes, et qui
végètent vigoureusement dans les terrains auxquels on les destine; et à les
greffer en cépages français, soit sur place si la vigne américaine a été
plantée sur place, soit en pépinière, si elle a été mise préalablement en
pépinière pour être ensuite transplantée l'année suivante après avoir été
( "84 )
greffée. L'Hérault comporte déjà environ cent trente mille hectares de
vignes reconstituées ou replantées par ce procédé, et depuis 1884, soit
depuis huit ans, en y comprenant l'année 1891, la replantation des vignes
dans ce seul département est faite à raison de quatorze à quinze mille
hectares par an. Si elle se continue encore sur la même échelle pendant
six ans, la reconstitution, en surface, de l'ancien vignohle détruit par le
phylloxéra sera complète, et atteindra environ deux cent vingt mille
hectares. Quant à la production de cet immense vignoble d'un seul dé-
partement de la région, on peut estimer que, en dehors des fléaux naturels
qui peuvent sévir sur la vigne, son augmentation annuelle peut s'élever
de cinq cent à six cent mille hectolitres, et se prolonger pendant une
durée de huit années environ. La production de l'Hérault pourrait alors
revenir au chiffre de dix millions d'hectolitres de vin. Elle est actuellement
de la moitié environ. De pareils résultats, dus à un ensemble de travaux
scientifiques et pratiques sur la vigne et sur les fléaux par lesquels elle
est attaquée, sont un exemple éclatant qui sera certainement suivi partout
où il y aura des vignes phylloxérées à reconstituer.
» Les divers détails de cette reconstitution sont exposés dans les Cha-
pitres des deux premières livraisons : Espèces américaines employées pour-
la reconstitution des vignobles de la région méditerranéenne de la France; sols
qui conviennent aux vignes américaines. Résistance des vignes américaines.
Choix des cépages à planter. Greffage de la vigne, etc.
» Étudiant ensuite la région méridionale de la France au point de vue
de la culture de la vigne, j'ai examiné les cépages de la région et leur
origine, en donnant au mot cépage la signification de variété de vigne déri-
vant d'une même espèce, et j'ai indiqué les raisons qui m'ont conduit à
adopter l'opinion des botanistes qui considèrent, malgré les différences
considérables qu'ils présentent entre eux, les cépages de l'ancien monde,
et plus particulièrement ceux de l'Europe et du bassin de la Méditerranée,
comme dérivant d'une seule espèce : la Vais vinifera de Linné.,
» Étudiant les modes de transformation de la vigne sous l'influence du
climat, du sol, de la culture, de sa reproduction et de sa multiplication
par semis, par hybridation de cépage à cépage, par segmentation, j'ai fait
voir que le nombre des variétés de vignes est virtuellement infini, ainsi que
l'avaient déjà constaté les anciens et notamment Virgile dans ses Géor-
giques, en parlant de la vigne cultivée de son temps; mais que les bonnes
variétés se maintenant depuis des siècles, sans altération, grâce à une sé-
lection continuelle et à des soins culturaux soutenus, le nombre de celles
( n85 )
qui sont adoptées par la viticulture se limitent d'elles-mêmes dans la pra-
tique, les meilleures faisant abandonner les moins bonnes.
» La Pin de la deuxième livraison et la troisième tout entière sont con-
sacrées à l'étude des cépages divisés en tribus, à leur origine, à leur
description, leur culture, leur vinification quand ils sont destinés à la pro-
duction du vin.
» J'ai apporté tous mes soins à établir la synonymie des cépages que
j'ai décrits et mentionnés. C'est une des difficultés de la viticulture dans
toutes les régions viticoles et plus particulièrement dans notre région de la
France méridionale, la plus riche de toutes; mais je crois que, pour elle,
cette difficulté est à peu près résolue. Possédant depuis longtemps une
collection de vignes que j'ai réussi à défendre contre le phylloxéra, et dans
laquelle j'ai pu réunir les cépages de la région, j'ai cherché à conserver
ceux qui ont une valeur réelle, sauvant ainsi un certain nombre d'entre
eux du naufrage que leur aurait fait subir la destruction de nos anciens
vignobles.
» J'ai laissé en dehors du cadre que je me suis tracé les recherches qui
sont faites actuellement, pour doter la viticulture de variétés nouvelles as-
sez résistantes au phylloxéra pour éviter l'opération de la greffe, et don-
nant des fruits susceptibles d'être comparés à ceux des cépages qui peuplent
encore nos vignobles. Il faut encourager ces travaux, qui, s'ils réussissent,
peuvent avoir de très féconds résultats; mais l'expérience et le temps
peuvent seuls en démontrer la valeur.
» Je me suis borné actuellement à mettre en évidence les moyens cer-
tains par lesquels nous sommes arrivés à sortir de la crise si ruineuse, oc-
casionnée par la destruction de nos vignobles, et à conserver les cépages
qui en font la supériorité et la richesse. »
PHYSIOLOGIE. — Sur la détermination exacte du pouvoir glycoly tique du sang.
Note de MM. R. Liîpixe et Barrai..
« A un gros chien à jeun depuis un certain temps on retire simultané-
ment environ 8oRr de sang par chacune des deux artères fémorales. Le sang
qui s'écoule du côté A tombe dans une capsule à demi immergée dans de
l'eau glacée; on le défibrine par le battage et on le filtre sur un linge sté-
rilisé. 4ogr sont aussi tôt versés dans du sulfate de soude à 900 C, au moins,
pour détruire le ferment glycolytique (voir Comptes rendus, séance du
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXU, N" 21.) T 54
( n86 )
23 juin i 890), et 4ogr dans un ballon qu'on porte immédiatement au bain-
marie à 390 C. On l'y laisse une heure, puis on verse le sang dans du sul-
fate de soude à 900 C, au moins.
» Le sang qui coule de l'artère B tombe directement dans un flacon,
préalablement pesé, renfermant du sulfate de soude à go° C, au moins, et
dans un ballon contenant du sable de Fontainebleau stérilisé et immergé
dans le baimmarie à 3g0 C. On l'agite fortement pendant quelques minutes
de façon à le défibriner dune manière bien complète, et on le laisse une
heure à cette température. Au bout de ce temps, on le verse dans du sul-
fate de soude à 900 C, au moins.
» Voici les résultats que donne le dosage du sucre pour iooob'r de sang :
i° dans le sang A préalablement défibriné; 2" dans le sang B. Il est à noter
que les chiffres suivants sont une moyenne d'un grand nombre d'expé-
riences, d'ailleurs parfaitement concordantes :
Immé- Après Perte
diatement. une heure. pour 100.
gr gr
A 1 ,o5 0,80 i!\
B 1 ,07 0,72 33
» La différence ogl", 02 des chiffres i,o5 et 1,07 pourrait passer pour
une erreur de dosage. Nous la croyons, cependant, bien réelle, et nous
pensons qu'elle reconnaît pour cause la perte d'une petite quantité de
sucre pendant la durée du battage, de la filtration, etc. Quant à la diffé-
rence que présentent les deux sangs au bout d'une heure, elle s'explique
par le fait que B n'a été privé d'aucune de ses parties constituantes, tandis
que A, préalablement défibriné, a perdu, outre sa fibrine, un certain
nombre de globules blancs qui, d'après nos observations microscopiques,
restent inclus dans son intérieur. Or, il résulte de nos recherches anté-
rieures {Revue scientifique, 28 février 1891, p. 273) que le ferment glyco-
lytique est renfermé dans les globules blancs. Il est donc naturel que le
sang défibriné soit moins riche en ferment glycolytique que le sang entier.
» Si l'on fait macérer la fibrine tout à fait fraîche, extraite d'une quan-
tité donnée de sang, dans un peu d'eau sucrée, à la température de 39°C,
on trouve que le pouvoir glvcolvlique de cette fibrine est précisément égal
à la différence existant entre le pouvoir glycolytique du sang dont elle est
extraite et celui de la même quantité de sang entier.
» La conséquence de ces faits, que nous avons constatés dans un grand
nombre d'expériences, est que, pour déterminer d'une manière tout à fait
( n87 )
exacte la teneur d'un sang en ferment glycolytique, il ne faut pas le défi-
briner préalablement (autrement on commettra une erreur en moins qui
pourra être d'un dixième environ), mais bien procéder, ainsi que nous l'a-
vons indiqué, avec le sang B. Nous insistons sur la nécessité d'agiter très
fortement le sang contenu dans le ballon; car si on le laisse se coaguler en
gros caillots, bien qu'entiers en fait, il perd, en une heure, moins de sucre
que le sang préalablement défibriné. Cela se comprend facilement en son-
geant que dans ce cas les globules blancs sont emprisonnés au sein d'une
masse très considérable, et que, par conséquent, le ferment ne peut diffu-
ser d'une manière complète.
» Même en suivant rigoureusement la méthode ci-dessus indiquée, on
n'arrivera pas à connaître exactement le pouvoir glvcoktique du sang, si
le chien a été préalablement bien nourri. Dans ce cas, en effet, il peut ren-
fermer du glycogène en quantité assez abondante pour que la production
d'une quantité relativement considérable de sucre, dans les premiers in-
stantsqui suivent la saignée, vienne fausser les résultats. Dans une prochaine
Note nous donnerons la preuve de la réalité de cette glyro génie hématique,
que Claude Bernard ne parait pas avoir soupçonnée.»
MEMOIRES PRESENTES.
M. Ecg. Ferron soumet au jugement de l'Académie, par l'entremise de
M. Daubrée, un Mémoire intitulé : « Essai d'une théorie mathématique sur
les fractures terrestres et les diaclases artificielles ».
(Renvoi à l'examen de M. Maurice Lévy.)
M. S. Altaras adresse un Mémoire ayant pour titre : « Moteur fluido-
statique à force facultativement progressive ».
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
M. E. Delaurier adresse une Note sur la navigation aérienne.
( Renvoi à la Commission des Aérostats.)
M. Pigeon adresse une Note « Sur les inhalations d'air ozonisé ».
(Commissaires : MM. Bouchard, Verneuil.)
( n88 )
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel appelle l'attention de l'Académie sur les
Rapports présentés à la Chambre de Commerce de Lyon, par la Commis-
sion administrative, sur les travaux du laboratoire d'études de la soie.
ASTRONOMIE. — Observation du passage de Mercure sur le disque du Soled le
9 mai 1891, faite avec l'équatorial de P/œssl à l'Observatoire national
d'Athènes. Note de M. D. Euixins, présentée par M. E. Mouchez.
« L'observation du passage de Mercure sur le disque du Soleil a été fa-
vorisée, à Athènes, par un temps assez beau. Au moment du lever du Soleil,
presque tout le ciel, et particulièrement l'horizon oriental, est parsemé de
légers cirrus; l'image du Soled est pourtant très peu ondulante, mais le
contour de Mercure très mal défini. Quelques minutes après le lever du
Soleil, les nuages disparaissent presque complètement à l'est, et l'image de
la planète paraît plus nettement tranchée; fort heureusement, l'atmo-
sphère est parfaitement tranquille. Le Soleil s'est dégagé déjà complète-
ment des nuages; son bord est excessivement peu ondulant et ses taches
sont très nettes et bien calmes. L'image de Mercure est très nette, d'une
teinte bien noire et uniforme depuis le centre jusqu'aux bords qui parais-
sent bien tranchés sans aucune auréole; le disque de Mercure paraît un
peu plus noir que les centres des taches solaires.
» L'image de Mercure devient de plus en plus nette à mesure que le So-
leil s'élève au-dessus de l'horizon. Je distingue que sa teinte n'est plus,
comme tout à l'heure, parfaitement uniforme, mais un peu moins noire
vers les bords. Malheureusement, quelques nuages passent devant le
disque solaire et l'image de Mercure devient assez ondulante.
» iom avant la sortie interne, les nuages disparaissent complètement,
et l'on voit avec une netteté extraordinaire les bords de la planète; le
disque de Mercure paraît beaucoup plus noir que tout à l'heure; l'image
de la planète paraît bien nettement frangée aux bords.
» Mercure se rapproche de plus en plus du bord solaire; un filet lumi-
neux subsiste entre les deux bords de la planète et du Soleil, sans présen-
ter aucun autre phénomène remarquable.
( "89 )
» Le filet lumineux diminue graduellement et se rompt instantanément;
je n'ai pas vu le phénomène de la goutte noire.
» Voici l'instant de rupture du filet lumineux :
Sortie interne i8hi7m2os (temps moyen d'Athènes)
» L'échancrure du bord solaire diminue de plus en plus; je ne distingue
aucun phénomène lumineux pendant la sortie de la planète. Les ondula-
tions du bord du Soleil étant presque insensibles, j'ai pu estimer le mo-
ment de la sortie externe presque avec la même précision que celui de la
sortie interne.
» Voici le temps de la disparition totale de l'échancrure :
Sortie externe i8h22mos (temps moyen d'Athènes)
» La détermination du temps et la marche de la pendule ont été obtenues,
avec toute l'exactitude possible, à l'aide de notre cercle méridien; le chro-
nomètre que nous avons employé a été comparé plusieurs lois à la pen-
dule méridienne avant et après l'observation. »
ASTRONOMIE. — Les conditions atmosphériques de Greenwich par rapport
à la question de l'heure universelle. Note de M. Toxdixi.
« Bien que le méridien initial puisse être fixé par sa distance aux obser-
vatoires existants (ainsi qu'on a fait pour celui de Jérusalem-Nyanza, déjà
repéré à 120 observatoires, dont on a présenté la liste destinée à être
envoyée aux puissances), tout suggère qu'on le choisisse de manière à
pouvoir, au moins, être fixé aussi par un observatoire situé en de favora-
bles conditions atmosphériques, et qu'il offre le plus possible d'avantages
sur son parcours. C'est en vue de cette double considération que l'Italie
s'abstient d'appuyer le choix de Greenwich et qu'elle propose, pour fixer
l'heure universelle, celui de Jérusalem-Nyanza, le statu quo devant être
garanti dans la Marine, dans l'Astronomie et dans la Topographie.
» Les conditions atmosphériques du point où s'élèverait, ou pourrait
s'élever, l'observatoire fixant l'heure universelle ont paru, même à la con-
férence de Washington, si importantes, qu'on y a relevé celles où se trouve
l'Observatoire de Paris comme n'étant pas assez favorables (Procès-Verbaux,
p. [\i-f\2). Si donc on y a cru, par erreur, que celles de Greenwich le sont
davantage, cette erreur elle-même prouve la portée que la conférence atta-
( TI9° )
chait auxdites conditions. Or, voici quelques données empruntées aux do-
cuments officiels de l'observatoire de Greenwich.
» La moyenne de l'état nébuleux, o indiquant un ciel pur et 10 un ciel
très chargé, y a été : en 1886, de 6,8 ; en 1887, de 6,5 ; en 1888, de 7,2.
» Le nombre de jours pluvieux a été : en 1886, de i63; en 1887, de
1.43; en 1888, de j65.
»> Sur les 4454 heures pendant lesquelles le soleil se trouve chaque
année plus de 5 degrés au-dessus de l'horizon de Greenwich (4464,9 dans
les bissextiles), on a eu : en 1866, 1229,2 ; en 1887, 1406,9; en 1888 (biss.),
1068,1 heures pendant lesquelles il a assez brillé pour laisser trace sur
l'appareil de l'observatoire.
» Aussi il résulterait, de la comparaison avec toutes les autres stations
météorologiques, qu'en l'année 1889 l'état nébuleux de Greenwich aurait
plutôt augmenté.
» Voilà pourquoi si, dans l'état actuel de l'Astronomie, les instruments
de précision et les calculs suppléent si bien à l'état du ciel, que les éphé-
mérides nautiques ne s'en ressentent nullement, il faudrait d'autant plus
en tenir compte quand il s'agit de fixer l'heure universelle, que nul ne peut
prévoir toutes les applications que l'unification dans la mesure du temps
pourrait avoir à l'avenir.
» Quant au méridien de Jérusalem-Nyanza, l'Italie en soumet le choix à
la considération des puissances, vu que soit l'altitude (779™), soit la lati-
tude de Jérusalem (3i°46' 3o"N.), soit la circonstance que son méridien
offre un arc sur terre d'environ 920 (86°, si l'on en soustrait les mers inté-
rieures qu'il traverse) et qu'il coupe l'équateur, les deux tropiques, le
45° N". et le cercle polaire arctique sur le continent, lui paraissent mériter
d'être prises en considération. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégration algébrique des équations
différentielles du premier ordre. Note de M. Paixlevé, présentée par
M. Poincaré.
« M. Poincaré, dans une Note récente, a énoncé d'importantes propo-
sitions relatives à l'intégration algébrique des équations du premier ordre
et du premier degré. Je me propose d'étudier ici la même question pour
une équation du premier ordre quelconque.
( »9> )
» Soit
(0 x(y,y,*) = o
une équation dont le premier membre est un polynôme irréductible en y',
y, x, de degré q en y'. Nous supposons que l'on a fait subir aux variables
x, y la transformation homographique la plus générale. Quand l'intégrale
de (i) est algébrique, le genre vs de la relation entre les constantes inté-
grales (nombre que j'ai introduit dans des travaux antérieurs) est nul, ou
égal à i ou plus grand que i. Quand on suppose u>i,ona une limite su-
périeure du degré de l'intégrale; dans l'hypothèse xs = i , l'intégrale doit
satisfaire à l'égalité
3 (y1, y, es) l"Pdx -+~Qdy -eonst.,
où J représente une intégrale simple de première espèce attachée à la sur-
face (i). On reconnaît algébriquement si cette condition est vérifiée : il
faut de plus que J n'ait que deux périodes. On est ainsi ramené au
problème de la réduction des intégrales abéliennes aux intégrales ellip-
tiques.
» Reste le cas de gj = o. Pour fixer les idées, faisons q = 2, mais la mé-
thode s'applique aussi bien, quel que soit q. Soit donc
(1) l-f-2M/ + N = o
l'équation considérée, où L, M, N sont de degré m en x, y. Il n'existe pas
en général de points d'indétermination dey', c'est-à-dire de valeurs de a-, y
qui annulent à la fois L, M, N. De tels points E, quand ils existent, sont des
nœuds ou des cols. Résolvons, d'autre part, l'équation (1) par rapport
à J' :
, _ M ± y/M2 — Li\ M zn P y/QR
R = o définit une intégrale singulière, Q = o le lieu des points de rebrous-
sement des intégrales. Sur cette dernière courbe, distinguons les points E'
où le coefficient angulaire de la tangente est égal ky'.
» L'intégrale de (1), lorsqu'elle est algébrique et que us est nui, s'écrit
O) /(a7,^) = C»a-=-aCP+y = o;
/désigne un polynôme de degré n en r, y, irréductible pour toute valeur
de la cozistante C, sauf pour certaines valeurs remarquables. Si on élimine
( Ilf)-' )
C entre les équations (2) et/J -+-/r' y'= o, le résultant
L,r':-2M,r'+ N, = o
est de degré (4 ra— 2) en x,y. Mais L,, M„N, sont divisibles : i°paro'A-\
si, pour une valeur c de C, /est divisible par <px; 20 par ^ si p2 — xy
contient en facteur ip ((/. < 1). Cette règle doit être modifiée quand ty = o
définit en même temps une intégrale de (1); de même, quand <p entre en
facteur dans/ aux puissances >. et V pour deux valeurs de C, L,, M,, N,
sont divisibles par ©VfV~2.
» Quand l'équation (j) n'a pas de nœuds, on reconnaît aisément si son
intégrale est une courbe algébrique de genre donné. Mais cherchons à
résoudre la même question sans aucune donnée. Désignons par lie degré
de <p, par k le nombre des valeurs remarquables de C, par r le degré de
l'intégrale singulière R = o. On trouve
m
an - 2/(A - [) =(2 -k)n - il.
» Ceci suppose, toutefois, que la quantité M2 — LN ne contient aucun
facteur y* (<*]> 1) qui» égalé à zéro, définisse une intégrale singulière;
sinon il faut modifier la formule. Ce cas, où l'équation admet une inté-
grale singulière multiple, ne se présente que s'il existe des noeuds. Dans
tous les cas, le nombre des valeurs de C pour lesquelles /est une puis-
sance d'un polynôme ne saurait excéder (S.
» De plus, si pour une valeur remarquable a on a
la courbe <p, = o rencontre une au moins des courbes <p, = o (soit<p2 = o)
en un des points E ou E'. Quand ce point P est un nœud, il passe par ce
point au moins deux branches remarquables isolées qui appartiennent aux
courbes <p, = o, o.2 = o. Nous disons alors qu'wn col est confondu avec un
nœud. De là une limite supérieure du nombre X\ En étudiant les inté-
grales dans le voisinage de P, par les méthodes de M. Poincaré, on peut
d'ailleurs calculer la valeur irréductible j du rapport r*-- Ce rapport est
nécessairement égal à 1 aux points E'.
» De là résulte ce théorème : On reconnaît algébriquement si l'intégrale
d une équation (1) est algébrique et correspond au cas de rs = o :
» i° Quand l'équation (1 ) n'admet pas de points d'indétermination;
( "1)3 )
» 2° Quand elle n'admet pas de cols par lesquels passent plusieurs branches
isolées ;
» 3° Lorsqu'il existe de tels cols, mais que les nombres /, , L, ... sont, pour
chacun de ces points, ou égaux à l'unité ou plus grands que 5.
» Au cas où il existe des nœuds, le théorème suppose essentiellement
que l'équation (i) n'admet pas d'intégrale singulière multiple. La méthode
est encore en défaut quand m + i — r est /tuf, ou quand, m -+- i — r étant
positif, l'équation admet une intégrale particulière de degré (m -+- i — r).
« Ce théorème subsiste, quel que soi! q. Pour q = i, les dernières res-
trictions sont inutiles. Pour q quelconque, on peut énoncer notamment
cette proposition : Quand une équation du premier ordre n'admet ni cols ni
intégrales singulières multiples, on reconnaît algébriquement si son intégrale
est algébrique, ou l'on ramène l'équation à une quadrature. Il y a exceptioii
si m -r- q — r est nul, ou si, m ; q — /'étant positif, il existe une intégrale
particulière de degré m -+- y — r; /est le degré de l'intégrale singulière.
» Voici d'autres résultats relatifs à une question différente. Soit F = o
une équation irréductible entre y' et y, de degré q en y', dont les coeffi-
cients sont des fonctions quelconques de x, et soit m le plus grand des
nombres m,+ i; mt est le degré en y du coefficient de y'1. On reconnut/
algébriquement si f intégrale de cette équation ne prend qu'un nombre donné n
île râleurs autour des points critiques mobiles, et l'équation s'intègre alors par
quadrature, à moins que n ne soit précisément égal à — ; rest le degré
en y de l'intégrale singulière. Dans ce dernier cas. il peut rester à intégrer une
équation de Riccati. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. - - Sur la détermination des intégrales des équa-
tions aux dérivées partielles du premier ordre. Note de M. J. Collet,
présentée par M. Darboux.
« Une équation aux dérivées partielles étant donnée,
F( = , xt-, pk) — o ii, /> - - i , 2, n),
les éléments initiaux (z", x",pl) définissant les caractéristiques qui engen-
drent une de ses intégrales devront former une multiplicité intégrale
'■ \1„_, )° d'ordre n — i, c'est-à-dire, devront dépendre de n — i variables
C. R., iSç)i, i" Semestre. (T. CXII, N' 21.) *55
( "9* )
indépendantes et satisfaire aux équations
(i) F(z'\x%pl) = n,
(2) dz*-p\dx\-p\dx\-...~p«ndx«H
» Une telle multiplicité renferme toujours une multiplicité ponctuelle
(Pu-,)0, d'ordre n — q, (i<q<n), définie par
(3) ?A(a°, x% œ\ <) = o (A = o,i,a ?).
» Les autres relations déterminant (M,,_,)° sont l'équation (1) et les
suivantes (f\) qui résultent des équations (2) et (3),
, x° <,*« + *' 3F + • • • + **3F " " ~~ *'
(4) ^
i . <J<Pn . dtp. v dfO„ II / 7
(^4+^4 + --- + \5i|=rf (* = i.a »).
Les paramètres X0, X, lr/ doivent être éliminés.
» Pour chaque point de (P„_?)n, dont n — q coordonnées sont arbi-
traires, on pourra donc choisir à volonté q — 1 des quantités p\, pi, . .., //,
les autres étant définies, pour chaque point, par les équations (1) et (4).
» L 'ensemble de toutes les caractéristiques quon peut ainsi définir constitue
une multiplicité intégrale d'ordre n, c est-à-dire une intégrale dont, nous nous
proposons déformer l'équation.
» Soit une intégrale complète
V(s, -r,, x.,, . ., xn, a,, a , ) = o.
Comme l'équation (1) peut être remplacée par les suivantes,
V° = V(s, x xn, a. a„) = o,
dV° „ dX»
r< ;-^^ = ° 0 ='-2 ">•
le système (4) deviendra
<*Po . dv, dtp, dV°
, -N I ^ 3F + f*< 5F ^ • • • + rV 0% '-= -,)-.« '
(5)
I d<?° , dtp, fjœ dV ,
fA°3^ + ^3^-f----+^^T: ,),v (*
dli -*-'^à.vl. ' ••'-|-^3^ ,,.,7 t,* = I,2 n;.
( l'O» )
» D'autre part, les caractéristiques étant définies par
„ d\ , dV ,.
V = o, —+0,-^ = 0 (1 = 1, 2, ...,/»),
en exprimant que L'une d'elles passe en un point de (PB_?)°, on aura,
pour cette caractéristique,
(6) V = o, V = o. g-H^°=o (, = i.a,...,n).
» Si l'on élimine alors les 2n-f-^ + 3 quantités >,, ;x0, ;/,, , y.q; z", x", ...,
xl;at,ait .., an entre les 2/ï -t-<p -+- 4 équations (3), (5), (6), on aura
l'intégrale cherchée. C'est le lieu des caractéristiques déterminées par les élé-
ments de la multiplicité intégrale ( M„_, )", définie elle-même par la multiplicité
ponctuelle donnée ( I '„._,, V.
» Cette solution n'est autre que {'intégrale générale correspondant à la
relation entre a{, ait ..., a„, fournie par V° = o, quand -", r", . , r)' y
sont remplacés par leurs valeurs tirées de (3) et de (5) après l'élimina-
tion des [a. L'intégrale générale serait alors définie par
-, n),
( ; ) V = o,
V°=o,
\-l -r— = 0 (ï = I, 2,
où l'on a posé
d\<>
1 da,
da,
<A« ds0 dV« dx\ u <JV" ,).,'■
<)z" (tu, ,1.1 j i)a,- doB"n da.
Mais de ( 5 ) on (
léiluil
dz°
<Jz"
donc les systèmes (6) et (7) sont bien identiques.
» Les résultats qu'on vient d'obtenir par la considération des caracté-
ristiques peuvent, d'ailleurs, s'établir avec la plus grande facilité en sui-
vant la méthode de la variation des arbitraires de Lagrange.
o Une intégrale générale étant représentée par les équations
V = o, ©(«o» ai ' ■ • •• >:«* " an) = °>
?a(«o, « *») = 0 (A = o, 1 q),
ô\ . de , ■ v
1 \-l-r- =0 (j = r,2, n),
aa, da,
à<f0 dv, do,. d& ,j
( "96 )
si l'on définit la fonction arbitraire 0, en posant
0 = V(a0, a,, ..., xn, a, a„ ),
on retrouvera la solution précédemment obtenue; et il est facile de vé-
rifier cpie, non seulement elle contient la multiplicité (Pn_qY, mais encore
qu'elle est le lieu de toutes les caractéristiques dont les éléments initiaux
constituent la multiplicité intégrale (M„_,)° définie par (P„ _?)°.
» Le cas d'une équation linéaire exige un examen particulier. Alors,
l'intégrale considérée sera définie, non plus par une équation unique en
général, mais par un système de q équations entre les seules coordonnées s,
x\,x2, ...,xn. Pour chaque point de cette intégrale, les équations ana-
logues à (4) constitueront, avec l'équation différentielle, les « — q 4- i
relations qui relient les valeurs de p,,p2, ■■ pa\ et comme, en chaque
point, n — <7 + i coordonnées sont arbitraires, la multiplicité intégrale
ainsi obtenue sera bien d'un ordre éiral à n. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. - Sur les équations abèliennes.
Note de M. A. Pellet.
« i. Appelons A, selon l'usage, le produit des carrés des différences
des racines d'une équation. Pour une équation abélienne de degré impair,
A est un carré parfait, et, pour une équation abélienne de degré pair im,
y/A est une irrationnelle qui, adjointe aux quantités connues, permet de
décomposer son premier membre en un produit de deux facteurs d'égal
degré m. Soient S, à, les A relatifs à ces facteurs; ce sont des fonctions ra-
tionnelles de y/A conjuguées, c'est-à-dire qu'on obtient l'une en rempla-
çant y/A par — y/ A dans l'autre. Si m est pair, y/S et y/S, sont des irration-
nelles équivalentes; on a donc S, = «*§, «étant une fonction rationnelle
de y'A; d'où S = mJS,,«, étant la conjuguée de u, aïiru] = i. D'ailleurs, on
a é?2B<$, = A, d étant une quantité rationnelle avant l'adjonction de y/Â;
donc d'-u2P= A, S = -y/A»; d'où S, =— -y/«. et SS( = -,uu,, ce qui
donne uu, — — ï.
» 2. Appliquons à l'équation binôme L = o. On a
pip-'i
A = (-i) ■ P'-\
( "97 )
ou simplement pp~2, si p — i est divisible par 4- Ie' d< ^ %t sont des nom-
bres entiers algébriques, et de la relation d2tàt - pp ~ on déduit que 8
et S, doivent être des fonctions entières à coefficients entiers de \fi) .
Soient a et b deux entiers positifs satisfaisant à la relation a2 — b2p — i ,
et, pour fixer les idées, eboisis de manière à rendre la somme a-^-bsJp
minimum; on reconnaît que o doit avoir la forme
rfc (bp a \[p)ph(a b\/p)2 ',
k et kK étant des entiers, le premier positif. Mais |8 doit être négatif, si
- est impair, et positif dans le cas contraire; donc, pour avoir les
irrationnelles de l'équation aux quatre périodes, il faut se donner
\ [bp — a \p) dans le premier cas, et \//>p — a \p dans le second.
» D'après la méthode de Gauss, il faut adjoindre y — 2 (p — a-sjp) dans
le premier cas et \ -2[p -+- a \Jp dans le second, a. étant déterminé par les
deux conditions k.2 4 !\'f ■■ i, a i (mod/|); il en résulte que le pro-
duit — 2(a rp \jp) {a -t- b \Jp) est le carré d'une fonction entière de \jp.
» Cette méthode fait dépendre la connaissance des irrationnelles de
l'équation aux huit périodes de celle des unités complexes de l'équation
aux quatre périodes.
3. De ce qui précède, on peut déduire le caractère biquadratique de
tout nombre premier q, autre que 2, divisant l'un des nombres mou c relies
par l'équation u2 — v-p = — i . Si q divise u, il est résidu quadratique
mod.^; si p — i est divisible par 8, q est résidu biquadratique (mod.p) si
v est résidu quadratique mod.q, et non résidu biquadratique (mod./.*) si v
est non résidu quadratique mod.r/; si p — i n'est pas divisible par 8, q est
résidu biquadratique (mod. />) si — v est résidu quadratique (mod. q) et
non résidu biquadratique lorsque — eest non résidu quadratique (mod. q).
» Si q divise v, p et q sont en même temps résidus quadratiques ou non
résidus quadratiques l'un par rapport à l'autre. Supposons q résidu qua-
dratique modyo. Si q est de la forme «SX- -f- i,p et q sont en même temps
résidus biquadratiques ou non résidus biquadratiques l'un par rapport à
l'autre; si q est de la forme 8k -+- 5, q est résidu quadratique (mod./;) sip
est non résidu biquadratique (mod. q ), et vice versa. >
( "9» )
ÉLECTRICITÉ. — Recherches de thermo-électricité. Note de MM. Cmassagxy
et Abraham, présentée par M. Mascart.
« Ainsi que nous l'annoncions dans une Communication antérieure ('),
nous avons étendu nos mesures de forces électromotrices à différents cou-
ples thermo-électriques.
» Nous rappelons que ces mesures sont faites par une méthode d'oppo-
sition et que, dans chaque série d'expériences, les fds des métaux étudiés,
soigneusement isolés, sont soudés à l'une de leurs extrémités dans une
même petite masse de cuivre rouge, pour assurer l'identité de température
des soudures chaudes, les soudures froides étant maintenues dans la glace
fondante. Les températures du bain où plonge la soudure multiple, éva-
luées au moyen d'un thermomètre à mercure de M. Tonnelot, sont réduites
à l'échelle du thermomètre à hydrogène à l'aide des Tables fournies par
le Bureau international des Poids et Mesures où notre thermomètre a été
étalonné.
» Dans l'étude du couple fer-cuivre, nous étions arrivés à ce résultat :
« qu'une formule parabolique à deux termes est tout à fait insuffisante
» pour relier les forces électromotrices aux températures correspondantes
» du thermomètre à hydrogène; les températures évaluées à l'aide d'une
» telle formule calculée pour o°, 5o°, ioo° présentant, en effet, sur les
températures observées des écarts de o°, 12 à 25° et de + o°,i3 à
■> 7">° (2) ».
» Or ce fait n'est pas particulier au couple fer-cuivre; il se présente
également pour tous les couples que nous avons étudiés, et ces écarts pré-
sentent entre eux une remarquable identité.
» Voici d'abord le Tableau des forces électromolrices observées :
..ion"
Fer-cuivre 0,0010982
Fer-platine rhodié. . . o,ooo8g5i
Fer-argent 0,0011280
Fer-platine o,ooi685i
E?°.
E* .
0
O00864g
0
0006048
o,ooo3i55
0
OOO7089
0
000 4961
0,0002691
0
OO088J6
0
0006174
o,ooo32i 1
0
OOI2789
0
000859g
o,ooo432i
(') Comptes rendus, t. CXI, p. 477, 602, 732; 1890.
(2) Une interversion de signe nous avait fait dire 4- o°, 12 et — o°, i3.
< TI99 )
» La nécessité de n'employer que des fils suffisamment homogènes, pour que la
force électromotrice d'un couple ne dépende que des températures des soudures, a
rendu impossible toute mesure sur le nickel.
» En calculant pour chacun de ces couples une expression de la forme
E'0 al ht-,
qui donne à 5o° et ioo° les valeurs observées, on trouve que, d'après cette
formule, les forces électromotrices mesurées a 2.5" et 73° correspondraient
respectivement aux températures suivantes :
o o
Fer-cuivre 24,88 76, i.3
Fer-platine rliodié ^4, 885 - 5 . l35
Fer-argent 24,87 7") , i35
Fer-platine 24,87 - ) , 1 35
Moyennes 2 \ . s-'i 7") , i35
T. es nombres de chacune de ces deux colonnes sont identiques au degré
même de la précision des lectures sur le thermomètre à mercure.
» Il résulte nettement de ce dernier Tableau qu'en adoptant l'échelle
du thermomètre à hydrogène la marche d'aucun de ces couples n'est parabo-
lique, et que leurs pouvoirs 1 h crmo-élect tiques sont représentes non par des
droites, mais par des courbes tournant toutes leur concavité vers l'axe des
températures.
» Mais, si l'on adoptait une échelle où les températures o° ; 24°, 87.''):
5o°; 75°, i3; ioo° correspondraient respectivement aux températures
o°, 2 )", 5o°, 75°, ioo° du thermomètre à hydrogène, les courbes repré-
sentatives des forces électromotrices de tous ces couples entre o" et roo° devien-
draient très exactement des paraboles, et celles de leurs pouvoirs thermo-élec-
triques des droites.
» Nous ferons remarquer que les résultats qui précèdent s'appliquenl
également aux six autres couples que l'on peut former en groupant au-
trement les métaux employés, couples qui ont été mesurés, eux aussi,
en vue d'assurer le contrôle que fournit la loi des métaux intermé-
diaires (' ). «
(') Travail fait au laboratoire de Physique de l'École Normale supérieure.
( ] 200 )
PHYSIQUE DU GLOBE. -- Détermination de la constante solaire.
Note de M. R. Savélief, présentée par M. Janssen.
« Dans ses remarques sur les résultats des observations actinométriques
faites par moi à K.ief en 1890 ('), M. Crova (2) fait observer que c'est
surtout pendant l'hiver que ractinomètre enregistreur donne les résultats
les plus intéressants. Les observations enregistrées pendant l'hiver et le
commencement du printemps de l'année 1891 au moyen de l'actinographe
de M. Crova m'ont en effel donné une seule courbe absolument symétrique,
mais assez remarquable.
» Le 26 décembre 1890, le ciel a été du matin au soir d'un bleu pur,
sans aucun nuage, visible; la variation du baromètre n'a été pendant vingt-
quatre heures que de omm,5 ; la température de l'air a varié de — 17 C,B à
— 22 C, 4. et la tension de la vapeur d'eau s'est maintenue entre omm,7 et
omm, 9; pendant la nuit, l'actinomètre a été arrêté par la gelée; mais l'in-
strument a été remis en état, et à io1' du matin a pu fonctionner régulière-
ment.
» La courbe de cette journée a été complètement symétrique par rap-
port a l'ordonnée de midi et tout a fait régulière; j'ai tracé sa courbe en-
veloppe, et je l'ai calculée au moyen des formules de M. Crova (3)
y =- — -^— .— > sous-tane; = c(\ r -. T - -- el+ .
» La valeur de p dépendant de la transmissibilité T a été trouvée égale
•1 0,647 ±0,018 pour des masses atmosphériques traversées, a; variant de
4 à 10; au moyen de ce facteur, j'ai calculé sept valeurs de la constante
solaire Q, comprises entre 3cal, 571 et 3oaI,6o9; leur valeur moyenne est
3cal,589.
» En la multipliant par le carré du rayon vecteur du Soleil pour cette
journée, j'ai obtenu pour la constante solaire, réduite à la distance moyenne
du Soleil à la Terre, le nombre Q,„= 3cal, 47.
(') Comptes rendus, t. CXII, ]>. 481.
(2) Ibid., p. 48a.
(3) Annales de Chimie et de Physique, 6P série, t. XIV, août 1888.
( 120 1 )
» On sait que M. Langley a obtenu, au moyen de ses remarquables
observations bolométriques, 3c:i',o comme valeur de la constante solaire.
» J'ai discuté avec beaucoup d'attention ces valeurs numériques, et le
résultat que j'ai obtenu me paraît absolument hors île doute; en effet :
» i° En étendant mes calculs depuis l'épaisseur atmosphérique 10 jus-
qu'à l'épaisseur 16, j'ai obtenu pour/> et Q des valeurs presque identiques
à celles que je viens d'indiquer.
» 2" La valeur en calories des ordonnées de la courbe de l'actinographe,
le 2G décembre, 67mn\8, est exacte, car pour la courbe du 21 décembre
elle était 67,UI",6, et pour celle du Ier février 6c)ra"\i pour une calorie.
r> 3° Pendant cette période, le vent a été très faible et ne peut avoir
influé sur les indications de l'instrument, alors que son action est insen-
sible par des vents assez forts.
» 4° Les conditions météorologiques ont été très favorables; en effet,
d'après les indications du Bullrtin de l! Observatoire physique central de. Saint-
Pétersbourg, nous avons eu, avant le 26 décembre, dans la Russie d'Europe,
quelques journées de grandes gelées, avec des vents d'est et nord-est à
Kief, sous l'influence d'un maximum barométrique sur la Russie centrale;
le sol était recouvert d'une épaisse couche de neige, et l'atmosphère à Kief
devait contenir une très faible quantité de vapeur d'eau et de pous-
sières.
» 5° La valeur 0,647 ^" facteur yo, déterminée le 26 décembre, ne dé-
passe pas la limite qu'elle atteint par les plus belles journées; ainsi, j'ai
trouvé, pour le 7 janvier 1889, /? — o,()2f) ('). M. Crova (2) a trouvé à
Montpellier, aux dates suivantes :
a3 nov. [886. '7 aov. [885. [3 août 1888. 19 août 1888.
/> 0,602 o,643 0,73s o,532
Ainsi la valeur de p que j'ai obtenue le 26 décembre ne présente rien
d'exceptionnel; il en est donc de même de la transmissibilité.
» Il y a d'autant moins lieu de douter de la valeur élevée que je viens
d'obtenir pour la constante solaire, qu'il est certain que nous ne pouvons
déterminer à la surface de la Terre la totalité de la chaleur qui arrive aux
limites de l'atmosphère.
(') Comptes rendus, t. CVIII, p. 287.
(2) Annales de Chimie et de Physique, 6e série, t. XXI, octobre 1890.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXI1, N° 21.) l56
( T202 )
» Comme leditM. Crova ('), « cette valeur ne représente que l'inten-
» site qu'aurait aux limites de l'atmosphère l'ensemble des radiations qui
» ont pu arriver sans être totalement absorbées jusqu'au lieu où elles
» ont été mesurées ».
» On peut conclure de ce qui précède que, le 26 décembre 1890, la
transmissibilité de l'atmosphère n'a rien présenté d'exceptionnel, mais que
les minimes quantités de vapeur d'eau et de poussières, contenues dans
l'atmosphère à cette époque, ont permis à des radiations qui d'ordinaire
n'atteignent pas la surface du sol d'arriver jusqu'à elle, et que c'est à cette
circonstance qu'est due la valeur très élevée de la constante solaire que j'ai
obtenue. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le mouvement de balancement rythmé
de l'eau des lacs (seiches). Note de M. P. du Boys.
« On observe dans les lacs, et particulièrement dans le lac Léman, des
mouvements de balancement de l'eau dont la surface s'élève et s'abaisse
successivement dans toute une région, et s'abaisse, puis s'élève en même
temps dans l'autre région, suivant un rythme oscillatoire régulier. Ces
deux régions sont séparées par une ligne où le niveau reste invariable et
qu'on appelle un nœud.
» Ces mouvements ont été décrits depuis longtemps sous le nom de
seiches (2). Ils doivent être attribués à une cause (variation locale rapide
de la pression atmosphérique) agissant au commencement du phénomène
et laissant ensuite l'eau osciller librement sous la seule action de la pe-
santeur.
» Les équations différentielles de ce mouvement oscillatoire peuvent
être posées directement; mais il ne paraît pas possible d'en tirer parti
quand la profondeur varie d'un point à l'autre du profil du bassin.
» Pour tourner cette difficulté, on peut identifier le mouvement de ba-
lancement avec le mouvement de propagation d'une onde solitaire d'une
(') Annales de Chimie et de Physique, 5° série, t. XIX, p. 167.
{-) Voir les travaux, de M. F. -A. Forel, de Morges, entre autres : Comptes rendus,
t. LXXX, p. 107, i875; t. LXXXIII, p. 712, 1876; t. LXXXVI, p. i5oo, 1878;
t. LXXXIX, p. 85g, 1879. — Bull. Soc. vaud. Se. nal., t. XII et XIII, Lausanne,
1873 et 1875. — Arch. des Sc.phys. et nat.. Genève, passîm-
( I 203 )
longueur double de la longueur du bassin et enfermée dans ledit bassin,
de telle sorte que les deux extrémités de l'onde, après réflexion contre
les parois extrêmes, se rejoignent et marchent ensemble. Alors deux points
de l'onde interfèrent en chaque point du profil du bassin, l'un des points
de l'onde marchant dans un sens, l'autre marchant en sens contraire.
» La demi-période du mouvement de balancement, c'est-à-dire le temps /
pendant lequel l'eau monte ou descend en un point du bassin, est égale
au temps que le sommet de l'onde met à parcourir la longueur / du bassin.
Or la vitesse ca de propagation de l'onde est, pour une intumescence de
très faible hauteur, en un point où la profondeur est //,
w = sjgh.
» Dès lors, si s est l'abscisse de ce point à partir de l'origine du bassin,
on peut écrire
h étant une fonction de s.
» Cette formule pourra être appliquée à un bassin à fond irrégulier, en
décomposant le profil en sections de longueur sL correspondant à des pro-
fondeurs extrêmes ht etA,+l, entre lesquelles le profil du fond sera assi-
milé à une ligne droite; la valeur de t prendra alors la forme
■2
Si
» Pour que le mouvement donne lieu à un nœud, c'est-à-dire à un
niveau invariable en un point fixe, il faut que le profil de l'onde généra-
trice du mouvement, supposée se propageant dans un canal à fond hori-
zontal, soit symétrique par rapport à la verticale passant par son sommet,
et que les deux demi-ondes en avant et en arrière du sommet soient elles-
mêmes symétriques par rapport à leur milieu.
» Dans ce cas, deux points de l'onde distincts, d'une longueur telle que
cet espace soit parcouru dans un temps égal à l, auront des ordonnées
dont la somme sera constante. Deux points ainsi définis interféreront tou-
jours en un point du bassin tel que, pour arriver de ce pointa l'une des
extrémités du bassin, il faille un temps -■
» Ce point sera un nœud; car, si l'onde se déforme en passant sur des
( I204 )
profondeurs variables, en un point donné du bassin, la hauteur de l'intu-
mescence reste toujours proportionnelle à la somme des intumescences
des deux points correspondants de l'onde génératrice : elle est donc con-
stante pour ce point, qui réalise ainsi la condition caractéristique du
nœud.
» En appliquant cette méthode au profil que l'on obtient en rectifiant
la ligne de thalweg du lac Léman, on trouve des résultats qui s'écartent
très peu de ceux de l'observation, sans qu'il y ait lieu de tenir compte
des variations de la profondeur dans les sections transversales du lac. »
PHYSIQUE DU globe. - Sur un nouvel appareil de sondage portalij,
à fil d'acier. Note de M. Emile Belloc, présentée par M. Janssen.
« Ceux qui se livrent à des travaux scientifiques dans les montagnes
savent combien il est urgent de réduire au strict nécessaire le poids et le
volume des appareils. Cette considération et les éludes que je poursuis
depuis plusieurs années dans les lacs de la haute montagne, notamment
dans les Pyrénées, m'ont amené à imaginer un petit instrument de sondage
et de recherches, d'une grande légèreté, pourvu des organes les plus
essentiels, et dont la précision ne laisse rien à désirer.
» Cette petite machine, pesant moins de 4\ avec laquelle j'ai déjà fait
un grand nombre d'expériences diverses, m'a servi de modèle pour com-
biner un nouvel appareil également portatif, et muni, comme le premier,
d'un fil d'acier, mais plus robuste et approprié aux recherches sous-marines.
» En voici la description :
» Un bâti formé de deux flasques parallèles en bronze, que réunissent
des entretoises de même métal, est solidement fixé sur une forte planchette
servant, en même temps, de socle à la machine et de fond à la caisse d'em-
ballage (') destinée à la transporter.
» Un tambour en fonte est calé sur l'arbre principal de la machine. Il
peut enrouler environ noom de fil d'acier de -^ de millimètre, ou 2000™
de fil de -^. Les deux extrémités de l'arbre reçoivent chacune une mani-
velle destinée à manœuvrer l'appareil pour remonter la sonde.
» A droite du tambour, une roue à rochet permet d'arrêter brusque-
(') Les dimensions de cette caisse, égales, à l'épaisseur du bois près, à celles de la
machine, sont o,3o x o,45 X 0,50e'11. Le poids de l'appareil est d'environ 20ks.
( I 20D )
ment la machine. A gauche une gorge peut laisser passer une lame de frein
dont le double rôle est de régulariser le déroulement du fil et de signaler
automatiquement la fin de la course du poids de sonde.
» Du tambour autour duquel il s'enroule, le fil passe sur une poulie
plus élevée et, de là, il est renvoyé sur une seconde roue située à la partie
inférieure et à demi plongée dans un auget pouvant contenir une matière
destinée à protéger le fil contre l'oxydation. Cette roue est supportée par
un levier qui agit sur le frein pour indiquer le moment précis où la sonde
touche le fond. Ensuite le fil remonte verticalement dans la gorge d'une
poulie métrique, c'est-à-dire munie d'un compteur de tours à cadran, qui
a pour base deux subdivisions du mètre; il l'enveloppe complètement
avant de s'engager entre deux cylindres entourés d'un feutre épais, cpii
servira à le sécher à la montée, et, finalement, il se coude presque à angle
droit sur une quatrième poulie, placée à l'extrémité de la flèche ou bigue,
qui surplombe l'endroit où la sonde doit être immergée.
» Les excès de tension sont atténués par le frein automoteur, qui se règle
facilement à l'aide d'une patte à ressort placée au bas du tambour et à
l'arrière de la machine. Le compteur est actionné par une vis sans fin sur
l'axe de laquelle est fixée la poulie métrique.
» La flèche est démontable à son point d'attache. A l'aide d'une disposition
fort simple, on peut, selon les besoins du moment, changer sa direction à
droite ou à gauche, lui permettre un mouvement de va-et-vient entre deux
points déterminés, ou l'immobiliser sur un point quelconque du plan hori-
zontal dans lequel elle se meut, san« arrêter la marche de la machine. Il en
résulte que l'opérateur peut, sans se pencher hors du bateau, manœuvrer
la flèche et, par conséquent, ramener la ligne de sonde contre le bord ou
à l'intérieur de l'embarcation, pour y attacher les poids de sonde ou les
instruments destinés aux recherches. L'arc de cercle que la flèche est
capable de décrire peut atteindre 1800.
» Afin d'adoucir les frottements, les poulies sont en bronze, tandis que
les axes sont en acier. Ceux-ci ont été calculés pour ne jamais supporter
un effort supérieur à 2ks par millimètre carré.
» Les chapeaux des paliers, disposés comme des susbandes d'affûts,
sont facilement démontables, n'étant tenus que par des chevilles à ergot.
» Réduit au minimum de poids et de volume, cet appareil peut rece-
voir des applications fort nombreuses; et, quoiqu'il soit principalement
destiné à l'étude des eaux et des fonds marins et lacustres, il peut être uti-
lisé en dehors de l'élément liquide, pour mesurer verticalement la proton-
( I2o6 )
deur de toute cavité, ou la hauteur de toute élévation dont le sommet est
praticable et la base peu accessible.
» Si rapide et si incomplète que soit la description qu'on vient de lire,
de cet appareil et des applications diverses auxquelles il se prête, elle per-
met cependant de se faire une idée des services que peuvent en attendre
les marins, les ingénieurs hydrographes et les explorateurs.
» En dehors même des études savantes, il est incontestable que la ma-
rine, pour ses sondages courants, aurait tout avantage à se servir d'un
appareil de ce genre, précis et parfaitement maniable; dans lequel le fil
d'acier, toujours égal, à peu près inextensible, ne donnant, à cause de son
faible diamètre et du poli de sa surface, aucune prise aux courants, rem-
placerait le fil ordinaire en matière textile, déroulé à la main, qui s'al-
longe ou se raccourcit et ne peut fournir que des résultats approximatifs.
» Grâce à l'intervention de M. le baron J. de Guerne, j'ai pu soumettre
à S. A. le Prince Albert de Monaco, durant la période d'armement scienti-
fique de son nouveau yacht, la Princesse Alice, les plans de mon nouvel ap-
pareil. Le Prince ayant bien voulu en faire exécuter un, son exemple a été
immédiatement suivi par M. A. Delebecque, ingénieur des Ponts et Chaus-
sées, à Thonon, dont l'Académie connaît les travaux sur les lacs de la
Savoie ('). Il y a lieu d'espérer que cet appareil, mis en œuvre de plu-
sieurs côtés à la fois, aura satisfait très prochainement à l'épreuve décisive
que lui feront subir les praticiens compétents. «
MÉTÉOROLOGIE. — Etude sur le « gradient » appliqué à la prévision
du temps. Note de M. G. Guilbekt, présentée par M. Mascart.
« Dans l'étude des cyclones on a découvert de remarquables rapports
entre la force du vent et le gradient barométrique.
» Ces rapports ont été exprimés ainsi :
« Toutes choses égales d'ailleurs, la vitesse du vent autour d'un cyclone
» est en raison de la pente atmosphérique : elle est d'autant plus grande
» que les courbes isobares sont plus rapprochées l'une de l'autre (2). »
» De plus, la Météorologie enseigne :
» i ° Que la force du vent, à gradient égal, est beaucoup plus faible dans
le demi-cercle maniable que dans le côté dangereux;
(') Delebecque, Comptes rendus, 22 décembre 1890, 5 janvier et 20 avril 1S91 .
C2) La Météorologie appliquée à la prévision du temps, par M. Mascakt.
( T2«7 )
>, 20 Qu'au centre du cyclone, ou dans la zone centrale, le vent est nul
ou affaibli.
» Or l'étude attentive des bourrasques révèle de fréquentes et considé-
rables exceptions à ces règles, et il n'est pas rare de constater :
» i° Un vent fort avec gradient faible ;
2° Un vent fort ou violent dans le demi-cercle maniable ;
» 3° Lèvent conserver sa vitesse près du centre, ou dans la zone cen-
trale.
» De nos recherches, il ressort que :
» Toutes les fois qu'une exception de ce genre aura été constatée
elle sera suivie d'une hausse barométrique dans un délai maximum de
— a4 heures. Cette hausse, en général, sera d'autant plus importante que
l'anomalie aura été plus considérable.
« L'élévation de la pression surviendra le plus souvent du côté de l'Eu-
rope où l'exception se sera produite et dans une direction perpendiculaire
au vent proportionnellement trop fort.
» En d'autres termes, tout excès de vent sur la normale emporte
comme conséquence une augmentation de pression.
» Inversement, toutes les fois que le vent sera proportionnellement
trop faible par rapport au gradient, la baisse barométrique surviendra dans
les — 24 heures et sera d'autant plus forte que l'anomalie aura été plus
remarquable.
« Ces règles sont générales ; elles trouvent à s'appliquer dans la grande
majorité des jours, plus de 3oo jours par an, sur toutes les régions de l'Eu-
rope, sans exception, et permettent ainsi de prévoir les fluctuations baromé-
triques, soit en hausse, soit en baisse, — 24 heures à l'avance, et avec
une proportion de succès de plus de 90 pour 100.
» Il est évident que cette connaissance anticipée de la hausse ou de la
baisse du baromètre sur divers points doit entraîner les plus profondes
modifications dans la prévision du temps; l'application de nos nouveaux
principes amènera donc inévitablement une transformation partielle du sys-
tème actuel de prévision.
» On ne tardera pas à reconnaître que ces nouvelles bases permettent
de prévoir soit approximativement, soit avec une certitude absolue :
» i° La vitesse du centre de dépression, inconnue jusqu'à ce jour,
d'après la méthode isobarique;
» 20 La direction de la bourrasque et, par conséquent, sa position fu-
ture;
( rao8 )
» 3° L'arrivée des anticyclones, alors même que les hautes pressions
n'existent nulle part;
» 4° La force et la direction des vents, qui dépendent à la fois des centres
de dépression et des mouvements des anticyclones;
» 5° La fin d'une tempête qui vient d'éclater, le retour au calme, la ces-
sation du gros temps;
» 6° L'avenir d'une bourrasque survenue à l'improviste, qui peut, ou se
combler, ou se creuser, soit sur place, soit dans sa course;
» 70 L'anéantissement, dans les vingt-quatre heures, d'un centre de dé-
pression, même de tempête.
» Ce dernier phénomène est très remarquable; il se produit quand le
centre se trouve entouré de vents proportionnellement trop forts d'après
le gradient. D'après nos principes, la hausse doit alors survenir de tous
côtés ; il en résulte logiquement la suppression du minimum barométrique.
» J'appelle ce phénomène du nom de compression du cyclone.
» Notre étude des exceptions sur les Cartes isobariques nous a permis
de constater et d'expliquer d'autres anomalies très importantes.
» Ainsi, la station de Skudesnoës obéit à un régime spécial, et le vent
nord-est, principalement sur la Manche, suit également des lois toules
particulières.
» Par exemple, un vent fort de nord-est sur la Manche, en excès sur la
normale, pourra être suivi néanmoins de baisse barométrique.
» L'écoulement naturel de l'air froid vers les régions chaudes justifierait
cette baisse anormale, mais il y a d'autres causes :
» Le vent nord-est sur la Manche sera suivi de baisse barométrique si
la pression diminue au sud. Il amènera une hausse, au contraire, si le
baromètre monte au sud ou si ce vent nord-est est la conséquence de l'ar-
rivée d'un cyclone sur les îles Britanniques.
» En appliquant ces diverses règles, la prévision du temps acquerra de
précieux auxiliaires; il ne lui manquera plus que l'adjonction de l'étude
des successions nuageuses pour parvenir à une perfection inconnue jusqu'à
ce jour. »
( I2°9 )
CHIMIE. — Relation entre le poids atomique et la densité liquide.
Note de M. Al. Moulin.
« Le produit du poids atomique d'une substance liquide par sa densité
est la somme des produits correspondants de ses éléments.
» Appelons/? le poids atomique, d la densité
00
PD =pd-hp'd' -+-
» Généralement, quand p' est petit, d' l'est. En appliquant cette remarque
aux hydrures, on pourra prendre pour produit PD d'une substance la
valeur /«/comme première estimation. Les couples suivants donnent une
vérification de ce fait sur l'oxygène et le chlore, et une recherche du pro-
duit correspondant à l'azote et au soufre :
Chlore 35,5 x i, 38 = 48,99 I Acide chlorhydrique. . 30, 5 x 1,27 = 46,3
Oxygène.
iG x 0,9
i4,4 | Eau
|8 X I
[8
Hydrogène sulfuré... 34 x 0,9 = 3o,G | Ammoniaque 17 x 0,73 = 12,41
» L'essai de ces chiffres amène les corrections suivantes :
Chlore 5i; Oxygène i5; Soufre 3a; Azole ta.
» Vérifications de ces coefficients densitaires :
>»C12 i35 x 1,687=226,5
28 -+- 102 = ( >.3o)
:iO', 110100.5x1,78=179
i + io5 + i8 (174)
S2CI2 io3 x 1,62— 167
64 102 =(166)
S2 05C1, HO 1 16,5 x 1 ,776= 207
64 -+-75+ 5i -+- [8
\ S2 0lCl* i35 x 1,66= 224
) 64 -+- 60 h- 10a =(226)
l S*0»C1« 1 19 x 1,67= 198
( 64 -+- 3o -+- 102 M|l.i
S03, HO 49 x 1,84= '90
32 + 45-4- 18 = (95)
S* 02 Cl» 222 x i,G56 = 367,6
i28-f-3o-t- 204 =(362)
» Quelquefois l'un des corps se condensant, il ne lui faut attribuer que
la moitié de sa valeur; c'est le cas de l'oxygène dans l'eau et les exemples
suivants :
)H0 17 x i,452 = 24,68 | ) S20
5 + 9
04 x 1,45 = 92,8 | \ AzOs, HO 63 x i,5a = 96
= (96)
= (24) |j 64 + 3o =(64) 1(12 + 71 +
« De la formule (1) nous déduisons
(2) pd = VD- p'd'.
C. R.? 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 21.)
Az05,4H09OX'i,42= 127,8
12 + 75 + 36 =(r?.3)
Appliquons au phosphore
( 1 2 1 o )
| PhCl"0*i53,5x 1,67= 256— [(3Cl = i53)+(03=3o)] = l
PhCl» i37,5 xi,6i = 22i — (3Cl = i53) = 68
PhC13S2i68,5 X 1,65 = 288— [(3C1 = i53)+ S2= 64] = 7>
» M. Mendéléef donne pour densité du phosphore 2,3; le produit par le
poids atomique est bien le même 71,
3i X 2,3 = 71,3.
» Déduit de l'acide carbonique, le coefficient densitaire du carbone est
environ 5,5,
CO-22 x 0,923 = 20,3 — i5 = 5,3.
Appliquons aux alcools de la série normale, aux acides et aldéhydes cor-
respondants :
(25)
C2H204
46x1,22
= 56
(55)
C2H402...
32x0,814 =
26
(26)
OH'O2..
44 xo,8 =
35,2
(36,5)
C*H*0*
60x1,08
= 65
(66,3)
<>H602...
46x0,809 =
37
(37,5
C6H<>02..
58 xo,85<j =
49,8
(48)
0H6O
74x (?)
(78)
C6H»02...
60x0,82 =
49
(49)
C8H802..
72 xo,8o =
57,5
(59,5)
C8H80
88x0,988
= 86,9 (89,5)
G8Hi°02..
74x0,81 =
60
(60, 5)
C'»H»»02.
86x0,8244 =
7>
(71)
C'°H">0
102x0,95
= 97
(101)
C10H1202 .
88x0,818 =
72
,-.„
Ci2H'202.
(82,5)
C12Hi204
116x0,931
(à
i5°
) = io8
(112,5)
C12H'402 .
. 102X0,83 =
86
(83,3)
OH^O2.
114 xo,827 =
94
(94)
C«Hi*0
i3oxo,gi
(à 24°
) = "9
(124)
C"Hi602 .
. 1 10x0,819 =
9">
(95)
Ci6II1602.
128 xo,8i8 =
io5
(io5,5)
CiEHisO*
i44xo,88
= 127
(i35,5)
C16H18Q2 .
. i3oxo,83 =
i°7)9
(106,5)
» Les nombres entre parenthèses ont été établis ainsi : ceux de la pre-
mière ligne en attribuant à C2 H2 la valeur 10, 5, à O2 la valeur i5,puisaO''
la valeur (O2 = i5 -+- O2 = 3o); enfin en retranchant pour la troisième
colonne la valeur O2 — H2 = 29. Dans chaque colonne on passe d'une ligne
à l'autre en ajoutant la valeur de C2H2 = 1 1,5. La correspondance entre
ces nombres et les produits calculés confirme bien la règle. Le plus grand
écart a lieu pour les acides; mais ceux-ci ont toujours des isomères et c'est
la moyenne qu'il faudrait prendre. Ainsi l'isomère de l'acide caprylique
est le caproate d'éthyle de densité 0,88 et i44 X 0,88 = 127. La moyenne
des produits correspondants des deux corps est — — = i34,5.
» Je donne encore des exemples de quelques composés du carbone, de
l'hydrogène et de l'oxygène, en les choisissant parmi ceux qui ont les plus
forts poids atomiques, puis des composés organiques du chlore et du soufre,
( '«" )
en indiquant chez ces derniers par des lettres grasses ceux où le soufre
n'entre, lui aussi, qu'avec son demi-coefficient :
'66-1-3
, C14H"8 02
'77 + 4 + 30
78 x o,85 = 66
(69)
108 x 0,99 = I07
(m )
l C"Hi»02(HO)2 104x0,987= io3
|55-+-3o+i8 (io3)
(G'»H,602 i5a x 0,99 = i5o
j uo + 8 + 3o (148)
IC202C12 99 x 1,43 = 14».
j II + 3o + 102 (i43)
fCeH50*Cl io8,5 xi, 139= i-4
(71+51 (122)
1 C*HC1302 i47,5 x i,5i8 = 224
|(44-2)+i53 + 3o (225)
jC'0in»O'S2 i36x i,o32 = 1,3
(55 + 60+32 ( 1 Ï7 )
C8H«S*S2 i38x i,i5g lGo
33 + 64 + 64 (161)
(OH "î
i 110 + 8
[C"H«0*
'(77-8) + 60
i36 x 0,86 = 1 16,96
M. S)
122 X 1,08 = l32
(129)
)(ClHs)2C206 108x0,975= io5
( 44 -t-n +45 (100)
( C3»H1602 212 x 1,029 =(218)
'175 + 8 + 30 (2l3)
C4H2C12 93x1,25 = 121
(22-2)+ 102 I [22 I
C'H0',C12 142 x r,25 = 178,71
71 + 102 (173)
OHcS2 6axo,83 = 5 1,6
22 + 32 I 5 ( I
C'»Hio(OS)2S2 i5oxi,o7 160
55+(i5 + 32)+64 (167)
Ci»H'2S2 104 x 0,845 87,88
56 + 3a
(88)
OHi«(H0)2 154x0,903=139
no + 8 + 18 (i36)
C32H32 224x0,789= 176
32X5,5 (176)
G'^HsO* i36x 1,09 = 140
(87-D+60 (143)
Cs4Hl60* 192x1,007= 193
i32 + 6o (192)
G2HC13 u8,5 x 1,48 = 172
u + i53 (164)
C6(0)C1« 291 x 1,705 = 496
66 + 120 + 3o6 (492)
(OHs)2S2 90 x 0,825 = 74,25
44 + 32 (76)
C/H'm OS)2 S2 122x1,143 i39
33 + (i5+32)+64 (144)
C!»H"S* 206x0,918 189
110+ n + 6J (i85)
» Les composés du brome et de l'iode offrent un peu moins de régu-
larité; les coefficients densitaires varient comme 1 , 3, 5, 7 quand la for-
mule contient 1, 2, 3 ou 4 équivalents, de sorte que 1 \o correspondant
à Br, 420 répond à Br2, 700 à Br3, 980 à Br* :
j PhBr3
(71 + 700
jC*H3Br
j n,5 + 140
jC'OH^Br
( 55 + 140
271 x 2,85 = 772
(77i)
95 x 1 ,66 = 1 "17
(i5l,5)
i5i x i,2o5g = 182
(i95)
jSi>HBr>
\
C4H3Br
21 + 140
j C«HsBr'
269 x 2,6 = 699
1 700 1
107 X 1,52 = [62
1 1 6 1 )
281 x ',436 = 684
1 700)
\ CBr2
(
j C*H5Br
(21 + 140
|C*H2Br*
( 22+ 980
172 x 2,436= 419)
(420)
109 x 1,47 = IO°
(161)
367 x 2,88 = 996,5
(1002)
» Je dis que l'iode présente les mêmes faits :
OH3I 154x1,98 =3o5 | G*H«] i36x 1,975 = 3o8 | CMIM2 268 x 3,342 = 895,656(3x 298)
» Cette règle permettrait donc de calculer la densité qu'aura à l'état
liquide une substance dont on n'aurait que la formule. Il suffit de la rap-
procher de la relation existant entre le poids moléculaire et la densité de
vapeur, et de la loi des chaleurs spécifiques, pour en montrer l'impor-
tance. »
( 1212 )
CHIMIE. — Sur le sous-chlorure d'argent. Note de M. Guntz.
« J'ai montré, dans une précédente Communication, que l'on pouvait
obtenir du sous-chlorure d'argent pur par l'action du trichlorure de pho-
sphore sur le sous-fluorure d'argent. Ayant préparé une certaine quantité
de sous-chlorure d'argent, j'ai pu en étudier les propriétés.
» Suivant la température à laquelle il est obtenu, le sous-chlorure a une
couleur variant du rouge violet foncé au violet noir ; l'action de la lumière
tend à donner la modification noire sans perte de chlore, du moins après
quelques jours d'insolation seulement.
» Sous l'action de la chaleur, le sous-chlorure se décompose en don-
nant de l'argent et du chlorure d'argent. Cette décomposition est facile-
ment visible par suite du changement de teinte du sous-chlorure, qui de-
vient jaune pâle, coloration due au chlorure d'argent fondu. L'action de
l'acide nitrique étendu (iéq. — 2lu) est absolument nulle; ainsi 5occ
d'acide nitrique étendu, laissés au contact pendant vingt-quatre heures
avec 2gl'de Ag2Cl, n'ont pas donné de louche appréciable par addition
d'une solution de chlorure de sodium.
» L'acide nitrique concentré réagit surtout à chaud sur le sous- chlorure
d'argent; on obtient alors du chlorure d'argent plus ou moins mélangé de
sous-chlorure, formant ainsi des laques diversement colorées (photo-
chlorures de Carey Lea).
*j Le cyanure de potassium dissout rapidement le sous-chlorure d'argen t
en le décomposant
Ag2 Cl -+- KCy = Ag -+- AgCv,
dissous dans l'excès de KCy.
» Cette réaction m'a permis de déterminer la chaleur de formation de
ce composé.
» J'ai vérifié ainsi qu'un poids déterminé de chlore se combinant, soit à
Ag, soit à Ag2, dégage sensiblement la même quantité de chaleur, un peu
plus cependant en se combinant à Ag2.
» J'ai trouvé
Ag2 + Cl = Ag2 Cl -h 2901, 7
tandis que
Ag + Cl = Ag Cl -+- 29Cal, 2
( I2l3 )
» C'est un fait du môme ordre que celui trouvé pour le sous-chlorure
d'argent où l'on a
Ag2 -h FI = Ag2Fl -t- 24Cal, 9
Ag-i-Fl = AgF] -t-25Cal,6
» Connaissant la chaleur de formation de Ag2CI, on peut calculer celle
qui se dégage dans la réaction
•2AgCl=: Ag2Cl 4- Cl;
on trouve que cette réaction absorbe 28Cal, 7.
» Ce fait est très important, en raison du rôle du sous-chlorure d'argent
en Photographie: j'y reviendrai. »
CHIMIE. — Action exercée par la présence des sels minéraux de potassium
sur la solubilité du chlorate de potasse. Note de M. C11. Iîl.vrez.
« 1. Nous avons eu occasion d'étudier depuis longtemps la solubilité du
chlorate de potasse dans l'eau pure, solubilité que nous calculons avec la
formule suivante, indiquant la quantité de sel dissous dans iooccde liqueur,
pour des températures comprises entre o° et 3o°,
(1) Qo= 3,2 + 0,1090 + o,oo4362.
» 2. Les solutions saturées de chlorate de potasse, additionnées de po-
tasse caustique ou d'un sel soluble de potassium, laissent déposer une
partie du chlorate dissous, conformément à ce qui se passe pour les autres sels
neutres du même mêlai.
» Les expériences relatées ci-dessous, faites à la température de 1 3" avec
des quantités croissantes de bromure de potassium, montrent la marche
du phénomène.
Poids Total CIO'K
du K Br des sels dissous ^
pour 100. K correspondant. dissous. pour 100. CIO'K -h K.
sr gr gr gr
0,20 o,o65 5,38 5,i8 5,24
o , 4o o , 1 3o 5 , 60 5,20 5,33
0,60 0,195 5,8o 5,20 5,39
( iai4 )
Total
CIO'K
des sels
dissous
dissous.
pour 100.
CIO'KH-
5^86
5,06
5,32
6,o4
5,o4
5,36
6,60
4,6o
5,25
7,20
4,20
5,i8
8,08
4,00
5,3o
9>46
3,46
5,42
10,80
2,80
5,4i
12, 40
2,4o
5,32
.... 5,32
Poids
du KBr
pour 100. K correspondant. dissous. pour 100. C103K-t-K.
gr gr
0,80 0,260
1 ,00 0,327
2,00 0,654
3,00 0,980
4 ,00 1 ,3o8
6 , 00 1 , 960
8,00 2,616
10,00 2,924
» Les résultats de ces expériences font voir que la somme du chlorate,
resté en dissolution, et du potassium du bromure introduit dans la liqueur
est constante, et que, de plus, ce nombre constant est égal au poids de
chlorate que peut dissoudre l'eau pure dans les mêmes conditions. En effet,
pour une température de i3°, le calcul donne 5gr, 34 de sel pour ioo par-
ties; l'expérience directe, faite en même temps que les essais ci-dessus,
nous a fourni le nombre 5gr,3i. Ces deux chiffres sont très voisins de la
moyenne, 5,32.
» Dans les solutions de sulfate de potasse, le phénomène de précipita-
tion est un peu différent, parce que ce n'est pas le potassium du sel
étranger, mais bien le poids de l'hydrate de potasse qui lui correspond,
qu'il faut ajouter au sulfate resté dissous, pour obtenir une somme égale à
la quantité de sulfate potassique que dissoudrait l'eau pure dans les mêmes
conditions de température.
» Quoi qu'il en soit, et pour des températures qui ne soient pas trop
éloignées de i3° (puisque nous n'avons pas étendu encore nos expé-
riences), on peut établir une formule représentant la solubilité du chlo-
rate de potassium dans les solutions des sels potassiques.
» Cette formule, donnant la quantité dissoute dans ioo parties, est la
suivante :
(o) Qe= (3,2 h- o.iogO + o,oo43 fi2) — fv du sel ajouté.
» 3. Les sels minéraux neutres de potassium se comportent, vis-à-vis des
solutions saturées de chlorate potassique, comme le bromure de la même
( 121 5 )
base. C'est ce que démontrent nettement les expériences relatées dans le
Tableau suivant :
Chlorate dissous
pour ioo
Quantité K corrcs- i -
Sel ajouté. pour ioo. pondant. Température. trouvé. calculé.
er gr o gr gr
KOH » i ,4 4,47 4,56
KC1 i,9I ■ , 4,45 4,56
KC1 3,82 2 ,, 3,58 3,56
KBr 3,o5 1 » 4,49 4,56
KBr 6,10 2 » 3,6o 3,56
Kl 4,a5 1 » 4,59 4,56
Kl 8,5i 2 » 3,65 3,56
A03K 2,59 1 „ 4,5i 4,56
A03K 5,i8 a i5 3,88 3, 80
SO'K2 2,23 1 ,, 4,7j 4,80
SOK2- 4,46 2 ,, 3,98 3,8o
CrOK2 2,42 1 » 4,72 4,80
CrOK.2 4,85 2 » 3,93 3,8o
» Ces résultats sont donc conformes, dans ce qu'ils ont de plus général,
à ce que nous avons déjà dit dans nos précédentes Communications sur ce
même sujet (séances des 23 février, i3 avril et 27 avril 1891).
» Il est facile d'ores et déjà de remarquer que l'analyse minutieuse de
tous ces faits permet de déduire d'importantes considérations théoriques
sur la nature de certaines solutions et sur l'état des sels dissous. »
ÉLECTROCHIMIE. - Électrolyse par fusion ignée des sels de bore et du
silicium. Note de M. Adolphe Minet.
« J'ai cherché à généraliser la méthode, avec laquelle j'avais réussi l'e-
lectrométallurgie de l'aluminium ('), en l'appliquant à l'extraction des
métalloïdes et des métaux dont les oxydes ne sont pas réductibles par le
carbone. Les premiers résultats obtenus se rapportent au silicium et font
l'objet de la présente Note.
» En décomposant par la pile un chlorure double d'aluminium et de
sodium, renfermant un peu de silice, Henri Sainte-Claire Deville était ar-
rivé à produire une espèce de fonte grise, fusible et cristallisée, formée
(') Comptes rendus, 17 février 1890.
( 12l6 )
d'une combinaison d'aluminium et de silicium. La proportion de silicium,
dans cet alliage, peut s'élever aux T7^ de la masse totale.
» Si l'on attaque cette masse métallique par l'acide chlorhydrique, on
obtient du silicium graphitoïde. Lorsqu'on opère sur des alliages pauvres
en silicium, le métalloïde se présente sous la forme d'une poudre fine,
dont chaque grain conserve une structure cristalline; avec les alliages
riches, le silicium est mis en liberté sous la forme de lames métalliques
brillantes.
» Dans le procédé que j'ai étudié, le sel d'aluminium employé par De-
ville est remplacé par un mélange de chlorure de sodium, 60 parties,
et de fluorure double d'aluminium et de sodium, 3o parties. On ajoute à
ces sels, au moment de leur fusion, de l'alumine, 5 parties, et de la silice,
5 parties. La silice peut être à l'état libre ou alliée avec l'alumine.
» Le bain fondu ne dissout que de faibles quantités d'alumine et de si-
lice; la majeure partie de ces oxydes y reste purement et simplement en
suspension; à l'état pâteux, lorsque leurs proportions correspondent à
celles du silicate d'alumine.
« Nous avons vu que le fluorure double d'aluminium et de sodium pré-
sente, depuis sa température de fusion, 7000, jusqu'à une température
voisine de 10000, des conditions de fluidité et àe. fixité qui assurent à l'élec-
trolyse une marche régulière et de longue durée sans perte importante
par volatilisation, ce qui ne peut être obtenu avec les chlorures (').
» Théorie de la réaction. — Au passage du courant, le fluorure d'alu-
minium est d'abord décomposé; le fluor qui se porte à l'électrolyse posi-
tive y rencontre de l'alumine et de la silice qu'il transforme en fluorure
d'aluminium et en fluorure de silicium; ces deux sels se combinent avec le
fluorure de sodium devenu libre pour former des fluorures doubles et sont
décomposés à leur tour.
» L'alimentation s'opère avec un mélange d'oxyfluorure d'aluminium
( APFl3,3 A1203), d'alumine et de silice; la proportion de ces divers sels
variant avec la quantité de silicium que doit renfermer l'alliage.
» Le bain est contenu dans un creuset de fonte, garni de charbon inté-
rieurement et qui sert de cathode ; les anodes sont constituées par des pla-
ques de charbon aggloméré.
w Relation entre les constantes du courant et de l'élcctrolyte. — Pour une
surface donnée d'anodes et des densités de courant (intensités par centi-
(3) Comptes rendus, 9 juin 1890.
( '217 )
mètre carré), variant entre zéro el un maximum c fixé par l'expérience,
les constantes du courant et de l'électrolvte satisfont à l'équation
e — e -+- p I ,
dont les termes sont connus ( ' ).
» La valeur de la force contre-électromotrice e subit des variations sui-
vant qu'on réalise l'électrolyse d'un ou de plusieurs sels.
» Le Tableau suivant indique ces variations ; les chiffres qu'il renferme
se rapportent à un seul et même bain, sur lequel on opérait des élec-
trolyses fractionnées; on éliminait ainsi, et successivement, les sels de fer
et de silicium qui s'y trouvaient en faible proportion.
» Pendant toute la durée de l'opération, le bain était alimenté avec du
chlorure de sodium et du fluorure d'aluminium, de manière à maintenir
constante sa résistance électrique p. Température, 85o°.
Maximum
de
densité Force Résistance
a l'anode électromolrice électi iquc
Périodes. Mature <lu métal ou de l'alliage déposé. o. e. p.
anîn voli ohm
i Fer d,i.") " • ■ i o 9
■>. Fer (traces de silicium) 0,20 0,70 o,ooo3
Ferro-silicium 0,20 i,.?; 0,0089
4 Ferro-silicium (traces d'aluminium ) o,3o i,">ï u.imh)
"1 (Traces de fer) silicium-aluminium i,3o i.~"> 0,008
6 (Traces de silicium) aluminium 0,00 >,i"> n.nnN',
7 aluminium (traces de sodium) i,oo 2,5o 0,0087
» Application industrielle. — (les expériences démontrent qu'on peut ar-
river, eu traitant électriquement les minerais d'aluminium (bauxites blanche
et rouge ) et les silicates d'alumine naturels, à produire toute la série des
alliages de fer, silicium, aluminium, et, à la lin de l'opération, l'aluminium
chimiquement pur.
» Il a été procédé à quelques essais à la traction sur ces alliages et l'alu-
minium à un grand degré de pureté, qui, je crois, offrent quelque in-
térêt.
(') Comptes rendus, 27 octobre 1890.
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXU. N° 21.) '58
( I2l8 )
Nature du travail.
Coulé. Forgé.
Composition fie !
alliage.
Charge
Charge
— =_
—
à la rupture
Allon-
à
l.i rupture
Allon-
Aluminium
par
gement
par
gement
pour ion.
Silicium.
Fer.
millim. carré.
pour roo.
mi
llim. carré.
pour 100.
95,5
0, 33
O, 17
ks
10
20
k6
12,3
9,25
98,4
1 ,33
o,63
12,3
6,4
1.3.9
2 I
97. 67
1 U 1
o,5g
.2,4
8,57
i3,3
9,18
96,80
1 ,6o
1 ,60
,4,5
3,6
1 5 , "1
10
9?. , 60
6, 10
1 ,3o
12,6
1,4
1 ."> . I i
2,75
89,80
8,90
1 ,.'17
17. 1
î,85
")■;
9. ,8
93,4o
1 ,00
6,6
6,2
0,70
7' 7''
0
» Chose intéressante à noter : les alliages déjà riches en silicium,
comme celui qui renferme 8,9 pour roo de ce métalloïde, présentent à la
traction des qualités bien supérieures à celles de l'aluminium pur (').
» Électrolyse des sels de bore. — Je n'ai pas encore fait d'étude suivie sur
ce sujet, mais on peut admettre a priori qu'il suffira, pour réaliser cette
électrolyse, de remplacer, dans le bain à base de fluorure d'aluminium, la
silice, par l'anhydride borique.
» On obtiendra ainsi un alliage de borure d'aluminium où le bore
pourra atteindre une proportion égale aux ~ de la masse totale.
» On l'extraira facilement en attaquant la masse métallique par la soude
caustique concentrée, cpii dissoudra l'aluminium et l'acide chlorhydrique
qui enlèvera les dernières traces de fer. »
CHIMIE. — Sur deux nouvelles combinaisons cristallisées du chlorure platinique
avec l'acide chlorhydrique. Note de M. Léo.v Pigeov (2), présentée par
M. Troost.
« On n'a décrit jusqu'ici qu'une seule combinaison de l'acide chlorhy-
drique avec le chlorure de platine au maximum, c'est l'acide chloroplati-
(') Les essais à la traction ont été effectués dans le laboratoire de M. Le Verrier,
au Conservatoire des Arts et Métiers.
(2) Travail fait au laboratoire de Chimie de l'Ecole Normale supérieure.
( 1219 )
nique; il répond à la formule
PtCP.2HCl.6IPO.
» On peut obtenir toutefois deux autres combinaisons qui répondent
aux formules
PtCl*. 2HCI.4IPO,
PtCl4.HC1.2H20.
L'une et l'autre dérivent de l'acide chloroplatinique.
» I. Les cristaux rouges d'acide chloroplatinique sont dissous dans une
petite quantité d'eaii. On ajoute à cette liqueur très concentrée une grande
quantité d'acide sulfurique. Il se dépose alors un précipité jaune qui se
rassemble au fond. En l'examinant au microscope, on reconnaît qu'il est
formé de cristaux très nets, qui agissent énergiquement sur la lumière
polarisée. Ces cristaux sont déliquescents; pour les débarrasser du liquide
qui les baigne, on les laisse séjourner sur une plaque de porcelaine
dégourdie, dans une atmosphère sèche. L'analyse de cette matière a été
faite eu la chauffant avec du carbonate de soude et pesant le platine et le
chlorure d'argent.
» Voici les résultats de 1 analyse :
Calcule pour
PtCl'.aHC1.4H*0. Trouve.
Platine 4o,45 40,07
Chlore 44, 18 44,78
Hydrogène et eau i:"),.!; 1 5, o4 (par différence)
» On voit donc que l'on peut, à froid, par l'action de l'acide sulfurique.
concentré, obtenir un produit cristallisé qui ne diffère de l'acide chloro-
platinique que par deux molécules d'eau en moins, la totalité de l'acide
chlorhydrique restant présente dans la combinaison.
» IL On obtient le second chlorhydrate de chlorure en chauffant
à ioo°, dans le vide, l'acide chloroplatinique en présence de potasse
fondue. L'acide chloroplatinique est contenu dans un tube à essais, et
celui-ci introduit dans un autre tube contenant la potasse et qu'on scelle
après y avoir fait le vide. La région qui contient la matière est chauffée en-
suite à ioo°, au bain-marie, pendant deux ou trois journées. Les cristaux
d'acide chloroplatinique, vers Go°, fondent dans leur eau de cristallisation
en donnant un liquide très mobile; puis ce liquide dégage des bulles, de-
( 1220 )
vient épais et donne finalement une matière solide, brun rougeàtre cris-
tallisée. L'analyse donne pour ce corps la formule
PtCl4.HCI.2lFO.
Trouvé.
Calculé. I. II.
Platine 47,63 '17,61 47, 3i
Chlore 43,33 +3,26 43,49
Hydrogène et eau 9,o4 » »
» III. Si l'on chauffe ce dernier produit dans les mêmes conditions,
mais vers 200", au bain d'huile, le reste de l'acide chlorhydrique et de l'eau
sont éliminés finalement et l'on obtient le chlorure platinique anhydre. Ce
dernier ne perd pas de chlore tant que la température est inférieure
à 2200. Mais, dans la vapeur de mercure, la moitié du chlore du chlorure
platinique est chassée : il reste du chlorure platineux.
Calculé. Trouvé.
Platine 73, 3i 7-3,33
Chlore 26,69 -4ti,'27
» IV. On voit, en résumé, qu'il est facile de faire perdre à l'acide chlo-
roplatinique l'acide chlorhydrique et l'eau qu'il contient, en les éliminant
par parties. Si l'on réunit ensemble dans une parenthèse les produits qui
sont chassés en même temps, on donnera à ce corps la formule
PtCl*(HCl.2H20)(HCl.2H=0)2H20.
» Les résultats précédents sont donc en parfait accord avec les re-
marques générales faites par M. Engel sur les chlorhydrates de chlorures
(Annales de Chimie et de Physique, 6e série, t. XVII, p. 379), et mettent en
évidence l'importance de l'hydrate HCl -f- 2IPO obtenu cristallisé depuis
longtemps par MM. Pierre et Pucbot. »
CHIMIE. — Sur le salicy!ate de bismuth. Note de M. H. Causse.
« De tous les procédés de préparation du salicylate de bismuth, celui
qui consiste à l'obtenir par double décomposition, entre un sel de bismuth
dissouset un salicvlate alcalin, semble réaliser, au premier abord, les cou-
( 1221 )
ditions les plus simples. Malheureusement, la simplicité devient une diffi-
culté réelle et que l'on a cherché à tourner par l'emploi des solutions
alcoolicpies ou glycériques, si la double décomposition est pratiquée dans
les conditions ordinaires.
» Les sels de bismuth ne sont solubles dans l'eau qu'avec le concours
des acides, et ceux-ci déplacent l'acide salicylique de ses combinaisons.
Comme il est insoluble dans l'eau, on obtient un mélange formé d'un sali-
cylate et d'acide salicylique, auquel s'ajoutent les produits de l'action de
l'eau sur les sels de bismuth, et le tout constitue un composé indéfinis-
sable. Un salicylate de composition régulière ne pouvait donc être obtenu
qu'à la double condition d'opérer en liqueur chimiquement neutre et de
s'affranchir de l'action secondaire de l'eau.
■» Quelques essais dirigés dans cette voie nous avaient conduit à des
résultats satisfaisants, mais compliqués, et c'est en cherchant à les simpli-
fier cpie nous avons observé les faits qui suivent, et sur lesquels nous avons
établi un procédé de préparation du salicylate de bismuth.
» L'eau, on le sait, dissocie les sels de bismuth; elle provoque dans
leurs solutions un dédoublement suivi de la précipitation d'un sel basique,
tandis que l'acide, dégagé de la combinaison, entre en solution et vient
contribuera maintenir la stabilité de la partie dissoute.
» Jusqu'ici on a eu recours aux acides pour éviter cette scission ; mais
nous avons trouvé que certains sels ammoniacaux, et en particulier le
chlorhydrate d'ammoniaque, s'opposent à l'action dissociante de l'eau et
jouent, à l'égard du sel de bismuth, le rôle de l'acide ajouté pour le faire
entrer en solution.
» On sature un \ olume quelconque d'acide chlorhydrique, de carbonate
ou de sous-nitrate de bismuth, en ayant soin d'en laisser un léger excès ;
après quelques heures de contact et quand le carbonate refuse de se dis-
soudre, on ajoute du chlorhydrate d'ammoniaque en solution concentrée;
aussitôt l'acide, supplanté dans ses fonctions, devient apte à dissoudre le
carbonate, que l'on ajoute par petites portions, et disparait totalement, en
donnant du chlorure de bismuth, soluble dans le sel ammoniac. On arrive
aussi au même résultat en neutralisant avec une solution d'ammoniaque
dans le chlorure d'ammonium, comme on le verra plus loin.
» Nous nous sommes assuré que, pris séparément, le pouvoir dissolvant
du sel ammoniac est nul ou à peu près sur le carbonate et le sous-nitrate,
et cpie, d'autre part, les réactions générales n'ont pas disparu. L'eau
( I2.>.2 )
pure, par exemple, ajoutée à la solution précédente, détermine une préci-
pitation de sel basique, tandis que la solution concentrée de sel ammoniac
la laisse limpide et sans changement au moins apparent, ce qui permet de
dire que le chlorure d'ammonium se borne à remplacer l'acide, ajouté
pour dissoudre dans l'eau un sel de bismuth et éviter sa dissociation.
» Nous n'insisterons pas davantage sur un point que nous nous propo-
sons de développer, dans une Note postérieure, n'ayant en vue pour le
moment que la préparation du salicylate de bismuth basée sur les observa-
tions précédentes.
» On prend ioogl' de sous-nitrate de bismuth que l'on dissout dans l'a-
cide chlorhydrique concentré; il y a échauffement, dégagement de vapeurs
nitreuses, et le sel entre en solution ; on laisse reposer et la liqueur éclair-
cie est reçue dans iUt d'une solution pure et saturée à la température ordi-
naire de sel ammoniac. Il reste maintenant à supprimer l'acide libre; on y
parvient, mais lentement, en ajoutant du sous-nitrate autant que la solu-
tion peut en dissoudre, d'une manière plus rapide et plus complète, si l'on
neutralise la liqueur avec de l'ammoniaque dissoute dans la solution satu-
rée de chlorure d'ammonium ; les premières portions d'alcali y déterminent
un précipité, mais celui-ci disparaît tant que la liqueur contient de l'acide
libre, et, quand il persiste, la solution bismuthique, qui remplit dès lors
toutes les conditions de neutralité désirée, est mélangée avec la suivante :
Salicylate de soude 120e1'
Solution de sel ammoniac saturée 5oo§r
» Au début, aucun précipité ne se forme; mais, à peine quelques se-
condes se sont-elles écoulées, que le liquide se remplit d'une volumineuse
cristallisation de salicvlate de bismuth.
J
» Le liquide est jeté dans un entonnoir, garni à la douille d'un tampon
de coton, et, lorsque l'eau mère est écoulée, on reçoit le sel dans un vase;
il y est lavé à plusieurs reprises jusqu'à élimination du chlorhydrate d'am-
moniaque, puis essoré et séché à la température ordinaire.
» Ainsi obtenu, le salic\late de bismuth est cristallisé en prismes mi-
croscopiques, incolores et d'aspect assez semblable au sulfate de quinine
déshydraté. Il est insoluble dans l'eau, décomposé par les acides et les al-
calis, et offre les caractères généraux des sels de bismuth.
» L'eau froide est sensiblement sans action sur lui, ce qui se conçoit,
( 1223 )
aucun des constituants du salicylate de bismuth, pris séparément, n'étant
soluble dans ce liquide; il n'existe aucune raison de séparation.
» Traité par l'eau bouillante, il est dissocié, et l'acide salicylique séparé
cristallise par refroidissement.
» L'alcool absolu le décompose complètement; en épuisant, à trois re-
prises différentes, 4B' de salicylate par 5ogr d'alcool, nous avons obtenu de
l'oxyde de bismuth.
» La chaleur agit d'une manière semblable; le salicylate maintenu à 5o°
perd la majeure partie de l'acide salicylique qui vient cristalliser sur les
parties froides; à ioo° la séparation est complète. Chauffé brusquement,
il dégage des vapeurs, entre en fusion, la température s'élève et l'on arrive
sans arrêt du thermomètre à la décomposition charbonneuse.
» Composition. — Le métal a été dosé par la voie sèche, en utilisant la
facilité avec laquelle l'acide salicylique se sépare. Cette opération doit être
conduite avec soin, car le sel très léger est facilement entraîné par les va-
peurs d'acide salicylique. Quant à l'eau de cristallisation, nous en avons
déduit son existence et sa quantité de l'analyse,
» Nous avons trouvé les proportions suivantes, qui représentent une
moyenne de quatre analyses :
Calculé
pour la formule
Bi(C'H'0,)'4H«ô.
C 35,9-5 C 36,363
Trouvé.
35,
95
3.
i5
■!9
■7:'
29:
,80
M 3,i5 11 3,3.6
O '!9>~"> 0 3o,oi4
Ri 29,80 Ri 3o,3o3
C'est donc du salicylate neutre avec 4 molécules d'eau de cristallisation. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la chaleur de dissolution et la solubilité de quel-
ques corps dans les alcools méthylique, éthylique- et propylique. Note de
M. W. TlMOFEIEW.
o Dans une Note précédente, j'ai donné les chaleurs de dissolution de
quelques acides organiques dans les trois alcools, et j'ai indiqué une cer-
taine relation qui existe, à mon avis, entre les chaleurs de dissolution et la
solubilité moléculaire de ces corps. J'ai fait, en outre, quelques expé-
( r22/, )
riences avec le bichlorure de mercure, l'iodurè de cadmium, l'urée et la
naphtaline; je communique aujourd'hui les résultats.
» La Table suivante donne les chaleurs de dissolution à la tempéra-
ture I2°-i4" :
Table 1.
Chaleur de dissolution dans l'alcool
Concentration _^ —
Substances. pour ioo. méthylique. étliylique. propylique.
Cal Cal Cul
[odure de cadmium 7! +6,65 '1 - 3 1 +2,66
Bichlorure de mefcure ... . 11 ".'li o.oo(') —1,1
Naphtaline :>A 4,5o — 4,38 — 4, 28
Urée 13 —2,21 — 3.1 .S —2,76
» Les solubilités moléculaires sont les suivantes :
Table If.
Quantités de molécules de l'ai I
Substances. Température. méthylique. étliylique. propylique.
11 iinil mol mol
[odure de cadmium 20 5,2 7 ;i s
Bichlorure de mercure . . .. 8,5 20 1 3 , 1 20, 3
» 20 (6,2 12,4 '8
» 38, 2 <>, m 10,6 i4,6
Naphtaline 11 84 45 33
Urée 20 S, 7 24,5 39,2
» 4o 5,i i4,3 20
» En comparant ces deux Tables, nous retrouvons pour l'iodurè de cad-
mium et la naphtaline la relation signalée précédemment, à savoir : la
solubilité moléculaire et la chaleur de dissolution varient en sens in-
verse.
» Le cas du bichlorure de mercure est un peu plus compliqué. Si l'on
construit les courbes de solubilité, en prenant pour coordonnées la tem-
pérature et le nombre de molécules d'alcool, nécessaires pour dissoutire
une molécule^ de substance, on obtient des courbes dont la marche est
comparable pour les alcools autres que l'alcool méthylique; pour le der-
nier, la courbe correspondante s'incline vers l'axe des températures beau-
coup plus rapidement que les deux autres et vient les couper toutes deux
(') Une absorption de chaleur insignifiante; d'après Rickerin», cette chaleur de
dissolution est nulle.
( 1225 )
entre 8° et 35°; elle paraît ne reprendre une marche normale rpi 'au delà
de cette température.
» Ce fait lient peut-être à l'existence d'une combinaison de bichlorure
de mercure et d'alcool méthylique, combinaison que j'ai pu obtenir en
effet : la solution HgCP + 25GH"0 dépose dans le voisinage de o° des
feuillets d'un composé, dont l'analyse correspond à la formule
HgCl-+2GfPO.
Les autres alcools, dans les mêmes conditions, n'ont rien donné de sem-
blable.
» Ainsi, si nous comparons Ja solubilité à 35° et la chaleur de dissolu-
lion, nous observons la même relation que dans les autres cas.
» L'urée seule paraît faire exception : sa solubilité et la chaleur de dis-
solution dans l'alcool éthylique sont toutes deux plus grandes que dans
l'alcool propylique.
» Si l'on calcule les rapports de h> chaleur de dissolution d'une même
substance dans les deux premiers alcools méthylique et éthylique d'une
pari, et, d'autre part, dans les deux derniers alcools propylique et éthy-
lique, ces deux rapports sont dans quelques cas sensiblement les mômes :
Table 111.
„ . Chai, de diss. dans l'aie, éthyl. Chai, de diss. dans l'aie, propyl.
Chai, de diss. clans l'aie, méthyl. Chai, de diss. dans l'aie, éthyl.
Acide oxalique anhydre. i,46 i,4S
Acide succinique i ,c4 i ,o5
Iodure de cadmium ... . o,65 0,62
Naphtaline 0,97 <>.,,x
« Ce fait, qui parait se retrouver dans quelques cas aussi pour les solu-
bilités, montre bien quelle liaison étroite peut exister entre la solubilité
et la chaleur moléculaire de dissolution en solutions étendues dans les
dissolvants comparables. »
ZOOLOGIE. — Sur les Stellérides recueillis dans le golfe de Gascogne, aux Açores
et à Terre-Neuve pendant les campagnes scientifiques du yacht l'Hirondelle.
Note de M. Edmoxd Perrier, présentée par M. Alph. Mil ne-Edwards.
« Le nombre des espèces d'Étoiles de mer recueillies durant les cam-
pagnes de \ Hirondelle, dirigées par S. A. S. le prince Albert de Monaco, s'é-
C. R., 1891, 1» Semestre. (T. CXH, N* 21.) 1%
( 1226 )
lève à 33, réparties en 26 genres. Neuf de ces espèces sont nouvelles ; quatre
appartiennent à des genres déjà connus, mais dont un est encore mal défini
(Pedieellaster parvulus, sp. nov.), et dont trois n'ont été caractérisées qu'à
l'occasion de la campagne du Challenger (Mediaster stellatus, sp. nov.; Phi-
tonasler granidosus, sp.nov.; Dytaster intermedius, sp.nov.); une cinquième
(Stolasteras neglecta, sp. nov.) fait partie d'une coupe du genre Aslerias, dé-
membrée comme sous-genre par Perry Sladen ; les quatre autres doivent de-
venir les types de genres nouveaux; ce sont : les Prognaster Grimaldù,
Calyeaster monœcus, Scleraster Guernei, Hexasler obscarus. Sept espèces ne
sont connues que depuis peu et font partie de la série des espèces qui ha-
bitent les grandes profondeurs; ce sont : Brisinga coronata, Sars; Neomor-
phaster Talismani, Perrier; Pentagonastcr crassus, Perrier; /'. Gosselini,
Perrier; Pentastcr venustus, Sladen; P. limbatus. Sladen; Plulonaster bi-
frons, W. Thomson. Ces sept formes constituent, par conséquent, encore
d'intéressantes récoltes. Les genres nouveaux appartiennent respective-
ment à autant de familles ou sous-famillcs différentes, celles des Zoroaste-
rinœ, Stichasterinœ, Asteriidœ, Pterasteridœ.
» Les Prognaster sont de grandes Etoiles de mer à bras longs et grêles,
rappelant ceux de l'espèce du Talisman que j'ai décrite sous le nom de
Zoroaster longicauda (' ) ; mais les Prognaster se font remarquer : i° par la
constitution du squelette de leur disque dorsal qui comprend, comme
chez les Crinoïdes, une dorso-centrale, cinq petites sous-basales, cinq
grandes basales, après lesquelles viennent les premières radiales ou cari-
nales; i° par le squelette de leurs bras dont la carinale et les dorso-mar-
ginales prédominent d'une manière remarquable sur les autres plaques, au
nombre de 11, qui constituent chaque arceau dorsal. Leurs plaques ne
sont pas garnies d'écaillés comme chez les Pholidaster, Sladen, mais
d'épines comme chez les Zoroaster.
» Les Calyeaster sont de très petite taille, ils ont 5mm à i8mm de rayon :
ce sont peut-être les jeunes de quelque forme apparentée aux Neomor-
phaster, Sladen. Ils se font remarquer par l'extrême simplicité de leur sque-
lette, réduit : i° pour le disque, à une dorso-centrale et cinq basales, les cinq
radiales commençant déjà la série des carinales; 20 pour les bras, aux
carinales ou médianes dorsales et à la double série des marginales . Le sque-
lette ambulacraire a la structure normale; les tubes ambulacraires sont bi-
{') Annales des Sciences naturelles, 1880.
( I227 )
sériés, les pédicellaires croisés indiquent que ces petits Stellérides appar-
tiennent à l'ordre des Forcipulata.
» Les Sclerasterias sont aussi de petite taille, mais le développement de
toutes leurs parties indique qu'ils sont adultes. Ils sont voisins du Sto/as-
terias par la disposition en rangées longitudinales des pièces de leur sque-
lette qui, abstraction faite du squelette ambulacraire, comprend trois séries
de plaques principales (carinales et marginales) et tout au moins, entre
les marginales dorsales et les carinales, une rangée de • dorso-latèrales ou in-
termédiaires dorsales.
» \1 H ex aster obscurus fait partie de la famille des Pterasteridœ. Il est
voisin des Marsipasler et des Calyptraster de Sladen, qui ont été dragués par
le Challenger, le premier entre Valparaiso et Juan Fernandez, le second sur
la côte du Brésil; il provient de Terre-Neuve, comme le Pedicellaster par-
adas, et de i,55m de profondeur. Ce genre est remarquable, parmi tous les
autres Pterasteridœ, par ses six bras et sa surface dorsale convexe et relative-
ment résistante. Il se distingue de Marsipasler par la brièveté de ses épines
actino-latérales et par ses épines buccales supplémentaires indépendantes.
Le nombre de ces épines (une au lieu de trois par plaque dentaire), le sé-
pare de Calyptraster et indique une forme différente des dents.
» Il est intéressant, d'ailleurs, de retrouver à Terre-Neuve une forme do
Stelléride dont les équivalents n'avaient encore été rencontrés que dans
les mers australes.
» Les autres formes nouvelles que nous venons d'indiquer proviennent
des régions profondes : le Prognaster Grimaldii a été dragué au nord des
Açores, par 2870™ de profondeur; le Calycaslcr monœcus à l'est de Florès
(Àçores), par 1 5 5 7 m ; le Sclerasterias Guernei, dans le golfe de Gascogne, de
24om à 3oom.
» Par la simplicité en quelque sorte théorique de leur squelette, les
Prognaster et les Calycaslcr apportent un document du plus haut intérêt à
la morphologie du squelette des Étoiles de mer. Le squelette du disque est,
en effet, exactement constitué dans ces deux genres comme le squelette
typique d'un Crinoïde, et c'est pourquoi nous appellerons calicinales les
pièces fondamentales qui le constituent. Ces pièces sont au nombre de
an + i, si n est le nombre des bras; en général, « = 5 et in -+- 1 = 11,
par conséquent. Les pièces carinales sont les équivalentes des radiales des
Crinoïdes; quant aux marginales et aux pièces du squelette ambulacraire,
si constantes chez les Stellérides, elles ne sont représentées, chez les Cri-
noïdes, que par des formations rudimentaires et qui font souvent défaut.
( 1228 )
» Le squelette des Stellérides, plus complet que celui des Crinoïdes,a, par
cela même, une morphologie propre sur laquelle je me propose de revenir
dans une prochaine Communication, à l'occasion d'un travail d'ensemble
sur les Stellérides recueillis par le Talisman et le Travailleur. »
BOTANIQUE. — Sur V équivalence des faisceaux dans les plantes rasculaires.
Note de M. P. -A. Daxgeard, présentée par M. Duchartre.
« En Anatomie végétale, l'unité adoptée pour le système vasculaire est
le faisceau ; mais on l'interprète de bien des manières différentes.
» Ainsi, le faisceau ordinaire des Dicotylédones comprend un faisceau
ligneux et un faisceau libérien superposés : il est dit collatéral par la plu-
part des auteurs; pour quelques autres, c'est un faisceau unipolaire. Chez
plusieurs Monocotylédones le faisceau est constitué par un ilôt libérien
entouré par les vaisseaux ligneux : il est concentrique ; chez la plupart des
Cryptogames vasculaires, c'est, au contraire, le bois qui est entouré par le
liber dans les cordons libéro-ligneux ; ces cordons libéro-ligneux sont alors
considérés comme des faisceaux concentriques, plus rarement comme des
faisceaux bipolaires ou leurs combinaisons, ou enfin comme des stèles. Le
système vasculaire de la racine donne lieu aux mêmes difficultés d'inter-
prétation; pour plusieurs anatomistes, c'est un faisceau poly arche ; pour
d'autres, un faisceau multipolaire; pour la plupart, ce système est formé
par un nombre variable de faisceaux libériens et ligneux alternes.
» Je me propose, dans cette Note, d'établir l'équivalence des faisceaux
dans l'ensemble des plantes vasculaires, en m'appuyant sur les résultats
de mes observations en Anatomie végétale (').
)> C'est chez les Dicotylédones que les faisceaux ont été le mieux étu-
diés : on connaît leur course, leurs relations réciproques, leur structure,
leurs combinaisons diverses dans un grand nombre d'espèces. Il est natu-
rel de leur conserver le nom de faisceaux collatéraux et de les d'ire Jermés
ou ouverts, selon qu'ils possèdent une zone génératrice ou qu'ils en sont
dépourvus.
(') P.-À. Dangeard, Recherches sur le mode d'union de la tige et de la racine
chez les Dicotylédones {le Botaniste, iro série); Essai sur l'anatomie des Crypto-
games vasculaires (ibid.); Mémoire sur la morphologie et /'anatomie des Tmasip-
leris {ibid., 40 et 5e fascicules; 1891).
( I2a9 )
» Chez les Monocotvlé clones, on trouve les mêmes faisceaux collaté-
raux : rien n'empêche d'appeler concentriques les faisceaux dans lesquels
le liber est entouré par le bois.
» La véritable difficulté ne commence, dans l'appréciation du faisceau,
que chez les Cryptogames vasculaires et dans l'élude de la racine.
» Pour trouver l'équivalent du faisceau fermé des Dicotylédones, il faut,
chez les Cryptogames vasculaires, s'adresser aux petites feuilles à nervure
unique des Selaginella, des Lycopodium, des Tmesipteris, ou bien encore
aux dernières ramifications des nervures dans les feuilles plus développées
des Salvinia, des Marsilia, des Fougères, etc. ; le faisceau y est constitué
par quelques trachées et vaisseaux annelés et quelques cellules libériennes,
c'est-à-dire par du proloxylème et du pro/ophloéme; il est rarement collaté-
ral. En général, il est concentrique; mais, à l'inverse de ce qui existe chez
les Monocotylédones, ici, c'est le liber qui entoure le bois.
» Pour trouver l'équivalent du faisceau ouvert des Dicotylédones et des
Conifères, il est bon, chez les Cryptogames vasculaires, de s'adresser tout
d'abord à la lige de certaines espèces de Sélaginelles (S. Kraussiana, S. Ga-
leottii,S. Lyallii, etc.); on le trouvera isolé dans le tissu conjonctif et il
sera plus facile ensuite de le reconnaître dans ses combinaisons diverses.
Sa forme générale est celle d'un coin dont la pointe est tournée vers l'ex-
térieur : cette pointe est occupée par le protoxylème et le protophloème ;
il se produit ultérieurement des vaisseaux scalariformes : c'est le mètaxy-
lème. qui se différencie de l'extérieur vers le centre de la tige; il est en-
touré par du mélaphloème qui présente le même mode de différenciation.
Sans doute, ces derniers éléments ont une origine et une structure diffé-
rentes de ceux qui constituent le bois et le liber secondaires des Dicotylé-
dones; mais les rôles physiologique et mécanique sont identiques. Nous
avons démontré que ces cordons libéro-ligneux, isolés dans le tissu con-
jonctif des Sélaginelles, représentent bien le faisceau normal en suivant
leur course et en établissant leurs rapports avec les feuilles. Ce faisceau
est concentrique; il ne devient collatéral que dans les combinaisons qu'il
forme.
» Tout comme chez les Dicotylédones, chaque faisceau se reconnaît à
la présence d'un îlot de protoxylème. Existe-t-il plusieurs de ces îlots, on a
affaire à une combinaison de plusieurs faisceaux. Si elle forme un système
annulaire à la façon du cylindre central des Dicotylédones, on devra la dé-
signer, avec MM. Van Tieghem et Douliot, sous le nom de stèle; s'il y a
( I23o )
cloute, on pourra la distinguer simplement sous le nom de cordon libêro-
ligneux.
» Le cas où les faisceaux se disposent en un cercle régulier dans la tige
est particulièrement instructif (Lycopodium, Tmesipteris , Selaginella, Psilo-
tum). Ainsi la stèle à deux ou à quatre faisceaux des Sélaginelles rappelle
étroitement la structure d'une racine : la seule différence importante à no-
ter, c'est la continuité du liber autour du bois dans la stèle des Sélaginelles;
or cette abondance du liber est due uniquement à la présence des feuilles;
ces dernières viennent-elles à se réduire à l'état d'écaillés sans nervures,
alors le liber se localise en faisceaux distincts (Psilotum); on a alors pour
la tige la structure d'une racine ordinaire.
» D'où cette nouvelle conséquence par laquelle nous terminerons : le
système vasculaire de la racine n'est ni un faisceau multipolaire ni un fais-
ceau polyarche, c'est un ensemble de faisceaux. »
PÉTROGRAPHIE. — Sur la formation trappéenne de la Toungouska Pierreuse
{Sibérie septentrionale). "Note de M. K. de Kroistchoff, présentée par
M. Fouqué.
» Dans la région située entre les 5oe et 70e parallèles en Sibérie se
trouvent d'immenses territoires couverts d'énormes coulées atteignant
parfois une épaisseur de 5om à 70™, et traversés par d'innombrables dykes
de roches basiques, trappéennes, anciennes et, probablement aussi, mé-
zoïques. L'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg (en 1876,
1877, 1878) a envoyé, sous la direction de M. Lopatine, plusieurs expédi-
tions scientifiques pour explorer spécialement la partie située entre 5o°
et 700 de latitude et 720 et 1020 de longitude orientale. M. Lopatine a par-
couru notamment plusieurs cours d'eau considérables, comme la Toun-
gouska Pierreuse, Tchoulym, Angara, Yenniséy et partout constaté un dé-
veloppement vraiment colossal d'une roche trappéenne presque noire, d'un
aspect franchement basaltoïde ('). J'ai été chargé par l'Académie impé-
riale des Sciences de Saint-Pétersbourg de faire l'étude pétrographique et
(') Depuis le commencement de ce siècle, un grand nombre desavants avant visité
la Sibérie septentrionale y avaient déjà signalé l'occurrence d'une roche trappéenne,
doléritique d'un grand développement.
( I23l )
chimique des collections (environ 3ooo échantillons) de roches éruptives
recueillies par M. Lopatinedans le cours de ces divers voyages en Sibérie.
T'ai l'honneur de signaler brièvement à l'Académie quelques faits d'un
intérêt général constatés dans le cours de mes recherches.
» Toungouska Pierreuse. — Assises siluriennes avec Phacops Lopatini ('),
Favosites ('-), Plasmopora, Halysites, Columnaria, CyrthophyUum, etc.,
recouvertes de coulées énormes (i>oo-3oo verstes et plus d'étendue) et
traversées par de nombreux dvkes de roches éruptives foncées, dont la
composition minéralogique est presque absolument identique et dont la
structure seule varie; dans leur composition entrent essentiellement le
plagioclase, le pyroxène et l'olivine. En fait de caractères physiques, nous
y rencontrons toutes les modifications de structure connues jusqu'ici :
d'un côté des roches apbanitiqucs semi-vitreuses, de l'autre des roches
holocristallines grenues, doléritiques ou diabasiques et, entre celles-ci, des
roches porphyriques et ophitiques.
» Du type semi-vitreux, parfois huileux et scoriacé, au type holocristallin
grossièrement grenu doléritoùle, il y a nue transition graduelle, insensible
et complète de sorte qu'après en avoir fait l'étude approfondie (environ
iooo plaques minces), j'y ai cru devoir distinguer seulement neuf types
fondamentaux, auxquels se rattachent toutes les autres modifications.
» Type I. — Holocristallin.
» Type II. — Holocristallin passant au type ophitique.
» Type III. — Holocristallin se rapprochant du type ophitique; cette roche est m
riche en péridot, qu'on pourrait la classer dans le groupe des péridotites (eucrite
franche).
» Type IV. — Franchement ophitique.
» Type V. — Ophitique se rapprochant du type hypocristallin.
» Type VI. — Doléritique se rapprochant du type rnicrolithique.
» Type VII. — Aphanitique franchement rnicrolithique.
» Type VIII. — Aphanitique, rnicrolithique à étoileruents.
» Type LV. — Aphanitique, semi-vitreux, rnicrolithique.
» Outre les coulées et filons j'y ai constaté des vestiges apparents de
déjections détritiques : (a) un grès silurien renfermant de fines interstrati-
fications de 2mm à 5mm d'épaisseur, constituées de lapilli à croûte caractéris-
(') F. Schmidt, Ueber einige neue ostsibirische Trilobilen. etc. {Bull, de l'Acad.
impériale des Se. de Saint-Pétersbourg, t. XII, p. 407, 4] 4 ; 1886).
(-) Lixdstrom, Silurische Korallen ans Aord-Russland und Sibirien (Bihang till
Vet. Acad. Handlingar, Band VI, n° 18; 1882.
( 1232 )
tique de diverses roches trappéennes ; (b) une roche d'apparence franche
ment grésiforme, composée de grains anguleux isométriques et idiomor-
phes de plagioclase, de pyroxène et d'olivine.
» Le métamorphisme de contact, engendré par ces roches éruptives dans
les argiles, marnes, grès et calcaires siluriens, est extrêmement intense. Les
argiles présentent principalement trois stades de modifications : (a) spilo-
sites à grandes concrétions plus claires ou plus foncées que la masse fon-
damentale: celles-ci sont formées de substances pyroxéniques et micacées
(incolores) ou d'accumulations de magnétite et notamment de spinelles
violacés; (b) roche très compacte d'un aspect cornéen : avec un objectif à
immersion homogène, on y reconnaît comme élément essentiel de fines
paillettes de mica noir et un peu de quartz; (c) véritable cornubianite
compacte, pyroxénique et grenatifère. Les marnes perdent leur aspect ter-
reux et se transforment en porcellanite; les grès recristallisent et se char-
gent de pyroxène incolore et verdâtre; les calcaires deviennent rubanés
et nettement grenus.
» Parmi les roches trappéennes palézoïques, j'ai, en outre, découvert une
phonolithe leucitifère typique.
» Sur la Carte géologique détaillée de M. Lopatine, cette roche est co-
lorée comme les autres roches trappéennes : elle ne s'en distingue ni par
son aspect général, ni par le mode d'occurrence; elle recouvre ou traverse
les assises siluriennes. »
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur le mode d'élimination de l'oxyde de carbone.
Note de M. L. de S.vixt-Martix.
« La question de savoir comment s'élimine l'oxyde de carbone, lors-
qu'il a été respiré en quantité insuffisante pour provoquer la mort, a beau-
coup préoccupé Claude Bernard. L'illustre physiologiste a fait sur ce point
un grand nombre d'expériences qui ne lui ont pas semblé assez décisives
pour conclure ('). Il critique, du reste, le procédé généralement suivi
pour déceler et doser l'oxyde de carbone dans les produits gazeux de la
respiration, au moyen de sa transformation en acide carbonique par
l'oxyde de cuivre porté au rouge.
(') Ci.alde Ber.nauu, Physiologie opératoire., p. 443 et suiv. ; Leçons sur les anes-
thésiques cl l'asphyxie, p. 45o ei suiv.
( .233 )
» J'ai entrepris de faire, sur cette question intéressante, des recherches
par des procédés nouveaux.
I. — Destruction partielle de l'hémoglobine oxycarbonée (in vitro)
en présence de l'oxyhémoglobine.
» Procède opératoire. — On divise en deux portions inégales du sang de
chien défibriné, immédiatement au sortir de la veine. L'une d'elles est agitée
mécaniquement jusqu'à saturation avec l'oxyde de carbone, et l'autre
semblablement avec l'oxygène. On réunit ensuite les deux parties, pour
obtenir, dans les proportions voulues, un mélange de sang oxycarboné et
de sang oxygéné; puis on introduit, à l'abri de l'air, dans des éprouvettes
de forme spéciale pleines de mercure et renversées sur la cuve, des échan-
tillons du sang ainsi obtenu de 45ec chacun environ. Ces éprouvettes trans-
portées dans des vases à précipiter remplis de métal sont alors placées
dans une étuve à eau de Gay-Lussac maintenue rigoureusement à 38° au
moyen d'un régulateur de température.
» On procède immédiatement à l'extraction et à l'analyse des gaz con-
tenus dans un de ces échantillons de sang en faisant en sorte qu'à aucun
moment il ne soit en contact avec l'air extérieur. On agit de même poul-
ies autres échantillons, mais après les avoir laissés séjourner dans l'étuve
un certain temps, variable pour chacun d'eux.
L'opération a lieu chaque fois sur /jocc de sang; l'extraction des gaz se
fait au moyen de la pompe à mercure, comme à l'ordinaire, en ayant soin
d'interposer, entre la pompe et le réfrigérant, un tube en U plein de perles
de verre mouillées d'acide sulfurique, ce qui permet d'obtenir un mélange
gazeux, sinon absolument sec, du moins exempt de toute trace d'eau li-
quide. L'oxyde de carbone est déplacé en dernier lieu de sa combinaison
avec l'hémoglobine par ébullition prolongée du sang avec son volume
d'acide acétique à 8°, en se conformant strictement aux indications données
par M. Gréhant ('). L'analyse du mélange gazeux est faite par la méthode
de Doyère, l'acide carbonique étant absorbé par la potasse, l'oxygène par
le pyrogallate de soude et l'oxyde de carbone par le protochlorure de
cuivre dissous dans l'acide chlorhydrique.
» Voici les résultats obtenus dans quatre séries d'expériences.
( ' ) N. Gréhant, Recherche quantitative de l'oxyde de carbone dans le sang ( An-
nales d 'hygiène, août 1879) et Les poisons de l'air. Paris, 1890.
C. K., 189., 1" Semestre. (T. CXII, N° 21.) 'OO
( 1236 )
bulletin bibliographique.
Ouvrages reçus dans la séance du 27 avril i 89 i .
(Suite. )
D1' Netter. — Le pneumocoque. — De la méningite due au pneumocoque
{avec ou sans pneumonie.} — Contagion de la pneumonie. — Recherches bac-
tériologiques sur les otites moyennes ai gués . — Microbes patho gênes contenus
dans la bouche de sujets sains. — De l'endocardite végétante-ulcéreuse d'ori-
gine pneumonique. — Du microbe de la pneumonie dans la salive. — Utilité des
recherches bactériologiques pour le pronostic et le traitement des pleurésies
purulentes. — De la pleurésie purulente mélapneumonique et de la pleurésie
purulente pneumococcique primitive. — Fréquence relative des affections dues
aux pneumocoques. Points au niveau desquels débute le plus habituellement
l'infection aux divers âges delà vie; 7 br. in-8°. (Envoyé au concours Mon-
tyon, Médecine et Chirurgie.)
Recherches microbiologiques et expérimentales sur le tétanos ; par MM. D.
Sanchez-Toledo et A. Veillon. (Extrait des Archives de Médecine expéri-
mentale.) Paris, G. Masson, 1890; br. in-8°. (Envoyé au concours Mon-
tyon, Médecine et Chirurgie.)
Étude historique sur les organes génitaux de la femme, la fécondation et
l'embryogénie humaine depuis les temps les plus reculés jusqu'à la Renaissance ;
par Gabrielle Peillon. Paris, O. Berthier, 1891; 1 vol. gr. in-8°.
Journal of the Tnstitule of actuaries, vol. XXIX, Part. II, n° CLX, april
1891. London, Charles and Edwin Layton; br. in-8°.
Proceedings of the royal physical Society, session 1889-90. Edinburçh, Mc
Farlane et Erskine, 1891 ; 1 vol. in-8°.
Mémoires de V Académie royale de Copenhague, 6e série. Classe des Sciences,
vol. II, nos 1, 2, 3. — Classe des Lettres, vol. I, n° 1, 1890; 4 vol. in-4°.
Rr. Erslev. Rigsraad of stendermoder i kristian iv s Tid, 1883-1890.
Copenhague, 6 vol. in-8°.
Videnskabelige Meddelelser for Aaret 1890. Copenhague; 1 vol. in-8°.
Repertorium fur Météorologie, herausgegeben von der kaiserlichen Akademie
der Wissenschaften, redigirt von Dr Heinrich Wild. Band. XIII. Saint-
Pétersbourg, 1890; 1 vol. in-4°.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, a" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes in-i". Doux
blés, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annue'
part du ier janvier.
Le prix de l'abonnement est fixé ainsi qiCil .suit :
Paris : 20 IV. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires eu sus.
On souscrit, dans les Départements,
gen..
Iger .
reît
liambery
herbourg
le'rmont-Ferr.
i/o"
ouui
renoote
a Rochelle... .
e //livre
ille
\"
chez Messieurs :
Michel et Médan.
Gavault St-Lager.
Joui i l;i n.
! Ru If.
miens Hecquel-Decobert.
i Germain etGrassin.
° r Lachese el Dolbeau.
ayonne Jérôme.
tsançon Jacquard.
Avrard.
ordeaux ' DutluilV.
' Millier (G.).
Renaud.
Lefoùruiei
Robert.
j J. Robert.
' V Uzel Ci. r.. 11'.
[ II. UT.
( Massif.
l'errin.
( Henry.
' Marguerie.
i Rousseau .
/ Ribou-Collay.
, Lamarche.
Ratel.
' Damidot.
s Lauverjat.
' Crépi n.
i l ireyel.
' Gratier.
Robin.
\ Bourdignon,
I Dombre
Ropiteau.
I .efebvre.
Quarré.
Lorient.
chez Messieurs
I Baumal.
( M™ Tcxicr.
Il'-.uid.
^Georg.
Lyon ( Mégret.
P.ilud.
Marseille..
Montpelliei
Moulins. . .
Nantes .
Nice. . . .
\
Ville et Pérussel.
Pessailhan .
l Calas.
i Coulel .
Martial Plai ■
| Sordoillet.
Nancy Grosjean-Maupin.
| Sidol ii ères
^ Loiseau.
! M™ Veloppé.
j Barma.
( \ isconti et C
Ntmes ■ Thibaud.
Orléans Lùzeraj .
. . ( Blanchier.
eoitiers . , .
( Drtllil.iilil.
Haines l'Iil. i Hervé.
Rochefort Boucheron - Rossi -
( Langlois. | gnol.
j Lesl ringa n
( lln'\ aller.
t Bastide.
i Rumèbe.
, Gimet.
I l' ri va t.
I Boisselier.
Tours Péricat.
' Suppligeon.
t i riard.
On souscrit, à l'Étranger,
Rouen
S'-Étienne
Toulon
Toulouse...
Valenciennes.
> Lcma Itre.
Amsterdam .
Berlin .
Buckarest.
chez. Messieurs :
t Robbers.
' Peikema Caarclsen
Athènes Beck. [et C".
Barcelone Verdaguer.
i Asher et C'*.
Calvary et C".
Friedlaiuler el (ils.
I Mayer et Millier.
Berne * Schmid, Franche el
Bologne Zanichelli et Cie.
Ramlot.
Bruxelles Mayolez.
I Lebégue el C".
\ II. nui. uni
' Ranisteanu.
Budapest Kiltan.
Cambridge Deighton, BelletC"
Christiania Cammermej er.
Constantinople. . Otto et Keil.
Copenhague Hôsl et lils.
Florence Lœscher et Seebei
Garni Hoste.
Gênes Bcuf.
, Cherbuliez.
Genève . . Georg.
Stapelmohr.
La Haye Belinfantc frères.
, Benda.
i Payot.
Barth.
i Brockhaus.
Lurent/..
Max Rubc.
T« ielraeyer.
( Desoer.
I Gn usé.
Londres
Luxembourg .
Milan .
Lausanne.
Leipzig
Liège
chez Messieurs :
( Dulau.
i Nutt.
V. Bttck.
(Librairie Gulen
berg.
laaana i Gonzalès e hijos.
I Yravedra.
' F. Fé.
\ Dumolard frères.
! Hœpli.
Moscou Gautier.
;' Fnn heiin.
Naples ! Marghieri di Gius.
' Pellcrano.
i Ghrîstern.
Yen' York i Stechert.
' Westerma un.
Odessa Rousseau.
Oxford Parker et C1".
Palerme Clausen.
Porto Magalhaès.
Prague Rivnac.
Rio-Janeiro Garnier.
i Bocca frères.
' Loescheret C'*.
Rotterdam .... Kramers et lil~
Stockholm Samson et Wa 1 1 i n
^ Zinserling.
/ Wniir.
Bocca frères.
Brero.
Clausen.
[ Rosenbergel Sel I ic
Varsovie Gebethner et Woll
Vérone Drucker.
j Frick.
I Gerold et G".
Zurich Meyer et Zeller.
Rome .
S'-Pétersbouri
Turin .
Vienne,
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tomes 1er à 31. — ( i Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-i"; i S V i . Prix 15 fr.
Tomes 32 à 61. — i icr Janvier i85i à i i Décembre i8G5. ) Volume in-4°; [870. Prix 15 fr.
Tomes 62 à 91. — ( i" Janvier 1866 a li Décembre 1880. 1 Volume in-40; 1889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algue», par MM. A. Derbesci A.-.l.-J. Su lier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent h
omètes, par M. Hamsen.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matièri
rasses, par M. Claude Bernard. Volume 111-4°, avcc 32 planches : i856 15 f
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Brnedeï. — Essai d'une réponse 11 la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Scienc
sur le concours de i853, et puis remise pour celui de i856, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains séd
mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher la natu
des rapports qui existent entre l'étatactuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Biionn. In-4°, avec 27 planches,; 1861. .. 15 I
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
Nn 21.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 25 mai 1891.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
MM. Berthelot et Matignon. Recherches
sur la série camphénique
MM. L. Cailletet el E. Colardeau.
Recherches sur les tensions de la vapeur
d'eau saturée jusqu'au point critique et
sur la détermination île ce point critique.
M. A. Crova. — Sur l'analyse de la lumière
diffusée par le ciel
iiii
1 1 76
Pages.
M. Sirodot. — l>e l'âge relatif du gisement
quaternaire du mont Dol (Ille-et-Vilainè). 1180
M. Marks. - Note accompagnant la pré-
sentation d'un Ouvrage « Sur les Cépages
delà région méridionale de la France».. iis3
MM. H. Léi'ine et Barrai . Sur la déter-
mination exacte du pouvoir glycolytique
du sang u85
MEMOIRES PRESENTES.
M. Ki g. Perron adresse un Mémoire inti-
tule : « Essai d'une théorie mathématique
sur les fractures terrestres et les diaclases
artificielles
M. S. Ai.taiias adresse un Mémoire ayant
pour titre : " Moteur ftuidostatiqûe à force
. liS-
facullativement progressive »
M. E. Delaurier .adresse une Note sur la
navigation aérienne
M. Pigeon adresse une Note « Sur les inha-
lations d'air ozonisé
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel appelle l'atten-
tion de l'Académiesur les Rapports présen-
tés à la Chambre de Commerce de Lyon
par la Commission administrative, sur les
travaux du laboratoire d'études de la soie.
M. D. Eginitis. — Observation du passage
de Mercure sur le disque du Soleil le g mai
1891, faite avec l'équatorial de Plcessl à
l'Observatoire national d'Athènes
M. Tondini. — Les conditions atmosphé-
riques de Greenwicb par rapport à la
question de l'heure universelle.
M. Painlevé. — Sur l'intégration algébrique
des équations différentielles du premier
ordre
M. J. Collet. — Sur la détermination des
intégrales des équations aux dérivées par-
tielles du premier ordre
M. \. Pki.let. — Sur les équations abé-
liennes
MM. Ciiassagny et Abraham. -- Recherches
de thermo-électricité
M. R. Savei.ief. Détermination de la
constante solaire
M. P. du Boys. — Sur le mouvement de
balancement rythmé de l'eau des lacs
( seiches )
M. Emile Belloc. — Sur un nouvel appa-
reil de sondage portatif à fil d'acier
M. &. Guii.bert. — Etude sur le gradient
appliqué à la prévision du temps ...
1188
uSç)
1 iu6
■ ,,,s
1 202
I »o6
M. Al. Moulin. — Relation entre le poids
atomique et la densité liquide
M. Guntz. — Sur le sous-chlorure d'argent,
M. Cm. Blarez. — - \rtion exercée par la
présence des sels minéraux de potassium
sur la solubilité du chlorate de potasse..
M. Adolphe Minet. — Electrolyse par fusion
ignée des sels de bore et de silicium
M. Léon Pigeon. — Sur deux nouvelles
combinaisons cristallisées du chlorure
platiniquc avec l'acide chlorhydrique... .
M. H. Caisse. Sur le salicylate de bis-
muth
M. \Y. Timofkiew. — Sur la chaleur de dis-
solution et la solubilité de quelques corps
dans les alcools méthylique, éthylique et
propylique
M. Edmond Perrier. — Sur les Stellérides
recueillis dans le golfe de Gascogne, aux
Açores et à Terre-Neuve pendant les cam-
pa gnesscienti lie] lies du yacht l'Hirondelle..
M. P. -A. Dangeard. — Sur l'équivalence
des faisceaux dans les plantes vasculaires.
M. 1\. de KROUSTCHOFF. — Sur la formation
Lrappéenne de la Toungouska Pierreuse
( Sibérie septentrionale)
M. L. de Saint-Martin. — Recherches sur
le mode d'élimination de l'oxyde de carbone.
M. ColeNCON adresse une Note ayant pour
titre : <. Le calendrier pour l'année 1892 ».
1185
11N-
1201)
1212
1 ' 1 3
ll^N
llijo
120"
Bulletin bibliographique 1236
PARIS. — IMPRIMERIE GAU l'HIER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-A ueustins. 55
3cM
1891
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. IiES SECRÉTAIRES PERPETUEES.
TOME CXIÏ.
N°22 (1er Juin 1891
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
U«ai des Grands-Augusiins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des 23 juin 1862 et 2A mai i8tj.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de \ Les Programmes des prix proposés par l'Àcadén
l'Académie se composent des extraits des travaux de j sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les II;
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
48 pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il v a deux volumes par année.
Article Ie'. — Impression des travaux de /' Académie.
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'aul;
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance»
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personi
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'A
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre I demie peuvent être l'objet d'une analyse oud'J
ou par un Associé étrangerdel' Académie comprennent 1 Sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
au plus 6 pages par numéro. _ ,. , ,.. •
1 roi £,es Membres qui présentent ces Mémoires*
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux tenas de |es redmre au nombre de pages requifl
Comptes rendus plus de 5o pages par année. Membre qui fait la présentation est toujours nomi
Les communications verbales ne sont mentionnées mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Ext
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales epu s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le.l
pour les articles ordinaires de la correspondance (
cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être rem
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à ten
le titre seul du Mémoire est inséré dans \eComptem
vaut, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapport
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative
un Rapport sur la situation des Comptes rendus a)
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés i
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5b. Autrement la présentation sera remise à la séance sui\
JUN 24 1891
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 1er JUIN 1891.
PRÉSIDENCE DR M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches calorimétriques sur l'acide humique,
dérivé du sucre. Note de MM. Iîertiielot et André.
« Nous avons publié, il y a quelque temps ('), des recherches sur
l'acide brun qui dérive du sucre de canne et sur la formation de ses deux
séries de sels de potasse, de soude, etc., monobasiques et tribasiques,
remarquables par leur insolubilité. Ces recherches offrent de l'intérêt par
leur application à la terre végétale et aux réactions des êtres vivants. Nous
allons examiner aujourd'hui la chaleur mise en jeu dans la formation de
(') Ce Recueil, p. 916. Les dosages de métaux alcalins, K, Na, signalés dans ce
Mémoire, ont été rapportés, par suite d'une erreur de copiste, à leurs oxydes, au lieu
des métaux eux-mêmes. Le lecteur aura t'ait aisément la correction, s'il s'est donné la
peine de vérifier les chiffres théoriques calculés dans la Note, lesquels se rapporlenl
aux métaux et non aux oxydes.
C. R., i8qi, 1" .Semrt.'r*. ( T. CXII, N" 22.) lOl
( ia38 )
ces sels, dans les changements successifs que Facile éprouve au contact
de l'eau et des alcalis, enfin dans la formation de l'acide lui-même, soit au
moven du sucre, soit au moyen des éléments.
» I. Commençons par cette dernière formation. On a brûlé l'acide hu-
mique dans la bombe. L'échantillon employé a été analysé au moment
même, afin de tenir un compte précis de son état actuel d'hydratation.
» L'acide humique peut être obtenu sous deux formes limites, à l'état
d'anhydride C'8 Hn0", par une dessiccation énergique vers i3o°,età l'état
d'hydrate C18 H10 O7, lorsqu'il a été séparé au moment même de ses combi-
naisons alcalines (') et séché très rapidement à basse température. Tou-
tefois ce dernier état n'est pas stable et il tend toujours à s'en séparer, au
bout de peu de temps, une certaine dose d'eau, conformément à ce qui
arrive pour certains composés acides organiques ou métalliques très con-
densés et colloïdaux, pour l'acide siliciquc, etc. De telle sorte que l'état
stable, réalisé par dessiccation, dans les conditions ordinaires, représente
un système dissocié, renfermant à la fois un mélange d'hydrate et d'anhy-
dride. Aussi est-il nécessaire d'analyser l'échantillon même sur lequel on
opère.
» Celui que nous avons brûlé dans la bombe renfermait :
Moyenne.
C >3,92 63, 90 63,91
H 4,64 4,5a 4,58
O » )> 3 1 , 5 1
Pas de cendres sensibles. Ces nombres répondent au système
2C,sir0O7 + C,8H,1O6.
c'est-à-dire à un système dissocié au tiers.
» Ce composé, dans l'état précis qui précède, a été brûlé au sein de la
bombe calorimétrique.
» Trois combustions ont fourni, pour igl de matière: 5876e31, 7; 5865ca,,4'
5897caI,8; moyenne : :)88ocal.
» Ces chiffres s'appliquent à la combustion à volume constant. A pres-
sion constante, il faudrait ajouter, d'après les chiffres de l'analyse : ocal, 2,
valeur négligeable.
(') Ces formules ont été adoptées par nous provisoirement, d'après l'analyse du sel
monopotassique insoluble, C,8HI5K07.
( ra39 )
» La combustion des poids de carbone (diamant) et d'hydrogène qui
forment ce composé, s'ils étaient libres, dégagerait +6G1 1 ''"'. La chaleur
dégagée par l'union de ces éléments entre eux et avec l'oxygène a donc été
de ^3 1 eaI pour isr de produit.
» Or, si l'oxvgène s'était uni à l'hydrogène pour former de l'eau, qui se
serait combinée ensuite avec le carbone (et le surplus de l'hydrogène), la
formation de cette eau aurait dégage K>5c)cal. D'où il suit que la seconde
réaction aurait absorbé GaH"1.
» Telle est l'énergie emmagasinée dans iff1' d'acide bumique, en le sup-
posant constitué par la combinaison de l'eau préexistante (théorie ancienne
des hydrates de carbone, ou calcul de Dulong). Cette réserve d'énergie
représente le neuvième de la chaleur de combustion totale du compose;
ou, si l'on aime mieux, le huitième de la chaleur de combustion du carbone
qu'il renferme. L'un de nous a insisté depuis longtemps sur ces réserve»
d'énergie des hydrates de carbone et de leurs dérivés. Dans le cas présent,
la réserve est d'un sixième environ pour le glucose ou le saccharose;
tandis qu'elle est d'un huitième pour l'acide bumique. Il y a donc dégage-
ment de chaleur dans la condensation moléculaire, accompagnée de
déshydratation, qui engendre ce dernier acide (').
» En d'autres termes, nous axons ici une nouvelle preuve de cette loi
générale énoncée par l'un de nous : que les condensations moléculaires
avec élimination d'eau, ou d'autres éléments, qui aboutissent au charbon
comme terme ultime, s'accomplissent avec dégagement de chaleur et perte
graduelle d'énergie.
» Ces conclusions sont indépendantes de la formule de l'acide, liu-
mique; mais il serait facile de les rapporter à une formule déterminée,
comme on va le montrer.
» En effet, la composition exacte du corps brûlé répond à
2C,8H,l!OT + C"'H,4O0,
c'est-à-dire au poids moléculaire loi/j.
» La chaleur de combustion correspondante à ce poids serait 5964°"', 2
à pression constante.
(1) Pour plus de rigueur, il (nul tenir compte du léger excès d'hydrogène de l'acide
humique. Le calcul serait un peu plus compliqué; mais il ne changerait rien à la
conclusion, d'autant moins cpie L'oxygène correspondant n'est pas devenu libre, mais
a donné naissance à un composé complémentaire, tel que l'acide formique.
( I2/ÎO )
» Pour passer à la formule de l'acide humique véritable, nous remar-
querons que, d'après les expériences qui vont suivre, le changement de
ce système en trois molécules d'acide humique, 3C,8Hl0O7, dégage
_!_ 4Ca,,q X 3 =+ 1 3Cal, 7 ; ce qui diminue la chaleur de combustion et la
réduit à 5()5oCal,j; soit pour C,8H,eOT : + 198 5Ca\ ».
» La chaleur de formation de l'acide humique par les éléments
C18(diam.)+H16+07 = C18H,607 + aôS^g.
» La formation de 7II-O dégageant -+- 483Cal,
C18(diam.) + H2 4- 7 II2 0 liq. absorba 117^,1.
» Or la formation du glucose par le carbone et l'eau
C6(diam.)4-6H30, absorbe - 109e*1, i;
soit pour 3 molécules de glucose : — 327e"1, 2.
» On voit que la réaction qui changerait 3 molécules de glucose en une
molécule d'acide humique (') dégagerait environ +noCa'. Ces chiffres
précisent les considérations précédentes.
» II. Action de l'eau. — L'acide humique (séché vers ioo°), étant délayé
dans l'eau, se gonfle peu à peu et forme une masse pâteuse qui, jetée sur
un filtre, ne laisse écouler que lentement et difficilement l'eau dont elle
(')Nous négligeons ici l'excès d'hydrogène H2 pour simplifier. Cet excès résulte
d'une réaction complémentaire mal connue, produisant un corps plus oxydé, tel que
l'acide formique, CH202, correspondant à la régénération de la molécule C H2 O, géné-
ratrice primitive des glucoses : l'oxygène ne devenant pas libre dans cette réaction, pas
plus que l'hydrogène, le phénomène thermique résultant ne saurait modifier notable-
ment nos conclusions.
Supposons, pour préciser, que l'hydrogène, II2, résulte d'un dédoublement simple,
accompli corrélativement, tel que
O H1206 -t- 6HsO — 6CH202 + G II-,
dédoublement impossible directement, mais qui a lieu en raison de l'énergie complé-
mentaire mise en jeu par la déshydratation du glucose et la condensation moléculaire
simultanée. En elïet, le système réel entrant en jeu dans la réaction sera
C6H12064-6H20=6ClI-02-t-6H2, absorbe -i44««',i,
i (3C6H1206-r-Hs = Cl8H1607-f- 1 ill20) x G, dégage. +noW,2x6 =66ic*1,a.
La chaleur dégagée serait dès lor; !- 5 1 7e"1, 1 ; soit -t- 860al,2 pour une molécule d'acide
humique produite.
( »»'n )
a élé imprégnée. L'eau ainsi recueillie est brunâtre et douée d'une légère
réaction acide; iocc de cette liqueur renferment ogr,oo3 de matière.
D'après ces faits, l'action dissolvante de l'eau sur l'acide humique peut
être regardée comme négligeable, relativement aux quantités d'eau em-
ployées dans le cours des expériences calorimétriques.
» Il n'en est pas de même de la réaction chimique de l'eau. En effet,
au contact de l'eau et de l'acide humique, il se produit un dégagement
de chaleur très sensible. Nous avons opéré avec i partie de la matière
brune et ZjO parties d'eau, vers i5°. La chaleur dégagée s'est élevée à
-f- oCa',ioi; soit pour une molécule humique, c'est-à-dire dans l'état actuel
du système, ' (i>C,s II'"-: )7 C48H,4Oc ): • 3Ca\o, pour l'action immédiate
de l'eau. Il faut y ajouter -t- 1,0 pour répondre à l'hy Iratation complète de
l'acide humique, d'après ce qui va suivre : ce qui fait 4CaI»9 pour le système
ci-dessus, ou -f-i3Cal,7 pour la réaction C,8ir»Qc -:- H3 ( ï = C,8H,607;
réaction rapportée à l'anhydride (en admettant qu'il n'ait pas dégagé de
chaleur par son union préalable avec 2 molécules de l'hydrate). Ce chiffre
est voisin de la chaleur d'hydratation de l'anhydride acétique : -+- i3CaI,o,
(Berthelot et Louguinine). Mais il y a ici cette circonstance remarquable,
que l'hydrate humique perd en partie son eau dès la température ordinaire,
en formant un svstème dissocié; condition commune d'ailleurs à beaucoup
d'acides polybasiques, mais qui se produit d'ordinaire à une température
plus haute. L'acide succinique, notamment, se comporte de la même
manière, mais vers 25o°.
» Un tel état de dissociation de l'hydrate humique mérite attention,
parce qu'il montre l'une des sources obscures, par lesquelles l'énergie
étrangère du milieu ambiant peut s'introduire dans les phénomènes de la
végétation et dans les actions physiologiques. En effet, sous l'influence des
carbonates ou silicates alcalins de la terre, les corps analogues à l'acide
humique sont aptes à former des sels, en dégageant cette chaleur d'hydra-
tation définie plus haut. Si maintenant ces sels sont décomposés par les
acides proprement dits engendrés au sein des végétaux, les acides analo-
gues à l'acide humique seront régénérés au contact lu sol et de la plante,
par une action chimique proprement dite. Mais presque aussitôt les
hydrates acides, engendrés au premier moment, se dissocient partielle-
ment avec formation d'anhydrides et absorption de chaleur, le système
reprenant ainsi, aux dépens du milieu ambiant, l'énergie perdue lors de
l'hydratation des acides.
» Or ce cycle de réactions peut être reproduit un grand nombre de lois,
( 1242 )
corrélativement avec la formation des acides végétaux et avec l'absorption
des alcalis par les plantes : de façon à renouveler sans cesse une intro-
duction d'énergie étrangère, utilisable dans les réactions internes de l'être
vivant.
» III. Action de la potasse. — Pour mieux faire entendre cet ordre de
phénomènes, examinons la réaction de la potasse sur l'acide humicjue,
tant d'une manière immédiate que sous l'influence du temps, en opérant
sur l'acide pris à divers termes d'hydratation.
» i° Action immédiate. — On délave un poids donné d'acide humique,
c'est-à-dire du système |(2C18H,0O7 + C'srT s06), dans (\o fois son poids
d'eau; on laisse la chaleur produite se dissiper, puis on ajoute une quan-
tité donnée de potasse (1 équivalent = 2bt), un peu inférieure à i équiva-
lent pour le système ci-dessous, dont le tiers du poids moléculaire est
égal à jioi4 = 338. Celte proportion a été choisie, dans l'intention de
déterminer la chaleur de formation du premier sel insoluble constaté dans
nos expériences (ce Recueil, p. 92M), sel stable qui résiste aux lavages à
froid.
» Il se dégage aussitôt de la chaleur; mais ce dégagement se produit en
deux phases, les deux tiers environ pendant les deux ou trois premières
minutes, et le surplus d'une façon de plus en plus lente et qui se prolonge
pendant une demi-heure environ : terme au delà duquel le phénomène
échappe à nos mesures directes. La chaleur totale ainsi dégagée a varié,
vers i5°, de -+- i2Cal,6 à -+- i4Cal,9-
» Le dégagement immédiat paraît dû surtout à l'hydrate humique pré-
existant, et le dégagement lent, surtout à l'anhydride.
» Quoi qu'il en soit, on a ajouté alors dans le vase une dose de potasse
double de la précédente, de façon à faire entrer en jeu principalement la
seconde et la troisième basicité de l'acide; nouvelle réaction qui se pro-
longe de même et dégage, en vingt minutes, de -4-6Ca',5 à -+- 4Cal,5; le plus
grand dégagement répondant au cas où la première dose de potasse avait
le moins agi.
» Enfin, on a ajouté une quatrième dose de potasse, égale à la première,
de façon à compléter l'action, en dépassant même un peu 3 équivalents
d'alcali pour 338g1' de matière. Cette dose ne dégage que fort peu de cha-
leur : -f- oCal,6 à + oCa,,8.
» Eu définitive, la chaleur totale a été trouvée -f- 19e111, 5 et -+- 20CaI,o.
» Pour évaluer l'effet total, il convient d'ajouter les 3Cal,o, dégagées lors
de l'action initiale de l'eau; ce qui fait en tout : + 2JCa',/j à -h 23Cal,o,.
( '243 )
» Sur cette chaleur dégagée, ■+- i8Cal environ répondent à la formation
du sel monobasique insoluble, stable, c'est-à-dire susceptible de résister à
l'action prolongée de l'eau froide; et + 6Cal, o à l'union de ce premier sol
avec deux nouveaux équivalents de potasse, pour former le sel triba-
sique; sel également insoluble, mais moins stable et séparable en alcali
libre, et sel monobasique par l'action prolongée de l'eau froide employée
en très grande masse.
» Cette formation successive des humâtes alcalins polybasiques, à valeur
thermique et à stabilité corrélative décroissante, n'est pas sans analogie
avec celle des phosphates.
» Pendant celte réaction, non seulement l'acide humique se change en
sels; mais en même temps la partie restée d'abord à l'état d'anhydride fixe
de l'eau. Pour évaluer l'effet thermique correspondant, on ajoute aus-
sitôt dans le calorimètre une proportion d'acide chlorhydrique étendu
(HCl = 2ht), strictement équivalente à la totalité de la potasse successive-
ment mise en jeu. Une expérience préalable nous a prouvé d'ailleurs que
l'acide chlorhydrique (ou sulfurique) enlève à l'acide humique toute la
potasse combinée, sauf une trace négligeable dans les conditions pré-
sentes. Si l'acide humique reparaissait sans aucun changement, la somme
des quantités de chaleur, dégagées depuis le commencement de l'expé-
rience, devrait être précisément égale à la chaleur de neutralisation de
l'acide chlorhydrique : soit -t-i3Cal,9, à la température de l'observation.
Sinon, la différence mesurera le travail accompli par les changements
moléculaires survenus entre l'état initial et l'état final. Or, nous avons
trouvé (l'acide humique ayant été délayé à l'avance dans l'eau) :
Première action de f-KO définie plus linul. 3,io 3,°57
Deuxième action de f KO i ,(i , , . .
Troisième action de { KO o,i3 020
+ 4,87 4,99
Action de HCl étendu -t- g^ « «^
Somme + , 40.1^0 1 ','-', 93
» Ce chiffre l'emportant sur -4- i3Cal,9, il en résulte que l'acide humique
employé (mêlé d'anhydride) a pris un état nouveau en dégageant environ
-I- TCa,,o : cela tait en tout : -+- p',(), chiffre qui répond sans doute à sa
transformation complète en hydrate C'rPO7.
» Nous avons contrôlé ces résultats par diverses voies, de façon à me-
( "44 )
surer l'action prolongée soit de l'eau, soit de la potasse, cette dernière
étant employée par fraction ou en totalité.
» 2° Action des alcalis sur l'acide humique extrait de sa combinaison potas-
sique. — Nous avons conservé pendant cinq jours cet acide, séparé par
l'acide chlorhydrique, au contact même de la liqueur renfermant le chlo-
rure de potassium; afin de n'en modifier l'état par aucun lavage ou des-
siccation. Puis on lui a fait subir une nouvelle série de traitements, exacte-
ment pareils aux précédents, à cela près que la liqueur initiale était plus
étendue, puisqu'elle renfermait les produits de la première série d'action.
» On a obtenu :
Cal
Avec le ior équivalent de KO -+- 1 4 , 3
» le 2e et le 3e équivalent de KO +4>9
» le 4e équivalent -+- o,8
valeurs comparables aux précédentes.
La chaleur totale rapportée à i équivalent de KO est ainsi, - 5,oo
On a ajouté i équivalent d'acide chlorhydrique -+- 9,çi4
+ J4cal,94
» Ce dernier nombre peut être regardé comme identique aux précé-
dents. Il en résulte que l'acide humique précipité avait repris, pendant
les cinq jours de conservation, son état initial, c'est-à-dire reperdu l'eau
(ixée tout d'abord; sans doute par un phénomène de dissociation progres-
sive.
» L'analyse d'un acide ainsi reprécipité, puis séché, a fourni d'ailleurs
les mêmes résultats centésimaux que celle de l'acide qui n'avait pas tra-
versé une combinaison potassique.
» 3° Action prolongée de l'eau. — On a laissé l'acide humique digérer
pendant f\8 heures, avec l\o fois son poids d'eau ; puis on l'a traité comme
ci-dessus.
Cal
j or équivalent de KO 1 i , o
2e et 3e équivalent -i- 5,3
4e équivalent -1- 0,7
-t- 20Cal,O
La chaleur totale pour 1 seul équivalent de KO est ainsi. . -h 5,o
Action finale de 1 équivalent de HCI +10,0
[5c«",o
( 1245 )
» Ces nombres, concordants avec les précédents, montrent que l'acide
humique en présence de l'eau atteint rapidement son état d'équilibre. Ils
vérifient par là même les résultats des expériences précédentes, au double
point de vue de l'hydratation momentanée acquise sous l'influence des
alcalis, et de l'état déterminé et définitif de dissociation que l'hydrate
acide prend avec le temps au contact de l'eau.
» En résumé :
» i" L'acide humique est un acide polvbasique, susceptible de perdre
une partie de son eau d'hydratation par simple dessiccation, et même au
sein de l'eau, dès la température ordinaire, en vertu d'une véritable dis-
sociation.
» 20 Dans cet état, il s'unit à 3 équivalents de potasse, en formant des
sels insolubles : le premier est monobasique, fort stable, formé avec un
dégagement de +i8Cal, c'est-à-dire comparable à celui des sels alcalins
solides formés par les acides minéraux les plus énergiques. Les deux équi-
valents de base, qui s'unissent ensuite à ce premier sel, en formant un sel
tribasique également insoluble, dégagent beaucoup moins de chaleur.
» 3° Ces matières humiques, comparables à celles du sol, éprouvent
ainsi, sous l'influence d'une base, des phénomènes d'hydratation; puis par
l'action inverse des acides, des effets de déshydratation spontanée par
dissociation : série d'effets susceptibles de constituer un mécanisme en vertu
duquel les énergies extérieures seraient continuellement introduites, dans
les réactions chimiques accomplies pendant le cours de la végétation natu-
relle.
» 4° L'acide humique est formé depuis les sucres avec dégagement de
chaleur; mais ce dégagement ne dépense qu'une portion de l'excès ther-
mique de ces hydrates de carbone sur le carbone et l'eau, susceptibles
d'être formés par destruction totale.
» Il en résulte que l'acide humique serait formé également depuis le
carbone et l'eau avec absorption de chaleur, c'est-à-dire qu'il renferme
un excès d'énergie, susceptible d'être dépensé dans le cours des transfor-
mations consécutives qui s'opèrent par des actions purement chimiques,
ou avec le concours des agents microbiens, soit dans le sol, soit au con-
tact du sol et des végétaux. »
C. i;., 1891, 1" Semestre. (1 CX1I, N' 22.)
[t>2
( >2 ',6 )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Analyse de la lumière diffusée par le ciel (').
Note de M. A. Crova.
« Ces observations ont été continuées à Montpellier, pendant l'année
1890; nous nous sommes bornés, pour plus de simplicité, aux observations
faites dans les longueurs d'onde Goo, 565 et 53o; elles ont été faites à
l'École d'agriculture de Montpellier, sons la direction de M. Houdaille.
» Voici les valeurs moyennes 100 -„- pour l'année i8(jo :
>i = 600 365 53o.
Décembre 1889 -6,32 100 i3l,3j Hiver.
Janvier 1890 7°>27 » i35,3 72,28-128,1
Février 7°!27 rt I!7>7 )
Mars 70,84 i3o,9 j Printemps.
Avril 66,55 124,9 J 69,60-126,3
Mai 70,61 » 123,2 )
Juin 64,00 » 126,"), E^-
Juillet 64, i5 » 117, 3 63, I2-ii8,3
Août 60.91 » 1 1 1 ,0 )
Septembre 46,97 » i46,3\ Automne.
Octobre 67,97 » 118,6 58,o5-ia6,8
Novembre 5g, 23 » 118,2 )
Année 60.69-124,8
» Nous avons déjà parlé des causes de variations accidentelles qui in-
fluent sur les radiations de longueurs d'onde supérieures à 565. Si nous
nous bornons aux observations relatives à >. — 53o, nous voyons que :
» 1" La coloration bleue est la plus intense aux mois de décembre, jan-
vier, mars et septembre; ses minima se produisent en février, juillet,
août et novembre; d'une manière générale, le bleu du ciel est le plus
profond à certaines époques de l'hiver et de l'automne, et le plus pâle en
été (le minimum de février paraît dû à la pluviosité anormale de ce mois,
qui ne compte du reste que trois observations).
» 2° J'ai classé les intensités correspondantes aux diverses heures de la
(') Voir Comptes rendus de la séance du 25 mai 1891, \t. i 176.
( '247 )
journée et j'ai vu se confirmer cette remarque que j'avais déjà faite, que
le maximum de coloration bleue a lieu le matin, et le minimum à l'heure
la plus chaude de la journée ; la coloration augmente le soir, sans jamais
devenir égale à celle de la matinée.
» 3° D'une manière générale, l'intensité de la coloration bleue est
maxima en hiver et minima en été; le printemps et l'automne donnent
sensiblement les mêmes valeurs.
» 4° La valeur moyenne de l'année correspond sensiblement à une
valeur de n = 3, 5 ; le maximum de janvier se rapproche de la loi /* = 4.7,
et le minimum d'août est à peu près n — 1,6. L'atmosphère contiendrait
en été des particules de plus grande dimension qu'en hiver.
» Ces résultats s'accordent très bien avec ceux que j'ai déduits des varia-
tions diurnes et annuelles de l'intensité calorifique de la radiation solaire
et varient à peu près dans le même sens que ceux-ci; ils s'accordent aussi
avec ceux que j'ai déduits des observations de la polarisation atmosphé-
rique qui, de même que la coloration bleue, diminue en été et au milieu
de la journée.
« Ce travail peut être considéré comme une simple contribution à
l'étude des phénomènes d'Optique atmosphérique, et établit une corrélation
entre des observations qui ont d'abord été faites indépendamment les unes
des autres, et que nous croyons être des manifestations variées d'une
seule et même cause, qui serait la présence dans l'atmosphère de quantités
variables dépoussières, de globules infinitésimaux d'eau à l'état liquide,
et d'une quantité très variable et très inégalement répartie de vapeur
d'eau. »
M. Mvscart présente le second Volume du « Traité d'Optique » dont il
a entrepris la publication et s'exprime comme il suit :
« Le Volume que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie comprend les
phénomènes d'interférence liés à la double réfraction homoédrique ou
hémiédrique, c'est-à-dire la polarisation chromatique et la polarisation
rotatoire, les propriétés des cristaux à structure irrégulière et une étude
très détaillée, au point de vue expérimental, de la réflexion sur les milieux
isotropes, les métaux et les substances cristallisées.
» Ces différentes questions ont pris un développement imprévu, qui
paraît justifié par leur importance dans la pratique et dans le contrôle des
théories. Mais le cadre primitif est ainsi devenu insuffisant pour le pro-
( i*48 )
gramme que j'avais en vue; je terminerai l'Ouvrage par un troisième Vo-
lume, dont j'espère que la publication ne sera pas trop relardée.
» Le Volume actuel doit être accompagné de deux planches, l'une en
noir, l'autre en couleur, relatives aux propriétés des cristaux; malheureuse-
ment l'artiste habile, M. Legros, qui avait entrepris la gravure est mort
avant d'avoir achevé son travail; un album spécial consacré à ces deux
planches paraîtra dans quelques mois. »
M. Daubbke fait hommage de deux Rapports annuels, pour 1888
et 1889, qu'il a faits comme Président du Bureau central météorologique
de France, notamment sur les avertissements aux ports et à l'agriculture, la
climatologie, la météorologie générale, les Commissions départementales
et les observatoires régionaux.
MEMOIRES PRESENTES.
M. Louis Ducos nu H.vuno.v soumet au jugement de l'Académie un tra-
vail sur la photographie des couleurs.
(Commissaires : MM. Lippmann, H. Becquerel.)
M. E. Granges adresse une Note ayant pour titre : « Récipients permet-
tant de déverser au dehors les gaz plus lourds que l'air qui s'y dégagent ou
s'y accumulent ».
(Renvoi au Concours des Arts insalubres.)
M. Serrix soumet au jugement de l'Académie, par l'entremise de
M. Janssen, un nouveau système de balance de précision à pesées rapides
à l'aide d'une chaîne métallique.
(Commissaires : MM. Janssen, Cornu, Schiitzenberger, H. Becquerel.)
MM. Villouii et Moi.i.va adressent un Mémoire, en langue espagnole,
sur la reproduction des Anguilles.
(Commissaires : MM. Blanchard, Milne-Edwards.)
( "49 )
M. Joseph Geraud adresse une Note sur « Un système d'aérostat diri-
geable ».
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
M. Lembert-Rogui.v adresse une Note sur la direction des aérostats.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
CORRESPOND ANCE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Surles erjuationsabclienn.es.
Note de M. A. Pellet, présentée par M. Poincaré.
« On peut édifier pour les radicaux d'indice q, nombre premier impair,
une théorie analogue à celle que j'ai développée dans une Note précédente
pour les racines carrées. Soient _/(«;) = o une équation abelienne irréduc-
tible de degré m, et x, 9 (a?) 0'" ' ( x), ses m racines, x désignant l'une
d'elles, b(x) une fonction rationnelle telle que9m(a?) = x. Considérons le
, . , m(m — i). . .{m — y-t-i) c ,
produit des ■ — ~ - tacteurs :
1 l . 2 . 3 . . . q
O'(.r) -+-a8'c(ic) l- a20'M,.e; -k . . h- a''"1 ¥<,-< (x ),
où les nombres positifs i, i iq , vont en croissant, le premier pou-
vant être nul, auquel cas 0' (a;) représente x, et où a représente une racine
de 1 équation - - — o. Si l'on change x en O(a-), ce produit est multiplié
par une puissance de a, d'exposant égal au nombre de facteurs qui ren-
r i „ i < „, i / . • . {ni — r ) ( m — 2 ) . . . ( ni — a -+- i ) „
ferme le terme oc^'O"1-' (x ), soit— —^ '— -■ Cet expo-
i . 2 . 3 . . . q — i i
sant est ou non divisible par q, suivant que m n'admet pas ou admet le fac-
teur q. Dans le premier cas, le produit est rationnel, dans le second il
acquiert q valeurs distinctes par la substitution des racines de l'équation
f(x) = o; sa puissance q'ème est une quantité rationnelle P, et, si l'on se
donne y l\ on pourra décomposer la fonction /(x) en un produit de q fac-
teurs d'égal degré — • Soient T/jf1,, . . . , <£„_, les quantités correspondant à P
pour ces facteurs; on a A'IM? $?_, = P, A étant une quantité rationnelle.
En effet, A est le produit des facteurs <i\x) -+- a0'. (x) -+- . . . -+- <x? ' 8*-' (x)
( 1230 )
pour lesquels les nombres i, /,,..., iq_K ne donnent pas tons le même résidu par
rapport à q, et il est facile de s'assurer que ce produit ne change pas lorsqu'on
change x en 9(a-). CS est une fonction rationnelle de yP. ^\ est la fonction
<$ dans laquelle on change \/P par a' (/P. Dans le cas où — est divisible par
q, '(/y.1 et v^, sont des irrationnelles équivalentes; on a donc <£, = m?,.Va,
« étant rationnelle. Je dis que k = i; en effet, on aurait
$,= u|$* = u'[u'"><$k ;
et enfin <£ = Uîa,/'7, U étant une quantité rationnelle. y/$ satisferait donc aux
deux équations
y *' u
et serait une quantité rationnelle; donc K= i et y?u\u\ . . . uq~l . Rempla-
çant <St par uf<$ dans l'équation A'Sf ( . . .$,,_, = P, il vient
A "7-1 ' -i — V ''" "i'' A
et le produit des facteurs œ, y.2, . . ., a'/_l étant i , il en résulte
//(/, u , . . . uq_, = i .
» Pour l'équation binôme— = o, la quantité P est une- fonction
entière à coefficients entiers de %, les quantités <S sont des nombres entiers
algébriques et, par suite, les u des unités complexes.
» Le A d'une équation paire F(x2) = o est égal au carré d'une quantité
rationnelle multipliée par le produit des racines de l'équation F(y)= o.
Z—JÂ.
» Or, on obtient une équation paire en remplaçant x par — : — — dans
l'équation — - = o, et le coefficient de ^/'~l est i. En supposant A = i,
cette remarque permet de simplifier les calculs relatifs à l'équation binôme
de ma Note précédente. Quel que soit A, l'équation en z est abélienne, et
les a racines carrées successives qu'il faut extraire pour la réduire, i" étant
la plus haute puissance de i qui divise/? — t, sont les mêmes que pour
l'équation en x, excepté la dernière qui porte sur la même quantité que
pour l'équation en x, multipliée par A. Ainsi, lorsque a = i, il n'y a qu'une
racine carrée à extraire, celle de — pk: et si A = — jo,A2, A, étant rationnel,
l'équation en s se décompose en deux autres à coefficients rationnels. »
( l2->T )
PHYSIQUE. — Sur un nouveau moyen d'apprécier le mouvement vertical
des aérostats. Note de M. Andké Duboi.v, présentée par M. L. Troost.
« On sait cpie la cause du peu de durée des vovages en ballon est due à
la difficulté de se maintenir à une altitude constante, difficulté due surtout
au manque de précision des procédés employés pour apprécier le mou-
vement vertical des aérostats.
» Pour apprécier ce mouvement, on emploie deux procédés : i° on suit
la variation de la pression barométrique, au moyen d'un baromètre à mer-
cure ou d'un baromètre anéroïde, qui n'est pas plus sensible ; 2° on pro-
jette quelques feuilles de papier léger : la résistance du courant d'air ver-
tical agissant différemment sur l'aérostat et sur le papier permet d'appré-
cier, par le mouvement ascendant ou descendant de celui-ci, le mouvement
du ballon.
» L'appareil que j'ai expérimenté à bord du Lazare-Car not, parti de
Toulouse le 21 mai à 5h de l'après-midi, où mon ami M. Bourjade, membre
de l'Académie d'aérostation météorologique, m'a gracieusement offert
une place, permet d'observer, d'une manière très sensible, la variation de
pression due à la variation d'altitude, et cela avec une sensibilité i.îo fois
plus grande que celle du baromètre à mercure ; il permet également d'ap-
précier la variation de pression due à la résistance de l'air.
» Cet appareil, qui n'est autre que le manomètre différentiel de Rretz,
se compose d'un tube en U de quelques millimètres de diamètre, dont les
deux extrémités sont reliées à deux tubes plus gros, d'un même diamètre
de quelques centimètres, auxquels on adapte deux tubes plus petits re-
courbés. L'un de ces tubes recourbés peut être fermé à un moment donné
par un robinet ou par un tube de caoutchouc et une pince de Mohr ; la
branche correspondante est remplie d'un mélange d'eau et d'alcool, de
densité d — 0,874. coloré par de l'orseille et recouvert d'une très légère
couche d'huile ; la seconde branche est remplie d'essence de térébenthine,
de densité d' — 0,864 ; ces deux liquides ne se mélangent pas et offrent,
près de la courbure du tube en U, une surface de séparation très nette
dans la branche à essence de térébenthine.
» Supposons que, à un certain instant, l'aéronaute veuille savoir s'il
monte ou s'il descend, il ferme le tube recourbé qui correspond à la co-
lonne d'alcool et isole dans l'appareil un volume d'air que nous désignons
par V, sous une pression H.
( 1202 )
» Admettons, pour fixer les idées, que l'aérostat s'élève, la pression
extérieure devient H'< H, la masse d'air enfermée se dilate, le niveau de
l'alcool descend d'une hauteur y et, si l'on désigne par S la section du tube
supérieur, le nouveau volume sera V -+- Sy.
» La surface de séparation aura monté d'une hauteur x dans la branche
à essence de térébenthine. Appelons / et /' les hauteurs primitives des
deux liquides au-dessus de leur première surface de séparation; en vertu
du principe des vases communicants, on a Ul = V d' .
» Pour calculer la pression H, de la masse d'air enfermée, nous écri-
rons que deux éléments égaux situés dans le plan de la nouvelle surface
de séparation supportent la même pression; on aura
H, -\- (V - v) d = xd-i- (/' - x) d1 + x d' + H' ;
d'où, en tenant compte de II = l'd',
II, = H' -H x(d - d')-hy(d + d').
» On a, d'ailleurs, S/> ' = sx, d'où y= ^x. On aura donc, en posant
(d-d')-i-^(d-i-d')=K
» Appliquons la loi de Mariotte, il vient
VH = (V+So?)(H'-f-^).
» H étant plus grand que H' et d^> d', on voit que des deux racines de
celte équation Tune est négative et doit être rejetée.
» Cette équation ordonnée devient
s Sx2 + x(sW + V&) - V(H - H') = o.
» On en tire pour x une valeur qui, après réduction, peut s'écrire
-(.tH'-4-V8) + \/(*H' — V or--t-4 Va' H S
X r .
Nous pouvons, sans effectuer le calcul, donner une idée de la grande sen-
s
S
sibilité de l'appareil en examinant le cas limite où ~ (qui est égal à ~)
deviendrait nul.
( ra.^3 )
» Notre équation fondamentale, mise sous sa première forme, devient,
lorsqu'on divise ses deux membres par V.
H = (i+ ^.r)(H'+ ex )
et, pour le cas limite considéré,
R = W-h(d- d')x.
d'où
H — H'
r
d — d'
H — H' étant exprimé en colonne d'eau, on voit qu'une élévation de in"1,
qui correspond à peu près à une variation de imul du baromètre à mer-
cure, peut facilement être accusée par une variation de plus de TOcm. De
plus, grâce au tube recourbé resté ouvert, le courant d'air vertical ajoute
son action à la précédente et augmente encore la sensibilité de l'appa-
rei
ÉLECTRICITÉ. — Nouveaux modelés de pile à oxyde de cuivre-
Note de M. F. de Lai.axde, présentée par M. Cornu.
« Les nouveaux modèles de la pile à oxyde de cuivre que j'ai l'honneur
de présenter à l'Académie sont caractérisés par l'emploi de cet oxvde
sous forme d'agglomérés à surface métallisée. Ils sont fondés sur la réac-
tion que nous avons fait connaître en 1 883, M. G. Chaperon et moi (') :
dissolution du zinc dans la potasse caustique et dépolarisation par réduc-
tion de l'oxyde de cuivre à l'état métallique.
» Ces modèles présentent divers perfectionnements : résistance intérieure
moindre, constance de débit plus grande, facilité de montage, de démon-
tage et de déplacement, etc.
» L'élément (Jîg- i) est constitué par une ou plusieurs lames de zinc Z,Z
suspendues à un couvercle de faïence B, en regard d'une ou plusieurs
plaques d'oxyde de cuivre aggloméré C, plongeant dans un vase en verre A,
rempli de la solution de potasse à 35 pour ioo.
» Les agglomérés d'oxyde de cuivre peuvent être préparés en moulant à
(l) Comptes rendus, [6 juillet 1 883.
( . R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 22.) Io3
( 1254 )
la presse hydraulique un mélange humide de battitures de cuivre avec 4
à 5 pour îoo d'argile et cuisant le produit à une température de Goo à
700 degrés. On peut également mouler les battitures avec 6 à 8 pour 100
de goudron et les soumettre à la chaleur rouge dans un four à réverbère.
Il se produit d'abord une réduction de l'oxyde d'où résulte l'agglomération
Fis
Pile à agglomérés d'oxyde de cuivre (moyen modèle).
de la masse; puis, sous l'influence de l'air, le métal s'oxyde, sans altéra-
tion de forme, et les plaques ainsi obtenues, bien que ne renfermant
aucune matière étrangère, présentent une grande solidité. Leur porosité,
dans l'un ou l'autre cas, est suffisante pour que la totalité de l'oxyde puisse
exercer son action dépolarisante sans introduire de résistance notable
dans la pile.
» L'oxyde de cuivre, avant une faible conductibilité, offre l'inconvé-
nient de ne dépolariser qu'aux points de contact avec l'électrode : aussi
son pouvoir dépolarisant, faible au début, s'accroît-il par sa transformation,
( i255 )
par suite du travail, en cuivre bon conducteur. En métailisant l'aggloméré,
on accroît donc considérablement la surface active, ce qui supprime la
période de formation. Cette métallisatîon s'obtient en recouvrant l'agglo-
méré d'une légère coucbe de zinc en poudre et le plongeant dans de l'eau
légèrement acidulée : le zinc se dissout en formant une série de couples
locaux avec l'oxyde de cuivre dont la surface se réduit rapidement à l'état
métallique. Mais, ce cuivre très poreux se réoxydant au séchage, il con-
vient de le recouvrir par la galvanoplastie d'une couche très mince de
cuivre, au moyen d'un courant intense et de peu de durée qui laisse à la
surface une porosité suffisante.
» Les agglomérés sont maintenus contre des supports en tôle de fer
cuivrée, au moyen de clavettes-ressorts qui permettent de les fixer et de
les remplacer très facilement.
» Lorsqu'ils ont été transformes en cuivre métallique par le travail de
la pile, ils peuvent être employés de nouveau plusieurs fois, après avoir
été lavés, grillés et métallisés.
» Les plaques de zinc doivent être montées d'une façon spéciale pour
éviter leur attaque rapide par la potasse au niveau du liquide. Dans le
dispositif actuel, elles sont complètement immergées et supportées par des
lames de laiton amalgamé ou de ter étamé, qui, en présence du zinc, ne
donnent lieu à aucun dégagement d'hydrogène. Un ressort d'acier les
maintient suspendues au couvercle de la pile.
» Les éléments ainsi constitués sont remarquables par leur résistance
excessivement faible, leur grande constance et l'énorme quantité d'énergie
continue. La pile à oxyde de cuivre est, à ma connaissance, le seul élément
primaire à montage permanent et ne consommant ses produits qu'en pro-
portion du travail fourni qui soit susceptible d'un grand débit.
Les courbes ci-jointes {Jig. i et '!) représentent les décharges des élé-
ments de petit (I), moyen (II), et grand modèle (III), respectivement sur
des résistances de r, ohm, f^ d'ohm et yu d'ohm. Les débits sont à l'origine
de 1,18, 3,2D et 6,4 ampères. Pendant une décharge continue de trois
journées entières, l'intensité ne baisse guère à l'heure, en moyenne, de
plus de deux à trois millièmes de sa valeur, comme on peut le déduire de
ces courbes.
» La force électromotrice du courant à circuit ouvert est, suivant les
essais de Sir William Thomson, de ovu",()L Si l'on attribue exclusivement
la variation d'intçnsilé pendant la décharge à l'augmentation de résistance
intérieure, on trouve, en admettant que la force électromotrice des élé-
( 1256 )
ments fermés sur les résistances indiquées s'abaisse et se maintient au
chiffre de ovolt, 80, que les résistances intérieures des éléments varient :
ohm ohm
Pour le petit modèle, de o, 179 à o,3go
Pour le moyen modèle, de 0,0^6 à 0,096
Pour le grand modèle, de. o,025 à o,o5i
» En réalité, il est certain que les résistances sont inférieures aux;
chiffres ci-dessus, mais qu'il se produit une légère polarisation.
l'U. 2.
I — ,
0.2
0 6 12 18 2* 30 36 42 43 6» 60 66 72
Heures
Décharge de la pile à agglomérés d'oxyde de cuivre (pelil modèle).
» Dans un travail intermittent, on peut faire débiter aux divers élé-
ments, avec une constance suffisante, 4> i 2 et a5 ampères.
Fig. 3.
7
6
5
m
o
C 4-
2
[il
30 36 42
Heures
60
72
0 8 12 18 2
Décharge de la pile à agglomérés d'oxyde de cuivre [moyen modèle (II) et grand modèle (III).
» L'énergie contenue dans les divers modèles, disponible à un moment
quelconque, même plusieurs mois après le montage, est respectivement
de 75, 3oo et 600 ampères-heure; elle est bien supérieure à celles que
peuvent renfermer des accumulateurs au plomb de même poids.
» En résumé, ces nouveaux modèles de la pile à oxyde de cuivre
pourront, je l'espère, rendre de nombreux services dans les diverses ap-
plications où l'on a besoin d'un courant énergique et constant. »
( »57 )
CHIMIE GÉNÉRALE. — Détermination du poids moléculaire au point critique.
Note de M. Philippe-A. Guve, présentée par M. Sarrau.
« 1. Désignons par t., 0 et <p les éléments du point critique : pression
(en atmosphères), température absolue et volume critiques d'un poids p
d'un corps.
» Il est aisé de démontrer (') que la densité critique par rapport à l'air,
ramenée à o° et à i atmosphère est donnée par la formule
(')
F0U273 x O,0OI
» Cette valeur de dào\\. être égale au poids moléculaire divisé par y.8,87.
F est un facteur qui serait très approximativement égal à 2,67 d'après
M. Van der Waals, rigoureusement égal à '| - - — d'après M. Sarrau (2).
a + P + -
2
» L'expérience démontre que l'approximation qui consiste à poser
F = 2,67 est insuffisante. Ce fait a déjà été l'objet d'une remarque de Na-
desjdine (:i).
» D'autre part, on ne connaît les valeurs de x et de p de l'équation de
M. Sarrau, que pour l'anhydride carbonique et l'azote. Pour le premier île
ces gaz, dont la densité critique a été déterminée expérimentalement par
MM. Cailletet et Mathias, on peut calculer une valeur de F qui concorde
exactement avec les exigences de la formule (1) et conduit à une valeur
de d égale au poids moléculaire divisé par 28,87.
» 2. A défaut de notions précises sur les variations de F, j'ai cherché à
représenter ce facteur d'une façon empirique et j'ai reconnu qu'on pou-
vait le regarder, pour une première approximation, comme une fonction
linéaire de la température critique absolue du corps considéré, soit
(2) F = A(i + B0).
(') J. Van deu Waals, Die Continuilàt, etc., p. g5; 188 1 .
(2) E. Sarrau, Comptes rendus, t. CI, p. o^'î 1 885. Ce résultat n'a pas été donné
sous cette forme; mais il se déduit très facilement des deux équations suivantes rela-
1 , h
lives au point critique : <p = a -+- 2y et it = ■= R — ■
8 Y
(3) A. Nadlsjdi.ne, Exner Repertorium, p. 708; 1887.
( 1258 )
» Les valeurs numériques île A el de B ont été déterminées au moyen
des données relative à l'azote (') et à l'iodoben/.ène (2)
A = 2,648, B = 0,0009345.
» Introduisant dans l'équation (1) cette valeur de F, telle qu'elle résulte
de l'équation (2), on trouve, toutes réductions faites,
(3) rf = ii46
■11(1070 H- 0)
6 étant la densité critique par rapport à l'eau, soit le poids de substance
en grammes occupant un volume de icc à l'état critique.
» 3. Je donnerai, dans un Mémoire détaillé, toutes les vérifications qu'on
peut faire de la formule (3) au moyen des données d'expériences. Je me
borne à transcrire ici quelques-uns des résultats obtenus et à faire remar-
quer que les valeurs de cl sont bien égales aux densités théoriques :
M
28,87'
Corps ( '). (/[équation (3)]. M : 38,87.
Hydrogène H2 0,068 0,069
Éthylène C*H* o , 99 — o , 87 o , 97
Anhydride carbonique CO2 i ,5 — 1,6 1 ,5
Anhydride sulfureux SO2 2,2 2,2
Alcool éthylique C2H60 1,6 -1,7 1,6
Alcool propylique normal C3H80 2,1 2,1
Ghlorobenzène C6H6C1 3, 9 3,9
lodobenzène C6 H5 1 7,1 7,1
» Les poids moléculaires des corps ci-dessus varient dans le rapport de
1 à 100, et leurs températures critiques absolues dans celui de i à 22. La
formule (3) n'est donc pas le résultat d'une coïncidence fortuite, mais
bien l'expression d'une loi approchée permettant de contrôler le poids
moléculaire au point critique. »
(') E. Sarrau, Comptes rendus, t. CX, p. 880; 1890.
('-) S. Young, Chem. Soc Trans., t. LV, p. 507; 1890.
(3) Les données expérimentales servant à la vérification de la formule (3) sont em-
pruntées aux auteurs cités dans mon Mémoire aux Annales de Chimie et de Physique,
6e série, t. XXI, p. 216; 1890.
( 1259 )
CHIMIE ANALYTIQUE. — Recherche et séparation des métaux du platine et en
particulier du palladium et du rhodium en présence des métaux communs.
Note de MM. A. Joly et E. Lrciniû, présentée par M. Troost.
« Lorsque les métaux du platine sont unis à de grandes quantités de
métaux communs tels que cuivre, fer, plomb, bismuth, étain, oti éprouve
de grandes difficultés à reconnaître leur présence et à les séparer rigou-
reusement. Les études que nous avons entreprises depuis deux ans sur les
combinaisons que forment quelques-uns des métaux de la mine de platine
avec l'acide azoteux et les azotites alcalins ( ' ), rapprochées des faits anté-
rieurement observés par Fischer et Lang ( palladionitrites, platonitrites),
par Clans et W. Gibbs, nous permettent d'effectuer cette séparation dans
la plupart des cas.
» Excluons tout d'abord l'osmium, le ruthénium et l'iridium; admettons,
par exemple, que l'on ait appliqué au traitement des minerais de platine la
méthode de Deville et Debray, que l'osmium et le ruthénium aient été éli-
minés à l'état de combinaisons volatiles, que l'iridium ait été séparé par
le plomb. Les résidus de ces divers traitements auront laissé, dans une dis-
solution que nous supposerons être chlorhydrique, de petites quantités de
palladium et de platine, du rhodium, avec des métaux communs, tels que
plomb, fer, cuivre, bismuth, étain, etc., qui préexistaient dans le minerai,
ou que les quantités considérables de plomb qu'il faut employer ont intro-
duits à l'état d'impureté.
» Les réactions exercées par l'azotite de potasse sur les dissolutions
chlorhvdriques des métaux que nous venons de mentionner sont d'une
netteté parfaite.
» L'addition progressive d'azotite de potasse à une dissolution d'un
chlorure de palladium, maintenue tiède, amène la décoloration progressive
de la liqueur, et, lorsque celle-ci est devenue neutre, elle a pris une cou-
leur jaune d'or caractéristique et, après concentration, laisse déposer des
cristaux de palladionitrite peu solubles à froid, surtout en présence d'un
excès de chlorures alcalins.
» Le platine est transformé dans les mêmes conditions que le palladium
(l) A. Joly et Vèzes, Comptes rendus. \. CIX, p. 667; M. Leidié, Comptes rendus.
t. CXI, p. 106.
( I 2ÔO )
en platonitrite incolore; il est indispensable ici que le chloroplatinate de
potasse qui se formera nécessairement an début ne puisse se déposer, et
ceci exige ou que l'on ait préalablement éliminé la majeure partie du
platine, ou que la liqueur soit convenablement étendue.
» Dans une dissolution chaude et étendue de chlorure de rhodium,
l'azotite de potasse détermine la formation d'un précipité blanc, cristallin,
d'azotite double, insoluble dans une dissolution de chlorure de potassium ;
il est à remarquer que la précipitation du sel double se produit lorsque le
liquide est encore acide.
» Lorsque la dissolution chlorhvdrique contient du plomb, celui-ci est
précipité, en liqueur légèrement acide, avec le bismuth et Yètain ;\a précipi-
tation du cuivre commence en liqueur acide et n'est terminée qu'au moment
où le liquide est devenu nettement alcalin; la présence du cuivre s'ac-
cuse dès les premières additions d'azotite par une coloration verte intense ;
puis un précipité floconneux blanc bleuâtre se forme qui, peu à peu, se
change en un précipité grenu d'un bleu clair. Quant «a. fer, il n'est éliminé
qu'en dernier lieu en liqueur alcaline, sous la forme d'un précipité géla-
tineux brun, très soluble dans l'acide chlorhvdrique étendu.
» Supposons maintenant une dissolution chlorbydrique de ces divers
métaux. A la liqueur convenablement étendue (') et maintenue vers 6o°,
ajoutons progressivement de l'azotite de potasse ; si la liqueur est riche en
platine, nous voyons se tormer peu à peu un précipité cristallin de chloro-
platinate qui sera parfaitement exempt des autres métaux. Après refroi-
dissement et séparation du chlorosel, chauffons de nouveau et continuons
les additions d'azotite, nous verrons se former brusquement, et surtout
par le frottement d'une baguette de verre, le précipité cristallin double de
rhodium qui entraînera avec lui le plomb, le bismuth, l'étain. Ce sel double,
analogue par sa composition à l'azotite double de potasse et de cobalt,
semble, en effet, se comporter comme celui-ci, c'est-à-dire former des com-
binaisons triples contenant du plomb et du bismuth; le précipité du rho-
dium est légèrement cuivreux. Au point où nous en sommes arrivés, la
liqueur est encore acide; on la laisse refroidir pour séparer le sel de rho-
dium, dont la précipitation est, en général, complète si la liqueur contient
( ' ) La concentration de la liqueur dépend de la nature des métaux dissous et de
leur proportion relative. Un essai préliminaire l'ait sur une fraction de la liqueur per-
met de se rendre compte, en quelques instants, de la nature des métaux précieux et
des métaux communs en présence et d'évaluer grossièrement leur proportion.
( 12Ui )
des quantités suffisantes de chlorure de potassium. Si le mélange renferme
du cuivre et du 1er, il suffit maintenant d'ajouter une nouvelle quantité
d'azotite, de façon à rendre la liqueur alcaline, et de faire bouillir : fer et
cuivre seront séparés par le filtre; le platine et le palladium se trouve-
ront en entier contenus dans la dissolution, qui est jaune d'or. Si le pal-
ladium et le platine sont en quantité notable, on fait cristalliser les azo-
tites doubles, sinon les sels sont transformés par l'acide chlorhydrique
étendu en chlorures et éliminés par les méthodes connues.
» On voit donc que l'azotite de potasse permet de concentrer le palla-
dium et le platine à l'état d'azotites doubles, solubles, exempts de métaux
communs. Ceux-ci sont, au contraire, groupés autour du rhodium et il nous
restera à montrer comment le rhodium pur peut être séparé de ce mélange.
» Nous ne pouvons" entrer, dans une Communication nécessairement
très sommaire, sur les divers cas qui peuvent se présenter.
» Nous dirons seulement qu'en appliquant cette méthode à l'examen de
divers échantillons de palladium soi-disant pur fournis par le commerce,
ou provenant de préparations antérieures faites au laboratoire, nous avons
pu constater la présence presque constante du rhodium et du cuivre et,
après élimination de ces impuretés, préparer du palladium pur. Dans des
résidus pauvres en palladium, mais contenant cependant du rhodium en
quantité notable, nous avons pu, par l'emploi de l'azotite dépotasse, con-
centrer le palladium dans un volume restreint de liqueur et séparer en-
suite de petites quantités de platine. Le traitement de plusieurs kilo
grammes de résidus industriels nous a mis ainsi facilement eu possession
de sels de palladium et de palladium métallique tout à fait purs. »
CHIMIE. — Sur les chaleurs spécifiques de quelques suintions.
Note de AL W. Timofeiew.
« Comme je l'ai indiqué dans une Note précédente, je poursuis l'étude,
des propriétés physiques des solutions dans des dissolvants comparables.
Je communique aujourd'hui quelques résultats sur les chaleurs spécifiques
de ces solutions. Les corps qui m'ont servi sont le bichlorure de mercure
et l'iodure de cadmium, qui présentent l'avantage d'avoir une grande so-
lubilité dans les alcools et avec lesquels on n'a pas à craindre d'action chi-
mique.
» La méthode employée est celle de M. Berthelot. Les chaleurs spéci-
C. n.,1891 1" Semestre. (T. CXÏI, Nc 28.) *64
( i 261 )
fiques ont été déterminées pour des solutions de concentration variable
dans les alcools méthvlique et éthylique, et entre des limites de tempéra-
ture également variables.
» L'expérience m'a fourni la chaleur spécifique moyenne des solutions
alcooliques entre io° et 5o°, et j'ai calculé la chaleur spécifique molécu-
laire de chaque sel en solution en prenant la différence des chaleurs spé-
cifiques moléculaires de la solution et du dissolvant.
y> La Table suivante contient les résultats de mes calculs :
Chaleur Chaleur spécifique
spécifique moyenne
moléculaire — ^
du sel entre io° entre io°
Solution. en solution. et 5o° observée. et 5o° calculée. Différence.
HgCI2- 25CH40. ... 5o,6 0,50776 0,00908 - 0,001. S >
HgCls-i- 5oCH40. . . . 5o,i o,554o6 o,555o3 —0,00097
HgClM- rooCrPO 5o,5 o, 58236 o, 58338 —0.000,0
HgClM- !OoCH;0. . . . 07 . 1 o,53;o3 ..,,1929 —0,00226
HgCl- + 25C2H60. .. 55,4 o.:,.',n3 0,52191 +0,00218
HgCI2 — 5oC2H60... 02,3 o, 55(583 0.55670 -r-o,oooi3
HgCl--r iooC-H60. . . 60 0,57860 0.57700 -ho,ooj65
CdP ioCH'O.... 47,1 o,35626 o,3634o —0,00714
CdP ■;- iooCH40 66,3 0,57200 0,56784 —o, 00426
CdP -4- ioC2HG0... 5o,9 o, 33646 0.3:1692 — o,ooo46
CdP -+- iooC*H60... 43,6 0,56548 o,56 — o,< \S
(CdP + aorPO) (27,9) (o, 58840 » »
(CdP -h 100IPO) (21) (o,8443o) » »
Moyenne pour les solu- / „ ,,,
■ , i- O2 () " "
tions alcooliques \
» Dans toutes les solutions, les deux sels ont une chaleur spécifique
moléculaire sensiblement la même, dont la moyenne est égale à 32. La
troisième et la quatrième colonne présentent les chaleurs spécifiques entre
io° et 5o°, observées et calculées, en admettant que la chaleur molécu-
laire du sel en solution est égale à 5zc&l, les chaleurs spécifiques de chaque
alcool étant exprimées par les formules expérimentales suivantes :
Cmëthyl_ o,56755 + o,ooi633/ et Céthyl = o,535;4 -f- 0,0021 32/.
» En exceptant les solutions de CdP dans l'alcool méthvlique, toutes
(') La chaleur spécifique
(en moyenne).
iléculaire de ces deus. >els, à l'état solide, est égale à 19
( 1263 )
les différences entre les valeurs calculées et observées, données par la cin-
quième colonne, sont de l'ordre des erreurs d'expérience. On en conclut
qu'on peut évaluer les chaleurs spécifiques comme les sommes de la cha-
leur spécifique de l'alcool et de la chaleur spécifique du sel en solution
(égale à 52 dans les cas étudiés), résultats auxquels ont déjà été conduits
quelques expérimentateurs.
» Les solutions d'iodure de cadmium dans l'eau présentent un autre
phénomène : la chaleur spécifique moléculaire du sel en solution, évaluée
de la manière indiquée, est, pour la solution concentrée, environ deux
fois plus petite que dans les solutions alcooliques, et, pour la solution plus
étendue (CdP -+- ioorPO ), elle est assez voisine de celle du corps ii l'état
solide. »
chimie ORGANIQUE. — Sur lis produits d'oxydation de l'acide urique.
Note de M. C. Matignon.
« Les oxydants fournissent avec l'acide urique deux produits princi-
paux, l'allantoïne et Palloxane. J'ai fait l'étude thermique de ces deux com-
posés, ainsi que celle de l'alloxantine, qu'on déduit immédiatement de l'al-
loxane. La combustion a été opérée dans la bombe calorimétrique par les
procédés ordinaires.
» Allantoïne. — Sa chaleur de combustion sous pression constante a été
trouvée égale à 4' '3Cal, 8 :
C*03Az*H6 + 402= 4C02+3H20+2Azs -t-4i3ai,8
la chaleur de formation correspondante est de i70Cal,4> enfin la chaleur
de dissolution déterminée à i5° est de — 7e"1, 5.
» Atloxanc. — Elle m'a fourni les résultats suivants
C*OsAzsH*-t- § 0' = 4CO'2+ 2HsO + Az- +- 278e»1, 5
ce qui entraîne pour la formation 236Cal, 7. Sous ses trois états différents
d'hydratation, les chaleurs de dissolution sont égales à -t- JCal,i, — 4Cal.'-
et — 9Cal.
» Alloxantine. — L'alloxantine a donné le nombre suivant
C8O10Az*Hl0-i-^O2 8CO! -Jll'0+:!.\z-... 4-ô8<;':-',j
( I2(V, )
auquel correspond une chaleur de formation de5i3Cal,i. Sa chaleur de
dissolution mesurée à 1 5" est égale à - r)Cal.
» J'ai réussi à passer directement de l'alloxane à l'alloxantine au sein
même du calorimètre par l'intermédiaire du protochlorure d'étain. La
réaction exiçe une vingtaine de minutes; effectuée à i5°, elle donne un
dégagement de 20,Ca,,8 :
aCv05Az4H2sol. + Sn Cl2 (dissous dans HC1) + 2HGI diss.
Alloxane.
= C8Ou,Azvir°diss. + Sn Cl* (dissous dans HC1) + 20,Ca,,8
Alloxanline.
d'autre part,
CBO,0Az*H10sol. = C8O,0Az4H,,,diss — 9Cal
» La transformation du protochlorure d'étain en bichlorure a été me-
surée avec soin par M. Berthelot qui a donné le nombre suivant :
Cal
SnCl2(diss. dans HCl) ■+- Cl2 gaz = Sn Cl4 (diss. dans HG1) -h 77
» En prenant comme inconnue la chaleur de formation de l'alloxantine
solide, les trois équations précédentes conduisent à 5i3Cal,8; la bombe ca-
lorimétrique avait donné 5i3Cal,i. L'accord entre ces deux nombres pa-
raîtra très satisfaisant.
» Il est très intéressant de comparer les chaleurs de dissolution de
l'alloxane sous ses différents états d'hydratation; on en tire les consé-
quences suivantes :
C*OtAzîH!!sol. + H'Osol. = C405AzsH4 -1- 9e"1
C405Az2H1so1.-h3H2Oso1. = G405Az21Tv,3H2OsoI. -1- (6e"1, 9 = 3 x 2C"',3)
» Comme on le voit, l'entrée de la première molécule d'eau dans la
molécule alloxane donne lieu à un phénomène thermique relativement
grand, hors de proportion avec celui qui correspond à l'adjonction d'une
molécule d'eau de cristallisation et de même ordre de grandeur que celui
cpii se manifeste, par exemple, dans le passage de l'anhydride phosphorique
à l'acide ortho
ipsOssol. h-H2OsoI. = |P04H3 -h9Cal.S
( 1265 )
» L'hypothèse de Baeyer, qui regardait le composé C'0''Az2II- comme
l'anhydride de l'alloxane, reçoit ainsi une vérification expérimentale; la
première molécule d'eau fait donc partie intégrante de la molécule chi-
mique de l'alloxane,
CO- \<H
(i)C^(OH)2 CO,
CO AzH
oii deux oxhvdriles sont réunis au même carbone.
» Des chaleurs de formation de l'allantoïne et de l'alloxane on déduit
les dégagements de chaleur suivants :
CsO'Az*H*sol. + Ogaz.H H'OÎiq. Cl03Az4H6diss. + C02gaz ',0e"1, 1
Ulantoïne.
C'O'AzMPsol.-hOgaz. • 1 1 - < > I i . ; . C405Az2H*dis&.+ COAz'H*diss. . '/■•'. :
Vlloxane. I rée.
» La prédominance du dégagement thermique dans le premier cas semble
indiquer qu'il devrait toujours se former de l'allantoïne; mais l'examen
complet de l'action de chaque oxydant montre que le principe du travail
maximum règle, dans tous les cas, ces deux modes de scission absolument
différents de la molécule urique, Lorsque l'oxydant ne donnera lieu à aucun
phénomène secondaire de même vitesse (pie la réaction principale, c'est-
à-dire simultané, il se formera de l'allantoïne : c'est le cas, par exemple,
du permanganate de potasse; il n'agit, à la température ordinaire, ni sur
l'urée, ni sur l'allantoïne, ni sur l'alloxane, ou, du moins, les actions qu'il
exerce sur ces deux dernières sont très lentes; elles n'ont pas lieu à
l'instant même de la séparation de la molécule urique et, par suite, ne
doivent point entrer en ligne de compte.
» Avec l'acide azotique, au contraire, il se produit de l'acide nitreux
qui réagit immédiatement sur l'urée, et cette action a lieu au moment
même de la formation de l'alloxane; elle lui est simultanée, de sorte qu'en
réalité l'équation delà réaction est la suivante :
Az03Hdiss. + C503Az4H*sol. + 11*0
= C*05AzsH4diss. + Az2 +-C02-+- AzH3(diss. dans Az03H) -+- 100e»1, 9
« Grâce à ces réactions secondaires, la prépondérance thermique est
ici favorable à la production d'alloxane.
( 1266 )
» D'autre part, la marche du phénomène une fois décidée pour la for-
mation de l'une des substances, on sait que celle-ci ne peut se transformer
dans la seconde par une action ultérieure de l'oxydant, de sorte que la
Thermochimie rend bien compte de ce fait remarqué depuis longtemps,
que chaque oxydant, en agissant sur l'acide urique, devra fournir seule-
ment ou l'alloxane ou l'allantoïne , mais jamais les deux en même
temps. »
chimie ORGANIQUE. — Sur l'emploi du sèlénite d'ammoniaque pour caracté-
riser les alcaloïdes. Note de M. A.-J. Ferreira da Silva, présentée par
M. Friedel.
« Dans une Note présentée à l'Académie au mois de juin i885, M. La-
fon a signalé un nouveau réactif pour la morphine et la codéine. C'est le
sulfosélénite d'ammoniaque, qu'il prépare en dissolvant igr de sèlénite
d'ammoniaque dans 2occ d'acide sulfurique concentré. Ce réactif donne
une couleur verte avec ces deux alcaloïdes; les autres se comportent d'une
manière très différente. On voit donc qu'il est d'un usage précieux dans
l'étude toxicologique des empoisonnements par les alcaloïdes de l'opium.
» En étudiant l'action de ce même réactif sur les autres alcaloïdes végé-
taux, j'ai eu l'occasion de rencontrer des faits nouveaux qui montrent que
son emploi peut s'étendre avec avantage pour caractériser quelques autres
alcaloïdes. Je demande la permission de les indiquer (').
» J'ai opéré sur les alcaloïdes suivants : atropine, aconitine, berbérine.
brucine, caféine, cinchonine, cinchonidine, cocaïne, curarine, delphine,
digitaline, ésérine, morphine, narcotine, narcéine, papavérine, pilocar-
pine, solanine, saponine, sénégine et vératrine.
» Voici les résultats que j'ai obtenus :
» Atropine. — Pas de coloration.
» Aconitine. — Pas de coloration immédiate; vingt minutes après, coloration très
légèrement rose.
» Berbérine. — Coloration jaune verdàtre, devenant successivement très brune,
rose aux. bords et violet au milieu, et une demi-heure après tout à fait rouge vineux
persistant pendant trois heures.
(') J'ai employé, pour faire ces réactions, de petites portions d'alcaloïdes que je
plaçais soit sur des verres de montre déposés sur du papier blanc, soit sur de petites
capsules de porcelaine (3cm de diamètre et 4W de capacité).
( 1-267 )
» Rrucine. — Coloration rougeàtre ou rose, devenant tout de suite orangé p;'ile.
Une demi-heure après, coloration aminée et pas de dépôt. Au bout de trois heures,
idem .
» Caféine. — Pas de coloration sensible. Au bout de trois heures le liquide était
rougeàtre et Ton y voyait un très léger dépôt qui n'était pas rouge.
» Cinchonidine. — Rien.
« Cinchonine. — Rien.
1 Cocaïne. — Pas de coloration saisissable ni précipité, une demi-heure après. \u
bout de trois heures, la même réaction que la caféine.
>> Ciirarine. — Coloration violacée légère; après quelque temps, rougeàtre. l'as
de dépôt rouge à la fin de trois heures.
» Delphine. — Coloration légèrement rougeàtre passant au rouge violacé, l'as de
précipité au bout de trois heures.
^Digitaline. — Pas de coloration immédiate. Une demi-heure après, le liquide
était jaunâtre. Après trois heures, il \ avait un dépôt rougeàtre.
» Esérine. — Coloration jaune citrin devenant orangée. Trois heures après, colo-
ration plus pâle.
« Morphine. — Coloration bleu verdâtre très vive; une demi-heure après, jaune
marron et pas de dépôt (réaction très sensible). Après trois heures, le liquide était
brun marron. Pas de dépôt rouge.
» Narcotine. — Coloration bleuâtre devenant violacée et ensuite rougeàtre. Après
une demi-heure, belle couleur rougeàtre et pas de précipité. Après trois heures, il y
avait un petit dépôt rouge, sur quelques points, à la surface de la capsule.
» Narcéine. — Coloration vert jaune devenant brunâtre et après une demi-heure
rougeàtre. Au bout de ce temps, dépôt rouge, très sensible au fond de la capsule
après deux à trois heures.
» Papavérine. — Couleur bleuâtre; le liquide devient vert bouteille, vert jaunâtre
sale, bleu violet et puis rouge. Au fond de la capsule, un petit dépôt bleuâtre.
» Pilocarpine. — Rien.
» Solanine. — Coloration jaune serin et puis brunâtre. Après une demi-heure, il
s'était formé un anneau rose. Au bout de trois heures, le liquide était violet rouge.
» Saponine. — Coloration jaunâtre devenant légèrement rougeàtre. (Réaction peu
nette.)
» Sénégine. — Coloration jaune sale légère. Après troi* heures, le liquide étaii
rougeàtre.
» I ératrine. — Coloration jaunâtre peu nette, quelquefois avec un ton vert, jaune
après une demi-heure. Après trois heure-,, dépôt rouge et liquide jaunâtre (réaction
de coloration peu nette).
» On peut conclure de là que le réactif de Lafon permet de caractériser
non seulement la morphine et la codéine, mais aussi la berbérine, l 'esé-
rine, la narcotine, la papavérine, la solanine et la narcéine : les premières
par les réactions de coloration; la narcéine non seulement par la pro-
duction immédiate d'une couleur vert jaunâtre passant au brun et, au bout
( 1268 )
d'une demi-heure, au rougeàtre; mais aussi par la formation d'un dépôt
rouge qu'on voit plus distinctement déposé deux ou trois heures après, sui-
tes parois et au fond de la capsule.
» Je dois faire remarquer que la réaction avec l'ésérine n'est bien nette
qu'avec un produit bien pur; j'ai opéré avec un échantillon très pur,
incolore et bien cristallisé, de C.-F. Boehringer et Sôhne (Mannheim).
» M. Lafon expliquait la réaction de la morphine et de la codéine, dont
les analogies ont été démontrées par les recherches de M. Grimaux, par
le pouvoir réducteur de ces deux alcaloïdes. Le sélénium serait mis en
liberté sous leur influence, et, en se dissolvant dans l'acide sulfurique, il
lui donnerait la couleur verte; puis, l'acide sulfurique, attirant l'humidité
de l'air, donnerait lieu à la précipitation du sélénium en rouge, comme on
peut le faire en ajoutant de l'eau à une solution sulfurique de sélénium.
» Les faits que j'ai cités démontrent qu'on ne peut faire dépendre les
phénomènes observés de la simple considération du pouvoir réducteur
desdits alcaloïdes. On vient de voir, en effet, que la narcéine qui, au
point de vue de ses propriétés réductrices est bien inférieure à la mor-
phine, détermine une séparation du sélénium bien plus rapide et plus
nette que la morphine. Nous voyons d'ailleurs combien est variée l'action
du réactif sur les divers alcaloïdes, et comment on peut l'utiliser pour éta-
blir de bonnes réactions de coloration.
» Il v a donc quelque chose de spécial dans cette réaction, qui tient
principalement à la nature de l'alcaloïde employé, »
ZOOLOGIE. — Sur le développement du foie chez les Nudibranclies.
JNote de M. H. Fischer ( ' l.
« L'anatomie topographique de l'embryon des Opisthobranch.es est en
partie connue dans les stades qui précèdent l'éclosion; mais les renseigne-
ments sont très peu nombreux en ce qui concerne la période larvaire libre,
qui est longue chez ces animaux. J'ai pu étudier quelques-uns de ces
stades libres, et déterminer l'homologie des organes hépatiques des Nu-
dibranches.
» Description de la larve au moment de l'éclosion. — L'espèce que j ai
examinée est I' ' JEolis exigua, Aider et Hancock, dont les pontes sont très
(') Ce travail a été fait dans les laboratoires de Zoologie de l'École Normale supé-
rieure et de la -lation maritime de Wimereux.
( '269 )
abondantes à Wimereux, au printemps, sur les tondes d'Hydraires. Au
moment de l'éclosion, le tube digestif se compose des parties suivantes :
l'œsophage médiocrement allongé, un estomac ovoïde, et, à la suite, l'in-
testin.
» Vers la région antérieure de l'estomac, à droite et a gauche, se trou-
vent deux organes sur lesquels j'ai porté particulièrement mon attention :
celui de gauche est un sac assez volumineux, dont la cavité s'ouvre dans le
tube digestif, et qui est tapissé de grandes cellules munies de cils très fins.
Je me suis assuré en nourrissant les embryons, aussitôt après leur éclosion,
avec des spores d'ulves, que ces cellules sont alors le siège d'une diges-
tion intracellulaire. Ce sac est donc l'organe digestif actif de la larve. L'or-
gane de droite, placé symétriquement, est très petit, rudimentairc, et ne
parait avoir aucune fonction physiologique. Au point de vue morpholo-
gique, il est cependant équivalent à celui de gauche; car ces organes, exa-
minés à un stade antérieur, étaient sensiblement égaux, et tous deux rem-
plis de granulations vitellines. Le sort ultérieur de ces deux sacs n'a pas
été suivi chez les Opisthobranches : j'ai constaté qu'ils fournissent le foie
et je les appellerai lobe gauche et lobe droit du foie. L'estomac a un aspect
bien différent : ses parois, non glandulaires, sont revêtues de cellules à
plateaux et ciliées, dont l'action fait tourbillonner les aliments. Cet estomac
larvaire n'a d'ailleurs pas de rapport avec la région plus ou moins bien
délimitée, connue sous ce nom chez l'adulte.
» Les embryons de divers Lamellibranches, Cardium, My/ilits, Cyclas,
Teredo, Ostrea, étudiés par MM. Lovén, de Lacazc-Duthiers, Stepanoff,
Hatschek, Ilorst, possèdent un tube digestif qui présente une analogie frap-
pante avec celui de YJEolis exigua : on v remarque l'œsophage cilié et
l'estomac ovoïde communiquant, dans sa partie antérieure, avec deux
lobes hépatiques ayant la même constitution que le lobe gauche de
ÏJEolis. La seule différence réside dans l'atrophie du lobe droit chez les
Nudibranches. Il est donc vraisemblable que, dans les diverses classes de
Mollusques, le tube digestif larvaire possède la même structure fondamen-
tale, et je propose d'examiner à ce point de vue les Prosobranches et les
Pulmonés.
Phénomènes postérieurs à l'éclosion. — Les transformations des lobes
hépatiques ont lieu pendant la vie larvaire libre, et sont les suivantes :
dans un embryon véligère déjà muni d'une ébauche de la radule et de deux
yeux, le lobe gauche s'est beaucoup développé et le lobe droit, rudimen-
taire au moment de l'éclosion, commence à s'accroitre. Dans un embryon
C. R.. 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N° 22.) I *>0
( I27° )
rampant, ne possédant plus ni coquille ni voile, mais n'ayant encore au-
cune indication des rhinophores ni des papilles dorsales (stade planari-
forme), le lobe gauche s'est étendu dans toute la longueur du corps, au
niveau et en arrière de l'estomac. Dans un stade à une paire de papilles
dorsales, le lobe hépatique droit a fourni un bourgeon hépatique allant
à la papille droite; le lobe gauche a fourni un bourgeon hépatique allant
à la papille gauche et montre en arrière le début d'une paire de bourgeons
destinés à la deuxième paire de papilles.
» Les changements ultérieurs sont de peu d'importance : le lobe droit
ne s'accroît plus, le lobe gauche s'allonge de plus en plus en arrière et
fournit des diverticules hépatiques aux nouvelles paires de papilles qui
naissent postérieurement. Chez les iEolidiens adultes, le lobe droit est de-
venu la région du foie qui débouche, par un canal hépatique toujours
unique, sur le côté droit du tube digestif, en avant du point où naît l'in-
testin. Le lobe gauche a formé tous les autres cœcums hépatiques.
)> La disposition primitivement symétrique du foie peut donc se retrouver
dans l'organe hépatique si compliqué des Nudibranches : elle n'est masquée
que par le développement considérable du lobe gauche, qui s'étend dans
toute la région postérieure du corps. On retrouve d'ailleurs un foie formé
de deux lobes symétriques chez certaines formes pélagiques ou dégradées
( Phyllirrhoè, Pontolimax ) .
» Le foie des Doridiens adultes se compose de deux parties : une masse
principale et une très petite masse accessoire située à droite (pancrealic
organ d'Aider et Hancock); les considérations qui précèdent permettent
de supposer que ces deux masses correspondent au lobe gauche et au lobe
droit de l'embryon.
» En résumé, ces recherches montrent que le foie des Nudibranches est
formé en grande partie par le lobe hépatique gauche de l'embryon, et que
les organes hépatiques dans deux groupes très différents de Mollusques,
les Lamellibranches et les Nudibranches, sont des productions homo-
logues. »
botanique. — t'Isaria, parasite de la larve du hanneton.
Note de M. Alfred Giard.
« Le 28 juin 1890, M. Le Moult, président du syndicat de hanneton-
nage de Gorron (Mayenne), qui suivait avec intérêt mes essais sur la des-
( I27' )
truction des insecles nuisibles par les champignons entomophytes, m'en-
voya de Céaucé (Orne) quelques vers blancs momifiés qu'il supposait at-
teints par un cryptogame. La culture de ces sclérotes me donna, en effet,
un beau développement de fructifications conidiennes d'un champignon
que je rattachai provisoirement aux formes connues sous le nom d'Isaria.
Je ne voulais pas risquer une détermination spécifique que je considérais
alors et que je considère encore aujourd'hui comme prématurée. Depuis,
dans une Communication à la Société de Biologie ('), j'ai indiqué le moyen
de cultiver ce parasite sur les milieux artificiels et d'infester expérimenta-
lement par inoculation ou par aspersion, soit des larves de hanneton, soit
des vers de farine ( Tenebrio molitor).
» Tout récemment (2), MM. Prillieux et Delacroix ont contesté l'exacti-
tude de ma détermination et confirmé mes résultats d'infestation artificielle,
mais en donnant la préférence à d'autres milieux de culture.
» Je ne sais comment MM. Prillieux et Delacroix délimitent les genres
Jsaria et Botrytis ni comment ils peuvent reconnaître, à l'état conidial, les
spores de Mclanospora parasilica . Pour moi, suivant l'exemple de de Bary,
de Sorokine, de S. -A. Forbes, etc., je considère les formes Botrytis et Isa-
ria comme des stades évolutifs (ontogénétiques) de champignons ascomy-
cètes dont un petit nombre seulement nous sont connus aujourd'hui sous
leur forme parfaite (ascosporée ). ,1e donne à ces cryptogames le nom de
Botrytis lorsque les hyphes fructifères forment une sorte de velours recou-
vrant la surface du substratum; je les appelle Isaria lorsque les hyphes se
réunissent en touffes longues, épaisses, plus ou moins régulièrement clavi-
formes ( /lyp/iasmala) sur lesquelles naissent les conidies (les Stilbum repré-
sentent un état différencié de cette forme Isaria). Enfin lorsque le parasite,
après avoir produit un sclérote dans le corps de l'insecte, donne naissance
à un stipe qui, généralement, sort du cadavre en des points définis et porte
un réceptacle couvert d'ascospores ou de thécaspores, je le nomme, avec
les auteurs, Cordyceps ou Torrubia.
» Certaines espèces peuvent présenter, suivant les conditions où elles
végètent, deux ou trois de ces états. Le Botrytis bassiana du ver à soie, ino-
culé à la chenille de G as trop ac ta rubi, donne une forme Isaria (de Bary).
L' Isaria farinosa de la même chenille peut produire le Claviceps militaris.
(') Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, séance <lu i r avril 1 891 ,
p. 236-a38.
(2) Comptes rendus, 11 mai 1891, p. 1079-1081,
( r272 )
D'après Krassilstchik, la muscardiae verte de VAnisoplia auslriaca prend
l'aspect typique des Isaria lorsqu'elle infeste les larves de Cleonus puncli-
vcntris; dans les cultures artificielles, elle présente parfois la forme Core-
miurn.
» Sur les milieux artificiels et sur les sclérotes faibles, ou épuisés par des
fructifications antérieures, le parasite du hanneton nous offre, en général,
la forme Botrytis; les vers recueillis à Céaucé nous montrent, au contraire,
pour la plupart, de fort beaux types à'Isaria dont les hyphasmata peuvent
atteindre plusieurs centimètres de longueur. Puis donc que MM. Prillieux
et Delacroix ont constaté la parfaite identité de ce parasite avec le Botrytis
tenella Sacc. trouvé à Trente par Bresadola, nous dirons que le Botrytis le-
nella affecte aussi, et même très fréquemment, la forme Isaria tenella.
» Mais ces dénominations ne peuvent être que provisoires, car nous ne
sommes nullement en droit d'affirmer que, outre les formes Botrytis et Isaria,
le champignon du ver blanc ne présente pas une forme plus élevée de re-
production déjà décrite peut-être sous le nom d'un Cordyceps.
» En effet, Bresadola n'est pas, comme on paraît le croire, le seul auteur
qui ait rencontré des Ascomycètes parasites sur les Mélolonthides :
» i° Dès 1 76g, Fougeroux de Bondaroy a signalé et décrit un champignon
parasite de la larve d'un hanneton de Pensylvanie. Ce champignon fut
nommé plus tard par Tulasne Cordyceps Melolonthœ. Il a été réétudié depuis
parBurrill, Kirtland, Mitchill, Walsh, Zabriskie, etc. En 1873, Riley l'a
considéré comme nouveau et rebaptisé Torrabia elongata. C'est par erreur
que Krassilstschik et quelques auteurs modernes ont cité cette espèce
comme parasite de Melolontha vulgaris Fab. Elle infeste surtout en réalité
le Laclinosternajusca , hanneton américain du groupe des Rhizotrogides dont
la larve est le ver blanc commun (white grub) des Etats-Unis.
» 20 Berkeley et Curtis ont décrit le Cordyceps Bavenelii parasite des
larves d'un autre Rhizotrogide (Ancylonycha Dej., Phyllophaga Harris) de
la Caroline, du Texas (B. etC.) et de l'Alabama (Hagen).
» 3° Roumeguère et Ch. Fourcade ont trouvé en France le Cordyceps
entomorhiza Dicks sur le petit hanneton d'été Bhizolrogus solslilialis Fab.
(insecte parfait) à Super-Bagnères.
» 4° Roumeguère a rencontré dans le département de l'Aude, et Briard
au bois de Bailly (Aube), le Melolontha inilgaris, Fab. (insecte parfait ),
atteint par un Cordyceps qu'ils ont identifié avec le Cordyceps militaris L. ,
dont l'état conidial est Y Isar ia J'arinosa . Déjà, en 1869, Bail avait signalé
un Isaria indéterminé sur la larve et l'insecte parfait du hanneton vul-
( »?3 )
gaire à Mewe (Prusse). La même année, de Bary observait, aux environs
de Halle, une épidémie du Melo'.ontha (larves), causée par un Botrytis qu'il a
rapporté au B. Bassiana et qui doit être identifié peut-être à l'espèce qui
nous occupe. Je eite en passant les espèces mal définies, telles que Cordyceps
Miquelii Tu!., C. sobolifera Hill., C. Barnesii Thv., qui ont été trouvées en
divers points du globe sur des Melolontha ou tout au moins sur des Lamelli-
cornes à l'état de larves ou d'insectes parfaits. Leidy a mentionné, dès i85i,
uu champignon parasite des larves de Lamellicornes. Metschnikoff a fait
connaître Vlsaria desiruclor de YAnisoplia austriaca (hanneton des blés |.
Grognot a vu, en Saone-et-Loire, Vlsaria eleutheratorurn Nées, sur Lucaims
ce/vus.
» Tous ces champignons sont loin d'être connus sous leurs divers étals,
et l'énumération précédente justifiera, je pense, les réserves que j'ai faites
relativement à la détermination spécifique du parasite si intéressant trouvé
par M. Le Moult à Céaucé et rencontré depuis en diverses localités.
» Quant au Melanospora parasitica, j'avais, dès le mois de juin 1890,
signalé la possibilité de son existence sur les larves contaminées dans une
lettre adressée à M. Le Moult et que celui-ci a partiellement publiée. Mais
le fait même que les spores recueillies dans mes cultures pouvaient être
inoculées avec succès à divers insectes écartait l'idée de toute confusion
avec les conidies de Melanospora. Les belles recherches de Kihlman ont
mis hors de doute que cet Ascomycète est parasite des Isariées et n'infeste
pas directement les insectes.
» Enfin, contrairement à MM. Prillieux et Delacroix, je trouve que les
cultures sur pomme de terre donnent un rendement en spores fort infé-
rieur aux cultures sur des milieux plus azotés (bouillons animaux), ce qui,
d'ailleurs, est facile à comprendre, si l'on songe que le ver blanc renferme
environ 3,5 pour too d'azote. Une certaine quantité de phosphates est
également utile et il importe surtout (pie le milieu ait une réaction légère-
ment acide. »
BOTANIQUE. - - Les genres de lu tribu des Clusiées et en particulier le genre
Tovomita. Note de M. J. Vesque, présentée par M. Duchartre.
« Les genres assez nombreux qui, avec les Clusia, constituent la tribu
des Clusiées, ne se distinguent de ces derniers par aucun caractère anato-
niique rationnel : les allures épharmoniques sont exactement les mêmes;
( 1274 )
la différenciation est donc purement morphologique ; elle est, en outre,
identique avec celle qui a présidé à la division du genre Clmia en sections.
S'il fallait construire une clef anatomique pour la détermination des plantes
de cette tribu, il faudrait passer par-dessus les genres pour s'adresser di-
rectement aux espèces. Mais il ne s'agit point ici de la détermination des
plantes, il importe simplement de retenir qu'il y a un lien très étroit entre
tous ces genres et le grand genre Chma.
» Il se trouve qu'en principe aucun des caractères floraux observés dans
ces genres n'est entièrement étranger aux Clusia. Si l'on veut bien ad-
mettre que la parenté entre ces genres est effective et non un vain simu-
lacre, il faut donc admettre également que le genre Clusia est plus ancien
que les autres et que ceux-ci dérivent de lui.
« Aucun de ces genres secondaires ne présente une épharmonie plus
avancée (plus extrême") que les Clusia correspondants; au contraire, l'é-
pharmonie y est souvent beaucoup moins hélioxérophile. A moins de
recourir à une rétrogradation de l'épharmonisme, ce qui ne serait guère
plausible, la parenté la plus étroite unit ces genres à des groupes nodaux
correspondants parmi les Clusia ou aux ancêtres de ces groupes nodaux. Les
groupes nodaux acquièrent par cela même une importance inattendue.
» Je me bornerai aujourd'hui à montrer quelle est l'origine du plus
grand des genres secondaires de la tribu des Clusiées, le genre Tovomita,
me réservant de présenter, dans une autre Note, les résultats que l'on ob-
tient en appliquant des raisonnements analogues aux autres genres.
» Les étamines des Tovomita sont libres, nombreuses, à anthères courtes,
dont les loges, obliquement insérées sur les bords du connectif, sont plus
ou moins divergentes à la base. Parmi les Clusia, seuls les Criuva et les
Anandrogvne présentent des fleurs mâles qui soient comparables à celles
des Tovomita, mais les loges de l'anthère y sont ordinairement très longues
et parallèles; les espèces qui, sous ce rapport, se rapprochent le plus des
Tovomita, sont les Cl. Ducu et havetioides, de la section Anandrogvne. Les
loges de l'ovaire des Tovomita sont i-ovulées et au nombre de quatre.
Seuls, parmi les Clusia, les Cl. Ducu et trochijormis ont quatre carpelles et
des loges ovariennes monospermes par avortement ; tous les autres Clusia à
loges monospermes appartiennent à la même section Anandrogyne. Il est
donc évident, tous ces caractères disparates donnant la même indication
(fleur mâle, nombre des carpelles et des graines), que, si les Tovomita des-
cendent des Clusia, et cela est infiniment probable d'après ce qui précède,
ils descendent des Anandrogyne et sont proches voisins du Clusia Ducu qui,
( ,27^ )
avec le Cl. trochiformis (Tovomitopsis Spruceana Engl.!), constitue le
groupe aodal de la section.
» Ici se présentent maintenant deux faits qui méritent d'attirer notre
attention : i° Dans les fleurs femelles des Anandrogyne, les étamines ne
sont plus représentées que par des dents très courtes, dépourvues d'an-
thères. Il est clair que les fleurs des ancêtres de ces plantes étaient herma-
phrodites, puisqu'il y a des rudiments d'étamines; or, chez les Tovornita,
les staminodes des fleurs femelles ressemblent presque absolument aux
étamines fertiles des fleurs mâles; par conséquent, si les Tovomila se rat-
tachent au groupe notlal Ducu-trochiformis, ils descendent de ce groupe,
non tel qu'il est maintenant, mais tel qu'il était autrefois, alors que la fleur
femelle était encore moins éloignée de la fleur hermaphrodite. En d'autres
termes, le groupe nodal Ducu-trochiformis est la continuation en ligne di-
recte d'un groupe nodal antérieur, d'où est issu latéralement le genre To-
vornita, par suppression congénitale (?) de tous les ovules, sauf un. 2° Tous
les Clusia ont un hypoderme; les Cl. Ducu et trochiformis, en particulier,
possèdent un hypoderme de trois ou quatre assises de cellules. La plupart
des Tovomila sont dépourvus de ce tissu aquifère, quelques-uns seulement
(T. nigrescens, spruceana, stigmalosa) présentent un hypoderme d'une seule
assise de cellules ; les allures épharmoniques sont donc les mêmes que chez
les Clusia, mais elles restent souvent potentielles sans se traduire par le fait
anatoinique. Il est cependant difficile de croire qu'un hypoderme de trois
ou quatre assises puisse se perdre, surtout lorsque la plante est abandonnée
sans protection à la lutte pour l'existence. Il est en outre infiniment pro-
bable que les Clusia, aujourd'hui si généralement pourvus d'un hypo-
derme, dérivent d'ancêtres qui, primitivement, n'en avaient pas, pour le
développer peu à peu ensuite; par conséquent, si les Tovornita se ratta-
chent au groupe Ducu-trochiformis , ils ne descendent pas de ce groupe tel
qu'il est, mais tel qu'il était auparavant. Cette conclusion est exactement
la même que celle qui nous a été fournie par la structure des fleurs fe-
melles.
» Les raisons diverses que je viens d'énumérer indiquent suffisamment
que le genre Tovomila, quoique peu avancé en épharmonie lui-même et
à peine sorti de l'état de nébuleuse ou d'immense groupe nodal, s'est sé-
paré latéralement, à une époque reculée, de ce groupe nodal du genre
Clusia sect. Anandrogyne qui s'est plus tard constitué en Cl. Ducu et Cl.
trochiformis.
» Il est bon de noter enfin que la distribution géographique actuelle des
( '276 )
Tovomita est assez différente de celle des Clusia Aiiandrogyne. L'aire des
Anandrogyne comprend le Pérou, la Colombie, l'isthme de Panama, la
Jamaïque et les Antilles; celle des Tovomita, le Pérou, la Bolivie, la Co-
lombie, la région du haut Amazone, les Guyanes, les Antilles et le
Brésil.
» L'une des espèces les plus répandues et les plus variables du genre
est le T. brasiliensù, qui couvre le territoire immense compris entre les
Guyanes, la province de Bahia et le Pérou. Dans ce dernier pays, où elle
a été récoltée par Gay, elle coudoie encore aujourd'hui le Cl. Ducu et le
Cl. trochiformis . C'est une espèce qui, chose rare, tantôt' présente un hy-
poderme rudimentaire, tantôt en est dépourvue, et se divise morphologi-
quement et épharmoniquement en plusieurs variétés et formes (en partie
prises pour des espèces distinctes), qui, en un mot, revêt toutes les parti-
cularités d'un groupe nodal au milieu d'un genre lui-même assez mal dif-
férencié en espèces. »
BOTANIQUE . — Sur quelques éléments de soutien de la feuille des Dieotylcdones.
Note de M. E. Pée-Laby, présentée par M. Duchartre.
« Au cours de mes recherches sur la structure comparée des feuilles et
des cotylédons, j'ai eu l'occasion d'étudier certains organes de soutien
d'une forme toute particulière. Je me propose de faire connaître les rap-
ports de ces éléments avec les autres tissus; j'indiquerai aussi leur déve-
loppement et quelques-unes des formes variées qu'ils peuvent revêtir.
Jusqu'ici les botanistes n'ont fait que les signaler en passant. Cependant,
dans ces derniers temps, MM. Vesque ( ' ) et Reinsch (2) font connaître
avec assez de détails un certain nombre de plantes qui possèdent dans
leurs feuilles des éléments de soutien de formes et de dimensions variées.
Plus récemment encore, M. Van Tieghem (3) décrit les différents types
de sclérites que l'on rencontre dans les feuilles d'une famille exotique, les
Mémécylées.
(') J. Vesque, Caractères des familles gamopétales d'après l'anatomie de la
feuille (Ann. Sciences natur., 70 série, 1 885, t. I).
{-) A. Rbinsch, Ueber die anatomischen Verhàltnisse der Hainamclidaceœ (Botan.
Jahrbucher fur Systemat., etc., t. \1).
(3) Vax Tieghem, Structure et affinités des Mémécylées [Ann. Sciences natur.,
7e série, t. XIII, n° 1; 1891).
( t277 )
» Mes études, qui ont porté sur des feuilles différentes de celles qui ont
été examinées par les auteurs précédents, m'ont permis de faire de ces
organes particuliers deux catégories. La première comprend les éléments
de soutien issus du péricycle du faisceau foliaire, la seconde, les éléments
isolés et situés dans tout le mésophylle. A ces deux origines correspondent
des formes différentes.
» I. Éléments de soutien péricycliqties. — Sur la coupe transversale de la
feuille du Burchellia capensis on voit se détacher du péricycle ligneux un
certain nombre de fibres qui, se recourbant presque à angle droit, s'en-
gagent dans le tissu palissadique et se terminent sous l'épiderme supérieur
en tête plus ou moins aplatie.
» Ailleurs, chez l'Ha&ea saligna, le rapport de ces fibres avec le péricycle
est encore plus évident. La feuille ici possède des cellules en palissades à
chaque face; les nervures situées dans le tissu lacuneux sont entourées
d'une gaine complète de fibres péricycliques. Ces dernières se détachent
des deux pôles du faisceau et se rendent soit à la face supérieure, soit à la
face inférieure de la feuille. Arrivées sous l'épiderme, ces fibres, au lieu de
former simplement une tête comme dans le Burchellia, envoient des ra-
mifications parallèles à la surface dans toutes les directions. Les branches
d'une fibre, se rattachant aux branches de la fibre voisine, forment au
mésophylle une sorte de tissu de protection. Les fibres, en forme de pi-
liers, qui sont dans le tissu palissadique en soutiennent les éléments. Enfin,
pour empêcher l'écrasement du tissu lacuneux, ces fibres émettent à leur
base des spicules longs et effilés qui, s'entre-croisant avec ceux des fibres
opposées, maintiennent intacte la forme des cellules.
» IL Éléments de soutien isolés. — Ceux-ci paraissent être les plus nom-
breux. Ils sont destinés à servir de soutien au tissu palissadique ou au tissu
lacuneux plus spécialement, ou aux deux à la fois. Ordinairement courts,
ils acquièrent quelquefois de très grandes dimensions, comme chez Y Olea
europœa, et, tout en restant cylindriques, peuvent présenter des nodosités
ou un commencement de bifurcation. On peut en rencontrer deux formes
bien nettes.
» a. Cellules simples. — I .a feuille de YOsmanthus aquifolius possède des
cellules ligneuses en forme de clou; la tête est appuyée contre l'épiderme
supérieur et la pointe effilée s'enfonce dans les méats des premières cel-
lules du tissu spongieux. Elles ont une longueur peu variable et sont im-
plantées perpendiculairement à la surface de la feuille.
G. R., 1891, [" Semestre. (T. CXII, N- 22.) l66
( i»78 )
» Les éléments de soutien de la feuille de YOlea europœa sont situés dans
le tissu lacuneux particulièrement, mais on en voit aussi ramper sous l'é-
piderme supérieur. Ce sont de longues cellules cylindriques dont la direc-
tion générale est parallèle à la plus grande dimension de la feuille. Après
avoir servi de soutien au mésophylle, elles s'écartent insensiblement vers
les bords, où elles vont former de gros faisceaux très résistants. Leur lon-
gueur est considérable; en les isolant par la macération de Schultze, ou
bien en éclaircissant la feuille par l'hydrate dechloral, on voit qu'elles
peuvent atteindre la longueur de la feuille elle-même.
» Chez les Phyllirœa, les feuilles ont des cellules de soutien traversant
à la fois le tissu palissadique et le tissu spongieux.
« b. Cellules rameuses. — Elles se composent toujours de deux parties : le
corps cellulaire et les spicules. Le corps de la cellule est généralement
placé dans le tissu lacuneux; il envoie des branches de soutien dans le
tissu palissadique et dans le tissu lacuneux lui-même. Quelquefois le corps
cellulaire est très petit relativement aux spicules, et alors la ressemblance
avec des poils composés est complète (Limnant/iemum nymphoides) , ou
bien c'est l'inverse qui a lieu {Limoriiastrum. monopetalum) .
» Les spicules sont rarement simples (Ternstrœmia japonica, Limnan-
themum, etc.); le plus souvent, ils sont ramifiés par dichotomie. Le Bégo-
nia sanguinea possède une feuille dont les cellules scléreuses ont des bras
tous à plusieurs branches. De plus, dans cette espèce, on remarque dans le
corps cellulaire de gros cristaux octaédriques d'oxalate de chaux.
» En étudiant le développement de ces divers organes, on constate que
la feuille jeune en est dépourvue. On ne les voit apparaître qu'au moment
où le limbe possède sa forme définitive, sans avoir pour cela sa vraie gran-
deur (Osmanlhus, Olea, Ternstrœmia, etc.). Chez YEakea saligna, en particu-
lier, on sait que, lorsqu'elle est jeune, la feuille est couverte de poils sur
ses deux faces, et qu'a l'état adulte elle est complètement glabre. Au fur
et à mesure qu'elle se développe, elle perd ses poils de la base au sommet.
Or, si l'on examine le mésophylle dans la partie glabre, on y trouve des
éléments de soutien sclérifiés, tandis qu'on n'en voit pas trace dans la por-
tion recouverte de poils. A la limite de ces deux régions, on aperçoit des
éléments en voie de formation s'avancer entre les cellules palissadiques, et
d'autres complètement formés, mais pas encore lignifiés. Dans ce cas, les
poils qui servaient de protection à la feuille dans son jeune âge sont rem-
placés, plus tard, par d'autres organes du même genre placés à l'intérieur
( ,279 )
et plus résistants. En outre, le développement de ces organes internes est
le même que celui des poils proprement dits : les uns et les autres se for-
ment et grandissent en se (rayant un passage au travers des cellules.
» Dans la feuille du Bégonia sanguinea, ces éléments apparaissent
lorsque le limbe, [disse dans le bourgeon, commence à s'étaler, c'est-
à-dire au moment où le besoin de soutien se fait sentir, dette apparition
coïncide ordinairement avec la différenciation complète de tous les autres
appareils de la feuille. »
PETROGRAPHIE. — Diffusion des trois formes distinctes de l'oxyde de titane
dans le crétacé du nord de la France. Note de M. L. Gâteux, présentée par
M. Fouqué.
« Parmi les nombreuses substances minérales dont j'ai reconnu l'exis-
tence dans la craie du Nord, je dois mentionner l'oxyde de titane TiO2. Il
se présente sous trois formes cristallines distinctes, qui sont, par ordre
d'importance, le rutile, Yanalasc et la brookite.
» i° Rallie. — On le trouve en grains plus ou moins arrondis, et en
cristaux quadratiques très nets, atteignant au plus omm,i2 de plus grande
longueur.
» Les cristaux sont jaune d'or; ils résultent de la combinaison de
m(i 10), /i'(ioo), //(ii 2); la zone verticale est très développée. Les mà-
cles polysynthétiques, suivant bl (112), sont fréquemment visibles; deux
individus sont parfois réunis, suivant i\n plan d'assemblage parallèle à
£'(112), et montrent la màcle en genou, si caractéristique du rutile.
» Les grains appartiennent le plus souvent à une variété brun rou-
geàtre; ils sont striés parallèlement à l'intersection des faces verticales,
dont il reste quelques traces; ces stries manquent presque toujours dans les
cristaux.
» Les diverses propriétés du rutile, relief, biréfringence, etc., séparent
immédiatement cette espèce de toutes celles qui l'accompagnent.
» Le rutile est subordonné au zircon comme importance et l'emporte
quelquefois sur la tourmaline; il est représenté à tous les niveaux de la
craie du Nord.
» 20 Anatase. — Elle forme des cristaux quadratiques très petits, tabu-
laires, à forme générale carrée ou rectangulaire, mesurant à peine omm,o8
( I2«0 )
de plus grande longueur et résultant de la réunion des faces p(ooi),
h'( i oo); les faces b'(i i 2) sont rudimentaires.
» L'anatase est soit incolore et transparent, soit jaune d'or pâle et trans-
lucide, soit enfin noirâtre et opaque; l'éclat est adamantin. L'axe optique
est perpendiculaire à la zone d'aplatissement et coïncide avec np : la
double réfraction, qui est assez énergique, est donc à un axe négatif.
» Sous l'influence des courants, les cristaux ont souvent été réduits en
lamelles de clivage, parallèles à /j(ooi). L'anatase est abondante dans l'as-
sise à Terebratulina gracilis ; plus abondante encore dans la craie à Micraster
breviporus et à M. cor. testudinarium; elle est inconnue dans l'assise à M. cor
linum.
3° Brookite. — On la trouve sous forme de tables orthorhombiques
atteignant jusqu'à on"u,ii de longueur; elles sont formées par m(\ 10),
h* (\oo), e3(i2 1), ou par m(i 10), h' (1 00), p(ooi), e3(i 2 1), e^(o2i).
La brookite est jaune brunâtre pâle, très limpide et translucide, à éclat
faiblement métallique. Les traces de clivage facile g' (o 1 o) sont fort accu-
sées et serrées ou espacées dans le même individu.
» La bissectrice positive ng est perpendiculaire à la face d'aplatissement
p(oo 1). Le plan des axes rouges est perpendiculaire à celui des axes bleus.
Le relief, qui est considérable, est voisin de celui de l'anatase.
» La brookite est beaucoup plus rare que l'anatase, mais elle est ré-
pandue dans les mêmes assises.
» Tous ces minéraux portent, plus ou moins, l'empreinte d'actions mé-
caniques qui les ont cassés ou arrondis; ils sont évidemment élastiques. »
ÉCONOMIE RURALE. — Les lichens du mûrier et leur influence
sur la sériciculture. Note de M. G. Hallauer.
« Malgré les procédés de sélection indiqués par M. Pasteur et appli-
qués, depuis plus de quinze ans, pour obtenir des graines de vers à soie
exemptes des corpuscules de la pébrine, cette maladie existe toujours; ne
proviendrait-elle pas d'une cause inhérente à la feuille des mûriers?
» Après avoir reconnu que ces corpuscules n'étaient autres que les
grains de semence, les anthérozoïdes des lichens qui se développent sur
l'arbre, nous avons procédé aux expériences suivantes :
» Deux grammes de graines sélectionnées, obtenues en cellules, dont
( I28l )
les mâles et les femelles avaient été soumis à un examen microscopique
très minutieux, ont été mises à l'incubation et les vers en provenant ont
été nourris de feuilles de mûrier, arrosées avec des infusions dans l'eau,
laites à froid et obtenues après cinq jours de macération, au moyen des
lichens recueillis sur le tronc des mûriers.
» Au premier âge, nous avons constaté une certaine mortalité relative-
ment faible et nous avons évalué à 3ooo environ le nombre des corpus-
cules de la pébrine dans les cadavres de chaque ver.
» Le même traitement a été continué, et, au deuxième âge, la morta-
lité a été plus sensible. Le comptage microscopique a indiqué 298000 cor-
puscules dans un cadavre.
» Au troisième âge, mortalité plus considérable encore et comptage de
268 millions de corpuscules.
» Au quatrième âge, n<)4 millions de corpuscules.
» Au cinquième âge, plus grande mortalité encore et plus de 4 milliards
de corpuscules dans un ver, prêt à filer, qui est mort de la pébrine.
» Les survivants filent leurs cocons, dont \ de chiques ( ' ) cl ' de qualité
ordinaire d'un poids de <>k",('jo. Les papillons qui en naissent sont tous
corpusculeux, sans aucune exception.
» L'année suivante, nous avons dirigé nos études sur les feuilles du
mûrier.
» Dix feuilles cueillies le 20 avril ont été soumises à une macération de
dix jours dans25gr d'eau à la température ordinaire. De très fines boursou-
flures ont apparu sur le parenchyme, et elles ont fait voir au microscope
une quantité prodigieuse de corpuscules.
» En outre, elles avaient l'aspect d'écaillés épithéliales de formes variées,
irrégulières, se détachant facilement du parenchyme et présentant l'aspect
de thèques légèrement concaves, composées de cellules allongées, enche-
vêtrées ou reliées entre elles par une membrane centrale supportant de
nombreux corpuscules.
» Ces theques peuvent avoir 2 ou 3 centièmes de millimètre, et l'on y
compte 6, 8, 12 corpuscules arrivés à maturité, plus 20 ou 3o plus petits,
en voie d'accroissement, et enfin une infinité de granulations mucilagi-
neuses ressemblant à des ircrmcs ovariens en voie de formation.
» Les thèques sont supportées par un appareil radiculaire, filamenteux,
(') Cocons flasques, informes, avec chrysalide malade ou morte (Littré).
( !2cSo )
tout spécial, mycélium composé de cellules allongées, juxtaposées bout à
bout, remplies d'un liquide incolore et sans granulations intérieures.
» Leur longueur varie de 6 à 8 centièmes de millimètre et leurs rami-
fications présentent des cellules terminales, ovalaires, presque sphériques,
à diamètre variant de f à - de centième de millimètre, et dans l'intérieur
desquelles on distingue des granulations mucilagineuses, comparables par
leur faciès et leur modus à celles trouvées sur les thèques du parasite.
» Ces petites cellules sphériques et actives du mycélium s'amoncellent
en certains points, se soudent en un réseau serré, emetlenl de nouvelles
cellules et donnent naissance aux thallus du lichen, tandis que, peu à peu,
le mycélium qui les porte se résorbe, devient flasque et meurt desséché.
» La propagation de ces thèques corpusculifères sur les feuilles du mû-
rier provient de l'ensemencement et de la germination des anthérozoïdes
du lichen qu'on trouve sur le tronc des arbres.
» Leur analogie constatée au microscope et par l'expérience faite sur
une éducation de vers à soie ne laisse plus de doute à ce sujet.
» Des comptages effectués au moyen de liqueurs titrées provenant de
la macération de feuilles cueillies à diverses époques du printemps donnent
les résultats suivants :
» i° Feuilles de 3 jours. — 9 milliards de granulations embryonnaires et
pas de corpuscules adultes, sur iogr de feuilles. A cet âge, les vers à soie
provenant d'une once de graine en ont consommé i4'"s-
» 20 Feuilles de G Jours. — 100 millions de corpuscules adultes et 3o
milliards environ de granulations embryonnaires sur iogr de feuilles. A
cet âge les vers à soie en ont consommé i3qkB.
« 3° Feudles de 10 Jours. — G milliards de corpuscules adultes et une
quantité infinie et indéterminable de granulations embryonnaires sur iogr
de feuilles. A cet âge les vers à soie en ont consommé 52ykf!.
» Il résulte de là que les vers à soie provenant d'une once de graines
(25gr) ont absorbé avec leur nourriture plus d'un quatrillion de corpuscules
adultes.
» Les lichens qui croissent sur les feuilles et dont on reconnaît facile-
ment la présence sous forme de taches de rouille visibles dès le mois d'août,
n'ont aucune influence sur les mûriers, puisque chaque année ces feuilles
tombent à l'automne. Au contraire, les lichens qui se développent sur les
branches et sur le rhytidome du tronc ont une influence énorme sur la
feuille qui apparaît au printemps. Pour en débarrasser les arbres l'appli-
( 1283 )
cation d'enduits au lait de chaux ou de coaltar ne paraît pas appelée à
produire de bien sérieux résultats.
» Il serait beaucoup plus avantageux de soumettre les mûriers au régime
du taillis simple exploité rez terre, à une révolution de 2 à 3 ans au plus.
» Cette méthode assurerait l'épanouissement des feuilles sur des rejets
vigoureux, à feuillage abondant ne produisant pas de fruits et à écorce
lisse, sur laquelle aucun lichen n'aurait le temps de s'implanter. »
ÉCONOMIE RURALE. — Sur l' emploi du sulfure de carbone contre les parasites
aériens. Note de M. H. Quantix.
« Le sulfure de carbone n'a guère été employé jusqu'ici qu'à combattre
les ennemis souterrains des végétaux cultivés : aussi crovons-nous devoir
soumettre à l'Académie un procédé permettant de l'employer contre les
parasites aériens.
» Le sulfure de carbone, préalablement dissous dans son propre volume
d'une huile végétale de la plus basse qualité, s'émulsionne instantanément
par l'agitation dans une eau non calcaire ( ' ) légèrement alcalinisée par du
carbonate de soude.. On obtient ainsi un lait qui se pulvérise avec la plus
grande facilité et dont les propriétés toxiques sont en rapport avec la dose
de sulfure de carbone qu'il renferme, et qui peut aller à Go6'' ou 8oR1' par
litre. — ^ à — 3— de carbonate de soude suffisent pour produire Pémulsion.
Après quelque temps de repos, celle-ci dépose une partie de son sulfure
de carbone qu'une nouvelle agitation remet en suspension; il vaut mieux
néanmoins préparer le mélange au moment d'en faire usage.
» L'huile joue un double rôle : elle permet l'émulsiou du sulfure de car-
bone et empêche son évaporation trop rapide.
» Ce procédé est d'ailleurs d'une application assez générale; il est appli-
cable aux substances insecticides solubles dans les huiles végétales, les
huiles lourdes, le sulfure de carbone.
» C'est ainsi qu'avec 6ogrde sulfure de carbone préalablement saturé de
soufre, on peut obtenir une émulsion renfermant environ 2oBr de soufre
au maximum de division et d'activité chimique; on peut doubler la dose
de soufre en remplaçant le sulfure de carbone comme dissolvant par les
(') Si l'on ne dispose que d'eau calcaire, on se débarrasse préalablement du calcaire
par l'action successive de la chaux et du carbonate de soude.
( I2»4 )
huiles lourdes de houille qui distillent au-dessus de 2000, et préalablement
saturées de soufre à la température de 1 io° à 1200.
» L'emploi du sulfure de carbone peut être combiné avec les traite-
ments anticryptogamiqu.es : ainsi, dans le procédé Masson à l'hydrocarbo-
nate de cuivre, il suffit de forcer légèrement la dose de carbonate de soude
pour obtenir une émulsion de sulfure de carbone et d'huile dans la bouillie
cuivrique. Si l'on sature préalablement ce sulfure de carbone de soufre,
on obtient un mélange agissant à la fois contre le mildew, l'oïdium et les
insectes parasites.
» Un des plus habiles viticulteurs de l'Orléanais, M. Pin-Heulin, a bien
voulu nous prêter son concours pour essayer contre la Cochylis le pou-
voir insecticide de l'émulsion de sulfure de carbone : les résultats de ces
essais ont été très satisfaisants; des animaux de taille relativement consi-
dérable, des grenouilles notamment, ont été comme foudroyés par une
émulsion à 5ogr par litre; mais il est probable que des doses beaucoup
moins fortes suffiront amplement. C'est aux praticiens qu'il appartient de
fixer la limite inférieure d'efficacité de la dose de sulfure de carbone à em-
ployer. »
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
La Section de Chimie, par l'organe de son doyen M. Fremy, présente la
liste suivante de candidats à la place laissée vacante par le décès de
M. Cahours :
En première ligne, ex aequo, et par ordre alpha- \ M. Grimaux.
bétique /M. Moissan.
„ j -, ,- , , , ( M. Ditte.
hn deuxième ligne, ex aequo et par ordre alpha- \ .
, , . ° ^ r M. JUNGFI.EISC'.».
betique
1 \ M. Le Bel.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 5 heures trois quarts M. B.
( 1285 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 4 mai i 891 .
Comptes rendus des séances de la Commission permanente de V Association
géodésique internationale réunie à Fribourg du i5 au 21 septembre 1890;
rédigés par le Secrétaire perpétuel A. Hirsch, suivis des Rapports sur les tra-
vaux géodésiques accomplis dans les différents pays pendant la dernière année.
Verlag von Georg Reimer in Berlin, 1891; in-4°. (Deux exemplaires. )
Observations pluviométriques et thermométriques faites dans le département
de la Gironde de juin 1889 à mai 1890. Note de M. G. Rayet. Bordeaux,
G. Gounouilhou, 1890; br. in-8°.
Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux.
3e série, tome V, 2e Cahier. Paris, Gauthier- Villars ; Bordeaux, Feret, 1890;
1 vol. in-8°.
Arth. Paris. Comptabilité automatique. Michel Salzard, à Greux-Dom-
remy (Vosges); br. in-8°.
La baie du Mont Saint-Michel et ses approches ; par le vicomte de Potiche.
Paris, J. Lechevalier et A. Picard, 1891 ; gr. in-8°.
Mémoires de V Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ;
8e série, tome XXXVIH, n" 3. Inductions, Inclinatorium neuer Construction
und Hestimmung der absoluten Inclination mit demselben in Pawlowsk; von
H. Wilu. Saint-Pétersbourg, M. Eggers et C° et J. Glasonnof, 1891 ; in-4u.
Untersuchungen ùberdas System der Cometen 1 843, I, 1880, \und 1882,11.
— II. Theil : Der grosse Septembercomet 1882, II (Fortsetzung) ; von Dr
HeinrichtKreutz. Riel, Druck von C. Schaidt, 1891; br. in-4°.
Veroffentlichung des Jcônigl. preussischen geodâtischen Ihstitutes. Das Ber-
liner Basisnetz 1885-1887. Berlin, P. Stankiewicz Buchdruckerei, 1891;
in-4°.
U. S. Département 0/ Agriculture. — Fifth Report o/the United States ento-
mological Commission, being a revised and enlarged édition of Bulletin n° 7
on insects injurions to forest and shade trees; by Alpheus S. Packard. Was-
hington, Government printing ; office, 1890; 1 vol. gr. in-8°.
Washington observations, 1886. — Appcndix I : Magnelic observations al
the United States naval Observatory 1888 and 1889; by Ensign J.-A. Hooge-
yverff. Washington, Government printing office, 1890; in-4°.
C R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N« 22.) 167
( 1286 )
Geological Survey of Pennsylvania, Report P. l\, 1889. — .4 Dictionary of
the fossils of Pennsylvania and neighboring States named in the Reports and
Catalogues of the Survey. Vol. II and vol. III, n-z. {Compiled by J.-P.
Lesley.) Chamberlin, 1890; 1 vol. in-8°.
Transactions of the twenty second meeting of the Kansas Academy of
Science, 1889, with the Reports of the secretary; volume XII, Part I. Topeka,
Clifford and Baker, 1890; in-8°.
Der Zucker als Nahrungs-und Heilmittel; von Heîsri Hirschberg. Jena,
Hermann Costenoble, 1889; in-8°.
Raum und Stojf das Négative und Positive der Natur zur Grandlage einer
Ursachen-Wissenschaft dargestelt; von Fritz Watzlawik. Berlin, 1891,011.
Claesen et Cie; br. in-8°.
Ouvrages reçus dans la séance du ii mai 1891.
Comité international des poids et mesures. — Procès-verbaux des séances
de 1890. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1891 ; in-8°. (Deux exemplaires.)
Leçons de Physique générale ; par James Chapuis et Alphonse Berget.
Tome 1 (Instruments de mesure. — Chaleur. — Capillarité). Tome II (Élec-
tricité et Magnétisme). Paris, Gauthier-Villars et fils, 1891 ; 2 vol. gr. in-8u.
^Présenté par M. Lippmann.)
Association française pour l' avancement des Sciences. — Compte rendu de
la 19e session. Limoges, 1890. Seconde Partie : Notes et Mémoires. Paris, G.
Masson, 1891; 1 vol. gr. in-8°. (Présenté par M. Dehérain.)
Études sur les mammifères fossdes de Sansan; par M. H. Filiiol (Ann. Se.
géol., XXI, 20. -- Art. n" l); in-8°. (Présenté par M. A. Milne-Edwards. )
Annales de l'École nationale d'Agriculture de Montpellier. Tome V, 5e an-
née, 1889. Montpellier, Camille Coulet, 1890; gr. in-8°. (Présenté par
M. Dehérain.)
Recherches sur la culture de la pomme de terre industrielle et fourragère; par
M. Aimé Girard. 2e édition, revue et augmentée. Paris, Gauthier-Villars
et fils, 1891 ; gr. in-8°. (Présenté par M. Schlœsing.)
Recherches expérimentales sur le P/ulothion, principe immédiat répandu
dans les deux règnes vivants. Son rôle physiologique probable dans l'absorption
de l'oxygène par la cellule vivante ; par J . de Rey Pailhade. Paris, G. Masson,
Toulouse, Me Gimet-Pisseau, 1891; br. in-8°. (Deux exemplaires.)
Reconstitution des vignobles avec les cépages américains ; enquêtes faites en
1 890 et 1 89 1 parla Section de viticulture de la Société des Agriculteurs de France.
( 1287 ) ^
- Porte- greffes. — Producteurs directs. — Affinités des vignes françaises sur
porte-greffes (étude spéciale pour chaque région); par le vicomte de Saint-
Pol. Paris, au siège de la Société, i 891 ; br. gr. in-8°.
Traité de Médecine légale militaire ; parle Dr Em. Duponchel. Paris, Oc-
tave Doin, 1890; 1 vol. in-18. (Présenté par M. le baron Larrey. — En-
voyé au concours du prix Chaussier. )
Traité descriptif des maladies de la peau, symptomatologie et anatomie patho-
logique; par MM. Henri Leloir et Emile Vidal (3me livraison). Paris, G.
Masson, 1891 : br. gr. in-8°. (Présenté par M. Charcot.)
Dispensaire Furtado-Heine. — Statistique médicale; 1890. Paris, Chaix,
1891 ; br. in-V- (Présenté par M. le baron Larrey.)
Morfologia del corpo umano; studi del dott. Achille de Giovanni.
Milano, Ulrico Hœpli, 1890; 1 vol. gr. in-8°. (Présenté par M. Charcot.)
La Flora de Costa Rica; por el D1 H. Polakowski. Traducido del aleman
por Manuel Carazo Peralta y anotado por H. Pitter. San José de Costa
Rica, Tip. nacional, 1891 ; br. in-8°.
Materialien zur Minéralogie Russlands; von Nikolai V. K.okscharov.
Saint-Petersburg, 1891 ; br.in-8".
The astronomical Observatory of Harvard Collège, Edward C. Pickering,
Director. — Variable stars of long period. Cambridge, John Wilson and
son, 1891 ; br. in-4".
OlVRAGES REÇUS DANS LA SÉANCE DU 19 MAI 1 89 1 .
Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles; publiées par la
Société hollandaise des Sciences à Harlem, et rédigées par J. Bosscha.
Tome XXV, i'° livraison. Harlem, les héritiers Loosjes, 1891; br. in-8°.
Annuaire géologique universel. - - Revue de Géologie et de Paléontologie,
dirigée par le D1' L. Carez et H. Dolyille. Année 1889; tome VE Paris,
Comptoir géologique de Paris, 1890; gr. in-8°. (Présenté par M. Gau-
dry.)
Rullelin de la Société géologique de France. Troisième série, tome dix-
septième, feuilles 54-58 (du 18 au 25 août 1889). Réunion extraordinaire
à Paris et Table des matières. Paris, 1888 à 1889; br. in-8°.
Géologie et Paléontologie du bassin houiller du Gard; par M. C. Grand'Eury.
Saint-Etienne, Théolier et C'e, 1890; 1 vol in-/(° et un atlas. (Présenté par
M. Gaudry.)
Description de la faune jurassique du Portugal. — Embranchement des Echi-
( 1288 )
nodermes ; par P. de Loriol. Deuxième fascicule et dernier. Lisbonne, im-
primerie de l'Académie royale des Sciences, 1890; in-4°.
Mission scientifique du Cap Horn, 188 2-1 883. Tome VI. Zoologie. — Oi-
seaux; parE. Oustalet. Paris, Gauthier-Villars et fds, 1891; in-40. (Pré-
senté par M. Milne-Edwards.)
Traité d'Anatomie comparée pratique ; par Carl Vogt et Emile Yung.
18e livraison. Paris, C. Reinwald; br. in-8°. (Présenté par M. de Quatre-
fages.)
Bulletin de la Société d'Anthropologie de Lyon. Tome neuvième, 1890.
Lyon, H. Georg; Paris, G. Masson, 1891 ; br. in-8°.
Mémoires de la Société philomathique de Verdun (Meuse). Tome XII. Ver-
dun, Ch. Laurent, 1891; 1 vol. in-8°.
Mémoires et Bulletins de la Société de Médecine et de Chirurgie de Bordeaux.
ie' et2e fasc, 1890. Paris, G. Masson; Bordeaux, Feret et fils, 1890; 1 vol.
gr. in-8°.
Bulletin de la Société industrielle d'Amiens. Tome vingt-neuvième, n° 1.
Janvier 1891. Amiens, T. Jeunet, 1891 ; br. gr. in-4°.
ERRATA.
{ Séance du 1 3 avril 1891.)
Note de M. André Markoff, Sur une classe de nombres complexes :
Page 781 , ligne 9, au lieu de p — 3k-hi= a[3y . . . , lises p = Zk -+- 1 = afly, si A
est un résidu cubique de p.
Dans ce cas, a, p, y sont les facteurs communs de p et de xx — y/A, de p et de
xî — yA, <ie p et de x3 — y/A, xlt xs, xz étant des nombres entiers ordinaires non
congruents par rapport à p et satisfaisant au\ conditions que
x
A A w> ■* . À
P P P
sont les nombres entiers, tandis que
x\ — A x\ — A x\ — A
P' P* P'
ne sont pas entiers.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Augustins, n° 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils forment, à la fin de l'année, deux volumes m-[°. 1
Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est an
et part du ier janvier.
Le prix île l'abonnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 li'. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus.
On souscrit, dans les Départements,
chez Messieurs :
Agen Michel et Médan.
I Gavaull St-Lager.
Alger ' Jourilan.
I Kuir.
[.miens Hecquet-Decobert.
, i rermain el < trassin.
inge'S r Larhèsecl I) eau.
ba\ "mie.. Jérôme.
ÈS&ançon Jacquard.
Vvrard.
Wrdeaux. . . Duthufl".
' Muller (G.).
Bourges Henaud.
Lefooruîer-
F. Robert.
.1. Robert.
Lorient.
i hez Messieurs :
j Baumal
( II" Ti
Beaud.
i reorg.
Lyon < Mégrel .
Pi 1.
Marseille, . .
Montpi lli
1
1 \ itte cl l'. i ii isel:
Pessailban .
i Calas.
I Coulet.
Brest.
Moulin* Martial Plai
Sordoillct.
Nancy
Caeri
Chambér)
Cherbourg
< V Uzel Carod
( Baèr.
Ctermont-Fen
Dijon
Douai
Grenoble ....
( Massif.
l'errin.
Iliiii \ .
Marguerie.
Rousseau.
Ribou-Collay
Lamarche.
Ratel.
I lamidot.
\ Lanverjal
' Crcpîn.
\ Drevel.
I l Initier.
ta Rochelle Robin.
Le Havre J «ourdigno...
' I lombre.
. Ropi! ea m .
Mf* Lefebvre.
' Q narré.
.... Grosjean-Maupin.
Si, loi frères.
( Loiseau.
I M1" \ eloppé.
, Barma
" ' \ isconti el C .
Nîmes Thibaud.
Orléans Luzeraj
. . \ Blanchier.
foitiers , ,
' I Iruinaud.
Rennes Plihon el Hi
Rochefort Bouche liossi -
i Langlois. I gnol.
Rouen ,
' Lestnng
S'-Êtienne Che^ alier.
( Bastide.
/ Rumèbe.
Nantes
Nice.
Toulon . . .
Tout
Tours.
Valent
^ Gimet.
| Privât. "
Boisselier.
Pi rii al.
' Supplig
, Giard.
' Lemaitre.
Amsterdam .
Athènes. . .
Barcelone..
llerl m
Bûcha
chez Messieurs :
, Kobbi i -.
' Feikema < laarelsen
Bei k. .-i <:■ .
Verdaguer.
. Vsher el t ! '.
1 i alvarj el C
Friedlander et fils.
' Mayer et Muller.
/;,.,.,,,. \ Schmid, Franckc el
Bologne Zanichelli el I !
, Ramlot.
1 Mayoh i
( Lcbègue el < '.
\ II. uni,
' Kanistcanu.
Budapest Kilian.
Cambridge.
Christiania < laoi rineyer.
Constantinople. . Ollo el Keil.
( ,</ enhagui Hiisl el lils.
Florence Lœsi lier et S
Garni HoSte.
Gênes Bcuf.
i Iherbu liez.
i teorg.
Stapel In.
Belinfante frères.
I Rcnda.
' Payot.
Barth.
\ Brockbaus.
Leipzig Lurent/.
Max Rubi
'lu ici nir\ er.
j Desoer.
' Gnusé.
Londi es
Madrid .
;hez Messieurs
Dulau.
Null.
V. Bûck.
Librairie Gu
berg.
Gonzalès e hijo
Yravedra
i.r.i, ve. .
La Haye.
Lausanne.
Liège.
F. Fé.
Milan
( Dumolard frèn
! Hœpli.
Moscou
Gautier.
Furcheim.
\ aples
. Marghieri di G
' Pellerano.
Chrîsterù.
Stechert.
VVestermaah.
Odessa
Kull^vr.lll.
Oxford
Parker et C1 •■
l'ah rme
Clausen.
Porto ■
Magalhaès.
RivoaC.
Garnier.
Rome
( Bocca frères.
' Loescher i
Rotterdam
Krauiers et lils
Sains l \\ -,i
,sr Pélersbourg.
( Zi.nserling.
" / Wolff.
1 Bocca frères.
l Brero.
i Clausen.
[ Roscnberg el Se
Gebethner et \\
Drucker.
t Frick.
I Gerold et C".
Méyer et Zeller.
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
( 3 Août i833 a 3i Décembre i83o.) Volume in-j"; t853. Prix.
Tomes 1er à 31.
Tomes 32 à 61.
Tomes 62 à 91.
15 fr.
( 1" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-.j'; 1870. Prix 15 IV.
( Ier Janvier i8(><j à 3i Décembre 1880.) Volume in- f ; [889. Prix 15 fr.
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
loinel: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Derbi.scI A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturba lions que prou ven
Comètespar M. Hisses. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement daus la digestion des niati
grasses, jar M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches: i856 1.
Tome H : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-.I. Van Beneden. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en 1SÔ0 par l'Académie des Scie
oour le concours de iS53, et puis remise pour celui de [856, savoir : « Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains s
mentairei, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultauée. — Rechercher la na
» des rapports qui existent entre l'état actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bkonn. In-:j% avec 27 planches; 1861. .. 1
A la mêrre Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N° 22.
TABLE DES ARTICLES. (Séanôe du 1 " juin 1891.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Pages.
MM. Bekthelot et André. — Recherches ca-
lorimétriques sur l'acide humique, dérivé
du sucre i ' '■'
M. A. Crova. — Analyse de la lumière dif-
fusée par le ciel i ■ 'i ' >
M. Mascart présente son second Volume du
« Traité d'Optique
M. Daurrée fait hommage de deux Rapports
annuels, pour 1888 el 1889, qu'il a faits
comme Président du Bureau rentrai météo-
rologique de France
Pages.
' 'Al
MEMOIRES PRESENTES
M. Louis Ducos du H auhon soumet au juge-
ment de l'Académie un travail sur la pho-
tographie des couleurs 1 '\s
M. E. Granges adresse une Note ayant pour
litre : - Récipients permettant de déverser
au dehors les gaz plus lourds que l'air qui
s'y dégagent ou s'} accumulent » 124S
M. Serrin soumet au jugement de l'Aca-
démie, par l'entremise de AI. Janssen, un
nouveau systèmede balance de précision. 1248
MM. ViLi.ocn et MoLiXA adressent un Mé-
moire sur la reproduction des Anguilles. 1248
M. JOSEPH GeRAUD adresse une .Note sur
« Un. système d'aérostat dirigeable » ia4g
M. Lbmbert-Roguin adresse une Note sur la
direction des aérostats i'i<i
CORRESPONDANCE.
M. A. Pf.llet. — Sur les équations abé-
liennes
M. André Duboin. — Sur un nouveau
moyen d'apprécier le mouvement vertical
des aérostats
M. F. de Lalande. — Nouveaux modèles de
pile à oxyde de cuivre
M. Philippe-A. Guye. — Détermination du
poids moléculaire au point critique
i\IM. A. ,Ioi,y et E. Leidie. — Recherche el
séparation des métaux de platine et en
particulier du palladium et du rhodium
en présence des métaux communs
M. W. Timofeiew. — Sur les chaleurs spé-
cifiques de quelques solutions
M. C. MATIGNON. — Sur les produits d'oxy-
dation de l'acide urique
M. A.-.I. Ferreiha da Sii.va. — Sur l'em-
1 149
I2DI
1253
1 2Ô-
, !5g
1261
1 263
ploi du sélénite d'ammoniaque pour ca-
ractériser les alcaloïdes
M. II. Fischer. — Sur le développement du
foie chez les Nudibranches
M. Alfred Giard. — Ulsaria, parasite de
la larve du hanneton
M. .1. Vesqie. — Les genres de la tribu des
Clusiëes et en particulier le genre 7'm-o-
mita
-M. E. Pee-Lahy. — Sur quelques éléments
de soutien de la feuille des Dicotylédones.
.M. L. Cayeex. — Diffusion des trois formés
distinctes de l'oxyde de titane dans le
1 rétacé du nord de la France
M. G. Hai.laeek. — Les lichens du mûrier
et leur influence sur la sériciculture
M. 11. Quantin. — Sur l'emploi du sulfure
de Carbone contre les parasites aériens...
1260
.otiS
, ;.:„
1273
127I1
'-T'i
;..Sn
t .s;;
COMITE SECRET.
La Section de Chimie présente la liste sui-
vante de candidats à la place laissée va-
cante par le décès de M. Cahours :
Bulletin bibliographique
Err ita
1 mm. Grimaux, Moissan;
Jungfleiscli, Le lui
MM. lliltr.
1 28 i
?.88
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLXRS ET FILS.
Quai des Grands-Augustins, 55.
jpw.
1891
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES •
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAR MM. B,ES SECRETAIRES PEHPKTIELS.
TOME CXTI.
N°23 (8 Juin 1891)
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS UT FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
(Juai des Grands-Augustins, 55.
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des q.3 juin 1862 et 2^ mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
['Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentes par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
4N pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il v a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou par un Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications verbales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante.
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par
les correspondants de l'Académie comprennent au
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
plus de 32 pages'par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. L<
Membre qui fait la présentation est toujours nommé
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrai
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le fon
pour les articles ordinaires de la correspondance olfi
j cielle de l'Académie.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis;
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, l
jeudi cà 1 o heures du matin ; faute d'être remis à temps
le titre seul du Mémoire est inséré dans leCompte rené
actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui
\ vant, et mis à la fin du cahier.
Article 4. — Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports e
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fai
un Rapport sur la situation des Comptes rendus aprè
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pre
sent Règlement.
Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter
déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séanci
leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de lf
, avant 5h. Autrement la présentation sera remise à la séance suivant
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 8 JUIN 1891
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les courants de déversement qui donnent naissance
aiix cyclones ; par M. H. Faye.
« Dans ces derniers lemps, un météorologiste éminent, M. le D1' Hann,
a soutenu que les cycloies et les anticyclones ne sont pas dus à certaines
conditions locales de température et de pression, mais qu'on devait en
chercher l'origine dans les mouvements généraux de l'atmosphère dus à
l'opposition du froid des pôles et de la chaleur équatoriale.
» M. Ferrel, un non mains éminent météorologiste américain, a répondu
dans le journal anglais Ncture, du 19 mars, par un article très élaboré où il a
critiqué à son tour les vuîs du Dr Hann. Comme j'ignore quelles sont au
juste les opinions du savint autrichien, je n'interviendrai dans ce débat
que sur un seul point. Moi aussi, je crois que les cyclones, mais non les
anticyclones, sont un phénomène dynamique où les circonstances locales
C. R., îSyi, 1" Semestre (T. CXI1, N° 23.) '68
( I29° )
de température n'ont rien à voir, et j'ai quelqne intérêt à montrer que, mal-
gré les assertions contraires de M. Ferrel, ils dépendent des mouvements
généraux de l'atmosphère. C'est à ce titre seulement que je me permets
de soutenir une opinion très ancienne déjà, car je l'ai publiée il y a dix-
sept ans dans Y Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1875.
« J'ai d'abord été assez frappé d'une sorte de confusion qui règne dans
les idées des météorologistes. Ils ne s'entendent pas sur les mots les plus
importants. L'anticyclone étudié par M. Hann n'est, pour M. Ferrel,
qu'une aire de haute pression, mais non un anticyclone. Le cyclone de
M. Hann ne serait qu'une vaste aire de basse pression, mais non une tem-
pête, c'est-à-dire un cyclone. Enfin les mouvements généraux de l'atmo-
sphère, auxquels M. Hann rattache désormais ces de[ix ordres de phéno-
mènes, seraient aussi peu capables, d'après M. FerreJ, de les engendrer,
que l'attraction du Soleil qui détermine la figure elliptique de l'orbite d'une
planète le serait d'v produire des perturbations.
» Car, dit à peu près M. Ferrel, le mouvement des couches élevées de l'atmosphère
est dirigé à l'est, et c'est à peine si les cirrus de ces régionj (quand ils ne sont pas
troublés par quelque chose d'insolite) manifestent une imperceptible tendance vers le
pôle. Leur vitesse horizontale se réduit à deux, ou trois miles par heure, et celle de
leur chute à quelques pouces par minute. Comment ces faibles mouvements engendre-
raient-ils les cyclones qui passent des grands lacs à l'Atlantique et souvent jusque sur
l'Europe? Bien plus, si l'on considère les basses latitudes, pn y voit les cyclones dé-
buter à quelques degrés de l'équateur, là où il n'y a mêmJ pas de gradients vers le
pôle. Ces cyclones marchent à l'ouest; ils arrivent aux îles sous le Vent, puis à Cuba,
détruisant tout sur leur passage, atteignent la Floride, longent les côtes orientales des
Etats-Unis et finissent par couvrir de leurs girations redoutables une bonne partie de
l'Atlantique nord. Tout cela serait-il dû aux légers mourements qui constituent la
circulation générale de l'atmosphère sans qu'on puisse 7 soupçonner la source de
l'énergie effrayante qui se développe sur ce long parcours j1 ) ?
» Mais on ne peut croire que M. Hann, en attribuant d'une manière
générale ces cyclones, c'est-à-dire les tempêtes, alla circulation ordinaire
de l'atmosphère et à la différence des températures entre l'équateur et les
pôles, ait voulu dire que la circulation ordinaire aiffit; car alors il s'en for-
merait partout et continuellement. Il y faut quelaue chose de plus, qui ne
se produise ni partout, ni à chaque instant. Or c'est un fait constant,
observé surtout sous les basses latitudes, que tout cyclone est précédé par
l'apparition de nombreux cirrus plusieurs jours à l'avance. Tant que les
(') Ferrel, dans Nature du 19 mars 1891, p. 47°-
( I29' )
cirrus ne viennent pas il n'y a pas <le cyclones. Il faut donc croire que ces
cirrus jouent un rôle décisif; ils modifient par leur affluence l'allure ordi-
naire des courants des hautes régions; ils en accélèrent tout au moins la
chute verticale en alourdissant l'air qui les charrie par l'appel et la conden-
sation de l'humidité inférieure autour de leurs facettes.
» Tout le monde sait que l'air surchauffé qui s'élève dans les régions
équatoriales se déverse ensuite vers les pôles. A cause de l'inégale réparti-
tion des continents et des mers, ce n'est pas en nappes continues que
s'opère ce double déversement, mais en formant ça et là de vastes cou-
rants, des fleuves aériens comme ceux de l'Océan. Si la Terre était immo-
bile, chaque courant marcherait vers le pôle par la ligne la plus courte;
mais la rotation de notre globe leur imprime une courbure, d'abord très
faible, ensuite plus caractérisée vers l'est.
» Une considération particulière vient compliquer ce mouvement. Les
masses d'air et de cirrus que la chaleur solaire fait monter dans les
couches supérieures, bien au-dessus de leur niveau ordinaire, y arrivent
avec une vitesse moindre. Elles doivent donc rester un peu en arrière sur
la rotation des parai èles qu'elles traversent près de l'équateur, et leur
mouvement sera pour nous dirigé vers l'ouest. Ce sont ces deux mouve-
ments, l'un versl'oue>t, l'autre résultant de la combinaison précédente, qui
déterminent la trajectoire de ces courants.
» Le fleuve aérien, parti de l'équateur, marche donc d'abord à l'ouest
avec une faible tendaice vers le pôle.
» Lorsque le mouvement vers l'ouest, qui est à peu près constant, aura
été annihilé parla tendance contraire qui va en croissant continuellement,
le fleuve aérien marclnra un moment vers le pôle.
» Enfin, au delà, le mouvement vers l'est resté seul donnera à la tra-
jectoire une courbure Je plus en plus prononcée entre le pôle et l'est.
» De là cette forme grossièrement parabolique qu'affectent les grands
courants de deverseme.it sur l'un et l'autre hémisphère, et les différences
considérables de vitesse que ces mêmes courants présenteront d'un bord
à l'autre, sur tout leur parcours, précisément à cause de leur courbure.
Par conséquent des tourbillons à axe vertical pourront s'y former dans le
sens de la rotation du ghbe, sans qu'il soit nécessaire de recourir à l'an-
cienne hypothèse de vens se rencontrant sous un certain angle. Dans ces
tourbillons, tout semblalles à ceux qui se forment dans les cours d'eau,
les spires, d'abord très lages, iront en se rétrécissant par en bas, et leurs
girations progressivement accélérées, en vertu d'une loi bien connue de
( i292 )
Mécanique, amènent au contact du sol et y concentrent, sous une aire bien
pins étroite que celle de leur embouchure, les énergies continuellement
renouvelées du fleuve aérien, jusqu'à ce que son élargissement croissant
aboutisse à la décomposition du cyclone.
» Ainsi les trajectoires que ces tourbillons dessinent sur le globe par
leurs ravages ne sont autres que la projection des courants générateurs,
c'est-à-dire une sorte de parabole tangente à l'équateur, ayant son sommet
à l'ouest, et tournant à l'est sa concavité de plus en plus prononcée vers
le sommet. Mais, pour que ces phénomènes se produisent sur une grande
échelle, il faut que des masses de cirrus interviennent pn se détachant des
régions équatoriales. Quant à l'énergie de ces tourbillons, elle est em-
pruntée à la rotation du globe; quant à leur vitesse de translation, elle va
sans cesse en augmentant, jusqu'à une certaine limite assez difficile à assi-
gner.
» Si, maintenant, nous considérons les tourbillons eux-mêmes, nous
voyons que l'air envoyé en bas sera en petite quantité, mais animé d'une
vitesse de rotation énorme. La résistance de la mer pu du sol annihilera
immédiatement cette vitesse, et la masse d'air, dès lors inerte, qui s'inter-
calera dans les spires, n'aura d'autre effet que de faire souffler la tempête
par rafales, variant sans cesse de force et même quelque peu de direction.
La force centrifuge fera naître au milieu de ces spiies un vide incessam-
ment rempli par l'air venant d'en haut, dégagé de (jirrus, qui produira le
phénomène du calme, et qui maintiendra l'éclairce par laquelle le ciel
bleu sera perçu. Là l'air descendant, précisément parce qu'il sera privé
de cirrus, aura une température plus élevée et une sécheresse extrême.
» L'interposition des girations déterminera une liminution de pression
vers le centre de la tempête. Mais il faut distinguer soigneusement entre
les isobares extérieurs et les isobares intérieurs à fjartir desquels la tem-
pête se fait sentir. La règle de Piddington ne s'applique qu'à ces derniers.
Pour les autres, des brises irrégulières soufflent, 01 même règne un calme
complet. Cette distinction n'a pas lieu pour les lires de basse pression,
qu'on confond trop souvent avec les tempêtes, qu/nd on ne considère que
les isobares.
» Un des phénomènes les plus frappants des vJais cyclones, ce sont les
averses incessantes qui les accompagnent. Elleslsont dues aux cirrus qui
sont entraînés dans les couches plus basses de l'Jtmosphère. Ces couches
sont elles-mêmes chargées d'humidité dont les ctfrus déterminent la con-
densation. Ces cirrus se renouvellent sans ceee; de même l'humidité
( '293 )
inférieure se renouvelle par le fait de la translation rapide du tourbillon;
mais cette condensation incessante ne joue presque aucun rôle dans le
mécanisme de l'appareil auquel est due la tempête.
» C'est ainsi qu'on peut se rendre compte des deux sortes de cyclones
de l'Amérique du Nord dont parle M. Fêrrel. Les uns viennent probable-
ment du Pacifique, passent par-dessus les grands lacs et poussent leur
immense trajectoire jusque dans les contrées septentrionales de l'Europe.
Les autres viennent de l'Atlantique et débutent non loin de l'équateur,
atteignent les Antilles et longent les côtes orientales des États-Unis.
Aucun autre pays n'est aussi favorisé pour l'apparition de ces cyclones et
de leurs terribles épipbénomènes, qui font des Etats-Unis la contrée la
mieux arrosée du globe et, par malheur, la plus ravagée par les tornados.
L'Afrique, au contraire, qui coupe l'équateur sur un long trajet, ne donne
pas au bourrelet équatorial des cirrus aussi abondants, et comme, au nord,
ses vastes territoires ne sont pas surmontés d'une atmosphère aussi humide,
les cyclones qui y naissent ne peuvent s'y développer aussi complètement
et ne donnent guère naissance qu'à des tourbillons d'une température et
d'une sécheresse excessives. Ainsi s'explique, en partie du moins, la
variété qu'on observe dans les régions cvcloniques des divers pays.
» A mon avis, pour avoir une idée nette de ces grands phénomènes, il
faut arriver à en tracer l'épure géométrique. J'ai donné, dans les Comptes
rendus du 9 juin 1890, e plan et la coupe verticale d'un cyclone pareil à
ceux que M. de Bezold et M. Sprung qualifient de cyclones à forme circu-
laire et à angle de déviation de 900, et j'ai essayé, dans Y American meteo-
rologiealJournat 'd' octob-e et de novembre 1890, de représenter un cyclone
complet avec les tourbil ons accessoires qui en dérivent en haut, sur le côté
droit, pour donner naiss;nce aux orages, grêles et averses, et plus bas aux
trombes et aux tornados, marchant tous, malgré leur énorme distance du
centre de la tempête, parallèlement à la trajectoire du centre. Si jamais
l'Analyse mathématique ient à s'appliquera ces phénomènes grandioses,
ce sera à la condition de délimiter ainsi le problème et d'être bien édifié sur
la nature de ces figures géométriques et des mouvements qui s'y opèrent.
» Dans la théorie contraire où les cyclones sont dus à un échauffement
local des couches inférieires, favorisé par un certain degré d'instabilité
des couches supérieures, h mouvement de l'air est ascendant et accompa-
gné de girations insignifiantes. Il est notoirement impossible, dans cet
ordre d'idées, de rendre ccmpte des grands mouvements que nous venons
de décrire. Mais, comme ce phénomène est accompagné aussi d'une dé-
( i294 )
pression barométrique et d'isobares qui ont assez souvent Ja disposition
d'une tempête, on confond ces deux effets sous le même nom de cyclone.
De là des cyclones fixes, lorsque ce phénomène ne se déplace pas, des cy-
clones polaires, des cyclones d'été, des cyclones d'hiver, etc., etc. Dans
ces prétendus cyclones les vents sont dirigés obliquement et non parallèle-
ment aux isobares, et quand on les confond avec les tempêtes, on arrive
à cette idée que partout les isobares sont obliques au vent; on cherche à
déterminer cet angle par des moyennes en tenant compte de la résistance
du sol, etc.
» Il a fallu que des météorologistes mieux instruits et plus décidés à
tenir compte des faits, comme M. de Bezold, aient distingué dans ces der-
niers temps entre les cyclones où cet angle est de o,o°j c'est-à-dire les vraies
tempêtes, et les autres où cet angle varie entre des limites très étendues.
Ceux-là finiront par reconnaître que les premiers seuls suivent des lois
fixes dans leurs vastes mouvements de translation, ecqu'ils diffèrent essen-
tiellement des prétendus cyclones que d'autres veilent encore leur assi-
miler. »
ZOOLOGIE. — Note sur la présence du Kophobepnnon dans les eaux
de Banyuls; par M. H. de Lacaze-Dutuiers.
« Lorsque, le 20 avril dernier, je faisais connaî Ire à l'Académie les ré-
sultats de l'excursion que j'avais faite au laboratoire Arago, pendant les
vacances de Pâques, avec les élèves des Hautes Etudes, j'avais cité les
noms de quelques-uns des animaux rares pêches [*r les élèves eux-mêmes.
Depuis lors, j'ai dû revenir à Banyuls pour hâter et surveiller la construc-
tion du vivier d'expériences qu'on y construit à/côté du laboratoire, et,
pendant ce nouveau voyage, j'ai pu constater, une fois déplus, combien
les fonds qui nous entourent présentent une faine intéressante et riche.
La drague a, en effet, rapporté un Alcyonaire fort rare, qui a bien été
signalé une fois, dans la Méditerranée, par M.M/les professeurs Leuckart
et A. von Kolliker, mais qui n'avait pas été péché, je le crois du moins,
sur nos côtes de Toulon à Cerbère. C'est le KoSiobelernnon.
» On sait que, dans les Alcyonaires, un grooe remarquable de genres
offre une disposition particulière. Chez eux, lajortion inférieure du corps,
formé par l'ensemble des animaux réunis mur constituer ce que j'ai
nommé un zoanlhodème, ne se fixe jamais e est dépourvue de zoïtes.
( ,295 )
Cette partie, très vasculaire, peut devenir turgide et, à la suite de con-
tractions et de dilatations, s'enfoncer dans le sable ou la vase du fond de
la mer. Elle sert ainsi à tenir rigide et dressée cette population d'animaux-
fleurs (' ).
» Les Pennatules, les Virgulaires, les Ombellulaires, les Vérétilles, pour
ne citer que les plus connus, présentent cette particularité ; aussi, dans le
laboratoire Àrago, voit-on des Pennatules et des Vérétilles, plantées dans
le sable du fond des bacs, se dresser admirablement épanouies.
» C'est par le mode de distribution des animaux ou zoïtes sur le zoan-
thodème cpje l'on distingue les genres. La grandeur, la forme générale,
fournissent aussi des caractères.
» C'est à ce groupe des Alcyonaires libres qu'appartient l'animal qu'on
voit vivant aujourd'hui au laboratoire Arago. Asbjornsen créa pour lui le
genre Kophobelemnon .
» Il ressemble que. que peu à une massue ayant de om, 10 à om,20 de
long, dont la partie renflée supérieure porte seule des polypes qui, distri-
bués à peu près sans ( rdre, sont cependant séparés sur l'un des côtés par
une zone dépourvue (h zoïtes.
» Les polypes du K< phobelemnon sont de grande taille si on les compare
à ceux des autres genres : Gorgone, Corail, Alcyons, Pennatules, Virgu-
laires, etc. Ils sont moins allongés que ceux de la Vérétille et moins grands
surtout que ceux de l'Ombellulaire.
» Il ne peut être question, en ce moment, d'énumérer tous les carac-
tères spécifiques présentés par le Kophobelemnon de Banyuls. La taille, la
forme générale, la couleur brunâtre, la zone sans polypes et la physiono-
mie générale du zoanthedème ne permettent pas le moindre doute sur la
famille à laquelle appartint cet Alcyonaire.
« Toutefois, il faut remarquer cpie, relativement au genre même, M. le
professeur A. von Kôllik-r l'a subdivisé en deux, d'après des caractères
anatomiques : les Kophoblemnon proprement dit et les Sclerobclcrnnon.
» L'exemplaire unique, vivant depuis un mois dans l'aquarium de
Banyuls et dont je mets sous les yeux de l'Académie des photographies
faites sur le vivant par M.Prouho, préparateur du laboratoire Arago, n'a
pas été exactement déteminé, on en comprend la raison. On le ferait
périr en cherchant les canctères anatomiques. Il est soumis à l'observa-
i1) Le mot zoanthodème siuiifie : population d'animaux-fleurs; il est formé des
mots grecs Çffiov, animal; av9oç, fleur ; S^jaoç, peuple.
( I296 )
tion et, dès qu'il paraîtra devoir mourir, on le conservera dans l'alcool ;
alors on pourra rechercher les caractères indiqués par le professeur A.
von Kolliker. Désirant conserver cet échantillon unique vivant le plus
longtemps possible, je me suis abstenu de faire les recherches nécessaires
à la détermination.
» Il a été péché par 60 mètres de fond, à l'est-nord-est du cap Béarn,
dans une contrée riche en Hydraires et Alcyonaires, où l'on trouve des
Virgulaires, des Pennatules, des Vérétilles; c'est là aussi qu'on trouve des
Plumulaires et autres Hydraires, sur lesquels vivent les Neomenia de plu-
sieurs genres et espèces.
» Dans les produits des dragages de la mer du Nord, M. Danielssen a
trouvé deux espèces de ce genre, qu'il a nommées : l'une Kophobelemnon
abyssorum, l'autre K. Môbii.
» Dans son Ouvrage sur les Pennatulides du Challenger, M. le profes-
seur A. von Kolliker énumère les espèces suivantes j Kophobelemnon stelli-
fentm, K. Leuckartii, K. Burgeri, Sclerobelemnon Schiiellzii.
» Le K. stelliferum est de la mer du Nord. Le K.ÏBurgeri est du Japon.
Le K. Leuckartii a été trouvé et péché à Nice. Enfin, le Sclerobelemnon
Schmeltzii a été trouvé à Formose.
» A laquelle de ces espèces faut-il rapporter je Kophobelemnon du
cap Béarn?
» On comprend combien il est difficile d'établirjues comparaisons entre
des animaux aussi rares et n'étant quelquefois représentés que par un seul
échantillon, surtout en respectant, comme je l'ai feit, l'individu vivant.
» Dans les nombreux produits des dragages que j'ai pu recueillir en
Corse, en Afrique, aux îles Baléares, à Cette, je n'ai jamais rencontré le
Kophobelemnon. A Banyuls même, ce n'est qu'après huit années que mon
patron J. Bonafos, qui recherche avec beaucoup d'attention les choses
nouvelles, a pu trouver l'individu unique vivais aujourd'hui; cet Alcyo-
naire est donc rare. Bien des dragages ont été faits dans la Méditerranée,
qui ne l'ont pas signalé.
» Jusqu'à plus ample information, on peut supposer, faisant toute réserve,
que le Kophobelemnon actuellement au laboratoire Arago est celui que
M. Leuckart a trouvé à Nice, et dont M. Kôllker a fait l'espèce Leuc-
kartii.
» Maintenant que l'attention est appelée s r son existence dans nos
eaux, on le rencontrera peut-être plus fréquemment, on le recherchera
sûrement avec plus de soins. Il est curieux et ttrt intéressant de retrouver
( I2(J7 )
dans la Méditerranée une forme de Coralliaire qu'on a décrite dans les
mers de Norvège, de la Chine et du Japon.
« Ces raisons m'ont conduit à faire cette courte Communication à
l'Académie. Je tenais d'ailleurs aussi à montrer, par cet exemple nouveau,
que mes prévisions relatives à la richesse des côtes du Roussillon se réali-
sent tous les jours de plus en plus.
» Il faut aussi remarquer que le laboratoire est encore loin d'être outillé
pour les dragages aussi complètement que l'on pourrait le désirer. Ce n'est
qu'avec lenteur qu'il est possible d'explorer les fonds du golfe du Lion,
n'ayant qu'un bateau à voile et des engins un peu primitifs. D'après les
résultats déjà obtenus, tout doit faire espérer que, lorsque le laboratoire
Arago aura une embarcation à vapeur et des appareils de pêche mieux
organisés, il n'aura qu'à moissonner dans les fonds si riches et si près
de lui.
» Lorsque l'on a sous la main des Neomenia, des Epizoanlhus, des Paly-
thoœ, des Amphelut, du Corail, des Kophubelemnon, des Brachiupodes, des
Diadèmes ou DorociJaris, et tant d'autres espèces devenues, pour ainsi dire,
vulgaires, depuis qu'elles sont acclimatées dans l'aquarium de Banyuls,
on peut affirmer qui la faune du Roussillon est d'une très grande richesse,
et qu'elle promet à ceux qui voudront l'étudier d'une façon suivie d'heu-
reuses découvertes. >
PALÉON'IOLOGlE. — Le Mastodonte du Chériclura.
Note de M. Albert Gaudkv.
« Depuis quelques innées, des travaux importants de Paléontologie ont
été faits en Tunisie. MM. Philippe Thomas et Le Mesle, membres de
la Mission scientifique de Tunisie, v ont trouvé de nombreux fossiles;
MM. Péron, Gauthier, Locard les ont décrits dans de beaux Mémoires.
Mais, jusqu'à présent, on n'a signalé que des Invertébrés.
» J'ai l'honneur d'ajpeler l'attention de l'Académie sur la découverte
d'un grand quadrupède le Mastodonte du Chérichira. M. Le Mesle a bien
voulu me conduire dan; le gisement d'où ce fossile a été extrait. De Tunis
à Rairouan et de Kaircnan au Chérichira, la route est longue et mono-
tone. Mais, lorsqu'on arive dans cette localité, le paysage change; on
trouve une rivière aux ;aux pures et la végétation apparaît. Les anciens
avaient amené ces eauxà Kairouan; leurs ouvrages ont été détruits. Nos
C. K., iS9i, i" Semeste. (T. CXI£, N° 23.) '&)
( 1298 )
ingénieurs ont entrepris de les réparer, et, en faisant des excavations, ils
ont mis à jour des pièces de Mastodontes, notamment la belle mâchoire
dont je présente la photographie à l'Académie. Elle appartient au Mastodon
angustidens du miocène moyen de Sansan.
» La détermination précise des espèces de Mastodontes n'est pas sans
difficulté; j'ai cru qu'il pouvait être utile, pour les géologues, de réunir
dans une même planche quelques dents des principales espèces, en choi-
sissant les pièces les mieux caractérisées. Après avoir tâché de préciser les
particularités des formes les plus divergentes, j'ai montré que des transi-
tions insensibles les relient les unes aux autres; leurs mutations sont en
proportion de leur extrême complication.
» Ces remarques font l'objet d'un Mémoire qui va paraître dans le
nouveau recueil paléontologique de la Société géologique de France. »
M. Mascart, en présentant à l'Académie le tomeldei « Annales du Bu-
reau central météorologique pour l'année 1889 », ajoute :
« Je signalerai en particulier, dans ce volume, un Rœumé, par M. Mou-
reaux, des observations météorologiques faites pendant plus de vingt ans, à
Brécourt (Manche), par notre regretté confrère M. /H. Mangon, et une
comparaison, par M. Angot, des observations du sommet de la tour Eiffel
avec celles qui sont faites dans le voisinage du sol. »|
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, 1 la nomination d'un
Membre pour la Section de Chimie, en remplacement de feu M. Cahours.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votante étant 61 ,
M. Moissan obtient 15 suffrages.
M. Grimaux fe6 »
M. Moissax, ayant obtenu la majorité absolue/des suffrages, est pro-
clamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation dij Président de la Répu-
blique.
( I299 )
MEMOIRES PRESENTES.
PHYSIQUE. — Nouveau système de balance de précision à pesées rapides.
Note de M. Victou Serrix, présentée par M. Janssen(').
(Commissaires : MM. Janssen, Cornu, Schiïtzenberger, H. Becquerel.)
« Pour effectuer une pesée au moyen de la balance de précision, on se
sert de tout petits poids formés de feuilles en métal allant jusqu'au milli-
gramme; au delà, on fait usage de poids en fil également métallique, dits
cavaliers.
» Une pesée peut se diviser en deux phases : l'ébauche, le complément.
La première est rapide et rudimentaire, la seconde est lente et méticu-
leuse. La nouvelle balance a pour but, non seulement d'effectuer des pesées
rapides, mais encore de supprimer tous les poids divisionnaires à partir du
décigramme.
» A cet effet, un des bras du fléau reçoit l'une des extrémités d'une
toute petite chaîne dont l'autre est fixée après un curseur glissant sur une
colonne verticale graduée en ioo parties de 2mm représentant chacune
imBr, qu'un verniei permet encore de diviser en dixièmes et au delà au
besoin. La chaîne S3 manœuvre facilement de l'extérieur de la cage à l'aide
d'un bouton ad hoc, de telle façon que, lorsqu'une pesée a été ébauchée,
à i'"s'' près, il n'est plus nécessaire d'ouvrir la cage pour la compléter.
» Pour connaître la valeur de cette pesée, il suffira d'ajouter, aux poids
déposés dans l'un t'es plateaux, le nombre de dixièmes de milligramme
indiqué sur la colonie par le curseur.
» En résumé, on oit que, par ce nouveau système, les manipulations si
longues et si délicates des poids divisionnaires et du cavalier sont suppri-
mées et remplacée: par une opération simple et rapide, permettant
d'abréger considérabement le temps qu'exige d'ordinaire la pesée de pré-
cision. Enfin, un derner avantage que nous ferons remarquer encore, c'est
la propriété que possède la chaîne d'amortir notablement les oscillations
perpétuelles du fléau.»
(') Note complémentaie sur la balance à chaîne de M. V. Serrin, présentée à la
séance dernière par M. Jaissen (voir p. i 348 ).
( l'ion )
M. Devaux soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur un
« Siphon à réservoir pneumatique ».
(Commissaires : MM. Maurice Levy, Marcel Deprez.)
M. A. Pernot adresse la description et les plans d'un « Nouveau mo-
teur à gaz ».
(Commissaires : MM. Maurice Levy, Marcel Deprez. )
M. Baldrax adresse, par l'entremise de dom Pedro d'Alcantara, un
Mémoire sur la photographie des couleurs.
(Commissaires : MM. Fizeau, dom Pedro d'Alcantara, Lippmann.)
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Éclipse partielle de Soleil ', du G juin] observée à Nice.
Noti de M. Perrotin.
« L'éclipsé a été observée par MM. Charlois, Javelle, Colomas et Per-
rotin
Premier contact. Second contact. Grossissement. Olservateur~.
h nt s
5.54.31
Il m s
6.53.3o
i4o
Charlois.
5.54.3c
6.53.13
5o
Javelle.
))
6.53.i4
4o
Colomas.
5.54.^6
(3 . 53 . 26
280
Perrotin.
» Les heures sont exprimées en temps moyen tlel Observatoire.
<> M. Charlois a fait usage de l'équatorial de om,3p d'ouverture, M. Per-
rotin de celui de o,n,7G. Les objectifs avaient été diaphragmes de manière
à réduire l'ouverture de chacun d'eux à om,07.
» MM. Javelle et Colomas se sont servis respectivement de lunettes
de om,i6 et om,io d'ouverture. Le dernier a obsenfe par projection.
» Après l'instant de la sortie, M. Perrotin a continué à voir, pendant
sept ou huit secondes et sur une très petite étendpe voisine du point de
contact, le bord de la Lune se projetant sur le fonfl du ciel. »
( i3oi )
ASTRONOMIE. — Observations de ici nouvelle planète,
découverte à l'Observatoire de Nice, le iG mai 1801. Note de M. Charlois.
Ascension
Distance
Dales
Temps moyen
droite
Log. facl.
polaire
Log. fact
1891.
de Nice.
apparente.
parall.
apparente.
parall.
Mai 16.
h ni s
t4 . 0.41
h m «
16.22.37,65
1,169
1 10.27 ■-\'-'-7
o,8g4„
9.37. u
16. l4./|9,58
' • |39„
1 09 . 5 6 . 3o , 2
0,874,,
La planète est de grandeur i3,o. »
ASTRONOMIE. — Obsenritions de ici comète Rrooks, 1890 II, faites au. grand
équatorial de i Observatoire de Bordeaux. Note de MM. G. Rayet et
L. PlCAUT.
Comète Brooks (1890, II).
Temps moyen
ascension
Distance
Date;
de
droite
Log
. fact.
polaire
Log. fact.
1891
Bordeaux.
apparente.
par;
llaxe.
apparente.
parallaxe.
Étoiles.
Observ
Février 3. . .
h m s
u. 46.1 4,1
u m s
1.54.53,06
— "
F,583
55.26. 5,4
— 0,446
1
P.
5 . . .
io.i5.38,3 1
1 5o. 7, 17
—
^,677
i'i.io. 7,5
— 0,573
2
R.
/ ' ' ' '
10. 10.22 ,8 j
1 45.4i » 36
— ~
-,673
54.55. g, 4
— o,56i
3
R.
9....
10. 23.37 , '
1 .'io.5o,35
— "
,G5o
54.4o.52, 1
— o,5i3
4
R.
10. . . .
10. 9.33,0 1
1 .?8.25,o3
— ~
. 655
54.34.io,6
— o,525
5
P.
11..
10.20.48, 1
1 .55.57,36
— "
",64o
54.27.46,0
—0,490
6
R.
i3...
10. u. 4,7
i.io.59,27
— "
",633
54.i6.48,6
— 0.477
/
P.
,4...
io.36.52,8
1. -.8. 27, 68
— ~
",58g
54.10.49,4
— o,4i.5
8
R.
i5...
10. 16. 38, 5
1 . s5 . 5g , 1 1
— ~
",609
54. 5.46,3
-o,443
9
R.
16.. .
9.56.35, 2
1 . 23 . 3o , 07
— 1
",63i
54 . t . 1,2
—o,466
10
R.
17...
10. 3.48,5
1.21. 7,84
— "
\6i3
53.56.36,8
—0,439
1 1
P
26....
8. i3. 12,7 i
0 . 5! ' . 3o , 74
-1
•,i::
53.34.38,8
— 0,537
1 2
R.
27.. .
7.5o.52,8
0.5C. 4,16
— "
",688
53.33.56,5
—o,54i
i3
P.
28...
8.34.52,8
0.53.32 ,65
— "
",63g
53.33.37,9
— o,48o
■'.
R.
Mars
!.. .
8.43.36,8
o.5i 5,12
— "
>6tg
53.33.44,4
—0,437
i5
R.
3...
10.19.12,4
0.46 6,47
— 1
.349
53. 34-5o, 1
— 0,221
16
P.
4...
9. .5. .4,6
o.43.5o,35
— 1
,53g
53.35.5o,8
— o,333
'7
R.
5...
8.53.4i,4
o-4' -ii ,34
— "
",564
53.37.23,4
—o,35g
18
R.
6...
8.59.22,4
10.39. o,85
— ~
,536
53. 3g. 21 , 1
— o,335
•9
P.
11...
9.35. 15,7
10.27. 4,91
-I-"
",325
53.53. 24 , 1
— 0,2l5
20
R.
Avril
12. . .
■ 10.37.19,7
9. 38. 3,i6
-+-
,466
57.24. 56, 5
-0,397
2 1
R.
28...
g.3i .23,6
9.?.6..8,23
-r-1
",474 .
5g. 38. 2g, 7
—0,539
22
P.
29.. .
10.22.54,4
9.26.9,39
-+-'
',586
5g. 47- 2,5
— o.53g
23
R.
( i3o* )
Position moyenne des étoiles de comparaison pour 1891,0.
Etoiles
de
couip.
I.
3..
4..
5..
6..
7-
9...
10..
1 1 ..
12..
i3..
.4...
i5...
16.
l7-
18.
19...
22..
a3..
Catalogue.
{ (Weisse,. H. XI, nos 1021 et 1022.
1020-26-27. —
J'
Leyde Zone 1^3)
{(Weisse,. H. XI, nos
Leyde Zone 179)
Weisse». H. XI, noci 930-93 1
Weisse,. H. XI, nus 839-84o
Weisse,. H. XI, n» 806
Weisse,. H. XI, n- 827-828
Argelander 4- 35° n° 2260 rapportée
à Bonn, t. VI, 22Ô3
Weisse,. H. XI, n° 374
Weisse, H. XI, n° 374
Weisse,. H. XI, n» 374
Lalande, n° 2 164 1
Weisse,. H. X, nos 1064 et to65
i (Weisse,. H. X, n°s io32-33
-hYarnall3, n° 4685)
Weisse,. H. X, n°s io64-to65
{( Weisse,. H. X, nus io32-33
4- Yarnal),, n° 4685)
Weisse,. II. X, n°s 866-867
Weisse,. H. X, n°s 866-867
! (Weisse,. H. X, n° 83o
4- Yarnall3, n° 4599)
i (Weisse,. H. X, n° 83o
4- Yarnall3, 11" 45gg)
Bonn t. VI 4-36°, n° 2089
l (Weisse. H. IX, a" 798
-1- Leyde Zone 287 )
Bonn. t. VI 4- 3o°, n" 1876
Bonn. t. VI 4-3o°, n° 1874
Ascension
Distance
droite Réduction
polaire
Réduction
moyenne. ;
lu jour.
moyenne.
au jour.
h m s
s
0 1 ..
„
I .54. I 1 ,22
-)-o,65
55.25.57,3
4-8,65
I .54.21 ,64
-Ho, 66
55.21 .36,7
4-8,64
t.49-53,43
-ho,75
54.52. 19,0
4-8,45
1 .44.31,71
4fo,83
54.36. i4, 2
+7>92
i.43. 5,88
+0,86
54.33.45,2
+7.93
i.44- 2,37
■j-0,88
54.27.47,5
+7>9tt
1 .29.43, 1 3
J-°>97
54.3i.48,7
4-7,0.5
1 . 22 . 2,63
1-1 ,02
54. i.47)4
4-6,65
1 .22 . 2 ,63
M, o4
54. i,47>4
4-6,56
1.22. 2,63
-t-i ,06
54. 1.47,4
+M9
I . l6.22,3l l
+-1,09
54. 4. 1,9
4-6,16
o.55. 12, o3 J4-1 ,25
53.20.55, 1
4-3,8o
0.53.27,62 4-1,27
53. 19. j 6, 2
4-3,55
o.55. 12 ,o3 / 4-1 ,28
53.2o.55, 1
4-3, 3o
0.53.27,62 4-1 ,28
53. 19. 16,2
4-3,29
o.45. 0,29 4-1,29
53.34.56,9
4-2,56
o.45. 0, 29 | -
1-1,29
53.34.56,9
4-2,36
0.43. 7,98 4-1, 3o 53.3o.56,4 4-2,10
0.45. 7,98 4-i,3o 53.3o.56,4
o.3o. 4,8d 4-1,28 53.53.32,5
9.39.5o,8f
9.26. 5,/
9.24.54,
4-0,72
4-o,35
4-o,33
57.25. 0,9
59. 36. 58, 4
5g.5o.5i ,8
-1,9.5
-o,46
-5,58
-6,67
-6,69
» La comète était encore visible le 3o mai mais trop faible pour être
observée au milieu du long crépuscule de cefce époque de l'année.
» Les 23 observations actuelles de la comte 1890, II, ajoutées à celles
déjà publiées dans les Comptes rendus, portée à 99 le nombre des obser-
vations de cet astre faites à Bordeaux; nojs avons suivi la comète du
27 mars 1890 au 29 avril 1891. »
( I
ASTRONOMIE. — Sur la théorie des étoiles filantes. Note de
M. O. Callandreau, présentée par M. Tisserand.
« La théorie astronomique des étoiles filantes, établie par les travaux
de H.-A. Newton, Schiaparelli, Le Verrier, E. Weiss, regarde les étoiles
fdantes comme de petites comètes se mouvant par essaims dans l'espace;
ces essaims proviendraient de la décomposition totale ou partielle des
comètes, par suite de l'action perturbatrice du Soleil ou plutôt de l'une
des crosses planètes, dont les orbites se rapprochent parfois beaucoup de
celles des comètes. La liaison des étoiles filantes avec les comètes résulte
du fait que quatre essaims, au moins, parcourent les mêmes orbites que
quatre comètes.
» Les recherches sur la théorie de la capture des comètes périodiques,
inaugurées par M. Tiss?rand, peuvent, semble-t-il, être mises à profit dans
la théorie des étoiles filantes. On peut dire, en effet, qu'il s'agit, comme
dans le beau travail de Le Verrier sur la comète deLexell, de saisir le lien
qui existe entre une conète et une famille de petites comètes engendrées
par elle, à la suite de perturbations d'une grosse planète susceptibles de
désagréger les matériau: cométaires les plus légers et de faire dériver une
infinité d'orbites de l'ortite primitive.
« En regardant l'orbite de la planète perturbatrice comme circulaire,
des constructions graphiques fort simples permettent de déterminer les
éléments de l'orbite d'un flux d'étoiles filantes : la supposition que l'orbite
rencontre celle de la panète et les données habituelles déterminent
complètement les éléments de l'ellipse; la valeur du paramètre est connue
aussitôt.
» Cela posé, appliquons le critérium de M. Tisserand, lequel consiste à
écrire que la valeur de la «ombinaison
I 2 / p
~ a + a' V »'
COSl
a une valeur constante poir la comète primitive et l'une quelconque des
orbites des petites comètes: a, p et i sont le demi grand axe, le demi-para-
mètre et l'inclinaison ; a es la distance moyenne de la planète pertur-
batrice.
( i3o4 )
» Des calculs fort simples conduisent à l'équation de condition suivante
i + — -J)[sin2B-+-cos:!Bsin-(]J— O )] -h i — p\ — 4 cos-B sin2(L — O)
X ! i
(
■( ' - ^|.Vsin2B + cos'-B sin2(L - ©)]'
L et B désignent la longitude et la latitude du point radiant, O la longitude
du Soleil; l'équation donne la condition nécessaire pour que les divers
points radiants qui font successivement sentir leur ii|fluence appartiennent
à une même famille, la planète perturbatrice étant à une distance moyennes'
du Soleil, et la valeur de la quantité J (qu'on pourrait appeler ['invariant
pour les comètes périodiques) étant donnée.
» La condition ci-dessus peut être représentée! par une construction
graphique simplifiant beaucoup la recherche des flux d'étoiles fdantes fai-
sant partie d'une même famille; cette recherche serait impossible, en gé-
néral, sans critérium, car une même famille peut Comprendre des orbites
très variées.
» Il convient de remarquer que, si l'équation de condition ci-dessus est
vérifiée, on peut choisir des points de la sphère d'activité de la planète,
tels que des particules de la comète primitive arnvant en ces points don-
nent précisément naissance aux flux observés.
» Il y a des rapprochements intéressants avJc les faits d'observation
concernant lesLéonides et les Perséides. Citons o abord quelques passages
remarquables des Communications de Le Verriejsur les étoiles filantes de
novembre et d'août (Comptes rendus, t. LXXIII).i
» Les observations nombreuses des dernières années |nl fait reconnaître qu'il s'en
faut que le point radiant des Léonides soit toujours leinême. Dans la nuit du 12 no-
vembre 1869, par exemple, la grande majorité des mépores venait d'une région plus
au nord-ouest (p. io83). Les observations qui viennfnt d'avoir lieu (en novembre
1 87 1 ) ont confirmé le phénomène observé en 1869. Cel'est pas le point radiant qui se
déplace, mais il y a plusieurs points radiants qui fonlsuccessivement sentir leur in-
fluence (p. 1 194) ;
et Le Verrier ajoute un peu plus loin :
» Que plusieurs flux aient été jetés par des causes i
dépendantes les unes des autres
( i3o5 )
sur le même point de l'orbite terrestre, et qu'ils y passent dans la même année, cela
n'est point impossible; et cependant ces coïncidences multiples sont une raison d'en
douter. Il semble, au contraire, que, loin de s'étonner de cette multiplicité des courants
dus à une cause unique, on doit la considérer comme naturelle.
» D'après les observations récentes de M. Denning, le point radiant
des Perséides se déplace vers l'est pendant la période d'activité, fait in-
diqué comme probable par Le Verrier, dès 1871 (ibid., p. i3o6).
» Cela est conforme à l'équation de condition qui exige que, si B varie
peu, il en soit de même de L — © , c'est-à-dire que L croisse.
» M. Rleiber, de Saint-Pétersbourg, qui vient de publier un important
Catalogue de 918 orbites calculées d'après les points radiants observés par
M. Denning depuis vingt ans, arrive à une conclusion analogue en suppo-
sant simplement que l'essaim de météores constitue un anneau. Hoek,
d'Utrecht, a considéré le cas d'un nuage cosmique capturé par le Soleil
(Monthly Notices, t. XXYII1), et ses résultats sont encore de même ordre.
» Notons que la connaissance précise des points radiants successifs
d'une famille de mééores pourrait faire retrouver les quantités a' et J,
c'esl-à-dire la planète perturbatrice (supposée unique) et la comète source
des météores, si celle-ci est enregistrée dans les Catalogues.
» En terminant, il )araît utile d'observer que la théorie ingénieuse de
M. Bredichin, qui coisidère les queues anomales comme l'origine de la
transformation d'une partie de la masse cométaire en essaims de météores,
et cela grâce à un choc produisant une éjection de matières, dépend des
mêmes formules que la théorie de la capture. Ce fait important, sur lequel
M. Tisserand a appelé non attention, tient à ce que, les vitesses à l'entrée
et à la sortie de la spfure d'activité étant désignées par c„ et e,, la résul-
tante géométrique des vitesses e, et ■- c„ est à très peu -près égale à
2V0 cosio, quantité qui peut acquérir la valeur répondant à un choc sup-
posé en disposant convenablement de la variable w (voir le Compte rendu
de la séance du 24 mars 1890, p. 62O). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE — Sur deux systèmes d'équations différentielles
dont les fonctions hyperJliptiques de première espèce forment les intégrales.
Note de M. F. Caspary présentée par M. Hermite.
« Dans une Note que jù eu l'honneur de communiquer récemment à
l'Académie (p. 1 120 de ce Volume), j'ai exposé une méthode élémentaire
C. R., 1891, 1" Semestre (T. CXII, N° 23.) 1 70
( i3o6 )
pour établir, au moyen d'identités, les équations différentielles dont les
fonctions thêta d'un nombre quelconque d'arguments forment les inté-
grales. Je demande la permission d'en donner une nouvelle application,
relative aux fonctions thêta de deux arguments.
» Soient w,, w, deux arguments quelconques et$s(wi, w>2), %a.(wK, w2),
£aa ((*>,, w2) (a, p = o, i, 2, 3, 4) les seize fonctions thêta de deux argu-
ments. Alors les quinze quotients
&«(wlt«*'s)^i(w'«»w'») et S*$(w<>w*):$\(w*>w2)
forment les quinze fonctions hyperelliptiques de première espèce qui sont
égales, sauf des constantes, aux quinze expressions
P _ p Mi \ v71^ \|^7)
f,~ V *l-*il_(*l-«|l)(»l-«v) U»-^)(Sï-«v)J
([A,v == a,P,y, S, e; [i^ o),
où les indices a, [4, y, o*, s désignent, dans un ordre( quelconque, o, 1,2,
3, 4» et où
R(sA) = A0(sA - a0) (5A - a, ) (sk—a2)(sk - a3)[sk — a4) (A = 1, 2),
st, s., étant des variables, et A; a0, . . ., a,t des constantes.
» D'après le théorème que j'ai donné antériairement (ce Recueil,
28 juillet 1890), les quinze fonctions P^, PHV sont proportionnelles aux
quinze éléments d'un système orthogonal que je désigne, en conservant la
notation de mes Notes citées, par ama, pA, vh (m, n/( = i,2, 3).
» Ceci rappelé, au moyen de ce théorème (' ), ai tire de l'identité diffé-
rentielle
da.2l = a2ip3 — a23p.,— — a3,v,
en y remplaçant les éléments amn, ph, vA par les fonctions hyperelliptiques
(') Je saisis cette occasion pour corriger quelques er
glissées dans les expressions (I) du théorème cité. D
jurs d'impression qui se sont
ns les expressions des coeffi-
cients a,, et a32, on doit rayer, aux dénominateurs, le coifficient i, et dans l'expression
du coefficient a22> on doit lire \J$y au lieu de \Ja-y.
( i3o7 )
égales, les deux formules
(0
(Py) ^Po8= Pr^Sy^', — a$dw2) — PapPsp(^«'. — «Y ^2)»
^Paô= A0Pa Ps (div, — a, dw2) — PatPSzd(i\,
où (jîy) désigne la différence ap— oy.
» Envisageons dès à présent les arguments wt, w2 comme fonctions
d'une nouvelle variable /, et posons
p,=p dt, />, = qdt, p3 = rdt;
vs = vdt, vi=v'dl, v3 = v"dt;
dw, — aa dw2 = -r-j du\ = a$ dw2 = -& , dw{ = <ry dw2 = ^ ,
7 j dt , , dt
dvi\ — a,; f/ir._, = =p dn\ — a£ f/u., = ^ •
» Si l'on remplace maintenant, dans les formules (1), les indices (3, y par
S, s; de plus, les ind ces a, <$, s successivement par fi, y, %; y, a, (3; a, fi, y,
et si l'on substitue eifin, pour les fonctions hvperelliptiques, les éléments
égaux <7,„„, ph, c/s, on obtient, sans aucun calcul, les équations différen-
tielles
-5- - - A„((3y) ( -p- + -p-
(. • ; ' di ~ — A0 ( , J- ){ -pi I pT"
! d(Q-) _ . w;ff„nj. a8la!2\
I df — ~ Ao(-X[j ) \~Fr~ ~^~ ~F^ )
et
^-(B-C)yr + A0^a12als,
(H) J^' =(C-A)i7n-A.^al,a41,
dans lesquelles deux des "onctions A, B, Cl, F', F" sont quelconques et trois
liées entre elles par une lelation linéaire.
» Les équations différeitielles que je viens d'établir mettent en évidence
l'existence de relations algébriques entre les éléments am„, p, q, r, dans le
cas où ceux-ci peuvent <tre représentés par les fonctions thêta de deux
(III)
(IV)
(V)
(VI)
fl8«32«33).
asa33aSi );
( r3o8 )
arguments. En effets, ces relations existent en grand nombre et se dédui-
sent de la même manière que les équations différentielles. Je me borne à
en donner ici les plus simples, en y faisant entrer aussi les quantités v,
V, v".
I ABpq = A.0(a1al{ar,-t-aea2la.,i-i-azazta3.i),
\ BCqr = Aa(aaai2al3 -+- a€a2.2a,3 + ~
CArp = A0(«pa)3a, , + aea23a2, -+
a,,Ap -hal2Bq + a,tCr = o,
a,, A/3 + a.,,Bq -+- a2ïCr = FV,
a3lAp -+- a32Bq + rt:,:iGr= F'V;
A p- -+- Bf+ C r2 = F
A«/>»+ BV+ C2/2 = F'V
aaA2/>2 + «[5B292 + flYC-/-2 = a6F'V
w' = F0(flBaHa2, -t-apa,2a22H-aYa43«2s)
v'v"= F0(aaaata3l -+- apa22a32 + aTa,3«3:!)
e'V = F0(a0,a3l«,1 + flpa32alo + aYrt33«13)
c -
?'* <i'2
F"f/2
a. F
V2;
Ap
FF"'
)> Les problèmes qui conduisent aux équations/différentielles (I) ou
(II) trouvent leurs solutions complètes par les expressions de ma Note
du 28 juillet 1890 et par celles que je viens d'exposer. Tout particulière-
ment on en déduit les beaux résultats que M. H. Wtber a découverts pour
le mouvement d'un corps solide dans un liquide (Math. Ann., t. XIV,
p. i 73), résultats qui, combinés avec ceux de M. Hmrnite, relatifs aux fonc-
tions elliptiques, et de M. Darboux, relatifs aux identités, sont devenus,
pour moi, la base de mes propres recherches. »
PHYSIQUE. — Détermination de l'équivalent mécaïique de la chaleur. Note
de M. Constantin Miculesco, présentée »r M. Lippmann.
« La méthode que j'ai suivie dans cette dételnination est en principe
celle de Joule, consistant à dégager de la chaleur
&"&'
par le frottement des palettes contre l'eau qu'il
ans le calorimètre même,
ontient.
» Dans les expériences de Joule, le travail j'oduit était très faible : il
fallait par conséquent un temps considérable por obtenir un échauffement
sensible du calorimètre, d'où résultaient des corrections assez grandes et
( ,3o9 )
difficiles. L'avantage de son dispositif était d'avoir un travail mesuré direc-
tement ; j'ai cherché à conserver cet avantage, tout en augmentant la quan-
tité du travail produit par unité de temps. Cela m'a amené à employer un
moteur électrique relativement puissant.
)> L'appareil que j'ai réalisé pour ces mesures se compose essentielle-
ment d'un bâti mobile horizontal, reposant, à l'aide de deux couteaux, sut-
deux blocs de pierre très stables. Sur le bâti est fixé un moteur électrique
Gramme, de la force d'un cheval-vapeur, ayant son axe de rotation en
coïncidence avec la droite qui joint les arêtes de deux couteaux.
» Un calorimètre porté par des chevalets indépendants du bâti mobile,
ayant la forme de deux cylindres concentriques, est placé de façon que
leur axe commun coïncide avec l'axe de rotation du moteur. Un axe métal-
lique muni d'hélices de bateau y pénètre, et la boîte à étoupe est dans
l'intérieur de l'instrument, de manière à éviter les corrections dues aux
frottements parasites. Cet appareil est d'ailleurs construit de façon à satis-
faire aux exigences de la calorimétrie de précision. Un lien flexible sert à
réunir l'axe du moteur à l'arbre portant les hélices.
» Dès que le moteir est mis en mouvement, les hélices battent l'eau du
calorimètre qui tenc à s'échauffer, et le balancier qui porte le moteur
s'incline en sens inveise du sens de rotation.
» La mesure du travail se fait simplement en chargeant de poids un
fléau de balance gradié, fixé perpendiculairement au plan de symétrie du
balancier. On ajoute ces poids jusqu'à ce que l'appareil demeure constam-
ment horizontal.
» Le courant quiacionnait le moteur provenait d'une batterie de 4o ac-
cumulateurs ; son intensité était maintenue constante avec un rhéostat.
» La mesure de la qiantité de chaleur était faite par la méthode à tem-
pérature constante, appliquée déjà par M. d'Arsonval. Par cette méthode,
on a l'avantage de ne pus tenir compte de la capacité calorifique de l'ap-
pareil, et de ne pas fain de corrections relatives au refroidissement.
» Elle consiste à fain circuler un courant d'eau froide dans la partie
annulaire qui entoure lecylindre intérieur constituant le calorimètre pro-
prement dit; ce courant l'eau enlève au calorimètre la chaleur provenant
du frottement, au fur et i mesure qu'elle est produite, et maintient con-
stante de cette manière, tendant la durée du régime permanent, la tem-
pérature de l'eau du caloimètre. La différence entre la température du
courant d'eau à l'entrée ;t à la sortie est prise avec une pince thermo-
électrique, soigneusemen graduée par comparaison avec un thermomètre
( i3io )
en verre dur, étudié préalablement par moi au Bureau international des
Poids et Mesures.
» J'ai fait avec cet appareil 3i expériences qui sont très concordantes ;
les températures ont été rapportées au thermomètre à air, à Paris; la
moyenne des résultats est
.1 = 426,7.
» Le nombre de Joule, corrections faites pour ramener les températures
au thermomètre à air, à Paris, est de 426, 5 ( ' ). »
ÉLECTRICITÉ. — Propriétés diélectriques du mica à haute température.
Note de M. E. Iîouty, présentée par M. Lippmann.
« J'ai étudié les propriétés diélectriques du mica depuis la température
ordinaire jusqu'à 4oo°. En faisant usage de lames de mica argentées, on ne
rencontre pas de difficultés graves jusqu'au voisinage de 3oo°, mais au
delà l'argent est attaqué au contact de l'air, et le nJca se trouve bientôt
recouvert d'une couche transparente, de nature élecuolytique. On atténue
cet inconvénient, sans le supprimer, en protégeant Ijargent du contact de
l'air par un dépôt de cuivre suffisamment épais.
» Le principal résultat de ces recherches a été le mettre en évidence
l'invariabilité presque complète de la constante diilectrique rapportée à
une durée infiniment courte.
» De o° à 3oo° cette constante ne varie certainement pas de la ~ partie
de sa valeur; et comme dans tout cet intervalle de température le résidu
électrique n'est pas extrêmement grand, on peutjse montrer nettement
affirmatif à cet égard.
-1 Au delà de 3oo° les complications apparaissent La quantité d'électri-
cité fournie au condensateur, par la pile de charge cesse d'être exclusive-
ment employée à la formation d'un résidu récup<rable, comme cela avait
lieu à la température ordinaire (2). L'excès du «mirant de charge sur le
résidu est lié à l'existence d'une conductibilité superficielle du mica pro-
bablement attribuable elle-même au produit defaltaque des armatures,
car, à température fixe, cette conductibilité croît ipidement avec le temps,
(') Ce travail a été fait au laboratoire des Recherches mysiques de la Sorbonne.
(2) Comptes rendus, t. CX. p. i36a.
( i3i. )
c'esl-à-dire avec l'altération visible de l'argenture. Si, après une chauffe
prolongée, on laisse refroidir le condensateur, la couche superficielle du
mica, devenue hygrométrique, conserve à froid une conductibilité qu'on
fait disparaître en lavant les bords à l'alcool, et l'on constate alors que
le mica a repris ses propriété normales : sa constitution interne n'a donc
pas été altérée d'une manière permanente par la chauffe.
» Il se peut que, de 3oo° à 4oo°, le mica possède déjà une faible conduc-
tibilité propre dont l'effet s'ajouterait à celui de la conductibilité superfi-
cielle que j'ai mise en évidence. Mes expériences ne permettent de rien
affirmer à cet égard.
» Quoi qu'il en soit, la conductibilité résultante, de 3oo° à 4°°"» est
assez faible pour que son effet, proportionnel au temps, puisse être né-
gligé dans les expériences à très courte durée. A l'aide du pendule de tor-
sion qui m'a précédemment servi ('), je produis des fermetures du circuit
variant de o\ooi à os,o5et je trouve que, dans cet intervalle restreint, la
charge absorbée C est représentée en fonction du temps / par la formule
C = A + B*C.
Le coefficient B caractéristique du résidu croît rapidement avec la tempé-
rature; mais A conser e une valeur à peu près fixe et se confond, au degré
d'approximation des nesures, avec la charge normale à courte durée et aux
basses températures.
» La constante diébctrique est donc un clément d'une extrême fixité :
ses variations avec la ttmpérature paraissent de même ordre que celles de
la densité ou de l'indici de réfraction. »
ÉLECTRICITÉ. — Applicdion du principe de la transmission des pressions aux
transmetteurs léléphonques à grande dislance. Note de M. P. Germain,
présentée par M. Masart.
« L'embouchure d' 'un' ransmetteur téléphonique sans pile peut se subdi-
viser en un certain nonbre d'embouchures plus petites, correspondant
chacune au-dessus de l'éasement de la chambre d'air d'une armature té-
léphonique distincte. L'éaission d'une voix unique détermine ainsi dans
(') Comptes rendus, t. CX p. i362.
( l3l2 )
toutes les colonnes d'air et sur les armatures téléphoniques des pressions
proportionnelles à la surface totale des armatures actionnées.
» Chaque armature développe dans l'électro-aimant de Bell dont elle
fait partie des courants d'induction semblables, sinon égaux, dans tous les
circuits égaux distincts composant le transmetteur. En reliant l'entrée du
courant de la première bobine avec la sortie delà deuxième, l'entrée de la
deuxième avec la sortie de la troisième, et ainsi de suite jusqu'à la der-
nière, et en intercalant tous ces circuits groupés en tension dans le circuit
d'une ligne téléphonique, on peut téléphoner à de grandes distances sans
microphone, sans pile constante de quantité et sans bobine d'Edison.
» Une pile en tension pour les appels suffit et peut desservir un certain
nombre de postes téléphoniques. Pour desservir une ligne téléphonique
de 4ooo ohms, tandis que l'embouchure d'émission de
la surface totale des armatures actionnées séparément
bouchure de subdivision doit être de goocq. La résis
bines Bell doit être de 2000 ohms
a voix n a que 12e'1,
par une petite ém-
anée totale des bo-
CHIMIE. — Action de l'ammoniaque sur quelques conbinaisons des sels
halogènes de mercure. Note de M. Raoci/Varet.
« Dans une précédente Communication {Comptes tendus, t. CI\, p. 941)
j'ai étudié l'action de l'ammoniaque aqueuse sur le combinaisons que le
bichlorure de mercure forme avec les cyanures métriques, afin de déter-
miner l'influence exercée par ces composés sur la formation des amidures
de mercure. Aujourd'hui j'étudie l'action du même/réactif sur des combi-
naisons de l'iodure de mercure avec les cyanures, [fin de montrer le rôle
de certains composés ammoniacaux dans les doubts décompositions.
» Je joins à ces faits l'étude de quelques combi/aisons nouvelles.
» ï. Iodocyanure de mercure et de cadmium. — L'pdocyanure de mercure
et de cadmium est un sel triple résultant de Tu/ion de l'iodure mercu-
rique avec le cyanure de mercure et de cadmium On l'obtient en faisant
agir l'iodure de cadmium sur le cyanure de mercife; il v a double décom-
position entre un équivalent de Cdl et un équipent de HgCy; les pro-
duits de cette double décomposition s'unissent ave un équivalent de HgCy
pour donner le corps HgCy.CdCy.HgI.8HO.
» Quand on fait tomber goutte à goutte une élution de ce sel dans de
l'ammoniaque, il y a formation d'un précipité blan qui se redissout d'abord .
( i3i3 )
On continue l'addition de la solution saline jusqu'à ce qu'il reste un pré-
cipité non dissous en quantité suffisante pour être analysé. Ce précipité et
son eau-mère sont laissés en contact dans un vase fermé pendant trois
heures. On a soin d'agiter de temps en temps. On obtient ainsi une poudre
amorphe légèrement jaunâtre que l'on sèche très rapidement entre des
doubles de papier : c'est un mélange d'iodure de cadmium ammoniacal
avec le composé
HeCv.CdCy.HgI.2AzH3
C V Kl O
ou son isomère
HirCV.Cdl.aAzlP.
» On voit que, sous l'influence de l'ammoniaque, il y a eu une double
décomposition inverse de celle qui a donné naissance au corps
HgCy.CdCy.llgI.8HO
et par suite régénération de Cdl qui s'est combiné à l'ammoniaque. C'est
la formation de ce dernier composé qui a provoqué la réaction.
» lien est de mène quand on dissout l'iodocyanure de mercure et de cad-
mium dans de l'amnoniaquc aqueuse et que l'on concentre la liqueur sur
de la potasse. Les premières cristallisations sont formées par des mélange s
d'iodure de cadmium ammoniacal et du composé HgCy.CdCy,HgI.2AzHs;
ce n'est que quand la liqueur contient un assez grand excès de evanure de
mercure régénéré qte l'iodocyanure ammoniacal se dépose à l'état de
pureté.
» II. Iodocyanure tf, mercure et de potassium. — Ce sel se dissout abon-
damment dans l'animmiaque aqueuse chauffée vers 4o°. Par refroidisse-
ment, le sel se déposenaltéré et sans avoir fixé d'ammoniaque.
» TII. Action du ga: ammoniac sur le cyanure de mercure. — La fixation
du gaz ammoniac sur le cyanure de mercure se fait avec quelques diffi-
cultés. Quand sur ce al, complètement desséché, on fait passer un cou-
rant de gaz ammoniac lien sec, en chauffant vers 6o°, le cyanure s'agglo-
mère et, après quatre bures de courant gazeux, la fixation de AzH3 est de
2 à 3 pour 100.
» J'ai fait quelques ssais afin de déterminer les conditions les plus
favorables à l'obtention <e produits plus riches en ammoniaque. Voici com-
ment il convient d'opéré : le cyanure de mercure, finement pulvérisé et
non desséché, est placé m mince couche dans un long tube de verre pou-
vant être chauffé au mtven d'un bain-marie spécial. Ou fait passer un
C. R., 1891, 1" Semestr. (T. CXII, N- 23.) ' 7 '
( >3.4 )
courant de gaz ammoniac sec et l'on maintient l'eau du bain-marie à
l'ébullition jusqu'à dessiccation complète de HgCy. Cela fait, on laisse
refroidir et l'on continue à faire passer le courant gazeux pendant trente
heures. On obtient ainsi une poudre blanche amorphe répondant à la for-
mule
HgCy.AzH3.
» C'est un corps très altérable à l'air. Il perd rapidement de l'ammo-
niaque et en même temps absorbe de l'eau qui se dégage quand on traite
de nouveau le corps par un courant de gaz AzH3, même à froid.
» IV. Chlorocyanure de mercure et de baryum. — Lq chlorocyanure de
mercure et de baryum, traité par un courant de gaz ammoniac à ioo° jus-
qu'à déshydratation complète, puis à froid pendantj huit heures, fixe
2 équivalents de AzH3, et donne le composé
Hg2Cv2.BaCl.2AzH\
corps altérable à l'air, peu soluble dans l'ammoniafiic, décomposablc
par l'eau.
» Le chlorocyanure de mercure et de baryum absorbe le gaz ammoniac
beaucoup plus rapidement que chacun de ses sels composants individuel-
lement, et la combinaison formée parait beaucoup il us stable que celles
résultant de l'action du gaz ammoniac sur le cyanurede mercure et sur le
chlorure de baryum. »
CHIMIE. — Sur un nouveau procédé de préparalim des chloroiodures
de silicium. Note de M. A. Bessox, présentéepar M. Troost.
« J'ai décrit précédemment la préparation des chbroiodures de silicium
par l'action de l'acide iodhvdrique sur le chlorure dj silicium; cette opéra-
lion, très pénible, ne m'avait permis de préparera l'état de pureté que
les deux premiers termes de la série des trois chbroiodures dont l'exis-
tence peut se prévoir par la théorie : Si2 Cl3 1, Si2 G2 P, Si2 Cil3.
» Ces trois corps s'obtiennent facilement enserjble en faisant naître si-
multanément le chlorure et iodure de silicium ; à jet effet, on distille sur
du silicium cristallisé, chauffé à une températuœ voisine du rouge, du
chlorure d'iode ICI : le chlorure et iodure de silidum étant ainsi produits
simullanémeut avec un excès d'énergie se combirtnt. Cet excès d'énergie
( i3i5 )
est nécessaire à la réaction, car si l'induré est seul à l'état naissant, ce que
l'on réalise en dissolvant de l'iode dans du chlorure de silicium, puis dis-
tillant sur le silicium, les vapeurs d'iode se trouvent entraînées dans la
distillation; maison ne recueille que le chlorure mélangé d'iodnre, sans
formation de produits intermédiaires. On peut, au contraire, passer d'un
chloroiodure aux suivants en remplaçant, dans cette réaction, le chlorure
par l'un des chloroiodures; mais ici la réaction semble très complexe, car
on trouve du chlorure de silicium dans les produits de la réaction; ceci
n'est pas très surprenant si l'on tient compte de la dissociation partielle
des chloroiodures sous l'action de la chaleur. Cette dernière réaction est
précieuse pour préparer le dernier terme de la série qui est le plus pé-
nible à obtenir.
» Le liquide légèrement coloré par de l'iode est soumis à des distilla-
tions fractionnées ^ur un peu de tournure de cuivre, ce qui permet de
recueillir oies produits incolores. On sépare successivement le premier
chloroiodure Si2 Cl' I qui distille de ii3°-ii4°, puis Si2 Cl" I2 à 1720, et
enfin le dernier dort je rectifie et complète les caractères spécifiques.
« Liquide incolo-e se colorant rapidement à l'air, distillant de 23/i° à
2370, se solidifiant tous l'action du froid; le corps solide blanc cristallin
ainsi obtenu fond ves + 2". Sa composition a été vérifiée par les analyses
suivantes :
Poids
v° 1
de
Si
Po
ir VgC) 3 Vul
bstance.
pour 100.
pour 100.
pour 1
1,729
» » . ■ 5
»
»
0,721
•
191 . ><i
1
!
Cl.
I..
«£(*=•».«
r,o8i
6,29
1 go , 0 1
1
i
Cl .
I..
Cl.
!..
£,£\ * = *>•*
»
rgo,8g
if, ! ■=*«»
Théorie pour Si2ClI3
« J'ai tenté d'obtenr par la même méthode, distillation de bromure
d'iode IBr sur du bore hauffé au-dessous du rouge, les bromoiodures de
bore que je n'avais pu [réparer qu'en petite quantité par l'action de l'acide
iodhydrique sur le bronure de bore; la réaction semble bien se faire dans
le sens prévu, mais une lOtable quantité d'iode passe inaltérée et empâte le
produit de la réaction, oie j'ai dû abandonner pour cette raison.
» L'application de la uême méthode m'a conduit à la préparation des
chlorosulfures de silicitu; le chlorure oie soufre rouge correspondant sen-
( i3iG )
siblement à la composition S2 Cl2 distillé sur du Si au-dessous du rouge, il
se forme Si2 Cl'' et le soufre est mis en liberté.
» Mais, au rouge vif, la réaction est plus complète et l'on recueille des
produits liquides et solides formés d'un peu de chlorure Si2CP et dechlo-
rosulfures, qui semblent être au nombre de trois, comme le fait prévoir la
théorie. L'étude de ces corps n'est pas encore terminée. »
ZOOLOGIE. — Sur trois cas de développement libre observés oliez les Bryozoaires
ectoproctes ('). Note de M. Hexki Prouho, présentée bar M. de Lacaze-
Duthiers.
« Dans une Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie le
29 juillet 1889, j'ai appelé l'attention sur un Bryozoaiip marin, Y Alcyoni-
dium albidum (Aider), qui pond ses œufs au moyen l'un organe spécial
(organe intertentaculaire) dont sont seuls pourvus les »olvpides des loges
sexuées. Depuis lors, j'ai observé le même fait chez la uembranipora pilosa
(Linné), également munie d'un organe intertentaculaire. Contrairement à
ce qui a lieu chez la grande majorité des Bryozoaires! l'œuf de ces deux
espèces se développe donc librement dans le milieu eitérieur.
» La connaissance de ces conditions particulières de la reproduction
m'a d'abord permis d'étudier le développement de l'œw de la Membranipora
pilosa et de suivre l'embryogénie de sa forme larvaire,le Cyphonautes, orga-
nisme qui, à une époque déjà éloignée, a fort intrigujles zoologistes. Plus
récemment, j'ai suivi le développement de l'œuf de Vllcyonidium albidum.
» Les caractères de l'œuf de ces deux espèces son identiques, avant et
après la ponte, et les phases de son développemeri, dont je résume ici
les principaux traits, sont essentiellement les mèmej.
» La segmentation est égale et régulière jusqu'aultade 16. Au stade 32,
l'embryon présente une face légèrement aplatie, aimilieu de laquelle on
distingue quatre cellules, se différenciant de leursi'oisines par leur plus
grande dimension ainsi que par la plus grande aboiuance de leurs granu-
lations vitellines. Ces quatre cellules, initiales de l'eidoderme, pénètrent à
l'intérieur de l'embryon, qui parvient ainsi au stadede gastrula sans cavité
archentérique; le blastopore est situé sur la face platie (face orale), au
point où les quatre cellules endodermiques se snt invaginées. La face
(') Ces recherches ont été faites au Laboratoire Aragoj
( i3t7 )
orale se déprime de plus en plus et le blastopore se ferme. Un épaississe-
ment ectodermique (organe aboral) apparaît alors au pôle aboral, tandis
que quelques cellules mésodermiques, dont je ne puis préciser l'origine, se
monlrent en avant de la masse endodermique.
» La face orale se creuse ensuite d'une dépression (vestibule), qui
rejette vers l'arrière la masse endodermique; en même temps, des cils
vibratiles apparaissent sur le bord de la face orale et cpielques cils tactiles
se développent sur l'organe aboral. La masse endodermique acquiert bien-
tôt une cavité centrale et forme le mésentéron avec lequel le fond du ves-
tibule ne tarde pas à se mettre en communication; un peu plus tard, une
invagination postéreure de la face orale vient déboucher dans la partie
postérieure du mésentéron et forme le rectum.
» Les jeunes larves, ainsi pourvues d'un tube digestif, d'un organe abo-
ral et d'une bande ciliée locomotrice (couronne), présentent déjà la forme
en cône aplati du Cydionaules, mais il leur manque encore deux organes :
l'organe piriforme el le sac interne. L'apparition de ces organes est pré-
cédée de la formatien d'un arceau cilié, qui délimite, dans le vestibule,
une chambre pharyngienne et une chambre anale. Bientôt après, les cils
vibratiles s'atrophienlsur une certaine étendue des parties latérales de la
couronne, qui se trouve ainsi divisée en deux bandes, l'une postérieure,
l'autre antérieure; c'est en dedans de cette dernière que se développe
l'organe piriforme, taidis que plus tard le sac interne apparaît entre l'ar-
ceau vestibulaire et le ectum.
» Les larves que j'aiélevées, privées des conditions de la vie pélagique,
n'ont pas vécu jusqu'à l'apparition de leur sac interne; mais il n'est pas
douteux que cet organ ne se développe, chez Y Al. albidum. à la place
même où on le voit s former chez les jeunes larves de Mem. pilosa
recueillies au filet pél^ique. Les valves chitineuses, qui recouvrent le
corps du Cyphonautes, nétaient représentées, chez les larves A' Al. albidum
élevées en captivité, qiî par un mince revêtement cuticulaire.
» Quoi qu'il en soit, -es observations permettent de conclure que la
forme larvaire de Y Alcyaidium albidum présente avec celle de la Membra-
nipora pilosa, non seulemnt les mêmes comblions de développement libre,
mais encore une identitéle structure telle que, si, à l'état île larve prête
à se métamorphoser, ellene lui est pas identique, les différences des deux
larves n'ont cerlainemen aucune importance morphologique.
» Le troisième exempt de développement libre nous est fourni par
un Cténostome du groupedes Stolonifera, Y Hypophorella expansa (Ehlers),
( i3i8 )
qui vit dans l'épaisseur des tubes de certaines annélides, et que j'ai
retrouvée dans les tubes de Chétoptères dragués au large de Banyuls-
sur-Mer.
» Chez VBypophorella, l'organe interlentaculaire n'existe pas; il est
remplacé par un simple pore situé entre le ganglion nerveux et la base
des tentacules. C'est par ce pore que les œufs, d'ailleurs semblables à
ceux des espèces précédentes , sont expulsés. Leur développement ne
diffère pas essentiellement de celui qui vient d'être Résumé et la jeune
larve, pourvue d'un tube digestif, est organisée suivant le type Cyp/w-
n ailles.
» Nous connaissons donc, dès maintenant, trois es]
ectoproctes dont les œufs se développent librement
rieur, sans aucune attache avec la colonie mère et, dap ces trois cas, l'œuf
donne naissance à une larve du type Cyphonautes.
» Si nous remarquons que les trois espèces étudiées diffèrent non seu
lement par des caractères morphologiques importants, mais encore par
leur habitat et leurs mœurs, ne serons-nous pas autirisé à penser que la
forme Cyphonautes est le type larvaire de tous les Bryozoaires dont les œufs
subissent un développement libre. »
èces de Bryozoaires
ans le milieu exté-
ZOOLOGIE. — Les Criquets en Algérie. Note de M. Charles Broisgniart,
présentée par M. Blanchard.
« J'ai observé, depuis quelques jours, des quantiesprodigieuses de Cri-
quets pèlerins qui passaient sans discontinuer auJessus de Mustapha et
d'Alger. On était littéralement assailli lorsqu'on soput dans les rues. J'ai
donc pu voir facilement l'attitude de ces acridiens tendant le vol.
» Lorsqu'ils veulent s'envoler, ils se donnent unélan violenta l'aide de
leurs pattes de la troisième paire qu'ils détendent bmme un ressort et qui
restent pendantes durant quelques instants. Si l'injecte veut continuer son
vol et monter davantage, il replie les jambes sur le cuisses delà troisième
paire de façon qu'elles soient parallèles à l'abdoàen. Les pattes du pro-
thorax et du mésothorax se relèvent et s'appliqent contre le (horax, la
jambe repliée contre la cuisse. Les antennes son dirigées en avant.
» Si l'insecte veut se poser, il laisse pendre tûtes ses pattes et relève
ses ailes, se laissant alors soutenir dans l'air à
L'insecte ressemble à un pigeon qui va se poser.
façon d'un parachute.
( i3i9 )
» M. Poujade a étudié l'attitude des insectes pendant le vol et il a re-
présenté une Locuste verte ayant les pattes pendantes durant le vol. Il fau-
drait vérifier si cette attitude n'a lieu qu'au moment du départ et si cet
insecte replie ses pattes à la façon du Criquet.
» J'ai observé les Criquets pèlerins pendant l'accouplement et pendant
la ponte. L'accouplement se fait presque en même temps pour les Criquets
d'un môme vol. Lorsqu'on s'approche ils ne s'envolent pas, ils sautillent
et la plupart du temps le mâle reste cramponné sur sa femelle.
» Si on les obse-ve sans les effrayer, on voit que, pendant l'accouple-
ment, le mâle rednsse par moments ses pattes de la troisième paire et fré-
mit véritablement de jouissance. Il en est de même pendant la ponte; le
mâle reste sur sa femelle et ses pattes de la troisième paire sont encore
agitées fiévreusemeit. Il semble la vouloir aider à l'accouchement.
» La femelle enfonce son abdomen dans les terrains les plus durs, sur
les routes battues nême; quelquefois elle fait des trous d'essai pour se
rendre compte de la nature du sol.
» L'abdomen s'énonce à une profondeur qui varie entre 5cm et 8' -""', et
jamais je n'ai pu voii de femelle ayant enfoncé son abdomen à une plus
grande profondeur, ben qu'on ait dit souvent le contraire. D'ailleurs, dans
une des dernières séaicesde la Société d'Agriculture d'Alger, M. Rùnckel
a fait justice de cette aitique assertion.
» La femelle déposi au fond du trou une substance légère, blanchâtre,
qui ne peut être mien comparée qu'à du blanc d'oeuf battu; elle dépose
ses œufs et les recouvr encore de cette substance.
)) J'ai observé, en averses localités et notamment à Bordj Bouira, une
moyenne de trente-ciij pontes par décimètre carré contenant chacune
quatre-vingts à quatre-\ngt-dix œufs !
» Après la ponte, le: insectes restent, en général, absolument anéantis
et meurent sur les lieu: de ponte; on rencontre en moyenne trente cada-
vres par mètre carré, savent beaucoup plus; en outre, des débris d'ailes,
de pattes, de corps proient que des animaux, oiseaux, mammifères, rep-
tiles, même des scolopodres (j'en ai trouvé mangeant des cadavres de
ces Criquets) viennent s repaître de cette nourriture facile à trouver.
» Le sol où a eu lieu 1 ponte est facile à reconnaître, même de loin. Il
est craquelé, éclaté, effrij ; en outre les trous de ponte sont surmontés de
cette bave dont j'ai parlédus haut. »
( l320 )
M. Blanchard communique à l'Académie un télégramme que M. Ch.
Brongniart vient de lui adresser de Mustapha :
« Trouvé quantité de pèlerins morts, tués par cryptogame Bolrytis, voisin du Bas-
sianct. Le professeur Trabut vérifie ma découverte. »
BOTANIQUE. — Sur la nature morphologique du phènon\ène de la féconda-
tion. Note de M. Léon Guignard, présentée parti. Duchartre.
« En signalant, dans une Note antérieure ('), l'existence générale des
sphères directrices dans les cellules végétales, j'ai fait jemarquer, à propos
des organes sexuels, qu'on les trouve, au nombre dfe deux pour chaque
noyau à l'état de repos, non seulement dans les cellules mères du pollen
et dans le sac embryonnaire en voie de développemeit, mais encore dans
l'oosphère avant la fécondation.
» La transmission ininterrompue de ces corps je cellule à cellule,
quelle que soit la nature de l'organe considéré, dolnait à penser que le
noyau mâle de la cellule génératrice, chargée d'opéra- la fécondation, doit
être également, comme le noyau de la cellule fetiplle, accompagné de
deux sphères directrices. Mais, s'il en est ainsi, cesdernières pénètrent-
elles avec le noyau mâle dans l'oosphère? et, dans 1 cas afBrmatif, quelle
est leur destinée dans l'acte de la fécondation? Oj a cru jusqu'à ce jour
que l'essence du phénomène de la fécondation consiie exclusivement dans
la copulation de deux noyaux d'origine sexuelle afférente, la fusion des
protoplasmes, quand elle existe, comme chez les/Thallophytes, n'ayant
qu'un rôle accessoire.
» Les faits suivants, tirés surtout de l'étude duiLis Martagon et de la
Fritillaire, montrent que cette interprétation est nexacte, et la conclu-
sion qu'ils fournissent est conforme sur le pointpssentiel, comme on le
verra plus loin, à celle que M. Hermann Fol a épncée récemment pour
les animaux (2). /
» Pour comprendre le mode d'union des élérœnts sexuels au moment
(') Comptes rendus, 9 mars 1891.
(2) Note sur le quadrille des centres : un épisodeïouveau de la fécondation
(Comptes rendus, 20 avril 1891, eL Arch. des Sciences\hys. et nat. de Genève, nu-
méro du i5 avril 1891).
( l32£ )
de la fécondation, i! est nécessaire de savoir d'abord quelle est, dans le
tube pollinique et dans le sac embryonnaire, la position des sphères direc-
trices au contact des noyaux mâle et femelle.
» 1. Après son entrée dans le tube pollinique, la cellule génératrice du
grain de pollen est fusiforme et pourvue d'un protoplasme propre et spé-
cialisé, que divers réactifs permettent de distinguer facilement du proto-
plasme qui circule dans le tube. Comme ce protoplasme propre recouvre
d'une couche très mince les faces latérales du noyau allongé de la cellule
génératrice, tandis qu'il est plus épais aux deux extrémités du novau, les
sphères directrices se trouvent généralement à l'une de ces extrémités.
» Lorsque la ce Iule génératrice se divise pour donner, conformément
à la règle générale pour les Angiospermes, deux nouvelles cellules libres,
le grand axe du fustau nucléaire est toujours parallèle à celui du tube pol-
linique. Après cette division, celle des deux nouvelles cellules génératrices
qui est antérieure dms le tube a ses sphères en avant du novau, à la place
occupée auparavan par l'un des pôles du fuseau; l'autre cellule, au con-
traire, les présente m arrière, là où se trouvait l'autre pôle. Par consé-
quent, au moment ni la première, seule chargée d'opérer la fécondation,
pénétrera dans l'apjareil femelle, les deux sphères directrices qu'elle pos-
sède précéderont le oyau, qui a reçu le nom de noyau mâle.
» 2. Avant la fécoidation, le sac embryonnaire produit, comme on sait,
huit noyaux disposésîn deux tétrades, l'une au sommet, l'autre à la base.
Dans la tétrade du sonnet, les deux noyaux qui appartiendront auxsyner-
gides se forment dan un plan horizontal; les sphères occupent donc la
face latérale et extern de chacun d'eux. Les deux autres novaux naissent,
au contraire, dans un plan perpendiculaire : le plus élevé appartiendra à
l'oosphère ; le moins éevé ira s'unir à un novau homologue, qui se détache
de la tétrade inférieur pour former avec lui le noyau secondaire du sac
embryonnaire ou preiier noyau de l'albumen. Par suite, les corps direc-
teurs sont situés au-desus du noyau de l'oosphère, tandis que, pour son
congénère, ils sont au-essous.
» 3. Dès lors, au mment où la cellule mâle pénètre dans la cellule
femelle, le contact s'étblit d'abord entre leurs sphères respectives, qui
s'accouplent deux à dex ; puis les deux paires constituées chacune par
deux éléments d'origin* différente s'écartent l'une de l'autre pour per-
mettre aux noyaux de s'nir à leur tour.
» Dans chaque coupl, les sphères se fusionnent lentement en formant
peu à peu une masse impie, où les deux centrosomes primitifs se confon-
C. R., 1891 . 1" Seme.se. (T. CXII, !S» 23. 1 I72
( 1332 )
dent finalement en un seul. Les deux nouvelles sphères ainsi constituées
seront l'origine des pôles du premier fuseau de division de l'œuf après la
fécondation ; elles s'orienteront de telle sorte que ce fuseau soit parallèle
au grand axe de l'œuf.
» Pendant ce temps, le noyau mâle, fortement contracté et d'aspect
homogène au moment de sa pénétration, grossit insensiblement au contact
du noyau femelle dont on peut facilement le distinguer L'entrée en divi-
sion de la masse commune, formée par les segments chromatiques des
deux noyaux sexuels, a lieu quand les deux sphères d'un même couple se
sont fusionnées en une seule. Alors la fécondation est accomplie. Les
mêmes faits s'observent dans l'union des deux noyauxmii doivent consti-
tuer le noyau secondaire du sac embryonnaire, et cfest même là qu'on
peut le plus facilement les suivre.
» 4. Il résulte de ces données nouvelles que le phén mène de la féconda-
tion consiste non seulement dans la copulation de deiv noyaux d'origine
sexuelle, différente, mais aussi dans la fusion de deux prooplasmes, également
d'origine différente, représentés essentiellement par les spiéres directrices de la
cellule mâle et de la cellule femelle.
» Dans le travail mentionné précédemment, M.lermann Fol a con-
staté que, chez un Oursin, leStrongylocenlrotus lividis, le spermatozoïde,
après son entrée dans l'œuf, se montre précédé par di corpuscule distinct
ou spermocentre. Le pronucléus femelle est de mêue accompagné d'un
corpuscule analogue ou ovocentre ; mais ce dernier essitué du côté opposé,
par rapport à l'endroit où pénètre le spermatozoïde Pendant l'union du
pronucléus mâle, dérivé du spermatozoïde, avec \i pronucléus femelle,
ces deux centres se dédoublent et leurs moitiés respctives cheminent en
sens inverse en décrivant un quart de circonférencl dans un même plan;
de sorte que, de chaque côté de la masse nucléaireunique formée par les
pronucléus, et à angle droit de la position primfve, un demi-spermo-
centre vient rencontrer un demi-ovocentre et sefusionner avec lui. Il
se fait ainsi deux astrocentres, occupant les deux p^es du premier fuseau
de segmentation de l'œuf.
» Au fond, le résultat est le même que chez ^s plantes; seulement,
chez celles-ci, les corps protoplasmiques qui dcjent se fusionner sont
préformés dans la cellule mâle et dans la cellule finelle. Cette différence,
en admettant qu'elle soit constante, ne change pap nature essentielle du
phénomène fondamental de la fécondation, dût la similitude paraît
désormais établie pour les plantes et pour les animux. »
( i3a3 )
PÉTROGRAPHIE. — Sur les enclaves de syènites nêphéliniques trouvées au milieu
des phonolilcs du Bôhgau et de quelques autres gisements; conclusions à en
tirer. Note de M. A. Lacroix, présentée par M. Fouqué.
« J'ai recueilli écemment dans les phonolites du Hohgau (nord-ouest
du lac de Constance) un assez grand nombre d'enclaves particulièrement
intéressantes, à cause de leurs relations avec la roche cpii les englobe.
» Ces enclaves ;ont assez abondantes sur les abrupts est et sud-est du
Hohentwiel, à Gennersbohl, près Hilzingen, plus rares à Hohenkràken et
à Màgdberg. Arroidies ou anguleuses, elles varient dans leurs dimensions
depuis la grosseur d'une noix jusqu'à celle des deux poings. On peut les
diviser en deux groipes.
» Le premier eslformé par des roches de couleur claire, grenues et of-
frant à l'œil nu les iaractères des syènites nêphéliniques. On y distingue des
feldspaths aplatis suvant ^(oio^et allongés suivant l'arête/; g'(oo i)(oi <>),
des minéraux jaune rougeàtrc que l'examen microscopique montre être
de la néphéline (rare) et surtout un minéral cubique du groupe sodalite-
noséane plus ou moiis transformés en mésotype, enfin du pyroxène vert.
» L'étude des lanss minces montre que ces roches possèdent la structure
la plus habituelle au syènites nêphéliniques. Les cristaux de feldspath
s'enchevêtrent, laissât entre eux des vides polyédriques, remplis par la
néphéline et la sodalih. Cette dernière existe aussi en cristaux automorphes
englobés par les feldsaths.
» Le pyroxène estvert foncé, très polvchroïque; sur les bords, il se
transforme en œgyrinc ce dernier minéral existe parfois en grands cris-
taux. Divers minérau>accessoires (sphêne, zircon, rin/titr) s'observent, en
outre, plus ou moins nondamment.
» Souvent la néphëne et la sodalite sont complètement zéolitisées et
les feldspaths entièremnt noyés dans les produits secondaires.
» Deux enclaves deiennersbohl absolument intactes présentent quel-
ques particularités : l'un, à gros grains, renferme des cristaux octaédriques
[a1 (i i i)] réguliers, jaues, qui doivent être rapportés à la pyrrhile. Tous
les éléments sont grenu, les feldspaths piquetés des produits d'altération
colloïdes : la roche estidentique à certaines syènites nêphéliniques du
Brésil; l'autre enclave d très finement grenue, riche en biotite et en py-
roxène s' isolant en paqv.ts; cette roche présente une grande analogie de
( i324 )
structure avec quelques-unes des formes de contact que j'ai décrites dans
la syénite néphélinique de Montréal (Canada) et avec quelques roches filo-
niennes du groupe tinguaite de M. Rosenbusch.
» Le second groupe d'enclaves est de couleur foncée! l'examen micro-
scopique fait voir que les roches qui le constituent sontjsurlout riches en
pyroxène (partiellement transformé en aegyrine), parfclis en œgyrine, en
biolite, en apatile et en sphène. Ces minéraux sont entoufés par de la soda-
lite et plus rarement par de la néphéline. Du grenat mélnite, de la pcroivs-
kite ont été accidentellement observés. La biolite est parfois en voie de
résorption ferrugineuse et accompagnée de biotite récen e. En général, les
éléments blancs sont zéolitisés. L'étude d'un grand nonjbre d'échantillons
m'a permis de voir que tous les passages possibles pistaient entre ce
groupe d'enclaves et le précédent par l'adjonction d'oijhose et la diminu-
tion concomitante des éléments ferrugineux.
» Il est intéressant de comparer ces enclaves gren es avec celles que
l'on trouve dans les phonolites d'Oberbergen, en Kaisers tuhl, que j'ai eu
récemment l'occasion de visiter. Dans ce gisement, le sont les enclaves
grenues, composées de grenat mélanite (schorlomile)! pyroxène, biotite,
ittnérite (du groupe haùyne-sodalite), apatite et plus rarement perowskile
qui dominent, tandis que les syénites feldspathiques, sjabondantes dans le
Hohgau, sont beaucoup plus rares. Notons que, comnc dans ce dernier
gisement, on trouve des passages entre les syénites rès feldspathiques et
les enclaves non feldspathiques par l'introduction d'oihose dans celles-ci.
» Dans le plateau central de la France, j'ai trouvé |u milieu de la phono-
lite de Valette, près Trizac, un bloc de sodalite bleueïamellaire rappelant
celle des syénites néphéliniques de l'Oural, et, dan les tufs de Brocq, à
proximité des phonolites de Vensac (Cantal), des rChes grenues à anor-
those et sodalite, biotite, zircon, tout à fait comparMes aux enclaves du
Hohgau.
» Enfin des enclaves de syénites néphéliniques onété signalées dans les
phonolites de l'île Fernando de Noronha et dans cdes des Canaries.
» Dans un grand nombre de gisements, les syénjes néphéliniques sont
accompagnées de roches spéciales finement grenu« et de roches microli-
tiques analogues aux phonolites.
» J'ai montré dans cette Note que, réciproque|ent, les phonolites de
plusieurs gisements renferment des enclaves de s snites néphéliniques et
de roches finement grenues ramenées des profondes.
» Ces faits sont intéressants à rapprocher, car i|font voir que le même
( IÏ25 )
magma peut donner soit do la syénite néphélinique, soit de la phonolite,
suivant les condit ons qui ont présidé à son refroidissement. »
GÉOLOGIE. — Observations sur le parallélisme des assises du crétacé supérieur
des Pyrénées occidentales < liasses-Pyrénées et Landes). Note de M. Jeax
Seuhes, présentée par M. Fouqué.
» Le terrain crétacé supérieur des liasses-Pvrénées et des Landes est
constitué par une .-crie régulière de formations sédimentains entièrement
marines» ' | résuimes dans le Tableau suivant :
Éocènk inférieur. | Couches à Nummulites spileccensis, OperculinaHeberti.
,,. , , • , i Couches a Nautdus Damctts, Pleurotomana Danica,
Danibn (sensu stricto , \ .
r.Di«vi.\ uicrastei iercensis, tsasler lauitanicus, Coraster,
Geronia, Isopneustes, etc.
Garim.mi v
ce
_
C/)
< Iampambm .
Mabstricbtibn . . . '
■j.. Faciès à Immonites.
Couches à P ac hydisc us J aequo U, Pachyd. Fresvillensis,
Pachyd. af. Galicianus (variété), Baculites anceps,
Hamites cylindraceus, Scaphilcs constrictus, Inocera-
mus impressus, etc.
Conclu-, à Pachydiscus el à Stegaster des Basses-Pyré-
nées ci ilu sud des Landes.
Gisement à Pachydiscus de Monléon (Hautes-Pyrénéi
/ aci s à Hemipneustes.
Couches d'Audignon (Landes) ■> Hemipneustes pyrenai-
cus, ffemip. Leymeriei, Qstrea larva, Orbitoïdes (Jeu-
sac ica (O. papyracea), eic.
Gisement de Gensac (Haute-Garonne).
louches de Tercis, d'Angoumé, clc, à Ileleroceras po-
l lyplocum, Pachydiscus Fresvillensis, var., Pachyd. af.
Galicianus, Pachyd. af. robustus, Baculites anceps,
JVautilus Dekayi, Ostrea vesicularis, Nerita rugosa,
Echinocorys Heberti, etc.
» L'étude comparativide la faune des Ammonitidce de la craie supérieure
(') Recherches géologique sur la région pyrénéenne du sud-ouest de la France
(Thèse de doctorat).
( r326 )
de la région pyrénéenne et des divers gisements connus en Europe et
dans l'Inde, nous a conduit aux considérations suivantes :
» 20 Les couches à Eeteroceras polyplocum des Landfs, placées au ni-
veau de la craie de Haldem par M. Hébert (■), correspondent également
aux couches à Eeteroceras polyplocum, Pachydiscus Fresbllensis, etc., de la
Charente (campanien de Cocpiand). La présence de P. Fj-esvillensis et l'ana-
logie de la faune ne laissent aucun doute sur ce classement.
a craie blanche à
le); la partie infé-
Ux-la-Chapelle ; la
» C'est au même niveau qu'il convient de placer
Micraster Brongniarti de Meudon, de Nouvelles (Belgiq
rieure de la craie marneuse à Belemnitella mucronata d'
craie à Eeteroceras polyplocum de Rugen, etc
» 20 Les couches comprises entre l'assise à Heteràeras polyplocum et
celle à Nautilus Danicus renferment, dans les Pyrénée, soit des Ammoni-
tidce, soit des Eemipneustes, des Ostrea et des Orbitoïa's, que l'on trouve
ensemble dans la Charente (dordonien de Coquand). achydiscus Jacquoti
est l'espèce caractéristique de ce niveau; elle se renclntre dans les Pyré-
nées, la Charente, le Cotentin, le sud-est de l'Espagne etc.
» D'après l'analogie de la faune des Ammonilidœ, ol est amené à regar-
der comme sensiblement synchroniques des coucha à Pachydiscus Jac-
quoti des Pyrénées {Maastricht ien) : le dordonien de l'jquitaine; le calcaire
à Baculites du Cotentin ; le tuffeau de Maëstricht à Anmonites et à Hemi-
pneusles (= partie supérieure des couches à Belemnitlla mucronata de la
Belgique); la partie supérieure des couches à Belemnella mucronata d' Aix-
la-Chapelle; la craie de Lunebourg, la craie de Lembrg; la craie à Pachy-
discus Gollevil/ensis d'Irlande; la partie supérieure es couches à Ammo-
nitidœ du groupe de l'Arrialur de l'Inde anglaise et d) Pondichéry.
» Il faut noter que quelques espèces de Pachyliscus du campanien,
P. a/. Galicianus, P. af. Fresi'illensis, etc., se retrjuvent dans le Maës-
trichtien et rendent bien difficile la séparation de ci deux assises.
» 3° Le parallélisme précédent se trouve cornporé par ce fait que,
dans un grand nombre de ces régions, là où les é»sions ont respecté les
couches supérieures du crétacé (quand elles s'étaiet déposées), on trouve
le Maestrichtien normalement recouvert par des ciches caractérisées par
le Nautilus Danicus ou par Isopneustes colonies couœs dans lesquelles on n'a
encore signalé aucune trace d' Ammonitidœ ; je veuj parler du calcaire de
Faxo, du calcaire pisolithique du bassin de Paris, ds calcaires entièrement
(') Comptes rendus, t. XCI, séance du 8 novembre ié
( «327 )
marins des Basses-Pyrénées cl des Landes, des sables de Ninnyurde l'Inde
anglaise et de Pondichérj , où la présence de Nautilus Danicus est constante;
enfin des couche-, garumniennes de la Haute-Garonne et de l'Ariège, et de
la partie supérieure du tuffeau de Maëstricht renfermant IsopncusLcs colo-
nies ei peut-être aussi Nautilus Danicus.
» Desor a appliqué tout d'abord le nom de Danien au calcaire à Nau-
tilus Danicus de Fax6; il convient donc de réserver ce nom exclusivement à
l'assise à Nautilus Danicus et de ne plus l'employer comme nom d'étage à
l'ensemble des cotches à Nauiilus Danicus < dépourvues d' Ammonitidœ > et de
celles à Pachy discu Jacquoti o\y à Hemipneustes { Maëstrichtien ); ces dernières
se rattachent naturellement par l'affinité de leur faune au Sénoniea supé-
rieur (campanien) où d'Orbigny les avait d'ailleurs rangées.
» Il conviendra ■gaiement à l'avenir de n'appliquer le terme de Garum-
nien aux couches aNautilus Danicus ou à leur équivalent que pour dési-
gner le faciès laguio-lacustre et marin du Danien, tel tin* 1 1 se présente
dans la Haute-Garenne, l'Ariège et la Catalogne,
PHYSIOLOGIE. — L grand sympathique nerf de l'accommodation pour la
vision des objets clignes. Note de MM. .1.-1*. .Il oit aï et Maurice Doyox.
présentée par M. .. Chauveau.
« On doit aux tavaux de Cramer et surtout d'Helmholtz d'avoir
démontré que l'adapition de l'œil aux distances se fait par un changement
des courbures du cri allin (de l'antérieure surtout). Les recherches ana-
tomiques de Bowmai et de Brùcke et postérieurement de Rouget et de
H. Millier, en établi, ant l'existence d'un muscle intra-oculairc (fibres
radiées et libres circiaires du muscle ciliaire), expliquent la possibilité
d'une telle déformatia du cristallin. Enfin, plus récemment, Hensen et
Volkers ont montré «j'en excitant l'oculo-moteur commun ou les nerfs
ciliaires qui lui lont sue on peut reproduire expérimentalement les chan-
gements intra-oculaired'où dépend l'adaptation.
» Il semble avec touces cléments que l'appareil moteur de l'accommo-
dation soit complet. A 'activité île cet appareil correspond la vision de
[ires; tandis que, dit-oi la vision de loin correspondrait simplement à son
repos. Nous nous pro[>sons de montrer qu'en réalité, dans la vision de
loin ou à l'infini, il inleiient une puissance nerveuse antagoniste de la pre-
( i3a8 )
mière : il v a non pas un, mais deux nerfs de l'accommodation : c'est ce qui
ressort de l'expérience qui suit, que nous avons réalisée sur le chat, sur le
chien et sur le lapin.
» Expérience. — L'animal est immobilisé par une injection de curare à
la dose limite ou de morphine dans le tissu cellulaire.) Le sympathique
cervical est mis à nu et séparé des nerfs voisins par fles procédés qui
peuvent varier suivant les animaux.
» L'obscurité est faite dans la pièce où l'on opère. Un dispose à une
certaine distance de la tête de l'animal une source lumineuse dont les
rayons tombant sur l'œil donnent naissance aux images dites de Purkinje.
On s'arrange de manière à avoir l'une à côté de l'autrejd'une part l'image
cornéenne et d'autre part, à travers la pupille, la première image cristalli-
nienne dont les changements de grandeur seront apn-éciés par compa-
raison.
» Le sympathique est coupé : à la suite de cette srtion on peut voir
d'une façon non constante une diminution dans la gandeur de l'image
cristallinienne. Ce changement est généralement faibli et parfois difficile-
ment appréciable : il dépend du reste de l'état antérpur dans lequel se
trouvait l'appareil accommodateur au moment de la stction du nerf.
» Les effets de l'excitation sont bien plus nets etjplus démonstratifs.
Cette excitation est pratiquée à l'aide des courants déduction dits tétani-
sants, tels qu'on les emploie usuellement en Phvsiokgie : son résultat est
un grandissement de l'image cristallinienne dans Ionises diamètres. Cette
augmentation est variable suivant l'espèce animale l'âge de l'individu,
l'état de repos ou de fatigue du nerf, l'intensitéde l'excitant, enfin,
surtout, suivant l'état des courbures du cristallin immdiatement avant l'ex-
citation. Pour rendre son effet plus visible, il est boj de produire au préa-
lable le spasme de l'accommodation, soit par l'exaction du nerf antago-
niste, soit par l'instillation clans l'œil de substancesnyotiques auxquelles
nous avons reconnu un effet parallèle et de mêm] ordre sur le système
accommodateur, l'ésérine ou préférablement la niptine, à la close d'une
goutte de la solution au ~.
» Dire que l'excitation du sympathique détermie le grandissement de
l'image antérieure cristallinienne revient à dire
excitation fait accommoder l'œil pour les distances
autrement dit, qu'elle détermine l'aplatissementhi cristallin. Quel est
maintenant le mécanisme de cette déformation? cjel en est l'organe mo
videmment que cette
loignées, pour l'infini :
( i3a9 )
leur mis en jeu par Le sympathique ? D'après ce qui est connu et géné-
ralement admis le la disposition et des insertions du muscle ciliaire, on
ne voit aucune de ses parties qui puisse, par sa contraction, produire un
tel effet sur le cristallin. Mais <>n peut admettre que, sur ce muscle comme
sur plusieurs airres (muscles de L'intestin, des vaisseaux de la pupille
même), Le sytnpithique agit par inhibition. On trouve en effet, dans le
voisinage immédhl et dans L'épaisseur même du muscle ciliaire, un plexus
ganglionnaire, c'tst-à-dire des cellules nerveuses, éléments qu'on s'ac-
corde généralement à considérer comme étant le siège des phénomènes
nerveux dits iVan't ou d'inhibition.
» Toutes réscr es étant laites sur celte interprétation, il reste acquis
que le grand symjathique cervical est le nerf de l'accommodation pour la
\ ision de Loin ou àl'infini t '
physiologii: PATHOLOGIQUE. — Recherches sur l'existence (/'organismes
parasitaires dans es cristallins malades chez l'homme et sut le rôle possible
de ces organismes lans la pathogénie de certaines affections oculaires. Note
de MM. (i.u.i.ii'i'ict L. Moheau, pie>« ntée par M. Charcot.
« Partant de ce principe, appuyé par les travaux de L'un de nous, que
la calcification des issus pathologiques est fonction microbienne, nous
nous sommes propoés de reeherclier si, dans les cristallins cataractes,
susceptibles de subirine transformation calcaire, partielle on totale, exis-
taient des micro-orga ismes.
» Dans le même oire d'idées, nos recherches ont également eu pour
but de constater si loyeux perdus depuis longtemps et dans Lesquels on
trouve des concrétion calcaires renfermaient des micro-organismes.
» Enfin, nous nous mes proposés d'étudier si l'on ne pourrait attri-
buer une origine paraitaire probable à ces singuliers phénomènes entop-
tiques connus sous le om de mouches /niantes.
» Dans la grande nijorité des cas, nous a\ mis trouvé des parasites dans
les cristallins cataracte Sans vouloir leur attribuer un rôle exclusif dans
la pathogénie de la calacte, nous pensons que ces parasites ne doivent
pas être cl rangers à l'oacification des cristallins.
(') Ce travail a été fait 'i laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine
de Lyon.
('.. R., 1891, i" Se»». (. i I (AU, N* 23.) 17^
( i33o )
» Nous avons également rencontré des micro-organismes clans les con-
crétions calcaires existant dans les yeux perdus depuis longtemps.
» Enfin, sans vouloir, pour ce dernier point, dépas er les limites de
l'hypothèse, nous pensons, en nous appuyant sur des aiguments d'ordre
physique, que les corps étrangers intraoculaires dits mouches volantes,
pourraient bien être d'origine parasitaire.
» Nos recherches nous ont conduits à des conclusionstle thérapeutique
pathogénique. S'il est démontré, comme nous le pensols, que l'on doive
compter avec l'intervention des parasites dans la production de certaines
affections oculaires, telles que la cataracte, l'ophtalmie impathique, etc.,
le traitement antiseptique des affections extra et intra-lculaires s'impose
aux médecins d'une façon rigoureuse. »
VITICULTURE. — Sur l'emploi du sulfure de carbone disous dans l'eau,
pour combattre le Phylloxéra. Note de M. A. Kommier.
« La Commission supérieure du Phylloxéra n'a adnis jusqu'ici, pour
traiter les vignes phvlloxérées, que deux insecticides, 1/ sulfure de carbone
et le sulfocarbonate de potassium.
» Le sulfure de carbone a été essayé pour la p remise fois, en 1869, par
M. P. Thenard. Il le versa, avec une burette, dans lef sillons d'une vigne
qu'on labourait à la charrue, et un ouvrier qui marenit derrière lui nive-
lait le sol avec le pied. Dans la suite, cet insecticidai été appliqué avec
des instruments moins primitifs : le pal Monestier, luis le pal Gastine,
enfin les charrues sulfureuses qui rendent encore deservices signalés aux
viticulteurs.
» Le sulfocarbonate de potassium a été proposé eri874, par M. Dumas,
et les premières applications en ont été faites parM. Mouillcfert. Il le
dilua dans beaucoup d'eau et le versa dans des ciettes aux pieds des
souches.
» En 1875, j'ai été chargé, par M. Dumas, de re<iercher pendant com-
bien de temps ce sel séjourne dans le sol sans se déimposer. J'ai d'abord
constaté qu'il se dissociait instantanément en préstjce des sels ammonia-
caux, et qu'un sixième de son sulfure de carbone dvenait libre (*).
» Dilué dans beaucoup d'eau, il devient très instMe, ce qui arrive aux
(') Comptes rendus, t. I, p. i386; 1S7Ô.
( i33i )
sels à bases fortes el à acides faibles, suivant les observations de M. Ber-
thelot. I ne heure ou deux, en effet, après qu'on l'a versé aux pieds des
< c|)s, son odeur disparaît et elle est remplacée par celle si caractéristique
du sulfure de caibone. En moins de vingt-quatre heures, il est déjà impos-
sible d'enconstaer la moindre trace avec les réactifs. L'eau de lavage de
la terre précipite en blanc par les sels de plomb, et le sulfure de potassium
provenant de la dissociation est décomposé, par l'oxyde de 1er qui se
trouve dans le so, en oxyde de 1er et en potasse caustique.
» Mais le sulfu-e de carbone régénéré par la dissociation du sulfocar-
bonate se réparti mieux dans le sol, avec l'eau qui lui sert de véhicule,
que lorsqu'on l'iitroduit avec i\n pal, et, à dose égale, il \ est bien plus
actif. Cet avantage du sulfocarbonate sur le sulfure de carbone est com-
pensé par le grav défaut de laisser dans le sol plus de potasse que la
vigne n'en absorbe annuellement, surtout dans les applications reitérées.
» La potasse, ei effet, dissout l'humus et, en l'absence de la végétation,
elle l'entraîne ave. les eaux pluviales dans les profondeurs de la terre.
< 'est en se basant air celle réaction que M. I'. Thenard en a extrail l'acide
fumique, analogueà celui qu'il avait déjà relire du fumier; el MM. Ber-
thelot et André, c la u une récente ( lommunication à l'Académie des Sciences,
ont montré que l'aide humique du sucre, traité par une solution étendue
de potasse caustique forme avec cel alcali, suivant s legré de conden-
sation moléculaire t d'hydratation, «les sels solubles el insolubles dans
l'eau. L'acide fumicie en présence des alcalis doit produire des combi-
naisons analogues à -.elles de l'acide humique.
» La solution étedue de sulfocarbonate de potassium répartie unifor-
mément dans le sol cquiert sa plus grande puissance toxique au moment
où son sulfure de cabone est mis en liberté; il \ avail à voir si du sulfure
de carbone dissous cins l'eau ne présenterai! pas le même avantage, sans
offrir les inconvéniers du sulfocarbonate de potassium.
» Dans ce but, eni882. j'ai recherche la solubilité du sulfure de car-
bone dans l'eau et j'areconnu qu'elle s'élevait à un peu moins de 2gl par
litre, à la tempérai ur ordinaire.
» .T'ai ensuite expémenté telle solution, au litre de ogr, i de sulfure de
carbone par litre, pricipalement sur des vignes plantées en pois, et j'ai
reconnu qu'elle faisaibérir tous les Phylloxéras, ainsi que leurs œufs. Plus
diluée, elle était encœ aussi insecticide, mais à la condition de répartir
la même dose de poiso sur la même surface de terrain, sa propriété meur-
i332 )
Lrière dépendant non de la concentration du liquide tonique, mais de la
quantité employée.
» Je recommandais de se servir d'un réservoir muni d'ailettes (une
espèce de baratte), où l'on pulvériserait le mélange des (eux liquides, qui
serait ensuite dilué, après l'écoulement, suivant la quantit d'eau nécessaire
à l'irrigation (' ).
« J'ignorais alors que Cauvy avait pris un brevet, en 1870, pour le trai-
tement des vignes phylloxérées avec le sulfure de carbhne dissous dans
l'eau et avec le sulfocarbonate de calcium. Son procédé aviit passé inaperçu
et n'a même pas été essayé ; il coïncidait avec le sulfoca-bonate de potas-
sium de M. Dumas, qui attirait l'attention générale. CJuvy proposait de
verser au pied de chaque souche de quatre à cinq cents lures d'une solution
de sulfure de carbone au millième, dose énorme, quin 3 à vingt fois plus
considérable que celle usitée actuellement, et qui des lit aussi bien faire
périr la vigne que le Phylloxéra.
» Le 1 3 octobre 1884, Peligot fit aussi, à l'Académp des Sciences, la
proposition de traiter les vignes avec le sulfure de calbone dissous dans
l'eau; elle motiva, de ma part, dans une de ses séance suivantes, une ré-
clamation de priorité à laquelle Peligot répondit très gacieusement.
» I^e 2.4 novembre 1884, MM. Chancel et Parmenlpr recherchèrent à
nouveau la solubilité du sulfure de carbone dans l'au. Ils reconnurent
qu'elle variait de 2gr par litre à 3°, 4, à celle de i6',o|à 4o°.
» Enfin, en i885, M. C. Benoist, avec le concours d|MM. Fafeur frères,
imagina un appareil ingénieux permettant de faire djs dissolutions régu-
lières de sulfure de carbone, à titre variable à la vopnté de l'opérateur,
par le simple maniement d'un robinet et opérant ausf rapidement qu'une
pompe peut refouler de l'eau.
» M. C. Benoist applique ce procédé, sur les vignesbhylloxérées, en ver-
sant dans des cuvettes aux pieds des souches de i5fà 20Ut de la solution
contenant de -^ à ~ de gramme de sulfure de carboje, en hiver, et seule-
ment de ^ à ~ de gramme, en été. Cette quantité à sulfure de carbone,
voisine de celle que j'ai recommandée, représente à 8oks à i6oks de l'in-
secticide à l'hectare. Les prix en ont varié, pour linême surface de ter-
rain, entre 170^ et 220fr.
(') Brochure, Phylloxéra, vignes et traitements; 1882.) Lettre à Barrai (Jour-
nal d'Agriculture, 26 août 1882).
( i333 )
» Depuis lors le sulfure de carbone dissous dans l'eau est employé avec
un succès constant, en France et à l'Étranger. Beaucoup de propriétaires
des grands crus 'lu Bordelais l'appliquent dans leurs vignobles et il peut
devenir d'une glande ressource pour la défense des vignes de la Cham-
pagne, lorsque, malheureusement, cette région sera aussi envahie par le
Phylloxéra.
» La Commission du Phylloxéra en a reconnu publiquement les avan-
tages dans sa séatce du 4 février 1890. »
M. C-II. Steiibruggex adresse une Note sur un procédé de son inven-
tion ayant pour bit de faire disparaître les pucerons de la vigne.
Le moyen consste dans l'emploi des aiguilles de pin ou de sapin que
l'on mélange ave> un peu de terre, et que l'on répand en couches de 1 à
2 centimètres autcir des pieds de la vigne. Il se produit par oxydation de
l'acide formique, cui empêche le passage des insectes.
M. II. Moulin- aresse une Note ayant pour titre : « La force élastique
des gaz vient de latension de la molécule et est indépendante du poids
atomique ».
A '( heures et dénie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levé à 4 heures trois quarts. M. B.
iiiiiinv m ni m K. i< m .11 1 .
Ouvrais reçus dans la séance du 19 mai 1891.
(Suite.)
Revue des études j uns. Tome XXII, n° 43. Janvier-mars 1891. Paris, A.
Durlacher; gr. in-8°.
Pubblicazioni delta s}cola vaticana; fasc. I. Roma, Tipografia vaticana,
1891 ;br. in-4°.
( i334 )
Observations mode ai the Hongkong Observatory, m thejear 1889; */W.
Doberck, director. Hongkong, Noronha et C°, 1891 ; br. fer. in-4".
Report of the meteorological Service ofthe Dominion of Canada; by Charles
Carpmael, Director for the yearendingdecember 3i, 188
Harrisburg, 1889-1890; 2 vol. in-8°.
Geological Survey of Pennsylvanie. - Sevenlh Report
fields of Western Pennsylvania for 1887-1888. (Following
of i885, and 1886), with addidonal unpublished wellreords ; by John F.
Carll. Harrisburg, 1890; in-8°.
Regisler of the University of California, 1890-91, BerMey. Published by
the régents ofthe University, 1891 ; in-8°.
Johns Hopkins University studies in historical and politicil science, ; séries V-
XII. Baltimore, 1890; 4 vol. in-8°.
Ottawa, Brown
m the oil and gas
he animal Reports
Thenard. Compte
tenue le 27 mars
Ouvrages reçus dans la séance di a5 mai 18
Société de secours des amis des Sciences; fondée par L.-
rendu du trentième exercice. Séance publique annuel!
1890. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1890; 1 vol. in-8°,
Bibliothèque de l'École des Hautes Etudes, publiée suis les auspices du
Ministère de l'Instruction publique. Section des Scienes naturelles. Tome
XXXVII. Paris, G. Masson; 1 vol. gr. in-8°. (Deux eémplaires.)
Bulletin de la Société philomathique de Paris; fondéjen 1788. Huitième
série, tome III, n° 1, 1890-1891. Paris, au siège de d Société, 1891 ; br.
in-8°.
Comparaison entre les températures de plusieurs ville de la basse Egypte;
par M. J. Barois. Le Caire, Imprimerie nationale, 18,1 ; br. in-8°.
Cours de Physique et Météorologie professé à l'Instvt agronomique; par
M. E. Duclaux. Paris, A. Hermann, 1891 ; 1 vol. gr.n-8°.
Bulletin mensuel de l'Observatoire météorologique à l'Université d'Upsal.
Vol. XXII, année 1890, par le Dr H. Hildebrand Hjdebrandsson. Upsal,
Edv. Berling, 1890-91 ; in-folio.
Bulletin météorologique du département de l'Héraut; publié sous les aus-
pices du Conseil général. Année. 1890 (18e année) Montpellier, Charles
Boehm, 1891 ; in-4°.
Description des cépages principaux de la région nèditerranéenne de la
France; par\\. Mares. Première et deuxième livraiso. Montpellier, Camille
Coulet; Paris, Georges Masson, 1890; in-folio.
( i335 )
< ', . Van dkk Mensbrugghe. Sur une particularité curieuse des cours d' eau et
sur l' une des causes des crues subites. — Sur la propriété caractéristique delà
surface commune à deux liquides soumis à leur affinité mutuelle. { 3e Commu-
nication.) Bruxeles, F. Hayez, 1891 ; 2 br. in-8°.
Muscinées du lépartement de la Manche ; par L. Cobbièbe. Cherbourg,
Imprimerie du trogrès, 1889. ( Renvoyé au concours du pris Montagne.)
Mission scientiftjue du Cap Horn ( [882-1 883). Tome VI : Zoologie — Échi-
nodermes; parE. 'errier. Fans, Gauthier-^ illarset fils, 1891; 1 vol. in-40.
i Présenté par MiMilne-Edwards.)
Exploration scieitifique de la Tunisie. — Description des mollusques fossiles
des terrains créta\ês de la région sud des Hauts Plateaux de la Tunisie,
recueillis en [885 -t 1886 par M. Philippe Thomas; par Alphonse Peron.
Deuxième Partie, 'aris, Imprimerie nationale, [890-1891; 1 vol. i*r. in-8°
et un atlas in-folio < Présenté par M. Milne-Edwards.)
Dispensaire Fwttdo-Heine. Statistique médicale 1890. Paris, Imprimerie
Chaix, 1891; l>r. n-.V'. (Présenté par M. le baron Larrey. Renvoyé au
concours Monty on. Statistique.)
Physique biologicie. — Recherches expérimentales sur les conditions phy-
siques de la vie dan les eaux; parle I >' Pai i Regnard. Paris, (i. Masson,
1891 ; 1 vol. gr. in-i". (Renvoyé au concours Montyon, Physiologie expé-
rimentale. )
Mme Clémence l'< ykh. Origine de l'homme et des sociétés. Paris, Victor
Masson et fils, 1871; 1 vol. gr. in-8°. (Deux exemplaires.) (Renvoyé au
concours du prix Jeu Reynaud. )
La mortinatalité das le département des < ôtes-du-Nord { 1 880-1889 )*'/>&*
spécialement dans V arondissement de Saint-Brieuc ; par le Dr Pai l \i hry
(de Saint-Brieuc). P?is, J.-R. Baillière et fils, 1891; br.gr. in-8°. (Renvoyé
au concours Montyoi Statistique.)
Le remède de Koch, j valeur contre la tuberculose; par ll.-W . Middendorp.
Paris, J.-B. Baillière .fils, 1891 ; br. gr. in-8°.
Laboratoire d' étude de la soie fondé par la Chambre de commerce de Lyon.
— liapport présenté à!a Chambre de commerce de Lyon, parla Commission
administrative, annéei886 el [889-1890. Lyon, Pitrat aîné, 1 S87-1891 ;
2 vol. iii-'|''-
Memorias y revista e la Sociedad cienlifica « Antonio Alzate ». Tomo IV;
cuadernos num. 5 \ I noviembre \ deciembre de 1890. Mexico, 1 8c> 1 ;
br. in-8°.
Délie ribrazioni sis/nhe e délie indicazioni sismome triche. — Ricerche teo-
( i336 )
nco-sperimentali delV. Timoteo Bertelli Barnabita. NotajII. Parte prima.
Parte seconda etterza. Estratto dalle Memnrie délia pontifiera Accademia det
nuovi Lincei, vol. VI). Roma, 1890; 2 br. in-4°.
The canadian patent office record. Volume XVIII. Ottaya, published bv
authority, 1890; in-4°.
On some properties of the Earth ; byO. Reichenbach. Loncbn, VVertheimer,
Lea et C°, 1880; 1 vol. in-8°.
ERRATA.
(Séance du 23 mai 1891.)
Page 1209, ligne 2, au lieu de Al. Moulin, lisez H. Moulin.
On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLARS ET FUS,
Quai des Grands^-Augustiris, n" 55.
Depuis 1835 les COMPTES RENDUS beb it ré ulièrentemt I" Dimiim 'te. Ils forment, à la lin de l'année, deux voli
L'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminenl chaque volume. L'aboniv
•X part du Ier janvier.
Le prix de rationnement est fixé ainsi qu'il suit :
Paris : 20 h. - Départements : 30 IV. — Union postale : 34 fr. — Antres pays : les frais de poste extraordinaires en su
On souscrit, dans les Départements,
igeu
\iiii< ns.
myonne
'esain -on
m ilruii r
'mirges
rest
IIVII
lie lin, in-
térim ml l'en
ouai.
. hez Messieurs :
Mil hel et Médan.
■ i lavaull St-Lager-
■ Jourdan.
I li.nl.
Hecquel-Decobert.
, i 1er m il i .r.issin.
> Lachèse ci Dolbeau.
me.
lai quard.
\ v rard.
* Duthuff.
' Muller (G.).
Renaud.
n uier.
\ F. l; i
, i. Kol
' \ l tel CarolT.
i Baér.
i Massif.
IVitiii.
, II' Ml V .
i Margoi
| Roussi
' Ribou-l loi la j
. Lamarche.
renoble
<i Hochetle
e Havre .
ille
Ratel.
' Damidot.
i Lauverjat.
' Crépin.
, I >rei
i Cîralier
Robin.
, Bourdigi
' H lue
Ropileau.
Quarré.
chez Messieurs :
. i Baumal.
Lorient ..
« \l li mer.
Beaud.
|Gei
/ i un i Méj
Palud.
Ville cl I'' 1 1
Marseille Pessailhan
t Ci 1 .i -
Montpelli
' i Coulcl .
Moulins Mari ial '
Sordoillei .
.\aiiri ' • apin.
!L frci
, l.oi-e.ill.
hautes ■ , .,
\ ice . . .
! Visi "Mil ■'! i .
M mes . . Thibaud.
ru I.ii/i i aj
. . , l:l.iii l,i. i
foitiers , ,
' Drumaud
//. nries . .. .. Plihon el il
/,, chefort Bot
, Langlois.
i l .-I nnganl.
Cheval
! , l; . lide.
Toulon , .
' Kumebe.
met.
Toulouse
' Privai.
Boisseli
Pérlcal.
' Suppligeon,
■ - / t Giai
I au nciennes , ,
i Leinall
On souscrit, à l'Étranger,
chez Messieui - :
, i Robbers.
Amsterdam . . . . , ,
' reike laarelsen
Athènes Beck. el C
Haï reloue \ erdaguer.
\-li.r et C".
_ , 1 Calvan el C
lierl ni , „
I l i. ,11. iii.I, r cl lus.
' Mayer el Muller.
/.,,.,. . \ Schtnid, I V.,,
'" "" i ,
Bologn* ZaoicheUi el C
Ramlot.
Uni n H: Mayolez!
' Lcbéguc el I
, ll.lilll.IMM.
Itiieliai i '
' Ranistcanu.
Budapest. - , Kilian,
Cumin i ' _ I leighton, Bell
Christiani l er.
Constanlinople. . Ollo el Keil
n Sis.
Florin Lœsi hi '
Gond Eioslc.
Iteuf.
i I.. i l.ul
' Stapelmohr.
La Ha} . B'i linfanl
nda.
I Payol.
Ba
\ Brockl s.
Leipzig. I ...i .ni/.
/ Max Rûbe.
Tu n iiiii\ er.
i Des
° i Gnuse.
Londres
Luxembourg.
.1,
(1
' N
\
i I-
Madrid G
fï
I II
M. .se. m i.
Milan.
\ a nies M
[P
c
\,'.i I mi. S
' Y
ia K
Oxford P
t'alerme l
Porto M
Prague Il
Rio-Janeiro < I
( l5
Rome;.
Rotterdam ... K
Stockholm S
Pétersbour"
TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
Tenues 1er ,i 31. - i "i Voùt i s ; "> a :> î Décembre i85o.) Volume in-4"; (853. Prix
Tomes 32 à 61. i i ' Janvier 18O1 à 3i Décembre i865. | Volume in-4"; 1870. Prix.,
romes 62 à 91. — (1" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889. Prix...
SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES :
15 fr.
15 fr.
15 fr.
Tome I: Mémoire sur quelques points de la Ph\ siologie des Ugues, par MM. V. Dssbi s , 1 v. i.-l. Solieb. — Mémoire sur le Calcul des Perturbation
01111 -i, -, |Kir M. llANstx. — Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les] ! irticulièrement dans la dige
•as-, -, |>,ir M. Claude Bi rsabd. Volume in i ". avec Si planche- i856
Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. r.-.l. Van Bexedi \ - Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85opar l'Acadi
>ur le concours de i8.Vi, ci puis remise pour celui de i856, savoir : > Étudier les lois de la distribution de ganisés fossiles dans les diffén
nicnUiires, suivant l'ordre de leur superpositii a. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rec
«les rapports qui existent entre l'étatâctuel du règne organique el ses états antérieurs ». par M. le Professeur Bromn. In-4", avec 27 planches
A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des
N" 23. ,
TABLE DES ARTICLES. (S*»»ce du 8 juin 1891.)
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DBS MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÊMIB.
Pages.
M. II. Paye. - Sur les courants de déver-
nt qui 'I ienl Daissance aux cy-
clones ■
M. de Lacaze-Dbthikrs. Note sur I
sence du Kophobelemnon dans fes ei
de Banyuls
"l
r iges
il vi bert Gai dry. Le Mastodonte du
Chérichira ' "'■
\1. Masi - nte le tome 1 des an-
nales do Bureau central météorologique
pour l'an
I M|S
NOMINATIONS
M. Moissan esl élu Membre | r la Section
fle Chimie, en n mplacemenl de feu M. Ca-
houn
MÉMOIRES PRÉSENTÉS
H. Vu ros Si rrin. Nouyei is; Li me de
bala le précision .1 pesées rapidi i 1299
M. Devaiïx adressé un Mémoire sur un
.. Sipli.ui à réservoir pneum itique ...... i3oo
\\. \. Perxot adresse la description et les
.,, d'un ,. Nom. .111 111. .leur a gai ». .
M. Bat or dresse un Mémoire sur la
photogi iphii ouleurs
CORRESPONDANCE.
i3oi
: , , ;
i3o8
\l. Pi hrotin. Écli| se partielle de Soleil,
.lu 6 juin, obsen ée à Nice .
M. Charlois. — ' observations de l ivelle
planète, découverte à l'Observatoire de
Nice, le 19 mai 's"i
MM. G. 1: >.\i t -i L. Picart. — Observations
de la c :te Brodes, 1890 II, faites au
gr 1 1 quatorial de l'( ibservatoirc de Bor-
deaux
M. 11. Callandrbav. — Sur la théorii des
étoiles niantes
M. F. Caspary. —Surdeux systèmes d'équa-
tions 1 metions hy-
perelliptiques de première espèce forment
les intégrales
M. Consi \ntix Miculesco. Détermination
de l'équivalenl mécanique de la chaleur..
M. E. Bouty. — Propriétés diélectriques du
mica à haute température
M. P. Germain. — Application du principe
de la transit] ission des pressions aux trans-
metteurs téléphoniques à grande distance. 1 in
M. Raoul Varet. — Vction do l'ammonia-
que sur quelques combinaisons des sels
halogènes de mercure 1 I12
M. \. Besson. — Sur un nouveau procédé
de préparation des cbJoroiodures de sih-
cium 1 ;, ,
M. 11. Prouho. — Sur trois cas de dévelop-
pement libre observés chez les Bryozoaires
ectoproctes 1 ; i<
M. Charles Brongniart. — Les Criquets en
Bulletin bibliographique
Krrita
Mgérie
u. 1.1 on Gi ie.N inu sur la natujfe mor-
phologique du phén eue il- la fficonda-
li'in
\l. \. Lacroix. Sur les enclaves de syé-
nites néphéliniques trouvées au mile u des
phi litesdu Hohgau el de linéique- autres
gisements; con lusions à en tirer
M. Jean Si i m s. ' >bsi rvations air le pa-
rallélisme des assises du crétacé supé-
rieur des Pyrénées occidentales I Basses-
l\ rénées el I, amies ,
MM. .1.-1'. VloH m il Mm un E DolON. Le
grand sympathique nerf de l'ac< imoda-
tion po iir la vision île- objets éloignés...
MM. Gali ht! el I.. Moreai . 1: :i ii' i' hes
sur l'existence d'organisn 1 itaires
dans les cristallins malades chél l'homme
et -ni- le i/. le [ . t . — 1 1 . ! . de 1 e- .a ganismes
dans la pathogénie de cet '.unes affections
oculaires
M. \. Rommier. Sur l'emploi du sulfure
de carbone ile~mis dans l'eau pour com-
battre le Phylloxéra
M. G.-H. StEINBRUOGEN ,'<lre-se une Noti
sur un procédé île son invention
I ■ but de faire disparaître les pucerons
de la vigne
M. II. Moulin adresse une Vote ayant pour
litre : .1 l.a force élastique île- gaz vient
de la tension de la molécule et esl indé-
pendante du poids atomique »
i3rS
i3îo
ri e;
; •
' 'ij
1 l3o
;.;.;
1 3 33
t333
i33C.
P\UIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET PILS,
Quai des Grands- Augustins, 55
■3ôM-
1891
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PAU 1TIM. LES KK'ItéTilRrS PERPKTl'ELS .
TOME CXII.
N°M (15 Juin 1891).
PAIUS,
GAUTHIER-VILLARS ET l'ILS. IMPRIMEURS-LIBRAIRES
DES COMPTES ItENDUS DES SÉ.ANCBS DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
(^iiai des (ininils-Augusiins, 55.
1891
REGLEMENT KELAllr AUA umrii^ riûiNDUô,
Adopté dans les séances des a3 juin 1862 et a4 mai 1875.
s Comptes rendus hebdomadaires des séances de
éémie se composent des extraits des travaux de
(etûbres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
niés par des savants étrangers à l'Académie.
aque cahier ou numéro des Comptes rendus a
ges ou 6 feuilles en moyenne,
numéros composent un volume.
a deux volumes par année.
",le 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
s extraits des Mémoires présentés par un Membre
run Associé étranger de l'Académie comprennent
us 6 pages par numéro.
1 Membre de l'Académie ne peut donner aux
tes rendus plus de 5o pages par année.
s communications verbales ne sont mentionnées
Les Programmes des prix proposés par l'Académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap-
ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant
que l'Académie l'aura décidé.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne font pas partie des Comptes rendus.
Article 2. — Impression des travaux des Savants
étrangers à l'Académie.
Les Mémoires lus ou présentés par des personnes
qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sumé qui ne dépasse pas 3 pages.
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont
tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le
Membre qui fait la présentation est toujours nommé;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait
les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de l'Académie.
: par leur auteur a été remise, séance tenante.
iecrétaires.
S Rapports ordinaires sont soumis à la même
; que les Mémoires; mais ils ne sont pas com-
lans les 00 pages accordées à chaque Membre.
s Rapports et Instructions demandés par le Gou-
:ment sont imprimés en entier.
Article 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à
l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus lard, le
jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remisa temps,
le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu
s extraits des Mémoires lus ou communiqués par actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui-
orrespondants de l'Académie comprennent au vaut, et mis à la fin du cahier.
J pages par numéro.
1 Correspondant de l'Académie ne peut donner
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et]
les Instructions demandés par le Gouvernement.
Je 32 pages par année.
ns les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
ssions verbales qui s'élèvent dans le sein de
lémie; cependant, si les Membres qui y ont
(art désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
ils donnent lecture à l'Académie avant de les
tre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
iicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
dans les séances suivantes, des Notes ou Me-
ss sur l'objet de leur discussion.
Article 4. — Planches et, tirage à part.
Article 5.
Tous les six mois, la Commission administrative fait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré-
sent Règlement.
rlTàcrlS'J 2^^ r d!Sirent faire Présenter leu" Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les
Mcretanat au plus tard le Samed. qui précède la séance, avant 5". Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU 1.1 \DI 15 .11 I\ 1891.
PRÉSIDENCE DE M. DUCHARTRE.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le MlXISTIlK DE I.'IvSTIUOTlOX PUBLIQUE adresse une ampliation (lu
Décret par lequel M. le Président de la République approuve l'élection que
l'Académie a faite de M. Moisson, pour remplir, dans la Serin m de Chimie,
la place devenue vacante par le décès de M. Calmars.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Moissax prend place parmi ses
Confrères.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur les déformations et l 'extinction des ondes
aériennes, isolées oa périodiques, propagées à l'intérii ar de tuyaux <!<• con-
daiie sans eaa, de longueur indéfinie; par M. «I. Boussinesq. (Extrait.)
« I. La propagation du son le long des tuyaux de conduite pleins d'air
a été étudiée théoriquement, flans l'hypothèse de mouvements pendulaires
C. R., 1891, i" Semestre. (T. CXIl, N« 24.) ' 7 î
( i338 )
d'assez faible amplitude pour permettre la réduction des équations à la
forme linéaire, d'abord par M. von Helmholtz ('), en négligeant les
échanges alternatifs de chaleur entre la paroi et la couche gazeuse con-
tiguë, puis par Rirchhoff (2), en tenant compte de ces échanges.
» Les formules auxquelles ils sont parvenus, différentes seulement par
la signification du coefficient au moyen duquel s'y exprime l'influence ex-
tinctrice et retardatrice de la paroi, ont été récemment employées par
MM. Violle et Vauthier, dans un Mémoire des Annales de Chimie et de Phy-
sique (mars 1890, Ge série, t. XIX), où ceux-ci ont publié et discuté leurs
remarquables observations, faites à Grenoble, en i885, sur un tuyau de
conduite neuf de om, 7 de diamètre et près de i3km de longueur, par-
couru plusieurs fois par chaque onde que réfléchissaient successivement, aux
deux extrémités, des parois planes y fermant le tuyau perpendiculaire-
ment à l'axe. Mais ces observations n' ont guère été relatives qu'à des
ébranlements non périodiques, d'une durée totale restreinte auprès de
chaque section, et dont les plus caractéristiques consistaient en ondes
condensées produites, comme dans de mémorables expériences anté-
rieures de Regnault, par des coups de pistolet tires à une extrémité du
tuyau, devant un orifice percé au centre de son fond plat et que l'on bou-
chait aussitôt après. Or, malgré quelques systèmes de mouvements vibra-
toires qui, surtout dans les premiers instants de la propagation, se super-
posent à l'onde générale, ou la sillonnent transversalement, et lui
permettent d'affecter l'organe de l'ouïe, de telles intumescences, où l'air est
condensé presque d'un bout à l'autre, diffèrent profondément de la suite
périodique d'ondes, h égales dilatations et condensations alternatives, sup-
posées par les formules de MM. von Helmholtz et Kirchhoff. Aussi,
MM. Violle et Vauthier ont-ils trouvé que celles-ci indiquaient, pour un
parcours donné, un affaiblissement de la pression incomparablement plus
rapide que le vrai, et, au contraire, un ralentissement de la propagation
presque négligeable vis-à-vis des petits ralentissements réels, observés
déjà par Regnault.
» La principale raison d'aussi graves désaccords ne se trouve sans doute
pas dans 1 assimilation, qui doit être permise approximativement ou comme
premier aperçu, d'une intumescence isolée, d'une certaine longueur ap-
parente, à la moitié convexe d'une onde d'un système périodique où
(]) Verhandl. cl. natur. Vereins :■// Heidelberg, t. III, p. 16; i863.
{-) Poggendorff ' Annalen, t. CXXXIV, p. 177; 1S68.
( i339 )
chaque demi-ondulation aurait cette longueur; mais clic est évidemmenl
dans la confusion établie entre l'itiiuinescencc entière cheminant le Ions
du tuyau et les ondes sonores successives, beaucoup plus courtes, qui la
sillonnent, auxquelles seules conviennent le ralentissement et le coeffi-
cient d'extinction calculés. Ceux-ci, en effet, d'après les formules théo-
riques, sont, l'un, c'est-à-dire le ralentissement, en raison directe, et,
l'autre, le coefficient d'extinction, en raison inverse, de la racine carrée de
la durée de vibration ou de la racine carrée delà longueur d'onde; et ils
deviendraient, par suite, le premier, bien plus sensible, mais, le second,
bien plus faible, si on les évaluait pour des ondes aussi longues que l'in-
tumescence entière, à laquelle MM. Yiolle et Vauthier ont effectivement
reconnu beaucoup plus de longévité ou de persistance qu'aux sons acces-
soires qui l'accompagnent au début.
» II. Ainsi, les désaccords soni plus apparents que réels, malgré la
portée restreinte OU le défaut de généralité des formules. Néanmoins, il y
avait é\ idemment lieu de reprendre le problème au point de vue théorique,
en attribuant aux condensations et aux vitesses successivement produites
sur une même section quelconque, des expressions non plus pendulaires
par rapport au temps, mais affectées d'une fonction arbitraire, propre à
représenter les diverses successions possibles de pressions ou de déplace-
ments directement réalisables près de l'entrée du tuyau. Tel est l'objet du
Mémoire résumé ici (').
» Une question assez analogue d'ondes liquides, mais plus simple, celle
de l'extinction graduelle (l'une intumescence, d'une onde solitaire par
exemple, le long d'un canal, par les frottements produits surtout près du
fond et des bonis, pouvait suggérer la méthode à suivre; je l'avais traitée
au § Il < n' ' '.) à 19) d'un Compléments ma Théorie des eaux courantes, publié
en octobre 1878 dans le Journal de Mathématiques pures et appliquées (t. I\ :
roir les p. 3 \~ à 366). Là aussi, les principales résistâmes au mouvement
sont localisées dans une mince couche contiguë aux parois, où les vitesses
varient très rapidement, sur une épaisseur insensible, depuis la valeur
zéro maintenue constamment sur la face extérieure, jusqu'aux valeurs
complètes relatives à l'intérieur de la masse fluide et réalisées déjà sur
l'autre face de la couche, valeurs pouvant être une fonction arbitraire
donnée du temps. Les vitesses et les frottements, dans l'épaisseur de cette
(') Sa longueur ne permettant pas de l'insérer aux Comptes rendus, il paraîtra
prochainement dans le Journal de Physique théorique et appliquée
( i34o )
couche, s'expriment par des intégrales définies simples, prises de zéro à
l'infini, mais dont malheureusement la sommation, possible à la rigueur
après spécification de la fonction arbitraire, ne parait effectuable sous
forme finie que dans peu de cas, parmi lesquels le plus simple peut-être
est celui de mouvements pendulaires. D'ailleurs, le serait-elle toujours, que
l'utilisation de ses résultats exigerait encore une connaissance assez pré-
cise, théorique ou expérimentale, de la forme affectée par chaque variété
d'ondes, forme dont dépendent les circonstances cherchées de la propaga-
tion. De là une grande difficulté pour calculer l'affaiblissement graduel des
intumescences. Mais du moins, quand il s'agit d'une onde solitaire, dont
le profil, éminemment stable pour chacune des valeurs successives décrois-
santes de l'énergie totale, se trouve représentée par une fonction toujours
la même d'une variable à expression monôme par rapport à l'abscisse et à
la hauteur ou à l'énergie totale de l'onde, le lent décroissement de cette
hauteur ou de cette énergie se détermine facilement, à l'exception d'un
facteur constant dans le calcul duquel reste incluse toute la difficulté de la
quadrature ineffectuée.
» Or, au contraire, les ondes aériennes condensées se propageant le
long d'un tuyau ne tendent, avant leur extinction, vers aucune forme com-
mune. Aussi, quoique une double application de la formule d'Analyse, à
intégrale définie simple, utilisée clans le cas des ondes liquides, permette
d'y exprimer, d'une part, les frottements successifs de la paroi, avec les vi-
tesses réalisées dans la couche contigué, d'autre part, les densités propres
à celte couche, et ensuite de former les équations de mouvement des tran-
ches gazeuses normales à l'axe, d'évaluer les vitesses de propagation des
divers éléments de masse de l'intumescence, etc., il n'y a guère que les
circonstances générales de sa déformation et de son extinction qui puis-
sent facilement se reconnaître sur les formules. Les principales de ces
circonstances, bien d'accord avec les résultats de l'observation, consistent
dans un aplatissement et un allongement indéfinis de l'onde, du moins
après une première période assez courte où son sommet s'est rapidement
(s'il y avait lieu) rapproché de son front, c'est-à-dire de sa face antérieure,
qui reste d'ailleurs très sensiblement plane à toutes les distances de l'ex-
trémité de départ,
» La théorie indique, de plus, entre le coefficient d'extinction et le ra-
lentissement causé par la paroi, une relation approximative, à laquelle les
expériences, tant de Regnault que de MM. Violle et Vauthier, apportent
une certaine confirmation : le produit mutuel de ces deux quantités et du
( '34i )
r;irré du diamètre du tuyau égale environ o,oooo4 (les unités de longueur
et de temps étant le mètre et la seconde); en sorte qu'on peut, du coeffi-
cient d'extinction directement mesurable, déduire le ralentissement.
» III. La condensation moyenne y du gaz, à l'époque / et sur la section
normale t, à contour y, dont x désigne l'abscisse, se lrou\e le-ie, dans ses
variations successives, par l'équation aux dérivées partielles, du premier
ordre en t.
'/■/ '<■; d V m + \ b, d<a(x — at)
(l)
';■ '/■■ d V m + i , . .
l*ï\/ïjr"?(*-a« + P,)*] = o,
où a esl la vitesse du son à l'air libre, pi x — at ) l'expression de y à une
première approximation, m le rapport (i,4) des deux capacités calori-
fiques du gaz, p la densité primitive de celui-ci, s, un coefficient d'impar-
faite fluidité autre que celui, ;, de frottement intérieur, enfin, y., l'expres-
sion
:A = \/l + (v^ - j=) \Jjc = °'°o58 environ>
k, C désignant le coefficienl de conductibilité du gaz et sa capacité calori-
fique à volume constant.
» Dès que l'onde a effectué un trajet suffisant pour s'être passablement
affaiblie, la quantité entre parenthèses de i i > devient réductible à son der-
nier terme, en y..
» Si, alors, on appelle ;, la valeur de x — at = 1 qui correspond au
maximum de l'expression actuelle o( : i de y, le maximum de y (sommet, en
quelque sorte, de l'onde) se propage avec une vitesse co moindre que a de
la quantité
et il décroît actuellement, le lony d'un chemin t , comme l'exponentielle
e~mx, où le coefficient d'extinction m aurait la valeur
» Quand l'intumescence, ou, du moins, sa partie antérieure comprise
( i3/p )
entre le front et le sommet, affecte une forme simple (à une seule inflexion
en avant du sommet) exprimée approximativement, à un facteur près len-
tement variable, par l'équation
(4) ?a) = ^'
où c est un paramètre (lentement variable aussi) en rapport avec la lon-
gueur apparente de l'onde, il vient pour valeurs actuelles du retard ou ra-
lentissement a — (.0 et du coefficient d'extinction m relatif au sommet,
(5) a — w—-ir\/ — L, m = yi/ — L; d ou m(a — w) = — g- %.
» L'énergie totale de l'onde, représentée par l'intégrale pa-n f y2dx,
décroît plus lentement que le carré du maximum ou que l'exponentielle
e-2mx. car ejje varie comme e~':i^2x = e~2mx e(2-\^' mx t s'il s'agit, du moins,
d'une époque où l'on puisse admettre que toute l'intumescence (et non
pas seulement sa partie antérieure) accepte à peu près l'équation (4)-
» Les valeurs de y diminuent donc, en moyenne, moins vite que la plus
forte d'entre elles; ce qui indique une augmentation de la longueur appa-
rente de l'onde, propre à compenser, en grande partie, l'abaissement du
maximum. On doit, en effet, pouvoir attribuer approximativement à l'in-
tumescence une longueur sensible totale (tant à l'arrière qu'à l'avant du
sommet), proportionnelle au quotient de l'énergie par le carré du maxi-
mum de y : or, cette longueur totale, ainsi appréciée, variera ici comme
l'exponentielle
p(-— y/5) ma: gO,5 8tm.r
» Par conséquent, l'onde paraît s'allonger, mais moins vite qu'elle ne
s'abaisse.
■» Si le tuyau est circulaire, de diamètre D, la dernière formule (5), où
il faut poser alors y = -D, n = i^D2, devient
(Ç\\ m( n ,.\ ^~'xl I ■ \ O,O0O03û6 O.OOOoA
{<j) m^a — «>) _ -^p- = (environ) y ou ' •
» Avec la valeur m = 0,0000866, obtenue par MM. Violle et Vaulhier,
pour un tuyau de o,n,7 de diamètre (où ils ont trouvé en outre w=33om, 33,
après réduction à la température de o° et à un état hygrométrique nul),
cette relation donne a - o, = om,94, valeur du même ordre que les diffé-
( «343 )
rences respectives des vitesses de propagation constatées par ces physi-
ciens ou antérieurement par Regnault, dans des tuyaux de divers calibres.
On en déduit a = 33om,33 -f- om,94 = 33im,3 environ, pour la vitesse du
son dans l'air libre, sec el à la température de o°C. »
chimie. — Sur une combinaison volatile de fer et d'oxyde de carbone,
lefer-carbonyle, et sur le nickel-carbonyle; par M. M. Berthelot.
I. Fer-carbonj le.
« 1. J'ai observé que le fer, pris dans un état particulier, a la propriété
de se combiner directement et à froid avec l'oxyde de carbone, pour for-
mer un composé 1res volatil.
» Cet état du fer se réalise en réduisant par l'hydrogène, lentement et à
la plus basse température possible, le peroxyde de 1er précipité, puis lavé
ci desséché avec précaution. On peut aussi préparer le 1er eu décompo-
sant, par la chaleur, l'oxalate ferreux, et en complétant la réduction par
l'hydrogène.
» La réaction de l'oxyde «le carbone sur le fer, pris dans cet. état, a
lieu surtout vers ] V'. Le gaz qui sort de l'appareil est chargé d'une vapeur
ferrugineuse. On le lave à l'eau pure, puis on le fait pisser dans un tube
effilé, à la pointe duquel on l'enflamme; la couleur de la flamme est beau-
coup plus éclatante que cello de l'oxyde de carbone, el va jusqu'au blanc,
avec spectre caractéristique. Si Ion écrase cette flamme sur une soucoupe
de porcelaine, celle-ci se recouvre de petites taches légères, constituées
par du fer, plus ou moins oxydé par le contact de l'air. Une goutte d'acide
chlorhvdrique les dissout aussitôt, et une gouttelette de ferrocyanure four-
nit un abondant précipité de bleu de Prusse.
)> En dirigeant le gaz à travers un tube de verre étroit chauffé au rouge,
comme dans l'appareil de Marsh, il laisse déposer la plus grande partie du
fer qu'il contient sous forme iVun anneau métallique ( renfermant un peu
de carbone). J'ai l'honneur de mettre quelques-uns de ces tubes sous les
yeux de l'Académie. Le fer ainsi précipité, soit dans un tube, soit sur une
soucoupe, se dissout dans l'acide chlorhvdrique étendu et manifeste alors
ses propriétés ordinaires, la formation du bleu de Prusse, par exemple.
» Le gaz oxyde de carbone chargé de cette vapeur ferrugineuse, si l'on
y verse une goutte d'acide chlorhydrique concentré, produit du chlorure
de fer, que le contact de l'air rend précipitable par le cyanoferrure. Si on
( k344 )
le conserve dans des flacons en partie remplis d'eau aérée, il éprouve
une oxydation lente, qui en sépare, au bout de quelques jours, le fer sous
la forme de sesquioxyde.
» Ces résultats mettent en évidence l'existence d'une combinaison spé-
ciale de fer et d'oxyde de carbone, lefercarbonyle.
» La proportion du composé ainsi formé est d'ailleurs très faible; et je
n'ai pas encore réussi à le condenser séparément. Mais son existence n'en
est pas moins facile à constater : j'en poursuis l'étude, ainsi que celle des
réactions analogues de l'oxyde de carbone sur divers métaux.
11. — Nickel-carbonyle.
» Le fer-carbonyle est analogue au nickel-carbonyle, remarquable com-
posé découvert par MM. Mond, Lang et Quincke ( ').
» Je vais examiner la stabilité et les décompositions propres de ce der-
nier corps, les réactions qu'il éprouve de la part de l'oxygène, de l'acide
sulfurique, de l'ammoniaque et de quelques autres gaz, spécialement du
bioxyde d'azote.
» Stabilité et décomposition propre. — Je rappellerai que le nickel-carbo-
nyle est liquide et bout vers 46°. Il possède une tension de vapeur consi-
dérable, voisine d'un quart d'atmosphère vers i6° : ce qui permet de
l'étudier dans l'état gazeux, en le vaporisant au sein d'une atmosphère
d'azote. Si l'on dépose une goutte du corps bien sec sur une baguette de
verre, il s'évapore rapidement; tandis que la, partie non volatilisée forme
de petits cristaux, produits sans doute par le froid de l'évaporation et qui
ne tardent pas à disparaître à leur tour. A la température ordinaire, il
est stable et ne possède aucune tension sensible de dissociation : du moins
j'ai conservé pendant un mois sur le mercure, à une température voisine
de iG°, un mélange gazeux renfermant 74 volumes d'azote et 26 volumes
de nickel-carbonyle, sans aucun indice de décomposition, ni changement
dans les rapports des deux gaz. On le conserve également inaltéré sous
une couche d'eau, dans un flacon bien rempli, pourvu qu'il n'y pénètre
aucune trace d'air; sinon, il s'oxyde, comme il sera dit plus loin.
» Sa décomposition a lieu suivant deux modes différents. Lorsqu'on fait
passer un gaz inerte chargé de vapeur de nickel-carbonyle dans un tube
fortement chauffé, le composé se résout en nickel et oxyde de carbone,
comme l'ont observé MM. Mond et consorts. Ils ont reconnu aussi que,
(') Journal Chem. Soc, t. LVII, p. 749; 1890.
( -345 )
si l'on chaude brusquement le corps au-dessus de 700, il détone. Mais
cette détonation n'est pas violente, comparée à celle des composés nitri-
ques, et, ce qui est caractéristique, elle ne régénère pas uniquement du
nickel ri de l'oxyde de carbone. F.n fait, il se produit toujours une certaine
dose d'acide carbonique et de carbone, comme on le constate en traitant
les produits par l'acide chlorhydrique. ("est même celle production qui
détermine la détonation. En effet, on ne comprendrait guère comment un
corps formé vers 3o" par synthèse directe, c'est-à-dire avec dégagement de
chaleur, pourrait régénérer ses composants : oxyde de carbone el nickel.
dans leur élat primitif ('), quelques degrés plus haut, par une décompo-
sition exothermique. Au contraire, la décomposition de l'oxyde de carbone
en acide carbonique el charbon
2CO = C02-+-C.
régénérant 12 grammes de carbone amorphe, dégage
97>6- 58,8 = H- 38e", 8;
pour les 4 CO qui entrent dans la composition du nickel-carbonyle, cela
fait -+- 77e''1, G. Il suffit que la chaleur dégagée dans l'union directe de
l'oxyde de carbone et du nickel soil inférieure à celle quantité, pour que
le composé puisse détoner, non en vertu d'une simple régénération de ses
composants, mais par une combustion interne : précisément comme l'oxa-
late d'argent, et l'acide formique lui-même, dans mes anciennes expé-
riences. La réaction explosive est donc celle-ci (■) :
C'0,Ni = 2COa4- :<<: + Ni.
Si le phénomène était provoqué par le «hoc d'un agent détonateur éner-
gique, tel que le fulminate de mercure, la réaction précédente serait sans
doute la seule. Mais, dans une réaction plus lente, effectuée à plus basse
température, une partie plus ou moins considérable du nickel-carbonyle
peut être décomposée simultanément en oxyde de carbone et nickel, aux
dépens de la chaleur dégagée par la transformation d'une autre partie.
» Passons à l'étude des réactions du nickel-carbon\le. Ces réactions
sont déterminées, en général, par les affinités propres du nickel, qui tend
(') A moins d'un changement isomérique dans l'état du nickel.
(2) Sans préjudice de la formation possible d'un carbure de nickel.
C. R., 189!, 1" Semestre. (T. CXU, N' 24.) ' 7 ^
( >34G )
à s'oxyder, à se sulfurer, etc. Quand elles s'opèrent lentement et à basse
température, elles donnent lieu à des composés complexes, renfermant
du carbone et comparables aux dérivés des radicaux organo-métalliques.
Toutefois une portion du carbone se sépare en général à l'état d'oxyde de
carbone (et, dans certains cas, d'acide carbonique) : ce qui semble indiquer
que le véritable radical ne serait pas le nickel-carbonyle, mais un dérivé
moins condensé de l'oxyde de carbone.
» Avant d'exposer ces faits, signalons quelques propriétés du nickel-
carbonyle, qui sont mises en jeu dans l'analyse des mélanges gazeux dont
il fait partie. Ce composé n'est absorbé sensiblement ni par l'eau, ni par
les solutions acides ou alcalines étendues, ni par le chlorure cuivreux
acide. Ses vrais dissolvants sont les carbures d'hydrogène, spécialement
l'essence de térébenthine, qui permet de le doser dans un mélange.
» Action de l'oxygène. — Le nickel-carbonyle, mêlé d'oxygène ou d'air,
brûle ou détone au contact d'un corps en ignition, suivant les propor-
tions relatives. La détonation du nickel-carbonyle sec mélangé d'oxygène
peut même avoir lieu sans inflammation préalable, par exemple en agitant
vivement ce mélange dans une éprouvetle, sur le mercure.
» Ce même mélange gazeux, conservé en présence d'un peu d'eau,
donne lieu à un phénomène d'oxydation lente, avec formation d'un pré-
cipité gélatineux, d'une teinte blanchâtre en petite quantité, mais qui
prend en masse une couleur vcrdàtre. Ce composé renferme du nickel,
de l'oxygène, de l'eau et une certaine dose de carbone combiné. Quand
on le chauffe, il noircit, une partie de ce carbone se séparant en nature.
En même temps que l'oxyde complexe ci-dessus prend naissance, il se ré-
génère à froid une certaine dose d'oxvde de carbone.
» Une réaction du même genre s'effectue, si l'on conserve le nickel-car-
bonyle liquide et sec dans un flacon où l'air puisse pénétrer; le composé
se détruit peu à peu en formant d'abord un oxyde verdâtre et finalement
une matière noire, résultant d'une destruction plus profonde. Ces phéno-
mènes ont lieu avec l'air ordinaire, c'est-à-dire humide; mais les mêmes
réactions s'observent également dans un flacon où l'air ne peut pénétrer
qu'au travers d'un petit tube, contenant de la potasse en morceaux qui le
dessèche complètement. Seulement l'oxyde produit dans le flacon avec
l'air sec est jaune châtain, au lieu d'être verdâtre; probablement parce
qu'il est anhydre.
» Si l'on garde le nickel-carbonyle liquide sous une couche d'eau,
sans exclure cependant l'air, son oxydation est très ralentie, mais non em-
( '347 )
pêcbée. L'oxyde qui se forme ainsi peu à peu est, comme il a été dit, un
composé complexe, qui se décompose avec production de charbon (et de
métal) lorsqu'on le chauffe au rouge sombre. Dans la formation de ce
composé, le nickel-carbonyle se comporte, je le répète, comme un véri-
lable radical composé, analogue aux; radicaux organométalliques et aux
dérivés métalliques de l'acétylène.
» Mais le groupement ainsi réalisé manque de stabilité, ainsi que le
montre la réaction du nickel-carbonyle sur l'acide sulfurique, lequel tend
à l'oxyder et à s'unir à l'oxyde produit. Au contact de l'acide sulfurique
co .entré en effet, le nickel-carbonyle sec détone, avec flamme, après
quelques instants.
» Si l'on maintient en contact avec le même réactif de l'azote chargé
devapeurdenickel-carbonyle.il se produit une réaction régulière, qui
commence aussitôt, mais exige plusieurs heures pour s'accomplir. I.e vo-
lume du nickel-carbonyle esl remplacé par un volume quadruple, le nic-
kel demeurant oxydé et dissous dans l'acide sulfurique (partiellement
réduit) :
C404Ni ,: ) Ni.
» La potasse concentrée n'a p i > d'action apparente.
» Le gaz ammoniac pur n'agil pas sur le nickel-carbonj le, du moins im-
médiatement. Mais, si l'on ajoute un peu d'oxygène, il se développe aussi-
tôt des fumées. Si on laisse l'oxygène agir peu à peu, il se forme un dépôt
blanchâtre, de composition complexe, et que la chaleur détruit en le noir-
cissant.
» Plusieurs gaz agissent à froid sur la vapeur du nickel-carbonyle mé-
langée d'azote. Ainsi l'hydrogèn ulfuré en précipite rapidement un sul-
fure noir. L'hydrogène phosphore produit peu à peu un dépôl noir et
miroitant. Je ne parlerai pas du chlore, ni du brome, qui détruisent aussi
le nickel-carbonyle, comme MM. Moud, Lang et Quincke l'ont observé.
Les affinités du nickel et le peu «le stabilité du composé expliquent toutes
ces réactions.
» Le gaz qui produit les réactions les plus curieuses est le bioxyde
d'azote.
» En effet, si on mélange le bioxyde d'azote avec du nickel-carbonyle
vaporisé dans l'azote, ou bien si on le fait arriver dans du nickel-carbonyle
liquide, il se produit aussitôt des fumées bleues, qui remplissent tout le
vase; l'expérience est des plus belles. Ces fumées se déposent peu à peu.
( i348 )
L'addition d'une nouvelle dose de bioxyde d'azote les reproduit, même
lorsque le volume initial du bioxyde d'azote est quadruple de celui du
nickel-carbonyle gazeux. Le mélange gazeux qui subsiste renferme à la
fois du bioxyde d'azote en excès, de l'oxyde de carbone et une combinai-
son nickelée en vapeur, distincte de la première et qui n'en représentait
que le tiers du volume environ, dans une expérience. Elle est distincte,
parce qu'elle coexiste avec un excès de bioxyde, lequel attaque au con-
traire aussitôt le nickel-carbonyle. Mais, si l'on fait arriver dans ce mé-
lange, devenu stable, de l'oxygène, il se produit aussitôt de la vapeur
nitreuse et d'épaisses fumées opaques. En réduisant l'oxygène à quelques
bulles, on voit se précipiter le nickel sous la forme d'un nouveau com-
posé bleu, différent du premier. Ces composés bleus, de constitution com-
plexe, sont très caractéristiques.
» En résumé, l'oxyde de carbone à la propriété de s'unir à froid avec le
nickel, avec le fer et, sans doute, avec d'autres métaux pris dans un état
particulier. Il forme ainsi un ordre de composés spéciaux, analogues aux
radicaux métalliques composés, et notamment à ceux qu'engendrent
l'acétylène et les carbures polyacétyléniques, en s'unissant au potassium et
à d'autres métaux. Ces composés sont susceptibles d'oxydation et d'autres
réactions, dans lesquelles il se forme des combinaisons organiques com-
plexes, comparables à celles des radicaux métalliques composés. L'oxvde
de carbone se comporte donc, à cet égard, comme les carbures d'hydro-
gène. On doit aussi rapprocher de ces combinaisons les acides rodizonique
et croconique, qui sont aussi des dérivés condensés de l'oxyde de carbone
uni aux métaux alcalins; et il parait probable qu'une étude plus appro-
fondie établira des liens nouveaux entre tous ces composés.
» A un autre point de vue, la combinaison du fer avec l'oxyde de car-
bone joue sans doute un rôle dans diverses réactions observées en métal-
lurgie, telles que la précipitation du carbone de l'oxyde de carbone au
contact du fer, observée par M. Gruner; la formation de bulles gazeuses
au sein du fer ramolli, observée par M. Cailletet, etc. Certains transports
de matière, observés soit (fans les caisses de cémentation, soit dans les fours
Siemens, se rattachent également à l'existence de composés ferrugineux
volatils de cette nature.
» On voit ainsi apparaître sous des formes nouvelles l'aptitude caracté-
ristique de l'oxyde de carbone, en tant que composé incomplet, à contrac-
ter des combinaisons lentes et à former des combinaisons condensées :
aptitude déjà manifestée dans l'action propre de la chaleur sur ce gaz,
( '% )
avec ou sans dépôt de charbon, et plus encore dans mes synthèses d'acide
formique et de carbures d'hydrogène. »
MÉTÉOROLOGIE. — Résumé des observations météorologiques faites
à Êcorchebœuf, près Dieppe (Seine-Inférieure), de 1873 à 1882;
par M. J. lliasii.
« La station météorologique d'Ecorchebœuf a été établie, en 1872,
d'après les indications de M. Ch. Sainte-Claire Devillc, en même temps
que je commençais nies Il/cherches sur la proportion de l'acide carbonique
dans l'air. L'abri, du modèle adopte par le Bureau central météorologique,
est installe vers la limite nord d'une pelouse située a i >o mètres au nord-
ouest du château; l'horizon est complètement dégagé du côté du nord.
Le baromètre est un Fortin construit parTonnelot; les thermomètres sont
de Baudin ; le pluviomètre est du modèle de l'Association scientifique.
» lies observations ont dé poursuis ies sans lacune pendant une période
de dis années, de 1873 à 1882 ; elles ont été interrompues en avril 1 883
par la mort de l'observateur; toutefois, on continue à observer la pluie.
La pression atmosphérique, la température et l'état hygrométrique de l'air
ont été observés trois lois par jour, à 7hm., ihs. et 71' s. ; le pluviomètre
est relevé une lois par jour, à ç)h m. La direction du vent ou celle des
nuages inférieurs a été également notée une fois par jour, a <|''in.
» La pression barométrique moyenne, déduite des trois observations,
de 1873 à 1882, est de •j">i""", 1. Le baromètre étant placé à 100"', la
correction d'altitude, pour une température extérieure de 90 , est de o,"1"1, 2,
en sorte cpie la pression ramenée au niveau de la mer est de 7(1 1""", 3. La
pression la plus élevée, 775mm, 9, a été observée les 17 et 18 janvier 1882;
la plus faible, 7 1 5'1"", 7, le ig novembre 1880; l'oscillation extrême du
baromètre est donc de 6omm,2. Les extrêmes absolus annuels (minima et
maxima) s'observent toujours pendant la saison froide.
» La température moyenne des trois observations est de Q°,7. Si l'on
admet que cette série donne, comme à Sainte-Honorinc-du-l a\ (Calvados),
un excès de 0°,7 sur la moyenne des it\ heures, la moyenne vraie, à
Ecorchebœuf, serait de Ç)°,o. Pour une élévation de 100'", la collection
d'altitude est de ■+- o°,6; ramenée au uiveau de la mer, la température
moyenne serait ainsi de 9", 6.
» Nous avons un contrôle de l'exactitude de ce nombre par les résultats
( i35o )
recueillis, d'une façon indépendante, aux thermomètres à maxima et à
minima. La moyenne de cette seconde série est de 9°,4; or, il résulte de
nombreuses comparaisons que cette moyenne est supérieure à celle des 24h
de o°, 4 environ. En appliquant cette correction, la moyenne vraie serait
encore, comme précédemment, de 90, o ou de ()°,6 au niveau de la mer.
» Les maxima dépassent rarement 3o°; en 1886, le thermomètre ne s'est
pas élevé au-dessus de 26°,6; la plus haute température, 33°, 6, a été ob-
servée le 8 août 1873. La température la plus basse qui ait été notée pen-
dant la période est de — 16°,5, le 1 5 janvier 1881; dans l'hiver si rigoureux
de 1879-1880, le thermomètre est descendu seulement à — i3°,o, mais les
froids ont été beaucoup plus prolongés.
» On compte en moyenne 52 jours de gelée. Ce nombre est très va-
riable; tandis qu'il s'élève à 7/) en 1879-1880, on a constaté seulement
34 gelées en 1876-1877.
» L'état hygrométrique de l'air résulte d'observations faites au psychro-
mètre; il n'a pas été tenu compte des cas où la température était au-dessous
de o°. La fraction de saturation est représentée en moyenne annuelle par
0,82; la moyenne mensuelle descend à 0,77 en mai, mois le plus sec, pour
s'élever à 0,89 en décembre.
» La hauteur moyenne annuelle d'eau tombée est de 9o3mm,6. L'année
la plus humide est 1882, qui a donné 1 i44mm»6; la plus sèche, 1873, où on
a recueilli 693°"", 9. Envisagée au point de vue de sa distribution dans le
cours des saisons, la pluie présente un minimum au printemps; les totaux
mensuels croissent ensuite à peu près régulièrement et passent par un
maximum en novembre; l'automne est ainsi la saison la plus pluvieuse;
c'est également en cette saison que le nombre des jours de pluie est le plus
grand. On compte, en 10 ans, 18 journées ayant fourni plus de 2 Smm d'eau;
la plus forte pluie recueillie est celle du 18 septembre 1876, qui a atteint
5omm.
» On n'a noté que les huit directions principales du vent. Le sud-ouest
domine nettement pendant chacune des années prises séparément; il
souffle en moyenne 29 fois sur 100. Viennent ensuite le sud (19 sur 100),
l'ouest-sud-ouest et le nord (12 sur 100). Les vents soufflent rarement
d'entre sud-est et nord-est. La prédominance des vents du sud-ouest se
retrouve pendant tous les mois de l'année, sauf en janvier, où souffle plus
fréquemment le vent du sud. Les vents d'entre sud-est et nord-est, qui
sont en minorité bien marquée en toutes saisons, sont particulièrement
rares pendant la saison chaude, où la proportion s'abaisse à 2 pour 100.
( i35i )
» On compte en moyenne 22 orages par an. L'été est naturellement
l'époque qui correspond au maximum de fréquence des manifestations
orageuses; mais on en rencontre quelques-unes dans tous les mois de la
saison froide; c'est eu février et en mais qu'on en observe le moins.
» Les résultats des observations sont donnés dans les deux: Tableaux
suivants; les éléments météorologiques y sont résumés pour chaque
année et pour la moyenne de chaque mois.
dos
| 3 obs.
mm
18?;)
1874
1«75 733,0
1877 ;...;
1878
1879 75i,8
1880
1881 752,0
1882 ;n..|
Moyennes
I \ ii .'■m.--
Tableau
I. — Hési
imé des
obset
valions
par année (U
73-1882)
1
Température.
Hoy, de
l'Un
Jours
Vent
Ho]
Jour.
M •
Uln.
des
uiïn. et
Max.
Min
de
: li. m
do
domi-
Jours
absolus.
S obs.
absolus.
poléo.
et t b. s.
d'eau.
pluie.
nant.
d'orage
■ nui
min
0
0
0
0
m m
7I9.9
9,6
9,3
33,6
-4,8
h
81
166
so
20
10,1
3i,5
-12,6
}6
79
766,8
i5o
so
il.
9.7
9.4
n,5
54
82
so
21
7>9>4
■
9
— n ,0
5i
82
1 -.1
so
21
736,8
82
ioi3,3
181
so
16
769,7
10,0
- 8,8
83
1074,1
192
so
3i
7»8,i
B.i
: 3
84
so
i5
770,1
10,1
9,8
'7 -"
- .,...
ig
S3
.5i
so
34
8,9
"49
so
ig
9.7
- 5,o
83
1 - '
v,,
•
7i5,
U -7 9.4
5a
i6,5
t63 so 22
Tableau II. — Résume des observations par mois. — 1873-1882.
rature.
Mois.
M.iy.
3 obs.
Min
absolus.
mm
.l.ni\ ier 755,3
Février -'* 1,4
Mars 7 ■ 1
Avril 749,4
Mai :
Juin 7
Juillet 7"-s
\ • ■ u I 7 "■ 1 . 7
Septembi .
Octobre .... 7 "11 . 1
Novembre.. 7
Décembre . . 7 ■ .
Moyennes 1
ou totaux. * '
767.8
767 , I
768,3
77'."
absolus,
mm
719, g
1
7 ' ' ■ i
'
II
il»- s
3 obs.
O
3,2
5,4
8,8
11,3
, 0
16,8
14,1
10,3
3,5
[6,i
3,2
absolus.
o
1 I ■
29,0
Min.
..
7.7
1 . ï
1,0
6,5
3,4
2,6
7.4
— i3,o
i6,5
Jours
do
celée
i3
10
7
Humidité.
M..>
de - ii ni
.-! 1 II s
78
77
7^
80
83
83
84
89
Hauteurs
iniii
56,o
7 '■••
84,3
[11,8
Jours
do
ploie.
12
t3
I ■
i3
I I
. ;
■ ;
i6
■ 5
.5
[5
V011I
doDii- Jours
nant. .1 or se -
S
so
so
s,,
so
so
so
so
so
so-s
so
so
903,6 i63
Ml
( l352 )
» Tous les calculs résumés dans ces Tableaux ont été revisés sous la
direction de M. Moureaux, à qui j'adresse mes meilleurs remerciements.
» Les observations d'Écorcbebceuf contribueront, avec celles d'Hervé
Mangon, à Brécourt, de M. Marchand, à Fécamp, de M. l'abbé Le Breton,
à Sainte-Honorine-du-Fay, à fixer les particularités du climat du littoral de
la Manche. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Scrry-Montaut adresse un Mémoire ayant pour titre : « Thermo-
pyromanomètre à base de mica; système Louis Damaze ».
(Commissaires : MM. Fizeau, Lippmann.)
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète périodique Wolf, faites à l'Ob-
sen-atoire de Paris (c'quatorial de la lourde l'Ouest); par M. G. Rigourdan.
Communiquées par M. Mouchez.
Comète — Étoile.
Étoile — — -~. — — Nombre
Date de Ascension de
1S91. comparaison. Grandeur. droite. Déclinaison, comparaisons.
o h m ta
Juin 12 ffSBD + 22 9 —0.36,48 -f-o.35,9 6:6
12 a8BD-t-22 9 — o.35,4o +0.42,7 6:6
Positions des étoiles de comparaison.
Ascension Réduction Réduction
Date droite au Déclinaison au
'891- Étoile. moyenne 1891,0. jour. moyenne 1891,0. jour. Autorité.
. ohms s o,„ „
Juin 12 a SBD + 22 0.4.29,69 -t-o, 10 -t-22. i5.36,g —5,9 Rapportée à b
12 649.55BD-+-22 0.1.26,09 " +22.14. 8,8 » W, (i3i8-ig)
Positions apparentes de la comète.
Ascension
Dale Temps moyen droite Log. fact. Déclinaison Log. fact.
'&91- de Paris. apparente. parall. apparente. parall.
. Il m s li m s
Jmn la t3.i2.5-, o.3.53,3i T,6i9„ +22:16^ 6^9 0,76.1
12 13.24.20 o.3.54,39 T,6i5„ +22.16.13,7 o,756
Etoile
Date
de
1891.
comparai- n.
1 .1 .uni. m
16826AO
g 0
( «353 )
» Remarques. — La comète est une nébulosité ronde, d'environ 20" de
diamètre, de grandeur i3,3 (en appelant i3,5 la grandeur des objets les
plus faibles que montre l'instrument), avec condensation centrale stellaire
qui ressort assez bien sur la nébulosité.
» L'étoile de comparaison a, dont la position est mal connue, a été rap-
portée avec Péqualorial à l'étoile b et par 0:4 comparaisons j'ai obtenu,
pour étoile a — étoile b :
iA= + 3m3«,6o, a© = + i'iS",i. »
ASTRONOMIE. — Observation de la nouvelle planète Charlois (Nice, juin 1 1,
i8ç)i), faite à l'Observatoire de Paris, équatorial de la tour de l'Est; par
M"e D. Kluhpke, présentée par M. .Mouchez.
Planète — Étoile.
. _ — ■ -. Nombre
Ascension de
droite Déclinaison, comparaisons.
-i5%68 h-9'5; ,7 6:6
Position de l'étoile de comparaison.
Ascension Rédaction Réduction
droite an Déclinaison au
Etoile. moy. 1891,0. jour. moy. 1891,0. jour. Autorité-
16826 AO i7h32m i4*)6g -r-i»,g5 — 23°2i' 1 ",9 — 5", 2 \ Obs. de Paris.
Position apparente de lu planète.
Ascension
Date Temps moyen droite Log. fact. Déclinaison Log. fact.
1891. de Paris. apparente. parall. apparente. parall.
Juin r>. i2h36'"j<r i;h22mo',96 2,853 — 23°n'g j 0,926
» Remarque. — Observation faite par angles de position et distances,
et par un ciel extrêmement pur. »
ASTRONOMIE. — Eclipse de Soleil du (J juin 1891 : observations faites à
l'Observatoire de Lyon. Note de MM. Goxxessiat et Lk Cadet, présentée
par M. Mouche/.
« Cette éclipse a été observée : par M. Gonnessiat (F. G.), à l'équatorial
Brunncr (o"\ i(j) avec un grossissement de 100; par M. Le Cadet (L. C.)f
C. K., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N'24.) « 7<3
( i354 )
àl'équatorial coudé (o™,35), diaphragmé à o'», 20, avec un grossissement
de i5o.
» Le vent soufflait du sud-ouest dans les régions supérieures, et les
bords solaires étaient ondulants et peu nets.
» Voici les époques des contacts notées en temps moyen de Paris :
F. G. L. C.
Commencement 5h29">28* 5h29<»29s
Fin 6h33m36s 6>>33m29s
» On a fait aussi une série de déterminations de l'angle de position de
la corde commune aux deux astres.
» Le résultat de ces mesures est donné dans le Tableau suivant, dont
chaque valeur est la moyenne de cinq pointés et a été corrigée de la
réfraction :
F. G. L. C.
Temps moyen
de Paris.
P.
Temps moyen
de Paris.
P.
Il lu s
5 . 46 . 17
248,60
5 . 35. 19
0
238,45
5.5o.i8
252,75
5.44.48
247,13
5.58.5g
262, i3
5.52. 5
254,63
6.2.0
265,53
6 . 2 . 5 5
266,62
( i . 16.12
281,42
6. i5.2o
280,32
6.22.56
288,24
6.25. '.5
290,67
6.25. 16
290,43
6.32. 0
296,69
» La présence d'une couche de cirrus et la proximité de l'horizon n'ont
pas permis d'utiliser constamment les réseaux de toile métallique dont
l'emploi donnait aux bords une assez grande netteté. M. Le Cadet seul en
a fait usage pour l'observation du premier contact et de ses trois premières
séries d'angles de position. Il a même dû supprimer le diaphragme de
l'objectif pour l'observation de la dernière phase de l'éclipsé. »
( iH55 )
ASTRONOMIE. — Observations de la comité Wolf (i88'i III), faites à l'Ob-
servatoire d'Alger, au télescope Foucault de o°\5o; par MM. Ra.mbaid
et Sy. Communiquées par M. Mouchez.
Dates
1891.
Mai 1 5 .
1 5 . .
Juin 3.
5..
6.
6. .
Étoiles
de
comparai-m.
Weisse, 22h. a" 1226
B. B. t. VI -4- ... ., 5 I;
B. B. t. VI -h 20, n° 5397
B. B. t. VI -f- 20, 11" 54oo
Weisse, 23h, n°
1081
1 m and
a
/>
c
d
d
9>a
9,2
8.3
»
««-*.
\scc nsion
droite.
m s
—0.5;. i •
—0.54.38
—0.48.96
Déclinaison.
— 2.28.7
— 2. IO.9
—4.40.6
—3. 17.54 -t-2.5 ■ . i
— 1.41.27 — 5. 2.9
—1.42.07 —5. 3.8
-+•0.38. 1 i
+0.4" .71
-9.37.6
. 1 . ! 2 . 6
Nombre
de
comp.
16:16
16:16
1:4
8:8
16:4
12:6
>4:i4
Obs.
R.
S.
B.
R.
R.
S.
R.
B.
Positions des étoiles de comparaison.
Étoiles.
«
b
c
d
Ascension
droite
moyenne 1891,0.
Il III B
' 1.5g. 1 i , 93
23.43. 7.77
23.5o.3o,g7
23.5 1 . 1 1 . 7".
Réduction
.111
jour.
r
—0,37
— 0,06
— o,o4
— 0,02
Déclinaison
o '
+ l5.59. 6,9
-1-20.24. 27,0
-f-20. '1 î . .!■., 5
-t-21 . 5. 10, o
Réduction
au
jour.
n
—9.9
— / ■ »
—6,9
23.53.33, i5 4-0, o3 -+- 21 . 34 . 52, 1 — 6,-
Autorités.
w,
H. B., t. VI
B. B., t. VI
B. B., t. VI
W
Positions apparentes de la comète.
h. il. - Temps moyen Asc. droit.- Log. fact. Déclinaison
1891. d'Alger. appar. ;nt< parall. apparente.
h m s II ni » ...
Mai i5 io.23.56 12.58.46, i4 1)678 1 "..56.28.3
i5 i4.55. '1 22. 58. 49, 18 T, 658« + i5.56.46,i
Juin 3 i3.45. 3 23.42.18,75 7,692,, -(-20.19.39,0
5 i5.2o. 2 - ; . i- . 1 .'. . .'•<) T,6o4ji -f-20. 47- 1".. 9
6 14.48. 2 19. 33, 46 T,64'i„ -t-21. o. 0,2
6 i'i-I" • i i 23.49.32,66 7,65i„ +20.59.59,3
8 1 3. 10.22 ■ '.'.'(. 1 1 ,32 ï-704„ +21.25. 7,8
8 l3.32.21 23.54.13,89 T. 697,, -f-2I.25.22,8
Log. fact.
parall.
0,661
0,636
o,643
o,533(*
o,564
0,572
... 1 ,. i. i
o,632
( ') L'observation a été difficile à cause du crépuscule.
( i3.ï6 )
ASTRONOMIE. — Éclipse de Soleil du. 6 juin 1891, observée à l'Observatoire
de la Société scientifique Flammarion , de Marseille. Note adressée par
M. Jacques Léotakd.
Grandeur o, i3.
Entrée 5h38»37« ) „ ...
„._ ' 5 Heure nationale.
Sortie 6h3im i3s j
En heure locale de Marseille.
Entrée observée 5h 5om 5is
D'après la Connaissance des Temps 5h 5om os
Différence 5is
Sortie observée (3h 43m 2-'
D'après la Connaissance des temps 6h 44™ '2S
Différence 453
» Différence totale : im36s de moins dans l'observation que dans le calcul. Lunette
de i6omm d'objectif.
» Ces chiffres sont confirmés par les observations faites avec le io8mra et le 75mm.
» Observateurs : MM. Bruguière , Codde , Jacques Léotard , R. Guérin et
Lemuet. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les deux formes sous lesquelles s'expriment,
au moyen des fonctions thêta de deux arguments, les coordonnées de la
surface du quatrième degré, décrite par les sommets des cônes du second
ordre qui passent par six points donnés. Note de M. F. Caspary, présentée
par M. Hermite.
« Parmi les surfaces du quatrième degré, dont les coordonnées s'ex-
priment au moyen des fonctions thêta de deux arguments, on connaît
depuis longtemps les cyclides de M. Darboux et la surface de M. Kummer.
» A ces surfaces, M. Schottky (' ) a ajouté, il y a deux ans, celle qui est
décrite par les sommets des cônes du second ordre qui passent par six
points donnés en espace.
» Pour cette surface, examinée par Chasles, Weddle, MM. Cayley,
(') Journal de M. Kronecker, t. GV, p. 233.
( '357 )
Geiser, Darboux, Hierholzer, Reye, Hunyady et par moi, j'ai donné, on
1887, une nouvelle génération ('). En y appliquant les méthodes, expo-
sées par moi antérieurement (*), j'ai été conduit, en vertu delà découverte
importante de M. Scbottky, à ce résultat que les coordonnées de ladite
surface s'expriment, de deux manières différentes, au moyen des fonctions
thêta de deux arguments.
» I ne fois, ces coordonnées sont proportionnelles aux produits de
quatre fonctions . thêta, dont trois sont impaires et, l'autre fois, ces coor-
données sont proportionnelles aux produits de trois fonctions thêta, dont
une seule est impaire.
» Voici le résumé de mes recherches, dont je communiquerai prochai-
nement Les détails, relatifs à la Géométrie et à la théorie des fonctions
thêta.
» Si l'on désigne par Ey, Fy (J = I, 2, 3, 4) des constantes, et par \
les coordonnées de la surface dont il s'agit, son équation peut être repré-
sentée par
l'j , r , a.j X. j a -, X ,
Ej 1' 2 ^ I ^3 ^4 \
E, F, \ , \ . . \ . \ ,
MW.VV \.
(I)
E,
F,
E2
1'.
E3
F,
1 ,
F,
= o.
» Cette égalité est remplie de deux manières; une fois, si l'on pose Xy,
Ey, Fy proportionnels aux quantités Xj, eJt fj, définies par les expressions
\
(IN)
I . '''3 . •< :| .'( °0l'J0l*-v3'y02'J4 • < 2 -' 2 • v I ^ 3 ~'(U >c03~'03-"'l~'02~'0l '«"'4'"'|-'3"'02'
c, . ea . eK . es — c(>, c0c2 3 c.,, .'V i' u'ji ■'•os^o^iî''h • ^"s^i t'34 •
/ I • .1 1 •./ I • J \ ~ ~ ( 11 I ^ • "\ l^\ i ' .' '11' 1 . '' : i • ' 0 : ' J *~ ■> 3^3 I • ^* ' u*-! ï'V] •
el l'autre lois, si l'on pose \ . I . Fy proportionnels aux quantités £'•, îr
o , définies ainsi
<,, . Sj . tsj • Sj — ' oi © i .-' 12^ i i • 3 :i
?'.:?'2:?'8 :?*=/<
i g i
U 2 O 2 -' I 3 "' 2 3 - ** I 3 • *- 0 3 f, 3 -' 2 3 -< 3 « • -J 2 I • l V fi l 'J I i ■•> 3 « • "< I 3 •
-e2g,
-Agi
■f*g3
■ —e4gA
' -fig*
(') Voir mon Mémoire Sur les cubiques gauches, article 5 {Bulletin de M. Darboux, t. XI).
{-) Bulletin de M. Darboux, t. Mil.
ou
(IV)
( r358 )
g» = c2c„cnl c23,
£*3 — C0 3C0C4<'23>
g; ~ C',co\ C03C3 '.•
)» Dans ces expressions, j'ai écrit, pour abréger, &«. Sap(<*P = o, r, 2,3,4)
au lieu de *.(«,, «,), ^p("o"«)» «m"«i étant des arguments quelconques;
et, de plus, j'ai désigné les valeurs constantes £rp(o, o), &„(o, o), Sap(o, o)
par cp, ca, cap.
» Pour démontrer les résultats proposés, je donne à l'équation (I) la
forme
(O
X, (EFx)m __ (EX)„ (FX)13
7,. (EFX),» ~~ (EX)« (FX)n
où (Ex), 2- (EFx)i23 désignent les mineurs E,x2 — Eafo» - ±E,F2x3, etc.,
et je fais usage des relations qui découlent du théorème établi par moi, dans
le tome XCIV, page 77 du Journal de M. Kronecker. Au moyen de ce théo-
rème, on trouve immédiatement les formules
Xi coi
(Ex).
^2 3 ■'Oi
et
y.i c4 ~zw 2r,
(EX)24 ~
C23 3'ï -m
(EFX)123 __ c, % &04
(EF/_)23V col 50, S, '
(Fx)n
(FX-)m "
C5 "^5 *^04
— ^~ §~ a-'
c23 "^23 "M
Si _ #1 coi ^11 ^s*
(e'î')„
A*l c23 3r»3'ij
A' 4 t'r, ^3^13'
(E'<p'?')l23 _ g-! O, ^2 &02
(t'Î')h
^Tt C5 -^02 -^24
(«V«'
oï ^01 •J(I3 -^3
(<?'£')» g* C23 ^03^34
qui mettent en évidence l'équation (I*), et, par conséquent aussi, l'équa-
tion (I).
» Les constantes e^,fy peuvent être mises sous la forme élégante
et:e3:e3:eA = (i, 24): (ou, 24): (3, 24): (04, 24),
^ :/.:/.:/« = (i, i3):(oa, i3):(3, i3):(o4, i3),
où (a, yo) et (a[ï, yû) désignent les valeurs que prennent les déterminants
( i359 )
fonctionnels
à5% dZyi
0ut 0ut
Ou, du.
et
Ou, ()//,
Ou, Ou,
(a, p, y, 8= o, i, 2, 3, 4),
si l'on y pose, après la différentiation, u, = o, u, = o.
» Au lieu des coordonnées ^ on peut introduire, par une substitution
linéaire, les coordonnées £Y, définies par les expressions
(V\ rc -Y' ,rc -r' — c c & 9 Sr * — rr & 5 3 • r r aa 5 ■ /- ^ °r 9 9
et liées avec les coordonnées /v par la relation
/.!-<+ Xa ^ + Xa Es + 7.4 5 1 = o. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur un avertisseur électrique permettant de con-
stater dans un courant gazeux de très faibles variations de pression. Note
de MM. G. et L. Richard, présentée par M. Léauté.
« L'appareil très simple et de très petit volume que nous avons l'honneur
de soumettre à l'Académie est destiné à accuser des dépressions très faibles
dans un courant gazeux; il est d'une sensibilité extrême et peut, d'après
les essais que nous avons faits, manifester des variations de pression expri-
mables par quelques centièmes de millimètre d'eau.
» Il se compose essentiellement d'une boite métallique mise en commu-
nication par un tube / avec le conduit dans lequel passe le courant gazeux.
» Ce tube est obturé par un clapet c en métal léger mobile autour d'un
axe a et équilibré de telle manière qu'au régime, ou lorsque la dépression
( i36o )
est inférieure à la limite pour laquelle l'avertisseur est réglé, il reste
écarté du tube t et ferme en i un circuit électrique dans lequel est placée
une sonnerie par exemple. Une boite à ouate b empêche les poussières
d'entrer dans le mécanisme.
» On conçoit alors comment fonctionne l'appareil; si une dépression se
produit, le clapet c est attiré et vient fermer l'orifice du tube; le circuit i
est ainsi ouvert et le courant ne passe plus.
» En faisant varier la position de l'ensemble par rapport à la verticale,
on fait varier la position du disque par rapport au tube, la sensibilité se
modifie en plus ou en moins et, au delà d'un certain point, on a un aver-
tisseur d'augmentation de pression.
» Ces dispositifs sont susceptibles d'applications industrielles, et, en
particulier, ils peuvent être mis en relation avec les conduits de fumée ou
de ventilation pour indiquer les refoulements qui s'y produisent quelque-
fois ; ils présentent aussi un réel intérêt pour les poêles à combustion lente.
Nous ne parlons pas de ceux dont le conduit de fumée est tellement petit
qu'ils brûlent pour ainsi dire sous pression, mais bien de ceux dont le tuyau
est d'un diamètre assez large pour assurer, en marche normale, un vide
dans le foyer.
» Lorsqu'il s'agit de ces derniers, il est souvent utile de compléter
l'avertisseur par un interrupteur automatique évitant que les courants
d'une durée trop faible passent par la sonnerie. Sans cette précaution, on
raison même de l'extrême sensibilité de l'appareil, l'ouverture ou la fer-
meture des portes ou fenêtres pourrait amener de courts arrêts de tirage
qui feraient tinter la sonnerie sans qu'il y ait aucun danger.
» Pour obtenir ce résultat, nous intercalons dans le circuit, convena-
blement divisé, un électro-aimant qui attire un barreau de fer doux ac-
tionnant un moulinet d'horlogerie dont le total des révolutions ne dépasse
pas la durée minima que l'on s'est fixée. Arrivé à fond de course, ce bar-
reau ferme le circuit de la sonnerie; un ressort ramène ensuite l'ensemble
du mécanisme dans sa position primitive. »
CHIMIE. — Recherches sur l'application de la mesure du pouvoir rotaloire à la
détermination de combinaisons formées par les solutions aqueuses de man-
nite avec les molybdates acides de soude et d'ammoniaque. Note de M. D.
Germez, présentée par M. Duclaux.
«^ Les solutions des acides tartrique et malique actifs produisent, comme
je l'ai démontré antérieurement, lorsqu'on les met en contact avec des
( i36i )
corps inactifs, e i solutions aqueuses, tels que les molybdates, phosphomo-
lybdates, tungstates, etc., des composés exerçant sur la lumière polarisée
une action qui est un certain nombre de fois plus grande que celle du
corps actif qu'ils contiennent : ce! accroissement extraordinaire <lu pou-
voir rotatoire permet de mettre en évidence les composés qui se produi-
sent et se succèdent dans la solution lorsqu'à une quantité constante
d'acide mi ajoute (les poids graduellement croissants de sel. J'ai reconnu
que d'autres corps actifs qui n'ont pas, comme les acides tartrique et ma-
lique, les doubles fonctions acide el alcool et n'ont que La fonction alcoo-
lique se prêtent à une étude pareille Je vais indiquer les résultats que j'ai
obtenus avec la mannite ordinaire.
» Les solutions de cette substance exercent sur la lumière polarisée
une action tellement faible qu'elle a été longtemps méconnue, mais que
les recherches de divers savants ont nettement mise en évidence ; lorsqu'on
les additionne de quantités quelconques de molybdates neutres, de mo-
lybdate neutre de soude par exemple, on ne constate pas de changement
sensible dans le pouvoir rotatoire; il n'en est pas de même si Ton ajoute à
ces solutions soit de l'acide molybdique, soit des molybdates acides de
soude ou d'ammoniaque : les rotations présentent alors des \ aleurs relati-
vement tus -landes, qui permettent une interprétation sérieuse des phé-
nomènes.
» Marmite et molybdate acide de soude. — Le molybdate acide de soude
3NaO, 7M0O8, 22 IIO est un magnifique sel que l'on obtient facilement en
ajoutant à une solution de carbonate de soude la quantité d'acide molyb-
dique qui correspond à sa composition et laissant cristalliser la liqueur con-
centrée; sa solubilité permet d'en obtenir des solutions aqueuses qui en
contiennent de grandes quantités.
» Les solutions dont j'ai fait usage étaient formées de o-',- .IS'J, ou de
i6r,5866de mannite, de poids variables de molybdate acide, ajoutés par
,', d'équivalent et de la quantité d'eau distillée nécessaire pour (|ue le vo-
lume total l'ut 2 icc.
» Les observations onl été laites à la température de 17°, qu'on mainte-
nait constante, car de faibles variations de température ont une influence
très notable sur la grandeur de la rotation observée; le liquide était con-
tenu dans un tube de 20 1 """. "> de longueur et les mesures étaient prises à
la lumière jaune du sodium. La solution de mannite pure donnait une ro-
tation négative un peu inférieure à uuf minute. Les résultats des expé-
riences sont contenus dans le Tableau suivant :
c. lî., 1891, 1 ei i< 1 CX1I, N 24.) I 77
( i36î )
Solutions Solutions
,, -îsq Hp nnnniir contenant i ,5i66 de manmte.
Fractions contenant o. ;3»;S de manmte. ^^^^^
d'équivalent 777"^ vTrû^nT Rotations Variations
du sel, Rotations \aiiaiions
enfd'équiv. observées. par - d'équiy. observées. par-déqu.v.
+0°.22 ; +°-43' *5
3;:'.".'.'.'.'.'.. 0.45 '-25 !'
3 1. 8 23 !-i° i-'
i.3o " ,;,7 '"
5::::::::::: ,57 °
6 a. 24 27
e',5 ;- :■■ :: :;
6,70 2.45 M
-24 -28
- 5 .. |S S-49
s! 2.16 ï-*7 ''
9 •'•• ' '"'
10 1 ■ is ' ;
! 1 I .32
12 117 ' ">
i3 1.12
14 r. 4 8
i5 ■>
16 o.54 5
1 - 0 . "1 •
18 o.4g ■'•
19 ; 0.46 3
20 0.43
21 0.41
24 o.38 1
27 o.35 1
3o ■ ; ■ '
36 0.2.1 1,2
42 o,3
48 0.21 o,3
» L'examen de ces nombres conduit aux remarques suivantes : 1" La
rotation initiale négative devient positive dès que l'on ajoute à la solu-
tion de manmte un poids minime de sel et elle augmente de quantités
sensiblement égales pour des additions égales, ce qui indique la forma-
tion progressive d'un composé entre les corps en contact. 2" La rotation
atteint un maximum de 5° 16' pour une solution contenant, par 24cc,
isr,5i66 de mannite, soit 1 équivalent de ce corps et— — d'équivalent de
inolybdate acide de soude. Ce poids de sel correspond à '>"'',<) ! 7 5 d acide
molybdique, si la formule admise 3 NaO, 7 Mo O3 représente la composi-
tion de ce sel. Ce nombre est voisin de 4 et l'on pourrait penser que le
maximum a lieu lorsque 1 équivalent de mannite est combiné à \ équi-
( 1 363 )
6 E
valents d'acide molybdique ou à d'équivalent de sel. Mais je me suis
assuré que les rotations correspondant à ces proportions sont 2°44' et
V' i '| , un peu inférieures à -'■"]'>' el Vu','. |-;n prenant les résultats de
l'observation tels qu'ils se présentent et considérant que le molybdate
neutre de soude n'a aucune action sur la mannite, on pourrait supposer
que le sel 3Na( >, - Mot »; n'interviendrait dans L'action que par la partie
iMnd' i saturée parla soude, et dans ce cas le maximum aurait lieu
pour i équivalent de mannite et 2eq, 25 d'acide molybdique ou 'i équiva-
lents de mannite el g équivalents d'acide molybdique (non engagé en
combinaison avec la soude). '•" Les additions ultérieures du sel, jusqu'à
i équivalents, do ni des solutions dont le pouvoir rotatoire diminue
graduellement, ce qui indique la transformation du compose correspon-
dant au maximum el la tendant e vers un autre équilibre.
» Mannite et molybdate acide d'ammoniaque. Le molybdate ordinaire
d'ammoniaque i \/ H< >, - \l<>( r est beaucoup moins soluble que Le sel
précédent : les solutions ne peuvent donc pas être amenées à des degrés
déconcentration aussi avancés. Voici le résultat des observations laites à
i -" sur des suintions contenant i • '> «If mannite, des poids de sel crois-
sant par ,', d'équivalent et l'eau distillée suffisante pour faire 2]"' :
ns d'équn alenl
\ Lions
de sel
Rotations
1
le la rotai ion
pai ,' d'équiva
1
lent.
obseï
■ ■
pai
,'. d'équivalent
2
3
1 • 9
'i
'.
1 . ;:
•1
.")
1 , ",. ,
...
6
■ s
,-,.--,
1 ■ i 5
■ i
7
s
,. ,s
M,
» l.a même valeur maxima correspond ici, comme dans le ras du mo-
lybdate acide de soude, aux mêmes proportions relatives de mannite el de
sel employé, et déplus les nombres qui représentent les rotations pro-
duites par les solutions de composition semblable sont presque rigoureuse-
ment les mêmes, ce qui montre que la nature de la hase du sel employé
n'a pas d'influence notable sur la combinaison. »
( i364 )
chimie ORGANIQUE. — Sur la quinéthyline, base homologue de la quinine.
Note de MM. E. Grimais et A. Arnaud, présentée par M. Friedel (' ).
« Nous avons montré, dans une précédente Communication, que la qui-
nine est un éther méthylique de la cupréine considérée comme phénol;
on peut donc donner le nom générique de quinines aux dérivés analogues
de la cupréine, de la formule générale C"H21 Az20, OR, R étant un grou-
pement quelconque. Le premier terme de la série étant la quinométhyline
ou quinine ordinaire, le second ternie constitue La quinéthyline; cette
base présente, avec la quinine, le même genre d'homologie que celui du
phénate d'éthyle et du phénate de méthyle.
» Nous nous proposons de décrire dans cette Note la quinéthyline;
mais il nous semble nécessaire d'indiquer d'abord les précautions que
nous avons prises pour obtenir de la cupréine pure, les sels de cupréine
que nous avons pu nous procurer renfermant de petites quantités de sels
de quinine ('- ).
» Purification de la cupréine. — Le sulfate basique est dissous dans l'eau bouil-
lante et transformé en sel neutre par l'addition d'une quantité calculée d'acide sulfu-
rique en solution étendue; la liqueur est fortement concentrée jusqu'à commencement
de cristallisation; on laisse refroidir en troublant la cristallisation par agitation; on
obtient ainsi un sable blanc, cristallisé, formé par le sulfate neutre; on l'essore à la
trompe, on le lave à l'eau froide, puis on le redissout dans l'eau bouillante, et on ajoute
un excès de soude à la liqueur refroidie. Le précipité formé d'abord se redissout
entièrement dans la soude; le sel est déjà assez pur pour qu'il ne reste pas de quinine
non dissoute. Pour achever la purification et enlever les traces de quinine qui peuvent
rester en solution dans la liqueur aqueuse, on agite celle-ci avec \in égal volume d'é-
ther, et on répète ce lavage jusqu'à ce que cet éther ne cède plus à l'eau acidulée par
l'acide sulfurique d'alcaloïde donnant la fluorescence bleue si caractéristique de la
quinine. On peut remplacer l'éther par le chloroforme, qui possède un plus grand
pouvoir dissolvant pour la quinine.
» La solution sodique de cupréine, débarrassée ainsi de quinine, est acidifiée par
(') L'Académie décide que cette Communication, bien ipie dépassant les limites
réglementaires, sera insérée en entier.
(-) La plus grande partie du sulfate de cupréine que nous avons employé nous a été
gracieusement donnée par MM. Howard, de Strattford. Nous devons aussi à l'extrême
obligeance de M. Oudemans, de Delft, une certaine quantité de chlorhydrate de
cupréine.
( i365 )
l'acide sulfurique étendu en quanlité assez grande pour redissoudre le précipité ij ni
se forme quand la liqueur devient neutre; on verse alors la solution acide dans une
.i--i7 grande quantité d'eau ammoniacale; la cupréine devient libre; on la recueille
sur une toile, on lave la masse ■< l'eau froide, puis on l'exj sur des plaques po-
reuses, el Gnalement on la sèche à ioo°. La liqueur ammoniacale fournil encore une cer-
taine quantité de cupréine dissoute par L'ammoniaque et qu'on retrouve en chassant
l'ammoniaque par distillation dans le vide.
» Préparation de /•/ quinéthyline. — < >n peut l'obtenir par deux procédés, soil au
moyen du chlorure ou du bromure d'éthyle sur la cupréine sodée ;'i i ^ «"-1 3o°, soil au
iiniM'ii de l'a /.<■ ta le d'éthyle; ce derniei pi lé nous parait plus avantageux.
» On chauffe, en tubes scellés à t m Lécule de cupréine sèche dissoute
dans l'alcool contenant i molécule ! de sodium avec i molécule ' d'azotate il'éilivle
pendant douz i quinze heures. < In chasse l'alcool du produit de la réaction pardis-
lillati lans le vide, on reprend le résidu par Iran acidulée, on ajoute à la liqueur
un excès de soude qui dissout un peu de cupréine non transformée, enfi i agite la
liqueur alcaline à plusieurs reprises avec de l'éthei qui s'empare de la nouvelle base.
On décante l'éther, on l'agile avec de l'eau acidulée d'acide sulfurique. La liqueur
sépai e de 1 étber, est chauffée au bain-inarie et neutralisée avec précaution
par l'ammoniaque. Par refroidissement de la liqueur concentrée, il se sépare du sul-
fate basique de quinéthyline assez fortement coloré. On ess les cristaux à la
trompe, on les lave à I eau froide, on l< i he, et, après les avoir pesés, on les redis-
sout dans ii [uanlité calculée d'acide sulfurique étendu poui les transf er en
^iiliaie neutre beaucoup plus soluble. On chauffe la sol ut ion en présence de non a m
mal. on concentre jusqu'à cristallisation. Les cristaux essorés sont purifiés par plu-
sieurs ■ ristallisations dans l'eau I illante.
i tu obtient ainsi à I étal de pureté le sel neutre
' .' Il ' \. Il . -" Il . Ml < •
que l'on peul facilement transformer en sulfate basique
((.'•il-'1 Vz'l 1,01 II i*S< ' II-, Il i I
en le dissolvant dans l'eau bouillante el en neutralisant exactement au tournesol pat
l'ammoniaque diluée; le sulfate basique peu soluble cristallise pai le refroidissement.
Le rendement en sulfate basique pur est de 35 parties environ pour 100 parties de
. upn ine mise en réaction, dans le- conditions où nous avons opéré.
» Quinéthyline C1,HMÀzaO,=s C^H^A^O, OC'H*. -On La prépare
en précipitant Le sulfate neutre par l'ammoniaque en très léger excès, en
opérant en solution concentrée froide. Elle constitue un précipité blanc,
amorphe, ressemblanl beaucoup à la quinine : elle est alors formée d'hy-
drates qui fondent dès 6o°; pour l'obtenir sèche et pulvérulente, on doit
commencer par la dessécher dans l'air sec; puis on petit, sans la fondre,
la sécher à too° ou i2o°. ^u-dessus «le celte température, elle jaunit le-
( i366 )
-èrenient quand on prolonge la dessiccation : après avoir été séchée à
î25°, elle fond à 1600. Elle est très soluble dans l'éther, l'alcool, le chlo-
roforme et, en général, dans tous les dissolvants ordinaires des alcaloïdes;
ses solutions dans l'acide sulfurique en excès sont extrêmement fluores-
centes ('). Elle ne cristallise pas par évaporation de ses solutions alcoo-
liques; elle se dépose sous forme d'un vernis transparent; elle se com-
porte donc dans ce cas comme la quinine.
« Elle peut donner un hydrate cristallisé, qu'on obtient de la façon
suivante : on précipite la solution du sulfate neutre étendue par un grand
excès d'ammoniaque, une partie de la base reste en solution; on ajoute
assez d'éther pour saturer l'eau, ce qui dissout une nouvelle quantité de
hase, et l'on abandonne cette solution ammoniacale éthérée à l'évapora-
tion spontanée dans un vase long et étroit ; après quelques jours, il se dé-
pose un hydrate cristallisé en grandes aiguilles incolores et transpa-
rentes.
» Celte base est lévogyre; en solution dans l'alcool absolu
(*)„ = - i69°,4 <J>-
» Sulfate basique (C2'H28AzaOï)2, SO'II-, ll-O. -- Ce sel, dont nous
avons indiqué plus haut la préparation, forme des lamelles cristallisées,
d'un éclat soyeux quand il cristallise d'une solution aqueuse saturée bouil-
lante; il contient alors environ une molécule d'eau de cristallisation < l.
Quand on laisse refroidir lentement une solution chaude pas trop concen-
Calculé
poUV
Trouvé. C"'H"A.z,0J
(') Analyse. C - ',.'7 74,55
H 7>57 7>69
(2) Dans les mêmes conditions, on a trouvé pour la cupréine et la quinine les
chiffres suivants :
Cupréine («)d= T'"»^
Quinine (a)D = 167°, 5
(3) Le sel séché à l'air sec a perdu, à i2.V, 1,70 pour 100 d'eau; la perte devrait
être de 2,27 pour 100 par une molécule d'eau : il avait évidemment subi un com-
mencement d'efflorescence dans l'air sec.
Le dosage d'acide sulfurique du sel desséché a donné 12,60 pour 100; la théorie
pour la formule (C21 H2°Az202)2, SOH2 exige 12,66 pour 100.
Le dosage d'azote du sel séché à 120" a donné 7.^7 pour 100; calculé 7,20.
I i367 )
trée, oo observe La formation d'une gelée transparente, constituée par
un hydrate renfermant un grand nombre de molécules d'eau de cristalli-
sation.
» Le sel cristallisé est peu soluble dans l'eau froide; une partie se dis-
sout dans 397 parties d'eau à 1 "> : i!it d'e lu en dissout :>-', Ï2.
» Sa solution dans L'acide ehlorhydrique étendu est fortement levogvre :
(a)D = - 233», 1 (').
» Sulfate neutre C*< Il ■■ V/-'<h, SO'H», 8H*0. - Ce sel cristallise, par
refroidissement lent de sa solution aqueuse, en gros prismes à huit pans,
incolores et limpides. \ 1;,', il se dissout dans 5i,i parties d'eau et est très
soluble dans l'eau bouillante. Ses crisl tux s'effleurissent rapidement à
l'air 1
» Chauffé avec des quantités calculées d'iode en solution alcoolique et
d'acide iodhydrique, il donne une 1 ombinaison formée <le petites aiguilles
d'un rouge grenat, différant des lame-, de l'hérapathite fournies par la
quinine.
« Nous avons c mencé l'étude du dérivé propylique de la cupréine et
d'autres hases analogues; nous communiquerons prochainement 1 l'Aca-
démie la suite de nos re< lien hes. »
ciu.Mii 1 1R1 . LNIQI E. - Sur les urêides dérivt es di * acicL * normau v.
Note de M. C. Matignon.
« I. 'élude thermochimique des dérivés de l'acide urique m'a conduit à
mesurer la somme des travaux correspondant à la formation des monouréi-
des dérivées des acides normaux. J'ai préparé a cet effel les deux premiers
tenues de la série, la forinylurée .-i l'acétylurée. Ces deux corps, purifiés
avec soin, ont été brûlés dans la bombe calorimétrique. Leur combustion
11) I >.•■•— les iii-- s conditions, on ;i trouvé pour le sulfate de cupréine :
(a)D -- c!'|\ 1, et pour le sulfate de quinine : («)d = — 233°, 7. Tous ces sels
a\ aient él sèches 1
Calculé
uvé. pour8 H'O,
pour 100. 1 1 100.
1 Dosage de l'eau de cristallisation a4>o ^4>8
Dosage de S0VH2 dans li- M>1 anhvdie >i,à~ h/a%
( i368 )
est complète et n'exie;e pas l'emploi du camphre. Les résultats obtenus sont
les suivants :
C202AzsH4 + 2Û2= aC02+ aH20 + Az2 •.,;"',.;
C302Az2H6 + 102=3C02+3H20-t-Az- +36o':^9
Les chaleurs de formation correspondantes sont égales à r 19e31, 3 et 129°".
Les chaleurs de combustion de ces deux homologues consécutifs présen-
tent la différence constante de i53Cal,G, qui entraine comme conséquence
un parallélisme très rapproché dans leurs actions vis-à-vis d'u a même agent .
Au contraire leurs générateurs, les acides formique et acétique pris à l'état
solide ont une différence de i4oCal, nombre bien inférieur à la moyenne;
il en résulte, comme on sait, des propriétés particulières à l'acide formi-
que qui n'appartiennent plus aux homologues supérieurs. Celle différence
est particulièrement manifeste dans le mode de formation des uréides; on
a en effet :
H.CO!Hsol.-+-CO(AzH!)ssol. = H.CO.AzH.CO. UH'-t- HJ0 sol 4-i3c»',4
Acide formique. Urée. Kormylurée
CH»CO*H sol. + CO(AzHî)2 sol. ^CH'.GO.AzH.CO.AzH1 sol.+ H'O sol. - o'-\?.
Acide acétique. Acétylurée.
» Ainsi, tandis que, dans les conditions précédentes, la formation de la
formylurée entraîne un dégagement de chaleur notable, celle de l'acétyl-
urée correspond à une absorption de chaleur; aussi est-il impossible d'ob-
tenir ce dernier corps en partant de l'acide acétique, la formylurée, au
contraire, se produit directement à partir de l'acide formique. Geulher,
Scheitz et Marsh indiquent, en effet, qu'on obtient la formylurée en chauf-
fant ensemble l'urée et l'acide formique cristallisable, d'abord au bain-
marie, puis à feu nu, jusqu'au commencement de décomposition du corps;
ils ajoutent qu'il n'y a pas d'action à froid. La grandeur du dégagement
thermique m'a amené à penser qu'il devait en être autrement; si l'on dis-
sout l'urée dans l'acide formique cristallisable, celui-ci forme alors un
liquide visqueux qui, abandonné à lui-même sous une cloche, se prend,
au bout de quelque temps, en une masse cristalline de formylurée.
» La synthèse de l'acétylurée, à partir de l'acétamide et de l'urée cor-
respondrait à une absorption de chaleur
C'OAzII5 sol. + CO(AzH2)2=C302Az2Hr'sol. 4-AzH3 gaz — ia&',5
Elle n'a pu être réalisée.
( '369 )
» Enfin il étail intéressant d'examiner l'acétate d'urée, corps intermé-
diaire entre l'acide acétique et l'acétylurée. L'urée réduite en poudre fine
se dissoul assez abondammenl dans l'acide acétique cristallisante légère-
ment chauffé; par refroidissement, il se dépose de gros cristaux qui rem-
plissent bientôt la masse entière : ils sont très déliquescents; l'analyse leur
assigne la formule
CH*.COaH btH'CO V/U-.2IIM).
Mis.i dessécher dans le vide sur l'acide sulfurique, ils perdent peu à peu
leur acide acétique : il ne reste finalement que de l'urée. Leur chaleur de
dissolution sous la concentration ^niol. = iUt absorbe S •", S à m, .
» L'urée el l'acide acétique mêlés ensemble sous cette même concen-
tration ne il irni lieu a aucune action thermique ; I a. élate d'urée, dans
ces conditions de température el déconcentration, [esl donc complètement
dissocié, ce qui permet «le calculer la chaleur de formation
CH'.COOH -.1. ' " \, Il sol. CH .«.'•< 'Il \/ll < I l. \/ll .ail O. 3e*',!
nombre dont la petitesse rend compte de la facile dissociation du sel par
l'eau.
» L'acétylurée el la formylurée, additionnées de chlorure de mercure,
fournissent toutes deux un précipité floconneux, quand on ajoute de la
potasse au mélange; dans le ras de la formylurée, le précipité correspond a
2 équivalents de mercure pour lécule d'uréide, ce qui entraine comme
formule probable
ll.ro. \ .1:0. V/.n.
Hg
l'hydrogène du groupement \.ll placé entre les deux groupements né-
gatifs CO devant être évidemment remplaça Me par des métaux.
CHIMIE ORGANIQUE. — Mode de formation <lcs mèthylcamphocarbonales de
méthyle et d'éthyle. Préparation du camphre mélhy lé. Note de M. J. Mnr-
(.1 iv, présentée par M. Friedel.
« .M. daller a démontré que le camphre cyané peut être regardé comme
le nitrile «le l'aride camphocarbonique | ' ». Il attribue au camphre cyané
('1 Comptes rendus, t. CH, p. 1 \-~.
C 1;., 1891, 1 Semestre. (T. CXII, N* 24.; ' "^
( i37o )
la formule de constitution ^'(J!^^' ce qui permet de considérer
l'acide camphocarbonique CSH"'<^C° * comme un acide {J-célonique.
,, Or, M. Haller a montré que le camphre cyané, traité par de la soude
et des iodures alcooliques, donne naissance à des produits de substitution
R
c
alcoylés(') de la forme C8H"< ^QXcAz- L'éther camphocarbonique,
en sa qualité d'éther p-cétonique, doit se prêter à un mode de substitution
analogue. Bien que des essais, tentés dans ce sens par M. W. Rosen (3),
n'aient pas conduit au résultat désiré, nous avons repris cette étude et
avons réussi à obtenir les éthers camphocarboniques substitues.
» Camphocarbonate de métltyle. -■ Mes premiers essais ont porté sur le
camphocarbonate de méthyle, que j'ai obtenu en éthérifiaut l'acide cam-
phocarbonique par l'alcool méthylique chlorhydrique.
« C'est une huile incolore, bouillant à i 55°-l6o° sous la pression de
icm,5 de mercure. Son pouvoir rotatoire dans l'alcool est a.u = -+- <>i",p,o.
» Mélhylcamphocarbonale de méthyle. -- On introduit dans un ballon
communiquant avec un réfrigérant ascendant 3oer de camphocarbonate de
méthyle et 2osr d'iodure de méthyle. On fait bouillir et l'on verse en cinq ou
six fois 2o0C à 3occ d'alcool méthylique axant dissous 3^,2 de sodium.
Après deux heures environ, la réaction est terminée. On précipite par
l'eau, on reprend par l'éther. La solution éthérée, soumise à l'évaporation,
donne des prismes incolores solubles dans l'alcool , plus solubles dans
l'éther. On a obtenu comme rendement i5gr de produit pur. Il reste un
liquide huileux qui distille à la même température que l'éther camphocar-
bonique, et qui renferme encore, après distillation, une certaine quantité
du corps solide précédent, comme ou le verra plus loin.
» Le méthylcamphocarbonate de méthyle fond à 85°. Son pouvoir rota-
toire, pris dans l'alcool Q molécule dans iHt), est
*u = + i7°,25.
» Méthylcamphocarbonate d'ëthyle. - J'ai essayé aussi avec succès de
(') Bulletin Suc. chimique, i. I. p. r,:,.". : 1888.
('-) Deutsch. chem. Ges., t. XVIII, p. 3n3.
( i37i )
c cn; .
préparer le méthylcamphocarbonate d'éthyle C8Hn \CO*C2Hs. Le
CO
modo opératoire est reste absolument le mémo. C'est un corps cristallisé
Fondant à 6o°-6l°, soluble dans l'alcool, plus soluble dans l'elher.
» On a trouvé, pour le pouvoir rotatoire ( ', molécule dans i1" d'alcool ),
'- 1, I . > . 0 .
» Camphre méthy lé. — Le méthylcamphocarbonate de méthyle el le mé-
thylcamphocarl ate d'éthyle, traités par la potasse alcoolique au réfri-
gérant ascendant pendant quatre jours, n'ont pas subi de transformation.
J'ai alors opéré en tubes scellés à la température de t3o°-i4o°. Le contenu
des tubes est précipité par l'eau et le tout repris par l'étlier.
» L'eau de lavage contient du carbonate de soude. La solution éthérée,
lavée, desséchée sur du chlorure de calcium et soumise à l'évaporation,
lionne un corps cristallise a odeur camphrée.
e L'analyse de ce corps mon ire qu'il répond à la formule
< Il I II
< Ml"
« 0
camphre méthylé. Il fond à .V"-iS\
» Son pouvoir rotatoire i nue molécule dans i'" d'alcool > y.u = 270,65.
» Le méthy Icamphocarbonate d'éthyle, aussi Lien que le méthylcampho-
carbonate de méthyle, donne <\\i camphre méthylé par la saponification.
Les constantes physiques de ce 1 orps restent les mêmes, quelle que snii sa
provenance.
» La réaction est semblable à celle qui se passe dans le traitement de
l'éther camphocarbonique par la potasse :
CM (.()-'( -Il CM-
(-11" 2KOH (II" COsKa CaHcO.
CO CO
Camphre.
CI I :
/C ( ' 1 1 < M
C»H ' 1 COaCH84.2ROH=CH8 CHM CO'K2 CM'O.
CO CO
Les huiles, résidus de préparation, traitées parla potasse alcoolique
au réfrigérant ascendant, abandonnent intacts les éthers camphocarbo-
( i37a )
niques substitués non saponifiahles dans es conditions, tandis que l'éther
camphocarbonique se transforme en camphre qu'on élimine facilement
,, J'espère pouvoir arriver à substituer d'autres radicaux que le radical
méthvle et à obtenir ainsi d'autres camphres substitués (•' )• »
chimie organique. - Éthers nitrosocyanacétiques . Note
de M. P.-Tn. Muixeu, présentée par M. Friedel.
« L'analogie qui existe entre les éthers cyanacétiques et maloniques,
analogie qui a été mise en évidence par M. Haller d'abord, puis par
MM. Haller et Held, m'a conduit à essayer la préparation des éthers nitroso-
cyanacétiques.
» MM. Wolf et Gans ayant obtenu tout récemment l'acide nitrosocya-
nacétique par suite d'une transposition moléculaire de l'acide furazane-
carbonique (2), nous croyons devoir communiquer les résultats acquis de
notre côté concernant les éthers nitrosocyanacétiques.
» On prépare ces éthers en faisant agir l'azotite d'amyle sur les éthers
cyanacétiques sodés.
/CAz /C \z
CHNa.C02R + AzO.OC5H,, = C-C02R + C5H"OH.
VzONa
» Le sel de sodium traité par l'acide sulfurique fournit l'éther nitrosé
/CAz
C-C02R.
AzOH
» Nitrosocyanacétate d'éthyle. -- A une molécule d'éther cyanacétique
on ajoute, peu à peu, la quantité équivalente de sodium dissoute dans
l'alcool absolu; puis, sans s'occuper du précipité qui se forme, on intro-
duit dans la masse, par petites fractions, une molécule de nitrite d'amyle ;
le précipité d'éther cyanacétique sodé se dissout en même temps que le
liquide s'échauffe jusque vers 5o°-6o°. On laisse refroidir, on lave à l'éther
pour se débarrasser de l'éther cyanacétique non transformé et on préci-
(') Travail fait à l'Institut chimique de lu Faculté des Sciences de Nancy, labo-
ratoire de M. Haller.
(-) Ber. d.deutsch. chem. Gesell., t. XXIV, p. 1169.
( i373 )
pite par l'acide sulfurique étendu. On reprend l'huile surnageante par de
l'éther el on dessèche mu- du chlorure de calcium; l'évaporation de l'éther
fournit le corps cherché, que l'on purifie par une seconde cristallisation.
» L'éther nitrosocyanacétique se présente sous la forme de petits cris-
taux blancs, fondant à i 270- 1 -îS". très solubles dans l'eau, l'alcool, l'éther,
iiimiis solubles dans le heu/nu-, el auxquels l'analyse assigne la formule
C \-
l CO'C'rT.
\/.()ll
C \/
» Sel sodique : C <:<>-(. -IT 5H20. Ce sel se forme directement
\/<>\a
dans Tact ii ni du mtriie d'amyle sur l'éther cyanacétique sodé; pour l'isoler
ou évapore au bain-marie jusqu'à siccité, afin de chasser l'alcool amylique;
ou dissout le résidu dans l'alcool ei on additionne de benzène; le sel
sodique ne tarde pas .1 se précipiter; on le fait cristalliser une seconde lois
dans le môme milieu : on obtient ainsi de petits prismes fibreux de couleur
jaune. Séchés a l'air libre, ils renfermenl 3 molécules d'eau de cristallisa-
tion qu'ils perdenl dans le \ ide.
» Nitrosocyanacètate de méthyle. Cel éther se prépare de la même
façon que son homologue supérieur. <tn ajoute la quantité théorique de
nitrite d'amyle au cyanacétate de méthyle a Iditionné d'une solution de
sodium dans l'alcool méthylique anhydre. Le mélange liquide s'échauffe.
(. \/
En continuant comme avec le produit éthylé,on arriva' à l'éther C — CO-( !H*,
V/OH
que l'on obtient sous forme de petits cristaux tabulaires fondant à 1 rg
/CAz
Sel sodique : C CO*CH»-f- 1 ^H'O. - On l'isole de la même façon
que le sel sodique du nitrosocyanacètate d'éthyle. Il se présente sous la
forme de prismes aplatis jaunes, renfermant 1 ' nioleeule d'eau de cristal
lisation qu'ils perdenl dans le \ ide.
Je me propose de continuer l'élude de ces dérivés nitrosés des éthers
evanacetiques 1 '
(' > Travail fail ;'■ l'Institut chimique <!<• la Faculté «les Sciences de Nancy, labora-
toire '!'■ M. Haller.
( i374 )
CHIMIE INDUSTRIELLE. - Blanchiment du coton à Veau oxygénée.
Note de M. Prud'homme, présentée par M. Schùtzenberger.
« L'addition de magnésie calcinée à l'eau oxygénée a été préconisée
pour le blanchiment du coton. La supériorité des résultats obtenus n'a pas
reçu d'explication. Elle tient, comme je vais le démontrer, à la formation
d'un peroxyde de magnésium, plus stable que le peroxyde d'hydrogène, à
la température de ibo°.
» i° De l'eau oxygénée à 6 volumes, étendue de 10 parties d'eau, est
bouillie une demi-heure. Son titre passe de 1000 à ioo.
» 20 Le même essai, avec addition de magnésie calcinée ( 3 pour ioo
du poids de l'eau oxygénée), ne fait baisser le titre qu'à 900.
» 3° De la magnésie calcinée est mise en contact avec de l'eau oxygénée
à 3 volumes, à la température ordinaire. La durée du contact varie de quel-
ques heures à plusieurs jours. On filtre, lave sur le filtre, et desséche le
produit de ioo°-io5°.
» Le dosage de l'oxygène actif, au moyen d'une solution normale de
permanganate de potassium, correspond à la formule
3Mg(OH)a + MgO(ÔH)2.
» Ce corps, à réaction alcaline, perd tout son oxygène actif vers 3oo°.
» Le peroxyde de magnésium se forme aussi quand on dissout le métal
dans l'eau oxygénée. Weltzien considère le produit de la réaction comme
un hydrate de magnésie soluble. Il est facile de constater que, desséché à
siccité, il donne, avec les réactifs ordinaires, les réactions bien connues
de l'eau oxygénée.
» Les oxydes de zinc et de cadmium (corps appartenant à la même série
que le magnésium dans le groupement des éléments de Mendéleiefl")
donnent aussi naissance à des peroxydes.
» Le mélange d'oxyde et de peroxyde de zinc correspond sensiblement
à la formule
2ZnO + ZnO(OH)2.
» Le blanchiment du coton à l'eau oxygénée resterait incompréhen-
sible si l'on se bornait à la considérer comme un simple agent décolorant.
( i375 )
Elle a une action directe sur les différents corps que le blanchiment a
pour but de modiûer <>u d'éliminer, et même sur la cellulose.
Action sur les corps gras.— La saponification des huiles ou des graisses
se fait en partie par la magnésie, mais elle est «lue aussi à l'action directe
de l'eau oxygénée. Pendant L'ébullition, il se produit un abondant dégage-
ment d'acide carbonique; il peut provenir de l'oxydation de la glycérine,
comme on le vérifie directement. Mais l'eau oxygénée, très faiblement acide,
attaque aussi les corps gras neutres, à l'ébullition, avec dégagement
d'acide carbonique et formation d'acides gras. Ceux-ci se transforment
eux-mêmes par le mélange d'eau oxygénée et demagnésie calcinée, et tou-
jours avec production d'acide carbonique. C'est ce qui arrive pour l'acide
stéarique et pour l'acide oléique du commerce. Il doit j avoir transforma-
lion partielle de ce dernier en acide palmitique (comme sons l'action de la
potasse caustique), car le produit de La réaction, convenablement traité
par un acide, esi plus riche en acides gras solides que l'acide oléique dont
on esi parti.
» Les corps gras restés sur la fibre à L'état d'oléates, palmitates, etc., de
magnésie, seront éliminés par un passage en acide faible, suivi d'une les-
sive alcaline.
[ction sur /ii cellulose. Ii.ms le blanchiment à l'eau oxygénée, lu
cellulose tend .1 se transformer i'll o\\ cellll li .se . < )n le recouu.nl laidement
par la teinture en matières colorantes basiques, qui se fixent sans mordant
sur l'oxy cellulose.
» L'altération île la cellulose esi plus forte, si elle a été mercerisée,
c'est-à-dire imprégnée de soude caustique concentrée, avant de subir l'ac-
tion de L'eau oxygénée. La désagrégation devient complète et le tissu
tombe eu bouillie, si l'on ajoute de La soude caustique au bain d'eau
oxygénée, de manière à lui faire marquer ï° à 6° B.
» L'action de l'eau oxygénée sur la cellulose est grandement aug-
mentée par la présence de certains corps, comme les oxydes métalli-
ques, qui ne servent que de véhicule ou d'intermédiaire à l'oxygène actif.
I ne bande île tissu mordancé en fer. chrome et alumine, bouillie avec de
l'eau oxygénée et de la magnésie, une à deux heures, est profondément
attaquée aux places couvertes par les mordants. Il est donc bon de faire
précéder le blanchiment a l'eau oxygénée d'un séjour en acide faible,
pour éliminer les sels ou les oxydes métalliques du tissu écru.
» L'action de l'eau oxygénée et celle de L'ammoniure de cuivre sur la
cellulose présentent de grandes analogies.
( i376 )
» Il est facile de montrer que la solution ammoniacale d'oxyde de cuivre
est un oxydant, en la faisant agir sur un échantillon teint en bleu d'indigo.
La solution, suffisamment étendue pour ne pas produire d'altération sen-
sible du tissu, décolore le bleu en vingt-quatre heures à froid, et en
quelques minutes à 60°. Si la solution cuprammonique est assez concen-
trée pour ramollir la fibre, celle-ci, bien lavée et traitée par un acide
étendu, pour dissoudre l'oxyde de cuivre, se teint fortement en bleu mé-
thylène; il v a donc formation d'oxycellulose.
» Un échantillon de tissu de coton, mercerisé en soude caustique à 36°,
lavé à fond, est laissé en contact pendant un certain nombre d'heures
avec de l'ammoniure de cuivre moyennement concentré. T. a fibre est plus
attaquée que celle d'un échantillon témoin, non mercerisé.
» Nous conclurons de ces essais que, contrairement à l'opinion reçue,
la cellulose est attaquée et subit une transformai ion par l'action du réactif
de Schweilzer. »
ZOOLOGIE. — Rôle du noyau dans la formation du reticulum musculaire
fondamental chez la larve de Phrygane. Note de ML E. Bataillon,
présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« A la suite des patientes recherches de Ylelland, Van Gehuchten et
Ramon y Cajal, on admet généralement aujourd'hui qu'une fibre muscu-
laire d'insecte a pour base fondamentale une série de réseaux plasmatiques
transversaux, rattachés aux noyaux et au sarcolemme d'une part, d'autre
part reliés entre eux dans le sens longitudinal par des fibrilles préexistantes.
Ainsi se trouvent délimitées des cases prismatiques renfermant les bâton-
nets de substance mvosique proprement dite Vux points d'intersection
des fibrilles préexistantes avec les réseaux se rencontrent, disposées en
rangées régulières, des granulations spéciales, isotropes comme le réseau
lui-même, mais beaucoup plus réfringentes ; les colonnettes mvosiques
sont anisotropes.
» Partant de cette structure, examinons, sur des coupes longitudinales,
les fibres de la musculature ventrale d'une jeune larve de Phrygane. Ces
fibres présentent un développement unilatéral, et il reste, sur l'un des
côtés, une portion non différenciée contenant dans un plasma réticulé
limité par le sarcolemme une série de noyaux de grosseur variable (de 8 [j.
à 20 tj.). La portion différenciée montre nettement les détails esquissés plus
( '377 )
haut. Mais la striation transversale (reticulum, ligne de Krause. etc..)
affecte avec les noyaux des rapports curieux.
» i° Les fibrilles transversales Isotropes sont déviées à la périphérie vers
la portion non différenciée, <le façon à s'orienter tontes vers les noyaux
successifs : ce fait se présente d'une façon très générale, quelle que soit
l'importance de la masse latérale protoplasmique ;
» 2" Les fibrilles transversales s'étendent, vers le noyau, au delà de la
substance musculaire formée, en des points où n'existent encore ni les
fibrilles longitudinales, ni les colonnettes myosiques. Le reticulum trans-
\ ersal apparaîtrait donc, au moins dans le cas en question, avant 1rs fibrilles
ili 1rs préexistantes :
» 3" Le noyau lui-même sidiit un aplatissement suivant le sens longitu-
dinal de la fibre; il semble dune à la fin étiré transi ersalemenl , ses granu-
lations étant rejetées du côté du muscle formé, en rapport avec les stries
du réseau. < >n rencontre souvent des noyaux présentant leur contour
normal du côté du sarcolemme et ouverts sur le bord oppose parmi ils
émettent leurs mains de chromatine régulièrement alignés sur les fibrilles
transversales. Le cas le plus net est celui que nous offrent certains muscles
fixés en contraction. Ils montrent latéralement, dans un plasma peu abon-
dant, un alignement continu de noyaux qui émettent leur chromatine sous
li forme de filaments denses et sans manules distincts, lesquels aboutissent,
<lans un <>r</n régulier, à chacune <l< s ligm s </. Krause de la fibre. La réaction
chromatique, très accentuée dans le trajet extérieur à la substance myo-
sique, s'atténue rapidement au contact de celle-ci.
» Ces faits concordent, du reste, assez, bien avec la position et les rap-
ports qu'effectuent les noyaux dans les fibres adultes décrites par Kamon
\ Cajal; ils permettent de comprendre les modifications que présente en
certains points l'ordre de la stnation transversale, ces points pouvant cor-
respondre à la limite d'un champ nucléaire.
» Les relations que nous signalons, si elles venaient a être généralisées,
constitueraient une hase mi portante pour les nouvelles théories de la con-
traction musculaire, théories d'après lesquelles le reticulum, c'est-à-dire la
substance unissante des colonnes musculaires, serait la partie réellement
active de la fibre, la substance myosique elle-même étant purement végé-
tative, à l'inverse de ce que l'on avait admis d'abord.
» Au point de vue de la biologie cellulaire, ces faits se rattacheraient à
une série déjà importante et qu'il nous parait bon de rappeler, parce que,
dans la vie de l'élément différencié et dans la différenciation elle-même,
C. R., iSy Semestre. (T. CXÏI, N- 24.) '7!)
( t378 )
elle semble donner au noyau une importance fondamentale. Il y a quelques
années seulement, on ne pouvait fournir qu'un fait à l'appui de cette idée :
le noyau spermatique pénétrant seul dans la cellule ovulaire pour prendre
part à l'acte de la fécondation. Depuis on a signalé une activité prépondé-
rante du noyau dans certaines sécrétions glandulaires; et enfin, à notre
propre point de vue, ces observations sur la fibre musculaire ne sont point
isolées; car, dans un travail récent sur l'évolution larvaire des Amphi-
biens, nous avons insisté : sur l'action initiale du noyau dans la dégéné-
rescence physiologique des divers tissus, sur une origine chromatique du
pigment, et sur la formation des tablettes vitellines de l'œuf ' aux dépens
des taches nucléolaires de la vésicule germinative. Mais il serait imprudent
de généraliser ces données sur l'histogenèse de la libre musculaire avant
d'avoir étudié le développement d'une façon complète et sur des types
variés. Ne retenons provisoirement que deux faits importants :
» i° La striation transversale chez les lan>es de Phrygànes se développe en
rapport avec les noyaux, et, pour préciser, c'est du noyau (pic partent les stries
des réseaux transversaux sur lesquels les grains réfringents de la fibre développée
représentent les massules chromatiques de la période de formation. Quant aux
fibrilles longitudinales et aux bâtonnets rnyosiques qui apparaissent en con-
nexion avec ces grains, nous n'avons rien pu voir de leur origine.
» 2° Les réseaux transversaux apparaîtraient tout d'abord : avant les
segments rnyosiques, et même avant les fibrilles longitudinales. Celles-ci ne mi-
literaient donc pas la dénomination de fibrilles préexistantes : c'est le reticu-
lum transversal qui préexiste ( ' ). «
ZOOLOGIE. — Sur une disposition spéciale des yeux chez les Pulrnonés
basommatophores. Note de M. Victor Willem.
« Les yeux des Pulrnonés basommatophores se trouvent logés, à la base
et du côté interne des tentacules, dans la profondeur de deux petites proé-
minences transparentes des téguments, à une distance de la surface de
l'épiderme qu'on peut évaluer approximativement à deux fois la longueur
du diamètre de la sphère oculaire pigmentée.
» Des coupes faites dans des directions convenables montrent que la
portion des téguments située au-dessus du globe oculaire est presque en-
(') Laboratoire de Zoologie de la Faculté des S. ien es de Uon.
( '379 )
tièrement occupée par une vaste lacune qui coifte toute la partie antérieure
de l'organe visuel.
» Cette lacune es! limitée, du coté externe, par une mince paroi com-
poser de l'épidémie cl d'une couche de tissu conjonctif qui ne renferme
ni pigment, ni glande mucigène. C'esl à tort que Simroth prétend que
souvent, entre l'œil et l'épithélium, sont situés non seulement du pig-
ment, mais encore des libres musculaires, des glandes a mucus, etc. Ces
cléments ne s'observent que sur des coupes non axiales par rapport au
globe oculaire.
» La portion correspondante de l'épiderme n'est pas couverte de cils
\ i brailles, mais pu 'sente par places des «ils sensitifs appartenant aux cel-
lules sensorielles autrefois décrites par Flemming.
» Sur le pourtour de la région transparente de l'œil, le tissu con-
jonctif des parois de la lacune preoculaire s'unit au tissu de la sclérotique.
» La présence constante de corpuscules sanguins et souvent de plasma
coagulé dans les espaces qui, sur lis coupes, correspondent a la cavité
en questi démontre que celle-ci tait partie du système lacunaire gé-
néral creusé dans les parois du corps. Le sinus preoculaiie communique.
du côté interne de la tète, avec la partie péripharyngienne de la cavité
viscérale el se continue, du côté externe, par un ensemble de lacunes qui
règne jusqu'à l'extrémité du tentacule.
» I tes injections du système circulatoire de Limnœa uagnalis établissenl
que !'• smus en question est le cou M ne ut d'une série de canaux i afférents
ou afférents i qui se distribuent dans la protubérance oculaire et surtout
dans le tentacule. On reconnaît l'existence d'un système de canaux is\s-
Lème ellerent ou afférent I inverse du premier.
» J'ai constaté ni)r lai une preoculaire elle/ Limnœa Stagnalis, Limnœa
palustris, Planorbis cornais, Physa fonlinalis et Apleœa hypnorum. Cette dis-
position est probablement générale chez les Basommatophores,
» S'd est facile de comprendre la valeur morphologique du sinus préo-
culaire en le considérant comme une lacune développée dans un tissu
conjonctif précornéen analogue i celui qu'on observe chez les su lomma-
tophores, il n'est par contre pas aise de déterminer expérimentalement sa
fonction physiologique. L'interposition devant l'œil d'une couche épaisse
de liquide ne favorise évidemment pas la formation sur la rétine d'une
imam' nette des objets : l'expérimentation m'a d'ailleurs dé itré que les
Pulmonés aquatiques ne perçoivent pas distinctement la forme des objets.
La présence, dans certains cas, d'une lacune postoculaire; l'existence de
( i38o )
tractus partant du fond de cette cavité pour s'insérer sur la sclérotique ; le
trajet tantôt rectiligne, tantôt sinueux delà portion distale du nerf optique,
sont des considérations qui pourraient faire supposer que l'œil des Basom-
matophores est susceptible de subir certains déplacements dans le sens de
son axe. Cette hypothèse, qui attribuerait à l'organe visuel de ces animaux
une espèce d'accommodation, s'accorde peu cependant avec la présence,
expérimentalement démontrée, d'une vision peu nette chez ces Mol-
lusques. »
PHYSIOLOGIE. — Contribution expérimentale à l'étude de la croissance.
Note de M. Hesry de Varigxy, présentée par M. Chauveau.
« Il y a vingt ans bientôt, M. Karl Semper, le savant naturaliste de
Wùrtzbourg, démontra par des expériences intéressantes la possibilité de
déterminer expérimentalement, et à volonté, le nanisme ou le ralentisse-
ment considérable de la croissance, sur la Lymncca slagnalis. La méthode
de M. Semper consistait à faire vivre de jeunes Lvmnées dans des volumes
d'eau restreints (inférieurs à 5 ou G litres).
» Par exemple, si l'on mettait trois jeunes lvmnées de même ponte, et de
même âge, dans trois vases renfermant respectivement i oocc, 5oocc et 3ooocc,
on voyait, au bout de quelques jours déjà, la lvmnée du vase le plus rempli
l'emporter par ses dimensions sur celle du \;isi' moyen, et celle-ci, de son
côté, l'emportait sur la lymnéc du vase le plus petit. Comme, dans toutes
les expériences de Semper, les animaux disposaient d'une alimentation sur-
abondante, il fallait, pour expliquer les différences de croissance, invoquer
un facteur autre que le facteur aliments.
» M. Semper crut devoir recourir à un facteur nouveau et singulier. Il
supposa qu'il existe normalement dans l'eau une substance chimique, sur
la nature de laquelle il n'émet aucune opinion, dont la présence est néces-
saire à la croissance, bien qu'elle ne soit point alimentaire, une sorte de
stimulant dont la quantité est proportionnelle au volume de l'eau. Dans un
petit volume d'eau, il ne s'en trouverait qu'une petite quantité, et celle-ci
serait insuffisante pour une croissance normale.
» J'ai voulu vérifier les faits énoncés par M. Semper, et en même temps
chercher s'il ne pouvait être découvert quelque autre facteur connu, sus-
ceptible d'expliquer les phénomènes observés.
» Les faits sont exacts, d'après les expériences que j'ai commencées
( *38i )
en 1889 el qui se poursuivent encore. Il est très clair que, selon les dimen-
sions du milieu <>u vivent les 1\ innées, ces dernières ont une croissance
rapide ou lente, liés Lente même, bien qu'ellesaient des aliments | herbes l
en abondance, et que l'eau garde une pureté parfaite.
» Mais en j regardant de plus pics, <>n voit qu'en même temps que l'on
fait varier les dimensions du milieu, en faisant vivre les lymnées dans des
vases de diamètre, de forme, et de volume différents, <>n fait varier d'autres
(déments que le volume seul. Je me suis donc- attaché à étudier l'influence
des variations de ces autres éléments, en faisant varier chacun d'eux iso-
lément, les autres demeurant constants.
» I (ans une première série d'expériences, le volume demeurant le même, je
fais varier la surface d'aération ou la supt rficie libre de l'eau. Sans rapporter
ici le détail des expériences, d me suffira d'énoncer la conclusion, qui est
que les variations de superficie jouent un rôle considérable dans la produc-
tion du nanisme. Dois deus masses d'eau égales eu volume, les lymnées
atteignent un développement d'autant plus considérable que la superficie
est plus grande. Est-ce donc une affaire d'aération? Non, la lymnée respire
l'air eu nature, el l'aération de l'eau, d'ailleurs excellente grâce aux
herbes, lui don être indifférente; non encore, car l'animal se développe
;iussi bien dans un volume d'eau surmonté d'une couche d'air isolée de
l'atmosphère ambiante (par un couvercle ou un bouchon) que dans un
même volume, a superficie égale, en contact avec l'air libre qm se renou-
velle s.uis eesse. I. aération de le. m n'a rien à voir ici. Retenons seulement
le fait, pour le moment .
» Dans une seconde série d'expériences, je fais varier le volume de l eau,
alors que la superficie demeure la même. Le résultai est que l'influence du
volume est médiocre, 1res me liocre même, au point que le développement
est ;i peu près identique dans 200' et dans V" ou »'>'" d'eau, l'ourlant, il est
certain qu'à superficie égale le volume le plus grand est le plus favorable
à la croissance.
» Dans une troisième série d'expériences, le volume et la superficie étant
identiques, je fais varier le nombre <les individus. Il en ressort que le déve-
loppement des individus isoles est supérieur à celui de l'un quelconque
des indi\ idus réunis.
» De ces trois séries, la dernière seule est favorable à l'interprétation
de M. Semper, et les deux autres lui sont opposées. Si nous acceptons
l'explication de M. Semper, la dernière série se comprend très bien. Mais
ne peut-on expliquer celle-ci que par l'hypothèse du savant allemand î
( ,382 )
>» Une quatrième 'série d'expériences répond négativement. Dans celle
série, je fais vivre deux Ivmnées dans des masses inégales de la même eau,
l'une vivant dans un bocal de 31U par exemple, l'autre dans un tube
en verre plongeant dans ce bocal, mais fermé par de la gaze à son extré-
mité inférieure, pour empêcher l'animal de passer dans le bocal. Dans ces
expériences, l'animal du tube est invariablement très inférieur à celui du
bocal, bien que l'eau soit la même et que l'on ait soin chaque jour d'opé-
rer un mélange intime des deux eaux. Même résultat quand, au lieu d'em-
ployer un tube, on délimite dans un cristallisoir, par exemple, une petite
région où l'on enferme (avec de la gaze encore) une des lymnées, et dans
ce cas l'homogénéité de l'eau est plus parfaite encore. J'ajouterai enfin
que si l'on fait vivre deux lymnées dans des masses égales, à superficie
égale, d'eau ordinaire, et d'eau où ont déjà vécu des lymnées pendant des
mois, on n'observe aucune différence appréciable, à moins que l'eau n'ait
servi très longtemps (un an par exemple): en ce cas, elle peut avoir
perdu beaucoup de calcaire, ce qui la rendrait impropre au développement
des jeunes lymnées.
» Au surplus, l'interprétation de M. Semper s'élimine d'elle-même par
le fait de la médiocre importance du volume de l'eau, du moment où la su-
perficie demeure égale. Si le développement est le même ou presque le
même dans 2oocc et dans 61", à superficie égale, c'est que le volume est de
peu d'importance, c'est aussi que la substance h\ pothétique de M. Semper
ne joue pas le rôle qui lui est attribué.
» J'aurai donc recours à une explication plus simple, et j'attribuerai le
nanisme au manque d'espace et au manque de mouvement. Et cette expli-
cation semblera parfaitement valable si l'on tient présent a l'esprit le fait,
qu'il convient de signaler, que la lymnée se meut infiniment (dus dans le
plan horizontal, voisin de la surface, que dans le plan vertical. C'est à tel
point que j'ai vu des Ivmnées, vivant dans des ballons à col assez long, ne
jamais passerdu col dans le ballon même; et dans un casoù l'animal a pris
l'habitude de visiter le fond de son réservoir, il a acquis un beau dévelop-
pement. L'exception confirme la règle.
» Cette explication s'accorde parfaitement avec les résultats des séries
d'expériences I et II ; elle s'accorde aussi avec la série III, car plus il y a
d'individus dans un même espace, et plus l'espace disponible est restreint
pour chacun d'eux ; elle s'accorde aussi avec la série IV.
» Un Mémoire ultérieur relatera mes expériences en détail et repro-
duira les photographies des individus eu expérience; pour le présent, il
( i383 )
suffil de conclure que les conditions d'aération et d'alimentation les
meilleures ne suffisent poinl à assurer le développement; il y faut en outre
l'espace, c'est-à-dire La condition du mouvement ('). »
wimi i i RYPTOGÀ.MIQUE. — Sur une maladie cryptogamique du Criquet
pèlerin < leridium peregrinum l. Note de M. L. Thabut, présentée par
\1. I mchartre.
« Chargé par M. le Gouverneur général de visiter.de concert avec M. Ma-
thieu, conservateur «les forêts d'Oran, les peuplements d'alfa des Hauts
Plateaux dépendant de l'annexe militaire d'El-Aricha, nous avons été
frappés de rencontrer, le 23 mai, dans les environs mêmes d'El-Aricha,
de nombreux < riquets pèlerins adultes paraissant malades. Devant laisser
reposer notre convoi ce jour-là, nous avons pu consacrer une matinée à
la recherche de Ces \' ridieus malades provenant d'un vol important qui
avait passé les jours précédents se rendant dans le Tell.
,, il mais lut très facile de constater que presque tous portaient, sur le
bord des anneaux de l'abdomen, des taches noires, plus ou moins tuméfiées,
cette lésion étant surtout évidente chez les mâles, qui étaient aussi beaucoup
plus oombreuxi Chez certains individus, une efflorescence blanche qui
reeou\ rail ces taches me fixa sur la nature du mal, évidemment attribuable
a mi Champignon parasite. Pendant le cours de notre voyage, nous n'avons
retrouve de Criquets pèlerins que dans la vallée de l'oued Rhemis, et nous
n'avons pu constater sur aucun individu les lâches noires ni les efflores-
cences.
» Les Criquets recueillis a El-Aricha, el examines des mon retour à
Uger, m'ont paru envahis par un Champignon <lu genre Botrytis. Les fila-
ments du mycélium très courts portent un très grand nombre de spores de
m a r 5 (i se développant, chez les femelles surtout sur la membrane plissée
qui relie >ïiu\ anneaux ; chez les maies, sur le bord inférieur des anneaux
qui sont noirs ei tuméfiés par places. Cette maladie doit être assez répan-
due. M. Brongniarl as niscesj 's-ci à mon examen un Acridium père-
grinum mort el portant des efflorescences blanches; il provenait des envi-
rons mêmes d' Uger. Je n'ai pas hésité à reconnaître la phase ultérieure du
(i) Travail du laboratoire de \l. \. « hauveau (Laboratoire de Pathologie com-
pan e du Muséum).
( 1384 )
mal que j'avais observé à El-Aricha et j'attribuai la mort de cet Acridien
au Bolrylis. Le jardinier de notre Ecole m'a remis aussi un grand nombre
de Sauterelles très fortement envahies par le Bolrylis et pour ce motif
faciles à capturer.
» Cette constatation permettra-t-elle d'établir un système de défense
contre la pullulation de ces insectes dévastateurs? Des expériences sont
nécessaires pour trancher celle question. Sur les Hauts-Plateaux, les
Arabes prétendent « que la grosse Sauterelle (Acridium peregrinum ) vient
» chercher la petite (Sloraunotus marocanus) ». Doit-on trouver dans ce
langage imagé une tradition relative à la fin de la pullulation du Criquet
marocain par une maladie parasitaire apportée par le Criquet pèlerin?
» Le Bolrylis observé peut provisoirement cire décrit ainsi. Bolrylis
Acridiorum : Mycélium court, portant sur de petits rameaux des groupes
de spores globuleuses, ellipsoïdes et même oblongues, de 10 à f5jj.,
hyalines a\ ec des granulations brillantes, formanl ]>:ir leur confluence îles
taches blanches, farineuses, assez, compactes, apparaissant sur les anneaux:
de L'abdomen, de préférence sur la membrane plissée qui réunit les an-
neaux. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur l'existence d'une petite /aune de Vertébrés miocènes
(/ans les /entes de rochi rs de la rallie de la Saône, à Gray et au mont d'Or
lyonnais. Note de M. Chables Depëbet, présentée par M. Albert
Gaudrv.
« Dans le courant d'une exploration géologique des terrains tertiaires
de la Haute-Saône, en compagnie de M. l'ingénieur en chef Delafond, j'ai
observé, dans les vitrines du musée de Gra\ . des débris de petits Mammi-
fères indiqués comme provenant de poches d'un terrain tertiaire remanié,
dans les calcaires portlandiens, derrière la citadelle de Gray. En étudiant
cette petite faune, qui m'a été fort obligeamment communiquée par
M. Cazadot, conservateur du musée de cette ville, j'ai reconnu, avec sur-
prise, qu'elle se rapportait à la période miocène et d'une manière plus pré-
cise à l'horizon, si richement représenté dans le bassin du Rhône parla
latine des fentes de carrière de la Grive-Saint- Uban, qui correspond à peu
près à la faune de Sansan, dans le sud-ouest.
» J'ai reconnu, notamment à Gray : Talpa telluris Lartet; Lagomys
(Prolagus ) Meyeri Tschudi. espèces communes avec la Grive-Saint-Alban;
( 1385 )
et, ni outre, un petit Castoridé, le Steneofiber sansaniensis Lartet, <l<- la
faune de Sansan, type encore inconnu dans le bassin du Rhône. Quelques
incisives à émail fortement coloré ijn jaune indiquent enfin un autre Ron-
geur du groupe des Castors ou des Porcs-épics, mais plus grand que le
pré< édenl .
I ne faune de petits Vertébrés du même horizon géologique se trouve
égalemenl enfouie (huis 1rs argiles sidérolithiques qui remplissent les
fentes de carrière au mont Cindre, dans le massif du mont d'Or lyonnais,
ainsi qu'il résulte de l'étude que j'ai pu faire, grâce i l'obligeance de
MM. Lortel et < hantre, de nombreux matériaux de cette provenance que
possède le Muséum de I \>>u.
» La faune du mont Cindre, | » i « i ~. riche que celle de Gray, comprend :
de petits Ruminants, Hicromeryx Flourensianus Lartet, laires de Dicro-
cerus elegans; un très petit Suidé qui se trouve aussi à la Grive et que je
■ !.-. i rai bientôt sous le nom de Chœromorus pygmœus ; des Insectivores,
parmi lesquels ïeGaleria < tilis Blainv. i Parason v sociales, l raas), de San
-m. voisin 'les IVfacroscélides actuels, le Sorex pusillus de Meyer, de la
Grive; de nombreux Rongeurs, tels que Cricetodon Rhodanicum Dep., et
minus Lartet; Lagomys (Prolagus) Weyeri rschudi; Sciurus tpermophilinus
Dep., de la Grive; des < arnassiers repn sentes seulement par des molaires
ri canines isolées, m. us où j'ai pu reconnaître cependant : Martes Filholi
Dep., il<- l.i Grive, el une tuberculeuse 'In Dinocyon Goriachensù Toula,
espèce plus petite que le grand /' // ■ yon The nanti, et que j'ai aussi re-
trouvée .1 la Grive; enfin, des fragments de carapace de Testudo, des mà-
i boires de l ézards, il'- Serpents <-t <!■• Batraciens indéterminés.
I n rapprochant ces différentes trouvailles d'animaux miocènes, faites
dans les mêmes conditions de dépôt .1 Graj (Haute-Saône), à Tournus
Saône-et-Loire), au monl Cindre, près L) ri enfin à la Grive-Saint-
\lluii 1 Isère . un \.ui que ces divers gisements indiquent comme une sorte
de traînée de débris d'animaux terrestres enfouis dans les fentes de rochers
du lia-sin du Rhône el de la Sai pendant lu période Langhienne, c'est-
à-dire .m dt luit du miocène. Ces découvertes m'ont paru intéressantes à
signaler, parce qu'elles témoignent '1rs conditions essentiellement conlinen-
tales dans lesquelles s'est trouvée cette région de la France pendant toute
l.i durée du Langhien : cet étage miocène n'j est, ru effet, représenté par
aucun dépôt sédimentaire lacustre m marin, et cela rst d'autant plus cu-
1 ieux que la période Langhienne .1 été précédée dans If même pays par la
phase essentiellement lacustr même lacunaire de I' iquitanien, et a été
C. R., 1891, 1" Semestre. (T. CXII, N' 24.) J^°
( i386 )
suivie par la phase d'invasion marine (au moins pour la vallée du Rhône
et le Jura) qui caractérise l'étage helvétien. »
géologie. - Contribution à l'étude géologique des environs de Digne.
Note de M. Bachelard.
« Zone à avicula contorta; naissain fossile. — A la hase de la zone à avi-
cula contorta, dans les environs de Digne, on remarque des couches argi-
leuses dans lesquelles sont intercalées des plaquettes d'un calcaire brun
foncé, dont la surface supérieure est couverte de petites nodosités. La
longueur de ces nodosités ne dépasse pas trois millimétrés, leur largeur
un millimètre. Elles paraissent être formées, quand on les examine à la
loupe, de débris de coquilles indéterminables. Mais, si dans ces plaquettes
(épaisses d'un centimètre au plus) on taille des sections minces, on con-
state qu'elles sont entièrement formées par une agglomération de coquilles
microscopiques d'ostracées et de gastéropodes. Les ostracées dominent.
Ces plaquettes paraissent formées d'un véritable naissain fossile.
« L'épaisseur de la couche à plaquettes ne dépasse pas vingt centimètres
sur ce point. Ces plaquettes, ou lumachellcs, alternent avec de petits lits
d'argile sans fossiles. L'argile domine ensuite sur pics <\'[\\) mètre d'épais-
seur et ne contient que de rares débris organises. Immédiatement au-
dessus vient un nouveau dépôt de naissain. Ce dépôt atteint jusqu'à
quatre-vingts centimètres d'épaisseur. Il se présente sous l'aspect d'un cal-
caire brun foncé, coupé d'un réseau de veines de carbonate de chaux.
Traité par les sections minces, ce dépôt se montre entièrement composé
des mêmes coquilles microscopiques, avec des coupes plus nombreuses
de gastéropodes, quelques ammonitidés et de petits polypiers.
» Viennent ensuite des calcaires dolomitiques de 7'" à S1" de puissance.
» Zone à Amm, planorbis. Faune mieroseopique. - lu-dessus des cal-
caires dolomitiques commencent les bancs calcaires noirs de la zone à
Amm. planorbis , où les fossiles de grande taille sont très rares. ."Mais ces
calcaires, réduits en sections minces, se montrent pétris de coquilles d'avi-
cules, de pectens, d'ostrea, mélangés sur certains point s de spicules de
spongiaires. Ces bancs ont une épaisseur de 3om.
» Zone à globigérines. - Au sommet de ces dernières couches viennent
des bancs de calcaires cristallins compacts, d'une épaisseur de plus de 3'".
Ces bancs sont totalement composés de globigérines. dont les plus grandes
ont iram de diamètre.
( i387 )
PAl ÉONT01 '",ii . Faune >l'>ui dépôt d'ossements quaternaires des cintrons
de Pouiàenaj | ( ôte-d'Or i. Note de I >om Jbbl, présentée par M. A. d' \1 -
badîe.
I . s collines des environs de Grignon, ordinairement i ouronnées par
les assises calcaires de l'oolithe inférieure, laissent apercevoir un gTand
nombre de diaclases, qui onl produit sur leurs bords abrupts des éboule-
ments de rocs par -i 1 1 1 <■ de l'ablation des marnes liasiques sous-jacentes.
I dans une fente d'un de ces rocs éboulés que je découvris, le i \ juin
, sur le territoire de Pouillenay, un certain nbre d'ossements an-
ciens ayant appartenu à < I «--^ animaux d'espèces très variées, que la listi
suivante fera connaître, et dont un bon nombre n'existent plus dans I.
faune actuelle de la Boui _■■.
Les restes recueillis <>iit encore aujourd'hui une douzaine de repré-
sentants dans nos environs, el il faut remonter dans les rég s plus froides
ou plus septentrionales de l'Europe pour retrouver les représentants de
quatre autres espèi es. \ part un > .1 1 de bœul 1)111. de l'avis d'un juge
.lis plus compétents, appartient .1 une espèce quaternaire certainement
éteinte, toutes les autres espèces vivent encore actuellement en Allemagne
du dans les pas s en^ ironnants
Outre l'indication fournie par ces ossements, de l'époque à laquelle
ils furent déposés en ce lieu, deux petits silex tailles, dont l'un mesure 1""
ci l'autre - "' seule m de longueur, semblent assigner, par leur ressem-
blance avec les silex recueillis a la Madeleine, les derniers temps «le I é-
poque paléolithique.
» Quelques os brisés, soit longitudinalement, soit aux deux extrémités,
comme pour en extraire la die. attestent encore I. itemporanéité de
l'homme a cette époque.
» Voici la détermination et l'énumération des restes pi incipaux recueil-
lis dans c e dépôt :
I. Plecotus au rit us I .. -\>. Cinq côtés droits el A<-u\ gauches de mâchoires
înféi i' ui
J Talpa euroj I . 1,1,1- de mâchoires inférieures, sept humérus et
deux sacrums.
n :!. 1 1 issopus fodiens Pall., sp. Deux luches de mâchoires inférieures.
1 - , tetragonurus Herm. Cinq côtés droits de mâchoires inférieures.
0 .. S çmeeus Pall. rrois 1 ches de mâchoires inférieures.
( i388 )
» 6. Canis lupus L. — Les deux, dents carnassières supérieures du même indi-
vidu.
» 7. Canis vulpesh. - Deux individus, dont L'un adulte et I autre fort jeune. Le
premier est indiqué par trois dents canines et la plupart .1 molaires. Le second,
dont j'ai trouvé les deux côtés de la mâchoire inférieure, n'avait encore de chaque
côté que trois molaires formées.
» 8. Spermophilus citillus L., sp. D'après la figure el la description données
par Pallas dans ses Novœ species quadrupedum e glirium ordine (Erlangœ, r— s:
in-4), ainsi que d'après les données générales de Blasius, je crois pouvoir conjecturer
que l'unique mâchoire gauche, que j'ai trouvée sans molaires, répond bien au Spermo-
philus.
» 9. Myoxus Nilela Schreb. — I ne mâchoire inférieure privée de toutes -.■-mo-
laires.
» 10. Cricetus frumentarius Pall. — Les seuls restes que j'ai pu di terminer de
cette espèce sont une portion de mâchoire supérieure avec ses deux premières -
laires en place, et un autre fragment dans lequel sonl encore implantées les trois mo-
laires.
» 11. Mus sylvaticus L. — Douze côtés gauches el dix droits de mâchoires infé-
rieures; un gauche et deux droits de mâchoires supérieures.
» 12. Arvicola glareolus Schreb., sp. \ ingt-deux côtés gauches el vingl droits
de mâchoires inférieures, el trois mâchoires supérieures.
» 13. Arvicola amphibius L., sp. Quatorze côtés droits et treize gauches de
mâchoires inférieures.
» li. Ar a cola nivalis Martin-. Quatre côtés droits el quatre gauches de mâ-
choires inférieures.
» 15. Arvicola ratticeps \<\-. el Blas. ■ Quatre côtés droits el sepl gauches de
mâchoires inférieures. Cette espèce étant bien di>tincte de toutes les autres du genre
et n'ayant sous elle aucune variété connue, je suis certain d'avoir trouvé 1' (. ratti-
ceps tel qu'il se rencontre dans les contrées septentrionales de l'Europe et de l'Asie.
» 16. Arvicola agrestis L., sp. — Parmi les mâchoires supérieures,! mbre de
sept, trois semblent se rapporter davantage à la sous espi ce I. britannicus i de s> '-l\- I.
Si les mâchoires supérieures de VA. agrestis se distinguent Facilement de celles de
toutes les autres espèces du genre Arvicola, les mâchoires inférieures ne fournissent
par contre aucun caractère bien tranché. Né inmoins, je crois | voir indiquer, comme
ayant appartenu à VA. agrestis. vingt-trois mâchoires droites el \ ingt-six gauches.
» 17. Arvicola campestris Blasius. — Quatre côtés droits et un gauche de mâ-
choires inférieures.
» 18. Arvicola arvalis Pall., sp. - Huit mâchoires supérieures, dont une semble
appartenir plutôt a VA. arenicola, signalé par M. de Sélys-Loi gchamps en Hollande
et dans le nord de l'Allemagne. Les mâchoires inférieures sonl indiquées par quinze
côtés droits et treize gauches.
» 19. Arvicola subterraneus de Sélys. - Sept côtés droits et trois gauches de mâ-
choires inférieures, dont un droit et deux gauches, ressembleraient plutôt à I' I. py-
renaicus (de Sélys).
» Ce n'est pas sans quelque hésitation que je cite VA. campestris et l'A. subterra-
( «389 )
neus. Leurs molaires inférieures offrent, en effet, des caractères -i peu distincts de
celles de I' t. surtoul de I I. arvalis, qu'une confusion ne paraît pas
impossible, la forme des molaires variant, pour les individus de la m. i spèce, dans
d'assez fortes proportions. Toujours ••-t-il que ces deux noms caractérisent bien la
i le 'I'- ■ ertaines molai
20. Lepus cuniculus L. Cette esp urni un bon nombre de dents sépa-
plusîeut g mâchoires, sans comptei les os des membres ou autres. Les incisives,
relativement plus nombreuses, ntrenl que le nombre des individus se montait au
moins .1 io.
•21 ' ervus elaphus L. Deux bases de bois brisés, encore insérées sur les os du
crâne. La plupart des dents molaires d'une mâchoire supérieure et quelques autres;
en outre, • 1 1 % ei - ■■- d< - entremit
22. Bison pn B j., sp. ' n métacarpien gauche ••! plusieurs phalai -
l m. .11 seul mesure longueui . il appartient, pai conséquent, ,1 un.- esj
lesq i certainement quaternaire, dispi aujourd hui.
23. I gub 1 tballus I.. Dents et extrémités des membres, qui proviennent de
trois indii idus an moins.
24 . > ' 1 ;//. Deux mandibules supérieures ■ •! un tarse de petites espèces, tels
que grands passen iux ou petites 1 boni tl
Deux verlèl 1 proviei m d'un individu de taille assez
i"i te, tel '| aumon.
26. Hélix nitem Mich. Plusieurs coquilles, d'âge peut • ire plus ré< en! que les
• -| -dessus.
27. I ctquille I > 1 \ .1 1 \ • 1 ile di nsion.
M. Ili 1 \i un h adresse, .< propos d'une Communication récente de
M Dubouin, mu- Note relative .1 nu moyen d'apprécier If mouvemenl
vertical des aérostats.
M. Joseph .loi raoi adresse une Note sur une valeur approchée 'In côté
«lu | ii .] \ -i 1 1 1 « • régulier de sepl côtés.
La séance «•■-( levée .1 1 hem es. M. B.
( i39o )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reçus dans (la séance du i" juin 1^91.
Traité des foliotions elliptiques et leurs applications; par G.-H. Halphen.
Troisième Partie : Fragments. Publication faite par les soins de la Section
de Géométrie de l'Académie des Sciences. Paris, Gauthier-1* Mars et fils.
1891 ; 1 vol. gr. in-8".
Leçons sur la théorie générale des surfaces et les applications ge'onu triques du
Calcul infinitésimal; par Gaston Darbocx. Troisième Partie : Lignes géodé-
siques et courbure géodésiqite. — Paramètres différentiels. — Déformation
des surfaces. Paris, Gauthier-Villars et fils, 189 : 1 vol. gr. in-8°.
Traité d'Optique; par M. E. Mascart. Tome deuxième. Paris, Gauthier-
Villars et fils, 1891 ; 1 vol. gr. in-8°.
Bureau central météorologique de Franc, Rapports lus le 1 1 Juin 1889
et le 11 juin 1890, à la séance générale du ( 'onseil du Bureau central; par le
Président, M. Daubrée; 2 br. in-'|'.
Instructions météorologiques; par \. biGOT. Troisième édition. Paris,
Gauthier-Villars et fils, 1891; 1 vol. gr. in-8°. i Présenté par M. Mascart.)
Les ballons et leur emploi à la guerre ; par G. lispiTvi.iF.it. Paris, ( ;. Masson ;
in-18. (Présenté par M. de Quatrefages. 1
L hydrogène et ses applications en aéronautique. — L'électrofyse de Veau;
parle commandant G. Espitalier. Paris, G. Masson; in-18. (Présenté par
M. de Quatrefages.)
Le Dr H. Leloih. Recherches sur la nature du lupus vulgaire. - Le lupus
vulgaire et le système lymphatique. — Leçons sut le lupus. — Le traitement du
lupus, 1884-1891 ; 4br. in-8°. (Présente par M. \ erneuii.)
Le Dr Ad. Nicolas. Programme de la prophylaxie des maladies communes.
— La prophylaxie de l'épidémie dans les villes d'hôte/s. < Extrait de la Revue
d'hygiène.) Paris, 1891; 2 br. in-8°.
De la congestion des mamelles et des mammites aiguës | d'origine externe)
chez la vache; par Adrien Lucet. Paris, G. Carré, 1891; br. gr. in-8°.
(Renvoyé au concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Traité élémentaire, de Pathologie et de Clinique infantiles ; par le D' A. Des-
( i39. )
CROizitXBS. Paris, Lecrosnier et Babé, 1890; 2 vol. in-8°.( Renvoyé au con-
cours Montyon, Médecine el Chirurgie. >
Etudesurles anémies </< lapn mière enfance et suri' anémie infantile pseudo-
leucémique; par !<■ I>' Charles Luzet. Paris, G. Sleinheil, 1891; br.gr.
in-8 . 1 Renvoyé au concours Montyon, Médecine el Chirurgie. >
Introduction u l'étude clinique et u lu pratiqu ouchemenls; pur le
Professeur L.-H. Farahecf et le D'Henri Varnier. Paris, G. Steinheil, 1 891 ;
1 vol. gr. in lenvoyé au concours Montyon, Méde< ine el Chirurg
Étude sur la croissanci et s<>n rôle en Pathologie; pur le D1 Mai rice Sprin-
(.ii:. Paris, Félix Ucan, 1890; 1 vol. in-8°. (Renvoyé au concours Bel-
lion. '
Recherches sui l'existena d' organismes parasitaires dans /> s cristallins
malades chez l'homme </ sur le rôle possible deces organismes dans lu patho-
génie dt certaim ulaires; par MM. V.Galippi el L. Morbai ;br.
in-8°. 1 Renvoyé au concours Marti n-Damourett
Phtisù lur\ ngée; par le I •' \. Goi gi i kheim el Pai i I issu r. Paris, ' ! . Mas-
son [889; 1 vol. in-8 B nvoyé au concours Chaussier.)
Inatomie pathologique >/< lu moelle épiniért; par Pai i Block el Albert
I . Paris, G Masson, 1891 ; 1 vol. in-40. (Renvoyé au concours Mon-
tvon, Méde* ine el « hirui
\y Ferkand Lagrarge. L'hygiène el l'exercia chez les enfants et les
jeunes gens />> l s adultes. Paris, Félix Ucan, [890-1891;
- vol. in- 18. | Renvoyé au concours Bell ion. 1
D' \i '.. Charpentier. I: 1 sur la persistance des impressions ré-
tiniennes et sur les excitations lumineuses il, courte durée. Recherches sui
l' intensité comparative des sons d'après leur tonalité. — Analyse expérimen-
tait <A quelques éléments de la sensation du poids. Paris, <•. Masson, 1890-
1891; > l>i". 111-S". (Présenté par M. Brown-Séquard et renvoyé au con-
cours Montyon, Physiologie expérimentale. >
lv M. Legrain. hu délin chez tes déi térés, Paris, \. Delahaye el E.
Lecrosnier, (886; t vol. in-8°. Hérédité et alcoolisme. Octave Doin, 1889;
1 vol. in-8 . < Renvové au c 1rs I allemand. \
/: cherches suri' action physiologiqut et thérapeutique de l'extrait aqueux <!■
Guaco (Arislolochia cymbifera) ; par le D1 L. Bi m : br. in-8 . 1 Renvoyé au
concours Martin-] (amourette. 1
Du nerf pneumogastrique (Physiologie normale et pathologique. 1 - Dia-
bète : aWuminurù s ru vropathiqu* \ 1 asthme-névropathie cérébro-cardiaque, etc. >;
( i392 )
parles D15 G. Arthaud et L. Butte. Paris, 1891 ; i vol. in-8°. (Renvoyé
au concours Montyon, Médecine et Chirurgie, i
Traité élémentaire des maladies des voies urinaires ; parle Dr E. Desnos, l'a-
ris, Octave Doin, 1890; 1 vol in-18. (Renvoyé au concours Chaussier. >
Le cervelet et ses jonctions; par M. le Dr Courmont. Paris, Félix Ucan,
1891; 1 vol. in-8°. (Renvoyé au concours Lallemand.)
Nouvelle flore des champignons; par MM. J. Costantin et !.. Dcfour.
Paris, Paul Dupont; 1 vol. in-18. (Renvoyé au concours Thore. I
Folies passionnelles. — Éludes philosophiques et sociales ; par le D' Geor-
ges Pichon. Paris, E. Dentu, 1891; 1 vol. in-18. (Renvoyé au concours
Bellion.
Maladies du système nerveux. - Atropines musculaires <t maladies amyo-
trophiques; par le Dr F. Raymond. Paris, Octave Doin, 1889; 1 vol gr. in-8°.
(Renvoyé au concours Lallemand.)
Mémoires d' Ophtalrnomclrie ; par E. .1 w w.. Paris, G. Vîassou, [891;] vol.
gr. in-8°. (Renvoyé au concours Monlyon, Médecine et Chirurgie. 1
University 0/ Nebraska. — Fourlh animal Report of the agricultural expe-
riment station of Nebraska. Lincoln, Nebraska, I . S. A., 1 .s , ^ 1 ; 1 vol. gr.
in-8°.
The medico-legal Journal. Vol. \ III, n" :>, december 1890. New-York,
Clark Bell, 1890; br. in-8°.
K. Von Chrustschoif. Ueber das Geslein der ïnsel Walamoim Ladogaser,
1891; br. in-8°. — Ueber ein neues aussereuropàisches Leucitgestein, 1891;
br. in-4°.
Vorlâufige Mittheilung ùber die von Herrn J. Lopatin und derSteinigen
(Podkamennaja) tunguska gesarnrnelten Gesteine, 1891 ; br. in- ,'.
On souscrit à Paris, chez GAI l llll l; - \ ll.l. \l;s l.ï III. S,
Quai des < îratids- Vugusiins, n
is 1835 lea COMPTES RENDUS bol l> ma la fin de l'année, deux volumes m-i°. Deux
\ [ue volume. L'abonnement est annuel
du i' invier.
/' , ,/ suit :
Paris 20 n. I' . 30 Ir. - l 34 4utl - sus.
On souscrit, dans les Départements,
Michel el M
Mil.
' Ruir,
i
•i
\\ i
Dulli
' Nu
' I
\ I i
'VI
i M
l'c-l i m
, IL Ml » .
' NI
,i;
| Itil
I
I
Robin
Ropiteau.
: ivre
i M I
i la • ii
• M I
I
I
' l 'i ii. nul.
i
/
I
. I l i : (lis.
' M lyi i ■ I Mil
nid, I rail
Zani
Ramlot.
M
i 1 1
i fils.
* I
■
ili.
I Ma i
i -lnv. Messieurs :
, , , Dulau.
■ \uii.
■
Librairie < îuten -
I
Madrid Gonzalès e hijos.
| N. ravedra.
F. Iv
.... il luniolard fré
| Bœpli.
: lier.
r'iiri'iiriiii.
Marghieri cli I
' Pcllerano.
• lirislern.
Veiv-Joi Stei lu 1 1 .
\\ estennaun.
Rousseau.
Parker e
Clai
/'.'/ /•< Magalhaès
l!i\ n.i. .
Gai nier.
i Boi
dam Ki filsl
S 111--.11 il \\ .illin.
| /.lll-i 1 llHU-
s Pt"-sbourg.. jWo|ff
res,
I Brcro.
Turin
i * .lausen.
Ro Si Hier
i hner el Wol •
Drucker.
, I n. k.
I Gerold et C".
Mi lier.
LES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADEMIE DES SCIENCES :
Tomes 1" à 81. lAoûl i835 i h D Volume ni ; Prix 15 fr.
- 32 .i 61. i" Janviei i Volume Prix 15 fr.
- 62 i 91 (i" J Volume in 15 fr.
fLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L ACADÉMIE DES SCIENCES :
nrc sur quelques points de la Physiologie d > irMM. \. ietA l.-J. So Mémoire sur le i Perturbations qu'éprouvent les
D.ir \l. lUxsi.v - Mém l»nsl particulii li is matières
ar M. i .i \i m. lli bm\iiii. Volume 15 fr.
I : Mi rc sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vu ""> de Prix pro| i par l'Ai adémie des Si iencea
oui i.i distribu lilesdausl - terrains sédi-
c-, suivant l'ordre de leur superposition. - Discuter la irition successive ou lu relier la nature
[ui existent eul i », par M. nr Bromn. In-4°, avec 39 planches; 1 86 1. . . 15 fr.
3 Mémoires de l'Académie des Sciences, cl Ici Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N° 24.
TABLE DES ARTICLES. (Séance du 15 juin 1891.)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIB.
Pages.
M in Ministre dei'1 ' "•"''
une ampliation du Décret par le-
quel M. Iç Président de !.. R
approuve l'élection de M. \foissan,
remplir, dans la Section de Chi
place laissée vacante par ledéci sde M
/murs
M. .1. Boussinesq. — Sur les déformai
et l'extinction des les aériennes, isoh
ou périodiques, propagées a l'intérieur de
ans eau.de longueur
indéfinie
M B| . ,,. . -, une ■ ombmaisoo vo-
. arbone, le fer-
ir le nickel carbonyle.. . ..
Mi i, Rés 'I' s observai ions
liebœuf.pr
Di Inférieur!
r.
MÉMOIRES PRESENTES.
M. Sorry-Montaut adresse un Mémoire
ayant | r titre : « Thermo-pyi
mètn mil a : système Louis Da
CORRESPONDANCE
M. G. Bioodrdan. < 'li ervations d I
mète périodique VVolf, faites a l'Obser-
vatoire de Paris (équatorial de la toui
l'Ouest.)
M11' D. KlDmpKe. Observation delà -
vel'le planète Charlois I Nice, juin n, if
faite .1 l'( ibservatoire de Pi torial
de la tour de l'Est i
MM. Gonwj 3si lt ei ù Cadet. i clip i i
Soleil du 6 juin 1891 : observations 1
à l'i ibservatoire de Lyon
MM. Rambaud et Sy. Observations de la
comète Wolf (1884 III |, faites à l'Obser-
vatoire d'Alger, au télescope 1 oucault de
H'", 5o
M. .1 icquks I.; ' i ■ lipse de Soleil du
6 juin 1891 . observi e à l'< Ibsen atoire de la
Société scientifique Flammarion, de Mar-
seille
M. F. Caspary. — Sur les deux formes sous
lesquelles s'expriment, au moyen des 1
lions thêta de deux arg :nts, les coor-
données de la surface 'In quatrième d<
décrite par les sommets dos cônes du se-
cond ordre qui passent par six points don-
nés
MM. G. el !.. Ru 11 iRD. — Sur un avertisseur
électriquepermettanl de constater dans un
courant gazeux de très faibles variations
de pression ! , ,l(
M. D. Gernez. — Recherches sur l'applica-
tion de la mesure du pouvoir rotatoire à
la détermination de combinaisons formées
par les solutions aqueuses de mannile
aveclrs molybdates acides de soude el d'am-
moniaque
MM. E. Grimaux et \. Arnaud. - Sur
la quinéthyline, base homologue de laqui-
BtLLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
M. r Mai 11 son. — Sur les uréidi
- normaux
M. j. M mi h des
liylcamphoi m ;i
d'( iin le, il 11 1 amphreraélhylé.
M. P.-T11. Mi Klhcrs soi yana-
\l. Pu ud'i ''
l'eau 0x3 . ' '
M. E. f) Rôle du noyan dans la
malion du rctiruliim musculaire fonda
ital chez la larvi
M. \ ■ disposition
us . h. / les l'uln - ba-
sommatopl
M. ih xm ni \ < ontribution ex-
' issan
M. L. 1 une maladie ■ rypto-
|uel i" h nu
m . [i Sur l'existence
d'uni - miocènes
dans les fenti - ■ - de la \ ;• !'• e de
la Saône, i > .1 aj 1 I a >i d't Ir lyon-
nais
M. Baciii lard. Contribution à l'étude
I ' 1 -; m-
Dom .li 1 ' i Pauncd un I -■ ments
quati - de Pouillenay
mi
M. 1 ii d'une 1 . '"I-
municalion récente de M. Dtibouin, une
Note relative ■> un moyen d'apprécier le
mouvemenl verl ical 1 stats
\l. Josi PII I In sse une Note sur une
valeur approchée du côté du polygone ré-
guliei
■;:i
■ 189
1 Igo
PARIS. — IMPRIMERIE (ÏAUTHIER-VILLARS ET FILS,
Quai des Grands-Auguslins, 55.
1891
PREMIER SEMESTRE.
COMPTES RENDUS
BEBDOMADAIftl -
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
l»%il UL LB9 ■ECRÉTAIMBa IMIU'I 1 1 l i>
TOME cxn.
X r,i (22 Juin 1891)
P MUS,
GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
IPTKS RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
lugustins, 55
1891
RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS,
Adopté dans les séances des a3 juin 1862 et a4 mai 1875.
Les Comptes rendus hebdomadaires des séances de
l'Académie se composent des extraits des travaux de
ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes
présentés par des savants étrangers à l'Académie.
Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a
'1» pages ou 6 feuilles en moyenne.
26 numéros composent un volume.
Il v a deux volumes par année.
Article 1er. — Impression des travaux de l'Académie.
Les extraits des Mémoires présentés par un Membre
ou parmi Associé étranger de l'Académie comprennent
au plus 6 pages par numéro.
Un Membre de l'Académie ne peut donner aux
Comptes rendus plus de 5o pages par année.
Les communications vei'bales ne sont mentionnées
dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction
écrite par leur auteur a été remise, séance tenante,
aux Secrétaires.
Les Rapports ordinaires sont soumis à la même
limite que les Mémoires; niais ils ne sont pas com-
pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés par le Gou-
vernement sont imprimés en entier.
Les Programmes des prix proposés par V académie
sont imprimés dans les Comptes rendus, niais les Rap-
ports relalil's aux prix décernes ne le sont qu'autan
que l'Académie l'aura décide.
Les Notices ou Discours prononcés en séance pu-
blique ne fonl pas partie des Comptes rendus.
Article i. Impression des travaux des Savants
étrangers </ V Académie.
Les Mémoires lus ou présentes par des personnes
qui ne sont pas Membres ou < lorrespondants de I \< a-
démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré-
sume qui ne dépasse pas '> pages,
Les Membres qui présentent ces Mémoires sont I
tenus de les réduire au nombre de pages requis. 1-e
Membre qui fait la présentation est toujours 11 nié;
mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet l x irait
autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le l'ont
pour les articles ordinaires de la correspondance offi-
cielle de I' \< ademie.
ARTICLE 3.
Le bon à tirer de chaque Membre doit être remisa j
l'imprimerie le mercredi au sou-, ou, au plus lard, le
jeudi a io heures du matin; faute d'être remisa temri
le titre seul du Mémoire est insère dans \vComple rendu
Les extraits des Mémoires lus ou communiques par actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sm
les correspondants de l'Académie comprennent au vant, et misa la lin Au cahier.
plus 4 pages par numéro.
Un Correspondant de l'Académie ne peut donner
|>l»s de 32 pages par année.
Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont
pris pari désirent qu'il en soit fait mention, ils doi-
vent, rédiger, séance tenante, des Notes sommaires,
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les
remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de
lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé-
moires sur l'objet de leur discussion.
Les Savants étrangers à l'Académie
Article i. Planches et tirage à part.
Les Comptes rendus n'ont pas de planches.
Le tirage à part des articles est aux frais des au-
teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et
les Instructions demandés par le Gouvernement.
\ 1. 1 ici 1 .").
Tous les six mois, la Commission administrai i\ e lait
un Rapport sur la situation des Comptes rendus après
l'impression de chaque volume.
Les Secrétaires sont (barges de l'exécution du pré
sent Règlement.
déposer au Secrétariat au plus t.ar'tnp Sa™»!^6"1 ^""-l présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont pri
Plus tard le Samed: qUl précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance
iés de |
1 suivan
COMPTES RENDIS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DC II M>l 22 II IN 18ÎM.
PRÉSIDBNl i Dl M Dl CHARTBJ
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DBS MBMBRBS BT DBS CORRESPONDANTS DR L'ACAD&MII
ASTRi >Ni iMIE, Mi thode />"i" la d< termination des coordonnét s équatoriales
des centres des dichés constituant la Carte du ciel; par M. Loswr,
« Dans une des réunions du < ongrès pour l'exécution photographique
dr l.i ( h te ilu ciel, de l'année i 867, il 1 été décidé : 1" <|n'il sera fail deux
séries de clichés pour tout l'ensemble du ciel; 2" 1«'^ <lni\ séries de clichés
seronl effectuées de telle façon que l'image d'une étoile située au coin
d'une plaque de la première se trouve .mssi près que possible <lu centre
d'une plaque de la seconde série; 1° les clichés destinés à la construction
du Catalogue contiendronl toutes les étoiles jusqu'à la 1 r grandeur.
» Chaque plaque de la série du Catalogue renfermera <l <'n moyenne
plusieurs centaines d'étoiles, et la grande perfection « i < s images photo-
graphiques permettra d'obtenir, au moyen de mesures mi< rométriques de
lui h ii- exactitude, les coordonnées reclilignes relatif es de toutes les images.
M;us, |><nir connaître la véritable position «1rs astres photographiés sur la
voûte céleste, il faut déterminer avec autant de précision que possible la
C. R., i8qi. 1" Semestre. (T. C\II. \ 25.) l8l
( i394 )
situation sur le ciel du point qui correspond à l'origine choisie de chaque
plaque photographique. On peut résoudre ce problème fondamental par
des procédés différents. J'ai l'honneur de présenter à L'Académie la solution
qui me semble la plus rationnelle. Pour conclure les positions de toutes
les étoiles du cliché, il est nécessaire d'effectuer un certain nombre de tra-
vaux préliminaires. Admettons donc, avant tout, ainsi qu'il a été décide,
que l'astronome détermine les coordonnées rectilignes d'une même plaque
relativement aux traits moyens du réseau. Chacune de ces étoiles appar-
tiendra en commun à la plaque considérée, et à l'une des quatre plaques
de la seconde série, recouvrant partiellement la première.
» Dans le Mémoire sous presse, je démontre qu'il est possible de
rattacher, à l'aide des mesures micrométriques très précises, les quatre
dernières plaques à la première. Les constantes relatives des nouvelles
plaques (coordonnées des centres, orientation, valeur de l'échelle) s'ob-
tiendront par des calculs rapides et exempts de toute- difficulté. Deux
étoiles communes à deux plaques de séries différentes permettent d'at-
teindre ce résultat, sans qu'il soit nécessaire de connaître leurs positions
absolues. L'application réitérée de la même méthode permet de faire con-
courir à la détermination des constantes de la première plaque toutes les
belles étoiles contenues dans les plaques de la première série, continués à
ce cliché principal, soit en tout 36° carrés de la surface du ciel. Pour
un troisième rattachement, comme on le verra plus loin, on a même la
faculté de pouvoir facilement faire servir, pour le même but, tous les
repères se trouvant dans une zone céleste de 64° carrés d'étendue.
» On disposera donc toujours pour cet objet d'un nombre plus que suffi-
sant d'étoiles, sans avoir à descendre au-dessous de la f grandeur, et on
aura, en outre, le grand avantage de pouvoir choisir des étoiles de repère
dont les mouvements propres sont bien connus.
» Pour rendre comparable les éléments des deux plaques photogra-
phiques, d faut, s'il y a lieu, faire subir aux distances et aux coordonnées
de la plaque auxiliaire plusieurs petites corrections provenant : i° d'une
variation possible du tour de vis utilisé; 2" de l'orientation différente des
deux reseaux par rapport à la direction du mouvement diurne: 3° de l'in-
clinaison des plaques sur l'axe optique, si elle est notable.
» A l'ade des formules et des Tables contenues dans le Mémoire, on
peut facilement appliquer ces rectifications aux coordonnées rectilignes de
a plaque secondaire; nous admettrons qu'elles ont été effectuées. Pour
faciliter le calcul relatif à la transformation des coordonnées rectilignes en
coordonnées équatoriales et afin d'établir des relations linéaires entre ces
deux ordres de grandeur, il est, en outre, nécessaire d'ajouter aux coor-
données rectilignes quelques termes correctifs indiqués dans le Mémoire.
N < i m -> .ni in'-i lions (| ne ces rectifications aussi ont été appliquées aux coordon-
nées. Soient <l<iin » .1 respectivement les coordonnées rectili-
gnes des deux étoiles sur la première plaque; (Ç,,t,# Y les < (Ion nées
rectilignes des mêmes étoiles de la plaque auxiliaire; i l'orientation de la
plaque principale; i \. 1> . V . D respectivemenl les c 'données équato-
rialesdes deux centres O, O, X ï t2k.
Uors ou aura, eu suivant la voie indiquée dans le Mémo re,
\ cosD \ \ sint, il) D) ï \ sini.
h La simplicité de ces Formules esl remarquable; on peut, par un tra-
vail minime, établir les relations numériques qui lient entre elles les
coordonnées équatoriales des deux centres. I es travaux principaux à exé-
< uter ne i onsistent, en effet, que dans l'addition et dans la soustraction
des coord ées rectilignes données; l'est une des constantes les plus
essentielles du cliché principal, li^ Facteurs considérables X et Y, à peu
près égaux à i degré, par lesquels cel élément se trouve multiplié, con-
duisent a une exactitude très élevée.
d \ oici maintenant l'inexai titude provoquée dans la détermination des
valeurs numériques des coordonnées <lu rattachement \ el \ : en dési-
gnant par e l'erreur de mesure dont se trouve affectée la coordonnée
rei tiligne d'une image quelc pie, <'\ al née à l'aide de la \ is. par : l'er-
reur probable de \ ou N. par/i le nombre de couples d'étoiles utilisées
pour !<• raccordement des deux clichés, on trouve e = -
» I h 1 lis mi le rattai bemenl des deux plaques sur cinq couples d'étoiles,
erreur probable de la détermination d'une des deux coordonnées sera
égale à e; si l'on considère en outre qu'il n'intervient dans la détermination
finale du i entre de la plaque principale qu'une combinais les erreurs
des quatre centres des plaques adjacentes, on arn\e à cette conclusion,
que l'erreur probable <ln résultat est seulement = c'est-à-dire environ
o ,O20. La faiblesse de ce nombre accuse un degré de précision qui
ne laisse rien à désirer. Il faut aussi remarquer que l'erreur provenant de
la valeur absolue «lu tour de vis n'introduira dans la recherche aucune
inexactitude appréciable, si l'on a le soin, ce qui sera possible, de choi-
sir des repères placés à peu près symétriquement par rapport au centre O.
» Première méthode, par le rattachement successif di s clichés. — On a vu,
parce qui pie. ède, qu'étant donné un cliché A de la première série, on
( i396 )
peut déterminer avec précision, relativement à ces axes pris dans le plan
de ces clichés, les coordonnées des centres des quatre clichés A,, A,, \,, \ ,
qui recouvrent partiellement le premier. L'orientation relative de ces
plaques sera également connue et tonte étoile figurée sur l'une d'elles
pourra être considérée comme rapportée aux axes du cliché central.
» Si, parmi ces étoiles, il s'en trouve qui soient déjà connues et catalo-
guées, chacune d'elles pourra être employée pour déterminer toutes les
constantes du cliché A . On fera ainsi concourir à la détermination de ces
quantités toutes les étoiles connues situées dans quatre clichés adjacents,
c'est-à-dire dans une étendue de l6° carrés. Dans celle portion de la sphère
céleste, on rencontrera une vingtaine d'étoiles au-dessus de la 8e grandeur.
Les éléments dont on disposera ainsi assurent déjà, dans la recherche des
coordonnées des centres, une précision hien supérieure à celle que l'on
obtiendrait par l'emploi de six étoiles, choisies sur une même plaque.
» L'étendue du travail réclamé par cette méthode n'a rien d'excessif.
Les deux séries destinées à la confection du Catalogue comprennent 22 o5 ï
clichés. Chacun doit être raccordé aux quatre clichés adjacents; mais,
comme la liaison de deux centres, une fois réalisée, sert pour les deux
plaques, le nombre réel des opérations de raccordemenl esl seulement
double du nombre total des plaques. Le travail nécessaire pour effectuer
ces /i4io8 raccordements ne sera jamais qu'une faible partie de celui
qu'exige la réduction d'un nombre égal d'observations méridiennes.
» Mais il est à remarquer que l'on peut augmenter encore l'exactitude
des résultats, sans se livrera aucun nouveau travail de mesure. I ne opé-
ration arithmétique des 'plus simples suffira. Admettons, en effet, qu'en
suivant la voie précédemment indiquée on ait trouvé les valeurs \, ,
pour l'ascension droite et la déclinaison absolue du centre du cliché prin-
cipal : (A,,©,), (A,,tO,), (A,,©,), ( \,. o.) pour les coordonnées des
centres des quatre clichés qui recouvrent partiellement le premier. Cha-
cun de ces nombres repose, ainsi que nous l'avons expliqué, sur la con-
naissance des positions des belles étoiles contenues dans une étendue de
160 carrés. D'autre pari, à l'aide du procédé exposé, les mesures mi-
crométriques ont fait connaître avec précision les nombres uM,.</", ),
("A»«"®a)> (dAs,d(Q3), (dAA,d(Qt), que l'on doit ajouter aux coordonnées
des centres des clichés auxiliaires pour obtenir les coordonnées du centre
du cliché principal; il sera, dès lors, facile d'avoir quatre nouvelles déter-
mmations des coordonnées équatoriales du centre ,1e la plaque considérée.
» Raisonnons sur l'ascension droite. On peut adjoindre à la valeur Ac,
obtenue directement, les quatre valeurs nouvelles (A, + dk,), (A, -H rfA2),
(A, + rfA,), (A, + dAt). L'une de ces valeurs, (A, -+- dkt), par exemple,
( '^97 »
résulte de l'emploi des étoiles connues dans la zone de (6° carrés, dont
l'un des clichés auxiliaires occupe le centre. La moyenne de, cinq repose,
par conséquent, sur les positions de toutes les étoiles connues situées dans
une zone de '" •' carrés. I a raisonnement identique peut être fait pour les
déclinaisons. On dispose alors, p ■ fixer l<'s coordonnées i \ . i, de
i 3 .1 i s étoiles en moyenne, sans descendre au-dessous de la -' grandeur.
Admettons enfin que I on réitère I application du même procédé, en
conservant, pour les différences </\,, </\,, </\ ,. r/\ ,, les valeurs données
par les mesures micrométriques ; nuis en adoptant, pour \,. \,, \ . \,,
les nombres qui résultent de la seconde approximation. I es coordonnées
du centre sont maintenant obtenues, à l'aide des étoiles disséminées sur
une zone de 64° carrés, relie esl l'étendue dont on disposera pour éva-
luer, dans une troisième approximation, les coordonnées \ .
S< condi méthode pour 1rs raltacfu ments sue • ssi/s di s clichés. La mé-
thode i|in vient d'être exposée se recommande par le travail complémen-
taire peu important nécessité par son application. Pour atteindre le même
but, on | ici ii aussi faire usage d'un procédé qui se présente immédiatement
.i l'esprit, mais qui demande des calculs un peu plus longs : ce second pro-
■ édé possède, à certains égards, un avantage marqué sur la méthode qui
vient d'être expliquée. < >n a, en effet, la faculté, par l'addition successive
des coordonnées de rattachement (</A,, d ,), (</A3> d . de déterminer
la position relative des deux clichés ne se touchant pas directement, et
éloignés l'un de l'autre, par exemple, de i ■ < ette opération si simple
étant réalisée, on pourra, pour la détermination <lu centre «lu cliché
principal, profiter de toutes 1rs étoiles peuplant une étendue de la voûte
céleste qui, dans le cas donné, sérail de " earres. Les dernières ques-
tions qui restent, par conséquent, .i élucider sont les suivantes :
» i° Quel est l<- degré d'exactitude que comportent les divers rattache-
ments su, cessifs, effectués par l'une ou l'autre des deux méthodes propo-
sées; a° quelle esl la val • relative des deux méthodes; 1° quelle serait
le duc des h. us. mis successives à effectuer pour être sur d'obtenir une
augmentation réelle de l'exactitude dans les résultats cherchés.
» Nous choisirons pour la démonstration une des coordonnées du
centre ( t. la déclinaison D par exemple.
» Soient : l'erreur probable de la déclinaison du centre après le pre-
mier rattachement résultant de l'emploi de la première méthode; iv,tm res-
pectivement les quantités analogues après le deuxième et !<• troisième rac-
cordement; ij, | les éléments semblables, en utilisant la seconde méthode ;
&, . &,, \ l'-s erreurs probables de I. j enne des déclinaisons qui respec-
tivement ont servi dans Us trois ratta< hem< nts successifs. Comme on le
I i9«
sait, o h rencontre dans une zone <l'' t6° carres de i S à 20 étoiles comprises
entre la 1" el la 8* grandeur; nous supposerons qu'on en trouve [6; nous
admettrons 0 ,60 pour l'erreur probable < d'une déclinaison donnée, et,
en outre, 0 ,07 pour l'erreur probable < d'une coordonnée rectiligne; ces
liypothèses, si elles ne correspondent pas toujours complètement aux cir-
constances réelles de la pratique, sont néanmoins suffisamment approchées
de la vérité. En tout état de choses, on peut, en se fondant sur ces prémisses,
arriver à une appréciation judicieuse de l'exactitude des opérations des
divers rattachements projetés, < el < étant .misi connues, on aura :
s
II.
Ml lll.nl.- 1.
n .
M ihodi 11.
il', 1 ■ 1
.. [5a
1 . .
■ 1 .\
... 1
'.,
( es chiffres rép lent aux questions posées. Dans la première série
on voit incrits, sous le titre n, les résultats qui désignent .1 la !<>i^ le nombre
de degrés carrés ou de repères utilisés dans les trois raccordements su< ces-
sifs; </.î,.'Av- eprésentenl respectivement les erreurs probables de la
moye !>■ 16, 16 ou ( ■ 1 dé< linaisons : ce mmiI îles quantités par consé
quent indépendantes de tout procédé de rattachement. Considérons main-
tenant les deux dernières séries. I>.tus la deuxièi lonne figurent des
nombres qui mit été obtenus par le | ■ t < > « édé suivant :
Étant donnée l'erreui ,6o d'une coordonnée équatoriale, on a
cherché le nombre de ces n In nuits dont la moyenne conduirai! aux
irreurs el on les a inscrits en regard. Les valeurs ainsi
conclues donnent la véritable mesure de la pré< is.'hi de chaque rattache-
ment. 1 . st ainsi que le m un lui' 23,o inscrit .1 côté de o", 1 25 indique
pie, par l'emploi de la première méthode, après le second rattachement,
on arrive à une exactitude équivalente à celle | iuréepar 23 repères cou-
vrant directement le cliché principal. Mais, .1 l'aide de ces quantités, on
peut arriver à une interprétation encore plus générale.
» Nous avons, en effet, idmis une étoile par degré carré ; dans le second
rattachement dont il est question, on a relié 1 > plaques contenant les
étoiles connues d'une zone de 16 1 trrés d'étendue* et, comme <>n le
constate, on n'obtient que l'effet produit j >;i 1 I . toiles ou par une sur-
face «le repères de a3°. Les nombres n , n indiquent donc L'étendue
d'une surface idéale contenant les repères qui • sourent directement .1
la détermination des élémi nts <les clichés, repères dont les coordonnées
ne se trouvent plus par conséquent entachées d'aucune inexactitude de
raccordement. Chacun des nombres n', n fait donc, en realité, connaître
( i399
le béat fice ael de chaque opération de rattachement : .un si lé chiffre "> i . \
de la troisième - _ i « ; I i • • que par le troisième rattachement <>n dispose
de tous les repères d'une su ,4 pour la recherche des constantes
de l.i plaque centrale; d'un auti . il esl clair que la différence entre
1. 1 t.- nombre réel, el "■ i . ) représente le nombre des repères qui <>m servi
.1 annuler les < • 1 1 < ■ t -> des petites inex ictitudes uniquement propres aux me-
sures mu ! itriques du rattachement.
\ oi< i maintenant les con< lusions auxquelles cette étu le donne lieu :
i En effectuant trois r oents successifs, il est certain que l'on
ne notablement en précision. Wec la seconde méthode, on sérail même
sûr d'obtenir un profil réel en exactitude par un quatrième rattachement
s'étendanl sur i surface de ioo° de la sphère céleste. I .<• béi sérail
peut-être douteux si l'on employai! la première méthode pour cette der-
nière opération. I i seconde méthode esl bien plus exacte que la première,
m us l'application il<" celle-ci est tellement commode qu'on pourrait en une
innée seule effet tuer le travail des deux raccordements pour tous les cli-
i hés de la < ai te du
• \u moyen seulement de deux rattachements successifs par la se-
• !.• méthode, ou en en effe< tuant trois ù l'aide de 1 ■ première méthodi .
on disposera, poui la détermination des stantes de chaque cliché, en-
riron .: o étoiles comprises entre la i el 1 1 ~ -> tndeur.
. Les éléments de la réduction'seront obtenus ave< une exactitude
ii. s i|.\. e. Les < ..nilitnnis deviennent plus favorables, si l'on emploie
pour déterm rieur râleur des étoiles séparées par une distance angulaire
supérieure ■< l'étendue d'un seul clich
, Il sérail tr< ! ! te le lès m ourd nui le catalogue complel
étoiles de repère réduit à l'année 1900 En effet, 1 a 000 à 1 "• ■<•-
pères seulement mi l lisent pouralteindi but. On choisira les étoiles su-
périeures .1 la -r grandeur <•( on ado »tera, p irmi elles, celles qui possèdent
les positions el les mouvements propres les mienx déterminés. •
ANALTSI MATHÉMATIQUE. Surunt is de la théorie
fonctions d'une variable compl > . par M. Emu Picabd.
Bien des géomètres ont sans doute cherché à généraliser la théorie des
fonctions d'une variable complexe. Le problème n'étant évidemment pas
déterminé, on peut se placer, dans une telle tentative, à des points de
( i4oo )
vue très différents | ' ). Le point de % ue, auquel je \ aïs ici me placer, sem-
blera peut-être présenter quelque intérêt.
„ |. ( in sail que l'étude d'une fonction analytique d'une variable com-
plexe revient à l'étude des fonctions réelles P el Q des deux variables
réelles x el ) . satisfaisant aux deux équations
p .i> ; dP _ _ dQ
g ( les équations possèdenl une propriété fondamentale : si P el Q, ainsi
que l\ el Q, représentent deux systèmes arbitraires de solutions, les fonc
tions P, el «.»,. < onsid< rées comme fonctions de P el Q, satisfonl au sys-
tème
.-I' ,)\'
dP dQ dP '
» Il est naturel de chercher ;i généraliser ce résultat, en considérant les
systèmes de deux équations
f(àP dP dQ dQ\
' " j JP dP dQ dQ
' , ■ jj à %
telles que, P el Q •hum que P, el Q( désignant deux systèmes quelc [ues
de solutions, on ait, en considérant P, el Q, comme fonctions de Pet Q,
dP dP, dQ< dQ
\ ,P „, .„•
' M ,>!•' dQ' dP ' dQ
» Nous faisons de plus la supposition que les équations soient vérifiées
pour I' '■. Q - v. ( )n \.i voir qu'on peul effei tuer la recherche de toutes
les équal s jouissant de la propriété précédente.
(•) I » : » 1 1 - une Noie récente ( omptes rendus, 3 avril 1891), j'ai examiné le cas de
certaines équations où les coeffli ients dépendent d< - variables indépendantes. Dans le
Bulletin de I" Société mathématique 1 15 avril 1 8g i M Vppell •> indiqué un systt me
de quai [ualions où les fonctions, qui 5 figurent se trouvent satisfaire ■< I équation
de I .aplat e,
I l/|01 |
\ l'aide des relal "n^
/Il y,. '"' '"'
| rfP rfP A.
■
on peut, en i liraina I <l\ , exprimer <I\\ el dQ, en Fonction de rfP el
«/il. « omme l<> coefficients de </l' <•! t/Q, dans ces dernières expressions,
vent i \ ement
nts sont lu-» par les relati . i est-à dire par l«'s mèmi -
relations <|m lient les coefficients de l'une el l'autre substitution li
' »n en con< lui que i elle substitution linéaire, effectuée sur les
différentielles, forn ::ir,ni< (i i
Il résulte de I i ni que les équations | i | peuvent ôtre obtenues <l<-
la m. r<- suivante. Soient
des équations définissant un groupe continu à deux paramètres, dont sont
font i s '/. b, ■ , I . < »n |i"
a, /'. I.
I h éliminant les deux paramètres entre i bi quatre équations, on <>l>-
liendra un système de deux équations différentielles entre P et Q, jouissant
de la propriété demandi
On sa . d'après l<-^ un thodes <!<• M. Lie, trouver les groupes ■> deux
ibles et à deux paramètres. La question proposée est donc résolue;
m'arrête p la discussion, qui donne d'ailleurs des types très
simples.
-' I ■■ | il de vui précédent n'est pas borné au cas de deux fon<
ti<>!^. < onsidéranl trois fonctions P, Q, R de trois variables x, y, z el un
[ue lui util Lbui M Soj bus I ie dans de
:l - J i — 1 ;
i .AU \ l^2
I |0'J )
sj stème de trois équations
' o /«■(.,>,■>■
on |>«-ui se proposer de trouver !«••> systèmes, tels que, P, Q, li. ainsi que
I' .(),.!;,. désignant deux s,, lu lion s quelconques, on ait, en regardant P,,
Q,, li, comme fonctions <!<■ P, Q, R,
,/lv ,)\\ dP Q •".' dQ .'i; m; IR
., La méthode «l< >m nous avons plus haut fait usage trouve encore son
application. Les équations
àP ' j -"'
</li <A
définissent, i r les différentielles, un groupe de transformations .1 sue pa
ramètres, el l' n conclul que, si l'on prend un groupt Linéaire à trois
Bibles el si 1 paramètres
I ' ,11 l'\ :- CZ,
) ,/,.»■ A, 1 •
• I i h. |
où les (a, 6,i 1 sont fonctions des six paramètres, et qu'on pose
dP dP , dP
l,
il, 02
,)U .il; . .'i;
"-• dj -' T: ~~' ■
oination des six paramètres entre ces neuf équations conduira à un
système de la forme 1 1 1, jouissant de la propriété cherchée.
» .'}. Les considérations précédentes se généralisent d'elles-mêmes. Pour
bien fixer les idées, il a été supposé plus haut que le nombre des équations
( i4o3
difTérentielles étail égal au nombre des fonctions. < m peut, d'une manière
plus gén< raie, former des systèmes dans lesquels les équations seront en
nombre supérieur aux f< ni lions. Si nous avons // foni tions de n variables,
el n ■ /. relations >listni' tes entre les d partielles du premiei ordre,
nous aurons i isidérerles^ res // p paramètres.
le me borne aujourd'hui i ces remarques très générales. L'étude
d'exemples particuliers ilculs <|n<- je n'ai \>^ i ncore
achevés. Parmi |uelques-uns seront- ils susceptibles de pré-
sent) la théorie des t tions d'une variable complexe une analogie
l>lii^ esl un point que je ne puis en ce moment décider,
mais < l< h ii je me r< si rve 'I'' faire une étude approfondie.
PHYSIQl i . Sut In . \ In chaleur.
V lie 'li- M . MlKCEl Ml im;i /
Dana la lin dernier, M. Miculesco < présenté ■< l'A<
demie une Note sur un p n de l'équivalent mécanique
de li i haleur qu'il croit nom lé comprend naturellement
deux genres de mcsui es disl
i l i mesure de la quantité de travail développé dans un temps donné;
l Ile de la quantité de chaleur correspondante.
ia toutes les expériem [u'< derniers temps, la
mesure du travail mécanique irtout quand ce travail
étail produit par uni m mouvement « 1 « • rotation. \iiim,
dans les exi i entreprises p i Un ivants sur la chaleur
dévelop i ou «lu mercure, le travail mécanique
était pro Imi par I i < bute d'un poids, mais une partie seulement de ce tra-
vail étail transformée <-n chaleur mesurable par le calorimètre. Il fallait
Paire des tions pour ti mple des frottements des axes qui con-
lui tion de la chaleur, mais dans une autre
partie de l'appareil que • <-ll>- où se faisaient !«■•- mesures i alorimétriques.
La même observa i s'applique aux expériences dans lesquelles M. Violle
lit tourner un disque -l< ■ uivre entre les branches d'un électro-aimant.
I rappé i nconvénients, j'imaginai, vers 1 880, le procédé qui est
décrit dans la < omi :al VI. Miculesco, el qui a été depuis em-
ployé ave» quelques modifications par M. >l Irsonval.
. dé, qui s'applique a une foule <!<• rechen hes autres que celle
( i io4 )
de l'équivalent mécanique <1<' la chaleur, est basé sur les considérations
suivantes. Dans (ouïes machines, il 5 a des pièces fixes el des pièces mo-
biles; si l'on rend mobiles les pièces ii\e> i mais en ne leur permettant
qu'un très petit déplacement), il suffit de mesurer l'effort auquel elles
sonl soumises pour en conclure le travail développé par les pièces nui-
Iules. L'exemple le |>lns simple que l'on puisse prendre de l'application
de ce principe est précisément celui que j'ai réalisé le premier en 1881 :
la machine dynamo-électrique à inducteurs mobiles montés sur couteaux.
J'ai décrit publiquement cette machine pour la première Fois en t88i au
Congrès international 'les i lectriciens, dans sa séance du 19 septembre
(voir le Compte rendu des travaux du ' g publié par le Ministère des
Postes et rélégraphes, p. l5o)('), el je signalai même le parti que l'on
pouvait en tirer pour mesurer l'équivalent mécanique de la chaleur.
\u mois île février 1 882, je construisis une machine à inducteurs mu-
Iules munies sur couteaux, qui me servit à faire une série d'expériences,
dont une partie a été publiée dans le journal In lumière électrique 1 n iros
du 17 juin 1882 ei du a ; décembre t88 1 I t6 août de la môme année,
je communiquai au Congrès de l'Association française pour l'avancement
des Sciences 1 session de la Rochelle 1 le projet 'les expériences que nous
ile\niiis faire en commun, M. d'Arsonval el moi, sur l'équivalent méca-
nique de li chaleur el dans lequel l'organe :< v ;■ ni pour mission de trans
former le travail en chaleur était un tube de cuivre monté sur couteaux
1 dispositif que j'avais d'ailleurs déjà appliqué dans mon indicateur magné-
tique île vitesse , 1 1 description sommaire île l'ensemble île l'appareil se
trouve dans le ( 'omptt rendu du I ongrès de [882, page 235.
<■ Enfin, en [889, je fis étudier les plans 'lune mael > dynamo-élec-
trique puissante (cenl cinquante chevaux), qui figura .1 l'Exposition de
[88g el iluiit les inducteurs, montés sur une suspension 1res mobile, ana-
logue ;i celle îles grosses cloches 'le cathédrale, étaient susceptibles d'un
petit déplacement combattu par un ressorl dynamométrique, qui faisait
connaître ,1 chaque instant le couple appliqué aux inducteurs et, par ■ • • 1 «
(') Voici textuellement l<- passage '-m question : n L'orateui M. Deprez signale
également | 'la mesure du travail al bé par les machines un dispositif qu'il a
imaginé. Il consiste .t rendre mobile le bâti qui porte I - limants inducteurs.
L'effort d'entraînement exercé pai la bobine sui ce bâti mesure exactement le travail
dépensé. » In peu) p effoi 1 en mainten ml en pi 11 ■■ le bâti mobile ■> l'aide d'un
li\ ier chargé d'un poids .
séquent, & l'anni I '•• ma< hine i été décrite dans le numéro du [2 avril
et dans cette description je Fais ressortir le
èral de ma méthode dynamométrique, qu'on peut appliquera un
il nombre de questions de M« ca nique expérimentale où les dvnamo-
naires ne p il rendre a,ucun service. Elle permet d'étu-
dier séparémenl !<■ travail < onsommé |>.ir chacun des or s d'une ma-
chine quelconque. Dans !<• > ^ d'une machine dynamo électrique, |>;ir
nple, en suspendant les indu* leurs sui couteaux el en fixant au sol les
balais et les paliers <\<- l'axe de l'anneau, <>u éli le d'un seul coup la
mesure de toutes les for< es outres que celles qui ><>nt exclusivement éle<
triques ou magnétiques. • ette métl ippliquerait Facilement aux ven
tilateurs, aux pompes centrifuges, etc.
i ; dé« alorimétriquc employé par M. Miculesco, et qu'il appelle
méthodt à température conttantt employé dès 1860, par Hun. dans
cpériem es sur l'équivalent mé< anique de la < haleur. Il est dé< rit à la
vpèrtmentah </< /</ Théorie n
nique de la chaleur, édition de 1862. Dans ce» dernières années, M d'Ar-
s.ms.il en 1 fait >l<- fréquentes applu ations.
1. ferai connaître bientôt nn .1 |»j ►■• 1 < I nouveau el très simple, destiné
.1 la déterm le l'équivalent mécanique de la chaleur et qui me parait
réunir toutes les > ondilions désirables <\ exactitude.
En terminant, j< marquer que, lorsqu'on applique 1 procédé
.1 l.i mesure du travail absorbé par une machine quelconque en employant
un moteur électrique, il n'est pas m re de pla< er I an te des couteaux
de suspension <ln bâti dans le prolongement <!<■ l'axe de rotation <!<•
l'anneau. L'ensemble de toutes les actions intenu ». motrices <-i résistantes,
du moteur se réduisant 1 n eflfi : 1 u iple, il >uilit <l>- placer les couteaux
en un point quel< onque du bàli 1 dans le plan horizontal passant par l'axe
de rotai par • xemple 1, el de mesurer le couple d'entraînement de l'en-
semble, ''ii .i\ > n t soin de ramenei chaque fois l'axe de rotation de l'anneau
dans le prolongement 'l>- l'axe de rotai le la mai bine qui absorbe le
travail produit, condition facile .1 remplir.
Dans ce cas, le moteur électrique 1 « • 1 * 1 entier esl suspendu sur des
couteaux, el il esl fai île de démontrer que l<- couple d'entraînement du
bâti esl rigoureusement égal bu couple résistant de la machine mise en
mouvement, sans <|n'il \ ail de correction .1 faire pour te impte du
travail résistant absorbé par les frottements et résistances passives de toute
nature «lu moteur électrique. Il esl bien entendu, d'ailleurs, que tout le
( i io6 )
système doil être équilibré de façon que son centre de gravité soit situé sur
l'axe des couteaux. »
BOTANIQUE. />• la formation des feuilles des I sculuse/cfes Paviaetde
l'ordre d'apparition dU leurs premiers vaisseaua . par M. .V. lui > 1 1. 1 ' i.
« Par l'ordre d'apparil de leurs folioles, ces feuilles appartiennent .1
ce qu'en [853 j'ai nommé la formation basipèle digitée, c'est-à-dire que
c'est la foliole médiane qui apparaît la première au somme) de la proémi-
nence initiale uo peu comprimée, qu'une foliole latérale nall ensuite de
chaque côté, puis une deuxième aussi de chaque coté, el une troisième,
m la feuille doit avoir sept folioles. Celles ci sont donc loi unes de dedans
en dehors, ou de haul en l>as, ce qui revient au même dans le cas
présent .
» Pérule. I '■•< écailles protectrices des bourgeons sont formées par îles
pétioles m in m h il es di- folioles avortées. Leurs faisceaux représentent ceux
de la gouttière ubrovasculaire dorsale du pétiole proprement dit. lai
février el en mais, on peut voir souvent, dans les écailles internes les plus
jeunes, l'ordre '!'• formation «le leurs premiers vaisseaux. < m j peut trou-
ver d'abord un vaisseau ou un fas< i< ule, qui nu m h- de la tige el qui s'élève
au-dessous de la loliolc médiane. I n autre nall ensuite à petite distance
de chaque côté, an dessous des premières folioles latérales; puis un ou
deux autres apparaissent aussi de chaque côté el successivement, suivant
le nombre des folioles existantes, en sorte que les plus externes sont les
plus jeunes. Ces vaisseaux ou fascicules, en s'allongeanl de l»as en haut,
arrivent aux folioles, dans les. pi. -Iles ils entrent Minant leur ordre de nais-
sance. Les deux vaisseaux ou fascicules les plus externes de chaque côté
sont ordinal reine ni unis .1 la lia se de l'écaillé, et -< >lil prolongés dans la tige.
Quand ces fascicules primaires oui atteint une certaine hauteur, il s"m-
terpose entre eu\ des vaisseaux secondaires, qui, souvent nés libres, à
petite distance de la base, s'insèrent sur la partie inférieure des primaires,
et qui, parvenus pies du liant de l'écaillé, se bifurquent et <l<> ni une
branche au côté adjacent de 1 hacune des folioles voisines. Ces divers fasci
cules longitudinaux sonl > . et là relies par de r\ ures obliques.
('il. académie décide q tte Communication bien que dépassant les limites
réglementaires, sera insérée en entier.
I'1 s il «'si produit un, deux
ou trois rameau es • | < ■ î montent dans les côtés de l'écaillé. I es
• peuvenWêtre d'abord formés de courts vaisseaux libres
lesdeux bouts, qui renl bientôt sur ! < ■ • ■ - 1 . basilaire d«'s fas.-i-
culi s . ! sent .1 peu près dichoto-
miquement, et leurs ramules plus ou moins incl s, courbés vers le
bords de l'écaillé, ^- ■ n 1 ■ ■ 1 1 ■ -> <'n 1
'■ni des Faisceaux primaires des écailles de la
de est donc basil .1 3 faisci lux des feuilles pro-
1 dans l< -^ Esculus Hipf tum et rubt
cunda, don) je p 11 lerai d'abord.
Quand on étudie I évolution «Ic^ feuilles de ces deux espè< es, en fé
>, mi trouve fort souvent dans ces jeunes organes, hauts <lr
leurs premiers vaisseaux apparais-
sent, •!< nme dans les écailles protectrices, mais
Lié inférieure ■ !< 1 ha< une des folioles. I e de ces \.n>-
seaux naît dans la t • •! i« •!•• n (ntôt après il en apparaît un sem-
blable • I • n ^ les doux pi oies latérales, ''t un plus tard eni ore
dans le mi l'ordre de naissance de celli
premiei 1 de ch ige par en haut dans la nei
vure médiane, et par en bas dans le pétiole. D'abord simple, H commence
.1 être doublé d'un auti 1 li le na ssa 1 seulement plus tard
dans toute sa longueur. On trouve fi [uemment ces premiers vaisseaux
allongés .1 des degn s divers dans la même feuille. Le médian peut arriver
.1 l.i base du pétiole, <-i même le dépasser de beaucoup, quand les premiers
vaisseaux <l< -^ l" In •!•••» latérales voisines ne font que commencer à déborder
dans le haut de 1e, «•! même quand il n'existe pas encore <l«' pre-
miei iu dans les folioles latérales l<s |>|u* externes.
Q I toutes les folioles sont | rvui s de leur premier vaisseau pro-
è par en bas, le pétiole en linaux, si U feuUle a cinq
es, "n sept si la feuille •■ sept divisions. Dans le pétiole d'une feuille
ayant i n.| folioles, le premier vaisseau de la première foliole latérale de
g m. heet de droite se courbe ii ■ ni vers l'extérieur, |>ivs du lias de
ce pétiole, et quand, un |><'ii |>lus tard, le premier vaisseau 'l<' la nervure
médiane de la foliole externe s'allonge, il vient s'insérer sur ce vaisseau
fascicule courbé et ils descendent ensemble dans la tige. Quand la
feuille .1 sept folioles, c'est le premier \ > >seau ">i 1 1-' i< ule de la dt uxième
foliole latérale qui se c *be ainsi au bas du pétiole, <■! c'est sur lui que va
( r4o8 )
s'insérer le premier vaisseau «I-- la foliole externe, <pii est la troisième la-
térale. Dans ce cas, le premier vaisseau de la première foliole latérale des-
cend directement dans la tige, <>n bien il \;i s'unir, au bas du pétiole, avec
le vaisseau ou fascicule venu >l<' la foliole médiane.
Sur il>'^ coupes transversales du pétiole, ces fascicules sonl disposés en
arc, de manière que celui qui prolonge la nervure de la foliole médiane
occupe le milieu du dos de ce pétiole; tandis que ceux qui prolongenl la
nervure médiane des autres folioles se rangent de chaque côté, d'arrière
en avant, suivant la position respective de a - folio
^près l'apparition «le ces faisceaux primaires du pétiole, d'autres vais
m mux naissenl sur les côtés de la nen ure médiane de chaque lui mie. Ils com-
mencent au bas de celle-» i, ordinairement par un court vaisseau qui, paï-
en haut, peut être juxtaposé à ceux de la nervure médiane, <-i par en bas.
souvent quand il est libre par les deux bouts, peut s'allonger <i se
mettreencontact.au sommet du pétiole, avec un homologue venu du
côté adjacent de la foliole contiguë. L'un de ces vaisseaux, ou tous les
deux, descendant dans le milieu de l'espace qui sépare deux faisceaux
primaires, il en résulte le commencement d'un fascicule secondaire qui,
au bas du pétiole, s'allie à l'u aux deux faisceaux primaires voisins.
( hi le trouve parfois arrêté pais haut au contact «le l'un de ces deux fais
ceaux. D'autres l"is. 1rs vaisseaux nés aux côtés «le la nervure médiane
■ le ileu\ folioles adjacentes ne s'unissent pas au sommet du pétiole; ils
restent séparés, indépendants l'un de l'autre. Dans ce cas. au lieu d'un
seul faisceau secondaire interposé, il j en a deux. \msi se trouve accru le
nombre des faisceaux pétiolaires dorsaux-latéraux. Il est à remarquer que
ces faisceaux interposés achevés sonl placés ordinairement, ou i rès sou
vent, sur un plan un peu plus interne que les faisce "i\ primaires i Esculus
Hïppocastanum, rubicurnia, etc.
» L'ordre d'apparition «les premiers vaisseaux >l«s faisceaux primaires
il secondaires «si notablement différent dans les Pavia maerostackya,
lutea, rubra, californica, etc. Il \ naît bien, très fréquemment aussi, des
I remiers vaisseaux dans les nervures médianes des folioles avant qu'il en
c\|s|e dans le prtmle. el ils s'a 1 1« » 1 1 1_1 < ! Il I plus OU moins par «Il bas d.ili-
organe; mais il arrive ordinairement ou du moins très souvent qu'il naît
au bas de celuH i. ou même dans la tige, des vaisseaux qui montent a la
rencontre de ceux qui descendent et s'unissent avec eux. Cette double
origine ascendante et descendante des vaisseaux a lieu non seulement pour
les faisceaux primaires, mais aussi pour les secondaires (Pavia califor-
. rubra, macrostachya, etc. i. tssez s,,,,\.-iit cette double manier. ■ de
naître est i | »•- ■ i près Bimultanée en haut et en bas. Dans beaucoup de
i la partie supérieure basipètequi apparall la première, tandis que
d'autres I -t la partie inférieure basifuge ou ascendante <jui précède
'I"'1"""1 ' dernier étal est fréquent pour les faisceaux secon-
daires, plus rare pour les faisceaux primaires. I a bel <■ v <-m | »lc m'en a été
donné par une feuille h. eut.- de du Pavia rubra. I ne foliole latérale
externe n'avail encore aucun vaisseau dans -.1 nervure médiane, quand,
au bas du pétiole, ce qui devait être le prolongement de cette nervure,
en possédait un qui était inséré déjà, comme d'habitude, sur le bas courbé
• in vaisseau appartenant a la foliole latérale voisine. Tel est en résumé
I ordre de formai les faisi eaux dorsolaléraux des pétioles des Eteulus
ri des Pavia.
1 ijouten ncidemment que, le <\ janvier, une feuille à'JEscuku
Hippocastanum, haute de 1"". m 1 offert, outre les premiers \aiss,..ni\ dé-
butant dans les trois folioles du milieu, un las. nul.- vasculaire conique,
monté de la lige dans le |" 1 •■!■ : I n'avail aucun rapport direct avec les
\ de la nervure de la foliole médiane placée au-dessus, dont il
était ti' Dans • autre feuille, il \ avait de plus, .. petite
distai lans le ■ "!<• droit «lu pétiole, un court vaisseau situé au-dessous
.1.- la première foliole latérale de ce coté.
• ■ - deux faits, <-n quelque sorte ex< eptionnels .lans . .i / :». uius, el
qui i raisemblablement s. ml .lus a la lenteur de la végétation . . ette époque,
ont été présentés aussi par les Pavia californica et kttea, observés en février,
en mars el ai nmem emenl d'avril. I n effet, il n'est pas rare de trouver
un vaisseau dans leur pétiole, avant mémequ il «m existe .lans 1rs folioles.
La disposition des premiers vaisseaux, surtout .lans le Pavia californica,
ente des aspei | variés, que je ne puis retracer ici. Mais quels
que soient 1 es aspei is, quand l'ébaui he de t"us les faisceaux .-si achevée,
la i|is|i.isii générale de ■ es faisceaux est toujours la mém
Quelques-uns <l<- > es aspei ts, el aussi l'accroissement ascendant de la
partie min uni-. ■ d< tux primaires el secondaires des divers Pavia
. a. s. tendent à rapproi lui l'évolution des premiers vaisseaux des feuilles
proprement «lii.'s de celle des vaisseaux des écailles protectrices.
Le développement ascendant des vaisseaux de ces écailles, que j'ai
ommencemenl de cette < ommunication, peut être vérifié vers
la Im d'avril, en mai el même ai tuellement, quand toutes les feuilles con-
tenues dans le I rgeon formé l'année préi 1 dente, el qui doivent s'épa-
C. K - 1 • \ll. N 25.) lOJ
( i4io )
iiouir durant le printemps, seul ébauchées; parce qu'alors débutent déjà
les écailles du bourgeon < ! • ■ 1 1 1 les feuilles s'épanouiront l'année suivante.
» Pendant cet épanouissement des feuilles, la végétation s'affaiblit dans
celles du sommet du rameau, de façon que sou\ ent les dernières arrivées
a la lumière u'ont que des folioles extrêmement petites. Les bases de leurs
pétioles constituent les premières écailles de la pende qui enveloppe le
nouveau bourgeon jusqu'au printemps suivant.
» L'affaiblissement de la végétation continuant dans le bourgeon, dont
les feuilles viennent de s'épanouir, les folioles des dernières feuilles ébau-
chées restent rudimentaires. La vie, en quelque sorte, les abandonne el
ne se manifeste que par l'a» croissement du pétiole qui s'élargit, s'épaissit
notablement et verdit chez les écailles les plus externes , tandis que leur
partie supérieure se détruit ; cette partie supérieure reste stationna lans
les dernières produites. C'est le ralentissement de la végétation en haut
de >es organes qui fait que les vaisseaux ue b'j développent pas tout
d'abord. La naissance de < eux-ci si ni les progrès de la végétation : ils appa-
raissent de bas en haut. \u contraire, quand plus tard la végétation devient
pins active dans le bourgeon, elle est plus puissante principalement dans
l'extrémité supérieure des feuilles ébauchées qui, dans ce cas, accroissent
surtout leurs folioles. Le développement de celles-ci l'emporte dois de
beaucoup sur celui du pétiole. Dans les jeunes feuilles-écailles, «'était le
peiic le qui prédominait grandement. C'est évidemment à cette plus grande
activité de la végétation des jeunes folioles qu'est due la précocité de
l'apparition de leurs premiers vaisseaux. I uns, nés d'abord dans
leur nervure médiane, progressent ensuite de ha ni en l>as. ( et te direction
du développement des vaisseaux n'est point, du reste, un fait particulier
aux feuilles des JEsculus : on l'observe dans l'évolution des feuilles d'un
assez grand nombre de végétaux.
» Pendant el après I ébauche des faisceaux de la gouttière Gbrovascu-
laire dorsale, il en naît d'antres ,, |.< face antérieure du pétiole, ik sont
situes, d.nis l.s coupes transversales, suivant la corde de l'arc fibrovascu-
laire. ik ferment par conséquent ladite gouttière sur toute la longueur de
I organe. Us sont déjà très d,\ eloppés dans des pétioles de -•""". J'en ai vu
débuter dans un pétiole de i""" de longueur i Esculus Eippocastanum ». Au
sommet du pétiole, chacun d'eux ne correspond pas a une foliole particu-
lière. En les suivant de bas en haut, après avoir enlevé le tissu cortical qui
ouvre, on les voit se dilater notablement sur le sommet pétiolaire, puis
se diviser, el chacun donner des branches à la face antérieure de la nen ure
médiane de deux folioles contiguës.
( l'Ill )
Les nervures médianes des folioles sont construites sur le même type
que le pétiole. Il 5 •■ une gouttière dorsolatérale relativement profonde,
formée d'un l.n^ eau médian dorsal et de trois, quelquefois quatre fais-
\ de chaqu laquelle gouttière esl fermée par trois ou quatre
eaux qui, un pen au-dessus de l'insertion des folioles, se fusionnent
en un s. -ni. large, symétrique des faisceaux antérieurs pétiolaires( Escuius
mum i.
I n < >iii ri il. aux dorsaux, latéraux <-t antérieurs du pétiole el
des nervures médianes des folioles, il \ .1 encore, dans la région centrale
enchymateuse (ou médullaire ganes, un ou plusieurs faisceaux.
Il \ «-n .1 un dans le milieu de < haquc nervure médiane <li"> folioles, deux,
[uatre vers l<- milieu de la hauteur du pétiole de 1' Escuius Bippo
tanum; il \ en ■ cinq on sii me, et sept <>n huit près du
sommet. I / tculus rubicunda en présente davantage, jusqu'à <li\ ou on e
au sommet, 11 \ en < aussi dans le Pavia rubra. Il n'en existe pas dans le
pétiole iln /'
Dans les feuilli de I Escuius Hippocastanum, ils ont fréquem-
ment tous leurs vaisseaux • la périphérie, avec le liber au centre. D'autres
les vaisseaux n<- forment qu'un 1 en le incomplet, ou n'occupent que
deux points opposés ou un seul | it de leur surfai e. Dans ce cas, ils sont
diversement orient* l ourenl le pétiole dans tout
leui . \u bas de 1 el organe, ils s'insèrent sur des faisceaux antérieurs
ci sur des latéraux l'en ai vu un s'inséranl par trois branches sur trois
faisceaux différents, sur deux latéraux et sur un dorsal. Dans ['JEsculus
rubicunda, où ils sont disposés suivant une sorte de triangle ou de croissant
sur des plans divers, on en in mi m- qui s'unissent deux à deux avant de s'in-
1 sur un fais< eau latéral périphi 1 ique ou sur un 1 ollatéral du faisceau
dorsal médian.
I m les ( laminant « I * - l>.is en haut dans le pétiole, on en peut voir qui
s'allient el se fusionnent. [1 en résulte que ces faisceaux* entraux sont humus
nombreux vers le milieu de la hauteur du pétiole; mais vers le baut de
c élu h 1 on en observe en voie de division. I à, près du sommet, six sont
mivanl un an . av« un ou deux autres sur la corde de col arc
/ tculus II mum 1.
I ne dissecl attentive montre leurs rappoi ts avei les faisceaux péri-
phériques et avei ceux des nervures médianes des folioles, lu sommet du
pétiole, un fai central se bifurque vis-à-vis de chaque angle qui
si pan la base de deux folioles adjacentes : une branche s'adjoint aux Lus-
( i4« )
ceaux latéraux «lu l>as d'une • I » - ces folioles el l'autre branche aux Faisceaux
latéraux de la foliole \ oisine.
» En suivant de haut en l>as le faisceau central m délical «l»' la nervure
médiane de chaque foliole, on le voit ordinairemenl se bifurquer à son
entrée dans le pétiole : une branche \a s'unir à l'un des faisceaux parié-
taux voisins, tandis que l'autre branche aboutit à l'un «les faisceaux cen-
traux pétiolaires. D'autres fois, les deux branches descendent dans le pétiole
et s'allient chacune à un faisceau central différent; ou bien encore, après
s'être reliées par un courl rameau, aux périphériques du voisinage, elles
se rapprochent l'une de l'autre el se fusionnent en un seul faisceau (entrai.
» Dans la base dilatée du pétiole, les faisceaux antérieurs se rapprochent
de ceux <|ui forment la gouttière dorsale el s'adjoignent aux primaires.
Les faisceaux secondaires interposés à ceux-ci b'j ajoutent également. Il
en resuite qu'il ne reste à l'insertion de la feuille qu'un nombre <le
faisceaux égal d'ordinaire à celui des folioles. ' est pour cela que les , ica-
trices laissées sur les rameaux après la chute des feuilles ue présentent la
trace que de < Inq ou de sepl taist eaux. Quelquefois pourtant, mais bien
rarement, d \ en a six. Uors, avec le dorsal, il en existe trois d'un > ôté el
deux de l'autre. El j'ai remarqué que si cela a lieu dans des feuilles de la
même pane, le nombre trois de l'une esi opposé à < elui de l'autre feuille,
el symétriquement le nombre deux de l'une au nombre deux de l'autre.
Ce qui est bien remarquable, c'est que les deux feuilles peuvent n'avoir
chacune que cinq folioles i Esculut Hippocastanum).
» En grandissant, chaque foliole produit des nervures pinnées de
i haque côté de la nervure me. liane, et à son bord, de chaque côté aussi,
des dents qui présentent une particularité bien singulière. C'esl que ces
dents qui commencent à se- montrer un peu au-dessous de l'acumen, dans
des folioles hautes de omm,6o a omm,8o, ne terminent pas les nervures
pourvues de vaisseaux les plus âgées. I n peu plus tard] d en est formé
plusieurs autres de bas en haut au-dessus des premières, sur les i ûtés de
l'acumen, et d'autres de haut en bas au-dessous, sur le bord inférieur de
la foliole i dEsCulllS Hippot OaStOJlUm ).
» Les premiers vaisseaux des nervures pinnées apparaissent dans les
plus longues de eelles-ei, i|iii vint situées dans la région inovenne la plus
ample de la lame, et qui correspondent, non aux dents ébauchées les plus
saillantes, mais aux plus larges. « es dénis de la région moyenne sent plus
larges que les autres, parce qu'elles doivent produire un plus grand
nombre de dents secondaires. Elles en donnent souvent cinq, quelquefois
,4i3)
six el sept, qui naissent de bas en haul sur leur côté externe, libre au bord
de la lame i ' i. Les dents se< laires inférieures, qui sonl les plus âgées,
peuvent portei des dents de troisième ordre. Les dents primaires situées
dans la région supérieure de la lame el celles < j ■■ i sont au-dessous dans la
h info rieure ne donnent qu'un plus petit nombre de dents secon-
daires, qui va en diminuant de Ims en haul vers !<• sommet de la t < • 1 1 ■ ►! t ■ .
de haut en bas vers la base de celle-ci. roui • * i * l>.is. la lame n'est fré-
quemment plus dentée <lu tout sur une i ertaine longueur! sEsculus Hippo-
ctutanum |.
I i distribution des dents .1 donc lieu suivant une formation mixte. Il
en est de même >!«• l'apparition d< - iux dans les nervures pinm
1 aux naissent dans les nen un- s de la région moyenne,
les autres nervures en s. .ut pourvues de basen haut dans la partie supé-
re de la lame, « I « - haul en bas dans la partie inférieure Escuius el Pa
l Kl lll\ 1
li- rameaux \.is, u la ires des nervures pinnées qui vont aux dents se-
condaires naissent régulièrement el successivement de 1>.is en haut, les
ix correspondant aux dents s ndaires inférieures.
Quand une <l<-ut s,-, ondaire porte une denl U rliaire, cette dernière a
d'ordinaire s. m premier vaisseau celui de la denl secondaire.
Quelquefois cependant ■ <• premier vaisseau de la dent tertiaire est inséré
Mir celui «I nervure voisine appartenant au réseau vasculaire. Il j a
donc un ordre d'apparil . l<-s vaisseaux dans la partie supérieure
des nervures pinnées. Mais, in nia ni que ce développement vasculaire
commence dans les pn dents secondaires, à l'intérieur de feuilles
d'environ 1 ■.•" "" de hauteur totale, il s'en fait au-dessous un autre que je ne
veux pas toutefois déclarer nettement basipète, sur la partie de chaque
nervure pinnée qui esl plongée dans le parenchyme de la lame. Sur le
faisceau vasculaire de chacune de ces nervures, il naît, après le premier
vaisseau qui ^.i .1 la denl s ulaire inférieure, un peu plus bas sur le
même côté externe, un premier vaisseau qui s'allonge dans une nervure
transverse parcourant !«• parenchyme interposé à deux nervures pinnées
voisines. 1 n deuxième vaisseau transverse apparat! ensuite un peu plus
bas, puis un troisième <-t un quatrième, etc. < es vaisseaux, à peu près
l - dénia primaires de la moitié supérieure des foliole! ' 1 / tcutus rubi-
nl bien plus fi app intes elles poi lenl des
( »4i4 )
droits ou flexueux, s'étendent parfois jusqu'à la aervure pinnée voisine ,
mais très souvent ils s'arrêtenl en chemin, se bifurquent et leurs branches
s'unissent avec des vaisseaux analogues <>u avec des vaisseaux venus du
>
côté supérieur correspondant de la nervure pinnée adjacente. Il <'n résulte
des mailles dans lesquelles, un peu plus tard, en sont formées de plus pe-
tites qui complètent le réseau vasculaire. La même production vasculaire
s'opère dans imb les intervalles des nervures pinnées, de l>as en haut dans
la moitié supérieure de la foliole, de haut en bas dans la partie inférieure.
physiologie. — i>e la glycofyse hèmalique apparente et réelle, et sur une
méthode rapidi >/ xge du gfycogéne du sang : par MM. K.
i A un chien à l'inanition depuis plus d'un jour on retire du -.nu arté-
riel, en observant strictement les précautions indiquées dans notre der-
nière Note (Compta rendus, séance du •> mai) j >< "m- la détermination
du pouvoir glycolytique du sang non défibriné ; portion du sang tombe
.m sortir <\<- l'artère dans le sulfate de soude à plus de 900 < !. pour le do-
sage du sucre initial, el quatre autres dans quatre Wallons renfermant du
sable 1 >■ 1" ' . De ces quatre portions, une reste à cette température pendant
quinze minutes, une autre trente minutes, une autre quarante-cinq mi-
nutes, el la dernière une heure. lu bout <\f ces temps on dose l<- sucre
dans chacune de 1 es portions 1 en versant le sang dans le sulfate de soude
a plus de qo°( . •. Si l'on représente par 100 le sucre initial, on obtient, en
négligeant les dé< imales, les chiffres suivants :
. Iidqur
quart d'heure.
V I • 1 ■ - i5 minutes . ' 1 ■
» 3o d 3i 7
1 "' - 1 • 5
1 heure 72 4
» Si l'on procède exactement de même chez un chien bien nourri de
soupe, on constate que, dans le premier quarl d'heure, la perte, loin d'at-
teindre l 2 pour mu, est a peu près nulle.
» Pour expliquer ce résultat, on pourrait supposer que le ferment gly-
colytique se dégage des globules blancs plus tardivement si l'animal a été
bien nourri. ."Mais cette hypothèse, toute gratuite, n'expliquerait pas pour-
quoi il j B fréquemment dans le premier quart d'heure, uon seulemenl
absence de perte, mais augmentation sensible desacre. Cette augmentation
Il encore plus Fréquente, mais Faible d'ailleurs, dans l<- sérum obtenu
pai centrifugation du sang d'un chien bien m. uni de soupe, ei maintenu
une beu C. On sait par nos recherches (Comptes rendus, séance du
que le ferment glyt olytique, <|m <^t contenu dans les glo-
I m l.-s 1 .l.iit. s. fait défaut dans le sérum. Il faut donc admettre qu'il se pro-
duit il ii sucre dans le sang et même dans le sérum l, ^iii> doute aux dépens
de la matière glycogène, donl l'existence éventuelle dans le sang .1 . i, ad-
mise par plusieurs auteurs, <-t qui, d'après M. Imau I, j serait constante.
1 connaître la quantité di qui se produil aux dépens du
glycogène hématique, il faut, par un artifice, empocher la glycolyse.
Pour cela, après l'obtention, ;i |>lu^ de 9o°( .. d'une portion de sang pour
le dosage du sucre initial, <>n <'n fait tomber quatre autres dans le sable,
non ' . mais presque goutte .1 goutt l , Nous avons montré
. 1 ompli » n ndus, séance du 19 janvii que le fermenl glycoly tique est
détruit à 'i ' I n désignant par le sucre initial, <»n obtient les
. Iiilli es suivants :
\ pi es i5 minuit
■ I In
Dans un tel sang renfermant, 1 on on voit, une quantité assez con-
sidérable de ^l\' og« ne, on l'isole fat ilemenl au moyen de la méthode <l<-
|.i m ke.
Dans plusieurs ni ajouté de la saliveau sang, is n'avons
pas observé que la production du sucre lui augmentée. Il semble donc
<|u«' le Fermenl diastasique, donl l'existent e dans le sang est bien connue,
n'a pas besoin de l'adjonction de salive.
I 11 résumé, -1 l'on apprêt ie Forl exactemenl le pouvoir glycolytique du
d'un c bien .1 l'inanition en soustrayant la quantité de sut re obtenue
après une heurt |°C. de la quantité initiale, il n en est pas de même
avec le sang d'un chien biei ri de soupe : chez lui, on n'obtienl de
cette manière que la perte apparente el non la perte réelle. Pour avoir cette
dernière, il Faut ajouter à la perte apparente la quantité de sucre qui s'esl
produite pendant le même temps el qui esl vraisemblablement égale au
1 18
18
■ •
"
I .',><•> )
gain que l'on obtient par le chauffage à >8°< , \ cette dernière tempé-
rature, la transformai ion du glycogène en sucre es! 1res prompte : aussi, au
bout d'une heure, est-on sûr de doser (à l'étal de sucre) la tut. dite du
glycogène du sang.
MÉMOIRES LUS.
téléphonie. —Su/un ré eptt ur téléphonique de dimensions t depoids r\ duits,
dit bitéléphone. Note de M. E. Hbbcadibb.
i Rem "i a la Section de l'nv sique. i
(( A la suite «le nies r, , lu -| elles sur les ellels téléphoniques, ni il a lllllienl
de celles dont les résultats onl été insérés dans les ( omptes /> ndus, les s «t
i ". avril 1889, 1 •-•. et 1 m janvier 1 891, j'ai été conduit aux conclusions sui-
vantes : Dans un téléphone qui doit servir de récepteur, d esl possible
d'obtenir à la lois la netti té dans la reproduction des indexions variées de
la parole articulée, et {'intensité nécessaire | ■ tous les us.i^es du télé-
phone. Pour cela, il suffi! : 1" de donner au diaphragme du téléphone l'é-
paisseur juste suffisante pour absorber toutes les lignes de force i\a champ
de son aimant; a0 de diminuer le diamètre jusqu'à ce que le son fonda-
mental ei les harmoniques du diaphragme encastrés soient plus aiejis que
ceux de la voix humaine, < 'est-à-dire plus ai^us que I /// .
On reconnaît, en outre, qu'en satisfaisanl a ces deux conditions, on
peut obtenir, avec des téléphones a < hamp magnétique lies faible, des ré-
sultats comparables en intensité et supérieurs en netteté a ceux .pion ob-
tient avec des appareils ., champs beaucoup plus intenses, >•! qui, par con-
séquent, ont un poids ei un volume beaui oup plus considérables.
On conçoit des lorsqu'on puisse : d'une part, prendre des aimants
lus petits a deux branches ou même i seul.-, comme ceux des télé-
phones Bell primitifs, et, par suite, des bobines très petites, ce qui permel
de réduire dans la proportion de I à ' le poids d.- i elle paille du télé-
phone; d'autre part, réduire, comme on l'a indiqué ci-dessus, l'épaisseur
et surtout le diamètre du diaphragme, don résulte d'abord une diminution
du volume de la boîte ou il esl en< astre, et, secondement, par suite de la
minceur de ce diaphragme, la possibilité de I encastrer solidement, ionien
remplaçant les boîtes métalliques pardes boites en ébonile, ce qui diminue
encore considérablement le poids total de l'appareil.
I «II-
lyant eu besoin d'employer, dans certaines recherches d'électricité,
des téléphones pouvant servir de galvanoscopes très sensibles, j'ai songé i
utiliser les résultats précédents [mur construire un téléphone très léger,
|((tii\;iiit rester li\<- aui oreilles pendant des journées entières s.ms fatigue
pour l'opérateur, el laissant l«s deux m. nu. constamment libres.
» J';n réalisé plusieurs types d'instruments de ce genre, en employant
.1rs téléphones •« un ou ■* deux pôles, ré s |>.n- un ressort en fil d'acier de
2mm de diamètre, V, comme l'indique la figure ci-contre qui représente,
réduit au quart de sa grandeur, l'un de ces appareils auxquels j'ai donné le
nom de b'uéléphonei l i botte est en ébonite , le couvercle est terminé par
.1rs ajutages recouverts d'embouts en caoutcl c //, qui peuvent être re-
tirés et changés à volonté chaque opérateui ayant 1rs siens pour son usage
et '|ui pénètrent .1 l'inU rieur des oreilles par suite i\'nu<- faible
torsion <\ arrière • tn avant opérée préalablement sur le ressort. Ils s'ap-
puient .uns] sur le conduit auditif, et une légère pression du ressort \ qui
passe -"us le menton <l<- I opérateur, réglée par lui en <•< aria ni plus i>u
moins les deu« brani hes du \ . maintient les deux télépl is contre les
oreilles. < eux-ci ne pesant que ilors que 1rs téléphones ordinaires
ni environ joo . et ne <lrji.iss.ini pas '>"" à i"" de diamètre, ne pro-
duisent pas de fatigue, ni même de gène, au bout de quelques minutes
d'u '
1 1 ressort en acier peut servir .1 relier électriquement deux des quatre
bouts des bobines, de sorte qu'il suffit de deux cordons pour relier l'instru-
ment aux appareils pour lesquels il doit servir. Ce ressort peut d'ailleurs
Être aimanté el contribuer .1 renforcer ou à maintenir l'aimantation dis
C. K. ,1891,1" Semestre. , I CXII, N 25.) ' 'S I
( «4i8 )
aimants des téléphones. Il peut, par suite, jouer un triple rôle : méca-
nique, électrique et magnétique.
» Les bitéléphones, imaginés ainsi pour un usage scientifique, ont été
essayés comme récepteurs avec les microphones transmetteurs ordinaires
sur des réseaux téléphoniques, notamment sur des lignes souterraines de
5okm à 75km de loii-ui'iii'. sur une ligne de 800"™, sur la Ligne récemment
construite de Paris à Londres; ils ont donné de bons résultats qui lesonl
(ait accepter parmi les appareils dont L'emploi esl autorisé par L'Étal dans
les réseaux téléphoniques.
» Cet instrument s'adapte à tous les systèmes de transmetteurs télépho-
niques en usage; il peut être utilise par Les personnes, si nombreuses,
qui, possédant un poste téléphonique, ont besoin, soit de prendre des
notes pendant qu'elles transmettent ou reçoivent «les messages téléphones,
soit même de Les écrire intégralement. »
CORRESPOIVDAJNCE.
ASTRONOMIE. — Observations </>■ la nouvelle planèu
découverte à l'Observatoire ■/< Nice, le 1 \ juin 1891 . Note de M. Chahlois.
ision
Dair- 19 un rlr..iir 1 . Distance polaire Log. faci.
1891. d< \ appai parall. apparente. parai);
Il m 1 h ■
Juin 1 1 1 i . ". iii ... .1 [ l3. 10.5 t>.
1 1 io. 55. 36 1 . 1... . 1 1 ;. 1 1 . i,6 ■ • ■
» La planète est de 1 '•' grandeur.
ASTRONOMIE. — Observations de la nouvelle planèu Charlois (1891 , juin 11),
faites à l'Observatoire d'Alger, au télescope tfeom,5o; par MM. Rajibadd
et Sy. Communiquées par M. Mouche/.
Plam te 1 toile.
I " • -ilc — — -— _ _-^— - Nombre
Dates île Iscenaion de
1891. comparaison. Grand. droite. Déclinaison. comp. Obs.
m i r "
Juin [2... a Zones d'Argel. <'.. it. Vienne, n° 13378 g 4-o.3i.ig — 2. 4-6 18:10 R.
12 ... a — o.3o.24 — 2. 5.i 18:10 S.
i3... a » — 0.24.08 — 2.i5.6 18: i4 H.
i3 . . . a » — o. ■ 1 . '.'■ -2.17.9 12:12 S.
i i4i9)
Position de l'étoile de comparaison.
\
■a
ur.
k m •
a
</ ■
D liaauon
Rédaction
au
jour.
\
o
-5
—5
l.inder
le l'i planèti .
:
\
i ' linais n
f.irt
paraît.
apparente.
parall.
k a ■
. .. i
h m ■
— a3. i i
0,882
i •.
. II. ,
— a3. 1 1 . 3,9
0,883
113,
i i . i i . i
0,884
i ;
ii 16,7
o,884
ASTRONOMll PHTSIQUE. Phénomêm lumineux extraordinaire observé sur
A Soleil. Note de M. I. I. Taoi w 1 m . présentée par M . Janssen.
Le 17 juin 1 . temps moyen de Paris, je projetais l'i-
solaire sur un écran, quand mon attention lut éveillée par un phé-
nomène lumineux extraordinaire, qui ae ressemblai! en 1 Ien à 1 e que j'a-
vais observé jusqu'alors sur le soleil.
rout contre le bord occidental de l'astre, «m voyait une tache lumi-
neuse sous-tendanl un : 1 1 n.- ! < • de t° sur le limbe, qui surpassait bien loin en
■ c lai les lu ules l<"^ plus brillantes que j'ai observées jusqu'ici. La lumière
ni tait pas blanche 1 omme celle des facules, mats légèrement jaunâtre et
avait ■ 1 . ! ! im e frappante avec celle des lampes .1 in< andescence,
un peu avant qu'elle n'acquière s aximum d'éclat : un phénomène
d'absorption sans doute, peut-être dû 1 l'épaisseur considérable de I 'at-
mosphère solaire du limbe. < ette lumière avait un aspect toul particulier,
i|ui la distinguai! .1 première vue de « elle des Facules, même les plus bril-
lantes. Son appare était plutôt celle d'un flambeau, brillant sur le fond
m nul m- de cette partie ■! 1 Soleil, que 1 elle d' facule incandescente.
M.i première impression fut que j'avais affaire à une illusion, el que
l.i lumière solaire, passant par quelque étroite ouverture autour de l'ocu-
laire, était la cause du phénomène ; m. us je lus bien vite convaincu qu'il
était sois
( i4ao )
» En effet, une minute plus tard, il apparaissait, un peu au nord de cel
objet, une espèce de facule étroite, parallèle au limbe, dont elle était peu
distante, et s'étendant sur un arc de 5° à 6°. Cel objet, un peu moins
éblouissant que le premier, émettait la même qualité de lumière. Sur le
long de son bord intérieur, on distinguait quelques petits points noirs
semblables à ceux que l'on voit si souvent sur !«• boni des facules qui sont
proches du limbe.
» Après deux ou trois minutes passées à observer ces phénomènes, j'a-
daptai lestement le spectroscope à la lunette, et deux minutes plus tard
j'observais les phénomènes qui étaient situés : le premier à 2810 et le se-
cond de 2860 à 2Q2°. Le premier consistait en un centre èruptif, duquel
s'échappaient des espèces de bombes volcaniques extra-incandescentes, qui
s'élançaient dans les hauteurs à 2 ou » au-dessus de la chromosphère, où
elles restaient comme suspendues, et apparaissaient, comme des globules
éblouissants, sur le fond lumineux rougeàtre sur lequel elles étaie ni pro-
jetées.
» Malgré l'éclat éblouissant de cette éruption, je fus déçu dans n
attente, et il devint évident pour moi que le phénomène lumineux s'était
notablement affaibli pendant les quelques minutes passées à ajuster le spec-
troscope. \ oulanl m'assurerdu fait, j<- retirai promptemenl cel instrument
«■I le î-eii 1 pi ara 1 par l'ot u l.m v, et je projetai de nouveau l'image sur l'écran.
1 où quelques minutt s plus tôt étincelail une si éblouissante lumière, on
ne voyait rien d'inusité, pas même la plus faible tra< e de facule.
» Ceci constaté, le spectroscope fut replacé en position. La protubérance
avait le même éclat qu'auparavant, mus les globules étincelants étaient
remplacés par des filaments nombreux et fort brillants, qui s'élevaienl .1
une plus grande hauteur.
» Malgré le vif éclat de cette protubérance, fort peu de raies du spectre
se trouvaient renversées. < mtre les raies ordinaire < ,D', F et G qui étaient
toutes excessivement brillantes, on ne voyait que la raie 6676,8, dans le
rouge, le groupe petit b dans le vert, et une raie imparfaitement identifiée
dans le bleu ; peut-être (394,8, me autre raie si lu ce dans son voisinage
immédiat. Sur les deux raies <lu sodium I >' et I >J. on ne voyait aucun indice
de rrn\ ersement.
» A ioh24m, les jets lumineux Les plus élevées de la protubérance attei-
gnaient la hauteur de '. ■_■ , . Lu-dessus on distinguai! une lumière difiuse
sans structure bien définie. I tu reste, les vapeurs lactéesde notre atmosphère
réduisaient l'éclat du phénomène.
I ,21 ,
< ette protubérance causait des déplacements considérables sur la
i les autres raies, les déplai ements se faisant par place du côté le
plus réfrangible des i par d'autres sur l«- côté le moins réfrangible.
D.nis l.i partie inférieure de la protubérance, où !<••> déplacements attei-
ent leur maximum, les déviations atteignaient 9, > dix-millionièmes de
millimètre de longueur d'onde. \ mi-hauteur <!<• la protubérance, l'un de
s. > filets c .ms.iit nue déviation un peu moindre que celle que nous venons
d'énom
\ midi, l'éruption esl un peu moins violente, mais les jets lumineux
sont , h. 01 e brillants <-t très élevés.
Le 18 juin, . I énergie cruptive de la protubérance esl encore
forte, et ses jets alteignenl une grande hauteur. IU changent rapidement
de forme, l'activité du phénomène augmentant et diminuant alternative-
ment. Quand «■! I«- augmente, les jets, qui ai ra • rent une netteté extraor-
dinaire, -"ni parallèh s de leur base jusqu'à une certaine hauteur. Il sem-
blerait qu'ils s.mt , ■ et visqueux, comme s'ils sortaient s.his forte
pression d'< ouvertures. tprès s'être élevés presque parallèlement
jusqu'à une certaine hauteur, ils décrivent des courbes qui vont s'accen-
tuant et qui, s élevant .1 différentes hauteurs, retombent vers le Soleil dans
toutes les directions. Quand l'activité diminue, la partie supérieure des
filaments lend .1 se dilater et revêt, de pins en |>lns, l'aspect des protubé-
rances non éruptives \ 1 i . le calme est rétabli, el toute trace de pro-
tubérant >• èruptii e a disparu.
Dans la littérature solaire, is ne voyons que les deux observations
simultanées, <\ 1 on el Hodgson (Monthly Notice* H. I. S.,
vol. XX, p. 1 •- 1 eptembre 1859, qui semblent avoir quelque
rapport ave< le phénomène que nous avons observé. Simultanément, a\ ci
l'éruption observée en i85q. une forte perturbation magnétique était ob-
servée c K.ew, it des aurores polaires intenses illuminaient le ciel dans la
nuit qui suivit l'éruption. En a-t-il été de même pour l'éruption de 1891 .'
mi 1 Ri] . — Sur la </' /' rminalion des sur/eu ■ 1 tpiraù 1 d'après leur élément
tinéain . Note de M. L. K w * 1 . présentée par M. Maurice Lévy.
\n\ termes d'un beau théorème, dû à M. Maurice Lévj 1 ' l, étant
donnée un* tpiraù quelconqu ,UenexisU une double infinité d'autres, qui sont
(») Comptt 1 I.WW 11. p. 788.
( «4aa )
applicables sur elle. Leur détermination dépend d'une équation que nous
allons mettre sous une forme remarquable.
» On sait que tout élément linéaire de spirale peut s'écrire
(I) ds* = e*'Vi(du* + dv*),
en désignant par U une fonction de M. D'autre pari, (on te spirale est repré-
sentée en coordonnées semi-polaires par les formules
s = s0< r = r„e' '', 8 -to0-+-Av.
■ m : . ■ . sont des fonctions île u, ei h une constante. En identifiant son
élément linéaire avec le pré< édent, on trouve les trois conditions
I »,
' ' < = o.
■ l .
mi les accents désignent des dérivées. Ce système détermine les trois fonc-
tions in< onnues.
» Dans l'hypothèse particulière 1 k* o, qui ne convient qu'à 'les
spirales imaginaires, Tel un mai ion île .- , ei Je . . donne
l - i il- I -I • o.
équation lima ire par l'appui I a / . < >n peut donc I nui ver par quadratures
seulement une infinité simple «le spirales imaginaires applicables sur toute
spirale donni e.
» Dans le ea s général i -\- k* o, éliminons r„ et . , entre les trois e.pia
lions précédentes; il vient ainsi, imis calculs faits,
(l) k\i : >=*M '-1 '».
» Telle est l'équation du problème. En la supposant intégrée, on con-
naît s0, et par suite /„: il n'\ a plus qu'à effectuer nue quadrature pour
avoir io0. Or l'intégrale générale s, contient, outre le paramètre k, une
constante arbitraire, ce qui démontre le théorème de M. Maurice I .<-\ \ .
o 1. L'équation < i i, malgré sa simplicité, n'est pas de celles que l'on
sait intégrer en général. Comme elle est <lu -enre zéro par rapport à z„
<l r . on peut la ramener a un type étudié par divers auteurs. Posons, en
.11.1 .
A-'U'-l ; __, ;/1 „ _JJ . _ /(«) .
7î —/ \" ■
v/i -t- ? ° \/m*
( i4*3 )
nous obtiendrons pour équation transforn
•■.,!.■■ _,]=„.
Or celle-ci esl visiblement intégrable par une quadrature quand la
logarithmique .l>- f(u) esl < onslante. I d moyeu simple de réaliser
■ rconstance consiste .1 prendre l ■ . I a conséquence, quelle </ut-
toit l,i < orutanlt m, nu peut "/'/' nir pardi - quadratures (ont, s h s spirales d'élè-
iii- lit UtU nir<
,/s- ,- ,- : r • ,/.
I, Il \n-iii de remarquei que l'équation (1) est exactement de
même forme que celle donl dépendent les lignes géodésiques des spirales.
Soit, '-ii effet, Pi ". c \ l'intégrale générale de l'équation
I- 1 l -.
1 in sait que les géodi siques des surfaces <jm admettent l'élément li-
aéaire 1 I ont pour équation finie t P const.
Supposons, d'autre part, qu'on ait, par un procédé quelconque,
complètement déterminé les géodésiques, ce qui arrive pour <h\'
classes de spirales. L'équation Unie <1<- 1 es lignes est, d'après ce qui pré-
. ède, de la forme
1 . ......
i.int les il<-u\ constantes arbiti lires, Fe .lis qu'on en peut déduire
l'intégrale générale P de l'équation I t effet, en différentiant l'équa-
tion | 1 ' par rappoi t à r, on troui e
PP P P
d'où l'on tire, «-n ayant 1 gard à l'équation
P p 1
i' i' 1 i- ■
\iiim P se déduit de P pardiffy rentiation. Or, à cause dee"P| const.,
,,. .us aurons P 1 à un fa< leur près, 1 e qui suffit 1 par l'équation
I », p;,
, i onnaissanl de la sorte,] ' certaines formes déterminées de la
( '4*4 )
fonction -l. l'intégrale générale de l'équation
I : -- U),
si l'on voulait en déduire des cas d'intégrabilité de l'équation (i), il lui
«Irait poser
fi) »_ rj'l **,],»(« |;
l'équation ainsi établie sérail du même type el présenterait !»•> mêmes dif-
ficultés d'intégration que la proposée. Remarquons toutefois qu'il suffirait
d'en apercevoir quelque solution.
» C'est ce < j ii i arrive, par exemple, quand <m cherche les spirales appli-
cables sur la surface engendrée par la développée d'une chaînette tournant
autour de sa base; leur élément linéaire étant
,/v-' - COS' " i.hr ■ d\ .
on est conduit à intégrer l'équation
V(z\ - : ■ > 4'COS1- - ! sin»".
i
qui, pour a£ = t, se réduit à z; .- . cosa.
» Or. j'ai montré (p. 5i 8 de ce Volume) que l'élément linéaire des spi-
rales harmoniques peut, dans le i is général, «ire ramené à la forme
,A- , • faco — As, ,, - \(du* + dva).
( ni m m i sait trouver les géo lésiquesde toutes les surfaces bar un pu -s.
un connaît, quels que soient a, b, m, l'intégrale générale de I équation
• "
' " ; • r, ' "
acos '-sin — ,
b sin
qui, pour /// 2, </ b i . se réduit à la proposée. < >n c ait «Inné une
infinité simple de spirales applicables sur la surface considérée. »
géométrie. — Sur une class< particulier de congruences de droites. Noie
de M. <<■ Goicbabd, présentée par M. Darboux.
« Soit I) une droite de la congruence; F, I 1rs foyers; C le milieu de
II''; II le plan mené par C perpendiculairement à D. Appelons surface mé-
diane le lieu deC, surface centrale l'enveloppe de II. Les congruences qui
I i , .■ 3
fonl l'objet de cette M lenl cette double propriété; aux dévelop-
pables i\<- li congTuen respondenl des courbes conjuguées sur les
surfaces mr.li.nn' et . eutrale.
i des quantités proportionnelles aux cosinus direc-
teurs de D; par les "données du point C; par xtytz,, x v . : .
celles de I et F'; supposons toutes ces quantités exprimées à l'aidededeux
variables u et f>, telles que // const., i const. représentent les dév<
loppables de la congruence.
La premier ndition exige qti enl solution d'une équation
de I aplai e i a\ iri ints èf> iux : • es quantités étanl déterminées à un fac-
teur près, "H pourra supposer que cette équation a la forme
On aura dors
'
'
1
•
avec les formules analogues p étant une quatrième solution
de l'équal
I ■ i ivons maintenant que la seconde condition est satisfaite. I es coor-
données iln plan II sont
cl /'.
/'
II l.iui et il suffit que /> soit une solution d< i). O on a, en tenant
compte des équation et en posanl
-
—. 2à du '
àp v • ■''
_ ; 0 1
C. h.. Semenrr (T. CX1I, N 26
( '426 )
». Or
( )n devra avoir
l ii différentiant par rapport à v l'égalité
Mmi fin ■ illi
V " M .-•
du
,1/1 di
à
à
,h
o.
on aura
V
lit- du ■ .m ,h au i)
I .'équation i 3 | de\ ienl alors
>. M -.-
ce qui se réduil «
\iiim '/ doit être une fonction de p. Le problème revienl donc à trou-
ver quatre solutions . . et "k d'une équation de la forme I ■ l et telles que •■
soi! une foncti I<
Voici des solutions particulières
i ' ) constant; les surfaces focale ïe réduisent •• des courbes.
constant : les développables de la congruence touchent les sur-
faces focales suivant leurs lignes de courbure; les courbes conjuguées qu'on
trouve sur la surface centrale ^"ni des géodésiques.
. ',■ . : les surfaces médiane et centrale s<>ni confondues; la surface
commune est minima et la congruence est composée 'les aormales à cette
surface. »
GÉOMÉTRIE. Sut certains systèmes d* coordonnées sphériques et sur les sys-
tèmes triples orthogonaux correspondants. Note de M. A. JM.nn. pré-
sentée par M. Darboux.
« Je me propose de montrer, dans cette Note, que la détermination des
surfaces 2, qui forment une famille <le Lamé lorsqu'on les soumet à une
( «427 )
translation i ne convenable, revient à i elle «1»^ systèmes sphériques
orthogonaux -.. pour lesquels les paramètres différentiels y-' el ps <l<*
l'élément linéair • de la sphèi c véri6 • il la rela
Si I >>ii désigne par - coordonnées d'un point (|iii-lc-«>nt|ti«-
de la surface I rapportée .1 ses lignes de courbure (v) et (u 1, les équa
ris
représentent 1 1 famille P obtenue en transportant i. parallèlement à < >: :
de plus, suivant qu'on \ suppose i ou " fonction de h . elles donnent une
surface < [ m 1 < oupe 1 dans chacune de ses positions suc< essives suivant une
de ses lignes de • bure > 1 ou (u . Pour qu'il existe deux surfaces 2
el 1 qui, transportées parallèlement 1 '•--, forment h-s deux familles
1 onjuguées .1 l , il faut alors <•! il sulfit que les équations
f*l A dw >>. : '/// -f- n du
exprimant l'orthogonalité de 1 el 1 avec 1. donnent séparément une
fonction de w, la première pour > . la seconde |»>nr a. < lela i\i_;<- que
•*<ni indépendant de ". el . indépendant <l<- > . D'ailleurs ces deux condi-
tions se ramènent .1 une seule
o,
qui exprime la propriété suivante, < aracléristique 'l<"> surfai es 1 :
/ plan P mem fur chaque point M dt 1 perpendiculairement n />i di
qui joint U s deu t centn 1 dt courbun g< 0 A s trbure (6) et
lu) en M n tte parallèle <t u ' ette droitt m wqui d'aillé trs la
direction dt ta translation <i 1 doit être soumise pour engendra une
mille de Lam
Connaissant S, on aura 2 et 1 à l'aide de deux qu idratures qui intro
duironl les <l<-u\ paramètres de position > , «'t », <l<- ces surfaces. Poui
rapporter les points de l'espace aux coordonnées «,, f,, tv, on remplacera
dans 1rs équations (1) v el u par leurs valeurs en fonction de c, w el
,/, ,, . que I "n obtiendra respectivement m faisant l'inversion des deux
intégrales préi édenles.
( ■ (28 |
» Comme conséquence Immédiate «lu théorème précédent, on remarque
le suivant, que l'on peul rapprocher des résultats donnés récemment par
M. Lucien Lévj dans le Bulletin des Sciences mathématiques :
» Si une surface est une surface i relalivi ment a trois translations rectilignes
non parallèles à un menu plan, cette surface est nèa ssairementunplan ouum
sphère; si ces translations sont parallèles a un mime plan, on doit, pour avoir
toutes les sur/aces 1 corn {pondantes, adjoindre au plan < t à la sphère tous les
cylindres dont les génératrices sont perpendiculain i a ce plan.
» Comme les expressions — et -. sonl seulement fonctions, la première
1 '.i ; ■
de u, la seconde de c, on peut, sans changer les lignes de coordonnées,
rendre ij etti, égaux respectivement à a et b . La relation! i i montre alors
que r e.st égal à — r,, et de là résulte la relation < i l. Réciproquement, on
sait que, pour une surface donnée par sa représentation sphérique, les trans-
lations ; et r, vérifient chacune une équation de Laplace; si l'on tient
compte des hypothèses qui caractérisent un système -. on voit que : et y, ,
admettent les valeurs correspon lantes
/ a ia ■ ;</ . y., i.l> Jjl> -\ h .
» On vérifie, en outre, que la surface In un ne par ces valeurs de : et m, est
une surface 2 pour une translation rectiligne dont les cosinus directeurs
sont proportionnels a . 8, •
» En résumé, à chaque système s correspond un groupe de surfaces -;
toutes ces surfaces d'un même groupe se- déduisent de trois d'entre elles par
composition géométrique. Réciproquement tontes les surfaces 2 peuvent
être obtenues de cette manière.
» Pour le système <r formé de méridiens et de parallèles, la relation i j i est
identiquement vérifiée, i ar </ et r, sont nids; on reconnaît ainsi que tontes
les surfaces moulures de Monge sont des surfaces £. ( e sont d'ailleurs,
parmi les surfaces dont les normales sont tangentes à une développante,
les seules qui jouissent de cette propriété.
» D'autre part, j'ai montré dans une Note antérieure que, de chaque
solution de l'équation ' ! relative au système conjugué Ion ne par les lignes
de courbure d'une surface, on peut déduire une solution correspondante
de son adjointe < ! Ce résultat peut être énoncé de la manière suivante :
.1 chaque solution de l'équation <> correspond uni surface qui admet la repré-
sentation sphérique considérée. La différence 11 - \\ entre les rayons de cour-
bure principaux de cette surface est une solution y. de G : et réciproquement.
Il en résulte <|u>-, gj | ,,,, connaît une surfa* e S admettant une repré-
sentation sphérique un système -. on obtiendra pour cette surface, à l'aide
île quadratures, un groupe de solutions pour chacun des problèmes équi-
valents i celui cl<- la représentation sphérique.
Ces surfaces S sonl d'ailleurs caractérisées par ce fait que, si on les
rapporte .1 leurs lignes de courbure, les paramètres <!<• leur élément
linéaire vérifies! aussi une relation <l«- la forme l 1 1. On en déduit, par
exemple, <|u<- lr> quadriques el les surfaces minima .1 lignes <!<• ( ourbures
planes -"ni des surfaces S. En d'autres termes, les systèmes sphériques
composés il ellipses sphériques homofocales, ou d<- cercles pour les »l<-u x
familles, sont, comme il est facile de l<- vérifier, des systèmes 1. l'ai obtenu
toutes les surfaces 2 correspondantes; l'espace me manque pour les d< er
ici.
1 1 obtenu des résultats analogues aux précédents pour les surfaces
'|tn engendrent un.- famille de I urne quand «m les soumet à un mouve-
ment hélicoïdal convenable, el aussi pour l«-s suit 1 dont les bomo-
thctiques, prises relativement .1 un certain centre, forment une semblable
famille. La proprié ti itique des surfaces 1, <-^i une généralisation
immédiate de celle des suri 1 / plan I'. qui pour 2 resu paraiié,
uni droit, /if. iluti /mur 1 pau ' par un point fixe, i < point < </ d'ailleurs
nin d'homothi l ni à I
De li aussi la conséquence suivante : Si une surface esl une surfa< e
I relativement « tn-is centres d'homothétie non situés en ligne droite,
cette sui tairemenl un plan ou une sphère; si ces centres
simii mit une me droite, on doit, pour avoir toutes les surfaces 1, cor-
respondantes, adjoindre .m pi. m el ■> la sphère toutes l<-> surfaces de révo-
lution autour de cette droit*
m i. h l'amortissement - lotions hertziennes.
Note '!'■ M. V. Iêji iikm >.. présentée par M. Poincaré.
I 'amortissement «1rs oscillations électriques '!<■ l'excitateur de
M. Hertz peul se déterminer par une méthode simple, quand <>n fait les
deux suppositions suivantes :
i" Le i vemenl de l'électricité dans If résonateur a un caractère
assez simple pour être représenté par l'équation il'1 mouvemenl d'un |>cn-
dule agité par une force périodique.
( i43o )
» 2° L'amortissement de l'excitateur, et, par conséquent, celui de cette
force périodique, esl considérablement plus grand que celui du résonateur.
» Ces suppositions laites, on |><jut calculer l'intensité des oscillations du
résonateur en fonction du rapport «le *a période à celle »!<• l'excitateur.
< )n trouvera des indications suffisantes pour refaire ce calcul dans la
Note \ <lu récent Ouvrage de M. Poincaré : Électricité et Optique, II. Cette
intensité e^t susceptible d'être mesurée, dans des unités choisies arbitrai-
rement, par un procédé èlcctr trique ('); le rapport des périodes
s'évalue de la manière connue au moyen de longueurs d'ondes. Il ne subsis-
tera donc (huis la formule qu'un paramètre essentiel : le décrément des
oscillations émises par l'excitateur. J'ai déterminé cette constante ai i
une série de neuf résonateurs « i< >n t les pi o les avaient «les valeurs com-
prises entre ".'s7 et i.i I, prenant celle Je l'excitateur pour mute.
I n \ oici le résultat principal :
l n excitateur, qui produisait <lans des lils nue longueur d'onde de
im. ■, avait le décrément logarithmique 0,26 : c'est-à-dire que le rapport
de deux élongations dans le sens positif était égal à 0,77. Iprès une ving-
taine d'oscillations, "n peut dune considérer le mouvement comme de-
venu insensible, et Le phénomène ne dure guère qu'un millionième de
se de.
L'< tincelle était dans < e e.(s de 1""" à a '; si on l'allonge, le décré
nient augmente; il j a aussi d'autres dispositions expérimentales qui pro-
duisent des effets analogues. I e décrément n'est donc pas de nature bien
constante.
n En gardant toujours les suppositions 1' et ', on arrh eà une détermi-
nation de l'amortissement du résonateur quand, aux mesures indiquées
pins haut. On ajoute celles de l;i longueur de l'étincelle secondaire, ce <|u
permet d'évaluer la différence de potentiel entre les pôles du résonateur.
J'ai ainsi trouvé le décrément logarithmique de 0,00a. Cependant, il ne
faut considérer ce nombre que comme une approximation gro
les propriétés de L'étincelle secondaire n'étant pas assez connues. Mais quoi
qu'il en soit, il \ a toujours là une vérification «le l'hypothèse 2".
De l'amortissement considérable des oscillations émises par l'excita-
teur, on peut tuer des conclusions importantes. Si les les se réfléchis-
sent pour se propager dans le sens contraire, il 5 aura toujours interfé-
(') II. Hertz, Mechanische Wirkungen eleclrischer Drahlwellen Innali
Il iedemann, 1. \I.II. p. \< - .
( '43i )
rences entre une grande el une petite onde. Ce n'esl donc plus dans
■ m ordinaire du mot qu'on peul se servir d'expressions telles que
nœuds ou déjà dans le premier nœud, le mouvement surpasse
un dixième . des ventres voisins; dans une distance de quelques
longueurs d'ondes du miroir, la différence «le- maxima e des minima
«le\ lent insensible*.
Le calcul, ou môme un raisonnement très élémentaire, montre qu'un
lateur, placé dans ce champ d'ondes interférantes, prend des oscilla-
tions dont les amplitudes varient pé liquement en raison de la distance
■ In miroir. Dans l'expression «les amplitudes, il figure «l«'ii\ longueurs
d'ondes, |a premièi spondanl aux mules émises de l'ex< itateur, la
mde •« des ondes qui n'ont pas d'existence réelle, m. us dont les lon-
gucu respondraienl anx oscillations propres au résonateur. Si les
d< « r< ments que nous ve is de trouver sont justes, quand même ce ne
t que pour l'ordre à leur, le premiei ie de maxima el de
mu .1 plètement par le second après une dizaine d'oscilla-
j. si l'étini elle s«c< ondaire ne se produit qu'après , .■ moment, le réso-
nateur ne nous fera observer que l'internœud correspondant au second sys-
tème de maxima et de minima, «•! nous arriverons au phénomène connu
«le la résonance multiple sans irs à l'hypothèse à l'aide de la-
quelle MM. Sarasin el de I « Rive ««ni expliqué leur belle découverte.
M. Poincaré le premiei « proposé cette explication, en arrivant pai-
lles considérations théoriques ■■ trouver «les valeurs des amortissements
semblables à celles que j'ai trouvées par la voie d'expériences. I exposé
détaillé de mes i •■< herches parait) « dans les Annalt * ; Wit demam
OPTIQt r. Transmission de Ui lumière à travers les milieux troubles.
Note de M. A. 1 1 ■ ki«>\. pr< sentée par M. Mascart.
I « quantité «le lumière de longueur d'onde X, transmise •« travers un
milieu trouble assujetti ■> remplir certaines conditions théoriques indi-
quées par lord Ravleigh, el résumées dans l<- Traité d'Optique de M. Mas-
cart, peul être représentée par la formule I : l désigne l'intensité
initiale el k une constante dépendant de l'épaisseur ii aversée et «lu nombre
d'éléments troublants que renferme l'unité de volume «In milieu. On en
déduit facilement la rel i i"^ . I"^- const.
D'autre part, quand «m traite certaines liqueurs par un réactif don-
( i43a)
nanl naissance à un précipité, on observe que, dans des conditions conve-
nables, la masse liquide prend une teinte bleue, ce qui indique une grande
diffusion des radiations de petite longueur d'onde. Pour étudier la lumière
transmise à travers ces liquides, je me suis arrêté au dispositif suivant:
» La lumière émanant d'une lampe rencontre une glace sans tain incli-
née à \ 5° sur la direction du faisceau qui tombe sur l'ensemble des prismes
de Nicol. d'un spectro|iliotoinètre de M. Crova. La lumière réfléchie par
la -lace transparente est renvoyée par un systèmede miroirs dans la direc-
tion de l'axe du spectrophotomètre. En avanl des prismes de Nïcol on
dispose une cuve remplie de liquide transparent, et l'on cherche pour
quelle position du nicol mobile les dem images ont la môme intensité
quand la fente oculaire du spectrophotomètre se trouve sur une raie
connue du spectre. < m ajoute alors le liquide troublant et l'on cherche la
nouvelle position du nicol correspondant à l'égalité des images. < > >sure
ainsi le rapport de l'intensité de la lumière transmise l à l'intensité l„ de
la lumière incidente. Iprès avoir Fait cette première opération, on recom-
mence en plaçant la lente oculaire sur la rue P en ayant le soin <l étudier
d'abord la lumière transmise par le milieu trouble.
■ Les expériences ont porté sur l'eau troublée par l'addition de •"
d'une solution de gouttes d'essence de citron dans s5ocl d'alcool à
■
q5°. Les dimensions de la cuve étaient les suivantes : longueur, ora,io; lar-
geur, o'", 5; profondeur, om, 7. I es tableaux donnent le rapport mesuré,
la valeur de ) ' log • les longueurs d'onde étant évaluées en dix-millièmes
de millimètre, et enfin les valeurs de .■ calculées d'après la valeur
moyenne de ) ' lov.
■ 1
/•/. ■
'•■'"- 1
Cali ul
287
o,58o
Raies. I
• ! 0,705
D 0 -
Deua ième <■ //" / ience.
1 . . 1
Raies 1 ' 1
E o,464 287
I I o , 1 o , 6 1 5
( ' tf3 )
/ • ••
! ... i
l '''"- l Calcul
D
1 »" peul remarquer que les valeurs de . correspoudanl .1 la raie I».
-«•mi variables d'une expression •> l'autre; cela tient .1 . e que, 1»^ de sa
pn para lion, le milieu trouble se modifie ;i>siv. vite, 1 1 dès lors il est clilli-
cile 'I opérer toujours dans <!<••. conditions identiques
' 'h a obtenu des résultats semblables en versant dans de l'eau cou
11111I iln chlorure de potassium iD d'une solution d'azotate d'argent con-
tenant -•>>• par litre :
' 1
1 - 1
1
D
0
1 1
1 " 1
1 1 1 ;
i'
1 1
r 1 1 tkui.
1
1 *
I .1 loi théorique parai I donc se vérifier, dans I<'n deux cas, au moment
de la Formation du précipil
M. un Ii - propriétés optiques se modifient, ainsi que le montre l'étude
d'un milieu trouble produil ave< l'essem e de citr dans les mêmes con-
■ :. H •• .1 XII. v 251 I06
( i434 )
ditionsque précédemment, observé quelques heures après sa préparation :
i; i I Calcul.
C ••.'..., |Oi
1 1 • • . '. i . , '• i j • ■ , 5 i i
I ... o, Ig5
I ... o,3oi
» Dans ce « as, <>n peul représenter les expériences par la formule
I l„< . a •> 1 1 . b 0,09,
établie en supposant qu'il j a une diffusion générale indépendante de la
longueur d'onde se superposant au phénomène primitif.
» Au bout de quelques jours, <>n aurait
// 0,0 /' ' " i- 1 ■
I.' liquide trouble parait blam .
Je m'occupe en ce moment d'étudier la lumière diffusée ainsi <|ur les
phénomènes de polarisation présentés par !<•> milieux troubles, désirant
appliquer les résultats 1 la discussion d'observations faites à l'< observatoire
du Puy de Dôme sur la polarisation atmosphérique.
ÉLECTRICITÉ. — Sur t 'électrofyse du chlorure <l baryum pur ou mélangé de
chlorure a\ sodium. Note de M. G.Limb, présentée par M. Lippmann.
a J'ai fait ces expériences dans l'intention d'extraire !<• baryum métalli-
que. 1 n creuset de grès de " ".. •',>,.," contenait le sel. L'anode était tou-
jours constituée p. ir un 1 lu 1 !.. .m jil.it de V"1 de largeur, plongé d'environ
S"" dans l'électrolyte; une plaque de fer forgé formait généralement !.. 1 .1
thode ; elle était entourée, dans le sel fondu et à l'extérieur, d'un Long
vase poreux, <l<>nt le fond avait été supprimé. J'ai employé quelquefois
aussi un autre charbon semblable au premier. I tans tous les cas, la cathode
plongeait de [o™ environ.
» l.e courant était fourni par une petite dynamo, à double excitation,
réglée pour maintenir entre ses bornes une différence de potentiel con-
stante de 10 volts, quel que soit le débit. I>.m- ces conditions, on avait à
peu près 3o ampères au début ; mais au bout de quelques minutes, avec le
( r435
chlorure de baryum pur, le courant baissai! rapidement jusqu'à ■?. ou 3am-
p res seulement. Il se formait donc, peu l'électrolyst , un . I < - j > . » t infusible très
i îtant l n agitant fortement la cathode, -;ius la retirer, le courant re-
prenail sa valeur première, et ainsi de suite | ' >. Je continuais cette ma-
ihi n\ re pendant deux hem ron.
En cassant le creuset après refroidisse ut. je n'ai jamais pu con-
stater la moindre quantité <!<• métal sur la cathode en fer ou en charbon.
Il était difficile d'admettre, en effet, que cet accroissement énorme <!<• ré-
sistance fût produit par le dépôt du métal; le sel dissous dans l'eau n'i
que l"it peu alcalin, la neutralité s'obtenait par l'addition de quelques
gouttes seulement d'at ide chlorhydrique. < Ir, d'après la I<m <!<• Parada] , le
< ciin.iiii yen de 10 ampères aurait «lu libérer, en deux heur
o i !6oo
environ de baryum métallique I qu'il se produisait un sous-
chlorui
l'ai remplacé alors l<- sel barytique pur par un mélange ■< parties
ive< du < hlorure de sodium, dans l'espoir d'avoir plus de fusibilité
et d'empêcher peut-être cette action sec laire. Dans les mêmes condi-
i >. l'électrolyse se produit très régulièrement, et j'ai pu continuer
quelques opérations pendant quatre heures, sans agiter, en ajoutant de
temps en temps une pincée du mélange. Pendant que le courant passe,
comme dans le cas «lu sel pur, l< chiot i dégage abondamment, en pro-
duisant une espèce 'I ébullition autour » I « - l'anode.
Mais ji- n'ai pas été plus heureux pour obtenir du métal; une seule
fois pourtant, en mettant dans l'eau les fragments <!•• la cathode, il s'est
une petite bulle d'hydrogène que j'ai enflammée. D'après la l«»i
de Faraday, j'aurais dû préparer environ 260* de métal (pour a5 am-
Dans 1 e 1 as, comme dans le premier, le sel est peu alcalin. Le vase
poreux, qui protégeait la 1 athode, dépassait le liquide de plus de m"" : le
chlore, entraîné d'ailleurs par le fort tirage du fourneau, ne pouvait donc
la laissant un instant .1 l'aii poui oxydei le dépôt,
puis la replongeant, le courant reprenait son intensité; mais ci proi d< est évidem-
ment inapplii able.
Malthiessen opéi de densiu de courant sui la cathode;
.1 es conditions qu'il ■> >'u quelques globules de baryum.
( i436
passe recombiner au baryum. Il était Forl i supposer qu'il se formait un
sous-chlorure de baryum, ou bien de sodium, peut-être une combinaison.
C'est, en effet, ce que les analyses m'ont démontré. .'Vu ai fait trois
sur les produits de différentes opérations. Voici les deux qui diffèrent le
plus :
Poida de matii <■
Bal l libn
i l total
Ba d duclion faite | r BaO
\ i pai diffi r<
a Or, pour l.i première analyse, Ba el Na i ■ genl ensemble i •.--< I : M
en manque doni ,.rs: pour la deuxième, Ba el Na demandent 18,78: il
manque 1. ï 1 • H ) a donc un sous-chlorure quelconque
i BIMIE. ' aïeul de lu température d'êbullUion d'un liquide qut Iconque *<"/»
toutes les pressions. Note de M. G ff niaicM
Lyant démontré dans 1 Communical précédente (même rome,
l>. < )< (S » que la l<>i énoncé» esl l'expression exacte des températures d'ébul-
liiiiiii en Fonction simple 'In logarithme » I » 1 poids .11 rue, il esl aisé de
Faire voir que la môme loi s'applique aux pressions des vapeurs.
Si l'on prend 1>' logarithme de la pression/) 1 en atmosphères 1 comme
abscisse el la température / d'ébullil comme ordonnée, la courbe ob-
tenue se confond avec la bram ne parabolique de la Note pré< édente, <-i «•-.!
terminée au poinl critique. I .1 tangente pour ce poinl <-si tracée jusqu'au
zéro absolu de température où l'axe des abscisses esl coupé en .', . La tan-
gente, <>n bien la limite logarithmique, esl la ligne droite menée «lu poinl
critique 1 f>. - > au poinl du eéro absolu I o, !"_■/' .', 1 de la substance
considérée.
» Pour abréger, posons
(14) \ogp
çt nous aurons évidemment [voir la Formule générale g . p. »|
(i5) Y, K.
1 ' N-,l,-|n- "1 — '^ i. iuées de cette quantité calculée ï,, donne-
,""' ,es v»'eo«« I le Y, qui ser rapportées à une base recti
liSnadu m iphique, el former I ,,|„- parabolique
1 K
mi
s' ' mI"' ■ • '• ' nde è( belle soin, il n'esl pu difficile
d'obtenir la valeur du • i. K
l'"'" i, K si constante; mais, en théorie,
doil din quand \ augmente,
K a b\.
ourbe monl a tout cas fournira les valeurs de a el
de 6. Par des pi simples, on corrigera aussi la posi-
iphique de la tangente pour obtenir la position » paie.
lyanl la val< toutes les constantes, on calculera la température
absol I « bullition I iquc valeur de /' observée, d'après la for-
le
i K K
déterminé les constantes pour une vingtaine >\<- substances très
volatiles; li Li uples que i<- >\ e ici suffiront pour
démontrer que li loi : I im-< les observations.
Il faui .,i de d< ■ Iditionnelles el systématiques,
-m des composés horai . el depuis les basses pressions jusqu'au
point ■ li mi point est i rès importante.
létcrminal on théorique de ces constantes sera donnée dans une
autr» \ montrerai que la température critique est fournie, en gé-
I. par la ic fonction que les points d'ébullitiou ordinaires ; que
stantes -, k . k sont des fonctions linéaires de 8, el <l «■m
d'inertie des atomes, el qu'enfin la constante K, •> une valeur égale à > K.
à peu près, indépendante de l'influence de la forme atomique. l>:ni-> les
mêmes conditions, les valeurs de Ç, seraient toutes égales, déterminant
un eéro absolu de pression el de température, qui, d'après les détermina-
tions plu tes, doit se trouver entre — 1,2 el i, 3 au lieu de i ,4 •
suivant l'énom
( > 138 i
» L'application dr ma formule iu cas ordinaire, <>u le point critique
n'est pas connu, sera ég il< ment considérée.
m CO ; observations d'Olzewski, 6 i '<•,".''.- 15,5. Mes constantes
K, ', ; ". k 7"..» el ', i ,55o donnent :
Pour/ i
I - «râleurs ■ • « " i
/ obseï vé
Erreur t — tt. . o,i
Il \ : observations i ault.de !o à ioo : point critique ■ h'
sons i [3 atmosphères, d'apri -• \ incenl et < happuis. On trouve
K,
i".-''..
K
io .
el
i . ■•> . '.
/ . aïeule .
/ obsen é . . — ?>■ ■
Err. t /' . ■■ ~
. -
i 1 1
i.i i •■
i I- -. observations de Knietsch. Je trouve les constantes
K i , i ■. K lo ,5 \.
I .M..I .
l calculé .,.,..
T obseï vé
l preur T-
I
jlQ
' ■
0,1
Il 'O. Pour l'eau, la détermination du point < • 1 1 1 • 1 1 1 •
atmosphères i Dewar) est inexacte, "n les mesures de Regnaull le sont. Je
trouve que les valeurs de Regnaull, de ïo° -i tio°, indiquent, comme va-
leurs probables, 6 i ii- | atmosphères, donnant les constantes
K, i66°, i, K . ■ : i • i i" avec \<-- erreurs sui-
vantes :
Pour /.
Erreur t — t . . ,
.
< 1. 1
I .;i fixation exacte < i expérimentale du point critique sera nécessaire
pour la détermination finale il.- ers constantes ' .
(') Depuis l'envoi il-' la Note de M. Hinrichs, le poinl critiq i la pressi
respondante poui l'eau oui él déterminés de nouveau par MM. Caillelel el Colar-
deau : -.ii 365" el ce I; ,-il. p. n; M. B.
I .1
1 niMii . . ;soiuOoru dt t s eu , Uoa ydt
x de M A Rbgoi »\.
On uil que les dissolutions des sels normaux de sesquioxyde de
i brome qui i \ olettes prennent, lorsqu'on l«-s porte à l'ébullition, une
' [u «m les abandonne ensuite, elles reprennent, au boul
d'un temps plus ou moins long, très variable av« la nature <lc- l'acide du
sel, leur couleur pi tive. 1 ngement de couleur a donné
lieu her< hes qui n'ont pas toutes c luit au même
Itat.
I plupai td , Lœwel , Fi | onl admis
que, sous l'niii i chaleur, le sel dissous éprouve uni modùtca-
: mais ils ne nous ap-
'm ■■ de i ette modification. IK appuient cette bypo-
iln ■■.!■ sui des sels verts possède des propriétés
diflercnti Iles de l'oxulc pi les sels violets '-t que, en par-
in ni ixvile dans un acide, on régénère une
pité d'une dissolution \ iolette
plus loin que cei i n'esl pas
tout i '
Ouclq culier Schri itter l i, oui admis que
|r < I. iuleur d< ilution est dû à une déshydratation par-
tielle du ' celte hvpothèse a été réfutée pai les remarquables
Enfin quelq mis l'h\ pothèse que, sons l'influence
de li chaleur, chrome dissous se décompose en sel basique so-
ie] acide. Les uns [Krûgi
S i ■ hvpothi •■ fait, que certains réa< tifs,
iue l'ai I. pr I de la dissolution verte une matière verte qui
«•si m, ' • preuve est insuffisante, car
ne prouve que la formation du sel basique ne soil pas due à l'in-
ention de l'alcool. Un argument plus sérieux a été apporté par
/ i. VII, p.
• XX. V II
i. LUI, ]
l/t/i i . I \ I
i . f ■ \\\ I. p. 86.
( « 4 i *> )
Van Cleel i ' I, qui, en soumettant à la dialyse une dissolu in in verte, a con-
staté que le dialyseur retient une liqueur qui renferme moins d'acide que
le sel neutre, tandis que, dans l'eau du dialyseur, <>n trouve plus d'acide
que dans le sel neutre. ' ette expérience mel hors de doute l'existence
d'un sel basique dans les liqueurs vertes.
» Ou pouvait d'ailleurs l'admettre comme probable par analogie av<
qui a lieu pour les sels de sesquioxyde de fer. I es belles recherches ther
miques <li- M. Berthelot | ' i "ni montré que, sens l'influent e de la chaleur,
ces sels dissous se dé< omposenl en acide libre et sel basique.
Mais, .1 cause de la durée des expériences de dialyse et de l'instabilité
il.s dissolutions vertes, les travaux de Van ' leel ne font qu'indiquer
le sens du phénomène el nu permettent pas de l'analyseï avec précision.
l'ai pensé que les un thôdes thermochimiqui s nu- permettraient, ave<
leur merveilleuse précision el leur grande rapidité, il éclairer complètement
l.i constilutiou de ces dissolutions instables. I Iles m'ont conduit a ce ré-
sultat que la première el la troisième hypothèse sont toutes deux exa< tes,
c'est-à-dire que les dissolutions modifiées par la chaleur sont un mélange
de sel basique soluble el d'acide libre el que ces dissolutions renferment
une variété particulière de sesquioxyde de chrome. I Iles m'ont, en outre,
dévoilé la nature, ius m i< i inconnue, de la modifli ation éprouvée par le
sesquioxyde de chrome, en me montrant que le sesquioxyde des disso-
lutions vertes a une ■ apacilé de sa tu rat mu par les acides différente de celle
il h sesquioxyde des dissolutions violettes, el elles m'ont permis de mesurer
cette capacité de saturation.
b Mais j'ai voulu d'abord m'assurer par une expérience directe que les
dissolutions vertes renferment de l'acide libre. \ cet effet, j'ai chauffé
nue dissolution de sel de chrome | sulfate, i hlorure | à la température de
i oo° au bain-marie, el j'ai constaté que les vapeurs émises pai cette disso-
lution sont acides, tandis que le sel solide, i hauflé à la même température,
ne perd pas d'acide. Vmsi donc d est luns de doute que les dissolutions
vertes renferment del'acidt libre.
» Pourmesurer la quantité d'acide libre, j'ai eu recours aux méthodes
thermochimiques. Le seul sel sur lequel j'ai pu opérer est le sulfate, les
autres sels, tels que le chlorure el l'azotate, revenant beaucoup trop rapi-
dement par le refroidissement a l'étal violet.
» J'opère de la façon suivante : je verse dans la liqueur verte une i er-
(') Journ. prakt. <.'!■■ rie, l. Wlll. p.
\ nn,i b s rie Chimie et de Physique, j série, t. XXX
'"•'■ et je mesure l< . ni de i haleur qui en ré-
>"11, s pement de chaleur esl exactement égal à la chaleur de
,"'"'' sulfurique libre dans les mêmes conditions <lo <li-
lus que la liqueur verte renfer-
mai! une quant 1U moins égale à la quantité de
'■' intro "s la liqueur, <-t que la soude n'a point déplacé de
quioxyde de i hrome.
P< '• ensuite dans la liqueur précédente une quan-
ti " ide -<ilt< ite i la quantité <l«- soude qui \ .1 été intro-
,,l",• de ne produit aucun ,/. _
mené , absorption de chaleur pro-
'"' de I .i- lion d< ide formé •! ms l'expérience
pn SO'M
|u< l'on pu 1 par quelques tâtonnements à
mesi ctemenl laquai libre que renferme la liqueur verte,
< •»> ; ■ ptible d'une gi ande précision. < >n
1 ■ ' l SO'.&i Haut ur verte
xutfurique libt < ar dès que la
quantité de - 1 super • équii :il<'ui (j-t
••H versant ensuite ; quantiti sulfurique équivalente à celle-là,
j'obtiens un 1/ «le chaleu 1 nanl <\<- l'action de
pdc de chrome mis en liberté par ^d'é-
quivalent d( 1 elle quantité de chaleur augmente d'ailleurs à me-
sure que la qua e davai quivalenl .
1 I nombi • \|» rien» es sur des dissolu-
s dont la 1 "iii • ntration du simple .tu sextuple 1 1 équivalent de
sel dans G d'eau en yen ne urs trouvé le même résultat.
\nisi doi 1 en -li ■ i" lure <l>- > es expériences que, dans
I. s h un t. -s de con< entrati 1 1 ni pu opéri l'influence </< la chaleur,
dédoubh complètement en
acidt tulj 'uriijur hl toluble. < basique n une
• . '. si 1 . il |,i ,,\ ienl de 1 molé-
cules de sulfate qu tuelque sorte pour perdre 1 molécule
de, et < . puisqu'il est impuissant à fixer une
nouvelle quant 1 I oxyde modifié provient de 2 molécules
d'oxyde dont IV nsemble ne fixe que 5 molécules d'acide sulfurique.
M tyde modifié ne peut exister à l'état de
liberté, et que, quand on !<• pré< ipite en décomposant le sulfate vert par un
alcali, on l<- dédouble, • pu* «t un nouvel oxydt modifié dont
- CXII N 25 l°7
( n4a I
i molécule ne fixe qw a mo •"/' s d'acide sulfuriqw . Ceci résulte <l<^ mesures
suivantes
Cr!<> préi ipilédu sull ite irerl H iSl I II' >diss. Cr'O'.aSO
Cr*0 iSO1 disa S< I HO diss
» L'absorption «le chaleur provient de l'a< tion 'I'- l'acide mu- le sulfate
de soude que renferme la liqueur. •
CHIMIE. - Recherches sur C osmium: acide osmi
\..te de M. A. .loi. v . présentée par M. I roost.
In i s ,-, Fritzsche el Struv< il tut. onnaitre, ^«us le nom d'a-
c / osman-osmique <m <\ "• composé de l'osmium renfer-
mant de l'azote el de l'oxygène. Les sels d< ide sonl bien définis; le
M-l de potasse en particulier est facile .1 préparer, remarquable pai -.1 sta-
bilité el la netteté «le ses cristaux, l'ai reprisl'étude de ces singulières
combinaisons, espéranl j trouver quelque analogie de constitution avec
les composés intruses du ruthénium que j'ai précédemment -le. rits.
.. Préparation de l'osmt I lélroxyde d'osmium cristallisé
....i,l miq l dissous dans la | KOH 1 1 la liqueur
maintenue vers |o°, on .ij... : En quelqu ils, la
liqueur! 1 lécolore el laisse déposer un précipité cristallin jaune clair d'os
mi. 1111,1t. • de potasse. Loraq et la lique ifroid
décante. .>n lave le sel avec de l >n le dissout enfin dans l'eau bouillante
peu soluble, il cristallise dres quadratiq
(n'a' = 117 . .1 après les déterminations de M Dul
» Les proportions ci-dessus sont celles que 1 ai a loptées comme don-
nant un sel pur, inaltérable à l'eau bouillante el 1 la lumière. Il importe
d'éviter un excès d'ammoniaque, qui laisserait l'osmiamate de potasse mé-
langé d'un sel ammoniacal facile ul altérable.
» Remarquons que la dissolution du tétroxyde d'osmium dans la po-
tasse se Lut sans perte d'oxygène el que la réaction qui donne lieu à l'os-
miamate de potasse n'esl accompagnée A'aucun >/ il gazeu c.
» Composition. — Fritzsche et Struve adoptaient pour pouls atomique
de l'osmium le nombre de Berzélius < 's i<r). j, ce qui les conduisait à
(l) Bulletin de l' Icadémie dt Saint-Pétersbourg , 1. VI, p. 81.
( i443 )
■iiulri l'ii-ini. iin.it.- de |M,(.,
Os'O \ K-.
ivail i Fail remarque! Ger-
x Jution du peroxyde dans la po-
ement de
- U le
K- 'Il \ Il \ K II • I
U*K de l'ancienne
I osmium. ■ u S mon
m,, devail i Ire diminué d'au moins
ntsauli i dont le
presque •
v formules adopli es. < lomparons au • on-
K M. , , , ,.
1 \ ~ I ■
l i les doutes : malheui eusemenl
t fort m. .1 !
I ■ i .li e pei melti al de tourner la
subil une 'I' com-
1 m \ encoi e
, un
. Mais les pro-
duit! ■ porté.
\ lubie dans l'eau . les réactions d<
OsO K de M. Fremj |. En
\
i CCLXI, p. a i emai quei que la densité de
• |, pai I >e> ille • ' Debraj i \nn .
t 'him i I \ l m. .1. . ulaii e i56 el poui la foi
m. un inférieui .<
I /. . ' K ! 1
( i444 )
épuisant par L'acide chlorhydrique concentré el I illant, on obtient un résidu cris-
tallin brun avec reflets jaunes, donl l'aspect esl celui de L'or réduit par voie numide :
c'est Le bioxyde < »-0!.
„ \ J4o°, le résidu esl bleu indigo, cristallin; il ne cède rien i l'eau, ne s'attaque
.,;,,. l'acide chlorhydrique c (entré qu'avec une exlrêi Lifficulté. Sa c position
,.., OsO'K el elle justifie la formule admise poui l'osmiamate, puisqu'elle n'en diffère
que par pei te d'azote.
. N0Us devons d : admettre deux réactions extrêmes, comme représentanl le!
modes de dédoublement de l'osmiamate pai la i haleui
OsO'AaK ■ vi OsO'K
i ki i \/K \. OsO'K
„ ^u sel OsO'K corresp Irait l'acide Os O* H et l'anhydride Os* O1; je poursuis
l'étude de ces composés intéressant* en ce que l'oxyde O 0 à l'oxyde
intermédiaire de ruthénium Ru '' que is avons fait connaître, M Debray et moi,
[Comptes rendus, t. CV1, i nplétei celle bell ie de n\
,.\v _, nés de l osmium
» Rapprochons l'acide osmiamique des composés nitrosés du ruthénium
^iH' j'ai précédemment décrits :
Ru \/U( I'. lin vzO(l HI iJ.
» Admettons pi un- un moment l'existence du composé OsAzO(Orl
son premier anhydride sérail L'acide osmiamique
O OsAzO OH,
tloni Fritzsche el Struve onl décrits les sels de potasse, de soude, d'am-
moniaque el d'argent.
» La préparation Fa* ile de l'osmiamate de potasse, sa stabilité en pré-
sence de l'eau, stabilité que ne présente pas l'osmile de potasse el qui
permet de le purifier aisémenl par cristallisation, m'onl engagé .1 le prendre
coninic |)Dint de dépari d'une étude plus complète des composés oxygéné
de l'osmium. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les zirconates alcalins.
Note de M. L. Ocvbabd, présentée par M. Troost.
« On sait que la zircone joue le rôle d'aï ide Faible, ainsi que pouvaient
d'ailleurs le faire prévoir les analogies entre le silicium el le zirconium, mises
( '445 )
en évidence par M Vfarignac; elle peut donc se combiner aux bases en
donnanl ouates, dont l'obtention esl toutefois rendue difficile par
la faibli delà cire >. lussi les zirconates ont-ils été peu étudiés.
On i nnall parmi l<-s zirconates alcalins que ceux de soude, dus ù
i M. II,., ,i.l. h! . , .1 h M. Weibull.
J'.ii cherché .i préparer le eirconate de lithine en faisant réagir la
1.- . arbonate ou le chlorure de lithium <-n fusion.
La ail léc< ■ rapidement le carbonate de lithium, avec déga-
ge ut d'acide carbonique. En opérant à la température du bec Bunsen,
prolongée pendant m\ .>m huit heures, on « »1 >i i«- n t une masse qui, traitée par
l'eau bouillante, légèrement a< idulée pai l'acide ai étique, ..I,, nul. unie une
poudre cristalline, qui n'est autre < hose que <l<- la zircone exempte >l<- Ii-
thine. < In retrouve d'ailleui ralemenl le | »< mis de zircone employée.
\u rouge vif, le même résultai esl plus rapidement atteint.
si l'on i.iiij.l.n >• l.i /n. one |>.ii' le /néon finement pulvérisé, le résul-
.. ore le même: la tilii e se trouve* a partie à l'étal floconneux quand
..n reprend pai I eau ai idu dissoute, probablement .i l'étal
de silicate de lithine soluble dans l'ai ide acétique très étendu, partie < | m*
l'on retrou iporation à sec. On peut d'ailleurs se débarrasser
facilement de la silice non dissoute par lévigation, la zircoae cristallisée
étant beaui oup plus den
Mais - I "n remplai <• le i arbonate de lithium |>.n le i hlorure, «m ..l>
tient s. ni .i\c. la zircone, soit avec le zircou, après quelques heures de
chaufleaubei Bunsen et refi oidissement lent, un culot qui, traité par l'eau,
laisse >!<■■> prismes aplatis, .. exlini Lions longitudinales, souvent corrodés.
onate ZrO'.LiO; sa cristallisation est assez difficile, mais on
peut . ependanl l'obtenii en prismes de plusieurs millimètres. Ces ci istaux
sont très alla juables |>.ir I i s.
Leur analyse ■< donné les résultats suivants :
Lithine
i
1 1
n
pour
LiO.Zi "
'9.74
LX1
( 'V.6 )
» La zircone attaqu.- le carbonate de soude avec un dégagement d'acide
carbonique correspondant à la formation deZrO*,NaO ou ZrO*. iNaO,
suivant La température à laquelle on opère, ainsi que l'a montré M. Hiort-
dahl. D'un autrecôté, MM. I évj et Bourgeois I ' I ont obtenu de la zircone
cristallisée soit en cristaux quadratiques, soit en lamelles hexagonales, eu
attaquant la zircone ou le zircon par le carbonate de soude au rouge blanc
on au rouge \ if.
» J'ai essayé d'appliquer les mêmes réactions au carbonate <!<• potasse,
et j'ai constaté que la zircone chauffée pendant quelques heures au bec
Bunsen, a\<'( un ex< es de carbonate de potasse, cristallise simplement au
sein du fondant, pourvu que l'opération soit suffisamment prolongée. i\i
rouge vif, la cristallisation est seulement plus rapide : dans 1rs deux cas,
<ui obtient deslamelles hexagonales.
» Le zircon finement pulvérisé, chauffé avec quatre fois son poids de
carbonate de potasse pendant un quart d'heure, au rouge vif, d< e des
cristaux tabulaires, assez développés, du silico: rcon eSiO',ZrO*,K.O :
Si I i i
Zii
Pota
» Ce soi ii des prismes, en général très nets, dépolarisanl énergiquemenl
la lumière, .1 extinctions longitudinales, attaquables par l'acide fluorhy-
drique et par le bisulfate d'ammoniaque.
si l'on prolonge l'a< tion pendant une heure et demie à la même tem-
pérature, >>n obtient seulement '!'■ la zircone cristallisée.
» Nous avons constaté que, dans !<••> mêmes conditions et ;■ la même
température du rouge vif, prolongée pendant un quart d'heure seulement,
le zircon donne, avec le carbonate de soude, de la zircone cristallisée, ainsi
que l'ont déjà montré MM. I.c\\ et Bourgeois.
» Nous voyons donc que le silii ate de zircone se comporte ici comme un
véritable acide. Nous en aurons d'ailleurs un .min- exemple dans If, com-
binaisons avec '<•-> alcalino-terreux, que nous décrirons | > » • » < hainement. ■>
'
1
II
-Il
1 k"
(') Comptes rendus, t. XCIV, p -
• .,
■
Vole de M V I!ihmi\. par M IVoost.
i le silicium :
I* ; un seul rt\ ntre> u par
M. Friedel dai m du brome su e de silicium.
; en tube scellé vei
lun v par substitut
départ <l odhydrique, d'après l'équation
I i ! : ni .>[•«. I i présem e
en |" ii "ii d'ordi e p us élevé, provenant
de I >n de HI sui
I ! S
in.- du il mes ''ii
s i.i [; le n nd< menl que l'on obtienl dans i
faible :
simultanément en n nps
qu'un |" ira, en distillant - ir du Si
Utilise, i !i mil' i iii»- l l'.i .
soil tout seul, k d'hj <li . ■ il le ainsi
un magma 1 ine l'on soumet à des I
lionnements surun peu de I l'obtenir des
i n la prépa-
ration il ps, si l'on dispose de bromure de Si, on peul rempl
dans li | ni"-, le bmmtii par du bromure dt S .
dans lequel on i ibondam e de > Iné dans I
tillation, donne de i >l sui l>- bromui
i lit i « lie. le chlorun de Si, marche très bien ave< le
brom i lient ■> ce qu ip m s stable
sous l'action de la • haleur que le • hloi
I i a pai il on des bromoiod ires < >l a ci pénible, car, dans la prépa-
ration par le bro pi l'un mélange de
cinq corps de plus; les derniers termes sont solides .< la lempi rature ordi-
naire, ce qui • onstitue un grand emb ins le fractionnement.
I de Si s lorenl vite .1 l'air; on présence du
ammoniai ls l'absorbent en donnant des corps solides blancs, dé< om-
ibles par l'eau.
( i448
Le bromoiodure Si*Br* I est un liquide incolore, distillant à 192°; il
s.- solidifie sous l'action du froid en présentant un phénomène de surfusion
très marque, car on peul l<' refroidir au-dessous de 200, sans qu il se
solidifie, tandis que le solide blanc cristallin obtenu par la solidification
fond à 1 1 ".
» \ oici <l<'u\ analyses de » e corps :
llr
Pool IgBi Igl
poui
I !'■'•
v-
Poidj
,1, s, .1.- ■ I
subsl
I Bi
Théoi i-' p Si Bi I
-
, Br.
/ I
I
1 '.'ii
» Le bromoiodure Si'BrM*, solide blanc, fond vers . distille de
/In" .1 a H".
llr
* I
-ni -
Poui \ 1 tgl
poui
I . l'I '
I héorie | 3 I
Br.
I
Bi
I I
,, . |Q
Br,
I
1
» Le bromoiodure de Si'Brl1 solide blanc I I vers + 53°, < I ■ ^t i I !•-
vers :>"> ï°.
Poui tgBi \. 1
poui
de
n
X- 1
poui
["•m
" "
»
1 . ■
»
1 84 , 3 1
>■
M
, Br,
|6, 91 1
|1
Théorie pour Si'Brl1..
I Bi
I ] • ,- •
16
| I
» Ce dernier corps est assez difficile .1 séparer de l'iodure de silicium,
quand celui-ci se trouve en quantité notable < l.i 11 ^ la préparation.
J prtx h linemenl la p ->n el les pro| i ! i |iln>s-
phure de !••
CHIMIE. - Sw _ . un.
N MU \-«i i Vain
inhydrique, mais, dès que l'on
veut évaporer la liqueur, I vanhvdriqui nésie
i : aussi on ne connaît, comme combinaisons
du magnésium, que celles qui résultent >\>- l'union d
m. i 1 1 ime l<
sans intérêt de
• ibles iln « \ inui o de m.i-
bromoevan
i dans
de pi netil pas de
radii l, monti <• que, •
d . "ii m loler
■ i . • î « - 1 1 r de format lu c>anure
double de n
i. / .'/; ci <! m Dans une solution
i une température di
. ou pi ■ ,: p n petite quantité
Ml' une
nouvelle qu pie que l'on additionne, comme
nment, <\ iodui i Lré et éi aporé dou
cernent au bain-mai nt, do gr indes
i, qui . entre des
doubles de , iule
M_< jr.Hgi
Il \ .1 eu double d un équn aient de Mgl el un
équivalent de llgt s : l « -» produits île < elle double dé< lion se sont
unis avei un équivalent de II * \ pour donner le <.<i|>n
Hgl v M_< y.IIgl .Mi
I n effet, lorsqu'on chaud el avec précaution, il dégage de
• x n 25.)
( i45o i
l'acide cyanhydrique, de l'eau <•( il se colore en jaune; il Fournit, en même
temps, un sublimi d'iodure tnercurique. Si l'on élève la température, il \
a fusion du sel, sublimation abondante d'iodure mercurique el de mer
cure, nuis dégagement de i v.it»<»u<-«»«- el formation sur les parois du tube
de protoiodure <l< mei i ure.
» Ledégagemenl al lanl d'acide cyanhydrique el la Formation d'io-
dure mercurique bien avant la température à laquelle l<- sel triple esl d
composé avec Formation de mercure el d< gène montrent que I < >n
a un composé \>\u-> complexe que celui qui résulterai) simplement de
l'union <\r 1 1 - < ) ' ive< Mgl.
., Les Faits qui suivent montrent aussi la présent <■ du cyanure de ma-
gnésium el celle de l'iodure mercui i : lie combinaison :
Quand on porte i l'ébullition une solul locj mure additionnée
de picrate d'ammoniaque, il j .1 produ< ti l'une bell loration i"
due à la formati l'isopurpurate d'am qui indiq [ue tout
h , yanogi ne n'est pas 1 ombiné au men m ITet, montré pi
demmenl que, contrairement à ce qui les cyanures de potas-
sium, de zinc, etc., le cyanure de mercure n'< pas d'isopurpu-
liiii-s dans 1 es conditions.
I >c même, lorsqu'on traite I mure de magnésium et de mercure
par une solution <!'■ sulfate de cuivre, il j d de Hglel de
CuCy; ce dernier se décompose en iction n'au-
rait i>.i-> lieu si tout lecya it < omb ure, le cyanure de
mercure ne Faisant |».is la double dé< ompo s de
cui\ re.
II. Bromocyanun d magn nui Dans une solution
saturée de cyanure de m . maintenue 1 , on
verse goutte à goutte une solution concentrée de bi m m mu.
On ajoute ainsi 1 5 deMgBrpoui I I jueur filtrée et éva-
porée doucement au bain-n insistance sirupeuse laisse dé-
poser des lamelles blanches na bées entre des
doubles de papier, répondent .1 la formule
Mgl y.Hgl y.Hg Br8HO ou ll_-i y». M [1 1
C'est un corps hygroscopique très soluble dans l'eau, altérable .1 l'air, te
n'ai pu établir nettement I istituti le 1 <■ corps.
En résumé, on voit que l'action de l'iodure de m ignésium mu le ■ ya-
11 me de mercure fournil une combinaison de cyanure 'I.- magnésium ave<
lu bromure de magnésium sur le cya-
lil une combinaison du môme ordre, mais il esl
lier nettement la pr< sence du cyj ■>■ A,- magné-
r par I Uven
Note de MM. ili \uy G u m h
< <K» « ii i. i . M. lirui : MO -III.
« ' ' que I que fuma ni n'attaque |>;is le
plus attaqué par l'acide de
ne, nous ,i\(in-< pu con-
\ .m contact
ssoul d'une fa< on continue.
du phénomène tienl .1 ce que la sur-
d'oxj .li , .m 11 1- en certains
iil le cas 'lu fer parfaitement
■ ii place tlu fer dans une série
1 que, lorsque la densité
1 contact de l'acide sans
noins, l'attaque se produit : il se
ique < du peroxyde d azote
rivants permettent de constater que le
1 :
1 l [uelque temps ai ilacl du fer, laisse
pj'on le neutralise p 11 la potasse.
.|'im m, r, maintenu dans l'acide de com entra-
qu'on n'ait pas de ent ga eux, diminue peu à
jU0 ,,,„,. obtenus en opérant de cette fa< on sont
il m- le I il'li .m suivant :
■■-■ donl '•' l'"'1
1 ' !- avec
(•45
Densités de l'acide I '
I > i 1 1 1 i i) ii i î • >n de poids pour ■
en 'i heures, pendant les deux
premiers jours
Diminution de poids , • .
en ai heures, pendant les 'li\
premiers jours
o La force électromotrice du couple fer-plati itique diminue
brusquement quand <>n passe d'un acide de densité infét i . don
nanl un dégagement gaze tx, i in acide de densité supérieure .< i . • i . ne
donnant plus d'attaque apparente; mais, dans ce lernien ts, elle esl égale
;'i envirt ' "". 1 5 el correspond bien à une nttaquo, i ir ibtient, dans
des circuits de n sislam intensités tl
» Le fer est donc toujoun attaqué par l'a
. oncentration.
La température influt I ip sur le pli en déplaçant la
limite à partir de laquelle l'ai e produit sans ts.
i la température de li ra l'attaque lente pout le densité
supérieure à i,2i'; ra que pour l'acide de densité supérieure
à i. de ordinaire du iraet S on chauffe «lu fer pi
dans l'acide azotique ordin i igcmenl de
seproduire à partir d e alors d'elle-même;
mais on peut arrêter l'att ique en : a d'un mél in
réfrigérant, soil en projet ml le fer dans de l'a* ide i>
Supposons maintenant qu'on emploie du fer partiellement oxydé, el i e
sera le im> toutes les i"is que l'on ne prendra |>.^ les
pour éliminer l'oxyde. \u contact de l'ai (rde va se dis-
soudre, déterminer une élevai le temp< . eti'on pourra, par suite,
observer l'attaque avec ■ ! n dan les trop concen-
trés pour donner l<> même résultai avec le fer pur. Il «'si facile de tir
que l'attaque rapide du fer dans ces conditions esl due à 1 * « - 1 * vationde tem-
rature produite par la dissolution de l'oxyde. Si l'on place un morceau
de fer partiellement oxydé il ms une grande m tsse d' i< ide, et si l'on agite
constamment pour éviter toute élévation locale de température, l'oxyde
(') A.cide vulgairement appelé quadrU
Viili- fumant.
i
.lu métal • temenl bril
■<!< • ii ii.uii le
I
l Icn-
l'hv-
uisanl la
1
■
I
l'un
i I .
I .1 une
i
s
-
* lion,
I . ! • I
CHIMIE ORGANIQUE. Action du benxykUi </< toude sur l'êther camphocar-
boniqui . Note de Vf. J. >Ii\..i in. prési niée par M. I riedel.
M. Haller el moi avons montré I ' - que l'alcool éthylique se soude
intégralement à l'éther camphocarbonique pour Former l'hydroiycampho-
carbonate neutre d'éthyle, quand on traite cet étber en tubes scellés pardi*
IVtln late <!<• sodium :
( j II
Cil i 0»< II'
C*H*OH I M
I II I II -I • Il
H
Dans le même ordre d'idées, j'a i du benzylate de soude
sur le même corps.
m On a introduit dans chaque tub rcamphocarl [ue,
à 'io00 d'alcool benzylique tenant < n dissolution o ,5 de sodium. < >n .1
chauffé pendant vingt-quatre heures h une température de 1
n Le contenu des tubes, formant une masse pâleusi ""i on une
huile dans le traitement par l'eau. O nd par l'éther. Soumise à l'i
poration, la solution éthérci ibandonne une huile qu'on distille. I. al I
benzylique passe d'abord; vient ensuite un liquide visqueux distillant entre
io° ^"iis une pi ess on de 1 " <l«- mei cui
» L'analyse de 1 ps p< 1 aet de lui assigner la formule
• Il
1 it-i u < 11
« .. . Il
c'est de l'hydroxycamphocarbonate de benzyle neutre
! ' Il
1
(Il Mil II
I (1
( Il M|| I
( l|-< «Il II
< M I II
I II I I
» On aurait pu s'attendre .1 la formation d'un éther mixte; mais l'ali
benzylique .1 déplacé l'alcool éthylique.
» Le rendement a été de to** environ pour jo d'éther employé.
» La saponiGcation en tubes si elles par de la potasse alcoolique donne
de l'acide hydroxycamphocarbonique el de l'alcool benzylique.
(') Comptes rendus, l. CX, p. Jio.
ma l'ai I lube
I i Je l.i\ ml .1.- la pi i ji.u ation d< cet éther, ueutra
- I> ii h tonnent une huile <|in ,
i de
l'ai* luiphocarl i«|
le l'hwli
I ' I "
( 'Mi
Son |
\
< Bill
■
' M. P. PtCMABD ir
/.' I |)Ur, : i Mil t lill-
■
n"is. I lion
i,4-l
i i.nh ir
i
cal de i<
I ".m Iditionn i -i la d< ise de i pour
le sulfate tle fei n lemenl la déperdition d'à
i
( '456 )
a diminué le gain en azote nitrique, 2,55 au lieu de S.iopour 100, a élevé
le gain en azote ammoni ical de 6, "i > à ■<•. |0 | r ioo.
» Dans le sable additionné d'argile h <l<- carbonate de chaux, !«• sulfate
de fer a réduit la déperdil l'azote de li,( 1,87 pour , a diminué
le gain d'azote nitrique, 6, 1 I au lieu de 7, 1 1 pour lugmenté le
d'azote ammoniacal, "i lieu de 18,57 pour 100.
0 Dansle même mili >u 1 'M'-, argile el carbonate • !<• < baux >, des >l
doubles et triples de sulfate de fer uni amené une déperdition moindre
d'azote, en môme temps ru'une diminution graduelle du gain en azote am-
moni; . 'i , i". "m, pour 100, el unel
en azote nitrique, 6, 1 '•. 7, , pour !<• I • :: ite de fer paraît en-
traver la décomposition de la H' peul favoriser la nitri
tion.
Dans un sol complel (sable, argile el e), une addition de lactate
de 1er, à dose renfermant la même quantité de fer que , ' , <!<• sulfate, a
annulé a peu près la perte d porti le _-.nn d'azote ni-
trique de 7,14 1 22,34 pour 1 1 ■! colui d mi niacal,
!, '.- .m lieu «If 1 8, ">- | • « » 1 1 1 100.
a Les sels de fer, en général, semblent nuisib fi rinents destruc-
teurs de la matièi les sels mes de fer favoi ni la
nitrification.
Dans nu sol compl( 1, l'addition de sesquioxyde de fi r, .1 la dose de
. 1 éduit la déperdition d'az< . orté le
d'azote nitrique d<- 7. 1 1 .1 1 t réduit celui il de
[8,37 a 111,71.
L'oxyde de fei n'entrave pas la décomposition do la mati re azotée; il
paraîti lérer l'action énei de chaux el favoriser net-
tement la nitrification, par fi ii ..H .1 mmon que, on de l'argih el
par ses proprit tés oxydanl
Le sulfate de chaux introduit, à la do . lans les mêmes sols
que le sulfate de fer, s'i t montré partout supérieur à celui-ci au point de
vue de la nitrification. Dans l«- sable purement siliceux, il a élevé le j
en azote nitrique de 1 ,43 à 1 1 ,43 pi : dans -..M.- etcali aire, de
à 13,67; dans sable et argile, de 5,ii 1; dans sabli et< d<
de 7,.', à 34,
Quanta la conservation de l'azote, son action est plus efficace que
celle du sulfate de fer dans les sols argileux, peu différente dans les sols
silico-calcaires. Elle ne s'est montrée inférieure que «lans le sol purement
'iv, en ■ ■
pide du Mil: ix.
I e tulfate .!<• ■ baux i ion île I
l> u les fei mi n ,: 1 1 n ii • 'i.
\u point i utile-
• emploi lans les m
en e*l i ijH'1 ut .Luis
Luis 1< «luis li i juirni, «l.uis
Pour les plus li
qui entrent dans les
I liât* obtenus dans im^
lilil. ili-s; li iii.il
que i elle di ■• partiel Ici i Dumas* mais on peut,
té, iup|
,l de i plutôt
(|U(
i '. '.i \ ■
• i en
.i\\,i plus
.IS.I1/
■ I '
sinon nuisible, I i
l non d'une
influi
aussi bien que par '•
d'une d< ou '!<•
inti .ii>- >l<4 toude dans une tel • i « I « ■
phosphate \.
I ustifie i
ne pratique du .1 peu u nea naturelle!! qui
l.i iiHiii
1 1. sii m tion ino.l. i ii- i|c la mal le cah
fixation de l'ammoniaque pai l'argile el l< sulfate d< i baux, limitation des
mêmes
( 1458 )
éléments, enfin fixation plus grande d'azote atmosphérique : tels tonl
les effets chimiques du marn . C'esl à bon droil que, depuis des
siècles, la pratique agricole a donné le premier rang au* terres végétales
renfermant l'argile el le calcaire associés au sable siliceux en notables
proportions. »
économie rurale. — Surla valeur des débris ananau i comme fumure
Note de MM. A. Mihrrz el A.-tin (inunn, présentée par M. Ductaux.
« L'agriculture utilise comme fumun d les quantités de
déchets animaux, résidus de l'alimentai le l'industrie; le sang des-
séché, les débris de cornes, les déchets de laine el de onir, les pou-
drettes, etc., forment l'objel d'un commerce important. L'azote qu'ils
renfermenl esl a l'étal organique; il a besoin, pour servir d'aliment aui
plantes, d'être amené à une forme min
„ i inismes qui peuplent le sol se chargenl de cette transforma-
tion : 1rs uns commencent par décomposer la mati< i produisant
de l'ammoniaque, li ) autres l'amènent finalement à I étal de nitrati
c'est sous cette I ie q I benl ordinairement, sinon
exclush ement . les < lémenl I les ayanl
besoin de s trifier pour être utilisés, leur aptitude ■> la nitrification
semble <le\ oir être la m imme fumu
» ( )u s'était déjà préo< • upé de i omparer «ni i«- eus I lis animaux
par des expériem es culturales; mais il n'existait pas de yen rationnel
pour déterminer dans le laborato Les tentatives
faites dans cette direction, par l'emploi de p< , ou par celui des alcalis
concentrés et bouillants, nenl à tel point di s < ondil mis naturelles,
qu'on ne saurait leur attribuer aucune valeur pratiqui
» Nous avons cherché à mesurer l'activité di rganiques
d'après leur aptitude à se nitrifier, en reproduisant sur une petite échelle
les transformations qui ont lieu dans le sein de la tei re. I rappés de i i
que ceux îles engrais qui ont peu d'influence sur les ri i "lies son! pré< i
sèment ceux qui offrent le plus de résistance b l'action des organismes
nitrifiants, nous avons basé sur i es observations un pi consistant à
déterminer la quantité de nitrate formé, dans un temps donné el dans des
conditions identiques.
\<uis introduisons dans une terre apte à nitrifier, les substance
■
est nue, lolli point de i
noua déterminons 1 1 m|>s.
i
I 11 ( Mlllj.it Mit I .1
rauid
• lu '
M|.|. - 1 1 I -
Mil I'
Ull|l plll
Miitt», sont ni' apabli
cultu
■ Lui- laqucll iltinl I
-il>l'-
• I. rondi ment
i
N ma les I
si'ldi'IlP lll I i N
avon ImiiI \>%>
I Ile addi-
■
|ir.i-
l lonl la > il donné la |>n i
.1 le sul
n'onl | I île leur
la M-, onde
i t foui
notablement il
\ a nie li
Enfi lonl la nilniï< ntioi
d'influence icnsiblo sur la récolte du l.i i
qu'une trèa faible sur celle de l'ai
( i46o )
>. En nous plaçant au poinl '1«' vue économiq i en additionnant l<*s
récoltes des deux années, nous trouvons que le maximum de rendement .1
été obtenu avec les engrais ;'i nitrification rapide, dont l'azote ;i été utilisé
dans la proportion d'environ 60 pour 100. Ils ont eu une supériorité n<>-
table sur ceux auxquels leur nitrification plus lente .1 assuré une plus
longue durée d'action et dont l'azote a été utilisé dans la proportion d'en
viron iopour [00; d'ailleurs les premiers, ayant donné tout leur effet dans
le courant d'une année, onl eu un autre avantage sur les seconds, dont
l'utilisation a nécessité l'im bilisation du sol pendant deux années con-
sécutives el par suite <I<-m\ façons cultural*
» Quant à ceux qui ne nitrifient qu'avec une grande lenteur, aopour 1 ",.
seulement de leur azote • >m été absorbés par les récoltes; l<-m emploi
direct ne nous semble .1 1 onseiller que dans des composts, où ils *<<• désa-
grègent lentement, <-\\ contribuant .1 la formation du terreau.
L'unité dei Isd'a ote dans les inimaux se paye son m- ni plus
cher que dans les engi ilins; nos recherches, s'appliquanl aux tei
normales, où la nitrificati sst facile, infirment < nents de la pratique
ci montrent qu'il serai) logique de payer ■< un prix plus élevé l'azote du
nitrate de soude ou du sulfate d'ammoniaque, qui est d'une utilisation
immédiate el dont <>u est 11 attre de régler l'applii ation suivant les besoins
des récoltes, que l'azote des engrais 1 | n-^. dont la mise en 1 irculalion
ne concorde p;is toujours avec l'époque où les plantes en onl besoin el
peut souvenl se faire attendre longtemps.
» Il convient d'ailleurs d'établir de grandes différences entre le prix de
l'azote dans les divers résidus animaux, d'après l'activité de leur nitrifica-
tion. Le dosage ^«'ul de l'azote organique n'esl pas suffisant poui déter-
miner la valeur de ces produits; il faut \ joindre l'élu le de la nitrification,
do il l'intensité relative doil être un facteur important dans l'évaluation de
leur valeur agricole.
zoologie. — Sur le dt velopp< ment cL s feuilL u blastodU rmiquet chez les <
unes isopocU 1 1 Porcellio scaber >. Note <\<- M. I s Roi 1 1 . présentée par
M. Milne-Edwards.
« J'ai montré, dans une pré< èdente Note, l'origine «lu blastoderme des
embryons de Porcellio. Le disque germinatif, contenant le noyau de l'œul
fécondé enveloppe le vitellus nutritif en lui empruntant le protoplasme né-
( i46i
lie extei ion noyau se <li\ I les pro< édéa k •
kinétiquea li ifa tuels, en |il< enta qui •><• partagent eux-mêmes;
ri s. m ensemble en cellules <|ui augmentcnl rapidement <l<'
ni >m! i • il h in m est .m hevéc lors |ue le vitellus m ut ni il est entouré
I . ! , - h plus us el sut ni-
i mil- .1. i .us, uui i" ■ upc la future II ventrale
de l'embi is l'extrémité antérieure de l'œuf jusqu'à l'ex-
une bande saillant rme, qui s'avance dans le vi-
tellus el se divise rapidi i deui unes parallèles juxlapi
bande parallèle va produire les veux; elle est interrompu» .
• un il ii imMc anti rieui du corps, en un point où le slomodéon apparaît;
tituc I éb iui lu- du ' en eau, el - 1
elle de 1 1 moel li de.
\ iiriii nu naissent U t
éléments bl b multiplient • sur lf>
, l<- l'en l'èbaui II île el de pari <-i
d'autre de la ligne nu I rayons présente bientôt,
sous le blastoderme, une couchi ; mirant trois di-
li.mt, m I l'extension dans les deux
ii une • j'I tude, elli te, et la • be
cellu horizontalement, j I I supérieur el par son
,i . dans le « itellus me ■• I emp<
nouvelle exten j'"- lea deux borda parviennent
sur la ligne i ourbent alors en dedan nlinuant
i .■< Ih-iii l'un de l'autre jusqu' ■ • ■ ; o ren -
tudent. Chaque couche a - un tube, qui
ipe la majeure partie de la moitié correspondant! irps de l'em-
.,, ,| donl i ilienl le vitellus nutritif
Ile a emprisonné pendant son développement. < es dcui tubes sont des
ébauches de l'organe nommé à toi l i le, limité
par l'endoderme donl on vient de suivre le i le de I m, doil
consii imme l'entèron de ces an nclionsdui tno-
i.iiiim. ni i hi irs, -"ut plutôt nutritives que gland u-
lain
I , i,, , ,t.,i,i mis i part, l< n île du tube digeslil d< rive de deui inva-
liona bkstodermiquea opposées, l'une inférieure el quelque peu ven-
trale, l'autre sui ent dorsale, Lesdépi enfoncent
i ,6a )
dans le vil. 'Uns p -aller à leur rencontre mutuelle; elles se touchenl
d'abord, puis se confondent, el leur région de soudure se relie elle-même
aux deux parties du foie. L'invagination antérieur* stomodéale pro-
duit l'œsophage et l'estomac, et l'invagination postérieure ou proctodéale
entendre l'intestin.
» Le mésoderme apparaît pendant que i es diverses évolutions se pour-
suivent. Ce feuillet esl produit par les éléments du blastoderme; la plupart
d'entre eux se divisent en segments, dent l'externe continue .1 faire partie
de la couche blastodermique, tandis que l'interne pénètre dans le vitellus.
Celui-ci se partage à son tour en plusieurs autres 1 ellules, et, le même 1 1 1
intervenant pour le blastodei <• entier, l'ensemble de ces éléments « "n-
stitue le mésoderme. Les principales zones de prolifération ^""i pla
sur la face ventrale du corps, a la ba pattes; elles sont dont su
nomlnv de d«'n\, situées de pari et d'autre de la ligne médiane. I • s • el-
lules mésodermiques se nourrissent aux dépens du vitellua nutrilil >|ui 1rs
entoure; elles évoluent suivant l<- procédé mêscnchvmatcux typiqu
les cavités qui naissent entre elles pour former les canaux rasculairea
sont, à leur début, des petites lacunes 1 onjonctives aux contours irn
liers. \ 11 eu m- de ces cavités ne peut 1 répondant, s"ii
par son mode de développement, soil par soi ginc, aux 1 ùtei m<
dermiques des Lnnélides.
» Le blastoderme fournil à ces diverses proliférations, sans perdre son
aspect d'assise épithéliale simple placée autoui du vitellus nutritif ; il con-
serve cette disposition après que les ébauches du mésodermi elles
de l'endoderme ont pns naissance à ses dépeni ont séparées de lui;
il représente alors l'ectoderme.
physiologie végétale. — Sur /. ,. _ ._ naît d'oxygène /»ir /> \ planta,
aux basses températures. Note de M. Bsurai Jcasuxi '), présentée pai
M. Ducbartre.
« Dans les régions polaires on à de hautes altitudes, certains végétaux
résistent à de très basses températures. Là où régnent des froids persis-
tants de — 5o°, on rencontre encore une grande quantité <!-• Cryptogames
(') Ce travail a été fait au laboratoire de Biologi 1 iiaiaebleao, dirigé
par M. Gaston Bonnier.
- i ' quelqu •
Le* plai ,i Je
> ie I l.mi plus. I ouU
lu, non froid,
rie la p i plupart
:
i\. Il i rstail <!• ni ,!,•
lure,
qui, ' renl | . qui
m.
i -, de
•m m. nt
Poui la rcpiral
Jiminui
! tous
I llll-
I I hloropln
. ellulca
i quelles
limiU
i i
Gratiolel n'onl • la \ .il! isua de
jii'.ih-.I.
■ llo de l.i li-
mu • i le l<- phénomène.
Nous donnerons simplement les résultais principaux de nos recher-
, qui uni ■ m- ni ux appareil* différents.
kl M
lutami Ji i»i i i I ■ in( I /a
( '464 )
vette renfermant la plan it plongé* liquide, ex] i la lumière ; ell<
hermétiquemenl fermée el communiq ulement, par un lube en veri a ap-
pareil à prises, au yen duquel, avant el après l'expérience, on extrait de petites
quantités de gaz, qu'on analyse.
o I ne seconde -■ rie de rei herches a été faite avec un appareil récemment imaginé
par M. Gailletet, le cryophore, dans lequel le froid est obtenu par la délente de I
carbonique liquide, qui traverse un serpentin placé dans un vase métallique rempli
d'alcool. La température de l'ai I s'abaisse rapidement, à l'obscurité, jusqu'à
on la maintient au degn •■ ilu a faisant passeï de tempi dans le serpentin,
un jet d'acide carbonique liquide.
\,,. expériences devanl être i lites au soleil, il étail difficile d'obtenir, d'une
façon constante, des température* aussi bai i N ai avons simplement chen
réaliser une tempéi ■<! ure di
i n ballon en verre, hermi tiquemenl fer i renfermant la plante, est placé dans
l'alcool; au moyen d'une glace, ••" proji I réflexion, lui ce ballon les rayons
solaires ; il v a coi nii alion entre le ballon et un appareil ■< pri
Dans les deu» appareils, la lempéi ilure di l atmo phi re des Bacons contenant les
plantes est déterminée pai un thei mètre | eur.
» Nous avons expérimenté sur trois Lichens ( Et ■■ i Pru/uutri, Phyi
citions cl Cladonia rangi/erina) el sur deux Conifères, Il picéa el le Ge-
iic\ rier.
»i'/' i ' \ heures i une len
rature moyenne de 15*, à u il; la
plnnii' ;i résisté au i I i d mp , boniq le I ail el
a rejeté 0,95 pou l'oxygèm llyad lorophyllienni
» i" Juniper us commuais. — D p< nd ml troii
heures el demie, à la lumière diffuse, ■> une '
de — 170 à — Jo°, puis est jusqu'il
Elles onl décom p 1 d'acide cai I iqui
d'oxygène.
» 3° Evernia Prunaslri, — Dans une première ex| l • > nia Prunattn
imbibé d'eau •> 1 té exp is< au soleil, pendant 1 1 • • i ~ heui . Ku boni ■! temps,
I atmosphèi e du il ic m qui le 1 enfei mail ,s poui 1
et, en moins, '>,*», poui cari îque. Il j position de 1 e
dernier gaz, c'est-à-dire assimilation. La plante, retirée du flacon, .1 la dureté d'un
bloc de glace. Cette expi U Dri 1 Loir, ■■ été répétée
avec le cryophore Cailletet.
1. / . r m a Prunaslri est ri stéquatn m soleil; la li mpéralure l'est abais-
sée de — i4° à — 37°, | ><i î - est remontée, pendant la dernière li>-ur.', .1 — .;•■■. Dans
l'atmosphère du ballon, il a -li-. ■ bonique, el il j
plus, ".-."» pour 100 d'oxygène. Pendant les quatre heures suivantes, la température
est restée entre — 3o° et — ao° j la pi. mi.- a décom] - pour 100 arbo-
nique et dégagé 0,80 pour ion d'oxygène.
1
\
]
iti é qu • ion,
:
:
i
/
e de MM. J l>< ■< ki i d'IIkmcclaii < m Lasclois, pn enléo par
M I
\n • qu'il lil .m
\ i
Inr.i! lin, le pi
i*t de le |i
« alités i-n\ ili
nikofl
résul-
llts olltl'IHI l.l ilrstllli II le- i
1rs de bel illschick
les ternis de -<|" i mull ,
. .|iii n'a pas • >i lieu.
Depuis iSHrt, M. Kùnckcl s'esl atlacli hereber si les
( 1466 i
notes marocains, hôtes des Hauts-Plateaux, n'étaient pas atteints j>.n- une
affection cryptogamique : il a toujours constaté < j 1 1 «* la mortalité dans les
sols étail causée parun Diptère parasite, I 5 i clathrata Mergen.
Cette année, au débul «le l'invasion <l<s i riquets pèlerins, il se rendit à
Biskra pour suivie leur évolution. Il recueillit, le 26 mars, un grand
nombre d'individus des deuj ticul parfaitement sains;
au fur et à mesure des ippariements, lescoupli il isolés. Quelques
cas d'affection cryptogi pie ni dans ceux qui étaient
réunis en groupe : mais la mortalité fui insignifiante, la contamination « I « -
proche en proche paraissant très difficile. Dans i iple, le mâle mourut
portant des signes d'infection; sa femelle tut asso un autre mâle,
oupla, lit une première ponte l< . seconde le i juin,
mourut l 'i mâle mourut également le 16 sans manifesté de
signes d'infecl ion.
I e <» «i le 16 mai, M. Rûnckel lit à I ulture d'Alger
1 mmùnications dans lesquelles il annonçait qi trairemcntà
l'idée re< ue, les • riquets pèlerins m- moururent p 1 la ponte, m lis
que ceux qu'on trouvait ça et là sui en partie morts
étaient atteints par un tion cryptogamiqui M, Kùnckel ri
M . Langlois ayant trouvé chacun di >-, l'un aux environs d'Alj
l.i Righaïa, l'autre au vi d'Hammam Rh ta, des Criquets pèlerins
contaminés, s'a! ni pour faire d< n Voici
isultats des observations faites par eux si pan ment, et communia
;'i la Société d'Agriculture d'Alger le '•<> mai.
» Nous avons le regret de dire que c'est toujours après que I uets
pèlerins s'étaient apj nt pondu, qu'ils mouraient 1 on-
taminés; que c'était p >ili leur
cycle évolutif, et commis leurs ravages qu'ils mm combaient.
Nous ajouterons que toutes spéciales paraissent
nécessaires pour favoriser le développement du Champignon parasite;
ce n'est que sur les individus capturés dans des lieux bumides, soit sur
certains points des Hauts-Plateaux, ><>ii mm- I.- littoral, que s avons pu
constater les -:_nrs caractérisa pies de l'infection. Nous Irions observer
i[ii a l'état de nature les < riquets pèlerins savent se grouper .m pied <lrs
plantes et des arbustes, grimper sur ces derniers en prenant la posil
verticale pour éviter l'action <!-■ lai . J a captivité, 1 e n'est que sons
(') Voir h ig mai ,
'l'un linge uillé que la maladie
bre d'individus, de telle sorte que
. . l'étal libre, <!<■> cou. In
■ I ' mi l'acte <!>• la ponte ava
i i\ .liis par 1rs Cryptogames.
. € 1 1 a i sont encore \ i\
■ . depuis leur capture, ils
ment contaminés. < In pourrait
Ml pi t. minier ; niais 1rs
nvelopp sistante.
Il n< - d'œul emenl couvertes
ibryons nui continué
i'ih-
i aussitôt qu'ils
. bien que
il même transfoi nues en in-
«•ni le plus souvent
mi . riment aussi
i
I points «ni elle se dé-
d'un très grand
nbre d< ; de hrouv< i lieu des effli
itammenl V i ■' rnario tmuis. Des
h'.. ni pa i permis .!<• con-
.l.iiis la profondeur de l'or-
i point d
'•,. r la | ' omrae preuve de la
pouvons . iter une femelle
, iptun [uc le 16 juin, présenta ni
,11 ver parasite du genre
M |,. pro| ord avec nous p< un rei l'aûec-
l|MI, m comme absolument superficielle.
i , ypi0j icamen, on aurail pu croire qu on
s.- trouvai! en présence d'un /■.>/</"/></. mais alors d'une espèce spéciale.
( i468 )
tores étude approfondie, nous rapprochons le Cryptogame parasite du
Criquel pèlerin du Polyrhizium Leplophyet Giard.
Les spores sonl ! - une le dil M. Giard, de deux sortes, l< s unes
plus petites, ovoïdes, d'environ 6p., naissanl par groupes «!«• deux ou trois
à l'extrémité des hyphes, les autres plus grandes, à contenu granuleux,
également ovoïdes, de - en deux par une cloison qui
détermine l'étranglement de li spore. I pores sont considé-
par M. Giard comme des sporesdurab i mycélium du Champi-
gnon présente des cloisonnements assez rapprocha
» Il nous a été facile de faii e germer les ~-j»< •!<■-> : les cultures Bur milieux
solides, gélatine-peptone, agaragar nutritive, acitl i légèrement alcaline,
n'ont donné quedes résultats douteux, les cultures étant contaminées par
des Bactéries vulgaires. Il faudrait des cultures spéciales pour les séparer.
: mé, nous tuvons <-n présent e d'il I ion pai
bénigne, n'attaquant que des individus parvenus bu terme '!<• leur évolu-
tion, et <|iii parait ne se transmettre que très difficilement aux inse< tes,
fussent-ils de la même espi •
» Pour nous, comme pour M. le l» rrabut, il ne nous semble |».is
possible de fonder des espérances sui un mode de destruction reposant
sur le développement artificiel des Champignons parasites observés sur les
( Iriquets pèlerins.
S anites prétendus postsecondo I utile
de Foia i. Note de M. A. Lacboix, présentée par M . Fouqué.
La question de I âge du granité a préoccupé tous \< qui ont
étudie l'Ari< I cord pour admettre l'existence de granités
anciens (dont quelques-uns sonl postérieurs au silurien et peut-être au dé-
vonien l, mais un certain n bre d'entre eux, Di her et Zirkel en par-
ticulier, admettent, en outre, une venue granitique postérieure an terrain
jurassique. Les points, étudiés pai rants et servant de base à l<tn-
<>l>inioii, se trouvent au port de Saleix et aux environs d'En é sur la feuille
de Foix.
» L'étude des points considérés m'a conduit .1 des conclusions diffé-
rentes de celles qui ont été énumérées plus baut. Je passerai successive-
ment en revue les tl versg sements.
» Port de Saleix. — L'opinion de Durocher peut se résumer ainsi s L<
ni s par le granité qui
: le déve-
loppement d
1 s immé-
,,Ml ravins qui sillon-
"'•"t '' ches an< qui, par
!''■" ■ Ltement
'I"' ne son! |us percés par elles. De
01 hes en question mises
on. On rencontre, clansdes
ax ) gra-
ampliiboliqm s. à'amphi-
. il esl i 1 1 1 -
i on m' peul
■
1 île lires,
. moins nombreux de ces
mèni Durocher, qui
sultal d'une
mon attentif do i es échantillons
iblable opinion : d- sont, en
arrondis
toul du jrani-
i anciennes dont tous
|ue, mica, amphibole, i
i à '/-
t, la] i des éléments
oin en l<»m que l'on rencontre
i de - neiss <»n de granité
(col
. ni pour établir l'antério-
ilre, je ferai remarquer
que . métamorphiques qui,
dans l')i > | >• ■! "' maximum de
<\r\ eloppi inenl .
m moins typique.Dans
Ii ,, ;, tes i d< lires jurassiques (lia: . on voit un banc à éléments gi i«
niliques assez altérés. Il n'es! p.i^ massif, mais constitué par de gros ga-
lets | ' i it • 1 1 1 1 1 -- par un i i ni il esl ac< ompagné de schistes
noirs de même composition que ce ciment, - rempli de '/• bris ^rtim-
tiquet. \ ••> de ce point, j'ai pu isoler encore d'un banc de calcaire blanc
i ompai t ni mnulile ayant I • iur des deux po n b L'étude
k ros* opique des li >. res extraits de l.i brèche •• grands élé-
ini
,,,i,|
ments et de ceux qui renfermenl «lu sable granitique fait voir que, dans
ces échantillons, il o'j a p ra< • • de minéraux métamorphiques et, no-
tamment, de i ou» ■ 'i que tous les minéraux qui j sonl renfermés
son! nettement clastiq onstituéa par des d< bris de granité el de gra-
nulite.
I es faits qui viennent d'être énuroérés me semblent suffisamment
probants pour pouvo 1er qu'il n'existe pa ranite p on-
. 1 1 i .■ il m s l.i région df l' Arii »o que j'ai parcourue i feuille de Fois l el que
/ U . - loppement dt
tlii/it ili tout »ion de revenir sur la nature
de leur met imorphisme dans une proch lin cation.
l i i quelq i 1res du pnrl de S i ers
le sud, il esl (acile d'étudier les ph< nonn u< i de i nntael du granité sur
les calcaires p i alors qu'au contact immédiat le
calcaii e est, sur plusieurs mètres, tsif
ou < li n _'■ de j . Nxollaf . minéraux in-
inus il ins les i il' ■ I
schistes paléozoïques qui les accompagne»! sonl en m mps trans-
foi mes par le mode ordii stes nodu-
leux, etc.
\nisi, dans i elle région, les roches paléo oïqu onta< i avei le
ml profondément modifiées, tandis qui '. tiques,
n ont subi aucune a< tion méi imorphique de i ontai t.
L) n, l
\riit pai de* |
i
: autant plus rich
■
ille, . n\ i-
diogue
( ,47i )
M Josi > h Roi s»i ■ . |" ésent< I
On '
<l<- l'in-
ouï Iqui
I
lis l.l
■
l'.llll
«Util
I».
i !ti]>li\l;
I
;
itum,
• que
■
ll.i.
\ lois de
i rouli
ii. .11
<|u'il en
, v Lesquerde
/ L. m. |
En ce lieu existent diverses formation qu ■ ( u eu l'o< i ision d'étudier.
Ce son) d'abord des ( es el à Os irea aquila et des
marnes à Ammoni ta, qui »ent au nord du village, et for-
ment une \ oûle isocli ni au sud.
x niches s' lu le g elui-ci, près du
sommet de lai en m nce nappo, de s rtc qu'au-des-
sous appai l là l'infraci lel le granité est même isolé,
par endr<
\ l.i uite < i un qi ppuyant, près de la
te, sur . sur le granité. < '<• quarl une cou< he
sédimentaire qu'on ! >n le roi s isolés, de lambeaux et de
lentilles, >\ qu'au dt.
I itrel nouillet < , elle fait partie d'une formation de marnes
i i de |ues de l'él
« . noroanien. \ l'e . le quartzite existe seul, el i i-il
souvent disparu.
'. I esquerde, il
le gi en un point <"i le quartzite a été i m
porté de I tcmeul entamé el ' ,u-
ilc^-,.. ;-,, l'mii ■ l'est du vil ius de
la rouir, sur le sentii S rit-Pau I. On y ol un phéno-
mène ti • .II.- \ .-ii i . alemenl . el
partiellement décomj il de la ti [ue massil
dans le bas, 01 le la masse
aitique, phi deux d lonl quelq >-ims
ont un \ olume d
\ de la ti i <!<■•> M. biennes
criblées de aptiens d'où
proviennent les blocs en dans la roche éruptive, de sorte qu'en <
lieu on peut morphique «lu iux-
quell
» \u loni le l'albien se sont divei
ment coloi lu leur ■ transformées en
\ rais si ii stes argileux iri es d . de vei i el de jaune, qui ne font pas
du tout ou font à peine cfl i lires, dans
la zi m li inés
el passent, par endroit . r spathique. IU sont revêtus d'un enduit ar-
gileux gris i , plus ou t, parpl irehargé de mica.
• • qui n'esl pas altérée, il- sonl et linemonl menus.
1 transformai ml beaucoup moins importantes que celles
qu'ont subies l> itai i ilu lies sont
.111.1 i celles qu'ont éprouvées li nelus dans les ophiti
I ' l| c-ll-
talcs s'csl Jonc . dans l< i les mai
de I mil uli-ti .itiim i iperpo»
• onti . - ii ... I les .1 metamor-
utre, il l<- ipiai tziti
nomanien. Il sembli qu'il ail iption au i i inmem ement de la
.
nus dans I.
in
I h «i.i i s Mi \m
I n t tudiant, dan M débuts
<l> iiliteuus mi it .m il\ n.iiiio-
iii' i l'influ
iiip
nombres de
• II- li pi . -
mit - qu'il
• sur une ii
eet sur une quai
h. i
qui sonl les plus np|
■ Il ' - que i nui I.i Mil itl unie
|'.ll UN
pi' ippelle
(Toi i maximum su . plus
•
1 r i
g 1 1 élail tout ni'l i' her à ir, par une mél iod<
. m • loi, qui apparat! d' lil leurs, ave :des modifications secondaires,
dans d'autres domaines de la |>li\-- les sensations.
ii ! i i i onsti lin tte in par M. tubn des haltères pesant ">v
auxquels un dispositif simple permel d'ajouter successivement !«•> vingt
quatre poids suppléme ants :
On i in-:, pour les sommes de chacun de eus poids et du poids île
l'haltère, des nombres il<m! les rapports avec le po ds d< l'haltère corres-
denl aux douze premières p positives et négal i
de réduites dans la pren .i\>-. dans l'ordre suivant des <-\|"
ni nt » :
i i .
Dans ce l*ableau, les six poids de rap torts non rythmiques "ni été
marqués par un astérisqtii S ijoute entre eux les poids de i apports
rythmiques immédiatement inférieui iqtie poids de rapports
rythmiques et que l'on appelle r» ce total; si l'on eux les
poids de rapports non rythmiques et que l'on appelle r, ce total; si l'on
ajoute entre eux les |">i.|> de rapports rythmi jues immédiatement sup<
rieurs aux poids '!>• rapports non rythmiques et que l'on ippelle i i e i"
Lai : on trouve sensiblement
! ! ••••"•
Soient ! . i les efïi i s maxima « I • * pression des muscles fléchisseurs
de la main droit»' enn m dynamomètre de R avant et api
l.i succession de poi Is de i • [ » | •• « 1 1 - rj hmiques I : la frai M"1
■
mesure la fatigue ou, si elle est négative, l'entraînement. De même, li
1 1
fraction mesure la fatig u l'entraînement produit par
la succession I, de |»<>nls de rapports non rythmiques; la fraction
1 1
mesure la fatigue ou l'enti ilnemenl produit |j.h la sut
I
r, de poids de i ts rvll
l'hypothèse la plus
S |ues onl
non i vlhn
i
1
Pin -
l
ition
|
i ces xii-
i ■
I idIca
I r
Ii premières lignes de nombres s'appliquent aux sujets normaux; les
quatre dernières de la seconde colonne 'I s I aux sujets hyperesthésù
i i.j
o
i
l m i ■ um< . i> "ii l'apparil le la Fatigue el jusqu'à une certaine li
mite dépendant d« l'étal de i haque sujet, limite < | m- l'exercù e .1 pour effel
de reculer, des travaux exécutés bv« une su» de poids gradués
siii\,mi des rapports rythmiques déterminent par rapport aux mêmes tra
\.m\ exécutés avec t < • n r t • autre t m de poids dans le même temps
une moindre fatigue et parfois un entraînement notable.
P \ 1 il' M 1 11.11: C( »MPAR1 '•' 11
de M Ijimm H , pi > par M. Verneuil.
r 1 j.i. sente ■> I \> adémie, l>- 8 juillet S me Note sur les "*. des
grands s Ludiés au point de vue anthropolog [ue. aujourd'hui j'exa-
mine les maladii i des mêmes animaux el les compan 1 celles
qu'on obsen e ■ hei l'homme.
Mes i. . Ih n hes oui porté, dans les musées de Paris el de Lyon, sur
-i) squelettes, dont 1 • chimpanzés, j'> gorilles, 1 1 orangs-outangs; quatre
points <ini attiré mon attention
\ La soudure des épiphyses; B. Les fractures; < . L'arthrite défor-
mante : I > L'ost< opérioslite.
\. Soudan des épiphyses. Elle n'était point encore coi mcéechez
■ 1 sujets très jeunes. • hea 1 1 singes |>Imn .i_i~. 3 1 himpanzés, I gorilles el
I orangs-outangs, quatre fois la synostose portail sur !<••> seules épiphyaes
.1 ude; deux I relies du coude et de la hanche ; nu fois sur celles
le, i l.i li. un h'-.
iou D nfin toutes les é|>i|>h\sesètaienl ellesdes
nets el de l'épaule Brel la soudure des épiphyses marche de la même
chezl'hi lébutaot |> u le
pai l'ep iule et l< I ; elle - : in* un i
plus s it.- .m m. i i membre stipéi
i , i exemples ont
qu lire chin ,
i uemenl n déformai
I i ms « .il exubéi ml.
li le l'hua i>l de i
I nent de
I, ni de l
l
: |h-ii m ■ il plu« pi "
nom ■- dans les
i;. Art/u
le el le genou ,
une i b foi» §ur
lea d dui ; une I i i
i ■ l'homme l'ai thi . lea |"
. l'hum il el Boucha ni n de
l'homme pi
M
ntln Le gorilli '•' défoi
manl *onl plutôt exn
I I / iimi ••!.«■ des pai
| i Iniii,
\ ,, :, i, de l.i pai in
mféi de l'avanl ni di
de ;
\: ic osléi lu I bia, h) p ■" 'I" ligamenl
inlei osseui ;
i il.- .lu liai liles rappelant l'os-
i.-..|.i-i losliti tubercule*
Petite i avité creusée :i la partie inférieure «lu radius, avec ostéite ra
réfiante périphérique comme en cas de tubercule enkysté;
■ Périostites multiples, tibia, radius el cubitus;
Bo >elures nr lies donnant, au tibia et au péroné, l'aspecl monili-
Forme :
I sostose du volume d'une uoii sur !<• cubitus;
Périostites multipl< ml sur le Fémur dans nue grande étendue
■ ■i sur plusieurs cot<
• es diverses lés s ressemblent à celles qu'on obs< rve chez l'homme
à la suite d'ostéites isesel d'inflammations trau-
matiques. En ■ omparant un certain nombre de squelettes réunis dans les
musées, il semblerait <|u<- les lésions osseuses soient plus Fréquentes i nez
-. cjni- 1 lnv i liommi
M I.iumis Bioicsiart, | .11 un télégramme adressé de Mustapha, en
date du 19 juin obtenu de bonnes cultures du Botrytis
des \( ridiens.
M . < 1 1 mi \ 1 Kibabd moyen d'cnlevei la
gc sur les rails des chei :
.1 | In M . B.
Il I I I I IN l.ll'.l I. kPIIIQI I .
I >l
MinisUn de l' Instruction y - Annales du biu nlralmèu
logique </< Franc . publiées pai I VIasi m r. Innée 1889. I : Mémoires,
Paris, Gauthier-Villars •■( fils, 1891; 1 vol. gr. in-4
Ministên du Commet l'Induslrù </</•■ Bulletin du Conseil
supérieur de Statistique ; 11 i. S sionde 1890. Paris, Imprimerie nationale,
MDCCCXC; gr. in-8' Deux exemp 1 -/// comnu /■ ■ exu
\ e, MDCCCXCI;
!
1 1 1 1 1 -
7 "
\
'■'
1 orne V. P N
1 I « îroupe 1 1.
. Itn-
I Mi-lli-
I
les l
. ■ .1.1 1 1
\ i
■
|.\ ord) ..il. m. U Indu,
under the d ••! h i l' \ v •>• Vol. XII, 1889. Batavia,
printed al ihe Governmenl prii ■ n-folio.
i j8o i
ntific resuhs oj t/u fécond Zarkandmission ; based upon th
and notes ; "l ihe late I erdimand Stolicka. ' okoptera. Calcutta, office
of superintentlenl "l Governmenl printing India, 1890; in-folio.
Populat teclun * and ac hy sir William Ihoiisi Vol. III :
tional affaires, lx>ndon, Macmillan and C°, 1891; in-18.
t : von \'\. I ri EDi v mi m 1 mi >.<>m s . [8 I0-1890. Berlin, 1891 ;
m- 3
Abhandlungen dei mathematisch-physikalischen Classe det Kûniglich H
rischen \cademu </< / Wissensrhaflen, Mûnchen, 1801; in-4
Eli H 1/ I.
m e du 1 m. h 1 ■>■ 1 1
Note de M . G. lli'i' 1 fis, l nonce «I une loi,
Il . IIG '
• II.
Si 1 n c< ' 1 1 1 B juin 18g
Note de M. Victor S ■ n Nouveau système de balance de précision 1
pesées 1 apidi
T , 1 ri. 111. pi
Note de M. I. Roi Sui l'emplo • 1 1 ■ sulfure de carbone dissous
dans l'eau pour combattre le Phylloxéra.
il ligne 8, au 1 1 de en oxyde de fer el en poi lique, lises en sul-
tui e de fei el en pou isl ique
Ol \l I II!1 i \ Il I \|;s || | || s.
I
• 1A3S ■• COMPTES REMI
■
■
M 30 ' '
. dans les Dépai i
'
h
34
!
. .
On ranger,
.
•'
I
I '
:
1
■
1
1
\
1
I
TABLES GEM DE L'ACADEMIE DES SCIEH
: ' 31
1
'
SUPPLEMENT AUX COMPTES RENDUS DL E L ACADEMIE DES SCIENl.
oai I "
15 I
OD0 II '■' v
15 I
h Momotres do 1 Académie des Science», • .• - Mémoires présentes par divers Savants à 1 Ac.idemio des Sciences.
N 25.
I \lll.l. DES UVTICXl s. Séance du 28 juin lîtîM.
MEMOIRES II COMM1 \n:\Tlo\s
MEMBRES II DBS CORRESPONDANTS M L'ACADBMIB
M
M M
M. I
MM
mimoiui s i.i s
Ml
l< |il
( Olllll M'OMtWi I
1
MM I
M I I I
M. I I
M i
M \ I
iripli
M \
M. A. Il
Mil
Util
M. G. Il
M \
M \ '
Ml"
lin~
M \
iilïl ■ ■ • i r ■
Ml: \
. m
ButXI i in min IOG1APB10' i
I
M 1
\
'
•"
MM
V
' ■
M I
MM H • I
\ I
■
PARIS. — lMCiilMKiiii. , \i i il ikk V1LLAKS il KILS,
< 1 1 u - 1 1 il ■> ,
1891
l'ItMlIt.il MMI.MIU.
COMPTES RENDUS
III l:|n.\i\|,\||;| -
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
I* %ll MM LE* MUtll \IRIS II lll'l I I I I <.
inMi i \||
\ 26 (29 Juin 1891).
PARIS,
il rUIBB-VILI 1RS il FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES
1891
REGLEMENT RELATIF ll\ COMPTES RENDUS,
ADOPTE DANS LES SEANCES I II in ,Nf. , , , . j Mv| ,g_5
I es fom/il* ,>„,/„> hebdomadaire» des i , .,. . «nmesdespri, pro, «par r \.-„l* J
...p»s,.„l des extraits ,les H.n,„ ,1- s,,,,, ,„,,„,„„., ll;llls ,,/, „ w, ^^ mjijs ^ , J
*embres "' ,,e ' •m',Ks'- des Méj '" **•« Porta relatifs aux prix dé, ernés ne le son! ,n.'„„3
i'"' ' '" '-I' «rants étrangers à l'Aca .:. quel'Acadé ■ l'aura décidé
Chaque cahier ou numéro dos Compti i rendu» a
|8 pages ou 6 feuilles en moye •.
numéros composent un volume.
II \ .1 > Iimi \ \ nlumes par année.
Al' !" impression dt t travaua
extraits des Mémoires présentés par un Vit
ou par un Issocié étrangei del' icadémie comprennent
•m plus G pages par numéi
1 ' N ■ ' "ll l>i« is pi'oiiitnivs .'ii sr.in. . |»u-
blique '"' ,""1 pas partie des ( omptt t r,/,,//,*.
i travaux >l>\ Savant*
''■ iémie.
I es Mémoires lus ou présentés par des pei s «
qui ne sont pas Membres resp lants de l'Ai
demie peuvenl être l'objet d'une analyse ou d'un
sumé «|in ne dépasse pas I pages.
Un Membre de l'Académie ne peut do. , , ' M ^7^"] '' '"'•"l '"s Wé"
Comptes rendus plus <le par an 5, bre de pa (uis.
. ll"'- qui tail la présentation esl toujours nomra
. ' m. """"l!"1 ^rbales ne sont née. mais les Se< rét , le droit de réduirecel I m,-
■|-"'- '-'•""/"•- -'-.■p.-.."i....t qu'u... lUtont qu'ils le jugent convenable, co, ,M.
'" ''" l'"" •'""■"l •"•''•'— te pour les articles ordin, sdelacorre,, t ....
"INS"" Iledel'Acadé ».
Les Rapports ordinaires sont soumis
limite que l<- Mémoires; mais ils ne m
pris dans les 5o pages .... ordées à i haque Membre.
Les Rapports et Instructions demandés pai l< i
vei nemenl --< ■ 1 1 1 imprimés en en
\
bon ,i tin t de i haque Membre doit être rcmisl
l'imprimerie le men redi au soir, oo, au plus tard, l<
jeudi .i io heures du matin; bute d'être remisa tempT
le titre seul du Mémoire esl inséré dans le Compte nnm
L*s extraits des Mémoires lus ou communiqués par actuel et l'extrait ,.., ........ % , , ,
I •'■ "M I. I I I I \l I.III I ^1 | f ||\ ..\<- .m ' !>////</»■ Il II I lit S|||.
I,|' Tesl Ianls de ' académie compre. ni au rant, el i la fin du cahier
plus | pages par numéro.
I es I t ; ridut ,,-.,,, | |lils ,(,. p|anChe8(
1 ' ' ' P»>1 des articles rsi aux (rais des ai
teurs; il n'j a d'exception que pour 1rs Rapporta
I ii Correspondant de I académie ne peut donner
plus de la p iges par année.
Dans les I ompt i ren lus, on ne reproduit pas les
discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de
'demie; cependant, s, les Membres qui \ ont ,es Instructions demandés par le Gouvernement,
pris part désirent qu'il en soit Fait mention, il- d
vrnl rédiger, séi ■ tenante, des Notes soi aii Ul" '
dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les Tou* le**"* mois, la Commission administrative l.ni
remettre :|" Bureau. L'impression de ces Notes ne "" Rapport sur la situation des Comptes rendus après
préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de l'impression de i haque volume
moiressui l objet de leur discussion. „ Règlement.
i y e id séance, avant 5 Autrement la présentation sera remise à la séance suivante
COMPTES RENDUS
hl S SÉANi l S
DE L'AC \ I > I : M 1 1 DES SCIENCES.
SÉANC1 Dl LUNDI ¥» JUIN 1 891
rai
>H UOIItKS I I i iiMMI Ml.\ I lu\s
IDAN1 v \ i • | M 1 1
• Hl M Ki mm km
J
■~>-U. en
publier : ■ un
i lll'lr-
. par M. M I prwlu ivanl
.i l'appui d'une lh< un prétendu ■ sulfurylholoiyd
• |ui foui ■
le l'exisl
i r • )
propre de l'acide persulfurique, tant i l'étal d'anhydride, S'O1, >\ l'hy-
drate, ainsi que dea els qui lui correspondent.
En lui. >«»it un.' solution d'acide persulfurique, mélangée d'acide sul-
furique, telle qu'on l'obtienl par èlectrolyse; si on la neutralise avec pré-
• • i « • t i soil par l'eau de baryte, soil par une solution de | on
obtient m rtaine dose de persulfate neutre, d'autant plus considérable
que l'on opère i plus basse température. I e mélange initial d'acide sulfu-
rique h persulfurique peut être aisément refroid : mais la liqueur
finale obtenue par neuti on n'est guère susceptible d'être abaissée
.m dessous de o° sans se congeler. Ce sont don* là les limites de tempéra*
■ I'- l'opération.
I es liqueurs ainsi neutralisées deviennent rapidement acides, surtout
si on les échauffe, lu même temps elles perdent <!<■ l'oxvgène I t dose
totale 'I'- l'oxygène actil qu'elles renferment .m début | • l<>^;i I >!•• par les
agents ordinaires : sulfate ferreux, iodure de potassium acidulé, etc.) est
pré( isémenl proporl onnelle i ' | .1 la dose d'acide sulfurique lil>i c régéné-
rable. Ces résultats établissent l'équation véritable de la décomposition
des persulfates :
'•K-' - H«0 - SO'K SOMP "
« que l'analy» .1 vérifié sur le persulfate de potasse dissous et
ce que M. I raube .1 également observé. M ! étant mélangé de sulfate
neutre, I'- phénomène est plus net .i\>-> le | ryte, S'O* Ba,
dont la composition peut lée comme absolument détermim
I 11 effet, ce sel ••■'t soluble et neutre comme l'hyposulfate S*0* Ba, ou le
permanganate Mn*( 1 I a peut le séparer par le filtre, à l'étal «Iism.u-,,
du Bulfate de baryte. On vérifie alors aisément la 'I nposition normale
du sel neutre soluble, en sulfate de baryte insoluble, qui m- précipite,
oxygène, qui •*<■ di l acide sulfurique, qui devient libre; le tout s'ef-
1. 1 tuant lentement .1 froid, rapidement .1 IV bullil et d'après une «-■ p 1.1 -
t h m déterminée par les mêmes données analytiques que ci-dessus :
SfO,Ba II-"' SO*Ba SO'H' < >.
\u lieu de séparer I acide persulfurique sons forme saline <l>- l'excès
Pourvu que la liqueu contienm pas d'eau on v
rei iendi ■< plus loin. 1 duil le pei ni
sui lequel l'a
ide sulfurique .m MHiMii de la bai mme il vient d'être <lit. ">n
i de la solubilité <lu sel de bar vie du j le pour pré*
eipiti ilfuriqui le d'un autre sel de I rasoluble, l«'
phosphate, I isi que le fait M. I raube. < In dose i nsuil
Milf.iN- de ! éhullition.
I si l'on » eut doser l'ox>| , il mm
itai iliu-
i iqu( t les dilu ir«'>
: qu'il i i de
- ili M illn-
■
| >. pour i i rsulfurique :
S*0*tl II • l ■
■
.ut c omi
» Le dern <l< -
ilans l.i pn n de l'ai ide pei
. bromique. Dan iut l'utvi
une un H'O, qu'il I
attribut i . une preui e de
tendu i "iii| : que l'holoxvdc
• s- I
» Q blisscnl pai de
nom ule-
nmr
susi . i ables |
.iiiv permanj ju'aui per b bdati
'' i itien-
iK'ni pai la indanl -
qui constitue pn nt l'un des | .. donnés
p. .m I .n ide pei sulfurique.
' XXI, p.
i i4»4
GÉOLOGIE i \ i'i:!;iMi'Ni mi . -■- / i icei *///• les actions mécaniques
cees sur les roches pur /;> et animés de
mouvements tn i rapidt r; par M. I>w ni ■ .
Il I i -ni il mil IkK I HI'll:|i|IMill"> >l» LA lOtTU DU IASSU lOCBtl'SIS,
\ iHiuii^ LnrairoKATi ma rnTi( \i » - di i ti «ci n > ouratan
Les fluides élastiques, emprisonnés sous fortes pressions dans les
réservoirs souterrains, n'ont \>-^ borné leur action .1 perforer des chemi-
1 travers l'écon e terrestre, > omme noua avona 1 hen hé .1 le montrer
expérimentalement ('). Il ne leur ■< pas Fallu plu-^ « 1 • - puissance, ni un mode
d'opérer bien différent, pour faire monter, vers la surfa< eel bien au-dessus,
des masses ro< beuses par lea 1 anaui que > ea fluides avaient |
relie peut 1 u*e partit ulièrement l'origine de beaucoup des dômes Ira-
chy tiques isolés, servant, pour ainsi dire, de couronnement à des diatrèmes,
.1 en révélant l'existence qui, s. m- naux, souvent imposants, aurait
passé inaperçue.
1 n grand nombre de ces dames, - il tous, ont «In surgii cln -..l
.1 un étal voisin '!<• la solidité, lulremenl on ne comprendrait paa l<- profil
si fortement in< liné de tels amoncellements, et souvent ■< des bauteu
■ onsidérables.
I ■ - deux nies, parallèles entre <'ll''^. d dantesques, alignés
sur le li. mi plateau d atenl un exemple typique de cette
manière d\
Deux arguments prim ipaux appuient l.i supposition que 1 es masses
Irachytiques ne sont pas arrivées fluides au jour, m même piteuses.
D'une part, .hum qu'on vient «!<• le dire, loin de s'être affaissées sur
elles-mêmes, comme il serait arrivé, dans 1 eus l'action <!<• la pi
leur, elles se dressent majestueusement, de ia< on 1 dominer de plua de
deux mille mètres le plateau environnant.
» D'un autre côté, un état initial à peu près solide r I aisé de com-
prendre l'existence, dans leurs flancs, de \.i^irs cavités, sièges de lacs
souterrains, dont les déversements, conj temenl avec des fusions de
neiges superficielles, a 1 lé plus d'une l<<^ si funeste aux \<i\-> voisina, lors
des convulsions «In sol, >i 'l«mt les pai sont effondrées mit elles-
(') Comptes rendus, l. CXI p. 7 j; t. CX1I, p. 1
imc • Il en .1 été de m<
N h 1 i|< 1 1 ■ ut duquel la
borda « rcnel< s, tém tent, et
I .11- un ■ ii ont dnnn< linsi
> on n t tl
mnclle due .1 'I'
1 l.i Formai
. ha nés el il ils.
, ■ 1rs
s, < | • ■ il |'.ii ail h -.Lui'-
ut il
\i. '
■ 11. I.i r
au-
'■ ■
q ■ lusieurs
Il ••si
al <!.•
|ue, .1 11
densité de <
IT'1'
itéraient; mais, en appliquant
ut < on-
te limite .1 <l<- telles
l uni-
des
vibi
■ D'aUleui
■
|ues que
1.. de li 'I elle-
blés |>"in prendre ce qu elle»
ont pu être, avant par un inent.
Enfin, •■ ipUons, a> 1 atermittem et d
- i86 )
témoigne de la longue durée de la puissance motrice renfermée dans les
réservoirs internes, peut-être due à un mode d'alimentation, qui le recharge
après h ii appauvrissement, hum que j'ai cherché autrefois .1 le montrer! ' |
Bien que la hauteur des dômes <l ■ trachyles el autres roches érup
entes >"it '!<•- plus variables, depuis le niveau il«' la m< r el au
dessous jusqu a l'altitude de près <\>- 7000™' qu'atteint l'Aconcagua, cepen
danl il t'vi très remarquable qu'un certain assortiment préside .1 leui
distribution. Malgré l'association fréquente, dans une même région, d'alti
tudes diverses, que l'on peut expliquer par des 1 il stances ai
es grands sont localisés dai uns; les moyens en d'autres
it les petits ailleurs em
l es volcans les plus élevés du globe, avec « !••> hauteurs de
. sont réunis <lms les Cordillères du Pérou el de la I > • > 1 1 ^ 1 < -
\ Gtialatier Sahama, '"i."'" ; Llulaillaco,
1
Plus .m in.nl. dans la Kcpublique '!<• l'Equateur, sur le plateau .!«•
Quito, se dressent les inds cônes vola mes déjà < il. ^. qui se
pressent sur i*"ki" seulement; ils présentent un exemple des |>lu- reoaar
quables « 1 • - cette uniformité de taille. Dominés par le dôme superbe du
Chimborazo, les principaux varient de iyambe-1 rcu
iluiii le sommet est exa< temenl sous l'é [uateur : l>- < otopaxi, m
ilier dans sa forme coni(|in ( lairazo, qui, depuis qu'il
s'est partielleme réduit .1 une hauteur de le • i|>.i<-
1 rcu, qui conserve enco oir subi le même sort; les pyra«
midesd'llinissa dont l'aspect rappelle aussi des ruini
s. m- i esse actif, .1
Des similitudes «lu même ordre se retrouvent dans l'Amérique du
Nord, sur l<- bord de l'oi éan Pacifique, au nord du monl Shasta, en < .1I1
fornie 1 ii"^n'i. I<-K sont, entre les |5' el 1 es de latitude, dans
la chaîne des < le |>n Hood , , le un. ni Saint-Heli n
1 ,......" i, le monl Elainier , le monl Baki \ un autre
module appartiennent : le nu. ni Brown el le monl Uooker
: |nii> encore plus .m nord, dans la ' olombie anglaise, le monl
(') Expériences sui I : ûllration capillaire, au 11 m.i-
• 1 ii'- i"i : pi essi le • end us, 1. i.ll .
Parmi les chiffres, parfois — / différents, proposés poui les altitudes d'une
même mon tag
rence ceux, que donne 1' Innu l
-
Wealhei . le moul Sainl-tlie, &itué vers l'infli
I' \Ij.in). ■ ,.
• Dans l'ai , , nous
u liMij - i K isbi
de l'Elbi
elle du I lemavend N des hau-
-iii. .m. Ii
. prùsd I muet
U l'un inilli- p d -.il
vol-
. le pi • i l.i
iii.'n' i 1 1 1 1 .
Pu mi les \..'
Ml ' : in< •
• I ; - i
|u< Da luite
île deiu I
i ide di
<l«- I ' • • I i plus . le M mu.. I
et le M tun > K ,t |.,
I
de profondeur . île - |n<-s.
il de plus d<
\ • i - les latil S
in Y< , M iven, le ;
\ . . que
• <-ll. i milieu des
îles, pai ''mis et li [erre il auss
mus li\ ; ni .
Ces i ides de li i lonl
!
I \WIII .. WWII
| i Î86 )
d'autant plus dignes d'attention que, pour beaucoup, il s'.i-it de montagnes
d'altitudes tout ;i fait exceptionnelles. Elles paraissent déceler un lien de
tté entre des cônes d'un même groupe, bien que leur isolement, à la
surface du sol, porte .1 les supposer tout •■ fail indépendants.
Grâce aux expérience relatives 1 la reproduction artificielle « I < ■ ~- <lia-
trèmes, nous sommes 1 même de nous faire une idée de la raison possible
de cette localisation d'altitudes diverses. « nme si chacune d'elles
• irrespondait a une pression maxima, émanant d'un même réservoir infra-
granitique, <l"nt elle donnerail la sure de pression, à la façon du tube
d'un véritable manomètre 1 ui libi
i ette hypothèse nous permet, en ou lit même pu faire pré-
voir les divei > qu'on 1 en chaque région.
I ii 11 \ 1 auses différentes de • tsdc hauteurs, en effet, se laissent
entrer "ii d'api èa les 1 ésullal s des ex|
I lansi ei t linsi a -, l'affaiblissement de pi |>n>\ iendrail de pertes
latérales «m fuiu »urs que, dans noti ivetle manomé-
triq ! malgré des obturateurs soigneusement travaillés . il est si difficile
d'éviter et qui '>ni dû se 'I sr libi dans la natu
Non moins fréquei nt, et par un proi quelque sorte « ► j » j • ■
les effets mécaniques ont pi duils, par suite de l'obturation auto-
matique des canaux d'alimentation, obturation produite par le fait même
(1rs m. ii riaux détritiqm en 1 tvement. ( e sei lit analogue au 1 ■•
sultal de plusieurs de îxpérie 5 de perforation, notamment sur le
gypse, où le canal de sortie ouvert par les gaz explosil . par
suite de l'extrême rapidité ave< laquelle les mas
taient. Se ri géni ranl imm< diatemcnl en m
■ onstituaienl instantam menl un boui li mjx rmi abl
\ pari ces 1 ie d'annulation
dans les poussées verticales, sortes de / s'exprimer ainsi.il
faut encore, | r comparer les h niques, tenir compte
des démolit s. som enl
mit subies, -".' par nents, -..,1 par écroulement sur elles-mêmes,
comme "i> en .1 de mémorables exe nples, pour bien <lrs montagnes, dans
1rs Indes, .1 i.i\ .1 et ailleurs.
Rem irquons, d'autre part, qu'à l'époque actuelle, pendanl un laps de
temps comparativement bien court, un même appai I volcanique offre
«1rs écarts non moins dans 1rs altitudes qu'atteignent s<>s di-
verses éruptions. \uim .1 l'Etna, lorsque la lave au lieu de jaillir vers la
base, comme en i6o3 ou en l'an int notre ère, s'élève jusqu'au voi-
tel, ainsi qu'il bom hes >!«•
. elle n » différeni es 'I.- niveau <i<- plus d<
• '. -i ainsi, poui le dire en passant, mie I o Ire, malgré
proximité mutuelle, l<^ divergeni i s de hauteurs des montagnes vol-
|ues <li- 1 1 ^ et de l'Italie méridion de.
i m Jo • ne son! pas des différent-* d< Iki i leurs dans
un même groupe, mais, au contraire, la fréquence d s, surtout
quand on < ompare les altitudes des sommitt s prini ipales.
I nsquipi it s'appliquent aux i volcaniques
nnes, p [uelles une tendance m l'égalité de nivi
se n.
\iiim le |ues qu • ail-
lent le Milti _■■ de li Bohème el lui donnent un a&pecl
si singulii r, offrent la I i ement i in ula 1 1
dont les altitudes pi édouun
I i I nii.iiii qui
it, ne p irait pas
i monl ' du ( mi. il, m
ni < omme i • disi ipliuc
et mesurent la même hauteiii S hasard
plus de ' m I n
\ c,|, ili tude, i "
N. Ion I- in il ta m e, loi s de I sur !<• nol,
rochi ! elles
ni de nal
elles se son! éimiu h ou nappi des
formi i M. mu « I "i ; tantôt, •• peu
ainsi qu'il • >uvenl |>our les Irai hytes, la roi hi
i pi oliil .i penli - lieatii nup pli . le l'uy-
de-1 •••Mi.-, le pic de Ti ' , le Fousi-Yan
d'autres innombrables offrenl cmples. Dans un
dans l'autre, que la mi l'oli anique ail été I ob
i qu'elle s. m i le n Milt.it d'une poussée unique, les
inaient d'un m< 'I1"
lient .1 une même pn , ont di) se nivel
1 . la sont les > Anes de travertin de Hammam-Meskouline, dont i ba
< un. commi sait, s'< sh iduellement, jusqu oun c
n'ait plus assi i de pression pour dépassi r le n d : sous une
fora nous d lent une idée du phénomène
( i4go i
" Les masses éruptives en couformité d'altitude |>.u a ouvent dil
férer par leur âge; mais on conçoit que, pendant de longs laps de temps,
les pressions motrices des laboratoires souterrains aient pu persister <"i
s'alimenter dans des - onditions similaires.
I es diatrèmes se présentent i la «urface de la Lune .i\r< une abon-
dant e incomparablement plus grande que sur la terre, et il est intéressant
de noter aussi pour des a isolées une sorte de classement géogra-
phique, suivant les altitu les. \iiim. les |>ln-> élevés < ]ii<- l'on connaisse .1 la
surface de notre satellite --« » 1 1 1 situés dans le \ je du pôle austral
i iiK.ni Dœrfel, 7* '.. »t »■*• ; mont Casatus, : mont < urtius, : 1-
Lagne annulait 1
I ).ni^ la Lune, 1 omme p . nous trouvons des manifestations
de i>om par ./. ma-
nant d 11 tiont ini mes. Plusieurs 1- auxquelles 1 s avons
• 1 expérimentalement 1 induit sur la perforalio travers
I 1 -i on e lerresti e et la ta |ui en ont débouché peuvent être
applicables
tmphre.
le M. A. H m 1 h.
I Lin-, une * ommui nonl 1 6 que le camphre
cyané se combine aui Is, quand on le traite pai l<
otates de sodium .1 une t< mpéralure n • dép pas i""' pour le
alcools méthylique, éthyliquo et propvlique 1 lite
par Péquatii
H
1 -II" . 1 1
1 1
.1 .n admis que, ■ ditions de l'cxpi rien» ce à la prè-
le <l>'ii\ grouj ements m galifs uns au même radical hydrocarbonc
1 II. I<- svslèmi i di (stabilité cl se prête facilement 1 une
rupture dans le sens ind pié plus huu . multanée des élé-
ments (!<■ l'alcool.
\ la suite de cette observation, j'ai étudié l'action de ces mêmes al-
( oolates sur le c imphre b sur d'autres molécules atomiques.
( '
, t. Cl\
i9<
m i \ ili\ late il«'
um n «n • ■ u'il y ait I faut < h. mit
On introduit dans <li> i ' ■■ ■ ' absolu
tenant en dissolution o,~j de a ■ i on < !i ^l-quatre
beares. A l'ouverture des tul>es, < i , qui est duc
I • produ mu' ma
qu'on iliss.iui dans l'cl :
itmii v| : m ii |»i t qui, s llisa-
:
m ilion. Viiisi,
une i>|- loirc lui
i(
1 : île
\ 1 I . , '
Il en 'lit' phol est plus <l<\ é
it qu il n'est plus m< lue dea
I litèa d'un produit liquide inso
lubli
[rlion
. i I. | I*
| Illlls v
■ I
que l'équ « aient , des
i
i il
> led'obli
iiiiin
•
i imphre
s dans un '
|ue. \| ; l-qtiatre heures >\<- < ha : i fi oi-
dir. Il ne se pro<bi u\ .1 l'ouverture des tubes.
ment une masse blanche butyreuse, qu on traite par l'eau,
( i iga )
[mis par de l'éther. La solution éthérée fournil par évaporation une huile
qu'on soumel i la rectification. Il passe d'abord de l'alcool benzylique,
puis, à 2-j' Il -"'"' " >. il «listillf un produit sirupeux, trèsréfrin-
.1, qui | »« i^^.-. I.- au débul une léger leur empyreumatique. lu boul de
quelque temps de i onta< i à l'air, l'odeur de ce produit ressemble à celle
de l'aldéhyde benzoïque.
Quand on abandonne cette huile a elle-même, pendant les grands
froids de l'hiver, après l'avoir au préalable additionnée «l'un cristal <!'•
benzyli amphre, elle se 1 1 « . 1 1 1 . 1 . - et se remplit (!<• petits cristaux qu'on essore
et qu'on fait cristalliser <l mi-n l'alcool. < In obtient ainsi de très beaux cris-
taux blancs fondant .1 5i •. solubles dans l'alcool, l'éther, le benzène,
le toluène, insolubles dans l'eau ■ i les alcalis.
I .i potasse alcoolique bouillante est sans action sui ce corps, même au
I t de deux jours. L'acide acétique < ristallisable ni l'acide i hlorhydrique
ne l'attaquent, quand on i liauffe .« l'ébullition.
L'analyse de ce corps conduit i la formule < ' Il ' Ot Il . qui est
celle d'un camphre benzvlé, comme nous .il I • • 1 1 x. le démontrer plus loin.
s.i formati lans les conditions de l'expérience peut se traduire par
l'équation
I II
i n « m .< m 1 1\ . < h « ii-< m
n i m
C*H».CO»Na H
La liqueur aqueuse i onlient, en effet, une quantité de benzoate de
soude < orrespondanl au pu da de sodium employé. Quant i I hydrogène
qui figure dans l'équation qui précède, il se porte sans doute sur du benzyl-
, amphre, | r donner naissance -i un produit de rédu< lion qui reste dans
l'huile nu ristallisable.
Bensylcamphre droii obtenu tut moyen du camphre $odi et ducniorun
de bensy le. Pour nous assurer que le produit décrit plus haut est bien
du benzylcamphre, s avons fait agir du chlorure de benzyle sur du
camphre sodé. I i 1 1 iction se fait à chaud, et on arrête l'opération quand
uni- partie du produit étendu d'eau ne présente plus de réa< tion alcaline.
< » 1 1 lave le tout avec de l'eau, lécante et on ilisiilli- «Lins le vide, lu-
dessous d< Il i i"" ' " l, "I passe un mélange de camphre el de pro-
duits huileux. De u5 .il distille un liquide composé en majeure
partie de benzylbornéol. De a • nGn, on recueille une huile
épaisse qui, abandonnée au froid, Qnit par i ristalliser spontanément. Les
cristaux essorés et purifiés par cristallisation dans l'alcool ressemblent à
1
1 1
<
•Il
i 11.4
i i i
i obtenu de soudi mpb II- fondent à
I ■ camphre sodé brut étant un i t de camphre
proprement dit, il >mprcndre qu'on obtienne du ben-
/\li amphi e el >lu benz> Iboi néol.
/
l'.nii .mi un dou
1 ,i\ on* ont ore prépai int le ben» Icamphi
I « il « Il
.
obtenu en traitant le camphre sodé pai .l<- l'aldélndo l>enr.oîque, et sur
- nous | ut.
(lotte réducl idiuin .. ioo,
• inplire
I • imphn pnipi iélés, nu
luit prép irê |wr les d( - Il possède la i : trme
• l'équation
i:ii.< « h < m < n
■ ii n i ■ n •
i 1 1
H n produit
• Il • H • H
' i il i miilii .
■ «Il '
n- itendanl deui
Iroxyl
.mu ut- et un I tient une huile qui,
i end en "it entre
clinil.li-> de |'.'j ' d*ns I al< ""I
iplatis, fond ml
lubies dans Cellier, la b olublesdans ■ 1 1 •» .
I huile epu .■• • iniqi . » la I
constitue - m- doute un li n .i pas été ex ai •.
Ii.iilll.ini
.lu . impbrc _ .m. lie .i\' « du ben le sodium ■ en rédui-
sant l«- b unphrc gaueho au i de l'amalgame de sodium. Dans
les deu* ■ as on nme sur les
I . i oint de lu-. les cristaux obtenus est de Ils > «m-
Ment en loua i ' i .!n benzylcamphrc dro
I l'U I
« II3
'.' n: ir/i CM" l hcis
: Il 'H1
prennenl naissance, en même temps que les benzylcamphres, quand on
traite les camphres iodés, -li . par du chlorure de benzyle.
ime leur poinl d'cbullition se rapproche de celui >lrs benzylcamphi
leur séparation d'avec ces derniers présente quelque difficulté; aussi les
;i-t-<in préparés en chauffa ni ■ li-^. bornéols sodés, droit et gauche, avec du
chlorui <■ de bi nzvle.
1 son) <l<-s liquides li 1 1 l«-t i . o leur rappelant celle des amande
res, el distillant vei ius une pression de S<>""".
I .i formation du camphre benzylé dans l'action du benzylale
sodium sur le camphre, nous fournil une nouvelle méthode de prépara-
tion des composés alcov lés di ■-. ime il ne peut \ avoir aucun
doute sur la nature de ce dérivé, il esl permis de conclure que les produits
buileux <|ui s'' forment, ■ ! ins l<- traitement à haute température du camphre
par les propylate, butyla nylate de sodium, renferment des cam-
phres prop} lé, l>iit\lc 1 1 iniv |i
le me propo
néral, surdesc posés renfermant un radical • Il i dan le vo
.• de pi oupeme
\| . Tal mi l une \oti Sui le intoxiquées
\<mi\ ETIONS.
I i Commission du pri * Barbier ayant demandé qu'un phys n et un
physiologiste lui fussent adjoints, MM. Cornu el Brown Séquard sont
nommé membres de la ( nmmission du prix Barbii
MEMOIRES PRESENTES.
• i \mi.>i i . / rins, V
de M. ' >i m:i i •• Bao i*a r.
i i elle Note el les < ommunii ationsn i itives au ;ujel présent ses dan
les séances précédentes sont renvovées i l'e im i'i. Chatin
\ ;in I ieghem, Milne Edward*
Le i i mai dernier, M. Le Moult faisait i o m litre un parasite crypto-
game, le Botrylii i qu'il avait recueilli dans le département de l'Orne
- 1.1. m. >. M iiiiii-
ii èrenl que ce cha on poui ' Ilmis.
1 1 . M. Maxime Coi nu, -.ut seul,
l' a l.rl i .mu !
Malh
.: I . '.; ic pour
• h Iroits
is liiunul VI . i I' .1.'
1 mets
iulividu
ponte.
s .!. M I >
M I
'■
■ •
' lontpell
l
l •
On i
t , de
■Hit |llllS
:it M m
1
, tans le , i '|" elles
ni avant d< rs pattes
i i mophthi
I i li.inij' me d<
mvcéliu ibondant, accompagne «l'un grand nombre
nt <lr d( ■ elles m ni de pu-
•
offrent touvenl qui amène un étranglement; leui contenu "lli c
'!>■•> granulations a
I .-^ spores qui existent dans les taches brunâtres sonl b
( I..y. I
, oup plus petites el arrondies; on les trouve réunies en masses moins con-
sidérables que les précédentes. Celles-ci rappellent beaucoup la Forme <-i
les dimensions des s] - de Bolrytù bastiana. Les premières sonl 'l<'u\
fois plus grosses. Les spores de Bolrytù teneUa Boni beaucoup plus ovoïdes.
Le 8 j , M. I rabul confirma ma détermination. I ui aussi avait trouvé
des < iriquets contaminés, mais il n'avait pas encore pu les examiner d'une
façon approfondie. J'annonçai m.» découverte •■ l'Académie !<• 8 juin <-\
dans la séance «lu i5 juin M. [rabul donna • ce champignon le nom de
Bon » d\ a n iiorum.
Quelques jours après, |<- pua N"n- d'abord seul, puis en compagnie de
M. ii.ilmi, une épidémie considérable de ces « riquets, épidémie causée
par le cryptogame, sur les talus qui bordent l'oued Elamidon ■< I krbaj
beaui oup de ■■ i.i l< ts el de femelles étaient morts, mais il en restait un a si
i.l nombre encore \i\.mis. déjà attaqués par le champignon el «pu se
traînaient péniblement. /</ plupart des femelle» mouraient ton» avoir pu
fiitiuln .
Depuis le mois de mai, M. Henri Paul, préfel d'Alger, •• mis gracieusi
ment i ma disposition le laboratoire de la Station agronomique, où j'ai pu,
1 1 ,. , i la i ollaboration de M. Marchand, ingénieur-agronome, essayer de
cultures de ce Botrytis. N< <>nt pleinement réuss
MM. < h r.iiMM.M ui i et .li 1 1 - Muimumi ni une Note tyant poui
titre: Observai s sur les cultures du Bolrj ta ridiorum • a milieux
artificiels
Renvoi à la Commission précédemment nommi
M. V\hiim (.uns ioumel .m jugement il«' I académie un Mémoire .i\.mi
pour titre : Le réléplaste. Exemple de transi ation <l<- la forme en
rythme et réciproquement, rransmission «l'un.- forme au loin sans trans-
port de matière
i ommissaires : MM. Marcel Deprez, Lippmann.)
M.l. -I. -IV Dobot adresse un Mémoire sur un nouvel iodure orga
nique, l'iodure d'antipyrine », et demande l'ouverture d'un pli cacheté
qu'il .i déposé le 8 décembre 1 890.
1 e pli, lus, lit v,,,i^ |e n if'. I .". . est ouvert eu séance par M. le Président :
il contient une Note sur l'iodure d'antipyrine
I ■ ' M Si lui
M \ i mi i. Il >-iN I i n.i\
I.
i ORRI SIH>.\I) \\< I
i
i
. onduil i t . . h"i . ! ■ i • p.
! llr s\lt l|< I. |i.ll
uduc
île plan». |miui
l la n.iii. 1 ' iilans >|ni < om|x
ileu» |>l \ues l'un de
i I i xiii i,. ni. S
iple ilu -
|
I .1 . oodilion | |>ai
[6,j
r. exi
[es termes non •■> i ls s'obtenanl par une permutation ries indices i, 2.
effectuée dans l<-s termes ■ •■ rits. « m en déduit, pour I',. I'.. F(s) deux su
lutions, qui sont
P, = a I' 1
ri
P, = h, | P I ; " ■
nprès que l'on a transporté l'origine des coordonnées en un point con
venable de l'axe des : : h d< signe une constante. ( >:i est alors 1 nnduil aux
1 ésullats siiiv.mis :
Pour qu'un système de plans admette s surface courbe de symétrie,
indéi omposable, il Faut t|u.- cea plans passent par un même poinl el soienl
en nombre égal 1 ■. 1 ou ■ II n'es ite pas de surfai e polyédrale fermée
qui soil «ymétriquo par rapport à une sui irbe I^es seuls angles po-
lyèdres convexes posai danl la symétrie courbe sonl les angles tétraèdres .1
trois plana <l<- &ym< trie : les le cha< un d eux sonl les diagonales
d'un parallélépipède rci ' ingle el les autn - ti traèdres formés pai
. es quatre droites indéfinies onl les mêmes surfai es de symétrie 1 que !<•
premier, L'équation des surfaces 2, rapportées aux trois plans de symétrie
de l'angle tétraèdre, est
\ const.,
les quatre arêtes de l'angle satisfaisant aux relations
Ces surfaces peuvent < la classe dea surfaces dites
nu - donl les propriétés onl préoccupé de nbreux g nèli
depuis le commencement du siècle : 1 ir, l'on écril l'équation des sur-
faces létraédrales, envisagées dans leur acceptioi de, 1 omme il suil
• I ■ I \ 1 il I
.|' I ■ 'I I -
mi voil que, en j faisant tendre m vers zéro, elle seréduil à la formule 1 \ >.
Il faut maintenant, en supposanl fixées les valeurs de m, n, 1 . déter-
miner l<-s surfaces courbes S qui présentent la >n trie par rapport .1 cha-
cune des suri, uis 1. .1 \ parviens par la considération «1rs trajectoires
orth • M- s mu • i ml pool < '|i.
C h i.i|
.1 I h .!. % su s do
raie
i li. • M uni'
mu- de n-i » données d'un
• M de courbe C I
r.ipi S l us
ni M d<
Bill . li
i il problènu
/
I
:i .i. -
] île 84 mldable « la ») ini
plane, en ci li l'on n 1
• ut dcui ■> deux &\ nie
par rap de la noi m de. I ••! - |u on tail
sur um
N ,1 -Min.
emenl il deux ni* • I « - la noi maie, •
pi in mi i leui | la
équivalent)
s, /// il .1.- |u ilea lea suriai es <|m
• •lit l.l s\ll:
I ion
• i i | i déraonti i -u\ propo iil ■• > ii - .
/ ■ Union . g :• ,i {mettenl ta
, . droit s sont d
La turjaca potsëdam ■ / lu f ■ ■<< du cube et Ut >\//i//<>
courût ilu {êfinit f équation,
■h forrru ari
/{■
i 1 1 "■ 5IQI l M \ llli MAI IQ1 l . .///../<> I
pe. Note de M Iarcki. Biiixolix, i e par M. I
I . i - homog ne n iu'oo le soumel .1 une
i nation dans laqu u, i . : m
d un |»"ini -.uni lires .iu\ i nordnunccs m. n des équations
linéaire . donl les i ils onl une grandeur ciuelcon iuo
l II := D,
'•
' Il . ■
erniers termes de chaque ligne corespondent à un dépl
nient pei i droite R . I. . R,, i>osc d'une rotation
autour de cette ligne i >mm< el d'une déformation représentée par un
ellipsi i.lc ili tour de
•mi ■ de l'ai R R Facile à mettre en évidence au moyen des foi
mules d'O ml
i;
tangu vi. i.
I.i première îles équations dei ienl
n j I». «R, R G iR, R cos'o)*
■ R R :.. s],
et I s autres s'obtiennent par symétrie. La seconde ligne esl la rotation
I ...
su lu v |>. .1 i.pnir déforma liun ; la prein douuo la
défi menl <l
1 I lé île m
évidemment indépendante de I i vient au
ilion .ii''
■ne <!<• itive el non <!«•
itation. l • ••!. est dont
(■'H- lion uniquement dea 1 1 < •> ^ iu\ai ints I ,. I,, I le la forme quadratique
qui définit la défoi matiou |
| h i, i.
i eut-, pan - qui
lu di plai i • *l pas une i olatiou, mai!)
: I intei
Si la enis I), <», R ncsonl
■
i- |H
iiii.ni j les, quelqui
eule
; 1 1 •- les i pa» t ndes i | r que
: ma une étendue suffisante,
un iinllt. millimèti le» solide» li"
■
. i m ivail
une de < I unili i luellemenl oblîqui • |uel-
ippclon» X„ Y„ 2 le* pi •- sur 0 e la
ndue
actuelle, el supposons-li i fonction d< inilialea
, e de la nui .... i i l.i. ompo-
. suivant Ox des foi appoi lées i l'unité de m
I 'uni "lis .lu ma inslalion
( I >
ni prenant
• es équations s'appliquent rigoureusement aux grandes déformations
d'un corps quelconque, d'un corps isotrope en particulier : corps pris en
masse, dans lequel !<■•> grandes déformations peuvent entraîner l'écoule-
ment ou la rupture; plaques minces. fils lins el I"u:.'n pour lesquels la dé-
formation proprement 'lit'- reste petite, m. us la rotation .hum que le il<-
placement -ont grands. Dans ce dernier cas, on * ! « • 1 1 réduire l'i nergie a sa
foi me ordinaire I ' • - l .
"
" " «
I'
U
'• ';
1 i. i. i
D H i. U i, i. ;• I H H G H l. G H
Il l; Il
mais en conservant R,, K,, \< dans l'expression des deux seuls invariants
qui inlen iennenl lorsque li - déformations proprement dites sont très pe-
tites. Les équation pai cela même d'être linéaires,
i. Les i ss èlasl jUi-s choisies permettent d'exprimer très simple-
ment que la la surfai •• est nulle, <>u que la force totale appliq
une étendue déterminée de cette surfai e u nue valeur fixée ■■ l'avance. < >u
peut d'ailleurs, au moyen des neuf • omposanles utilisées i< i, exprimer les
- appliquées .1 I un te de surfa< e d'une 1 pieh onque; mai
expi essions ->"iii assez compliqi
\ - m « .• 1/ - . 1 \\ | , pai i.. u
I S ; relative aux mouvement» inti lasliuuc poui
des déformations finies, touti - I - qu ml I exprimée* ."i mnveii des rdon-
;i ■-. M I'... u --m is, d'ailleun de la forme particulière de
I énergie | les 1 ■■! |" 1 ^ ■ • 1 ■ ••( ti esl l'objet principal de la présente V
Not< ! Ml" !'.i un u:n
'' I ppraann.
l ■ •. n'a pas éti encore » pi ifiée | ■
- : le qi nprimé dans une dire< lion normale i 1 axe
|ur >\r\ enanl biaxi i m i ^ .l.ili ilion.
ii des lemn me l<- plan d< i cal
lléle .1 l.i i umpi • ( ('lus >lr révolution
et, si oltilion inatoi ial
de I ' llipsoide inverse primitif, snivanl l;i m <l<- la pression, // >li
mini I la diminution «In itori.il //,.
■ ndicul les de l'ellipsoïde m
i ront, après la
• ••lll|H < SM.III,
l >
I de quai ut dans une direction
• Il de II |>
sur un I ■ 1 1 1 1 •• - -i ni i de I • tombant d'abord
ment à la la il le ij" • int la i
plus le i ir la lu-
I men-
lalemenl . el dci le i elations 'jn<- j'ai
iiiikiiI i de l.i
plique, c'i ions
rllipliqui ipri» déliée* di ' &i que leur elliplicité
donnée pai K el
l eontalemi il Repn sentons
le iln r ni idente ; pai \ 1 angle >l>- la
1
ii «m i t de
• i \ 1 1
\i - \ ■
i ' i no /
polarisation rectiligne rétablie, avec la section principale; pa L ç la
différent e de mari ne due u pouvoir rotatoire seul, <•! .1 la double r*
tion seule (pour l'épaisseur unité); !<• lableau suivant donne quelques
résultats d'une expérience relative 1 un quartz <l épaisseur ,0 K)3ii
1 '"
1 1
1
■
'...!
:
1 . 1
•
1 .1.111-
tiqui
1
B
■
-
- •!
1 1. . , rableau on | eul tirer les conclusions suivant
1 1, de constant; le pouvoir rolaloii nserve dans le
quartz, sous toutes les obliquités, et même après que II pression l'a
1 endu l>i im'
si l'on construit de» courbes, en prenant 1 ime abscisses h d,
., K I >' un ordonnt es respet tives.on voit < | ni-, lorsque 1 incident e augmente,
diminuent pour augmentei ensuite. \n < ontraire, K augmente et « I »
minue ensuite; 1 'est qu'en effet, lorsque I incident e \.i 1 roissanl ave< la
normale .1 la lame 1 ancien axe optique du quart n iturel 1, l'angle que fait
le rayon <l<" lumière avet l'un des axes "| tiques du quartz comprii li-
minue, et, par suite, aussi 1 1 différent e de mari he.
; I orsqu'on atteint l'incidence qui 1 orrespond ■> I axe optique dans
l'air, les vibrations elliptiques deviennent • in ul lires, et l'on retrouve le
pouvoirrotatoire suivant la direction desa I ette conséquent ;de
la théorie >l<- Mac < ullaghi ' 1 n'avait pas encore, je crois, été vérifiée expé-
rimentalement. Pour des incidences plus grandes, <>n retrouve des valeurs
symétriques .1 peu |>n-s. mus non exactement, 1 < mse de la variation tou-
jours ci oissante •!<• l'épaissi
\ 1 iu>i 1 . ' )/■" L VI, p
. |° li diflen cl • |»ai
et li
Lan
Voici qurltj
I
, I' .
i il< ilmi , p. . -i ■• | ii<- ilu quai i ' suit uni la
n peut, •
qui ne p< ul j >.« u v >lu
quai i • ■ "i'i| lie holoé-
^I il. un
a
u
I i \ .ilfiir ili
I »
./
I
Pour apprécier l'en» rgiede la b réfringence du quartz comprimé I i
pai < entimètre carré . Formons on trouve que cette expression es!
égale .1 <>. (8; el ;i l'étal naturel elle .1 pour valeur <>. ; i- La biré-
fringence augmente par la 1 ompression 1
OPTii.'i 1 H ndemenl />' •/< ///'"
Nui.- cl.- M \ >\ 1 1 /
Nous savons 1 ilculer le rendement mécanique <l une machine ther-
mique; mais quel eal le r lemenl photogénique d'un foyer de lumi<
alimenté de calories? Les deux principes <!<• la Thermodynamique |>«t-
metlenl <l<- déterminer l<- rendement d'un moteui lonnanl le 1 heval-
heure pai N litres de gaz ; quel esl le rendemenl d'un I gai lu ni. 1 ut
\ litres par carcel-heure? tucun physicien ne | rrail ré| Ire .1 celle
question, el l 'eal peut-ôtn pour cela qu'on ne la pose pas.
I e 1 pas .1 dire que le rendemenl photog< nique d'une joun e ne
puisse être défini : c'csl le rapport île l'énergie du mouvement lumineux .1
l'énergie disponible dans le foyci I id terme du rapport esl connu
par les ■ alories dépens* es ;i entretenir le foyer, 1u.11> m m s ne pouvons cal-
culer la force vive du 1 vemenl lumineux parce que nous 1 n nais-
son s pas la masse de l'éthci qui est cbranli 0. W n'a irons donc pas
d'unité absolue < 1 « - quantité de lumière; nous n'apprécions ces quantités
que par le degré d'excitation plus ou moins grand du nerl optique : cela
permet une comparaison, m. us 1 pas une mesure absolue.
II est vrai qu'on | ri 1 1 déterminer indirectement !<• rendement d'un
foyer de lumière. Supposons qu'il existe une source dont toute l'énerj
se transforme en chaleur lumineuse, el dont !<• spectre soil entièrement
nposé de radiations > aloriliques lumineusesà l'exclusion des radiations
caloriBques obscures cl des radiations chimiques obscures : l<- rendemenl
de cette source serait égal à l'unité. Le rapport des carcels produits aux
1 dories dépensées serait dnm maximum el il servirait de base de compa-
raison pour toutes les souri es dont on < onnatl la puissance lumineuse par
calorie. Malheureusement celte source i\|"' donl nous admettons l'exis-
I 1 été effet Lui à I - '■' itoii ••
de M Mac< di Lépinay.
M i ■ «ii» pas que M M I ingli
>.iii observé i la II ivane un /' Itanl que des
in Iiiiiiii - quelle
ili-x elopper l'éqtm aient «lu
Pour I instanl , il faul • lemcnts
relal tuvons pour
quelqui
i
i
i
i
\
.. . i
lion.
I m. il ni
il-
\
\ i qui
i , i nil d'un
i quanlil
i l'alimentation •!> i
-, lampes iuli i ration plarrcs précédemment
a
i lampes
Ions : les ap|iai cils < li
|ue les app
que je h paralivi ncnl des
plam hci -, el de plus il- d< ipu Iques p
n'avait ; ilions, ! i immation
du moteur n'i la il q
. quand '
,i, r di |ues, on
qu'en brûlant ment
: l'on produ
( i5o£
I ii d'autres termes, malgré l'emploi de deux intermédiaires, moteur
il ilvn.i le rendement de cet ensemble complexe est encore fort su-
périeur à celui des brûleurs à gaz : le résultat est paradoxal, m;iis rigou
i etisemenl \ rai.
I i supéi "i t< du rendement du systi ! moteur-dynamo-lampe nous
Fournil une base d'évaluation pour le rendement photogénique «In -
brûlé dans les appareils >\ è* I
■ l ii bon moteur rend ■•> pour 100; la transmission et la dynamo 73,
la ' .m.ili^.ii mu et les lampi
admettons que le rendement phot< soit de ••> | >■ >u r 100, dans
les appan I- électriques; le rendement absolu du systén donc égal
tout au plus à t nous (I onclure de cette ( ompa raison que le
rendement des I" - notablement inférieur à
chiffre, l ultal concorde avei les conclusions <!<• ii"> précédents
i .1 li h l> .
ÉLECTRICITÉ.
S* le de MM. I ii i i.i i tf astis, présentée imu M \ • ornu.
I chantant rsl un timbre d'acier dont les vibrai s sonl
entretenues éle< triquemenl n ir un éle< Lro-aim
I e son bourdon | ainsi obtenu es! d'une intensité el d'une pun té
remarquables, surtout si on !<• compa lui d'un diapason de même
• !<•; comme avertisseui . l'appareil donne un appel agréable, musical
el non déchirant comme i elui <!<• l.i sonnerie .1 trembleur.
I ■
l litc «lu • ilement
les I
I
Ml
i ( m \m,i , r M. I Mascarl.
• l
uni
! Je
un île
N
Dl I ou
I ifïlc
plll l.l
v |m |ue
diurne, >lr iiIn
• M.l.int. .I.nll< des
i
i i5io
• .11 iicIii--.mii n'est poinl limitée au potentiel électrique : la même
méthode de division, appliquée pour les mêmes jours .1 la pression baro-
métrique <-i au poids de la vapeur d'eau contenue dans u\t volume déter-
miné d'air, fail au >si apparaître, pour 1 ha< un de • es éléments météorolo-
I--
)
<
1
1 M H » M u ;
ltf>
u
rd
U
Ml
M
rr
M
•
« ■
1
M
kV
Suc
R
f~*'
\
\
V
.,
0 1
6 S » 12 I» I» « »
0 2 ". t « 10 i: IW 16 W 30 .
1
"
or
d
'0
S H
r
0 7 » . 8 10 12 1» '« H •
giques, deux variations diurnes différentes. Le fail esl surtout remar-
quable pour le |«>iils de la vapeur d'eau </ . dont les variations
diurnes sont sensiblement parallèles .1 relies du potentiel éleeti ique.
De même, les marches annuelles de l'humidité relative el du potentiel
électrique sonl tellement analogues que leurs il>es représentatives
_. 1 ' 1 "• semblent calquées l'une sur l'autre.
,5.i
l els ^"r.i les faits pi i l'Ob e de Lyon ; ils
semblent impliqui I • -
•
'^ww ■*
*
M
Y
ë
■»
leurs causes, de» troisph physiques qui précèdent; ! t donc
,5ia )
très intéressant <l<¥ savoir si la discussion des observations il«-s autres sta-
1 1< >i i -^ électriques lr.nn aises ■ ondull .1 <lc> résultats analogues.
CHIMIE ORGANIQ1 Toxydalion des corps asoiques. Note
de M . <1 h vin 1 s Lai ru, présentée par M. Schùtzenberger
L'oxydation <\>*- corps azoïquea paraît avoir été jusqu'ici I " « »ï > j« ' l de
peu de re< hen bes on ne r<-li\<- guère, sur < e sujet, dans la bibliogra-
phie, que les travaux de Ziocke et ceux de Heumann <-t Bohn; il m'a
paru intéressant de 1 ombli r 1 elle lacune.
D'une façon générale 1 »taté que, lorsqu'on soumet ces suli-
stai I à l'acl n de divers a| cydants, le groupement
n inde en donnant, d'i part, a rps diazoïque, et, d'autre
part, des « orps <l>- 1 1 linonique; 1 ixvdants alcalins et
les oxydants acides : les mis et les autres donnent des résultats analogues,
mais les prem lilant I ip la décomposition des diazoïques,
doivent êti »ptéi dans mes exi es, le bioxvde • !•'
|i|i>ml> «-11 présence d'aï les, particulièrement Sl ' Il
P
• 11 \ ■ ■ 11 ..11 »i . \
on 1 i 1 n
riqu mi
lit ion d< icnt si l'on augraenti 1 1
' l'on
le plomb pai iilii alion, elle
■ ,
1 .Mi . haufle, el l'on
phénol II .nt le liquide les pri
mières portions 1 islique di 1 Iles donnent, avec le
chloi le chaux, une 1 de broi
I . mire part, la liqueur d lei phénols alcalins, des phénols su]
1 des ami n j .. joulanl . pai
mple, une dissolution li disulfo i-nnphtol, benzoidisulfonaphlol
qui .1 servi de point de .1 n l'obtient en quantité presque théorique. I
lion est donc des plus ni tli
l |i 1 . -ii également bien avec les corps substitués dans le groupement .li
aïoïque le corps coi sous le nom .1 I !■■ ■ '.olsulfoazo-i naphlol
1 U»S( ' N •- \ ' Il "M
I
'Il
'•Il
ind nombre
I > 1 1
l'on
u pi» . <lo
■ oloi alinn in < mplo\ • . i .
i>.!,..' ni t du
l'em
■iloi i 1 1 j •< -
^ .|i
plu» il eulo «I i
elles qui -ut don
li de l'un des pi ni :
I les qu
I
i, lu I. . •!!/.. l-.i li. .../., |,l |, lu partie insoluble n'a rien - véhicules einploj
le liquide filtré battu avei de l'élbei lui a aband é de la quinoue dont on .1
l(leui , l'aspect, le point de fusion, la tolalilii
l'oxydation du benzolsulfoazo-s-naphtol, c'est dans l( |u'on trouve la
majeure partie des produits 'I oxydation; l'éthei en ■ lirait une forte proportion d'a-
naphloquino le liquide diasoïque plusieurs
I -lit I 1 \. ;
1 in peul formuler la 1 • i< lion |» tr l'équ ! île
( il \.< 1 11 mu Pb< I
. Il • - :l M iSO l'I. I H
Sul
mais il esl aisé de comprendre qu'on obtienne on même temps soil des
produits intermédiaires si la quantité d'oxydant esl insuffisante, soil des
. orps dissous tétrazoïques par l'action «lu diazoïque sur les matières mises
en h ivre
1 expériences qui précèdent fournissenl un moyen de < 1 ictériser
les corps azoïques, par leur transformation en diazoïques et par suite en
matières colorantes; elles donnent en mu in- un moyen rapide de préparer
l<-s quinones a l'étal de pui etc
1 MBRY< iLOGIE. — Sur ta
dans l'emb ta poule. Note de M. Daibstm.
■ J'.n dé ouvert, en 1866, la dualité primitive du cœur de l'embryon de
l.i poule '-H 1 olorant, par la t inture d iode, les tissus embryonnaires com-
plètement transparents au début <l<- l'évolution.
( e procédé de colorati dont je me sers journelle ni dans mes
rechen hes d'Embryog( n • 1 tdi réi it< génie, permet de voir un très grand
nombre <l«- détails d'organisat qui, autrement, resb raienl inaperçus, et
sans qu'il soit nécessaire de recourir à la méthode des coupes, dont l'emploi
présente souvent des difficultés plus ou moins 1 onsidérables.
Laboratoire de M. '
I
iploi de l'iode, un Lui qui < . . J i tnné .1 tous les
h ilu mésentère
le
Quand » enti ait bn I>- poule au I
lon-
squ'à
1
•■ 1 >■ • >t -
de plus.
lion U
leles cpj
i relie union
le sorte
qu'à un uni
de.
1 nulle | lenl
•
• t I > n. m heul 'li- dehors
m di ; n, d'alun il, I . eux
leur
I
lilucl
il«- l.i .
|uc d'ui bu l • ilora-
1 , dté.
1 :ui donne des 1 ésultals si nets,
. <ni-
utremenl . .1
dans lesquelles les 1 s de nlionni ni ■ n. I< finimenl
visibles'? le un suis parvenu 'in.- US - 1 lemenl par l'emploi
de 1 Ions les m phes qu
1 5 il
acide savent combien il esl difficile d'avoir une coloration qui possède exac-
te ut l>- degré d'intensité que l'on % <-m obtenir.
I ,, terminant celte Note, je dois signaler un (ail qui résulte de cette
union des deux splanchnopleurea | r la Formation <!<• la gouttière intesti-
nale : c'esl l'union <!'■•* deux moitiés de l'aire vasculaire. Il j ■« là un fait
qui n'a été signalé nulle part, et qui i cependant one gran le importance.
I m i- vasculaire se produit <l m- le feuillet inférieur il<> lames laté-
raies, • elui qui forme les splanchnopleures. < >r. m l'un t. ni abstraction <l<'
I., partie postérieure des lames latérales, celle qui esl pla< ■ ■•■ en arrière de
l'extrémité caudale de l'embryon, el dans laquelle ces deux lames sont
continues dès leur apparition, elles sont partout ailleurs, i leur début,
complètement distinctes l'une de l'autre. Il en résulte que l'aire vascul
c'est-à-dire l'ensemble des i\ qui -<• développent dans les splan-
i hnopleures, <•>! pr th emenl double, et qu'elle n'arrive que plos lard à
l'unité. < >i'. < el ■ se fait de diverses manières. I >ans la région lhora< o abdo-
minale, l'union lans l'épaisseur de la lame qui forme l>- fond de la
gouttière intestinale. Dans toute la partie des lames latérales qui se pro-
duit au-dessous el en avant de la lôte, l'union des .uns vas< ulaires résulte
de l'union des deux prolonge nts urs des lames latérales que j'ai
fait connaître dans mes recherches sur la formation du cœur. La forma-
tion du cœur lui-raé .dans la chambre cardiaque, n'est, en réalité, qu'un
épisode de cetti jugaison, sur la ligi :diane, des deux aires vascu-
laires el des splani hnoplcu des pielles elles il formées.
II i.iui em ore ajouter que cette cou > des deux moitiés « 1 « - I
ilaire nous explique comment les vaisseaux omphalo-méscnlériques
deviennent asvmétriqu» lin moment, part e que I un de « es vais-
seaux peut alors suppléer < elui qui s'est atrophié.
i .11 vu, dans < ertains i ques, l'cxti tudale de l'em-
i i s'invaginer entre les deux feuillets du mésentère qu'elle maintient
écartés el faire hernie dans la cavité abdominal I il un fait absolu-
ment comparable .« celui que présente la tête dans la curieuse monstruo-
sité que j'ai désignée sous le nom d'omphalocep/iatt
Suri çuiUonde /'Heterodcra Schachtii. Note
de M. Joasxbs l .h \ i in. pr< tentée par M . Chauveau.
\ ivanl aux dépens de diverses plantes et particulièrement de la Bet-
terave, i ausanl ainsi dans les cultures <!'•> ravages souvent « onsidérables,
I //. . est imposé, depuis quelques annéi iltenlion
des .i^'iic -uli. - il semble «voir i té souvent < on-
fondu avec d'autres tnguillules, car les cl don-
•
N j lel qui, par ses dispositions
eut, offre un i il.
m l'on | un mâle adulte une se< lion
c éph la I he ne doni
dans li- i
i iquel i cmenl ni phai
l aiguillon comprend dew : la lame et l'apophyse, La lame
i
llllls. Ill.lll ■
llllllli
de la lai
i
d'un canal central. ivi ment.
I es mu
s. .us de l'apopl
I ,, i bout lu
I r. u,u ,n moyenne
de li d'autre i ont [Jour
le s[\ |p| de deli
l iuel i|ni ' iera
-
,|,-,iX i | elle» < li« i le mâle.
I Ile» s. .ni notai i ' ' '•nie,
on plus ùllanU i; q
llies de l'apopl »ul au moins
bifides : les mu pris dans son en-
semble, est i"" le.
v ! . plus : mellc, • | • t • i i que
h h. i la pi n d'y pi son
.il •ni.iti.. n. i !.. .- le maie, il ntervenirtoul spécialement
,i uni |uc .!<• I . » • '!'•'
Dans lescondil /«'« ne peul ntU indre
son entier développement qu'a npli uu stage dans le pal
chvme de la là. > ivanl en i omplète son "i
i5i8 i
lisalion, quel que soil son sexe. Mais ■ e qui diffère, i «si la manière
donl s'accomplit l'exode de l'helminthe, lorsqu'il émigré de la plante
nourricière pom i la terre ambiante où l'ai couplemenl .1 lieu.
Ii femelle demeure alors passive : distendue par le rapide dévelop-
pement des œufs, elle devient sphéroïdale, exerçant sur les tissus corti-
caux une pression <|in ne tarde pasà déten er leur rupture el la mise en
liberté de l'Anguillu ■ est munis simple p ■ !<• mule : demeuré
grêle el vermiforme, il doit si activement un passage .1 travers les
tissus <li- l.i plante; il 11 \ parvient qu'en les perforant par l<- choc répété
de son aiguillon.
• >n s'explique maintenant l<-s diffi 1 • n< es que 1 cl organe présente cheat
les deux sexes. Des cousidérati analogues permettent de comprendre
son inégale puissance dans les deux formes lai
Éi iiniiiii vivant d'abord librement dans la terre el devant
pénétrer plus tard dans la plante sa métamorphose) la pre-
mière I a rve possède un puissant aiguillon nui est presque semblable à celui
«lu mâle adulte.
1 ide larve étant, au «unir édentaire el parasite, son
mode de vie retentit sur I istitution de so Ile m. petit et flexible.
Mais nentceslvlel peut-il se raoditier ainsi suci en) 'D'ori-
gine tégumentaire, il suit le s, .ri de la cuticule, l'ai compagnanl dans les
h mis auxquelles elle se trouve soumise et repai lissanl s. .us uni' for
nouvellej après chacu imorphoses de l'//< r Schachtii.
I es faits résumés dans 1 1 onimunical semblent dont double-
ment instructifs : ils n'expliquent pas seulement les nn-i.iti.uis el l'action
mu ive de l'helminthe; ils présentent, en outre, l'exemple très net d'un
transforma ni dans li même espèce poui s'adapter aux difl
rentes conditions binlog |ues qui lui s,, ni unposi es durant les stades sut -
. essifs de son 1 vcle c\ olul il
BOTAN1Q1 1 . — Sur if s 1 la tiomophyles, nouveau groupe de Cham
pik Note de M. Vnmn tii uni.
l'appelle 1 ntomop/n te tout végétal vivant sur un insecte \ ivant, quelles
que soient, d'ailleurs, l'influence exercée pai le végétal sur l'insecte h
l'étroitesse des liens qui les rattachent l'un .1 l'autre. En laissant décote
1rs 1. 1, téi ai es, qui sonl des Ugues, les Sporozôaires, donl la position
systématique «'si encore mal définie, el les M rinées, donl une seule
espèce, Mueor Pontiœ Sorok., végèti sur un insecte vivant, on peut dis-
1 lia mu ni "j'Iiv li I i! IIm--
• i n'on
Ile d'un < "i ps
!• i luenl falale-
iii
ns pendan
î'j
■tllittm. •
ils ; ni.ii» L|iii-|(|iirs-iiiiN sool aussi ■ .ip.i blés
. |s.
\ i en ['Lu • r un qua-
ml les i
i . i. blés île iir I • ommo
• ni de
< tint q
, /,. ibjel 'I • ' ions p
1
! 'sonik. , p.ii asile du /'■•. vfth \ Un fttUo I .
.1. \ m entortille su m de l'ab
domen ■ lorroé de filaments i loisom
ne pci do
■ li muées
larges •!"• ona <l<- Kha
i noua <-n
Nous l'a "in-
munémenl i ville, pi
l . . amp. I i!<- itifi b., beau* oup plua
i ,i : l morts
M. s \
■ . i , i, i . 5 •' ' '
étaient fixés à la face inférieure des feuilles d'une Labiée, Geleopsish trahit I .
(loiii 1rs longs poils fournissaient <lrs points d'appui ;i la toile produite par
le < bampignon. I e mycélium forme un feutrage épais sur le pourtour de
1 inse< te; les spores onl i i • de long sur -■, de ; Iles ^- ■■ 1 1 générale-
ment monocellulaires; l'aspect microscopique du cryptogame rappelle le
Cladosporiiim noduiosum • orda.
I •• l'< nu- ium nov. sp. Les insectes infestés par ce
champignon m'ont été envoyés par M Durand, professeur .1 l'école >\<-
\ iticuiturc de Bcaune uni l<-^ 1 rc< ucillis dans un bois voisin de cette villa
en juin r8q face inférieure <li--> feuilles de uoisetici il des
Téléphona Iwldiu I . et surtout < le-» Ragunvcha testa ; I • omme pour
l'espèce précédente «-i pour celle <|m suit, les insectes morts ^"iit li\<-^
dans la même orientation que s 1 K nvaicnl été tués par une Entomophtho-
1 -dire paralléli nent .1 la nervure médiane, la tête tournée sur
le pétiole ou, parallèlement aux nen uns secondaires, la tête tourm
l.i nervure médiane. !.■■ mv< élium pluricellulaire est très ramifié et d'une
teinte rousse. Spores, simples ou biccllulaircs, de taille très inégale (de
1 l' Poly rhisium Uptophyei Gd. Nous avons d Heurs cl figuré
ave« soin ce champignon p I trthop tophyes punctatissima
Bos< . .m bois de \feudi
l / / hnidiun 1 en. et nov. sp. 4 est le champignon
très curieux trouve < ment, par plusieurs observateurs, mm les 1 riquets
d Ugérie, m. us dont MM. fviini kel ■ ! lien ni. us et Langlois i>m |r> premiers
• 11 11 m les véritables affinités en le rapprochant rlu Poh rhisium /f/>/n/>/,\
( e crvptogame est 1 ns meurtrier que les espèces précédentes et il ne fait
\<.\- adhérer les criquets qu'il infeste aux objets sous-jacents. < es deux
partit ularités tiennent .1 la l<n> .1 la grande vigiicui de l'insecte et au mode
il action du ( hampign<
l • / achniduun se présente sous deux formes • | m- je n'ose séparer sp
fiquement, «'n raison il m polymorphisme ordinaire des Mucédinées.
Le i\|"- \ forme Ciadosporium) recouvre en général les côtés <ln
thorax el de la tête, la base des élytres, 1rs pattes postérieures et la partie
dorsale des premiers anneaux de l'abdomen. Il forme surtout aux jointui
\. Iiiihu. Sur quelq xampign rnophytet
1 /_•/■/'/. , l \ \ p. 217 el /■/. I
I • rîquets infestés ni été envoyés d'AJgi juin par M. Kûnckel d'Hei
C ulais.
' I
mit |i
puIV( ' iinpant
l'MIl-
. ron :
i par
MM Kiiim I
I
■ un
ilu\. . ,|,
■ jus-
I UD( -
\ I i
l<- I v |>-
ni lautôl
n! s. .11-
M-ni •• belle
i. iota j.iiin
I |u'i Lion
iï\ «lit si
|>Il|N
I _ -I un-
r M. Rapl d'un léiard v< Ils
i MM. Kiin. pra-
'•I M Kiiin k. I el I qu'il \ ■< peu d
fonder &ui . i
S
-
I I •
rANIQUE. Contributions à t'i la différenciation de l'endoderme.
Note de M Pisaai I.i •> vt.i . présentée par M. Duchartre.
Plusieurs Fois j'ai eu l'occasion de constater dans l'endoderme des
inégalités de différenciation sur une même coupe transversale '!<• la
ne; t « > • • t récemment l'axe hypocotyle m'a montre un endoderme subé-
rifié par pi . sur li même secl amylil des parois ne se
colorant pas par la fuchs ne. ' e dernier Lé vu dans une quinzaine
<!<• jeunes pieds de Radis el .I.hin <!<■•* plantules de Pommier; j'j reviendrai.
jin concerne la racine, ces différent >-^ onl été sign ili
c ependant, je crois que quelques-uns des Faits que j'ai rem irqués peuvent
<• pi ésenter de l'int< i
l ii coupant mi" de Kève •• différentes distances «lu sommet,
j'ai du remonter jusque vei . • avant <!<■ trouver un endoderme
avei plis. \ cette hauteur, les plis étaient situés en face du liber, tandis
que, • ii face «lu bois, il n 'y en avait pas <• ■ \ 3 .1 endoderme était
plissé, excepté en face de l'un des quatre faisceaux ligneux; on rel
! cette môme dispositio , . el ce n'est que vers V ' que tout l'endo
derme était plissé.
Sur une autre ra< in< i I feve, poussée dans des litions un peu dif-
i. rentes, les plis, apparus en i n e ■ ! i libei au troisième centimètre, n'ont
ipé tout l'endoderme que vers le s i enlimètre.
Enfin, je possède I - ns « I ■ - c nupes d'une racine de l ève déve-
loppée entre les cotylédons. L'apparition des plis n'y figure malheureu-
se nt pas, mais on j voit que, dès le troisième millimètre •> partir du
s i, imii l'endoderme est plissé, que, entn el i '■""'■. quelques
i ellules endodermiques se - ibéi îfient, sur tout leur pourtour, en fa< t. du
liber seulement. < esdernières forment ! colorables par la
fuchsine, tandis que l< aux faisceaux ligneux sont formés de
cellules dont les parois radiales présentent seulement des |>li^. C'est ce
qui se voit de i "• .1 '■>'".
I (eux choses 1 essoi tei qui pré< ède :
1 l 'endoderme différem ie ses parois de plus en plus en s'éloigna ni
<ln sommet de la racine et d'abord en riens;
PB \ \ • I 11 601 1
I tans un. nu me planl mplit .1 des >li —
la ni • 1 le m<x
\> -|ll|l|M-||H-||t ll(
» J -'i 1 • ti m. us moins
tt'inenl
• II peut • Irouvei l.i première ap| <l<-^ |>Iin , 1
d'établir leurs rapporta .w .-. |. |,|,. :
1
:i en
: bor. S'il 1 lans l'cspai <■
■ ii
leux des ■
il h j
il de
me plissé
plis,
"IT
1 Si Iik liin
n U M \i mi < m
pi ésen M. Si I
\iin.
( '. ' c s t c I ' 1 - 1 1 1 ( 1 1 r <
• appelée
sur l'apj Iquc \< <i lai. Les di
• C n . • ,1 ,|uilj
s'en . 1 plus liaul rime leui
option faile pour les m est cou 1 . • l- •< «. |<-
m. il mpli. Ii pi
\iism lorsque, quelq ird, le < ir voit le m<
ii ouve-4 h 11 > omme bu jour de sa 1
apparition; 1 in .1 m-- Icvpiclles ce parasite
1, la vulgarisation des i jk»ui le combattre aur ni
-ut: s qu'amène 1 ette nouvelle invasion.
( • ^ « onsidéralions m'ont > le sui ■ 1 s que j'ai
obtenu, au cours de la camp - en lutta il contre un parasite
de la liiitci.iN i
l 'i 1884, j'avais vu, i Joinville-le-Pont, mes betteraves sucrières
iquées brusquemenl par un champignon .1 développement rapide.
Sin la face n èrieure <!.•>. jeunes feuilles encore droites, <|m forment
le bouquet central, avaient apparu les frucl onidiales d'un
■ coloré en - fructifications Bvaient rapi-
dement augmenté et, en quelques jours, - étaient étendues sur les l«-inlli'>
adultes qu'elli il finalement couvertes d'un 'I ivet épais <-i velouté.
1 § feuilles 1 taient devenues 1 assanl ii<">t ell ni mortes <•! la
< onsultc par moi sui 1 1 nature de ce parasite, mon collègue, M. Pril-
lieux, l'ai ail auss nnu pour le i
sur 1<-^ cultures allemand)
Malheureusement, la ttropavan s pour que je pusse
entreprendre '!<• combattre le il ipement de ;non, que
d ailleurs depuis >i\ .m^ n'ai pas revu sur a
I 'année dei icnl <l<- juin, un di ml
de sucre les plus éclairés, M. L. Lefran l icv-le-Val .m'in-
forma que, sur quelques-uns hamps, venait d'app iraltre un ch im
ion qu'il ni quelq 1
Dans ce pa le P '</". que ■ !
j'.i\.iis obsen é i M l'i lu |uel
je recourus, m'appril as trompé.
I ,'an ilog • botaniqui le la vigne, le
Phytophtora de I 1 pomme de I que peut-
■ 111 pourrait «-n arrêter l>- développement • 1 l'aide
des iui, \ i-'-.i-x 1- il » ! 1 1 — qu m
ii.-i -*. c'est-à-dire ■< I ai I des - riqu
le voir à ce lujel . et
nous primes nos dispositions pour ti
des pie K '!<• pommes de t< rre les bettei mtami u
Le résultat de ce traitement r été immédiat <-t complet; une
bouillie à \ pour 100 de sulfn livre et \ pour le chaux qui
été employi
I 1 pièce la plus forteme il atteinte mesurait 1 i he >or-
tion des | In sur lesquels le 1 h impignon était d ni développ •
i ii <pii\ i in. le il sa
i quatre lignes .1 la
'it : les .
• 11.
■ | ii de > li- ■ lolitn s |
. , ■ ■ | ■* >' 1 1
! . I I lll
II
I
1 des
•
1 ! 1 plante, quo
..-Mil-
de j
l , par I appli< ■lion de la bouilli*
. 1rs p|u ' 'ble.
[41 MM. Ia
utile «l'-
on du :
l(0| If. | ,|. . pai M Bou< li. ml.
„ 1 ,1 1 .\ Ion 1 étal d
li .iim-iii. -ni du
lve< un enl »nt, IV musculaii ■ . ..s>>v mod<
pour ne pas amener de « bature, détermine une augmentation de l'uré
( ett< augmentation disparaît el fa il place à une diminution .1 mesure
que l'entraînement préalable esl moindre ou que l'exercice augmente de
façon ;i provoquer la courbature. En même temps, les variations « 1« - quan-
tité des urates sont en raison inverse <!<• celles il«' l'ui
I n sorte que l'étal d'entraînement réalise les conditions d'une oxy-
dation plus complète de la mal ère azotée, el partant d'une utilisation
rmmi'//tt il.- iillc lli.il |.|r . En <•■«. i l'.il ISCnCC 1 1 rut I .1 ilicllli'lit . .111 itill-
traire, le travail musculaire s'e(îe< de la matière azoti
I i lièvre pathologique el même la courbature physiologique consé-
cutive .1 l'exercice musculain ré déterminent les mêmes chan(
ments dans l'ex< rétion de I azote urin > re
M. Pi mis adresse le résumé des essais qu'il •■ faits sur l'action in
ticide de solutions de monosulfures de potassium <>u de sodium.
La concentration a varié d< Baume, suivant qu'il s .t-is-.ui de
l.i destruction des pontes ou des ins ux-mèmes. Ces expériences,
faites surtout sui des acridiens, ont ntré que l'éclos les œufs esl
empêchée par une pulvérisation d'une dissolution de monosulfure
de potassium marquant I l'étal put. ni sont en
quelque sorte foudroyés par l< l< .auquel ne résiste pas même
e oureux lucane mt, malj m épaisse carap
■ expériences donnent l'idée qu'on pourrait détruire les acridiens,
qui dévastent les récoltes en Algérie, par un p lomique dont
l'emploi constituerait pour les plantes, dont la potasse esl la dominante, un
ellenl engrais.
M . I>. Itn i ^ adresse uneNot< sur le mouvement vibratoire qu'il obtient
en posant un bloc de |>l<>uil> i laire <-n équilibre el -i angle droit sur
la partie cintrée d'une plaque de cuivre <-n forme de tuile, la plaque de
cuit re .iN.int . té i hauffée enti
I ,i séance esl levée a i heures un quart. M. B.
i |, li. n. .m. ne b déjà été ol i, pai Ml l udié pai
. i .\ . M. B
I ,5
.1 i i l i in i.i ». i nu. h vrin.i i
■
/
M IL
■
tion il fn jurs
mi de M. A Grouu
Impriau
le, Ml K ' i \< I
s l
\ \ \ l Pi G \ i II i l.uli. i
/
Icu ■ <
i ■ I
•! M ( '
, • dition. In . < ■ Masson,
MIh uiww III; , x. | du Phyl-
V ' l»lf-
.11 houille,
in- i
■ ■
I i II I : br. m
■il/mr/'
par A
SkHD< - des prix de Méde< ine
.i de •
Son traitement <t Châlel-Guyon; leçon faite |>.n' le Dr Juli Six : par le I)'
\i i.in r Dkschamps. Paris, 1)<>ih, 1891 ; br. in
h ta fluxion pèriodiqui du cheval', />tr\r l> I . Roi 1 ■ : re< ueilli par
M. Roi ssi m . Paris, Isselin el Houzeau, [891 ; br. in
Pubblicaxioni delta cole I. Roma, Tipografia \.ih-
1 .111.1 1 U9] : m- 1 .
Index to the lilterati modyna» Alfred Pcckermam. Wash-
ton, published l>\ ihe Smithsonian Institution,
jtortofthe sixtieth nu f the Bn ion/ortheadvaneemeni
ofScienct held at Leeds in septemb London, John Murray, 18
The Journal oftht <"/< Japan. Vol. I\ ,
Part. I. Published bj the l aiversily, I « • K >. < • . lapan, 1891 : in
Beobachtunt /.* s- ml/a. I rheil.
1/./ . -t:< , \\ . \w- . , 1 ; in-folio.
chnungsmethoden der hôl Mathemalik; !•"/< l> li 1 n » B
BM.Stuttgai 1 . 1 B91 : br. in-€
Untersuchuê tschen und dei Thiei llei
ben \<iii I m Moi \l\ . Band. Giessen, I mil Roth, 1891 ; br
in-8
/ 11 roa. Leipzig, W ilhelm
l ogelmani br. in !
• vuicultun :/><i/ < . . I lition. Montpellier, Camille
ilet; Paris, G. Massi . 1 vol. gr. in-8 Présenté par M. Du-
1 II. Mil I
Mémoire* dt I<i s" ièt iurl'an/i |i. I I\.
1 i- m ère el deuxièmi l euilles 1 1 1 I. Planches l à III. Paris, au
ge de la Soi iéti .
vaux de V Institut d Montpellier et dt la Station maritin
Nouvelle série. Méi en°2. Études tur quelques points di I Anatoi
des Anm tidt 1 ///A/' oh * </' A/ /' gion >/< ' i tte 1 organe tt en :< m du tub< , 1 ap-
pareil digestif); par Alberi Soulier. Paria, Octave Doin, 1891 ; 1 vol. gr.
in-8 . Présenté par M . de Qu itrel
Ai/ gt ographù • t la topographù au lu feld-marechal de Moitié; pai
Ml ■ « h I •■ i'i . sente
i •
\ \ i
[ ■ blin, i :
• I inska \ «U-n-
sk.i| S 'i II-
i / I.
3 , i
N • de M . i i de
(Il \ 26 )
I M I il!! I; - \ I! I \l;s II I II s.
! ■
I
31
On souscrit, dans le I
On sou ranger,
I
i
1
i
.
!»
■■
t
■
■ <
lit.
\ I
,
■
1 1
i pli
■
1
\i
■ .
i iil»
'
M
TABLES GENEHALi Dl . ..ES DE L ACADEMIE DES :
l- 31
91
SUPPLEMENT AUX COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L ACADEMIE DES SCU
15
15 lr.
1 orne I M
M. il
15 fi
Tome II M
15 d
\ Mémoires de (Académie des Sciencei, • Mémoires prêtantes par divers Savants à l'Académie des Sciences.
N 26.
I \lïl I DES ARTICLES. Séance du 89 juin 1891.
MEMOIRES i ' I OMMUN1CATIONS
i - UJ ME .i - i , | HIB.
M. A. Ham.fi v
■
MM I
\mu\ \ I ii»\s
'
nrMniitr.s \>w\ si \ i i s
\l\l 1
CORRESPONDAIS i
M S
M M
M. F. I
M VU. I
MM '.:
■
Mi
\\ i
M. Il
M '
Bl i I i lis Ml Fil lOONAPUIIJI I
I.IUIM V
M v
M 1 1
' un
I
PARIS. - IMPRIMKHIB GAI l HIIU VILLA RS Bl
DEC Ri 1801
ta itu;s
DES COMPTES REND1 S
IH S SÉANCES
l\l \IU MM M s si || M | s.
PKI. Mil It M-IMKVl'HE IS'M
TOMC CXII
( nMNI ^ lilNhl S
M S SÉANI RS M I 'AI MU. MU l'I S SCIENCES
[\\BLES tLI'HAISETIOl'ES
JWMIH
l MU I li|> M \ I II 1,1 s |)| -inMI. < \ll
Mil I
•
-
\!
•
n
■
-
( i53a )
M l vc' Duli >in i > '• i
I /• ;!U-
sur le n.
\l :
Air.ruiv di M sti-
tm //.
i -
B
du
- •
M / /
— Infl
S
M / . /
— S
"
Ami
M
r un
M.
-
M
:i ilu
- ,il-
l'api-s.
cooli'iii''^ iln rhli.rtir.- il .immonium :
I /
\\m ras Mvrm hatiqi i - Sur an
■ ■
r/n
li-
I M //
D
-
M / (
I
"
M. I
I
du
iii —
-
•
M .'
— Sur
1
'lu
••
-
-
A
\
!
Il
s
y
s
■
,
i
.
\i i
|'«M M* /'
■
I
' I I
I
— Delà formation des feuillc-
el i
de leurs pn i"r
M Tréeui
— Contributif ■ "-
"
/
Voir au
DÉmvas.
par
\l '.. D
I
par M. J i
M. -
un
-
At'i' vhi ti S i'i\ i M — M l Dell :ler
' ! . / • ■•
il'.i, |
:
' l
-ur le v
M G
Asti M. E. i
— Sur I
r M I
— Sur une mélho le de m -
par M I
I I
— Déterminai
— Détennin il
ration \
Pi .-
. • i de
quai MM. ii i
/'
i
lional permanent pour ! exécution
1
de i
i M. /'. Cou-
tuant la C irle du
par M /
/
- M I
S
M
'■'
I
\ 5
lu fer
MM //
tSOTI an D
M. Raj ."
Vidal
Balanos \ lumi-
neus
■
par M. /. ' ■■" •
M. Serrù
lie un DO de
balances de précision
\ ici-
. .1 pesées rap
' in
Balis iii Soi un manomèti
par M /' ' • Me io5a
\ : -- ; Pkénomèm
UïlM
Pâgf.
-
■
II
'
( !.. /
M
■
!
" I
- I
'
'
. : l T.
/
I
:
i.i
I
bouille ; i ■ M N
— S u-
biliii
'
- u-
— s
M. // /
\
i un H
mu
du I
— A
— M
M. I M
l'ii '
— A
/.
//
Cai
\i
-
///r/./
CbI min- Dl i i I
mh un -
M. . Ir/wi i
— M. Clément H • 'te
la
neij
i'.iiimii . — Sui un
en faveur de M. deChancouri
livemenl
niques; par MM, / -
<
/v/»/ ... .
Utulé : Sur II •
M. /. . le uili-
M
i sur lea
s\
I
P»gcs.
I
II.M
-'
I
i I !
1/
M ■ < ■ . I uni,
i
J
Cm vi 1 1
lerri
cul'
.//«/.-(• 117
— Sui rôle du :-oufre
(1.U-
. . .
\
,
\
\
\l / S
I
par
/ /
/
•
1
\
i
- ■
-
i du
• I
P»g««.
pouvoir
i chlorure d'ammonium ;
pu M. h Bel..
- : JilP
»ur silicium; par
— I
(inique i \ ir
M / /' ..
— Sur 1
S
"
— Sur .
Il, <
— Sur d
Il /
I ira
pur
— A
ohl
Cun
inium ; par M. G I
— A ii-
i In
M. / /
:
MM / l
I / .
— ( I
pu MM
— 0
M\l.
_ 1 1
u |]
rar de l'Ou
M. G. B s " fan
Paget.
— 0 • \\ If f ■ 884,
III
au ■ i par
MM. Bombât
HISSIONS -ri l m i g. — MM. !
irai ) ... 1 1
— i ,ii-
]
l : \|\l llrrru. Ihir-
1
:
.'
— (
MI
Mil.
i
"
MM I
n-
MM
! ilr
— I ii-
'.; :
■
:
■
MM M 1/
i in-
— I
-
M\l / ans-
H
— i on-
I
I
M
/
-
■
1
.
/
1
■
.
.
!
:M.
i
I
U - I ii-
I l5 ,.. I
rurgie
■ Commission charge dp i on-
rours du prix Martin-Damourelte
l'année 1891 \IM. l; vehard, Char-
cnt l 5
iiniit
1
cours du prà IVmr.it \ <\\\
Corps l:
MM. A' ' hard, I ni.
Sa/tpej
Commission cl
! I
I .
'/ htirtl, tli ;
Com
1 prix M
labres ) de l'ani MM
Gllll/lr r
Il - 1I11 prix 1>- r
Coin 1
"M ,
MM //
Commission < l
nalu MM
Ça,. 1 V
!'
MM. /'
M
Comn
■ n-
\| \l Bertrand, lient.
I I \rboujc, iff Quali
•me
ph\ - our 1 .11 : . 1 :
MM. /' attirer, tir l'i-
zeau, /'.1 dartre, Fremj -68
Page*.
— C mission chargée de présenter une
quel rneyron pour
MM M
/. . 768
— 1
sique 1 pour l'année
MM '
'/ .' 1 I r,/,, Jtt-
— 1 une
MM. Bouchard,
M
— (
MM
D
■
.m
/ ml,
II
'< '■'■ 1 ni
iln | 1 J9 ,
-
u
I
M. D
-
:
11 M. De
388
— H
M. " ■
///
m. y
un M La
Ter- n et 1 el ■•
h
♦ ire*
ie« combr
535
I»
1
-
M
•»|
U |
M
-
i
i
un M
■'
'■ ■
-mm
Boa
■
:
' I I
II
( i5'r I
Éclipses ! Soleil,
du 0 juin, > N-
M. Perrotin i3oo
_ | . i ... ,;
Lyon; | " '■' l Le
— t - ii.
H ir-
m i ■ - \
l'exl
acriilopl M. /.
d'il
- M //
M
de
— Conlril.ii.
i \IM / /
— Sgr l hj
ln'i l
— Le i
par mm. /v. /
— I du li.mi U /
1/ ll/l
I /
— I
M '. H'il-
Itiurr
— Sur l'emploi 'lu sulfure
M H Q tin
— S'
par M f. i halin . i5i6
— Sur I
compost - euh riqu
/"/
— M . / i
expéi iences sur l .
lions
sium ou
— Les criquets en Algéi M. Ch.
Brongniart 1 3i8
— Sur une m iladie ci 'lu
quel pèlerin; par M / Trabut... 1 383
— I.ps chant| isites - Acri-
Pn(jfS.
dipn>: j :t r MM. J. Kùnckel rTHercu-
lait et Ch. L i
M. Ch. i ob-
tenu de bonnes cullun - jrtis
l i
' '
— MM. ( '/.■ ' ' hantt
cultures du rum en
ll.l
" ' Mil
M. //
ii i
l
M
M. l/./r-
ICITB. - I
M II I ■
— Thi
M i'/i.-
I '
\l. /'. /' lllll-
vivant .1 II
Pi
/ ilr 1,1 lin,
M. H. Pellnt ;83
I ;ir
M / / q3i
laite 933
■
\\. II. 11 990
-lante
diélectrique d ■■ il-
latii iur
M. /< I ■ 1 io58
< '
Pifr».
M M '
!
/
I
-
I
Bim
i
—
—
ri*
■
3o.
I
M /
M
i
>
I
Kk»it\. -
Inim
I
aie.
I
■
i i3.j
Mil
M
I
■
i".
( i544 I
Fkb. — Sur les transformations qui accom-
rburalion du for par le
duiiidiii ; par M F. O i
— Sur un nouveau m<><i lu
f> r •
M. i . I ! ■
du fer pai
à il:
température; pai MM. // i
et G. C/iarpj
Fermem viiiN — Sur la l
de la récale en dextrine par le :
ment bulyi iq 435
P»R<-«
- ; la fermentation de la fécule p.ir
tion du ferment butyrique; par. M.
/ 536
ue l'on n ■
trc> >ur de liur
dévi i pendant la fermenta-
it : P '/ ../',;/«/ et .'/.
;36
M Vin 'îca-
I i mon. — Sur II du point il
\! i
/>i... 785
«■
lu
■
M (li. An
S
/ • /•/
— Sur nue
M H / I
/ I
— Sur le d
eu e
V // 1/ . Il --■
1 333
— Sur un met-
tant de i
ceux, de Iri
par MM G • /
M. / . Ci lyanl
pour tiln i
que l'air qui -
niulcnt. » 1148
— M ./. /'. rn
le plan d'un - Nouveau ra
gaz » 1 3oo
Yoiraussi Explosif} Phénomènes |, Ma-
nomètres, l'a/
Géodésie — M. le Secrétaire perpétuel
M (.'. de
1 I ra
1 </r /,/
l'an
qui • d de
I
Il - !
1 ff'ulj 37o
Il -
1
— De la l
la ti m par M. !<•
r
i.r
'■'
r.i-
pfa ; j;8
— M * Dtrelient
. \
1 376
1 1 entre du con-
tint ' par Mi dt ////». 681
— M /lui, 11 nom
/ irU) lu p.
I • lu P01 lii-
e31 • à ' •" fôôTôTî
G EOLoi.n —Sur la 1 ia craie de
Tourainc ; par M. /. lit • re 62
( i54
•n» j e géo-
-
I
II,..
S
M
I
r
M I
!"
/
I
M I l
■
M / /
!
■
, 1/
■
/ /
M I Hio
m. y. //
I ,->',.', ,
par M / . '. nifiiit . ... 703
Sur I ■ de la 1
conformr par M Paul P
M. //
d'an volume qu'il \ 1
4e titre I .: ositioi
1 , ' I /
Sur
tbél
-
1
Sur une 1
gruem 1 - de rll. I G
M.
Plgtt.
/ Pelot 1 1 16
ni la SJ IDl
P r
M. S '.' 1 [97
— M
une val< u
malhémali
M /
- qui lui :
atmospbéi iqui
M h
■
■ il
: M.
II
Hurroiai 11 — M
un;
I 1
— I d I
\!M Pc 1
(i a
— 1
par M 1
— On ■
un>
uni
— M /
ton
— M
les |
(Lin
du » Journal d'His
/ .
1 847
Uocuxcs. — Emploi de la bombe calor -
métrique |iour la détermination do la
. Ile;
'■'
iii u i -
ir l'Iiiiiln |
M.
IIthiwi 1 1 ■ ■ • 1
ir M. //.
!
- M. /' r un
. :
— M. A". A yant
1 187
— M. /'. /
une
M
Htdrograpiiii - N.m:
par M. / fue
Hïdrologie. — Sur la découverte d'une
I ,-,,-
par
MM / D
\
-
\
P«E'«
Hrcn mii
' " ' /'.
M / ' ■ ■ ■ : îles ma-
I
1
I
u5
M
-
lu i
I.'
" I
M /
M / - / / ' / •
Latiti
"
"
M
M
"
M h lu
-
M
M I /
1
«K.~, * s ii\ll'
:
m. lildi-
\| // -.
ileur
.m
m. / i/ •
a Al-
'■' ' .'
- au
i .ir
Ml/
Mai i'.' l'tp-
j<> i
I i548 )
PiRei.
plicalinn de la mr-surp du pou\
loin' .'i la dél n.n
■
! \l />
\|\\..\M -II,
-
\l '. . A u au
m 1 1-. — Application de lu
■ ■lu-
i!ll-
i M /' '
M v 1,1 -. — I '
mètre ■< air li
— Sur un mai
r \l /'
— M M
'•
D
Mi'.
il h .
— Sur II
r M /
— S
M
— S
un
M //. / .,11
— > : ' //
/'
— Sur li -
qui -
in-
\ //> -
Mi
— M . L. I
sur un i
ao5
— M. /) nncuurt adresse un M. m
Po^e»
iolil 'rojet d'un liydromoteur
Bel ien ao5
\ aussi M "■.
\h . \s' - i • ! h\ p
du -
.•, par M. //. Faye. . . 6o
le la
ronciion perlurbuli M //
/ ' 169
h : de la ii.
de
\ ■ par
M l 33î
I
I ■
-r>o
- M /
nutalion initiale de l'axe du m
l.iin M. J. P
par
M a i i i 3o3
M / I
?Go
\l
108H
I ! MM D
' bibition
un -
mincea et li
M ., haffelt, Sio
< Qui-
M / /.
\ / .il/tirn.(ti,/itr.
Mi ai i m rr su quel-
-
chlo ire;
I '• I i ■ 85g
— Sur q - par le
M '..
995
— \ ii r quelqu
- de
mercure; pai M. / 1 3ia
Mi i
gnale la relation d'une rliute de mé-
. i54g l
i
i
V
-
H
i
i
\
1
i
B
'
I ......... 1
V /
Ml M II
M 17.
M / /
un \
S
1
1
M 1
H /
M.
I
■ 0. <
• I /'
1 3tio
S
Su.'
i r.-,..
Navigation. — M. P Mauvem
l.l il - rrrl
des steamers, permettant d'éviter
collision-
— Sur le rendement d -
rini Méthode
géomctrii|ui' |>our calculer le premier
•
par H. i / ■ u
Nebi i i i -i - - ~-it r une nébuleuse
riable par M G
— Nébnli
loi- M. G
• '<
Ni tint u unis. M /'■ iaurii ■
— Sur 1..
tei " 1 1 ,i
— lnflu> n
.
mr la Dlll
-./
P»6«
N0VnUTI058 Dl Mi Muni - i r îii i"
PONDANTS Dl i V \I>i Mil - M l/ill-
Irr :,int pour la
de Chimie, en ■ lent
i i M ( lu/met. , ... . . 8t
M < .le la
i momie rurale, en n
M I
— II. G
-
M G. ;«>ur
"
", i ■
M
I S
de
■ M. le '. 61 u
/ ." ... <}3o
M 1/
,r>nt
... 1198
0
r |g
dilV
flcv M 1 '. u
R
M ' llmn . . . .
OPTI'.'I I Sur il
déterminant :
lion dans la lumière polai
\i 1 i
— Sur le principe d'Ilu] M
lier
— Sur i •• ,|,< M. \.
If, // /' . are
— Remai
la v ' 329
— Sur I -
par M / C rriu
R de
Ml M 1 383
— Sur les anneaux col M Was-
par
\| M
M / l'.ir-
M /
;>per8ion
et dl ' ! /
par
MM /'/.
la lumi>
M - / ... 853
fonde dai -
■ rrau lo56
î-ur un - . ob-
1 S mai ik.,i . par M 1
1 108
I i 55i i
-
"
de ton
-
lu: ' \. H
l'«g«
M pour litre : ■ la l.u:i
906
Voir aussi Photographie
11-yii u 1 1
et
M
Sur un
du
' de La-
D
I
-
M
■
D
i
r MM
I
i'iftll t . .1 -
• M '.. //
I tMM \l I
U. | M // ' 181
Il M '.
/, .,-
■ '
I
M M
I
\l
! f-
M ; /
M ' /' . ■ 1
du mouvement d'un pendule par la
■ >
rotation 'le la Terre. o > ,
— Rapport de M. Resul sur un Mémoire
rr,\ ,i\.inl | I lill
Soi le pendule de Fou ....
Pétrographie. — I
nui l'étui
eh] tes du Mont Dore ; par H. i ■
r
— Sur 11
;
part ni di M
<■ //<•/• ioaa
— Sur la formation t r.> j » i ■ ■ la
l i
les par M. A h
tcA ■' iîîo
— Difl
du
no: II. L.
— Sur
tlD-
lili •
M / /
• n-
daii
par M / /
\ 1/
i'
M /' i
I
.4 mut
— Tl
■ \i / im u
Pbospboi
II. .111
lum i chaleur . pai M
Bem i ;
Pbotograpbii . I .i pbol
- : par M. '.. /.'/ / m un. ...
— Observations n ni-
U. I.itm.
■ I
— M. Bdm. I
-
la i. couleurs ,
il y a pi 33i
— M. L. Duooi du Huiiro/i s-oumel au
jugement de l'Académie un travail
55a )
Fige».
mit 1 1 photographie des couleurs. . . . 1248
— M. H, un Iran adresse un M m
la : ... 1 3oo
Physiologie imbali . — I n uri-
nair • M
- par i :• et
pai
ben; p <r M. lugustin 1
Il ■ .11!' 1- île l'In-
quelques-u
la du Mu» um d II •
nalu • M 1 1/ / n
— h
par M. '• 1
mi,--
M. i 'j 1 5
1 n M. Henri
l> 3 1 1
M ( 'hanveau prési ie un
qu'il vient dp pub
le I: I g et
qu'il re|i.
S
M. 1
de 'ii urioaire . par M
//
1
de , u U, Heur) de
i38o
— Illfliielne de ■ Nil .1 re -III
i •"'
M 1
\ i
1 \i 1 i.iui M /
I
inlil
1 ji
M . // 5 illing 1G0
il MU. / uiltard et //. •'
^3'j
I
in 1 M
/ • en ' 492
|i sur les
1 Ihi/jlay et M .
I in 627
— Méthode pou rer simultané-
ment I umle électrique d'excitation et
la contraction musculaire résultante;
( I
Pi ■.,
par M. A. d '
:
'! /
M
M Henri '
-
!
'■
I
/
M. i /
M
y
i
M
M ■ ,
1
-
■
/
.
M /".
H. /.
i Mar-
i i
:
"
3îi
{Hi
- R
1
II
D
M /
!
M // 888
pli*: i*-r.» lem| [*r
y
-, u
M S d' avant
" M
me irorab* à Iv)-sur-
" Ni-
— Sur un M M W ■ ■ i
- . par
M / '...
— Sur le* courants de déversement qoi
donni'ir par
M // / •
• I.m>
l'eau de mer . pai M f. I >■ in. . . .
— Coi
par M i Thouiel . .
1 ■
-
rythrfl
pai M. P. ■ ■ '
-
l.lllf .1 I: ' /
Voir I
M Ire, Met
I nbtemenli i/r t-
PHTBIQI i Jivtiii HATIOOI I
sur le II
H. E. Mal
Propi iélôs 'utiun
mo ■
liq '
— Sur l'équilibi
c!.in> un champ èleeli M //
P-
■ \\ h r
un Ouvrage qu'il vient d<
i
11! Il
et - llcri/ ...
— Su: ur dea mi-
lieux n
|>.ir M. I'. I> t/lt m
S
eu M '/
lotliri
— Sur l'explication physique de la flui-
■ lit*"- ; par M '' /
— Théorie
la Fragilité des corps par
M. Marcel Brillouin
— Déformations homogènes finie.-, fcner-
gie d'un coi , . . . par M
cel BrUUmin
— M. Fr. W'uz adresse une Note inti-
tulée : attraction, force centrifuge,
par l'Êlectrodynamique n. . .
Noir aussi Mécanique moléculaire , O/,-
tiijue. Thermodynamique .
( i55
'ag.'i.
i . > ; i
"ii
I JOJ
I J..,
547
« )
P«(î«.
i 1 1 1 raïQi i s. Nouveaux mo-
■ i u \ te: par
M . / / i ■ . .
Plani if- m / Delaiu
i; narquea sut
1 1 S
! février 1891 1, fait.
Paris 'M /'
Ktiunpkt
pla-
nèti !
1 1 .-t 16 (é\ 1 par
M < . p.
1 1 (.vr;
Brunner 1
ni
• U'
llell
M 1/
H ■
i iu
'■'
pai MM /•' Baii-
1,111. i li no
1 1|>-
lualorial 1 -
I : M ' fUumf 'Il
I
... 006
. dé-
I •■ :
o*,ï 58 1; par M. BorreU) 706
pia-
lorial d'Eichens (ouverture o™, a
'■ Ify 1041
nent» de la nouvelle planète Bor-
reU- .r M. Fnbry 1042
I i .
I
I
'
M /' /
■
"
M
-
Li
I
M le
'
(J I I M -
'M /
I
'
M
l.i t
Rlioi
-
M il i j"..,
S v
( I
PjCe».
— Sur l.i quantité nienue
dans le • mimaux d
ptaieaoi de VA ; -» r
M. / aiiilt
— lk- renricbiaaemeol du sang en In'-mo-
tance par kl /. :
— Al ■ iii'-'lica-
menl «lier de
trait de ■ ''>n
de la :-'!" M /
Huit,'
— Surl'isolemenl du fen
du 881 r \l\| H I
■
- I
MM /< I
■ rinl
— M. Arnaud adr< la
i ommun MM /
- ii le fonnenl
Sur la ■ ' • ■ • ■
al] tique d
I
— r
e, el s'ir une
■-J^'e du du
i MM /. .
\. toi mi. — II. I
./r/// ani
r.i -
(lu lundi sera remiee .iu m.ir.li
— SI. le Président enni
que, en
e du loi
uu mardi
i iom di i \' via mi 1 1 Si lion
d i oonoojia rurale pn n aie
BalTula de candidats h \.< \
âée M l'rli-
i M. im., Girard; ■ M. ( '•mii-
brtlïiit. M. Wùntt 1 15
— La Section de Chimie
suivante de candidate a la ; -sée
mte p.(r k m. i ..••
i MM. Grimaux, Massait; ■ MM
Dit te, i
Su. h n m m -i - cour «I B.— Sui - lici-
bromofonne; par M. ./. Bessoit..
— Action de l'acide iodhydrique mit le
chlorure de silicium; par M. I /-'-•«-
son 6 1 1
556 |
— \clion de l'acide bronihvdrique sur le
chlorure de silicium: par M. / Bt >•
— I
. | .u M. I '/
net i • i •
— Sur un nouveau procédé de prépar
lion mu . ] .n
M. A. Best n i ; i i
— Sur le- silicium; i
M i i r
-
du : i r i3a
Sirac r. — N un M
| lli'Ulll.l-
tl'| i
l'atli
i hambre
du
l ! et leur inOuei
r M '. llul-
me
bre
I ■
I.
II. P I
B
I ■ \| ■
'/ ■ . I • i
Sui la 'i 1 1 ibution en latitude di
\ .il.'irc i
danl le i ar
M. /'. Taeehini ?Hi
— Sur la Atiatique solaire de l'année
H ;i
— ( i
en d llrun-
ner itoirodeL]
par M. / ,md i Hi
_ ( I .'[■-
\.il. ■ lin pen-
dant le premier trimes
par M. Taeehini i" j j
— Phénomène lumineux extraordinaire
observé sur le Soleil; par H /.-/..
/ mrlol 1,1'!
| i5
Il Mil lv I . M U
</{■ /
n*| la
i le
M
— v par
M /
I|U i
aom >mme w
M. // '
rivi ». — M
-
Mil
II. h . I
■
-O r .
M
TltK I I >f '■ '■ ■
■
. . .
i
S
ture: ; ai M /
-
. r \1 / M
M /' G
-
dit
i
-
■ M MU
!
M
M
-
I '
MM. /: nhi
l nnées ri •■■ miqura bui
-
y ». 1/
— I;
Imir MM.
\
I ni RMODl v tMIQI I — M. D.-J i
| |
1
la cl i i i
M '
— Détermination de 1 1
" l
/; n 1 1
— Sur la déterni i ni
/ 1
l bsbmomi nui
un
Ihei
' i
tourne
— i
tin :
I I M i: I I Ml M - Dl n mu M /
uni- ' live aux dés istres i
du ■ mis de i'
du mois do janvier, d
ira) a
■ >
1 1 du
16 j.in\ par M. i
P nu .
I m 1 1
/ i Vra-
/ i ■
|..tl l36
I I ni i.. i i -i M /' 1/ m toi d ■
UI1' '
cultures lut» " J .
Il M
- M. /Vf/«/ «drosse une Noie lendanl ■>
HllV|il|-
\l / d un Me-
na anli-
lul
R b i ■>
rki
pai M /
I
I m i . an k«. — Acl
.-m i M. y.
i
S
-
M ( 1/
\ v. . n morts. - Basai de \." i in iti n |
-
nai i
Vin Recherches mu
.i critique, el >ur la • lion
|ue; par MM /
t ; ■'«
I '
\ l\- — M. F /■:- 1 O'A
une
de . - Ifurique
libi
Sur II
-.ull il
l,i r
libn / . Magnier de lu
MM. Badin et Eseoffier adressent
■
y - 1/ v hnydtr
I
S
'
!■ .
M
//
■
z
7
M
i
M. / /
I -
J A
S
I
-
I
■
1 r M / 1/
'
I
.
-
MM. ' -■ ni un
t i Ï60 )
lilles
Nota .-ur la | ' be-
lemnon dans] Banyuls; pv
M . lie iMCiiu-lhithim
Sur trois «aa de développement libre,
r..„. i,
observés chei les Bryozoaires ecto-
procti'-: par M. //. /' - • i3i6
i-.-i .{'int'iriiir animale, Eml ■
'ogie animale *! /
munie rurale.
I VBLE hl.> M 1 II lis.
\ nu m 'ir i v I-
.r I inn4*- ■
i M i
|)| -
Mi ET DES BEAUX \
Dl
MM
\l iV
II
\i m !
i|ui
'.
\UX ( V..-A
ur la di»t.
M I \ !
v
\MM I
-
v de
- I
'■V ' •
I 1 II
I 11
Wl'l
■
■
\M
\
M .'
.i ver
\l
I ■ ■ . M '
I
M
I; mmi-
' \l Berthtlot. \
- r qui-lqui •
ch'orun-
■j 1 6
I I •.!..- ,
MM
— Recherches calorimétriques »ur l'ac
humique, dérivé m-
mni '
^NTOINI Ci v-
snr l'équation
APPELL P. I. — Sur
rentiellefl linéaires tr.n - - i n
i di lion el de \ iri i
.MISAI I' \ - Rechercl » cl
el physiologiques
-
mination de la mal
le b i iiin
• ' ' '•'
S
de la quinine. I n i
U. Grim
I
un milieu de
I i
— I ;'.i-
nine Bn commun .>\' g m
lllll:.
MM
ARN \1 I> II. u h . Mi u;
-titution des albumin i|S
l -■ l'auteur d'un m
dan» li séance du
i Si
• ■u réponse .1 une Communi-
rj de Mil. / - / lue el B irral, du
ri. une N le
ferment glycol] tique du sang 1088
- \ \i \."i.
nenl l'ond
triq non
mn nte
i - inique liqu
tion
r.i; |Ues
Mil III - l
M. ' . /' ■ ,i
tUBI R I I incnl
M lil li l I 1 .1 appa-
M h i.wi 1 S r une- applii
B
BACHI l \Ki' 1 ntrih
11 tCKER di Dm
- 1
leuc
|i Kocb ''u particulier
BADIN
ches
plètemenl
M /
BA11 LADD B.). —
plan
Cul' - itorial HrunniT
— Observations de la planète M
vieil 1 1 S. 1 1 . r
vatoire de 1 Bi un-
ner snèteCha
1 commun a
MM. '
BAL! \M>. ■ Sur l'hydratation
BARBE1 '■ adi — une Note n
llll |
Idresse une Note inlitu Deux
.
HMUllI
...... Sk)i
BARBIER 1 i'n.
,iir»
I
UMilt \l . - i gtruclion 'lu -
in vitro. < .un
M. /■' / I |li
ni du ferment glycolyU-
i immun bvoi M. /■'.
(11
— Sur le 1 Lique ilu sang
1 l'homme ! in 1 M. /(.
/
Sur la détermination exacte du pouvoir
i 1 nun
I I ••
MM
-
il.
BASTI1 M. — Infl
ll\I Mil
II \l DR \'
Hl M RBGARI
■ i ■
III i >..: i i.i i I
■ l\
\
i
île
III RUI 1 U i ii< f»l Mi
I
MM
III. H 1'
II
-
II.
-
M (.
'
-
"
I
lin.
MM
i M. M .1161
bon ,n-
aura avec M. G. Jadn
ut et
- 1
1
l - ■
1
1
1
M. le !
ll.lli I III
publiées pai
des -
\l < /. ■ • ,lf
Jon '
MM 1 —
1 1
el •
\,in\ de '■ 1
h lin. par M / . /
volumes mit le I
— A ' \
des •
H
— Présente le premier 1 1 lun ■ 1
-
M />■-,
— Appelle l'atleni sur
les Rap|
de ' •!-■
•1 administrative, sur l< - travatn
iln laboraloin
Bl Kl 11 \M' J"-i 1 m ■
1,1 l h du prix l
— Et de la ('. immission d
— I
— I
l'i\ sique
— Ki de la 1 prix 1 rémonl I .
I I imission du prix Gegner. 1 .-■
— Et de la Commission du pi ix P 'til à I
", I
MM. |
moy (S ....
Bt de la l 1 du pi i\ lean
R \ n.iiid »
M le •> réiain perpétuel donne lecture
d te I aux,
: des pj raroid
en nditmine, aux
n'
1 1 .1 li mesure de I 1 rou,
et uments q
•a .1 l'expédition de
\
vienl nne de
I
S
l que la
1 ■ impel,
3»
S
.111-
1 es
Q I par
MM. /'.ml I !
I I
I \ bui ique pu-
[Yavaux
M. (
de M // \
m mathemi I
Journal
II ;
\l I ■
une lectu
ment de M. <
Bl RTRAND Mari i i Sur un 1
d'un nou reau pli 1 I
l ri . omi in avec M
iN \
S : Lion de l'acide iodbydriqu
.
- Sur I ';i- mhydriqi/B
uni
ie sur
....
611
788
I <>■• I
MM
I
mu i i
1.1,1 \
un '.
I
I
l
I
- I
lil \
\
llll
I'
, ... , , ■ .
.
ni <
BOBEBLL)
:oire d«
I
tur
I
1
I
I
•i du
i
I
I
I
I
I
M
'■'
I uni
M /
■
h m-
( I
MM PafM
BODTY(l ouatante diélectrique du
<
— Propi ; i |ues «lu mica .1
baul i3io
BOTEB ■ ■ Sui : ! iu-
i i ivecM. 1
l.li \M ^ Ed.).
i II lui IN Ha» i
— 1
1,1 I:
D
l'un coq
BRIOS) ni Sui une •
BRONGNIAR1
en \
tui
trjt uni en n lui-
v]
'/
\l.|. :
• lu | rix M
i V
I ii du |'> i\ I
l
l
I i prix kl
I du prix v
i PI
Jbrj )
MM
— Ki de li n du prix Martin-
lural
l actions du i rps 1 1 » > rm.lt' i
l • .mi du prix Poural
P
- i ndu prix Barbier.
UUl'Ll l Raovi méthode
. a et
mont .ui\
- naturel* et ju\ beuri
Bl IS1NI \
\l /' /. tisù
\ industi
M.
BUISIM P
i .i l'air.
U i /
I
M i /
i.i -»\ di i de la
■ ■
l il du prix l
.
Il I 1 1 I
n parti-
i i.i
<
CAHODBS. — Sa d
l'A
l'Ali. I.I 1 1 1 I
Ibod ra-
ton
culier,de i Eni >un
avec II. / . ' 'olardcau. >
berebessu ipeor
jusqu'au poinl ci itique,
critique. I En commun a ar-
deau. i 1170
— Description du manomètre & air lil
l il
Est élu 1 n du
.il' -
CAJ IGN1 Uutoli di . — Sur qui |uea
CX| ■
de l taboia
CALLANDRBAU 0 Sui II II
i3o3
t.AMHuL i: , l'u 1
ir le prix Savignj qui I
CANNII i i). — Sur I évolution aei
desTrui - 1
I , .
MM
' U'I * i >i ni
llll \
\i LO l
< VS.1
s
■
MM.
• IIAM1
I
M
< Il VU
I
M
I
' • :
i \ l II I X I
l\lll\ I
"
1
l \/l M I
S
s
i v/r-
n
M s />
« I I - Il I
I
-
■
M I
I
I
I II \II
I
• iivun
UIVltllIN \
(
I I
MM. l'.Bes.
> ou Tru
d'Afri ]' i .1 \> ■ i i . r-
Ttrmania.
— Contribution à la biologie des plai
pai
— Est élu un 'lu
|iri\ Barbier
— Et de la ' a du prix
i
i ll\ UN (JoAitnu - itbélium
bâ|
,/-
i li' i .11.
CHAUVEAD pi un Ou-
vrage qu'il \ ienl de publier
litre : I ■• ti
— I
prii l i
— I
I HllilU I . InQui
iri-
CHOBAU1 \
/-(/.' I
COLARDEAI l
en parliculii
If, / <
B
liqu
Dl criliqi
M. / < a .1170
ir
litre 1 ir l'an-
née
1 1 1| IN I
remerciements
P ali qui lui
COLIN ( G
1 \.
1 taux
— D
animaux
COI.I.I I J. . — Sur la ■
inii
partielles du premier ordre iig3
COLLEY 1 lt.). - ions actinomé-
mm pagei
In. \-
lémie Pétrowski, pri s d Mo»
MM. 2\ 1/
< l 'Il 1 1 1 \ ni-.- \
lion lumii
I M| -
(.. I.|
I OM1TÉ HONGROIS Dl -1 1 OND CON-
GRl SORNITHOLOGIQI l IMI RNA-
I |i i\ \i m informe I \ pie
1-1
CONTI
(•nouille
1 ORMl Ri 'I- I
un nouveau
CORNU \inin.
I.i 1
Sur .1 l'int.T|
M II
11 du
prix I
IA1 l . - l
1
1
MM B /■ niiil
\m..im lyanl
litre : ■ Le 1 I
r\ tl I
■
de : 1
CROVA (A B
mu:
11 r nations
!
*<jo 48ï
— Ht
non MM. R. < ollej •/
1/ , hkine el M. A .: - 1 . è l'Observa-
\ Pétrowski 63j
de la lu
par le ciel 1176 et 1X46
MM
I
I
MM.
Ij
lion
D
l»\U\
DAMII
.1 \\\\> P \
l > Vit lu >l
l
l
I
I
l'\
KHI l 1
1
'.
I' M
I
I
I
I
I
IARMI li -■
-
d'il
i
'■ 10 1 1 -
U
1 187
\ li
( ' >
MM. V»er*.
i le
mouvem ... i >
DE1 ! Bl l Ql I. \
i a
I
DENIGÈS
obt>
liqnes el I aniline
— Nouvelles comb
les sulfites meta iquea i
arom.ili ,
— Adreet
l'i : 1 lu i i n
• i .
verl
M li.i Z (Mabcu i
I :
— Sur II ilrt.Tlli •!■
inique de la chaleur. ,
Dl LUI I v i \l\ i
— < ■
— s tured une n
Iriangu
DES Cl "i/i M \ i
l.l I.Mlllll
DESLANDRBS (I
!
— y
bandes laibli -
bandes. Applicatii i
h] drocarburea
Dl - RU i \ I
ne , uni '
le janvier
vill i îouraya. ......
Dl 1 iw l n I l( • -'■ une N
i un .'| il utiliser la di
lion de l'air s ius
du Soleil
7° l
MM I'..:
— Adresse une Noie relative à un pi
d'utilisation, coma • ■ de
la déviation «lu mouvement d'un i
dule I
l>l.\ \' .
jtémedemi ■ ■ * •
un Sipl
imaliqne i >
|>I.\ \i \ Ih irai . 5 alion
ma
in
D1GNA1 i Note intitulée
\ i n I intensité qu'on peut <'!>-
n» un n.. \.i-
nique, d
,llil .1 ll.r
Dnls
M I 1 I I
par
I m il \ n i i n Sur l'I iui li«-
i
ur
la v Bl ui-
inun avec M. J.-P.
\m,i,i - ■ ■ i iveau
i ■ .i
. ipé-
lut' "H
l - i h. -ni de
Dl i n vin membre di
. du prix h -
l i prix Bordin,
i i
i \ Petit d'Or-
— l i lin
s
_ | iii.l Pria •
- ■
M. le Présidenl nie
i
atùmliea - par M ' tson...
— Annoi b que, • :
■ du lundi
.m mardi !i
— Annonce j l'Académie la perte doulou-
MM
\
M
\
MM
- Dl HAl
\
■ • I lit M P
DUPI U - l
1
U
nuvii
1 1 1 IN i
I N'.l I
MU
V W I
I U I II
I i
I I \I1 1
le la
■
"
1
M /
■
r ■
-nr la
MM.
' qui
I .
MM
Il RI >\ Il
un ;
-
PERRON l inli-
i
PERREIRA DA SILVA \
PI< lll i H l
i
il.
PIS I1BR i
laun
— Sll!
I l/l U I
I
PI wim tRli •'■
■ '
S
lurri
POL ii
lia' un
ju~«|u ici ■
PORI RAND Di
MM I'. . .;.••.
Etude thermique de quelqoei dérivée
53a
que.. 1006
lution el
for 1 1 1 33
1 1 'lll L (F. -A I
3ig
ii in un 1 »niif
POUQJ I ■
:
...
I
POVI \l DE 1 "l li\ll LLES une
l\ lllllluli'i- \
cou-
1 Si
- I
906
1088
I e un
\
: . en
1 1
■i du pris
Rey-
1
-
1 ■
111
non. ifre
de M. /
GAI! LOI \ . - er-
■I un même lieu. .
'i \l l in I
-ur
le
dans
liens OCultfil
\l. / . '/
GASTINI B i-ur l'em-
ploi du sulfure : traite-
ment d< in
II. d.-F. M ni,
GAUDR1 S ■
• 1
I • '
n du
prh D
Bt de II 1 1 Cuvier. . 768
GAD1 1ER \jm 1 membre de la
Commis-un du prii Montyon (Arts
M* I
■
GAI lll I Htsi -
• . \l III U
n
G LARD \
— I. /
ion
.
S
I
GIRARI
S
I :
<.itr
i
358
m;
-
iilU II
• ■
MM
GRfFFlTHià \.-ll mercie-
uon
- travaux 3-i
GR1M IUX Êd h v iti> '. — Sur la réaction
ilin - ■ 1 1 1 1 1 . • l h ■, I
— Transformation de la ■ "[ i |Bi-
ii H' ii..
muni . i
S i i.i quinéth) •
la .| i I iiiiiuin BV« M I
. .
— I Section de
GUI
i
— I '
I
.
GU1CUARD(I
GUBRRI Sur nn limbn
Mm tin
I iS
MM.
iil l i\ \Kli Léo Sur
sphères attractives dans les celli
- Mu la constitution des noyaux a
i"" i
iture morphologique du pfa
mène il»' la fécondation i
GUILBER1 G Élude i lient
prévision du temps. ...
.,1 il I W Ml Ch.-Bb - pra-
lique du problème de la ■ ner-
!■• <l un ili ■■■, par l'en |
il ir
ul de la i
tance il une dérivation
i.lllll li Sur le développement
liimjHK.
islalifs de la i
GUYI l'un ii-i-i \ Délai n
i iM i >\ I
>r i.i dislini lio
- travaux
Il
Il \l I \i l ii (G I •
■
ll\i i ' i la
■ ■ni
I
— \ :
I
Influeni e des iliss ilvan
\mr rolaloirc
de chlora
— talion des a sur le
ration di -
Il WIV i:.-T.i. - Sur le pi. ftne
de Uoctézuma 11
HANRII IT adn \
cadémie pour la distinction
,i ses tr.is.iuv 3a
— Sur un amidoisoxazol 796
H \K|i IT (P adress
sdémie |».>ur Ih di»i.;
1 '1 ■
II vluN H I \ '.n' lit 1 11 1:1
1 ...
1 xfon-
H 11
I 'ir * . . . .
y;;
l'eau dans un
III l» IN l >ur les pfa
n ilu pan
terminée 1 (périra inlalemenl pai une
1. do
\\ ,1 - j
-
l'azoturie, sprèc >tion loUili-ilu
pancréas 1037
HENRY Cribles . — Olfactomèlre fondé
sur la diffusion à travers les nombres
, ,-.-■.
II1M.
Pi r.
-
:
) !
I
I
un
Hl'RlUN \
Il UN
lll\M
l \
-
l\l-<
J
JANNI M \/ ii... im.
-
Il Hl
.
i i
i ■ IOFFRCN
i
i
10ANNIS
R
I ,5
MM Face».
l'amidure de sodium et ^nr un chlo-
rur. lammonium
IOLY (A
pai : .11 II
\l. / . / '
— 1;
et ilu rhodium en
taux commui
M. / /
— I;
nui
JONQ1 H RI S
six
— El de la Commission du pris M
|ue |
Ji i|C> \\ i v mu le) est élu i la
i i
i
Jdl III \ I . - -
I
Ji il |1|\ P
jlitution
sim|
JOURDAIN -
6
MM
P.BM.
106
n>UUi\N li - I ni' .le la
Jl il SSI M M]
i l'A
coi - 3'
Jlll I UID I -ur la
ma-
Jl 1 II N (AlBI I
IUMELLI lli m ■
S
Jl NGI I BIS II 1 Sur
i \l '. /
94*
-
par le
M. i
Jllill \ in l \ GRAVli RI . - l
il (TIX
I :. du prix '
K
KAZIN1 0
raid
o mon avec MM R. < ^
i/
KIi LAN w
pini •
.in1
KIl'MI'Ki: M
lu j
vriei
Paria
— O li
\.ii .ii.iUiri.il d(
de .i '• ii
— i H
vicfa iioire de
I
KROl STCIIOFF K di
-
I
lei i
KONI Kl I. mil i Les
\ i '// .
I
I : « 1 -m-
I ,-,-- ,
I
MM
i il \/i m un -
s
I
I
I
\
!
i v RCHX \ <■*
no-
I
I Mil :
I \<.l I SSI I
\
I M \ 1 1 1 -
I Wllll lll
nun
M i
!
M
LAPPARKN1 \
mation M de
mi-
1
!
3
S
I MllU \
5CK)
I
5<>g
I
Mi
I
I
I M II I 1
I \1 ~~!
■ le» |
I U I 1 \
I I M II II
I m du
v
I
I
■
U erteli in»
H M .
- ilii chloi
- • i
,;
LEBI \
i
I
i E I \i\ i i
M . ■
I B CHATI
LECOQ Dl
• n de pi ;
\l '
M /
I I Ml \
\
nn -
LBFBVRI i
I •
i A Y ( I
"
■
LEinu: i
<!.u:n | f
comniip
— H
du |
flium cl du il
■
M. i.J
LBMBER1
live
— '
i j (»j
II M( l NI
ti\. - - lu-
MM.
re. I' liera Partie : Mesure de
ique
Elu li - hi-
|ue il>' la lu '•
— I ;n-
laluroièn I I lie:
Inil ulion 1 1 • t
Disi lu liromhydrale cl j
IULT. i n banne
Ion 1081
Il i DU il il
11
LÊOTARD l li
I
Mar>
S ir un nouvi
bail
.
n dn
1 n
\i /
-- Sui ' 1I11 f.riii'
I kl ! I I
I
M
>ir
1 :iun
'•I
rente
sur une méthode ra|
'lu
1 1 1 i
I P
ne
-
,urc sur I
d'une étoile d'un éclat comparai) •
I II il \
.l'i ' - '
l.l '
I
I I \ \ \l M >
'■'
I
I
I
I I /l
1.1 M M
-
-
I IN. -
i ■ • u ï
■
i
I V
\l .'
LUTHELIBB v i
1 i
i .mi
M
U \ Il Ir.-.v un I
M \ I > \ M I I \
I
-
fur r la
M \IIU l>l I \ Mil I Dl l'W I
\
l i \l|
'
MWMIMM \
I '.M
i 9
MM. H«(J<".
nylhydrazine .1 la
I;
MARI II \M'
Brannei
1 1 54
— 01
en '"-
1
MARCHAND Icli
les
en •■ "un
M \l;l S v-
1
m \r. 1 \
"
rur
I
I
I
1
I
MAR10N \ l
meut '>' -
M I
l
— N
de M
M \Hk> 'I I \mm.i
M \li I IN — 1 1 -•■;!, i.l
en Chini
.
mai; 1 1\ Sur un limbi
tiq
\l \U I N Cl
I
MARTINAND
que l'on :
rermentation. 1
M
5CART.
MM
11 1 111 des 4n-
B rolo-
■
« Ti Opl
I \m <
Bar
MASSOI G
il ■:
niqu
1 1 16
\i\llii
MATIGNON I
i I. £
1 10 •
M
1
MAI \l NI P
■
MAZI D M
I I •!
— Itlfl'.
— I.
MEKI \!'ll K l
— Sur ij rr|.r Ifl
— S
léléphom i4'6
METZI 1 H l
I
"H
— A
I 1 lum
MIL M Kl» ■ NiM-i v* . v
356
• '58i
MM. Plg«..
le de la
818
Ml" I1K
Mil
I
I
MIM I
I
VIN'.'
■
\l|\kn\V^kl li
■
I 1 l .1 - Il Vl'X-AHTS M. 1.1
1
\
■M P.g...
M l
1
— A 3r
I
MIM-
\l 1
|ue
1-
'iii
s
-
'
1
'■
\
I
-
I
I
MM
\i< iR] \i i i;
teni
ina la pathi
affe i ■
M. £
MOOI m •-
ind in-i ru
ii de I ' l
pendant le deuxième trin
— I
lion
photographi |i
VOI LIN (A !
•ir.)ii>' et
A
• I
h tension de
pei
MOORI \l \ In
i" j.m\
MM
Variationa magnétiques pendant le
blement de tei • jani ier
en \
Mil 11.11 I' lu \
ru r . ùquessui l'élher
i -
Ml i l/l II - \ du nombn
lew
MDNTZ \
M
-
lew
Sui ivanl
les • n"
terre > > > •
M l.-i
N
NAUDIN (i Deaci i
« »
gui la
tioi
■
OB HSNI R M I i'\iv K
ni 1\ 1ER \
\
Ml \\\ \ . - ,1er ilu
B nnaii
OSMOND i
(|UI
OSTWALD
-
ni \ RARO l
lina
P
PADl H
-
s
nu . .
] \i il 5 (I i tiimique
commun .
M trl/iiK. | ,i
!' \|\"l I \ I l' lenta
\
■ - lr.r..iu\
-
forme
— Sur l'inl
lions différen
1
■M PagM
PARAIHI J
-
1
I' \li\|| N I II I
II
I
— -
III I IB1 I
Il I I \l II
I i I I KIN
II I i II \
Il ■
lac
l'I RI H(JT c J
rinvi v
PI i.
\
1
II rOT (A
nui 1 1
phipson i i
PII Mil' I
PII \KI> h mm »
-
-
-
VI M.
i n du
I |i HARO P - I
I
S \
-
i; i • -
i
■,! ,
l'i H RAI 1.1
( i584 I
MM. P.gei.
points de l'anatomie des organes
Relatifs des Ophiof
POHBL \ . ■ Lee tremblements de terra
dn i5 et iln 16 janvier en Mgérie... 643
POTIBB \ . — Sur le pri 11 iy-
gena
— Remarquée .1 l occasion d'une Note de
\l Poincaré -nr l'< de
\l. 0. Wiener 383
h >i 1 m 1 >, De la ilion du
bassin 1 1 iun
,w se //
— N
S 1 une m'- anim
l'Hil.l ni \. - 1 su
1 ■ ohampi ion | •• da
MM. P»ge«.
h;innelon. 1 En commun avec M. Drln-
■ r. 1 107g
PRODHO II. . — Sur trois cas de déve-
loppement libre,
Brj - i3i6
PRDD H0MM1 l es mordants en tein-
ture et la théorie de Mendéleieiï . . . .
B 1 himenl du 1
PC1S1 l \ l
1 <■ mmun
M / ' '
h de l'aber-
rs numériques dédu
de l'observation de deux groupes de
1 mmun ■
M / / . 1 •
I 1
1.11 \mi\ 11 - .1 . mt>
fur.
ni \ I lil I V.l - m
la I
I ' Bordin. .
I I
— I
\l
I
1 • riz Trémool
■1 du pi i\ Gcgner.
n <lu prix Petit
l
'i du prix Bordin
1
B46
it \i \ \ 1
h. n
. . . . . 1 -
- • ,.1-
rali
— Sur la détermination des
rali -
RAMRA1 ■
Barnard I
!
— 1 1 w
III
,111 I "dt de o I
y
— 1 ' •■ la nouvelle plani
Charlois 1 1891, juin 1 1 faites à
1 mmun avec H. Sjr.). . . 1 1 im
BANVIER l
1
ph
1 . prix Bordin. ,
l
I n du prix Montyon
Mi
I 1 > l illr-
1 1 Monlyon
1
El I n du prix L. I •
I
1 n du prix Pourat. . ' , -
— Bl "n du prix P
( I
MM
-
Il \l I IN ) I
-
It \\ I I •■
/M au
l
/
MM
M /
HI l-l
RENARD (Aooi
i
l '
l
S i • dule
i
un ,,i i
RANDI
1 1 i
ant
IIIHMII)
-
un i
RU II Mil' I
-
M I .'
I
hii m
i
Il M
.un
RIGOLL01 II
l <>n-
l'air. (I '■! i '"-
.
R1VIÈRI i
■■
-
Iiu| I I I I
11- >M M 1 1 U \
fut.
(
MM i
ROUSSI \i 1,1— Sur les mai
de .-ou •
RI M SSI i i"-i pu i.
ré-
nile por| bj i i
i >8b |
MM
l'y I I" i
RI 'I \ l . R -ui la disper-
sion dai - organi |uee
1 M. Ph.
Barbier. |
SABATIER Pai i |. — Sur
bure
S
S\IM -GERMAIN (A. dk).
■ •ni il un ne qui r
de
~\i\i i;i \n
i
5APPE1
du ; ■ ur-
l lu prix i
III. nul
S\li \»l\ I I
I .m I Miiiiun .1 . lu
SUili \i • -i i u me
M
l
I !u |iti\ I
ne] ron ......
i
>\\ I I II I K R
inométri
i H
i. • ■ • ■
m III l lu i; KESTNI U l;
l'hu i
i iploi de l.i bombe ■
liu-iuui de i.i bouille
SCH1APARBLU J.-\
pour la
linclion I - travaux 3a
SCHLÛESING \ ,i —i ('■lu membre île la
clou u pru 1 I..i i' a ■ Chi-
mie
i
■
SCHNYDI l.i
-i HO NFUES
'in-
fini
irie 'le .
Si m i/i Mil RGI u r i ... ui la
-V I
prix ri
-I I l \ \i - •• du nic-
kel natif dam - du torrent
i B ' ' "i
SI MMi il \ I i .
lie .i Napl
ilil! •
-I \w\ \\\ n eapondanl
e pour . de
i rempla-
I
I M I DtitU-
I in-
nilr
SI RR1N i \ i umel .«u jugemeol
de '
■n
i • . i
m). — S i dé-
vonien supérieur d
-
rén Baasee-I
et 1 i i^'<
SIRE (G Nouvel appareil gyratoire,
x r. < • ■
iSS -i:
STi
SllliM
STI
>n r
-
ri S
"
-
'
t.ii.v au
Il G
i
S
-
1111 H'IIV
-
-
S
l VII.
I
I
■"ISSU II I
rONDINI i
■
( i588 i
MM. Pages. | MM.
Conférence internationale pour ré TUAIIl'T | L. ). - Sur une maladie oryp-
la question de l'heure universelle — imique du Criquet pèlerin i383
TIUj il as élu membre de la I
tèm fu- m du prix Desm
; méridien chrono- — Btd - m du prix Bordin..
|ue inl irnalional de Jérusalem- De la form 9 Escit-
Ny.m/.i Itu ' de l'ordre d'api
— I.. lériques deGreen- ri lion de l<>ur> pi
wnli, par r.i; Lit une Noie sur des ali-
l'beure univers 1 . . 1 •• 1 i
TOURQU1STANOFI TRO0VELO1 ■ nène lu-
un mineux
S BÏI . . I 1 i;i
VAILLANT 1 1 n Sur la
lit n
VAILLARD.
M // 1
VAN Dl R STRICH1
.1 l'élude du ;
.m du prix ;
1
— I du prix I
WEDDn
un
l
\ Mil 1 Raoul).
-
— Sur q 1 .-
dine
Sut
-
N
S
\
Un t ■
■ lu
\ ARll 1NÎ lli irai ni Conli
expi
Bance
\ I l \|\ 1 n. - in-
-
dai -
vig) ni
VÊNUKOFF. - De la mesure du i
rallèle en Bun ; . 1 1
VERNEU1L esl élu mbrede
1 l n du prix M ;
I \\
I ion du pi
6 |-
11 du prix
l 11 du |ni\ Mi
I ion du pi ix M. n iiii-
n du prix
I1AFFBLT(J D
. un
(Ici;
I I Il ri
I II -
- Sui
1 - épbarmo-
nre < 'lu-
:
I
nitil . ... |
I I
'»l./l.-
VTALA Pu au
'lu rai-
'•: ■ 11,
VI \i LANI S II.
I se des Crustacés ma-
- 1017
VIARI 1 (G • hromitea
MM. Hâge..
\ I \L I I
S
\|i \ll l I
Ullll.l P
-
\ 1< i N
Sur la II.-
tur.
\ Il ! I I. \. ■:.
VII 1-11
. .
par
■
\1 ■
w
w 11 II i
S
W II I ■ » I
M
Wll/ \ ,,io
W 1 1 /
\ i par
■
i
W 1 1| l Rou II
• • inti-
vcn .lu
I .
/i R( m H Sur un léa
i 'in-
M
/W MRDEM \hl II. 1
i d-
11*1 in i>». ri m», inri'iiui-uiiiiii i mit bu K-i
3 2044 093 253
938
J
JZJr
/.-
Mjr'CS
fl
a A.^i
f
-I
i-A
y,
>^\
Zi
/
<^
»*7v
v^:-
^ m h*%">
wl
'*
•MMPFt
RSaJ
La.JÇ
m&JÈÊ